ACV
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INTRODUCTION
L’analyse du cycle de vie étant une méthode d’analyse quantitative permettant d’établir un bilan
environnemental d’un système par l’analyse des flux entrants et sortants, sur l’ensemble de son
cycle de vie, elle correspond à un concept de production et de consommation. Elle vise la prise
en compte des relations environnementales, économiques et sociales propres à un produit ou à
un service pendant tout son cycle de vie, c'est-à-dire « du berceau au tombeau ». Ce présent
travail porte sur l’étude de l’ACV pour la production du sucre.
Comme toute étude l’analyse du cycle de vie d’un produit comporte les étapes à considérer :
L’acquisition des matières premières et sources d’énergies
Le transport et la distribution
Les étapes de la production
L’utilisation du produit
La gestion de la fin de vie (recyclage, destruction, entreposage, revalorisation,…)
La canne à sucre est une plante présente dans les régions tempérées chaudes à tropicales,
comme au Brésil. Ce point se réfère uniquement au cas brésilien, en commençant par la
réalisation d’un inventaire des terres disponibles ainsi que celles déjà occupées par les
cultures de canne à sucre. Le Brésil a été choisi en raison de sa position dominante au
sein des producteurs de canne à sucre : sa production atteint près de 42% de la production
mondiale en 2010. Cette production a presque doublé en 5 ans, passant d’environ 415.106
tonnes par an en 2005 à 717.106 tonnes par an en 2010 (FAO, 2010b). Elle est parfaitement
adaptée aux conditions d’ensoleillement et de température intenses. Pour obtenir des bons
résultats, la canne doit recevoir 2000 à 3000 millimètres des pluies durant sa croissance.
Après la mise en terre des boutures, les jeunes pousses exigent beaucoup des soins. Le planteur
nourrit le sol et la plante par un apport d’engrais et d’eau. Les zones les plus sèches, l’irrigation
est parfois nécessaire. La canne à sucre croît favorablement lors de la présence de deux saisons
distinctes, la première chaude et humide pour permettre la germination, la croissance et le
développement végétatif puis la seconde, froide et sèche pour permettre la maturation et
l’accumulation de saccharose dans les chaumes. Les régions équatoriales humides ne présentent
pas de bonnes conditions pour la croissance de la canne à sucre, ce qui élimine donc la
zone de la forêt amazonienne comme zone de culture potentielle. L’expansion de la culture
de canne à sucre peut avoir des conséquences directes ou indirectes avec le remplacement de
cultures préexistantes et leur déplacement sur d’autres terres.
B. LE TRANSPORT DE LA CANNE A SUCRE
Après la coupe, la canne à sucre est transportée directement vers l’unité de transformation
pour réduire au maximum les pertes de saccharose. Il s’agit généralement de transport par
camion d’une capacité variant entre 15 et 60 tonnes, excepté pour les sites disposant d’un
transport fluvial. Le transport de la canne ainsi que toutes les opérations de logistique ont
évolué au cours des années afin de diminuer les coûts ainsi que les problèmes de
compaction du sol dus aux passages des machines agricoles. Une première étude mentionne
que le transport de la canne devient non rentable économiquement si la distance entre les
champs et l’unité de transformation est supérieure à 30 km. Toutefois, vu l’impact potentiel de
cette étape, une analyse de sensibilité sera réalisée en faisant varier la distance à parcourir.
C. LA FABRICATION DU SUCRE ET DU BIOETHANOL
Le cycle de la production du sucre à partir de la canne à sucre comprend deux procédés inhérents
lors des étapes de la fabrication : la fabrication du sucre et la production du bioéthanol.
Procédé pour le sucre
Le sucre que renferment les tiges de canne est du saccharose. Ce saccharose est l'un des produits
de la photosynthèse (transformation de l'énergie lumineuse en énergie chimique). La canne
accumule ce sucre dans ses tiges comme réserve énergétique. La quantité de saccharose
contenue dans la canne est en moyenne de 12 à 15 %. Pour extraire et concentrer ce sucre, la
canne doit être soumise à un traitement qui s'est complexifié avec les années. Aujourd'hui, le
processus s'est grandement mécanisé et permet d'obtenir un produit d'une grande pureté.
Le procédé industriel de transformation des cannes à sucres comprend un procédé principal de
production d'éthanol. Il est composé d'une succession d'opérations unitaires :
o Préparation : d'abord, les cannes sont déchiquetées mécaniquement afin de faciliter le
broyage.
o Extraction : Le jus est extrait par broyage ou par diffusion. Dans le cas du broyage, on
utilise des moulins dits « conventionnels » ou des Mill Max. Dans le cas de la diffusion,
on opère par lixiviation.
o Clarification : le vesou qui contient un grand nombre d'impuretés est épuré par
tamisage, par chauffage et par ajout de chaux (chaulage).
o Evaporation : le jus clair est chauffé à différentes températures dans des évaporateurs
à pression réduite. L'eau s'élimine sous forme de vapeur et on obtient le sirop.
o Cristallisation : dans des chaudières, le sirop est chauffé à 55 °C et à pression réduite.
Il se transforme en masse pâteuse, la masse cuite qui renferme des cristaux de sucre et
un liquide visqueux appelé liqueur-mère.
o Malaxage-turbinage : la masse cuite est malaxée et turbinée dans une centrifugeuse
afin de séparer les cristaux de sucre et le sirop d'égout. On obtient le sucre de premier
jet.
o Première reprise des égouts : les sirops d'égout sont malaxés et turbinés à nouveau
pour obtenir le sucre de deuxième jet.
o Deuxième reprise des égouts : les sirops d'égout sont malaxés et turbinés une seconde
fois. On obtient le sucre de troisième jet et la mélasse. Le sucre de troisième jet peut être
refondu pour être mélangé en premier jet.
o Séchage : les cristaux de sucre sont séchés.
o Emballage : les cristaux de sucre sont finalement mis dans des sacs. Dans les pays
producteurs, le sucre roux obtenu est souvent vendu et consommé tel quel. Pour obtenir
le sucre blanc, le sucre roux doit subir une série d'opérations de raffinage en usine.
Procédé du sucré au bioéthanol
o Lavage et broyage: À son arrivée, la canne à sucre, non découpée, est lavée dans de
l’eau à 80°C et rejoint ensuite le système de préparation et d’extraction permettant
l’obtention du jus sucré. Ces premières étapes sont identiques pour la production de
sucre ou de bioéthanol. Deux types d’extraction peuvent être rencontrés l’extraction
mécanique avec utilisation de pressoirs ou l’extraction par diffusion.
o Traitement chimique et filtration : Après extraction, le jus est tamisé et soumis à un
ensemble de traitements physiques et chimiques afin d’éliminer divers types
d’impuretés : minéraux, sels, acides, fibres, etc. Le traitement physique comprend des
cribles et des hydrocyclones qui permettent d’éliminer la majorité des fibres et des
particules. Le traitement chimique est réalisé à l’aide d’acide phosphorique qui
augmente le contenu en phosphates du jus et permet d’éliminer les impuretés par
précipitation. Le jus est ensuite chauffé de 30 à 70°C, température à laquelle de la
chaux est ajoutée. Ce flux est mélangé au filtrat issu de l’étape ultérieure de
filtration. Ce mélange est alors chauffé à 105°C, période au cours de laquelle des
produits chimiques sont ajoutés pour ajuster le pH du mélange ainsi que pour faire
floculer les impuretés. Le jus passe ensuite dans un décanteur où deux flux sont
récupérés : la boue et le jus clarifié. En plus du résidu phosphaté, la boue contient
encore du sucre qui peut être récupéré par une opération de filtration rotative sous vide.
Le filtrat recueilli est celui dont il est fait mention à l’étape de chaulage du jus. Le gâteau
de filtration appelé « tourteau » peut être utilisé comme engrais comme indiqué
au paragraphe « 2.5.2.1 Le tourteau de filtration ». Il est obtenu à hauteur de 40 kg
humide par tonne de canne traitée.
o Production de sucre : Le jus traité est concentré dans des évaporateurs multi effets
avant d’être cristallisé. Seule une partie du saccharose est cristallisé et la solution
résiduelle, toujours riche en saccharose, peut subir à nouveau le même processus afin
de récupérer une plus grande partie de sucre. Le miel final, appelé également mélasse,
désigne la solution résiduelle contenant du saccharose ainsi qu’une teneur élevée en
fructose et glucose qui sont des sucres réducteurs impropres à la production de sucre.
La mélasse n’est donc pas utilisée dans la production du sucre mais peut l’être pour la
production de bioéthanol après fermentation.
o Production de bioéthanol : La production de bioéthanol peut être réalisée soit
directement à partir du jus d’extraction de canne, soit à partir d’un mélange de
jus avec les mélasses issues de la production de sucre. Le jus traité obtenu via les
mêmes opérations que pour la production de sucre subit une opération de concentration
afin d’élever la teneur en sucre. Cette concentration se fait à l’aide de multi évaporateurs
pour obtenir un contenu en saccharose équivalent à 65% en poids. Avant d’entrer
dans le réacteur de fermentation, le jus concentré est stérilisé pour éviter tout risque de
contamination. Pour ce faire, il est chauffé à 130°C pendant trente minutes et rapidement
refroidi à la température de fermentation.
Figure III-12 Description schématique de la production de sucre et de bioéthanol de
canne (BNDES et
CGEE, 2008)