Cephalees Principales Etiologies Demarche Diagnostique PDF
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Cphales :
principales tiologies,
dmarche diagnostique
D. SALIOU-MARTIN (1,2), E. QUERELLOU (2)
Points essentiels
Toute prsentation inhabituelle dune cphale chez un patient aux antcdents de cphale primaire doit faire suspecter une hmorragie mninge.
La cphale est un motif de consultation assez frquent dans les services daccueil
des urgences (1 4 % des passages) (1). Ce symptme trs courant peut tre li
une pathologie bnigne mais aussi tre le tmoin dune lsion organique grave
engageant le pronostic vital ou fonctionnel de la personne. La difficult du mdecin urgentiste est de distinguer par linterrogatoire et lexamen clinique les cphales
primaires (sans lsion causale) qui ne ncessitent pas dinvestigation complmentaire, des cphales secondaires (lies une lsion organique) dont le diagnostic
par des examens complmentaires est urgent afin que le traitement tiologique
soit prcoce. Il nexiste pas de recommandations franaises de socits dexperts
propos de la dmarche diagnostique raliser pour les cphales aux urgences.
Les cphales de tension sont les plus frquentes des cphales primaires. Elles
surviennent par pisodes qui durent de quelques minutes plusieurs jours. Elles
sont typiquement bilatrales, type dcrasement ou de pression et dintensit
moyenne modre. Lactivit physique quotidienne na pas dinfluence sur
lintensit de la cphale et les patients ne sont pas nauseux. Une photophobie
ou phonophobie peut parfois tre associe la cphale. La prise en charge de ces
cphales repose sur des antalgiques simples. Les personnes migraineuses
peuvent souffrir de crises de migraine et de cphales de tension par intermittence, il est alors intressant quelles sachent distinguer les deux diagnostics
afin dadapter le traitement de la crise.
Les algies vasculaires de la face surviennent chez une personne sur 500, en gnral
chez lhomme jeune (5). Elles sont typiquement dintensit svre, strictement
unilatrales, de localisation orbitaire, supra-orbitaire, temporale ou sur les trois
sites la fois. Elles durent de 15 180 minutes et surviennent de 1 8 fois par jour
sur une priode de plusieurs semaines mois. ces cphales, sassocient du
mme ct : une injection des conjonctives, un larmoiement, une congestion
nasale, une rhinorrhe, une sudation du front et de la face, un myosis, un ptosis,
un dme des paupires. La plupart des patients sont agits pendant la crise. Le
traitement immdiat repose sur la prise doxygne haut dbit (au moins 7 l/min)
et de triptans (pas plus de trois prises par jour pour le spray nasal).
Les nvralgies faciales nappartiennent pas aux cphales primaires (cphales
tertiaires) mais leur prise en charge aux urgences repose sur un traitement antalgique adapt en accord avec le neurologue, lorsque le diagnostic est dj connu.
lombaire (prsence de sang et de xanthochromie aprs centrifugation). Idalement il faut pratiquer cette ponction entre 6 et 12 heures aprs le dbut des
symptmes (le temps que la bilirubine qui constitue la xanthochromie se forme)
(7). Donc en cas de cphale aigu brutale, il est recommand de faire une ponction lombaire pour rechercher une hmorragie mninge si le scanner crbral est
normal (8). La plupart des hmorragies sous-arachnodiennes sont lies un anvrysme crbral. Dans 10 20 % des cas, on ne retrouve pas danomalie vasculaire (9). Les trois principales complications neurologiques de lhmorragie
mninge sont la rcidive de saignement, lischmie crbrale (lie une vasoconstriction) et lhydrocphalie. En cas dhmorragie mninge sur anvrysme
rompu, le risque de rcidive de saignement est majeur dans les premires heures
donc son traitement doit tre urgent (10). Il repose sur la prise en charge de lanvrysme par embolisation endovasculaire ou chirurgie (pose de clip) pour viter une
rcidive du saignement, et lintroduction dinhibiteur calcique (la nimodipine) pour
prvenir lischmie crbrale secondaire en plus du traitement symptomatique (7).
La thrombose veineuse crbrale est une cause rare de cphale qui touche essentiellement les jeunes (incidence annuelle de 5 cas pour un million dhabitants). La
suspicion clinique repose sur une cphale classiquement diffuse dapparition progressive dintensit croissante, associe des dficits neurologiques touchant les
deux hmisphres crbraux. La suspicion clinique du diagnostic repose aussi sur
la prsence de facteurs de risque de thrombose (thrombophilie connue, maladie
inflammatoire, contraception orale, grossesse, dshydratation, infection). Limagerie crbrale, en particulier lIRM permet de confirmer le diagnostic. dfaut,
des signes indirects peuvent tre visualiss sur le scanner crbral. Sur le plan biologique, un bilan standard avec TP et TCA permet de rechercher la cause de la
thrombose veineuse crbrale. Les D-dimres ont une bonne valeur prdictive
ngative mais cette valeur peut tre ngative malgr une thrombose si le dosage
est fait tardivement o si la lsion est de petite taille. La ponction lombaire nest
pas indique dans ce contexte sauf pour liminer un autre diagnostic. Elle mettrait
en vidence une augmentation de la pression du liquide cphalo-rachidien (LCR),
une hypercellularit et une hyperprotinorachie du LCR (11).
Les dissections carotidiennes ou vertbrales se manifestent par une violente cphale qui commence par une cervicalgie de dbut brutal associe un dficit neurologique focal correspondant au territoire de vascularisation de lartre touche. Ce
dficit peut apparatre distance de la cphale. Un syndrome de Claude Bernard
Horner (myosis, ptosis, enophtalmie) est (parfois) retrouv en cas de dissection
carotidienne. Des mouvements de rotation brutaux de la tte peuvent tre un
facteur dclenchant de ce syndrome (des manipulations par un chiropracteur sont
un facteur dclenchant assez frquent : 16 % des cas de dissection dans une tude
rtrospective de Dziewas) (12). La confirmation diagnostique repose sur langioscanner, lIRM ou lchodoppler des troncs supra aortiques (13). Le traitement
repose sur une anticoagulation efficace pendant 3 6 mois (les contre-indications
sont lextension intra-crbrale de la dissection et un infarctus crbral tendu). Un
traitement invasif chirurgical ou endovasculaire est rarement ncessaire (14).
Scnario 2
Mningite, mningoencphalite
Scnario 3
Processus tumoral
Maladie de Horton
Examens
complmentaires et
avis spcialiss
Orientation
du patient
Cphale intense de
dbut brutal (en coup
de tonnerre), ou avec
des signes
neurologiques, ou
associes des
vomissements, ou
une syncope au dbut
de la cphale
Hospitalisation pour
surveillance 24 heures
Cphale intense
associe une fivre
et/ou une raideur de
nuque
Scanner crbral et
ponction lombaire
Cphale de survenue
rcente (jours ou
semaines), ou
daggravation
progressive, ou
cphale persistante
Hospitalisation si
anomalie des examens
complmentaires
Bilan biologique
standard et recherche
dun syndrome
inflammatoire
Retour domicile
possible si les examens
sont normaux,
consultation dun
neurologue
programmer
Prsentation
clinique
Si le scanner est
normal faire une
ponction lombaire
Avis neurologique
dans les 24 heures
Si pas de dficit
neurologique et
absence de signes
dhypertension
intracrnienne on peut
faire la ponction
lombaire sans scanner
Avis neurologique
dans les 7 jours
Scnario 4
Cphale primaire
Cphale rcurrente
(antcdent de
cphale de mme
prsentation)
Hospitalisation pour
surveillance 24 heures
Bilan biologique de
routine
Avis neurologique sans
dlais recommand
Retour domicile
possible si les examens
sont normaux et en
labsence dabus
dantalgiques
Rfrences
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