Ben Redjeb Tahar. L'Affaire Des Figurines D'amiens: Une Imposture ?
Ben Redjeb Tahar. L'Affaire Des Figurines D'amiens: Une Imposture ?
Ben Redjeb Tahar. L'Affaire Des Figurines D'amiens: Une Imposture ?
Ben Redjeb Tahar. L'Affaire des figurines d'Amiens : une imposture ?. In: Les Nouvelles de l'archéologie, n°30, Hiver 87-88
1988. pp. 49-53;
doi : https://doi.org/10.3406/nda.1988.2198
https://www.persee.fr/doc/nda_0242-7702_1988_num_30_1_2198
On pourrait donc ensuite admettre une provenance issue Or, si ces statuettes sont effectivement du Bas-
des décapages superficiels, effectués à la pelle mécanique il ne peut s'agir que d'ex-voto provenant mm
ou des banquettes périphériques du chantier. Il faut noter lieu de fabrication mais d'un templep dans le
cependant que les terrassements ont été constamment sur¬ auraient été déposés. En effet, si certains ex-v
veillés par l'équipe de fouille qui n'hésitait pas à les in¬ suffisamment stéréotypés pour pouvoir être fabr
terrompre si cela était nécessaire (relevés stratigraphi- série, il n'en est pas de même quand ceux-d d
ques, échantillons de mobilier). une maladie particulière. Fabriqués à la dem
suivant le plus possible un modèle, ces ex-voto
L'un des arguments dés de M. Chauchoy* pour tenter tère prophylactique n'ont pas pour vocation d'êt
d'expliquer que ces statuettes auraient pu échapper à la sés sur un quelconque étalage.
teife entourées (Tune gangue de terre... les rendant Or, l'étude des structures rencontrées aux Jac
quasiment invisibles". Il est regrettable que nous permet en aucun cas de tes rapporter à un que
n'avons pu examiner, malgré planeurs demandes succes¬ édifice cultuel. .
sives, ces (Afférentes statuettes qu'une fois celles-ci
soigneusement brossées. Notre insistance à effectuer un Quant à leur prétendu enfouissement à la su
examen dé ces objets dans les minutes mêmes suivant incendie, on serait cependant bien en peine d'y d
leur découverte sera, pour des raisons difficilement moindre trace de coup de feu. Ainsi, non seulem
compréhensibles, restée vaine. figurines de craie particulièrement fragiles ont m
sement échappé à l'un des trois incendies qui on
On pouvait également imaginer un lot homogène occu¬ le quartier, aux divers remaniements qui ont a
pant un endroit préds du site qu'un ou deux coups de quartier, à l'attention des archéologues, qui, qu
pelle mécanique auraient suffi à faire disparaître. Mais là en dise, ne sont pas des incapables, mais égalem
encore, il est facile d'opposer un argument irréfutablë : opérations de décapage, de transport, de décharg
la dispersion supposée de ces statuettes dans un certain pour ârriver à nous sans la moindre éraflure !
nombre de tas situés dans trois décharges différentes, et
les trouvailles échelonnées dans le temps, impliquent La conjoncttoe de ces différents éléments nou
obligatoirement une dispersion de celles«d sur le site donc à la plus extrême prudence sur l'origine
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ET SI CETATT DES FAUX ? Cette étude, qui va nécessiter le concours d
spécialistes concernés, va demander de lon
Le fait est pourtant que ces statuettes existent bel et nes, et sera rendu d'autant plus difficile que
bien. Nous avon$ donc essayé d'en savoir un peu {dus posons pas des objets eux-mêmes mais sim
sur leur origine. Dès 1 annonce (te cçs découvertes, nous
nous sommesrenctes dans les différentes décharges jl'où
elles étaient Misées prpvemt. Les circonstances mêmes, En guise de conclusion, je voudrais ins
entre autres la manière dont ces découvertes ont été dernier point révélateur des pratiques régn
effectuées, sont pour le moins curieuses. Si nous-
mêmes avons joué de malchanceen ne trouvant aucune Oucesstatuettes sont de sim
de ces statuettes malgré les milliers de mètres cube cette opération publicitaire menée à bon c
passés au crible, les, inventeurs ont fait preuve d'un flair but purement commercial, ou il s'agit de pi
infaillible pour repérer, parmi la maèse des déblais tiques et, dans ce cas, il est regrettable qu'el
entreposés, les endroits exacts où il fallait chercher. (dace diras la vitrine d'un patrimoine histor
Une chance insolente les a constamment accompagnés, défiivtion, appartient à tous.
notamment quand ils ont pu repérer un buste unique¬
ment grâce au fait que seule sa partie inférieure émer¬
geait de l'étang dans lequel les déblais étaient jetés, et Direction de
lorsqu'ils ont pu retrouver un certain nombre d'exem¬ v
plaires dans l'unique tas de terre provenant des Jacobins,
qui restait dans l'une des décharges. Nous avions
pourtant nous-mêmes effectué, dans ces mêmes déblais
un sondage qui n'avait strictement rien donr.