Lucius Ampelius
Lucius Ampelius
Lucius Ampelius
LE MMORIAL
DE
LUCIUS AMPELIUS
~ 3 ~
TRADUCTION NOUVELLE
PAR M. VICTOR VERGER
De la Bibliothque Royale
PARIS
C. L. F. PANCKOUCKE, DITEUR
OFFICIER DE LORDRE ROYAL DE LA LEGION DHONNEUR
RUE DES POITEVINS, 14
1842
Oeuvre numrise par Marc Szwajcer
NOTICE SUR LUCIUS AMPELIUS.
ON possde fort peu de renseignements sur lauteur et lopuscule qui font le
sujet de cette courte notice. Lucius Ampelius est un crivain lgard duquel les
commentaires et les biographes, qui, du reste, ne donnent sur lui que de trs faibles
notions, sont loin dtre daccord. Selon quelques-uns, lauteur du Liber memorialis
est le mme personnage quAmpelius n Antioche, prfet de Rome sous lempereur
Valentinien, et deux fois proconsul, homme de plaisir et dun caractre facile, qui
laissa tomber en dsutude les rglements et les lois somptuaires, et sous
ladministration duquel les Romains portrent le luxe de la table au plus haut degr.
Nous navons pas de donnes suffisantes pour contredire cette opinion, mais elle ne
nous parat que mdiocrement vraisemblable. Dautres dclarent navoir pu rien
dcouvrir sur la personne dAmpelius, ni mme sur lpoque o il a vcu. Un clbre
commentateur, Saumaise, conjecture quil tait contemporain de Sidoine Apollinaire,
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et que cest de lui qua parl ce dernier dans les vers suivants:
Sed ne tu mibi comparare tentes,
Quos multo minor ipse plus adoro,
Paulinum, Arnpeliumque, Symmachumque,
Messalam ingenii satis profundi.
Il rsulterait de ceci, quAmpelius vivait dans le cinquime sicle. Quant au
Liber memorialis, cest une espce de sommaire de lhistoire universelle, depuis les
temps les plus anciens jusquau rgne de Trajan. Dans cet ouvrage, divis en
cinquante chapitres, et adress Macrinus, personnage inconnu, lauteur donne aussi
de courtes notions sur le monde, les lments, la terre et les mers.
Comme historien, Ampelius pourrait tre lobjet dune critique justement
svre. On ignore quelles sources il a puis; mais il nest pas heureux sur les
vnements, les dates et les lieux, et se trouve souvent en contradiction avec les
notions gnralement reues. On est forc de reconnatre quil scarte de la vrit en
une foule dendroits, et quune grande partie des faits rapports par les autres
historiens se trouvent dnaturs chez celui-ci. Du reste, on ne peut se dissimuler que le
texte de cet auteur ne soit frquemment et gravement altr; aussi avons-nous pris soin
dappeler lattention du lecteur sur les passages qui nous ont paru avoir le plus souffert
de lignorance des copistes.
Saumaise est le premier qui ait publi le Liber memorialis, daprs un
manuscrit de Fr. Juret, la suite de Florus; Leyde, Elzvir, 1638. Cest le texte de
cette dition princeps, que nous reproduisons en regard de notre traduction. Depuis
lors, Ampelius t presque constamment rimprim la suite de Florus, et, parmi ces
ditions, nous nen connaissons pas qui mritent une mention particulire. Elles sont
toutes la reproduction pure et simple de ldition elzvirienne de 1638, et ne
contiennent aucune amlioration dans le texte. Jusqu ce jour, Ampelius navait
encore trouv dinterprte que dans la langue italienne, cette traduction date du XVII
e
sicle, et son auteur a gard lanonyme. Quoique imparfaite et peu littrale, elle a eu
deux ditions. La premire, la suite dune traduction italienne de Florus, Rome,
Vitale Mascardi, 1639, in 18; la seconde, la suite de louvrage intitul Officina
istorica di Gio. Felice Astolfi, Venise, Turrini, 1642, in 4.
V. VERGER.
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LE MMORIAL
DE
LUCIUS AMPELIUS
L. AMPELIUS A SON CHER MACRINUS, SALUT.
COMME VOUS dsirez connatre toutes choses, jai crit pour vous ce
Mmorial, afin que vous connaissiez en quoi consiste le monde, les lments, ce qui
couvre la surface de la terre, et ce qua fait le genre humain.
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I. Du monde.
Le monde est luniversalit des choses, il est tout ce qui existe, et hors de lui il
nest plus rien; ce qui, en grec, sappelle . Le monde comprend quatre
lments: le feu, qui remplit le ciel; leau, dont est form lOcan; lair, principe du
vent et des temptes; la terre, que nous appelons, cause de sa forme, globe terrestre.
Le ciel est partag en quatre rgions: lorient, loccident, le midi, le septentrion. Il est
divis en cinq cercles: larctique et lantarctique, inhabitables cause de lexcs du
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froid; lquinoxial, sous lequel se trouve la rgion appele torride, inhabite cause de
lexcs de la chaleur; le brumal et le solsticial, sous lesquels on habite, car ils sont trs
temprs. Ces derniers sont traverss par un cercle oblique, ayant douze signes, dans
lesquels le soleil opre sa rvolution annuelle.
II. Des douze signes.
Il y a dans le ciel douze signes le Blier, quy plaa Bacchus, parce que, comme
celui-ci conduisait son arme dans lInde travers les dserts arides et sablonneux de
la Libye, leau tant venue manquer, et larme se trouvant dvore par la soif, un
blier montra aux soldats une source. En reconnaissance de cela, Bacchus lui donna le
nom de Jupiter Ammon, et lui leva un temple magnifique lendroit mme o il avait
trouv leau. Ce lieu est loign de lEgypte et dAlexandrie de neuf mille pas.
Bacchus demanda Jupiter que, pour ce bienfait, il ft plac parmi les astres. Dautres
pensent que ce blier est celui qui transporta Hell et Phryxus. Le Taureau qui doit
Jupiter son accs dans le ciel. Ce taureau, que Jupiter avait obtenu de son frre
Neptune, possdait, sous sa forme, lentendement humain. Par ordre du matre des
dieux, il trompa, en jouant, Europe, fille dAgnor, et la transporta de Sidon en Crte.
A cause de cela, Jupiter daigna immortaliser sa mmoire en le mettant parmi les
astres. Les Gmeaux, appels Samothraces, dont le nom ne doit tre prononc que
par ceux qui se trouvent sous leur signe. Ce sont, selon les uns, Castor et Pollux, parce
que ces princes avaient dlivr la mer des pirates qui linfestaient; selon dautres,
Hercule et Thse, parce quils staient signals par des faits semblables. Le
Cancer, que Junon plaa au ciel, parce que, daprs lordre de cette desse, stant mis
dchirer les pieds et les jambes dhercule, envoy pour tuer lhydre de Lerne, que
nous appelons Excetra, il lui cita plus dembarras que lHydre elle-mme. Hercule en
ayant beaucoup souffert, Junon rcompensa ce service en plaant le Cancer parmi les
astres. Le Lion, qui fut nourri dans la fort de Nme. Envoy par Junon pour
donner la mort Hercule, il se tint longtemps cach dans une caverne de lArgie; mais
on rapporte que ce fut Hercule qui le tua, aid de son hte Molorchus, dont il prit en
cette occasion la massue, qui devint ensuite un de ses attributs. Il sen servit pour tuer
le Lion, dont la peau, dans la suite, lui servit de manteau. Cette action redoubla contre
lui la colre de Junon, qui honora le Lion du sjour cleste. La Vierge, que nous
appelons la Justice. Elle habita jadis parmi les hommes; mais quand ils commencrent
devenir pervers, Jupiter la plaa au nombre des astres. Il y en a qui la disent la mme
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que lAthnienne Erigone, fille dIcarius, au pre de laquelle Bacchus apprit faire le
vin, afin quil put en communiquer la saveur aux hommes. Il leur en donna; mais ils
senivrrent, et le massacrrent coups de pierres. Sa chienne, qui tait avec lui, le
voyant tu, retourna vers Erigone en poussant des hurlements. Celle-ci, qui la voit
triste et seule, conoit de linquitude et part avec elle; puis elles arrivent lendroit
o gisait Icarius. Erigone voit le corps de son pre, et lensevelit sur le mont Hymette,
en versant un torrent de larmes. Quant elle, elle se pendit. La chienne, aprs tre
reste longtemps couche ses pieds, prive de nourriture, se trouva tourmente par la
soif et se prcipita dans un puits. Alors Bacchus demanda Jupiter que, puisquelles
avaient pri par sa volont, la Vierge ft place parmi le cours des astres. Pour Icarius,
il fut nomm lArcture, dont ltoile, lorsquelle parat, occasionne de continuelles
temptes. La chienne fut appele Canicule. La Balance, appele par les Grecs
Zygos, et qui a pris un nom viril. Source de clmence et de justice, on lappelait
Mochos, du nom de celui qui, dit-on, fit connatre le premier aux hommes lusage de
la balance, chose quon regarde comme la plus utile aux mortels. Cest pour cela quil
fut reu au nombre des toiles et appel la Balance. Le Scorpion, quon dit tre n
pour la perte dOrion, dans lle de Chio, sur le mont Plne, par la volont de Diane
: car Orion, en chassant, ayant rencontr Diane et ayant voulu lui faire violence, celle-
ci plaa sous ses pas le Scorpion, pour quil le privt de la vie.
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Jupiter reut et le
Scorpion et Orion parmi les astres. Le Sagittaire, fils de Crotopus, nourricier des
Muses, que les Muses aimrent toujours, cause de son adresse tirer de larc.
Dautres le disent tre Chiron, parce quil fut juste, pieux, savant et hospitalier.
Esculape apprit de lui la mdecine, Achille jouer de la cithare, et beaucoup dautres
choses. Le Capricorne, appel Pan. Dans le temps que Python,
[2]
habitant les
cavernes du mont Taurus, partit pour faire la guerre en gypte, Pan se mtamorphosa
en chvre; mais aprs que les dieux immortels eurent puni Python comme le mritait
son audace Pan fut honor par eux dune place parmi les astres. Le Verseau, que
lon croit tre Ganymde, passe aussi pour tre le Thessalien Deucalion, qui chappa
seul avec son pouse Pyrrha au dluge universel, .et que sa pit fit placer parmi les
astres. Les Poissons, ainsi appels parce que Vnus, dans leffroi que lui causa la
guerre des Gants, se transfigura en poisson. Lon rapporte, de plus, quune colombe
ayant couv pendant plusieurs jours un uf de poisson sur les bords du fleuve
Euphrate, il en sortit une desse bienfaisante et favorable au bonheur de la vie des
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hommes. En mmoire de ces deux transformations, les Poissons furent placs parmi
les astres.
III. Des astres.
Outre les douze signes, il est encore dans le ciel des astres trs puissants. Les
deux Ourses, grande et petite, lesquelles ne descendent jamais sous lhorizon, ce qui
fait que ces deux constellations, dont la dernire sappelle Cynosure, guident les
navires dans leurs courses. Le Bouvier, qui est le mme que lArcture. Orlon, qui, par
sa grandeur, occupe la moiti du ciel. Les Pliades, appeles en latin Virgiliae. Les
Hyades, que nous nommons Sucules, et dont les nautoniers, ainsi que les laboureurs,
observent le lever et le coucher. La Canicule, dont la force se fait principalement
sentir au solstice. Il y a dans le ciel sept toiles fort puissantes: Saturne, le Soleil, la
Lune, Mars, Mercure, Jupiter, Vnus, que les Grecs appellent plantes, nous errantes,
parce quelles errent leur gr et rglent par leur course les destines des hommes.
Elles se portent vers le ciel par un mouvement oppos.
IV. Dans quelles parties sont placs les douze signes des douze vents.
Le Blier, dans la direction de lAfricain; le Taureau, dans celle du Circius; les
Gmeaux, dans celle de lAquilon le Cancer, dans celle du Septentrion; le Lion, dans
celle du vent de Thrace; la Vierge, dans celle de lArgeste; la Balance, dans celle du
Zphyre; le Scorpion, dans celle de lAfricain; le Sagittaire, dans celle de lAuster et
de lAfricain; le Capricorne, dans celle de lAuster; le Verseau, dans celle de lEurus
et du Notus; les Poissons, dans celle de lEurus.
V. Des vents.
Les vents sont produits par le mouvement et labaissement de lair. Il y en a
quatre gnraux : lEurus, ou Apeliote, ou Vulturne, qui souffle de lorient; le
Zphyre, ou Corus, ou Favonius, de loccident; lAquilon, ou Bore, ou Aparcias, du
septentrion; le Notus, ou Libs, ou Auster, ou Africain, du midi. Ceux-ci sont les quatre
gnraux. Les autres sont des vents particuliers, tels que, dans la direction du Zphyre,
lIapyx,
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qui souffle du promontoire dApulie portant ce nom; le Leuconotus, qui
souffle dans celle du Notus par un temps serein; le Caurus, qui souffle dans celle de
lAquilon lorsquil fut sentir sa violence dans les Gaules; enfin, les tsiens, qui
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soufflent durant certains jours pendant lt.
VI. Du globe terrestre.
Le globe terrestre, qui est sous le ciel, se partage en quatre rgions habites. La
premire est celle que nous habitons; la seconde, celle qui lui est oppose, et dont les
habitants se nomment Antichtones. Les deux autres sont celles qui se trouvent
opposes ces deux premires et dont les habitants se nomment Antipodes. Ltendue
habitable du globe terrestre est divise en trois parties, ayant chacune leur nom; ce
sont : lAsie, qui est entre le Tanas et le Nil; la Libye, qui est entre le Nil et le dtroit
de Gades; lEurope, qui est entre ce dtroit et le Tanas. Les nations les plus
renommes de lAsie sont: les Indiens, les Tartares, les Perses, les Mdes, les Parthes,
les Arabes, les Bithyniens, les Phrygiens, les Cappadociens, les Ciliciens, les Syriens,
les Libyens. Les nations les plus renommes de lEurope sont : les Scythes, les
Sarmates, les Germains, les Daces, les Moesiens, les Thraces, les Macdoniens, les
Dalmates, les Pannoniens, les Illyriens, les Grecs, les Italiens, les Gaulois, les
Espagnols. Les nations les plus renommes de la Libye sont : les Ethiopiens, les
Maures, les Numides, les Carthaginois, les Gtules, les Garamantes, les Nasamones,
les Egyptiens. Les montagnes les plus clbres de la terre sont : le Caucase, en
Scythie; lEmodus,
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dans linde; le Liban, en Syrie; lOlympe, en Macdoine;
lHymette, dans lAttique; le Taygte, clans la Lacdmonie; le Cithron et lElon,
en Botie; le Parnasse, lAcrocraunien, en Epire; le Mnale, en Arcadie; lApennin,
en Italie; lEryx, en Sicile; les Alpes, entre la Gaule et lItalie; les Pyrnes, entre la
Gaule et lEspagne; lAtlas, en Afrique; le Calp, sur le dtroit qui conduit locan.
Les plus clbres fleuves de la terre sont : lIndus, le Gange, lHydaspe, dans lInde;
lAraxe, en Armnie; le Thermodon et le Phase, en Colchide; le Tanas, en Scythie; le
Strymon et lHbre, en Thrace; le Sperchios, en Thessalie; lHermus et le Pactole, qui
roulent de lor; le Mandre et le Castre, en Lydie; le Cycinus, en Cilicie; lOrontes, en
Syrie; le Simos et le Xanthe, en Phrygie; lEurotas, Lacdmone; lAlphe, en
Elide; le Ladon, en Arcadie; lAchlos et lInachus, en pire; le Save et le Danube,
qui est aussi appel Ister, en Msie; lridan et le Tibre, en Italie ; le Timave, en
Illyrie le Rhne, en Gaule; lEbre et le Btis, en Espagne ; le Bagrada, en Numidie; le
Titron,
[5]
en Gtulie; le Nil, en gypte; le Tigre et lEuphrate, dans la Parthie; le Rhin,
en Germanie. Les plus clbres les, dans notre mer, sont au nombre de onze: la Sicile,
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la Sardaigne, la Crte, Chypre, Eube, Lesbos, Rhodes, les deux Balares, Eubuse,
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la Corse, Gades. Dans lOcan, vers lorient, se trouve Taprobane; vers loccident, la
Bretagne; vers le septentrion, Thyl;
[7]
vers le midi, les les Fortunes. Outre ces les,
on compte encore, clans la mer Ege, douze Cyclades
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: Dlos, Gyaros, Mycone,
Andros, Paros, Pharos, Tndos, Cythnos, Mlos, Naxos, Donuse. Il est encore une
infinit dautres les, appeles Sporades, dont les plus clbres sont : Aegine,
Salamine, Coos,
[9]
Chios, Lemnos, Samothrace. Dans la mer Ionienne se trouvent les
Echinades, les Strophades, Ithaque, Cphalnie, Zacynthe; dans lAdriatique, les
Cirites, environ au nombre de mille; dans la mer de Sicile, les Eoliennes, au nombre
de huit;
[10]
dans la mer des Gaules, les trois Stoechades;
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dans les Syrtes, Cercyne,
Menynx et Girrha.
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VII. De ltendue des mers.
La mer qui nous environne de toutes parts sappelle Ocan. Elle savance dans
la terre en quatre endroits au septentrion, elle se nomme Caspienne; lorient,
Persique; au midi, Arabique, autrement mer Rouge ou Erythre; au couchant, grande
mer, ou Atlantique, et elle sert au commerce de toutes les nations. Elle entre dans le
dtroit de Gades, entre les deux monts Abinna
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et Calp, trs clbres par les
colonnes dHercule. Ensuite, se rpandant en long et en large une immense distance,
elle baigne le milieu du globe terrestre et prend diffrents noms. La partie qui baigne
lEspagne sappelle Balarique; celle qui baigne la Gaule, Gauloise; celle qui baigne
la Ligurie, Ligurienne; celle qui baigne la Tuscie, Tyrrhnienne. On nomme aussi
Infrieure cette partie qui entoure la droite de lItalie, et Adriatique, ou Suprieure,
celle qui entoure sa gauche. On nomme Sicilienne la partie dans laquelle est la Sicile;
Crtique, celle dans laquelle est lle de Crte. On appelle Ionienne et Ege les parties
de mer qui environnent lAchae et la fois le Ploponnse, et qui en forment une
presqule, quun isthme joint au continent. On appelle Myrtilienne et Icarienne les
parties voisines de la mer Ege; elles sont ainsi nommes, lune de Myrtile, lautre
dIcare. On appelle Euxin, Pontique, la partie qui forme un large golfe dans le pays
des Scythes. On nomme Hellespont celle qui a pour entre un dtroit entre deux villes
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trs fameuses, Sestos en Asie, et Abydos en Europe;
[14]
Tanaque, celle qui baigne
lAsie: Celle qui baigne lEgypte se nomme Egyptienne; celle qui baigne la Libye,
Libyenne. On appelle Syrtique la partie voisine des deux Syrthes; elle est sujette des
flux et reflux.
VIII. Merveilles du monde.
Voici les merveilles qui sont sur la terre. A cinq mille pas dApollonie, ville de
lAthamantie, sur le mont Nymphe slve du feu, et des flammes sortent de terre.
Dans la fort de Pan rsonne une symphonie qui sentend de la ville. Dans une plaine
situe au pied de la prcdente montagne, sont des lacs remplis deau do sortent de
la poix et du bitume; remue avec les mains, la poix slve et forme une sorte de
bouillonnement au-dessus de leau. A Ambracie, en Epire, se voient, sur une muraille
les images de Castor, de Pollux et dHlne, peintes par la main dun autochtone, et
personne ne peut dcouvrir quel est lauteur de ces peintures. Sur une hauteur dEpire,
appele Ippaton, est un grand pont soutenu dun double rang de colonnes, que lon dit
avoir t construit par ordre de Mde. L est peinte lentreprise des Argonautes avec,
leur navire; l est le temple de Jupiter Hyphon, do lon descend aux enfers pour y
consulter les sorts. On rapporte que deux mortels qui descendirent en cet endroit,
virent Jupiter lui-mme. A Leucade est le mont do Sapho se jeta dans la mer lors
quelle se vit dlaisse par son amant. Au sommet est un temple ddi Apollon, o
lon offre des sacrifices; et lorsquun homme se prcipite de ce mont, il est aussitt
reu dans des nacelles. A Sicyone, en Achae, se voit sur la place un temple consacr
Apollon. Dans ce temple se trouvent le bouclier et lpe dAgamemnon, la chlamyde
et la cuirasse dUlysse, les flches et larc de Teucer, une cassette dpose par
Adraste, et dont on ignore le contenu; enfin, la chaudire dairain dans laquelle on
rapporte que fut cuit Plias. On y voit encore la cithare de Palamde, une peau
humaine ddie Mars, les rames des Argonautes et les bras de leur gouvernail, le
casque chu Minerve, et, suspendu au cou dOreste, le manteau dun amant parasite,
qui souvre entirement lorsquon souffle dessus; les tissus de Pnlope. L, il sort de
lhuile de terre. A Argos, fonde par Inachus, est un temple de Junon, magnifiquement
orn, qui porte le nom dAsyle. A Olympie est un fameux temple de Jupiter o sont
initis les athltes. A Corinthe, au bord de la mer, se voit une cte de baleine dune
telle grosseur, quun homme ne saurait parvenir lembrasser. Au mme lieu est un
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temple ddi Vnus, dans lequel se trouve un vase de marbre qui appartint Las. En
Botie est un gouffre sacr, dans lequel fut englouti Amphiaras; au-dessus pend un
vase de terre cass, dont les fragments sont runis; et lon ne saurait apercevoir do
part ce qui le tient suspendu, moins quil ne soit agit par le vent. A Athnes est un
fameux temple de Minerve, oh se trouve plac, la gauche de la desse, un bouclier
quelle touche du doigt. Au milieu de ce bouclier se voit limage de Ddale, qui y est
enchsse de faon que, si lon essaye de lenlever du bouclier, louvrage entier prit
et limage disparat. La desse elle-mme tient une lance de gazon. A Ilium est une
pierre carre o Cassandre fut attache : si on la touche ou quon la frotte par devant,
il en sort du lait; si on la frotte pareillement du ct oppos, il en sort comme du sang.
Au bord de la mer, lendroit appel Rhoete, est limage dAchille et de Patrocle, et le
fleuve Scamandre. A Ephse, est un temple consacr Diane, le plus fameux, le plus
grand, le plus beau de la terre; droite et gauche de lentre sont des colonnes de
marbre monolithes, hautes de vingt coudes, et llvation de tout ldifice est de cent
quarante. A Samos, dans le temple de Junon, est une coupe faite de lierre, avec quatre
grandes ttes de blier, prsentant des cornes tortueuses dune tonnante grandeur. A
Pergame, est un grand autel de marbre, haut de quarante pieds et orn de trs grandes
sculptures reprsentant la gigantomachie. A Rhodes est une trs belle statue de Diane
en marbre, qui, quoiquen plein air, nest jamais atteinte par leau quand il pleut. A
Argyre, sur le bord de la mer, est un temple consacr Vnus; l se voit, sur un
candlabre, une lampe dont la lumire claire le rivage, et qui, quoiquen plein air,
nest ni agite par le vent, ni teinte par la pluie; l est aussi un ancien temple
dHercule, o se trouve, appendue une colonne, une cage de fer ronde, qui, ce que
lon dit, renferme une sibylle; l encore gisent des os de baleine, carrs comme des
pierres. A Marmsie, prs du Sipile, sont quatre colonnes, au milieu desquelles est une
statue en fer de la Victoire, suspendue, bien que rien ne la retienne, et se jouant dans
lair, mais cessant tout mouvement lorsquil vente ou quil pleut. Dans le temple de
Diane, lev phse par Amazon, se voit le tombeau dIcare, qui semble plong
dans le sommeil, ouvrage dune grandeur extraordinaire, tout de cuivre et de fer. A
Rhodes, est la statue colossale du Soleil, sur une colonne de marbre avec quadrige; la
colonne a cent coudes. A Chypre est la statue dairain de Jupiter Olympien, dont la
face est dor, ouvrage de Phidias, haut de cent cinquante coudes et large de soixante.
L est un palais du roi Cyrus, construit de pierres blanches et noires, lies ensemble
avec de lor; il est orn de colonnes de diverses couleurs, dun nombre infini de lances
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en fer, de fentres dargent, et ses tuiles sont dune pierre de couleur verte. On cite
encore la muraille leve par Memnon au milieu de Babylone, muraille construite de
pierres cuites, lies entre elles avec de la chaux, du soufre et du fer; sa largeur est de
trente coudes, sa hauteur de cent trente, et son contour de trente mille pas; elle fut
commence par Smiramis, acheve par son fils. Les pyramides leves en Egypte par
celui-ci. La ville dAgarte, o se voit le fleuve du Nil, en bronze, dune dimension de
trois cents coudes, dont la face est dune brillante meraude, les bras de grandes
pices divoire, et dont laspect pouvante les animaux. A Athnes, on vnre surtout
la statue de Jupiter Olympien; Alexandrie, le fleuve du Nil.
IX. Combien il y a eu de Jupiter et dautres dieux et desses, en chaque
lieu.
Il y a eu trois Jupiter. Le premier, en Arcadie; tait fils de lEther, ce qui lui fit
donner le surnom dEthrien; il fut pre du premier Soleil. Le deuxime, pareillement
originaire dArcadie, est celui que lon surnomme Saturne; il eut de Proserpine
Bacchus, le premier des vainqueurs. Le troisime, originaire de Crte, fils de Saturne
et dOps, est celui que lon surnomme le trs Bon et le trs Grand. Il y a eu deux
Mars: le premier, dEnoposte, au rapport dHomre, est notre Mars Leucarpis,
autrement Marsenius; le second est fils de Jupiter et de Junon. Il y a eu cinq Soleil. Le
premier, fils de Jupiter; le deuxime, dHyprion; le troisime, de Ninus, qui
lgypte est consacre; le quatrime tait celui qui naquit Rhodes, et dont Zemintus
est le fils; le cinquime tait fils de Colchus, et fut pre de Circ, de Mde et de
Phaton. Il y a eu quatre Vulcain : le premier, fils de Crio et de Jopp; le deuxime, de
Nilus; le troisime, de Saturne et de Junon; le quatrime, en Sicile, de Miletis. Il y a eu
quatre Mercure: le premier, fils de Coelus et du Jour; le deuxime, de Jupiter et de
Chronia, ou de Proserpine; le troisime, fils de Chronus et de Maa, fut linventeur de
la lyre; le quatrime, fils de Quillenus, enseigna aux Egyptiens les lettres et
larithmtique. Il y a eu cinq Apollon : le premier, fils de Vulcain et de Minerve; le
deuxime, de Corybante; le troisime, de Jupiter et de Latone; le quatrime, de Silne,
en Arcadie; le cinquime, fils dAmmon, tait n en Libye. Il y a eu trois Diane : la
premire, fille de Jupiter ou de Chronus, et de Proserpine, qui est la sur de Bacchus;
la deuxime, fille de Jupiter et de Latone, qui est la sur dApollon; la troisime,
appele Ops, tait fille de Glaucus. Il y a eu trois Esculape : le premier, dit Apollon,
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tait fils de Vulcain; le deuxime tait fils de Laus, le troisime tait fils dAristte et
dAlcippe. Il y a eu quatre Vnus: la premire tait fille de Hacdelus et du Jour; la
deuxime, quon dit ne de lcume de la mer, tait fille de lAir et de lOcan; la
troisime tait celle qui pousa Vulcain, et qui eut avec Mars un commerce duquel
naquit, dit-on, Cupidon la quatrime, qui fut aime dAdon, tait fille de Cypre et de
la Syrie. Il y a eu cinq Minerve : la premire, fille de Vulcain, qui fut la fondatrice
dAthnes; la deuxime, fille de Nilus, honore par les Egyptiens; la troisime, fille de
Jupiter, qui soccupa des choses de la guerre; la quatrime, fille du Soleil, qui fut
linventrice des quadriges; la cinquime, fille de Pallante et dune Titanide, qui tua
son pre pour conserver sa virginit laquelle celui-ci voulait porter atteinte, ce qui la
fit appeler Pallas. il y a eu cinq Bacchus : le premier tait fils de Jupiter et de
Proserpine; celui-ci, qui soccupa de la culture de la terre et qui enseigna lusage du
vin, avait pour sur Crs; le deuxime, Bacchus, fils de Mrone et de Flore, est celui
qui donna son nom au fleuve Granique; le troisime, qui rgna en Asie, tait fils de
Cabitus; le quatrime tait, ce que lon rapporte, fils de Saturne et de Sml; le
cinquime tait fils de Nisus et dHsione. Il y a eu six Hercule : le premier, fils de
Jupiter et de lEther; le deuxime, fils de Nilus, que les Egyptiens honorent
particulirement; le troisime, celui que les Hellnes regardent comme leur fondateur;
le quatrime, fils de Chronus et de Carthres, objet du culte des Carthaginois, do est
venu le nom de Carthage; le cinquime, fils de Joab, qui combattit contre le roi des
Mdes; le sixime, fils de Jupiter et dAlcmne, qui fut le matre dAtlas.
X. Des empires.
On compte sept empires depuis lorigine des sicles. Les premiers qui eurent
lempire du monde furent les Assyriens, puis les Mdes, puis les Perses, puis les
Lacdmoniens, puis les Athniens; aprs ceux-ci, les Macdoniens; enfin, les
Romains.
XI. Rois des Assyriens.
Le roi Ninus, qui, le premier, rduisit presque toute lAsie sous sa puissance
avec son arme, et fonda la ville si clbre appele de son nom Ninive. Le roi Belus,
fils de Jupiter, dont les descendants rgnrent dabord en Asie, ensuite en Libye par
Egyptus, puis en Europe par Darius. Smiramis, fille de la nymphe Circ, et qui fut
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leve par des colombes, tait lpouse du roi Ninus. Aprs la mort de celui-ci, elle
agrandit son royaume par les armes, et tenta, mais avec peu de succs, une expdition
dans lInde. Elle fonda la plus belle ville qui ait jamais exist, Babylone, sur le fleuve
Euphrate. Sardanapale, conduit, par lexcs de son luxe et de ses dbauches, la perte
de son royaume, sempoisonna avec les compagnons de ses dsordres, pour ne point
tomber au pouvoir de ses ennemis, et fut dvor par les flammes de son palais, auquel
il avait fait mettre le feu.
XII. Rois des Mdes.
Arsace, premier roi, qui leva sa puissance sur les dbris de lempire assyrien,
dont les drglements de Sardanapale avaient attir la ruine, et gouverna ses sujets
avec la plus grande justice. Astyages, homme courageux et juste, que Cyrus vainquit
par adresse; et l finit le royaume de Mdie.
XIII. Rois des Perses.
Cyrus, roi trs courageux, qui, aprs avoir soumis la plus grande partie de
lAsie, aurait aussi fait irruption en Europe, sil net t vaincu et tu par Tomyre,
reine des Scythes. Cambyse, son fils et son gal en courage, qui, aprs avoir vaincu en
Egypte soixante-dix mille hommes, et Amasis, roi de ce pays, passa en Ethiopie, doh,
aprs avoir perdu par la famine une grande partie de ses soldats, ii revint sans avoir
mis fin son entreprise. Il y fonda toutefois la ville de Mro. Comme il avait fait tuer
le buf sacr Apis, par un effet de la colre des dieux, il se prcipita sur son pe en
tombant de cheval, et prit. Le roi Darius, un des sept Perses (conjurs), parvenu au
trne par le hennissement de son cheval, passa en Europe avec deux cent soixante-dix
mille hommes vaincu par les Athniens, il prouva une perte de deux cent mille
hommes Pseudomarathon.
[15]
Xerxs, fils de Darius, aprs la mort de son pre, passa
en Europe avec des vaisseaux et des soldats. Aprs avoir jet un pont sur
lHellespont et perc le mont Athos, tout ce quil fit se rduisit attaquer Athnes par
mer. Vaincu par les Lacdmoniens et par les Athniens, il sen retourna en Asie, et y
fut tu par la trahison des siens.
XIV. Chefs et rois des Lacdmoniens.
Eurysthne et Procls, frres jumeaux, descendants des premiers Hraclides,
~ 16 ~
qui rgnrent conjointement. Le lgislateur Lycurgue, qui gouverna pendant sept ans
avec svrit les Lacdmoniens, premier peuple de la Grce. Les rois Thopompe et
Polydore, qui soutinrent pendant vingt ans la guerre de Messnie. Othryades, homme
belliqueux, qui, dans la guerre de Messnie, o cent, cest--dire cinquante de chaque
part, combattirent les uns contre les autres, crivit sa victoire de son propre sang;
troisime chef envoy drisoirement cette guerre par les Athniens, daprs un
oracle dApollon, il excita tellement lardeur des soldats, quil les porta terminer par
une victoire des combats qui se prolongeaient depuis si longtemps. Lonidas, chef
dans la guerre contre les Perses, qui, avec trois cents Lacdmoniens, soutint aux
Thermopyles tout le choc de cette guerre, au prix de sa vie et de celle de ses
compagnons darmes. Pausanias, qui, dans la guerre contre les Perses, battit avec des
gens de pied Mardonius, gnral de Xerxs, sur les bords de lAsope, fleuve de
Botie. Bientt ce mme Mardonius, devenu suspect de trahison au roi,
[16]
et accus
pour cette raison, se rfugia dans le temple de Minerve, o il mourut de faim. Landre,
gnral qui, le premier, battit prs dAegeos la flotte athnienne, matresse de toute la
mer, et qui, aprs avoir vaincu les Athniens, leur imposa trente tyrans. Xanthippe, le
plus courageux des Lacdmoniens, qui, envoy pour premier chef aux Carthaginois
dans la guerre punique, prit Regulus. Agsilas, qui, reconnu plus propre faire la
guerre en pays ennemi que dans le sien, fut envoy en Asie; il lavait ravage, et dj
il menaait de prs le roi, lorsquil fut rappel, et vainquit les Athniens prs de
Crotone. Il versa ensuite des larmes chez les Corinthiens, la nouvelle que dix mille
Grecs avaient t tus, et ne voulut point dtruire Corinthe, bien quil le pt.
XV. Rois et chefs les plus illustres des Athniens.
Le roi Ccrops,
[17]
qui fonda la ville dAthnes, et qui de son nom appela les
citoyens Ccropides. Comme il tait indigne, on raconte fabuleusement qu partir
des hanches il avait la forme dun serpent. Le roi Erichthonius, qui institua les
mystres dleusine. Cle, qui rgna avec le prtre Eubole, les prtresses ses filles,
et Treptolme, qui, prpos lagriculture, dlivra la Grce de la famine laquelle
elle tait en proie, en y rpandant le bl. Le roi Pandion, qui donna ses filles, Procn et
Philomle, aux rois de Thrace, afin de se gagner lalliance des nations barbares.
Thse, fils dEge, qui tua le Minotaure. Dmophonte, son fils, qui concourut avec
les Grecs la prise de Troie. Le roi Codrus, qui, pour sauver sa patrie et la rendre
~ 17 ~
victorieuse, se dvoua, daprs loracle dApollon, dans la guerre du Ploponnse.
Pisistrate, homme courageux et sage, qui, ayant embrass la cause du peuple contre les
grands, sempara du pouvoir, et gouverna avec une extrme justice. Armodius et
Aristogiton, hommes du peuple, qui, ayant form une conjuration coutre Hippias et
Hipparque, fils de Pisistrate, cause des rigueurs qui marquaient leur domination, les
firent prir, et reurent, pour cette action, les honneurs divins comme sauveurs de la
patrie. Miltiade, gnral qui vainquit, Marathon, quatre-vingt mille soldats de
Darius, roi des Perses, commands par ses gnraux, Datis et Tisapherne. Aristide le
Juste, qui ses murs mritrent ce surnom, et qui, pour cela mme, fut condamn
lexil. Cimon, gnral qui, dans la guerre contre les Perses, dfit en un seul jour les
troupes de terre et de mer de Xerxs, en Asie mme, prs du fleuve Eurymdon. Le
gnral Alcibiade, homme galement illustre par sa naissance, son crdit et ses
richesses, qui, accus davoir mutil pendant la nuit les statues de Mercure, se rfugia
chez les Lacdmoniens durant la guerre du Ploponnse, et qui, aprs leur avoir
procur la supriorit, eut piti des malheurs de ses concitoyens, revint dans sa patrie,
fut lev au commandement, et rendit de nouveau les Athniens vainqueurs.
Thrasybule, qui, au moyen dune conjuration, renversa les trente magistrats
lacdmoniens gouvernant cruellement par la tyrannie, et rendit la libert aux
Athniens. Dion, qui, avec huit navires de transport, aprs stre empar de Syracuse
pendant que Denys tait en Italie, ferma le retour dans ses tats ce roi de Sicile, qui
avait cent navires perons. Iphicrate, qui, trs habile dans lart de la guerre, inventa
des armes plus lgres et plus commodes. Phocion, qui fut surnomm lhomme de
bien, et que Philippe ne put engager, par lappt daucune somme, passer de son
ct. Il rpondit ses amis, qui lavertissaient de songer ses enfants : Sils
deviennent gens de bien, ce petit champ leur suffira; sils deviennent mchants, rien.
Chabrias, gnral qui apprit au soldat combattre en gladiateur; il conquit aux
Athniens Chypre, Naxos et toutes les les asiatiques, et il prfra prir dans un
combat sur mer, aux environs de Thios, que de jeter ses armes la mer pour se sauver
la nage. Dmtrius de Phalre, qui fut jug tellement homme de bien, que son
insigne justice et lappui quil prtait la libert lui firent dcerner en public trois
cents statues.
XVI. Rois des Macdoniens.
Philippe, fils dAmyntas, le premier des Macdoniens qui sempara de la
~ 18 ~
Thrace et la soumit son pouvoir; comme il se disposait passer en Asie, il fut tu en
plein thtre par Pausanias, au milieu mme de ses prparatifs de guerre. Alexandre,
fils de Philippe et dOlympias, qui, parti de Pella, ville de Macdoine, avec quarante
mille soldats, et ayant pass en Asie, vainquit dans trois combats Darius, roi des
Perses, dabord prs du fleuve Granique, ensuite prs dIssus en Cilicie, et en
troisime lieu prs dArble, avec trente lgions de fantassins et deux mille cavaliers
ayant des chars arms de faux. Il rduisit bientt sous sa puissance le roi des Indiens et
toutes les nations de lAsie, puis prit les villes les plus fameuses de lAsie :
Sarbactran,
[18]
Suse, Babylone, et prit, soit par ivresse, soit par le poison, aprs avoir,
toutefois, pntr en Afrique jusquau temple de Jupiter Ammon, et avoir, le premier
de tous, navigu sur lOcan. Philippe, qui, aprs le Macdonien Alexandre, rgna le
septime sur la Macdoine, et qui, invincible en Grce, o il exerait une cruelle
domination, fut vaincu en Phocide par le consul Sulpicius, puis bientt en Macdoine
par Flaminius; en Thessalie, auprs de Cynocphales, o, ayant donn en otage son
fils Dmtrius, il fut dpouill dune partie de son royaume. Perse-Philippe, fils de
Philippe, qui, ayant profit des forces considrables que renfermait la Macdoine pour
faire une invasion en Grce, prcipita ses trsors dans la mer et prit la fuite, aprs
stre laiss vaincre, avec ses vains simulacres dlphants, par le consul Marcus, sur
les bords du marais de Scyria. Bientt aprs, chass par Paul-Emile de toute la
Macdoine, il alla chercher un asile en Samothrace; tic l, stant livr Paul aprs
avoir engag sa foi, il fut conduit en triomphe devant le char de celui-ci, et vieillit
ensuite sur le mont Albain, dans une captivit peu rigoureuse. Un faux Philippe,
homme de nant et ignoble, qui, aprs avoir persuad, la faveur dune certaine
ressemblance, quil tait le fils de Philippe, et avoir excit les Macdoniens la
guerre, fut pris au commencement des troubles et envoy Rome sous escorte. Aprs
sy tre vad de sa prison, il souleva de nouveau la Macdoine et reconquit la Thrace.
Revtu des insignes du pouvoir, il se mit rendre la justice dans une ville forte du
royaume; mais, vaincu bientt, dans un grand combat, par Metellus, fils de lAveugle,
et stant enfui en Thrace, il fut livr par les rois, et transport pour servir dornement
un triomphe.
XVII. Rois et chefs des Romains.
Romulus, qui fonda la ville; Numa Pompilius, qui institua la religion; Tullus
~ 19 ~
Hostilius, qui dtruisit Albe; Ancus Martius, qui cra beaucoup de lois et fonda la
colonie dOstie; Servius Tullius, qui tablit linstitution du cens; Tarquin lAncien, qui
orna dinsignes les magistrats; Tarquin le Superbe, que son excessif orgueil fit chasser
de son royaume.
XVIII. Chefs les plus clbres des Romains.
Brutus, qui fit conduire ses fils au supplice pour la libert publique; Valerius
Publicola, qui combattit contre les Tarquins en faveur de cette mme libert, et qui, en
la proclamant authentiquement, accrut le peuple romain; Manlius Torquatus, qui, pour
affermir la discipline militaire sacrifia son propre fils; Quintius Cincinnatus,
autrement Serranus, quon alla prendre la charrue pour llever la dictature;
Camille, qui, aprs avoir dtruit les Gaulois Snonais, rtablit la ville, incendie par
eux; les deux Fabius, dont lun vainquit dans un seul combat les trusques, les
Samnites, les Ombres, les Gaulois, et purgea des affranchis les tribus, ce qui lui valut
le surnom de trs Grand; lautre perdit Annibal par ses dlais, et reut ce sujet le
surnom de Temporiseur. Papirius Cursor : celui-ci, aprs avoir vaincu les Samnites,
les fit passer sous le joug, comme ils y avaient eux-mmes fait passer les Romains; il
fut surnomm Cursor, cause de la rapidit de sa marche. Curius, qui, tandis quil
faisait cuire des raves son foyer, rpondit ceux qui tchaient de le sduire par leurs
offres: Jaime mieux manger dans mes vases de terre, et commander ceux qui ont
de lor. Fabricius Luscinus, qui exclut du snat Cornelius Rufinus personnage
consulaire, comme coupable de luxe et davarice, parce quil possdait dix livres
pesant de vaisselle dargent; Claudius Marcellus, qui, le premier, vainquit Annibal
dans un combat quil lui livra en Campanie, et qui enseigna comment, devant
lennemi, la cavalerie pouvait se replier sans fuir; les deux Scipion, dont le premier,
lAfricain, vainquit Annibal et en lui lAfrique; le second, le Numantin, en dtruisant
Carthage et Numance, ruina dans lune lAfrique, et dans lautre lEspagne. Quintus
Nron, qui, ayant laiss Annibal dans lApulie, reut Asdrubal, qui arrivait dEspagne,
et dfit en un jour ses troupes sur les bords du fleuve Mtaure; tandis que, sil et
laiss celui-ci le temps de se joindre Annibal, il se ft indubitablement trouv trop
faible pour rsister tous deux. Paul-Emile, qui, aprs avoir vaincu la Macdoine,
dlivr la Grce, et obtenu le triomphe le plus clatant, ayant perdu ses deux fils
pendant les jours mmes de son triomphe, monta la tribune et dit quil rendait
grces la Fortune de ce quelle avait t cruelle envers sa maison plutt quenvers la
~ 20 ~
rpublique. Les deux Metellus: lun, surnomm le Macdonique pour avoir vaincu
les Macdoniens, qui sempara de Contrbie, ville inexpugnable dEspagne, aprs
avoir ordonn aux soldats de faire leur testament, et leur avoir dfendu de revenir
autrement que vainqueurs; lautre, surnomm le Numidique pour avoir vaincu la
Numidie, qui, bien que le snat tout entier et jur le maintien des lois pernicieuses
la rpublique portes par le tribun du peuple Apuleius, aima mieux aller en exil que de
faire un pareil serment. Le fils de ce dernier fut surnomm le Pieux, pour avoir suivi
son pre dans son exil. Caus Marius, qui, vainqueur des Numides en Afrique, des
Cimbres et des Teutons en Gaule, tait parvenu, de simple guerrier, jusqu un
septime consulat. Sylla, qui, vainqueur dans la guerre civile, sempara le premier du
pouvoir suprme Rome, et fit le seul qui le dposa. Sertorius, qui, stant enfui en
exil aprs avoir t proscrit par Sylla, rduisit en trs peu de temps presque toute
lEspagne sous sa puissance, et, malgr la rigueur de la fortune, se montra invincible
en tout lieu. Lucullus, qui se cra dimmenses: richesses des dpouilles de la province
dAsie, et fut passionn pour les difices et les tableaux. Pompe, qui vainquit, en
moins de quarante jours, les Armniens sous le roi Tigrane, les Ciliciens matres de
toute la mer, et qui parcourut victorieux et triomphant cette grande partie de lAsie
situe entre lOcan, la mer Caspienne et la mer Rouge. Caus Csar, qui soumit les
Gaules et la Germanie, et qui, le premier des Romains, navigua sur lOcan, o il
rencontra la Bretagne, quil conquit. Jules Csar Auguste, qui, aprs avoir pacifi
toutes les provinces, rpartit ses armes sur toute la surface de la terre et organisa
lempire romain. Depuis le moment qui consacra son pouvoir, domine la dictature
perptuelle des Csars.
XIX. Romains qui se sont illustrs dans la toge.
Manius Agrippa,
[19]
qui rallia et rattacha au snat le peuple qui sen tait spar.
Appius lAveugle, qui rompit la paix avec Pyrrhus, afin que le peuple, qui navait
point voulu rester sous la domination de ses propres rois, ne tombt pas sous celle de
rois trangers. Tiberius Gracchus, qui, quoiquil et Scipion lAsiatique pour ennemi,
ne souffrit pas que les tribuns le fissent conduire en prison, parce quil serait
indigne, disait-il, que Scipion ft l o taient encore retenus dans les fers ceux quil
avait faits prisonniers. Celui-ci est le pre des Gracques, qui furent tus pendant leur
tribunat, au milieu des troubles quils excitaient par les lois agraires. Decimus Brutus
~ 21 ~
Calcius, qui, avec le consul Opimius, fit prir Gracchus, sou gendre, qui branlait la
rpublique par les lois agraires. M. Brutus, qui, attach dabord au parti de Pompe, et,
bientt aprs, rhabilit par Csar, conspira pour faire prir ce dernier, parce quil
paraissait vouloir prendre le titre de roi. Lucius Drusus,
[20]
qui, par suite de la
promulgation des lois agraires, acquit un trs grand crdit, et que le consul Philippus,
pour lempcher dexcuter ses promesses, fit tuer par embches dans sa maison.
Lutatius Catulus, qui chassa de lItalie Lepidus, venu avec une arme pour annuler les
actes de Sylla, et qui, seul entre tous, mit fin la guerre civile sans rpandre de sang.
Caton le Censeur, qui, en butte aux accusations tant quil vcut, ne cessa pourtant pas
daccuser les coupables : ce Caton avait une connaissance profonde de toutes choses,
et tait, au jugement de Crispus Salluste, le plus clair de tous les Romains. Caton le
Prteur, qui, aprs avoir suivi le parti de Pompe pendant la guerre civile, aima mieux
mourir que de survivre lasservissement de la rpublique. Scaurus, qui dfendit que
son fils part en sa prsence, parce quil avait pris la fuite dans la guerre cyprique.
[21]
Scipion Nasica, qui, parce que son inauguration au consulat paraissait entache
dirrgularit, se dmit de cette charge, refusa, aprs sa victoire sur les Dalmates, le
triomphe que lui offrait le snat, et fit enlever, pendant sa censure, les statues que
chacun lui avait leves en public; toutefois il fut davis dans le snat quil ne fallait
point dtruire Carthage, et fut jug cause de cela un homme excellent. Cornelius
Cethegus, qui fut davis quil fallait punir de mort son frre Cethegus, parce quil avait
conspir avec Catilina. Tullius Cicron, qui, pendant son consulat, comprima avec la
plus grande vigueur la conjuration de Catilina.
XX. Romains qui se sont offerts pour le salut de la patrie.
Les trois jumeaux Horaces, qui combattirent pout le souverain pouvoir contre
les Curiaces des Albains. Les Fabiens, qui, au nombre de trois cents, tous de race
patricienne, demandrent faire seuls et leurs frais la guerre contre les Viens.
Mucius Cordus, qui mit sa main dans un brasier ardent. Horatius Cocls, qui, aprs
quun pont eut t coup, pass tout arm le Tibre la nage. Les trois cents, qui, sous
le commandement de Calpurnius Flamma, fondirent sur les Carthaginois dans un
dfil de la Sicile, dlivrrent larme du peuple romain, et galrent pleinement la
gloire des trois cents Lacdmoniens aux Thermopyles. Les deux Decius, qui.se
dvourent aux dieux Mnes, lun dans la guerre latine, lautre dans la guerre
~ 22 ~
samnitique. Le pontife Fulvius,
[22]
qui, aprs que les Gaulois Snonais eurent mis le
feu la ville, se dvoua aux dieux Mnes avec les autres vieillards. Regulus, qui aima
mieux endurer les tortures des Carthaginois, que de voir conclure avec eux une paix
inutile, ou d manquer lui-mme la foi du serment. Curtius, qui se prcipita dans un
gouffre form par la terre entrouverte, lorsque loracle demandait ce quil y avait de
meilleur dans la ville de Rome. Spurius Postumius, qui, aprs avoir t contraint par
Pontius Telesinus, chef des Samnites, passer sous le joug avec son arme, fit rompre
le trait conclu, et conseilla quon le livrt lui-mme lennemi. Le consul Caus
Metellus, qui emporta le Palladium pendant lincendie du temple de Vesta, et perdit la
vue.
XXI. Romains qui ont remport des dpouilles opimes.
Romulus, qui en remporta sur Acron, roi des Cniniens; Cossus Cornelius, sur
Lars Tolumnius, roi des Viens; Claudius Marcellus, sur Viridomare, roi des Gaulois.
XXII. Romains qui, provoqus par des ennemis, ont accept le dfi.
Mallius Torquatus,
[23]
qui enleva un Gaulois son collier et le mit son propre
cou. Valerius Corvinus, qui, provoqu par un Gaulois, en triompha aid dun corbeau
venu, tandis quil combattait, sabattre sur son casque et harcelant son ennemi.
Scipion Emilien, qui, envoy par Lucullus, son gnral, devant Intercatie, ville des
Vaccens, tua un barbare qui lavait provoqu. Lucius Opimius, qui, sous le consul
Lutatius Catulus, tua, dans un dfil voisin de Trente, un Cimbre qui lavait galement
provoqu.
XXIII. Gnraux qui ont soumis des nations aux Romains.
Scipion lAfricain, Scipion le Numantin, Scipion lAsiatique, Muminius
lAchaque, Servilius lIsaurique, Brutus le Callaque, Paul le Macdonique, Metellus
le Crtique, Csar le Germanique, Csar le Dacique.
XXIV. Combien de Scipion illustres qui reurent des surnoms pour leurs
grandes actions.
Le grand Scipion lAfricain, qui vainquit Annibal, Scipion le jeune, le
~ 23 ~
Numantin, qui dtruisit Numance et Carthage; Scipion lAsiatique, qui triompha
dAntiochus; Scipion Nasica, que le snat jugea lhomme le plus vertueux; Scipion
qui, aprs la mort de Pompe, essaya de relever son parti, et se tua la suite de sa
dfaite.
XXV. Retraites du peuple.
Le peuple se spara du snat quatre fois: la premire, cause de la rigueur des
usuriers, lorsquil se retira en armes sur le mont Sacr; la deuxime, cause de
linsolence des dcemvirs, lorsque Virginius, aprs avoir tu sa fille, investit Appius et
toute sa faction sur le mont Aventin, et fit que les coupables, aprs avoir t contraints
dabdiquer leur magistrature; furent accuss, condamns et punis de divers supplices;
la troisime, cause des mariages des plbiens, qui ne pouvaient sallier aux
patriciens, lorsque Canuleius souleva le peuple sur mont Janicule; la quatrime,
cause des magistratures, afin que les plbiens pussent devenir consuls : cette scission
eut lieu dans le Forum, linstigation de Sulpicius Stolo.
XXVI. Sditions.
Il y a eu dans Rome quatre sditions: la premire fut celle de Tiberius
Gracchus, qui, comme il troublait la. ville loccasion des lois judiciaires et agraires,
fut tu dans le Capitole par Scipion Nasica la tte dune troupe arme; la deuxime
fut celle de Gracchus, son frre comme celui-ci excitait des troubles nouveaux, encore
au sujet du partage des terres, le consul Opimius, conjointement avec son beau-pre,
Decimus Brutus Callcius, ayant appel les esclaves la libert, le fit prir sur le mont
Aventin; la troisime fut celle dApuleius Saturninus, tribun du peuple, et du consul
Glaucias : comme ils troublaient par des meurtres les comices dans le champ de Mars,
Marius, les ayant poursuivis, les assigea dans le Capitole, et les fit tuer coups de
btons et de pierres. La quatrime fut celle de Livius Drusus et de Quintus Cpion,
dont lun prenait parti pour le snat et lautre pour lordre questre. La principale
cause qui excita les troubles vint toutefois de ce que Drusus promettait le titre de
citoyen tous les habitants de lItalie; mais alors il fut tu dans sa maison par le
consul Philippus.
XXVII. Romains qui ont form des projets criminels contre leur patrie.
~ 24 ~
Coriolan, envoy en exil pour navoir pas su prvenir une grande disette, se mit
la tte dune arme de Volsques, et voulut dompter sa patrie; mais, ayant cd aux
prires de Vturie, sa mre, il fut tu par son arme. Marcus Melius, que, par lordre
du dictateur Quintius Cincinnatus, le gnral de la cavalerie tua dans le Forum,
cause de ses larges distributions de bl. Spurius,
[24]
qui eut le mme sort, parce quil
sappuyait sur la faction favorable aux lois agraires, pour servir le pouvoir. Manlius
Capitolinus, qui, comme il voulait labolition des dettes des dissipateurs, fut suspect
daspirer la royaut et prcipit de la roche Tarpienne. Catilina, qui ayant conjur le
massacre du snat, lincendie de la ville, le pillage du trsor public, et tch dengager
les Allobroges dans la complicit de son crime, fut accus par Cicron dans le snat,
et vaincu par Antoine dans lApulie.
[25]
XXVIII. Rois ou gnraux qui ont fait la guerre avec les Romains.
Le peuple romain combattit dabord sous Romulus contre les Sabins, cause de
lenlvement des filles de ces derniers; puis, sous Tullius, contre les Albans. Ses
principaux ennemis furent Pontius Telesinus, chef des Samnites, qui, aux Fourches
Caudines, fit passer les Romains sous le joug. Pyrrhus, roi des Epirotes, qui fit la
guerre aux Romains pour les Tarentins, et qui, aprs avoir ravag la Campanie, arriva
vingt milles de Rome: mais bientt, vaincu par Curius et Fabricius, il se retira dans
sa patrie; puis, aprs avoir soumis par les armes lAchae son pouvoir et arrach la
Macdoine au roi Antigone, il fut tu en assigeant Argos. Il fut le plus sage de tous
les Grecs, et le plus habile dans lart militaire. Annibal, qui, ayant suivi son pre en
Espagne lge de neuf ans, fut fait gnral avant quinze; il vainquit en Espagne
pendant trois ans; puis, aprs avoir dtruit Sagonte, rompu le trait, il franchit les
Pyrnes et les Alpes, entra en Italie, dfit Scipion aux bords du Tsin, Tiberius
Claudius aux bords de la Trbie, Flaminius
[26]
aux bords du Thrasymne, Paul et
Varron Cannes, Gracchus en Lucanie, Metellus en Campanie.
XXIX. Combien de rvolutions a prouves ltat du peuple romain.
Le peuple romain fut dabord sous des rois. Puis, larrogance de Tarquin et
loutrage fait Lucrce ayant amen lexpulsion des rois, il remit des consuls et
des tribuns le soin de son gouvernement. Agit ensuite par les sditions des tribuns,
~ 25 ~
toutes les magistratures ayant t abdiques, il cra des dcemvirs pour tablir des lois
et travailler laffermissement de la rpublique. Ne pouvant non plus supporter la
domination et la licence de ceux-ci, il revint de nouveau aux consuls, jusqu ce que,
les guerres civiles tant venues slever entre Csar et Pompe, et la libert stant
trouve opprime par la force, tout devint soumis au pouvoir du seul Csar. Depuis lui
domine la dictature perptuelle des Csars.
XXX. Comme cernent du royaume de Mithridate.
Cyrus, premier roi des Perses, enleva lempire aux Mdes. Il laissa deux fils :
Cambyse et Smerdis. Aprs la mort du pre, Cambyse, qui tait lan, ayant vu en
songe Smerdis assis sur le trne et touchant le ciel de la tte, se hta de le faire tuer.
Ensuite, comme il revenait dthiopie, aprs y avoir essuy des revers, ayant vu, son
passage par lEgypte, les habitants de ce pays dans la joie, et stant persuad quils
insultaient ses mauvais succs, il pera Apis la cuisse et le tua du mme coup.
Cependant, un mage appel Smerdis, frre de Patibiata, abusant du nom et de la
ressemblance, stait donn pour le fils de Cyrus, et stait empar du royaume de
Perse. Ds que Cambyse en fut instruit, se htant de retourner dans sa patrie, il oublia
de rentrer clans son fourreau lpe avec laquelle il avait tu Apis. Comme il
sefforait de ly remettre, il se blessa la cuisse lendroit mme o il avait bless
Apis, et mourut peu de jours aprs. Lorsque la nouvelle certaine de sa mort fut
parvenue en Perse, Potane
[27]
recommanda Pedima, sa fille, avec laquelle Smerdis
avait commerce, dobserver, pendant quil dormait, sil avait des oreilles caches sous
ses cheveux; car il savait que Cyrus avait fait couper les oreilles au mage Smerdis.
Celle-l confirma quil tait un faux Smerdis. Alors sept Perses de la plus haute
noblesse formrent entre eux une conjuration. Les noms de ces sept conjurs sont
Potane, Hydane, Aspatine, Sapherne, Megabous, Gobie, Darius. Ensuite, le mage
Smerdis tu, ils arrtrent que, Potane except, celui-l dentre eux rgnerait dont le
cheval aurait henni le premier, dans un lieu quils auraient choisi. Alors Hibre,
[28]
palefrenier de Darius, conduisit le cheval de, son matre au lieu convenu, et l il lui fit
saillir une jument. Le cheval de Darius ne manqua pas ensuite de pousser un fort
hennissement; et, de cette manire, Darius obtint la couronne. Cest de lui que
descendait Artabane, qui, comme le confirme Crispe Salluste, fut le fondateur du
~ 26 ~
royaume de Mithridate.
XXXI. Rois des Parthes.
Seleucus, ami dAlexandre le Macdonien. Aprs sa mort, Abarrida, son frre,
pouss semparer de Babylone,
[29]
soumit sa domination les populations voisines,
do il fut appel Nicator, et fonda trois villes trs puissantes : Abarrida, Sleucie,
Laodice. Arsace, galement remarquable par son extrieur et par son courage, dont
les descendants furent surnomms Arsacides, et qui conclut la paix avec le gnral
Sylla. Orodes, qui fit alliance avec Cn. Pompe, et qui fit prouver prs de Carres une
cruelle dfaite Crassus et ses lgions. Pacorus, qui envoya son fils, de mme nom
que lui, en Syrie, afin de ravager les provinces romaines, et qui fut tu lui-mme par
Ventidius, lieutenant de Jules Csar.
XXXII. Rois de Cappadoce et dArmnie.
Tigrane, dont il a dj t fait mention, qui, dans la troisime guerre punique,
fut vainqueur sous les consuls Mancinus et Scipion Emilien. Bellus, roi dArmnie,
qui, ayant fait une irruption en Grce, et ayant incendi le temple dApollon Pythien,
perdit son arme par le gros temps et le froid. Polycrate, roi de Cappadoce, qui rva
que le soleil et la lune taient consums par le feu, et qui fut tu par un lieutenant de
Darius. Le roi Epaminon, son fils, qui prit de vive force la Thbes des Grecs. Le roi
Priandre, qui rgna Corinthe, et soumit tout aux Romains sur terre et sur mer.
Timolon, qui tua son frre rgnant Corinthe: ce mme chassa Denys, roi de Sicile,
et ne voulut point accepter le trne quon lui offrait, mais dmolit la citadelle. Ce fut
lui qui, entendant de mchants propos, dit : Je me suis appliqu toute ma vie ce
que vous fussiez tous libres.
XXXIII. Rois dAsie et de Pergame.
Eumne Cardune,
[30]
lieutenant trs belliqueux dAlexandre fils de Philippe,
que malgr son courage, la fortune favorisa peu; il inspirait toutefois une si grande
terreur, que, de son vivant, personne nosa prendre le titre de roi. Antiochus, dont il a
t dj fait mention. Un autre Eumne, qui, dans la guerre macdonique, aida les
Romains avec ses troupes. Attale, qui combattit souvent pour les Romains, et qui
~ 27 ~
mme, par son testament, institua le peuple romain son hritier.
XXXIV. Rois de Pont et de Bithynie.
Pharnace, roi de Bithynie, fils de Mithridate, qui dans une guerre civile dont
Pharsale fut le thtre, se servit des soldats de son pre pour envahir la Syrie, mais
qui, larrive de Csar, nattendit pas sa rencontre, et vint se rfugier dans le Pont,
vaincu par la seule terreur de son nom. Prusias, roi ami du peuple romain, auprs
duquel Annibal se rfugia aprs la dfaite dAntiochus et chez lequel il sempoisonna
pour se soustraire aux ambassadeurs qui venaient le demander son hte. Nicomde,
alli et ami du peuple romain, dont Csar cultiva lamiti pendant sa jeunesse. A sa
mort, ce roi, par son testament, institua le peuple romain son hritier.
XXXV. Rois dAlexandrie.
Aprs la mort dAlexandre de Macdoine, huit Ptolme, tous trs illustres,
rgnrent sur lEgypte Alexandrie. Ptolme Evergte, qui protgea Alexandre de
son bouclier chez les Ozydacres.
[31]
Ptolme, fils de Philadelphe, trs vers dans les
lettres, et qui crivit beaucoup douvrages grecs. Ptolme Soter, qui vainquit les
Rhodiens avec une grande flotte. Ptolme Tryphon qui fit tuer coups de flches
dans le thtre une partie des sditieux, et livra les autres aux flammes. Son fils Cypris
fit de nombreuses guerres, pour les Romains, contre les Garamantes et les Indiens.
Ptolme, dit le Pupille, qui reut du snat Pompe pour tuteur, jusqu ce quil et
atteint lge de pubert, et qui, plus tard, fut tu dans la guerre civile du Pont.
XXXVI Chefs et rois des Carthaginois.
Hannon et Magon, qui, dans la guerre punique, prirent le consul Cornelius prs
des les de Lipari. Amilcar, surnomm Boccor,
[32]
qui, dans la premire guerre
punique, soumit une grande partie de lEspagne au pouvoir des Carthaginois, et qui
laissa quatre fils : Asdrubal, Annibal, Amilcar et Magon. Asdrubal, frre dAnnibal
qui, dans la deuxime guerre punique, venant dEspagne avec une arme considrable,
fut dfait par Claudius Nron, avant davoir pu oprer sa jonction avec son frre.
XXXVII. Rois de Numidie.
~ 28 ~
Syphax, que Scipion lAfricain mena en triomphe aprs lavoir vaincu, et dont
il donna le royaume Masinissa. Le roi Masinissa, qui aida Scipion de sa cavalerie
contre Carthage et Syphax, et qui, entre autres rcompenses des services quil lui avait
rendus dans la guerre, reut en don le royaume de Numidie. Jugurtha, dont il a t dj
fait mention.
XXXVIII. Rois de Mauritanie.
Le roi Juba, qui vainquit Curion, lieutenant de Csar, et qui bientt, aprs la
mort de Pompe, stant efforc daffermir le parti de Caton et de Scipion, se retira
dans son palais, et se fit donner la mort la suite dun magnifique repas. Un autre
Juba, roi trs vers dans les lettres, qui rgna par ordre de Csar Auguste, et qui fonda
une trs magnifique ville, quil nomma Csare.
[33]
XXXIX. Quels sont ceux qui ont pris les armes contre le peuple romain.
Tatius, roi des Sabins, qui, aprs stre empar de la hauteur Tarpia, combattit
contre Romulus sur la place publique mme, et fit la paix avec lui par lintervention
des Sabines. Mettius Suffetius, roi des Albains, qui, contre la foi des traits, ayant
trahi dans la guerre des Fidnates, fut attach un char par ordre de Tullus Hostilius,
et cartel par des chevaux tirant en sens contraire. Porsenna, roi des Etrusques, qui
vint assiger les Romains jusquau pied du Janicule, pour servir la cause des Tarquins.
Tiridate, qui fut vaincu et rtabli par Corbulon, personnage consulaire.
XL. Combien il y a eu de guerres civiles.
Quatre guerres civiles ont t souleves dans la ville par les Romains.
[34]
La
premire, quexcita le tribun Sulpicius parce que Sylla navait point voulu transfrer
Marius la province Mithridatique qui lui tait assigne. La seconde, mue par Lepidus
contre Catulus, par suite de la crainte rsultant de lexpoliation de la Sicile. La
troisime, entre Csar et Pompe : la cause ou plutt le prtexte de cette guerre vint du
refus que le snat fit Csar du consulat; car elle avait sa source dans lambition des
deux rivaux et dans leur dsir avide du pouvoir. En effet, quoique, conformment aux
usages et la loi des anciens Romains, Csar ne dt entrer dans la ville quaprs avoir
congdi son arme, et quil dt rendre compte au snat de ses oprations militaires,
~ 29 ~
afin dobtenir ainsi le triomphe, feignant de craindre la puissance de Pompe, il
dclara quil nloignerait point ses troupes, si labsence nen tait ordonne dans une
assemble des comices prside par un consul. Le snat layant, cause de cela,
dclar ennemi, il rsolut de sen venger par la guerre; et, par cette voie, non
seulement il sassura le consulat et le triomphe, mais il rduisit encore sous son
pouvoir tout le gouvernement du peuple romain. La quatrime est celle de Csar
Auguste contre plusieurs gnraux: contre Pompe le jeune, revendiquant lhritage
paternel; bientt aprs, contre Cassius et Brutus, pour venger le meurtre de son pre;
ensuite contre Antoine et Cloptre, qui se disposaient porter la guerre dans le sein
de la patrie.
XLI. Combien il y a de sortes de guerres.
Il y a quatre sortes de guerres. La guerre nationale, qui se fait avec les peuples
trangers, comme celle des Romains avec les Latins, des Athniens avec les
Lacdmoniens. La guerre des esclaves : telle est celle que les Romains firent contre
les esclaves fugitifs et contre leurs chefs, Spartacus, Crixus et Oenomas. La guerre
civile, dans laquelle les citoyens combattent entre eux, comme celle que se firent
Marius et Sylla, Csar et Pompe, Auguste et Antoine.
XLII. Ordre de la guerre de Marius.
La soif insatiable de Marius pour les honneurs le porta vouloir arracher
Sylla, sui la requte du tribun du peuple Sulpicius, la province Pontique assigne
celui-ci. Sylla indign alla aussitt se mettre la tte de son arme, la dirigea sur
Rome, et, y tant entr, sempara du Capitole. Le snat, cdant la frayeur, proscrivit
Marius et toute sa faction. Sylla tant parti ensuite pour lAsie, Marius, qui stait
enfui aprs sa condamnation, et qui stait cach dabord dans un marais voisin de
Minturnes, fut jet en prison et parvint svader. Sur ces entrefaites, Cinna et Octave
se trouvant Rome, Marius profite de loccasion que cette circonstance lui offre,
revient, et se joint Cinna aprs la dfaite dit parti dOctave. Cr sept fois consul, il
souilla la ville entire des meurtres les plus cruels. Cependant Sylla, revenu Rome
aprs avoir vaincu Mithridate, trouva presque toute lItalie en armes sous les ordres du
jeune Marius, fils du prcdent; mais il dtruisit toutes ses troupes, partie en Etrurie,
prs de Sacriport, partie prs de la porte Colline, et fit massacrer sur la voie publique
~ 30 ~
le reste de ses adversaires qui staient rendus. Quant ceux qui avaient pris la fuite, l
en dressa une liste et autorisa chacun les tuer.
XLIII. Ordre de la guerre entre Csar et Pompe.
Csar, Pompe et Crassus, ayant form une alliance, possdaient lempire des
Romains. Csar avait les armes des Gaules, et Crassus celles de Syrie. Pompe,
appuy sur les forces de ceux-ci, dominait dans le snat. Aprs la mort de Crassus
chez les Parthes, arrivrent au pouvoir Musus Barbatus Asculanus et Quintus Lutatius
Catulus.
XLIV. De la guerre macdonique.
Le peuple romain fit trois fois la guerre avec les Macdoniens. Sous le consul
Flaminius, il vainquit Philippe, leur roi; sous Paul-mile, Perse, fils de Philippe; sous
Metellus le Macdonique, le faux Philippe. La cause de la premire guerre vint des
plaintes que les Grecs portrent loccasion des insultes des Macdoniens; celle de la
deuxime, de ce que Perse avait rompu lalliance faite avec son pre; celle de la
troisime, de limposture lombre de laquelle le faux Philippe avait usurp le nom
des rois macdoniens.
XLV. Des diverses dfaites du peuple romain.
Dans la guerre dtrurie, lorsque le roi Porsenna assigea le Janicule; dans la
guerre gauloise, lorsque les Gaulois Snonais, aprs avoir dfait larme sur les bords
de lAllia, et incendi Rome, firent le sige du Capitole; dans la guerre tarentine,
lorsque Pyrrhus savana vingt milles de Rome, aprs avoir ravag toute la
Campanie; dans la guerre punique, lorsquAnnibal, aprs avoir dtruit larme de
Cannes, vint asseoir son camp trois milles de Rome; dans la guerre cimbrique,
lorsque les Cimbres occuprent les Alpes Tarentines;
[35]
dans la guerre des esclaves,
lorsque les gladiateurs Spartacus, Crixus et Oenomas, aprs avoir presque
entirement ravag lItalie, furent dfaits en Lucanie par Crassus, en Etrurie par le
consul Pompe, au moment o ils savanaient pour incendier Rome.
XLVI. Des trois guerres puniques.
Le peuple romain combattit trois fois avec les Carthaginois. La premire guerre
~ 31 ~
punique eut lieu sur mer. On lui attribue deux causes : lune, parce que les
Carthaginois avaient secouru les Tarentins; lautre, parce que les Mamertins
demandaient du secours contre les Carthaginois. Au surplus, ce quil y a de certain,
cest que la possession de la Sicile et de la Sardaigne, les trs fertiles, fut le fruit de
cette guerre. Appius Claudius la commena dans le dtroit de Sicile; Manlius et
Regulus la portrent jusquen Afrique; les consuls Duillius et Lutatius Catulus, ayant
coul fond les flottes des ennemis, lun prs des les de Lipari, lautre prs des les
Aegates, la terminrent. La deuxime guerre punique fut, sans contredit, la plus
cruelle de toutes. La cause en vint de ce quAnnibal, contre la foi des traits, avait
dtruit Sagonte. La premire dfaite essuye dans cette guerre eut lieu prs de
Listerne,
[36]
o fut bless Scipion le pre, que Publius Scipion, encore impubre,
protgea et dlivra. La seconde arriva aux bords de la Trbie, o fut bless le consul
Flaccus.
[37]
La troisime, prs du lac Thrasymne, o larme de Flaminius prouva
une perte immense. La quatrime, Cannes, o deux armes furent ananties par suite
de la mort du consul Paulus et de la fuite de Terentius Varron. Ensuite quatre
gnraux sattribuent la gloire de cette guerre punique. Fabius ou le Temporiseur, qui
arrta, par ses lenteurs, Annibal sur le point de saccager Rome. Marcellus, qui rsista
le premier Annibal, prs de Nole, et qui, aprs avoir fait plier son arme, lui fit
prouver une grande perte. Claudius Nron, qui surprit Asdrubal arrivant dEspagne
avec des troupes nombreuses, avant qui pt se joindre Annibal, et le vainquit dans
un grand combat. La troisime guerre punique fut plus glorieuse que pnible
soutenir. En effet, Scipion Emilien acheva la ruine de Carthage, commence par le
consul Manilius; aid de Tigrane, aprs avoir brl Carthage, il chtia dune manire
exemplaire toutes les villes de lAfrique, parce que, contre la foi des traits, les
Carthaginois avaient rpar leurs flottes et port la guerre chez leurs voisins.
XLVII. Quels sont ceux qui ont t vaincus jusqu lempire de Trajan, et
par qui, au nombre de deux cent quatre.
[38]
Par le consul Flaminius le peuple romain vainquit les Macdoniens combattant
sous le roi Perse; par les Scipion Africains, les Carthaginois; par le consul Paulus, il
vainquit Perse;
[39]
(par Scipion), en Syrie, le roi Antiochus; par Scipion Emilien, les
~ 32 ~
Celtibriens et Numance; par le mme Scipion, la Lusitanie
[40]
et le chef Viriate; par
Decimus Brutus, la Gaule; par Mummius lAchaque, Corinthe et les Achens; par
Fulvius Nobilior, les Etoliens et Ambracie; par Marius, les Numides et Jugurtha; par
le mme, les Cimbres et les Teutons; par Sylla, les peuples du Pont et Mithridate; par
Lucullus, les mmes peuples du Pont et Mithridate; (par Pompe, les mmes), puis les
pirates ciliciens, les Armniens avec le roi Tigrane, et beaucoup de nations de lAsie.
En effet, sous sa conduite, les armes romaines parvinrent jusqu locan Indien et
la mer Rouge. Par Caus Csar, elles vainquirent les Gaules et la Germanie. Sous ce
chef, non seulement elles virent la Bretagne, mais elles traversrent lOcan. Par
Csar Auguste, elles soumirent les Dalmates, les Pannoniens, les Illyriens, les
Egyptiens, les Germains, les Cantabres, et pacifirent toute la terre, lexception des
Indiens, les Parthes, des Sarmates, des Scythes et des Daces, que la fortune rservait
aux triomphes de lempereur Trajan.
XLVIII. Des comices.
Les comices sont ainsi nomms du rassemblement et du concours quils
occasionnent, parce que les snateurs et les diffrentes classes de citoyens y sont
appels donner leurs suffrages pour la cration des magistrats ou des prtres. Il y a
trois sortes de comices
[41]
: les uns sont appels curiata, les autres tributa, les autres
centuriata; parce quils se tiennent par curies, par tribus et par centuries. Sil sagit
dune affaire commune et ordinaire, dont la connaissance appartient la multitude,
elle se traite dans des comices par curies; sil sagit dune affaire plus importante, elle
se traite dans des comices par tribus; sil sagit dune affaire du plus haut intrt, alors
le soldat est appel voter, et ces comices prennent le nom de comices par centuries.
XLIX. Des divisions du peuple romain.
La plus ancienne division du peuple romain, celle que fit Romulus, fut triple le
roi, le snat, le peuple. Le peuple tait divis en trois tribus Titienne, Lucre,
Ramnte. Suit la division du peuple romain sous le roi Servius Tullius, qui la partagea
en tribus, en classes et en centuries, afin que, par cette disposition du cens, les plus
puissants et les plus riches eussent la prpondrance dans les suffrages, et, par
consquent, lascendant sur le peuple romain. La troisime division est celle qui se fit
~ 33 ~
en patrons et en clients, par laquelle les infrieurs se mettaient sous la protection des
suprieurs.
L. Des rpubliques.
Il y a trois sortes de rpubliques : celles qui sont rgies par les rois, celles qui le
sont par les grands, et celles qui le sont par le peuple. En effet, ou elles sont sous la
puissance des rois, comme Sleucie chez les Parthes; ou sous celle dun snat, comme
Massilie chez les Gaulois; ou les peuples se gouvernent par eux-mmes, comme
avaient coutume de le faire les Athniens. Il en est une quatrime espce, que les
Romains ont imagine pour ne faire quune seule des trois premires; car les consuls
ont la puissance royale, le snat, seul, dlibre sur les affaires publiques, et le peuple
ale pouvoir des suffrages.
[1]
Selon dautres, ce fut Diane elle-mme qui le tua coups de flches.
[2]
Ou plutt Typhon.
[3]
Ainsi nomm dIapyx, un des fils de Ddale.
[4]
Le mme que lImaus, grande chane de montagnes de lAsie suprieure.
[5]
Les anciens gographes ne font pas mention de ce fleuve.
[6]
Une des les Balares selon Pline.
[7]
Thul.
~ 34 ~
[8]
Lauteur, dans son numration, ne mentionne pas la douzime. Plus haut, au
contraire, il en annonce onze seulement et en cite douze; ce qui porte croire que l il
faudrait lire duodecim, et ici undecim.
[9]
Elle se nommait aussi Co et Cos.
[10]
Pline et Pomponius Mela nen comptent que sept.
[11]
Elles se nommaient Prote, Msa et Hype. Ce sont les les dHires.
[12]
Selon quelques-uns, cette le nest autre que la prcdente, Menynx, qui
changea de nom et prit celui de Girba ou Girb.
[13]
Mont plus connu sous le nom dAbyla ou Abila.
[14]
. Il faudrait, au contraire, Seston Europ, Abydon Asi, puisque Sestos
appartenait lEurope et Abydos lAsie.
[15]
Dnomination qui ne se trouve que dans Ampelius.
[16]
Ampelius attribue ici, par erreur, Mardonius ce qui arriva Pausanias lui-
mme.
[17]
Ccrops, au contraire, tait tranger. Natif de Sas, en Egypte, il conduisit
dans lAttique une colonie dgyptiens, vers lan 1556 avant Jsus-Christ. Il fut
reprsent comme un monstre moiti homme et moiti serpent, parce quil
commandait deux peuples, les Egyptiens et les Athniens.
[18]
Cette ville nest mentionne nulle part; il faut probablement lire Ecbatana.
~ 35 ~
[19]
Lisez Menenius Agrippa.
[20]
Lisez Livius Drusus.
[21]
Cyprico. Lisez Cimbrico.
[22]
Lisez Fabius.
[23]
Lisez Manlius Torquatus.
[24]
Ce personnage est videmment le mme que Spurius Melius, dsign un peu
plus haut sous le nom de Marcus Melius. Poui offrir un sens raisonnable, ce passage
demanderait tre rtabli de la manire suivante : Spurius Melius, quum frumentaria
largitione, agrariis legibus, factione dominationem parare videretur, jussu, etc.
[25]
Lisez in Etruria.
[26]
Lisez Flamininus.
[27]
Lisez Otane.
[28]
Lisez Oebare.
[29]
De qui reut-il cet ordre? Voil ce quon a de la peine sexpliquer. Cette
phrase et probablement altre.
[30]
Il avait reu le surnom de Carduenus, parce quil tait n Cardie, ville de
la Chersonse de Thrace.
[31]
Dans tout ce chapitre lauteur est trs peu daccord avec les autres
~ 36 ~
historiens.
[32]
Cest le mme quAmilcar Barcas, pre du grand Annibal. Ampelius est le
seul qui lui donne le surnom de Boccor.
[33]
Il nen fut pas le fondateur, puisque cette ville existait dj sous le nom
dIole; mais il changea ce nom en celui de Csare, pour flatter lempereur Auguste.
[34]
Cependant il nen est mentionn que trois dans ce chapitre.
[35]
Il est probable que lauteur a voulu dire Taurinas ou Tridentinas Alpes.
[36]
Lisez Ticinum.
[37]
Non pas Flaccus, mais Tib. Sempronius Longus.
[38]
On ne comprend pas ce que peut dsigner ce nombre CCIV.
[39]
Non pas Perse, mais Philippe; puisque Ampelius dit lui-mme un peu plus
loin, dune manire fort obscure la vrit, que Perse fut vaincu par Paul-Emile.
[40]
Ampelius attribue ici Scipion ce qui devrait ltre Cpion. Peut-tre
existe-t-il en cet endroit une erreur de copiste occasionne par laffinit des deux
noms Scipio et Cepio, erreur qui leur aura fait mettre le plus connu.
[41]
Ces trois principales sortes de comices se subdivisaient en beaucoup
dautres qui prenaient le nom de lobjet qui leur tait propre, et avaient leurs rgles
particulires. Tels taient les comitia aedilitia, pour llection des diles; censoria,
pour celle des censeurs; praetoria, pour celle des prteurs; proconsularia, pour celle
des proconsuls; propraetoria, pour celle des proprteurs, etc.
~ 37 ~
Liber Memorialis
Lucius Ampelius
Macrino suo salutem.
Volenti tibi omnia nosse scripsi hunc librum memorialem, ut noris, quid sit mundus, quid
elementa, quid orbis terrarum ferat, vel quid genus humanum peregerit.
I. De Mundo
1 Mundus est universitas rerum, in quo omnia sunt et extra quem nihil, qui graece dicitur
. 2 Elementa mundi quattuor: ignis, ex quo est caelum; aqua, ex qua mare Oceanum;
ar, ex quo venti et tempestates; terra, quam propter formam eius orbem terrarum
appellamus. 3 Caeli regiones sunt quattuor: oriens, occidens, meridies, septentrio. 4 Caelum
dividitur in circulos quinque: arcticum et antarcticum, qui ob nimiam vim frigoris
inhabitabiles sunt; aequinoctialem, cui subiacet regio quae dicitur neque
incolitur ob nimiam vim ardoris; brumalem et solstitialem, sub quibus habtiatur: sunt enim
temperatissimi, per quos oblicus circulus vadit cum duodecim signis, in quibus sol annuum
conficit cursum.
II. De duodecim signis.
1 Signa sunt in caelo duodecim. Aries beneficio Liberi, quod, is cum exercitum in Indiam
per Libyam duceret per loca sicca et arenosa, cum aquae inopia esset et exercitus eius siti
adfligeretur, aries eis aquam demonstravit, et ob id a Libero Iovis Ammon est appellatus,
eique fanum magnificum fecit ad eum locum, ubi aquam invenit, quod abest ab Aegypto
p2et Alexandria milia passuum novem. Ob eam rem a Iove petiit ut inter sidera reciperetur.
Alii putant eum esse, qui Hellen et Phrixum vexerit. 2 Taurus beneficio Iovis, quem
Iuppiter a Neptuno fratre per gratiam abduxit, qui sensum humanum figura tauri continebat,
isque Iovis iussu Europam Agenoris filiam Sidoniam adludens decepit et eam Cretam
deportavit. Ob eam rem Iuppiter in sideribus eum dignatus est immortali memoria.
3 Gemini, qui dii Samothraces nominantur esse, quorum argumentum nefas est pronuntiare
praeter eos, qui initiis praesunt. Alii Castorem et Pollucem dicunt, quod ii principes mare
tutum a praedonibus praestitissent. Sunt qui dicant Herculem et Theseum, quod similia
athla sint adepti. 4 Cancer, , receptus beneficio Iunonis, quod eius iussu, cum
Hercules missus esset ad hydram Lernaeam, quam nos excetram dicimus, interficiendam,
carcinus ingressus Herculis pedes et crura lanians incommodiorem faciebat eum, quam ipsa
excetra: idque malum Hercules difficillimum habuit, carcinumque ob id factum Iuno
sideribus est dignata. 5 Leo, , qui educatus est Nemeae, Iunonis consilio ad Herculis
interitum missus in terram Argiam diu spelunca latitavit, quem Hercules dicitur interfecisse
cum Molorcho hospite suo, cuius clavam ei tributam tum principio est adeptus, qua leonem
interfecit, eiusque pellem postea pro tegumento habuit. Ob id factum Iunoni odio esse
~ 38 ~
coepit, leonemque caelesti dignitate est honorata. 6 Virgo, quam nos Iustitiam dicimus, fuit
cum hominibus. Sed postquam homines male facere coeperunt, Iovis eam inter signa
posuit. Sunt qui Erigonam Icari filiam Atheniensem dicunt, cuius patri Liber vinum dedit,
ut hominibus ad suavitatem daret: quibus dedit, ebriati sunt et lapidibus eum occiderunt.
Canis, qui cum illo erat, vidit dominum occisum, et cum ululatu ad Erigonam rediit; quem
ut maestum et singularem vidit, sollicita proficiscitur cum eo. Venere ad locum, ubi Icarius
iacebat. Vidit corpus patris; magna lamentatione p3in Hymetto monte sepelivit, ipsa vero se
suspendit laqueo. Canis ad pedes eius discumbens diutius et sine alimentis deficiens post
aquam anhelans in puteum se proiecit. Tum Liber a Iove petiit, quod suo imperio
defecerint, ut inter siderum cursus poneretur virgo. Icarius autem Arcturus nominatus est,
cuius stella cum exoritur, continuas tempestates facit: canis Canicula. 7 Libra, quam Graeci
appellant, virile nomen est adeptus: qui insigni clementia et iustitia Mochos
dictus; qui primus dicitur librae pondus hominibus invenisse, quae utilissima mortalibus
existimatur, ideoque in numerum stellarum receptus est et Libra est dictus. 8 Scorpius, qui
dicitur ad perniciem Orionis in insula Chio in monte Pelinaeo voluntate Dianae natus.
Orion autem, dum venatur, visa Diana stuprare eam voluit. Illa scorpionem subiecit, qui
eum vita privaret. Iuppiter et scorpionem et Orionem inter sidera recepit. 9 Sagittarius,
Croton, filius Euphemes nutricis Musarum, quem Musae semper dilexerunt eo, quod plausu
et lusu sagittarum eas avocaret. Allii Chironem dicunt, quod iustus et pius, doctus,
hospitalis fuerit. Ab eo Aesculapius medicinam, Achilles citharam et alii alia multa.
10 Capricornus, cui nomen Pan. Quo tempore Typhon speluncas incolens in monte Tauro
Aegyptum profectus est ad bellum, Pan se in caprae figuram convertit. Igitur dii
immortales, postquam Typhonem digna poena affecerunt, Pana astrorum memoria
decoraverunt. 11 Aquarius, qui putatur esse Ganymedes, dicitur Deucalion Thessalus, qui,
cum maximo cataclysmo cum uxore Pyrra solus evasisset, hic pietatis causa inter sidera
locatus est. 12 Pisces, ideo pisces, quia bello Gigantum Venus perturbata in piscem se
transfiguravit. Nam dicitur et in Euphrate fluvio ovum piscis ** in ora fluminis columba
adsedisse dies pluos et exclusisse deam benignam et misericordem hominibus ad bonam
vitam. Utriusque memoriae causa pisces inter sidera nobilitati.
p4 III. De sideribus.
1 Praeter duodecim signa potentissima sidera in caelo: septentriones duo, maior et minor,
qui numquam merguntur ideoque navium cursus regunt, quorum alter Cynosura dicitur.
Bootes, idem Arcturus. 2 Orion, qui magnitudine sua dimidiam caeli obtinet partem.
Pliades, quae latine Vergiliae dicuntur. Hyades, quae a nobis Suculae dicuntur, quarum
ortus et occasus a nautis et ab agricolis observantur. Canicula, cuius vis praecipue solstitio
est. 3 Stellae potentissimae in caelo sunt septem: Saturnus, Sol, Luna, Mars, Mercurius,
Iuppiter, Venus, quae a Graecis planetae, a nobis erraticae dicuntur, quia ad arbitrium suum
vagantur et motu suo hominum fata moderantur: item adverso cursus contra caelum
feruntur.
~ 39 ~
IV. Quibus partibus sedeant duodecim signa duodecim ventorum.
Aries in africum, Taurus in circium, Gemini in aquilonem, Cancer in septentrionem, Leo in
thrasciam, Virgo in argesten, Libra in zephyron, Scorpius in agricum, Sagittarius in austrum
et africum, Capricornus in austrum, Aquarius in eurum et notum, Pisces in eurum.
V. De ventis.
1 Venti fiunt ex aris motu et inclinatione; sunt autem generales quattuor: eurus, idem
apeliotes, idem volturnus ab oriente: ab occidente zephyrus, idem corus, idem favonius:
aquilo, boreas, aparctias idem a septentrione: notus, idem libs et auster et africus a meridie.
2 Hi sunt quattuor generales; ceteri speciales adscribuntur, ut iapyx zephyro, qui ab Iapygio
Apuliae promontorio flat; leuconotus noto, cum sereniore flat; circius aquiloni, cum
vehementior Gallias perflat; item etesiae, qui statis diebus flant per aestatem.
p5 VI. De orbe terrarum.
1 Orbis terrarum, qui sub caelo est, quattuor regionibus incolitur. Una pars eius est, in qua
nos habitamus; altera huic contraria, quam qui incolunt vocantur antichthones: quarum
inferiores duae ex contrario harum sitae, quas qui incolunt vocantur antipodes. 2 Orbis
terrarum, quem nos colimus, in tres partes dividitur totidemque nomina: Asia, quae est inter
Tanain et Nilum: Libya, quae est inter Nilum et Gaditanum sinum: Europa, quae est inter
fretum et Tanain.
3 In Asia clarissimae gentes: Indi, Seres, Persae, Medi, Parthi, Arabes, Bithyni, Phryges,
Cappadoces, Cilices, Syri, Lycii. 4 In Europa clarissimae gentes: Scythae, Sarmatae,
Germani, Daci, Moesi, Thraces, Macedones, Dalmatae, Pannonii, Illyrici, Graeci, Itali,
Galli, Spani. 5 In Libya gentes clarissimae: Aethiopes, Mauri, Numidae, Poeni, Gaetuli,
Garamantes, Nasamones, Aegyptii.
6 Clarissimi montes in orbe terrarum: Caucasus in Scythia, Emodus in India, Libanus in
Syria, Olympus in Macedonia, Hymettus in Attica, Taygetus in Lacedaemonia, Cithaeron et
Helicon in Boeotia, Parnasos ** et Acroceraunia in Epiro, Maenalus in Arcadia,
7 Apenninus in Italia, Eryx in Sicilia, Alpes inter Galliam et Italiam, Pyrenaeus inter
Galliam et Spaniam, Atlas in Africa, Calpe in freto Oceani.
8 Clarissima flumina in orbe terrarum: Indus, Ganges, Hydaspes in India; Araxes in
Armenia; Thermodon et Phasis in Colchide; 9 Tanais in Scythia; Strymon et Hebrus in
Thracia; Sperchios in Thessalia; Hermus et Pactolus auriferi, Maeander et Caystrus in
Lydia; Cydnus in Cilicia; Orontes in Syria; Simois et Xanthus in Phrygia; 10 Eurotas
Lacedaemone; Alpheus in Elide; Ladon in Arcadia; Achelous et Inachus in Epiro; Savus et
Danubius, qui idem Ister cognominatur, in Moesia; Eridanus et Tiberinus in p6Italia;
Timavus in Illyrico; Rhodanus in Gallia; Iberus et Baetis in Spania; 11 Bagrada in
Numidia; Triton in Gaetulia; Nilus in Aegypto; Tigris et Euphrates in Parthia; Rhenus in
Germania.
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12 Clarissimae insulae in mari nostro undecim: Sicilia, Sardinia, Crete, Cypros, Euboea,
Lesbos, Rhodos, due Baleares, Ebusus, Corsica, Gades. In Oceano ad orientem Taprobane,
ad occidentem Brittannia, ad septentrionem Thyle, ad meridiem insulae fortunatae.
13 Praeter has in Aegaeo mari Cyclades duodecim: Delos, Gyaros, Myconos, Andros,
Paros, Olearos, Tenos, Cythnos, Melos, Naxos, Donusa. 14 Praeter has Sporades
innumerabiles; ceterum celeberrimae Aegina, Salamina, Coos, Chios, Lemnos,
Samothracia. 15 In Ionio Echinades, Strophades, Ithace, Cephalenia, Zacynthos. In
Hadriatico Crateae circiter mille, in Siculo Aeoliae octo, in Gallico Stoechades tres, in
Syrtibus Cercina et Meninx et Girba.
VII. De Marium Ambitu.
1 Mare quo cingimur universum vocatur Oceanum. Hoc quattuor regionibus inrumpit in
terras: a septentrione vocatur Caspium, ab oriente Persicum, a meridie Arabicum, idem
rubrum et erythraeum, ad occasum magnum mare, idem Atlanticum, quod commerciis
totius generis humani peragitur. 2 Hoc intrat in fretum Gaditanum inter duos montes
clarissimos Abylam et Calpen ob impositas Herculis columnas; dein latissime simul et
longissime fusum medium terrarum orbem inundat et nomina adquirit; 3 Balearicum, quod
Hispaniam adluit; Gallicum, quod Gallias tangit; Ligusticum, quod Liguribus infunditur;
Tuscum, Tyrrhenum, idem inferum, quod dextrum Italiae latus circuit, Hadriaticum, idem
superum, quod sinistrum Italiae latus circuit; 4 Siculum, in quo Sicilia; Creticum, in quo
insula est Creta; Ionium et Aegaeum, quis Achaiam id est Peloponnesum ita ambiunt, ut
interveniente Isthmo paene insulam faciant; Myrtoum p7et Icarium, quae adhaerent Aegaeo
mari, illud a Myrtilo, hoc ab Icaro cognominata; Euxinum, Ponticum, quod ingenti sinu
Scythis infunditur; Hellesponticum fauce transmissum inter duas celeberrimas urbes,
Seston Europae, Abydon Asiae; 5 Tanaiticum, quo Asia alluitur; Aegyptium ab Aegypto,
Libycum a Libya cognominatur; Syrticum a duabus Syrtibus reciprocis aestibus
retorquetur.
VIII. Miracula Mundi.
1 Miracula quae in terris sunt. Ab Apollonia et cathamantie milia passus quinque in
monte Nymphaeo: ibi ignis est et de terra exit flamma. In silva Panis symphonia in
oppidum auditur. Item sub eo monte in campo lacus sunt aquae pleni; inde pix exit et
bitumen: cum manibus subplodas, pix alte attollitur et quasi ab aqua bullescit. 2 Ambraciae
in Epiro in pariete sunt picti Castor et Pollux et Helena manu autochthonis, et nemo neque
invenire potest quis pinxerit. 3 Argis in Epiro quod Hippoboton appellatur: ibi pons magnus
columnatus duplex, quem Medea aedificari imperasse fertur. Ibi picta sunt gubernacula
Argonautarum, quae coepta navis: ibi Iovis templum Trophonii, unde est ad inferos
descensus ad tollendas sortes: in quo loco dicuntur ii qui descenderunt Iovem ipsum videre.
4 Leucade mons, unde se Sappho deiecit propter virum: in summo monte fanum est
Apollinis, ubi sacra fiunt; et cum homo inde desiluit, statim excipitur lintribus. 5 Sicyone in
Achaia in foro aedis Apollinis est: in ea sunt posita Agamemnonis clipeus et machaera,
Ulixis chlamys et thoracium, Teucri sagittae et arcus; Adrasti arca, quam deposuit, in qua
quid sit ignoratur; sed et olla aerea in qua Pelias coctus dicitur: item Palamedis litterae:
Marsyae autem quaequae corium; remi Argonautarum cum gubernaculis. Brachia
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calculus, quem Minerva sortita est de Oreste ***: una proci parasiti palla pendet, quam si
quis halitu afflaverit, tota patefit: Penelopae tela. Ibi de p8terra oleum scaturit. 6 Argis in
Achaia Iunonis templum magnifice ornatum, quod asylum vocant. 7 Olympiae templum
Iovis nobile, ubi athletae initiantur. 8 Corinthi balaenae costa est magna secundum mare,
quam homo complecti non potest. Eodem in loco fanum est Veneris, in quo vas
marmoreum Laidos. 9 Boeotiae lacus sacer, ubi Amphiaraus devoratus in eo lacu est.
Urceus fictilis fractus pendet testa inter se composita; unde autem pendeat non apparet, nisi
a vento moveatur. 10 Athenis Minervae aedes nobilis, cuius ad sinistram clipeus appositus
quem digito tangit: in quo clipeo medio Daedali est imago ita collocata, quam si quis
imaginem e clipeo velit tollere, perit totum opus; solvitur enim signum: ipsa autem dea
habet hastam de gramine. 11 Ilio lapis quadrata ubi Cassandra fuit alligata; quam si ante
tangas aut fricueris, lac demittit; ex altera autem parte similiter si frices, ac si sanguinem
remittit. Iuxta autem mare qui locus Rhoeteon vocatur; ibi est Achillis et Patrocli tumulus et
flumen Scamandros. 12 Ephesi Dianae fanum nobilissimum, maximum pulcherrimumque
orbis terrarum. Introitu dextra ac sinistra postes marmorei monolithi longi cubitis viginti,
qua super templum ascensu sunt centum quadraginta milia. 13 Samo in templo Iunonis
est scyphus factus ex hedera, cuius capita foras quattuor arietina magna cornibus mirae
magnitudinis contortis. 14 Pergamo ara marmorea magna, alta pedes quadraginta cum
maximis sculpturis; continet autem gigantomachiam. 15 Rosi signum Dianae marmoreum
pulcherrimum quod stat sub divo caelo, nec cum pluit aqua tangitur. 16 Argyro est fanum
Veneris super mare: ibi est lucerna super candelabrum posita lucens ad mare sub divo
caelo, quam neque ventus exstinguit nec pluvia aspargit: sed et Herculis aedes antiqua; ibi
e columna pendet cavea ferrea rotunda, in qua conclusa Sibylla dicitur. Ibi iacent ossa
balaenae quasi lapides quadrati. 17 Magnesia apud Sipylum columnae sunt quattuor: inter
has columnas p9est Victoria ferrea pendens sine aliquo vinculo in are ludens; sed quotiens
ventus aut pluvia fuerit non movet. 18 Aedis Dianae Epheso est quam constituit Amazon;
ibi et sepulcrum Icari stertentis quasi dormiat mirae magnitudinis ex orichalco et ferro.
19 Rhodi colossicum signum Solis altum ** super columna marmorea cum quadriga;
columna vero habet cubitos centum. 20 Cypro signum Iovis Olympii aereum, facies ex
auro, quem fecit Phidias in cubitis centum quinquaginta et latum cubitis sexaginta.
21 Domus illic Cyri regis aedificata lapidibus candidis et nigellis auro iunctis, ubi sunt
columnae diversis coloribus et innumerabiles lamnae ferreae, fenestrae ex argento et
tegulae ex lapide prasino. 22 Murus intus medio Babyloniae, quem Memnon aedificavit
lapide cocto et sulfure, ferro intermixtus, ubi sunt iuncturae. Latitudo eius cubitis triginta,
altus cubitis centum et triginta: cingitur milia passuum triginta. Hunc coepit Semiramis,
filius eius perfecit. 23 Pyramides in Aegypto, quas aedificavit **. 24 Agartus oppidum: ibi
est Nilus fluvius aere factus, plexilis in cubitis trecentis, cuius facies smaragdo limpido,
brachia ex ebore magno, adspectu et bestiae terrentur. 25 Athenis signum Iovis Olympii,
Alexandriae flumen ilum maxime colunt.
VIIII. Quot fuere Ioves vel alii in loco dii deaeque.
1 Ioves fuere tres. Primus in Arcadia, Aetheris filius, cui etiam Aetherius cognomen
effectus: hic primum Solem procreavit. Secundus abide in Arcadia, qui Saturnius
cognominatur, qui ex Proserpina Liberum patrem procreavit primum victoriam **. Tertius
Cretae, Saturni et Opis filius, optimus maximusque est appellatus. 2 Martes fuere duo:
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primus ex Enoposte, ut eum Homerus ait, et noster Mars Leucarpis et alter Mars
enius; secundus ex Iove et Iunone. 3 Soles fuere quinque: primus Iovis filius; p10secundus
Hyperionis; tertius Nili filius, cui Aegyptus est consecrata; quartus, qui Rhodi natus est,
cuius etiam Zemintus est filius; quintus, Colchi filius, ex quo Circe et Medea et Phathon
nati sunt. 4 Volcani fuere quattuor: primus Crio et Ioppe natus; secundus Nili filius;
tertius Saturni et Iunonis; quartus in Sicilia Melites filius. 5 Mercurii quattuor: primus Caeli
et Diei filius; secundus Iovis et Croniae filius vel Proserpinae; tertius Croni filius et Maiae,
qui est inventor lyrae; quartus Cyllenii filius, qui Aegyptiis litteras et numerum dixit.
6 Apollines quinque: primus Volcani et Minervae; secundus ex Corybante; tertius Iovis
filius ex Latona; quartus Sileni filius in Arcadia; quintus Ammonis filius in Libya natus.
7 Dianae tres: prima Iovis Cronii filia ex Proserpina, quae est Liberi soror; secunda Iovis et
Latonae, Apollinis soror; tertia, quae videre Ops, de Glauce. 8 Aesculapii tres: primus
Apollo dictus Volcani filius; secundus Elati filius; tertius Aristeti et Alcippes filius.
9 Veneres quattuor: prima Caeli et Diei filia; secunda quae ex spuma nata esse dicitur
Aetheris et Oceani filia; tertia quae Volcano nupsit, quae cum Marte se miscuit, unde
Cupido natus esse dicitur; quarta Cypri et Syriae filia, quam Adon habuit. 10 Minervae
quinque: prima Volcani filia, unde Athenarum est civitas; secunda Nili filia, quam Aegyptii
colunt; tertia Iovis filia, quae in bellicis rebus se exercuit; quarta Solis filia, quae quadrigas
iunxit; quinta Pallantis et Titanidos filia. Haec patrem occidit pro suae virginitatis
observatione, quia eius cupidus fuit: unde et Pallas dicta est. 11 Liberi quinque: primus ex
Iove et Proserpina: hic agricola et inventor vini, cuius soror Ceres. Secundus Liber ex
Melone et Flora, cuius nomine fluvius est Granicus; tertius de Cabiro, qui regnavit in
Asia; quartus ex Saturnio et Semela, ** dicunt; quintus Nisi et Thyonae filius. 12 Hercules
sex: primus Iovis Aetheris filii filius; secundus Nili filius, quem principem colunt Aegyptii;
p11tertium conditorem loci sui Hellenes dicunt; quartus Croni filius et Cartheres, quem
Carthaginienses colunt, unde Carthago dicta est; quintus Libani filius, qui cum rege
Medorum pugnavit; sextus Iovis ex Alcumena, qui Atlanta docuit.
X. De imperiis.
Imperia ab ineunte aevi memoria fuerunt septem. Primi rerum potiti sunt Assyrii, deinde
Medi, postea Persae, tum Lacedaemonii, dein Athenienses; post hos inde Macedones: sic
deinde Romani.
XI. Reges Assyriorum.
1 Belus rex, Iovis filius, cuius posteri per Ninum Asiae regnaverunt, per Aegyptum Libyae,
per Danaum Europae. 2 Ninus rex, qui primus exercitu prope totam Asiam sub se redegit et
clarissimam urbem nominis sui condidit Ninon. 3 Semiramis, Dercetis nymphae filia, a
columbis educta, uxor Nini regis, cuius post mortem regnum Nini ampliavit armis; Indiam
quoque parum prospera expeditione temptavit. Haec urbem pulcherrimam omnium, quae
umquam fuerunt, Babylona constituit supra flumen Euphraten. 4 Sardanapallus, qui ob
nimias delicias et luxuriam perdito regno, ne in potestatem hostium veniret, cum exoletis
suis venenum bibit et igni subiecto cum regia sua conflagravit.
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XII. Reges Medorum.
Arbaces, primus rex, qui eversas Assyriorum opes luxuria Sardanapalli transtulit ***
eosque iustissime rexit. Astyages, vir fortis et iustus, qui per insidias victus a Cyro est, et
dissolutum est Mediae regnum.
XIII. Reges Persarum.
1 Cyrus, rex fortissimus, qui maiore parte Asiae subacta Europam quoque inrupisset, ni a
Tomyri Scytharum p12regina victus oppressusque esset. 2 Cambyses, filius equae Cyri;
qui, cum septuaginta milia hominum subegisset in Aegypto et regem eius Amasin,
Aethiopiam profectus, magna parte militum per famem omissa, inritus rediit; urbem tamen
ibi condidit Meron. Is quia Apin sacrum bovem interfici iusserat, ira deorum ex equo
praeceps super gladium suum ruit extinctusque est. 3 Darius rex, unus ex septem Persis,
hinnitu equi regnum adsecutus, cum CCLXX milibus Europam transivit. Victus ab
Atheniensibus duce Miltiade apud Marathona recessit. 4 Xerxes, Darii filius, cum
decessisset pater eius, aliquantis navibus armatis militibus in Europam transivit contabulato
Hellesponto et forato Atho monte, nec quicquam aliud egit quam ut Athenas incenderet.
Mari victus a Lacedaemoniis et Atheniensibus in Asiam rediit ibique suorum fraude
interfectus est.
XIIII. Duces et reges Lacedaemoniorum.
1 Eurysthenes et Procles gemini, qui genus ab Heraclidis deducentes primi Spartae
regnaverunt. 2 Lycurgus legum lator, quibus Lacedaemonii principes Graeciae per annos
septingentos innisi fuerunt. 3 Theopompus et Polydorus reges, qui Messenium bellum
viginti annis gesserunt. 4 Othryades vir bellator, qui Messenio bello, quo centeni et
quinquageni concertaverunt, tropaeum suo sanguine scripsit. 5 Tyrtaeus, qui Messenio
bello ex oraculo Apollinis dux ab Atheniensibus per ludibrium missus poemate suo ita
militum animos concitavit, ut tam diuturnum proelium victoria consummarent. 6 Leonidas,
dux Persico bello, qui cum trecentis Lacedaemoniis apud Thermopylas totam vim Persici
belli morte sua ac suorum sustinuit. 7 Pausanias, qui Persico bello Mardonium praefectum
Xerxis cum pedestribus copiis aput Asopum Boeotiae flumen debellavit; mox proditionis
a rege suspectus ideoque accusatus, in asylum Minervae confugit et ibi fame p13confectus
est. 8 Lysander dux, qui dominantem toto mari classem Atticam aput Aegos potamos
oppressit et victis Atheniensibus triginta tyrannos inposuit. 9 Xanthippus, vir
Lacedaemoniorum fortissimus, qui bello Punico primo Carthaginiensibus dux missus
Regulum cepit. 10 Agesilaus, cuius inventum est in hostili quam in sua terra pugnare
ideoque in Asiam missus, vastata ea, cum iam regi immineret, revocatus Athenienses aput
Coroneam vicit. Postea aput Corinthios flevit, quod decem milia Graecorum occisa
cognovisset, nec voluit Corinthum delere cum posset.
XV. Clarissimi reges et duces Atheniensium.
1 Cecrops rex, qui urbem condidit Athenas et ex suo nomine Cecropidas appellavit cives:
idem fabulose, quia indigena fuit, ab inguinibus serpens fuisse narratur. 2 Erichthonius rex,
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qui mysteria Eleusine constituit Celeo hospite, Eumolpo sacerdote, filiabus virginibus
ministris, Triptolemo frugum praefecto, qui fame laborantem Graeciam circumlato
frumento restituit. 3 Pandion rex, qui filias suas Procnen et Philomelam Thraciae regibus
tradidit, ut barbaras sibi gentes adfinitate sociaret. 4 Theseus, Aegei filius, qui Minotaurum
interfecit. 5 Demophontes, eius filius, qui cum Graecis Ilium expugnavit. 6 Codrus rex, qui
pro salute et victoria patriae secundum oraculum Apollinis bello Peloponnesio se devovit.
7 Pisistratus, vir fortis et sapiens, qui adversus principes populari causa tyrannidem invasit
eamque iustissime administravit. 8 Harmodius et Aristogiton, homines plebei, qui Hippiam
et Hipparchum Pisistrati filios saeve dominantes facta coniuratione oppresserunt, ideoque
ut conservatoribus divini honores eis sunt constituti. 9 Miltiades dux, qui octoginta milia
militum Persarum Darii regis, praefectis Date et Tisapherne, in saltu Marathonio superavit.
10 Aristides Dicaeos, qui hoc agnomen moribus est consecutus ob id ipsum exilio multatus
est. p1411 Cimon dux, qui Persico bello Xerxis copias, pedestris simul atque navalis, in
ipsa Asia apud Eurymedonta fluvium uno die vicit. 12 Alcibiades dux, vir genere, copia,
opibus illustris, qui propter detruncatos nocte Mercurios reus factus ad Lacedaemonios
confugit Peloponnensi bello, et, cum fecisset eos superiores, adflictorum civium misertus
rediit in patriam, et dux creatus iterum victores Athenienses fecit. 13 Thrasybulus, qui
triginta magistratus Lacedaemonios tyrannidis dominatione saevientis facta coniuratione
adflixit et libertatem Atheniensibus reddidit. 14 Conon dux, qui omnes Lacedaemoniorum
copias apud Cnidum insulam cepit et imperium maris Athenis restituit. 15 Dion, qui octo
onerariis navibus Dionysium regem Siciliae centum rostratas habentem, dum in Italiam
abest, regno expulit occupatis Syracusis. 16 Iphicrates, rei militaris peritissimus, qui arma
habiliore pondere et modo fecit. 17 Phocion, qui vir bonus cognominatus est, neque ulla
pecunia a Philippo potuit sollicitari ut ad eum discederet: qui admonentibus amicis, ut
liberis suis consuleret, 'si boni,' inquit, 'erunt, hic agellus eis sufficiet; si mali, nihil.'
18 Chabrias dux, qui gladiatoria arte pugnare militem docuit, Cypron et Naxon et omnes
Asiaticas insulas Athenis adiunxit, et circa Chion navali bello occidi maluit quam abiectis
armis enatare. 19 Demetrius Phalereus, qui vir bonus existimatus ideoque ob insignem
iustitiam statuis trecentis est honoratus, quas ei pro libertate posuerunt in facie publica.
XVI. Reges Macedonum.
1 Philippus, Amyntae filius, primus Macedonum obtinuit Thraciam redegitque in suam
potestatem; et cum transire in Asiam vellet, sub ipso belli apparatu in theatro a Pausania est
interfectus. 2 Alexander, Philippi et Olympiadis filius, ex urbe Pella Macedoniae cum
quadraginta milibus militum in Asiam transisset, Darium regem Persarum primum aput
Granicum p15fluvium, tum aput Issum Ciliciae, tertio apud Arbela, tribus proeliis trecenta
peditum, legionum equitum, duo milia falcatorum curruum vicit. Mox regem Indorum et
omnes Asiae gentes sub potestatem suam redegit et nobilissimas urbes Asiae cepit, Sardes,
Bactra, Susa, Babyloniam, ubi etiam defunctus est, dubium a vinolentia an veneno, cum
tamen prius et Africam peragrasset usque ad Iovem Ammonem et Oceanum primus
omnium navigasset. 3 Philippus, qui post Alexandrum Macedonem septimo gradu
Macedoniae regnavit, invectus in Graeciam cum saeve dominaretur, a Sulpicio consule in
Phocide victus est, mox a Flaminino in Macedonia Thessalia aput Cynoscephalas, ubi dato
obside filio Demetrio regni parte multatus est. 4 Perses Philippi filius, cum maximis copiis
Macedoniis ** et cum in Graeciam impetum fecisset, cum inanibus elephantorum
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simulacris a Marcio consule apud Ascuridem paludem victus, praecipitatis in mare
thesauris profugit; mox ab Aemilio Paulo tota Macedonia fugatus Samothraciam confugit
in asylum, unde data fide cum se Paulo commisisset, ante currum eius in triumphum
productus mox libera custodia in Albano consenuit. 5 Pseudophilippus, vir plebeius et
degener, cum ex similitudine formae Philippus filium se esse persuasisset et Macedonas in
bellum excitasset, inter initia tumultus comprehensus sub custodia missus est Romam, ubi
cum ex custodia aufugisset, concitata rursus Macedonia Thraciam bello recepit. In arce
regni paludatus ius dixit; mox a Caecilio Metello ingenti proelio victus, cum profugisset in
Thraciam, a regibus deditus est et in triumphum deportatus.
XVII. Reges et duces Romanorum.
Romulus, qui urbem condidit. Numa Pompilius, qui sacra constituit. Tullus Hostilius, qui
Albam diruit. Ancus Martius, qui leges plurimas tulit et Ostiam coloniam constituit. Servius
Tullius, qui primum p16censum egit. Priscus Tarquinius, qui insignibus magistratus
adornavit. Tarquinius Superbus, qui ob nimiam superbiam regno pulsus est.
XVIII. Clarissimi duces Romanorum.
1 Brutus, qui pro libertate publica liberos suos interfecit. 2 Valerius Publicola, qui propter
eandem libertatem adversus Tarquinios bellum exercuit: idem ius libertatis dando populum
ampliavit. 3 Manlius Torquatus, qui ad confirmandam castrorum disciplinam filium suum
interfecit. 4 Quinctius Cincinnatus item Serranus, cui aranti dictatura delata est. 5 Camillus,
qui Senonum gente deleta Gallorum incensam ab eis urbem restituit. 6 Fabii duo, quorum
alter una pugna Etruscos, Samnitas, Umbros Gallosque subegit, libertinos e tribubus
repurgavit ideoque Maximus cognominatus: alter Fabius Annibalem mora fregit, ex quo
Cunctator est cognominatus. 7 Papirius Cursor: hic Samnites, qui Romanos sub iugum
pugnando miserant, victos ignominia pari adfecit et a velocitate Cursor est appellatus.
8 Curius, cum in foco rapas torreret, legatis Samnitium aurum offerentibus 'malo,' inquit, 'in
fictilibus meis esse et aurum habentibus imperare.' 9 Fabricius Luscinius, qui Cornelium
Rufinum consularem virum senatu amovit, luxuriae et avaritiae damnatum, quod decem
pondo argenti possideret. 10 Claudius Marcellus, qui Annibalem primus in Campania
proelio vicit idemque docuit in bello quomodo equites sine fuga cederent. 11 Scipiones
duo, quorum alter prior Africanus, qui Annibalem et in eo Africam debellavit; alter Scipio
minor, Numantinus, qui Carthaginem et Numantiam dirunedo in hac Africam, in illa
Hispaniam fregit. 12 Claudius Nero, qui Annibale in Apulia relicto venientem ab Hispania
Asdrubalem excepit copiasque eius uno die aput Metaurum flumen devicit: qui, si se cum
Annibale iunxisset, p17dubitari non potest eis populum Romanum futurum non fuisse.
13 Paulus, qui cum Macedoniam vicisset et Graeciam liberasset et opulentissimum
triumphis reportasset, inter ipsos triumphi dies amissis duobus liberis pro contione dixit
gratias se agere fortunae, quod in suam potius domum quam in rem publicam saevisset.
14 Duo Metelli, quorum alter Macedonicus devictis Macedonibus, qui Contrebiam,
inexpugnabilem Hispaniae civitatem, iussis testamenta scribere et vetitis redire nisi
vicissent militibus occupavit: alter Numidicus victa Numidia, qui cum perniciosas rei
publicae leges ferret Apuleius tribunus plebis totusque senatus in eas iurasset, maluit in
exilium ire quam iurare. Huius filius Pius cognominatus est, quod patrem in exilium
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secutus est. 15 Gaius Marius, qui in Africa Numidis, in Gallia Cimbris Teutonibusque
superatis a caliga pervenit usque septimum consulatum. 16 Sulla, qui bello civili victoria
perpotitus Romanum primus invasit imperium solusque deposuit. 17 Sertorius, qui
proscriptus a Sulla cum in exilium profugisset, quam brevissimo tempore prope totam
Hispaniam redegit in suam potestatem et ubique adversante fortuna insuperabilis fuit.
18 Lucullus, qui Asiacae provinciae spoliis maximas opes est consecutus et aedificiorum
tabularumque pictarum studiosissimus fuit. 19 Pompeius, qui Armenios sub rege Tigrane,
Ponticos sub rege Mithridate, Cilicas toto mari dominantis intra quadragesimum diem vicit
et magnam partem Asiae inter Oceanum, Caspium rubrumque victoriis suis triumphisque
peragravit. 20 Gaius Caesar, qui Gallias Germaniasque subegit et primus Romanorum
navigavit Oceanum, in quo Brittanniam invenit et vicit. 21 Iulius Caesar Augustus, qui
perpacatis omnibus provinciis exercitus toto orbe terrarum disposuit et Romanum imperium
ordinavit, post cuius consecrationem perpetua Caesarum dictatura dominatur.
p18
XVIIII. Romani, qui in toga fuerunt illustres.
1 Menenius Agrippa, qui dissidentem populum senatui conligavit is conciliavit. 2 Appius
Caecus, qui pacem Pyrrhi diremit, ne populus, qui suis parere voluerat, sub externis regibus
regeretur. 3 Tiberius Gracchus, qui Scipionem Asiaticum quamvis inimicum haberet, non
est passus a tribunis in carcerem duci, quod diceret nefas ibi esse Scipionem, ubi captivi
illius adhuc alligati tenerentur. Hic est Gracchorum pater, qui in tribunatu, cum agrariis
legibus seditiones excitarent, interfecti sunt. 4 Decimus Brutus Callaicus, qui C. Gracchum
generum agrariis legibus rei publicae statum turbantem cum Opimio consule oppressit.
5 M. Brutus, qui Pompei partes secutus, mox a Caesare restitutus in mortem eius
coniuravit, quod affectare nomen regium videretur. 6 Livius Drusus, qui agrariis legibus
promulgatis summum populi Romani favorem consecutus, ne promissa perficeret, per
insidias a Philippo consule domi suae interfectus est. 7 Lutatius Catulus, qui Lepidum acta
Sullae rescindere volentem admoto exercitu Italia fugavit et solus omnium sine sanguine
bellum civile confecit. 8 Cato Censorius, qui totiens accusatus est, et quoad vixit nocentis
accusare non destitit. Hic est omnium rerum peritissimus et, ut Sallustio Crispo videtur,
Romani generis disertissimus. 9 Cato praetorius, qui bello civili partes Pompei secutus mori
maluit quam superstes esse rei publicae servienti. 10 Scaurus, qui vetuit filium in
conspectum suum venire, quia bello Cimbrico deseruerat. 11 Scipio Nasica, qui, quia non
rite inauguratus consul videretur, consulatu se abdicavit et domitis Dalmatis oblatum a
senatu triumphum repudiavit statuasque, quas sibi quisque in publico posuerat, in censura
sua sustulit. Censuit in senatu tamen Carthaginem non esse delendam: propterea optimus
iudicatus. 12 Cornelius Cethegus, qui p19fratrem suum Cethegum, quod cum Catilina
coniurasset, morte multandum censuit. 13 Tullius Cicero, qui in consulatu suo Catilinae
coniurationem fortissime oppressit.
XX. Qui pro populi Romani salute se optulerunt.
1 Horatii trigemini, qui adversus Curiatios Albanorum de summo imperio dimicaverunt.
2 Fabii, qui trecenti, cum omnes patriciae stripis essent, bellum Veiens peculiariter sibi
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depoposcerunt. 3 Mucius Cordus, qui ignibus manum imposuit. 4 Horatius Cocles, qui
ponte rescisso Tiberis armatus transiit natans. 5 Trecenti sub Calpurnio Flamma contra
Poenos, qui in Siciliensi saltu morte sua exercitum populi Romani liberaverunt, ut plane
trecentorum Lacedaemoniorum apud Thermopylas gloriam adaequarent. 6 Duo Decii,
quorum alter Latino bello, alter Samnitico dis manibus se devoverunt. 7 Fabius pontifex,
qui urbe a Gallis Senonibus incensa se aliosque senes dis manibus devovit. 8 Regulus, qui
tormenta Carthaginiensium maluit pati, quam ut inutilis pax cum eis fieret aut ipse iuris
iurandi fidem falleret. 9 Curtius, qui se in hiatum terrarum immisit, cum ex oraculo quod
optimum esset in urbe Romana posceretur. 10 Spurius Postumius, qui a Pontio Telesino
Samnitum duce sub iugum missus cum exercitu auctor fuit rumpendi foederis seque
hostibus censuit esse dedendum. 11 Caecilius Metellus pontifex, qui ex ardente templo
Vestae Palladium extulit et oculos amisit.
XXI. Qui spolia opima rettulerunt.
Romulus de Acrone Caeninensium rege. Cossus Cornelius de Larte Tolumnio Veientium
rege. Claudius Marcellus de Viridomaro rege Gallorum.
p20 XXII. Qui provocati ab hostibus manu contenderunt.
1 Manlius Torquatus, qui Gallo torquem detraxit eumque sibi circumdedit. 2 Valerius
Corvinus, qui a Gallo provocatus cum pugnaret, corvus galeam eius insedit et hostem
perturbavit. 3 Scipio Aemilianus, cum esset legatus sub Lucullo imperatore, apud
Intercatiam Vaccaeorum urbem provocatorem barbarum occidit. 4 Lucius Opimius sub
Lutatio Catulo consule in saltu Tridentino provocatorem Cimbrum interfecit.
XXIII. Qui pro Romanis gentes superaverunt.
Scipio Africanus, Scipio Numantinus, Scipio Asiaticus, Mummius Achaicus, Servilius
Isauricus, Brutus Callaicus, Paulu Macedonicus, Metellus Creticus, Caesar Germanicus,
Caesar Dacicus.
XXIIII. Quot illustres Scipiones, qui magnis rebus gestis cognominati
sunt.
Scipio magnus Africanus, qui vicit Annibalem. Scipio minor Numantinus, qui Numantiam
et Carthaginem diruit. Scipio Asiaticus, qui de Antiocho triumphavit. Scipio Nasica, qui a
senatu vir optimus est iudicatus. Scipio ***, qui occiso Pompeio partes restituit et victus se
interfecit.
XXV. Secessiones plebis.
1 Secessiones plebis a patribus fuerunt quattuor. Prima secessio propter impotentiam
feneratorum, cum in sacrum montem plebs armata secessit. 2 Secunda propter impotentiam
decemvirum, cum interfecta filia sua Virginius Appium et totam eius factionem in
Aventino monte circumvenit effecitque, ut abdicato magistratu accusati atque damnati
~ 48 ~
variis suppliciis punirentur. 3 Tertia propter matrimonia, plebei ut patriciis nuberent, quam
Canuleius concitavit in monte Ianiculo. p21Quarta secessio in foro propter magistratus, ut
plebei consules fierent, quam Sulpicius Stolo concitavit.
XXVI. Seditiones.
1 Seditiones in urbe quattuor. Prima seditio Tiberi Gracchi, quem de iudiciariis et agrariis
legibus statum civitatis moventem Scipio Nasica facta manu in Capitolio oppressit.
2 Secunda seditio C. Gracchi fratris eius, quem ob similes largitiones novos motus
excitantem Opimius consul cum Decimo Bruto Callaico, socero eius, convocatis ad pileum
servis in Aventino monte oppressit. 3 Tertia seditio Apulei Saturnini tribuni plebis et
Glauciae consulis, quos comitia in campo caedibus perturbantes Marius in Capitolium
persecutus obsedit et conficiendos fustibus saxisque curavit. 4 Quarta seditio fuit Livi Drusi
et Quinti Caepionis, cum ille senatum, hic equestrem ordinem adsereret. Praecipua tamen
ad motus excitandos fuit causa, quod Drusus civitatem consule omnibus Italicis
pollicebatur; sed tum a Philippo consule in domo sua interfectus est.
XXVII. Qui adversus patriam nefaria iniere consilia.
1 Coriolanus ob asperiorem annonam in exilium actus Vulscorum exercitu admoto patriam
expugnare voluit, sed Veturiae matris precibus victus, tum ab exercitu suo confossus est.
2 Marcus Maelius cum frumentaria largitione affectare regnum videretur, iussu Quinctii
Cincinnati dictatoris a magistro equitum in rostris occisus sacrificium. 3 Spurius, cum
agrariis legibus factionem et dominationem pararet **. 4 Manlius Capitolinus, cum pecunia
complures debitores liberaret, suspectus regni affectati de Tarpeio saxo praecipitatus est.
5 Catilina cum in caedem senatus, incendium urbis, direptionem aerarii coniurasset et in id
facinus p22Allobrogas sollicitasset, ab Cicerone in senatu accusatus, ab Antonio in Apulia
debellatus est.
XXVIII. Populus Romanus cum quibus gentibus bella conseruit et quibus
causis.
1 Populus Romanus sub Romulo pugnavit cum Sabinis prius propter virgines raptas: sub
Tullo cum Albanis ***
2 Pontius Telesinus, dux Samnitum, qui ad Caudinas furculas Romanos sub iugum misit.
3 Pyrrus, rex Epirotarum, qui pro Tarentinis bellum cum Romanis gessit vastataque
Campania ad vicesimum ab urbe lapide pervenit, mox a Curio et Fabricio victus in patriam
concessit, et cum Achaiam armis sub se redegisset, Macedoniam quoque Antigono regi
eripuisset, dum Argos expugnat, occisus est. Omnium Graecorum sapientissimus et
militaris disciplinae peritissimus fuit. 4 Annibal, qui novem annorum patrem in Hispaniam
secutus, minor annorum XXV imperator factus triennio in Hispania vicit et eversione
Sagunti rupto foedere per Pyrenaeum et Alpes in Italiam venit, et Scipionem ad Liternum,
Tiberium Claudium apud Trebiam, Flaminium apud Trasimennum, Paulum et Varronem
apud Cannas, Gracchum in Lucania, Marcellum in Campania superavit. ***
~ 49 ~
XXVIIII. Status populi Romani quas commutationes habuit.
1 Populus Romanus primum sub regibus fuit: deinde post superbiam Tarquinii et inlatum
Lucretiae stuprum expulsis regibus tutelam sui consulibus tribunisque commisit. 2 Deinde
tribuniciis seditionibus agitatus, abdicatis omnibus magistratibus decemviros legum
ferendarum et rei publicae constituendae causa paravit. 3 Horum quoque dominationem et
libidinem detestatus rursus ad consules rediit, donec exortis bellis civilibus p23inter
Caesarem et Pompeium et oppressa per vim libertate sub unius Caesaris potestatem redacta
sunt omnia. Ex eo perpetua Caesarum dictatura dominatur.
XXX. Initium regni Mithridatis.
1 Cyrus rex Persarum primus imperium Medis ademit: duos filios reliquit Cambysen et
Smerden. Horum Cambyses defuncto patre, quod maior esset, Smerden in solio sedentem
capite caelum pulsare in somnis videns occidendum eum curavit: ipse deinde revertens ab
Aethiopia rebus perfractis cum in Aegyptum Memphin venisset incolasque eius loci
laetantes advertisset, 2 ratus illos adversis suis insultare Apin in femine vulneravit
eodemque ictu occidit. Interim magus quidam, Smerdes, Patizithae frater, abutens nomine,
ex formae suae similitudine filium se Cyri professus regnum Persicum invaserat. Quod ubi
Cambysi nuntiatum est, regredi in patriam maturans oblitus est gladium, quo Apin
interfecerat, vaginae reddere: quod cum conaretur efficere, femen suum vulneravit et eam
partem, qua Apin vulneraverat. Ex eodem vulnere in paucis diebus obiit. 3 De cuius morte
postquam certior nuntius ad Persas venit, Otanes Phaedymam filiam suam, quacum
Smerdes consuetudinem habebat, edocuit, ut, cum ille sopitus esset, utrum aures tectas
comis haberet periclitaretur; sciebat enim a Cyro Smerdi mago ademptas aures. Illa falsum
esse Smerden confirmavit. 4 Tunc septem nobilissimi Persae inter se coniuraverunt; eorum
nomina haec sunt: Otanes, Hydarnes, Aspathines, Intaphernes, Megabyzus, Gobries,
Darius. Deinde mago Smerde interfecto constituerunt, uti excepto posthac Otane ex illis
regnaret, cuius equus primus in loco quem delegissent hinnisset. 5 Tunc Oebares, agaso
Darii, equum domini ad locum praedictum duxit: ille alio loco abscondet: tunc equus
Darii magnum hinnitum dedit. Ita Darius regnum optinuit, a quo Artabazes p24originem
ducit, quem conditorem regni Mithridatis fuisse confirmat Sallustius Crispus.
XXXI. Reges Parthorum.
1 Seleucus Alexandri Macedonis amicus. Huius post mortem ab Aridaeo fratre eius iussus
Babylonem optinere finitimos sub se redegit, unde Nicator est appellatus, et tres
validissimas urbes constituit, Antiochiam, Seleuciam, Laodiciam. 2 Arsaces, forma et
virtute praecipuus, cuius posteri Arsacidae cognominati sunt, qui pacem cum Sulla
imperatore fecit. Orodes, qui foedus cum Cn. Pompeio percussit, 3 et Crassum cum
legionibus apud Carras funesta clade delevit. 4 Pacorus, qui filium suum eiusdem nominis
misit in Syriam, ut Romanas provincias popularetur, atque ipse a Ventidio legato Iulii
Caesaris occisus est.
~ 50 ~
XXXII. Reges Cappadociae et Armeniae.
1 Tigranes, qui iam scriptus est; qui tertio Punico bello perdomuit sub Mancino consule et
Scipione Aemiliano. 2 Bellus, rex Armeniae qui cum impetum in Graeciam fecisset et
Pythii Apollinis templum incendisset, tempestate et frigore exercitum amisit. 3 Polycrates
rex Cappadociae qui somniavit solem et lunam uri qui a praefecto Darii regis occisus est.
4 Epaminondas eius filius rex, qui Thebas Graecorum ** pugnando vicit. 5 Periander rex,
qui Corinthi regnavit ** omnia terra et mari Romanis subiugavit. 6 Timoleon, qui Corinthi
fratrem suum regnantem interfecit: idem et Dionysium Siciliae regem expulit neque ipse ab
offerentibus regnum accepit, sed arcem quoque demolitus est. Hic cum convitia mala
audiret, ait: 'tota vita mea id egi ut omnes liberi essemus.'
XXXIII. Reges Asiae et Pergami.
1 Eumenes Cardianus Philippi ** Alexandri armiger bellicosissimus, sed parum prospera
fortuna usus, adeo tamen terribilis, ut vivente eo nemo ausus sit p25rex appellari.
2 Antiochus, qui iam scriptus est. Eumenes alius, qui Romanos Macedonico bello iuvit cum
milite suo. 3 Attalus, qui pro Romanis saepe pugnavit; idem testamento suo populum
Romanum heredem fecit.
XXXIIII. Reges Ponti et Bithyniae.
1 Pharnaces, rex Bithyniae, filius Mithridatis, qui bello civili quod in Pharsalia gestum est,
milite patris sui Syriam invasit, et adventu Caesaris, antequam in congressum eius veniret,
ipso terrore nominis victus refugit in Pontum. 2 Prusias rex, amicus populi Romani, ad
quem Annibal victo Antiocho confugit, et cum a rege exposceretur per legatos veneno se
liberavit. 3 Nicomedes, socius et amicus populi Romani, in cuius amicitia prima aetate
Caesar fuit, qui moriens testamento et ipse populum Romanum heredem dimisit.
XXXV. Reges Alexandriae.
1 Post mortem Alexandri Macedonis regnaverunt Alexandriae Aegyptum octo Ptolemaei
nomine, multi clarissimi viri. 2 Ptolemaeus Euergetes, qui Alexandrum aput Oxydracas
obiecto clipeo protexit. Ptolemaeus, eius filius, Philadelphus, litteratissimus, qui plurimos
libros Graecos scripsit. 3 Ptolemaeus Soter, qui ingenti classe Rhodios vicit. Ptolemaeus
Tryphon, qui seditiosos in theatro sagittis occidit, alios flammis dedit. 4 Huius filius
Cipris pro Romanis multa bella gessit adversus Garamantas et Indos. Ptolemaeus, Pupillus
dictus, qui Pompeium tutorem a senatu accepit, donec pubesceret, et postea civili bello a
Pothino interfectus est.
XXXVI. Duces et reges Carthaginiensium.
1 Hanno et Mago, qui primo Punico bello Cornelium consulem apud Liparas ceperunt.
2 Hamilcar, qui p26Barcas cognominatus est, primo Punico bello magnam partem
Hispaniae sub imperium Carthaginiensium redegit relictis filiis quattuor, Asdrubale,
Annibale, Hamilcare et Magone. 3 Asdrubal, frater Annibalis, qui secundo Punico bello
~ 51 ~
cum ingentibus copiis ab Hispania veniens, antequam se fratri coniungeret, a Claudio
Nerone exspoliatus est.
XXXVII. Reges Numidiae.
Syphax, quem Scipio Africanus victum in triumphum traxit regnoque eius imposuit
Masinissam. Masinissa rex, qui Scipionem adversus Carthaginem et Syphacem equitatu
adiuvit: ab eo inter praemia commilitii Numidiae regno donatus est. Iugurtha, qui scriptus
est.
XXXVIII. Reges Mauritaniae.
Iuba rex, qui Curionem legatum Caesaris oppressit; mox occiso Pompeio Catonis et
Scipionis partes firmare conatus, cum se in regiam recepisset, post magnificam cenam
interficiendum se dedit. Iuba, rex litteratissimus, qui Caesaris Augusti iussu regnavit et
magnificentissimam urbem Caesaream condidit.
XXXVIIII. Qui adversus populum Romanum arma sumserunt.
1 Tatius rex Sabinorum, qui occupata arce Tarpeia in ipso foro cum Romulo decertavit et
interventu Sabinarum pacem cum Romulo fixit. 2 Mettus Fuffetius, rex Albanorum, qui
contra foedus ad Fidenatis descivit et iussu Tulli Hostilii deligatus ad currum et in diversa
actis equis laceratus est. 3 Porsenna, rex Etruscorum, qui Romanos ad Ianiculum obsedit
propterque Tarquinios ***
4 Tiridates, qui a Corbulone consulari viro victus et restitutus est.
p27 XL. Bella civilia quot.
1 Civilia bella quattuor mota sunt in urbe a Romanis. Civile bellum primum Sulpicius
tribunus excitavit, quod susceptam provinciam Mithridaticam Sulla in Marium transferri
noluisset. 2 Secundum bellum Lepidus contra Catulum ob metum Siciliae expoliatae.
3 Tertium bellum Caesar et Pompeius. Belli species magis quam causa fuit negatus a senatu
Caesari consulatus, ceterum utriusque aemulatio et cupiditas imperii occupandi. Nam cum
secundum mores legemque maiorum dimisso exercitu venire in urbem Caesar deberet et
docere senatum de rebus a se gestis atque ita triumphum consequi, simulans se gratiam
timere Pompei negavit se missurum exercitum, nisi consularibus comitiis ratio absentis sui
habita fuisset. Quam ob rem hostis a senatu iudicatus statuit id bello vindicare; ac sic non
consulatum modo ac triumphum, sed totum populi Romani imperium redegit in suam
potestatem. 4 Quartum bellum Caesar Augustus adversus complures duces: contra
Pompeium iuvenem bona paterna repetentem, mox adversus Cassium et Brutum in
ultionem interempti patris, deinceps adversus Antonium et Cleopatram ultro bellum patriae
inferentis.
~ 52 ~
XLI. Quot genera bellorum.
Bellorum genera sunt quattuor. Gentile, quod cum externis geritur, ut Romani cum Latinis,
Athenienses cum Lacedaemoniis. *** Servile, quod Romani adversus fugitivos gesserunt et
contra duces eorum Spartacum, Crixum et Oenomaum. Civile, quo inter se certant cives, ut
Marius et Sulla, Caesar et Pompeius, Augustus et Antonius.
XLII. Ordo belli Mariani.
1 Inexplebilis honoris Marii cupiditas decretam Sullae Ponticam provinciam voluit eripere
per rogationem Sulpici tribuni plebis. Sulla indignatus continuo p28ad exercitum perrexit et
eum urbi admovit et in patriam ingressus Capitolium occupavit, quo terrore victus senatus
Mario totique factioni eius interdixit. 2 Profecto deinde in Asiam Sulla Marius exul cum
profugisset ac primum Minturnis in palude latuisset, tum coniectus in carcerem evasisset,
interim Cinna et Octavius in urbe ***, hac occasione data Marius rediit et secum Cinnam
adduxit victis Octavianis partibus. Septimum consul creatus saevissimis caedibus totam
urbem funestavit. 3 Sulla interim victo Mithridate in urbem reversus prope totam Italiam in
armis invenit sub iuvene Mario Mari filio, sed omnes eius copias partim in Etruria ad
Sacriportum, partim ad Collinam portam prostravit et reliquias adversariorum eorum, qui se
dediderant, in villa publica trucidavit: qui diffugerant, in tabula proposuit iure permisso ut
interficerentur.
XLIII. Ordo belli inter Caesarem et Pompeium.
Caesar et Pompeius et Crassus inita societate imperium Romanorum possidebant: Caesar
Gallicos, Crassus Syriacos in senatu dominabantur. Post Crassi mortem apud Parthos ***
Musus Barbarus Asculanus, Quintus Lutatius Catulus.
XLIIII. De bello Macedonico.
Populus Romanus cum Macedonibus bellum ter gessit. Sub Flaminino consule regem
eorum Philippum vicit, sub Paulo Persen Philippi filium, sub Metello Macedonico
Pseudophilippum. Primi belli causa, quod de iniuriis Macedonium Graeci querebantur;
secundi, quod foedus cum patre suo percussum ruperit Perses; tertii, quod falso nomen
regum Macedonium Pseudophilippus invasit.
p29 XLV. De variis cladibus populi Romani.
1 Etrusco bello, cum Porsenna rex Ianiculum obsedit: Gallico bello, cum Galli Senones
exercitu apud Aliam deleto, urbe incensa Capitolium obsederunt: 2 Tarentino bello, cum
Pyrrus ad vicesimum lapidem totam Campaniam populatus accessit: Punico bello, cum
Annibal Cannensi exercitu fuso ad tertium lapidem castra potuit: Cimbrico bello, cum
Cimbri Tridentinas Alpes occupaverunt: 3 servili bello, cum Spartacus, Crixus et
Oenomaus gladiatores populata prope tota Italia, cum ad incendendam urbem pergerent, in
Lucania a Crasso, in Etruria a Pompeio consule opprimuntur.
~ 53 ~
XLVI. De tribus Punicis bellis.
1 Populus Romanus cum Carthaginiensibus ter dimicavit. Primum Punicum bellum
navalibus copiis gestum est: causa motus praetendebatur duplex; 2 altera, quod
Carthaginienses Tarentinis adfuissent; altera, quod Mamertini adversus Poenos auxilium
poscerent: ceterum re vera praemium fuit Siciliae et Sardiniae possessio fertilissimarum
insularum. 3 Appius Claudius bellum in Siculo freto commisit; Manlius et Regulus in ipsa
Africa profligaverunt; Duillius consul apud Liparas insulas, Lutatius Catulus apud Aegates
mersis hostium classibus consummaverunt. 4 Secundum Punicum bellum longe omnium
cruentissimum fuit: causa, quod Annibal contra foedus Saguntum evertisset. 5 Prima clades
huius belli aput Liternum vulnerato patre Scipione, quem Publius Scipio nondum pubes
protexit ac liberavit. Secunda clades apud Trebiam vulnerato Flacco consule; tertia apud
Trasimennum vastato Flamini exercitu; quarta aput Cannas deletis duobus exercitibus Pauli
consulis morte, Terentii fuga Varronis. 6 Postea vero quattuor duces Punici belli gloriam
sibi vindicant: Fabius sive cunctator, qui imminentem urbis excidio Annibalem mora
p30fregit. Marcellus, qui primus Annibali aput Nolam restitit et inclinatam eius aciem
penitus trucidavit: Claudius Nero, qui venientem ab Hispania Asdrubalem cum ingentibus
copiis, priusquam se Annibali iungeret, excepit et ingenti proelio vicit. 7 Tertium Punicum
bellum maioris gloriae quam operis fuit. Nam Manilio consule inchoatum excidium
Carthaginis Scipio Aemilianus consummavit, et una cum Tigrane incensa Carthagine totius
Africae vires in perpetuum repressit, quod contra foederis pactionem Carthaginienses
comparassent classes et arma finitimis intulissent.
XLVII. Usque imperium Traiani qui victi sunt et per quos duces.
1 Populus Romanus per Flamininum consulem Macedonas vicit; per Paulum consulem **
sub rege Perse rebellantes; 2 per Scipiones Africanos Carthaginienses; per Scipionem
Asiaticum in Syria vicit regem Antiochum; per Scipionem Aemilianum Celtiberos et
Numantiam; 3 per eundem Scipionem Lusitaniam et ducem Viriatum; per Decimum
Brutum Callaeciam; per Mummium Achaicum et Corinthum et Achaeos; per Fulvium
Nobiliorem Aetolos et Ambraciam; 4 per Marium Numidas et Iugurtham; per eundem
Marium Cimbros et Teutones; 5 per Sullam Ponticos et Mithridatem: per Lucullum **; per
Pompeium item eosdem Ponticos et Mithridatem, item Cilicas piratas et Armenios cum
rege Tigrane et plurimas Asiacas gentes; sub hoc enim duce ad Indicum Oceanum et
rubrum mare usque pervenit: 6 per Gaium Caesarem Gallias, Germanias et Brittanniam:
sub hoc enim duce non tantum vidit sed etiam navigavit Oceanum: 7 per Caesarem
Augustum Dalmatas, Pannonios, Illyricos, Aegyptios, Germanos, Cantabros totumque
orbem perpacavit exceptis Indis, Parthis, Sarmatis, Scythis, Dacis, quod eos fortuna Traiani
principis triumphis reservavit.
XLVIII. De comitiis.
1 Comitia dicuntur a comitatu et frequentia, quod patres et classes ad suffragia vocantur
creandorum magistratuum vel sacerdotum causa. 2 Comitiorum autem triplex ratio est: haec
curiata, haec tributa, haec centuriata dicuntur, quia aut per curias, aut per tribus, aut per
centurias explicantur. 3 Si translaticium sit et solitum, de quo populus **, curiatis
~ 54 ~
transigitur: si amplius, tributis: si in summo discrimine est, tum miles ad suffragia vocatur
et comitia centuriata dicuntur.
XLVIIII. De populi Romani distributionibus.
1 Antiquissima populi Romani distributio triplex est, quam Romulus fecit: in regem, in
senatum, in populum, qui populus in tres tribus dividebatur, Titiensem, Lucerensem,
Ramnetem. 2 Sequens populi Romani distributio sub Servio Tullio rege, qui eum in tribus,
classes, centurias divisit et distribuit ratione census, ut optimus et locupletissimus quisque
in suffragiis, id est in re publica plurimum valeret. 3 Tertia divisio est in patronos et
clientelas, quia inferiores superiorum se fidei committebant.
L. De rebus publicis.
Rerum publicarum tria genera sunt: regium, optimatum, populare. Aut enim sub regum sunt
potestate, ut Seleucia Parthorum: aut senatus, ut Massilia Gallorum: aut se ipsi regunt, ut
Athenienses solebant. Est et quartum genus, quod Romani commenti sunt, ut ex his tribus
unum efficerent: nam et regiam potestatem consules habent, et penes senatum consilii
publici summa est, et plebs habet suffragiorum potestatem.