Julien Misopogon
Julien Misopogon
Julien Misopogon
MISOPOGON,
ou
L'ENNEMI DE LA BARBE.
ressemblaient les grands glaons qui roulaient les uns sur les autres :
ils taient sur le point d'tablir un passage solide et de jeter un pont
sur le courant. Dans cette circonstance, devenu plus dur que jamais,
je ne souffris point que l'on chauffe la chambre, o je couchais,
l'aide des fourneaux en usage dans presque toutes les maisons du
pays, et bien que j'eusse tout ce qu'il fallait pour me procurer la
chaleur du feu. Cela venait, je crois, de ma sauvagerie et d'une
inhumanit dont j'tais, on le voit, la premire victime. Mais je voulais
m'habituer supporter cette temprature, que j'aurai d adoucir par
les moyens en mon pouvoir. Cependant; l'hiver prenant le dessus et
devenant de plus en plus rigoureux, je permets mes domestiques de
chauffer ma chambre, mais, de peur que la chaleur ne fasse sortir
l'humidit des murs, je
[14] Mais moi, ces regards tendres, ces roulements d'yeux, cette
proccupation de vous paratre beau de visage, et non d'me, ma
manire d'tre ne me le permet point. Pour vous la vraie beaut de
l'me c'est la vie effmine. Moi, mon prcepteur (39) m'a instruit
tenir les yeux baisss, en me rendant chez me matres, ne point
aller au thtre, que je n'eusse la barbe plus longue que les cheveux.
Et de fait dans mon jeune ge, je n'y allai seul et de mon propre
mouvement que trois ou quatre fois, sachez-le bien, et cela par ordre
de l'empereur,
Qui voulait se montrer agrable Patrocle (40),
et auquel m'unissaient les liens du sang et de l'amiti.
Or, je n'tais alors que simple sujet : il faut donc me le pardonner,
puisque je vous livre ce maudit prcepteur que vous aurez raison de
har plutt que moi, lui qui me molestait alors en ne me permettant
qu'une seule route. C'est lui qui est l'auteur de la haine souleve
contre moi, pour avoir fait pntrer et comme imprim dans mon me
des maximes, contre lesquelles je me rvoltais alors. Et lui, comme
s'il faisait une chose qui me ft agrable, il revenait sans cesse la
charge, appelant, je le vois bien, gravit ce qui n'est que rudesse,
temprance ce qui n'est qu'indiffrence, force d'me la rsistance aux
passions et le mpris du bonheur qu'elles procurent. Bien souvent,
j'en atteste Jupiter et les Muses, quand je n'tais encore qu'un enfant,
mon prcepteur me disait : Ne te laisse point entraner par la foule
de tes camarades au plaisir du thtre et au got des spectacles.
Veux-tu voir des courses de chars? II y en a dans Homre, qui sont
merveilleusement crites (41). Prends le livre, et lis. On te parle de
danseurs pantomimes? Laisse-les de ct : la jeunesse phacienne a
des danses plus, viriles (42). L aussi tu as le joueur de lyre Phmios,
le chanteur Dmodocos (43). Il y a encore chez Homre une foule
d'arbres plus beaux que ceux des dcors :
Car jadis, abordant la sainte Dlos (44),
Je vis prs d'Apollon, son autel de pierre,
Un palmier, don du ciel, merveille de la terre.
Et puis l'le boise de Calypso, et les grottes de Circ, et les jardins
d'Alcinos. Crois-moi, tu ne verras rien de plus charmant.
Voulez-vous que je vous dise le nom de ce prcepteur et quelle tait
sa patrie? C'tait, j'en prends tmoin les dieux et les desses, un
barbare, un Scythe d'origine, et il portait le mme nom que l'homme
qui conseilla jadis Xerxs de faire la guerre la Grce et l'illustre
Argos (45). Il tait eunuque, titre ador il y a vingt mois (46), et qui
n'est plus aujourd'hui qu'une injure et un outrage. Mon aeul (47)
l'avait lev pour expliquer ma mre les pomes d'Homre et
d'Hsiode. Ma mre (48), dont je fus le premier et l'unique enfant,
prudence, toutes les vertus qu'on peut non seulement possder par
soi-mme, mais encore communiquer aux autres. Voil ce que
m'enseignait mon prcepteur, croyant que je resterais simple citoyen.
Car il ne prvoyait pas que Jupiter m'enverrait la fortune o ce dieu
m'a lev. Et moi, craignant, devenu prince, d'tre pire que de
simples citoyens, je vous ai communiqu, sans le vouloir et mal
propos, quelque chose de ma rusticit. Une autre loi de Platon, que je
me suis rappele moi-mme, a soulev votre inimiti contre moi :
c'est celle qui dit que la vie des hommes en place et des vieillards
doit tre un modle de pudeur et de temprance, dont la vue inspire
aux masses la mme puret de sentiment (52). Seul ou du moins
avec un petit nombre d'amis, je m'attache aujourd'hui cette
manire de vivre, mais la chose a tourn autrement que je ne croyais
et m'a valu une honte bien mrite. Nous sommes ici chez vous sept
trangers, sept intrus (53); joignez-y l'un de vos concitoyens, cher
Mercure et moi-mme, habile artisan de paroles (54) . Spars de
tout commerce, nous ne suivons ici qu'une seule route, celle qui
mne au temple des dieux, et encore la prenons-nous rarement :
jamais de thtre, le spectacle nous paraissant la plus honteuse des
occupations, le but le plus blmable de la vie. Tous ceux des Grecs qui
sont sages me permettront volontiers de nous caractriser par notre
qualit la plus minente; et comme je ne trouve rien de plus saillant
en nous, c'est celle-l surtout que je fais valoir; tant nous dsirons
vous molester et soulever votre haine, au lieu de chercher vous
plaire et de vous flatter.
[17] Un tel en a ls un autre. Qu'est-ce que cela te fait? Tu pourrais
avec de l'indulgence tirer profit (55) de ces injustices, et tu cours
aprs les haines. Et en agissant ainsi, tu crois que tu fais bien et que
tu entends tes intrts. Tu devrais rflchir que l'homme qui l'on fait
tort n'en accuse pas les gouvernants, mais celui qui commet
l'injustice, tandis que celui qui commet l'injustice, en se voyant
rprim, n'a garde d'accuser sa victime, mais tourne sa haine contre
les gouvernants. Ce raisonnement aurait d te faire abandonner le
dessein d'imposer la justice par force et de laisser chacun le choix
de faire ce qu'il veut ou ce qu'il peut, Or, tel est, mon avis, l'humeur
de cette cit, une complte indpendance. Faute de comprendre ce
qu'il en est, tu veux qu'on se soumette avec docilit. Mais tu ne vois
donc pas quelle libert on laisse mme aux nes et aux chameaux?
Leurs cornacs les conduisent sous les portiques, comme des pouses
: les rues en plein air et les voies spacieuses n'ont pas t faites pour
l'usage des baudets : ce n'est qu'un simple ornement, un talage de
magnificence; mais grce la libert, les nes veulent se prlasser
sous les portiques, et personne ne les en empche, pour ne pas
attaquer les principes d'indpendance. Voil comment la ville entend
la libert! Et toi, tu exiges que les jeunes gens y soient tranquilles,
qu'ils ne pensent que ce qui te plat, ou du moins, qu'ils ne disent que
ce qu'il t'agre d'entendre. Mais la libert les a accoutums faire la
dbauche : tous les jours, ils s'en donnent cur joie, et les jours de
fte encore plus.
au mme culte que moi, en faisant croire que les satires composes
contre moi manaient d'elles (68) ! Moi, je sais qu'elles m'aiment plus
que leurs propres enfants, elles qui se sont htes de relever les
temples des dieux et de dtruire tous les tombeaux des athes sur un
de mes ordres rcents : zle ardent, fougue emporte, qui se
dchana sur les impies plus que ne le souhaitait ma volont. Chez
vous, au contraire, nombre de gens ont renvers les autels
nouvellement levs, et ma douceur a eu grand-peine les maintenir
dans le devoir. Aprs la translation du mort de Daphn (69), quelquesuns de vous, impies envers les dieux, ont livr le temple du dieu
daphnen ceux qui s'taient tachs propos des reliques du mort;
et alors, soit ngligence des premiers, soit intelligence avec eux, ils
ont mis le feu au temple : spectacle horrible pour les trangers, mais
agrable vous ainsi qu'au peuple, et indiffrent au Snat, qui ne se
proccupe point des coupables.
Moi, je suis certain que le dieu avait abandonn le temple avant
l'incendie. Ds mon entre, sa statue me le fit connatre, et j'invoque
contre les incrdules le tmoignage du Grand Soleil.
[23] Mais je veux vous rappeler un autre motif d'aversion pour moi, et
puis, suivant mon habitude, je vais bien m'en accuser, me charger de
blmes et de reproches. On tait au dixime mois, celui que, d'aprs
votre manire de compter, vous appelez, je crois, Los (70). Il y a
alors une fte solennelle du dieu, et l'on s'empresse ordinairement
d'accourir Daphn. Je quitte donc le temple de Jupiter Casios (71),
croyant que j'allais avoir plus que jamais le coup d'il de vos
richesses et de votre magnificence. Je me figurais dj la pompe
sacre : je voyais comme une vision de saintes images, les libations,
les churs en l'honneur du dieu, l'encens, les jeunes gens rangs
autour du temple, l'me remplie de sentiments religieux et le corps
par de splendides robes blanches. J'entre dans le temple : je ne
trouve ni encens, ni gteaux, ni victimes. Tout tonn, je crois que
vous tes hors du temple attendre respectueusement que, en ma
qualit de souverain pontife, je donne le signal. Je demande quel
sacrifice la ville va offrir au dieu pour fter cette solennit annuelle.
Le prtre me rpond : J'arrive apportant de chez moi pour le dieu
une oie que je lui sacrifie, mais la ville n'a rien prpar pour
aujourd'hui. Sur ce point, mauvaise tte que je suis, j'adresse au
Snat ce discours tout fait inconvenant qu'il n'est pas peut-tre hors
de propos de rappeler ici :
C'est un grand scandale, lui dis-je, qu'une cit comme la vtre traite
les dieux avec plus de mpris que la plus chtive bourgade des
extrmits du Pont. Avec d'immenses proprits territoriales, quand
arrive la fte d'un dieu de ses pres, dans un temps o les dieux ont
dissip les tnbres de l'athisme, ne pas faire la dpense d'un
oiseau, elle qui devrait s'imposer le sacrifice d'un buf par tribu ! Si
la chose tait difficile pour un simple particulier, la cit tout entire ne
pouvait-elle pas sacrifier un taureau? Il n'en est pas un parmi vous qui
ne rpande l'argent pleines mains pour des repas ou pour lei ftes
du Maouma (72) ; et, pour vous-mmes, pour le salut de votre
ville, pas un citoyen ne fait de sacrifice, ni priv, ni commun. Seul, le
prtre sacrifie, qui, en bonne justice, aurait d, ce me semble,
emporter chez lui quelque partie du grand nombre de victimes
offertes par vous au dieu. Les dieux, en effet, n'exigent des prtres
d'autres honneurs qu'une vie irrprochable, la pratique de la vertu et
l'exercice de leur ministre ; et c'est la ville, selon moi, d'accomplir
les crmonies prives ou publiques. Mais non, chacun de vous
permet sa femme de porter tout son avoir aux Galilens; et cellesci, en nourrissant les pauvres avec votre bien, offrent un grand
spectacle d'impit ceux qui sont dans la dtresse. Or, si je ne
m'abuse, il y a une foule innombrable de gens dans cette situation. Et
vous, qui donnez ainsi les premiers l'exemple de mpriser les dieux,
vous ne vous croyez pas coupables ! Pas un indigent ne se prsente
aux temples : c'est que pas un, je prsume, n'y trouverait un peu de
nourriture. Vienne cependant votre jour de naissance, ce ne sont que
festins, diners et soupers splendidement servis, convocation des amis
autour d'une table somptueuse. Et puis, dans une fte solennelle,
personne n'apporte d'huile dans la lampe du dieu, pas de libations,
pas de victimes, pas d'encens. Je ne sais pas ce que pourrait penser
chez vous un homme de bien qui verrait cela ; mais je crois que cela
ne plat point aux dieux.
[24] Voil ce que je me souviens d'avoir dit, et le dieu a confirm mes
paroles. Et plt au ciel qu'il n'et jamais quitt le sjour voisin de la
ville, qu'il avait habite si longtemps, afin de pouvoir, dans ces temps
calamiteux, changer l'esprit et arrter les mains de la violence
devenue matresse! Mais en m'emportant contre vous, j'ai fait un acte
de folie. J'aurais d, je crois, garder le silence, comme tant d'autres
entrs avec moi dans le temple, et ne point m'ingrer dans vos
affaires pour vous adresser des reproches. J'ai cd un mouvement
d'tourderie et de flatterie ridicule. Car il ne faut pas croire que la
bienveillance m'ait dict les paroles que je vous adresse : non, j'ai
couru sans doute aprs le renom d'un zle ardent envers les dieux et
d'une affection sincre envers vous. C'est l, je prsume, une flatterie
vraiment risible, et voil pourquoi je vous ai vainement accabls de
mes traits. Vous avez donc raison de vous venger de ces reproches,
mme en changeant la place des interlocuteurs. Car moi, c'est en
face du dieu, devant son autel, aux pieds de sa statue, et devant un
petit nombre de tmoins que j'ai couru sus vos mfaits; vous, c'est
en plein agora, devant le peuple et par la bouche de citoyens pleins
de talent, que vous me faites ces gracieusets. Or, sachez-le bien,
tous ceux qui parlent se font des complices de ceux qui les coutent;
et ceux qui coutent avec plaisir des calomnies, tout en gotant un
plaisir moins immdiat que celui qui parle, deviennent pourtant les
complices de sa langue. On a donc dit et entendu dans votre cit
toutes les plaisanteries dcoches contre cette pauvre barbe et
contre le barbu qui ne vous a jamais fait voir et ne vous fera voir
jamais un aimable caractre. Car il ne vous fera point voir un train de
parle la fable (73). On dit que le milan, qui chantait jadis comme les
autres oiseaux, voulut hennir connue les chevaux de race : il
dsapprit le chant, ne put apprendre hennir, fut ainsi priv de l'un et
l'autre avantage, et devint l'oiseau le plus disgraci pour la voix. Je
crains d'prouver le mme sort et de perdre ma rusticit, sans
acqurir de l'lgance; car vous le voyez vous-mmes, je touche,
puisque le ciel le veut, l'ge o, comme le dit le pote de Tos (74),
Aux cheveux noirs se mle un peu de cheveux blancs.
[27] Mais tenez, j'en prends tmoin les dieux et Jupiter protecteur
de l'agora et de la cit, vous n'tes que des ingrats. Vous ai-je fait
quelque injustice, soit publique, soit prive, et, ne pouvant vous en
venger ouvertement, avez-vous pris la voie des anapestes, comme les
potes comiques acharns dchirer Hercule et Bacchus (75), pour
m'insulter chaque jour sur vos places? Ou bien me suis-je abstenu de
svir contre vous, pour que vous me forciez me venger avec les
mmes armes? Quelle est donc enfin la cause de vos outrages et de
votre inimiti? Car enfin, je suis sr de n'avoir rien fait de dsagrable
personne de vous, rien qui pt blesser soit les citoyens en
particulier, soit la ville en gnral; je sais n'avoir rien dit de
dsobligeant : loin de l, je vous ai lous, le cas chant; et pour ce
qui est d'un certain Christ, je vous ai fait toutes les concessions qu'on
est en droit d'attendre d'un prince qui veut et qui peut faire du bien
aux hommes. Seulement il est impossible, sachez-le, de faire la
remise de tous les impts ceux qui les payent, et de payer tout soimme quand on a l'habitude de recevoir. Ainsi, quand il est vident
que je n'ai rien retranch des largesses publiques, ce que fait
d'ordinaire le trsor imprial, et que cependant je vous ai accord des
remises considrables d'impts, n'est-ce point une vritable nigme?
Mais ce n'est point ici le lieu de parler du bien, dont la masse de mes
sujets m'est redevable. Je ne veux pas avoir l'air, comme de parti pris,
de chanter moi-mme mes louanges, surtout aprs avoir annonc que
j'allais me rpandre en sanglantes invectives. Cependant ce qui me
touche personnellement, ma conduite tourdie et folle votre gard,
bien que ne mritant point tout fait votre haine, il n'est pas
malsant, je crois, d'en parler, vu que ces dbuts, savoir la
ngligence de ma tte et mon aversion pour les plaisirs de Vnus,
sont compltement miens et d'autant plus graves, compars aux
autres, qu'ils sont plus vrais et qu'ils touchent de plus prs l'me.
[28] Et d'abord, j'ai commenc par faire votre loge aussi
chaleureusement qu'il m'tait possible, avant de vous avoir pratiqus
et de m'tre demand comment nous prendrions ensemble. Je me
disais que vous tiez fils de Grecs et que moi, malgr mon origine
thrace, j'tais Grec d'inclination. Je me figurais donc que nous nous
aimerions : premier grief imputable mon tourderie. En second lieu,
quand vinrent vos envoys, aprs tous les autres peuples, mme
aprs les Alexandrins d'gypte, je vous fis remise de sommes
considrables d'or et d'argent et de nombreux impts, faveur toute
C'est vrai comme vous le dites; la dmence envers les tres de cette
espce ne fait qu'accrotre et nourrir la perversit humaine.
[32] Voil donc mon discours revenu par ce dtour au point o je
voulais. C'est moi qui suis l'auteur de tous mes maux, pour avoir
combl de grces des curs ingrats ; mais la faute en est ma
sottise plutt qu' votre libert. Aussi je tacherai dsormais d'tre
plus avis avec vous. En attendant, plaise aux dieux, en retour de
l'affection et du respect que vous m'avez publiquement tmoigns, de
vous rendre la pareille!
(01) Compos dans les derniers mois du sjour de Julien Antioche,
au commencement de l'an 363. - Voyez, outre notre tude,
Chateaubriand, Etudes histor., p. 233, dit. Didot; Albert de Broglie,
l'glise, etc., 2e partie, t. Il, p. 307 et suivantes; A. Desjardins,
l'Empereur Julien, p. 143; et, pour l'analyse, notre thse latine, De
ludicris apud veteres laudationibus, p. 94 et suivantes. On y trouvera
de plus quelques indications bibliographiques et quelques
rapprochements qui peuvent n'tre pas sans intrt.
(02) Alce souleva ses concitoyens contre Pittacus, tyran de Lesbos.
Dans les courts fragments de ses posies, on en trouve trois on
quatre qui ont rapport aux combats, notamment un appel aux armes.
Voyez. Horace, ode XXXI, liv. I, et ode XI, livre Il. - Archiloque, grand
pote et grand crivain, se distingua par son humeur caustique et son
caractre vindicatif. Lycambe lui ayant refus, malgr sa promette, la
main de sa fille Nobule, le pote s'en vengea par des satires si
sanglantes que le pre et la fille se pendirent de dsespoir.
(03) Pittacus, Lycambe et Nobule.
(04) Tabul, VIII, De delictis : QVI MALVM CARMEN INCANTASSIT. MALVM VENENVM. - Voyez Michelet, Hist. rom., t. 1, p. 314, dit. 1831,
et Egger, Latin. sermon. reliq., p. 90.
(05) Les corbeaux. Voyez Voltaire, Essai sur les murs, avant-propos.
(06) Sur cette expression proverbiale attribue au joueur de flte
Antignidas, voyez Valre Maxime, liv. III, chap. VII, ext. 2, et Cicron,
Brutus, chap. 50, 187.
(07) Thocrite, Idylle XII, v. 32.
(08) Ce dtail manque dans PIutarque. On ne trouve, dans les
hommes illustres dont il crit la biographie, que Fabius Maximus et
l'un des aeux de Cicron, qui aient ce petit dfaut physique. Fabius
Maximus, celuy dont nous escrivons presentement, fut le quatrime
en droite ligne et fut surnomm Verrucosus, cause d'un seing
naturel qu'il avoit sur l'une des lvres comme une petite verrue. - Bien
me semble il que premier de cette race, qui fut surnomm Ciceron,
fut quelque personnage notable, et que, pour l'amour de luy, ses
descendans ne rejetterent point ce surnom, ains furent bien aises de
le retenir, encore que plusieurs en mocquassent, pour ce que cicer en
langage latin signifie poy chiche, et celuy l avoit au bout du nez
comme un poireau ou une verrue, qui semblait proprement un poy
chiche, dont il fut pour cela surnomm Ciceron.
(09) Cette phrase n'est pas trs nette dans le texte, mais elle est
inintelligible dans les traducteurs.
(10) II y en avait ordinairement vingt-quatre. L'empereur Constance,
le csar Gallus et le comte Julien les voyaient toutes, mais l'empereur
Julien se retirait aprs la sixime. Le BLETERIE
(11) En 358 aprs J.-C.
(12) Nous n'avons pas besoin de faire ressortir l'intrt tout particulier
de ce passage. - C'est ici l'occasion de rappeler l'tymologie celtique
et vraie du nom de Lutce, Lutetia. Luh, rivire, fleuve; dac ou tec
coup (fleuve coup). La position de la cit justifie cette
dnomination.
(13) L'ancienne cit. Voyez Dulaure, Hist. de Paris; Amde Thierry,
les Gaules sous l'adm. rom., t. Ill, p. 22, 23, 326 et suivantes;
Chateaubriand, Etudes histor. , p. 243, dit. Didot; Bonamy, Mm. de
l'Acad. des inscr., t. XV, p. 656 et suivantes; l'Univers pittoresque,
FRANCE, t. XI, p.345; Albert de Brooglie, L'Eglise et l'emp. rom., 2e
partie, t. II p. 47 et 48. - Les Thermes o Julien s'tablit ne sont autre
chose que le palais construit par Constance Chlore. Le souvenir et le
nom de Julien y demeurent attachs pour toujours dans l'esprit de la
population parisienne. - Cf. Thses de critique et posies, par B.
Julien; Paris, Hachette, 1858, p. 330 et suivantes.
(13b) La Seine, Sequana, du celtique Segh-aon, l'eau sinueuse.
(13c) Environ 152 kilomtres.
(13d) On trouvera dans Plutarque, Sertorius, 8, de curieux dtails sur
les ides mtorologiques des anciens cet agrd.
(13e) Ciplin, espce de marbre blanc lgrement vein de vert.
(14) Voyez pour cette comdie perdue les fragments de Mnandre
dans Meineke, p. 49, dit. 1823.
(15) Voyez Hrodote, I, 29 et suivants; Plutarque, Solon, 27; Lucien,
Charon ou les Contemplateurs, 9 et suivants. t. I, p. 184 de notre
traduction.
(16) Odysse, VIII, 249.
(17) Suivant Thodoret, liv. III, chap. 15, Julien tait appel par les
siens trs clment et trs philosophe, .
(18) Iliade, VII, 195
(19) Odysse, XXII, 411.
(20) Iliade, VI, 301.
(21) Les ennemis mmes de Julien se sont accords rendre justice
sa chastet rigide et sa parfaite continence.
(22) Proverbe. Les glands de Dodone sont clbres dans les vers des
potes et dans la prose des philosophes.
(23) Voyez plus loin la lettre XXVII.
(24) On suivait Antioche l're des Sleucides, qui a commenc trois
cent douze ans avant l're chrtienne, le jour de l'entre de Sleucus
Niccator dans la ville de Babylone. La nomnie se trouvait
l'quinoxe d'automne, vers la fin de septembre, au mois macdonien
Dius.
(25) Dieu de l'amiti.
(26) Antiochus. Voyez cette histoire dans Plutarque, Dmtrius, 38 ;
Lucien, De la dresse syrienne, 17 et suivants; Aristnte, livre I, lettre
Xlll, et Valre maxime, liv. V, chap. VII. - Cf. Guizot, Etudes sur les
beaux-arts, p. 412. L'auteur y apprcie le tableau de Grard de
Lairesse, ayant pour sujet Antiochus malade recevant de son pre la
main de Stratonice. Ce tableau est actuellement au muse
d'Amsterdam. - Voir aussi le tableau d'Ingres.
(27) Erasistrate.
(28) Il y a une erreur de Julien ou de son copiste. II faut lire
au lien de . Hsiode dit dans ses Travaux et jours, v. 66.
.
(29) Stratonice
(30) Peuples de la Bulgarie.
(31) Eutrope, pre de Constance Chlore et bisaeul de Julien, tait
d'origine mysienne.
(32) Iliade, XXIV, 261.
(33) Odysse, XIX, 396.
(34) Sur ces personnages de Mnandre, voyez Meineke, p. 49, 64 et
117.
(35) Vers 251 et suivants, dition Tauchnitz; Leipzig, 1829.
(36) Le texte porte le mot avec une majuscule, et peut-tre
faut-il lire , Micion, personnage de comdie. La Bleterie et
Tourlet ont sans doute lu , puisqu'ils traduisent Mycone, avec
cette note explicative que Mycone tait une le de l'Archipel, dont les
habitants taient renomms pour leur rusticit. Je crois qu'ils
n'taient connus que par leur calvitie, et je prie le lecteur de vouloir
bien s'en rfrer pour cela une note de la page 121 du tome 1er de
ma traduction de Lucien. Pour ma part, j'aime mieux lire
sans majuscule, et voir ici le nom d'un coquillage cit par Athne, III,
87, t. 1, p. 164 de l'dition Tauchnitz. L'antithse me parat mieux
observe, en opposant au polype rus la stupidit traditionnelle de
l'hutre.
(37) Danse obscne dont il est souvent question dans Aristophane. Cf. Lucien, De la danse, 20.
(38) Allusion au vers 181 des Acharniens d'Aristophane. Amphitltus
dit Dicopols : Je me htais de t'apporter ta trve ; mais des
vieillards d'Acharn ont vent la chose : ce sont d'anciens soldats de
Marathon, durs comme le chne et l'rable, dont ils sont faits, rudes,
impitoyables. - Nous disons dans le mme sens : C'est un dur
cuire !
(39) Mardonius : il en sera question plus loin, avec plus de dtails.
(40) Il y a l un hmistiche imit d'Homre, que les traducteurs n'ont
pas du tout rendu. Le nom de Patrocle remplit les chants XVI, XVII et
XVIII de l'Iliade, et l'expression se trouve dans l'Iliade, I,
v. 572, 578. Quant au sens rel de cet hmistiche, il n'est pas trs
facile de le dterminer. S'agit-il de jeux en l'honneur de Patrocle, ou
bien Julien donne-t-il ironiquement, soit lui-mme, soit quelque
membre de sa famille, le nom de Patrocle, ami d'Achille, pour rappeler
l'amiti quelque peu problmatique de Constance pour ses parents; je
n'ose me prononcer d'une manire positive.
(41) voyez Iliade, XXI, les jeux clbrs par Achille pour les funraires
de Patrocle, entre autres la description d'une course de chars.