Location via proxy:   [ UP ]  
[Report a bug]   [Manage cookies]                

Bub GB GBsfVIxq1R4C PDF

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 442

... .

'pâ?w.w<3o^ê
Digitized by Google
V ? .
%
TRAITÉ
D’ÉLECTRICITÉ
DE MAGNÉTISME,
ET I»ts ArrUCATIOSS PE CES SCItftttS

A LA CHIMIE, A LA PHYSIOLOGIE ET AUX ARTS,

PAR MM.
BECQUEREL,
De l'Académie il«< Srirn«n il* ITnttUut de France,
|'rufr**rur>*dminiktiatrur au Nutum d'imloir* naturelle , Mc,

ET

EDMOND BECQUEREL,
l'difninr au ConKr«aMr« Impérial de» arU et métier»,
Aidr-naluraliste au Muséum il’bitluue naiurrllc, rtc.

TOME TROISIÈME.

MAGNETISME ET ÉLECTRO-MAGNÉTISME.

PARIS,
LIBRAIRIE DE FIRMIN DIDOT FRÈRES,
>*PRiiiF.tm« w. l’institi’T, kt>K jacob ,
56.

I8.H6.

Digitized by Google
Digitized by Google
TRAITÉ

D’ÉLECTRICITÉ
KT

DE MAGNÉTISME.

LIVRE IX.
MAGNÉTISME.

CHAPITRE PREMIER.
Propriétés générales cl oh aimants.

Aimants. Un morceau de fer qu’on laisse longtemps exposé aux


influences atmosphériques, ou qui est limé, martelé, tordu, passé à
la lilière, acquiert la propriété d'attirer la limaille de fer, et même
de soulever quelquefois des morceaux assez pesants de ce métal.
Cette propriété appartient également à un minerai de fer appelé, en
raison de cela , pierre d'aimant. Il y a donc des aimants naturels et
des aimants artilieiels. On nomme magnétisme l’ensemble des pro-
priétés des aimants.
Pour étudier les effets de l’attraction magnétique, on roule dans
de la limaille de fer un barreau de fer aimanté ou un aimant natu-

rel toutes les parcelles de cette limaille s'attachent inégalement à


:

sa surface, ainsi que cela est indiqué dans la figure ir>3, et forment
des tilaments qui se dressent perpendiculairement cette surface. i»

T. m. t

Digitized by Google
.

MAnNKTISME.

de l’aiguille aimantée dans un même lieu.


celle direction constante
On a donné ans pèles d’un aimant les noms de pèle nord et de
pèle sud ou pèles boréal et austral. Mais comme l’expérience
,

prouve que les pèles de nom contraire s’attirent, et que les pôles
de même nom se repoussent ,
en admettant que la terre possède là
polarité magnétique, on en conclut que l'extrémité nord de l’aiguillé
est celle qui est douée des propriétés semblables à celles de l’hémis-
phère austral ;
réciproquement l’extrémité qui regarde le sud est

celle qui est aimantée comme la partie nord de la terre.

Les effets d’attraction et de répulsion s’exercent au travers de tous


les corps ;
on peut le démontrer comme on l’a fait pour prouver
r
les actions des corps électrisés, tome I* , page 7, en interposant
des plaques de différentes substances entre les pèles des aimants.
Il n’y a d’effets complexes qu’en employant des lames de fer ou de
métaux magnétiques, et cela en vertu des actions par influence dont
nous parlerons plus loin.
Lois des attractions et répulsions magnétiques Chaque aimant
possède, avons-nous dit, deux pôles doués de propriétés différentes
et contraires. On le démontre en suspendant à deux fils de soie
et assez loin l'un de l’autre deux barreaux aimantés, et en marquant
les deux pôles qui se tournent vers le nord. En prenant un des bar-
reaux à la main et approchant les deux extrémités semblables des
,

aimants, on trouve qu’il y a répulsion. Si l’on approche au contraire


les deux extrémités différentes, on observe une attraction. On ex-
prime ce fait en {lisant que les pèles de nom contraire s’attirent et ,

que ceux de même nom se repoussent.


On peut démontrer également d’une manière très-simple que les
Fig. iss. pôles de nom contraire sont
i
doués de propriétés opposées.
On prend un barreau aimanté AB
que l’on fixe horizontalement, et
au pèle duquel A on suspend une
en fer b; on fait glisser
petite tige

sur cet aimant un second aimant semblable, de façon que le pôle


opposé B' vienne se fixer sur le pôle A : aussitôt la tige en fer b
tombe. Ainsi chaque pôle séparé porterait le morceau de fer; réu-
nis, ils n’ont plus aucune action sur lui.

Les attractions et répulsions magnétiques diminuent rapidement à


mesure que la distance augmente, et comme pour l’électricité, on

arrive à cotte conclusion ,


que le» attractions et répulsions magnéti-
1 .

Digitized by Google
4 MAGNETISME.
F
ques varient en raison inverse du carré de la distance des centres
d’action, et en raison directe de la quantité d’aimantation possédée
par les aimants.

Coulomb a démontré ces lois par les deux méthodes dont il avait fait

usage pour étudier les attractions et répulsions des corps électrisés.


La première consiste à suspendre une aiguille aimantée à un fil de
cocon, et à lui présenter dans le plan vertical passant par la direc-

tionde l’aiguille aimantée, à diverses distances, une autre aiguille


aimantée on fait alors osciller l’aiguille suspendue ; et comme la
:

formule du pendule s'applique également à ce mouvement oscilla-


toire,on peut déduire de la durée des oscillations la force en vertu
de laquelle les deux aiguilles agissent l’une sur l’autre.
La seconde méthode exige l’emploi de la balance magnétique.
Fl«. IM). Cette balance n’est autre que celle
de torsion employée pour la dé-
termination des lois qui régissent
les attractions et répulsions élec-
triques, et à laquelle Coulomb a
fait les changements suivants : le

fil de suspension porte à son extré-


mité inférieure une pince qui sai-

un étrier formé avec une laine


sit

de cuivre très-légère. Dans cet


étrier, on place un petit plan de carton, couvert d’un enduit de
cire d’Espagne, sur lequel on imprime l'empreinte du fil ou barreau
d’acier qui sert aux expériences, afin de le mettre toujours dans la
même position. Sous le milieu de l'étrier, on fixe un plan vertical qui
est entièrement submergé dans un vase rempli d’eau , afin d'arrêter
promptement , par la résistance qu'il en éprouve, les oscillations de
l’aiguille aimantée placée dans l’étrier. La balance est placée de ma-

nière que l'un de ses côtés soit dirigé dans le méridien magnétique.
Avant de chercher les lois des attractions et répulsions, il faut s’as-
surer si , lorsque la torsion du lil est nulle, l’aiguille aimantée se
place naturellement dans le méridien magnétique; à cet effet , on
substitue à cette aiguille une autre aiguille de cuivre, de même di-
mension que l'autre, et qui reste dans le plan du méridien magné-
tique, en vertu de la force de torsion du fil. Cela fait , on place la
caisse qui renferme les diverses parties de la balance, de façon que
la direction du méridien magnétique coïncide avec les divisions zéro
et 180 degrés du cercle horizontal.

Digitized by Google
MAGNETISME. S
Voici les résultats obtenus par Coulomb dans une de ses expé-
riences. Ayant aimanté nn fil d’acier de 0",648 de long et de 3*",3S
de diamètre, il le suspendit horizontalement dans la balance, et
chercha d’abord la force en vertu de laquelle la terre le ramenait
dans le trouva qu’en tordant le fil de suspension de
méridien. Il

deux circonférences moins 20°, l’aiguille s’arrêtait à 20° du méridien


magnétique , en sorte que pour des angles de 20 à 24°, dont les
sinus sont à peu près proportionnels aux arcs, il fallait, pour éloi-
gner d'un degré du méridien magnétique, une force de
l’aiguille

peu près égale à 33*. Il plaça ensuite verticalement dans


torsion à
le méridien magnétique un autre fil aimanté, ayant les mêmes di-

mensions, à0'",30l du centre de suspension de la première aiguille,


de manière que l’extrémité boréale de ce fil se trouvât k environ
27 millimètres au-dessous du niveau de l’extrémité boréale de l’ai-

guille suspendue. L’aiguille horizontale fut chassée du méridien


magnétique , et ne s’arrêta que lorsque la force de répulsion des
pèles opposés fut en équilibre avec la force directrice du globe.

Ayant tordu le fil de suspension, il obtint les résultats suivants :


premier essai. L’aiguille horizontale, ayant été chassée, s’arrêta
24° du méridien magnétique, sans qu’on tordit le fil.
ft

Deuxième essai. Pour ramener l’aiguille à 17°, on tordit le fil de


suspension dp 3 circonférences.
Troisième essai. Pour la ramener à 12°, on fut obligé de tordre
de 8 circonférences. Or, lorsque l’aiguille était sollicitéeseulement
par l’action du magnétisme terrestre, elle était maintenue à 20* de
son méridien par une force de torsion égale à 2 circonférences
moins 20°. Ainsi, dans le cas où l’aiguille formait un angle de 20*

avec son méridien, la force qui la sollicitait était de 700*. Mais,


comme dans le premier essai elle s’était arrêtée à 24°, elle tendait

à y être ramenée par une force de 840°; en outre, la répulsion des


aiguilles avait tordu le fil de suspension de 24*, il en est résulté que
la En raisonnant de même, Coulomb
répulsion totale était de 804°.
trouva dans un second essai que l’action des deux pôles de l’ai-

guille étaitmesurée par 1092, et dans le troisième essai par 3312. ,

Ainsi, pour les distances 21, 17 et 12, les forces répulsives corres-
pondantes étaient 864, 1092, 3312, ou bien comme les nombres J,
.J
et 1, c’est-à-dire en raison inverse du carré des distances.
Aimantation par influenee. Force coercitive. Le phénomène des
limailles qui se tiennent unies les unes aux autres à l’extrémité
d’un aimant, met en évidence cette propriété remarquable du fer

Digitized by Google
(i M Vti V F.TISM K.

doux du devenir lui-même un aimant <]uand il est en contact avec


un autre aimant, ou bien quand il est placé à distance dans sa
sphère d'activité.
Plusieurs expériences peuvent le démontrer très-simplement. On
Fig- 157.
place, par exemple, à dis-
tance du pèle A d'un ai-

mant une petite aiguille


_ enfer doux ab suspendue
“ à un til de cocon ;
elle se

dirige dans le sens de l’axe de l’aimant. Si on approche de ses deux


extrémités o et b les pèles d’un aimant on trouve que l’aiguille ab
,

possède la propriété polaire; mais ce qu’il faut remarquer, c’est


que les pèles de nom contraire A et b sont en regard.
On peut également suspendre sous le pèle d’un fort barreau ai-
manté une série de petits cylindres en fer qui se soutiennent mu-
tuellement ; si on vient à détacher le premier, ils se séparent aussi-
tôt les uns des autres. Ainsi, sous l’intluence de l’aimant, ils étaient

devenus aimants eux-mêmes; mais quand l’influence a cessé, ils sont


revenus à l’état naturel.

L’aimantation momentanée par influence du fer doux cesse im-


médiatement quand on le soustrait à l’action de l’aimant. Mais il n’en
est pas de même d’un barreau de fer écroui , de fonte ou d’acier :
dans ce cas, l’action par influence est lente à se manifester,
mais aussi, une fois qu’elle y est développée, elle persévère pen-
dant plus ou moins de temps, suivant le degré d'écrouissage ou
de la trempe ;
lors même que l’aimant est enlevé, le barreau reste
aimanté.
Il existe donc dans le fer écroui ainsi que dans la fonte et l’acier
,

trempé , une cause qui s’oppose au développement du magnétisme


par influence, et qui met obstacle au retour à l’état naturel quand
l’aimantation a eu lieu. Cette cause est rapportée à l’action d'une
force coercitive résultant, soit de l’arrangement moléculaire ,
soit

de l'interposition entre les molécules du fer de molécules étrangères


De là vient la différence qui existe entre les aimants temporaires et
les aimants permanents.
L’n aimant, quand il agit sur un barreau de fer, non-seulement
ne perd pas de sa force, mais son énergie augmente encore en rai-

son de la réaction exercée sur lui par le barreau devenu lui-même


un aimant. Cet accroissement du magnétisme réagit à son tour sur
le magnétisme du ban-eau, et ainsi de suite, jusqu’à ce qu’il y ait

Digitized by Google
.

MAGNETISME. 7

équilibre entre toutes les forces attractives et répulsives dévelop-


pées par influence. Ce que l’aimant ne perd rien de sa force
fait

montre que le magnétisme, du moins la cause qui le met en action,


ne passe pas d’une molécule à une autre, comme cela a lieu à
l’égard de l’électricité dégagée par influence.
A l'appui de ce principe, nous citerons ce fait remarquable,
qu’une aiguille d’acier trempé et aimantée, ou en génér al un barreau
aimanté, possède cette singulière propriété, qu’étant brisé en deux,
chacune des parties séparées est elle-même un aimant possédant la
polarité. D’un autre côté , comme le fer doux rentre dans l’état

naturel aussitôt qu’il n’est plus sous 1 influence d’un aimant, il faut
en conclure qu’il possède en lui-même les deux principes propres à
lui faire acquérir la propriété magnétique.
Hypothèse» sur l’origine tlu magnétisme. Pour interpréter avec
facilité les phénomènes magnétiques, on les avait rapportés à l’action

de deux doués de propriétés contraires, résidant autour des


fluides
molécules du fer, dont la réunion forme le fluide magnétique natu-
rel. On admettait donc que le fluide magnétique naturel se compose,

comme l’électricité naturelle, de deux fluides dont les molécules de


chacun d’eux se repoussent ,
tandis qu’elles attirent celles de l’au-
tre fluide, avec cette différence néanmoins que l’électricité peut
traverser les corps, tandis que les phénomènes magnétiques sont
essentiellement moléculaires, l’agent qui les produit ne pouvant
passer d’une molécule à une autre.
Ampère a envisagé sous un autre point de vue les phénomè-
nes magnétiques : il les a fait dépendre de courants électriques
circulant autour des molécules, dans des plans perpendiculaires
à la ligne des pôles. Nous ne parlerons de cette hypothèse, qui
est la plus vraisemblable d’après l’ensemble des faits connus actuel-
lement ,
qu’après avoir traité des phénomènes électro-magnétiques.
Divers procédés (Tuimantation. Lorsqu’on eut reconnu qu’une
pierre d’aimant ou qu’un morceau de 1er frappé, qui avait acquis la

faculté d’attirer le fer et l’acier, était capable de transmettre cette


faculté, c’est-à-dire le magnétisme, à des barreaux d’acier pur le

frottement d'un de ses pôles, ou dut rechercher les moyens les plus
efficaces pour donner à ces barreaux le maximum d'effet, que l’on

nomme l’état de saturation On atteint ce point lorsque les résultantes


.

des forces attractives ou répulsives exercées par tous les points du


,

barreau sur une molécule , font équilibre à la force coercitive; il


est impossible alors d’aller au delà, car le barreau retomberait à

Digitized by Google
,

8 M4GVKT1SMK.

cette limite aussitôt que l’aimant qui aurait développé cette action
cesserait d’exercer son influence.
On a vu qu’au moyen de l’action par influence on pouvait ai-
manter d'une manière permanente l’acier ou le fer écroui; mais cette
action ,
qui se produirait avec lenteur, se manifeste immédiatement
quand on frotte l’acier ou le fer écroui avec l'aimant : quelques fric-

tions suffisent pour cela.


apres ce principe, pendant longtemps on s’est borné à passer
Il

un des pôles d'un aimant sur toute la longueur du barreau à ai-


manter, au lieu d’approcher celui-ci du premier par simple contact.
Cette méthode, qui est celle du contact successif, ne présente aucun
inconvénient quand le barreau est court et que l'aimant est puis-
sant ; mais il n’en est plus de môme lorsqu’il est trop long et forte-
ment trempé: dans ce cas, il peut arriver que l’aimantation ne
s’étende pas régulièrement jusqu’à l’extrémité opposée, d'où résul-
tent des points conséquénts ou pôles multiples dont on ne saurait
trop se garantir dans la construction des aiguilles aimantées.
Knight, en 1743 ,
a fait connaître un perfectionnement dans le

mode d’aimantation par simple contact. Ayant placé bout à bout


par les |>ôles de nom contraire, deux barreaux fortement aimantés,
il dans le sens de leur longueur, un |>etit barreau
posait dessus,
d’aciertrempé cerise clair, de manière que son milieu correspon-
dait aux points de jonction des deux barreaux ; puis il séparait
ceux-ci en les faisant glisser dans un sens opposé jusqu’aux extré-
mités du petit barreau qui se trouvait avoir acquis un magnétisme
,

Fie iss. plus fort que celui qu’on lui


aurait communiqué par le

moyen alors en usage. Il est


facile de se rendre compte de
l'effet produit par la disposi-
tion indiquée dans la figure 158.
Chaque aimant agissant sur une des moitiés du petit barreau, la
décomposition du magnétisme était favorisée par l’action simulta-
née des deux pôles opposés, qui attirent chacun l’un des magné-
tismes et repoussent l’autre du côté opposé, tandis que, dans le
contact successif, le même aimant agit seul, sur toute la longueur,

pour y développer la propriété polaire, ce qui doit produire un


effet moindre. Cette méthode sert à aimanter à saturation seule-
ment des barreaux courts et peu épais.
Peu de temps après cette découverte, Duhamel et Antheaume

Digitized by Google
VMC.XF.TISMK. 9

indiquèrent la méthode d’aimantation suivante on place parallè- :

lement l’un à l'autre deux barreaux ii aimanter AB et A’B’, joints


Fig. Ii«. à leurs deux extrémités par
deux parallélipipèdes de fer
doux F et F’; puis l’on prend
deux barreaux aimantés ab
et a' b', que l’on incline de
à 30" sur la direction de AB et
de A'B’,en les posant d'abord
au milieu de l’un de ces derniers, par exemple de AB, les pôles
inverses en regard ,
et on les fait glisser un certain nombre de fois

en sens contraire ,
jusqu’aux extrémités de AB. Un fait la même
opération sur l’autre barreau.
L’application des petits morceaux de fer doux à l'extrémité des
barreaux que l’on aimante est un |>erfertionnement important: en
effet, dés que les barreaux ont acquis un certain degré de magné-
tisme, les parallélipipèdes de fer doux s’aimantent par l’influence,
et réagissent ensuite sur les barreaux pour augmenter leur magné-
tisme.
Kn doux F et F', on
substituant deux aimants aux Iwrreaux de fer
devait encore accroître le développement du magnétisme: c’est ce
qu’a fait Æpinus néanmoins la méthode de Duhamel est excellente
;

pour aimanter les uiguillcs de boussole et les lames qui n’ont que
quelques millimètres d’épaisseur.
Mitchell et Canton en Angleterre, se sont occupés, à la même
,

époque que Duhamel, de l’aimantation. Le premier a imaginé un


procédé qu'il a appelé la double touche; voici en quoi il consiste :
on prend deux barreaux AB, A’B', fortement aimantés, liés paral-
u*, '«>• lèlement entre eux dans une

y posit ion verticale, à l’aide d’un


morceau de bois par exemple,
les pôles inverses en regard et
à une distance de 7 à 8 niilli-
< mètres l’un de l’autre ;
après
avoir placé en contact plusieurs barreaux égaux, à la suite les uns
des autres, sur une même ligne droite, on fait glisser le double bar-
reau, à angles droits, par une de ses extrémités, tout le long de
celte ligne; les barreaux intermédiaires acquièrent alors une grande
force magnétique, mais non un maximum.
Si l’on analyse ce procédé ,
on voit que les divers barreaux réa-

Digitized by Google
10 MAGNÉTI3HB.

gissent les uns sur les autres ;


mais comme le magnétisme ne s’y
développe pas librement ,
en raison de la force coercitive de l’acier,
11 faut nécessairement les soumettre à la friction des aimants glis-
sants. Les barreaux intermédiaires doivent acquérir le plus fort
magnétisme, par cela même qu’ils sont soumis à l’action par in-
fluence des barreaux extrêmes. Sous ce rapport, les barreaux
de fer doux présentent plus d’avantage que les barreaux d’acier ;

sous un autre, le procédé de Mitchell l'emporte sur celui de Duha-


mel , lequel consiste dans l’emploi de deux barreaux aimantés pa-
rallèles,maintenus constamment à une même distance, et agissant
en même temps par leurs deux pèles contraires sur tous les points
du barreau.
Pour être assuré que le développement du magnétisme est le
même, au signe près, dans chacune des moitiés, il faut avoir l’at-
tention d’appliquer le double barreau au centre de celui que l’on
veut aimanter, et de faire sur chacune des deux moitiés un nombre
égal de frictions. Quand les barreaux sont revenus au centre, on les
enlève perpendiculairement, pour ne pas changer l’effet précédem-
ment produit.
Æpinus a fait une modification heureuse au procédé de la double
touche : au lieu de maintenir les deux barreaux glissant toujours
parallèlement l’un à l’autre, il les a inclinés en sens contraire,
comme Duhamel l’avait fait; les résultantes longitudinales devien-
nent alors plus considérables, parce que les actions agissent plus
obliquement sur la surface du barreau. Cette innovation affaiblit,
à la vérité, l'action propre de chaque barreau glissant, qui n’a plus
qu’une ligne de contact avec le barreau , en raison de l’inclinaison.
L’expérience prouve cependant que jusqu’à une certaine limite
d’inclinaison y a de l’avantage à se servir de barreaux inclinés.
il

Æpinus a trouvé qu’une inclinaison de 1 5 ou 30° donne sensible-


ment le maximum d’effet; en y joignant, comme il l’a fait, l’em-
ploi des barreaux de fer doux ou des aimants, on a un procédé qui
a l’avantage sur les autres de pouvoir aimanter fortement de gros
barreaux avec des barreaux faibles en magnétisme.
Cette méthode a l’inconvénient de ne pas produire un dévelop-
pement égal de magnétisme dans chacune des moitiés du barreau,
et de faire naître plus facilement des points conséquents dans des
barreaux d’une certaine longueur, que la méthode de Duhamel;
aussi ne doit-on pas aimanter par ce procédé des aiguilles de lious-
sole; on ne s’en sert ordinairement que pour les gros barreaux,

Digitized by Google
,

NXOSETISUE. I

auxquels ou veut donner un fort degré de magnétisme, sans qu'il


soit nécessaire d’avoir une égale distribution.
Coulomb, mettant à profit les avantages que présentent les mé-
thodes que nous venons d’exposer, a adopté les dispositions sui-
vantes, qui jusqu’ici n’ont éprouvé aucun changement.
Les barreaux fixes dont il a fait usage sont des faisceaux com-
posés de dix barreaux d’acier trempé cerise clair, de 5 à 6 déci-
mètres de longueur, 15 millimètres de largeur et 5 d’épaisseur.
Après les avoir aimantés autant que possible, il les réunissait par
leurs pôles de même nom, en en formant deux couches de cinq
barreaux chacune, séparées par de petits parellélipipèdes rectan-
gles de fer très-doux, qui sont un peu en saillie au delà de leurs
extrémités.
M. Biot a trouvé qu’il valait mieux substituer à ces parallélipi-
pèdes des lames de fer doux qui se réunissent à l’extrémité des
aimants, de manière à former une pyramide tronquée. Les bar-
Fig. loi. reaux glissants sont formés comme les
barreaux fixes; mais, au lieu de dix bar-
jüS^ reaux partiels, on en prend quatre, ayant
chacun 400 millimètres de longueur, 5
d'épaisseur et 13 de largeur. On les réu-
I

||
il nit ensuite , deux sur la largeur et deux
j

M sur l’épaisseur, en les séparant, comme


ci-dessus ,
par des bandes de fer doux.
Quant à la qualité de l’acier, peu mqiorte, puisque toutes les es-
pèces connues prennent à peu près le même degré de magnétisme.
Pour aimanter un barreau , on commence par placer les gros fais-
ceaux sur une même ligne droite , les pôles inverses en regard , à
une distance un peu moins grande que la longueur du barreau
comme l'indique la figure 158; puis on applique, sur le pied de
chacune des armures un des bouts de ce barreau , de manière que
,

le contact ait lieu sur une longueur de 4 ou 3 millimètres. On pose

ensuite les deux faisceaux glissants au milieu du barreau , en les


inclinant de 20 à 30° sur la surface, et en les faisant glisser suivant
la méthode de Duhamel ou d’Æpinus. Si l’on emploie la dernière

il faut placer entre les deux barreaux un petit morceau de bois pour

les maintenir à une distance constante. Quand les barreaux partiels


dont se composent les faisceaux n’ont pas été aimantés à saturation,
on se sert des barreaux nouvellement aimantés, qui possèdent un
maguétisme plus fort, pour former d'autres faisceaux.

Digitized by Google
,

12 MAGNETISME.

Nous devons Taire remarquer que toutes les dispositions adop-


tées par Coulomb sont le résultat d’expériences très-précises, dans
lesquelles il a déterminé rigoureusement , dans chaque mode d'ai-

mantation, le degré de forci? des barreaux.


Nous venons d'indiquer quels sont les principaux procédés d’ai-
mantation , et la formation des faisceaux aimantés ;
mais, à l’aide de
l’action seule de la terre ,
il est possible d'aimanter des barres de
fer et de leur faire conserver la faculté magnétique. Il suffit de les
placer dans le méridien magnétique suivant la direction de l'aiguille

'd'inclinaison et de les frapper à coups de marteau, comme Gilbert


l'a découvert en 1600, et comme M. Scoresby l’a vérifié; ou bien

de les tordre, ou de leur faire éprouver un changement physique


quelconque , afin de leur donner une force coercitive capable de
former un aimant permanent.
Mais ces procédés , ou celui par influence d’un autre aimant , ne
sont pas les seuls à l’aide desquels on puisse développer la faculté
magnétique dans le fer doux et l'acier. L’électricité, soit libre, soit
sous forme de courant circulant dans des tils ou dans des hélices,
est capable de conduire au même but, et cela avec une intensité
d'action bien plus énergique que les procédés décrits précédem-
ment ;
aussi maintenant y a-t-on recours presque exclusivement,
mais il n’en sera question que plus loin.
Quant aux aiguilles aimantées, à leurs formes, à leurs dimen-
trempe, nous en parlerons dans le livre suivant.
sions, ainsi qu’à leur

Formes des aimants; armures ou armatures. Nous avons vu que


lorsque l’un des pôles est en contact avec l’une des extrémités d’un
barreau d’acicr, il
y développe peu à peu un magnétisme de nom
contraire au sien ,
lequel réagit à son tour sur le magnétisme naturel
de l'aimant pour opérer sa décomposition. Ce nouvel accroissement
réagit de nouveau sur le barreau, et ainsi de suite, jusqu’à une
certaine limite, qui est déterminée par l’état de saturation de l’ai-

mant et du barreau , et la constitution de l’acier. Cette propriété a


été mise à profit pour augmenter la force des aimants naturels ou
artificiels.

Si à l’un des pôles d’un aimant on applique un morceau de fer


doux, auquel est attaché un plateau de balance, dans lequel on met
successivement différents poids, jusqu’à ce qu’on ne puisse plus
ajouter une nouvelle charge sans séparer le fer doux de l’aimant
on trouve que le lendemain et jours suivants on peut augmenter la
charge sans opérer la séparation mais si au bout d’un certain temps
;

Digitized by Google
,,

MAGNETISME. 13

on détache forcément le fer doux ,


l’aimant n’est plus capable de
soutenir toute la charge qu’il portait avant. Cet effet est facile à
expliquer : l'aimant, sous l'influence du fer, avait acquis un excès
d'énergie que sa force coercitive ne iui permet pas de garder; aban-
donné à lui-même, il reprend le degré de force qui est propre à sa
nature, c’est-à-dire qu’il rentre dans son état de saturation na-
turel.
Fig. ias. Cela posé, considérons un aimant de forme
carrée, A A’, U B’, dont les pôles A et B sont de
signe contraire. Si l’on applique au pôle A un
morceau de fer doux na bb, d’une certaine épais-
seur, il
y aura décomposition do magnétisme na-
turel dans le fer doux , attraction de magnétisme
boréal en bb, et répulsion de magnétisme austral
b'
en na. Plaçons un autre morceau de fer doux a u b' semblable ,

à l’autre, il s’y produira dus elïels semblables de décomposition.


D'après l'expérience précédente , au bout d’un certain temps, cha-
que pôle aura acquis un excès d’énergie, et par suite l’aimant entier
sera capable de soutenir un poids plus considérable qu’avant. Ces
appendices en fer doux ,
que l'on applique contre les aimants aux
endroits où les pôles sont situés, sont appelés armatures ou armures
de l'aimant, et les parties extrêmes aa b'b' les pieds de l’armure.
Leur épaisseur ne peut être déterminée que par l’expérience, at-

tendu qu elle varie suivant la nature des aimants. Ils ont l’avantage
de concentrer en quelques points toute l'action de l’extrémité d’un
barreau qui a une certaine longueur.
Dans un aimant artificiel, rien n’est plus facile que de placer
l’armature, puisque l’on sait où sont les pôles. Pour faciliter l'ap-

plication de l’armure, on donne au barreau la forme d'un fer à

Fi „ U, cheval ;
mais il n’en est pas de
même dans un aimant naturel
où leur position est inconnue. Il
faut commencer d’abord par la

déterminer; on scie ensuite les

deux côtés oii ils se trouvent


|>erpendiculairement à l'axe po-
laire ,
de manière à conserver la

plus grande longueur possible.


On polit les faces ,
puis on leur
applique les armures. La figure

Digilized by Google
14 MAGNÉTISME.

Itt3 représente, d'un côté, un aimant en fer à cheval avec barreaux


en retrait, comme cela est indiqné fig. tt>7, et, de l’autre, un ai-
mant naturel avec son armure ,
dans laquelle on distingue la jambe
AB ,
les pieds D, C, deux bandes de cuivre E, F, qui sont destinées
à serrer fortement les armatures, au moyen d'une vis de cuivre
qui en traverse les extrémités. La pièce C’D', servant à suspendre
les corps que l’aimant peut soutenir, est en fer doux ,
et se nomme
It portant ou contact ; on est dans l’usage de lui donner 1 1 milli-
mètres de longueur de plus que la distance qui se trouve entre les
faces extérieures des pieds de l’armure ;
donne en général
on ne lui

que le ^ de l’épaisseur de l'aimant. L’expérience a indiqué que la


surface de contact du portant doit être polie et légèrement airon-
die, de telle sorte qu’il ne touche l'aimant que par une seule ligne.

On a trouvé ainsi que le poids porté était plus considérable.


Pour déterminer l’épaisseur de la jambe , on prend dans le même
morceau de fer quatre pièces propres à faire quatre armatures, et
l’on essaye le poids que porte l’aimant , quand on l’établit sur les
deux premières. Ce poids augmente d’abord à mesure que l’on di-
minue l’épaisseur de la jambe en dehors , mais il diminue ensuite,
et l’on s’en tient aux dimensions que les deux lames avaient dans
l’épreuve qui a précédé la dernière. Alors on donne aux deux autres
pièces les dimensions déterminées.
Les aimants artificiels en fer à cheval , à égalité de longueur et
de largeur, ont une force relative plus grande quand ils sont plus
épais, ainsi que cela résulte des expériences de Coulomb dont
nous parlerons dans le prochain chapitre ;
en outre, quand on aug-
mente leurs dimensions, les poids portés par les aimants sont com-
parativement moindres.
Pour donner une idée des limites entre lesquelles les actions sont
comprises, nous citerons les résultats suivants obtenus par M. Lo-
geman dans la construction d’aimants formés de lames d'acier de
1 centimètre d’épaisseur deux premiers aimants étaient formés
: les

d'une seule lame d’acier trempé ;


cette lame avait dans le premier
aimant 2e ,» de largeur, dans
le deuxième, 3 centimètres. Quant
et
au troisième aimant, ilétait formé par la superposition de 3 bar-
reaux semblables, de 6 centimètres de largeur, celui du milieu dé-
passant les deux autres comme dans la figure 1G3.

Digitized by Google
MAOSRTISME. 15

POIDS RAPPORT DI’ POIDS


POIDS PORTÉ PAR L’AWAXT
porté au poidi
DE L’AIMANT. an moment de la

rupture du contact. de l’aimant.


j

kit. M.
I.' 0.51 14 • 27
2. 0,92 13 25
3» 10,40 105 10
-n- \u

Ainsi le plus gros aimant a porté 10 fois son poids, et le plus petit
2" fois.

On ne peut donner aucune règle fixe quant au poids porté par


les divers aimants, les résultats que l’on obtient dépendant des di-
mensions des aimants et de la trempe de l’acier.
La figure 10 1 représente deux faisceaux aimantés réunis avec
Fig. 16t.

leurs armatures en fer doux par les pèles de nom contraire afin
d’éviter, autant que du magnétisme ; on ne
possible, la déperdition
peut malgré cela opposer complètement, car la puissance ma-
s’v
gnétique des barreaux diminue en général avec le temps.

CHAPITRE IL
Di.tribuliou du magnétisme.

Distribution du magnétisme dans les barreaux aimantés à satu-


ration. Lorsqu’on essaye de faire supporter à un aimant de plu-
sieurs décimètres de longueur et de quelques millimètres de dia-
mètre, eti divers points, des poids en fer, on trouve que ces poids
vont en augmentant , à partir des extrémités jusqu’à tine distance

Digitized by Google
16 MAGNETISME.

de 8 ou lu millimètres, et qu’ils diminuent ensuite rapidement, de


telle sorte que les points qui sont situés au delà de 6 ou 8 centimè-
tres ne supportent plus aucun poids. On reconnaît, en outre, que
les points situés à la même distance des extrémités supportent des
poids égaux. On voit donc que la quantité de magnétisme libre,

depuis certains points proches des extrémités, va en diminuant


rapidement jusqu’au centre de l’aimant.
Ce procédé a été le seul employé pendant longtemps pour déter-
miner 1a distribution du magnétisme libre dans les barreaux d'acier,
jusqu’à ce que Coulomb en eût imaginé un autre, susceptible d’une
assez grande précision, lequel exige l’emploi de la balanee de
torsion. On place à l’extrémité du lil de suspension une aiguille d’a-
cier aimantée à saturation AB, et l’on dispose l’appareil pour que le
lil n’ait pas de torsion quand l’aiguille se trouve dans le méridien ma*
Fig. iss.
gnélique. Dans le même plan, fig. 165, on place une
règle verticale IttV, de liois, de 3 ou i millimètres
d 'épaisseur, de manière que l'une des extrémités de
l'aiguille, l’extrémité A, par exemple, vienne s’y ap-

pliquer lorsque le lil est sans torsion ; de l’autre côté


de la règle , on fait descendre verticalement , dans
une rainure faite sur la surface, un second fil d’a-
cier. semblable au premier A’B’ et aimanté de même,
de sorte ()ue le pôle A’ corresponde au pôle A.
L'aiguille mobile est d'alaird chassée; maison la

ramène au contact avec la surface de la règle en


tordant convenablement le lil de suspension. Voici
ce qui se passe : les deux lils sc croisant à angle
droit ,
tous les points qui se trouvent à une certaine distance du
point de croisement ne contribuent que très-peu à la répulsion, en
raison de l’obliquité de leur action ; il en résulte que les quantités de
magnétisme qui concourent à cette répulsion sont celles qui se trou-
vent de part et d’autre du point de croisement sur les deux aiguilles,
jusqu’à une distance de i eu 3 millimètres; mais le point qui est au
croisement est celui qui agit avec le plus d’efficacité. Si donc l’on
présente successivement tous les points du fil vertical aux mêmes
points du fil AH , dont l'action reste constante, les forces de tor-

sion qu’il est nécessaire d’employer pour maintenir l’aiguille dans


le méridien magnétique serviront à mesurer d’une manière appro-
chée l’intensité du magnétisme libre du point du til vertical qui se
trouve au croisement.

Digitized by Google
MAIiMmSMK. 17

C’estpar ce moyen que Coulomb est parvenu ii reconnaître que


le magnétisme libre est réuni presque en entier sur les 8 premiers
millimètres du fil ,
il partir des extrémités. Si l'on eût mis en pré-
sence les deux pôles de nom contraire , la mesure du magnétisme
au point de croisement aurait été représentée par la force de torsion
nécessaire pour faire sortir le fil mobile du méridien magnétique.

On emploie méthode des oscillations pour trouver la


aussi la
distribution du magnétisme libre sur une aiguille ; on remplace alors
le fil de torsion par un fil de soie tel qu'il sort du cocon , et le fil

d’acier mobile par une petite aiguille do boussole; dès l'instant que
l’on dérange celle-ci de sa position naturelle d’équilibre, elle v
revient par les actions combinées de la terre et du fil vertical. La
première, comme on sait, est proportionnelle au carré du nombre
d’oscillations qu’elle exécute dans un temps donné, dans une mi-
nute par exemple ,
lorsqu’elle est soumise à l’action seule de la
terre. Si l’on cherche ensuite le nombre d'oscillations qu’elle fait

dans le même temps lorsqu’elle est en présence de l'aiguille, on aura

la mesure de l’action exercée par ce til, en retranchant le résultat


précédent du carré du nombre d’oscillations trouvé en dernier lieu;
la différence servira de mesure à la quantité de magnétisme libre

du point du fil qui se trouve à la hauteur de l'aiguille mobile,


parce que ce point, agit plus directement dans le pian horizontal
que les autres points qui sont situés au-dessus et au-dessous. 11
est facile de voir, au surplus ,
que, dans chaque expérience, la
partie du fil qui agit avec plus d’énergie exerce une force totale
presque proportionnelle à celle du point le plus voisin, laquelle
peut servir de mesure à la quantité de magnétisme libre qui s’y
trouve. Cette méthode ne peut s'appliquer aux points extrêmes ou
qui en sont à peu de distance, attendu qu'il n’existe pas au delà de
l’extrémité des points dont l’action devrait concourir à l’effet géné-
ral; cela fait que l’action éprouvée par l’aiguille n’est pas la même
que si le fil était prolongé. Pour parer à cet inconvénient , lorsque
l’on fait osciller l’aiguille à l’extrémité du fil, il faut doubler le
nombre qui représente le carré des oscillations, pour que le résul-
tat soit comparable à ceux que l’aiguille donne quand elle oscille
devant les autres points.
On emploie ordinairement des fils assez longs pour que l’extrémité
la plus éloignée n’exerce aucune action sensible sur la petite aiguille.

Celle-ci doit être aimantée à saturation, pour que son magnétisme


n'éprouve aucun changement par la réaction de celui du fil. Cou-

T. III. 2

Digitized by Google
1 .

18 magnétisme.
lorsqu'il employait une
lomli s’aperçut de cette cause d’erreur ,
petite aiguillede i" ,5 de longueur, placée it G” ,8 de distance
13”“'' .5
du fil ; mais il s’en garantit en se servant d'une aiguille de
de longueur, de 6'“"", 8 de diamètre, et d’un fil aimanté de 1
de diamètre, de 730""" ,5 de longueur, et d'un poids de U ,15 le
6 '
I

mètre.
Nous citerons une série d'expériences faites sur un fil d acier de
730"'"" ,9 de longueur et de 4”""y> de diamètre.
,r
Kssai. La petite aiguille, avant qu'on lui présente le fil d’acier,
t

a fait une oscillation en 60".


-><•
Essai. L'extrémité b' du fil, placée au niveau de l'aiguille, a
fait en 60" 0* oscillations.

3' Essai. La même extrémité abaissée de


m 38
I3 ""y>l, l'aiguille a fait

V Essai. Abaissée de 27'"""-, 07 11

3 e Essai. Abaissée de 51"""' , U 18


0' Essai. Abaissée de 81"“"',2I 12
V Essai. L’extrémité b' abaissée de |2l”"" ,8t, l’aiguille n'a plus
,

fait qu’une ou deux oscillations en 00"; il en a été de même jusqu'il

ce que l’on ait abaissé l’extrémité b' un peu plus de ,

c'est-à-dire jusqu’à 12l”"" ,81 de l’autre extrémité : alors l'aiguille

changea de position.
I n fil de 270”"" ,7 de longueur et de même diamètre que le

précédent a donné les mêmes résultats.


Avec un fil de 35”""'-,4 et de même diamètre, l'on a trouvé encore
1

aux extrémités, et même jusqu’à 12 à 13"""-, à très-peu près les mê-


mes degrés d’action qu’à l’extrémité des deux précédentes aiguilles.
Coulomb a construit la courbe des intensités, en prenant pour
abscisses les distances à une des extrémités de l’aiguille A comptées
en pouces, et pour ordonnées les carrés du nombre des oscillations

Fie* HW.

/ ,
i

e/ js
1 !

"
r ...

3e
JJ
1
Ü y.
* * * i

qui représentent les intensités des actions magnétiques en chaque


point. On voit que les ordonnées de cette courbe décroissent rapi-
sont à peu près milles vers !e 3' pouce depuis ce po nt
:

dorm nt et :

Digitized by Google
MAGNETISME. 19

la courbe se confond avec l’axe jusqu’au 22' pouce; et sur les K pou-
ces de l’autre extrémité elles suivent à peu près la même loi ,
mais
dans un sens contraire. Vers l’extrémité de l’aiguille, il a doublé
le nombre qui représente le carré des oscillations.
Ce doublement, comme nous l’avons dit précédemment, ne
donnerait la véritable valeur que dans le cas seulement où , le fil
étant prolongé, la distribution du magnétisme serait décroissante, ù
partir de l’extrémité suivant une loi entièrement semblable à celle
,

des intensités magnétiques du <11. Soient Ail le fil abd la courbe ,

des intensités. Ad' le prolongement du fil, a’b'd' la courlie des


intensités supposées. Dans le cas oii celles-ci seraient décrois-
santes, il est bien évident que la répulsion opérée au point A aurait
lieu en vertu d’une force double de celle que l’on obtient directe-
ment, puisque tout serait symétrique de part et d’autre; mais il

n’en serait plus de même quand la distribution du magnétisme serait


croissante au lieu d’être décroissante; dans ce cas, les ordonnées
de la courbe qui la représente seraient plus considérables que
celles de Le doublement doit donc donner un résultat un
l’autre.
peu plus c’est ce que M. Biot a fait voir aussi par le calcul.
faible :

En outre, doublement ne doit avoir lieu que pour le point


le

extrême, car, pour les autres, l’erreur serait d’autant plus grande
que le point que l’on considère est plus éloigné.
La courbe des intensités étant exactement la même à diamètre ,

égal , quelle que soit la longueur des fils, pourvu qu’ils aient plus de
25 à 30 centimètres de longueur, et ne faisant que se transporter vers
les extrémités, on peut en conclure que les moments de la force di-
rectrice de dilférentes aiguilles d’acier n’ayaut jais lu même longueur,
mais de même nature et de même grosseur, doivent différer entre
eux d’une quantité proportionnelle aux décroissements des lon-
gueurs.
Coulomb a déterminé par le calcul la position des pôles, c’est-à-
dire la position des centres d’action de l’aiguille, ou ,
ce qui revient
au même,
des centres de gravité des courbes des densités magné-
tiques d’une aiguille de 32' •,"> de long, et pesant fi"
,21 le mètre; il
a trouvé que la distance de ce point à l’extrémité la plus voisine était
égale à 9"“"‘ ,72. Dans une aiguille de AK""" ,73 de long, ayant à peu
près de diamètre, et pesant l iD' .to le mètre, cette distance
a été trouvée égale à 40'"'"'-,77. Les diamètres des deux fils étant
entre eux comme les racines carrées des poids, ou comme 1,8 : 1 ,(io,

les distances des centres de graiilé sont :: 10,77 : 9.72 : : 1.2 : I ;

î.

Digitized by Google
\

20 MAGNÉTISME.

il s’ensuivrait que les distances seraient comme les diamètres des


aiguilles.

Puisque, dans les aimants dont la longueur surpasse 15 ou 20 cen-


timètres, la courbe des intensités est la même et ne fait que se trans-
porter vers les extrémités en laissant près du milieu un espace plus
ou moins grand où l'intensité est à j>eu près nulle, il en résulte que
tous les aimants de même forme ont leurs pôles à la même distance
des extrémités , puisque les pôles ne sont autres que les centres de
gravité des courbes des intensités magnétiques. Coulomb a trouvé
par le calcul que, dans des aimants très-courts, les pôles sont à pieu
près au tiers de la demi-longueur, et que cette valeur est une limite
dont les piôles s’approchent à mesure que la longueur diminue.
Coulomb, qui avait remarqué que magnétique de la petite
l’état

aiguille qu'il faisait osciller devant la grande avait varié d’un essai
à l'autre, lui en substitua une autre, comme nous l’avons dit plus
haut ,
dont la résistance magnétique était plus grande ,
et qui avait
13“"" , .‘i l de diamètre.
de longueur et 0"“"-,77

La distance du centre de gravité de la courbe des intensités à l'ex-


trémité la plus voisine s’est trouvée être de 33 millimètres, au lieu
de 40 millimètres trouvés précédemment. Cet accroissement sen-
sible indique que l’intensité d’aimantation des points placés proche

du milieu de l’aiguille est un peu plus forte , ce qui provient de


l’influence magnétique des [joints fortement aimantés du fil d’acier
sur l’état magnétique de l’aiguille (*).

{*) M Biot, pii cherchant la relation qui existe entre les abscisses et les ordon-
nées de la rourlie des intensités, a trouvé qu’elle est analogue à celle qui donne la
densité eiectiique des piles électriques formées avec des petits carreaux magiques.
La loi des intensités magnétiques, d’après celle formule empirique, est représentée
par l'equation logarithmique :

ÿ = A (p‘ — p”-'),
dans laquelle A et p sont deux constantes ; x la distance rectiligne depuis l’extré-
mité australe jusqu’au point dont l’intensité magnétique est y, et 11 la longueur de
l’aiguille. Quand l'aiguille sur laquelle on opère a une grande longueur, la valeur de

p est une fraction qui s'approche de -j ;


alors ou |>eiit négliger p" — 1 devant p' ; et

l'equation des intensités près de l’extrémité rst y = Ap‘.


L'accord est aussi parfait que possible entre les nombres donnés par cette formule
et les résultats de Coulomb déduits de l’expérience.
La distance du centre de gravité de la touille des intensités à l'extrémité voisine,
c'est A-dire la distancedu pôle A l’extrémité du barreau étant x est donnée par la
formule :

2/p'
— (I
+ log'p p*' i

1 _p‘)>

Digitized by Google
,

M AGMETISMK. 21

Lh distribution du magnétisme dans les fils ou de fer d’un


d'acier
assez grand diamètre étant connue, il était important de savoir si
dans les fds très-tins d’acier, la loi était la môme : c’est en effet ce
qui a lieu (Becquerel).
Les fils d’acier d’un très-petit diamètre ne prenant qu’un faible
degré de magnétisme, on est obligé de modifier l’une des méthodes
précédentes pour découvrir la distribution du magnétisme libre sur
leur longueur. Cette question présentant de l’intérêt, en raison du
grand nombre de corps possédant un très-faible magnétisme, nous
rrovons devoir la traiter ici avec des développements convenables.
Pour former des fils d’acier d’un très-petit diamètre, il faut em-
ployer un procédé à peu près semblable à celui dont Wollaston a
fait usage pour se procurer des fils de platine très-fins. On prend
un moule en terre de fondeur, divisé dans son épaisseur en deux
parties qui se superposent parfaitement ; dans chacune de ces par-
ties, on moule la moitié d’un cylindre, suivant l’axe duquel on

place un lil d’acier d’un demi-millimètre ou d’un millimètre de


diamètre. Le diamètre dti cylindre creux dépend du rapport que
l’on veut lui donner avec celui du fil. 8i l’on place ensuite ce fil au
milieu d’une des parties moulées et qu’on la recouvre par l’autre,
il se trouve dans la direction de l’axe. Alors, en coulant de l’argent
en fusion par une ouverture conique pratiquée dans la partie supé-
rieure du moule, on a un cylindre d’argent dont l’axe est un fil

d’acier. On tire ensuite le tout à la filière. 8i le rapport entre les

désignant le» logarithmes hyperboliques.


De» que la longueur sera aster grande polir que p et 1
p” puissent élre considérés
comme inaen»ible* t
il i estera simplement :

A longueur égalé, pins le til est mince, plus le centre des forcos se rapproche de»
extrémités. Dans les Ids essayés par Coulomb, Ils en étaient à peu près a 40 milli-
mètres.
lorsque l devient fort petit ,
le calcul de x’ peut se faire d’une maniéré plu» sim-
ple, en développant g1 et p
:/
en série, supprimant les deux fadeurs communs, el

*e bornant ail premier terme, on a :

/
X ~ ï’
La position du centre des forces ne dépend plu» alois que du la longueur, el sa
distance a chaque extrémile est de ;
de la longueur totale 11. Cela lient à ce qn’alors
la conrlie des inlensilés peut être cousidétée comme ligne droite, son aite sur cha-

que moi I ié du ftl comme un triangle, et que le centre de giavlté d’un triangle est
'
place au de sa hauteur, il partir île la base.

Digitized by Google
22 MAOMKTISUE.

deux diamètres est comme 1 20 et que le cylindre soit réduit à


: ,

un fil d'un millimètre de diamètre, celui d’acier n’aura que de


millimètre. Pour le dégager de l’argent dont il est entouré, on se
sert de mercure , dont on élève convenablement la température.
Cette opération exige de grandes précautions si l’on veut obtenir
des fils d’acier intacts d’une certaine longueur. Ges tils, en sortant
du mercure, possèdent assez de magnétisme pour que l’action ter-
restre les dirige dans le plan du méridien magnétique , quand ils
sont suspendus à des fils de cocon.
ün a cherché, à l’aide de la balance magnétique ,
la loi de la dis-

tribution du magnétisme dans ces fds, pour savoir si elle était U


même que dans les aiguilles ordinaires.
Le fil possédant un très-faible degré de magnétisme , il faut pren-
dre , pour fil de suspension , un fil très-fin (le platine ,
dont la

force de torsion soit très-faible. Ün suspend, à l’extrémité de ce


fil, le fil d'acier aimanté, dans lequel on veut découvrir la distri-
bution du magnétisme, et qui est encore recouvert de son enveloppe
d’argent, afin de pouvoir agir sur des tils de plusieurs décimètres
de longueur; ce qu’on ne pourrait faire avec des fils d’acier sim-
ples de cette dimension, vu la difficulté de les maintenir dans une
direction rectiligne.
Ensuite, comme Coulomb, on dispose l’appareil pour
l’a fait

que l'aiguille suspendue soit dans le plan du méridien magnétique


quand le fil de platine est sans torsion. Sur la direction du même
plan on place une planchette en bois de 2 à 3 millimètres d’é-
,

paisseur, et l’on dispose l’appareil comme précédemment; on


présente ensuite, à tous les points de l’aiguille suspendue, le même
pèle d’un fil aimanté vertical. Suivant le procédé de Coulomb,
l’on présente successivement il tous les points du fil vertical l’une
des extrémités de l’aiguille horizontale : ici c’est le contraire;
l'aiguille horizontale est d’abord chassée par la répulsion, mais on
la ramène, par la torsion du fil de suspension , dans le plan du
méridien magnétique.
L’aiguille soumise à l'expérience avait 128 millimètres de lon-
gueur et yg millimètre de diamètre. Sans entrer dans le détail des
expériences, nous dirons que la distribution du magnétisme suit la loi
indiquée par M. Biol ,
et qu’elle est la même que dans les gros fils.
Les pôles sont à 8,5 millimètres des extrémités ,
et n’en sont pas
aussi près qu’on aurait pu le supposer, vu la petitesse du diamètre
du fil.

Digitized by Google
,

MAI. N Kl ISM K.

Nous venons de voir quelle était la distribution du magnétisme


dans les barreaux et les fils aimantés à saturation ; mais quand il
n'en est pas ainsi, elle n’est pas tout à fait la même, et le point
d’indifférence peut changer de position par l’action du magnétisme
terrestre (’).

Points conséquents. D'après ce que l’on a vu dans la distribution


du magnétisme, si un barreau aimanté ne possède cpie deux pèles,
néanmoins chaque partie élémentaire est un aimant car la propriété ;

magnétique élémentaire ne passe pas comme l’électricité d’une mo-


lécule à une autre; en effet ainsi qu’on l’a déjà dit page 4, en cassant
,

un aimant les deux parties séparées forment deux aimants complets.


Dans les conditions ordinaires, chacune des moitiés d’un bar-
reau aimanté possède un magnétisme contraire. Néanmoins ilairive
quelquefois que de chaque côté il
y a des alternatives de magné-
tisme contraire, et par suite plus de deux pèles. On nomme points
conséquents les pôles intermédiaires, contre la production desquels
il faut toujours se mettre en garde dans l’aimantation des bar-
reaux. On découvre ces derniers en présentant successivement le

même pôle d'une aiguille aimantée, librement suspendue, à tous


les points du barreau placé dans une position verticale (voir p. 16,
lig. 1(35), ou bien en les roulant dans de la limaille de fer qui
s'attache inégalement aux différents points de sa surface (voir
Fin- ut m». tig.157 bis). On doit
considérer les bar-

B
celte division a lieu
comme représentant une réunion de plusieurs barreaux aimantés
placés l’un après l’autre, bout à bout, par des pôles de même
nom , au lieu d'être réunis par les pôles de nom contraire.
Distribution du mtujnctisme dans l'intérieur des aimants. On
vient de voir quelle est la distribution du magnétisme daus les

barreaux aimantés, mais non pas dans chaque fibre longitudinale.


La puissance magnétique est-elle développée de la même manière
dans 1a masse de l'acier?
Pour étudier la distribution du magnétisme dans l’intérieur des
aimants. Coulomb prit seize aiguilles ayant la forme de parallélo-

grammes rectangles dans la même tôle d’acier, de 0”,1G'2 de long et


de 2l"‘
m ,43 de large, et du poids de 20*,24f>; il les fit chauffer à

(*) Vo'r Becquerel ,


Traité de magnétisme, pages 79 et suivante».

Digitized by Google
24 MAGNETISME.

blanc sans les tremper, pour être sùr de les avoir toujours dans le

même état. Les ayant aimantées à saturation, il forma des faisceaux


avec un certain nombre de ces aiguilles, les pôles semblables du
même côté, et les aiguilles liées ensemble avec un fd de soie assez
fort pour les serrer les unes contre les autres. Le faisceau fut placé
dans la balance magnétique et éloigné de .10° du méridien magné-
tique.
Une seule aiguille a exigé, pour restera cette distance, une force
de torsion mesurée par 82"
2 aiguilles réunies 123
4 id. 130
<i id. 172
8 id. '.
182
12 id. 203
It! id. 229
Un voit par magnétique de chaque faisceau
là (pie la force croit

dans un rapport beaucoup moindre que le nombre de lames.


Huit aiguilles différentes des précédentes ont exécuté 20 oscilla-
tions en 212".
Coulomb, voulant pénétrer dans l’intérieur des aimants, a dé-
terminé l’état magnétique de chacune des aiguilles composant le

Pour cela, il les a sépa-


faisceau de seize aiguilles et celui de huit.
rées toutes et les a placées successivement dans la balance magné-
tique, en les éloignant de 30° du méridien magnétique; il a trouvé
que les deux aiguilles extrêmes, c’est-à-dire celles qui formaient les
deux surfaces des faisceaux avaient une plus grande force magné-
,

tique que les autres.

La première avait pour mesure 16“

La dernière 48
Et la force moyenne de toutes les autres était égale à . . 30
I ne seule aiguille ayant donné pour le moment de la force direc-
Irice 82°, tandis que pour seize aiguilles réunies le moment magnéti-

que moyen de chacune n’était que de 1 1°,3, c’est-à-dire à peu près


la sixième partie de l’autre, il en résulte que. dans les aiguilles de

boussole, le moment du
frottement des pivots augmentant dans un
rapport plus grand que les pressions et les moments magnétiques
,

croissant dans un rapport beaucoup moins grand que les masses


ou les pressions des pivots, les aiguilles peu (-[laisses et très-légères,
à longueurs égales, doivent être préférées à toutes les autres.

Digitized by Google
. ,

maonbtismk. 55
Eu défaisant la lame composée de huit aiguilles, Coulomb a
trouvé que
La première lame exécutait. 20 oscillations eu 91
La deuxième 20 231
La troisième 20 278
La quatrième 20 211
La cinquième 20 222
La sixième 20 237
La septième (les pôles renversés). 20 237
La huitième 20 90

Ces résultats conduisent aux mémos conséquences que ci-dessus,


et nous montrent en outre qu’il peut y avoir des aiguilles intermé-
diaires dont les pôles soient renversés.
Nous devons encore faire observer que Coulomb a reconnu qu’un
faisceau de laines prend à peu près le même degré de magnétisme
qu’une seule lame de la même figure et de même poids; ce qui
tend àfaire croire que, dans les aimants d’une seule pièce, le ma-

gnétisme va en diminuant de la surface au centre, comme dans les


aimants composés de plusieurs lames.
Le même physicien, en comparant les intensités magnétiques des
barreaux de différentes formes et de différents poids, a été conduit
à la formule suivante :

T = (m L E 4-
'
ni )

pour exprimer le temps d’une oscillation d’un barreau aimanté


dont la largeur est L, l’épaisseur E, et l sa demi longueur, ni et n
étant deux coefficients constants pour la même nature d’acier.
Ces recherches ont conduit Coulomb à donner des indications
précieuses sur la meilleure forme à donner aux aiguilles.aimantées
qui doivent servir à construire des aiguilles de boussole. 11 a ainsi
montré par expérience qu’une lame, pour donner les meilleurs ef-
fets, devait être peu épaisse, large, et être taillée en flèche; car
l’action produite par un aimant était plus énergique que lorsqu’elle
était taillée en parallélogramme rectangle.
Nobili a cherché à démontrer que l’on ne devait pas considérer
un cylindre aimanté comme formé d’un faisceau d’aiguilles très-
fines de même longueur, toutes aimantées dans le même sens, par

la raison que ce faisceau ne tarderait pas à se désaimanter presque

entièrement. A cet effet, il a pris, comme Coulomb, un certain

Digitized by Google
nombre d'aiguilles, cinquante, dont il a fait un petit paquet qu’il a
aimante avec un fort aimant; puis il a défait le paquet pour déter-
miner la force magnétique de chacune d'elles en particulier. Toutes
les aiguilles se sont trouvées fortement aimantées dans le même
sens. Il a reformé ensuite le faisceau en maintenant le contact des
aiguilles aussi parfait que possible au moyen d’un til enroulé autour.
Itetix heures après, le paquet ayant été délié, et les aiguilles exami-
nées séparément, il se trouva que bon nombre d’entre elles avaient
acquis un magnétisme contraire. L’expérience ayant été recommen-
cée avec un autre paquet d’aiguilles, mais avec cette différence qu’au
lieu d attendre deux heures ou le défit ar. bout d’une demi-heure,
il

observa que, dans ce cas, lin certain nombre d’aiguilles avaient perdu
tout le
magnétisme qu'on leur avait donné. Ces faits, qui avaient été
egalement observés par Coulomb, prouvent que lesaiguilles nerestent
pas toutes aimantées au même degré; que les plus fortes désai-
mantent d'abord les plus faibles, qui prennent ensuite le magnétisme
contraire; dès lors, si elles avaient reçu toutes primitivement le
même degré d aimantation la vertu magnétique se serait bien vite
,

éteinte dans le tout le système. Lie là il résulte que l’on ne doit


pas considérer un barreau aimanté comme formé de la réunion
d de même longueur, aimantées toutes du même
aiguilles très-lines
coté.Mais on ne sait pas jusqu’à quel point on peut considérer l’é-
tatmagnétique d’une aiguille qui vient d’être séparée d’un faisceau,
connue semblable à celui de la même aiguille, lorsqu’elle est réu-
nie a d autres; cette observation s’applique également aux observa-
tions précédentes de Coulomb.
hn parlant de la disposition en échelon des barreaux dans les
faisceaux artificiels, Nobili a interprété de la manière suivante la
distribution du magnétisme : dans les aimants artificiels, le barreau
central dépasse les barreaux qui sont placés ensuite en échelon; le
barreau du centre, non-seulement conserve son magnétisme, mais
acquiert un plus grand degré de force que par tout autre arrange-
ment. L intérieur du barreau doit être divisé en couches concentri-
ques dont le magnétisme va en diminuant rapidement du dehors
au dedans; le fait suivant tend à justifier cette manière de voir. Si
Ion veut concentrer dans les aimants artificiels formés de barreaux
en échelon la plu* grande force magnétique dans les barres latérales,
il faut intervertir l'ordre des échelons retirer en arriére la base
,

centrale et pousser en avant celles qui sont latérales.


Quant à ce qui concerne la distribution du magnétisme dans des

Digitizad by Google
'UOMülSME. 27

lames d’acier très larges et peu épaisses, nous mentionnerons les


observations de M. de Haldat : ce physicien a reconnu que si l’on
trace avec un aimant assez fort des ligures quelconques sur ces
plaques, on les rend apparentes en répandant de la limaille line de
avec un tamis sur la surface
1er ; ainsi dans ce cas , il
y a une inimité
de petits pôles dans toutes les directions.
Influence de l'état moléculaire du fer ou de l'acier sur le degré
d'aimantation; trempe et recuit. L’état moleulaire exerce une
grande influence sur le développement , et surtout sur la conserva-
tion du magnétisme. Nous avons déjà dit, en effet, que le fer très-

pur et bien recuit perdait son magnétisme quand l’aimant qui agit
sur lui cessait son action ; mais que si le fer était tordu , martelé,
aussitôtil acquérait une force coercitive, capable de le rendre ai-
manté d’une manière plus ou moins permanente.
Des traces de matièresétrangères lui donnent cette même propriété,
et les différences (pii existent sous ce rapport entre l’acier et le fer
sont des plus frappantes en ce qu’elles montrent que de faibles
quantités de carbone qui n’altèrent pas beaucoup les propriétés

chimiques du fer. le modifient physiquement d’une manière pro-


fonde, puisqu'il devient capable de constituer des aimants perma-
nents très énergiques. La fonte comme l’acier est également douée
de force coercitive.
Une des circonstances qui influent le plus sur lu force des aimants
artificiels est la trempe de l’acier employé dans leur confection. On
sait aussi que latrempe modifie l’état physique des corps, et qu’elle
produit sur les métaux simples tels que le fer, l'acier, le cuivre, etc.,
une diminution de densité, ce qui montre que les particules se
trouvent dans un état forcé. Cet état est détruit peu à peu à l’aide

du recuit qui ramène les molécules à leur état d’équilibre, et rend


aux métaux leur densité première. Avec les alliages le bronze et le

laiton, les effets sont différents et pour ainsi dire inverses de ceux
que l’on observe avec les métaux isolés.

Coulomb, dont on cite toujours les expériences quand il s’agit de


la ou du magnétisme, a montré quelle
distribution de l’électricité
était l’influence de la trempe et du recuit sur les lames d’acier que
l’on aimantait; dans une lame d’acier, il coupa trois aiguilles de

K» , "2 de longueur chacune; la première avait la forme d’un paral-


lélogramme rectangle de de largeur et pesait 20‘,2; la se-

conde, de même forme, avait 10" “S” t de largeur et pesait tO‘,1;


la troisième, taillée en flèche, avait à son milieu 21 “”,1 de large, et

Digitized by Google
, , ,

38 MAGNETISME.

pesait comme la deuxième 10*, 1 . Les trois aiguilles ayant été trenn
pées au rouge blane furent aimantées à saturation ,
puis suspen-
dues dans la balance magnétique (voir page 4); elles ont conduit
aux résultats suivants :

FORCE MAGNETIQUE.

Aiguilles
trempées Aiguilles Aiguilles
Aiguilles
AU.lll-I.KS.
puis recuites à trempées trem|>ées
tremper!. ail
consistance puis recuites, puis recuites au|
rouge blanc. d*nn ressort
couleur <i*eau. ronge obscur.
violet.

GW 118 I?ft 134

WM 49
.3
6i
68
68
73
70
7 ‘J

force magnétique
Igt était appréciée par la torsion nécessaire
pour maintenir les aiguilles éloignées de 30° du méridien magné-
tique.
On reconnaît que lorsque les aiguilles ont été rougies à blanc et

refroidies lentement , elles ont donné à peu près le même résultat

que lorsqu’elles ont été trempées rouge-blanc.


Voici encore quelques déterminations données par Coulomb, et
trouvées en opérant avec un fil d’acier très-pur de 320 millimètres
de longueur et de i millimètres de diamètre. Ce fil
,
ayant été
trempé à 800”, fut aimanté à saturation, et on réi>éta la même opé-
ration en le faisant recuire à diverses températures. La force ma-
gnétique est déduite des oscillations de ce fil sous l'action terrestre ;

T8inptiiiur< du moit. Durreilr tuo oécilLsleon*.

12» 89"
320 couleur d’eau )
[
75
150 rouge sombre )
( 05 (maximum d’aimantation).
530 (rouge moins sombre).. . 70
000 (rouge cerise clair) 70

Ces résultats montrent que dans des lames d’acier l’état de la trempe

très-roide est celui qui leur donne le moins de magnétisme ; que de-
puis l’état de la plus forte trempe le magnétisme des lames va tou-
jours en augmentant dans tous les degrés de recuit, jusqu’à ce que
le recuit soit d’un rouge très-sombre. Le magnétisme diminue en-
suite à mesure que la lame est recuite à un plus grand degré de

Digitized by Google
XI AOXETISMK. 3»

chaleur. On reconnaît également, comme nous l’avons déjà dit


page 25, qu'une lame taillée en flèche a une force magnétique
plus grande qu'une lame rectangulaire de même longueur et de
même poids.
Nous rapporterons ici quelques expériences de Nobili, faites eu
vue de montrer l’influence de la trempe sur le développement du
magnétisme. D’après ce physicien, la trempe n’est pas la cause
immédiate de la conservation de la vertu magnétique; la condi-
tion conservatrice dépend du mode même de la distribution du
magnétisme dans les aimants. Ou 11 e saurait admettre, suivant
lui, que l’aimant soit composé d’un nombre infini de fils élémen-
taires, tous aimantés au même degré, quelle que soit leur trempe,
puisque tout le système se désaimanterait bien vite; niais, en sup
posant que les aimants extérieurs soient plus aimantés que ceux
de l'intérieur, on a alors un système capable de conserver une dose
de magnétisme plus ou moins forte. Ce dernier fait a été établi dans
les faisceaux composés par Coulomb, et rentre dans les expériences
de M. Barlow.
Suivant Nobili, la trempe fait acquérir à la masse un état tel
que les molécules extérieures, refroidies plus rapidement que celles
de l'intérieur, se rapprochent plus que ne peuvent le faire les der-
nières. L’acier trempé possède donc une croûte dont la densité et
d’autres propriétés propres à sa constitution sont d'autant plus dif-
férentes dans les couches internes que le refroidissement a été plus
rapide. Le magnétisme se conserverait donc dans l’acier trempé,
non pas parce qu'il existe une force coercitive ,
telle que les physi-

ciens l’ont envisagée jusqu’ici, mais bien parce que le magnétisme


s’y distribuerait inégalement en plus grande quantité à l’extérieur
,

qu’à l'intérieur. 11 pari de ce principe pour expliquer comment il


se fait que le fer doux , quand
il a été battu sous le marteau ou
passé à la filière, propriété de conserver une petite quan-
acquiert la

tité de magnétisme; coups de marteau et la filière rendraient


les

les parties extérieures plus compactes que celles de l'intérieur.


Par un motif semblable, pour la même trempe et la même quantité
d’acier, les petites barres prendront à proportion plus de magné-
tisme que les gros barreaux. L’expérience suivante tend effective-
ment à prouver que le magnétisme augmente davantage en pro-
portion du degré de la trempe que de la masse du corps magnétique ;

Nobili a fait construire avec le même acier deux cylindres de même


longueur et de même diamètre, l’un massif et l’autre percé au mi-

Digitized by Google
5

80 M AO N F. I ISM K.

lieu de part cil part, suivant son axe; le poids du premier était de
28 grammes J, celui du second de tô. Ces deux cylindres furent
trempés de la même manière et aimantés à saturation l’un ;
et l’au-

tre, placés à la même distance d’une aiguille de ltoussole, donnè-


rent les déviations suivantes :

Pour le cylindre massif 9°,

Pour le cylindre foré 19* ,00

La différence est très-grande, comme on le voit, et cependant le


cylindre massif avait une masse presque double de celle de l'autre.
Le cylindre trempe? au dehors et au dedans se trouve, d’après cela,
recouvert des deux côtés d’une croûte qui devient la puissance con-
servatrice du magnétisme.
Il résulte de ce qui précède que, lorsque des pièces d’acier ont
été inégalement trempées, elles sont inégalement dures, ne s’ai-
mantent pas régulièrement, et possèdent une force |>eu constante.
Pour rendre la trempe de l’acier aussi régulière que possible, M. Wal-
ter a proposé d’opérer de la manière suivante : il introduit les
pièces d’acier rapidement dans un bain de plomb fondu, et les laisse

dans le métal en fusion jusqu’à ce qu’elles en aient pris la tempéra-


ture ;
après quoi il les retire promptement et les plonge dans de
l’eau bouillante. Suivant M. Walker, des aimants longs de 16' ,2 et

pesant 92 grammes ont porté quatorze fois leur poids lorsque la

trem|>e a été opérée de cette manière.


On obtient de grands avantages lorsqu’on aimante un barreau en
le maintenant, pendant cette opération, il la température rouge,
et lui faisant éprouver ensuite un refroidissement brusque pendant
qu’il se trouve sous l’influence des forces magnétiques.
Influence de la torsion sur le der/re d'aimantation du fer et de
l'acier. Lorsque l’on soumet le fer au martelage, ou qu'on lui

fait subir la torsion, ses propriétés physiques sont changées tout


aussi bien que par la trempe, et il en résulte que le fer peut acqué-
rirune force coercitive capable de le faire devenir aimant perma-
nent. On peut montrer ce fait d’une manière évidente en plat/ant
un fil de fer bien recuit dans la position verticale, afin qu’il soit sou-

mis à l'action de la terre. Il s’aimante alors par influence, et ac-


quiert un pôle boréal en haut et un pôle austral en bas; si danscetle
position on le tord alors il devient aimant |>ernianent et conserve
,

une du magnétisme développé primitivement par influence-


partie
quelle que soit la position qu’on lui donne.

Digitized by Google
M 4<> SiETISM E. RI

L'expérience suivante peut servir à montrer l’action de la torsion


sur le magnétisme développé dans le fer par l’influence de la terre
ou des aimants (’) :

On prend un til de fer parfaitement recuit de i millimètres de


diamètre etde 2 mètres de hauteur; on le suspend par une extré-
mité au plafond d’une chambre, tandis qu’un poids assez lourd
est suspendu à l'autre extrémité pour faire osciller
lentement le fil
par la torsion. Une hélice électro-magnétique, formée à l aide d’un
seulrang d’un gros til enroulé autour d’un tube de verre de I centi-
mètre de diamètre, est placée verticalement , de façon que le fil de
fer soit dirigé dans l’axe du tube; de plus, les extrémités de cette
hélice communiquent avec un galvanomètre à lit court très-sensible,
afin d’indiquer la présence des courants électriques qui peuvent se
développer dans le fil formant l’hélice.
Aussitôtque le fil est tordu, on voit l’aiguille du galvanomètre se
dévier; et quand on maintient la torsion à un certain degré dans le
fil de fer, l’aiguille du
galvanomètre revient à 0, ce qui indique la
cessation du courant électrique produit pendant la torsion. Lorsque
le til se détord
, l'aiguille du galvanomètre se dévie dans un sens

inverse de la première déviation, de façon à indiquer l’existence d’un


courant électrique inverse. En tordant le fil de fer dans un sons in-
verse au précédent , il
y a encore déviation de l’aiguille , mais dans
le même sens qu’au commencement de l’expérience; c’est-à-dire

que les effets sont les mêmes, qu’on torde le fil dextrorsuin ou si-

nistrorsum , et qu’ils sont inverses quand on le détord.


On peut expliquer cet effet comme il suit : le magnétisme ter-
restre aimante par influence le fil de fer doux placé verticalement;

aussitôt qu’on lord ce fil, l’intensité magnétique de l’aimant doit di-


minuer. car, le fer s’écrouissant ,
l’action par influence de la terre
sur lui est moins forte ; alors l’intensité magnétique du fil de fer
diminuant par la torsion, il se manifeste un courant par induction
dans le fil de l’hélice, ainsi qu’on le démontrera dans la suite de
ce livre. Lorsque le fil se détord, alors, par le même motif, le fer

revenant à son état moléculaire primitif, augmente d’intensité ma-


gnétique sous l’action de la terre, et on observe un courant induit
en sens inverse du premier.
Ou peut même, à l’aide d’un commutateur qui change les extré-
mités du fil de l’hélice en communication avec les extrémités du fil

(•) Mirait d’m» mémoire proM»ut<* à l'Acad. «leftsf., le 9 juin IB45. (R. B^qiWTPl).

Digitized by Google
.

3» MAGNETISME.

du galvanomètre chaque fois que le fil est à ses maxima et ses mi-
nima de torsion , avoir un courant électrique continu et dirigé dans
le même sens pendant que le fil exécute des oscillations en vertu des

lois de la torsion (E. Becquerel).


M. Wertheim a étudié avec l>eaucoup de soin les effets de la tor-
sion en plaçant lesfils ou les barres de fer soumis à cette action au

milieu d’une double hélice, dont l’une sert à faire passer un courant
électrique qui aimante par influence le fer, et l’autre à accuser la
présence d’un courant par induction produit dans des circonstances
analogues à celles qui se sont manifestées dans les expériences
rap(>ortérs plus haut. 11 a obtenu des résultats du même genre,
mais en distinguant les effets de torsion permanente des effets de
torsion temporaire ou de torsion élastique.
Les effets temporaires montrent qu’un aimant aimanté à satura-
tion se désaimante partiellement au moment où il éprouve une
torsion temporaire, et se réaimante au moment où il éprouve une
délorsion
Les permanents ont été observés avec, des fils tordus et de-
effets

venus aimants permanents; ces fds étaient placés au centre d’une


hélice capable d’indiquer, d’après le sens du courant d’induction,
leur changement d'intensité magnétique. Il a alors trouvé que ces fils,
quand on les tordait de nouveau temporairement donnaient lieu à
,

des effets magnétiques inverses, suivant que les lils étant placés
,

semblablement et tordus primitivement d'une manière permanente


eu sens inverse, on venait à les tordre d'une manière temporaire,
de façon à augmenter leur torsion permanente : les uns donnaient
une augmentation d'aimantation, les autres une diminution.
M. Wertheim a cru devoir déduire de ces expériences que la
torsion agissait d'une manière toute spéciale en forçant les molé-
cules matérielles à se disposer en spirale, et en donnant à la matière
elle-même la forme qu’Ampère a assignée au courant électrique;
mais il suppose que les courants électriques, ou les vibrations qui
les représentent, ont lieu dans tous les sens, et que l'aimantation,

tout en consistant à les rendre parallèles, n'a pas lieu de manière


à ce qu’il n'existe pas encore de courants électriques dans d’autres
azimuts ou des mouvements vibratoires dans différents sens. Alors,
en tordant les barres dans un sens ou dans l’autre, ces mouvements
mécaniques déplacent les plans de ces courants, de façon à ce que
plusieurs qui étaient en discordance auparavant deviennent con-
cordants. On comprend dès lors qu’il peut se produire une aug-

Digitized by Google
.

MAGNÉTISME. 33

mentation ou une diminution dans l’intensité magnétique du barreau


soumis à cette action. D’après M. Wertheim , aucun effet analogue
ne peut être produit ni par l’allongement ni par la compression.
M- Matteucci, en cherchant à répéter ces expériences, n’a pas
été conduit à toutes ces conclusions. 11 a bien trouvé que la torsion

diminue l’état magnétique, et que la détorsion l’augmente ; mais il


n’a pu vérifier le fait observé par M. Wertheim, savoir que l’action
varie suivant que la torsion temporaire ou élastique agit dans le
sens ou en sens inverse de la torsion permanente.
M. Matteucci a observé un effet que nous devons signaler ici :
lorsqu’un barreau de fer doux a été plusieurs fois de suite soumis
à des torsions croissantes jusqu’au point d’altérer son élasticité,
s’ilest alors soumis à l’action d’une très-faible torsion élastique,
toujours dans le même sens, on a généralement une augmentation
de magnétisme, et la détorsion correspondante ne produit qu’une
diminution très-faible et souvent inappréciable. En continuant les
torsions, les premiersphénomènes paraissent, c’est-à-dire qu’il y a
désaimantation en tordant et une aimantation en détordant le bar-
reau on peut renouveler les alternatives. M. Matteucci considère
:

cet effet comme dû à ce que l’effet d’une première et faible torsion


sur les molécules, venant à la suite de torsions très- fortes en sens
contraire, est analogue à une détorsion; mais, en tous cas, le sens
dans lequel la torsion élastique, appliquée à des barreaux déjà tor-
dus d’une manière permanente, donne une augmentation de ma-
gnétisme avec plus d’intensité et de persistance, a été généralement
celui dans lequel la première torsion a eu lieu.
Traction ou allongement Lorsqu’on soumet à la traction tem-
poraire, c’est-à-dire lorsque l’on allonge un fil de fer soumis à l’ai-
mantation il
y a encore changement dans l’intensité magnétique.
,

M. Matteucci, pour étudier l’effet produit, a employé un moyen


analogue à celui qui a été mis en usage pour la torsion. Un fil de
fer ou d’acier était tendu verticalement, et à l'aide de poids on
pouvait faire varier sa tension. Ce fil occupait l’axe d’une double
hélice verticale dans l’un des conducteurs de laquelle passait un
courant électrique qui aimantait le fer; l’autre conducteur était en
relation avec un multiplicateur servant à indiquer les effets d’induc-
tion dus aux changements dans l’intensité magnétique du fil de
fer. En opérant de cette manière , il a trouvé que l’allongement

du fer produit une augmentation d’intensité magnétique, tandis que


le raccourcissement donne une diminution.
T. ni. 3

Digitized by Google
34 MAGNETISME.

Ainsi la traction agit dans le même sens que la détorsion, et


donne lieu à une augmentation de force magnétique. Du reste, on
doit observer qu’en général les actions moléculaires qui sont ac-
compagnées d’une augmentation dans la force d'agrégation, sont
suivies d’une diminution dans l’intensité magnétique ou dans la fa-

cilité que le fer possède à s’aimanter : en môme temps la force

coercitive augmente; mais, plus elle est forte dans un barreau, moins
celui-ci reçoit d'action par influence. Au contraire, les actions mo-
léculaires, qui sont accompagnées d'une diminution dans la force
d’agrégation , donnent une augmentation dans l’intensité magné-
tique ou dans l’action exercée par influence.
Influence de la chaleur sur le magnétisme des aimants. Cou-
lomb s’est occupé de l’influence de la chaleur sur la distribution du
magnétisme libre dans les aiguilles aimantées. Ayant pris un bar-
reau d’acier de Rii""" de longueur, 14 millimètres de largeur, et
1
-

[tesant 82 grammes, il le fit chauffer cerise clair, et le refroidit en-


suite lentement dans l’air, pour qu’il ne prit aucune trempe; il
l’aimanta ensuite à saturation, à la température de 12° centigrades;
puisil compta le temps nécessaire pour effectuer 10 oscillations.

Ayant élevé de nouveau la température, il mesura, après le refroi-


dissement, le temps nécessaire pour faire le môme nombre d’oscil-
lations. Il obtint les résultats consignés dans le tableau suivant :

TEMPERATURE. TEMPS DE 10 OSCILLATIONS.

12° 93'
14 97,5
80 104
211 1 47
340 215
510 21*0
680 Considérable.
_

Ces résultats nous montrent que l’intensité magnétique du bar-


reau diminue à mesure que l’on élève la température. Or, comme
lesvoyageurs en parcourant les diverses parties du globe, font des
,

observations magnétiques dans des localités qui présentent des dif-


férences de température comprises entre — 30® et -+- 40*, on doit
en conclure que les aiguilles aimantées dont ils font usage doivent
éprouver des changements dans leur magnétisme, changements qui
empêchent que les résultats obtenus soient comparables entre eux.
Le môme physicien a montré qu’un barreau chauffé jusqu’à 700*,
et refroidi dans l’eau à 12*, reprenait, en l’aimantant de nouveau à

Digitized by Google
MAGNÉTISME. 36

saturation , exactement la même force directrice que dans son état

parfait de recuit.
Eu augmentant la trempe, les accroissements de la force magné-
tique sont peu sensibles. Supposons que l’aiguille ou le barreau ait
reçu la trempe la plus dure, si on ramène l’aiguille successivement
à l'état de recuit , et qu’on l’aimante chaque fois de nouveau , on
obtient les résultats suivants, qui font encore sentir la nécessité de te-
nir compte des changements de température dans les observations :

DUREE UE 10 OSCILLATIONS
j
TEMPÉRATURE DU RECUIT. du barreau trempé à la lempér. de 900”

lî° 63"
80 G6
7 1 '«
couleur bleue. 80
416 couleur d'eau. 170

Si l’on compare ces résultats à ceux qui se trouvent dans le tableau


précédent, on voit que l’élévation progressive de la température al-
tère beaucoup plus lemagnétisme du barreau, lorsqu’il a été trempé
d’abord vers 700°, que lorsqu'il a été mis daus un état de recuit.
Dans ses recherches, Coulomb, comme on le voit, s’est appliqué
seulement à déterminer la résultante des effets produits par la cha-
leur sur le magnétisme libre des aiguilles ou des barreaux aimantés.
M. Kuppfer, qui s’est aussi occupé de ce sujet, a déterminé
comme il suit la quantité de magnétisme libre en différents points
du barreau, quand on faisait varier sa température :

Il a commencé par faire osciller une aiguille aimantée horizontale,


dont la température pouvait varier, mais qui restait constante jieu-

dant toute la durée de 300 oscillations de l’aiguille. Dans une expé-


rience où il a employé une aiguille d’acier fondu , parfaitement cy-
lindrique, ayant 39 millimètres de longueur et pesant 2‘,393, il a
trouvé que, dans l’intervalle de 0 k 37° ,3, chaque degré de tempéra-
ture augmente è peu près d’une seconde la durée de 300 oscillations
de l’aiguille. Au moyen de ce résultat rien n’est plus simple que de
réduire chaque observation à la même température (*).

(*) En général, on admet que pour de faibles variations de température, e’est-à-

dlre entre — îo* et -f- 30”, si l'intensité magnétique d’un barreau on d’une aiguille
aimantée varie, elle revient 6 sa valeur première quand on se place de nouveau
dans 1rs mêmes conditions de température dés lors on peut se servir de ta formule
;

suivante pour comparer le nombre d'oscillations d’une même aiguille 6 deux tem-
pératures différentes :

n = n’ [I — c{f — <)J,
3.

Digitized by Google
,

3G MAGNÉTISME.

Lorsqu*! l’on soumet les haireaux à des variations de température


plus grandes que 30 à 40", il faut modifier la méthode précédem-

ment indiquée. M. Kuppfer conseille de placer un barreau récemment


aimanté, de 0",5 de longueur, parallèlement et au-dessous d’une
aiguille librement suspendue, les pôles inverses en regard, puis
d’opérer en comptant le nombre d’oscillations de l’aiguille quand

on recouvre le barreau , toujours à la même place, de milieux dont


la température est différente.
Les résultats obtenus par ce procédé d’expérimentation montrent
encore que l’intensité des forces magnétiques diminue avec la cha-

leur, et qu’un barreau aimanté à la température de 1 7°, 2 échauffé


jusqu’à 100°, puis refroidi jusqu’à 17° ,2, ne reprend plus son premier
état magnétique ; effet qui devait être prévu, puisque le barreau, en se
refroidissant, perd de sa trempe, et par suite de son magnétisme libre.
M. Kuppfer a également étudié les différents effets qui se mani-
festent quand on ne chauffe qu’une extrémité d’un barreau ai-
manté.
M. Christie, qui s’est occupé de l’action de la temj>érature sur
les aimants, a déduit de ses expériences les faits suivants : la dimi-
nution du magnétisme d’un barreau a lieu d’autant plus qu’on
élève davantage sa température; mais, au delà d’un certain terme,
la diminution de l’intensité n’est pas constante, et elle croit avec la

température.
En partant de HO", à mesure que la température s’élève, l’intensité
décroît très-rapidement, de telle manière que si, jusqu’à cette tem-
pérature, les différences des décroissements sont à peu près con-
stantes au delà de cette température, ces différences elles-mêmes
,

vont en augmentant. Au delà de 100°, l’aimant perd pour jamais


une partie de sa force.

n et n' étant les nombres d’oscillations exécutées pendant l’nnilé de temps aux tem-
pératures t et et c une constante que l’on détermine pour chaque aiguille.
D’après la formule du mouvement oscillatoire, on en déduit ensuite facilement
l’intensité magnétique du barreau à ia température I, puis à celle de 0°.
M. le capitaine Duperrey, qui a pris en considération les recherches de M Kup-
pfer, pense que l’on doit observer à deux températures différentes dans chaque sta-
tion d’un voyage, attendu que le même coefficieut d'une même aiguille n'est pas
constant, la température agissant aussi bien sur le magnétisme terrestre que sur

celui de compose, selon lui, de deux corrections, l'une


l’aiguille. I.e coefficient se

invariable et dépendante de l’aiguille dont le magnétisme ne varie pas, et l’autre


variant avec l'intensité magnétique aelon le lieu d’observation. (Voir Becquerel
Traité du magnétisme.)

Digilized by Googli
MAGNÉTISME. 37

Quand la température change, la plus grande partie de l’effet

qu’exerce ce changement sur l’intensité de l’aiguille a lieu d’une


manière instantanée ; ce qui tend à prouver que la puissance magné-
tique réside en partie à la surface. Ce phénomène est surtout remar-
quable quand on élève la température ; en l’abaissant, au contraire,
quoique le principal effet ait lieu d’une manière instantanée, l’ai-
mant semble continuer pendant quelque temps à gagner de la force.
Nous verrons dans le chapitre suivant que les effets produits par
les changements de température dans le fer sont inverses de ceux
qui ont lieu dans un aimant.
M. Gauss a étudié la question des changements d’intensité ma-
gnétique des barreaux conjointement avec MM. Weber et Goldsmith,
à l’aide des magnétomètres qui seront décrits dans le livre suivant.

Il nous suffira de dire ici que le principe des magnétomètres consiste


à placer à l’extrémité d’un barreau librement suspendu un miroir,
afin que le déplacement de l’image d'une mire vue par réflexion dans
le miroir donne l’indication du déplacement du barreau aimanté.
On peut, par ce moyen, estimer de très-faibles écarts du barreau
aimanté de sa position d’équilibre, et les instruments de ce genre
sont les plus sensibles dont on puisse se servir dans l’étude des phé-
nomènes magnétiques.
Supposons que l’on approche d’un magnétomètre le barreau
soumis à l’expérience, et que la déviation de l’instrument soit aussi
grande que possible, mais mesurable, et qu’elle représente, par
exemple, 600 parties de l’échelle si alors la température du bar-
:

reau s'abaisse de 10°, et que pour chaque degré son magnétisme


augmente de la partie, la déviation ne sera plus de 600, mais
de 602 parties; on peut même encore déterminer la 20° partie de
cette différence.

y a aussi un autre avantage à employer cette méthode, et c’cst


Il

peut-être le plus important : l’aiguille sur laquelle on observe n’a


pas besoin d’être ni chauffée, ni refroidie; sa température seule-
ment maintenue constante pendant toute la durée do
doit être
l'observation. Le barreau
n’étant pas l’objet de l'observation directe,
il s’ensuit qu’on peut le mettre dans un vase rempli de neige ou

d'eau , à une température quelconque, mais constante.


Si l’on veut plus d’exactitude encore, on n’a qu’à faire agir sur
le magnétomètre, en même temps, deux barreaux aimantés placés
de chaque côté de l’instrument, l’un à l’est, l’autre à l'ouest. A cet
effet, on les approche tous deux de manière que chacun exerce sur

Digitized by Google
,

38 MAGNETISME.

le magnétomètre une déviation environ dix fois plus grande que


celle qui peut être mesurée avec l’échello du magnétomètre en- ;

suite on laisse agir ensemble les deux barreaux de manière que la


position du magnétomètre ne soit pas changée; cela fait, on main-
tient constante la température d’un des barreaux, et l’on abaisse

celle de l’autre seulement de 1 degré, ce qui augmente son inten-


sité de Alors ce barreau produira à lui seul ,
au lieu de la dé-
viation précédente d'environ 600 parties de l’échelle, une déviation
de 603 parties; il résulte de là que les deux barreaux agissant en-
semble ne laisseront plus le magnétomètre dans sa position, mais
l’éloigneront de 2 parties de l’échelle, c’est-à-dire précisément de
la même quantité qu’auparavant ,
avec un abaissement de tempé-
rature dix fois moins considérable. Dans ce cas, les variations du
magnétisme du barreau peuvent être mesurées avec dix fois plus
de sensibilité que lorsqu’on en emploie un seul.
On doit signaler encoro un autre avantage de cette méthode : les
variations de l’intensité du magnétisme teixestre n’ont ici aucune
influence; car, au moyen de l’emploi des deux barreaux, le ma-
gnétomètre ne s’éloigne que très-peu ou pas du tout de sa position
naturelle.
On a déduit de ces recherches les conséquenees suivantes :

t“ Les variations du magnétisme du barreau, quand la tempé-


rature monte, sont soumises à d’autres lois que celles qui ont lieu
quand la température s’abaisse.
2° Le même barreau se comporte différemment suivant l’inten-
- sité magnétique qu’il possède quand celle-ci est très-grande, ce
:

barreau la retient très-opini&trément, et le changement de tempé-


rature ne produit que de petites augmentations ou diminutions. Si
au contraire, son intensité est faible, la température agit plus for-

tement sur lui.

3° Les changements simultanés de température et d’intensité ne


coïncident pas avec l’élévation de température; ainsi chaque éléva-
tion, étant effectuée, continue d’agir encore sur l’intensité du bar-
reau pendant un temps plus long ;
elle la diminue d’abord rapide-
ment , puis ralentit de plus en plus son action.

Digitized by Google
MAGNÉTISME. 39

CHAPITRE III.

Action du magnétisme fur tous les corps. — phénomènes d’attraction


et de répulsion,

Magnétisme spécifique des métaux magnétiques proprement dits,


et de leurs carbures. Non -seulement le fer, ses carbures, son
oxyde que l'on a nommé oxyde magnétique, agissent sur l’aiguille

aimantée ,
mais deux autres métaux, le nickel et le cobalt, ont en-
core une énergie d’action aussi considérable que le fer. On a éga-
lement remarqué qu’en augmentant considérablement la force ma-
gnétique, ou en rendant plus sensible le mode de suspension des
corps, tous les autres corps naturels sont influencés par les aimants;
de même, en disposant convenablement les appareils, ils exercent
une action sur l’aiguille aimantée, ainsi qu’on le verra dans le cours
de ce chapitre. Nous allons d’abord parler des métaux cités trois

plus haut, et qui sont appelés métaux magnétiques proprement


dits.

Il est nécessaire de définir plusieurs expressions qui seront em-


ployées plus loin : ce sont celles de substances magnétiques et de
magnétisme spécifique. On appelle substance magnétique une
substance qui agit comme le fer doux en déterminant une attrac-

tion sur un côté quelconque d’une aiguille aimantée dont on l’ap-

proche, et qui peut elle-même être aimantée par l'influence d’un


aimant. Ainsi y a cette différence entre une substance magné-
il

tique et un aimant, que ce dernier est un corps magnétique qui


a reçu une aimantation permanente, par suite d’une force coerci-
tive ou autre.
Quant au magnétisme spécifique, on peut le définir comme il
suit supposons des cubes de deux substances magnétiques ayant
:

l’unité de volume et situées à l’unité de distance d’une aiguille ai-


mantée; si l’on mesure les actions exercées par ces cubes sur l’ai-
guille aimantée, et qu’on prenne le rapport des effets obtenus, on

Digitized by Google
40 MAGNÉTISME.

a le rapport des magnétismes spécifiques des deux substances ou ,

les rapports des actions exercées par l’unité du volume des corps.
Pour obtenir ce on peut opérer d’une manière inverse,
résultat ,

suspendre les substances magnétiques et agir sur elles par influence


à l’aide d’un aimant situé à distance. On suspend alors la substance
taillée en petit barreau ab à un fil de cocon sous une cloche , et

Fig. 187- on l’aimante par influence en en approchant


les pôles opposés de deux barreaux aiman-

tés N et S ; en écartant le barreau ab de sa


position d'équilibre , on peut le faire osciller,

et d’après les formules du mouvement oscil-


latoire ,
on en déduit l’action par influence
exercée sur lui par les aimants (*).
Quand il s’agit des substances fortement
magnétiques, on rapporte toutes les actions

à celle qui est exercée de la part d’un ai-


mant sur du fer doux ; mais lorsqu'on étudie

(*) Si un petit barreau d’une substance magnétique, une aiguille aimantée mo-

mentanément oscille sous l’influence d’une force dirigée dans son plan , et que l'on
,

écarte cette aiguille de sa position d'équilibre, elle y revient par une suite d’oscil-
lations analogues à celles que le pendule décrit sous l’action de la pesanteur. En
nommant A l'angle d'écartement primitif, et A — a ce qu’est devenu cet angle après
un temps t ,
on aura ,
d’après les formules du mouvement varié :

9
~dti dt »
dou =
u étant la vitesse angulaire d’une molécule, et 9 la force accélératrice.
Or celte force accélératrice angulaire est égale au quotient des forces accéléra-
trices moléculaires par le moment d’inertie ; si donc l'on nomme F l’intensité de la

force qui agit sur une molécule r ,


la distance de celle-ci au centre de suspension ou
de gravité, m sa masse, et p. la quantité de magnétisme libre développé par influence
dans celte molécule, on aura :

ft sin A — a) trrrfr

Jmr’rfr •

F.n ne considérant que les angles très-petits, afin que les sinus soient proportion-
nels aux angles, on a ,
en désignant
/Kprdr par
- , .
1
II,’
fmr'dr
udu = U(A — *)du ,

d'où M = j\l(îAa — a’)


J
*'

On n’ajoute pas de constante arbitraire, car pour a =0 ,


la vitesse initiale est sup-
posée o.

Comme d< =— f/a


on a en intégrant par rapport î a.

Digitized by Google
*

MAGNETISME. 41

les substances faiblement influencées par les aimants, on rapporte


l’action exercée à celle qui est produite sur l’eau.

( arc co* =
un* constante arbitraire.
Pour avoir le temps d'une oscillation complète T, il faut faire a= A et doubler
la valeur de t.

II vient, en remplaçant U par sa valeur :

//wr’dr'N
T=
I
it
\ ff\irdr) •

Le numérateur de la fraction peut s’obtenir facilement dans l'aiguille au moyen


de son poids P, de sa demi-longueur l et de l’intensité de la pesanteur; mais, comme
on ne connaît pas la quantité de magnétisme libre dans chaque molécule, on ne
peut obtenir la valeur du dénominateur. Si l’on désigne par Z la somme des forces
accélératrices /Fprdr, qui agissent tant par attraction d'un cûté de l'aiguille que
par répulsion de l’autre cûté, on aura pour le carré du temps d'une oscillation com-
plète :

Ti _ *
0)
3jZ
Ainsi ,
lorsqu’un aimant est à une certaine distance d'une substance taillée en
barreau, et qu’il s'y développe une aimantation par influence, dépendant de sa
forme, de sa nature et de sa distance à l'aimant , la formule précédente (1) donne
une relation entre' te temps d’une oscillation, son poids, sa longueur et l’action de
l'aimant sur cette substance.
Celte formule s’applique indifféremment à une aiguille d’une substance comme
le fer doux , qui n’est aimantée que momentanément , et b une aiguille d'acier
aimantée à saturation. Dans le premier cas , si F est l'intensité de la force de l'ai-

mant, A un nombre dépendant du pouvoir magnétique que peut prendre l'aiguille,


et d la distance mutuelle des deux corps, on a pour l’intensité de la force qui (ait

osciller l'aiguille :

AF'
d'
Dans le second cas, en désignant par F' l’intensité polaire de l’aiguille aimantée,
on a :

FF 1

»'•
d
Si l’on pouvait faire osciller librement le petit barreau sans frottement ni résis-
tance, la formule précédente (t) donnerait une expression de l’action de l’aimant
sur cette sul«tauce, c’est-à-dire de son magnétisme spécifique. Mais, comme on fait

osciller le barreau en le suspendant par son centre de gravité à un fil de sole, U


faut pouvoir tenir compte de la torsion du fil.

Lorsqu'on fait usage d'aiguilles assez longues et pesantes, celte torsion ,


de même
que la résistance de l’air, peut être négligée ; mais si elles n’ont que peu de poids,
il est nécessaire d’y avoir égard. La formule qui donne le temps d’une oscillation

par la torsion seule est la même que (I), celle précédemment donnée :

Digitized by Google

42 MAGNÉTISME.

magnétique des différents points d’un barreau dépend


L’inlensité
non-seulement de sa nature, mais encore de sa forme et de sa
longueur. Si l’on façonne toutes les substances ,
telles que le nic-

kel, le fer, le cobalt, en cylindre de même longueur et de même


diamètre, on peut admettre que la distribution du magnétisme
s’y fait de la même manière, et Z, calculé comme l’indique la
note ,
peut donner le magnétisme spécitique par rapport au vo-
lume. 11 est facile, d'après la densité des métaux , d’avoir les magné-
tismes spécifiques par rapport aux poids; car, d’après les résul-
tats que nous indiquerons plus loin, pour passer des poids aux

volumes le rapport doit être multiplié par D et D’ étant les

densités des barreaux; et lorsque D et D' sont peu différents, cette


fraction est très-petite.
On se fonde pour cela sur les résultats obtenus en comparant
ensemble les effets produits sur des barreaux de fer de différents
poids et formés par la juxtaposition d'un certain nombre de tiges
de fer doux de même diamètre et de même longueur. On trouve
alors que l’on peut exprimer commo il suit les effets produits :

« Quand des barreaux de fer doux, cylindriques, de même longueur


et de diamètre différent, oscillent sous l’influence d’un aimant, les

cubes des temps des oscillations sont proportionnels aux poids des
barreaux. »
Ou bien, comme les poids sont proportionnels aux volumes: « Les

t’ (»>

/ étant la force Je torsion.


On fait osciller ensuite le même barreau sous l'influence de la torsion et de l'ai-
mant j
on a :

/>- «W
3ÿ(/+Z)
Et à de ces deux formules on peut obtenir Z.
l’aide Si le barreau est asse* gros et
que/ ne soit qu’une petite fraction de Z, on cherche le temps 0 que ferait le bar-
reau oscillant seul ;
on a :

= <•* >»® n <*«"•»*•

Si le barreau est très-léger, on rapporte Z i /, et on a :

Cette formule a ('avantage d'être indépendante de la résistance de l'air. (F. Bec-


querel.)

Digitized by Google
MAGNETISME. 43
cubes des temps des oscillations des barreaux de mi'me longueur
sont proportionnels aux carrés des diamètres. » (E. Becquerel.)
D’après 1a formule du mouvement oscillatoire, on en conclut que
l’action exercée de la part de l’aimant sur un filet élémentaire de
molécules du barreau de fer doux diminue à mesure que le diamè-
tre augmente, et cette intensité est à peu près en raison inverse de
la puissance \ du poids du barreau.
Si, au lieu de faire usage de barreaux cylindriques pleins, on em-
ploie des barreaux cylindriques creux de même poids, l’action élé-
mentaire exercée sur chaque fibre élémentaire des premiers est plus
petite que celle qui a lieu sur chaque fibre élémentaire des seconds.
Aussi l’action est-elle plus énergique avec ces derniers barreaux.
On retrouve donc dans l’aimantation par influence les effets obser-
vés daus les aimants, et cités page 30.
On a examiné comment change
la force magnétique en conser-

le même volume apparent


vant aux aiguilles oscillantes et faisant ,

varier la densité magnétique du métal, c’est-à-dire en prenant


des mélanges do limailles de fer et de limailles de métal inactif, et
en les plaçant dans des cartouches de papier.
On a constaté, en comparant des barreaux de fer doux et des
cartouches de papier de même volume et remplies de limaille de ce
métal, que temps d’une oscillation est en raison inverse du
le

poids du barreau, en tenant compte bien entendu, d'après les lois


,

d’inertie ,
du poids de l’enveloppe de la cartouche. Il résulte de là
que la force qui fait osciller un filet élémentaire du barreau est
proportionnelle au carré de la densité magnétique. (Voir la note
ci-dessus.)
On observe encore ces effets lorsqu’on opère avec du fer provenant
de la réduction de l'oxyde par l’hydrogène
,
et avec des mélanges
de limaille de cuivre ou de zinc de
pourvu qu’on ne dépasse
et fer,

jws une certaine limite. Mais si on arrive à ce point que les parti-
cules de fer soient Irès-éloignées, et que la densité magnétique soit
plus petite que-^, alors ces particules ne peuvent plus réagir une l

sur l’autre, et l’action élémentaire est proportionnelle simplement


à la densité magnétique. Coulomb ,
avec des mélanges de cire et
de limaille, était parvenu à la seconde partie de cette loi.

On peut conclure de là 1° que : l’action exercée par un aimant


sur du fer doux est la même, que le fer soit à l’état de poudre im-
palpable, ou qu’il soit malléable; 2“ que l’action élémentaire est
proportionnelle au carré de la densité magnétique quand les parti-

Digitized by Google
,

44 MAGNÉTISME.

.cules sont très- rapprochées, et simplement à la densité magnéti-


que quand elles sont très-éloignées. Entre ces deux limites la loi

serait fort compliquée (E. Becquerel).


Lorsqu’on emploie ce procédé pour comparer l’action exercée par
un aimant sur des barreaux de fer, d’acier, de fonte , de diverse

nature, on trouve pour magnétisme spécifique des nombres très-


différents. Le doux donne l’action la plus forte, et à me-
fer le plus

sure que l’on fait usage de barreaux dont la force coercitive est plus
grande , on trouve des nombres plus petits pour exprimer leur ma-
gnétisme spécifique. Ainsi, la facilité que ces substances possèdent
de permettre au magnétisme de se développer par influence est
inverse de la plus ou moins grande force coercitive qu'ils possèdent.
Déjà, à propos de la torsion, page 30, nous avions été conduit à
une conséquence analogue. En opérant ainsi on a trouvé qu’en ,

moyenne le magnétisme spécifique de la fonte de fer est de 80


quand celle du fer doux est 100.
M. Barlow avait déjà obtenu les résultats suivants, mais en cher-
chant l’action exercée sur une aiguille aimantée par diverses sub-
stances :

Fer malléable .. too


Acier fondu (non trempé) .. 74
Acier blistered id .. 07
Acier shear id .. 60
Acier shear (trempé .. 55
Acier blistered id .. 53
Acier fondu id .. 40
Fer fondu .. 48

Le nickel et le cobalt sont fortement atlirables à l’aimant; mais


s’ils sont alliés, et surtout le cobalt avec l’arsenic, ils peuvent
perdre complètement cette faculté. On a formé avec du nickel
doux , malléable et analogue au fer doux, trois petits barreaux qui
ne conservaient pas sensiblement de magnétisme et oscillaient
dans le même temps, sous l’influence d’un aimant que des petits ,

barreaux de fer doux de même longueur ,


de même forme et de
même poids. La comparaison du nickel réduit par l'hydrogène, et
du fer obtenu par le même procédé ,
conduit au même résultat ;

c’est-à-dire que le magnétisme spécifique du nickel doux et du fer

doux est sensiblement le même à la température ordinaire. S’il y a


une très-légère différence, elle est en faveur du nickel, mais elle

Digitized by Google
,,

MAGNETISME. 45

ne s’élèverait pas à 1 millième. Quant aux nickels que l’on trouve


dans le commerce, ce sont des carbures analogues aux de fontes
fer, et ilsdonnent des résultats moindres que le fer doux.
Le cobalt, de prime abord , parait loin de conduire à des résul-
tats aussi nets que le fer et le nickel. Ce métal étant très-difllcile-

ment fusible, on n’a pu le fondre que dans des creusets brasqués

et alors il est carburé , ou du moins il s’est présenté comme ayant


toujours une certaine force coercitive. Avec l’éponge de ce métal
obtenue par la réduction au moyen de l’hydrogène, l'état d’agré-
gation des molécules influe tellement sur les résultats ,
que les
petits barreaux obtenus par pression ont une force coercitive assez
considérable, et que l’on n’est plus conduit aux mêmes résultats qu’a-
vec la poussière de fer et de nickel. En comprimant cette éponge

on peut former des petites aiguilles assez fortement aimantées. On


ne peut donc pas déduire le magnétisme spécifique du cobalt au
moyen des nombres donnés par cette méthode, à moins que ce
métal n’ait par lui-même une force coercitive ; mais, en tout cas, les
résultats obtenus avec le cobalt carburé sont dans les mêmes limites
de grandeur que ceux donnés par les carbures de fer et de nickel.
Action de ta chaleur sur les métaux magnétiques proprement
dits. L’action du fer sur une aiguille aimantée varie avec la tempé-

rature ,
et au rouge brillant le fer n’agit plus sur elle. Newton
avança que le fer rouge ne jouit pas de la propriété magnétique ;

le père Kircher, au contraire, assura que l’aimant attirait le fer


à chaud comme à froid. Cavallo, qui reprit ces expériences, montra
que ces effets provenaient d’observations faites à des températures
différentes; qu’au rouge sombre le fer est encore magnétique,
tandis qu’au rouge cerise il ne l’est plus.

M. Barlow a examiné l’action de barreaux de fer, de barreaux


d’acier et de sphères de fonte sur une aiguille de boussole, lors-
qu’on fait varier leur température. 11 a reconnu que la fonte de fer
augmente d’action à mesure qu’on élève la température; qu’au
rouge sombre elle est à son maximum , et qu’au rouge brillant elle
est nulle. Il a vu qu’en élevant d’abord les barreaux de fer et de
fonte au rouge blanc ,
et les laissant refroidir, en arrivant au point
où le fer devient magnétique , quelquefois l'attraction qui se mani-
feste atteint immédiatement son maximum ; d'autres fois elle aug-
mente graduellement.
Pour étudier l’action de la chaleur sur les divers échantillons de
fer, de nickel et de cobalt, on peut faire usage d’une méthode qui per-

Digitized by Google
46 MAGNÉTISME.

met de soumettre ces métaux à l’expérience, comparativement l’un à


l'autre, et ne nécessite qu’une faible masse de matière (E. Becquerel) :

on prend un fil très-fin de platine, d’une longueur de 2 mètres environ


(I mètre de ce fil pesait 0*,075). A son extrémité inférieure on sus-
pend un petit étrier en platine très-mince. L’autre extrémité est
fixée au plafond d’une chambre, et on peut donner à ce fil un

mouvement de rotation autour de la verticale, de façon à amener


l’étrier dans tous les azimuts possibles. Ce tii est destiné à servir
de fil de torsion, et à faire osciller un petit barreau de fer, ou un
autre formé avec la substance d’essai placée dans l’étrier en platine.
Ce barreau , qui ne doit pas avoir plus de 4 centimètres de lon-
gueur, est chauffé avec une lampe à alcool à double courant d’air,
comme la lampe d’Argant , dont la mèclie peut s’élever ou s’abais-
ser au moyen d’une crémaillère. Un cylindre de cuivre entoure
la flamme, lui donne plus de régularité et empêche le mouvement
de vacillation des lampes à alcool ordinaires. Ce cylindre, qui a 6
à 7 centimètres de diamètre, dépasse à la partie supérieure au
moins de 2 ou 3 centimètres le barreau qui oscille dans son inté-
rieur. Au moyen de cette disposition, en modérant la flamme et en
variant la longueur du cylindre de cuivre , on peut chauffer le bar-
reau depuis la température ordinaire jusqu'au rouge brillantet même
au rouge blanc, et maintenir la température stationnaire, surtout dans

les diverses phases du rouge. Il faut, en outre , que le tirage de la


lampe ne soit pas très-considérable, et que le poids du barreau soit
suffisant pour qu'il n’éprouve pas les mouvements alternatifs de haut
en bas que tend à produire le courant d’air.
On approche ensuite les deux pèles opposés de deux barreaux
aimantés dans le même plan horizontal que le petit barreau sus-
,

pendu; et celui-ci, s’aimantant par influence, oscille plus ou moins


rapidement. On pourrait ramener les forces accélératrices à la force
de torsion du fil mais comme celle-ci change un peu avec la tem-
;

pérature, puisque 1 ou 2 décimètres de fil de platine près de l'étrier

sont portés à la température rouge quand on chauffe le petit bar-


reau ,
on a pris des petits barreaux assez pesants pour que l’in-

fluence de cette torsion pût être négligée c’est-à-dire pour que ,

letemps d’une oscillation fût de 8" à 1 (f et même plus sous l’in-


fluence de la torsion , et de 0",23 ou 0",50 sous l’influence des
aimants.
En opérant d’abord avec du fer doux ,
on a reconnu qu’en le
chauffant graduellement pendant ses oscillations, le temps de

Digitized by Google
MAGNÉTISME. 47

celles-ci est peu changé, et qu’arrivés au rouge-cerise, les petits


barreaux n’éprouvent plus aucune action. En abaissant graduelle-
ment la température, quand on arrive à l’instant où le fer devient
magnétique , quelquefois cette faculté est portée immédiatement
à son maximum dans d’autres,
;
l’apparition du magnétisme est plus
graduelle. Dans les petits fils de fer on observe le premier effet, et
dans les gros fds le second effet a plutAt lieu. L’inégale répartition

de la température doit avoir une influence dans cette circonstance,


car, lors du refroidissement ou de l’élévation de la température, la
surface du barreau n’a pas la même température que l’intérieur.
Mais cette cause ne doit pas être la seule ,
car on a vu un barreau
d’acier qui n’arrivait que graduellement au maximum d’action, mal-
gré le soin que l’on avait mis à régler l’abaissement de température.
On a remarqué, en opérant avec différents barreaux de fer
doux ,
et élevant graduellement la température que le temps des
,

oscillations diminuait ,
de sorte qu’un peu avant le rouge-cerise,
c’est-à-dire au rouge sombre , l’action magnétique était à son maxi-
mum ;
ensuite au rouge-cerise elle s’anéantissait. Cette différence
d’action n'est pas très-considérable ;
du temps
car, d’après le carré
d’une oscillation , on a en moyenne 104,3 pour représenter la force

qui fait osciller un barreau au rouge sombre, celle qui le fait osciller
à la température ordinaire étant 100.
Les fontes et les aciers soumis au même mode d’investigation
ont donné les mêmes effets, relativement à la température à
laquelle ces substances perdent la faculté d’être attirées par l’ai-

mant ; seulement on arrive à ce résultat remarquable ,


qu’avant
de s’anéantir, l’action devient égale à celle qui serait exercée sur
un barreau de fer doux de même forme et de même poids. La
force coercitive s’anéantit donc, et l’action est la même que si elle

s’exerçait sur les particules ferrugineuses seules. D’après les ex-


*
périences, on a été conduit aux conséquences suivantes :

1* En élevant la température au rouge naissant, toute trace de


force coercitive disparaît dans le fer doux, la fonte et l’acier. Au
rouge-cerise , ces substances perdent la faculté d’être attirées par
l'aimant.
2“ Le magnétisme spécifique du fer doux ne varie que frès-peu
entre la température ordinaire et celle du rouge sombre ; seulement
au rouge sombre il augmente de à peu près; ce qui montre
qu’à la température ordinaire ce métal se comporte comme ayant
une faible force coercitive.

Digitized by Google
48 MAGNETISME.

3° Le magnétisme spécifique de la fonte de fer augmente avec la

température, en sorte qu’au rouge naissant il est à son maximum.


Dans la magnétisme spécifique, qui est plus
fonte et l’acier, le
faible que celui du fer à la température ordinaire , augmente à
mesure que celle-ci s’élève, de telle sorte qu’avant de s’anéantir il

est au moins égal à celui du fer doux.
4° Le nickel et ses carbures se comportent comme le fer et ses

carbures;
seulement la température à laquelle le nickel cesse d'être
magnétique est beaucoup plus basse. On peut admettre approxima-
tivement 400° pour la limite à laquelle s'étend l'action magnétique
de ce métal ;
au delà, il n’agit plus’sur l’aiguille aimantée, du moins
si l’on n’a égard qu’aux actions énergiques. Nous avons .déjà vu
qu’à la température ordinaire le magnétisme spécifique du nickel
était le même que celui du fer; quant à la fonte de nickel, elle se
comporte comme celle de fer. A la température ordinaire son ma-
gnétisme est plus faible que celui du fer et du nickel doux. Il aug-
mente à mesure que l'on élève la température , et atteint un maxi-
mum avant de s’éteindre vers 400°. Avant ce terme, il est égala
celui du fer doux.
Quant au cobalt, on n'a agi que sur du cobalt carburé et

fondu. 11 se comporte de même que la fonte de feret celle du nickel,
magnétisme spécifique est le même que
et vers le rouge-cerise son
celuidu fer et du nickel. La température à laquelle il perd son
magnétisme est beaucoup plus élevée que pour les deux autres
métaux magnétiques ; en effet , on ne peut l'atteindre à l aide de la
lampe à alcool, et il faut le chauffer pour cela au blanc éblouissant
du feu de forge.
On voit donc, en résumé, que le magnétisme spécifique des
trois métaux dont nous venons de parler, nickel , fer et cobalt , ne

varie pas dans de très-grandes limites entre la température ordinaire


et celle où ils cessent d’être magnétiques, température qui est dif-
férente pour chacun d'eux (E. becquerel).
D’après le mode d’action de la chaleur sur les métaux magnéti-
ques ,
il était tout naturel de supposer qu’en abaissant convenable-
ment la température de certains métaux qui n’ont pas cette pro-
priété à la température ordinaire, on parviendrait à la leur donner.
Mais jusqu'ici on n’a pu confirmer cette conjecture, et le manganèse
ni le chrome, à une température même de 80° au-dessous de 0, n’ont
pas présenté d’efiels coin parai îles à ceux des trois métaux magné-
tiques proprement dits. Ils exercent une action sur l’aiguille aiman-

Digitized by Google
MAGNÉTISME. 49

tée comme beaucoup d’autres corps, et ainsi qu’on va le voir plus


loin, mais cette action est beaucoup plus faible que l’action pro-
duite par le fer, le nickel et le cobalt.
Action du magnétisme sur tous les corps. Coulomb est le pre-
mier qui ait annoncé que non-seulement le fer, le nickel et le co-
balt, et quelques autres métaux qui peuvent être mélangés de fer,

sont influencés par un aimant, mais encore que de petites aiguilles


de toutes les substances métalliques ou végétales, telles que du bois,
du verre, etc., oscillent, sous l'influence de forts barreaux, comme
de petites aiguilles aimantées. 11 s’est servi pour cela de l’appareil
déjà décrit, représenté figure 187, page M. Il a donné le rapport
des forces exercées sur des aiguilles d’or, d’argent, de plomb, de
cuivre, eu égard à la force de torsion d’un fil de cocon. Il a cherché,
en faisant des mélanges de cire et de fer, quelle était la faible pro-

[iortionde ce métal ou de particules magnétiques nécessaire pour


produire ces résultats, et il a trouvé qu’il suffisait de la présence de

i
.

l3
|
l
.
t ïï
de fer dans ces métaux pour leur donner une force directrice
sensible entre les pôles de deux forts aimants. Ce sont là des quantités
tellement minimes, que l’analyse chimique la plus parfaite est impuis-
sante pour en déceler la présence. Coulomb, qui apportait dans ses
recherches une exactitude scrupuleuse, n’a pas trouvé de motif suf-
fisant pour se prononcer sur la cause du phénomène, et décider si
c’est une propriété générale de la matière d’être magnétique à un
degré plus ou moins marqué, ou bien si tous les corps ne renferment
pas des particules ferrugineuses à l’état métallique ou de protoxyde.
Plusieurs physiciens ont également étudié l’action du magnétisme
de tous les corps, et même, avant Coulomb, Brugmans, Lehmann,
Cavallo ont examiné l’action d’un aimant sur quelques métaux ;
le

premier a vu la répulsion produite par les pôles d’un aimant sur


le bismuth.
L’un de nous (Becquerel) s’était aussi occupé de cette question,
ainsi que de l’action de courants très-éi)(Tgiques sur différents corps.
II avait reconnu que les corps télé que le bois, ki gomme laque, sout
influencés par les pôles d’aimants qui ne sont même pas très-éner-
giques, et, de plus, que les courants électriques agissent comme les

aimants. Ce qu’il y a de remarquable, c’est que la distribution du


magnétisme ne se fait pas constamment de la même manière, et que
les aiguilles ne se mettent pas toujours dans la direction de la ligne

des pôles ;
quelquefois, et le plus souvent quand on opère avec un
seul aimant, il tk fait une distribution transversale du magnétisme,
T. III. , , 4

Digitized by Google
,

50 MAGM.TISME.

et la petite aiguille se met perpendiculairement à la ligne des pôles.


Quand on varie la distance de cette aiguille aux pôles des aimants,
on peut même la faire passer par toutes les positions intermédiaires
entre la ligne des pôles et la position perpendiculaire ;
ces effets se
produisent lorsque la longueur des aiguilles surpasse plusieurs mil -

limètres, et n’ont jamais lieu avec des substances fortement magné-


tiques, comme le fer et le nickel. Il est probable que ces différents
effets tiennent à ce que, le magnétisme étant très-faible dans les pre-
miers corps, on peut négliger la réaction du corps sur lui-même;

dès lors l’action directe du barreau aimanté doit l’emporter, et


toutes les particules qui le composent tendent à se mettre dans le
même état relatif par rapport à lui (Becquerel).
Lebaillif a aussi examiné l’influence des corps sur les aimants ;

mais, au lieu de soumettre les substances à l’action des aimants


il a suspendu une aiguille aimantée de façon qu’elle fût très-
sensible à l’action des corps magnétiques, et en a approché les
substances qu’il voulait soumettre à l’expérience, afin d’observer la
déviation produite sur l’aiguille. L’appareil qu’il a construit sur ce
principe a été nommé sidéroscope : il se compose d'une cage MN
Fig. 101.

dans laquelle une paille AB est suspendue à un lîl de cocon CD, au


moyen d’une chape en papier C. Une petite aiguille aimantée »,
formée avec une aiguille à coudre, est fixée à l’extrémité et dans le
prolongement d’une tige de paille. De l'autre côté B sont placées deux
aiguilles destinées à servir de contre-poids. L’appareil étant orienté
dans le méridien magnétique, la paille, par l'influence de », prend
lentement la direction de l’aiguille aimantée librement suspendue.
Un cercle divisé P permet d’estimer les déviations de la paille AB.

Digitized by Google
,

MAGNETISME. 01

Enfin une feuille de carton M ferme en partie l'appareil, afin d'évi-


ter les courants d’air.
Lebaillif, en examinant l’action des différentes substances sur
l’aiguille aimantée, a reconnu, comme Brugman l’avait déjà ob-
servé, que le bismuth produit une répulsion, quel que soit le côté

oii l’on présente ce métal, et quel que soit le pôle de l’aimant.


Ces effets avaient été attribués généralement à d’autres causes
qu’au magnétisme. En 1810, M. Faraday ayant découvert l’action
exercée par les aimants sur les substances transparentes pour modi-
fier leurs propriétés optiques, étudia l’action que les aimants exercent
pour attirer et repousser les corps, et surtout les effets de répulsion
qui avaient été aperçus par Brugman et Lebaillif. Il reconnut à
l’aide d’un puissant électro-aimant (aimant beaucoup plus énergi-
que que les aimants ordinaires et que nous décrirons dans le livre XI”)
que non-seulement le bismuth et d’autres métaux, mais encore
les substances telles que le phosphore, le soufre et les liquides,

comme l’eau, l’alcool, l'éther, sont repoussés par les pôles d’un
aimant; si une aiguille aimantée a une sensibilité suffisante, elle est
également repoussée par tous les points de ces substances.

H faut reconnaître dans cette répulsion une action par influence


due à la présence du corps, et qui se manifeste lorsque, l’aimant et
le corps étant en présence, la force magnétique est permanente. Il

ne faut pas confondre ces effets avec les attractions et les répuL
sions qui peuvent se manifester quand
y a mouvement entre lesil

corps en présence, ou bien lorsque la puissance magnétique com-


mence ou finit , ou varie d’intensité; dans ce dernier cas, il se mani-

feste des effets dus à des courants d’induction, et que nous ne pour-
rons étudier que dans le XI' livre.
Ainsi l’attraction qui se produit sur lo fer, l’oxyde de fer, les dis-
solutions ferrugineuses, etc., et la répulsion qui a lieu sur le bismuth
le soufre, l’eau , ont lieu quand les corps sont en repos, et l’action
magnétique permanente, et les effets sont produits sur la masse
entière du corps. Du reste, si l’action des aimants est générale, les
effets produits dans les dernières conditions sont de beaucoup plus
faibles que ceux qui ont lieu sur le fer ;
nous donnerons plus loin
les résultats de leur comparaison.
M. Faraday avait pensé que l’on devait admettre dans la matière
une nouvelle propriété, mais inverse de celle que possède le fer, et
que l’on devait diviser les corps en corps magnétiques ou attirablcs
à l'aimant, et corps diamagnétiques ou repoussés par l'aimant.
4.

Digitized by Google
,,

iJ MAC.NKTISME.

Parmi les premiers, indépendamment du fer, du nickel et du cobalt,

peuvent se placer, mais à un degré plus faible, le platine, le titane,

le palladium, le chrome, le manganèse, etc.; parmi les seconds, tou-

tes les autres substances, mais au plus haut degré le bismuth.


Cette opinion a été généralement adoptée ; mais il est possible

comme on va le voir, d’expliquer les phénomènes sans admettre


une nouvelle propriété de la matière, en supposant seulement que
tous les corps soient magnétiques, mais h un degré différent, pourvu
que l’on tienne compte de l’action des milieux environnants (E.

Becquerel).
Magnétisme spécifique des solides et des liquides. Nous allons
d’abord indiquerles procédés à l’aide desquels on détermine le

magnétisme spécifique des différents corps dans diverses condi-


tions; ensuite nous parlerons de l’explication des phénomènes.
Ces procédés sont fondés sur le principe suivant, qui a été démon-
tré par les expériences dont nous décrirons plus loin les résultats :

a Un corps placé à distance d’un centre magnétique est attiré

vers ce centre avec une force égale à la différence qui existe entre
le magnétisme spécifique de ce corps et celui du milieu dans lequel
il se trouve plongé; »
Ou, en d’autres termes du magnétisme sur un corps
: « L’action

est la différence des actions exercées sur le corps et sur la masse

du milieu ambiant déplacé , de même qu’un ballon plein de gaz


tombe à la surface de la terre ou s’élève dans l’air, suivant que ce
gaz est plus ou moins dense que l’air.
Ce principe est donc analogue au principe d’Archimède |>our la
pesanteur (*).

(*) Soit A un contre magnétique, el M. une masse sphérique d’un corps Attiré vers
Fig. ISO. le centre A pur une force F. Supposons en outre
T que ce corps M soit placé dans uu milieu indéfini
également influencé par l’aimant, mais avec une

O F
À/

y'
|
x' force proportionnelle k/, F et/ représentant les
magnétismes spécifiques du corps et du milieu
c’est-à-dire les actions

lumes égaux de ces substances.


exercées par A sur des vo-

Si l'on joint AM, et que l’on décrive de l’autre côté de A, lune distance AM’ AM, =
une sphère M' égale à M ,
il est évident que les attractions magnétiques exercées
par A sur tous les points du milieu indéfini se détruiront deux k deux ,
à l’excep-
tion de celle qui aura lien sur M et M', et il o’jr aura dans ce milieu qu’un accroisse-
ment de densité k mesure que l’on approcliera de A. Mais l’action de A sur M étant
F, et celle qui a lieu sur M’ étant/, la résultante des actions exercées sur M m vertu
de la puissance magnétique de A et de l’action du milieu sera F —J. Ainsi, de ce
qu’une portion du milieu ambiant égale k M se trouve déplacée par le corps, il en ré-

Digitized by Google
MAGNETISME. 53

L’appareil suivant, qui est fondé sur l’emploi de la balance de tor-


sion, permet de comparer les effets produits sur les différents corps
solides plongésdans divers milieux (E. Becquerel); on l’a représenté vu
de face et de côté, afin de se rendre compte de la position de ses diffé-
rentes parties. AA' OB' est
un énorme électro-aimant
reposant sur une table MM'
parfaitement horizontale,
de façon que les faces supé-

rieures A et A', qui sont éga-


lement horizontales, puis-
sent supporter les appareils
à l’aide desquels on veut
opérer. Cet électro-aimant
estformé d’une barre en fer
doux cylindrique, de 1 mèt.
de longueur et de 1 1 centi-
mètres de diamètre, cour-
bée en fer h cheval. Les
branches sont écartées à
l’intérieur de 13 centimè-
tres, et cette barre pèse nu
moins 63 kilogrammes; au-
tour des deux branches A B,
A' B’, sont enroulés parallè-
lement deux fils de cuivre
recouverts de cocon, de 910 mètres de longueur et de 2 milli-
mètres de diamètre , en sorte que le courant peut passer ou dans
un seul fil de t ,820 mètres de longueur et de 2 millimètres de
diamètre, ou dans deux fils de 910 mètres et de même grosseur,
ce qui équivaut à un seul fil d’un diamètre double. Le poids du
cuivre de ces fils est de 50 kilogrammes.
Sur cet électro-aimant repose une cage en bois X, construite sur
un soc en bois F parfaitement dressé. Cette cage en bois est des-
tinée à servir de balance de torsion , et à cet effet elle est surmontée
d'un tube K
de 50 à 60 centimètres de hauteur, assez épais, et
encastré par sa base dans un morceau de bois G, qui peut glisser

tulle une force/ dirigée de M' vers A, qui diminue d'autant la tendance de M vers A.
Il résulte —
de là que si F est plus grand que /, F / sera positif, et il y aura attrac-
au contraiie F
tion. Si est plus petit que /, M sera repoussé du centre magiicli-
que A (E. Becquerel).

Digitized by Google
a MAOXF.TISMP..

sur la partie supérieure de la cage en bois, beux écrous en cuivre


O, 0', fixent ce morceau de bois sur la cage, de telle sorte que le

tube de verre est dans une position invariable. Avant de fixer le

dont l’axe doit se trouver correspondre au centre de F, il est


tulle,

bon de centrer les substances qui doivent être attachées au til de tor.
sion supporté par le hautdu tube on parvient à ce but au moyen :

de deux petits écrous H et R' fixés sur la cage, qui font mouvoir
le tubedans deux directions h angle droit. L'extrémité supérieure
K du tube est munie d'un système qui sert à suspendre les fils de
torsion dans l'axe du tube, et qui permet de mesurer la torsion.

Il résulte de cette disposition que, l’extrémité su|>érieure du fil

l’aide de N, on peut déjà donner un premier


de torsion étant fixée à
mouvement, et amener le fil dans la position que l’on veut; ensuite,
au moyen du cercle divisé, on mesure la torsion que l’on fait subir
au fil. La cage de cotte balance de torsion est ouverte en av ant et en
arrière ; deux lames de verre glissant à coulisse dans le bois ferment
les deux côtés.
A droite et à gauche de cette balance de torsion sont deux mas-
ses de fer doux C, C' qui reposent sur chacune des extrémités de
l’électro-aimant, de telle sorte que les faces supérieures ont une
aimantation très-énergique lorsque l’électro-aimant s’aimante lui-

même. Les faces supérieures sont exactement de niveau avec la face


de la latse de la balance de torsion. En plaçant donc sur ces masses de
fer deux barreaux D, !>' en communication avec les barreaux E et E'

également en fer doux, on accumule une grande force magnétique


sur les extrémités en regard de ces barreaux.
Les deux masses G et G' doivent être placées, l'une un peu à gau-
che, l’autre un peu à droite de l’axe d’aimantation de l’élcctro-

aimant, et par conséquent deux barreaux E, E’, ne sont pas


les

dans le prolongement l’un de l’autre; la coupe verticale repré-


sentée à droite de la figure 170 indique la place des armatures.
Cette disposition est nécessaire pour que les petits barreaux tels

que ab, qui sont suspendus au fil de torsion, soient situés entre les

plans des faces internes des barreaux 1)E et D'E', et pour que les

attractions ou les répulsions puissent se mesurer facilement.


On voit donc, en définitive, que l'appareil revient à mesurer par
la torsion le nombre de degrés dont il faut tordre un fil métallique
pour ramener daus sa première position d’équilibre une aiguille
ab nttirée ou chassée de l’axe d’aimantation qui se trouve légè-
rement oblique avec la ligne joignant le centre des faces circulaires
des électro-aimants.

Digitized by Google
MAGNÉTISME.

n y a dos précautions à prendre pour que le corps suspendu


soit seul influencé par l’aimant; pour cela, on prend un fil d’ar-
gent très-fin de ()
m“ 0i."> de diamètre, et pesant 21 milligrammes
f

le mètre, à l’aide duquel on a fait deux boucles qfq, comme cela est

Flfl. 170 Ws. représenté tig. 170 bis; on l’attache au fil de tor-
sion, quand ce lui-même cf qui sert
n’est pas le fil

à faire ces boucles. Cette méthode de suspension


est préférable à tous les étriers que l’on peut em-
ployer.
Une seconde cause d’erreur sont les oscillations
continuelles de l'extrémité du fll et du barreau ab;
Il faut les amortir sans gêner la torsion. Pour cela
on prend une de plomb p, à laquelle
petite sphère
est soudée une toute petite boucle en fil de pla-
tine à celte boucle passe un fil de cocon double,
;

qui est attaché en boucle, et passe au milieu du


barreau ab, de façon que la sphère de plomb soit
suspendue à I centimètre de ab. Alors on prend un petit vase cil

que l’on remplit d’eau, ou d'eau saturée de chlorure de calcium;


la lioulep plongeant dans cette eau, ainsi que l’indique la partie

inférieure de la figure, les oscillations de ab sont anéanties, et ce-


pendant la torsion du fil reste la môme, le poids qui tend le fil ne
changeant nullement la force de torsion; ainsi ab reste aussi sensible
aux effets du magnétisme.
Pour examiner les mouvements des petits barreaux on se sert ,

d’un microscope L (fig. 170), grossissant de 40 à 20 diamètres, et

fixé un des côtés de la balance de torsion. Ce microscope porte au


îi

foyer de l’oculaire un micromètre. On trace sur chaque extrémité


des barreaux ab une croix soit avec un crayon, soit avec une lime,
,

et l’on vise avec le microscope de façon à apercevoir le point de croi-


sement des deux traits. Alors on tourne le cercle divisé supérieur
HH’ jusqu'à ce (pie le point de croisement soit le fil du milieu du
micromètre de l’oculaire, et on est sur d’être au zéro de l'appareil,
et de ramener toujours l'aiguille ab dans la même position relative.
Il est facile de chercher les effets produits dans différents liqui-
des : il suffit de soulever le bouton N, d’enlever le petit vase cd, et de
glisser entre les deux barres de fer lï, K', une cuve parai lélipipédi-
que en verre à faces parallèles, en sorte que chaque grande face
soit perpendiculaire il ta direction de la lunette; la partie supérieure
de la fignte 170 bis représente cette cuve dans laquelle plonge ab.

Digitized by Google
5,

£6 MAGNÉTISME.

On peut mettre dans ce vase les liquides dans la masse desquels on


veut plonger les diverses substances, et le liquide lui-même, par sa
résistance sur ab et sur p, amortit les oscillations.
L’appareil étant décrit , on a peu de chose à ajouter pour faire
comprendre la méthode d’observation. Cette méthode consiste à
disposer en barreaux de 23 millimètres de longueur et de 2, 3, 4,
millimètres de diamètre, et même plus, les substances sur lesquelles
on veut opérer, et à placer le petit barreau ab suspendu comme il

vient d’être dit ,


de façon que le point de croisement des traits
marqués sur une des extrémités vienne coïncider avec le trait cen-
tral du micromètre situé au foyer de l’oculaire du microscope;

ensuite on fait passer un courant dans l’électro-aimant, et l’aiguille


se trouve déviée dans un sens ou dans l’autre, suivant qu’il y a at-
traction ou répulsion; il n’y a pas d’équivoque. On tord le fil de
torsion en sens inverse avec le cercle HH', et on mesure le nombre
de degrés nécessaires pour ramener le point de croisement au centre
du microscope ;
la force de torsion étant proportionnelle à l’angle
de torsion, on a la mesure exacte de l’effet dù à l’aimantation.
Mais, pour en conclure l’action exercée sur le barreau, il faut chan-
ger l’aimantation à l’aide d’un commutateur situé dans le circuit

et mesurer de nouveau l’effet produit. On trouve presque toujours


la même torsion. Ensuite on tourne le cercle HH' de 180°, et l’on
répète les mêmes opérations sur l’autre extrémité du barreau : on
prend la moyenne des quatre déterminations.
Ce procédé donne des résultats précis, car l’appareil est très-sen-
sible ; cependant on peut employer une autre méthode, surtout si
l’action est assez énergique. Cette méthode consiste à suspendre au
fléau d’une balance le corps sur lequel on veut examiner l’action
de l’aimant; il doit être situé assez loin de la balance pour que l’é-
lectro-aimant que l’on fait agir sur lui n’influence pas la balance.
En aimantant l’appareil avec un courant électrique d’une intensité
déterminée, puis plongeant le corps dans un liquide pris comme
substance normale, et opérant une seconde fois, la donne
différence
l’effet produit sur le liquide, et l’on déduit du rapport des actions
les magnétismes spécifiques des corps. C’est surtout à l’aide de cette
seconde méthode que l’on observe des effets d’induction au moment
où l’on produit l’aimantation ou lorsqu’on la fait cesser, et sur les-
quels nous reviendrons plus loin.
On conçoit qu’à l’aide de ces procédés on puisse soumettre il l’ex-
périence un corps solide quelconque, ou un liquide si on agit par

Digitized by GoogI
..
. .

MA03KT1SME. 57

différence ;
les attractions ou répulsion sont rendues manifestes , et

c'est par le signe -H ou — qu’elles peuvent être indiquées dans les


résultats.

On a pris pour corps servant de terme de comparaison l’eau disj


tillée, à la température ordinaire. La plupart des résultats indiqués
ci- après ont été obtenus par la première méthode, en aimantant, en
général, l’électro-aimant avec 25 à 30 éléments de Bunsen. Les nom-
bres sont relatifs aux effets produits dans l’air comparativement à
l’eau prise égale à —
ramenés à la même intensité magné-
i. On les a
tique en plaçant dans le circuit une boussole des sinus donnant l’in-
tensité du courant actif ; comme cette intensité change entre chaque
détermination , quoique faiblement, en opérant rapidement et ad-
mettant, comme on va le dire plus loin, que l’effet produit est
proportionnel au carré de l’intensité magnétique, entre certaines
limites, on a des nombres relatifs à la même intensité de la pile;
nous verrons également plus loin quelle correction il faudrait leur
faire subir pour avoir l’effet dans le vide (E. Becquerel).

" “ - *

MAGNETISME
MAGNÉTISME PF.8AN- spécifique

SOLIDES. spécifique «1 TllonCS LIQUIDES. TEUR dans l'air

dans l'air. «•p^ciUque (par la

torsion).

— 1 Torsion. 1 — 1,0

Zinc ordinaire.. — 0,25 Id.


0,8059 — 0,79
Dissol.aqueuse
Cire blanche.. — 0,57 Id. concent.d’am-
— 1,02
Soufre sublimé, Dissol. de clilo-
puis fondu... — 1,14 Id. rure de m>-

Cuivre ( galva- 1 ,2084 - 1,13


noplastie). . .. — 1,41 Balance. Dissol.
rure
de chlo-
de ma>
enivre pur. , . — 1,68 !d. gnésitini 1,3197 — 1,21

l’Iomb d'œuvre. — 1,53 Torsion


Sulfure de car-
— 1,33?
Phosphore. . . — 1,64 Id. Dissol. de sul-
de cuivrr
— 1,65 Id.
fulc
du commerce + 0,81
Argent pur — 2,32 Balance. Dissol. de val-

Or (pépite) — 2,41 Id.


fale
Dissol.
de nickel.
de proto-
1,0827 + î,‘0

— 3,47 Id.
sulfate de fer.. 1,1728 + 18,09
21,76 de proto-
Dissol.
1,1923 + 21,12
Bismuth — 22,67 Balance.
chlorure de 1er. 1,0095
1,2707
+ 9,19
4- 36,07
Id. (concentrée). 1,4334 + 65,01

Digitized by Google
,

58 MAONÈTISME.

Les nombres inscrits dans cc tableau sonl relatifs au\ échantillons


employés; la plus faible trace de matière ferrugineuse peut faire
varier les résultats, ils donnent ce que nous avons nommé le ma-
gnétisme spécifique par rapport à l'eau, si l’on convient de conser-
ver le signe algébrique indiquant le sens de l’effet produit, le signe
-4- indiquant l’attraction , le signe — la répulsion.
L’examen de ce tableau conduit à une conséquence curieuse le :

moins repoussés, à volume égal, que l’eau


zinc et la cire blanche sont
et les autres liquides; aussi les petits barreaux do ces substances,
d’après le principe énoncé plus bâtit, doivent être attirés par les ai-
mants quand ils sont plongés dans ces liquides. C’est, en effet, ce
que l’on constate à l’aide des dispositions indiquées plus haut. Ainsi,
avec ces corps, on peut à volonté former de petites aiguilles attirées
ou repoussées, c’est-à-dire qui se mettent dans la ligne des pèles
des aimants on à angle droit, en faisant varier le milieu ambiant.
Il résulte aussi des déterminations citées plus haut que le bismuth
est la substance qui éprouve la répulsion la plus grande; ce métal
est repoussé 22 fois plus que l’eau.
Effets produits par des intensités magnétiques différentes. Les
nombres précédents ont été obtenus en employant le courant élec-
trique provenant d’un nombre de couples de tension variable entre
20 et 80. Mais dans chaque série d’expériences le courant électri-
que Varie, et ii est nécessaire, ainsi qu’on l’a déjà dit plus haut
de ramener les résultats à la même intensité magnétique. On a fait
la correction dans chaque expérience en se basant sur la considé-

ration suivante si un aimant dont la force magnétique est F agit,


;

par influence, sur une substance, il y doit développer une intensité


magnétique semblable ou contraire et proportionnelle à F l’action ;

mutuelle de l’aimant et de la substance doit donc être proportion-


nelle à F’. Cela serait vrai si le développement de l'action par in-
fluence se produisait sans résistance; mais comme on va le voir, il
n’en est pas toujours ainsi. Les expériences ont démontré cepen-
dant qu’entre des limites assez faibles l'attraction sur le fer et la

répulsion sur d’autres corps suivent, cette loi : dès lors, quand on
observe l’intensité du courant qui anime l'éleefro-aimant, on peut
ramener les actions à ce qu’elles seraient sous la même action ma-
gnétique. Un doit aussi opérer avec un électro-aimant dont le fer

ait un assez grand diamètre, et avec des courants qui ne soient pas
trop énergiques, alin que l’on puisse considérer l’intensité magné-
tique comme proportionnelle à l'intensité du courant électrique,

Digitized by Google
magnétisme. 50

comme on le verra dans le livre xi*; sans cela l’aimantation du fer


tendrait vers une limite qui est son état de satUrAtion.
En faisant varier, et en évaluant à l’aide d’une boussole des sinus,
l'intensité du courant qui anime le grand électro-aimant du Muséum
d’histoire naturelle, dont le diamètre du fer est de 1 1 centimètres,
et mesurant dans chaque circonstance l’effet produit, on est arrivé
par ta comparaison des résultats aux conséquences qui suivent
(E. Becquerel) :

1° Les substances repoussées par les pôles d’un aimant dans l’air

et appelées diamagnéliques, telles que le bismuth, le plomb, le

soufre, la cire, l’eau, lorsqu’elles ne sont pas mélangées de sub-


stances attirables, sont repoussées avec une force qui ,
pour le même
corps, toutes choses étant égales d’ailleurs entre certaines limites, est
sensiblement proportionnelle au carré de l’intensité magnétique de
l’aimant. Ces limites sont l’emploi d’un courant compris entre 1 et
15 à 20 éléments de Bunsen. En augmentant la puissance magné-

tique de l’électro-aimant et se servant d’un nombre de couples plus


considérable et allant jusqu’il (iO, le rapport entre l’action exercée
sur les corps et le carré de l’intensité du courant, diminue à me-
sure que cette intensité est plus grande.
Ces substances ne paraissent pas conserver de polarité perma-
nente après une aimantation préalable.
2° Les substances telles que le fer parfaitement doux qui sont ,

magnétiques ou attirables à l'aimant, mais sans force coercitive


appréciable, et qui ne conservent pas la propriété polaire après que
l’aimantation a cessé, sont attirées entre les mêmes limites de 10
à 20 couples avec une force également proportionnelle au carré de
la puissance de l’aimant.
3° Certaines substances attirables à l’aimant, telles que le pla-

tine et plusieurs composes ferrugineux, donnent des effets diffé-

rents. On trouve alors que le rapport de la force d'attraction au


carré fie l’intensité de l’aimant change avec cette intensité, même
pour de faibles courants qui circulent dans l’électro-aimant, mais,
dans la plupart des cas, ce rapport tend vers une limite constante
à mesure que l'intensité augmente.
II est présumable que ces corps se comportent comme ayant une

force coercitive sensible, et sont attirés à la manière de. l’acier et de


la fonte (voir page -tt); on peut, pour quelques-uns, comme par

exemple lorsqu’il s’agit du platine, s’en assurer directement, en


remarquant qu’après l’aimantation ils conservent des pôles pouvant

Digitized by Google
60 MAOSÎBTISME.

subsister pendant un temps plus ou moins long, de la môme ma-


nière qu’un barreau d’acier.
On comprend, d’après cela, que, dans ces circonstances, l'action
magnétique semble ne pouvoir s’établir sans éprouver une espèce
de résistance, laquelle ne parait pas exister lors de la répulsion
produite sur le bismuth, le soufre, l’eau, et lors de l'attraction
exercée sur le fer doux.
4° Plusieurs composés, tels que le charbon, le verre, peuvent
être attirés lorsque l’électro-aimant a une faible intensité magnéti-
que, et repoussés quand il est plus énergique, ainsi que plusieurs
physiciens l’ont observé ; mais , si l’on examine avec attention ces
composés après que l'aimantation a cessé, on trouve qu’ils ont ac-
quis la propriété polaire on peut se convaincre par là qu’ils so
:

comportent comme doués d’une force coercitive assez grande.


Si l’on considère ces matières comme des mélanges de substances
attirées et de substances repoussées par les aimants, il n’est pas
étonnant que la loi d’attraction soit fort compliquée; la portion re-
poussée par les pôles magnétiques étant soumise à la loi énoncée
dans la première conclusion, et la portion attirée donnant lieu aux
effets dont il a été question à propos de la troisième.
En plaçant les substances à différentes distances d’un centre
magnétique, on a les mêmes effets qu'en faisant varier l’intensité,
la distance étant la même; dès lors peut y avoir attraction ou ré-
il

pulsion, suivant les conditions particulières dans lesquelles elles se


trouvent.
Ces résultats montrent que pour tous les corps le magnétisme
spécifique n’est pas une quantité constante, et que cette quantité peut
dépendre de l’intensité magnétique, ou bien à intensité magnétique
égale, qu’elle peut être fonction de la distance imx centres d’action.
Ce résultat s'observe surtout pour les composés ferrugineux, le
charbon, le verre, etc.; mais entre certaines limites, plusieurs corps
diamagnétiques et le fer doux peuvent donner des nombres peu
différents. Ainsi l’on ne doit pas dire que les attractions magnéti-
ques et les répulsions diainagnétique ne croissent pas suivant les

mêmes lois ,
puisque dans chaque classe de corps on trouve des
substances qui font exception à la règle générale et s’en écartent
plus ou moins. En tout cas, la loi des phénomènes est ,
comme on
le voit ,
fort compliquée.
Nous reviendrons plus loin sur ces conclusions qui montrent que
les substances repoussées par les aimants ne jouent pas un rôle pu-

Digitized by Google
.

MAGNÉTISME. 61

renient passif; il est même à présumer qu’il s’y développe une


polarité dont nous'indiquerons le sens.

Comparaison des effets produits sur tes corps amorphes, les ro-
ches, les oxydes de fer et le fer. Il est aisé de comprendre qu’il est
très-diflicile de rap|>orter les résultats à ceux qui se produisent sur
le fer, non-seulement à cause des motifs indiqués précédemment,

mais encore par cela même que, dans le fer, la forme a une influence
sur l’action exercée par le magnétisme (voir pages 23 et i2). Cepen-
dant, en faisant des mélanges de limaille très-fine et de cire, et com-
parant les effets produits , on peut donner des nombres qui ,
dans
les conditions énoncées précédemment ,
et pour les intensités ma-
gnétiques employées, représentent en poids la proportion de fer
mélangée à ces substances supposées inertes, en donnant lieu au
même effet : ces nombres représentent leur magnétisme spécifique
comparé à celui du fer. Pour les corps repoussés, le chiffre est affecté
du signe —
Nous donnons ici quelques résultats obtenus par l’un
.

de nous , mais en répétant que ces effets sont dépendants, pour


quelques-uns, de l’intensité magnétique (E. Becquerel) :

A VOLUME EGAL. A POIDS EGAL.

SvbtUntri. SiibtUncrt.

+ 1. 000-000 Fer
Dissolution de proto-
-H .000 000

Dissolution de proto- chlorure de fer. Den-


chlorure de fer. Den- sité 1,4334 + 143,4
sité 1,4334 + 26,3 — 3.1

Eau - 0,4
Fer oiydulé cristallisé. + 4.000
Manjtanése? + 1.137
Chrome? + 360

Le chrome et le manganèse contenaient peut-être des traces de


fer ;
par conséquent ces nombres n’indiquent que les résultats re-

latifs aux échantillons essayés.


Nous ajouterons ci-après les nombres obtenus d’après la mé-
thode des oscillations, pour indiquer les limites d’action entre
lesquelles sont compris les effets produits par un certain nombre
dérochés (E. Becquerel).

Digitized by Google
G2 MAGNETISME.

MA.MrttUK il

Spécifique, spci lUqnr.

Fer + 21,9
i
Grande, t
,r échantillon.
e
+ S0,6ij Tracliyte retinile + 10. 34.1, fi

lit. 2 échantillon.. 139,2 Gneiss .,, + 280,0 j

4- + 2.710,4
: antique ion- ld. de Pile Bourbon- + 8. 84t. 4 1

||
«Pâtre 4- 71,3 i verle eus- j

Porphyre/ qnarliilèrc + • I2G,4| Amphibole


J
tallisée .. + 71,3 |

vert de* Vos-


j
j
noire + 2 787,(1 j

\ ne* + 1.391,2 |

Il serait très-important que l’on étendit ces résultats à un grand


nombre de minéraux et de roches, ainsi que M. Dclesse l'a déjà

fait , mais entre des limites très-étendues d’intensité magnétique ;


car, non-seulement l’attraction magnétique est un caractère phy-
sique intéressant à étudier dans les minéraux, mais encore, sans
vouloir préjuger en rien la question de l'origine du magnétisme
terrestre, il est évident que, sous son influence, les différentes ro-

ches dont se compose l’écorce terrestre se sont constituées en ai-

mants, et que la résultante de toutes ces actions forme une partie


plus nu moins grande de ce magnétisme.
L’action magnétique exercée sur les liquides explique différents
effets observés, qui sont dus aux attractions et répulsions exer-
cées de la part des pôles des aimants. C’est ainsi que la surface
extérieure d'une dissolution magnétique placée dans un verre do
montre, mis sur le pôle d’un très-fort électro-aimant , ne reste pas
horizontale, et prend une forme dépendante de la nature de l’ac-

tion exercée : la surface se creuse sion emploie un liquide magné-


tique; elle se soulève au milieu si c’est un liquide diamagnétique.
M. Mntteucei a vu également (pie le liquide placé entre les pôles
dans une petite cuve rectangulaire de 8 à !) millimètres de largeur
et le plus près possible de l’axe magnétique, se transporte vers la
ligne des pôles, où il reste soulevé de plusieurs millimètres si c’est
un liquide magnétique, eu donnant à la surface une courbure fa-
cile à déterminer. Si c’est un liquide diamagnétique, on trouve au
contraire une dépression. M. Quel a annoncé également (pie l’élé-
vation des liquides dans les tubes capillaires était différente en pré-
sence des électro-aimants que dans les conditions ordinaires.
Actions produites sur les gaz. Les gaz ,
comme les solides et les
liquides, peuvent être influencés par les aimants. La première
expérience faite dans cette direction date de 1810. M. liauealari

Digitized by Google
MAGNETISME, C3

trouva que la flamme d'une lampe est repoussée par les pôles d’un
électro-aimant. M- Zantedeschi ,en répétant cette expérience, mon-
tra que chacun des deux pôles repoussait la flamme, et que cet
effet était accompagné d’une dépression dans cette flamme,
M. Faraday '*) étudia l’action d'un électro-aimant sur des courants
gaieux mélangés de fumée qu’il faisait monter ou descendre près
des pôles. Il observa des effets différents suivant la température et
la nature des courants gazeux, mais indiquant seulement si un gaz
avait une action plus énergique ou moins énergique que l’air en-
vironnant, sans rien décider pour savoir si un gaz était magnétique
ou diarnagnétique.
Ce n’est qu'en 18t9 ('*), et en mesurant par la torsion les attrac-

tions des diverses substances plongées successivement dans le vide


et dans différents gaz, et en partant de ce principe démontré plus
haut, page Îi2 ,
que l’effet produit est la différence des actions
exercées sur le corps et sur le milieu déplacé que Fou déterminât
Faction produite par un aimant sur une masse gazeuse. Ce sont lus
expériences faites à l’aide de cette méthode qui ont conduit l’un de
nous (F. ltecquerel) à la découverte du magnétisme de l’oxygène.
La méthode d’ojiération est analogue à celle qui est décrite pour
les autres corps; cependant nous indiquerons la disposition des
appareils :

Fig. 171.

Sur un bloc de bois F, et destiné à se mettre sur le grand électro-


aimant AB, se fixe verticalement une éprouvette TG de 10 een-

{*) Philosnphical Mayasinr, décembre 18*7.


{*•) Mi-moire présenté à l'académie des science* ie 71 mai 1849 (E. Becquerel).
Annales de physique et de chimie, t. XXVIII , p. 787, t. XXXII, p. (>8.

Digitized by Google
G4 MAGNETISME.

timètres de hauteur et de A centimètres de diamètre. La partie

hémisphérique G de cette éprouvette entre dans une cavité de même


forme pratiquée dans le bloc F en ;
outre, deux montants en bois
assez larges T, T', servant à fixer les deux oreilles en cuivre atta-
chées à la monture de cuivre qui termine l’éprouvette, maintien-
nent cette éprouvette dans une position verticale. Dans la figure, les

deux montants T, T', sont dans le plan vertical passant par la ligne
des pôles de l'aimant, mais en réalité ils sont dans un plan per-
pendiculaire en avant et en arrière de la figure.
A la partie supérieure de l’éprouvette se trouve une garniture
en cuivre, munie d’un robinet m, à l’aide duquel on peut faire le

vide ou introduire des gaz dans l’éprouvette. Sur cette garniture en


cuivre se visse un cylindre en cuivre fermé par un cercle divisé
HH'. Au centre de ce cercle divisé est une ouverture conique, dans
laquelle peut se mouvoir à frottement un cône de cuivre, à la ma-
nière d’un robinet. Ce cône de cuivre est attaché à une tige de
même métal munie d’un vernier, laquelle se meut sur le cercle
divisé, et marque la rotation du cône en degrés et fractions de degré.
Le cône de cuivre est percé à son centre d’un trou capillaire de
0 m ",25 de diamètre tout au plus, suffisant pour faire passer les fils
de torsion. Un petit treuil N disposé sur ce cône peut enrouler les
fils de torsion, et servir à élever ou abaisser les objets qui s’y trou-
vent suspendus.
On voit ,
en résumé, que que le cône
le cercle divisé est fixe, et

en cuivre parfaitement centré indique par sa rotation la torsion du


fil attaché au treuil ;
seulement il mouvement,
n’y a pas de douille
afin de ne pas multiplier les causes d’introduction de l’air. Le zéro
change donc à chaque série d’expériences ,
mais les résultats sont
aussi exacts qu’avec le double mouvement du
du cercle divisé. fil et
Lorsque le fil de torsion est suspendu au
de mettre un treuil, il suffit

peu de cire fondue sur le petit orifice du côife pour le fermer, et


alors on peut faire le vide dans l’appareil ou iy introduire des gaz.
Ce procédé permet, comme on le voit , de mesurer très-exacte-
ment la torsion des objets suspendus dans l’éprouvette NG.
Le fil de torsion se termine , comme on l’a déjà dit page 55, par
deux fils très-fins en argent, en sorte que les barreaux, tels que ab,
sont suspendus de la même manière que précédemment. La petite
sphère p de plomb oscille dans le liquide versé au fond même de

l’éprouvette. Afin de ne pas introduire d’humidité dans cette éprou-


vette, on prend pour liquide une dissolution aqueuse saturée de

Digitized by Google
MAGNETISME. 65
chlorure de calcium , dont la tension de la vapeur est
à peu près
nulle; ainsi on peut agir sur des gaz parfaitement secs.
Les deux masses de fer C et C' et les deux barreaux D L)' sont
placés, comme il a été dit à propos de l’appareil,
fig. 170, l’un un

peu en avant, un peu en arrière du plan vertical passant par


l'autre
ab. Un microscope muni d’un micromètre est disposé de façon
à voir l’extrémité a du barreau suspendu au fil de torsion.
Le robinet m de l’éprouvette se joint par un tube en caoutchouc
à un tube à trois branches if i" attaché à un support. Une des bran-
ches i permet de faire le vide , étant en relation avec le robinet m"
d’une machine pneumatique la deuxième branche f est en relation
;

avec l’intérieur de l’éprouvette; la troisième branche i" communique


à un rempli de ponce imbibée d’acide sulfurique
tulie dessiccateur

sur une longueur d’un mètre , et de là à un robinet m’ qui sert à


introduire le gaz dans l’instrument. On peut employer ou un gazo-
mètre, ou une vessie en caoutchouc, comme cela est représenté
dans Le procédé d’expérimentation est donc le même que
la figure.

celui qui a été employé pour mesurer les effets produits dans les
liquides, puisque l’on peut déterminer l’action exercée sur une sub-
stance placée dans le vide et dans un gaz.
On a pris d’abord pour petit barreau ab un tube de verre très-
mince, fermé à la lampe à émailleur à ses deux extrémités, et seu-
lement assez résistant pour que la différence de pression entre
l’intérieur et l’extérieur, lorsqu’on fait le vide dans l’éprouvette,
n’occasionnftt pas sa rupture. Ce barreau avait 33 millimètres de
longueur, 7 millimètres de diamètre, et pesait 0',72. A l’extrémité
a se trouvait un petit fil de platine soudé à la lampe au moment de
la fusion de cette extrémité. Ce fil était nécessaire pour servir de
point de mire au microscope, et ramener le tube de verre toujours
dans la même position.
On a pu substituer à ce tube d'autres petits barreaux en cire,
en soufre, etc., et mesurer les actions produites sur ces substances
dans le vide et dans les gaz.

On a trouvé alors, par cette méthode, que dans l’air le petit tube
de verre est moins attiré par les aimants que dans le vide. Les petits

barreaux de soufre, de cire, sont au contraire plus repoussés. Ainsi,


l’air se comporte comme un milieu magnétique. En déterminant

son pouvoir magnétique au moyen des effets obtenus à l’aide des


différents barreaux, et d’après le principe énoncé page 32 et relatif
aux corps plongés, on trouve le même nombre.
T. III. ô

Digitized by Google
GG MAOXKI ISMF.
L’hydrogène, l'azote, l’acide carbonique, soumis au môme mode
d’investigation, ne donnent aucun effet appréciable; mais, d’après
une autre manière d’opérer, quelques-uns de ces gaz se compor-
tent comme diamagnétiques ou repoussés par les aimants.
L’oxygène, au contraire, manifeste les mômes propriétés que
l’air, et cela avec une intensité cinq fois plus considérable ce qui
;

prouve que c’est sa présence qui donne à l’air sa puissance ma- »

gnétique.
Du reste, dans les expériences citées plus haut et relatives aux
actions exercées sur les flammes et sur les courants gazeux, presque
tous les effets observés sont dus à l’action magnétique de l’air am-
biant, la plupart des gaz, à l’exception de l’oxygène et de quelques
combinaisons de l’azote ,
n’ayant pas d’action sensiblement appré-
ciable.
Pour donner un exemple de la manière dont on détermine le
magnétisme spécifique par cette méthode, nous citerons quelques-
uns des résultats obtenus, en rapportant les déterminations à la
meme intensité magnétique (voir page 58, E. Becquerel).
Action mi(nèiiqui'
flffcée Kir nn tube dr »m» plein de dre.

Dans le vide — 0,1 145


Dans l’oxygène — 0,2675
Dans l’air — 0,4453
Dans l’eau + 0,7053
Ce qui donne pour la force magnétique de l’oxygène, par rapport à
l’eau dans le vide,-(- 1,871, et par rapport à l'eau dans l’air,-!- 1,80.
On peut également démontrer la puissance magnétique de l’oxy-

gène en substituant aux petits barreaux nb un petit cylindre de


charbon bien recuit, qui , comme on le sait, peut condenser un
certain nombre de fois son volume de gaz. Dans l’oxygène, ce cy-
lindre est attiré par les pôles magnétiques, et oscille entre eux
comme une petite aiguille aimantée ; mais vient-on à faire le vide,

alors cet effet cesse, et le petit cylindre en charbon est alors en


général repoussé, et toujours moins attiré que lorsqu’il renferme
de l'oxygène. Cette expérience curieuse réussit également bien dans
l’air,mais avec une intensité moindre.
L’acide carbonique et le protoxyde d’azote , qui se condensent
plus que l'oxygène dans les pores du charbon, au lieu de présenter
une forte attraction, donnent lien à une légère répulsion. Ces gaz
se comportent d’après cela comme repoussés par les aimants, et

Digitized by Google
MAGNETISME. 67
cette méthode permet d’apprécier l’influence que les aimants peu •

vent exercer sur eux (E. Becquerel).


On s’ost servi d’uu autre procédé pour étudier les actions magné-
tiques exercées sur les gaz, afin de pouvoir comparer les résultats
obtenus avec ceux que la pre-
mière méthode avait donnés (E.
Becquerel). Une balance trébu-
chant au { de milligramme a été
disposée de façon que l'on pùt pla-
cer au-dessous d’un des plateaux
un électro-aimant destiné à agir
sur différents corps que l'on sus-
y
pendait. De petits ballons sembla-
bles à celui qui est représenté sur
en verre très-mince,
la figure et

mais cependant assez résistants


pour maintenir le vide, pouvaient
être suspendus sous un des pla-
teaux de la balance. Leur volume

a varié de 240 à 250 centimètres


cubes. Us avaient une tubulure
étroite et longue de 10 centimè-
tres, puis terminée par un petit robinet en cuivre permettant de
faire le vide et de fermer le ballon.
L’électro-aimant, dont le fer avait 7 centimètres de diamètre
(i centimètres de moins que celui qui avait servi précédemment,
fig. 170 et 171), était placé de façon que ses faces polaires fussent
horizontales. Pour augmenter l’action magnétique, on a disposé
au-dessus de chaque face des armatures creuses en forme de sphè-
res, afin que les différents points de l'hémisphère inférieur de
chaque ballon fussent à égale distance des armatures. On s’est ar-
rangé pour que dans chaque expérience il y eût de 5 millimètres à
I centimètre de distance entre le ballon et les armatures. En même
temps que le courant électrique passait dans Félectro-aimant, il

circulait autour d’une boussole des sinus située dans une autre
pièce, de sorte qu’on pouvait connaître à chaque instant l’intensité
du courant de la pile.

Supposons maintenant que l’on fasse le vide dans un ballon,


puis qu’on le remplisse de gaz et ensuite d’eau ordinaire ,
et que
l’on cherche dans chaque cas l’action exercée par l’électro-aimant
5.

Digitized by Google
,

68 MAGNÉTISME.

en équilibrant la balance avec des poids, on déterminera par rap-


port à l’action de la pesanteur les effets magnétiques produits sur
le ballon successivement vide et plein des gaz ou rempli d’eau. Si
ensuite on retranche de toutes les déterminations l’effet produit sur
le ballon vide ,
on aura l’action exercée sur le corps placé dans le

ballon ,
et cela abstraction faite de l’effet magnétique produit sur
l’enveloppe et les accessoires de l’appareil.
En opérant par ce procédé on ,
trouve les mêmes résultats qu’a- •

vec méthode par la torsion, décrite plus haut; ainsi l’oxygène, et


la

l’air donnent une augmentation de poids au ballon quand l’aimant


agit, tandis que l’eau produit une diminution de poids. Celte méthode

est moins sensible que celle de la torsion, et les résultats sont plus
longs à obtenir ; seulement les effets sont rapportés à l’action de la
pesanteur, au lieu de l’être à la force de torsion du fil d’argent.
Du reste, dans ces dernières recherches on a comparé également
les différents effets produits à la répulsion exercée sur l’eau.
Voici quelles sont les conclusions que l’on peut déduire de l’en-
semble des recherches dont nous venons de parler (E. becquerel) :

1° Entre les limites des intensités de courant comprises depuis 10


jusqu’à 60 éléments de Bunsen et animant les grands électro-aimants
décrits plus haut ,
le magnétisme spécifique de l’oxygène par rap-
port à la répulsion exercée sur l’eau ne varie pas sensiblement de
•jL de sa valeur; ainsi sur ces deux substances les effets paraissent
,

varier sensiblement de la même manièro quand l’intensité magné-


tique change. L’action exercée de la part d’un aimant sur les molé-
cules d’oxygène est analogue à celle qui s’exerce sur le fer doux
et, entre certaines limites ,
varie comme le carré de l’intensité ma-
gnétique.
2° La puissance magnétique de l’oxygène sous un volume donné

augmente proportionnellement à sa force élastique , ou à sa den-


que ce gaz agisse comme milieu ambiant pour repousser
sité, soit

des cylindres de cire, de verre, etc., soit qu'il se trouve plus ou


moins condensé dans un ballon en verre. Ainsi l’effet produit est
proportionnel à la quantité de particules matérielles d’oxygène ren-
fermées dans un certain volume à une température déterminée.
Dans les déterminations expérimentales, il est donc nécessaire
de rapporter le volume du gaz à la même température et à la même
pression.
3° A 0° et à0 ,n ,76 de pression le magnétisme spécifique de l'oxy-
gène est représenté par les nombres suivants :

Digilized by Google
MAGNETISME. 60

Par rapport à l’eau A volume égal -4- 0,1823.


l’eau étant — 1 .
, j

I A poids égal -h 127,5100.


Par rapport au fer, ( A volume égal -4- 0,0769.
le fer étant 1,000,000. ( A poids égal -4- 395,2800.
Ces deux derniers nombres sont hypothétiques et déduits des
observations rapportées pages 61.
4° L’air atmosphérique présente les mêmes effets que l’oxygène,

mais en vertu de la présence de ce dernier gaz, et par conséquent


avec une force qui est les Yoô de celle que présente l’oxygène dans
les mêmes conditions de température et de pression ;
l’effet de
donc pas appréciable devant celui de l’oxygène.
l’azote n’est
Deux autres gaz sont également attirables aux aimants, quoi-
5*

qu’à un degré moindre que l’oxygène ce sont le bioxyde d’azote :

et l’acide azoteux. Les autres gaz ne présentent que des effets infi-

niment plus faibles, et sont en général repoussés par les aimants.


Ainsi les trois gaz que l’on vient de nommer sont des corps dans les-
quels la puissance magnétique par rapport aux autres gaz se trouve
exagérée; de même que le fer, le nickel et le cobalt, par rapport
aux corps solides, présentent des effets beaucoup plus considéra-
bles que ceux-ci.
On peut «voir une idée des effets produits, d'après les résultats

compris dans le tableau suivant :

MAGNETISME SPECIFIQUE
A V0L11E ÉGAL,

SUBSTANCES à 0° et à 0 m ,76 de pression.

Pur rapport Par rapport


A l'eau. à l'o\ygdnc.

— i — 648,6
-t- 0,1823 4- 100
+ 0,037
-j-
0,04t)t
i
+
-j-
*7,3
2«),6

Cldorc
4- 0,0383
— 0,0040 +

21,0
2.6
, | d'après la dissolution
— 0,0020 — 1,0
— 0,0004 — 0,3
Cyanogène, * ?
(.az oléliant d’après la condensation » — 4,6
,

Acide carbonique, par le charbon de bois. — 2,8


Protoxyde d’azote, » — 1,0

(*) Le nombre relatif à l'acide azoteux est calculé d'après M. Pluckcr, <pii a donné
pour ce gaz un magnétisme spécifique qui est les ’ de celui du deuluxydt d'azote.
Quant k ce dernier gaz, il a trouvé par rapport k l’oxygène 0,46, nombre supérieur
k 27,3, qui se déduit des expériences citées dans l'ouvrage.

Digitized by Google
70 MAnttéTISME.

On voit d’après ces recherches que la puissance magnétique de


l'oxygène est telle que t mètre cube de ce gaz ,
pris à 76 centimè-
tres de pression , et supposé condensé de manière à avoir la même

densité que le fer, agirait sur une aiguille aimantée comme un petit
cube d’air, pris à la même
4fci
cube de fer du poids de 5 " ,0. 1 mètre
pression , a une action représentée par 12 centigrammes de fer,
l’effet de l’azote étant trop faible pour changer cette valeur d’une

manière sensible.
Si l'on réfléchit que la terre est environnée d’une masse d’air
équivalente au poids d’une couche de mercure de 76 centimètres
de hauteur, il de comprendre qu’une pareille mass*;, sou-
est aisé
mise à des variations continuelles de température et de pression,
doit intervenir dans quelques-uns des phénomènes magnétiques
dépendant du magnétisme terrestre. En calculant en effet quelle
est la puissance magnétique de cette masse fluide, on trouve qu’elle
équivaut à une immense lame de fer, d’une épaisseur d'un peu plus
de jtg de millimètre, et qui couvrirait la surface totale du globe.
En voyant le magnétisme agir si puissamment sur les gaz, on
pourrait croire que le volume de l’oxygène, par exemple , peut
changer; mais aucune observation n’a pu indiquer des effets de ce
genre, et tous les effets se bornent aux phénomènes d'attraction
dont nous avons parlé. M. Matteucci a indiqué une autre méthode
qui permet de montrer l’action du magnétisme sur l’oxygène,
l’air, etc.; elle consiste à placer entre les pôles d’un fort électro-

aimant un tube horizontal rempli d’un liquide tel que l’alcool , et


à introduire dans ce tube une bulle d’oxygène, de façon qu’elle se
trouve entre les pôles au milieu de la ligne polaire. Au moment où
l'aimant agit, la bulle parait se contracter. En ajoutant du chlorure
de fer à l’alcool , c’est-à-dire en rendant le liquide du tube magné-
tique, au lieu de le laisser diamagnétique ,
on voit les effets dimi-
nuer, puis pour une certaine concentration de la dissolution, les
variations de forme ont lieu en sens inverse. Ces effets proviennent
de ce que la bulle, formée d'une substance magnétique, est en-
vironnée d’un liquide agissant dans un sens ou dans un autre pour
la comprimer, et cela d’après les principes relatifs aux milieux
environnants dont on a parlé page 52.
Influence de la température des corps sur magnétisme spéci- le

fique. Les changements do température, comme on l’a vu page 15,


exercent une grande influence sur les propriétés des métaux magné-
tiques propreinents dits ;
il en est de même sur les autres corps qui

Digitized by Google
mxgnbtismf. 71

sont influencés à un moindre degré par les aimants. D’abord sur


l’oxyde de fer aimanté, analogue à celui que l’on a indi-
l’effet est

qué pour le fer, mais cette substance perd son magnétisme, ou du


moins lu faculté d’étre vivement attirée par un aimant, au-dessous
du rouge, c’est-à-dire au-dessous do la température à laquelle le
fer ne possède plus la faculté d’influencer l’aiguille aimantée.
On a vu que lorsque le fer, le nickel et le cobalt ont été chauf-
fés à un degré convenable , différent pour chaque corps , ils sont
insensibles à l’action d’aimants ordinaires ;
mais dans cet état ils

conservent encore la faculté d’étre influencés par des électro-ai-


mants puissants, et se conduisent alors comme des corps attira-
bles aux aimants, quoiqu'à un moindre degré, ou comme le platine,
le verre, etc. (Faraday).*M. Matteucci a même trouvé qu’un globule
de fer en fusion porté à l’extrémité d'une petite aiguille de chaux
caustique était encore attiré par un électro-aimant, quoiqu’avcc
une action très-faible.
En augmentant la température de l’oxygène, on le rend moins
magnétique mais comme le gaz se dilate, et que l’action est pro-
;

portionnelle à la densité du gaz , il faut tenir compte de l’effet dû


au changement de densité. En faisant cette correction, on n’a pas
trouvé, d’après les procédés employés, entre 10 et 60* que la dimi-
nution du magnétisme spécilique fût appréciable, puisqu’à densité
égale elle n’a pas varié de quelques millièmes de sa valeur (E. Bec-
querel ).

L’élévation de la température diminue non-seulement les pro-


priétés magnétiques des métaux , mais encore diminue également
l’intensité avec laquelle les corps diamagnétiques sont repoussés
par les pèles des aimants. Ainsi le bismuth fondu perd en grande
partie, si ce n’est en presque totalité, son pouvoir d’être repoussé
par les aimants. D’après M. Matteucci, le bismuth ne perd pas cette
faculté tout à coup ,
mais bien graduellement , à mesure qu’on le

cbautîe jusqu’à son point de fusion. Cette diminution ne se fait

pas de la même manière dans les différents corps ;


car il parait que
le mercure entre 0 et 300°, le phosphore , l’acide stéarique et le
soufre conservent à peu près la même puissance jusqu’à leur point
de fusion.
D’après cela, l’influence de la chaleur est donc telle que les ac-

tions attractives et répulsives exercées de la part d’un centre d’ai-


mantation sur différents corps tendent à diminuer à mesure qu’elle
est portée à un plus haut degré, mais dans une proportion différente.

Digitized by Google
72 HAGMÉTISME.

suivant la nature de ces corps. Du reste, nous avons montré, pages 27


et suivantes, que les actions moléculaires, comme la température,
pouvaient modifier beaucoup du fer lui-même, et nous
les propriétés
allons indiquer les changements que la nature et la structure appor-
tent au développement des actions magnétiques.
Influence de la nature des corps sur le magnétisme spécifique.
Les propriétés magnétiques des corps dépendant de leur nature et
de leur arrangement moléculaire , les exemples que nous allons
donner vont montrer que les effets sont très-compliqués, et que
jusqu’ici il n’a pas été possible de lier entre eux les divers phéno-
mènes.
M. Sturgeon, en opérant avec des aimants ordinaires, a trouvé
qu’un alliage d’argent pur et de cuivre, dans lequel ce dernier mé-
tal entre pour Jj, est plus magnétique que les objets d’argent essayés

(mais dans ce cas a-t-il évité des traces de fer, car on sait maintenant
que l’argent est diamagnétique?). D’après le même physicien, il y
a des corps qui neutralisent l’action magnétique des métaux plus
fortement que d'autres ; tels sont l’antimoine, le zinc, l’étain, le
plomb, etc. Un alliage à parties égales de fer et de zinc est presque
insensible à l’action des aimants.
Les combinaisons des métaux magnétiques proprement dits,
c’est-à-dire du fer, du nickel et du cobalt, sont en général magné-
tiques ,
et l’on peut voir, page U, plusieurs déterminations indi-
quant la puissance de quelques-unes d’entre elles. Elles donnent un
pouvoir magnétique moindre que celles du fer ou du métal qui s’y
trouve contenu. Mais ce ne sont pas les seules combinaisons qui
soient magnétiques, et y a même des cas où un composé ferrugi-
il

neux peut être repoussé par les aimants ; c’est ce qui arrive à l’égard
du cyanure jaune de fer: quand il est privé d’eau de cristallisation,

il est et cependant il renferme près 12 p. 100 de fer.


diamagnétique,
examine les combinaisons des métaux diamagnétiques, et
Si l’on

entre autres de deux des métaux qui présentent les plus faibles
actions, le cuivre et l’argent (voir page 57), on trouve Ips résultats
suivants : le bioxyde de cuivre, le peroxyde d’argent et l’acide
untimonique sont magnétiques , tandis que le protoxyde de cuivre,
l’oxyde d'argent et l'acide antimonieux sont repoussés par les ai-
mants (Matteucci). Ainsi , dans ce cas, la composition a une influence
marquée. On pourrait penser d’après cela que l’effet magnétique
des peroxydes est dù à l’accumulation de l'oxygène dans la com-
binaison; mais, si l'on examine le chlorure de cuivre, on trouve

Digitized by Google
MAGNÉTISME. 73

qu'il constitue un corps attirable à l’aimant, quoique ses éléments,


le chlore et le cuivre, soient tous deux des substances diaraagnéti-
ques.
Nous pourrions multiplier ces exemples ,
mais ils suffisent pour
montrer qu’il n’y a pas, quant à présent, aucune règle certaine tou-
chant l’influence de la composition sur le magnétisme spécifique ;

il que le sujet pût être étudié de nouveau.


serait à désirer
Nous indiquerons en terminant, quelques considérations sur la
,

nature des métaux magnétiques.


M. Delarive a fait observer à ce sujet, comme on l’avait déjà
remarqué depuis longtemps, que les corps magnétiques sont ceux
qui sous le même volume, renferment le plus grand nombre d’ato-
,

mes chimiques, et les corps diamagnétiques ceux qui en renferment


lemoins. On appelle volume atomique le rapport de la densité à
l’équivalent chimique. Pour les métaux on a :

POIDS POIDS
*
CORPS MAGSKTIQlfcS. du volume . CORPS DIAMAGNÉTIQUES. du volume
atomique. atomique.
!

Fer 930
Ni<li.;l 230 Zinc 170
150
M tngnnèse ,
chrome ,
ti- Antimoine, plomb 85
tan*' , cérium , palla- !
170 Ilisinuth 7i
dium. platine, osmium.

Deux métaux font exception à cette règle, ce sont le cuivre et le


zinc dont les poids des volumes atomiques se rapprochent de ceux
des métaux magnétiques ; mais ces métaux sont sur la limite , pour

ainsi dire, puisqu’ils sont très-faiblement repoussés, et que du reste les


combinaisons du cuivre avec l'oxygène et le chlore sont magnétiques.
On remarquer qu’en général les métaux qui sont
doit également
magnétiques sont moins bons conducteurs de l’électricité, et les
métaux diamagnétiques sont meilleurs conducteurs.
Influence de la structure sur le magnétisme spécifique. Cristaux.
Les substances cristallisées, de même que les solides, les liquides et

les gaz ,
obéissent à l’action des aimants puissants, et leur masse est
attirée ou repoussée, suivant les qualités spéciales de chaque sub-
stance. Kn général, les cristaux naturels, colorés et ferrugineux
(tourmaline, etc.) sont magnétiques; les substances, comme la

chaux carbonatée, le quartz, etc., sont diamagnétiques et sont


repoussées. Mais la position des cristaux par rapport aux pôles de

Digitized by Google
. ,

74 MIGXKTISME.
l’aimant p<*ut faire varier l’intensité de la forée, et il en résulte
qu’une substance suspendue entre les pôles d’un aimant
cristallisée
prend une position qui dépend non-seulement de sa forme exté-
rieure, comme cela a lieu dans les corps amorphes, mais encore de
la position des axes de cristallisation. Supposons, par exemple, qu’on
en cube un morceau de spath d’Islande, et que ce cube puisse
taille

être suspendu librement par son centre de gravité entre les pôles
d’un aimant. Ce cube ne se placera pas d’une manière quelconque
par rapport à la ligne des pôles, et il prendra une position telle

que l’axe de double réfraction sera perpendiculaire à la ligne des


pôles; c’est ce qu’on exprime en disant que l'axe du cristal prendra
une direction équatoriale.
On ne peut pas opérer ainsi , car on prend habituellement des
substances cristallisées taillées suivantla forme de l’échantillon que

l’on soumet à l’expérience; il est nécessaire alors, en les suspen-


dant à un fd de cocon entre les pôles d’un électro-aimant sembla-
ble à celui de la figure 170, de placer les pôles assez loin pour que
l’action dépendante de la forme de la substance et de la manière
dont est taillé le barreau ne vienne pas détruire l’effet produit par
la différence de structure.
Nous rapporterons à ce propos l’action magnétique exercée dans
deux directions différentes sur un même cristal de spath d'Islande,
et montrant l’influence de la position de l’axe du cristal par rap-
port à la ligne des pôles. On a placé dans l’appareil représenté
fig. 170 deux cristaux parallélipipédiques de spath d’Islande taillés
de façon que l’axe soit perpendiculaire à la longueur, et que la lon-
gueur du barreau ab fit un angle de 20 à 2S" avec la ligne des
pôles de l’électro-aimant en mettant successivement l’axe de chaque
;

cristal horizontal ou vertical on a eu pour le magnétisme spé-,

cifique :

IM litiar ipriifi-|u«.

Axe horizontal — I

er
I" cxp. ... — 1,61
Axe vertical . .
1 barreau.
2 exp
e
— 1,08
2 r barreau. — 1,69
Ces résultats doivent être légèrement modifiés par suite de l’incli-
naison de la longueur du barreau sur la direction de la ligne des
pôles , l’angle formé étant de 20 à 25*. En admettant ce nombre
on voit que l’on peut dire qu’en présentant un aimant à un cube de
spath d’Islande taillé de façon qu’une de ses arêtes soit parallèle à

Digitized by Google
MAGNÉTISME. 75

son grand axe, la répulsion exercée est moins grande quand l’axe
prolongé passe par le pôle de l’aimant, et le rapport des effets pro-
duits dans cette position, et quand l’axe est perpendiculaire, est à
peu près de 3 à 5 (E. Becquerel).
En opérant avec la tourmaline, le spath d’Islande, le béryl, la

dioptase, on trouve que l’axe de double réfraction se met en géné-


ral équatorialement avec l’axe des pôles (Plucker).
Avec des cristaux de bismuth, d’antimoine, d’arsenic , substances
diamagnéliques en masse, le grand axe se met dans la direction de

la ligne des pôles (Faraday).


Il n’y a pas de règle qui permette d’indiquer la position que doit
prendre un cristal quelconque suspendu entre les pôles d’un aimant
par rapport à la M. Plucker avait cru pouvoir dé-
forme du cristal.
J
duire de ses expériences que dans un cristal à un axe optique,
: 1

la direction de cet axe était celle de la ligne des pôles, ou équato-

riale à celle-ci suivant que le cristal était positif ou négatif ; 2° que


,

dans les cristaux à deux axes, c’était la ligne moyenne qui était
tantôt dirigée dans la ligne des pôles, tantôt à angle droit.
Mais depuis on a reconnu un grand nombre d’exceptions à ces
conclusions. Ainsi un cristal de spath calcaire et un cristal de carbo-
nate de fer, tous deux de même forme, le premier étant diamagné-
tique et le second magnétique, présentent cet effet, que le spath
calcaire a son axe dirigé équatorialement ,
et le carbonate de fer

dans la direction de l’axe polaire. Le sulfate de magnésie et le sul-


fate de zinc ont la même forme cristalline, et sont diamagnéliques ;

leur axe est dirigé équatorialement; le sulfate de nickel, qui a la


même forme qu’eux, a son axe dirigé suivant la ligne des pôles de
l’aimant. On pourrait citer encore d’autres exemples. (Tyndall et
Knoclauch.) Ainsi, il n’y a aucune loi générale réglant la position

du cristal entre les pôles, la composition chimique comme la forme


cristalline exerçant une influence sur cette direction.
MM. Tyndall et Knoblauch,en étudiant ces phénomènes, ont
expliqué ces effets en admettant que par le fait de leur structure
les cristaux présentent certaines directions suivant lesquelles l’ac-
tion magnétique est plus énergique que suivant d’autres, par cela
même que les particules sont plus ou moins rapprochées dans ces
directions.
Afin d'imiter artificiellement ce qui se passe dans ces conditions,
on découpe dans une feuille de papier à l’émeri plusieurs bandes de
papier de 3 centimètres de longueur et de 7 îi 8 millimètres de lar-

Digitized by Google
76 MAGNETISME.

geur ;
on les superpose en les faisant adhérer au moyen de gomme,
de manière à former un parallélipipède qui représente un cristal
magnétique dans lequel les plans de clivage sont parallèles à l’axe.

Ce parallélipipède entre les pôles des aimants prend la direction de


la ligne des pôles. Toutefois, si l’on forme un second parallélipipède
également de 3 centimètres de longueur mais par la superposition ,

de bandes carrées du même papier de 7 à 8 millimètres de côté, on


a le modèle d’un cristal magnétique dont les plans de clivage sont
perpendiculaires à la longueur; entre les pôles de l’aimant, il se
dirige équatorialemcnt à la ligne des pôles. Les couches sont dans
les deux cas verticales dans le premier, elles sont parallèles à la
:

plus grande longueur ; dans le second , elles lui sont perpendicu-


laires.

En plaçant à la surface du papier de la poudre de bismuth au


lieu de poudre d’émeri, et construisant également deux paralléli-
pipèdes, on forme deux systèmes qui se placent, l’un dans la direc-
tion de l’axe d’aimantation, l’autre perpendiculairement, et cela
dans des conditions opposées à celles que présente l’émeri.
Si l’on forme une pâle avec des poudres de diverses substances et

de la gomme,
et que l’on façonne cette pâte en barreaux , en ayant
soin de la comprimer dans une direction déterminée, on trouve que
la compression influe également sur la disposition que possède les

barreaux à se placer dans la ligne des pôles ou perpendiculairement


à cette ligne. Avec le carbonate de fer en poudre, substance magné-
tique, la ligne de plus grande compression prend la direction axiale;

avec la poudre de bismuth ,


substance diamagnétique , l’effet est
inverse.
Ainsi l'on peut considérer les effets que présentent les substances
cristallisées comme rentrant dans les effets généraux observés avec
les corps amorphes ,
mais modifiés par le groupement particulier
ou la compression des molécules. Ils dépendent donc probablement
de la différence d élasticité de l’éther dans les diverses directions,
comme la propagation de la lumière en dépend.
Considérations théoriques. Avant de terminer ce chapitre, il est
nécessaire d’examiner comment on peut expliquer les actions dia-

magnétiqucs. Est-il nécessaire d'admettre, comme on l’a proposé,


deux genres d’actions exercées de la part des aimants sur les corps:
action magnétique produisant sur certains d'entre eux les effets
d’attraction et de répulsion analogues à ceux qui s’exercent sur le
fer, le nickel et le cobalt, à l'intensité près; action diamagnétique

Digitized by Google
,

MAGNETISME. 77

tout à fait différente et s’exerçant sur tous les corps ; cette seconde
force serait, par exemple, du genre de l’attraction moléculaire ?

Il semble qu’il est possible de lier entre eux ces différents phéno-
mènes sans qu’il soit liesoin d’admettre deux genres d’actions diffé
que l’on peut expliquer le diamagnétisme à l’aide de con-
rentes, et
sidérations fort simples : on a démontré, en effet, que l’action
exercée sur une substance plongée dans un milieu est la différence
des actions exercées sur cette substance et sur ce milieu. Si l’on
admet donc les deux conclusions suivantes :
1“ Tous les corps s’aimantent momentanément sous l'influence

d’un aimant, comme le fer doux lui-même, mais à un degré plus


ou moins marqué, suivant leur nature ;
2° Une substance plongée dans un milieu est attirée par un centre
magnétique, avec la différence des actions exercées sur cette sub-
stance et sur le milieu déplacé ;
Si l’on adopte, en outre, l’hypothèse que les actions magné-
tiques qui se développent dans les corps ne sont dues qu’à la pré-
sence d'un milieu éthéré qui les pénètre, il est facile de se rendre
compte de tous les effets du diamagnétisme , en supposant que le

milieu éthéré est plus ou moins influencé dans les différents corps
et qu’une enceinte vide (c’est-à-dire vide d’air, telle que le vide de
nos machines pneumatiques) renferme encore ce milieu éthéré dans
un état tel , qu’il se comporte comme plus magnétique que les
substances repoussées par les aimants dans cette enceinte. Alors,
s’il en est ainsi , la force qui attire ces substances étant moindre
que l'action exercée sur le milieu déplacé ,
ces corps doivent fuir
les pèles des aimants , de même qu’un ballon plein de gaz s’élève
dans non pas parce qu’il est repoussé par la terre mais parce
l’air, ,

qu'il est moins pesant que le volume d’air déplacé par lui , et que
celui-ci, par sa réaction, le force à s’éloigner de la surface du
globe.
On a présenté contre cette manière de voir une objection à la-
quelle il est facile de répondre : lorsque la répulsion a lieu entre
un aimant et le bismuth ,
par exemple, si le bismuth s’aimante par
influence, il doit présenter en face de l’aimant un pôle de nom con-
traire nu pôle le plus rapproché. On devrait par conséquent avoir
des traces de polarité dans les substances diamagnétiques soumises
à l'influence des aimants. Or, jusqu’ici les expériences les plus déli-
cates entreprises à ce sujet n’ont montré aucune trace de polarité
ni temporaire ni permanente dans le bismuth , soit polaçité con-

Digitized by Google
78 MAGNKTI8UF..

traire à celle des pôles magnétiques actifs, soit polarité semblable.


MM. Poggendorf, Reich ,
Weber, etc., d’après leurs recherches,
avaient été conduits à conclure que dans le bismuth il se produisait
des pôles de môme nom que ceux qui étaient dans les aimants en
regard ; mais, d’un autre côté, ainsi qu’on le verra dans le XI' livre,
on a cherché à démontrer que ces effets pouvaient être expliqués
par des actions d’induction. Du reste , cette polarité est précisément
celle que l’on devrait observer, si elle était appréciable , car, dans
l’hypothèse précédente, le corps soumis a l’action de l’aimant reste
toujours environné du milieu éthéré soumis lui-même à l’action
polaire; de sorte que l’effet de réaction produit par le milieu domine
toujours l’action exercée par la substance diamagnétique ; ainsi,
quoique le pôle développé par influence dans le bismuth soit de nom
contraire à celui de l’aimant, l’effet d’une polarité semblable dans
les couches du milieu environnant est de donner lieu à une action
extérieure qui semble produite par un j>ôle de même nom que celui

de l’aimant.
Nous devons remarquer qu’une considération en faveur de
faire

la polarité diamagnétique, est celle qui résulte des effets auxquels


nous avons été conduit, et cité page .‘>8 : du moment que l’action

varie entre certaines limites comme le carré de l’intensité magné-


tique, il est certain que le corps ne joue pas un rôle purement
passif, et qu’il donne lieu à une polarité analogue à celle qui se dé-
veloppe dans le fer doux.
Une objection que l’on peut présenter contre cette explication
des effets diamagnétiques, c’est que l’on est forcé d’admettre une
pression exercée de la part de l’éther sur les corps pour produire
les mouvements observés, idée qui n’a pas encore été introduite
jusqu’ici dans les explications des phénomènes physiques, mais qui
n’est pas invraisemblable.
M. Delarive a cherché à expliquer les phénomènes diamagné-
tiques par une action d’induction moléculaire qui se passerait dans
les molécules mêmes des corps, tandis que l’induction ordinaire et
e
dont il sera question dans le livre XI donnerait lieu à des courants
électriques dans l’intérieur du métal conducteur, avec cette diffé-
rence que celle-ci est instantanée, tandis que la première durerait
autant que la cause inductrice. Mais cette explication revient à
admettre deux espèces de forces, ou du moins deux genres d’action,
ainsi qu’on l’avait fait avaut; seulement M. Delarive spécifie la
nature de la force diamagnétique, en la rapprochant de la cause de la

Digitized by Google
MAGNÉTISME. 79

force magnétique, rapportée [>ar Ampère à des courants électriques.


On a proposé également d'autres théories plus ou moins ingé-
nieuses pour expliquer les phénomènes diamagnétiques, mais le but
principalement expérimental de cet ouvrage ne nous permet pas
de les exposer ici; nous n’avons indiqué la première hypothèse
que comme servant à lier tous les résultats connus d’une manière
plus simple qu’on ne l a fait jusqu’ici, et sans préjuger la cause pre-
mière des phénomènes magnétiques (E. Becquerel).

CHAPITRE IV.

Actions moléculaires ducs à l'influence des aimants.

Actions moléculaires produites par l'aimantation dans les mé-


taux magnétiques proprement dits. Les observations faites par
plusieurs physiciens ont montré de l’aimantation sur les
l’influence
propriétés moléculaires des corps magnétiques. Ainsi , lorsqu’un
fd de fer traversant une hélice parcourue par un courant électri-
que se trouve aimanté, le coefficient d’élasticité diminue. Ce ré-
sultat a lieu dans le fer doux et dans l'acier; mais, dans ce dernier,
la diminution persiste même après l’interruption du courant (Wer-

theim).
On peut montrer bien simplement le changement qui se produit
dans une barre de fer lorsqu’elle s’aimante en opérant comme il

suit : On fixe une tige de fer doux jwr une de ses extrémités,
tandis que l’autre est libre ;
on fait courber cette tige à l’aide d’un
poids additionnel placé à l’extrémité libre. Si on fait passer un cou-
rant électrique dans. une hélice entourant la tige de fer, celle-ci
s’aimante immédiatement, et aussitôt elle se redresse; ce qui an-
nonce un changement dans son élasticité (Guillemin).
L’action produite lors de l’aimantation du fer est rendue manifeste
par les changements de dimension des corps. D’abord on a con-
staté ce résultat remarquable, que le volume d’une barre de fer
soumise à une forte aimantation ,
ne changeait pas sensiblement.

Digitized by Google
80 MAGNETISME.

Pour cela on la place dans un tnbe de verre fermé et rempli d’eau,


et surmonté d’un tube capillaire ; les moindres variations de volume
seraient donc rendues sensibles par les mouvements de l’eau dans le
tube capillaire; dans ce cas, l’expérience a prouvé qu’il ne se produi-
sait aucun effet appréciable. (Gay-Lussac, Wertheim, Joule, etc.)

Mais, sous l’influence de l’aimantation, si le volume ne change pas,


la barre de fer augmente de longueur et diminue de diamètre.
D’après M. Joule, cet allongement qui est très-faible ( »tnH)üü de sa
,

longueur, en moyenne), serait proportionnel au carré de l’intensité


magnétique développée. D’après le même physicien quand , au ,

lieu de barres de fer, on emploie des fils de fer soumis à une cer-
taine tension, il peut se faire qu’au moment de l’aimantation oc
soit une diminution de longueur, au lieu d’une augmentation ,
que
l’on observe.

M. Wertheim , qui a étudié les effets mécaniques dus à l'aimanta-


tion, a trouvé, en plaçant des barres de fer dans une hélice, qu’il
se produit, par l’aimantation du fer, une traction mécanique due à
une composante longitudinale et à une composante transversale;
cette dernière s’annule quand la barre occupe le centre de l’hélice.
11 y aune expérience
très-simple que l’on peut faire pour démon-
trer l’action de cette composante longitudinale exercée de la part
d’une hélice sur une barre de fer, et que, du reste, nous aurons

occasion d'invoquer dans l’éleclro-magnétisme si l’on introduit un :

fil de fer ou une barre de fer à moitié dans une hélice, au moment

où l’on fait passer un courant électrique un peu intense dans le fil

conducteur, la barre attirée vivement vient se placer entre les


deux extrémités de l’hélice.

Ces expériences diverses montrent donc que l’acte de l’aimanta-


tiondonne lieu à un changement moléculaire dans le fer, change-
ment que M. Delarive a comparé à l’arrangement qui se produit
quand on trempe une barre d’acier; seulement l'effet n’est pas
semblable, car l’aimantation ne change pas le volume du fer, tandis

que trempe donne lieu à une augmentation de volume dans le fer,


la

c’est-à-dire à une diminution de densité.


Sons produits. Les changements moléculaires qui ont lieu dans
le fer lorsqu'ils se répètent à des intervalles très-courts peuvent ,

donner lieu à des vibrations sonores, que l’on observe dans un


grand nombre de circonstances. Ainsi , en approchant le pôle d’un
fort aimant d’une spirale plate traversée par un courant électrique,

on produit un son. En faisant tourner rapidement une armature

Digitized by GoogI
MAGNÉTISME. H

en doux devant les pôles d’un aimant à fer à cheval, on donne


fer
lieu même phénomène (Delezenue). Mais si l’on place au milieu
au
d’une hélice parcourue par un courant, des lames ou des tiges de
fer, au moment oii le courant est ouvert ou fermé, on observe

un phénomène analogue (Gassiot, Beatson, Dclarive, Wertheim,


Matteucci, Maman, Wartmann, etc.).
Les sons produits dans cette dernière circonstance acquièrent
plus d’intensité quand on opère à l’aide d’un courant électrique
discontinu qui permet aux vibrations moléculaires du fer de se
répéter à des intervalles égaux , en fixant
la tige en fer à une table

d’harmonie, ou bien lorsqu’on emploie un diapason monté sur


une table d’harmonie au lieu d’agir à l'aide d’une tige en fer. On
Fig. 173

peut disposer l’expérience en plaçant autour d’une des branches du


diapason une hélice qui ne le touche pas. On interpose alors dans le

circuit voltaïque un interrupteur à main M composé d’un disque


en verre dont la circonférence est formée de parties alternativement
conductrices et non conductrices, et d’un fil conducteur qui touche
continuellement la circonférence, ou bien l’on emploie un inter-
rupteur analogue aux petits appareils électro-magnétiques que nous
décrirons dans le livre suivant : à l’instant où l'on fait fonctionner
l'appareil, on entend un son continu et assez fort.
Si l’on mesure la hauteur du son produit dans une barre de fer

placée au milieu d’une hélice parcourue par des courants discon-


tinus on trouve que ce son est dû à des vibrations longitudinales
,

semblables à celles que le frottement ferait naître.


Quand on transmet directement des courants électriques au tra-
vers des tiges de fer ou des fils de ce métal, on remarque également
une production de son ;
ainsi ,
lors du passage de l’électricité dans

le fer, comme dans le cas où l’électricité circule autour de ce métal et


l'aimante, les vibrations sonores peuvent se produire. Il faut opérer

encore dans ce cas à l’aide de courants interrompus. Les sons qui


T. III. G

Digilized by Google
,,

82 MAGXKl'lSME.

proviennent de vibrations longitudinales, lorsque les fils ne sont pas


bien tendus, sont accompagnés d'un bruit particulier, d'une crépi-
tation semblable à celle de l'étincelle électrique; il faut donc,
pour
que le son soit bien pur, que le fil ait une tension suffisante; au
delà d’une certaine limite, l'aptitude des fils de fer doux à rendre

les sons diminue. Les sons dus au passage des courants électri-
ques dans les fils de fer et dans les tiges de ce métal doivent être
rapportés probablement à une expansion subite des molécules
comme semble résulter des expériences de M. Bcntson.
cela
Les changements moléculaires qui ont lieu dans le fer aimanté
sont encora rendus sensibles par une expérience de M. Grove,
qui montre qu’une armature en fer doux éprouve une élévation de
température de plusieurs degrés quand on l’aimante et qu’on la

désaimante successivement à d'un aimant extérieur. Les


l’aide

métaux autres que le fer, le nickel et le cobalt, ne donnent lieu à


aucun changement moléculaire de cette nature, ni à aucun son
appréciable; il se produit néanmoins dans les corps autres que les
métaux magnétiques des actions parliculières d’une autre nature,
et que nous allons étudier.
Polarisation circulaire magnétique. M. Faraday a découvert
qu’un puisant élcctro aimant peut agir sur une substance transpa-
rente, de telle sorte que, un rayon de lumière polarisée traverse
si

cette substance dans la direction de la ligne des |>ôles ou de l’axe


magnétique, le plan de polarisation de ce rayon est dévié soit à

droite, soit à gauche de l’observateur, suivant la direction de l'ai-


mantation. L’action des aimants puissants est donc capable de mo-
difier l’état moléculaire de tous les corps transparents, et de leur
faire acquérir, pendant que l’influence magnétique dure, les mêmes
propriétés optiques que celles que possède naturellement le quartz
parmi les corps solides minéraux, et un certain nombre de corps
tels que le sucre, l’acide lartrique, l’essence de citron ,
l’essence de
térébenthine, etc., parmi les substances organiques.
On peut mettre en évidence le phénomène remarquable décou-
vert par M. Faraday à l'aide des appareils disposés comme il suit :

Ou fixe solidement un fort électro-aimant ABC sur une table, de


façon que le plan passant parles deux faces terminales du fer doux
soit horizontal et à la hauteur de l’ouverture du volet d’une chambre
obscure ou d’une lampe O. Sur chaque branche de ce fer a cheval
on place des masses parallélipipédiques de fer doux DE, D E’, de
même largeur que le diamètre du fer. Ces masses de fer sont per-

Digitized by Google
MAGXËTISUB. 83

Fi#. 17».

cées à la partie centrale, dans toute leur longueur, d’une ouverture


cylindrique de 1 à 2 centimètres de diamètre, et on les dispose de

façon que les deux ouvertures et celle de la chambre obscure soient


dans le prolongement de Tune et de l’autre; on peut, en outre,
approcher ou éloigner ces masses de fer l'une de l’autre et les main-
tenir fixes dans la même position à l’aide de vis sans que les ouver-
tures cessent de se correspondre.
Les substances sur lesquelles on veut agir sont placées entre ces
morceaux de fer en a, de sorte que, les pôles de ces derniers agis-

sant normalement, la ligne magnétique se trouve être la direction


du rayon lumineux, et on observe les phénomènes à travers les ou-
vertures longitudinales des fers doux. Ces masses aimantées par in-
fluence DE, D’E’, augmentent de beaucoup les effets, et comme leur
intensité polaire croit à mesure qu’on les approche l’une de l’autre,

ou peut rendre sensible l'action du magnétisme sur des plaques


transparentes de quelques millimètres d’épaisseur.
La lumière blanche des nuées ou de la lampe 0 tombe d’abord
sur un prisme de Nichol F situé en avant de l’électro-aimant, et
lixé en D’ au morceau de fer D E'. Ce? prisme sert donc de polariseur.
J .a lumière, une fois polarisée ,
passe à travers les ouvertures des
masses de fer, et traverse par conséquent la substance transparente
a placée entre elles; elle est reçue ensuite de l’autre côté de l’clec-
tro-aimant sur un second prisme de Nichol 1’ nommé prisme ocu-
laire ,
ou sur un prisme biréfringent adapté au centre d’un cercle
divisé perpendiculaire à la direction des rayons lumineux. On em-
ploie le prisme de Nichol P quaud les effets à observer sont faibles,
et on lui substitue le prisme biréfringent dans le cas contraire. Des
6.

Digitized by Google
84 MAGNETISME.

mouvements d’alidades permettent de tourner les prismes dans tous


les azimuts possibles (E. Becquerel).
L’appareil suivant, construit par M. Khumkorf, est également
commode pour faire ces expériences :

Fig. 175.

AB, CD, sont deux électro-aimants rectilignes fixés en M et en


S aux deux côtés d’un bâti en fer doux MNRS. Un courant élec-
trique, en circulant dans les deux hélices AB, CD , peut aimanter for-
tement les deux électro-aimants. La disposition est telle que les deux
pôles B etc, situés en face l’un de l’autre, sont deux pôles contraires.
Comme le bâti est en fer doux , il forme armature, et l’action magné-
tique des deux autres extrémités A et B se trouve détruite. Il résulte
de cette disposition que l’on peut placer un corps entre les pôles con-
traires B et C, et qu’il sera ainsi soumis à une puissante action ma-
gnétique. Afin que l’on puisse juger de l’effet optique exercé dans
cette action, les fers doux sont percés longitudinalement de part
en part, comme les fers doux de l’appareil représenté figure 171, et
que l’un de nous a employé pour la première fois ; des appen-

dices E et F, d'un diamètre un peu moindre que celui des barreaux

de fer, servent à augmenter l’intensité magnétique exercée dans un


espace déterminé. Les extrémités O et O' sont munies de prismes de
Nichol, et les autres dispositions de l’instrument sont analogues à
celles qui ont été indiquées pour 1’appareil précédent.

La figure 173 représente un petit barreau suspendu entre les

pôles pour examiner les effets d’attraction et de répulsion; mais,


quand ou veut étudier l’action exercée sur les corps transparents.

Digitized by Google
MAGNÉTISME. 85

on enlève le petit barreau et on place les derniers sur un support


entre E et F, comme on l’a fait dans l’appareil représenté figure 1 74.
Après avoir placé la substance entre les surfaces polaires des fers
doux d’un des deux appareils qui viennent d’étre décrits, on com-
mence par tourner le prisme oculaire analyseur de façon à croiser
les deux prismes de Nichol et à éteindre l’image vue au travers de
la substance avant l’aimantation. Aussitôt après le passage du cou-
rant, la substance transparente est influencée, et l’image reparaît
avec plus ou moins d’intensité, suivant la nature de cette sub-
stance : le courant cesse-t-il , l’image disparaît.
Ce phénomène est une rotation du plan de polarisation. M. Fa-
raday a trouvé que le sens de cette rotation ne dépend pas des sub-
stances, mais de la direction de l’axe magnétique, et que, lorsque
le pôle austral estdu côté de l’observateur, elle a lieu vers la droite,
tandis qu elle a lieu vers la gauche lorsque c’est le pôle boréal.
Lorsque l’on opère avec la lumière blanche, alors, au moment oii
les pôles magnétiques influencent la substance, l’image de l’ouver-
ture de la chambre obscure parait colorée en bleu blanchâtre. Si
l’on tourne le prisme oculaire pour diminuer l’intensité de cette
image, elle parait bleue avant le zéro, et rouge après, quel que soit

le sens de la rotation.

Si l’on place l’écran de façon que le rayon de lumière polarisé


le traverse perpendiculairement à l’axe des pôles de l’électro-aimanl,
on n'observe aucun Mais si le rayon lumineux est incliné sur
effet.

l’axe d’aimantation, M. Verdet a démontré que la rotation du plan


de polarisation au cosinus de l’angle compris
est proportionnelle
entre la direction du rayon de lumière et celle de l'action magné-
tique.
Le phénomène se produit dans le même sens sur les différents
corps transparents que l’on peut essayer, soit solides soit liquides,

mais à un degré plus ou moins fort, suivant leur nature (Faraday).


Les corps cristallins eux-mémes manifestent ces phénomènes, et
même ceux, comme le quartz, etc., qui ont un pouvoir rotatoire
naturel ;
seulement il faut faire en sorte que l’action primitive de
la substance ne nuise pas à l’effet produit par le magnétisme : pour
cela, s’il du quartz, on forme des plaques de cette substance
s’agit

par la juxtaposition île morceaux qui sont doués naturellement de


propriétés rotatives contraires, et qui au commencement de l’expé-
rience ne donnent aucune déviation du plan de polarisation ;
puis on
opère avec ces écrans mixtes comme avec des corps amorphes. En

Digitized by Google
80 MAGNETISME*

tons cas, dans ces substances, les effets sont plus faibles que dans
d’autres corps (E. becquerel).
Lorsque l'on comprime ou tord les corps soumis à l’action de
l’aimant , il y a diminution dans la rotation circulaire magnétique;
comme les actions moléculaires font naître la double réfraction
dans les corps, et que les substances biréfringentes offrent une
action plus faible que les autres, il n’est pas étonnant que le phé-
nomène présente moins d’intensité (Matteucci, Wertheim).
M. Faraday a observé ces effets pour la première fois avec du
verre pesant (silico- borate de plomb), qui manifeste le phéno-
mène à un haut degré. Pour donner une idée de l’étendue de la
rotation, nous dirons qu’avec un prisme de 3 ou i centimètres
d’épaisseur et un appareil semblable aux précédents, si l’on fait
usage d’un courant provenant de vingt couples de Bunsen, on
peut avoir de 15 à 20 degrés de déviation du plan de polarisa-
tion.

Les substances qui manifestent la rotation au plus haut degré


sont les silicates et les chlorures. D’après M. Mathiessen, la base qui
donne aux verres l’action la plus énergique est l'oxyde de plomb;
puis viennent les combinaisons de bismuth, d’antimoine, de zinc, de
mercure et l’argent. La rotation se manifeste aussi dans des verres
à bases magnétiques, mais probablement avec moins d’énergie.
L’action pour un même écran est proportionnelle à l’épaisseur
de la substance traversée par la lumière, mais h intensité magné-
tique égale. Or, comme la distribution du magnétisme dans les
masses de fer doux est fort compliquée, on ne j>out connaître la loi

suivant laquelle change la rotation quand on augmente la longueur


des écrans et qu’on écarte les surfaces polaires des appareils ordi-
naires. M. Verdet a employé une disposition qui lui a permis de
comparer l’action magnétique avec le phénomène optique : elle

consiste à augmenter la dimension des faces polaires qui reçoivent


l’action magnétique ; pour cela il a terminé les pèles des électro-ai-
mants de l'appareil représenté figure 173 par des lames circulaires
de fer un peu larges, et a formé des électro-aimants circulaires

dont nous parlerons dans les livres suivants. On peut alors dépla-
ça- un corps dans le champ magnétique compris entre ces deux
lames sans que l’action change d’intensité. Ce point établi, il est
évident que l’on peut vérifier la loi de l’épaisseur, en mesurant
séparément l’intensité magnétique de 1 appareil, puis la rotation
du plan de polarisation, et les comparer l’une à l’autre. M. Verdet

Digitized by Google
MAGNETISME. 87

a aussi vérifié, comme on devait s’y attendre, que le pouvoir rotatif

développé par l’action de l’aimant sur une tranche très-mince d’un


corps est proportionnel à la quantité de magnétisme développée,
et en raison inverse du carré de la distance de la tranche au centre
magnétique.
En opérant toujours dans les mêmes conditions et avec les mêmes
épaisseurs, on peut comparer les actions produites par diverses
substances. Nous allons donner dans le tableau suivant quelques
déterminations faites avec des corps dont on avait déterminé préa-
lablement le magnétisme spécifique, afin de comparer les actions
attractives et répulsives aux rotations du plan de polarisation
(E. becquerel).

ROTATIONS
rapportées ACNÉTISME
substances. DENSITES. OBSERVATEURS
a l'eau spécifique.
distillée.

Verre pesant (
1" échantil.). » 4,9* (*) 2» Verdet.
td. (2* écltantil.j. » 4,00 U id.
Flint blanc M 2,30 U id.
Biclilorure d'etain 1» 3,22 » Bertm.
Sulfure de carbone. 1»
2,93 — 1,33 h. Becquerel.
Dissolution aqueuse de clilo-
rure de calcium » 1,61 — 1,16 id.
Dissolution aqueuse de clilo-
-
i

rure de magnésium 1,3197 1,61 1,21 id.


i Dissolution de sulfate de
mket 1,0827 1,36 +
— 2,10 id.
Eau distillée 1 1,00 1,00 id.
i Alcool » 0,90 — 0,85 id.

;
Dissolution aqueuse de pro -

ludiloriire île fer 1,0695 0,95 -4- 91,93 id.


Id 1,4334 0,30 -| -058,10 id.

On voit que les rotations ne sont pas en rapport avec les attrac-

tions et répulsions magnétiques qui s’exercent sur les substances ;

mais néanmoins on reconnaît que, plus le liquide est diamagnélique


ou repoussé, plus la rotation est considérable. Ainsi la polarisa-

tion circulaire magnétique est d’autant moins forte que le pouvoir


magnétique de la substance est plus grand.
Un a trouvé également, en comparant les effets produits à l’aide
des rayons lumineux de diverses réfrangibilités, que les lois de la
rotation de leurs plans de polarisation, par suite de l’action ningné-

(*) Ce» troi» nombre» ont été déduit» des déterminations faites par M. Verdet par
rapport au sulfure de rarbone' ;
pour ce dernier corps nous avons admis le nombre
2,93, trouvé par rappoit S l'eau.

Digitized by Google
,

88 MAGNÉTISME.

tique, sont sensiblement les mêmes que celles qui ont été trouvées
par M. Biot pour substances dont les molécules sont douées
les

naturellement du pouvoir rotatif. Mais il y a cette différence entre


ces derniers et ceux qui sont influencés par le magnétisme
,
que
dans le premier cas, le phénomène est moléculaire, et ne change

pas avec la direction du rayon lumineux à travers la substance on :

trouve alors que le sens de la rotation est relatif à la position de


l’observateur; dans le second cas, au contraire, dans la polarisation
circulaire magnétique ,
le sens est absolu et ne dépend que de la
direction de l’axe d’aimantation.
Une expérience de M. Faraday vient mettre en évidence cette
différence : supposons un cristal AB de verre pesant, placé entre
Fig. 176. deux pèles magnétiques P et N;
soit un rayon de lumière pola-

risée SS' qui ne parvient à l'ob-


servateur O qu’après avoir été ré-

„ fléchi sur chaque face du cristal

et qui parcourt par conséquent


trois fois la longueur du cristal. Si on détermine avec l’analyseur
la rotation du plan de polarisation , on trouve qu’elle est triple de
ce qu’elle serait si le cristal n’eftt été parcouru qu’une fois par le

faisceau lumineux; ainsi, dans ce cas, la lumière, en cheminant en


sens inverse, éprouve la même action, parce que l'aimantation est
alors inverse, et l’effet final est proportionnel à la longueur totale
du chemin parcouru dans la substance AB, placée entre les pôles
des aimants. On peut donc, à l'aide de cette disposition multiplier ,

l’effet de la rotation circulaire magnétique dans les corps amorphes.


Dans la rotation naturelle du quartz il en est autrement : si l’on

construit avec une plaque de quartz, substance douée de la rota-


tion naturelle,un prisme semblable, et qu’on analyse les effets
produits après plusieurs réflexions, on voit qu'après un nombre
impair de passages de la lumière , la rotation naturelle n’est pas
plus énergique que lorsque la lumière traverse seulement une fois
la substance, tandis qu’après un nombre jaiir de passages, l’effet

est nul. Ainsi, dans ce cas, quand la lumière polarisée revient en


sens inverse, l’action rotative naturelle est inverse; car l’observa-
teur, en se transportant pour observer l’effet produit, voit bien une
action dans le même sens par rapport à lui, mais dont le sens ab-
solu est différent par rapport à sa position première.
M. Delarive s’est servi d’une méthode assez simple pour étudier

Digitized by Google
MAGNÉTISME. 89

les rotations produites sur les corps, et en particulier sur les cris-
taux biréfringents , et qui est fondée sur le fait du passage de la lu-

mière dans deux directions opposées au travers des cristaux. Il a


placé surle pôle d’un électro-aimant un appareil de polarisation

de Noremberg qui permet, comme on le sait, de faire passer la


,

lumière successivement dans les deux sens au travers d'une plaque


transparente posée sur la glace. Alors ce double passage détruit la

rotation naturelle, tandis qu’il double la rotation magnétique.


Dans les expériences de ce genre, lorsqu’on fait passer le courant
dans le fil de l’électro-aimant, et qu’un corps transparent est in-
fluencé, l'image produite par la rotation du plan de polarisation
n’acquiert pas immédiatement toute sa vivacité, mais elle augmente
graduellement d'intensité. Quand on détruit le courant, l image
disparait tout à coup. 11 est possible que l’accroissement graduel
de l’image soit di’i au temps que le cylindre de fer intérieur met à
acquérir son maximum d’aimantation ,
et que plus le magnétisme
devient intense, plus la lumière augmente. Mais si l’aimantation n’ac-
quiert pas immédiatement son maximum d’intensité, elle ne doit pas
non plus le perdre tout il coup, et le temps nécessaire pour revenir
au zéro quand on interrompt le courant doit être le même que celui
qui s’écoule entre le moment où on établit le courant et l'instant
du maximum. Ainsi on devrait voir l’image revenir graduellement
au zéro, de môme qu’elle était graduellement devenue visible;
comme il n’en est rien, on peut supposer peut-être que le dévelop-
pement successif du magnétisme n’est pas la seule cause qui pro-
duise le phénomène, et que l’effet est dù à l’action exercée par
le magnétisme sur les molécules du corps, et provient de ce que

ce dernier met un certain temps pour acquérir ce nouvel état d’é-


quilibre; quand la force cesse d'agir, l’équilibre est détruit aus-
sitôt.

Cette action remarquable met en évidence, d’une autre manière


que par les mouvements d’attraction et de répulsion, l’action exer-
cée par magnétisme sur tous les corps. M. Faraday avait pensé
le

que l’effet était dù à l’action exercée de la part du magnétisme sur


le rayon lumineux lui-même; mais alors on aurait observé une ac-

tion dans les gaz et dans le vide, ce qui n’a pas lieu. La présence
de particules matérielles placées sur la route du rayon lumineux
est indispensable, et même, comme on l’a vu, la rotation dépend
tellement de la nature des substances qu’elle peut varier au moins
de I à 10, suivant le corps mis en expérience. Ainsi on ne peut

Digitized by Google
90 MAGNÉTISME.

attribuer ces effets qu’à un changement moléculaire dans l’état du


corps j changement qui doit être symétrique tout autour de la di-

rection de la ligne d’aimantation et persister tant que l'aimantation


dure, ou bien à une influence exercée de la part du magnétisme
sur un milieu éthéré qui pénètre les différents corps.

Digitized by Google
MAGNETISME TERRESTRE. 91

LIVRE X.

MAGNÉTISME TERRESTRE.

CHAPITRE PREMIER.
Description et asage des appareils.

Action magnétique du globe terretlre. Méridien magnétique. On


a vu dans le livre précédent qu’une aiguille aimantée dans une
localité quelconque revient à une position quand on la dé-
fixe,

range de son état d’équilibre. Ce fait indique que le globe terres-


tre agit comme un aimant pour lui imprimer une direction déter-
minée. Mais cette force se réduit à une action de direction, et nul-
lement de transport ; en effet , une aiguille aimantée placée sur un
flotteur en liège ne se déplace pas à la surface de l’eau , mais tourne
autour du centre de gravité du système jusqu’à ce qu’elle ait pris
une direction fixe, qui reste constante dans un même lieu. Le plan
vertical passant par la ligne qui marque cette direction est appelé
le méridien magnétique du lieu, et fait un angle plus ou moins

grand avec le méridien terrestre. Ainsi le globe agit comme un


couple sur l’aiguille aimantée, et donne lieu à deux actions égales
et contraires sur les deux extrémités de l’aiguille.
Il est facile de prouver encore d’une autre manière l’action d’in-

fluence exercée par le globe terrestre il suffit de prendre à la main


:

une barre de fer doux, de la placer verticalement, et de l’élever ou


de l'abaisser de manière 6 approcher successivement ses deux extré-
mités des deux pèles d’une aiguille aimantée. On voit alors que
l’extrémité supérieure de la barre de fer doux attire la pointe de l’ai-
guille qui tourne vers le nord et repousse l’autre, et réciproque-

Digitized by Google
,

92 NAGXETISMB TERRESTRE.

ment. En outre, en maintenant un des bouts de la barre à côlé


d’une des extrémités de l’aiguille, et s’il y a par exemple attraction ,
en donnant un mouvement tel qu’on la renverse complètement,
l’extrémité supérieure devenant l’inférieure, et vice versa, on voit
l’aiguille aimantée repoussée. On reconnaît par là que la terre agit
par influence sur la barre de fer doux, et y développe momenta-

nément une aimantation dépendante de sa |>osition.


D’après cela , on a désigné les pôles de l’aiguille sous la dénomi-
nation de pôles nord et sud , non pas parce que chacun d’eux pos-
sède un magnétisme semblable à celui du pôle terrestre vers lequel
il se dirige, mais bien parce qu’il a un magnétisme contraire. On
admet donc que la terre agit comme un aimant ayant deux pôles,
l’un qui prédomine au pôle nord l’autre au pôle sud ; nous verrons,
,

dans ce chapitre , comment on doit modifier cette opinion.


Déclinaison , inclinaison et intensité. Il est nécessaire pour étu-
dier l’action terrestre d’analyser dans les différents lieux du globe,
et à chaque instant, la direction et l’intensité de la force qui agit sur
l’aiguille aimantée. Cette détermination des divers éléments dont
se compose la résultante des forces magnétiques terrestres en dif-
férents points du globe est, depuis deux siècles environ, l’objet des
recherches des physiciens et des voyageurs qui ont fait le tour du
monde. 11 est nécessaire, avant d’indiquer les appareils employés à
cette détermination ,
d’indiquer quels sont les éléments que l’on
considère, et dont on recherche les variations.
Lorsqu'une aiguille aimantée ,
suspendue à un fil sans torsion
est libre de se mouvoir dans un plan horizontal, elle se fixe, comme
on l’a dit, après un certain nombre d’oscillations, dans une direc-
tion qui fuit un certain angle avec la méridienne du lieu où l’on se
trouve. Vient-on à la déranger de sa position d’équilibre d’un petit

nombre de degrés, y revient en effectuant des oscillations


elle

isochrones, dont la durée dépend de son état magnétique et de l’in-


tensité de l’action du globe. Cette aiguille peut donc servir à déter-
miner en intensité et en direction la composante horizontale des
forces magnétiques terrestres.
Maintenant ,
si l’on prend une aiguille aimantée suspendue libre-

ment par son centre de gravité, et capable de se mouvoir seule-


ment dans le plan vertical passant par lu direction de la composante
horizontale, elle ne conservera pas son horizontalité ,
lors même
que ces deux moitiés auraient été parfaitement équilibrées avant
l’aimantation ;
elle s'inclinera alors, par rapport à l’horizon ,
d’un

Digitized by Google
MAGNÉTISME TERRESTRE. 93

angle qui variera en allant de chaque pôle à l’équateur, où cet


angle devient nul dans des zones qui s’en écartent peu. De l’équa-
teur au pôle nord ,
l’extrémité de l’aiguille tournée vers le nord
s’inclinera de plus en plus au-dessous de l'horizon ;
dans l’hémi-
sphère sud, ce sera l’inverse. L’angle qu’elle forme avec l’horizon-
tale, joint aux deux éléments de la composante horizontale , sert à
déterminer complètement la résultante terrestre , à part les points
d’application de cette résultante qui sont déterminés par des consi-
dérations particulières.
On appelle déclinaison l'angle que forme l’aiguille horizontale
avec le méridien du lieu où l’on observe, et inclinaison l’angle
formé par l’aiguille se mouvant dans le plan vertical avec l’ho-
rizontale ;
on nomme boussoles de déclinaison et boussoles d'in-
climison les appareils destinés à donner la déclinaison et l’incli-

naison.
Quant à magnétique terrestre, on la détermine par la
l’intensité
considération suivantesupposons que l’on transporte sur diffé-
:

du globe une aiguille de déclinaison conservant con-


rents points
stamment son magnétisme ; le nombre d’oscillations qu’elle effec-
tuera dans le même temps, joint à la connaissance de l’inclinaison
du lieu , pourra servir à mesurer l’intensité des forces magnétiques
en ces différents points. Cette aiguille, en effet, oscille sous l’in-
fluence des forces magnétiques terrestres, comme le fait un pen-
dule sous l’action de la pesanteur; la formule du pendule peut
servir par conséquent (voir page 40) à déterminer l’intensité hori-

zontale des forces magnétiques. La boussole qui sert à faire cette


détermination est appelée boussole des intensités .
Composantes horizontale et verticale. Aux trois éléments de
déclinaison ,
d’inclinaison et d’intensité nécessaires pour détermi-
ner magnétique terrestre en un point, et quand il s’agit
la force

de recherches précises relatives aux variations de l’intensité magné-


tique, M. Gauss a proposé de substituer un système différent d'élé-
ments. La force pouvant être décomposée en deux parties dans le
plan du méridien magnétique , l’une horizontale et l’autre verti-
cale, il est évident que ces deux composantes peuvent être substi-
tuées à l’intensité totale et à l’inclinaison ,
et leurs changements

déterminés en même temps avec une grande précision (").

(*) Les composantes qui sont variables ont |


our expression les valeurs suivantes :

X = R cos 0 ,
Y = R sin 0.

R iudique l'intensité ,
X cl Y les composantes horizontales et verticales, <J l'incli-

Digitized by Google
94 MAGNÉTISME TERRESTRE.

Les appareils destinés à l’observation de ces éléments sont d’un


autre genre que ceux qui ont été adoptés jusqu’ici en France; ils

portent le nom de magnétomètres. Nous décrirons d’abord les

boussoles qui servent à la détermination des éléments ordinaires,


déclinaisons, inclinaisons et intensités ,
puis ensuite les magnéto-
mètres , qui donnent les éléments d'après le système de M. Gauss.
Nous allons entrer dans des détails suffisants pour bien faire con-
nous renvoyons au Traité de magné-
naître ces appareils, mais
tisme de l’un de nous pour tous les détails relatifs à leur mani-
pulation (*)•

lOlSXOLEI.

Boussole de déclinaison absolue. La boussole qui sert à détermi-


ner la déclinaison absolue, et construite par M. Ganibcy, est repré-
sentée ,
planche I, lig. 1 ; voici les parties principales qui la coin-
j>osent :

A, lunette pour observer l’étoile polaire.

H, niveau servant à mettre horizontal l’axe de rotation de la


lunette.
C, petit treuil auquel sont attachés les fils de suspension ,
et au
moyen duquel on peut élever et abaisser le barreau aimanté.
1), ressort s’appuyant contre l’axe de rotation de la lunette.
E, F, petits ressorts pressant sur l’axe de rotation de la lunette

pour augmenter le frottement.


G, bouton moletté qu’on fait mouvoir pour suspendre l’action
du ressort D.
H, cadre avec glace, recouvrant le châssis à travers lequel passent
les fils attachés à la chape I, dans laquelle est placé le barreau
aimanté.
J, fils croisés du barreau.
K, deux brides servant à retenir en place les boites qui recouvrent
le barreau.

foison. Les variations tle 0 et de R sont exprimées en fonction des variations de X


et de Y an moyen des foi mules :

f rfy
=i«(t
tfR rfx

T
,

9 '

* •
Y

Ci Becquerel, Traité de magnétisme , pages U et suivantes.

Digitized by Google
. ,

MAGNÉTISME TERRESTRE. 95

L, M, ouvertures recouvertes par des glaces, à travers lesquelles


ou observe les fils croisés du barreau.
N, ouverture par laquelle on passe les doigts pour limiter les
oscillations du barreau.
O, loupes pour lire la graduation. P, pince de la vis de rappel.
Q, alidade. R, vis du trépied. S, trépied. T, lunette de repère.
U, cylindre de cuivre servant k détordre les 61s et dont le poids
est égal à celui du barreau.
A', microscope pour observer les fils croisés du barreau.
R', vis de rappel inférieure.
S', douille fixée au trépied, à travers laquelle passe l’axe du
cercle qui porte la graduation.
ss, cercle horizontal divisé.
Nous passons à la description de la boussole, afin démontrer
l’usage des parties que l'on vient d’indiquer.

Le cercle horizontal est divisé en 360°; chaque degré en 6 par-


ties, et les verniers en 00 ; ce qui donne des appréciations k 10 '.

Ce cercle repose sur un axe [tassant dans une boite s fixée sur un
trépied tu, muni de vis calantes vvv.

Une lunette de repère T est fixée au cercle ss, et une vis de rap-
l*el R sert à maintenir et à faire tourner ce cercle de manière à
amener la lunette sur un point fixe. Ce point de repère sert à s’as-
surer que le cercle n'a pas été dérangé pendant tout le tenais de
l'observation
La boite dans laquelle passe l'axe du cercle est fixée à demeure
sur le trépied.

Voyons les parties situées au-dessus du cercle ss. L’axe du


cercle est percé pour recevoir un autre axe, après lequel est fixée
une alidade Q, portant les verniers destinés à mesurer les angles
sur le cercle horizontal; à cet axe est encore fixée une plaque qui
porte l’aiguille et toutes les parties servant à observer.
Sur cette plaque s’élèvent deux grandes colonnes r,c, qui portent
une traverse TT' à laquelle est fixé un treuil destiné à enrouler
le fil de suspension ,
qui passe entre les deux montants du châs-
sis H, recouverts de glaces, afin de voir à chaque instant si rien ne
gêne le fil ,
et si aucun filament n’est détaché; ce fil est composé

comme dans les autres Imussoles, d’un assemblage de fils sans


torsion.
Les deux montants du châssis reposent sur un autre châssis un
peu plus large que le précédent, dans lequel passe l’aiguille ou

Digitizad by Google
ae MAGNÉTISME TEBRESTRK.

barreau ,
et que l’on recouvre au moyen de deux boites B'B' qui
viennent s’adapter dans le châssis et qui y sont maintenues au
moyen de vis de pression.
Ces boites sont percées chacune de deux ouvertures L, M : l’une,
inclinée et supérieure, est dirigée du côté du microscope, pour
permettre d’observer les extrémités de l’aiguille ;
l’autre est située

en dessous de la boîte ,
afin d’éclairer et de pouvoir lire au moyen
d’une feuille de papier.
L’aiguille est un barreau de forme triangulaire, ayant O”, 50 de
longueur, 0", 01 5 de largeur et 0“,0035 d’épaisseur. A chacune de
scs extrémités se trouve un anneau muni de fils en croix j, dont l’in-

tersection coïncide sensiblement avec l’axe de figure. L’aiguille


repose dans un étrier 1 , portant à ses deux bouts deux arcs de cercle
qui permettent de la faire tourner sur elle-même de 1H()°. Le til de
suspension portant tout le système passe dans une ouverture angu-
laire ,
contre les parois de laquelle il vient presser, et qu’il ne peut
franchir, retenu qu’il est par le nœud qui le termine.
Sur le plan du treuil s’élèvent deux petites colonnes ff, portant
un microscope ou une lunette A, construite de manière à pouvoir
se rectifier comme une lunette méridienne ; deux ressorts D, U,
viennent presser sur les tourillons de l’axe, afin de produire un
frottement assez fort pour maintenir la lunette dans tontes les
positions.
Pour la rectification, on emploie un niveau B qui se place sur
l’axe de rotation du microscope , afin de s’assurer de l’horizontalité
de cet axe.
Quand on veut déterminer la déclinaison ,
on met l’appareil en
fonction ,
et l’on note avec le plus grand soin les positions des
extrémités du barreau en opérant par la méthode des retourne-
ments; l’on prend ensuite la moyenne des déterminations.
lioussole des variations diurnes. La boussole dont on se sert
ordinairement pour observer les variations diurnes de l’aiguille

aimantée, planche II, figure 3, est composée des parties suivantes :

H, table de marbre blanc sur laquelle reposent les colonnes et


la boite de l’instrument. BB, colonnes portant l’appareil de suspen-
sion. A, petit treuil destiné it élever ou abaisser les fils de sus-
pension.
CC, cadre à glaces pour recouvrir la suspension afin que l’air ,

ne puisse entrer dans la boite ni agiter les fils. 1)1), microscopes


pour observer les extrémités de l’aiguille aimantée. EE, viroles à

Digitized by Google
MAGNÉTISME TERRESTRE. 97

travers lesquelles passent les microscopes. FF, loupes pour faciliter


la lecture de la graduation sur les échelles. GG, réflecteurs pour
éclairer la graduation.
HH, de rappel servant à faire coïncider les microscopes avec
vis

les extrémités de l’aiguille. Il, colonnes qui portent les appareils


microscopiques. J J, écrous à travers lesquels passent les vis de
rappel.
KK, coulisses mobiles sur lesquelles sont fixés les microscopes
et les micromètres ;
chaque micromètre a un vernier obéissant à la
vis de rappel qui amène le fil du microscope sur la ligne de foi de

l’aiguille. Les divisions du micromètre expriment des millimètres et


des fractions de millimètre.
LL, glaces à travers lesquelles on observe l’aiguille. PP, boites
recouvrant l’aiguille. M, crochet de suspension de l’aiguille. NN,
petites échelles en ivoire, fixées chaque extrémité de l'aiguille,
il

sur lesquelles est tracée la ligne de foi que l'on suit à l’aide du
microscope. De chaque côté de la ligne de foi sont tracés plusieurs
millimètres destinés à déterminer l’amplitude des oscillations de
l’aiguille et à établir leur égalité de chaque côté de cette ligne.
Chaque millimètre est divisé en quatre parties.
00, pinces pour fixer l’aiguille lorsqu’on est en voyage.
QQ, traverses pour retenir les boites qui recouvrent l’aiguille.
L’aiguille a la forme d’un parallélipipède rectangle, posé de
champ dans le crochet M, attaché à un assemblage de fils de soie

sans torsion.
On dispose d’abord l’appareil dans le plan du méridien magné-
tique; après l’avoir nivelé, on place les microscopes sur la ligne
de foi de l'aiguille, dont la trace est indiquée sur les deux plaques
d’ivoire. 11 est facile ensuite d’observer les déplacements que l'ai-

guille soit en comptant les divisions qui ont passé sous


éprouve ,

le fil , en suivant ses mouvements au moyen de vis de rappel


soit

qui font marcher les microscopes, et l’on détermine ainsi les va-
riations que la position de l’aiguille éprouve dans le cours d’une
journée.
Des loupes mobiles FF sur les liges adjacentes U servent à lire
la position ou la course de chaque microscope sur la traverse qui le
porte ,
et qui règle son mouvement latéral.
Boussole d’inclinaison. La boussole d’inclinaison se compose des
parties suivantes, planches III, figure 4 :

Un cercle horizontal UO, divisé eu demi-degrés, et donnant


T. III. 7

Digitized by Google
!)8 MAGMATISME TEHBESTRE.

la minute au moyen d’un vernier. Ce cercle repose sur un trépied


M, ayant trois vis calantes NNN; K est une alidade; L. une douille
fixée sur le trépied, à travers laquelle passe l'axe de l’alidade.

Au centre, et sur un axe mobile, est fixée une large plaque


Tl*. Près des extrémités s’élèvent deux colonnes GG, fixées à

demeure dans la plaque PF, et servant à porter un cercle vertical


Eli divisé de 10’ en 10'.
Les deux colonnes servent à porter un double châssis HH, por-
tant le cercle d’inclinaison; le châssis extérieur est fixé sur les co-
lonnes, tandis que le châssis intérieur est sur un axe fixé à un des
bouts, et mobile à l’autre.
Le mouvement du double châssis a pour but de ramener l’aiguille

au centre d’un cercle placé verticalement dans le châssis. Sur les


deux traverses du châssis intérieur se trouvent deux petits mon-
tants entaillés d’un angle d’environ (>0°, pour recevoir l’axe de
l’aiguille.

Sur les traverses du châssis extérieur sont fixées deux plaques


de cristal de roche, sur lesquelles rei>osent les pivots cylindriques
de l’aiguille. Les deux entailles 11 e touchent pas l’aiguille lorsque
celle-ci est appuyée sur les deux plaques.
Un niveau 11, placé sur la plaque, sert à mettre l’instrument
horizontalement, de plus FF sont des plaques en cuivre servant à
fixer la cage en glace qui recouvre le cercle d'inclinaison.
L’aiguille aimantée A a la forme d’un fuseau sphérique très-
allongé. BB sont des supports en cristal de roche ,
sur lesquels
viennent se reposer les pivots des aiguilles.
Pour observer l’inclinaison , on commence par déterminer le mé-
ridien magnétique, en faisant mouvoir le cercle vertical en azimut
jusqu'à ce que l'aiguille soit verticale, puis l'on retourne d’environ
180” jusqu’à ce que cette condition soit de nouveau remplie , et la
moyenne des deux indications d’azimut, diminuée de!MI°, amène le
cercle vertical dans la directiondu méridien dont il s’agit. On ob-
stiné une série d’inclinaisons dans le plan du méridien magnétique
ainsi déterminé. On en observe une seconde après avoir fait par-

courir au limbe vertical un angle uzimutul de 180”, et l’on prend la


moyenne des deux, séries. On renverse les pôles de l’aiguille en la
désaimantant et la réaimantant en sens inverse, et l’on recom-
mence toute l’opération qui précède. Le milieu pris entre les deux
inclinaisons respectives donne l’inclinaison definitive de l’aiguille.

Lorsqu’on est muni de plusieurs aiguilles, 011 les fait toutes

Digitized by Google
,

MAGNÉTISME TERRESTRE. 99

concourir au môme but en les observant de la môme manière.


L’appareil est recouvert d’une cage reposant sur une plaque, qui
se trouve supprimée ici pour laisser voir toutes les parties dont il

se compose.
A mer, ce procédé n'est pas praticable, en raison du mouve-
la

ment continuel. du vaisseau. On se borne à établir le parallélisme


le plus parfait entre le plan vertical de la boussole et le méridien
magnétique du compas de route. Du reste , la boussole est alors
établie sous un appareil de suspension qui lui permet de rester
dans une position verticale malgré les mouvements du bftti-
inent (*).

Boussole des intensités. Cet appareil, représenté planche IV,


ligure 5, est une boussole de déclinaison disposée pour compter
avec facilité et exactitude les oscillations de l’aiguille aimantée,
même les plus faibles.

Il se compose d’une boite cylindrique en bois l)D, recouverte


d’une glace au centre de laquelle s’élève un tube de verre B ; dans
la boite se trouve l’aiguille aimantée F.

(•) On peut à l’aide de méthodes indirectes obtenir l'inclinaison. Si l’on place


l'aiguille d'inclinaison, et par conséquent le cadre de l'appareil ,
dans deux plans
rectangulaires taisant un angle quelconque avec le méridien magnétique, l'incli-

naison est donnée par la formule

cot. I = V' cot.’a -J- cot.’ê,

dans laquelle a et b représentent les inclinaisons observées dans les deux ptaus rec-
tangulaires.
Si l’on représente par N le nombre d’osrillalions faites par l'aiguille d'inclinaison

dans le plan du méridien (tendant le temps T par S' le nombre d'oscillations faites
;

dans un plan perpendiculaire, pendant le même temps; par


y et g’ l'inlensilé des
forces magnétiques qui sollicitent l'aiguille à prendre la direction de l'inclinaison
dans le premier plau et une direction verticale dans le second, ou aura, d'après U
formule du pendule

T = ""
\/|
d'où l'on tire N' : R" ! : g :
g’.

Mais comme g est une composante de la force g qui agit dans la dnectiou de l’in-

cfiuaison I , on a g/ =
g sin I , et par conséquent

sin 1 — *1 — NJ!
- 1-
H’ N

7.

Digitized by Google
,

100 MAGNÉTISME TER11KSTEK.

A l’extrémité supérieure de ce tube est adapté un petit treuil A,


destiné à enrouler le fil de suspension, et qui sé compose d’une vis
horizontale passant dans deux petites traverses verticales.
l’intérieur de la boite est fixé à demeure un arc de cercle
Dans
en ivoire, ayant une amplitude de 60°, et divisé en degrés.

La surface cylindrique est percée de deux ouvertures E, E, dia- \

métralement opposées et correspondantes au 0° de l’arc. Ces deux


ouvertures qui sont fermées par deux plaques de verre, servent à
,

observer les oscillations de l’aiguille ,


au moyen d’un microscope K
ou d’une lunette. Ce microscope glisse dans un cylindre horizon-
tal ,
et peut être rapproché ou éloigné , de manière a le placer au
point de vue de l’observateur.
A l’extrémité opposée au microscope est une vis de rappel H
destinée à faire coïncider le centre des oscillations avec le point de
croisement des fils du microscope.
Dans l’intérieur de la boîte se trouve un double levier G, destiné
à faire dévier l’aiguille d’un angle donné. Ce levier est muni aux
deux extrémités de deux petits cylindres verticaux, au moyen des-
quelles on entraîne l’aiguille. Ce levier se meut au moyen d’un
bras I
,
placé au-dessous.
L’appareil repose sur un trépied muni de trois vis calantes
L, L, L.
Il n’y a pas de niveau dans cet appareil ,
parce qu’au moyen
des trois vis on peut déplacer le point de suspension du fil, de
sorte que ce point se trouve au centre de l’arc de cercle de sus-
pension.
On commence par desserrer deux petites pinces à vis, situées sur
la boîte, lesquelles permettent d’enlever le couvercle et le tube. On
attache à la place de l’aiguille aimantée, au fil de suspension qui
porte un petit crochet ,
une plaque de laiton exactement du poids
de l’aiguille, afin de détruire la torsion du fil, et on remet ensuite
l’aiguille h la place de la plaque.
On du bras du levier pour dévier l’aiguille d’un
se sert ensuite
nombre donné de degrés. On compte les oscillations à l’oeil quand
elles sont grandes, ou en l’armant d’une lunette, si l’on craint que

1a chaleur du corps n’influe, ou bien on emploie le microscope, si

elles sont petites.

Un a vu précédemment que lorsqu’une aiguille aimantée, hori-


zontale, est dans sa position naturelle d’équilibre, si on l'en écarte,

Digitized by Google
g j

MAGNÉTISME TERRESTRE. 101

elley revient en effectuant une suite d’oscillations , dont la durée


dépend de la résultante des forces magnétiques terrestres dans le
lieuoù l’on opère, et du degré de magnétisme de l’aiguille. On se
sert du temps employé par cette aiguille pour effectuer une oscil-
, quand son magnétisme ne change pas , pour déterminer
lation
l'intensité de cette résultante; à cet effet, on fait usage de la for-

mule du pendule, attendu que l’aiguille qui oscille sous l’influence


du magnétisme terrestre se trouve dans les mêmes conditions
qu’un pendule oscillant sous l’action de la pesanteur (’).
Boussole marine. La boussole marine , au compas de variations,
n’est autre chose qu’une boussole de déclinaison, disposée de ma-
nière que l’aiguille reste toujours dans une position horizontale,
quelle que soit l’agitation du vaisseau.

(*) Si l'on représente par N et N' le nombre d’oscillations exécuté par la


m éme
aiguille dans le même temps T, et dans deux lieux où l’intensité des forces magné-
tiques est g et g', on a, comme on l’a tu précédemment, d’après la formule du
pendule,
1
N’ : N’ : : s : g'.

Les trois premiers termes de cette proportion étant connus, le quatrième s’en
déduit. C’est à l’aide de cette formule corrigée des variations de température et des
observations faites sur des différents points que l’on a trouvé que l’intensité du ma-
gnétisme va eu augmentant de l’équateur aux pôles.
Celte formule n’est point applicable à la force qui fait osciller la même aiguille
lorsqu'elle est verticale, comme dans le cas où elle se trouve dans un plan |ierpen-
diculaire au précédent ,
attendu que dans ce cas, comme dans celui d’une aiguille
qui se meut horizontalement ,
la furce qui produit les oscillations n’est qu’une partie
r
des forces magnétiques du globe. Mais si l’on représente par N, N’, N le nombre
d’oscillations infiniment petites qu'exécute une aiguille pendant le temps T, lors-

qu’on l’observe dans la direction de l'inclinaison, dans la direction verticale et dans


g’’
ta direction horizontale, on a, en représentant par g, g, les forces magnétiques
qui agissent chacune dans res directions,

ir : N-* ::p: g', N’ : N" 1 :: g : g'.

= —9—s
N”g
d’où h» et

Mais comme g’ et g" sont les composantes de la force g qui agit dans la direction de
l'inclinaison ,
on a :

g' — sin. I, 9
’'
= jcos. I.

On en déduit ,
dans le cas de l’aiguille verticale, N’ =
N’’
jjjpj
;
,
et N1
,
=£ —
N"
pour

le cas de l’aiguille horizontale.

Digitized by Google
|02 MAGNÉTISME TE B B EST BE.
Fig 177 La figure 177 représente uno vue
de cet instrument : il se compose
d'une botte portant à son entrée un
pivot qui peut être élevé ou abaissé

au moyen d'une vis. Une aiguille est

destinée à être placée sur le pivot.


Une feuille mince de papier doublé
d'une feuille de talc, ou de quelque
autre substance légère et rigide, forme
ce qu’on appelle la rose des vents;
ces feuilles sont attachées ou collées à l'aiguille, pour se mouvoir
avec elle. La rose est un cercle dont le centre est dans la verticale

du pivot ,
et dont la circonférence porte à la fois des divisions en
degrés et les signes des vents.
pp' sont deux pinnules. la première ayant une fente étroite, et la

seconde une large fente, au milieu de laquelle on suspend un petit


fil à plomb. M est
un miroir à faces bien parallèles, incliné de 55",
dont le plan coupe celui de la pinnulc p suivant le bord supérieur,
et ayant à peu près la largeur de la pinnule oculaire p. La petite
bande du miroir qui correspond à la fente de cette pinnule est
désétamée dans sa partie supérieure seulement, afin que l'observa-
teur puisse, au travers de la glace, viser au fil de la pinnule p'.

Au moyen des deux pinnules, on vise à un astre ou à un objet


situé dans l’horizon, ou élevé de 15 ou 20°. En même temps, on
voit par réflexion sur le miroir une portion de la ligne de foi qui
est peinte en noir sur le bord intérieur de la boite, et la division de
la rose qui se trouve vis-à-vis de la ligne de foi ,
c’est-à-dire dans le

plan vertical du pivot et des fentes des pinnules. De cette manière,


on connaît d’un seul coup d’a'il l’angle de l’aiguille ou du méridien
magnétique avec le plan vertical de l’astre ou de l’objet. Il reste à
déterminer par les moyens connus l’angle de ce dernier plan avec
le méridien astronomique du lieu, pour en déduire la déclinaison.
fout l'instrument est porté sur une traverse qui se visse, au
moyen de la plaque P, sur un pied où elle peut tourner librement.
Un cercle fixe CC’ est porté sur cette traverse : un cercle intérieur

rc repose sur le premier, et tourne sur l’axe rr' \


enfin la Imite
elle-même est portée par ce cercle mobile et tourne sur lui au ,

moyen de l’axe xx' qui est perpendiculaire à rr‘. C’est par ces deux
mouvements rectangulaires que la boite conserve son horizontalité ;

ils constituent ce qu'on appelle la suspension de Cardan.

Digitized by Google
MAGNÉTISME TERRESTRE. 103

Nous devons mentionner la construction des boussoles marines,


connues sons le nom de boussoles de Napier, et dans lesquelles un
style mu par un mouvement d’horlogerie, depuis le centre jusqu’à
la circonférence île la rose des vents, trace constamment la posi-
tion de l’aiguille par rapport à un point fixe. On peut connattre ainsi
à i liaque instant la marche d’un navire par rapport à la position de
l'aiguille aimantée.
Méthode* employées pour se préserver de l’altération locale des
vaisseaux. En faisant usage des boussoles sur mer, il faut avoir
égard aux variations de température et aux attractions locales, qui
altèrent plus ou moins la valeur des observations. Les effets dus à
la température ont déjà été exposés dans le livre IX e , page 3 V ; il
n’en sera plus question ici ;
nous ne parlerons que de la seconde

cause perturbatrice, celle qui est relative à l’attraction locale des


vaisseaux à bord desquels on fait des observations.
Le capitaine Duperrey, avant le départ pour son voyage de cir-
cumnavigation ]iendant années 1822, 1823, 182V et 1823, avait
les

combattu avec grand succès, lors de l’armement de la corvette


la Coquille qu’il devait commander, l’influence produite sur l’ai-

guille aimantée par les masses métalliques qui se trouvaient à bord.


Les canons de gaillard d’arrière avaient été supprimés, et l’on avait
chevillé et cloué en cuivre tout ce qui entourait le lieu des obser-
vations magnétiques jusqu’à une distance de 3 ou V mètres. Avec
ces dispositions, l’expérience prouva que l’on pouvait négliger l’in-

lluenco des fers du navire sur l’aiguille aimantée.


On doit à M. Barlow l’indication d’un procédé précis pour corri-
ger les effets de l’attraction locale. Ce physicien est parti du prin-

cipe incontestable que les diverses masses de fer qui se trouvent à


bord des bâtiments acquièrent la polarité magnétique sous l'in-
fluence de l’action du globe, et qu elles agissent ensuite sur les
boussoles, comme pourraient le faire de véritables aimants. Ce prin-
cipe posé, il admet que si l’on fait varier en même temps la dis-
tance et l’élévation d'une plaque de fer doux, par rapport à line

aiguille aimantée horizontale, on peut trouver une position oii cette

plaque exerce la même action que les pièces de fer qui se trouvent
sur un bâtiment. Dès lors celte plaque, placée d’un certain côté de
l'aiguille, doit détruire les effets de l’attraction locale.

M. Itarlow a tiré de là, comme conséquence, que la plaque et


les masses ferrugineuses perturbatrices étant modifiées de la même
manière, suivant la latitude magnétique des lieux où l’on observe,

Digitized by Google
,

104 MAGNÉTISME TEBBESTBE.

ce mode de compensation n’aurait pas besoin d'être changé.


Cette plaque se compose de deux autres plaques de fer épaisses,
vissées l’une sur l’autre, et d’un disque de bois interposé, destiné à
accroître légèrement l’épaisseur ,
sans en augmenter beaucoup le

poids. Par ce moyen on combine


,
le pouvoir énergique d'une des
plaques avec une faible partie du pouvoir de l’autre ; ce qui met à
même d’obtenir une attraction plus uniforme. M. Barlow ne pense
pas cependant que la double plaque soit nécessaire quand on fait
usage de fer pesant 292 grammes par décimètre carré ; mais, avec
une plaque de fer de 146 grammes par décimètre carré, l'expérience
luia prouvé que la double plaque était nécessaire. Ces plaques ont
un diamètre de 30 à 33 centimètres, et sont percées h leur centre
d’une ouverture par laquelle passe une bobèche en cuivre , munie
d'une vis extérieure; un écrou de cuivre, de 0 m ,027 environ de
diamètre, est vissé à chaque extrémité de la bobèche, afin de pres-
ser les plaques contre le disque en bois.
Pour rendre leur union plus intime, on visse les plaques près de
leurs bords, au moyen de plusieurs petites vis de fer.

Pour déterminer convenable où la plaque doit


la situation la plus
être placée dans le vaisseau on commence par poser sur le rivage
,

une boite ou un morceau de bois n’ayant pas de fer; on le perce de


plusieurs trous, à 0 m ,20, 0*‘,2I, etc., 0 m ,22 de la partie supérieure
dans lesquels on peut mettre, suivant le cas, une tige horizontale
de cuivre ou de laiton destinée à supporter la plaque ; cette tige est
introduite dans un des trous, et la boussole étant placée d’une ma-
nière fixe sur la partie supérieure de la boite ou de la pièce de bois,
on tourne cette dernière, au moyen de la tige, successivement
vers plusieurs points de l’horizon ;
puis on opère avec ou sans la

plaque pour déterminer son pouvoir d'attraction. Si les résultats


ainsiobtenus s’accordent avec ceux qu’on a observés à bord, on a
alors la position droite de la plaque. Quand cette condition n’est
pas remplie, on change la hauteur de la boussole et la distance de
la plaque, puis l’on répète les expériences. Il suffit de quelques

essais pour obtenir avec la plaque la même attraction que celle qui
est observée dans le vaisseau. Après quoi on mesure avec soin la
distance de la plaque à la verticale passant par le pivot de l’aiguille,
et la distance verticale au-dessous du limbe; puis on fait un trou,
et l’on introduit une tige dans une des parties du trépied employé
pour la boussole azimutale à bord.
Nous devons faire remarquer qu'en raison d’erreurs inévitables

Digitized by Google
MAGNETISME TERRESTRE. 105

dans les observations , il est presque impossible île disposer la plaque


de manière à avoir la même attraction que le vaisseau en chaque
point on doit alors prendre une moyenne entre les déviations au
:

S. E., S. O., N. E., N. 0., N. 0., N. S.; et si les moyennes des


résultats obtenus en ces différents points dans le vaisseau et avec la
plaque sur le rivage s’accordent ensemble, les autres erreurs seront
très-faibles. M. Barlow conseille de se servir d’une plaque déjà
corrigée ,
c’est-à-dire d’une plaque dont on a reconnu l’attraction

à plusieurs distances et dans plusieurs positions. On forme, à cet


effet, un tableau dans lequel se trouvent consignés les résulatsde
l’expérience.
Il ne suffit pas de se garantir dans les observations magnétiques

de l’attraction locale , il faut soustraire aussi la marche du chrono-


mètre à l’influence des masses de fer qui sont à bord.
M. Fisher paraît être le premier qui ait cherché à montrer qu’en
général la marche des chronomètres recevait une action des

masses de fer voisines. M. Barlow attribua cet effet à ce que le res-


sort ou quelque partie du balancier devenait magnétique : dès lors
il était facile de concevoir comment des masses de fer exerçaient

line action telle sur ces diverses pièces, que la marche du chrono-
mètre devaitêtre accélérée ou retardée suivant la position de ce der-
nier par rapport aux masses de fer qui se trouvaient à bord des
vaisseaux.
En partant de l’opinion de M. Barlow, que le balancier d’un chro-
nomètre, ou au moins son ressort, soit susceptible d’acquérir la

polarité magnétique, ce balancier doit tendre à prendre une certaine


direction lorsqu’il se trouve dans la sphère d’activité d’une masse
de fer ;
l’intensité de sa force peut être calculée en comptant le

nombre d’oscillations qu’une petite aiguille de fer exécute dans un


temps donné, dans une situation quelconque relativement au fer, ,

et en comparant ce nombre d’oscillations à celui qu’elle exécute-


rait pendant le même temps hors de la portée de la force attrac-
tive (*).

M. Barlow a commencé par constater la durée de quatre oscil-

lations d’une petite aiguille en présence d’une bombe de 0 m ,46 de


kll ra
diamètre, pesant ‘2'2i ,tiHK et à 0 , 40 de distance de son centre.
C’est ainsi que M. Barlow a été conduit à admettre, d’après di-
verses expériences, que la direction du balancier, par rapport au

(*) Traité du magnétisme, p. t58.

Digitized by Google
100 MAGNETISME TERRESTRE.

fer, exerce la plus grande part sur les effets produits ;


qu’il y avait

retard de 2" par jour, quand le point de 12 heures était tourné vers
le midi, et seulement 0,7 quand il était placé à l'est ;
mais aussitôt
que le chronomètre était replacé dans sa première position, le re-

tard était de nouveau de 2",1 par jour.


On voit par là qu'à bord d'un vaisseau on doit éloigner avec soin
les chronomètres, comme les boussoles, du voisinage des masses
de fer.

M. Barlow conseille, pour déterminer la position la plus favorable


au chronomètre, d’établir une boussole dans remplacement dési-
gné, d’observer et de comparer la direction de l’aiguille avec celle
de la boussole azimutale du pont, pendant que le navire subit diffé-
rentes orientations quand la différence
;
est trop considérable, il faut
choisir un autre emplacement.
Les expériences faites avec la plaque du fer montrent que le

pouvoir du fer pour troubler la marche du chronomètre résidé,


comme pour la boussole, sur la surface, et, comme on connaît gé-
néralement la distance et la direction que doit avoir cette plaque,

afin que son pouvoir puisse être égal à l’action moyenne du fer du
vaisseau on a un moyen prompt de s’assurer, avant d’envoyer un
,

chronomètre à bord , si ce fer aura pour effet d’accélérer ou de re-


tarder sa marche. On peut aussi déterminer avec une très-grande
approximation la marche de la variation.

mageétomEtrks.

Magnétomètre unifUaire de déclinaison , ou déclinomètre. Les


magnétomètres destinés à observer les trois éléments de la force
magnétique du globe dans le système de M. Gauss sont au nombre

de trois : le magnétomètre de déclinaison, pour observer la décli-


naison absolue, l’intensité absolue, et les variations de la déclinaison;
le magnétomètre bifilaire pour observer l’intensité de la composante
horizontale et le magnétomètre pour la force verticale, ou le ma-
gnétomètre-balance; nous allons les décrire successivement.
Le magnétomètre de déclinaison composé des parties sui- est

vantes d’un barreau aimanté, de son étrier, du cercle de torsion,


:

du porteur, et de sa vis, du fil de suspension formé d’un assem-


blage de fils de cocon, du miroir et du porte- miroir, de la règle
de torsion, de l'échelle et de la règle d’arrêt, de la règle de dévia-
tion, de la règle de supports et de poids; les figures 7, K, tt. iO,

Digitized by Google
;

MAGNÉTISME TBBHF.STHE. 107

11, 12, 13, 14, 15, 16, planche Ve , représentent toutes ces parties
en plans et coupes.
On voit dans lu ligure 7 le porteur, sa vis et le fil, vus de l’ouest;
an est une planche fixée au plafond ;
bb, deux tringles de bois fixées
sur cctle planche, et dans lesquelles un châssis dd peut être mft de
l’est ù l’ouest; deux
en saillie ce supportent ce dernier;
liteaux
deux porte-vis en cuivre jaune cr sont fixés au plancher au moyen
de vis, etc.
La ligure 8 représente le porteur avec la vis et le fil vus du sud ;

sur le bord du liteau cc se trouve une échelle qui sert à marquer la


position de la coulisse ; il est facile, à la simple inspection de la

ligure , de se rendre compte des diverses parties qui y sont repré-


sentées.

La ligure 9 représente la partie oscillante du magnétomètre, vue


de l’ouest; elle est formée de deux crochets aa on attache à l’une
des deux goupilles qui prennent sous les deux crochets, et par son
extrémité inférieure, le fil g.
bb est un cercle de torsion sur lequel repose l’étrier ccc;
dd, barreau aimanté ;
ee ,
porte-miroir, avec deux cadres ff, hh;
kk, deux sergents destinés à maintenir le miroir.
Toutes les parties de l’instrument sont exécutées en cuivre jaune,
Irès-mince, afin de ne pas trop augmenter le moment d’inertie du
magnétomètre. Le fil qui supporte l’étrier est fixé à une goupille
qui passe sous les crochets aa ; on peut ainsi enlever l’étrier sans
détacher le fil.

bb, ou le cercle de torsion , est muni d’un pivot vertical , dont


l’extrémité supérieure porte les crochets aa. Cc pivot est entouré
par l'étrier qui se meut autour de lui ;
par ce moyen l’étrier repose
sur le cercle de torsion; mais il ne peut tourner, en raison du frot-
tement qu’il exerce sur le cercle.

ee est la gaine du porte-miroir, dans laquelle entre le barreau


aimanté ,
sur lequel le porte-miroir est maintenu au moyen de vis.

ff est un cadre tournant autour d’un axe vertical ;


ce cadre est
fixé au moyen d'une vis de pression et d’une vis à demeure.
Au cadre x est uni un second cadre ff, se mouvant autour d’un
axe horizontal h h ; à ce second cadre sont ajustés les trois sergents
destinés à maintenir le miroir: dans la figure, on ne voit que deux
sergents kk' ; le troisième est couvert par le second sergent en k‘.

La ligure 10 représente toutes les parties du porte-miroir vues


du sud.

Digitized by Google
108 MAGNÉTISME TERRESTRE.

La figure H représente l’étrier du cercle de torsion , le barreau


aimanté, et le porte-miroir vus par en haut. Au centre du cercle de
torsion, on aperçoit l’extrémité du pivot qui traverse l’alidade et le

double crochet , avec les trois pivots destinés à recevoir les extré-
mités de la goupille attachées au qui y est fixé.
fil

Dans la figure 12, on aperçoit toutes les parties de l’étrier vues


du sud.
Le barreau en bois qui se trouve placé dans l’étrier , et dont la
longueur dépasse 700 millimètres, est placé au-dessous du centre
du barreau aimanté, et sert à supporter deux poids d’un J kilogr.
chacun, qui servent à augmenter le moment d’inertie de la lame
aimantée. Elle est munie de f> pointes sur lesquelles les deux poids
peuvent être placés à trois distances différentes; les deux pointes
les plus près du centre sont éloignées l’une de l’autre de 100 mil-
limètres ; les deux suivantes sont à une distance de 400, et les deux
pointes les plus extrêmes, à 700 millimètres.
Les figures 13, 14 et 13 représentent de profil et des deux faces
la goupille à laquelle est attaché le fil. La figure 13 nous montre la

goupille avec les deux pointes destinées à être reçues dans les deux
trous de ce pivot pratiqués sous les crochets du cercle de torsion ,

ainsi que le ressort destiné à maintenir la goupille lorsque l’étrier


sera enlevé ainsi que le fil qui le supporte.
La figure 14 montre l’ouverture étroite par laquelle le fil doit
passer et être contenu.
La figure 15 laisse apercevoir une ouverture ovale au centre de
laquelle passe, en travers, une autre petite goupille, à laquelle le

fil est attaché, et qui est maintenue par son extrémité inférieure
formant un nœud à collet.
La figure 1(> est le modèle de l’échelle qui doit être réfléchie dans
le théodolite, et dont l’image est observée dans le miroir , à l’aide
de cet instrument.
Après avoir fait connaître avec détails toutes les parties dont se
compose le magnétomètre , nous allons indiquer les rapports qui

existent entre elles, ainsi que plusieurs particularités relatives à


leur usage.
Nous avons dit précédemment que le miroir devait être fixé soli-
dement à l’extrémité du barreau tournée du côté du télescope, de
manière à n'éprouver aucun dérangement pendant les expériences ;
il doit, en outre, conserver vis-à-vis de ce barreau une position
telle que la normale au miroir soit sensiblement parallèle à l’axe

magnétique.

Digitized by Google
MAGNÉTISME TERRESTRE. 10 !)

Le porte-miroir est représenté figure 10; sa douille est assujettie


au barreau au moyen d’une vis; en tournant celle-ci, le miroir peut
être mù autour de deux axes rectangulaires et placé dans la posi-
tion convenable. Quant au porteur, à sa vis et au fil de suspension,
nous nous bornerons à dire que ce fil est formé de 200 (ils de cocon
parallèles , dont chacun doit pouvoir supporter sans se rompre un
poids de 30 grammes.
La caisse est destinée à soustraire le barreau aimanté à l’in-

fluence du courant d’air. Pour reconnaître si le fil est sans torsion


quand le barreau est revenu à sa position d’équilibre il faut placer ,

dans l’étrier, h la place du barreau, une lame de laiton de longueur


et de largeur égales, et à peu près du même poids que lui : cette
lame accessoire, dans laquelle on place une petite aiguille aimantée,
pour diminuer la durée des oscillations est munie , de même que
,

le barreau aimanté d’un miroir et d’un porte-miroir


,
dans les me- :

sures de l’intensité, on emploie une deuxième lame secondaire


absolument semblable. La petite aiguille aimantée doit avoir son
axe magnétique placé dans la même position oii se trouvait celui
du barreau principal.
Il est nécessaire, pour faire promptement et avec exactitude les
observations , de pouvoir modérer à volonté les oscillations ;
on y
parvient au moyen de la règle d’arrêt, laquelle est tout simplement
un barreau aimanté, de même longueur et de même largeur que le
barreau principal, mais d’un poids quatre fois moindre.
Le magnétomètre dont nous venons de donner la description est
destiné, ainsi qu’on l’a dit, à mesurer la déclinaison absolue, l’in-

tensité du barreau aimanté et les variations diurnes.


L’aiguille ou le barreau aimanté, qui en forme la partie princi-

pale, étant très-rarement en repos, il est presque impossible de dé-


terminer immédiatement sa position dans l'état de repos, comme
on le fait avec les aiguilles des boussoles, qui n’ont pas , à beaucoup
près, autant de sensibilité. On ne doit donc pas s’attacher à chercher
la position que le barreau occupe au moment de l’expérience, mais
bien celle qu’il aurait s’il se trouvait exactement dans le méridien
magnétique. On ne peut y parvenir qu’en remplaçant les observa-
tions immédiates par des observations indirectes qui n’exigent pas
un repos complet.
La première méthode consiste à observer l’aiguille aimantée ou
lebarreau quand elle oscille, de manière à remarquer sur l’échelle
deux positions successives et extrêmes, un maximum et un mini-

Digitized by Google
110 MAGNÉTISME TERRESTRE.

mum ;
puis à prendre la moyenne, qui donne la position cherchée.
Ce procédé néanmoins a lie soin d’être modifié lorsque les oscilla-
tions ont une étendue considérable, attendu que, dans ce cas, l'ai-
guille n’oscille pas également de chaque noté du méridien magné-
tique; il ne peut être admis non plus qu’avec certaine restriction
lorsque les oscillations sont petites.
Le second procédé pour déterminer la position exacte de l'ai-
guille, quand elle n’est pas en repos, est fondé sur ce principe,
que le milieu des deux positions do l’aiguille correspondant toutes
deux exactement à deux instants qui différent entre eux d’une du-
rée d’oscillation , coïncide avec le méridien magnétique dont la po-
sition aura été admise comme terme moyen entre ces deux instants,
quelles que soient les périodes d'oscillation dans lesquelles ces in-
stants puissent tomber. Ce principe serait vrai ,
si des causes exté-
rieures ,
telles que la résistance de l’air et autres ne contribuaient
pas à diminuer l'amplitude des oscillations, et si, pendant ce court
intervalle, un changement dans la situation du méridien magnétique
ne pouvait pas être considéré comme uniforme. Lorsque les oscilla-
tions ont peu d'étendue, on peut négliger la première circonstance,
ainsi que la deuxième, attendu que, dans le premier cas, on peut
considérer comme uniformes les variations de la déclinaison dans
un court intervalle de temps.
Si donc l’on veut connaître la position de l'aiguille à l’instant T,
il suflira, quand l’aiguille ne fera plus que de très-petites oscilla-

tions. d’observer les positions réelles qu’elle occupe dans les in-

stants T — ^ t,
et T-+- J
t, etc., t indiquant la durée d’une oscilla-

tion, et de prendre ensuite la moyenne des deux positions. Il sera


convenable encore, si l’on veut obtenir plus d’exactitude, de faire

d’autres déterminations semblables en nombre égal, à des inter-


valles égaux , quelques instants avant et quelques instants après l.
Si l’on suppose que durant ce temps la variation puisse être consi-
dérée comme uniforme, le terme moyen de ces opérations sera le;
résultat définitif et valable pour cette période t ; résultat beaucoup
plus certain que ne le serait la simple détermination pour t lui-

même. Pour y parvenir, on a une méthode très-simple; elle con-


siste, lorsque le résultat définitif devra être basé sur cinq résultats
partiels , à annoter la position réelle de l’aiguille aimantée pour les
six périodes suivantes :

T —| é, T — $1, T- J/, T-t-4/, T + jf, T + H

Digitized by Google

MAGNÉTISME TKHHESTRR. III

Si l’on représente ensuite les positions annotées par a, b, c, cl, e,

f, L(rt-t-A) sera le résultat valable pour la période T —2 1 ; de


même {(b + c), ±(c + d), \ (cl -\-e), répondront aux
périodes T t, T, T + f, T-t-3/; et le terme de ces résultats
partiels, ou la K* partie de leur somme totale, devra être considéré
comme le résultat général corrigé pour la période T.
Mnynétomètre bifilaire. Cet appareil est destiné à donner l’in-
i

tensité de la composante horizontale. Le principe sur lequel repose


sa construction est le même que celui qui a guidé M. Harris pour
er
construire l'appareil décrit tome 1 , page 2i lorsqu’un corps, :

d’une forme quelconque, suspendu à deux fils dont les parties ont
de la cohérence, est soumis à l’action de la gravité, les conditions

de son équilibre peuvent être exprimées de la manière suivante :

La ligne verticale qui passe par le centre de gravité du corps doit

être parallèle aux deux fils et située dans leur plan.


Pour fixer les idées, supposons que les deux fils aient une lon-
gueur égale, que leurs points d’attache supérieurs soient à la même
hauteur, et que leur distance soit égale dans tout leur trajet; sup-
posons enfin que les points d’attache inférieurs forment avec le ,

centre de gravité du corps, un triangle isocèle: lorsqu’il y aura


équilibre dans le système, les deux fils auront une direction verti-
cale, et une ligne verticale intermédiaire pourra être supposée [las-

ser par le centre de gravité.


Si maintenant ,
au moyen d’une torsion imprimée au système,
autour de cette ligne verticale fictive, on dévie le corps de sa posi-

tion d’équilibre, les deux fils ne seront plus alors verticaux et le

corps sera soulevé. Le système tendra donc à reprendre d’abord sa


position d’équilibre primitive, en exécutant un certain nombre d’os-
cillations dans le sens de la verticale, avec un moment de torsion

que l’on peut considérer comme sensiblement proportionnel nu si-


nus de l'angle de déviation, et qui est le plus grand possible, par
conséquent, quand la déviation est de 90". Ce maximum de mo-
ment de torsion est précisément celui que M. Gauss considère dans
ses observations et dans ses calculs. Ce moment peut servir aussi à
mesurer la force qui fait dévier le corps de sa position d’équilibre,

et qui est dépendante du mode de suspension et du poids du corps;


on lui a donné le nom de force de direction.
L’intensité de celte force (la force de direction) dépend : 1° de
la longueur des fils; 2" de leur distance; d” du poids du corps.

Elle est en raison inverse de la longueur des fils ,


en raison di-

Digitized by Google
112 MAGNÉTISME TERRESTRE.

rode de leur distance et du poids du corps. Dans le cas où les sup-


positions d’où l’on est parti ne seraient pas exactes, l’expression
de la force directrice deviendrait alors plus compliquée. Maintenant,
si l'on place un barreau aimanté dans l’appareil, les effets dépen-
dront de la combinaison des deux forces directrices.
On peut alors considérer trois cas deux positions du corps
: les

dans lesquelles il serait en équilibre, sous l’action de chacune de


ces forces séparément , peuvent coïncider, être opposées , ou bien
former un angle. Il est bien évident que la différence de ces trois
cas dépend du rapport des deux angles formés, d’une part, par la
ligne droite qui passe par les deux points d'attache inférieurs avec
le barreau magnétique; et de l’autre, par la ligne qui passe par les

deux |>oints d’attache supérieurs avec le méridien magnétique.


Dans le premier cas, le barreau aimanté, si son pôle nord est
dirigé vers le nord, se trouvera dans le méridien magnétique; dans
le second cas, le barreau aura nécessairement une position inverse
dans ce méridien ; et dans le troisième , il devra former un angle
avec ce dernier. M. Gauss appelle ces trois positions : naturelle, in-
verse et transversale.
Dans la situation naturelle, la position d’équilibre de l’appareil,
dépendant du mode de suspension , n éprouve aucun changement
par l’influence que le magnétisme terrestre exerce sur le barreau
magnétique; mais l’appareil est retenu dans cette position par la

somme des deux directions.


Dans le second cas, l’équilibre a encore lieu, mais il n’est stable
que lorsque la force directrice terrestre se trouve être plus petite
que la force de direction qui dépend du mode de suspension.
Enfin, dans le troisième cas, oii les deux forces directrices for-
ment entre elles un angle, l’action simultanée des deux forces en-
gendre une [tosition moyenne où ni le barreau ne se trouve dans
le méridien, ni une ligne droite tirée par les points d’attache infé-

rieurs des fils ne se retrouve parallèle à la droite qui passe par les
points d’attache supérieurs.
L’appareil offrant les moyens de mesurer les angles entre les trois
positions en question, le rapport des deux forces directrices com-
posantes peut être calculé, et l’on peut obtenir par conséquent une
mesure absolue de la force directrice du magnétisme terrestre.
Il est, du reste, très-avantageux de placer le barreau magnéti-
que, relativement aux autres parties de l’appareil, de manière que,
dans la position moyenne d’équilibre, il forme avec le méridien

Digitized by Google
MAGNÉTISME TERRESTRE* 113

magnétique un angle à peu près droit. Dans ce cas, la position

transversale sera la plus favorable.


Les figures 17, f8, 19 et 20 (pl. VI) représentent les plans et
coupes de ce magnétomètre.
A l’inspection seule de la figure, on voit que l’appareil se divise
en trois parties : la première, la principale, est l’étrier E ,
E, E, E ;

la seconde, les fils de suspension //, et la troisième, le porteur PP


fixé au plafond et qui supporte les deux fils.
L’étrier est composé des mêmes parties qui, dans le magnéto-
mètre unifilaire, étaient partagées entre l’étrier, le plafond et les
extrémités du barreau.
La figure 17 représente l’instrument d’une grandeur réduite de
moitié île celle qui est nécessaire pour un barreau de 12^; cette
figure est une coupe suivant Ab. On y distingue les parties suivantes
susceptibles de mouvement circulaire.
Le cadre CC du miroir M est adapté à un tube TT qui tourne sur
un axe vertical aa, tandis que le reste de l’instrument conserve sa
position l’axe vertical aa du miroir, et l'alidade au de ce dernier,
;

sont adaptés au plan du cercle sur lequel sont attachés les fils de
suspension, et au-dessous se trouvent l’étrier et son alidade; le

tour de l’étrier avec son alidade sur le cercle qui le supporte ;


le

tour des deux bouts de fil supérieurs.


Décrivons maintenant ces différentes pièces tournantes. La pre-
mière est indiquée figures 17 et 19, et n’a pas lie soin d’explica-
tion; on ne l’emploie que pour tourner l'axe du miroir du côté
du théodolite et de l’échelle, sans avoir besoin de déranger le ma-
gnétomètre.
L’image de l’échelle, réfléchie par le miroir, sert à régler la

pièce sans qu’il soit besoin d’autre moyen de mesure. Une vis v
sert à fixer le cylindre sur l’axe.
Le miroir M, sa tige aa, son alidade a'a', faisant corps (fig. 20),
composent la seconde pièce tournante ; ces trois pièces tournent
ensemble dans la boite du cercle DD.
L’angle de rotation peut être mesuré au moyen de l’alidade du
pivot qui est recourbé à ses deux extrémités, auxquelles sont fixés
deux nonius NN (fig. 18) reposant sur le plan du cercle. Une vis
de pression v' (fig. 17 et 20) serre la pièce contre le plan du cercle
et arrête tout mouvement.
Cette seconde pièce, au besoin, pourrait suffire; mais l’usage
montre qu’il est quelquefois besoin de se servir de la première. La
T. III. 8

Digitized by Google
4

1 1 MAGNETISME TERRESTRE.
troisième pièce tournante est composée île l’étrier avec son ali-
dade ;
elle le cercle, comme on le voit ligures 18 et 19
repose sur .

Deux forces sont en présence la force de direction des fils qui


:
,

agit immédiatement sur le cercle auquel sont fixées les vis de sus-
pension des fils V V, et la force directrice du magnétisme terrestre,
qui agit en rnéme temps sur l'étrier dans lequel se trouve le barreau
aimanté. Dans le cas oii les directions de ces deux forces font entre
elles un angle, elles tendront naturellement à faire tourner les

deux parties réciproquement; pour éviter cet inconvénient, et


afin qu’il n’y ait aucun déplacement, les deux parties sur les-

quelles chacune de ces forces agit séparément ne peuvent être


bougées qu'au moyeu d’un frottement plus grand que chacune des
forces agissantes.
L'appareil est disposé pour que l'on puisse mesurer avec une
grande exactitude l’angle de rotation dont dépend l’angle que for-
ment entre elles les deux forces de direction.
Dans l'appareil bifilaire, le même cercle et la même division qui
servent à évaluer les mesures du second tour sont employés en
me die temps à mesurer les effets
du troisième c’est une simplifi- :

cation très-avantageuse. Tour atteindre ce but, l'alidade de l’étrier


est munie de deux nonius. Le cercle a donc deux systèmes d’ali-
dade ayant chacun deux nonius qui doivent servir indépendamment
l'un de l'autre; mais, pour éviter qu'ils ne se rencontrent, l’une des
alidades est placée au-dessus, l’autre au-dessous du cercle. Les no-
uius de l’alidade supérieure touchent les divisions intérieures du
cercle, tandis que les autres, comme le montre la figure, touchent
les divisions extérieures.
Les chiffres appartenant à la division du cercle ne pouvant ser-
vir pour les deux , attendu qu’ils sont nécessairement recouverts
par les nonius de l’un ou l’autre système d'alidade, on remédie à
cet inconvénient en plaçant les chiffres tour à tour en dedans et en
dehors (fig. 18 ).
La quatrième pièce à mouvement de rotation est celle qui con-
cerne les deux IkhiIs de fils tournant autour de l’axe aa. Ce mou-
vement s’obtient au moyen du porteur qui est placé au plafond.
Cette pièce, en raison de sa position ,
est rarement employée; on
peut seulement, dès le principe, lorsqu’on dispose l'appareil ,
tour-
ner le porteur pour qu’il ait la position la plus convenable pour
l’expérimentateur.
Dans l’observatoire de Geettingue, le barreau aimanté qui fait par-

Digitized by Googl
MAGNETISME TEBJtKSTKE. 116
ticde l’appareil pèse 12^, et est fortement aimanté. M. Gauss
pense qu’il faut employer des aimants plus forts dans cet appareil
que dans le magnétomètre unifilaire.

A l’aide de cet appareil, le barreau aimanté étant placé dans un


plan perpendiculaire au méridien magnétique, on cherche, d'après
de la mécanique, l’évaluation de la puissance magnétique
les principes
de la composante horizontale. Nous renvoyons, pour les détails,
au Traité de magnétisme terrestre.
Magnétomètre pour la force verticale, ou magnétomètrc-balanec.
« L’instrument employé à déterminer les changements de lacom-
posante verticale de la force magnétique est une aiguille magné-
tique reposant sur des plans d’agate à aide de couteaux
l
, etame-
née au moyen de contre-poids dans la position horizontale. Par
les changements de position de cette aiguille, on peut conclure
les
changements de la force verticale, lorsqu’on connaît l’inclinaison
moyenne au lieu de l’observation , l’azimut du plan dans lequel se
meut l’aiguille, et l’angle que fait, avec l’axe magnétique, la ligne
unissant le centre de gravité et le centre de mouvement. Cependant,
connue détermination de cette constante exige des additions
la

considérables à l’appareil, le plan adopté a été d’adapter l’aiguille


de manière à ce que l’angle en question soit nul (’).
L’aiguille magnétique a 133 centimètres de long. Elle porte à
chaque extrémité des fils croisés, attachés au moyen d’un petit an-
neau de cuivre. L’axe de l’aiguille a, d’une part, la forme d’un
tranchant de couteau, et, de l'autre, celle d'une portion de cylindre

ayant le tranchant pour son axe, et ce tranchant devant passer, au-


tant que possible, par
le centre de gravité de l'instrument non chargé.

La position de l'aiguille, à un instant donné s'observe au moyeu ,

de deux microscopes à micromètre placés à chaque extrémité. ,

Outre ces parties, l’appareil est pourvu d'un barreau de cuivre


de même longueur que l’aimant (muni, comme lui, de fils croisés
aux extrémités, et de supports en lames de codteau), afin de déter-
miner les points zéro du micromètre.

(•) le centre de gravite étant amené ainsi au même point que l'axe magnétique,
les changements de la fui ce verticale .sont eu rapport avec les changements de poai-
tion de l'aiguille par la formule :

ÎF
— =cos.
P
o. cotan. 0 (g ;

dX. représentant le changement de l’angle en parties du rayon , a l'azimut du plan où


sc meut l'aiguille, et S l'inclinaison.

8 .

Digitized by Google
MC MAGNETISME TEHBE9TBE.
Appareil» enregistreurs. Dans les observatoires où l’on cherche à
avoir des indications non interrompues touchant les variations du
, magnétisme du globe, on a disposé des appareils capables de tracer
eux-mêmes leurs indications. Nous citerons les appareils construits
par M. Droocke , et qui ne sont autres que les trois magnélomètrcs
de M. Gauss, mais disposés de façon à ce que leur position donne
lieu à des indications tracées par la photographie et capables d’in-
diquer quelles ont été à chaque instant les positions des barreaux
aimantés, et par conséquent les variations de l’intensité magnéti-
que. Voici, du reste, leur description sommaire :

Les magnétomètres unifllaires et bifilaires tracent leurs indica-


tions sur le même papier photographique.
Fig. 178.

Le magnétomètre de déclinaison A consiste essentiellement en un


barreau aimanté ab, suspendu par un faisceau de fils de soie sans
torsion ; la plate-forme P, à travers laquelle passe le fil dé suspen-
sion ,
est supportée par huit tubes de cuivre fixés aux quatre coins
d'une table de marbre; cette table de marbre est elle-même établie
sur des piliers en maçonnerie, et l’appareil possède ainsi une grande
solidité. Un miroir plan m, et un miroir concave métallique M, sont
fixés à l’appareil de suspension du barreau aimanté : le miroir plan
sert à faire les observations avec une lunette suivant la méthode
ordinaire ;
le miroir concave métallique sert à réfléchir sur le papier
sensible de l'appareil enregistreur dont nous parlerons plus loin,
l’image d’une petite fente pratiquée dans la cheminée d'un bec de
gaz ou d’une lampe D.
Le magnétomètre bifilaire D, ou magnétomètre donnant la me-
sure de la force horizontale, consiste en un barreau aimanté sus-

Digitized by Google
,

MAGNÉTISME TF.BRESTRE. II?

pendu par deux fils dans un appareil semblable au précédent. Le


cercle de torsion est divisé , et peut donnerde les minutes à l’aide
deux verniers. Le barreau aimanté porte à sa partie inférieure un
miroir concave et un miroir plan , mais il possède de plus un appa-
reil particulier pour produire effets de la tem-
la compensation des
pérature. Cet appareil Q consiste en deux tubes de
zinc fixés par deux
anneaux à une baguette de verre qui les traverse ; le fil de suspen-
sion passe sur une poulie de verre, revient sur lui-même , et ses
extrémités sont attachées à deux crochets fixés aux tubes de zinc.
Quand la température s’élève, les crochets sont rapprochés l’un de
l’autred’une quantité égale à la différence de dilatation entre le verre
et le zinc à partir des anneaux, et la force de torsion est diminuée;
la jiosition des anneaux est telle que la diminution de force de tor-
sion est égale à la diminution de magnétisme dans l’aimant quand
la température s’élève, et vice vend quand la température s’abaise.
Les barreaux aimantés et leurs accessoires sont placés sous une
cage de verre qui n'a pas été figurée dans le dessin du magnéto-
mètre bifilaire, pour éviter la confusion. Les fils de suspension sont
également entourés d’un tube de verre.
Le barreau aimanté du déclinomètre est placé dans le plan du
méridien magnétique; celui du magnétomètre bifilaire, dans un
plan peqvendiculaire.
L’appareil enregistreur C sert à la fois au déclinomètre et au ma-
gnétomètre. 11 est placé entre ces deux appareils; il consiste en

deux cylindres de verre concentriques; sur le cylindre intérieur est


enroulée une feuille de papier photographique, et le cylindre exté-
rieur peut conserver au papier son humidité pendant vingt-quatre
heures. L’ensemble de ces cylindres reçoit un mouvement de rota-
tion à l’aide d'un mouvement d’horlogerie placé en H. Les diverses
positions du point tracé par la lumière, combinées avec le mouvcr
ment vertical du papier, donnent une courbe magnétique u ou u' que
l’on fixe une fois l’expérience terminée, par les procédés photo-
,

graphiques ordinaires. Un troisième bec de gaz E est adapté a l’ap-


pareil enregistreur ; il trace sur le papier (à l’aide d’un petit prisme
réflecteur r, placé sur une lame noircie qui recouvre le cylindre)
une ligne servant de base ; les distances des différents points de la
courbe à cette ligne conduisent à la détermination des variations
magnétiques.
Le déclinomètre écrit ses indications sur un côté des cylindres
le magnétomètre sur l’autre côté; ils ont chacun leur bec de gaz à

Digitized by Google
118 MAGNÉTISME TERRESTRE.
une distance d’environ 70 centimètres. Les rayons lumineux éma-
nés de ta petite fente de chacune des cheminées métalliques qui
entourent les becs se réfléchissent sur le miroir concave , et sont
concentrés sur le papier par des lentilles plan-cylindriques L, L'.
A la distance à laquelle sont placés ces instruments, un angle de
f 0 est représenté par
une distance de 54 millimètres sur le papier;
mais on peut agrandir les résultats autant que l’on veut, en chan-
geant la distance des appareils.
Le magnétomètre-balancc, ou le magnétomètre pour la mesure
do la force verticale, est représenté figure 179.
Fig. iis. Dans cet instrument ,
le barreau
aimanté est mobile autour d’un arc
horizontal, comme le fléau d’une ba-
lance; il est fixé à l’extrémité d’un
long couteau d’acier C qui repose sur
des plans d’agate ;
l’autre extrémité
du couteau est terminée par un mi-
roir concave surmonté d’un petit mi-
roir plan tn. On donne à l’appareil
la plus grande sensibilité possible au
moyen de la vis P qui règle le centre de
gravité ;
la vis F horizontale, dont on
n’aperçoit que l’extrémité, sert à éta-
blir l’équilibre du barreau aimanté.
La clef R sert à abaisser ou à élever la fourchette F, et par suite à
faire reposer le couteau sur les plans d’agate quand l’appareil est

en expérience, ou à le maintenir au-dessus quand il ne fonctionne


pas.
Cet appareil possède ,
comme le précédent , un compensateur
pour annuler la diminution ou l’augmentation de magnétisme du
barreau aimanté, suivant que la température s’élève ou s’abaisse.
Ce compensateur consiste en un thermomètre t fixé à l’extrémité du
couteau, non gradué, mais disposé de telle manière que le mercure

en se dilatant passe de l’autre cété du centre de suspension , et

produit par son poids la compensation de la diminution du magné-


tisme dans l’aimant lorsque la température s’élève, et vice versa
quand la température s’abaisse.
Le magnétomètre-balance écrit ses indications de la même manière
que les précédents ; seulement le cylindre enregistreur est vertical,
au lieu d’être horizontal.

Digitized by Googl
MAGNETISME TEBBESTRE. 119

Une fois que les indications ont été tracées par ces appareils ,
il

est nécessaire , on le conçoit , de relever les courbes tracées , afin


d’en déduire les variations des composantes de la force magnétique.
Détermination de l'intensité absolue. On sentait depuis long-
temps le besoin de pouvoir vérifier, à une époque quelconque, si

la résultante des forces magnétiques terrestres en diflérents points


du globe éprouvait ou non des changements dans la suite des
âges, c’est-à-dire si la valeur de cette résultante, déterminée au-
jourd’hui ,
serait la même dans plusieurs siècles.
Si l'on pouvait construire des aiguilles parfaitement identiques
qui prissent constamment la même quantité de magnétisme, la

question ne présenterait aucune difficulté à résoudre, puisqu’il


suffirait de faire osciller la même aiguille, dans le même lieu, à la
même heure , et au même jour de l'année. Mais cette permanence
de l'état magnétique dans une même aiguille ne peut être stable,
en raison des différences de température qui modifient sa trempe,
et par suite son degré d’aimantation. Forcé de renoncer à des
méthodes directes pour étudier une des questions les plus impor-
tantes de la physique terrestre, on a dit recourir à des méthodes
indirectes qui présentaient toutes d’abord plus ou moins de diffi-

cultés dans l’application.


La première méthode indirecte qui ait été proposée aux expéri-
mentateurs est due à Poisson. Elle n’exige que l’emploi d’aiguilles
identiques, sous le rapport de leur constitution et de leur magné-
tisme, et nullement une valeur déterminée de l’aimantation qu’on
leur a donnée. Poisson a commencé par démontrer qu’il existe une
fonction de sept quantités dont la valeur ne dépend pas des aiguilles
employées , mais seulement du magnétisme terrestre. Cette valeur,
à la vérité, ne peut être obtenue que par approximation; mais,
comme on peut la calculer à tel degré que l’on veut, il en résulto
que l’on diminue à volonté les erreurs de l’expérience. Pour se
procurer ces sept quantités, Poisson a proposé de faire osciller sé-

parément deux aiguilles d'acier aimantées à saturation et librement


suspendues par leur centre de gravité de déterminer le temps de
;

chacune de leurs oscillations, et de placer ensuite les centres de


gravité des deux aiguilles sur une même ligne droite ,
parallèle à la

force directrice du globe : alors ces deux aiguilles se dirigent sui-

vant cette ligne; puis de faire osciller successivement chacune de


ces aiguilles, sous les actions réunies de la terre et de l'aiguille
aimantée en repos, en déterminant également la durée de chacune des

Digilized by Google
no MAGNÉTISME TERRESTRE.
nouvelles oscillations ;
enfin ,
de mesurer la distance des centres de
gravité de ces deux aiguilles et leurs moments d’inertie rapportés à

leur axe de rotation passant par ces mêmes points. Les résultats
fournis par toutes ces expériences suffisent pour calculer la valeur
de la fonction à une époque déterminée.
Il suffit, pour appliquer cette méthode, que l’aimantation des
aiguilles ne change pas pendant la durée de l’expérience par leur
action mutuelle et par celle de la terre; conditions faciles à remplir,
en opérant avec des aiguilles dans lesquelles la force coercitive soit

peu considérable (’).

Poisson n’a fait qu’indiquer la méthode ;


M. Gauss a fait plus, il

l’a mise en pratique, en suivant un procédé analogue. Il a obtenu


des quantités proportionnelles aux puissances magnétiques des
barreaux et de la terre, non pas à l’aide des oscillations, mais bien
par les actions exercées sur le barreau du magnétomètre unitilaire,

et en faisant usage successivement de 2 barreaux aimantés (**).

(*) Supposons que l'on représente par F,/, / les intensité! comparées de la terre
et îles deus aiguilles, et que l’on fasse usage des formules analytiques de Poisson,
ainsi que des valeurs déterminées par les expériences indiquées; on aura les trois
équations :

F/ =
F / = *'\
//’

k ,
k', k" représentant des quantités dépendantes du nombre des oscillations.
Fo multipliant les deux premières équations , on a :

Y'fJ' — k kK .

Si l’on mel à la place d e ff sa valeur, on a :

F’*"’ =
et par suite

La valeur F, qui est celle del'intcnsilé de la terre, est indépendante de JJ'. On

conçoit ,
d'après cet aperçu ,
comment on peut rendre la valeur de l'inleusité magné-
tique de la terre indépendante de celle de chacune des aiguilles.

(”) Voir Becquerel ,


Traité de. magnétisme terrestre, p. 73.

Digitized by Google
MAGNETISME TERBESTBE. 121

CHAPITRE II.

Variation» des composantes de la force magnétique du globe.

N’ayant pas l’intention , dans cet ouvrage, de donner de grands


développements au magnétisme terrestre, nous nous bornerons à
parler des variations de la déclinaison, de celles de l’inclinaison et
de l’intensité, en donnant les limites entre lesquelles elles sont com-
prises, et en citant les observations faites dans quelques localités
seulement.

DECLINAISON.

Des variations séculaires et annuelles de la déclinaison. La dé-


clinaison de l’aiguille aimantée est soumise il des variations sécu-
laires, annuelles, mensuelles et diurnes, qu’on peut considérer
comme régulières, et à des variations irrégulières qui se
montrent
dans certaines circonstances atmosphériques ou terrestres, telles
que les aurores boréales, les tremblements de terre, etc. Nous allons
exposer successivement ces deux espèces de variations, en com-
mençant par les variations séculaires et annuelles, telles qu’elles

ont été observées avec les anciens appareils. Nous donnerons en-
suite les résultats obtenus par les procédés de M. Gauss précédem-
ment décrits.
Faute d’observations, on ne peut remonter au delà de 1580.
A cette époque, à Paris, l’extrémité nord de l’aiguille déviait à
1
l’est de 1 ° 30' ; en 1063, l’aiguille se trouvait dans le méridien

terrestre ;
depuis lors , la déclinaison est devenue occidentale; en
1811, elle avait atteint son maximum, et depuis elle a continué à
diminuer.
Voici, du reste, le tableau des observations de la déclinaison
faites à Paris et à Londres depuis 1580 :

Digitized by Google
132 MAGNÉTISME TERBESTBE.

DECLINAISON. DÉCLINAISON.
ANNEES. ANNÉES.
PARIS. LUNDI PARIS.
üJ
jjnS
I

1576 11» 15’ est. 1800 M »

11 ° 30' est. Il 17 1813 22 28


KilH 8 0 » • 1 Ni « 22 34 (maxim.) » »
1

1622 U U 6 12 1815 M N 24 18
IG34 M U 4 5 1816 22 25 24 18
1657 U M 1817 22 19 » »
0 0 1818 22 22 U »
1662 » U
1663 0 0 » *
1819 22 29 M 1*

1660 U » 0 34 ouest. 1820 U U 24 12


1A70 M 1» 2 06 1822 22 11 M W

!
1672 II U 2 30 1823 22 23 24 9
1 1678 1 30 ouest. M w 1824 22 23 M »
mVTjm 8 10 9 40 182.3 22 22 W *

1720 » M 13 10 1827 22 20 U »

ïïrl M U
M
10 10 1828 22
22
6 U
M »
1760 » 19 30 187.9 12
1707 la io U » 1831 U »
1774 u V 22 20 IS32 22 3
S

1
1778 » » 22 11 ISIS 22 4
1780 19 55 M « 1849 20 34
1785 22 0 M M 1 850

1700 H H 23 39 1831 20 25
M U 24 30
1805 22 5 M * c
|

On que le maximum de déviation a eu


voit d'après ce tableau
lieu, dans ces deux localités, en 15K0; que de lü.Y7 à 1662, à
Londres, la déclinaison était nulle, taudis qu’à Paris elle ne l’a été
qu’en 1663; que les deux maxime ont eu lieu à l’est et à l’ouest,
sensiblement aux mêmes époques à Paris et à Londres, c’est-à-dire
vers 1811.
On voit en outre que la déclinaison diminue assez rapidement
actuellement dans nos climats, car, depuis un quart de siècle, elle a
varié de 2° environ. On peut estimer actuellement sa diminution
moyenne à 10' par an.
Nous pourrions citer les observations faites dans d’autres loca-
lités, telles que Berlin, Bruxelles, etc., et qui conduiraient à des
conséquences analogues. Nous nous bornerons à rapporter les

déclinaisons observées au cap de Bonne-Espérance, afin de mon-


trer que les variations séculaires ,
dans l’hémisphère sud ,
suivent
une marche analogue à celles que l’on observe dans notre hémi-
sphère.

Digitized by Google
MAGNÉTISME TBBBESTBE. 133

[
ANNÉES. DÉCLINAISON. ANNÉES. DÉCLINAISON.

1005 0°30'i l'est. 1724 16“ 27’ à l'ouest.


1009 0 12 5 l'ouest. 1752 19 0
1614 1 30 1768 19 30
1667 7 15 1775 21 14
1675 8 30 1791 25 40 (maximum).
1702 12 jO 1804 25 4

Nous voyons que dans l’hémisphère sud ,


comme dans l’hémi-
sphère nord, soumise à une marche semblable :
la déclinaison est

on la voit légèrement à
en 1605 ; de 1605 à 1609, elle devient
l'est

nulle, puis passe à l’ouest, atteint son maximum vers 1791, et


rétrograde ensuite vers l’est (’).

L’aiguille aimantée, outre les variations dont nous venons de


palier, est soumise encore à des oscillations annuelles, qui parais-
sent se rattacher à la position du soleil à l’époque des équinoxes et
des solstices, et dont on doit la découverte à Cassini. Voici les
conséquences auxquelles cet observateur a été conduit :
a Dans l’intervalle du mois de janvier au mois d’avril , l'aiguille
a aimantée s’éloigne du pôle nord ,
en sorte que la déclinaison occi-
« dentale augmente.
a A partir du mois d’avril ,
et jusqu’au commencement du mois de
« juillet, c'est-à-dire, durant tout le temps qui s’écoule entre l’équi-
u noxe du printemps et le solstice d'été, la déclinaison diminue.
a Après le solstice d’été et jusqu’à l’équinoxe du printemps sui-

a vaut, l’aiguille reprend son chemin vers l’ouest, de manière qu’en


a octobre elle se retrouve, à fort peu près, dans la même direction
« qu'en mai ;
en octobre et mars, le mouvement occidental est plus
u petit que dans les trois mois précédents.
a 11 résulte de là que, pendant les trois mois qui se sont écoulés
a entre l’équinoxe du printemps et le solstice d’été, l’aiguille a ré-

a trogradé vers l’est, et que, dans les neuf mois suivants, sa marche
a générale, au contraire, s’est dirigée vers l’ouest. »

Cassini a observé, en outre, que les déviations étaient encore les

(•) M. Barlow a essayé de déduire d’une formule les changements progressifs et


séculaires qu’éprouve la déclinaison de l'aiguille aimantée en admettant que le |hMc
;

magnétique qui influence l'aiguille à Londres était placé, en ISIS, sous la latitude

nord 75“ 2'. et la longitude 67° 4l' ouest, il en lira la conséquence que le mouve-
ment était uniforme et de 4" IV en dix ans. La déclinaison observée à Londres et
celle calculée d'apres une formule assez simple ,
de 1660 à ISIS, présente une diffé-

rence peu considérable.

Digitizad by Google
,,

124 MAGNETISME TEIlBESTnE.

mêmes dans les caves de l’Observatoire ,


où la lumière ne pénètre
pas, et où la chaleur est sensiblement constante.
Arago, en discutant les observations faites dans divers lieux, a
trouvé un maximum de déclinaison vers l’équinoxe du printemps
et un minimum au solstice d’été, mais avec cette différence, que
l'amplitude de l’oscillation a été moindre à Londres qu'à Paris.
Les observations récentes de Bruxelles, Munich, de Gottingue,
ont donné un maximum en août, et un minimum en avril , résultat
opposé aux observations de Cassini. Arago a fait remarquer à ce
sujet que peut-être le mouvement rétrograde de l’aiguille vers l’oc-
cident avait déterminé un changement de sens dans la période
annuelle. Dans tous les cas, l’amplitude de cette oscillation pério-
dique en France est peu de chose. Ainsi, d’après Cassini, la diffé-
rence entre la déclinaison en août et celle en avril est de il’ 33",
pour la moyenne de cinq ans; d’après les observations faites à
Gottingue, la différence est de t ’
35", mais les maxima ayant lieu à
l'époque des minima indiquée par Cassini.
Des variations diurnes de l’aiguille aimantée. L’aiguille aiman-
tée ,
outre les variations séculaires et annuelles, est soumise dans
sa déclinaison à des changements diurnes, qu’on observe avec le
plus grand soin dans tous les observatoires de l’Europe.
Depuis 17-22, époque oii Graham découvrit ces variations, on a
constamment observé leur marche, dans le luit de remonter, s’il
était possible, à la cause du phénomène. En Europe l'extrémité

boréale de l’aiguille horizontale marche tous les jours de l’est à


l'ouest, depuis le lever du soleil jusque vers une heure après midi,
et retourne ensuite vers l’est par un mouvement rétrograde, de

manière à reprendre, à très-peu près, vers dix heures du soir, la


position qu’elle occupait le matin; pendant la nuit, l’aiguille est
presque stationnaire et recommence le lendemain ses excursions
,

périodiques.
La position géographique du lieu où l’on observe exerce-t-elle
une influence sur ce phénomène? Est-il moins marqué près de l’é-
quateur terrestre que dans nos climats ? Voici ce que les observa-
tions nous apprennent :
A Paris la moyenne de la variation diurne est pour avril , mai
, ,

juin, juillet et septembre, de 13 à l.Y, et pour les autres mois de


8 à 10'. 11 y a des jours oii elle s’élève à 23', et d’autres où elle ne
dépasse pas 3 ou 6'.

Le maximum de déviation n’a pas lieu à la même heure sur les

Digitized by Google
MAGNÉTISME TERRESTRE* 125

différents points du globe. M. Dowe a annoncé que le maxi-


Ainsi
mum de déviation orientale a lieu à huit heures du matin, à Freybcrg,
Nicolaïeffet Saint-Pétersbourg; à neuf heures àCazan; le maxi-
mum de la déviation occidentale, à deux heures après midi, à
Cazan , Nicolaïcff, Saint-Péterbourg et à une heure à Freybcrg.
,

En Danemark, en Islande, ainsi que dans les régions septen-


trionales, les excursions diurnes de l’aiguille aimantée sont plus
étendues, aussi régulières, et ne s’arrêtent pas pendant la nuit. On

en a conclu que les variations diurnes augmentent en allant de nos


,
climats au nord 'et diminuent jusqu'à l’équateur magnétique, oii
elles sont très-faibles.

Dien que les variations de l’aiguille aimantée soient soumises à


un mouvement régulier de l’est à l’ouest dans nos contrées, on ne
trouve pas deux jours dans l'année qui se ressemblent parfaitement.
Celte remarque, faite depuis longtemps, a été justifiée par les ol>-
servations de MM. Gauss et Weber.
M. de Humboldt, au retour de son voyage en Sibérie, vers la fin
de 1828, fit établir dans un jardin très-spacieux de Berlin une
maisonnette sans fer, dans le but de s’v livrer à des observations
régulières de variations horaires de la déclinaison magnétique. Ces
observations, commencées le 5 février 1 829, furent suivies deux ou
trois fois par jour jusqu’au 20 mars, puis reprises en automne par
M. Dove, afin d’observer d’heure en heure, plusieurs jours et plu-
sieurs nuits de suite ,
tandis que des observations correspondantes
seraient faites en différents lieux de la terre avec des instruments
semblables, pour mieux étudier toutes les variations.
Des variations régulières et irrégulières simultanément observées
d'après le système de M. Gauss. Les variations régulières et irrégu-
lièresde la déclinaison, observées avec des aiguilles ou barreaux
aimantés différents, ne sont comparables entre elles qu’autant que
ces aiguilles ou barreaux ne sont pas influencés par les courants
d’air continuels qui ont lieu continuellement dans l'intérieur des
cages qui les renferment. On n’a à craindre aucune erreur de ce
genre avec le inagnétomètre de M. Gauss, dont le barreau présente
line résistance telle qu’il ne saurait être dérangé par un déplace-
ment très-faible Nous nous abstiendrons dès lors de rap-
de Pair.

porter ici de courbes représentant les variations diurnes


les tracés

de la déclinaison observées dans le même lieu ou dans des localités


différentes avec des aiguilles ou barreaux autres que ceux con-
struits d’après le système de M. Gauss.

Digitized by Google
,

ISO MAGNÉTISME TEBHESTBK.

AI. Gauss, non content de se livrer de concert avec M. Weber,


depuis 1836, à des observations magnétiques journalières, dans
l’observatoire de Gottingue , témoigna le désir que des physiciens
se livrassent, comme lui , sur différents points de l’Europe, avec
des appareils semblables aux siens, à des observations suivies, et à
des époques fixes de l’année ,
auxquelles on a donné le nom de
périodes ou de termes d’observation afin de connaître l’influence
,

exercée par des causes locales sur marche des variations.


la

Du 20 au 21 mars 1834 on commença à observer à Gœttingue,


avec le magnétomètre , de 10 à 10', tandis qu’à Berlin, à la même
époque , on n’observait que d’heure en heure. On trouva dans cette
dernière ville des oscillations extraordinaires, qui avaient été éga-
lement remarquées dans la première ;
seulement les observations à
Gu'ttingue ayant été faites pendant des intervalles plus courts, on
dut reconnaître des effets qu’il avait été impossible d’apercevoir à
Berlin. Dès lors on ne pouvait constater si une grande partie des
oscillations observées à Gu'ttingue devaient être attribuées à des
causes locales.
A la période d’observations fixée aux 4 et 5 mai , celle question
fut résolue; les observations eurent lieu de 5 en 5'. A1. Sarlorius
observa à Waltershausen (Bavière), k 20 milles de Gu'ttingue, avec
le magnétomètre de courts intervalles; ses observations s'ac-
et à
cordèrent parfaitement avec celles faites dans cet te dernière ville dès :

lors il fut impossible d’attribuer aucune influence aux causes locales.


Pendant les trois périodes suivantes, juin , août et septembre, les
observations furent faites simultanément k Gœttingue et dans diver-
: les résultats obtenus ayant
ses localités une très-grande concor-
dance entre eux, ou vit alors combien il était important d'observer

lesphénomènes à des intervalles très rapprochés. Pendant quelque


temps cela eut lieu aux é[>oques précitées, de 3' en 3’ ; mais on
,

préféra ensuite l’intervalle de 5' en 5'. G’est k cette époque que


AI. Gauss et les savants qui s’associaient k lui arrêtèrent définitive-
ment qu’il y aurait par an six périodes d’observations d’une, durée ,

chacune de 24 heures, plus deux périodes supplémentaires. On se


mit alors à observer, d’après le système de M. Gauss, à Altoua,
Augsbourg, Berlin, Bonn, Brunswich, Breda, Breslaw, Cassel
Copenhague, Dublin, Freyberg, Greenwich, Haal, Cazan, Kraco-
vie, Lei|«ick, Milan, Alargbourg, Munich, Pétersbourg, Naples et
autres lieux.
M. Gauss, pour distinguer les variations régulières, c’est-à-dire

Digitized by Google
MAGNBTISMK TKBRESTBF.. 127

les variations diurnes et annuelles ,


des variations irrégulières dues
à des causes accidentelles, multiplia [tendant longtemps les observa-
tions, et prit les moyennes des résultats obtenus; c’est le seul
moyen, en effet, de faire disparaître l'influence des anomalies que
présentent souvent les résultats individuels.
Cette marche doit être également suivie dans la recherche des
variations séculaires, qui exigent, pour être connues, une longue
série d’années; car il ne suffit pas d’observations isolées, faites à
peu d'années même qu'elles auraient lieu aux
d'intervalle ,
lors

mêmes jours, aux mêmes il faut encore des moyennes sur


heures,
un grand nombre d’années. C’est pour ce motif que M. fiauss déter-
mina chaque jour, à 8 heures du matin et à 1 heure de l’après-
midi, temps moyen, la déclinaison absolue : il choisit ces deux
éjwques, parce que, à 1 heure, l'aiguille est peu éloignée de son
maximum de déclinaison et qu’à 8 heures elle s'approche beaucoup
,

de son minimum.
er
Les annotations régulières ont commencé le 1 janvier 183i ;
mais, dans les relevés qui ont été faits, on a annulé les observations
de janvier, de février et de la première quinzaine de mars, sur l’exac-
titude desquelles on ne pouvait compter. Les résultats obtenus ont
montré 1" que les différences des déclinaisons moyennes du matin
:

et du soir sont généralement de même signe ; 2n que chaque année,


au mois de décembre, la différence est un minimum ce qui parait ,

naturel, attendu que les changements, variant selon les différentes


heures de la journée, ne peuvent être attribués, suivant toutes les
apparences, qu'à l’influence exercée par le soleil ; 3° que les décli-
naisons sont plus fortes vers 1 heure de l’après-midi que le matin,
comme on le savait déjà •1° que les différences n’atteignent pas
;

maximum à l’époque du solstice d’été, puisqu’en juin et juillet


leur
elles sont plus petites qu’en avril ,
mai et août. Cassini avait déjà

reconnu une période h peu près semblable, puisque, selon lui à ,

partir du mois d’avril jusqu’au commencement de juillet, la décli-


naison diminue. MM. Gauss et Weber ont attribué avec raison ces
du soleil ; mais, relativement ii la déclinaison
effets à l'influence
moins forte dans les mois qui s’approchent du solstice d’été, on
peut observer que l’instant du minimum de la déclinaison a lieu
avant 8 heures du matin, de sorte que l'accroissement total est
[dus grand que le mouvement calculé, à partir de cette heure.
Les tableaux d’observations montrent aussi que, jieudant la
deuxième année (1836), la différence a été lieaucoup plus grande

Digitized by Google
,

128 MAGNBTISMK TËIIBESTKE.

dans tous les mois pris isolément ,


que pendant la première, et que,
dans la troisième, cette différence est encore plus grande que dans
la précédente. Ces différences sont beaucoup trop fortes, pour que
l’on (misse y voir l’indice d’un accroissement séculaire ; ces observa-
tions ont été faites depuis trop peu d’années pour que l’on en tire

cette induction. Au surplus, si cela est, comment faire cadrer ce


résultat avec le fait bien constaté que la déclinaison est maintenant
dans sa période de décroissement ? Il pourrait se faire cependant
que l'influence exercée par le soleil sur le magnétisme terrestre fût
selon les années, plus ou moins marquée, de même que la tempé-
rature diffère souvent d’une année à l’autre.
Les précédents résultats nous montrent bien que les différences
qui existent entre les variations de la déclinaison du matin et celle
de l’après-midi, présentent des particularités tout opposées à celles
qu’elles ofTrent dans la marche normale ou régulière. Ces excep-
tions, à la vérité, sont rares; et il ne s’est présenté que quatorze cas,
dont un seul pour 79 jours, dans l’espace de trois ans, où la décli-

naison ait été plus forte le matin que le soir.


Parmi ces quatorze exceptions, douze ont été observées durant
les mois d’hiver, et deux seulement pendant les mois d’été. Dans

l’hiver, l’influence journalière du soleil est tellement faible que les


causes irrégulières peuvent bien l’avoir emporté sur les causes régu-
lières.

Dans le but de reconnaître les variations séculaires, au moyen


des observations déjà faites, on a comparé les moyennes mensuelles
de la première année avec celles des mois de la seconde et troi-
sième année, qui leur correspondent. Sur quarante-huit observa-
tions, quarante-sept donnent des diminutions, et une seule pré-
sente de l’augmentation.
En comparant les moyennes des obseï valions faites à 8 heures
du matin avec celles faites dans l’après-inidi, on voit que les pre-
mières présentent une augmentation de déclinaison plus grande que
les secondes : ceci revient à ce qu’on a dit précédemment, savoir
que, pendant la première année, les variations quotidiennes ont été
moins grandes que durant la deuxième, et que celles de la troisième
ont été encore plus étendues que ne l’étaient celles de la deuxième
année. Cette différence ne doit pas être considérée comme réelle,
mais comme fortuite.
« La continuation des observations,» disent MM. Gauss et Weber,
« pourra donner lieu bientôt à des résultats tout opposés ; et si l’on

Digitized by Google
2

MAGNÉTISME TEBBESTBE. 129

« n’a aucune raison déterminante pour préférer l’un ou l’autre des


« résultats obtenus, le moyen le plus simple à employer sera de
« s’en tenir au chiffre moyen résultant de tous deux. Ce terme
a moyen est de 2' 36",
o pour la première année, et de4'
53", 9 pour
u la deuxième. L’on serait presque tenté d’admettre ces résultats
« comme une preuve que la diminution de la déclinaison s’accélère
« de plus en plus; pourtant ce serait donner un mauvais principe
« à une chose très-simple et très-naturelle en elle-même ;
car il a
a été reconnu que la déclinaison magnétique, qui, pendant le siè-
a cle dernier, a constamment été en augmentant dans toutes les
b parties de l’Europe, a atteint son maximum vers les premières
b années du siècle actuel et qu’aujourd’hui elle commencé ré-
a it

a trograder. D’après la nature même des du mou-


choses, ce retour
u vement progressif au mouvement rétrograde a dù donner lieu à un
a décroissement peu sensible d'abord, mais allant de plus en plus en
« augmentant. Faute d’observations antérieures, il n'est guère pos-
b sible d’indiquer exactement pour Gcetlingue L’époque à laquelle
« ce passage d’un mouvement progressif à un mouvement rétro-
b grade a eu lieu. Toutefois, à en juger par les observations faites

a en d’autres lieux et qui nous ont été communiquées, cette époque


a serait beaucoup plus reculée quecelle qui résulte des deux cliif-

a fres précités, on les considérait comme résultat net d’un mou-


si

a vement que le mouvement séculaire. En outre, toutes


lent, tel
a les expériences faites sont là pour démontrer qu’une variation
a régulière égale à 2' 1 9",-t est absolument inadmissible pour une
a seule année.
a Nous considérons donc aussi cette différence comme étant en

a grande partie fortuite, et nous devons donc, pour aujourd’hui du


a moins, et jusqu'à ce que de nouvelles expériences nous aient
b appris quelque chose de mieux, considérer le chilTre moyen 3' -46",

b comme étant celui de la diminution de la déclinaison annuelle


b pour 1834 à 1837. »
On a vu que les différences observées entre les déclinaisons du
matin et celles de l’après-midi paraissaient soumises à l’influence
de la variation des saisons. Il s’agit de savoir maintenant si une

d’elles seule, si toutes deux sont ensemble et en même


ou bien
temps soumises à l’influence que peuvent exercer les changements
des saisons, et quelles peuvent en être les lois. Pour découvrir ces
lois, il faudra probablement une série d’années bien plus grande
que celle qui sera nécessaire pour déterminer simplement les dif-

T. 111. 9

Digitized by Google
130 MAQ.NSTISMK TERRESTRE.

férences existant entre les déclinaisons, si Ton compare les mois de


chaque année avec leurs termes moyens.
On a calculé à cet effet la quantité dont la déclinaisonmagné-
tique dévie, chaque mois, de la déclinaison moyenne de chaque
matinée, et, pour chaque mois, la différence qui existe entre la
déclinaison de l'après-midi et la déclinaison moyenne de la même
heure de la même journée. La comparaison des résultats montre
que cette dernière est de 1 ft' 23", 8 plus grande que la déclinaison
du matin; que dans tous les mois de l’année, les oscillations de la
déclinaison du matin, ainsi que celles de l'après-midi, dépassent,
et dans des directions opposées, leurs moyennes; que pendant les
cinq mois d’hiver, c’est-à-dire depuis octobre jusqu’en février, la
déclinaison du matin est plus grande que sa valeur moyenne, et celle
de l’après-midi est plus petite.

« Ces deux circonstances, » dit M. Gauss, «contribuent d’elles-


« mêmes, mutuellement et en même temps, durant cette saison, à
a ramener les différences à leur valeur moyenne; pendant les sept
« autres mois de l'année, c’est tout le contraire qui arrive. En ou-
« tre ces oscillations sont, l’une portant l’autre, à peu près de
« même grandeur, d’oii il résulte que dans la dernière colonne, qui
« représente leurs termes moyens,
elles s’annulent à peu de chose

« près les unes pour m'exprimer en d’autres ter-


les autres, ou ,

« mes, la moyenne entre la déclinaison magnétique de 8 heures

« du matin et celle de 1 heure de l’après-midi ne contient, à l’ex-


« ception des anomalies irrégulières et du décroissement séculaire,
« aucune oscillation bien considérable et qui puisse être attribuée à
« l’influence des saisons : du moins on n’a pu encore remarquer
a avec certitude une différence entre les mois d’été et ceux d’hiver. »
M. Gauss conclut des moyennes calculées, que le terme moyen
de toutes les observations faites pendant trois années sera , pour
le l* r octobro 1833 :

= 18* 36' 56".

Ce terme moyen est relatif seulement aux heures où l’on a ob-


servé. Dans ce qui précède , on n’a parlé que des termes moyens
mensuels. MM. Gauss et Weber n’ont point publié le résultat com-
plet des observations isolées, attendu qu’elles n’ont été faites avec
persévérance qu’à Goettifigue seulement.
Nous devons faire remarquer que M. Gauss entend par oscillation
de la déclinaison magnétique, la différence qui existe entre l’obser-

Digilized by GoogI
,

.MAG'iKTISMK TKHHESUIE. 131

vation de la veille et celle du lendemain faite à pareille heure, et


par oscillation moyenne durant une période déterminée, la racine
carrée du terme moyen des carrés des oscillations isolées. Quand
plusieurs périodes censées égales doivent être réunies, il 11 e faut
pas se borner seulement ,
pour avoir le terme moyen général , à
prendre terme moyen arithmétique résultant d'oscillations par-
le

tielles et moyennes, mais revenir aux carrés de ces dernières,

extraire le terme moyen arithmétique de ceux-ci, et s’en tenir en-


suite à leur racine carrée.
M. Gauss a donné aussi les oscillations les plus étendues qui ont
été trouvées pendant les trois années d'observation ,
avant et après
midi. Il a reconnu que la première, celle qui a été observée le

8 octobre, à 8 heures du matin, était plus grande de 20' l"que


n’avait été celle du 7 du même mois, et que la déclinaison obser-
vée dans l'après-midi du 24 avril 1836 dépassait de I.')'»'' celle du
jour précédent. 11 est arrivé souvent aussi que la déclinaison du
mat in et celle du soir étaient parfaitement semblables. Dans les oscil-
lations moyennes mensuelles ,
les deux extrêmes se rapprochent
lieaucoup plus; néanmoins la grande inégalité que l’on observe
dans le mois pris isolément est d’autant plus remarquable sous ce
rapport que l’oscillation moyenne, comme on peut le voir dans
l’aperçu ci-dessus, observée dans la déclinaison moyenne, avant
midi de mars 1837, comptait une étendue de (V 6 ", tandis que celle
de décembre 1836 ne dépassait pas 1' 1
1".

On n’a pu encore déterminer, avec les résultats que l’on possé-

daiten 1837, pour 8 heures du matin et 1 heure de 1’après-midi si ,

en général les oscillations plus étendues prédominent de préférence


à telles ou telles heures.
En réunissant les observations du matin et celles de l’après-midi
on obtient les oscillations moyennes; en les comparant on arrive ,

aux conséquences suivantes :

Du mois de juillet à décembre, les oscillations sont plus grandes


que durant les autres mois de l’année; mais, comme les termes
moyens 3' 33" et 3' 1" diffèrent très-peu entre eux, on ne peut
guère en conclure que durant la première période les oscillations

sont favorisées davantage quelles 11 e le sont dans la seconde, d’au-


tant plus qu’une seule fois, de 1835 à 1830, les différences de ce
genre ont été très-sensibles.
En comparant les trois années, l’inégalité des variations devient
au contraire fort sensible; le terme moyeu obtenu pour la troisième
9.

Digitized by Google
132 MAGNÉTISME TEBBESTBE.

année dépasse presque de moitié celui de la première, et il est très-


possible, suivant MM. Gauss et Weber, que le terme moyen général
3' 18", déduit des observations faites jusqu’à ce jour, n’éprouve par
la suite de notables variations.
Tels sont les résultats que MM. Gauss et Weber ont pu dé-
duire des annotations de la déclinaison magnétique faites jusqu’en
1837.
Variations irrégulières de la déclinaison. MM. Gauss et Weber
ont tracé sur des cartes particulières les observations relatives aux
variations des six termes de chacune des années 1 83(5,1 838 ;
1 837 et

mais nous ne parlerons seulement ici que des observ ations de 1830,
qui suffisent pour donner une idée complète de la marche géné-

rale des variations. Ces tracés forment en tout 10 courbes prove-


nant de 14 endroits différents, savoir: Berlin, Breda, Breslavv,
Catane, Marbourg, Messine, Munich, Païenne, Upsal, Freyberg,
Gcettingue, la Haye, Leipzig, Milan.
Les courbes ont été dessinées approximativement d’après le

temps moyen de Gcettingue indiqué en haut de chaque feuille, de


manière que les mouvements simultanés se trouvent toujours dans
la même ligne verticale. On s’est arrangé pour faire entrer les cour-
bes les unes dans les autres.

Quelques remarques particulières auxquelles donnent lieu plu-

sieurs des termes auront de l’intérêt pour le lecteur.

Le 28 novembre 1833 et la nuit suivante, les observations à Pa-


lerme furent fortement troublées par le siroco; on fut môme obligé
de les interrompre pendant une heure et demie, et on n’obtint que
des déterminations incertaines : ilque la plupart des
est probable
oscillations ne furent pas dues aux influences magnétiques ; cepen-
dant on n’a pas voulu exclure cette courbe, attendu que dans la

dernière partie de la matinée du 2tt, où la tempête était apaisée, on


a trouvé une harmonie tout à fait satisfaisante avec les résultats

obtenus dans des lieux situés plus au nord.


Voici les conséquences que l’on peut tirer des observations qui
ont été faites :

En général ,
les vents les plus violents restent sans influence sur
l’aiguille aimantée ;
très-souvent on observe à Gcettingue, pendant
le plus violent ouragan, un état extraordinairement tranquille de
l’aiguille. Il en est de même des orages, qui , non-seulement à Guet-
lingue, mais encore en d’autres lieux, ont une influence peu visi-

ble sur l’aiguille aimantée.

Digitized by Google
,.

MAGNÉTISME TEBRKSTBE. 133

Dans les trois premiers termes d’observations d été, on peut voir


au milieu de toutes les grandes anomalies apparaître le mouve-
ment régulier de chaque jour, en ceci seulement, que les courbes
montent dans les heures de l'après-midi , et descendent dans celles
de la matinée. Dans les trois termes d’hiver on peut à peine en
apercevoir quelque chose : le tracé régulier est envahi par le tracé
irrégulier, où il se perd entièrement.
Mais ce qui rend les mouvements anormaux si remarquables,
c’est le grand accord que l’on trouve jusqu'aux plus faibles nuan-
ces, en différents endroits ;
accord qui se montre môme dans tous
les lieux d’observation , seulement avec des valeurs différentes.
Les anomalies ne paraissent être que de légers changements dans
la grande force magnétique terrestre, dus probablement à des effets
magnétiques du globe, ou qui ont lieu peut-être en dehors de notre
atmosphère.
M. Gauss a remarqué que la plupart des anomalies sont plus pe-
tites, à beaucoup près, dans les lieux d’observation situés au sud
et plus grandes dans ceux placés au nord ;
par exemple, la hausse
remarquable du 30 janvier 1830, entre î) heures 23’ et 9 heures 40’,
réduite à des parties de l’arc, se montre: à Catane.de 6’; à Milan,
12’; à Munich, 13’, 5; à Leipzig, 16’; à Marbourg, 20’; à Gœttin-
gue, 20’; à la Haye, 29’. Il faut déduire, à la vérité, quelque chose
de cette inégalité ,
en ce que dans
les endroits plus au nord , où la

partie horizontale de la force magnétique terrestre a une moindre


intensitéque dans ceux du sud , des forces perturbatrices égales y
produisent nécessairement une action plus forte que dans ces der-
niers. Cependant, la différence des intensités depuis la Haye jus-
qu’à Catanc étant peu considérable relativement aux inégalités
observées, il en résulte que l’énergie de la force perturbatrice de-
vient plus faible à mesure que l’on va vers le sud.
Les légions les plus septentrionales paraissent être, en général
le foyer principal d’où partent les plus fréquentes et les plus gran-
des actions perturbatrices.
Si l’on regarde attentivement ces perturbations, on trouve en di-

vers endroits, dans les différents mouvements successifs, des varia-

tions considérables sous le rapport de leur grandeur, quoique


d’ailleurs, la ressemblance soit évidente. Ainsi, par exemple, sou-
vent de deux saillies dans un endroit, la première est la plus grande,
et, dans un autre endroit, au contraire, c'est la seconde. On est
donc forcé d’admettre que dans le même jour et à la même heure

Digitized by Google
134 MAGNETISME TERRESTRE.
beaucoup do forces agissent, indépendantes peut-être les unes des
autres, ayant différents sièges, et dont les actions se confondent
dans des proportions fort inégales, en raison de leur position et de
leur distance, ou qui peuvent s’iniluenrer réciproquement, de ma-
nière que l’une commence à agir quand l’autre n’a pas encore cessé.
Au milieu de ce conllit , il est difficile de suivre la marche du phé-
nomène ;
cependant l’on parviendra peut-être à démêler ces diver-
ses causes, lorsque la participation aux observations simultanées
aura reçue une plus grande extension.
Nous disons qu’il n’est pas rare de trouver en des endroits parti-
culiers un petit écart qui n’a pas son analogue dans d’autres lieux.
11 un peu hasardé de considérer ces écarts comme
serait peut-être

une influence magnétique locale; il peut se faire qu’ils aient pour


cause une erreur d'observation.
Nous nous bornons à donner, planche 6 his, le tracé graphique
des observations du ternie d’août.
Variations de la déclinaison, dues à l’apparition des aurores bo-
réales. En exposant les phénomènes qui accompagnent l’aurore
boréale, 1. 1", p. 415, nous avons annoncé qu’une foule d’observa-
tions faites sur différents jvoints du globe prouvaient que la marche
régulière de l’aiguille aimantée, lors de l’apparition de ce météore,
était subitement dérangée ,
non-seulement dans les lieux où il était

visible,mais encore dans des contrées qui en étaient éloignées ; il


en résulte alors des variations irrégulières dont nous avons à nous
occuper. 11 existe encore d’autres causes qui réagissent sur l’ai-
guille aimantée ,
telles que les éruptions volcaniques et les tremble-
ments de terre; mais les faits observés à cet égard sont peu nom-
breux.
Parmi les physiciens qui se sont le plus occupés de constater l’ia-

fluence qu’exercent les aurores loréales sur des aiguilles aimantées


placées dans des régions où ces météores ne sont pas visibles , nous
citerons Arago, qui, outre ses observations propres, a réuni en-
core un grand nombre de faits tendant a mettre hors de doute
cette influence que quelques personnes avaient niée.
Les variations ne sont ordinairement que de quelques minutes:
rarement elles atteignent dans nos climats 20'; mais elles sont plus
considérables dans le Nord.
M. F arquharson, qui faisait partie de l’expédition scientifique
envoyée dans le Nord, a cru remarquer que lis dérangements de
l’aiguille aimantée ne se manifestent qu’à l’époque où, dans leur

Digitized by Googl
MAGNÉTISME TIRBESTRE. 135

mouvement ascendant, les parties lumineuses de l’aurore atteignent


le plan perpendiculaire au méridien magnétique passant par l’ai-

guille d’inclinaison ;
mais Arago ne regarde pas cette supposition
comme applicable dans nos climats. En effet, presque toujours
l’aurore, qui, à son apparition, le soir, déviera la pointe nord de
l’aiguille vers l’orient, a déjà produit, le matin, un dérangement
en sens opposé. On fera remarquer de plus ,
suivant le môme phy-
sicien, qu’il arrive que l’aurore agit à Paris, lors môme qu’elle ne
s’élève pas au-dessus de l’horizon.
Voici actuellement quelques observations faites à Bossekop, dans
la partie la plus septentrionale de l’Europe, là où les aurores pa-
raissent dans tout leur éclat. Quand celles-ci n’offrent que des va-
peurs diffuses disposées en arcs ou en plaques éparses, la pertur-

bation de l’aiguille aimantée est généralement faible et souvent


nulle; mais lorsque les arcs rayonnants, ouïes faisceaux de rayons
isolés deviennent vifs et colorés, l’action se fait sentir de 1 h 3' après
leur apparition , et alors il est difficile de suivre les grandes oscilla-
tions de l’aiguille, qui souvent sont de plusieurs degrés.
Les plus grands écarts de l’aiguille se manifestent quand les cou-
ronnes boréales, formées par les rayons qui convergent au zénith
magnétique effacent l’éclat des étoiles de première grandeur , et
,

dont les bases inégales, colorées d’admirables feintes rouges et ver-


tes, dardent et ondulent avec rapidité.
M. les membres de la commission scientifique ont encore remar-
qué que parfois l'aiguille reste parfaitement tranquille jusqu’au
moment de l'apparition de l’aurore, et môme pendant une partie
du temps de sa présence sur l’horizon. Il arrive souvent aussi qu’olle
prédit l’aurore, pour ainsi dire, par sa marche anormale vers l’ouest
durant toute la journée.
En général ,
la déclinaison augmente avant l’aurore et souvent ,

môme jusqu'à ce que le phénomène ait atteint un certain degré


d’intensité; alors les grandes oscillations commencent, puis l’ai-
gmille revient vers l’est très-régulièrement : elle dépasse sa position
normale ,
qu’elle ne reprend que quelques heures après ,
si une
nouvelle aurore ne vient pas troubler sa marche.
Les faits précédents ne sont pas toutefois sans exception ;
ils ne
laissent néanmoins aucun doute touchant l’action exercée par les
aurores boréales sur les aiguilles aimantées placées non-seulement
dans les régions oii ces phénomènes apparaissent, mais encore dans
celles où ils ne sont pas visibles.

Digitized by Google
36 MAGNÉTISME TBBRESTRB.
Variations de l'inclinaison. L’inclinaison de l’aiguille aimantée
est soumise, comme la déclinaison , à des variations continuelles,
régulières et irrégulières. Parlons d’abord des variations séculaires
et annuelles.

INCLINAISONS. INCLINAISONS.
ANNÉES. ANNÉES.
PARIS. I.ONDRES. PARIS. LONDRES.

1671 75°0' » 1821 G8°14' b


STlJi B 74° 42' 1822 68 11 M
1754 72 15 M 1823 68 8 B
1773 M 72 19 1824 68 7 M
72 25 M 1825 6» 0 »
17^0 71 48 72 R 1826 GS 0 B
1
7 ‘JO M 71 33 1827 67 41 M
1791 70 52 M 1831 67 41 *
1

1708 GU 51 M 1832 67 41 I»

1800 lr 70 35 1834 67 21 M
1800 G9 12 M 1835 67 24 1»

1810 G8 50 M 1836 67 76 »
1814 G8 3G 11 1838 67 14
IMG 08 40 » 1839 67 13 B

1817 G8 38 M 1841 67 9
1818 GH 35 70 34 1849 66 44 B
1819 GH 25 M 1850 66 37 B
1820 G8 20 M 1851 66 25 B

On considère la variation progressive qu’éprouve l’inclinaison


comme la conséquence nécessaire d'un changement dans la latitude
magnétique provenant des nœuds de l’équateur magnétique modi-
fié par la forme de la courbe. M. Hansteen a donné une formule qui
représente les variations de l’inclinaison dans différents pays, à
diverses époques.
MM. de Ilumboldt et Arago ont essayé de calculer la diminution
annuelle de l’inclinaison produite par le mouvement de l’équateur
magnétique. Si l’on compare les observations de 1778 et de 1810
pour Paris, la diminution annuelle est d’environ 5’, tandis que,
d’après celle de 1850 jusqu’à ce jour, elle parait cire de 3’,f> seule-
ment, soit à peu près 3'. Les observations faites à Turin, de 1805
à 1820, donnent 3' ,5, et celles de Florence 3',3.

D’un autre côté, M. Hansteen, qui a observé les variations diur-

nes de l’inclinaison ,
a trouvé que l’inclinaison pendant l’été était

d’environ 15' plus forte que pendant l’hiver, et d’environ 1 ou 5'

plus grande avant midi qu’après.


Variations de l’intensité. M. Hansteen paraît être un des pre-

Digitized by Google
,

MAGNÉTISME TERRESTRE, 137

miers qui aient recherché les variations diurnes et annuelles, aux-


quelles l'intensité des forces magnétiques terrestres est soumise.
Pour étudier ces variations, il s’est servi d’une aiguille cylindrique
en acier, de 64 millimètres de long et de 2 millimètres de diamètre.
Cette aiguille était suspendue à un fil de soie sans torsion , et ren-
fermée dans une boite au fond de laquelle se trouvait un arc divisé,
destiné à mesurer l’amplitude des oscillations, et l’on ne commen-
çait à compter qu’à l’instant où les élongations étaient de 20».
On sait que les intensités sont en raison inverse du carré du
temps des oscillations. On peut prendre pour unité l une quel-
conque des durées, et exprimer les autres en fonction de celle-là,
en mettant cette règle en pratique, il a obtenu les résultats suivants:
1° l’intensité magnétique est soumise à des variations diurnes; 2° le

minimum de cette intensité a lieu entre 10 et 1 1 heures du matin,


et le maximum entre 4 et 5 heures de l'après-midi; 3° les intensités
moyennes mensuelles sont elles-mêmes variables; 4° l’intensité
moyenne, vers le solstice d’hiver, surpasse beaucoup l’intensité
moyenne donnée par des jours semblablement placés relativement
au solstice d’été ; 5° les variations d’intensité moyenne d’un mois à
l’autre sont à leur minimum en mai et en juin, et à leur maximum
vers les équinoxes.
M. Hansteen, en discutant les observations partielles, a reconnu
que les moyennes variations journalières sont plus grandes en été
qu'en hiver.
Les observations ayant été faites avec une aiguille horizontale , il

s’ensuit que l’intensité magnétique du globe n’est pas constante


ou bien que l’inclinaison est variable; car, en désignant par F la

force magnétique du globe et n l’inclinaison ,


on a pour la com-
posante horizontale H = F cos n.
Mais l’inclinaison elle-même étant soumise à des variations diur-
nes, variations qui, d’après M. Hansteen, sont d’environ 15' plus
grandes en été qu’en hiver et de 4 ou 5' plus grandes le matin que
dans l’après-midi, il en a conclu que les variations d’intensité de-
vaient être attribuées à des changements dans l’inclinaison.
Le magnétomètre bifilaire peut servir avec avantage à observer
les variations régulières et irrégulières de l’intensité de la compo-
sante horizontale qui ont lieu à de petits intervalles, de même que
le magnétomètre unifilairc est employé à étudier les variations ana-

logues de la déclinaison ;
le mode d’observation est le même.
Les variations de l’intensité sont exprimées en parties de l’é-

Digitized by Google
138 MAGNÉTISME TBBHRSTRF..

clieile qui peuvent être réduites facilement en parties de l’intensité


môme. Dans l'appareil dont on fait usage à Gœttingue ,
une partie

de l’échelle correspond à la partie de l’intensité totale.


Les résultats que l’on obtient indiquent des variations régulières
dépendantes du temps de la journée, et qui peuvent se confondre,
comme pour avec des variations irrégulières, et
la déclinaison,

qu’on ne distinguera unes des autres qu’après des observations


les

continuées pendant nombre d’années. Quoi qu’il en soit, M. Gauss


pense que l’intensité horizontale décroît pendant les heures de la
matinée de ,
telle sorte qu’elle atteint son minimum une ou deux
heures avant midi , et qu’elle augmente de nouveau à partir de
ce temps; suivant M. Hansteen, ce mouvement a lieu entre 10 et
1 1 heures.
M. Weber a reconnu que des variations irrégulières, quelquefois
très-considérables se montrent à de courts intervalles, et ne sont
,

pas moins fréquentes que dans la déclinaison. Des observations


comparées ont été faites pendant longtemps avec les magnétomè-
tres bifilaires et unifdaires, et les courbes des tracés graphiques
des résultats obtenus n’ont aucune ressemblance; néanmoins l’on
voit que là où la déclinaison est fortement troublée ,
il
y a égale-
ment perturbation dans l’intensité.
Les résultats obtenus donnent les variations d’intensité de la

composante horizontale, et peuvent indiquer, non pas les variations

dans l’intensité magnétique absolue, mais bien les variations dans


la direction de la force. Pour pouvoir connaître si l’intensité ma-
gnétique change, il faudrait pouvoircomparer les intensités absolues
déterminées d’après méthode dont on a parlé page 106, et comme
la
on le fait avec le magnétomètre à un fil. Ce n’est que lorsque l’on
aura réuni un nombre suffisant d'observations et après une certaine
période d’années qu’il sera possible d’examiner les variations sécu-
laires de l’intensité.

une idée complète de la marche de la force


Si l’on veut avoir

magnétique terrestre, on fait le tracé de la manière suivante on :

prend une ligne droite dont la longueur est proportionnelle à l’in-


tensité, et qui fait avec une ligne droite fixe un angle égal à la

déclinaison. Pour représenter la force, à plusieurs instants succes-


sifs en grandeur en intensité, on conserve le point de départ de
et
la première ligne, et on le rend commun pour toutes les autres,

de sorte que l’on ne considère que les points extrêmes des lignes
qui représentent en position et en grandeur la déclinaison et l’in-

Digitized by Google
MAGNÉTISME TBRflESTBB. 139

t en silo; ensuite ces points extrêmes, qui sont cotés avec les nom-
bres exprimant les temps, sont réunis par des lignes droites, de
sorte que l’on a une ligne brisée qui sert à faire connaître l’état de
la force magnétique à chaque instant ce mode de représentation
:

nous permet d’envisager sous un nouveau point de vue les varia-


tions des deux éléments magnétiques. Ces variations ne sont en effet
que les deux composantes horizontales de la force perturbatrice,
toujours très-petite, à laquelle est soumise continuellement la force
magnétique moyenne , qui se décompose elle-même en deux autres
forces, l'une située dans le méridien magnétique, l’autre dans un
plan perpendiculaire. La seconde est donnée immédiatement par
le magnétomètre unifilaire, et la première par le magnétomètre

bifilaire: ces deux divisions doivent être ramenées à une même

mesure avant la construction graphique.


Nous ferons observer qu'il n’est pas toujours commode de pré-
senter sans confusion sur le même dessin la marche de la force
pendant toute la journée, surtout lorsqu’il y a de fréquentes per-
turbations; dans ce cas, la courbe présente un grand nombre de
croisements; alors on est obligé de dessiner des courbes à part
pendant de petits intervalles de temps.
Voici au surplus des indications plus précises sur les tracés gra-
phiques :

Dans la figure 40 (pl. Oter), la courbe supérieure représente les

variations de l'intensité magnétique ,


et la courbe inférieure, les va-
riations de la déclinaison observées à Gcettingue du 29 au .'10 juillet
1837 ;
les nombres de gauche représentent les parties de l’échelle de
l’appareil «l'intensité; une intensité plus forte correspond à des nom-
bres pins petits; les nombres de droite sont les parties de l’échelle

«lu magnétomètre; les nombres plus grands correspondent à une


position plus orientale.
Fig. 41. Variation de la force magnétique terrestre. Gcettingue,
29 et 30 juillet 1837.
Les nombres de droite ou de gauche représentent les parties de
l’échelle de l'appareil d’intensité, et chacune de ce s parties repré-
sente Trjiïïïï de toute l'intensité. Les parties de l’échelle placées en
haut ou en bas sont celles du magnétomètre dans l’observatoire :

magnétique, chacune d’elles vaut 21". A des nombres plus grands


«tu côté droit répondent des intensités plus grandes
;
à un nombre
plus grand du côté gauche correspond une déclinaison orientale.

Digitized by Google
,

140 MAGNETISME TER RESTEE.

CHAPITRE III.

Observation* magnétiques en différents points dn globe, et tracé des lignes


magnétiques sur les cartes géographiques.

Observations de déclinaison. Lignes d’égale déclinaison. Les


voyageurs qui ont parcouru les diverses parties du globe depuis près
de deux siècles ont recueilli un grand nombre d’observations rela-

tives à la déclinaison de l'aiguille aimantée.


Les premiers qui observèrent à bord négligèrent l’action exercée
sur la boussole par le fer des vaisseaux ;
les résultats qu’ils obtin-
rent furent donc entachés d’erreurs qu’il était, du reste, impossible
d'éviter à cette époque.
Halley est le premier qui ait essayé de réunir et de coordonner

ensemble le grand nombre d’oliscrvations de déclinaison faites jus-


qu’à lui; en 1700, il publia une carte marine dans laquelle sont
tracées les lignes d'égale déclinaison ,
ou lignes isogoniques ,
de 5
en 5°. Cette carte, à l’époque où elle parut, fit sensation, parce quelle
permettait de saisir d’un seul coup d’œil la marche de déclinaison
depuis l’équateur jusqu’aux parties les plus septentrionales où les
voyageurs étaient parvenus.
Des changements étant survenus dans la déclinaison, et les mé-
thodes d’observation ayant été perfectionnées, on sentit de jour en
jour combien les indications de la carte d’Halley devenaient défec-
tueuses.
En 174"» et 1746, Mountain et Dodson, ayant eu à leur disposi-
tion les registres de l’amirauté anglaise, et les mémoires de plu-
sieurs officiers de marine, publièrent une nouvelle carte des décli-
naisons.
Churchman fit paraître, en 1794, un atlas magnétique, dans lequel
il essaya de donner les lois de la déclinaison , en s’appuyant sur
de deux pâles magnétiques, dont l’un était placé, pour
l’existence
1800, sous la latitude de Ti8° nord, et sous la longitude de 134*

Digitized by Google
MAGNÉTISME TEHBESTHE.- 1 4 J

ouest de Greenwich, très-près du cap Fairweather, et l’autre sous


la latitude de 58° sud et sous la longitude de 185°. Churchman
avança, en outre, que le pôle nord effectuait sa révolution en 1096
ans, et le pôle sud en 2280.
Cet ouvrage avait été précédé d’un autre plus remarquable , qui
parut en 1787, et dans lequel son auteur, M. Hansteen, donna le
tableau le plus complet qu’on ait encore eu des observations de dé-
clinaison. Cet ouvrage est accompagné d’un atlas magnétique oii se
trouvent toutes les lignes d’égale déclinaison. Le défaut de symé-
trie de ces lignes était tel, qu’on dut en conclure que les causes
d’oü dépend le magnétisme terrestre sont réparties irrégulière-
ment sur la surface du globe.
M. llarlow a repris ce travail en 1823; mais le capitaine Duperrey
a publié , en 1830, de nouvelles cartes, dans lesquelles la déclinaison
de l’aiguille aimantée se trouve employée selon sa véritable desti-
nation, qui est de faire connaître la direction du méridien magné-
tique en chaque point du globe où elle a été observée et, par suite, ,

la figure générale de courbes qui ont la propriété d’étre , d’un pôle


magnétique à l’autre, les méridiens magnétiques de tous les lieux

oit elles passent (').

A la simple inspection de la carte des déclinaisons de M. Hans-


teen, on reconnaît le défaut de symétrie des courbes de déclinaison.
On voit qu’il existe deux lignes sans déclinaison, l’une située dans
l’océan Atlantique ,
entre l’ancien et le nouveau monde , laquelle
commence sous le 60° de latit. ,
à l’ouest de la baie d’Hudson,
s'avance, dans la direction sud-est, à travers les lacs de l’Amérique
du Nord, traverse les Antilles et le cap Saint-Roch, jusqu’à ce
qu’elle atteigne l’océan Atlantique du sud ,
où elle coupe le méri-
dien de Greenwich par 65° latit. sud. Cette ligne est presque droite
jusque près de la partie orientale de l’Amérique du Sud, où elle se

courbe un peu au-dessus de l’équateur.


La seconde ligne sans déclinaison, qui est remplie d’inflexions,
commence au 60° de latit. sud ,
au-dessous de la Nouvelle-Hollande,
traverse cette ile, s’étend dans l’archipel Indien, en se partageant
en deux branches qui coupent trois fois l’équateur. Elle passe
d’abord au nord de ce dernier, à l’est de Bornéo ; elle revient en-

(•) Dans le Traité de magnétisme terrestre, p. 21 S, on trouvera le tableau dea

principales observations de déclinaison faites sur tout le globe depuis ISO0, extrait
du tableau général des observations magnétiques dressé par M. le capitaine Du-

perrey.

Digitized by Google
142 MAGNÉTISME TERRESTRE.

suite ,
et passe au sud entre Sumatra et Bornéo, et, traversant de
nouveau l’équateur au-dessous de Ceylan, d’où elle passe à l’est

au milieu de la mer Jaune, elle se dirige ensuite le long de la côte


de la Chine, puis atteint la latit. de 71% redescend de nouveau au
nord en faisant un grand cercle semi-circulaire qui se termine à la

mer Blanche.
Cook avança aussi qu’il existait encore une troisième ligne sans
déclinaison vers le point de la plus grande inflexion magnétique ;

mais elle n’a pas été suivie dans le nord ;


de sorte que l’on ne con-
naît pas son cours. Les voyageurs ont cherché aussi la série des
points où ils pensaient que la déclinaison était la plus grande; Cook
a trouvé une ligne de ce genre dans l’hémisphère austral, à GO' BV
de latit. et 03° 43' de comptés du méridien de Paris.
longit. occid.,
Outre les lignes de non-déclinaison , M. Hansteen en a tracé d’au-
tres qui les suivent et dont la déclinaison est de 3®, 10" 13°, etc.
Ces dernières présentant une courbure sur elles-mêmes à leurs ex-
trémités, il en a qu’il existe deux pôles magné-
tiré la conséquence
tiques dans chaque hémisphère, dont l’un a une intensité plus
grande que l’autre , que ces quatre pôles ont un mouvement ré-
et

gulier autour des pôles terrestres, les deux pôles du nord allant de
l’ouest ii l’est dans une direction oblique, et les deux autres de l’est
à l’ouest aussi obliquement.
II assigne à ces révolutions, d’après les observations faites anté-
rieurement à 1817, les durées suivantes :

Au nord, pôle dont l’intensité est lapins forte, 1710 ans.


Au sud, idem, la plus forte, 4609
Au nord, » idem, la plus faible, 8G0
Au sud, idem, la plus faible, 1304

Suivant M. Hansteen, les deux plus forts pôles se trouvent à l’ex-


trémité d’un axe magnétique, et les deux plus faibles à l’extrémité
d’un autre axe, dont la position change en vertu de causes qui ne
sont pas encore connues.
Depuis, M. Hansteen a recueilli les observations faites par tous
les voyageurs français et anglais qui se sont mis en garde contre
les causes d’erreurs que leurs devanciers avaient négligées ,
et a

revu les calculs qu’il avait faits, pour déterminer la position des
pôles magnétiques, ainsi que le temps de leur révolution. Voici les

résultats qu’il a obtenus :

Pôle fort au nord. Les observations faites en 1813 par les offi-

Digitized by Google
UAOlf RTISME TBRRBSTBE. 143

ciersdu vaisseau anglais le lirazrn , dans Li baie d’Hudson, assi-


gnent 07° 10' pour la latitude du pôle nord, et 92° 21' pour la lon-
gitude occidentale. D’après ces données, on a :

latitude «lu pâle. Longitude mint «lu pâlr.

1730, 70” 45', 108” 0',

1709, 70” 17', 100” 2 ',


1813, 67” 10'. 93” 34’.

On voit donc que le mouvement du pôle à l’est,

de 1730 à 1709, a été de 8" 4', ou de 12' 44" par année;


— 1769 1813 ii — de 7” 38’, ou de 10' il" par année.
Moyen mouvement : H' 4", 23.
Période de la révolution complète, 1890 ans.

Le capitaine Purry, le 18 août 1819, se trouvait au nord de ce


pôle; l’inclinaison était alors de 88° 37'; le 1 1 septembre, sa posi-
U
tion était telle que la déclinaison était de 3 à l’ouest du pôle, et la

latitude de 74“ 27'; il en résulte que la latitude du pôle magnétique


devait être d’environ 71” 27'.
Le capitaine Ross, qui a été ensuite sur le pôle même, a trouvé
qu’il était situé par les 70° 5" de latitude nord, et les 99° 5' 48" de
longitude ouest, à compter du méridien de Greenwich.
Pôle fort au sud. M. Hansteen, en combinant les observations
de Cook en 1773 et 1777, avec celles de Furneaux en 1773, et les
comparant avec les observations de Tasman en 1042, a trouvé,
pour la position do ce pôle :
1642, latitude nord, 71” 3'; longit, est, 140” 57'.

4773, latitude nord, 69“2G' 5" 130” 13' 4".

Le déplacement de ce jiôle en 1 31 ans est de 10* 1 4', ou de 4' 07'


par an; ce qui donne 4005 ans pour sa révolution complète.
Pôle faible au nord. M. Hansteen en comparant les observa- ,

tions faites en 1770 et 1803, à Tobolsk, Tara etlidinsk, en Sibérie,


a trouvé pour sa position à ces deux époques :

Latitml# nnté, lotigltod* «t. en Jlins, Montent. annuel.

1770, 85” 40' 91” 29' 30"


(
33" 128
1805, 83 21 J 110 19 I

Ainsi ce pôle achèverait sa révolution de l’est à l’ouest en


860 ans.
Pôle le plus faible au sud. La position de ce pôle a été déter-
minée à l’aide des observations faites par Cook et F urneaux en 1774,
et Halley en 1760.

Digitized by Google
144 MAGNÉTISME TEBHKSTRK.
I .atilode mil. Longitude ouest. Mouvrai, en 104 ans. Mmivcm. annuel.
qio
1760, 64» 7" .1.1 l \
"
280 13 i" 1G 57
1774, 77 17 123 17 )

Ce pôle accomplirait donc sa révolution en 1303 ans.

Les recherches de M. de Barlow n’ont pas peu contribué à faire

abandonner l'hypothèse dont il vient d’étre question, de deux pôles


dans chaque hémisphère. Il a réuni ,
à cet effet ,
les observations

les plus importantes relatives à la déclinaison faites dans les voyages


récents, et en particulier, dans le voisinage des pôles, celles du
capitaine Beechey, qui a eu le soin d’écarter les erreurs provenant
de l’attraction locale, et celles qui ont été faites sur les côtes d’Afri-

que, d’Amérique et de la Nouvelle-Hollande, par les capitaines Owen


et King, ainsi que les observations du capitaine Lutké, au service
de Russie, et celles de M. le capitaine Duperrey, dans un mémoire
communiqué à la société royale de Londres le 9 mai 1833 Transac- (

tions philos., 1833] : ce physicien a exposé les principaux faits con-


cernant la situation actuelle des lignes d’égale déclinaison et les
changements qu’elles éprouvent à la surface du globe.
Tous les résultats ont été tracés sur une carte (pl. VII ), en ayant
l’attention d ecartcr toute vue théorique. Ainsi, là oii il
y avait so-
lution de continuité par manque d’observations , on a laissé des

blancs; c’est ce qui est arrivé particulièrement vers le pôle sud.


En Europe cependant, oii les déclinaisons sont si bien observées,
ces lignes ont été continuées sur la terre et sur l’eau.
Si l’on jette les yeux sur cette carte, qui est à peu près celle
de M. Hansteen, à part les additions mentionnées, on reconnaît
qu’abstraction faite des portions qui offrent des courbures extraor-
dinaires, ces lignes d’égale déclinaison doivent dépendre de lois

que nous ne connaissons pas encore.


En admettant que les déclinaisons fussent, comme on l’a quel-
quefois supposé, influencées par les parties qui se trouvent dans
leur voisinage immédiat, on 11 e voit pas comment pourrait avoir
lieu cette régularité qu’on observe dans un grand nombre de par-
ties, sinon dans toutes. Le tracé de 1a courbe dans l’océan Atlan-
tique en est un exemple.
Dans l’océan Indien ou a une ligne sans déclinaison qui coupe
l’équateur terrestre, et dont la courbure est extraordinaire; les
lignes d’égale déclinaison situées à gauche de celle-ci ont une dé-
clinaison occidentale, celles qui sont à droite une déclinaison
orientale.

Digitized by Google
MAGNÉTISME TERRESTRE. 145

M. Barlow a remarqué que les observations faites clans ces mers


sont plus en harmonie entre elles que celles recueillies dans les au-
tres parties du globe; circonstance que cet habile physicien attri-
bue à la faible valeur de l’inclinaison et à la forte intensité de la
composante horizontale, qui expose moins celle-ci à être influencée
par des attractions locales.
On reconnaît encore que dans ce même océan, pendant tfl», la
ligne sans déclinaison court presque parallèlement à l’équateur, et
pendant 40 autres degrés elle revient dans le méridien. Mais comme,
dans le cas de non-déclinaison, le pèle magnétique doit se trouver
dans le méridien du lieu ,
il s’ensuit que le pôle doit aussi courir
pendant 40°, ou coïncider avec le pôle du globe. Tous ces faits,
comme le dit M. Barlow, sont incompatibles avec l’existence sup-
posée de quatre pôles magnétiques, ou même d’un plus grand
nombre.
Si l’on examine les courbes remarquables qu’on trouve dans le
grand océan Pacifique, rien ne dénote, malgré leur caractère parti-
culier, l’influence de causes locales. Ces lignes, au lieu de s’étendre
vers les pôles, comme dans les autres parties du globe, retournent
sur elles-mêmes, de manière à former des figures semblables, quoi-
que irrégulières. Cette disposition ne permet pas non plus d’ad-
inettre l’existence de quatre pôles.
Passons aux changements progressifs de situation et de configu-
ration des lignes d'égale déclinaison.
D'après les documents les plus authentiques, il parait que c’est
vers l’année 1660 que la ligne sans déclinaison doit avoir traversé

l'océan Atlantique presqu’à angle droit avec les méridiens de nos


contrées, comme cela se voit aujourd’hui dans l’océan Indien. De-
puis ce temps, elle a été graduellement en descendant vers le sud
et l’ouest, et aujourd’hui elle traverse la partie orientale de l’Amé-
rique du Sud. Cette ligne sans déclinaison traverse l’Australie;
mais il paraît que, s’il
y a eu depuis soixante ans quelque change-
ment ,
ila dû être très- faible. La déclinaison dans cette localité pa-
raîtrait donc aussi fixe que sur la côte d’Amérique. Ce qu’il y a de
particulier dans cette presque constance dans la déclinaison, c’est
qu'on n’a rien vu de semblable dans notre hémisphère. Le mouve-
ment pendant un certain nombre d’annéès, avant et après le pas-
sage actuel de cette ligne, n’a jamais été très-rapide ; mais aussi il
n’a pas été presque aussi stationnaire que dans l’Australie.
On a remarqué aussi que, dans l’Inde occidentale, les Bermudes
T. III. to

Digitized by Google
-

146 MAGNETISME TERRESTRE.

et quelques autres lieux où la déclinaison est faible, le changement


a été également très-peu considérable; mais on n’a pas encore re-
connu de points où la déclinaison soit grande et stationnaire en
même temps.
M. Barlow a montré que partout où l’on a tenu exactement note
des déclinaisons , et où le
déplacement a été considérable, on a pu
toujours réduire ce mouvement de déplacement à la rotation circu-
laire d’un certain pôle magnétique pris vers le pôle de la terre.

Churchmann parait être le premier, comme on l’a vu , qui ait

eu l'idée d’attribuer un pôle à chaque lieu ,


et qui ait calculé d’a-
près ce principe les déclinaisons qui ont été observées à Londres,
de dix en dix ans, depuis 10-22 jusqu’à 1 800. En comparant ces dé-
clinaisons avec celles actuellement observées ,
les différences sont

peu considérables.
M. Barlow a fait une comparaison semblable, non en assignant
le lieu du pôle, mais en le déterminant d’après l'inclinaison et la

déclinaison. Ces différences, quoique n’étant pas aussi petites, sont


cependant peu sensibles; elles ont été encore plus faibles pour les

déclinaisons calculées et les déclinaisons observées à Paris ,


à Co-
penhague et à Londres , et il en a conclu naturellement qu’on doit
regarder comme extraordinaire un accord aussi remarquable entre
les déclinaisons calculées et celles observées dans des lieux situés
à plus de 30” de différence, si la supposition d’une révolution po-
laire n’était pas fondée. Comment, d’après cela, rendre compte de
ces points stationnaires ou presque stationnaires où la déclinaison
est nulle?
Les courbes tracées sur la carte que nous examinons dans ce
moment présentent cette particularité remarquable, que le véri
table lieu où le capitaine Ross a trouvé que l’aiguille d’inclinaison

était perpendiculaire à la surface du globe est précisément le point


où, en admettant que toutes les lignes se rencontrent, celles-ci
conservent le mieux leur caractère d’unité, soit qu’on les considère
séparément ou dans leur ensemble.
On a vu plus haut que M. Barlow n’admettait qu’un pôle magné-
tique dans chaque hémisphère il a déterminé la position de cha-
:

cun d’eux, en supposant que les phénomènes magnétiques du


globe sont les mêmes que ceux que présente une boule de fer, et
en s’appuyant sur les meilleures observations de déclinaison ou
d’inclinaison faites dans diverses parties du globe.
Méridien* et parallèles magnétiques. Les lignes d'égale décli-

Digitized by Google
MAGNÉTISME TBHBESl'BK. 147

liaison dont flous avons parlé plus haut ne peuvent avoir d’autre
importance que de grouper d’une manière méthodique les observa-
tions faites à une époquè déterminée, surtout depuis que M. Duper-
rev a trouvé un moyen graphique à l’aide duquel il a tracé la figure
des méridiens magnétiques tels qu’ils doivent être considérés dans
l’état de no3 connaissances (
pl. VIII).

Les méridiens magnétiques ne sont pas des lignes hypothéti-


ques ;
ils résultent de la direction de l’aiguille aimantée en chaque
point du globe. Supposons que l’on parte d’un point quelconque,
et que, cheminant toujours dans le sens de la direction de l’aiguillo
aimantée, d’abord vers le pôle nord ,
ensuite vers le pôle sud, on
relève tous les points par lesquels on aura passé, la courbe qui les
réunira tous formera un méridien magnétique. Si l’on prend un
autre point de départ voisin du premier, et que l’on trace de la
même manière un méridien magnétique, ce méridien rencontrera
le premier en deux points situés l’un vers le pôle nord l’autre vers ,

le pôle sud. En traçant sur le globe un certain nombre de ces mé-


ridiens ,
et prenant les points d’intersection de deux méridiens voi-
sins, on aura alors, dans chaque hémisphère, une courbe fermée
résultant de la réunion de tous les points d’intersection il est :

naturel d’admettre que le pôle magnétique de chaque hémisphère


se trouve au centre de l’aire renfermée par ces courbes. La plan-
che VIII indique le tracé d’un certain nombre de ces méridiens sur
une carte de Mcrcator; la planche IX indique le tracé sur une po-
sition polaire. Il suffit de jeter les yeux sur cette carte pour se faire
une idée des rapports qui existent entre tous ces méridiens que
l’on ne peut se refuser d’admettre, puisqu'ils ont chacun pour élé-

ment la direction de l’aiguille aimantée dans chaque point du globe.


Outre les méridiens magnétiques, M. Duperrev a tracé encore sur
mêmes cartes des courbes normales aux méridiens et qu’il a appe-
,

lées pour ce motif parallèles magnétiques ,


en raison de leur analo-
gie avec les parallèles terrestres.
La ligne marquée équateur magnétique sur la planche VIII est la

courbe perpendiculaire à tous les méridiens magnétiques , passant


par leur milieu, et analogue à l’équateur terrestre qui est perpendicu-
laire à tous les méridiens géographiques. Mais le véritable équateur
magnétique est représenté par une ligne ponctuée; c’est, comme
on le dira plus loin, la ligne des points où l’inclinaison est nulle (*),

(*) MM. Gauss et Weber ont publié une carte des parallèles magnétiques dans

10 .

Digitized by Google
148 MAGNÉTISME TERRESTRE.
Observations d'inclinaison faites en différents points du globe.
Les observations relatives à l'inclinaison ont occupé les voyageurs
non moins que celles de la déclinaison ;
aussi en trouve-t-on un grand
nombre dans les relations qu'ils ont publiées; mais elles paraissent
avoirmoins d’importance, en raison du rôle qne jouent les décli-

naisons dans la détermination des méridiens magnétiques.


En étudiant la marche de l'inclinaison sur le globe et en partant
de Paris, se rendant vers le nord, on a trouvé que le pôle austral
de l’aiguille s’abaisse de plus en plus au-dessous de l'horizon ; que

l'inclinaison augmente en même temps que la latitude, et que dans


les régions polaires il existe des points où elle est de 90“.
En se dirigeant au contraire dans l’hémisphère austral, on a re-
connu que l'inclinaison diminue avec la latitude, et qu’il existe,
non loin de l’équateur, des points où l’aiguille est sans inclinaison.
Au delà de ces points, l’inclinaison recommence, mais dans un sens
inverse, et continue à augmenter jusque vers le pôle, où elle est de
90“ La courtie qui comprend tous les points, où l'aiguille aimantée
.

est sans inclinaison, a été nommée équateur magnétique; et les


poiuts où l’aiguille est verticale, pôles magnétiques. Toutes les
observations d’inclinaison tendent à trouver non-seuleinent la posi-
tion de ces derniers, niais encore celle de l’équateur.
Lignes d'égales inclinaisons ou isocliniques, et équateur magné-
tique. Il parait que la première carte des lignes d’égale inclinaison
est celle qui a été dressée par Wilcke
on la trouve insérée dans les ;

Mémoires de l’Académie de Stockholm, pour l’année 1708. La


même carte a été reproduite plus tard par le Monnier, mais avec
des modifications considérables.
Les cartes de ce genre qui méritent d'être prises en considération
sont, pour l’époque où elles ont été dressées, celles que M. Hans-
teen a publiées en 1819.

aqoelle chaque parallèle porte une cote numérique. Cette cote est un paramètre
variable qui se présente dans l’équation générale des parallèles magnétiques, et qui
a la même valeur dans toute l'étendue de ces courbes, mais qui varie en passant
de l'une à l'autre. Dans la théorie générale du magnétisme , chaque parallèle est
considérée comme étant l’intersection de la surface de la terre avec une surface
de niveau magnétique. Il y a une infinité de telles surfaces de niveau ; elles jouis-

sent de celle propriété, qu’en chacun de leurs points la normale à la surface repré-
sente la direction des forces magnétiques terrestres. La propriété qu’ont les paral-
lèles magnétiques d’ètre normaux à l’aiguille aimantée est une conséquence de
cette propriété générale.

Digitized by Googli
,

MAGNÉTISME TERRESTHK. I 19

Les lignes d’égale inclinaison sont analogues aux parallèles ter-


restres qu’elles coupent obliquement, mais elles n’en ont pas toute
la régularité, et sont d’ailleurs d’autant moins parallèles entre elles
qu’elles se rapprochent davantage des régions polaires, où elles
circonscrivent les pôles magnétiques de toute part. Ces pôles, qu’il
ne faut pas confondre avec les centres d’action intérieurs qui sont
les vrais pôles magnétiques de la terre ,
sont tout simplement les
points de la surface oii l’aiguille aimantée, suspendue par son centre
de gravité, prend la direction de la verticale.

M. Hansteen, comme nous l’avons déjà dit, a cru pouvoir dé-


duire aussi de la figure des lignes d’égale inclinaison qu’il existe
deux pôles magnétiques dans chaque région polaire; mais cette
assertion n’est pas généralement admise.
Selon M. Duperrey, les lignes d’égale inclinaison ont, comme
les lignes d’égale déclinaison
,
l’inconvénient de ne jms être l’ex-
pression d'un uniquement dépendant de l’action du magnétisme.
fait

Chaque inclinaison est la mesure de l’angle que fait l’aiguille avec


le plan de l’horizon, ou, si l’on veut, avec la verticale du lieu de
l'observation. Si la ligne d’égale inclinaison était un cercle parfait
de la sphère, les verticales de tous les points de ce cercle auraient,
dans la direction des plans des méridiens magnétiques, une direc-
tion qui leur serait commune, en sorte que toutes les aiguilles sus-
pendues le long de ce cercle suivraient elles-mêmes une même
direction. Mais, du moment que la ligne d’égale inclinaison se pré-
sente sous forme d’une courbe à double courbure, les inclinai-
la

sons, n’étant plus comptées à partir d’une direction unique des ver-
ticales, expriment deux faits à la fois: l’un qui dépend uniquement
de l'action du magnétisme, l’autre de la direction particulière que
suit chaque verticale ; et l’on conçoit alors que la relation que nous
établissons par nos courbes, entre les valeurs égales de l’inclinai-
son , n’a plus de rapport avec la relation que les directions des ai-

guilles ont entre elles.


Cette appréciation des lignes d’égale inclinaison s’applique aussi
à l'équateur magnétique, dont nous allons parler.
Wilcke a donné une figure de l’équateur magnétique ou ligne
sans inclinaison, en 1768. MM. Hansteen et Mddfet l'ont reproduite
à des époques beaucoup plus récentes, en se fondant sur les nom-
breuses observations qu’ils ont puisées dans les voyages de Cook
d’Eckberg, de Panton, de la Pérouse (*).

(*) L’on doit à M. Morlet un moyen facile de faire concourir à la détermination

Digitized by Google
150 MAGNETISME TERRESTRE.

M. Duperrey a donné pour 1820 une détermination de la ligne


sans inclinaison ,
dont nous allons parler, en se servant des obser-
vations qu’il avait recueillies. (
Becquerel ,
Traité du magnétisme
terrestre, p. 391. )

M. Duperrey a tracé, comme on vu page 117, sur la plan- l’a

che VIII, les parallèles et l’équateur magnétique :


j Le nombre des points déterminés par toutes les observations

qui me sont parvenues, dit-il, est de 270, lequel se réduit à 73,


en prenant un milieu entre les coordonnées des points qui se trou-

vent à moins de 3° en longitude les uns des autres.


La nouvelle courbe qui résulte de ces 73 points est à très-peu
«
près celle que j’avais déjà obtenue de mes observations faites dans
le voyage de la corvette ta Cw/uilte. Néanmoins je m’empresse de
dire qu’elle a sur celle-ci deux avantages qu’il importe <lo signaler.
L’un de ces avantages est de ne plus présenter les irrégularités se-
condaires qu’un plus grand nombre d’observations devaient néces-
sairement faire disparaître ;
l’autre , de réduire à 17“ une lacune
de 33° en longitude qui existait dans le grand Océan, à l’ouest du
méridien de l’ile de Taïti, C'est aux observations du voyage de

V Uranie, que M. de Freycinet a eu l’extrême bonté de mettre à ma


disposition que l’on doit ce dernier avantage.
,

u Si l’on suit, sur la carte VIIl°, la ligne sans inclinaison dans


une carte, l’on verra qu’à parlirdu nœud atlantique, qui est auprèsde
l’ile San-Tomé, par 3° 20’ de longitude orientale, cette courbe se di-

rige vers l’ile de l’Ascension , passe à 1° 40' au sud de cette ilo des- ;

cend obliquement vers le 15’ parallèle de latitude sud ,


qu’elle coupe
auprès de Saint-Georges, en entrant dans le continent de l’Amérique,
et qu elle la prolonge ensuite, en inclinant néanmoins un peu vers le
sud ,
pour atteindre, entre Rixas et Cuaybas, la latitude de 15° 10’,
oit elle maximum absolu d’excursion australe. De là
parvient à son
elle remonte sensiblement au nord, sort de l’Amérique auprès
de Truxillo, situé sur la côte du Pérou, par 8" de latitude sud, et
s'étend dans le grand Océan équinoxial en se rapprochant insen- ,

dc celle courbe les observations voisines des lieux qu'elle parcouit. Ou sait que
M. Biot, résumant tonies les actions australes et boréales de magnétisme terrestre
en deux centres d'action qu’il place à nue très-petite distance du centre du glulre,
,

est arrivé à une formule que l’on peut exprimer ainsi :

taug. 1 = 2 tang. L.
I étant l'inclinaison et I. la latitude magnétique. C’est de relie formule dont M Mor-
let a fait usage.

Digitized by Google
UAOSÉTISMB TERRBSTBB. Ul
hlement de l’équateur terrestre, qu’elle ne parviont à rencontrer
qu’entre <(16° 35' de longitude occidentale et 17.V 44' de longitude
orientale; espace dans lequel se trouve son nœud polynésien. A
partir de ce nœud, la ligne sans inclinaison commence son excur-
sion dans l’hémisphère boréal en passant à peu de distance au sud
des lies Mathews, Oualan, Valientès, Hogoleu, Oulié et Palaos,
qui appartiennent au vaste archipel des lies Caroiines ;
passe ensuite
sur la position de la ville de Mindanao ot sur la pointe nord de Bor-
néo, d’où elle se dirige vers la pointe nord de Geylan, où se ter-
minent les observations les plus récentes qui ont servi k fixer sa
position.A l’est de Ceylan, elle se dirige vers la partie méridionale
de nie Socotora, dont elle coupe le méridien par <<" 40' de latitude
nord , à en juger du moins par les observations déjà fort anciennes
de Panton, corrigées empiriquement; elle redescend ensuite obli-
quement vers le sud, en traversant l’Afrique, pour venir rejoindre
San-Tomé, où se trouve son nœud atlantique.
l’ile

Ayant cherché quelle serait la position du plan moyen de la


«
ligne sans inclinaison, j’ai trouvé que ce plan passerait à environ
9 milles au nord du plan de l’équateur terrestre-, qu’il ferait avec
ce plan un angle de 10° 40', et que son axe percerait la surfuce du
globe en deux points situés dans les régions polaires :
l’un, par 79“ 11' N. et 78“ 30' 0.
l’autre, par... 79° 11' 8. et 101“ 40' E.

a Dans la recherche des méridiens magnétiques, j’aipu dé-


terminer exactement la position des points do la surface du globe
où l’aiguille aimantée suit la direction de la verticale, et que pour
cette raison on nomme pôles magnétiques.
a J’ai fixé l’un de ces pôles,
par 70“ 10' N. et 100» 40' O.
et l’autre par 75* 0' S. et 136“ 0’ E.

« L’on voit que ces pôles ne coïncident pas avec les extrémités

de l’axe de l’équateur magnétique; néanmoins ce n’est pas une


raison pour repousser l’hypothèse des deux centres d’action voisins
du centre de la terre; c’est au contraire une raison pour l’admettre,
car il suffit que ces centres d’action soient sur une corde voisine,
(mrallèle à l’axe de l’équateur magnétique, pour que les pôles ma-
gnétiques de 1a surface soient aux extrémités d’une seconde corde

à peu prés parallèle, mais située nu delà de celle-ci par rapport au


centre du glolæ.

Digitized by Google
153 MAGNÉTISME TBBBESTHE.
« J’ai déjà dit que les lignes d’égale inclinaison exprimaient un
fait qui ne dépendait pas uniquement de l’action du magnétisme.
A ce titre, la ligne sans inclinaison ne devrait pas être considérée
comme un véritable équateur magnétique, il en est de cette courbe
comme des lignes sans déclinaison auxquelles on avait donné et
,

l’on donne même souvent encore le nom de méridiens magnéti-


ques, quelle que soit la manière dont elles coupent les directions
horizontales de l’aiguille aimantée. Toutefois l’inconvénient n'est

pas aussi grave pour la ligne sans inclinaison que pour les lignes
sans déclinaison. Pour m’en assurer, j’ai cherché quelle serait la

figure d'une courbe dont la condition serait d’être perpendiculaire


à tous les méridiens magnétiques , et dont la moyenne des latitudes

nord et sud serait égale à zéro; ce qui est à peu près la moyenne
des latitudes de la ligne sans inclinaison. J'ai trouvé que la figure

de cette courbe, qui ne dépend d’aucune cause étrangère à l’action


du magnétisme, et que pour cette raison je suis porté à considérer
comme un véritable équateur magnétique, ne diffère pas essentiel-
lement de sans inclinaison. (Voir planche X, où cette ligne
la ligne

est représentée par une ligne pleine.)


Le plan moyen de cette nouvelle courbe fait avec le plan de
«

l’équateur terrestre un angle de 10“ 54', et son axe, qui exprime,


selon moi, la direction suivant laquelle le globe est aimanté, perce
la surface du globe en deux points situés dans les régions polaires :

l’un, par 70“ 0' N. et 71“ 31' O.


l’autre, par 79“ ti’ S. et 108" 28' E. ;

direction qui diffère bien peu de celle que j’ai obtenue ci-dessus
pour l’axe du plan moyen de la ligne sans inclinaison. »
Intensité magnétique du globe en divers points de sa surface.
M. de llossel ,
qui accompagnait d’Entrecasteaux dans son voyage à

la recherche de l’infortuné la Peyrouse, a résumé une série d’ob-


servations de 1792 à 1793, à l’aide desquelles il a montré que l’in-

tensité magnétique croissait de l'équateur à chacun des pôles.


Il restait encore néanmoins des doutes sur ce fait fondamental,
mais M. de Humboldt les a levés tous en prouvant par de nombreu-
ses observations, faites avec le plus grand soin, que l’intensité de la

force magnétique du globe est variable en différents points. Depuis


cette époque, les physiciens et les voyageurs n’ont cessé de s’occu-
per de recherches relatives à la détermination de l’intensité des

forces magnétiques terrestres.

Digitized by Google
MAGNÉTISME TERRESTRE. 153

M. de Humboldt s'est attaché particulièrement, dans ses obser-


vations magnétiques, à déterminer la loi suivant laquelle varie l’in-

tensité des forces magnétiques à diverses latitudes. Il découvrit, en


se rendant au haut Orénoque et au Pico-Negro , pendant l’été de
1800, que cette intensité allait en croissant des basses latitudes aux
pôles. Ainsi la même aiguille d’inclinaison qui avait donné, en dix
minutes, à Paris, 245 oscillations, n’en donnait plus que 229 &
Cumana (lat. 10" 28' bor.) et 216 à San-Carlos del Rio-Negro (lat.
1° 53' bor.), et sous l’équateur magnétique, 211. Cette observation
sous l’équateur eut lieu en septembre 1802, et un mois plus tard

il de nouveau l’intensité augmenter dans l’hémisphère méridio-


vit

nal en s'éloignant de l’équateur magnétique. M. de Humboldt , en


,

publiant cette loi de l’accroissement magnétique vers les deux pôles,


montra aussi comment les forces varient régulièrement par zone.
La grande intensité des forces observée à Carthagène des Indes,
à la Havane et au Mexique, prouve que la diminution de l'inten-
sité sous l’équateur magnétique ne peut être attribuée à un affai-

blissement dans magnétisme de la boussole. M. de Humboldt


le

s’est assuré, du reste, que le magnétisme de l’aiguille n’avait pas


changé. 11 a fait aussi osciller son aiguille dans le méridien magné-
tique et dans le plan rectangulaire : l’inclinaison qu’il en a déduite,
au moyen du calcul , s’est trouvée la même que celle qu’il avait
obtenue directement par l’expérience.
En comparant la valeur de l’intensité exprimée par 240 oscilla-

tions à Carthagène des Indes (lat. bor. 10“ 25’), en avril 1800, à
celle qui est représentée par 241 à Madrid (lat. bor. 40“ 15'),
Al. de Humboldt a découvert un autre fait très-important : c’est le

défaut de parallélisme des lignes isodynamiques, et d’égale inclinai-

son. A Madrid, l’inclinaison était, en octobre 1798, de 77° 62’, et à

Cartliagène des Indes, de 39" 33'.


Les faits importants que nous venons d’indiquer ont été confir-
més dans ces dernières années par les nombreuses observations

faites dans les expéditions anglaises aux régions polaires et dans les
voyages autour du monde par les navigateurs français.
Nous nous bornerons seulement à dire qu’en représentant par 1
l’intensité magnétique il l’équateur (magnétique), l’intensité varie
de 1 à 1,85 en s’élevant dans les hautes latitudes, comme cela ré-
sulte de l’examen du tableau suivant :

Digitized by Google
.

154 U4GNÉTISHB IKBBÏSTHK.

LIEU INTENSITE
ANMF.Ë. LATITUDE.
DES OBSERVATIONS. MAGNÉTIQUE.

1829 63° 0' N. 1 759


1822 40 43 l'fiÛ3
1

Spilzberg, Fairliaren. 1523 79 40 1,562


< Bain de Balliu 1518 02 U 1,590
1 Briitfll»; 1829 50 52 1,374
'

Christiania 1820 59 55 1,410


i
Berlin 1818 52 51 1,366
|
Pélerebourg 1828 59 66 1,410
i Paris 48 52 1,348
1 1 yon 1805 45 46 1,383
; Naples 1805 40 50 1,274
;
Carlhagèiie 1801 10 25 1,294
! Cnmana 1800 10 28 1,178
!
Saint-Antoine 1802 0 0 1,087

Lignes d’égale intensité ou lignes isodynamigues. M. Hansteen a


fait paraître, à Christiania, en 1836, une première carte dans la-
quelle se trouvent figurées des lignes d’égale intensité magnétique,
qu'il désigne sous le nom de lignes isodynamiques.
De nouvelles cartes, plus complètes que la précédente, ont été
publiées par ses soins en 1833. Dans son travail, M. Hansteen dis-
cute toutes les observations d’intensité magnétique qui ont été faites
depuis 1790 jusqu’en 1830. Il rend ces observations comparables,
autant que les circonstances le permettent, et il en exprime la
valeur par des rapports qu’il fait dépendre du minimum d’intensité
que M. de Humboldt avait observé, en 1803, sur l’équateur ma-
gnétique dans l’intérieur du Pérou.
Les lignes isodynamiques, telles qu’elles ont été conçues par
M. Hansteen, ont cela de commun avec les lignes d'égale inclinaison,
que les unes et les autres sont analogues à des parallèles de la sphère;
mais elles sont irrégulières, et d’ailleurs elles ne coïncident pas
entre elles, c’est-à-dire qu'à inclinaison comme à latitude égules,
les rapports d’intensité magnétique présentent des valeurs souvent
très-différentes, ainsi que M. de Humboldt en avait déjà fait la re-
marque durant sou voyage aux régions équinoxiales du nouveau
continent.
M. Hansteen déduit, de la configuration de ses lignes isodyna-

miques, comme il l’avait fait de celle des lignes d'égale décli-

naison , l’existence de deux pôles magnétiques à la surface du


globe, dans chaque région polaire; et entre les tropiques, celle d’une
courbe sur laquelle l’intensité minimum qu’on obtient dans chaque

Digitized by Google
MAGNÉTISME TEBHESTBE. 155

méridien parait varier de 0,8 à 1 ,0, entre deux points qui seraient
situés, l’un dans la partie méridionale de l’Afrique, l’autre sur les
côtes du Pérou ; que les valeurs extrêmes de l'intensité magnéti-
que, à la surface de la terre, sont dans le rapport de 4 h 2,4; et
enfin, se fondant sur l’intensité 4,8 observée par M. Sabine à New-
York ,
par 44° de latitude nord, et sur l’intensité 4,0 (non corrigée)
observée par M. de Rossel, à Van-Diémen, par 43° de latitude sud,
il pense que l’intensité magnétique doit être généralement plus
grande dans l'hémisphère boréal que dans l’hémisphère opposé.
M. Puperrey, auquel le magnétisme terrestre doit des travaux
importants, s’est appliqué à achever la carte des lignes isodynami-
ques qui était restée incomplète, faute d’observations dans l’hémis-
phère austral (voir pl. XI et XII). Les lignes isodynamiques sont
tracées dans la planche XI, sur une carte de Mercator, et dans la
planche XII suivant une projection polaire. Les lignes isodynami-
ques de l’hémisphère nord sont à pou près telles que M. Hansteen
les avait déjà tracées; mais celles de la zone intertropicaie et de
l’hémisphère sud ont éprouvé des modifications considérables. Les
observations faites à Payta, à Offak, à Sourabaya, à l'Ile-de-France,
au Port-Jackson et à Van Diémen ont fait remonter les lignes d’égale

intensité vers le nord, de 8 à lü° en latitude selon les localités, et

la ligne 1,6, qui passait sur la partie méridionale de la terre de Van-


Diémen, est remplacée par la ligne 4,8, qui ne permet plus d’ad-
mettre la différence que M. Hansteen croyait pouvoir établir entre
les intensités des deux hémisphères.
C’est en dépendre des observations de M. de Humboldt
faisant
ses propres observations et celles que M. de Rossel avait faites du-
rant le voyage de l'amiral d’Enlrecasteaux , que M. Puperrey est
parvenu à fixer la valeur de l’intensité magnétique dans les lies

Moluques, à la Nouvelle-Hollande, à la terre do Van-Diémen et dans


la mer des Indes. Les résultats qu’il a obtenus, et dont l’exactitude
se trouve aujourd’hui parfaitement confirmée par les observations
toutes récentes «lu capitaine Fitz-Roy, ont suffi pour donner une
idée approximative de la forme générale des lignes isodynamiques
dans l'hémisphère austral, et compléter ainsi le travail queM. Hans-
teen avait si bien commencé , et qu’il aurait sans doute achevé de

la même manière, s'il avait eu connaissance des observations de


M. Puperrey, et des moyens de rectification dont les observations
de M. de Rossel étaient susceptibles.
A l’époque où M. Puperrey publia ses cartes de lignes isodyna-

Digitized by Google
,

156 MAGNETISME TEH RESTEE.

iniques, tout portait a croire que la ligne sans inclinaison était


sinon une ligne d’égale intensité magnétique, du moins la ligne
des plus petites intensités observées dans les méridiens.
Aujourd’hui il n’est plus permis de croire que la ligne sans
inclinaison soit précisément la ligne des plus petites intensités ma-
gnétiques; mais il est bien probable qu’elle n’est pas trcs-éloignée
de la courbe qui doit jouir de cette propriété, et sur laquelle il fau-
dra établir, lorsque sa position sera connue, les points de rebrous-
sement des lignes isodynamiques destinées à envelopper les espaces
de moindre intensité.
M. Duperrey n’a présenté scs cartes de lignes isodynamiques
qu’avec une extrême réserve. Ses craintes sont fondées sur ce que
les observations d'intensité magnétique paraissent assujetties à des
erreurs dont il n’est pas encore possible de les débniTiissor d’une
manière complète; l'inclinaison, les variations de la température,
l’action de la terre sur les aiguilles que l’on transporte en différents
points du globe, la position horizontale de l'aiguille que l’on croit
être la position horizontale de son axe magnétique, la nature du
sol sur lequel on observe, etc., etc. (*), sont autant de causes qui,
dans son opinion, peuvent facilement occasionner les différences

d’un dixième et souvent même de deux dixièmes que l’on remarque


entre les résultats obtenus dans un même lieu ,
différences dont on
concevra l’importance, si l’on fait attention qu’un dixième dans l'in-

tensité magnétique sépare deux lignes isodynamiques, dont la dis-

(*) Quoi qu'il eo soit de l'exactitude problématique de ce genre de carte, M. Du-


perrey n'en a pas moins été curieux de comparer l'ensemble de toutes les observa-
tions tuiles jusqu’à ce jour avec la théorie, relativement à la loi d’après laquelle
l’inlensité des forces magnétiques varie à dilTerenles latitudes de l'équateur auv
|
rôles.

La formule de M. Biot i = 1/ i -j- 3 sin > ,


qui exprime celte loi dans l'hypo-
thèse de deux centres d'uclion placés à une très-petite dislance du centre de la

terre, suppose que le globe est parfaitement homogène, en sorte qu'elle ne fient cire

vérifiée par des observations isolées. Mais ,


en calculant l'intensité magnétique
moyenne de la ligne équinoxiale et de Chaque parallèle terrestre de 10 en 10 degrés,
au moyen des lignes isodynamiques, et en prenant la moyenne des résullats ainsi
obtenus pour les parallèles homologues des deux hémisphères, M. Duperrey a trouvé
que la courbe de l'accroissement de l'iulensilé magnétique de l’équateur an pôle,
tracée d'après ces valeurs moyennes, ne s'écarlait de celle qui résulte de la formule
de M. Biot, que d'environ 0,015 de l'intensité prise pour unité (voir planche X);
en sorte que cette formule serait l'expression véritable de l’intensilé magnétique île

la terre, si la terre était parfaitement homogène ou régulièrement magnétique sur


chaque parallèle.

Digitized by Google
,

MAGNÉTISME TERRESTRE. 157

tance en latitude est, terme moyen, de 9”, ce qui répond à 180 lieues
marines.
M. Duperrey n’admet pas cette multiplicité de pôles magnétiques
introduite dans la science par Halley, repoussée par Euler, et re-
produite plus tard par M. Hansteen. Les déclinaisons de 11 à 15*
nord-est observées par le baron Wrangel autour de la Nouvelle-
,

Sibérie, lui prouvent d’une manière incontestable qu’il n’y a point


de pôle magnétique à l’ouest de ces lies, dans la partie septentrio-
nale de l’Asie. Il voit bien que la ligne isodynamique 1,7 qui con-
tourne le pôle magnétique du nord de l’Amérique, s’étend consi-
dérablement vers la Sibérie ; mais, indépendamment de ce qu’il
aurait à dire sur la forme donnée à cette courbe par M. Hansteen,
il n’en est point étonné du moment où il sait que les deux pôles

magnétiques de la surface de la terre, l’un boréal, l’autre austral


ne sont pas diamétralement opposés, et que la plus grande distance
qui sépare ces pôles est précisément dans les méridiens de l'Asie,
tandis que la plus petite est dans ceux du milieu du Grand Océan.
Cette position respective des pôles magnétiques est évidemment
l'une des causes qui rendent variable, d’un méridien à l’autre, la
distance d'un pôle magnétique à une même ligne isodynamique.
Une cause non moins déterminante est celle que M. Duperrey
attribue à la température, dont l'abaissement se prolonge naturel-
lement davantage entre le pôle magnétique et la Sibérie en passant
par le pôle terrestre, qu’entre ce même pôle magnétique et le cen-
tre de l’Amérique septentrionale.
M. Duperrey n’admet pas l’opinion de M. Hansteen, en tant
qu’il s'agit de considérer les pôles magnétiques de la surface de lu

terre comme des centres ou foyers magnétiques. Quant aux varia-


tions et aux anomalies que l’on remarque dans la configuration des
lignes comme dans la position des pôles magnétiques, on les attri-

bue alix changements de la température atmosphérique.

Digitized by Google
158 MAGNÉTISME TERRESTRE.

CHAPITRE IV.

Causes des phénomènes magnétiques terrestres.

Magnétisme des roches. La terre se comporte comme un aimant,


puisqu’elle est pourvue de deux pôles. Doit peut provenir cette puis-
sance magnétique et cette polarité*? C’est ce dont nous allons nous
occuper dans ce chapitre.
11 existe dans la terre du protoxyde de fer qui est magnétique et
doué de la polarité ,
mais non en quantité suffisante pour constituer
la propriété que nous lui reconnaissons. On connaît cependant des
localités où la polarité magnétique se manifeste par suite de la pré-
sence de cette substance.
Nous rapportons les observations que M. de Humboldt a faites à
ce sujet stir le magnétisme polaire d’une montagne schisteuse et de
serpentine. Le Heidelberg, prés deZell s’élève au milieu d'un vaste
plateau à la pente nord-ouest du Fichtelgebirge j la montagne est

dirigée du sud-ouest au nord-est, comme celles des roches primi-


tives et intermédiaires de ces contrées. Kl le appartient au groupe
des serpentines enclavées dans les schistes chloriteux et ampbibo-
liqucs. Dans la chlorite, les parcelles de fer oxvdulé sont visibles
à l’oeil nu, tandis que dans les autres roches on découvre ce com-
posé en pulvérisant la masse et en la remuant avec nn barreau
aimanté. Les strates de toutes ces roches sont parallèles à l’axe lon-
~
gitudinal de la montagne, qui agit à 6 ou à mètres de distance sur
les lxnissoles de mineur.
On a cru observer que les roches du Heidelberg qui ont le plus

de magnétisme polaire sont aussi celles dont la pesanteur sj>écili-

que est la plus grande.


Ce qu’il y a de remarquable dans le magnétisme de cette monta-
gne, c’est la distribution et le parallélisme de scs axes magnétiques.
M. de Humboldt a observé que les pôles nord sont tous situés à la
pente sud-est, et les pôles sud à la pente nord-ouest; de sorte que

Digitized by Google
VUGXÉTISMK TSHRKSTBE. 159

les pôles homonymes occupent une môme pente. Le parallélisme


îles axes est constant à l’extrémité nord-est et dans son centre,
mais il est peu sensible à l’extrémité sud-ouest , oit les roches chlo-
riteuses ,
amphiboliques et talqueuses passent à la vraie serpentine.
Les points d’indifférence sont placés aux extrémités nord-ouest et
sud-ouest de la montagne, c’est-à-dire aux extrémités de l’axe lon-
gitudinal du Heidelberg, on selon la ligne qui détermine la direc-

tion des couches. Les axes magnétiques sont perpendiculaires à la


direction de celles-ci.
M. Lichtenberg a énoncé les conjectures que ces axes peuvent bien
être l’effet de tremblements de terre qui ,
dans les grandes cata-
strophes de notre planète, ont agi longtemps dans une même di-
rection. M. de Humboldt a cru une seule fois,
voir changer en effet
dans l’Amérique méridionale l’inclinaison magnétique à la suite
,

d’un tremblement de terre. L’intensité des forces était restée la


même.
11 serait à désirer que l’on pfit savoir si la direction de l’axema-
gnétique est constante, ou si elle change avec la direction du méri-
dien magnétique de la contrée voisine.
Le magnétisme polaire de ces roches qui renferment quelques
parcelles de fer oxydulé est souvent bien plus puissant que le ma-
gnétisme polaire de ces grandes masses de fer oxydulé qui forment
des couches dans les montagnes primitives, et qui ne sont point en
ln surface du globe.
contact avec l’atmosphère ou rapprochées de
M. de Humboldt a trouvé près de Volsaco, entre Almagner et
la mer, une roche de
Pasto, à 1,090 mètres de hauteur au-dessus de
porphyre trachitique, qui offrait en petit presque les mêmes phé-
nomènes que la montagne magnétique de Franconie, sur la pente
orientale de Chimborazo. MM. de Humboldt et Bonpland ont
trouvé aussi un groupe de porphyre trachitique en colonnes pen-
tagones, dont le magnétisme polaire agit à 1 mètre de distance.

Ces exemples prouvent que, dans les observations relatives ait

magnétisme terrestre, il serait peut être essentiel d’expérimenter


sur le magnétisme des roches qui constituent le pays où l’on est,
ou du moins de déterminer jusqu’à quel point son action diminue
l’amplitude des oscillations de l’aiguille aimantée sans changer leur
nombre. Il ne serait pas impossible que les actions de ce genre
fussent produites en Auvergne dans le voisinage des formations
stéaschiteuses, où l’on dit que la boussole éprouve quelquefois des
déviations qui contrarient les opérations géodésiques.

Digitized by Google
160 MAGNÉTISME TEBBESTBE.
Hypothèses sur l'origine du magnétisme terrestre. On a fait jus-
qu’ici bien des hypothèses pour remonter à la cause du magnétisme
terrestre. Gilbert est le premier qui ait supposé que la terre fût un
aimant puissant dont l’axe coïncidait presque avec l’axe terrestre.
D’après cette hypothèse , les deux pèles magnétiques seraient à peu
de distance des pôles de la terre.
M. Hansteen a cherché à prouver, comme on l’a vu ,
qu’il devait

y avoir un second pôle magnétique dans les régions boréales et un


autre dans les régions australes, sans lesquels on ne pouvait rendre
compte de tous les phénomènes magnétiques observés. Il faudrait
donc supposer, dans cette hypothèse, qu’un second aimant tra-
versât le globe dans la direction d’un diamètre dont le pôle coïn-
ciderait avec le pôle magnétique de Sibérie.
D'après une hypothèse de M. Barlow, dont il sera question ci-
après ,
le magnétisme de la terre ne serait pas celui d'un aimant,
mais bien celui d une sphère de fer qui a reçu le magnétisme par
induction. Il existe une très-grande différence entre ces deux états
magnétiques : dans les aimants ordinaires, les centres d'action ou
pôles sont placés à peu de distance de leurs extrémités; mais dans
des masses de fer creuses ou solides, régulières ou non ,
les centres

d'action coïncident toujours avec le centre d’action de la surface


de la masse.
Quelles que soient les bases d’où l’on parte pour expliquer ces
phénomènes, on se demande comment il se fait que la terre soit
magnétique. M. llunsteen admet qu’il faut en chercher l’origine
dans le soleil ,
lequel posséderait un ou plusieurs axes magnétiques
qui, en distribuant la force, occasionneraient une différence ma-
gnétique dans la terre ,
la lune et toutes les planètes dont la struc-

ture interne admet une différence semblable.


M. Biot a cherché à lier par le calcul toutes les observ ations rela-
tivesau magnétisme terrestre qui avaient été faites avant et pendant
la période du voyage de M. Humboldt en Amérique, en considé-
rant la terre comme un aimant, et prenant pour la distance des
pôles une valeur indéterminée ; et partant du principe que le pou-
voir de chacun de ces pôles variait en raison inverse du carré de la
distance au )>oint sur lequel ils agissaient, il obtint ainsi une ex-
pression générale de la direction de l’aiguille aimantée. En faisant

varier la distance indéterminée , et comparant les résultats de l’ex-

périence avec ceux du calcul ,


il trouva que plus les pôles étaieut
rapprochés, plus ces résultats s’accordaient ensemble, et que les er-

Digitized by Google
MAGNÉTISME TERRESTRE. 161

minimum, quand
reurs ou plutôt les différences étaient réduites au
les deux pôles se trouvaient infiniment près l’un de l’autre , et à
très-peu de distance du centre de la terre.
11 résulterait évidemment de là que la terre ne devrait pas être

considérée comme un aimant ordinaire dont les deux pôles se trou-


veraient à ses extrémités. Les lois que l’on déduit de cette hypo-
thèse s’accordent parfaitement avec celles d’un corps soumis à un
magnétisme passager par influence, comme l’a prouvé M. Barlow;
mais il s’agissait de montrer quelle espèce de magnétisme on pou-
vait communiquer à la terre pour lui faire produire tous les effets
connus.
La grande découverte d’OErsted en faisant connaître un nouveau
,

procédé d'aimantation, a fourni de nouvelles lumières pour avan-


cer la théorie du magnétisme terrestre. En effet, aussitôt que
M. Barlow en eut connaissance, il s’attacha à prouver que le ma-
gnétisme terrestre pourrait bien avoir une origine électrique, c’est-
dù à l’action de courants électriques circulant au-
à-dire qu’il serait
tour du globe, comme Ampère l’avait précédemment supposé.
Ayant déjà prouvé que le pouvoir magnétique d’une sphère de
fer réside seulement à sa surface, M. Barlow conçut l’idée de distri-
buer sur la surfaee d’un globe artificiel une série de courants
électriques disjKJsés de manière à ce que leur action tangentielle pût
donner partout à l’aiguille une direction correspondante. L’expé-
rience vint confirmer ses prévisions ce globe produisit sur une
:

aiguille aimantée, soustraite à l’influence terrestre et placée dans


diverses positions, le môme genre d'action que la terre lui imprimait
dans des positions analogues.
Il est certain que le globe artificiel de M. Barlow reproduit avec

une certaine exactitude tous les phénomènes magnétiques terrestres,


mais ce n’est pas un motif pour admettre sans réserve l’hypothèse
admise par ce physicien; on peut seulement en conclure qu’il est
possible de représenter tous les phénomènes magnétiques terres-
tres sans recourir à l’aimantation par les moyens anciennement con-
nus. M. Barlow fait remarquer, dans l'exposé qu’il a fait de ses
expériences, qu’il résulte des lois obtenues par M. Itiot que ni la
position d'un seul aimant, ni l’arrangement de plusieurs aimants
dans l’intérieur du globe, ne pourraient produire les mômes phé-
nomènes en rapport avec l’intensité de l’aiguille.

Nous avons indiqué, tome II, page 108, les recherches qui ont
montré que le sol pouvait être considéré comme conducteur de
t. ni. Il

Digitized by Google
163 MAGXKT1SUF. TERRESTRE.

l 'électricité nous avons dit également que les actions chimi-


;
niais
ques qui se produisent dans la terre ayant lieu dans toutes les
directions, ne peuvent donner des courants dirigés dans le sens de
l’équateur, de l’est à l'ouest, comme l’a supposé Ampère, et pro-
duisant les effets magnétiques que l’on observe.
On a bien avancé que les courants pourraient avoir une origine
calorifique, mais il est difficile de concevoir comment un flux calo-
rifique allant de l’équateur aux pèles produirait des courants élec-
triques dirigés perpendiculairement à cette direction.
l)’un autre côté, nous avons vu, d'après les variations des élé-

ments de la force magnétique du globe, que l’aiguille aimantée est


soumise à l’influence de la période diurne. Ce résultat semblerait
indiquer qu’il faut chercher ailleurs que dans la croûte solide du
globe 1a cause des variations que l’on observe ; or, comme les re-
cherches exposées dans ce volume , page 70, ont montre que l’air
atmosphérique contient un principe magnétique, l’oxygène, et que
l’action de l’atmosphère équivaut à une lame de fer qui aurait un
peu plus de 0“'",l d’épaisseur et qui couvrirait la surface totale du
globe, il est possible que les variations continuelles de température
et de pression qui se produisent dans l’atmosphère interviennent
dans les variations de la puissance magnétique du globe.
Mais, si cette cause intervient, elle ne peut expliquer le principe de
la puissance magnétique du globe; il faut admettre, en outre, une
action magnétique d'origine, et alors, en supposant une polarité à
toutes les particules matérielles qui conqvosent le globe , solides,
liquides et gazeuses, on pourrait se rendre compte de l’aimantation
de la masse. Si cet effet n’a pas lieu , on doit avoir recours à l’in-
fluence du dans ce cas, des courants par induction pour-
soleil :

raient se produire dans la croûte du globe, et en circulant, comme


le supposait Ampère, donner lieu aux effets observés.
On voit donc que jiour expliquer la cause du magnétisme du
globe l’on manque réellement de données ,
et qu’on en est réduit à
des hypothèses.

Digitized by Google
KL ECTRO -DYNAMIQUE IT ÉLECTRO-MAGNÉTISME.
IG3

LIVRE XI.
ÉLECTRO-DYNAMIQUE ET ÉLECTRO-MAGNÉTISME.

CHAPITRE PREMIER.
Action de l'électricité sur les aimants l'acier et le fer doux.
,

Action d un courant électrique sur l’aiguille aimantée. On a vu au


commencement du livre 1% tome I e1 , t|uc la decouverte capitale
1
qui
sert de base à l’élcctro-magnétisme est due à Oersted cette décou-
;

verte consiste en ce fait, que, si l’on approche d’un fil de métal qui

joint les deux pôles d'une pile, une aiguille aimantée suspendue sur
rte- 34. un pivot on voit celle-ci
+ — r
—- ,

tourner, s’agiter, par suite


-* d’une action émanant du
fil conducteur. Pour étu-
dier toutes les circonstan-
ces de cette action , l’ai-
guille fut d’abord placée au-dessus du fil tendu horizontalement
dans le plan du méridien magnétique. Le pôle nord fut chassé dans
un sens et le pôle sud dans l’autre. Quand l’aiguille était très-
rapprochée du fil et que l’action de la pile était vive, l’aiguille se
mettait à angle droit avec le fil; en plaçant l’aiguille au-dessous, la
déviation était inverse; en
la mettant à droite ou à gauche, elle

dans un sens ou dans un autre. I)e là tlirsted tira la


s’inclinait
conséquence que de semblables effets étaient dus à une force qui
agissait d’une manière révolutive autour du fil. A ce fait fonda-
mental se borne la part qui lui revient dans la découverte de l’élec-
11 .

Digitized by Google
164 ELECTIIO-IïYNAMIQUE

tro-magnétisme; on doit attribuer à Ampère et à d’autres physi-


ciens, mais particulièrement au premier, la gloire d’avoir créé
l’électro-dynamique, qui comprend tous les phénomènes relatifs à
l’action des aimants sur les courants et des courants sur les courants.
er
On a déjà vu ,
tome 1
,
page (Î2, que l’on est convenu de pren-
dre pour la direction d’un courant celle qu'il affecte quand il va du
pôle positif au pôle négatif. Lorsque le courant passe par un con-
ducteur rectiligne, on l’appelle courant rectiligne ;
s’il traverse un
cylindre creux, courant cylindrique; un fil courbe, courant curvi-
ligne. Si le courant forme un circuit complet, on dit que le courant
est fermé.
L'action d’un courant rectiligne sur une aiguille aimantée se
borne à faire tourner celle-ci autour de son centre de gravité, dans
le cas oit le courant est au-dessus ou au-dessous; mais, dans d'autres
cas, il peut déterminer une action dans le sens de la longueur de
l'aimant qui porte celui-ci dans un sens ou dans l’autre. L’expérience
suivante, qui est duc à M. Boisgiraud, montre le phénomène d’une
manière fort simple :

On prend une aiguille à coudre que l’on aimante à saturation ;

après avoir passé cette aiguille dans les doigts, on la pose avec pré-
caution sur un vase d’un orifice un peu large et plein d’eau ; on
sait que cette aiguille, par un effet de capillarité, surnage sur le li-

quide. On approche alors de l’aiguille un fil horizontal parcouru par


un courant électrique, et l’on voit celle-ci se diriger perpendiculai-
rement au courant, comme ci-dessus; mais en outre, si l’on déplace
le tilde façon à le rapprocher d’une des extrémités de l'aiguille, on
voit celle-ci suivre ce mouvement, et se placer toujours de façon
que le plan mené par le fil et par le centre de gravité de l’aiguille,
ou, pour mieux dire, par le point neutre, soit normal à cette aiguille.

Si, le til étant fixe, on éloigne l’aiguille aimantée dans le sens de sa


longueur, avec un corps quelconque, quand l’obstacle n’exerce
plus d’action, elle revient à sa position première d’équilibre, de
manière qu'il y ait de chaque côté du courant la moitié de l’aiguille

aimantée, c’est-à-dire que le point neutre soit exactement au-des-


sous du fil.

Action à distance. La découverte de la loi qui règle l’action à


distance est duc à MM. Biol et Savart :
pour l’observer, ils prirent
une aiguille aimantée B, fig. 179 bis, suspendue à un fil de cocon au
moyen d’une chape de cuivre, et placée sous une cloche de verre
atin d’éviter les agitations de l'air. Pour se debarrasser entièrement

Digitized by Google
,

ET KLECTBO-XàGlXKTISME. 163

[Fig. 17 ° bis. c de l’action du magnétisme terres-


tre, ils neutralisèrent cette action

au moyen d’tin barreau A'B' placé


dans l’axe de l’aiguille, les pôles
inverses en regard et a une distance
convenable pour que les oscilla-
,

extrêmement lentes :
tions fussent
au moyen de cette disposition
l’aiguille fut préparée à obéir sans
difficulté à l’action du courant. Ils

employèrent ensuite un gros fil de


cuivre cz de trois mètres environ de longueur, tendu verticalement et
traversé par le courant. L’appareil était tellement disposé que l'on
pouvait varier la distance du fil à l’aiguille , qui correspondait tou •

jours sensiblement au milieu de sa longueur ;


la distance de l’aiguille
au fil pouvait varier, en outre ,
au moyen de l’engrenage. D’après
la loi découverte par OBrsted ,
l’aiguille se mit immédiatement en

croix avec le courant; en la dérangeant de sa position d’équilibre,


elley revenait par une suite d’oscillations isochrones, dont la durée
dépendait de l’intensité du courant. Lu variant la distance, et com|>-
tant la durée de dix oscillations pour en déduire! le temps d’une
oscillation, puis se servant de la formule du pendule, MM. Diot et
Savart ont trouvé que la force électro-magnétique exercée de la

part du fil sur l’aimant est en raison inverse de la simple dis-


tance qui les sépare.

On a supposé que le courant était rectiligne et indéfini relative-


ment il la longueur de l’aiguille ;
on avait donc par conséquent In

résultante des actions exercées par tout le fil sur l’aiguille. M. De-
laplace qui a cherché par le calcul la force électro-dynamique
exercée par un élément de ce fil , a trouvé qu’en supposant la force
élémentaire agissant en raison inverse du carré de la distance, l’ac-
tion d’un long fil devait en effet varier en raison inverse de la simple
distance (').

(*) On peut démontrer comme il suit que, si fart ion eiercée par un élément il i

lit sur l'aiguille aimantée est en raison inverse du carre de la distance, l'action du
lit longitudinal c'a' (lig. 1 79 1er), supposé d’une longueur indéliiiic, sera en raison
inverse de la simple distance du (Il à l'aiguille.
Soit v' un élément du NI d'une longueur d.r , x étant la distance de C an point
M ;
soit ensuite mv' =r la distance de cet élément au rentre de gravité du l’ai-
guille très-petite, où l'action |ieut être considérée comme concentrée. Si l’on appelle

Digitized by Google
, ,

•66 ÉLECTRO-DYNAMIQUE
MM. Biot et Savart ont cherché également si l’action de chaque
tranche de til était encore la môme dans toutes les directions à dis-
tance égale, ou si elle éprouvait des changements dans différents
sens. Ils tendirent à cet effet, dans un plan vertical un long fil cz, plié
Fig ns 1er. en un point de manière que les deux parties fis-

sent deux angles égaux avec l’horizontale passant


par le point de courbure. Ils tendirent ensuite un
autre fil semblable nu premier dans une direction
verticale o'z' lequel n’était séparé du premier au
point de courbure, que par une feuille de papier
très-mince. L’aiguille aimantée ayant été suspen-
due devant ce double fil
,
ils firent passer succes-

sivement le courant dans le lil vertical et dans

le fil oblique, puis ils firent osciller l'aiguille;

des résultats obtenus on a déduit, par le calcul

que l’action de chaque élément oblique sur chaque molécule du


magnétisme austral ou boréal de l’aiguille est proportionnelle au
sinus de l’angle formé par l’élément du courant et pur la ligne qui

a une constante dépendant de l’intensité du courant et de la puissance magnétique

de l’aiguille A, l’action d’un élément du fil peut être supposée par hypothèse —j-.
Or, comme v’M —x si mM =6 ,
ft étant une constante dans iliaque expérience,

....
iljeudi a pour l’action d’un élément du
v
adx
lit
x’ + i»’*

l.’aclion du lil indéfini cz sera donc

1 (1)
1

Cette expression peut être mise sous la forme

+(0
est la différentielle de l’arc dont la tangente est ~ ;
si l’on prend la valeor de l’inté-

grale définie quand x varie de — oc à + oc ,


l’arc dont la tangente est ~ varie de

— iiû“ à + 90", et cette valeur est égale à «. On aura donc pour l’action du fil c’a’
OTZ
-jj-, c’est-à-dire que l’action sera en raison de la distance mM du fil au centre de
gravité de l’aiguille. Ou doit remarquer que si le fil élail circulaire et entourait le petit
barreau ni de façon à être partout à uni- distance b de son centre de gravité, l’action
, . ..... —
ti.lnh
=
de ce courant serait égale a , c est-a dire qu’elle serait double de celle

qui est produite par le courant indéfini tangent au cercle en M, ( E. becquerel )

Digitized by Google
ET ÊLECTHO-MAGNÉTJSME.
187
joint le milieu de cet élément avec
le pôle magnétique; cette
ac-
en outre inversement proportionnelle nu
tion est
carré de la distance.
Enfin on a reconnu par l’expérience que
l'intensité du courant
électrique est la même en un point
quelconque d’un fil de métal
qui joint les deux extrémités d’une pile.
Helices. Puisqu'une aiguille aimantée,
suivant qu’elle est placée
au-dessus ou au-dessous du til conjonctif,
se dirige perpendiculai-
i eurent à la direction
de ce fil, nvec cette différence néanmoins,
que,
dans chaque cas, le même pôle n’est pas dirigé
du même côté, il en
sent encore de même lorsque le fil sera
replié sur lui-même de ma-
nière ii former un circuit fermé, et que l’aiguille sera placée entre les
deux parties. 11 résulte de là que, si l’on plie le fil
sur
lui-même de manière à ce que le courant ne puisse
passer d une spire dans l’autre, condition qui est
rem-
plie en employant un fil recouvert de
soie , on forme
des hélices dont l’action sur l’aiguille aimantée aug-
mente en raison du nombre des spires. C’est ce prin-
cipe qui a servi de base à la construction des multi-
plicateurs. (Voir tome er
1
, page 65.)
On obtient le même résultat avec des hélices que
l’on forme en enroulant convenablement un fil de mé-
tal sur un tube de verre l’hélice est dextrorsum ou
;

ÿnnistrorsum, selon que le fil va vers la droite ou


vers la gauche : dans la première, le pôle boréal de
l’aimant est toujours du côté par où entre le cou-
rant; dans la seconde, c’est le pôle austral qui se
trouve à l’extrémité positive. Les hélices sur lesquels Ampère a
opéré avaient le même diamètre, et les spires dont elles étaient
composées avaient des inclinaisons égales.
Rotation des aimants par Pinjluence. de courants. Lorsqu’un bar-
reau aimanté, librement suspendu, est placé au-dessus, au-dessous,
à droite on à gauche d’un fil de métal parcouru par un courant
électrique,comme nous venons de le voir, le même pôle est chassé
d’un côté ou de l’autre, et s'incline suivant la direction du courant.
Voilà ce qui se passe toutes les fois que le barreau est libre de se
mouvoir dans un plan horizontal ;
mais, si les conditions sont con-
venables et qu’il soit disposé de manière à pouvoir circuler autour
d’un fil conducteur, il tourne autour de ce til.

M. Faraday a effectué cette rotation d’une manière très-simple.


Nous distinguerons deux cas : la rotation du barreau autour d’une

Digitized by Google
,

168 ÉLECTBO-DYNAMIQUE
fis. iso bi«. ligne parallèle à son axe, et la relation autour de l’axe
~eJLA( même du barreau. On prend une large éprouvette

„ + en verre E, qui est presque entièrement remplie de


a—
fjt

— mercure; un aimant cylindrique AB de 0 m ,18 à


0”,20 de longueur, est placé verticalement dans le

mercure au moyen d’un lest en platine P ; le bout


supérieur de cet aimant s’élève de quelques milli-
mètres au-dessus de la surface du mercure. Une tige
métallique t plongeant dans le mercure est mise en
communication avec le pôle, négatif d’une pile, et une autre tige
U, qui plonge également dans le mercure très -près du contour
extérieur de l’éprouvette, communique avec le pôle positif. Aus-
sitôt que l’appareil commence à fonctionner, l'aimant se met à
tourner dans le même sens autour de la tige avec un mouvement ,

plus ou moins rapide, suivant la force de la pile et celle de l’ai-


mant. Le pôle inférieur B de l’aimant, qui est plus éloigné du
centre d’action que le pôle A , ne concourt pas à l’effet général ;

ce dernier est par conséquent la cause immédiate du phénomène.


Ne pouv ant analyser complètement ici toutes les circonstances des
expériences, nous nous bornons à indiquer seulement quel est l’effet

produit. Remarquons avant tout qu’indépeudamment du courant


qui arrive ou qui sort par la tige t ,
il s’établit encore à la surface du

mercure des courants horizontaux qui le traversent dans toutes


sortes de direction, et qui, par leur action sur le pôle A de l’aimant,
donne lieu à l’effet que l’on observe.
Pour obtenir le mouvement de rotation de l’aimant autour de son
axe, il faut, comme l'a fait M. Ampère, pratiquer à l’extrémité su-
périeure de l’aimant AB une petite cavité qui sert de coupe, pour y
placer du mercure; puis l’on abaisse la pointe de la lige t jusqu’à
ce qu’elle atteigne le mercure sans toucher l’aimant. Quand la com-
munication est établie avec la pile, l’aimant se met à tourner sur
lui-même avec une grande vitesse : en changeant la direction du

courant , l’effet est inverse.

Comme conséquence de l’effet indiqué ou peut dire qu’un ai-


mant tourne autour de son axe quand il est soumis à l’action de
courants horizontaux qui convergent vers son centre ou qui diver-
gent mais qui sont dirigés en sens opposes par rapport à chaque pôle.
,

Pour démontrer la rotation d’un aimant autour d’un courant, on


fil de cuivre parcouru par un courant, et d’un
peut se servir d’un
aimant formé par une lame d’acier aimantée, longue de 20 centi-

Digitized by Google
ET ÉLECTRO-MAGNÉTISME. 169

mètres environ , mais courbée deux fois en son milieu , de façon


qu’à sa partie centrale se trouve une portion de lame de 1 ou 2 cen-
timètres d’étendue et perpendiculaire aux deux moitiés de ce bar-
reau. Ges deux moitiés sont du reste dans deux directions parallèles
et opposées, c’est-à-dire à 180° l’une et l’autre. Le fil conducteur

en cuivre passe au milieu de la partie centrale, et est rendu parallèle


aux deux moitiés de l’aimant ; l’on s’arrange pour que celui-ci soit
en équilibre sur le fil, et l’on fait arriver le courant par cette partie
centrale, les extrémités du fil étant en contact avec des pôles de la
pile; aussitôt l’aimant formé desdeux parties de la lame aimantée
placée de chaque côté du fil, se met en rotation suivant le sens du
courant. Nous citerons un petit appareil de ce genre, construit par
M- Breton, et qui est propre à cette démonstration.
Action produite sur l'aiguille aimantée du multiplicateur par
les décharges d'une bouteille de Lejde. On ne peut observer cette
action qu’autant que les différents tours du til du multiplicateur
sont isolés convenablement, c’est-à-dire enduits dégommé laque
après avoir été recouverts de soie. Une pointe très-fine ayant été
fixée à chacune des extrémités du fil
,
l’une d’elles fut mise en com-
munication avec les coussins d’une machine électrique, l’autre fut
placée devant un des conducteurs, à différentes hauteurs, pour
soutirer l’électricité positive. M. Colladon, qui fit le premier cette
expérience, obtint une déviation pouvant aller jusqu’à 90° à f déci-
mètre de distance. La déviation allait en diminuant en s’éloignant,
et elle était encore sensible quand la pointe se trouvait à 1 mètre
du conducteur.
11 parait que l’action soutirante d’une pointe est sensiblement
proportionnelle à la distance du conducteur, mais qu’à une certaine
proximité cette action n’augmente plus. Avec la machine à cylindre,

qui n’a qu’un seul coussin, la loi de proportionnalité fut maintenue


pour de plus petites distances, et en outre la déviation a marché ré-
gulièrement, c’est-à-dire qu’elle a été proportionnelle à la vitesse
avec laquelle on a tourné la manivelle, comme on a pu s’en assurer
en réglant le mouvement avec un compteur.
Avec une bouteille de Leyde de 1 8 décimètres carrés, chargée aussi
fortement que possible, la déviation a été do 32”.
M. Faraday a reconnu qu'il était nécessaire, pour qu’un courant
obtenu avec un écoulement d’électricité d’une machine ordinaire
qui traverse un multiplicateur, fit dévier l’aiguille aimantée, que
l’action eût le temps de se développer, condition qui était remplie

Digitizad by Google
170 F.LBCTBO-DVHAMIQÜF.

en transmettant le courant a travers l'eau, un (11, l'air raréfié, ou


au moyen de pointes dans l'air : on obtient alors les mémos effets
qu’avec un courant voltaïque. 11 a reconnu, en outre, que l’eau sa-
lée et les acides étaient plus convenables pour produire des effets
que tout autre mode, comme les pointes et les balles, attendu que
les premiers convertissent la charge d’une puissante batterie en un
courant continu ,
qui agit comme tel sur l’aiguille aimantée, et qui
ne dérange pas sensiblement le magnétisme des aiguilles.
Voici quelques-unes des expériences qui ont été faites à ce sujet :

on prit une composée de quinze jarres , présen-


batterie électrique
tant chacune une surface armée sur les deux faces de 2“,2G carrés.
Cette batterie fut chargée avec une forte machine électrique. Les
deux surfaces de cette batterie furent mises en communication avec
des tuyaux qui servaient à transporter le gaz dans divers quartiers
de Londres, afin de faire parcourir à l’électricité de grandes dis-
tances. M. Faraday s’attacha d’abord à déterminer le pouvoir re-
tardataire des mauvais conducteurs, en employant un multiplicateur
à deux aiguilles, composé de deux parties indépendantes, et for-
mées chacune de 0 mètres de fil de cuivre recouvert de soie les :

deux moitiés étaient semblables en figure et en nombre de tours ;


elles étaient placées l’une à côté de l’autre, et séparées par un petit

intervalle, où se trouvait l'aiguille. Lorsque les courants introduits


dans les deux moitiés avaient la même direction , ils agissaient sur
l’aiguille, avec la somme de leurs puissances; dans le cas con-
traire, ils agissaient avec leur différence. La jarre de verre qui re-
couvrait l’appareil et qui portait l’aiguille, était revêtue en dedans
et en dehors, jusqu’à une certaine hauteur, pour que l’on pût ob-
server les mouvements de l’aiguille. La partie supérieure non revê-
tue fut entourée d'un fil de métal garni de nombreuses pointes ai-

guës. Quand le (il et les deux surfaces armées communiquaient


ensemble au moyen des longs conducteurs des tuyaux à gaz , on
pouvait alors approcher une pointe isolée ou une balle à une dis-
tance de 27 millimètres du multiplicateur, sans que l’aiguille fût
affectée par l’attraction ou la répulsion ordinaire. 11 n’y avait donc
pas d’électricité libre pendant la décharge de la batterie. L’une des
extrémités du fil ou du multiplicateur fut mise ensuite en commu-
nication avec la surface extérieure de la batterie et le long conduc-
teur; l'autre extrémité fut jointe à la surface intérieure au moyen
d’une tige de décharge, par l’intermédiaire d’un cordon enroulé
de 1 ,:i( ) de long. La batterie ayant été chargée positivement, on

Digitized by Google
ET ÉLECTB0-M4GHBTISMB. 171

la déchargea avec la tige, de manière que le courant traversât le


multiplicateur; l’aiguille fut aussitôt déviée.
Pendant que l’aiguille oscillait, on chargeait rapidement la
batterie, et, lorsque l’oscillation recommençait, on faisait passer de
nouveau la décharge au travers ;
en répétant plusieurs fois cette ac-
tion, les oscillations passèrent 40“ degrés. L’effet produit ne variait
ni dans sa direction ,
ni dans son degré ,
lorsqu’on se servait d’un
cordon court et épais, ou même de quatre cordons épais, au lieu
du fil mince et long. Avec un multiplicateur très-sensible, l’aiguille
éprouvait une secousse après chaque décharge.
Les déviations eurent lieu dans le même sens que si un courant
électrique eût passé à travers le galvanomètre, c’est-à-dire de même
que si la surface de la batterie chargée positivement eût été rem-
placée par le pôle positif de l'appareil voltaïque et la surface néga-
tive par le pôle négatif.
La batterie ayant été mise de côté, l’on établit ensuite la com-
munication de manière à ce que le courant de la machine passât du
premier conducteur dans la tige de décharge, puis à travers le cor-

don humide, le (il du multiplicateur, et enfin dans le conducteur


qui le dispersait. On pouvait arrêter ce courant quelques moments
en enlevant la baguette de décharge et en arrêtant la machine.
L’aiguille fut disposée de telle sorte, que lorsque les oscillations

avaient peu d’étendue, il lui fallait 35 battements d’une montre

pour effectuer une oscillation.


Le courant venant de la machine traversa le fil du multiplicateur
pendant 25 battements, ensuite il fut interrompu pendant 25 autres
battements, renouvelé pendant 25 battements, et ainsi de suite.
L’aiguille commença bientôt à osciller, et l’amplitude de l’oscilla-
tion alla jusqu’à 40".
En substituant au cordon mouillé un fil de cuivre, les effets fu-

rent tout à fait les mêmes. Au lieu de faire passer l’électricité à tra-

vers la sphère avec la tige de décharge, qui était mise en contact


avec le conducteur, on fixa quatre pointes sur la baguette ; quand

on faisait passer le courant, elles étaient suspendues à environ


53 centimètres loin du conducteur; dans ce cas, l’aiguilla était for-
tement déviée, et les résultats s’accordaient parfaitement avec les
premiers.
Les expériences prouvent bien que l'on peut obtenir une dévia-
tion continue de l’aiguille aimantée dans le multiplicateur avec la
machine électrique ordinaire, pourvu que l’on donne le temps à

Digitized by Google
172 ÉLECTflO-DY PUNIQUE

l’action de se produire ,
résultat que l’on obtient en faisant traver-

ser à l'électricité des conducteurs imparfaits.


A i mutilation du fer et (le l' acier par les courants électriques. Aussi-
tôt aprèsla découverte de l’action d’un courant sur l’aiguille aiman-
tée, Arago trouva que ce même courant développait fortement la

vertu magnétique dans des lames de fer doux ou d’acier qui ne la

possédaient pas avant. Il observa que de la limaille de fer doux ,

placée à peu de distance d’un fil de métal qui joint les deux extré-
mités d’une pile, est attirée par lui, et retombe aussitôt que celle-ci
cesse de fonctionner.
Fig. i8i. On peut obtenir cet effet en
tendant un fil de cuivre MN en-

tre deux montants de bois Alt,


et approchant de ce (il par-
couru par un courant électri-

que une de papier recouverte de limaille de fer la limaille


feuille :

entoure alors le fil et y reste adhérente; mais, aussitôt que l'on


rompt le circuit de la pile, la limaille de fer tombe, il est nécessaire
que le fil de cuivre n’ait pas un trop gros diamètre pour que cette
expérience réussisse bien avec une pile de Bunsen de 10 à 20 élé-
ments.
Le fil conjonctif plongé dans la limaille, comme il vient d’être dit,
s’en charge tout autour en formant des anneaux concentriques, dont
l’épaisseur, qui est quelquefois de plusieurs millimètres, dépend de
la force de la pile.

Si l’on substitue au fer doux de petites aiguilles d’acier, on leur

donne une aimantation permanente, et elles se mettent en croix


avec le fil conjonctif en tournant chaque pôle d’un côté ou d’un
autre, suivant le sens du courant. Il résulte de ces observations et
de celles qui ont été rapportées précédemment que, pour donner ,

du magnétisme aux aiguilles qui en sont privées, il faut les placer


dans la direction perpendiculaire au fil conjonctif; ou bien, si l’on
veut leur procurer un fort degré d’aimantation , les introduire dans
une hélice analogue à celles de la page 107, et faire passer le cou-
rant à travers le fil. Il suffit d’un seul instant pour aimanter une
aiguille par ce procédé aussi complètement que possible.
On peut employer la disposition suivante pour aimanter des tiges
d’acier à l’aide «les courants électriques. Une hélice formée par un
fil enroulé de soie et contourné autour d’un tube de cuivre ou
de verre AB est placée horizontalement sur deux montants en

Digitized by Google
ET ÉEECTB0-MAGNÉT1SHE. 173

bois M
et N, fixés à une (ablette
en bois. En plaçant dans l'inté-
rieur du tube AB des tiges d’acier
ab, de différentes grosseurs, on
reconnaît qu’elles sont aimantées
par le passage du courant dans le
fil de l’hélice ;
on lesplonge à cet
effet dans la limaille de fer, ou on
lesapproche d’une aiguille aimantée. Quand on substitue à la lige
en acier, au milieu du tube AU, une tige en fer doux, dont la lon-
gueur est un peu plus grande que AB, on reconnaît que cette tige
s’aimante également, mais seulement pendant le passage du cou-

rant on peut suspendre alors aux extrémités de la tige de fer doux


:

des morceaux de fer ou d’acier ; aussitôt que le courant électri-


petits
que cesse de circuler dans l’hélice le fer doux perd son aimantation.
Lorsqu’on fait ces expériences, on est témoin d’un effet dont nous
avons parlé pages 80 et fût, et qui prouve l’existence d’une compo-
sante horizontale agissant de la part d’une hélice sur une barre en fer
doux. Si le courant est un peu énergique et que la tige de fer doux
puisse glisser librement dans le tube AB, avant le passage du courant
on place la tige de fer de façon qu’elle sorte à moitié d’un côté en
dehors de l’hélice ;
alors, aussitôt que l’on fait passer le courant
électrique dans le fil conducteur, la tige de fer est attirée vivement
dans du tube , et vient se placer entre les deux extré-
l’intérieur
mités de l’hélice AB.
Arago a aimanté un fil d'acier placé dans l’axe d’une hélice for-
mée par deux hélices symétriques disposées bout à bout, et diri-
gées en ‘sens contraire. Le courant électrique, en parcourant les

spires de ces deux hélices, aimanta les portions correspondantes


du fil d'acier comme si elles avaient été séparées les unes des au-
tres ;
il en est résulté un point conséquent à la jonction de chacune
des hélices. On conçoit qu'on puisse faire naitre ainsi plusieurs
points conséquents dans un barreau d’acier eu le plaçant au milieu
d’un tube de verre entouré par un fil conducteur successivement
enroulé en divers sens.
Il résulte encore des observations d'Arago, que dans l’intérieur

d’une hélice suffisamment longue par rapport à sou diamètre, et


dont le pas est très-court, des aiguilles placées d'une manière quel-
conque, mais parallèlement à l’axe, acquièrent toutes à peu près
la même intensité magnétique ; à l’extérieur l’aimantation est très-

Digitized by Google
,

174 ÉLECTBO-DYNAHJQUE

faible, et d’autant moindre que l’hélire et plus longue et les spires

plus rapprochées.
Nobili ,
ayant construit une spirale plane avec un fil de ciûvtc ,
plaça entre les spires isolées les unes des autres, perpendiculaire-
ment à leur plan, des aiguilles d’acier. Ayant fait passer des cou-
rants électriques à travers la spirale, il a vu les aiguilles situées vers
lo centre et vers la circonférence, s’aimanter en sens inverse. On
explique cet effet en remarquant que sur chaque aiguille il
y a
actions des spires extérieures et des spires intérieures qui ont lieu
en sens inverse : suivant que l’une ou l’autre action prédomine
l’aimantation est différente.
M. Abria a étudié, à l’aide de courants constants, l’aimantation
des aiguilles d’acier placées dans des hélices. Il a trouvé que. dans
une même hélice, non-seulement l'intensité magnétique absolue
des aiguilles de longueur et de diamètre variables , mais encore la

loi que suit la variation de cette intensité avec la force du courant,


changent avec la longueur et le diamètre. Ainsi ,
le diamètre ne
variant pas, l’intensité magnétique croit pour une certaine longueur
comme l’intensité du courant, et pour une longueur plus grande,
comme le carré de cette intensité; pour des longueurs intermé-
diaires, elle varie plus rapidement que suivant la première loi, et
moins rapidement que suivant la seconde.
De deux hélices de même longueur, mais renfermant des nom-
bres de spires différentes, la plus énergique est celle qui a lo plus
de tours. Quand l’intensité du courant est un peu forte lo degré,

d’aimantation communiqué aux aiguilles est à peu près propor-


tionnel au nombre de tours de spires.
Les enveloppes métalliques dont on entoure les aiguilles dans
l’intérieur de l’hélice n’exercent aucune influence sur le sens et
l’intensité d'aimantation produite dans le cas où les enveloppes ne
,

sont pas formées d’un métal magnétique.


Kntin M. Abria a observé qu’une aiguille trempée soumise à l’ac-
tion d’un courant possède, après un intervalle de temps très-court,
tout lemagnétisme qu’elle peut acquérir. Si une aiguille déjà aiman-
tée est soumise àune action en sens inverse, elle fmitpar s’aimanter
inversement; mais, quand elle a été désaimantée par l’action du
courant, elle ne se comporte pas comme auparavant: la nouvelle
intensité magnétique qu’elle prend est tantôt plus grande, tantôt
plus petite que celle qu’elle avait prise primitivement.
Électro-aimants. On a vu dans le livre IX quelles ont été les ten-
e

Digitized by Google
ET BLBCTB0-MAGNBT18MB.
175
tativos fuitespour former des aimants artificiels doués d’une
grande
énergie mais les résultats obtenus ne sont rien en
;
comparaison des
effets produits dans le fer par l’influence
des courants électriques
énergiques. Il suffit d’enrouler autour d’un barreau de
fer doux, et
toujours dans le même sens un fil de métal recouvert
de soie ou
de coton, dans lequel on fait passer un courant électrique
pour avoir
un puissant aimant; ce fil agit comme une hélice, et,
d’après ce que
l’ona vu plus haut, le fer s’aimante en présentant des
pôles con-
trairesaux deux extrémités : on a alors ce que l’on nomme
un élec-
tro-aimant rectiligne.
Si l’on prend, au lieu d’une barre de
fer droite,
une barre de fer recourbée en fer à cheval et qu’on enroule
, le fil
en sens inverse autour des deux branches, on a un
électro-aimant
courbé ou en fer à cheval qui est d’autant plus
, commode pour
montrer les effets d'attraction produite par l’électricité,
que les deux
pôles sont plus rapprochés l’un de l’autre : dans ce
cas, l’arraature
en fi.- doux est attirée en vertu de
cette double action.

Fig. 183.

La figure 183 représente deux électro-aimants en fer à


cheval:
le premier formé avec une barre de fer courbée BFD;
le deuxième
avec deux électro-aimants rectilignes A 'B', C'I)', mais qui, étant
fixés
solidement à une traverse en fer doux E’G', fait fonction
d’électro-
aimant en fer à cheval. Les électro-aimants de la seconde forme
offrent plus de facilité et de régularité de travail car
on peut enrou-
,

ler des fils sur des bobines rectilignes, ou bien sur des barreaux
de
fer placés sur un tour, et ensuite par leur réunion former
l’électro-
aimant.
11 y a des électro-aimants de toute grosseur : on peut employer
des tiges de fer depuis 1 centimètre de diamètre jusqu’à
10 à H
cen-
timètres. La force que l’on peut développer ainsi est
énorme elle ;
dépend de la force de de la longueur du fil de sa gros-
la pile,
,

seur et de l’épaisseur du fer employé, et quand la barre


de fer a
plusieurs centimètres de diamètre, c’est par centaines de
kilogram-

Digitized by Google
. ,

178 ÉLECTEO-DYN AMIQUE

mes qu’il faut compter pour vaincre l’adhérence de l’armature


Fig. 172. contre les faces polaires de 1 e-
? lectro-aimant. Nous plaçons de
nouveau ici la figure 172, qui re-
présente un électro aimant d’une
puissance considérable, et qui a
été disposé pour étudier l’action
du magnétisme sur tous les corps.
On peut dire que la découverte
de la puissance d'aimantation due
à l’électricité est une des plus
grandes de ce siècle et une des
plus prodigieuses que l’on puisse
concevoir, quand on songe qu’à
une distance de deux cents, trois
cents et même de mille lieues
on peut provoquer presque instan-
tanément une puissante attraction
au moyen d’une pile et à l’aide

d’un fil métallique qui joindrait les deux stations. Nous verrons
dans les livres suivants le parti immense que la scienceen a tiré
pour la construction des télégraphes électriques, et l’esixiir que
l’on a de pouvoir arriver à la construction de machines électro-ma-
gnétiques. Nous devons faire remarquer seulement que celte énorme
puissance ne se produit presque qu’au contact, et diminue très-rapi-
dement, à mesure que le fer doux s'éloigne des faces polaires des
électro-aimants.
Conditions diverses des électro-aimants. Les effets produits dé-
pendent de plusieurs conditions dont nous allons successivement
parler: 1° de la nature du fer ou du métal magnétique dont est
formé l’électro-aimant;
2° l)e la nature de la substance servant d’enveloppe en partie
ou en totalité à l’électro-aimant;
3° Des dimensions des ban caux de fer et de leur forme
;
1° De la longueur et du diamètre des fils conducteurs ainsi que

du nombre de tours de spire;


5° De l’énergie du couvant électrique.

La qualité du fer, ou du moins la manière dont il est préparé, in-


flue beaucoup sur la force de l'électro-aimant. 11 faut qu'il soit aussi
doux que possible, et il est nécessaire de le recuire plusieurs fois de

Digitized by Google
ET KLtClUO-MAGNÉTISJIE. 177

suite. La rapidité avec laquelle le fer perd son aimantation dès que
le courant cesse dépend aussi de la nature et de la forme de l’élec-
tro-aimant. Ainsi, en général, au moment où un courant cesse de
passer dans le circuit, si l'armature de 1
'électro-aimant est solli-
citée à tomber par un poids, ce n’est pas immédiatement que
l’armature tombe, mais quelques instants après. Le contact qui a
lieu entre l’armature et le fer de lelectro aimant se maintient ainsi
par suite d’une aimantation par influence qui subsiste pendant un cer-
tain temps; mais en arrachant violemment l’armature, alors le ma-
gnétisme disparait en partie, suivant le degré de pureté du fer. On
peut montrer par une expérience fort simple cette influence du
contact due à la proximité de l’armature : si entre l’armature et les
faces polaires d’un électro-aimant on met une feuille de papier, la
disparition du magnétisme cesse beaucoup plus vite, et l'armature
tombe que le courant cesse de passer.
aussitôt
Lorsque l’on emploie un faisceau de fils de fer doux au lieu d’un
cylindre massif de ce métal , on a remarqué que la désaimantation est
plus rapide ; cela tient probablement à un effet d’induction que nous
aurons à étudier plus loin : en effet, dans la réunion des fils, les cou-
rants par induction ne se développent pas comme dans un conduc-
teur homogène, et la cessation de l’aimantation est plus rapide. Mais
comme le poids porté par l'électro-aimant , toutes choses égales
d’ailleurs, est plus grand avec un barreau plein qu’avec l’autre, et
celui-ci étant d’ailleurs plus facile à fabriquer, on préfère l'emploi de
ce dernier.
Quand on fait usage de barreaux en acier au lieu de barreaux
en fer doux, ils s’aimantent également, et dépassent le maximum
d’aimantation que ces barreaux acquerraient par les procédés or-
dinaires; mais, quand le courant cesse, l’acier perd une partie de
sa puissance, et ne conserve qu’un excès dépendant de sa force coer-
citive. Il résulte de là qu’à l’aide de ces procédés, ou même avec un
électro-aimant ordinaire en fer doux, on aimante l’acier plus éner-
giquement que par les autres procédés connus.
On peut faire varier la rapidité de désaimantation du fer dans des
limites très-étendues, en diminuant l’intensité du courant, en em-
ployant du fer très-bien travaillé et très-doux, en évitant le contact
et

entre les armatures et le fer. C/est ainsi que dans les appareils d’in-
duction analogues à ceux que nous décrirons plus loin, et que dans

les machines électro-magnétiques, on peut produire un très-grand


nombre d’aimantations et de désaimantations d’une barre de fer

T. III. 12

Digitized by Google
,

Ijg ELKCTUO- DYNAMIQUE

une idée de la limite que l’on


dans un temps donné. Tour donner
peut atteindre, en se servant
également de l’action d’un ressort,
un petit appareil construit par M. Froment, analogue
nous citerons
instrument employé par MM. Ncef et
Detarive, et utilisé par
à un
le verra dans les livres suivants.
d'autres physiciens, ainsi qu’on
consiste en un petit électro-aimant
AB, dont l’armature, qui se
Il
Fig. 184.

fer très-légère «b, peut osciller entre les


compose d'une plaque de
V, d’autre part , contre
pôles A B, d’une part et une vis d'arrêt
et ,

ressort tend à la faire appuyer.


un Un courant électrique
laquelle
introduit dans l'appareil passe
par la plaque de fer ah et son arrêt \
est interrompu dès que ces deux pièces
de telle façon que le circuit
interposant dans le
se séparent. Cet effet se produit de lui-même en
fil qui entoure
l’clectro-aimant, car celui-ci attire alors
circuit le
séparant de son arrêt, interrompt
laplaque de fer doux, qui en se
,

cesse, la lame de fer,


le passage du courant : aussitôt 1 aimantation
retourne frapper l'arrêt et fermer de nou-
poussée par le ressort,
continue ainsi par une suite «1 ai-
veau le circuit; le mouvement sc
dont on peut régler la rapidité, et
mantations et de désaimantations
nombre de fois par seconde.
n„i peuvent se renouveler un grand
varier le nombre de vibrations
Fn tournant les têtes des vis, on fait
tous les sons
du ressort, et on fait rendre à l'instrument
et la force
musicale, ce qui permet d’en déduire le
nombre de
de l’échelle
vibrations dans un temps donné.
électro-aimant, et sur laquelle
L’enveloppe qui entoure l© fer d’un
est enroulé le fil conducteur,
a une influence sur la rapidité des
mais non sur le poids porté
aimantations et des désaimantations,
ou sur l’intensité magnétique développée. Ainsi, une enveloppe en
cuivre on en un métal bon
conducteur diminue le nombre d'ai-
mantations que I on pont obtenir
dans un temps donné, et cela
ont lieu, ainsi qu’on le verra
d’après les effets d’induction qui
appareils où l’on veut produire un grand
plus loin. Aussi dans les
,

Digitized by Google
ET ÜLECTB0-5IAGNKTISME. KO
nombre d'alternatives d’aimantation, emploie-t-on des enveloppes en
ivoire ,
en bois , en carton , ou faites avec un corps non conducteur.
La forme des électro-aimants dépend des effets que l’on a en vue.
Quand ils sont rectilignes, à égalité de conditions, la longueur influe
sur leur puissance; mais, quand ils sont en fer à cheval, la longueur
n’influe pas, la distance des deux pôles restant la même : cet effet
provient de l’action des armatures rapprochées (Nieklès).
Mais si, sans rien changer à l’intensité du courant et à la lon-
gueur du fil ,
on fait varier la distance qui existe entre les branches
polaires d’un électro-aimant, alors l’action exercée sur l’armature
ne reste pas la même. M. Nieklès, en étudiant les effets produits
à l'aide d’un électro-aimant en fer à cheval de la forme de celui
indiqué fig. 183, dont on pouvait approcher ou reculer à volonté
l'une des branches de l’autre, a trouvé que la puissance d’aimanta-
tion s’accroît d’abord régulièrement comme dans les électro-aimants
rectilignes, puis décroît ensuite après avoir passé par un maximum,
variable avec l’intensité du courant et dont l’amplitude augmente
avec cette intensité. Ainsi, pour de faibles courants et en variant peu
les distances des branches de l’électro-aimant, l’action est à peu près
la même, comme M. Dub l’avait observé; mais, quand l’intensité du
courant est très-grande, la puissance magnétique augmente avec
l’écartement, même lorsque celui-ci est de 30 centimètres (Nieklès).
Ainsi, dans la construction des électro-aimants en fer à cheval,
il faut avoir soin de donner aux branches un écartement approprié
à l'intensité magnétique que l’on se propose de développer. En gé-
néral ,
on s’en tient aux dimensions suivantes : la longueur de cha-
que branche enveloppée de fil varie entre *2 fois et demie et i fois le
diamètre du barreau de fer; l’écartement des branches à l’intérieur
a de fois et demie à 2 fois le diamètre du fer; quant à la longueur
I

du fil enroulé, elle dépend des effets que l’on veut produire, et on
entoure habituellement les deux branches jusqu’à ce que les bo-
bines de chaque côté se touchent par les dernières rangées des
tours de spires de fil.
On peut encore donner aux électro-aimants différentes formes :

si l’on considère un électro-aimant rectiligne et que l’on soude ,

aux deux extrémités du cylindre en fer deux plaques circulaires


également en fer et de même diamètre que la bobine , on voit que,

lors du passage du courant dans le fil conducteur les deux pla-

ques circulaires s’aimanteront chacune dans un sens différent sur

toute leur surface. Les circonférences de ces plaques seront donc


12 .

Digitized by Google
,
,

180 KLF.C ! RO-DYPÏ AMÏQUE

aimantées, et, en plaçant une armature en fer parallèle à l’axe de


la bobine et de façon qu’elle touche res circonférences en deux

points, on observera une vive attraction ,


quelle que soit la position

de l’armature autour de la bobine; telle est la disposition des élec-


tro-aimants circulaires :

Fi?, «t.

La figure 241 représente un électro-aimant circulaire dont nous


reparlerons dans le livre XII, et dans lequel, d’après M. Nicklès,
les deux plaques de fer et l’axe de même métal peuvent recevoir
un mouvement de rotation , indépendamment de la bobine qui est

fixée sur le support en bois.


On donne habituellement doux des électro-ai-
à l’armature en fer
mants en fer à cheval la même épaisseur que le diamètre du barreau
car, si elle est peu épaisse, le poids porté est moindre (voir fig. 1G2).
La longueur et le nombre des tours de spires employés dépen-
dent également des effets que l'on veut obtenir. Dans les télégraphes
oii l’on fait usage de courants peu énergiques, mais à forte tension,

il faut autour des électro-aimants des fils très-fins entourés de soie

et formant un grand nombre de circonvolutions, afin que l'clTet


magnétique soit appréciable. Si l’on veut avoir un électro-aimant
portant un poids de fer un peu considérable on prend un fil con- ,

ducteur un peu gros, depuis 1 millimètre jusqu’à 3 et 4 millimètres


de diamètre, et on fait usage d’une pile à large surface. En général,
il est préférable de se servir de fils de cuivre rouge , à cause de la

bonne conductibilité de ce métal.


Plusieurs physiciens ont cherché depuis MM. < Ersted , Arago, Am-
père et Savary les différentes conditions qui peuvent influer sur la

force des aimants, afin d’établir les lois des électro-aimants; on


peut citer entre autres MM. Leux et Jacoby, de llaldat, Poggen-
dorf , etc. Mais le sujet est loin d’étre épuisé, ainsi qu'on va le voir.
Lorsqu’on emploie des courants qui ne sont pas très -énergique-,

pour aimanter un électro-aimant, l’intensité magnétique peut étie

Digitized by Google
KT LLELTRO-M A(i X É TISM K. 181

considérée comme proportionnelle à l'intensité du courant et au


nombre de tours de spires. Dès lors l’action par influence exercée
sur une armature de fer doux à distance est proportionnelle au carré
de ces quantités. On a déjà parlé de cette relation, page 58. Il est
donc facile, d’après cette donnée et d’après les lois des courants
établis tome 1", page 83, de trouver dans quelles conditions il faudra
faire usage de fils conducteurs de petit ou de gros diamètre (*).
Mais comment celte puissance magnétique est-elle repartie dans la
masse du fer doux ? C’est ce qui n’est pas encore bien connu. Il résulte
toutefois des expériences de MM. Joule, de Haldat, Feilitzsch, Mul-
ler, etc., que le fer possède une limite de développement de magné-
tisme, et que la loi énoncée plus haut ne s'applique plus quand les

courants électriques ont une certaine énergie, ou que les barreaux de


fer ont un petit diamètre; en d’autres termes, dans un même éleetro-
aimant, la force magnétique au delà d’une certaine limite ne croît pas
en raison de la puissance du courant , et tend vers un étalde saturation.
D’après M. Muller (*’), on a les résultats suivants: 1° dans les

(*) En admettant que l'action exercée sur une armature en fer doux soit propor-
tionnelle au cairé de l'intensité du courant ,
il est facile d'en déduire la longueur à

donner à un fil métallique pour avoir le maximum d’action magnétique d’une pile
déterminée. Soit R la résistance de la pile et F. son pouvoir électro-moteur ;
soit r

la résistance du lil qui entoure t’éleclro-aimant. L'intensité du courant est 1=


K -j- V
Or l’action exercée par i'électro-aimant sur l'armature en fer doux est propor-
tionnelle au carré de cette intensité ;
elle l'est également à la longueur du lil en-
roulé ,
c'est-à-dire qu'elle est aussi proporlinnelle à r. La force aimanlaire |>ourra
— n î EJ r
donc être représentée par la formule F Or, il est facile de voir que
R
l'expression de F est susceptible d'un maximum lorsque r varie; en effet, ladiffé-
n'F.’(R
,
r) —
renticllc par rapport à r est -, et pour que cette expression soit zéro, il
>M-<r
faut que R = r.

Ainsi dans les limites où les lois précédentes sont applicables, quand le fil conduc-
teur enroule autour de l’èleclroaimant a une résistance égale à celle de la pile,

celle-ci donne le maximum d'aimantation.


(**) Voici la formule qui représente ces lois :

> m
p = 220 <f tang
0)0u0ardi
.

;> est ta puissance magnétique que l'on obtiendrait en multipliant l'intensité du


courant par le nombre de tours de spire qui composent l'hélice; m, la puissance
magnétique du barreau et d le diamètre de celui-ci.
Pour une intensité électrique infinie, on aurait ae mais m a une valeur p= ;

W *.
finie, puisqu'il suffit de supttoser -77 n 7. pour arriver à celle limite. —
On voit en outre que lorsque tang. "'<* qu’une valeur restreinte, m
e>t à peu près proporlionel à p.

Digitized by Google
,

182 élëctbo-dynamique

barreaux de fer des électro-aimants, chaque molécule possède un


maximum magnétique croissant proportionnellement au carré des
diamètres des barreaux.
2” Tour développer dans des barreaux de fer de différentes sec-

tions la même partie aliquote de leur maximum magnétique, il faut


employer des courants dont les intensités soient entre elles comme
les racines carrées des cubes des rayons.
3* Dans les limites entre lesquelles la puissance magnétique est
proportionnelle à l’intensité du courant, la puissance magnétique
développée par des intensités électriques égales dans des barreaux
variables de diamètre, est proportionnelle à la racine carrée des dia-
mètres.
Ainsi, quand on veut augmenter de beaucoup la puissance ma-
gnétique d’un électro-aimant et faire usage de courants électri-
ques très-énergiques, il faut des électro-aimants h barre de fer d’un
très-fort diamètre, car plus le diamètre est petit, plus on atteint

rapidement la limite de saturation énoncée plus haut.


Actions magnétiques produites dans des minerais de fer par l'in-

fluence des courants. Si l’on place dans l’intérieur du cadre d'un


multiplicateur de petites cartouches en papier d’un millimètre de
diamètre et remplies de protoxyde de fer ou d’un mélange de deut-
oxvde et de tritoxyde, et qu’on fasse passer un fort courant dans
le fil qui entoure le cadre, en général la cartouche est attirée dans
le plan de l’appareil, et, après quelques oscillations, se place dans
le sens des circonvolutions ,
au lieu de se mettre à angle droit
comme le ferait un barreau de fer doux. Si l’on cherche la distri-

bution des pôles dans la cartouche avec un petit barreau aimanté,


on trouve que la distribution du magnétisme s’est opérée dans le

sens transversal du lil ,


au lieu de s’être faite dans le sens longitu-
dinal, comme dans les aiguilles aimantées.
Si l’on vent avoir une distribution du magnétisme dans le sens
longitudinal, il suffit de maintenir pendant quelques instants la

cartouche que renferme le dentoxyde de fer dans la direction per-


pendiculaire aux circonvolutions: on peut même lui faire acquérir

une polarité telle que la cartouche se maintienne à 45° par rap-


port à la direction des circonvolutions. Quand la cartouche ne ren-
ferme que du tritoxyde de fer, il n’y a qu’une seule position
d’équilibre pour elle, c’est celle de la direction des circonvolutions.
Ces effets dépendent de la manière dont sont distribuées les parti-
cules magnétiques et de la nature de celles-ci. On peut du reste

Digitized by Google
ET ILtCTBO-XlAONKTlSMK. 183

consulter ce que nous avons déjà dit sur ce sujet dans le livre IX,
page 4SI, à propos de l’action du magnétisme sur les corps (Bec-
querel).
AimanUtlion par les décharges électriques. L’électricité sta-
tique, en circulant dans un fil conducteur, peut aimanter dés ai-
guilles d’acier ou des morceaux de fer placés à distance, connue
les courants électriques; mais, ce passage ayant lieu par décharges,
les conditions sont differentes que dans le cas d'une circulation
continue, ainsi qu'on va le voir :

Lorsqu'on fait passer la décharge d’une machine électrique dans


un fil droit en mettant en communication les deux extrémités avec
les conducteurs et les coussins ,
on n’obtient aucun effet dans une
aiguille placée très-près de ce fil tant que le courant est continu ;

mais, pour peu qu’on tire de petites étincelles, l'aiguille commence


à s’aimanter, et le magnétisme augmente à mesure que les étincelles
sont plus fortes et partent de plus loin. En employant les hélices,
les effets sont encore plus marqués; dans ce cas, le courant con-
tinu, comme l’a observé M. llidolphi, peut donner le magnétisme

à une aiguille.
Les décharges des bouteilles de Lcyde ou des batteries agissent
puissamment pour développer le magnétisme quand elles s’exercent
dans des fils droits ou dans des hélices; mais leur action est dépen-
dante de lu distance des spires aux aiguilles, non-seulement pour
l'intensité du magnétisme, mais encore pour la nature de l’effet
produit. Les recherches de Savary ont montré les différents effets
qui peuvent se présenter : il a commencé par opérer sur des ai-
guilles d'acier très-fines, placées horizontalement à diverses hau-
teurs, et perpendiculairement à un fil métallique en ligne droite et
également horizontal; leur milieu correspondait verticalement à la

direction du fil. 11 a d’abord pris un fil de platine de } de millimètre


de grosseur et de 2 mètres de longueur. Après avoir fait passer dans
m
le fil de platine la décharge d’une batterie électrique de 2 ,44 de

surface, il les fit osciller pour déterminer la quantité de magnétisme


quelles avaient prise; il obtiut les résultats suivants :

Digitized by Google
2

18 * KLECTH0-DYNAM1QUE

DISTANCES DUREE SENS


AlUUIhI.ES DLS AlGl'IfXKS (li- CO «IP

au ni. OSCILLATIONS. i.’aouMation

ff en contact atcc
| 1- lit.
52*, \ Positive.
M.IJilU.
e
2 1,*! du Cl. f. .V,a 1(1.
3* 3,5 r.i3\s Kigali v*\ 1

4' 3,7 4 r ,r» i.i


5* 3,0 40",0
6e 0,0 4»",8 i.i.
*
/ 7,4 4V\8
8* 8,5 58", 2 1.1.

10*
9*
V
10,9
r.20%|
r.sr.o
M.
Positive.
II" 11,8 r.iH\A m.
1
2® 12,5 r. i\o m.
13" 13, B 49', fi
1 10,3 38. m.
15* 18,7 33 ,8 m.
16* 21,0 31 .3 Ici.
17* 23,8 29', 5 1(1.

18' 28,5 30', H 1.1.

1
10* 3 ï,0 29". H M.
20 e 46,0 35 ,9 m
21* 70,0 â.V, 6 M.
22" 100,0 r.27V» I.i.

2 J* 130,0 r.48',0

Ces résultats montrent une propriété très-remarquable des dé-


charges électriques celle de produire une aimantation en sens
,

inverse, suivant la distance de l’aiguille au (il; dans les expériences

précédentes, le sens de l'aimantation a changé deux fois. Les aiguilles


n’ont pas pris de points conséquents; le maximum d’intensité pour
les aiguilles négatives s’est trouvé à '>
millimètres du fil, et les
maxirna des aiguilles positives au contact et à 3 centimètres de
distance.
Quand on fait varier les longueurs des aiguilles, on trouve que les

distances auxquelles a lieu le changement île sens dans l'aimanta-


tionne diffère que de quelques dixièmes de millimètre.
Dans les expériences précédentes le fil de platine avait 2 mètres ,

de longueur; si on ne lui en donne plus que la moitié, les résultats


sont différents : Savary a obtenu quatre changements dans le sens
de l’aimantation , et les aiguilles qui étaient négatives dans la pre-
mière expérience sont devenues positives dans la seconde , et réci-
proquement. Le dernier maximum qui se trouvait à 3 centimètres ,

de hauteur, a été à •*"' , o ; sa valeur n’est plus que 34".


Lorsque, la longueur du fil restant l.i même, on fait varier le dia-

Digitized by Google
ET ÉLECTRO-MAGNÉTISME. 185
mètre, également. Avec un fil de 0““,37 de
les résultats chauffent

diamètre, changement de signe a eu lieu aux distances 3"“,5,


le

9 et 12; avec un fil de l de millimètre il n’y a plus eu changement


dans le sens de l'aimantation, et le maximum d’intensité s’est trouvé
à 1 1 millimètres de hauteur, c’est-à-dire à une distance cinq fois
moindre du fil que lorsqu’on opérait avec un fil trois fois plus
gros.
Si l’on fait passer dans le même fil des décharges de plus en plus
faibles, le maximum diminue à mesure que l’on approche du con-
ducteur, sans cependant obtenir de changement de signe.
Une décharge donnée produit toujours une aimantation dont l’in-
tensité est d’autant plus grande que la longueur du fil est plus
grande par rapport à son diamètre. Cet accroissement dans les effets
a une limite que Savary a déterminée. Il résulte de là que pour
une même batterie, des fils de même longueur et des aiguilles pa-

reilles, les résultats dépendent de l’intensité de la décharge, du


diamètre et de la longueur du fil
;
les résultats dépendent aussi de
la nature du fil.
Nous ne mentionnons ici que. les résultats les plus importants
observés par Savary, afin que l’on puisse prendre une idée juste
de l’aimantation des aiguilles d’acier au moyen des décharges élec-
triques.
Dans les hélices on observa des effets du même genre. L’hélice
dont Savary a fait usage était un cylindre creux en bois de 9 cen-
timètres de longueur et d’environ (>“'",3 de diamètre, autour du-
quel était enroulé un fil de laiton de O mm ,IK de grosseur; le pas
de l’hélice pouvait avoir 3 millimètres de hauteur. En donnant au fil

une longueur de O”, 80, des aiguilles de 13 millimètres de longueur,


de J de millimètre de diamètre et trempées roides,ont été aimantées
par des décharges de plus en plus fortes. 11 a obtenu les résultats
suivants pour la durée de 60 oscillations, en suivant l’ordre d’inteu-
sité croissante des décharges: 3G”,8; 32", 2;
-+- 23” ,6; -f- — —
23",3 ; 28",9;-l-27",l ;
-f- 42", 0; 33", I ; - 57\6; 27",8 ; - - +
-f- -f- 34" ,6;
23", 0; —
4", 13; •+• 31", 3. Cette série indique que le

sens de l’aimantation a changé six fois. En diminuant encore la


longueur du fil
,
peut-être obtiendrait-on un plus grand nombre
d’inversions.
Si l’on augmente la longueur du fil sans changer la partie enrou-
lée en hélice , il faut employer une foree plus grande pour obtenir
les premiers changements de signe; mais ensuite il n’y a plus de ren-

Digitized by Google
I8G ILECTJlO-m H AMIqUE

versement, et i’uii ne trouve plus que des variations d'intensité ma-


gnétique. Savary a examiné ensuite le cas où le diamètre et la lon-

gueur du (il étant les mêmes, on change successivement la longueur,


le diamètre et le pas de l’hélice. La longueur des hélices, aussitôt

quelle est égale à st pt ou huit fois leur diamètre, et deux fois plus
grande que la longueur des aiguilles, n’exerce plus ou presque plus
d'influence sur l'intensité magnétique. Quand on donne aux surfaces
électrisées desétendues différentes et de plus en plus petites, à
mesure que par des charges égales la tension est plus élevée , on
trouve que les nomma d'iutensité magnétique pour la même hélice
ont moins de valeur.
Arago ayant trouvé que dans l’intérieur d’une hélice des aiguilles
semblables sont également aimantées, M. Savary a soumis à l’ex-
périence les différentes parties d’une même aiguille pour déter-
miner les effets dus à la différence de longueur, il a observé que
des fragments égaux d’une même aiguille étaient toujours aimantés
également et dans le même sens que celui de l’aiguille entière, mais
que des aiguilles de millimètres de longueur ont pris moins d'in-
tensitémagnétique que les fragments égaux des aiguilles de 10 mil-
limètres, quoique de même sens, et ceux-ci moins encore que les
fragments des aiguilles plus longues.
Arago avait trouvé que la force qui aimante le fer et l’acier
transmet sou action à travers le bois, le verre et les autres corps
isolants , et que , dans ce cas, l’aimantation est la même. Savary
a cherché i’inlluencc des corps conducteurs dans l'aimantation. Il

a placé en conséquence dans une hélice deux aiguilles ,


l’une sans
enveloppe, l'autre entourée d’un cylindre épais de cuivre rouge
isolé du conducteur; il a trouvé que la décharge aimantant forte-
ment la première ne produisait aucun effet sur la seconde. Mais,
en diminuant peu à peu l’épaisseur de l’enveloppe, l’intensité des
décharges étant toujours la même, les aiguilles enveloppées com-
mencèrent à éprouver une action de plus en plus sensible. L’aiguille,
après avoir éprouvé un maximum, se rapprocha de nouveau par des
diminutions successives du degré d’aimantation de l’autre aiguille.
Il trouva aussi qu’en augmentant l’intensité des décharges, l’épais-
seur d’enveloppe pour laquelle les deux aiguilles recevaient le même
degré d’aimantation devenait do plus en plus grande.
Savary a varié ses expériences en prenant des enveloppes de
métaux de diamètre et d’épaisseur différents. Après le fer, les
métaux les meilleurs conducteurs exercent des actions plus éner-

Digitized by Google
KT ELEC1 HO -MAGXET1SX1K. 187

piques que les autres. Il a également étudié le mode d'action des

plaques métalliques qui sont sous l’influence des décharges trans-


mises par un fil conducteur rectiligne, sur des aiguilles d’acier dis-
posées transversalement à ce til. Il est arrivé entre autres aux ré-
sultats suivants :

ne large plaque, interposée entre le conducteuret les aiguilles


t° I

pour des décharges très-faibles, affaiblit beaucoup l’aimantation,


et l’augmente pour des décharges plus fortes ; ainsi, pour une même
charge, une plaque mince et une plaque épaisse peuvent produire
des effets contraires, et il y a une certaine épaisseur dont l’effet est
nul.
2 " Des aiguilles étant posées sur la plaque entre cette plaque et le
til
,
pour de très-faibles décharges la pluque augmente leur aiman-
qu elle est plus épaisse. 11 y a telle décharge
tation, et d’autant plus
pour laquelle une plaque épaisse l'augmente, et une plaque mince
la diminue; pour des décharges plus fortes, l'une et l’autre l’affai-

blissent, la dernière surtout, et elle finit par donner aux aiguilles


un magnétisme contraire à celui que le courant seul développait.
3° là) général
,
les deux faces d'une même plaque exercent des
actions contraires.
i* Les plaques de différents métaux ,
de même forme et d’égale
épaisseur, exercent des actions qui varient avec l’intensité des dé-
charges. Ainsi le cuivre rouge en plaques minces agit moins que
le laiton; avec des plaques beaucoup p*us minces, il agit au con-
traire davantage.
Nous ne multiplierons pas les résultats ribUmuspæSavary ;le ren-
versement de pôle qu’il a observ é tient à ce que la décharge électrique
donne lieu à des effets d’induction inverses il dilférentes distances, et
provenant de ce que, le courant électrique dû à la décharge étant de
peu de durée, les courants d’induction produits lors de la fermeture
et de l’ouverture du circuit ont lieu presque simultanément; elles
montrent néanmoins que peuvent prédominer suivant
l’un ou l’autre
la position des aiguilles par rapport aux fils, et donner lieu à des
aimantations en sens inverses. L’action des enveloppes métalliques
est également due à des effets d’induction que nous étudierons dans
le chapitre IV* de ce livre, et peut être rapprochée de l’action des
enveloppes métalliques sur les électro-aimants, dont on a déjà dit
quelques mots précédemment. Du reste, en parlant de l’induction
due à l’électricité statique , on donnera d’autres exemples d’effets
de ce genre.

Digitized by Google
,

188 KLECTBO-DYNAMtQliE

CHAPITRE II.

Action des courants les uns sur les autres.

L'action des courants les tins sur les autres a été observée pour
la première fois par Ampère, peu de temps après ladécouverte de
l'action d'un courant sur l'aiguille aimantée; il en a déduit une
théorie mathématique l’a.idc de laquelle il a établi l’identité entre
il

les phénomènes magnétiques et les phénomènes électro-dynami-


ques.
Interrupteurs et commutateurs. Dans toutes les expériences d’élec-
tro-dynamique et d’électro-magnétisme ,
on a besoin d’interrompre
les courants électriques et de changer leur sens; on se sert alors

d’interrupteurs et de commutateurs. On en a proposé de bien des for-


mes. Nous indiquerons d’abord celle donnée par Ampère, et qui est
assez commode; elle est représentée dans la figure 18 .» ; les courants
sont établis en faisant plonger dans du mercure des tiges métal-
liques. On pratique dans une table TT deux rainures rr', de quel-
ques millimètres de profondeur, et quatre cavités semblables vv , t(
communiquant diagoualement par des lames de cuivre U', mm '
,
qui
sont séparées au point de croisement par une substance isolante.
Ces cavités deux rainures, après avoir été mastiquées, pour
et les

que le bois humide ne puisse pas donner issue à une partie du cou-
rant, sont remplies de mercure. Maintenant, si l'on plonge le lil positif
de la pile dans la rainure r, et le lil négatif dans la rainure r', le

Digitized by Google
, ; ,

ET ELRGTBO- MAGNETISME. 189

courant n’aura pas lieu tant qu’on n’établira pas une communication
métallique entre chacune des deux rainures et l’une des cavités.
Soient SS', deux lames de platine destinées à transmettre le cou-
rant dans l’appareil électro-dynamique; la lame S peut devenir posi-
tive ou négative suivant que la cavité r communique avec t et r' avec
ou bien quand r communique avec v et r' avec v'. Dans le premier
cas, le courant suit la direction rl SS', t'r'; dans le second, il va
de R en lame II', et ensuite va de b' en bt et de
r, puis traverse la

v’ en Or rien n’est plus simple que d’établir ou d’interrompre


R'.
toutes ces communications au moyen d’une bascule BB' en bois
représentée dans la figure en perspective et qui peut tourner au-
tour d’un axe au' s’ajustant dans des trous oo'. On adapte sur
cette bascule quatre arcs conducteurs en métal b, b', d, cl' en
l’élevant ou l’abaissant convenablement, on change les commu-
nications. Quand les arcs b et b' sont abaissés, r et v communiquent
par l’intermédiaire de rbc et r' avec v' au moyen de r'b'c'. Quand
les arcs d et d sont au contraire abaissés, la communication est
'

établie entre r et l et r' et t’ par l’intermédiaire des arcs.


Fi #. Issliis. Le second commutateur, qui est repré-
» A
senté fig. 183 bis, est en usage dans un

grand nombre d’appareils construits par


M. Rhumkorf, et est d’un emploi facile. Il
compose d’un cylindre MR en ivoire
se
la surface est composée de deux par-
dont
de deux parties conduc-
ties isolantes et

trices en cuivre. Les pôles de la pile communiquent aux boutons VV'


qui touchent àux montants métalliques entre lesquels le cylindre
se meut. Les fils qui doivent recevoir le courant sont attachés aux

boutons U, U’ en relation avec deux tiges qui frottent contre la sur-


face du cylindre. Les parties métalliques qui sont à la surface du
cylindre étant en relation, l’une avec un des montants, l'antre avec
l'autre montant, on comprend aisément qu’à l’aide du bouton S on
pourra interrompre le circuit de la pile ou bien faire passer l’élec-
tricité dans un sens ou dans l'autre dans le fil GG'.

Courants parallèles. On distingue plusieurs cas dans l’action des


courants, suivant que ces courants sont dirigés parallèlement dans
le même sens ou dans des sens contraires, ou bien qu’ils cheminent
dans des directions obliques.
Pour étudier les actions exercées entre les courants parallèles
on peut employer l’appareil représenté fig. 186.

Digitized by Google
AR est une en bois sur laquelle sont fixés deux montants
tablette
en cuivre CD, C'D', reliés à leur partie supérieure par une tra-

verse en bois DD’. Deux tiges de cuivre sont soudées à ces montants
et se terminent par deux coupes en acier a, b, placées verticalement
au-dessus l’une de l’autre sans se toucher. L'n fd de cuivre ployé
en rectangle cdef, et maintenu tel avec du mastic en P, est suspendu
au milieu des montants à l'aide de deux pointes en acier qui re-
posent sur de petites plaques d’agate fixées au fond des coupes eu
acier ;
ce rectangle peut donc tourner librement autour d’un axe
vertical passant par a6P, et ses côtés cd, cf, peuvent s'approcher ou
s’éloigner des montants CD, C’D'. On met en outre dans les petites
coupes n,b, du mercure, afin d’établir la communication métallique
entre les colonnes de cuivre et le rectangle. Si on attache en V et
V' les deux pôles d’une pile voltaïque ,
on reconnaît que le rec-

tangle suspendu tourne de manière (|ue les côtés cd et ef sont re-


poussés par les montants en cuivre, et que le plan cdef devient per-
pendiculaire au plan CD, C'D'. Or, si l’on suit la marche de l’élec-
tricité dans le circuit, marche indiquée |>ar les (lèches dans la figure,
on voit que dans les fils cd, ef, le courant est en sens inverse de sa
direction dans les moulants CD, C'D'. Ainsi, des fils parallèles par-
courus par des courants électriques et dirigés en sens inverse se
repoussent.
Pour observer l’action exercée par des courants dirigés dans le

même sens, on substitue au rectangle cdef le rectangle c'd'e'f',


formé de même par un fil métallique recourbé, mais de façon qu’en
P' les fils se croisent. 11 résulte de cette disposition que l’électricité
chemine dans le même sens dans les (ils suspendus et dans les co-
lonnes fixes auprès desquelles ils sont. On voit alors que le rectangle
est attiré et vient se placer dans le plan CD C'D’. Ainsi des fils parai-

Digitized by Google
F.T KLECTHO-.MAÜNKriSME. IUI

lèles, parcourus par des courants dirigés dans le même sens, s’at-
tirent.
Dans l’expression des phénomènes on rapporte les effets produits

aux actions exercées par les courants entre eux, et l’on dit simple-
ment que des courants parallèles s’attirent ou se repoussent sui- ,

vant dans le même sens ou en sens inverse.


qu’ils sont dirigés
même appareil peut servir à démontrer qu’un courant sinueux
Le
RS a la même action qu’un courant rectiligne ST, ce qui montre
que ce courant sinueux agit comme sa projection sur une ligne
droite. On enlève alors le til conducteur de la pile en communica-
tion avec \", et on l’attache à l'écrou E. On établit la communica-
tion entre E et V avec la tige RST. L’électricité circule en même
temps dans les colonnes et dans le conducteur sinueux, et en appro-
chant une des branches ef de façon qu’elle soit placée près de RST,
on voit que l’action de ce conducteur n’est pas appréciable. Ainsi de
chaque côté l’action est la même; mais, le courant étant dirigé: en
sens inverse, la résultante est nulle.

Courants rectilignes formant un angle. Les courants, dans ce


cas, tendent à se rapprocher s'ils vont dans le même sens, et à

s'éloigners’ils vont en sens contraire. Pour démontrer cette propo-

on place dans un appareil analogue à celui de la fig. 180,


sition,
mais dont les colonnes sont plus éloignées, deux rectangles, l’un
F ‘S ls7 -
fixe et l’autre astatique et mobile. Le
circuit mobile cd est suspendu dans
les coupes gg', par le moyen de d mx
pointes gg' (
fig. 187), et le rectangle
fixe s-', qui est formé d’un fil de
cuivre enroulé plusieurs fois sur lui-
même, afin d’avoir une action plus
forte, est placé sur la tablette t 1 ',

comme dans l’expérience précédente.


Aussitôt que les deux rectangles
sont parcourus par des courants
d'une manière quelconque, celui qui est mobile, lorsqu'on lui a
donné une position quelconque, tourne autour de son axe et vient
ae placer dans une direction parallèle telle que les courants mar-
chent dans le même sens. Si donc les deux branches ab et cd for-
ment un angle quelconque et qu’elles soient parcourues par des
courants cheminant en sens contraire, la branche cd sera chassée ;
si les courants sont dans le même sens, elle sera attirée.

Digitized by Google
I !*2 ÉLF.(.TnO-DY JiAMIQt'E

Ampère a défini ainsi la loi qui régit ces actions : « Deux por-
« tions de courants s’attirent quand elles vont l’une et l’autre
« en s’approchant ou en s'éloignant du sommet de l'angle, et se
« repoussent, au contraire ,
quand l’une s’éloigne et l’autre se rap-
« proche du même sommet.» Lorsque les deux courants rectili-
gnes ne sont pas situés dans le même plan, on doit entendre dans

cet énoncé, parsommet de l’angle, la perpendiculaire commune qui


mesure la plus courte distance des deux droites. Le cas des courants
parallèles rentre dans cette loi ,
puisqu’on peut considérer deux fils

conducteurs comme formant un angle infiniment petit, dont le

sommet est à une distance infinie. D’après ce principe, lorsque deux


courants indéfinis se coupent, y a nécessairement attraction
il

dans deux angles opposés par leur sommet , et répulsion dans les
deux autres. On en conclut également que, si deux fils parcourus
par des courants sont mobiles autour d'uri axe vertical, ils tendront
à se placer parallèlement de manière que les courants soient di-
,

rigés dans le même sens.


On peut se proposer une foule de questions relatives à l’action
des courants les uns sur les autres, quand on varie la forme des
circuits, leur direction, leur distance, et qu’ils sont terminés ou
indéfinis. Nous indiquerons seulement ici les cas qui sont les plus

nécessaires pour l'exposé de la théorie électro-dynamique..


Répulsion des diverses parties d'un même courant. Cet effet ré-
sulte de ce que deux portions contiguës d’un même courant recti-
ligne peuvent être considérées comme deux courants formant un
angle de 180°, dont le sommet est au point de séparation. Or,
comme le courant de l’une des portions va en s’approchant du som-
met, et que le courant de l’autre va, au contraire, en s’éloignant ,
il

doit y avoir répulsion : c’est ce qu’Ampère a démontré de la ma-


nière suivante :
Dans un vase de verre ou de porcelaine divisé en deux partie-? ,

par une cloison également en verre avec du ,


fixée sur les bords
mastic, et rempli de mercure, on pose sur mercure un conducteur le

formé d’un fil de cuivre recouvert de soie, de manière que les deux
branches repliées soient parallèles à la cloison ; dans chaque com-
partiment on plonge les deux fils extrêmes d’une pile. Ce courant
passe du mercure dans l’arc , et au même instant , le conducteur
,

s’éloigne parallèlement à lui-même jusqu’à l’extrémité du vase. Ce


mouvement indique l’action répulsive qu’exercent les unes sur les
autres les diverses parties d’un même courant.

Digitized by Google
ET ÉLECTRO-MAGNÉTISME. 193

Il évidemment de ce qui précède, et de ce qu’un conduc-


résulte
teur sinueux agit comme un conducteur rectiligne, que l’on peut
remplacer une partie très-petite de courant par deux courants par-
tiels, on par un nombre quelconque de petits courants venant

aboutir au même point et ayant la même intensité; ce procédé a


de l’analogie avec la composition des forces en statique.
Action de deux courants rectilignes se coupant à angle droit.
Fig. iss. Un courant terminé qui s’ap-
» proche perpendiculairement d’un

1
/\ courant rectiligne est transporté
\ parallèlement à sa direction. Soit
V \ ab le courant indéfini , DC In
jr courant terminé. L’action du
/
\

— —“—\
premier sur celui-ci, dans l’an-

c
— j gle DC6, est attractive, et peut
être représentée en grandeur et
en direction par do et celle dans l’angle oCD, qui est répulsive,
mais égale à l’autre, par dx. Aux deux forces dx et do on peut
substituer une résultante di, parallèle au courant indéfini qui sera ,

dirigée en sens contraire , et dont l’action tendra à transporter I)C


parallèlement à lui-même. Si le courant terminé s’éloigne au con-
traire du courant indéfini , il tendra à marcher dans le même sens
que lui. L’action des deux courants étant réciproque, si le conduc-
teur ab est mobile dans le sens de sa direction , il reculera de a
vers b dans le premier cas, et se portera au contraire de b vers a
dans le second.
Action d’un courant indéfini sur un courant fini mobile autour
d'un axe perpendiculaire à sa direction. Soit M.N le courant indé-
Fîg. ixo. fini , et CA le courant mobile autour du point

C, dans un plan ACD. Il


y a plusieurs cas à
yé V considérer: le courant indéfini peut couper
\ // j
l’axede rotation, ou s’en trouver éloigné d’une
distance plus ou moins grande que CA. Dans

/ [“ \ le premier cas, le courant mobile se place pa-


w '
* rallèlement à l’autre, de manière que le
dans le même sens dans le second,
mou-
vemen t de l’électricité est dirigé ;

lorsque la distance CD est plus grande que CA conformément aux


principes précédents, CA se trouve d'abord dans une position obli-

que quelconque CA’, dans laquelle il est repoussé par la portion «N


et attiré par la portion nM, attendu que les deux courants CA’ et

Digitized by Google
194 ÉLSCTR0-DYNAM1QUR

wN s'approchent ,
l’un du sommet de l’angle, et que l’autre s'en
écarte, tandis que les courants CA' et «M convergent vers le même
sommet. Il suit de là que CA' prend successivement les positions
CA", CA"', etc., d’où résulte un mouvement de rotation continue
en sens contraire du mouvement de l’électricité dans le courant
indéfini, si l’électricité dans le courant fini se meut du centre à la

circonférence. Quand le courant CA a une direction contraire,


le mouvement de rotation s’effectue dans un autre sens.

Enfin, lorsque le courant MN est placé entre le centre et la cir-


conférence, il
y a des effets opposés à droite et à gauche du fil
mobile par rapport au fil fixe et, suivant qu’une action ou l’autre
,

l’emporte, il
y a action dans un sens ou dans l’autre.
Dans le cas où le courant fini est mobile autour de son milieu , il

n’v a plus de rotation ,


puisque chaque moitié tend à tourner en
sens contraire; il reste alors en équilibre dans toutes les positions
possibles.
On peut démontrer directement par l’expérience, au moyen d’un
appareil imaginé par Ampère, mais modifié depuis son origine, les

différentseffets qui peuvent se présenter dans les actions des courants


sur les courants pour produire un mouvement de rotation continue.

Fig. 190.

Il se cotnpose d’une auge en cuivre circulaire MN, disposée sur une


tablette et dont le rebord recourbé permet de placer à l’extérieur une
hélice de fils métalliques enveloppés de soie. Cette auge, dans la-
quelle on peut mettre de l’eau acidulée, contient au centre un cylin-
dre concentrique P, qui lui est soudé et qui permet à une colonne T
en cuivre, également fixée à la table, de traverser le système sans
toucher au vase de cuivre. Des lames de cuivre A, A', sont soudées
aux extrémités du fil de l’hélice qui entoure le vase; d’autres lames
li et D' sont fixées, l’une au vase en cuivre MN lui-même ,
l’autre à la
colonne métallique T. Si donc à un moment donné, et ainsi qu’on le

Digitized by Google

ET éLECTBO-MAGXlîTISME.
jgj
S ,0in n
rri , .° [*“ Comn,uniquer ,c vase
Clr ,ller un COUrant élwsW
MN avec T, on pourra
da “s le fil conducteur
I
u do A
a v aide I K :
et de A
, ou bien entre
«t«e
le vase et la colonne par lé
moyen de Bet de B', ou encore simultanément dans
a '
avec n > «*• a ** -*^
lesdeux circuits

A aide de cet appareil, on peut


1
faire les expériences
suivantes
on veut vérifier le fait que les courants,
.. en débouchant d’une
tige métallique dans un liquide,
donnent deux courants angulaires
don 1 un est produit dans l’eau, l’autre
dans le conducteur, et d’où
resuite un mouvement de rotation
, on n’emploie que le
circuit BB'
ma.s en se servant de la disposition
suivante, due à Savarv On’
place sur une petite coupe en acier
pleine de mercure à l’extrémité
1 e 1 à 1 aide d une m,e

P° d’acier, un fil rectangulaire bac, qui
,
supporte un anneau en cuivre mn plongeant
dans l’eau acidulée
du vase MN. En b et e sont des petits
morceaux d’ivoire placés pour
que le courant arrivant par la colonne
T nedescende que par la
colonne a, et ne débouché dans mn que d’un côté. Alors
le cercle
en fermant le circuit, on voit que
système en équilibre bac sé
le
met a tourner d une manière continfie autour
de l’axe T son mou- :
vement ne dépend pas de la direction du
courant, mais bien de la
position du petit morceau d’ivoire isolant
c; car, en le mettant de
1 autre coté, comme on
peut le faire avec un second fil
de cuivre
disposé à cet effet, le mouvement de
rotation a lieu alors en
sens
inverse de celui que présente abc.
Dans le même appareil, si l’on fait passer le courant dans l’hélice
en fil de cuivre AA', et dans le système cab
, l’action du courant
circulaire sur le courant vertical ca
suivant son sens, donne encore
un mouvement de rotation ce mouvement
; plus énergique en
est
employant un rectangle dans lequel il n’y a pas
de pièce d’ivoire et
ou le courant descend verticalement par les
deux branches
Enfin on pourrait donner au rectangle
une forme un peu diffé-
rente, et faire que la branche horizontale ila
du conducteur soit
très-près de l’hélice, en reployant la branche
ac très-près de la co-
lonne T, et en attachant le cercle mn à une petite
traverse fixée h l’ex-
trémité d un fil horizontal « : alors on aurait l’action d’un courant
indéfini sur un courant mobile autour d’un axe
perpendiculaire à
sa direction, et on obtiendrait les mêmes
effets que ceux qui
ont
été indiqués. Ampère, qui avait construit un appareil de
ce genre a
étudié les différentes circonstances des
expériences en ne se servant
13 .

Digitized by Google
196 ÉLECTHO-DY N EMIQUE

que d’un circuit mobile et en approchant au-dessous de la tablette,


des fils conducteurs indéfinis parcourus par un courant électrique
énergique. Il se rapprochait ainsi de la disposition indiquée dans
les figures 188 et 189, page 193.

CHAPITRE III.

Action de la terre et des aimants sur les courants.

Action de la terre et des aimants sur des portions de courants.


Puisque les courants finis ou fermés agissent sur les aimants, réci-
proquement le globe lui-méme doit agir sur les courants mobiles
pour les diriger ou leur imprimer un mouvement continu, suivant
leur direction et les conditions des expériences.
Nous allons parler d’abord des effets produits de la part de la

terre et des aimants sur des portions de courants ,


puis ensuite il

sera question de l’action exercée sur les circuits fermés.

Fig. toi.
f'T « e

Les propriétés dont jouissent les courants verticaux et les cou-


rants horizontaux mobiles en présence des aimants ou de la terre
peuvent être étudiées à l’aide de l’appareil représenté
fig. 191.

Il formé de deux vases cylindriques de cuivre, MN, PQ, placés


est
parallèlement l’un au-dessus de l’autre, le vase inférieur MN étant
un peu plus grand que celui d’en haut PQ. Ces deux vases sont percés
il leur centre d’une ouverture circulaire, qui donne passage à une tige

Digitized by Google
ET KLEC l'BO-MAGMÉTISMK. 197

T, au haut de laquelle est fixée une petite coupe m; la traverse aa'


est formée d’une substance non conductrice, et porte en son milieu
une pointe faisant pivot sur laquelle on fixe le système de conduc-
teurs mobile sur le fond de la coupe, qui est remplie de mercure.
Les branches verticales ab, a'b' de ce système sont des fils de cuivre
fixés à la traverse et qui plongent, par une de leurs extrémités b, b',
dans le vase MN, et par l’autre extrémité d, d', dans le vase PQ. Ces
,

deux vases contiennent de l’eau acidulée ; une petite languette l en


métal sert à établir la communication entre l’eau acidulée du vase
supérieur et le mercure de la coupe. En mettant en communica-
tion la tige T avec le pôle positif d’une pile, et le vase inférieur avec
le pôle négatif, le courant monte dans la tige T, passe dans la
languette, arrive en de et d'e', et redescend par les branches verti-
cales. En pliant la pointe qui plonge en b' dans l’eau acidulée de
manière qu’elle n’y plonge plus, le courant ne passe plus que dans
un des fils verticaux. Voilà un moyen très-simple pour se procurer
un courant fini, vertical et mobile.
Quand on veut opérer avec, un courant horizontal on ne fait usage ,

que du vase supérieur PQ, et l’on substitue au système aba'b' le sys-


tème gefh. Alors on peut avoir des courants qui vont du centre T’ vers
les extrémités, et agir sur les courants avec les pôles d’un aimant.
un seul fil vertical , le fil ab, par exem-
Si l’on agit d’abord avec
ple ,
que l’on examine l’action du globe terrestre sur ce courant
et

vertical on olwerve que le plan cab tourne autour de l’axe de la tige


,

T, jusqu’à ce qu’il se trouve dans un plan perpendiculaire au méri-


dien magnétique; il s’y arrête à l’est si le courant électrique est
descendant dans le fil , et à l’ouest s’il est ascendant.

Si l’on fait passer à la fois le courant dans les deux fils verti-

caux ab, a'b', on a un système asiatique qui est en équilibre dans


toutes les positions , puisque les deux portions du courant tendent
toutes les deux à la fois à l’est et à l’ouest.

Pour comprendre l’effet produit, il faut se souvenir que l’action


du globe terrestre est représentée par un aimant dirigé suivant
l’aiguille d’inclinaison, et que par conséquent il réagit sur un fil
vertical comme le ferait un aimant ayant cette direction. On peut
du reste approcher des fils ab, a'b' parcourus par le courant , un
aimant que l’on tient à la main ,
et l’on trouve que, suivant la posi-
tion des pôles, il
y a action attractive ou répulsive, laquelle est la
même que celle qui aurait lieu si, le fil parcouru par l’électricité

étant fixe, l’aimant était libre de se mouvoir.

Digitized by Google
198 E L ECl'ltO-m N A U I g U K

Nous avons déjà vu, chapitre i


,
page 163, quelle était l’action
exercée de la un aimant; on peut déduire des
part d’un courant sur
lois i>osées lesprofitions générales suivantes :
1° Un aimant attire un lil conducteur lorsque la gauche regarde

le pôle austral de l’aimant et que le pied de la perpendiculaire com-

mune au conducteur et à l’axe de l’aimant tombe entre les deux


pôles de ce dernier. Il
y a répulsion lorsque, toutes choses restant
les mêmes, la gauche du courant regarde le pôle boréal. En effet,

si l’on présente à l’un des fds verticaux du conducteur (fig. 191)

un aimant horizontal parallèle au plan mobile, ce plan vient s'ap-


pliquer contre l’aimant, si lu gauche du courant regarde le pôle
austral; dans le cas contraire, il
y a répulsion.
2° Un conducteur mobile autour d’un axe et soumis à l’action
d’un aimant perpendiculaire à son plan, et dont les deux pôles
sont placés de chaque côté du plan , est amené au milieu de l’ai-

mant, et s’y arrête après quelques oscillations en équilibre stable,


lorsque la gauche du courant regarde le pôle austral ; dans le cas

contraire, le conducteur peut à la vérité rester en équilibre au milieu


de l’aimant ,
mais cet équilibre est instable, et, pour peu qu’il en
soit écarté, il continue à s’en éloigner indéfiniment.
Rotation des courants par l'açtion de la (erre et des aimants. On
peut, en
disposant convenablement les appareils, obtenir un mou-
vement de rotation continu, déterminé, soit par la terre, soit par
les aimants. Ampère s’est servi d’un appareil analogue à celui qui
vient d’être décrit figure 191, en faisant usage du fil horizontal
cf que l’on substitue au fil a a' dans l’appareil, et en n’employant
que la cuvette verticale PQ ; deux petits contre-poids g et h main-
tiennent ce fil en équilibre. L’action de la terre sur les courants, qui

vient do T vers e et /, donne lieu à la rotation du système suivant


le sens du courant.
On peut également, en faisant usage de l’appareil (fig. 190), obte-
nir ce résultat ;
on emploie alors seulement le vase extérieur et le
système suspendu de façon qu’il n’y ait pas de pièces d’ivoire, et que
le courant passe paries deux {ils horizontaux et verticaux : on fait

communiquer la pile, d’une part avec l’axe, et de l’autre avec le


liquide, au moyen de l’anneau de cuivre qui plonge dedans. Soit
que le courant monte ou descende par la tige T, le circuit se met
aussitôt à tourner dans un sens ou dans un autre, avec une rapidité
qui dépend de la force de la pile. Il est facile de se rendre compte
de cette action : les deux branches verticales étant indifférentes à

Digitized by Google
,

ET KLECT HO- M AGIS ET ISM E . 1 !)>J

l’action du magnétisme terrestre, les deux branches horizontales


doivent seules déterminer la rotation. On conçoit effectivement que
si le courant est ascendant, bb' se trouvant dans le méridien magné-
tique, b au midi, b' au nord, le pôle Iwréal de la terre b' tondra à se
porter en b' en avant du plan de la figure, et en b derrière le même
plan , avec une force égale : le pôle austral agira dans le même
sens; c’est la réunion de ces quatre actions qui détermine le mou-
vement de rotation.
Ampère a fait encore usage d’un autre appareil pour déter-
miner le mouvement de rotation des courants par l’action de la
terre; mais sa disposition étant analogue à la précédente, nous
n’en parlerons pas ici (*),

En résumé, on peut donc dire que l’influence terrestre est abso-


lument la même que celle que l’on obtient avec les aimants , si l’on
considère la terre elle-même comme un aimant dont les pôles, pour
chaque lieu, se trouvent sur la ligne d'inclinaison.
On peut, en se servant des appareils indiqués ci-dessus et de
quelques-uns que nous décrirons plus loin, obtenir des mouve-
ments de rotation des courants de la part des aimants. D'abord
quant aux courants horizontaux, il suffit d’approcher au-dessous ou
au-dessus des deux appareils donnant le mouventéfU do rotation
par l’action de la terre, un des pôles d’un fort aimant et de façon
qu’il soit dans l'axe de l’appareil, pour accélérer ou retarder l’ac-

tion terrestre suivant le pôle présenté. Si l’aimant agit même plus


énergiquement que l’aimant terrestre, on peut avoir un mouvement
de rotation inverse.
On obtient également un mouvement de rotation avec les cou-
rants verticaux ,
en disposant les barreaux fortement aimantés de
façon que l'axe soit parallèle et dans la même direction que le mon-
tant T de l’appareil représenté figure 191, et qu’un des pôles soit
placé très-près au-dessus ou au-dessous de l’instrument. Alors, soit
avec un seul courant, soit avec deux, on obtient un mouvement
de rotation continu,
La disposition suivante, due à M. Faraday, permet également
d’obtenir le phénomène sans avoir recours à une pile additionnelle,
le courant électrique étant engendré dans l’appareil lui-même.
L’appareil se compose d’un vase ZZ'en zinc rempli d’eau acidulée.

(*) Voir Becquerel , Trailé d’électricité, m7 volumes, t. lit i


1> «•

Digitized by Google
200 ELECTRO-DYNAMIQUE
Fig. loi. nu centre duquel est sondé un cylindre de cui-
'
l
vre P, surmonte d’une tige verticale Se, en cuivre,
terminée par une petite coupe e, sur laquelle on
pose en équilibre, comme à l’ordinaire, le circuit
rectangulaire. Si l’on place le pôle d’un aimant
au-dessous de l’ouverture, on a alors les phéno-
mènes de rotation décrits précédemment ;
l'effet

^ est ici produit par l’action de l’aimant sur des


courants verticaux provenant d’un seul couple
voltaïque formé par le vase en zinc et l’extrémité
de l’anneau aa' du conducteur en cuivre.
On a fait encore usage de plusieurs autres dispositions , mais
parmi lesquelles nous ne mentionnerons que les deux suivantes :

On peut dans un môme appareil très-simple, marchant par l’ac-


tion d’un courant de faible intensité, montrer
en même temps les effets opposés produits
par les deux pôles d’un aimant. A est un aimant
cylindrique en fer à cheval supporté par un
trépied B pour le mettre en équilibre; C et C’,

des coupes pleines de mercure, pouvant s’éle-

ver et s’abaisser le long des aimants ;


DD' des
conducteurs mobiles, formés de fils de cuivre
et portés à pivot sur l’extrémité des branches
de l’aimant. La partie inférieure de ces conduc-
teurs plonge dans le mercure des coupes C et C', qui est isolé du fer
de l’aimant. Ainsi , en établissant la communication entre les deux
coupes et les pôles d’une pile , l’électricité passe du mercure aux
conducteurs mobiles et à l’aimant, et les courants sont inverses
dans les fils verticaux des deux branches; mais, comine les pôles
actifs sont inverses, on voit les circuits mobiles se mettre à tourner
dans le même sens.
La roue en cuivre C, très-mobile, pouvant se mouvoir dans un
Fig. 164. plan vertical (fig. 194), ainsi que
l’a disposé M. Barlow, montre éga-

lement la rotation d’un courant


due à l’action d’un aimant.
vertical
Les dents de cette roue viennent
plonger dans le mercure contenu
- dans une cavité pratiquée sur le
support AB de l’appareil. Un aimant

Digitized by Google.
, ,,

ET ÉLECTRO-MAGNÉTISME. 201

n fer à cheval est placé à plat sur le support ,


et de façon que chaque
pôle soit symétriquement situé de chaque côté de la roue. Si l’on
fait passer un courant électrique entre la roue C et le mercure placé
dans la coupe , les courants verticaux qui sont représentés par les
lignes partant du centre C et aboutissant au mercure contenu dans
la cavité, sont soumis à une action permanente de la part des
[Hiles la roue se met en mouvement; aussitôt qu’une
de l'aimant ,
dent du mercure, une autre y rentre , le courant change
est sortie

de direction dans le disque, et une action dans le môme sens est pro-
duite. L’effet se renouvelant à chaque immersion des dents de la
roue, le mouvement de rotation est continu.
Action de la terre et des aimants sur les circuits fermés. Lors-
que l’on agit sur des courants fermés, il se produit des effets faciles
à analyser, d’après ce qui a été précédemment, mais que nous
dit

allons indiquer dans les cas les plus simples, propres cependant à
nous conduire à la théorie électro-magnétique d’Ampère, dont nous
parlerons à la fin de ce livre.
Supposons que l’on suspende en y, y' à deux conducteurs isolés
Fi *- l#5 -
communiquant à une
pile, et analogues à ceux
qui seront représentés
ci-après (fig. 1 00) ,
des
fils conducteurs courliés
en cercle , en rectangle
ou bien doublement re-
ployés, comme l’indique
la troisième disposition de la figure 193, de façon à ce que le cou-
rant, comme l’indique la direction des flèches, passe dans différents
sens. Si l’on emploie les courants circulaires ou rectangles soumis
iil’action terrestre seule, on trouve qu’ils se dirigent de façon à ce
que leur plan soit perpendiculaire au méridien magnétique; le côté
où le courant descend se porte à l’est, l’autre à l’ouest. Si l’on fait
usage du troisième circuit, où les deux courants extrêmes sont
dirigés dans le môme sens, l’action se détruit de chaque côté, et
l’équilibre est établi dans toutes les positions ;
on a alors un système
asiatique.
Si l’on approche un aimant des différents côtés de ces circuits, on
reconnaît des actions attractives et répulsives analogues à celles
produites précédemment ; mais si le pôle actif est un peu éloigné
alors les circuits, à l’exception du troisième, se dirigent de façon à

Digitized by Google
202 ÉLKCTao-UYNAMIQU K

ce que lotir plan soit perpendiculaire à la direction de l’axe de l’ai-

mant.
Les faits précédents nous mettent à même
de comprendre quelle
est l’action des aimants sur des conducteurs disposés en hélices
ou cylindres électro-dynamiques, semblables à ceux dont on a
entouré le fer doux pour les aimanter, et qui sont librement sus-
pendus dans l’appareil représenté figure 196.
Si l’on suspend une hélico AU parcourue par un courant élec-

Fig. iss. trique, et qu’on l’aban-


donne à l’action de la terre,
elle se place dans le méri-
dien magnétique, comme le
feraitun barreau aimanté :
en effet, chaque spire agis-
sant comme un courant
circulaire, se place per-
pendiculairement au méri-
dien magnétique , et cha-
que courant étant dirigé de
la même manière, l'hélice elle-même que prendrait
suit la direction

une aiguille aimantée.


Cette hélice porte aussi le nom de solénoïde, que lui adonné
Am|>ère. Si on en approche un barreau aimanté à une certaine dis-
tance, et hors du plan compris entre les deux spires extrêmes, on
trouve que les deux parties opposées manifestent des actions con-
traires, c’est-à dire des attractions ou des répulsions, selon le sens
du courant et la nature du pèle le plus voisin. Ces effets sont abso-
lument analogues à ceux que l’on observe quand on présente un
aimant à un autre aimant.
Pour montrer du reste que les effets produits par les hélices

électro-dynamiques, ou par les solénoïdes, sont analogues à ceux


que manifestent on peut, comme l’indique la figure 196,
les aimants,
approcher de l’hélice suspendue les deux extrémités d’un autre solé-
noïde que l’on tient à la main et qui est également parcouru par un
courant électrique. On reconnaît alors qu’entre ces deux hélices, il

se produit aux extrémités les mêmes effets d’attraction et do répul-


sion qu’entre les pèles de deux barreaux aimantés, dont l’un serait
suspendu et l’autre tenu à la main. Nous reviendrons du reste, à la
fin de ce livre, sur les effets produits entre des portions de courants,

en parlant de la théorie des phénomènes magnétiques donnée par


Ampère.

Digitized by Google
ET ÉLECTBO-.M AIWVÉTISJI E. 303

M. Uelarive père a imaginé une disposition d’appareils très-simples,


servant à étudier également l’action du globe terrestre et des ai-
mants sur les courants fermés.
On place sur des lièges flottant sur l’eau un conducteur ployé
en cercle cd ou en hélice ab;
les extrémités des fils com-

muniquent, l’une à une pla-


que de cuivre G ou C', l’autre
à une lame de zinc Z ou Z', si-
tuées à la partie inférieure du
liège et faisant lest. Le liège
flotte sur l’eau acidulée, et le couple voltaïque formé par la réunion
des lames de cuivre et de zinc est suffisant pour donner un courant
électrique circulant dans le cercle ou dans l’hélice. Le cercle se
comporte comme une des spires de l’hélice, et se place sous l’action
terrestre de façon que son plan soit perpendiculaire au méridien
magnétique ;
l’hélice se comporte comme une aiguille aimantée, et

se dirige comme elle dans la direction du méridien magnétique.


Kn approchant des barreaux aimantés du courant circulaire ou de
l’hélice, on observe les effets d’attractions et de répulsions indiqués
plus haut.
Rotation du mercure parcouru par des courants électriques sous
l' ad lourdes courants. Lorsque l’on emploie le mercure comme con-
ducteur, on observe des effets qui sont rendus sensibles par la mo-
bilité du métal.
Davy ayant un bain de mercure, perpendiculairement
placé dans
à sa surface, deux fils do métal en communication chacun avec
un couple ordinaire dont les plaques avaient de 1“ à t"*^ carré,
il approcha le pôle d’un fort aimant au-dessus ou au dessous de l’un

de ces fils le mercure se mit aussitôt à tourner autour d eux comme


:

uxes. La vitesse de rotation augmenta quand il fit agir simultané-


ment les pôles opposés de deux aimants, l’un au-dessus, l’autre au-
dessous de la surface.
11 est parvenu ainsi à mettre eu mouvement des masses de mer-

cure de 5 à 6 centimètres cubes. Le mouvement de rotation cessa dès


l’instant que le pôle de l’aimant fut placé au-dessus do la surface du
mercure, entre les deux fils; dans ce cas il s’établit dans le liquide, ,

deux courants opposés, l’un à droite, l’autre à gauche de l’aimant.


Si l’on fuit passer les deux fils conducteurs a travers deux trous
pratiqués à 8 centimètres de distance dans le fond d’un vase, et

Digitized by Google
,

204 BLECTBO-UYNAMIQUB

qu’on les entoure de eire à cacheter, de manière à ne laisser passer

que les deux extrémités qui sont polies, quoiqu’on ne mette que
le mercure nécessaire pour qu’il s’élève de 2 à 3 millimètres au-

dessus des fils , à l’instant où la communication électrique est éta-


blie, le mercure est agité; sa surface au-dessus du conducteur
s’élève en forme de cène, d’où s’échappent des ondes métalliques
dans toutes les directions; le point intermédiaire entre les deux fils
est le seul qui soit en repos. En présentant le pôle d’un fort aimant
à une distance de plus de 5 centimètres au-dessus de l’un de ces
cônes, son sommet s’abaisse, sa base s’étend, et les ondes devien-
nent moindres «à mesure que l’on approche l'aimant ; enfin la surface
mouvement de rotation finit par s’établir lente-
devient plane, et un
ment autour du conducteur. En continuant à approcher l’aimant
le mouvement s’accélère, et quand il se trouve à 13 millimètres en-

viron de la surface du mercure, il se fait une grande dépression au-

dessus du fil
,
puis il s’établit un tourbillon conique , qui s’étend
presque jusqu’aux extrémités.
En remplaçant le mercure par un bain d’étain en fusion, les
phénomènes sont les mêmes.
Ces effets, qui se compliquent souvent en raison de plusieurs cir-
constances dont il ne peut être question ici, résultent de l’action

des courants qui parcourent le mercure, soit sur les fils qui ser-

vent à établir communication électrique, soit sur les aimants que


la

l’on présente à peu de distance. Leur explication repose enfin sur


le principe qui a été établi dans le paragraphe précédent, savoir,

qu’une masse de courants qui rayonnent d'un même point tourne


autour de ce point par l’action d’un aimant.
Influence îles aimants sur l’arc voltaïque et sur les rayons élec-
triques. Davy a observé qu’un fort aimant agit sur l’arc voltaïque,

comme sur un conducteur mobile traversé par un courant élec-


trique : il le repousse ou l’attire. Cette répulsion et cette attraction
se manifestent par un changement dans la forme de l’arc ;
l’action
de l’aimant peut même rompre l’arc, en faisant cesser, par une
trop forte attraction ou répulsion exercée sur lui ,
la communica-
tion établie entre les électrodes par les particules transportées sous
l'influence du courant.
Cette action n’est pas la seule qu’exerce le magnétisme sur l’arc
voltaïque : M. Delarive a fait connaître ce fait curieux que, si l’on
place deux pointes de fer doux servant d'électrodes, chacune dans
l’intérieur d’une hélice formée d’un gros fil de cuivre faisant plu-

Digitized by Google
ET ÊLECTHO-MAONBTISME. 205
sieurs circonvolutions, l’arc voltaïrjue qui s’échappe entre les
deux
pointes cesse immédiatement au moment où l’on fait passer un
fort courant à travers le (il des hélices, et recommence si on fait

cesser le passage de ce courant avant que les pointes de fer se


soient refroidies. L’arc ne peut s’établir entre les deux pointes de
fer, quand elles sont aimantées par l’action des hélices ou par celle

d’un fort aimant, qu'autant qu’elles sont beaucoup plus rappro-


chées, et l’apparence du phénomène est toute différente les par- :

ticules transportées semblent se détacher avec peine de l’électrode


positif, des étincelles jaillissent avec bruit dans toutes les directions,
tandis qu’auparavant la lumière était très-vive sans étincelle et sans
bruit ,
accompagnée du transport d’une masse liquide qui semblait
s’opérer avec la plus grande facilité.

L’électrode positif de fer, quand il est fortement aimanté, produit,


au moment où l’arc voltaïque est établi entre lui et un électrode
négatif de nature quelconque, un bruit très-intense analogue au
sifflement aigu qu’on fait rendre à la vapeur à la sortie des chaudiè-
res; ce bruit cesse immédiatement avec l'aimantation. Pour observer
ce phénomène, on dispose un électro-aimant puissant, de façon à
pouvoir placer sur chacun de ses pèles ou entre ses pôles des pla-
ques de différents métaux destinées à être l’un des électrodes de
la pile, pendant qu’une pointe du même métal ou d’une autre sub-

stance fait l’office de l’autre électrode. En déterminant un arc


voltaïque entre une plaque de platine positive et une pointe néga-
tive, on observe un sifflement aussitôt que l’électro-aimant est ai-
manté. En rendant la plaque négative et la pointe positive, l’effet

est tout différent l’arc lumineux ne conserve point sa direction


:

verticale dèsque l’électro-aimant est aimanté, il prend une direc-


tion oblique, comme s’il était projeté en dehors ou vers les bords
de la plaque; il est à chaque instant rompu , et sa rupture est cha-
que fois accompagnée d’un bruit sec et instantané, semblable à la
décharge d’une bouteille de Leyde. Le sens dans lequel l’arc lumi-
neux est poussé dépend de la direction du courant par lequel il est
produit, comme aussi de la position de la plaque sur l’un ou l’autre
des deux pôles ou entre les pôles de l’électro-aimant.
Une plaque une pointe d'argent, une plaque et une pointe de
et
cuivre, et en général une plaque et une pointe d’un métal quel-
conque, pourvu que ce ne soit pas un métal trop fusible, présentent
les mêmes phénomènes. Quand, au lieu d’une plaque et d’une

pointe, on se sert pour électrodes de deux pointes, on réussit éga-

Digitized by Google
206 BLKCTBO-DVnAMlQUB

lement à déterminer soit le sifflement aigu ,


soit la succession de
détonations ,
si l'élcetro-aimant est très-puissant et le courant qui
produit l’arc très-intense.
D’après M. Delarivc, le sifflement serait donc le résultat du trans-

port facile et continu de la matière plus on moins liquéfiée de


l’électrode positif, tandis que les détonations seraient l'effet de
la résistance qu’oppose à la désagrégation de Ses particules cette
mémo matière quand elle n’est pas suffisamment échauffée; et
si l’on ne produit pas ces sons dans le phénomène ordinaire de
l’arc voltaïque, ce ne peut être que par l'effet d’un changement
qu’exerce l'aimant dans la constitution moléculaire de la matière
de l'électrode, ou encore de la matière très-dense qui forme l’arc
voltaïque.
L’influence du magnétisme sur les rayons émanés d'une machine
électrique exige des circonstances particulières pour être produite,
mais elle est très-curieuse h indiquer, parce qu’elle vient confirmer
l’hypothèse qui fait rentrer l’aurore boréale parmi les phénomènes
électriques. Pour l’obtenir, M. Delarive a disposé au milieu d’un bal-
lon dans lequel on pouvait faire le vide, l’une des branches d'un puis-
sant électro-aimant, ou bien un fort cylindre de fer en rapport avec
onde ses pôles; cet électro-aimant était convenablement isolé ,
et

l'extrémité du fer engagé dans le ballon était bien arrondie et polie.


Un anneau en cuivre entourait la branche de fer pénétrant dans le
ballon, et était engagé dans celui-ci, de façon à ce que des rayons
électriques émanant d’une machine électrique pussent passer entre
l’extrémité de la branche de l’électro-aimant et cet anneau à

travers l’air raréfié. Alors, si l’appareil est convenablement dis-


posé, en excitant des rayons électriques it l’aide d’une machine
électrique ordinaire, on observe une couronne lumineuse allant de
l’extrémité polaire de l'électro-aimant à l’anneau, laquelle couronne
se met à tourner dans un sens ou dans l’autre, quand on aimante
l’électro-aimant dans un sens ou en sens contraire. Ainsi les rayons
lumineux formés par les décharges électriques produites dans l’air

raréfié obéissent à l'action des aimants, comme les courants élec-


triques.

Digitized by Google
ET BLECTHO-M AGNRTISME. 207

CHAPITRE IV.

Induction.

Induction d'un courant par un courant. Nous avons vit que


l’action de l'électricité peut développer la puissance magnétique,
et que les courants électriques convenablement disposés produisent
les mêmes effets que les aimants; nous allons démontrer dans
ce
chapitre que inverse a lieu également , et qu'avec des aimants on
1

peut développer la puissance électrique dans les métaux ces effets


;
' iendront donc à 1 appui de cette opinion que les actions magné-
,

tiques et électriques sont dues aux différents effets d’un


même
agent physique. Cette branche importante de la science que nous
allons exposer a été créée par M. Faraday.
Voici le phénomène de l’induction d’un courant par un courant
dans sa plus grande simplicité :

Si l’on place parallèlement et

près l’un de l’autre, sur un


support isolant, deux fils con-
ducteurs AB, CD, le premier
communiquant avec les pôles
d'une pile, le second avec les extrémités d’un multiplicateur M,
atln de juger, d’après les déviations de l’aiguille, du mouvement
électrique qui a lieu dans le fil, on observe les effets suivants :

À l’instant oii l’on établit le courant électrique dans le fil AB,


l’aiguille du multiplicateur communiquant avec CD éprouve une
déviation en vertu d’un courant dirigé dans le même sens. Après
quelques oscillations, elle revient dans sa position d’équilibre ; alors,
tant que le courant constant circule dans AB, l’aiguille reste au
zéro. Aussitôt que la communication entre AB et la pile est inter-

Digitized by Google
208 ÉLECTRO-DYNAMIQUE

rompue, l’aiguille du galvanomètre est déviée de nouveau , mais en


sens contraire.
M. Faraday a appelé induction électro-dynamique le pouvoir que
possèdent les courants électriques d’exciter ainsi dans le corps con-
ducteur qui est près d’eux l’état particulier que l’on vient de dé-
crire. Le courant AB s’appelle courant inducteur, et celui que l’on

observe dans le fil CD ,


courant induit. En examinant le sens du
courant induit, on trouve que ce sens est le même que celui du
courant inducteur quand on rompt le circuit de la pile avec AB;
il est de sens contraire, quand le courant commence à passer dans

AB.
On peut donc résumer ainsi l’effet observé : un courant induc-
teur peut développer un courant électrique induit dans un fil voi-
sin ,
quand il commence ou quand il finit ;
quand il commence , le

courant induit est de sens contraire ou négatif, et quand il finit, il

est de même sens que le courant inducteur ou positif. Il


y a un
moyen de se représenter l’effet produit ;
il consiste à considérer

l’état naturel du fil induit CD comme provenant de la neutralisation

continuelle de deux courants électriques contraires: or, quand un


courant AB vient à agir sur ces courants, il attire le courant induit
parallèle de même sens; son action est donc dissimulée, et le cou-
rant induit inverse peut manifester son action ;
au moment où l’élec-

tricité cesse de passer dans le fil AB ,


le courant de même sens se
manifeste alors, et l’équilibre se rétablit. Cet effet d’induction,
n’ayant qu’une durée instantanée, a donc plus d’analogie avec le
courant produit par la décharge d'une bouteille de Leyde qu’avec
celuique l’on obtient avec la pile voltaïque.
On a supposé les deux fils dans des positions fixes; mais si, le
courant circulant continuellement dans AB, ce fil s’approche de CD,
pendant tout le temps que le mouvement d’approche a lieu , l’ai-

guille du multiplicateur est déviée dans un sens tel que le courant


d’induction est inverse; quand le fil AB est fixe, l’aiguille revient au
zéro, et ensuite, dès qu’il s’éloigne de CD, le multiplicateur indi-
que un courant induit de même sens que celui qui circule dans
AB. Dans ce cas, le courant qui s’approche du conducteur agissant
de plus en plus près exerce la même action qu’un courant qui com-
mence dans AB supposé fixe; quand il s’éloigne, il produit un effet
inverse.
Dans l’expérience précédente, les deux fils sont rectilignes et pa-

rallèles ;
mais, en opérant ainsi ,
les courants induits seraient trop

Digitized by Google
BT ÉLECTBO-NAGNÉTISM B. 209

faibles pour qu’on pût les étudier convenablement; on emploie


alors la disposition suivante on enroule en hélice, sur un cylindre
:

en bois, deux fils de cuivre entourés de soie afin de les isoler. Les ,

deux bouts du premier sont en relation avec une pile, et ceux du


second avec le multiplicateur il est évident qu’à l'aide de cette
:

disposition on a deux fils parallèles et isolés d’une grande longueur ;

si on fait alors passer le courant inducteur dans l’un, on peut


observer les effets du courant induit dans l’autre, et l’on trouve
les mêmes effets que ceux que nous venons d’indiquer.
Si l'on substitue au multiplicateur destiné à accuser le courant
induit, une petite hélice creuse, dans l'intérieur de laquelle on in-
troduit une aiguille en acier, celle-ci se trouve aimantée à l’instant
où l’on établit le contact, pourvu toutefois qu’on la retire avant
d’interrompre l'action de la pile; car le courant en sens contraire
qui se produit détruirait alors l’aimantation.
On peut démontrer expérimentalement les principaux phéno-
mènes de l’induction électro -dynamique, au moyen de deux spirales
planes fixées verticalement et parallèlement entre elles sur des
planches en hois, ainsi que l’a fait M. Matteucci. L’une des spirales,
a par exemple est mise en relation avec une pile de Bunzen de 8 à
V) éléments, et l’autre b avec un galvanomètre à fil court ou une
troisième spirale, etc. La figure 4 98 bis indique plusieurs spirales

Fig. 198 bis.

a. 6 c d. t f

disposées de façon à pouvoir étudier avec le même appareil leseffets


d’induction de différents ordres dont on parlera plus loin. Quand
on approche l’une des spirales de l’autre, un courant négatif se dé-
veloppe; en les éloignant il se produit un courant positif. L’aiguille

du galvanomètre est à peine déviée si les deux spirales s’approchent


t. m. 14

Digitized by Google
,,

BT 8LECTR0- MAGNÉTISME. 311

Soit MN
un cylindre creux eu bois ou en carton , autour duquel
est enroulé un long fil de cuivre recouvert de soie de façon à for-
mer une hélice. Les deux bouts C et D de cette hélice sont mis en
relation avec un multiplicateur. Si l’on approche d’une des extré-
mités de l’hélice le pôle A d’un aimant ordinaire
,
au moment où
l’aimant s’approche, l’aiguille du multiplicateur se dévie; quand
l’aimant est fixe, il n’y a aucun effet, et, quand on retire l’aimant
il se manifeste dans le fil CD un courant d’induction en sens
inverse du premier.
Les effets sont encore plus marqués si , dans l’intérieur d’une bo-

bine creuse MN , on introduit un cylindre en fer doux , c’est-à-dire


si l’on Au moment où l’on
emploie un électro-aimant rectiligne.
approche le pôle d’un barreau aimanté d’un des bouts du fer doux
on observe un courant induit qui cesse bientôt; en retirant l’ai-
mant, un courant en sens inverse se produit (un électro-aimant
courbe donnerait également les mômes effets). Si l’on examine le
sens de ces courants induits, l’on trouve que lorsqu’on approche
l’aimant, ils sont en sens inverse de ceux qui, traversant l’hélice,
aimanteraient le fer doux dans le môme sens quand on l’éloigne,
; ils

sont dirigés en sens contraire.


Il est nécessaire, dans le déplacement relatif d’un fil conducteur
et de l’aimant , que le fil ne se déplace pas dans la direction de la

longueur suivant le plan de l’axe magnétique de l’aimant. Ainsi,


dans ces expériences ,
comme en se servant simplement des cou-
l’effet d’induction est inverse quand l’aimantation
rants électriques,
se produit et de môme sens quand elle cesse. Ces résultats sont
,

extrêmement remarquables , et viennent à l’appui de l’hypothèse


d’Ampère, qui attribue les actions magnétiques à des courants élec-
triques ; effectivement, à l’aide des actions magnétiques on peut pro-
voquer des courants électriques dans les fils conducteurs, de môme
qu’à l'aide des courants électriques on peut aimanter le fer et
l’acier.

M. Faraday, dans scs premières recherches, a également em-


ployé la disposition suivante : sur un cylindre creux en bois, sem-
blable à celui de la figure 199, on enroule deux hélices isolées;
l’une est destinée à être traversée par un courant électrique, l’autre

à être mise en communication avec les deux extrémités d’un mul-


tiplicateur. Quand on fait passer un courant dans le premier fil

on n’observe dans le second que des effets d’induction faibles qui


ont été indiqués plus haut. Mais, si au milieu du cylindre creux
14 .

Digitized by Google
212 ÉLECTRO-DYNAMIQUE

on place un cylindre en fer, alors, au moment où le courant com-


mence ou lorsqu’il finit dans le premier fil , on a des effets d’induc-

tion énergiques dans le second fil et dans le sens indiqué plus haut.
Dans ce cas encore ,
l’aimantation et la désaimantation du cylindre
en fer sont les causes des courants induits.
On peut énoncer ainsi, d’après M. Lenz, l’effet général d’induc-
tion dans les différentes circonstances qui peuvent se présenter :

Lorsqu’un courant est induit par le mouvement relatif d’un conduc-


teur et d'un courant ou d’un aimant, l’action inductrice tend à dé-
velopper dans chaque élément du conducteur un courant dirigé de
telle façon que sa réaction électro-dynamique sur le courant ou sur
l’aimant tend à produire un mouvement contraire au mouvement
réel.
Induction d'un courant dans te fil par lequel passe le courant in-
ducteur ; extra-courant. Il a été question précédemment de l’induc-
tion produite par les courants et les aimants dans des conducteurs
voisins ,
mais l’expérience a montré que le phénomène d’induction
pouvait avoir lieu dans le conducteur même traversé par un courant
inducteur. On nomme cette forme d’induction , induction d’un cou-
rant sur lui-même, et le courant induit a été nommé extra-courant.
Si l’on réunit les deux pôles d’une pile à l’aide d’un long fil de
cuivre roulé en hélice, et même, pour augmenter les effets, en pla-
çant au milieu de l’hélice un cylindre en fer doux ,
on observe , au
moment de la rupture du circuit, au point où il est rompu, une

étincelle brillante ;
si l’on tient en même temps avec chaque main
une des extrémités des fils que l’on sépare, on reçoit une com-
motion. L’étincelle est plus brillante si le circuit est rompu en re-
tirant un fil métallique d’un bain de mercure.
On n’obtient aucun effet de ce genre quand on supprime du cir-

cuit le long fil de cuivre ou l’hélice; l’effet produit tient donc à la


présence d’un courant induit au moment de la rupture- du circuit.
Il de montrer, au moyen de
est facile la disposition suivante, l’exis-

tence de ce courant (Faraday) :


Fig. 200.

A est la pile qui fournit l’électricité ;


BU’, l’hélice ou le long lil

Digitized by Google
,

ET ÉLECTRO-MAGNÉTISME. _
213

qui est introduit dans ;


m, le point où l’on rompt la commu-
le circuit

nication avec la pile ;deux appendices destinés à accuser la


a et b,

présence de l’extra-courant; ils peuvent être mis en rapport avec un


multiplicateur, ou servir à soutenir les deux extrémités d'un petit fil
de platine, ou bien encore à communiquer avec des conducteurs
tenus à la main. Si on rompt la communication du fil avec la pile en
in, l’extra-courant développé dans le fil BB’ passe en partie dans le

corps qui sépare deux appendices ab. On trouve alors qu’un fil
les

de platine fondu, l’eau décomposée, et l’aiguille aiman-


est rougi et
tée d’un galvanomètre déviée ; une étincelle peut même se produire
et l’on peut recevoir une commotion. L’effet, n’ayant lieu qu’au
moment de la rupture, n’est pas dû au courant inducteur, mais bien
au courant induit.
L’énergie de ce courant est beaucoup augmentée, avons-nous dit,
quand le fil BB' est enroulé en hélice autour d’un morceau de fer
doux ; du reste sa direction indique que le phénomène rentre dans
les courants induits d’après les règles précédentes, car il se produit
au moment où le circuit est interrompu ,
et il doit être dirigé par
conséquent dans le même sens que le courant inducteur. Quant
au premier courant induit, ou extra-courant de sens contraire à
celui de la pile, il ne peut être perçu, puisqu’il circule dans le
circuit, et qu’il ne peut se développer qu’au moment oii le courant
inducteur est établi; il doit seulement diminuer un peu, dans les

premiers instants, l’intensité du courant inducteur.


M. Delarive a fait usage de l’extra-courant pour augmenter la ten-

sion électrique d’un couple; il a construit à cet effet l’appareil qu’il


a nommé condensateur électro-chimique ,
et qui est représenté ci-

coutre :

Fis- 'iOI.

Le courant d’un couple à force constante c, qui doit traverser


une solution placée dans un voltamètre, produit un courant d’in-

Digitized by Google
214 ELECTRO-DYNAMIQUE

(ludion qu’on dirige à travers le couple actif lui-même, dans un sens


tel que son effet soit de nature à oxyder le zinc et à désoxyder
le sulfate de cuivre ou l’acide nitrique. Voici les diverses parties

de l'appareil : FF
un cylindre de fer doux placé dans l’inté-
est
rieur d’un cylindre en bois, autour duquel est enroulé un gros fil de
métal entouré de soie; ce fil, étant traversé par le courant, aimante
le morceau de fer. Aussitôt après, une petite tige de cuivre mo-

bile II', munie d’un appendice de fer a attiré par l’aimant, se soulève

de manière à interrompre le circuit; il se produit alors dans le fil un


courant d’induction qui traverse le couple, et qui , réuni avec celui
du couple qu’il a ainsi renforcé, traverse le voltamètre qui n’a pas
cessé de faire partie du circuit, et décompose l’eau. Dès l’instant que
le fer doux n’est plus aimanté, la tige de cuivre retombe, le circuit
métallique est de nouveau fermé, les fers s’aimantent, et le même
effet se reproduit. Au moyen de celte annexe, un couple de Grave,
qui ne décompose l’eau que très-légèrement, ou un couple Danieil
qui ne la décompose pas, devient capable d’opérer la décomposi-
tion avec énergie, en donnant 10 ou 15 centimètres cubes de gaï
par minute.
Pour que cet appareil fonctionne bien , il est nécessaire que le fil
de métal recouvert de soie qui entoure le cylindre de fer doux soit
d’un gros diamètre et d’une longueur médiocre. Dans celui de
M. Delarive, il
y a trois fils de cuivre de t millimètre de diamètre,
faisant chacun 100 tours, lesquels sont réunis par leurs extrémités
correspondantes, de manière à représenter un seul fil de 3 millimè-
tres de diamètre.
Effets produits par les aimants sur les corps conducteurs placés
à distance. Lorsque des masses métalliques de cuivre, d’argent,
d’or, sont placées il peu de distance des pôles d’un fort électro-
aimant à faces horizontales (voir page 50), et que ces masses sont
suspendues à l’extrémité du fléau d’une balance afin d’étudier les
effets d’attraction et de répulsion exercés sur eux , on peut obtenir
des effets d’induction dans les circonstances dont il va être ques-
tion. Ces effets donnent lieu à des attractions ou à des répulsions
comme les courants électriques ordinaires, ce qui montre que les

courants induits sont soumis aux mêmes lois d’attraction et de ré-


pulsion que les courants ordinaires.
Quand le courant commence à passer dans l’électro-aimant , et
que l’aimant agit , il se manifeste une répulsion assez énergique

Digilized by Google
,

ET KLECTRO MAGSF.TISMK. 315


sur les sphères uu fragmenta métalliques suspendus près des
aimants. Cette répulsion cesse bientôt j>our ne laisser subsister
que celle résultant de l’action spéciale que l’aimant exerce sur
les molécules du métal supposé fixe; elle est due it des courants
induits qui se manifestent dans la masse métallique, et qui ont une
direction contraire à ceux qui circulent autour du fer doux. Lorsque
faction magnétique cesse, par un effet du même genre mais in-
verse, il se manifeste une attraction assez forte sur la masse métal-
lique suspendue, qui cesse bientôt après; elle est également due
à des courants induits dirigés dans le même sens que le courant
électrique du circuit voltaïque. Ces effets, dépendant de la conduc-
tibilité du métal , s’observent facilement avec les métaux bons con-
ducteurs, argent, cuivre, or; mais ils sont très-faibles avec lé»
autres.
Les expériences suivantes sont également très-propres à mettre
en évidence ces phénomènes : on forme un petit cube de plusieurs
lames très-minces en cuivre, isolées entre elles au moyen d'une
couche de vernis. On suspend ce cube à un fil do cocon entre les

pôles d'un fort électro-aimant, en plaçant les lames horizontales ;

en fermant le circuit, le cube ne paraît éprouver aucune action de


la part de l’aimant : dans ce cas, les courants induits se produisent
dans un plan normal à la ligDe polaire, et ils sont très-faibles. Il
n’en est plus de même si les lames sont verticales Dans ce eas , il :

n’y a qu’une seule condition où le cube n’éprouve aucune action

c’est lorsque les lames sont dirigées parallèlement à la ligne polaire;


hors de cette position, le cube est repoussé des pôles aussitôt
la fermeture du circuit, et s’arrête brusquement en faisant avec

ses faces et la ligne polaire un angle de 43 degrés. Si l’on ouvre le


circuit, le cube se retourne violemment pour ramener les lames
en face des pôles.
Dans ces circonstances, les courants induits dans la masse des
métaux sont attirés ou repoussés, et communiquent ces actions à la
masse métallique , ainsi qu’on l’a vu ; mais, les métaux ne variant
pas de position , c’est lorsque l’action magnétique commence ou
finit que l’on observe le phénomène. On peut observer des effets

analogues en laissant l’action magnétique permanente, et en ren-


dant mobiles les niasses métalliques soumises à l’induction ,
afin

que certaines ou s’approchant des centres ma-


parties, s’éloignant
gnétiques, puissent rendre sensibles les effets d’induction. Nous ci-
terons à ce sujet l’expérience suivante de M. Faraday, qui manifeste

Digitized by Google
216 ELECTBO-IIYNAHIQUE

Fis 202. avec netteté le phénomène dont il est


question. On suspendà un fil de soie un
petit cul>e a, ou une sphère en cuivre
A „ rouge ou en argent ; on le place ainsi sus-
0 pendu entre les pôles A et U d’un fort élec-
tro-aimant, puis on fait tourner ce cube
en tordant le fil de soie avec la main. Si l’électro-aimant n’est pas ai-
manté, le cube tourne rapidement dans un sens ou dans l’autre par
l’action de la torsion du fil ; mais aussitôt que l’électro-aimant est
aimanté, la masse métallique cesse de tourner et présente l’aspect
d’une masse qui se meut dans un milieu résistant. Si on interrompt
de nouveau le courantcube recommence à tourner. Cet effet
,
le

est dft à des courants par induction produits dans les parties de
la masse métallique qui, s’éloignant et se rapprochant des pôles,

donnent lieu à des actions du genre de celles que nous avons


décrites, page 2 H.
On peut le prouver en prenant un anneau brisé en cuivre rouge
P, dont les extrémités m, n, ne se rejoignent pas, mais que l’on peut
réunir à l’aide d’un fil métallique additionnel. Cet anneau est sus-

pendu par un des points de sa circonférence à un fil de soie , de


façon que, dans une position fixe, le plan de ses faces soit vertical;
on l’amène alors à la place du cube de cuivre entre les deux pôles
d’un fort électro- aimant dont l’axe polaire est horizontal, et on le
met en mouvement en tordant le fil de soie. Si les deux parties
extrêmes m et n de l’anneau sont séparées, le mouvement de rota-
tion s’effectue librement , tandis que si on les joint par un fil mé-
tallique, aussitôt les courants par induction peuvent circuler, et

l’anneau s’arrête. Une hélice plate en fil de cuivre, dont les circon-

volutions sont isolées, produirait le même effet , ainsi que le cube


formé de lames de cuivre verticales, cité plus haut..(E. becquerel.)
Les courants par induction qui se manifestent dans cette circon-
stance, peuvent donner lieu à une élévation de température, puis-
que la circulation de l’électricité dans les corps entraîne toujours un
dégagement de chaleur. Plusieurs physiciens Ont observé ce phéno-
mène, et entre autres M. Joule, qui en a fait usage pour déterminer
l’équivalentmécanique de la chaleur ; il a placé le conducteur for-
mant un fermé autour d’une pièce de fer dans un tube plein
circuit

d’eau, et a mis le tout en mouvement entre les branches d’un

électro-aimant; un thermomètre placé dans l’intérieur du tube a in-


diqué une élévation de température due à la circulation des courants

Digitized by Coogl
ET ÉLF-CTHO-MAGfiÉTISME. .217

d’induction développés dans le conducteur mobile lors de son mou-


vement entre les pôles de l’aimant.
M. Foucault a dernièrement mis ce même fait en évidence en
employant une disposition analogue à celle dont M. Faraday a fait
usage, pour démontrer la production des courants par induction et
comme on l'indiquera figure 207, mais en se plaçant dans des con-
ditions convenables pour que l’élévation de température soit fort
appréciable. Il a employé un puissant électro-aimant entre les bran-
ches duquel un disque en cuivre rouge de 0 centimètres de diamè-
tre environ, et de plusieurs millimètres d’épaisseur, pouvait être
mis en mouvement, de façon à ce que les faces polaires soient très-
rapprochées de la moitié environ des deux faces du disque , mais
sans que la mobilité de celui-ci soit gênée en rien. Si on met alors
ce disque en rotation à l’aide d’un système de roues dentées et
d’une manivelle, et que l’on aimante l’électro-aimant , on éprouve à
cet instant une résistance à mouvoir la manivelle qui indique que
l'effet signalé plus haut dans l’expérience de M. Faraday se pro-
duit, et que le disque mobile tend à s’arrêter ;
mais alors, en conti-
nuant à faire tourner le disque malgré cette résistance, on trouve
après plusieurs minutes que sa température s’élève au moins de
40 degrés au-dessus de la température ambiante. Les courants par
induction développés dans le disque mobile, et qui, d'après ce que
nous dirons à la fin de ce livre, sont distribués fort irrégulière-
ment, sont causes de l’effet produit.
Ithéotrope. Dans les recherches sur l’induction et même pour
les machines électro-magnétiques, on fait usage d’un système de
roues dentées, qui donnent successivement une série de courants
induits directs ou inverses, et l’appareil qui en résulte porte le nom
de rhéotrope. Nous indiquerons la disposition proposée par
MM. Masson et Breguet comme assez commode : cet appareil est

Fig. a». composé de cinq roues dont les

dents sont alternativement de lai-

ton et de bois; ces roues sont


traversées par un axe en fer isolé
partout à l’aide de boites en
verre.
La première roue AB sert uni-
quement à interrompre le cou-
rant principal. Les quatre autres roues sont disposées de manière
qu’une dent de cuivre ,
dans les roues extrêmes, soit vis-à-vis une

Digitized by Google
2IS ELECTRO-DYNAMIQUE

dent de bois dans les roues du milieu. Des lames de cuivre C'11',

C"B", etc., frottent sur les roues et établissent les communications,


de même
que des petits ressorts n, ri, ri', qui passent sur des collets
en cuivre laisses dans les roues. Les lames de cuivre BG, etc., tou-
chant alternativement les dents de cuivre et de bois, il est facile de
saisir comment on obtiendra toujours dans le même sens, en xij,

les deux courants alternatifs d'induction :

Supposons que le courant d’induction, au moment où on établit


les communications, prenne la direction Mn ', il viendra dans la 1

lame de cuivre op, de là passera par lt, dans la roue dont la dent
de cuivre touche la lame B" C", puis dans l’écrou métallique F' 11'
(pii serre les lames, et ensuite, traversant xij, il sui\ra HF, C'B',
ll'M.
Au moment où l’on interrompra les communications, le courant,
(«artant la route suivante : Na’p', n" C", H' F, xy, H F,
de N, suivra
C’K'M. ne veut avoir qu’un seul courant, il suffira d’inter-
Si l’on
rompre communications en enlevant les lames B”CC” et B 'C”'.
les

On pourrait n’employer que deux roues, mais alors on aurait des


courants dirigés alternativement en sens inverse.
Lois et effets divers des courants induits. M. Marié a commencé
une série de recherches expérimentales dans le but de déterminer
les intensités comparatives des courants induits inverses et directs
(extra-courants), et du courant initial dans le dis même, et cela
dans le but d’arriver à se rendre compte du travail des moteurs
électriques, ainsi que nous le dirons dans le livre XII de cet ou-
vrage. il a fait passer une succession de courants induits (200 à
.*>00 (au* seconde) dans le fd du galvanomètre, au moyen d'un

interrupteur semblable à celui dont M. Douillet avait déjà fait usage.


Il a reconnu, comme ce dernier l’avait déjà trouvé, que l’intensité

du courant interrompu est à celle du courant continu dans le raj>-


port d’une dent métallique de l'interrupteur à l’intervalle qui sépare
deux dents successives mais il est nécessaire que
; les interruptions
ne soient pas accompagnées d’étincelles.
Il a ensuite introduit dans le circuit des résistances variables,
c’est-à-dire des longueurs variables de (ils métalliques, et a déter-
miné les intensités des courants obtenus dans les diverses circon-
stances de fermeture et d’ouverture du circuit. Il est arrivé ainsi aux
conséquences suivantes :

1“ L’établissement
du courant électrique dans le fil ne se fait pas
nstantanément sans éprouver une certaine résistance ; cette résis-

Digitized by Google
,

ET ELECTBO-MAGNÉTISME. 319

tance conduit it un coefficient d'inertie qui a été trouvé constant


pour les différents métaux.
2° L’intensité des courants induits inverses ou directs est une
fonction exponentielle de la force électro-motrice de la pile, de la
résistance du circuit traversé par le courant et du temps compté
à partir de l’instant dela fermeture ou de l'ouverture du circuit.

Le courant induit inverse a pour intensité limite, au moment



de fermeture du circuit, l’intensité même du courant inducteur,
la

c’est-à-dire que le courant final a pour limite 0. Il n’y a pas d’étin-


celle à la fermeture.
4“ Le courant induit direct ou de retour, à l’instant de l’ouver-
ture du circuit, a une résistance additionnelle à franchir, qui est
l’intervalle séparant les deux extrémités du circuit rompu ;
il peut
y avoir étincelle produite.

Le temps nécessaire à l’établissement complet d’un courant
dans un circuit d’une résistance déterminée est sensiblement pro-
portionnel à cette résistance et en raison inverse de la force
,

électro-motrice de la pile.
Les propriétés des courants induits produits dans des gros fils ou
des fils longs peuvent être mises en évidence au moyen des expé-
riences suivantes : on prend une bobine composée de six spirales
superposées, formées chacune d’une même longueur de fil de cui-
vre et enroulées dans le même sens. On peut disposer lesdeux bonis
de chacune des spirales de deux manières différentes : la première
consiste à réunir successivement les bouls de même côté, afin
d'avoir un fil six fois plus éjvais ;
la seconde à unir la fin de la spirale

avec commencement de l’autre, d'où résulte une spirale six fois


le

plus longue. On fait usage ensuite de deux multiplicateurs pour


mesurer les courants induits produits, quand on introduit un bar-
reau aimanté dans l'intérieur de la bobine. Un multiplicateur est
formé d’une lame ou d’un gros fil de cuivre afin d’avoir une faible ,

résistance ; l’autre est à fil long. Avec le premier on trouve que les
intensités des courants induits sont proportionnels au nombre des
spirales réunies par leurs homologues; avec le second, que les

courants sont à peu près les mêmes, quel que soit le nombre des
spirales réunies ainsi.
On voit par là que pour obtenir la secousse musculaire et les
effets lumineux , il faut employer une spirale d’un fil mince et d’un
grand nombre de tours, tandis que pour l’action électrolytique,
réchauffement des fils métalliques et l’aimanlation , on fait usage

Digitized by Google
320 ÉLECTHO-DY N AM IQUF.

d’une spirale à fil plus épais et d’un nombre de tours moins grand.
Avec les courants induits , on produit les attractions et les répul-
sions de ces courants, non-seulement avec les dispositions indiquées
page 213, mais encore en faisant usage d’appareils dont l’un des
circuits a un mode de suspension analogue à celui donné par
AI. Ampère pour les expériences électro-dynamiques. M. Matteucci,
ainsi que M. Lallemand ,
ont prouvé ainsi que les deux courants
induits ont la même intensité.
Lorsqu’on reçoit dans un voltamètre rempli d’eau acidulée suc-
cessivement les deux courants induits , on recueille à chacune des
électrodes un mélange d’oxygène et d’hydrogène. Les quantités
obtenues dans les deux cloches ne sont pas égales cette différence ;

tient aux phénomènes d’oxydation et de désoxydation des électro-


des de platine et à la recomposition des gaz de l'eau; en substi-
tuant à l’eau acidulée une solution saturée de sulfate de cuivre ,
on
trouve que les deux courants induits sont égaux.
M. Henry a démontré que la secousse produite par le courant
induit à l’instant oii l’on referme le circuit, est à peine sensible, tan-
dis qu’au moment où il est interrompu, la secousse est très-forte.
Si l’on augmente le nombre des couples de la pile, ou que l’on di-
minue la résistance du circuit inducteur, on augmente la secousse
obtenue par le courant négatif de manière à la rendre égale à celle
,

que l’on obtient à l’instant où l’action inductrice cesse.


Avec deux spirales formées d'un gros fil de cuivre, les deux cou-
rants induits produisent une aimantation dont le sens indique une
plus grande intensité pour les courants directs, obtenus lors de la
rupture du courant.
Avec une double roue d’interruption, on obtient une étincelle très-
brillante due à la série des courants induits directs, en plaçant la
roue du circuit induit de manière que l’interruption ait lieu après
celle du circuit inducteur. On voit alors l'étincelle du courant direct
briller avec d’autant plus d’éclat que la rotation est plus rapide. On
aperçoit même encore très-distinctement l’étincelle en tournant
lentement la double roue, quand l'intervalle de temps qui sépare
l’interruption des deux circuits est de J à ^ seconde. Les effets ob-
servés paraissent être dus au temps que met le fer de l’électro-

aimant à prendre ou à perdre son magnétisme.


Du reste nous verrons plus loin comment avec
,
les appareils

électro-magnétiques on obtient des effets de chaleur et de lumière.


On met également en évidence les effets calorifiques des courants

Digitized by Google
,

ET KESCTHO-MÀGNÉTISME. 221

induits, en entourant la soudure d’un couple thermo-électrique


d'antimoine et de bismuth avec une spirale de fil de platine très-
mince, en rapport avec la spirale induite. On applique une couche
de vernis sur la soudure afin d 'empêcher tout contact métallique
avec la spirale, puis on ferme le circuit avec un bon galvanomètre
à fil court il suffit d’avoir fait un certain nombre de tours avec la
:

roue d’interruption pour produire un courant thermo-électrique.


Lorsqu’on emploie une spirale plate composée d’un ruban mé-
tallique recouvert de soie ,
ainsi que l a fait d’abord M. Henry, on
trouve qu’un courant très-faible ,
incapable de produire la moindre
étincelle parlui-même, en donne une très-brillante au moment où
l’on rompt le circuit; cet effet est dû au courant induit dans la
spirale même que traverse le courant inducteur.
La forme des spirales que l’on peut employer concurremment
avec les hélices a déjà été représentée, fig. 198 bis, p. 209 ; on verra
d’autres dispositions, page 224 ,
fig. 20a. M. Henry a reconnu
tlans la comparaison des que la quantité d’élec-
effets obtenus ,

tricité est réellement moindre dans une hélice que dans une spirale

plate de même poids. Cet effet provient probablement de la plus


grande résistance que présente le fil le plus long. Il parait résulter
de là que , pour produire les effets physiologiques les plus énergi-
ques, il ne faut qu’une petite quantité d’électricité, mais se mouvant
très-rapidement.
Influence des milieux sur les effets d’induction. Davy a prouvé
qu’on pouvait rendre magnétiques des aiguilles au moyen de dé-
charges électriques à travers les corps conducteurs ou non con-
ducteurs. L’action inductive parait suivre la même loi
,
quoiqu’on
ait souvent des effets qui lui sont opposés.
Quand on produit les courants d’induction dans les hélices ou les
spirales agissant l’une sur l’autre, on interpose habituellement en-
tre elles une lame de verre; mais, en les séparant davantage l’un

de on peut obtenir encore des effets qui diminuent à me-


l’autre,
sure que leur distance augmente. On peut même produire ces effets
au travers des murs d’une chambre ; ainsi , en plaçant une spirale
plate contre le mur, tandis qu’une personne tient des conducteurs
en cuivre en relation avec une hélice placée parallèlement de l’autre
côté du mur, si l’on donne naissance à un courant en rompant le
circuit galvanique de la spirale , la personne reçoit une secousse.
L’expérience réussit mieux au travers d’une porte ou d’une pièce
de bois épaisse.

Digitized by Google
222 ÉLECTIIO-DYNAMIQDB

Habituellement on opère comme l’indique la figure 20i, F, F étant


Fig 20«.

lesconducteurs en cuî\tc que l’on tient à la main. Les plaques telles


que c sont interposées entre la spirale a et l’hélice b.
Les écrans formés de subtances non conductrices, comme le
verre, le bois, ne paraissent avoir aucune influence pour arrêter ou
produire l’induction ; mais les métaux détruisent presque tout l’effet.

L’action des métaux pour anéantir les effets d'induction est d’au-
tant moindre que l’épaisseur des lames est plus petite.

Les effets sont dus à des courants d’induction instantanés qui se


développent dans les écrans , comme il est facile de le montrer :

lin effet, une plaque circulaire en plomb rf, servant d’écran, ayant
fait disparaître l'induction dans l’hélice b, on a enlevé une languette

de métal dans la direction d’un rayon l’effet a été le même que


:

si elle n’eftt pas été interposée. Ainsi cette séparation a empêché


les courants induits de circuler dans le disque de plomb; du reste,
on démontre l’existence du courant dans le conducteur interposé d,
en mettant en communication la spirale électro-magnétique e, h
l’aide de deux fils, avec deux points de cette plaque. Au moyen

de cette disposition, une portion du courant passe dans la spirale


et aimante une aiguille en .acier placée au milieu.
On peut encore démontrer ([Lie l’influence de l’interposition est
due à l’action neutralisante du courant induit : on substitue à la

place de c une spirale plate; quand les deux bouts de celle-ci sont
séparés, on reçoit des chocs comme si la spirale n’eftt pas été in-
terposée; mais si les deux bouts sont réunis, afin de former un
circuit métallique, il est impossible d’obtenir des chocs. La spirale
neutralisante agit dans ce cas comme la plaque métallique, et
peut-être même plus complètement (Henry).
M. Dove a également étudié l’influence des corps conducteurs
placés près des circuits d’induction. 11 s’est servi pour reconnaître ,

les effets produits,des déviations du galvanomètre, de l’action chi-


mique, et de l’effet physiologique. Il a remarqué d’abord que ces
deux effets ne sont pas proportionnels l’un avec l’autre : l’effet sur
le galvanomètre est proportionnel à l’intensité électrique et à la du-
rée du passage de l’électricité; l’action physiologique ne dépend

Digitized by Google
,

ET ÉLECTRO-MAGNÉTISME. 233

que de la durée, et augmente avec la vitesse de neutralisation.


Ainsi deux courants peuvent donner la même déviation au multi-
plicateur, et l’un une secousse et une étincelle plus vive que l’au-
tre ; ce dernier alors aura été produit par une quantité d’électricité
qui s’est mue plus rapidement. Ces différences s’observent surtout
quand on emploie les courants d’induction dans l’étude des phé-
nomènes physiologiques, et ainsi qu’on le verra plus loin.
Si l’on place au milieu des hélices des machines magnéto-élec-
triques, des faisceaux de fil de fer, au lieu de cylindres massifs, les

commotions sont plus vives dans le premier cas que dans le second.
M. Dove, pour établir des comparaisons exactes entre des fils et des
cylindres, s’est servi de deux hélices exactement semblables, faites
d’un gros fil de cuivre et parcourues successivement par le même
courant électrique. Ces hélices agissaient par induction sur une
hélice superposée sur chacune d’elles. Ces nouvelles hélices, faites
avec un fil lin ,
communiquaient entre elles par une extrémité , de
façon que la direction des courants d’induction dans chacune d’elles
soit opposée. Les deux extrémités libres du système des hélices
pouvaient être attachées à des poignées en cuivre, tenues dans la
main, ou bien être mises en relation avec les fils d’un multiplica-
teur. Dans l’un et l’autre cas, les deux premières étant vides, les cou-
rants induits se neutralisaient ; mais, si l’on introduisait dans l’une
une masse de fer ou des
y avait un effet produit, dû à la dif-
fils, il

férence des actions inductrices ; il était donc facile, en mettant dans


Tune un cylindre de fer, de placer successivement dans l’autre des
fils de fer jusqu’à ce que l’on rendit nul , soit l’effet galvanomé-
trique, soit l’effet physiologique. Cet appareil est un inducteur dif-

férentiel.
Pour montrer la différence des effets obtenus lors de son emploi
nous dirons qu’avec un cylindre plein en fer forgé, HO fils de fer ne
suffisaient pas pour rétablir l'équilibre galvanométrique , tandis
que I suffisaient pour l’établir par la sensation. Avec l’acier trempé,
il fallait 28 dans le premier cas, et 7 dans le second; avec la fonte,

27 et il. Ainsi la fonte grise est de toutes les espèces de fer celle
,

qui se rapproche le plus des fils quant aux effets physiologiques.


Ces expériences montrent qu’en se servant d’un faisceau de fils,
la durée de l’induction est moindre qu’avec un cylindre massif. Les
tubes substitués au fer agissent comme des cylindres forgés, et an-
nulent complètement l’effet des fils qu’on met dans leur intérieur;
mais, s’ils sont fendus longitudinalement afin d’éviter la circulation

Digitized by Google
324 ELBCTHO-DYÎSAMIQUE

des courants d’induction autour du cylindre, alors l’introduction


d’un certain nombre de fils de fer augmente l'effet physiologique,
mais ne modifie en rien l’effet galvanométrique. Des enveloppes
conductrices, comme des tubes de laiton, agissent de la même ma-
nière; s’ils sont fendus, l’affaiblissement et l’effet physiologique
sont moindres. On peut du reste, en fermant le circuit du tube
fendu au moyen du fil d’un galvanomètre, constater l’existence
du courant induit.
Ces effets viennent à l’appui de différents résultats déjà signalés,
savoir, qu’en recouvrant les électro-aimants avec des enveloppes
métalliques, on retarde la vitesse d’aimantation et de désaimanta-
tion; ils peuvent s’expliquer par la présence de courants d’induc-
tion masses métalliques et ils rendent compte du moyen
dans les ,

employé dans les appareils magnéto-électriques pour diminuer les


secousses en enveloppant ces appareils d’un cylindre métallique. Il

faut remarquer que dans ces circonstances on ne change pas l’in-


tensité ou l'énergie de l’action inductive, mais seulement sa durée.
Celle-ci est sans influence sur le multiplicateur, mais modifie lwau-
coup l'effet physiologique. On augmente aussi les effets physiolo-
giques, toutes choses égales d’ailleurs, en renversant la polarité du
fer, quelle qu’elle soit, dans l’intérieur des hélices.
Courants d'induction de dijjérents ordres. Nous venons de voir
que l’interposition d’une plaque conductrice entre le courant pri-
mitif ou conducteur et le courant secondaire faisait naître dans
celle-ci un courant secondaire qui détruit l’effet du courant pri-
mitif. On devait en conclure que, si le premier pouvait être écarté
ou séparé de l’influence de l’autre, on pourrait avoir un courant
induit dans un troisième conducteur; l’expérience confirme l’exac-
titude de cette conclusion. On trouve en effet que, lorsqu’un fil

conducteur est traversé par un courant induit, il se développe dans


un second fil conducteur un autre courant induit instantané, qui a
reçu le nom de courant induit du 2 e ordre; le courant du 2 e ordre
peut à son tour en induire un du 3 e ordre, et ainsi de suite.
On peut les étudier en disposant les hélices et les spirales comme
l’a fait M. Henry, et ainsi que le représente la figure 203. Le cou-

Fig. 106 .

Digitized by Google
. . . ,

ET ÉLECTBO- MAGNETISME. 225

rant inducteur ou primitif passe dans a; il produit un courant par


induction du 1" ordre dans b, lequel, traversant c, donne un cou-
rant du 2' ordre dans d, etc. On peut, suivant le nombre des con-
ducteurs, obtenir l’intensité et la direction des courants de 1", 2*,
e
3 et 4* ordre. Pourles étudier, on se sert en général d’une hélice

électro-magnétique g; maison pourrait employer un galvanomètre


ou un voltamètre.
M. Abria a complété ces recherches principalement en ce qui
concerne l’influence de différentes circonstances sur l’intensité et
le sensdes courants induits. Voici, désigné par un signe, le sens
des courants induits des différents ordres :

A où I on ferme le clrralt
l'instant A l'Instant où l’on ouvre le circuit
( le courant Inducteur commençant ). ( le courant Inducteur cessant).

Courant inducteur ... + Courant inducteur. ... +


Courant induit. . I* r ordre ... — Courant induit. . . t" ordre . ... +
Id 2* ... + Id 2* ... —
Id 3* ... — Id 3e ... +
Iil 4* ... 4- If]

En fait , les courants étant tous instantanés, sauf le courant induc-


teur, il est difficile de distinguer leur établissement de leur rupture.
Il résulte des recherches de M. Henry que les courants induits
d’ordres supérieurs n’agissent que très-faiblement sur l’aiguille du
galvanomètre, alors môme que leur effet physiologique et leur puis-
sance magnétisante sont très-énergiques. Cette différence l’a con-
duit è regarder ces courantscomme formés de courants successifs
de directions opposées, égaux en quantité, mais différents en durée.
Le courant induit du premier ordre donne par induction , dans un
conducteur voisin, un courant inverse au moment où il commence,
et un courant direct au moment où il finit; ces deux courants se
succédant très-rapidement et étant produits par des quantités égales
d’électricité, leurs actions sur l’aiguille du galvanomètre se détrui-
sent, mais leurs effets physiologiques s’ajoutent à peu près, car la
secousse déterminée par le passage d’un courant instantané est sen-
siblement indépendante de sa direction Quant aux propriétés magné- .

tisantes , elles résultent de la différence de durée des deux courants


M. Henry a fait voir que les aiguilles d’acier doivent
successifs, et
s’aimanter dans le sens du courant dont la durée est la plus courte
ou ce qui revient au môme , dont l’intensité est la plus grande.
,

Cette théorie a été confirmée parM. Abria: d’après ce physicien,


en faisant passer dans le fil d’un galvanomètre les courants induits
t. ni. 15

Digitized by Google
,

2ÎG élbctbo-dVsamîqiib

du second ordre développés par une succession rapide de courants


induits du premier ordre de direction constante , si l’aiguille ne se
trouve pas exactement sur le zéro de la graduation, elle est déviée
dans le sens de 3a déviation initiale ; en l’écartant donc d’avance un
peu à droite ou à gauche du zéro, on la fait à volonté dévier vers
la droite ou vers la gauche par le passage des courants induits du
second ordre.
M. Verdet a pensé qu'on obtiendrait une démonstration des vues
théoriques de M. Henry, en cherchant à manifester des actions élec-
tro-chimiques avec des courants induits du second ordre ; il
y est

parvenu à l’aide des dispositions suivantes : il a fait" communi-


quer l’un des tils d’une bobine à deux fils avec une pile voltaïque
et l’autre avec une seconde bobine à deux fils. Le second fil de

cette nouvelle bobine était mis en rapport avec un voltamètre


ordinaire à lames de platine et à deux éprouvettes. En interrom-
pant ou en fermant le circuit traversé par le courant de la pile, on
produisait, dans la première bobine, un courant induit qui cir-
culait également dans le premier fil de la seconde bobine, et in-

duisait dans le second fil un courant du second ordre par lequel


l’eau du voltamètre était décomposée. L’interruption et la ferme-
ture du courant principal s’obtenaient à l’aide d’une roue dentée,
et d’un commutateur, semblable au rhéotrope décrit plus haut.
Si l’hypothèse précédente était exacte, chaque courant du se-
cond ordre étant constitué par la succession de deux courants de
directions opposées, il devait se dégager alternativement de l’hy-
drogène et de l’oxygène à la surface de chacune des deux élec-
trodes de platine, et par conséquent on devait obtenir dans chaque
éprouvette du voltamètre un mélange de ces deux gaz. Tel a été
effectivement le résultat des expériences : on a toujours trouvé
dans les deux éprouvettes un mélange explosif d’hydrogène et
d’oxygène, mais les proportions relatives des deux gaz ont varié
très-irrégulièrement d’une expérience à l’autre, et n’ont d’ailleurs
presque jamais été les mêmes dans les deux éprouvettes; de façon
qu’il a été impossible de vérifier, par cette méthode , si les deux
courants successifs qui constituent le courant du second ordre sont
formés par des quantités égales d’électricité. La cause de toutes ces
irrégularités se trouve évidemment dans la recomposition partielle
qui doit s’effectuer entre l’hydrogène et l’oxygène dégagés presque
simultanément sur la même lame métallique, et dans la série d’oxy-
dation et de désoxydation qu’éprouvent les lames sous l’influence

Digitized by Google
ET ÉLECTBO-MiCiPlÉTISME. 227

des deux gaz. Ces oxydations et ees désoxydations se sont fréquem-


ment manifestées dans le cours de ses expériences, par la pro-
duction d’une poudre noire à la surface des électrodes, comme
M. de la Rive l’a observé dans ses expériences sur les courants
alternatifs transmis par les liquides.
Les résultats généraux des expériences de M. Verdet sont les
mêmes, soit que l’on ne laisse passer que les courants directs,

soit les courants inverses, soit les deux séries de courants, en em-
ployant un rhéotrope analogue à celui que l’on a décrit plus haut.
Si l’on ferme le circuit d’une seconde hélice qui entoure une hé-

lice inductrice, on voit cesser presque entièrement les étincelles de


l’extra-courant. Avec une seconde roue insérée dans l’hélice in-
duite, de manière à obtenir l’étincelle du courant direct ,
on 'obtient
la même diminution dans l’étincelle de l’extra-courant. En enve-
loppant avec un cylindre métallique continu , l’effet pro-
l’hélice

duit sur l’extra-courant est le même que celui de l’hélice induite


fermée. La diminution de l’étincelle dépend donc de la réaction
exercée sur le circuit voltaïque par le courant induit direct ,
qui est
développé dans la seconde hélice ou dans le cylindre métallique.

Si l’on réunit à l’hélice inductrice une seconde hélice pouvant rece-


voir un faisceau de fils de fer, on fait varier facilement la grandeur

de l’étincelle de l’extra-courant ; on trouve alors que, lorsque cette


étincelle augmente , l’étincelle induite dans la bobine qui entoure
l’hélice inductrice diminue, et vice versâ.
Pour montrer la réaction de deux courants induits développés en
même temj»s sur le circuit voltaïque et sur le circuit induit, on peut
se servir du moyen employé par M. Fizeau, lequel consiste à augmen-
ter l’étincelle du courant induit direct dans l’appareil de Rhumkorff :

en effet si l’on met en rapport les deux extrémités d’une partie inter-
,

rompue existant dans la spirale inductrice , avec les deux armatures


d’un condensateur, on obtient une grande diminution dans l’étincelle
de l’extra-courant, et une augmentation correspondante dans celle
du courant induit du ;
reste, nous reviendrons plus loin sur cet effet.

Induction par l'action de la terre. La terre agissant comme un


aimant sur les corps placés à sa surface, on peut se servir de son
influence pour provoquer des courants par induction. Ce fait a été
mis en évidence par M. Faraday, puis étudié ensuite par plusieurs
physiciens, et particulièrement par MM. Palmieri et Linari. L'aimant
terrestre, dans ce cas, agit comme le ferait un fort aimant placé
dans l’intérieur du globe suivant la direction de l’aiguille d’incli-

15 .

Digitized by Google
328 KLECTBO-DYtCAUIQÜE

naison, ou comme des courants électriques dirigés de l’est à l’ouest


parallèlement à l’équateur magnétique.
On peut obtenir ce résultat en plaçant une hélice dont les deux
extrémités communiquent avec un multiplicateur dans le méri-
dien magnétique, et en la faisant tourner autour d’un axe perpendi-
culaire à cette hélice et en son milieu, de manière à ce que chaque
fois sa longueur corresponde à la direction de l’aiguille d’incli-

naison. Un barreau de fer introduit dans l’hélice augmente beau-


coup l’intensité de l’effet, car alors le fer, étant aimanté par l’in-
fluence du globe terrestre, réagit sur le fil conducteur.
L'expérience suivante, qui est très-simple, résume en quelque
sorte tous les faits relatifs à l’induction magnéto-électrique : on
prend un fil de cuivre ordinaire de 3 mètres de long et de 1 milli-

mètre de diamètre ; on l’attache par l’un des bouts à l’une des ex-
trémités du fil d’un multiplicateur, et par l’autre bout à l’autre
extrémité. On lui donne ensuite la forme d’un rectangle dont la

partie supérieure peut être portée en avant ou en arrière sur le

multiplicateur, tandis que la partie inférieure et le multiplicateur

qui lui est attaché restent immobiles. Toutes les fois que l’on fait

passer le fil sur le galvanomètre de droite à gauche ,


l’aiguille est

déviée sur-le-champ ; la déviation a lieu dans un autre sens, quand


on fait repasser le fil en sens inverse. En répétant souvent ces mou-
vements, on finit par obtenir une déviation de 90 degrés.
L’effet produit sur le multiplicateur croit probablement avec la

longueur du fil mobile et l’espace qu’il parcourt.


Au lieu d’un simple fil, on peut faire usage d’un fil très-long de
même diamètre, que l’on enroule en hélice autour d’un rectangle
en bois ;
en exécutant alors les mouvements indiqués, on donne
une grande sensibilité à l’appareil. Si l’on place dans l’intérieur de
l’hélice un cylindre en fer doux, comme l’un de nous l’a fait (M. Bec-

querel ), on augmente encore les effets obtenus.


En adaptant h l’hélice un commutateur qui fonctionne en même
temps que l’appareil est en rotation , on peut avoir un courant dirigé
dans le même sens. L’appareil représenté à la page suivante permet
de mettre ce fait en évidence
;
il se compose d’un anneau circulaire

ou elliptique en bois ab, ayant une gorge autour de laquelle est en-
roulé unde cuivre recouvert de soie. Cet anneau tourne autour
fil

d’un grand axe qui est perpendiculaire au méridien et qui porte un ,

commutateur c analogue à celui de la machine de Clarke , qui sera


décrite plus loin.

Digitized by Google
ET BLECTBO-MAGNÉTISME. 220
Fig 205 hil.

MM. Palmieri et Linari ont constmit une pile formée de parties


de canons de fusil, disposés parallèlement, séparés entre eux et en-
veloppés par un long fil de cuivre recouvert de soie, qui, au lieu
de cacher canons dans toute leur longueur, en laisse 5 de libre
les
aux deux extrémités. Ces portions libres sont fermées par des cy-
lindres de fer doux; le fil qui forme les rangées superposées de cha-
que canon remonte en ligne droite vers son origine à la fin de cha-
cune d’elles; il passe de l’un à l’autre élément en remontant toujours
en ligne droite pour recommencer ses courbures, et forme ainsi
plusieurs sections concentriques ou parallèles d’un seul genre de
spirale. Ces éléments, au nombre de dix dans la pile qu’ils ont
construite, ont une longueur de G décimètres, et sont fixés par leur
milieu, à une distance réciproque de 0 m ,10 à 0“,13, sur un même
axe de bois qui pose par ses deux extrémités sur deux tourillons,
et porte d’un côtédeux pièces métalliques exactement semblables
à celles de l’appareil de Clarke, lesquelles pièces sont destinées,
comme dans ledit appareil ,
à recevoir les deux extrémités de la
spirale de cuivre. Les éléments sont orientés dans le méridien ma-
gnétique, et on imprime à l’axe de bois un mouvement de rota-
tion assez rapide. Cette pile, appelée magnéto électro-tellurique, im-
prime des déviations beaucoup plus fortes que celles que l’on obtient
dans l’expérience de Faraday. Elle donne des commotions qui peu-
vent se faire ressentir jusqu’au poignet , et décompose l’eau.
11 résulte de ces effets qu’un corps conducteur quelconque ne

peut se mouvoir à la surface du globe sans qu’il en résulte dans la


masse des courants d’induction.
Induction due aux décharges électriques. On a vu plus haut que
les courants induits instantanés pouvaient développer à leur tour

Digitized by Google
230 E LECT 1I0-1> Y » A M IQU E

d’aulrcs courants d’induction ;


les décharges électriques comme ,

celles de la bouteille de Leyde, sont encore dans ce cas, et en


produisent également. Il faut, ainsi que l’a fait M. Henry, se servir

de spirales plates ,
dont les fds sont bien isolés les uns des autres
avec de la soie et de la gomme laque , et séparer les spirales induc-
trices et induites avec du verre. Quand on place une plaque métalli-
que entre elles, ou une spirale fermée, le courant instantané induit
dans cette plaque agit sur la spirale induite, donne lieu à un cou-
rant d’un ordre supérieur, par conséquent de direction contraire à
celui qu’y déterminerait l’action directe du courant inducteur ;
il en
résulte pour le dernier une grande diminution, ou bien une cessa-
tion. Ces effets expliquent comment M. Bavarv, dans ses expé-
riences sur l’aimantation (page 183), modifiait ou même annulait
complètement la puissance d'aimantation des décharges.
En se servant de la méthode d’aimantation, M. Henry a trouvé
que les directions des décharges induites des ordres supérieurs
mêmes que celles trouvées pour les courants induits.
étaient les
MM. Henry et Marianini ont reconnu qu’avec une petite bouteille
de Leyde faiblement chargée, ou en tenant les spirales à une grande
distance, ou bien encore en obligeant la décharge inductrice à tra-
verser un liquide mauvais conducteur, la décharge secondaire sui-
vait une direction opposée à celle de la bouteille; en diminuant la dis-
tance des spirales ou la résistance du circuit inducteur, ou en aug-
mentant 1a tension de la charge, le sens de la décharge secondaire
devenait le même que celui de la décharge de la bouteille.

Dans l’induction par décharge électrique il se produit un phé- ,

nomène analogue à celui dont nous avons parlé à propos des cou-
rants induits instantanés de différents ordres ; il se manifeste deux
courants induits, et l’effet final ne dépend que de la différence des
deux aciions. M. Marianini s’est servi de la disposition suivante
dans l'étude de l’induction par décharges : son appareil, nommé
réélectromètre, e6t composé d’une hélice portant au centre un mor-
ceau de doux et qui doit livrer passage à lu décharge. Une pe-
fer

tite aiguille en acier aimanté est suspendue au-dessus, de sorte

qu’elle se tourne dans un sens ou dans l’autre, suivant l’aimanta-


tion communiquée au fer doux. Il résulte de là qu’en excitant une
décharge d’induction ou autrement dans le fil de l’hélice, le fer
doux s'aimante momentanément et l’aiguille aimantée est déviée
,

par celte action. 11 a trouvé qu’en général la décharge induite a la

même direction que la décharge inductrice, toutes les fois que la

Digitized by Google
,

ET ÉLECTHa-MAGnÉTlSME. 231

bouteille de Leyde a une capacité passablement grande, et qu’elle


est bien chargée; ainsi, dans ce cas, c’est la cessation du passage
de l'électricité qui donne lieu à l’induction la plus forte. Si ,
au
contraire , la tension de la charge de la Leyde diminue,
bouteille de
ou si , a égalité de tension ,
les dimensions augmentent , alors la
décharge induite a une direction opposée; dans ce cas, c’est la
fermeture du circuit qui donne lieu au courant d’induction.
M. Matteucci a fait usage, pour mesurer la décharge induite, d’un
galvanomètre ordinaire ;
il a reconnu que l'aimantation, comme la
déviation galvanométrique, indique que la direction de la décharge
induite secondaire est la même que celle de la bouteille.
Le même physicien a fait usage aussi du perce-carte, et il a con-
stamment trouvé de cette manière que si les deux circuits que l’on
compare, l’un comme inducteur, l’autre comme induit, sont tin*
les deux fermés ou tous les deux ouverts , la direction de la dé-
charge induite est opposée à celle de l’inductrice. Si, au contraire,
l’un des circuits est ouvert, et que l’autre soit fermé, la décharge
induite est dans le même sens de la décharge inductrice.
Al. Itiess a employé une autre méthode : il a pris une lame de
métal recouverte d’une couche de résine sur ses deux faces; puis il

a mis en communication les deux extrémités de la spirale induite


avec deux pointes métalliques en contact avec les couches de résine.
Quand l’étincelle induite éclatait , on déterminait la direction de la

décharge, en projetant successivement sur la surface résineuse un

mélange de soufre et de minium pulvérisé, qui produisait les figures


de Leichtenbcrg. M. Itiess a obtenu néanmoins, en opérant ainsi,
des résultats contradictoires.
Al. Verdet a eu recours à un procédé fondé sur la polarisation
qu'éprouvent deux électrodes de platine qui plongent dans un
les

liquide, entre lesquelles on a fait passer une décharge de la bou-


teille. Il a reconnu que, si le circuit induit est fermé, il n’y a pas de
polarisation produite par la décharge secondaire, et qu’elle n’a lieu
que lorsque le circuit induit est interrompu et qu’une étincelle ac-
compagne la décharge induite. On trouve alors toujours une direc-
tion de la décharge secondaire semblable à celle de la bouteille.
Le même physicien , en étudiant la décharge du troisième ordre,
n’a pas trouvé de polarisation sensible lorsque le circuit est fermé
mais il a observé qu’en obligeant la décharge induite à traverser
une couche d’air et à produire l’étincelle, les lames étaient pola-
riséesde manière à indiquer la prédominance d’une décharge op-
posée à la décharge secondaire inductrice.

Digitized by Google
333 ÉLECTBO DVNAMIQDE

M. Dove a fait également usage, |x>ur l’étude de l'induction par


les décharges électriques, de l'inducteur différentiel disposé comme
b'
il suit : ab, a' étaient deux hélices faites de gros fil de cuivre rouge,

et roulées sur deux tubes de verre de 33 centimètres de long sur


Fi g sou
. 2 centimètres A de diamètre;
les spires des fils étaient iso-
lées avec soin. Deux autres
hélices plus grandes, mais
semblables, AB, A'B', roulées
autour de cylindres en car-
ton , recevaient dans leur in-
térieur les hélices primitives.
Celles-ci transmettaient la

décharge d’une batterie de


bouteilles de Leyde, excitée
entre les extrémités des tubes
n que traversaient successivement les deux fils; il en résul-
et n',
taitune décharge induite dans les deux hélices enveloppantes.
Deux bouts de ces hélices étaient joints ensemble; les deux autres
servaient à transmettre la décharge induite, soit dans le galvano-
mètre, soit dans une hélice magnétisante, soit dans le corps humain,
à l’aide des conducteurs m et m'. On pouvait, comme dans les héli-
ces décrites précédemment ,
introduire à l’intérieur des tubes des
fils ou des de différents métaux. En outre, cet appareil pou-
tiges
vait servir également pour les courants électriques comme pour
l’électricité statique, en suivant la même méthode d’opérations diffé-

rentielles que précédemment : mais dans les décharges induites il a


fait du courant, de l’action magnétisante
usage, pour étudier le sens
sur l’acier, du condensateur, ou des figures tracées par les deux
électricités sur les gâteaux de résine (voir tome l", page 124).
En opérant ainsi M. Dove a trouvé que l’effet physiologique du
,

courant d’induction développé par la bouteille de Leyde est affaibli

par l’introduction dans la bobine des métaux non magnétiques


(c’est-à-dire autres que le fer, le nickel et le cobalt), et d’autant

plus qu’ils sont plus conducteurs. Ainsi cette diminution est plus
grande pour le cuivre que pour le plomb, le bismuth et l’antimoine.
Des tubes fendus longitudinalement diminuent aussi beaucoup moins
l’effet que des tubes continus. Ces résultats, analogues à ceux que les
courants avaient donnés (voir page 224), proviennent encore de la
réaction que les courants instantanés développés sur la surface con-

Digitized by Google
ET ÉLECTRO-MAGSlhlSUE. 233

tinue du cylindro métallique exercent sur lo circuit secondaire. Toute


cause qui s’oppose donc à l’établissement de ce courant augmente
la rapiditéde la décharge et l’intensité de l'effet physiologique.
Quand, on examine l’action de cylindres de fer, on trouve
qu’avec des décharges ordinaires il
y a affaiblissement de l’action
physiologique, mais augmentation de l’effet d’aimantation, tandis
qu’avec les courants voltaïquesmasse de fer augmente ces effets.
la

En employant des masses de fer ou des fils de ce métal, M. Dove


a montré qu’il fallait distinguer les effets dus à la polarité magnéti-
que que ces masses acquièrent lorsqu’elles s’aimantent, de ceux qui
étaient dus aux courants induits se développant sur la surface des
métaux, suivant leur degré de conductibilité. Il a donc pensé qu’en
empêchant les courants induits de se développer autour des cylin-
dres métalliques placés au milieu des hélices, c’est-a dire en les
composant de faisceaux de fils fins, on pourrait peut-être décou-
vrir des traces de magnétisme. Mais, si quelques-uns en ont donné,

il ne faut pas en attribuer l’effet à une action magnétique de ces


métaux, car nous avons vu dans le livre précédent quels sont les
phénomènes produits lors de l’action de la puissance magnétique
sur différents corps.
Enfin nous ajouterons qu’il résulte des observations faites par les
différents physiciens qui se sont occupés de l’induction due à l'ac-

tion de l'électricité libre, et comme nous l’avons déjà dit , que la


décharge détermine deux décharges induites dans le fil voisin, ayant,
la première une direction contraire, la seconde une direction sem-
blable à la décharge inductrice ; que ces deux décharges induites,
se succédant l’une à l’autre dans un intervalle de temps inappré-
ciable, se neutralisent à peu près si le circuit induit est fermé ou
offre peu de résistance, mais que, s’il est interrompu par une solu-
tion de continuité permettant à une étincelle de se produire, ou par
un fil fin qui s’échauffe, alors c’est généralement la seconde décharge
qui l’emporte sur l’autre, c’est-à-dire la décharge directe. M. Dela-
rive a supposé pour l’expliquer que, la décharge directe étant la

seconde, les causes qui retardent la propagation de l’électricité doi-

vent agir proportionnellement moins fortement que sur la première.

APPAREILS MAGSÉTO-ÉLKCTRIQL'ES.

Nous avons vu que l'action des aimants, comme celle des cou-
rants, pouvait donner lieu à un développement d’électricité; on en

a tiré parti pour construire des appareils magnéto-électriques capa-

Digitized by Google
234 ELKC rilO-DYN AM 1QCK

-blésde donner une suite de courants électriques dirigés dans le


môme sens ou en sens inverse. Nous allons décrire quelques-uns
des appareils employés aujourd’hui , et qui ont reçu le nom A' ap-
pareils d'induction. •

Appareil de Faraday. Nous parlerons d’abord de ceux dans les-

quels on ne fait usage que d’aimants permanents, d’armatures en


fer doux et de fils conducteurs : tels sont ceux de l’ixii ,
de
Saxton , de Page, etc.; ensuite des appareils dans lesquels on em-
ploie des aimants permanents et des aimants temporaires dus à l’ac-

tion d'un courant électrique nécessaire pour les faire fonctionner.

Fig. 207.

On peut citer comme appareil simple celui qui résulte des expé-
riences de M. Faraday, et que nous rappellerons pour expliquer
les effets du magnétisme par rotation , découvert par Arago il :

consiste en un disque de cuivre H , mobile dans un plan vertical au-


tour d’un axe horizontal, et qu’on fait tourner entre les deux pôles
opposés d’un aimant puissant M. Si l’on fait communiquer un bout
du fil d’un multiplicateur A avec l’axe du disque, l'autre avec un
point de sa circonférence, on a un courant constant pendant le
mouvement du disque ; mais ce courant a fort peu d’intensité.
Appareil de Clarke. On parvient à obtenir des effets énergiques
en construisant des électro-aimants entourés de fils conducteurs,
en face desquels se trouvent les pôles de forts aimants permanents.
En mettant en rotation, soit l’éleclro-aimaut, soit l’aimant, les
variations d’intensité magnétique qui ont lieu dans le fer doux don-
nent lieu à des courants d’induction dans le fil conducteur. M. Pixii

a construit le premier un appareil de ce genre, dans lequel les


aimants étaient en rotation, lélectro aimant étant fixe. On lui a
substitué depuis celui de M. Saxton, dans lequel, les aimants étant
fixes, les électro-aimants sont mobiles. Nous allons indiquer l'ap-
pareil perfectionné dont on fait actuellement usage, lequel est
fondé sur les mêmes principes ,
et dont la construction est due à
M, Clarke.

Digitized by Google
ET KEECTHO-M Aü MiTISME. 235

A représente une série de six burreaux d’acier aimanté, recour-


bés en fer à cheval , disposés
verticalement et reposant sur
quatre vis fixées à la planche
d'appui B. Une barre épaisse
de cuivre C est percée en son
milieu d'une ouverture dans
laquelle passe un écrou avec
une vis tournante destinée à
maintenir l’aimant contre ht
planche B. On peut, par ce
moyen ,
enlever facilement
l’aimant sans déranger le

reste de l'appareil.
« » D représente l’armature
d'un double cylindre en fer doux GP, laquelle est fixée dans un
mandrin de cuivre placé entre les pôles de l’aimant A. Cette pièce
est mise eu mouvement au moyen de la roue E, d’un axe de rota-
tion et d’un fil ou d’une chaîne sans fin. Sur chaque cylindre est
enroulée une hélice en fil fin de cuivre entouré de soie , d’une lon-

gueur de 750 mètres. L’un des bouts de chaque hélice est soudé à
l’armature du milieu U, à laquelle est fixée, perpendiculairement
à sa surface , une tige de cuivre munie de deux pièces de rupture H.
K représente un cylindre creux de cuivre, auquel est soudé l’un
des bouts libres des hélices, et qui est séparé de la tige au moyen
d’un morceau de bois dur qui repose dessus; l'autre bout des
hélices communique avec la tige. O est un ressort en fil de fer,

destiné à exercer une pression contre le cylindre creux K, avec le-


quel il est en contact métallique, au moyen d’une vis fixée dans la

plaque de cuivre M.
P représente une tige de cuivre verticale, carrée , s'adaptant à la

plaque de cuivre N. Q est un ressort do métal exerçant une faible


pression sur la pièce de rupture 11; elle est tenue eu contact métal-
lique au moyen d’une vis à tète.
T est un fil de cuivre destiné à établir la communication enlro

lesdeux plaques de cuivre M, N.


Au moyen de cette disposition , les diverses parties D, H, Q, P, N,
sont en communication avec fun des bouts, et K et M avec les deux
autres bouts. On conçoit très-bien que, le ressort Q pressant dou-
cement sur la pièce de rupture H, on obtienne des effets réguliers.

Digitized by Google
,

23G ÉLKCT 80 -DY N 4M I Qti 8

Les faces des cyliudres de fer F, G, autour desquels sont enrou-


lées les hélices, sont parallèles autant que possible avec celles du fer
à cheval A, et en contact avec Quand le contact n’est pas établi
lui.

on dévisse l’écrou de la roue E, et on l’enlève de son axeau moyen


des quatre vis dont il a été parlé ci-dessus et de la vis de la pla-
que C; on ajuste alors l'électro-aimant avec la plus grande facilité.

Il faut encore que la pièce de rupture soit disposée de manière


que le ressort Q se sépare de la pièce en mémo
temps que les
cylindres de fer de l’armature quittent les pôles de l’aimant. Quant
au ressort en fil de fer O , il presse toujours et doucement contre
le cylindre creux de cuivre K. Au moyen de ces dispositions, on se
passe d’un bain de mercure, qui présente toujours des inconvénients.
Lorsqu’on veut donner une commotion avec cette machine, on
prend dans deux mains, humectées avec de l’eau salée, les deux
les
conducteurs de cuivre R S, dont l’un est en communication avec
,

la plaque M avec la plaque N, de la manière indiquée sur


et l’autre
la figure; puis M et N sont réunis au moyen de la tige T. La com-

motion que l’on reçoit avec cet appareil, dès l’instant que l’on
tourne la roue, est très-violente. Si l’on veut avoir un courant tou-
jours dirigé dans le même sens, on ne met qu’une seule pièce de rup-
ture. Dans ce cas, le circuit est interrompu quand le courant change,
c’est-à-dire lorsque chaque hélice quitte une branche de l’aimant.
En plaçant les deux fils de communication R, S, en M et N, le

choc n’est pas aussi puissant.


U, V sont des tiges en rapport avec des fils conducteurs et mu-
nies de morceaux d'éponge dont on fait usage dans les applica-
tions de l’électricité à la médecine. Ces éponges sont humectées
de solutions acides ou salées; on peut, avec leur secours, donner
une succession de chocs les plus puissants là où il est nécessaire.
Quand on fait fonctionner cet appareil, si l’on regarde entre la
face de l’armature de rotation et l’aimant en fer à cheval, on aper-
çoit une vive lueur qui va de l’une à l’autre. On aperçoit encore
cette lumière aux points de rupture. On la voit aussi quelquefois
briller entre les hélices F, G. Avec cet appareil au moyen d’une ,

disposition particulière, on décompose l’eau.


Au lieu des deux hélices précédentes et de leurs accessoires qu’on
appelle armature d'intensité, parce que le courant qui en résulte
provient d’une électricité à forte tension, on emploie une armature
de quantité, qui formée de cylindres moins forts et d’un fil de
est

cuivre de 10 mètres seulement, d’un diamètre plus gros et recou-

Digitized by Google
ET ÉLECTBO-MAGKBTISME. 337

vert de soie. C'est avec cette armature qu'ori brûle un fil de fer et
qu’on obtient l’incandescence d’un fil de platine.
Si, au lieu d’un électro-aimant tournant, on en emploie un grand
nombre, et que l’on fasse usage d’une série d’aimants artificiels d’une
grande puissance, on peut avoir un appareil fournissant un courant
électrique assez énergique. Alors, pour faciliter la manœuvre, on
peut faire passer les bobines entre les branches des fers à che-
val des aimants ,
au lieu de les faire passer à côté. C’est de cette
manière qu’ont été construits les appareils magnéto-électriques em-
ployés comme source d’électricité pour la dorure et l’argenture.

Les appareils magnéto-électriques peuvent être avantageux pour


avoir un courant constant, tant que la vitesse de rotation de l’appa-
reil est la même; seulement le courant est intermittent, mais ces
intermittences , pour les effets chimiques ou calorifiques, ne sont pas
appréciables. 11 seulement un point sur lequel nous devons in-
est
sister : c’est que ces appareils ne sont pas économiques, en ce sens
que l’équivalent de force mécanique employée ne produit en élec-
tricité qu’une quantité qui, utilisée pour des actions chimiques ou

calorifiques, ne peut rendre qu’une fraction de ce qu’aurait pu


donner la force initiale appliquée immédiatement à cet usage. Ainsi,
pour nous faire mieux comprendre, il serait chimérique de faire

usage d’un appareil semblable pour faire du gaz par la décompo-


sition électro-chimique de l’eau 1

,
car la quantité d’eau décomposée
électro-chimiquement serait en quantité moindre que celle que l’on
obtiendrait avec le combustible employé à obtenir la force motrice
initiale.

Dans les applications industrielles, telles que la dorure ou l’ar-


genture, où le prix de revient de l’électricité employée est fort mi-
nime, eu égard à la valeur du dépôt et à celle de l’objet recouvert,
ilest avantageux de se servir de ces appareils qui fonctionnent avec

une grande régularité; dans les applications, au contraire, oit il


faut compter avec le prix de revient de l’électricité, il ne faut pas
encore songer à leur emploi , à moins de circonstances spéciales.
Appareil de Page. On peut obtenir des courants d’induction assez
énergiques, ainsi que l’a fait M. Page, en entourant d’hélices les

branches d’un aimant permanent et fixe en fer à cheval , et en fai-


sant tourner rapidement une armature en fer doux devant cet
aimant. Quand l’armature est devant les pôles de l’aimant, son in-
fluence détermine un changement dans l’intensité magnétique des
différenls points de l’aimant, et par suite un courant induit dans le

Digitized by Google
288 ÉLEC'rilO-BYKA.lflQDI.

fil conducteur; quand l’armature s’éloigne de cette position, il


y a
un effet inverse de produit.
Fig- **-

La 200 représente un appareil de ce genre, mais construit


figure
par M. Breton pour les applications médicales. On obtient, en tour-

nant l’armature de fer doux mobile B, devant l’aimant J ,


une série
de courants induits de sens contraire, capable de donner des com-
motions ; mais, pour avoir les courants induits dans le même sens,
il faudrait ajouter un système de roues dentées à parties mi -con-

ductrices, placé sur l’axe de rotation. Pour graduer l’action de l’ap-


pareil, on éloigne plus ou moins l’aimant de l’armature mobile à
l’aide du bouton C ; la tige en fer doux P , que l’on peut mettre en
contact avec les pôles de l’aimant , sert au môme usage.
M. Loiseau a fait une addition qui permet d’utiliser le courant élec-
trique produit par induction autour de l’armature mobile en fer
doux ; pour cela il substitue à cette armature un électro-aimant ordi-
naire il réunit alors les avantages de la machine de Saxton à celle de
:

Page, et, d’après la disposition du rhéotrope placé sur l’axe mis en


mouvement avec la main, on peut faire concourir à l’effet que l’on
a en vue, ou le courant induit dans le circuit placé autour de l’ai-
mant, ou celui qui est produit dans l’éleclro-aimant tournant, ou
bien la réunion des deux.
Appareil de RuhtnJtorf. Dans les machines précédentes , le mou-
vement de rotation est produit par une force extérieure; mais,
quand on emploie un courant électrique initial pour aimanter les
fers doux qui doivent induire les courants que l’on veut étudier, on
peut obtenir cette alternative d’actions inverses, soit par un mouve-
ment d’horlogerie, soit à l’aide de l’instrument lui-méme.
Nous parlerons d’abord de l’appareil construit par M. Hubmkorf,
lequel donne des effets très-énergiques.

Digitized by Google
,

ET éLECTHO-il AG^ F.TISM E. 239

Fig. ÎO» lifs.

La figure 209 bis représente un de ces appareils d’induction avec


la bobine de fil horizontale. Nous l’empruntons, ainsi que sa descrip-

tion, à la notice sur l’appareil d'induction électrique de M. Ruhm-


korf par M. du Moncel.
Cet appareil consiste en une longue bobine en carton mince, avec
rebord en verre ou en bois, recouverte d’un premier circuit formé
par un fil de cuivre isolé gros et court ,
lequel doit donner passage
au courant électrique inducteur destiné à provoquer l’aimantation
de la masse centrale en fer doux. Les extrémités de ce gros fil vien-

nent s’attacher aux colonnes de cuivre I et 0, fixées sur la tablette


de l’appareil.
Sur ce premier circuit se trouve enroulé un fil de cuivre entouré
de soie, mais d’un très-petit diamètre (n° 1(5 du commerce), et dont
la longueur varie entre 8 et 10 kilomètres, car la longueur du til,

par la résistance qu’il oppose au mouvement de l’électricité, est la

première condition pour que celui-ci acquière une grande tension.


Ce second fil est en outre isolé avec le plus grand 6oin au moyen
d’un vernis h la gomme laque, et ses extrémités aboutissent à deux
colonnes isolantes en verre C et B.
Dans l’axe de la bobine se trouve un faisceau de fils de fer M
dont oxydée ne permet pas de communication de l’un à
la surface
l’autre, éviter, ainsi qu’on le verra dans la suite de
de manière à
ce chapitre, que des courants d'induction circulant autour de la
masse de fer ne diminuent la rapidité de transmission des courants
induits dans le circuit extérieur.
Le principe de l’appareil consiste en ce que l’on fait passer, à des
intervalles très-rapproehés, une succession de courants électriques

Digitized by Google
240 ÉLECTHO-nYNAMIQUE

dans le gros fi! 01; le faisceau central en fer doux, en s’aimantant


et en se désaimantant, réagit par induction sur le circuit de (il fin,
et produit une série de courants induits donnant lieu aux étincelles
ou aux effets dont on a déjà parlé, et sur lesquels il est nécessaire
de revenir.
Pour établir la communication entre les fils de la pile et les ex-
trémités du gros fil conducteur, les premiers sont attachés en A et A'
des deux côtés du commutateur KL;
communiquent à des res-
ils

sorts qui, en rencontrant les plaques conductrices du commuta-


teur, font passer le courant dans le gros fil , dans un sens ou dans
l’autre. Ce commutateur a été décrit page 189, et est représenté

fig. 185 bis.

Quant à la succession rapide des courants dans le gros fil induc-


teur, elle est obtenue au moyen du système d’interrupteur utilisé par
MM. Neef et Delarive, dont nous avons déjà parlé, et connu quelque-
fois sous le nom de trembleur. Cet interrupteur est disposé absolu-

ment comme celui figuré dans le condensateur électro-chimique de


M. Delarive (page 2 13), pour être mis enjeu par lecourantlui-même;
à cet effet, le faisceau de fer doux central est terminé par une ron-
delle de fer doux qui fait saillie hors de la bobine, et qui est destinée
à attirer une petite masse de fer doux D, toutes les fois que l’aiman-
tation a lieu. Cette petite masse en fer doux, attachée à un bras
de levier DE, très-mobile à l'extrémité de la colonne I, est terminée
à sa partie inférieure par une lame en platine, qui repose, dans les
conditions ordinaires, sur un morceau de cuivre également couvert
de platine. Or, comme la masse en fer doux D communique par la
colonne I à une des extrémités du gros fil inducteur, et que le
morceau de cuivre touche par l’intermédiaire du conducteur en
cuivre partant de H à l'un des deux pôles du couple ou de la pile
produisant le courant, le second pôle communiquant à l’autre ex-
trémité O du fil, il en résulte que le circuit sera fermé toutes les
fois que les masses métalliques seront en contact; mais, quand cela

aura lieu , les fils de fer s’aimanteront, le morceau de fer doux sera
attiré, et le circuit se trouvera rompu. Aussitôt, le courant cessant
de passer, le fer doux retombera, touchera de nouveau le cuivre,
d’où résultera un nouveau passage de l’électricité; de là, nouvelle
attraction, nouvelle rupture du circuit, et ainsi de suite. On com-
prend dès lors qu’il se produira une succession très-rapide de
passages du courant attesté par des étincelles éclatant entre le
marteau de fer et le morceau de cuivre; mais, comme ces masses

Digiiized by Google
ET ÉLECTRO-MAGNÉTISME. 241

métalliques sont recouvertes de platine , il ne se produit pas d’oxyde


entre les surfaces en contact, et l’action peut se continuer ainsi
pendant plusieurs heures.
EJ'(et s sialiques dus à l'action des courants d'induction. Lors-
qu’on fait fonctionner cet appareil à l’aide d’un ou deux couples
voltaïques, non-seulement on obtient entre les extrémités C et B
du fil induit un courant électrique, mais il se manifeste des effets
de tension très -remarquables, capables de donner des étincelles
éclatant dans l’air.

La tension qui accompagne la production des courants induits


a été mise hors de doute par les expériences de MM. Masson et
Breguet , faites en 1 842 ,
en isolant convenablement le fil induit.
D’après leurs recherches, bien que ces physiciens n’aient fait usage
que de l’extra-courant ou courant d’induction obtenu dans le fil
lui-même, ils purent obtenir dans le vide des décharges capables
d’accuser l'inégal pouvoir lumineux des deux extrémités du cir-
cuit; ils purent également charger un condensateur, mais ils n’ob-
tinrent pas d’étincelle éclatunt à distance dans l’air.

En faisant usage de l’appareil décrit précédemment, dans lequel


le fil est convenablement isolé, les conditions nécessaires à la produc-
tion du courant induit étant meilleures, l’excès de tension de l’élec-
tricité est plus considérable, et les étincelles peuvent même acquérir
dans l'air jusqu’à un centimètre en employant un ou deux couples,
comme on le dira plus loin. Lorsque l’appareil fonctionne, le cou-
rant inducteur est alternativement établi et interrompu , et il doit
se produire successivement des courants induits en sens inverse
dans le fil fin isolé ; mais, comme cela a été dit plus haut, page 333,
il n’y a pas destruction de toute action inductrice, et l’expérience
prouve que l’état électrique du circuit est semblable à celui qui

seraitdonné par une succession de courants induits directs, c’est-


à-dire produits lors des différentes désaimantationsdu barreau de
fer doux; les courants produits directs sont donc prédominants.
Une autre observation qui est très-importante, et que l'on doit si-
gnaler encore, est relative à l’inégale tension de l’électricité aux
deux extrémités du fil induit c’est en effet à l’extrémité exté-:

rieure du fil fin que l'on observe un excès de tension de l’élec-

tricité dont la nature dépend du sens du courant inducteur, lorsque

l’on approche de cette extrémité un conducteur communiquant


au sol ; à l’autre extrémité, à l’extrémité intérieure,
.
on n'observe
aucun effet de c e genre.
T III. 16

Digitized by Google
,

212 ÉLKCTUO-DYNAUIQUE

Conditions e Us differentes parties de l'appareil d'induction ,


Pour bien comprendre le jeu de l'instrument dont nous venons de
parler, et pour se rendre compte des expériences dans lesquelles
il a fonctionné, il est essentiel d’étudier l’influcuce de ses diffé-
rentes parties sur les résultats obtenus.
L’hélice inductrice formée de gros fil ne donne lieu à aucune
observation impartante ; elle est destinée seulement, comme on l'a

vu , h aimanter le fer intérieur.

La construction de l’hélice induite , d’après M. Poggendorf, a,


au contraire, une grande influence sur les effets obtenus ; les deux
extrémités du fil fin doivent se trouver de préférence aux deux bouts
de l’hélice, afin de ne pas rapprocher les uns des autres les points

du fil oü la différence de tension électrique doit être très-grande.


Le moyen d’éviter cet inconvénient serait de composer l’hélice d'an-
neaux indépendants, séparés par de grands intervalles; mais,
comme on ne peut songer à cette disposition , on s’en rapproche en
divisant l’hélice induite en plusieurs hélices distinctes réunies bout
à liout , et dont chacune est composée d’un nombre impair de cou-
ches de fil. M. Poggendorf a préféré isoler les fils recouverts de
soie à l’aide d’uu vernis isolant fusible ;
blanc de baleine, acide
stéarique, huile et cire), au lieu d’un vernis isolant ordinaire à l’al-

cool. En outre, l’avantage que l’on a à employer plusieurs hélices


au fieu d’une seule, est que, lorsqu'une décharge intérieure a rompu
l'isolement du circuit iuduit d’une grande hélice, celle-ci ne peut
plus servir, tandis que, lorsque cet accident se produit dans une
des hélices séparées , il n’y a que cette dernière qui soit hors d'u-
sage.
On a vu que l’on introduit dans l’axe commun de l’hélice induc-
trice et de l'hélice induite un faisceau de de fer doux. On peut
fils

avec avantage substituer à celui-ci du fil de 0" -,23 de diamètre


et il n'est pas nécessaire de les isoler les nus des autres, la couche
d’oxyde qui ne tarde pas a les recouvrir étant Un vernis suffisant
pour les effets que l’on étudie.
L'interrupteur D (fig.dans l’appareil de M. Ruhm-
bis), qui,

koi f, est inséparable des autres pièces, peut être placé hors de l’ap-
pareil; aussi M. Poggendorf a-t-il fait usage d'un interrupteur
formant une pièce .isolée, mise en mouvement par un électro-ai-
mant particulier. On peut faire aussi usage d un petit interrupteur
de Ritchic, que nous décrirons plus loin page 233, dans la
,

figure 2 10 bis.

Digitized by Google
ET ÉLECTRO-MAGNÉTISME. 243

U n’est pas sans intérêt de nous arrêter sur l’influence que peut
avoir l’interrupteur, et différents appareils avec lesquels on le met
en rapport, sur les effets obtenus. M. Fizeau a trouvé qu’en faisant
communiquer chaque côté de l’interrupteur avec une des faces
d'un condensateur, ou augmente la longueur de l’étincelle donnée

par le courant induit. L’effet produit parait résulter de la suppres-


sion, ou du. moins de la diminution de l’extra-courant dans le fd
inducteur, qui, lorsqu’il prend naissance, agit pour diminuer l’élec-
tricité du courant induit direct, auquel on doit rapporter les résul-

tats obtenus: eu effet, lorsque l'appareil d'induction fonctionne


sans l’intermédiaire du condensateur, on voit des étincelles éclater
entre les extrémités de l’interrupteur, et qui sont dues, comme on
le sait, à la production d'un courant induit (extra-courant) dans le

circuit inducteur lui-même; or, lorsque l’on interpose le condensa-


teur dans le circuit inducteur, ces étincelles diminuent beaucoup,
en même temps que celles qui résultent du courant induit dans
le fd fin augmentent.
Le rôledu condensateur donnant lieu à un écoulement de l'élec-
tricité qui aurait produit i'extra-courant parait encore prouvé par
les résultats suivants, obtenus par M. Poggendorf : si l’on plonge
l’interrupteur dans un liquide en supprimant le condensateur, et
que le liquide soit très-conducteur, comme l’eau acidulée , l’hélice
induite ne donne que de faibles étincelles ;
si le liquide est dépourvu
de toute conductibilité, comme l’essence de térébenthine, les étin-
celles sont également faibles, tout se passant connue dans le cas
oii l’interruption a lieu dans l’air; mais si le liquide est faiblement
conducteur, comme l'alcool, l'eau de source, et surtout l’eau dis-
tillée, les étincelles d’induction sont très-fortes, et le condensateur
devient presque inutile, tout en gardant cependant quelque in-
fluence.
11 se manifeste, dans ce cas, le même effet que celui qui est pro-
duit quand on substitue au condensateur un fd conducteur très-
résistant : dans ce cas, les étincelles d'induction sont augmentées
également. Enfin M. Poggendorf, ayant placé l’interrupteur dans
l’air raréfié à une pression de 3 à i millimètres de mercure , a
trouvé que d’induction dans le fil fin étaient ajissi
les étincelles

fortes qu’en employant le condensateur; ainsi, eu disposant l’inter-

rupteur dans le vide, il n’est pas nécessaire d'avoir recours à ce


dernier appareil.
Les opinions varient pour expliquer ces effets : suivant les uns,
IG.

Digitized by Google
244 ÉLECTR0-DYPIAUIQ11B

le condensateur ou les milieux interposés diminuent l'extra-eourant


agissant en sens inverse de celui de la pile; suivant les autres, l’ex-
tra-courant diminue la tension en ralentissant l’action inductrice :

une fois l’extra-eourant diminué, l’excès de tension du courant in-


duit doit augmenter. En tout cas, cette interposition d’un conden-
sateur, d’un fil métallique ou d’un milieu liquide ou gazeux raréfié,
n’a pas pour effet d’augmenter la quantité totale d’électricité déve-
loppée par induction , mais bien de changer la rapidité de l'action

inductrice, et par là la tension de l’électricité.

Comme moyen pratique, il est préférable d’avoir recours aux


condensateurs, au lieu d’opérer avec des milieux analogues à ceux
dont nous avons parlé. D’après M. Ruhmkorf , on le forme à l’aide
de deux feuilles de papier d’étain collées des deux côtés d’une ,

bande de taffetas gommé d’environ t mètres de longueur, et repliées


entre deux autres bandes de ce même taffetas, de manière à pou-
voir être introduites dans l’intérieur de la planche servant de sup-
port à l’appareil. Les boutons G et H de la figure 209 bis sont mis
en rapport avec les faces de ce condensateur.
M. Êoggendorf a employé le condensateur de M. Halske, lequel
se compose d’une feuille de mica d’environ deux décimètres carrés,
recouverte d’étain sur les deux faces. Dans ce condensateur, la
distance des armatures est plus petite et surtout plus uniforme que
dans les condensateurs à taffetas gommé, et les effets sont au
moins aussi énergiques sous de beaucoup moindres dimensions.
On peut remplacer le mica par du papier à lettre on tout autre pa-
pier fin vernis à la gomme laque. En construisant plusieurs de ces
condensateurs depuis 7 centimètres carrés jusqu’à i décimètres, les

effets ont varié comme il suit : lorsqu’on a employé une pile peu
énergique , une hélice inductrice à fil gros et court et une hélice
induite à fil long et fin ,
les petits condensateurs ont produit à peu
près les mêmes effets que les grands lorsqu'on a
;
fait usage, au con-

traire, d’une pile d’un grand nombre d’éléments et d’une hélice in-
ductrice à fil long et fin, c’est-à-dire lorsqu’on s’est placé dans les
conditions favorables il la production d’un extra-courant énergique,
l’infiuence des petits condensateurs a été nulle, et les grands con-
densateurs ont été nécessaires.
Effet* de lumière et de chaleur obtenus par l’emploi de l’appareil
d'induction. On peut distinguer dans le mode d’action de l’appareil
d’induction plusieurs cas différents : les deux extrémités du fil in-
duit peuvent être réunies par un lil conducteur; elles peuvent être

Digitized by Google
KT KLF-CTIiO- MAGKETISMF. 245

séparées par un gaz plus ou moins raréfié, ou bien par un milieu


isolant. Nous allons étudier successivement les phénomènes qui
sont produits dans ces différentes circonstances.
Lorsque le circuit induit est fermé par un conducteur solide ou
liquide, il s’y développe des courants alternativement opposés à cha-
que interruption et à chaque fermeture du circuit inducteur. Ces
courants sont égaux en quantité, mais non en durée. Il est aisé de
comprendre que, lorsque l'on ferme le circuit inducteur, l’extra-cou-
rant inverse peut s’établir en toute liberté dans ce circuit, et diminue
l’excès de tension du courant inverse dans le circuit induit. Quand
on rompt le circuit inducteur, au contraire, l’extra-courant direct

dont il a été question ci-dessus, ne pouvant s'établir en toute li-

berté, présente un excès de tension et retarde le courant direct du


circuit induit ;
mais, lorsqu’on emploie les moyens indiqués précé-
demment , on évite cet effet.
Lorsque le circuit induit est interrompu, et qu’entre les extrémités
du fil se trouve un gaz ou un corps isolant, le courant induit direct
est le seul qui se développe, et l’hélice induite présente deux pôles
bien définis. On
démontre en éloignant les extrémités des fils,
le

de façon que l’intervalle soit trop grand pour qu’il se produise des
étincelles, et en en approchant un électroscope. En outre, si on
fait éclater une succession d’étincelles entre les deux extrémités du

fil induit, on reconnaît, soit avec un galvanomètre, soit par les ac-

tions chimiques, que les étincelles sont dues à un courant induit


direct formé par des décharges successives. Ainsi le courant in-
verse est dominé par l’autre, et, selon une expression de M. Pog-
gendorf, la couche gazeuse agit comme un filtre qui ne laisse passer
que les courants d’une direction déterminée. 11 est probable que
cet effet provient de l’inégalité de tension que possèdent les deux
courants induits développés, et qui d’après ce que nous avons dit ,

plus haut, ne permet qu'au courant direct de s’établir de façon à


vaincre une résistance déterminée.
On peut démontrer du reste l'influence des extra-courants sur les
courants développés dans le fil induit, en diminuant h volonté la
tension du courant induit direct, qui est la cause des étincelles que
l'on observe dans les conditions ordinaires : il suffit de disposer,
ainsi que l’a fait M. Poggendorf deux ,
hélices- inductrices compo-
sées d'un gros fil
, et de faire passer le courant principal dans une
seule de ces hélices, puis de réunir les extrémités du second fil par
un fil conducteur. Le courant induit dans ce deuxième- fil réagit

Digilized by Google
2-IG UI.ECTBO-DY,\AMIQUE

sur le courant induit de l’hélice extérieure de fil fin, et en diminue


la tension au point de faire disparaître l’étincelle. Quand les extré-
mités de ce second fil inducteur sont séparées ,
les cfTcls ont lieu
comme dans les conditions ordinaires.
Lorsque l'on étudie les effets calorifiques et lumineux des étin-
celles et de l’arc électrique obtenu avec l’appareil d’induction, on
observe les effets curieux de fusion et de lumière dont il a déjà
été fait mention, tome 1", page 330 : ainsi, de deux fils fins de fer,

celui qui est au pèle négatif rougit seul et fond. Un autre phéno-
mène curieux, dont nous avons déjà fait mention page -211, c’est

que les deux extrémités du fil induit ne possèdent pas le mémo


excès de tension : le bout extérieur de l’hélice induite peut donner
des étincelles à distance quand on lui présente un conducteur isolé
du circuit, tandis qu’il n’en est pas ainsi pour le bout intérieur du
fil. 11 y a un moyen d’obtenir un courant ayant aux deux pèles une
égale tension : il consiste à faire passer le même courant inducteur
au travers de deux appareils semblables réunis par leur gros fil et
leur fer, et de façon que l’électricité positive et l’électricité néga-
tive se produisent dans l’un des appareils à l’intérieur du fil fin,

dans l’autre à l’extérieur; on n’emploie, pour cela, qu’un. inter-


rupteur pour faire fonctionner l’ensemble des deux appareils.
Un peut répéter avec l’appareil d’induction une foule d’expé-
riences fort curieuses, et à l’aide desquelles on met en évidence des
effets dus à l’inégalité de tension possédée par les deux extrémités

du fil ; nous ne parlerons que de celles que l’on peut faire en établis-
sant la communication entre les deux extrémités du lil induit et les
deux tiges de l'œuf électrique. Nous avons déjà indiqué la différence
er
d'effets produits aux deux pèles, tome
1
,
page 353, et nous avons
apjielé l'attention sur les stratifications observées dans l’arc lumi-
neux, page 354; mais, comme la figure donnée dans le premier vo-
lume ne représente pas convenablement le phénomène, nous avons
emprunté à l’ouvrage de M. du Moncel, déjà cité plus haut, la
figure suivante (209 ter), laquelle donne une idée des effets obte-
nus. On voit dans la figure 3* la différence dans les effets produits
aux deux pèles; le pèle négatif inférieur étant entouré d’une au-
réole bleuâtre, et le pèle positif supérieur étant le point de dé-
part d'une gerbe rougeâtre. Du reste, en introduisant un fil de
grande résistance dans le circuit, cette inégalité d’action tend à dis-
paraître, ainsi que l’a remarqué M. Bulunkorf.

Digilized by Google
ET Ét.ECTIIO-M AGKÉTI&ME. 24 7

La figure du milieu représente les stratifications que l’on remar-


que quand on fait le vide très-exactement, et que l’œuf électrique
contient préalablement de la vapeur d'essence de térébenthine, d’es-
prit de bois, d’huile de naphte, de bichlorure d’étain, etc. MM. Quel

et Grove ont étudié ces stratifications, qui semblent ne pas dépendre


uniquement de l’intermittence des décharges, puisqu’on peut les
obtenir en manœuvrant l'interrupteur de l'appareil d'induction à la
main, et en ne soulevant le marteau qu’une seule fois. Seulement,
quand l’appareil fonctionne et que les courants se succèdent, par
une illusion d’optique, les strates paraissent avoir un mouvement
ondulatoire et progressif et un mouvement de rotation. Ce phéno-
mène, ainsi que nous l’avons déjà dit tome I", page 3S4, n’a pas
encore reçu d'explication complètement satisfaisante.
Nous venons de voir les effets qui avaient lieu quand les extré-
mités du fil d’induction étaient réunies ou séparées par un gaz; mais,
si ces extrémités sont terminées par des plaques métalliques que

sépare une lame isolante, ou, en d’autres termes, si elles touchent


aux deux faces d’un condensateur, il se produit alors des phénomènes

Digitized by Google
24S ÉLhCTRO-nYNAMIQIlR

remarquables : le condensateur se charge sous l’influence de cha-


que courant induit direct, et se décharge immédiatement par le lit
lui-même, de manière qu’on ne constate pas d’accumulation d'élec-
tricité ;
mais en même temps on aperçoit des apparences lumineuses,
et l’on entend des crépitations indiquant le passage continuel de
des plaques sur la lame, et vice versa. Ainsi, d’apuès
l’électricité

M. Poggendorf, si l’une des extrémités du fil communique avec une


barge plaque carrée, et l’autre extrémité avec une petite plaque
ronde, séparée de la précédente par une lame de verre, on entend
un bruit continuel d'étincelles, et dans l’obscurité on voit la plaque
rondo environnée d’une auréole lumineuse produite par un grand
nombre d'étincelles, qui semblent dans une agitation incessante.
L’auréole est d’autant plus large que la plaque ronde est plus pe-
tite. On peut même séparer les plaques de la lame de verre par
une couche d’air de quelques millimètres d’épaisseur, et l’on observe
de nombreuses étincelles partant entre les plaques et les deux sur-
faces du verre.
Si, en même temps que les extrémités du fil induit communi-
quent avec les deux armatures d’un condensateur, elles commu-
niquent avec deux boules ou deux pointes rapprochées l’une de
l’autre, il part entre ces boules des étincelles beaucoup plus fortes
et plus brillantes, mais moins longues que par le fil induit lui-
même. Le condensateur se décharge en effet latéralement entre
les boules, comme cela arrive avec un condensateur chargé par
Fig. 105.

Digitized by Google
ET ELtXTHO-MAGttKTISUE. 249

une machine ordinaire, ou plutôt avec l’électromètre de Lano (voir


tome I",page 35). Nous avons déjà cité, tome I", page 357, l'ap-
pareil à aide duquel M. Masson a étudié la composition de lu
l

lumière électrique; nous allons y revenir : d’après la disposition


adoptée par ce physicien, un condensateur MN (fig. 105), chargé à
l’aide des conducteurs F et S, était déchargé latéralement en AB;
alors, avec l’appareil d’induction dont les extrémités communi-
quaient à F et à S, il a pu obtenir une succession d’étincelles très-
brillantes en AB.
MM. Grove et Gassiot ont opéré sur une plus grande échelle en
se servant d’une pile d'un grand nombre d’éléments pour obte-
nir le courant principal passant dans l’appareil d’induction ; ils ont
reconnu que l’addition d’un condensateur dans les mêmes condi-
tions que précédemment accroissait l’énergie des décharges,
pourvu que la surface du condensateur augmentât avec la force de
la pile. Avec 30 éléments d’une pile à acide nitrique et un conden-

sateur de O™, 5 1 carrés, ils ont vu entre les extrémités de l’excitateur


latéral jet volumineux d’étincelles de A millimètres de long, et
un
qui prirent même une longueur de AO millimètres quand on inter-
posait la flamme d’une lampe à alcool (la flamme étant conductrice
de l’électricité, ainsi qu’on l’a vu tome 1", page OA). Dans ces expé-
riences, on peut faire usage de bouteilles de Leydc ou de jarres
bien isolées, pourvu que l’armature intérieure communique avec
l’extérieur du ftl induit, c’est-à-dire à la partie oit l’on remarque
l’excès de tension électrique ; mais, dans tous les cas, on doit pro-
portionner l’étendue du condensateur à la puissance du courant
électrique que l’on emploie.
Emploi cle l'appareil d’induction pour l'explosion des mines.
L’apparéil d’induction que nous avons décrit n’offre pas seulement
un intérêt purement spéculatif, si l'on considère les services qu’il
peut rendre à l’art des mines. Les procédés employés jusqu’à ce
jour pour enflammer la poudre dans les mines sont impraticables
dans certains cas, et le plus souvent insuffisants et dangereux. L'in-
candescence d’un fil métallique interposé dans un circuit voltaïque
avait déjà permis de provoquer une explosion à distance à un mo-
ment donné ;
mais , outre que l’effet n’est pas instantané, l’em-
barras de la disposition de couples, dont le nombre dépend de la

longueur du circuit, est tel que l’on n’a pas utilisé la puissance
calorifique de l’électricité dans cette circonstance.
L’appareil d’induction de M. Rulunkorf n’offre pas ces embarras

Digitized by Google
J50 EL 8CT nO- 'J Y S A SI t Ql! B

de manipulation ;
au lieu d’une pile de plusieurs éléments, il n’en
exige qu'un seul , et encore peut-il être remplacé par un appareil
magnéto-électrique toujours prêt à fonctionner. Cependant le pro-
blème n’est pas aussi simple à résoudre, qu’il paraît l’être, et, en
excitant l’étincelle d'induction au milieu de la poudre, celle-ci
pourrait ne pas faire explosion; mais, en ayant recours aux fusées
de Stateham ,
On peut provoquer l’explosion de la poudre à l’aide

des étincelles d'induction dans toutes les conditions possibles.


Les fusées dont il est question ont été construites par M. State -

ham, d’après oéttc observation faite par lui, que les étincelles
électriques suivent la légère empreinte de sulfure de cuivre laissée
sur la gutta-percha qui a servi h envelopper un fil de cuivre. Pour
les obtenir,on prend deux bouts de lil de cuivre rouge recouverts
de gutta-percha ordinaire ; on dégarnit de gutta-percha leurs extré-
mités, puis on les fait pénétrer dans une enveloppe de gutta-percha
vulcanisée, que l’on a coupée et enlevée de dessus un fil qui en avait
été recouvert depuis longtemps. La figure 210, n° 2, page 252 , re-
présente uno de ces fusées, AB étant l’enveloppe de gutta-percha
sur laquelle une échancrure a été pratiquée. On place les extrémités
des fils de enivre à deux ou trois millimètres l’une de l’autre, et l’on
recouvre les pointes de fulminate de mercure ,
afin de rendre plus
aisée l’inflammation de la poudre. On remplit l’échancrure de pou-
dre, et l’on enveloppe le tout avec un tuyau de caoutchouc, ou
dans une cartouche pleine de poudre.
L’empreinte de sulfure de cuivre laissée sur IA gutta-percha faci-
décharge, et par l’élévation de température donne lieu à l’in-
lite la

flammation des matières explosibles. Mais quand on a préparé une


fusée, avant de mettre la poudre, il faut l’essayer et régler l'éten-

due de la solution de continuité. Si le Sulfure de cuivre est en trop

grande quantité, il devient bon conducteur, et l’étincelle ne peut se


produire; s’il est en trop faible quantité, il ne facilite pas suffisam-
ment la décharge. Quand on a obtenu un bon résultat , on peut en
tonte sûreté placer les matières explosives, et se servir de la fusée
pour l’inflammation par l’étincelle.

Des expériences ont été faites à l’aide de ces fusées et de l’appareil


d’induction, par MM. Verdu, colonel espagnol, et Huhmkorf, et
par M. Savare, capitaine du génie français. MM. Verdu et Huhm-
korf ont opéré l’inflammation de la poudre à des distances varia-

bles de400 mètres à 26,000 mètres, soit en employant un circuit


composé de deux fils, soit en prenant la terre comme second con-

Digitized by Google
,

ET ÉLECTIIO-MAGNF.TISME. 251

ducteur, et ainsi qu’on le verra à propos de la télégraphie élec-


trique ;
ils se sont servis de deux couples de Itunsen pour faire fonc-
tionner l’appareil. On voit donc que l’excès de tension de l'élec-
tricité fournie par la machine est suffisant pour que l’étincelle
éclate à cette distance à l’extrémité des conducteurs.
L'n des principaux avantages de ce mode d'inflammation est
de pouvoir produire simultanément l’explosion en plusieurs endroits
à la fois. MM. lluhmkorf et Verdu avaient cherché à obtenir ce ré-
sultat en interposant plusieurs fusées dans le même circuit, mais
l’étincelle se t trouve affaiblie par les solutions de continuité succes-
sives, et tout au plus si on peut faire partir simultanément plus de
3 ou 1 rusées du mines.
M. Savare a établi les fusées sur des dérivations d'un circuit prin-
cipal, et a disposé res dernières de façon (pic les bouts de fil

constituant la solution de continuité soient terminés par des poin-


tes effilées d’alliage fusible. Si on fait fonctionner l’appareil d’in-
duction, celle des mines qui présente le moins de résistance à la
transmission de l’électricité fait explosion ;
dans cette inflammation
le métal fusible *e trouve fondu, et le courant ne pouvant passer
par le circuit en traverse un autre, et ainsi de suite, le tout avec
une grande rapidité. Avec ce système, M. Savare a pu enflammer
simultanément jusqu’à 10 fourneaux de mine à 700 mètres de dis-
tance.
M. du Moncel a proposé une permet
disposition ingénieuse, qui
de produire l'inflammation simultanée avec un nombre quelconque
de fourneaux de mines. Celte disposition a été du reste employée
avec succès pour les travaux de la rade de Cherbourg; elle est in-
diquée sur la figure 210, que nous empruntons à l’ouvrage do
M. Dumoneel, ainsi que sa dcscripiion :

« On a eu recours à un commutateur à rotation représenté fig. 210,


« partie 5, et consistant dans une roue épaisse de gutta-percha AB,
u fig. 4 et 5, mise en mouvement par un ressort de pendule CF, et
«dont la circonférence* portait cinq plaques métalliques séparées
« les unes des autres par un intervalle de 2 centimètres environ.
« Sur cette circonférence appuyait un frotteur E, qui, par l’inter-
« médiaire d’un bouton d’attache et d’un fil, était mis en rapport
« avec celui des pèles de l'appareil de Rhumkorf qui fournit l’étin-

« celle à distance. Les plaques elles-mêmes communiquaient , par


« l'intermédiaire de lames métalliques appliquées sur les deux sur-
« faces planes de la roue, à cinq ressorts frotteurs, mis en relation

Digitized by Google
253 EI.ECTHO-DYKAMIQUE

Fig. 210.

« par des boutons d'attache avec les cinq fils des circuits. Enfin
a une détente à encliquetage 11), destinée à brider le ressort quand
u il était tendu, permettait, à un instant donné, de dégager le

u mouvement de la roue. Le jeu de cet appareil est facile à conce-


« voir :quand la roue entrait en mouvement , elle présentait suc-
« cessivement au frotteur commutateur E les différentes plaques de
« sa circonférence; mais comme celles-ci, par leurs relations avec
« les autres frotteurs ,
se trouvaient mises en communication avec
« les différents circuits , le courant était renvoyé successivement
«d’un circuit dans l’autre, dans un temps inappréciable. (Notice
sur l'appareil (V induction électr. de Ruhtykhorf, p. 120.)
La disposition des fils et des appareils est représentée fig. 210,
partie 1. M
représente l’appareil d’induction; OP, le commutateur
à rotation, et les mines sont figurées enQ, H, S, T. Le pèle exté-
rieur du courant induit communique au ressort E du commuta-
teur; celui qui ne fournit pas d’excès de tension électrique est en
rapport avec un long lit recouvert de gutla-percha vulcanisé, qui
circonscrit les différentes mines. Sur ce fil on pratique des déri-

Digitized by Google
,

ET ÉLECTRO-MAGNÉTISME. 353
valions qui vont rejoindre l'un desdeux fils de chaque mine , l’au-
tre de ces mines s’attachant à un des ressorts frotteurs du com-
fil

mutateur. Quant à la disposition des fils à l’intérieur des mines,


elle est indiquée partie 3.
Cette propriété d’inflammation due à l’emploi des appareils d’in-
duction pourrait être encore utilisée fort avantageusement dans
l’artillerie, pour les explosions sous-marines, et dans toutes les cir-
constances où l’on veut provoquer une explosion à distance à un
moment donné, simultanément en plusieurs endroits à la fois.
et
Appareils divers d’induction. Nous citerons encore d’autres ap-
pareils d’induction parmi ceux qui ont été construits, mais qui sont
spécialement destinés pour les usages médicaux, et qui peuvent
être dans quelques circonstances avantageusement employés.
Dans M. Blanchi, la bobine d’induction A
l’appareil construit par
est séparée de l'interrupteur, qui offre une disposition particulière;
c’est un interrupteur employé par M. Ritchie, et qui consiste en
un petit électro-aimant rectiligne ab, mobile par le moyen d’une
tige faisant pivot au centre d’un montant vertical. Ce montant est
Fig. 310 bis.

placé au milieu des deux branches CD d’un aimant en fer à cheval,


de sorte que ab, en raison de la tige de fer doux qu’il contient
tend à se.placer dans la direction de la ligne des pôles. Mais le petit
fil conducteur qui entoure ab se termine par deux petites tiges en

platine, qui viennent verticalement plonger par leur extrémité dans


un bain de mercure placé dans une coupe supportée également
par le montant; ce bain de mercure est divisé en deux par une

cloison qui nemet pas arrêt au mouvement circulaire de l’électro-


aimant, la surface supérieure de la cloison étant au dessous des
pointes de platine terminant le lit ; mais, comme le mercure ne
mouille pas les parois du vase dans lequel il est contenu, sa sur-

Digitized by Google
354 ÉLECTSO-DV N AMIQIJE

face supérieure convexe dépasse le niveau de la cloison et les ex-


,

trémilés du pktine peuvent être en contact avec le mercure. Uo


cette manière, le bain mercuriel divisé en deux, et dans chaque
moitié duquel plongent successivement les extrémités du fil, forme
un commutateur qui permet de clianger à chaque demi-circonfé-
rence le sens du courant circulant dans ab.
On conçoit aisément alors que, si le courant d'un couple P, avant
d'être dirigé dans le gros fil inducteur de la bobine A ,
passe par
le petit électro-aimant mobile ab au moyen du commutateur à mer-
cure , et que celui-ci soit convenablement orienté ab se met en ,

rotation avec une. grande vitesse, interrompant le courant indium


teur un très-grand nombre de fois par seconde et donne lieu, dans ,

, à une
le fd fin succession de courants induits successivement de
sens contraire, pouvant être perçus à l’aide des conducteurs m et n.
Pour augmenter l’action inductrice, on place dans la bobine A des
fds ou des tiges en fur, dont le diamètre et le nombre servent à gra-
duer les effets physiologiques.
M. le docteur Duchenne a disposé un appareil d’induction dans
lequel il fait usage à volonté des courants inducteurs et des courants
induits. Cet appareil est pourvu d’accessoires permettant de graduer
les commotions, et est très-couvepable pour les applications électro-

médicales qui ont été faites par lui.

Du quand on veut employer les appareils d’induction con-


reste,
struits par MM. Breton , llianchi , Duchenne, Loiseau , etc. , ou bien

celui de M. ftbuuikorf, j| es t nécessaire de graduer les commotions


et la manière dont ou peut les appliquer. Pour les graduer dans l'ap-

pareil de M. Breton, on peut approcher ou éloigner l’armature mo-


bile en fer doux. Dans les autres, on change la longueur ou le dia-
mètre du fer doux ou le nombre des fds de fer placés dans l'hé-
lice. On peut également dans chacun de , ces appareils , se servir
d’un cylindre de cuivre enveloppant l’hélice qui ,
d’après les obser-
vations de M. Dove, amortit les commotions. Enfin, dans chacun
d’eux on peut interposer dans le circuit une colonne liquide de
,

longueur variable, en enfonçant plus ou moins deux fils de platiné


dans deux bouchons placés aux extrémités d’un tube de verre rem-
pli de liquide.

MAGNETISME 1> Ail ROTATION.

Nous phénomènes dont la dé-


allons exposer actuellement les
couverte est duc à Arago, et qui trouvent leur explication dans les

Digitized by Google
ET ÉLECTRO-H AGNBT1SME. 255

effets d’induction dontprécédemment ; nom vou-


il a été question
lons parler des propriétés magnétiques des corps eu mouvement.
Voici comment on les observe : si l’on suspend une aiguille aiman-
tée horizontalement au-dessus d’un métal ou de l’eau, et qu’on
l’écarte de sa position naturelle d'équilibre d’un certain nombre
de degrés , en l’ahandonnant ensuite à elle-méine, elle oscille dans
des arcs de moins en moins étendus, comme si elle se trouvait dans
un milieu résistant. Ce y a de remarquable dans ce mode d’ac-
qu’il
tion , c’est que la diminution dans l’amplitude des oscillations ne
change pas leur nombre dans le même temps. Citons quelques
faits. Pour fixer les idées, saisissons l’instant où la demi-amplitude

n’est plus que de A3", et comptons combien il s’effectue d’oscilla-


tions depuis le départ. Avec l’eau , la distance de l’aiguille .à l’eau
étant de 0”",63, il se perd 10° en. . 30 oscillations.

A 52”", 2 de distance ,
il faut pour la même perte . . 60 oscillations.

Ainsi ,
selon que l’aiguille est à 0*®,65 ou 32““, 2 de la surface
de l’eau, elle perd 10° dans l’amplitude de ses oscillations en 30
ou en 60 oscillations; la différence est du double. Arago a obtenu
les résultats suivants, en faisant osciller k même aiguille sur de
la glace :

De 53° à A3", à 0““,70 de distance. 26 oscillations.


De 53" à A3", à 1 ,26 ........... 34
De 53" à A3", à 30 ,5 56
De 53" à A3", à 52 ,2. , . 60

Sur un plan de verre (crown-glass), avec une autre aiguille :

De 90" à 41°, à 0““,91 de distance. 122 oscillations.


De 90" à Ai", à 0 ,90... 180
De 90" à Al", à 3 ,04 208
De 90" à Al° x à 3 , 01 ,..,..,.,.. 221

Les plans de métal ont donné des résultats semblables, si ce n’est


qu’ils agissaient avec plus d’énergie que le verre , le liois, etc. Tous
les corps qui se trouvent près d’une aiguille aimantée en oscillation
exercent donc sur elle une action dont l’effet est de diminuer l’am-
plitude des oscillations sans altérer leur nombre.
Voici les résultats obtenus par M. Seebeck, en soumettant à l’ex-
périence des plaques de différents métiux, et une aiguille de 5"”‘-,8
de longueur, placée à 0 C,
“ ,07 de distance au-dessus, et comptant

Digitized by Google
.

356 ÉLECTR0-D Y NAMIQUK

le nombre d’oscillations nécessaires, dans chaque cas, pour que


l’amplitude fût réduiie de 45° à 10® :

Nombre des oscillations. Kpatsaeiir des plaques. .Substances

116 • • • • 2,0 . . . marbre.


112 2,7 . . . mercure.
106 2,0 . . . bismuth.
94 0,4 . .
.
platine.
90 2,0 . . antimoine,
89 0,75 . .
.
plomb.
89 0,2 ... or.
71 . 0,5 . . . 7.inp.

68 i,0 . . . étain.
62 2,0 . . . laiton.
62 . . . cuivre.
55 0,3 . . . argent.
6 0,4 . . . fer.

Les plaques n’ayant pas les mêmes dimensions, il n’est guère


possible de tirer des conséquences de tous ces résultats.
ou de toute autre substance solide ou li-
line plaque de cuivre
quide, placée au-dessous d’une aiguille aimantée, jouissant de la
propriété de diminuer l’amplitude des oscillations, sans changer
sensiblement leur durée, il s’ensuit que cette même aiguille doit
être entraînée par une plaque en mouvement. Voici la description
de l’appareil propre à mettre en évidence ce phénomène :

Fis- su Une horloge en cuivre, dont les trois


pivots sont en acier, est portée sur un
trépied qui est mis d’à-plomb au moyen
de trois vis calantes, et est destinée à
imprimer un mouvement de rotation très-
rapide à un axe vertical, auquel est as-
sujettie une pièce à trois branchps sur
laquelle on place les disques AB soumis
à l'expérience. Ces disques sont percés à
leur centre d’un petit trou qui reçoit le
prolongement de l’axe de rotation. On
les retient sur les branches au moyen

d’une de pression. Des volants, qu’on incline à volonté, sont


vis

destinés à ralentir plus ou moins la vitesse du disque.

Digitized by Google
ET ÉLECTB0-MÀGNÉT1SMB. 247

Une table porte un plateau percé au milieu d’une ouverture MN,


un peu plus grande que les disques; une feuille de papier est collée
en ff; au-dessus de ce plateau, on pose une cloche dans laquelle
on suspend une aiguille aimanté aa', au moyen d’un Cl de soie.
Un petit treuil est destiné à élever ou à descendre l’aiguille. L’hor-
loge est mise en mouvement au moyen d’un poids ; un compteur
indique le nombre de tours exécutés par le plateau AB dans un
temps donné. Quelquefois, lorsqu’on veut mettre seulement le fait
en évidence, on se borne à imprimer un mouvement de rotation au
disque, à l’aide d’une manivelle tenue à la main; l’appareil est alors
moins compliqué.
Voici en quoi consiste le phénomène que l’on observe :
Si l’on fait tourner une plaque de cuivre avec une vitesse déter-
minée, sous une aiguille aimantée, aussitôt que le mouvement do
rotation commence, l'aiguille est chassée du méridien magnétique
dans le môme sens et avec d’autant plus de force que le mouvement
est plus rapide. La force d’entrainement étant balancée par l’action
de la terre ,
qui tend à maintenir l’aiguille dans le méridien magné-
tique, en résulte une nouvelle position d'équilibre, qui dépend du
il

rapport de ces deux forces; mais, quand le mouvement est très-ra-


pide, l’aiguille ne s’arrête pas et continue à tourner. L’action que
reçoit l’aiguille part du disque en mouvement décroît, pour
de la

la même mesure que leur distance augmente; en effet, si


vitesse, à
l’aiguille mouvement continu quand les deux corps ne
tourne d’un
sont séparés que par une feuille de papier, en augmentant la dis-
tance, elle prend une position fixe, et la déviation devient toujours
moindre à mesure que l’on élève l’aiguille au-dessus du disque.
,

Lorsque les plaques sont évidées dans la direction des rayons,


l’effet est moindre que dans le cas où elles sont pleines. Ce fait

important, que nous invoquerons plus loin, montre bien que l’effet

est dû à des courants induits dans le disque en mouvement ; car, si


on remplit ces vides avec un corps conducteur de l’électricité,
l’effet de la plaque redevient à peu près le même qu’auparavant.

Arago, après avoir observé le phénomène, a déterminé les com-


posantes de la force qui le produit, lesquelles sont dirigées suivant
trois lignes parallèles à trois plans coordonnés , perpendiculaires
entre eux.
La composante perpendiculaire au plateau est une force répul-
sive, que l’on rend sensible au moyen d’un aimant fort long, sus-
pendu à un fil dans une direction verticale, à l'une des extrémités
t. ni. lî

Digitized by Google
2»ft2 ÉLECTRO- DYNAMIQUE

du (léau d’une balance ;


ce fléau est maintenu en équilibre par un
poids convenablement placé à l’autre extrémité. Dès l’instant que
le plateau commence à tourner, l’aimant est repoussé , et le fléau
de la balance penche de l’autre côté.

La seconde composante est horizontale et perpendiculaire au plan


vertical, qui contient le rayon aboutissant à la projection du pôle
de l'aiguille. Celte force est celle qui imprime le mouvement de
rotation il l’aiguille; elle agit tangentiellemcnt au cercle; son effet
estconnu immédiatement par l'expérience.
La troisième composante est dirigée parallèlement au rayon qui
aboutit à la projection du pôle de l’aiguille; on la détermine avec
une aiguille d’inclinaison que l’on place verticalement , de manière
que son axe de rotation soit contenu dans un plan perpendiculaire
à l’un des rayons du disque. Une semblable aiguille, placée au
centre du disque, n’éprouve aucune action. Il existe également un
second point, plus voisin du bord que du centre , où elle n’éprouve
non plus aucun changement dans sa position; mais, entre ces deux
points, le pôle inférieur est constamment attiré vers le centre, tan-
dis qu’il est repoussé au delà du second point d’équilibre.
MM. Prévost et Coltadon , en étudiant l’influence de la vitesse et
de la distance des disques, ont reconnu que les angles de déviation
augmentent proportionnellement avec la vitesse de rotation , du
moins entre certaines limites ; que les sinus des angles de déviation
varient en raison inverse de la puissance 2 ^ de la distance. MM. Bail-
liage et Herschel ont annoncé que la loi suivant laquelle la force
diminue quand la distance augmente ne parait pas être constante,
et qu’elle varie entre la racine du carié et celle du culte de la dis-

tance. M. a avancé, de son côté, que, lorsqu’on fait tourner


Christie
un disque épais au-dessous d’une aiguille très-déliée, la force qui
tend à faire dévier l’aiguille croit directement comme la vitesse de
rotation du disque, et inversement comme la quatrième puissance
de la distance. Des résultats aussi différents proviennent de ce que
ces physiciens n’ont pas opéré tous dans les mômes circonstances.
On en peut dire autant des résultats obtenus par MM. Barlow,
Nobili ,
Baccelli, etc.
Nous rapporterons quelques faits intéressants observés par
MM. Babbage et Ilerschel en répétant l’expérience d'Arago d’une
autre manière des disques de cuivre ou d’autres substances ont
:

été suspendus librement à un assemblage de plusieurs fils sans


torsion ,
au-dessus d’un aimant en fer à cheval, soumis à la rotation.

Digitized by Google
,

ET ÉLECTR0- MAGNÉTISME. 259

Cet aimant, qui portait 7‘,4G, était disposé de manière à ce qu’il


pftt recevoirun mouvement rapide autour de son axe de symétrie
placé verticalement , les pôles en haut. Le disque circulaire de cui-
vre avait 0 m ,15 de diamètre et l' nn ',2 d’épaisseur. Aussitôt que
l'aimant fut mis en rotation ,
le cuivre commença à tourner dans
la même direction, d’abord avec un mouvement lent, puis avec
un mouvement graduellement accéléré. En communiquant un mou-
vement en sens contraire i» l’aimant, le disque changea également
de position , et présenta les mêmes phénomènes.
L’interposition de plaques en métal de 0ro ,23 de diamètre et de
12 millimètres d’épaisseur, entre les disques et l’aimant, ne modifia
pas sensiblement les effets.

Le verre interposé ne donna aucun effet tandis que l’influence ,

magnétique était fortement diminuée par une plaque de fer étamé


et presque annihilée avec deux de ces plaques.
Un disque de cuivre de 0 m ,23 de diamètre, de 12 millimètres
d’épaisseur, et tournant avec une vitesse de sept tours par seconde,
ne communiquait aucun mouvement h un disque semblable, libre-
ment suspendu à un assemblage de fils de soie.
MM. Babbage et Hcrschel ont employé deux méthodes pour dé-
terminer le degré de développement de la vertu magnétique dans
différents métaux et d’autres corps. La première consiste à placer
successivement chacun des disques de O", 23 à la même distance
de l’aiguille, et à les animer de la même vitesse. On trouve, pour
le rapport de la force à celle du cuivre prise pour unité :

Cuivre 1,00
Zinc 0,90
Étain 0,47
Plomb 0,23
Antimoine 0,11
Bismuth 0,01
Bois 0,00

L’argent parait tenir un rang élevé dans l’échelle de l’énergie


magnétique, tandis que l’or occupe un rang très-inférieur; le mer-
cure doit être classé entre l’antimoine et le bismuth. Quant au
verre, au bois, à la résine, au soufre et à l’acide sulfurique, ils

n’ont pu parvenir à leur faire produire le pouvoir rotatoire.


On emploie une autre méthode pour déterminer l’énergie ma-
gnétique des corps; elle est plus expéditive que la précédente, et

17.

Digitized by Google
3G0 ÉLECTnO- DYNAMIQUE

permet d’agir sur de très-petites quantités. Cette méthode consiste


à suspendre des parties de différents corps, de même forme et de
même dimension, au-dessus d'un aimant en mouvement, et à
noter le temps des oscillations successives et le point d’équilibre.
MM. Babbage et Herschel l’ont employée à rechercher l’effet d’une
solution de continuité partielle ou totale dans la masse sur laquelle
on agit expérience qui avait été faite aussi par Arago.
:

Un disque de plomb de 5"" u -,4 de diamètre et 2“ m ,5 d’épais-


seur fut suspendu à une distance donnée de l’aimant eu fer à
cheval, tournant avec une rapidité connue; ce disque était d’abord
entier, puis successivement coupé avec un burin dans le sens des
rayons. On trouva alors une diminution dans la puissance des métaux.
Les autres métaux ont donné des effets semblables, mais à diffé-

rents degrés; le fer doux étamé découpé n’a produit qu’une très-
légère diminution de force, tandis que dans le cuivre l’effet a été
de réduire la force dans le rapport de 1 à 0,20.
Un léger disque de cuivre , suspendu à une distance donnée d’un
aimant en mouvement, exécutait six révolutions en 54”, 8; lorsqu’il
fut coupé en huit endroits dans la direction des rayons près du
centre, sa vertu magnétique fut tellement affaiblie, qu’il lui fallait
121", 3 pour exécuter le même nombre de révolutions. Les parties
coupées ayant été soudées avec de l'étain, l’action magnétique fut
tellement rétablie qu’elle les rendit capables d’achever six révo-
lutions en 57", 3, à peu près dans le même temps que le disque
entier. Ce fait est d’autant plus remarquable, que l’étain n’a pas
la moitié de l’énergie du cuivre. MM. Babbage et Herschel se sont
servis de cette propriété pour augmenter les susceptibilités magné-
tiques des corps. Ils suspendirent un disque de laiton de 5 rr "“-,7 de
diamètre, et de 3 mm ,8 d’épaisseur, comme dans le dernier cas, et
observèrent le temps qu’il mettait à achever ses révolutions suc-
cessives :

i tour- • tours. s tours. « tours. a tours-

20", 2 29", 2 35", 2 40", 8 45", 7

Le même disque ayant été découpé comme ci-dessus , les parties


détachées furent placées sur le disque, au moyen d’une légère

feuillede papier, jiour qu’il ne perdit rien de son poids. On eut


alors pour le temps des oscillations :

« tour. a tours. s tours. s tours. 8 tours.

4t",l 57", 9 71", 0 83” ,0 93”,7

Digitized by Google
ET ÉLECTR0-M AGXBTISME. 2GI

Le temps étant double , les forces étaient dans le rapport de 4 1 . - :

coupées furent soudées avec du bismuth, dont l’éner-


Ja>s parties

gie magnétique est très-faible. L’effet de ce métal pour rendre le


magnétisme au disque de laiton fut tel que la force accélératrice
estdevenue plus que double do celle qui avait été développée dans
la dernière expérience.
Le bismuth ayant été enlevé, et les parties découpées remplies
avec de l’étain, le disque était revenu à son état primitif.
Les moyennes des résultats prises dans chaque cas ont donné
[>our les forces accélératrices :

Airain non coupé 1,00


coupé 0,21
Soudé avec le bismuth 0,53
Soudé avec l’étain 0,88
Cuivre non coupé 1,00
coupé 0,20
Soudé avec l’étain 0,91

Ces résultats montrent l’influence des vides et des substances qui


les remplacent dans les plaques , sur leur énergie magnétique.
Les mêmes métaux réduits en fds ou en poudre ont donné des
effets beaucoup moindres encore.
M. Barlow a étudié l’action exercée par une sphèro de fer en
mouvement, creuse ou pleine, sur une aiguille aimantée. Les effets
obtenus tiennent à l’inlluence combinée exercée par le globe ter-
restre et l’aiguille aimantée quand le mouvement a lieu. Mais un fait
qui résulte de ses recherches, c’est que, quand l’aiguille et le globe
de fer sont au repos, l’action est la même, que la sphère soit creuse
ou pleine; et, dès qu’il y a mouvement, l’action de la sphère solide
est plus considérable. Ainsi, dans les mêmes circonstances et avec la

même aiguille aimantée, un boulet solide pesant 23 k ,38, ayant


0",20 de diamètre, 640 tours par minute, a donné
et faisant

une déviation constante de 28° 2-V à l’aiguille, tandis qu’un boulet


creux de même diamètre n’a donné qu’une déviation de 1 5° 5'.

Avant les résultats obtenus par M. Faraday, on avait imaginé


plusieurs théories pour expliquer les phénomènes du magnétisme
par rotation ;
mais maintenant on peut les expliquer par les effets
d’induction.
Lorsqu’un disque de cuivre tourne au-dessous d’une aiguille ai-

mantée mobile autour de son centre, il doit se manifester des

Digitized by Google
202 KLECTBO-DVKAIUQIIK

courants d’induction en différents sens dans cette plaque, car dans


les parties qui s'éloignent des pôles les courants sont directs, et dans
celles qui se rapprochent ils sont inverses; seulement les actions
sont très-compliquées, car il dans un grand
doit y avoir des courants
nombro de directions. L’action combinée de ceux-ci sur l’aiguillo
mobile doit tendre à lui donner un mouvement que l'expérience a
montré devoir être dans la direction du mouvement du disque.
M. Faraday s’est assuré le premier, par expérience, qu’il y avait
des courants électriques dans le sens des rayons du disque. Pour

cela il a fait tourner un disque de cuivre entre les pôles d’un fort
aimant et ainsi qu’on l’a vu page 23 1, en taisant toucher les deux
,

extrémités du fil d’un multiplicateur au disque, l’un au centre, l’autre


à la circonférence; il en est résulté un courant électrique continu.
MM. Nobili et Antinori ont prouvé par expérience l’existence des
courants électriques induits dans plusieurs directions. A cet effet,
ilsont fixé aux deux bouts d’un fil d’un galvanomètre deux fils ter-
minés en pointe, et ils les ont appliqués comme des sondes sur diffé-
rents points du disque en mouvement, afin de saisir ainsi les cou-
rants qui passent par ces points. Ils ont trouvé que, sous les parties
du disque qui entrent sous l'influence magnétique, il se développe
un système de courants contraires à ceux de l’aimant, et quo
l’inverse avait lieu de l’autre côté.
M. Matteucci a étudié de nouveau la question, et a analysé de
la même manière, mais plus complètement que MM. Nobili et An-
tinori , le phénomène dans ses différentes conditions. La méthode
employée par ce physicien consiste à faire tourner un disque do
cuivre bien aplani dans un plan vertical, sous l’influence des deux
pôles d’un électro-aimant , dont les faces polaires aboutissent très-
près du disque sans le toucher; puis à toucher les différents points
du disque, à l’aide des conducteurs
ou sondes communiquant aux deux
extrémités d’un multiplicateur, et pla-

cés à des distances égales.


Les résultats qu’il a obtenus sont
représentés dans la figure 2f3. N et S
indiquent la position des deux pôles
de l’aimant fixe. 11 a trouvé des lignes
de nul courant, qui sont indiquées
par les n” t , 3, 3, 4 et 5, Ces lignes
se contournent près des bords de la

Digitized by Google
ET ÉLECTBO-MAGNF.TISME. 263

lame , de manière à la couper normalement. Quant aux fileta où


les sondes montrent le maximum d’intensité, ils coupent toujours

normalement les lignes de nul courant; ils sont représentés par


les lignes ponctuées. La ligne circulaire n° 0 sépare les deux états

électriques opposés. Lors des expériences d’Arago avec l’aiguille


d’inclinaison , elles correspondaient aux points oii cette aiguille
était verticale. La ligne EF ponctuée est encore une ligne neutre,
mais qui se déplace proportionnellement à la rotation.
Quant aux solutions de continuité dans tous les rayons du disque,
elles diminuent d’autant plus l’action qu’elles sont plus nombreuses,
car elles s’opposent à la circulation des courants d’induction. Enfin,
comme venant à l’appui de cette explication des phénomènes du
magnétisme en mouvement, nous dirons que MM. Ampère et Col-
ladon ont trouvé que, dans ces expériences, on pouvait remplacer
l’aimant tournant par une hélice à travers laquelle était transmis
un courant électrique. Ce résultat offre aussi une nouvelle analogie
enlre un aimant et un assemblage de courants électriques parallèles
circulant suivant la même direction dans un circuit fermé.
Effets d'induction produits dans le mouvement des différents
métaux. Nous venons de voir qu’une masse métallique produisait
en présence d’un aimant, lorsque leur position relative changeait,
des courants d’induction capables d’entraîner l'aimant ou le con-
ducteur. Mais quelle est la part afférente au métal ou au corps
soumis à l’action de l’aimant, surtout eu égard aux propriétés ma-
gnétiques de ces substances et telles qu’elles résultent de ce qui a été

ditpage 19 et suivantes? M. Dove, ainsi qu’on l'a vu plus haut, a l’aide


de l’inducteur différentiel , a essayé d’étudier la question ; mais les
métaux soumis à l’expérience (mercure, plomb, étain, cuivre,
lui ont paru se comporter comme le fer doux.
antimoine, bismuth)
M. Breguet s’est servi, dans ses recherches, de la machine de Page,
composée d’un aimant fixe environné d’un fil conducteur et d’une
armature mobile en fer doux (voir page 338). La rotation de l’ar-
mature détermine un courant induit dont la direction change à cha-
que quart de révolution ; mais avec un système de roues dentées
on peut donner aux courants la même direction. 11 a substitué à
l'armature en fer doux des armatures métalliques de diverse na-
ture ,
et il a trouvé des courants induits variant d’intensité avec la

nature de métal ,
et dirigés comme dans le cas du fer doux.
MM. Weber et Faraday ont étudié la question en introduisant
des cylindres de métaux divers dans des hélices placées au-dessus

Digitized by Google
364 ÉLECTBO- DYNAMIQUE

d’éleclro-aimants. M. Weber, en opérant sur le bismuth seul, avait


été conduit à admettre l’existence d’une induction diamagnétique
inverse de l’induction magnétique. M. Faraday, au contraire, n’a
obtenu de résultats sensibles qu’avec les métaux lions conducteurs
(cuivre, or, argent , et a conclu de ses expériences que les phéno-
J

mènes n’étaient pas dus au diamagnétisme, mais à l’induction ordi-


naire. M. Verdet a repris de nouveau les recherches faites avec la
machine de Page, et est arrivé à des conséquences qui sont d’ac-
cord avec celles de M. Faraday.

CHAPITRE V.

Théories du magnétisme.

Théorie de Poisson. Nous avons dit, page 7, que l’on a cherché


à expliquer tous les phénomènes magnétiques, soit en admettant
l’existence de deux fluides comme pour les phénomènes électriques,
soit en supposant qu’il circule autour des molécules des courants
électriques dans des plans perpendiculaires à l’axe des aimants.
Maintenant nous allons exposer sommairement chacune de ces
théories.
Dans la première théorie, dans celle des deux fluides, Poisson,
qui en a fait une application mathématique, admet, ainsi que Cou-
lomb l’avait fait le premier, que, dans l’acte de l’aimantation, les
deux fluides boréal et austral primitivement réunis, et formant
l’état neutre, se sont très-peu écartés l’un de l’autre autour de
chaque molécule. « Nous ne déciderons pas, ajoute-t-il, si les par-

ti tics des corps aimantés, dans lesquelles la décomposition du


a fluide neutre peut s'effectuer, sont les molécules mêmes de ces
a corps; nous supposerons seulement que leurs dimensions sont
a toujours extrêmement petites. Nous appellerons élément ma-
« gnétique chacune de ces petites parties, dont la propriété carac-
o téristique consiste en ce que les quantités des deux fluides y sont
a égales entre elles ,
dans l’état d’aimantation comme dans l’état

« neutre. Or nous pouvons concevoir, pour envisager la question


a dans la plus grande généralité, que les éléments magnétiques

Digitized by Google
,

ET ÉLECTRO-MAGNÉTISME. 2G5

« ne sont pas contigus dans l’intérieur des corps aimantés; qu’ils


«y sont, au contraire, séparés par des espaces pleins ou vides,
a où les deux fluides ne peuvent pénétrer, et que les dimensions
u de ces intervalles isolants sont du même ordre de grandeur que
«celles des éléments magnétiques, sans cependant que le rap-
« port des unes aux autres soit le même dans les éléments de nature
« différente : cela étant, les attractions et répulsions exercées par
« ces corps dans les mêmes circonstances seront différentes
« comme l’expérience l’a déjà fait connaître à l’égard du nickel et
« du fer (*). Ainsi nous nous représenterons un corps aimanté
« comme un assemblage de parcelles magnétiques, séparées par
« des espaces inaccessibles au magnétisme. Le rapport de la somme
« de toutes ces parcelles au volume entier du corps, qu'on pourrait
« prendre pour sa densité', sous le rapport du magnétisme, sera
« une fraction qui approchera plus ou moins de l’unité dans les

« corps de nature diverse, et qui devra être donnée pour chaque


« corps en particulier; les actions intérieures augmenteront ou di-
« minueront d’intensité avec la grandeur de ce rapport. »

Poisson a donné les lois de ces actions, et a montré la possi-


bilité de vérifier la théorie par l’expérience, en faisant varier à vo-
lonté le rapport dont on vient de parler. A cet effet ,
il propose de
mélanger, dans des proportions convenables, de la limaille de fer

très-fine avec une autre matière non magnétique, soumettant en-


suite ces corps à l’influence de très-forts aimants, et mesurant les

attractions et répulsions.
Poisson suppose ensuite que le pouvoir attractif ou répulsif
des deux fluides est le même dans tous les corps aimantés à dis-
tance égale, et pour des quantités égales de fluide. Cette suppo-
sition, suivant lui, est la plus simple que l’on puisse faire à priori.

La quantité qui exprime le rapport de la somme des volumes


des éléments magnétiques au volume entier du corps dont ils font
partie ,
et qui se trouve dans scs formules ,
peut dépendre de la
température des corps; car on conçoit que la chaleur dilate les es-
paces qui séparent les éléments les uns des autres ,
et comprime
les éléments, sans changer dans le même rapport, les attractions
ou répulsions magnétiques exercées par un même corps devant
varier avec son degré de chaleur.

(*) A l’époque où Poisson s publié son Mémoire sur le magnétisme, on ne con-


naissait pas les magnétismes spécifiques des métaux. (Voir p. 39 de ce volume.)

Digitized by Google
266 KLECTBO-D\ NAMIQl R

Lu plupart dns expériences ayant été faites sur des barreaux


aimantés dans lesquels la force coercitive était loin d’être nulle,

les effets observés proviennent de la variation de cette force ,


et de
celte du rapport dont on parle.

Le rupport entre la somme des éléments magnétiques et le vo-

lume entier du corps aimanté n’est pas la seule donnée relative à

ce corps, d'oii puisse dépendre l’intensité de ces actions; car la

forme des éléments peut aussi influer sur cette intensité, et cette
inlluence a cela de particulier, qu’elle n'est pas la même, en des
sens différents. Supposons que les éléments magnétiques soient
des ellipsoïdes, dont les axes aient la même direction dans tonte
l’étendue d’un même corps, et que ce corps soit une sphère aiman-
tée par influence, dans laquelle la force coercitive soit nulle. Les
attractions ou répulsions qu’elle exercera au dehors seront diffe-

rentes dans le sens des axes de ces éléments et d'un autre sens.
C’est ainsi que, lorsqu’on fait tourner cette sphère sur elle-même,
son action sur un même point change en général en grandeur et
en direction ; mais si les éléments magnétiques sont des sphères de
diamètres égaux ou inégaux, ou bien s’ils s'écartent de la forme
sphérique, et qu’ils soicut disposés sans aucune régularité dans
l’intérieur d’un corps aimanté par influence, leurs formes influe-
ront peu sur les résultats , qui dépendront seulement de la somme
de leur volume, comparée au volume entier de ce corps, et qui
seraient alors les mêmes en tous sens. Ce dernier cas est celui du
fer forgé et des autres corps non cristallisés, dans lesquels on a
obtenu le magnétisme. Cela posé. Poisson s’est proposé de ré-
soudre le problème suivant : Déterminer en grandeur et en direc-
tion la résultante des attractions ou répulsions magnétiques d’un
corps aimanté de forme quelconque ,
sur un |>oint pris en dehors
ou dans son intérieur; en ajoutant aux composantes de cette force
relative à un point intérieur celles des forces extérieures qui in-
fluent sur le corps, on aura les forces totales qui tendent à séparer
les deux fluides réunis en ce point; or, si la matière du corps n’op-
pose aucune résistance au déplacement de ces deux fluides, il sera
nécessaire, pour que l’équilibre magnétique que ces forces
ait lieu,

totales soient égales à zéro, sans quoi elles produiraient une nou-
velle décomposition neutre, et l'état magnétique du corps serait
changé. Si la force coercitive n’est pas nulle, il suffit que la résul-
tante de toutes ces forces extérieures et intérieures qui agissent en
un point quelconque de ce corps ne surpasse nulle part la gran-

Digitized by Google
,

ET ÉLECTRO-MAGNÉTISME. 367
«leur donnée de ia force coercitive, dont l’effet serait analogue à
celui du frottement dans les machines. Il en résulte que, dans ce
cas, l’équilibre peut subsister d’une infinité de manières diffé-
rentes.
Poisson s’est borné à considérer l’aimantation des corps aimantés
par influence pour lesquels la force coercitive est nulle. Les deux

fluides boréal et austral, dans cette supposition, se transportent


sur les surfaces des éléments magnétiques, où ils sont arrêtés par
la cause qui les empêche de franchir -les espaces qui les séparent.
Là, forment une couche très-mince, par rapport même aux di-
ils

mensions de ces éléments. Cette supposition résulte de ce que l'on


regarde le fluide neutre contenu' dans chaque élément comme iné-
puisable (’). Dans ce cas, décomposée doit toujours être
la partie
trèsqietite, relativement à la totalité de ce fluide.
Poisson a déterminé ensuite du magnétisme dans
la distribution

les aiguilles d’acier aimantées à saturation et dans les aiguilles de


fer doux aimantées par influence, d’où il déduit les lois de leurs
attractions ou répulsions mutuelles. A cet effet, il a donné les équa-
tions qui renferment ,
pour tous les corps, les lois de la distribution

du magnétisme dans l’intérieur des corps aimantés par influence


et celles des attractions ou répulsions qu’ils exercent sur des points
donnés de position; mais la résolution de ces équations, pour en
déduire des résultats comparables à l’expérience ,
n’est possible
que dans un nombre de cas très-limité, eu égard aux différentes
formes des aimants. Le cas que Poisson a pris pour exemple
admet une solution complète; c’est le cas d’une sphère pleine ou
creuse , aimantée par des forces dont les centres d’action sont dis-
tribués d’une manière quelconque au dehors ou dans son intérieur.
En réduisant ces forces à une seule, à l’action magnétique de la

terre, les formules deviennent très-simples; on en déduit sans dif-

ficulté la déviation d’une aiguille de boussole, produite par le voisi-

nage d’une sphère aimantée par l’influence de la terre. Cette dévia-


tion varie avec les distances du milieu de l’aiguille au centre de la

sphère, au milieu du méridien magnétique passant par ce centre,


et au plan mené par le même point perpendiculairement à la direc-
tion du magnétisme terrestre. Les lois de ces diverses variétés,
données par le calcul, s’accordent avec celles que M. Barlow a
trouvées par l’expérience.

(*) Voir p. ISt.

Digitized by Google
5,

268 BLKCTHO-DYNAMIQIÎB

Ce calcul montre aussi que l’action d’une sphère creuse est, à


très-peu près ,
indépendante de son épaisseur, tant que le rapport
de celle-ci au rayon n’est pas une très-petite fraction, qui peut
changer de valeur avec la matière et la tenq>érature de la sphère.
M. Barlow, comme on l’a vu page 161, a cherché les déviations
qu’une aiguille aimantée éprouve de la part d’une sphère pleine ou
creuse de fer aimantée par l’action du globe terrestre. En soumettant
successivement la même aiguille à l’action de deux sphères de
même nature, de 0“,25, de diamètre, l'une entièrement pleine et
l’autre creuse ,
celle-ci pesant un quart de moins que la première,
il a reconnu ce fait fondamental ,
que, dans la même position, la
déviation de l’aiguille aimantée est égale pour lesdeux sphères,
qu’elles soient pleines ou creuses, pourvu néanmoins que l’épais-
seur des sphères creuses surpasse une certaine limite qu’il a fixée
h 0““,8. Dans ce cas, la déviation de l’aiguille produite par la
sphère creuse soumise en premier lieu à l’expérience est les deux
tiers environ de la déviation correspondante à une sphère pleine
«le même dimension. M. Barlow en a conclu, comme les expé-
riences de Coulomb sur des aimants formés d’un certain nombre
de barreaux pouvaient le faire présumer, ainsi que celles de Nobili
que le magnétisme résidait à la surface des corps aimantés, ou du
moins qu’il ne pénétrait pas dans leur intérieur au delà de la limite
que nous venons de citer.
Poisson, en cherchant à obtenir, au moyen de ses formules, les
résultats que M. Barlow a déduits de scs observations, a cru devoir
ne pas négliger, dans le calcul des déviations de l’aiguille , les cor-
rections dues à sa longueur et à sa réaction sur la sphère aimantée,
quand l’aiguille est le plus rapprochée de la sphère, c’est-à-dire
quand elle se trouve à une distance de son milieu au centre de
ces corps égale à 33 centimètres.
M. Barlow a reconnu qu’en plaçant au même point le milieu
d’une aiguille de 16 r *""-,5, et celui d’une petite aiguille 13"“',
en longueur, les déviations étaient les mêmes. Poisson a pensé

que deux corrections dont on vient de parler, dont l’une ten-


les

«lrait augmenter la déviation , et l’autre à la diminuer, se sont


à
compensées l’une l’antre. U avoue cependant que cette compensa-
tion a été imparfaite; car, en calculant les déviations de l’aiguille,
et négligeant la double correction , la différence qu’il a trouvée
entre le calcul et l’expérience était trop grande pour être attribuée
en entier aux erreurs des observations. Nous en citerons quelques

Digitized by Google
,

ST ÉLECTRO-MAGNÉTISME. 269

exemples : M. Barlov a trouvé, avec une sphère de 0“,t62, et en


plaçant le milieu de l’aiguille à 0“,305 de distance de la sphère, que
la déviation de l’aiguille aimantée était de 36*15', l’aiguille étant
placée soit à l’est, soit à l’ouest du méridien magnétique; tandis

que Poisson n’a trouvé, parle calcul, que 32*38’: la différence


de 3*37’, qui ne peut être attribuée en entier aux erreurs de l’obser-
vation, est due en grande partie, suivant lui, à la longueur et à la
réaction de l’aiguille.
Dans un autre cas, où la distance du milieu de l’aiguille au
centre de la sphère était de 0“,381 et au delà, les déviations cal-
culées, en faisant également abstraction de la longueur et de la
force de l’aiguille , ont toujours été plus petites que les déviations
observées, comme dans le cas précédent. Ces différences, qui ont
été souvent de t° et quelques minutes dans le même
sens, ne se
trouvent que dans la comparaison des grandeurs absolues des dé-
viations, puisque les lois de variation auxquelles sont soumises les
déviations, suivant la position des aiguilles, s’accordent, soit qu’on
lesdéduise de la théorie ou de l’expérience. Sous ce rapport, les
nombreuses observations de M. llarlow viennent confirmer les re-
cherches analytiques de Poisson.
Cet accord remarquable du calcul et de l’observation justifie
l'exactitude des bases sur lesquelles repose l’analyse. Poisson
voulant soumettre celle-ci à de nouvelles épreuves , a cherché s’il

ne serait pas possible de résoudre les équations générales ,


en les
appliquant à des corps qui n'eussent pas, comme la sphère, une
forme constante ;
il a trouvé qu’elles pouvaient être résolues très-
simplement dans le cas d’un ellipsoïde quelconque, pourvu que la
force qui produit les aimantations fût constante en grandeur et en
direction dans toute son étendue; ce qui a lieu, par exemple, à
l’égard du magnétisme terrestre. <

Après avoir donné les formules relatives à un ellipsoïde dont les


trois axes ont entre eux des rapports quelconques. Poisson con-
sidère les deux extrêmes où ce corps est très-aplati et où il est

très-allongé. Dans le premier, le corps aplati peut représenter une


plaque dont l’épaisseur varierait très-lentement près du centre, et
décroîtrait depuis ce point jusqu’à la circonférence: son action sur
des points peu éloignés de son centre doit être sensiblement la
même que celle de toute autre plaque d’une épaisseur constante et
d’une très -grande étendue. De même, un ellipsoïde très- allongé

peut être représenté, dans la pratique, par une aiguille ou une

Digitized by Google
.

Î70 BLRCTHO-DV R AM IQUB

barre dont le diamètre décroît depuis son milieu jusqu’à ses ex-
trémités, en variant d’abord très-lentement, et son action sur des
points voisins de son milieu doit différer très-peu de celle d’une
barre dont le diamètre est très-petit par rapport à la longueur.
Lors donc, ajoute Poisson, que les physiciens auront observé
les actions d’une barre ou d’une plaque aimantée par l’influence de
la terre, sur des points très-rapprochés du milieu ou du centre de
ces corps, on pourra comparer, sous ce nouveau point de vue, la
théorie à l’observation.
L’hypothèse des deux fluides magnétiques, dont nous venons
de donner une idée, est d’une grande simplicité, et rend bien
compte des phénomènes du magnétisme proprement dit; mais elle
n’a pu conduire ni à la découverte de l’action exercée par un cou-
rant électrique sur un aimant , ni à l’explication des effets qui se
produisent entre les courants et les aimants, et les immenses dé-
couvertes dues à l’électro- magnétisme l’ont fait abandonner, tout

en rendant probable la théorie d’Ampère, que nous allons exposer.


Théorie d’Ampère. Après que M. OErsted eut découvert l’action
d’un courant sur l'aiguille aimantée, Ampère conçut l’idée d’une
nouvelle hypothèse sur la constitution des aimants, qui le conduisit
à la découverte de l’action des courants entre eux. Nous rappelle-
rons succinctement les principes que nous avons développés, et qui
servent de base à la théorie du magnétisme , telle que l’a envisagée
Ampère.
1° L’action exercée de la part d’un courant électrique sur un
aimant est telle que l’aimant tend à se mettre perpendiculaire-
ment à la direction du courant, comme s’il était sollicité par un
couple de deux forces directrices appliquées en ses pèles ;
le pôle
austral est rejeté vers la gauche du courant (la gauche du courant
est la gauche d’une personne qui serait couchée dans le sens du
courant, l’électricité positive entrant par les pieds, et la personne
regardant toujours l’aimant).
2” L’action d'un courant rectiligne sur un aimant placé dans un
plan perpendiculaire au courant varie en raison inverse de la sim-
ple distance du fil à l'aimant. On en conclut que l’action élémen-
taire exercée par un élément de courant sur un élément magné-
tique varie en raison inverse du carré de la distance, et propor-
tionnellement au sinus de l’angle que fait avec la direction du
courant la ligne qui joint les centres des éléments.
3° Deux courants rectilignes parallèles s’attirent lorsqu’ils sont

Digitized by Google
,

ÉT ÉLECTR0-MAGNÊ1ISHIÎ. 271.

dirigés dans le même sens, et se repoussent lorsqu’ils sont dirigés


en sens contraire; s’ils font entre eux un angle, ils tendent à se
mettre parallèles dans le même sens.
L’action élémentaire de deux éléments de courant r/s, d/, dont
les intensités sont i, f, qui sont situés à une distance r l’un de l’au-
tre, et qui font des angles a pour l’élément rf.t et 8 pour l’élément
d*, avec la ligne r qui joint leur milieu, et dont y est l'angle que
forment les deux plans passant par les éléments et la ligne r, est
exprimée par
1
ii’dsds (sin a sin 6 cos y — J cos a cos ê )

r’

c’est-à-dire, en raison inverse du carré de la distance.


D’après ces principes, Ampère a trouvé qu’en transmettant un
courant à travers un fil conducteur tourné en hélice autour d’un
cylindre, de façon à former un grand nombre de spires, et ramené
dans l’axe du cylindre, afin que cette dernière partie du fil dé-

truisit les composantes horizontales du courant de l’hélice, c’est-


à-dire, l’on aime mieux, en ayant une suite de courants circu-
si

laires égaux dirigés dans le même sens, et dont les plans soient
perpendiculaires à une même ligne droite, cette série de courants
circulaires, à laquelle on a donné le nom de solénoïde , se conduit
comme un aimant lorsqu’on le soumet, soit à l'influence d’un ai-

mant, soit à celle d’un courant. Un solénoïde se dirige dans le

méridien magnétique, et scs extrémités sont successivement attirées


et repoussées par les comme un aimant lui-
pôles d’un aimant,
même deux solénoïdes agissent l’un sur l’autre comme deux ai-
;

mants enfin un solénoïde se conduit comme un aimant ayant


; ,

même axe dont le pôle austral serait à la gauche d’un observateur


,

couché sur une des spires de l’hélice, l’électricité positive atlant

des pieds à la tête, et la figure regardant l’axe du cylindre.


En calculant les actions exercées par un élément de courant sur un
solénoïde, ou sur une suite de courants circulaires dont les plans sont
perpendiculaires à une ligne droite ou courbe, Ampère a été conduit
à ce résultat que toutes les actions se réduisent à deux forces diri-
gées suivant des perpendiculaires aux plans passant par les extré-
mités du solénoïde et par l’élément. Ces forces, en outre, sont en
raison inverse du carré des distances qui séparent l’élément de cou-
rant et ces extrémités. D’après cela, Ampère, au lieu de supposer
que le magnétisme est dû à l’action de deux fiuides particuliers

Digitized by Google
272 ÉLECTRO-DYNAMIQUE RT É LECTRO- MAGNÉTISME.

attribue les phénomènes auxquels il donne naissance à des cou-


rants électriques qui se meuvent autour des particules des corps.
Ces courants existeraient donc dans tous les corps sensibles à
l’action du magnétisme dans : les corps à l’état naturel, les courants
électriques circuleraient dans tous les azimuts possibles autour des
molécules, et l’effet de l’aimantation serait de donner à ces cou-
rants des directions tendant toutes à devenir parallèles, et dont les
actions sur des courants extérieurs expliqueraient les attractions et
répulsions. Ampère ajoute même dans un mémoire :
« Parmi les différentes manières dont on peut se représenter la

« disposition des courants électriques circulaires autour des parti-


« cules des métaux susceptibles d’aimantation ,
soit avant de l’ac-
« quérir, soit après avoir été aimantés, une des plus simples con-
« siste à considérer chaque particule petite pile de comme une
«Volta,dont les courants, entrant par une extrémité et sortant
«par l’extrémité opposée, reviennent à travers l’espace environ-
tenant (*).... » .

Dans l’hypothèse d’Ampère, un aimant ne serait donc pas un


seul solénoïde, mais une réunion de solénoïdes parallèles dans
lesquels les actions mutuelles des courants circulaires pourraient
modifier la disposition de leur plan de façon que leur parallélisme
,

ne soit pas complet; il résulterait de là que les centres d’actions

ne seraient pas situés aux extrémités, mais à peu de distance.


La théorie des deux fluides, reprise par Poisson, était simple et
expliquait les faits connus antérieurement à lelectro-magnétismc;
mais la découverte d’UKrsted ayant ouvert un nouveau champ aux
physiciens, celle d’Ampère, quoique plus compliquée, a ramené tout
à l’action d’un même agent, et a conduit ce physicien à l’action des
courants les uns sur On voit donc que, jusqu’à présent,
les autres.
cette dernière est celle quicomprend le plus grand nombre de
faits, et à on doit s’arrêter. Du reste, les phénomènes
laquelle
d’induction dont nous avons parlé, et sur lesquels repose l’expli-
cation du magnétisme par rotation , viennent donner de nouvelles
preuves à l’appui de la théorie d’Ampère.

(*) Annales de physique el de chimie, t. XXVI, p. 257.

Digitized by Google
APPLIC DIVERSES DK l.’ÉLECTHO-M AG> ÉT1SSIE. 273

LIVRE XII.
APPLICATIONS DIVERSES DE L’ÉLECTRO-MAGNÉTISME.

CHAPITRE PREMIER.
Télégraphes électriques.

L'idée de Iransmellre des signaux à distance par l'électricité

n’est pas nouvelle, puisque, dès la fin du siècle dernier, le Sage


en 1771, Lomond en 1787, et d’autres encore, avaient pensé à
utiliser l'énorme vitesse de propagation de cet agent (*) pour

correspondre d’une extrémité à l’autre d’un conducteur; mais,


sans remonter aux essais de Sominering, faits en 1811, ce n’est
qu'il y a une vingtaine d'années, en 183 V, que MM. Gauss et
Weber se servirent de la propriété que possède un courant élec-
trique d'agir sur un barreau aimanté, et employèrent un magné-
tomètre pour mettre en communication le cabinet de physique et
l'observatoire de Gottingue; ils réalisèrent ainsi l’idée émise par
Ampère, en 1820, d’employer l’action magnétique de l’électricité

comme moyen télégraphique; dès lors on put prévoir que ce mode


de correspondre à distance au télégraphe aérien
allait être substitué

inventé par les frères Chappc, lequel demande un temps plus ou


moins long pour transmettre les signaux, transmission qui ne peut
se faire, en outre, pendant les brouillards et pendant la nuit.

M. Steinheil, vers 1837, construisit le premier télégraphe à ai-

guilles, en faisant usage, comme MM. Gauss et Weber, de courants


magnéto-électriques pour le faire fonciionner ;
la même année
MM. Wheatstone en Angleterre, et M. Morse en Amérique, firent
,r
(•) Voir tome l ,
page tli.

T. III. 18

Digitized by Google
274 APPLICATIONS DIVERSES

connaître, le premier, le télégraphe à cadran; le second, le télé-


graphe enregistreur, qui porte son nom : ces appareils alors devin-
rent usuels ,
et dès ce moment on put considérer la grande décou-
verte de la télégraphie électrique comme acquise à l’industrie.
Depuis 1837, un grand nombre de systèmes télégraphiques ont
été proposés, et l’on a apporté de nombreux perfectionnements aux
appareils qui permettent de transmettre ,
pour ainsi dire, instan-
tanément les dépêches d’un point à un autre, quelle que soit la

distance. Nous n’avons pas l’intention de parler de tous les télé-


graphes qui ont été imaginés , ainsi que leurs différents perfection-
nements, ni d’entrer dans des détails historiques, pour lesquels nous
renvoyons aux traités spéciaux de télégraphie électrique (*); nous
nous bornerons seulement dans cet ouvrage à décrire les appareils
les plus généralement en usage, soit pour transmettre les indications
à distance, soit pour les enregistrer.
Dans tout système d’appareil, on distingue, 1° le récepteur de
signes télégraphiques; 2° le manipulateur à l’aide duquel on fait
les signaux; 3° la pile ou la source d’électricité, les fds métalli-

ques et les systèmes de conducteurs qui transmettent l’électricité.

Le récepteur et le manipulateur se placent aux deux stations télé-


graphiques, et constituent, par leur ensemble, le système d’appareil

adopté; quant à la pile et aux conducteurs, il n’en sera question


qu’après avoir indiqué les principaux appareils télégraphiques.
Nous diviserons les instruments que nous allons décrire en télégra-
phes iudicatêurs et télégraphes enregistreurs.

TÉLÉGRAPHES INDICATEURS Él.KCTRO-MAGNÉTIyCKS.

Les principaux appareils indicateurs sont analogues au télégra-


phe à cadran, et sont fondés sur l’emploi d’électro-aimants, ou
bien exigent celui d'aiguilles aimantées indicatrices;ils sont plus ou

moins mais en général ils sont aussi délicatemeut con-


sensibles,
struitsque des appareils d’horlogerie, et doivent servir à donner des
indications sous l’influence de courants électriques d’une très -faible
intensité. Afin que l’on puisse concevoir facilement le principe sur
lequel repose le télégraphe à cadran , nous commencerons par dé-
crire un modèle de démonstration qui est très-propre à mettre en
évidence le jeu des instruments de ce genre.

() Voir notamment les ouvrages de MM. Bregiiet ,


Cioesener, Uigliton, faillie
Moigno Sctietlen Wail , etc.
, ,

Digitized by Google
UE l’electhu-macmetishk. 3 75

Télèyraphe à cadran; modèle de démonstration. Dans le modèle


de démonstration représenté ligure 21 i, la pile ou source d’élec-
tricité est en H. Le manipulateur MN qui est à l’une des stations,
,

est un interrupteur dont le jeu est fort simple, comme on le verra


plus loin. Le récepteur A ,
qui est à l’autre station ,
est formé essen-
tiellement de l'électro-aimunt F et de la roue à rochet i, mise en
action de la manière suivante :

Fig. ÏI4.

L’électro-aimant F’ du récepteur, quand le courant passe ,


attire

l’armature en fer doux h; cette pièce est fixée à une tige tour-
nant autour d’un centre fixe V. La tige porte de l’autre «Mé une
ancre cd, qui fait tourner la roue en rochet t , de sorte que, si l'on
fait attirer h par F’, à chaque fois la roue tourne d’une quantité cor-
respondante à une dent. Quand le courant cesse de passer, un petit
ressort à boudin r ramène h dans sa première position. D'après cela,
la disposition de l’appareil récepteur consiste à faire exécuter & la
18.

Digitized by Google
,

27C applications divf.bses

doux h un mouvement de va-et-vient qui se transforme


pièce en fer
tourner la flèche ab.
en mouvement circulaire, et fait
manipulateur MN, qui est forme
Ce mouvement est produit jwr le
circonférence de laquelle sont
par une roue en cuivre DD', sur la
et non conductrices. n I

alternativement des parties conductrices


contact avec la partie con-
conducteur en cuivre D’ est toujours en
contre la circonférence , de
ductrice de la roue, et l’autre D frotte
manivelle R la roue DD', on
sorte qu’en tournant à l’aide de la
série d’interruptions dans le
courant. Si l’on fait passer
produit une
et que
lemême courant dans le récepteur et dans le manipulateur,
nombre des parties
lenombre des dents du premier corresponde au
conductrices du second, on voit que les
deux appareils tournent
fait une révolution,
synchroniquement, et que, lorsqu’une roue
la seconde en fait autant.
l’on place en face de la flèche ab, sur un cadran
Actuellement si
et qu’on les répète sur
fixe c du récepteur, des lettres, des signes,
manipulateur, vu en projection en M N on
peut,
le cercle MN du
,

trouvent le manipulateur MN et le
entre les deux stations où se
point dans le second tous
récepteur A , transmettre du premier
l’on veut. 11 suffit seulement
que les
les signes ou lettres que
électrique
conducteurs F et F" puissent établir la communication
entre les deux stations.
Toutefois il est important de
remarquer que le récepteur ne peut
aussi est-il essentiel de ne tourner la
tourner .pie d’un seul côté,
manivelle R que dans un seul sens.
station a la
envoyer des dépêches de la deuxième
Si l’on veut
second mani-
première ,
une seconde paire d’appareils, ou un
il faut
récepteur disposés de la même maniéré
pulateur et un second
pile peut servir, en faisant usage
mais inversement. La même
d’autres conducteurs, ou en
employant des dispositions qui seront
ultérieurement indiquées.
Tel
...
est le principe des
,

Télégraphe à cadran; modelé en usage.


grande simplicité. Mais l’appareil
télégraphes à cadran dans sa plus
trop de force pour fonctionner; quand
on
ainsi construit exigerait
des dépêches à 50, 100, 200 lieues, les lils mé-
veut transmettre
faut des instruments qui
talliques offrant
grande résistance,
une il

constante et peu énergique; enfin .1 est


fonctionnent avec une pile
opérer avec rapidité. L instrument sui-
nécessaire que l’on puisse
construit par M. R reguet, remplit ces
con-
vant qui est un modèle
.

ditions :

Digitized by Google
,

de l'elbctho-uagnèti&mb. 277

FiR. US.

Le récepteur de ce télégraphe est représenté figure 215. Le jeu


de l’électro-aimant E sur l'armature » est le même que dans l’ap-
pareil précédent ; seulement la roue en rochet qui fait tourner l’ai-
guille ub devant le cadran n’est pas mise en mouvement par l’ac-
tion attractive de l’électro-aimant sur l’armature eu fer doux «
mais bien par un ressort et un mécanisme d’horlogerie R. La four-
chette f, représentée à côté de la figure, en plan et en coupe, s’en-
gage entre les dents de la roue en rochet et entrave sa marche, en

sorteque ce n’est que lors de l’action de l’électro-aimant sur l’ar-


mature i que, le ressort agissant, la roue, et par suite l’aiguille ab,
tournent dans le même sens. Ainsi le courant électrique, et par suite
lelectro -aimant, n’agit que pour détendre le ressort, et la force
nécessaire pour faire fonctionner l’appareil est empruntée au mou-
vement d’horlogerie; cette addition importante permet de faire
fonctionner l’appareil à l’aide des plus faibles courants électriques.
Il est nécessaire cependant de régler le ressort r qui ramène la
fourchette dans sa première position quand le courant n’agit plus,
afin que l’appareil fonctionne avec l’intensité électrique dont on
fait usage. Pour cela, un fil de soie enroulé autour d’une poulie,
que l’on tourne avec une clef en S, tend plus ou moins le ressort r,

et sert à régler l’appareil au moment de s’en servir.


Le manipulateur est disposé comme l’indique la figure 210; nous
empruntons sa description à M. Breguet l’appareil se compose
:

d’une planche de forme carrée, sur laquelle est monté au moyen ,

de trois colonnes, un plateau circulaire ou cadran en laiton. Ce


plateau porte, sur son pourtour, des érhancrures se trouvant en

Digitized by Google
25 8 APPLICATIONS DIVERSES
Fie- uns.
regard des lettres et des nombres que
l’on a gravés sur le cadran en deux cir-
conférences. Une manivelle est articulée
au centre du plateau avec un axe qui
porte une roue sur le plan de laquelle
est creusée une gorge sinueuse , et dont
les sinuosités sont régulières et en nom-
bre égal à celui des signes gravés sur le
cadran. Cette roue produit dans son mou-
vement de rotation le mouvement de va-et-vient du levier G, qui
oscille autour du centre 0, et va toucher alternativement aux con-

tacts P et F. Pour un tour de la roue, le levier G fait treize oscilla-


tions, c’est-à-dire qu'il est treize fois en contact avec P et treize fois
avec P'.
Dans la planche sont incrustées dix petites platines ou pièces de
eontact, auxquelles viennent aboutir les fils qui conduisent le cou-
rant électrique dans les divers appareils qui composent le poste ;

devant le cadran se trouve aussi une plaque oblongue ; elle porte

ces mots: «Communication directe. » En outre, on voit deux


languettes mobiles LL’, qui sont susceptibles de se diriger, l’une, à
gauche sur les routants E’S'S’; l’autre, celle de droite, sur les

contacts semblables SSE, ainsique sur la plaque oblongue. Ces


deux pièces sont appelées commutateur de ligne.
11 y a encore trois boutons, dont ceux qui sont figurés en C et
en Z sont destinés à recevoir les fils venant des pôles de la pile, et
l’autre T, le iil communiquant au sol.
Les différentes parties du manipulateur sont reliées entre elles
par des fils métalliques qui passent au-dessous de la planche, et qui
sont représentés dans la ligure par des lignes pointées. Toutes les
platines SS RR, à droite et à gauche, communiquent au bouton T,
qui, de son côté, est réuni au bouton Z.
Des colonnes qui supportent le cadran ,
celle qui est placée sous
la croix communique avec la plaque EK'.

Le bouton C est relié au contact P. Le contact P' communique


avec les platines R R' de droite et de gauche.
On voit enfin qu’il y a communication immédiate entre la colonne
qui est sous la croix et celle qui sert de centre de mouvement au
levier L, puisque toutes deux sont tixées au cadran.
Toutes les fois que la manivelle du manipulateur est placée sur
un nombre impair 3, 5, etc. la pile L est en eontact avec P; et
,

Digitized by Google ’
,

r>E l’blkctho-magmbtismi?. 279

si , au contraire , cette manivelle est sur les nombres pairs 0, 2, t

le contact aurn lieu avec P'.

Avec ce télégraphe, quand on a l’habitude des manipulations,


on peut facilement faire 30 signes par minute, en moyenne, c’est-
à-dire un signe toutes les deux secondes. Quand on parle par let-
tres , on voit que ce télégraphe ne transmet pas les correspondances
d’une manière très-rapide; pour aller plus vite, il faut parler par
signes et se servir des dispositions télégraphiques employées plus
loin.

On a vu qu’il était nécessaire de régler avec une clef le ressort


de l’appareil pour l’intensité électrique employée. M. Mouilleron a

construit un récepteur dans lequel le courant électrique passe suc-


cessivement autour de deux électro-aimants le premier, qui est :

à long fil et beaucoup plus sensible que le second, agit au commen-


cement de l’opération , sur une armature dont la fonction est de
tendre le ressort à boudin r (fig. 213), qui règle la marche de l’ai-
guille ab; une fois celui-ci réglé, cet électro-aimant cesse d’agir,
et l’appareil est prêt à fonctionner. Il suffit donc pour ce télégraphe
qu’avant chaque série d’opérations on détende le ressort à boudin r

de chaque récepteur, et que la personne qui veut transmettre une


dépêche tourne le manipulateur pendant plusieurs tours, afin que
l’appareil se règle de lui-raéme à la station d’arrivée.
Télégraphe mobile à lettres. On désigne sous ce nom des appa-
reils dont le but est de pouvoir communiquer avec les stations d’un
point quelconque d’une ligne d’un chemin de fer, ou d’un lieu
quelconque où on le transporte. M. Bréguot a dispos*! un télégraphe
à cadran ,
renfermé dans une boite pouvant se développer, et con-
tenant non-seulement la pile nécessaire pour le faire fonctionner,
mais encore le récepteur et le manipulateur d’une double paire
d’appareils; il est destiné spécialement à être transport*! sur les
trains en mouvement, et à se mettre, à un instant donné, en
relation avec un télégraphe de la station principale , au moyen de
deux fils que l’on fait communiquer, l’un au sol, l’autre à un des
fils télégraphiques tendus le long de la ligne.

Du reste ,
tous les systèmes de télégraphes rendus portatifs peu-
vent servir au même usage; dans le cas où on aurait besoin de
lesemployer entre des points où il n’existerait pas de fils métalli-
ques tendus à l’avance, comme pour les usages militaires, il fau-
drait avoir soin de développer entre les deux stations un fil con-
ducteur convenablement isolé.

Digitized by Google
,

280 APPLICATIONS DIVERSES

Télégraphe à signaux, ou double télégraphe à cadran. Le système


télégraphique qui avait été adopté jusque dans ces dernière temps
par gouvernement français est un double télégraphe à cadran
le

permettant de faire mouvoir deux aiguilles, et servant à transmettre

les dépêches à l’aide de signes conventionnels formés par les posi-

tions des aiguilles relativement à une ligne fixe. Il est représenté à


l’extérieur, lig. 517, et son mécanisme est vu lig. 217 bis, tel que
le construit M. Breguet. A et B indiquent le récepteur; C et D, le

manipulateur.
Fig. 217.

Fig. 217 bis.

Le récepteur se compose de deux aiguilles ah , a'h', semblables


aux (lèches mobiles de l’appareil télégraphique de Chnppe. Ces
deux aiguilles peuvent être mues chacune par un mouvement
d’horlogerie, et portent sur leur axe une roue à échappement qur

Digitized by Google
A

DE l’ÉLKCTKQ-M fiNÉTISME, 281

B aux points Oet 0'. Chacune de ces roues


l’on voit dans la figure
porte huit dents correspondant aux huit positions, à 45" l’une de
l’autre, que peut prendre chacune des deux aiguilles. L’échappe-
ment se fait au moyen d’une ancre mue par un électro-aimant,
d’après une disposition analogue à celle du télégraphe à cadran
décrit plus haut ; il
y a pour chaque aiguille un système d’ancres et
d électro-aimants ,
représentés en E et en E' par une disposition
;

particulière des fils , on peut n’employer que trois fils au lieu de


quatre ,même n’en employer que deux
et ,
si la terre tient lieu de
conducteur, comme on le dira plus loin.
Le manipulateur représenté par les figures C et 1) est formé de
deux appareils semblables, dont chacun correspond à une des deux
aiguilles du récepteur. Chacun de ces appareils se compose essen-
tiellement d’une roue formée par une substance non conductrice, et
recouverte, sur la circonférence, d’une bande métallique portant huit
interruptions.La bande métallique communique avec l’axe de la
roue; cet axe est lui-même métallique, et un ressort r s’appuie
constamment sur lui. Un autre ressort r porte sur la circonférence,
de telle sorte que, lorsqu’on donne à la roue un mouvement de ro-
tation, le courant qui suit le ressort est alternativement fermé et
interrompu.
Une manivelle qui nécessite une description spéciale permet de
produire à volonté l’un ou l’autre de ces deux effets. Cette manivelle
se compose d’un bras de levier M (fig. 217) attaché à l’axe de la

roue, et mobile dans le plan qu’il détermine avec l’axe, au moyen


d’une articulation représentée dans la figure. Pour arrêter mani-
la
velle dans une position déterminée, le bras de levier porte un arrêt
qui vient s’engager dans l’un des huit crans d’une pièceG ; chacun
de ces crans correspond à une interruption du courant. Par le mou-
vement du levier dont nous avons parlé, on peut dégager l’arrêt
d’un cran de la roue en l’écartant de sa position, et, en lui donnant

ensuite un mouvement de rotation, le ramener dans une autre.


M. Breguet a substitué an manipulateur de ce télégraphe un
manipulateur plus commode, en utilisant une roue à gorge sinueuse
déjà employée par lui, et décrite, page 278, à propos du manipula-
teur du télégraphe à cadran. Cet appareil est composé de deux par-
ties indépendantes, semblables à celle qui est représentée figure 21 8;
chacune d’elles est en rapport avec un des côtés du récepteur par

nn fil spécial ce qui exige l’emploi de deux fils. Les deux parties
,

du manipulateur étant identiques, nous ne donnerons l’explication

Digitized by Google
‘2
b2 APPLICATIONS itiv ERSES

que de l’une d'elles, qui suffira pour les deux. Nous empruntons cette
description à l'ouvrage de M. Breguet :

Fig. 2 i«. G, diviseur fixe, est un disque divisé en


huit parties égales par des crans dans lesquels
on peut engager une tige fixée à la manivelle
mobile M.
lt est une roue également fixe, sur un côté
de laquelle est creusée une gorge quadrangu-
laire à angles arrondis, dans laquelle se meut
un ^alet porté par la partie supérieure du le-
vier L.
BD est l’axe de mouvement des deux le-

viers L et L'. L est le levier portant à son


extrémité le galet qui entre dans la roue de la gorge R. L' est le

levier qui porte dans le bas une pièce à ressort oscillant entre les
contacts C, G'.
C, C' sont deux contacts métalliques encastrés dans une pièce
d'ivoire sur lesquels viept appuyer le levier L'. C communique avec
la pile. C' communique avec le récepteur par un fil conducteur ;

à la base de la colonne s’attache le de la ligne.


fil

M est la manivelle placée sur l’axe de la roue R, et qui passe par le

centre du diviseur.
Ce manipulateur fonctionne à la place de celui que nous avons
décrit fig. 217; car, en faisant mouvoir la manivelle dans le même
sens , autant de fois l’on aura passé devant les crans du diviseur,
autant de fois le levier L' aura produit d’interruptions du courant
électrique par suitedu jeu des leviers L et L',
Le télégraphe que nous venons de décrire est plus compliqué
que le télégraphe à cadran , puisqu’il peut être considéré comine
un double télégraphe à cadran, et qu’il exige deux fils; la même pile
peut toutefois servir, en ayant soin de ne faire fonctionner que
successivement les deux parties du manipulateur. La rapidité de la
transmission des dépêches peut être seule invoquée pour expliquer
la préférence qu’on lui a accordée; en effet, chaque signe repré-
sentant un mot et même une phrase, on conçoit que, pouvant en
figurerau moins trente par minute , les dépêches se trouvent plus
rapidement envoyées qu’à l’aide d'un simple télégraphe à cadran.
Télégraphe à clavier. Nous avons vu dans les télégraphes pré-
cédents que le manipulateur était simple : dans le télégraphe à cla-
vier, construit par M. Froment, le manipulateur est plus compliqué,

Digitized by Google
DE l'élkctbo-maonetisme. 283

complètement des autres appareils de ce genre; quant au


et diffère
il est analogue à celui de l’appareil à cadran décrit pré-
récepteur,
cédemment. Comme ce télégraphe peut être utile pour le service
d’une administration et dans les cas analogues à ceux où l’on em-
ploie le télégraphe à cadran, nous donnons une description som-
maire des principales parties qui le composent.
La partie essentielle du manipulateur est un cylindre horizontal
MN, fermant et ouvrant lo circuit à l’aide d'une roue h interruption,
comme dans les manipulateurs ordinaires ,
et l’aiguille du récep-
Fig. >10.

teur marche ou s’arrête, suivant que le cylindre tourne ou reste


arrêté, en supposant , bien entendu qu’ils soient parcourus par le
,

même courant électrique.


Ce cylindre est entraîné dans son mouvement par un ressort qui
peut produire son effet ou être arrêté de la manière suivante :

Le cylindre porte des chevilles disposées eu hélice, chaque che-


villecorrespondant à une touche du clavier ; en abaissant une
touche, on force la cheville correspondante à s’arrêter quand
le cylindre, entraîné par le ressort, fait arriver la cheville devant
la touche. A l’extrémité du cylindre sc trouve une roue en ro-
chet M : arrêtée par un levier horizontal ,
il en résulte que , dans
les conditions ordinaires, le ressort ne peut fonctionner; mais, du
moment qu’on ahaisse une touche ,
le levier horizontal dégage la

roue en rochct, et le ressort fait tourner le cylindre jusqu’à ce qu’il


s’arrête de nouveau quand la cheville correspondante à la touche
arrive devant celle-ci. Aussitôt que la touche se relève, le levier
horizontal engrène de nouveau la roue en rochet.
Ainsi, en définitive,chaque touche fait partir le ressort quand
on l’abaisse, et l’arrête quand on la relève; mais, comme l’aiguille
du récepteur de la seconde station marche synchroniquement avec
le cylindre entraîné par le ressort, il en résulte que l’aiguille, lors-

qu’elle s’arrête, indique une lettre ou un signe correspondant à une


des chevilles, et par conséquent au signe marqué sur la touche qui
a été ahaissée.

Digitized by Google
284 APPLICATIONS D1VEHSES

i\ous représentons, lig. 219 bis, un télégraphe à clavier pour une

Fis 219 Lis.

station Alt contient l'axe chevilles, le mécanisme et le clavier; KF


: i»

est un cadran dont l’aiguille marche mécaniquement en même temps


que l’axe MN (tig. 219) fonctionne. AB est donc le manipulateur.
CD est le récepteur ou télégraphe à cadran , servant à recevoir
les signes de l’autre station : la pile n’est pas figurée ici.

Télégraphes divers. M. Siemens a construit un appareil télégra-


phique qui n’est pas en usage aujourd’hui, mais dont il est néces-
saire de faire mention, attendu que chaque paire d’appareils ne né-
cessite qu’un fil, et permet de transmettre successivement les dépê-
ches dans les deux sens, le manipulateur et le récepteur étant iden-
tiques. Il est fondé sur le principe de l’interrupteur décrit page 178,
et d’après lequel le courant électrique interrompt lui-même un cir-

deux appareils sem-


cuit et le rétablit aussitôt après. Si l’on imagine
blables dans un même
on conçoit que les deux armatures
circuit,
marchent synchroniquement ; si donc ces deux armatures sont en
relation avec deux ancres qui commandent deux roues en rochet
portant chacune une aiguille on voit que si les deux aiguilles ont
,

commencé à se mouvoir en même temps , elles marcheront de la


même manière, et indiqueront au même instant la même position on

Digitized by Google
DK l'électro-magnétisms. 285

la même lettre sur le cadran devant lequel elles passent; si l’une

d’elles s’arrête, l’autre s’nrrête également. Des touches sont dispo-


sées de façon à arrêter la marche de chaque aiguille à une lettre ou
à un signe déterminé, et on peut avec chaque paire d’appareils trans-
mettre des dépêches, s’interrompre, se répondre, puisque, quand
un des appareils s’arrête, l’autre s’arrête également au même point.
On a invoqué dans la construction des télégraphes un principe dont
nous devons également faire mention; il est relatif à l’emploi de mou-
vement d’horlogerie marchant synchroniquement aux deux stations,
et que l’on arrêterait à l’aide d’actions électro-magnétiques au même
instant. Si les cadrans étaient disposés de façon à recevoir des let-
tres ou des signes ,
on pourrait alors avoir simultanément des in-
dications identiques aux deux stations, et par conséquent trans-
mettre des dépêches d’un lieu à un autre.
Armatures aimantées. On a proposé encore d’autres dispositions
pour les télégraphes indicateurs analogues aux télégraphes cadran, il

et qu’il est important de faire connaître, car elles ont reçu et elles
peuvent encore recevoir dans d’autres circonstances d’utiles appli-
cations.
Dans le télégraphe à cadran et ses différentes modifications dont
nous avons parlé jusqu’ici, il est nécessaire de faire usage de res-
sorts qui ramènent sans cesse l’armature dans sa position première,
mais alors on doit régler la force du ressort pour une intensité
électrique déterminée ; et quand celle-ci change , l’appareil ne se
trouve plus dans les mêmes conditions, et ne peut parler. On a
cherché à éviter cet inconvénient en employant pour armatures des
morceaux d’acier aimantés : dans ce cas, les électro-aimants agissent
sur les armatures par attraction ou par répulsion, suivant le sens
de leur aimantation, et non-seulement on augmente la sensibilité
de l’appareil , mais ces deux effets successifs que l’on peut faire
naître permettent de se passer de ressorts additionnels. En outre
de cela ,
l’appareil peut fonctionner quelle que soit l’intensité élec-
triqueemployée, et il n’est pas nécessaire de le régler au moment
de transmettre une dépêche.
On a construit de cette manière des télégraphes à cadran , fondés
sur ce principe. Il est nécessaire que l’armature aimantée soit placée

entre deux pôles opposés de deux électro-aimants vis-à-vis l’un de


l’autre, afin qu’au moment du passage du courant électrique, si l’un
des pôles attire l’armature, celui qui est en face la repousse ;
alors,
au moment où le courant change de sens, un effet inverse se produit.

Digitized by Google
,

280 Al>PLICATI088 niVRnSKS

M. Gloesener, qui a employé les armatures aimantées dans la


construction de différents systèmes de télégraphes , a en outre uti-
lisé le renversement de courant en disposant le récepteur de ma-

nière que , par le jeu même de l’appareil , cet interrupteur forme


commutateur fonctionnant en même temps que les armatures de ,

façon que chaque électro-aimant , après avoir agi par attraction sur
un pôle de celles-ci, agitimmédiatement après par répulsion.
Cette disposition est avantageuse en ce sens, qu’au moment où un
courant cesse de passer dans un électro-aimant, il se produit un
courant induit dans le fil conducteur; or, si au moment de la ces-
sation du courant on fait passer un courant électrique inverse , il
détruit l'effet de l’induction. On a donc de cette manière le même
avantage qu’en employant les appareils magnéto-électriques, comme
on le verra plus loin , et l’on peut éviter également les actions dues
aux effets statiques que l’on observe quand on fait usage de lignes
télégraphiques sous-marlncs. Nous reviendrons du reste sur cette
question quand nous parlerons des conducteurs sous-marins.
Les armatures aimantées ont été également utilisées dans des
circonstances où il est nécessaire de n’employer l’action d’un cou-
rant que dans une direction déterminée. Supposons, en effet, que
dans un électro-aimant il circule un courant capable de déve-
lopper une aimantation contraire à celle de l’armature en présence :

cette armature sera attirée lorsque le courant circulera en sens


;

contraire elle sera repoussée; mais, si un arrêt s’oppose à ce se-


,

cond mouvement, l’attraction seule sera manifeste quand le cou-


rant électrique auia une direction déterminée. Supposons, à pré-
sent, que l’on place deux électro-aimants à côté de l’autre, de ma-
nière que chacun d’eux agisse par attraction sur son armature,
quand le courant est dans une direction opposée, on voit que, sui-
vant le sens du courant, ce sera ou l’un ou l’autre qui agira. On
a fait usage de ce principe, soit dans des télégraphes, soit dans des
moniteurs de chemins de fer, etc.

Télégraphe à aiguilles. Les appareils télégraphiques dont nous


venons de parler, mais surtout les télégraphes à cadran, sont d’un
emploi commode, et fonctionnent bien, mais ils exigent plus de
force que les télégraphes à aiguilles, dont il va être question. Ces
dernieis sont très-simples, car aucun rouage dans leur
il n’entre
construction, et sont fondés uniquement sur l’action exercée de la
part d'un courant ou d’un électro-aimant sur une aiguille aimantée ;
ils sont analogues à ceux de M. Steuikeil ou de M. Whealatone

Digitized by Google
DK l.*F.LF-CTHO-M ACifliÉTISME. 28*

et n’exigent que de très-faibles courants pour fonctionner : ils sont


donc plus sensibles que les précédents; seulement il faut qu’au
moyen de signes conventionnels représentés pur l’inclinaison d’une
ou deux aiguilles, une ou deux fois dans un sens ou dans un autre,
on convienne de représenter des lettres ou des phrases. Ainsi, les
signaux sont formés par de petites oscillations d’une ou plusieurs
Du reste, ces signaux ne font pas plus de signaux que le
aiguilles.
double télégraphe du gouvernement français, décrit page 280.
La ligure 220 donne le principe d’un télégraphe à aiguilles du
,
système de MM. Cooke et Wheatstone :

Le récepteur se compose d’un ou


deux cadres de multiplicateur sem-
blables à M, au milieu duquel une
aiguille aimantée est placée de façon
à être déviée dans un sens ou dans
l’autre, suivant le passage du cou-
rant. Une seconde aiguille aimantée
fixée à la première, semeut au de-
vant du cadran, et forme un système
asiatique qui rend l’appareil plus
sensible. Du reste, un contre-poids
suffisant maintient l’aiguille verticale.
Le manipulateur N, vu dans une autre position en N', se compose
d’un commutateur destiné à changer le sens du courant électrique,
et à ouvrir ou fermer le circuit. 11 est formé d’un cylindre en ivoire,
tournant autour de son axe à l’aide d’une manivelle, et portant
deux chevilles c et c‘ en cuivre. Ces chevilles ne sont pas dans le
même plan vertical perpendiculaire à l’axe du cylindre; l’une c
est destinée à agir contre des ressorts en cuivre A et A', et à les écar-
ter à volonté; l’autre c' est destinée à agir sur les ressorts r et 1
r .

Les pèles de la pile qui fait fonctionner l’appareil communiquent


en P et en P* avec les ressorts r et /, et ceux-ci sont en communica-
tion avec les chevilles c et c'. Dans la position ordinaire d’équilibre,
les chevilles c et c étant verticales, les deux ressorts A et A' tou- •

chent deux pointes v et v' en cuivre. Mais, si on tourne la mani-


les

velle dans un sens ou dans un autre, par exemple, de droite à


gauche, comme le représente N', alors la pointe V quitte le rpssort A
le pôle P communique à A, et le courant a une direction détermi-
née; si l’on tourne la manivelle en sens inverse, le courant change
de sens. Si l’on suppose maintenant que deux mécanismes sembla-

Digitized by Google
288 APPLICATIONS DIVERSES
blés à celui de la ligure 220 soient renfermés dans un système ana-
logue à celui de la figure 220 bis, et que les
deux aiguilles extérieures ab, a' b', et les mani-
pulateurs m et m' soient seuls apparents, on
aura la vue extérieure d’un télégraphe à deux
aiguilles. On doit dire que le courant élec-
trique qui passe dans un des manipulateurs m
et dans le récepteur placé à côté a, passe aussi
dans le récepteur correspondant de la station

suivante; de celte manière, l’employé, en


tournant la main m ou la main tri, voit quelle
est la dépêche transmise à l’autre station.
Nous avons supposé qu’on employait des cadres de multiplicateurs
simples; niais on peut placer de chaque côté des aiguilles des pôles
opposés d’électro-aimant et alors l’appareil acquiert encore une
,

plus grande sensibilité, puisque l’on fait concourir à l’action le dé-


veloppement du magnétisme dans les fers doux des électro-aimants.
Si l’on fait usage de deux aiguilles en croix l’une à l’autre,
liées

et que chaque extrémité de l’électro-aimant soit entre deux pôles

opposés, on augmente encore l’effet produit. Avec une armature


découpée de la forme de deux tiges en croix on obtiendrait aussi le ,

même effet. Enfin nous indiquerons plus loin , à propos des télé-
graphes magnéto-électriques, uue autre disposition employée par
M. Henley, laquelle donne de bons résultats.

TÉl.èuR VPIIF.S ISmi ATKl ns magséto-élkctriqifs.

Télégraphe à cadran. Les télégraphes que nous venons de dé-


crire,soit à cadran, soit à aiguilles, fonctionnent à l’aide de

piles voltaïques, dont le nombre des éléments varie suivant la ré-


sistance du circuit que doit traverser l’électricité. Si le fil avait une
longueur trop grande, on pourrait même utiliser les relais dont il

sera question plus loin en parlant des télégraphes enregistreurs.


Mais, aussitôt que l’on cul construit des appareils télégraphiques,
on songea à se passer de piles voltaïques, et à se servir de courants
produits par un appareil d’induction magnéto-électrique. M. Stein-
heil en fit usage, et M. Wheatstone construisit un télégraphe à ca-
dran dont le manipulateur consistait en une espèce de machine de
Clarke, donnant un certain nombre de courants induits par chaque
tour du cadre du manipulateur, de façon à en faire correspondre
les lettres avec celles du récepteur.

Digitized by Google
DK l'eLKCTKO-U AGXÉTISME. 289
On conçoit aisément que les courants électriques, développés
pendant le passage de 1
'électro-aimant mobile devant l’aimant fixe,
aient une tension suffisante pour vaincre la résistance des fils con-
ducteurs, et qu’ils mettent en fonction le récepteur à lettres, comme
le ferait un courant électrique provenant d’une pile ordinaire. Ainsi,
dans ce système, le manipulateur est différent de celui du télégra-
phe à cadran ordinaire, en ce qu'il renferme un électro-aimant

mobile placé devant un aimant fixe comme dans un appareil d’in-


duction, et en ce qu’il sert par conséquent et de source d’électri-

cité et de manipulateur; quant au récepteur, il est construit de la


même manière que ceux dont nous avons parlé."
Nous avons vu un télégraphe de ce genre établi à la gare du
chemin de fer île ltouen pnr.M. Whcatstone, il y a plus de dix ans,
et, depuis cette époque, il a toujours fonctionné très-régulièreinent;
le seul inconvénient qu’il présente est d’étre un peu lent, par suite

du grand nombre de révolutions que l’électro-aimant doit exécuter


pour que l’aiguille du manipulateur passe d’une lettre à une autre
devant le cadran divisé.

il
y a plusieurs avantages à se servir de courants magnéto-élec-
triques : d’abord, si le fil de l’appareil est très-résistant, la tension

de l’électricité développée est assez grande, et franchit avec facilité


de longs circuits télégraphiques. Ensuite l’appareil est toujours
prêt à entrer en fonction, et donne les mêmes résultats, pourvu que
l'intensité magnétique de l'aimant tixe reste la même. D’un autre

côté lorsque l'on fait usage de courants magnéto-électriques, ces


,

courants sont alternativement en sens inverse, et s’opposent à la pro-


duction des effets statiques qui peuvent nuire à la marche des télé-
graphes.
M. Lippens a modifié le télégraphe magnéto-électrique à cadran de
M. Wheatstone en faisant usage d’une bobine fixe dans le manipula-
teur, et en rendant seulement mobile l’armature en fer doux inté-
rieure munie" de parties plus prédominantes que les autres, les-

quelles passent devant les pôles de forts aimants fixes. Lorsque ces
armatures mobiles s’aimantent ainsi par influence, les courants in-
duits dans la bobine fixe agissent par l'intermédiaire du fil dans
le récepteur.
On a employé aussi ,
pour faire fonctionner les télégraphes, des
courants induits provenant d’appareils dans lesquels le courant
inducteur était donné par un ou plusieurs couples à large surface.
Dans ce cas, l’effet de l’induction est de donner un excès de tension
t. ni. lu

Digitized by Google
,

390 APPLICATIONS DIVF-BSFS

nu courant induit qui lui permet de franchir une ligne télégraphique


très-résistante ,
alors que le courant inducteur primitif aurait été
inhabile à le faire.
Télégraphes à aiguilles. En général; les appareils d’induction
fonctionnent bien, et l’on doit être étonné qu’ils n’aient pas été plus
en usage. On n’a pas construit seulement des télégraphes magnéto-
électriques à cadran, mais on a fait usage de télégraphes à aiguilles,
analogues à ceux dont nous avons parlé. Nous citerons parmi ceux-ci
le télégraphe construit par M. Henley, lequel n’exige que peu d’élec-
tricité pour fonctionner, et qui est d’un très-bon emploi.
Fl». 221.
B

La figure 221 représente le manipulateur. — Deux bobines de til

très-fin traversées par des cylindres de fer doux ,


forment une
,

sorte d’électro-aimant EE' mobile devant un faisceau d aimants

fixes en fer à cheval F.

Une touche en ivoire T peut faire tourner le système de manière

à amener devant le pôle S de l’aimant la bobine E, que la figure

représente devant le pôle N. a est un arrêt contre lequel vient ap-

puyer la tige touche d’ivoire lorsqu’on l’abaisse.


qui porte la

Afin de mieux juger du jeu des différentes parties de 1 appareil


nous représentons en coupe, dans les figures 221 bit et 221 1er, la
position de l’électro-aimant, quand l’appareil est au repos, et lors-

qu’on le fait fonctionner.


Fig. 221 bis.

Digitized by Google
DE L’ÉLECTBO-MAGPilh’lSME. ïül
Fig. 221 1 er.

Sur lu laine de 1er M qui joint les deux bobines est fixée une pe-
pièce munie d’un appendice P. Cet appendice, lorsque l'appareil
tite

ne fonctionne pas, louche la languette L. La pièce sur laquelle


vient se fixer le ressort R communique avec le fil
f, et est isolée
de la pièce M par une lame d’ivoire.
L’autre extrémité du filde l’électro-aimant communique avec le
disque en laiton de la bobine F/, par suite avec l’axe G, et enfin
avec le support métallique K.
Cela posé, lorsque
le système est au repos (fig. 221 bis), l’électro-

aimant sert d’armature à l’aimant fixe et l’empéche de perdre sa


force. Mais, si l’on abaisse la touche d’ivoire (fig. 221 ter), lelectro-
aiinant vient prendre une autre position relativement à l’aimant fixe,
et en résulte un courant par induction dans les bobines. Ce cou-
il

rant suit le ressort R, et va an récepteur. Si l’on abandonne la tou-


che, elle se relève par l’élasticité du ressort, la pointe P vient toucher
la languette L, et le fil de la bobine ne se trouve plus dans le circuit.

Le récepteur sè compose d’un électro-aimant F et d’une aiguille


destinée à osciller entre les pèles les figures 222 et 222 bis repré-
;

Fig. MJ.

Digitized by Google
.

202 APPLICATIONS DIVERSES


Fig. MJ bit.

arrière; on voit dans la


sentent cet appareil vu en avant et en
bis l’électro-aimant et l’aiguille aimantée
qui doit être
figure 222
déviée par l’influence du courant magnéto-électrique développé
dans manipulateur et circulant dans l’électro-aimant.
le
sensibilité, sur les pôles de
Afin que l’appareil ait une grande
cet électro-aimant sont placées deux pièces semi-circulaires de fei
le cercle que for-
doux qui présentent quatre pôles et c’est dans ,

aimantée montée sur


ment ces pièces de fer que se trouve l’aiguille
ligure 2-23 représente sur une plus grande
un axe. IJu reste, la
échelle lesdispositions des pièces semi-circulaire
AC, DU, attachées
Fig. 2sjl en leur milieu sur les deux extrémités de l’électro-
aimant. Supposons que l’aiguille aimantée NS soit en-
si , lors de l’éta-
tre D et C dans sa position d’équilibre :

blissement du courant, les pôles A et C deviennent


D et D des pôles nord, il est évident
des pôles sud, et
que l’aiguille NS s'inclinera de manière à venir entre
courant d’induction magnéto-électrique
A et ü; mais, comme un
direct suit le
courant induit qui est de sens contraire, aus-
premier
ne touchera plus au manipulateur ce courant
direct
sitôt que l’on
et ramènera NS dans sa première
• circulera dans l’électro-aimant,
position. C’est pour ce motif que dans cet appareil on n’utilise que
le mouvement de l’aiguille dans un seul sens.
l’aiguille aimantée porte aussi une aiguille
L’axe auquel est fixée
indicatrice, qui montre
en delwrs de l’appareil les mouvements de
figure 222 représente cette aiguille. Un voit
1-aiguille intérieure; la
que le mouvement d inflexion dans
pa °la position des deux arrêts
un seul sens est seul possible. ... .

(l’aiguille aimantée à sa position d équi-


Afin de pouvoir amener
ffig. 222 bis) sert
à faire tourner 1 eleclro-
libré, la vis sans fin tf

Digitized by Google
DE Ï.’ÉLKCTBO-M AGNKTISM F. 293

aimant sur son axe par l’intermédiaire d’une roue dentée r. On


peut ainsi changer la position des pièces semi-circulaires par rap-
port à l’aiguille.
On emploie dans ce télégraphe les signaux usités pour le télégra-
phe de Morse, et qui seront indiqués plus loin, page MO; ces si-
gnaux sont gravés sur le cadran, comme le montre la figure 222.
Une double oscillation de l'aiguille correspond à un point; un
temps d’arrêt correspond à une ligne. Pour produire la double
oscillation ou le point ,
on abaisse la touche d’ivoire du manipu-
lateur, et on l’abandonne aussitôt ;
l’aiguille est déviée à droite,
par exemple, par le premier courant d’induction, puis à gau-
che par le second courant qui est en sens inverse du premier, et
qui ramène l’aiguille au repos, ainsi que nous l’avons dit. Pour faire
faire un temps d’arrêt à l’aiguille, on tient quelque temps abaissée
la touche du manipulateur; la déviation de l’aiguille du récepteur

subsiste alors, parce que le magnétisme développé dans l’électro-


aimant par le courant d’induction ne cesse pas instantanément;
mais, lorsque la touche se relève, le magnétisme change et l'aiguille
revient à sa position primitive.
On joint toujours au récepteur de ce télégraphe un appareil pour
servir d’avertisseur et pour faciliter l’intelligence des signaux fournis
par l’aiguille ;
il se compose de deux timbres qui sont placés à côté
d’un petit appareil formé d’un électro-aimant portant des pièces
semi-circulaires en fer et une aiguille aimantée mobile disposée
comme on l’a représenté fig. 22.'1; en réalité, ce n’est autre chose
qu’un récepteur, mais dans lequel le mouvement de l’aiguille fait

frapper celle-ci contre les timbres à chaque fois que le courant


électrique circule dans l’appareil. Du reste ,
cet avertisseur marche
en même temps que le récepteur, et le bruit que produit son ai-
guille en frappant les timbres coïncide avec les oscillations de l’ai-

guille du cadran.
Le télégraphe que nous avons décrit est à une seule aiguille, et
n’exige qu’un circuit pour fonctionner; mais, si l’on dispose un
manipulateur double, on pourra avoir un récepteur également dou-
ble), et faire mouvoir simultanément deux aiguilles inductrices. Le

nombre des signaux que l’on pourra faire sera donc plus grand, et
l’on aura le môme avantage qu’en employant le télégraphe ordi-
naire à deux aiguilles, ou bien le télégraphe à signaux utilisé par
l’administration française, et représenté page 2S0, tig. 217.
Nous avons vu que les changements de position antre l’aimant

Digitized by Google
194 APPLICATIONS OIVEBSES

et l’électro-aimant du manipulateur avaient lieu par un mouvement


de rotation effectué autour d'un axe horizontal. M. Henley a obtenu
le même effet, avec plus de simplicité peut-être, en éloignant, à

l’aide d'un levier, l’électro-aimant de l’aimant: il suffit d’appuyer


de même lu main sur une touche pour effectuer cet écartement, et,
en enlevant main, l’électro-aimant reprend sa position première.
la

Ce télégraphe exige peu de force pour agir, et l’emporte sur les


autres télégraphes magnéto-électriques par la rapidité de sa marche,
c’est-à-dire par la quantité de signaux qu’il peut transmettre par
minute. Du reste ,
il partage avec eux l’avantage de donner à cha-
que fois successivement des courants électriques dans deux direc-
tions opposées, ce qui met obstacle, ainsi que nous le dirons plus
loin, aux effets qui se produisent dans les conducteurs sous-marins
et sous-terrains ,
et qui nuisent à la rapidité de transmission des
dépêches avec les télégraphes ordinaires, à moins de dispositions
spéciales.

APPABRIIJ INDICATEURS DES TRAINS; MONITEURS DES CHEMINS DK FKR.

Les télégraphes indicateurs ne sont pas seulement employés pour


transmettre des dépêches, mais ils sont utilisés dans plusieurs cir-
constances, et nous citerons notamment dans la construction des in-

dicateurs ou des moniteurs à l’usage des chemins de fer. Cette belle


application de la télégraphie électrique, jointe à celle des horloges
électriques, dont il sera question plus loin, donne une grande certi-
tude aux services des chemins de fer, et par suite une grande sûreté.
On pourrait appliquer plusieurs des systèmes décrits plus haut pour
atteindre ce but; mais, comme le télégraphe à aiguille est le plus sim-

ple et qu’il n’exige aucun rouage, il est moins sujet à se déranger.


Nous citerons d’abord les appareils indicateurs des trains ima-
ginés par M. Régnault, chef du mouvement au chemin de fer de
l’Ouest. Ces appareils construits par M. Breguet, sont employés
,

sur chemin de fer de Rouen et sur d’autres lignes. Ils consistent


le

essentiellement en un double télégraphe à aiguilles placé à chaque


station, et indiquant au cantonnier, par l’inclinaison de chaque
aiguille, si un convoi est en marche sur la voie de chaque coté, et
dans quel sens il marche.

D’après ce système, les appareils placés dans chaque poste sont


les suivants :

1° Deux manipulateurs pour transmettre les signaux aux deux


stations voisines à droite et à gauche.

Digitized by Google
DE l’électro-mac.nbtisme. 39 $
2° Deux récepteurs indicateurs à double cadran, indiquant par
la direction d’aiguilles aimantées le sens de la marche des trains se
dirigeant vers le poste chacun d’eux est spécialement destiné à re-
:

cevoir les signaux de la station du côté duquel il est placé.


3“ Quatre interrupteurs pour rompre le circuit et ramener au zéro
les aiguilles des récepteurs, quand le signal n’est plus nécessaire.
Entin des paratonnerres, comme il sera dit plus loin, afin de
préserver l’ensemble des appareils des effets des orages.
Chaque appareil fonctionne par le courant d’une pile : bien que
placés dans le même poste, ils forment deux groupes distincts. Nous
allons décrire les différentes parties dont ces appareils sont formés.
Manipulateur. Le manipulateur se compose de deux électro-
aimants BB ,
B'B', dont les fils sont attachés en A et A' aux boutons
moptés sur le socle en bois SS.

Fik. 2-.il.

P, P, sont des palettes ou armatures mobiles autour des vis d’at-


tache V, V, et maintenues par des ressorts à boudin r, contre les
boutons D sur lesquels elles appuient par des lames à ressort /.

L, L, sont des leviers à poignées, manœuvrant sous le socle; ils

sont mobiles autour des points v', v', et sont maintenus loin des pa-
lettes PP par de forts ressorts R.
T est le bouton pour le fil communiquant au sol ; K, K, des bou-
tons servant à relier l’appareil au récepteur, et M, M, des boutons
où s’attachent le fil des interrupteurs. Les palettes communiquent
aux boutons M, M, par l’intermédiaire des boutons D, D, et aux
boutons K ,
K ,
par l’intermédiaire des boutons G, G ,
auxquels
par un fil.
elles sont reliées

La fonction de ce manipulateur double est de faire jouer un


des leviers en l’abandonnant aussitôt après, afin de pousser la pa-

qitized b V GooqIi
206 APPLICATIONS niVSRSF.S

lette, de fermer le circuit d’une pile ,


et comme le courant qui
circule alors passe dans l’électro-nimant, la palette est maintenue
et le courant peut passer continuellement et indiquer un signe à
l’autre station jus pi à ce qu'on vienne à l’interrompre ;
à ce mo-
ment, le ressort agissant ,
la palette revient à sa position pre-
mière.
décepteur indicateur. Sur un socle en bois sont placés deux
I i*- 2 5*
'.

multiplicateurs MM, M M' ;


chacun est muni de deux aiguilles
aimantées AA, A 'A', montées sur le même axe ;
l’une de ces aiguil-
les est extérieure à la du cadre.
boite, l’autre est dans lintérienr
Quand un courant entre dans l’appareil on comprend que les ai- ,

guilles d’un même couple doivent s’incliner ù droite ou à gauche,


dans le sens marqué par l’une des flèches / ou f. Le sens de celte
inclinaison indique la direction du train engagé sur la voie.
I) sont des boutons h l’aide desquels on mameuvre de petits
aimants n ; ces aimants servent à corriger les déviations des aiguilles,
qui doivent être toujours verticales quand les courants ne passent
pas dans l’appareil.
interrupteur. L’interrupteur sert à interrompre le courant envoyé
dans le manipulateur et le récepteur indicateur. Il se compose d’un
i 2>.i. socle circulaire S et d'un d :
s.|iie 1)

sous lequel sont fixées deux lames


faisant ressort l, p, lesquelles sont
toujours en contact quand l'appareil
ne fonctionne pas. Ainsi ,
dès qu’on
f: voudra interrompre une indication
donnée à la station, il suffira de poser
le doigt sur la tige H : dans le manipulateur correspondant la pa-

Digitized by Googh
DE I-’ÉLECTKO-MAGNÉTISME. S97-

letle ne sera plus attirée ,


et l’aiguille aimantée du récepteur re-
viendra verticale.
11 est facile de comprendre qu’à l’aide de ces dispositions, quand
un train passe par une station et se dirige vers une autre, aussitôt
le cantonnier signale le train à la station suivante en faisant agir son
manipulateur qui ferme le circuit et fait incliner l’aiguille du récep-
teur placé à l’autre station ;
quand le train est arrivé à cette autre

station , le cantonnier de celle-ci touche à l’interrupteur, les aiguilles


viennent à U, et il signale ensuite le même train à la station sui-
vante, etc.
Les appareils sont doubles, car à chaque station le cantonnier
doit pouvoir annoncer au poste suivant si un second train passe
avant que le premier soit arrivé. Si, par erreur, le signal qui de-
transmis à un poste était donné à un autre, on se servirait
vait être

du télégraphe des dépêches pour ramener les aiguilles dans leur


état normal.
En résumé, dans ce système, chaque cantonnier a deux récep-
teurs à deux aiguilles, deux manipulateurs doubles et quatre inter-
rupteurs, de telle sorte qu'il voit toujours s’il vient un train d’un

côté ou d’un autre, et alors, dans le cas de danger, il fait son signal
ordinaire afin de prévenir le chef du train. Quand tout est régulier
et que chaque train passe, il se borne à faire fonctionner son appa-
reil télégraphique qui correspond à la station suivante. Ainsi cette
disposition rend les appareils indépendants des trains, et confie aux
cantonniers seuls le soin de surveiller leur
marche ; le seul incon-
vénient qu’il présente est d’exiger deux fils au moins pour toute la
ligne, afin de faire fonctionner l’appareil télégraphique dans deux
sens, et même en admettant (pie l’avertisseur à sonnerie soit tou-
jours prêt à partir sous l’action du même circuit.

On a proposé plusieurs autres systèmes qui sont également en


usage. Ainsi, en Angleterre, on u employé un système de M. Tyer,
qui consiste à placer aux stations principales des appareils télé-
graphiques à aiguilles indiquant, comme les précédents, lorsque
les convois sont en marche; mais, en outre, un appareil analogue
avec un avertisseur à sonnerie est placé à chaque station intermé-
diaire. lequel ne fonctionne que lorsqu’un convoi passant sur la voie
fait fléchir un rail à des intervalles déterminés, et établit alors, par
cette flexion, une communication électrique d’où résulte un courant
qui fait fonctionner l’appareil de la station ,
fait dévier l’aiguille et
sonner la sonnerie. Quand le convoi est passé, l’appareil revient au

Digitized by Google
398 APPLICATIONS DIVERSES

0, mais le cantonnier est averti, et, si un danger est à craindre, il

peut mettre un signal pour arrêter les trains.

On a proposé aussi, et le système de M. du Monccl est dans ce


cas, de placer extérieurement aux rails un conducteur métallique
qui fait la même fonction que le rail qui fléchit, et établit la com-
munication électrique entre les deux extrémités d’un circuit, en
même temps que le courant d’une un
pile locale fait fonctionner
appareil télégraphique ou bien faitmarquer sur un cadran, à la sta-
tion, la marche du train le long de la ligne. M. du Moncel a aussi
fait usage d’une pile disposée sur les trains.
M. Bonelli a employé un conducteur continu qui règne le long
des rails de chemin de fer, et sert à mettre en communication télé-
graphique permanente le convoi et la station, ou même deux con-
vois qui sont en marche. Mais, ne connaissant pas ‘encore ce nou-
veau système dans ses détails, nous ne pouvons entrer ici dans
aucune description des appareils employés.
On a encore proposé et on proposera d’appliquer beaucoup de sys-
tèmes télégraphiques pour donner toute sécurité possible au mode
de transport par les chemins de fer ;
mais il faut que l’expérience
prononce sur chacun d’eux, et jusqu’ici le moyen le plus simple
est celui que nous avons indiqué au commencement de ce para-
graphe.

têi.£grapiiks knregisthki rs.

Télégraphe de Morse. Les télégraphes électriques indicateurs que


nous venons de décrire, plus ou moins sensibles suivant leur con-
struction, fonctionnent bien et remplissent le but proposé, qui est de
transmettre rapidement les signaux d’un lieu dans un autre; mais
il ne reste pas trace de la dépêche transmise, et le contrôle ensuite
est impossible : sous ce rapport, les télégraphes enregistreurs ont
l’avantage sur les autres. Depuis le télégraphe de Morse, publié en
1837, on a proposé bien des appareils, mais aucun n’est aussi sim-
ple et ne fonctionne mieux que cc télégraphe modifié comme nous
le dirons ;
aussi revient-on de toutes parts à son emploi , et il est

probable que son usage, joint peut-être au tracé électro-chimique


des signes, se généralisera encore davantage, car, partout où l’on
s’en sert, on reconnaît qu’à la facilité et à la simplicité de la ma-
nœuvre il joint l’exactitude dans la reproduction des signes.
Dans la ligure 227 se trouve représenté un télégraphe formant
système complet. R est la pile qui fait fonctionner l'appareil; M

Digitized by Google
DE LÉLECTBO-M AGNÉTISMR, 2îl0

est le manipulateur formé par une clef simple ; quant au récep-


teur, il est composé de l’ensemble de l’électro-ainiant E, du levier
pi et du mouvement d’horlogerie dont nous parlerons plus loin.

Fig. 237-

Le manipulateur ou la clef se compose d’un marteau M, main-


tenu soulevé par un ressort, et qui communique avecundes fils du
circuit renferme aussi une petite enclume métallique F, com-
;
il

muniquant à l’autre (il du circuit. On peut ainsi, en appuyant avec


la main sur le ressort, fermer le circuit ou le rompre à volonté:
si on ne produit le contact entre le marteau et l’enclume que pen-
dant un temps très-court, le courant ne passera que pendant cet
instant dans le circuit ;
en le maintenant au contraire plus long-
temps, le courant pourra passer pendant tout le temps dans le (il

télégraphique.
Le récepteur renferme un électro-aimant E fixe, et son contact C
placé à une des extrémités d’un levier mobile autour d'un axe sup-
porté par la colonne a. A l’autre extrémité du levier est fixé une
pointe p ou un style en fer destiné à faire des empreintes sur une
bande de papier. Le ressort r maintient habituellement le contact
C à une petite distance des pôles de l’éleclro-aimant E ; la vis V
sert à régler la course du levier.
Une longue bande de papier TS, enroulée sur un cylindre qui
n'est pas représenté sur la figure, passe sur un cylindre entraîné
par les roues dentées d et d', mues à l’aide d’un mécanisme d’horlo-
gerie. La pointe p, placée près du papier, n’appuie pas dessus dans
les conditions ordinaires de l’appareil; mais, aussitôt que le cir-
cuit est fermé et que le courant circule, l’électro aimant agit sur le
contacte, et la pointe p marque sa trace sur la bande de papier. Le
mouvement d’horlogerie est représenté mû par un poids P, mais
on y substitue maintenant un ressort ; en même temps il déroule
la bande de papier, et la fait passer devant le style. Si donc on pro-

Digitized by Google
• 50 ° APPLICATIONS DIVERSES
(luit nvcc la clef M
une série de contacts très-courts ou prolongés,
on formera sur lepapier une succession de points ou de lignes,
comme cela est représenté en S, une pulsation rapide de la clet
correspondant à un point , et une pulsation prolongée donnant une
ligne.
Les signes télégraphiques ou les lettres, dans cet appareil, sont
formes de points ou de lignes ou de leur succession et on com-
,

prend aisément qn il est facile de les obtenir. Nous représentons


ci-après les lettres et chiffres en signes adoptés par l’administration
pour la transmission des dépêches :

ALI IIABET.

w H~ b d

f 0 h

k m
» 4

roNmwTioN.

Point. Point -virgule. Virgule. DcuX'pninl*. roinl d'interrogation.

Point d'eicUinatlnn. Trait d'union Apostrophe. Narre de division.

CIIIFinLS.

Il va sans dire que, comme pour tous les télégraphes, il faut une
paire d’appareils, afin d’établir une double correspondance. Nous

Digitized by Google
DK l’ËLECTBO-MAOXKTISME. 301

devons ajouter que le cylindre sur lequel se déroule le papier doit


être en cuivre dépoli ;
en outre , un arrêt doit servir à arrêter le

mouvement d’horlogerie, ou le laisser libre seulement pendant le

temps où l’appareil fonctionne.


La clef ou le manipulateur à main dans l’appareil de Morse, est
,

très-commode pour faire une succession de points ou de lignes sur


le papier, et, quand on a l’habitude de cette opération, la manipula-

tion est simple à exécuter, et l'appareil fonctionne rapidement; on


peut transmettre ainsi en moyenne 15 lettres par minute.
On a proposé plusieurs systèmes pour faire fonctionner mé-
caniquement le manipulateur, alin de transmettre plus rapidement
les dépêches et de les produire très-régulièrement. L’un d’eux est
analogue à celui qui a été mis en usage dans le télégraphe électro-
chimique de M. Bain, dont il sera question plus loin : il consiste à
avoir un emporte-pièce qui découpe dans une longue bande de papier
de. petits cercles répondant aux points des lettres d’après l’alphabet
Morse, et des lignes qui sont représentées par deux points consé-
cutifs; l'appareil doit alors permettre de laisser des intervalles entre
les points et les lignes. Une fois la dépêche ainsi tracée à l’em-
porte-pièce à la station du départ, on la fait passer sur un cylindre
métallique contre lequel appuie un style en fer ou une roulette mé-
tallique, et cela à l’aide d’un mouvement l’horlogerie. Si le cylindre
communique à l’un des pôles de la pile, et le style à l’autre, en- (

semble du cylindre et du style fait fonction de manipulateur et rem-


place la clef. Alors, dans le télégraphe de la station d’arrivée, les
mêmes signes se reproduisent sur le papier à l’aide du télégraphe
décrit plus haut. Ces papiers,comme on le voit, sont analogues
aux cartons de Vaucanson et de Jacquart dans les métiers à tisser.
M. Siemens a disposé un système d’emporte-pièce de ce genre,
lequel permet de découper très-rapidement des points ou des li-
gnes sur une bande de papier, c’est-à-dire d’écrire très-vite une
dépêche; ce système consiste en un appareil à trois touches, dans
equel une touche fait les points, la seconde, les lignes ou deux
points, et la troisième laisse les intervalles.
Un autre moyen d’écrire la dépêche avant de l’envoyer transcrire
par le télégraphe de Morse, consiste, comme l’a fait M. Paul Gar-
nier, à disposer sur un cylindre et en hélice de petites clavettes
dont une partie est creuse et l’autre pleine. Quand on veut composer
à l'avance la dépêche sur le cylindre, on |>ousse avec une petite
tige métallique les clavettes successives, de façon qu’il y ait à la
suite l’une de l’autre, suivant le pas de l’hélice, des parties pleines et

Digitized by Google
302 APPLICATIONS 01 V ERSKS

des parties vides, et cela en nombre correspondant aux points et


aux lignes de l’alphabet Morse; alors, en faisant tourner ce cylin-
dre devant un style métallique, il se manifeste très -rapidement une
succession de courants'électriques plus ou moins prolongés ,
qui
donnent lieu aux points et aux lignes dans le télégraphe Morse.
On peut encore combiner ce télégraphe avec le télégraphe élec-
tro-chimique, ainsi qu'on le verra plus loin, ou même faire tracer

la dépêche avec une plume qui trempe à chaque instant dans de l'en-
cre; mais, pour les usages ordinaires, on a généralement employé
un style marquant les signes sur le papier par repoussage.
Nous n'avons indiqué ces procédés que comme pouvant être
utilisés, surtoutdans le but de composer "à l'avance les dépêches
que l'on veut transmettre, et pour en transmettre une plus grande
quantité en un temps donné; mais jusqu’ici, dans la pratique
courante, on s’en est tenu à la clef qui permet de faire rapide-
ment les signaux. Ces signaux paraissent compliqués de prime
abord mais, pour montrer qu’ils sont aussi familiers que les lettres
;

de l’alphabet à ceux qui s’en servent continuellement nous cite- ,

rons ce fait, que les employésn’ont pas besoin d’examiner les bandes
de papier sur lesquelles les signes sont marqués pour lire la dépêche;
ils entendent le bruit fait par le style contre le cylindre ,
et la dif-

férence du bniit produit quand on fait un point ou une ligne suflit

pour leur permettre de traduire la dépêche et de l’écrire pendant que


le télégraphe fonctionne, quand il est manœuvré à lu main, bien en-

tendu.
Relais. Le télégraphe de Morse ne fonctionne jamais sans relais,
c’est-à-dire sans un appareil qui permet d’avoir une intensité suffi-

sante pour faire fonctionner le télégraphe dans la station d’arrivée.


L’importance des relais est très-grande, non-seulement pour la

télégraphie, mais encore pour l'horlogerie électrique et pour d’au-


tres applications; [aussi devons-nous entrer dans quelques détails
touchant leur emploi.
Lorsque le courant d’une pile est transmis à une grande distance
par un fil télégraphique , son intcusité est faible et ne serait pas
suffisante pour faire fonctionner les appareils; on se borne alors à
employer le courant à faire fonctionner un électro-aimant, et ce-
lui-ci ferme le circuit d’une batterie locale qui agit sur le télégra-

phe. Cet électro-aimant porte alors le nom de relais.

La ligure 228 représente un relais. Le circuit télégraphique est


mis en relation avec les extrémités a, b du fil de l'électro -aimant li,

Digitized by Google
b

DE l’électrc-mac.nftisjie. 303
Fi;; .St.

courant tiausmis d’une station à une autre. L’armature en fer doux


C est attachée à'un levier AB, mobile autour de l’axe D ; l’extrémité
A se meut entre deux vis p et p', dont l'une est terminée par une
pointe en ivoire, et l’autre p', entièrement métallique, communique
avec un des pôles Q d’une pile locale T ; l’autre pôle Q' communique
par l’intermédiaiic du ressort r au levier métallique AB. Lorsque le
circuit télégraphique « est ouvert, l’électro-aimant E ne fonction-
nant pas, l’extrémité A du levier AB s’appuie contre la pointe d’i-

voire p par l’effet du ressort r; mais, si au poste de départ on éta-


blit lacommunication électrique, l’armature C du relais est attirée,
A touche la pointe métallique, et, le circuit de la pile locale P étant
fermé, le télégraphe T de la station peut fonctionner. La vis S sert
à tendre plus ou moins le ressort r pour régler le jeu du relais.
Il est évident alors que, si la pile P a une puissance suffisante
pour faire fonctionner le télégraphe de Morse T, à chaque fois

qu’il y aura contact court ou prolongé dans le manipulateur de la


station de départ, il y aura contact court ou prolongé en p', et la
même répétition dans T; ainsi le relais n’empéche pas les mêmes
signaux de Morse de se reproduire dans T, et ne fait que de per-
mettre à la pile locale d’agir pour les former.
On a modifié la forme des relais qui sont, comme on le voit , des
appareils d’une très-grande importance, et qui sont destinés à agir
sous l’action de très-faibles courants électriques. MM. Siemens et
Halske ont disposé l’armature mobile autour d’un axe vertical passant
par la direction d’une des bobines, et de façon que les deux armatures
en fer qui s’attirent soient considérés comme des prolongements
des barreaux eux-mêmes. La figure 229 indique cette disposition :

Digitized by Google
304 APPLICATIONS 1>I VE USES

I I?. 329.

m M' sont les deux électro-aimants; E, E’ les armatures adaptées


aux cylindres de fer doux; l’armature E est fixe, l’armature E' est
mobile. Le levier G est retenu contre un arrêt isolant K par un
ressort en spirale 11, dont la tension peut être réglée par un écrou
Les arrêts K et N sont placés sur une pièce métallique L, qui peut
être mise en mouvement par l’écrou T, pour régler la distance
entre les armatures E etE'. L’étendue du mouvement du levier G,
et par conséquent des armatures E, E', peut être aussi réglée à
l’aide de l’écrou N. Lorsqu’un courant électrique traverse. les bo-
bines des électro-aimants les armatures E, E'. se rapprochent l’une
,

de l’autre, le levier G s’applique contre la pièce métallique N, et le


circuit local du récepteur est établi.

Le ressort est destiné, dans les appareils dont on vient de parler,


à rappeler le bras du levier dans sa position première quand l’électro-
aimant à agi; mais il pour que l’on puisse produire un
est essentiel,

grand nombre de mouvements dans un temps donné, cpie ce ressort


fonctionne rapidement. M. Hipp a proposé pour cela de placer, au
lieu d’un ressort, deux ressorts opposés dont on modifie la tension,

mais de façon à ce que l’on en laisse prévaloir un qui ramène le


première position. Ces deux ressorts étant tendus Ions
levier à sa
deux, quand l’appareil fonctionne, donnent lieu, suivant lui, à un
rappel plus rapide qu’en en employant un seul.
Quand on fait usage d’armatures aimantées (voir page 28S), on
peut se passer de ressort, et alors on produit successivement l’at-

traction et la répulsion sur celte armature en utilisant le renverse-


ment du courant, comme l’a fait M. Gloesener. Cet appareil a l’a-

vantage de pouvoir faire produire deux fois plus de signes dans un

Digitized by Google
DE l’blectho-magsétisme. 305

temps donné que les autres; car, dans le jeu de la clef, on peut
utiliser le mouvement de haut en bas de bas en haut qui
et celui
donnent lieu l’un et l’autre à la fermeture du circuit , mais en pro-
duisant un courant inverse, d’après le principe même sur lequel
l’appareil est construit.
Translateur. D’après ce que l’on vient de voir, l’avantage des re-
lais consiste en ce que l’on peut envoyer une dépêche d’une station
à une autre assez éloignée, si l’on a soin d’avoir, à cette seconde
station, une pour mettre en action l’appareil sous l’ac-
pile assez forte

tion durelai. Mais, si la ligne télégraphique va de A à Z, par exemple,


et passe par des stations intermédiaires D, C, D, etc..., il peut être
important de pouvoir parler directement de A à D ou de A à Z, sans
qu’il soit besoin que les employés dans chaque station B C, D, etc.,

répètent la dépêche primitive. D’un autre côté, si l’on veut parler

de AàZ les deux localités étant à plusieurs centaines de lieues de


,

distance, une même pile ne peut fournir un courant d’une tension


suffisante pour vaincre une telle résistance, et on est obligé, dans ce
cas, d’avoir recours à d’autres procédés.
M. Steinheil a imaginé un appareil qu’il a nommé translateur,
lequel est une addition au télégraphe de Morse, et qui permet de
résoudre la question de la transmission d’une station à une autre
à travers les postes intermédiaires , et de façon que la dépêche soit
même inscrite simultanément dans chaque poste, si on le désire. La
condition à remplir consiste à disposer l’appareil de telle sorte que
le courant électrique, venant de la station de départ A au relais de
la station B, mette en action une pile locale qui fait fonctionner le
télégraphe de B; mais, en même temps que le télégraphe de B trace la
dépêche, il agit comme clef, fait fonction de l’employé stationnaire,
et transmet un courant émané d’une seconde pile locale au relais
de C , et ainsi de suite. De cette manière, la dépêche se transmet si-
multanément dans tous les postes, et se trouve partout inscrite.
La figure 230 représente le télégraphe de Morse faisant fonction
de translateur et placé dans les postes intermédiaires. Dans le lieu oii
il est placé, on emploie deutf piles locales : l’une, qui est composée
d’un petit nombre d’éléments, a une intensité capable de faire mar-
cher le télégraphe écrivant; elle est mise en fonction par le relais
de ce poste et fait agir l'électro-aimant M ;
l’autre a un nombre d’é-
léments suffisant pour que le courant puisse franchir la distance

de ce Heu au lieu suivant ; son circuit est fermé par la partie S’,
et le courant qui se produit va agir dans le relais du poste plus

T. III. 20

Digitized by Google
306 APPLICATIONS DIVERSES

éloigné, en même temps qu’ici la dépêche se trace en S". Voici, dn


reste, les parties diverses dont se compose l’appareil :

Fig. 230.

M est l’électro-aiinant du télégraphe à écrire de Morse ;


HH, le

levier avec le style S" ;


R', R", les cylindres qui font mouvoir, en la

pressant, la bande de papier sur laquelle se trace la dépêche; F est


le ressort de rappel ; 8', une vis de pression servant à établir un

contact avec le levier HH et à fermer un circuit voltaïque ; cette


même vis est isolée de toutes les parties de l’appareil à l’aide d’un
anneau d’ivoire, et ne communique qu’avec la vis de pression 2 , à
l’aide d’un fd métallique. Le même effet a lien avec la vis S contre ,

laquelle s’appuie, à l’état de repos ,


le levier transversal qui tient
au ressort F, et qui fait corps avec l’armature HH. Cette vis S est
•encontact avec la vis de pression t et en même avec le levier HH,
,

si l’appareil esten repos ; ce dernier levier est, du reste, en contact


permanent avec tout le reste de l’appareil télégraphique.
Il est évident d’après cette description que lorsque la première
, ,

pile locale, qui fait fonctionner l’électro*aimant M, agira sur le levier

H, le contact qui aura en S' fera fermer le circuit de la deuxième


lieu

pile locale, et pourra envoyer le courant à la station suivante par


le fil 2 ; mais aussitôt que l’effet cessera , si le fil I communique
au sol, le contact sera rétabli en S avec le sol ou avec le fil de la

ligne télégraphique.
Il est nécessaire que l’on puisse à volonté faire passer la dépêche
à travers les postes intermédiaires en y traçant cette dépêche, ou
bien sans y laisser de trace. Ponr atteindre ce but , d’après un
premier signe, l’employé, à la première station , indique l’endroit
pour lequel la dépêche est destinée, et alors les employés des sta-

tions intermédiaires ,
à l’aide d’un transmutatenr ou commutateur
indiqué ci-après , disposent les circuits de façon à ce que le relais
fonctionne, et que le courant de la pile locale traverse la station

Digitized by Google
DE l’ÉLECT RO-MA G SÉTISM E. 307

sans faire agir le télégraphe. Cet appareil , dù à M. N'ottebohm, est

représenté fig. 231. Il sc compose d’un support isolant en bois, sur


Fig. 2.11. lequel des plaques métalliques conductri-
ces u, D, S, sont isolées les unes des autres.
Des fiches en cuivre se placent en u, en S
ou en D, et alors le courant électrique prend
le chemin uD ou «S. Cette plaque en bois

est fixée sur la table à côté du. télégraphe,


et, en multipliant les conducteurs, oii peut

faite prendre plusieurs directions au cou-


rant électrique. L’emploi des fiches de cuivre entre des plaques de
même métal facilite beaucoup la manœuvre de» télégraphes.
Nous avons dit que le translateur permettait de transmettre une
dépêche d'une localité à une autre, quel que soit leur éloignement;
mais on peut également la faire revenir sur ses pas pour faire fonc-
tionner un télégraphe placé à côté de la personne qui fait agir la
première clef. On peut de cette manière vérifier immédiatement si
l’envoi de la dépêche est fait dans les conditions nécessaires.
Télégraphe portatif. M. Hipp a disposé un télégraphe de Morse
portatif avec une petite pile à courant constant destiné pour les
usages militaires. Comme le principe de cet appareil est le même
que celui dont il a été question plus haut, et qu’il n’y a de diffé-
rence que dans l’arrangement des différentes parties, nous ne fe-
rons que le mentionner ici.
Autre télégraphe enregistreur. Le télégraphe de Morse, plus ou
moins modifié, ainsi que son relais, est, comme nous l’avons déji
dit, un appareil qui a un grand avenir. On a cherché à le modi-

fier, et on a construit des instruments qui conduisent au même but


’ que lui; parmi ceux-ci nous citerons les télégraphes de MM. Fro-
ment, Dujardin, etc.
Quoique le télégraphe de Morse soit plus simple qu’aucun des
autres appareils proposés et qu’il leur ait été préféré, nous par-
lerons cependant du télégraphe de M. Froment, qui n’en diffère
essentiellement qu’en ce que l’électro-aimant agit sur une armature
tournant autour d’un axe vertical ,
et que les signes tracés par le
crayon ou le style présentent
des traits horizontaux et parallèles à
la direction du mouvement de l’armature. La dépêche se trouve
-écrite en signes au moyen d’un crayon (pii se taille en écrivant,

parce qu’il tourne sur lui -même en même temps qu’il exécute son
mouvement de va et vient; le crayon est mû d’une manière directe
30 .

Digitized by Google
308 APPLICATIONS DIVERSES

et sans intermédiaire par l’armature de l'électro-aimant , et peut


exécuter jusqu’à trois ou quatre mille vibrations simples par mi-
nute. Ainsi la transmission des dépêches avec ce télégraphe est très-
prompte.
Dans le récepteur de ce télégraphe, le contact ab , mobile autour
Fig. 232.

d’un axe vertical, est maintenu à une petite distance de l’électro-


aimant E par la lame de ressort r. Un long bras de levier II' est
fixé perpendiculairement au contact, en sorte que, pour de très-
petits mouvements du contact, il exécute d’assez grandes oscillations;
sa course est d’ailleurs réglée par une vis de pression.
A l’extrémité ï de ce levier est adaptée la tige cil qui porte le

crayon. Cette tige est munie d’une roue dans les dents de laquelle
vient s’engager le ressort h. Lorsque le contact est attiré, le crayon
trace une petite ligne sur le papier; mais c’est en tournant sur lui-
même, car la résistance qu’oppose le ressort h aux dents de la
petite roue l’oblige à tourner. Ainsi, à l’aide de cet ingénieux
mécanisme, le crayon s’nsc régulièrement en écrivant la dépêche.
Le papier se déroule d’un cylindre C et s’enroule sur un autre C' à
l’aide d’un mouvement d’horlogerie contenu dans la Imite P. Si le
contact reste en repos ,
le crayon trace une ligne droite continue
dans le sens de la ligne du papier ; mais, si le contact exécute des
mouvements de va-et-vient , le crayon trace de petites lignes per-
pendiculaires, et les signes de ce télégraphe sont donnés par ces
lignes plus ou moins espacées, alternant avec la ligne fondamen-
tale. Ces signes représentent des espèces de V, dont le nombre dé-
pend du nombre des aimantations produites.
. Le manipulateur se compose d’une table sur laquelle sont inscrits
les chiffres de 1 à 9 plus le zéro, d’une roue mobile dont les bran-

Digitized by Google
UE L'ÉLfcC riîO-M AGNÉT1SME. 309
ches portent des anneaux pouvant encadrer les chiffres, et d’un
fi g. 333 h t». disque interrupteur, qui se meut en même
temps que la roue. Les branches de la roue

/ là ^ \ sont toutes munies de petites chevilles. Une


cheville fixe est placée devant le zéro. Si l’on
l \
hiit tourner la roue en prenant à la main une
'
]
des chevilles, celle qui est devant
V J le n° 5,

\. ; y/ par exemple , et qu’on amène cette cheville


devant celle qui est fixe, le courant se trouve
~ fermé ou interrompu cinq fois, et le crayon
du récepteur donne les signes correspondants. Pour que l’on trans-
mette la dépêche dans une station, il faut donc la traduire en
nombres, puis transmettre ces nombres avec le manipulateur, et ils

se trouvent reproduits en petites lignes horizontales sur le papier


du récepteur.
On peut également, en se servant de deux électro-aimauts et de
deux fils , inscrire les dépêches par double signe soit à l’aide de ce
procédé, soit par celui de Morse , soit par toute autre méthode.
Téléyruphes cleciro-chhniques. Les télégrapheséleetro-chiniiques
reposent sur des principes différents de ceux dont nous avons parlé,
et peuvent également enregistrer les dépêches par signe sur des
bandes de papier préparées pour cet usage. Celui qui a été le plus
employé est fondé sur la décomposition électro-chimique du cya-
nure de potassium , et sur la formation de ce composé au pôle posi-
tif, à l’extrémité d’une électrode en fer; le cyanure de fer, dont la

couleur bleue est bien caractérisée, en se déposant sur la surface

du papier, donne le tracé des signes télégraphiques. Qu’on imagine,


en effet, qu'à la station un manipulateur dont la
de départ on ait

fonction soit seulement d’interrompre ou d'établir un courant élec-


trique à des intervalles plus ou moins courts, comme une clef du
télégraphe de Morse : si l'on suppose qu’à la station d’arrivée on
ait une pointe en fer servant de pôle positif à la pile et qui applique

contre une bande de papier imprégnée de cyanoferrure de potas-


sium humide et mobile, toutes les fois que le courant sera inter-
rompu, le fer ne laissera aucune trace sur le papier; mais, du mo-
ment que l’électricité passera dans le circuit, alors une trace bleue
sera marquée sur la feuille de papier.
M. Bain a construit le premier un télégraphe de ce genre, pou-
vant transmettre une dépêche écrite d’avance à l'emporte-pièce
avec la vitesse de quinze cents lettres par minute. Le manipulateur

Digitized by Google
310 APPLICATIONS OIYEBSES

était formé d’une tige conductrice appliquant contre une roue mé-
tallique mobile ;
sur celle-ci passait un papier déceupé de façon à
présenter des lignes et des points, comme on l’a déjà dit page 301 ;
que toutes les fois qu’une ouverture
alors le contact n’était établi
du papier permettait à la tige de toucher la roue.
Le récepteur était composé d’une feuille de papier imprégnée
de cyanoferrure de potassium et humide, contre laquelle se mou-
vait en spirale, par suite d’un mouvement d'horlogerie, une tige

en fer communiquant au pôle positif de la pile du télégraphe. Un


comprend dès lors que cette alternative de lignes et de points se
trouvait reproduite en bleu sur le papier, et que la dépêche était
enregistrée. Mais avec cet appareil quand on va trop vite, on court
,

le risque de passer des signes ,


en sorte qu’il faut recommencer
d’envoyer la dépêche.
On a fait aussi simplement usage, comme récepteur, d’un appa-
reil analogue à celui de Morse, mais dans lequel il n’y a pas d’é-
lectro-aimant, et où la tige en fer est toujours en contact avec une
bande de papier humide ; le tracé sur les bandes de papier est alors
plus commode que le tracé en spirale. L’appareil suivant, indique
par M. Pouget Maisonneuve, inspecteur des lignes télégraphiques, et
construit par M. Loiseau, offre cette disposition , et est d’un usage
facile.

Le manipulateur représenté figure 233 est une clef analogue à


Fig, 233 . celle du télégraphe de Morse. A
l’aide de la main , on abaisse le
bouton D sur l’arrêt E, et, suivant
que l’on établit le contact en E
rapidement ou le laissant établi
plus longtemps, on ferme le cir-

cuit de façon à faire un point ou une ligne dans le récepteur.

Les trois boutons CAB sont attachés aux fils qui touchent à la
ligne télégraphique ou à la pile. C, au-dessous de la planche, tou-
che à la masse métallique centrale G, et, d’autre part, est mis en
relation avec le fil télégraphique allant à la station suivante. B, (pii

communique avec mis en relation par un fil avec un


l’arrêt E, est
des pôles de la pile dont l’autre pôle communique au sol. On voit
donc de cette manière qu’en abaissant la touche à l’aide du bou-
ton D, chaque fois que le contact aura lieu entre D et E, le courant
passera dans le fil de la ligne communiquant à C.
Le bouton A communique au-dessous de la planche avec un

Digitized by Google
,

DE L'ÉLICXBO-H&GHBTISlfB SI»

arrêt F contre lequel butte une vis fixée à la touche GD, quand
celle-ci est au repos. Un ressort I maintient ce contact. D’un autre
côté, A est en relation par un fil avec le conducteur télégraphique
de retour qui fait communiquer la seconde station avec la première,
et dans le circuit duquel se trouve placé le récepteur situé près du
manipulateur que nous décrivons. On voit donc que le manipula-
,

teur étant au repos, le circuit sera fermé en AC ; quand D fonc-


tionnera, le circuit sera ouvert, mais, comme cet appareil n'est pas
disposé pour la transmission simultanée des dépêches, peu importe
que le second manipulateur ne puisse fonctionner en même temps
que le premier. Cette disposition est faite pour que l’employé n’ait
pas à se servir d’un commutateur pour fermer le circuit d’une li-

gne, et que celle-ci soit toujours prête à être mise en action.


Fig. 231.

Le récepteur complet est représenté figure 234. J est le relais mis


en action par le manipulateur décrit plus haut et qui ferme le cir-

cuit d’une pile locale agissant sur le récepteur proprement dit ABC.
En D se trouve un mouvement d’horlogerie dont l’effet est de faire
tourner deux cylindres D’ et ü, qui entraînent une bande de papier C.
Celle-ci,
qui est imprégnée de cyanoferrure de potassium , est en-
roulée autour d’un cylindre A enfermé dans une boite. Le mouvement
d’horlogerie est entravé par un levier que fait jouer un bouton placé
à côté du cylindre, et, comme ce même bouton porte le style d’a-
cier qui doitappuyer sur le papier, il s’ensuit que lorsqu’on veut
mettre l’appareil en fonction , il suffit de tourner le bouton pour
dérouler la bande et faire appuyer le style d’acier contre elle.
Afin de bien comprendre le jeu de cette dernière pièce , on l’a
représentée agrandie, fig. 233. A est le bouton mobile qui, à l’aide
d’un levier, entrave le mouvement d’horlogerie quand l'appareil est

Digitized by Google
SIS APPLICATIONS DIVERSES
Fig. 235.
au repos. CL» est le premier cylindre métalli-
que sur lequel se déroule le papier humide.
ub est un bout de ressort de montre qui
sert de style d’acier , et dont on règle la
pression avec une vis supérieure.
Lorsque le relais agit et met en commu-
nication la pile locale avec le récepteur, il

que le pâle positif de cette pile commu-


faut
nique à A ,
au cylindre CD , et le cyanure de po-
et le pâle négatif
tassium, étant décomposé par l’action du courant, donne sur le
papier des traits ou des points suivant la manière dont agit le
manipulateur. On se sert alors de l'alphabet représenté page 300,
et en usage pour le télégraphe de Morse.
A la partie supérieure de la ligure 234 se trouve une boussole
que l’on peut employer pour vérifier si le courant passe; mais cette
addition n’est pas indispensable.
Le papier sur lequel on trace la dépêche doit être préalablement
trempé dans une préparation composée de la manière suivante :
Eau 100 parties.
Azotate d’ammoniaque cristallisé 150 »
Cyanure jaune de potassium et de fer. . 5 »

La présence de l’azotate d’ammoniaque rend le papier assez hy-


groscopique pour qu’il soit toujours dans un état d’humidité conve-
nable à la manœuvre du télégraphe.
Le télégraphe électro-chimique est plus simple que le télégraphe
de Morse, car le récepteur se trouve réduit à un mouvement d’hor-
logerie et à un style formé d'un ressort en acier qui doit toujours
appuyer sur le papier à écrire; le levier à pointe sèche, et la bo-
bine avec son armature, c’est-à-dire les parties les plus délicates
et coûteuses du télégraphe de Morse, deviennent donc inutiles. Il

exige, comme celui-ci, l’emploi d’un relais, et en outre il fonctionne


sous l’action d’un courant plus faible. Du reste, on fait usage des
différents accessoires dont il a été question plus haut à propos de
ce dernier appareil.
Dans les télégraphes enregistreurs employés jusqu’ici , on n’a
fait usage que des courants électriques provenant des piles voltaï-
ques, et non pas des courants par induction, développés à l’aide du
mouvement relatif des aimants et des circuits fermés; cependant
il est possible d’utiliser ces derniers, comme dans les télégraphes

indicateurs : les appareils qui ont été construits par M. Sainte-

Digitized by Google
DE l'electbo-magxétisyie. 313

Preuve et par M. Dujardin en sont des exemples. Mais jusqu'ici


on s’en est tenu à l'emploi des piles, à cause de la facilité de la ma-
nœuvre de la simplicité des appareils.
et
On a usage également de papier enduit d’iodure de potas-
fait

sium et d’amidon , et on n’emploie alors, pour lige positive, qu’une


tige en platine. La réaction qui donne la couleur nécessaire pour

tracer la dépêche provient de ce que, l’iodure étant décomposé par


le courant , l’iode agit sur l’amidon et donne une teinte bleue bien
connue. Mais, quoique cet appareil soit très-sensible, le télégraphe
précédent est préférable, d’après les résultats qu’il a donnés.
Télégraphes imprimeurs. On a construit plusieurs télégraphes
imprimeurs, à l’aide desquels les dépêches sont écrites en lettres
sur des bandes de papier ;
il suffit de concevoir que des caractères
d’imprimerie sont amenés successivement devant le papier mobile,

et, à l’aide de l’action d’on électro-aimant , donnent une impression


sur sa surface; mais nous ne nous y arrêtons pas, car ce sont plutôt
des appareils curieux sous le rapport mécanique qu’utiles au point
de vue de la télégraphie électrique. 11 en est de même des télégra-
phes autographiques, etc...
Nous n’avons décrit dans cet ouvrage que les principaux appa-
reils employés, les seuls qu’il soit essentiel de connaître, c’est-à-

dire les télégraphes à cadran et à aiguilles, soit électro-magnétiques


soit magnéto-électriques , le télégraphe de Morse et celui qui im-
prime électro-chimiquemcnt les dépêches.

APPAREILS DIVERS ET CONDICTKI RS EMPLOYÉS DAXS LES LIGUES


TÉLÉGRAPHIQUES.

Les appareils télégraphiques étant décrits, il faut examiner com-


ment, à une grande distance, on met en relation le manipulateur
et le récepteur, et quelles sont les dispositions des piles, des con-
ducteurs et des accessoires en usage sur les lignes télégraphiques.
Piles et sources électriques. Lorsqu'on emploie des télégraphes
magnéto-électriques, le manipulateur lui-même renferme la source
d’électricité qui doit agir aussitôt que Pou envoie la dépêche; il
n’y a pas à revenir sur ce que nous avons dit à propos des appareils
d’induction dans le livre XI, si ce n’est qu’il faut proportionner la
longueur du fil qui entoure l’électro-aimant à la résistance du cir-
cuit, c’est-à dire à la longueur de la ligne télégraphique à parcourir.
Lorsque usage de télégraphes électro-magnétiques ou
l’on fait
électro-chimiques, il est nécessaire d’employer des piles dont le

Digitized by Google
314 APPLICATIONS OIVEBSES
nombre d’éléments dépend de la résistance du circuit, c'est-à-dire
de la longueur du fil à parcourir. Ainsi de Paris à Amiens est un
, ,

télégraphe du gouvernement figuré page 280; avec 12 éléments à


sulfatede cuivre, on peut marcher; pour la sûreté de la communi-
cation, on en met 18. l)e Paris à Calais, on marche avec 15 éléments
de Bunsen.
La forme de ces couples est assez variable, et l’on peut consulter
ce que nous avons dit sur ce sujet t. I. p. 219 et suivantes.
En général ,
on fait usage de couples à sulfate de cuivre analo-
Kig. ;a. gués à celui que nous représentons de nou-
- -/ veau ici , et dont les dimensions sont plus ou

moins grandes, suivant les appareils employés.


Le zinc extérieur Z est placé dans un vase en
verre ou en terre A. Le vase en terre jioreusc
P porte une petite plaque en gutta -percha à la
partie supérieure, plaque percée de trous afin
de laisser passer le liquide du diaphragme
au-dessus d'elle. On met de l’eau dans la case
zinc à l’extérieur du diaphragme; si l’on veut,
on peut y ajouter quelques gouttes d’acide
sulfurique pour commencer l'action; ensuite il ne faut plus d’acide.
Dans l’intérieur du diaphragme on met de l’eau et des cristaux de
sulfate de cuivre au-dessus de la plaque en gutta-percha. Le conduc-
teur positif est une tige en cuivre plongeant dans la dissolution de
sulfate de cuivre. Cette pile peut fonctionner ainsi pendant plu-
sieurs mois, si l’on a l’attention de remettre, tous les cinq ou six
de cuivre sur la plaque en gutta-percha.
jours, des cristaux de sulfate
Le plus souvent, pour les usages télégraphiques, on modifie la
disposition précédente de la manière suivante on substitue au fil :

positif et à la plaque en gutta-percha un conducteur en cuivre


formé d’une tige mince passant au milieu d’un disque également
en cuivre plongeant dans le liquide à l’intérieur du diaphragme,
mais de façon à ce que ce disque occupe la partie supérieure de la
colonne liquide : ce disque remplace la plaque en gutta-percha, et
sert à maintenir les cristaux de sulfate de cuivre qui se dissolvent
continuellement dans le vase poreux. On les remplace avec facilité,
et l’on enlève le cuivre déposé à leur partie inférieure.
Dans les télégraphes mobiles, on a employé des couples à sulfate
de cuivre dans lesquels les liquides, pour ne pas être répandus, sont
remplacés par du sable humecté à l’aide des dissolutions que l’onein-

y Google
DE l’électbo-uag.nétisue. 315
ploie habituellement, sulfate de cuivre et eau salée ou sulfate de zinc.
On a employé, mais moins fréquemment , le couple à amalgame
liquide formé d’un vase en terre poreuse , dans lequel on verse de
Fig l'amalgame liquide de zinc A, lequel est plongé
'^y,
«o.


-- dans un bocal rempli d’une dissolution de sul-
fate de cuivre. Un fil de cuivre plongeant dans
r
l’amalgame communique l’électricité négative,
^4*îSB
i
tandis que l'électricité positive est transmise
W’< I
f
K par une lame de cuivre plongeant dans le sul-

fate du même métal. C’est ici la réaction de l’a-


'

1 eide sulfurique du sulfate de cuivre sur le zinc

.,j
§|j|
de l ,ainalg anie <
l
u ' produit le courant élec-
-AaÆiaJff' trique.
Enfin l’on peut faire usage des couples dont nous avons parlé
dans le tome 1 ,
pages 219 et suivantes, et sm* lesquels il n’est pas
nécessaire de revenir.
Emploi de la terre comme conducteur. Nous avons déjà vu,
tome II livre VI , page 168, que le sol humide, les couches stiper-
,

iicielles des terrains pouvaient servir de conducteurs aux courants

électriques ; ce résultat important a été mis hors de doute lors de


l’usage des premiers télégraphes électriques, et a pu ensuite être
utilisé dans cette grande application de l’électro-magnélisme. On a
reconnu en effet qu’il n’était pas nécessaire de deux fils parfaite-
ment isolés pour former uu circuit conducteur entre un récepteur et
un manipulateur télégraphiques, placés à deux stations, et qu’un seul
fil suffisait, pourvu que chaque extrémité fût en relation avec une

lame métallique plongeant dans le sol à une certaine profondeur.


Le sol fait donc fonction de conducteur, et permet de supprimer un
des fils pour chaque paire d’appareil ; il en résulte qu’un seul fil
bien isolé suffit pour le jeu d'un électro-aimant, et par conséquent
d’un appareil télégraphique simple ; si l’on place plusieurs fils

uns des autres sur les poteaux des chemins de fer, c’est
isolés les
que chacun d’eux sert pour un appareil isolé.
Dans ces conditions, non-seulement on trouve économie, mais
encore avantage à utiliser le sol comme conducteur, car il a une
résistance très-faible etmême négligeable devant celle des fils em-
ployés. Ce fait résulte des expériences faites, en 1838, par M. Stein-
heil;en 1842, parM. Wheatstone, et ensuite par MM. Matteucci,
Dreguet , et par les physiciens qui se sont occupés de télégraphie
électrique. Nous avons vu dans le tome II que, dans le sol, la con-

Digitized by Google
,

3IG APPLICATIONS DIVERSES

ductibilité a lieu comme entre deux électrodes très-petites plongées


dans une masse liquide très-grande, et que dès lors on ne peut plus
appliquer les lois du diamètre et de la section. Cependant cette
section étant très-grande et même indéfinie, la résistance, quoique
grande à égalité de section par rapport à un fil métallique, est cepen-
dant négligeable, parce que la communication se fait en tous sens.
On peut donc considérer la résistance à la conductibilité de la
terre comme nulle, c’est-à-dire que l’on peut admettre dans les
calculs faits sur de longues lignes télégraphiques, que le sol a une
conductibilité parfaite. On arrive aussi à cette conséquence, que,
pour une très-grande distance, la surface des lames destinés» trans-
mettre l’électricité dans le sol est indifférente ; mais, pour des lon-
gueurs de quelques centaines de mètres seulement , il y a avantage
à augmenter la surface de contact des électrodes. On gagne aussi
en intensité en enfonçant profondément les électrodes dans le sol
tout en leur conservant la même surface. Pour mettre en commu-
nication les fils télégraphiques et la terre , on ne se sert pas plutôt
de lames d’un métal que d’un autre, et on emploie indifféremment

des objets métalliques qui sont à la portée des opérateurs : on creuse

habituellement ou 2 mètres, suivant son humidité, on


le sol à t

fixe un fil de fer galvanisé à un morceau de rail de chemin de fer,

et on enfonce le rail dans le sol humide, en laissant ressortir le fil.


Des morceaux ou des lames de plomb , de cuivre, donneraient les
memes effets; on n’a rien trouvé qui indiquât qu’un mode de
communication fût meilleur qu’un autre.
Il est probable, d’après toutes les recherches faites sur ce sujet,
que la terre conduit les courants électriques par un mode d’action
analogue à celui qui a lieu dans les fils métalliques et dans les
liquides. Mais ce qu’il y a de remarquable , c’est que des courants
électriques peuvent se croiser en tous sens et à chaque instant sans
se nuire l’un l’autre. C’est ce résultat qui avait fait penser à quel-
ques physiciens que la terre agissait comme réservoir d 'électri-

cité que les flux électriques s’écoulaient de chaque extrémité des


,

pôles de la pile dans le sol , et que l’effet produit n’était pas du même
ordre que la transmission des courants dans les fils métalliques.
On a fait une observation sur les lignes télégraphiques et que
nous devons mentionner ici; elle est relative à l’existence de
courants électriques qui circulent, tantôt dans un sens, tantôt
dans un autre, en interposant un galvanomètre et en supprimant
toute piledu circuit. Cet effet peut tenir ou à l’action de l’élcc-

Digitized by Google
DE l'électbo-magxétisme. 317

tricité atmosphérique, ou à des courants d’induction qui se ma-


nifestent dans ces fils par suite des variations de l’intensité magné-

tique, suivant l’orientation des fils, ou bien à une action chimique

produite sur les lames métalliques qui servent à mettre en relation


l’extrémité des conducteurs avec le sol, ou bien à l’action de cou-
rants terrestres décrits par l’un de nous.
Fil* métalliques. Ligues aériennes. Pour établir la communica-
tion entre les appareils télégraphiques, on se sert de fils métalli-
ques. Le cuivre est employé avec grand avantage, mais le prix élevé
de ce métal lui a fait préférer, dans le plus grand nombre de cas,
le fer, quoique prés de sept fois moins bon conducteur (voir tome 1",

page 8S) ; on prend les fils de fer d'un diamètre plus grand que
celui des fils de cuivre, et l’on compense ainsi leur défaut de con-
ductibilité.
Les fils de fer dont on fait usage ont habituellement quatre mil-
limètres de diamètre, et, pour les garantir de l'oxydation, on les re-

couvre de zinc par le zincage à chaud, procédé auquel on a donné


le nomde galvanisation (voir tome II, page 109).
Pour que la communication électrique ait lieu, il faut que les fils
soient convenablement isolés. On peut les placer dans l’air ou bien
sous terre. Ln France, le long des lignes de chemins de fer, et toutes
les fois que cela est possible, on emploie le premier mode d’isole-
ment que l’on peut nommer isolement aérien. On place de cin-
quante’ mètres en cinquante mètres des poteaux le long desquels les
fils sont suspendus. Ces poteaux sont généralement en bois de pin
injectés de sulfatede cuivre quand ils sont encore en sève. Les tils
,

sont suspendus à l’aide de poulies B' en porcelaine, ou de supports


de même substance A', mais auxquels sont attachés des crochets
qui les supportent. De petits toits seraient nécessaires pour garantir
(le l’eau de pluie les partiesnon conductrices, et éviter la déperdi-
tion de l’électricité, due à ces causes. En outre des appareils, a sus-
pension, on place de mille mètres en mille mètres des appareils tels

que MN, appelés tendeurs, et destinés à tendre les fils métalliques


Fig. 338.

Digitized by Google
318 APPLICATIONS DIVERSES

de chaque côté ;
ils ont à chaque extrémité un treuil avec un rochct,

afinde remplir cette fonction, et ils sont adaptés sur un appareil eu


porcelaine porté sur le poteau AB.
Malgré les précautions prises, ce mode d’isolement des fils n’est
pas parfait, car l’humidité qui recouvre les poteaux et la porcelaine,
pendant la pluie surtout ,
occasionne une déperdition d’électricité ;

cependant, pour la plupart des cas, c’est encore celui qui doit être
préféré en raison de la facilité que l’on a de pouvoir surveiller leur
maintien en bon état. La déperdition électrique, jointe au change-

ment de résistance du circuit quand la température varie (voir


tome I er , page 87), fait qu’il est nécessaire d’un nombre variable
de couples d’un jour à l'autre pour faire fonctionner les appareils

dans les mêmes conditions; mais, comme il est facile d’en ajouter,

on se borne à cette addition pour que le jeu des télégraphes soit


régulier. Quand on veut un isolement plus parfait, on peut em-
ployer des fils enduits de gutta-percha.
Lignes souterraines. On avait pensé à placer les fils conducteurs
sous terre, afin d’éviter les accidents de rupture et pour ne pas avoir à
s’occuper des fils sur toute l’étendue de la ligne ;
de cuivre
les fils

recouverts de gutta-percha ont même été employés ainsi, notamment


en Prusse. Mais il
ya un inconvénient dans leur usage exclusif, et qui
tient au changement moléculaire que subit la gutta-percha dans
certaines circonstances,changement qui permet à l’eau de s’infil-
trer et qui fait cesser l’isolement nécessaire au fil. Ainsi, quand cela
est possible, il est préférable de s’en tenir aux fils tendus dans l’air.

Dans d’autres conditions où il est indispensable d’avoir recours


aux fils souterrains, le mieux est de placer simplement un fil de
fer dans un auget en bois ou autre, dans lequel on coule du
goudron ou du bitume. Le fil étant placé au milieu de cette masse
fondue est suffisamment isolé. Si l’on place plusieurs fils à côté
l’un de l’autre,il faut les isoler préalablement, en les entourant
de cordons goudronnés, puis opérer comme avec un seul ; la matière
en fusion pénètre dans les interstices et rend l’isolement complet.
Lignes sous-marines. La transmission de l’électricité entre les pays
séparés par la mer n’a pu s’effectuer qu’au moyen de câbles parti-
culiers convenablement isolés et unissant les stations télégraphi -

ques. Cette immense application ,


qui fait que la transmission est

aussi facile à l’aide des câbles sous-marins qu’à l'aide des fils isolés
tendus dans l’air, ne date que de peu d’années : M. Wheatstone,
en 1840, avait proposé un moyen de résoudre la question, mais

Digitized by Google
DE L'ÉLECTBO-MAGJSÉTISME. 319

c'est M. Brett sous la direction duquel a été placé un conducteur


entre Douvres et Calais : le conducteur fut bientôt rompu ; néan-
moins le résultat obtenu montra que le succès était possible.
M. Crampton s’occupa alors de cette question, et réalisa cette im-
mense application en unissant définitivement, en 1851, par un câble
sous-marin, la France et l’Angleterre. Depuis cette époque, d’autres
[»ys séparés par la mer ont été mis en relations télégraphiques,

et une des plus longues lignes faites jusqu’ici est celle qui sépare
Varna de Balaclava le câble n’a pas moins de 377 milles de lon-
:

gueur, soit 700 kilomètres. 11 est démontré dès lors que l’on peut
donner aux câbles de très-grandes longueurs, et on espère même
pouvoir mettre ainsi en relation l’Europe et l’Amérique.
Les câbles employés jusqu’ici ont la forme de celui qui est indi-
Flg. 237. qué figure 237 ;
cette figure représente une partie
du câble qui unit Douvres et Calais. A l’intérieur se
trouvent quatre de cuivre de 1 à 2 millimètres de
fils

diamètre, représentés par des points noirs sur la sec-


tion du cable CD; on se sert du cuivre afin de dimi-
nuer le diamètre du conducteur. Ces fils sont entou-

rés de gutta-percha vulcanisée ; ensuite on les en-


toure d’étoupe goudronnée, et on enveloppe le tout
de gros fils de fer galvanisés tordus en hélice d’un
pas allongé, comme le représente AB. Ces fils de fer

sont destinés à garantir de toute rupture les fils con-


ducteurs en cuivre. Dans le câble figuré ici ,
les dix fils
'29&T)d de fer extérieurs ont chacun 8 millimètres de diamè-
tre, et le câble a un diamètre total de 33 millimètres.
Dans ce câble il
y a quatre fils de cuivre, et par conséquent qua-
tre circuits télégraphiques. On varie le nombre de ces fils, ainsi

que celui des fils de fer extérieurs ; il y en a de différentes formes,

et même qui sont composés de plusieurs câbles tournés autour l’un


de l’autre.
Lorsqu’on fait usage de longs circuits souterrains ou sous-marins
pour la transmission des dépêches télégraphiques, et de plus qu’on
emploie un grand nombre de couples, il se manifeste des effets
électriques dont on a parlé tome 1”, pages 105 et suivantes, et qui
nuiraient singulièrement au jeu des appareils si l’on ne prenait
pas des dispositions nécessaires pour s'en garantir. En effet, le fil
souterrain ou sous-marin étant chargé par le courant comme le se-
rait une bouteille de Leyde, le courant se propage en augmentant

.gle
350 APPLICATIONS DIVERSES

graduellement d’intensité, et ce n’est qu 'après un temps appré-


ciableque l’effet magnétique maximumest transmis à l’autre extré-
mité du fil ( voir tome I", page 109). Les appareils ordinaires ne
pourraient donc fonctionner qu’avec une vitesse beaucoup trop petite.
Si l’on opère avec des appareils magnéto-électriques, on évite les
effets de ce genre, car, lorsqu’un courant électrique est produit

par l’induction d'un aimant, et vient à cesser immédiatement après,


le courant qui se manifeste dans ce dernier cas détruit l’effet du
premier ; le flux électrique se propage donc régulièrement à cha-

que double mouvement du manipulateur. En outre de cela , le


fil télégraphique communique au sol après chaque mouvement de

l’électro-aimant, et ainsi qu’on l’a dit à propos du télégraphe décrit


page 290.
Avec les télégraphes ordinaires et les piles voltaïques, si l'on fait
usage du renversement de courant , et ainsi qu’on l’a déjà dit
page 286, le mémo résultat est obtenu, puisque des courants alter-
nativement contraires se succèdent comme avec les courants ma-
gnéto-électriques. C’est de cette manière que se trouve disposé
l’appareil île M. Varlcy, qui permet au télégraphe de Morse et au
télégraphe électro-chimique placé entre l’Angleterre et la Hollande,
de fonctionner avec la plus parfaite facilité et avec la vitesse de
25 mots par minute. Dans’la disposition qu’il a adoptée, il est néces-
saire, par le jeu de la clef, de faire communiquer au sol le fil télé-
graphique immédiatement après le passage du courant, et à cha-
que fois qu’on établit celui-ci avant de faire passer le courant in-
verse; on deverse ainsi dans le sol la charge qu’aurait acquise le
fil , et l’on détruit l’effet qui nuirait au jeu de l’appareil.
Avec ce télégraphe, les courants alternés, quoique très- faibles,
sont cependant suffisants pour agir sur un multiplicateur faisant
fonction de relais; ce relais met en action une pile locale qui fait
fonctionner à son tour l’appareil de Morse ou le télégraphe électro-
chimique.
Paratonnerres pour les lignes télégraphiques. Lorsque l’atmo-
sphère se trouve chargée delectricité, elle peut, en agissant par in-
fluence sur le fil isolé, se communiquer aux appareils, les faire ma-
nœuvrer et empêcher la transmission des dépêches, et même, si

en quantité suffisante, fondre les fils des élcctro- aimants et


elle est

donner des commotions aux opérateurs ; ces circonstances sont


heureusement rares et de courte durée. On peut remédier à ces ac-
cidents à l’aide de plusieurs dispositions que nous allons indiquer :

Digitized by Google
1>E i.'elf.ctro-maoxétisme. 331

Lorsque , d’après l’apparence du ciel, on reconnaît les symptômes


d’un orage, à l’aide d’un commutateur en usage dans la station, on
met directement le fil de la ligne en communication avec la terre :
parce moyen l’électricité atmosphérique s’écoule dans le sol.
Mais lorsque l’appareil télégraphique est en fonction , ou bien
qu’il est dans ce qu'on appelle l’attente, et que la sonnerie est prête

à appeler l’employé auprès de l’appareil , alors, l’excès d’électricité


ne pouvant s’écouler directement dans le sol, il est nécessaire de se
préserver des accidents qui peuvent survenir par suite de son accu-
mulation. On fait usage d’un appareil nommé paratonnerre qui ,

Fig. »». est représenté figure 238, lequel consiste en une


petite planche sur laquelle sont placés deux bou-
tons A et li à une distance de 6 à 7 centimètres.
Deux extrémités du fil de la ligne viennent s’at-
tacher à ces boutons, de façon que, si une commu-
nication métallique est établie entre A et B, le
courant circule dans le fil télégraphique; si, au
contraire, A et B sc trouvent isolés, toute com-
munication est rompue. Un fil de fer très-fin
réunit ces deux boutons, et, pour éviter qu’il ne
se brise, il est renfermé dans un tube de verre,
comme dans les télégraphes construits par M. Bre-
guet, ou bien., comme l’indique la figure, est il

entouré de soie et placé dans une petite boite en


cuivre à couvercle, de façon à rester isolé des parois de la boite. Il
est évident, d’après cette disposition , que si l'électricité atmosphé-
rique est en excès sur la ligne, le fil de fer sera fondu avant que le

cuivre soit atteint, et que les appareils seront préservés.


Du reste ,
avant que cet effet se produise , et pour enlever
d'abord un excès d’électricité nuisible à la marche régulière des
appareils, on place au-dessus du bouton B, et en communication
avec lui ,
une plaque en cuivre dentelée D une
;
autre plaque sem-

blable C, dont les pointes sont en regard et très-près de celles de D,


communique avec le sol. De cette manière, le fil de la ligne télé-
graphique , chargé d’un excès d’électricité, se trouve déchargé en
partie par les pointes; ce n’est que lorsque l’excès d’électricité est
plus considérable que le fil de fer se trouve fondu.
M. Masson avait proposé d’utiliser pour la construction des pa-

ratonnerres télégraphiques ce fait observé par lui, que l’alcool est

assez peu conducteur pour isoler convenablement un circuit voF-

t. m. B

Digitized by Google
323 APPLICATION 8 DIVEBSES

laïque, niais l'est assez pour laisser passer l’électricité dès que sa
tension acquiert une certaine valeur (voir tome 11, page 17). M. Pou-
get-Maisonneuve a construit un appareil basé sur ce principe et re-
présenté figure 239 : cet appareil consiste en un vase en verre ou en
métal exactement rempli d’alcool à 40°, renversé sur un soc, et
mastiqué de façon à éviter la sortie du liquide. Le conducteur de
• Fi*. Î39.

la ligne télégraphique DA ItCE passe dans l’alcool ,


et, dans son trajet

au milieu du liquide, est formé d’une lame de cuivre dentelée ABC.


Une autre plaque dentelée T plonge au milieu du liquide, et est en
communication avec le sol. De cette manière le fil de la ligne est
assez bien isolé pour permettre au courant électrique d'agir dans les
télégraphes ; mais, dès que l’électricité atmosphérique s’y accumule,
elle se transmet à la tige intérieure T, et de là au sol par le bouton T.
Plusieurs autres corps médiocres conducteurs, qui ont été essayés,
ont été trouvés inférieurs comme usage à l'alcool à 40°. L’expé-
rience seule pourra permettre de juger si cet appareil doit être
préféré au précédent, qui a été généralement employé jusqu’ici.
M. B. liianchi a proposé un appareil fondé sur un principe
analogue, lequel appareil ,
quoiqu'un peu plus volumineux, peut
Fig. 2tO.

Digitized by Google
DE L ÉLECTiO-MAGSÉTlSSIE. 323
donnci de bons résultats:
1
il est représenté en AB, et aussi en
A’ B' dans la position qu'il doit occuper sur la ligne télégraphique.
Ce paratonnerre consiste en une sphère de métal traversée par le
fil télégraphique, et maintenue au centre d'une autre sphère en verre

formée de deux hémisphères réunis par un large anneau en cuivre.


Cet anneau est armé intérieurement de pointes peu distantes se ,

dirigeant vers le centre de la sphère métallique jusqu’à une petite


distance de sa surface. Les deux hémisphères sont terminés par
des poulies dans lesquelles le fil conducteur passe et qui sont mas-

tiquées. La partie inférieure de l'anneau de cuivre est munie d’un-


robinet métallique qui permet de faire le vide dans l’appareil ,
et
de l’y conserver si on le juge nécessaire; ce robinet porte un pas
de vis qui doit recevoir la tige métallique, laquelle est destinée à
mettre l’armature métallique en communication directe avec le sol

en isolant complètement le fil du circuit formé i»r la pile et la-


sphère qui en fait partie. Avec cet appareil on conçoit que toute ,

l’électricité atmosphérique qui se porte sur le fil conducteur A’B'NM*

et qui serait communiquée à l’appareil télégraphique M, est trans-

mise au sol T par l'intermédiaire des pointes dont est armé l’anneau
qui est en communication directe avec lui. Un semblable appareil
doit être placé à chaque station.

Les dispositions dont nous venons de parler sont suffisantes pour


se mettre à l’abri des effets de l’électricité atmosphérique ; néan-
moins dans quelques télégraphes on a proposé de prendre des arrarv
gements capables de neutraliser l’effet d’un écoulement constant
d’électricité. Ainsi, dans le télégraphe de M. Henley (voir page 290) „

on a proposé de placer nn aimant mobile pouvant s’approcher de


chaque électro-aimant, de façon à agir en sens inverse du courant
dû à l’action de l’électricité de l’atmosphère pour le neutraliser, et
pour que la dépêche puisse être expédiée librement ; mais, avec les
dispositions que nous avons indiquées, celle-ci parait être superflue.
Accessoires divers. L’établissement d’une ligne télégraphique exige
non-seulement des conducteurs, des commutateurs, des interrup-
teurs et des paratonnerres, mais encore divers accessoires utiles pour
du service , et parmi lesquels nous citerons les sonneries
la facilité
dont ne sera question qu’à propos des appareils divers, dans le cha-
il

pitre îvde ce livre. Lorsque l’employé placé près du manipulateur


veut transmettre la dépêche, au moment où, à l’aide d’un mani-
pulateur complexe, il fait passer le courant sur la ligne, la sonnerie
annonce à l’employé de l’autre station qu’il ait à se rendre près dm
récepteur.
2t.

Digitized by Google
324 APPLICATIONS D1VEBSÏS

Transmission simultanée de deux dépêches par un même fil


dans deux directions opposées. Nous avons vu , d’après ce qui pré-
cède, que pour chaque paire d’appareils, manipulateur et récep-
teur, entre deux stations, il fallait un fil conducteur, la terre ser-
vant de conducteur commun pour compléter le circuit; cela fait,
pour un système complet et un appareil simple, deux fils isolés.
On est parvenu à moditier la construction des télégraphes de façon
à n’employer qu’un seul fil isolé tendu entre deux stations, lequel
sert à faire fonctionner les deux récepteurs et les deux manipula-
teurs qui s’y trouvent établis. Ainsi l’on peut faire servir un seul fil
à la transmission de deux dépêches simultanément, et dans deux
directions opposées et indépendamment l’une de l’autre.
M. Gintl est le premier qui ait résolu ce problème en appliquant
la disposition qu’il a imaginée à un télégraphe électro-chimique (*).

Plusieurs physiciens se sont occupés également de ce sujet après lui,


et, à l'Exposition universelle de 1855, on a pu voir fonctionner plu-
sieurs télégraphes de Morse d’après le même principe que celui pro-
posé par M. Gintl, quoique par des dispositions un peu différentes;
nous citerons les appareils de MM. Siemens et Halske, Edlund,
Wartmann.
Le but proposé a pu être atteint au moyen d’une disposition par-
ticulière des fils conducteurs autour des électro-aimants servant de
relais aux appareils; il ne faut pas croire, comme on l’a pensé
mal à propos que deux courants électriques cheminent à la fois
,

dans un même conducteur et indépendamment l’un de l’autre dans


deux directions opposées. Nous allons entrer dans quelques dé-
tails touchant la manière de résoudre le problème, car ces dispo-

sitions peuvent aussi être utilisées dans d’autres circonstances.


La figure 211 permet de concevoir le principe de cette application.
La disposition qu’on a supposée aux appareils est différente de la
disposition adoptée par M. Gintl mais analogue à celle qui a été
,

utilisée par M. Edlund et par M. Siemens.

M et M’ représentent les deux postes télégraphiques identiques,


quant aux appareils qu’ils renferment un seul fil isolé EE’ joint
;

les deux stations, et deux lames LL' plongent dans le sol. Comme

les mêmes lettres désignent les mêmes instruments, nous allons


indiquer les différentes parties de l’une des stations, et ce que

(*) Les expériences de M. Ginll, commencées à la lin de 1853, onl été faites
publiquement le 15 octobre 1854. Les résultats sont décrits dans le u° 2375 du
Recueil l'Auslria.

Digitized by Google
,

DE l’ÉLECTBO MAGHSTISME. 3îo

Fig nous en dirons pourra s’appli*

quer à l’autre.
P est une pile locale dont un
des pôles vient en G; l'autre pôle
est le point de départ de deux
fils qui s’enroulent en sens in-
verse autour de l’électro-aimant
du relais 8; un des fils est repré-
senté par ABCDE, l’autre par
abcde. En E le premier fil est
attaché au fil de la ligne EE', tan-
dis que second est attaché au
le

fil e/, passe dans un rhéostat R,


c’est-à-diredans un fil métalli-
que plus ou moins long, capable
de faire varier la résistance du
circuit, puis vient en H s’atta-
cher au fil HL communiquant
au sol.

Ainsi il résulte de eette dis-


position que, tant que les deux
pointsG et H sont séparés, les cir-
cuits ne sont pas fermés, et que
l’électricité ne circule pas; mais

si on vient à joindre G et H, alors

le courant de la pile P se bifur-


que, passe en sens inverse dans
les fils du relais S de cette sta-
tion , et ne produit par consé-

quent aucun effet magnétique,


à ces deux courants sont égaux
c’est-à-dire si les résistances des
deux mêmes.

[
circuits sont les

Or le premier circuit se compose,


en outre du fil ABCDE, du fil EE'
de la ligne télégraphique et du
sol, carie courantrevientsuivant

L'L à la pile P; second circuit se compose seulement du fil abcd


le

et du rhéostat R. est donc facile de faire varier la


Il
longueur du

rhéostat R, de façon à avoir la même résistance que


fil dans le
dans

Digitized by Google
3*2» APPLICATIONS DIVERSES
le fil EE', afin que l’action magnétique dans S soit nulle
;
on y par-
vient en employant en outre des appareils précédents, un multipli-
,

cateur à deux fils, faisant passer les courants en sens opposé et ra-
menant avec le rhéostat l’aiguille de ce multiplicateur à 0.
Il est nécessaire de placer en GH et en G'H' des clefs analogues à
celles du télégraphe de Morse, et qui établissent continuellement la

communication entre le sol et la partie A ou A' du fil; cette dispo-


sition est indispensable, afin que, dans les conditions ordinaires et
quand une des clefs fonctionne, la clef GH par exemple, le courant
envoyé par la station M passe dans le relais S', et de là directe-
ment dans le sol , sans circuler dans le rhéostat R'. Sans cette pré-
caution, et avec une disposition aussi simple que l’indique la figure,
le principe précédent ne pourrait s’appliquer entre les deux sta-
tions M et M' que si le fil EE' avait une résistance très-petite.
Il est évident qu’en faisant agir la clef GH d’une des stations on
ferme par intervalles ou d’une manière continue les circuits, et que
lélectro-aimant du relais S, qui est à côté de la clef, ne reçoit au-
cune action, quelle que soit l’intensité du courant de la pile P; car
les deux courants partiels annulent toujours leur effet magnétique.
Mais actuellement, si l’on considère l’effet produit de la part de
chaque pile sur les appareils de l’autre station , on trouve que les

actions ne s’annulent plus : quand on ferme le circuit en GH avec


la clef, un seul des courants partiels passe dans EE'; ce courant
circule dans le fil E'D’C'B'A', puis passe directement dans le sol au

moyen de la clef G'H' qui est au repos, afin de retourner à la pile


P. Ainsi,en admettant que G'H' soit ouvert, si un opérateur en GH
transmet un courant en M', ce courant ne produit rien en S, mais
lait fonctionner S'.

Admettons maintenant que G'H' soit fermé d’une manière conti-


nue, et voyons ce qui se passe quand on fait jouer la clef en GH.
Dans le circuit E'D’C'B'A', comme dans tout le fil télégraphique EE',
tout effet est nul, puisque les deux courants électriques qui pas-
seraient dans ce circuit sont de sens opposé ; mais le courant de
a'b'c'd'ë, qui était annulé auparavant par A'B'C'D'E', peut avoir toute
son action ,
et S' s’aimante. Ainsi l’effet de la fermeture du circuit
en GH est de faire aimanter le relais S', non pas par un courant qui
se transmet dans EE’ en sens inverse d'un autre courant qui existe
déjà ,
mais par la disposition des fils qui fait que la pile P, dont
l’action des deux circuits partiels sur S’ s’annulait, a maintenant un
de ses circuits qui agit seul.

Digitized by Google
; ,

de l’électro-magnétisme. 327
Ainsi, que le circuit en G'H' soit ouvert ou fermé, la pile P de
la première station fait fonctionner le relais S' quand la clef GH
agit. Héciproquement , que GH soit fermé ou ouvert, la pile P'
fait fonctionner8 quand la clef G'H' joue. 11 résulte de là que les
deux appareils fonctionnent indépendamment l’un de l’autre, quoi-
que étant joints par un seul til télégraphique isolé.
On voit donc que le principe de la méthode employée consiste
dans la division d’un courant en deux circuits partiels agissant en
sens inverse sur un électro-aimant servant de relais. La transmission
des dépêches se fait de la même manière, que ce relais soit en rap-
port avec un télégraphe électro-chimique, avec un télégraphe de
Morse, ou avec un télégraphe à cadran; ainsi nous n’avons pas
(«.soin de revenir sur la construction des télégraphes mis en rapport
avec cet appareil ;
nous pensons toutefois que le télégraphe de
Morse, qui est préféré aujourd’hui, a reçu, par cette addition, un
jierfectionncment réel.
Nous avons dit que les physiciens cités plus haut quoique par- ,

tant du même principe , avaient employé des dispositions un peu


différentes; en effet, MM. Siemens et Halske ont fait usage d’un
rhéostat R deux fils à chaque station pour
et d’un multiplicateur à
ramener toujours à 0° magnétique exercée par la pile sur
l’action

le relais voisin ; M. Edlund a divisé le fil abede en plusieurs fils

parallèles tournant dans le même sens autour de l’électro-aimant


et, en introduisant plus ou moins de ces fils dans le circuit, il a at-
teint le même but qu’avec un rhéostat isolé; M. Wartmann a pro-
posé d’employer, comme M. Gintl, deux piles locales P, l’une n’agis-
sant que sur un seid fil AÜCDE, l’autre sur le second abede mais,
en réalité, le principe de la transmission simultanée est le même.
il
y a un moyen de vérifier si les télégraphes en rapport avec la
disposition précédente fonctionnent bien : il consiste à maintenir fer-
mée une des clefs ou undes manipulateurs en GH, par exemple;
on a une aimantation permanente en 8', et
alors, à la station M',
une personne qui en G'H' fait fonctionner un manipulateur trans-
met uDe dépêche en S.
Les télégraphes sont construits de manière qu’au poste qui envoie
la dépêche, on puisse s’assurer si elle arrive au deuxième poste ,
et

si elle est exactement transmise ;


pour cela ,
le bras du levier du
télégraphe de Morse qui fonctionne au deuxième poste peut fermer
ou ouvrir le circuit de la pile locale de ce poste; on s’arrange alors
par une simple disposition du commutateur, pour que ce courant

Digîtized by Google
328 APPLICATIONS DIVERSES

soit lancé sur la même


ligne, et revienne au premier poste faire mar-
cher l’appareil télégraphique. Alors le télégraphe du second poste
fonctionne comme manipulateur et retourne la dépêche au premier
poste, en même temps qu’ill’enregistre; il agit donc comme transla-
teur de retour (voir page 303). Si, à la seconde station, on lance de

cette manière la dépêche à un troisième poste, et de celui-ci à un


quatrième, on voit qu’à l’aide du premier manipulateur la dépêche
se transmet, et s’enregistre simultanément dans les autres postes.

CHAPITRE II.

Horloges électriques.

Aussitôt que l’on eut imaginé de faire usage de l’électricité


comme moyen même agent
télégraphique, on pensa à se servir du
pour donner de l’heure simultanément dans des endroits
l’indication

différents. Supposons, en effet, que, dans un télégraphe à cadran,


le manipulateur soit une horloge et tourne de façon à interrompra

et à rétablir le courant électrique toutes les minutes et toutes


les heures, alors l’aiguille du récepteur marchera de façon à in-

diquer les divisions du temps. Cette application est très-importante,


puisque dans les différantes pièces d’une administration , et même
à une distance très-grande, on peut avoir des cadrans qui marquent
la même heure. Dans les observatoires' météorologiques on peut
aussi faire battre la seconde et avoir l’heure exacte dans les diffé-
rents lieux d’observation, pourvu que l’horloge-type marque régu-
lièrement.
Dans l'horlogerie électrique, ou peut se proposer de résoudre
deux questions 1° de construire des horloges électriques propre-
:

ment dites, dans lesquelles l’électricité fait fonction de force mo-


trice; 2° de faire marcher des appareils horaires ou compteurs
électro-magnétiques , à l’aide d’un appareil-type, et donnant l’heure
simultanément dans un grand nombre de points différents.
La solution de la première question n’a pas jusqu’ici présenté
d’avantages, car il n’y a aucun motif pour faire marcher un régu-

Digitized by Google
,

DE L'ÉLECTKO-MAG JlÉTISME. 339

latenr en préférant la force motrice de


l’électricité à celle des poids

et des ressorts ,
si moins grand nombre de rouages
ce n’est le

employés. 11 n'en est pas de même de la solution de la seconde


question , qui présente des applications nombreuses et utiles. Il y a
en effet avantage et simplicité à se servir de l’électricité comme
moyen de transmission de mouvement dans toutes les directions pos-
que soit la distance. Nous avons pensé qu’en raison
sibles, et quelle
de l’importance du sujet, il était nécessaire de donner une idée des
principaux systèmes en usage , soit parmi les horloges électriques
proprement dites, soit parmi les compteurs électro-magnétiques.
Beaucoup d’appareils ont été proposés, et un certain nombre
sont en activité aujourd’hui. 11 en est de même pour ces instru-
ments que pour les télégraphes électriques chaque constructeur :

leur donne une disposition particulière, et. pouvant également at-


teindre le but proposé. Nous ne décrirons que ceux qui sont aujour-
d’hui en usage en France.
Horloges électriques proprement dites. Ces appareils peuvent
marcher par le secours seul de l’électricité ; cet agent fait fonc-
tion du ressort ou du poids dans les horloges ordinaires, et rend à
chaque instant la perte de mouvement du pendule ou du balancier
due aux frottements et à la résistance de l’air.
Les appareils construits primitivement étaient tels que le pendule
d'une horloge portait un électro-aimant ou une hélice qui, par leur
action sur des armatures extérieures, entretenaient le mouvement
de ce pendule. M. Bain a construit un instrument de ce genre en
1840. Mais les appareils construits depuis cette époque sont tels
que le pendule reste identique à lui-même, et ils doivent être pré-
férés; on a pensé en effet qu’en rendant la perte de mouvement au
balancier par un poids additionnel agissant à des intervalles égaux
on régulariseraitmieux l’action de l’horloge.
M. Froment a proposé la disposition suivante (voir page 330,
fig. 242) : P est un pendule suspendu par un ressort AB à une pièce

de cuivre tixe M il peut osciller librement, et porte un appendice


;

En, terminé par une vis n que l’on peut élever ou abaisser. Une
petite masse en cuivre ni, attachée à l'extrémité d’un bras du levier

N am, mobile autour d’un centre fixe N, peut tomber à intervalles


égaux sur la pointe de vis n, et communique alors au pendule P
une impulsion qui lui rend sa perte de mouvement.
On atteint ce but par l'adjonction d’un électro- aimant D agissant
sur une armature en fer doux C ; cette armature est à l’extrémité

Digitized by Google
3:jo APPLICATIONS 1)1 V En SES
Fig. 242. d’un des bras du levier boC, mobile autour du
l>oint tixe o, et dont l’autre extrémité b vient
soutenir le levier N«wi. Le bras de levier ob est
percé d’une ouverture en F, afin de laisser pas-
ser librement le ressort qui supporte le balan-
cier, et pour ne pas entraver les oscillations de
celui-ci j
on peut aussi bien percer le ressort AB
en F. et faire traverser la tige ob par cette ou-
verture : pourvu que le mouvement du pendule
ne soit pas géné, la disposition ne fait rien à
la marche de l’appareil.
Le courant électrique qui circule dans l’élec-
tro-aimant vient passer par le levier Na»i ,
puis
par la masse m, la vis n et l’appendice nE; à
l'aide d’un fil cj, il passe par le ressort et arrive
à la plaque de cuivre M. On comprend que, si

le pendule P est en mouvement et qu’il soit


dans la moitié de l’oscillation qui le fasse re-
monter à gauche de l'observateur, la masse m
et Iaxis n étant en contact, le circuit est fermé; l’éleetro-aimant attire
l’armature C , la masse m agit par son poids sur le pendule, et lu;
communique une impulsion en sens contraire. Quand le pendule est
remonté de l’autre côté, m et n ne sont plus en contact, l’électro-
aimant n’a plus d’action, l’armature en fer doux retombe, et la
masse m remonte à sa première position. Cet effet recommence
ainsi à chaque oscillation, et à chaque oscillation l’action du poids
m sur le levier lui rend la quantité de mouvement que les résistances
et les frottements lui ont fait perdre; le pendule marche alors ré-
gulièrement tant que le courant électrique dure.
Un des avantages de cet appareil est de n’exiger qu’un courant
continu et capable de soulever seulement la masse de fer doux C;
le courant n’a pas besoin d’étre constant en intensité. Si donc l’on

place cette horloge dans une cave où la température soit constante,


ou que le pendule soit exactement compensé, elle pourra servir de
chronomètre.
On peut employer pour la faire marcher un des couples décrits
tome F r , pages 219 et suivantes, soit le couple à sulfate de cuivre
cité dans ce volume page 31 i, ou bien encore un couple formé
par une lame de cuivre et une lame de zinc plongées dans le sol à
une certaine profondeur.

Digitized by Google
DE L ELECTRO-MAGNETISME. 331
M. Robert-Houdin a construit une pendule électro-magnétique
très-simple, dont nous donnons ici la description; elle estreprésen-
tée figure 2t3. Lorsqu’en donnant
la première impulsion au banlan-
cier on le pousse vers r, il soulève
légèrement ce ressort, et, par ce
contact, il ferme le circuit. Lais-
sons un instant le balancier dans
cette position, et voyons ce qui va
se passer pendant ce temps du côté
I

i
opposé.
Le courant passant par le res-
sort R se rend au balancier par
l’intermédiaire de r; il va de là

à la platine, à laquelle le balan-


cier communique métal liquement ;

puis il circule autour de l’éleetro-


aimaut. Ici commence l’action mécanique qui doit dégager le ba-
lancier de l’influence des variations de la pile. L’armature A est

attirée, le levier n se soulève, et soulève également le ressort r' par

l’intermédiaire de la tige T. En môme temps un petit cône en cui-


vre, dépendant de cette tige, soulève un petit ressort fixé sur le

levier L, et sollicite ce dernier à s’engager sous le ressort r'.

Lorsque le balancier a terminé sa marche ascendante, il rétro-


grade, quitte le ressort r, et ouvre ainsi le circuit ;
l’attraction cesse,

l’armature s’éloigne, et le ressort r', n’étant plus soutenu par la tige


T, tend alors à s'abaisser; mais il se trouve arrêté par le levier L,
sur l’extrémité duquel il presse perpendiculairement. Cette pres-
sion suffit pour arrêter ce levier, qui , n’étant plus poussé par son
petit ressort, tendrait à s’éloigner sous l’action de la masse m dé-
pendant de ce levier.

Le balancier, pendant ce temps, a pu fermer et ouvrir le circuit, et,


lorsqu’il revient vers le ressort r', il le soulève légèrement et permet

au levier L de rétrograder. Le ressort r’, se trouvantdégagé.peutdonc


Communiquer intégralement au balancier la force dont il a été armé.
On comprend aisément que, lorsque le balancier quitte le ressort

/-, qu’il a soulevé, il le dépose sur la tige D, qui, étant isolée, forme
un autre circuit au moyen du fil S, dans le parcours duquel un
électro-aimant peut faire fonctionner un autre cadran sans exiger
d’autre source d’électricité.

Digitized by Google
332 APPLICATIONS DIVERSES

Voici , du reste, la légende de l’appareil :


R, ressort isolé, conduisant le courant et communiquant à r.

r, ressort en cuivre isolé par de l’ivoire.

r', ressort en acier destiné à donner l’impulsion au balancier.


P, porte-suspension du balancier.
L. levier mobile en n.
T, tige pouvant se mouvoir verticalement.
F., électro-aimant.
A, armature mobile en b.
D, tige de cuivre isolée sur ivoire,
n', levier dépendant de l’armature.
C, ressort-cliquet destiné à pousser la roue des secondes d’une
dent à chaque oscillation double faite par le balancier.
i, ressort dépendant de L.
m, masse antagoniste de i

M. Robert-Houdin a utilisé une disposition de leviers qui permet


de régulariser l’action attractive d’un électro-aimant sur une arma-
ture, principalement dans les applications à l’horlogerie. Lorsqu’un
électro-aimant agit sur une armature, il agit avec d'autant plus de
force que l’armature est plus rapprochée-, supposons donc que
l électro-aimant E doive agir sur l’armature A, mobile autour de b,
Fig. 2*4.

de façon à faire marcher une roue à secondes R. Si A agissait direc-


tement sur R, l’effet serait d’autant plus énergique que A serait

près de toucher E; or, si le prolongement de A, c’est-à-dire «, est

égèrement courbé, et qu’il agisse sur un levier également courbe

Digitized by GoogI
,

DE l’électro-hagnétisue. 333

d mobile autour de e, on voit que, lorsque A sera éloigné de E les ,

leviers d et a seront en contact près de fi, et a agira à une courte


distance de 6; si, au contraire, A se rapproche deE, à mesure qu’il
s’en rapprochera, a agira plus loin de fi, à une distance de e qui
deviendra de plus en plus petite, et l’extrémité de d aura une
course de plus en plus grande. Il résulte de là que la puissance
résultant de l’action de l’électro-aimant sur l'armature se répar-
tira mieux pendant la course de l’extrémité du levier. C’est pour
ce motif que M. Robert Houdin l’a nommé répartiteur.
On pourrait aussi bien prolonger d de l’autre côté de e, et faire
agir ce prolongement, disposé en arc de cercle comme les pré-
cédents, sur un troisième levier fixe; l’effet produit serait encore
meilleur.
M. Robert Hr -din a utilisé avantageusement ces dispositions
pour diminuer la longueur du levier n' représenté figure 213 et pour
simplifier la pendule , et aussi pour faire marcher des aiguilles de
grandes horloges, qui sont, comme on le sait, assez pesantes.
Voici du reste, la légende de la figure 244 :
,

E, électro-aimant.
A, armature dont le centre du mouvement est en b; a, levier courbe
dépendant de l’armature et tournant autour du même centre 6.
d, levier courbe dont le centre est en e.
/, cliquet devant pousser d’une dent le rochet de la roue à se-
condes ; R , rochet ou roue à secondes.
C, contre-poids pour éloigner l'armature A par l’intermédiaire
des leviers d et a.
M. Vérité a construit une horloge électrique en adoptant un
échappement de son invention qu’il avait proposé en 184-4.
Le pendule SP, avec sa traverse horizontale en laiton AH , est
Fig. 2t5. suspendu par une lame élastique en acier
à un point fixe S, en communication
avec l'un des pôles d’une pile. Au-dessus,
un balancier RU' fixé sur un axe mobile
en m se compose d’une partie isolante
RR', et porte aux extrémités des lames
en fer doux BB' attirées alternativement
par des électro-aimants E et E'. Le cou-
rant arrive aux électro-aimants par un fil
qui se bifurque en G, pour aller s’enrou-
ler, à droite et à gauche, autour des

Digitized by Google
,

334 APPLICATIONS DIVERSES

électro-aimants. Enfin le courant, après avoir traversé le fil de


l’électro-aimant ,
par exemple, va au bras IÎD du balancier BB',
E
pour redescendre, par un fil très-fin et flexible d’argent Do, et puis
achever le circuit par l’intermédiaire de la boule o dans son con-
tact avec la traverse AH. Les boules o et o' ne sont autre chose
que les boules impulsives de l’échappement inventé par M. Vérité.
Le mouvement se conçoit facilement : si l’on donne au pendule
une première impulsion à gauche, la traverse AH vient toucher la
boule o , et le courant est établi ;
l’électro - aimant E abaisse le

bras BD du balancier BB’, et, avec lui, le point d’attache D duJil


qui porte la boule o. de suspension est
Celui-ci, dont le point
abaissé, n'abandonnera donc la traverse A' H’ que dans un point
plus bas que le premier point de rencontre, et, par suite, donnera
une impulsion au pendule. Mais bientôt, son contact avec la tra-
verse ayant cessé , le courant cesse aussi de passer autour de
l’électro-aimant E; alors le pendule se relève à droite, et la traverse
AH rencontre la pour reproduire de ce côté les mêmes
boule o',

effets que ceux que nous venons de décrire. Le mouvement est com-
mencé, et il continuera toujours tant que le courant aura assez de
force pour que l’électro aimant puisse faire basculer le balancier BB'.
Si l’on adapte à l'axe du balancier BB’ une fourchette comme
celle qui fait manœuvrer l’aiguille du récepteur dans les télégraphes
électriques , on a tout ce qu’il faut pour marquer les secondes,
les minutes et les heures. Dans cet appareil, on peut emprunter

en outre au même moteur la force nécessaire pour la sonnerie.


La pendule ainsi construite marche avec régularité; en effet, ici la
force impulsive est alternativement le poids de la houle o ou u,
poids qui est constant et qui agit pendant une durée constante
savoir, l’intervallede temps que met la traverse AH à descendre
la hauteur dont les points de suspension D ou D' se sont abaissés.

On se sert, pour faire fonctionner cet appareil, de couples analo-


gues à ceux qui sont employés pour les autres horloges de ce
genre.
De même que dans les diverses pendules électriques décrites dans
cet ouvrage, les variations d’intensité dans le courant ne nuisent
point ,
tant qu’il suffit à faire basculer le balancier. Les variations
de longueur des fils de suspension des boules (dans des limites qui
ne sont jamais atteintes) ne sont pas appréciables, car elles ne
font que changer les points de rencontre avec la traverse, mais
laissent la durée de leur action constante.

Digitized by Google
1)E l'ÉLECTRO-MAGSÈTISKE. 335

M. Paul Garnier a construit une pendule électro-magnétique


dont nous allons donner la description (*). Cette pièce d’horlogerie

utilise le mécanisme que les horlogers désignent sous le nom de


remontoir d’égalité, dont la propriété est de soustraire le pendule
aux variations causées par le moteur, les frottements des organes
le plus ou moins de lluidité de l'huile.
entre eux, et par
Le mécanisme employé par M. Paul Garnier est celui qu’il a
présenté à l’Académie des sciences en 1826, sous la dénomination
d’échappement combiné de manière
libre à remontoir, et qui est

qu’une des oscillations du pendule s’opère sans que le rouage pro-


gresse, et que l’aiguille des secondes ne se meuve qu’à chaque dou-
ble oscillation ;
ce qui présente l’avantage d'obtenir la seconde fixe
avec un pendule à demi-secondes. C’est donc toutes les deux oscil-
lations que l’électricité est mise en jeu
pour remonter le petit
, tant
poids qui entretient le mouvement du pendule, que pour agir sur
les appareils électro-magnétiques, dont la marche est subordonnée
à celle du régulateur électro-type.
Fi?. 210.

I*) Cet appareil a été exécuté pour le cours de M. F.. Eecquerel, au Conserva-

toire impérial des arts et métiers, el présenté dans la séance du 19 février iSii.

Digitized by Google
336 APPLICATIONS DI VEBSES

La description suivante fera mieux connaître les différentes par-


ties de ce mécanisme :

A est une roue fixée sur l’axe de l’aiguille des secondes et qui
fait sa révolution en une minute. Sur le même axe est aussi fixée

la roue à rochet A' qui a soixante dents. B est un pignon ajusté sur

un axe commun à la roue C; il engrène .avec la roue A, et fait six

tours pour un de celle-ci. La roue C marche avec la même vitesse,

et porte dix chevilles perpendiculaires à son plan pour remonter


chaque seconde le poids moteur du pendule.
U, cercle dit d’impulsion, dont la partie supérieure du diamètre
est pourvue d’une dent (l sur laquelle agissent les chevilles de la
roue C pour remonter le poids g et le remettre en prise. A l’extré-
mité inférieure de ce même diamètre est une autre dent c, qui sert
ii donner l’impulsion au pendule. A angles droits de ces deux dents

est fixé sur l’axe du cercle d’impulsion un bras L portant la boule


7, le poids et la position surce levier déterminent la force res-
dont
tituée au pendule à chaque deux vibrations.
E, détente portant vers la moitié de sa longueur un talon e pour
arrêter et maintenir en prise le cercle d’impulsion au moyen d’une
troisième dent placée également sur la circonférence de ce cercle.
L’extrémité inférieure de la détente E coïncide avec le bout de la
bascule I, portée par le grand levier H, qui est une prolongation

du pendule au-dessus de son centre de mouvement H'. Lorsque ce


levier se meut de gauche à droite, la bascule I, qui est terminée par
un plan incliné, s’abaisse et reste sans action sur la détente; mais si
le mouvement s’opère en sens inverse, elle repousse la détente et

dégage la dent du cercle d’impulsion que


le talon de la détente

retenait, ce quipermet à ce cercle de subir l’action du poids et de


donner l’impulsion au pendule par la rencontre de la dent infé-
rieure du cercle en c avec la dent d’acier qui termine le levier H.
La détente E porte aussj vers son centre de mouvement une gou-
pille e' qui vient faire arrêt contre le ressort courbé V, lequel com-

munique par un fil de rosette avec l’un des pôles de la pile, lu


autre ressort U presse constamment sur le prolongement de l’axe

de la détente pour servir de conducteur électrique quand la gou-


pille t touche le ressort V. On voit que quand le levier H se porte
de droite à gauche, la détente E participe à ce mouvement; que
la goupille t' quitte le ressort , et que par celte séparation le
courant électrique est suspendu jusqu’au moment où la détente
abandonnant la bascule I vient reprendre sa place et remettre

Digitized by Google
DE L’ÉLKCTBO-MAGAÉTiSUE. 337
la goupille e' en contact avec le ressort V et rétablir le circuit.
K un pignon de six dents engrenant avec la roue A sur l’axe
est
duquel sont fixées deux ailettes d'égale longueur et diamétralement
opposées t et f. Ces ailettes viennent alternativement buter sur une
vis-goupille placée vers le milieu du levier F, dont le prolongement
en /le met en communication avec une goupille plantée dans une
des barrettes du cercle d’impulsion. Lorsque le poids s’abaisse
g
cette goupille soulève le levier F et dégage celle des ailettes qui
appuie sur la vis goupille.

Fia. 347. La roue A n’étant plus rete-


nue par cet arrêt, et la détente E
étant retombée sur le commu-
nicateur électrique V, le courant
passe par les bobines de l’élec-
tro-aimant MM (fig.247) pour at-
tirer l’armature en fer N, liée par
la tige intermédiaire P au levier
horizontal O J celui-ci, qui est
pourvu à son extrémité d’un res-
sort en crochet Q, dont la tête
s’engage dans la roue à rochet
A’, entraîne une dent à chaque
attraction de l’armature N, et la
roue A , qui est en communauté
de mouvement avec le rochet A',
reçoit l’impulsion nécessaire
pour faire avancer la roue C

(6g. 246) l’espace d’une cheville.


Celle-ci, rencontrant la dent supérieure du cercle d’impulsion,
l’entraine pour ramener poids g à son point de départ, ainsi que
le

le levier F, contre lequel t' viont buter à son tour. Le valet


l’ailette

ou sautoir R (iig. 247) pénètre dans les dents du rochet A’, afin de
donner à l’aiguille des secondes un point de fixité qui la maintienne
sur les divisions du cadran.
La position actuelle des pièces est telle que chacune d’elles est

prête à entrer en fonction, et à reproduire indéfiniment les mouve-


ments qui lui sont propres.
On voit encore que, dans cet appareil, l’action irrégulière de la pile

n’exerce aucune influence sur la marche du régulateur, et que, si


les fonctions de l’électricité et celles des organes de l’échappement
t. ut. 22

Digitized by Google
338 APPICATIONS DIVERSES

sont liées entre elles par une action réciproque, elles n’en sont pas
moins très-distinctes l’une de l’autre.

La figure 218 montre l’ensenible du régulateur électro-type M


et d’un appareil électro-chronométrique N, qui sera décrit plus loin.
Les dis partant des pèles de la pile aboutissent aux petits boutons
métalliques AA', dont les tenons correspondent métalliquement aux
fils de l’électro- aimant, l’un directement, et l’autre par les pièces U,
e' et V (fig. 2W>), dont l'office, ainsi qu’il a été précédemment ex-
pliqué, est d’ouvrir et fermer toutes les secondes le circuit électrique.
D'autres fils s’embranchent d’une manière particulière sur les deux

premiers, et servent, comme on va le voir plus loin, à mettre en


communication d’autres chronomètres avec la pendule.
Les appareils que nous venons de décrire ne sont pas les seuls
qui aient été imaginés jusqu’ici ; il y en a qui ont été construits pour
former des chronomètres avec balanciers, comme les chronomètres
pour la marine : nous citerons particulièrement ceux qui ont été
proposés par MM. Liais et Veare; mais les détails dans lesquels nous
sommes entrés suffisent pour montrer l’utilité de l’emploi des élec-
tro-aimants dans la construction des horloges électriques propre-
ment dites.

Digitized by Google
DE l'électho-sjaonétisme. 339

Appareils horaires, ou compteurs chronométriques. Les appareils


horaires, ainsi que nous l’avons déjà dit, ne sont autres que des
espèces de télégraphes fonctionnant à des intervalles déterminés,
et indiquant les heures d’après des horloges-types. Parmi les sys-
tèmes proposés , nous décrirons celui de M. Paul Garnier, adopté
depuis six ans àla gare du chemin de fer de Lille, où dix-huit ca-

drans de toutes sortes de dimensions sont mis en mouvement par


un appareil-tv|>e. Ce système est également appliqué dans d’autres
administrations de chemins de fer, et entre autres à celles de l’Ouest
et de Lyon, oii les cadrans des horloges électriques ont une dimen-
sion variant de 0 m ,2X à !"\80 de, diamètre, et où la distance par-
courue est de plusieurs kilomètres.
Le système chronométrique de M. Paul Garnier se compose de
trois parties distinctes :

1° D’une horloge-type ;
2° d'appareils ou indicateurs horaires
;

•'P d’une batterie voltaïque.


L'horloge-type ou primitive est l’horloge destinée à envoyer
l'heure aux appareils horaires par l’intermédiaire de l’électricité.
Elle est disposée de façon à permettre et à interrompre le passage
de l’électricité (à des intervalles égaux) dans les électro-aimants
des indicateurs horaires. Elle se compose de deux rouages : l’un
destiné, comme dans les horloges ordinaires, à entretenir les oscilla-

tions du balancier et à mesurer


temps; l’autre a pour but de pro-
le

duire la rupture et le passage du courant dans le circuit et est ,

soumis à la marche du premier; cette rupture se fait au moyen de


deux pièces A et A’, dont l’une d’elles A’ appuie constamment sur
un moulinet D qui a quatre dents excentriques et qui est porté par
FlR. -*» le dernier mobile du rouage
auxiliaire; ce moulinet suit le
mouvement de la roue d’é-
chappement Les deux pièces
A et A’ étant placées dans le
circuit, il est facile de com-
prendre que dans la position

indiquée par la figure, ces


deux pièces se touchant et le
circuit étant par conséquent
complet, l’électricité pourra
circuler et affecter les élec-
tro-aimants des appareils ho-

22 .

Digitized by Google
,

340 applications divebses

raires ;
mais, le moulinet D continuant son mouvement , la pièce A'
quittera la dent b avec laquelle elle est en contact ;
elle cessera

également de toucher la pièce A; le circuit étant rompu, l’élec-


tricité ne passera plus dans les bobines des électro-aimants jusqu’à ce

qu’une autre dent, rencontrant la pièce A' et la soulevant, vienne


la mettre en contact avec la pièce A , et ainsi de suite. Les pièces

en contact qui servent à interrompre ou rétablir le courant sont


deux sphères d’or ou d’un alliage de platine et d’or; le passage de
l’électricité peut se faire ainsi pendant longtemps sans altération.

Fi g sio. .
La figure 2,>0 représente
l’appareil horaire prêt à fonc-
tionner. L 'horloge-type faisant
passer actuellement le courant
électrique dans l’aimant tem-
poraire L L’, la platine en fer

doux M est attirée, et avec elle


le levier F F', auquel elle est liée

par la tringle I; celui-ci est af-

fecté d'un mouvement de bas


en haut équivalent à l’intervalle
d’une dent du rochet B. La tête
du valetG porté par le levier FF’
est engagée dans l’une des dents
de ce rochet ; il entraîne la dent avec lui ,
et le sautoir E se place
devant la dent suivante pour empêcher le recul qui aurait lieu
quand le levier F F’ vient , en se détachant, à remettre le valet G en
prise.
Dès que le circuit estouvert, la platine en fer doux quitte l’aimant
et le levier F F’, sollicité par son poids, vient reprendre sa première
position, ainsi que le valet G, qui cède en passant par-dessus la dent
du rochet qu’il doit entraîner à l’action suivante : les butoirs H et

H’ fixés sur le levier F


empêchent le passage de plusieurs dents à
F’
la fois en pénétrant dans une des dents du rochet B, l'un H quand

l'appareil est mis en jeu, l’autre H’ quand l’appareil est au repos,


et que des coups de vent sur de grandes aiguilles pourraient faire
passer des dents.
Comme on le voit, cet appareil produit ses fonctions par l’action
directe de l’électricité sur le levier F, lequel met en mouvement le
rochet B, dont le marcher la roueCC’,qui, à son tour,
pignon J fait
communique le mouvement aux aiguilles.

Digitized by Google
DE l'ÉLECTRO-MAGHÉTISME. 341

L’horloge ainsi disposée peut envoyer l’heure non-seulement à


l’appareil horaire indiqué dans la figure ,
mais encore à une infinité

de cadrans de toutes dimensions et à toutes distances; il suffit d’aug-


menter le nombre des éléments de la pile et au fur et à mesure que
l’on ajoute des appareils.
Les couples en usage sont ceux qui ont été décrits page 314, et
qui peuvent fonctionner pendant plusieurs mois en plaçant seule-
ment tous les huit jours un petit fragment de sulfate de cuivre dans
la case cuivre.
M. Paul Garnier a fait dans son système une heureuse applica-
tion des courants dérivés : le même courant électrique ne passe
pas successivement dans les différents appareils horaires, de sorte
que l’un d’eux peut se déranger, cesser de marcher, sans que pour
cela les autres cessent d’indiquer Pour obtenir ce ré-
l’heure.
Fi s îsi sultal, deux gros fils de cuivre
AU, CD, qu’il a nommés artères
électriques, partent de la pile P
et se dirigent parallèlement le
long de la ligne où doivent se
— placer les appareils horaires;
l’horloge-type H est mise dans
le circuit qui n’est pas fermé,
car les deux fils AB, CD, sont bien isolés l’un de l’autre. Les appa-
reils horaires o, o', o", etc., ont leurs fils ab, a'b', a"b", en commu-
nication avec AB et CD, de sorte que le circuit voltaïque se trouve
complété par ces différents fils métalliques. On a soin de les pren-
dre d’un beaucoup plus petit diamètre que celui des deux gros
fils, et alors la résistance de ces deux derniers peut être négli-
gée devant celle des fils ab, a'b', a"b", etc.; il en résulte qu’ils se

partagent le courant électrique comme s’ils étaient attachés aux


mêmes points (voir tome 1", page 243), c’est-à-dire que le courant
se divise entre eux proportionnellement à leur pouvoir conducteur.
On conçoit aisément que pourvu que la pile fonctionne et que
l’horloge-type ne se dérange pas, un des appareils horaires peut
être supprimé sans que les autres cessent d’indiquer l’heure. On
peut même embrancher, d’après le même principe, les fils cd d’un
appareil horaire o'" sur les b"
fils a" d’un autre instrument sem-
blable.
On a supposé que les deux gros fils de cuivre AB, CD étaient isolés ;
mais, d’après ce que l'on a dit du pouvoir conducteur du sol, on

Digitized by Google
343 APPUCATIGSiS DIVERSES

peut en remplacer un par la terre, et se Ixirner à un gros fil CI»


bien isolé : alors chacun des fils a, a', a '... des appareils horaires
est soudé au gros fil que chaque fil b, b', b"... est attaché
CI), tandis
à une plaque métallique plongée dans le sol.
M. Hubert Houdin a employé une disposition qui permet d’en-
voyer successivement un courant électrique à une série d'électro-
aimants, de façon à les faire agir séparément avec toute la puissance
que le courant est capable de développer dans les électro-aimants.

fi». 2.-,2.

Nous supposerons qu’il s’agisse de faire sonner une suite de tim-


Itres XX', etc., avec des marteaux, et que simultanément les roues
à rochet qui les soulèvent fassent avancer des aiguilles d’appareils
horaires. Soit V une pile ;
F, une roue à chevilles d’un mouvement
de pendule ou d’un régulateur, et ayant autant de divisions que la

roue à cheville ;
supposons, en outre, que cette roue tourne avec une
vitesse d’une dent par seconde.
Si le courant passe dans F et se rend au levier d, puis en F par
l’intermédiaire du rochet R, il circulera autour du premier électro-
aimant et reviendra à la pile. Mais aussitôt l’armature A est attirée,

le cliquet C pousse une dent du rochet Z qui est fixé sur celui de H,
le doigt tl tombe entre deux dents et ne communique plus à la
roue; mais, en même temps, le bout do ce ressort tombe sur un
morceau de cuivre auquel est fixé le fil F, qui porte immédiate-
ment le courant au second électro-aimant en passant par les mêmes
pièces que dans le premier appareil; l’aimantation a lieu de la
même manière, et transporte le courant à un troisième, etc., et

Digitized by Google
, ,

DE l'électho-maghktisme. 343

l’on peut faire ainsi fonctionner simultanément une succession d’ap-


pareils.
Lorsque le rocliet K a supprimé le courant pour le transporter sur
F, il a produit un effet contraire du côté opposé, c’est-à-dire que
le ressort d ' se trouve sur le sommet d’une dent du rochet R ainsi, ;

lorsque la roue de cheville, en continuant de tourner, laisse tomber


le ressort e et relève celui c le courant passe par ce dernier, se
rend en d’ puis àla roue en rochet R, et enfin à l’électro-aimant.

L’armature est une seconde fois attirée, et il se produit successi-


vement les mêmes effets que la première fois.
Lorsqu’il est nécessaire d'envoyer le courant électrique à une
certaine distance, et que les appareils horaires a faire fonction-
ner ont une dimension assez grande, on utilise alors le moyen
employé dans la télégraphie électrique, c’est-à-dire que l’on a re-
cours aux relais : en effet, si l’horloge-type fait fonctionner un
relais , et que celui-ci transmette le courant d’une batterie locale à
des appareils chronométriques, on comprend que la pile locale
ne sera employée qu’à faire marcher ces dernière. M. Paul Garnier
a utilisé cette disposition dans plusieurs circonstances.
M. Robert Houdin a fait usage d’un appareil que nous devons
mentionner ici dans un appareil horaire où il était nécessaire de
:

fairefonctionner une sonnerie demandant une intensité électrique


plus forte que celle de la pile chargée de faire marcher l’appareil
chronométrique, il a disposé une pile de Smée (voir tome I*r ,
page 222), dont les électrodes ne plongent dans le liquide qu’à
certains intervalles, lorsque l’appareil horaire, en fonctionnant,
laisse tomber ces électrodes, et qu’après avoir agi ,
elles remontent
à leur première position d’équilibre. De cette manière, la pile de
Smée peut fonctionner pendant un temps fort long, n’agissant cha-
que fois que pendant une on deux minutes au plus.
M. Bain a imaginé un appareil régulateur destiné seulement à
placer lotis les jours les aiguilles des horloges ordinaires au midi ;

c’est au moyen d’un système d’électro-aimants qu’une horloge type


fait marcher simultanément à cette heure que l’on atteint ce but.
M. Glaesener a proposé d’employer une forte horloge-type pour
faire fonctionner une machine magnéto-électrique à des intervalles

réguliers; le courant produit est alors transmis dans des appareils


horaires et fait avancer les aiguilles. Dans ce système il n’y a plus
de pile employée, mais une horloge-type et des cadrans qui fonc-
tionnent par l’influence de courants d’induction ;
tant que l’hor-

Digitized by Google
344 APPLICATIONS DIYEBSES

loge-type peut fonctionner, tous les appareils horaires doivent donc


indiquer synchroniquement l’heure.
Nous bornerons ici la description des appareils d’horlogerie élec-
trique; on peut voir, d’après les détails que nous venons de donner,
que l’électricité peut jouer le rôle de ressort de poids agissant
,

d’une manière constante ou successive, et de moyens de transmis-


sion de mouvement dans tous les sens. Du reste, on ne saurait
trop multiplier les appareils dans lesquels les sources électriques
faibles sont utilisées ,
car on peut facilement en prolonger la durée
sans que l’on ait à considérer la dépense du moteur, et les résultats

obtenus peuvent être fort avantageux.

CHAPITRE III.

Métiers électriques.

On désigne sous le nom de tissus façonnés, les étoffes dont les

figures ou dessins quelconques ont été obtenus par l’entrelacement


au tissage d’au moins deux systèmes de fils 1° par la chaîne, ou uu
:

système de fils longitudinaux parallèles et équidistants, enroulés sur


un cylindre, d'où ils se déroulent pour passer isolément ou par
petits faisceaux de deux ou trois fils dans une suspension nommée
maillon: le maillon est formé par une petite plaque métallique ou
en verre, percée de trous dans lesquels les fils peuvent se mouvoir
librement et être soulevés au moyen d’une petite ficelle ou corde
suspendue par son extrémité supérieure à une tige métallique re-
courbée en crochet et maintenue verticalement par un plomb atta-
ché à son extrémité inférieure; 2“ par un fil de trame enroulé sur
lui-méme autour d’un cylindre en bois placé dans la cavité d’un petit
appareil roulant , connu sous le nom de navette.
Le soulèvement d’une partie des fils de la chaîne de place en
place à des distances déterminées d’avance , forme avec ceux lais-
sés en repos un certain angle , dans le plan vertical ; le fil de la
trame vient se dérouler et se loger par l’action du battant, pour

Digitized by Google
DE l'électbo-magsétisme. 346

recouvrir les fils restés immobiles, et laisser apparaître les fils sou-
levés. Si Ton suppose, par exemple, une chaîne noire et une trame
blanche, on aura de cette façon des points blancs et noirs. Si, dans
la même ligne et à d’autres places, on veut d’autres couleurs , on
opérera de la même manière pour chaque couleur. S’il s’agissait
d’obtenir trois couleurs à égales distances entre elles ,
du noir, du
blanc et du rouge, par exemple , il suffirait de donner trois coups

de navette, en soulevant chaque fois un tiers des fils de la chaîne:


en supposant ces fils numérotés dans l’ordre naturel des nombres,
et que la chaîne se compose de 12 fils, par exemple, on soulèvera,
pour faire passer la première trame, soit la trame noire, les fils 1,
3 , 6, 9 et 12 ; pour la seconde, la rouge, on soulèverait les fils 2,
5, 8 et 1 1; ces deux passages laissant apparaître les fils 4 , 7 et 10,
qu’on aurait eu soin de laisser blancs, on obtiendrait une ligne avec
des entrelacements de trois couleurs. Si au lieu de 12 fils on en sup-
pose 1,200, les choses se passeront encore de même. La première
ligne exécutée , on procédera de; la même manière pour la seconde,
avec cette différence que les fils, au lieu d’être soulevés dans l’or-
dre ci-dessus indiqué, pour réaliser une figure, devront l’être diffé-

remment, et d’une manière conforme à l’indication d’un dessin peint


d’avance sur un papier quadrillé figurant les fils des deux systèmes
et qu’on nomme la mise en carte (*).

Un métier à tisser les étoffes façonnées étant monté, tous les fils

de chaîne sont passés par petits faisceaux de 3, 4 ou 3, suivant la


la

grosseur des entrelacements qu’on veut faire, dans un des maillons


que nous avons décrits précédemment. On peut se représenter ce
maillon comme attaché à un crochet métallique A (voir figure 233,
page suivante), dont le soulèvement lève le fil c'c ou les fils corres-
pondants. Pour produire ce mouvement de la tige métallique et de
ses fils, le crochet qui termine la partie supérieure de la tige repose
sur une lame L; en la soulevant, on soulèvera les fils, et pour les

laisser en repos,, il suffira de faire basculer le crochet de manière à


ce ne repose plus sur la lame au moment où l’on agit sur
qu’il

elle. Pour atteindre ce but, la tige métallique passe au milieu de

sa hauteur dans l’œil B d’une aiguille horizontale ab, convenable-


ment maintenue. Si on agit faiblement sur cette aiguille, de ma-

(*) Voir, pour tes détails de celle ingénieuse opération, l’Æ'Mai sur iindustri«
des matières textiles de M. Alcan ,
page SOS. Nous devons remercier ici M. Alcan
des conseils qu'il a bien voulu nous donner pour la rédaction de ce chapitre.

Digitlzed by Google
APPLICATIONS DIVERSES

nière à la repousserparallèlement à sa direction de gauche à droite,


le crochet s’inclinera et ne reposera plus sur lalame; celle-ci eu
montant en repos, et soulèvera, au contraire, ceux qui
le laissera

n’auraient pas été repoussés. Les tils correspondants seront par con-
séquent laissés en repos ou soulevés avec leurs crochets respectifs.
L'action sur les aiguilles horizontales a lieu par les cartons MNP
du métierà la Jacquard, dont une bande d'une surlace égale à celle
embrassée par un jeu d'aiguilles vient se présenter successivement
à elles. Ce carton percé aux points indiqués par la mise en carte
,

et correspondant aux crochets qui doivent être soulevés, laissera,


par conséquent, pénétrer les aiguilles qui appartiennent à ces cro-
chets dans des trous, tandis que les aiguilles qui rencontreront des
parties pleines seront repoussées, feront dévier les crochets de la
lame, qui les laissera en repos lorsque le mécanisn^ mû par le pied
de l’ouvrier la fera monter. 11 faudra pour chaque espèce de des-
,

sin, avoir un nombre de crochets égal au nombre de fils de la chaîne,


divisés par le nombre de fils en maillons, et un nombre de carton»
égal à celui des coups de trame. 11 y a des dessins qui exigent plus
de 3,000 aiguilles et 3,000 crochets, et plus de 100,000 cartons.
Pour plus de facilité, les crochets et les aiguilles sont disposés sur
plusieurs rangs parallèles, les premiers verticalement et les seconds
horizontalement. Pn les projetant sur des surfaces planes corres-
pondantes, on obtiendrait une série de points en quinconce, dont

Digitized by Google
DE l’électro-hagkétismf.. 347

on trouvera toutes les figures, avec les détails indispensables à la

de cette partie du tissage, dans l’ouvrage de


parfaite intelligence
M. Alcan, que nous avons mentionné plus haut.
Le métier électrique imaginé par M. Bonelli opère sur les cro-
chets , et n’apporte de modifications qu’à partir des cartons. Pour
soulever les crochets, M. Bonelli se sert d’électro-aimants; et, au
lieu d’un carton percé, dans ce système c’est un électro-aimant qui
est en communication avec le crochet. Il faut, pour le métier élec-
trique comme pour le système JaCquart , un dessin de mise en carte,
quoique fait d’une manière particulière ,
mais nécessaire pour dési-
gner les crochets à isoler et à mettre en communication avec l’élec-

tro-aimant ,
à chaque coup-de trame. La réalisation de ces conditions
est donc obtenue par un moyen analogue à celui des cartons.
Les applications les plus simples, imaginées par l'inventeur, ren-
dront ces appréciations plus claires :

Fig. »4.
Soit A , le til de fer qui porte les maillons et
les fils de la chaîne à sa partie inférieure. Son
extrémité supérieure , au lieu d'étre recourbée
comme le sont les crochets ordinaires, porte un
renflement a en fer doux ,
terminé par un épau-
lement b à sa base, qui repose sur une traverse C,
dans laquelle passe le crochet A. Exactement au-
dessus du renflement b, se trouve un petit électro-
aimant B. Si on soulève la traverse C jusque près
de l’électro-aimant ,
et qu’on abandonne en-
suite la traverse à elle-même, lo crochet sera
retenu ou abandonné, les fils soulevés ou non,
suivant que l’électro-aimant B recevra le courant,
ou que la communication avec la pile sera inter-

rompue. Comme il faut un assez grand nombre de


ces petits électro-aimants ,
l’auteur les superpose
en plusieurs rangées; il s'ensuit que la longueur
des crochets doit varier avec chacune d’elles.
Le règlement du passage de l’électricité dans les divers électro-

aimants peut s’effectuer de diverses manières. Il suffira, par


exemple , de mettre l’un des bouts du fil de cuivre enroulé autour
de l'éleclro-aimant en communication continuelle avec l’un des
pôles d’une pile, tandis que l’autre extrémité ne communiquerait
avec le second pôle que par l’intermédiaire d’une pièce de mé-
tal. Le contact du fil avec cette pièce étant successivement établi

Digitized by Google
348 applications diverses

et interrompu par l’interposition d’une feuille de papier percé de


trous, exactement d’après le principe des cartons du métier Jac-
quard, le coptact, et par suite le courant électrique, n’auront lieu
que là où se rencontrent des trous, et ce n’est aussi que dans ces
moments que l’électro-aimant attirera le crochet mis en contact
avec lui.

Soit donc, figure 2S5, un tambour D en métal, que les ressorts q


Fig. îmi. font communiquer avec l’un des pôles
d’une pile ;
d’autres ressorts p, pla-
cés à la partie supérieure, communi-
quent avec l’une des extrémités du
fil de chaque électro-aimant; l’au-

tre extrémité de ces fils communique,


comme on l’a dit, au jiôle opposé de
la même pile. La bande de papier g
percée de trous passe sur le tambour

et sous Son mouve-


les ressorts p.

ment est commandé par des rouleaux


l mis en rapport avec celui de la
traverse ou table e, de manière à ce que le papier n’avance à cha-
que mouvement que de la quantité correspondant à un jeu de
crochet.
Cette disposition permet de restreindre sensiblement la surface
nécessaire aux cartons dans le métier en usage : avec un cylindre

de 0 m ,50 de diamètre, on pourrait alors remplacer 6,280 cartons.


M. Bonelli a proposé le moyen suivant pour obtenir la commu-
nication ou l’isolement entre les crochets et la pile :

Un cylindre D, d'un diamètre de 0“,50sur 1”,20 de longueur,


Fig. 2ü7. tourne autour de son axe. Ce
cylindre porte le dessin, et se
trouve enveloppé, sous la forme
d’une toile d’une feuille
sans fin,
métallique g' tendue par le rou-
leau D'. Des lames t appuient tou-
jours, par leurs pointes, sur le
cylindre D. Quant à leurs extré-
mités opposées, elles sont dis-
posées sur deux rangs dont cha-
cun repose sur une pièce métal-
lique VV', de i millimètre d’épaisseur. Les deux rangs *sont isolés

Digitized by Google
DE L’SLECTlîO-MAGNtTISME. 340

par un morceau de bois, d’os ou d’une autre matière non conductrice;


c’est à ces pièces VV'que communiquent les fils des électro-aimants.
Quant à la pression à donner à ces fils, on peut l’obtenir par un poids
agissant sur tous les fils à la fois, ou à l’aide de poids moindres »i
en rapport avec chacun d’eux.
Pour réaliser le dessin , on pourrait recouvrir d’une matière iso-
lante la portion du cylindre D ou de la feuille de métal correspon-
dant aux pointes dont les crochets ne doivent pas être soulevés ;
alors, pour obtenir ce résultat, on emploierait une feuille de papier
percée de trous et collée sur le cylindre ou sur la feuille métal-
lique, ou bien l’on se servirait d’une étoffe à mailles, sur laquelle
on tracerait le dessin avec une matière conductrice, telle que de l’or,
de l’argent ou de la plombagine délayée, etc., et ce serait l’étoffe
ainsi préparée qu’on appliquerait sur le cylindre D.
Actuellement M. Bonelli préfère employer un papier sans fin, ana-
logue au papier de tenture des appartements, et sur lequel on ap-
plique des feuilles minces d’étain pour former le dessin. De cette
manière , les parties non recouvertes ne sont pas conductrices de
l’électricité, et les parties sur lesquelles l’étain est appliqué per-
mettent seules au courant électrique de passer; alors les électro-
aimants en communication avec les lames métalliques t (voir fig. 256)
qui touchent à ces lames sont seuls aimantés. D’après cette dispo-
sition ,
il n’est pas nécessaire que l’un des pôles
en de la pile soit

communication permanente avec le cylindre D ; on doit seulement


établir un contact continu entre une tige horizontale touchant à l’un
des pôles de lu pile, et la surface métallique constituant le dessin;
quant à l’autre pôle de la pile , il touche aux extrémités a des
lames t , de façon que, le mouvement du cylindre D amenant de-
vant ces lames des parties conductrices ou non conductrices, les
électro-aimants qui se trouvent dans leur circuit attirent ou n’at-
tirent pas les crochets. On voit que le tracé du dessin à l’aide de
l’application de feuilles d’étain sur le papier de tenture, application
qui se fait par les procédés ordinaires, remplace la mise en carte

dans les métiers mécaniques.


On donne au dessin exécuté de cette manière une largeur égale à
l’espace occupé par le peigne formé par la réunion des tiges t (fig.

256), et une longueur égale au développement de la circonférence


du cylindre ; les pointes des dents du peigne doivent se trouver
toutes sur un seul rang. Pour éviter les brides trop longues et les
trop longs intervalles sans entrelacements, on ajoute au métier des

Digitized by Google
350 APPLICATIONS DIVERSES

armures à croisement régulier, qui consistent dans un série de


deux à douze mouvements imprimés à des lisses avec régularité.
Le mouvement de ces lisses peut être effectué, comme ii l'ordinaire,
par l’ouvrier, ou par une petite disposition spéciale d’électro-ai-
mants, qui seraient plus forts et plus puissants que ceux qui fonc-
tionnent pour le dessin.
Lorsque le genre d’étoffe exige que la trame soit de plusieurs
couleurs, de sorte qu’il faille, pour une même duite, changer cinq
ou de navette, il faut que la surface du cylindre ou la
six fois
feuille de métal soit carrelée par des lignes distantes les unes

des autres, dans un sens de la distance des pointes du peigne, dans


lautre de la quantité dont avance le cylindre D à chaque duite.
On pourra faire le dessin comme à l’ordinaire, dans les places où
la trame de doit |>as changer de couleur ;
dans les autres ,
il faudra
rendre isolants les carreaux correspondant aux couleurs qui ne doi-
vent pas paraître.
Ce moyen étant trouvé trop long et trop dispendieux par M. Bo-
du tissage d’étoffes à 7 ou 8 couleurs, comme
nelli, lorsqu’il s'agit
cela arrive pour les chflles, par exemple, il en a imaginé un autre
qui repose sur le principe suivant on a un certain nombre de séries,
:

d’assortiments de petites chevilles; la longueur des chevilles de cha-


cune de ces séries varie, et, pour mieux distinguer chacune d’elles,
on leur doune la couleur à laquelle elle est destinée. L’épaisseur
de toutes les chevilles, quelle que soit la couleur, reste la même,
afin de pouvoir être rangées dans un même peigne ou râtelier mais ;

il
y a dans la même série un assortiment de chevilles dont la lar-
geur varie depuis 2 jusqu’à 10 millimètres. Supposons maintenant
qu’il s’agisse de tisser une duite ou une ligne oit l’on doive se servir
de six couleurs, et par conséquent de six navettes, dont la mise en
carte indique les positions relatives ; il n’y aura plus qu’à disposer
les choses pour que chaque fil et par conséquent chaque crochet
,

et chaque électro-aimant correspondant, soit soulevé aux points


voulus. Supposons en outre que nous ayons un casier d’imprimerie
où les chevilles dont nous venons de parler remplacent les carac-
tères. On lira le dessin sur une duite, en prenant successivement
dans la casse la cheville de la couleur commandée. On la choisira
plus ou moins large, et proportionnellement à la largeur occupée
par cettemême couleur sur le dessin encarté. Ces chevilles sont
placées dans l’espèce de grille ou composteur à mesure qu’on les
prend, de façon à ce qu’après une ligne lue du dessin, on obtienne

Digitized by Google
DE l'électho-mag.vétisme. 351

P° ur " ne rangée de correspondant à une duite, une dispo-


!a grille
sition quiressemble plus ou moins a T, où chaque hauteur indique
une couleur du dessin. Pour que les chevilles de même hauteur agis-
sent simultanément sur les crochets correspondants
, et que celles
de hauteurs différentes agissent successivement et dans
l’ordre voulu,
pour qu’en un mot le triage des couleurs ait lieu on a un
, peigne S
(fig. 257), formé de touches ou tiges
verticales Z, réunies libre-
ment et montées dans une sorte de pièce ou chape U. Toutes ces
tiges portent une petite saillie qui les empêche de descendre au delà
d une certaine limite dans la pièce U. Mlles sont entièrement recou-
Fis «7. vertes de vernis, sauf à une petite place Z',
1
MllHifflMIàlllJîlll qui pour toutes ces tiges se trouve à la
IBUlUIIIIHItlIlUiUOlilliUUllMl
même hauteur; à leur extrémité supérieure
s’attachent les fils e des électro-aimants.
Tant que les saillies des tiges reposeront sur
la pièce U, les places non recouvertes de
vernis formeront une seule et même ligne
droite ; mais si, au contraire, on fait appuyer
les extrémités inférieures de ces tiges sur
le plan inégal formé par les diverses pièces
tv de la figure T, les tiges Z étant soulevées

à autant de hauteurs différentes qu’il


y a
de pièces w , les espaces w' se rangeront
suivant les lignes l, 2, 3, appartenant cha-
cune à une couleur différente H.
Si donc on a une lame communiquant avec l’un des pôles de la pile,
et qu’elle vienne s’appuyer successivement sur les lignes 1 s', 2s;, etc.,
elle transmettra la puissance d’attraction seulement aux denfs où elle
rencontrera la surface métallique du dessin , de manière à soulever

les crochets correspondant aux diverses couleurs respectives.


11 donc , pour confectionner le tissu , d’abaisser le peigne
suffira

sur la grille représentée par le composteur T,


première ligne d’une
d’amener ensuite à la ligne \z! la lame en communication avec
l’un des pôles de la pile , puis de faire fonctionner la pédale et de
passer la navette du fil rouge par exemple, ensuite d'amener la lame
sur la ligne 2a’, d’agir sur la pédale et de passer la navette du fil
noir, et ainsi de suite, pour toutes les couleurs, (fêla fait, ou relève
le peigne, on fait avancer la grille d’un pas, on abaisse de nouveau

le peigne sur le second rang de la grille, et on recommence la série

de mouvements de la lame.

Digitized by Google
.

352 APPLICATIONS DIVERSES

En résumé, le métier à tisser électrique, proprement dit, ne diffère


du métier à la Jacquard que par la partie supérieure, où les électro-

aimants a , a', sont en relation avec les crochets C. Le système


Fig. S50.

proposé consiste donc essentiellement dans la suppression de la

mise en carte du dessin, qui est une opération coûteuse, à laquelle


on substitue le tracé du dessin sur du papier à l’aide de feuilles
d'étain qu’on y applique ;
ce tracé se fait facilement et à peu de
frais. La pratique pourra seule apprendre avec le temps si cette
substitution est aussi avantageuse que le pense M. Bonelli.
Dans 358, les crochets ainsi que les électro-aimants sont
la figure

horizontaux; on peut modifier cette partie du métier avec des cro-


chets verticaux comme dans le métier Jacquard , ou par d’autres
,

dispositions. D’après celle-ci, A sont des crochets dont les extré-


mités inférieures communiquent avec les collets e, e, e', des mail-
lons qui reçoivent les fils de la chaîne ; l’extrémité ^opposée de ces
crochets passe, comme il a déjà été dit, dans une traverse ou
planche I, qui peut leur permettre de s’approcher des électro-
aimants.;
Depuis la construction du métier de M. Bonelli, on a proposé
diverses modifications à ce système , et nous citerons entre autres

cellesproposées par MM. Mauméné, Mathieu et Pascal, E.Gand, etc.;


mais leur examen nous entraînerait hors des limites du cadre que
nous nous sommes tracés dans cet ouvrage; nous avons voulu seu-
lement montrer que l'électro-magnétisme a des applications indus-
nombreuses, principalement comme moyen de transmission
trielles

de mouvements, et qu’on peut invoquer son emploi dans un grand


nombre de circonstances.

Digitized by Google
.

DE L’ÉLECTRO-MAGKÊTtSME. 353

CHAPITRE IV.

Appareils divers fondés sur l'emploi de l'éleelro-magoélisme : régulateurs,


sonneries, chronoscopes et chronomètres, eic.

L’électro-magnétisme a été appliqué à la construction d’appareils


nous allons décrire quelques-uns, afin de montrer
très-divers dont
combien sont nombreuses les circonstances dans lesquelles on peut
invoquer son emploi.
Régulateurs de lumière électrique. On a vu dans le livre IV, tome II,
quels sont les effets lumineux que l’on obtient lorsqu’on termine les
deux pôles d’une forte pile par deux cônes de charbon de cornue
bien recuit dont on vient à faire toucher les deux pointes. L’arc vol-
taïque que l’on forme entre eux a une intensité lumineuse excessi-
vement vive, que l’on a cherché utiliser dans l’éclairage public ou
il

dans expériences d’optique. Quand l’expérience a lieu dans le


les

vide, lesdeux charbons étant maintenus à la môme place, le trans-


port du charbon qui a lieu du pôle -+- au pôle —
finit par faire

rompre l'arc. Dans l’air cette rupture arrive plus promptement, car,
en outre du transport, on a à considérer la combustion des char-
Itons; dans ce cas, la longueur du charbon positif diminue plus
rapidement que celle du charbon négatif, et à peu près dans le rap-
port de 2 à I

Pour pouvoir utiliser la lumière de l’arc voltaïque, il est néces-


saire que l’on ait un moyen de rapprocher les deux cônes de char-
bon l’un de l’autre , de façon que la distance de leurs extrémités
soit constante, ou du moins de sorte que l’arc puisse subsister pen-
dant un certain temps sans toucher à l’instrument. Plusieurs per-
sonnes, en Angleterre et en France, se sont servies du courant lui-
môme pour régulariser la marche des charbons polaires; parmi les
appareils qui ont été construits, nous citerons ceux de M. J. Dubosc
et de M. Deleuil;nous choisirons, pour le décrire, le régulateur de
t. ni. 33

Digitized by Google
354 APPLICATIONS DIVERSES

lumière électrique de M. J. Dubosc, lequel est simple, d'un manie-


ment facile, et le meilleur de ceux que l'on ait proposés jusqu'ici.
L’appareil est représenté fig. 259 : à sa base

se trouve un électro-aimant autour duquel


circule le courant qui doit produire l’arc vol-
taïque;
cet électro- aimant peut attirer un
contact en fer doux K , auquel est attaché un
coudé PL, pivotant sur un axe borirontal
levier
poussé vers le haut par un ressort et appuyé
contre un levier plus court destiné à arrêter

une roue dentée ; cette dernière porte un mo-


dérateur et une vis sans fin V, à laquelle le

mouvement peut être donné par une seconde


roue r', dont le pignon est en rapport avec la

grande roue dentée P' qui renferme le ressort


moteur de l’appareil.
La grande roue dentée P' porte deux gorges
de diamètre différent, dont nous indiquerons
plus loin l’usage, et sur lesquelles s’enroulent
deux chaînes h, h', qui , après avoir passé 6ur
les poulies de renvoi
pp‘p"p'", vont s’attacher

en b et en E' à des tubes en cuivre sur le pro-


longement desquels s’adaptent en C et C' les
deux charbons conducteurs. Un petit levier
mobile à la main sert à arrêter à volonté le mouvement de l’appa-
reil. Tout cet ensemble de
pièces est enfermé dans une boite métal-

dont la partie supérieure peut être enlevée pour


mettre à
lique,
découvert les pièces du mouvement intérieur.
Voici maintenant quelle est la marche du
courant dans le régu-

lateur lorsque les charbons sont en contact,


ou quand 1 arc lumineux
n’est pas interompu :
Supposons que le pôle positif de la pile soit en communication

avec la pince H, et le pôle négatif avec la pince K'. Le courant, qui


fil isolé à l’aide d’un anneau eu ivoire;
entre en R, descend par le
finit par déliou-
ilparcourt toute la longueur du fd de la bobine, et
la plaque en fer F, qui constitue le pôle de
l’électro-
cher dans
aimant. Le tube T, qui porte le charbon C, touche constamment à
cette plaque, et continue de cette
manière à servir de conducteur au
courant qui parvenu au point où les deux charbons se touchent,
, .

passe de l’un à l’autre, traverse le charbon C', monte le long de son

Digitized by Google

de l'éiectro-magubtisme. S5S
tube T, descend par la colonnelte isolée S, et va de cette colon-
nette à la pince K', qui correspond au pôle négatif de la pile.

Les choses étant ainsi disposées, les charbons se touchant, ou


étant éloignés de la quantité qu'il faut pour que l’arc brille de tout
son éclat ,
la plaque de fer supérieure de l’électro-aimant sera for-
tement aimantée par l’action du courant; le contact K sera attiré;
ses leviers appuieront contre la roue dentée r, et, quand même on
aurait monté d’avance le ressort de la roue P', tout restera au repos

dans de l’appareil. L’électricité continuera donc de pas-


l’intérieur
ser, en usant le charbon C, par le transport de ses molécules sur
le charbon C', et tous les deux , par leur combustion vive et rapide
dans l’air. Au bout d’un certain temps, les pointes des charbons
seront assez éloignées pour que le courant éprouve une résistance
considérable à franchir l’espace qui les sépare. L’intensité du cou-
rant se trouvant alors diminuée, le ressort soulèvera le contact K;
ses leviers fonctionneront; le ressort moteur mettra en rotation la

roue P', et les pièces modératrices qui s’y rattachent; la chaîne h


qui conduit le tube porte-charbon du pôle positif, s’enroulant sur
la gorge P', fera charbon C, tandis que la chaîne h du
monter le

charbon négatif, se déroulant de dessus la gorge de P, fera descendre


le charbon C qui lui correspond.
Le rapport des diamètres des poulies de la roue P' peut être
changé par un système particulier de resserrement élastique fait à
la main à l’aide d’une clef. Cette disposition doit toujours être telle

que le point de rencontre des deux charbons se maintienne à la


même hauteur, malgré l’usure plus rapide du charbon positif. Or,
comme la quantité dont descend le charbon négatif, et celle dont
monte le positif, sont proportionnelles aux circonférences des pou-
lies respectives, il faut régler par quelques tâtonnements le rapport
fois que l’on change de char-
des diamètres de celles-ci, toutes les
bon , ou qu’une différence dans leurs diamètres ou dans leurs den-
sités peut amener une très-grande différence dans l’usure des deux

extrémités incandescentes.
Quant au contact K , il est muni d’un pas de vis qui permet de
l’éloigner ou de le rapprocher à volonté de l’électro-aimant, suivant
la force de la pile dont on fait usage. On s’aperçoit facilement de
l’endroit auquel il faut arrêter le contact K, par un sifflement qui se
manifeste lorsque les deux charbons ont été trop rapprochés. 11 faut
provoquer ce sifflement en tournant la vis du contact puis
,
le faire

disparaître tout doucement, en la tournant dans le sens contraire..


23.

Digitized by Google
,

858 APPLICATIONS DIVERSES

Le point convenable pour les expériences est celui où le sifflement


disparaît ; en deçà et au delà de ce point, les charbons se trouve-
raient être trop ou trop peu rapprochés.
Le tube du charbon négatif porte en n une noix ou un genou ar-
ticulé qui permet de lui imprimer, à l’aide de la tige à bouton m,
un léger mouvement conique autour de la verticale pour faire coïn-
cider toujours exactement sa pointe avec celle du charbon positif.
Quand on a opéré une ou deux fois avec cet appareil , le jeu de ses
parties ne présente plus aucune difficulté sérieuse , et son manie-
ment devient aussi simple que celui d’une lampe Carcel , ou d’une
lampe modérateur ordinaire. Aussi peut-on le placer facilement dans
une caisse ou enveloppe métallique , et ensuite répéter les diffé-
rentes expériences d’optique que l’on fait ordinairement avec la
lumière solaire.
On voit que le mécanisme régulateur employé par M. Dubosc a
pour fonction de fixer la positionde l’arc en maintenant les deux char-
bons à une distance constante, et en les rapprochant quand, par l’effet
de la combustion, leur distance tend à devenir plus grande. Mais il
est impuissant pour écarter ces conducteurs quand ils arrivent au
contact soit par rupture, soit par toute autre cause; or, dans le der-
nier cas, l’arc cesse de se produire, et il faut attendre que l’élévation

de température ait rongé le charbon positif pour que la lumière

puisse briller de nouveau. Quand lampe était à portée de l’obser-


la

vateur, ce temps d’arrêt était rendu très-court, car on séparait


immédiatement les deux charbons; mais, quand elle était hors de
portée,le temps d’arrêt se manifestait par une extinction qui était

un inconvénient grave dans l’emploi de cet appareil pour l’éclai-


rage.
M. Dubosc, à l’aide d’une modification apportée à son appareil,
est parvenu à parer à cet inconvénient en séparant mécaniquement
les charbons au moment où ils viennent en contact, ou, en d’autres
termes, en entraînant ,
par un mouvement de recul , le charbon
positif à la distance à laquelle l’arc électrique peut se produire.
Les dispositions prises pour atteindre ce but sont les suivantes :

le rapprochement des charbons dans l’appareil décrit plus haut


est déterminé , ainsi qu’on l’a dit ,
par une armature en fer doux
sollicitée par un ressort qui l’élève quand, par l’accroissement de la
longueur de l’arc, l’intensité du courant est devenue plus faible.
Cette armature est ainsi commandée par le barreau central de fer
doux de l’électro-aimant placé dans le pied de la lampe. Dans l’ap-

Digitized by Google
.

DE l’ÉLECT HO-M AGN ÉTI SM F, 357

pareil modifié on a placé à l’extérieur de l’hélice de l'électro-ai-


inant un barreau cylindrique creux qui s’aimante en sens inverse
de celui que renferme l'hélice, et qui peut agir par attraction sur
une seconde armature entourant la première, mais sollicitée par un
ressort d’une résistance plus grande que celui qui gouverne celle-
ci. Il résulte de cette disposition que le second ressort , qui n’em-
pécherait pas le contact de la seconde armature avec le fer doux
extérieur, lorsque les deux charbons sont séparés, l’intensité du
courant étant trop faible, n’est entravé dans son action que lorsque,
les deux charbons étant en contact , le courant électrique a son
maximum d’intensité.
Ainsi, en résumé, le ressort de la première armature, qui fait

avancer inégalement les charbons à la rencontre l’un de l’autre,


fait monter le charbon positif à mesure qu’il se brûle, et le ressort
de la seconde fait reculer ce dernier conducteur quand le contact
a lieu et que l’arc cesse ;
la lumière se trouve donc rétablie immé-
diatement par le jeu de l’instrument. On voit que la partie nouvelle

de cette disposition consiste à utiliser l’action des barreaux en fer


doux extérieur et inférieur d’un électro-aimant rectiligne, de façon
à agir inégalement sur deux armatures, tantôt sur l’une , tantôt sur
l’autre, pour produire des effets contraires d’avance et de recul, et
à maintenir ainsi la môme distance les charbons polaires entre les-
quels est formé l’arc voltaïque.
On peut dire, d’après cela, que le régulateur de la lumière élec-
môme place autant que les
trique maintiendra l’arc voltaïque à la
charbons dureront, c’est-à-dire pendant un laps de temps qui
peut varier d’une demi-heure à plusieurs heures , suivant leurs di-
mensions. Si l’arc était produit dans le vide, la diminution de lon-
gueur des conducteurs serait très-faible; mais les dépôts qui se
produisent sur les parois des vases dans lesquels on raréfie l’air ont
été jusqu’ici un obstacle à l’emploi de ces derniers. Quant aux dé-
placements continuels de l’arc autour des extrémités des conduc-
teurs, ils tiennent à la nature même de l’action physique mise eu
jeu , que la ligne de moindre résistance pour le passage
et à ce
de l’électricité change à chaque instant, et n’ont pu encore être
évités.

Ce mode d 'éclairage n’a été employé utilement jusqu’ici lorsqu'il


s'agit de produire une très-grande quantité de lumière en un point
déterminé; mais il est encore assez coûteux, vu la dépense néces-

saire pour faire fonctionner les couples voltaïques.

Digitized by Google
,

368 APPLICATIONS DIVKBSES

Quand on veut faire servir la lumière électrique à l’éclairage


public, il n’est pas nécessaire d’avoir un appareil construit avec au-
tant de précision que celui qui vient d’être décrit: un appareil avec
une seule armature suflit ; on peut se borner, en outre, à rendre
mobile un seul charbon.
M. Loiseau a fait usage d'une disposition assez simple , qui peut
être employée elle consiste à maintenir au contact les deux char-
:

bons placés d’une manière inclinée, par l’effet du poids d’une ar-
mature qui se meut dans une bobine parcourue par le courant
électrique; quand celui-ci circule, la bobine soulève l’armature, et
les charbons tendent à s’éloigner; il s’établit ainsi un équilibre qni

maintient l’arc entre les pointes de charbon.


On a fait usage de l’électro-magnétisme pour construire d’autres
régulateurs, tels que régulateurs de température, etc., mais qui
n’ont pas encore donné lieu à un emploi usuel.
Sonneriet électriques. Nous avons vu que dans les télégraphes

électriques se trouvait toujours un avertisseur à timbre ou une son-


nerie pour appeler l’employé chargé de la transmission des dé-
pêches. Pour donner une idée de la disposition des appareils de ce
genre, nous décrirons la sonnerie qui est en usage maintenant dans
les appareils de M. Breguet, en empruntant à ce dernier mécanicien
la figure et la description de l'instrument :

« compose d’un socle sur lequel est établi le mé-


La sonnerie se
« cauisme ;
en un ronage mû par un fort ressort ren-
elle consiste

« fermé dans un barillet, destiné à faire tourner un excentrique E,


Flfi. 200. a qui , au moyen d’une bielle B,
« fait mouvoir autour du centre
a du mouvement O un marteau
o qui frappe sur un fort tim-
« bre T.
« L’axe de l’excentrique , pit>-

« longé de l’autre côté, porte un


« bras b à ressort, qui vient s’ar-
« rêter dans une entaille faite

« dans une lame du ressort R


o et empêche le rouage de mar-

« cher. Cette lame est placée de bas en haut , perpendiculairement


« au liras de l’excentrique.
a II y a un second excentrique E' qui lorsque le rouage est en
,

a «ornement, maintient la lame du ressort R éloignée, pour que

Digitized by Google
DE I.'ÉLECTIIO-M AGNÉTISME. 359

« le bras du premier excentrique puisse exécuter un certain nom-


« bre de tours, et faire frapper assez de coups au marteau contre
« le timbre ;
deux parties d’un plus petit rayon permettent à II de
« reprendre sa place, et alors le bras b vient s’y arrêter.
« Une petite pièce en cuivre V, dans le haut de la platine, placée
« tout contre l’extrémité de la lame du ressort, est destinée, par
« un mouvement contre cette lame, à lui faire quitter le bras b de
« l’excentrique, et conséquemment à faire marcher le rouage. Cette
« pièce de cuivre est placée à l’extrémité d’un axe qui traverse les
« deux platines ; il porte deux leviers : l’un à l’intérieur, qui est
« destiné à être relevé par une cheville placée sur une roue pour
« ramener la pièce de cuivre à sa place, et permettre à la lame de
« ressort de revenir se mettre devant le bras de l’excentrique.
a L’autre levier est au delà de la seconde platine ;
il repose sur
« le bras de la palette en fer, qui doit être attiré par i’électro-aimant
a placé dans le bas et derrière la machine.
« Ce levier est tiré de haut en bas par un ressort à boudin. Quand
« il
y a aimantation , la palette est attirée , son bras quitte le levier
« qui, tiré par le ressort, descend; et, dans ce mouvement, la

« pièce en cuivre V, qui est devant et placée sur le même axe, se


«meut et dégage le bras b de l'excentrique; le tout se relève,
« comme nous l’avons dit, au moyen du levier intérieur, et le

« levier de derrière vient se replacer sur le bras de la palette de


« l’électro-aiinant.

« Sur le devant est une plaque qui porte le mot répondez, lequel
o apparaît à travers la boite, par une petite fenêtre, et indique à
« l’employé, par sa présence, s’il a été appelé pendant qu’il était
« hors du poste; une clef sert à remettre le mot répondez à cou-
« vert. » (Breguet.)
Nous venons d’indiquer une sonnerie fonctionnant comme aver-
tisseur pour appeler les employés à côté des télégraphes électri-
ques. M. Mi rend a eu l’idée de construire des sonneries pouvant
remplacer les sonnettes ordinaires, et même servant de petits télé-
graphes usuels pour transmettre, par lu succession des coups, des
mots ou des phrases d’un lieu à un autre. Ces appareils peuvent
être appliqués avec succès à des besoins domestiques ou à des ser-
vices spéciaux de diverses natures ;
en raison de ces motifs, nous les
décrirons avec quelques détails.
Ces sonneries, dont la simplicité constitue un des principaux mé-
rites, marchent sans le secours d'aucun des rouages d’horlogerie ;

Digitized by Google
300 APPLICATIONS DIVERSES
Eifi. 201.

elles consistent dans un timbre muni d’un marteau mû directe-


ment par l’action magnétique, et, ainsi que dans les appareils décrits
page 178, de MM. Neef, Delarive, etc., le courant passe par l’ar-
mature d'un électro-aimant. Cette armature C, dont la position est
verticale et à laquelle tient la tige du marteau H, est portée par
une lame d'acier D fixée à son extrémité inférieure, et qui tend à
l’écarter des fers de l’aimant en l’appuyant, vers son extrémité
opposée, sur une autre lame E, faisant aussi ressort comme la pre-
mière, mais d’une moindre force. C’est par celte seconde lame que
le courant atteint l’armature et la traverse.
Sur chaque point du parcours d’où l’on veut faire partir les com-
munications est posé un transmetteur; c’est un disque en bois
d’ébénisterie de quelques centimètres de diamètre, au milieu du-
quel est un bouton mobile en ivoire m. En appuyant le doigt sur
ce bouton, on détermine le contact de deux lamelles de laiton qu’il

recouvre, et, comme ces lamelles sont jointes par des vis de pres-
sion au fil conducteur des deux côtés de l’intersection qu’il pré-
sente en cet endroit , le circuit de la pile, que l’écartement dû à
leur élasticité naturelle interrompait, se trouve fermé; l’électricité
circule, l’électro-aimant U attire l’armature, et le marteau qu’elle
porte vient frapper le timbre. Cependant l’armature se trouve aussi-

tôt séparée du fil conducteur, et l’attraction cesse, pour se repro-


duire dès que l’armature est ramenée au contact par la lame-ressort
qui la supporte : de là un renouvellement rapide du môme effet et
une continuité de chocs sur le timbre , c’est-à-dire un roulement
qui dure aussi longtemps que le circuit reste fermé par le maintien
de la pression du doigt sur le bouton transmetteur ; mais, si l’on
n’appuie qu’uu instant sur ce bouton, le marteau ne frappe qu’un
seul coup.

Digitized by Googl
,

DS l'electüo-magnétisue. 361

Par cette succession de coups isolés et de roulements , on ob-


tient de nombreuses combinaisons qui se placent avec facilité dans
la mémoire, et qui expriment, à volonté, soit des phrases conve-
nues, soit des lettres, soit des uombres. Peu d’instants suffisent
pour se mettre au courant de ce système et pour savoir pratiquer
les transmissions et les comprendre.
Lorsque le service auquel on applique les sonneries le comporte,
une disposition particulière permet à celui qui reçoit la communi-
cation de donner la réponse, ou tout au moins de faire savoir qu’il
a entendu. A cet etïet , au-dessus du transmetteur, est placé un
très-petit électro-aimant obéissant à un second transmetteur établi
près de la sonnerie, et qui n’est pas représenté dans la figure.
Vient-on à toucher le bouton de celui-ci ,
immédiatement on voit
tomber, devant une ouverture pratiquée sur une planchette en bois
poli, une plaque de métal sur laquelle est gravé le mot entendu
ou bien encore une baguette mise en mouvement, comme la pla-

que, par le petit électro- aimant, vient frapper un disque de bois


sonore de quelques centimètres de largeur, et répète, en produi-
sant un bruit faible, mais suffisant pour être perçu par l’auteur de
la première transmission, des vibrations non moins significatives
que celles du timbre.
du service, soit d’une administration , soit d'un
Est-il question

grand hôtel, service pour lequel il est nécessaire que les transmis-
sions puissent émaner de beaucoup de points différents, à chacun
de ces points correspond , dans le lieu oii elles doivent être com-
prises, une plaque spéciale qui, en s’abaissant en même temps
que la sonnerie se fait entendre, indique, pur le numéro qu’elle
porte, de quel endroit est parti l’avertissement, l’ordre ou la de-
mande, et c’est toujours le même courant qui satisfait à ces besoins
divers.
La pile que l’on emploie est la pile à sulfate de cuivre décrite
page 314. Les iils de communication sont en cuivre ou en laiton
entourés de coton ou de soie, ou bien de gutta-percha, quand ils ont
à parcourir des endroits humides.
M. Mirand a varié beaucoup ces petits appareils, qu’il présento
comme plus particulièrement appropriés à des services d’une éten-
due pense qu’ils pourraient servir pour la transmission
limitée. 11

des ordres sur les navires, et pour établir des moyeus d’avertisse-
ment entre l’arrière et la tête des grands convois sur les chemins
de fer.

Digitized by Google
302 APPLICATIONS DIVERSES

Transmission de mouvements par adhérence magnétique. Il


y a
un grand nombre d'applications dft à l’emploi des électro-aimants
et qu’il serait trop long de décrire ici ;
il est facile de les concevoir,

puisqu’elles sont toutes fondées sur les effets des électro-aimants


dont on a eu des exemples dans les appareils télégraphiques ,
les
appareils d’horlogerie, les métiers, etc.; cependant nous devons
.encore en mentionner quelques-unes pour montrer tous les services
que l’électricité peut rendre, même quand on emploie des sources
électriques faibles, mais agissant d’une manière continue.
Nous citerons d’abord l’emploi des électro-aimants comme trans-
missions de mouvements, dont les horloges, les métiers électriques
nous ont donné déjii des exemples, et qui ont été utilisés égale-

ment dans les pianos et les orgues.


Fig. 262. Nickles, en variant les formes
M.
des électro-aimants usités jusqu’ici,
a donné lieu à un nouvel emploi de
ces appareils. En plaçant autour de
roues en fer PP', QQ', mobiles, des
bobines fixes H, H' qui aimantent
en sens inverse les parties en regard
des roues en fer ,
il se produit une
adhérence entre P et Q, puis entre
P’ et Q', comme si les deux systè-
mes de roues étaient unis entre eux
par un système de lanières en cuir.
Il également les électro-aimants dont on a déjà
a construit
parlé page 180, composés d’une bobine fixe ordinaire au milieu ,

«g. va.

de laquelle une roue, dont la partie centrale a un diamètre un peu


inférieur à celui de la bobine , peut se mouvoir librement ; les
deux extrémités de la roue ont un diamètre plus considérable,
et dépassent môme la surface cylindrique extérieure de la bobine.

Digitized by Google
DR I.'ÉLECTBO-\ï AGXKTÎSME. 303
Cette disposition représente un électro-aimant rectiligne dont les
deux faces terminales seraient plus grandes que la partie centrale,
et dont le fer serait mobile autour de l’axe. On conçoit que, lorsque
le courant circule dans le fil, les deux cercles en fer sont aimantes
inversement, et tout autour entre les deux circonférences, une at-

traction assez énergique peut se manifester sur du fer doux. En pla-


çant en fer, on peut également faire en sorte que celle du
trois» roues

milieu une aimantation contraire à celles des deux extrémités.


ait

Ces électro-aimants ont reçu le nom A’ électro-aimants circulaires .

A
l’aide de ces dispositions et d’autres analogues, M. Nickles
s’estproposé d’augmenter à volonté l’adhérence des roues des lo-
comotives sur les rails des chemins de fer, de façon à permettre
aux convois de remonter les pentes; de construire des freins pour
le servicedes chemins de fer; d’opérer des transmissions de mou-
vement dans les machines, etc.
M. Achard a imaginé un système d’embrayeur électro-magnétiquo
appliqué à la filature de la soie, et qui montre tout le parti que
l’on peut tirer de l’emploi d’appareils de ce genre comme organes
de machine. Quoique l’application n’en ait pas encore été faite,
nous le mentionnons ici, car il est possible qu’il puisse rendre des
services dans l’industrie.
Enrer/istrevrsélectro-magnéliqves. L’électricité petit servir à don-
ner des indications continues d’appareils qui fonctionnent sans in-
terruption, comme celles des instruments de météorologie, pin*

exemple; on forme alors des enregistreurs électro-magnétiques. Ce


ne sont, en réalité, que des télégraphes qui permettent de tracer des
indications à des instants déterminés.
M. Wheatstone a appliqué ce principe k la construction d’un ther-
momètre enregistreur, consistant en un thermomètre à mereure,
dont lacolonne mercurielle fait partie d’un circuit voltaïque; en re-
tirant un fil de platine du tube ouvert de l’appareil, à des instants
déterminés, ce qu’un appareil d'horlogerie peut faire, au moment

de du fil du mercure, et par conséquent de la rupture du


la sortie

circuit, une indication est donnée sur un chronomètre, et l’on sait


alors hauteur de la colonne mercurielle , et par conséquent
la

l’élévation de la température. Ce même principe a pu être appliqué


au baromètre, psychromètre, etc.
M. du Moncel s’est servi de l’action des électro-aimants pour
faire enregistrer la direction et la vitesse du vent; il a construit ainsi
un anémomètre qui fonctionne avec beaucoup de régularité.

Digitized by Google
364 APPLICATIONS DIVERSES

Pour trouver du vent, une girouette en dehors fait


la direction
tourner un axe placé à la Un anneau
pointe centrale de l’appareil.
circulaire est adapté au en
b&ti solide qui le maintient, et est divisé

huit secteurs correspondant aux huit aires du vent, et chacun d’eux


se compose d’une plaque métallique isolée par le châssis de bois
dans lequel elle est incrustée. Chacun d’eux est mis en communica-
tion avec l’un des pèles de la pile qui doit être la même pour tous,
tandis qu’un doigt métallique à ressort, partant de l'axe de la gi-
rouette et s’appuyant sur la couronne métallique, établit la com-
munication avec l’autre pôle, tantôt par l’un ,
tantôt par l’autre des
secteurs. On conçoit donc facilement que le courant pourra donner
des indications ,
suivant celui de ces secteurs qui lui aura livré pas-
sage, c’est-à-dire suivant les différentes dispositions de la girouette:
pour cela, chaque fil est en relation avec un électro-aimant placé
dans le cabinet de l’observateur, et, chaque fois que le courant
passe ,marquer un style en communication avec son arma-
fait

ture sur un cylindre entraîné par un mouvement d’horlogerie.


Comme les indications se prolongent pendant toute la durée du
vent, et que le cylindre tourne régulièrement, on aura en même
temps tracé sur le cylindre la direction du vent à chaque heure
de la journée et sa durée.
La vitesse du vent est donnée par un appareil placé à côté du pré-
cédent, et qui consiste essentiellement en un moulinet dont le

nombre des révolutions dans un temps donné va s’inscrire dans le

cabinet de l’observateur. Pour atteindre ce but, la crapatidine de


la girouette est mise en communication avec l’un des pôles de la
pile, tandis que une languette isolée du
l’autre pôle vient aboutir à
reste de l’appareil , et que rencontre , à chaque révolution de la
roue, un butoir métallique porté par elle. Comme la communi-

cation métallique est établie entre la crapaudiue et le moulinet par


l’axe de la girouette, on comprend aisément que, tous les cinquante
tours du moulinet , le courant électrique passera pour être inter-
rompu l’instant d’après. Ce courant temporaire est utilisé pour faire

marquer un style sur le cylindre entraîné par le mouvement d’hor-


logie, et l’on peut relever ainsi la vitesse du vent à chaque instant
de la journée.
M. du Moncel a non-seulement pu enregistrer de cette manière la
direction la durée et la vitesse du vent , mais il a adapté à l’instru-
,

ment des compteurs qui, étant mus par les électro-aimants de l’appa-
reil , ont totalisé, pendant un intervalle de temps déterminé, le nombre

Digitized by Google
,

DE L’ÉLEC.TRO-MAGHtfTÎSUB. 365

de que chaque vent a soufflé, et la durée totale de chacune d’eux.


fois

Nous n’insistons pas davantage sur cet appareil , notre but étant
de faire comprendre comment l’électro-magnétisme a été invoqué
dans sa construction.
Chronoscopes et chronomètres ëlect ro-magné tiques. La rapidité
de l’électricité étant très-grande par rapport à celle des corps qui
se meuvent à la surface du globe, il est aisé de comprendre que
l’on peut négliger sa vitesse de transmission dans un conducteur
d'une étendue de quelques centaines de mètres, et, en lui faisant

produire des effets physiques ou magnétiques en différents points


de la trajectoire d’un mobile , arriver à la détermination de la vi-

tesse des projectiles, de celles de l’inflammation de la poudre, etc.;


aussi l’artillerie a-t-elle un puissant auxiliaire dans l’électricité, qui
permet d’étudier des questions intéressant à un haut degré les
progrès de cette arme. Les appareils construits dans le but de dé-
terminer les intervalles de temps très-court ont reçu le nom de
chronoscopes , ou mieux de chronomètres. Ces appareils offrent une
grande diversité, tant sous le rapport de leur conception mécanique
que sous celui du mécanisme au moyen duquel on emploie l’élec-
tricité.Nous allons parler de quelques-uns des systèmes en usage.
M. Wheatstone parait être le premier qui se soit occupé de ce
sujet; il a imaginé en 1 810 un appareil pouvant servir à apprécier

les interv alles de temps très-courts, et allant même jusqu a la limite


de de seconde. On peut avoir une idée du système d’après la
figure 261.
Fig. 264.

Un mécanisme d’horlogerie est établi dans la boite C , et peut être


mis en mouvement par un poids P. Derrière la botte C , est placé
un électro-aimant muni d’un contact disposé de telle manière que

Digitized by Google
,

360 APPMCAT10BS DTVEBSE8


lorsqu’il est attiré par l’électro-aimant, le mouvement d’horlogerie
ne peut pas marcher ;
mais, si le courant vient à être interrompu
lecontact se relève, les deux aiguilles des cadrans D et E se mettent
en marche , celle du cadran E indiquant des dixièmes de seconde,
et celle du cadran D des millièmes. Si le contact est attiré de nou-
veau , le mouvement des aiguilles s’arrête instantanément.
Voici comment on peut faire servir cet appareil à la mesure du
temps employé par un animé d'une grande vitesse pour
projectile
parcourir un espace donné un cadre en bois H embrasse l’embou-
:

chure d’un canon chargé, et un fil métallique tendu / relie deux

côtés opposés de ce cadre isolant, passant ainsi devant la bouche


du canon. A une distance convenable est établi un but M, disposé
de telle façon que le moindre mouvement qu'on lui imprime éta-
blisse un contact permanent entre un petit ressort en métal et une
autre pièce métallique. Les fils sont disposés comme l'indique la
figure, et de manière qu’avant l’explosion il se trouve établi un
comprenant l’électro-aimant et
circuit le fil tendu devant la bouche
du canon; l’électro-aimant attire donc le contact, et les aiguilles ne
marchent pas. Mais aussitôt que le projectile sort du canon en bri-
sant le fil f, le circuit est interrompu et les aiguilles se mettent en
mouvement; puis, lorsqu’il atteint le but, le deuxième circuit est
complété et les aiguilles s’arrêtent. La marche des aiguilles sur les
cadrans donne donc immédiatement en dixièmes, centièmes et mil-
lièmes de secondes, letemps pendant lequel le courant a été inter-
rompu, c’est-à-dire le temps qu’a mis le projectile à parcourir

l’espace donné.
Dans ce système d’appareil ,
on peut craindre que, l’aimantation
de l'électro-aimant ne cessant pas instantanément quand le circuit

est interrompu ,
ilen résulte un retard dans la marche de l’aiguille,
lequel affecte le temps à mesurer; en outre, quand le circuit est
rétabli , l’armature en fer doux , attirée de nouveau par l’électro-
aimant, n’agit pas immédiatement pour arrêter l’aiguille. On peut
joindre à ces causes de perturbation la difficulté de produire avec
un mouvement d’horlogerie un mouvement uniforme et non sac-
cadé, et la crainte qu’il ne s'opère un glissement permettant à l'ai-
guille de parcourir des divisions du cadran correspondant à l’inter-
valle qui sépare deux dents de la roue dentée. M. Wheatstone fut
alors conduit à modifier son appareil en employant un courant
faible quand l'électricité doit cesser de passer, afin que l’aimantation

ne subsiste que pendant un temps très-court, et en faisant usage

Digitized by Google
DE l'élkctho-macnktismk. 367
d’un courant plus énergique lors de rétablissement du circuit élec-
trique ; pour cela il avait disposé les appareils de manière qu’au
moment où le boulet était lancé par le canon, le courant d’un seul

élément fort petit agissait sur 'électro-aimant ; mais, lorsque le boulet


l

arrivait au but, six éléments, sans aucune résistance additionnelle,


agissaient sur l’aimant.
M. Hipp a modifié chronomètre de l’appareil de M. Wheatstone
le

en construisant l’horloge de telle manière que sa marche n’en soit


pas changée, que les aiguilles indicatrices soient en mouvement ou
en repos aussitôt que le circuit est ouvert, une roue à dents de scie
:

placées cylindriqueinent et en relation avec le système moteur des


aiguilles vient engager ses dents vis-à-vis d’une seconde roue mue
par l’horloge, de sorte que les aiguilles du compteur sont immé-
diatement mises en jeu pour s’arrêter quand le circuit est rétabli.

Avec ce perfectionnement, M. Wheatstone regarde cet appareil


comme très-exact.
Quelques années plus tard, en 1843, M. Bregitet a construit
pourM. Constantinoff, capitaine russe, un appareil disposé d’une
autre manière : il se composait d’un cylindre en cuivre tournant
autour de son axe, et dont la surface était divisée en millimètres par
des génératrices. Sur ce cylindre venait appuyer un style porté par
un chariot mobile sur un chemin parallèle à l’axe; le chariot por-
tait trois électro-aimants, dont deux maintenaient le style éloigné
du cylindre jusqu’à l’interruption du courant; le troisième retenait
le chariot jusqu’à l’instant du départ. Le chariot était mis en mou-
vement par un échappement à ancre deux aimants,
oscillant entre

et laissant à chaque oscillation échapper une dent d’une roue, au-


tour de l’arbre de laquelle s’enroulait le fil qui tirait le chariot.
On voit que le mécanisme qui mettait en mouvement le chariot
était ingénieux, mais fort délicat. M. Coustantinoff n’ayant pas
publié de résultats d'expériences, on ne sait si ce système a été em-
ployé.
M. Pouillet a proposé de faire usage d’un principe de physique
qui peut être invoqué dans certaines circonstances, mais d’une ap-
plication difficile : lorsqu’un courant électrique passe dans le til
d’un multiplicateur, l’aiguille se dévie non-seulement en raison de
l’intensité du courant, mais encore de sa durée si, par exemple, le :

courant ne passant que pendant -j^Va de seconde, l’aiguille se dévie


de 4°, quand il passera pendant elle se déviera de 80 . Cet effet
se produit jusqu’à une certaine limite, bien entendu.

Digitized by Google
,

ses APPLICATIONS DIYEBSES

M. qu’une application de ce principe; elle con-


Pouillet n'a fait
siste à déterminer d’une balle pendant son trajet dans le
la vitesse

canon d’un Pour atteindre ce but on dispose les deux extré-


fusil. ,

mités d’un circuit dans lequel se trouvent un galvanomètre et un


couple à courant constant à sulfate de cuivre , de façon qu’elles
viennent s’adapter, l’une à la capsule, et l’autre au chien d’un fusil
dont la batterie est isolée du canon une portion du circuit passe
;

devant le canon de manière à être coupé par la balle à l’instant


ou elle sort. Lorsque le coup part , le courant électrique passe donc
pendant le temps qui s’écoule depuis l’instant où le chien frappe la
capsule ,
jusqu’au moment où la balle coupe le fil ,
et la déviation
produite sur le galvanomètre, d’après une graduation préalable
donne la vitesse du projectile. On trouve ainsi que le temps néces-
saire pour qu’une balle parcoure la longueur d’un fusil ordinaire
est de j-Jtj à de seconde.
Comme on ne répond pas d’avoir une pile parfaitement constante,
et que les appareils sont délicats à graduer, on n’a pas utilisé jus-

qu'ici ce principe dans les expériences de chronométrie, et l’on s’en


est tenu à l’emploi des électro-aimants.
M. Martin de Brettes, capitaine d’artillerie française, a proposé
plusieurs systèmes ingénieux pouvant servir à résoudre des ques-
tions relatives au mouvement des projectiles. Nous citerons entre
autres le chronographe électro-magnétique et le compteur à poin-
tage.
Le premier appareil se compose d’un cylindre qui se meut d’un
mouvement continu autour de son axe, et qui est analogue à celui de
AL Breguet , indiqué plus haut ; mais la partie relative aux styles et
à leur jeu diffère du système employé par cet ingénieur. Les styles
sont rangés en ligne droite parallèlement à l’axe du cylindre, et
peuvent faire, chacun d’eux, une trace circulaire sur la surface cy-
lindrique, quand l’influence exercée par l’électro-aimant est modi-
fiée par un changement dans l’état électrique du conducteur.

Le chronoscope à pointage consiste principalement dans un


compteur à pointage disposé de manière que la pression exercée sur
un bouton extérieur se transmet instantanément à l’aiguille, qui
marque alors un point noir sur le cadran au moyen de l’encre dont
elle est imprégnée. De cette manière, l’instant de la pression sur le
bouton est pointé sur le cadran.
On a imaginé et proposé encore d’autres dispositions, et nous ci-
terons les pendules de MM. Parizot, Bootz, etc. M. Navez, capitaine

Digitized by Google
,

DE l’ électro-magnétisme. 3 GO

d’artillerie belge, qui s’occupait également d’applications de l 'élec-

tro-magnétisme à l’artillerie, après avoir cherché à perfectionner les


appareils proposes avant les siens, adopta une disposition qui a donné
des résultats pratiques intéressants et que nous allons indiquer :
Le système complet se compose de trois parties distinctes : le

pendule, le conjoncteur et le disjoncteur.

Le premier de ces appareils ,


représenté figure 263, se compose
Fig. 386. d'un cercle en laiton M dont une
partie est divisée, et d’un pen-
dule Pmobile autour ducentreR.
Un électro-aimant K, dont le fer

m fait saillie, est fixé à l'aide


d’une vis de pression sur la sur-
face du disque ; il est destiné à
agir sur un morceau de fer fixé
au pendule P, de façon à main-
tenir ce pendule écarté de sa po-
sition d’équilibre quand l’élec-
tro-aimant K est aimanté. Sur le prolongement de la tige tdu pen-
dule, se trouve une aiguille D munie d’un vernier, laquelle se meut
en même temps que le pendule, mais qui est disposée de telle sorte

qu’elle puisse être arrêtée dans sa course tandis que le pendule conti-
nue à un électro-aimant qui, étant tra-
osciller. Derrière le cercle est

versé par un courant électrique, peut attirer une petite rondelle de


fer doux fixée à l’aiguille D au centre R, et arrêter ainsi le mouve-
ment de cette aiguille, si elle est en train d’osciller avec le pendule.

La tablette sur laquelle est fixé le cercle porte quatre pinces


auxquelles viennent aboutir les fils des deux électro-aimants.
Fig. 388. L’appareil conjoncteur (fig. 266) est
,

formé d’un électro- aimant vertical E,


mobile le long d’une tige à l’aide d’une
vis de pression. Lorsqu’un courant le
traverse , il peut supporter un petit cy-
lindre de fer doux F lesté avec du plomb.
Au-dessous de l’électro-aimant est placé
un petit mortier contenant du mercure
et enveloppé d'un cylindre de cuivre qui
le touche et qui communique métailique-
ment avec la pince 8. Un ressort r, fixé
à la pince 7, est terminé par une pointe

t. m. 24

Digitized by Google
8T0 APPLICATIONS DIVERSES

qui, lorsque l'appareil he fonctionne pas, se tieftl au-dessus dü


mercure sans le toucher. Les extrémités du fil de l’électro-aimant
aboutissent aux pinces 5 et 6 par des làiiies de cuivre pliées en
zigzag.
L'appareil disjoncteur (fig. 207) sé compose de quatre ternes en
Fig S87

laiton, dont deux, L, L, sont isolées l’une de l’autre, et maintenues


fixes par un étrier isolant X. Les deux autres lames L', L' sont fixées

à un cylindre Z qui contient un ressort, et tend ainsi à les éloigner


des lames L, L. Mais, en poussant le bouton N, on peut faire entrer

à frottement les lames L',L' dans l'intervalle laissé par les lames
L, L, et établir ainsi les communications. Si l’on veut les rompre, on
misse le bouton 0, qui fait partir une détente placée sous la ta-
Eleltc, et les lames L', L', par la force du ressort reviennent dans ,

leur position primitive.


La figure 268 représente l’ensemble des trois appareils eh expé-
rience :

Un premier circuit (circuit 1) est formé d’un fil parlant de la


pile F, passant par les pinces 2, t ,
traversant la bouche dune pièce
de ranort U, puis retournant aux pinces 0 et 10 dii disjoncteur, et
enfin revenant h la pile P.

Fig. 388.

Digitized by Google
de l'blectro- magnétisme. 371

Un second circuit (circuit II) est forme d’un fil qui part de la

pile P', passe par les pinces H et 12 du disjoncteur, puis par les
pinces 6 et ô, c’est-à-dire par l’électro-aimant du conjoncteur ; ce
1
fil vient ensuite à une cible C et retourne à la pile P La cible C est .

formée d’une manière particulière, ainsi qu’on l’avait déjà proposé,


savoir d’un seul fil qui se replie sur lui-même, et constitue une
série de lignes parallèles dont 1’intervallc est plus petit que le dia-
mètre du projectile qui doit être lancé ; quand le projectile arrive
contre cette cible, un des fils est nécessairement brisé, et le circuit
se trouve immédiatement rompu.
Un troisième circuit est formé d’un fil partant de la pile P, pas-
sant par les pinces 3 et 4, c’est-à-dire par le grand électro-aimant
du peudule ,
puis par les pinces 7 et 8, et qui revient à la pile.

Les appareils étant ainsi disposés ,


si l’on veut faire une expé-
rience , on pousse le bouton N du disjoncteur de manière à faire
toucher les lames L L avec les lamesL’ L' 207 ) et à fermer ainsi
(fig.

le circuit IL On écarte ensuite le pendule dig. 2Go) de sa position


d’équilibre, et on approche sa tige t du fer m qui fait saillie. Puisque
le courant passe dans tous les circuits, cette tige, qui est en fer
doux, est retenue pur léleelro-aimant; dans cette position du pen-
dule, l’aiguille D qui est entraînée avec lui permet au Odu vernier
qui la termine de coïncider avec le 0 des divisions du cercle. Un

courant passant aussi dans l’électro-aimant du conjoncteur (fig. 260),


on en approche le poids F qui y adhère.
Cela fait, on presse la détente O du disjoncteur (fig. 207) ; les
circuits 1 et II sont aussitôt rompus, le pendule quitte le fer de l’éleo-
tro-aimant K et oscille ; d’un autre côté, le poids tombe sur le ressort
r (fig. 266) qui touche le mercure, et le circuit III est fermé. Alors
le grand électro-aimant du pendule agit sur la rondelle centrale en
fer doux de l’aiguille, et arrête celle-ci dans son mouvement.

On note l’arc m on dispose de nouveau les appareils
décrit, et

comme précédemment le disjoncteur est de nouveau tendu ; on


:

suspend le poids & f électro-aimant (fig. 266) ; on écarte le pendule,


et on donne le signal du feu. Le projectile rompt d’abord le circuit I
en U (11g. 268), et le pendule retombe; lorsque le projeclilo atteint
le but C, le circuit II est rompu, le poids du conjoncteur tombe, le

circuit III est complété, et l’aiguille D, entraînée un instant par le

pendule, est fixée de façon à indiquer le parcours d’un arc m'. Si le


projectile avait rompu les deux circuits ensemble, de la même ma-
nière que cette rupture avait eu lieu dans la précédente expérience en
24 .

Digitized by Google
372 APPLICATIONS DIVERSES

pressant la détente du disjoncteur, l’arc m ' serait égal à l’arc m; or,


s'il n’en est pas ainsi, la différence représente le temps employé par
le projectile pour franchir l’espace compris entre le canon et le but.
Ainsi ,
pour faire une expérience, on fait fonctionner deux fois
l’appareil dans les mêmes conditions ;
seulement, la première, tout
se passe comme si l’espace à franchir était nul; la seconde fois,
l’espace à franchir n’est plus annulé, et l’on observe la différence
obtenue avec celle qui est donnée par la première détermination.
Dans l’emploi du système du capitaine Navei, les variations ac-
cidentelles des résultats donnés par l’appareil peuvent être réduites
à { de degré, ce qui correspond à 0", 00036. Il faut donc espacer
assez les cadres cibles pour que le temps à mesurer puisse admettre
une variation accidentelle de cet ordre. Cet espace minimum a été
fixé à 30 mètres.
11 ne faut pas croire cependant que toute objection mécanique
soit écartée; car, si l’électroaimant qui abandonne le pendule ne
met pas à perdre son magnétisme le même temps que celui qui
arrête l’aiguille met à agir sur l’armature centrale en fer doux , la

différence donne une erreur constante dans l’appareil pour la même


intensité de courant ;
d’un autre côté, l’arrêt de l’aiguille n'étant

pas absolument instantané , celle-ci décrira en glissant sur son axe


de rotation un petit arc dont la grandeur dépendra de la vitesse

d’oscillation du pendule ; en outre, dans la disposition des appareils


de ce genre, y a encore de petites imperfections mécaniques dues
il

à leur construction et à la manière dont on emploie l’électro-magné-


tisme. Il faut reconnaître néanmoins que l’appareil de M. Navez est
supérieur à ceux qui ont été employés jusqu’ici.
M. Siemens a proposé d’employer l’électricité de tension dans leâ
appareils chronoscopiques, c’est-à-dire la trace que l’étincelle élec-
trique laisse sur un métal poli et dont la couleur varie avec la na-
ture des métaux sur lesquels elle se manifeste (voir t. I", p. 283).
L’appareil se compose: 1° d’un cylindre d’acier poli tournant au-
tour de son axe avec une vitesse convenable et uniforme '; ce métal

est très-propre pour manifester le phénomène 2* d’une pointe mé-
;

tallique placée très-près de la surface du cylindre; 3“ d’une ou


plusieurs bouteilles de Leyde destinées à provoquer les décharges
entre la pointe et le cylindre.
Dans ce système, le projectile, en traversant une série de stations,
doit établir à chaque fois un circuit électrique, et provoquer une
étincelle sur le cylindre. Pour compléter les circuits dans chaque

Digitized by Google
DE L'ÉLECTBO-MiGNÉTISHE. 373
station, les cibles même que celles qui ont
ne sont pas formées de
été indiquées plus haut : au
composées d’un fil métallique
lieu d’être
continu , elles forment un système de lils parallèles dont les fils
pairs communiquent entre eux à l’une des extrémités de la cible, et
les fils impairs à l’autre extrémité ; de cette manière, le circuit est

isolé dans les conditions ordinaires ; mais, si le projectile traverse le


système , par son intermédiaire le circuit est fermé, puisqu’il tou-
che à plusieurs fils, et alors une étincelle éclate sur le cylindre
en face la pointe, par l’influence de la bouteille de Leyde dont
l’armature intérieure communique avec elle, mais dont l’armature
extérieure touche au circuit dont la cible fait partie.
La production des taches et le passage du projectile à travers les
cibles étant simultanés, puisque la vitesse de l’électricité est énorme,-
le temps déduit de la grandeur de l’arc compris eptre les deux taches
sera celui qui s’est écoulé pendant que le projectile a parcouru l’es-

pace qui sépare les deux cibles. A l'aide de ce procédé on pourrait


mesurer la vitesse initiale d’un projectile ainsi que celle qu’il pos-
séderait en différents points de sa trajectoire.
Les avantages de cette méthode sont évidents, puisqu’il n’y a
aucune perle de temps due au jeu des styles ou électro-aimants,
comme dans les appareils précédemment décrits; mais il reste à
déterminer bien exactement le centre de la tache, l’étincelle pou-
vant ne pas éclater en face de la pointe, et ensuite il faut que l’on
soit certain que le contact métallique est assuré lors du passage du
boulet à travers la cible. On pourrait substituer avec avantage aux
bouteilles de Leyde un appareil d’induction analogue à celui que
nous avons décrit page 239.
Les détails dans lesquels nous sommes entrés suffisent pour mon-
trer l’importance de l’emploi de l’électricité dans l’étude d’un grand
nombre de questions intéressant l’artillerie ;
les travaux qui ont
été faits jusqu’ici prouvent que ce n’est pas en vain qu’ils ont été
exécutés : ilnéanmoins en appeler encore à la pratique , car
faut
nous ne sommes encore qu'au début de ces travaux, qui prendront
certainement un très-grand développement.

Digitized by Google
374 APPLICATIONS DIVERSES

CHAPITRE V.

fileclro- moteurs.

Aussitôt que l’on connut l'énorme puissance d'attraction pro-


duite par les électro-aimants, on songea à l’utiliser dans l’industrie
pour construire des moteurs. Mais, si l’on est parvenu à obtenir des
machines très -curieuses et qui ronctionnent bien, on ne doit les
considérer encore que comme des machines d’essai; néanmoins
nous en ferons connaître quelques-unes , en indiquant les causes
qui se sont opposées jusqu’ici à leur emploi.
Il serait fort long de signaler toutes les formes d’appareils pro-
posés, car, pour ainsi dire, chaque personne qui s’est occupée de la
question a adopté un modèle ou une disposition particulière ;
mais
on peut les ranger en machinas rotatives directes et en machines
oscillantes, le mouvement de va-et-vient de ces dernières pouvant
ensuite être transformé en mouvement circulaire continu. Nous al-
lons commencer par la description de quelques-unes de ces ma-

chines; ensuite nous entrerons dans quelques détails généraux


pouvant s’appliquer à tous les électro-moteurs.
Machines rotatives directes. M. Jacobi (>aralt être le premier qui
ait construit, vers 1834, un moteur électro- magnétique de quelque
puissance, et vers 1838 il put, en l’adaptant à une chaloupe conte-
nant douze personnes, faire remonter à cette chaloupe la Néva.

Cette machine avait la force de trois quarts de cheval et était à rota-


tion directe. Quoique depuis l’époque do sa construction on en ait
fait d’autres mieux combinées, cependant nous allons la décrire,
pour montrer la différence existant entre elle et celles que l’on
construit actuellement.
Elle se compose d’électro-aimants fixes /, /, /, / (
voir planche
XIII), disposés autour d’un b&ti en bois, et d’électro-aimants m mo-
biles autour d’un axe a, de sorte que les pôles de ces appareils puis-

Digitized by Google
,

DB l/Él.ECT HO-MiGMKT ISM E. 375

sent venir exactement en face les uns des autres. Le mime courant
doit aimanter ces électro-aimants, et agir de telle sorte que les pôles

en regard soient tantôt de nom contraire, tantôt de môme nom ;


aus-
sitôt qu'ils sont inverses, il
y a attraction et rotation jusqu’à ce que
les pôles soient exactement en regard ; mais si à ce moment en
change la polarité des aimants mobiles , par exemple , il y a alors
répulsion entre eux et le mouvement de rotation
,
continue dans
le même sens. On comprend que si à chaque { de la circonférence,
ou à chaque £ , suivant le nombre d’électro-aimants ,
ces effets se
reproduisent, la mouvement de rotation continue à avoir lieu.
Le renversement des pôles étant un objet de la plus haute im-
portance, il faut pouvoir l’opérer instantanément, et précisément
à la place où les pôles sont situés vis-à-vis les uns des autres. Le
mécanisme qui l’effectue est mis nécessairement en mouvement
par l’appareil même, et tous les éléments qui le composent doivent
être dans une dépendance du mouvement de rotation du système,
M. Jacobi a reconnu, après de nombreux essais, que le simple
contact des métaux à surface nette suffit pour conduire un courant
provenant d’une source d’électricité à très-faible tension ; d’après
cela la présence du mercure n’ajoute rien à l’énergie de l’action*
,

Voici le commutateur qu'il a adopté pour le renversement des pôles;


a, b, c, (l (fig. 17 ), représentent quatre disques de cuivre fixés sur
i’axe de rotation ee; les disques a, b et c, d, réunis par des tubes
de cuivre /, /, sont parfaitement isolés de l’axe au moyen d’un autre
tube de bois verni g, ou d’une substance isolante. La périphérie
de chaque disque est divisée en huit parties exactement égales,
dont quatre, /•, sont taillées en secteurs et remplies de pièces de bois
d’ébène, formant avec le métal une surface unie.
Les disques sont arrangés sur l’axe de rotation de manière que
les secteurs de bois et de métal correspondent alternativement
comme les parties ombrées l’indiquent. Z, Z, fl, C, sont des barres
de cuivre en forme de levier, très- mobiles sur leurs supports,
destinées à conduire le courant. Le bras de levier le plus long
forme à son extrémité un biseau qui repose sur la périphérie du
disque correspondant ; l’autre bras est courbé et plonge dans un
petit vase K, rempli de mercure. Les vases KK, K'K' sont réunis

par des lames de cuivre ,


comme l’indique la figure 1 5. Les leviers
sont toujours en contact avec les disques, mais alternativement
avec les parties métalliques et les parties isolantes. Par leur mo-
bilité sur leurs supports, ils cèdent à la moindre inégalité de la

Digitized by Google
376 APPLICATIONS DIVERSES

surface, et le frottement qu’ils occasionnent est plus considérable.


Les hélices qui entourent les barres mobiles sont réunies de ma
nière à former un fil continu, dont les bouts /, m, sont soudés res-
pectivement au système des disques a, b et c, d. Les autres hélices,
pliées autour des barres fixes, sont aussi réunies, et les bouts n
et o plongent, l’un dans un vase de mercure P attaché à l’appareil
voltaïque, et l’autre dans un vase K du commutateur. Ainsi toutes
les seize hélices ne forment qu'un seul fil conjonctif par l’intermé-
diaire du commutateur.
employé pour produire la force motrice
L’appareil voltaïque
consiste en quatre auges de cuivre, dans lesquelles plongent des
plaques de zinc ; cet appareil est mis en action avec de l’eau aci-
dulée par l’acide sulfurique. Des flèches (fig. 17) indiquent la di-
rection du courant; cette direction est renversée chaque fois que
les pèles se rencontrent, pourvu que le commutateur soit disposé
de sorte que les arêtes du levier quittent une des divisions pour
passer à l’autre. Ce renversement s’opère instantanément, comme
on voit, et est tout à fait indépendant de la vitesse de rotation.
Depuis 1838, on a construit des modèles d’électro-moteurs plus
simples et mieux appropriés pour les usages auxquels on les em-

ploie; d’un autre côté, la construction des piles à courant constant a


permis d’augmenter la puissance de la force qui les met en action.
On a employé avec avantage des électro-aimants fixes et des
masse de fer doux mobiles.
La ligure 269 représente une des dispositions adoptées par M. Fro-
Flg. 2G9.

Digitized by Google
DE L’ÉLKCTnO-MAGKÉTISME. 377

ment dans de petits électro-moteurs destinés à faire tourner des


tours dans les ateliers, etc. MN est une bâti en fonte supporté sur
un socle ; il renferme quatre électro-aimants dans lesquels un courant
électrique, arrivant au moyen des conducteurs A et B, peut circu-
ler successivement. Ces électro-aimants sont destinés à agir sur
doux situées sur la circonférence d’une roue
huit armatures en fer
en fonte CD mobile autour de l’axe de l’appareil ; les armatures,
bien entendu passent à distance des fers des électro-aimants, quoi-
,

que très-près de leur surface, afin qu’il n’y ail jamais contact.
L’appareil est disposé de manière à ce que chaque électro- aimant
agisse successivement sur une des armatures quand elle est voi-
sine de ses pôles, et cesse son action au moment ou elle est arrivée
en face d’eux; un autre électro-aimant exerçant aussitôt son
alors,
action, il en résulte une suite d’impulsions capables de donner un
mouvement de rotation continu à la roue CD.
Pour que ce mouvement puisse s’établir, la machine porte un
distributeur qui établit le courant et l’interrompt à un moment
donné, et qui le fait passer d’un électro-aimant à l’autre; ainsi, on
ne change pas le sens du courant dans les électro-aimants. Ce dis-
tributeur se compose de trois petits communicateurs à roulette,
semblables à celui que nous allons représenter plus en grand plus
loin, et qui sont fixés au cercle ab, attaché au bâti en fonte. Une
petite roue à cames, portée sur l’axe de la roue des armatures,
se meut en môme temps que celle-ci et, en soulevant les roulettes,
,

produit les communications nécessaires au jeu de la machine. Pour


cela , un des communicateurs est en rapport avec les deux électro-
aimants inférieurs et chacun des deux autres avec les électro-ai-
,

mants extrêmes; l’on fixe, une fois pour toutes, le cercle ab sur
le bâti en fonte, afm que les attractions n’aient lieu qu’avant le
passage des armatures devant la partie centrale de chaque électro-
aimant. M. Froment a même disposé, dans quelques machines, la
roue ab de façon à ce qu’elle soit mobile à l'aide d’une vis tangente ;

l’on règle ainsi à volonté la machine pour avoir le maximum de


vitesse, ou bien pour faire tourner la roue dans un sens ou dans
un autre.
Comme la force attractive des aimants ne s’exerce qu’à une très-
faible distance, il n’est utile de faire passer le courant que lorsque

chaque armature arrive à proximité d’un électro-aimant ; de là l’u-


tilité de l’emploi de plusieurs électro-aimants, et de la division du

courant pendant chaque révolution de la roue.

Digitlzed by Google
378 APPLICATIONS ItlVEHSES

Chaque communicateur à roulette est formé comme l’indique la


figure £70 ; une lame d'ivoire F empêche la communication mélal-
Flg. 570.

tique entre les branches AB, CD, qui communiquent aux pôles de
la pile à l’aide des boutons A et C. La lame métallique CD, servant
de conducteur, porte une petite roulette en ivoire a, qui roule sur
la roue M , et ce n’est que lorsque chaque came N [Misse devant la

roulette en ivoire, que la roulette a, étant soulevée, établit une com-


munication électrique entre les deux petites plaques de cuivre B et
D, munies de lames de platine. Une vis en cuivre EG, qui passe dans
un écrou E fixé à la lame d’ivoire F, traverse la lame de cuivre CL),
dans cette lame,
faisant ressort, au milieu d'une ouverture pratiquée
et ne communique pas avec elle; elle vient s’appuyer en G sur
la lame AB, faisant également ressort cl permet de régler la du- ,

rée du contact des pièces B et D.


Cette disposition est telle que le contact seul des deux parties
qui s’approchent et s’éloignent, établit la communication électrique,
ce qui la rend préférable à celle qui consiste à faire rouler des rou-

lettes métalliques contre des parties également métalliques ; car le


roulement qui a lieu entre les roues en ivoire et les petites roues
à came n’apporta qu’une très-faible perturbation à la marche de
la machine.
Lorsque l'électro- moteur fonctionne ,
à chaque interruption du
courant ,
l'extra-courant d’induction qui se produit dans le circuit
donne lieu à une étincelle qui altère les points de contact et qui donne
lieu à une diminution dans la force produite. On a pu diminuer
cette étincelle en disposant les fils de façon à ce que le courant
commence à [tasser dans leconducteur voisin avant qu’il cesse de
passer dans le circuit où il chemine; alors le courant par induction
trouve un libre passage au travers du conducteur métallique qui les
deux a cet instant, et l’étincelle qui en résulte est
joint tous |es
de beaucoup diminuée. Malgré cela, on ne peut la faire disparaître
complètement.
Le modèle figuré sous le n* £71 représente un électro-moteur

Digitized by Google
DK l’ILKCTHU-MÀOMBTISIIK. 378
rotatif, dont i’un do nous (E. Becquerel ) a fait usage pour se pro-
curer facilement un mouvement de rotation continu. PQH est un
Fig. «71.

bâti en fer solidement établi , et qui supporte une roue également


en fer, fixée comme les montants sur le pied de l’appareil. Cette
roue en fer supporte quatre électro-aimants également fixes, mais
que l’on peut approcher ou écarter du centre de la machine à l’aido

de vis de rappel.
Un axe en fer HG peut tourner facilement dans des gorges dis-
posées au milieu des montants; il supporte une roue en fera cames

EF, qui sc meut avec lui. Les parties en fer représentent quatre
demi-segments interrompus brusquement, et les intervalles sont
remplis par des morceaux en cuivre, afin de maintenir à la roue
centrale sa forme circulaire. Cette roue à cames est formée de deux
fortes rondelles dont l’épaisseur est la même que celle du fer des
électro-aimants ,
et unies jiar un noyau central également en fer
très-doux. Un gros fil métallique est enroulé autour de cette roue,
et constitue un électro-aimant circulaire analogue à celui qui est re-
présenté figure 263, page 362, de sorte qu’on peut à volonté aiman-
ter les rondelles formant les deux côtés de la roue à cames.

Digitized by Google
380 APPLICATIONS DIVERSES

Sur l'axe GH se trouve un distributeur formé par un système de


quatre communicateurs analogues à celui qui a été décrit, page 378,
à propos de machine de M. Froment. Les deux qui sont en rela-
la

tion avec le montant AU servent à faire passer périodiquement le


courant dans les quatre électro-aimants de l’appareil ; les deux autres,
supportés par la colonne CD, servent , à l’aide des deux fils m et n,
à faire passer un courant électrique, ou bien à fermer ou à ouvrir le
circuit métallique constituant l’électro-aimant circulaire central.
En faisant passer un courant électrique dans les quatre électro-
aimants latéraux d’après la disposition des cames en fer doux sur la
roue centrale, cette roue est mise en mouvement jusqu’à ce que
les parties les plus extrêmes soient en face des pôles des électro-
aimants; à cet instant le courant est interrompu par le distributeur,

et la roue, en vertu de la vitesse acquise, continue son mouvement


jusqu’à ce qu’une nouvelle attraction vienne agir dans le même sens
que précédemment.
De même que pour lamachine précédente, une vis tangente per-
met de régler la position du distributeur de façon à avoir le maxi-
mum d’effet, les roues à cames étant mobiles autour d’un anneau
en buis fixé sur l’axe GH.
Cet électro-moteur a l’avantage de mettre en évidence un fait

important pour la théorie des moteurs électriques lorsque la ma-


:

chine fonctionne, elle agit en même temps comme machine ma-


gnéto-électrique en produisant un courant induit à chaque fois que
le courant change de sens ou cesse de passer; or ces courants in-
duits agissenten sens inverse du courant de la pile, et tendent à di-
minuer l'effet produit. Pour le prouver, on peut faire fonctionner
la machine en opérant sur la partie centrale non aimantée et en fer-

mant ou ouvrant le circuit mn, ou bien en joignant le circuit mn au


circuit des électro-aimants, afin de faire passer le même courant
dans les électro-aimants et dans la partie centrale.

L’expérience a prouvé que l’on obtenait le plus d’effet utile

en opérant avec la partie centrale à l’état naturel ,


et sans faire
passer le courant dans mn. Mais si, lorsque la machine fonctionne,
les deux bouts m et n étant séparés , on vient à les attacher en-
semble, on remarque aussitôt une diminution dans la vitesse de
rotation ; vient-on à les séparer, le mouvement s’accélère ,
et donne
le même résultat que précédemment.
Voici les résultats d’une expérience : le courant provenant de plu-
sieurs couples de Bunzen se divisait et passait simultanément dans
les quatre électro-aimants :

Digitized by Google
8

DR l’ÉLECTRO-MAGNÉTISMB. 381
Nombre de couple* Èlot du rf irait Trmp* de 100 lëvolatiom*
emplojrf*. ma. de la rooe centrale.

ouvert 66'
ç j

j
fermé 68’’

(ouvert 34",
l
(
fermé 42, 4
„ (ouvert 28, 0
(fermé 32,8
Un explique facilement ce résultat en remarquant que, lorsque
le circuit mn est ouvert ,
il ne peut circuler de courant par induc-
tion dans ce fil, et par conséquent autour de la partie centrale; mais,
du moment qu’on le ferme, un courant par induction prend nais-
sance , et les effets d’influence sont tels que l’action du moteur di-
minue. Du reste, ce courant par induction dans le circuit mn est
facile à mettre en évidence avec un voltamètre ou par tout autre
moyen.
Dans les machines rotatives directes dont il a été question, les
armatures mobiles ou les électro-aimants mobiles passent rapide-
ment devant des électro-aimants fixes, suivant une ligne perpendi-
culaire it l’axe , sans arriver jusqu’au contact ;
ainsi on n’utilise

pas toute la force que l’on pourrait obtenir et qui est la plus éner-
gique possible, à mesure que les surfaces en présence sont plus rap-
prochées (’). Plusieurs physiciens ont construit des machines n’agis-

(*) D’après M. Marié, on peut avoir one idée de la rapidité de décroissement de


l’action des électro-aimants, d’après les nombres suivants relatifs au* appareils
dont il a fait usage.
Action exercée entre les [Mlles contraires de deux électro-aimants :

dn soif, polaire*.
Tinta races
De 0 A I — Quantité de travail «Tapie*
i k ,04l v
la p*>id» porté.

De 1 à 2 0 ,479 Ainsi de 0 A 1**, il


y a les
i de la force lo-
de produite ; de l A 2 mm , la moitié du
j
De à 3
7. ti ,181 I taie
De 3 à 4 0 ,094 sixième restant ; et dans le resle du par-
(

]
cours, le reste de la force.
1
De 0 A oc 6 ,tOO
L’action par attraction décroît d’après la loi ordiuaire, en raison inverse du carré
k 7
g
de la distance ,
suivant la formule p = |

> P étant P0 '1 *’ Port é . x •*

distance ; il faut intégrer cette expression pour obtenir les valeurs précédentes.
Entre un électro-aimant et une armature en fer doux on a,
les nombres suivants :
DiiUncri de* rarf. polaire*. Quantité de travail.
Ile 0 A t” 0\S52 .

De 1 A 2 0 ,117 j
De 2 A 3 0 ,043 I Les î de la quantité de travail sont donc
De 3 A 4 0 ,029 produits dans le dernier millimètre.
j

De 0 A OC I ,125 ‘

0 k ,3C
La formule d'après laquelle le calcul est fait est la suivante p s
:

(X + 0,32) 1

Digitized by Google
88a APPLtCAttOBS «IVEBSKS

sant qu’au contact, et l'on peut citer MM. Wheatslone et Froment


comme ayant proposé des modèles dans lesquels la roue intérieure,
munie d’armatures en fer doux ,
vient rouler sur les faces termi-
nales d’électro-aimants fixes, de manière à profiter de l’attraction
magnétique jusqu’au point de contact des surfaces aimantées.
M. Marié, qui a renouvelé les tentatives faites à ce point vue , a
construit une machine formée de la manière suivante : l’électro-
moteur se compose d’un certain nombre d’électro-aimants disposés
à égale distance autour d’un cercle en bois garni intérieurement
d’un cercle en cuivre ; tous les électro-aimants ont leur axe dirigé
vers le centre de la roue, et leur surface coïncide avec la surface
concave du cercle en cuivre. Dans l’intérieur de cette grande
roue , il s’en trouve deux autres dont le rayon est le J de celui

do la première, et qui sont garnies intérieurement d’un cercle


en cuivre ces roues portent chacune vingt et un électro-aimants
;

équidistants, dont les uns sont dirigés vers leur centre réciproque,
et dont les surfaces polaires coïncident avec les surfaces concaves
des roues en cuivre. Les petites roues peuvent donc rouler sans
glissement dans l'intérieur de la grande roue, et entraîner dans leur
mouvement l’arbre de la machine, qui coïncide avec l’axe de la

grande roue. Les électro-aimants mobiles viennent se mettre suc-


cessivement en contact avec les électro-aimants fixes. Les grandes
et petites roues sont munies d’un engrenage destiné à maintenir la
coïncidence une fois établie.
La machine est pourvue de pièces destinées à mettre successi-
vement chacun des électro-aimants en communication avec la pile,
et à donner une aimantation différente aux deux électro-aimants
en présence, à l’instant où ils agissent l’un sur l’autre.
M. Marié a également remplacé les roues intérieures garnies
d’électro-aimants, par d’autres qui sont munies seulement d’ar-
matures en fer doux; la partie mobile est ainsi plus légère et les
engrenages deviennent inutiles. Les roues en fer doux roulent donc
comme des galets sur la surface intérieure de la roue envelop-
pante, dë façon à venir successivement en contact des électro-
aimants au moment de leur aimantation.
M. Larinenjeat a construit un électro-moteur fondé sur le même
principe et dont nous allons donner la description , car il a serv i à
faire des expériences dont nous reporterons plus loin les résultats.

La ligure 272 indique, à droite en M, une partie de l’électro-mo-


teur vu en coupe; à gauche en K, on voit la section de celle de scs

Digitized by Google
DE l/ÉLBCTRO-MAONBTISIIE. 883
extrémités qui comprend le distributeur R. La pife qui fournit le
courant est supposée en V. La longueur de la machine est à peu
près de 1 mètre.

Dans cette machine, les contacts et les électro-aimanls sont


mobiles. Les contacts M , M , M , sont formés par six cylindres de
ferdoux qui peuvent tourner sur leur axe à l'aide des tourillons t, t;
ces cylindres de fer sont placés symétriquement autour de la ma-
chine dont la forme est cylindrique. Les électro-aimants circulaires
sont au nombre de trois; l’un d’eux, E, est seul représenté dans
la ligure ;
ils sont composés chacun de trois disques en fer tail-

lés de telle manière ,


que la surface de chaque disque présente
six points de contact en fer, et six parties en cuivre, remplissant les
intervalles jusqu’à une profondeur de B millimètres environ, et
d’une étendue doublo des parties en fer. Ils constituent donc un

double électro-aimant circulaire analogue à celui qui a été repré-


senté fig. 263, page 362, et dont la pièce du milieu E, qui doit être
aimantée d’une manière inverse aux deux pièces extrêmes, a une
épaisseur double de celles-ci.
Les trois électro-aimants sont disposés à la suite l’un de l’autre
sur l’axe A ,
mais les surfaces de contact en fer de chacun d’eux ne
sont pas sur une même ligne droite, en sorte que l'action attractive

qui fait rouler les électro-aimants sur les cylindres de fer doux mobiles
autour de leur axe et servant de contact n’a lieu que successivement.
Le distributeur K est destiné à faire passer successivement le cou-
rant dans les trois électro -aimants; il se compose d’une partie mo-

bile avec l'axe, c’est la roue R, et d'une partie fixe, les cercles CG
et C’C’. La roue R est formée de six parties métalliques et de six
parties non métalliques. Le cercle C’C’, concentrique à CG qui porte
les contacts, soutient les galets r, r', r", qui touchent continuelle-
ment à la roue R pendant la rotation.

Digitized by Google
384 APPLICATIONS DIVERSES

Le courant partant de la pile V passe par la poulie P, qui est en


communication métallique avec l’axe A ; de l’axe, il passe dans la
roue R, puis traversant l’un des trois galets, il va aimanter l’un des
électro-aimants; il revient ensuite par l’une des trois poulies p', p",
p'", à la pile V.
On conçoit maintenant comment le mouvement peut se produire :

la position telle sorte que , lorsque


des trois galets est réglée de
l’action attractive a lieu entreun électro-aimant et un contact mo-
bile autour de son axe (supposons que ce soit l’électro- aimant
correspondant au galet r"), une partie métallique de la roue R
vient toucher le galet r. Aussitôt après que la partie aimantée de
l’électro-aimant et le fer doux ont roulé l’une sur l’autre, une pièce
de cuivre se trouve en présence du cylindre en fer doux servant de
contact ,
et l’effet cesse ;
mais alors l’électro-aimant voisin corres-
1
pondant au galet r agit, et ainsi de suite. La pièce P, qui peut
déplacer à droite ou à gauche le cercle C'C', est destinée à changer
la position des galets par rapport à la roue R , et par suite à accé-

lérer, à ralentir ou même à changer le sens du mouvement de rota-


tion de la machine.
Électro-moteurs oscillants. On a construit également des élec-
tro-moteurs fonctionnant par le mouvement de va-et-vient d’arma-

tures en fer doux ,


attirées successivement vers les faces polaires
d’électro-aimants ;
nous n’avons pas cru devoir faire la description

de ces appareils ,
car on comprend aisément combien de formes
diverses on peut leur donner ;
la plupart de celles qui sont bien éta-
blies fonctionnent convenablement, et, comme nous allons le voir,

le rendement n’est pas aussi différent d’une machine à l’autre, et


même d’une machine oscillante à une machine rotative, qu’on
pourrait le croire. Cela revient à dire qu’elles sont toutes ft peu
près aussi coûteuses ; cependant les machines rotatives , surtout
celles qui fonctionnent au contact, ont donné de bons résultats,
et c’est pour ce motif que nous en avons parlé avec quelque déve-
loppement.
Quantité de travail produit par quelques électro moteurs. Il n’est
pas sans intérêt de placer ici les résultats des expériences faites
devant le jury de l’Exposition universelle de 1855, pour constater
la puissancemécanique et la dépense de quelques-uns des électro-
moteurs présentés à l’Exposition. On a choisi les quatre appareils
qui , d’après leurs dimensions, ont permis d’y adapter un frein dyna-
mométrique. Ces appareils étaient : 1° une machine construite par

Digitized by Google
DE l’électbo-m agnétisjie. 883

M Larmenjeat et déjà citée plus haut 2” une machine construite par


.
;

M. Loiseau et analogue à la machine rotative de M. Jacobi , avec


cette différence, que les courants, à l'aide d’un répartiteur, ne passent
dans les électro-aimants en présence que lorsqu’ils sont à peu de
distance l’un de l’autre 3" une machine oscillante imaginée par
;

M. Roux ,
et dans laquelle des plaques de fer s’approchent et s’éloi-
gnent successivement d’électro-aimants fixes et verticaux, mais
disposés de manière à utiliser l’action magnétique du fil des électro-
aimants sur une armature en fer doux extérieure; ces électro-
aimants sont de la forme de ceux que M. Nickles a nommés trifur-

qués ;
les plaques de fer doux ont un mouvement de va-et-vient qui
se transmet à un arbre et donne un mouvement de rotation con-
tinu; 4° enfin une machine oscillante construite par WM. Fabre et
Kuneman.
La quantité de travail a été donnée à l’aide du frein dynamomé-
trique. Afin de connaître la dépense en électricité on a fait passer
,

le courant électrique circulant dans la machine dans un voltamètre


à sulfate de cuivre; le sel a été décomposé, et du cuivre métallique
s’est précipité au pôle négatif pendant que l’électrode positive se
rongeait. 11 y a, comme on l’a vu ( tome II
,
p. 27 ), une petite diffé-
rence entre le poids du dépôt au pôle — et la perte de poids au
pôle -t- ;
mais pour les expériences de cette nature elle est insigni-

fiante, et on prend la moyenne des deux déterminations. Or, comme

dans chaque élément de pile, le travail chimique est le même que


dans le voltamètre , il est donc facile d’évaluer la quantité de zinc
dissous dans chaque couple, d’après la quantité de cuivre déposée
dans le voltamètre; en multipliant ce nombre par le nombre des
éléments de la pile on en déduit la consommation totale du zinc,
ftn peut donc, dans un temps donné , avoir par cette méthode, et
la quantité de travail donné par le frein (colonne S du tableau sui-
vant), et la dépense indiquée par la consommation du zinc (colonne
0 du tableau). Les éléments de employés, sauf dans les deux
pile

dernières faites avec l’appareil Roux ,


étaient des éléments de Bun-

sen de petit modèle ayant des vases poreux de 125 m,m de hauteur -

sur 50""" de diamètre :

T. III. 23

Digitized by Google
,

386 APPLICATIONS DIVERSES

ÉTAT DE LA MU IRAYAIL travail


CONSOM- CONSOM-
MATION MATION
NATURE du du de zinc
Surface de zinc
d« moteur molenr par heure
totale par heure
f.fLECTRO MOTEUR. du zinc sam avec et par
HOMBRE DÉLKMERTA. et p*r cheval
de chaque voltamètre. voltamcli e.
élément. kilogianiet. de force.

f.UmtmU. Uérim. tain. àilu|»MHr k.Wjri«Mtr (.ruwn. K loti » «»rs ;

/Appareil Lar- 20 simples. Zinc intérieur. 0,85 0,830 160


û iik nje.il arma-
;
10 double». ld » 0.484 203 15.200 1
turcs roulant
H i
10 triples. Id 2,55 1,028 60
S |
tro aimant*. 10 quadruples. Id 5,40 61 4,575
et

s Appareil Loi-
1
1

veau, analogue
5 à celui de M 10 quadruples. Id 8,40 2,514 0,863 137 10,250
Jacobi.
*

2
10
IO
10
triples.
simples.
doubles.
Id
Id
Id
2,35
0,83
1,70
0,829
»
1,052
X 0,562
T71
0,584
174
142
144
mai 13,050

IDtÜJ 1
r. Appareil Roui. 10 triples. Id 2,55 1,550 0,850 132 9,900
10 quadruples. Id 3,40 3,660 1,500 88,7 6,640
ü 8 Ziuc extérieur. 21,00 1,000 1,330 3,300
ê 0 ,d 21,00 0,660 0,415 28,9 2,200

mm
y?

g M U
5 24 simples. Zinc intérieur. 0,85 0,512
'«Vf
f

C U » »
Appareil Fabre 12 double». id 1,70
a et Kuneman. 12 doubles. Id Id.
ESI » N »
12 doubles. ld
ma 0,226 422 31,700

Les dénominations surface double , triple, etc., indiquent que


l’on a employé des bottes de piles de 10 éléments et associes par
les pèles de même nom, afin de produire le même effet que des
couples dont les surfaces des électrodes seraient plus grandes.
On reconnaît à l’inspection de ce tableau que la machine rotative
de M. Larmenjeat, laquelle a fonctionné avec les armatures en con-
tact, a donné plus d’effets utiles que les autres dans les mêmes condi-

tions de surface d’éléments. Cette machine et celle de M. Roux sont


les deux seules dont les expériences puissent nous permettre de
tirer des inductions intéressantes pour le sujet qui nous occupe. La
quatrième machine, celle de MM. Fabre et Kuneman, a donné des
résultats tellement désavantageux qu’elle ne pourrait être utilisée.
La machine rotative de M. Larmenjeat a donné comine minimum
de dépense A k ,5 de zinc de consommation par cheval de force et
par heure. Si l’on ne fait attention qu’au prix de revient du zinc
supposé à 0 fr. 70 cent, le kilogramme , et qu’on néglige même
le prix des acides employés, celui de l’usure des couples, etc., on
trouve que cette consommation correspondrait encore à 3 fr. 1 3 cent,
par cheval et par heure.

Digitlzed by Google
DE l’ÉLECTHO-M AGNÉTISME.
337
La machine de M. Roux qui , avec la même surface
oscillante
d 'éléments, a consommé en moyenne fi k
,6 par cheval par heure,
a donné une consommation qui s'est abaissée k
au J, soit 2 ,2, avec
des éléments à très-grandes surfaces le prix en zinc seul du
; cheval
serait, d'après ces derniers nombres, de 1 fr. EO cent, par heure
Ce résultat nous montre que M. Roux, ayant employé de
très-gros
fils pour envelopper ses
électro-aimants, a trouvé un avantage
à
diminuer beaucoup le nombre des couples et
à augmenter leur
surface. On obtiendrait donc les résultats les plus économiques
en disposant les appareils de façon à changer encore
les dimensions
des couples et en diminuant leur nombre mais
; alors, en se pla-
çant dans les conditions des expériences
précédentes, on aurait
une diminution dans la puissance de la machine, et
l’on arriverait
a' cette conclusion déjàconnue qu’il y a avantage seulement à
,

utiliser cesmoteurs pour de petites forces.


Ln tout cas, la dépense même portée nu minimum
de de
zinc par cheval et par heure, soit de I fr.
50 cent, pour une ma-
chine qui ne donne pas plus de
\ kilogramètre, est encore trop
forte pour qu’on puisse considérer actuellement
les électro-moteurs
comme des machines économiques.
IUi reste, ces nombres
ne sont qu’approximatifs, et , ainsi qu’on
va le voir plus loin,
pour comparer exactement les effets produits
parles électro-moteurs dans différentes conditions, il
faudrait con-
naître la résistance de la pile et celle du circuit
formé par les élec-
tro-aimants.

questions relatives aux organes divers des Electro-moteurs.

Quelques-uns des modèles des électro-moteurs étant décrits,


il nous
reste à faire connaître les causes qui se sont opposées
jusqu’ici à
ce que l’on ait pu utiliser ces appareils comme moteurs puissants
pouvant présenter de l’économie dans leur emploi. Il faut exa-
miner les circonstances particulières provenant de la production
des forces électriques et de l’aimantation dans les masses de fer
employées.
Peu de course des appareils La force magnétique qui se produit
.

au contact des armatures et des électro-aimants est énorme mais


;

à une très-petite distance elle diminue rapidement (voir page 381).


La force magnétique, dans ces circonstances est donc du même
,

genre que celle que l’on développe par les leviers, la presse liy-
25.

Digitized by Google
,

388 APPLICATIONS DIVKBSF.S

draulique : les appareils peuvent donner une très-grande force


mais fournissent peu de course.
Limite d‘ uimantation. On a vu page 181, que dans les électro-

aimants, entre certaines limites, la force magnétisante est propor-


tionnelle à l’intensité du courant et au nombre de tours de spire du fil
métallique. Mais si le barreau est d’un petit diamètre, et le courant
môme propor-
assez intense, la force aimantairene croit pas dans la
tion et tend vers une limite qui serait un maximum magnétique.
,

D’après les expériences citées page 181, ce maximum serait pro-


portionnel au carré des diamètres ;
ainsi ,
pour de très-gros électro-
aimants la limite est fort éloignée. Il résulte de là qu’il est avan-
tageux de usage de gros barreaux de fer doux.
faire

Cluingement d'aimantation du fer. Le fer doux, n’étant jamais


pur ni parfaitement malléable, conserve pendant plus ou moins de
temps, à chaque interruption du courant, une portion de l’aiman-
que le courant lui a communiquée; de là un nombre
tation passagère
de changements limité dans les aimantations des gros électro-ai-
mants employés dans les machines, et qui n’atteint pas celui que
l’on obtient avec les petits électro-aimants des télégraphes électriques,
qui sont construits avec grand soin. Du reste , on peut consulter à
ce sujet ce qui a été dit pages 177 et suivantes.
Distributeur. Au moment où le courant cesse de passer, ou bien
change de sens, il se manifeste une étincelle due à l’extra-courant

ou courant d’induction, qui détmit peu à peu. les surfaces en con-


tact,
ou les couvre de poussière ou d’oxyde qui diminue la facilité
du passage de l’électricité. On a vu du reste que l’on avait obvié
en partie à cet inconvénient, et diminué l’étincelle par une dispo-
sition particulière permettant au courant induit de passer dans un
circuit métallique fermé par le mouvement du distributeur lui-môme;
mais on ne l’a pas supprimé complètement.
Résistance du couple. L’effet magnétique produit dans les élec-
tro-aimants, toutes choses égales d’ailleurs, est en raison directe de
1 énergie de l’action chimique des couples employés, et augmente
d’autant plus que la résistance du couple est moindre. Ainsi ,
d’a-
près M. Jacobi , le couple de Grove ou de Bunsen ,
qui est le plus
énergique de tous et le moins de ceux qui sont employés
résistant
aujourd’hui , donne les meilleurs effets : 1 kilogramme de zinc
consommé dans t ,7.7 de
ce couple fournit en équivalent mécanique
force, lorsqu’il ne donne que t quand il est consommé dans la pile à
sulfate de cuivre. ( M. Jacobi a-t-il calculé le prix de l’acide a/.o-

Digitized by Google
UK l’electro-magnktisme. 389

tique consommé pour l’absorption de l’hydrogène dans le premier


couple rien ne l’indique ?) Mais il n’est pas dit que l’on ne trouvera
:

pas des couples moins dispendieux et plus énergiques encore que


ceux qui ont été employés jusqu’ici.
Maximum de travail des électro-moteurs. Lorsqu’une machine
électro-magnétique est en mouvement par l'action d’un courant
électrique, elle fonctionne en même temps, ainsi qu’on l’a vu plus
haut, page 380, comme moteur et comme machine magnéto-élec-
trique donnant lieu à des courants par induction qui se produisent
dans les fds mêmes de la machine. Ainsi les interruptions ou les ,

changements de direction du courant voltaïque donnent lieu à des


variations dans les intensités magnétiques des électro-aimants, d’où
résultent des courants induits inverses qui agissent en sens contraire
du courant de la pile.

Cette proposition a été établie par M. Jacobi dans ses recherches


sur les électro-moteurs en : effet, en interposant dans le circuit des
bobines et de la pile un multiplicateur, la déviation de l’aiguille

produite par le courant, quand machine est en repos, commence


la

à diminuer aussitôt que la machine est en mouvement, et reste


stationnaire quand le mouvement devient uniforme. Cette diminu-
tion dans la déviation del’aiguille peut être attribuée en partie au

commutateur, et en partie au courant d'induction; mais on peut à


volonté réduire l’effet dû aux interruptions, et alors l’influence du

commutateur ou de l’interrupteur se trouve annulée ; dans ce cas on


ne peut plus attribuer la diminution de la déviation que l’on ob-
serve qu’à l’effet des contre-courants magnéto-électriques engen-
drés par la marche de la machine.
M. Jacobi a montré ensuite, par la discussion des quantités ex-
primant les différentes actions qui se produisent dans une machine
du genre de celle qui nous occupe qu’il y a un moyen d’arriver,

dans un appareil au maximum de travail qu’il peut donner, avec


une pile déterminée ce travail doit être produit lorsque, par suite de
:

l’action contraire des contre-courants, l’intensité du courant évaluée

par la déviation de l’aiguille du multiplicateur est réduite ii moitié.


Si donc la machine est employée à élever un poids, ou à vaincre

les frottements d’un frein dynamométrique , et que l'on introduise

dans le circuit une boussole de sinus, on pourra accélérer ou ra-


lentir son mouvement et arriver au point oit la déviation de la bous-
sole est réduite à moitié ;
à ce point correspondra le maximum de
travail. Si alors on évalue le travail mécanique et la dépense de la

Digitized by Google
390 APPLICATION DINEUSES DE l’eLECTUO-M AGNETISMK.
pile, on aura tous les éléments de comparaison désirables dans les

recherches économiques que l’on a en vue. Il faut faire attention que,


si les contre-courant diminuent en partie l’effet du courant de la pile,

celle-ci ne travaille pas à perte , et, lorsque la déviation est réduite à


moitié, la consommation du zinc est aussi réduite à moitié. L’effet
dont il est question est équivalent à un changement dans la résis-

tance du circuit, et est le mémo que si la résistance totale était

doublée.
M. Jacohi . d'après ses recherches, a été conduit à cette conclu-
sion ,
qu’avec les piles employées maintenant, et d'après l'état ac-

tuel de nos connaissances sur le magnétisme et l’électricité, l’effet

mécanique ou que ces forces peuvent produire est, en


le travail

considération des dépenses faites, beaucoup inférieur à celui des


autres moteurs usuels. Mais ce n’est assurément pas là le dernier
mot de la science , et l’électricité a déjà réalisé tant de merveilles,
que l’on ne doit pas dire que la construction de puissants électro-
moteurs soit impossible; c ar, si l'on parvient à découvrir des sources
électriques plus économiques et plus puissantes que celles que l’on
emploie aujourd’hui, et à éviter une partie des inconvénients si-
gnalés plus haut, on ne doit pas douter que l’électricité et le ma-
gnétisme ne puissent se placer à côté de la chaleur comme forces
motrices.
Nous devons faire remarquer, en terminant, que si Ton n’est pas

parvenu à construire économiquement de puissantes machines, on


a utilisé avantageusement les électro-moteurs de peu d e force pour
faire tourner des tours, des métiers, surtout quand on a besoin d’un
mouvement très-rapide. D'un autre côté, aussitôt la pile en action,
l'appareil fonctionne, et l'on peut faire cesser l’effet immédiatement;
en outre, les piles constantes et peu coûteuses que nécessitent ces
appareils ne consomment du zinc que lorsque l’appareil fonc-
tionne.

Digitized by Google
APPENDICE.

Note relative au dégagement de l’électricité par frottement.

Pans le tome I" de cet ouvrage, nous avons déjîi parlé du déga-
gement de l’électricité par frottement entre les corps conducteurs
et non conducteurs, et notamment pages 28, 120 et 129. Nous
avons vu «pie les effets varient suivant des causes tellement légères
qu’elles échappent souvent à nos recherches, et qu’il n’est pas
possible de rattacher tous les faits observés à des principes géné-
raux. On a cependant reconnu trois causes augmentant la tendance
négative des corps: 1° un frottement plus grand; 2° un accroisse-
ment de température; 3° une surface dépolie cl couverte d'aspéri-
tés, ou bien une constitution fibreuse.
Dans les machines électriques ordinaires on a reconnu (voir t. I er ,
p. 28 et 129) que les amalgames oxydables donnaient lieu à un
plus grand dégagement de l’électricité que les autres corps; de là
on avait été conduit à penser que peut-être l’action chimique in-
tervenait dans la manifestation du phénomène. Mais, l’un de nous
(K. Itecquerel) ayant eu l'occasion de faire quelques expériences en
soumettant au frottement des corps de diverse nature, et ayant été
conduit à des conséquences contraires à cette dernière conclusion,
nous avons pensé qu’il serait utile d'en donner ici connaissance.
ri?, i».

Digitized by Google
392 APPENDICE.

Dans ccs expériences, le double frottoir A, qui pressait contre la


roue en verre de la machine représentée figure 10, était formé de
morceaux de bois garnis d’une peau portant sur du crin, de ma-
nière à faire pression sur le verre. Un morceau d’étain était collé
sur la peau, etétaiten communication avec le conducteur M. Surcette

lame d’étain on plaçait des morceaux de soie fixés sur les frottoirs,et à
la surface de cette soie on répandait les corps en poudre qui de-
vaient frotter contre le verre ; on les faisait adhérer à l’aide d’un peu
:
de graisse. De cette manière l'électricité dégagée dans le frotte-
ment du verre contre les corps en poudre fixés à diverses envelop-
pes de soie recouvrant les frottoirs , se ré parti s sait de manière que
le conducteur n prenait l’électricité du verre, et le conducteur M
celle du frottoir. On approchait alors les deux balles m et n l’une
de l’autre, afin de faire éclater des étincelles, et l’on cherchait l’é-

cartement extrême nécessaire pour qu’elles éclatent , c’est-à-dire la

longeur maximum des étincelles; des divisions inscrites sué une


des tiges permettait de faire cette détermination.
Ce procédé de mesure est trop imparfait pour donner le rapport
des effets produits, mais il sert à montrer quelles sont les différences
des actions exercées par les corps de diverse nature. Le plateau en
verre de la machine avait 05 centimètres de diamètre, et les boules

m et n , 4 centimètres ; on a tourné le plateau avec la vitesse uni-


forme d’un tour par seconde

LONGUEUR MAXIMUM
SLBSTA.TCCS EX POl DRE HI.ACÉE5 SCR LE FROTTOIR.
DM tTI.1CII.LKf.

Amalgames de zinc et d'étain voir tome er page 28) 140”" "


(
1
, ;
Variable entre 1

et 100“'"'.

Talc; sulfure d’antimoine; peroxyde de manganèse; Variable entre 100“ 111

et 70“ “;
.

Charbon de cornue en poudre impalpable ;


plomba- Variable entre i0““'
et 40“'"’.

Variable eutre 40“ J1 -

et iO mML .

Effets assez faibles.

Ces résultats montrent que l’état moléculaire des corps frottés


influe beaucoup plus sur les effets produits que la nature même du
corps, puisque avec du talc, de la farine ou du charbon de cornue

(*) La feuille de papier d'éluin a été appliquée en entier sur le frottoir. Lu em-
ployant ta soie seule,on n'a eu egalement que des effets assez faibles.

Digitized by Google
Al'I’KNDICK. 303
placés sur les coussins, on obtient des effets qui se rapprochent de
ceux que donnent l’or musif et les amalgames, quoique moins éner-
giques que les effets dus à l'actionde ce dernier corps. On ne peut
ici faire intervenir l’action chimique, qui est nulle dans le frotte-
ment du talc et du charbon contre le verre.
Le frottement des corps contre le verre a eu lieu dans l’air; il
aurait été préférable d’agir dans un autre gaz, mais la disposition
de l'appareil n’a pas permis de faire l’expérience de cette manière.
Nous ferons ici une dernière observation qui est très-importante
au |K>int de vue de la physique moléculaire : c’est qu’en général
les substances comme le zinc ,
l’étain ,
qui sont oxydables et qui
donnent, lors des actions chimiques, des effets électriques énergi-
ques, sont aussi celles qui, dans le frottement, présentent les effets
les plus marqués, quoique dans ce cas elles agissent par une action
toute spéciale et en dehors des réactions qui pourraient s’opérer
sur elles. On peut consulter, à ce sujet, les expériences que nous
avons rapportées dans l’appendice du tome II , page i-47. Mais
l’influence de la nature des corps n’est pas seule prédominante,
puisque, ainsi que nous venons de le voir, l’état moléculaire a
une action puissante sur les effets produits et que les corps doux ,

au toucher comme le deutosulfure d’étain , létale, la plombagine,


donnent des effets de tension énergiques.

Note relative à la production de la chaleur pendant l’induction


magnétique.

Dans IX de ce volume, pages 79 et suivantes, il a été ques-


le livre

tion des changements physiques produits dans les métaux pendant


l’aimantation , mais on n’a pas fait mention des changements de tem-
pérature qui se manifestent dans cette circonstance ; cependant l’in-

duction magnétique dans le fer et dans les métaux magnétiques pro-

prement accompagnée d’une élévation de température


dits, est
très-sensible. Nous citerons à ce sujet une expérience de M. Van
Brcda (*) ce physicien , ayant placé dans l’intérieur d'une hélice un
:

tube de fer doux, fit passer d’une manière continue un courant élec-
trique dans le lil conducteur aucune élévation de température ne se
:

manifesta dans le tube de fer; mais, en rendant le courant discontinu,


aussitôt l’élévation de température fut fort appréciable, soit à l’aide

'

(*) Comptes rendus de l'Académie des sciences, tome XXI ,


page 9tH ,
1845.

Digitized by Google
,

394 APPENDICE.

d'un thermomètre à air dont le tube de fer constituait le réservoir, soit

à l'aide d’un thermomètre ordinaire qui était placé dans ce dernier.


M. Grave a obtenu des résultats semblables (’), en plaçant du fer
doux dans le voisinage d’un électro-aimant, et en dirigeant dans le
lil conducteur qui entourait celui-ci des courants alternativement
on sens contraire. Il obtint ainsi dans le fer doux une élévation de
température de plusieurs degrés au-dessus de celle de l’air ambiant,
l'in plaçant une barre de fer doux vis-à-vis d’un aimant permanent

animé d'un mouvement de rotation très-rapide, il trouva également


une élévation de température dans le fer doux accusée par un cou-
ple thermo-électrique en contact avec lui.

Ainsi les changements dans la structure moléculaire du fer au


moment de l'aimantation, et dont nous avons parlé page 79,
sontaccompagnés d'une élévation de température bien manifeste
quand on les répète un grand nombre de fois. Ces effets, qui sont du
même ordre que ceux que l’on observe quand los conducteurs mo-
biles sont en présence d’aimants puissants, et dont nous avons parlé
dans ce volume page 216, peuvent être expliqués par l’existence
de courants induits, circulant dans les corps lorsque l’induction
s’exerce, courants qui sont toujours suivis d’une élévation de tem-
pérature.

Effets électriques produits au contact des eaux douces et des


terres adjacentes.

Dans le tome II, page 173, nous avons déjà parlé des réactions
chimiques qui ont lieu dans le sol, et qui peuvent donner lieu à des
courants électriques dans différentes directions ;
dans ce volume
page 315, il n’a été question au contraire que de la conductibilité
du sol. Mais comme, depuis la rédaction de l’ouvrage, l’un de nous

(M. Becquerel) a été à même d obtenir des résultats importants


relatifs à la production des courants électriques dans les différents

terrains, nous avons pensé qu'il y aurait quelque intérêt à présenter


ici un résumé succinct de ses dernières recherches.
On peut poser en principe qu’au contact de la terre et d une
nappe ou d’un cours d’eau il y a production d’électricité la terre
,
:

prend un excès notable de l’électricité positive ou négative, et l'eau


un excès correspondant de l’électricité contraire , selon la nature

(*) l’roccding, etc. (Société roj»le do Londres), psgc 826, 184».

Digitized by Google
APPENDICE. 395

des sels ou autres composes tenus en dissolution dans les eaux.


C'est là un fait général qui ne souffre aucune exception.
Ampère est le premier qui ait émis l'idée, en exposant sa théo-
rie électro-dynamique des aimants, qu’il pourrait bien se faire
que Je magnétisme terrestre fût dû à des courants électriques cir-

culant de l’est à l’ouest dans des plans perpendiculaires à l'aiguille


d’inclinaison. L'un de nous, en discutant cette question, avança, sans
le prouver toutefois, que, s'il existait dans la terre des courants
électriques, ces courants devaient avoir une origine chimique, et
qu'ils circulaient dans toutes sortes de directions; M. Barlow vint
ensuite, et rendit probable, au moyen d’une expérience intéres-
sante, la présence dans le globe de semblables courants ,
mais sans
dire également quelle était la cause de leur production.
M. Fox fit postérieurement une série d’expériences dans les mines
de Cornouailles, ayant pour but de prouver que les filons étaient
traversés par des courants affectant une direction déterminée ;
mais
il démontré plus tard que ces courants n’avaient pas une origine
fut

terrestre, mais bien une origine chimique, et qu’ils étaient produits


par l’altération des lames de métal employées à les mettre en évi-
dence.
M. Magrini,en 184.1, publia les résultats d’une série d’expé-
riences sur la prétendue force électro-motrice tellurique ou «le la

terre, exécutées avec un appareil que la ville de Milan fit construire


à l’occasion du sixième congrès scientifique Comptes rendus des (

séances de l'Académie des sciences, t. XX, p. 184). Ces expériences


furent faites avec des lames de différents métaux introduites dans
un terrain humide ou dans l'eau, et mises en rapport avec un fil de
métal oxydable. Dans ces conditions, il devait se produire, comme
dans les expériences de M. Fox, des courants dus à l’altération des
métaux en contact avec l'eau ou la terre, lesquels devaient masquer
les courants telluriques s’ils existaient; et, en effet, M. Magrini dé-
clara lui-méme que la direction du courant tellurique était intime-
ment liée à la nature des n»étaux dont étaient formées les plaques
ensevelies dans le terrain. Les expériences entreprises ne' pouvaient
donc conduire au but que leur auteur s’était proposé.
Pour bien se rendre compte des effets électriques produits au
contact des eaux et des terres, nous rapporterons d’abord plusieurs
expériences qui mettront en évidence quelques principes fonda-
mentaux propres à faire connaître la cause qui peut les produire.
On remplit une terrine de grès de terre végétale, dans laquelle

Digitized by Google
,

3U6 APPENDICg.

on introduitun diaphragme poreux en porcelaine contenant de


l’eau ordinaire ;
on prend ensuite deux lames de platiuc non pola-
risées, présentant chacune une surface de 18 centimètres carrés,
et en communication avec le fil d’un multiplicateur ordinaire. L’une
de ces lames est mise dans l’eau du diaphragme, et l’autre dans la
terre; aussitôt que le circuit est fermé, il se produit un courant qui
fait dévier l’aiguille aimantée dans un sens indiquant que la terre

a pris un excès d’électricité positive, et l’eau un excès d'électricité


négative. Les lames ne tardant pas à se polariser, l’aiguille revient
peu à peu à zéro, sans jamais l’atteindre. En dépolarisant les lames
et mettant dans la terre celle qui se trouvait primitivement dans
l’eau, et vice versa, le résultat est encore le même.
Si l’on ajoute quelques gouttes d’eau salée à l’eau du diaphragme,
le courant est sensiblement le même en direction et en intensité.
Il en est encore de même en substituant à l’eau do l’eau salée
(
solution de chlorure de sodium) marquant 3°.

En arrosant, au contraire, avec la même eau salée la lame qui est


en contact avec la terre, l’aiguille aimantée est violemment pro-
jetée vers l’arrêt.
Dans la première expérience, en remplaçant l’eau du diaphragme
par de l’eau salée à 15’, la terre redevient positive à un degré assez
marqué.
Les appareils étant disposés comme dans la première expé-
rience, le diaphragme ne renfermant que de l’eau , si l’on ajoute
à cette eau une seule goutte d’ammoniaque, l’aiguille aimantée est
projetée dans le même sens, c’est-à-dire que l’eau est toujours né-
gative, seulement à un degré plus fort; tandis que si l’on ajoute
une seide goutte d’acide nitrique , sulfurique ou ehlorydrique
également avec
l’aiguille est projetée force, mais en sens inverse,
l’eau devenant alors positive.
En comparant les effets électriques produits dans les premières
expériences avec ceux qui se manifestent dans la réaction les unes
sur les autres des dissolutions neutres, acides ou alcalines, on
trouve qu’ils sont dus à la même cause, c’est-à-dire à la réaction
ou au mélange des liquides contenus dans le diaphragme sur les
liquides humectant la terre environnante. En effet , au contact des
dissolutions acides et de l’eau , celle-ci se comportant comme base
par rapport aux premières, rend libre de l’électricité négative, tan-
dis qu’elle joue le rôle d’acide par rapport aux dissolutions alcalines.
De même, au contact des dissolutions concentrées neutres avec l’eau.

Digitized by Google
APPENDICE. 397

les premières , jouant le rôle d’acide par rapport à celle-ci , déga-


gent de l’électricité positive. Il est donc tout naturel que dans la
réaction de l’eau du diaphragme sur celle qui humecte la terre, et
qui est chargée de sels qu’elle lui a pris , la dernière rende la terre
positive, comme l'expérience du reste le prouve.
il faut s’assurer, avant de plonger les lames de platine dans la
terre et dans l’eau, qu’elles ne sont ni polarisées, ni humectées
par un liquide , car il en résulterait des effets électriques secon-

daires (jui masqueraient ceux que l’on veut observer.


D’un autre côté, il est nécessaire d’opérer dans des conditions qui
rendent les effets électriques produits sensiblement constants pen-
dant la durée des expériences. On remplit ce but en entourant les
lames de platine de charbon pur, préparé avec du sucre candi. Les
lames charbon sont introduits dans des sachets cousus avec
et le
soin, ou dans des diaphragmes en porcelaine dégourdie n’ayant
jamais servi , en ayant l’attention que le charbon et la toile soient

bien secs, sans quoi la réaction sur les liquides ambiants de l’eau
humectant l’un ou l’autre produirait des effets électriques particu-

liers, contre lesquels il faut se mettre en garde.


Ces préliminaires posés, arrivons aux expériences faites dans
diverses localités avec la terre et les cours d’eau adjacents.
Nous rapporterons en premier lieu les expériences que l’un de
nous a faites, il
y a déjà quelques années, dans la mine de sel
gemme de Dieuze, et dans les bains d’Aix en Savoie.

Un multiplicateur ordinaire ayant été établi solidement sur le

sol d’une galerie taillée dans le sel gemme, une lame de platine
non-polarisée, en communication avec cet appareil , fut appliquée
sur l’une des faces de la galerie, et une autre lame, en relation avec
l’autre bout du fil, fut introduite dans la couche d’argile située au-

dessous du sol de la galerie, à une distance de 5.’> mètres de la pre-

mière : l’aiguille aimantée fut violemment chassée contre l’arrêt,

ce qui indiquait un dégagement d'électricité assez considérable.


Cette expérience fut variée de diverses manières, en composant le

circuit d’un multiplicateur, d’un terrain salé et d’un terrain qui


ne l’était pas : l’une des lames fut placée sur le sel gemme, l’autre

à 120 mètres de distance verticale dans le sol, en dehors de la mine.


Le fil de communication traversait le puits de service. La première
lame se trouvait ainsi en communication avec une couche très-
mince d’eau salée, tandis que l'autre était en contact avec l’eau qui
n’en renfermait que des traces l'aiguille aimantée fut alors chassée
:

Digitized by Google
,

398 APPENDICE.

avec une grande force , dans un sens qui indiquait que les effets

électriques produits dans le mélange de l’eau salée avec celle qui


ne l’était pas étaient tels, que l'eau salée prenait un excès d’électri-
cité positive, et celle qui ne l’était pas, un excès d’électricité néga-
tive. Il fut démontré par là que, lorsque deux terrains humides
sont en contact, celui qui renferme la solution la plus concentrée
prend un excès d’électricité positive.

Ces expériences furent répétées dans l’établissement des bains


d’Aix, en Savoie, où la température de l’une des sources s’élève
à 50 degrés centigrades : unè des lames fut plongée dans l’eau de
cette source ,
et l’autre dans l’eau pure qui se trouvait à la surface
du sol et dont la température était à 1 3 degrés ;
la distance verticale'
des deux stations était de i mètres ,
et la distance horizontale de
0 mètres. A l’instant de la fermeture du circuit, l’aiguille aimantée
fut chassée vivement de sa position d’équilibre ordinaire. Le sens

de la déviation indiquait que la lame plongée dans hi source sul-

fureuse chaude avait fourni au circuit métallique un excès d’élec-


tricité positive.

Ces effets, qui ont bien une origine chimique, sont essentiellement
distincts de ceux qui ont été observés par M. Fox, lesquels étaient

dus à l'altération des électrodes.


Passons au dégagement de l'électricité au contact de l’eau des
rivières, des nappes d’eau douce ou des sources et des terres adja-
centes.
On a introduit dans de la terre de jardin, de nature argilo-silicense,
à quelques mètres d’une rivière, une lame de platine de tî centimè-
tres carrés, renfermée dans un sachet de toile rempli de poussière
de charbon préparé comine il a été dit. Une autre lame semblable-
ment disposée fut plongée dans l’eau de la rivière, puis l'une et
l’autre furent mises en relation avec un multiplicateur ordinaire,
après toutefois que l’on se fut assuré quelles n’étaient pas polari-
sées. L’aiguille aimantée fut dévié de 56 degrés ;
mais elle rétro-

grada peu à peu , par suite de la polarisation des lames , et, une
heure et demie après, la déviation n’était plus que de 52 degrés.
Le circuit ayant été interrompu pendant deux heures, puis rétabli
la déviation redevint ce qu’elle était primitivement. Le sens de la

déviation indiquait que l’eau, dans son contact avec la terre, avait
pris un excès d’électricité positive ;
résultat inverse de celui que
l’on avait obtenu en opérant dans une terrine de grès.
Pin expérimentant avec les mêmes lames de platine non entourées

Digitized by Google
APPENDICE. 399

de charbon ,
l’aiguille aimantée du multiplicateur fut chassée par
première impulsion à tO degrés, et revint vers le zéro qu’elle n’at-
teignit pas; effet dû à la polarisation.

Les deux lames de platine avaient été placées à une distance de


fi l’autre. Les effets devaient être encore les mêmes
mètres l’une de
a raison de la conductibilité de la terre, en éloignant les lames de
plusieurs centaines de mètres une d’elles fut maintenue dans l’eau
:

et l’autre mise dans la terre à 500 mètres de distance, sur un monti-


cule élevé de 25 mètres au-dessus de la vallée ;
le phénomène fut

semblable.
Le succès de l’expérience ne dépend pas seulement de la non-
polarisation des lames de platine ,
mais encore de la cessation du
mélange de l’eau qui humecte le charbon, quand il n’est pas très-
sec, avec celle qui imbibe la terre, lequel mélange donne lieu à des
effets électriques qui masquent ceux que l’on veut observer; ce
qu’il y a de mieux à faire est d’employer des électrodes non humec-
tées. On évite souvent ces effets composés en posant la lame desti-
née à être mise dans la terre sur le sol d’une cave dont le degré
(l’humidité est toujours le même, et appliquant dessus un corps
pesant, pour que le contact avec la terre soit plus immédiat; en
opérant ainsi ,
la terre a été constamment négative à l’égard du
cours d’eau. Au lieu de poser l'une des lames sur le sol d’une cave,
on peut l’appliquer sur un mur, ou bien , quand on introduit dans
le circuit un multiplicateur très- sensible, la tenir à la main ou la

poser sur un meuble. Il n’y a de différence que dans l'intensité, qui


varie avec la conductibilité de ces corps, ou plutôt avec l’épaisseur
de la couche d’humidité qui les recouvre.

Les expériences qui précèdent montrent que , dnns le voisinage


de la rivière, et même à une distance assez éloignée, la terre et
tous les objets qui recouvrent sa surface possédaient un excès
d’électricité négative, et l’eau ainsi que les plantes aquatiques et les
corps qui surnageaient ,
un excès d’électricité positive ;
car, lors-
qu'une des lames était posée sur le sol d’une cave, et l’autre appli-
quée sur le fond d’un bateau qui ne contenait pas d’eau , cette lame
prenait un excès d’électricité positive. Toutes les eaux ne se com-
portent pas de la même manière dans leur contact avec les terres
adjacentes, puisque les effets électriques dépendent de la nature des
substances tenues en dissolution dans les eaux.
Nous venons de montrer que deux lames de platine de G centi-
mètres carrés de surface, entourées de chnrbon, et mises en con-

Digitized by Google
400 APPENDICE.

tactavec l’eau et la terre, et en relation avec un multiplicateur,


donnaient un courant électrique indiquant un état électrique con-
traire dans l’une et dans l’autre ;
il s’agissait de voir si l’excès d’é-
lectricité recueilli par chacune d’elles croissait avec les surfaces
jusqu’à une certaine limite ;
on a fait en conséquence plusieurs sé-
ries d’expériences avec des lames de diverses grandeurs.
Mêmes lames de platine recouvertes de charbon, surface, 2t cen-
timètres carrés :

Déviation 56°
Déviation i heure et demie après 52°

En ouvrant le circuit quelques heures après ,


les lames étaient
dépolarisées.
En opérant avec deux lames de platine d’une superficie de 96 cen-
timètres carrés et recouvertes de charbon , on a eu :

Déviation 76°
Déviation 1 heure et demie après 69°

Le circuit ayant été interrompu pendant une demi-heure, et

fermé de nouveau,
La déviation a été de 71°

Nouvelle interruption immédiate de demi-heure :

Déviation 72°

Nouvelle interruption de demi-heure :

Déviation 73°

Nouvelle interruption pendant 15 heures:


La déviation est redevenue ce qu’elle était primitivement, c’est-
à-dire à 76°.
En comparant les effets obtenus avec l’étendue des surfaces, on
arrivait aux conséquences suivantes :

Les surfaces des lames étant dans le rapport de \ : 4,6 ,


les

intensités des courants ont été sensiblement dans' le même rapport.


Les quantités de l’électricité recueillies seraient donc sensi-
blement projiortionnelles à l’étendue des lames ; mais on ne sau-
rait admettre ce rapport comme d’autres expériences l’ont dé-
montré.
Le courant qui se manifeste en mettant en communication mé-
tallique ou non métallique un cours d’eau et la terre adjacente,
exige certaines précautions, si l’on veut obtenir un maximum

Digitized by Google
APl'KXUlCE. 40

d’intensité : la première est d’empécher les décharges latérales


par les supports des fils conducteurs qui unissent les lames de pla-
tine. On y parvient en recouvrant de soie les fils conducteurs et
les isolant ;
mais cela ne suffit pas quand il pleut.
On vient de voir que dans le contact de l’eau et de la terre il se
produisait des effets électriques très-marqués ; mais, si l’on établit
la communication entre l’une et l’autre avec une corde humide ou
une longue mèche de coton , au lieu d'un fil métallique et de deux
lames de platine, la recomposition des deux électricités s’effectue
également par l’intermédiaire du conducteur humide. En effet, si
l’on applique deux aiguilles ou deux lames en platine non pola-
risées et en relation avec un multiplicateur d’une très-grande sen-
sibilité, en deux points quelconques de la corde et à une distance

de 3 à 4 centimètres l’une de l’autre, l’aiguille aimantée est déviée


d’un certain nombre de degrés, en vertu d’un courant dérivé pro-
venant du courant qui parcourt la corde. La lame la plus rappro-
chée de la terre prend un excès d’électricité négative, et l’autre un
excès égal d’électricité positive.
Substituons par la pensée à la corde, des radicelles de plantes en
décomposition et amenées à l’état de matière carbonacée, et par
conséquent conductrice de l’électricité : ces radicelles deviendront
le siège de courants électriques circulant de la terre à l'eau dans
toutes sortes de directions.
Les expériences ont été répétées en plaçant une des électrodes
dans un des puits du jardin des Plantes ayant une profondeur de
41 mètres environ, l’autre dans le sol à 0",33, ou dans une cave, et
tassant avec soin la terre qui la recouvrait, pour mieux établir le
contact. Les électrodes étaient des lames de platine ou des plaques
de charbon de cornue ; les premières avaient une surface de 72 cen-
timètres, les secondes une surface de 50 et 140 centimètres cariés.
Les lames de platine avaient été traitées préalablement avec de
l’acide nitrique bouillant, puis exposées à la température rouge.
Les plaques de charbon , après avoir été traitées par l’acide chlor-
hydrique étendu bouillant, ont été aussi chauffées au rouge dans
des creusets de terre remplis de charbon. Malgré ces précau-
tions, les lames n’étaient pas parfaitement dépolarisées. Pour
ne pas être induit en erreur, on mettait clwque électrode tan-
tôt dans l’eau, tantôt dans la terre. Aux lames de platine et aux
plaques de charbon étaient fixés des fils de platine de 0“,66 de lon-
gueur, qui servaient à les faire communiquer avec les fils de cuivre
t. ni. :<;

Digitized by Google
,

<102 APPENDICE.

recouverts de gatta-percha et en relation avec les multiplicateurs


ou la boussole des sinus, distants de 20 mètres ou de 100 mètres
du puits sur lequel on opérait; la cave n’en était éloignée que de
5 mètres. Toutes les précautions avaient été prises pour que l’élec-
tricité ne s’écoulât pas dans le sol par les points d’attache. Les choses
disposées ainsi, on a obtenu les résultats suivants ;

En opérant avec deux lames de platine, l’une placée dans un


puits, l’autre dans la cave, la première a pris l’électricité négative

contrairement & ce que l’on avait obtenu avec le cours d'eau;


il en a été de même avec deux plaques de charbon de cornue. £u
changeant de place lesdeux lames de platine ou les deux plaques
de charbon ,
les résultats ont été semblales, avec cette différence
toutefois qu’avec les lames de platine, leur polarisation immédiate
n’a pas permis de mesurer l'intensité des courants produits, tandis
qu’avec les plaques de charbon , la polarisation a été lente à s'effec-
tuer, comme on pourra en juger par les résultats obtenus avec les

plaques présentant chacune une surface de 1 1 centimètres carrés


et un multiplicateur ordinaire :

Déviation de l’aiguille aimantée, dans les premiers instants. 81 *,75


Une heure après 80°, 00
Idem 70*, HO
Idem 79* ,00
Dix-sept heures après 78°, SO

On voit que pendant 20 heures le courant est resté sensible^


ment constant.
En faisant fonctionner simultanément avec le multiplicateur la

boussole des sinus, on a eu dans les mêmes circonstances ;

1* 2»
2° \‘,l
3® 1«,2S
V 1®,10
5° 1*,00

La diminution la plus forte dans l’intensité du courant a doue eu


ieu dans la première heure ;
dans les dix-huit dernières heures
ellea été à peine sensible.
Les expériences dont on vient de rapporter les résultats ont été
répétées un grand nombre de fois, sans que l'on ait trouvé de gran-
des différences entre eux. Elles montrent que les effets électrj-

Digitized by CjOO^Ic
APPENDICE. 403

ques produits au contact des eaux des puits du jardin des Plantes
et des terres adjacentes sont inverses de ceux qui ont été obtenus
en opèmnt dans une rivière et dans une terre contiguë. Doit-on
admettre que le platine ait été attaqué par l’eau de puits, ainsi
que le charbon bien préparé, à raison du fer qu’on n’a pu lui en-
lever? Nqus en doutons j car les effets ont été encore les pièmes avec
des lames d’or pur entourées ou non entourées de charbon de sucre
candi Il vaut mieux toutefois opérer avec ces dernières qu’avec
.

les autres.
Tout tend donc à prouver qu’il existe dans la nature des sources
d’électricité à peu près constantes ; nous disons à peu près, parce

qu’en ouvrant le circuit pendant quelques heures, le courant re-


devient pe qu il était primitivement. Ceq sources, dont on ne con-
naît pas encore toute la puissance, serviront peut-être à jeter quel-
que jour sur plusieurs points encore obscurs de la formation des
nuages orageux.
L’eau étaut tantôt dans un état positif, tantôt dans un état néga-
tif, suivant la nature des substances qu’elle tient en solution ,
et la
terre dans un état contraire, quelle que soit la distance du cours
d’eau ou de la source où l’on place l’électrode ,
pourvu que la terre

soit humide , l’eau en s’évaporant doit verser continuellemeut dans


l’air un excès d’électricité positive ou négative , tandis que la terre
laisse échapper par l’intermédiaire de ia vapeur qui en sort uu excès
d’électricite contraire ; ces excès d'électricité doivent intervenir sur
la distribution de l’électricité répandus dans l'atmosphère.
Voyons maintenant quels sont les faits observés touchant l’élec-
tricite fournie par la terre :
l’eilier à essaye de mettre en évidence, avec un multiplicateur,
l’électricité libre de la terre ;
il a placé à cet effet l’un des bouts du
fil conducteur dans un lieu hupiide , et l’autre dans une position
sèche d'un terrain ou d’uu bâtiment contigu. L’aiguille aimantée a
été déviée aussitôt dans un sens tel que la partie humide fournissait
l’électricité négative, et la partie sèche ainsi que le bâtiment, léjec-
tricité positive. De là il a conclu que la terre était constamment
négative et l’air dans un état positif. Ur Peltier, u’ayaut pas tait atten-

tion que deux terrains qui ne sont pas dans un même état d'humi-

dité &e constituent dans deux états électriques contraires par leur

contact mutuel , a dit être conduit nécessairement à une consé-


quence qui n'est pas exacte. On a pris effectivement deux laines de
platine ayant chacune 9t> centimètres carrés de surface ;
l’une a été

Digitized by Google
404 APPENDICE.

posée sur humide , très-près du bord de la rivière , et l'autre


le sol

sur le sol d’une cave on a obtenu une déviation de 6 degrés, dont


:

le sens indiquait que le terrain humide avait pris un excès d'élec-


tricité positive dans son contact avec un terrain sec ou beaucoup

moins humide. En opérant comme l’a fait Peltier, on doit avoir les
effets électriques produits au contact de deux terrains non identi-
ques dans leur composition. Ou ne saurait donc admettre la consé-
quence qu’il a tirée de sou expérience.
Nous citerons encore d’autres faits qui viennent à l’appui de ceux
que nous avons observés. Volta rapporte dans ses œuvres (t. II,
p. 239) une expérience intéressante de Tralles, dont il a constaté
lui-même l’exactitude se trouvant un jour dans les Alpes, vis-à-vis
:

de la cascade de Staubach, près de Lauterbrunn, Tralles présenta


son électromètre atmosphérique , non armé de la tige métallique,
à la pluie très-fine qui résultait de l’éparpillement de l’eau ; il obtint
aussitôt des signes d’électricité négative. Il en fut encore de même
à la cascade de Heichenbach. Volta répéta cette expérience avec
succès, non-seulement au-dessus de grandes cascades, mais encore
au-dessus des ruisseaux qui se brisaient en tombant sur des ro-
chers. 11 obtint également des signes d’électricité négative en se
plaçant, avec son électromètre, sur les bords d’un torrent parcou-
rant un ravin, là où il était le plus impétueux.
L’eau, étant positive, en touchant le rocher perdait son électricité,
laquelle était neutralisée par l’électricité négative de la terre ;
en s'é-

parpillant elle prenait ensuite à celle-ci un excès d’électricité né-


gative qu’elle transmettait à l’électromètre.
Saussure, avant Tralles et Voila, était parvenu à un résultat à
peu près semblable. 11 se trouvait, le 29 juin 17tit>, sur le sommet
du môle, à dix heures du matin; le vent venait du sud, le temps
était serein, à l’exception de quelques légers nuages répandus çà
et là. Il avait remarqué que le soleil , dont les rayons frappaient
la montagne, faisait sortir de son pied et des prairies adjacentes

de petits nuages blancs qui s’élevaient et se dissipaient bientôt


après, et allaient rejoindre d’autres nuages qui flottaient au-dessus
de sa tôle. Quand aucun nuage ne passait auprès du conducteur

de son électromètre, il n’observait aucun signe d’électricité; il en


était encore de même lorsqu’un de ces nuages était assez grand
pour envelopper tout le conducteur depuis sa pointe jusqu’à la
terre; mais, aussitôt qu’il venait raser la pointe du conducteur, ou
môme passer un peu au-dessous sans toucher en même temps à la

Digitized by Google
APPENDICE. 405
terre, il obtenait des signes d’électricité ,
faibles à la vérité, mais
non équivoques. Les nuages ne donnaient aucun signe d’électricité
quand ils communiquaient avec la terre , les décharges s’opérant
immédiatement par l’intermédiaire de celle-ci. Ces faits indiquent
que des nuages qui s’élèvent de la terre sont quelquefois électri-
sés. Volta ne dit pas quelle était la nature de cette électricité. Si
ces nuages étaient formés de la vapeur s’élevant d’une nappe ou
d’un cours d'eau, ils étaient positifs ou négatifs, suivant la nature
du terrain; s’ils provenaient de l’humidité de la terre, ils étaient
électrisés contrairement.
L’eau et la terre adjacente étant constamment dans deux états
électriques contraires, quelle que soit leur superficie, il s’ensuit
qu’une vaste étendue de l’une ou de l’autre possède une énorme
quantité d’électricité à l’état de dissémination. S’il était possible de
réunir cette quantité, on disposerait d’une puissance dont il est
difficile de se faire une idée. C'est ainsi que l’excès d’électricité
que possède ordinairement l’air, et dont la tension est très-faible,
produit la foudre quand les nuages orageux sont constitués. A l’in-

stant où ce nuage se forme, l’électricité libre se réunit à la sur-


face de chaque globule vésiculaire que l’on peut considérer comme
bon conducteur. Quand l’électricité est faible et que les globules
sont peu rapprochés, elle n’éprouve aucun changement; mais
aussitôt que le nuage est devenu tiès- dense, les vésicules qui le
composent étant plus rapprochées, on peut le considérer comme
un conducteur continu ; toute l’électricité qui se trouvait aupa-
ravant dans l’intérieur du nuage se porte à sa surface, où elle est
tenue en équilibre par la pression de l’air ambiant. Si le nuage a
une certaine étendue, on conçoit comment une très-grande quan-
tité d’électricité, d’abord disséminée dans un grand espace, acquiert

une tension énorme quand elle se porte à la surface du nuage.


Voilà ce qu’il faudrait tâcher d’imiter pour s’emparer de l’électricité
libre que possèdent de grandes étendues d’eau et de terre.

Quoi qu’il en soit, les phénomènes que nous venons d’exposer met-
tent bien en évidence un fait général qui intéresse Ja physique terres-
tre. Que se passe-t-il au contact de l’eau et de la terre ? L’eau se mêle

avec les liquides qui l’humectent; elle dissout les matières solubles,
et agit par l’intermédiaire de l’air en dissolution sur les substances
organiques contenues dans la terre. Toutes ces réactions dégagent
de l’électricité, et nous n’avons seulement que la résultante des
effets produits.

Digitized by Google
-(06 APPEN DICK*
Une foule de questions, au surplus, restent à résoudre sur les
effets électriques produits au contact de l’eau et des terres, ques-
tions qui sont très-complexes à raison même des causes diverses qui
interviennent dans la production de ces effets.

H!» DU TS0I3ÏÈMB BT DÈfiNIE» VOLUMS.

Digitized by Google
TABLE DES MATIÈRES.

LIVRE tX.

M AGNÉTISMS.

Chap. I.
......
Propriétés générales des aimants.
**»«•••

Aimants; aimants naturels, aimants artificiels 1

Pôles magnétiques. ... 4 ...... . 2


Aiguille aimantée Ib.
Lois des attractions et des répulsions magnétiques. 3
Balance de torsion 4
Aimantation par influence 5
Aimants temporaires fet aimants permanents ;
force coercitive. ....... 6
Hypothèses sur l'origine du magnétisme ; 7
Divers procédés d’aimantation ; |b.
Formes des aimants; armures ou armatures: 12

Chap. II. Distribution du magnétisme.


Distribution du magnétisme dans les barreaux aimantés à saturation. ... 15
Distribution du magnétisme dans les fils d'iin très-petit diamètre 21
Points conséquents 23
Distribution du magnétisme dans l'intérieur des aimant> ib.
Influence de l'état moléculaire du 1er on de l'acier sur le degré d’aiman -
tation; trempe et recuit 22
Influence de la torsion star le degré d’aitnantatioh du fer et de Pacier 30
Influence de la traction sur le degré d'aimantation 33
Influence de la chaleur sur le magrtfetliifté dès aimants 34
Chap. III. Action du magnétisme sur tous les corps ; phénomènes (P attraction

et de repulsion.
Magnétisme spécifique dès métaux magnétiques proprement dils et de
leurs carb u res .. .. ................... «

Action de la chaleur sur lés métaux magnétiques proprement dits (nickel,

fer et cobalt) 45
Action du magnétisme snr tous les corps {magnétisme et diamagnétisme). Afi
Sidéroscope ; 50
Magnétisme spécifique des solides et des liquides 52
Effets produits par des intensités magnétiques différentes 58

Digitized by Google
408 TABLE DKS MATIERES.
Pige».
Comparaison des effets produits sur les corps amorphes, les roches, les
oxydes de fer et le fer 61
Actions produites sur les gaz 62
Propriétés magnétiques de l'oxygène 63
Magnétisme spécifique des gaz 69
Influence de la température des corps sur leur magnétisme spécifique. . . 70
Influeuce de la nature des corps sur leur magnétisme spécifique 72
Influence de la structure sur le magnétisme spécifique ;
cristaux 73
Considérations théoriques : 76

Chip. IV. Jetions moléculaires dues à 1‘influence des aimants.


Actions moléculaires produites par l'aimantation dans les métaux magné-
tiques proprement dits 79
Sons produits 80
Polarisation circulaire magnétique. 82

LIVRE X.

MAGNETISME TERRESTRE.

Chaf. I. Description et usage des appareils .


Action magnétique du globe terrestre; méridien magnétique 91
Déclinaison ,
inclinaison, intensité 92
Composantes horizontales et verticales de la force magnétique terrestre. . 93
Boussole de déclinaison absolue 94
boussole des variations diurnes 96
boussole d'inclinaison 97
boussole des intensités 99
boussole marine ou compas de mer 101
Méthodes employées pour se préserver de l'attraction locale des vaisseaux. 103
Magnétomètre uni fila ire de déclinaison ou déclinométre 106
Magnétomètre bifilaire. fil
Magnétomètre pour la force verticale ou magnétomètre balance 115
Maguélomètrcs enregistreurs 116

Cuap. II. yaria lions des composantes de la force magnétique du globe .


Variations séculaires et annuelles de la déclinaison 1)1
Variations diurnes de l'aiguille aimantée 124
Variations régulières et irrégulières, simultanément observées à l’aide des
magnétomètres |)5
Variations irrégulières de la déclinaison 132
Variations de la déclinaison ducs à l'apparition des aurores boréales 134
Variations de l’inclinaison « 136
Variations de l'intensité. ]b.

Cm a F. III. Observations magnétiques en différents points du globes et tracé des


lignes magnétiques sur les cartes géographiques.
Observations de déclinaison. Lignes d'egale déclinaison ,
pôles magneti-
<!«««••' 140

Digitized by Google
.

TABLE DES MATIKBES. 409


Pages.
Méridiens et parallèles magnétiques 146
*
Observations d’inclinaison faites en différents points du globe 1 48
Lignes d'égale inclinaison. Équateur magnétique • • . * * Ib.

Intensité magnétique du globe en différents points de sa surface LM


Ligues d’égale intensité ou ligues isody nam iqnes. 154

Cm ap. IV. Causes des phénomènes magnétiques terrestres.


Magnétisme des roches 154
Hypothèses sur l'origine du magnétisme terrestre 160

LIVRE XI.

ÉLECTRO-DYNAMIQUE ET ÉLECTRO-MAGNÉTISME.

Cm ap. L Action de l'électricité sur Us aimants, l’acier et U fer doux.


Action d'un courant électrique sur l'aiguille aimantée 163
Hélices. » • ............ 167
Rotation des aimants par l’influence des courants Ib.
Action produite sur l’aiguille aimantée d’un multiplicateur parles déchar-
ges d'une bouteille de Leyde 169
Aimantation du fer et de l'acier par les courants électriques 172
Électro-aimants LIA
Conditions diverses des électro-aimants. Influence de l'enveloppe, des di-
mensions du fer intérieur, du lil conducteur qui les entoure et de l'in-

tensité du courant électrique. * 176


Maximum magnétique 142
Actions magnétiques produites dans les minerais de fer par l'influence des
courants 1b.

Aimantation par les décharges électriques 144


Chap. II. Action des courants Us uns sur Us autres.
Interrupteurs et commutateurs ... 188
Courants parallèles 189
Courants rectilignes formant un angle 191
Répulsion des diverses parties d’un même courant 192
Action de deux courants rectilignes se coupant à angle droit 193
Action d'un courant indéfini sur un courant fini, mobile autour d'uu axe
perpendiculaire à sa direction Ib.

Cbap. III. Action de la terre et des aimants sur les courants .


Action de la terre et des aimants sur des portions de courants 196
Rotation des courants par l'action de U terre et des aimants 198
Action de la terre et des aimants sur les circuits fermés. 201
Hélices ou soténoïdes ..a 202
Rotation du mercure parcouru par des courants électriques sous l'action
des aimants. 203
Iufluence des aimants sur Tare voltaïque et sur les rayons électriques.. . . 204
Caur. IV. Induction.
Induction d’uu courant par un courant . 202

Digitized by Google
410 TABLR DES M.TIÈBES.
Pm<«-
Induction d'un courant par un aiipant 210
« Induction d'un courant dans le fil par lequel passe le courant inducteur;
extra -courant. 212
Effets produits par les aimants sur les corps conducteurs placés à distance. 214
Rliéotrope 217
Lois et effets des courants indujts , .
w. . . . 219
Influence des milieux sur les effets d'induction ........... 221
Courants d’induction de differents ordres. . . 224
Induction par l'action de la terre 227
Induction due aux décharges électriques. 229
Inducteur différentiel 232
Appareils électro-magnétiques et appareils magnéto-électriques. 234
Appareil de M. Ruhmkorff. 238
Effets statiques dus à l’action des courants d’induction 241
Condition des différentes parties de l’appareil d’induction de M. Rtihm-
korff. 242
Effets de chaleur et de lumière obtenus par l'emploi de l’appareil d’in-

duction 244
Emploi de l'appareil d’induction pour l’explosion des mines 249
Appareils divers d’induction 253
Magnétisme par rotation. 254
Effets magnétiques produits dans le mouvement des différents métaux.. . . 203

Cair. V. Théories du magnétisme.


Théorie des deux fluides ,
théorie de Poisson . 264
Théorie d’ Am père 270

livre xn.
APPLICATIONS DIVERSES DR L ELECTRO-MAGNETISME.

Cas p. I. Télégraphes électriques.


TÉLÉGRAPHES INDICATEURS F.LFCTRO-M AGNATIQUES 274
Télégraphe à cadran, modèle de démonstration 275
Télégraphe à cadran ,
modèle en usage 276
Télégraphe mobile à cadran 279
Télégraphe à signaux ,
ou double télégraphe à cadran 280
Télégraphe à clavier 282
Télégraphes divers 284
Emploi des armatures aimantées 2 Si
Télégraphes à aiguilles 286
TÉLÉGRAPHES INDICATEURS M AO NÉTO-Él.KCTRIQÜ PS 288
Télégraphe à cadran * Ib.

Télégraphe & aiguilles 290


Appareils indicateurs des trains; moniteurs des chemins de fer. .. 294
Télégraphes enregistreurs 298
Télégraphe de Morse Ib.
Signaux télégraphiques employés dans re télégraphe. 300

Digitized by Google
TABLE DES MATIÈRES. 411
Ptfie*.
Relais 302
Translateur 305
Télégraphe portatif , 307
Autre télégraphe enregistreur Ib.
Télégraphes électro-chimiques 309
Télégraphes imprimeurs 313
APFAREILS DIVERS ET CONDUCTEURS EMPLOYES DANS LES I.IONES TÉLÉGRA-
PHIQUES K).
Piles et sources électriques Ib.
Emploi de la terre comme conducteur 315
Fils métalliques, ligues aériennes 317
Lignes souterraines 318
Lignes sous-marines ; cibles sous-marins. .... Ib
Pa raton neires pour les lignes télégraphiques 320
Accessoires divers 323
Transmission simultanée de deux dépêches pour un même fil dans deux
directions opposées 324

Ch a p. II. Horloges électriques.


Horloges électriques proprement dites ;
différentes formes de ces appareils. 329
Appareils horaires ou compteurs chronométriques 339

Ch ap. III. Métiers électriques.


Principes des métiers à tisser 344
Principes des métiers électriques. f . 347

('hAP. TV. Appareils divers fondés sur f emploi de C électro-magnétisme ; régula-


teurs , sonneries , ckronoscopes et chronomètres.
Régulateurs de lumière électrique. 353
Sonneries électriques 368
Transmission de mouvement par adhérence magnétique 362
Enregistreurs électro-magnétiques 363
Chronoscopes et chronomètres électro-magnétique 365
Détermination de la vitesse des prqjgctiles Ib.

Chat. T. Électro-moteurs.
Machines rotatives directes 374
Distributeur 378
Diminution de U puissance attractive entre les faces polaires des électro-

aimants et leurs armatures, en raison de la distance. ...» 381


Machine rotative dont les armatures roulent sur les faces des électro-
aimants. tMMUttMMMMi 382
Électro-moteurs oscillants 384
Quantité de travail produit par quelques électro-moteurs Ib.
Questions relatives aux oroanes divers des Électro-moteurs.. ..... 387
Peu de course des appareils Ib.
Limite d'aimantation , ........ t f
Ib.

Changement d'aimantation du fer » 388

Digitized by Google
41 * TABLE DES MAI 11.11 ES. % •

Cafit.
Distributeur 388
Résistance du couple * Ib.

Maximum de travail des électro-moteurs 389

APPEaNÜICE.
Note relative au dégagemrwt nt l'électricité par frottement 391
Note relative a la production de la chaleur pendant i.'ism nios
MAGE ÉTIQUE 393
F.rPETS ÉLECTRIQUES PRODUITS AU CONTACT DES EAUX DOUCES RT DES
TERRES ADJACENTES 394

P I II DE U TAII.K.

ERRATA.

Page 103, ligne 8, au lieu dr, altération locale; lùei : attraction locale.

Page 110, ligne 19, au lieu de, ¥ ~ p; lisez : F =


Page I3&, ligne 14, au lieu de, H lea membres, etc.; lisez: M, M les membre*, etc
Page 139, ligne 13, au lieu de, plancWO 1er ; Uses : planche c bia. %
Page (48, ligne 31, au ..eu de, aquelle; lisez : laquelle.
Page 108, ligne 17, au lieu de, M. Ampère; Usez : Ampère-
Page 180, au heu de, Fig. lit ; liui : Fig. 1U3.
Id. lignée, id. id. id. id.

Page 194, au heu de la figure 190, qui esl indiquée, placer la figure ci-jutnt
corrigée:
Fig. l»0.
j

Page 103, ligue 11, au lieu de, tous l'action des courants; lisez . sous l'action
des aimants.
Page 180, dern. ligne , au lieu de, Steuikel; liiez : Sieinlieil.

%SoBZ2,

Digitized by Google
Digitized by Google
Digitized by liOQffle
Digitized by Google
Digitized by Google
Digitized by Google
Digitized by Google
Digitized by Google
Digitized by Google
Digitized by Google
Digitized by Google
Digitized bÿ Google
ET DK
lions <!«* la I

Digitized by Google
Digitized by Google
Digitized
Digitized by Google
Digitized by (Soogle
Digitized by Google
*

Digitized by Google
Digitized by Google
Digitized by Google
I

FLORENZH1LFE

DURCH

W1EN

KONSERVIERT

OSTERREICHISCHE

Digitized by Google

Vous aimerez peut-être aussi