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Enoncé Ancré

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Qu’est-ce qu’une figure de style ?

C’est d’abord une manière de s’exprimer. Une figure modifie le langage ordinaire pour le rendre plus
expressif. On nomme figure de style (ou de rhétorique), tous les traits par lesquels le langage s'éloigne
de la simple fonction d'information. On les nomme également « figures de rhétorique » ou « figures du
discours ».

1. Les figures par analogie : fondées sur la RESSEMBLANCE

Une comparaison rapproche deux Tes yeux sont bleus comme le ciel
idées ou deux objets (ou encore un
Comparaison objet et une idée) : un rapport
d’analogie est établi entre ces deux
idées ou ces deux objets. La
comparaison comprend toujours au
moins deux termes (un comparé et un
comparant). Une comparaison s’opère
grâce à un terme comparant (comme,
tel, semblable à, pareil à, ainsi que, de
même que, etc.)
La métaphore consiste à désigner un  « Ma jeunesse ne fut qu’un ténébreux orage »
objet ou une idée par un mot qui (Baudelaire, « L’Ennemi »)
Métaphore convient pour un autre objet ou une
(féminin) autre idée liés aux précédents par une  « Je suis un vieux boudoir plein de roses
analogie. La métaphore fusionne donc fanées » (Baudelaire, LXXVI – Spleen)
en un seul les deux termes de la
comparaison ; il s’agit d’une
comparaison sans terme comparatif,
d’une comparaison implicite.

La métaphore filée est un procédé qui


consiste à développer une métaphore
en complétant le comparant par
plusieurs mots qui lui sont apparentés,
sans que leur comparé soit exprimé.

Lorsque le comparé et le comparant


sont présents dans la phrase, on parle
de métaphore in praesentia ; quand
seul le comparant est présent dans la
phrase, on parle de métaphore in
absentia.
Une allégorie est la figuration d’une « Je vis cette faucheuse. Elle était dans son champ.
abstraction, d’une idée, par une image, Elle allait à grands pas moissonnant et fauchant,
Allégorie souvent par un être vivant. Elle permet Noir squelette laissant passer le crépuscule. »
de concrétiser une idée, un concept.  Victor Hugo, Les Contemplations, « Mors ».
La personnification consiste à attribuer « Les branches des arbres hurlaient sous l'effet du
des propriétés humaines à un animal vent. »
Personnification ou à une chose inanimée (objet concret
ou abstraction) que l'on fait vouloir,
parler, agir, à qui l'on s'adresse etc.
comme dans l'expression :
Chosification C’est le fait de rendre semblable aux « Laisse-moi devenir/L'ombre de ton ombre/
choses, de réduire un homme ou un L'ombre de ta main/L'ombre de ton chien/Ne me
(ou réification) animal à l'état d'objet. → Réification. quitte pas... » (Jacques Brel)
2. Les figures par substitution : fondée sur le REMPLACEMENT
La métonymie consiste à désigner un « Ah ! quelle cruauté, qui tout en un jour tue
objet ou une idée par un autre terme Le père par le fer, la fille par la vue ! »
Métonymie que celui qui convient (par glissement  Corneille, Le Cid, acte III, scène 4
de sens). On parle de métonymie quand
le même mot désigne : « Cette obscure clarté qui tombe des étoiles
 le tout et la partie : une bonne Enfin avec le flux nous fait voir trente voiles. »
plume pour un bon écrivain ;  Corneille, Le Cid, acte IV, scène 3
 l’objet et sa matière : un verre pour
un récipient en verre ;
 le contenu et le contenant : boire un
verre pour dire boire le contenu
d’un verre ;
 le lieu et l’activité : un théâtre, une
cuisine ;
 l’activité et l’instrument, l’objet :
faire du piano, jouer aux cartes ;
 la cause et l’effet : boire la mort
pour boire le poison ;
 l’écrivain et son œuvre : lire un
Flaubert ;
 etc.

Une synecdoque est une variété de Dire « Il y a environ deux cents têtes dans ce
métonymie qui consiste à donner à un théâtre » pour « Il y a environ deux cents individus
Synecdoque mot un sens plus large ou plus restreint dans ce théâtre ». Il s’agit ici de « prendre une
(féminin) qu’il ne comporte habituellement. Plus partie du tout [têtes] pour le tout lui-même
simplement, il consiste à désigner un [individus] ».
objet par l’une de ses parties ou de ses
composantes (et vice versa). Dire « Il parut cent voiles à l’embouchure de la
rivière » pour « Il parut cent bateaux à voiles à
l’embouchure de la rivière ».
Une périphrase consiste à dire en « le conseiller des grâces » pour « le miroir », » les
Périphrase plusieurs mots ce qu’on pourrait dire en commodités de la conversation » pour « les
(féminin) utilisant un seul terme. fauteuils » Molière, Les Précieuses ridicules

« la Ville Lumière » (Paris).


3. Les figures par opposition :
Une antithèse consiste à rapprocher « […] un homme est là / qui vous aime, perdu dans
Antithèse deux pensées, deux expressions, deux la nuit qui le voile ; / qui souffre, ver de terre
(féminin) mots opposés pour mieux faire ressortir amoureux d’une étoile […]. »
le contraste.  Ruy Blas de Victor Hugo

C’est sous-entendre le contraire de ce « Tes résultats au bac sont vraiment
Antiphrase que signifie une phrase énoncée : on dit exceptionnels ! » dans le sens de « Tes résultats au
(féminin) ainsi le contraire de ce que l’on pense bac sont vraiment catastrophiques. »
réellement.
L’ironie repose souvent sur l’antiphrase. « Quel temps magnifique ! » (pour dire « Cette
pluie m’agace. »)

Un oxymore consiste à réunir deux « […]mon luth constellé


Oxymore termes de sens contraires à l’intérieur Porte le Soleil noir de la Mélancolie.»
(masculin, d’un même syntagme.  Nerval, « El Desdichado »
adjectif :
« Cette obscure clarté qui tombe des étoiles »
oxymorique) (ou
 Corneille, Le Cid (1682), acte IV, scène 3
oxymoron ou
alliance de mots)
Le paradoxe est l'affirmation d'une idée Les plus grandes vertus peuvent avoir des
Paradoxe qui va à l'encontre de l'opinion conséquences funestes.
générale.
Un chiasme est une figure de  « On veut haïr et on veut aimer, mais on aime
Chiasme construction qui consiste à disposer les encore quand on hait, et on hait encore quand
termes de manière croisée suivant la on aime. » (François de La Rochefoucauld,
structure AB / BA. Maximes)
 « Il faut manger pour vivre, et non pas vivre
pour manger. » -- Molière, L’Avare

 « Et l’on voit de la flamme aux yeux des jeunes


gens/ Mais dans l’oeil du vieillard on voit de la
lumière. »
4. Les figures de répétition :
De nombreuses figures fonctionnent sur le mode de la répétition. La nature de la répétition est
cependant variable : elle peut être rythmique, lexicale, morphosyntaxique ou phonique (voir
tableaux).

a. Répétition rythmique

Isocolie Répétition d'une cadence sur « Quitté de mes compagnes, je me reposai au bord
plusieurs segments de phrase. d'un massif d'arbres : son obscurité, glacée de
lumière, formait la pénombre où j'étais assis. »
-- Chateaubriand, Mémoires d'Outre-tombe

b. Répétition phonique

Allitération Répétition sur plusieurs mots d'une « Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos
sonorité consonantique (l’allitération en têtes ? »
« s » crée dans l’exemple une harmonie — Racine, Andromaque, acte V scène 5
imitative)
Assonance Répétition d'une voyelle sur plusieurs « Tout m’afflige et me nuit, et conspire à me nuire »
mots d'une même phrase — Racine, Phèdre, acte I scène 3


Homéotéleute Une homéotéleute consiste en la « Il y avait cette rumeur de foule qui s'amuse et
répétition d'une ou de plusieurs cette clameur de charlatans qui rusent et ce
syllabes finales homophones, soit de grondement d'objets qui s'usent » — Raymond
mots, de vers ou de phrase. Queneau, Pierrot mon ami

« Un jour de canicule sur un véhicule où je
circule, gesticule un funambule au bulbe
minuscule » -- Raymond Queneau, dans Exercices
de style

« Cette tour était la flèche la plus hardie, la plus
ouvrée, la plus menuisée, la plus déchiquetée,
qui ait jamais laissé voir le ciel à travers son
cône dentelle. » — Victor Hugo, Notre-Dame de
Paris.

Polyptote Un polyptote consiste à reprendre un Exemple dans l’Oraison funèbre d’Henriette-Anne


terme en lui faisant subir des variations d’Angleterre de Bossuet : « […] Madame se meurt !
(masculin)
morphologiques de nombre, de Madame est morte ! […] ».
personne, de mode, de voix ou de
temps. « Tel est pris qui croyait prendre. »

L'homéotéleute est la figure inverse au polyptote, cette dernière rapprochant des racines identiques pourvues
de terminaisons différentes alors que la première rapproche des mots différents possédant des terminaisons
identiques
C. Répétition morphosyntaxique

Anaphore Une anaphore est un procédé qui « Rome, l’unique objet de mon ressentiment !
(féminin) consiste à commencer par le même mot Rome, à qui vient ton bras d’immoler mon amant !
les divers membres d’une phrase. Rome qui t’a vu naître, et que ton cœur adore !
Rome enfin que je hais parce qu’elle t’honore ! »
 Horace de Corneille
Epiphore Répétition d'un mot ou d'un vers en fin « Longue comme des fils sans fin, la longue pluie
(féminin) de strophe Interminablement, à travers le jour gris,
Ligne les carreaux verts avec ses longs fils gris,
Infiniment, la pluie,
La longue pluie,
La pluie. »
— Emile Verhaeren, La pluie
Symploque La symploque, (du grec « Qui est l'auteur de cette loi ? Rullus. Qui a privé
(féminin) "entrelacement"), est une figure de du suffrage la plus grande partie du peuple
style où les mots ou groupes de mots romain ? Rullus. Qui a présidé les comices ?
commençant une phrase et ceux-là Rullus. » (Cicéron)
terminant sont repris au début et à la
fin de la phrase suivante de sorte qu'il y
a un entrelacement de répétitions. C'est
un emploi simultané de l'épiphore et de
l'anaphore. Elle peut se schématiser
ainsi : A_____B / A_____B
Anadiplose Une anadiplose est la reprise du dernier « Le néant a produit le vide, le vide a produit le
(féminin) mot d’une phrase (d’un vers ou d’une creux, le creux a produit le souffle, le souffle a
proposition) au début de la phrase qui produit le soufflet et le soufflet a produit le
suit. soufflé. »
 Claudel, Le Soulier de satin.

Epanadiplose L'épanadiplose consiste en la reprise, à « L'homme peut guérir de tout, non de l'homme. »
la fin d'une proposition, du même mot — Georges Bernanos, Nous autres Français
(féminin)
que celui situé en début d'une « Je suis comme je suis. »
proposition précédente. Elle a pour — Jacques Prévert, Paroles
figure inverse l'anadiplose. Elle permet « L'enfance sait ce qu'elle veut. Elle veut sortir de
des jeux mélodiques et rythmiques qui l'enfance. »
ont pour effet de suggérer l'insistance — Jean Cocteau, La difficulté d'être
ou l'humour.

Concaténation En littérature, la concaténation consiste « Comme le champ semé en verdure foisonne,


à répéter plusieurs anadiploses en De verdure se hausse en tuyau verdissant,
chaîne selon le schéma : __A / A___B / Du tuyau se hérisse en épi florissant,
B___C / C__ D'épi jaunit en grain, que le chaud assaisonne : »
— Joachim du Bellay

Epanalepse C’est la répétition d'un groupe de mots « Voici venir les temps où vibrant sur sa tige
(féminin) ou plus souvent un vers à travers une Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir;
ou plusieurs strophes (voir aussi Les sons et les parfums tournent dans l'air du soir;
Pantoum) Valse mélancolique et langoureux vertige !

Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir;


Le violon frémit comme un cœur qu'on afflige;
Valse mélancolique et langoureux vertige !
Le ciel est triste et beau comme un grand
reposoir. »
— Baudelaire, Harmonie du soir
Antanaclase Répétition, dans une même phrase, « Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît
(féminin) d'un mot employé chaque fois avec une pas » — Blaise Pascal, Pensées
acception différente

Epanaphore Répétition d'une même formule au « On tue un homme : on est un assassin. On en tue
(féminin) début de phrases ou de segments de des millions : on est un conquérant. On les tue
phrase successifs, dans la même tous : on est un Dieu. » — Jean Rostand
structure syntaxique
Epizeuxe Répétition contiguë d'un même terme « Ô triste, triste était mon âme
(féminin) sans coordination À cause, à cause d’une femme. »
— Paul Verlaine, « Ô triste, triste était mon âme »

d. Répétition sémantique :

Pléonasme, tautologie, redondance.


5. Les figures d’intensité

a. Les figures d’amplification :

Ce sont les figures l’insistance, de l’emphase, voire de l’exagération. Certaines figures par répétition, comme
l’anaphore, la redondance par exemple, participent également de ce processus d’amplification.

Elle consiste à mettre en relief une idée « Un des spectacles où se rencontre le plus
au moyen d’une expression exagérée. d’épouvantement est certes l’aspect général de la
Hyperbole L’hyperbole est donc une exagération population parisienne, peuple horrible à voir, hâve,
exprimée par l’accumulation, par jaune, tanné. » (Honoré de Balzac incipit de La Fille aux
l’emploi d’intensifs ou par l’emploi de yeux d'or)
mots excessifs.
« Je m'en vais vous mander la chose la plus
étonnante, la plus surprenante, la plus
merveilleuse, la plus miraculeuse, la plus
triomphante, la plus étourdissante, la plus inouïe, la
plus singulière, la plus extraordinaire, la plus
incroyable, la plus imprévue, la plus grande, la plus
petite, la plus rare, la plus commune, la plus
éclatante, la plus secrète jusqu'à aujourd'hui, la
plus brillante, la plus digne d'envie[...] une chose
qui fait crier miséricorde à tous, qui soulage bien du
monde.»— Madame de Sévigné, Lettres choisies, À
Madame de Grignan, le vendredi 3ème de juillet 1671

L'hyperbole est introduite ici par une abondance


de superlatifs accumulés, qui se conjugue aux
effets rhétoriques de l'homéotéleute (étonnante/
surprenante, merveilleuse/miraculeuse) et de
l'antithèse (grande/petite, rare/commune).

Accumulation C’est l’énumération d'éléments « Je m’en vais vous mander la chose la plus
appartenant à une même catégorie et étonnante, la plus surprenante, la plus
qui crée un effet de profusion. merveilleuse, la plus miraculeuse, la plus singulière,
la plus incroyable, la plus extraordinaire, […] »
— Madame de Sévigné, Lettres choisies, À Madame de
Grignan, le vendredi 3ème de juillet 1671

Gradation Elle consistant en une succession « Va, cours, vole, et nous venge. » --Le Cid de
d'expressions énumérées allant par Corneille.
progression croissante ou décroissante « C'en est fait ; je n'en puis plus ; je me meurs ; je
en termes d'intensité. Elle crée un suis mort ; je suis enterré. » --L'Avare de Molière
rythme dans la phrase et persuade par « Homme égalant les rois, homme approchant des
la beauté de la musique des mots. Elle Dieux » -- Le Philosophe scythe de Jean De La Fontaine
est proche de l'hyperbole dans son
mode ascendant. La célèbre loi du Talion est un exemple de
gradation descendante : « œil pour œil, dent pour
dent (...) »
b. Les figures d’atténuation

Litote La litote consiste nier une réalité, un « Va, je ne te hais point. » (= « Je t’aime. »)
(féminin) sentiment, afin de suggérer son  Corneille, Le Cid, acte III, scène 4
contraire (sous-entendre) ; elle laisse
entendre plus qu’on ne dit. En fait, Elle n’est pas mauvaise, cette tarte ! (= Elle est
l’effet recherché n’est pas bonne / très bonne.)
l’atténuation mais l’amplification,
l’insistance.
Euphémisme Un euphémisme est une figure de  « Elle nous a quittés. » au lieu de dire « Elle est
(masculin) pensée qui consiste à employer une morte. »
expression adoucie (ou un mot) pour  « On l’a remercié hier. » pour dire « On l’a
évoquer une idée désagréable, triste ou renvoyé hier. »
brutale.

6. Les figures fondées sur la syntaxe

Parallélisme Le parallélisme consiste à faire se « Il attendait la guerre


succéder deux segments de phrase qui Elle attendait mon père » (Jacques Brel)
ont la même construction syntaxique en
un rapport de symétrie et de répétition. « Dieu est l'auteur de la pièce; Satan est le
directeur du théâtre » — Victor Hugo
Chiasme (du grec χιασμός : khiasmós (disposition « La neige fait au nord ce qu'au sud fait le sable. »
(masculin) en croix, croisement. Le chiasme est (Victor Hugo)
une figure de style qui consiste en un « Rester dans le paradis, et y devenir démon,
croisement d'éléments dans une rentrer dans l'enfer, et y devenir ange ! » (Victor
phrase ou dans un ensemble de phrases Hugo)
et qui a pour effet de donner du rythme « Il faut manger pour vivre et non pas vivre pour
à une phrase ou d'établir des parallèles. manger. » (Molière)
Le chiasme peut aussi souligner l'union « En temps de paix, les enfants enterrent leurs
de deux réalités ou renforcer une parents. En temps de guerre, les parents enterrent
antithèse. leurs enfants. » (Hérodote)
« La guerre, c’est un massacre de gens qui ne se
Le chiasme peut se décliner en deux connaissent pas au profit de gens qui se
formes de structures croisées : connaissent, mais ne se massacrent pas. » (Paul
 une construction du type ABBA (« Il Valéry)
faut manger pour vivre... ») et que « Et l'on voit de la flamme aux yeux des jeunes
l'on nomme plus précisément gens. Mais dans l'œil du vieillard on voit de la
antimétabole; il y a inversion des lumière. » (Victor Hugo)
mêmes termes alors.
 une construction de type AB B' A' ' « Vous aviez le choix entre la guerre et le
(« la neige fait au nord... ») avec A' déshonneur. Vous avez choisi le déshonneur, et
et B' le contraire de A et B proche vous aurez quand même la guerre. » (Winston
de l'antithèse; il y a inversion des Churchill)
termes en vue d'une opposition.
Asyndète C’est la suppression des particules de « […] Ménalque se jette hors de la portière,
coordination dans l’ordre grammatical traverse la cour, monte l’escalier, parcourt
(féminin)
ou sémantique. l’antichambre, la chambre, le cabinet ; tout lui est
familier, rien ne lui est nouveau ; il s’assit, il se
repose, il est chez soi. » -Les Caractères de La Bruyère
Polysyndète Ajout d'une conjonction de « Un soir, j'ai assis la Beauté sur mes genoux. − Et
coordination au début de chacun des je l'ai trouvée amère. − Et je l'ai injuriée. »
membres de la ou des phrase(s), le plus — Arthur Rimbaud, Une saison en enfer
souvent alors qu'elle n'y est pas
nécessaire.
Parataxe La parataxe est, quant à elle, une forme « Les bonnes fondent sur moi; je leur échappe ; je
d’asyndète qui consiste à juxtaposer cours me barricader dans la cave de la maison »
deux propositions qui devraient être — Chateaubriand
unies par un rapport syntaxique de
subordination.
Hypotaxe L’hypotaxe consiste en une abondance « À cette heure où je descendais apprendre le
inhabituelle des liens de subordination menu, le dîner était déjà commencé, et Françoise,
dans une même phrase ou dans commandant aux forces de la nature devenues ses
plusieurs phrases consécutives. Il s'agit aides, comme dans les féeries où les géants se font
aussi d'un mode de construction de la engager comme cuisiniers, frappait la houille,
phrase complexe, composée d'une donnait à la vapeur des pommes de terre à étuver
succession de propositions, qui et faisait finir à point par le feu les chefs-d'œuvre
détermine un style particulier (style culinaires d'abord préparés dans des récipients de
« enchâssé » par exemple ou « en céramistes qui allaient des grandes cuves,
cascade ») propre à certains auteurs marmites, chaudrons et poissonnières, aux terrines
comme Honoré de Balzac ou Marcel pour le gibier, moules à pâtisserie, et petits pots de
Proust. crème en passant par une collection complète de
casseroles de toutes dimensions. »
— Marcel Proust, Du côté de chez Swann

Zeugma Le zeugme (d'un mot grec qui signifie Vêtu de probité candide et de lin blanc (Victor
"attelage") consiste à réunir à l'intérieur Hugo)
de la même construction deux termes
qui, normalement, ne devraient pas
être mis sur le même plan.
Hypallage Une hypallage est une figure qui « Phèdre mourait, Seigneur, et sa main meurtrière /
(féminin) attribue à certains termes d’un énoncé Éteignait de ses yeux l’innocente lumière. » (pour
ce qui devrait logiquement être « la lumière de ses yeux innocents.»
rattaché à d’autres termes de cet  Phèdre de Racine
énoncé. « Ce marchand accoudé sur son comptoir avide ».
(Victor Hugo)
Enallage Une énallage est une figure qui consiste « - Hermione : Seigneur, dans cet aveu dépouillé
(féminin) en un changement brusque de temps, d'artifice,/J'aime à voir que du moins vous vous
de mode, de nombre ou de genre, afin rendiez justice,...
de dramatiser une situation. - Pyrrhus : Je suivais mon devoir, et vous cédiez au
vôtre./ Rien ne vous engageait à m'aimer en effet.
- Hermione : Je ne t'ai point aimé, cruel ? Qu'ai-je
donc fait ?/J'ai dédaigné pour toi les vœux de tous
nos princes. » — Jean Racine, Andromaque

« La journée avait été pluvieuse et les hommes qui


ne dormaient plus, attendaient l'ordre de
combattre. Soudain, des coups de feu se font
entendre et un clairon résonne. Il fallut partir en
toute hâte. »
Anacoluthe Une anacoluthe est une figure de « Vous voulez que ce Dieu vous comble de bienfaits
(féminin) construction qui consiste en une Et ne l’aimer jamais ? » -- Racine, Athalie.
rupture de la cohésion syntaxique.
Cette rupture dans la construction « Le nez de Cléopâtre, s’il eût été plus court, la face
d’une phrase provoque généralement du monde en eût été changée. » -- Pascal, Pensées.
un effet de surprise.
7. Autres

Prétérition Une prétérition est une figure par Vous remarquez que je ne vous dis pas que votre
(féminin) laquelle on affirme passer sous silence style manque d’élégance.
quelque chose dont on parle
néanmoins.
Hypotypose Une hypotypose est une figure qui « De princes égorgés la chambre était remplie.
(féminin) regroupe l’ensemble des procédés Un poignard à la main l'implacable Athalie,
permettant d’animer, de rendre vivante Au carnage animait ses barbares soldats,
une description au point que le lecteur Et poursuivait le cours de ses assassinats.
« voit » le tableau se dessiner sous ses Joas laissé pour mort, frappa soudain ma vue;
yeux. Il s’agit donc d’une figure de Je me figure encore sa nourrice éperdue,
suggestion visuelle. Qui devant les bourreaux s'était jetée en vain,
Et faible le tenait renversé sur son sein.
Je le pris tout sanglant; en baignant son visage,
Mes pleurs du sentiment lui rendirent l'usage,
Et soit frayeur encore, ou pour me caresser,
De ses bras innocents je me sentis presser [...] »
— Racine, Athalie
Prosopopée La prosopopée consiste à donner la « Je suis belle, ô mortels, comme un rêve de
parole à un absent, à une personne, à pierre » — Charles Baudelaire
un animal ou à un être inanimé qui est
personnifié.
Interrogation On l’appelle aussi question oratoire : « Cela est-il juste ? Non ! »
fausse question destinée à garder la
rhétorique parole ou à émouvoir.
Syllepse de utilisation dans une même phrase d'un « Je percerai le cœur que je n'ai pu toucher »
mot à la fois dans son sens propre et — Pierre Corneille
sens son sens figuré.
Antonomase C’est une figure par laquelle on « un Harpagon », pour désigner un avare, est une
remplace un nom commun par un nom antonomase.
(féminin) propre, et vice-versa.
Anastrophe Une anastrophe est une inversion de « Étroits sont les vaisseaux, étroite notre couche.
l’ordre habituel des mots. Immense l’étendue des eaux, plus vaste notre
empire/Aux chambres closes du désir. » -- Saint-
John Perse, Amers, « Strophe ».
Epitrochasme Il consiste en la succession de mots « Vomit sa vieille nuit, crie: à bas! crie: à mort! /
(masculin) brefs, dans un vers ou une phrase Pleure, tonne, tempête, éclate, hurle, mord »
 (Victor Hugo, Les Contemplations)

Solécisme Faute de syntaxe (construction « Hier, j'ai retourné où nous étions été. »
incorrecte) permettant d'aboutir à un
langage populaire proche du « Si j’aurais su… »
barbarisme.

En rouge : à connaître impérativement !


En vert : il est bien de les connaître.
En noir : pour savoir que cela existe, au cas où…

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