Moteurs Piézoélectriques
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1. Généralités................................................................................................. D 3 765 - 2
1.1 Historique. Intérêt du moteur piézoélectrique .......................................... — 2
1.2 Phénomène de piézoélectricité................................................................... — 2
1.3 Équations de la piézoélectricité .................................................................. — 3
1.4 Modes de couplage élémentaires des céramiques PZT........................... — 3
1.5 Conversion d’énergie par effet piézoélectrique ........................................ — 5
1.5.1 Couplage électromécanique .............................................................. — 5
1.5.2 Pertes générées .................................................................................. — 5
2. Principales structures de piézomoteurs............................................ — 7
2.1 Principes généraux ...................................................................................... — 7
2.1.1 Élaboration d’un mouvement vibratoire d’entraînement ............... — 7
2.1.2 Entraînement par friction ................................................................... — 7
2.1.3 Critères de classification des différentes structures ........................ — 9
2.2 Structures à déformations composées...................................................... — 9
2.2.1 Principe................................................................................................ — 9
2.2.2 Moteurs à superposition de mode .................................................... — 9
2.2.3 Moteurs à conversion de mode......................................................... — 10
2.3 Structure à déformation glissante.............................................................. — 11
2.3.1 Principe................................................................................................ — 11
2.3.2 Moteurs à rotation de mode .............................................................. — 12
2.3.3 Moteurs à onde progressive.............................................................. — 13
3. Moteur annulaire à onde progressive ................................................ — 13
3.1 Constitution du moteur ............................................................................... — 13
3.1.1 Architecture mécanique ..................................................................... — 13
3.1.2 Structure de la céramique d’excitation............................................. — 14
3.2 Performances électromécaniques.............................................................. — 15
3.2.1 Couple développé............................................................................... — 15
3.2.2 Bilan de puissance.............................................................................. — 15
4. Alimentation et commande .................................................................. — 16
4.1 Modèle vu des bornes d’un transducteur piézoélectrique....................... — 16
4.1.1 Schéma électromécanique équivalent.............................................. — 16
4.1.2 Identification des paramètres ............................................................ — 17
4.2 Principes d’alimentation ............................................................................. — 18
4.3 Stratégies de commande ............................................................................ — 19
6 - 1996
triques, les matériaux actifs se caractérisent par leur aptitude à produire une
action mécanique issue de leur propre déformation sous l’effet d’un couplage
généralement réversible de type électroélastique (électrostriction, piézoélectri-
cité), magnétoélastique (magnétostriction, piézomagnétisme), voire thermo-
élastique (alliages à mémoire de forme). Les progrès récemment réalisés dans
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de zirconium et de titane, on réalise les composés de formule géné- autour de la polarisation rémanente P0 (à champ électrique et
rale Pb(Zr-Ti)O3 , qui marquent l’avènement de la famille très per- contrainte nuls) est définie en fonction de la partie variable du
formante des céramiques PZT. déplacement et du champ par :
D = ε0E + P (2)
Comparés au quartz, par exemple, ces composés font apparaître des
caractéristiques piézoélectriques dont l’ordre de grandeur est 100 fois avec ε 0 = permittivité du vide (8,85 · 10 –12 F· m–1).
supérieur en terme de quantité de charge apparue ramenée à l’effort
Les composantes S1 , S2 , S 3 et T 1 , T 2 , T 3 de S et T désignent
appliqué (constante exprimée en pC · N–1). En outre, ces matériaux
respectivement les déformations et contraintes de tension parallèles
présentent l’avantage d’avoir une température de Curie relativement
aux axes 1, 2 et 3, tandis que les composantes S4 , S 5 , S 6 et T 4 ,
élevée (300 à 350 oC).
T 5 , T 6 correspondent aux déformations et contraintes de cisaille-
Les céramiques PZT sont principalement exploitées dans le ment autour de ces mêmes axes (figure 1).
domaine des ultrasons [1], pour répondre à des applications aussi
variées que, dans le domaine des fortes puissances, le sonar, ou,
dans des domaines de plus faibles puissances, les transducteurs à 1.4 Modes de couplage élémentaires
usage médical, les allume-gaz... Leur aptitude à la conversion
d’énergie en fait naturellement, aujourd’hui, le matériau de référence des céramiques PZT
dans le domaine des moteurs piézoélectriques.
Les éléments de symétrie de la structure cristalline constituant le
matériau piézoélectrique induisent un certain nombre de consé-
quences remarquables au niveau des différents tenseurs caractéri-
1.3 Équations de la piézoélectricité sant les propriétés physiques du milieu. Il en résulte des propriétés
de symétrie au niveau des matrices s, et d précédemment définies.
La caractérisation systématique des propriétés électromécaniques
Les céramiques PZT, plus particulièrement considérées ici, étant
des milieux piézoélectriques est fondée sur une représentation ten-
assimilables aux cristaux de la classe « 6 mm » du système hexa-
sorielle du couplage entre les systèmes électrique et mécanique [2].
gonal, ces matrices se présentent ainsi selon les formes particu-
Cette approche s’impose notamment du fait de l’anisotropie inhé-
lières données dans le tableau 1. (0)
rente à l’existence même de la piézoélectricité.
Les grandeurs locales macroscopiques, généralement choisies
comme variables mécaniques et électriques dans les milieux
continus, sont, respectivement, les tenseurs de déformation et de Tableau 1 – Formes particulières des matrices s, et d
contrainte, de composantes Sik et Tik , et les vecteurs déplacement dans le cas des céramiques piézoélectriques
électrique D et champ électrique E. La représentation des propriétés
piézoélectriques de la matière conduit donc, en fonction du système s s 12 s 13 0 0 0
de variables indépendantes (S,D ), (T,E ), (T,D ) ou (S,E ) choisi, à la 11
0
s 11 s 13 0 0
définition de quatre couples de relations fondamentales traduisant ε 11 0 0
les effets direct et inverse. Dans le cadre des hypothèses classiques s 33 0 0 0 =
s = ε 11 0
de la théorie de l’élasticité, en supposant en particulier que les ampli-
s 44 0 0
tudes des déformations restent faibles, les propriétés de symétrie ε 33
des tenseurs de déformation et de contrainte permettent de ramener s 44 0
les relations tensorielles initiales à des relations matricielles plus
s 66
simples à manipuler (les tenseurs du second ordre Sik et Tik se rédui-
sent à des vecteurs à 6 composantes). Ainsi, en choisissant par exem- (matrices symétriques par rapport à leur diagonale principale)
ple les variables intensives (T,E ) comme couple de variables
indépendantes, les propriétés piézoélectriques de la matière se tra-
0 0 0 0 d 15 0
duisent par les relations (à température constante) :
d = 0 0 0 d 15 0 0
S = sE T + d tE d 31 d 31 d 33 0 0 0
(1)
D = dT + T E
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Nota : l’analyse de la symétrie des cristaux conduit à définir 32 classes cristallines. Le plusieurs micromètres d’amplitude. Les faibles dimensions du
symbole « 6 mm » correspond à la classe des cristaux du système hexagonal possédant un
axe de symétrie d’ordre 6 et 6 plans de symétrie parallèles à l’axe principal.
dispositif, et plus précisément la distance interélectrode (pour le
moteur à onde progressive étudié au paragraphe 3.1, la distance
Les valeurs numériques des constantes relatives au matériau indus- interélectrode est de 0,6 mm), limitent en outre les tensions
triel P189, fabriqué par la société Quartz et Silice-Saint-Gobain sont ras- d’alimentation mises en jeu (généralement de l’ordre de la centaine
semblées à titre d’exemple dans le tableau 2. de volts pour les moteurs piézoélectriques). (0)
La matrice d des constantes de charge étant construite à partir
des seuls éléments non nuls d 33 , d 31 et d 15 , le couplage électro-
mécanique dans les céramiques piézoélectriques s’effectue selon
trois modes principaux dénommés, respectivement, mode longitu-
dinal, mode transversal et mode de cisaillement.
La figure 2 illustre ces trois modes de couplage élémentaires dans
le cas d’un barreau parallélépipédique. Si l’on considère, par
exemple, l’effet piézoélectrique inverse :
— le mode longitudinal (33) se traduit par une variation de lon-
gueur suivant l’axe 3 (figure 2a ), lorsqu’un champ électrique est
appliqué suivant ce même axe au moyen des électrodes placées
sur les faces perpendiculaires à cet axe ;
— le mode transversal (31) conduit, de même, à une variation de
longueur suivant l’axe 1 (figure 2b ) lorsqu’un champ électrique est
appliqué suivant l’axe 3 ;
— le mode de cisaillement (15) conduit à une déformation de
cisaillement autour de l’axe 2 lorsqu’un champ électrique est
appliqué suivant l’axe 1 (figure 2c ).
Le sens de ces déformations dépend du sens du champ élec-
trique appliqué et du signe du coefficient di λ mis en jeu. Notons,
en outre, que les modes longitudinal et transversal agissent de
manière conjointe dans le barreau, de telle sorte qu’un allonge-
ment en mode 33 s’accompagne naturellement d’une contraction
en épaisseur et en largeur liée au mode 31 (contraction négligeable
dans le cas d’un barreau long).
En jouant sur la forme de l’échantillon (plaque, tube...) et sur sa
polarisation (uniforme, radiale...), une grande variété de défor-
mations peut être exploitée, sachant que ces déformations globales
peuvent faire localement appel à une combinaison des trois modes
élémentaires de couplage piézoélectrique dans la céramique.
Sur le plan quantitatif, en dépit d’une limite en champ électrique
relativement élevée (limite de dépolarisation), les déformations
engendrées par les céramiques en régime statique sont faibles.
Dans le cas du matériau P189 par exemple, qui admet un champ
limite d’utilisation de 106 V · m–1, la déformation relative en mode lon-
gitudinal demeure inférieure à 300 parties par million (soit une variation
d’épaisseur de 0,3 µm pour une plaque de 1 mm d’épaisseur).
Le recours à une amplification mécanique, réalisée au moyen
d’une structure vibrante, le plus souvent excitée au voisinage d’une
de ses fréquences propre de résonance, permet d’augmenter
sensiblement les amplitudes de déformation obtenues. Malgré la
limitation en champ électrique imposée non plus par les perfor-
mances diélectriques du matériau mais plutôt par sa tenue méca- Figure 2 – Principaux modes de couplage électromécanique
nique, il est alors possible de générer, au moyen d’excitateurs dans les céramiques PZT
piézoélectriques de dimensions millimétriques, des vibrations de
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1.5 Conversion d’énergie On définit, de la même manière, les coefficients de couplage intrin-
sèques en mode longitudinal et en mode de cisaillement.
par effet piézoélectrique
Exemple : les expressions et les valeurs numériques relatives au
1.5.1 Couplage électromécanique matériau P189 sont rassemblées dans le tableau 4.
Notons que, dans le cas général d’une structure et d’une déforma-
L’interaction linéaire assurée par la piézoélectricité entre les sys- tion quelconque, ces coefficients intrinsèques définissent la limite
tèmes mécanique et électrique constitue un moyen direct de conver- supérieure du coefficient de couplage effectif alors mis en jeu.
sion électromécanique de l’énergie, en ce sens que cette conversion
ne fait appel à aucune autre forme d’énergie intermédiaire (telle que
l’énergie magnétique mise en jeu dans les machines électro- 1.5.2 Pertes générées
magnétiques classiques par exemple).
■ Afin de mieux comprendre et de caractériser cette conversion, L’étude précédente suppose implicitement un rendement énergé-
considérons, à titre d’exemple, le fonctionnement d’un transduc- tique égal à 100 %, les transformations réversibles considérées
teur soumis au cycle décrit et analysé dans le tableau 3. L’élément s’effectuant sans pertes. Or, dans le cas d’un fonctionnement à fré-
de céramique considéré, travaillant purement en mode transversal quence élevée (20 à 500 kHz dans les moteurs piézoélectriques), les
(31), échange de l’énergie avec, d’une part, une source idéale de matériaux piézoélectriques dissipent une puissance non négligeable,
tension U imposant un champ électrique suivant l’axe 3 et, d’autre correspondant aux pertes, d’une part, d’origine diélectrique et,
part, une charge mécanique ramenant une contrainte dans l’axe 1. d’autre part, d’origine mécanique [3].
Les grandeurs électriques (excitation, champ) et mécanique (défor-
■ Rappelons simplement ici que les pertes diélectriques par unité
mation relative, contrainte) sont supposées uniforme dans tout le de volume (en W · m–3), dues à la conductance ohmique et à l’hysté-
volume du matériau.
résis champ-déplacement du diélectrique, sont données par une rela-
● Durant la première étape du cycle, la céramique, mécanique- tion de la forme :
ment libre, subit une contraction suivant l’axe 1 sous l’effet du champ
Pd = ω E 2 ε tan δ (4)
appliqué par la source de tension dans le sens de la polarisation
rémanente P0 de la céramique. Au cours de cette étape, le transduc- avec E (V · m–1) valeur efficace du champ électrique,
teur emmagasine une énergie W correspondant au travail fourni par
tan δ tangente de l’angle de pertes,
la source électrique.
● La déformation obtenue étant alors maintenue constante (céra-
ε (F · m–1) permittivité absolue (dans la direction du champ
mique encastrée), le champ électrique est ramené, pendant la appliqué),
deuxième étape, à sa valeur initiale nulle. Une partie de l’énergie ω (rad · s–1) pulsation associée à la tension d’alimentation
reçue au cours de l’étape précédente est ainsi restituée à la source alternative appliquée sur les électrodes de la
électrique, le reste étant stocké sous forme élastique dans le matériau céramique.
du transducteur.
■ En ce qui concerne les pertes mécaniques volumiques (en
● La céramique est enfin libérée durant la troisième étape, resti-
W · m–3), dues aux frottements internes dans le matériau et liées,
tuant l’énergie stockée sous la forme du travail mécanique W ’ dans le cas des céramiques, aux mouvements des parois de domaine
absorbé par la charge mécanique. sous l’action des déformations, elles peuvent être évaluées par une
■ L’évaluation du rapport de l’énergie transformée W ’ à l’énergie W relation du type :
initialement reçue par le transducteur est un bon moyen de caractéri- P = ρ S˙ 2
m m (5)
sation de l’aptitude du transducteur à convertir l’énergie. La racine
carrée de ce rapport, appelé coefficient de couplage électro- avec S˙ ( s –1 ) valeur efficace de la vitesse de déforma-
mécanique, dépend généralement de la structure du transducteur tion,
et de la façon dont il est exploité. Néanmoins, l’exemple idéal
ρm(kg · m–1 · s–1) résistivité mécanique.
considéré ici, qui suppose toutes les grandeurs uniformes ainsi qu’un
fonctionnement s’effectuant purement suivant l’un des trois modes Exemple : notons que les coefficients tan δ et ρm caractérisant le
de couplage élémentaire, permet de définir une grandeur ne dépen- matériau dépendent, en fait, de ses conditions d’utilisation. L’ordre de
dant que des caractéristiques du matériau. grandeur de ces coefficients et des pertes correspondantes, dans des
Le coefficient de couplage intrinsèque en mode transversal s’écrit : conditions représentatives du fonctionnement des moteurs piézo-
électriques, est précisé dans le tableau 5.
2
W′ d 31 (0)
k 31 = -------- = ---------------------
E T
(3)
W s 11 ε 33 (0)
(0)
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∆S1 = – d31E
1 T
B 1 S
We OA = ----- ε 33 E 2 = W > 0 We AB = – ----- ε 33 E 2 = – W i < 0 2
We AB = E 3 dD 3 2 2 1 d 31 2
A - E = – W′<0
W mBO = – ----- ----------
2 sE
Wm AB = 0 11
— travail mécanique W mOA = 0
(W ’ = W – W i )
B
Wm AB = T 1 dS 1
A
Énergie reçue sous forme Énergie restituée sous forme Énergie restituée sous forme
de travail électrique de travail électrique de travail mécanique
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Figure 12 – Vue éclatée du moteur USR 60 ■ La sélection du rang de mode choisi (n = 9) s’opère par le biais
développé par Shinsei Co. Ltd d’une polarisation alternée de la céramique, qui conduit à la déforma-
tion en sens inverse de deux secteurs espacés d’une demi-longueur
d’onde soumis à une même tension. Cette solution autorise la mise
en jeu d’un plan de masse à l’interface céramique-métal.
■ La définition des deux phases d’excitation vibratoire peut
être obtenue soit à partir de l’imbrication de deux jeux d’électrodes
décalés d’un quart de longueur d’onde (figure 13), soit, selon une
disposition plus courante simplifiant les problèmes de connectique,
en regroupant les électrodes des deux phases suivant deux secteurs
métallisés disjoints (figure 14). Un intérêt supplémentaire de cette
dernière disposition réside dans la possibilité de loger, au niveau de
l’un des deux interstices laissés libres entre les deux phases d’ali-
mentation, une électrode auxiliaire fournissant, par effet piézo-
électrique direct, une tension image de la vibration utilisable pour sa
régulation (§ 4.3).
■ Notons qu’un problème technologique délicat réside dans
l’ assemblage de la structure bimorphe que constitue le stator
vibrant. Le joint de colle utilisé doit en effet, d’une part, établir le
contact électrique entre l’électrode arrière de la céramique et la
masse du stator et, d’autre part, assurer la transmission des défor-
mations générées, en introduisant un amortissement aussi faible que
Figure 13 – Principe de fonctionnement de la structure annulaire possible.
à onde progressive (céramiques à phases imbriquées)
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4. Alimentation et commande
L’expérience acquise en matière d’alimentation des machines élec-
Figure 15 – Caractéristiques couple-vitesse à fréquence triques concerne, principalement, l’alimentation à basse fréquence
et tension d’alimentation constantes (moteur Shinsei USR 60, d’armatures de nature inductive. Or, les moteurs piézoélectriques
f = 40 kHz, U = 100 Vrms) jouissent, par principe, d’un comportement plutôt capacitif, et
requièrent, généralement, une alimentation à haute fréquence (20
à 500 kHz) et à haute tension (50 à 1 000 V). Le pilotage de ces moteurs
nécessite donc la définition de stratégies d’alimentation et de
commande spécifiques, fondées sur une caractérisation précise de la
charge électrique particulière qu’ils constituent.
1 η
V = Y 11 F + Y 12 U = ----------- F – ---------- U
Figure 16 – Bilan de puissance du moteur Shinsei USR 60 Zm Zm
dans des conditions nominales de fonctionnement (13)
η η2
I = Y 12
Zm Zm
F + Y 22 U = – ----------- F + Y 0 + ---------- U
La vitesse de phase de l’onde variant très peu au voisinage du mode
de résonance exploité, les pertes par roulement dépendent principale- avec F (N) force exercée par le système extérieur,
ment et d’une manière quasi linéaire de l’effort normal appliqué. Les I (A) courant absorbé,
pertes par patinage varient approximativement avec le carré du couple
U (V) tension appliquée,
développé, si l’on admet que, sur une large plage, la chute de vitesse
évolue linéairement avec le couple (figure 15). V (m · s–1) vitesse vibratoire (v = dh/dt ),
Comme l’illustre le diagramme de la figure 16, les phénomènes de Y0 (s) admittance de l’élément encastré,
friction constituent la source principale de dissipation d’énergie, les Y11 (m · s–1 · N–1) admittance mécanique,
pertes par patinage sous l’action du couple demeurant relativement
Y12 (A · N–1) constante électromécanique,
faibles vis-à-vis des pertes par roulement, dissipées aussi bien à vide
qu’en charge. Y22 (s) admittance électrique,
Z m (N · m–1 · s) impédance mécanique de la branche
motionnelle,
η (N · V–1) rapport de transformation électroméca-
nique.
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Dans le cas d’un transducteur assurant la conversion d’énergie Figure 17 – Schéma électromécanique équivalent d’un transducteur
électrique en énergie mécanique, ce coefficient s’identifie avec la piézoélectrique à couplage transversal au voisinage
limite à basse fréquence du rapport de la puissance réactive utile, d’un de ses modes de résonance
correspondant à l’énergie élastique stockée dans le transducteur, à
la puissance réactive totale fournie à la source d’alimentation et
tenant compte de l’énergie stockée sous forme électrique.
En admettant que l’adjonction d’une masse métallique vibrante
à l’élément piézoélectrique initial revienne simplement à modifier
la valeur des paramètres r, , c et η , la modélisation d’un stator
de piézomoteur vibrant librement (rotor déposé) peut être effectuée
en refermant par un court-circuit la branche motionnelle du circuit
équivalent (F = 0). Notons que la prise en compte simultanée des
deux composantes h x et h y (ou h ρ et h θ ) du déplacement d’entraîne-
ment nécessite dans le cas général la mise en jeu de deux circuits
motionnels, électriquement couplés ou non selon que les deux
modes vibratoires utilisés le sont (moteurs à conversion de mode,
§ 2.2.3) ou ne le sont pas (moteurs à superposition de mode, § 2.2.2).
Dans le cas où les deux composantes du mouvement elliptique sont
cinématiquement liées (structure à déformation glissante, § 2.3), la
connaissance d’une de ces composantes suffit à la détermination
de l’autre. Le caractère symétrique des deux phases d’alimentation Figure 18 – Modèle vu des bornes
autorise alors, comme dans le cas des machines électromagnétiques du transducteur mécaniquement chargé
polyphasées, la définition d’un schéma monophasé équivalent
construit sur la base du schéma de la figure 17.
■ En vertu de l’analogie électromécanique mise en place, la modé- 4.1.2 Identification des paramètres
lisation du moteur complet conduit naturellement à prendre en
compte la puissance mécanique délivrée par le biais d’une source Le schéma équivalent du transducteur fait apparaître deux circuits
de tension, dont l’amplitude est proportionnelle au couple (ou à la oscillants, correspondant l’un au circuit série constitué par la branche
force) développé, tandis que l’amplitude du courant qui la traverse motionnelle, et l’autre au circuit parallèle formé par l’association de
est une image de la vitesse du moteur. Cependant, la représentation la branche statique et de la branche motionnelle. Les pulsations de
des mécanismes de contact mis en jeu (contact intermittent...) résonance correspondantes sont ainsi définies par :
conduit à introduire des circuits relativement complexes, le plus
souvent non linéaires, et dont la structure dépend étroitement du
1
type de moteur considéré [11]. ω s = --------------
LC
■ Dans le cadre d’une approche simplifiée, qui correspond aux
hypothèses classiquement retenues pour l’étude des transducteurs
1
ω p = ------------------------------ (15)
CC 0
électro-acoustiques, la charge mécanique peut être modélisée par le
L -------------------
biais d’une résistance supplémentaire r c placée en série dans la C + C0
branche motionnelle. En ramenant les éléments de cette branche au
primaire du transformateur électromécanique, le modèle électrique
avec ω p (rad · s–1) pulsation de résonance du circuit parallèle,
vu des bornes du transducteur correspond alors au schéma donné
sur la figure 18. ω s (rad · s–1) pulsation de résonance du circuit série.
Le tracé, dans le diagramme de Bode, de l’admittance Y du circuit
(figure 19a ) met en évidence les phénomènes de résonance et
d’antirésonance associés aux pulsations ω max (admittance maxi-
male) et ω min (admittance minimale) respectivement voisines des
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R0 Q f s = s 2 C0 R L C
(kΩ) (Hz) (nF) ( Ω) (mH) (nF) Figure 19 – Analyse fréquentielle de l’admittance
20 395 38 850 9 60 97 0,173
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● En ce qui concerne l’action au niveau de la fréquence, sa marge absorbé afin de se caler en permanence sur la pulsation ω max
de variation est généralement très étroite (quelques centaines de (figure 19). Lorsque la céramique d’excitation est pourvue d’une
hertz), dans la mesure où la majeure partie des structures fonc- électrode auxiliaire jouant le rôle de capteur vibratoire (§ 3.1.2), la
tionnent au voisinage d’une résonance mécanique. Néanmoins, le stabilisation de la vibration peut être réalisée à partir de la régulation
contrôle de l’écart entre la fréquence d’alimentation et la fréquence de l’amplitude de la tension recueillie sur cette électrode. Le schéma
de résonance permet de jouer sur l’amplitude de la vibration et synoptique de la figure 23 présente ainsi une stratégie de
constitue, de ce fait, un second mode de réglage de la vitesse. commande très utilisée, résolvant simultanément les problèmes de
● Dans le cas des structures diphasées, le déphasage entre les stabilisation vibratoire et de commande en vitesse.
tensions appliquées correspond, enfin, à une troisième variable de
réglage, qui présente l’intérêt d’agir non seulement sur l’amplitude
mais aussi sur le sens de la vitesse de rotation de la machine. Notons La commande impulsionnelle diphasée des 4 interrupteurs de
que si cette dernière solution s’applique de manière parfaitement l’onduleur peut être réalisée simplement à partir d’un circuit
naturelle au cas des structures à superposition de mode, il n’en va compteur à décade (exemple HEF 4017 ), monté en diviseur
pas de même, a priori, dans le cas des structures à déformation glis- par 4, générant des créneaux de commande décalés et de
sante pour lesquelles le déphasage entre les deux composantes du rapport cyclique égal à 25 %. Cette solution suppose que
mouvement vibratoire est cinématiquement imposé et n’apparaît l’oscillateur commandé en tension VCO (par exemple LM 555 )
donc pas dans l’expression de la vitesse [relation (11)]. La variation fonctionne à une fréquence quadruple de la fréquence f d’ali-
de phase s’avère, cependant, exploitable en pratique au prix d’une mentation. (Le réseau RC calibre la fréquence de l’oscillateur.)
dégradation des caractéristiques de l’onde progressive initiale,
dégradation qui pourrait être rapprochée de la génération du champ ■ En ce qui concerne la commande en position des moteurs piézo-
elliptique mis en jeu dans les machines électromagnétiques poly- électriques, une approche classique consiste à adopter une structure
phasées fonctionnant en régime déséquilibré. en cascade visant à imbriquer la boucle de régulation de vitesse au
sein d’une boucle de position utilisant un capteur solidaire de l’arbre
du moteur. Notons que cette structure nécessite d’intégrer un dispo-
La figure 22 illustre ces trois modes de réglage élémentaires sitif non linéaire d’inversion de la phase relative des tensions
dans le cas du moteur annulaire à onde progressive. Si la varia- d’alimentation visant à commander le moteur dans les deux sens de
tion de tension se révèle peu intéressante de par la faible dyna- rotation.
mique de réglage qu’elle autorise, la variation de fréquence ou
de phase apparaissent comme les moyens de réglage privilégiés Une solution beaucoup plus évoluée consiste à utiliser simultané-
des moteurs piézoélectriques. ment les deux variables de réglage que sont la fréquence et le
déphasage entre les tensions d’alimentation, la détermination du
vecteur de commande en fonction des informations captées pouvant
■ Le contrôle de fréquence constitue par ailleurs un procédé éventuellement faire appel à la logique floue [13] [14].
assez incontournable dans les piézomoteurs à structure résonnante, Mentionnons, enfin, les recherches relatives à des principes
en raison de la nécessité d’assurer une poursuite de la fréquence de d’entraînement bénéficiant d’une commandabilité intrinsèque en
résonance ; celle-ci évolue en particulier avec la température (la position (sans capteur externe) qui, associées aux nombreuses
fréquence de résonance du stator du moteur Shinsei USR 60 diminue recherches menées à l’heure actuelle dans le domaine, ouvrent la
de 1,5 % lorsque la température passe de 20 à 80 oC). Une technique voie à de nouvelles structures de moteurs piézoélectriques.
envisageable consiste à piloter le moteur au maximum de courant
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___________________________________________________________________________________________________________ MOTEURS PIÉZOÉLECTRIQUES
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