Algèbre Tome 1
Algèbre Tome 1
Algèbre Tome 1
Tome 1
GROUPES, CORPS
ET THORIE DE GALOIS
propos de la couverture :
G = Gal(K/Q) du
Le groupe de
Galois de lquation x4 2 = 0 est le groupede Galois
4
4
4
2,
i
2
du
polynme x4 2.
corps K = Q(i, 2) engendr sur Q par les racines complexes
4
4
Il existe unlment
de G dni par (i) = i et ( 2) = i 2 et un lment dni par
(i) = i et ( 4 2) = 4 2. Ces deux lments engendrant G, on voit que le groupe de Galois est
isomorphe au groupe didral D4 des isomtries du carr.
Les sous-corps de K correspondent aux sous-groupes de G par la correspondance de Galois :
par exemple, H = correspond le sous-corps Q(i) des invariants de K sous laction de H. On
peut reprsenter les inclusions entre les groupes et les extensions de corps par les diagrammes
ci-dessous, o chaque che reprsente une inclusion.
K = Q(i, 2) kW
gPPP WWWWW
iiiq4 qq8 O
i
W
PPP
i
i
q
i
i
PPP WWWWWWWWW
q
i
ii
qq
WWWWW
i
P
i
q
P
i
q
P
WW
q
iii
i
Q( 4 2)
Q(i, 2)
Q((1 + i) 4 2)
Q((1 i) 4 2)
Q(i 4 2)
O
dII
8
O
P
g
7
O
PPP
qq
II
nnn
PPP
II
qqq
nnn
PPP
q
n
II
q
n
PP
I
nnn
qqq
Q( 2)
Q(i)
Q(i 2)
O
fNNN
nn6
n
NNN
n
NNN
nnn
nnn
NNN
n
n
nn
Q
D4 = ,
r9
rrr
r
r
r
rrr
fMMM
MMM
MMM
M
Z/4Z
,
,
O
r8 O dIII
w; O eLLLL
r
w
r
II
w
LLL
rr
II
ww
LLL
II
rrr
ww
r
w
r
w
r
2
2
3
eL
jUU
i4
8
i
UUUU
LLL
O
i
q
i
i
UUUU
qq
iii
UUUULLLLL
qqqiiiiiii
q
UUUU LL
q
i
UUUL
qiqiqiiii
{e}
Cette correspondance renverse le sens des inclusions, donc celui des ches. On peut se
reprsenter les deux diagrammes comme deux arbres qui seraient reet lun de lautre, dans
lesprit de la gravure les 3 mondes dEscher. Lquation x4 2 = 0 est le trait dunion entre
le monde des groupes et celui des corps. Peut-tre le troisime monde est-il celui de lesprit du
mathmaticien dont linspiration et la raison ont fait natre les concepts, en se heurtant aux
contingences de lunivers mathmatique ?
Le groupe de Galois est le groupe des relations rationnelles entre les racines, par rapport
au corps de base Q. Il est trivial lorsque toutes les racines sont direncies sur la base. Faire
une extension, par exemple adjoindre le nombre imaginaire i, permet de regrouper les racines en
catgories, selon quelles sont invariantes sous ou pas. Cest lide qui a guid Galois lors de
llaboration de son trait sur la rsolution des quations : briser progressivement les symtries
entre les racines. Ces travaux ont permis de faire merger les structures contemporaines de
groupe et de corps.
Algbre T1
En gnral, les formules donnant les racines ne sont pas connues. La connaissance du groupe
de Galois nous renseigne sur leur expression. Lorsque le groupe est rsoluble, cest--dire lorsquil
existe une suite G G1 . . . Gn = {e} forme de sous-groupes normaux embots tels que
les quotients successifs soient abliens, alors les solutions sont exprimables par radicaux. Cest
le cas sur notre exemple : D4 Z/4Z {e}.
Le dessin de la couverture a t ralis par Jos Leys(1) , ingnieur passionn dimagerie mathmatique, reconnu internationalement dans le monde de ldition scientique pour la qualit de
ses illustrations, en relation directe avec le substrat mathmatique. Les auteurs le remercient
chaleureusement.
(1)
http://www.josleys.com
iii
Imprim en France
ISBN : 978-2-86883-974-9
Tous droits de traduction, dadaptation et de reproduction par tous procds rservs pour tous
pays. Toute reproduction ou reprsentation intgrale ou partielle, par quelque procd que ce soit, des
pages publies dans le prsent ouvrage, faite sans lautorisation de lditeur est illicite et constitue une
contrefaon. Seules sont autorises, dune part, les reproductions strictement rserves lusage priv
du copiste et non destines une utilisation collective, et dautre part, les courtes citations justies
par le caractre scientique ou dinformation de luvre dans laquelle elles sont incorpores (art. L.
122-4, L. 122-5 et L. 335-2 du Code de la proprit intellectuelle). Des photocopies payantes peuvent
tre ralises avec laccord de lditeur. Sadresser au : Centre franais dexploitation du droit de copie,
3, rue Hautefeuille, 75006 Paris. Tl. : 01 43 26 95 35.
c 2008, EDP Sciences, 17, avenue du Hoggar, BP 112, Parc dactivits de Courtabuf,
91944 Les Ulis Cedex A
Avant-propos
xiii
Avertissement
xvii
1
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3
3
8
8
11
13
13
19
Thmes de rexion
25
TR.I.A.
tude du groupe symtrique Sn . . . . . . . . . . . . . . 25
TR.I.B.
Groupes cycliques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
TR.I.C.
Dtermination des groupes dordre n, pour 1 n 9 . . 30
Travaux pratiques
33
TPI.
tude de quelques groupes de permutations . . . . . . . . 33
II
Groupes quotients
37
II.1
Classes modulo un sous-groupe . . . . . . . . . . . . . . . 37
II.2
Compatibilit avec la structure . . . . . . . . . . . . . . . 41
II.3
Groupes quotients . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
Algbre T1
II.4
II.5
II.6
Thmes de rexion
53
TR.II.A.
Sous-groupes drivs et ablianisation . . . . . . . . . . . 53
TR.II.B.
tude des sous-groupes normaux de Sn . . . . . . . . . . 54
TR.II.C.
tude des automorphismes de Sn . . . . . . . . . . . . . . 57
Travaux pratiques
TP.II.
Classes, structure quotient et systmes gnrateurs forts
III
IV
59
59
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75
75
75
76
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81
81
84
87
87
87
88
90
91
Thmes de rexion
TR.IV.A. Groupes didraux Dn . . . . . . .
TR.IV.B. Groupe des isomtries du cube . .
TR.IV.C. Produits et extensions de groupes
TR.IV.D. Groupes libres de rang 2 . . . . .
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93
93
94
94
96
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Travaux pratiques
99
TP.IV.A. Gnrateurs et relations, autour de lalgorithme
de Todd-Coxeter . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99
vi
TP.IV.B
VI
Groupes abliens
129
VI.1
Somme directe de groupes abliens . . . . . . . . . . . . . 129
A - Somme directe de sous-groupes dun groupe ablien . 129
B - Somme directe de groupes abliens . . . . . . . . . . 131
C - Facteur direct dun groupe ablien . . . . . . . . . . 132
VI.2
Groupes abliens libres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 133
A - Dnition - Proprit universelle . . . . . . . . . . . 133
B - Rang dun groupe ablien libre . . . . . . . . . . . . 137
C - Sous-groupes dun groupe ablien libre . . . . . . . . 140
VI.3
Groupes abliens de torsion . . . . . . . . . . . . . . . . . 142
VI.4
Structure des groupes abliens de type ni . . . . . . . . 145
Thmes de rexion
155
TR.VI.A. Rang dun groupe libre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 155
TR.VI.B. Groupes divisibles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 156
TR.VI.C. Calcul des facteurs invariants . . . . . . . . . . . . . . . . 158
Travaux pratiques
161
TP.VI.A. Algorithmes de Gauss-Jordan, de Hermite et de Smith . . 161
TP.VI.B.
Courbes elliptiques et groupe de Mordell . . . . . . . . . 166
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177
177
179
181
183
vii
Algbre T1
185
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187
187
190
194
196
198
199
205
210
212
217
220
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225
. 225
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Travaux pratiques
231
TP.VIII.
Entiers de Gauss et sommes de deux carrs . . . . . . . . 231
IX
viii
X.3
X.4
XI
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321
. 321
. 322
. 326
. 331
. 333
Thmes de rexion
337
TR.XIII.A. Corps parfaits . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 337
TR.XIII.B. Extensions insparables et radicielles . . . . . . . . . . . . 337
TR.XIII.C. Drivations et extensions sparables . . . . . . . . . . . . 339
ix
Algbre T1
343
345
. 345
. 348
. 348
. 350
Thmes de rexion
355
TR.XIV.
Thorie de Galois des extensions innies . . . . . . . . . . 355
Travaux pratiques
TP.XIV.
Autour de la correspondance de Galois
359
. . . . . . . . . . 359
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367
367
369
371
373
376
Thmes de rexion
381
TR.XV.A. Symboles de Legendre. Loi de rciprocit quadratique . . 381
TR.XV.B. Interprtation cohomologique du thorme Hilbert 90 383
TR.XV.C. Irrductibilit du polynme X n a . . . . . . . . . . . . 384
Travaux pratiques
387
TP.XV.
Racines de lunit dans un corps ni et codes BCH . . . . 387
XVI Rsolubilit par radicaux des quations polynomiales
399
XVI.1
Extensions radicales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 399
XVI.2
Rsolubilit des polynmes . . . . . . . . . . . . . . . . . 402
XVI.3
Caractrisation des polynmes rsolubles . . . . . . . . . 406
Thmes de rexion
TR.XVI.
Rsolution des quations polynomiales de degrs 3 et 4
409
409
Travaux pratiques
413
TP.XVI.
Thorie de Galois constructive . . . . . . . . . . . . . . . 413
x
439
Ensembles ordonns . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 439
Cardinaux Ensembles innis . . . . . . . . . . . . . . . 442
Bibliographie
449
Index terminologique
451
xi
AVANT-PROPOS
La trs longue histoire de ltude des nombres, puis des quations, a permis
de remarquer des analogies entre certaines proprits vries par des objets mathmatiques de natures direntes, par exemple, les nombres et les polynmes.
Cela a conduit les mathmaticiens, en particulier au XIXe sicle, tenter de dgager une axiomatique qui rende compte des raisons profondes de ces analogies.
Il est alors apparu que ces objets, de natures direntes, possdaient les mmes
structures algbriques, par exemple, groupe, espace vectoriel, anneau, etc.
Il devint alors vident quil tait plus ecace dtudier ces structures pour
elles-mmes, indpendamment de leurs ralisations concrtes, puis dappliquer les
rsultats obtenus dans les divers domaines que lon considrait antrieurement.
Lalgbre abstraite tait ne.
La notion de groupe (chapitres I VII) est apparue dans ltude des quations. Elle a notamment permis dapporter, via la thorie de Galois (chapitre XIV), une rponse dnitive la non rsolubilit, par radicaux, des quations
polynomiales de degr suprieur ou gal cinq (chapitre XVI).
Ensuite, lintroduction des groupes en gomtrie a t lorigine de dveloppements fconds, qui ont compltement modi lessence mme de cette discipline
ancestrale. Dans un premier temps, ils sont intervenus comme groupes de dplacements dans lespace euclidien pour aner ltude des gures classiques. Plus
tard, doutils dans ltude de la gomtrie, les groupes en sont devenus le cur :
une gomtrie, euclidienne ou non, est ltude des notions et proprits qui restent invariantes par un groupe donn de transformations. La gomtrie est donc
devenue une branche de la thorie des groupes.
Enn, lexistence de groupes a t mise en vidence, non seulement dans la
quasi-totalit des mathmatiques, mais galement en physique, o cette structure
algbrique joue un rle trs important dans les dveloppements contemporains,
en mcanique, en chimie, en biologie, en linguistique, en psychologie.
Algbre T1
Ltude des nombres entiers remonte la plus haute antiquit, mais cest
ltude des nombres algbriques, au XIXe sicle, qui a conduit aux notions
danneau et de corps.
Ltude de la divisibilit dans les nombres entiers est base sur la proprit
fondamentale suivante : tout nombre entier scrit, de manire unique , comme
produit de nombres premiers. Comme pour toutes les structures algbriques importantes, la structure danneau apparat dans de nombreuses situations dans
lesquelles les lments ne sont plus des nombres entiers. Cest en particulier le cas
des polynmes. Il est donc utile dtudier le notion de divisibilit dans des anneaux gnraux et de voir si lanalogue de la dcomposition en produit de nombres
premiers existe : on lappelle alors dcomposition en produit dlments irrductibles .
Lide essentielle, pour cela, a t lintroduction de la notion didal : elle
permet de formuler des noncs qui gnralisent ceux des proprits usuelles de
la divisibilit des nombres entiers. En particulier, la gnralisation aux idaux de
la proprit de dcomposition en produit dirrductibles , associe la notion
dextension de corps, a permis de faire de trs grands progrs en arithmtique.
Comme dans le cas des groupes, la structure danneau a donn naissance une
approche algbrique de la gomtrie, en particulier des courbes et des surfaces : la
gomtrie algbrique. Cette dmarche algbrique a t galement applique,
avec beaucoup decacit, en analyse groupes topologiques, espaces vectoriels
norms, algbres de Banach.
Ltude de la rsolubilit et de la rsolution des quations algbriques, cest-dire des quations du type
an xn + an1 xn1 + + a1 x + a0 = 0
a t une pope, certainement la plus longue de lhistoire des mathmatiques,
qui sest droule sur plus de 3500 ans.
Les premires traces crites de problmes se ramenant la rsolution dune
quation du second degr, ax2 + bx + c = 0, apparaissent sur des tablettes babyloniennes 1700 ans avant notre re et ces documents montrent que les babyloniens
savaient rsoudre ces quations lorsque les racines sont positives (et les coecients
dans un certain sous-anneau de R). Ce furent ensuite les problmes gomtriques
de duplication du cube et de trisection de langle (cf. chapitre XI) qui conduisirent
les mathmaticiens grecs sintresser, ds le IVe sicle avant J.-C., aux quations
du troisime degr, mais il fallut attendre lcole mathmatique italienne de la renaissance, au XVIe sicle, pour que des formules explicites donnent les solutions
de ces quations et, dans la foule, celles des quations du quatrime degr.
xiv
Avant-propos
Algbre T1
la rsolution rsiste toutes les investigations qui restent internes au cadre dans
lequel ces problmes sont poss.
Comme il a t rappel ci-dessus, lide fondamentale de la thorie de Galois
est dassocier une quation (ou une extension de corps), un groupe dont les
proprits rendent compte de celles de lquation (ou de lextension). Il faut donc,
pour dcrire et utiliser la thorie de Galois, avoir une bonne matrise de la thorie
lmentaire des groupes. Cest pour cette raison que nous avons voulu prsenter
en un seul livre la thorie des groupes et la thorie de Galois. Dans une premire
partie nous traitons de la thorie des groupes, dans une deuxime partie de la
thorie des corps et dans une troisime de la thorie de Galois. Lobjet dtude
principal de la thorie de Galois tant les polynmes, nous avons insr au dbut
de la deuxime partie un chapitre sur les anneaux de polynmes (chapitre VIII).
Le tome 2 de ce trait sera consacr aux anneaux, dont limportance capitale,
entre autres en arithmtique ou en thorie des nombres, a t souligne plus haut,
ainsi quaux modules et lalgbre multilinaire.
Par ce programme, ces deux ouvrages sadressent aux tudiants de L3 et master, leur contenu faisant partie de la culture normale dun candidat lagrgation
de mathmatiques.
xvi
AVERTISSEMENT
Depuis plusieurs annes, lenseignement de lalgbre en L1-L2 se limite gnralement lalgbre linaire. Cet ouvrage, en deux volumes, donne une prsentation
des thmes dun enseignement dalgbre gnrale groupes, anneaux, corps
et donne une introduction lalgbre multilinaire, sans connaissance pralable
ncessaire de ces domaines. On sest volontairement limit un expos simple
des concepts fondamentaux qui trouvent leurs places dans un enseignement de
L3-M1.
Chaque chapitre comporte, dans le cours du texte, des exemples et des exercices qui illustrent les notions dveloppes, au fur et mesure quelles apparaissent.
Les exercices signals par le symbole () sont plus diciles que les autres.
la n de chacun des chapitres, on trouvera des thmes de rexion (TR) et
des travaux pratiques (TP).
Les TR se prsentent sous forme de questions, dont lnonc contient la rponse, qui guident le lecteur dans ltude dun objet ou dune notion particulire,
illustration, complment ou approfondissement du cours. Ils sont de trois types :
Ceux qui sont signals par le symbole doivent tre considrs comme du
cours et doivent tre tudis comme tels. Ils sont utiliss sans rappel dans les
chapitres suivants.
Ceux qui sont signals par le symbole sont des problmes dapplication
qui utilisent des notions dveloppes dans le chapitre concern ou dans ceux qui
prcdent.
Ceux qui sont signals par le symbole sont des approfondissements plutt
destins aux tudiants prparant lagrgation.
Certains de ces TR sont repris dans plusieurs chapitres : on peut ainsi constater
comment lenrichissement de la thorie permet dtudier, de faon de plus en plus
ne, un mme objet.
Algbre T1
xviii
Avertissement
il est important de mettre en garde lutilisateur contre une tendance faire une
conance aveugle au SCF et perdre son esprit critique. Outre une rexion sur
la relation homme-machine , il est instructif de regarder dans la bote noire
an de prendre conscience quil sagit dalgorithmes implments en machine, qui
ne donneront une rponse exacte que dans leur contexte strict de validit (voire
dheuristiques, comme pour le calcul des limites, o encore davantage de vigilance
est souhaitable de la part de lutilisateur). Le propos de ces TP ne sera donc pas
de faire talage des possibilits oertes par Maple pour rsoudre des problmes
algbriques, mais bien de discuter des notions mathmatiques en jeu et, paralllement, des algorithmes qui se cachent derrire les commandes employes, les deux
tant videmment lis.
Ce faisant, le SCF devient un assistant de calcul et un extraordinaire outil
dexprimentation, la responsabilit scientique demeurant entre les mains
de lexprimentateur. Certains auteurs parlent d instrumentation raisonne .
Lexprimentateur est amen dcouvrir exprimentalement des conjecturesthormes, les tester avant de tenter den faire la dmonstration au papier-crayon.
Tout en consolidant bien sr les connaissances acquises qui sont mobilises dans
laction...
Certains algorithmes seront tudis en dtail, comme lalgorithme de ToddCoxeter (calcul de reprsentants des classes modulo un sous-groupe), de Gauss,
Hermite et Smith (algorithmes trs importants en algbre linaire et dans la thorie des groupes abliens, cest--dire des Z-modules) ; algorithme de Berlekamp
(factorisation des polynmes sur un corps ni) ; algorithmes de recherche des souscorps dun corps de nombre, de calcul du groupes de Galois, etc. Si certains sont
classiques, dautres ont t dcouverts rcemment, bien que les notions utilises
soient la porte dun tudiant de L3-M1. Figurent galement parmi les thmes
traits, les courbes elliptiques (ingrdients essentiels de la preuve du clbre thorme de Fermat, ces objets fascinants trop souvent rservs un public averti
de Master Recherche deviennent accessibles, par le biais exprimental, grce aux
possibilits de calcul oertes par le SCF) et les codes correcteurs derreur, qui
font leur apparition dans les manuels contemporains dalgbre en tant quapplication pertinente (dans le monde de lindustrie) de lalgbre sur les corps nis.
Sans oublier les quaternions de Hamilton, les numrations de Polya, etc.
Ces TP ont t pour beaucoup inspirs du livre de B. Perrin-Riou [22]. Un
des auteurs a galement tir parti de sa participation au sein du groupe IREM
Fodesit-Accessit de Montpellier qui a men une rfexion sur le bon usage
du calcul formel dans les cursus denseignement. Que tous ceux qui ont contribu
cette rexion pdagogique en soient remercis. La plupart de ces TP ont t
xix
Algbre T1
xx
Premire partie
GROUPES
I
GNRALITS SUR LES GROUPES
Remarques I.1.1.
a) Cet ensemble de proprits est redondant. Les proprits (i), (ii), (iii) sont
impliques par les proprits (i), (ii), (iii) avec :
(ii) e G tel que x G, e x = x (lment neutre gauche)
(iii) x G, x G tel que x x = e (lment symtrique gauche).
x = x e = x (x x ) = (x x) x = e x = x .
c) Pour tout x, y, z G, de lunicit de llment symtrique on dduit que
xy =yx
(on notera le changement de lordre dans lcriture des lments) et, en multipliant
gauche (suivant la loi ) par llment x les deux termes de la premire galit
ci-dessous, on a
(x y = x z) (y = z) (simplication).
d) On remarquera quun groupe est la donne dun ensemble et dune loi de
composition interne dnie sur cet ensemble, vriant les axiomes (i), (ii), (iii).
On verra en eet (TR.I.B remarque VI.2.3) que sur tout ensemble on peut dnir
une loi de composition interne qui le munisse dune structure de groupe ; il y en
a en gnral plusieurs, voire une innit si lensemble est inni. Par consquent,
une expression du type un groupe est un ensemble sur lequel il existe une loi
de composition interne vriant les axiomes (i), (ii), (iii) est synonyme de un
groupe est un ensemble , ce qui rendrait absurde lintroduction de la structure
de groupe. Voir aussi la remarque (I.1.2.b) ci-dessous.
Exemples I.1.1.
a) Lensemble des nombres entiers relatifs muni de laddition est un groupe,
not (Z, +). Lensemble des nombres rationnels non nuls, muni de la multiplication, est un groupe, not (Q , ). Il est vident quun ensemble rduit un
lment est muni dune unique structure de groupe.
4
b) (Mn (C), +), o Mn (C) dsigne lensemble des matrices (n, n) coecients dans C ; (GLn (C), ), o GLn (C) dsigne lensemble des matrices (n, n)
inversibles coecients dans C. Ce dernier groupe est appel groupe gnral
linaire.
Table dun groupe. Si le groupe G muni de la loi a un cardinal assez petit,
il peut tre commode de dcrire explicitement la structure de groupe laide dun
tableau. Plus prcisment, si G = {x0 = e, x1 , . . . , xn }, o e est llment neutre,
on dcrit la loi de composition interne par un tableau carr dans lequel le terme
situ lintersection de la ime ligne et de la j me colonne est le terme xi xj . Par
exemple, sur lensemble {0, 1, 2, 3} on dnit les lois de composition interne et
par les tables suivantes :
0
1
2
3
0
0
1
2
3
1
1
2
3
0
2
2
3
0
1
0
1
2
3
3
3
0
1
2
0
0
1
2
3
1
1
0
3
2
2
2
3
0
1
3
3
2
1
0
Pour montrer que ces lois munissent lensemble {0, 1, 2, 3} de deux structures de
groupe, il sut de vrier quelles satisfont aux axiomes de la dnition (I.1.1).
On remarquera que chaque lment du groupe apparat une fois et une fois
seulement sur chaque ligne et chaque colonne. Ceci est d au fait que, dans un
groupe G, on a
u G, v G, !x, !y tels que u x = v et y u = v ;
ces lments sont donns par x = u v et y = v u.
On prendra garde au fait que la condition chaque lment de lensemble G
apparat une fois et une fois seulement dans chaque ligne et chaque colonne
dans un tableau comme ci-dessus est ncessaire mais pas susante pour que la
loi interne dnie par ce tableau munisse G dune structure de groupe. En eet,
considrons le tableau suivant :
0
1
2
3
4
0
0
1
2
3
4
1
1
0
3
4
2
2
2
4
0
1
3
3
3
2
4
0
1
4
4
3
1
2
0
5
Chaque lment de lensemble {0, 1, 2, 3, 4} apparat une fois et une fois seulement
sur chaque ligne et chaque colonne, mais la loi , ainsi dnie, ne munit pas
cet ensemble dune structure de groupe, car elle nest pas associative puisque
(1 2) 3 = 4 3 = 1 et 1 (2 3) = 1 4 = 3.
Remarques I.1.2.
a) On remarquera que sur une table comme ci-dessus, on dtermine facilement
lexistence dun lment neutre ou dun lment symtrique, mais que lassociativit de la loi napparat pas de faon vidente.
b) Lexemple ci-dessus des lois et dnies sur lensemble {0, 1, 2, 3} montre
quun ensemble peut tre muni de plusieurs lois de composition interne qui dnissent des structures de groupes direntes. Do la ncessit, pour dnir un
groupe, de donner lensemble et sa loi de composition interne. Par consquent,
lorsquon voudra prciser que la structure de groupe considre sur un ensemble G
est donne par une loi particulire, par exemple note , on notera le groupe (G, ).
Exemples I.1.2.
a) Soit E un ensemble. On note SE le groupe des applications bijectives de E
dans E (ou permutations de E) pour la loi de composition interne dnie par la
composition des applications. Si E = {1, 2, 3} les lments de SE sont
123
123
123
2 =
e=
1 =
231
312
123
123
123
123
2 =
3 =
.
1 =
132
321
213
=
=
=
=
=
=
=
=
identit
la rotation de centre 0 (le centre du carr) et dangle /2
la rotation de centre 0 (le centre du carr) et dangle
la rotation de centre 0 (le centre du carr) et dangle 3/2
la symtrie par rapport laxe de symtrie horizontal
la symtrie par rapport laxe de symtrie vertical
la symtrie par rapport la premire diagonale
symtrie par rapport la deuxime diagonale
I
R1
R2
R3
H
V
1
2
I
I
R1
R2
R3
H
V
1
2
R1
R1
R2
R3
I
2
1
H
V
R2
R2
R3
I
R1
V
H
2
1
R3
R3
I
R1
R2
1
2
V
H
H
H
1
V
2
I
R2
R1
R3
V
V
2
H
1
R2
I
R3
R1
1
1
V
2
H
R3
R1
I
R2
2
2
H
1
V
R1
R3
R2
I
o les termes de cette table sont x y pour x dans la premire colonne et y dans
la premire ligne.
Ce groupe fait partie dune suite de groupes Dn , n 3, appels groupes
didraux (cf. TR.IV.A).
Dnition I.1.2. Si (G, ) est un groupe tel que la loi satisfasse la proprit
(iv) x, y G, x y = y x,
le groupe (G, ) est dit commutatif ou encore ablien.
Exemples I.1.3.
a) Les groupes (Z, +), (Q , ), (Mn (C), +) sont abliens.
b) Le groupe (GLn (C), ) ne lest pas. On constate sur la table ci-dessus que
le groupe D4 nest pas ablien.
Remarques I.1.3. Dans la suite, sauf mention contraire, on notera les lois de
groupes multiplicativement (x, y) xy, on les appellera produits, on notera x1
llment symtrique de x quon appellera inverse de x, et on notera 1 llment
neutre. Toutefois, si le groupe considr est ablien, on notera sa loi additivement
(x, y) x + y, on lappellera somme, on notera x llment symtrique de x
quon appellera oppos de x, et on notera 0 llment neutre.
(x, y) x y.
10
,
01
y=
01
10
Dnition I.2.1. Un sous-ensemble non vide H dun groupe G est un sousgroupe de G si, muni de la loi induite par celle de G, cest un groupe.
Proposition I.2.1. Un sous-ensemble non vide H dun groupe G est un sous-groupe
de G si et seulement si
(i) (x, y) H H, xy H.
(ii) x H, x1 H.
Dmonstration. Si H est un sous-groupe de G, les assertions (i) et (ii) sont clairement vries. Rciproquement, daprs lassertion (i), la loi de G induit sur H
une loi interne, et cette loi est associative pour la mme raison que celle indique
ci-dessus pour (Q, +) et Z. Daprs (ii), pour tout lment x de H, on a x1 H,
do, daprs (i), xx1 H. Mais xx1 est llment neutre de G. On en dduit
que llment neutre de G est aussi lment neutre de H. Par consquent, H muni
de la loi induite par celle de G est un groupe.
Remarques I.2.1.
a) Le lecteur vriera que les deux assertions (i) et (ii) de la proposition (I.2.1)
sont quivalentes : (x, y) H H, xy 1 H et eG H.
b) Un groupe G ayant au moins deux lments admet au moins deux sousgroupes : G et le sous-groupe rduit llment neutre.
c) Il est clair que si H est un sous-groupe dun groupe G et si K est un
sous-groupe de H, alors K est un sous-groupe de G.
Dnition I.2.2. On appelle sous-groupe propre dun groupe G tout sousgroupe distinct de G et de llment neutre.
Notation. Si H est un sous-groupe de G, on notera H < G.
Exemples I.2.1.
a) (Z, +) < (Q, +) < (R, +) < (C, +).
b) (Q , ) < (R , ) < (C , ).
c) Le groupe multiplicatif U des nombres complexes de module 1 est un sousgroupe de (C , ).
d) Le groupe multiplicatif Un des nombres complexes z tels que z n =1 est un
sous-groupe de U.
e) Le groupe GL(E) des automorphismes dun k-espace vectoriel E est un
sous-groupe de SE .
f) Pour tout groupe G, on considre
Z(G) = {g G, x G, gx = xg}.
Cest un sous-groupe de G, appel le centre de G.
Exercice I.1.
1. Montrer que pour tout n 3, on a Z(Sn ) = {1}, o 1 est la permutation
identit.
2. Montrer que les matrices
10
0 1
,
,
01
1 0
0 i
,
i0
i 0
0 i
o i est un nombre complexe tel que i2 = 1, forment un groupe pour la multiplication des matrices. (On montrera que cest un sous-groupe du groupe GL2 (C).
10
Proposition I.2.2. Les sous-groupes de (Z, +) sont les nZ = {nx, x Z}, pour n
parcourant N.
Dmonstration. Il est clair que les nZ = {nx, x Z}, pour n parcourant N, sont
B - Sous-groupes engendrs
Il est facile de voir que dans le groupe Z/nZ (exemple I.1.2.b), tout lment
cl(k) est la somme cl(1) + + cl(1), k-fois. Autrement dit, llment cl(1) engendre le groupe Z/nZ.
Dnition I.2.3. Soient G un groupe et S une partie de G. On appelle sousgroupe engendr par S, et on note S, le plus petit (pour la relation dinclusion) sous-groupe de G contenant S.
11
n N , xi S o x1
i S, i, 1 i n}.
On remarque que S est contenu dans H. Soient x = x1 . . . xn et y = y1 . . . yp des
lments de H, alors xy 1 = x1 . . . xn yp1 . . . y11 appartient H, ce qui prouve
que H est un sous-groupe de G. Do S est contenu dans H. Il est clair que tout
sous-groupe de G contenant S contient H, do S = H.
Dmonstration. Notons H = {
i=1 xi ,
Dnition I.2.4. Si S est une partie non vide dun groupe G, telle que S = G,
on dit que S est une partie gnratrice de G, ou que S est un ensemble de
gnrateurs de G, ou que S engendre G.
Exemple I.2.2. Dans le groupe S3 , on a
12 = 2 , 13 = e, 1 3 = 2 , 3 1 = 1
do 1 , 3 = S3 .
Exercice I.3.
1. En examinant la table de lexemple (I.1.2.c), montrer que D4 = R1 , H ou
D4 = R1 , V ou D4 = R1 , 1 ou D4 = R1 , 2 .
2. Montrer quun sous-groupe de (R, +) est, ou bien dense dans R, ou bien
engendr par un lment a de R.
Remarque I.2.3. Lexemple ci-dessus montre quune partie gnratrice dun groupe
nest, en gnral, pas unique. En particulier G = G.
12
Remarques I.2.4.
a) Soient G un groupe ni et x un lment de G, alors o(x) |G|.
b) Dans tout groupe G, llment neutre est le seul lment dordre 1.
c) Dans (Z, +), tous les lments non nuls sont dordre inni.
Exemples I.2.3.
a) Les groupes D4 et H sont dordre 8.
b) Dans le groupe S3 , les lments 1 , 2 , 3 sont dordre 2, les lments 1 et
2 dordre 3. Le groupe S3 est dordre 6.
Plus gnralement, pour tout n 2, le groupe Sn est dordre n!.
c) Dans le groupe D4 , les lments R1 et R3 sont dordre 4, les lments H,
V , 1 , 2 sont dordre 2.
de x est inni, ce qui est contraire lhypothse. Donc il existe p > q tel que
xp = xq , i.e. xpq = 1G , avec p q > 0. Lensemble {s N , xs = 1G } est un
ensemble non vide dentiers positifs, il admet donc un plus petit lment n. Alors
x = {1G , x, . . . , xn1 }, et o(x) = n.
D - Morphismes
tudier un groupe, cest dterminer les proprits algbriques qui sont attaches la loi dnissant la structure de groupe. Lun des moyens les plus ecaces
pour ce faire est de comparer le groupe donn un autre groupe dont on connat
dj les proprits. Si H est un sous-groupe dun groupe G, le produit des lments de H est le mme, que ces lments soient considrs dans H ou dans G.
13
Il est donc simple de comparer les structures des groupes G et H. Par contre,
si deux groupes G et G ne sont pas contenus lun dans lautre, ou ne sont pas
sous-groupes dun mme groupe, on ne peut plus faire cette comparaison. On
est alors amen considrer une application f : G G qui permette de se ramener la situation prcdente, cest--dire telle que f (G) soit un sous-groupe
de G . Pour cela, il faut que lapplication f soit compatible avec la structure de
groupe, donc compatible avec les lois qui dnissent la structure. Cest la notion
de morphisme.
Dnition I.2.6. Soient (G, .) et (G , ) deux groupes. Un morphisme (ou homomorphisme) de groupes de G dans G est une application f : G G
vriant :
(x, y) G G, f (x.y) = f (x) f (y).
Notation. On note Hom(G, G ) lensemble des morphismes de groupes de G dans
G . On note End(G) lensemble des morphismes de groupes de G dans lui-mme,
quon appelle endomorphismes de G.
Exemples I.2.4.
a) Si H < G, alors linjection canonique i : H G est un morphisme.
b) Lapplication de GLn (C) dans C , qui une matrice associe son dterminant, est un morphisme de groupes multiplicatifs dont le noyau, not SLn (C), est
appel groupe spcial linaire. (On peut remplacer C par un corps commutatif
quelconque.)
Proposition I.2.10. Soient G, G , G trois groupes. Alors pour tout f de Hom(G, G )
et tout g de Hom(G , G ), g f appartient Hom(G, G ).
Dmonstration. Le lecteur vriera facilement que lapplication de G dans G de-
15
(ii). vident.
Dnition I.2.8. Deux groupes G et G sont isomorphes sil existe un isomorphisme f de G sur G .
Cette notion est extrmement importante, car deux groupes isomorphes ont
exactement les mmes proprits algbriques.
Notation. Si deux groupes G et G sont isomorphes, on note G G . Les lments
de End(G) qui sont des isomorphismes sont appels automorphismes de G. Ils
forment un groupe pour la composition des applications, not Aut(G).
Remarques I.2.5.
a) Il est clair daprs les propositions (I.2.10) et (I.2.11) que la composition
des applications munit Aut(G) dune structure de groupe.
b) Si deux groupes sont isomorphes, ils ont mme ordre.
Attention.
e) Soient G un groupe et G un ensemble. Si f : G G est une application bijective, on peut munir G dune structure de groupe telle que f soit un
isomorphisme, et cela de manire unique.
En eet,
x G , y G , !x G, !y G, tels que x = f (x), y = f (y).
On pose alors x y = f (xy) ; ceci dnit sur G une loi de composition interne
telle que :
x G, y G, f (xy) = f (x)f (y).
On vrie facilement que cette loi est associative, que f (1G ) est lment neutre
et que x1 = f (x1 ). Lensemble G est donc muni dune structure de groupe et,
puisque f est un morphisme bijectif, cest un isomorphisme.
videmment, on obtient un rsultat analogue si G est un ensemble et G un
groupe, en considrant lapplication f 1 .
f) Soient G un groupe, G un ensemble et f : G G une application.
Lensemble f (G) muni de la loi dnie par f (x) f (y) = f (xy) est un groupe.
Par exemple f : Z2 C dnie par f ((a, b)) = a + ib.
Exemples I.2.5.
a) Soit E un k-espace vectoriel de dimension n. Alors les groupes GL(E)
(cf. exemple I.2.1.e) et GLn (k) (cf. exemple I.1.1.b) sont isomorphes par lisomorphisme qui, tout lment de GL(E), associe la matrice M () de dans une
base xe de E.
b) Automorphismes intrieurs. Soient G un groupe et g un lment de G.
Lapplication
g : G G, x gxg1
est un automorphisme de G, appel automorphisme intrieur dni par g. On
note Int(G) lensemble {g , g G} des automorphismes intrieurs de G. Cest
un sous-groupe de Aut(G). On remarquera que, en gnral, on peut avoir g = g
avec g = g , si g1 g Z(G), do |Int(G)| |G|.
2. Montrer que les groupes D4 et H, qui sont tous les deux dordre 8, ne sont
pas isomorphes. (Utiliser la remarque (I.2.5.c).)
3. Montrer que les matrices
10
,
01
01
,
10
1 1
,
1 0
1 0
,
1 1
0 1
1 1
1 1
0 1
F : G SG ,
g fg
Remarque I.2.7. On verra au TR.I.A que si deux ensembles E et F sont quipotents, les groupes SE et SF sont isomorphes. Donc, si G est un groupe dordre n,
le thorme de Cayley montre que G est isomorphe un sous-groupe de Sn . Mais
lentier n nest pas forcment minimal pour cette proprit, i.e. on peut avoir
p < n et G isomorphe un sous-groupe de Sp (cf. exercice I.5 ci-dessous). Comme
on sait que |Sn | = n!, on comprend limportance de trouver un p infrieur n tel
que G soit isomorphe un sous-groupe de Sp .
Exercice I.5.
1. Montrer que le groupe D4 est isomorphe un sous-groupe de S4 .
2. En comptant le nombre dlments dordre 4 de S4 , montrer quils nont
pas tous mme carr.
En dduire que H nest pas isomorphe un sous-groupe de S4 .
Montrer, par la mme mthode, que H nest pas isomorphe un sous-groupe
de S7 . Par consquent, lentier n minimal tel que H soit isomorphe un sousgroupe de Sn est n = 8 = |H|.
18
Remarque I.3.1. En gnral, ces deux parties de G ne sont pas gales et ne sont pas
des sous-groupes de G. En eet, considrons dans S3 les sous-groupes H = 1
et K = 2 : alors HK = {e, 1 , 2 , 1 2 }, KH = {e, 1 , 2 , 2 1 } et, puisque
/ HK et (2 1 )1 =
1 2 = 2 1 , HK = HK ; de plus (1 2 )1 = 2 1
/ KH, donc HK et KH ne sont pas des sous-groupes de S3 .
1 2
Proposition I.3.1. Soient G un groupe, H et K deux sous-groupes de G. Alors HK
est un sous-groupe de G si et seulement si HK = KH.
Dmonstration. Remarquons dabord que HK et KH ne sont pas vides puisquils
19
Dnition I.3.1. Le groupe dni ci-dessus est le produit direct des groupes
G1 et G2 , not G1 G2 .
Les projections canoniques
p1 : G1 G2 G1 ,
(x1 , x2 ) x1
p2 : G1 G2 G2 ,
(x1 , x2 ) x2
x1 (x1 , 1G2 )
q2 : G1 G1 G2 ,
x2 (1G1 , x2 )
Remarques I.3.3.
a) Le groupe G1 G2 est ablien si et seulement si les groupes G1 et G2 le
sont.
b) Le groupe Im(q1 ) (resp. Im(q2 )) est un sous-groupe de G1 G2 isomorphe
G1 (resp. G2 ).
c) Si G1 et G2 sont des groupes dordre ni, alors G1 G2 est dordre ni et
|G1 G2 | = |G1 ||G2 |.
Exercice I.7. Montrer que lensemble {0, 1, 2, 3} muni de la loi dnie en (1.4)
est un groupe isomorphe au groupe (Z/2Z) (Z/2Z). Vrier que ce groupe nest
pas isomorphe au groupe Z/4Z.
20
i = 1, 2
(ii) h1 H1 , h2 H2 , h1 h2 = h2 h1
(iii) G = H1 H2
(iv) H1 H2 = {1G }.
Dmonstration. Soit : G1 G2 G un isomorphisme. On pose H1 = Im( q1 )
et H2 = Im( q2 ) ; alors le groupe H1 (resp. H2 ) est isomorphe G1 (resp. G2 ).
Dautre part,
Exercice I.8.
1. Gnraliser la proposition (I.3.4) une famille nie de groupes G1 , . . . , Gn .
Attention. Cette proposition ne peut tre gnralise une famille innie de
groupes, car seul le produit dun nombre ni dlments a un sens.
2. Montrer que si G est un groupe ni dont tous les lments distincts de 1G
sont dordre 2, alors G est un groupe ablien et il existe un entier p 1 tel que
G Z/2Z Z/2Z (p facteurs).
23
THMES DE RFLEXION
Algbre T1
Thmes de rflexion
Algbre T1
Thmes de rflexion
Algbre T1
14. Montrer que pour tout nombre premier p et tout entier positif s, on a
(ps ) = ps1 (p 1).
En dduire que si n = ps11 . . . pskk est la dcomposition de n en facteurs premiers,
on a
k
1
1
.
(n) = n
pi
i=1
30
Thmes de rflexion
31
TRAVAUX PRATIQUES
Algbre T1
Les groupes Sn et An
Quelques commandes Maple utiles : seq, nops, op, type( ,odd).
1. Calculer mulperms([[1,2]],[[1,3]]) et mulperms([[1,3]],[[1,2]]). Que
constate-t-on ? crire une procdure multperm:=proc(g1,g2) renvoyant g1 g2.
2. La commande combinat[permute](n) renvoie la liste de tous les lments de
Sn en tant que permutation lists . Dnir S3 avec la commande permgroup et
donner la liste de ses lments laide de la commande elements. Comparer avec
le rsultat de la commande combinat[permute](3).
3. crire des fonctions dnissant sous Maple, pour n un entier quelconque
donn, le groupe Sn partir des systmes de gnrateurs suivants :
les transpositions (1, 2), (2, 3), . . . , (n 1, n) ;
la transposition (1, 2) et le n-cycle (1, 2, . . . , n).
Vrier, pour direntes valeurs de n, que lon obtient bien Sn tout entier (et le
dmontrer au papier-crayon pour tout n).
34
Travaux pratiques
Algbre T1
lordre dune permutation lorsque lon connat son type ? crire une procdure
ord calculant lordre dune permutation. Donner la liste des ordres des lments
de S4 et vrier que ces nombres divisent tous le cardinal de S4 . Dnombrer la
main les lments dordre 4 et comparer.
tude du premier groupe : avec les notations de lexemple I.1.2.c, on rappelle
que le groupe des isomtries du carr est D4 = {I, R1 , R2 , R3 , H, V, 1 , 2 }.
8. Une isomtrie du carr permutant les sommets du carr, justier que D4 sidentie, quitte numroter les sommets, un sous-groupe de S4 (prcisment, on
montrera que la restriction aux sommets dnit un morphisme injectif de groupes
de D4 dans S4 ; on identie alors D4 son image). Dcrire, en tant que permutations, les lments de D4 . Enn, dnir D4 avec la commande permgroup et
donner la liste des lments avec la commande elements. En dduire quil sagit
eectivement dun sous-groupe de S4 de cardinal 8.
9. Vrier que D4 = R1 , H = R1 , V = R1 , 1 = R1 , 2 et que, dans
chacun de ces cas, D4 = a, b, o a est dordre 4, b dordre 2 et ba = a3 b.
Dmontrer que ces relations dterminent compltement le groupe (i.e. la liste
de ses lments et sa table de multiplication). Existe-t-il dautres systmes de
gnrateurs deux lments ? Sont-ils tous de la forme prcdente ?
tude du second groupe : le groupe quaternionique H est le sous-groupe de
GL2 (C) constitu des matrices
10
0 1
0 i
i 0
,
,
,
.
01
1 0
i 0
0 i
On pose, pour g et g dans H, g (g ) = gg . Daprs le thorme de Cayley,
lapplication g g permet de voir H comme un sous-groupe de S8 .
10. Dnir H sous Maple comme un groupe de permutations en utilisant la
remarque prcdente (on pourra eectuer le calcul matriciel avec Maple en chargeant au pralable la libraire LinearAlgebra). Vrier par Maple quil sagit
bien dun sous-groupe de S8 dordre 8. Enn, dmontrer que H est engendr par
deux gnrateurs a et b soumis aux relations a4 = b4 = 1, a2 = b2 et ba = ab3 .
11. Que dire du sous-groupe de S8 engendr par les permutations (1234)(5678)
et (1537)(2846) ?
12. Est-il possible de voir H comme un sous-groupe de Sn avec n < 8 ? On crira
une procdure test:=proc(a,b) testant si deux lments dordre 4 engendrent
un groupe isomorphe H et lon recherchera avec Maple les lments dordre 4
de S7 (combien en dnombre-t-on la main ?).
Remarque. Se reporter lexercice I.5 pour une mthode utilisant uniquement le
papier-crayon.
36
II
GROUPES QUOTIENTS
Proposition II.1.1.
(i) La relation R est une relation dquivalence.
(ii) Soit x un lment de G, sa classe dquivalence pour la relation R est
lensemble xH = {xh, h H}.
Dmonstration. (i). Pour tout x de G, on a x1 x = 1G H, do xRx et la relation
H = {, }
H 2 = { 2 , 2 = }
Attention. Lnonc ci-dessus nest plus vrai, en gnral, pour un nombre inni
de sous-groupes dindice ni (considrer les sous-groupes de Z ou, plus gnralement, cf. TR.III.C).
|H||K|
|H K|
Proposition II.2.1. Avec les mmes notations que ci-dessus, R est compatible avec
la loi si et seulement si
x, x , y, y E, [(xRx ) et (yRy )] = [xyRx y ].
Dmonstration. Supposons que R soit compatible avec la loi : alors si xRx et
Une autre faon de dire les choses est la suivante : notant : G G/R
lapplication de passage au quotient, la loi sur le quotient G/R est dnie par
(x)(y) = (xy). On applique alors la remarque (I.2.5.e)
On est donc amen dterminer les relations dquivalences compatibles avec
la loi de G.
42
Dnition II.3.1. Un sous-groupe H dun groupe G est dit normal (ou distingu) dans G si H R = RH . On note alors H G.
Et nous avons dmontr :
Thorme II.3.1. Si H est un sous-groupe normal dun groupe G, la loi de composition interne induite sur lensemble G/H par celle de G munit G/H dune
structure de groupe. La surjection canonique : G G/H qui, un lment de
G associe sa classe modulo H, est un morphisme de groupes.
Exemple II.3.1. Pour tout n N , laddition de Z induit une structure de groupe
sur Z/nZ, qui est celle dnie dans lexemple (I.1.2.b).
Proposition II.3.3. Un sous-groupe H dun groupe G est normal dans G si et seulement sil vrie les conditions quivalentes suivantes :
(i) x G, xH Hx
43
(i) x G, xH = Hx
(ii) x G, xHx1 H
(ii) x G, xHx1 = H
(iii) h H, x G, xhx1 H
(iv) Il existe un groupe G et un morphisme de groupes f : G G tel
que H = Ker(f ).
Dmonstration. Le sous-groupe H est normal dans G si et seulement si les relations
HR
Remarque II.3.1. Un sous-groupe H dun groupe G est normal dans G sil est stable
par les lments de Int(G) (cf. exemple I.2.5.b).
Exemples II.3.2.
a) Il est clair que si G est un groupe ablien, tout sous-groupe H de G est
normal et G/H est un groupe ablien. En particulier, daprs lexemple (II.2.1),
le groupe additif des entiers modulo n est le groupe quotient de Z par le sousgroupe nZ.
b) On a vu (exemple I.2.2) que S3 est engendr par 1 et 3 . Considrons le
sous-groupe H = 1 = {e, 1 , 12 }. On vrie que les classes gauche et droite
de S3 modulo H sont gales, donc H S3 . De plus S3 /H S2 Z/2Z.
c) Le groupe spcial linaire SLn (k), tant le noyau du morphisme dterminant
det : GLn (k) k , est un sous-groupe normal de GLn (k).
d) On note An le sous-groupe de Sn form des permutations de signature +1.
Cest le noyau du morphisme signature sgn : Sn Z/2Z, cest donc un sousgroupe normal de Sn .
44
Exercice II.2.
1. Montrer que pour tout groupe G, Int(G) est un sous-groupe normal de
Aut(G).
2. Soient G un groupe et H un sous-groupe de G. Montrer que si [G : H] = 2,
alors H est un sous-groupe normal de G.
3. Montrer que tous les sous-groupes du groupe quaternionique H sont normaux dans H.
En gnral,
Remarques II.4.1.
a) Si S = {g}, o g est un lment de G, les lments de sa classe de conjugaison sont appels les conjugus de g dans G.
b) Une partie S est conjugue dune partie S si elle est limage de S par
un automorphisme intrieur de G. Par consquent, deux parties conjugues sont
quipotentes.
c) Si H est un sous-groupe de G, toute partie de G conjugue de H est un
sous-groupe de G, isomorphe H.
Exercice II.3. Montrer que dans le groupe Sn , pour tout k, 1 k n, les k-cycles
sont conjugus (cf. TR.I.A.3).
On sera amen utiliser la notion plus gnrale suivante :
Dnition II.4.2. Soient S et S deux parties dun groupe G et H un sousgroupe de G. Alors S et S sont conjugues sous H sil existe un lment x
de H tel que S = xSx1 .
Proposition - Dnition II.4.1. Soient S une partie dun groupe G et H un sousgroupe de G.
(i) Lensemble NH (S) = {x H, xSx1 = S} est un sous-groupe de H
(donc de G) appel le normalisateur de S dans H.
(ii) Lensemble ZH (S) = {x H | s S, xsx1 = s} est un sous-groupe
de H (donc de G) appel le centralisateur de S dans H.
(iii) ZH (S) NH (S).
Dmonstration. (i). Il est clair que 1H NH (S). Soient x, y NH (S),
xSx1 = ySy 1 = S, do xy 1 Syx1 = S = (xy 1 )S(xy 1 ), donc
xy 1 NH (S).
Exercice II.4. Montrer que NG (H) est le plus grand sous-groupe de G dans lequel
H est normal.
Exercice II.6.
1. Soient G1 et G2 des groupes, H1 et H2 des sous-groupes normaux respectifs
de G1 et G2 . Montrer que les projections canoniques i : Gi Gi /Hi , i = 1, 2,
induisent un isomorphisme de groupes (G1 G2 )/(H1 H2 ) (G1 /H1 )(G2 /H2 ).
2. Montrer que si H et K sont deux sous-groupes conjugus dun groupe G,
alors NG (H) et NG (K) sont des sous-groupes de G conjugus.
Exemple II.6.1. Les sous-groupes du groupe Z/nZ sont les groupes kZ/nZ avec
nZ kZ, cest--dire avec k divisant n dans N . Le nombre de sous-groupes de
Z/nZ est donc gal au nombre de diviseurs de n dans N .
49
Exercice II.7.
1. Soient f : G G un morphisme de groupes et H un sous-groupe de G.
Montrer que f (NG (H)) NG (f (H)). Que peut-on dire quand f est surjectif ?
2. Soient G un groupe, H un sous-groupe normal de G, : G G/H la projection canonique. Si K est un sous-groupe de G contenant H, comparer NG (K)
et NG/H ((K)).
C
D
f
G
G/H G /H
f
Montrons que lgalit ci-dessus dnit bien une application f , i.e. que f ((x))
est indpendant du reprsentant x choisi dans G pour dcrire sa classe dans G/H.
Si (x) = (y), on a xy 1 H, donc f (xy 1 ) = f (x)f (y)1 f (H) H . Do
(f (x)) = (f (y)).
Montrons que f est un morphisme de groupes. On a
f ((x)(y)) = f ((xy)) = (f (xy)) = (f (x)f (y))
= (f (x)) (f (y)) = f ((x))f ((y)).
: HK HK/H,
i : K HK.
K/(H K) HK/H
i
K : G G/K,
: G/H (G/H)/(K/H).
G/H
G H
G/K (G/H)/(K/H)
52
THMES DE RFLEXION
Algbre T1
dautre part. Lunicit de lisomorphisme provient de la condition dunicit impose au morphisme f par lnonc.)
On reformule la question prcdente en disant que, si le problme universel dablianisation admet une solution, elle est unique un unique isomorphisme
prs. Cest--dire que, ds quon connat une solution, on connat toutes les autres,
sans ambigut sur le passage de lune lautre. Comme on la remarqu la question prcdente, cest la condition dunicit du morphisme f impose par lnonc
du problme qui impose lunicit de la solution et lunicit de lisomorphisme , i.e. qui confre ce problme son caractre universel.
5. Montrer que (G/D(G), ), o est la projection canonique : G G/D(G),
est solution du problme universel dablianisation de G.
On dduit de la question 4 que (G/D(G), ) est la solution du problme
dablianisation de G.
54
Thmes de rflexion
Algbre T1
Cas n 5
10. Soit H un sous-groupe normal de An . Montrer que si H contient un 3-cycle,
alors H = An .
Soit H un sous-groupe normal non trivial de An . On va dmontrer que si H
contient une permutation , alors il existe un 3-cycle tel que = 1 1
soit un 3-cycle. Pour cela, on note l() la longueur du cycle le plus long dans la
dcomposition canonique de en produit de cycles.
11. Dmontrer, en distinguant successivement les cas l() > 3, l() = 3, l() = 2,
que dans chaque cas H contient un 3-cycle. (On calculera dabord 1 1 .)
12. En dduire que pour n 5, An est un groupe simple.
13. Montrer que An est le seul sous-groupe normal de Sn .
14. Montrer que D(An ) = An .
Nous allons maintenant tablir que D(Sn ) = An .
15. Montrer que D(Sn ) An .
On considre la projection canonique : Sn Sn /D(Sn ).
16. Montrer que pour tout couple (, ) de transpositions, on a ( ) = ( ). En
dduire que pour tout lment de An , on a () = 1.
17. En dduire que D(Sn ) = An .
Application. Pour tout entier n > 1, il nexiste pas de sous-groupe de Sn
strictement compris entre Sn1 et Sn .
Le groupe Sn1 ntant pas un sous-groupe de Sn , la phrase ci-dessus est
incorrecte : elle ncessite donc une prcision. Les lments de Sn qui laissent xe
le point n forment un sous-groupe K qui est isomorphe Sn1 : cest via cet
isomorphisme que lon considre Sn1 comme un sous-groupe de Sn .
Nous allons montrer le rsultat suivant :
Pour tout entier n > 1, si H est un sous-groupe de Sn contenant
strictement K, alors H = Sn .
Le rsultat est vident pour n = 2, 3.
18. Montrer que A4 est le seul sous-groupe dordre 12 de S4 et en dduire le
rsultat pour n = 4.
On suppose maintenant que n 5 et soit H un sous-groupe de Sn contenant
strictement K. On pose K1 = K An et H1 = H An .
19. Justier que K1 An1 et montrer que K1 est strictement contenu dans H1 .
En dduire que lindice de H1 dans An est strictement infrieur n.
56
Thmes de rflexion
Algbre T1
5. Montrer que, dans la situation ci-dessus, le cas n = 4 est impossible. (On aurait
alors |C( )| = 4 et |C()| = 8, ce qui est en contradiction avec C( ) C().)
On dduit donc que, pour tout n = 6, tout automorphisme de Sn transforme
toute transposition en une transposition.
On dduit de ce qui prcde, ainsi que de lexercice (I.1.1) et de lexercice (II.5.b), que pour tout n 3, n = 6, on a Sn Int(Sn ) Aut(Sn ).
Pour complter cette tude, on montrera au TR.V.A que Int(S6 ) = Aut(S6 ).
58
TRAVAUX PRATIQUES
Algbre T1
Travaux pratiques
Algbre T1
Travaux pratiques
correspondant lajout de llment g, puis une procdure sgf:=proc(SG,n) renvoyant le systme gnrateur fort demand.
Remarque. Le lecteur motiv pourra consulter [16], paragraphe 6, pour une preuve
(thorme 6.8) ainsi quune discussion de la complexit de cet algorithme.
Enn, tester lecacit du calcul du cardinal et des lments, via celui dun
systme gnrateur fort, en comparant les temps de calcul avec ceux des commandes grouporder et elements de Maple, ainsi quavec la procdure nave
elements1 du TP.I. Conclusion ? Ces commandes Maple sont, en fait, bases
sur des variantes de lalgorithme de Schreier-Sims.
63
III
PRSENTATION DUN GROUPE
PAR GNRATEURS ET RELATIONS
Nous avons vu en (I.2.B) que, si S est une partie gnratrice dun groupe G,
S. Mais cette
tout lment x de G scrit x = s1 . . . sk , avec si S ou s1
i
criture nest pas unique (remarque I.2.3). Dans ce chapitre, nous allons montrer
que pour tout ensemble X, il existe un groupe L(X) dans lequel tout lment
scrit de manire unique en fonction des gnrateurs xi X. Cest le groupe
libre de base X. Outre lcriture des lments, ce groupe est dune grande
importance, car on verra que tout groupe est isomorphe un quotient dun tel
groupe. De plus, cela conduit la notion de groupes prsents par gnrateurs et
relations, qui sont des groupes dans lesquels les critures des lments en fonction
des gnrateurs peuvent tre simplies laide des relations entre ces gnrateurs.
Ces groupes sont particulirement intressants pour les possibilits quils orent,
de calculs eectifs sur les lments et de dnitions explicites de morphismes, dont
on trouvera des illustrations dans le TP.IV.A la n du chapitre IV.
On dit alors que S est une famille gnratrice libre de G, ou encore que
S est une base de G.
b) Un groupe G est dit libre sil possde une base.
c) Si le groupe G possde une base nie, il est dit libre de type ni.
Thorme III.1.1. Pour tout ensemble X, il existe un groupe libre L(X) de base X.
Posons X = {xi }iI et considrons X 1 un ensemble quipotent X, dont
on notera les lments x1
i , i I.
Il est important de noter quil sagit l seulement dune notation, qui sera
commode dans la suite. Les lments x1
i ne sont pas les inverses des xi puisque,
pour linstant, X et X 1 ne sont que des ensembles sans aucune structure algbrique. On aurait pu noter cet ensemble quipotent X par Y et ses lments
par yi , i I, mais, dans la suite, lcriture des lments en aurait t complique.
Dnition III.1.2.
a) On appelle mot en X X 1 toute suite nie dlments de X X 1
x = xi11 . . . xinn , o i = 1.
b) Dans lcriture ci-dessus, lentier n est la longueur du mot x, quon
notera l(x).
c) Deux mots xi11 . . . xinn et xj11 . . . xjkk sont des mots gaux si n = k et
p, 1 p n, ip = jp et p = p .
Par convention, il nexiste quun seul mot de longueur 0, quon notera 1. Cest
le mot qui correspond la suite vide de X X 1 .
Exemple III.1.1. Si X = {x, y, z}, xyz, xyyzz 1 xx1 x sont des mots en X X 1 .
On note M(X ) lensemble des mots en X X 1 et on dnit sur M(X ) un
produit (loi de composition interne) par juxtaposition des mots. Plus prcisment, si x = xi11 . . . xinn et y = xj11 . . . xjkk sont deux mots, alors
xy = xi11 . . . xinn xj11 . . . xjkk .
Par convention, on pose 1x = x1 = x. On remarquera que ce produit est
associatif, que 1 est lment neutre, mais que M(X ) nest pas un groupe car
tout lment autre que 1 ne peut avoir dinverse. En eet, pour tout x et y dans
66
M(X ), on a l(xy) = l(x) + l(y), donc ds que x ou y est dirent de 1, l(xy) > 0,
et xy = 1. Pour pallier cet inconvnient, on va dnir sur M(X ) une relation
dquivalence R telle que M(X )/R soit un groupe pour le produit induit par
celui de M(X ).
Dnitions III.1.3.
a) Deux mots x et y de M(X ) sont adjacents sil existe t1 , t2 M(X ) et
a X X 1 tels que
x = t1 t2 et y = t1 aa1 t2
ou
x = t1 aa1 t2 et y = t1 t2 ,
Lemme III.1.3. Lensemble M(X )/R est un groupe pour la loi induite par celle
de M(X ).
67
induite par celle de M(X ) est associative et possde un lment neutre. Il sut
donc de montrer que tout lment [x] possde un inverse. Considrons dabord le
cas o x X X 1 ; il est clair que xx1 R 1, car en prenant t1 = t2 = 1, on a
xx1 = t1 xx1 t2 et 1 = t1 t2 , do xx1 A 1. De la mme manire, x1 x R 1. On
en dduit donc que
x M(X ), [x]1 = [x1 ].
La projection canonique : M(X ) M(X )/R vrie
(xy) = [xy] = [x][y] = (x)(y).
Donc, pour tout x = xi11 . . . xinn , i = 1, [x] est inversible et a pour inverse
1
1
n
n
[x]1 = ([xi11 ] . . . [xinn ])1 = [xinn ]1 . . . [xi11 ]1 = [x
in ] . . . [x1 ] = [xin . . . x1 ].
Dmonstration du thorme IV.1.1. Nous allons dmontrer que le groupe M(X )/R
est le groupe L(X) cherch ; pour cela, nous allons construire un groupe LX
qui rpond la dnition (III.1.1) et montrer que ce groupe LX est isomorphe
M(X )/R. Pour ce faire, nous allons montrer que chaque classe de M(X )/R
possde un lment privilgi, le groupe LX sera form partir de ces lments.
tel que xAu et l(u) < l(x). Comme la fonction l est valeurs positive ou nulle,
en un nombre ni dtapes on arrive un mot rduit.
Pour montrer lunicit, on introduit la construction suivante : pour tout
x = x1 . . . xn de M(X ) on dnit des lments ui de la faon suivante :
u0 = 1,
u1 = x1 ,
u2 = x1 x2 si x1 = x1
2
u2 = 1 sinon,
et de faon gnrale, on pose
ui+1 = ui xi+1 si le dernier terme de ui est dirent de x1
i+1 ,
ui+1 = ui1 sinon.
68
Lemme III.1.4. Si deux mots sont adjacents leurs formes rduites sont gales.
Dmonstration. Soient x = x1 . . . xk xk+1 . . . xn et y = x1 . . . xk aa1 xk+1 . . . xn
deux mots adjacents. Alors les suites ui et vi respectivement associes sont telles
que u0 = v0 , . . . , uk = vk . Montrons que uk = vk+2 .
Si le dernier terme de uk est dirent de a1 alors
uk = vk , vk+1 = vk a, vk+2 = vk = uk .
Si le dernier terme de uk est a1 , on a uk = ta1 et, uk tant rduit, le
dernier terme de t est dirent de a, donc
uk = vk , vk+1 = t, vk+2 = ta1 = uk .
On en dduit que pour tout j 0, uk+j = vk+2+j et un = vn+2 , do r(x) = r(y).
Remarques III.1.1.
a) Si X = {x}, alors L(X) est un monogne inni engendr par x, donc L(X)
est isomorphe Z.
b) Si card(X) > 1, alors L(X) est un groupe non ablien.
En eet, soient x et y dans X tels que x = y. Alors xyx1 y 1 est un mot
rduit dirent de 1, car de longueur 4. Donc xy est dirent de yx dans L(X).
Corollaire III.1.1. Deux groupes libres de base un mme ensemble S sont isomorphes par un unique isomorphisme prolongeant lidentit de S.
Dmonstration. Soient G et G deux groupes libres de bases S. Daprs le tho-
Thorme III.1.4. Tout groupe est isomorphe un quotient dun groupe libre.
Dmonstration. Soient G un groupe, S une partie gnratrice de G et i : S G
Attention. Si G est un groupe libre (mme de rang ni) et si H est un sousgroupe de G, il nexiste aucune relation a priori entre le rang de G et celui de H,
comme le prouve lexercice ci-dessous.
Exercice III.1. (). Soient G un groupe libre de rang 2 et {x, y} une base de G.
a) On considre S = {y n xy n |n N}. Montrer que le sous-groupe de G
engendr par S est libre de base S.
71
Dnition III.2.2. Soit G un groupe engendr par un ensemble dlments X = {xi }iI , ces lments vriant un ensemble de relations
R = {rk = 1G }kK . On dit que X|R est une prsentation de G par gnrateurs et relations si G est isomorphe au groupe L(X)/(R), o (R) est le
sous-groupe normal du groupe libre L(X), engendr par les {rk }kK .
Exemples III.2.2.
a) Pour tout ensemble X, X| est une prsentation du groupe libre L(X).
b) x|xn est une prsentation du groupe cyclique dordre n.
Exercice III.4. Montrer que x|x6 et {a, b}|a2 , b3 , aba1 b1 , avec a = b, sont
deux prsentations du groupe cyclique dordre 6.
73
THMES DE RFLEXION
Le but de cet exercice est de montrer que {a, b}|a4 , a2 b2 , b1 aba est une
prsentation du groupe quaternionique H (cf. exercice II.2 de la premire partie).
La mthode propose ici nest pas la plus simple, mais a lavantage dutiliser
lintressant rsultat suivant :
Lemme. Soient G un groupe engendr par une partie S et H un sous-groupe
normal de G. Le groupe G/H est engendr par les classes Hs, pour s parcourant S.
1. Dmontrer ce lemme.
Notons G le groupe {a, b}|a4 , a2 b2 , b1 aba et posons
0 1
0 i
A =
, B =
.
1 0
i 0
2. Montrer que a A et b B dnit un morphisme : G H et quil est
surjectif.
On note H le sous-groupe de G engendr par a, H = a.
3. Montrer que H est un sous-groupe normal de G.
4. Montrer que |G/H| = 2. (Utiliser le lemme.)
5. En dduire que |G| = 8 et que le groupe G est isomorphe au groupe H.
Le thorme (III.1.4) montre que tout groupe admet une prsentation par
gnrateurs et relations. Cependant, si lensemble de gnrateurs est inni, ltude
du groupe nest pas toujours facilite par cette prsentation.
Algbre T1
Beaucoup dexemples de groupes que nous avons vus dans ce chapitre sont
engendrs par un nombre ni dlments. Ce sont des groupes de type ni.
Un groupe prsent par gnrateurs et relations, G = X|R, est dit de prsentation nie si les ensembles X et R sont nis.
Pour toute prsentation nie dun groupe G, G = X|R, on introduit le
nombre suivant, qui est li la prsentation donne,
d(X, R) = card(X) card(R).
On remarquera que cet entier, qui appartient Z, dpend de la prsentation
donne de G et on sait quelle nest pas unique. Par exemple, pour les deux prsentations du groupe cyclique dordre 6 donnes lexercice III.3, on a d(X, R) = 0
pour la premire et d(X, R) = 1 pour la seconde. Ce nombre d(X, R) devient
optimal lorsquon a limin de X et R tous les lments redondants. Nanmoins,
bien que non intrinsquement li au groupe G, il permet dtudier certaines proprits des groupes de prsentation nie.
Soit G un groupe admettant une prsentation nie G = X|R telle que
d(X, R) > 0. On note X = {x1 , . . . , xp } et R = {r1 , . . . , rq }, p > q.
1. En posant aij lexposant de xi dans rj , montrer que le systme de q quations
p inconnues
p
aij Ti = O
i=1
Soit P une proprit. On dit quun groupe G est rsiduellement-P si, pour
/ Hx , tel
tout lment x = 1 de G, il existe un sous-groupe normal Hx de G, x
que le groupe G/Hx possde la proprit P.
Soit G un groupe libre de base X = {x } .
Considrons un lment x = 1 de G, crit sous la forme x = x11 . . . xnn , avec
i = 1, n 1, les i ntant pas tous ncessairement distincts.
Pour tout i {1 , . . . , n }, on note i la transposition (i, i + 1), considre
comme lment de Sn+1 .
76
Thmes de rflexion
Soit
groupe,
(Gi )iI une famille de groupes. Nous allons construire un nouveau
not iI Gi , muni de morphismes naturels de groupes i : Gi iI Gi et
montrer que ce groupe et ces morphismes constituent une solution du problme
universel de somme de groupes voqu la remarque (I.3.4).
Pour faciliter la comprhension de cette construction, nous allons dabord
tudier le cas o card(I) = 2.
Soient G et G deux groupes. On pose X = G G et on appelle mot sur X
toute suite nie g1 . . . gn , o n N et gi appartient G ou G , pour tout i,
1 i n. Le mot correspondant la partie vide de X sera not 1 et on note
M(X ) lensemble des mots sur X.
Deux mots g1 . . . gn et h1 . . . hp sont gaux si n = p et gi = hi pour tout i,
1 i n.
Deux mots
g1 . . . gi1 gi gi+1 . . . gn
et g1 . . . gi1 gi+1 . . . gn
et g1 . . . gi1 hi gi+2 . . . gn
Algbre T1
Deux mots a et b de M(X ) sont quivalents sil existe une suite nie de mots
u1 , . . . , un tels que a = u1 et b = un , avec ui lmentairement quivalent ui+1
pour 1 i n 1.
1. Montrer que ceci dnit une relation dquivalence R sur M(X ).
Soient a = g1 . . . gn et b = h1 . . . hp deux mots. On dnit leur produit par
ab = g1 . . . gn h1 . . . hp
et pour tout mot c on pose c1 = 1c = c.
2. Montrer que la relation dquivalence R dnie sur M(X ) est compatible au
produit.
On note [a] la classe dun mot a de M(X ) dans lensemble quotient M(X )/R.
3. Montrer que lensemble quotient M(X )/R muni du produit dni par
[a][b] = [ab] est un groupe, dont llment neutre est [1].
On procde maintenant une rduction des mots de la faon suivante :
dans un mot a = g1 . . . gn , si des gi conscutifs sont dans le mme groupe G ou G
on les remplace par leur produit dans ce groupe et on supprime tous les termes
gaux aux lments neutres de G et G . On note r(a) le mot auquel on arrive ainsi
et on lappelle
mot rduit.
On note G G lensemble des mots rduits.
4. Montrer que chaque classe dquivalence de mots de M(X ) contient un et un
seul mot rduit.
5. Montrer que G G muni du produit r(a)r(b) = r(ab) est un groupe.
On appelle ce groupe le produit libre des groupes G et G .
6. Montrer que dans G G tout lment a une criture unique g1 g1 g2 g2 . . . gn gn
avec, pour tout i, 1 i n, gi G et gi G , chacun des termes de cette criture
tant dirent des lments neutres de G et G .
Cas gnral
On pose X = iI Gi et on suppose que lensemble I est ordonn an dviter
les doubles indices. On appelle mot sur X toute suite nie g1 . . . gn , o n N et gi
appartient un certain groupe Gj pour tout i, 1 i n. Le mot correspondant
la partie vide de X sera not 1 et on note M(X ) lensemble des mots sur X.
Deux mots g1 . . . gn et h1 . . . hp sont gaux si n = p et gi = hi pour tout i,
1 i n.
Deux mots
g1 . . . gi1 gi gi+1 . . . gn
78
et g1 . . . gi1 gi+1 . . . gn
Thmes de rflexion
et g1 . . . gi1 hi gi+2 . . . gn
Algbre T1
80
IV
GROUPES OPRANT SUR UN ENSEMBLE
(g, x) g.x
x g.x
g g
Corollaire IV.1.1. La donne dune action dun groupe G sur un ensemble E est
quivalente la donne dun morphisme de groupes de G dans SE .
Dmonstration. Compte tenu de la proposition (IV.1.1.(ii)), il sut de prouver
que la donne dun morphisme de groupes f : G SE dnit une action de G
sur E. Pour tout g G et x E, on pose g.x = f (g)(x). Alors,
Exemples IV.1.1.
a) Tout groupe G opre sur lui-mme par translation
G G G,
c) Tout groupe G opre sur P(G), ensemble des parties de G, par conjugaison
G P(G) P(G),
(g, ) .
(, x) .x = (x).
Exercice IV.1.
1. Soient G un groupe et H un sous-groupe de G. Montrer que le noyau
de
laction
de G sur (G/H)g dnie dans lexemple (IV.1.1.d) est le sous-groupe
1 . Montrer que cest le plus grand sous-groupe normal dans G contenu
xHx
xG
dans H.
2. En dduire que si G est un groupe simple (cf. TR.II.B), pour tout sousgroupe H = G de G, G est isomorphe un sous-groupe de S[G:H].
83
do
Exercice IV.2. Montrer que si H est un sous-groupe dindice n de Sn , il est isomorphe au groupe Sn1 . (On utilisera le TR.II.B et lexercice II.1.)
84
Proposition IV.2.3. Soit G un groupe oprant sur un ensemble E. Alors pour tout
lment x de E, on a
card(x ) = [G : StabG (x)].
Dmonstration. Par dnition, [G : StabG (x)] est le cardinal de lensemble
G/StabG (x). Nous allons construire une application de x sur G/StabG (x) et
montrer quelle est bijective. Tout lment de x scrit g.x, pour un certain
g G. Posons (g.x) = gStabG (x) et montrons que cela dnit bien une application de x sur G/StabG (x) : si g.x = h.x, alors x = (g1 h).x et g1 h
appartient StabG (x), do gStabG (x) = hStabG (x) et est bien dnie. Il est
vident quelle est surjective. Dautre part, gStabG (x) = hStabG (x) quivaut
(g1 h) StabG (x), i.e. (g1 h).x = x, do g.x = h.x et est injective.
r
i=1
Corollaire IV.2.2 (quation aux classes). Soit G un groupe ni oprant sur lui-mme
par conjugaison et soit {xi }, 1 i r, une famille de reprsentants des orbites
distinctes, alors :
r
[G : ZG (xi )].
Card(G) =
i=1
85
k
[G : ZG (xi )].
i=1
86
(g, x) g.x
g g
Exemple IV.3.1. Laction dun groupe sur lui-mme par conjugaison est par automorphismes. Ce nest pas le cas pour laction par translation.
Remarque IV.3.1. La condition (i) implique que le groupe G opre par conjugaison
sur K. Par restriction, on a donc une action par conjugaison de H sur K et
lhomomorphisme : H SK ainsi dtermin vrie Im < Aut(K). De plus,
dans G = KH, on a
(k, k ) K K, (h, h ) H H, k h k h = k(h k h1 )h h .
Si on note laction de H sur K par (h, k) h k, on a
k h k h = k(h k )h h ,
do une criture particulire du produit dans G = KH.
gh
z, ghk)
et
(x, g)((y, h)(z, k)) = (x, g)(y h z, hk) = (x g (y h z), ghk)
et, laction de G sur N tant par automorphismes, ce dernier terme est gal
(x g y gh z, ghk), do lassociativit.
On vrie aisment que llment neutre est (1N , 1G ) et que
(x, g)1 = ((g
1 )
x1 , g1 ).
Proposition IV.3.2.
(i) Avec les notations ci-dessus, les applications
: G N G,
g (1, g)
: N N G,
x (x, 1)
= (y
g xy 1 , 1)
K. On en dduit
xgyg1 gh
=x
g ygh,
avec
gy
gyg1 .
Remarque IV.3.3. Si Hom(G, Aut(N )) est tel que (g) = idN pour tout g G,
alors N G est le produit direct N G.
89
Exercice IV.6.
1. Soient Hom(G, Aut(N )) et Aut(G). Montrer que et
dnissent deux produits semi-directs N G et N G isomorphes.
2. Soient et deux lments distincts de Hom(G, Aut(N )). Montrer que sil
existe un lment Aut(N ) tel que
g G, (g) = (g) 1
les produits semi-directs N G et N G sont isomorphes.
Exemples IV.4.1.
a) Un groupe G opre transitivement sur lui-mme par translation.
b) Un groupe G = {1} nopre pas transitivement sur lui-mme par
conjugaison.
90
Proposition IV.4.1.
(i) Soient G un groupe et H un sous-groupe de G. Alors G opre transitivement
par translation gauche sur lensemble (G/H)g des classes gauche modulo H.
(ii) Si G opre transitivement sur un ensemble E, il existe un sous-groupe H de
G et une bijection quivariante E (G/H)g (i.e. laction de G sur E se transporte
via cette bijection en laction de G par translation gauche sur (G/H)g ).
Dmonstration. (i). Pour lopration de G sur (G/H)g par translation dnie par
(g, xH) gxH, on a H = (G/H)g .
Exemples IV.4.2.
a) Laction dun groupe G sur lui-mme par translation est dle.
b) En gnral, laction dun groupe G = {1} sur lui-mme par conjugaison
nest pas dle, puisque le noyau de cette action est le centre Z(G) de G.
Remarques IV.5.1.
a) On a
EG = {x E | StabG (x) = G} = {x E | x = {x}}.
b) EG peut tre vide (par exemple dans le cas o G opre transitivement
sur E).
Exemples IV.5.1.
a) Si un groupe G opre par conjugaison sur lui-mme, lensemble des points
xes est le centre Z(G) de G.
b) Si un groupe G = {1} opre par translation sur lui-mme, lensemble des
points xes est vide.
92
THMES DE RFLEXION
Algbre T1
=
12345678
26731584
appartiennent G.
2. Soit H = , le sous-groupe de G engendr par et . Dterminer lorbite
de 1 sous laction de H.
3. En dduire que G opre transitivement sur lensemble des sommets du cube.
4. Dterminer le stabilisateur de 1 sous laction de G. En dduire lordre de G.
On veut dmontrer que G est isomorphe au groupe S4 . Une faon de faire
serait de caractriser S4 par des gnrateurs et des relations et vrier que G
admet un systme de gnrateurs de ce type. Une autre faon, plus naturelle, est
de trouver un ensemble de quatre lments sur lequel agit G. Il est raisonnable
de penser que cet ensemble est trouver dans la gomtrie du cube.
5. Dmontrer que lensemble {[1, 7], [2, 8], [3, 5], [4, 6]} des diagonales (non orientes, donc [1, 7] = [7, 1] par exemple) du cube est permut par G. En dduire que
G est isomorphe S4 .
94
Thmes de rflexion
N G H
est une suite exacte si Im(i) = Ker(p). Une suite de plusieurs morphismes est
exacte si toutes les suites formes de deux morphismes conscutifs sont exactes.
Avec ces notations, le problme pos ci-dessus consiste trouver tous les
groupes G tels que la suite
p
1 N G H 1
soit exacte, les groupes N et H tant xs. En eet, lexactitude de la suite
i
1 N G est quivalente au fait que le morphisme i est injectif et donc
que N est isomorphe un sous-groupe de G. De plus, lexactitude de la suite
p
i
N G H indique que i(N ) = Ker(p), do i(N ) est un sous-groupe
p
normal de G. Lexactitude de la suite G H 1 indique que le morphisme p
est surjectif. On en dduit que le groupe H est isomorphe au groupe G/Ker(p),
qui est gal au groupe G/Im(i).
Dans la situation ci-dessus, on dit que G est une extension de H par N .
Les groupes N et H tant donns, le problme de dterminer tous les groupes
G qui sont extension de H par N est trs dicile et na pas de rponse en gnral.
Nous allons ici interprter, dans ce cadre, les notions de produit semi-direct et
direct.
Soient N et H deux groupes et un morphisme : H Aut(N ) dnissant
une opration par automorphismes de H sur N . On pose G = N H.
n (n, 1)
p : N H H,
(n, h) h
1 N N H H 1
est exacte.
95
Algbre T1
1 N G H 1
et on suppose quil existe une section s de p.
3. En identiant N i(N ) et H s(H), montrer que G est isomorphe au produit
semi-direct N H, o dnit laction de s(H) sur i(N ) par conjugaison.
1 N G H 1
tel que le morphisme p admette une section.
Daprs la remarque (IV.3.3), un groupe G est produit direct N H de deux
groupes N et H si et seulement si cest le produit semi-direct N H, o est
lidentit.
4. Soient N et H deux groupes. Montrer quun groupe G est isomorphe au produit
direct N H si et seulement sil existe une suite exacte
i
1 N G H 1
telle que le morphisme p admette une section s vriant s(H) ZG (i(N )).
5. Appliquer ce qui prcde pour montrer que :
a) Le groupe Sn est un produit semi-direct de An par Z/2Z. (Considrer la
signature.)
b) Le groupe quaternionique H ne peut tre obtenu comme produit semi-direct
de deux de ses sous-groupes.
96
Thmes de rflexion
Lemme du ping-pong
Soit un groupe G oprant sur un ensemble E. On suppose que E1 et E2 sont
des sous-ensembles de E, E2 E1 , et que G1 et G2 sont des sous-groupes de
G tels que G1 ait au moins trois lments et que les proprits suivantes soient
satisfaites :
g G1 \ {1G }, g(E2 ) E1
et
h G2 \ {1G }, h(E1 ) E2 .
12
,
01
B=
10
21
Algbre T1
98
TRAVAUX PRATIQUES
Algbre T1
dernier est ni, etc.) et fournit des prsentations de quelques groupes usuels intressants (par exemple le groupe des isomtries directes du carr et celui du ttradre, isomorphes S4 et A4 respectivement). On utilise Maple pour vrier que
lon a bien obtenu toutes les relations, point dicile quil est fastidieux de raliser
la main. Dautre part, cest loccasion, via lalgorithme de Todd-Coxeter, dtudier lopration de G sur G/H par translation. Apparaissent galement, parmi les
exemples choisis, plusieurs produits semi-directs.
Ne pas oublier de charger la librairie Maple ddie la manipulation des
groupes : with(group);.
Travaux pratiques
Lalgorithme de Todd-Coxeter
On se donne un groupe G dni par un ensemble X = {g1 , . . . , gm } de gnrateurs vriant un ensemble R = {rj = 1G }1jk de relations. Dautre part, soit
H un sous-groupe de G engendr par Y = {h1 , . . . , hs }. Les rj et hj sont exprims
comme des mots en les lments de X X 1 .
Lalgorithme de Todd et Coxeter permet dnumrer les direntes classes
droite, i.e. les lments de (G/H)d , en faisant agir G sur (G/H)d par translation
doite : Hx g = H(xg). Au nal, on obtient lindice n de H dans G, des
lments gi G tels que (G/H)d = {Hg1 , . . . , Hgn } (i.e. des reprsentants des
classes) et la description explicite du morphisme : G S((G/H)d ) = Sn (aprs
numrotation des classes), cest--dire lexpression des (gi ) en tant qulments
de Sn .
101
Algbre T1
Travaux pratiques
a
1
a
1
a
1
b b b
1
a
1
b a b
1
a
1
a
1
a
1
b
1
2
a
1
2
b
1
a
2
1
b
1
2
ab
112
2
On continue et on pose 3 = 2 b :
a
1
2
3
a
1
a
1
a
1
b
1
2
3
b
2
b
3
1
2
a
1
2
3
b
1
a
2
1
b
1
2
3
1
2
ab
112
2 3
3
Au cours de ce processus de remplissage, on peut dcouvrir dans les tables du
sous-groupe ou des relateurs une nouvelle galit i g = j entre deux numros
dj existants ; on remplace alors partout o lon peut.
Dans notre exemple, on trouve 3 b = 1. Les tables deviennent :
a
1
2
3
a
1
a
1
a
1
b
1
2
3
b
2
3
1
b
3
1
2
a
1
2
3
b
1
a
2
1
b
1
2
1
2
3
103
Algbre T1
ab
112
2 3
3 1
On continue et on pose 2 a = 4 :
a
1
2
3
4
a
1
4
a
1
a
1
b
1
2
3
4
b
2
3
1
b
3
1
2
a
1
2
3
4
b
1
4
a
2
1
b
4
1
2
1
2
3
4
ab
112
243
3 1
4
Arriv ce stade apparat un nouveau phnomne : dans notre exemple, on
dduit 4 b = 1. Or 3 b = 1 se lit dans la table de laction sur les classes. Par
consquent 4 = 3. On supprime donc la dernire ligne des tables des relateurs et
de la table de laction, et on remplace partout 4 par 3.
On obtient :
a
1
2
3
a
1
3
a
1
a
1
b
1
2
3
b
2
3
1
b
3
1
2
a
1
2
3
b
1
3
a
2
1
b
3
1
2
1
2
3
ab
112
233
3 1
On continue et on pose 3 a = 4, puis 4 a = 5 :
a
1
2
3
4
5
104
a
1
3
4
5
2
a
1
4
5
2
3
a
1
5
2
3
4
b
1
2
3
4
5
b
2
3
1
5
b
3
1
2
4
a
1
2
3
4
5
b
1
3
4
5
2
2
1
5
3
1
2
1
2
3
4
5
Travaux pratiques
1
2
3
4
5
a
1
3
4
5
2
b
2
3
1
5
On pose 5 b = 6 :
a
1
2
3
4
5
6
a
1
3
4
5
2
6
a
1
4
5
2
3
6
a
1
5
2
3
4
6
b
1
2
3
4
5
6
b
2
3
1
5
6
4
1
2
3
4
5
6
b
3
1
2
6
4
5
a
1
3
4
5
2
6
a
1
2
3
4
5
6
b
1
3
4
5
2
6
a
2
1
5
6
3
4
b
3
1
2
6
4
5
1
2
3
4
5
6
b
2
3
1
5
6
4
Algbre T1
Travaux pratiques
a
1
3
4
2
a
1
4
2
3
b
1
2
3
4
b
2
3
1
4
b
3
1
2
4
a
1
2
3
4
b
1
3
4
2
a
2
1
4
3
b
3
1
2
4
1
2
3
4
Vrier avec Maple, puis conclure quil sagit bien dune prsentation du
groupe T .
On modie maintenant lgrement les relations : on considre G1 =
{a, b}|a3 , b3 , aba2 b. Prenant toujours H1 = a, eectuer de nouveau lalgorithme la main et avec Maple. Dmontrer enn que G1 Z/3Z :
lordre du groupe est bien moindre.
Algbre T1
Calcul de lorbite
Quelques commandes Maple utiles : minus, time.
1. crire une procdure orbite:=proc(G,X,action) renvoyant la liste des orbites pour laction dun groupe G (dni avec la commande permgroup) sur
un ensemble X : llment g x, pour g G et x X, est donc action(g,x).
On partira de la liste des lments de G, obtenue via la commande elements,
et on soustraira progressivement les classes, jusqu puisement des lments
(algorithme naf).
Tester cette procdure avec S3 et A3 agissant sur {1, 2, 3} ; ainsi action correspond la fonction (g,x)->image(g,3,x), o image dsigne la procdure
dj crite au cours du TP.II.
108
Travaux pratiques
2. crire des fonctions OrbiteSn et OrbiteAn renvoyant respectivement, en fonction de n, les orbites pour laction naturelle de Sn et An sur Xn = {1, . . . , n}.
Vrier que laction est transitive pour 3 n 8.
Quel est le temps de calcul pour S8 ? Comparer en calculant lorbite de 1 avec
la commande Maple orbit.
3. La lenteur de la procdure orbite provient du fait que lon calcule au pralable
tous les lments du groupe. On peut sen passer, en travaillant intelligemment
avec le systme S de gnrateurs du groupe G. Ainsi, pour calculer lorbite de i,
on procde comme suit :
(a) Initialisation : O := {i}.
(b) On fait agir les lments de S : sil nen rsulte aucun nouvel lment,
cest termin ; sinon, soit N lensemble de ces nouveaux lments.
(c) On met jour O := O N .
(d) On fait agir les lments de S sur N (plutt que sur O tout entier) : sil
nen rsulte aucun nouvel lment, cest termin. Sinon, on met jour N
comme lensemble de ces nouveaux lments qui ne sont pas dj dans O,
puis on applique (c).
Implmenter cet algorithme au sein dune procdure
orbite_i:=proc(G,i,action)
renvoyant lorbite de i pour laction de G dnie par action, puis modier
la procdure orbite an quelle utilise orbite_i. Enn, rcolter les fruits en
testant, sur S8 par exemple, lamlioration du temps de calcul.
4. crire une fonction OrbiteG renvoyant, en fonction du groupe de permutations
G (qui sera toujours introduit comme un permgroup), la liste des orbites pour
laction naturelle de G. Comme application, dterminer tous les groupes de
permutations transitifs de degr 3 (i.e. les sous-groupes de S3 agissant transitivement sur X3 ). Vrier galement la transitivit de laction pour les groupes
suivants :
L[1]:=permgroup(4,{[[1,2,3,4]]}):
L[2]:=permgroup(4,{[[1,2,3,4]],[[1,2]]}):
L[3]:=permgroup(4,{[[1,2,3,4]],[[1,3]]}):
L[4]:=permgroup(4,{[[1,2],[3,4]],[[1,3],[2,4]]}):
L[5]:=permgroup(4,{[[1,2,3]],[[1,2],[3,4]]}):\vspace*{-1mm}
On peut dmontrer quil sagit l de tous les groupes transitifs de degr 4 (
conjugaison prs).
109
Algbre T1
tude de la k-transitivit
On dit quun groupe G opre k-transitivement sur un ensemble X (de cardinal suprieur ou gal k) sil opre transitivement (pour laction diagonale) sur
lensemble des k-uplets de points tous distincts : pour tout x = (x1 , . . . , xk ) et
x = (x1 , . . . , xk ) dans X k tels que xi = xj et xi = xj (j = i), il existe g G tel
que, pour tout i, g xi = xi . En particulier, un groupe agissant k-transitivement
agit transitivement et l-transitivement pour l k.
Quelques commandes Maple utiles : irem ; on peut dnir le produit
cartsien Xn2 par deux commandes seq successives :
X2:=n->{seq(seq([i,j],i=1..n),j=1..n)}:
5. crire une fonction orbite2 renvoyant, en fonction de n, la liste des orbites
pour laction diagonale de Sn sur Xn2 . Tester avec n = 3 : quel est le nombre
dorbites ? Vrier que ces actions sont 2-transitives, pour 3 n 7.
6. crire une fonction Orbite2 renvoyant, en fonction du groupe de permutations
G, la liste des orbites pour laction diagonale sur Xn2 (n sera donc le degr
de G). En dduire que les seuls groupes 2-transitifs de degr 4 sont S4 et A4 .
Dterminer galement le cas du degr 5, i.e. les groupes de permutations agissant 2-transitivement parmi les groupes transitifs de degr 5 dont voici la liste :
L[6]:=permgroup(5,{[[1,2,3,4,5]]}):
L[7]:=permgroup(5,{[[1,2,3,4,5]],[[1,2]]}):
L[8]:=permgroup(5,{[[1,2,3,4,5]],[[2,5],[3,4]]}):
L[9]:=permgroup(5,{[[1,2,3,4,5]],[[1,2,3]]}):
L[10]:=permgroup(5,{[[1,2,3,4,5]],[[2,3,5,4]]}):
Reconnatre S5 et A5 et vrier que L10 est un produit semi-direct.
7. Pour dnir Xnk sous Maple, une solution est dindexer ses lments laide
de la bijection k : {1, . . . , nk } Xnk dont la rciproque est la fonction
(x1 , . . . , xk ) 1 +
k
(xi 1)ki1
i=1
Travaux pratiques
kj
k
jk
(1)r
r!j!
j=1 r=0
Calculer p(k) jusqu k = 10, par les deux mthodes. Pour la premire, on
noubliera pas dajouter option remember au dbut de la procdure rcursive
que lon crira, ce qui diminue les temps de calcul.
Formule de Burnside
Soit G un groupe ni oprant sur un ensemble ni X et soit N le nombre
dorbites. Pour g G, on note r(g) le nombre de points xes de g dans X, i.e. le
111
Algbre T1
1
r(g).
Card(G)
gG
112
Travaux pratiques
numrations de Polya
Soient A, B deux ensembles nis et G un groupe de permutations agissant sur
A. On considre laction suivante de G sur lensemble B A des fonctions f : A B :
un lment g agit par (g f )(a) = f (g a). La formule dnumration de Polya
nous dit que lensemble O des orbites sous G de B A est de cardinal
N=
1
Card(B)cg ,
Card(G)
gG
Algbre T1
gG
bB
bB
gG gf =f
Travaux pratiques
115
V
LES THORMES DE SYLOW
On sait, daprs le thorme de Lagrange (II.1.1), que lordre de tout sousgroupe dun groupe ni G divise lordre de G. Mais on a vu (par exemple au
TR.II.B) que si G est un groupe dordre n et si d est un diviseur de n, il nexiste
pas ncessairement de sous-groupe de G qui soit dordre d. On peut donc se poser
la question :
tant donn un groupe ni G dordre n, existe-t-il des diviseurs de n pour
lesquels il existe des sous-groupes de G dordre ces diviseurs ?
Lobjet de ce chapitre est dapporter une rponse cette question lorsque le
diviseur d est de la forme une puissance dun nombre premier.
De plus, la connaissance des sous-groupes correspondants permettra de prciser la structure du groupe G.
p
Csp
n =
= spnr
Posons
=s
spn (pr k)
spn (pr 1)
spn 1
...
.
.
.
1
pr k
pr 1
spn (pr k)
spn (pr 1)
spn 1
...
.
.
.
1
pr k
pr 1
r
p
Puisque p ne divise pas s et que Csp
n est un nombre entier, pour tablir le rsultat il sut de montrer que pour tout nombre k, 1 k (pr 1), la fraction
spn k
est gale une fraction irrductible dont p ne divise ni le numrateur ni le
k
dnominateur. crivons k sous la forme k = qpt , avec t 0 et p ne divisant pas q.
On a alors
spnt q
spn k
=
k
q
Thorme V.1.1 (premier thorme de Sylow). Soit G un groupe ni. Pour tout
nombre premier p et tout nombre entier r tels que pr divise lordre de G, il existe
un sous-groupe de G dordre pr .
Dmonstration. Notons |G| = qpn , avec p ne divisant pas q. Soit r un nombre
p
nr
.
card(E(r)) = Cqp
n = p
s
i=1
Si pnr+1 divisait tous les termes [G : StabG (xi )], alors pnr+1 serait en facteur
dans la somme et il diviserait . Par consquent, puisque p ne divise pas ,
118
il existe un indice k, 1 k s, tel que pnr+1 ne divise pas [G : StabG (xk )].
Posons H = StabG (xk ).
Nous allons montrer que le sous-groupe H de G est dordre pr .
Puisque G est un groupe, on a
h G, g = g G, gh = g h.
Cest en particulier vrai pour h Xk et g, g H, auquel cas gh et g h sont dans
Xk , car H = StabG (xk ). On en dduit donc une injection de H dans Xk , do
|H| card(Xk ) = pr .
Dautre part, on a qpn = |H|[G : H]. Par consquent, [G : H] divise qpn et
nr+1
ne divise pas [G : H]. Do [G : H] = q pt avec q divise q et 0 t n r.
p
On en dduit que |H| = qq pnt . Mais, on a r n t n, do pr divise |H| et
pr |H|.
On a donc pr |H| pr , do lgalit.
119
on a |EK | r (mod p). Comme p ne divise pas r, |EK | nest pas nul, donc
EK nest pas vide. Mais, xH EK si et seulement si K est un sous-groupe de
StabG (xH) = xHx1 , donc K est un sous-groupe de xHx1 .
NG (H). Donc |NG (H)| = qpn avec p ne divisant pas q. Soit K un p-sous-groupe
de Sylow de NG (H) (on a donc |K| = |H|). Alors, [NG (H) : K] = q et, daprs
le lemme (V.2.1), K est un sous-groupe de xHx1 pour x NG (H). Mais, si
x NG (H), alors xHx1 = H. Par consquent, K est un sous-groupe de H et,
puisque |K| = |H|, on a H = K.
de Sylow dun groupe G sont conjugus entre eux et quun sous-groupe de G est
normal dans G si et seulement sil est gal tous ses conjugus dans G.
(ii). Cest une consquence du point prcdent et du fait que, dans un groupe
ablien, tous les sous-groupes sont normaux.
Exercice V.2. Soit G un groupe dordre pqr, o p > q > r sont des nombres
premiers. On note, respectivement, np , nq , nr le nombre des p-sous-groupes,
q-sous-groupes, r-sous-groupes de Sylow de G.
a) Montrer que pqr np (p 1) + nq (q 1) + nr (r 1) + 1.
b) Montrer que
(np > 1, nq > 1, nr > 1) (np = qr, nq p, nr q).
c) En dduire que G nest pas simple.
121
V.3. Applications
Proposition V.3.1. Soit G un groupe ni dordre pq, o p et q sont deux nombres
premiers distincts et q nest pas congru 1 modulo p. Alors G na quun seul
p-sous-groupe de Sylow.
Dmonstration. Le nombre de p-sous-groupes de Sylow de G est congru 1 modulo p et divise q. Puisque q est premier et non congru 1 modulo p, le nombre
de p-sous-groupes de Sylow de G est gal 1.
groupe de Sylow S et un seul q-sous-groupe de Sylow T , qui sont donc des sousgroupes normaux de G, daprs le corollaire (V.2.1.(ii)). Puisque |S| = p et |T | = q
qui sont premiers, S et T sont des groupes cycliques et leur intersection est rduite
{1}. Posons S = x et T = y. Considrons z = xyx1 y 1 ; on a x S et
yx1 y 1 S puisque S est un sous-groupe normal de G, donc z S. Pour des
raisons analogues z T , do z = 1 et xy = yx. Par consquent xy est un lment
dordre pq dans le groupe G, qui est lui-mme dordre pq, donc G = xy.
Proposition V.3.4. Soit G un groupe ni non trivial et soit pn1 1 . . . pnk k la dcomposition en facteurs premiers de lordre de G. Si pour tout i, 1 i
k, G a un
unique pi -sous-groupe de Sylow Si , alors G est isomorphe au groupe 1ik Si ,
produit direct des groupes Si , 1 i k.
Dmonstration. Daprs lhypothse, chacun des Si est normal dans G et, par
consquent, H = S1 . . . Sk est un sous-groupe de G, dont on vrie aisment
quil est isomorphe au produit direct des (Si ), 1 i k (cf. exercice I.8). De
plus, |G| = |H|, do le rsultat.
122
V.3. Applications
Corollaire V.3.1. Soit G un groupe ablien ni non trivial et soit pn1 1 . . . pnk k la dcomposition en facteurs premiers de lordre de G. Alors G est isomorphe au produit
direct de ses pi -sous-groupes de Sylow, 1 i k.
123
THMES DE RFLEXION
Algbre T1
Thmes de rflexion
Le but ici est de dterminer, isomorphismes prs, les groupes dordre pq, o
p et q sont des nombres premiers.
Nous avons trait le cas p = q dans lexercice (IV.4). Pour mmoire, tout
groupe dordre p2 , p premier, est ablien et isomorphe Z/p2 Z ou Z/pZZ/pZ.
On suppose maintenant que p et q sont deux nombres premiers, p < q, et que
G est un groupe dordre pq.
1. Montrer que G ne possde quun seul q-sous-groupe de Sylow.
2. En dduire que G est isomorphe un produit semi-direct de Z/qZ par Z/pZ.
Nous avons vu au TR.I.B.10 que Aut(Z/qZ) Z/(q 1)Z.
3. Montrer que :
Si p ne divise pas (q 1), il nexiste pas de morphisme non trivial de Z/pZ
dans Aut(Z/qZ).
Si p divise (q 1), il existe (p 1) morphismes non triviaux, distincts deux
deux, de Z/pZ dans Aut(Z/qZ), quon notera i , 1 i (p 1).
4. Montrer que pour tout i = j, 1 i (p 1), 1 j (p 1), les
groupes Z/qZ Z/pZ et Z/qZ Z/pZ sont isomorphes. (On appliquera lexeri
cice (IV.6.2).)
127
Algbre T1
5. En dduire que tout groupe dordre pq, p et q premiers, p < q, est isomorphe
Z/pqZ ou Z/qZ Z/pZ.
128
VI
GROUPES ABLIENS
Nous allons montrer dans ce chapitre que le fait, pour un groupe, dtre ablien permet de dcrire plus prcisment sa structure, en particulier lorsquil est
engendr par un nombre ni dlments.
Les groupes considrs dans ce chapitre tant tous abliens, leurs lois seront
notes additivement, llment neutre sera not 0, le symtrique de tout lment x
sera not x.
On trouvera dans le second volume de cet ouvrage une tude de la structure
de module. Cest une structure analogue celle despace vectoriel, dans laquelle
le corps de base est remplac par un anneau. Ce changement modie substantiellement les proprits de la structure, mais le formalisme linaire (i.e. lutilisation
des combinaisons linaires) est le mme que dans le cadre des espaces vectoriels.
Un groupe ablien est un module sur lanneau Z, ce qui se traduira dans ce qui
suit par lutilisation de combinaisons linaires coecients dans Z.
Dnition VI.1.1. Soient G un groupe ablien et (Hi )iI une famille non vide
de sous-groupes
de G. On appelle somme des sous-groupes
Hi , i I, quon
note iI Hi , le sous-groupe de G engendr par iI Hi .
Hi = S, avec S =
consquence de la remarque (I.2.2).
Dmonstration. On a
iI
iI
Dans lcriture ci-dessus, pour un x donn, les lments xij ne sont pas uniques.
Pour obtenir lunicit de lcriture de x en fonction des xij , on est amen considrer la dnition suivante :
iI
Hi est not
iI
Hi .
Dmonstration. Cette dmonstration est la mme que celle de la proposition analogue dans le cas des espaces vectoriels et laisse au lecteur titre dexercice.
130
g((xi )iI ) =
iI
Gi . Posons
fi (xi ).
iI
Seul un nombre ni de termes xi tant non nuls, cette somme est bien dnie.
Dautre part, le groupe G tant ablien, on vrie aisment que g est un homomorphisme de groupes. De plus, soit x Gi : pour tous i, j I, j = i, on a
(i (x))j = 0, do g(i (x)) = fi (x) et g i = fi , pour tout i I.
131
Unicit de g : Tout lment x de
iI Gi scrit de manire unique
i1 (xi1 ) + . . . + in (xin ). Par consquent, quel que soit le morphisme g vriant
g i = fi pour tout i I, on a g(x) = fi1 (xi1 ) + . . . + fin (xin ), ce qui prouve
lunicit de g.
Nous allons donner deux propositions qui sont des corollaires immdiats du
thorme ci-dessus.
Corollaire VI.1.2. Soient I un ensemble non vide, (Gi )iI et (Gi )iI deux familles
de groupes abliens telles que,
i I, les groupes Gi et Gi soient iso pour tout
morphes. Alors les groupes
iI Gi et
iI Gi sont isomorphes.
Exercice VI.1. Montrer que le groupe ablien (Z, +) nest pas un facteur direct du
groupe ablien (Q, +).
Proposition VI.1.4. Soient G un groupe ablien, H un sous-groupe de G et
i : H G linjection canonique. Alors H est un facteur direct de G si et seulement sil existe p Hom(G, H) tel que p i = idH .
Dmonstration. Supposons que G = H K. Tout lment g de G scrit de manire
unique g = h + k, avec h H et k K. On dnit p par p(g) = h et on vrie
aisment que cest un morphisme de groupes rpondant la question.
Supposons quil existe un morphisme de groupes p : G H tel que pi = idH .
Pour tout lment g de G on pose h = p(g) : on a alors h = p i(h) = p(h), i.e.
(g h) Ker(p). On a g = h + (g h) et, si x H Ker(p), alors on a
x = p(x) = 0, do G = H Ker(p).
132
Remarques VI.2.1.
a) Daprs le corollaire (VI.1.1), en identiant xi Z, on peut aussi crire
G Z(I) , ou, en appliquant la remarque (VI.1.1.d), G Z(X) .
Autrement dit, si lon crit le groupe G sous la forme Z(I) , cela signie quon
considre que G est libre de base un ensemble non prcis de cardinal gal au
cardinal de I ; si on crit G sous la forme Z(X) , cela signie que lon prcise une
base X = {xi }iI de G.
b) Il est clair, daprs la dnition, quune somme
directe de groupes abliens
(X)
Z(Y ) = Z(XY ) .
libres est un groupe ablien libre. Prcisment, Z
Thorme VI.2.1. Soient G un groupe ablien non nul et X = {xi }iI une famille
non vide dlments de G. Les assertions suivantes sont quivalentes :
(i) G est un groupe ablien libre de base X
(ii) Tout lment x de G scrit de manire unique sous la forme
nj xij
x=
1jk
iI xi si et seulement si tout
lment x de G scrit de manire unique x = 1jk yij , avec yij xij . Mais
yij scrit de manire unique yij = nj xij avec nj Z, do le rsultat.
Dmonstration. (i) (ii). Le groupe G est gal
0=
nj xij
jJ
0=
ml xil
lL
(np mp )xip +
pJL
jJ,j
/L
nj xij
ml xil .
lL,lJ
/
La condition (iii) implique que chacun des coecients de cette somme est nul. On
en dduit que J = L et nj = mj pour tout j J.
Terminologie. Une famille X = {xi }iI satisfaisant la condition (iii) ci-dessus
est dite libre sur Z. On dit aussi que les lments xi , i I, sont linairement
indpendants sur Z. Autrement dit, X est une base de G si et seulement si
cest une partie libre et gnratrice.
On remarquera quune sous-famille non vide dune famille libre sur Z est libre
sur Z.
Existence de f : Notons X = {x
i }iI la base donne de G. Tout lment x de
G scrit de manire unique x = iI ni xi , o les ni sont des entiers
nuls sauf
pour un nombre ni de i I. Par consquent, si on pose f (x) = iI ni (xi ),
cette somme est bien dnie. On vrie aisment que lapplication f ainsi dnie
est un morphisme de groupes vriant f jX = .
134
Unicit de f : Soit f : G A un autre morphisme de groupes vriant f jX = . Alors, pour tout lment xi de X, on a f (xi ) = f (xi ), do
f (x) = f (x) pour tout lment x de G.
On suppose maintenant que le groupe ablien G est tel que pour tout groupe
ablien A et toute application : X A, il existe un unique morphisme de
groupes f : G A tel que f jX = . Cest en particulier vri si A = Z(X)
est libre de base X et = iX est linjection de X dans Z(X) . Le dbut de la
dmonstration montre quil existe un morphisme de groupes g : A G tel que
g iX = jX . On vrie que les morphismes f et g sont rciproques lun de lautre.
Ce sont donc des isomorphismes.
Corollaire VI.2.1. Tout groupe ablien est isomorphe un quotient dun groupe
ablien libre.
Dmonstration. Soit X une partie gnratrice dun groupe ablien G et linclu-
nl (xil ) =
nl f (jX (xil )) = f
nl jX (xil ) .
x=
1lk
1lk
1lk
et jX 1 : Y Z(X) ,
et Z(Y ) Z(X)
type ni.
Supposons que le groupe G est libre de type ni. Cela signie que, dune
part, il admet une base X = {xi }iI et que, dautre part, il admet une partie
gnratrice nie Y = {y1 , . . . , yk }. Pour
tout j, 1 j k, il existe une partie
nie Ij contenue dans I telle que yj iIj xi . Mais comme tout lment x de G
136
scrit x = kj=1 nj yj , alors x jL xj , avec L = 1jk Ij . On en dduit que
{xi }iL est une partie nie, gnratrice, libre comme sous-famille dune famille
libre.
(ii). Dmontrons que I = L, ce qui prouvera que toutes les bases sont nies.
On a L I : supposons quil
existe p contenu dans I et non contenu dans L.
On peut donc crire xp = jL nj xj , puisque {xj }jL est une base de G. Par
consquent, lintersection
xj
xp
jI,j=p
est non vide, ce qui est en contradiction avec lhypothse G = jI xj .
Montrons maintenant que toutes les bases de G ont le mme nombre dlments. Soit {x1 , . . . , xn } une base de G. On considre
n le sous-groupe 2G de G. Un
lment x appartient 2G si et seulement si x = i=1 ni xi avec ni 2Z, do
2G =
n
2xi .
i=1
On a donc
G/2G
n
n
n
xi /
2xi
(xi /2xi )
i=1
i=1
i=1
(pour ce dernier isomorphisme, cf. exercice II.6.1). Mais, xi /2xi Z/2Z pour
tout i et, par consquent, G/2G (Z/2Z)n .
Si nous considrons un autre base {y1 , . . . , yp } de G, le mme raisonnement
conduit lisomorphisme G/2G (Z/2Z)p . On a donc n = p et toutes les bases
de G sont nies et ont mme nombre dlments.
Plus gnralement, on a :
alors le groupe libre Z(X) est isomorphe au groupe libre Z(Y ) , par un isomorphisme
prolongeant une bijection donne entre les deux ensembles quipotents X et Y .
Prcisons alors le cardinal de Z(X) .
Lemme VI.2.1. Si X est un ensemble ni, alors Z(X) est un ensemble dnombrable.
137
1jk
nj xij et on pose
Il est clair que f est une application surjective. Dautre part, pour toute partie
A de F(X), f 1 (A) est contenu dans Z(A) qui, daprs le lemme (VI.2.1), est
dnombrable puisque A est nie.
Mais, si f est une application surjective dun ensemble E sur un ensemble
inni F telle que, pour tout lment x de F , f 1 (x) soit dnombrable, alors les
ensembles E et F sont quipotents (cf. appendice).
On en dduit donc que card(Z(X) ) = card(F(X)). Mais, lorsque lensemble X
est inni, les ensembles X et F(X) sont quipotents (cf. appendice). Do le
lemme. Par consquent, si les groupes Z(X) et Z(Y ) sont isomorphes, on a
card(X) = card(Z(X) ) = card(Z(Y ) ) = card(Y ).
On remarquera
que si G et H sont des groupes libres de rangs nis respectifs
p et q, alors G H est un groupe libre de rang p + q.
Thorme VI.2.5. Tout sous-groupe dun groupe ablien libre est un groupe ablien
libre.
Dmonstration. Nous allons donner dabord une dmonstration lmentaire dans
le cas du rang ni, qui permet de prciser que le rang du sous-groupe est infrieur
ou gal au rang du groupe ; le cas inni ncessite une dmonstration plus labore.
Le groupe rduit llment neutre tant libre de base lensemble vide, dans
la suite on ne considrera que des sous-groupes non triviaux.
qui est libre par hypothse de rcurrence. On dduit de lexercice (VI.2) que
H (H Zn1 ) p(H), et H est un groupe ablien libre comme somme directe
de groupes abliens libres. De plus, p(H) est de rang infrieur ou gal 1 et
(H Zn1 ) est, par hypothse, de rang infrieur ou gal n 1. Do le rsultat.
(VI.2.5.2). Considrons maintenant un groupe ablien libre G = {0} de base
X = {xi }iI quelconque et H un sous-groupe propre de G.
Pour tout k I,
on note k : G Z le morphisme kime coordonne, i.e.
k (g) = nk avec g = iI ni xi .
On peut toujours supposer que I est muni dune structure densemble bien
ordonn (cf. appendice). Pour tout t I, on note Gt le sous-groupe de G engendr par les lments xi pour i t, et on pose Ht = H Gt . Limage de Ht par
t est un sous-groupe de Z, t (Ht ) = Zat . On note yt un lment de Ht tel que
t (yt ) = at . Si at = 0, on prend yt = 0.
Pour tout s I, on considre Ks le sous-groupe de G engendr par les lments
yt pour t s. Donc Kt est contenu dans Ht , pour tout t. Nous allons montrer
que, pour tout s I, Ks = Hs , ce qui prouvera que le sous-groupe H lui-mme
est engendr par les lments (ys )sI .
Supposons que, par hypothse de rcurrence, on ait : pour tout t < s, Kt = Ht .
Cette hypothse est bien vrie pour le plus petit lment de I. Pour tout lment
x Hs , on a s (x) = qas , q Z, donc x qys scrit comme combinaison linaire
dun nombre ni de xi , avec i < s. On a donc x qys Ht , avec t < s. Do,
daprs lhypothse de rcurrence, xqys Kt . Mais, Kt Ks et, par consquent,
llment x appartient Ks , do Ks = Hs .
Ce qui prcde prouve que la famille (ys )sI est gnratrice de H. Montrons
qui ne sont pas nuls est libre sur Z. Supmaintenant que la sous-famille des ys
posons quil existe une relation S = f inie ni yi = 0, dans laquelle il existe des
termes non nuls. On note k le plus grand indice i tel que ni yi = 0. Puisque
k (yi ) = 0 pour i < k, on a k (nk yk ) = k (S) = 0. Mais, k (nk yk ) = nk ak et,
puisque ak = 0, on doit avoir nk = 0, ce qui est contraire lhypothse.
On en dduit que la famille des (ys )sI qui sont non nuls est une base de H,
qui est donc un groupe ablien libre.
Corollaire VI.2.3. Si H
rang(H) rang(G).
G, alors
140
Attention. Comme cela a t mentionn au chapitre III, ce rsultat de comparaison entre le rang dun groupe libre et le rang de ses sous-groupes est faux pour
les groupes non abliens.
Corollaire VI.2.4. Si G est un groupe ablien engendr par n lments, tout sousgroupe H de G admet une partie gnratrice ayant au plus n lments.
Dmonstration. Daprs la dmonstration du corollaire (VI.2.1), il existe un morphisme surjectif de groupe f : Zn G. Limage rciproque de H par f est un
sous-groupe K de Zn , donc libre de rang p n. Limage par f dune base de K
est une partie gnratrice de H.
Remarque VI.2.4. Si G est un groupe libre de rang ni, si H et K sont deux sousgroupes tels que G = H K, alors rang(G) = rang(H) + rang(K).
de torsion alors T (G) = G ; dans ces deux cas le rsultat est trivial.
Supposons que G soit un groupe tel que T (G) soit distinct de G et de {0}.
Soient x et y deux lments de T (G) ; notons p (resp. q) lordre de x (resp. y). On
a pq(x y) = 0, donc (x y) T (G) et T (G) est un sous-groupe de G. Soit x un
lment du groupe G/T (G). Sil existe p N tel que px = 0, on a px T (G),
i.e. il existe q N tel que qpx = 0, do x T (G) et x = 0, do G/T (G) est un
groupe sans torsion.
n/pri i ,
1ik
142
G(p).
pP
Exercice VI.5.
1. Montrer que si G est un groupe ablien ni et si p est un nombre premier
divisant lordre de G, alors G(p) est le p-sous-groupe de Sylow de G.
2. Soit G un groupe ablien ni dordre n et soit
n = pr11 . . . prkk la dcomposition de n en facteurs premiers. Montrer que G =
1ik G(pi ).
3. En dduire que si G un groupe ablien ni dordre n, pour tout diviseur
d de n, le groupe G possde un sous-groupe dordre d. (On rappelle que ceci est
faux pour les groupes non abliens.)
n i xi
G=
1in
Les coecients ni tant dans Z et le groupe G tant sans torsion, on peut supposer
que les ni sont premiers entre eux dans leur ensemble (sinon, on met en facteur
le pgcd des ni et on utilise lhypothse que le groupe est sans torsion).
Si lun des coecients, par exemple nk , est gal 1, on a
ni xi
xk =
1is,i=k
et le groupe G est engendr par les s 1 lments (xi )1is,i=k . Il est donc libre
par hypothse de rcurrence.
Si tous les coecients ni sont distincts de 1, il existe au moins deux coecients nj et nk tels que |nj | > |nk | > 0. En faisant la division euclidienne de
nj par nk , on a |nj qnk | < |nk |. On pose xk = xk + qxj ; il est clair que
{x1 , . . . , xj , . . . , xk , . . . , xs } est une partie gnratrice de G. Dautre part, on a
n1 x1 + . . . + (nj qnk )xj + . . . + nk xk + . . . + ns xs = 0
o les coecients sont premiers entre eux dans leur ensemble et |nj qnk | < |nj |.
Alors, ou bien |nj qnk | = 1 et on est ramen au cas prcdent, ou bien
|nj qnk | > 1 et on ritre le procd. Comme ce procd converge vers le pgcd
des ni , on arrivera, en un nombre ni dtapes, ce que lun des coecients soit
gal 1.
Dans tous les cas, on se ramne une famille gnratrice constitue de (s 1)
lments au plus et, par hypothse de rcurrence, le groupe G est libre.
Attention. Cette proposition est fausse, en gnral, pour les groupes non abliens et pour les groupes abliens qui ne sont pas de type ni (contre-exemple :
(Q, +)).
G est une partie gnratrice de G/T (G), il est donc de type ni. On sait, daprs
la proposition-dnition (VI.3.1), que le groupe G/T (G) est sans torsion, donc,
daprs la proposition (VI.3.3), G/T (G) est libre, de rang ni.
Dautre part, la projection canonique : G G/T (G) a pour noyau T (G)
et, daprs le corollaire (VI.2.1), la remarque (VI.2.2) et lexercice (VI.2), on a
G T (G) G/T (G). Il existe donc un sous-groupe libre de rang ni F de G,
isomorphe G/T (G), tel que G = T (G) F .
Supposons quon ait G = H K, avec H groupe ni et K groupe libre de rang
ni. Puisque H est un sous-groupe ni de G, on a H T (G). Dautre part, tout
lment x = 0 de T (G) scrit de manire unique x = h + k avec h H et k K.
En notant p lordre de x, on a ph + pk = 0, i.e. ph = pk. Mais H K = {0},
do pk = 0 et, puisque K est libre, k = 0. Par consquent H = T (G) ; on en
dduit que K G/T (G).
La dcomposition ci-dessus tant unique, isomorphisme prs, le rang du
groupe libre F est parfaitement dtermin, et donc le groupe F aussi ( isomorphisme prs). Nous allons maintenant donner une description prcise de la partie
de torsion comme somme directe de groupes cycliques.
Pour cela, nous allons dabord tablir le rsultat fondamental suivant :
un entier q 2,
des entiers positifs a2 , . . . , aq , avec a2 | a3 | . . . | aq ,
tels que (a2 e2 , . . . , aq eq ) soit une base de Ker(f ) H.
Posons a1 = a et e1 = g (i.e. a1 e1 = h). On dduit de ce qui prcde que
(a1 e1 , a2 e2 , . . . , aq eq ) est une base de H.
Montrons que a1 divise a2 . On considre le morphisme v : G Z dni par
v(e1 ) = v(e2 ) = 1 et v(ei ) = 0 pour i 3. Alors, a = a1 = v(a1 e1 ) = v(h) et,
puisque v(H) = Z, on a Za Z. Do, par minimalit de a, Z = Za = Za1 .
Dautre part, a2 = v(a2 e2 ) v(H) = Z, donc a2 Za1 , i.e. a1 divise a2 .
(ii). Pour dmontrer lunicit des entiers q, a1 , . . . , aq , nous allons dabord dduire de (i) un thorme de structure des groupes abliens de type ni. La dmonstration du thorme (VI.4.1.(ii)) sera faite pages 150 et 151.
Thorme VI.4.2 (de structure des groupes abliens de type ni). Soit G un groupe
ablien de type ni. Il existe un unique entier p et une unique famille (a1 , . . . , ar )
dentiers suprieurs ou gaux 2, avec ai divise ai+1 pour 1 i r 1, tels que
G Zp Z/a1 Z . . . Z/ar Z.
Dmonstration. Existence : Soit (x1 , . . . , xn ) une famille gnratrice de G. Il existe
un morphisme surjectif f : Zn G tel que G Zn /ker(f ). Daprs le thorme (VI.4.1), il existe une base (e1 , . . . , en ) de Zn , un entier q, 1 q n,
des entiers positifs a1 , . . . , aq , avec ai divise ai+1 pour 1 i (q 1), tels que
(a1 e1 , . . . , aq eq ) soit une base de Ker(f ). On pose aq+1 = . . . = an = 0, alors
(Zei /Zai ei ).
Zn /Ker(f )
1in
1is
Supposons que lunicit de la dcomposition en somme directe du thorme (VI.4.2) soit vrie pour les groupes G(pi ), 1 i k. Montrons que
cela entrane lunicit de la dcomposition pour le groupe T (G).
On a donc
Z/ai Z T (G)
Z/bi Z
1ir
1is
ai = p1wi ,1 . . . pk i,k
et
tj =
wi,j
avec
avec
0 wi,j tj
1ir
T (G) =
1ir
Comme |
1ir xi,j |
xi,j =
1jk
= pj 1,j
1jk
+...+wr,j
1jk xi,j ,
xi,j .
1ir
= pjj , on a
xi,j = G(pj )
1ir
Le mme raisonnement, en utilisant lautre dcomposition de T (G) et en notant yi un gnrateur de Z/bi Z, donne
w
w
bi = p1 i,1 . . . pk i,k
et
tj =
wi,j
0 wi,j
tj
avec
et wi,j
wi+1,j
car bi |bi+1
1is
et
T (G) =
1jk
avec
yi,j
1is
yi,j = G(pj ).
1is
1js
1ir
149
et |pxi | = p(i 1) .
En utilisant lautre dcomposition de P en somme directe, on obtient
pyj
Kp =
(h +1)jr
et |pyj | = p(j 1) .
Si tous les termes i sont gaux 1, alors Kp = 0, do h = r et i = 1 pour
tout i, 1 i r, do le rsultat.
Si h < r, Kp est un sous-groupe propre de P , donc dordre pu , avec 1 u < t.
En appliquant lhypothse de rcurrence au p-groupe Kp , on obtient h = h et
i = i , pour (h + 1) i r. Puisquon a i = i = 1 pour 1 i h, on a
donc i = i pour tout i, 1 i r, et le lemme est dmontr, ce qui achve la
dmonstration du thorme (VI.4.2).
Soit H le sous-groupe de G de base
De plus, puisque a1 | . . . |aq ,
H .
H = {x G | Z, x H}.
Par consquent, H /H est le sous-groupe de torsion de G/H. Ceci dtermine H ,
donc son rang q, de manire unique.
150
Dautre part, on a
H /H
Zei /
1iq
Zai ei
1iq
(Z/ai Z).
1iq
Exercice VI.6. Soit G un groupe ablien ni. Montrer quil existe un lment x de
G dont lordre est le ppcm des ordres des lments de G. (On dcompose G sous
la forme donne par le thorme (VI.4.2), on note y la classe de 1 dans Z/ar Z, et
on pose x = (0, . . . , 0, y).)
Dnition VI.4.1. Les lments ai , 1 i q, du thorme (VI.4.1) sont appels les facteurs invariants de H dans G. Si H = G, on dit que ce sont les
facteurs invariants de G.
Si G est un groupe ablien ni, (par exemple le sous-groupe de torsion dun
groupe ablien de type ni), notons pt11 . . . ptkk la dcomposition en facteurs premiers de |G|. Comme on la vu dans la dmonstration du thorme (VI.4.2),
chaque facteur invariant ai de G, 1 i q, scrit
w
ai = p1wi ,1 . . . pk i,k
et
tj =
wi,j
avec
0 wi,j tj
car ai |ai+1 .
1iq
151
Dnition VI.4.3. Soit G un groupe ablien ni. En crivant les diviseurs lmentaires de G dans lordre croissant, chacun dentre eux tant crit un nombre
de fois gal au nombre de fois o il apparat dans lcriture des facteurs invariants de G, on obtient une suite nie de nombres entiers quon appelle le
type de G.
Remarque VI.4.1. Lorsquon a le type dun groupe ablien ni G, le nombre maximum doccurrences dun mme facteur premier de |G| qui apparat dans le type
donne le nombre de facteurs invariants de G.
Conclusion
Soit G un groupe ablien ni. On dtermine ses facteurs invariants (cf.
TR.VI.C) (ai )1iq et on en dduit sa dcomposition canonique
Z/ai Z.
G
1iq
De plus, en regroupant dans cette dernire somme directe les termes correspondant
un mme facteur premier p de |G|, on a la dcomposition en somme directe de
la composante p-primaire G(p).
Ceci peut se rsumer sous forme dun tableau. Soit G un groupe ablien ni,
|G| = pt11 . . . ptkk la dcomposition de son ordre en facteurs premiers, a1 , . . . , aq ses
w
facteurs invariants, di,j = pj i,j ses diviseurs lmentaires. On crit
a1
a2
..
.
p1
w1,1
w2,1
..
.
p2
w1,2
w2,2
..
.
..
.
pj
w1,j
w2,j
..
.
..
.
pk
w1,k
w2,k
..
.
ai
..
.
wi,1
..
.
wi,2
..
.
..
.
wi,j
..
.
..
.
wi,k
..
.
aq
wq,1
wq,2
wq,j
wq,k
ime -ligne
ou bien on connat les facteurs invariants, il sut alors dcrire la dcomposition en facteurs premiers de chacun deux ;
ou bien on connat le type du groupe, et le nombre de lignes du tableau
est donn par la remarque (VI.4.1). Le fait que chaque facteur invariant ai
contient une puissance (ventuellement nulle) de chaque nombre premier pi
et que ai divise ai+1 donne une dtermination unique des wi,j .
Exemples VI.4.1.
a) Soit G un groupe de type (2, 2, 3, 23 , 5, 32 ). On veut dterminer les facteurs
invariants de G et sa dcomposition canonique. Le nombre premier qui apparat
le plus grand nombre de fois est p1 = 2 qui apparat trois fois. Il y a donc trois
facteurs invariants. Ce sont :
a1 = 2,
a2 = 2 3 = 6,
a3 = 23 32 5 = 360.
Do la dcomposition canonique
G Z/2Z Z/6Z Z/360Z.
b) Soit G Z/20Z Z/30Z. Puisque 20 ne divise pas 30, cette dcomposition
de G nest pas la dcomposition canonique.
Cherchons les diviseurs lmentaires de G. On a
20 = 22 5 et 30 = 2 3 5,
et G est de type (2, 3, 22 , 5, 5). On en dduit la dcomposition de G en somme
directe de ses composantes p-primaires :
G (Z/2Z Z/4Z) Z/3Z (Z/5Z Z/5Z).
Les facteurs invariants sont donc 2 5 = 10 et 4 3 5 = 60, et la dcomposition
canonique de G est
G Z/10Z Z/60Z.
Exercice VI.7. Dterminer le type, les facteurs invariants, les composantes pprimaires du groupe
G = Z/4Z Z/6Z Z/7Z Z/8Z Z/18Z.
153
THMES DE RFLEXION
Nous allons, dans cette partie, montrer des rsultats concernant les groupes
libres non abliens voqus dans le chapitre III, et plus particulirement, la rciproque du thorme (III.1.3) :
Soient X et Y deux ensembles. Si les groupes libres L(X) et L(Y ) sont isomorphes, alors les ensembles X et Y sont quipotents.
La raison dtre de cette tude concernant des groupes non abliens dans le
chapitre consacr aux groupes abliens est que, par ablianisation, nous passerons
des groupes abliens et nous utiliserons alors des rsultats concernant les groupes
abliens.
Nous allons, pour la commodit du lecteur, faire quelques rappels de notions
tudies au TR.II.A.
Soit G un groupe ; pour tous x et y lments de G, on pose [x, y] = xyx1 y 1 .
Cet lment de G est appel commutateur de x et y. On remarquera que le
groupe G est ablien si et seulement si, pour tous x et y lments de G, on a
[x, y] = 1.
On note D(G) le sous-groupe de G engendr par les commutateurs [x, y] pour
x et y parcourant G et on lappelle sous-groupe driv de G.
Le sous-groupe D(G) est normal dans G et le groupe G/D(G) est ablien. Si
H est un sous-groupe normal de G, le groupe G/H est ablien si et seulement si
D(G) H.
Soient X un ensemble et L(X) le groupe libre de base X (cf. chapitre III).
On considre le groupe G donn par gnrateurs et relations :
G X | [x, y], x X, y Y .
1. Montrer que le groupe G est isomorphe au groupe L(X)/D(L(X)).
Algbre T1
et iX : X L(X)
156
Thmes de rflexion
Il est clair que le groupe (Q, +) est divisible et que (Z, +) ne lest pas.
Nous allons dabord tudier quelques proprits des sous-groupes divisibles
dun groupe, puis nous tablirons un thorme de structure des groupes divisibles.
1. Soit G un groupe ; montrer que les sous-groupes divisibles de G engendrent un
sous-groupe divisible maximal.
2. Montrer que tout sous-groupe divisible D dun groupe G est en facteur direct
dans G. (On utilisera le lemme de Zorn (cf. appendice) pour montrer quil existe
un sous-groupe maximal H de G tel que H D = {0}.)
Un groupe est dit rduit sil ne possde par de sous-groupe divisible dirent
de {0}.
3. Montrer que tout groupe G scrit G = D R, o D est un groupe divisible
et R est un groupe rduit.
4. Montrer que tout facteur direct dun groupe divisible est un groupe divisible.
On sait que tout groupe ablien G est somme directe dun groupe sans torsion
et de son sous-groupe de torsion. Compte tenu de ce qui prcde, pour tudier
la structure des groupes divisibles, il sut dtudier les groupes divisibles sans
torsion et les groupes divisibles de torsion.
Comme, de plus, un groupe de torsion est somme directe de ses composantes
p-primaires, pour tudier les groupes divisibles de torsion, il sut dtudier les
p-groupes divisibles.
Algbre T1
158
Thmes de rflexion
a1 0 0 0 0
0 a2 0 0 0
.. .. .. .. .. .. ..
. . . . . . .
U AV =
0 0 aq 0 0
0 0 0 0 0
.. .. .. .. .. .. ..
. . . . . . .
0 0 0 0 0
o les ai sont des nombres entiers positifs tels que a1 |a2 | . . . |aq .
Les nombres ai , 1 i q, sont appels les facteurs invariants de la matrice A.
6. En dduire que deux matrices A et B coecients dans Z sont quivalentes si
et seulement si elles ont mme rang et mmes facteurs invariants.
159
TRAVAUX PRATIQUES
Algorithme de Gauss-Jordan
On dit quune matrice A Mm,n (Q) est sous forme normale chelonne par
ligne (abrg FNEL) si elle scrit :
0 ... 0 1 ... 0 ... 0
A =
1 ... 0
1 ...
... 0
1 ... .
0.
..
0
Algbre T1
Le premier coecient non nul de chaque ligne est appel pivot ; il est toujours
gal 1.
Dautre part, on rappelle que les oprations lmentaires sur les lignes sont
de trois types :
Li Lj (permutation de deux lignes) ;
Li Li ( Q ) ;
Li Li + aLj (a Q).
Lalgorithme de Gauss-Jordan que vous connaissez bien permet, par oprations lmentaires sur les lignes, de mettre une matrice A Mm,n (Q) sous FNEL.
Autrement dit, on peut crire A = P A, o A est de la forme prcdente et
P GLn (Q) est le produit des matrices lmentaires correspondant aux oprations lmentaires appliques successivement. On trouve ces matrices lmentaires
en appliquant la matrice identit In lopration lmentaire en question : par
exemple, Li Li + aLj correspond la matrice In + aEi,j (o Ei,j dsigne la matrice dont tous les coecients sont nuls, lexception de celui en position (i, j),
qui vaut 1). Lcriture A = P 1 A est-elle unique ? Il y a unicit de la matrice
A (si A1 = QA2 , o A1 et A2 sont sous FNEL et Q est inversible, dmontrer
que A1 = A2 ) mais pas de la matrice P (on peut avoir Q = Id dans lgalit
A1 = QA2 , mme si A1 = A2 ).
Quelques commandes Maple utiles :
Matrix, SubMatrix, IdentityMatrix, Transpose et ReducedRowEchelonForm
de la librairie LinearAlgebra, la dernire fonction tant limplmentation de lalgorithme de Gauss-Jordan.
Cet algorithme permet :
2 4 2 2
1. De rsoudre un systme dquations linaires : soit A =
2
B =
1
3
9
6
1
3
3
3
2
6
6
6
3
3
3
0
3
3
15
9
et
Travaux pratiques
3. De donner une base chelonne (canonique) dun sous-espace vectoriel, connaissant un systme gnrateur C1 , . . . , Cn : on applique lalgorithme de GaussJordan la transpose de la matrice A dont les colonnes sont les Ci . Cela revient
eectuer les oprations lmentaires sur les colonnes au lieu des lignes : ainsi
At P = t A est sous forme normale chelonne par colonne.
On suppose que A est toujours la matrice de la premire question ; quelle base
chelonne obtenez-vous
? Comparer
au rsultat
obtenu avec le systme de
2
1
3
3
3
vecteurs C1 =
, C2 =
2
5
3
9
3
, C3 =
2
7
3
27
15
. Quen concluez-vous ?
Algorithme de Hermite
On dit quune matrice A Mm,n (Z) est sous forme normale de Hermite
(abrg FNH) si elle scrit :
0 ... 0 p1 ... + ... +
A =
p2 ... +
p3 ...
... +
pr ... .
0.
..
0
Le premier coecient non nul de chaque ligne est appel pivot ; le pivot pi > 0
de la ligne i se trouve droite du pivot pi1 ; enn, dans chaque colonne contenant
un pivot pi , les coecients (reprsents par un symbole +) sont positifs ou nuls
et strictement infrieurs pi .
Lalgorithme de Hermite permet de rduire une matrice A Mm,n (Z) donne
sous FNH, par des oprations lmentaires sur les lignes. Avec les notations de
la premire partie, on a = 1 et a Z, de sorte que les matrices lmentaires
correspondantes sont dans GLm (Z).
Tout dabord, on note (x) = |x|, x Z, et i0 ,j (A) = minii0 ,Ai,j =0 (Ai,j )
(avec la convention i0 ,j (A) = 0 si Ai,j = 0 pout tout i i0 ). Soit i0 = 1 et soit
j0 le plus petit entier tel que i0 ,j0 (A) = 0 ; on eectue dans lordre :
163
Algbre T1
p +
p1 +
+
+
1
+
p2
+
p2
= Pr
dnition de la FNH, dmontrer que si
, o
..
.
.
.
.
pr
pr
4 12
16
6
8
12
6
1
12
8
22
4
5
13
20
6
4
12
. Soit I lensemble
des indices des colonnes de C = HermiteForm(A) contenant un pivot ; dmontrer que (Ci )iI est un systme libre maximal. Est-ce une base de H ?
Dterminer enn une base chelonne (canonique) de H en utilisant lalgorithme de Hermite appliqu t C.
7. Soit : Z4 Z5 le morphisme de groupes abliens (cest donc une application Z-linaire) dont la matrice dans les bases canoniques est C ; donner
galement une base de Ker .
164
Travaux pratiques
Algorithme de Smith
On dit quune matrice A Mm,n (Z) est sous forme normale de Smith (abrg
FNS) si elle scrit :
d1
A =
d2
..
dr
..
.
0
o les coecients diagonaux di > 0 vrient di | di+1 et les autres coecients sont
nuls.
Lalgorithme de Smith permet de mettre une matrice A Mm,n (Z) donne
sous FNS en un nombre ni dtapes ; chaque tape est une opration lmentaire
sur les lignes ou les colonnes. Le voici :
On note (A) la valeur minimale de sur les coecients non nuls de A (par
convention, (0) = 0). Si (A) = 0, cest termin, sinon on procde comme suit :
tape 1 : On se ramne au cas o (A) = (A1,1 ).
tape 2 : Sil existe sur la premire ligne un lment A1,j non multiple de
A1,1 , on le remplace par le reste r de sa division euclidienne par A1,1 (en
oprant sur les colonnes). On refait les tapes 1 et 2 jusqu ce que tous les
termes de la premire ligne soient multiples de A1,1 (pourquoi ce moment
arrive-t-il ?). On applique alors le mme procd la premire colonne et
lon obtient nalement une matrice dont tous les termes de la premire
ligne et premire colonne sont multiples de A1,1 . Finalement, par opration
lmentaire toujours, on se ramne au cas o A1,j = Ai,1 = 0 pour i = 1 et
j = 1.
tape 3 : On a obtenu une matrice constitue de deux blocs, le coecient
A1,1 et un bloc B Mm1,n1 (Z). Si lun des coecients de B nest pas
multiple de A1,1 , on additionne la ligne de ce coecient la premire, puis
lon remplace llment en question (sur la premire ligne) par le reste de sa
division euclidienne par m1,1 . On refait alors les tapes 1, 2 et 3. Il arrive
un moment o tous les coecients de B sont multiples de A1,1 (pourquoi ?).
On rapplique alors lalgorithme B ; etc.
Cela dmontre algorithmiquement :
165
Algbre T1
Thorme 1. Toute matrice A de Mm,n (Z) est quivalente une matrice A qui est
sous F N S.
Nous allons voir que ce rsultat implique lexistence des facteurs invariants.
De lunicit de ces derniers dcoule alors lunicit de la forme normale de Smith
(matrice A ).
Commande Maple utile : SmithForm de la librairie LinearAlgebra est
limplmentation de lalgorithme de Smith.
8. Soit G un groupe ablien libre de rang ni m et H un sous-groupe de
n
G. Soit (C1 , . . . , Cn ) un systme
n de gnrateurs de H et : Z G le
morphisme qui envoie (xj ) sur j=1 xj Cj . On note A Mm,n (Z) la matrice
de aprs choix dune base (ei ) de G, prenant pour Zn la base canonique.
Comment dduisez-vous du thorme prcdent une base (ei ) de G telle que
H = ri=1 di ei ? En dautres termes, nous venons de dterminer les facteurs
invariants de H dans G et G/H ri=1 Z/di Z Zmr .
9. Calculer P , Q et A en prenant pour A la matrice C de la question 5 et
vrier que A = P AQ. Trouver les facteurs invariants du sous-groupe H de
Z5 engendr par les vecteurs colonnes de C et dterminer la structure du
quotient Z5 /H.
10. Soit G le groupe ablien dni par gnrateurs et relations :
G = {a, b, c}|5a + b 2c, 12a 6b + 5c.
Dterminer la structure de G.
11. Rsoudre lquation
en entiers AX = B, o A est la matrice C de la ques
11
tion 5 et B =
18
4
9
13
Travaux pratiques
torsion E(Q)tors . Cest loccasion dillustrer par des exemples (gure accessibles
la main) des noncs clbres. Enn, on sintressera au problme des nombres
congruents (ce sont les entiers sinterprtant comme laire dun triangle rectangle
dont les trois cts sont rationnels), qui, de manire assez inattendue a priori, est
reli au calcul du rang du groupe E(Q) pour certaines courbes elliptiques.
t
I
t
L
Q
1 t
tP + Q
L2
(1)
Il existe une dnition plus gnrale, mais nous nous contenterons de celle-ci an de simplier
lexposition. En caractristique 3, on considre des quations du type y 2 = x3 + ax2 + bx + c.
En caractristique 2, il faut prendre y 2 + cy = x3 + ax + b ainsi que y 2 + xy = x3 + ax2 + b.
167
Algbre T1
Cas o P = Q :
L1 est la tangente
C en P qui est
point dinexion.
L1 est la tangente
E en P.
L1
PP P
t
PP
PP
PP t
PP
I PP
P
t2P
t
L1
L2
P=I
t2P
L2
Cas particuliers :
Ici P + Q = O.
Ici 2P = O.
E
P
L1
E
tP
tQ
L1
Travaux pratiques
o =
y2 y1
x2 x1
(1)
o =
3x21 + a
2y1
(2)
Si x1 = x2 et y1 = y2 (i.e. Q = P ), alors P + Q = O.
2. An dimplmenter la loi de groupe, on dnit un point P par la liste P:=[x,y]
de ses coordonnes si P = O et lon reprsente le point linni O par le
symbole O. La courbe elliptique E sera dnie par le couple E:=[a,b].
crire une procdure appart(E,P) testant si le point P appartient E ainsi
que deux prcdures somme1(E,P,Q) et somme2(E,P) renvoyant P + Q calcul avec les formules (1) et (2) respectivement. Enn, crire une procdure
somme(E,P,Q) renvoyant O si P + Q = O et les coordonnes de P + Q sinon
(on prendra soin de traiter tous les cas de gure et de procder au pralable
aux vrications qui simposent).
Tester avec E : y 2 = x3 36x, P = (3, 9), Q = (2, 8) et calculer P + Q,
35
25 35
2P et 2Q. On doit trouver (6, 0), ( 25
4 , 8 ) et ( 4 , 8 ) respectivement. Que
remarquez-vous concernant 2P et 2Q ?
169
Algbre T1
Thorme 2 (Nagell-Lutz). Soit E une courbe elliptique dnie sur Q par une quation y 2 = x3 + ax + b, o a et b sont deux entiers relatifs, et soit P = O un point
rationnel. Alors P = (x, y) a des coordonnes entires vriant ou bien y = 0 ou
bien y 2 | = 4a3 + 27b2 .
170
Travaux pratiques
Algbre T1
6. On dsire dterminer lordre dun point P E(Q) dont les coordonnes (x, y)
sont entires : on calcule donc les multiples nP successivement. Si P est dordre
inni, dire pourquoi on trouvera un point nP nayant plus ses coordonnes
entires au bout de quelques itrations. Pourquoi est-il susant daller jusqu n = 12 ? En dduire un algorithme de calcul de lordre. La procdure
ordre(E,P) renverra infinity si P est dordre inni, et lentier gal lordre
de P sinon.
Tester votre procdure sur lexemple habituel ; on rpondra notamment la
conjecture de la question 4.
7. crire une procdure NagellLutz(E) renvoyant la liste formate comme suit :
[N,[[O,1],[[x1,y1],r1],...,[[xn,yn],rn]]] des N lments de E(Q)tors ,
qui sont, outre O (dordre 1), les (xi , yi ), dordre ri . On pourra utiliser les
lignes de commandes suivantes :
>candidatsy:=proc(E) local L,r,i,d;
L:=ifactors(4*E[1]^3+27*E[2]^2); r:=1;
for d in L[2] do r:=r*d[1]^iquo(d[2],2); od;
return([O,op(numtheory[divisors](r))]);
end:
>trouverx:=proc(E,y) local x,sol,L,d;
sol:={solve(y^2=x^3+E[1]*x+E[2],x)};
L:=[]; for d in sol do if type(d,integer) then
L:=[op(L),d]; fi; od;
return(L);
end:
Ces procdures donnent respectivement la liste [y1,...,yn] des entiers naturels y tels que y = 0 ou y 2 | et la liste des abscisses entires des points de E
dordonne y.
Tester sur lexemple habituel ; quelle est la structure de E(Q)tors ?
8. Pour chaque courbe elliptique suivante, dterminer la structure de la partie
de torsion du groupe de Mordell. On utilisera deux mthodes : dune part la
rduction de E modulo dirents p, dautre part Nagell-Lutz.
E1 : y 2 = x3 + 3 ;
E2 : y 2 = x3 + x ;
172
Travaux pratiques
E1
E2
E3
E4
E5
E6
E7
E8
: y 2 + 7xy = x3 + 16x ;
: y 2 + xy 5y = x3 5x2 ;
: y 2 y = x3 x2 ;
: y 2 + xy + y = x3 x2 14x + 29 ;
: y 2 + xy = x3 45x + 81 ;
: y 2 + 43xy 210y = x3 210x2 ;
: y 2 + 5xy 6y = x3 3x2 ;
: y 2 + 17xy 120y = x3 60x2 .
Algbre T1
XY
2
Travaux pratiques
175
VII
GROUPES RSOLUBLES
1 : {e} = Hn Hn1 H1 H0 = G
2 : {e} = Kp Kp1 K1 K0 = G.
On pose Hi,j = Hi (Hi1 Kj ) et Kl,m = Kl (Kl1 Hm ), 1 i n,
1 m n, 1 j p, 1 l p. Puisque Hi Hi1 et Kl Kl1 , Hi,j et
Kl,m sont des sous-groupes de G. On considre 1 la suite de sous-groupes de G
obtenue en intercalant entre Hi et Hi1 les sous-groupes Hi,j , 1 j p. Daprs
le lemme (VII.1.1.(i)), on a
Hi = Hi,p Hi,p1 Hi,j Hi,j1 Hi,0 = Hi1
et la suite 1 est une suite de composition de G, de longueur np, qui est un
ranement de 1 . On procde de la mme manire partir de 2 , en intercalant
les Kl,m , pour obtenir une suite de composition 2 , de longueur np, qui est un
ranement de 2 . Daprs le lemme (VII.1.1.(ii)), on a Hi,j1 /Hi,j Kj,i1 /Kj,i .
On en dduit donc que 1 2 .
: {e} = Gn G1 G0 = G.
Le groupe Gi /Gi+1 est simple si et seulement si Gi = Gi+1 et, pour tout sousgroupe normal N de Gi contenant Gi+1 , on a N = Gi ou N = Gi+1 . Autrement
dit, Gi /Gi+1 est simple si et seulement si Gi+1 est un sous-groupe normal maximal
de Gi . Do le rsultat.
179
Proposition VII.2.2.
(i) Si un groupe ablien admet une suite de Jordan-Hlder, il est ni.
(ii) Un groupe ni (non trivial) admet une suite de Jordan-Hlder.
Dmonstration. (i). Soit G un groupe ablien et
{e} = Gn G0 = G
une suite de Jordan-Hlder de G. Chaque groupe quotient Gi /Gi+1 est ablien simple, donc cyclique dordre premier pi (TR.I.B). On en dduit que
|G| = p0 . . . pn1 est ni.
(ii). Soit G un groupe ni (non simple) et N0 lensemble de ses sous-groupes
normaux propres. Cest un ensemble non vide ni. Toute suite strictement croissante dlments de N0 est nie, donc N0 a un lment maximal G1 et le groupe
G/G1 est simple. Si le groupe G1 est simple, on a une suite de Jordan-Hlder
{e}G1 G. Sinon, on recommence en considrant lensemble N1 des sous-groupes
normaux propres de G1 . Puisque le nombre de sous-groupes de G est ni, en un
nombre ni de telles oprations, on a une suite de Jordan-Hlder
{e} = Gn Gn1 G1 G0 = G.
Exemples VII.3.1.
a) Tout groupe ablien est rsoluble.
b) Le groupe S3 est rsoluble, car {e} A3 S3 est une suite de composition
et A3 Z/3Z, S3 /A3 Z/2Z.
c) Le groupe S4 est rsoluble, car {e}V4 A4 S4 est une suite de composition
et V4 Z/2Z Z/2Z, A4 /V4 Z/3Z, S4 /A4 Z/2Z.
181
{e} = Gn Gn1 G1 G0 = G
une suite de composition de G dont les quotients sont abliens et soit H un
sous-groupe de G. On pose Hi = H Gi : alors,
{e} = Hn Hn1 H1 H0 = H
est une suite de composition de H. On a,
Hi /Hi+1 = (H Gi )/(H Gi+1 ).
Ce dernier groupe est, daprs le lemme (VII.1.1.(ii)), isomorphe
(Gi+1 (H Gi ))/Gi+1 qui est un sous-groupe de Gi /Gi+1 , donc ablien.
VII.4. Applications
VII.4. Applications
Proposition VII.4.1. Les groupes simples rsolubles sont les groupes cycliques
dordre premier.
Dmonstration. Il est clair que les groupes cycliques dordre premier sont simples
et rsolubles. Rciproquement, soit G un groupe simple et rsoluble. Puisquil
est simple, sa seule suite de composition dcroissante est {e} G et puisquil est
rsoluble, il est donc ablien. On sait quun groupe ablien simple est cyclique
dordre premier (TR.I.B).
lest aussi, daprs le thorme (VII.3.1.(ii)). Or, on sait que pour n 5 le groupe
An est simple (TR.II.B) ; daprs la proposition (VII.4.1) il serait donc cyclique,
ce qui est absurde.
Jordan-Hlder, proposition (VII.2.2.(ii)), qui sont toutes quivalentes, thorme (VII.2.1.(ii)). Supposons que G soit rsoluble ; alors, daprs la proposition (VII.3.1), on a D(G) = G. On peut donc considrer lensemble N0 des sousgroupes normaux de G contenant D(G). Cet ensemble est non vide (D(G) N0 ),
ni, ordonn par inclusion : il admet donc un lment maximal G1 . On a
D(G) G1 , donc le groupe G/G1 est ablien (TR.II.A), et il est simple puisque
G1 est maximal. Le groupe G/G1 est donc cyclique dordre premier. Le groupe G1
est rsoluble, comme sous-groupe dun groupe rsoluble : on applique le mme procd que ci-dessus pour construire un sous-groupe normal G2 de G1 tel G1 /G2
soit cyclique dordre premier. Puisque G est ni, en ritrant un nombre ni de
fois ce procd, on obtient une suite de composition
{e} = Gn Gn1 G1 G0 = G
qui est une suite de Jordan-Hlder dont les quotients sont des groupes cycliques
dordre premier.
183
Rciproquement, supposons que le groupe G admette une suite de JordanHlder dont les quotients sont des groupes cycliques dordre premier : cest une
suite de composition dont les quotients sont des groupes abliens, donc G est
rsoluble.
vident, puisque G est cyclique dordre premier. Supposons le rsultat vrai pour
n 1 et soit G un groupe dordre pn . On sait que G tant un p-groupe, son centre
Z(G) nest pas rduit {e}, (exercice IV.4). Le groupe Z(G) est dordre pm , il a
donc un sous-groupe H dordre p, normal dans G (puisque H Z(G)). Le groupe
G/H est un p-groupe dordre pn1 . Par hypothse de rcurrence, il admet une
suite de composition
{e} = H/H G1 /H Gn /H = G/H
telle que |Gi /H| = pi1 . Do, on a
{e} = G0 G1 Gn = G
avec |Gi | = pi .
184
Deuxime partie
VIII
ANNEAUX DE POLYNMES
Exemples VIII.1.1.
a) Lensemble des entiers relatifs Z, muni de laddition et de la multiplication
usuelles, est un anneau commutatif.
b) Les ensembles Q des nombres rationnels, R des nombres rels, C des
nombres complexes, munis des oprations usuelles, sont des corps.
c) Lensemble Mn (k) des matrices (n, n) coecients dans un anneau commutatif k, muni de laddition et de la multiplication des matrices, est un anneau,
non commutatif pour n 2.
d) Soit G un groupe ablien (not additivement), alors End(G) muni de laddition et de la composition des morphismes de groupes est un anneau (en gnral
non commutatif).
e) Pour tout entier n > 0, le groupe ablien Z/nZ (cf. exemple I.1.2.b)), muni
de la multiplication dnie par cl(p)cl(q) = cl(pq) est un anneau commutatif,
dont lunit est cl(1).
Exercice VIII.1.
1. Soient X un ensemble et A un anneau. On note F(X, A) lensemble des
applications de X dans A. Montrer que F(X, A) muni des oprations dnies par
f F(X, A), g F(X, A), x X, (f + g)(x) = f (x) + g(x)
f F(X, A), g F(X, A), x X, (f g)(x) = f (x)g(x)
est un anneau (commutatif si et seulement si A est commutatif).
2. Soient X un ensemble et P(X) lensemble des parties de X. Pour deux
lments A et B de P(X) on pose
AB = (A (X \ B)) (B (X \ A)),
188
Remarque VIII.1.1. Il est clair quun anneau A = {0} est un corps si et seulement
si U(A) = A \ {0}.
Exercice VIII.3. ().
1. Soient K un corps commutatif et G un sous-groupe ni de K = U(K).
Montrer que le groupe G est form de racines de lunit, (cf. XV.1), et quil est
cyclique. (En notant n le ppcm des ordres des lments de G, on montrera, en utilisant le thorme de structure des groupes abliens de type ni (cf. chapitre VI),
quil existe un lment x de G dordre n et on montrera que G = x).
2. En dduire que si K est un corps ni commutatif q lments, le groupe K
est cyclique dordre (q 1).
Dans la question ci-dessus, lhypothse corps ni commutatif est redondante
puisque tout corps ni est commutatif (cf. chapitre XV).
189
Dnition VIII.1.3. Une partie B dun anneau (resp. corps) A est un sousanneau (resp. sous-corps) de A si, munie des lois induites par celles de A,
cest un anneau (resp. corps).
Proposition VIII.1.2. Une partie B dun anneau A est un sous-anneau de A si et
seulement si les trois conditions suivantes sont vries :
(i) B munie de laddition induite par celle de A est un sous-groupe ablien de
(A, +)
(ii) B contient llment unit 1 de A
i2 = 1}
1. Dterminer
le sous-anneau et le sous-corps de R engendr par 2. Mmes
questions avec 3 2.
2. Soient A un anneau et S une partie
Montrer que le sous-anneau de A
de A.
ni
ni1
si1 . . . sik k , avec sij S et nij N.
engendr par S est form des lments
f inie
Remarques VIII.2.1.
a) Il est clair que A et {0} sont des idaux de A.
b) Il est vident que si I est un idal dun anneau A et si 1 I, alors I = A.
La discussion prcdente montre que :
I et J.
Si {Il }lL est une famille non vide didaux dun anneau A, alors
Il est un
lL
idal de A.
Exercice VIII.6. Montrer que les idaux de lanneau Z sont les (n) pour n parcourant N. (On utilisera la division euclidienne dans Z.)
Dnition VIII.2.3. Soient A et B deux anneaux (resp. corps). Un morphisme
danneaux (resp. de corps) de A dans B est une application f : A B
vriant
(x, y) A A, f (x + y) = f (x) + f (y)
(x, y) A A, f (x.y) = f (x).f (y)
f (1A ) = 1B .
Un morphisme danneaux (resp. corps) f : A B est un isomorphisme danneaux (resp. corps) sil existe un morphisme danneaux (resp. corps)
g : A B tel que g f = idA et f g = idB .
Proposition VIII.2.5. Soient A un anneau et I un idal de A. La projection canonique A A/I, qui un lment de A associe sa classe modulo I, est un
morphisme surjectif danneaux.
192
Exercice VIII.7.
1. Dterminer tous les morphismes danneaux de Z dans Z, de Q dans Z, de
R dans Q. (On remarquera que la condition f (1) = 1 est trs contraignante et
diminue fortement le nombre de morphismes possibles entre deux anneaux.)
2. Soit f : A B un morphisme danneaux. Montrer que f (U(A)) U(B).
3. Montrer quun morphisme de corps est toujours injectif.
Remarque VIII.2.2. Si A est un anneau et I un idal de A, la proposition prcdente, applique la projection A A/I, montre quil y a une correspondance
biunivoque entre les idaux de lanneau A/I et les idaux de A qui contiennent I.
Exercice VIII.8. Montrer que les idaux de lanneau Z/nZ correspondent aux
nombres entiers positifs qui divisent n.
Les exercices VIII.6 et VIII.8 montrent quil y a une relation troite entre
nombres et idaux. Nous pouvons expliciter maintenant linterprtation de la divisibilit des nombres en termes didaux.
193
Exemple VIII.3.1. Lanneau Z est intgre. Tout corps est intgre. Lanneau M2 (R)
nest pas intgre.
194
Exercice VIII.9.
1. Soit p un nombre premier. Dterminer tous les diviseurs de zro de lanneau
Z/p2 Z.
2. Montrer que pour tout n 2 et pour tout corps commutatif k, lanneau
Mn (k) nest pas intgre.
3. Montrer que si X est un ensemble tel que card(X) > 1, lanneau F(X, A)
dni lexercice VIII.1.1 nest pas intgre.
4. Un lment a dun anneau A est nilpotent sil existe un entier n > 0 tel
que an = 0.
a) Montrer que dans Mn (k), n 2, il existe des lments nilpotents.
b) Soient a et b des lments dun anneau A. Montrer que si ab est nilpotent,
alors ba lest aussi.
c) Montrer que si ab = ba et si a et b sont nilpotents, alors ab et a + b sont
nilpotents.
Remarque VIII.3.1. Il est clair quun sous-anneau dun anneau intgre est intgre.
Ce nest pas le cas pour le quotient par un idal, comme on le voit facilement avec
Z/4Z par exemple.
On va dgager une notion didal telle que lintgrit de lanneau soit conserve
par passage au quotient par les idaux de ce type.
Dnition VIII.3.3. Un idal propre m dun anneau A, est dit maximal sil
vrie les conditions de la proposition (VIII.3.2).
Proposition VIII.3.3. Soit A un anneau, un idal propre m de A est maximal si et
seulement si lanneau A/m est un corps.
Thorme VIII.3.1. Soit A un anneau, tout idal I de A est contenu dans un idal
maximal de A.
Exercice VIII.10.
1. Montrer quun idal (p) de Z est maximal (resp. premier) si et seulement si
p est un nombre premier (resp. nul ou premier). (On remarquera donc que dans
lanneau Z un idal non nul est maximal si et seulement sil est premier. Ceci est
une proprit gnrale des anneaux principaux qui sera tudie au paragraphe 7.)
2. Dduire de ce qui prcde que lanneau Z/pZ est un corps si et seulement
si cest un anneau intgre.
Ceci est vrai de faon plus gnrale pour les anneaux nis, comme le montre
la question suivante.
3. Soit A un anneau ni intgre.
a) Montrer que pour tout lment a A, a = 0, les applications a : x xa
et a : x ax sont des automorphismes du groupe (A, +).
b) En dduire quun anneau ni est un corps si et seulement sil est intgre.
(On pourra remarquer que, si lon suppose que A est un ensemble ni muni
de deux lois satisfaisant les axiomes dnissant un anneau, sauf celui concernant
lexistence dun lment unit, lassertion a) ci-dessus est encore vraie et quelle
entrane lexistence de llment unit.)
Ai lensemble des
iI
Ai , muni de laddition composante
iI
Ai car ils sont vris pour chaque
iI
composante.
Ai
iI
tel que pi h = fi , i I.
tel que
(iii) Si les idaux I et J sont trangers, alors les anneaux A/IJ et A/I A/J
sont isomorphes.
Plus gnralement, on a le rsultat suivant :
i=1
Exercice VIII.11.
a) Montrer que si p et q sont des entiers positifs, pZqZ = pqZ si et seulement
si p et q sont premiers entre eux.
Montrer que les anneaux Z/pZ Z/qZ et Z/pqZ sont isomorphes si et seulement si p et q sont premiers entres eux.
b) Gnraliser cette dernire assertion en montrant que les anneaux
Z/p1 Z . . . Z/pk Z et Z/p1 . . . pk Z
sont isomorphes si et seulement si les entiers pi , 1 i k, sont premiers entre
eux deux deux.
c) Montrer que pour tout nombre n N dont la dcomposition en facteurs
premiers est n = ps11 . . . pskk , lanneau Z/nZ est canoniquement isomorphe lanneau Z/ps11 Z . . . Z/pskk Z.
Thorme VIII.5.1. Les oprations ci-dessus sont bien dnies et munissent lensemble quotient (A S)/R dune structure de corps, quon notera F (A). Lapplication a a/1 est un morphisme injectif danneaux de A dans F (A).
Exemples VIII.5.1.
a) Si A = Z, F (A) = Q.
b) Si A = R[X], F (A) est le corps des fractions rationnelles en X coecients
dans R. Plus gnralement, si A est un anneau intgre, F (A[X]) = F (A)(X), le
corps des fractions rationnelles coecients dans le corps F (A).
Lexercice ci-dessous montre que le corps des fractions dun anneau intgre est
solution dun problme universel. Ceci montre lunicit ( isomorphisme unique
prs) du corps construit ci-dessus et permet, en particulier, de vrier si un corps
donn est le corps des fractions dun anneau intgre donn.
Exercice VIII.12. (). Soit A un anneau intgre ; montrer quun corps K est isomorphe au corps des fractions de A si et seulement sil existe un morphisme injectif
danneaux : A K et si, pour tout corps L et tout morphisme injectif danneaux : A L, il existe un unique morphisme (injectif) de corps : K L
tel que = .
f + g : Nn
i
h = f g : Nn
i
A
f (i) + g(i)
A
h(i) = j+k=i f (j)g(k).
199
Exercice VIII.13.
1. Vrier que ces oprations munissent Pn (A) dune structure danneau commutatif, dont llment unit est lapplication dnie par
!
i 0 si i = 0
0 1.
2. Montrer que lapplication A Pn (A), dnie par a fa , avec fa (0) = a
et fa (i) = 0 si i = 0, est un morphisme injectif danneaux.
Dans la suite, on identiera, par ce morphisme, le sous-anneau {fa }aA de
Pn (A) lanneau A.
VIII.6.1. Cas n = 1
Les lments de N seront nots i (et non pas i). On note X lapplication
N A dnie par X(1) = 1 et X(i) = 0 si i = 1. Daprs la dnition de la
multiplication dans P1 (A), on a
!
0 si i = 2
2
X(j)X(k) =
X (i) =
1 si i = 2
j+k=i
et
s N, s 1,
X (i) =
0
1
si i = s
si i = s.
n
ai X i ,
i=0
VIII.6.2. Cas n 2
On considre les n-uples suivants :
i1 = (1, 0, . . . , 0), . . . , ij = (0, . . . , 0, 1, 0, . . . , 0), . . . , in = (0, . . . , 0, 1),
o dans ij = (0, . . . , 0, 1, 0, . . . , 0) le 1 est la j me place, et on dnit Xk Pn (A),
1 k n, par
!
1 si i = ik
Xk (i) =
0 si i = ik .
On pose Xk0 gal llment unit de Pn (A), quel que soit k.
Pour tout a A et tout i = (i1 , . . . , in ), daprs la dnition de la multiplication dans Pn (A), llment a X1i1 . . . Xnin de Pn (A) vrie
!
a si j = i
a X1i1 . . . Xnin (j) =
0 si j = i
(vrication par rcurrence sur |i| = i1 + . . . + in ). Un tel lment est appel un
monme et, sil nest pas nul (i.e. si a = 0), son degr est |i| = i1 + . . . + in .
Par consquent, en posant f (i) = ai , chaque lment de Pn (A) scrit alors de
faon unique sous forme dune somme nie de monmes distincts
ai X1i1 . . . Xnin ,
f=
i
avec i = (i1 , . . . , in ). Une telle expression est appele polynme en les n indtermines X1 , . . . , Xn , les ai sont les coecients de ce polynme, a0 est le
coecient constant. Le degr total, not deg(f ), du polynme f = 0 est le
sup des |i| = i1 + . . . + in tel que ai soit non nul. Par convention, si f = 0, on
pose deg(f ) = .
On note lanneau Pn (A) sous la forme A[X1 , . . . , Xn ].
201
f=
ai X1i1 . . . Xnin ,
i1 + . . . + in = s
bj X1j1 . . . Xnjn ,
j1 + . . . + jn = t.
et
g=
j
En posant
(f ) =
on obtient une application bien dnie qui vrie |A = et, pour tout i,
(Xi ) = yi . Vrions que est un morphisme danneaux.
On a (1) = (1) = 1. Dautre part, soient
ai X1i1 . . . Xnin et g =
bj X1j1 . . . Xnjn ,
f=
i
alors
f +g =
(ai + bi ) X1i1 . . . Xnin
i
203
o ai (resp. bi ) est nul si le monme X1i1 . . . Xnin napparat pas dans f (resp. g),
et
ch X1h1 . . . Xnhn , ch =
ai bj .
fg =
h
i+j=h
On a donc
(f + g) =
Dautre part,
(f g) =
mais
(ch ) =
(ai )(bj ),
i+j=h
do
(f g) =
h
i+j=h
f = a1 (bX mn + q1 )g + a1 r1 ,
Unicit : Supposons quil existe un autre couple (q , r ), avec deg(r ) < deg(g),
tel que f = gq + r . Alors g(q q ) = r r et, si r r = 0, deg(q q ) + deg(g) =
deg(r r), ce qui est impossible. Do r = r , ce qui entrane q = q .
Dnitions VIII.7.1.
a) Soient A un anneau et I un idal de A. On dit que I est principal sil
est engendr par un lment (i.e. a A tel que I = (a)).
b) Un anneau A est principal sil est intgre et si tout idal de A est
principal.
La discussion prcdente montre le rsultat fondamental suivant :
Exercice VIII.14. Montrer que lanneau Z[X] nest pas principal. (Considrer
lidal de Z[X] engendr par 2 et X.)
205
206
Remarques VIII.7.3.
a) Daprs la dnition dun idal premier, dnition (VIII.3.2), un lment
a A est premier sil est non nul et non inversible et vrie
a|bc = (a|b
ou a|c).
Proposition VIII.7.1. Si A est un anneau intgre, tout lment premier non nul est
irrductible.
Dmonstration. Puisque lidal (a) est premier, on a (a) = A, donc a est non
inversible dans A. Si a = bc, alors b (a) ou c (a) puisque (a) est un idal
premier. Si b (a), alors b = ua, do a = bc = uac et a(1 uc) = 0. Puisque
lanneau A est intgre, on a (1 uc) = 0, ce qui signie que c est inversible. Si
cest c qui appartient (a), le mme raisonnement montre que b est inversible.
Attention. La rciproque est fausse (cf. exercice VIII.15 ci-dessous). Cependant, voir la remarque VIII.7.4 ci-dessous.
Remarque VIII.7.4. Un idal maximal tant premier, ce qui prcde montre que,
dans un anneau principal, les lments premiers (resp. les idaux premiers non
nuls) et les lments irrductibles (resp. les idaux maximaux) concident. En
particulier, si K est un corps et si f est un polynme de K[X], on a les quivalences
suivantes :
f est irrductible K[X]/(f ) est un corps K[X]/(f ) est intgre.
Exercice VIII.16. Montrer que lanneau A[X] est principal si et seulement si A est
un corps.
Proposition VIII.7.3. Soit A un anneau intgre dans lequel tout lment non nul et
non inversible est produit ni dlments irrductibles de A. Alors les assertions
suivantes sont quivalentes :
(i) Si a est un lment non nul et non inversible de A et si a = p1 . . . pn =
q1 . . . qm , o les lments p1 , . . . , pn , q1 , . . . , qm sont des lments irrductibles
de A, alors m = n et il existe une permutation Sn et des lments inversibles
de A, u1 , . . . , un , tels que qi = ui p(i) , i = 1, . . . , n
(ii) Si a est un lment irrductible de A, alors a est un lment premier.
Dmonstration. Montrons que (i) implique (ii). Soient b et c deux lments non
nuls de A et supposons que a divise bc. Si b (resp. c) est inversible, il est vident
que a divise c (resp. b). On suppose donc que b et c sont non inversibles. On a
alors bc = ad avec d non inversible, sinon llment a tant irrductible, on aurait
b ou c inversible. On a donc
b = p 1 . . . pr ,
c = pr+1 . . . pr+s ,
d = q 1 . . . qt
inversibles est vide et toutes les assertions ci-dessus sont vries. On suppose
donc que A nest pas un corps.
Soient a un lment non nul et non inversible de A. Si a est irrductible, lassertion est vrie. Supposons que a est non irrductible : montrons dabord que a
admet un facteur irrductible. Sil nen admettait pas, on pourrait crire a = a1 b1
avec a1 et b1 non inversibles. De la mme manire, on aurait a1 = a2 b2 avec a2 et
b2 non inversibles. En ritrant ce procd, on aurait une suite dlments ai avec
ai |ai+1 et, pour tout i, ai = ui ai+1 avec ui inversible. Autrement dit, on aurait
une suite strictement croissante didaux {(a)}iN , ce qui est en contradiction
avec le fait que A est un anneau principal, daprs le thorme (VIII.7.3). Ceci
montre que a = p1 a1 avec p1 irrductible : si a1 est inversible, cest termin. Sinon,
on a a1 = p2 a2 avec p2 irrductible. Ce processus sarrte au bout dun nombre
ni dtapes, sinon on aurait nouveau une suite strictement croissante didaux
{(a)}iN . Il existe donc un entier n tel que a = an p1 . . . pn , avec an inversible et
p1 , . . . , pn irrductibles.
(ii). Supposons que q soit un lment
irrductible de A et que q|bc. Daprs
lassertion (i), on peut crire b = u pP pnp , avec u inversible et np entiers positifs
209
ou nuls, non nuls pour un nombre ni de p, et c = v pP pnp , avec v inversible
et np entiers positifs ou nuls, non nuls pour un nombre ni de p. Puisque q|bc, on
a nq + nq 1, donc nq 1 ou nq 1 et q|b ou q|c.
VIII.8. Divisibilit
Dnition VIII.8.1. Soient a et b deux lments dun anneau A.
a) On appelle plus grand diviseur commun de a et b, et on note
pgcd(a, b), tout lment d de A vriant les deux proprits suivantes :
(i) d|a et d|b
(ii) x A tel que x|a et x|b, alors x|d.
b) On appelle plus petit commun multiple de a et b, et on note
ppcm(a, b), tout lment m de A vriant les proprits suivantes :
(i) a|m et b|m
(ii) x A tel que a|x et b|x, alors m|x.
VIII.8. Divisibilit
jJ
o u et v sont des lments inversibles de A, les pi et pj sont des lments irrductibles, i et j sont des entiers positifs. En acceptant que des i et j soient
ventuellement nuls, on peut supposer que I = J. Alors,
pkk ,
pkk
kI
kI
avec
k = inf (k , k ) ,
k = sup(k , k )
on a dm = ab.
kI
Remarque VIII.8.2. La dnition dun pgcd (resp. ppcm) de deux lments dun
anneau stend clairement une famille nie dlments a1 , . . . , an de A. Le mme
procd que celui montrant lexistence dun pgcd (resp. ppcm) de deux lments
dun anneau principal, montre lexistence dun pgcd (resp. ppcm) dune famille
nie dlments.
Dnition VIII.8.2. Des lments a1 , . . . , an dun anneau principal A sont dits
trangers sils admettent lunit de A pour pgcd.
211
Proposition VIII.8.2.
(i) Soient a1 , . . . , an des lments dun anneau principal A et d un pgcd de
ces lments. Posons ai = dai , i = 1, . . . , n. Les lments ai , i = 1, . . . , n, sont
trangers.
(ii) Si a1 , . . . , an sont des lments trangers deux deux dun anneau principal, le produit a1 , . . . , an est un ppcm de a1 , . . . , an .
Dmonstration. Laisse au lecteur titre dexercice.
n
i=1 (ai ).
Dans tout ce paragraphe, A est un anneau principal et K est son corps des
fractions.
Soit p un lment irrductible (ou premier) dun ensemble complet P dlments irrductibles de A. Pour tout lment a de K , on peut crire a = pr b,
b K , r Z, p ne divisant ni le numrateur ni le dnominateur de b. Lunicit
de la dcomposition en produit de facteurs irrductibles dans A implique que lentier r ainsi dni est unique. On pose r = ordp (a) et on appelle cet entier lordre
de a en p. Si a est nul, on pose ordp (a) = pour tout p.
Il est clair que
a, a K, ordp (aa ) = ordp (a) + ordp (a ).
Soit f (X) = a0 + a1 X + . . . + an X n un lment de K[X]. Si f = 0, on pose
ordp (f ) = , si f = 0, on pose ordp (f ) = inf i (ordp (ai )), le inf tant pris sur
les i tels que ai = 0. On pose alors
pordp (f )
c(f ) =
pP
n
ai X i A[X],
i=0
alors c(f ) = pgcd(ai )0in , le pgcd tant pris sur les coecients non nuls de f .
Il est clair que si b est un lment de K , alors c(bf ) = bc(f ). On peut donc
crire f (X) = c(f )f1 (X), avec c(f1 ) = 1 et f1 A[X]. En eet, crivons
f (X) =
n
ai
i=0
bi
X i,
f (X) =
i=0
d
f1 (X),
b
avec f1 (X) =
n
ai X i .
i=0
213
K[X], lcriture
f (X) = c(f )f1 (X) consiste rduire au mme dnominateur et mettre
en facteur les facteurs communs aux coecients .
Autrement dit, pour un polynme f A[X], montrer que c(f ) = 1 revient
montrer quil nexiste aucun lment irrductible p de A qui divise tous les
coecients de f .
Lemme VIII.9.1 (de Gauss). Soient a un lment irrductible dun anneau principal
A, f A[X] et g A[X]. Si a divise le produit f g, alors a divise f ou a divise g.
Dmonstration. crivons
f (X) = b0 + b1 X + . . . + bn X n ,
g(X) = c0 + c1 X + . . . + cm X m .
de a.
Lemme VIII.9.3. Soient A un anneau principal et K son corps des fractions. Soient
f et g deux lments de K[X], alors c(f g) = c(f )c(g).
214
trer que si c(f ) = c(g) = 1, alors c(f g) = 1, avec f et g dans A[X]. Posons
f (X) = a0 + . . . + an X n , an = 0,
et g(X) = b0 + . . . + bm X m , bm = 0.
Remarques VIII.9.1.
a) On dduit de ce qui prcde que si f (X) A[X] scrit f (X) = g(X)h(X)
dans K[X], alors, en posant g(X) = c(g)g1 (X), avec g1 (X) A[X], et
h(X) = c(h)h1 (X), avec h1 (X) A[X], on a f (X) = c(g)c(h)g1 (X)h1 (X), o
c(g)c(h) est un lment de A. En eet, c(f ) = c(g)c(h)c(g1 h1 ) = c(g)c(h) et,
puisque f (X) A[X], c(f ) est un lment de A.
b) Il est clair que si f A[X] est un polynme de degr strictement positif tel
que c(f ) = 1, (ou c(f ) non inversible dans A), f nest pas irrductible dans A[X]
puisquil scrit f = c(f )f1 , avec c(f ) et f1 non inversibles. La condition c(f ) = 1
est donc ncessaire pour que le polynme f soit irrductible dans A[X].
ai 0 (mod p) i < n,
a0 0 (mod p2 ),
g(X) = b0 + . . . + bp X p ,
h(X) = c0 + . . . + cq X q ,
avec bp = 0, cq = 0, p 1, q 1.
Puisque b0 c0 = a0 est divisible par p mais pas par p2 , lun et lun seulement des
lments b0 ou c0 est divisible par p. On peut supposer que b0 nest pas divisible
par p et que c0 est divisible par p. Puisque an = bp cq nest pas divisible par p,
cq nest pas divisible par p. On peut donc considrer r, r q < n, le plus petit
entier tel que cr ne soit pas divisible par p. Alors, ar = b0 cr + b1 cr1 + . . . nest
pas divisible par p, puisque p ne divise pas b0 cr mais divise tous les autres termes
de la somme, ce qui est contraire lhypothse.
216
Exemples VIII.9.1.
a) Soit a = 1 Z un lment sans facteur carr. Alors pour tout n 1, le
polynme X n a est irrductible dans Q[X].
b) Soit p un nombre premier. Alors le polynme
f (X) = 1 + X + X 2 + . . . + X p1
est irrductible dans Q[X]. En eet, il sut de montrer que f (X + 1) est irrductible dans Q[X]. On a
f (X + 1) = (X + 1)p1 + . . . + (X + 1) + 1 =
1
=
X
X +
p1
k=1
Cpk X k
=X
p1
p2
(X + 1)p 1
(X + 1) 1
Cpk+1 X k + p
k=2
p
q
par rcurrence sur n, que f (X) est divisible dans A[X] par (X a1 ) . . . (X an ).
Daprs le thorme (VIII.10.1), lassertion est vraie pour n = 1. Supposons quelle
soit vraie pour n 1. On a f (X) = (X a1 ) . . . (x an1 )g(X). Lanneau A tant
intgre et an = ai , i < n, f (an ) = 0 implique que g(an ) = 0. Le polynme g(X)
est donc divisible par (X an ), do le rsultat.
s
i=0
218
un polynme de A[X]. On sait, depuis les cours danalyse du lyce, que son polynme driv scrit
f (X) = nan X n1 + (n 1)an1 X n2 + . . . + a1 .
Mais la dnition dune drive utilise la notion de limite, qui nexiste pas en
algbre. Cependant, il existe une notion de drivation en algbre et lon montre
(cf. [14]), ce que lon admettra ici, que tout polynme admet un polynme driv
dont lexpression est la mme que ci-dessus.
Proposition VIII.10.1. Avec les mmes notations que ci-dessus, a est une racine
multiple de f si et seulement si f (a) = 0 et f (a) = 0, o f est le polynme
driv de f .
a
est
racine
multiple
dordre
m
de
avec
g(a)
=
0,
do
f (X),
on
a
f (X) = (X a)m g(X)
f (X) = (X a)m g (X) + m(X a)m1 g(X). Si m > 1, alors f (a) = 0 ;
si m = 1, alors f (X) = (X a)g (X) + g(X), donc f (a) = g(a) = 0.
Dmonstration. Si
Proposition VIII.10.2. Si K est un corps de caractristique nulle dnition (cf. dnition IX.1.3), pour que a K soit une racine dordre r dun polynme f K[X],
il faut et il sut que
f (a) = f (a) = . . . = f (r1) (a) = 0 et f (r) (a) = 0.
219
On en dduit que f (k) (a) = 0 pour 0 k r 1. Dautre part, f (r) (a) = r!g(a)
et, puisque g(a) = 0 et que K est un corps de caractristique nulle, f (r) (a) = 0.
Rciproquement, supposons que
f (a) = f (a) = . . . = f (r1) (a) = 0 et f (r) (a) = 0.
Puisque K est un corps de caractristique nulle, on peut diviser par k! et on crit :
f (X) =
k=n
(X a)k
k=0
f (k) (a)
k!
(utiliser le fait que les polynmes {(X a)k }kN forment un base de K[X] et
identier les coecients).
Par hypothse, tous les termes pour k r 1 sont nuls, do :
#
"
(r) (a)
(r+1) (a)
f
f
+ (X a)
+ ... .
f (X) = (X a)r
r!
(r + 1)!
Autrement dit, on a f (X) = (X a)r g(X) avec g(a) = 0. Si f (X) tait divisible
par (X a)r+1 , alors g(X) serait divisible par (X a), ce qui est en contradiction
avec g(a) = 0. Donc r est bien le plus grand entier k tel que (X a)k divise f (X).
220
Thorme VIII.11.1. Le sous-anneau de A[T1 , . . . , Tn ] form des polynmes symtriques est isomorphe lanneau A[s1 , . . . , sn ].
Dmonstration. Il est clair que le sous-anneau de A[T1 , . . . , Tn ] form des po-
F (X) = (X T1 ) . . . (X Tn ) = X n s1 X n1 + . . . + (1)n sn .
En faisant Tn = 0, on obtient
(X T1 ) . . . (X Tn1 )X = X n s1 X n1 + . . . + (1)n1 sn1 X
= X(X n1 s1 X n2 + . . . + (1)n1 sn1 ).
Do, (X T1 ) . . . (X Tn1 ) = X n1 s1 X n2 +. . .+(1)n1 sn1 , ce qui prouve
que les polynmes s1 , . . . , sn1 sont les polynmes symtriques lmentaires en
T1 , . . . , Tn1 .
Dnition VIII.11.3. On appelle poids dun monme S1m1 S2m2 . . . Snmn en les
si , lentier m1 + 2m2 + . . . + nmn . On dnit le poids en les si dun polynme f de A[S1 , . . . , Sn ] comme tant le plus grand des poids en les si des
monmes de f .
Proposition VIII.11.2. Soit f A[T1 , . . . , Tn ] un polynme symtrique de degr d. Alors, il existe un polynme g A[T1 , . . . , Tn ] tel que f (T1 , . . . , Tn ) =
g(s1 , . . . , sn ), g tant de poids d en les si .
Dmonstration. On fait un raisonnement par rcurrence sur n. Pour n = 1,
223
THMES DE RFLEXION
Algbre T1
226
Thmes de rflexion
1in
Si f = 0 ou g = 0, on pose Res(f, g) = 0.
1. Soient f (x) = 0 et g(X) = 0 des polynmes coecients dans K. Montrer
que :
(i) Res(f, g) K
227
Algbre T1
1i<jn
(n1)(n2)
2
228
Thmes de rflexion
ag g | ag K, ag = 0 sauf pour un nombre ni de g .
K(G) =
gG
229
Algbre T1
ag g +
bg g =
(ag + bg )g
gG
ag g
gG
bg g =
g G
gG
gG
ag bg gg
g,g G
ag g =
ag g, K.
gG
gG
sS
avec les a() K nuls sauf pour un nombre ni de et les (s) nuls sauf pour un
nombre ni de s.
230
TRAVAUX PRATIQUES
Algbre T1
On en dduit facilement :
Proposition 2. Les irrductibles de Z[i] sont les nombres premiers p tels que
p 1 mod 4 et les lments de norme premire.
(Dcomposer N (z) N en irrductibles.) Il en rsulte galement :
Travaux pratiques
Z[i] qui sera reprsent par une fonction zdiv prenant en entre deux lments
de Z[i] et qui renvoie un vecteur deux lments reprsentant respectivement
le quotient et le reste de la division euclidienne. Tester votre procdure sur les
couples (7 + i, 4 + 3i) et (4 + 3i, 1 + i).
4. En mimant lalgorithme classique du pgcd, crire une procdure zgcd qui renvoie le pgcd, normalis via znormalize, de deux lments de Z[i].
5. Dmontrer la propostion 2 ( partir de la proposition 1), puis crire une procdure iszprime renvoyant true si lentier de Gauss donn est premier et false
sinon. laide de vos procdures, donner (aux inversibles prs, i.e. en se limitant au premier quadrant) la liste de tous les lments premiers de Z[i] de
norme infrieure ou gale 25. En dduire la factorisation des lments 2, 7+i,
4 + 3i, 5 + 3i et 7 + 2i.
La stratgie
Nous allons associer un nombre premier p (de la forme 4k + 1) un lment
premier xp de Z[i] tel que N (xp ) = p. Pour cela, nous allons faire apparatre
xp comme un gnrateur dun idal premier p de Z[i]. En eet, lanneau Z[i] est
principal. Donc tout idal premier est principal, et les idaux premiers non-nuls
sont maximaux. Un gnrateur dun idal premier est un lment premier de Z[i].
Procdons par analyse et synthse : supposons que p = N (xp ) = xp xp . On
vrie facilement que si p = 2 alors xp et xp ne sont pas associs dans Z[i]. Il en
rsulte un isomorphisme danneaux :
Z[i]/(p) Z[i]/(xp ) Z[i]/(xp ),
daprs le thorme chinois. Poursuivons : dune part, Z[i]/(p) est de cardinal p2
(car isomorphe (Z/pZ)2 en tant que groupe ablien) ; dautre part, les quotients
Z[i]/(xp ) et Z[i]/(xp ) sont deux corps car les idaux premiers (xp ) et (xp ) sont
maximaux. Ncessairement, Z[i]/(xp ) est isomorphe Fp = Z/pZ. Autrement
dit, la projection canonique Z[i] Z[i]/(xp ) fournit un morphisme danneaux
Z[i] Fp , de noyau (xp ).
Cela nous amne construire lidal p comme le noyau dun morphisme danneaux f : Z[i] Fp . Noter dj que, puisque Fp est un corps (donc intgre), le
noyau de ce morphisme danneaux sera un idal maximal (donc premier). Un tel
morphisme est entirement caractris par limage de 1 et de i. Nanmoins, tant
un morphisme danneaux, nous avons ncessairement f (1) = 1, et par suite ce
morphisme est dtermin par f (i). Or, i est un lment dordre 4 dans U(Z[i]). Il
ne peut donc senvoyer que sur un lment dordre 4 de F
p . Ensuite, on obtiendra
notre gnrateur par lalgorithme euclidien de Z[i].
233
Algbre T1
Cela permet de mettre en vidence les deux ingrdients techniques dont nous
aurons besoin :
la division euclidienne dans Z[i], dj implmente ;
trouver un lment dordre 4 dans Z/pZ, p tant un nombre premier de la
forme 4k + 1.
Enn, le travail de synthse consiste dmontrer que xp ainsi construit est bien
de norme p. Ce sera fait en n de TP.
7. partir de vos tests, combien de a faut-il choisir en moyenne pour tre sr den
avoir un bon . Donner des arguments thoriques pour valider vos rsultats
p1
exprimentaux. (Remarquer que ak est dordre 4 si et seulement si a 2 = 1 ;
p1
considrer alors lendomorphisme x x 2 de Fp .)
8. En dduire une procdure ordre4 qui, tant donn en entre un nombre premier p de la forme 4k + 1, renvoie un entier c, avec |c| < p/2, et tel que sa
classe dans Fp soit un lment dordre 4.
234
Travaux pratiques
235
IX
GNRALITS SUR LES EXTENSIONS
DE CORPS
Il est bien connu quun polynme f (X) du second degr, coecients dans
R, dont le discriminant est ngatif nadmet pas de racine dans R mais dans C.
Pour rsoudre lquation f (X) = 0 on est donc amen considrer R comme un
sous-corps de C : on dit que C est une extension de R. De manire gnrale, la
thorie des extensions de corps a pour objet de rpondre aux questions suivantes :
tant donns un corps K et f (X) un polynme de K[X], peut-on trouver
un corps L dont K soit un sous-corps et dans lequel on puisse rsoudre
lquation f (X) = 0 ?
tant donn un corps K, peut-on trouver un corps E dont K soit souscorps et dans lequel on puisse rsoudre les quations f (X) = 0, pour tous
les polynmes f (X) de K[X] ?
Bien entendu, les proprits du corps K entrent en jeu, en particulier sa caractristique. Celle-ci caractrise un sous-corps de K, son sous-corps premier,
dont K est une extension. Ce sous-corps premier est soit isomorphe Q, soit isomorphe Z/pZ avec p un nombre premier, de sorte que tout corps est extension
de Q ou de Z/pZ.
Dnition IX.1.2. Un corps est dit premier sil ne contient aucun sous-corps
distinct de lui-mme.
Proposition IX.1.2. Tout corps K contient un sous-corps premier et un seul.
Dmonstration. Cest lintersection de tous les sous-corps de K.
Notons 1A llment unit dun anneau A et considrons le morphisme danneaux : Z A dni par (1) = 1A , i.e. (n) = n1A . Le noyau Ker() de ce
morphisme est un idal de Z, on a donc Ker() = (p), avec p 0.
anneau de K, donc intgre. Par consquent, lidal (p) est premier, i.e. p est un
nombre premier.
Puisque le sous-anneau Im() de K est engendr par 1K , il est contenu dans
tout sous-corps de K, en particulier dans le sous-corps premier de K. Par consquent, le sous-corps premier de K est le corps des fractions de Im(). Si p = 0,
Im() Z et le sous-corps premier de K est isomorphe Q. Si p > 0, alors p est
un nombre premier et Im() Z/pZ est un corps.
IX.2. Extensions
Dmonstration. Notons lapplication dnie sur K par (x) = xp . On a
Remarques IX.1.1.
a) On dduit de la dnition (IX.1.3) que si un anneau A est de caractristique
p > 0, p est le plus petit entier positif tel que, pour tout lment a de A, on ait
pa = 0.
b) On dduit de la proposition (IX.1.3) que si K est un corps de caractristique
p > 0, alors pour tout entier n > 0, on a, dans K, lidentit :
q
i=1
pn
xi
q
xpi .
i=1
IX.2. Extensions
Dnition IX.2.1. Une extension dun corps K est la donne dun corps E et
dun morphisme de corps i : K E.
Un morphisme de corps tant ncessairement injectif, on peut identier le
corps K avec le sous-corps i(K) de E. Dans la suite, cette identication sera
toujours suppose faite (sauf mention explicite du contraire) et on considrera
239
quune extension dun corps K est la donne dun corps E contenant K comme
sous-corps.
Notation. Une extension E de K sera note E/K, ou K E, ou K E.
Exemples IX.2.1.
a) Le corps des nombres complexes C est une extension du corps des nombres
rels R.
b) C et R sont des extensions de Q. Plus gnralement, tout corps est une
extension de son sous-corps premier.
Dnition IX.2.2. Si E/K est une extension, on appelle degr de cette extension la dimension du K-espace vectoriel E. Si dimK E = +, on dit que E
est une extension innie de K ; si dimK E est nie, on dit que E est une
extension nie de K et on pose [E : K] = dimK E.
Exemples IX.2.2.
a) Si E/K est une extension telle que [E : K] = 1, alors E = K.
b) [C : R] = 2.
c) R est une extension innie de Q, puisque Q est dnombrable et que R ne
lest pas.
Exercice IX.1. Soient K un corps et A un anneau intgre contenant K, de dimension nie en tant que K-espace vectoriel. Montrer que A est un corps. (On
montrera que, pour tout lment non nul a A, la multiplication par a est une
application K-linaire bijective de A dans A et on en dduira que a est inversible
dans A.)
Proposition IX.2.1. Soient E/K et F/E des extensions. Si lun des nombres [F : K]
ou [F : E][E : K] est ni, il en est de mme pour lautre et ils sont gaux.
240
IX.2. Extensions
Dmonstration. Soient (ei )iI une K-base de E et (fj )jJ une E-base de F . On
Corollaire IX.2.1. Si F/K est une extension nie et si E est un corps tel que
K E F , alors [E : K] et [F : E] sont des diviseurs de [F : K].
Remarque IX.2.1. On en dduit que si F/K est une extension nie telle que [F : K]
soit un nombre premier, il ne peut exister de corps intermdiaire entre K et F .
Exercice IX.2. Soient E/K une extension de degr ni et F1 , F2 des corps intermdiaires, K Fi E, i = 1, 2. Montrer que si les nombres [F1 : K] et [F2 : K]
sont premiers entre eux, alors F1 F2 = K.
Dnition - Proposition IX.2.2. Soient E un corps et Y un sous-ensemble de E. Le
sous-corps de E engendr par Y est le plus petit sous-corps de E contenant Y .
Cest lintersection de tous les sous-corps de E contenant Y .
Dnition IX.2.3. Soient E/K une extension et A un sous-ensemble de E. Le
sous-corps de E engendr par K A est dit obtenu par adjonction de A K
et est not K(A).
Exercice IX.3. Avec les notations ci-dessus, montrer que K(A) est le corps des
fractions de la sous-algbre K[A] de E, engendre par K et A. (Indication : on
rappelle que, en posant A = {ai }iI , K[A] est lanneau des polynmes en les
indtermines ai , i I (TR.VIII.D), et utiliser la proprit universelle du corps
des fractions dun anneau intgre, cf. VIII.5.)
241
Dnition IX.2.4.
a) Avec les notations ci-dessus, les lments de A sont appels des gnrateurs de K(A) sur K.
b) On dit quune extension E/K est de type ni si elle possde un systme
ni de gnrateurs.
c) On dit quune extension E/K est monogne si elle possde un systme
de gnrateurs rduit un lment. Cet lment est alors appel primitif.
Remarque IX.2.2. Une extension nie est de type ni. Mais la rciproque est fausse.
Par exemple, le corps K(X) des fractions rationnelles coecients dans K est une
extension de type ni de K, mais nest pas une extension nie. Plus gnralement,
cf. remarque (XI.2.1). Par contre, on a le rsultat suivant :
Proposition IX.2.3. Si E/K est une extension telle que [E : K] soit un nombre
premier, alors lextension est monogne.
Dmonstration. Soit E \ K ; alors K() est un corps intermdiaire entre K
242
THMES DE RFLEXION
Les corps nis seront tudis en dtail au chapitre XV. Nous allons ici tablir
quelques proprits lmentaires, mais fondamentales.
Nous allons dabord montrer la proprit suivante :
Soient K un corps et K le groupe multiplicatif des lments non nuls de K ;
tout sous-groupe ni G de K est cyclique, form de racines de lunit (cf. XV.1).
On rappelle (exercice VI.6) quil existe un lment x de G dont lordre n est
le ppcm des ordres des lments de G.
1. En dduire que |G| n, donc que G = {1, x, . . . , xn1 }.
Dans la suite, F est un corps ni q lments, de caractristique p > 0. Son
sous-corps premier est donc Fp = Z/pZ.
2. Montrer quil existe un entier n 1 tel que q = pn .
3. Montrer que le groupe F est cyclique, dordre q 1.
4. En dduire que pour tout x de F , on a xq1 = 1 et, pour tout x de F , on a
xq = x.
5. Soit un gnrateur de F ; montrer que F = Fp () et que
F = Fp 1 Fp Fp n1
avec n = [F : Fp ].
On considre maintenant un corps K de caractristique p > 0 et F : K K
le morphisme de Frobenius, F(x) = xp . Daprs la proposition (IX.1.3), cest un
endomorphisme de K.
6. Montrer que sa restriction Fp est lidentit.
7. En dduire que pour tout entier n Z, on a np n mod(p).
Algbre T1
F2
q = Fq Fq ,
i.e. des lments qui sont des carrs dans un corps ni, avec q = pn , p premier.
q1
10. Montrer que si p = 2, alors F2q = Fq et que si p > 2, alors on a |F2
q | = 2 et
2
|F2q | = q+1
2 . (Utiliser la suite exacte 1 {1, 1} Fq Fq 1. Pour la
dnition de suite exacte, cf. TR.IV.C.)
q1
2
= 1.
Thorme (des quatre carrs). Tout nombre entier naturel est somme de quatre carrs de nombres entiers naturels.
On dsigne par H lespace vectoriel R4 , dont on note {e, i, j, k} la base canonique, muni de la structure de R-algbre dnie, par linarit, partir de la table
de multiplication suivante :
ee = e,
ei = ie = i,
ej = je = j,
ij = ji = k,
ek = ke = k,
jk = kj = i,
i2 = j 2 = k2 = e,
ki = ik = j.
Thmes de rflexion
Algbre T1
Dans la dnition des quaternions, on peut remplacer R par un anneau commutatif A quelconque. Le A-module libre A4 , dont on note {e, i, j, k} la base
canonique, est muni dune structure de A-algbre par les mmes oprations que
ci-dessus. On note H(A) cette A-algbre. Il est clair que les notions de conjugu,
quaternion pur, norme, dnies ci-dessus ont encore un sens dans ce cadre et que
pour tout lment z H(A), on a N (z) A. On en dduit, comme la question 3,
que lensemble des lments de A qui sont sommes de quatre carrs est stable par
multiplication. Par consquent, en prenant A = Z, pour dmontrer le thorme
des quatre carrs, il sura de prouver que tout nombre premier est somme de
quatre carrs.
Nous allons tudier H(Q) et son sous-anneau (non commutatif) H(Z). On note
H lensemble des lments z H(Q), z = ae + bi + cj + dk, avec (a, b, c, d) Z4 ou
(a, b, c, d) ( 12 + Z)4 . On appelle les lments de H les quaternions dHurwitz.
13. Montrer que H est un sous-anneau de H(Q) qui contient H(Z) et qui est stable
par passage au conjugu.
14. Montrer que pour tout z H, on a z + z Z et N (z) Z.
15. Montrer que pour que z H soit inversible, il faut et il sut que N (z) = 1.
16. Montrer que pour tout z H(Q), il existe x H tel que N (x z) < 1
(ingalit stricte). (Soit z = ae + bi + cj + dk ; il existe (a , b , c , d ) Z4 tels que
|a a | 12 , |b b | 12 , |c c | 12 , |d d | 12 . Prendre x = a e + b i + c j + d k.)
Pour un anneau non commutatif A, un sous-groupe ablien I de (A, +) est un
idal gauche (resp. droite, resp. bilatre) si
a A, x I, ax I,
(resp. xa I),
videmment, si A est un anneau commutatif, ces trois notions cocident avec celle
didal.
17. Montrer que tout idal gauche (resp. droite) de H est principal, i.e. de
la forme Hz (resp. zH). (Soit a un idal non nul de H : montrer quil existe un
lment u a de norme minimale. Montrer que u est inversible. Soient z a et
zu1 : daprs le rsultat de la question 16, il existe x H tel que N (zu1 x) < 1.
Montrer que z = xu.)
Nous allons maintenant dmontrer le thorme des quatre carrs pour un
nombre premier p. Le thorme est vident si p = 2. On peut donc supposer que
p est impair.
18. Montrer que Hp est un idal bilatre de H et que lanneau quotient H/Hp
est isomorphe H(Fp ).
246
Thmes de rflexion
19. Montrer quil existe un lment non trivial (a, b, c, d) F4p tel que
a2 + b2 + c2 + d2 = 0. (En prenant c = 1 et d = 0, il sut de montrer que lquation b2 + 1 = a2 a une solution dans F2p . En utilisant le TR.IX.A.10, montrer
que lensemble des lments de Fp de la forme b2 + 1 (resp. a2 ) est de cardinal
p+1
p+1
p+1
2 . Puisque 2 + 2 > p, en dduire le rsultat.)
On en dduit quil existe dans H(Fp ) des lments non nuls dont la norme est
nulle. Daprs la question 15, un tel lment nest pas inversible, il engendre donc
un idal gauche non trivial.
20. En dduire quil existe deux lments non inversibles z, z H tels que p = zz
et que N (z) = N (z ) = p.
Si z (ou z ) est un lment de H dont tous les coecients sont dans Z, le
thorme est dmontr. Supposons que z (et z ) ont leurs coecients dans 12 + Z.
21. Montrer quil existe un lment u H tel que N (u) = 1 et zu H(Z).
(Le conjugu de la classe de 2z dans H(Z)/4H(Z) H(Z/4Z) est la classe dun
quaternion x dont les coecients sont tous 1. Prendre u = 12 x.)
On en dduit que p = N (zu), avec zu H(Z), est la somme de quatre carrs
dans Z, donc dans N.
247
TRAVAUX PRATIQUES
Algbre T1
(i) P divise xp x.
d
du lemme ci-dessous, la condition (i) signie que ce sont tous des diviseurs de
n et la condition (ii) quaucun dentre eux nest un diviseur strict de n. Il ny
a donc quun seul facteur irrductible et il est de degr n ; autrement dit, P est
irrductible.
n
Travaux pratiques
d|n,d<n
E(n/2)
pd
d=1
251
Algbre T1
n
n
Cela montre que I(n, p) > 0. Mieux encore, on en dduit quun polynme irrductible unitaire de grand degr n choisi au hasard a, en gros, une chance sur n
dtre irrductible.
Enn, expliquons comment vrier le critre dirrductibilit de manire ei
cace : on se place dans lanneau quotient Fp [x]/(P ) et on calcule les puissances xp
i+1
i
de x modulo P . Puisque xp
= (xp )p , on procde par rcurrence et on calcule
p
par P , partir
successivement les restes Ri de la division euclidienne de Ri1
de R0 = x. La condition (i) scrit Rn = x et la condition (ii) est quivalente
Ri = x pour i < n.
1. crire une procdure irreductible?:=proc(P,p) testant lirrductible de P
sur Fp (o P est entr comme un polynme coecients entiers). On utilisera
la stratgie expose ci-dessus.
La fonction suivante permet de tirer au hasard un polynme unitaire de degr
n 1 dans Fp [x] :
>randpol:=(n,p)->sort(x^n+RandomTools[Generate]
(polynom(integer(range=0..p-1), x,degree=n-1))):
Vrier que la probabilit dobtenir un polynme irrductible de degr n par
un tel tirage au hasard est de lordre de 1/n. On pourra crire une procdure
test:=proc(N,n,p) renvoyant la proportion de cas favorables pour N tirages.
Enn, crire une procdure polirreductible:=proc(n,p) renvoyant un polynme de Fp [x] unitaire irrductible de degr n.
Factorisation sur Fp
Lalgorithme procde en plusieurs tapes.
La premire tape consiste
liminer les facteurs multiples laide de la
i F [x], le polynme driv est par dnition
x
drivation.
crivant
f
=
a
i
p
iai xi1
.
Il
est
nul
si
et
seulement
si f Fp [xp ], ou encore, puisque
f =
aip xip = ( aip xi )p , si et seulement si f = gp , g Fp [x]. En particulier, la
drive dun polynme irrductible est non nulle.
Il sagit dcrire la factorisation sans facteur carr de f , cest--dire la
et les hi
dcomposition f = h11 h22 . . . hss o est le coecient dominant de f
sont unitaires sans facteur carr et premiers deux deux. Si f = ri=1 fiei
252
Travaux pratiques
pi
hi1
i
hii .
p|i
On dnit alors
deux suites uk et vk par rcurrence comme suit : u1 = u et
v1 = f /u = pi hi . Pour k 1, on pose vk+1 = pgcd(uk , vk ) si p k et vk+1 = vk
si p | k, puis uk+1 = uk /vk+1 . On vrie facilement par rcurrence que
hik
hii et vk =
hi .
uk =
i
i>k,pi
p|i
ik,pi
Algbre T1
le noyau de B I4 . Comparer la dimension de ce noyau aux nombres de facteurs irrductibles dans la dcomposition sur F3 . Tester la conjecture que cela
suscite laide dune procdure test:=proc(P,p) et de polynmes tirs
au hasard par randpol. Enn, dmontrer au papier-crayon, pour tout P = ri=1 Pi ,
que la sous-algbre de Berlekamp N de A, noyau de p Idn , est isomorphe
Frp , via le morphisme a (a mod P1 , . . . , a mod Pr ) du thorme Chinois.
4. Soit S une Fp -base de N . crire une procdure Vect2Pol:=proc(v)
convertis
sant un vecteur v = (y1 , . . . , yn ) Frp en le polynme ni=1 yi xi1 . En dduire
S sur lexemple P = x4 + 1 et p = 3.
On note S = {1, v1 , . . . , vr1 }. Si r 2, dmontrer quil existe, pour tout
1 i, j r, i = j, un lment Fp et un indice 1 k r 1 tels que
vk mod Pi et vk mod Pj (raisonner par labsurde : si lon avait
vk k mod Pi et vk k mod Pj pour tout 1 k r 1, exhiber
une contradiction en regardant dans la base S un lment a tel que a 1
mod Pi et a 0 mod Pj ). En dduire que si Q est un diviseur de P non
irrductible, alors il existe un lment Fp et un indice 1 k r 1 tels
que pgcd(vk , Q) soit un diviseur strict de Q.
Finalement, dmontrer que lalgorithme suivant factorise P :
on pose i := 1 ; L := [P ] ;
est P
renvoyer L
Limplmenter (on crira une procdure Berlekamp1:=proc(P,p) renvoyant
la liste formate [, [P1 , 1], . . . , [Pr , 1]] des facteurs irrductibles unitaires de
multiplicit 1, prcds du coecient dominant) et le tester avec P = x4 + 1
et p = 3, 17. Comparer avec le rsultat de la commande Factors.
254
Travaux pratiques
5. On va maintenant introduire une variante probabiliste de lalgorithme prcdent qui amliore le temps de calcul. Pour simplier, on suppose p = 2
(lalgorithme est dirent dans ce cas particulier ; voir [28]).
Lide est la suivante : on choisit au hasard une combinaison linaire a des lments de la base S (les coecients tant choisis par des tirages indpendants).
Les a mod Pi sont donc des lments alatoirement uniformment distribus
sur Fp , indpendamment pour tout i. Alors, si cette combinaison est non nulle,
p1
soit pgcd(a, P ) est un facteur non trivial de P et lon a gagn, soit a 2 1
mod Pi pour tout i et chaque cas se produit avec la probabilit 1/2, indpendamment pour chaque indice i (rsultat classique sur les carrs dans le corps
p1
Fp , cf. TR.IX.A). Il y a beaucoup de chances pour que pgcd(a 2 1, P ) soit
un facteur non trivial de P : il faut et sut pour cela quil existe deux indices
p1
p1
distincts i et j tels que a 2 1 0 mod Pi et a 2 1 0 mod Pj .
crire une procdure test:=proc(P,p,S,N) renvoyant, pour N tirages, la proportion q1 de cas o pgcd(a, P ) est un facteur non trivial de P et la proporp1
tion q2 de cas o pgcd(a 2 1, P ) est un facteur non trivial de P parmi les
cas o pgcd(a, P ) = 1. Tester avec P = x4 + 1 et p = 17. Enn, calculer
les probabilits thoriques correspondantes et comparer sur lexemple avec les
proportions obtenues.
6. Mme si la probabilit dobtenir un facteur irrductible est leve, il est ncessaire de vrier quil en est bien ainsi : cest l quintervient la procdure irreductible? de la premire partie. crire une procdure Berlekamp2
renvoyant la factorisation obtenue par cette variante probabiliste. On modiera Berlekamp1, les facteurs D de la liste L tant cette fois de la forme
p1
pgcd(a, P ) = 1 ou pgcd(a 2 1, P ).
Remarque. Il est dicile de mettre en vidence avec Maple que la variante
probabiliste est meilleure car larithmtique lmentaire (pour les entiers et les
polynmes) nest pas implmente de faon optimale dans Maple. De plus, il
faudrait optimiser lexponentiation.
Factorisation sur Q
On suppose P coecients entiers. Comme pour Fp , la premire tape consiste
crire la dcomposition sans facteur carr de P , i.e. P = h11 h22 . . . hss o est
le coecient dominant de P et les hi Q[x] sont unitaires sans facteur carr et
premiers deux deux.
255
Algbre T1
Travaux pratiques
Algbre T1
$%
Soit alors M = P sup1ddeg(P )/2 sup1id di , appele borne de Mignotte
(ou toute autre constante dont lon sache que si Q est un diviseur non trivial de
P , alors les coecients de lun parmi Q et P/Q sont majors en valeur absolue
par M ). Choisissons un nombre premier p > 2M ne divisant pas le coecient
dominant de P et tel que la
rduction P modulo p soit sans facteur carr. On
crit la dcomposition P = ri=1 Pi en irrductibles dans Fp [x] (o dsigne le
coecient dominant de P ).
Si S est un sous-ensemble de {1, . . . , r}, on note PS le polynme congru
iS Pi modulo p dont tous les coecients sont compris entre p/2 et p/2 (choisir les reprsentants de Z/pZ symtriques par rapport 0, que lon obtient en
Maple avec loprateur mod en dnissant au pralable mod:=mods).
Si P nest
r
pas irrductible, il scrit P = QR et on a donc QR i=1 Pi mod p. Il
existe donc une partition de {1, . . . , r} en deux sous-ensembles I et J tels que
Q PI mod p et R PJ mod p. Lun des deux, par exemple Q, est de degr
deg(Q) deg(P )/2. En vertu du thorme prcdent et du choix de p, Q est gal
PI dans Z[x].
Autres commandes Maple utiles :
floor (partie entire), binomial, norm(f,2) (pour calculer
f ),
convert(S,*) (pour multiplier entre eux tous les polynmes de la liste S) ;
enn, si S est une liste de polynmes, combinat[choose](S,i) renvoie la liste
des parties de S i lments.
10. crire une procdure trouve_p:=proc(f) renvoyant un nombre premier (de
prfrence le plus petit) suprieur strictement 2 fois la borne de Mignotte, ne
divisant pas le coecient dominant de f et tel que P soit sans facteur carr.
Traiter les exemples suivants :
P = x6 + 2x3 + 4x2 + 15, P = x9 + x6 + x5 2x4 2x 2.
On dterminera p puis lon testera la divisibilit par des PS , avec S de cardinal
1, puis 2, 3, etc., jusqu |S|/2. Lorsquun facteur non trivial Q = PS est
obtenu, ne pas oublier dliminer les indices correspondants de S avant de
recommencer avec P/Q. En dduire la factorisation en irrductibles dans Q[x]
de ces polynmes.
11. crire une procdure FactQ:=proc(P) renvoyant la dcomposition en produit
dirrductibles dans Q[x]. On automatisera les calculs de la question prcdente, la dcomposition modulo p tant obtenue via Factors(P) mod p. On
liminera demble les cas triviaux o P est de degr infrieur ou gal un,
cas o la borne de Mignotte nest pas dnie.
258
Travaux pratiques
N (q) = qq = r 2 + u 2 ,
T r(q) = q + q = 2r.
Algbre T1
Les produits scalaire et vectoriel de deux vecteurs q1 et q2 sobtiennent respectivement par DotProduct(q1,q2,conjugate=false) et CrossProduct(q1,q2) (loption conjugate=false est ncessaire car Maple travaille par dfaut avec des
espaces hermitiens).
La norme u sobtient par VectorNorm(u,2,conjugate=false).
Utilisant
& x ' la syntaxe concise de la librairie LinearAlgebra, on peut dnir le
vecteur yz par <x,y,z>. Un quaternion q = r +xi+yj +zk sera donc reprsent
sous Maple par la liste q:=[r,<x,y,z>].
Travaux pratiques
Structure algbrique de H
1. crire des fonctions Hadd(q1,q2), Hscal(lambda,q) et Hmul(q1,q2) calculant
respectivement q1 + q2 , q et q1 .q2 (o q, q1 , q2 H et R). Tester sur
des exemples de votre choix. Quels axiomes de la structure de R-algbre sont
vris par H de faon vidente ? En fait, seule lassociativit du produit pose
quelques dicults que nous surmonterons plus loin.
2. crire une fonction egal?(q1,q2) renvoyant true ou false selon que q1 = q2
ou non. Notant e = 1, la structure multiplicative sur la R-algbre H est donc
dnie par les produits de deux lments de la base (e, i, j, k) de H (par linarit). Vrier que e est lunit de H et que les relations suivantes sont vries :
i2 = j 2 = k2 = e, i.j = j.i = k, j.k = k.j = i, k.i = i.k = j.
3. On dsire dmontrer que le produit des quaternions est associatif. Pour
cela, on utilise des variables formelles et lon dnit des quaternions
qi:=[ri,<xi,yi,zi>] pour i = 1, 2, 3. Mathmatiquement, ce sont trois lments de H(Q[ri , xi , yi , zi ; 1 i 3]), o, pour tout anneau commutatif A,
H(A) dsigne le A-module libre A4 de base (e, i, j, k) muni dune structure de
A-algbre par les relations de la question prcdente. Calculer res1 = q1 .(q2 .q3 )
et res2 = (q1 .q2 ).q3 . Que donne egal?(res1,res2) ? Ritrer aprs mise
sous forme normale. Cela dmontre lassociativit de la multiplication dans
= H(Q[ri , xi , yi , zi ; 1 i 3]), donc dans H = H(R) aprs application du
H
H en un 12-uplet de rels quelconques.
morphisme dvaluation H
Pour sentraner ce type de raisonnement, dmontrer formellement la distributivit de la multiplication par rapport laddition.
4. En exploitant lanalogie avec les complexes, o linverse sexprime z 1 = |z|z2 ,
dmontrer que tout quaternion q non nul est inversible pour la multiplication :
H est donc un corps non commutatif. Puis crire des fonctions Conj, N et Inv
renvoyant respectivement le conjugu, la norme, et linverse dun quaternion.
Noter que la conjugaison est un anti-automorphisme de H (i.e. elle est Rlinaire et vrie (q1 q2 ) = q2 q1 ) et que la norme N : H ]0, +[ est un
morphisme de groupes.
5. On sintresse au groupe non ablien (H , ). Soit q un quaternion x ; dterminer le centralisateur Zq de q, cest--dire le sous-groupe de H constitu des
quaternions h qui commutent avec q ? Quel est le centre Z de H , cest--dire
le sous-groupe constitu des quaternions qui commutent avec tous les lments
de H ?
261
Algbre T1
2r 2 1 2r 1r 2
0 2r 1r 2
2r 2 1
0
X
K-MORPHISMES ET GROUPE DE GALOIS
DUNE EXTENSION
Lide fondamentale et profonde de Galois a t dassocier chaque quation f (X) = 0, o f (X) K[X], un groupe dont la structure permet de dcider de la rsolubilit par radicaux, ou non, de lquation. Les lments de ce
groupe permutent les racines de lquation en laissant invariants les coecients.
Cette construction peut tre gnralise nimporte quelle extension L/K : cest
la notion de K-automorphisme de L, qui conduit au groupe de Galois de
lextension.
Cette notion est si importante par exemple par les relations quelle donne
entre le degr de lextension et lordre du groupe de Galois, ou encore celles
quelle induit entre les corps intermdiaires de lextension et les sous-groupes
du groupe de Galois que nous lui consacrons un chapitre, si court soit-il. Nous
la suivrons tout au long des chapitres suivants et nous verrons comment des
proprits supplmentaires sur les extensions se traduisent au niveau de laction
du groupe de Galois.
X.1. K-morphismes
Dnitions X.1.1. Soient E/K et F/K des extensions.
a) On appelle K-morphisme de E dans F , un morphisme de corps
f : E F qui prolonge lidentit de K (i.e. f|K = idK ).
b) Un K-morphisme bijectif est un K-isomorphisme.
c) Un K-morphisme de E dans lui-mme est un K-endomorphisme de E.
d) Un K-endomorphisme bijectif est un K-automorphisme.
Exemples X.1.1.
a) La conjugaison complexe est un R-automorphisme de C.
264
Dnition X.2.1. Si E/K est une extension, on note Gal(E/K) le groupe (pour
la composition des applications) des K-automorphismes de E et on lappelle
le groupe de Galois de lextension E/K.
Exemples X.2.1.
a) Les R-automorphismes de C sont lidentit ou la conjugaison complexe,
do Gal(C/R) Z/2Z.
Exercice X.1.
1. Soient K un corps et P son sous-corps premier. Montrer que Gal(K/P ) =
Aut(K).
2. Montrer que Gal(R/Q) = {1}. (Indication : utiliser le fait que tout nombre
rel positif est un carr dans R.)
265
3. Montrer que
1/n )
n1 Q(2
Gal
n1
n
i ui = 0, i L, implique i = 0,
i=1
n
i=1
non nuls et que n soit minimal pour cette proprit. Puisque u1 = un , il existe
y = 0 K tel que u1 (y) = un (y). Alors :
x K, 0 =
n
i ui (xy) =
i=1
n
i ui (x)ui (y).
i=1
On en dduit que :
0 = u1 (y)
n
i=1
i ui (x)
n
i=1
i ui (x)ui (y) =
n
i=2
Dans cette expression, le coecient de un (x) est n (u1 (y) un (y)), qui est non
nul. Do la contradiction avec la minimalit de n.
Thorme X.3.2. Soient K un corps, G un sous-groupe ni du groupe des automorphismes de K, K0 le corps des invariants de G. Alors K/K0 est une extension
telle que [K : K0 ] = |G|.
Dmonstration. Soit n lordre de G et notons G = {g1 = 1, g2 , . . . , gn }. Supposons
que [K : K0 ] = m < n et soit {x1 , . . . , xm } une base de K sur K0 . Le systme
dquations g1 (xj )y1 + . . . + gn (xj )yn = 0, j = 1, . . . , m, ayant plus dinconnues
que dquations, a une solution z1 , . . . , zn dans K, les zi , i = 1, . . . , n tant non
tous nuls. On obtient donc une combinaison linaire des gi , 1 i n, nulle sur la
base. On en dduit que la famille gi , i = 1, . . . , n, de morphismes distincts de K
dans K est lie, ce qui est en contradiction avec le thorme (X.3.1). Do m n.
Supposons que la dimension du K0 -espace vectoriel K soit strictement suprieure n. Il existe une famille {x1 , . . . , xn+1 } dlments de K, libre sur K0 . Pour
les mmes raisons que ci-dessus le systme dquations
j = 1, . . . , n
admet une solution non triviale (z1 , . . . , zn+1 ). On peut supposer que z1 , . . . , zr
sont non nuls, zr+1 = . . . = zn+1 = 0, et que r est minimal pour cette proprit.
On a alors
(X.1)
gj (x1 )z1 + . . . + gj (xr )zr = 0, j = 1, . . . , n.
Soit g un lment de G. On a :
ggj (x1 )g(z1 ) + . . . + ggj (xr )g(zr ) = 0,
j = 1, . . . , n.
do :
x1 u1 + . . . + xr ur = 0,
avec u1 , . . . , ur non tous nuls. Cest en contradiction avec le fait que {x1 , . . . , xn+1 }
est libre sur K0 . Do [K : K0 ] = n =| G |.
[E H : K] = [E : K]/[E : E H ] = [E : K]/ | H | .
L Gal(E/L)
H E H .
et H Gal(E/E H ).
X.4.1. Question
Les applications et sont-elles des applications bijectives, rciproques lune
de lautre ?
Les exemples ci-dessous montrent que cest possible, mais que ce nest pas
toujours vrai.
Exemples X.4.1.
a) On considre le polynme f (X) = X 4 4X 2 5
de Q[X]. On a
2 5), dont les racines sont i, i,
5,
5 : on se place
f (X) = (X 2 + 1)(X
5 ; s1 (i) = i,
s1 ( 5) = 5 ; s2 (i) = i, s2 ( 5) = 5 ; s3 (i) = i, s3 ( 5) = 5.
Les sous-groupes de G = Gal(Q(i, 5)/Q) sont H0 = {s0 }, H1 = {s0 , s1 },
vriera que les
H2 = {s0 , s2 }, H3 = {s0 , s
3 } et G. Dautre part, on
corps interL3 = Q(i 5), L4 = Q.
mdiaires sont L0 = Q(i, 5), L1 = Q(i),
L2 = Q( 5),
5)/Q(i, 5)Hj ) = Hj ,
Il est facile de vrier que Lj = Q(i, 5)Hj et Gal(Q(i,
b) Pour lextension Q(i,3 2)/Q, on montre que nest pas injective en vriant que (Q(i)) = (Q(i, 3 2)) et que nest pas surjective, car Q(i) nest pas
dans limage de .
La thorie de Galois (cf. chapitre XIV) montre que, sous certaines hypothses
sur lextension E/K, la rponse la question X.4.1 est positive.
Cependant, en toute gnralit, on a les proprits suivantes.
L. Do :
270
XI
EXTENSIONS ALGBRIQUES
EXTENSIONS TRANSCENDANTES
Comme cela a t rappel dans lintroduction du chapitre IX, lun des objectifs
de la thorie des corps est la rsolution des quations polynomiales. Inversement,
on peut se poser la question suivante : tant donne une extension L/K, tout
lment de L est-il racine dun polynme coecients dans K ? Si la rponse
est armative, on dit que lextension L/K est algbrique. Cest par exemple le
cas de lextension C/R. Par contre, ce nest pas le cas de lextension R/Q puisque
Liouville en 1844, Hermiteen 1873, Lindemann en 1882 ont, respectivement, montr que les nombres rels n>0 10n! , e, , sont irrationnels (i.e. nappartiennent
pas Q) et sont transcendants sur Q (i.e. ne peuvent tre racine dun polynme
coecients dans Q). On dit que lextension R/Q est transcendante.
Daprs ce qui prcde, on remarque que lextension C/Q est une extension
algbrique dune extension transcendante de Q.
Lobjet de ce chapitre est dintroduire et dtudier les extensions algbriques
ou transcendantes et de montrer que la remarque ci-dessus correspond une
situation gnrale.
est algbrique sur K est quivalent dire que le noyau Ker() de est non nul,
ou encore que les lments n (n N) sont linairement dpendants sur K.
cipal, lidal Ker() est engendr par un polynme P (X). Puisque Im() est
contenu dans E, cest un anneau intgre, par consquent lidal (P (X)) est premier. Il est donc engendr par un polynme irrductible, qui est unique si on le
suppose unitaire. Soit M (X) ce polynme. Puisque M (X) est irrductible et
K[X] est principal, lidal Ker() est maximal, donc Im() est un corps contenant K et , Im() = K(). On a
dimK (K[X]/(M (X))) = deg(M (X))
et lisomorphisme
K[X]/(M (X)) K()
envoie la base 1, X, . . . , X
n1
Dnitions XI.1.2. Avec les notations ci-dessus, le polynme M (X) est appel
le polynme minimal de sur K. Lentier deg(M (X)) = [K() : K] est
appel le degr de sur K.
Exercice XI.1. Soient E/K une extension et un lment de E. Montrer que les
assertions suivantes sont quivalentes :
(i) est algbrique sur K.
(ii) Le corps K() est isomorphe K[].
(iii) K[] est un K-espace vectoriel de dimension nie.
272
Exercice XI.2.
1. Soient E/K une extension de degr n et x un lment de E. Montrer que
le degr du polynme minimal de x sur K divise n.
2. Soient K un corps, E/K une extension et x un lment de E algbrique de
degr impair sur K. Montrer que x2 est algbrique sur K et que K(x2 ) = K(x).
3. Soient K un corps, E/K une extension, et des lments de E algbriques
sur K, M (X) et M (X) leurs polynmes minimaux respectifs. Montrer que si
les degrs de M (X) et M (X) sont trangers, alors M (X) est irrductible dans
K()[X].
Dnition XI.1.3. Une extension E/K est algbrique si tout lment de E est
algbrique sur K.
Proposition XI.1.1. Une extension nie est algbrique.
E/K une extension nie et E ; puisque
dimK (K()) dimK (E), il existe un entier n tel que 1, , . . . , n soient linairement dpendants. Il existe donc des lments a0 , . . . , an de K tels que
a0 + . . . + an n = 0. Autrement dit, il existe un polynme P (X) K[X] tel
que P () = 0.
Dmonstration. Soient
Attention.
K[X] dnie par (P, ) P est telle que limage rciproque de tout
lment de K[X] est nie, puisque tout polynme na quun nombre ni de racines.
Donc Card() Card(K[X] N). Lapplication E dnie par (P, ),
o P est le polynme minimal de , est injective. Donc Card(E) Card().
Remarque XI.1.1. Puisque R et C ont la puissance du continu et que Q est dnombrable (donc aussi Q[X]), on en dduit que R et C ne sont pas des extensions
algbriques de Q (cf. aussi lappendice en n de chapitre).
Proposition XI.1.3. Pour quune extension E/K soit algbrique, il faut et il sut
que tout anneau A, tel que K A E, soit un corps.
273
K K(1 ) est nie. Supposons que K(1 , . . . , n1 ) soit une extension nie de
K : puisque K(1 , . . . , n ) = K(1 , . . . , n1 )(n ), K(1 , . . . , n ) est une exten
sion nie de K(1 , . . . , n1 ), donc de K. La rciproque est vidente.
Thorme XI.1.2. Soient E/K et L/E des extensions. Lextension L/K est nie
(resp. algbrique) si et seulement si E/K et L/E sont des extensions nies (resp.
algbriques).
Dmonstration. Le cas des extensions nies a dj t vu la proposition (IX.2.1).
Il est clair que si L/K est une extension algbrique, alors E/K et L/E sont
des extensions algbriques. On suppose que L/E et E/K sont des extensions
algbriques. Soit L : il existe des lments de E, a0 , . . . , an , tels que
a0 + a1 + . . . + an n = 0. Considrons E0 = K(a0 , . . . , an ) ; puisque les ai sont
dans E, ils sont algbriques sur K. Par consquent, daprs la proposition (XI.1.4),
E0 /K est une extension nie, donc E0 ()/K galement, do est algbrique
sur K.
274
Dnition XI.1.4. On appelle nombre algbrique tout nombre complexe algbrique sur Q.
Thorme XI.1.3. Lensemble A des nombres algbriques est un corps et cest une
extension algbrique de Q, de degr inni.
Dmonstration. Un nombre complexe appartient A si et seulement si
tant
algbrique,
daprs
la
proposi-
Proposition XI.2.1. Soit K un corps. Le corps des fractions rationnelles K(X) est
une extension transcendante sur K.
Dmonstration. Le seul polynme de K[X] annul par X est le polynme nul.
Dnition XI.2.2. Soit E/K une extension. Une famille dlments (i )iI est
dite algbriquement libre sur K si lidal des relations algbriques entre les
i coecients dans K (i.e. le noyau du morphisme K[Xi ]iI K(i )iI
dni par Xi i , i I) est nul. Si une famille dlments de E nest pas
algbriquement libre sur K, on dit quelle est algbriquement lie.
Remarques XI.2.2.
a) La
famille (i )iI est algbriquement libre sur K si et seulement si les
monmes i ni i sont linairement indpendants sur K, ou encore, si et seulement
si la relation f (i ) = 0, o f K[Xi ]iI , entrane f = 0.
b) On en dduit que, pour quune famille (i )iI dlments de E soit algbriquement libre sur K, il faut et il sut que toute sous-famille nie soit algbriquement libre sur K.
c) Il est clair que si (i )iI est une famille dlments de E algbriquement
libre sur K, elle est linairement libre sur K. La rciproque est fausse, car si
E/K est une extension algbrique, toute famille non vide (y compris une famille
linairement libre) nest jamais algbriquement libre, puisque tout lment de
cette famille possde un polynme minimal.
alors : K[Xi ]iI K[i ]iI dnie par f f (i ) est un isomorphisme, car
surjective par dnition de K[i ]iI et injective puisque les (i )iI sont algbriquement libres. La proprit universelle du corps des fractions dun anneau
intgre (cf. exercice VIII.12) montre que le corps des fractions de K[i ]iI est
E = K(i )iI , do K(i )iI K(Xi )iI . La rciproque est vidente.
277
libres sur K impliquent que A est algbriquement libre sur K. Si B est non algbriquement libre sur K(A), alors il existe une famille nie (i)i=1,...,n dlments
de B algbriquement lie sur K(A) (cf. remarque (XI.2.2.b)). Do, il existe un polynme non nul f K(A)[X1 , . . . , Xn ] tel que f (1 , . . . , n ) = 0. En consquence,
(par exemple en multipliant f par le produit des dnominateurs des coecients
de f ), il existe g K[A][X1 , . . . , Xn ] tel que g(1 , . . . , n ) = 0. Mais g sexprime
en fonction dun nombre ni dlments 1 , . . . , m de A ; do g = 0 appartient
K[1 , . . . , m , X1 , . . . , Xn ] et g(1 , . . . , m , 1 , . . . , n ) = 0, ce qui est contraire
lhypothse.
(ii) = (i) : Si B est algbriquement libre sur K(A), alors B K(A) = ,
do B A = . Soient 1 , . . . , m , A, 1 , . . . , n B et f
K[X1 , . . . , Xm , Xm+1 , . . . , Xm+n ] tels que f (1 , . . . , m , 1 , . . . , n ) = 0. Alors
le polynme g dni par g(Y1 , . . . , Yn ) = f (1 , . . . , m , Ym+1 , . . . , Ym+n )
K[A][Y1 , . . . , Yn ] est tel que g(1 , . . . , n ) = 0. Puisque B est algbriquement libre
sur K(A), on a g = 0, i.e. tous ses coecients sont nuls. Ces coecients sont de la
forme gi (1 , . . . , m ), o gi K[X1 , . . . , Xm ]. Les lments 1 , . . . , m sont algbriquement libres, donc tous les gi sont nuls. Do f = 0 et 1 , . . . , m , 1 , . . . , n
sont algbriquement libres.
278
algbrique sur K(B). Par consquent, x est algbrique sur K(L \ {x}), ce qui est
contraire lhypothse.
Dnition XI.2.4. Soit E/K une extension. On appelle base de transcendance de E sur K un lment maximal de lensemble, ordonn par inclusion,
des parties de E algbriquement libres sur K.
Remarque XI.2.3. Daprs le lemme de Zorn (cf. lappendice en n de cet ouvrage),
un tel lment maximal existe.
Proposition XI.2.4. Soit E/K une extension. Une partie B de E est une base de
transcendance de E sur K si et seulement si B est algbriquement libre sur K et
E est algbrique sur K(B).
Dmonstration. Supposons que B soit algbriquement libre sur K et que E soit al-
gbrique sur K(B) : alors B est algbriquement libre maximale. En eet, tout lment x E, x B, est algbrique sur K(B). Donc daprs la proposition (XI.2.3),
L = B {x} ne peut tre algbriquement libre sur K.
Rciproquement, soit B E une partie algbriquement libre maximale. Alors
tout lment x B, x E, ne peut tre transcendant sur K(B), sinon B {x}
serait algbriquement libre sur K daprs le corollaire (XI.2.1).
On en dduit le rsultat suivant :
Thorme XI.2.2. Toute extension E/K est une extension algbrique dune extension transcendante pure de K (cf. remarque XI.2.5 ci-dessous).
Attention. Une base pure dune extension transcendante pure de K est une
base de transcendance. Mais une extension transcendante E de K nest pas ncessairement une extension transcendante pure, mme si tous les lments de E\K
sont transcendants sur K, (cf. exercice XI.4 ci-dessous).
Proposition XI.2.5 (thorme dchange). Soient E/K une extension, A une partie
de E telle que E soit algbrique sur K(A) et B une partie de E algbriquement
libre sur K. Alors, il existe une partie C de A telle que B C soit une base de
transcendance de E sur K et que B C = .
Dmonstration. Si E est algbrique sur K(A), alors E est algbrique sur K(AB).
Thorme XI.2.3. Si une extension E/K a une base de transcendance sur K qui
est nie, toutes les bases de transcendance de E sur K ont mme cardinal.
Dmonstration. Soit B une base de transcendance de E sur K, avec card(B) = n.
Remarque XI.2.4. Ce rsultat est encore vrai pour les bases innies, mais la dmonstration dans ce cas est beaucoup plus complique.
Dnition XI.2.5. Soit E/K une extension ayant une base de transcendance sur
K qui est nie. On appelle degr de transcendance de E sur K le cardinal
dune base de transcendance de E sur K.
280
XI.3. Appendice
Remarques XI.2.5. Il rsulte de ce qui prcde que si E/K est une extension de
degr de transcendance n, alors :
a) Tout systme de gnrateurs a au moins n lments. Sil en existe un ayant
n lments, cest une base pure (et E est donc une extension pure de K).
b) Toute partie de E algbriquement libre sur K a au plus n lments. Sil en
existe une ayant n lments, cest une base de transcendance de E sur K.
Le thorme (XI.2.3) et la remarque qui le suit montrent que lextension transcendante pure voque dans le thorme (XI.2.2) est unique, isomorphisme prs.
Attention. La notion dextension transcendante pure nest pas stable par sousextension (cf. TR.XI.B).
XI.3. Appendice
Thorme. Le nombre est irrationnel et transcendant sur Q.
Dmonstration (cf. [27]).
telle que
limn+ f (n) = 0,
alors il existe N tel que pour tout n > N , f (n) = 0.
Montrons que est irrationnel.
On considre
)
In =
(1 x2 )n cos(x)dx.
a2n+1
n!
*1
1 (1
a
b
avec
a2n+1 In
Z.
n!
x2 )n (cos 2 x)dx.
281
Mais | Jn | |a| n!
1 cos( 2 x)dx C n! . Do limn+ Jn = 0. Donc,
il existe N tel que pour tout n > N , Jn = 0. Contradiction.
Montrons que est transcendant sur Q.
Supposons que soit algbrique sur Q. Comme i (i2 = 1) est algbrique,
i est algbrique. Donc il existe un polynme P1 (X) Q[X] ayant pour racines
1 = i, 2 , . . . , n . Mais, ei + 1 = 0, donc
(e1 + 1)(e2 + 1) . . . (en + 1) = 0.
(XI.1)
cs xp1 Q(x)p
(p 1)!
avec s = rp 1, p premier
XI.3. Appendice
et on considre
F (x) = f (x) + f (x) + . . . + f (s+p+r1)(x)
(on a f (s+p+r) (x) = 0). Alors
d x
(e F (x)) = ex (F (x) F (x)) = ex f (x),
dx
)
do
x
F (x) F (0) =
ey f (y)dy.
r
F (j ) + kF (0) =
j=1
r
j=1
)
j
(XI.2)
On va montrer que le premier membre est un entier non nul pour p assez
grand.
Puisque Q(j ) = 0, on a rj=1 f (q) (j ) = 0, pour 0 < q < p. Pour q p,
f (q) (j ) a un facteur p. Pour tout q, rj=1 f (q) (j ) est un polynme symtrique
en les j de degr infrieur s. Cest donc un polynme de degr infrieur s en
les cci . Le facteur cs fait que ces expressions sont dans Z. Do, si q p,
r
f (q) (j ) = pkq Z.
j=1
0
f (q) (0) = cs cpr
lq p
q p2
q =p1
qp
avec
| c |s | j |p1 m(j)p
,
(p 1)!
+
+
+
+
) 1
r
+
+ r
| j |p | c |s m(j)p B
(1t)
j
+
+
e
f
(t
)dt
j
j
+
+
(p 1)!
0
+ j=1
+ j=1
+)
+
B = supj ++
(1t)j
e
0
+
+
dt++ .
Donc cette expression tend vers 0 quand p tend vers +. Comme cest une
fonction de p, valeurs dans Z, elle devrait tre nulle pour p assez grand. Or le
premier membre est non nul pour p assez grand. Contradiction.
284
THMES DE RFLEXION
Nous allons voir dans ce TR que, malgr le caractre trs lmentaire des
notions algbriques introduites dans les chapitres qui prcdent, ces notions permettent de rsoudre des problmes gomtriques quadrature du cercle, trisection de langle, duplication du cube qui taient rests sans rponse pendant des
sicles. Ceci est un exemple de la puissance des mthodes algbriques en gomtrie. Nous complterons cette tude au chapitre XVII en montrant comment la
thorie de Galois permet de dterminer les polygnes qui sont constructibles la
rgle et au compas.
Nous allons tout dabord donner un formalisme algbrique qui permet de dcrire les constructions gomtriques la rgle et au compas.
Soit P0 un ensemble de points du plan euclidien R2 . On considre deux types
de constructions gomtriques :
() Tracer une droite passant par deux points de P0 .
() Tracer un cercle de centre un point de P0 et de rayon gal la distance
entre deux points de P0 .
Tout point de R2 obtenu comme intersection de deux droites ou cercles distincts
au moyen des oprations () ou () est dit constructible en une tape.
Un point M de R2 est dit constructible partir de P0 sil existe une suite
nie de points M1 , M2 , . . . , Mn = M de R2 , tels que Mi+1 , 1 i n 1, soit un
point constructible en une tape partir de P0 {M1 , . . . , Mi }.
On suppose R2 rapport un systme de coordonnes et on repre un point par
ses coordonnes (x, y). On note K0 le sous-corps de R engendr par les coordonnes
des points de P0 = {Pi (xi , yi )}iI0 , K0 = Q(xi , yi )iIo .
Soit Mn un point constructible de R2 , par une suite M1 , . . . , Mi , . . . , Mn : en
notant (xi , yi ), 1 i n, les coordonnes du point Mi , on dnit par rcurrence
Algbre T1
Duplication du cube
Le problme est : Peut-on construire la rgle et au compas larte
dun cube dont le volume soit le double de celui dun cube donn ? .
On peut supposer que le cube donn est le cube unit et on pose
P0 = {(0, 0), (1, 0)}.
3. Montrer que le problme pos revient construire un segment de longueur a,
avec a racine du polynme X 3 2.
4. En dduire que la duplication du cube est impossible.
Trisection de langle
Le problme est : Peut-on construire la rgle et au compas deux
droites qui divisent un angle donn quelconque en trois angles
gaux ? .
On considre le cas = 3 . Le problme pos revient alors construire [0, 1]
tel que = cos 9 , donc aussi = 2.
5. Montrer que le polynme minimal de est X 3 3X 3. (On utilisera la formule
cos(3a) = 4cos3 (a) 3cos(a).)
6. En dduire que la trisection de langle est impossible.
286
Thmes de rflexion
Quadrature du cercle
Le problme est : Peut-on construire la rgle et au compas un carr
ayant mme aire quun disque donn ? .
Supposons que le disque donn soit le disque unit, daire . Le problme
Algbre T1
288
TRAVAUX PRATIQUES
Familiarisation
1. Manipulons.
Tester les commandes irreduc(P) et solve(P) sur dirents polynmes
P Z[x] de bas degr. Par quel type de formules Maple exprime-t-il
les racines ? Pourquoi nobtient-on pas de telles formules dans tous les
cas ? (Vous en saurez plus au chapitre XVI.) Maple renvoie alors un
RootOf (tester x5 x + 1 par exemple).
Algbre T1
factor(P);
factor(P, real);
factor(P, complex);
rac1:=map(evalf,[rac]);
map(r->convert(r,polar),rac1);
Quel type dalgorithme Maple utilise-t-il pour factoriser dans les rels
et les complexes ? Essayer de comprendre comment les racines stockes
dans rac sont ordonnes, en consultant au besoin laide de la commande
RootOf,indexed.
Calculer la main les expressions suivantes :
> sum(x,x=RootOf(P,x)), sum(x^5,x=RootOf(P,x)),
sum(1/x,x=RootOf(P,x));
(Utiliser les relations entre coecients et racines, cf. chapitre VIII, paragraphe 11.)
Les degrs 3 et 4 :
>alias(a=RootOf(x^3+x-1)): allvalues(a);
>a:=a: alias(a=RootOf(x^3+x-1)): allvalues(a);
>alias(b=RootOf(x^3+x-1)): allvalues(b);
>P:=sort(x^3+add(c[i]*x^i,i=0..2),x);allvalues(RootOf(P,x));
>P:=sort(x^4+add(c[i]*x^i,i=0..3),x);allvalues(RootOf(P,x));
2. Soit a une racine du polynme P (x) = x5 + x2 + 4 et soit R(x) = x9 + x6 + 1.
Dnir P, R et a sous Maple ; que donne evala(subs(x=a,R)); ? Vrier
quil sagit de la valeur en a du reste de la division euclidienne de R par P ,
conformment lisomorphisme Q[a] Q[x]/(P ) qui fait correspondre R(a)
la classe de R(x) dans le quotient Q[x]/(P ). On utilisera la commande Maple
rem.
290
Travaux pratiques
Comme Q[a] Q[x]/(P ) est un corps, a1 sexprime galement comme un polynme en a (de degr au plus 4). Tester evala(subs(x=a,R)); et vrier que
le polynme obtenu est linverse de x modulo P (plus exactement linverse de
la classe de x dans Q[x]/(P )). Maple a donc appliqu lalgorithme dEuclide
(semi-)tendu (commande gcdex) pour calculer le coecient souhait dune
relation de Bezout xu(x) + P (x)v(x) = 1. Tout lment non nul de Q[a] est
inversible : le polynme (en a) correspondant est premier avec P , donc on peut
crire lidentit de Bezout. Calculer R(a)1 .
Remarque. Lide de lalgorithme euclidien est que si a = bq + r (o b = 0) alors
ou bien r = 0 auquel cas le pgcd est b, ou bien pgcd(a, b) = pgcd(b, r) une unit
prs. En eet, si d divise a et b, alors il divise r = a bq (et b) ; rciproquement,
sil divise b et r, il divise a = bq +r (et b). Ainsi le pgcd est le dernier reste non nul.
Finalement, lalgorithme dEuclide est le suivant : partir de a0 = a et b0 = b,
on eectue les divisions euclidiennes an = bn qn + rn puis lon dnit an+1 = bn et
bn+1 = rn tant que rn = 0.
Pour lalgorithme tendu, on cherche construire deux suites un et vn telles
que rn = aun + bvn pour tout n, jusquau dernier reste non nul o lon obtient les
coecients de Bezout. On utilise le fait que an = rn2 et bn = rn1 : on eectue
alors la division euclidienne rn2 = rn1 qn + rn et lon dnit un = un2 un1 qn
et vn = vn2 vn1 qn . Pour initialiser, on part de r2 = a = a.1 + b.0 et
r1 = b = a.0 + b.1.
La problmatique qui nous concerne maintenant est la suivante : soit a une
racine (dans C) dun polynme irrductible P de Q[x]. Cela dnit une extension
L = Q(a) de Q. Le polynme minimal de a est P , une constante prs, et la
structure algbrique de Q(a) est dnie par lisomorphisme Q(a) Q[x]/(P ). En
particulier, cela ne dpend pas de la racine complexe choisie ; en notation Maple,
a:=RootOf(P,x) nen dit pas plus : on travaille dans Q[x]/(P ).
Un autre lment b de Q(a) sexprime comme un polynme b = R(a) en a. Il
sagit de calculer son polynme minimal sur Q, en fonction de R et P . Lingrdient
essentiel est le rsultant.
La thorie du rsultant
Soit A un anneau intgre. Pour tout entier n, on note A[x]n le A-module des
polynmes de degr strictement plus petit que n. Cest donc un A-module libre
de rang n.
291
Algbre T1
n
i
i
Si f = m
i=0 ai x et g =
i=0 bi x sont deux lments de A[x], on peut dnir
le rsultant Res(f, g) comme le dterminant de la matrice de Sylvester
am
bn
a1 a0
am
...
a1 a0
..
.. ..
.
. .
...
a1 a0
am
... ...
b1 b0
..
.. ..
.
. .
... ...
b1 b0
bn
...
Travaux pratiques
(ri sj ).
(2)
i,j
Algbre T1
Travaux pratiques
sachant que les fonctions symtriques lmentaires si (donc les ai ) sont homognes de degr n i en les xi .
Dautre part, si lon remplace xi par yj , on obtient un rsultant nul. Ainsi
Res(f, g) est divisible par xi yj dans Q(x,i , yj , am , bn )[xi ] (o x,i signie que
est unitaire. Les xi yj
lon omet xi ), donc dans Z[xi , yj , am , bn ] car xi yj
tant premiers entre eux, Res(f, g) est divisible par i,j (xi yj ). Le vrier
sur lexemple. Quel facteur reste-t-il ? Dmontrer nalement la formule (2)
(examiner la contribution de la diagonale, i.e. = Id). Noter que lon utilise
le fait que lvaluation est un morphisme danneaux qui commute avec le
dterminant : on peut remplacer les xi par les ri .
Algbre T1
Proposition 4. Si A est irrductible dans Q(a)[x], alors NQ(a)/Q (A) est gal une
puissance dun polynme irrductible de Q[x].
Corollaire 1. On a NQ(a)/Q (x b) = rb , o r = [Q(a) : Q(b)].
ei
i Ni
Travaux pratiques
i,j
i=1
j=1
i=1
6. crire une procdure Norme:=proc(A,a,P) calculant, par la mthode du rsultant, la norme dun polynme A de Q(a)[x], o a est dni par une commande
alias(a=RootOf(P,x)). Tester avec lexemple P = x4 + x3 + x2 + x + 1,
b = a + a1 de la question prcdente.
7. Enn, crire une procdure minimal:=proc(b,a,P) faisant appel Norme et
renvoyant le polynme minimal de b (on pourra utiliser le polynme driv
obtenu avec la commande diff). Tester sur lexemple habituel.
Proposition 6. Supposons que A Q(a)[x] etNQ(a)/Q (A) Q[x] soient tous les
deux sans facteur carr. Soit
NQ(a)/Q (A) = sj=1 Nj la factorisation en irrductibles dans Q[x]. Alors A = pgcd(A, Nj ) est la factorisation de A en irrductibles dans Q(a)[x].
t
i=1 Ai
Lemme 1. Si A Q(a)[x] est sans facteur carr, alors il nexiste quun nombre
ni de k Q tels que NQ(a)/Q (A(x ka)) ne soit pas sans facteur carr.
297
Algbre T1
298
XII
DCOMPOSITION DES POLYNMES
CLTURES ALGBRIQUES
Proposition XII.1.1. Pour tout corps k et tout polynme f (X) de k[X], il existe un
corps de rupture.
Exemples XII.1.1.
a) k = Q, f (X) = X 2 2; K = Q( 2).
b) k = R, f (X) = X 2 + 1; K = C.
k ( )
Corollaire XII.1.1. Soient K/k une extension et et deux lments de K algbriques sur k. Les assertions suivantes sont quivalentes :
(i) Les polynmes minimaux respectifs de et sont gaux
(ii) Il existe un (unique) k-isomorphisme de k() sur k( ) appliquant sur .
Exemples XII.1.2.
a) Le polynme X 3 1 de Q[X] est scind dans C.
301
Supposons le rsultat vrai pour tout corps et tout polynme de degr infrieur ou gal n 1 et soit f un polynme de degr n. On considre
K = k(1 , . . . , n ),
K = k (1 , . . . , n )
et
f (X) = c(X 1 ) . . . (X n ),
s(f )(X) = c (X 1 ) . . . (X n ).
dans K . Daprs la proposition (XII.1.2), il existe s1 : k(1 ) k (1 ), isomorphisme de corps qui prolonge s. Do, par hypothse de rcurrence, il existe
: K = k(1 )(2 , . . . , n ) K = k (1 )(2 , . . . , n )
Remarques XII.1.2.
a) Deux corps de dcomposition dun polynme ne sont pas canoniquement
isomorphes. En eet lisomorphisme dpend de lordre dans lequel on crit les
racines du polynme.
b) Deux polynmes irrductibles distincts peuvent avoir le mme corps de
dcomposition (cf. exemples ci-dessous).
Exemples XII.1.3.
a) f (X) = (X 2 3)(X 3 + 1) se dcompose dans C en
1i 3
1+i 3
X
.
f (X) = (X + 3)(X 3)(X + 1) X +
2
2
+1
0
1
+1
0
0
1
+1
0
0
0
0
0
1
1
0
+1
1
0
1
+1
+1
0
1
+1
1
+1
+1
1
0
+1
0
+1
1
303
Exercice XII.1.
1. Soient K un corps, P (X) un polynme de degr n de K[X], E un corps de
dcomposition de P (X). Montrer que [E : K] divise (n!).
2. Soient K C un corps et P (X) = X 3 + pX + q un polynme
irrductible dans K[X], dont on note a, b, c les racines dans C. On pose
d = (a b)(b c)(c a).
a) crire les relations entre coecients et racines pour P (X). En dduire que
b + c = a et (b c)(2q 2 + aq ) = d.
b) Montrer que K(a, d) est un corps de dcomposition de P (X) sur K.
c) Montrer que [K(a, d) : K] = 3 ou 6, suivant que le discriminant
D(P ) = 4p3 27q 2 de P est un carr ou non dans K. (Indication : on remarquera que d2 est symtrique en a, b, c ; il sexprime donc en fonction des polynmes
symtriques lmentaires, donc en fonction de p et q. Vrier que d2 = D(P ).)
Montrons que (ii) implique (iii) : puisque k[X] est principal, tout polynme
f (X) scrit comme produit de polynmes irrductibles, donc du premier degr.
Un polynme du premier degr a une racine dans k.
Pour montrer que (iii) implique (i), on procde par rcurrence sur le degr
de f :
le rsultat est vrai si d f = 1,
supposons le rsultat vrai si d f n 1 et soit f un polynme de degr n ;
il existe k tel que f () = 0, do f (X) = (X )g(X) et le rsultat en
dcoule par hypothse de rcurrence.
Montrons que (ii) implique (iv) : soit un lment algbrique sur k. Le polynme
minimal de est de degr 1, donc dimk k() = 1, i.e. appartient k.
Montrons que (iv) implique (ii) : soit f (X) k[X] un polynme irrductible.
Alors k[X]/(f ) est un corps qui est une extension nie, donc algbrique, de k.
Do k[X]/(f ) = k et dimk k[X]/(f ) = 1 = d f .
1 , . . . , d K.
i=1
i j.
(X ij ).
ij
C.
nme
f (X) =
n
(X ai ) + 1
i=1
307
de dcomposition sur K du polynme 1in fi (X). Dans , en spcialisant Xfi
en une racine du polynme fi (X) pour i = 1, . . . , n et Xf en 0 pour les autres f ,
on obtient 0 = 1, ce qui est impossible.
Puisque a = K[Xf ], soit m un idal maximal de K[Xf ] contenant a. On
pose K1 = K[Xf ]/m. On identie K un sous-corps de K1 , i.e. K1 /K est une
extension. Soit f la classe de Xf dans K1 : alors f (f ) = 0 et f est une
racine dans K1 du polynme f (X). Puisque ceci est vrai pour tous les f , o f
parcourt F, K1 est algbrique sur K et tout polynme non constant de K[X] a
une racine dans K1 .
On construit K2 partir de K1 comme K1 partir de K et, plus gnralement,
Kn partir de Kn1 par le mme procd, de sorte que tout polynme irrductible
de Kn1 [X] admet une racine dans Kn .
On pose K = nN Kn . Cette runion a un sens puisque les Kn , n N,
forment une suite croissante. Dautre part, pour tous x, y K, il existe p N
tel que x Kp et y Kp : on considre laddition et la multiplication de x et
y eectues dans Kp . Puisque, pour tous p, q N, p q, Kp est un sous-corps
de Kq , i.e. les structures de corps de Kp et Kq sont compatibles, les oprations
ci-dessus dnissent bien une structure de corps sur K.
Montrons que K/K est algbrique : Soit K, alors il existe n N, tel que
appartienne Kn . Comme K = K0 K1 . . . Kn et que chaque Ki+1 /Ki
algbrique, Kn /K est algbrique et est algbrique sur K.
Montrons que K est algbriquement clos : soit f (X) K[X]. Il existe n N
tel que f (X) Kn [X] ; il a donc une racine dans Kn+1 , donc dans K.
d) Montrer que K = nN Fpn! est un corps et que cest une clture algbrique
de tout corps ni de caractristique p (donc de Fp ).
Thorme XII.2.3. Soient F/K et E/F des extensions algbriques et K une clture
algbrique de K. Tout K-morphisme de F dans K se prolonge en un K-morphisme
de E dans K.
308
diagramme
Remarque XII.2.3. On peut donc identier toute extension algbrique dun corps
K un sous-corps dune clture algbrique K de K (cf. remarque XII.2.4 cidessous).
Corollaire XII.2.2. Soient K un corps, K une clture algbrique de K, E et F des
sous-corps de K contenant K. Tout K-morphisme de E dans F se prolonge en
un K-automorphisme de K.
Dmonstration. On a
f
E F K.
309
K K.
Puisque K/K est algbrique, f est un automorphisme (daprs la proposition (XI.1.5)).
Remarques XII.2.4.
a) Il ny a pas, en gnral, unicit de lisomorphisme du corollaire XII.2.3. On
ne doit donc pas parler de LA clture algbrique dun corps, mais dUNE clture
algbrique.
b) Soient K un corps et Ei /K, i I, une famille quelconque dextensions.
On dmontrera au TR.XII ci-aprs quil existe une extension E/K telle que, pour
tout i I, Ei sidentie une sous-extension de E, i.e. il existe un K-morphisme
injectif ui : Ei E. En considrant une clture algbrique E de E, on en
dduit que, pour toute famille donne dextensions Ei /K, les Ei , i I, peuvent
tre considrs comme des sous-corps dune extension algbriquement close de K.
310
THMES DE RFLEXION
Lobjectif de ce TR est de dmontrer le rsultat annonc la remarque (XII.2.3) ci-dessus, i.e. pour toute famille donne dextensions Ei /K,
il existe une extension E/K telle que, pour tout i I, Ei sidentie une sousextension de E.
Pour cela, nous sommes amens introduire la notion de produit tensoriel de
K-espaces vectoriels et de K-algbres. Cette notion, capitale en mathmatiques,
est dnie pour les modules sur un anneau, mais, pour simplier notre propos,
nous ne ltudierons que dans le cadre des espaces vectoriels et des algbres sur
un corps commutatif.
Dans tout ce qui suit, K est un corps commutatif.
Algbre T1
Thmes de rflexion
.
8. Montrer que ( iI Ei , ) est solution dun problme universel analogue celui
expos ci-dessus.
.
9. Si (Il )lL est une partition de
.I, montrer que .iI Ei est canoniquement
isomorphe au K-espace vectoriel lL Fl , avec Fl = iIl Ei .
On suppose que (Ei )iI est une famille de K-algbres associatives, commutatives, unitaires.
.
10. Montrer que le K-espace vectoriel iI Ei , muni de la multiplication dnie
par (iI xi )(iI yi ) = iI (xi yi ), est une K-algbre associative, commutative,
unitaire.
Pour tout indice l I, on considre le morphisme dalgbres
/
Ei
fl : El
iI
313
TRAVAUX PRATIQUES
Algbre T1
Travaux pratiques
Algbre T1
5. On va automatiser cela : avec les notations de la question prcdente, dmontrer que c est primitif si et seulement si N est sans facteur carr. En dduire
une procdure primitif:=proc(R,a,P) renvoyant un couple (, ) tel que
b + a soit un lment primitif de polynme minimal sur Q. Tester avec
P = x3 2x + 2 et R le facteur de degr 2 obtenu en dcomposant P sur Q(a).
En dduire un lment primitif du corps de dcomposition de P .
On dsire maintenant exprimer a et b en fonction dun lment primitif
c = b + a de Q(a, b), connaissant les polynmes minimaux a et b , et ayant
t dtermin par la mthode expose prcdemment.
a
)
et
P
=
a = m
i
1
i=1
j=1 (x b1,j ) et lon peut supposer que a = a1 et
b = b1,1 .
Soit i : Q(a) C les m plongements dnis par i (a) = ai ; le polyobtenu en appliquant i aux coecients de P1 se dcompose sur C
nme i P1
i
en P1 = nj=1 (x bi,j ), tous les bi,j tant distincts deux deux car b est
racines simples. On a alors mn plongements Q(c) = Q(a, b) C qui peuvent tre
dnis par i,j (a) = ai et i,j (b) = bi,j . Ils sont deux deux distincts, donc aussi
les conjugus i,j (c) = bi,j + ai .
Revenons pgcd(a , b (cx)) : ses racines sont parmi les ai . Or ai est racine
de b (c x) si et seulement si c ai est racine de b . De plus, c nest gal
bi,j + ai que pour ai = a (et bi,j = b). Le pgcd vaut donc x a.
6. Mener les calculs sur lexemple de la question 3 (b), lorsque Q(a, b) = Q(c)
est de degr 6 sur Q. On exprimera a et b comme des polynmes en c. Vrier
numriquement que les direntes approximations complexes de a = a(c),
obtenues lorsque c dcrit les racines de son polynme minimal c , concident
avec les valeurs des racines de a .
Eectuer galement une vrication de type algbrique : dcomposer P sur
Q(c), vrier que a(c) est racine et que le produit des deux autres facteurs de
degr 1 (ce polynme savre scind) concide avec le facteur indcomposable
de degr 2 sur Q(a).
318
Travaux pratiques
3
3
3
3
3
5 4 = ( 2 + 20 25)/3.
(XII.2)
319
Algbre T1
8. Premire identit.
(a) Vrier que lidentit est vraie 1030 prs (utiliser la commande
Digits).
(b) Dnir sous Maple 3 5 (resp. 3 4) comme racine a (resp. b) de son polynme minimal sur Q. Vrier que c = a b est un lment primitif de
Q(a, b) et calculer son polynme minimal sur Q.
320
XIII
EXTENSIONS NORMALES, SPARABLES
Ayant trouv une extension L/K dans laquelle un polynme f (X) K[X]
admet une racine, il nest pas certain que L contienne toutes les racines de f (X).
Par exemple, R ne contient quune seule racine du polynme X 3 1 Q[X]. Pour
pallier cet inconvnient, nous introduisons la notion dextension normale. Si une
telle extension contient une racine dun polynme, elle les contient toutes. De ce
fait, elle a un trs bon comportement par rapport laction du groupe de Galois.
Cependant, si les racines ne sont pas toutes simples, les corps de dcomposition
du polynme manquent de K-automorphismes. Ceci nest pas le cas lorsque
lextension est sparable.
Il apparatra, au chapitre suivant, que les extensions qui peuvent tre tudies
grce leur groupe de Galois sont les extensions normales et sparables.
Toutes les extensions considres dans ce chapitre
sont algbriques.
Dnition XIII.1.1. Soient E/k et F/k deux extensions. On dit que E/k et
F/k sont conjugues dans sil existe un k-automorphisme de tel que
(E) = F . Deux lments et de sont conjugus sur k sil existe un
k-automorphisme de tel que () = .
une
consquence
et (XII.2.2).
vidente
des
corollaires
(XII.1.1)
Proposition XIII.2.1. Soient K/k une extension algbrique, k une clture algbrique
de k contenant K. Les assertions suivantes sont quivalentes :
(i) K est le corps de dcomposition sur k dune famille de polynmes de k[X]
(ii) Tout k-morphisme de K dans k est un k-automorphisme de K, i.e.
(K) = K
(iii) Tout polynme irrductible de k[X] qui a une racine dans K est scind
dans K.
Dmonstration. Montrons que (i) implique (ii) : considrons {fi (X)}iI une famille de polynmes de k[X] dont K soit un corps de dcomposition. Soit
K une racine dun fi (X) ; pour tout k-morphisme : K k on a :
0 = (fi ()) = fi (()). Puisque K est un corps de dcomposition des fi (X),
il est engendr par les racines des fi (X), donc (K) K, i.e. est un
k-endomorphisme de K. Mais K/k est algbrique, donc, daprs la proposition (XI.1.5), cest un k-automorphisme.
Montrons que (ii) implique (i) : soient K et M (X) son polynme minimal.
Soit une racine de M (X) dans k. Alors, daprs la proposition (XII.1.2), il existe
un k-isomorphisme : k() k() tel que () = . On a k() k() k.
Comme k() K, daprs le thorme (XII.2.3), se prolonge en un k-morphisme
322
La dmonstration ci-dessus prouve que (ii) implique (iii). Montrons que (iii)
implique (ii) : soit : K k un k-morphisme. Soient K et M (X) son
polynme minimal. Alors () est racine de M (X) donc, par hypothse (iii),
appartient K. Do est un k-endomorphisme de K et, daprs la proposition (XI.1.5), est un k-automorphisme de K.
3
2) nest pas une extension
normale de Q, car le polynme minimal de
c)
Q(
3
3
2 nest pas scind dans Q( 2).
Remarque XIII.2.1.
a) Une extension K/k est normale si et seulement si elle est identique toutes
ses conjugues sur k, en vertu de la proposition (XIII.2.1.(ii)).
b) Si K/k est normale et K, tous les conjugus de appartiennent K.
Exercice XIII.1.
1. Montrer que toute extension de degr 2 est normale.
2. Soient k un corps, k une clture algbrique de k et L/k une extension
algbrique de k, L k. Montrer que k( (L)), o parcourt lensemble des
k-morphismes de L dans k, est une extension normale de k (qui contient L).
Remarque XIII.2.2. On sait que si k est un corps et k est une clture algbrique
de k, toute extension algbrique L/k se plonge dans k (corollaire XII.2.1). Lexercice XIII.1.2 ci-dessus montre donc que, pour toute extension algbrique L/k, il
existe une extension normale N/k (contenue dans k), avec k L N (cf. aussi
dnition (XIII.2.2) et suivants ci-dessous).
Exercice XIII.2. Soient k C un corps et f (X) k[X] un polynme irrductible
de degr 3 et de discriminant D = d2 , d C (pour la dnition du discriminant cf.
lexercice XII.1). Soit a C une racine de f (X). Montrer que lextension k(a)/k
est normale si et seulement si d est dans k. (Indication : on utilisera les rsultats
de lexercice XII.1.)
323
Proposition XIII.2.2. Soient L/K et K/k des extensions. Si L/k est normale, alors
L/K est normale.
Dmonstration. Tout K-morphisme de L dans k est aussi un k-morphisme, donc
un automorphisme de L.
Attention.
En eet, considrons
les exemples
suivants
:
3
3
3
2
a) k = Q, K = Q( 2), L = Q( 2, j 2, j 3 2).
Remarque XIII.2.3. On donnera, la proposition (XIII.2.6) ci-dessous, sous certaines hypothses, une condition ncessaire et susante pour que L/k normale
implique K/k normale.
Proposition
Soit Ki /k,
% i I, une famille dextensions normales, Ki k.
XIII.2.3.$
Alors iI Ki et k iI Ki sont des extensions normales de k.
Dmonstration. Soit un k-automorphisme de k. Alors (Ki ) = Ki , pour tout
Ki et iI Ki estune extension normale de k. On
i I, do (
iI Ki ) =
iI
vrie que (k( iI Ki )) = k( iI Ki ), do k( iI Ki ) est normale.
(cf. remarque XIII.2.1.b), donc k(B). De plus, k(B) est une extension normale de k, car pour tout k-automorphisme de k, on a (B) B, donc
(k(B)) = k((B)) k(B). videmment k(B) k(A). Cest donc lextension
normale de k engendre par k(A).
Corollaire XIII.2.1.
(i) Si K/k est une extension algbrique nie, lextension normale de k engendre par K est nie sur k.
(ii) Toute extension normale N/k est runion des sous-corps de N qui sont
des extensions normales nies de k.
Dmonstration. (i). On a K = k(A) avec Card(A) < +, donc lensemble B des
conjugus est ni, puisque les lments de B ont mmes polynmes minimaux que
les lments de A. Do [k(B) : k] < +.
(ii). Lextension N est runion des k(A), o A parcourt lensemble des parties
nies de N . Donc N est runion des extensions normales de k engendres par les
k(A) qui, daprs (i), sont nies sur k.
s : E k k
tel que s(L) = L . Puisque E/k est normale, s est un k-automorphisme de
E. Rciproquement, si s est un k-automorphisme de E, il se prolonge en un
k-automorphisme de k et si s(L) = L , alors (L) = L .
Proposition XIII.2.6. Soient E/k une extension normale, Gal(E/k) son groupe de
Galois, L un corps intermdiaire, k L E. Les assertions suivantes sont
quivalentes :
(i) Lextension L/k est normale.
(ii) Pour tout s dans Gal(E/k), s(L) = L.
Dmonstration. Cest une consquence de la remarque (XIII.2.1.a) et de la proposition (XIII.2.5).
Exemples XIII.3.1.
a) Si k est un corps de caractristique nulle, tout polynme irrductible non
constant de k[X] est sparable sur k (cf. corollaire XI.1.1).
b) Donnons ici un exemple dun polynme irrductible non sparable. Soient
p un nombre premier, k = Z/pZ, a un lment transcendant sur k. On pose
K = k(a) et on considre f (X) = X p a K[X]. Soient E un corps de dcomposition de f (X) sur K et une racine de f (X) dans E. On a p = a, do, dans
K[X], on a
(X )p = X p p = X p a = f (X).
326
Lunicit de la dcomposition dun polynme en produit de polynmes irrductibles implique que est lunique racine de f (X), de multiplicit p.
Montrons maintenant que le polynme f (X) est irrductible. En eet, si
f (X) = g(X)h(X) K[X], avec g et h polynmes unitaires, d g(X) < d f (X) et
d h(X) < d f (X), alors, daprs ce qui prcde, g(X) = (X )s avec 0 < s < p,
do s K. Mais puisque p est premier et s < p, il existe (u, v) Z Z tels que
1 = us + vp, do = us+vp = (s )u (p )v = (s )u av K, i.e. K. On peut
donc exprimer sous la forme = m(a)
n(a) , avec m(a) k[a] et n(a) k[a], m(a)
p
p
p
et n(a) premiers entre eux. On en dduit que a = m(a)
n(a)p , i.e. an(a) m(a) = 0,
do la contradiction puisque llment a est transcendant sur k.
Remarque XIII.3.1.
a) Dans ce qui prcde, nous avons considr les k-morphismes K k, i.e. le
cas o est linclusion k k. Nous avons besoin de faire varier pour dmontrer
la proposition (XIII.3.3) ci-dessous.
327
Dnition XIII.3.2. Avec les notations prcdentes, on appelle degr sparable de K sur k, ou degr sparable de lextension algbrique K/k,
le cardinal de S . Lorsque ce cardinal est ni, on le note [K : k]s .
Proposition XIII.3.2. Si est algbrique sur k et si K = k(), alors [K : k]s est
gal au nombre de racines distinctes du polynme minimal sur k de , dans un
corps de dcomposition sur k de ce polynme.
Dmonstration. Par dnition, [k() : k]s = card(S ), avec : k k. On
considre lapplication (), o appartient S . Cest, daprs (1.3),
une application bijective de S sur lensemble des racines distinctes du polynme
minimal de .
Proposition XIII.3.3. Soient K/k et L/K des extensions telles que L/k soit algbrique.
(i) [L : k]s est ni si et seulement si [L : K]s et [K : k]s sont nis et alors
[L : k]s = [L : K]s [K : k]s .
(ii) Si K/k est nie, [K : k]s [K : k].
Dmonstration. (i). Soit : k k et soit i : K k, i I, la famille
Thorme XIII.3.1. Si K/k une extension nie, les assertions suivantes sont quivalentes :
(i) Lextension K/k est sparable
(ii) [K : k]s = [K : k].
Dmonstration. Cas monogne : On suppose K = k(), algbrique sur k. On a
Corollaire XIII.3.1. Soit K/k une extension algbrique. Les assertions suivantes
sont quivalentes :
(i) Lextension K/k est sparable
(ii) Pour tout corps intermdiaire E tel que lextension E/k soit nie,
[E : k]s = [E : k].
329
Thorme XIII.3.2. Soient K/k et L/K des extensions algbriques. Alors L/k
est une extension sparable si et seulement si K/k et L/K sont des extensions
sparables.
Dmonstration. Remarquons dabord que si [L : k] < +, on a
/ k[X p ]. Alors,
On considre lentier 0 tel que M (X) = h(X p ) et h
p
daprs (XI.1.6), est racine dun polynme sparable et, en comparant les
degrs de M (X) et h(X), on a :
[k() : k(p )] = p
car h(X) est irrductible sur k, cest donc Mp . Mais comme h est sparable,
on a :
Supposons que |k| = + : on a K = k(1 , . . . , q ). On peut, modulo une rcurrence, supposer K = k(, ), o et sont sparables sur k. Soit k une clture
algbrique de k et 1 , . . . , n les k-plongements distincts de k(, ) dans k. On
forme le polynme
(i j )( + X).
P (X) =
1i<jn
aii
et det(aij )
i=1
Dnition XIII.5.1. Pour tout lment x B, on appelle trace, norme, polynme caractristique de x, relativement lextension B/A, les lments
respectifs
T rB/A (x) = T r(mx ),
0 0 0 a0
1 0 0 a1
0 1 0 a2
.. ..
..
..
. . .
.
0 0 1 an1
donc T rL/K (x) = an1 et NL/K (x) = (1)n a0 . Mais puisque x est un lment
primitif, le polynme minimal de x, Mx (X) = X n + an1 X n1 + . . . + a0 , scrit
Mx (X) = (Xx1 ) . . . (Xxn ). Donc an1 = x1 +. . .+xn et (1)n a0 = x1 . . . xn .
Par consquent,
T rL/K (x) = x1 + . . . + xn
334
et NL/K (x) = x1 . . . xn .
do
x(yi zj ) =
h
aih yh
zj =
aih (yh zj ).
M = ... ,
M
do Px,L/K = det(XId M ) = (det(XId M ))r . Mais det(XId M ) = Mx (X)
daprs ltape 1. Do le rsultat.
Exercice XIII.5. On suppose que E/K est une extension sparable de degr
n, contenue dans une clture algbrique K de K. On note 1 , . . . , n les n
K-morphismes distincts de E dans K.
n
a) Montrer
n que pour tout lment x de E, on a T rE/K (x) = i=1 i (x) et
NE/K (x) = i=1 i (x).
f) Montrer que
T rE/K (x) = T rL/K (T rE/L (x))
336
THMES DE RFLEXION
Une extension algbrique E/K qui nest pas sparable, i.e. dans laquelle
il existe au moins un lment non sparable, est dite insparable. Daprs
lexemple (XIII.3.1.a), cette notion na de sens quen caractristique p > 0. En particulier, daprs la proposition (XIII.3.2), si est un lment de E non sparable
sur K, toutes les racines de son polynme minimal sont dordre une puissance de
la caractristique de K.
1. Soient E/K une extension algbrique et Es lensemble des lments de E qui
sont sparables sur K. Montrer que Es est une extension sparable de K. (On
montrera que Es est la runion des extensions sparables de K contenues dans E.)
Algbre T1
Thmes de rflexion
(ii) Pour tout entier n > 0, un lment a K a une seule racine pn -ime dans
n
K, quon notera ap
(iii) Lensemble {ap
7. Montrer que K p
est le plus petit sous-corps parfait de K contenant K.
On en dduit quun corps est parfait si et seulement sil est gal sa
clture radicielle.
8. Montrer que si le corps K nest pas parfait, lextension K p
de degr ni.
/K ne peut tre
Algbre T1
Thmes de rflexion
11. Montrer que pour quil existe une drivation D de L dans F prolongeant D et
telle que D(xi ) = ui , 1 i n, il faut et il sut que pour tout polynme f a,
on ait
n
f
D
ui = 0,
f (x1 , . . . , xn ) +
xi
i=1
n1 n2 . . . X np , alors
o f D est dni par : si f =
(ni ) n1 n2 ...np X X
f D = (ni ) D(n1 n2 ...np )X n1 X n2 . . . X np . (On remarquera que f f D est une
drivation qui prolonge la drivation D. Pour dmontrer que la condition est sufsante, on montrera que la relation ci-dessus permet de dnir D sur lanneau
E[x1 , . . . , xn ] et on appliquera le rsultat de la question 7.)
12. En dduire que si, dans la situation ci-dessus, L est une extension transcendante pure de E, de base pure (xi ), 1 i n, pour toute drivation D de E dans
F , D existe et est unique.
13. Soit L une extension algbrique sparable de E contenue dans F . Montrer que
toute drivation D de E dans F se prolonge de manire unique en une drivation
D de L dans F . (Pour dmontrer lexistence de D, on montrera dabord quon
peut supposer que L est de type ni, L = E(x1 , . . . , xn ). On fera ensuite un
raisonnement par rcurrence sur n, en considrant le polynme minimal de xn sur
E(x1 , . . . , xn1 ).)
14. En dduire que si la drivation D de E est telle que D(E) E, alors
D(L) L.
15. Montrer que toute K-drivation dune extension E/K est nulle dans toute
extension algbrique sparable de K contenue dans E.
16. Montrer que si L F est une extension radicielle nie de K, de degr strictement suprieur 1, il existe une K-drivation non nulle de E dans F .
On en dduit la caractrisation des extensions algbriques sparables annonce
au dbut de ce TR :
17. Montrer que pour quune extension E/K de type ni, E F , soit algbrique
et sparable, il faut et il sut que la seule K-drivation de E dans F soit la
drivation nulle.
341
Troisime partie
THORIE DE GALOIS
ET APPLICATIONS
XIV
EXTENSIONS GALOISIENNES
THORIE DE GALOIS DES EXTENSIONS
FINIES
La thorie de Galois permet de rpondre, dans le cas des extensions galoisiennes nies, la question pose en (X.4.1). Le rsultat principal de cette thorie
est que si E/K est une extension galoisienne nie, le groupe de Galois Gal(E/K)
et ses sous-groupes permettent de caractriser entirement toutes les extensions
intermdiaires K L E.
Remarque XIV.1.1. Soient E/K une extension algbrique et K une clture algbrique de K contenant E. Tout lment s Gal(E/K) induit un K-morphisme
de E dans K. Donc si lextension est nie, |Gal(E/K)| [E : K]s . Inversement, si lextension E/K est normale, tout K-morphisme E K est un
K-automorphisme de E, donc un lment de Gal(E/K). Par consquent, si lextension E/K est nie et normale, |Gal(E/K)| = [E : K]s .
Corollaire XIV.1.1. Soit E/K une extension algbrique nie, normale, sparable,
alors [E : K] = |Gal(E/K)|.
Dnition XIV.1.1. Une extension E/K est dite galoisienne si elle est algbrique, normale et sparable.
Remarque XIV.1.2. Une extension algbrique E/K est galoisienne si et seulement
si pour tout E, le polynme minimal M (X) de sur K a toutes ses racines
simples et contenues dans E.
On dduit du thorme (X.3.2) et de la proposition (X.4.1) que si E/K est une
extension nie galoisienne, alors Inv(Gal(E/K)) = K. On a, plus gnralement,
le rsultat suivant :
Thorme XIV.1.1. Soit E/K une extension algbrique. Les assertions suivantes
sont quivalentes :
(i) Inv(Gal(E/K)) = K
(ii) Lextension E/K est galoisienne.
Dmonstration. Montrons que (i) implique (ii). Soient E et M (X) son poly-
nme minimal sur K. On note 1 = , 2 , . . . , n ses racines distinctes et contenues dans E. Tout lment s Gal(E/K) permute les i , il laisse donc invariant
n
(X i ) E[X]. Daprs lhypothse, f (X) appartient
le polynme f (X) =
i=1
K[X]. Or f () = 0, donc f (X) est un multiple de M (X). Mais, par construction, f (X) divise M (X), do f (X) = M (X). Ainsi M (X) a toutes ses racines
simples et contenues dans E. Lextension E/K est galoisienne.
346
Attention.
Thorme XIV.1.4. Soient E/K une extension galoisienne, L et L deux corps intermdiaires. Les assertions suivantes sont quivalentes :
(i) Les corps L et L sont conjugus
(ii) Les groupes Gal(E/L) et Gal(E/L ) sont des sous-groupes conjugus de
Gal(E/K).
Dmonstration. Le fait que (i) implique (ii) est une consquence de la proposi-
tion (XIII.2.5) et de la proposition (X.4.1). Montrons que (ii) implique (i). Daprs
la proposition (X.4.1), on sait que les corps Inv(Gal(E/L) et Inv(Gal(E/L )) sont
conjugus. Mais daprs le thorme (XIV.1.3), les extensions E/L et E/L sont
galoisiennes et donc, daprs le thorme (XIV.1.1), on a : Inv(Gal(E/L)) = L
et Inv(Gal(E/L )) = L .
347
Remarque XIV.2.1. On pourra donc, pour tudier les sous-extensions dune extension nie sparable, la plonger dans sa clture galoisienne et appliquer alors la
thorie de Galois des extensions galoisiennes nies dveloppe ci-dessous.
L Gal(E/L)
H Inv(H) = E H .
Thorme XIV.3.1. Soit E/K une extension nie galoisienne. Lapplication est
une application bijective, dont lapplication bijective rciproque est .
Dmonstration. Montrons que est gale lidentit. Soit L un corps interm-
diaire : puisque E/K est galoisienne, E/L lest aussi et, par consquent, daprs
le thorme (XIV.1.1), E Gal(E/L) = L.
Montrons que est gale lidentit. Soit H un sous-groupe de Gal(E/K)
et posons L = Inv(H). Puisque [E : K] < +, daprs le corollaire (XIV.1.1),
H est ni, donc, daprs le thorme (XIV.2.2), H = Gal(E/L).
348
Attention. Lhypothse [E : K] < + est essentielle. Lnonc du thorme XIV.3.1 nest plus valable si E/K est une extension galoisienne innie,
cf. TR.XIV. Cependant, on remarquera que, ds que E/K est galoisienne, lapplication est injective (et lapplication surjective).
Thorme XIV.3.2. Soient E/K une extension nie galoisienne et L un corps intermdiaire. Les assertions suivantes sont quivalentes :
(i) Lextension L/K est galoisienne
(ii) Gal(E/L) est un sous-groupe normal de Gal(E/K).
De plus, si ces conditions sont vries, lapplication, qui un lment de
Gal(E/K) fait correspondre sa restriction L, induit un isomorphisme de groupes
Gal(E/K)/Gal(E/L) Gal(L/K).
Dmonstration. Daprs la proposition (XIII.2.6), lextension L/K est normale
L L K
se prolonge en s : E K. Puisque E/K est normale, s est un K-automorphisme
de E, i.e. s Gal(E/K). On a donc t = (s). Dautre part, (s) = idL est
quivalent s Gal(E/L), i.e. Ker() est gal Gal(E/L).
349
Proposition XIV.3.1. Si E/K est une extension sparable nie, il nexiste quun
nombre ni de corps intermdiaires entre K et E.
Dmonstration. Soit N la clture normale de E sur K. Alors N/K est une exten-
On peut reprsenter les inclusions entre ces groupes par le diagramme cidessous, o chaque che (y compris compose) reprsente une inclusion.
> GO _@@
@@
~~
~
@@
~
~
@
~~
S
U
T
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~> O `@@@
~? O `@@@
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~~ ooooo
PPP @@@
~
PPP @@
~~ oo
PPP@ ~~o~oooo
o
L(T )
ss
sss
s
s
y ss
s
L(S)
KKK
KKK
KKK
K%
L(U )
KKK
GG
GG
ww
KKK
sss
s
GG
ww
s
w
K
s
GG
w
K
s
w
KK
G#
w{ w
% ysss
L(D) TT
L(B)
L(A)
L(C)
L(E)
TTTT
K
s
jjjj
j
s
TTTT KKKK
j
s
j
s
jj
TTTT KKK
sss jjjjj
TTTT KK
* % yssstjjjj
K = L(I)
353
THMES DE RFLEXION
Algbre T1
Thmes de rflexion
L Gal(E/L)
H Inv(H)
357
TRAVAUX PRATIQUES
Algbre T1
Si a dsigne une racine de P (dans une extension), Q(a)/Q est donc une extension
normale et sparable, i.e. galoisienne, et le groupe de Galois de P est Gal(P ) =
Gal(Q(a)/Q), de cardinal n = [Q(a) : Q].
Les autres racines sont donnes par ai = Fi (a), o les polynmes Fi Q[x]
sont de degr infrieur strictement n. Le groupe de Galois, Gal(P ), permute
les racines de P : P ((ai )) = (P (ai )) = 0 si Gal(P ). Comme les racines
de P sont distinctes et quun lment de Gal(P ) est dtermin par limage de
a = a1 , on peut voir Gal(P ) comme un sous-groupe de Sn (aprs numrotation
j de Sn
des racines). On pose G = {1 , . . . , n }, o j (a) = aj . La permutation
correspondant j est dtermine par :
j (ai ) = Fi (j (a)) = Fi (aj ) = aj (i) .
1. Exemple la main .
Vrier que P = x6 + 243 est normal ; donner la liste L des racines de P ,
exprimes comme des polynmes en a (avec les notations prcdentes).
Dnir chaque lment
j comme une permutation list en regardant
quel lment de L correspond chaque j (ai ), ai L.
Vrier que lensemble des
j forme bien un sous-groupe de S6 , du bon
ordre.
2. crire une procdure gal(P) renvoyant le groupe Gal(P ) exprim comme un
permgroup selon la syntaxe de Maple. On prendra soin dimprimer un message
derreur si P nest pas irrductible ou sil nest pas normal.
3. Tester sur les exemples suivants et identier, chaque fois que cest possible,
le groupe de Galois (dans lesprit de la classication des groupes de petits
ordres) :
P1 = x2 1, P2 = x4 + 3x2 + 3 ;
P3 = x6 + 12 ;
P4 = x4 + x3 + x2 + x + 1 ;
P5 = x5 + x4 4x3 3x2 + 3x + 1 ;
P6 = x8 12x6 + 23x4 12x2 + 1.
Travaux pratiques
K(L/K) G(G)
,
L Gal(L/M )
G(G) K(L/K)
H LH = {x L, hx = x h H}
sont des bijections rciproques lune de lautre. De plus, M/K est une extension
normale (donc galoisienne) si et seulement si H = Gal(L/M ) est normal (ou
distingu) dans G et alors Gal(M/K) G/H.
Pour obtenir les sous-corps maximaux dune extension Q(a)/Q, il sut donc
de regarder les invariants sous les sous-groupes minimaux de Gal(Q(a)/Q), i.e. les
invariants sous un lment, disons : a F (a), et faire varier F (a) au sein des
racines du polynme minimal de a.
i
Pour calculer ces invariants sous , on cherche les polynmes R = n1
i=0 ci x
(o n dsigne le degr de lextension) tels que (R(a)) = R((a)) = R(a) dans
Q(a). Sachant que (1, a, . . . , an1 ) forme une base, cela constitue un systme
rsoudre en les ci . On crit la matrice A du systme et on le rsout sous Maple
avec la commande LinearAlgebra[NullSpace](A).
Quelques commandes Maple utiles : coeff, collect, subs, Matrix(n,f)
(o f:=(i,j)->... dnit les coecients) ; on ordonne par degr croissant une
liste L de polynmes en invoquant sort(L,ordpoly), o
> ordpoly:=proc(f,g)
if degree(f,x)<= degree(g,x) then return(true) else return(false) ;
fi;
end:
4. Soient P Q[x] un polynme irrductible et L = Q(a) un corps de rupture. On suppose que L contient une deuxime racine b = F (a). crire une
procdure invariant(a,P,F) qui calcule les invariants, sous llment du
groupe Gal(L/Q) qui envoie a sur b (lutilisateur a donc dni au pralable
alias(a=RootOf((P))). Ces lments invariants seront prsents sous la forme
dune liste LP de polynmes (ordonns selon le degr), qui, lorsquils sont valus en a, constituent une base sur Q du sous-corps L .
Tester avec P = P5 . On calculera les sous-corps maximaux en faisant varier
F (a) au sein des racines de P . Conclure quil nexiste pas de corps intermdiaire
non trivial. Est-ce tonnant ?
361
Algbre T1
r
i=1
Ai , Ai Q(a)[x] ;
c =
s
Bj , Bj Q(b)[x].
j=1
Travaux pratiques
1
j0 = Bj0 . On voit donc que A1 et A1 sont relis par une arte.
Si maintenant Ai est dans la composante connexe de A1 , alors Ai est dans
la composante connexe de A1 , donc de A1 . Cela dmontre que permute les
lments de C, do P = P .
Soit L le corps engendr sur Q par les coecients de P . On va dmontrer que
si Gal(N/Q) vrie P = P (i.e. si appartient Gal(N/L)), alors est
lidentit sur Q(a) Q(b). Il en rsultera linclusion Q(a) Q(b) N Gal(N/L) = L
qui termine de dmontrer la proposition. Comme c est racine de A1 , donc de P ,
on voit que (c) est racine de P = P , donc de lun Ai0 des facteurs de P . On va
dmontrer quil existe Gal(N/Q(a) Q(b)) tel que (c) = (c). Ainsi et
concident sur Q(c), ce qui dmontre lassertion.
Comme A1 et Ai0 sont dans la mme composante connexe, il existe un circuit
dans le graphe permettant de passer de A1 = X1 Ai0 = Xt . Il existe une racine
2 N commune A1 et X2 , donc 1 Gal(N/Q(a)) tel que 1 (c) = 2 . De
mme, on trouve 3 N qui annule X2 et X3 , donc 2 appartenant Gal(N/Q(a))
ou Gal(N/Q(b)) tel que 2 (2 ) = 3 , selon que X2 est un Ai ou un Bj . On continue
ainsi jusqu t1 tel que t1 (t1 ) = t , avec t racine de Xt = Ai0 . Enn, il
existe t Gal(N/Q(a)) tel que t (t ) = (c). On prend pour la compose
des k .
Quelques remarques concernant la manipulation des graphes sous Maple :
Un graphe est dni par une commande
graphe:=network[graph](sommet,aretes);
o les n sommets sont, par exemple, les entiers de 1 n et les artes sont de la
forme {ik , jk }, cest--dire
sommets:={$1..n} et aretes:={{i1,j1},...,{ir,jr}}.
La composante connexe de 1 sobtient alors en invoquant
networks[components](graphe,root=1).
Un algorithme de parcours du graphe est en eet implment dans Maple. La
thorie des graphes ntant pas le propos de cet ouvrage, il sera pass sous silence.
8. Commenons par traiter un exemple. On prend a = x4 10x2 + 1,
b = x4 4x2 2 et P1 = b,Q(a) lun des facteurs irrductibles de la dcomposition de b sur Q(a) (au choix). Dterminer un lment primitif c et exprimer
a et b comme des polynmes a(c) et b(c) (toutes les procdures ont t crites
au TP.XII !). En dduire les Ai et Bj en tant qulments de Q(c)[x]. Dnir le
graphe o les r premiers sommets correspondent aux Ai et les s suivants aux
363
Algbre T1
Bj , puis calculer P . En dduire nalement Q(a) Q(b). On en donnera un lment primitif, dont on calculera galement lepolynme minimal. En dduire
que lintersection Q(a) Q(b) est, en fait, Q( 6).
9. On veut automatiser tout cela. crire une procdure interP:=proc(P1,a,Q)
renvoyant, en fonction de P1 , a et a = Q, un lment primitif d de Q(a)Q(b)
en tant que polynme en c, le polynme minimal de c et le polynme minimal
de d. Tester sur lexemple de la question prcdente.
Modier la procdure interP en une procdure interP2:=proc(P1,a,Q) renvoyant d exprim comme un polynme en a, ainsi que son polynme minimal. Tester sur lexemple prcdent. Prendre galement a = x3 + x + 1,
b = x3 x2 + 4x 3 et pour P1 les deux choix possibles. Tester enn avec des
extensions Q(a) et Q(b) de votre choix, dont les degrs sur Q sont premiers
entre eux (bien entendu, on doit trouver Q).
On dispose maintenant de tous les ingrdients. Lobjectif est de trouver tous les
sous-corps maximaux dun corps de nombres K = Q(a) qui nest plus forcment
galoisien sur Q. Le polynme minimal a de a se dcompose sur K en facteurs
irrductibles qui ne sont plus tous ncessairement de degr un. On associe chaque
facteur irrductible Pi = x a un sous-corps Ki comme suit :
si Pi = x ai alors Ki = K i , o i dsigne le Q-automorphisme de K
qui envoie a sur ai ;
si, par contre, deg Pi 2, on pose Ki = K Q(i ), pour i une racine
quelconque de Pi dans une extension convenable (cela ne dpend pas du
choix eectu, car les racines sont conjugues par un Q(a)-automorphisme
qui laisse lintersection inchange).
position de a ) et L un sous-corps maximal de K. Lextension N/Q est galoisienne et, par la correspondance de Galois, il correspond L un sous-groupe
GL = Gal(N/L) de G = Gal(N/Q). On considre galement GK = Gal(N/K).
On a donc GK GL G et il nexiste pas de sous-groupe entre GK et GL , car
L est maximal dans K. Par consquent, le groupe GL est engendr par GK et un
lment quelconque que lon se donne dans GL \ GK .
An de traduire cela en thorie des corps, on peut dire aussi que GL est
engendr par GK et GK 1 , si GK = GK 1 , et par GK et sinon.
364
Travaux pratiques
365
XV
RACINES DE LUNIT
CORPS FINIS
EXTENSIONS CYCLIQUES
Thorme XV.1.1. Soient K un corps de caractristique p > 0 et n un entier premier avec p. Le groupe Un (K) des racines n-ime de lunit (dans K) est un
groupe cyclique dordre n.
Dmonstration. Ce qui prcde montre que Un (K) est un groupe ni dordre n
dans K . On sait daprs (TR.IX.A) quun tel groupe est cyclique.
2. Soient m et n des entiers premiers entre eux, une racine primitive m-ime
de lunit, une racine primitive n-ime de lunit ( et dans C). Montrer que
Q() Q() = Q. (Indication : on pourra dmontrer que le plus petit sous-corps
de C contenant et est Q(, ) = Q(), engendr par une racine mn-ime primitive de lunit. En dduire le degr de lextension Q(, )/Q() et appliquer 1.)
Dnition XV.2.2. Une extension E/K est dite ablienne si elle est galoisienne
de groupe de Galois ablien.
Remarque XV.2.1. Daprs les thormes fondamentaux de la thorie de Galois, si
E/K est une extension ablienne nie, il en est de mme pour les extensions E/L
et L/K, pour tout corps intermdiaire L.
Thorme XV.2.1. Soient K un corps, n un entier positif, une racine n-ime
primitive de lunit dans K.
(i) Si K est un corps de caractristique p > 0, p ne divisant pas n, lextension
K()/K est ablienne nie. Son groupe de Galois est isomorphe un sous-groupe
du groupe multiplicatif des lments inversibles de lanneau Z/nZ.
(ii) Si K = Q, on a [Q() : Q] = (n) et le groupe de Galois de lextension
Q()/Q est isomorphe au groupe multiplicatif des lments inversibles de lanneau
Z/nZ.
Dmonstration. (i). Pour tout s Gal(K()/K), s() doit tre une racine n-ime
369
que q reprsente un lment inversible de lanneau Z/nZ. Considrons lapplication : Gal(K()/K) U(Z/nZ) ainsi dnie, o U(Z/nZ) est le groupe
multiplicatif des lments inversibles de lanneau Z/nZ. Si t = s est un lment
de Gal(K()/K), avec t() = r , on a (st) = (s)(t), est un morphisme
de groupes. Deux lments s et t de Gal(K()/K) sont gaux si et seulement si
s() = t(). On en dduit que le morphisme est injectif, do le rsultat.
(ii). Pour montrer le rsultat, il sut de montrer que si K = Q, le morphisme
ci-dessus est surjectif. Pour cela, il sut de montrer que pour tout nombre
premier p, 1 p n, ne divisant pas n, p est une racine du polynme minimal de
sur Q, M (X). Ce polynme divise X n 1, i.e. X n 1 = M (X)f (X) dans Q[X].
Si p nest pas racine de M (X), alors p est racine de f (X), donc est racine
du polynme f (X p ). Par consquent, M (X) divise f (X p ), f (X p ) = M (X)g(X).
Puisque M (X) et f (X) ont un coecient dominant gal 1 et divisent X n 1,
daprs le lemme de Gauss (cf. chapitre VIII), M (X) et f (X) sont coecients
dans Z. Il en est donc de mme pour g(X). Or, p tant un nombre premier,
on sait que pour tout nombre entier u, on a : up u mod(p). On en dduit
que f (X p ) f (X)p mod(p), donc que f (X)p M (X)g(X) mod(p). Si on note
f (X) et M (X) les polynmes de (Z/pZ)[X] obtenus partir de f (X) et M (X)
en considrant la rduction modulo p sur les coecients, on dduit de ce qui
prcde que M (X) et f (X) ont un facteur commun, donc que X n 1 a une
racine multiple, ce qui est en contradiction avec la remarque (XV.1.1.c). Donc
[Q() : Q] = |Gal(Q()/Q)| = |U(Z/nZ)| = (n).
Proposition XV.2.1. Soient K un corps de caractristique nulle dans lequel le polynme X n 1 est scind, a un lment de K, L un corps de dcomposition de
X n a sur K. Le groupe de Galois de L/K est ablien.
Dmonstration. Soit une racine de X n a. Si est une racine n-ime de lunit,
il est clair que est une racine de X n a. On dcrit ainsi toutes les racines de
X n a partir de en la multipliant par les racines n-ime de lunit. Puisque
les racines n-ime de lunit sont dans K, on en dduit que L = K(). Les
lments de Gal(L/K) sont donc dtermins par les images de . Soient s et t les
370
Remarque XV.2.3. On trouvera une version plus prcise de ce thorme au thorme XV.5.2.
Exercice XV.2. Soit p = 2 un nombre premier. Montrer que le corps Q(Up ) a un
unique sous-corps E tel que E/Q soit une extension quadratique. Montrer que si
p 1 (mod 4), alors E R, et que si p 3 (mod 4), alors E R. (Indication :
notant une racine p-ime primitive, f (x) = xp 1 et d = 1i<jp ( i j ),
on calculera le discriminant (cf. TR.XVI.A) D(f ) = d2 laide de la formule
p(p1)
p1
f ( i ). En dduire que E = Q( (1) 2 p).)
D(f ) = (1) 2
Remarque XV.3.1.
a) Pour que n (X) soit irrductible, il faut et il sut que lordre de G0 soit
gal (n). En eet, si n (X) est irrductible, alors [K() : K] = (n), do
|G0 | = (n). Rciproquement, si |G0 | = (n), comme K()/K est galoisienne,
alors [K() : K] = (n) = deg(n ) ; comme n () = 0, M (X) divise n (X)
et, puisque deg(M (X)) = deg(n (X)) et que n (X) est unitaire, n (X) est
irrductible.
b) On dduit de ce qui prcde que n (X) est irrductible sur Q et gal
M (X).
Soit x une racine n-ime de lunit. Si x est dordre d, alors d divise n et x
est une racine d-ime primitive de lunit. Rciproquement toute racine d-ime
371
ou encore
n (X) =
Xn 1
d<n,d|n d (X)
Par consquent, on peut construire n (X) ds quon connat d (X) pour les
diviseurs d de n. Ceci permet de dgager un procd de construction par rcurrence
des polynmes cyclotomiques.
En particulier, comme 1 (X) = X 1, si n est un nombre premier, on a
X n 1 = (X 1)n (X), do n (X) = X n1 + . . . + X + 1.
Remarque XV.3.2. La mthode de calcul de n (X) par rcurrence indique cidessus, pour K = Q, prouve que n (X) Z[X] et que les coecients sont dtermins par la mme formule de rcurrence quel que soit le corps K. On dmontre
ainsi, par rcurrence, que si K est un corps de caractristique p, alors n,K (X)
sobtient partir de n,Q par rduction des coecients modulo p.
Exemple XV.3.1. Appliquons le procd de rcurrence pour calculer 12 (X). Les
diviseurs de 12 sont 1, 2, 3, 4, 6, 12. Donc
X 12 1 = 12 (X)6 (X)4 (X)3 (X)2 (X)1 (X).
On a X 12 1 = (X 6 1)(X 6 + 1). Mais, puisque
X 6 1 = 6 (X)3 (X)2 (X)1 (X),
alors
X 6 + 1 = 12 (X)4 (X).
Mais
X 4 1 = 4 (X)2 (X)1 (X),
et comme 1 (X) = X 1, 2 (X) = X + 1, on a 4 (X) = X 2 + 1, do
12 (X) = X 4 X 2 + 1.
Dans un corps de caractristique 5 (par exemple Z/5Z), on a
X 4 X 2 + 1 = (X 2 2X 1)(X 2 + 2X 1).
Ceci prouve, daprs la remarque (XV.3.1.a), que dans le cas n = 12, p = 5, le
corps des racines n-ime de lunit sur K est une extension galoisienne dont le
groupe de Galois est un sous-groupe strict de U(Z/nZ).
372
considre son centre Z(F ) = {x F | y F, xy = yx}. Il est clair que Z(F ) est
un sous-corps commutatif ni de F , donc de caractristique p > 0. Par consquent,
en notant Fp le corps premier de caractristique p, (Fp Z/pZ) et [Z(F ) : Fp ] = f ,
le cardinal de Z(F ) est q = pf . La multiplication dans F munit F dune structure
de Z(F )-espace vectoriel et, puisque F est ni, dimZ(F ) F = n < +. De sorte
que le cardinal de F est q n = (pf )n . Soit x un lment non nul, donc inversible,
de F . On considre Z(x) = {y F | xy = yx} : il est clair que Z(x) est
un sous-corps de F contenant Z(F ). Le cardinal de Z(x) est gal q d(x) , o
d(x) = dimZ(F ) Z(x). On considre laction du groupe F = F \ {0} sur lui-mme
par conjugaison ; on obtient une partition de F en orbites (disjointes) et ces
orbites sont en nombre ni. Une application immdiate de lquation aux classes
(corollaire IV.2.1) donne lgalit :
qn 1 = q 1 +
qn 1
,
q d(x) 1
xP
()
1
i
xP
les i sont les racines n-ime primitives de lunit, donc direntes de 1 et, vues
dans C, de module 1. Comme q 2, on a | q i |> q 1. On en dduit que n (q)
ne peut diviser q 1 dans Z, do une contradiction. Par consquent, n = 1, i.e.
F = Z(F ) et F est commutatif.
373
Ltude des corps nis se ramne donc celle des corps commutatifs nis.
Nous allons maintenant complter les rsultats tablis au chapitre IX. Nous allons
noncer un thorme gnral et renvoyer au chapitre IX pour les dmonstrations
des rsultats tablis alors.
= 0, (1 )q 1 = (q )1 1 = 1 1 = 0.
(iii) Dans une extension algbriquement close de Fq , il existe une seule extension de Fq , de degr d, isomorphe Fpm .
(iv) Lextension Fpm /Fq est ablienne ; son groupe de Galois est cyclique
dordre d, engendr par n , o est lautomorphisme de Frobenius de Fq /Fp
(i.e. (x) = xp ).
Exercice XV.4.
1. Soient F un corps ni et P (X) F [X] un polynme irrductible de degr
n. Montrer que le groupe Gal(P ) est engendr par le n-cycle (1, . . . , n), aprs
numrotation convenable des racines lors de lidentication de Gal(P ) avec un
sous-groupe de Sn . (On remarquera que, dans le cas des corps nis de cardinal q,
un corps de rupture dun polynme irrductible est corps de dcomposition, en
faisant agir le Frobenius x xq .)
2. Soient P (X) F [X] un polynme de degr n et
P (X) = P1 (X) . . . Pr (X)
sa dcomposition en irrductibles, les racines de chaque facteur tant supposes de
multiplicit 1 (P possde donc n racines distinctes dans une clture algbrique F
de F ). On note ni = deg(Pi (X)), 1 i r. Montrer que le groupe Gal(P ) est
engendr par le produit des r cycles
(1, . . . , n1 ), (n1 + 1, . . . n1 + n2 ), . . . , (n1 + . . . + nr1 + 1, . . . , n)
quitte numroter correctement les racines. (On remarquera que si xi dsigne
F , alors K = F (x1 , . . . , xr ) est un corps de
une racine quelconque de Pi dans
qm
dcomposition de P et que xi = xi pour tout i si et seulement si m est un
multiple de = ppcm(ni ). En dduire que K/F est de degr et conclure.)
x=
y
(y) .
Alors,
N (x) = x (x) 2 (x) . . . n1 (x)
n1 (y)
y
y
y (y) 2 (y)
... n
= n
= = 1.
2
3
(y) (y) (y)
(y)
(y)
y
Rciproquement, supposons que N (x) = 1 ; pour tout lment z E, on pose
=
y
(y) .
377
1
(x (z) + (x + (x)) 2 (z) + . . . + (x + (x) + . . . + n2 (x)) n1 (z)).
T r(z)
Remarque XV.5.2. Un rsultat plus gnral, souvent appel aussi thorme Hilbert 90 , sera donn la n de ce chapitre (TR.XV.B).
Thorme XV.5.2. Soient n un entier positif et K un corps de caractristique premire n, contenant les racines n-ime de lunit.
(i) Soit E/K une extension cyclique de degr n. Alors il existe a K et E
racine du polynme X n a, tels que E = K().
(ii) Rciproquement, soient a K et une racine du polynme X n a. Alors
lextension K()/K est cyclique, de degr d divisant n et d K.
Dmonstration. (i). Soit une racine primitive n-ime de lunit dans K et un
. On en dduit que
le thorme Hilbert 90, il existe E tel que = ()
1
i
i
() = , . . ., () = , i = 1, . . . , n. Donc les lments i sont n
conjugus distincts de sur K, do [K() : K] n. Mais, K() E et
[E : K] = n, do E = K(). De plus, si on pose a = n , on a
i (a) = i (n ) = i ()n = ( i )n n = n = a.
Autrement dit, a est laiss xe par G, do a K, puisque lextension E/K est
galoisienne. Par consquent, est bien racine du polynme X n a de K[X].
(ii). Soient a K et une racine du polynme X n a. Alors, les i ,
i = 1, . . . , n, sont aussi racines de X n a et K() est un corps de dcomposition
sur K de X n a, dans lequel toutes les racines sont distinctes. Donc lextension
K()/K est galoisienne. Soit G son groupe de Galois. Pour tout G, () est
racine de X n a, donc () = , o est une racine de lunit. Lapplication
est un morphisme injectif de groupes de G dans le groupe des racines
n-ime de lunit. Donc G est isomorphe un sous-groupe dun groupe cyclique
378
THMES DE RFLEXION
xFp
$q%
p
s et en dduire
Algbre T1
1965
2311
=
3
2311
5
2311
131
.
2311
$ %
$
%
$ 3 %
= 2311
(1)11551 = 13 $= 1.
Comme 2311 1 mod(3), on a 2311
3
% On
1965
procde de la mme manire pour les deux autres termes et on trouve 2311 = 1.
Comme application de ce qui prcde, nous allons montrer le rsultat suivant :
toute extension quadratique de Q est contenue dans une extension cyclotomique.
Plus prcisment :
Si K/Q est une extension de degr 2, il existe une racine de lunit
telle que K Q().
On sait que si K/Q est une
extension de degr 2, ile existe un entier d, sans
facteur carr, tel que K = Q( d). Alors d scrit d = 2 p1 . . . pr , avec e = 0, 1 et
les pi sont premiers impairs, do
K Q
&
'
1, 2, p1 , . . . , pr .
382
Thmes de rflexion
gG
g=
n1
i,
D = 1.
i=0
Algbre T1
Galois.
Soient f : G E un 1-cocycle et c un lment de E : on considre
b = gG f (g)(g.c). Montrer que lon peut choisir llment c tel que llment b
soit non nul. (Utiliser le thorme (X.3.1).)
6. En dduire que, sous les hypothses de la question 5, on a H 1 (G, E ) = 0. (On
vriera que f (b) = bf (g)1 , ce qui prouve que f est un 1-cobord.)
Le rsultat ci-dessus est aussi souvent appel thorme Hilbert 90 .
7. En utilisant les rsultats des questions 4 et 6, dmontrer le thorme (XV.5.1).
8. Montrer quon a une version additive du thorme (XV.5.1) en remplaant les
y
par x = y (y).
conditions N (x) = 1 par T rE/K (x) = 0 et x = (y)
m
a=
(X ai )
i=1
m
(X p ai ).
i=1
Thmes de rflexion
1. Montrer que nest pas une puissance de p dans K(). (On suppose que
= p , K() et, en utilisant la norme NK()/K , on montre quon aboutit
une contradiction.)
r
ai ), avec a1 = et
Soit une racine de X p a ; on a X p a = i=p
i=1
i=m pr1
r
p
ai ).
(X a) = i=1 (X
Supposons que nest pas une puissance de p dans K(). Soit y une racine
r1
.
de X p
4. Montrer que si p est impair, y est de degr pr sur K et conclure.
5. Montrer quil en est de mme si p = 2. (On suppose que = 4 4 , avec
K(), do a = NK()/K () = 16NK()/K ()4 , do une contradiction.)
Supposons que = p , avec K(). On a
a = (1)p NK()/K () = (1)p NK()/K ( p ) = (1)p NK()/K ()p .
6. Montrer qualors p ne peut tre impair.
On a donc forcment p = 2, do a = NK()/K ()2 est un carr dans K.
7. En dduire que 1 nest pas un carr dans K.
On a donc une dcomposition sur K(i) (i2 = 1),
r
r1
X 2 a = (X 2
r1
+ ib)(X 2
ib).
r1
Algbre T1
12. On en dduit que le polynme X p a est rductible. Montrer que ncessairement p = 2 et a = 4b4 avec b F . En dduire une contradiction. (Utiliser le
thorme (XV.C.1).)
13. () Montrer que si p est la caractristique de K, on aboutit une contradiction.
On a donc prouv que K = K(i), do Gal(K/K) Z/2Z. On notera un
gnrateur de ce groupe.
Il reste prouver que K est de caractristique nulle. On suppose que K est
de caractristique strictement positive. On note F le corps premier de K. Soit
une racine primitive 2r -ime de lunit.
14. Montrer que Gal(K/K) correspond un sous-groupe de Gal(F()/F).
15. Montrer que le sous-corps de F invariant par est gal F.
16. En dduire que [F() : F] = 2. En dduire une contradiction pour r assez
grand.
386
TRAVAUX PRATIQUES
permet de calculer les d par rcurrence et montre que ces derniers sont coecients entiers. On dmontre que les d sont irrductibles dans Z[x] en rduisant
Algbre T1
Travaux pratiques
mod n). Alors les facteurs irrductibles dans la dcompositon du polynme cyclotomique n sur Fq sont tous de degr r et de multiplicit un.
Dmonstration. Les facteurs irrductibles tant tous de multiplicit un en vertu de
Algbre T1
Travaux pratiques
Algbre T1
Travaux pratiques
Lalgbre fournit des codes trs utiles. Un code linaire sur Fq , de dimension
k et longueur n, est un sous-espace C de dimension k de Fnq . Le choix dune base
dnit une application dencodage E : Fkq Fnq dont limage est C.
An de transmettre un message, on commence par lidentier un lment de
Fkq . Si lon prend, par exemple, q = 2 et k = 64, et si lon dsire transmettre un
message rdig en ASCII(1) , alors chaque lettre ASCII peut tre identie un
octet et un bloc de 8 lettres un mot de F64
2 .
n
Pour chaque mot a = (a1 , . . . , a64 ) Fq , on note
w(a) = Card({i, ai = 0})
son poids de Hamming. La distance minimale du code est, par dnition,
d(C) = min(w(a), a C \{0}). Comme C est un espace vectoriel, w(ab) d(C)
pour deux mots distincts a et b du code. Le lecteur vriera facilement que
d(a, b) = w(a b) dnit une vritable distance sur les mots de Fnq , au sens
des espaces mtriques. Par exemple, le code de rptition pure C = {(a, a, a)
64
F192
2 , a F2 } possde une distance minimale d(C) = 3.
Un mot reu m est dcod en c C tel que w(cm ) soit minimal. Comme les
probabilits vont dans ce sens, on parle de dcodage selon le principe du maximum
de vraisemblance. On voit facilement que le message est dcod correctement si
le nombre t derreurs commises vrie d(c) 2t + 1. On dit que le code est tcorrecteur, o t dsigne la partie entire de (d(C) 1)/2 : le code peut corriger t
erreurs.
Expliquons maintenant le fonctionnement des codes BCH(q, n, ), qui constituent une classe populaire de codes introduite par Bose, Ray-Chaudhuri et
Hocquenghem.
xi g Fq Fq [x]/(xn 1) = A Fnq ,
0i<ndeg g
La norme American Standard Code for Information Interchange est la norme de codage de
caractres la plus connue en informatique.
393
Algbre T1
1
1
..
.
si et seulement si
...
2 . . .
..
.
n1
2(n1)
..
.
1 1 . . . (1)(n1)
a1
a2
.. = 0.
.
an
Travaux pratiques
(1 ji ) = ei i u ( i )
jI\{i}
puis ei = v( i ) i /u ( i ).
Il existe direntes faons de calculer u et v. On peut, par exemple, formuler
le problme en termes dquations linaires rsoudre. On va donner une autre
mthode, plus performante en pratique.
On dnit
w=
ei i x
v
i j
k
ji
=
=
e
(
x)
=
x
e
=
e( j )xj .
i
i
u
1 ix
iI
iI j1
j1
iI
j1
j ) = m ( j ) pour 1 j 1.
Comme c( j ) = 0 pour 1 j 1, on a e(
j j
On connat donc w modulo x1 : cest S(x) = 1
j=1 = m ( )x , appel parfois
polynme syndrme.
La congruence
(XV.2)
v(x) u(x)S(x) mod x2t
(noter que 2t 1) peut se rsoudre en utilisant une variante de lalgorithme dEuclide tendu, appel algorithme de Berlekamp-Massey : on calcule
395
Algbre T1
croissante pour i 1. Il existe donc j tel que deg vj < t et deg vj1 t.
On a galement deg qi = deg vi1 deg vi pour i 1. Regardons la suite
(deg ui ) : on a u2 = u1 q1 , do deg u2 deg u1 , puis u3 = u1 u2 q2 ,
do deg u3 = deg u2 + deg q2 > deg u2 . On dmontre par rcurrence que la
suite est strictement croissante partir de i = 2 : si deg ui > deg ui1 , alors
deg ui+1 = deg ui + deg qi , donc deg ui+1 > deg ui . On obtient galement, en
sommant les galits deg ui+1 deg ui = deg qi = deg vi1 deg vi , pour i 1 :
deg uj = deg uj deg u1 = deg v0 deg vj1 = 2t deg vj1 t.
Donc (uj , vj ) rpond au problme. De plus, on a pour tout i 1 :
ui
0
1
ri1 ui1
ri
=
,
ri+1 ui+1
ri
ui
1 qi
do ri ui+1 ri+1 ui = (ri1 ui ri ui1 ) puis ri ui+1 ri+1 ui = (1)i par rcurrence (i 0). Cela montre que pgcd(rj , uj ) = 1.
Soit maintenant (u, v) la solution recherche correspondant lerreur de dcodage : on crit rx2t + uS = v. Noter que les polynmes localisateur et valuateur
derreur sont premiers entre eux par dnition, donc pgcd(r, u) = 1. On va prouver que rj u = ruj , ce qui implique la proportionalit (dans K[x] puis dans K par
primalit) des deux couples (r, u) et (rj , uj ), donc galement de (u, v) et (uj , vj ).
Dans le cas contraire o rj u ruj = 0, les formules de Cramer pour le systme
2t
x
vj
rj uj
=
r
u
S
v
nous donneraient x2t =
vj uvuj
rj uruj .
Comme
Travaux pratiques
397
XVI
RSOLUBILIT PAR RADICAUX
DES QUATIONS POLYNOMIALES
On connat une formule explicite donnant les racines dun polynme du second
degr coecients rels (par exemple), au moyen dune racine carre. On sait quil
existe des formules analogues pour les polynmes du troisime et du quatrime
degr (cf. TR.XVI.A). On dit que ces quations polynomiales sont rsolubles
par radicaux.
Le but de ce chapitre est de montrer que ces cas sont les seuls pour lesquels
cest possible. Plus prcisment, on montrera que, si n 5, il ne peut exister
une formule gnrale (i.e. valable pour tous les polynmes) exprimant, laide de
radicaux (i.e. k ), toutes les racines dun polynme de degr n en une variable.
De plus, on montrera quune quation polynomiale f (X) = 0 est rsoluble par
radicaux si et seulement si le groupe de Galois de f est rsoluble.
Pour ce faire, nous allons dabord formaliser le problme, puis le rsoudre
laide de la thorie de Galois.
Remarque XVI.1.1.
a) La dnition dune extension radicale donne ci-dessus nest valable que
dans le cas de la caractristique nulle. Cest la raison de lavertissement plac en
tte de ce chapitre, certains rsultats tablis ci-dessous ntant plus valables en
caractristique strictement positive.
b) Considrons K L E : alors, si L/K et E/L sont radicales, il en est
de mme pour E/K. Mais il se peut que E/K soit radicale et L/K non radicale,
comme le montre lexemple suivant.
Soient E = Q(e2i/7 ) et L = Q() avec = cos(2/7). Le polynme minimal
de sur K = Q est M (X) = X 3 + X 2 /2 X/2 1/8. Si L/Q tait radicale,
alors L = Q(), o 3 = b Q. Or X 3 b = (X )(X j)(X j 2 ), donc
L contiendrait j, ce qui est en contradiction avec le fait que L est une extension
relle de Q.
On peut remarquer que L est le corps de dcomposition du polynme
P (X) = (X )(X (22 1))(X (22 + 1/2)). Lextension L/Q est
donc galoisienne, mais non radicale, bien que lquation P (X) = 0 soit rsoluble
par radicaux.
Proposition XVI.1.1. Si E/K est une extension radicale et si N/K est une clture
normale de E/K, alors N/K est radicale.
Dmonstration. Soient E = K(1 , . . . , n ) et Mi (X) les polynmes minimaux des
i sur K. Alors N est le corps de dcomposition du polynme f (X) = i Mi (X)
dans une clture algbrique de E (proposition XIII.2.4). Pour chaque zro ij de
f (X) dans N , il existe un K(1 , . . . , i1 )-isomorphisme
ij : K(1 , . . . , i1 , i ) K(1 , . . . , i1 , ij ),
ij (i ) = ij .
p(i)
Remarque XVI.1.2. Puisque K est un corps de caractristique nulle, cette proposition montre quune extension radicale de K peut tre plonge dans une extension
radicale galoisienne.
Thorme XVI.1.1. Si K est un corps de caractristique nulle et si E/K est une
extension normale et radicale, le groupe de Galois Gal(E/K) est rsoluble.
Dmonstration. On remarquera que, puisque K est de caractristique nulle et
que E/K est normale, lextension E/K est galoisienne nie. Quitte adjoindre
400
des lments supplmentaires j , on peut supposer que les entiers p(i) tels que
p(i)
i K(1 , . . . , i1 ) sont premiers.
On fait un raisonnement par rcurrence sur n tel que E = K(1 , . . . , n ). Si
n = 1, cest vident. On suppose le rsultat vrai pour n 1. Si 1 K, alors
E = K(2 , . . . , n ) et le rsultat est vri par hypothse de rcurrence. On peut
/ K : par hypothse, il existe un nombre premier p tel que
donc supposer que 1
p
1 K. Soit M1 (X) le polynme minimal de 1 sur K : daprs les hypothses,
/ K, le
M1 (X) est scind dans E et toutes ses racines sont simples. Puisque 1
degr de M1 (X) est suprieur ou gal 2. Soit = 1 une racine de M1 (X)
dans E : il existe s Gal(E/K) tel que s(1 ) = , do s(p1 ) = p . Mais p1 K,
donc s(p1 ) = p1 et on a p = p1 . Par consquent, en posant = 1 1 , on a
= 1 et p = 1. De plus, puisque p est premier, on en dduit que 1, , . . . , p1
sont des racines distinctes p-ime de lunit dans E. On pose L = K() : on a ainsi
la suite dextensions K L L(1 ) E. Puisque E/K est galoisienne nie, il
en est de mme de E/L. Puisque L contient les racines p-ime de lunit et que
p1 L, L(1 ) est un corps de dcomposition du polynme X p p1 sur L. Donc
lextension L(1 )/L est normale et le groupe Gal(E/L(1 )) est un sous-groupe
normal du groupe Gal(E/L) ; on a Gal(L(1 )/L) Gal(E/L)/Gal(E/L(1 )).
Mais E = L(1 )(2 , . . . , n ), donc E/L(1 ) est une extension radicale et normale, et [E : L(1 )] < n. Donc, par hypothse de rcurrence, Gal(E/L(1 )) est
rsoluble. Mais on sait, (proposition XV.2.1), que Gal(L(1 )/L) est ablien, donc
rsoluble. On en dduit, (thorme VII.3.1), que Gal(E/L) est rsoluble. De la
mme faon, L tant un corps de dcomposition de X p 1 sur K, lextension L/K
est normale et Gal(L/K) Gal(E/K)/Gal(E/L). Comme ci-dessus, Gal(L/K)
est ablien, (proposition VII.2.2), donc rsoluble et, puisque Gal(E/L) est rsoluble, on en dduit que Gal(E/K) est rsoluble (thorme VII.3.1).
Dnition XVI.2.1.
a) Soient K un corps de caractristique nulle, f (X) K[X] et L un corps
de dcomposition de f (X) sur K. On dit que lquation polynomiale f (X) = 0
(ou que le polynme f (X)) est rsoluble par radicaux sil existe un corps
E contenant L tel que lextension E/K soit radicale.
b) Si f (X) est un polynme de K[X], on appelle groupe de Galois de
f , le groupe Gal(L/K), o L est un corps de dcomposition de f sur K.
Remarque XVI.2.1.
a) Dans la dnition a) ci-dessus, on suppose que le corps K est de caractristique nulle cause de la remarque (XVI.1.1.a) et on introduit le corps E car il
se peut que lextension L/K ne soit pas radicale.
b) La partie a) de cette dnition exprime que toutes les racines de f (X)
scrivent laide de radicaux. Mais il est vain desprer que tout ce qui est
exprimable par des radicaux donns soit dans le corps de dcomposition L de f
sur K.
c) On sait (thorme XII.1.1.(ii)) que si L et L sont deux corps de dcomposition de f sur K, ils sont K-isomorphes. Par consquent, les groupes Gal(L/K)
et Gal(L /K) sont isomorphes (mais pas gaux). Le groupe de Galois de f est
donc dni isomorphisme prs.
Thorme XVI.2.1. Soit f (X) un polynme coecients dans un corps K de caractristique nulle. Si f (X) est rsoluble par radicaux, son groupe de Galois Gal(f )
est rsoluble.
Par consquent, pour prouver que les polynmes de degr suprieur ou gal
5 ne sont pas rsolubles par radicaux, il sut, pour chaque n 5, dexhiber un
polynme de degr n dont le groupe de Galois ne soit pas rsoluble.
Nous allons dabord traiter le cas o n est un nombre premier et fournir un
exemple explicite pour n = 5, puis nous traiterons le cas gnral.
402
donc de montrer que f (X) a exactement trois racines relles. Une tude lmentaire du graphe de la fonction de R dans R, x f (x) donne le rsultat (on utilise
0
le thorme des valeurs intermdiaires pour sparer les racines de f (X) par 4 6/5
qui sont les racines de f (X)).
Nous allons maintenant complter ces rsultats en montrant que, pour tout
entier n > 0, il existe un polynme dont le groupe de Galois est isomorphe Sn ,
ce qui prouvera le rsultat annonc dans lintroduction de ce chapitre pour les
polynmes de degr suprieur ou gal 5.
C), o xi sont les racines, et soit A = Z[xi ]. Alors A est un anneau dont le corps
des fractions est K et A est, comme
groupe ablien, libre de type ni de rang
n = [K : Q]. En eet, lensemble { xni i }ni n engendre A (on utilise le fait que
P est unitaire) et A est sans torsion. Une base de A, comme groupe ablien libre,
est une base de K comme Q-espace vectoriel, do le rsultat sur le rang.
On vrie facilement que lapplication de restriction A dnit un isomorphisme entre Gal(K/Q) et le groupe Aut(A) des automorphismes de lanneau A.
Dautre part, soit Kp le corps de dcomposition de P (dans Fp ). Soit m un
idal maximal de A contenant p et soit : A A/m le morphisme de passage
au quotient. Alors (Z) sidentie
Z/pZ (car (p) = 0) et les (xi ) engendrent
A/m sur Fp . Or (P ) = P = (x (xi )), donc A/m sidentie Kp . Ainsi
dnit un morphisme danneaux A Kp .
Notons Hom(A, Kp ) lensemble des morphismes danneaux de A dans Kp et
dmontrons que Hom(A, Kp ) = { , Aut(A)}. Ces lments sont deux
deux distincts car les (xi ) le sont (les racines de P sont supposes simples).
Dautre part, un lment de Hom(A, Kp ) se prolonge de faon unique en un lment de Hom(K, Kp ) (proprit universelle du corps des fractions) et ces lments
sont linairement indpendants sur Kp . Donc la dimension du Kp -espace vectoriel
Homgroupe (A, Kp ) (Hom(A, Kp ) nest pas un espace vectoriel car les morphismes
danneaux ne sont pas stables par multiplication par un scalaire) est suprieure
ou gale au cardinal de Hom(A, Kp ). Or A est un groupe ablien libre de rang
[K : Q] ; un morphisme de groupes A Kp est dtermin par limage dune base
de A, donc le rang sur Kp est au plus [K : Q]. Cela montre que Hom(A, Kp ) est
au plus de cardinal [K : Q], autrement dit que tous les lments sont l.
Dmontrons enn le thorme : soit Gal(P ). On a vu quil existe un
unique Aut(A) tel que = . Alors : est un morphisme
injectif de groupes :
1 2 = 1 (2 ) = (1 ) (2 ),
do (1 2 ) = (1 ) (2 ) par unicit. Linjectivit provient du fait que si
= , alors laisse xes tous les (xi ), donc est lidentit.
405
406
Exercice XVI.3.
a) Montrer que le groupe de Galois de tout polynme coecients dans un
corps ni est rsoluble.
b) Montrer le polynme X 2 + X + 1 sur F2 nest pas rsoluble par radicaux.
Cet exercice est un contre-exemple au rsultat du thorme (XVI.2.1) dans le
cas de la caractristique non nulle.
407
THMES DE RFLEXION
Comme nous allons le rappeler ci-dessous, toute quation polynomiale de degr 3 ou 4, coecients dans un corps de caractristique nulle, est rsoluble par
radicaux. Lobjectif de ce TR est de donner, dans ce cas, des formules explicites
pour la rsolution de ces quations.
La rsolution par radicaux des quations polynomiales de degr 1 est vidente.
1. Montrer que les formules de rsolution des quations polynomiales de degr 2,
coecients dans R, sont encore valables pour des quations polynomiales, de
degr 2, coecients dans un corps quelconque de caractristique nulle.
Les groupes S3 et S4 tant rsolubles, le polynme donn au thorme (XVI.2.2), pour n = 3 ou n = 4 est rsoluble par radicaux.
2. En dduire que toute quation polynomiale de degr 3 ou 4, coecients dans
un corps quelconque de caractristique nulle, est rsoluble par radicaux. (Procder
par substitution.)
Algbre T1
5. Montrer que le corps Inv(A3 ) des invariants de A3 est K(p, q)( D), o D est
le discriminant de Y 3 +
pY + q.
On pose j = 12 + 12 3, et
!
u = y1 + jy2 + j 2 y3
v = y1 + j 2 y2 + jy3 .
On en dduit
y1 = 13 (u + v)
y2 = 13 (j 2 u + jv)
y3 = 13 (ju + j 2 v).
Thmes de rflexion
z1 = y1 y2 + y3 y4
z = y1 y3 + y2 y4
2
z3 = y1 y4 + y2 y3 .
13. En dduire que lon a
2y1 =
2y2 =
2y =
3
2y4 =
z p
1
z p
1
z1 p
z1 p
+ z2 p
z2 p
+ z2 p
+ z2 p
+ z3 p
z3 p
z3 p
+ z3 p
p
z1 + z2 + z3 =
z1 z2 + z1 z3 + z2 z3 = 4r
z1 z2 z3 = q 2 4pr.
TRAVAUX PRATIQUES
Algbre T1
Remarques prliminaires
Soit P un polynme de degr n de Q[x] dont on dsire calculer le groupe de
Galois Gal(P ) = Gal(K/Q), o K C dsigne le corps de dcomposition de P .
On peut supposer, quitte remplacer P par son quotient par pgcd(P, P ), ce qui
ne change pas le corps de dcomposition K, que toutes les racines sont simples.
Ensuite, en multipliant P par un entier susamment grand, on peut supposer que
P appartient Z[x]. Enn, on se ramne au cas dun
polynme unitaire comme
nk1 xk . Comme
suit : si P = nk=0 ak xk Z[x], on pose P, = xn + n1
k=0 ak an
,
P,(an x) = an1
n P (x), les deux polynmes ont bien mme groupe de Galois, et P
est unitaire coecients entiers.
Dans ce qui suit, nous supposerons que P est irrductible. Si lon dispose
dun algorithme ecace dcomposant P en produit de facteurs irrductibles (voir
TP IX.A), il nest par contre pas toujours facile dexprimer le groupe Gal(P )
en fonction du groupe de Galois des facteurs irrductibles. Par exemple, Maple
renvoie un message derreur lorsque P nest pas irrductible. De plus, si lon dsire
calculer le groupe de Galois des corps de nombres, cest--dire des extensions nies
de Q, alors il est inutile de traiter le cas des polynmes rductibles, puisque tout
corps de nombres est corps de dcomposition sur Q dun polynme irrductible.
Le groupe de Galois Gal(P ) agit naturellement sur lensemble {1 , . . . , n } des
racines, qui sont permutes, et laction est dle. Se donner une telle numrotation,
arbitraire, des racines identie donc Gal(P ) un sous-groupe de Sn . Changer
lordre de numrotation transforme Gal(P ) en un conjugu sous Sn ; ainsi, lorsquil
sagit didentier le groupe de Galois, les objets naturels considrer sont les sousgroupes de Sn conjugaison prs.
De plus, on a suppos P irrductible : laction de Gal(P ) sur les racines est
alors transitive. En eet, comme i et j ont mme polynme minimal P , ils sont
conjugus sur Q : il existe daprs la proposition XIII.1.1 un Q-automorphisme
de C tel que (i ) = j . Notant K = Q(1 , . . . , n ) C le corps de dcomposition de P , lextension K/Q est normale, donc (K) = K (proposition XIII.2.1)
et induit par restriction K un lment du groupe de Galois. Il sagit donc
de regarder les sous-groupes transitifs de Sn . Cest une question non triviale de
thorie des groupes qui a t rsolue au moins jusqu n = 32. La classication
des sous-groupes transitifs de Sn conjugaison prs a t donne au TP.IV.B
jusquau rang n = 7. Par exemple, pour les degrs 4 et 5, ce sont :
C4:=permgroup(4,{[[1,2,3,4]]}):
S4:=permgroup(4,{[[1,2,3,4]],[[1,2]]}):
D4:=permgroup(4,{[[1,2,3,4]],[[1,3]]}):
V4:=permgroup(4,{[[1,2],[3,4]],[[1,3],[2,4]]}):
414
Travaux pratiques
A4:=permgroup(4,{[[1,2,3]],[[1,2],[3,4]]}):
C5:=permgroup(5,{[[1,2,3,4,5]]}):
S5:=permgroup(5,{[[1,2,3,4,5]],[[1,2]]}):
D5:=permgroup(5,{[[1,2,3,4,5]],[[2,5],[3,4]]}):
A5:=permgroup(5,{[[1,2,3,4,5]],[[1,2,3]]}):
M20:=permgroup(5,{[[1,2,3,4,5]],[[2,3,5,4]]}):
On reconnat des groupes cycliques, didraux, des groupes symtriques et alterns, enn le groupe mtacyclique M20 dordre 20. Ils sont dnis ci-dessus par
un systme de gnrateurs en notation Maple. Prendre soin de charger la librairie group ; le cardinal et la liste des lments sobtiennent alors en appliquant les
commandes grouporder et elements respectivement.
La commande galois
Le but de cette premire partie est dobserver les rsultats de la commande
galois sur des polynmes de petits degrs (jusqu n = 7). Mais nos exemples
ne sont pas issus du hasard : la liste ci-dessous, tire de [9], fournit un exemple
pour chaque groupe transitif de la classication conjugaison prs que nous avons
mentionne. Autrement dit, la rponse au problme de Galois inverse est positive
jusquau rang 7.
degrs 1 3 : P1 = x, P2 = x2 + x + 1, P3 = x3 + x2 2x 1, P4 = x3 + 2 ;
degr 4 : P5 = x4 +x3 +x2 +x+1, P6 = x4 +1, P7 = x4 2, P8 = x4 +8x+12,
P9 = x4 + x + 1 ;
degr 5 : P10 = x5 + x4 4x3 3x2 + 3x+ 1, P11 = x5 5x+ 12, P12 = x5 + 2,
P13 = x5 + 20x + 16, P14 = x5 x + 1 ;
degr 6 : P15 = x6 + x5 + x4 + x3 + x2 + x + 1, P16 = x6 + 108,
P17 = x6 + 2, P18 = x6 3x2 1, P19 = x6 + 3x3 + 3, P20 = x6 3x2 + 1,
P21 = x6 4x2 1, P22 = x6 3x5 +6x4 7x3 +2x2 +x4, P23 = x6 +2x3 2,
P24 = x6 + 6x4 + 2x3 + 9x2 + 6x 4, P25 = x6 + 2x2 + 2,
P26 = x6 2x5 5x2 2x 1, P27 = x6 + 2x4 + 2x3 + x2 + 2x + 2,
P28 = x6 x5 10x4 + 30x3 31x2 + 7x + 9, P29 = x6 + 24x 20,
P30 = x6 + x + 1 ;
degr 7 : P31 = x7 + x6 12x5 7x4 + 28x3 + 14x2 9x + 1,
P32 = x7 +7x3 +7x2 +7x1, P33 = x7 14x5 +56x3 56x+22, P34 = x7 +2,
P35 = x7 7x3 + 14x2 7x + 1, P36 = x7 + 7x4 + 14x + 3, P37 = x7 + x + 1.
415
Algbre T1
1. Calculer les groupes de Galois des polynmes de la liste jusquau degr 5 inclus,
puis de quelques exemples de votre choix parmi ceux du degr 6 et 7. Observer
le rsultat ach, comme sur lexemple ci-dessous :
> galois(x^5-5*x+12);
5T2, {5 :2, D(5)}, +, 10, {(1 2 3 4 5), (1 4)(2 3)}
Il sagit du groupe didral D5 (nomm galement 5T2 dans la nomenclature
utilise par Maple), de cardinal 10 et engendr par le 5-cycle (1 2 3 4 5) et
llment (1 4)(2 3) dordre 2 (pour le choix de numrotation fait par Maple).
n(n1)
2
Res(P, P ) = d2 , o
Le signe
+ signie que le discriminant (P ) = (1)
d = 1i<jn (i j ) (voir TR.XVI.A) est un carr (ou encore que d Z).
On verra plus loin, comme cas particulier de la thorie des rsolvantes, que
cest quivalent au fait que Gal(P ) est un sous-groupe de An . Noter que ce
rsultat a dj t vu pour le degr 3 (cf. exercice XIV.1).
Vrier que tous les dix groupes transitifs de degrs 4 et 5 rappels dans les
prliminaires apparaissent bien, conjugaison prs.
2. Les thormes XVI.2.1 et XVI.3.1 montrent que lquation P (x) = 0 est rsoluble par radicaux si et seulement si G = Gal(P ) est rsoluble. La proposition XII.3.1 fournit alors un critre algorithmiquement vriable : il sut de regarder si la suite dcroissante des groupes drivs Gn = Dn (G) = [Gn1 , Gn1 ]
se termine par {e} (groupe trivial rduit lidentit). La commande Maple
correspondante est DerivedS.
Parmi les groupes transitifs de degrs 4 et 5, lesquels sont rsolubles ? Tester
les commandes DerivedS(G) et solve(P) pour P = x5 x + 1 et P = x5 + 2.
3. On va maintenant ouvrir la bote noire et demander Maple dacher les
direntes tapes du calcul. Pour cela, taper :
> restart; infolevel[galois]:=2;
Puis traiter le cas du degr 4 ainsi que les polynmes x5 + 2 et x6 + 12. Par
exemple :
> galois(x^4+x^3+x^2+x+1;
galois: Computing the Galois group of
galois/absres: 125 = 125, (nonsquare)
416
x^4+x^3+x^2+x+1
Travaux pratiques
galois/absres:
galois/absres:
galois/absres:
galois/absres:
galois/absres:
galois/absres:
galois/absres:
galois/absres:
galois/absres:
galois/absres:
galois/respol:
galois/respol:
galois/respol:
galois/respol:
galois/respol:
galois/respol:
Possible groups:
{"4T1", "4T3", "4T5"}
p = 2
gives shape
4
p = 3
gives shape
4
p = 7
gives shape
4
p = 11
gives shape
1, 1, 1, 1
p = 13
gives shape
4
p = 17
gives shape
4
p = 19
gives shape
2, 2
p = 23
gives shape
4
The Galois group is probably one of
{"4T1"}
Using the orbit-length partition of 2-sequences.
Calculating a resolvent polynomial...
Factoring the resolvent polynomial...
Orbit-length partition is
4, 4, 4
Removing
{"4T3", "4T5"}
Possible groups left:
{"4T1"}
4T1, {C(4)}, -, 4, {(1 2 3 4)}.
p = 19
gives shape
2, 2
ou bien :
galois/special5: Calculating a S5/F20 resolvent...
galois/special5: Factoring this S5/F20 resolvent...
Y a-t-il des cas o Maple peut conclure sans calculer de rsolvante ? Sauriezvous calculer au papier-crayon par vos propres mthodes le groupe de Galois ?
417
Algbre T1
Travaux pratiques
K
=
F
((
tel que
,
o
:
A
=
Z[
i
p
p
i ), 1 i n) et
n
P = i=1 (x (i )). Avec ce choix de numrotation des racines de P (induite via
par la numrotation choisie pour P ), il est clair que
et ont mme type. En
fait, cela ne dpend pas de la numrotation, car un autre choix revient conjuguer
la permutation, or le type est invariant par conjugaison.
Par ailleurs, on dmontre (cf. exercice XV.4) :
Proposition 1. Soit P Fp [x] un polynme de degr n et P = P 1 . . . P r sa dcomposition en irrductibles, chaque facteur tant suppos de multiplicit un. Notant
ni = deg P i (ordonns par ordre croissant, quitte changer lordre des facteurs),
alors Gal(P ) est engendr par un lment de type [n1 , . . . , nr ].
En dnitive, en choisissant des p convenables, on dmontre lexistence dans
Gal(P ) dlments de certains types, et lon compare les types obtenus ceux
apparaissant dans la liste des groupes transitifs conjugaison prs. Comme on va
le voir sur des exemples, cela permet de conclure dans certains cas. Notamment,
on sintresse au cas des degrs 4 et 5 que nous dtaillons ci-dessous.
En degr 4, les sous-groupes transitifs ( conjugaison prs) sont C4 , D4 , S4 ,
V4 Z/2Z Z/2Z et A4 . On a le diagramme dinclusions :
C4 D4 S4
V4 A4
Avec les choix faits (cf. dnition de ces groupes dans les remarques prliminaires), ce sont de vritables inclusions, mais puisque nous regardons les
groupes conjugaison prs, une inclusion G1 G2 signiera plutt que G1
est contenu dans un conjugu de G2 (sous S4 ). La liste des types sont :
C4
D4
S4
A4
V4
:
:
:
:
:
Algbre T1
C5 D5 A5
et la liste des types :
C5
D5
A5
M20
S5
:
:
:
:
:
Travaux pratiques
galois/absres:
[...]
galois/respol:
{"4T1"}
{"4T1"}
Quel heuristique ou thorme se cache derrire ce scnario ? Nous allons maintenant y rpondre.
Soit P(P, N ) lensemble des nombres premiers p N qui ne divisent pas le
discriminant de P . Pour p P(P, N ), on note tp (P ) = [n1 , . . . , nr ] la partition de
n obtenue en dcomposant P en irrductibles sur Fp . Soit alors
N (t, P ) =
Algbre T1
(x (F )).
Sn /H
Travaux pratiques
Algbre T1
Soit dn = 1i<jn (xi xj ). Vrier jusqu n = 6 que Inv(dn ) = An et le
dmontrer pour tout n au papier-crayon. Ainsi dn est un lment primitif de
Q(x)An .
11. crire une procdure resolvante:=proc(F,G) calculant ResolvF,G (et renvoyant un message derreur si le polynme F invariant sous G nest pas un
lment primitif de lextension). On utilisera la commande cosets pour obtenir
des reprsentants du quotient Sn /G. Prenant H = D4 et F = symD4 (x31 x22 x3 ),
calculer ResolvF,H et exprimer cette rsolvante comme lment de Q(s)[x] (il
faudra dvelopper le polynme avant dappliquer convert_sym, procdure qui
fonctionne encore si on lapplique un lment de Q[x1 , . . . , xn , x] et donne
de surcrot le rsultat souhait). On peut utiliser la commande collect(P,x)
pour soigner lachage.
Pour nir, crire une procdure resolvante_f:=proc(f,G) calculant
ResolvsymG (f ),G , exprime comme lment de Q(s)[x]. Tester avec f = x1 x2
et G = D4 ; constater que lon obtient une rsolvante pour D4 bien plus simple
quavec le prcdent choix de F . Faire de mme avec C4 et V4 , en essayant
dobtenir un rsultat aussi simple que possible.
Soit maintenant P un polynme unitaire de Z[x] racines simples i .
Sn /H
Travaux pratiques
des entiers algbriques, constitu des nombres algbriques dont le polynme minimal est coecients entiers. Le fait quil sagit bien dun anneau signie que
le polynme minimal dune somme et dun produit de deux entiers algbriques
est encore coecients entiers, ce que lon peut dmontrer en utilisant nos mthodes eectives de calcul dans les corps de nombres (TP.XII), ou encore par un
argument abstrait similaire celui utilis pour dmontrer que les nombres algbriques forment un corps (voir [25], chapitre II). Les racines i de P sont des
entiers algbriques, donc les F ((1) , . . . , (n) ) galement, ainsi que les coecients de ResolvF ;P . Comme ces coecients sont de plus rationnels, on conclut
en remarquant que les seuls entiers algbriques de Q sont les lments de Z.
Le calcul du groupe de Galois par la mthode des rsolvantes est bas sur le
thorme suivant :
Thorme 3. Avec les notations prcdentes, si Gal(P ) est contenu dans un conjugu de H alors R = ResolvF ;P a une racine rationnelle. Rciproquement, si R
na pas de racine multiple et si R a une racine rationnelle, alors Gal(P ) est un
sous-groupe dun conjugu de H.
Appliquant ce rsultat H = An , on obtient le critre dj utilis : supposer
que le discriminant (P ) soit non nul (i.e. si P na pas de racine multiple, ce qui
est le cas pour un polynme irrductible), le groupe de Galois de P est contenu
dans An (cest une vritable inclusion, car An est distingu) si et seulement si
(P ) est un carr entier.
Dmonstration. Quitte remplacer F par (F ), avec Sn , ce qui ne change pas
ResolvF ;P et revient juste changer lordre des racines de P , on peut supposer
que Gal(P ) est contenu dans H (et non dans un conjugu de H). On a alors
(F ) = F pour tout Gal(P ), donc aussi
(F (1 , . . . , n )) = (F )(1 , . . . , n ) = F (1 , . . . , n ).
Cela montre que F (1 , . . . , n ) appartient Q, do lexistence dune racine rationnelle de R.
Rciproquement, quitte changer F en (F ), on peut supposer que
F (1 , . . . , n ) est rationnel, et donc que (F )(1 , . . . , n ) = F (1 , . . . , n )
pour tout Gal(P ). Supposons Gal(P ) non contenu dans H et soit
Gal(P ) H. Alors (x F ) et (x (F )) sont deux facteurs distincts de
ResolvF,H , donc F (1 , . . . , n ) est une racine double de ResolvF ;P , ce qui contredit lhypothse.
425
Algbre T1
Travaux pratiques
Algbre T1
des algorithmes ecaces jusquen degr 7 inclus. Ce ne sont pas ceux quutilise
Maple.
Nous venons dexpliquer les lignes :
galois/special5:
galois/special5:
RP
= Resolvx1 +...+xk ;P
[k]
De mme, RP
(les classes Sn /H sont reprsentes par des lments tels que (1) = i et (2) = j
avec i < j).
On utilise alors la
proprit suivante
des rsultants (voir TR.VIII.C) :
si P = i (xi ) et Q = i (xi ), alors i,j (xi j ) = Resy (P (y), Q(xy)).
On en dduit :
&x' &
'
{2} 2
RP
= Resy (P (y), P (x y))
(XVI.3)
2deg(P ) P
2
&x'
xy
[2]
RP = Resy P (y), 2deg(P ) P
.
(XVI.4)
3deg(P ) P
3
2
428
Travaux pratiques
{2}
429
XVII
POLYGONES RGULIERS
CONSTRUCTIBLES ET NOMBRES
DE FERMAT
On dit quun polygone rgulier n cts est constructible, sil est constructible
la rgle et au compas. Le problme que nous allons tudier dans ce chapitre est
le suivant : les polygones rguliers n cts sont-ils constructibles pour toute
valeur de n ? Sinon, peut-on caractriser les entiers n pour lesquels cest possible ?
Il est clair que, partir dun polygone, on peut en construire dautres par
certaines constructions gomtriques simples. Par exemple, si on peut construire
un polygone rgulier n cts, on peut construire un polygone rgulier 2n cts,
au moyen des bissectrices des angles au centre.
Nous allons montrer comment la thorie de Galois permet de caractriser les
entiers n tels que les polygones rguliers n cts soient constructibles. Ces entiers
sont trs fortement relis aux nombres de Fermat.
Nous allons dabord formaliser le problme, en prcisant les notions introduites
dans le TR.XI.A auquel nous renvoyons le lecteur pour les dnitions et rsultats.
axes de coordonnes. De plus, se donner les points (0, x0 ) et (0, y0 ) est quivalent
se donner le point (x0 , y0 ).
Pour dmontrer le lemme il sut de prouver que (0, x) et (0, y) tant donns,
on peut construire les points (0, x + y), (0, x y), (0, xy) et (0, x/y). En ce qui
concerne les points (0, x + y) et (0, x y), cest vident. Pour les points (0, xy) et
(0, x/y), considrons la gure ci-dessous :
6
H
HH
HH
H
(0, x) HH
H
HH
H
HH
HH
HH
HH
HH
HH
(0, y)
HH
HH
HH
HH
HH
HH
HH
HH
HH HH
H
H
(0, 0)
(u,
0)
(1, 0)
H
H
H
Les triangles ((0, 0), (0, y), (1, 0)) et ((0, 0), (0, x), (u, 0)) sont semblables, do
u/x = 1/y, i.e. u = x/y. On peut donc construire le point (0, x/y). En prenant
x = 1, on obtient 1/y et en faisant la mme construction, en remplacant y par
1/y, on obtient xy, do la construction du point (0, xy).
Lemme XVII.1.2. Si un point (0, a), avec a 0, est constructible, le point (0, a)
est constructible.
Dmonstration. Dans le dessin ci-dessous, les points A et B tant constructibles,
le demi-cercle est constructible.
432
Les relations mtriques dans le triangle rectangle ABC montrent que la lon
gueur de OC est gale a.
(0, ) est constructible, daprs le lemme (XVII.1.1), donc aussi (0, ), daprs
le lemme (XVII.1.2). Ainsi on peut construire (0, ) et, par consquent, daprs
le lemme (XVII.1.1), tout point dont les coordonnes sont dans K().
Lemme XVII.2.1.
(i) Tout diviseur dun entier constructible est constructible.
(ii) Si m et n sont deux entiers constructibles tels que (m, n) = 1, alors lentier
mn est constructible.
Dmonstration. (i). Soient n un entier constructible et m un diviseur de n. On peut
faire une partition de lensemble des sommets dun polygone rgulier n cts par
des sous-ensembles de d = n/m sommets conscutifs et, en joignant le premier
sommet de chacun de ces sous-ensembles au premier sommet du sous-ensemble
adjacent, on obtient un polygone rgulier m cts.
(ii). Si les entiers m et n sont premiers entre eux, daprs lidentit de Bezout,
il existe des entiers a et b tels que am + bn = 1, do
1
1
1
=a +b
mn
n
m
Donc, partir des angles 2/m et 2/n, on peut construire langle 2/mn.
434
435
pour tout i = 1, . . . , s. On en dduit, daprs le lemme (XVII.2.2) et la remarque (XVII.2.1.a), que pi 1 = 2si , i.e. pi = 1 + 2si . Supposons que si soit
divisible par un entier a impair, si = ab ; alors pi = (2b )a +1. Puisque a est impair,
on a X a + 1 = (X + 1)(X a1 X a2 + . . . + 1), donc pi est divisible par 2b + 1,
r
ce qui est impossible puisquil est premier. Do si = 2ri et pi = 1 + 22 i .
La condition est susante. Daprs le corollaire (XVII.2.1), il sut de considrer les facteurs premiers de n. Il est clair que 2r est un entier constructible. Montrons que les entiers pi , i = 1, . . . , s, sont constructibles. Fixons un
i, 1 i s, et posons a = 2ri , = e2i/pi . On a [Q() : Q] = pi 1 = 2a .
Posons K = R Q() ; alors = cos(2/pi ) = ( + 1 )/2 appartient
K, donc 2 aussi. Mais 2 = ( 2 + 1)/, do 2 2 + 1 = 0 et
[Q() : K] = 2. On a Q K Q() et le groupe Gal(Q()/Q) est ablien (thorme XV.2.1) : donc Gal(K/Q) Gal(Q()/Q)/Gal(Q()/K) (exemple VI.3.1).
Mais |Gal(Q()/Q)| = 2a et |Gal(Q()/K)| = 2, donc |Gal(K/Q)| = 2a1 :
comme lextension K/Q est normale (car Gal(Q()/K) Gal(Q()/Q)), daprs
le thorme (XVII.1.2) le point (cos(2/pi ), 0) est constructible, donc lentier pi
est constructible.
n
Construction de lheptadcagne
La construction la rgle et au compas du polygne rgulier 17 cts, ralise
2i
par Gauss lge de 18 ans, revient celle du point 17 = e 17 sur le cercle
unit, ou encore dun autre sommet qui correspond un gnrateur du groupe
U17 Z/17Z des racines 17mes de lunit.
Lquation
16
xk = 0
17 (x) =
k=1
ou de degr 2, car dterminer lintersection dun cercle avec une droite, par
exemple, revient extraire une racine carre.
La construction de Gauss est la suivante : Tracer deux diamtres perpendiculaires AB et OC, o O est le centre et OC le quart du rayon. Tracer AC puis
sur le cercle de centre C un arc de A jusquau diamtre OC. Prendre le point D
aux trois quarts de cet arc. Tracer CD qui coupe AB au point E. Tracer CF 45
degrs de CE. Prendre le cercle ayant AF pour diamtre. Il intersecte le diamtre
OC en un point G. Tracer le cercle de centre E passant par G. Il intersecte la
droite AB en H et I. Tracer les perpendiculaires AB aux points H et I. Elles
coupent le grand cercle en J et K. Soit L le milieu de larc JK. Alors les points
J,K,L et A sont des sommets du polygne rgulier 17 cts. les autres sommets
sen dduisent facilement.
438
2
17
1
=
17 1 + 2
34 + 6 17 + 2( 17 1) 17 17 8 2 17 + 17
16
.
+ 17 17
APPENDICE
1. Ensembles ordonns
Dnition 1.1. Une relation dordre sur un ensemble E est une relation binaire R satisfaisant aux conditions suivantes :
(i) x E, xRx (rexivit).
(ii) x E, y E, [xRy] et [yRx] = [x = y] (antisymtrie).
(iii) x E, y E, z E, [xRy] et [yRz] = [xRz] (transitivit).
Un ensemble ordonn est la donne dun couple (E, R), o E est un
ensemble et R une relation dordre dnie sur E.
Exemples 1.1.
a) La relation sur lensemble N est une relation dordre.
b) Pour tout ensemble E, la relation dinclusion est une relation dordre sur
lensemble P(E), ensemble des parties de E.
c) La relation R dnie sur N par xRy si x est un diviseur de y est une
relation dordre.
Algbre T1
440
1. Ensembles ordonns
Dnition 1.6. Un ensemble ordonn E est inductif si toute partie non vide
totalement ordonne de E possde un majorant.
Ces ensembles possdent limportante proprit suivante, qui est utilise trs
souvent dans cet ouvrage :
Thorme 1.1 (lemme de Zorn). Tout ensemble ordonn inductif possde un lment maximal.
Remarques 1.1.
a) Ce thorme est quivalent laxiome du choix, dont des noncs quivalents sont (entre autres) :
Tout produit cartsien non vide densembles non vides est un ensemble non vide,
ou
Pour tout ensemble E, il existe une application
f : P(E) \ {} E
telle que
A P(E) \ {}, f (A) A.
441
Algbre T1
Dnition 1.7. Un ensemble E est bien ordonn sil est ordonn et si, pour
lordre considr, toute partie non vide de E admet un plus petit lment.
Thorme 1.2 (de Zermelo). Tout ensemble peut tre bien ordonn.
Remarque 1.2. Si une relation dordre dnie sur un ensemble E le munit dune
structure densemble bien ordonn, cette relation dordre est totale (car toute
partie deux lments {x, y} a un plus petit lment). On en dduit donc que
tout ensemble peut tre muni dune relation dordre totale. Mais attention, toute
relation dordre dnie sur un ensemble nest pas ncessairement totale (comme
on la vu avec linclusion sur lensemble des parties dun ensemble), de mme
que toute relation dordre nest pas ncessairement une relation de bon ordre.
Lexistence dune relation dordre totale qui ne soit pas une relation de bon ordre
est quivalente laxiome de linni nonc ci-dessous.
Dnition 2.2. Un ensemble E est dit ni sil existe un entier n tel que E soit
quipotent lensemble {1, . . . , n}. On crit alors Card(E) = n. On dit quun
ensemble est inni sil nest pas ni.
442
On dnit maintenant une relation dordre sur les cardinaux, de la faon suivante :
Exercice .1. Montrer que si E et F sont deux ensembles non vides, il existe une
application injective de E dans F si et seulement sil existe une application surjective de F dans E. (Noter que la rciproque utilise laxiome du choix.)
Proposition 2.1. Lensemble N des entiers naturels est inni.
Dmonstration. Pour tout entier n, lensemble {0, 1, . . . , n} est une partie de N
Algbre T1
Ce qui prcde montre que tout ensemble inni est au moins dnombrable, ou
que 0 est le plus petit cardinal inni.
Nous allons maintenant dnir des oprations sur les cardinaux.
Remarque 2.1.
a) Lorsque les ensembles X et Y 1sont disjoints, X Y = , on note la runion
de X et Y de la faon suivante, X Y , quon appelle runion disjointe de X
et Y .
b) Les dnitions ci-dessus nont de sens que si elles ne dpendent pas du choix
des ensembles X et Y . Le lecteur vriera quil en est bien ainsi.
Exercice .2. Montrer que, si a, b, c sont des cardinaux, on a les identits suivantes :
a + b = b + a, a + (b + c) = (a + b) + c, 0 + a = a,
ab = ba, a(bc) = (ab)c, 0a = 0, 1a = a,
a(b + c) = ab + ac
b+c
b c
Cest un ensemble inductif ; il existe donc, daprs le lemme de Zorn (thorme 1.1), un lment maximal (Y, h). Posons Card(Y ) = b.
Supposons que b soit strictement infrieur a.
on a b 2b 3b b2 = b. En eet, il existe une
Puisque b = b2 est inni,
1
application injective Y Y Y Y , do 2b b2 et, de mme, 2b 3b
b3 = b2 = b. On a donc b = 2b et b = 3b. Lhypothse b < a entrane que
Card(E \ Y ) > b, car sinon
1 on aurait Card(E) 2b = b ce qui est impossible
(utiliser le fait que E = Y (E \ Y ), do Card(E) = Card(Y ) + Card(E \ Y )).
Il existe donc une partie Z (E \ Y ) quipotente Y . Posons T = Y Z. On a
T T = (Y Y ) (Y Z) (Z Y ) (Z Z).
445
Algbre T1
Les ensembles apparaissant dans le second membre sont deux deux disjoints et,
puisque Y et Z sont quipotents, on a
Card(Y Z) = Card(Z Z) = b2 = b,
do
Card((Y Z) (Z Y ) (Z Z)) = 3b = b.
Il existe donc un application bijective k de Z sur (Y Z) (Z Y ) (Z Z).
Lapplication gale h sur Y et k sur Z est une bijection de T sur T T
qui prolonge h, ce qui est contraire au caractre maximal du couple (Y, h). Par
consquent, b = a, ce qui prouve le thorme.
Corollaire 2.1.
(i) Si a est un cardinal inni, pour tout entier n 1, on a an = a.
(ii) Le produit dune famille nie de cardinaux non nuls, dont le plus grand a
est inni, est gal a.
(iii) Soient a un cardinal inni, I un ensemble de cardinal infrieur
ou gal
a, (ai )iI une famille de cardinaux infrieurs ou gaux a. Alors, iI ai a.
Si de plus, ai = a pour un indice i, alors iI ai = a.
(iv) Soient a et b deux cardinaux non nuls dont lun au moins est inni, alors
ab = a + b = sup(a, b).
Thorme 2.3.
(i) Tout produit cartsien ni densembles dnombrables est un ensemble dnombrable.
(ii) Soient I un
ensemble dnombrable et, pour tout i I, Ei un ensemble
dnombrable. Alors iI Ei est un ensemble dnombrable.
Dmonstration. Ce sont des consquences immdiates du corollaire (2.1).
Remarque 2.2. On dduit immdiatement de la proposition (2.2) et du corollaire (2.1.(iv)), que si E est un ensemble inni, Card(E) = Card(E)Card(N).
Proposition 2.4. Si f est une application surjective dun ensemble E sur un ensemble inni F telle que, pour tout lment x de F , lensemble {f 1 (x)} est
dnombrable, alors les ensembles E et F sont quipotents.
446
Proposition 2.5. Si E est un ensemble inni, lensemble F(E) des parties nies de
E est quipotent E.
Dmonstration. Lapplication x {x} est une application injective de E dans
Attention. Ce rsultat est faux pour lensemble P(E) des parties quelconques
de E (cf. exercice ci-dessous).
Remarque 2.3. On peut dmontrer que Card(P(N)) = Card(R) (cf. [1]). Le cardinal de R, qui est donc strictement suprieur au cardinal de N, sappelle la
puissance du continu. Le problme suivant :
Toute partie innie de R est-elle quipotente N ou R ?
est appele hypothse du continu. Il a t dmontr que cette question est indcidable, cest--dire que les axiomes de la thorie des ensembles ne permettent
pas de dmontrer que cette assertion est vraie ou quelle est fausse. Autrement
dit, cela signie quon peut ajouter aux axiomes de la thorie des ensembles lhypothse du continu, ou sa ngation, sans aboutir des contradictions.
447
BIBLIOGRAPHIE
Les ouvrages dont on trouvera les rfrences ci-dessous, ne sont pas tous cits
dans le cours du texte. Beaucoup dentre eux ont t une source dinspiration pour
la prsentation de divers notions exposes dans ce livre, ou pour des exercices et
des TP. Ils constituent une bonne base documentaire laquelle le lecteur dsireux
dapprofondir ses connaissances pourra se reporter.
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97, Springer.
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CRC Press.
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The Math. Intelligencer, vol. 18, 2636.
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thorie des nombres, Masson, Collection Matrise de mathmatiques pures.
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[21] Perrin, D. (1995). Cours dalgbre, Ellipses Marketing.
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[24] Samuel, P. (1967). Thorie algbrique des nombres, Hermann, Collection Mthodes.
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dition, Cambridge.
450
INDEX TERMINOLOGIQUE
Algbre T1
452
Index terminologique
F
facteur direct dnition VI.1.3
facteur invariant dnition VI.4.1
Fermat (nombre de) XVII.2
Ferrari (formules de) TR.XVI.A
dle (opration) dnition IV.4.2
ni (ensemble) dnition A.2.2
ni (groupe) dnition I.2.5
ni (extension de type) dnition IX.2.4
nie (extension) dnition IX.2.2
xe (point) dnition IV.5.1
fonction dEuler TR.I.B
forme rduite proposition III.1.2.1
formule de Burnside TP.IV.B
formule de lindice I.1.11
formules de Cardan TR.XVI.A
formules de Ferrari TR.XVI.A
fractions (corps des) VIII.5
Frobenius (morphisme de) proposition IX.1.3
G
Galois (groupe de) dnition X.2.1
galoisienne (clture) proposition-dnition
XIV.2.1
galoisienne (extension) dnition XIV.1.1
Gauss (entier de) TP.VIII
Gauss (lemme de) VIII.9.1
Gauss (sommes de) TR.XV.A
Gauss-Jordan (algorithme de) TP.VI.A
gnrateur proposition I.3.5 - dnition IX.2.4
gnrateur fort (systme) TP.II
gnrateurs et relations (groupe engendr par)
dnition III.2.3
gone (n-) XVII.2.1
groupe dnition I.1.1
groupe (algbre dun) TR.VIII.D
groupe ablien dnition I.1.2
groupe ablien libre dnition VI.2.1
groupe cyclique TR.I.B
groupe de cohomologie TR.XV.B
groupe de Galois dnition X.2.1
groupe de Mordell TP.VI.B
groupe de prsentation nie TR.III.B
groupe de torsion dnition VI.3.1
groupe(s) didral(aux) exemple I.1.2 - TR.I.C TR.IV.A
groupe divisible TR.VI.B
groupe ni dnition I.2.5
groupe gnral linaire exemple I.1.1
453
Algbre T1
groupe
groupe
groupe
groupe
groupe
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Index terminologique
455
Algbre T1
456
Index terminologique
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