Departement D Es Sciences de La Terre: Daniel Sighomnou
Departement D Es Sciences de La Terre: Daniel Sighomnou
Departement D Es Sciences de La Terre: Daniel Sighomnou
AVANT-PROPOS …………………..……………………………………………… 7
CONCLUSION …………………………………………………………………. 48
2
2.3 - LE MILIEU NATUREL ……….…………………..………………… 53
CONCLUSION …………………………………………………………………. 87
3
3.3.2.1 – VARIABILITE DE LA TEMPERATURE …………………………….……. 107
5.3.1.2 - Application sur quelques bassins versants du Cameroun ….….….. …..… 192
5.3.1.2.1 - Présentation des bassins versants testés …………….……….…........ ……… 192
5.3.1.2.2 - Données d’entrée des modèles …………………………..…..…….....……… 195
5.3.1.2.3 – Calibration des modèles ……………………………...…..……...…..……… 199
5.3.1.2.4 – Comparaison de la performance des modèles …………….…………..…… 201
5.5.1- Généralités sur les études de l’évolution du climat ………………… .….…… 213
5
CONCLUSION GENERALE ……………………………………………….………. 249
6
Le projet qui a abouti à la réalisation de cette étude a été monté en collaboration avec
des membres de l’équipe du programme VAHYNE de l’IRD, dont les travaux
s’inscrivent dans le cadre des activités du projet FRIEND-AOC du Programme
Hydrologique International de l’UNESCO. La réalisation de l’étude a bénéficié du
soutien financier des nombreuses institutions dont en particulier, la Coopération
Française, l’UNESCO et le Centre de Recherches Hydrologiques pour les travaux de
terrain, le Département de Soutien et Formation de l’IRD pour le financement des
différents séjours scientifiques qui ont permis de traiter les données et rédiger le
mémoire au Laboratoire HydroSciences Montpellier en France. Que tous les acteurs
qui ont contribué à ce résultat final trouvent ici l’expression de ma profonde gratitude.
7
Mes activités professionnelles se déroulent au sein du Centre de Recherches
Hydrologiques de l’Institut de Recherches Géologiques et Minières. Les responsables
successifs de ces différentes structures n’ont cessé de montrer leur intérêt pour mes
travaux depuis ma prise de service en 1980. Leur soutien sans faille ainsi que celui de
mes collègues et collaborateurs m’ont beaucoup apporté dans le déroulement de ma
carrière d’hydrologue. Les nombreuses études que nous avons réalisées ensemble sont
autant de souvenirs qui ont profondément marqué ma vie. Qu’ils trouvent dans cette
étude qui apporte son tribut scientifique à la connaissance de l’hydrologie du
Cameroun, un motif supplémentaire de satisfaction d’avoir contribué au
développement de leur pays.
Depuis mes études universitaires, les professeurs Georges Emmanuel Ekodeck et Félix
Tchoua ont porté un intérêt particulier à ma personne et à mes travaux. Je leur dois de
m’avoir soutenu et encouragé à me convertir dans la spécialité des Sciences de la Terre
après mon DEUG en Biochimie. Ma gratitude leur est naturellement acquise car c’est à
eux que je dois mon orientation vers l’hydrologie, cette discipline qui m’a conduit à ce
travail. Ils ont bien voulu par la suite s’intéresser à mes travaux de recherche et
accepter la supervision de cette étude. Je leur suis particulièrement reconnaissant.
Puissent-ils trouver dans ce travail un motif de satisfaction d’avoir su placer très tôt
leur confiance en moi.
Je réserverais une mention spéciale à ma famille et à mes frères et sœurs qui ont
toujours su être à mes côtés en toutes circonstances, partageant ainsi tous les moments
agréables, mais également de doute et de détresse. Je pense tout particulièrement à mes
enfants qui ont tant souffert de mes multiples déplacements et absences au foyer en
raison de mes activités professionnelles. Qu’ils trouvent dans ce travail un élément de
consolation. Puissent-ils s’en inspirer et faire mieux que moi demain.
Ce travail, je vous le dédie à tous, amis, frères, épouses, filles et fils dont le
précieux soutien a permis l’aboutissement.
8
Les conséquences des fluctuations climatiques actuelles et celles à venir sur les ressources en
eau du pays sont considérables. Le territoire du Cameroun reçoit en moyenne 842 km3 de
précipitations par an, soit un peu moins de 1,8 millions de m3 au km². Le volume total des
écoulements superficiels moyens annuels est évalué à 265 km3 pour l’ensemble du pays, soit
environ 30% des apports météoriques. La comparaison du volume des écoulements annuels
de la période humide d’avant 1970 à celui de la période sèche 1971-1990 montre une
différence de 24% pour l’ensemble des cours d’eau étudiés, cette différence pouvant dépasser
le double pour les cours d’eau du Nord.
La prévision de l’impact du changement climatique sur les ressources en eau s’est appuyée
sur les données de prévision de pluies et d’ETP du modèle climatique HadCM3. La
simulation des écoulements mensuels à l’aide de modèles pluie-débit est appliquée sur 5
bassins versants répartis dans différentes régions du pays. Les données brutes du modèle
HadCM3 conduisent à des résultats sans commune mesure avec la réalité. Cependant, deux
scénarios construits à partir de ces données permettent de se faire une idée réaliste des
9
conséquences de l’évolution du climat sur les ressources en eau du pays au courant du XXIème
siècle. Par rapport à la période 1971-2000 les scénarios utilisés prévoient sur les bassins
versants testés, des variations de précipitations moyennes annuelles qui vont de –13 à +14 %
d’ici à la fin du siècle. L’évapotranspiration moyenne annuelle augmente graduellement pour
atteindre un taux d’accroissement de 45% vers 2100 pour les bassins versants de la partie Sud
du pays, contre seulement 14% pour ceux du Nord. Par rapport à 1971-1990, des débits
moyens annuels globalement plus importants (+14 à +80%, soit 12 à 122 mm/an) sont prévus
au cours du siècle pour les cours d’eau de la partie Nord du pays. Des hausses (+1 à + 33%,
soit 4 à 120 mm/an) et des baisses (5 à 13%, soit 24 à 59 mm/an) des écoulements sont
prévues pour les cours d’eau de la partie Sud. Dans l’ensemble les prévisions des débits
annuels sont globalement inférieures aux écoulements de la période humide d’avant 1970
pour les cours d’eau du Sud, alors qu’elles peuvent être supérieures dans certains cas pour
ceux du Nord.
En définitive, la variété des processus en œuvre dans les modèles climatiques ainsi que dans
les différents bassins est telle que les conclusions peuvent différer profondément d’un bassin
(et/ou d’un scénario) à un autre. En particulier, les conclusions dépendent fortement des
‘’images du futur possible’’ que proposent les scénarios climatiques. Les résultats obtenus
constituent cependant une hypothèse valable de travail qu’il conviendrait d’affiner à mesure
que les performances des modèles climatiques vont s’améliorer.
10
Cameroon is well known for its diverse orography, biogeography and climatic regimes which
have a marked time-space influence on its rainfall and hydrologic regimes. A detailed up to
date knowledge of this temporal and spatial variability is required to better constrain these
variables in line with the recent observed trends throughout the country.
This study which analyses available hydro-climatic data over the last fifty years indicates
considerable climatic variability marked by the dryness observed in Cameroon during the last
thirty years. It specifically shows a 0.2 °C temperature rise on the average over the period
1971-2000 relative to 1961-1990 and a 0.4 °C rise over the last decade as well as a
generalized decrease in rainfall (10 to 20%) and flow rates of (15 to 35%) compared to the
reference period (1941-1970). This general decrease has resulted in a modification of the
hitherto admitted zonal climatic trends for Cameroon. For example, the normalised rainfall for
1971-2000 shows an overall southwards shift of the isohyets, sometimes over a distance of
250 km relative to the aforementioned reference period. And despite the runs of wet years in
the early 90’s, the 2000 records show no precise end of trend in Cameroon.
The consequences of the current and future climatic fluctuations on the country’s water
resources are enormous: Cameroon receives on average, 842 km3 of rainfall per annum, that is
a little less than 1.8 million m3 per km2 and 265 km3 annual surface runoff , that is 30% of the
meteoric inputs. This annual runoff volume for 1971-1990 is 24% less than that for the pre
1970 wet years for all rivers studied in the forest zone and more than double for rivers in the
northern part of the country.
Using predicted rainfall data and as well as ETP data of the climatic model HadCM3, an
evaluation of the impact of climatic change on the country’s water resources was attempted.
Simulated monthly runoff was obtained using data generated from rainfall–runoff flow
models applied to five drainage basins representing five different regions. Raw data from the
HadCM3 model produced rather unrealistic results. However, two scenarios built from this
data produced some realistic results regarding the country’s water resources as well as the
consequences of the current climatic evolution projected over the 21st century. Relative to the
11
period 1971-2000, the two scenarios predict for the tested basins, mean annual rainfall
variations of -13 to 14 % and an increase in mean annual ETP of 45 % by the year 2100 for
basins in the forest zone compared to 14 % for basins in the north. However, the mean annual
flow rate trend (1971-1990) indicates an overall increase of 14 to 80 % (i.e. 12 to 122 mm/yr)
for rivers in the north. In the south, an increase of 1 to 33 % (i.e. 4 to 120 mm/yr) as well as a
decrease 5 to 13 % (i.e. 27 to 59 mm/yr) is envisaged.
Finally, the variety of the intervening processes in the climatic models as well as the diversity
of the various river basins are such that the conclusions can either greatly differ from one
basin to the other or from one scenario to the other. The conclusions strongly depend on the
envisaged “possible future picture” proposed by the climatic scenarios. Our results do
however constitute a valid working assumption that needs to be improved subsequent to
improvements in the climatic models.
12
INTRODUCTION GENERALE
13
INTRODUCTION
CONTEXTE SCIENTIFIQUE
En raison de leurs répercussions immédiates et durables sur le milieu naturel, les questions de
changements et de variabilité climatiques sont placées depuis quelques temps au centre des
préoccupations des scientifiques et des décideurs politiques dans le monde. Le cycle de l'eau
étant l'une des composantes majeures du climat, les implications de ces changements sur les
ressources en eau sont importantes. Caractériser et prévoir la variabilité de ces ressources
dans l'espace et dans le temps deviennent alors indispensables pour proposer des solutions
adaptées aux projets de développement.
Les conséquences de la variabilité des ressources en eau sur les activités humaines ont appelé
l’attention de nombreux scientifiques et organisations dans le monde, sur la nécessité de
reconsidérer les acquis antérieurs. Outre leur volonté de mieux comprendre le phénomène,
l’un des premiers objectifs affichés est d’évaluer l’impact de ces changements sur les
ressources en eau. Plusieurs études ont déjà été réalisées à des échelles continentales,
régionales ou sous régionales. (Hulme, 1994 ; Van Dam, 1999 ; New et al., 2000). Les études
de la variabilité récente du climat bénéficient par ailleurs d'une dynamique forte sur le plan
international autour des programmes CLIVAR (CLImate VARiability and predictability) et
IPCC (International Panel on Climate Change). A l'échelle du continent africain,
d'importantes études ont également été menées, tant sur le plan des fluctuations climatiques
récentes (Bigot, et al., 1998 ; Briquet et al., 1997 ; 1999 ; Mahé et al., 1999 & 2001 ; Mason,
2001; Nicholson, 2000 ; Olivry et al., 1998 ; Ouedraogo, 2001 ; Paturel et al., 1997 ; Sigha-
Nkamdjou et al., 1998 & 2002 ; Servat et al., 1999 ; Sircoulon, 1992) qu'au niveau
paléoenvironnemental (Maley, 1981 ; Servant–Vildary, 1978 ; Street et Grove, 1979 ;
Nicholson, 1980 ; Dubief, 1953 ; Roset, 1987 ; Bell, 1971 ; Evans, 1994 ; Rognon, 1989 ;
Olivry et Chastanet, 1986). Ces études ont permis d’identifier les manifestations de la
variabilité climatique, notamment la sécheresse observée depuis une trentaine d’années dans
la sous région de l'Afrique tropicale. A l’échelle du Cameroun, si les déficits de pluie sont
bien établis au Nord, les effets de la variabilité climatique sont moins visibles au Sud, où les
ressources sont encore importantes dans l’absolu (Sigha-Nkamdjou et al., 1998). Ceux-ci
peuvent toutefois se révéler désastreux sur l’équilibre des écosystèmes et compromettre les
activités humaines (Sigha-Nkamdjou et al., 2002).
14
OBJECTIFS
Devant la masse importante de travaux déjà réalisés sur le sujet dans la sous région de
l’Afrique Tropicale en général et sur l’Afrique Centrale en particulier, on peut se demander
s’il est encore utile de consacrer une étude comme celle que nous proposons ci-après à un
sujet aussi largement documenté. La variabilité climatique semble présenter un caractère
fortement hétérogène dans l’espace (Paturel et al., 1998 ; Servat et al., 1999). Dans ces
conditions, les études globales portant sur un nombre limité de postes d’observation peuvent
contribuer à gommer les particularités régionales qui sont pourtant très importantes dans la
stratégie de lutte contre les effets de la sécheresse. Aussi, la maîtrise des impacts des
fluctuations climatiques sur les ressources en eau du Cameroun (pays soumis à une diversité
climatique allant de l’équatorial au sahélien), requiert une analyse plus approfondie. Si la
compréhension de la variabilité des régimes hydroclimatiques du Cameroun exige
nécessairement le rappel des acquis cités plus haut, la présente étude se propose avant tout
d’approfondir la connaissance de la variabilité spatiale et temporelle des régimes
pluviométriques et hydrologiques à l’échelle du pays et d’apporter des éléments de réponse
quant à l’implication de la variabilité climatique sur la disponibilité des ressources en eau
dans les différentes zones climatiques du pays. En effet, le Cameroun présente une forte
diversité orographique, biogéographique et de régimes climatiques, en raison de son
extension en latitude, de sa localisation au contact des domaines climatiques ouest et centre-
africains, et de sa situation au creux du Golfe de Guinée, important carrefour de transfert
d’énergie entre le continent africain et l’Atlantique. A travers cette diversité de climats et de
paysages, le pays offre en outre une grande opportunité pour une analyse comparative de la
variabilité des ressources en eau en fonction des paysages climatiques, notamment suivant les
grands axes nord-sud et de la côte vers l’intérieur du pays.
Sur un tout autre plan, la péjoration climatique ayant rendu obsolètes les études statistiques
antérieures, les aménagements semblent ne plus répondre aux besoins de rentabilité
escomptés. On cherchera alors à déterminer, dans les conditions climatiques actuelles, de
nouveaux paramètres hydrologiques nécessaires pour réviser la rentabilité des aménagements
antérieurs ou envisagés.
Les travaux d’Olivry (1986) sur les fleuves et rivières du Cameroun et ceux de Suchel (1987)
ont jeté les bases de la climatologie et de la maîtrise des ressources en eau du pays. La
présente étude se situera dans le contexte actuel, notamment la décennie 1980 reconnue
15
comme la plus déficitaire du siècle, en complétant les résultats déjà obtenus par ces auteurs
pour la période d’avant 1980. Elle requiert par conséquent la mise à jour des données
hydrologiques et pluviométriques des décennies 80 et 90. Ceci nécessitera un important
travail de recouvrement de données. En effet, une importante masse de données
hydropluviométriques a été acquise sur l’ensemble du pays depuis les 20 dernières années. Il
sera donc nécessaire de reconstituer et d’homogénéiser ces données issues de sources
diverses. Parallèlement à ces travaux de reconstitution et d’homogénéisation, l’ensemble des
données collectées sera organisé et stocké dans une banque, contribution aux efforts entrepris
par l'IRD et par les hydrologues de l'Afrique Centrale et de l’Afrique de l'Ouest dans le cadre
du projet FRIEND AOC de l'UNESCO, pour la constitution d'une banque de données
régionale indispensable pour la maîtrise des ressources en eau de la région. Outre la base de
données, l'étude proprement dite s'articule autour de cinq axes principaux :
16
CHAPITRE I : LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES EN
AFRIQUE OCCIDENTALE ET CENTRALE,
LEURS CONSEQUENCES SUR
L'ENVIRONNEMENT ET LES NORMES
HYDROPLUVIOMETRIQUES
17
1.1 - INTRODUCTION
Au-delà de cette variabilité naturelle du climat, on note que depuis le début de l'ère
industrielle, la température de la planète montre une tendance à la hausse qui n’est pas
expliquée par les raisons évoquées plus haut. C’est ce qu’on a appelé "changement climatique",
phénomène dû essentiellement à l’activité humaine qui augmente la concentration
atmosphérique des gaz à effet de serre tels que le dioxyde de carbone (CO2), le méthane (CH4),
l’oxyde nitreux (N2O), etc.. Les principaux indicateurs de l'instabilité climatique sont la
concentration atmosphérique des gaz à effet de serre et les températures moyennes annuelles
mondiales. Les variations des températures sont cependant plus faibles tant pour les régions
équatoriales que pour les hautes latitudes. Dans ces conditions, la variabilité spatio-temporelle
du climat tropical est principalement enregistrée sur les éléments du cycle de l’eau. Des
études antérieures (Mitosek, 1992) indiquent que les variables les plus adaptées pour le suivi
des modifications climatiques sont par ordre (les quatre premières étant prioritaires) :
18
- le débit des rivières,
- le niveau des lacs,
- les précipitations,
- la température de l'air,
- la température de l'eau,
- la date de rupture du couvert de glace,
- la durée saisonnière du couvert de glace,
- le niveau des eaux souterraines.
Kite et Harvey (1992) identifient aussi parmi ces variables, l'évaporation, la végétation,
l'humidité du sol, la date d'occurrence des événements extrêmes et Lawford (1992) y ajoute
les données concernant le transport des sédiments dans les rivières. On peut également y
adjoindre les dates de début et de fin de la saison des pluies.
Les analyses des corrélations entre la circulation atmosphérique d’une part, et les champs de
températures de surface des océans d’autre part, sont encore insuffisantes pour bien
comprendre le déterminisme des fluctuations climatiques. Cependant, bien que le phénomène
soit quelque peu en dehors de l’objet de l’étude, il nous a paru important d’y faire allusion
pour permettre d’en saisir la portée, dans la mesure où il s’agit de facteurs ou de mécanismes
de base qui déterminent en grande partie les fluctuations climatiques.
19
surface et l'atmosphère déficitaire (transferts verticaux) d’autre part. Les transferts entre la
zone intertropicale excédentaire et les zones déficitaires des latitudes moyennes et polaires se
font avec un décalage de un à deux mois par rapport aux mouvements apparents du soleil. Si
l'essentiel de ces transferts est véhiculé par l'atmosphère, une partie se fait par les courants
marins (fig. 1.1 a et b).
En effet, les flux d’énergie solaire reçus par les eaux des océans sous les latitudes tropicales
provoquent le réchauffement des eaux de surface. Pour évacuer ces apports excessifs en
énergie, les masses d’eau réchauffées se déplacent sous l’effet des vents vers les régions plus
froides du Nord de l’Atlantique. C’est ainsi que les courants océaniques de surface
s’organisent en charriant d’importantes quantités d’énergie. Parallèlement à ces courants de
surface, il existe la circulation thermohaline. Les eaux froides et salées de l’Atlantique Nord,
en raison de leur densité, plongent vers les fonds de l’océan et vont y circuler lentement, de
l’Atlantique à l’océan Indien et au Pacifique, au cours d’un cycle évalué à environ un millier
d’années. En fin de parcours, elles vont se réchauffer et remonter à la surface pour se mêler
aux eaux plus chaudes qui circulent à l’étage supérieur. Ces différents mouvements forment
un cycle qui influe sur quantité de paramètres climatiques et maintient la température du
globe. Il est important de souligner que la différence entre les temps de réponse très longs au
niveau des océans comparativement à ceux des continents, peuvent conduire à des anomalies
climatiques prolongées.
Parmi les principales manifestations des fluctuations climatiques, on peut citer la sécheresse
qui touche particulièrement les deux bandes tropicales de la planète, et notamment l’Afrique
intertropicale. De nombreux travaux ont tenté d’établir des relations entre les fluctuations des
précipitations et certains facteurs du climat dans cette sous-région. Les principaux paramètres
étudiés sont : l’albédo du sol (Charney et al., 1977), l’intensité du rayonnement solaire
mesurée au sol (Courel et al., 1984), la Température de Surface de la Mer (TSM), les vents en
altitude, la nébulosité , la pression, la vapeur d’eau (Lamb, 1978 ; Fontaine, 1991 ; Fontaine
& Bigot, 1991 ; Janicot, 1989 et 1990 ; Mahé, 1993), la position de la Zone de Convergence
Inter-Tropicale – ZCIT - (Citeau et al., 1988 et 1989). Mahé (1993), souligne que la
complexité du phénomène est vite apparue et aucune relation systématique n’a été établie. Il
précise par la suite que les corrélations entre valeurs moyennes des différents paramètres
étudiés ne suffisent pas à expliquer les variations de pluie sur l’Afrique.
20
Figure 1.1 a : Schéma de circulation générale type PALMEN pour l’ensemble du globe, pendant l’hiver austral.
Les différentes circulations en surface sont indiquées ainsi que les courants Jet et les tropopauses
moyennes (Dhonneur, 1978)
Figure 1.1 b : Principaux courants océaniques. Les différents courants sont plus ou moins marqués suivant les
saisons et sont à l’origine de discontinuités assimilables à des fronts chauds ou froids qui jouent un grand rôle
dans l’évolution des perturbations et des masses d’air (Dhonneur, 1978).
21
En attendant de revenir plus loin sur les corrélations entre la variabilité hydropluviométrique
et celle de certains paramètres climatiques, quelques points particuliers méritent d'être
soulignés dès ici : les événements ENSO, la Zone de Convergence Inter-Tropicale et
l'influence des écosystèmes forestiers.
L'une des expressions les plus importantes des changements dans la distribution des
températures de surface de l’eau des mers est connue sous le terme ENSO ou encore El Niño.
On sait maintenant que le phénomène El Niño est déclenché par une modification (diminution
ou renversement) des alizés qui soufflent d’est en ouest à la hauteur des régions équatoriales
(Janicot, S, et al., 1993 ; Fontaine, B. et al., 1998, Sultan, B. et al., 2001) . Les causes de
cette modification sont encore mal connues, mais ses effets se font sentir à intervalles
réguliers (il peut se passer 3 à 7 ans entre 2 événements El Niño) dans la partie sud de l’océan
Pacifique. Il résulte de ce renversement des alizés une modification de la température de l’eau
du Pacifique central qui lui-même est à l’origine de nombreux changements dans la
circulation atmosphérique et océanique. Ces différents changements entraînent des
perturbations importantes sur le climat au plan mondial : accroissement des précipitations et
des températures plus douces à certains endroits, sécheresse inhabituelle et des vagues de
chaleur exceptionnelles à d’autres. Les résultats des travaux réalisés dans le cadre du
programme ICCARE de l'IRD (Servat et al., 1999) indiquent cependant qu'il n'a pas été
possible d'identifier une relation systématique à l'échelle annuelle entre les phénomènes
ENSO et la succession des périodes sèches et humides observées en Afrique occidentale et
centrale. Seule la concomitance entre l'ENSO observé en 1982-1983 et l’année
particulièrement déficitaire enregistrée dans la région en 1983 est relevée.
La zone de convection commune aux circulations méridiennes entourant le globe est appelée
Zone de Convergence Inter-Tropicale (ZCIT) ou Equateur Météorologique (EM). C'est une
zone de forte concentration de la vapeur d'eau (advectée par les alizés et les circulations des
moussons dans les basses couches) et de libération de chaleur latente par ascendance et
condensation. Source principale de l'énergie qui gouverne la circulation atmosphérique, c'est
le lieu où l'énergie reçue par l'atmosphère est maximale, et ses caractéristiques sont très liées
aux conditions de surface. En liaison avec le mouvement apparent du soleil, cette zone subit
une migration annuelle. Cette migration méridienne suit les lieux de températures maximales
en fonction des saisons, avec un retard de quatre à six semaines sur le mouvement du soleil.
22
Les mouvements méridiens de la ZCIT subissent des fluctuations interannuelles qui jouent un
rôle non négligeable sur le climat, notamment sur le régime des précipitations tropicales.
La terre reçoit l'énergie du soleil sous forme de rayonnement à ondes courtes. La majeure
partie de cette énergie est absorbée et re-émise sous forme de rayons infrarouges. Certains de
ces rayons s'échappent dans l'espace, mais la plupart sont emprisonnés par la vapeur d'eau et
divers autres gaz, ce qui a pour effet de réchauffer la basse atmosphère et la surface de la
terre. Cette dynamique constitue l'effet de serre naturel qui maintient la température et permet
à la vie de se développer sur la terre. Les émissions résultant des activités humaines font
augmenter considérablement la concentration atmosphérique des gaz à effet de serre. Cette
augmentation artificielle de la concentration des gaz à effet de serre (figure1.2), contribue à
accentuer le réchauffement de la surface de la terre. Ainsi, au cours du 20ème siècle, les
températures moyennes au niveau du sol ont augmenté de 0,6 °C (Jones et al., 1999).
L'essentiel du réchauffement s'est produit de 1910 à 1945, puis après 1976, comme on peut le
constater sur la figure 1.3. Selon une déclaration de l’OMM sur l’état du climat mondial en
2003, d’après les relevés des pays membres de l’OMM, dans l’hémisphère Nord les années 90
représentent la décennie la plus chaude et 1998 (+0,55°C en moyenne) l’année la plus chaude
depuis le début des relevés en 1860. La température moyenne à la surface du globe en 2002 a
23
également dépassé de +0,48°C la normale calculée sur la période de référence 1961-1990, ce
qui place cette année au deuxième rang des années les plus chaudes. L’année 2003 se place
quant à elle au troisième rang avec un accroissement moyen de l’ordre de +0,45°C. Ces
valeurs qui représentent la hausse moyenne sur l’ensemble de la planète masquent les
augmentations plus importantes qui ont atteint 5°C dans certaines régions en 2003.
Fig. 1.2. : Variations de la composition chimique de l'air sous l'influence des émissions dues aux activités
humaines. a) les concentrations en gaz à effet de serre (gaz carbonique, méthane, oxyde nitreux)
sont déduites de l'analyse de la composition chimique des bulles d'air piégées dans les glaces polaires.
b) les concentrations en sulfates des glaces du Groenland depuis 1600 AD sont comparées aux
émissions de gaz sulfureux (Duplessy, 2001)
24
Fig. 1.3 : Evolution de la température moyenne de l'air depuis 1856. Les données issues du réseau
météorologique mondial sont reportées comme écart à la moyenne des années 1961-1990
(IPCC, 2001a).
De nombreuses études ont analysé les relations qualitatives entre les variations de température
observées et les changements des systèmes naturels physiques ou biologiques. Les principaux
changements intéressent les ressources en eau, la sécurité alimentaire, les écosystèmes
terrestres, les océans et les zones côtières. Douglas, (1997) signale que des relevés de niveau
de la mer au marégraphe indiquent une élévation du niveau de la mer de 10 à 20 cm au cours
du siècle dernier, qui peut être associée en partie à l'accroissement thermique des océans. Les
calculs montrent par ailleurs (Godefroy et al., 2001) que l’eau contenue dans les calottes
polaires provoquerait une hausse de 70 m du niveau de la mer si elle se transformait en
liquide. Les résultats des travaux d'autres auteurs, Doherty et al., (1999) et Hulme et al.,
(1998) montrent qu'une augmentation des précipitations de 0,5 à 1% par décennie est
observée pendant tout le XXe siècle dans les hautes et moyennes latitudes de l'hémisphère
Nord. La situation sous les tropiques reste inchangée ou à la rigueur, une augmentation
sensiblement plus faible. Parmi les autres manifestations notées par les climatologues, on peut
citer l'augmentation de la fréquence des événements extrêmes telles les fortes précipitations et
sécheresses persistantes, le recul des glaciers de montagne, l'augmentation de la fréquence, de
l'intensité et de la persistance des phénomènes El Niño, une plus grande variabilité spatiale
dans les régions tropicales (Duplessy, 2001).
25
1.4 - EVOLUTION DES PRECIPITATIONS
Les données de précipitations sont l'un des paramètres du climat dont la mesure est
relativement aisée et de ce fait très répandue. Elles constituent par conséquent un indicateur
de choix pour les études de la variabilité climatique. De nombreuses études montrent que les
précipitations ont abondamment varié, aussi bien à l'échelle des temps géologiques que de nos
jours. En Afrique en particulier, des études paléoenvironnementales combinant les analyses
de pollen et des diatomées, la paléohydrologie, la reconstitution du niveau des lacs et des
réseaux hydrologiques fossiles, la géomorphologie et la géochimie isotopique, ont été
réalisées sur le sujet (Maley, 1981 ; Servant–Vildary, 1978 ; Street et Grove 1979 ; Nicholson,
1980 ; Dubief, 1953 ; Roset, 1987 ; Bell, 1971 ; Evans, 1994 ; Rognon, 1989 ; Olivry et
Chastanet, 1986). Sur la base des résultats enregistrés, les différentes périodes suivantes ont
été identifiées par Sircoulon et al., (1999), repris par Van Dam, (1999) dans une étude réalisée
pour le compte de l'UNESCO :
- 12.000-7.500 BP. Accroissement des précipitations avec le maximum vers 9.000 BP. Les
écoulements sont très abondants à travers toute l’Afrique. Les lacs Tchad et Victoria ont
atteint leur niveau le plus haut. Les précipitations régulièrement réparties au fil des années
étaient probablement 30% plus abondantes qu’au cours de la période 1930-60. Le Sahara
et le Sahel seraient alors très peuplés. Températures favorables à un développement
important du biotope avec une abondante végétation ;
- 7.500-2.500 BP. Après une période sèche entre 7.500 et 6.000 BP, s’installe une nouvelle
période humide, mais moins marquée, entre 6.000 et 2.500 BP. Cette période est marquée
par des fluctuations considérables du niveau des lacs sur l’ensemble du continent africain.
Les températures étaient alors plus élevées que de nos jours ;
- 2.500-1000 BP. Le climat devient plus sec, la saison de pluies plus courte et l’évaporation
plus importante ;
26
- 1.000-100 BP. Les investigations visant la connaissance de cette période incluent la
tradition orale, la datation au radiocarbone, enquêtes historiques, rapports des
explorateurs, etc. Il en ressort globalement ce qui suit : période du 7ème au 12ème siècle plus
humide que l’actuelle, 13ème siècle période sèche, du 14ème au 16ème siècle climat plus
humide, mais ponctuée par des sécheresses accentuées marquées par des famines (1420-
60 et 1550) ; 17ème et 18ème siècle, le Sahara devient de plus en plus sec alors que la région
tropicale enregistre plus de précipitations ; 19ème siècle maximum pluviométrique dans la
deuxième moitié du siècle ;
- 100 BP à nos jours. Le suivi des précipitations commencé depuis la fin du 19ème du siècle
présente (Lamb, 1985 ; Nicholson et al., 1988) de nombreuses fluctuations avec
notamment 2 périodes humides et 3 périodes sèches (autour de 1913, en 1940 et depuis la
fin des années 1960).
La sécheresse récente qui a débuté en Afrique à la fin des années 1960 est toujours d'actualité.
D'une intensité variable suivant les différentes régions, elle est particulièrement prononcée en
Afrique de l'Ouest et Centrale, notamment dans la région soudano-sahélienne. De nombreux
auteurs s'accordent pour affirmer que cet événement se distingue des précédents par trois
caractéristiques : sa durée, son intensité et son extension (Sircoulon, 1990 ; Paturel et al.,
1995 ; Servat et al., 1997). Dans le Sahel, les isohyètes 200-600 mm ont migré vers le sud sur
plusieurs centaines de km (Albergel et al., 1985), soit une diminution nette et généralisée des
précipitations annuelles sur l'ensemble de la région. Selon Hulme (1992), la moyenne
pluviométrique de la période 1961-90 est de 20 à 40% plus faible que celle de la période
1931-60. Après deux paroxysmes de sécheresse en 1972-73 et 1983-1984, un espoir de
rémission est apporté par deux années humides récentes, 1994 et 1999, mais les derniers
travaux de L'Hôte et al., (2002) montrent que la séquence sèche n'est pas terminée en fin
2000. A titre d'illustration, le tableau 1.1 présente les précipitations moyennes enregistrées sur
les principaux bassins versants de l’Afrique tropicale et équatoriale, alors que la figure 1.4
montre une représentation des indices (variables centrées réduites) pluviométrique
interannuelle.
27
Tableau 1.1: Précipitations moyennes (mm/an) sur les principaux bassins versants de l’Afrique
tropicale et équatoriale (Olivry et al. 1993)
Fig. 1.4 : Indices pluviométriques interannuels des hauteurs de pluies annuelles par rapport
à la période 1901-1990 ; (Nicholson, 1998).
28
Comme les données du tableau 1.1 le montrent, la baisse concerne aussi bien la région
soudano-sahélienne que la région équatoriale, même si elle est moins sensible dans cette
dernière. Cette observation est confirmée par la figure 1.4 qui souligne par ailleurs la
différence entre l'Afrique australe et les régions de l'Afrique de l'ouest et du centre.
Dans le nord de l’Afrique, une étude d’Albergel et al. (2000) met en évidence une alternance
des périodes excédentaires et déficitaires des précipitations en Tunisie. De 1875 à 1927, la
tendance globale est à la sécheresse, la période 1928 à 1940 est plutôt humide alors que la
période 1941 à 1948 connaît une nouvelle phase de sécheresse. La période 1950 à 1980 est
globalement plus humide, bien que ponctuée par des années très sèches (1960-61, 1968-69),
et il semblerait que depuis une phase sèche ait commencé. Dans le même ordre d’idée, une
étude de Kingumbi et al. (2000) met en évidence une baisse significative (sans rupture de
stationnarité des séries) des précipitations annuelles en Tunisie centrale, entre 1976 et 1989.
En Algérie, les travaux de Meddi et al. (2003) montrent une baisse des précipitations pouvant
dépasser 60% dans le nord-ouest du pays durant la décennie 1970-1980.
Différentes techniques d'analyse peuvent être appliquées aux séries de données pour
caractériser les fluctuations. La variabilité des précipitations est souvent abordée par des
analyses statistiques qui visent principalement à détecter d'éventuelles séquences
statistiquement différentes. Afin de supprimer le biais de la variabilité interne propre à chaque
unité, les analyses portent souvent sur les valeurs centrées réduites qui mesurent un écart par
rapport à une moyenne établie sur une longue période. Parmi les tests couramment utilisés, on
peut citer ceux de Mann, Kruskal-Wallis, Worsley, Buishand, Fuller, Pettit, Hubert et al. ; les
procédures de Lee et Heghinian qui reposent sur l'approche bayesienne, etc.. Nous
reviendrons plus loin sur la présentation de ces différents outils.
De nombreuses études se sont penchées sur la question (Sircoulon, 1976 ; Albergel, 1987 ;
Carbonnel et al.,1992 ; Janicot et al., 1993 ; Paturel et al., 1996 ; Aka et al 1996 ; Bigot et
al., 1998 ; Brou Yao et al., 1998 ; Servat et al., 1998 & 1999 ; Mahé et al 2001 ; Ouedraogo,
2001) en Afrique tropicale. Les résultats soulignent l'existence d'une rupture dans les séries
pluviométriques de la région. Selon Bigot et al., 1998, quatre périodes charnières apparaissent
dans les précipitations africaines entre 1951 et 1990 (Fig.1.5) :
- 1959 – 1961 est suivie d’une hausse générale des précipitations en Afrique subéquatoriale,
de la Guinée à l’Afrique de l’est, et d’une baisse dans les domaines tropicaux,
- 1967 – 1971 s’accompagne d’une baisse très importante dans toute la bande sahélienne.
Le changement intervient dès 1964-1966 dans le Sahel oriental et en 1969-1971 dans la
partie occidentale,
- 1976-1978 marque l’intensification du déficit pluviométrique et le début d’une phase plus
sèche en Afrique australe. En même temps, le Sahel oriental et l’Afrique de l’est
connaissent une légère hausse de leurs précipitations,
- 1980-1981 est le dernier changement de tendance observé sur la période 1951-1990. Il
correspond à une baisse généralisée des précipitations en Afrique subsaharienne.
Ces observations sont en phase avec les résultats des travaux du programme ICCARE de
l’IRD (Servat et al., 1998 & 1999), qui situent la plupart des ruptures entre la fin de la
décennie 1960 et le début de la décennie 1970, dans la sous région de l'Afrique occidentale et
centrale, y compris le Sahel.
30
Figure 1.5 : Synthèse des principales discontinuités pluviométriques rencontrées dans sept régions
africaines sur la période 1951- 1988. le gris clair/foncé indique une baisse/hausse des
précipitations par rapport à la période précédente ; les années en blanc correspondent
aux discontinuités (Bigot et al., 1998)
Les déficits pluviométriques correspondant aux ruptures observées tournent autour de 20%,
mais peuvent dépasser 25% sur la côte atlantique et dans le Nord. A titre d’exemple, le
tableau 1.2 présente la moyenne des déficits enregistrés dans quelques pays de la région.
Tableau 1.2 : Déficits pluviométriques moyens observés par rapport à la date de rupture
(Servat et al., 1999)
31
que les quantités précipitées à différentes échelles (Carbonnel et al., 1992). Or on sait que,
plus encore que la hauteur totale des précipitations, la répartition des pluies dans le temps est
un facteur limitant d’une agriculture essentiellement pluviale et de l’élevage sur pâturage
naturel qui caractérisent les pays de l’Afrique tropicale. Dans cette optique, afin de mieux
caractériser les effets de la récession pluviométrique sur le milieu naturel et les activités
socio-économiques, de nombreux auteurs se sont interrogés sur les manifestations de cette
baisse des précipitations.
Dans le même ordre d’idée, les travaux du programme ICCARE de l'IRD (Servat et al.,
1999), qui intéressent particulièrement l’Afrique de l’Ouest et du Centre, ont abouti à un
ensemble de conclusions dont les points essentiels sont les suivants :
- D'une manière générale, il apparaît que ce sont les zones à régime pluviométrique extrême
(les plus arrosées et les plus arides) qui ont subi les modifications les plus importantes.
Entre les deux extrêmes le phénomène est d’intensité plus nuancée mais il se traduit
32
généralement par une rupture survenue à la fin des années 1960 ou au début des années
1970.
- Durant les décennies 1950 et 1960, la zone à une saison de pluies s'est étendue
progressivement vers le sud en direction du littoral et du Golfe de Guinée. En Côte
d'Ivoire, au Togo et au Bénin, la limite de cette zone s'est déplacée vers le sud d'une
centaine de kilomètres de la décennie 1950 à la décennie 1980.
- Dans les zones à une comme à deux saisons de pluies, l'analyse des dates de début et de
fin de saison de pluie montre que l’une des deux, voire les deux, a une durée plus courte
de nos jours (début tardif ou fin précoce des pluies). Dans les zones à une saison sèche, on
assiste à un renforcement de la saison sèche qui se traduit par la disparition d'un certain
nombre d'événements pluvieux habituellement enregistrés hors saison des pluies. Dans les
zones à deux saisons sèches, la grande saison sèche a vu son cumul pluviométrique
diminuer considérablement
- La baisse du cumul des pluies annuelles semble avoir uniformément affecté toutes les
catégories de pluies journalières, des plus faibles aux plus fortes
En ce qui concerne la région de l'Afrique Centrale en particulier, les travaux de Bigot et al.,
(1998) confirment les résultats du programme ICCARE et soulignent que la plus grande
variabilité interannuelle en Afrique centrale atlantique s’observe pendant la saison sèche
(janvier – février). Le passage à la grande saison sèche est également variable, tant dans son
déroulement que dans son intensité pluviométrique. Etudiant la sécheresse récente sur les
hautes terres de l’Ouest Cameroun, Tsalefac (1999) conclut qu’elle résulte davantage d’une
mauvaise distribution des pluies dans l’année, plutôt que du total annuel précipité.
Une étude de Janicot et al. (1993) montre que la région du golfe de Guinée est la source
principale de vapeur d’eau, relayée par un recyclage important au Sud du Sahel et en Afrique
centrale (Cadet et Houston, 1984). Les précipitations tombées sur les forêts de l’Afrique
équatoriale sont en partie réintroduites dans l’atmosphère par évapotranspiration du couvert
végétal (recyclage) pour précipiter plus au Nord. Dans ces conditions, toute modification du
couvert végétal au Sud du Sahel peut avoir un impact significatif sur l’évolution dans le temps
des précipitations sahéliennes. Monteny (1987) a montré que l’écosystème forestier qui borde
le golfe de Guinée recycle environ 60 à 75% des pluies annuelles alors que les cultures
annuelles avec jachère n’en recyclent qu’environ 45 à 55%. Kitoh et al. (1988) déterminent
cependant par modélisation numérique que la disparition de la forêt renforce le gradient
méridien de température, ce qui intensifie le flux de mousson et par voie de conséquence
augmente les précipitations au Sahel. D’autres causes ont été évoquées : la réduction de
l’humidité du sol, les changements de la température de surface des océans avoisinants (Sud
& Molod, 1988 ; Rowell & Blondin, 1990 ; Lamb, 1978 ; Folland et al., 1986 ; Palmer, 1986).
Le phénomène est observé dans d’autres régions du monde. Dans le bassin versant de la
Volga par exemple, Shiklomanov et al., cités par Van Dam (1999), montre que
l’augmentation des précipitations résulte d’un changement au niveau du mode de circulation
atmosphérique, notamment la modification de la trajectoire des cyclones qui emportent
l’humidité depuis l’Atlantique. Ce sujet assez complexe reste encore à approfondir.
D’autre part, bien que le climat qui règne sur l’Afrique tropicale soit sous la dépendance
étroite de la circulation atmosphérique générale, il est également connu que la logique interne
de la succession des types de temps au-dessus de cette région découle des propriétés et
dispositions moyennes de deux ‘’centres d’actions’’ que constituent l’anticyclone de Sainte
Hélène au sud et celui des Açores ou de Libye au nord. En effet, la convergence des alizés
34
chargées d’humidité (Mousson ou alizés du S-W) et de celles très sèches provenant des
continents (Harmattan ou Alizés du N-E) forme une zone de contact appelée FIT (Front
Intertropical), qui se déplace au cours de l’année suivant une direction latitudinale. Les
positions extrêmes du FIT sont (figure 1.6), en moyenne, le 20ème parallèle Nord (en juillet) et
le 4ème parallèle Nord (en janvier). La physionomie particulière des années (qui se succèdent
sans jamais se ressembler) est étroitement liée aux modifications de comportement des deux
centres d’action.
Figure 1.6 : Positions extrêmes du FIT en Afrique. Les zones A, B C et D correspondent aux zones de temps.
A, zone sans pluie avec ciel clair où souffle l’Harmattan. B (environ 400 km de large), zone au ciel
peu nuageux avec des orages isolés. C (1200 km de large), zone avec ciel couvert ou très nuageux où
dominent pluies de mousson et lignes de grains ; D, zone de nuages stratiformes avec très peu de
précipitations.
Les différences entre les modes de circulation paraissent découler principalement de l’inégal
dynamisme des hautes pressions subtropicales des deux hémisphères, ce qui revient en grande
partie, à reconnaître le poids de l’influence polaire, dont dépend la vigueur de ces centres
d’action (Suchel, 1987). L’anticyclone des Açores est-il, à l’échelle annuelle plus puissant
que celui de Sainte Hélène, c’est l’ensemble de la zone de temps qui se trouve décalée vers le
sud ; face à la Mousson anémiée, l’Harmattan tend à imposer sa loi. L’anticyclone de Sainte
Hélène est-il plus fort, la Mousson, active et pénétrante, apporte la pluie jusqu’au cœur du
continent, tandis que la subsidence australe impose une véritable saison sèche estivale sur les
régions du Golfe de Guinée. Il arrive aussi que les deux ceintures de hautes pressions se
35
renforcent simultanément. Les précipitations sont alors excédentaires à l’intérieur d’une
étroite bande médiane, mais déficitaires de part et d’autre, à cause du resserrement général des
zones de temps. Des analyses de la dynamique atmosphérique au cours de la période de
sècheresse récente, faites à partir des données de réanalyses montrent (Ardoin S., 2004) des
téléconnexions statistiques suggérant l’existence de mécanismes atmosphériques qui se
caractérisent par une variation de l’espace couvert par la mousson, associée à une position
plus méridionale de la ZCIT. Ces résultats corroborent les analyses de Suchel (1987) et les
conclusions de Tsalefac (1999), qui affirme que les deux alizés boréal et austral sont les
facteurs principaux de la variabilité pluviométrique sur le territoire camerounais, nuancés par
des facteurs géographiques.
En définitive, même si les causes sont encore peu précises, sur la base des études déjà
menées, on commence à mieux comprendre certains éléments descriptifs de l’évolution
actuelle du climat. Outre les ruptures observées dans les chroniques de données de
précipitations, les autres manifestations de la péjoration climatique en Afrique tropicale sont :
la mauvaise répartition des pluies dans l’espace et dans le temps ; les intensités très fortes
et/ou très faibles à certaines périodes de l’année, le décalage du début des saisons, la nature
des épisodes de pluies et notamment leur durée, la quantité de pluie tombée au cours d’une
période. On peut alors s'interroger sur les incidences de ces différentes perturbations sur le
régime des écoulements, qui comme on le sait, intègrent mieux les variations spatio-
temporelles des facteurs météorologiques que les mesures ponctuelles de précipitations.
Le régime hydrologique des cours d’eau est directement influencé par celui des précipitations.
Il subit de ce fait l’influence de la fluctuation des précipitations qui constituent à long terme la
cause principale de leur variabilité (Kasparek & Novicky, 2002). Les autres causes des
modifications du régime hydrologique des cours d’eau sont d’origine anthropique, mais leurs
effets peuvent ne pas être perceptibles dans la plupart des cas du fait de l'ampleur des effets
des modifications climatiques. Ces effets peuvent cependant être très importants, notamment
dans les régions arides et semi-arides où des augmentations des écoulements ont pu être
enregistrées (Albergel & Gioda, 1986 ; Albergel, 1987 ; Mahé et al., 2002) en dépit du déficit
pluviométrique, comme nous le verrons plus loin.
36
Des expériences ont été menées dans les régions tempérées sur l’impact de la variabilité et le
changement climatique sur le régime naturel des cours d’eau. Les principales conclusions
montrent qu’ils ont une influence significative sur la répartition annuelle des débits des cours
d’eau sans toutefois modifier considérablement le volume des écoulements.
En Afrique intertropicale, de nombreux travaux attestent des changements intervenus sur les
cours d’eau de la région durant la sécheresse récente : changement des régimes, baisse sévère
des débits, baisse accentuée des débits minimums d’étiage, étiages absolus plus fréquents en
même temps que la raréfaction des ressources en eau (Sircoulon, 1976, 1987, 1990 ; Sutcliffe
& Knott, 1987 ; Olivry et al.,1993 ; Mahé, 1993). Sircoulon (1990) montre par exemple que la
production moyenne des principaux cours d’eau qui traversent le Sahel (Sénégal, Niger et
Chari), qui était de 136 km3 par an jusqu’à 1969, est passée à 79 km3 pour la période 1970-88
(soit une baisse de 43%), avec seulement 36 km3 en 1984 (soit un déficit de 74%). Les fleuves
de l'Afrique humide ont également subi une baisse (Mahé, 1993 ; Laraque & Olivry, 1996 ;
Bricquet et al., 1997 ; Sigha Nkamdjou et al., 1998), mais avec un retard pouvant porter sur
une dizaine d'années. Ce déphasage est la résultante du cumul des déficits pluviométriques
répétés. Ainsi, le déficit des apports de l'Afrique centrale et du golfe de Guinée à l'océan
Atlantique, au cours de la période 1981-1990, est évalué à 365 km3, soit 32% des apports
totaux, ce qui entraîne de nombreuses défaillances dans le fonctionnement des aménagements
hydroélectriques, notamment en Côte d'Ivoire et au Cameroun. A titre d’exemple, le tableau
1.3 présente les valeurs de déficits des débits moyens annuels calculés sur quelques bassins
versants de l'Afrique de l'Ouest et du centre alors que la figure 1.7 en présente une illustration
graphique.
37
Tableau 1.3 : Valeurs de déficits des débits moyens annuels calculés à certaines stations hydrométriques
de part et d'autre de la date de rupture ; (Servat et al., 1998)
Figure 1.7 : Variation de l’hydraulicité depuis 1950 pour l’Afrique sèche (Chari, Niger et Sénégal)
et l’Afrique humide (Oubangui et Sangha), (Bricquet et al., 1997)
38
Comme on peut le constater dans le tableau 1.3, sur la vingtaine de postes d'observation cités,
seuls 3 présentent un faible déficit. A l'exception du résultat du Nyong à Eséka, tous les autres
déficits sont supérieurs à 20% et peuvent atteindre 70%. Ces différences sont de loin
supérieures à celles enregistrées au niveau des précipitations. On en déduit qu'elles sont
amplifiées par les cours d'eau. Ceci tient au fait que les cours d'eau intègrent (Servat et al.,
1998) de nombreux paramètres influencés par la variabilité climatique, et notamment le
développement de la végétation, le ruissellement, l’infiltration, la recharge des nappes,
l’évaporation, etc..
Sur le plan mondial, le tableau 1.4 (IPCC, 2001), donne un aperçu de la situation des
écoulements dans les principales régions du monde.
39
Tableau 1.4 : Recent studies into trends in river flows ; (IPCC, 2001)
Sur le plan Global - 161 gauges in 108 major - Reducing trend in Sahel region but - Yoshino (1999)
world rivers, data to 1990 weak increasing trend in western
Europe and North America ; increasing
relative variability from year to year in
several arid and semi-arid regions
Russie
- European Russia and - 80 major basins -Increase in winter, summer, and -Georgiyevsky et al.,
western Siberia records from 60 to autumn runoff since mid-1970s ; (1995, 1996, 1997);
110 years decrease in spring flows Shiklomanov &
Georgiyevsky (2001)
- European former - 196 small basins - Increase in winter, summer, and -Georgiyevsky et al.,
Soviet Union records up to 60 years autumn runoff since mid-1970s ; (1996)
decrease in spring flows
Baltic Region
- Scandinavia -Increase in winter, summer, and -Bergstrom & Carlson
autumn runoff since mid-1970s ; (1993)
decrease in spring flows
- Baltic states - Increase in winter, summer, and -Tarend (1998)
autumn runoff since mid-1970s ;
decrease in spring flows
Cold Region
- Yenesei, Siberia -Major river basin -Little change in runoff or timing -Shiklomanov (1994)
- Mackenzie, Canada - Major river basin - Little change in runoff or timing - Shiklomanov et al.,
(2000)
North America
- United States -206 catchments -26 catchments with significant trends: -Lins & Slack (1994)
half increasing and half decreasing
- California -Majors river basins -Increasing concentration of stream
flow in winter as result of reduction in
snow
- Mississippi basin -Flood flows in major -Large and significant increases in -Dettinger & Cayan
basins flood magnitudes at many gauges (1995) ; Gleick &
Chalecki (1999)
- West-central Canada -Churchill-Nelson river - Snowmelt peaks earlier ; decreasing -Westmacott & Burn
basin runoff in south of region, increase in (1997)
north
South America
- Colombia -Majors river basins -Decrease since 1970s -Marengo (1995)
- Northwest Amazon -Majors river basins -Decrease since 1970s -Marengo et al., (1998)
- SE South America -Majors river basins -Decrease since 1970s -Genta et al., (1998)
- Andes -Majors river basins -Increase north of 40°S, decrease to the -Waylen et al., (2000)
south
Europe
- UK -Flood flows in many -No clear statistic trend -Robson et al., (1998)
basins
Africa
- Sahelian region -Majors river basins -Decrease since 1970s -Sircoulon et al., (1990)
Asia
- Xinjiang region, China - Majors river basins -Spring runoff increase since 1980 -Ye et al., (1999)
from glacier melt
Australia
- Australia -Major basins -Decrease since mid-1970s -Thomas & Bates
(1997)
40
1.5.1 - Eléments explicatifs de la variabilité hydrologique
Des analyses plus approfondies qui prennent en compte les caractéristiques de formes des
hydrogrammes et le tarissement permettent de souligner d’autres manifestations d’ordre
qualitatif. Bricquet et al., (1997) montrent que sur le plan des hautes eaux, en régime
équatorial, la baisse est plus sensible sur les crues de mai-juin que sur celles d'octobre-
novembre. L'amoindrissement de la crue de mai-juin est à rattacher à de mauvaises conditions
pluviogènes du flux de mousson lors de la montée du FIT. Sur le plan des basses eaux, les
étiages des cours d'eau sont systématiquement plus faibles, ce qui traduit un amenuisement
croissant des réserves souterraines des bassins fluviaux. En zone soudano-sahélienne, le
tarissement des cours d'eau s'est considérablement accéléré depuis les années 70, conduisant à
une vidange rapide des nappes. Le tarissement des fleuves de la région tropicale humide
montre, à un degré moindre, le même phénomène, alors que celui des fleuves de la région
équatoriale est difficilement appréhendé en raison des perturbations des précipitations
parasites
Olivry et al., (1993) soulignent que le régime hydrologique des fleuves d’Afrique
intertropicale est également influencé par un effet résultant des déficits pluviométriques
successifs. Ils font l’hypothèse que l'augmentation considérable du coefficient de tarissement
dans la période sèche correspondrait essentiellement à une réduction de l'extension des
aquifères et donc de la quantité d’eau dans les nappes. Par conséquent, l'augmentation de
l'épaisseur de la tranche aérée du sol au-dessus de la surface piézométrique (résultat de la
baisse constante du niveau piézométrique) ne permet pas alors une réalimentation facile des
nappes. Les eaux d'infiltration sont piégées par la zone non saturée et seraient reprises par
l'évaporation ou resteraient en attente des apports complémentaires des années suivantes, et ne
finiront par aboutir à une recharge de la nappe qu'en cas de bonnes précipitations prolongées.
La recharge de la nappe est donc dépendante d'un fonctionnement hydrogéologique
pluriannuel. L'‘’effet mémoire’’ de la sécheresse aura par conséquent une influence prolongée
sur les écoulements même après la reprise des précipitations, notamment dans la région
soudano-sahélienne. C’est ainsi que, pour des précipitations de 15% supérieures à la moyenne
de la période 1951-1989, sur le bassin versant du Niger à Koulikoro, en 1994 la crue a été tout
simplement moyenne tant en pointe qu’en module (Bricquet et al., 1996). Le faible déficit
pluviométrique que présente l’Afrique équatoriale ne permet pas d’observer ce phénomène
(Sigha Nkamdjou et al., 1998).
41
Les autres manifestations de la baisse des écoulements sont la modification de la forme de
l’hydrogramme et le décalage de la date du débit de pointe. Sircoulon (1990) montre que les
hydrogrammes des principaux cours d’eau de la région tropicale africaine présentent plusieurs
pointes en année sèche contre une pointe unique en années humides. Sur le Niger à Niamey,
entre 1970 et 2000, la pointe de la crue est enregistrée environ deux mois plus tôt (Abou
Amani & Nguetora, 2002), par rapport à la période d’avant 1969. Dans le même ordre d’idée,
le niveau de la crue d’été a dépassé celui de la crue d’hiver quatre fois depuis 1984, alors que
cela ne s’était jamais produit depuis le début des observations en 1923. Mahé et al., (2003)
montrent que la relation pluie-écoulement de nombreux cours d’eau ‘’sahélo-soudanien’’
d’Afrique de l’Ouest au nord de l’isohyète 700 mm est durablement modifiée, sans qu’il soit
possible au stade actuel, de différencier les influences climatiques et anthropiques.
L’importance de l’eau pour le développement social et toutes les formes de vie sur terre n’est
plus à démontrer. Elle est essentielle pour l'alimentation, l'agriculture, l'industrie,
l'assainissement, et pour de nombreux autres usages tels que l'hydroélectricité et la navigation.
Les océans, les mers, les lacs et toutes les autres formes de réservoirs servent également
d'habitat à une multitude d'êtres vivants. Il va de soi dans ces conditions qu’au-delà de
l’alimentation en eau, tout changement qui intervient dans le fonctionnement des systèmes
hydrologiques peut être désastreux pour l’environnement, l’économie et la société.
Plus proche de nous, Pouyaud & Colombani (1989) soulignent l'impact considérable de la
sécheresse récente sur les lacs et leur environnement, notamment le Lac Tchad. Selon Olivry
et al. (1996), la végétation de l'hydrosystème du Lac Tchad est évolutive en fonction des
variations du plan d'eau. Elle varie également selon qu'on s'adresse aux zones marécageuses,
aux îles ou aux archipels. Avant la baisse considérable du niveau du lac, les principales
espèces végétales rencontrées étaient les Phragmites, les Cyperus papyrus, les Vossia, les
Typha, les Potamogeton et Ceratophyllum. Après la baisse du niveau du lac consécutive à la
sécheresse récente, des changements importants de végétation sont intervenus. En 1976,
l'essentiel de la végétation est constitué par le couple Vossia - Aeschynomene. Des
observations similaires ont également été effectuées dans la plaine d'inondation du Logone
dans le Nord Cameroun, à la suite de la baisse des inondations observée depuis les années
1970 (Naah, 1990 ; Olivry, 1986 ; Sighomnou et al., 1997, 1999, 2002a & b ). Des études de
végétation (Scholte et al., 1997 & 2000 ) ont montré que certaines espèces végétales
caractéristiques des zones inondées comme le Vetiveria nigrita et l'Echinocloa pyramidalis,
plus riches en protéines et bien appréciées des animaux, ont été remplacées par d'autres
espèces comme le Sorghum arundinaceum moins appréciées. Il s'agit là de changements qui
interviennent dans la biodiversité et conduisent à la dégradation des pâturages. La dégradation
de l'écosystème et de la biodiversité touche ainsi par voie de conséquence la faune domestique
et sauvage dont l'alimentation et l'habitat naturel se trouvent perturbés. C'est le cas des
poissons d'eau douce dont la productivité primaire a fortement baissé avec la diminution des
surfaces inondées, lieu naturel de leur reproduction. Des changements comparables ont été
également observés sur le bassin de la Kamadugu-Yobe (Oyebande, 2001), au Nigeria.
D'autre part, la dégradation de la qualité des pâturages affaiblit leur pouvoir nutritif et
provoque une recrudescence des maladies parasitaires responsables de la mauvaise santé et de
la mortalité pour la faune sauvage et domestique (Scholte et al., 1997 ; Albergel et al., 2000).
43
Une étude réalisée dans le sud tunisien sur une période de 25 ans (Le Houérou, 1992), montre
une corrélation entre les effectifs de petits ruminants et les précipitations (figure 1.8).
L'impact de la variabilité des précipitations se fait surtout sentir sur les effectifs de jeunes. Un
décalage d’un an est observé entre la variation importante des précipitations et la réponse des
troupeaux. Des faits identiques ont été observés également au Sahel (Bernus, 1981), dans le
nord Cameroun au niveau de la faune sauvage dans le parc de Waza (Scholte et al., 1997). Il
semble, selon Le Houérou (1985), que le phénomène constitue une règle générale.
Fig. 1.8 : Relations entre le cumul des pluies annuelles et les effectifs des petits ruminants jeunes
(âge inférieur à 12 mois) en Tunisie méridionale (Le Houérou, 1962)
A l’opposé de ce qui est observé au niveau du Lac Tchad, l’analyse des variations du niveau
du lac Tanganyika sur la période 1932-1995 montre plutôt une augmentation brutale
d’environ 3 m entre 1961 et 1964 (Bergonzini et al., 2002). Cette augmentation est synchrone
avec la crue centenaire de 1962 sur le fleuve Congo (Olivry, 1993), aux forts débits de
nombreux affluents du Nil (Conway & Hulme, 1993) et aux hauts niveaux des lacs Kivu,
44
Turkana et Victoria (Street-Perrot & Harrison, 1985). Si les modifications des conditions de
surface au niveau des bassins versants constituent un facteur non négligeable, cette
augmentation est bien associée aux conditions pluviométriques favorables dans la région,
comme on peut le constater sur le graphique de la région Afrique de l’Est de la figure 1.5.
Pour assurer leur développement, les communautés au fil du temps se dotent des
infrastructures nécessaires à leurs activités en s’adaptant au climat local. Les principales
répercussions des modifications climatiques sur les populations concernent essentiellement
l’alimentation en eau et en énergie, la sécurité alimentaire, la santé, etc.. Dans le cas de la
plaine du Logone évoqué plus haut, d’importants bouleversements sociaux ont été enregistrés,
allant du changement d'activité au déplacement des populations vers des régions plus
hospitalières. Ainsi, des groupes d'anciens pêcheurs et éleveurs sont devenus agriculteurs, ce
qui a favorisé la multiplication des conflits d'utilisation des ressources et plus généralement
des terroirs. Une forte migration des populations a été également enregistrée, vers les villes et
ailleurs vers des endroits où les conditions de vie sont plus propices (Sighomnou et al., 2000).
Ailleurs au Cameroun et dans d’autres pays d’Afrique, la diminution de la productivité du
travail paysan, fortement dépendante de la pluviosité, et le raccourcissement de la durée de
submersion des zones marécageuses ont favorisé le développement des cultures de contre-
saison dans les bas-fonds au détriment de la diversité biologique naturelle.
Un autre point important à souligner concerne les conflits qui peuvent naître au niveau des
bassins hydrographiques partagés. En effet, dans des situations d’intérêts parfois
contradictoires, le problème de partage des ressources en eau peut être à l’origine de conflits
comme cela a déjà été le cas dans certains pays africains. Une bonne connaissance des
ressources et une coordination régionale sont alors indispensables pour une gestion efficace et
compréhensible par tous.
Les projets d’aménagement sont en général dimensionnés sur la base de quantiles déterminés
au moyen des analyses statistiques des séries de données, le choix du niveau de protection
étant basé sur des analyses économiques du couple investissements-dommages. En statistique,
s’il est généralement admis qu’une moyenne est d’autant plus proche de la réalité que la série
à partir de laquelle elle a été déterminée est longue, on reconnaît par ailleurs qu’une chronique
de 30 années d’observations est suffisante pour conduire à une moyenne convenable. C’est
ainsi que les normales de l’OMM sont déterminées sur une période de 30 ans. Les
observations hydroclimatiques ayant débuté au début des années 1950 dans la plupart des
pays de l’Afrique de l’Ouest et du centre, la période de référence qui y est habituellement
utilisée pour l’évaluation des risques en hydrologie correspond aux années 1951-1980.
46
En se basant sur la norme météorologique qui désigne une moyenne sur 30 ans et étant
entendu qu’elle varie tous les 10 ans, la norme utilisée une année X devrait logiquement être
calculée sur les 30 dernières années suivant la technique des moyennes mobiles. Dans ces
conditions, la norme pluviométrique de l’année 2000 devrait être calculée sur la période 1971-
2000. En raison de la sécheresse persistante des 30 dernières années, cette norme devrait être
largement en deçà de celle de la période de référence (1951-1980) habituellement utilisée
pour la plupart des cours d’eau de l’Afrique de l’Ouest et centrale. Paturel et al., (2003)
montrent qu’il en va de même si les moyennes sont déterminées en réunissant les données
anciennes et celles de la période récente. Une analyse comparative des modules de trois cours
d’eau de l’Afrique de l’Ouest (Ouedraogo et al., 2002) montre que les différences peuvent
être très importantes dans certains cas. Ainsi, un rapport de 2,5 a été observé entre la norme
calculée sur la période 1971-2000 et celle calculée sur la période 1951-1980, sur le Bani à
Douna. Pour l’ensemble des trois cours d’eau étudiés, le débit millennal calculé sur la période
1971-2000 est inférieur au débit décennal de la période 1951-1980.
D’autres études (Albergel, 1987; Mahé et al., 2002 et 2003, Leduc et al., 2001) ont montré
que le déficit pluviométrique pendant la sécheresse récente est largement compensé par la
modification des états de surface (augmentation des surfaces cultivées et des sols nus), dans le
fonctionnement de bassins sahéliens. C’est ainsi que, paradoxalement, des accroissements de
débit sont observés sur ces bassins en dépit des déficits enregistrés au niveau des
précipitations.
Devant cette situation on peut se demander quelle attitude adopter pour le dimensionnement
des ouvrages et l’évaluation des risques divers liés à l’eau ? Aucune solution définitive n’a
été proposée jusque là. Todorov (1985) suggère l’établissement de nouvelles normales
pluviométriques incluant toutes les années récentes, mais précise que la longueur de la
période sur laquelle les normales seraient calculées devra dépendre de l’utilisation envisagée.
Hubert et al., (1989) recommandent que les normes hydrologiques soient désormais établies
sur la base des données récentes, éventuellement ‘’grossies’’ de certaines phases similaires
antérieures. Farmer (1986) affirme quant à lui qu’il y a un danger à utiliser les moyennes
pluviométriques anciennes qui ne prennent pas en compte les fluctuations récentes, avec le
risque de ne jamais atteindre les prévisions. Morel (1986) de son côté suggère deux séries de
normes dont une pour chaque contexte, soit une norme de période sèche et une autre pour la
période humide. Devant cette complexité de la question, vouloir répondre à la question posée
47
serait s’engager dans un débat qui n’est pas clos. Aussi, laisserons-nous à l’analyse de
situations précises le soin d’apporter, dans le chapitre suivant, l’enseignement concret des
faits. En nous référant pour l’instant, à la conclusion de Paturel et al. (2003) qui estiment que
le problème de la révision des normes en hydro-pluviométrie revêt une très grande importance
sur un plan pratique, nous disons avec ces derniers qu’il est difficile de proposer une solution
unique et définitive.
CONCLUSION
Les résultats des recherches dans de nombreux domaines ont montré que le climat de la
planète a subi des fluctuations aussi bien à l’époque actuelle que par le passé. Les causes sont
encore mal connues, mais quelques éléments explicatifs ont été suggérés : position
latitudinale de la Zone de Convergence Intertropicale, convection plus faible, réduction de
l’humidité du sol, variabilité des températures de surface des océans. Une simultanéité avec la
déforestation dans certaines régions de l’Afrique humide (Brou Yao et al., 1998) a été
également relevée. Les impacts de ces fluctuations sur les régimes hydroclimatiques sont
différents selon que l’on s’adresse aux régions froides et tempérées ou aux régions tropicales
sèches et humides.
Dans les régions froides et tempérées, le principal changement observé sur le régime
hydrologique concerne davantage la répartition annuelle des écoulements que la moyenne
annuelle. Plusieurs auteurs sont unanimes sur le fait que la plus grande augmentation de
l’écoulement s’observe en hiver du fait de la hausse de température qui réduit la couverture
neigeuse. Un accroissement de la fréquence et de l’intensité des orages a été également
souligné.
Pour ce qui concerne les régions tropicales sèches et humides, notamment celles de l’Afrique,
la principale conclusion que l'ont peut tirer des études précédentes est que la sécheresse
récente, qui a débuté à la fin des années 1960, continue au-delà de l’année 2000 malgré un
espoir de rémission apporté au courant de la décennie 1990 par quelques années humides. La
persistance remarquable de cet événement, constitue la principale différence avec les deux
précédentes périodes sèches du 20ème siècle, en 1913 et en 1940. Sur la base des résultats déjà
enregistrés on commence également à mieux comprendre certaines de ses manifestations. En
48
particulier, de nombreux auteurs s’accordent pour affirmer que la récente sécheresse constitue
une séquence ‘’anormale’’ en région sahélienne, vis à vis de la variabilité hydroclimatique à
plus long terme. Si les déficits pluviométriques sont de l’ordre de 20 à 25% en moyenne, la
baisse des écoulements est beaucoup plus importante. Elle est généralement au moins égale au
double du déficit pluviométrique, soit 40 à 50% en moyenne, mais peut dépasser le triple
notamment en régions arides et semi-arides.
Cependant, si pour les grands bassins, on note un amoindrissement général des valeurs de tous
les paramètres hydrologiques, l’analyse des éléments du bilan hydrologique montre que le
déficit pluviométrique n’a pas réduit les écoulements et encore moins les coefficients
d’écoulement, pour les bassins situés dans les régions sahéliennes et semi-arides. Albergel
(1987) et Mahé (2002) associent cette différence à une modification des états de surface qui
conduit à une amélioration de la fonction de production. Les régimes hydrologiques du
Cameroun subissent différemment les effets de cette sécheresse, en raison de la diversité de
ses climats, de son orographie et de sa phytogéographie (Sigha Nkamdjou et al., 2002). Un
déficit pluviométrique de l’ordre de 5% en moyenne est observé dans le domaine forestier du
sud contre 10% pour les écoulements, mais ce déficit peut atteindre 50% dans la partie
septentrionale du pays.
Outre les causes du phénomène qui restent encore à élucider, deux points principaux restent à
explorer : l'impact de la variabilité et des changements climatiques sur la recharge des eaux
49
souterraines et les effets des modifications induites par l’homme par rapport à ceux résultant
des changements climatiques. Au moins sur le plan local, les effets de ces dernières devraient
être plus importants que ceux du changement climatique. Un ‘’effet mémoire’’ dans la
production des aquifères des grands bassins versants a cependant été souligné (Olivry, 1993),
en raison de la persistance de la sécheresse, d’où la faiblesse des écoulements même au cours
des années caractérisées par une bonne hydraulicité comme ce fut le cas en 1994 et 1999.
Sur un plan pratique, les projets d’aménagement basés sur l’eau sont en général dimensionnés
en s’appuyant sur des normes établies à partir des observations de terrain. En regard de tout ce
qui précède, la non prise en compte des variations qui interviennent au niveau des facteurs du
ruissellement sur le bassin d’une part, et d’autre part, des fluctuations des paramètres
climatiques durant la vie des ouvrages peut conduire à des différences pouvant dépasser 50%.
Il se pose alors la question de savoir quelle norme retenir en pareille circonstance. Les travaux
antérieurs n’ont pas proposé de solution définitive. Les analyses de situations précises dans
les chapitres suivants apporteront les enseignements concrets des faits et permettront
assurément d’envisager une nouvelle approche de la question.
Dans cette optique, la présente étude vise à approfondir et compléter ce qui a déjà été fait sur
l’ensemble du sujet à l’échelle du Cameroun, en vue de mieux prédire le futur en terme de
moyenne et de fréquence de distribution de certaines variables caractéristiques de l’évolution
des ressources en eau du pays. Avant d’aborder ces analyses, nous rappellerons d’abord dans
le chapitre qui suit les grandes lignes des régimes hydroclimatiques du pays. Nous
présenterons ensuite les données de l’étude dans le chapitre suivant avant de procéder à une
analyse fine et complète de la variabilité pluviométrique et hydrologique sur l’ensemble du
pays.
50
CHAPITRE II : CARACTERISATION DES REGIMES
HYDROCLIMATIQUES DU CAMEROUN
51
2.1 - INTRODUCTION
Situé en Afrique Centrale, au fond du Golfe de Guinée (voir carte figure 2.1), le Cameroun
couvre une superficie de 475000 Km2. Le dernier recensement des populations au Cameroun
date de 1987. La population du pays a alors été évaluée à 10,5 millions d’habitants dont
49,2% d’hommes et 50,8 de femmes. Le taux de croissance prévisionnel entre 1980 et l’an
2000 était de 3,2%, ce qui ferait une population de près de 15 millions d’habitants en l’an
2000, selon les spécialistes. La densité moyenne est évaluée à 23,6 habitants au km², mais elle
peut varier suivant les régions, de 2 à 150 habitants au km² en 1990. La population urbaine est
évaluée à 60% du total en 2001, regroupée dans 6 principales villes dont les plus peuplées
sont Douala (capitale économique) et Yaoundé (capitale politique).
Selon une étude de la Banque Mondiale (1992), l’agriculture occupe environ 80% de la
population active et génère plus de la moitié des recettes d’exportation. L’agriculture
traditionnelle, essentiellement pluviale, couvre 90% des surfaces cultivées. Les principales
cultures de rente sont : café, cacao, coton, thé, banane, canne à sucre, palmier à huile,
caoutchouc et tabac. Les principales cultures vivrières sont : mil, riz, manioc, maïs, haricots,
macabo, patate et banane plantin. Les ressources de l’élevage sont également importantes et
contribuent à assurer l’autosuffisance alimentaire du pays. La pêche remplit également cette
fonction, mais sa production ne couvre pas la totalité de la demande du pays. Les principales
ressources naturelles sont le bois, les hydrocarbures et quelques autres ressources minières
dont la bauxite, le calcaire et le fer.
52
Le secteur industriel a contribué à environ 31% du PIB du pays en 1988, dont 15% des
industries extractives et du pétrole, 10% des industries manufacturées, 5% des bâtiments et
travaux publics, 1% du secteur électricité, gaz et eau.
Le produit national brut (PNB) par habitant est faible. Il est évalué à 680 US$/habitant/an en
1995, ce qui le place dans la classe 1 (PIB < 795 US$/habitant/an) de la nomenclature de la
banque mondiale.
Très étiré en latitude, le Cameroun couvre une longueur d’environ 1300 km sur son axe nord-
sud, contre près de 900 km sur l’axe est-ouest. Il partage 4700 km de frontière avec 6 pays
voisins (Nigeria, Tchad, Centrafrique, République du Congo, Gabon et Guinée Equatoriale)
dont 1700 Km avec le seul Nigeria, et 400 km de côte sur l'océan Atlantique (figure 2.1). Son
relief s’étage de 0 à 4095 m au sommet du Mont Cameroun. Du point de vue climatique,
environ 4/5eme de la surface du pays appartiennent à la zone des climats humides, alors que les
climats tropicaux de nuance sèche concernent le 1/5eme restant.
Echelle 1: 85.000.000
Figure 2.1 : Le Cameroun en Afrique, ses relations avec les grands bassins du continent (Olivry, 1986)
53
Le milieu naturel définit l’ensemble des caractéristiques physiques qui influencent sur
l’existence des êtres vivants sur la terre. De ce point de vue, la diversité des paysages du
Cameroun constitue l’une de ses principales originalités. Elle tient essentiellement à son
allongement de l’équateur à la zone sahélienne ; son ouverture sur l’océan par le Golfe de
Guinée, porte d’entrée du flux de mousson sur le continent africain ; sa situation à la charnière
des domaines climatiques ouest et centre-africain et son orographie variée.
2.3.1 - Orographie
La particularité du relief camerounais tient pour partie aux régions montagneuses d’origine
essentiellement volcanique, mais également aux contrastes imprimés par de vastes plaines et
plateaux aux surfaces aplanies, constituant des gradins étagés à travers l’ensemble du pays. La
figure 2.2 tirée de l’étude de J.-C. Olivry (1986) est une esquisse géomorphologique du
Cameroun qui indique les principales unités.
Figure 2.2 : Coupe géomorphologique schématique du Cameroun suivant un axe SSW-NNE (Olivry, 1986)
- entre le Mont Cameroun à l’ouest et Campo vers l’Est, la plaine sédimentaire de la façade
maritime épouse la courbure du Golfe de Guinée. A peine ondulée, celle-ci ne dépasse
54
généralement pas 200 m d’altitude. Couverte essentiellement de forêt dense, elle est
traversée par le cours inférieur des principaux fleuves de la façade atlantique du pays ;
- le plateau sud camerounais (600 à 900 m) occupe la majeure partie du pays, avec un relief
de collines et de bas-fonds marécageux. Débordant au sud sur le Gabon, elle s’étend au
nord jusqu’aux contreforts de l’Adamaoua. Cette surface constitue par ailleurs une des
constantes majeures de l’Afrique Centrale. Le passage du plateau à la plaine côtière
s’effectue par une série de gradins étroits de structure complexe ;
Au-delà des principaux facteurs (latitude, situation par rapport à l’océan, centres d’action,
flux, masse d’air, perturbation), qui commandent la mise en place du canevas climatique
général, il est incontestable que ces principales unités géomorphologiques, sont en rapport
étroit et impriment leurs marques sur les traits spécifiques du climat camerounais.
55
2.3.2 - Géologie
Plus de 90% du territoire camerounais est constitué des formations appartenant au socle
précambrien. Les bassins sédimentaires forment des zones de subsidence relativement peu
étendues, dans la région côtière (bassins de Douala et de Mamfé), le nord (bassin de la
Bénoué), et le Sud du Tchad ; alors que les massifs volcaniques liés au magmatisme récent
forment une chaîne qui s’étend de la côte atlantique jusqu’à l’Adamaoua où elle se divise en
deux branches nord - sud et est - nord-est.
Les premières synthèses de la géologie du Cameroun proposent l’existence d’un socle archéen
remobilisé (Complexe de base) sur lequel reposent les ‘’Séries intermédiaires’’ et la
‘’Formation du Dja’’ (Gazel, 1958 ; Bessoles, 1969). Des études récentes, en particulier celles
de Soba (1989), Nzenti (1987 et 1994), Toteu (1990), Penaye et al. (1993) et Ngako (1999),
Nzolang et al. (2003), donnent une nouvelle interprétation géologique de la stratigraphie du
socle précambrien du Cameroun que nous résumons brièvement dans le lignes qui suivent.
Une illustration des principales formations géologiques est présentée sur la figure 2. 3, tirée
de Nzolang et al. (2003).
Le Craton du Congo délimite la bordure sud de la Chaîne Panafricaine (1000 - 500 Ma) qui
couvre la quasi-totalité du reste du territoire camerounais. Les principales formations
géologiques de cette partie du pays sont des micaschistes, des gneiss, des migmatites et des
granites. Les groupes de Poli et du Lom y forment des entités affectés par un métamorphisme
plus faible. Ces formations intéressent principalement les bassins versants de la Sanaga dans
le Centre du pays, de la Kadéi à l’Est, de la Bénoué dans le Nord, les tributaires de la Bénoué
inférieure et les fleuves côtiers à l’Ouest de la Sanaga.
56
Figure 2.3 : Esquisse géologique du Cameroun d’après Nzolang et al. (2003), montrant les formations de
la Chaîne panafricaine, avec le Complexe du Ntem (Craton du Congo) à sa limite sud et la
couverture phanérozoïque tchadienne dans le Nord (bien que cela n’apparaisse pas intégralement sur
cette carte, la couverture post-panafricaine de l’extrême-nord intéresse tout le bassin sédimentaire de la
région du ‘’Bec de canard’’ au lac Tchad).
57
La série de Mangbéï dont l’âge des dépôts volcano-sédimentaires est estimé à environ 490
Ma, marque la fin de l’évolution tectono-métamorphique panafricaine au Cameroun. Elle fait
partie d’un ensemble régional dont les représentants se retrouvent près du Lac de Léré, prés
de Mangbéï et à Hoye près de Poli. On considère qu’après ces dépôts, l’ensemble du territoire
est soumis aux processus de réajustement isostatique et d’érosion.
58
majeur de cette partie de la cuvette. En période de crue, l’écoulement du fleuve se fait
à travers des vastes marécages localement appelés Yaéré (plaine périodiquement
inondable). Ces derniers en assurent la décantation et retiennent la charge solide dont
le total est estimé à près d’un million de tonnes en année moyenne (Gac, 1979). Outre
les eaux du Logone, le Yaéré reçoit également du côté camerounais, les eaux d’une
douzaine de Mayo (cours d’eau torrentiel) issus des monts Mandara.
Telle est la constitution du sous-sol du pays dont la longue évolution géologique a donné
naissance à différentes formations superficielles qui, en association avec les différents types
de végétations qu’elles supportent, définissent des zones aux comportements hydrologiques
différents.
La répartition des sols est liée à celle du substratum, au milieu bioclimatique où il se forme,
aux facteurs topographiques et à l’ancienneté de la pédogenèse. La ferrallitisation est de loin
le processus pédogénétique le plus important au Cameroun. Il en découle que les sols les plus
répandus sont de types ferrallitiques. Ils couvrent près des deux tiers du territoire et sont situés
au sud du 8ème parallèle. De couleur essentiellement rouge et jaune, ils peuvent atteindre des
épaisseurs supérieures à 15 m, notamment en régions forestières. Les sols ferrugineux tropicaux
59
qui ont subi une hydrolyse incomplète des minéraux, sont surtout localisés entre la falaise nord
de l’Adamaoua et la latitude de Garoua. Ils se différencient des précédents par leur couleur rouge
ou ocre très accusée. Le deuxième groupe de sols rencontrés au Cameroun est constitué des sols
hydromorphes dont l’évolution est dominée par un engorgement d’eau. On les retrouve surtout
dans le nord du pays, mais également dans certains paysages du sud, notamment au niveau de la
mangrove littorale. Dans la cuvette du Lac Tchad, la présence d’argiles gonflantes les rend
vertiques.
2.3.4 - La végétation
Avec le sol et le relief, la végétation constitue l’un des facteurs les plus importants du régime
des cours d’eau. La végétation camerounaise est répartie selon une zonalité nord-sud en
relation étroite avec le climat et le régime des précipitations (fig. 2.4) :
La forêt dense et humide comprend plusieurs nuances en fonction des particularités des
différentes situations. Sur les plaines sablonneuses des régions côtières se développe la forêt
littorale avec localement une forêt de mangrove, en continuité avec la forêt atlantique toujours
verte (sempervirente), située entre 200 et 800 m d’altitude. Plus en milieu continental se
développe la forêt congolaise, pour des précipitations inférieures à 1800 mm. Certaines
espèces perdent leurs feuilles pendant la saison sèche. Des plateaux de l’Ouest à Batouri et de
Yaoundé aux premiers contreforts de l’Adamaoua se développe la forêt semi-décidue, en
équilibre instable avec la savane périforestière. Les forêts d’altitude se développent à partir de
800 m d’altitude sur la façade atlantique et dès 1200 m plus au nord.
Les steppes à épineux sahélo-soudaniens font leur apparition dès la plaine de Maroua, mais
plus au nord on passe dans le domaine des prairies périodiquement inondées du Yaéré.
En raison de la pression démographique croissante dans le pays, le schéma zonal décrit ci-
dessus est profondément dégradé par l’homme. Cette influence humaine s’exerce de manière
variable d’un endroit à l’autre. Elle va de l’exploitation forestière au défrichement pour
l’agriculture et les pâturages. Ces modifications apportées à l’occupation naturelle des sols
contribuent à modifier le bilan hydrologique des cours d’eau, comme on le verra plus loin.
61
2.4 - LES CLIMATS DU CAMEROUN
Le climat constitue un facteur dominant des régimes hydrologiques et de la mise en place des
paysages, et détermine les fonctions essentielles de la vie et de l’économie sociale. De par son
extension entre l’équateur et la région sahélienne (une variation en latitude de 11°), le
Cameroun rassemble la gamme quasi complète des climats zonaux Ouest-africains. A cet
ensemble viennent s’ajouter des variétés qui lui sont propres, notamment d’authentiques
climats de mousson à paroxysme pluvial puissant et prolongé, grâce auxquels le Cameroun
détient le record de pluviosité du continent africain à Debundscha au pied du Mont Cameroun
(Lefevre, 1967 ; Olivry, 1986 ; Suchel, 1987 ; Sighomnou et al., 1993). Ces nuances
climatiques sont dues essentiellement à l’influence maritime ainsi qu’à la vigueur et au
contraste de son relief.
Le Cameroun subit une évolution climatique qui ne peut être isolée de l’évolution générale du
climat africain et même mondial. Les causes et processus indicateurs de son évolution sont
par conséquent les mêmes qui ont été décrits précédemment. Dans ces conditions, seules
quelques grandes lignes des ses traits particuliers seront rappelées ici.
La zone intertropicale est caractérisée par une région équatoriale de basses pressions relatives
encadrée par deux ceintures anticycloniques subtropicales nord et sud qui isolent
pratiquement le monde intertropical des régions tempérées. Entre les deux zones de haute
pression s’établit un flux d’Est soufflant vers la zone de basses pressions, matérialisé par les
alizés. Les alizés des deux hémisphères convergent dans la région équatoriale, déterminant la
Zone de Convergence Intertropicale qui a été décrite au chapitre précédent. La ZCIT est le
siège de phénomènes d’ascendances plus ou moins généralisées. Elle subit un déplacement
annuel en direction de l’hémisphère concerné par la saison d’été.
Le bilan énergétique est très élevé dans les zones anticycloniques subtropicales, entraînant
une très forte évaporation, ce qui explique qu’à ces zones correspondent des régions arides et
des déserts sur le continent. Les masses d’air provenant des alizés continentaux seront donc
très sèches. L’opposition des influences océanique et continentale détermine dans le temps et
dans l’espace la disposition de champs de températures qui commandent en partie les champs
de pression.
62
Au sud de la ZCIT, l’anticyclone de Sainte-Hélène diffuse les alizés du sud-est. Centré en
moyenne sur 28° sud – 10° ouest, il s’étend sur la cuvette congolaise qui prolonge l’influence
océanique à l’intérieur du continent. Lorsque les alizés survolent les océans, ils entraînent
vers la ZCIT une grande quantité de vapeur d’eau. Cet alizé chargé d’humidité prend le nom
de mousson lorsqu’il franchit l’Equateur, et sa direction passe au sud-ouest par suite de la
force de Coriolis.
Au nord de la ZCIT, l’anticyclone des Açores (ou égypto-libyen), distribue un flux d’alizé
continental sec et chaud du nord-est, connu sous le nom d’Harmattan. La convergence entre
mousson et harmattan détermine une étroite zone de contact appelée front intertropical ou
FIT. Les mécanismes climatiques de la zone tropicale africaine sont largement influencés par
le balancement nord-sud de ce front. Ce schéma (Figure 2.5) est conforme à celui proposé
pour le Cameroun par Génieux (1958).
Figure 2.5 : Schéma simplifié des zones de temps pour différentes saisons au Cameroun (Olivry, 1986)
Dans son oscillation saisonnière, le FIT décrit quatre zones de temps qui déterminent les
saisons. Ces zones sont du nord au sud :
- Zone A : immédiatement au nord du FIT. Zone de l’Harmattan, ciel clair ou peu nuageux
par rares cirrus aux niveaux supérieurs ;
63
- Zone B : immédiatement au sud du FIT (400 km de largeur environ), ciel peu nuageux
par cumulus peu développés en général ;
- Zone C : plus au sud (1200 km de largeur), ciel couvert ou très nuageux par gros cumulus
ou cumulo-nimbus. C’est le domaine par excellence des orages et des lignes de grains ;
- Zone D : encore plus au sud. Nuages stratiformes. Pas ou très peu de précipitations.
Le début des observations climatologiques au Cameroun remonte à la fin du 19ème siècle. Les
infrastructures de base mises en place dès l’époque de la colonisation allemande seront
étoffées par l’administration française et britannique. En plus de la Direction nationale de la
Météorologie (créée en 1961 et réorganisée en 1972) basée à Douala, le réseau compte 7
‘’stations principales’’ (Maroua Salak, Garoua, Ngaoundéré, Yoko, Koundja, Batouri et
Yaoundé). Avant le début de la crise financière qui a frappé l’ensemble des services
administratifs du pays, le réseau géré par la Météorologie nationale comprenait :
- 20 stations synoptiques,
- 21 stations agroclimatiques,
- 1 station agrométéorologique,
- 350 postes pluviométriques.
Des annuaires climatologiques et pluviométriques étaient publiés régulièrement tous les ans
jusqu’à la fin des années 1980, mais leur publication connaît quelques problèmes depuis lors
64
en raison des difficultés d’ordre pratique. Des efforts ont été entrepris ces dernières années à
la Direction de la Météorologie, pour la mise en place d’un service qui assure la saisie
régulière des données sur support informatique. L’accès aux données est désormais payant.
La mise à jour du fichier des précipitations journalières jusqu’en 1980 a été assurée par l’IRD
et l’ex-CIEH. De nombreuses publications de synthèse ont été également réalisées. On peut
citer particulièrement les travaux de Suchel (1987) sur les climats du Cameroun et ceux
d’Olivry (1986) qui traitent des fleuves et rivières du Cameroun mais avec un important volet
climatologique.
- Climat équatorial type camerounien avec mousson équatoriale, localisé sur la côte et les
régions montagneuses de l’Ouest. Les précipitations plus abondantes varient entre 2000
et 10000 mm, les températures moyennes de 26° pour les régions basses et 21° en
altitude ;
- Climat soudanien ou tropical de transition avec des précipitations comprises entre 900 et
1500 mm et des températures moyennes annuelles de 28°C. Il intéresse le Nord-
Cameroun, de l’Adamaoua aux Monts Mandara ;
65
- Climat soudano-sahélien avec des précipitations qui varient de 900 à 400 mm et des
températures moyennes annuelles de 28°C. Il intéresse l’extrême nord du pays.
Figure 2.6 : Régions climatiques du Cameroun (Banque Mondiale, 1992)
Les caractéristiques principales des différentes régions climatiques sont les suivantes :
Zone 1 : Climat équatorial à 4 saisons bien marquées. Il couvre tout le sud du pays jusqu’aux
environ de 4°30 N, région côtière non comprise.
66
Zone 2 : Climat équatorial type côtier sud à 4 saisons, mais beaucoup plus humide, par suite
des précipitations très abondantes. Il couvre la frange côtière au sud de 4° N, jusqu’à la
localité d’Edéa ;
En plus des deux périodes d’étiage (décembre – mars et juillet – août) et de hautes eaux (mars
– juillet et septembre – novembre), les autres principales caractéristiques des zones 1 et 2
sont, un climat très peu contrasté et une forte humidité permanente.
Zone 3 : Climat équatorial type côtier nord à 2 saisons. Le terme équatorial est conservé pour
traduire l’abondance des précipitations. De ce fait, certains climatologues l’ont plutôt appelée
‘’climat tropical fortement humide type côtier’’. Elle intéresse la région côtière Nord et la
partie sud-ouest du pays, entre 4° et 6° N ;
Zone 4 : Climat équatorial et tropical de transition. Elle intéresse la région comprise entre 4°
et 6° N à l’ouest du 10e parallèle, de Bafia à Garoua-Boulaï en passant par Yoko et Bertoua.
Elle se différencie de la Zone 1 par une chute de la pluviosité qui est observée en juillet-août
mais sans véritable petite saison sèche ;
Zone 6 : Climat tropical d’altitude de l’Adamaoua à 2 saisons, caractérisé par son régime
thermique et des précipitations encore abondantes. Avec une saison sèche d’au moins 4 mois,
elle intéresse l’ensemble du plateau de l’Adamaoua (entre 6° et 8° N ), de Banyo à
Ngaoundéré et Meiganga ;
La saison sèche est centrée sur la période de novembre à mars pour les zones 4 à 6. Les
écoulements sont généralement pérennes mais l’étiage atteint souvent une valeur nulle au
cours des années de faible pluviosité pour les cours d’eau de moindre importance.
L’évaporation moyenne annuelle est de l’ordre de 2 m.
67
Zone 7 : Climat tropical du bassin de la Bénoué, marqué par des précipitations annuelles
relativement abondantes (1500 à 900 mm) et une saison sèche de 6 mois. Elle couvre la
région du bassin de la Bénoué, entre 8° et 10° N ;
Zone 8 : Climat tropical sec avec des précipitations qui varient de 900 à 400 mm (enregistrées
essentiellement en juillet et août) et une saison sèche qui dure 7 mois. Elle concerne le nord
de 10° N, de Maroua à Kousseri en passant par Yagoua et Kaélé.
Sur la base d’une étude détaillée des précipitations, Suchel (1972) met en évidence d’autres
nuances climatiques à l’intérieur des huit zones ainsi décrites, mais si l’on s’en tient aux
principales caractéristiques climatiques, la proposition faite par Olivry intègre suffisamment
bien les nuances qui permettent d’identifier les différents régimes hydrologiques du pays.
Ce schéma qui découle des propriétés et dispositions moyennes des ‘’centres d’actions’’ n’est
pas figé, comme il a été souligné plus haut. Il en résulte des fluctuations des traits du climat
d’une année à l’autre qui sont ressenties essentiellement au niveau des précipitations. Elles
peuvent alors être plus ou moins abondantes, ou tout simplement réparties différemment dans
l’année. Avant de revenir sur une analyse plus détaillée des différents régimes de
précipitations et des types de pluies rencontrés au Cameroun, nous présenterons d’abord les
autres principaux paramètres climatiques que sont la température, l’humidité et l’évaporation.
L’éventail des températures moyennes annuelles du Cameroun va de 18°C dans la région des
Hauts Plateaux de l’Ouest du pays à plus de 28°C dans le Nord, soit une variation en latitude
de plus de 10°C. La figure 2.7 montre la répartition des températures moyennes annuelles
déterminées à partir des données non homogénéisées de la période 1955-2002 des principales
stations d’observation du pays, alors que la figure 2.8 donne une idée de leur évolution au
cours d’une année, suivant les différentes régions climatiques du pays. Il en ressort que les
températures moyennes varient de 23 à 24°C dans le sud et le centre, mais peuvent atteindre
68
27°C dans la plaine côtière de Douala. Dans les régions montagneuses de la dorsale
camerounaise, elles tombent cependant en dessous de 20°C. Dans le centre du pays elles sont
en dessous de 22°C dans l’Adamaoua, mais au-delà vers le nord, la température de 25°C est
toujours dépassée. Les températures moyennes maximales sont enregistrées dans la région de
Kaélé, au Lac Tchad et dans la vallée de la Bénoué autour de Garoua. Les valeurs de
températures remarquables enregistrées au niveau de quelques stations sont présentées dans le
tableau 2.1 a.
13
12 Température en °C
11
Maroua
28
10
27
Garoua
9
26
8 25
Ngaoundér
24
7 é
Banyo
23
6 Bamend
Mamfé a 22
Yoko
5 21
Bafia
Douala 20
4 Yaound Abong
é Mbang
Yokadoum
a
3 Kribi Sangmélim
a
9 10 11 12 13 14 15 16
Echelle 1 :8.700.000
69
Les amplitudes diurnes moyennes annuelles sont de l’ordre de 6°C en bordure de mer. Elles
dépassent 10°C au Nord-Est d’une ligne Bafoussam-Moloundou, puis augmentent avec la
latitude pour atteindre 16°C au bord du Lac Tchad.
L’enrichissement en eau de l’atmosphère est dû, d’une part à l’évaporation directe à partir des
plans d’eau ou du sol, d’autre part à la transpiration des végétaux. Cette consommation
globale est couramment désignée sous le terme d‘’évapotranspiration’’. Dans les conditions
optimales, l’évapotranspiration tend vers une valeur limite connue sous le nom
‘’évapotranspiration potentielle’’ ou ETP. Fonction des paramètres climatiques d’une région
donnée, l’ETP donne des indications sur l’ampleur effective du transfert d’eau vers
l’atmosphère. Sa détermination est cependant complexe et les observations courantes portent
plus souvent sur l’évaporation. Des formules (Lemoine et al., 1972) ont cependant été mises
au point pour permettre de déterminer l’ETP à partir d’autres éléments du climat. Le dispositif
de mesure le plus utilisé au Cameroun est l’évaporomètre Piche. Les résultats de mesures
montrent une décroissance de l’ETP du Nord où le total annuel peut dépasser 2200 mm, vers
le Sud où des valeurs inférieures à 1100 mm sont enregistrées dans certains secteurs.
Quelques exemples de résultats sont présentés dans le tableau 2.1 b.
L’humidité atmosphérique est l’un des éléments clé de la climatologie en région tropicale
(Suchel, 1987), du fait des relations d’interdépendance qui s’établissent à travers elle, entre
les températures et les précipitations. L’humidité relative moyenne annuelle décroît suivant
une zonalité latitudinale peu altérée, du sud vers le nord du pays. De plus de 85% en moyenne
sur la côte elle passe à moins de 45% sur les bords du Lac Tchad. Les valeurs maximales sont
généralement relevées autour de 6 h du matin, et les minima vers 12 h. Les amplitudes des
variations mensuelles sont plus fortes dans le Nord (40% à Ngaoundéré) que dans le Sud
(10% à la latitude 4°) qui bénéficie de la stabilisation assurée par le recyclage des régions
forestières. Le tableau 2.1 b regroupe les résultats mesurés au niveau de quelques stations
caractéristiques des différentes régions climatiques.
Les vents constituent également un paramètre climatique important. Le Cameroun est soumis
à deux principaux vents dont un vent océanique du quadrant sud-ouest, vecteur du flux
humide responsable des précipitations sur le pays. Le second compris dans le cadrant nord-est
c’est l’Harmattan bien connu de la partie nord du pays.
70
Tableau 2. 1 a : Paramètres climatiques remarquables à quelques stations
TEMPERATURES MENSUELLES EN ( °C )
71
Tableau 2. 1 b : Paramètres climatiques remarquables à quelques stations (suite)
72
Région Climatique N°8 Ré gion C limatique N°7 Ré gion C limatique N°6 Région Climatique N°5
(Maroua) (Garoua) (Ngaoundé ré) (Dschang)
E (mm) ; U (%)
23
E (mm) ; U (%)
E (mm) ; U (%)
350 80
300 22,5 20
400 20 20 200
T°C
T°C
T°C
T°C
250 22 60 19,5
300 15 15 150
200 21,5 19
150 21 40
200 10 10 100
18,5
100 20,5
100 5 5 50 20
50 20 18
0 0 0 0 0 19,5 0 17,5
Mai
Mai
Mai
Mai
Juil
Juil
Juil
Juil
Sept
Sept
Sept
Sept
Nov
Nov
Nov
Nov
Mars
Mars
Mars
Mars
Janv
Janv
Janv
Janv
Evapo Hum. Rel. T° Evapo Hum. Rel. T° Evapo Hum. Rel. T° Evapo Hum. Rel. T°
Région Clim atique N°4 Région Climatique N°3 Région Climatique N°2 Ré gion C limatique N°1
(Bétaré Oya) (Douala) (Kribi) (Yaoundé)
120 28
250 25,5 120 28 120 25
27,5 27,5
25 100 24,5
100 27 100
200 24,5 27
24
E (mm) ; U (%)
24 26,5
E (mm) ; U (%)
E (mm) ; U (%)
80 26,5
E (mm) ; U (%)
80 80
23,5
T°C
150 23,5 26 26
T°C
T°C
T°C
23 60 25,5 60 60 23
25,5
100 22,5 25 22,5
40 40 25 40
22 24,5
24,5 22
50 21,5 24
20 20 20
21 23,5 24 21,5
0 20,5 0 23 0 23,5 0 21
Mai
Mai
Mai
Juil
Juil
Juil
Sept
Sept
Nov
Nov
Nov
Sept
Mars
Mars
Mars
Janv
Janv
Janv
Mai
Juil
Sept
Nov
Mars
Janv
Evapo Hum. Rel. T° Evapo Hum. Rel. T° Evapo Hum. Rel. T° Evapo Hum. Rel. T°
Figure 2. 8: Evaporation Piche, Humidité relative et Températures moyennes mensuelles des différentes régions climatiques du Cameroun
73
2.4.4 – Les précipitations
Comme nous l’avons souligné plus haut, en région tropicale les fluctuations climatiques sont
ressenties essentiellement au niveau des précipitations. Elles constituent par conséquent un
des éléments principaux de notre étude, d’autant que les séries disponibles sont plus longues
et plus nombreuses que celles des autres paramètres climatiques.
En faisant abstraction des nuances introduites par l’orographie particulière du pays, on note
dans l’ensemble que sur le territoire camerounais les précipitations diminuent à la fois du sud
au nord, en fonction de la latitude, et de l’ouest vers l’est en fonction de la distance par
rapport à la mer. Mais, si entre Kribi à l’Ouest et Yokadouma à l’Est la différence entre les
précipitations moyennes annuelles va approximativement du simple au double, le rapport est
plutôt de 1 à plus de 25 entre Makari sur le bord du Lac Tchad et Debundscha au pied du
Mont Cameroun. La carte de la figure 2.9 établie à partir des données de notre étude en est
une illustration, alors que la figure 2.10 présente les histogrammes représentatifs des
principales régions climatiques définies plus haut. Il est indiqué pour chaque station, la valeur
de la pluie moyenne ainsi que les quartiles supérieurs (Q1) et inférieurs (Q3).
Les principaux critères de différenciation des zones définies plus haut sont bien représentés
par les variations saisonnières des précipitations figurant dans les histogrammes. Les
différentes régions climatiques sont caractérisées par le profil de leur histogramme annuel, la
situation du maximum des précipitations dans le cycle annuel et le nombre de mois secs (dans
le sens défini par Gaussen, soit P < 2 t° ) dans l’année :
- Les histogrammes des régions 3 à 8 présentent un seul maximum annuel, les différences
tenant essentiellement à la hauteur totale des précipitations annuelles et au nombre de
mois secs dans l’année. La région 3 n’indique pratiquement pas de saison sèche, puisque
des précipitations relativement importantes sont enregistrées durant les 12 mois de
l’année. L’histogramme de la station de Debundscha compte 7 mois de précipitations
supérieures à 600 mm, soit pour chacun de ces mois une hauteur supérieure à celle qui
74
tombe en un an à Kousseri qui compte de son côté 7 mois secs dans l’année. Le nombre
de mois secs passe à 6 dans la région de Garoua, 4 dans l’Adamaoua, 3 dans les régions
climatiques 4 et 5. Par ailleurs, si les maxima de précipitations se situent en juillet-août
dans le nord du pays, ils sont enregistrés plutôt aux mois de septembre et octobre dans le
sud.
Hauteurs de précipitations en mm
N’Djamena
12
Les points indiquent les principaux postes
d'observation
Maroua
10
Garoua
8
Ngaoundér
é
Banyo
6
Bafoussam Yoko
Bertoua
Douala
4 Yaoundé
Yokadoum
a
Kribi Ebolowa
Ambam
2 Ouesso
Echelle 1 :7.800.000
Figure : 2.9 : Esquisse des isohyètes interannuelles du Cameroun à partir des données
non homogénéisées de la période 1940-2001
75
Région Climatique N°8 Région Climatique N°7 Région Climatique N°6 Région Climatique N°5 (Dschang)
(Maroua) (Garoua) (Ngaoundéré)
450
350 300 400 400
300 350 350
250
250 300 300
200
P (mm)
250 250
P (mm)
P (mm)
P (mm)
200
150 200 200
150
150 150
100
100 100 100
50 50
50 50
0 0 0 0
Mai
Mai
Juil
Juil
Nov
Nov
Sept
Sept
Mars
Mars
Janv
Janv
Mai
Janv
Mars
Nov
Juil
Mai
Sept
Janv
Mars
Nov
Juil
Sept
QI Moy Q3 QI Moy Q3 QI Moy Q3 QI Moy Q3
P (mm)
P (mm)
P (mm)
1200 400
P (mm)
200
200
1000
150 300
800 150
100 600 200 100
400
50 100 50
200
0 0 0 0
Mai
Mai
Juil
Juil
Nov
Nov
Sept
Sept
Mars
Mars
Janv
Janv
Mai
Janv
Mars
Nov
Juil
Mai
Sept
Janv
Mars
Nov
Juil
Sept
QI Moy Q3 QI Moy Q3 QI Moy Q3 QI Moy Q3
Figure 2. 10 : Histogrammes caractéristiques des précipitations des différentes régions climatiques du Cameroun
76
2.4.4.1 - Précipitations journalières
La répartition des pluies dans le temps a plus d’incidence sur les écoulements des cours d’eau
qui nous intéressent dans ce travail, que la hauteur de la pluie journalière. Il en va de même
pour l’agriculture pluviale et l’élevage sur pâturage naturel qui sont à la base de l’économie
du pays, comme nous l’avons souligné plus haut. Dans cette optique, notre intérêt se portera
ici essentiellement sur la répartition des précipitations dans le temps et notamment l’étude des
jours pluvieux au cours des douze mois de l’année. Toutefois, la hauteur maximale de pluie
journalière annuelle varie de 60 à 70 mm dans le nord du pays, l’Adamaoua et la région
montagneuse de l’Ouest, de 65 à 80 mm dans le sud et l’est, de 90 à 150 dans les régions
océaniques, mais peut dépasser 280 mm sur la façade maritime du Mont Cameroun. La
hauteur des pluies journalières de récurrence décennale, varie quant à elle entre 90 et 110 mm
dans le nord du pays, l’Adamaoua et l’Ouest, 100 à 120 mm dans le sud et l’est, 120 à 190
dans les régions océaniques et atteint 420 mm au pied du Mont Cameroun.
L’étude de la répartition des jours de pluie au cours de l’année se heurte souvent au problème
de la qualité très inégale des données disponibles. Nous y reviendrons en détail dans le
chapitre suivant. Mais on peut déjà signaler ici que la répartition des nombres annuels de jours
pluvieux est calquée sur celle des isohyètes annuelles. Selon Suchel (1987), la moyenne
annuelle des jours pluvieux est de 260 jours au pied du Mont Cameroun. Elle diminue ensuite
avec la latitude, en respectant les nuances régionales, pour atteindre 30 jours autour du Lac
Tchad.
L’influence océanique crée des conditions plus homogènes pour les nombres de jours
pluvieux en région côtière où la plupart des stations comptent autour de 220 jours de pluie par
an. La région côtière du Cameroun est également connue pour le phénomène des pluies
continues, notamment au cours de la période de juillet à octobre. Une étude de Sighomnou et al.,
(1999) montre que les séquences de jours pluvieux successifs de plus d'un mois (la séquence la
plus longue observée en 44 années de suivi est de 72 jours) représentent 10,3 % des séquences
pluvieuses dans l’année dans la région de Douala, contre 47,5 % pour celles de 1 jour à une
semaine. Dans le même ordre d’idée, la durée d’une averse peut aller au-delà de 24 heures
(Sighomnou et al., 1993).
77
Après la région côtière, le nombre de jours pluvieux dans l’année se maintient entre 150 et 120
jusqu’au plateau de l’Adamaoua avant de décroître rapidement vers le nord pour atteindre 80
dans la région de Garoua, 60 à Maroua et 40 à Kousseri. Nous reviendrons au chapitre suivant
sur la répartition de ces jours de pluie sur les mois de l’année ainsi que les dates de début et de fin
des différentes saisons.
Bien que les études des averses individualisées intéressent davantage le drainage urbain que
les écoulements dans les cours d’eau qui nous préoccupent le plus ici, nous avons également
voulu en dire quelques mots. Deux principaux types de pluies sont observés au Cameroun :
les pluies de mousson et les pluies de perturbation. Généralement très étendues dans l’espace
et de longue durée, les premières sont le plus souvent observées du sud du pays jusqu’à
l’Adamaoua. Les secondes généralement organisées en ‘’lignes de grains’’ caractérisées par
une activité orageuse intense et une forte agitation atmosphérique s’observent plus
généralement dans la partie nord. Si l’intensité maximale des précipitations se situe
généralement au début de l’averse dans les pluies du second groupe, les pluies de mousson
comptent souvent plusieurs pointes d’intensité au sein d’un même événement (Sighomnou et
al., 1993).
Comme on peut le constater, plus de la moitié des apports météoriques reçus par le Cameroun
intéresse les cours d’eau de la façade océanique. L’autre moitié est répartie entre le bassin du
Congo et les deux bassins de la partie nord du pays qui reçoivent moins de 25% du volume
total précipité.
78
2.5 - LES REGIMES HYDROLOGIQUES
- Les fleuves côtiers y compris la Sanaga (qui couvre à lui tout seul près de 29% du
territoire), dont la superficie de l’ensemble des bassins versants couvre un peu plus de la
moitié du territoire du pays. En plus de la Sanaga, principal cours d’eau du pays, la
façade atlantique du Cameroun reçoit treize cours d’eau principaux dont les plus
importants sont du sud vers le nord : le Ntem, la Lobé, la Kienké, la Lokoundjé, le
Nyong, la Dibamba, le Wouri, le Mungo et la Cross River qui transite par le Nigeria
avant de rejoindre l’océan. Ils comptent chacun au moins une station de contrôle sauf la
Dibamba qui n’a été suivie que pendant une courte période. La Sanaga abrite les
principales installations hydroélectriques du pays. Trois barrages de retenues construits
sur ses principaux affluents assurent la régulation de son débit : Mbakaou (2,6 milliards
de m3) sur le Djerem en 1969, Bamendjing (1,8 milliards de m3) sur le Noun en 1974 et
Magba (3,2 milliards de m3) sur la Mapé en 1987. En raison de la sécheresse récente, la
capacité de régulation de ces trois barrages (7,6 milliards de m3) s’est avérée insuffisante
ces dernières années. Des études ont été réalisées en vue de la construction prochaine
d’un quatrième barrage sur le Lom et le Pangar. Il est important de souligner que la
régulation du débit de la Sanaga par ces différentes retenues provoque une modification
du régime naturel dont il faut tenir compte dans l’interprétation des chroniques.
- Les tributaires du fleuve Congo dont les bassins versants couvrent un peu plus de 20% du
territoire. Il s’agit essentiellement du Dja, de la Boumba et de la Kadéi. On notera que les
deux premiers drainent essentiellement des zones forestières, alors que la Kadéi prend sa
source sur le rebord sud du plateau de l’Adamaoua.
- Les tributaires du fleuve Niger dont les bassins versants couvrent environ 20% du
territoire. Il s’agit principalement de la Bénoué et de ses affluents, dont le Faro et le
Mayo Kébi. D’une capacité d’environ 8 milliards de m3 le plus grand barrage de retenue
d’eau du pays a été mis en service sur ce cours d’eau au niveau de la localité de Lagdo en
1983. Ses eaux sont utilisées pour l’hydroélectricité et l’irrigation. Les autres tributaires
camerounais du fleuve Niger sont situés dans la région Sud-ouest du pays. Ce sont la
79
Donga, la Katsena et la Metchum. De ces trois cours d’eau, seul le dernier est contrôlé
par deux stations hydrométriques d’installation relativement récente.
- Les tributaires du bassin endoréique du Lac Tchad dont les bassins versants couvrent
moins de 10% du territoire. Il s’agit essentiellement des affluents (la Vina du Nord et la
Mbéré) du Logone occidental qui prend sa source sur le plateau de l’Adamaoua au
Cameroun. Après son passage en territoire tchadien, cette branche du fleuve conflue avec
le Logone orientale avant de servir de frontière entre les deux pays sur environ 250 km,
depuis la région du ‘’Bec de Canard’’ en amont de Bongor jusqu’à la confluence avec le
Chari à Kousseri. Les autres cours d’eau camerounais intéressant le Lac Tchad sont issus
principalement des Monts Mandara dans la région de l’extrême nord.
Seulement 8% du total de la superficie des bassins des cours d’eau qui drainent le Cameroun
intéressent un autre pays en amont. Il s’agit essentiellement du Ntem qui prend sa source au
Gabon (environ 1/3 de la superficie du bassin se partage entre le Gabon et la Guinée
Equatoriale), et de la Bénoué dont une partie du bassin (18.000 km² sur 95.000 à sa sortie du
territoire camerounais) intéresse le territoire tchadien.
Bien que quelques échelles limnimétriques aient été suivies au Cameroun durant les années
1930, les activités hydrométriques n’ont réellement commencé dans le pays qu’à la fin des
années 1940. Elles ont été organisées, animées et contrôlées de 1947 à 1974 par l’IRD alors
appelé ORSTOM avant d’être confiées à une Institution nationale. La collaboration avec les
hydrologues de l’ORSTOM se poursuivra ensuite dans une période transitoire, de 1974 à
1980. Le service hydrologique fut alors érigé en Centre de Recherches Hydrologiques (CRH)
qui procéda à un important recrutement de personnel national. Le réseau hydrométrique
national comptait alors 73 stations. Ce nombre sera porté à plus d’une centaine, les
installations coïncidant souvent avec des nécessités ponctuelles. Une partie est abandonnée
par la suite et à partir de 1985, le réseau hydrométrique du Cameroun compte 80 stations (fig.
2.11).
80
Figure 2.11 : Le réseau hydrométrique camerounais de la décennie 1980 (Olivry, 1986)
Les restrictions budgétaires ont conduit à abandonner l’exploitation d’une bonne partie du
réseau à la fin de l’année 1987. A partir de 1988, le réseau est réduit à un minimum d’une
quarantaine de stations et depuis 1992 leur suivi se fait de manière très irrégulière, à
l’occasion de la réalisation de certaines études particulières. Au début des années 2000, à
peine une dizaine est suivie de manière sporadique.
81
cette date, les observations sont irrégulières et limitées à celles des stations suivies
épisodiquement. Ces données sont publiées sous forme d’annuaires hydrologiques par l’IRD
et poursuivi par le CRH jusqu’en 1984, mais le coût de revient de la publication a conduit à
l’abandonner. Depuis cette date les données sont traitées et stockées sur un support
informatique.
De nombreux ouvrages de synthèse, des mémoires de thèse et des articles scientifiques ont été
publiés sur l’hydrologie du Cameroun, notamment la monographie hydrologique des grands
fleuves du pays. En particulier, Olivry (1986) réalise l’analyse et l’interprétation des éléments
du régime hydrologique de la quasi-totalité des cours d’eau jaugés du pays, sur la base des
données enregistrées du début des observations jusqu’en 1977 pour la plupart des stations.
Depuis le travail d’Olivry au moins 10 à 20 années de données supplémentaires ont été
collectées au niveau des différentes stations du réseau, notamment au cours de la décennie
1980 caractérisée par une recrudescence de la sécheresse en Afrique intertropicale. L’une des
principales tâches réalisées dans notre travail a été de rassembler et critiquer ces nouvelles
données avant de procéder aux principales analyses qui feront l’objet du chapitre suivant.
Les nombreux travaux antérieurs cités en bibliographie ont largement fait le point des
connaissances sur les régimes hydrologiques de l’ensemble du pays. Nous n’en rappelons ici
que les principaux résultats, renvoyant le lecteur aux ouvrages de référence pour tous les
autres détails.
Sur la figure 2.12 ont été représentés les débits moyens mensuels ainsi que les quartiles
supérieur (Q1) et inférieur (Q3) (débit dépassé respectivement dans 25 et 75% des cas) de
quelques cours d’eau représentatifs des différentes régions climatiques définies plus haut.
Comme on peut le constater sur ces figures, les variations mensuelles des débits épousent les
formes des histogrammes caractéristiques des régions présentées plus haut. Un différé de
quelques semaines correspondant au temps de réponse du bassin est cependant observé entre
le maximum de la crue et celui des précipitations. On en déduit avec Olivry (1986) que les
régimes des fleuves et rivières du Cameroun sont calqués (abondance, variabilité saisonnière
et irrégularité interannuelle) sur ceux des précipitations.
82
Région Climatique N°8 Région Climatique N°7 Région Climatique N°6 Région Climatique N°5
(Mayo Tsanaga à Bogo) (Mayo Kébi à Cossi) (Vina à Lahoré) (Métchié aux Chutes)
500 100 33
60 450 90
28
400 80
50
350 70 23
40 60
Q (m3/s)
300
Q (m3/s)
Q (m3/s)
Q (m3/s)
50 18
30 250
200 40 13
20 30
150
20 8
10 100
10 3
50
0 0
0
Mai
Juil
Janv
Nov
Mai
Sept
Mars
Nov
Sept
Juil
Mars
Janv
-2
Mai
Juil
Nov
Sept
Mars
Janv
Mai
Juil
Nov
Sept
Mars
Janv
Q1 My Q3 Q1 My Q3 Q1 My Q3 Q1 My Q3
Région Climatique N°4 Région Climatique N°3 Région Climatique N°2 Région Climatique N°1
(Kadéi à Batouri) (Mungo à Mundame) (Kie nké à Kribi) (Mefou à Nsimalen)
300 400 150
15
350 130 13
250
300 110 11
200
250 90
Q (m3/s)
Q (m3/s)
Q (m3/s)
Q (m3/s)
150 200 70 7
150
100 50 5
100
50 30 3
50
10 1
0 0
-1
Mai
Mai
Juil
Juil
Mai
Nov
Nov
Sept
Sept
Mars
Mars
Juil
Janv
Janv
Sept
Nov
Mars
Janv
Mai
Juil
-10
Nov
Sept
Mars
Janv
Q1 My Q3 Q1 My Q3 Q1 My Q3 Q1 My Q3
Figure 2. 12: Débits moyens mensuels caractéristiques des différentes régions climatiques du Cameroun
83
Sur la base de ses travaux sur les cours d’eau du Cameroun, Olivry (1986) a proposé une
relation unique entre les précipitations et les écoulements moyens des cours d’eau du pays.
Pour un bassin versant donné, la lame écoulée moyenne annuelle He (mm) peut être déduite
de la pluie moyenne annuelle (P) par une relation qui s’écrit :
Cette relation souligne le rôle exclusif des précipitations dans la définition des régimes
hydrologiques. Sa signification se limite aux valeurs interannuelles et elle doit être considérée
avec une certaine prudence du fait essentiellement des tailles variables des bassins et de la
diversité des pentes. Si elle semble vérifiée pour les régions à précipitations supérieures à
1500 mm du bassin de la Sanaga, du climat tropical de transition et des bassins côtiers, elle
sous-estime nettement l’écoulement des régions tropicales pures et surestime celui de la bande
équatoriale du bassin du Congo. En effet, les modules spécifiques interannuels sont très
variables sur l’ensemble du territoire, comme on peut le constater dans le tableau 2.2 qui
regroupe les principales caractéristiques hydrologiques des régions du Cameroun. Par contre,
les lames écoulées et coefficients d’écoulement suivent dans l’ensemble une variation
latitudinale. Comprises entre 300 et 400 mm pour des précipitations de 1500 à 1700 mm au
sud du 5e parallèle, les lames écoulées augmentent de 500 à 700 mm entre 5° et 7°30 N pour
des précipitations équivalentes. Elles diminuent ensuite progressivement au nord du 8e
parallèle pour tomber à moins de 100 mm vers le 12° N. Sur le plan du bilan hydrologique,
l’ETP est généralement satisfaite au sud du 5e parallèle où elle varie entre 1100 et 1300 mm,
et peut même descendre jusqu’à 950 mm en altitude et dans les régions côtières de faible
insolation. Elle devient supérieure aux précipitations au nord du 7e parallèle et peut même
atteindre 2000 mm vers 12° N où les précipitations annuelles sont de l’ordre de 500 mm.
84
Tableau 2.2 : Caractéristiques hydrologiques des principales régions du Cameroun
sud de 4°30 N de l’ordre de 10 25 à 30 % sur 1,8 à 1,6 du sud vers De = ETR = ETP
ZONE 1 région côtière dans le sud d’est, l’ensemble de la le nord de la zone (1100 à 1300 mm)
non comprise 12 à 15 ailleurs zone
(1600 mm)
ZONE 2 région côtière de l’ordre de 40 30 à 40 % sur 1,8 sur l’ensemble De = ETR = ETP
au sud de 4° sur l’ensemble de la l’ensemble de la de la zone (1100 à 1200 mm)
N zone zone
(2000 à 3000 mm)
ZONE 5 région entre 20 à 30 à l’est de la 40 à 50 % sur 1,8 à 1,6 de l’ouest De = ETR = ETP
5° et 7° N, à zone, 50 et plus à l’ensemble de la vers l’est de la zone (950 à 1000 mm)
l’ouest du 11e l’ouest zone
(2000 à 3000 mm)
parallèle
ETP satisfaite dans
ZONE 6 15 à 20 sur 1,4 à 1,6 du sud vers la partie sud de la
région entre l’ensemble de la 30 à 40 % sur le nord de la zone zone ;
6° et 8° N zone l’ensemble de la ETP > P au nord
(1000 à 1500 mm)
zone des parallèles 7°-
7°30 N
ZONE 7 région entre décroît de 8 à 3 du Décroît de 30 à 15 % 2 à 2,2 du sud vers ETP > P
8° et 10° N sud vers le nord du sud vers le nord le nord de la zone (1900 à 2000 mm)
(900 à 1000 mm)
ZONE 8 Région au 8 à 6 dans les Autour de 10 %, 2,2 à 10 du sud vers ETP > P
nord de 10° N monts Mandara, 3 à mais peut atteindre le nord de la zone (2000 à 2200 mm)
2 ailleurs 25 % en zone de
(500 à 900 mm)
montagne
K3 = rapport des écoulements annuels de fréquences décennales humide et sèche. De = déficit d’écoulement ;
ETP = évapotranspiration potentielle, ETR = évapotranspiration réelle ; P = pluie annuelle.
L’évaluation des ressources en eau de surface à partir des travaux antérieurs donne les
résultats du tableau 2.3 soit un total d’environ 193 km3 (calculé sur la période 1950-1980),
pour l’ensemble des cours d’eau contrôlés du pays. On notera que le total de chaque cours
85
d’eau a été estimé à partir de la station hydrométrique située le plus proche possible de la
frontière du pays. Elle ne concerne en conséquence que les bassins jaugés. Une évaluation
complète réalisée par Sigha Nkamdjou et al. (2002) indique un total de 265 km3 pour
l’ensemble du pays.
Plus de 90% du territoire camerounais est couvert par les formations du socle où les aquifères
ne sont liés qu’à la fissuration et à l’altération. De ce fait, l’essentiel des eaux souterraines du
pays se retrouve dans une partie très limitée du territoire. D’autre part, aucune étude
hydrogéologique détaillée intéressant l’ensemble du pays n’a été réalisée à nos jours, pour
évaluer les potentialités de cette ressource. Une approche du bilan a été cependant réalisée sur
la base des quelques études disponibles (SOGREAH, 1976 ; CIEH-BRGM, 1979 ; Wakuti,
1986), citées par une étude de la Banque Mondiale publiée par Mott MacDonald
86
International, BCEOM, SOGREAH et ORSTOM (1992). Il en ressort que les ressources
exploitables dans les aquifères du Cameroun se répartissent ainsi :
Le total fait environ 56 km3 pour l’ensemble du territoire, soit environ 20 % des ressources
en eau superficielle. Pour les Provinces du Nord et de l’Extrême-Nord du pays, les eaux
souterraines constituent cependant la principale source d’alimentation en eau.
CONCLUSION
Sur le plan quantitatif, en faisant abstraction des données qualitatives qui constituent souvent
un facteur limitant, il découle de ce qui précède que les ressources en eau du Cameroun sont
relativement abondantes. Elles sont évaluées à environ 300 milliards de m3 en moyenne par
an, soit une disponibilité par habitant de près de 20000 m3 en l’an 2000, apport en
précipitations directes non compris. Ce chiffre est largement supérieur au seuil du stress
hydrique établi à 1000 m3/hbt/an, ainsi qu’à la moyenne mondiale qui est de 7600 m3/hbt/an
(Banque Mondiale, 1992). Ainsi, le Cameroun peut être compté parmi les pays privilégiés en
matière de ressources en eau.
88
CHAPITRE III : MANIFESTATIONS DE LA VARIABILITE
CLIMATIQUE AU CAMEROUN
89
3.1 – INTRODUCTION
Avant d’aborder les différents traitements, il sera procédé à une présentation des données de
l’étude et des principaux outils d’analyse.
91
12°
Maroua
Kaélé 10°
Garoua
Poli
8°
Ngaoundéré
Banyo
Meiganga
Tibati
Bamenda
6°
Mamfé
Koundja Bétaré Oya
Yoko
Dschang
Nkongsamba
Bafia
Nanga Eboko
Yabassi Bertoua
Batouri
Ekona Ngambe
Douala
Edéa Yaoundé
Abong Mbang 4°
Akonolinga
Eseka
Yokadouma
Ambam
Echelle 1 : 8.700.000
Figure 3.1 : Répartition des postes de mesure de température étudiés
La liste des postes de mesure de température étudiés est donnée dans le tableau 3.1 qui précise
en même temps leurs coordonnées géographiques, l’altitude du poste ainsi que les périodes
d’observation.
92
Tableau 3.1 : Postes de suivi de température étudiés et leur période d’observation
La figure 3.1 situe les différents postes de suivi de la température retenus pour l’étude sur le
territoire. Comme on peut le voir dans le tableau 3.1, la durée des observations au niveau des
différentes stations est comprise entre 40 et 50 ans. Cependant certaines séries comportent de
très nombreuses lacunes, avec des périodes non observées dépassant parfois 10 années
consécutives.
93
3.2.2 – DONNEES PLUVIOMETRIQUES
Les données de l’étude ont été obtenues à partir de la banque de plusieurs organismes
nationaux et internationaux intervenant ou étant intervenus au Cameroun dans le domaine de
l’eau ou dans les domaines connexes. Il s’agit notamment de la Direction de la Météorologie
Nationale (DMN) du Cameroun, du Centre de Recherches Hydrologiques (CRH) du
Cameroun, de la ‘’Cameroon Development Corporation’’ (CDC), de l’Institut de Recherches
Agronomiques du Cameroun (IRAD), de l’Institut de Recherches pour le Développement
(IRD), du Climatic Research Unit (CRU), de la Direction de Ressources en eau et de la
Météorologie (DREM) du Tchad et de quelques institutions spécialisées de la sous-région
telle que la Commission du Bassin du Lac Tchad (CBLT). Quelques données collectées dans
des rapports publiés par des organismes spécialisés ont été également utilisées. Il s’agit en
particulier du document publié par le Centre National d’Appui à la Recherche du Tchad
(Beauvilain, 1995), sur la pluviométrie dans les bassins du Tchad et de la Bénoué de la
création des stations à décembre 1994.
La multiplicité des sources est un avantage dans la mesure où elle permet de faire des
comparaisons et de corriger ainsi certaines erreurs. On sait cependant que deux tableaux de
données présentés par différents auteurs peuvent être différents en raison des critiques opérées
différemment par chacun des auteurs. C’est ainsi que toutes les différences entre les tableaux
de données ont été systématiquement vérifiées à partir des documents sources (notamment
pour les décennies 80 et 90) quand nous pouvions les avoir à notre disposition. Il faut
cependant souligner qu’en raison de la commercialisation des données désormais en vigueur à
la DMN, l’accès aux documents originaux est rendu plus difficile, voire impossible. Ainsi,
une partie des données a été reçue directement sur support informatique. Une critique
rigoureuse de l’ensemble des observations nous permet cependant d’affirmer qu’elles sont de
bonne qualité.
La différence entre la longueur des séries est une source inévitable d’hétérogénéité qui vient
se superposer à l’incertitude liée à la variabilité des phénomènes. Ce choix d’une prise en
compte hétérogène des séries a été dicté par la rareté des observations dans certaines régions
et la nécessité de disposer d’un nombre de postes d’observation représentatifs de la diversité
des régions climatiques du pays. Cependant, comme nous le verrons plus loin, certains
traitements, tel le calcul des indices pluviométriques, se réfèreront à une sélection de postes et
sur une période d’observation homogène (1940-2000) afin de garantir une cohérence
statistique aux résultats. Le procédé bénéficie de la bonne répartition des postes d’observation
offrant de longues séries de relevés, sur l’ensemble des zones climatiques du pays. Cependant,
il a été parfois nécessaire de reconstituer quelques données pour compléter la série de certains
postes géographiquement isolés dont les relevés sont indispensables pour une bonne
couverture de l’ensemble du territoire.
95
Echelle 1 : 8.700.000
Figure 3.2 : Répartition des postes pluviométriques étudiés
La liste des postes d’observation pluviométriques utilisées est donnée dans le tableau 3.2 qui
précise en même temps leurs coordonnées géographiques, l’altitude du poste ainsi que les
périodes d’observation. Les données de certaines stations d’observation de pays voisins ont
également été exploitées afin de combler la faible densité des observations sur certaines
parties du territoire, notamment au niveau des frontières. Elles permettent en outre de faire
des comparaisons et d’affiner le tracé des isohyètes et le calcul des moyennes par bassin.
96
Dans l’ensemble, ces données couvrent une vingtaine d’années d’observations de plus que
celles utilisées par Olivry (1986) et Suchel (1987), notamment la décennie 80 qui est
reconnue dans la sous-région comme la plus sèche du siècle. Il sera par conséquent possible
de procéder à la caractérisation de l’impact de la variabilité climatique sur les ressources en
eau du Cameroun sur toute la deuxième moitié du 20ème siècle.
97
N° Nom de la Station Latitude Longitude Altitude Période d’observation
(m)
43 Ngaoundéré 7° 21 13° 34 1138 1927 – 2001
44 Nkongsamba 4° 57 9° 56 806 1930 – 2001
45 Poli 8° 29 13° 14 436 1934 – 1998
46 Sangmélima 2° 56 11° 59 713 1934 – 2002
47 Tcholliré 8° 24 14° 10 392 1951 – 1994
48 Tiko 4° 05 9° 21 46 1949 – 2002
49 Tole Factory / Tea 4° 08 9° 15 683 1965 – 2002
50 Tombel Garage 4° 37 9° 51 439 1965 – 2001
51 Yabassi 4° 32 9° 58 30 1926 – 1980
52 Yaoundé 3° 51 11° 30 760 1927 – 2001
53 Yokadouma 3° 31 15°06 640 1930 – 1999
54 Yoko 5° 32 12° 19 1031 1930 – 1990
Tchad
55 Baibokoum 7° 44 15° 41 520 1946 – 1994
56 Bongor 10° 17 15° 22 328 1935 – 1994
57 Bousso 10° 29 16° 43 336 1943 – 1994
58 Fianga 9° 56 15° 11 327 1949 – 1994
59 Laï 9° 24 16° 18 358 1946 – 1994
60 Moundou 8° 34 16° 05 422 1933 – 1994
61 N’Djamena 12° 08 15° 02 295 1931 – 2000
62 Pala 9° 22 14° 58 420 1946 – 1994
Nigeria
63 Maiduguri 11° 51 13° 05 353 1915 – 1994
Congo
64 Souanké 1961- 1991
65 Ouesso 1° 52 16° 02 490 1951 – 2000
La qualité des données est bonne dans l’ensemble, mais cela ne signifie pas qu’il n’y ait pas
de lacunes ou de stations aux relevés erronés. Le logiciel MVR (Méthode du Vecteur
Régional) a été utilisé pour évaluer la qualité des cumuls des précipitations annuelles et la
mise à jour de nos données. Nous en rappelons ci-après les grandes lignes.
Le logiciel MVR :
Mis au point par l’IRD, MVR repose sur deux hypothèses fondamentales, Hiez (1977 &
1986) :
- Les séries de hauteurs de précipitations de postes voisins, situés dans une même région
climatique, sont pseudo - proportionnelles entre elles ; ceci signifie que les variations de la
hauteur de précipitations annuelles à tous les postes sont concomitantes : une année humide le
sera avec des intensités du même ordre sur la plupart des stations, et vice-versa pour une
année sèche.
98
- L'information la plus probable est celle qui se répète le plus fréquemment ; ceci signifie que
la pluviosité d'une année donnée est celle indiquée par le plus grand nombre de stations. Ceci
signifie aussi que les observations à une station donnée pour la période retenue sont
caractérisées par le mode de ces observations.
Notez cependant que les performances du logiciel sont reconnues surtout dans son utilisation
sur de vastes étendues géographiques pour la réalisation des synthèses. La critique classique
des observations des stations individuelles est laissée à l’appréciation de l’utilisateur. A ce
niveau, l’existence dans une même localité, ou dans des localités voisines, de plusieurs postes
d’observations souvent suivis par des organismes différents, a été parfois mise à profit. Pour
la statistique des jours de pluie par exemple, en raison de leur proximité, les informations de
tels postes sont directement utilisées.
99
3.2.3 - DONNEES HYDROMETRIQUES
Les données hydrométriques du Cameroun sont actuellement regroupées dans deux banques
principales, celle de l’IRD qui rassemble les données utilisées par Olivry (1986), et celle du
CRH. Les données de la banque de l’IRD qui couvrent la période allant de l’origine des
stations à 1977 (voire 1980 pour quelques stations), sont gérées par Hydrom (Logiciel IRD).
Celles de la banque de données du CRH couvrent la période allant du début des observations
jusqu’à la fin de la décennie 1980 pour la quasi-totalité des stations étudiées. Elle est gérée
par Tidhyp (Logiciel CRH) qui ne dispose pas encore de module de transformation permettant
le transfert de ses fichiers vers Hydrom. Travaillant avec Hydrom, nous avons été emmenés à
ressaisir les données complémentaires de l’ensemble des stations utilisées dans l’étude.
La qualité des données disponibles est bonne dans l’ensemble jusqu’en 1987, date au-delà de
laquelle les moyens financiers n’ont plus permis un contrôle rigoureux des observateurs et des
étalonnages. Quelques stations ont cependant été observées au cours de la décennie 90 dans le
cadre de projets particuliers, notamment les travaux du ‘’Projet Waza Logone’’ dans
l’extrême Nord du pays, le projet HydroNiger (ABN), etc.. Bien que comportant de
nombreuses lacunes d’observation, ces données ont été également critiquées et intégrées dans
notre banque. Si elles ne sont pas utilisées directement dans l’étude, elles servent au moins de
référence pour certaines analyses.
La figure 3.3 situe les différentes stations hydrométriques retenues pour l’étude, et le tableau
3.3 en donne la liste avec précision de la période d’observation, des coordonnées
géographiques et de la superficie des bassins versants contrôlés. Les principaux critères de
sélection des stations étudiées sont les suivantes : la longueur des séries, leur continuité et
l’inexistence d’une influence notable de l'homme sur le régime des écoulements, notamment
l’existence d’un barrage de régulation en amont.
100
Tableau 3.3 : Caractéristiques et période d’observation des stations hydrométriques étudiées
N° Bassin Nom Rivière Nom station Surface BV Période Taille échant.
versant (Km²) d’observation (an)
1 Congo Doumé Doumé 515 1946 - 1988 42
2 Dja Somalomo 5 380 1955 – 1992 37
3 Kadéi Batouri 8 974 1954 – 1992 38
4 Boumba Biwala 10 335 1965 – 1991 26
5 Kienké Kienké Kribi 1 435 1955 – 1992 37
6 Lobé Lobé Kribi-Campo 2 305 1953 – 1986 33
7 Lokoundjé Lokoundjé Lolodorf 1 150 1951 – 1987 36
8 Ntem Seng Assoseng 440 1955 – 1987 32
9 Ntem Ngoazik 18 100 1953 – 1992 39
10 Ntem Nyabessan 26 350 1957 – 1991 34
11 Nyong Mefou Nsimalen 425 1963 – 1987 24
12 Nyong Ayos 5 300 1951 – 1987 36
13 Nyong Mbalmayo 13 555 1951 – 2002 51
14 Nyong Déhane 26 400 1951 – 1987 36
15 Mungo Mungo Mundame 2 420 1952 – 1986 34
16 Wouri Nkam Melong 2 275 1951 – 1983 32
17 Wouri Yabassi 8 250 1951 – 1991 40
18 Cross Munaya Akwem 2770 1968 – 1987 19
19 Cross River Mamfé 6 810 1967 – 1987 20
20 Sanaga Metchié Les Chutes 480 1964 – 1987 23
21 Vina du Sud Lahoré 1 680 1951 – 1987 41
22 Téré Ndoumba 1 730 1963 – 1987 24
23 Mapé Pont Magba 4 020 1952 – 1987 35
24 Lom Bétaré Oya 11 100 1951 – 1994 43
25 Sanaga Edéa 131 500 1943 - 1983 41
26 Lac Tchad Mayo Tsanaga Bogo 1 535 1954 – 1998 44
27 Vina Nord Berem 1 585 1963 – 1992 29
28 (Tchad) Logone Laï 56 700 1953 – 1996 43
29 (Tchad) Logone Bongor 71 400 1948 – 1999 51
30 (Tchad) Chari N’Djamena (Kousseri) 600 000 1933 – 1999 66
31 Niger Metchem Gouri 2116 1964 – 1986 22
32 Bénoué Buffle Noir 3 220 1955 – 1987 32
33 Mayo Kébi Cossi 25 000 1955 – 2000 45
34 Bénoué Riao 30 650 1950 – 1991 41
35 Bénoué Garoua 60 500 1946 – 1991 45
NB : En raison de la régularisation des débits de la Sanaga depuis 1969, les données de la station d’Edéa ne seront traitées
que dans le cadre de la modélisation pluie-débit au chapitre V
101
Echelle 1 : 8.500.000
Figure 3.3 : Répartition des stations hydrométriques (points noirs sur le réseau hydrographique) étudiées.
102
3.3 - VARIABILITE HYDRO-PLUVIOMETRIQUE AU CAMEROUN
Les études des fluctuations climatiques au Cameroun seront axées essentiellement sur
l’analyse des caractéristiques de la température, des précipitations et des écoulements dans les
différentes régions du pays. Les procédés d’analyse des fluctuations climatiques utilisent des
méthodes basées sur le test de la stationnarité de séries chronologiques de mesures et la
recherche de la segmentation la plus adaptée, quand des séquences statistiquement différentes
sont détectées. Ces méthodes ont été utilisées avec succès sur des séries de pluies et de débits
en Afrique et en Europe (Hubert, 1987 ; Paturel et al., 1996 ; Servat et al., 1999 ; Ouedraogo,
2001). Les études de tendance au moyen de régression linéaire sont aussi utilisées. La
caractérisation des fluctuations des différentes variables utilise également l’analyse des
indices qui mesurent un écart par rapport à une moyenne établie. Des techniques de
représentation cartographique seront utilisées pour mieux décrire l’hétérogénéité des
différents phénomènes étudiés à l’échelle du Cameroun.
Sur le plan de la pluviométrie, on s’intéressera aux cumuls des pluies annuelles, mensuelles,
saisonnières ainsi qu’au nombre annuel de jours de pluie. On s’intéressera également à
l’impact des fluctuations des précipitations sur la disponibilité en eau, sur les régimes
hydrologiques.
Avant d’aborder les analyses proprement dites, nous rappelons les grandes lignes des
techniques utilisées. La démarche utilisée peut se résumer ainsi qu’il suit : un ensemble de
méthodes de segmentation regroupées dans un logiciel (KhronoStat) est utilisé pour les
103
analyses en vue de la détection d’éventuelles composantes constitutives des séries. Le logiciel
Safarhy est utilisé pour la réalisation de l’ajustement d’une loi de probabilité théorique à la
distribution de fréquence de l’échantillon ou de chacun de ses éléments constitutifs. Après le
calcul des différents indices, le logiciel Surfer est utilisé pour des interpolations et les
représentations cartographiques.
Les indices étudiés ici mesurent des écarts entre les variables étudiées par rapport à une
moyenne établie sur une longue période. Ils permettent de différencier les années (ou
décennies) sèches/déficitaires et humides/excédentaires.
Pour chacun des paramètres étudiés, l’indice annuel est calculé par la formule :
(Xi – M)/S
avec :
Xi : moyenne de l’année i étudiée,
M : moyenne interannuelle de la variable étudiée sur la période de référence,
S : valeur de l’écart type de la variable sur la même période de référence.
Afin de conserver à l’indice une homogénéité statistique (Moron, 1994), les indices sont
calculés pour l’ensemble des variables étudiées sur une période de référence homogène.
Le Logiciel Khronostat :
KhronoStat est un logiciel qui regroupe des tests de vérification du caractère aléatoire de
l’échantillon (test d’autocorrélation et test de corrélation sur le rang) et de détection de
rupture. La détection de rupture utilise le test de Buishand et l’ellipse de Bois, la méthode non
paramétrique de Pettit, l'approche bayésienne de Lee et Heghinian et la méthode de Hubert
(Lubès et al., 1994).
Test de Pettit
Le test de Pettit est non-paramétrique et dérive de celui de Mann-Whitney. L’absence de
rupture dans une série (Xi) de taille N constitue l’hypothèse nulle. Sa mise en œuvre suppose
104
que pour tout instant t compris entre 1 et N, les séries chronologiques (Xi) i-1 à t et t+1 à N
appartiennent à la même population. La variable à tester est le maximum en valeur absolue de
la variable Ut, N définie par :
1 N
Ut, N = Dij
i =1 j = t+1
Si l’hypothèse nulle est rejetée, une estimation de la date de rupture est donnée par l’instant t
définissant le maximum en valeur absolue de la variable Ut,N.
µ+i i =1,…,
X i= {
µ++i i =+1,…,
Statistique U de Buishand
La procédure de Buishand fait référence au même modèle et aux mêmes hypothèses que
l’approche de Lee et Heghinian. En supposant une distribution à priori uniforme pour la
position du point de rupture t, la statistique U de Buishand est définie par :
105
N-1
Sk /Dx
k=1
U = --------------
N(N+1)
k
Où Sk = ( xi-M) pour k=1, …, N ; Dx désigne l’écart type de la série, M la moyenne.
i=1
L’hypothèse nulle du test statistique est l’absence de rupture dans la série. En cas de rejet de
l’hypothèse nulle, aucune estimation de la date de rupture n’est proposée par ce test.
Outre ces différentes procédures, la construction d’une ellipse de contrôle permet d’analyser
l’homogénéité de la série de ( Xi ). La variable Sk, définie ci-dessus, suit une distribution
normale de moyenne nulle et de variance k(N-k)N-1 2, k=0, .., N sous l’hypothèse nulle
d’homogénéité de la série des (Xi). Il est donc possible de définir une région de confiance dite
ellipse de contrôle associée à un seuil de confiance contenant la série des Sk sous l’hypothèse
nulle.
106
3.3.2 – MISE EN EVIDENCE DE LA VARIABILITE CLIMATIQUE AU CAMEROUN
Les variables étudiées sont la température moyenne annuelle, les températures maximale et
minimale moyennes annuelles ainsi que l’amplitude thermique annuelle moyenne. La non-
stationnarité des séries chronologiques de température ayant été rejetée dans tous les cas (très
probablement en raison de la faiblesse des amplitudes de variation), seules les analyses des
indices de température annuelle (variable centrée réduite) sont appliquées. Pour permettre de
faire des comparaisons avec l’évolution des températures sur le plan mondial, les indices ont
été étudiés par rapport à la normale de la période de référence 1961-1990.
La figure 3.4 présente l’évolution des indices de la température moyenne annuelle par rapport
à la moyenne de la période 1961-1990 au niveau de quelques postes d’observations
représentatifs des différentes zones climatiques du Cameroun.
107
1998, avec une moyenne de +1,1°C supérieure au record mondial établi à +0,55°C la même
année (IPCC, 2001 ; Zwiers F. et al., 2003 ; Lawrimore J., 2003)
3
2
Variable centrée réduite
2
Tmin
1
Tmax
1
0
-1
-1
-2
1955
1960
1965
1970
1975
1980
1985
1990
1995
2000
Figure 3.5 : Variation des températures minimales et maximales moyennes annuelles au Cameroun
par rapport à la normale 1961-1990
Comme on peut l’observer sur la figure 3.5, les variations des températures minimales et
maximales moyennes vont globalement dans le même sens, mais dans l’ensemble la hausse
des températures maximales est supérieure à celle des températures minimales. Dans les deux
cas, le record des hausses est toujours détenu par l’année 1998, avec sur l’ensemble des 15
stations étudiées, une augmentation moyenne de 1,4°C pour les températures maximales
moyennes contre 0,8° C pour les minimales.
108
Figure 3.6 : Variation de l'amplitude thermique annuelle moyenne au Cameroun
par rapport à la normale 1961-1990
Hausse maximale Hausse moyenne sur la période Hausse moyenne sur la période
Variable entre 1970 et 2002 (°C) 1970 - 2002 (°C) 1990 - 2002 (°C)
Tmoy 1,1 0,2 0,4
Tmin 0,8 0,1 0,1
Tmax 1,4 0,3 0 ,7
A.Thmoy 1,4 0,2 0,6
109
En effet, bien que les résultats des analyses ci-dessus aient montré que l’ensemble du
territoire camerounais subit un réchauffement, cela ne signifie pas que toutes les régions du
pays ont été affectées avec la même intensité. Les données du tableau 3.5 montrent que les
régions montagneuses de l’Ouest et de l’Adamaoua ont enregistré les plus fortes
augmentations pour les températures moyennes et maximales annuelles, contre une faible
augmentation des températures minimales moyennes annuelles. Il s’en suit que la hausse des
amplitudes thermiques est plus importante dans cette région.
Par contre, dans la région au Nord de l’Adamaoua, les plus fortes hausses sont enregistrées au
niveau des températures minimales, d’où une baisse des amplitudes thermiques annuelles
moyennes. La région côtière et celles du centre, du Sud et de l’Est ont un comportement assez
voisin, avec une petite différence au niveau des températures maximales qui montrent une
hausse légèrement plus importante sur le littoral. L’ensemble de la situation est illustré par la
figure 3.7 qui présente les indices de variation des caractéristiques moyennes annuelles de la
température suivant les différentes régions du Cameroun.
Région côtière
Tmoy 1,3 0,2 0,4
Tmin 0,9 0 0,1
Tmax 1,6 0,3 0,7
A.Thmoy 1,7 0,3 0,6
110
Les cartes de la figure 3.8 présentent l’évolution des caractéristiques moyennes annuelles de
la température au Cameroun, entre la période récente (1991-2002) et la période de référence
1961-1990. Elles codent en couleur la variation relative entre la normale 1961-1990 des
différents paramètres et les moyennes de la période 1991-2002 sur l’ensemble du pays. Les
résultats confirment que ces variables n’ont pas toutes évolué dans la même direction sur
l’ensemble du pays au courant de la décennie 90. Si la tendance générale est la hausse des
températures moyennes annuelles (+ 0,2 °C en moyenne) sur l’ensemble du territoire, les
températures minimales quotidiennes ont plutôt baissé dans la région montagneuse de l’Ouest
et le Sud-est du pays, contre une hausse des températures maximales sur la quasi-totalité du
territoire.
111
Figure 3.7 : Variation moyenne des caractéristiques moyennes annuelles de la température suivant les régions du Cameroun
112
13 13
11 11
Maroua Maroua
10 10
Garoua Garoua
9 9
8 8
Ngaoundér Ngaoundér
7 é 7 é
Banyo Banyo
6 Bamend 6 Bamend
Mamféa Mamféa
Yoko Yoko
5 5
Bafia Bafia
2 2
9 10 11 12 13 14 15 16 9 10 11 12 13 14 15 16
13 13
11 11
Maroua Maroua
3
10 10
Garoua Garoua 2
9 9
1.5
8 8
1
Ngaoundéré Ngaoundér
7 7 é
Banyo Banyo 0.5
6 Bamenda 6 Bamend
Mamfé Mamf a 0
Yoko é Yoko
5 5 -0.2
Bafia Bafia
9 10 11 12 13 14 15 16 9 10 11 12 13 14 15 16
Echelle 1 : 13.800.000
Figure 3.8 : Variation relative (codée en couleur) entre la normale 1961-1990 des caractéristiques
moyennes annuelles de la température et les moyennes de la période 1991-2002 au
Cameroun
113
Conclusion
L’analyse des données disponibles de température montre une hausse moyenne sur la période
1970-2002, de l’ordre de 0,2°C des températures moyennes journalières sur l’ensemble du
territoire camerounais contre 0,4°C pour la période 1990-2002. L’année 1998 détient le record
des années les plus chaudes au Cameroun, avec une moyenne de +1,1°C, soit une valeur
supérieure au record mondial établi à +0,55°C la même année. Bien que cette tendance au
réchauffement soit générale sur l’ensemble du pays, l’intensité est variable suivant les
régions. Les plus fortes augmentations sont enregistrées dans les régions montagneuses,
notamment pour les températures maximales moyennes annuelles, alors que les plus faibles
sont enregistrées dans la région au Nord de l’Adamaoua où on enregistre par ailleurs une
hausse plus forte des températures minimales moyennes annuelles.
Bien que ces résultats soient tirés d’un nombre limité de stations d’observation, ils sont
conformes à ce qui est observé à présent sur le plan mondial. Selon IPCC (2001), le
réchauffement général de la planète est causé en grande partie par les gaz à effet de serre. Les
émissions actuelles de ces gaz en provenance des pays en développement en général et du
Cameroun en particulier sont négligeables, la source dominante dans ces pays étant la
déforestation (Banque Mondiale, Rap. N° 120, juillet 1999). Il faudrait cependant souligner
que les effets de ces gaz sur le climat sont transfrontaliers, de même que les relations des
causes à effets sont complexes.
L’intensité et la durée des fortes températures ont de lourdes répercussions sur la disponibilité
et la gestion des ressources en eau en milieu tropical, notamment par le biais de l’évaporation.
D’autre part, dans le domaine agricole dont dépend une part très élevée de l’économie du
Cameroun, des changements de température même minimes peuvent avoir des effets
importants sur la production. Selon une étude de Postal citée par Sharma (2003), un
accroissement de la température de 3°C conduit à une augmentation de l’ordre de 26% des
besoins en eau d’irrigation par exemple, en raison de l’accroissement de l’évapotranspiration.
Ces changements peuvent également conduire à une augmentation des cas de temps extrêmes
avec des sécheresses sévères et des saisons de pluies chaotiques avec de fortes pluies (IPCC
2001), dont les conséquences sont également importantes sur la production agricole. En raison
de l’importance de ces paramètres sur le plan agroclimatologique, ces analyses devraient
cependant être plus rigoureusement documentées avant de permettre de donner des précisions
pour les différentes régions du territoire camerounais.
114
3.3.2.2 – VARIABILITE DES PRECIPITATIONS
Les variables étudiées sont la hauteur de pluie enregistrée au niveau des différentes stations au
courant d’une année civile, les pluies saisonnières et mensuelles ainsi que le nombre annuel
de jours de pluie.
Plusieurs types d’analyses sont appliqués : les tests de détection de rupture et l’analyse des
indices pluviométriques interannuels (variable centrée réduite) et décadaires.
Les graphiques de la figure 3.9 présentent l’évolution des indices de la pluviosité annuelle par
rapport à la moyenne interannuelle de la période 1940-2000 au niveau de quelques postes
d’observations représentatifs des 8 zones climatiques du Cameroun. Si toutes les régions
n’ont pas été affectées avec la même intensité, ces graphiques montrent qu’elles ont été toutes
touchées par la sécheresse récente. Quelques années humides sont enregistrées au niveau de
certaines stations dans le courant de la décennie 1990, sans que cela intéresse l’ensemble du
territoire.
115
Figure 3.9 : Evolution des indices de la pluviosité annuelle par rapport à la moyenne interannuelle
de la période 1940-2000 au niveau de quelques stations de référence au Cameroun
116
La figure 3.10 montre l’évolution de la proportion des stations déficitaires sur l’ensemble du
territoire pour la période allant de 1940 à 2001. Au début de la décennie 1940, le pourcentage
des postes déficitaires est de l’ordre de 60%. On observe par la suite une baisse qui va
jusqu’au début des années 1960, puis le nombre oscille autour de 40% jusqu’à la fin des
années 1960. Une remontée s’amorce alors pour atteindre rapidement 70% en 1973. Jusqu’en
2001, le chiffre oscille autour de cette valeur, mais on notera qu’un maximum (96%) est
atteint en 1983 et un minimum (12%) en 1999.
100%
Proportion postes déficitaires
80%
60%
40%
20%
0%
1940
1950
1960
1970
1980
1990
2000
Figure 3. 10 : Evolution de la proportion des postes d’observation pluviométriques déficitaires
par rapport à la moyenne de la période 1941-2000
Cette évolution de la situation au Cameroun est conforme à ce qui a été observé dans la
plupart des travaux sur le régime des précipitations de la sous-région de l’Afrique
intertropicale (0livry, 1974 ; Sircoulon, 1976 ; Paturel et al,, 1996 ; Servat et al, 1999). Après
deux décennies de précipitations excédentaires en 1950 et 1960, une période déficitaire s’est
installée dès la fin des années 1960 et continue jusqu’au début des années 2000. Au cours de
cette période qui dure depuis trente ans, chaque décennie est cependant marquée par quelques
années moyennes à humides. En effet, les années 1978, 1988, 1995 et 1999 se sont
distinguées avec seulement 30% de postes déficitaires ou moins. On notera également que la
décennie 90 est caractérisée par la présence d’un plus grand nombre d’années excédentaires,
mais la tendance globale reste à la baisse.
117
Le calcul des indices pluviométriques par décennie confirme cette généralisation de la
pluviosité déficitaire sur l’ensemble du territoire camerounais. Les cartes de la figure 3.11
illustrent bien la situation. Les variations relatives entre la pluie moyenne interannuelle de la
période 1940-2000 et les pluies moyennes interannuelles par décennie y sont codées en
couleur. Ces cartes, ainsi que les suivantes, ont été établies par la méthode de spatialisation de
l’information par krigeage du logiciel Surfer. La méthode, qui suppose la continuité des
précipitations dans l’espace, utilise un ensemble de procédures qui permettent d’estimer les
précipitations en tout point du territoire, à partir de l’information pluviométrique disponible,
dans le but d’obtenir une image d’ensemble des précipitations sur le pays.
Les résultats montrent une décennie 1940 déficitaire, suivie par deux décennies (50 et 60)
globalement excédentaires qui sont elles-mêmes suivies par trois décennies déficitaires
successives. La décennie 1980 est la plus affectée, aussi bien du point de vue de l’intensité du
déficit que de son étendue sur le territoire. On peut alors s’interroger sur la stationnarité des
séries chronologiques de mesures des précipitations dans le pays.
118
13 13
N’Djamena N’Djamena
12 12
Décennie 1940 Décennie 1950
11 11
Maroua Maroua
10 10
Garoua Garoua
9 9
8 8
Ngaoundéré Ngaoundéré
7 7
Banyo Banyo
6 6
Bafoussam Yoko Bafoussam Yoko
5 5
Bertoua Bertoua
4 Douala 4 Douala
Yaoundé Yaoundé
Yokadouma Yokadouma
Ambam Ambam
2 Ouesso
2 Ouesso
9 10 11 12 13 14 15 16 9 10 11 12 13 14 15 16
13 13
N’Djamena N’Djamena
12 12
Decennie 1970
11 Decennie 1960 11
Maroua Maroua
10 10
Garoua Garoua
9 9
8 8
Ngaoundéré Ngaoundéré
7 7
Banyo Banyo
6 6
Bafoussam Yoko Bafoussam Yoko
5 5
Bertoua Bertoua
4 Douala 4 Douala
Yaoundé Yaoundé
Yokadouma Yokadouma
Ambam Ambam
2 Ouesso
2 Ouesso
9 10 11 12 13 14 15 16 9 10 11 12 13 14 15 16
13 13
N’Djamena N’Djamena
12 12
Décennie 1980 Décennie 1990
Variation (%)
11 11
Maroua Maroua
10
25
10
15
Garoua Garoua
9 9
10
5
8 8
Ngaoundéré Ngaoundéré
0
7 7
Banyo Banyo -5
-10
6 6
Bafoussam Yoko Bafoussam Yoko -15
5 5
-20
Bertoua Bertoua
9 10 11 12 13 14 15 16 9 10 11 12 13 14 15 16
Echelle 1 :19.OOO.OOO
Figure : 3.11 : Variation relative (codée en couleur) entre la pluie moyenne interannuelle de la période
1940-2000 et les pluies moyennes interannuelles par décennie
119
3.3.2.2.1.1 – Homogénéité des séries et calcul des déficits
Périodes de Rupture
12
Pas de rupture
Avant 1965
1965-1975
10
Après 1975
8 10 12 14 16
Echelle 1 :12.2OO.OOO
Figure 3.12 : Période de rupture des séries de hauteur de précipitations annuelles
Comme on peut le constater sur la figure 3.12, les postes où aucune rupture n’est enregistrée
sont éparpillés sur l’ensemble du territoire. On peut cependant souligner qu’aucun poste de la
région forestière sud du pays (zone 1 et 2 suivant la répartition présentée au chapitre
précédent) ne présente de rupture. Sur le plan temporel, 16 séries sur 28 présentent une
rupture entre 1965 et 1975 et les 12 restants se partagent à part égale (6) les périodes d’avant
1965 et après 1975. On notera que les postes ayant enregistré une rupture après 1975 sont tous
situés dans la région autour du Mont Cameroun. Ces ruptures se situent toutes autour de
120
l’année 1983 qui est reconnue comme l’une des plus sèches du Cameroun et de toute la sous-
région de l’Afrique tropicale. Le tableau 3.6 regroupe l’ensemble des postes présentant une
rupture en précisant le pourcentage de variation de la moyenne autour de la date de rupture.
Le taux de variation de la moyenne avant et après la rupture est calculé suivant la formule :
Tableau 3.6 : Variation moyenne observée par rapport à la période de rupture sur
le cumul des pluies annuelles aux différentes stations
Noter que 2 des 28 postes sont caractérisés par un accroissement des précipitations après la
rupture alors que les 26 autres présentent des déficits qui varient entre 7 et 34%, pour une
moyenne de l’ordre de 15%. La période de rupture pour les postes qui présentent un
accroissement des précipitations (Meiganga et Yabassi) se situe au début des années 50. Ceci
est conforme aux observations antérieures qui présentent la décennie 50 comme une période
humide.
121
Si l’on considère les postes déficitaires suivant les zones climatiques décrites au chapitre
précédent, les déficits se regroupent grosso modo comme suit :
Comme on peut le constater sur la figure 3.12, la répartition des postes pluviométriques
étudiés par zone climatique est très inégale. On peut cependant souligner que plus de 60% des
postes situés dans les régions climatiques aux précipitations relativement faibles (zones 6 à 8)
présentent une rupture. Noter par ailleurs que dans ces régions les postes épargnés sont
généralement situés dans des régions sous influence montagneuse (Monts Mandara et
Alantika), marquées par des précipitations généralement plus fortes que sur les autres postes
environnants. Dans le sud du pays, on note également une forte concentration de postes
présentant des ruptures dans la région du Mont Cameroun et la région montagneuse de
l’Ouest (zones 3 et 5) caractérisées par de fortes précipitations. Ces deux remarques sont
conformes à ce qui a été enregistré en Afrique de l’Ouest où il a été observé des modifications
plus importantes dans les zones à régime de précipitations extrêmes (les plus arrosées et les
plus arides), (Servat et al., 1999 ; Ouedraogo, 2001). Suchel (1987) explique la forte
variabilité interannuelle des précipitations dans la région du Mont Cameroun par l’influence
perturbatrice du massif, des changements de cap se produisant dans les vents du cadrant ouest
qui fournissent la plus grosse part des précipitations. Les moindres fluctuations dans la
direction de ces derniers durant la saison de mousson modifient dans de proportions
considérables la répartition des pluies sur les flancs et les bordures du mont Cameroun.
Il ressort de toutes les analyses précédentes que la période 1971-2000 est globalement
déficitaire par rapport à la moyenne interannuelle 1941-2000. Pour se faire une idée de la
situation sur l’ensemble du territoire camerounais, nous avons calculé la variation moyenne
des précipitations de part et d’autre de cette date, pour l’ensemble des 50 postes
d’observations de la période homogénéisée (1941-2000). La figure 3.13 présente les résultats
sur l’ensemble du pays.
122
13
0
8
-5
Ngaoundéré
7 -10
Banyo
-15
6
Bafoussam Yoko -20
5 -25
Bertoua
-30
4 Douala
Yaoundé
Yokadouma -40
3 Kribi Ebolowa
Ambam
2 Ouesso
10 12 14 16
Figure 3.13 : Variation relative (codée en couleur) des précipitations moyennes annuelles de la
période 1971-2000 par rapport à celles de la période 1941-1970.
La figure 3.13 confirme que la période 1971-2000 a été déficitaire sur l’ensemble du territoire
camerounais. Près de la moitié du pays est touchée par des déficits supérieurs à 10% contre
plus de 3/4 pour un déficit supérieur à 5%. Les déficits les plus importants (10 à 20%) ont été
enregistrés au niveau de quelques postes répartis dans l’ensemble du pays. Quelques rares
poches situées essentiellement dans le sud du pays enregistrent cependant des précipitations
légèrement au-dessus (jusqu’à + 5%) de la moyenne.
3.3.2.2.1.2 - Evolution du cumul des pluies annuelles au Cameroun au cours du XXème siècle
123
années 1880 et ont continué jusqu’à nos jours avec une interruption de 10 ans entre 1913 et
1922. Celle de Bamenda a fonctionné de 1906 à nos jours avec une interruption entre 1913 et
1923. Leurs données permettront de se faire une idée sur l’évolution des régimes de
précipitations dans le pays au cours de siècle dernier. Les données des stations d’autres pays
(Dakar au Sénégal, Maïduguri au Nigeria et N’Djamena au Tchad) y seront associées à titre
de comparaison.
Les analyses portent sur la variable centrée réduite (rapport de l’écart à la moyenne sur l’écart
type) calculée sur le cumul par décennie pour chacun des 5 stations. La figure 3.14 qui montre
l’évolution des indices permet d’apprécier les variations de la hauteur des précipitations
annelles au niveau des différents postes. La période 1901-1970 est globalement moyenne à
humide alors que la période 1971-2000 est déficitaire pour l’ensemble des 5 stations. La
période sèche des années 1913 connue dans la région n’est pas bien représentée en raison des
lacunes d’observation au niveau des deux postes du Cameroun. On peut cependant souligner
que par rapport aux deux autres observées dans la région (1913 et 1940), la sécheresse récente
est marquée par une plus longue durée et des déficits plus importants.
1.5
1.0
Variable centrée réduite
0.5
0.0
-0.5
-1.0
-1.5
1890-1900
1900-1910
1910-1920
1920-1930
1930-1940
1940-1950
1950-1960
1960-1970
1970-1980
1980-1990
1990-2000
Figure 3.14 : Evolution des indices pluviométriques par décennies depuis la fin du 19ème siècle
au niveau de quelques stations pluviométriques du Cameroun et de l’Afrique tropicale.
124
Conclusion
L’analyse des données de précipitations annuelles de la soixantaine de postes d’observation
que nous avons pu rassembler dans le cadre de cette étude montre que l’ensemble du territoire
camerounais a été marqué par une baisse des précipitations. La non-homogénéité des séries
est attestée par l’application du test de Pettit pour 28 postes répartis du nord au sud, les dates
de rupture se situant entre 1965 et 1975 pour près de 60% d’entre eux. Le calcul des indices
pluviométriques montre qu’après la décennie 1940, les décennies 1970 à 1990 sont toutes
déficitaires alors que les décennies 1950 et 1960 sont plus arrosées. La décennie 1980 est la
plus affectée par la baisse des précipitations. Si la décennie 1990 est également déficitaire,
elle est marquée par quelques années humides mais aucune réelle reprise du régime des
précipitations n’est enregistrée et la sécheresse persiste jusqu’au début des années 2000.
Comparativement à la période 1941-1970, la période 1971-2000 est globalement déficitaire
sur l’ensemble du pays. Le déficit moyen est variable suivant les régions du pays : -20%
autour de la région très pluvieuse du Mont Cameroun, -12% dans la région montagneuse de
l’Ouest et le centre (axe Bertoua-Banyo), -6 à -10% pour la partie du pays au Nord de
l’Adamaoua. Ces valeurs sont relativement faibles par rapport aux résultats enregistrés dans
d’autres pays de l’Afrique tropicale, notamment en Afrique de l’Ouest où la moyenne des
déficits pluviométriques tourne autour de 20%. Cette différence tient probablement à la
présence de la zone forestière dans le Sud du pays où le régime des précipitations a très peu
varié.
La sécheresse récente se caractérise en Afrique tropicale aussi bien par la baisse des quantités
précipitées à différentes échelles que par la répartition temporelle des précipitations. Aussi,
afin de mieux caractériser les effets de la récession pluviométrique sur le milieu naturel et les
activités socio-économiques au Cameroun, nous allons procéder à l’analyse des précipitations
mensuelles et saisonnières.
125
- décembre – février : période la plus sèche sur l’ensemble de territoire. Elle
correspond à la grande saison sèche dans la partie sud du pays (zones climatiques 1
à 6).
- mars – juin : correspond à la petite saison de pluies dans les régions à régime
équatorial (zone 1 essentiellement)
- juillet – août : petite saison sèche dans les régions à régime équatorial (zone 1
essentiellement). A l’inverse, dans le Nord du pays (zones 7 et 8), ces deux mois
cumulent à eux seuls près de 60% du total de la pluie annuelle. Ils sont également
les plus pluvieux dans l’Adamaoua, le littoral et la région du Mont Cameroun.
- Septembre – novembre : grande saison des pluies dans les régions à régime
équatorial (zone 1 essentiellement)
Les stations étudiées sont toutes situées au sud du 8ème parallèle nord, étant donné que les
précipitations sont quasi nulles dans la partie Nord du pays pendant cette période. Sur la
quarantaine des stations étudiées, le test de Pettit révèle des ruptures au mois de décembre
pour 40% d’entre elles, 28% en janvier et 60% en février. Les périodes de rupture sont
diversement distribuées pour chacun des 3 mois. Pour le mois de décembre, les dates de
rupture sont situées entre 1965 et 1975 pour 12 stations sur 16, alors que celles de 7 stations
sur 11 se situent avant 1965 pour le mois de janvier. En février par contre, les dates de rupture
de 17 stations sur 24 se situent plutôt après 1975, et plus généralement après 1980. Dans
l’ensemble, les déficits enregistrés après ruptures sont situés entre –40 et –80%. Si cette
situation constitue une constante qu’il est important de souligner, la forte proportion n’est
cependant pas significative compte tenu de la faible quantité des précipitations généralement
enregistrées pendant la période.
126
baisse correspondant à la petite saison sèche est enregistrée en juillet-août. Près de 30% des
précipitations sur l’ensemble du pays sont enregistrés au courant de ces quatre mois.
Cette période de l’année est celle au cours de laquelle les séries sont le moins touchées par des
ruptures. Pour l’ensemble de postes traités, le test de Pettit révèle des ruptures pour 28% au
mois de mars, 1% au mois d’avril, 8% au mois de mai et 30% en juin. Les années de rupture
sont majoritairement situées entre 1965 et 1975, pour des déficits qui varient entre 20 et 40%.
Pour l’ensemble de postes traités, le test de Pettit révèle des ruptures pour 28% au mois de
juillet contre 32% pour le mois d’août. Pour les deux mois, aucun regroupement particulier de
date de rupture ne se dessine sur toute la période d’étude.
De l’ensemble des 14 stations présentant une rupture au mois de juillet, seules 3 présentent
également une rupture au niveau annuel. Sur 10 des 11 postes restants (situés majoritairement
dans le sud du pays), on note plutôt un accroissement des précipitations (+ 40 à +70%) après
rupture. Un accroissement des précipitations est enregistré également au mois d’août au
niveau de 9 postes (situés dans le sud du pays en majorité, comme précédemment) sur 16
présentant une rupture. Les postes où on enregistre un déficit après rupture présentent
également des ruptures au niveau annuel.
Il semble donc se dessiner une opposition nord-sud sur le territoire pour cette période et
particulièrement au mois d’août. La région sud aux précipitations annuelles moins déficitaires
enregistre plutôt des excédants pluviométriques alors que des déficits sont enregistrés dans le
Nord et à l’Ouest du pays. Les figures 3.15 et 3.16 illustrent la situation.
127
13
N’Djamen
12 a
Variation (%)
11 Mois de Juillet
Maroua
25
10
15
Garoua
9 10
5
8
0
Ngaoundér
7 é -5
Banyo
-10
6
Yoko -15
Bafoussa
m
5 -20
Bertou
a -25
4 Douala
Yaound
é Yokadoum -30
a
3 Kribi Ebolow -40
a
Amba
2 m
Ouess
o
9 10 11 12 13 14 15 16
Figure : 3.15 : Variation relative (codée en couleur) des précipitations du mois de juillet de la
période 1971-2000 par rapport à la période 1941-1970
13
N’Djamen
12 Mois d'août a
Variation (%)
11
Maroua 25
10
15
Garoua
10
9
5
8
0
Ngaoundér
é -5
7
Banyo
-10
6
-15
Bafoussa Yoko
m -20
5
Bertoua -25
4 Douala
Yaoundé -30
Yokadoum
a -40
3 Kribi Ebolowa
Ambam
2 Ouesso
10 12 14 16
Echelle 1 :13.500.000
Figure : 3.16 : Variation relative (codée en couleur) des précipitations du mois d’août de la
période 1971-2000 par rapport à la période 1941-1970
128
Période septembre – novembre
L’application du test de Pettit révèle des ruptures au niveau de 16 stations sur 60 au mois de
septembre contre 11 en octobre. Très peu de précipitations sont enregistrées dans la région au
nord de l’Adamaoua en novembre. Au sud de cette région, les tests révèlent des ruptures au
niveau de 7 postes dont 4 dans la région montagneuse de l’Ouest. Dans l’ensemble, les
déficits enregistrés après la rupture sont compris entre -20 et -30%. Les dates de rupture se
situent généralement après 1965, avec une majorité après 1975.
La figure 3.17 présente les histogrammes des différentes régions du Cameroun pour les
périodes 1941-1970 et 1971-2000. On y observe parfaitement le comportement particulier des
mois de juillet et d’août, caractérisés dans la partie du pays au Sud de l’Adamaoua, par un
accroissement des précipitations pendant la période déficitaire 1971-2000.
129
Figure 17 : Histogrammes des différentes régions du Cameroun
Période 1941-1970 et 1971-2000
130
Conclusion
Les analyses de la variabilité des pluies mensuelles montrent qu’à l’exception des mois de
juillet et août, les précipitations ont globalement diminué au cours des trois dernières
décennies sur l’ensemble du territoire camerounais. Cette diminution n’est pas uniforme, ni
sur toute l’année ni sur l’ensemble du pays. On peut cependant noter que les mois de la saison
pluvieuse sont proportionnellement moins affectés par la baisse que ceux de la saison sèche.
Dans la partie sud du pays, les mois de juillet et août sont plutôt marqués par des
précipitations excédentaires au courant de cette même période. Ces résultats sont comparables
à ceux enregistrés dans la plupart des travaux sur le régime des précipitations en Afrique de
l’Ouest (Servat et al., 1998 et 1999).
L’étude de la variabilité du nombre annuel de jours de pluie est rendue difficile par l’existence
de nombreuses lacunes et la difficulté de se procurer de longues séries de pluies journalières
de qualité fiable. Dans ces conditions, nos analyses se sont limitées à un nombre réduit de
postes d’observation. Le nombre annuel de jours de pluie de hauteur supérieure ou égale à 0,5
mm ainsi que le nombre de jours de pluie de hauteur supérieure ou égale à la moitié de la
hauteur de précipitations journalières de récurrence annuelle, ont été comptabilisés pour une
vingtaine de stations réparties dans toutes les régions climatiques du pays. L’analyse de ces
deux échantillons permettra de se faire une idée des modifications enregistrées au niveau des
pluies journalières.
131
Tableau 3.7 : Résultat du test de Pettit et variation du nombre moyen annuel de jours de pluie
pour quelques postes pluviométriques du Cameroun
Nom Station Période Nombre moyen Date de rupture Variation
d’observation annuel jours de pluie (%)
Akonolinga 1934-2001 120 Pas de rupture
Bafia 1930-2001 117 1976 -14
Bafoussam 1934-2001 144 1957 -19
Banyo 1932-2001 152 Pas de rupture
Bertoua 1932-2001 122 1976 -4
Bétaré Oya 1940-1994 133 1969 -9
Douala 1922-1986 212 1962 -7
Dschang 1941-1993 176 1976 -5
Edéa 1939-2001 169 1970 -10
Garoua 1927-2001 85 Pas de rupture
Kribi 1939-2001 186 Pas de rupture
Lomié 1946-2000 132 1975 -8
Maroua 1939-2001 65 1969 -11
Nanga Eboko 1933-2001 111 1975 -19
Ngaoundéré 1927-2001 125 1980 +10
Nkongsamba 1930-2001 184 1969 -9
Sangmélima 1934-2001 137 Pas de rupture
Yaoundé 1927-2001 134 1986 -14
Yokadouma 1930-1999 126 1982 -14
N’Djamena 1931-2000 55 1969 -17
Baibokoum 1946-1994 80 Pas de rupture
Maiduguri 1915-1994 80 1978 -14
Les stations étudiées sont en nombre limité, mais sont bien réparties du Nord au sud, ce qui
permet de se faire une idée sur l’ensemble du pays. La variation du nombre annuel de jours de
pluie est étudiée de part et d’autre de l’année 1970. Le calcul des indices a porté sur la période
1950-1994. La figure 3.18 présente les résultats sur l’ensemble du pays. Elle confirme qu’en
dehors de la région autour de Ngaoundéré sur le plateau de l’Adamaoua, le nombre annuel de
jours de pluie a diminué partout ailleurs sur le territoire. Les déficits sont compris en majorité
entre -5 et -10%, mais ils peuvent atteindre –20%, notamment dans l’extrême Nord du pays.
132
13
0
8
Ngaoundér -5
é
7
Banyo -10
-15
6
Bafoussam Yoko -20
5
-25
Bertoua
Douala -30
4 Yaoundé
Yokadoum -40
a
3 Kribi Ebolowa
Ambam
2 Ouesso
9 10 11 12 13 14 15 16
Figure 3.18 : Variation relative (codée en couleur) du nombre moyen annuel de jours de pluie de la
période 1971-2000 par rapport à la période 1950-1970
Les fortes pluies sont définies ici comme une ‘’pluie journalière de hauteur supérieure ou
égale à la moitié de la hauteur de précipitation journalière atteinte une fois par an’’. Afin de
conserver aux résultats une homogénéité statistique, le calcul des indices a été réalisé pour 16
postes pluviométriques sur les 22 précédemment traités, et n’a concerné que la période 1950-
1990. Les calculs des indices pluviométriques (variable centrée réduite) par décennie, sont
réalisés tel que décrit plus haut. Le tableau 3.8 présente l’ensemble des résultats. Une
tendance à la diminution du nombre moyen annuel des jours de précipitations de hauteur
supérieure à la moyenne semble se dessiner à partir de la décennie 1970. D’autres études à
partir des échantillons de taille conséquente sont cependant indispensables pour conclure avec
certitude. Cette tendance est contraire aux résultats de certaines études menées aux USA et au
Royaume Uni (McCarthy et al., 2001), qui montrent plutôt une augmentation de la fréquence
et des volumes précipités des événements majeurs au cours de la période récente.
133
Tableau 3.8 : Evolution des indices des jours de fortes pluies calculés par rapport à la période 1950-1990
CONCLUSION
Sur la base des informations disponibles, nous nous sommes attaché à faire le point sur
l’évolution du climat au Cameroun à partir des séries pluviométriques. Nos résultats
confirment la baisse généralisée des précipitations observée en Afrique intertropicale, en
général. Cette baisse se caractérise par la diminution du cumul des pluies annuelles.
Particulièrement marquée au cours de la décennie 80, la moyenne des déficits varie de –10% à
–20% selon la région du pays, pour les trois dernières décennies.
La variabilité pluviométrique se manifeste également par une baisse globale mais non
uniforme des pluies mensuelles sur l’ensemble du pays. Les mois de la saison sèche sont plus
affectés, dans l’ensemble, que ceux de la saison humide. On notera en particulier que les mois
de juillet et août sont généralement excédentaires dans le sud, plus humide, et déficitaires
dans le Nord.
Le nombre annuel de jours de pluie ainsi que le nombre de fortes pluies enregistrées au cours
d’une année ont également baissé. On peut en conclure que la baisse des précipitations se
caractérise par la diminution du nombre d’événements et de la hauteur précipitée au cours de
chaque événement. Des études complémentaires sont cependant indispensables pour
confirmer.
134
Ces résultats montrent qu’en dépit de quelques années humides enregistrées au cours de la
décennie 90, la sécheresse continue au Cameroun jusqu’au début des années 2000. Une étude
de L’Hôte et al. (2002) aboutit à des conclusions similaires pour certaines régions du Tchad et
de l’Afrique de l’Ouest.
Cette baisse généralisée des précipitations a certainement des conséquences sur les ressources
en eau du pays en général, et particulièrement sur le régime des écoulements des cours d’eau.
Nous le vérifierons à l’analyse de la variabilité des débits des principaux cours d’eau.
En Afrique tropicale le régime hydrologique des cours d’eau est directement influencé par
celui des précipitations. Il subit de ce fait l’influence de la fluctuation des précipitations qui
constituent la cause principale de leur variabilité. Les autres causes à l’origine de
modifications du régime des écoulements des cours d’eau sont essentiellement d’origine
anthropique. Elles vont des modifications de l’état de l’occupation des sols aux
aménagements tels que les barrages de retenue d’eau réalisés sur le réseau. Cette dernière
considération, associée aux critères de qualité des données et de la longueur de la série, ont
permis de sélectionner la trentaine des stations qui seront analysées. Les mêmes méthodes
d’analyse utilisées pour les données pluviométriques ont été appliquées.
Comme pour les précipitations, après deux décennies (1950 et 1960) relativement humides,
on note une baisse des modules sur la quasi-totalité des cours d’eau étudiés, à partir du début
des années 1970. Les déficits sont beaucoup plus marqués dans la partie Nord du pays et
décroissent à mesure que l’on descend vers le sud. Pour certains cours d’eau des régions très
arrosées du pays comme la Lobé et la Lokoundjé, le module (tableau 3.9) reste sensiblement
proche de la moyenne. La décennie 1980 enregistre quelques années humides dans le sud,
mais dans l’ensemble la sécheresse domine.
135
Figure 3.19 : Evolution des indices du débit moyen annuel par rapport à la moyenne interannuelle de
la période 1950-1990 au niveau de quelques stations du Cameroun
136
3.3.2.3.1.1- Homogénéité des séries et calcul des déficits
Les études de l’homogénéité des séries viennent confirmer ces premiers résultats. Les
résultats du test de Pettit montrent que les séries de débit moyen annuel de 24 stations sur les
34 analysées présentent une rupture au seuil de confiance de 90% (tableau 3.9 ). Les dates de
rupture sont moins dispersées que celles obtenues pour les séries pluviométriques. Ainsi, 15
séries sur 24 présentent une rupture entre 1969 et 1971, une seule rupture est observée avant
1969 et 5 après 1975. On notera que trois stations présentent un accroissement de débit après
la rupture alors que les 21 autres sont déficitaires. Les déficits sont en moyenne plus
importants pour les cours d’eau du Nord du pays (-40%) que pour ceux de la partie sud (-
20%).
Il est important de souligner que des ruptures, avec des déficits relativement importants, sont
observées sur certains cours d’eau de la région sud du pays où aucune rupture n’a été
enregistrée au niveau des précipitations. Cette observation confirme le fait que les débits
intègrent les variations spatiales des régimes pluviométriques. Sur la base de cette observation
et du fait de la concentration des dates de rupture autour de 1970, nous avons déterminé les
déficits de part et d’autre de cette année pour l’ensemble des cours d’eau étudiés.
137
Tableau 3.9 : Résultats du test de Pettit et calcul de la variation des modules des différents cours d’eau
Bassin Nom Station Période Module Date de rupture Variation
versant Observation (m3/s) (%)
Kadéi à Batouri 1954 - 1991 113 1982 -20
Bassin du Boumba à Biwala 1965 – 1991 102 1971 -14
Congo Dja à Somalomo 1955 – 1991 66,4 Pas de rupture
Doumé à Doumé 1946 – 1987 6,07 1969 -17
Kienké à Kribi 1955 – 1992 47,1 Pas de rupture
Lobé à Kribi 1953 – 1986 103 Pas de rupture
Lokoundjé à Lolodorf 1952 - 1987 29,2 1962 + 30
Ntem à Nyabessan 1958 - 1988 420 1970 -18
Ntem à Ngoazik 1954 – 1992 263 1971 -21
Seng à Assosseng 1955 – 1987 7,57 Pas de rupture
Bassin côtier Nyong à Ayos 1951 – 1987 54,6 1971 -22
Nyong à Mbalmayo 1951 – 2002 149 Pas de rupture
Nyong à Déhané 1951 – 1987 436 Pas de rupture
Mefou à Nsimalen 1964 – 1987 6,40 Pas de rupture
Mungo à Mundame 1952 – 1986 160 1969 -19
Nkam à Mélong 1951 – 1983 70,1 1969 -15
Wouri à Yabassi 1951 – 1987 304 1969 -7
Cross R. à Manfé 1967 – 1987 531 1971 -26
Munaya à Akwem 1968 – 1987 145 1976 +4
Metchié aux Chutes 1959 - 1987 10,4 1974 +26
Bassin de la Mapé à Magba 1952 - 1987 91,7 1969 -17
Sanaga Vina S. Lahoré 1951 - 1987 35,4 1978 -20
Lom à Bétaré Oya 1951 – 1994 168 1976 -10
Téré à Ndoumba 1963 – 1987 16,5 1975 -19
Mayo Kébi à Cossi 1955 – 2000 86,8 1973 -33
Bénoué à Buffle N. 1955 - 1987 43,8 Pas de rupture
Bassin du Bénoué à Riao 1950 – 1991 208 1970 -44
Niger Bénoué à Garoua 1946 – 1991 318 1970 -40
Metchem à Gouri 1964 – 1986 104 Pas de rupture
Tsanaga à Bogo 1966 – 1998 7,18 Pas de rupture
Bassin du Lac Vina nord à Berem 1963 – 1992 24,5 1978 -23
Tchad Logone à Bongor 1948 – 1999 470 1971 -28
Logone à Laï 1953 – 1995 426 1970 -37
Chari à N’Djamena 1933 – 1999 951 1971 -45
Le tableau 3.10 présente les résultats de l’analyse comparative des écoulements des périodes
d’avant et après 1970. Aucun déficit n’est calculé quand les observations du cours d’eau ont
commencé au courant de la décennie 1960. L’examen des déficits ainsi calculés montre qu’à
l’exception de la Lokoundjé à Lolodorf, la Métchié aux Chutes et dans une moindre mesure la
Munaya à Akwem, tous les autres cours d’eau étudiés ont vu leur module diminuer après
l’année 1970. Dans le sud du pays les déficits varient de 5 à 21 % pour une moyenne de 14%,
alors qu’ils varient de 28 à 45% dans le Nord pour une moyenne de 35%.
138
Tableau 3.10 : Variation relative du module des différents cours d’eau de la
période 1971-1990 par rapport à la période 1941-1970
3.3.2.3.1.2 - Evolution des écoulements au Cameroun au cours du XXème siècle
Quelques échelles limnimétriques ont été suivies au Cameroun au courant des années 1930,
mais les activités hydrométriques n’ont réellement débuté dans le pays qu’à la fin des années
1940. Elles se sont poursuivies jusqu’à la fin de l’année 1987 et depuis lors le suivi des
stations se fait de manière très irrégulière. Au courant de la décennie 1990, la station
hydrométrique du Lom à Bétaré Oya a été suivie de manière épisodique par la SONEL, celle
du Mayo Kébi à Cossi a été suivie de la même manière dans le cadre du Projet HydroNiger
alors que le Nyong à Mbalmayo a été suivi en collaboration avec l’IRD dans le cadre du
programme PEGI. Bien qu’incomplète, les données de ces trois stations permettent de se
faire une idée de l’évolution des écoulements dans les différentes régions du pays au courant
de la seconde moitié du XXème siècle. Les observations hydrométriques dans d’autres pays de
139
l’Afrique tropicale (Niger à Koulikoro au Mali, Chari à N’Djamena au Tchad, Oubangui à
Bangui et Congo à Kinshasa) y seront associées à titre de comparaison.
Les analyses portent sur la variable centrée réduite calculée sur les modules par décennie pour
chacune des 7 stations. La figure 3.20 qui montre l’évolution des indices permet d’apprécier
les variations des débits des différents cours d’eau. En particulier, les décennies 1950 et 1960
sont excédentaires alors que les trois dernières décennies du siècle sont déficitaires pour
l’ensemble des cours d’eau étudiés. Il est important de souligner que les déficits sont observés
aussi bien sur les cours d’eau des régions humides du Sud que sur ceux des régions sèches du
Nord.
2
variable centrée réduite
-1
-2
1901-1910
1911-1920
1921-1930
1931-1940
1941-1950
1951-1960
1961-1970
1971-1980
1981-1990
1991-2000
Figure 3.20 : Evolution des écoulements par décennie au courant du XXème siècle au niveau de quelques
stations hydrométriques du Cameroun et de l’Afrique tropicale.
140
3.3.2.3.2 – VARIATIONS DES DEBITS CARACTERISTIQUES
Ces différents paramètres sont calculés sur l’année hydrologique, le passage d’une année à
l’autre se faisant en fin de saison sèche.
L’application du test de Pettit aux données disponibles donne les résultats du tableau 3.11. La
quasi-totalité des débits caractéristiques d’étiage présentent des ruptures au seuil de confiance
de 90%. Pour les débits caractéristiques de basses eaux, les déficits sont relativement
importants (entre 20 et 60% pour Qmin et le DCE). Ils diminuent ensuite à partir du DC6 pour
ne plus exister (ou presque) au niveau du DC11, du DCC et du Qmax.
141
Tableau 3.11 : Résultats du test de Pettit appliqué aux débits caractéristiques et calcul des variations
Qmin DCE DC1 DC3 DC6 DC9 DC11 DCC Qmax
Période rupture Variation rupture Variation rupture Variation rupture Variation rupture Variation rupture Variation rupture Variation rupture Variation rupture Variation
(%) (%) (%) (%) (%) (%) (%) (%) (%)
Observation
Kadéi à Batouri 1954 - 1991 1974 -37 1974 -38 1974 -39 1974 -30 1974 -23 néant néant néant 1978 -20
Boumba à Biwala 1965 – 1991 1972 -47 1972 -38 1972 -30 néant 1984 +2 1984 +18 1984 +31 néant néant
Dja à Somalomo 1955 – 1991 1975 -44 1975 -40 1975 -34 néant 1969 -22 1969 -13 néant néant néant
Doumé à Doumé 1946 – 1987 1975 -50 1975 -34 1974 -39 1969 -26 néant néant néant néant néant
Lobé à Kribi 1953 – 1986 néant néant néant néant néant néant néant néant néant
Lokoundjé à Lolod 1952 - 1987 1964 +34 1961 +25 néant néant 1961 +41 1961 +33 néant 1962 +37 1969 +25
Ntem à Ngoazik 1954 – 1992 1974 -30 1974 -27 1974 -29 1970 -34 1969 -37 1969 -22 néant néant néant
Seng à Assosseng 1955 – 1987 1970 -61 1970 -54 1971 -46 1970 -41 néant néant néant néant néant
Nyong à Ayos 1951 – 1987 1969 -49 1969 -51 1969 -56 1970 -56 1971 -31 néant néant néant néant
Nyong à Mbalm. 1951 – 2002 1975 -40 1975 -39 1975 -34 néant néant néant néant néant néant
Nyong à Déhané 1951 – 1987 néant néant néant néant néant néant néant néant néant
Mefou à Nsima 1964 – 1987 néant néant néant néant néant néant néant néant néant
Mungo à Mund 1952 – 1986 1969 -38 1968 -34 1969 -32 1969 -26 néant néant 1969 -13 néant néant
Nkam à Mélong 1951 – 1983 1967 -13 1967 -14 1967 -16 1969 -26 1970 -23 néant néant néant néant
Wouri à Yabassi 1951 – 1987 1960 -23 1957 -22 1957 -25 1957 -17 1960 -18 néant néant néant néant
Metchié aux Chut 1959 - 1987 1978 -52 néant néant néant néant néant 1974 +38 1974 +37 1974 +26
Mapé à Magba 1952 - 1987 1968 -61 1968 -59 1964 -40 1964 -25 néant néant néant néant néant
Vina S. Lahoré 1951 - 1987 1970 -35 1970 -29 1969 -26 néant néant néant néant néant néant
Lom à Bétaré o 1951 – 1994 1970 -61 1975 -53 1975 -48 1975 -20 néant néant néant néant néant
Téré à Ndoumba 1963 – 1987 néant 1975 -35 1975 -38 1975 -38 1976 -35 néant néant néant néant
142
La non-diminution des débits de hautes eaux en dépit de la baisse des précipitations peut
s’expliquer par les changements intervenus sur le plan de l’occupation des sols sur les bassins
versants. En effet, la diminution du couvert végétal et l’accroissement des surfaces cultivées
en particulier contribue à une augmentation du coefficient de ruissellement sur les bassins.
Cette dernière vient compenser la baisse des volumes précipités, d’où l’absence des déficits
pour les caractéristiques des hautes eaux. Si cette situation devait persister, toute chose égale
par ailleurs, on devrait arriver à la situation où on assiste à un accroissement des débits de
crue en dépit de la baisse des précipitations. Cette situation, déjà observée dans le contexte
sahélien (Mahé et al., 2002), se dessinerait très probablement déjà sur le bassin versant de la
Métchié aux Chutes sur les hauts plateaux de l’ouest du pays. Alors que la baisse des
précipitations est évaluée à environ 12% dans la région, on y observe un accroissement des
débits caractéristiques des hautes eaux de plus de 30% à partir de 1974. La région drainée par
le bassin versant de la Métchié est connue pour la forte densité de sa population. Il en découle
que la quasi-totalité du bassin versant est actuellement cultivée, d’où un accroissement du
taux de ruissellement. Il convient de noter également la taille (480 km²) relativement réduite
du bassin, qui ne permet pas le gommage des effets des activités anthropiques.
Un accroissement (30 à 40%) des débits de basses et hautes eaux est enregistré sur la
Lokoundjé à Lolodorf (1150 km²) dès le début de la décennie 1960. Sans exclure une
explication analogue à celle des deux précédents bassins, cette situation peut paraître normale
dans la mesure où la décennie 60 est l’une des plus humides sur toute l’étendue du territoire
camerounais.
On peut déduire de cette situation que des précipitations équivalentes à celles des décennies
1950 et 1960 seraient à l’origine de crues plus importantes dans les conditions actuelles. En
effet, compte tenu de l’accroissement régulier des populations du pays et du développement
continu des activités socio-économiques (agriculture, exploitation forestière, etc.), il faudrait
s’attendre à une augmentation de la part de l’écoulement sur les bassins de la quasi-totalité
143
des cours d’eau du pays. Il conviendrait d’en tenir compte dans les études de projets. Nous y
reviendrons au prochain chapitre.
Pour les basses eaux, en plus des conséquences de la diminution des volumes précipités,
l’augmentation du taux de ruissellement se fait au détriment de l’infiltration vers les nappes
qui soutiennent le débit des basses eaux. Pour chaque cours d’eau, les périodes de rupture sont
les mêmes pour le Qmin, le DCE, le DC1 et le DC3. Elles se situent majoritairement après
1970, soit après la baisse généralisée des volumes précipités soulignée plus haut.
Tableau 3.12 : Variation relative des débits caractéristiques des différents cours d’eau de la
période 1971-1990 par rapport à la période 1950-1970
Rivière et Station Qmin DCE DC1 DC3 DC6 DC11 DC9 DCC Qmax
Nyong à Ayos -0,47 -0,49 -0,54 -0,55 -0,28 -0,11 -0,04 -0,05 -0,05
Nyong à Déhané -0,36 -0,33 -0,32 -0,19 -0,12 0,00 0,00 -0,05 -0,05
Lokoundjé à Lolodorf -0,23 -0,21 -0,19 -0,15 -0,14 0,17 -0,06 -0,01 -0,01
Lobé à Kribi 0,12 0,05 -0,09 0,02 0,10 0,04 0,01 0,04 0,04
Ntem à Ngoazik -0,09 -0,08 -0,08 -0,10 -0,02 -0,06 0,04 0,06 0,06
Seng à Assosseng -0,24 -0,22 -0,27 -0,33 -0,34 -0,22 -0,11 -0,07 -0,07
Wouri à Yabassi -0,61 -0,55 -0,48 -0,42 -0,17 -0,12 -0,07 -0,02 -0,02
Nkam à Mélong -0,17 -0,14 -0,11 -0,15 -0,12 0,13 0,06 0,01 0,01
Mungo à Mundame -0,14 -0,14 -0,14 -0,24 -0,23 -0,10 -0,04 -0,08 -0,08
Mape à Magba -0,37 -0,33 -0,31 -0,25 -0,21 -0,14 -0,12 -0,12 -0,12
Métchié aux Chutes -0,59 -0,56 -0,25 -0,13 -0,13 -0,04 -0,03 -0,18 -0,18
Vina sud à Lahoré -0,22 -0,11 -0,09 -0,09 0,05 0,10 0,21 0,25 0,25
Lom à Bétaré Oya -0,35 -0,29 -0,25 0,02 -0,02 -0,12 -0,12 -0,12 -0,12
Dja à Somalomo -0,60 -0,56 -0,52 -0,24 -0,05 -0,02 -0,10 -0,08 -0,08
Doumé à Doumé -0,40 -0,36 -0,33 -0,25 -0,20 -0,11 -0,06 -0,07 -0,07
Kadéi à Batouri -0,29 -0,30 -0,32 -0,23 -0,17 -0,07 0,00 0,03 0,03
Nyong à Déhané -0,31 -0,32 -0,33 -0,25 -0,21 -0,10 -0,07 -0,06 -0,06
Kadéi à Batouri -0,47 -0,49 -0,54 -0,55 -0,28 -0,11 -0,04 -0,05 -0,05
En définitive, si les écoulements sont globalement plus déficitaires que les précipitations sur
l’ensemble du territoire, les étiages des cours d’eau sont de plus en plus sévères alors que les
hautes eaux semblent moins affectées.
144
CONCLUSION
Sur la base des informations disponibles, nous nous sommes attachés dans ce chapitre à faire
le point sur l’évolution du climat au Cameroun à partir des séries pluviométriques et
hydrométriques. Les analyses ont utilisé des méthodes statistiques variées et les techniques
cartographiques ont permis une représentation spatiale des résultats. Nos différents résultats
confirment la hausse des températures et la baisse généralisée des précipitations et des
écoulements observées en Afrique intertropicale.
145
La baisse des précipitations a considérablement affecté le régime des écoulements des cours
d’eau. Les débits moyens annuels ont proportionnellement plus diminué que le cumul des
pluies annuelles. Le déficit moyen peut être évalué à –15% pour les cours de la partie sud du
pays, contre –35% pour ceux du nord. Dans l’ensemble, les basses eaux ont été plus affectées
que les hautes eaux qui bénéficieraient de l’amélioration des conditions de ruissellement sur
les bassins.
146
CHAPITRE IV : EVOLUTION DES NORMES
HYDROPLUVIOMETRIQUES
147
4.1 – INTRODUCTION
La notion de ‘’norme’’ est considérée ici sur le plan pratique. Elle se réfère à une règle fixant
les conditions de l’exécution de projets dont on veut assurer la conformité aux conditions
climatologiques moyennes ou à un niveau de protection déterminé. En effet, les projets
d’aménagement basés sur l’eau sont en général dimensionnés en s’appuyant sur des normes
établies à partir des observations de terrain. Nous venons de montrer au chapitre précédent
que les précipitations et les écoulements sont globalement déficitaires au Cameroun. En
raison de cette situation, des changements sont intervenus sur les modes d’utilisation et de
gestion des ressources en eau mis au point ou adoptés au cours des périodes excédentaires.
C’est ainsi que, dans le domaine de l’hydroélectricité, la retenue d’eau de la Mapé à Magba à
été aménagée en 1984 sur le bassin de la Sanaga (d’autres sont en projet), pour améliorer la
capacité de régulation de son débit d’étiage devenu de plus en plus faible. Sur le plan agricole,
la construction de la retenue d’eau de Maga sur les rives du fleuve Logone dans le nord du
pays en 1979 visait la réduction de la dépendance de l’agriculture vis-à-vis des précipitations.
Paradoxalement à cette situation déficitaire, de nombreuses catastrophes liées aux crues et aux
inondations ont été également enregistrées au Cameroun au cours de la même période. On
peut citer le pont sur le Mayo Galké à Tcholliré dans le Nord, qui a été emporté en octobre
1999 par une crue dont la récurrence a été estimée à plus de 100 ans, les inondations du mois
d’août 2000 dans la ville de Douala (avec destruction des ouvrages de drainage), à la suite de
fortes précipitations (150 mm en deux jours), celles de juin 2001 à Limbé, dans la région du
Mont Cameroun, suite à des précipitations évaluées à plus de 570 mm en deux jours.
Devant de telles situations, on peut s’interroger sur l’adéquation à la réalité, des références
hydropluviométriques utilisées pour la réalisation des différents aménagements ? Pour évaluer
les risques associés à la gestion des nouveaux projets, doit-on utiliser les anciennes normes ou
en élaborer de nouvelles et sur quelles bases ? La situation sera discutée sur la base des
données de l’étude.
On admet généralement qu’une moyenne statistique est d’autant plus proche de la réalité que
la série à partir de laquelle elle a été déterminée est longue, mais on reconnaît par ailleurs
qu’une chronique de 30 années d’observations est suffisante pour conduire à une moyenne
convenable. Sur cette base l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM) recommande
que les normales soient déterminées sur une période de 30 ans. Les observations
148
hydroclimatiques sur l’ensemble du Cameroun n’ayant connu leur réel développement qu’au
cours de la décennie 1940, les normes habituellement utilisées se réfèrent à la période 1951-
1980. Les analyses des données hydroclimatiques actuellement disponibles nous permettront
de vérifier si cette pratique cadre avec la réalité actuelle. En raison de la faible variation des
paramètres de la température par rapport aux normales habituellement utilisées, nos analyses
se limiteront ici aux données de mesures des précipitations et des débits des cours d’eau.
Les grandes lignes des méthodes utilisées seront rappelées avant d’aborder les analyses.
4.2 – METHODOLOGIE
Le Logiciel Safarhy
Le logiciel Safarhy regroupe un large éventail de lois et de méthodes d’ajustement dont
l’usage montre qu’elles sont adaptées aux variables hydrologiques. Les lois utilisées sont les
suivantes :
- les lois continues qui appartiennent à la famille des lois normales (normale, log.
normale, racine carrée normale) ; à la famille des lois gamma (gamma, log.gamma) et
à la famille des lois de valeurs extrêmes (Gumbel, log.Gumbel, Weibull, Jenkinson) ;
149
- les lois discrètes sont la loi géométrique et la loi binomiale négative tronquée ;
- les lois exponentielles et des fuites.
Pour avoir une idée des dispersions d’échantillonnage, un certain nombre d’erreurs standards
sont également calculées. L’erreur standard d’un estimateur sans biais est l’écart-type de la
distribution d’échantillonnage de cet estimateur.
Le test d’adéquation des lois aux distributions empiriques est le test de ². La qualité de
l’ajustement ainsi que son intervalle de confiance sont également appréciés au moyen des
représentations graphiques.
Seuls les cumuls de précipitations annuelles seront analysés. Les variations des normales
pluviométriques sont étudiées par la méthode suivante : calcul de la normale des périodes
1941-1970, 1951-1980, 1961-1990 et 1971-2000 ; comparaison des cartes isohyètes de ces
périodes entre elles. Détermination des moyennes à partir des données de la période 1941-
2000, calcul des indices de variation relative entre cette moyenne et les quatre normales
précédentes. Il paraît également intéressant de mettre en évidence les écarts relatifs entre la
normale de référence (1951-1980) et les autres normales. Une représentation cartographique
des différents indices permettra d’apprécier l’évolution de la situation sur l’ensemble du
territoire.
150
4.3.1 – Comparaison des normales pluviométriques sur 30 ans
Il est d’usage de calculer les valeurs moyennes utilisées pour le tracé des cartes isohyètes sur
des périodes de trente ans. Les cartes de la figure 4.1 présentent, sous forme de courbes
isohyètes, les normales des périodes 1941-1970, 1951-1980, 1961-1990 et 1971-2000
déterminées à partir des données disponibles. Les variations les plus importantes entre les
différentes cartes sont observées dans la partie Nord du pays.
La normale 1941-1970 intègre la décennie sèche 1940 et les deux décennies humides 1950 et
1960, alors que celle de 1951-1980 intègre les 2 décennies humides et la décennie sèche 1970.
Si sur la première carte (1941 –1970) la courbe isohyète 600 mm reste en dehors du territoire
camerounais, elle est descendue d’environ 100 km et se retrouve au niveau de Kousseri
(N’Djamena) dans la deuxième (1951 –1980). Ceci montre que la décennie 1940 était moins
déficitaire dans la région que la décennie 1970.
La normale 1961-1990 intègre la décennie humide 1960 et les deux décennies sèches
suivantes. La courbe isohyète 600 mm est alors descendue plus au sud et l’isohyète 1000 mm
qui se trouvait au niveau de la localité de Mokolo dans les Monts Mandara sur les deux cartes
précédentes, se retrouve au niveau de Garoua, soit un glissement vers le sud de près de 250
km. Dans le sud du pays, la région couverte par l’isohyète 1600 mm a considérablement
diminué.
Pour les quatre périodes étudiées, la forme générale des isohyètes est maintenue sur
l’ensemble du pays, mais on note un glissement continu vers le sud, ce qui traduit un déficit
pluviométrique. Pour les périodes 1961-1990 et 1971-2000, le déplacement vers le sud est de
l’ordre de 200 km pour l’isohyète 600 mm, contre près de 250 km pour celle de 1000 mm.
Dans le sud du pays, ce déficit se traduit essentiellement par une diminution progressive de la
surface des régions précédemment encadrées par les isohyètes 1800-1600 mm au profit de
celle encadrée par 1600-1400 mm.
151
Le glissement des isohyètes vers le Sud du pays pour les périodes 1961-1990 et 1971-2000,
traduit un déficit pluviométrique par rapport aux années antérieures. Il bouscule ainsi
l’organisation zonale des climats habituellement admise sur le territoire camerounais.
Cependant, cette modification n’est réellement importante que dans la partie du pays au Nord
de l’Adamaoua. Si l’on considère la limite sud (750 mm) de la zone sahélienne définie par
Rodier (1964) par exemple, par rapport à la normale de la période 1941-1970, les cartes de la
figure 4.1 montrent qu’elle se situe en dehors du Cameroun. La normale de la période 1951-
1980 la situe par la suite légèrement au sud de Kousseri alors qu’elle se trouve au niveau de la
région Mora-Maroua si l’on considère la normale 1971-2000. Cette délimitation situe de ce
fait une bonne partie du territoire camerounais dans le Sahel alors qu’il en est exclu si l’on
considère les précipitations antérieures. Par contre, si l’on considère plutôt la délimitation des
régions proposée par Olivry (1986), ce glissement des isohyètes vers le Sud contribue
essentiellement à la diminution de l’abondance des précipitations dans les différentes Zones
qu’il a définies. Ainsi, la Zone N°8 (de précipitations comprises entre 400 et 900 mm) qui
intègre la région Kousseri-Maroua que nous venons de décrire reste quasiment la même, sa
limite sud ayant très peu varié. Il en va de même pour les autres subdivisions. Toutefois, la
diminution des volumes annuels précipités peut atteindre 45% dans les zones N°7 et 8,
comme on le verra au prochain chapitre, alors qu’elle est de l’ordre de 20% pour les autres
régions dans le Sud du pays.
En définitive, si l’abondance des précipitations dans les régions climatiques définies par
Olivry (1986) a globalement diminué, son organisation spatiale a très peu varié et peut encore
être retenue. Toutefois, si les régimes hydrologiques du Cameroun sont calqués sur ceux des
précipitations il n’en va pas forcément de même pour tous les autres éléments caractéristiques
du climat. Des études complémentaires sont par conséquent indispensables pour permettre
une définition des régions climatiques homogènes au regard de toutes les exigences
climatiques et bioclimatiques. Outre les bilans hydriques, une telle entreprise devrait inclure
des études de bilans d’énergie et de tous les autres paramètres qui déterminent les conditions
d’équilibre des écosystèmes.
152
N’Djamena N’Djamen
12 Normale pluviométrique 12 Normale pluviométrique a
pour la période 1940-1970 pour la période 1951 - 1980
Maroua Maroua
10 10
Garoua Garoua
8 8
Ngaoundér Ngaoundér
é é
Banyo Banyo
6 6
Bafoussam Yoko Bafoussa Yoko
m
Bertoua Bertoua
4 Douala 4 Douala
Yaoundé Yaoundé
Yokadoum Yokadoum
a a
Kribi Ebolowa Kribi Ebolowa
Ambam Ambam
2 Ouesso 2 Ouesso
8 10 12 14 16 8 10 12 14 16
Normale pluviométrique
N’Djamen N’Djamena
12 12 pour la période 1971 - 2000
a
Normale Pluviométrique
pour la période 1961 - 1990
Maroua Maroua
10 10
Garoua Garoua
8 8
Ngaoundér Ngaoundéré
é
Banyo Banyo
6 6
Bafoussa Yoko Bafoussam Yoko
m
Bertoua Bertoua
4 Douala 4 Douala
Yaoundé Yaoundé
Yokadoum Yokadouma
a
Kribi Ebolowa Kribi Ebolowa
Ambam Ambam
2 2 Ouesso
Ouesso
8 10 12 14 16 8 10 12 14 16
Echelle 1 : 13.500.000
Figure 4.1 : Normales (isohyètes en mm) pluviométriques 1941-1970, 1951-1980, 1961-1990 et 1971-2000
153
4.3.2 – Comparaison de la normale 1951-1980 aux autres normales
Il nous a paru intéressant de mettre en évidence les écarts relatifs entre la normale de
référence (1951-1980) et les autres, y compris la valeur moyenne calculée sur la base de
l’ensemble des données de la période d’observation 1941-2000. La figure 4.2 présente les
résultats obtenus.
Les écarts entre les normales 1941-1970 et 1951-1980 sont relativement modestes. Ils sont
compris entre –5 et +5% sur la quasi-totalité du territoire. La marge d’erreur qu’impliquerait
l’utilisation de l’une à la place de l’autre est relativement faible. On peut en conclure qu’elles
sont équivalentes.
Entre les normales 1961-1990 et 1951-1980, les écarts deviennent de plus en plus importants,
notamment dans la partie Nord du pays où ils peuvent atteindre 20% (100 à 200 mm d’écart
selon les régions). Les marges d’erreur deviennent de plus en plus importantes et
l’interchangeabilité des normales présente un risque considérable.
Les différences sont encore plus importantes entre les normales 1971-2000 et 1951-1980. La
plage représentant les écarts de 5 à 10 % entre les deux normales recouvre plus de la moitié
du pays alors que la plage 10 à 15% intéresse tout l’extrême nord, la région du Mont
Cameroun et une partie de la région montagneuse Ouest du pays.
Les valeurs moyennes calculées sur l’ensemble des données de la période d’observation
(1941-2000) sont généralement plus faibles que celles de la période de référence habituelle.
Les écarts entre les deux normales restent cependant modestes dans l’ensemble. Ils sont
compris entre 0 et 5% et peuvent être considérés comme négligeables.
En définitive, seules les normales 1971-2000 se démarquent nettement des autres, ce qui
souligne le caractère nettement déficitaire des trois dernières décennies.
154
13 13
10 10
Garoua Garoua
9 9
8 8
Ngaoundér Ngaoundér
7 é 7 é
Banyo Banyo
6 6
Bafoussam Yoko Bafoussam Yoko
5 5
Bertoua Bertoua
4 Douala 4 Douala
Yaoundé Yaoundé
Yokadoum Yokadouma
a
3 Kribi Ebolowa 3 Kribi Ebolowa
Ambam Ambam
2 Ouesso
2 Ouesso
9 10 11 12 13 14 15 16 9 10 11 12 13 14 15 16
13 13
Variation relative entre les
normales 1951-1980 et N’Djamen Variation (%) N’Djamena
12 1971-2000 a 12 Variation relative normales 1951-1980
moyennes 1941-2000
11 11
25
Maroua Maroua
10 15
10
Garoua 10
Garoua
9 9
5
8 0
8
Ngaoundér -5
é Ngaoundéré
7 7
Banyo -10
Banyo
6 -15
6
Bafoussa Yoko
-20 Bafoussam Yoko
m
5
-25 5
Bertoua
Bertoua
4 Douala -30
Yaoundé Douala
4 Yaoundé
Yokadoum
a
-40 Yokadouma
3 Kribi Ebolowa
3 Kribi Ebolowa
Ambam
Ambam
2 Ouesso
2 Ouesso
9 10 11 12 13 14 15 16
9 10 11 12 13 14 15 16
Echelle 1 : 13.500.000
Figure 4.2 : Variation relative entre la normale des précipitations annuelles 1951-1980,
les normales 1941-1970, 1961-1990, 1971-2000 et la moyenne 1941-2000
155
4.3.3 – Comparaison des normales sur 30 ans aux valeurs moyennes 1941-2000
La période 1941-2000 présente l’avantage statistique d’être plus longue et d’intégrer à la fois
toutes les décennies sèches et humides de la période d’observation. Les cartes de la figure 4.3
montrent les écarts entre les normales de cette période et celles calculées sur des périodes de
30 ans.
Les valeurs des normales 1941-1970 et 1951-1980 sont dans l’ensemble supérieures à la
moyenne de la période 1941-2000, contrairement à celles des périodes 1961-1990 et 1971-
2000. Cependant, en dehors de l’extrême Nord du pays et de quelques régions comme celle
du Mont Cameroun et l’extrême sud-est, les écarts restent voisins de 5%. On peut en conclure
que la moyenne calculée sur l’ensemble des données reste globalement plus proche des autres
normales calculées sur des périodes de 30 ans.
156
13 13
N’Djamen N’Djamen
12 a
12 a
Variation relative normales 1941-1970 Variation relative normales 1951-1980
et moyennes 1941-2000 et moyennes 1941-2000
11 11
Maroua Maroua
10 10
Garoua Garoua
9 9
8 8
Ngaoundér Ngaoundér
7 é 7 é
Banyo Banyo
6 6
Bafoussa Yoko Bafoussa Yoko
m m
5 5
Bertou Bertou
a a
4 Douala 4 Douala
Yaound Yaound
é Yokadoum é Yokadoum
a a
3 Kribi Ebolow 3 Kribi Ebolow
a a
Amba Amba
2 m 2 m
Ouess Ouess
o o
9 10 11 12 13 14 15 16 9 10 11 12 13 14 15 16
13 13
N’Djamena
Variation (%) N’Djamena
12 12
Variation relative normales 1961-1990 Variation relative normales 1971-2000
11 moyennes 1941-2000 11 et moyennes 1941-2000
Maroua
25 Maroua
10 15 10
Garoua 10 Garoua
9 9
5
8 0 8
Ngaoundéré -5 Ngaoundéré
7 7
Banyo -10 Banyo
6 -15 6
Bafoussam Yoko Bafoussam Yoko
-20
5 5
Bertoua
-25 Bertoua
Ambam Ambam
2 Ouesso 2 Ouesso
9 10 11 12 13 14 15 16 9 10 11 12 13 14 15 16
Echelle 1 : 13.500.000
Figure 4.3 : Variation relative entre la moyenne des précipitations de la période 1941-2000 et
les normales 1941-1970, 1951-1980 , 1961-1990 et 1971-2000
157
4.3.4- Analyse des événements de diverses récurrences
Les analyses précédentes ont porté sur les valeurs moyennes. Les projets d’aménagement
s’appuient également sur d’autres références qui sont variables en fonction du niveau de
sécurité (période de retour de l’événement contre lequel on voudrait se prémunir par exemple)
souhaité. La détermination du niveau de protection est basée sur des analyses économiques du
couple investissements-dommages. Celles-ci sortent du cadre de cette étude. On peut
cependant rappeler quelques récurrences habituellement utilisées dans le cadre des projets
routiers au Cameroun. On admettra que les références sont identiques pour les précipitations
et les écoulements :
- 10 ans pour les petits ouvrages de franchissement comme les buses et dalots,
- 20 à 50 ans pour les ponts de petite à moyenne importance,
- 100 ans pour les ponts de plus de 100 mètres.
Nous examinerons les conséquences du choix des échantillons de référence (données des
périodes 1951-1980, 1941-2000 et 1971-2000), sur les décisions à prendre en matière de
sécurité. Des lois statistiques sont ajustées aux différentes séries de données et les résultats
sont analysés.
Sauf dans des cas rares, les quantiles calculés à partir des données de la période 1951-1980,
qui intègre les décennies humides 1950 et 1960, sont supérieurs à ceux calculés avec les
autres séries. Les variations relatives entre les pluies associées aux différentes récurrences
calculées sur les deux périodes se présentent comme suit :
Les valeurs des pluies associées aux récurrences humides sur ces deux périodes sont en
général plus proches que celles associées aux récurrences sèches. D’autre part, les différences
sont d’autant plus importantes que les événements sont rares. Il semble par ailleurs qu’elles
158
soient plus importantes pour les stations présentant une rupture. Les figures 4.4 et 4.5
illustrent ces variations au niveau de quelques stations pluviométriques des différentes régions
climatiques du pays.
Comme dans le cas précédent, les valeurs des pluies associées aux récurrences humides sur
ces deux périodes sont en général plus proches que celles associées aux périodes sèches et les
différences sont d’autant plus importantes que les événements sont rares. Dans l’ensemble, les
quantiles calculés à partir des données de la période 1971-2000 sont inférieurs à ceux calculés
sur la période 1941-2000. Les variations relatives entre les différents quantiles se présentent
comme suit :
Humide Sèche
Pluies décennales 1971-2000 par rapport 1941-2000 0 à -10% 0 à -15%
Pluies vicennales 1971-2000 par rapport 1941-2000 0 à -10% 0 à -12%
Pluies cinquantennales 1971-2000 par rapport 1941-2000 0 à -15% 0 à -15%
Pluies centennales 1971-2000 par rapport 1941-2000 0 à -15% 0 à -20%
Les figures 4.4 et 4.5 illustrent les variations au niveau de quelques stations représentatives
des différentes régions climatiques du pays. Nous donnons également dans le tableau 4.1, les
valeurs absolues des hauteurs de précipitations de diverses récurrences à quelques postes
répartis dans les différentes régions du pays, calculées sur l’ensemble de la période
d’observation (1941-2000), la période récente (1971-1990) et sur la période de référence
(1951-1980) habituellement utilisée.
159
Tableau 4.1 : Hauteurs de précipitations annuelles (mm) de diverses récurrences à quelques postes répartis dans les différentes régions du pays
Récurrences Humides
Bamenda 2785 2829 2513 2894 2925 2572 3017 3033 2631 3099 3105 2666
Bertoua 1827 1902 1740 1910 1974 1808 2004 2055 1884 2066 2109 1934
Debundscha 13683 14410 13641 14660 15397 15359 15760 16508 17552 16494 17249 19186
Douala Avia 4619 4767 4241 4821 4952 4412 5049 5159 4605 5201 5298 4733
Garoua Ville 1183 1191 1154 1239 1243 1202 1303 1301 1257 1346 1340 1293
Kribi 3538 3446 3549 3718 3607 3749 3919 3788 3974 4054 3908 4125
Maroua Agri 984 956 1015 1052 995 1093 1133 1040 1188 1191 1070 1256
Ngaoundéré 1717 1749 1672 1777 1803 1726 1845 1864 1787 1890 1904 1827
Sangmelima 1967 1987 1873 2054 2073 1938 2152 2169 2012 2218 2233 2061
Yaoundé 1863 1859 1837 1947 1928 1945 2042 2006 2073 2106 2057 2164
N’Djamena 762 777 677 817 826 724 879 881 777 920 918 812
Récurrences Sèches
Bamenda 2013 2153 1850 1903 2057 1706 1780 1949 1524 1698 1878 1390
Bertoua 1241 1395 1264 1157 1323 1197 1064 1242 1121 1001 1188 1070
Debundscha 6787 7447 5909 5809 6459 5248 4709 5349 4592 3976 4608 4201
Douala Avia 3191 3467 3035 2988 3282 2864 2761 3075 2672 2609 2936 2544
Garoua Ville 782 828 811 726 776 762 662 718 708 619 679 671
Kribi 2273 2311 2137 2094 2150 1937 1892 1969 1712 1758 1849 1562
Maroua Agri 617 677 602 577 637 559 536 593 514 510 563 486
Ngaoundéré 1290 1368 1291 1230 1314 1237 1162 1254 1176 1117 1213 1136
Sangmelima 1351 1385 1411 1264 1299 1345 1166 1203 1271 1100 1139 1222
Yaoundé 1267 1372 1229 1182 1303 1161 1087 1226 1089 1023 1174 1043
N’Djamena 376 432 345 321 383 298 259 328 245 218 291 209
160
CHAPITRE5: IMPACT DE LA VARIABILITE CLIMATIQUE SUR LES RESSOURCES EN EAU DU CAMEROUN, PERSPECTIVES D’EVOLUTION
Figure 4.4 : Pluies annuelles en fonction des périodes de retour pour les récurrences humides
à quelques stations représentatives des différentes régions du Cameroun.
161
Figure 4.5 : Pluies annuelles en fonction des périodes de retour pour les récurrences sèches
à quelques stations représentatives des différentes régions du Cameroun.
162
Sur le plan de la statistique, les différences entre quantiles sont telles qu’une pluie de
récurrence décennale calculée à partir des données de la période 1951-1980 peut être
supérieure à la pluie de récurrence cinquantennale calculée à partir de celles de la période
1971-2000. L’incidence du choix de l’une ou l’autre série pour les calculs relatifs aux projets
d’investissement est donc considérable. La question est d’autant plus délicate que dans le cas
de certaines stations, les séries de données dont on dispose couvrent de courtes périodes qui
peuvent être situées avant ou après 1970. Dans ces conditions, et malgré toutes les possibilités
qu’offrent les statistiques, les résultats que l’on obtiendrait à partir de telles séries seront
toujours entachés d’une incertitude non négligeable. La situation est plus préoccupante pour
les écoulements comme on va le voir dans la suite.
Les séries hydrométriques disponibles pour l’étude portent sur des périodes d’observation
beaucoup plus courtes (situées grosso modo entre 1950-1990), que dans le cas de la
pluviométrie. Dans ces conditions les analyses comparatives se limiteront aux quantiles
calculés sur l’ensemble des chroniques disponibles à chaque station (1950-1990), et ceux
calculés sur la période récente (1971-1990).
Les variables étudiées sont les modules et les débits caractéristiques des hautes et basses eaux.
Des ajustements de loi de probabilité ont été réalisés sur les différentes variables au moyen du
logiciel Safarhy, tels que décrits précédemment.
D’une manière générale, les valeurs de débit associées aux différentes récurrences calculées à
partir des données de la période 1971-2000 sont inférieures à celles calculées sur la période
1950-1990. Les différences sont sensiblement les mêmes pour les récurrences sèches et
humides. Généralement plus importantes que dans le cas des précipitations, elles se situent
autour de –10% pour les cours d’eau situés dans le sud du pays et varient de -15 à -30% pour
ceux du Nord. En terme de probabilité, les différences entre quantiles sont telles que la valeur
du débit moyen annuel de récurrence décennale calculée à partir des données de la période
1950-1990 peut être supérieure à celle du débit de récurrence centennale, voire millennale,
calculée à partir de la série 1971-1990.
163
Les figures 4.6 et 4.7 illustrent la distribution des fréquences des débits moyens de quelques
cours d’eau de différentes régions climatiques du pays, pour les récurrences humides et
sèches. Nous donnons également dans le tableau 4.2, la valeur absolue des débits moyens
annuels de diverses récurrences sur quelques cours d’eau de différentes régions du Cameroun,
calculées sur l'ensemble la période d’observation (1950-1990) et sur la période récente (1971-
1990). Il va de soit que la signification des valeurs du tableau doit être nuancée en fonction de
la longueur des séries utilisées, et notamment celles de la période récente pour laquelle la
taille des échantillons utilisés est généralement modeste, soit une vingtaine d’année dans le
meilleur des cas et seulement 15 d’années dans la plupart des cas. Noter toutefois, qu’il est
généralement admis qu’une chronique de données peut être utilisée pour calculer un quantile
de récurrence égale à 3 fois la taille de l’échantillon.
164
Tableau 4.2 : Débits moyens annuels (m3/s) de diverses récurrences par rapport aux périodes
d’observation 1950-1990 et 1971-1990, à quelques stations de différentes régions
du Cameroun
Récurrences Humides
Kadéi à Batouri 136 131 143 138 150 145 155 150
Dja à Somalomo 82,3 75,8 87 79,8 92,2 84,2 95,8 87,2
Doumé à Doumé 7,78 7,1 8,37 7,64 9,1 8,3 9,62 8,77
Lokoundjé à Lolodorf 37,4 37,6 40 39,9 42,9 42,6 44,8 44,4
Ntem à Ngoazik 338 288 360 303 384 320 400 331
Seng à Assoseng 9,08 9,14 9,62 9,91 10,2 10,9 10,7 11,6
Nyong à Ayos 71,4 67,9 76 75,6 81,3 85,4 84,7 92,5
Nyong à Mbalmayo 187 175 198 185 210 197 219 205
Nyong à Déhané 546 491 577 520 613 555 636 578
Nkam à Mélong 83,4 76,4 87,3 80,2 91,6 84,3 94,6 87,1
Wouri à Yabassi 364 354 382 373 401 394 414 408
Lobé à Kribi 127 132 134 140 142 150 147 185
Mapé à Magba 113 104 120 110 127 117 131 122
Vina Sud à Lahoré 42,8 41,2 45,1 43,9 47,6 46,8 49,3 48,8
Lom à Bétaré Oya 202 185 214 193 228 203 238 209
Récurrences sèches
Kadéi à Batouri 89,1 83,4 82,5 76,7 75 69,1 70 64,1
Dja à Somalomo 49,3 47,7 44,6 43,7 39,4 39,2 35,9 36,2
Doumé à Doumé 4,62 4,23 4,29 3,93 3,95 3,62 3,74 3,43
Lokoundjé à Lolodorf 19,2 20,8 16,6 18,4 13,7 15,7 11,8 13,9
Ntem à Ngoazik 187 184 166 169 142 152 126 141
Seng à Assoseng 5,23 5,15 4,68 4,75 4,07 4,34 3,66 4,08
Nyong à Ayos 38,7 31,8 34 30,7 28,8 25,3 25,3 23,3
Nyong à Mbalmayo 110 101 99,2 90,5 86,9 78,7 78,7 70,9
Nyong à Déhané 325 315 294 294 259 272 235 258
Nkam à Mélong 55,9 50,2 52 46,5 47,6 42,3 44,7 39,5
Wouri à Yabassi 242 223 224 205 205 184 192 170
Lobé à Kribi 78,1 71,9 71,1 63,4 63,3 53,8 58,1 47,5
Mapé à Magba 69,3 60,1 63 53,9 56 46,9 51,3 42,3
Vina Sud à Lahoré 26,9 22,7 24,7 20 22,1 17,1 20,4 15,1
Lom à Bétaré Oya 136 126 129 118 121 108 116 102
165
Figure 4.6 : Débits annuels en fonction des périodes de retour pour les récurrences humides
à quelques stations hydrométriques dans différentes régions du Cameroun.
166
Figure 4.7 : Débits annuels en fonction des périodes de retour pour les récurrences sèches
à quelques stations hydrométriques dans différentes régions du Cameroun.
167
4.4.2- Analyse des débits caractéristiques
Les débits caractéristiques étudiés sont : le débit moyen journalier minimum annuel (Qmin), le
débit moyen journalier maximum annuel (Qmax), le débit non dépassé pendant 10 jours de
l’année (DCE), le débit atteint ou dépassé pendant 10 jours de l’année (DCC), les débits
respectivement non dépassés pendant 1, 3 et 6 mois (DC1, DC3 et DC6 ) ainsi que les débits
respectivement atteints ou dépassés 1 mois et 3 mois de l’année (DC11 et DC9).
Des ajustements de loi de probabilité ont été réalisés sur ces différentes variables au moyen
du logiciel Safarhy.
Comme dans le cas des paramètres précédents, les valeurs de débit associées aux différentes
récurrences calculées sur la période 1950-1990 sont en général supérieures à celles calculées
sur la période 1971-1990. Les différences entre les résultats obtenus à partir des paramètres
relatifs aux basses eaux sont sensiblement supérieures à celles calculées entre les paramètres
des hautes eaux. Dans le Nord du pays, les différences entre les paramètres des basses eaux
peuvent atteindre -30% contre –10% dans le Sud pour les événements de récurrence 10 à 20
ans, -60% dans le Nord contre -30% dans le Sud pour les événements plus rares. Entre les
paramètres des hautes eaux, les différences sont en général inférieures à -10% pour les
récurrences de 10 à 50 ans dans le Sud, mais peuvent atteindre –20% dans le Nord pour les
mêmes récurrences.
La différence observée entre l’évolution des paramètres des hautes eaux et ceux des basses
eaux découle du fait que les premières bénéficient de l’amélioration des conditions de
ruissellement sur les bassins. En effet, les relations pluie-débit sur les bassins versants sont
telles que les effets de l’augmentation du coefficient de ruissellement de 10 à 15% par
exemple (processus fort probable à cours terme sur les bassins versants de moins de 1000
km²), sont comparables à ceux qu’induirait une pluie millennale au débit de pointe, par
rapport à la pluie décennale. Une augmentation du coefficient de ruissellement du bassin
versant peut par conséquent contribuer à un accroissement des débits maxima qui masque la
baisse consécutive au déficit des précipitations.
Les figures 4.8 et 4.9 illustrent la distribution des fréquences des débits moyens maximum et
minimum annuels de quelques cours d’eau de différentes régions climatiques du pays, pour
les récurrences sèches et humides. Nous donnons également dans les tableaux 4.3 et 4.4, les
168
valeurs absolues des débits maximums et minimums annuels de diverses fréquences
(récurrences sèche et humide), calculés sur la période récente (1971-1990) et sur la période
complète d’observation (décennies 50 à 80), pour quelques stations dans différentes régions
du Cameroun. Il convient de rappeler que la signification des valeurs du tableau doit être
nuancée en tenant compte de la longueur des séries utilisées, et notamment celles de la
période récente pour la quelle la taille des échantillons est comprise entre 15 et 20 ans.
Tableau 4. 3 : Débits maximums annuels (m3/s) de diverses récurrences par rapport aux périodes
d’observation 1950-1990 et 1971-1990, à quelques stations de différentes régions
du Cameroun
Récurrences humides
Kadéi à Batouri 389 394 410 419 433 447 449 465
Dja à Somalomo 216 202 227 211 239 220 247 226
Doumé à Doumé 18,2 18,1 19,4 19 20,8 20 21,8 20,6
Lokoundjé à Lolodorf 194 219 220 246 253 282 277 308
Ntem à Ngoazik 989 1006 1055 1079 1132 1166 1186 1226
Seng à Assoseng 38,7 39,5 40,6 41,6 42,7 43,9 44,1 45,5
Nyong à Ayos 203 198 214 210 228 223 237 232
Nyong à Mbalmayo 475 472 500 497 528 525 547 544
Nyong à Déhané 1670 1702 1755 1785 1850 1878 1914 1940
Nkam à Mélong 340 359 360 386 382 417 396 437
Wouri à Yabassi 1899 2010 2021 2158 2159 2325 2251 2436
Lobé à Kribi 479 497 504 523 533 553 551 572
Mapé à Magba 512 413 548 435 588 460 614 477
Vina Sud à Lahoré 141 140 149 151 158 165 164 174
Lom à Bétaré Oya 675 684 717 731 769 786 805 824
Récurrences sèches
Kadéi à Batouri 244 220 223 196 200 168 185 149
Dja à Somalomo 140 144 129 135 117 126 108 120
Doumé à Doumé 11,8 11,9 11,1 11 10,4 10,1 9,88 9,39
Lokoundjé à Lolodorf 81,5 93,8 72,1 83,2 62,8 72,7 57,2 66,4
Ntem à Ngoazik 599 580 554 532 506 481 476 449
Seng à Assoseng 25,6 24,6 23,8 22,5 21,7 20,2 20,3 18,6
Nyong à Ayos 118 113 106 101 92,6 87,4 83,6 78,4
Nyong à Mbalmayo 298 297 274 272 245 244 227 225
Nyong à Déhané 1073 1118 989 1035 893 942 830 880
Nkam à Mélong 201 168 182 141 160 110 145 90,1
Wouri à Yabassi 1036 966 914 818 776 651 684 540
Lobé à Kribi 302 310 277 284 249 254 230 234
Mapé à Magba 261 257 226 235 186 210 159 193
Vina Sud à Lahoré 85 74,7 77,1 67,6 68,2 60,2 62,3 55,6
Lom à Bétaré Oya 438 410 411 378 384 345 367 324
169
Tableau 4.4 : Débits minimums annuels (m3/s) de diverses récurrences par rapport aux périodes
d’observation 1950-1990 et 1971-1990 à quelques stations de différentes régions
du Cameroun
Récurrences humides
Kadéi à Batouri 56,3 48,9 60,5 53,8 65,2 59,7 68,3 63,8
Dja à Somalomo 24,1 17,4 29,3 20,4 36,6 24,4 42,4 27,5
Doumé à Doumé 2,89 2,86 3,5 3,56 4,35 4,45 5,02 5,12
Lokoundjé à Lolodorf 5,37 5,49 6,24 5,99 7,42 6,56 8,33 6,94
Ntem à Ngoazik 73,5 59,7 86,3 65,1 103 71,3 117 75,5
Seng à Assoseng 0,79 0,45 0,88 0,54 0,99 0,65 1,06 0,73
Nyong à Ayos 15,3 10,7 18,5 13,1 22,6 16,2 25,6 18,5
Nyong à Mbalmayo 46,2 37,2 54,7 43,9 65,2 52,3 72,9 58,4
Nyong à Déhané 128 111 152 123 184 137 209 146
Nkam à Mélong 13,7 12,8 14,3 13,5 15,1 14,3 15,6 14,8
Wouri à Yabassi 59,7 55,3 63,5 59,2 67,9 63,6 70,8 66,5
Lobé à Kribi 12,1 10,7 13,4 11,4 15,1 12,2 16,3 12,7
Mapé à Magba 4,33 2,48 5,23 3,04 6,37 3,82 7,21 4,45
Vina Sud à Lahoré 5,88 5 6,41 5,48 7,01 6,03 7,41 6,39
Lom à Bétaré Oya 43,6 20 53,2 22,1 66,5 24,6 77,2 26,5
Récurrences sèches
Kadéi à Batouri 26,8 22,4 22,6 19,7 17,9 17 14,8 15,3
Dja à Somalomo 6,03 5,68 4,95 4,84 3,97 4,05 3,42 3,59
Doumé à Doumé 0,72 0,29 0,59 0,18 0,46 0,1 0,39 0,06
Lokoundjé à Lolodorf 1,97 1,94 1,73 1,43 1,51 0,86 1,38 0,49
Ntem à Ngoazik 23,6 20,9 20,1 15,4 16,8 9,22 14,9 5,09
Seng à Assoseng 0,1 0,08 0 0,06 0 0,04 0 0,03
Nyong à Ayos 2,38 1,34 1,65 0,87 1,04 0,51 0,74 0,35
Nyong à Mbalmayo 9,69 7,91 7,21 5,91 5,02 4,14 3,87 3,2
Nyong à Déhané 38,2 24,1 32,2 11,9 26,6 0 23,4 0
Nkam à Mélong 9,13 7,89 8,49 7,2 7,76 6,42 7,27 5,9
Wouri à Yabassi 32,5 27,9 28,6 24 24,3 19,7 21,4 16,7
Lobé à Kribi 5,86 5,84 5,29 5,15 4,71 4,37 4,36 3,85
Mapé à Magba 0,68 0,69 0,47 0,6 0,3 0,51 0,21 0,46
Vina Sud à Lahoré 2,12 1,59 1,59 1,11 0,99 0,56 0,59 0,2
Lom à Bétaré Oya 10,8 10,1 8,81 9,11 7,05 8,17 6,07 7,59
170
Figure 4.8 : Débits moyens maximums annuels en fonction des périodes de
retour à quelques stations de différentes régions du Cameroun, pour
les récurrences humides (à gauches) et sèches (à droite).
171
Figure 4.9 : Débits moyens minimums annuels en fonction des périodes de retour
à quelques stations de différentes régions du Cameroun, pour
les récurrences humides (à gauches) et sèches (à droite).
172
CONCLUSION
Sur le plan de la pluviométrie, les différences entre les normales 1971-2000 et 1951-1980 sont
plus importantes dans le Nord du pays où elles peuvent atteindre 20% (ainsi que dans la
région du Mont Cameroun et les régions très pluvieuses de l’Ouest), contre environ 10% dans
le Sud. Dans le nord du pays, par rapport à la période 1951-1980, on note un glissement de
l’isohyète 600 mm sur environ 200 km vers le sud, pour la période 1971-2000, ainsi qu’un
glissement d’environ 250 km pour l’isohyète 1000 mm, également vers le sud. Les
différences entre quantiles sont telles qu’une pluie de récurrence décennale calculée à partir
des données de la période 1951-1980 peut être supérieure à la pluie de récurrence
cinquantennale, voire centennale, calculée à partir de celles de la période 1971-2000.
Les valeurs moyennes calculées sur les données de la période 1941-2000 sont dans
l’ensemble inférieures à celles des périodes 1941-1970 et 1951-1980 mais, avec une moyenne
de l’ordre de 5% les écarts restent relativement faibles.
Les écarts entre des paramètres relatifs aux basses eaux calculés sur les périodes 1950-1990 et
1971-1990 sont sensiblement supérieurs à ceux calculés entre les paramètres des hautes eaux
pour les mêmes périodes. Si ces écarts peuvent atteindre -30% dans le Nord du pays contre -
10% dans le Sud pour les paramètres de basses eaux de récurrence 10 à 20 ans, ils sont en
général de l’ordre de -5% dans le Sud contre –10 à –20% dans le Nord pour les hautes eaux
de mêmes récurrences. Cette différence tiendrait au fait que les paramètres de hautes eaux
bénéficient d’une amélioration des conditions de ruissellement sur les bassins. Il est par
conséquent indispensable de prendre en considération les changements potentiels des ‘’états
de surface’’, pouvant intervenir au niveau du bassin versant, dans la définition des références
à l’usage des aménagistes.
174
des chroniques de données semblent mieux concilier les écarts entre les normales des périodes
de référence sèches et humides.
Le glissement des isohyètes vers le Sud du pays pour les périodes 1961-1990 et 1971-2000,
traduit un déficit pluviométrique par rapport aux années antérieures. Il bouleverse ainsi
l’organisation zonale des climats habituellement admise. Ainsi, par rapport à la normale
pluviométrique 1971-2000, la partie du territoire camerounais au Nord de la localité de Mora
peut être considérée comme faisant partie de la zone sahélienne alors que tout le pays en était
exclu au regard de celle de la période 1941-1970. Cependant, cette modification n’est
réellement importante que dans la partie du pays au Nord de l’Adamaoua. Toutefois, par
rapport à la délimitation des régions proposée par Olivry (1986), le glissement des isohyètes
vers le Sud contribue essentiellement à la diminution de l’abondance des précipitations dans
les différentes zones définies sans en changer considérablement l’organisation spatiale. En
conséquence, cette organisation reste encore valable. Des études complémentaires, qui sortent
du cadre de ce travail, sont cependant indispensables pour permettre une définition des
régions climatiques homogènes au regard de toutes les exigences climatiques et
bioclimatiques. Outre les bilans hydriques, une telle entreprise devrait inclure des études de
bilans d’énergie et de tous les autres paramètres qui déterminent les conditions d’équilibre des
écosystèmes.
175
CHAPITRE V : IMPACT DE LA VARIABILITE CLIMATIQUE
SUR LES RESSOURCES EN EAU DU CAMEROUN,
PERSPECTIVES D’EVOLUTION
176
5.1 - INTRODUCTION
En effet, l’impact suppose un usage défini, et les usages de l’eau sont multiples. Ils vont de la
demande in situ du milieu naturel, à l’agriculture irriguée et pluviale, l’eau potable, la
navigation, l’industrie, l’hydroélectricité, la dilution d’effluents, les loisirs, etc.. Ces
demandes sont différentes par leurs besoins en terme de degré de sensibilité aux variations, la
saisonnalité des besoins, les exigences de qualité, etc.. Ces différents aspects dépassent de
loin l’objet de cette étude, mais il importait d’y faire allusion dans la mesure où la gestion des
ressources en eau se résume généralement à une confrontation entre les ressources disponibles
et les besoins. On se limitera dans la suite de l’étude à une analyse de la distribution dans le
temps du volume des disponibilités à partager entre ces différents usages. Un accent sera mis
sur la répartition des ressources dans les deux régions Nord et Sud du pays et dans le bassin
versant qui constitue l’unité réelle de gestion de la ressource.
Les analyses de l’évolution des ressources en eau du pays dans le futur se fonderont sur les
prévisions des modèles climatiques. En effet, en se basant sur la compréhension actuelle des
177
processus physiques, géophysiques, chimiques et biologiques qui régissent le système solaire,
de nombreuses représentations mathématiques simplifiées du système climatique de la terre
ont été proposées (IPCC, 2001). Il s’agit de modèles climatiques ou Modèles de la Circulation
Générale (MCG) qui permettent de simuler les réactions du système climatique et proposent
des scénarios d’évolution du climat (descriptions vraisemblables, cohérentes et
intrinsèquement homogènes d’un état futur), à l’échelle mondiale et dans les différentes
régions du globe. Nous analyserons les différentes projections proposées pour notre région
d’étude afin de sélectionner celles qui se rapprochent le mieux des réalités de terrain en
Afrique centrale en général et au Cameroun en particulier. Ces scénarios seront utilisés pour
évaluer l’incidence de l’évolution du climat sur les ressources en eau du Cameroun. Nos
analyses utilisent des modèles pluie-débit dont le calage aura été réalisé au préalable sur la
base des données d’observation. Avant d’aborder ces différentes analyses, on s’attachera à
récapituler l’évolution des ressources en eau du pays telle qu’il ressort de l’analyse des
données actuelles.
Suivant le ‘’Manuel pour l’évaluation des capacités nationales’’ publié en 1997 par l’OMM et
l’UNESCO, les ressources en eau sont définies comme « l’ensemble des eaux disponibles ou
que l’on peut mobiliser, pour satisfaire en quantité et en qualité une demande donnée en un
lieu donné, pendant une période appropriée ». Pour une bonne maîtrise des ressources en eau
du Cameroun, il est par conséquent indispensable de disposer de données fiables et continues,
couvrant toutes les composantes du cycle de l’eau : précipitations, écoulements, niveau des
nappes souterraines, qualité de l’eau etc.. La géologie du Cameroun est composée à 90% de
formations du socle et aucune étude de synthèse intéressant l’ensemble des eaux souterraines
du pays n’a été réalisée. D’autre part, bien que la baisse de la production des aquifères des
grands bassins versants ait été soulignée (Olivry, 1993b), l'impact de la variabilité et des
changements climatiques sur la recharge des eaux souterraines est très peu documenté. Les
informations sur la qualité de l’eau restent également très parcellaires au Cameroun. Nos
analyses se limiteront par conséquent dans cette étude à l’aspect quantitatif des ressources en
eau superficielle.
178
ensemble de procédures qui permettent d’exploiter au maximum l’information pluviométrique
disponible pour estimer les précipitations en tout point du territoire dans le but d’obtenir une
image d’ensemble des précipitations. L’évaluation du volume des écoulements annuels des
cours d’eau n’intéressera que les bassins versants jaugés.
Le volume annuel des apports météoriques sera étudié sur l’ensemble du territoire et suivant
une répartition du pays en deux régions Nord et Sud. La séparation suivant un schéma
latitudinal a retenu le parallèle 7°30 (rebord nord de l’Adamaoua) comme limite pour
distinguer les régions équatoriales du Sud (environ 80% de la superficie totale du pays) des
régions sahéliennes du Nord (un peu plus de 20% du territoire). La figure 5.1 montre
l’évolution des apports météoriques déterminés sur l’ensemble du territoire et suivant cette
répartition du pays en deux parties. La tendance à la baisse soulignée dans les chapitres
précédents y est bien perceptible. Cette baisse est non uniforme et pas toujours synchrone
entre le Nord et le Sud comme on peut le constater sur la figure. Les valeurs caractéristiques
(en milliards de m3 ou km3) de la série des apports annuels sur l’ensemble du pays sont les
suivantes :
Valeur moyenne sur la période 1940-2000 : 842 km3
Valeur maximale (enregistrée en 1954) : 972 km3
Valeur minimale (enregistrée en 1983) : 702 km3
Les volumes précipités moyens interannuels calculés par décennie sont présentés dans le
tableau 5.1 On considère le territoire dans son ensemble, puis suivant une répartition
latitudinale Nord et Sud par rapport à l’Adamaoua.
179
EVOLUTION DES APPORTS METEORIQUES AU CAMEROUN
1940 - 2000
900
Volume précipité (km3)
700
1945
1950
1955
1960
1965
1970
1975
1980
1985
1990
1995
2000
Evolution des apports météoriques au Sud de l'Adamaoua
1940 - 2000
800
Volume précipité (km3)
700
600
Volume précipité
Courbe de tendance
500
1940
1945
1950
1955
1960
1965
1970
1975
1980
1985
1990
1995
2000
120
100
80
Volume précipité
Courbe de tendance
60
1940
1945
1950
1955
1960
1965
1970
1975
1980
1985
1990
1995
2000
Figure 5.1 : Evolution des apports météoriques au Cameroun de 1940 à l’an 2000
180
Les données du tableau 5.1 indiquent un maximum pour la décennie 1950 et un minimum
pour la décennie 1980 sur l’ensemble du territoire. La différence entre les volumes précipités
de ces deux décennies est de l’ordre de 18% pour la partie Nord du pays, mais elle n’est que
de 8% pour la partie Sud et 9,5% si l’on considère l’ensemble du territoire.
Les volumes précipités moyens interannuels par périodes de 30 années ont été également
calculés pour illustrer les variations des valeurs normales. Les résultats (tableau 5.2 )
confirment la nature déficitaire de la période 1971-2000, alors que la période 1941-1970
enregistre la valeur maximale sur le territoire pris dans son ensemble et la sur partie Sud du
pays. Dans la partie Nord par contre, les normales des périodes 1941-1970 et 1951-1980 sont
voisines, mais le maximum est enregistré plutôt sur la période 1951-1980.
Par rapport aux normales des périodes les plus humides respectives, les données du tableau
5.2 indiquent des différences de l’ordre de 8 % avec la moyenne trentennale la plus faible sur
la partie Nord du pays. Par contre cette différence est légèrement inférieure à 5 % pour la
partie Sud et 5 % si l’on considère l’ensemble du territoire.
181
5.2.2 – Evolution des écoulements de surface
Le volume total des écoulements superficiels moyens annuels a été évalué à 265 km3 au
chapitre 3 pour l’ensemble du pays, soit 31% des apports météoriques. La connaissance des
différents termes (évaporation, infiltration et ruissellement) de la répartition des précipitations
à des échelles spatiales et temporelles fines permet de mieux appréhender les ressources en
eau et la maîtrise de leur gestion. Ainsi, l’analyse de l’évolution interannuelle des
écoulements se fera par bassin versant et se limitera ici aux seuls cours d’eau jaugés, et en
particulier ceux suivis sur une durée répartie entre les périodes humide et sèche déterminées
aux chapitres précédents.
Les données du tableau 5.3 présentent les volumes écoulés moyens interannuels déterminés
sur ces cours d’eau pendant la période humide d’avant 1970 et la période sèche qui l’a suivie.
Tableau 5.3 : Volumes écoulés moyens interannuels (km3) à quelques stations jaugées du Cameroun
Périodes 1941-1970 et 1971-1990
Si le déficit des volumes écoulés moyens interannuels calculés sur la période 1971-1990 par
rapport à 1941-1970 est de 24% pour l’ensemble des cours d’eau étudiés, il n’est plus que de
22% pour les cours au Sud de l’Adamaoua. Par contre, il est de 45% pour ceux situés dans le
182
Nord. Cette différence enregistrée entre les apports annuels des cours d’eau du Nord et ceux
du Sud confirme bien les observations des chapitres précédents. On notera cependant la
différence entre les valeurs des déficits des deux régions Nord et Sud du pays en terme de
volume écoulé et les valeurs des déficits indiquées aux chapitres précédents par rapport aux
différents cours d’eau (-15% en moyenne pour les cours d’eau du Nord contre –35% pour
ceux du Sud), par rapport à la même période de référence. Cette différence tient au fait que le
déficit enregistré au niveau de certains cours d’eau importants comme la Sanaga (-26%) dans
le Sud et la Bénoué (-44%) dans le Nord, sont au-dessus de la moyenne.
Bien que nos analyses ne se limitent ici qu’à quelques cours d’eau du pays (couvrant près des
2/3 du territoire), les résultats reflètent convenablement la situation des ressources en eau sur
l’ensemble du territoire. Ils soulignent parfaitement la différence entre les disponibilités en
eau des deux parties du pays et une évolution également différente. Dans le Nord les
disponibilités sont moins importantes et la diminution a été plus importante au cours de la
période récente. Le Sud du pays bénéficie de ressources plus importantes et la baisse observée
au cours de la période récente y est plus faible. Devant une telle situation, pour résoudre le
problème de la confrontation des disponibilités aux besoins que pose la gestion des ressources
en eau du pays, on peut envisager un transfert d’eau du Sud vers le Nord, comme c’est le cas
dans d’autres pays du monde. Le procédé est techniquement possible, et ne devrait pas poser
de problème majeur si les prélèvements sont effectués à certains moments précis de l’année.
En effet, en période de crue, une part importante des écoulements échappe à toute possibilité
de contrôle et de gestion, et peut même s’avérer dangereuse à l’occasion des inondations. On
peut par conséquent envisager, moyennant certaines précautions, de prélever une partie des
volumes « superflus » des cours d’eau du Sud pour alimenter ceux du Nord du pays. Une telle
opération nécessite par conséquent une bonne maîtrise de la répartition spatio-temporelle des
ressources en eau dans le pays.
Dans nos analyses des chapitres précédents, nous avons souligné les incertitudes que recèlent
la connaissance et l’évolution actuelle des ressources en eau du Cameroun. Sur la base de ces
connaissances et de la compréhension actuelle du phénomène, on tentera cependant dans la
suite de l’étude de déterminer quelles peuvent être les conséquences des fluctuations
climatiques futures sur les ressources en eau du pays. A cet égard, on aura recours à la
modélisation, tant au niveau des scénarios d’évolution du climat qu’à celui des processus
hydrologiques.
183
5.3 - MODELISATION EN HYDROMETEOROLOGIE, ETAT DE L’ART
ET CONTRIBUTION A LA MAITRISE DES RESSOURCES EN EAU
Un modèle mathématique est une représentation analytique (sous forme d’un ensemble
d’équations) de la complexité observée ou supposée d’un phénomène physique, qui permet
d’avoir une meilleure compréhension des différentes composantes et d’analyser l’influence
qu’elles exercent entre elles. Dans cette optique, il est constitué d’une ou plusieurs relations
entre des variables, jugées caractéristiques, de tout ou partie du phénomène représenté
(Desbordes M., 1987 ; Dezetter A., 1991, Petrescou Maftei C., 2002, Voirin-Morel S., 2003).
A ce sujet, les activités de recherche associées au développement de l’informatique et visant
la compréhension du cycle de l’eau dans le milieu naturel ont intéressé trois points
principaux :
- une meilleure compréhension du fonctionnement du système modélisé,
- une prédiction de la distribution future des ressources en eau,
- une évaluation de la réponse du système à différentes sollicitations ainsi qu’aux
variations de ses différentes composantes.
La typologie des modèles mathématiques utilisés en hydrologie de nos jours est très variée.
On peut distinguer dans leur classification :
- les modèles déterministes qui s’efforcent de représenter au mieux les processus
physiques de la transformation de la pluie en débit sur le bassin versant,
- les modèles stochastiques pour lesquels on déduit, à partir de l’observation des
variables hydrologiques (pluie, débit), des lois statistiques utilisées pour générer des
événements futurs auxquels peut être attachée une probabilité d’occurrence. Pour être
fiable, ce type de modèle nécessite par conséquent une information importante (débit,
forme de l’hydrogramme, etc..), qui peut ne pas être disponible sur certains bassins
versants,
- les modèles dérivés de l’analyse des systèmes dans lesquels les processus sont
rassemblés en un seul système donnant une réponse à une entrée observée aussi
proche que possible de celle de la sortie observée ;
- les modèles distribués (ou spatialisés ou encore maillés), qui tiennent compte d’une
certaine complexité du système et de la structure spatiale des unités étudiées.
Ce dernier groupe de modèle représente une évolution par rapport au précédent quand il s’agit
d’analyser le fonctionnement interne du bassin versant d’un cours d’eau. Le bassin versant est
184
alors discrétisé en unités spatiales (mailles) considérées comme homogènes, qui se vident les
unes dans les autres de l’amont vers l’aval. Le maillage peut être arbitraire, mais il peut
également tenir compte de la répartition spatiale des facteurs responsables de la genèse et de
la propagation des écoulements à l’intérieur des bassins. Les modèles GR2M, WBM et de
Yates utilisés dans notre étude appartiennent aux deux derniers groupes. Ils ont déjà été
utilisés avec succès sur de nombreux bassins versants de la région tropicale africaine
(Ouedraogo M., 2001 ; Nkankam Kamga F., 2001 ; Ardoin S., 2004).
La méthode utilisée a été élaborée par Ouedraogo M. (2001) et l’équipe Vahyne (analyse de
la Variabilité HYdrologique et impacts sur les ressources eN Eau) de l’IRD. Elle fait appel à
deux modèles conceptuels de bilan hydrologique et un modèle empirique pour simuler les
écoulements du bassin versant :
- le modèle WBM (Conway et al., 1999) (version modifiée du modèle défini initialement
par Thornwaithe & Mather, (1995),
- le modèle GR2M du CEMAGREF (Makhlouf, 1994),
- le modèle de Yates (Yates, 1997).
185
Les deux premiers modèles nécessitent la mise en œuvre d'une procédure de calage et
validation pour la détermination des paramètres, alors que les paramètres du modèle de Yates
sont prédéterminés en utilisant la classification de végétation de Holdridge. Les trois modèles
présentent un mode de fonctionnement comparable, même si les équations qui les décrivent
sont différentes comme on peut le voir dans le tableau 5.4. Leur mode de fonctionnement
général commun peut se résumer comme indiqué sur le schéma de la figure 5.2 :
Les lames d’eau écoulées mensuelles (voire annuelles) en tout point de l’espace sont estimées
à partir d’informations disponibles sur la région étudiée. Pour ce faire, l’espace est discrétisé
en mailles à la résolution du demi-degré carré (0,5° x 0,5°, soit environ 55 x 55 km),
dimension reconnue comme pertinente pour représenter la variabilité spatiale (Arnell et al.,
1996 ; Yates, 1997 ) et déjà utilisée pour plusieurs types de données globales. Le pas de temps
est mensuel, ce qui est suffisant pour une étude à l’échelle régionale (Gleick, 1986) et
présente l’intérêt d’être également l’échelle de temps adéquate pour la gestion des ressources
en eau des bassins versants de taille relativement importante.
186
A partir de grilles de précipitations, d’évapotranspiration potentielle et de données liées au
stockage de l’eau dans le sol, on simule par un modèle de bilan, les variations de l’humidité
du sol, de l’évapotranspiration réelle et de l’écoulement. Celles-ci sont calculées pour chaque
maille, indépendamment les unes des autres, et chaque mois. On superpose à cette grille les
contours des bassins versants. L’écoulement total à l’exutoire de chacun des bassins est
obtenu par sommation des contributions élémentaires pondérées des différentes mailles qui
les constituent. On se référera aux travaux de Ouedraogo M. (2001) pour plus de détails sur
leurs principes de fonctionnement ainsi que leur robustesse comparée.
Les modèles GR2M et WBM comportent des paramètres dont les valeurs numériques sont
obtenues après optimisation d'un critère de qualité des débits générés par ces modèles. Cette
démarche de calage est constituée de deux étapes : une étape de calibration et une étape de
validation. Pour chaque bassin, les séries de données sont divisées en deux sous-séries sur
l'ensemble de la période d'observation. Les valeurs numériques des paramètres sont calées sur
la première sous-série puis validées sur la seconde.
Critère de qualité
De nombreuses méthodes statistiques sont proposées pour permettre de faire des
comparaisons entre les observations et les résultats des simulations au moyen des modèles
mathématiques. Le coefficient de corrélation (R²) est l’une des plus simples. Ce critère a été
associé à celui proposé par Nash et Sutcliffe (1970) pour mesurer la qualité des ajustements
réalisés par nos modèles. Si le coefficient de corrélation renseigne uniquement sur la bonne
occurrence ou non des observations (les débits dans notre cas) sans en évaluer les intensités,
le critère de Nash permet de savoir si les résultats des simulations sont en accord avec les
observations, à la fois en terme de phase et d’intensité.
187
CHAPITRE5: IMPACT DE LA VARIABILITE CLIMATIQUE SUR LES RESSOURCES EN EAU DU CAMEROUN, PERSPECTIVES D’EVOLUTION
Tableau 5.4 : Présentation des modèles (d’après Ouedraogo M. 2001 et Girard S. 2002
Caractéristiques WBM GR2M Yates
Conway et al., 1999 Makhouf, 1994 Yates, 1997
Auteur et dates
d’après Thornwaithe et Mather, 1995 Cemagref
Type de modèle Conceptuel spatialisé,non directionnel, mens. Conceptuel spatialisé, mensuel Modèle empirique
DEUX DEUX TROIS
- module l’écoulement direct - X1 : module les entrées P et ETP Smax : capacité maximale de stockage du sol
- module l’écoulement retardé - X2 : module le débit en sortie de réservoir α :coefficient d'écoulement de sub-surface
Paramètres
S ε : coefficient d'écoulement de surface (ou
Variante à 6 paramètres : et prennent chacun 3 écoulement direct)
valeurs en fonction du ratio P/EP
UN DEUX UN
Réservoir(s) en eau du - réservoir sol (H) : fonction de production,
sol, caractérisé par Sa vidange suit une loi exponentielle inverse ; il joue caractérisé par WHC ou A Les écoulements de surface et de sub-surface et
WHC le rôle de nappe de versant et produit l’écoulement - un réservoir eau gravitaire (S) : fonction l’ETR sont représentes par une fonction continue de
de base en saison sèche de transfert. l’humidité du sol
- P : précipitation - P, modulé en pluies nette (Pn) et efficace (Pe) - P
Variables d’entrées - ETP : évapotranspiration - ETP, modulé en ETP nette (En) - ETP
- WHC capacité de rétention en eau du sol - WHC ou A
- Déficit d’humidité du sol : SMD - Niveaux des réservoirs H et S - Niveau relatif du stock d’eau : z
Variables intermédiaires
- ETR - ETR - ETR
et de sorties
- Ecoulement R - Ecoulement Q - Ecoulement R
Pour chaque BV Par maille
Calage des paramètres Calibration et validation des paramètres prédétermination des paramètres à partir du schéma de
Valeurs obtenues par optimisation d'un critère de qualité (critère de NASH) des débits générés par ces modèles classification climat-végétation de Holdridge
ETP P
ETP P
ETP’= X1 .E TP P’= X1 .P ETP P
P'. ETP'
U=
( )2
En P' + ETP
'
Pn
αP
Schéma de Pe Rs = z ε P
A
fonctionnement H
4/5 Pe Pe/5 Smax
z R
(1-α )P R
ETR ETR = H2-H
S
β AR Rss = α z²
Qg = X2 . S1
188
La définition du coefficient de corrélation est la suivante :
R² = [1/N t=1,N (Qobs(t) – Qobs (moyen)) (Qsim(t) – Qsim (moyen)) ]² / Qobs Qsim
où Qobs et Qsim sont les débits mensuels observés et simulés, Qobs (moyen) et Qsim (moyen) sont
les moyennes sur la période de simulation des débits observés et simulés, et Qobs et Qsim
sont les écart-types des débits observés et simulés. N est le nombre de périodes (mois) de
simulation.
Qo − Qc ( )
2
i i
Qoi − Qm ( )
i
Le modèle ajusté est d'autant meilleur que le critère de NASH est proche de 100 pour 100.
Dans notre étude, nous aurons également recours à des analyses des débits classés pour juger
de la qualité des résultats. On s’intéressera en particulier aux débits maximums qui comptent
parmi les variables qui intéressent généralement les projets d’aménagement. Les débits
maximums mensuels enregistrés chaque année seront sélectionnés et soumis aux analyses
statistiques. La comparaison des résultats obtenus à l’aide des débits observés et ceux obtenus
au moyen des simulations par les modèles permettra d’apprécier la capacité de ces derniers à
évaluer ces paramètres.
Deux processus d'optimisation bien connus en hydrologie ont été choisis : méthode
d'optimisation de Rosenbrock et de Nelder et Mead (ou simplex), Servat et Dezetter, (1988).
Ces méthodes, dites méthodes locales adoptent une stratégie itérative dans laquelle, partant
d'un point de l'espace des paramètres, on se déplace dans une direction qui améliore en
continu la valeur de la fonction critère, jusqu'à ce qu'il n'y ait plus d'amélioration.
189
La méthode d'optimisation de Rosenbrock a la particularité de définir l'optimum d'une
fonction qui n'est ni dérivable, ni continue (Guilbot, 1971, Servat, 1986). C'est une méthode
de recherche séquentielle qui permet à la fois de déterminer la longueur du pas de recherche,
de déterminer la direction de ce pas et de tenir compte des contraintes possibles imposées aux
paramètres. Elle a connu quelques modifications pour mieux l'adapter à la modélisation pluie-
débit (Servat et Dezetter, 1988).
Selon Ouedraogo (2001), une des limites des méthodes numériques d'optimisation est
l'identification de solutions qui peuvent correspondre à des minima relatifs. Pour pallier ce
190
problème, une méthodologie, appelée Rosen-simplex, inspirée des travaux de Servat (1993)
est également proposée. Cette dernière a été utilisée pour notre étude. Le principe de la
méthode est le suivant :
En parallèle, le Global Ecosytem Database élaboré par le NOAA-EPA fournit une couverture
de type de végétation sur toute l’Afrique tropicale. A chaque maille sont donc attribuées des
valeurs de paramètres en fonction de la proportion de chaque classe de végétation par maille.
Tableau 5.5 : Paramètres α, ε et Smax en fonction du Schéma de classification de Holdridge (Yates, 1997)
Le coefficient d’écoulement du sub-surface () dépend du stock d’eau dans le sol alors que le
paramètre qui détermine l’écoulement direct dépend du niveau relatif de ce stock et de la
pluie. Seules les classes 10 à 13 sont représentées dans notre zone d’étude.
191
5.3.1.2 - Application sur quelques bassins versants du Cameroun
Cinq bassins versant ont été retenus pour tester les performances des 3 modèles. Le choix des
bassins à tester a tenu compte des exigences de la procédure de mise en œuvre des modèles,
mais également de la représentativité de ces bassins par rapport aux différentes régions
climatiques du pays, et des modes d’occupation des sols généralement rencontrés au
Cameroun.
Les 5 bassins retenus sont celui du mayo Kébi à Cossi et de la Bénoué à Garoua dans le Nord,
le bassin de la Sanaga dans le Centre du pays, le bassin du Nyong à Dehane et celui du Dja à
Somalomo. Les données du tableau 5.6 rappellent les principales caractéristiques de ces
bassins, alors que les caractéristiques propres à chaque bassin versant sont présentées
séparément. Les contours des cinq bassins versants sont représentés sur la figure 5.3.
Bassin Cours d’eau Nom Superficie Indice global de Pluie moyenne Module Période
versant Station (Km²) pente (m/km) (mm) (m3/s) d’observation
Niger Mayo Kébi Cossi 25000 2,40 900 87 1955-1987
Niger Bénoué Garoua 60500 1,74 1100 318* 1946-1987
Sanaga Sanaga Edéa 131000 1,82 1700 2180* 1943-1983
Nyong Nyong Dehane 26400 1,77 1750 436 1951-1987
Congo Dja Somalomo 5380 1,43 1650 87 1955-1987
* valeur calculée sur la période avant les barrages de régulation
192
BV Mayo Kébi à Cossi
BV Bénoué à Garoua
BV Sanaga à Edéa
193
Un barrage hydroélectrique qui sert à la fois de retenue d’eau a été construit à Lagdo, en
amont de la station de la Bénoué à Garoua depuis 1984. Cet aménagement réalisé sur la
branche majeure de la Bénoué ne concerne pas le Mayo Kébi qui prend sa source du coté
tchadien. Des déversements du fleuve Logone vers le bassin versant de la Bénoué sont
signalés certaines années, à travers le Mayo Kébi. Nos vérifications ont cependant montré
qu’ils ont été très limités au cours de la période d’étude. Leur influence sur les débits de la
Bénoué au cours de la période qui nous intéresse peut donc être considérée comme
négligeable.
La Sanaga à Edéa
Les données du bassin versant de la Sanaga à Edéa n’ont pas été analysées dans les chapitres
consacrés aux études de la variabilité climatique, en raison de la présence des ouvrages de
régulation de débit situés en amont. Cependant, compte tenu de l’importance de son bassin
versant qui couvre près du tiers du territoire national, de l’importance (près du ¼ des
ressources en eau du pays) des volumes écoulés par rapport à l’ensemble des disponibilités du
Cameroun, et de son importance sur le plan économique, ses données sont analysées dans ce
chapitre. Rappelons que les dates de mise en eau des trois barrages de retenue actuellement
en fonction sur la Sanaga en amont d’Edéa, sont 1969 pour le premier (Mbakaou), 1974 pour
le second (Bamendjing) et 1987 pour le dernier (Magba). On en tiendra compte dans
l’interprétation des résultats. La reconstitution des débits naturels avec des méthodes
rigoureuses aurait était fastidieuse sans que le bénéfice tiré soit véritablement appréciable.
D’autre part, la régulation des écoulements d’un cours d’eau implique des changements qui
concernent davantage leur répartition annuelle que le volume des écoulements annuels, qui
peuvent alors être utilisés comme élément de comparaison.
Le bassin versant de la Sanaga s’étend entre les parallèles 3°30 et 7°30 et couvre ainsi des
régions passant du climat équatorial de transition (à 2 saisons) au climat tropical avec une
longue saison sèche. Les sols ferrallitiques qui occupent la quasi-totalité du bassin étudié
supportent une végétation qui passe de la savane arbustive (près des 2/3 du bassin versant)
dans le Nord à la forêt dense humide dans le Sud.
194
Le Nyong à Dehane
Après la Sanaga, le Nyong est le deuxième fleuve en importance dont le bassin versant est
entièrement inclus dans le territoire national. Représentatif du mode d’écoulement de la partie
Nord du plateau sud-camerounais, son bassin versant est entièrement couvert de forêt
fortement anthropisée. Les sols du bassin versant sont de type ferrallitique. Ils reposent sur un
socle essentiellement granito-gneissique et les épaisseurs peuvent atteindre 15 mètres. La
position latitudinale du Nyong soumet le fleuve à un climat équatorial de transition marqué
dans l’année par 2 saisons sèches et 2 saisons des pluies d’inégales importance.
Dja à Somalomo
Comme dans le cas du Nyong, les sols du bassin versant sont de type ferrallitique et reposent
essentiellement sur un socle granito-gneissique et les épaisseurs peuvent également atteindre
15 mètres. Mais à l’opposé de la forêt à dégradation poussée du Nyong, le bassin versant du
Dja à Somalomo est situé entièrement dans une région de forêt primaire. Il est représentatif de
la partie du territoire couverte par une forêt dense humide toujours verte. Le régime des
écoulements est de type équatorial avec 2 périodes de basses eaux et 2 de hautes eaux
d’inégale importance.
Données de précipitations
Pour permettre de faire des comparaisons, des données pluviométriques de deux origines
différentes sont utilisées dans le modèle. Un premier échantillon est constitué des grilles de
pluie mensuelle obtenues à partir de l’ensemble des données d’observation des pluies
ponctuelles présentées plus haut, alors que le second est issu des données du Climatic
Research Unit (CRU). Les données du CRU ont été récupérées par l’IRD auprès de l’unité de
recherche climatologique de l'université d'East Anglia en Angleterre qui a établi des fichiers
de pluies mensuelles sur l’Afrique tropicale pour la période 1900-1995 (New et al., 1999), à
une résolution spatiale du demi-degré carré (0.5° x 0.5°), à partir des données de pluie d’une
centaine de postes d’observation des pays de la région. La méthode, qui suppose la continuité
des précipitations dans l’espace, utilise un ensemble de procédures qui permettent d’estimer
les précipitations en tout point de la région concernée, à partir de l’information
pluviométrique disponible, dans le but d’obtenir une image d’ensemble des précipitations sur
l’ensemble de la région. La représentativité spatiale des résultas obtenus à partir de chacune
195
des deux sources de données sera surtout fonction du nombre, de la bonne répartition des
postes d’observation utilisés et des procédés d’analyse.
Deux types de grilles de pluie ont été construits à partir des données observations ponctuelles.
Une première grille a été établie par la méthode de spatialisation de l’information par krigeage
du logiciel Surfer, suivant un protocole mis au point par Ouedraogo M. (2001). Nous les
appellerons ‘’Psurfer’’ dans la suite de l’étude. La deuxième grille créée à partir des mêmes
données utilise la méthode d’interpolation de Thiessen. Le mode opératoire, créé par le
groupe Vahyne sous le logiciel Arc Info, nécessite de posséder les contours des bassins
versants dans un format numérique utilisable par les Systèmes d’Information Géographique
ou SIG. Les grilles de pluie établies par ce procédé sont désignées ‘’PThiessen’’ dans la suite
de l’étude. La troisième grille de pluie est constituée par les grilles du CRU ou PCRU.
Classe
(mm)
Wetlands > 1000*
A 300 - 200
B 150 - 200
C 100 - 150
D 60 - 100
E 20 -60
F 0 - 20
NB : les valeurs 1000, 300 et 0 des classes Wetlands,
A et F ont été attribuées forfaitairement.
A partir de ces valeurs, trois grilles ont été construites, suivant une méthodologie mise au
point par le groupe Vahyne, en utilisant respectivement les valeurs minimales (FAOMin), la
valeur moyenne des valeurs extrêmes (FAOMoy) et les valeurs maximales (FAOMax). Pour
être le plus exact possible, les grilles de valeurs de WHC (Water Holding Capacity) sont
déterminées par bassin versant. Les résultats obtenus pour les cinq bassins versants testés sont
présentés sur la figure 5.4.
Les valeurs de capacité en eau du sol calculées par les différentes méthodes sont considérées
comme fixes dans le temps pour les modèles utilisés dans l’étude.
197
Figure 5.4 : Cartes capacité en eau des sols (Water
Holding Capacity – WHC) des 5 bassins versants
pour les valeurs maximales (SMAXPM), Minimales
(SMINPM) et Moyennes (SMOYPM), suivant les
données de la FAO
Echelle 1 : 13.500.000
198
Données de débits
Les chroniques de débits mensuels des cours d’eau étudiés sont celles présentées au troisième
chapitre. Aucun traitement préalable de ces données n’est requis, si ce n’est de le présenter en
fichiers texte avec séparateur point virgule.
Différentes combinaisons ont été réalisées avec l’ensemble des informations que nous venons
de décrire afin de déterminer la ou les combinaisons qui donnent le meilleur résultat sur
chaque bassin versant testé. Il s’agit de 3 grilles pluies (PSurfer, PThiessen et PCRU), 4
grilles ETP (ETP FAO, ETP Penman, ETP Reference Crop, ETP Thom et Oliver) et de 5
grilles de capacité en eau des sols (CRU, FAOMax, FAOMin, FAOMoy et FAOSaxton). Les
trois modèles ont été testés sur les 5 bassins versants. Le modèle de Yates ne nécessite pas de
procédure de calage de ses 3 paramètres, alors que les modèles GR2M et Conway nécessitent
une étape de calage et une de validation.
199
Les principales caractéristiques des procédures de calage et de validation des 2 modèles pour
les 5 bassins versants sont regroupées dans le tableau 5.8.
Désignation Modèle GR2M
Avec une valeur moyenne du critère de Nash égale à 79 contre seulement 54 pour le modèle
WBM, les résultats montrent que le modèle GR2M donne les meilleurs résultats pour
l’ensemble des bassins versants. Ce dernier semble par conséquent s’adapter mieux aux
différents bassins testés en phases de calage et de validation. En effet, bien que les valeurs du
critère de Nash aient légèrement baissé en phase de validation, les meilleurs résultats y sont
toujours obtenus avec le modèle GR2M.
Contrairement aux deux modèles précédents, le modèle de Yates ne nécessite pas un calage
préalable des paramètres avant son application sur les bassins. La combinaison des différents
paramètres (pluies et données ETP) sur l’ensemble des 5 bassins versants a conduit à 60 jeux
de données, soit 12 pour chaque bassin testé. Le tableau 5.9 présente les meilleurs résultats
obtenus sur les différents bassins versants.
200
Comme on peut le constater dans le tableau 5.9, un seul bassin versant sur cinq (la Bénoué à
Garoua) conduit à un critère de Nash comparable aux résultats obtenus avec les deux modèles
précédents. Des valeurs négatives du critère sont même obtenues pour les bassins versants du
Nyong à Déhane et celui du Dja à Somalomo, tous deux situés en région forestière. Ces
résultats témoignent de la moindre qualité de la reconstitution des hydrogrammes observés sur
nos cours d’eau par le modèle de Yates, et tout particulièrement pour les bassins versants de
la région forestière.
Les données du tableau 5.10 présentent les combinaisons ayant conduit aux meilleurs résultats
par bassin versant selon la grille de pluie utilisée, ainsi que les valeurs du critère de Nash
obtenues en phase de validation pour les trois modèles.
Tableau 5.10 : Meilleures combinaisons de données par bassin et valeur de Nash en période de validation
Dans l’ensemble, les performances des 3 modèles sont meilleures sur les 2 bassins versants
situés en zone de savane du Nord Cameroun et la Sanaga dont le bassin versant intègre la
quasi-totalité des modes d’occupation des sols du pays, dont une partie importante de savane.
Pour le bassin du Nyong et celui du Dja situés entièrement en région forestière, seuls les
modèles GR2M et WBM présentent des combinaisons avec des critères de Nash au moins
supérieurs à 50.
201
En dehors du bassin versant de la Bénoué à Garoua qui, avec le modèle de Yates, présente
une combinaison conduisant à un critère de Nash comparable à ceux obtenus avec le modèle
GR2M, les meilleurs résultats sont obtenus sur les autres bassins avec le modèle GR2M. A
titre d’illustration, la figure 5.5 présente des exemples d’hydrogrammes observés et
reconstitués en phase de validation par ce modèle sur 3 des 5 bassins versants testés.
On note une bonne reconstitution de la forme des hydrogrammes pour les cours d’eau du
Nord et la Sanaga. Pour les bassins versants de la région forestière, si les valeurs des débits de
pointe sont relativement bien reproduites ainsi que leur position dans le temps, la forme des
hydrogrammes est mal reconstituée ainsi que les faibles débits, comme l’illustre bien
l’exemple du Dja à Somalomo.
Afin de permettre une meilleure comparaison des performances des 3 modèles, nous avons
procédé à la simulation des écoulements sur l’ensemble de la période d’observation des débits
à l’exutoire de chaque bassin en utilisant chaque fois la meilleure combinaison de données
obtenue en phase de calibration. Les résultats obtenus confirment les performances du modèle
GR2M pour l’ensemble des bassins. Nous le retiendrons par conséquent pour la simulation
des écoulements sur l’ensemble des bassins versants dans la suite de l’étude.
A titre d’illustration, la figure 5.6 présente les résultats obtenus pour la Sanaga à Edéa et la
Bénoué à Garoua. Les effets des barrages de retenue sont bien perceptibles sur les
hydrogrammes respectifs des deux cours d’eau. On note bien une sous-estimation des débits
de basses eaux sur la Sanaga à partir de 1970, qui s’expliquerait par la mise en eau du premier
barrage de retenue (Mbakaou) en 1969. Les débits de pointe sont également sous-estimés plus
souvent à partir de la même date par le modèle GR2M, pour les mêmes raisons. Le modèle de
Yates surestime généralement les débits à cette même station sur toute la période de
simulation, alors que le WBM les sous-estime.
Pour la Bénoué à Garoua, la mise en eau du barrage de Lagdo en 1983 est également bien
perceptible. L’importance de la capacité de cette retenue (8 milliards de m3) expliquerait celle
de la sous-estimation des débits de pointe à cette station, notamment en année de faible
hydraulicité.
202
Mayo Kébi à Cossi
600
400
300
200
100
0
1971
1973
1975
1977
1979
1981
1983
1985
1987
Debit observé
Sanaga à Edéa DebitCalculé
7000
6000
Qmensuel (m3/s)
5000
4000
3000
2000
1000
0
1952
1954
1956
1958
1960
1962
1964
1966
1968
1970
Debit observé
Dja à Somalomo
DebitCalculé
200
Qmensuel (m3/s)
150
100
50
0
1971
1973
1975
1977
1979
1981
1983
1985
1987
Figure 5.5 : Hydrogrammes observés et calculés sur la période de validation du modèle GR2M
sur quelques bassins versants en utilisant les meilleures combinaisons du tableau 5.10
203
Débit observé
Bénoué à Garoua
Débit_GR2M
Débit_WBC
3000
Débit_Yates
2500
Q mensuel (m3/s)
2000
1500
1000
500
0
1952
1956
1960
1964
1968
1972
1976
1980
1984
Débit observé
Sanaga à Edéa Débit_GR2M
Débit_WBM
10000 Débit_Yates
8000
Q mensuel (m3/s)
6000
4000
2000
0
1952
1956
1960
1964
1968
1972
1976
1980
Figure 5.6 : Comparaison de la performance des modèles (avec les meilleures combinaisons du tableau 5.10) : exemple de la Bénoué à Garoua et de la Sanaga à Edéa
204
5.3.1.2.5 – Quantification des écarts aux observations et validation des résultats
La validité des résultats obtenus avec les modèles doit être confirmée par la justesse et la
pertinence des jeux de données utilisés dans les différentes phases de calcul. Dans cette
optique, outre la comparaison de la performance du modèle retenu en fonction des différentes
grilles de données, nous procèderons ici au rapprochement des valeurs moyennes de l’ETP et
des précipitations par bassin avec celles obtenues dans le cadre d’autres études sur les mêmes
bassins.
Les pluies moyennes interannuelles obtenues par bassin sont relativement proches les unes
des autres, et dans l’ordre de grandeur de celles calculées par les méthodes classiques dans
d’autres travaux antérieurs (Olivry, 1986 ; Sigha, 1994, Ndam Ngoupayou J.-R., 1997)
La comparaison des résultats obtenus par le modèle GR2M (figure 5.7) avec les différentes
grilles de pluies montre cependant que celles construites (par Surfer et la méthode de
Thiessen) à partir des données de notre échantillon de travail conduisent aux meilleurs
résultats, avec un léger avantage pour la grille de Surfer qui utilise la méthode de krigeage. Ce
résultat découle de la meilleure représentativité des données de notre échantillon qui regroupe
un nombre de postes d’observation plus important, d’où une meilleure reconstitution de la
variabilité spatiale des précipitations. Il convient de souligner la qualité des résultats
particulièrement mauvaise obtenue sur le bassin forestier du Dja à Somalomo avec les pluies
du CRU.
205
90
Cossi
Dehane
80
Edéa
Critère de Nash Pluie du CRU
Garoua
Somalomo
70 Bissectrice
60
50
40
40 50 60 70 80 90
Critère de Nash Pluie Surfer
90
Critère de Nash Pluie Thiessen
80
70
Cossi
Dehane
Edéa
60
Garoua
Somalomo
Bissectrice
50
50 60 70 80 90
Figure 5. 7 : Comparaison des critères de Nash de GR2M obtenus avec différentes grilles de pluie
206
Influence du type d’ETP
Les valeurs de l’ETP utilisées par les modèles pour la reconstitution des écoulements aux
exutoires des différents bassins versants testés ont été calculées par quatre méthodes
différentes. Les valeurs moyennes interannuelles de l’ETP des 5 bassins sont regroupées dans
le tableau 5.12. Noter que pour chaque bassin le calcul de l’ETP moyenne ne porte que sur la
période d’observation simultanée des pluies et des débits.
Tableau 5.12 : ETP moyennes interannuelles (mm) des bassins
par différentes méthodes de calcul
Comme on peut le voir dans le tableau, les différences entre les résultats obtenus par les
différentes méthodes de calcul sont assez significatives. Les moyennes sont logiquement plus
faibles pour les bassins du Sud du pays et plus importantes pour ceux du Nord. A quelques
exceptions près, les résultats du tableau 5.12 se situent dans la gamme des résultats des
travaux de Olivry (1986) qui, à la suite des études de Lemoine (1972), montre la décroissance
de l’ETP du Nord du Cameroun où le total annuel peut dépasser 2200 mm, vers le Sud où des
valeurs inférieures à 1100 mm sont enregistrées dans certains secteurs. Noter cependant que
les valeurs fournies par la méthode de Penman sont plus proches de celles d’Olivry alors que
celles de la méthode de Thom et Oliver sont particulièrement faibles.
En dépit de cette différence entre les résultats avec les différentes méthodes, la comparaison
des résultats obtenus par le modèle GR2M (figure 5.8) avec les différentes grilles d’ETP ne
montre pas de différences significatives. Les modèles WBM et Yates semblent sensibles aux
valeurs des données d’ETP, mais reconstituent moins bien les écoulements sur nos bassins
versants. Les travaux de Ouedraogo M. (2001) ont conduit à des résultats comparables sur
d’autres bassins versants en Afrique de l’Ouest.
207
Critère de Nash ETP Penman 90
80
70
Cossi
60
Dehane
Edéa
Garoua
50
Somalomo
Bissect r ice
40
40 50 60 70 80 90
Critère de Nash ETP Réf. Crop
90
80
Critère de Nash ETP FAO
70
Somalomo
60 Cossi
Dehane
50 Edéa
Garoua
Bissectrice
40
40 50 60 70 80 90
Critère de Nash ETP Penm an
90
Critère de Nash ETP Réf. Crop
80
70 Cossi
Dehane
60 Edéa
Garoua
Somalomo
50
Bissectrice
40
40 45 50 55 60 65 70 75 80 85 90
Critère de Nash ETP Thom & Oliver
Figure 5. 8: Comparaison des critères de Nash de GR2M obtenus avec différentes valeurs d’ETP
208
La faible sensibilité du modèle à l’ETP laisse penser qu’on ne sait pas encore la calculer avec
précision à l’échelle du bassin versant. Cette situation devrait se traduire particulièrement par
une médiocre reconstitution des étiages par le modèle. D’autre part, l’ETP est le paramètre du
modèle qui devrait intégrer le mieux le changement climatique qui se caractérise par une
hausse permanente des températures. Ces résultats posent alors le problème de la capacité du
modèle GR2M à prévoir les effets du réchauffement du climat, et la confiance que l’on peut
avoir dans les travaux relatifs à l’impact du changement climatique sur le cycle de l’eau. La
faible sensibilité des modèles hydrologiques à l’ETP est un problème bien connu (Paturel et
al., 1995 ; Arnell & Reynard, 1996, Ardoin S. et al., 2001), et de nombreux travaux visant une
meilleure prise en compte de cette variable dans la relation pluie-débit sont en cours.
209
90
Critère de Nash WHC du CRU Cossi
Dehane
80 Edéa
Garoua
Somalomo
70 Bissectrice
60
50
50 60 70 80 90
Critère de Nash WHC FAOMax
90
Critère de Nash WHC FAOMin
80
70 Cossi
Dehane
Edéa
60 Garoua
Somalomo
Bissectrice
50
50 60 70 80 90
Critère de Nash WHC FAOMax
90
Critère de Nash WHC FAOSaxton
80
70 Cossi
Dehane
Edéa
60 Garoua
Somalomo
Bissectrice
50
50 60 70 80 90
Critère de Nash WHC FAOMoy
Figure 5. 9 : Comparaison des critères de Nash obtenus pour différentes grilles WHC
210
De nombreux travaux relatifs à l’aptitude des bassins versants à ruisseler (Albergel, 1987 ;
Pouyaud, 1987 ; Kouame B. et al., 1995 ; Servat E. & Sakho, 1995 ; Casenave et al., 1996 ;
Gellens D. et al., 1997 ; Brou Yao T. et al., 1998 ; Morot Ph. et al., 1999) montrent que les
principaux facteurs sont la nature géologique du substratum, les grands types de sols qui le
constituent, le couvert végétal, la pente et les indices de compacité. En régions sahéliennes et
désertiques par contre, ce sont les caractéristiques des états de surface qui conditionnent
l'hydrodynamique. Comme on peut le constater, ces caractéristiques n’ont pas toutes été prises
en compte dans nos modèles. D’autre part, à la différence des variables climatiques, dans nos
modèles les données de la capacité de rétention en eau du sol sont fixes dans le temps. Dans
ces conditions, bien que la capacité de rétention en eau des sols ait une influence certaine sur
le bilan hydrologique global des bassins, il est très difficile de faire la part de choses entre les
effets respectifs des différents paramètres liés au sol. On peut logiquement penser que WHC
intègre les effets de tous ces paramètres qui se rattachent à la fois aux états de surface et à la
morphométrie des bassins versants.
Travaillant avec des modèles réputés imparfaits, il est nécessaire de s’interroger sur la
pertinence des modèles choisis par rapport à la question posée, et d’examiner les incertitudes
qui pourraient entacher les conclusions que nous allons tirer des analyses. Plutôt que la
description exhaustive des processus, une des approches de la modélisation utilisée en
hydrologie consiste à extraire de la complexité des systèmes hydrologiques observés à
l’échelle des bassins versants, des caractères stables permettant d’interpréter leurs
comportements sous l’effet des précipitations. Cette approche se traduit par des modèles
simples qui s’accommodent de très peu de données. C’est le cas des 3 modèles que nous
avons testé dans cette étude. Outre les imperfections inhérentes à cette démarche, l’un des
principaux obstacles à l’utilisation des modèles pour la description de la relation pluie-débit
est l’absence ou l’insuffisance des données fiables représentatives. En effet, la robustesse des
modèles est attestée par une validation exhaustive portant sur un grand nombre de bassins
versants (Edijatno et al., 1999). Il n’est pas certain dans ces conditions que les données
hydroclimatiques actuellement disponibles sur les différents bassins versants du Cameroun
permettent une vérification complète des modèles construits pour répondre à des questions
précises. Les études du climat et de son évolution dans le temps se heurtent en Afrique en
général et au Cameroun en particulier, sur le fait que les observations du réseau hydro-
211
climatologique ont subi une dégradation très poussée (sur le double plan qualitatif et
quantitatif) au cours des 20 dernières années. Cet important handicap se trouve accentué
lorsque la situation est fortement perturbée comme c’est le cas actuellement. On conçoit
aisément que la représentativité des résultats des analyses soit discutable et les conclusions
provisoires.
D’autre part, de nombreux travaux soulignent le fait que les paramètres calés pour un bassin
versant donné semblent spécifiques et caractéristiques de ce dernier, ce qui laisse penser que
les caractéristiques climatiques annuelles et physiographiques du bassin jouent un rôle non
négligeable. Cette forte dispersion du comportement des hydrosystèmes modulera nos
conclusions quant à la possibilité de transposition des résultats de quelques études
particulières au cas général d’une région ou d’un pays comme le Cameroun par exemple. La
dispersion entre les modèles hydrologiques est également significative, et la variété des
processus est telle que les conclusions peuvent différer profondément d’un modèle à un autre.
Des efforts sont encore à réaliser sur un certain nombre de points, notamment une meilleure
maîtrise de la variabilité spatio-temporelle des précipitations et de l’ETP, ainsi que du
mécanisme de ruissellement sur les bassins. Des études incluant la compréhension de la
relation pluie/ruissellement au niveau du sol, réalisées sur une durée assez longue devraient
permettre d'expérimenter sur le terrain une gamme importante de variabilité climatique et une
meilleure compréhension du phénomène.
La prévision de l’impact de la variabilité climatique sur les ressources en eau est cependant
fondamentale pour la planification et l’organisation des usages. C’est à ce niveau que la
modélisation en hydrologie trouve l’une de ses principales motivations. Dans ces conditions,
en dépit des insuffisances que nous venons d’évoquer, des efforts sont maintenus dans la
modélisation en hydrologie. L’actualité des questions de changement climatique a conduit de
nombreux auteurs à s’intéresser ces dernières années à leurs impacts sur les ressources en eau
(Morin & Slivitzky, 1992 ; Gellens & Schädler, 1997 ; Arnell, 1996 et 1998), sur le régime
des écoulements de même que sur les relations avec les activités socio-économiques. Si de
nombreux aspects de la question restent à documenter, les conclusions de ces travaux sont
globalement encourageantes.
212
principaux hydrosystèmes du Cameroun. Le modèle GR2M s’est révélé être celui qui permet
la meilleure reconstitution des hydrogrammes de l’ensemble des bassins versants testés. La
robustesse de ce modèle est confirmée par des résultats similaires enregistrés sur d’autres
bassins versants de la région tropicale africaine. Nous l’avons retenu pour estimer les flux
hydriques du XXIème siècle sur nos cinq bassins versants. Cette estimation sera réalisée sur la
base des informations fournies par des modèles climatiques, mais avant d’aborder cet aspect
de l’étude nous rappellerons brièvement les méthodes d’analyse de l’évolution du climat et
quelques propositions de scénarios d’évolution dans différentes régions du monde.
En vue d’évaluer les informations scientifiques disponibles et rendre des avis scientifiques,
techniques et socio-économiques sur l’évolution du climat mondial, un Groupe d’experts
Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC) – ou Intergovernmental Panel on
Climate Change (IPCC) - a été constitué à la fin des années 1980 par l’OMM et le
Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE). Ce groupe a produit de
nombreux rapports, dont des documents techniques, des méthodologies et des directives à
l’adresse des scientifiques, des autorités et des experts intéressés par les questions de
changement climatique. Un rapport spécial sur les scénarios d’émissions ou SRES (Special
Report on Emission Scenarios) donne une description des scénarios envisageables pour
l’évolution future du climat. En effet, en se basant sur la compréhension actuelle des
processus qui régissent le système solaire, de nombreuses représentations mathématiques
simplifiées du système climatique de la terre ont été proposées. Il s’agit de Modèles de la
Circulation Générale (MCG) qui permettent de simuler les réactions du système climatique et
prévoient son évolution future. Les meilleurs résultats sont obtenus de nos jours avec les
Modèles de Circulation Générale Couplés Atmosphère-Océans (AOGCM). Ces modèles
utilisent des scénarios de l’évolution future des agents de forçage (tels les gaz à effet de serre
et les aérosols) pour établir un ensemble de projections décrivant ce qui pourrait se produire à
l’avenir en matière de changement climatique.
Selon les résultats d’analyses reconnues d’une grande fiabilité, depuis le début de l'ère
industrielle, l’effet de serre naturel est renforcé par diverses émissions d’origine humaine, ce
213
qui contribue à accentuer le réchauffement de la surface de la terre. Le troisième rapport
d’évaluation de l’IPCC (IPCC, 2001) sert de référence de nos jours pour les changements
observés et les projections pour l’évolution future du système climatique.
Résolution Résolution
Modèle Origine atmosphérique océanique
Ces modèles permettent la simulation des climats actuel et futur sous la contrainte des gaz à
effet de serre. Les simulations du climat futur se font généralement sous un scénario de
composition atmosphérique avec une contrainte d’augmentation de 1% de la concentration du
CO² par an. Les détails sur le mode opératoire, les avantages et inconvénients ainsi que les
performances de chacun de ces modèles sont décrits dans IPCC (2001).
Quatre canevas (A1, A2, B1 et B2) circonstanciés ont été élaborés pour donner une
description cohérente des rapports entre les éléments qui déterminent les émissions des gaz à
effet de serre et leur évolution. Les 40 scénarios qui en découlent portent sur un large éventail
des principales forces démographiques, économiques et technologiques qui détermineront les
émissions des gaz à effet de serre et d’aérosol dans le futur. Chaque scénario représente une
quantification spécifique de l’un des 4 canevas. Les scénarios ne prennent pas en compte une
éventuelle initiative sur le plan mondial en matière du climat.
214
convergence des régions, le renforcement des capacités et des interactions culturelles
et sociales accrues, avec une réduction substantielle des différences régionales dans le
revenu par habitant. La famille A1 se scinde en 3 groupes (A1FI, A1T et A1B) qui
décrivent des directions possibles de l’évolution technologique dans le système
énergétique.
Seuls les scénarios des familles A2 et B2 ont été déjà pris en compte par plusieurs modèles de
circulation générale. Six groupes de scénarios pouvant être considérés comme également
fiables, recouvrant 4 combinaisons d’évolution démographique et technologique générale, de
développement social et économique, correspondant aux 4 canevas (avec chacun un scénario
215
‘’marqueur’’) décrits ci-dessus, ont été présentés dans le SRES. Le rapport de l’IPCC (2001)
démontre en accord avec les conclusions du GIEC, que les principales forces motrices des
futures quantités des gaz à effet de serre seront l’évolution démographique, le développement
économique et social, le rythme et la direction de l’évolution technologique. Sur cette base,
les émissions à travers les scénarios pour les échéances 2020, 2050 et 2100, par rapport à
1990 ont été établies.
Pour ce qui concerne l’évolution future des phénomènes météorologiques extrêmes, il faudrait
s’attendre très probablement à un accroissement du nombre de journées de chaleur et de
vague de chaleur sur presque toutes les terres émergées. On prévoit que les extrêmes des
précipitations augmenteront plus que les moyennes et que l’intensité des précipitations
augmentera également. La fréquence des précipitations extrêmes devrait progresser presque
partout. Un assèchement général de la partie centrale des continents en été (juin à septembre)
est également prévu, sous l’influence d’un ensemble de facteurs, notamment d’une élévation
de la température et d’un accroissement de l’évaporation potentielle non compensé par un
accroissement des précipitations. Le tableau 5.15 résume les effets du changement climatique
sur les ressources en eau du globe en général.
216
Tableau 5.15 : Effets des changements climatiques sur les ressources en eau, en l’absence de mesure
d’intervention climatiques (IPCC, 2001)
Soulignons cependant que les prévisions proposées par les modèles climatiques sont des
valeurs moyennes sur des mailles de dimensions comprises, de nos jours, entre 250 et 600 km
pour la composante atmosphérique, contre 125 à 250 km pour la composante océanique, alors
que les processus étudiés se fondent sur des données à des échelles beaucoup plus faibles. Les
autres points faibles des modèles climatiques actuels sont la mauvaise représentation de
certains processus comme l’évaporation continentale qui nous intéressent particulièrement,
l’interrelation entre l’évolution socio-économique et les paramètres économiques, etc.. En
217
conséquence, en dépit de l’accroissement du degré de confiance aux résultats des modèles sur
le plan global ces dernières années, les prévisions locales restent imprécises.
Dans l’ensemble, les changements prévus dans le domaine de l’eau aggraveraient les
problèmes de pénurie et de qualité de l’eau dans de nombreuses régions désertiques, mais les
amélioreraient dans d’autres régions du monde. En général, les besoins hydriques
augmenteraient en raison de la croissance démographique et du développement économique,
bien qu’une diminution soit prévue dans certains pays en raison d’une gestion plus efficace.
Les écoulements fluviaux et l’alimentation des nappes souterraines devraient diminuer dans
de nombreuses régions du monde, mais augmenteraient dans certaines régions. L’ampleur des
changements varie selon les scénarios, en partie en raison des différences au niveau des
précipitations prévues (notamment à propos de l’intensité des pluies) et en partie en raison des
différences au niveau de l’évaporation prévue. Mais dans l’ensemble, ce sont les systèmes
hydriques non gérés ou mal gérés qui seront les plus vulnérables aux effets négatifs des
changements climatiques. La figure 5.10 présente une analyse des points de concordance
entre les modèles, pour ce qui concerne les variations futures des précipitations.
Figure 5.10 : Analyse de la concordance entre les modèles en ce qui concerne la variation des précipitations
régionales. Les régions sont classées comme affichant soit un accord sur un accroissement avec une variation
moyenne de plus de 20 % ("Fort accroissement"), un accord sur un accroissement avec une variation moyenne
comprise entre 5 et 20 % ("Accroissement faible"), un accord sur une variation moyenne comprise entre -5 et +5
% ("Pas de variation"), un accord sur une diminution avec une variation moyenne comprise entre -5 et -20 %
("Diminution faible"), un accord sur une diminution avec une variation moyenne de moins de -20 % ("Forte
diminution"), ou un désaccord ("signe non concordant"). (IPCC, 2001)
218
Pour ce qui concerne le Cameroun et l’Afrique Centrale en général, il ressort de ces
prévisions un accroissement des précipitations qui devrait varier au courant du XXIème siècle,
entre 5 et 20% pour les mois de décembre à janvier alors qu’aucune variation ne serait
enregistrée sur la période de juin à août. Comparées au ruissellement moyen des années 1961–
1990, les prévisions des changements du ruissellement annuel moyen d’ici 2050
correspondent en grande partie aux changements prévus pour les précipitations. La figure 5.11
présente les prévisions de variation du ruissellement moyen annuel dans le monde d’ici l’an
2050 selon le Hadley Centre.
Figure 5.11 : Variation du ruissellement moyen annuel d’ici l’an 2050. Les variations du ruissellement sont
calculées par rapport au ruissellement moyen de la période 1960-1990, à l’aide d’un modèle hydrologique
utilisant des projections climatiques provenant de deux versions du modèle de circulation générale
atmosphère/océans du Hadley Centre (AOGCM) pour un scénario avec 1 % d’augmentation annuelle effective
de la concentration du CO2 dans l’atmosphère : (a) moyenne d’ensemble HadCM2 et (b) HadCM3 (IPCC, 2001).
219
Dans l’ensemble, des augmentations du ruissellement sont prévues aux hautes latitudes et en
Asie du Sud-est, et des diminutions en Asie Centrale, autour de la Méditerranée, en Afrique
australe, et en Australie. Pour ce qui concerne le Cameroun, il en ressort une diminution des
écoulements de 25 à 150 mm/an dans la partie du pays au sud de l’Adamaoua (région du
Mont Cameroun non comprise), contre une augmentation de 25 à 150 mm/an au Nord de
l’Adamaoua et dans la région autour du Mont Cameroun, si l’on se réfère aux prévisions du
modèle HadCM3. Par contre le modèle HadCM2 prévoit des augmentations sur l’ensemble du
territoire, qui peuvent dépasser 150 mm/an dans le Sud du pays.
La connaissance de l’impact de ces variations sur les différents termes du bilan hydrologique
à l’échelle du bassin versant, qui constitue l’unité de base de gestion des ressources en eau, est
indispensable pour évaluer le devenir des ressources en eau de ces bassins dans le futur. Il est
alors indispensable de disposer des informations sur les prévisions des modèles climatiques
relatives aux précipitations et à l’évapotranspiration, les deux principales variables
climatiques qui influent sur les ressources en eau. De telles informations sont proposées par
de nombreux modèles climatiques, mais des différences très importantes existent entre les
données fournies. Il est par conséquent nécessaire d’analyser les différentes données
proposées pour notre région d’étude afin de sélectionner celles qui se rapprochent le mieux
des réalités de terrain.
Les prévisions des modifications du climat de la planète au courant du XXIème siècle sont très
variables d’un modèle climatique à l’autre (IPCC, 2001). Un moyen d’estimer la fiabilité des
prévisions d’un modèle pour une région donnée est la comparaison entre les résultats (quand
ils existent) des simulations du climat passé et actuel avec les observations. Pour ce volet de
l’étude, nous partirons du travail récent de collecte et de critique de scénarios climatiques
réalisé par Ardoin-Bardin (2004) pour sa thèse. Quatre modèles climatiques (HadCM3,
CSIRO-Mk2, ECHAM4/OPYC3 et NCAR-PCM ) parmi les 7 cités plus haut sont retenus en
raison de la disponibilité des données et de leur utilisation fréquente. Pour ce qui concerne les
précipitations en particulier, une analyse comparée des performances des 4 modèles montre
qu’aucun ne reproduit correctement les observations de la période instrumentée, notamment
les volumes annuels précipités, leur variabilité interannuelle et la dynamique des saisons. Les
observations sont en général surestimées ou sous-estimées en fonction des modèles et du
220
scénario d’émission utilisés. Les modèles climatiques restent cependant les seuls moyens
utilisés de nos jours pour évaluer l’impact du changement climatique sur le cycle de l’eau et
partant, sur les ressources en eau d’une région donnée. Nous les utiliserons donc, tout en
restant conscient des limites et des incertitudes qui restent à lever. Le choix du modèle
climatique et du scénario d’émission à utiliser dépend des objectifs poursuivis et relève de la
responsabilité de l’utilisateur.
En raison de la disponibilité des données simulées sur la période 1950-2099 qui inclue la
période observée 1950-2000, le modèle HadCM3 a été retenu pour la simulation de
l’évolution du climat sur l’Afrique de l’Ouest et Centrale. Cette simulation est basée sur le
scénario d’émission A2. Le choix du modèle HadCM3 est également conforté par le fait qu’il
représente une version évoluée du Modèle HadCM2 dont les performances ont été classées
parmi les meilleures dans le cadre d’autres études précédentes (Arnell et al., 1999 ; Hulme et
al., 2000 ; Mkankam Kamga, 2001). Le choix du scénario d’émission A2 est quant à lui
motivé par sa vision plus ‘’réaliste’’ qui considère un XXIème siècle où aucune mesure
concertée mondiale n’est prise pour enrayer l’augmentation des gaz à effet de serre. Cette
vision, peut-être pessimiste de la capacité de concertation au niveau mondial, a l’avantage de
se situer du côté où une éventuelle concertation aboutissant à des conclusions positives
constituerait un avantage dans la mesure où elles contribueraient à une atténuation des
conséquences d’une forte production des gaz à effet de serre, plaçant ainsi nos conclusions du
coté de la sécurité.
Deux méthodes d’exploitation des sorties du modèle HadCM3 et du scénario d’émission A2,
sont utilisées pour générer des grilles de précipitations et d’ETP qui seront utilisées dans le
modèle hydrologique :
- un premier jeu de données calculé sur la base des écarts (ou anomalies) calculés par rapport
à une période de référence correspondant à la période déficitaire récente (1969 – 1998). Pour
chaque mois i sur la grille j, les anomalies issues du modèle climatique (GCM) sont calculées
selon la formule :
221
On génère ensuite pour chaque cellule une nouvelle série de données corrigées qui prend en
compte les prévisions du modèle climatique, mais avec des valeurs plus vraisemblables. La
formule de calcul utilisée est la suivante :
Cette procédure de correction des données issues des modèles climatiques est appliquée sur
les séries mensuelles d’ETP et de précipitations sur la période prospective sur chaque cellule.
Ce procédé permet de conserver la dynamique des variations mensuelles des précipitations au
courant d’une année, que le modèle climatique a du mal à reproduire.
- le second jeu de données est calculé en prenant en compte les variations aux trois horizons
définis par l’IPCC (2020, 2050 et 2080). Il s’agit de calculer les taux de variation des
précipitations et d’ETP¨mensuelles entre les trois horizons et la période de référence retenue
précédemment (1969-1998), et d’appliquer ces taux aux données d’observation. Les taux de
variations mensuelles pour les différents horizons sont calculés selon la formule :
Les taux de variation sont appliqués sur les séries de données observées pour obtenir les séries
correspondantes aux différents horizons. En supposant que les observations (de précipitations
et d’ETP) de la période de référence peuvent se reproduire à nouveau, un tirage aléatoire de
trois séries de 30 années chacune est effectué sur la période de référence pour créer des séries
fictives pour les différentes échéances. Les taux de variation calculés précédemment sont
appliqués à la série fictive suivant la formule :
222
XSCEN,i,j = XmoyObsRef,i,j x Horiz,i,j
Une nouvelle série de données qui respecte les taux de variation aux trois horizons 2020,
2050, 2080 du modèle climatique est ainsi créée, mais avec des valeurs plus réalistes qui
respectent la dynamique de la répartition mensuelle du total annuel de chacun des paramètres.
Les détails de la construction des grilles de données des différents paramètres sont décrits
dans le travail de Ardoin-Bardin (2004).
Les jeux de données de précipitations et d’ETP ainsi créés seront utilisés pour la simulation
des écoulements sur les bassins versants testés précédemment. Compte tenu de l’importance
des incertitudes qui restent à lever pour une meilleure prévision des volumes précipités
annuels et une bonne reproduction de la dynamique des saisons de pluies, les analyses
détaillées des variations des écoulements annuels et mensuels nous semblent peu réalistes au
stade actuel. Dans ces conditions, notre analyse des impacts du changement climatique sur les
ressources en eau se limitera à des ordres de grandeur de variation au cours de différentes
périodes d’une trentaine d’années.
Le premier objectif de cette partie de l’étude est la simulation de l’évolution des ressources en
eau pour le XXIème siècle sur nos bassins. L’analyse des différents termes du bilan hydrique
des bassins versants testés permettra de se faire une idée de cette évolution. Après
l’élaboration des jeux de données de précipitations et d’ETP, nous allons procéder à la
simulation des écoulements à l’aide du modèle hydrologique GR2M, en utilisant comme
données d’entrée les sorties des modèles climatiques. Les données d’entrée de ce modèle
sont : les précipitations, l’évapotranspiration potentielle et la capacité de rétention en eau du
sol. Si les données de prévision des deux premiers paramètres sont fournies par les sorties des
modèles climatiques, aucune prévision n’est disponible pour la capacité de rétention en eau
des sols. Dans ces conditions, pour la prévision des écoulements sur nos bassins, nous allons
faire l’hypothèse de la conservation de la capacité de rétention en eau des sols dans une
situation voisine de leur état actuel, au courant du XXIème siècle.
223
5.5.4.1 – Evolution des précipitations
Trois grilles de données pluie ont été construites à partir des données à notre disposition : une
première grille (P_GCMBrut) à l’aide des pluies brutes directement sorties du modèle
climatique, une deuxième grille (P_Ano) à l’aide des pluies reconstituées par le procédé des
‘’Anomalies’’ tel que décrit ci-dessus et une troisième (P_Horiz) à l’aide des pluies
reconstituées par le procédé des Horizons également décrit ci-dessus.
La figure 5.12 montre l’évolution des précipitations moyennes annuelles au cours du XXIème
siècle sur les cinq bassins versants étudiés, telles qu’elles ressortent des deux méthodes de
construction de scénarios. Les observations de la période actuelle sont présentées dans la
figure à titre de comparaison, ainsi que les prévisions du scénario Anomalies pour la période
observée. On note que des différences très importantes peuvent exister entre les observations
et les prévisions du scénario Anomalies pour la période 1950-2000, notamment pour les
bassins versants situés dans le Nord du pays.
Pour deux des cinq bassins étudiés (un dans le Nord du pays et l’autre dans le Sud), la figure
5.13 présente en même temps que les données des deux méthodes de construction de
scénarios, les prévisions des données brutes de précipitations ainsi que les moyennes mobiles
sur 30 ans (P30a_Obs : 1951-1980 ; P30b_Obs : 1961-1990 et P30c_Obs :1971-2000) pour
différentes périodes. Comme on peut le constater sur cette figure, les données de pluies brutes
(présentées ici à titre indicatif), sont largement supérieures aux observations de la période
actuelle, notamment pour les bassins versants du Nord du pays. Les pluies moyennes
déterminées à partir des deux méthodes de construction sont bien différentes entre elles, mais
les moyennes calculées sur des périodes de 30 ans (P30_Ano et P30_Horiz) sont relativement
voisines. On peut également noter qu’après une période 2000-2050 où les précipitations
continuent globalement à diminuer par rapport à la période récente (1971-2000) sur les
bassins de la région du Nord du pays, une légère reprise s’amorce au cours de la période
2051-2080 et se poursuit de manière plus marquée entre 2081 et 2095. En dépit de cet
accroissement des précipitations, la moyenne de la période 2081-2095 reste inférieure à la
normale 1951-1980.
224
Précipitations m oyennes Bassin du Mayo Kébi à Cossi
1400
P (mm)
1000
600
1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2020 2030 2040 2050 2060 2070 2080 2090 2100
1400
P (mm)
1100
800
1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2020 2030 2040 2050 2060 2070 2080 2090 2100
2000
P (mm)
1600
1200
1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2020 2030 2040 2050 2060 2070 2080 2090 2100
2200
P (mm)
1800
1400
1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2020 2030 2040 2050 2060 2070 2080 2090 2100
1800
1500
1200
1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2020 2030 2040 2050 2060 2070 2080 2090 2100
Figure 5.12 : Evolution des précipitations moyennes annuelles sur les 5 bassins versants testés, selon les
scénarios Anomalies (P_Ano) et Horizons (P_Horiz) en regard des pluies observées (P_Obs)
225
Evolution pluies moyennes annuelles du bassin versant de la Sanaga à Edéa
2400
2200
2000
P (mm)
1800
1600
1400
1200
1950
1960
1970
1980
1990
2000
2010
2020
2030
2040
2050
2060
2070
2080
2090
P_Obs P30a_Obs P30b_Obs P30c_Obs P_Ano
P_Horiz P_GCMBrut P30-Ano P30_Horiz P30_GCMBrut
2000
1800
1600
1400
P (mm)
1200
1000
800
600
1950
1960
1970
1980
1990
2000
2010
2020
2030
2040
2050
2060
2070
2080
2090
226
Pour les bassins versants du sud du pays par contre, on note que la reprise des précipitations
amorcée au cours des années 1990 se maintient globalement jusqu’au début des années 2030
suivie d’une baisse jusqu’à la fin de la décennie 2030, mais globalement la pluviométrie de la
période 2000-2050 reste légèrement supérieure à celle de la période 1971-2000. Par la suite,
l’accroissement des précipitations continue au cours de la période 2051-2080 et se poursuit
globalement jusqu’à la fin du siècle pour les pluies du scénario Horizon, alors qu’une légère
baisse s’amorce sur la période 2051-2080 pour celles du scénario Anomalie, suivie d’une
nouvelle progression, en moyenne jusqu’à la fin du siècle. Dans les deux cas, en dépit de cet
accroissement des précipitations, la moyenne de la période 2081-2095 reste inférieure à la
normale 1951-1980, comme pour les bassins versants du Nord. Le tableau 5.16 en présente les
taux de variation suivant les 2 scénarios testés.
Tableau 5.16 : Variation (%) de la pluie moyenne annuelle par période par rapport à la période 1971-2000
Comparativement à la période récente (1971-2000), les trois bassins versants du Sud du pays
enregistrent un accroissement des précipitations (1 à 14 % selon le bassin, la période et le
scénario), alors que les deux bassins de la partie Nord du pays enregistrent d’abord une
diminution des précipitations (-4 à -12% selon le bassin, la période et le scénario) dans la
première moitié du siècle avant une augmentation (jusqu’à 12% sur le mayo Kébi ) vers la fin
du siècle.
5.5.4.2 – Evolution de l’évapotranspiration potentielle
Comme dans le cas des précipitations, trois grilles de données d’ETP ont également été
construites à partir des données à notre disposition : une première grille (ETP_GCMBrut) à
partir des sorties brutes du modèle climatique, une deuxième grille (ETP_Ano) à l’aide de
l’ETP reconstituée suivant la méthode des Anomalies et une troisième (ETP_Horiz) construite
à l’aide de l’ETP reconstituée par le procédé des Horizons tel que décrit ci-dessus.
227
La figure 5.14 montre l’évolution de l’ETP moyenne annuelle sur les cinq bassins versants au
courant du XXIème siècle, selon les prévisions des deux scénarios. Les valeurs de l’ETP
moyenne annuelle calculée par la méthode de Penman sur chacun des 5 bassins, pour la
période actuelle sont également présentées dans la figure à titre de comparaison. Comme dans
le cas des précipitations, on note des différences qui peuvent être importantes entre les valeurs
de l’ETP moyenne annuelle calculée par la méthode de Penman et les prévisions du scénario
Anomalies pour la période 1950-2000 sur les mêmes bassins.
Sur la figure 5.15, en plus des observations citées ci-dessus, sur deux des cinq bassins étudiés
(un dans le Nord et l’autre dans le Sud), les données d’ETP brutes telles que sorties du modèle
ainsi que les moyennes mobiles sur 30 ans (ETP30a_Obs : 1951-1980 ; ETP30b_Obs : 1961-
1990 et ETP30c_Obs :1971-1995) de l’ETP moyenne annuelle sont représentées. Comme
dans le cas des précipitations, les valeurs de l’ETP brute sont très différentes des observations
de la période actuelle, pour les bassins versants des deux régions du pays. Par contre, bien que
les valeurs moyennes annuelles de l’ETP déterminées à partir des deux méthodes de
construction soient différentes entre elles, les valeurs moyennes interannuelles calculées sur
des périodes de 30 ans (ETP30_Ano et ETP30_Horiz), sont relativement voisines.
228
ETP m oyenne annuelle bassin Mayo Kébi à Cossi
2800
ETP (mm)
2400
2000
1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2020 2030 2040 2050 2060 2070 2080 2090 2100
2300
2100
1900
1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2020 2030 2040 2050 2060 2070 2080 2090 2100
1800
ETP (mm)
1600
1400
1200
1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2020 2030 2040 2050 2060 2070 2080 2090 2100
1400
1000
1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2020 2030 2040 2050 2060 2070 2080 2090 2100
1400
1000
1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2020 2030 2040 2050 2060 2070 2080 2090 2100
Figure 5.14 : Evolution de l’ETP moyenne annuelle selon les scénarios Anomalies (ETP_Ano) et
Horizons (ETP_Horiz), sur les 5 bassins versants testés, en regard de l’ETP calculée par la
méthode de Penman (ETP_Penman) pour la période actuelle.
229
Evolution de l'ETP moyenne annuelle sur le bassin versant de la Sanaga à Edéa
2000
1800
1600
ETP (mm)
1400
1200
1000
800
1950
1970
1990
2010
2030
2050
2070
2090
ETP_Pen ETP30a_Pen ETP30b_Pen
ETP_Ano ETP_Horiz ETP_GCMBrut
ETP30_Ano ETP30_Horiz ETP30_GCMBrut
2600
2400
2200
ETP (mm)
2000
1800
1600
1400
1200
1950
1970
1990
2010
2030
2050
2070
2090
230
Tableau 5.17 : Variation (%) de l’ETP moyenne annuelle par période par rapport à la période 1971-2000
Les trois grilles de données de précipitations et d’ETP sont utilisées pour simuler des
écoulements à l’exutoire des 5 bassins versants testés précédemment, en utilisant le modèle
GR2M dont la robustesse a été mise en évidence plus haut. Trois types d’évolutions des
écoulements moyens mensuels sont obtenus, desquels nous avons déduit les débits moyens
annuels : Q_Pbrut, à partir des sorties brutes du modèle climatique, Q_Ano, à l’aide des
précipitations et de l’ETP reconstituées suivant la méthode des Anomalies et Q_Horiz, à
l’aide des précipitations et de l’ETP reconstituées par le procédé des Horizons.
La figure 5.16 montre l’évolution des débits moyens annuels sur les bassins de l’étude dans le
courant du XXIème siècle, tels qu’il ressort des prévisions des deux méthodes de construction
de scénarios. Les débits moyens annuels (Q_Obs) observés sont également présentés dans la
figure à titre de comparaison. Comme dans le cas des précipitations et de l’ETP, on note des
différences qui peuvent être très importantes, entre les débits moyens annuels observés et
ceux calculés par le modèle GR2M en utilisant les données de prévision d’ETP et de
précipitations du scénario Anomalies sur la période 1950-2000, pour les différents bassins
versants étudiés.
231
Mayo Kébi à Cossi
200
150
Q (m3/s)
100
50
0
1950 1970 1990 2010 2030 2050 2070 2090
Q_Obs Q_Ano Q_Horiz
Bénoué à Garoua
700
Q (m3/s)
500
300
100
1950 1970 1990 2010 2030 2050 2070 2090
Q_Obs Q_Ano Q_Horiz
Sanaga à Edéa
2500
Q (m3/s)
2000
1500
1000
1950 1970 1990 2010 2030 2050 2070 2090
Nyong à Dehane
650
Q (m3/s)
500
350
200
1950 1970 1990 2010 2030 2050 2070 2090
Dja à Somalomo
120
Q (m3/s)
90
60
30
Figure 5.16 : Evolution des débits moyens annuels des 5 cours d’eau testés suivant les scénarios
Anomalies (Q_Ano) et Horizons (Q_Horiz) en regard des débits observés (Q_Obs)
232
Une nette différence apparaît entre l’évolution des débits des cours d’eau du Sud et de ceux
du Nord du pays. Pour les cours d’eau du Sud, la tendance à l’amélioration de l’hydraulicité
amorcée dans le courant des années 1990 continue jusqu’à la fin de la décennie 2020 (dans les
2 cas, Anomalie et Horizon), puis s’amorce une baisse qui continue globalement jusqu’au
milieu des années 2030. Au début de la décennie 2040, une légère baisse s’amorce avant que
les écoulements moyens ne se stabilisent globalement jusqu’à la fin du siècle, dans le cas du
scénario Horizon. Dans le cas du scénario Anomalie, la baisse du début des années 2040 est
plus importante. Elle s’accentue globalement vers la fin du siècle en dépit de la présence de
quelques années de bonne hydraulicité.
Pour les cours d’eau du Nord par contre, le maintien de la tendance à l’amélioration de
l’hydraulicité amorcée au courant des années 1990 continue jusqu’à la fin de la décennie 2020
dans les 2 cas (Anomalie et Horizon). L’hydraulicité de la période 2021-2050 est globalement
plus faible que celle des années 2020. Une nouvelle hausse s’amorce au début des années
2050 et se perpétue globalement jusqu’en 2095. En dépit de cette augmentation, dans le cas
du scénario Anomalie, les écoulements restent globalement en deçà de ceux de la période
humide d’avant 1970. Dans le cas du scénario Horizon par contre, ils sont en moyenne
supérieurs à ceux de cette période à partir du début des années 2050.
La figure 5.17 montre l’évolution des débits moyens annuels sur deux des cinq bassins (un
bassin versant de la partie Nord du pays et l’autre du Sud) au courant du XXIème siècle, tels
qu’il ressort des prévisions et des deux méthodes de construction de scénarios. Les valeurs des
débits moyens interannuels observés avant et après 1970 (QMav70_Obs : 1951-1970 et
QMap70_Obs : 1971-1990), considérée comme date charnière entre la période humide
antérieure et la période sèche actuelle, tel qu’il ressort des analyses des chapitres précédents.
Comme pour l’ETP et les précipitations, on y constate que les débits obtenus avec les valeurs
brutes des différents paramètres sont très différents des observations de la période actuelle.
Les débits moyens annuels calculés à l’aide des paramètres issus des deux scénarios sont
également différents entre eux, alors que les moyennes calculées sur des périodes de 30 ans
(Q30_Ano, Q30_Horiz et Q30_GCMBrut), peuvent être voisines pour certaines périodes.
233
Evolution du débit moyen annuel de la Sanaga à Edéa
4000
3500
3000
Q (m3/s)
2500
2000
1500
1000
1950
1970
1990
2010
2030
2050
2070
2090
Q_Obs QMav70_Obs. QMap70_Obs. Q_Ano Q_Horiz
Q_Pbrut Q30_Ano Q30_Horiz Q30_Pbrut Débit Regulé
1400
1200
1000
800
Q (m3/s)
600
400
200
0
1950
1970
1990
2010
2030
2050
2070
2090
Figure 5. 17 : Evolution du débit moyen annuel et interannuel sur quelques cours d’eau
234
En définitive, pour les bassins versants de la partie Nord du pays, dans le courant du XXIème
siècle les écoulements devraient être globalement plus importants que ceux de la période
récente, en dépit de la baisse des précipitations enregistrée jusqu’à la fin des années 2050.
Pour les cours d’eau du Sud par contre, les écoulements baissent nettement dans le cas du
scénario Anomalie alors qu’ils sont relativement stables dans le cas du scénario Horizon.
Cette différence de comportement entre les cours d’eau des 2 parties du pays tiendrait à
l’accroissement de l’ETP dont la moyenne annuelle sur les bassins versants du Sud est plus
importante. En effet vers la fin du siècle, le taux d’accroissement de l’ETP atteint 28% sur le
bassin de la Sanaga à Edéa, 33% sur celui du Nyong à Dehane et 45% sur le bassin du Dja à
Somalomo, alors qu’il ne dépasse pas 14% pour les bassins du Nord. Les réserves en eau,
suffisantes en permanence, des régions Sud du pays favorisent une évaporation plus forte,
alors que leur insuffisance à certains moments de l’année constitue un facteur limitant dans le
Nord. Les données du tableau 5.18 indiquent les taux de variation des écoulements par rapport
à la période (1971-1990) sur l’ensemble des bassins étudiés.
Tableau 5.18 : Variation (%) du débit moyen annuel par période par rapport à la période 1971-1990
235
En raison de la régulation des débits de la Sanaga après 1970, les variations des écoulements
de ce cours d’eau sont calculées par rapport à la période 1950-1970 connue pour son caractère
humide dans la région. Les deux scénarios testés prévoient des écoulements globalement plus
faibles (-10 à –32%) que ceux de cette période, tout au long du XXIème siècle. On devrait en
tenir compte dans l’exploitation des aménagements en cours ou en projet sur ce cours d’eau.
Pour permettre de faire des comparaisons avec les résultats d’autres études, l’OMM
recommande de se référer à la période 1961-1990 dans les études relatives à l’évolution du
climat. Le tableau 5.19 indique les changements prévus sur nos différents bassins, pour les
précipitations, l’ETP et les écoulements, aux horizons 2050 et 2100 par rapport à cette
référence, alors que les figures 5.18 a et b proposent les représentations graphiques des
normales 2021-2050 et 2071-2100 de ces paramètres, en regard des normales 1961-1990. Les
variations des écoulements sont données en pourcentage et en lame d’eau annuelle rapportée à
la superficie de chaque bassin versant.
Tableau 5.19 : Variations (%) attendue en 2050 et 2100 pour les précipitations, l’ETP et les écoulements,
sur les bassins testés, par rapport à la période référence 1961-1990
Bassin Mayo Kébi à Cossi Nyong à Dehane Sanaga à Edéa Bénoué à Garoua Dja à Somalomo
versant
Variation attendue en 2050
Pluie -7,8 -6,4 +0,6 +1,7 -1,8 -1,5 -9,8 -9,1 +0,1 +2,9
ETP +0,5 +1,3 +9,3 +5,7 +10,4 +9,5 +2,2 +2,4 +14,8 +12,4
Ecoulement -5,9 -0,1 -10,0 -4,6 +5,5 +11,5 +9,8 +19,3
(-6 mm) (0,1 mm) (-53 mm) (-25 mm) - - (10 mm) (21 mm) (39 mm) (77 mm)
Variation attendue en 2100
Pluie +7,2 +9,6 +6,4 +10,5 0 +3,9 +1,1 +3,0 +0,5 +8,4
ETP +10,4 +12,5 +37,3 +19,4 +32,1 +25,5 +13,2 +13,9 +44,7 +28,7
Ecoulement +18,5 +46,6 -21,9 +1,8 +14,2 +39,3 -14,7 +15,9
(19 mm) (49 mm) (-116 mm) (9 mm) - - (26 mm) (71 mm) (-58 mm) (63 mm)
Par rapport à la période 1961-1990, on note à l’horizon 2050 une baisse des précipitations
pouvant atteindre 10% sur certains bassins versants selon les scénarios, alors qu’elles restent
approximativement stables sur d’autres. A l’échéance 2100 par contre, un accroissement des
précipitations pouvant atteindre 10% est prévu sur l’ensemble des bassins étudiés.
L’accroissement de l’évapotranspiration moyenne annuelle prévu sur nos bassins varie entre
0.5 et 15% en 2050, contre 10 à 45% selon le scénario, vers la fin du siècle. Des baisses des
écoulements atteignant 10% sont prévues sur le Nyong et le mayo Kébi, alors que des
augmentations pouvant atteindre 19% sont prévues sur la Bénoué et le Dja, à l’horizon 2050.
A l’horizon 2100 par contre un accroissement des écoulements annuels de 2 à 47% est prévu
sur l’ensemble des bassins étudiés.
236
Mayo Kébi à Cossi selon scénario Anomalies P (mm)
ETP (mm)
Q (mm)
2000
1500
Hauteur (mm) 1000
500
0
1961-1990 2021-2050 2071-2100
2000
Q (mm)
1500
H a ut e ur ( m m )
1000
500
0
1961-1990 2021-2050 2071-2100
1500
H a ut e ur ( m m ) 1000
500
0
1950-1970 2021-2050 2071-2100
H a ut e ur ( m m ) 1000
500
0
1961-1990 2021-2050 2071-2100
1500
500
0
1961-1990 2021-2050 2071-2100
Figure 5.18a : Normales des paramètres du bilan hydrologique annuel des bassins testés, pour les
périodes 2021-2050 et 2071-2100 selon le scénario Anomalies, en regard de celles de
1961-1990/de la moyenne 1950-1970 pour la Sanaga
237
Mayo Kébi à Cossi selon scénario Horizons P (mm)
ETP (mm)
Q (mm)
2000
1500
H a ut e ur ( m m ) 1000
500
0
1961-1990 2021-2050 2071-2100
P (mm)
Bénoué à Garoua selon scénario Horizons
ETP (mm)
Q (mm)
2000
1500
H a ut e ur ( m m ) 1000
500
0
1961-1990 2021-2050 2071-2100
1500
500
0
1950-1970 2021-2050 2071-2100
H a ut e ur ( m m ) 1000
500
0
1961-1990 2021-2050 2071-2100
H a ut e ur ( m m ) 1000
500
0
1961-1990 2021-2050 2071-2100
Figure 5.18b : Normales des paramètres du bilan hydrologique annuel des bassins testés, pour les
périodes 2021-2050 et 2071-2100 selon le scénario Horizon, en regard de celles de
1961-1990/de la moyenne 1950-1970 pour la Sanaga
238
Les résultats des tableaux 5.18 et 5.19 qui comparent les écoulements prévus dans le courant
du XXIème siècle, respectivement à ceux des périodes 1971-1990 et 1961-1990, montrent des
différentes qui sont parfois très importantes notamment pour les cours d’eau de la partie Nord
du pays. Un accroissement des écoulements de 60 à 80% est prévu par exemple sur la Bénoué
à Garoua vers la fin du siècle par rapport aux écoulements de la période 1971-1990, contre
seulement 14 à 40% si l’on se réfère plutôt à ceux de la période 1961-1990. Cette différence
souligne le caractère particulièrement déficitaire des décennies 1970 et 1980.
A titre de comparaison, une étude de Mkankam Kamga (2001) prévoit sur le bassin supérieur
de la Bénoué, un accroissement de l’ETP de 4 à 11 % et une variation des écoulements qui va
de –7 à +18% en 2100 selon le scénario, par rapport à cette même période de référence. Ces
résultats sont dans la même fourchette et vont dans le même sens que les nôtres. Il convient de
souligner que l’étude de Mkankam Kamga a utilisé des données issues des modèles de
prévision (HadCM2 et ECHAM4/OPYC3) différents du nôtre.
Nos résultats diffèrent par contre, sur certains bassins, des prévisions du Hadley Centre qui
prévoient pour le Cameroun en 2050 (figure 5.11), une diminution des écoulements de 25 à
150 mm/an sur les bassins de la partie du pays au sud de l’Adamaoua (région du Mont
Cameroun non comprise) contre une augmentation de 25 à 150 mm/an au nord de
l’Adamaoua et dans la région du Mont Cameroun. En effet, si une diminution (-53 mm/an)
des écoulements est bien enregistrée sur le Nyong, ont note plutôt un accroissement des débits
du Dja (+ 40 à 80 mm/an) à cette échéance. Il en va de même pour nos prévisions dans le
Nord du pays, où une augmentation des écoulements de 21 mm/an est enregistrée sur la
Bénoué à Garoua contre une légère baisse (-6 mm/an) sur la mayo Kébi par rapport à la
période 1961-1990.
239
les prévisions. La figure 5.19 présente la comparaison des chroniques d’observation
pluviométriques des bassins versants du Mayo Kébi et du Nyong à celles du scénario
Anomalie sur les mêmes basins au cours cette période commune.
2100
1700
P (mm)
1300
900
500
1950
1960
1970
1980
1990
2000
Cossi_Ano CossiAno51-80 CossiAno61-90 CossiAno71-00
Cossi_Obs Cossi_Obs51-80 Cossi_Obs61-90 Cossi_Obs71-00
Dehan_Ano DehAnoMoy51-80 DehAnoMoy61-90 DehAnoMoy71-00
Dehane_Obs DehObsMoy51-80 DehObsMoy61-90 DehObsMoy71-00
Figure 5. 19 : Pluies moyennes annuelles et interannuelles sur les bassins Nyong à Dehane (Haut) et
celui du Mayo Kébi à Cossi (Bas) ; le scénario Anomalie est comparé au climat actuel
Comme on peut le constater sur cette figure, la différence entre les précipitations annuelles
peut atteindre 100% certaines années, alors qu’elle n’est plus que de 7 à 10% entre les
normales des bassins versants de la région Sud du pays, contre 11 à 13% entre celles des
bassins du Nord. On peut en conclure que les modèles de prévision donnent une idée
acceptable des tendances générales de l’évolution des précipitations sur des durées
suffisamment grandes pour intégrer les fluctuations naturelles alors que des incertitudes très
importantes peuvent subsister pour les faibles pas de temps. Dans ces conditions, les analyses
détaillées de l’impact du changement climatique sur le régime des écoulements (notamment
les études des écoulements mensuels) seraient sans grand intérêt au stade des connaissances
actuelles.
240
Dans la suite, nous nous intéresserons essentiellement aux écoulements qui intègrent la
totalité des incertitudes. On s’attachera à faire une analyse comparative des chroniques de
débits observés et de ceux reconstitués à l’aide du modèle afin d’en caractériser les
différences. On s’intéresse aussi bien aux débits reconstitués à l’aide des chroniques de
précipitations et d’ETP observées qu’à ceux reconstitués avec les chroniques issues des
scénarios d’évolution climatique.
Critères statistiques
Le coefficient de corrélation (R²) et le critère de Nash décrits plus haut sont utilisés pour
mesurer la qualité des ajustements réalisés par notre modèle. Le tableau 5.20 présente les
valeurs obtenues pour ces deux paramètres en utilisant les grilles d’ETP et de pluies
‘’Anomalies’’ de la période 1950-2000 pour reconstituer les écoulements observés sur les 5
bassins testés.
Le logiciel SAFARHY a été utilisé pour l’ajustement statistique des différents échantillons.
La distribution de tous nos échantillons est approchée par les lois normale et log-normale. Les
résultats sont présentés dans le tableau 5.21, pour les valeurs de récurrence 10 ans (les
différences sont du même ordre de grandeur pour les récurrences 20 à 100 ans), ainsi que les
différences entre résultats issus des différents échantillons.
Tableau 5.21 : Différence (%) entre les débits maximums mensuels décennaux (Q10) déterminés
à partir des observations et ceux calculés à l’aide des pluies observées (PObs)
d’une part et des pluies déduites du scénario Anomalie (PAno) d’autre part.
Les données du tableau 5.21 montrent que les différences entre les débits décennaux
déterminés à l’aide des chroniques reconstituées par le modèle GR2M sur les cinq bassins
(seuls les débits naturels ont été analysés le cas échéant) et ceux issus des observations sont
relativement faibles. Par contre, la différence entre les paramètres issus des observations et
ceux du scénario sont toutes supérieures à 10%, sauf sur le Nyong à Dehane. La différence
entre les paramètres issus de la reconstitution à partir des deux types de pluie (observation et
scénario) est relativement faible sur le Mayo Kébi, le Nyong et la Sanaga ; alors qu’elle est
forte sur la Bénoué et le Dja, mais tout en restant dans la fourchette de ce qui a été observé sur
Garoua entre débit observés et reconstitués avec les pluies du scénario Anomalie. L’écart
entre les débits observés et reconstitués à partir des pluies observées constitue l’erreur du
modèle hydrologique, celui entre les débits observés et ceux issus des pluies du scénario
climatique est une combinaison des erreurs des modèles climatique et hydrologique, alors que
242
celui entre les débits reconstitués à l’aide des pluies observées et ceux issus des pluies du
scénario climatique est une erreur du scénario climatique. Pour être acceptable, un écart aux
observations ne devrait pas dépasser 10%, valeur qui représente le seuil d’incertitude sur les
mesures. On peut en conclure que le modèle GR2M reproduit correctement les paramètres
statistiques de nos cinq cours d’eau à partir des pluies observées, mais que les écarts sont
importants quand on utilise les pluies issues de modèle climatique. Il est par contre intéressant
de constater que les valeurs de ‘’l’erreur du scénario climatique’’ ne sont pas très différentes
de ‘’l’erreur de modélisation’’. En attendant d’autres vérifications, ceci témoigne de la bonne
qualité des ‘’pluies Anomalie’’ construites à partir des données brutes du modèle climatique
HadCM3 .
On note une assez bonne corrélation des simulations avec les observations sur les bassins du
Nord et sur la Sanaga (confirmée par le critère de Nash (85 à 90) et le coefficient de
corrélation mensuelle (90 à 96 %). Sur les bassins versants de la région équatoriale du Sud par
contre les 2 pointes de l’hydrogramme annuel sont mal représentées. Il en est de même pour
les étiages qui y sont généralement moins bien représentés.
Sur l’ensemble des bassins testés, on note que des différences très importantes peuvent exister
entre les hydrogrammes reconstitués à l’aide des grilles de pluie du scénario Anomalie et les
hydrogrammes observés, et particulièrement entre les débits de pointe. Cette différence est
plus importante pour les bassins de la région équatoriale et découlerait des difficultés que les
modèles climatiques ont à prévoir les précipitations sur les faibles pas de temps et
particulièrement leur répartition dans l’année.
243
Reconstitution des débits à Cossi avec GR2M
600
400
Q(ml/s)
200
0
1956
1957
1958
1959
1960
Q_ Obs Q_Cal_Ano Q_Cal_PObs
6000
Q (m3/s)
4000
2000
0
1956
1957
1958
1959
1960
Q_ Obs Q_Cal_Ano Q_Cal_PObs
1200
800
Q (m3/s)
400
0
1956
1957
1958
1959
1960
Figure 5. 20 : Hydrogrammes observés et reconstitués avec le modèle GR2M sur quelques bassins
Les débits reconstitués à partir des précipitations du scénario climatique (période actuelle)
sont comparés à ceux reconstitués à partir des précipitations observées
244
CONCLUSION
Les analyses des données hydroclimatiques disponibles nous ont permis d’identifier les
manifestations de la variabilité climatique et de la sécheresse observée, depuis une trentaine
d’années en particulier, sur l’ensemble du territoire camerounais. Ce chapitre visait
essentiellement à donner un éclairage sur les impacts de la variabilité climatique sur les
ressources en eau du pays, et leur évolution future dans le contexte de changement climatique.
A partir de l’information pluviométrique disponible, la méthode de spatialisation de
l’information par le procédé de krigeage du logiciel Surfer a permis de faire une estimation
des apports météoriques sur l’ensemble du Cameroun. Le territoire du Cameroun reçoit en
moyenne 842 km3 de précipitations par an, soit un peu moins de 1,8 millions de m3 au km².
Quand on considère le territoire suivant une répartition latitudinale Nord et Sud par rapport à
l’Adamaoua, ce ratio tombe à environ 1 million de m3/an au km² dans le Nord contre un peu
moins de 2 millions dans le Sud. Le volume total des écoulements superficiels moyens
annuels est évalué à 265 km3 pour l’ensemble du pays, soit environ 30% des apports
météoriques. Une évaluation du volume des écoulements annuels basée sur les seuls bassins
versants jaugés (couvrant environ 63% de la superficie totale du territoire), donne une
moyenne annuelle de 172 km3 pour la période humide d’avant 1970, contre 139 km3 pour la
période sèche 1971-1990, soit une différence de 24% pour l’ensemble des cours d’eau étudiés.
Si l’on considère uniquement les cours d’eau au Sud de l’Adamaoua, cette différence n’est
plus que de 22%, contre 45% pour ceux situés dans le Nord. Les scénarios d’évolution
climatique sont utilisés pour évaluer l’incidence du changement climatique sur les ressources
en eau du Cameroun, en utilisant un modèle hydrologique dont le calage a été réalisé au
préalable sur la base des données d’observation.
Après une analyse des performances de trois modèles hydrologiques (GR2M, WBM et Yates)
sur cinq bassins versants représentatifs des régimes hydrologiques du Cameroun, la meilleure
reconstitution des débits sur les cinq bassins testés est obtenue avec le modèle GR2M.
Toutefois, la modélisation des écoulements en régime équatorial est de qualité moyenne. On
note en particulier une mauvaise représentation des 2 pointes annuelles de l’hydrogramme.
Les modèles testés se comportent globalement de manière satisfaisante sur le bassin de la
Sanaga en dépit de la régulation de ses débits. On note une tendance à l’amélioration de
l’efficience (critère de Nash et coefficient de corrélation) des modèles à mesure que la taille
du bassin versant s’accroît. Des scénarios d’évolution du climat construits à partir des
245
données brutes du modèle climatique HadCM3 sont utilisés par la suite pour se faire une idée
de l’impact des changements climatiques futurs sur l’évolution des ressources en eau du pays.
Deux scénarios sont tirés des données brutes du modèle HadCM3. Les impacts varient d’un
bassin à l’autre en raison de la variété (de taille, de physiographie, des états de surface et des
caractéristiques des sols) de ces bassins, qui leur donne une sensibilité différente aux
différents termes du climat. Si les données brutes issues du modèle climatique conduisent à
des résultats sans commune mesure avec la réalité, les scénarios construits à partir de ces
données présentent une évolution réaliste des paramètres hydroclimatiques qui permettent de
se faire une idée de l’impact des modifications du climat sur les ressources en eau. Des
incertitudes importantes subsistent cependant pour les faibles pas de temps, notamment les
prévisions annuelles et mensuelles.
Par rapport à la période 1971-2000 les scénarios utilisés prévoient sur les bassins versants
testés, des variations de précipitations moyennes annuelles qui vont de –13 à +14 % dans le
courant du XXIème siècle. Contrairement aux précipitations, l’évapotranspiration moyenne
annuelle augmente graduellement pour atteindre un taux d’accroissement de 45% vers 2100
pour les bassins versants de la partie Sud du pays, contre seulement 14% pour ceux du Nord.
En ce qui concerne les écoulements, par rapport à 1971-1990, des débits moyens annuels
globalement plus importants (+14 à +80%, soit 12 à 122 mm/an) sont prévus pendant tout le
siècle pour les deux cours d’eau de la partie Nord du pays. Pour ceux de la partie Sud par
contre, après une augmentation relativement plus faible (+1 à + 33%, soit 4 à 120 mm/an) des
écoulements annuels au cours de la première moitié du siècle, des baisses de -5 à -13% (-24 à
-59 mm/an) sont prévues dans certains cas vers la fin du siècle. Les variations des
écoulements de la Sanaga sont étudiées par rapport aux débits non régulés de la période 1950-
1970. Les deux scénarios testés prévoient des débits annuels globalement inférieurs (-10 à –
32%, soit –53 à –163 mm/an) à ceux de cette période connue pour son caractère humide, tout
au long du XXIème siècle. La comparaison de nos résultats à la période de référence 1961-
1990 recommandée par l’OMM montre que nos prévisions sur la Bénoué se situent dans la
même fourchette que celles de Mkankam Kamga (2001) qui a utilisé sur le même bassin des
données issues des modèles de prévision différents.
En définitive, la variété des processus en œuvre dans les modèles climatiques, dans les
différents bassins ainsi que dans leur agrégation temporelle et spatiale est telle que les
246
conclusions peuvent différer profondément d’un bassin à un autre. En particulier, les
conclusions dépendent fortement des ‘’images du futur possible’’ que proposent les scénarios
climatiques. Nos analyses permettent cependant de se faire une idée des prévisions en terme
de moyenne et de fréquence de distribution des variables climatiques et hydrologiques
étudiées sur nos bassins. Les résultats constituent une hypothèse valable de travail qu’il
conviendrait d’affiner à mesure que les performances des modèles climatiques vont
s’améliorer.
Quelques difficultés ont cependant été relevées. Un modèle hydrologique est construit pour
répondre à un certain nombre de questions et exige par conséquent une certaine complexité. Il
n’est par contre pas certain que les données disponibles soient en quantité suffisante pour
permettre sa vérification complète. Cet handicap est particulièrement préoccupant au
Cameroun où les observations du réseau hydrométrique sont arrêtées sur la quasi-totalité du
territoire depuis près de 2 décennies. Un modèle ainsi incomplètement renseigné peut fournir
des résultats idéalement réalistes, mais nécessairement incertains. Les modèles hydrologiques
utilisés privilégient les écoulements moyens qui se limitent aux valeurs moyennes mensuelles
alors que les prévisions des scénarios climatiques privilégient la tendance générale au courant
d’une période d’environ 30 ans. D’autre part, aucun modèle n’est absolument fiable lorsqu’il
sort de son domaine de calibration. Dans ces conditions, si les résultats obtenus sur les 5
bassins testés peuvent permettre de se faire une idée de l’évolution de leurs ressources en eau
particulières dans les années à venir, une extrapolation des résultats à l’ensemble des
écoulements de surface au Cameroun nécessite une certaine prudence. Par ailleurs, le
changement climatique correspond à une situation où les conditions de fonctionnement
hydrologiques sont modifiées, situation comparable en de nombreux points à un changement
de domaine de calibration. On peut alors se demander quel degré de confiance accorder aux
prévisions réalisées sur nos bassins ? Les résultats relatifs à la prévision des écoulements sont
également fortement dépendants de l’hypothèse de conservation des états de surface dans une
situation voisine de leur état actuel, ce qui est hautement improbable. Des efforts devraient
par conséquent être faits dans le sens d’une meilleure prise en considération des états de
surface, du contenu en eau des sols et de la couverture végétale dans les modèles
hydrologiques. Les faiblesses de la modélisation hydrologique sont donc réelles, cependant
les incertitudes les plus importantes se situeraient du coté des scénarios climatiques. Toute
amélioration des performances des modèles climatiques aura par conséquent des
répercussions sur la précision et la fiabilité des projections relatives aux ressources en eau.
247
CONCLUSION GENERALE
248
CONCLUSION GENERALE
Rendu au terme de l’étude, nous voulons tirer ici les principaux enseignements. En nous
appuyant sur un important travail déjà réalisé sur le sujet et des données nouvelles sur la
période 1981-2000, la présente étude se proposait d’approfondir la connaissance de la
variabilité spatiale et temporelle des régimes pluviométriques et hydrologiques à l’échelle du
Cameroun, avant de jeter un regard prospectif sur l’évolution des ressources en eau du pays
dans le contexte du changement climatique. Les informations disponibles pour l’étude ne
couvrent pas toutes les régions du pays, et celles existantes sont parfois fragmentaires,
souvent incomplètes. Il s’agit notamment des observations hydrométriques qui s’arrêtent à la
fin des années 1980 pour la majorité des stations, alors que l’information pluviométrique va
pour l’essentiel jusqu’en l’an 2000. Au nom de certains principes de rigueur qui inspirent la
démarche scientifique, il aurait fallu une parfaite homogénéité des séries analysées, ce qui
signifiait éliminer un grand nombre de données et ne considérer par exemple que la période
d’observation commune des précipitations et des débits. L’importance et l’urgence du sujet
pour la planification et l’organisation des usages des ressources en eau du pays dans le
contexte déficitaire actuel, ont motivé notre choix de conserver cette différence entre les
chroniques d’observations, quitte à les discuter parfois sur des bases différentes. Cette attitude
n’a cependant pas exclu la critique rigoureuse des informations disponibles et nous nous
sommes efforcés d’indiquer les limites de nos conclusions chaque fois que cela s’avérait
indispensable. Au terme de l’étude, la convergence des différentes analyses vers des résultats
parfaitement cohérents nous permet d’affirmer que cette entreprise quelque peu risquée en
valait parfaitement la peine. Nous en rappelons ici les idées maîtresses, les principales
conclusions et les limites.
A l’instar des autres régions du monde, une hausse moyenne des températures journalières a
été relevée sur l’ensemble du pays. Par rapport à la période 1961-1990, une hausse des
températures moyennes journalières de l’ordre de 0,2°C en moyenne, est observée sur
l’ensemble du territoire au cours de la période 1971-2000. Cette hausse est de 0,4°C en
moyenne si l’on ne considère que la période 1991-2000, 1998 détenant le record des années
les plus chaudes au Cameroun, avec une hausse moyenne de +1,1°C. Cette valeur est
supérieure au record mondial établi à +0,55°C la même année. Bien que cette tendance au
réchauffement soit générale sur l’ensemble du pays, l’intensité est variable suivant les
régions. Les plus fortes augmentations sont enregistrées dans les régions montagneuses,
249
notamment pour les températures maximales moyennes annuelles, alors que les plus faibles
sont observées dans la région au Nord de l’Adamaoua où on enregistre par ailleurs une hausse
plus forte des températures minimales moyennes annuelles.
Sur le plan des ressources en eau, avec une disponibilité moyenne annuelle par habitant de
près de 20000 m3 en l’an 2000, le Cameroun est classé parmi les pays aux ressources en eau
abondantes. Cette évaluation fait cependant abstraction de la distribution des ressources entre
les différentes zones du pays, de la variabilité interannuelle et des données qualitatives qui
constituent souvent un facteur limitant. En effet, depuis la fin des années 60, une baisse
généralisée des précipitations et des écoulements est observée sur l’ensemble du territoire
camerounais, à l’instar des autres régions de l’Afrique intertropicale. Par rapport à la période
de référence 1941-1970, la moyenne des déficits pluviométriques annuels varie de –10% dans
le Sud du pays à –20% dans le Nord, au cours des trois dernières décennies. Cette variation se
manifeste par un allongement de la saison sèche et par la baisse du nombre de fortes pluies
enregistrées au cours d’une année. Sur le plan des précipitations mensuelles l’évolution n’est
pas uniforme. C’est ainsi que les mois de juillet et d’août ont été plutôt excédentaires dans le
Sud du pays en général, au cours de cette même période. La baisse des précipitations a
considérablement affecté le régime des écoulements des cours d’eau qui ont
proportionnellement plus diminué que le cumul des pluies annuelles. Par rapport à la même
période de référence, la moyenne des déficits des modules interannuels est évaluée à –15%
pour les cours d’eau de la partie Sud du pays, contre –35% pour ceux du Nord. Dans
l’ensemble, les basses eaux ont été plus affectées que les hautes eaux qui bénéficieraient de
l’amélioration des conditions de ruissellement sur certains bassins versants.
Comparativement aux sécheresses antérieures, et notamment celles des années 1910 et 1940,
la sécheresse récente en Afrique tropicale en général et au Cameroun en particulier, se
différencie par son intensité plus marquée et sa durée plus longue. Il était alors urgent de
déterminer leurs conséquences sur les normes de référence établies à partir des données
hydroclimatiques antérieures. Les résultats de nos analyses montrent que les conséquences
sont variables selon que l’on s’adresse aux paramètres de référence des précipitations ou des
écoulements, et en particuliers ceux des hautes et basses eaux. Pour les normales
pluviométriques, les modules et les paramètres des hautes eaux, les moyennes déterminées à
partir de l’ensemble des chroniques de données disponibles sont relativement proches des
normales établies sur la base des données des périodes de référence sèches (1971-2000) et
250
humides (1951-1980). Les écarts entre les paramètres relatifs aux basses eaux calculés sur les
différentes périodes avant et après 1970 sont par contre très importants. Les différences sont
telles que certains débits caractéristiques de récurrence décennale calculés à partir de
l’ensemble de la chronique de données disponibles peuvent être supérieurs au débit de
récurrence centennale, voire millennale, calculé à partir de la série 1971-1990.
Ces résultats mettent en cause les limites des régions climatiques du Cameroun définies sur la
base des données antérieures. En effet, la cartographie des normales sur des périodes
glissantes de 30 ans montre un glissement des isohyètes vers le Sud du pays pour les périodes
1961-1990 et 1971-2000, traduisant ainsi un déficit pluviométrique par rapport à la période de
référence 1951-1980. Ce déficit est beaucoup plus marqué pour la période 1971-2000, ce qui
traduit globalement une accentuation de la sécheresse en dépit de quelques années humides
enregistrées au cours de la décennie 1990 (L’Hôte et al., 2002). La modification n’est
cependant réellement importante que dans la partie Nord du pays et concerne essentiellement
la diminution des précipitations et, par voie de conséquence celle des écoulements. Les limites
des zones climatiques proposées par Olivry (1986) ayant relativement peu changé, nous
pouvons les considérer comme toujours valables. Cependant, la définition des régions
climatiques homogènes au regard de toutes les exigences climatiques et bioclimatiques
nécessite des études complémentaires qui sortent du cadre de ce travail. Outre les bilans
hydriques, une telle entreprise devrait inclure des études de bilans d’énergie et de tous les
autres paramètres qui déterminent les conditions d’équilibre des écosystèmes. En attendant,
les résultats de nos analyses permettent d’affirmer que la définition spatiale des régions
climatiques est susceptible de modification si une évolution durable du climat est avérée. Les
conséquences des fluctuations climatiques sur les ressources en eau sont donc très
importantes, et il serait intéressant d’anticiper leurs impacts pour la planification et
l’organisation des usages futurs.
Le Cameroun reçoit en moyenne 842 km3 de précipitations par an, soit un peu moins de 1,8
millions de m3 au km². En considérant le territoire suivant une réparation latitudinale nord et
sud par rapport à l’Adamaoua, ce ratio tombe à environ 1 million de m3/an au km² dans le
Nord contre un peu moins de 2 millions dans le Sud. Le volume total des écoulements
superficiels moyens annuels est évalué à 265 km3 pour l’ensemble du pays, soit environ 30%
des apports météoriques. Une analyse du volume de ces écoulements basée sur les principaux
bassins versants jaugés (couvrant près des 2/3 du territoire) montre un déficit de 24% des
251
écoulements moyens annuels de la période sèche 1971-1990 par rapport à ceux des années
humides d’avant 1970. Ce déficit est de 22% si l’on ne considère que les cours d’eau de la
partie Sud du pays, contre 45% pour ceux situés dans le Nord. Pour évaluer l’incidence de
l’évolution du climat sur les ressources en eau du Cameroun, nous avons eu recours aux
scénarios d’évolution climatique et à la simulation des écoulements au moyen de modèles
hydrologiques dont le calage a été réalisé au préalable sur la base des données d’observation.
Les performances de trois modèles hydrologiques (GR2M, WBM et Yates) ont été analysées
en utilisant les données d’observation de cinq bassins versants représentatifs des régimes
hydrologiques du Cameroun. La meilleure simulation des débits sur les cinq bassins testés est
obtenue avec le modèle GR2M. On souligne cependant les qualités moyennes de la
modélisation des écoulements en régime équatorial où on note en particulier une mauvaise
représentation du rythme hydropluviométrique bimodal. Les modèles testés se comportent
globalement de manière satisfaisante sur le bassin de la Sanaga en dépit de la régulation de
ses débits. Une tendance à l’amélioration de l’efficience (critère de Nash et coefficient de
corrélation) des modèles est relevée, à mesure que la taille du bassin versant s’accroît.
Des données simulées par le modèle climatique HadCM3 sont disponibles sur la période
1950-2099 qui inclut la période observée (1950-2000) des cours d’eau testés. Les
performances de ce modèle sont classées par ailleurs parmi les meilleures dans le cadre
d’autres études précédentes (Arnell et al., 1999 ; Hulme et al., 2000 ; Mkankam Kamga,
2001). En raison de ces différents avantages, les données de simulation de ce modèle ont été
retenues pour tester l’impact des changements climatiques sur nos bassins. Cette simulation
est basée sur le scénario d’émission A2 qui décrit un monde futur très hétérogène. Deux jeux
de données construits à partir des données brutes de ce modèle sont utilisés pour évaluer
l’impact des changements climatiques futurs sur l’évolution des ressources en eau du
Cameroun, en s’appuyant sur les résultats de simulation du modèle GR2M. En raison de la
variété (de taille, de physiographie, des états de surface et des caractéristiques des sols) des
bassins testés, qui leur donne une sensibilité différente aux différents termes du climat, les
impacts sont variables d’un bassin à l’autre. Il convient de souligner que les données brutes
issues du modèle climatique conduisent à des résultats sans commune mesure avec la réalité.
Les scénarios construits à partir de ces données permettent cependant de se faire une idée
réaliste des conséquences de l’évolution du climat sur les ressources en eau du pays, même si
des incertitudes importantes subsistent pour les prévisions annuelles et mensuelles.
252
Par rapport à la période 1971-2000 les scénarios utilisés prévoient sur les bassins versants
testés, des variations de précipitations moyennes annuelles qui vont de –13 à +14 % au cours
du XXIème siècle. Contrairement aux précipitations, l’évapotranspiration moyenne annuelle
augmente graduellement pour atteindre un taux d’accroissement de 45% vers 2100 pour les
bassins versants de la partie Sud du pays, contre seulement 14% pour ceux du Nord. En ce qui
concerne les écoulements, par rapport à la période 1971-1990, des débits moyens annuels
globalement plus importants (+14 à +80%, soit 12 à 122 mm/an) sont prévus durant le siècle
pour les deux cours d’eau de la partie Nord du pays. Pour ceux de la partie Sud par contre,
après une augmentation relativement plus faible (+1 à + 33%, soit 4 à 120 mm/an) des
écoulements annuels dans la première moitié du siècle, des baisses de 5 à 13% (24 à 59
mm/an) sont prévues dans certains cas vers la fin du siècle. Selon les deux scénarios utilisés,
les variations des débits de la Sanaga étudiées par rapport aux débits non régulés de la période
1950-1970 prévoient des écoulements annuels globalement inférieurs (-10 à –32%, soit –53 à
–163 mm/an) du début jusqu’à la fin du XXIème siècle. L’analyse de nos résultats par rapport à
la période de référence 1961-1990 recommandée par l’OMM montre des baisses
d’écoulements atteignant 10% sur certains cours d’eau à l’horizon 2050, alors qu’on
enregistrerait plutôt des augmentations (jusqu’à 19%) sur d’autres. A l’horizon 2100 par
contre un accroissement des écoulements annuels de 2 à 47% est prévu sur l’ensemble des
bassins étudiés. Nos prévisions sur le bassin versant de la Bénoué se situent dans la même
fourchette que celles publiées par Mkankam Kamga (2001) qui se réfère à la même période et
utilise sur le même bassin des scénarios d’évolution climatique différents (HadCM2 et
ECHAM4/OPYC3).
En dépit de ces résultats encourageants, quelques zones d’ombre subsistent, du fait du déficit
des observations hydrométriques en particulier, des limites des modèles climatiques actuels et
de celles des modèles hydrologiques. Un modèle hydrologique est construit pour répondre à
un certain nombre de questions et exige par conséquent une certaine complexité. Il n’est par
contre pas certain que les données disponibles soient en quantité suffisante pour permettre sa
vérification complète. Cet handicap est particulièrement préoccupant au Cameroun où les
observations du réseau hydrométrique sont arrêtées sur la quasi-totalité du territoire depuis
près de 2 décennies. Un modèle ainsi incomplètement vérifié peut fournir des résultats
idéalement réalistes, mais nécessairement incertains. D’autre part, les analyses réalisées dans
cette étude n’ont concerné que quelques bassins versants. Il est important d’étendre le travail
sur les autres cours d’eau du pays avant de tirer des conclusions générales sur les ressources
253
en eau du pays. Il se pose alors le problème de la disponibilité des données indispensables
dans certaines régions. En effet, une absence quasi totale d’observations hydroclimatiques est
notée au niveau des régions frontalières, notamment dans la région du Sud-est du pays et celle
bordant le Nigeria, où tout le flanc ouest de la Dorsale camerounaise (bassin versant des
tributaires camerounais de la Bénoué inférieure) ne dispose pas de dispositif d’observations
hydroclimatiques. Pour une bonne maîtrise de l’eau et la planification d’une mobilisation
optimum des ressources, il est indispensable de disposer de données fiables et continues,
couvrant les différentes composantes du cycle de l’eau et les différentes régions du pays.
Cependant, si une extension du réseau d’observation hydroclimatique est souhaitable pour
combler cet handicap et consolider nos conclusions sur toute l’étendue du territoire, la reprise
des observations est urgente sur un réseau minimum de stations représentatives des différents
régimes hydrologiques du pays pour permettre de se faire une idée précise de leur évolution.
L’important potentiel économique de la Sanaga dans le Sud du pays et de la Bénoué dans le
Nord, plaide également en faveur d’un réseau d’observation mieux étoffé et plus étroitement
suivi.
Par ailleurs, les modèles hydrologiques utilisés privilégient les écoulements moyens qui se
limitent aux valeurs moyennes mensuelles alors que les prévisions des scénarios climatiques
privilégient la tendance générale au cours d’une période relativement longue. Il est également
connu qu’aucun modèle n’est absolument fiable lorsqu’il sort de son domaine de calibration.
Dans ces conditions, si les résultats obtenus sur les 5 bassins testés peuvent permettre de se
faire une idée de l’évolution de leurs ressources particulières dans les décennies à venir, une
extrapolation des résultats à l’ensemble des écoulements de surface au Cameroun exige une
certaine prudence. Il convient de souligner que le changement climatique correspond à une
situation où les conditions de fonctionnement hydrologiques sont modifiées. Cette situation
pourrait être comparable à un changement de domaine de calibration. Les résultats relatifs à la
prévision des écoulements sont également fortement dépendants de l’hypothèse de
conservation de la capacité en eau des sols et des états de surface dans une situation voisine de
leur état actuel, ce qui est fortement improbable. Des efforts restent par conséquent à faire
dans le sens d’une meilleure prise en considération de ces paramètres dans les modèles
hydrologiques.
254
variété des ‘’images possibles du futur’’ que proposent les scénarios climatiques est telle que
les conclusions peuvent différer profondément d’un modèle à un autre et d’un bassin à l’autre.
Il serait par conséquent intéressant de multiplier ce genre d’exercice sur de nombreux bassins
versants du Cameroun avec d’autres scénarios climatiques, ce qui permettrait de faire des
comparaisons. D’autre part, toute amélioration des performances des modèles climatiques
devrait avoir des répercutions sur la précision et la fiabilité des projections relatives aux
ressources en eau. Nos analyses permettent cependant de se faire une idée des prévisions en
terme de moyenne et de fréquence de distribution des variables climatiques et hydrologiques
étudiées et les résultats constituent une hypothèse valable de travail qu’il conviendrait
d’affiner à mesure que les performances des modèles climatiques vont s’améliorer.
255
BIBLIOGRAPHIE
256
BIBLIOGRAPHIE
African climate variability, http://www.clivar.org/publications/other_pubs/iplan/iip/pg4.htm
Agor A. Shiklomanov, Jeanna A. Balonishnikova, 2003. World water use availability : trends,
scenarios, consequences. In: Water Resources Systems-Hydrological Risk, Management and
Development, (ed. By GüterBlöschl, Stewart F., Kumagai M., Musiake K. & Rosbjerg D.)
(Proc. Of Sapporo Sym. HS02b; IUGG2003, July. 2003), 358-364. IAHS Publ. N°281.
Aka A., Kouame B., Paturel J. E., Servat E., Lubès H., Masson J. M., 1996. Analyse
statistique de l'évolution des écoulements en Cote d'Ivoire. Mélanges à la mémoire de
Jean Rodier,Publication AISH, n°238, 167 – 177.
Aka A ;O., 1999. Variabilité des écoulements et activités anthropiques. Cas du bassin du
Bandama en Côte d'Ivoire, Thèse de doctorat, Université de Montpellier II, 243 p.
Albergel J. & Gioda A., 1986. Extension des surfaces agricoles et modification de
l'écoulement. Analyse sur deux bassins de la savane africaine. 10ème Journée de
l'Hydraulique, SHF Rep. N°9, Paris.
Albergel, J., 1987. Sécheresse, désertification et ressource en eau de surface. Application aux
petits bassins versants du Burkina Faso. In : The influence of Climate change and
climatic variability on the hydrologic regime and water resources. (Proc. of Vancouver
Symposium, August 1987). IAHS publ. N° 168, 355 - 365.
Albergel J., Dacosta H., 1995. Les écoulements non pérennes sur petits bassins du Sénégal.
Mélanges à la mémoire de Jean Rodier, Publication AISH, n°238, 139 - 156.
Albergel J., Claude J., Habaieb H., 2000. Sécheresse et gestion des ressources en cas de
pénurie dans les pays du sud et de l'est du bassin méditerranéen. in, Séminaire
International Montpellier 2000 ; ''Hydrologie des Régions Méditerranéennes''; PHI-V/
Doc. Tech. en Hydrol. N°51, UNESCO, Paris ; 19-31 pp.
Alory G., Delcroix T., 1997. Climatic variability in the vicinity of Wallis Futuna, and Samoa
islands (13°-15° S, 180°-170° W). Oceanologica Acta - Vol. 22 , n°3 249-263.
Amani A., Nguetora M., 2002. Evidence d'une modification du régime du fleuve Niger
à Niamey. Proccedings de la 4ème Conf. Internationale FRIEND du PHI de
l'UNESCO, Cape Town, IAHS Publ. n° 274, pp. 449-456.
Ardoin S., Dezetter A., Servat E., Bocquillon C., 2001. Redéfinition des fonctions de
production des modèles globaux de relation pluie-débit en milieu semi-aride africain.
C.R. Acad. Sci. Paris 333, série IIa, 611-616.
Ardoin – Bardin S., 2004. Variabilité hydroclimatique et impacts sur les ressources en eau de
grands bassins hydrographiques en zone soudano-sahélienne. Thèse de doct. Univ.
Montpellier II. 440 p.
257
Arnell N.W., Reynard N.S., 1996. The effect of climate change due to global warming on
river flows in Great Britain. Journal of Hydrology 183 (1996) 397-424.
Beauvilain A., 1995. Tableau de la pluviométrie dans les bassins du Tchad et de la Bénoué de
la création des stations à décembre 1994. Travaux et Documents scientifique du
Tchad, document pour la recherche III. 103 p.
Bell B., 1971. The Dark Ages in ancient history. The first Dark Age in Egypt.
Am. J. Archaeology 75, 1-36.
Beltrando G., 1990. Variabilité interannuelle des précipitations en Afrique orientale (Kenya,
Ouganda, Tanzanie) et relation avec la dynamique de l'atmosphère. Thèse de Doctorat,
Université d'Aix-Marseille II, 234 p
Bergonzini L., Richard Y., Camberlin P., 2002. Variation interannuelle du bilan hydrique
du lac Tanganyika (1932-1995) : Changement dans la relation précipitation-excédent
lacustre. Journal des Sc. Hydrol. 47 (5), 781-796, pp.
Bernus E., 1981. Touaregs nigériens : unité culturelle et diversité régionale d'un peuple.
508 p. Mém. ORSTOM, n° 94, Paris.
Bessoles, B., 1969. Synthèse simplifiée des connaissances sur la Géologie du Cameroun.
Bulletin de la Direction des Mines et de la Géologie, n°5, 218p.
Bessoles, B., 1980. Géologie de l’Afrique – Vol. 2 – La chaîne panafricaine, zone mobile
d’Afrique Centrale et zone mobile soudanaise. Mémoire BRGM n° 92, 398p.
Beslon M., 1958. Les débits solides du Logone à Laï. Commission Scientifique du Logone et
du Tchad, Fort Lamy. ORSTOM, Paris, 20 p.
Bidi F., Servat E., Niel H., 2000. Contribution à l'analyse de la variabilité pluviométrique du
Bassin méditerranéen. in, Séminaire International Montpellier 2000 ; ''Hydrologie des
Régions Méditerranéennes''; PHI-V/ Doc. Tech. en Hydr. N°51, UNESCO, Paris.
339-350 pp.
258
Bigot S., Moron V., Melice J.-L., Servat E., Paturel J. E., 1998. Fluctuations pluviométriques
et analyse fréquentielle de la pluviosité en Afrique centrale. In Servat E., Hugues D.,
Fritsch J.M., Hulme M. (Eds): Water Resources Variability in Africa during the XXth
Country. Proceedings de la Conférence Abidjan'98, ORSTOM/AISH/UNESCO, publ.
AISH. n° 252, pp. 71-78.
Breslow B.P., Sailor J.D., 2002. Vulnerability of wind power resources to climate change in
the continental United States. Renewable Energy 27 (2002) 585-598.
Bricquet J. P., Mahé G., Bamba F., Olivry J. C., 1996. Changements climatiques récents et
modification du régime hydrologique du fleuve Niger à Koulikoro (Mali). Mélanges à
la mémoire de Jean Rodier, Publication AISH, n°238, 157 - 166
Bricquet J. P., Bamba F., Mahé G., Toure M., Olivry J. C., 1997. Evolution récente des
ressources en eau de l'Afrique atlantique. Rev. Sci. Eau 3, 321-337
Bronstret A., Niehoff D., Bürger G., 2002. Effects of climate and land-use change on storm
runoff Generation : present knowledge and modelling capabilities. Hydrol. Processes.
16, 509-529.
Brou Yao T., Servat E., Puturel J. E., 1998. Activités humaines et variabilité climatique :
cas du sud forestier ivoirien. In: Water Resources Variability in Africa during the XXth
Century (Proc.Abidjan'98, Conf. nov. 1998); IASH publ. n° 252, p. 365 - 373
Brunetti M., Maugeri M., Nanni T., Navarra A., 2002. Droughts and extreme events in
regional daily Italian precipitation series. Int. J. of Climatology; 22 : 543-558.
Burn D.H., Hag Elnur M.A., 2002. Detection of hydrologic trends and variability. J. of
Hydrology, Vol. 255, Issues 1-4,, 107-122.
Cadet D.L., Houston S.H., 1984. Precipitable water over Africa and Eastern/Central Atlantic
Ocean during the 1979 summer. Jour. Met. Soc. Japan, 62, 761-774.
Callede J., Guyot J.L., Molinier M., Guimaraes V.S., Eurides De Oliveira, Filizola N.P., 1997.
La variabilité des débits de l'Amazone à Obidos (Amazonas, Brésil), Sustainability of
water resources under increasing uncertainty (Proceedings of the Rabat Symposium,
April 1997) IAHS Publ. N° 240, 163-171.
Carbonnel J.P., Petrorian R., Serban P., 1997. Evolution récente du régime hydrologique de
quelques rivières de Roumanie centrale. Rev. Sci. Eau 4, 545-552
Casenave A., Valentin C., 1996. Etats de surface et transposition des données hydrologiques.
Mélanges à la mémoire de Jean Rodier, Publication AISH, n°238, 225 - 233
259
Charney J. G., 1975. Dynamics of deserts and drought in the Sahel. Quat. J., Roy,
Meteorology Soc. 101; 193-202.
Charney J. G., Quirk J. J., Chow S., Kornfield J., 1977. A comparative study of the effects of
Albedo change on drought in semi arid regions. J. Atmos. Sci., 34; 1366 - 1385.
Citeau J., Berges J.C., Demarcq H., Mahé G., 1988. The watch of ITCZ migration over the
tropical Atlantic Ocean as an indicator in drought forecast over Sahelian areas.
T.O.A.N., n°45; 1-3
Citeau J., Demarcq H., 1989. Questions relatives to ITCZ, migration over the tropical Atlantic
Ocean, sea surface temperature and Senegal river runoff. Meteorol. Atmos, 41; 181-190.
Conway, D., Hulme, M., 1993. Recent fluctuation in precipitation and runoff over the Nile
sub-bassin and their impact on main Nile discharge. Climatic Change 25, 127-151, pp.
Conway D., Jones, P.D., 1999. Assessing the impact of future climatic change on water
resources and the hydrology of the Rio de la Plata basin, Argentina. Final report.
Climatic Research unit, University of East Anglia.
Courel M.-F., Kandel R.S., Rasool S.I., 1984. Surface albedo and the Sahel drought.
Nature, 307, 528 - 531.
Desconnets J. C., Galles S., Leduc C., Peugeot C., 1996. Les processus de redistribution des
eaux en région sahélienne : l'hydrologie dans l'expérience Hapex-Sahel. Mélanges à la
mémoire de Jean Rodier, Publication AISH, n°238, 125 - 137.
Doherty R.M., Hulme M., Jones C.G., 1999. A gridded reconstruction of land and ocean
precipitations for the extended tropics from 1974-1994, Int. J. Climatol. 19, 119-142 pp.
Douglas B.C., 1997. Global sea level rise : a redetermination, Surv. Geophys. 18, 279-292 pp.
Dubief J., 1953. Essai sur l'hydrologie superficielle au Sahara. Dir. Serv. Col. Hydraul. Alger
260
Duplessy J.C., 2001. Etat des connaissances et incertitudes sur le changement climatique
induit par les activités humaines. C. R. Acad. des Sciences Paris, Sciences de la terre
et des planètes 333 (2001) 765-773.
Edijatno N., Yang X., Makhlouf Z., Michel C., 1999. A daily watershed model with three
parameters. Hydrological Sciences Journal, 44(2) : pp. 263-278.
Evans T., 1994. History of Nile flows. In P.P. Howell and J.A. Allan (Eds) The Nile: Sharing
a Scarce Resource. Cambridge Univ. Press, Cambridge, pp. 27-63.
Farmer, G., 1986. Rainfall variability in tropical Africa. Some implications for policy.
Land use policy, October 1986.
Finlayson C.M., 1999. Coastal wetlands and climate change : the role of governance and
science. Aquatic conservation : Marine and freshwater ecosystems, 9 : 621-626.
Folland C.K., Palmer T.N., Parker D.E., 1986. Sahel rainfall and worldwide sea temperatures
1901-85. Nature 320, 602-7.
Fontaine B., 1991. Variations pluviométriques et connexions climatiques : l'exemple des aires
de mousson indienne et ouest-africaine. Sécheresse 1991 ; 2 : 259-64
Fontaine B., Bigot S., 1991. Modes de sécheresse ouest-africain et température de Surface
océanique. Veille Clim. Satell; 38 ;37- 49.
Fontaine B., Janicot S., Moron V., Roucou P., Trzaska S., 1998. Anomalie de température de
surface de la mer et précipitations tropicales. In: La Météorologie, 8e série, n°23, 14-34.
Fritsch J.-M., Servat E., 1998. Conditions de l'amélioration de la connaissance des ressources
et des usages de l'eau pour la gestion durable dans un contexte de rareté croissante. In:
Water Resources Variability in Africa during the XXth Century (Proc.Abidjan'98,
Conf. nov. 1998); IASH publ. n° 252, p. 395 - 409
Gac, J.-Y., 1979. Géochimie du bassin du Lac Tchad – Bilan de l’altération, de l’érosion et de
la sédimentation. Thèse Sc., Strasbourg, 249p.
Gazel, J., 1958. Géologie du Cameroun. In, Atlas du Cameroun. IRCAM, Yaoundé, 10p.
Gellens D., Schädler B., 1997.Comparaison des réponses du bilan hydrique de bassins situés
en Belgique et en Suisse à un changement de climat. Rev. Sci. Eau 10 (3), p. 395-414
Genieux M., 1958. Climatologie du Cameroun (in Atlas du Cameroun, IRCAM, Yaoundé, 7p.)
Giambelluca T.W., 2002. Hydrology of altered tropical forest. Hydrol. Process. 16, 1665-1669.
Girard S., 2002. Mode opératoire Logiciel de modélisation hydrologique spatialisée mensuelle
sur l'Afrique ; Programme Vahyné ; IRD.
Gleick, P.H., 1986. methods for evaluating the regional hydrologic impacts of global climatic
changes. Journal of Hydrology, 88 : 97-116
261
Godefroy N., Haaser F., Henniaux S.-N., Mosser N., Stern N., Vogel N., 2001. Changement
climatique et hydrologie. http://www.enpc.fr/de/trav-elev/cc/impacts/impacts.htm
Grist P. J., Nicholson S.E., 2000. A study of the dynamic factors influencing the rainfall
variability in the West african Sahel. J. of Climate, vol. 14., p. 1338 - 1352.
Guilbot, A., 1971. Processus d'optimisation en quatre étapes appliqué à la recherché des
paramètres des modèles déterministes. Laboratoire d'Hydrologie et de Modélisation.
Université Montpellier, note LHM 16/71
Hadef R., Hadef A., 2001. Le défit de l'eau en Algérie : une situation alarmante.
Désalinisation 137 (2001) 215-218.
Harzallah A., Chapelle A., 2002. Contribution of climate variability to occurrences of anoxic
crises 'malaïgues' in the Thau lagoon (southern France). Oceanologia Acta 25 (2002) 79-86.
Hiez G., 1977. L'homogénéité des données pluviométriques. Cah. ORSTOM, sér .Hydrol.,
vol. XIV, n° 2 : 129-172.
Hiez G. 1986. Bases théoriques du "vecteur régional". Les premières applications et leur mise
en oeuvre informatique."Propos recueillis par B. Pouyaud".Deuxièmes journées
hydrologiques de l'ORSTOM à Montpellier : 1-35.
Higgins R., Chen Y., Douglas A.V., 1999. Interannual variability of the north American warm
season precipitation regime. J. of Climate, Vol. 12, 653-680.
Hisdal H., Stahl K., Tallaksen L.M., Demuth S., 2001. Have streamflow droughts in Europe
become more severe or frequent ? Int. J. of Climatology, 21, 317-333.
Hubert P., Carbonnel J. P., Chaouche A., 1989. Segmentation des séries hydrométriques.
Application à des séries de précipitaions et de débits de l'Afrique de l'ouest. Journal of
hydrology, 110; 349-367.
Hubert P., Servat E., Paturel J. E., Kouamé B., Bendjoudi H., Carbonnel J.P.,
Lubes-Niel H., 1998. La procédure de segmentation, dix ans après. In: Water
Resources Variability in Africa during the XXth Century (Proc.Abidjan'98, Conf. nov.
1998); IASH publ. n° 252, pp. 395 - 409
Hulme, M., 1992. Rainfall changes in Africa, 1931-60 to 1961-90. Int. J. Climatology 12, 185-99.
262
Hulme, M.,Osborne T.J., Johns T.C., 1998. Precipitations sensibility to global warming :
comparison of observations with HadCM2 simulations, Geophys. Res. Lett. 25 3379-3382 pp.
Hulme M., Wigley T.M.L., Barrow E.M., Raper S.C.B, Centella A., Smith S., Chipansky
A.C., 2000. Using a Climate Scenario Generator for Vulnerability and Adaptation
Assessments: MAGICC and SCENGEN Version2.4 Workbook, Climatic Research Unit,
Norwich, U.K., 52 p.
Hunt A.G., 2001. El Nino : Dynamics, its role in climate change, and its effects on climate
variability. The limits of predictability. Complexity, John Wiley & Sons, Inc.,
Vol.6, n°3, 16-32
IPCC, 2001a. Climate Change 2001: The Scientific Basis. Contribution of Working Group I
to the Third Assessment Report of the Intergovernmental Panel on Climate Change
(IPCC) J. T. Houghton, Y. Ding, D.J. Griggs, M. Noguer, P. J. van der Linden and D.
Xiaosu (Eds.) Cambridge University Press, UK. pp 944; http://www.ipcc.ch.
IPCC, 2001b. Climate Change 2001 : Impacts, adaptation and Vulnerability. Contribution of
Working Group II to the Third Assessment Report of the IPCC. (Ed. by McCarthy J.J,
Canziani O.F., Leary N.A., Dokken D.J., White K.S.) Cambridge University Press, UK,
1032 p.
Janicot S., 1989. 2ème partie. Article 1. Climatologie descriptive des précipitations en Afrique
de l'ouest. Thèse de doctorat, Univ. Paris VI, 93 P.
Janicot S., 1990b. Deux facteurs principaux impliqués dans la sécheresse au Sahel.
Veille Clim. Satll. N°32 ; 24-33.
Janicot S., Fontaine B., 1993. L'évolution des idées sur la variabilité interannuelle récente des
précipitations en Afrique de l'Ouest. In : La Météorologie, 8e série, n°1, 28-51
Janicot S., Fontaine B., 1997. Evolution saisonnière des corrélations entre précipitations en
Afrique guinéenne et température de surface de la mer (1945-1994). C. R. Acad. Sci.
Paris, Sciences de la terre et des planètes, t.324, série II a, 785-792.
Jones P.D., New M., Parker D.E., Martin S., Rigor E.G., 1999. Surface air temperature and its
change over the past 150 years, Rev. Geophys. 37 173-199 pp.
Jose A.M., Francisco R.V., Cruz N.A., 1996. A study on impact of climate variability/change
on water resources in the Philippines. Chemosphere, Vol. 33, n° 9, pp. 1687-1704.
Junod A., 1987. Influences possibles des activités humaines modifiant le climat sur le cycle
hydrologique. In : The influence of Climate change and climatic variability on the hydrologic
regime and water resources. (Proc. of Vancouver Symposium, August 1987). IAHS publ. N°
168, 555-569.
263
Karambiri H., Hubert P., Bendjoudi H., 2000. Apport des multifractales à l'étude des longues
séries pluviométriques, Sud Sciences et Technologies, n°6, 4 - 14.
Karl T.R., Knight R.W., 1998. Secular trends of precipitation amount, frequency and intensity
in the United States. Bulletin of the American Meteorological Society, 79(2), 231-241.
Kasparek L., Novicky O., 2002. Hydrological drought in the wide context of climate
variability. In : Regional Hydrology : Bridging the Gap between Research and Practice
(Proceedings of the Fourth International FRIEND Conference held at Cape Town,
South Africa, March 2002). IAHS Publ. N° 274, p. 85-91
Kiely G., 1999. Climate change in Ireland from precipitation and streamflow observations.
Advances; In Water Resources 23 (199) 141-151.
Kimaro T.A., Tachikawa Y., Takara K., 2003. Evaluating land-use change effects on
flood peaks using a distributed rainfall-runoff model in Yasu river, Japan. (Proc. Of
Sapporo Sym. HS03 ; IUGG2003, July. 2003) , 241-248. IAHS Publ. N°282.
Kingumbi A., Bergaoui Z., Bourges J., Hubert P., Kalled R., 2000. Etude de l'évolution des
séries pluviométriques de la Tunisie centrale. in, Séminaire International Montpellier
2000 ; ''Hydrologie des Régions Méditerranéennes''; PHI-V/ Doc. Tech. en Hydrol.
N°51, UNESCO, Paris ; 341-345 pp.
Kite G.W., Harvey K.D., (eds.).,1992.Proceedings of the NHRI Workshop N°8, Using
hydrometric data to detect and monitor climatic change. Environnement Canada,
NHRI, Saskatoon, Saskatchewan, 247 pp.
Kitoh A., Yamazaki K., Tokioka T., 1988. Influence of soil moisture and surface albedo
changes over the African tropical rain forest on summer climate investigated with the
MRI-GCM-I. Jour. Met. Soc. Japan, 66, 65-85.
Kouamé B., Servat E., Dezetter A., 1995. Modélisation de la relation pluie-débit et estimation
des apports en eau en Cote d'Ivoire. Mélanges à la mémoire de Jean Rodier,
Publication AISH, n°238, 343 - 354
Kumagai M., Musiake K., Rosbjerg D. (Proc. Of Sapporo Sym. HS02b; IUGG2003,
July. 2003), 349-357. IAHS Publ. N°28.1
Lamb P., 1978. Large-scale tropical Atlantic surface circulation patterns associated with
subsaharan weather anomalies. Tellus, n°30, 240 - 251
Lamb P., 1985. Rainfall in Subsaharan West Africa during 1941-83. Z. Gletscherkunde und
Glazzialgeologie 21, 131-9.
Lahuec J.P., Bellec B., Dagorne D., Guillot B., Noyalet A., Soulabail C., 1985. Convection
intertropicale et pluviométrie. Essai de mises en relation pour l'Afrique de l'ouest du
11 mai au 20 août 1985. Centre Metéo. Spat. Lannion, Antenne ORSTOM/CMS, 7 p.
264
Laraque A., Olivry J. C., 1996. Evolution de l'hydrologie du Congo-Zaïre et de ses affluents
rive droite et dynamique des transports solides et dissous. Mélanges à la mémoire de
Jean Rodier, Publication AISH, n°238, 271 - 288
Laraque A., Mahé G. , Orange D., Marieu B., 2001. Spatiotemporal variations in hydrological
regimes within Central Africa during the twentieth century. Journal of Hydrology,
245, 1-4, 104-117.
Lebel T., Amani A., Cazenave F., Lecocq J., Taupin J. D., Elguero E., Greard M., Le Barbe
L., Laurent H., D'Amato N., Robin J., 1996. La distribution spatio-temporelle des
pluies au Sahel : apport de l'expérience EPSAT-Niger, Mélanges à la mémoire de Jean
Rodier, Publication AISH, n°238, 77 - 98.
Leduc C., Favreau G., Schroeter P., 2001. Long-term rise in a Sahelian water-table : the
Continental Terminal in South-West Niger. J. Hydrol. 243, 43-54 pp.
Lee S.E., Press M.C., Lee J.A., 2000. Observed climate variations during the last 100 years, in
Lapland, northern Finland. Int. J. of Climatology, 20 : 329-346.
Le Houérou H. N., 1962. Les pâturages naturels de la Tunisie steppique. Ann. Int. Nat. Rech.
Agron., 42, 5: 1-624.
Le Houérou H. N., 1992. Relation entre la variabilité des précipitations et celle des
productions primaires et secondaires en zone aride. Collection Didactique L'Aridité,
Edition ORSTOM, 1992, 197 -219.
Lemoine L., Prat J. C., 1972. Cartes d'évapotranspiration potentielle calculée d'après la
formule de L. Turc pour les pays-membres du CIEH ; Pub. CIEH, sér. Climatologie,
Ouagadougou ; 7 vol..
Leroux M., 1980. Le climat de l'Afrique tropicale. Thèse de doctorat d'Etat, Université de
Dijon, Tome I à III, 1427 p.
L'Hôte Y., Mahé G., Somé B., Triboulet J. P., 2002. Analysis of a Sahelian annual rainfall
index from 1986 to 2000; the drought continues. Hydrological Sciences Journal 47(4),
563-572
265
Lienou, G., Sighomnou D., Sigha Nkamdjou L., 1997. Impact de la sécheresse sur les
ressources en eau de la cuvette du lac Tchad en période d'étiage : Exemple des apports
du fleuve Logone. Rap. FRIEND'AOC, (Etiages)
Lienou G., Sigha Nkamdjou L., Sighomnou D., Djeuda Tchapda B., Tchoua F., 1999.
Variabilité des écoulements à travers le territoire camerounais et le sud du Tchad au cours des
trois dernières décennies. Séminaire FRIEND-AOC, Yaoundé, 30 nov. au 03 déc. 1999.
Lienou G., Sighomnou D., Sigha Nkamdjou L., 1999. Impact de la sécheresse sur les
ressources en eau de la cuvette du lac Tchad en période d'étiage : Exemple des apports
du fleuve Logone. Collection GEOCAM, n° 2; Presses Univ. Yaoundé, pp. 89-97
Lienou, G., Sighomnou, D., Sigha-Nkamdjou, Mahé, G., Ekodeck G.-E., Tchoua, F., 2003.
Système hydrologique du Yaéré (Extrême-Nord Cameroun), changements climatiques
et actions anthropiques : conséquences sur le bilan des transferts superficiels. In,
Hydrology of the Mediterranean and Semiarid Regions (Proceedings of an international
symposium held at Montpellier, April 2003). IAHS Publ. n°. 278; 403-409 pp.
Lloyd-Hughes B., Saunders M.A., 2002. Seasonal prediction of European spring precipitation
from El Nino-southern oscillation and local sea-surface temperatures. Int. J. of
Climatology, 22, 1-14.
Lockwood J.G., 2001. Abrupt and sudden climatic transitions and fluctuations : a review.
Int. J. of Climatology Vol. 21, 1153-1179.
Long M., Entekhabi D., Nicholson S.E., 2000. Interannual variability in rainfall, west vapor
flux, and vertical motion over West Africa.; J. of Climate, vol. 13; p. 3827 - 3841.
Lubès H., Masson J.M., Servat E., Paturel J.E., Kouame B., Boyer J.F., 1994. Caractérisation
de fluctuations dans une série chronologique par application de tests statistiques.
Etudes bibliographique. Programme ICCARE, Rapport n°3, ORSTOM, Montpellier.
Lubès H., Masson J.M., Raous P., Tapiau M., 1995. Safary. Logiciel de calcul et d'analyse
fréquentielle adapté à l'évaluation des risques en hydrologie. ORSTOM-Université
Montpellier II.
Lucero O.A., Rodriquez N.C., 1999. Relationship between interdecadal fluctuation in annual
rainfall amount and annual rainfall trend in a southern mid-latitudes region of
Argentina. Atmospheric Research 52 (199) 177-193
Mahé, G., 1993. Les écoulements fluviaux de la façade atlantique de l'Afrique. Etude des
éléments du bilan hydrique et variabilité interannuelle. Analyse des situations
hydroclimatiques moyennes et extrêmes. Coll. Etudes et Thèses. ORSTOM Paris, 438 p.
266
Mahé G., 1995. Modulation annuelle et fluctuations interannuelles des précipitations sur le
bassin versant du Congo. In : Olivry J.C., Boulègue J. (Eds.) : Actes du Colloque
PEGI Grands Bassins Fluviaux Péri-Atlantiques : Congo, Niger, Amazone, INSU,
CNRS, ORSTOM, 22-24 nov. 1993, Paris, 13-26.
Mahé G. , Olivry J.C., 1995. Variations des précipitations et des écoulements en Afrique de
l'Ouest et Centrale de 1951 à 1989, Sécheresse, n°1, vol 6, 109-117.
Mahé G. , Olivry J.C., 1999. Assessment of freshwater yields to the ocean along the
intertropical Atlantic coast of Africa. Comptes Rendus de l'Académie des Sciences,
Séries IIa, vol. 328, 621-626.
Mahé G., L'Hôte Y., Olivry J.C. , Wotling G., 2001. Trends and discontinuities in regional
rainfall of west and central Africa - 1951-1989. Hydrological Sciences Journal, 46 (2),
211-226.
Mahé G., Dray A., Paturel J.E., Cres A., Kone F., Manga M, Cres F.N., Djoukam J., Maiga
A., Ouedraogo M., Conway, Servat E., 2002. Climatic and anthropogenic impacts on
the flow regime of the Nakambe River in Burkina Faso. Proccedings de la 4ème Conf.
Internationale FRIEND du PHI de l'UNESCO, Cape Town, IAHS Publ. n° 274, pp.
69-76.
Mahé G., Leduc C., Amani A., Paturel J.-E., Girard S., Servat E., Dezetter A., 2003.
Augmentation récente du ruissellement de surface en région soudano-sahélienne et
impact sur les ressources en eau. In, Hydrology of the Mediterranean and Semiarid
Regions (Proceedings of an international symposium held at Montpellier, April 2003).
IAHS Publ. n° 278 ; 215-222 pp.
Maiga H. A., 1998. Effets des sécheresses et étiages dans le bassin moyen du fleuve
Niger au Mali. In: Water Resources Variability in Africa during the XXth Century,
(Proc. Abidjan'98, Conf. nov. 1998); IASH publ. n° 252, p. 437 - 443
Makhlouf Z., 1994. Compléments sur le modèle Scen-débit GR4J et essai d'estimation de ses
paramètres. Thèse de doctorat, Université Paris - Sud, 413 p.
Maley J., 1981. Etudes palynologiques dans le basin du lac Tchad et paléoclimatologie de
l'Afrique nord tropicale de 30000 ans BP à l'époque actuelle. Trav. Et Doc. 129,
ORSTOM, Paris.
Maley J., 2001. La destruction catastrophique des forêts d'Afrique centrale survenue il y a
environ 2500 ans exerce encore une influence majeure sur la répartition actuelle des
formations végétales; Syst. Geogr. Pl. 71; 777-796.
Mason S.J., 2001. El Nino, climate change, and Southern African climate.
Environmentrics 2001 ; 12 : 327-345.
267
McKinnell S.M., Brodeur R.D., Hanawa K., Hollowed A.B., Polovina J.J., Zhang C. I., 2001.
Editorial. An introduction to the beyond El Nino conference : climate variability and
marine ecosystem impact from the tropics to the Artic. Progress in Oceanography 49
(2001) 1-6.
Meddi M., Hubert P., 2003. Impact de la modification du régime pluviométrique sur les
ressources en eau du nord-ouest de l'Algérie. In, Hydrology of the Mediterranean and
Semiarid Regions (Proceedings of an international symposium held at Montpellier, April
2003). IAHS Publ. n°. 278 ; 229-235 pp.
Mitosek H.T., 1992. Occurrence of climate variability and change within the hydrological
time series: a statistical approach. World Climate Programme - Project A2, CP-92-05,
IIASA, Laxenburg, Austria, 167 pp.
Mkankam Kamga F., 2001. Impact of greenhouse gas induced climate change on the runoff of
the upper Benue River (Cameroon). Journal of Hydrology 252 (2001) 145-156.
Mkdat Kadioglu, Zekai Sen, 2001. Monthly precipitation-runoff polygons and mean runoff
coefficients, Journal des Sciences Hydrologiques, 46 (1), 3-11.
Molinier M., Guyot J. L., Eurides de Oliveire, Valdemar Guimaraes, 1996. Les régimes
hydrologiques de l'Amazone et de ses affluents. Mélanges à la mémoire de Jean Rodier,
Publication AISH, n°238, 209 - 222.
Molinier, M., Sighomnou, D., Sigha Nkamdjou L., 2000. Perturbation du milieu naturel du
Yaéré dans le Nord Cameroun : changement climatique ou action anthropique ? Revue de
Géographie du Cameroun - Vol. XIV - n°2, 2000 ; pp. 155-170.
Moore M.V., Pace M.L., Mather J.R., Murdoch P.S., Howarth R.W., Folt C.L., Chen C.Y.,
Hemond H.F., Flebbe P. A., Drisscoll Ch.T., 1997. Potential effects of climate change on
freshwater ecosystems of the new England/Mid-Atlantic region. Hydrol. Processes, Vol.
11, 925-947.
Morel M., 1986. Problèmes posés par les normes pluviométriques dans la région sahélienne.
In, Compte Rendu du Colloque International sur la révision des normes hydrologiques
suite aux incidences de la sécheresse; Communication n° 14, CIEH
Morin G., Slivitzky L., 1992. Impacts de changements climatiques sur le régime
hydrologique : Le cas de la rivière Moisie, revue des Sciences de l’Eau, 5, 2, pp. 179-196.
Moron V., 1994. Variabilité des précipitations en Afrique Tropicale au Nord de l'Equateur
(1933-1990) et relations avec les températures de surface océaniques et la dynamique de
l'atmosphère. Thèse de Doctorat. Centre de recherches de climatologie, université de
Bourgogne, Dijon, 219 p.
Morot Ph., Gascuel-Odoux G., Walter C., Zhang X., Molenat J., 1999. Influence du réseau de
haies des paysages bocagers sur le cheminement de l'eau de surface. Rev. Sc. Eau 12 (1),
p.23-44
268
Mouafo D., Sighomnou D., Fotsing E., Sigha Nkamdjou L., 2000. Das Logone-Tal ; In
Ordkamerun : Entwicklungsmabnahmen und Umweltfolgen. In : Geographische
Rundschau H3211 Nov. 2000 ; pp. 35-41.
Nakicenovic N. ; Alcamo J. ; Davis G.; De Vrie B.; Fenhann J. ; Gaffin S. ; Gregory K. ; Grübler
A.; Jung T.Y.; Kram T.; La Rovere E. L.; Michaelis L.; Mori S.; Morita T. ; Pepper W.;
Pitcher H.; Price L.; Raihi K. ; Roehrl A.; Rogner H-H.; Sankovski A.; Schlesinger M.;
Shukla P.; Smith S.; Swart R.; Van Rooijen S.; Victor N.; Dadi Z., 2000. Emissions
scenarios, A Special Report of Working Group III of Intergovernmental Panel on Climate
Change. Cambridge University Press, Cambridge, U. K. and New York, NY, USA, 599
pp.
Nash J.E., Sutcliffe J.V., 1970. River flow forecasting through conceptual models. Part I :
a discussion of principles. Journal of hydrology10 pp. 282-290.
Nazemosadat M.J., Cordery I., 2000. On the relationships between Enso and Autumn rainfall
in Iran. Int. J. of Climatology Vol. 20, 47-61
Ndam Ngoupayou J-R., 1997. Bilans hydrogéochimiques sous forêt tropicale humide en
Afrique : du bassin expérimental de Nsimi-Zoétélé aux réseaux hydrographiques du
Nyong et de la Sanaga au Sud-Cameroun. Thèse Doc. Uni. Pierre et Marie Curie, Paris VI.
New M., Hulme M., Jones P., 1999. Representing twentieth-century space-time climate
variability. Part I : Development of a 1961-90 mean monthly terrestrial climatology. J.
of Climate, Vol. 12, 829-856.
New M., Hulme M., Jones P., 2000. Representing twentieth-century space-time climate
variability. Part II : Development of a 1961-90 monthly Grids of terrestrial surface
climate. J. of Climate, Vol. 13, 2217-2238.
Nicholson S.E., 1980. Saharan climates in histiric times. In Williams and H. Faure (Eds) The
Sahara and the Nile. Balkema Rotterdam, pp. 173-200.
Nicholson S.E., 1981. Rainfall and atmospheric circulation during drought period and wetter
year in West Africa. Monthy Weather Rev. 109, 2191-208.
Nicholson S.E., Jeeyoung K., Hoopingarner J., 1988. Atlas of African Rainfall and its
interannual variability. Dept. of Meteorology, Florida State Univ. Tallahassee, FL.
Nicholson S.E., 1998. Interannual and interdecadal climate variability of rainfall over African
continent during the last two centuries. In Servat E., Hugues D., Fritsch J.M., Hulme
M. (Eds) : Water Resources Variability in Africa during the XXth Country.
Proceedings de la Conférence Abidjan'98, ORSTOM/AISH/UNESCO, pub. AISH. n°
252, pp. 107-116.
269
Nicholson S.E., 2000. The nature of rainfall variability over Africa on time-scales of decades
to Millenia. Global and Planetary Change, 26, p. 137-158
Nicholson S.E., Selato J.C., 2000. The influence of la Nina on African rainfall. Int.
J. Climatology 20; p. 1761-1776.
Nicholson S.E., Some B., Kone B., 2000. An analysis of recent rainfall condition in west
Africa, including the rainy seasons of the 1997 El Nino and the 1998 La Nina years ;
J. of Climate, vol., 2623 - 2639.
Nzenti, J. P., 1987. Pétrogenèse des migmatites de Yaoundé (Cameroun). Eléments pour un
modèle géodynamique de la chaîne Pan-Africaine nord-équatoriale. Thèse de
Doctorat, Univ. Nancy I, 147p.
Nzenti, J. P., 1994. L’Adamaoua panafricain (région de Banyo, Cameroun). Une zone clé
pour un modèle de la chaîne panafricaine au Cameroun. Thèse de Doctorat d’Etat,
Univ. Cheikh Anta Diop, Faculté des Sciences, Dép. de Géologie, Dakar, 176p.
Nzolang C., Kagami H., Nzenti J. P., Holtz F., 2003. Geochemistry and preliminary Sr-Nd
isotopic data on the Neoprotozoic granitoids from the Bantoum area, west Cameroon:
evidence for a derivation from a Paleoproterozoic to Archean crust. Polar Geoscience,
National Institute of Polar Research, Tokyo, No. 16, 196-226
Olivry J.-C., 1974. Les déficits hydropluviométriques au Cameroun pendant les années sèches
1972 et 1973, 71 p.
Olivry J.-C., Chastanet M., 1986. Evolution du climat dans le basin du Fleuve Sénégal
(Bakel) Depuis le Milieu du 19ème Siècle. Coll. Trav. Et Doc. N° 197, ORSTOM,
Paris, pp. 337-343.
Olivry J.C., 1987. Les conséquences durables de la sécheresse actuelle sur l'écoulement du
fleuve Sénégal et l'hypersalinisation de la Basse-Casamence. In : The influence of
Climate change and climatic variability on the hydrologic regime and water resources.
(Proc. of Vancouver Symposium, August 1987). IAHS publ. N° 168, 501-512.
Olivry J.C., 1993a. Evolution récente des régimes hydrologiques en Afrique intertropicale .
In " l'eau, la terre et les hommes, hommage à Réné Frécaut ". Madeleine Griselin Ed.
Presses Universitaires de Nancy. pp. 181 - 190.
Olivry J.C., 1993b. De l'évolution de la puissance des crues des grands cours d'eau
intertropicaux d'Afrique depuis deux décennies. Actes des journées hydrologiques -
Centenaire Maurice Pardé ; Grenoble, 22-24 sept.1993. Les dossiers de la revue de
géographie alpine. N° 12 , 1994.
Olivry J.C., Bricquet J. P., Mahé G. - 1993 a- Les études du PEGI sur le bassin du Congo-
Zaïre dans le contexte déficitaire des ressources en eau de l'Afrique humide. Actes du
colloque PEGI, INSU - CNRS - ORSTOM, P. 3-12. Paris.
270
Olivry J.C., Bricquet J.P. , Mahé G., 1993 b. Vers un appauvrissement durable des ressources
en eau de l'Afrique humide ?. In : Gladwell J.S. (Ed.) : Hydrology of warm humid
regions, 4ème Assemblée AISH, Yokohama, Japon, 13-15 Juillet 1993, publication
AISH n°216, 67-78.
Olivry J.C., Mahé G. , Bricquet J.P., 1995. Les études du PEGI sur le bassin du Congo-Zaïre
dans le contexte déficitaire des ressources en eau de l'Afrique humide. In : Olivry J.C.
& Boulègue J. (Eds.) : Actes du Colloque PEGI Grands Bassins Fluviaux Péri-
Atlantiques : Congo, Niger, Amazone, INSU, CNRS, ORSTOM, Paris, 3-12
Olivry J.C., Chouret, A., Vuillaume, G., Lemoalle, J., Briquet, J. P., 1996. Hydrologie du lac
Tchad. Col. Monographie Hydro. 12. édit. ORSTOM, Paris; 266 p.
Olivry J. C., 1996. Quelques aspects des études régionales sur les étiages et les tarissements
en Afrique intertropicale. 12ème Journées Hydrologiques - Montpellier, 10 et 11
octobre 1996.
Olivry J.C., Mahé G. , Bricquet J.P., 1998. Variabilité de la puissance des crues des grands
cours d'eau d'Afrique intertropicale et incidence de la baisse des écoulements de base
au cours des deux dernières décennies. In : Servat E., Hugues D., Fritsch J.M., Hulme
M. (Eds) : Water Resources Variability in Africa during the XXth Century.
Proceedings de la conférence Abidjan'98, ORSTOM/AISH/UNESCO, Pub. AISH no
252, 189-197.
OMM/UNESCO, 1997. Evaluation des ressources en eau. Manuel pour l'évaluation des
capacité nationales.
OMM, 2001. Déclaration de l'OMM sur l'état du climat mondial en 2001 (OMM-N° 670)
Orange D., Wesselink A., Mahé G., Feizouré C., 1997. The effects of climate changes on
river baseflow and aquifer storage in Central Africa. Proceedings of Rabat
Symposium, 5th IAHS Assembly, Publ. 240, Sustainability of water resources under
increasing uncertainty, 113-123. Osborn T .J., Hulme M., Jones P. D., Basnet T.A.,
2000. Observed trends in the daily intensity of United Kingdom precipitation.
International J. of Climatology, 20, 347-364.
Ouarda T., Rasmusen P. F., Cantin J.F., Bobee B., Laurence R., Hoang V.D.,
Barabe G., 1999. Identification d'un réseau hydrométrique pour le suivi des
modifications climatiques dans la province de Québec, Rev. Sci. Eau 12 (2), 425-448
Ouedraogo M., Paturel J.E., Mahé G., Servat., Dezetter A., Conway D., 2001a. Influence de la
nature et de l'origine des données sur la modélisation hydrologique de grands bassins
versants en Afrique de l'Ouest. AISH Symp., Maastricht, July 2001.
Ouedraogo M., 2001b. Contribution à l'étude de l'impact de la variabilité climatique sur les
ressources en eau en Afrique de l'ouest. Analyse des conséquences d'une sécheresse
persistante : normes hydrologiques et modélisation régionale. Thèse de doctorat,
Université de Montpellier II, 257 p.
271
Quener A. P., 2002. Aalysis of basin response resulting from climate change and mitigation
measures. In : Regional Hydrology : Bridging the Gap between Research and Practice
(Proceedings of the Fourth International FRIEND Conference held at Cape Town,
South Africa, March 2002). IAHS Publ. N° 274, p.77-84
Oyediran Ojo, 1987. Rainfall trends in West Africa, 1901-1985. In : The influence of Climate
change and climatic variability on the hydrologic regime and water resources.
(Proc. of Vancouver Symposium, August 1987). IAHS publ. N° 168,37-43.
Oyebande L., 2001. Stream flow regime change and ecological response in the lake Chad
basin in Nigeria. IN: Hydro-ecology; Linking Hydrology and Aquatic Ecology (ed. By
M.C. Acreman (Proc. Birmingham Workshop, July 1999), 101-111. IASH Publ. No 266.
Ozer P., Erpicum M., Demarée G., Vandiepenbeeck, 2003. The Sahelian drought may have
ended during the 1990s. Hydrolo. Sci. J., 48(3), 489-492.
Palmer T.N., 1986. Influence of the Atlantic, Pacific and Indian Oceans on Sahel Rainfall.
Nature 320, 251-3.
Parent E., Chaouche A., 1997. Détection de changement dans une série hydrométéorologique
:détermination de la date d'installation de la mousson soudano-sahélienne. Proceedings
of Rabat Symposium,5th IAHS Assembly, Publ. 240, Sustainability of water resources
under increasing uncertainty, 347-354.
Paturel, J.E., Servat, E., Vassiliadis, A., 1995. Sensitivity of conceptual rainfall-runoff
algorithms to errors in input data - case of the GR2M model. Journal of Hydrology,
168, pp. 111-125.
Paturel J. E., Servat E., Kouamé B., Boyer J. F., Lubès Niel H., Masson J. M., 1996.
Procédures d'identification de " rupture " dans des séries chronologiques -
modification du régime pluviométrique en Afrique de l'Ouest non sahélienne.
Mélanges à la mémoire de Jean Rodier, Publication AISH, n°238, 99 - 110.
Paturel, J.E., Servat, Kouame, B., Lubès, H.,Fritsch, J., Masson, J.M.,1997.Manifestations
d'une variabilité hydrologique en Afrique de l'ouest et centrale. In Substainability of
water resources under increasing uncertainty (proc. Rabat symp., 21-30. IAHS Publ.n°240
Paturel J.E., Servat E., Kouamé B., Lubès H., Ouedraogo M., Masson J.M., 1997. Climatic
variability in humid Africa along the Gulf of Guinea Part II : an integrated regional
approach. Jour.of hydrology 191 (1997) 16-36
Paturel J. E., Servat E., Kouamé B., Travaglio M., 1998. Variabilité des régimes
pluviométriques et hydrologiques en cette fin de siècle en Afrique de l'ouest et
centrale. In Sud Sc. et Techno. N° 2, Ouagadougou.
Paturel J. E., Ouedraogo M., Servat E., Mahé G., Dezetter A., Boyer J. F., 2003. The concept
of Rainfall and streamflow normals in West and Central Africa in a context of
climatic variability. Hydrol. Sci. Journ. 48 (1), 125-137.
272
Penaye, J., Toteu, S. F., Van Schmus, W. R., and Nzenti, J. P., 1993. U-Pb and Sm-Nd
preliminary geochronologic data on the Yaounde series, Cameroon : re-interpretation
of the granulitic rocks as the suture of a collision in the ‘’Centrafrican’’ belt. C.R.
Acad. Sci. Paris, t.309, serie II, pp.315-318.
Petit M., 2001. L'humanité face à l'effet de serre additionnel qu'elle crée. C. R. Acad. Sci.
Paris, Sciences de la terre et des planètes 333 (2001) 775-786.
Pettit A. N., 1979. A non-parametric approach to the change-point problem. Applied statistics,
28, n°2, pp. 126-135
Petrescu Maftei C., 2002. Etudes concernant les écoulements superficiels. Modélisation
spatialisée de l'écoulement sur le bassin versant de Voinesti - Roumanie. Thèse de
doctorat, Univ. Ovidis de Constanta et de Montpellier II,182 p.
Pilling C.G., Jones J.A.A., 2002. The impact of future climate change on seasonal discharge,
hydrological processes and extreme flows in the Upper Wye experimental catchments,
mid-Wales. Hydrol. Processes, 16, 1201-1213.
Plag H.P., Tsimplis M.N., 1999. Temporal variability of the seasonal sea-level cycle in the
North Sean and Baltic Sea in relation to climate variability. Global and Planetary
Change, 20, 173-203
Pouyaud B., 1987. Variabilité spatiale et temporelle des bilans hydriques de quelques bassins
versants d'Afrique de l'ouest en liaison avec les changements climatiques. In : The
influence of Climate change and climatic variability on the hydrologic regime and
water resources. (Proc. of Vancouver Symp., August 1987). IAHS publ. N° 168, 447 - 461.
Pouyaud B., Colombani J., 1989. Les variations extrêmes du lac Tchad : l'assèchement est-il
possible ? Ann. Géographie, Paris 98(545), 1-23.
Redmond K.T., Koch R.W., 1991. Surface climate and streamflow variability in the western
United States and their relationship to large-scale circulation indices. Water resources
research, Vol. 27, n°9 2381-2399.
Reynold, C.A., Jackson, T.J., Rawls, W.J.,1999. Estimating available water content by linking
the FAO soil map of the World with Global Soil Profile Data bases and pedo-transfer
Functions. Proceeedings of the AGU 199 spring Conf., Boston, MA. May 31 -June 4,
1999.
273
Robinson P. J., 1997. Climate change and hydropower generation. Int. J. of Climatology,
Vol 17, (1997) 983-996.
Rodier J., 1964. Régimes hydrologiques de l'Afrique Noire à l'Ouest du Congo. ORSTOM,
Paris, 137 p.
Rognon P. 1989. Biographie d'un Désert, Coll. Scientifique Synthèse, Plon, Paris.
Rossel F., Le Goulven P., Cadier E., 1999. Répartition spatiale de l'influence de l'ENSO sur
les précipitations annuelles en Equateur. Rev. Sci. Eau 12 (1), p. 183-200
Rowell D.P., Blondin C., 1990. The influence of soil wetness distribution on short rang
rainfall forecasting in the west African Sahel. Q. J. R. Meteorol. Soc. 116, 1471-85.
Royer J.-F., Cariolle D., Chauvin F., Dèque M., Douville H., Hu R.M., Planton S. et al. 2002.
Simulation des changements climatiques au cours du XXIème siècle incluant l'ozone
stratosphérique. C.R. Geoscience 334 (2002) 147-154.
Schmidli J., Schmutz C., Frei C., Wanner H., Schär C., 2002. Mesoscale precipitation
variability in the region of the European Alps during the 20th century. Int. J. of
Climatology ; 22 1049-1074.
Scholte, P., Kari, S., Moritz, M., 1997. Participation des pastoralistes nomades et
transhumants à la réhabilitation et à la gestion de la plaine inondable du Logone, dans
le Nord Cameroun. In IIED, programme des zones arides, Dossier n° 66, 24 p.
Scholte, P., Kirda, P., Adam, S., Kadiri, B., 2000. Floodplain rehabilitation in North
Cameroon : Impact on vegetation dynamics. Appl. Veg. Sci. 3, 33-42 pp
Servain J., Wainer I., Dessier A., 1998. Evidence of a relationship between the two main
interannual climatic variability over the tropical Atlantic. C. R. Acad. Sci. Paris. Sciences
de la terre et des planètes, 327, 1-8.
Servat E., 1986. Présentation de trois modèles globaux conceptuels et déterministes : CREC 5,
MODGLO et MODIBI. Centre ORSTOM de Montpellier, Novembre 1986
Servat E., Dezetter A., 1988. SIMPLE et ROSEN : deux méthodes d'optimisations non
linéaire. Théorie et pratique. ORSTOM Montpellier, notice OVNIh1.
Servat, E., 1993. Evaluation régionale des ressources en eau : application à la Cote d'Ivoire.
Rapport de synthèse du programme ERREAU. Antenne hydrol. ORSTOM Abidjan, 154 p.
274
Servat E., Sakho M. 1995. Instability of water resources and management of a planned water
system in non-sahelian West Africa. Hydrological Sciences Journal, 40, 2, 217-230.
Servat E., Paturel J. E., Brou Kouame, Travaglio M., Ouedraogo M., Boyer J.F., Lubès-Niel
H., J.M. Fritssch, Masson J.M., Marieu B., 1998. Identification, caractérisation et
conséquences d'une variabilité hydrologique en Afrique de l'Ouest et Centrale. In
Servat E., Hugues D., Fritsch J.M., Hulme M. (Eds) : Water Resources Variability in
Africa during the XXth Country. Proceedings Conf. Abidjan'98, pub. AISH. n° 252,
pp. 323-337.
Servat E., Paturel J.E., Lubès-Niel H., Kouamé B., Masson J.M., Travaglio M.,
Marieu B., 1999. De différents aspects de la variabilité de la pluviométrie en Afrique
de l'Ouest et Centrale. Revue des sciences de l'eau, vol. 12, n° 2, pp. 363-387.
Sharma U.C., 2003. Impact of population growth and climate change on the quantity and
quality of water resources in the northeast of India. In: Water Resources Systems-
Hydrological Risk, Management and Development, (ed. By GüterBlöschl, Stewart F.,
Kumagai M., Musiake K., Rosbjerg D.) (Proc. Of Sapporo Sym. HS02b; IUGG2003,
July. 2003), 349-357. IAHS Publ. N°28.1
Sigha-Nkamdjou L., Sighomnou D., Nia P., Naah E., Carre P., Olivry J. C., 1997. Impacts des
activités anthropiques sur les régimes hydrochimiques d'un écosystème forestier sud-
camerounais : Le système Dja-Ngoko. Actes des JNR, Yaoundé, p. 263-272.
Sigha Nkamdjou L., Sighomnou D., Lienou G., Ayissi G., Bedimo J. P., Naah E., 1998.
Variabilité des régimes hydrologiques des cours d'eau de la bande méridionale du
plateau sud-camerounais. In, Servat E., Hugues D., Fritsch J.M., Hulme M. (Eds) :
Water Resources Variability in Africa during the XXth Country. Proceedings Conf.
Abidjan'98, ORSTOM/AISH/UNESCO, pub. AISH. n° 252, pp. 215 - 222.
Sigha Nkamdjou L., Sighomnou D., Tanyileke G., Molinier M., Naah E., 1999. Hydrological
variability of some equatorial rivers basins of Southern Cameroon - Central Africa.
Second Colloquium on Hydrology and Water Management in the Humid Tropics,
Panama..
Sigha-Nkamdjou L., Sighomnou D., Liénou G., 2002. Vers une approche globale de la
gestion de la ressource comme solution aux crises d'eau des dernières décennies au
Cameroun. Proceedings de la 4ème Conf. Internationale FRIEND du PHI de
l'UNESCO, Cape Town, IAHS Publ. n° 274, pp. 337-343.
Sighomnou D., Desbordes M. , 1988. Recherche d'un modèle de pluie de projet adapté aux
précipitations de la zone tropicale africaine ; Cas d'Adiopodoumé -Abidjan (Côte
d'Ivoire) ; in, Hydrologie Continentale, n°2, pp 131-139
275
Sighomnou D., Sigha Nkamdjou D., Ntonga J.-C., Naah E., 1990. Influence de la densité du
réseau sur l'estimation de la pluie moyenne journalière ; un exemple au Cameroun ; in,
Hydrologie Continentale, n°1, pp 53-60
Sighomnou D., Sigha Nkamdjou L., Taniyeléké G., 1993. Les fortes pluies de la région du
Mont Cameroun ; Cas d'Idenau ; in, La Météorologie - 8e série n°2, juin 1993, pp 41-47
Sighomnou D., Naah E. 1997. Gestion des ressources en eau et développement durable. Un
exemple dans la province de l'Extrême-nord de Cameroun. In Friend'97- Regional
Hydrology: Concepts and Models for Sustainable Water Resource Management; IAHS
n° 246, p. 355-363
Sighomnou D., Sigha Nkamdjou L., Molinier M., 1997. Perturbaçao no meio natural do
Yaere no norte dos Camaroes : Mudancas climaticas ou acaoantropica ? XII Simposio
Brasilleiro de recursos hidricos. 16 - 20 nov. 1997 ; ANAIS 3 . pp 399 – 406
Sighomnou, D, Sigha Nkamdjou, L., Molinier, M., 1999. Influence des prélèvements pour
irrigation sur l'hydrosystème du Lac Tchad ; Exemple des aménagements hydro-
agricoles de la SEMRY dans l'Extrême-nord Cameroun. Présenté à "Manaus'99" ;
International Symposium on Hydrological and Geochemical Processes in Large Scale
River Basin ; novembre 1999.
Sighomnou D., Sigha Nkamdjou L., 1999. Pluie et assainissement ; Analyse des séquences de
jours secs et pluvieux et des hauteurs de pluie de 1 à 30 jours consécutifs dans la ville
de Douala, in Géosciences au Cameroun Col. GEOCAM - 2/1999 - Presses
Universitaire du Cameroun.
Sighomnou, D., Sigha Nkamdjou, L., Lienou, G., 2002a. Fluctuation des ressources en eau et
dynamique environnementale. Exemple de la plaine d'inondation du Logone - Nord
Cameroun. Poster présenté à la 4ème Conférence Internationale de FRIEND, Cape
Town, mars 2002.
Sighomnou, D., Sigha Nkamdjou, L., Lienou, G., 2002b. La plaine du Yaéré dans le Nord-
Cameroun. Une expérience de restauration des inondations. Gestion intégrée des
ressources naturelles en zones Inondables. Coll. Colloques et séminaires, Edit. IRD
Paris, pp. 375-384 ;
Singh N., Sontakke N.A., 1999. On the variability and prediction of rainfall in the post-
monsoon season over India. Int. J. of Climatology Vol. 19, 309-339.
276
Sircoulon J., 1987. Variation des débits des cours d'eau et des niveau des lacs en Afrique de
l'Ouest depuis le début du 20ème siècle. In : The influence of Climate change and
climatic variability on the hydrologic regime and water resources. (Proc. of Vancouver
Symposium, August 1987). IAHS publ. N° 168, 13 - 25.
Sircoulon J., 1990. Impact possible des changements climatiques à venir sur les ressources en
eau des régions arides et semi-arides. WMO/TD n°380, 87 p.
Sircoulon J., 1992. Caractéristiques des ressources en eau de surface, zone arides de l'Afrique
de l'Ouest. Variabilité et évolution actuelle. In: l'Aridité une contrainte au
développement. Didactique/ORSTOM Editions, 1992
Sircoulon J., 1992. Caractéristiques des ressources en eau de surface en zones arides de
l'Afrique de l'Ouest. Variabilité et évolution actuelle. In : Collection Didactique
L'Aridité, Edit. ORSTOM, 1992, 53-68
Smith, M., 1992. Expert consultation on revision of FAO methodologies for crop water
requirements. Report, Land and Water Development Division, UN FAO, Rome, Italy.
Soba, D., 1989. La série du Lom : étude géologique et géochronologique d’un bassin volcano-
sédimentaire de la chaîne panafricaine à l’Est du Cameroun. Thèse de Doctorat d’Etat,
Univ. Pierre et Marie Curie, Paris 6, 198p.
SOGREAH, 1976. Inventaire de sites de barrages dans les Mont Mandara - Données de base
Carte 1/50.000 Hydrogéologie du périmètre Tsanaga.
Stahl K., Demuth S., 1999. Linking streamflow drought to the occurrence of atmospheric
circulation patterns. Hydrological Sci. J., 44 (3) 467-482.
Stangalie G., Catana S., Poiana I., Iordache A., Craciunescu V., 2003. Assessment of the
impact of climate and ecosystem changes on drought conditions: case study from
Romania. In: Water Resources Systems-Hydrological Risk, Management and
Development, (Proc. Of Sapporo Sym. HS02b; IUGG2003, July. 2003) , 158-164.
IAHS Publ. N°281.
Street F. A., Grove A. T., 1979. Global map of lac level fluctuations since 30000 BP.
Quaternary Res. 12, 83-118
Street-Perrott, F.A., Harrison, S.P., 1985. Lake level and climate reconstitution.
In, Paleoclimate Analysis and Modeling (ed. By D.A. Hecht) Wiley Interscience, New
York, USA
Suchel J.B., 1987. Les climats du Cameroun. Thèse. Doc. d'Etat, Université de Bordeaux III.
France, 1186 p.
277
Sud Y.C., Abd Molod D.G., 1988. A GCM simulation study of the influence of Saharan
evapotranspiration and surface albedo anomalies on July circulation and rainfall.
Monthly Weather Rev. 116, 2388-400.
Sultan B., Servat E., Maley J., Mahé G., 2001. Interrelation entre les forêts tropicales et la
variabilité climatique : une synthèse des études récentes. Sécheresse, Vol. 12 ; n°4,
Dec. 2001: 221-229
Sutcliffe J.Y., Knott D.G., 1987. Historical variation in African Water Resources. IASH Publ.
No 168, pp. 463-75.
Thresher R.E., 2002. Solar correlates of southern hemisphere mid-latitude climate variability.
Int. J. of Climatology ; 22 901-915.
Thornwaithe C.W., Mather J.R., 1995. The water balance. Publ. Climatol.
Lab. Climatol. Drexel Inst. Technol. 8 (1), 1-104.
Thom A.S., Oliver H.R., 1977. On Penman's equation for estimating regional
evapotranspiration. Q.J.R. Meteorol. Soc. 193 : 345-357.
Todorov, A.V., 1985. Sahel, the changing rainfall and the 'Normals' used for its assessment,
Journal of climate and Applied Meteorology, 24; pp. 97-107.
Toteu, S. F., 1990. Geochamical characterization of the main petrographic and structural units
of northern Cameroon ; implication for the Pan-African evolution. Journal of African
Earth Sciences, vol.10, n°4, pp.615-624.
Tsalefac M., 1999. Variabilité climatique, crise économique et dynamique des milieux agraire
sur les hautes terres de l'Ouest du Cameroun. Thèse de doctorat d'Etat, Université de
Yaoundé I, Cameroun, 564 p.
Van Dam J.C., 1999. Impacts of Climate Change and Climate Variability on Hydrological
Regimes; International Hydrology Series, UNESCO, Cambridge Univ. Press, 137p
Voirin-Morel S., 2003. Modélisation distribuée des flux d'eau et d'énergie et des débits à
l'échelle régionale du bassin Adour-Garonne. Th. Doct. Univ. Toulouse III (Paul
Sabatier). 277 p
Werner P.C., Gerstengarbe F.W., Fraedrich K., Oesterle H., 2000, Recent climate change in
the north Atlantic/European sector. Int. J. of Climatology Vol. 20, 463-471
278
Wesselink A. J., Orange D., Feizoure C. T., Randriamiarisoa, 1966. Les régimes
hydroclimatiques et hydrologiques d'un bassin versant tropical humide : l'Oubangui
(République Centrafricaine). Mélanges à la mémoire de Jean Rodier, Pub. AISH,
n°238, 179 - 194.
WMO, 2001. Intergovernmental Panel on Climate Change. Third assessment report – Climate
Change 2001, Synthesis report , 34 pp.
Wooldridge S.A., Franks S.W., Kalma J.D., 2001. Hydrological implications of the Southern
Oscillation : variability of the rainfall-runoff relationship, Journal des Sciences
Hydrologiques, 46 (1), 73-88.
Wotling G., Mahé G., L'Hôte Y. , Le Barbe L., 1995. Analyse par les vecteurs régionaux de la
variabilité spatio-temporelle des précipitations annuelles liées à la mousson africaine.
Veille Climatique Satellitaire, 52, 58-73.
Yates, D.N., 1997. Approaches to continental scale runoff for integrated assessment models.
Journal of Hydrology, 201 : 289-310.
Yu P.S., Yang T.C., Wu C.K., 2002. Impact of climate change on water resources in southern
Taiwan. J. of Hydrology 260 (2002) 161-175
Zwiers F., Cattle H., Peterson Th. C., Mokssit A. 2003. La détection des changements
climatiques. Bulletin OMM, Vol. 52 N°3 ; Juil 2003 ; 267-273.
279
LISTE DES ABREVIATIONS, TABLEAUX ET FIGURES
280
ABREVIATIONS ET SIGLES
281
ICCARE : Identification et Conséquences d'une variabilité Climatique en AfRique de l'Ouest
et Centrale non sahélienne
282
LISTE DES TABLEAUX
Chapitre 1
Tableau 1.1: Précipitations moyennes (mm/an) sur les principaux bassins versants
de l’Afrique tropicale et équatoriale (Olivry et al. 1993) ……………………………… 27
Tableau 1.3 : Valeurs de déficits des débits moyens annuels calculés à certaines
stations hydrométriques de part et d'autre de la date de rupture (Servat et al., 1998) ….…. 37
Tableau 1.4 : Recent studies into trends in river flows ; (IPCC, 2001) …………….……. 39
Chapitre 2
Chapitre 3
Tableau 3.1 : Postes suivi de température étudiés et leur période d’observation ……..…. 92
Tableau 3.2 : Nom et période d’observation des stations pluviométriques étudiées …..…. 96
Tableau 3.6 : Variation moyenne observée par rapport à la période de rupture sur le
cumul des pluies annuelles aux différentes stations …………………………………….…120
Tableau 3.7 : Résultat du test de Pettit et variation du nombre moyen annuel de jours de
pluie pour quelques postes pluviométriques du Cameroun ………….…………………… 131
283
.
Tableau 3.8 : Evolution des indices des jours de fortes pluies calculés par rapport
à la période 1950-1990 ………………………………………………….………………… 133
Tableau 3.9 : Résultats du test de Pettit et calcul de la variation des modules des
différents cours d’eau ………………………………………………………..…………… 137
Tableau 3.10 : Variation relative du module des différents cours d’eau de la période
1971-1990 par rapport à la période 1941-1970 ……………………………………… 138
Tableau 3.11 : Résultats du test de Pettit appliqué aux débits caractéristiques et calcul
des variations ……………………………………………………………..…..…………… 141
Tableau 3.12 : Variation relative des débits caractéristiques des différents cours d’eau
de la période 1971-1990 par rapport à la période 1950-1970 ………………..…………… 143
Chapitre 4
Tableau 4.2 : Débits moyens annuels (m3/s) de diverses récurrences par rapport aux
périodes d’observation 1950-1990 et 1971-1990, à quelques stations de différentes
régions du Cameroun ……………………………………..……………….………. 164
Tableau 4.3 : Débits maximums annuels (m3/s) de diverses récurrences par rapport
aux périodes d’observation 1950-1990 et 1971-1990, à quelques stations de
différentes régionsdu Cameroun ……………………………………………………… 168
Tableau 4.4 : Débits minimums annuels (m3/s) de diverses récurrences par rapport
aux périodes d’observation 1950-1990 et 1971-1990 à quelques stations de différentes
régions du Cameroun ……………………………………………………………… 169
Chapitre 5
Tableau 5.1 : Volumes (km3) précipités moyens par décennie …………………… ..…… 178
Tableau 5.2: Volumes (km3) précipités moyens par périodes de 30 ans ……….………… 180
Tableau 5.3 : Volumes écoulés moyens interannuels (km3) à quelques stations jaugées
du Cameroun Périodes 1941-1970 et 1971-1990 …………………………….………… 181
Tableau 5.7 : Classification des sols selon leur capacité en eau selon la FAO …….…..… 196
284
Tableau 5.8 : Résultats Calage et Validation des 2 Modèles ……………………………. 199
Tableau 5.9: Meilleurs résultats obtenus avec le modèle de Yates …………….……… 199
Tableau 5.11 : Pluies moyennes interannuelles (mm) des bassins déterminées par
différentes méthodes …………………………………………………………………… 204
Tableau 5.12 : ETP moyennes interannuelles (mm) des bassins par différentes
méthodes de calcul …………………………………………………………………… 206
Tableau 5.15 : Effets des changements climatiques sur les ressources en eau, en
l’absence de mesure d’intervention climatiques (IPCC, 2001) ……………….….…… 216
Tableau 5.16 : Variation (%) de la pluie moyenne annuelle par période par rapport
à la période 1971-2000 …………………………………….……………………… 226
Tableau 5.17 : Variation (%) de l’ETP moyenne annuelle par période par rapport à
la période 1971-2000 …………………………………….……………………… 231
Tableau 5.18 : Variation (%) du débit moyen annuel par période par rapport à la
période 1971-1990 ……………………………………………….…………………… 234
Tableau 5.19 : Variations (%) attendue en 2050 et 2100 pour les précipitations, l’ETP
et les écoulements, sur les bassins testés, par rapport à la période référence 1961-1990. .. 235
Tableau 5.21: Différence (%) entre les débits maximums mensuels décennaux déterminés
à partir des observations et ceux calculés à l’aide des pluies observées d’une part et des
pluies déduites du scénario Anomalie d’autre part. ………………………………….…… 241
285
LISTE DES FIGURES
Chapitre 1
Figure 1.7 : Variation de l’hydraulicité depuis 1950 pour l’Afrique sèche (Chari, Niger
et Sénégal) et l’Afrique humide (Oubangui et Sangha), (Bricquet et al., 1997) ……….… 37
Figure1.8 : Relations entre le cumul des pluies annuelles et les effectifs des petits ruminants
jeunes (âge inférieur à 12 mois) en Tunisie méridionale (Le Houérou, 1962) ……...…….. 43
Chapitre 2
Figure 2.1 : Le Cameroun en Afrique, ses relations avec les grands bassins du
continent (Olivry, 1986) …………………………………………………………..…… 52
Figure 2.3 : Esquisse géologique du Cameroun d’après Nzolang (2003), montrant les
formations de la chaîne panafricaine, avec le Complexe du Ntem (Craton du Congo) à sa
limite sud et la couverture phanérozoïque tchadienne dans le Nord …………….………. 56
Figure 2.5 : Schéma simplifié des zones de temps pour différentes saisons
au Cameroun (Olivry, 1986) ……………………………………………………………….. 62
286
Figure 2.7 : Températures moyennes annuelles au Cameroun à partir des données
non homogénéisées de la période 1955-2002 ………………………………………….…. 68
Figure : 2.9 : Esquisse des isohyètes interannuelles du Cameroun à partir des données
non homogénéisées de la période 1940-2001 ……………………………………………… 74
Chapitre 3
Figure 3.4 : Variation des Températures Moyennes annuelles au Cameroun par rapport
à la Normale 1961-1990 ………………………………………………… …………. 106
Figure 3.9 : Evolution des indices de la pluviosité annuelle par rapport à la moyenne
interannuelle de la période 1940-2000 au niveau de quelques stations de référence au
Cameroun ……………………………………………………………….………………115
287
Figure : 3.11 : Variation relative entre la pluie moyenne interannuelle de la période
1940-2000 et les pluies moyennes interannuelles par décennie ………………….……… 118
Figure 3.12 : Période de rupture des séries de hauteur de précipitations annuelles ……… 119
Figure 3.14 : Evolution des indices pluviométriques par décennies depuis la fin du
19ème siècle au niveau de quelques stations pluviométriques du Cameroun et de
l’Afrique tropicale.………………………………………………….………….…………. 123
Figure 3.19 : Evolution des indices du débit moyen annuel par rapport à la moyenne
interannuelle de la période 1950-1990 au niveau de quelques stations du Cameroun ….. 135
Figure 3.20 : Evolution des écoulements par décennie au courant du XXème siècle au niveau
de quelques stations hydrométriques du Cameroun et de l’Afrique tropicale. ……….…… 139
Chapitre 4
Figure 4.2 : Variation relative entre la normale des précipitations annuelles 1951-1980,
les normales 1941-1970, 1961-1990, 1971-2000 et la moyenne 1941-2000 …………….. 154
Figure 4.4 : Pluies annuelles en fonction des périodes de retour pour les récurrences
humides à quelques stations représentatives des différentes régions du Cameroun. ……. 160
Figure 4.5 : Pluies annuelles en fonction des périodes de retour pour les récurrences
sèches à quelques stations représentatives des différentes régions du Cameroun. …….…. 161
Figure 4.6 : Débits annuels en fonction des périodes de retour pour les récurrences
humides à quelques stations hydrométriques dans différentes régions du Cameroun. ….... 165
288
Figure 4.7 : Débits annuels en fonction des périodes de retour pour les récurrences
sèches à quelques stations hydrométriques dans différentes régions du Cameroun. …….. 166
Figure 4.8 : Débits moyens maximums annuels en fonction des périodes de retour
à quelques stations de différentes régions du Cameroun, pour les récurrences
humides et sèches …………………………………………………………………………. 170
Figure 4.9 : Débits moyens minimums annuels en fonction des périodes de retour à quelques
stations de différentes régions du Cameroun, pour les récurrences humides et sèches ….. 171
Chapitre 5
Figure 5.1 : Evolution des apports météoriques au Cameroun de 1940 à l’an 2000 …….. 179
Figure 5.3 : Présentation des 5 bassins versants testés ……………….… ;…….………… 192
Figure 5.4: Cartes capacité en eau des sols des 5 bassins versants pour les valeurs
maximales, minimales, et moyennes, suivant les données de la FAO. ………………..… 197
Figure 5.7 : Comparaison des critères de Nash de GR2M obtenus avec différentes grilles
de pluie ……………………………………………………………………………… 205
Figure 5.8 : Comparaison des critères de Nash de GR2M obtenus avec différentes
valeurs d’ETP ………………………………………………..…………………….…….… 207
Figure 5.9 : Comparaison des critères de Nash obtenus pour différentes grilles WHC ..… 209
Figure 5.10 : Analyse de la concordance entre les modèles en ce qui concerne la variation
des précipitations régionales. (IPCC, 2001) …………………………………….…….…… 217
Figure 5.11 : Variation du ruissellement moyen annuel d’ici l’an 2050 (IPCC, 2001). …. 218
Figure 5.12 : Evolution des précipitations moyennes annuelles sur les 5 bassins versants
testés, selon les scénarios Anomalies et Horizons en regard des pluies observées …….... 224
Figure 5.14 : Evolution de l’ETP moyenne annuelle selon les scénarios Anomalies et
Horizons, sur les 5 bassins versants testés, en regard de l’ETP calculée par la méthode
de Penman pour la période actuelle ………………………………………………………. 228
289
Figure 5.15 : Evolution de l’évapotranspiration moyenne annuelle et interannuelle
sur quelques bassins versants ……………………………………………………… 229
Figure 5.16 : Evolution des débits moyens annuels des 5 cours d’eau testés suivant les
scénarios Anomalies et Horizons en regard des débits observés ………………………… 231
Figure 5.17 : Evolution du débit moyen annuel et interannuel sur quelques cours
d’eau ……………………………………………………………………..………….…… 233
Figure 5.18a : Normales des paramètres du bilan hydrologique annuel des bassins testés,
pour les périodes 2021-2050 et 2071-2100 selon le scénario Anomalies, en regard de
celles de 1961-1990/de la moyenne 1950-1970 pour la Sanaga …………………..………. 236
Figure 5.18b : Normales des paramètres du bilan hydrologique annuel des bassins testés,
Pour les périodes 2021-2050 et 2071-2100 selon le scénario Horizons, en regard de
Celles de 1961-1990/et de la moyenne 1950-1970 pour la Sanaga ……………………..… 237
Figure 5.19 : Pluies moyennes annuelles et interannuelles sur les bassins Nyong à Dehane et
celui du Mayo Kébi à Cossi ; le scénario Anomalie est comparé au climat actuel …...… 239
Figure 5.20 : Hydrogrammes observés et reconstitués avec le modèle GR2M sur quelques
bassins Les débits reconstitués à partir des précipitations du scénario climatique (période
actuelle) sont comparés à ceux reconstitués à partir des pluies observées ……………..… 243
290
291