Ag 3510
Ag 3510
Ag 3510
de procédés industriels
par Pascal BERRUET
Maître de Conférences à l’Université de Bretagne Sud
Jean-François PETIN
Maître de Conférences au Centre de recherche en automatique de Nancy CRAN-UMR 7039
Nancy Université, CNRS
Fabien RIGAUD
Ingénieur commercial – ARC Informatique
Armand TOGUYENI
Professeur des Universités à l’École Centrale de Lille (EC Lille)
et Éric ZAMAÏ
Maître de Conférences HDR à l’Institut National Polytechnique de Grenoble
epuis ces trente dernières années, le souci principal des industriels s’est
D porté sur une automatisation à outrance des procédés industriels afin
d’améliorer sans cesse la performance de l’outil de production. Tirant parti des
progrès technologiques dans le domaine de la communication, des
automatismes industriels (interfaces ou services Web embarqués dans les auto-
mates programmables industriels) ou encore dans les domaines de l’électroni-
que et de l’informatique (RFID, réseaux de capteurs, composants logiciels
embarqués...), ces systèmes automatisés intègrent aujourd’hui une part de plus
en plus importante de technologies de l’information et de la communication
distribuées au cœur même des processus de production et des produits. Mais
cette automatisation a un prix, celui de la complexité du système de pilotage
tant sur le plan des éléments matériels hétérogènes (calculateurs dédiés,
réseaux de communication, chaînes d’actions et de captage...) qui le compose
que sur celui des fonctions logicielles (ordonnancement, commande, suivi,
diagnostic, reconfiguration, supervision...) qu’il abrite. Aussi, le besoin de
méthodes, ou au moins de retours d’expertises, permettant de mettre en
relation l’ensemble de ces éléments afin qu’ils contribuent encore à améliorer
les performances des entreprises devient prépondérant.
Afin de répondre à un tel besoin d’intégration de ces composants industriels,
le concept d’architecture de pilotage a été proposé.
Aussi, dans ce dossier, le lecteur découvre dans une première partie une
analyse de la nature même des architectures de contrôle et de commande de
procédés industriels. La deuxième partie décrit quant à elle les différentes
fonctions qui interviennent au cœur de ces architectures afin de contribuer au
processus global de pilotage temps réel. La troisième partie se focalise sur une
des facettes de ce processus de pilotage à savoir sa capacité à réagir aux aléas
de fonctionnement. Enfin, la quatrième partie donne un aperçu des approches
à ce jour proposées pour donner au processus de pilotage des capacités à
reconfigurer toute ou une partie de l’architecture physique et logicielle de
pilotage.
(0)
AMR Advance Manufacturing Research OPC OLE (Object linking and Embedding) for Process
Control
B2B Business to Business
PID Proportionnel Intégral Dérivé
B2MML Business to Manufacturing Markup Language RDC Remote Desktop Connection
OAGIS BOD Open Application Group Integration Specification, XML SOAP eXtended Markup Language Simple Object Access
Business Objects Definition Protocol
Réseau
industriel
Automates
Réseau informatique
Messagerie TCP/IP
Automates
Automates
Figure 4 – Architecture client-serveurs multiples
Appplication
SCADA client sur PC
web serveur Messagerie Pocket PC utilisant avec navigateur
avec IIS XML SOAP Compact.net Internet
framework
Réseau informatique
Messagerie TCP/IP
Réseau
industriel
Automates
Figure 6 – Architecture clients-serveurs avec
clients Web banalisés
ERP
Systèmes de gestion d’entreprise Niveau
de planification
MES
Systèmes de pilotage de la production Niveau
d’exécution
SIMATIC® IT
Contrôle
Systèmes de contrôle/commande Niveau
de contrôle
SIMATIC®
a d’après Siemens
Bill of resources
(external) Product production Bill of material
rule (external)
* has associated
*
has associated
*
* *
Product segment Corresponds to
Product segment Process segment Manufacturing bill
Dependency *
* 1..*
has an execution * 1
dependency on
is defined as a collection of
* * * * 1..*
Product parameter Personnel Equipement Material specification
specification specification
* * *
Personnel Equipement Material specification
specification property specification property property
— Allocation et contrôle des ressources (resource allocation and attendus et les résultats réels au niveau de la production, au niveau
control ) : gestion et suivi en temps réel des ressources de fabrica- de l’utilisation des ressources, de leur disponibilité, du temps de
tion (machines, outils, matériaux, documents...) et toute autre cycle de chaque produit...
entité nécessaire aux opérations à réaliser sur les ressources. — Contrôle des documents (document control ) : contrôle des
— Ordonnancement (operations and detailed scheduling ) : enregistrements et des documents qui doivent être conservés avec
séquencement basé sur les priorités, attributs, caractéristiques, et l’unité de production (instructions de travail, recettes, plans, procé-
règles de production associées aux équipements de production et dures standards, morceaux de programmes...).
aux caractéristiques des produits. — Gestion du personnel (labour management ) : gère et enregis-
— Cheminement des produits et des lots (dispatching tre les activités du personnel, affectation de tâche en interaction
production ) : détermine le cheminement des produits et des lots avec l’allocation des ressources.
dans l’atelier conformément aux recettes ou gammes de fabri- — Gestion de la maintenance (maintenance management ) : pla-
cation utilisées et en tenant compte de l’état réel de l’atelier nifie les tâches permettant d’assurer la disponibilité des équipe-
(pannes, retards, etc.). ments et des outils pour la fabrication (actions correctives,
— Acquisition et collecte de données (data collection and acquisition ) : périodiques ou préventives), aide au diagnostic.
obtention en temps réel et historisation des données opérationnelles
associées aux équipements et aux procédés de production.
— Gestion de la qualité (quality management ) : analyse en 2.3 Flux d’informations
temps réel des indicateurs qualité, identification et signalement
des problèmes potentiels, recommandation d’actions correctives La nature et les échelles de temps des flux physiques et informa-
ou préventives. tionnels traités aux niveaux de la gestion d’entreprise et de la con-
— Gestion du procédé (process management ) : surveillance de duite des procédés étant très différentes, il s’avère nécessaire
la production, permettant soit de corriger automatiquement, soit d’identifier un référentiel commun qui formalise les processus mis
de fournir une aide à la décision aux opérateurs pour corriger et en jeu à chacun des niveaux, les informations manipulées et les
améliorer les fonctions en cours d’utilisation. modèles utilisés. En ce sens, la norme ANSI/ISA-95 « Enterprise-
— Traçabilité et généalogie produit (production planning and Control system integration » (IEC/ISO 62264) [24], propose, dans
tracking ) : fournit et enregistre les informations sur l’état de la pro- ses parties 1 et 2, une formalisation des processus de gestion et
duction et des travaux (affectation du personnel, composants utili- d’exécution, dans le formalisme flux de données, ainsi que les
sés dans la production, alarmes...). structures d’informations et leurs attributs, sous la forme de dia-
— Analyse de performances (performance analysis ) : fournit des grammes de classes UML (Unified Modeling Language, figure 8).
comptes-rendus sur les écarts constatés entre les résultats La partie 3 de cette norme définit les modèles des activités de
ERP
CRM SCM
CRM ERP SCM
EAI
CRM SCM
Connecteur ERP
S95/OAGIS BOD
Synchronisations
statiques (B2MML)
MES MES SCADA
Collecteur
MES EAI de données
Collecteur Collecteur OPC
SCADA de données SCADA de données
OPC OPC Connecteur
S95/OAGIS BOD
Ces technologies conduisent à une évolution d’architectures inté- vice acceptable, la sûreté de fonctionnement ne doit plus être
grées statiques (B2MML) vers des architectures EAI autorisant des considérée comme superflue, mais être intégrée aux systèmes de
échanges dynamiques entre ERP et MES, voire même entre ERP, production afin d’être un atout supplémentaire dans l’environne-
MES et automatismes pour peu que ces derniers puissent intégrer ment concurrentiel des entreprises. Cette intégration prometteuse
dans leurs équipements (automates programmables, serveurs se traduit en phase d’exploitation, par le développement et l’inte-
OPC) des connecteurs S95/OAGIS BOD (figure 12). raction de modules de surveillance supervision commande per-
Au-delà de l’impact technologique que souligne la figure 12, mettant au système de se reconfigurer afin de poursuivre tout ou
l’intégration des automatismes aux systèmes de pilotage de la une partie de ses missions. Cette notion de reconfiguration sera
production (MES), voire aux systèmes de gestion d’entreprises traitée en détail dans le paragraphe 4.
(ERP, CRM, SCM) conduisent à étendre leurs fonctions tradition- Un aléa, qu’il soit une variation de la demande ou l’effet d’une
nelles de commande des installations industrielles par des panne, ayant pour conséquence une réduction du potentiel produc-
fonctions de gestion technique aptes à fournir les informations tif du système, était souvent traité par l’arrêt complet du système.
requises (surveillance produit/procédé, enregistrement des états Dans un cas comme dans l’autre, la remise en cause brutale de
machines et opérateurs, identification et traçabilité produit...) sur l’ordonnancement dès qu’une marge décisionnelle est perturbée a
lesquelles pourront se baser des fonctions de prise de décision et pour conséquence une diminution de la qualité de service. Le sys-
de mise en œuvre de nouvelles configurations. Ce point fait l’objet tème est en effet moins disponible pour délivrer les lots à temps.
du paragraphe 3. L’intégration en conception et la prise en compte en ligne des flexi-
Par ailleurs, les automatismes étant en prise directe avec les sys- bilités tendent à permettre d’absorber ces perturbations. Des dis-
tèmes de pilotage de la production, ils devront pouvoir s’adapter positifs sont alors utilisés afin de mettre en œuvre la réactivité.
plus rapidement à des changements de production (modification En approfondissant la notion de réactivité face à des pannes, il
de gammes opératoires, lancement de nouveaux produits, person- apparaît qu’une réaction unique ne suffit pas mais que des boucles
nalisation des produits) afin de favoriser la réactivité du système de réaction adaptées doivent être envisagées en fonction de la
de production aux aléas de fonctionnement afin de minimiser les nature de l’aléa qui influe sur le système.
perturbations vis-à-vis des plans prévus par le MES. Ce point fait Nous pouvons faire un parallèle avec la théorie de la
actuellement l’objet de travaux portant sur la reconfiguration dyna- cybernétique [20] en présentant la réaction face à une panne
mique des automatismes et est présenté dans le paragraphe 4. comme une boucle de réaction intégrant des modules information-
nels, décisionnels et opérationnels. La terminologie dans le
domaine des systèmes de production flexible fait référence à des
notions de surveillance, supervision et commande que nous allons
3. Réactivité face à des pannes détailler. La plupart des définitions sont admises par la
communauté scientifique nationale. Un effort de structuration et de
Il est illusoire de prétendre que les systèmes dont nous avons définition des frontières entre ces modules se trouve dans le traité
présenté les architectures de pilotage sont exempts des variations IC2 [15] synthétisant des travaux du GT ASSF du GDR MACS. Ces
de leur environnement [16]. Afin de maintenir une qualité de ser- définitions sont reprises et commentées.
3.1 Commande
Gestion des modes : gère des phases transitoires complexes charge tend elle-même à devenir difficile, voire même impossible.
entre l’état actuel du système et l’état objectif déterminé par la Pour ces raisons, de nombreux travaux de recherche visent à déve-
décision [1] [5]. lopper et proposer des solutions visant à aider l’opérateur humain
Il est à noter que ces deux fonctions participent à l’élaboration dans les phases de reconfiguration.
graduelle de nouveaux modèles.
racine
+
repos préparation
(IN/Act./Dégradé)
P7 = 8
production
arrêt
clôture repli 其 Modes de marches
(IN/Act./Dégradé)
elever_temperature
Légende d’un nœud :
(IN/Act./Dégradé) nom_service
elever_temperature_v1 (statut_configuration,statut_activation,statut_sûreté)
■ Un changement de production peut être relatif à la nature de la En cas de réparation d’une ressource, il peut être envisageable
production, la qualité ou la quantité des produits. En effet, dans de l’intégrer (ou de la réintégrer) dans le système de production de
l’industrie manufacturière, les systèmes de production flexibles ont manière à augmenter ses capacités de production ou de réaction à
été conçus afin de répondre à la production de petites ou moyennes une panne de ressource.
séries de produits. Cela entraîne qu’il peut être nécessaire sur un Notons que les deux types d’événements susceptibles de déclen-
horizon de production donné, de lancer la fabrication de produits cher un processus de reconfiguration ne sont pas nécessairement
qui n’avaient pas été ordonnancés. Cela n’est possible que si les res- découplés. En effet, une défaillance de ressource peut entraîner un
sources engagées dans la production ne fonctionnent pas à charge changement de production en raison de l’impossibilité à retrouver
maximale ou si l’on peut engager de nouvelles ressources en pro- les capacités de production nécessaires dans les délais requis.
duction. Un changement de production peut également être relatif à
la qualité des produits. L’exigence d’une qualité supérieure à celle
initialement prévue peut nécessiter l’engagement de ressources de 4.3 Mise en œuvre du processus
transformations capables de l’obtenir. Il en est de même pour la
quantité dont les exigences peuvent varier en cours de production. de reconfiguration au niveau
Dans tous les cas, ces changements peuvent induire l’ajout ou la de la commande
suppression de certaines ressources matérielles (par exemple, des
machines ou des robots dans un système manufacturier ou l’utilisa- D’une manière générale, le processus de reconfiguration
tion de pompes, cuves ou vannes différentes dans un système comprend au moins deux étapes [6] : une étape décisionnelle de
continu) par rapport à l’ensemble de celles engagées dans la pro- détermination d’un état objectif dans lequel on souhaite mettre le
duction en cours. système et une étape opérationnelle permettant de mettre en
œuvre un certain nombre d’opérations de configuration qui per-
■ Les changements d’états des ressources de production sont mettront d’atteindre cet état objectif. Lorsque le processus est initié
quant à eux caractérisés par deux grands types : les défaillances et par un événement de type défaillance d’une ressource, ces deux
les réparations. étapes sont précédées par une étape de surveillance ayant permis
En cas de défaillance(s), le processus de reconfiguration doit la détection et l’identification de la défaillance (§ 3).
d’abord chercher à substituer la (les) ressource(s) défaillante(s) par
une autre ressource du système de production. L’objectif dans ce 4.3.1 Étape décisionnelle
contexte est d’utiliser des redondances actives ou passives pour
remédier à la défaillance. On peut distinguer trois types de Dans ce contexte, la reconfiguration doit permettre d’adapter les
reconfigurations [1] : services offerts par le système de production aux objectifs de pro-
duction. L’état du système est donc caractérisé par les services
— la reconfiguration mineure : elle consiste à utiliser des res- offerts par le système. L’état courant correspond aux services
sources actives. Cela n’est possible que si les ressources concer- actuels et l’état objectif est caractérisé par les services souhaités.
nées ne fonctionnent pas à charge maximale et si leur taux Afin d’établir l’état objectif, le Laboratoire d’automatique, génie
d’engagement courant permet d’absorber la charge initialement informatique & signal (LAGIS, Lille) propose une représentation
affectée à la ressource défaillante ; arborescente appelée graphe fonctionnel (figure 14) qui permet
— la reconfiguration significative : elle consiste en l’utilisation d’établir des relations causales entre les fonctions élémentaires
de ressources démarrées mais non engagées dans la production des composants de base du système et ses fonctions principales.
courante ; Ce modèle permet d’exploiter des algorithmes de parcours de
— la reconfiguration majeure : elle consiste à mettre en marche graphe qui, étant donné le changement d’état d’une fonction
et à engager en production des ressources qui avaient été laissées donnée, va identifier un état objectif en exploitant les redondances
à l’arrêt pour la production courante. fonctionnelles existant dans le modèle [8] [18].
Pre_Alloc/
Req(f1) I->Z2 I->Z2 Z2->M1 Z2->M1 M1/ M1/ M1->Z2/ M1->Z2/ Z2->Z4/ Z2->Z4/
/Req /Ack /Req /Ack Run(f1) Ack(f1) Req Ack Req Ack
I I Z4
I->Z3 I->Z3 Z3->M2 Z3->M2 M2/ M2/ M2->Z3/ M2->Z3/ Z3->Z4/ Z3->Z4/
/Req /Ack /Req /Ack Run(f1) Ack(f1) Req Ack Req Ack
Req, Ack, Rest plages d’interface pour la synchronisation avec d’autres modèles
Z1 à Z4 noms des stocks intermédiaires
Pour mettre en œuvre cette étape de décision, le Laboratoire tions fonctionnelles à appliquer au produit pour le faire passer de
d’électronique des systèmes temps réel (LESTER, Lorient) propose, l’état brut à l’état fini. On parle alors de gamme logique quand elle
à partir d’une description physique et logique d’un système recon- est décrite par un modère RdP coloré [4]. Cette commande peut
figurable, l’élaboration d’un modèle de type graphe ou réseau de également préciser à la fois les opérations de transformation et les
Petri RdP représentant l’accessibilité entre les différentes fonctions opérations de transferts que subit le produit. On parle alors de
de transformation du système de production [7]. L’analyse a priori gammes opératoires [4]. La commande des ressources consiste en
de ce modèle permet, hors ligne, l’évaluation de la criticité [1] des la modélisation d’opérations exécutables par les ressources et de
différentes ressources qui composent le système. Ainsi en cas de l’ensemble des transferts permettant de les interconnecter. Dans ce
défaillance d’une ressource critique, la décision peut immédiate- cadre, on distingue deux types de techniques utilisées par l’étape
ment déterminer qu’il n’existe pas d’alternative. Dans ce cas, seule opérationnelle : l’adaptation en ligne de la commande et la syn-
une modification des objectifs permet une poursuite de la produc- thèse dynamique de lois de commande.
tion. Ce modèle est également utilisable en ligne afin de détermi-
ner un état objectif de reprise. En effet, en se basant sur les ■ L’adaptation en ligne de la commande est basée sur l’idée que
accessibilités résiduelles, il permet de déterminer les séquences de l’ensemble des potentialités de contrôle du système a été
transformation pouvant encore être mise en œuvre sur le système pré-intégrée à la commande. Dans ce cadre, le LAGIS propose une
de production. Le choix des gammes opératoires détermine alors approche [12] basée sur l’exploitation des RdP colorés. À chaque
l’ensemble des ressources disponibles à mettre en production. produit est associé une gamme opératoire modélisant la nature des
Celles qui ne sont plus nécessaires doivent être arrêtées. flexibilités du processus de fabrication (Job Shop ou Open Shop) et
les redondances fonctionnelles du procédé. Les deux branches de la
figure 15 illustrent que l’opération de transformation « f1 » peut
4.3.2 Étape opérationnelle être réalisée (f1 +) soit la machine M1 soit sur la machine M2. Elle
montre également que le choix d’une ressource est réalisé dynami-
L’obtention de l’état objectif nécessite la conception d’une quement par la requête de demande de pré-allocation d’une res-
commande reconfigurable. Dans les systèmes manufacturiers, la source. Cette pré-allocation est fonction de l’état des ressources et
définition d’une telle commande résulte souvent de la complémen- de l’ordonnancement prévisionnel réalisé hors ligne. Si par exem-
tarité entre deux points de vue : une commande basée sur le point ple, seule la machine M1 était engagée en production dans le mode
de vue produit (point de vue logique du système reconfigurable) et normal ; en cas de panne, l’allocateur peut remplacer la machine M1
la commande des ressources de production (point de vue physique par M2, et cela de manière transparente pour la gamme. Dans
du système reconfigurable). La commande selon le point de vue l’approche du LAGIS, les gammes opératoires fonctionnent de
produit consiste en général à décrire les séquences de transforma- manière complémentaire avec les graphes de commande des
PMAg
OUT IN
Z1->PMAg PMAg->Z1
Z1->OUT IN->Z1
M3 Z4 IS6 IS5 Z2 M1
Z3->IS6 IS5->Z3
Z4->M3 M1->Z2
M2->Z3 Z3->M2
M machine
IS stock intermédiaire M2
Z zone de déplacement
PMAg magasin de palettes
RP 01 RP 09 RPdec
RPpos0
Figure 18 – Architecture de synthèse d’une commande reconfigurable proposée par le CRAN [26]
■ La seconde technique utilisée pour obtenir une commande recon- compte de contraintes opérationnelles comme l’exclusion mutuelle.
figurable consiste en la synthèse hors ligne ou en ligne d’une loi de Une dernière phase, non représentée sur la figure 20, permet de
commande déterministe prenant en compte les caractéristiques du transformer le graphe cyclique obtenu en code de type grafcet ou
produit et les ressources disponibles. RdP. L’intérêt principal de cette approche est de pouvoir adapter, en
Dans ce cadre, le LAG (Laboratoire d’automatique de Grenoble) temps réel, la commande aux caractéristiques réelles du système
propose une approche [11] de synthèse de lois de commande en de production.
contexte incertain des systèmes automatisés de production. L’incer-
tain est ici caractérisé d’une part par les variations imprévues des
demandes client, mais également par les aléas de fonctionnement
déclarés au niveau de la partie opérative. L’approche, localisée au
niveau 1 du CIM (Computer Integrated Manufacturing), et en parti-
5. Conclusion
culier au sein des modules de coordination des chaînes fonction-
nelles, s’intègre au sein d’un système plus général de supervision, Le pilotage des procédés industriels est en pleine évolution, prin-
surveillance et commande. L’approche se distingue en considérant cipalement due à une recherche permanente de réduction des
la globalité du processus qui mène à la reconfiguration des lois de coûts, deuxièmement à l’évolution très rapide du monde de l’infor-
commande. En effet, elle propose non seulement une méthode de matique, troisièmement aux attentes des exploitants en termes
modélisation de la partie opérative utilisant un formalisme particu- d’outils de conduite et d’aide à la conduite de ces procédés de plus
lièrement adapté à la complexité des procédés considérés mais en plus complexes et enfin aux incertitudes liées à la fois aux
aussi une technique de synthèse de lois de commande basée sur demandes des clients mais également aux aléas de fonctionne-
un mécanisme de recherche de chemins dans un graphe. La modé- ment issus du procédé considéré. Ces changements se traduisent
lisation proposée (figure 19), proche de celle utilisée en planifica- par une conduite plus complexe des procédés, nécessitant le trai-
tion automatique, est basée sur un ensemble d’opérations qui tement, avec toujours moins de préavis et davantage d’incertitu-
décrivent la dynamique des chaînes fonctionnelles et leurs effets sur des, de toujours plus d’informations. Afin de faire face à une telle
le flux de produits tout en prenant en considération les contraintes problématique, un agencement efficace des composants issus des
sécuritaires et environnementales associées. Toute l’originalité du technologies de la communication et de l’information doit être réa-
mécanisme de synthèse proposé réside dans le compromis réalisé lisé pour assurer, dans tous les cas, un fonctionnement efficace du
entre la complexité du graphe manipulé et les performances de la système, en ayant toujours à l’esprit l’importance d’une maîtrise à
solution obtenue. Ce mécanisme (figure 20) est basé sur l’analyse chaque instant de sa sécurité et de sa productivité. Au cœur de
des effets sur le procédé d’opérations caractérisant les possibilités cette problématique du pilotage d’ateliers, ce dossier apporte sa
fonctionnelles de ses composants. Ces opérations sont de trois contribution en termes de préconisations de choix d’architectures
types : transformation, transitique et préparation. Pour chaque pro- de pilotage, d’organisation des fonctions requises au niveau Manu-
duit, un algorithme en trois phases permet de générer une loi de facturing Execution System MES et enfin d’ouverture à des
commande optimale. La première phase détermine un graphe méthodes de reconfiguration permettant de faire face aux aléas de
acyclique intégrant progressivement des séquences contenant les fonctionnement. De telles méthodes sont en cours d’articulation au
trois types d’opérations. Les deux étapes suivantes consistent à travers notamment de projets scientifiques afin de tendre vers leur
imbriquer et à fusionner les différents graphes acycliques en tenant intégration future au sein de structures MES.
Dynamique
e
j évolution associée du flux de produits eai, j
Évolution requise
Évolution induite
Opération d’information
Plusieurs produits A Plusieurs produits B
Opération
OpÈrationd’action
d’action
verrou
! 1 produit A 1 produit B
Transformation
autorisées ?
évolutions
étape 1
Tour Fraiseuse
Perceuse
Tour V2 V3 Magasin
Transitique
étape 2
Tapis 1 Tapis 1
Perceuse Fraiseuse
V1
Phase A
Démarrer Démarrer tapis
Préparation
geler les // ?
étape 3
Tournage Démarrage
du tapis et
étape 4
et
les // ?
de commande multiproduit
Plusieurs Multiproduits (A et B)
de commande cyclique
produits (A)
Imbrication - Phase B
Conception de lois
Fusion - Phase C
Imbrication
Assemblage de produits
Fusion
- répondre à la demande
Loi de commande
- satisfaire les contraintes de sécurité et d’écologie
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