PME
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UNIVERSITE IBN ZOHR
Lcole Suprieure de Technologie -d'Agadir
La Premire Edition des Journes Nationales de lEntrepreneuriat
Sous le thme : Formation universitaire et entrepreneuriat
le 17 et le 18 dcembre 2015.
D.ZEAMARI Mohamed *
M.OUDGOU Mohamed**
Abstract :
The financial system Morocco has placed at the disposal of the SMES of the products of diversified
funding, however the problem of access to finance remains a complex phenomenon and topical. The
present article has for objective to provide a critical view on the main systems of financing of SMES
Moroccan, which occupies a place undeniable in the national economy. Thus this study has allowed us
to highlight the mechanisms of the public policy to accompany and overcome the difficulty of access
to financing which suffer from the Moroccan SMES.
The methodology followed is in a work of analysis of OECD statistics, the ministry of industry, the
ANPME and other agencies and scientific studies already treats the issue of the difficulties of access
of SMES to the Moroccan financing.
Key words: SMES, modes of financing, difficulties of access to financing, public policies.
~1~
Le travail est scind en quatre sections, nous prsenterons dans la premire limportance des
PME dans lconomie marocaine, dans la deuxime section : les difficults dont souffrent les
PME dans la littrature. En troisime section, on prsentera les difficults daccs au
financement bancaire, au march financier et au capital-risque rencontres par les PME
marocaines. Finalement dans la quatrime section, nous prsentons les mesures de la politique
public pour favoriser laccs des PME aux financements externes, plus prcisment la mise en
place de la centrale de risque, la caisse centrale de garantie (CCG) et les mesures de
lANPME.
1
Loi n 53-00 formant charte de la petite et moyenne entreprise, Dahir n 1-02-188 du 12 Joumada I 1423 (23 juillet
2002), Bulletin officiel n5036 du 05 septembre 2002 (cf. BIP n117- octobre 2002- page 4).
2
Les seuils de dfinition : chiffre daffaires, nombre demploys, total de bilan et le ratio dinvestissement.
~2~
A linstar de la dfinition officielle de la charte des PME, lANPME et la CGEM ont adopt
une nouvelle dfinition unique lchelle nationale qui contribue la cohrence des
dispositifs dappui aux PME, et qui tient compte uniquement le critre de chiffre daffaires
pour dfinir une PME. Sur la base de ce critre, lANPME classe les petites et moyennes
entreprises en trois catgories :
-Les trs petites entreprises (TPE) : moins de 3 millions de dirhams ;
-Les petites entreprises (PE) : entre 3 et 10 millions de dirhams ;
-Les moyennes entreprises (ME) : entre 10 et 175 millions de dirham.
Le MCINT3, sappuie seulement sur le nombre demploys permanents pour dfinir la PME.
Selon ce critre toute entreprise qui emploie moins de 200 personnes, est une PME.
3
Le ministre de Commerce, de lIndustrie et de la Nouvelle Technologie : MCINT.
4
http://www.emergence.gov.ma/COMPETITIVITEPME/Pages/PMEmarocaines.aspx
5
Idem.
~3~
Tableau n1: Distribution des PME en nombre par secteur dactivit et par effectif.
PME % GE
Secteurs dactivits 0 5 6 200 PME > 200
% GE Total
Les PME jouent depuis longtemps le rle stimulateur de la cration demploi et la rduction
du taux de chmage. Elles ne recrutent pas une main duvre fortement qualifie et de grande
spcialit, mais ces entreprises sont qualifies des meilleurs employeurs dans le monde entier,
et sont considres comme un outil efficace de sattaquer aux problmes de lemploi. Ainsi
selon Julien et Marchesnay (1994), les entreprises de petite taille, constituent parfois dans
les pays en voie de dveloppement une source unique de cration demplois et de
renouvellement de lconomie.
Au Maroc, les PME devrons jouer un rle crucial dans la cration demploi. Cependant les
statistiques sur la situation de lemploi dans les entreprises marocaines, sont lacunaires voire
inexistantes ce qui rendent difficile lvaluation de la contribution des PME la cration
demplois. Nanmoins, les donnes existantes fournissent quelques indications varient en
prcision dun organisme lautre. De manire gnrale les PME marocaines, contribuent la
cration de plus de 50 % de lemploi (ANPME, 2013). Selon une tude ralise par le
Ministre de lEconomie et Finance en 2000, le secteur industriel emploi 500 000 personnes -
aujourdhui (fin 2013) en compte 577 983 personnes-, le secteur du commerce emploi
~4~
888 000 personnes (hors informel) et le secteur des services compte prs de 600 000
personnes. Les statistiques actualises se limitent au secteur industriel. Dans ce secteur les
PMI emploient 199 553 personnes soit 34,5 % par rapport aux grandes entreprises (65,5 %).
En dpit de limportance des PME dans le dveloppement conomique et social au Maroc, et
de limportance des efforts dploys par les acteurs publics et privs, pour leur mise niveau,
elles nvoluent pas en toute aisance dans cet environnement en forte mutation, source de
nombreuses difficults entravent leur progression, dont les plus importantes sont relatives
laccs au financement. Dans ce qui suit, nous prsenterons les principales difficults daccs
des PME au financement dans la littrature avant dvoquer le cas marocain.
~5~
ngative la cration de nouvelles entreprises et le dveloppement des entreprises dj
existantes.
La quasi-totalit des tudes menes sur le rle du financement, montrent que la disponibilit
des capitaux est une condition ncessaire lors de la cration, et la croissance faible des PME
est d principalement aux difficults de ces entreprises obtenir un financement dans la phase
de dveloppement (Pissarides, 1999 ; Becchetti et Trovato, 2002 ; Oliviera et Fortunato,
2006 ; Krasnique, 2007).
Aujourdhui, trouver les ressources financires les plus adquates, cest laxe le plus
important sur lequel doit porter la politique financire dune entreprise et surtout les PME
exposes aux problmes dasymtrie dinformation et de rationnement.
Les transactions effectues par une PME, au niveau local ou international, ncessitent la
mobilisation des capitaux, ainsi que pendant tout le cycle de vie de lentreprise (cration,
dveloppement et transmission). Dans chacune de ces phases nous recensons des besoins de
financement diversifis. Outre les besoins financiers lis la cration et au dmarrage, le
cycle dexploitation engendre des besoins de financement importants.
Pour rpondre ces besoins multiples et diversifis en fonction du stade de dveloppement de
la PME, et pour assurer sa prennit, lobtention du financement adquat et en temps
opportun constitue la cl de la russite, et cette tape o se trouve le dfi majeur des PME. Il
est dusage de rappeler qu ct de lautofinancement et du financement bancaire ; les
rseaux de financement de ces entreprises, se rvlent diversifis, allant du march financier,
capital-risque, rseaux de solidarit financire, crdit-bail, ligne de crdit, jusquaux aides et
les garanties de lEtat.
~6~
rationnement de crdit lorsque certains emprunteurs se voient systmatiquement refuser du
prt demand. Selon Jaffee et Russell (1976), le rationnement est fond sur le montant de prt
demand, o le montant obtenu est moins que celui est demand.
Dans la littrature en relve que lopacit informationnelle limite laccs des PME aux
financements externes (Ang, 1991), ce qui rend ces entreprises plus exposes au
rationnement de crdit. En effet, le banquier, pour prendre la dcision doctroi ou de refus de
prt, et pour rduire les risques lis cette opration, il investit dans la collecte de
linformation pertinente sur lentreprise (document comptable, projet financer,...etc.). Or,
dans les PME et les entreprises nouvellement cres, la production de linformation est rduite
son niveau minimum. Ces entreprises, ont seulement des actifs immatriels (projet,
promesses, exprience de lentrepreneur,etc.) auxquels sajoute le manque des garanties
suffisantes (Beck et al, 2008). Labsence dinformation fiable et objective sur les PME,
conduit amplifier les asymtries informationnelles entre PME et les banques (Cleary, 2006 ;
Beck et al, 2006). Et ces dernires, risquent dvaluer avec prcision la rentabilit et le risque
de dfaut des projets des PME financer (Akerlof, 1970). A ces raisons, les banques leurs
associent systmatiquement un risque plus lev et refusent de financer certaines
entrepreneurs. Autrement-dit certaines catgories des PME se trouvent systmatiquement face
la difficult de rpondre aux exigences des banques et dobtenir facilement le financement
ncessaire.
En prsence des asymtries informationnelles chez les PME, leur rationnement, peut tre
expliqu par le modle thorique dvelopp par Stiglitz et Weiss en 1981, qui postule
lexistence dasymtrie dinformation ex-ante ; et par celui dvelopp par Williamson
(1986 et 1987), qui postule lexistence dasymtrie dinformation ex-poste . Ces asymtries
dinformations sont la base des dcisions de financement des institutions financires, car
elles couvrent deux risques la base des obstacles pour le financement externe : slection
adverse et le risque morale. Avant ces deux modles thoriques, les facteurs explicatifs du
rationnement de crdit avancs par la thorie conomique, sont lis aux contraintes
institutionnelles, la conduite de lendettement et du taux dintrt lev la faillite des
firmes (Tuan-Anh. P, 2009).
Dans ce cadre, nous admettons que la production et le partage de linformation de qualit et
en quantit suffisante sur les PME, permettra de diminuer lasymtrie dinformation,
dapprcier avec certitude le risque et damliorer leurs accs au financement.
~7~
3. Les exigences des prteurs et difficults daccs des PME au financement.
Plusieurs tudes ont analys les aspects de la relation banque-entreprise, les facteurs qui
dterminent laccs des PME au financement, et les conditions applicables ce financement
(St-Pirre et Nazik, 2011, Wu, Song et Zeng 2008). Ainsi en relve dans ces tudes, que
certaines entreprises ont plus de difficults pour obtenir un financement que dautres. Sur ce
point, les avis sont multiples tels que de Berger et Udell (1992), Hiller et Ibrahimo (1993), St-
Pierre (2004)etc., toutefois, il faut recourir ltude empirique pour la validation (Berger
et Udell, 1992).
Cressy (1995), avance que les difficults de financement, sont la consquence des dcisions
daffaires, sont lies limportance des risques dans certaines PME, ou certaines PME, nont
pas les caractristiques pour obtenir le financement recherch. Selon Cressy (1995) ; Kim,
Aldrichet et Keister (2006), labsence du capital humain, limportance de lquipe sont des
facteurs dterminants dans laccs au capital. La volont de lentreprise donner des biens en
garantie, est un moyen de connaitre sa capacit montrer sa solvabilit (Chan et Kanatas,
1985 ; Bester, 1987 ; Toivanen et Cressy, 2000), et sont des moyens de rduction de risque
moral (Berger et Udell, Boot et Thakor, 1991). Les entreprises dont les difficults de
financement sont importantes sont les entreprises de petite taille, de savoir et celles ayant un
grand risque valu par la banque (BDC6, 2000 et 2011 ; bougheas, 2004 ; St-Pierre, 2004).
Petersen et Rajan (1994), Boot et Thakor (1994), Berger et Udell (1992 et 1995), dans leurs
tudes empiriques sur le taux dintrt, les exigences en matire de garantie, la relation
banque-entreprise et sur le rationnement de crdit, ont analys limpact de la dure de la
relation avec la banque sur les conditions de prt. Les auteurs constatent que les entreprises
qui fournissent moins de garantie et bnficient des taux dintrt prfrentiels, sont celles qui
entretiennent une relation de longue dure avec la banque. De cette divergence de point de
vue, il est de haute importance de dterminer dans quelle mesure, certaines catgories des
PME sont dsavantages dans leurs accs au financement. Malheureusement il est difficile de
mesurer directement les difficults de financement . En revanche, le problme que pose
lanalyse des difficults de financement des PME, est de montrer dans quelle mesure une ou
des variables donnes, tels que le chiffre daffaires, le secteur, R&D,etc., influent sur
laccs au financement et/ou sur les conditions dobtention du financement. Dans cette
perspective, il faut pencher sur la dtermination des critres appliqus par les banques pour
refuser des demandes de financement et accepter dautres.
6
BDC : Banque de Dveloppement de Canada
~8~
De faon gnrale, les PME prsentent des caractristiques la base des contraintes
financires (St-Pierre, 2004 ; Dietsh et Mahieux, 2014). Ces contraintes de financement, sont
globales et non attaches aux formes de financement. Les facteurs communment reconnus,
sont la taille de lentreprise, la concentration de la proprit et de la gestion, la mfiance
louverture du capital, la dpendance conomique et financire lgard des fournisseurs et
clients, confusion entre patrimoine du propritaire et de lentreprise. Ces caractristiques et
autres, rendent les PME plus opaques, et constituent des sources relles de difficult de
financement en fonds propres et en crdit, susceptibles de freiner leur croissance. Cependant
nous pouvons diviser ces facteurs en quatre groupes homognes : la relation banque-PME, les
caractristiques de lentreprise, les caractristiques de lentrepreneur et les facteurs
institutionnelles. Les tudes bien quelles soient rvlateurs ne sont pas concluantes, elles
prennent comme variables dpendantes refus de prt, taux dintrt, garanties
demandes,etc., en fonction des facteurs pouvant motiver laccs dune PME au
financement. Ainsi, les tudes ont produit des rsultats divergents, cause des choix des
facteurs, des problmes de contexte et dchantillonnage.
~9~
Le paysage bancaire marocain est compos des banques commerciales, dinvestissements et
de la banque centrale (Bank Al-Maghrib). A la fin de 2011, le secteur bancaire marocain,
comprenait 85 tablissements de crdit, dont 35 socits de financement, 19 tablissements
bancaires, 13 associations de microcrdit, 10 socits de transferts de fonds et 6 banques
offshore. Le groupe BMCE-Bank, le Groupe Banque Centrale Populaire (BCP) et
AttijariWafabank, dominent largement le paysage bancaire marocain, accaparent plus de la
moiti du Produit Net Bancaire (PNB). Dans lobjectif damliorer la bancarisation de la
population, la banque centrale a encourag lducation financire. Et cet effet, le taux de
bancarisation atteint 57 % fin de 2012 (Bank Al-Maghrib, 2013). Cependant, les banques se
concentrent dans quatre grandes rgions o lactivit conomique est fortement concentre :
Rabat-Sal-Zamour Zaair (11.28%), la rgion Grande Casablanca (29.28%), la rgion Tanger
Tetouane (8,56%) et loriental (8.85%).
1.2. Evaluations des concours accords aux PME marocaines
Si la cration et le dmarrage des TPME sont assurs par lapport personnel et familial, le
financement du cycle dexploitation et de croissance, ncessite le recours aux marchs de
crdit. Le crdit bancaire, constitue la principale source de financement formel des PME
marocaines (CDVM, 2011), mais il est limit par la dficience de lenvironnement juridique
et rglementaire (OCDE, 2014 ; WEF, 2015). Toutefois, les prts bancaires allous aux PME
marocaines est de 24 % dans le total des prts des banques. Selon Beck et al (2008), le Maroc
est le seul pays dont les prts accords aux PME est similaires aux pays dvelopps (22 % en
2008).
Graphe n 1 : Prts bancaires aux PME (% du total des prts bancaires)
Source : Rocha, R. et al. (2011), The status of bank lending to SMEs in the Middle East and North Africa region : the results
of a joint survey of the Union of Arab Bank and the World Bank, Srie des documents de politique gnrale de la Banque
mondiale, Banque mondiale, Washington, DC.
Comme il montre le graphe n1, la part des prts accords par les banques aux PME elle est
encore faible en AP (6%), en Egypte (5%) et en Jourdanie (10%), dans le mme classement le
~ 10 ~
Maroc est bien positionn. Il dpasse ainsi, la moyenne des pays de lOCDE hauts revenus,
et la moyenne de la rgion MENA (13%).
Dans ce contexte marqu par un ralentissement conomique, et o les PME connaissent des
besoins flagrants de ressources internes, et ont toujours tendance se financer par le systme
bancaire, les banques augmentent leur aversion au risque, et ont tendance diminuer les
crdits (OCDE, 2014) et rationner certaines catgories des PME.
Graphe n 2: Part des PME dans le total des prts et par type des prts.
Le graphe ci-dessus, nous montre que la part des crdits octroys par les banques aux PME
entre 2005 et 2011, a connu une lgre augmentation, avec un taux moyen de 9 %, et se situe
100 000 millions de dirhams la fin de 2011. Les crdits de trsorerie aux PME ont connu
une importante baisse, passant de 34 % en 2008 (-16 %) en 2009 ; et grce la baisse des
taux appliqus aux facilits de trsorerie depuis le deuxime semestre de 2009 (Bank Al-
Marghrib, 2015), nous remarquons une lgre hausse pour se redresser 29 % fin 2010.
Depuis 2005 jusqu 2011, la part des PME dans le total des prts allous aux entreprises non
financires est en moyenne 21 %.
Selon lenqute sur les conditions doctroi des crdits raliss par Bank Al-Maghrib, les
crdits octroys aux PME ont enregistr une hausse de 6 % en 2013 contre 1 % en 2012.
Ainsi, la part des crdits accords aux socits non financires, passer de 33 % en 2012 35
% en 2013. Cette amlioration a t appuye en grande partie par le systme de garantie mis
en place par Bank Al-Maghrib, et qui a mobilis 4.7 milliards de dirhams en 2013 contre 2.5
% milliards de dirhams en 2012, soit une volution de 30 %. Ces crdits ont financ des
projets de cration, de dveloppement et des besoins en fonds de roulement (BFR) au profit
de 2046 TPME, ce qui a contribu la cration de 6283 emplois directs (MEF, 2015).
De leur ct, Bank Al-Maghrib a mis en place en dcembre 2013 un programme de soutien au
financement des TPME afin de faciliter leur accs au financement bancaire. Il sagit dun
~ 11 ~
dispositif de refinancement des crdits octroys aux TPME, exerant dans le secteur de
lindustrie ou dont la production est destine lexport, dont les montants infrieurs ou gaux
50 millions de dirhams et pour une priode suprieure ou gale 12 mois. Ce mcanisme
permet aux banques de disposer davance de Bank Al-Maghrib, un montant gal aux crdits
quelles comptent octroyer aux TPME (Lettre circulaire n112/DOMC/2013)7.
A travers notre contribution, nous concluons que les difficults dont souffrent les PME
marocaines lors de leurs accs au financement, du point de vue des banques, sont dues la
fragilit de leur structure financire (manque de fonds propres, sous-capitalisation et manque
de rinvestissement), limportance des risques par rapport la rentabilit, style de
management, manque de projet bancable, manque de transparence dans les documents
comptables et manque du capital humain comptant (CDVM, 2011 ; Haj-khlifa et Daoui,
2013 ). Du point de vue des entreprises, les garanties exiges par les banques restent encore
trs leves, les garanties immobilires constituent la garantie tangible la plus demande
loccasion de loctroi de crdit bancaire, impliquant parfois leurs biens personnels. En
revanche, ces exigences font obstacles laccs au financement pour les PME. Lattitude
conservatrice des banques marocaines vis--vis des PME, le manque de partage de
linformation expliquent une partie limportance des exigences des banques, et par
consquences le rationnement de certaines catgories des PME.
7
Lettre circulaire n112/DOMC/2013)7, du dcembre 2013, relative au programme de soutien des TPME.
~ 12 ~
En rsum, le facteur institutionnel constitue un grand obstacle daccs au march boursier
pour les PME marocaines, il se manifeste par la complexit des rgles et des exigences hors
les capacits des PME, mme si des allgements fiscaux ont taient entretenus.
~ 13 ~
A partir de ces donnes, nous constatons que les intervenants ciblent particulirement les
entreprises dj en activit, ralisent des performances marquantes et souhaitent se dvelopper
(le capital dveloppement), par contre les activits de cration et damorage (capital risque)
restent marginalises, mme si les OPCR ont une obligation dinvestir 50% dans les PME.
Selon le CDVM (2011), les PME marocaines ont une sous-capitalisation, se manquent de
transparence, mode de management personnalis et informel, faible encadrement, ce qui
nincite pas ni au dveloppement ni lintervention des socits de capital investissement
dans ces entreprises, particulirement dans les premires tapes de leurs cration comme on a
constat partir du graphe en haut, et par consquence limite leur accs ce type de
financement. Dans ces conditions, la mise niveau des PME marocaines en matire de
gestion, de gouvernance, de transparence, de communication financire, est une tape cl du
dveloppement du capital investissement en gnrale et du capital amorage et risque en
particulier, qui est encore en retard. Ce retard important a incit les banques, la CGEM, la
CCG, la CDG et lANPME crer des fonds ddis spcifiquement la phase de cration
dans le cadre du Pacte Nationale pour lEmergence Industrielle (PNEI) 2009-2015.
~ 14 ~
Arvai et Farazi, 2011). Lobjectif de ce bureau hybride, est de collecter, traiter et analyser la
situation de lendettement des clients de tous les tablissements de crdit.
Tableau n 3: Obtention du crdit dans la rgion MENA et dans lOCDE
Annes et pays
Mauritan
OCDE20
DB-2014
DB-2013
DB-2014
DB-2014
DB-2014
DB 2014
Tunisie
Algrie
MENA
Maroc
Maroc
Egypt
2014
14
Indicateurs
Rang / 189 pays 109 105 130 86 170 109 ** **
Indice de dinformation du
5 5 4 6 1 5 4 5
crdit (0-6)
Couverture par les registres
0.0 0.0 2.4 5.3 1.4 28.8 11.9 42.9
publics (% adulte)
Couverture par les bureaux
19.6 17.2 0.0 19.6 0.0 0.0 28.4 73.9
privs (% adultes)
Source : Doing Business, 2014 ; compos par nos soins
Daprs le tableau n3, nous remarquons que le Maroc na pas ralis une grande amlioration
entre 2013 et 2014 concernant les indicateurs de Getting Credit (105 en 2013 et 109/189 pays
en 2014). Sil est mieux positionn par rapport lAlgrie (130), il est comparable dans le
classement avec la Tunisie (109 en 2014). Toutefois, lindice de couverture de linformation
par le bureau priv est notamment amlior entre 2010 et 2014, mais il reste trs faible par
rapport la rgion MENA (28.4) et lOCDE (73.9). Concernant lindice de linformation du
crdit, il est suprieur celui de la rgion MENA (4) et comparable celui de lOCDE (5).
~ 15 ~
Pour encourager laccs des TPME aux prts bancaire, le gouvernement sappuie
principalement sur la CCG8 pour prendre une partie en charge du risque des prts bancaires, et
il a mis en place le Fonds de Soutien Financier des TPME en 2009, gr par la CCG. Ce
fonds a pour objectif de cofinancer avec les banques les oprations visant le rtablissement et
la prennit de lquilibre financier des TPME juges viables, et connaissant des difficults de
nature conjoncturelle. Le fonds couvre ainsi les diffrents besoins de financement des TPME
pendant son cycle de vie travers la fourniture des produits diversifis :
Tableau n4 : Les produits de la caisse centrale de garantie (CCG)9
Entreprise Particulier
Produits de Garantie Cofinancement Financement du haut du bilan Crdit l'Habitat
ILAYKI Dv Industrie Damane Capital Risque Damane Assakane
Damane Express MDM Invest Fonds de capital investissement FOGALEF
Mouwakaba FSF aux TPME Public Priv Prts Aux tudiants
Damane Cra FOPEP
Enseignement Plus
Damane Exploitation Enseigne Textile
Damane Dev RENOVOTEL
Damane Istmrar Mezzanine Export
Intgra Textile
Damane Export
Cautionnement l'Export
Source : www.ccg.ma
En revanche, ct de loffre Mouwakaba et ILAYKI destins aux TPE, Damane Expresse
lanc en juin 2012, permet la rduction de 70 % du risque pris par les banques marocaines
dans le cadre des prts bancaires infrieur 1 MDH. Ce fonds permet de financer la cration,
le dveloppement et les besoins en fonds de roulement des TPE. Entre juin 2012 et fin 2013,
le fonds a garanti 647 MDH des prts bancaires en faveur de 1847 TPE dans le cadre de
loffre de Damane Express.
Graphe n4 : Evolution des crdits TPE en nombre10.
1600 Evolution des crdits TPE en nombre 1347
1400
1200
1000
800 631
600
400 301
221 189
200
0
2009 2010 2011 2012 2013
8
CCG : est une institution publique caractre financier, assimile un tablissement de crdit, cre en 1949. Elle a pour
objectif dencourager la cration, le dveloppement et la modernisation des entreprises marocaines.
9
CCG appuie galement le dveloppement social : la garantie des prts lhabitat et les prts aux tudiants.
10
Mise en place de Damane expresse juin 2012.
~ 16 ~
Entre 2009 et 2012, plus de 5000 TPME ont t accompagnes, et un objectif de financement
de 9000 TPME entre 2013 et 2016 avec un taux de couverture des crdits de 20% au lieu de
13% avant 2013, a t mis en place (CCG, 2014). Toutefois, limpact des financements
distribus par la CCG sur les PME marocaines restent limits (World Bank, 2013).
Au cours de lexercice 2014 (sept premier mois), la CCG garantis un volume des crdits de
3,5 milliards de dirhams en faveur des TPME contre 2,5 milliards de dirhams sur la mme
priode en 2013 (soit une augmentation de 40 %). Les crdits garantis ont permis de gnrer
1,7 milliard de dirhams des investissements et la cration environ de 3500 emplois directs.
Ainsi, la plupart des secteurs de lconomie ont profit des crdits garantis par la CCG sur la
mme priode. Le grand bnficiaire, est le secteur de lindustrie manufacturire arrive en tte
avec une part de 30 %, ensuite le commerce 27 % et le BTP 18% (MEF, 2015). Grce au
partenariat du cofinancement entre les banques et la CCG, 196 millions de dirhams de crdits
bancaires a t mobilis jusqu juillet-2014 pour financer des projets dinvestissement, et ont
atteint un montant global de 541 millions de dirhams.
11
Le site officiel de lagence : www.anpme.ma
12
La loi n53-00 promulgue par le Dahir n1-02-188 du juillet 2002, publie au Bulletin Officiel n5036 du 5
septembre 2002, page n4
~ 17 ~
Imtiaz finance 20 % de linvestissement total (TTC) matriel et/ou matriel avec un plafond
de 5 millions de dirhams par projet de dveloppement.
Jusqu la fin de 2013, sur 275 projets valus, lagence retenue 174 PME. En revanche, la
majorit des bnficiaires sont des entreprises industrielles, et reprsentent entre 2010 et 2012
83 % du total des bnficiaires, le secteur BTP arrive en deuxime position avec une part de 7
%, et en troisime lieu loffshoring dtient 3 %. Les autres secteurs (services, artisanat,
medias et nouvelles technologies) ne reprsentent que 7 % du total des bnficiaires.
Figure n1 : Rsultat du programme Imtiaz : Avril 2010-2013.
Rpartition sectorielle des PME bnficiaires Rpartition gographique des PME bnficiaires
~ 18 ~
Dans ce programme, lagence supporte 70 % des frais dexpertise plafonns 1 million de
dirham par entreprise. Jusqu aot 2014, lagence compte 1333 bnficiaires avec plus de
2000 actions daccompagnement et un budget de 221 millions de dirhams.
Figure n 2: Rsultat du programme Moussanada : Avril 2010-2013.
Rpartition sectorielle des PME bnficiaires Rpartition gographique des PME bnficiaires
Conclusion
Sur la base de notre analyse, nous avons remarqu que les PME marocaines sont
caractrises par la fragilit de la structure financire, sous-capitalisation, faiblesse des actifs,
manque de transparence. Ces constats peuvent sexpliquer par des facteurs internes ou par des
facteurs externes. Cependant ces faiblesses et autres se traduisent par des difficults daccs
~ 19 ~
aux financements, et poussent les bailleurs de fonds loin de rpondre aux besoins des PME, ce
qui conduisent ces entreprises vers le financement informel (proches, amis, pargne
personnel), et empochent dautres loin dintgrer le march de financement formel.
Dans ce sens, lamlioration de laccs des PME marocaines aux financements externes, va
srement les aider renforcer leurs capacits productives et la cration de la valeur ajoute.
Dans ce cadre, les pouvoirs publics, ces dernires annes ont effectu des rformes
importantes aux secteurs bancaires que de cr des dispositifs de soutien (Moussanada et
Imtiaz) et de garantie (CCG), dont lobjectif est de faciliter laccs des PME aux
financements externes. A cet effet, les sources de financement externes dont disposent les
PME marocaines aujourdhui sont trs diversifis : financement bancaire, capital-risque,
fonds de garantie, micro-finance, crdit-bail. Cependant les PME marocaines ne profitent que
faiblement de ces produits cause des exigences des bailleurs de fonds hors les capacits de
ces entreprises, et les banques demeurent la principal source de financement externe des PME.
Gnralement les PME marocaines font face plusieurs difficults non seulement financires,
mais se traduisent toutes par des besoins de financement supplmentaires. Ces difficults
proviennent de la relation PME-bailleurs de fonds externes, des asymtries dinformation, de
risque moral, cots dobtention du financement jugs plus levs, cadre rglementaire et
judiciaire dficient, systme financier et bancaire sous-dvelopp, manque de garantie,
linadaptation des produits financiers aux besoins des PME. Dautres obstacles sont lis
linexistence de la planification, linadquation des pratiques comptables et fiscales aux
spcificits des PME et les sources alternatives de financement existants (crdit-bail,
affacturage, fonds propres, ligne de crdit, fonds de soutien, financement mezzanine), sont
peu connues par les entrepreneurs et restent marginales. Le crdit-bail et les institutions de
micro-finance, grce leur proximit avec les emprunteurs (PME), peuvent jouer un rle
important dans la rduction du dficit de financement des PME marocaines. Ce sont des outils
de financement plus attractifs pour le segment des PME qui nont pas une base des actifs
fournir en garantie.
~ 20 ~
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