Ts06a Chtouki 5236 PDF
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RÉSUMÉ:
Dans cet article, on se propose d’éclairer le lecteur d’une part, sur le fondement juridique de la
planification urbaine au Maroc et de définir les différents instruments de cette planification, et
d’autre part de repérer ses déficiences et ses lacunes juridiques et pratiques et de suggérer les
solutions qui sont à même d’ériger une planification urbaine efficiente.
SUMMARY
In this article, it is proposed to enlighten the reader first, on the legal basis of urban planning in
Morocco and define the different instruments of this planning, then to identify its shortcomings
and its legal and practical gaps and suggest solutions which are able to build an efficient urban
planning.
1.INTRODUCTION :
2.1.Cadre juridique
La planification urbaine Marocaine trouve son soubassement juridique dans plusieurs textes
en vigueur dont on peut mentionner notamment :
Parmi les principes fondamentaux qui ont présidé à l’institution de cette loi sur
l’urbanisme, ont peut mentionner :
- Améliorer et accélérer les procédures d’instruction, de consultation et d’approbation
des documents d’urbanisme pour qu’ils deviennent rapidement opposables et plus
opérationnels ;
- Donner une base légale aux schémas directeurs d’aménagement urbain
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- La réduction de la durée de validité des effets des plans d’aménagement, dans un souci
de réalisme, de 20 à 10 ans non prorogeable pour la voirie, les espaces verts et les terrains de
sport.
Ce Dahir est une réglementation simple et efficace dont la réglementation adaptée est
suffisamment souple pour faciliter et stimuler le développement des agglomérations rurales. Ce
texte s’applique à toutes les agglomérations rurales situées en dehors des périmètres définis à
l’art 18 de la loi 12-90 relative à l’urbanisme, c'est-à-dire en dehors :
Le Dahir du 25 juin 1960 a institué d’une part un document d’urbanisme pour les
agglomérations rurales- le plan de développement- qui est à la fois un document graphique et
juridique, et d’autre part, les moyens de contrôle de l’évolution de la construction dans ces
petites agglomérations. Son objectif est double :
- Créer et organiser des noyaux attractifs ruraux tout en orientant leurs extensions ;
- Contrôler l’urbanisation des agglomérations rurales par l’instauration de
l’obligation des autorisations de construire et de lotir.
Ce texte juridique a été promulgué suite à la création de trois Agences Urbaines sur le
territoire marocain (Casablanca, Fés et Agadir). Il a pour objectif de réglementer l’ensemble
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Finalement, les autres documents d’urbanisme relatifs à un territoire faisant l’objet d’un
S.D.A.U. continuent à produire leurs effets à condition que leurs dispositions soient
compatibles avec les dispositions dudit schéma.
1
Articles 9 de la loi 12/90 relative à l’urbanisme
2
Le terme « autorité gouvernementale chargée de l’urbanisme » est emprunté de la loi 12/90 qui l’utilise pour
désigner l’administration compétente en matière d’urbanisme.
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Le plan d’aménagement est approuvé par décret pris sur proposition de l’autorité
gouvernementale chargée de l’urbanisme. Le texte d’approbation du PA vaut déclaration
d’utilité publique des opérations nécessaires à la réalisation des équipements prévus pendant 10
ans. Passé ce délai, les propriétaires reprennent la disposition de leurs terrains, qui bénéficient
alors du statut des terrains avoisinants.
La mise en œuvre de ce plan est prise en charge par les communes en concertation avec les
administrations concernées.
L’élaboration des PA reste centralisée même si l’attribution des marchés d’études et leur
suivi revient au pouvoir déconcentré. La participation des communes, limitée à l’émission
d’avis et celle des habitants malgré l’enquête publique, est sans doute toujours peu efficace.
L’incapacité des citoyens à lire des plans et décortiquer la technicité des dossiers limitent
l’efficacité de cette consultation.
2.2.3-Plan de Zonage
C’est un document qui permet de définir l’utilisation des sols en l’absence d’un PA pour un
secteur déterminé. De là découle son caractère transitoire et son rôle en tant qu’instrument
consistant à respecter les dispositions du S.D.A.U.
Ce plan est établi à l’initiative de l’autorité gouvernementale chargée de l’urbanisme en
participation avec les communes concernées. Aucune enquête publique n’est prévue pour ce
plan vu la mesure conservatoire qu’il constitue à la préparation du PA et la préservation des
orientations du S.D.A.U. et la brièveté de son opposabilité.
L’approbation du plan de zonage intervient par arrêté pris par l’autorité gouvernementale
chargée de l’urbanisme et publié au bulletin officiel. Dés son approbation, ce plan produit des
effets à l’égard de l’administration et des tiers pendant une durée maximale de 02 ans à partir
de la date de publication au bulletin officiel.
3
M. Dryef, « urbanisme et droit de l’urbanisme au Maroc », édition la porte, CNRS éditions, 1993, p.178
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2.2.5-Arrêté d’alignement
C’est un outil particulièrement simple qui a été étudié dans le cadre des législations de 1960
et 1992 relatifs à l’urbanisme. En effet, les présidents des conseils communaux peuvent décider
la création des voies, places et parkings, la modification de leur tracé ou leur largeur ou leur
suppression, totale ou partielle, par des arrêtés. Ces arrêtés sont assortis d’un plan graphique
indiquant la limite de la dite voirie4.
3.1.Contraintes de la planification :
Le facteur temps est décisif dans toute étude urbanistique. La non réalisation des
documents d’urbanisme dans les délais impartis impacte négativement leurs contenu et valeur
urbanistique et on se trouve parfois avec un document d’urbanisme récemment homologué,
quasiment obsolète, car toutes les études effectuées pour définir ses options d’aménagement
sont devenues désuètes à cause du temps écoulé entre leur établissement et l’approbation finale
du document.
Généralement, le BET cocontractant ne respecte pas les délais de réalisation des études
fixés par la circulaire n°005 du 15/06/1995 à 18 mois pour le plan d’aménagement. Ce retard
est dû d’une part aux maîtres d’œuvre auxquels on peut reprocher le manque de ressources
techniques et humaines qualifiées et l’absence d’expérience et de spécialité ce qui affecte
négativement la qualité du produit final et ne permet guère d’honorer leurs engagements dans
des délais raisonnables. Et d’autre part, à l’administration elle-même qui opte toujours pour les
BET soumissionnaires les moins disant malgré les dispositions de décret de 2007 relatif aux
marchés publics qui recommande de choix de la meilleure offre. En outre, cette administration
ne dispose pas généralement d’un nombre suffisant de profils qualifiés pour assurer le suivi et
le contrôle des BET et participer ainsi à augmenter le taux de réalisation des documents
d’urbanisme.
Entre 1989 et 1998, il a été conclu 218 marchés d’élaboration de plans d’aménagement
dont seul 23 plans sont homologués. Certains de ces plans ont exigé plus de 09 ans rien que
pour leur élaboration8. Ces retards concernent aussi la phase d’homologation du document
d’urbanisme. Dans ce sens, le plan d’aménagement sectoriel pour la restructuration du quartier
MSALLA à Oued Zem est significatif, jusqu’à l’heure actuelle, ce plan n’est pas encore
homologué malgré qu’il a été soumis à la commission centrale et transféré au Ministère chargé
de l’urbanisme depuis la 15 décembre 2005. Cette réalité déstabilise l’action des intervenants
en matière de gestion urbaine qui, en l’absence d’un document opposable qui produit tous ses
effets juridiques9, continueront à s’en servir comme document de référence sans garanties
juridiques.
Cette situation est encore aggravée par la multiplicité des intervenants, leurs intérêts
opposés, et la divergence des attitudes et points de vue quant aux choix des options
d’aménagement, parallèlement à une coordination insuffisante et une consistance procédurale
exagérée et parfois injustifiée car elle s’oppose aux impératifs de la célérité et de l’approche
spatio-temporelle requises pour ne pas hypothéquer l’avenir urbanistique des agglomérations
par une image prévisionnelle biaisée.
On note ici des taux très faibles de réalisation des équipements programmés dans les
documents d’urbanisme s’élevant à 9,2% d’ après une étude réalisée par l’Agence Urbaine de
Tanger sur son ressort territorial et à 17% d’après une autre étude relative à Casablanca.
Cet état de réalisation des équipements porte non seulement, préjudice aux propriétaires
des terrains support de ces superstructures qui restent gelés à cause de l’insuffisance des
moyens financiers des administrations concernées qui ne procèdent pas à leur acquisition, mais
aussi au document d’urbanisme lui même dont les terrains réservés aux équipements publics
seront repris par leurs propriétaires après expiration des effets de déclaration de l’utilité
publique. Ces terrains bénéficient alors du statut des terrains avoisinants, ce qui ne répond pas
aux buts initialement fixés par le document d’urbanisme.
Cette exception existe dans toutes les juridictions. Plus les documents sont
contraignants, plus le recours à l’exception est important soit pour, répondre à des exigences de
développement économique, soit pour accompagner des mutations sociales ou
comportementales.
7
C’est le représentant de l’Etat à l’échelle de la Province qui est une collectivité locale ; en effet les collectivités
locales au Maroc sont constituées de trois entités : Commune, Province et Région.
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D’après l’article 27 de la loi 12-90 relative à l’urbanisme, l’écoulement d’une durée de 12 mois après la clôture
de l’enquête publique rend le document d’urbanisme inopposable au public.
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Les problèmes que pose le foncier aujourd’hui vis-à-vis de l’urbanisme, résident dans la
complexité des régimes juridiques, la multiplicité des statuts fonciers, la faible couverture par
l’immatriculation…etc
La prise en compte de la dimension foncière est omniprésente dans les textes législatifs
relatifs à l’urbanisme, ces textes conçoivent l’urbanisme comme étant un catalyseur de
l’apurement de l’assiette foncière. En effet aucun projet de lotissement ne peut être reçu et
autorisé si le terrain n’est pas immatriculé ou en cours d’immatriculation. par ailleurs, les
prévisions des documents d’urbanisme tiennent rarement compte du statut foncier et de l’état
parcellaire du sol. Ils contribuent aussi à une mauvaise distribution de la plus value foncière.
D’un autre coté, la procédure d’expropriation étant très complexe, la réserve foncière
publique disponible insuffisante et les outils opérationnels pour mobiliser les terrains à
urbaniser absents, le foncier se présente ainsi, plus comme un facteur dissuasif qu’incitatif.
- Environnement :
En outre, certaines zones sensibles tel que le littoral ne disposent d’aucune assise
juridique pour les prémunir contre l’urbanisation anarchique et démesurée qu’il connaît
actuellement.
L’absence de textes juridiques de protection du littoral Marocain était à l’origine d’une
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3.2. Perspectives :
Les délais d’étude et d’approbation des D.U sont longs. Ce constat est le résultat de la
lourdeur et de la complexité de la procédure d’élaboration, d’approbation et de révision des
D.U. D’ores et déjà, il est nécessaire de simplifier ces procédures en procédant dans un premier
temps à la déconcentration des procédures d’approbation de ces documents comme cela ressort
des prévisions du projet du code de l’urbanisme qui, dans ce contexte, élargit les prérogatives
du wali10.
Dans une étape suivante, la décentralisation pourrait être la solution naturelle pour la
gestion des espaces communaux, à l’instar du législateur français qui, par les lois de transfert
de compétences de 1983, attribue sans équivoque la gestion de l’espace communal aux élus
locaux s’ils le veulent11. A eux de décider de se doter des documents de planification
nécessaires, puis à les élaborer et les approuver. Toutefois, cette mesure est difficile à
concrétiser du moins dans le court terme vu l’insuffisance quasi-générale des ressources
humaines des communes et l’absence des conditions socio-économiques et culturelles propices.
Pour accélérer le processus de production de ces documents, le recours à des BET qualifiés
est primordial. Plusieurs marchés d’élaboration de documents d’urbanisme dans la région
Chaouia-Ouardigha ont été infructueux à cause de l’absence d’expertise des BET
soumissionnaires. Pour pallier à ces déficiences, il est nécessaire que les Agences Urbaines qui
ont acquis beaucoup d’expérience en urbanisme assurent des journées de formation au profit
des maîtres d’œuvres et renforcent leur encadrement et suivi.
Ensuite la multiplicité des intervenants aggravée par l’absence de coordination est une
donne qu’il fallait traiter dans le cadre d’une réglementation précise qui distribue les rôles,
établit les mécanismes d’arbitrage en cas de désaccord et définit les intervalles temporels à ne
jamais dépasser.
10
C’est le représentant de l’Etat au niveau de la région.
11
Hubert Charles, « Les principes de l’urbanisme », éditions Dalloz, 1993, Paris, p.17
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Dans ce contexte, la quête des formules de contribution du secteur privé au coût et charges
de l’urbanisation était au cœur du projet de code de mise à niveau de l’urbanisme qui a prévu
dans ce contexte des solutions originales. Elles consistent à faire participer les propriétaires
fonciers au coût de l’urbanisation suite à la cession des terrains dans les cinq ans de leur
couverture par un document d’urbanisme, au changement de zonage ayant valorisé le terrain ou
à la création de lotissements sur des terrains n’ayant jamais fait l’objet de ladite participation.
Par ailleurs, il est important de rappeler qu’en dépit du coût pesant de l’urbanisation et de
réalisation des équipements publics, certains textes qui permettent de desserrer cette contrainte
financière publique ne sont pas appliqués. En effet les propriétaires terriens qui ont bénéficié
d’opérations et travaux publics valorisants, sont tenus de partager la plus value ainsi crée avec
la collectivité publique concernée12.
- Politique Foncière :
Parmi les outils de cette politique foncière qu’il fallait instituer le droit de préemption au
profit des collectivités publiques, il leur permettra de se porter acquéreur des terrains aux lieu et
place de celui qui entendait les acquérir. Les chiffres montrent qu’ avec fort peu d’acquisitions
effectives, mais une menace permanente, les prix des terrains sont contenus13. La fiscalité
foncière, peut être aussi un outil de régulation du marché foncier, pour cela, il est nécessaire
d’adopter des mesures fiscales dissuasives contre le gel des terrains.
D’autres problèmes fonciers qui résident dans la multiplicité des statuts fonciers, et la
dualité du régime foncier(terrains immatriculés et ceux non immatriculés) devraient être
considérés comme sérieux vis-à-vis de l’urbanisme. Dés lors, urge-t-il d’assainir ces terrains
pour les mobiliser au service de l’urbanisme par :
- L’adoption de l’immatriculation d’ensemble ;
- L’obligation de l’immatriculation foncière à l’intérieur des périmètres urbains et ceux
couverts par un document d’urbanisme ;
- La création d’Agences foncières régionales et transfert du patrimoine foncier étatique
à leurs actifs ;
- La mobilisation des terrains Habous, Guich et collectivités ethniques par leur
appropriation par les ayants droit et préférence du droit de l’urbanisme à la
réglementation relative aux statuts fonciers en cas de discordance14.
-
12
Voir article 59 de la loi 7.81 relative à l’expropriation pour cause d’utilité publique et l’occupation temporaire.
13
Hubert Charles, Op.Cit, P.68
14
Article 37, dernier alinéa, du projet de code de l’urbanisme
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-Environnement
La planification urbaine doit s’inscrire dans le cadre d’un développement urbain durable,
en adoptant des mesures d’anticipation, de prévention et de conservation, à même de diminuer
les impacts négatifs de l’urbanisation et d’augmenter l’attractivité et la viabilité des espaces
urbains produits.
Dans ce contexte, il est proposé de prévoir une réglementation étoffée visant à :
- sauvegarder les zones sensibles, les espaces menacés, les zones vulnérables aux
inondations ….etc.
- Etablir des documents d’urbanisme qui doivent :
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** Diplômes :
-2010 : Master en droit des relations d’affaires ;
-2006 : Licence en Droit privé ;
-2001 : Ingénieur géomètre topographe .
** Publications :
**Expérience Professionnelle
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