CoursMecaDeug PDF
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Christophe Coste
MS 4
Mécanique du Solide
C. Coste
Petites oscillations
d2 x
ẍ + ω 2 x = 0 où ẍ ≡ (1.1)
dt2
où ω est une constante réelle, homogène à l’inverse d’un temps, appelée pulsation.
Les solutions de cette équation se mettent sous plusieurs formes équivalentes :
mg = k(l − l0 )
3
4 CHAPITRE 1. PETITES OSCILLATIONS
m
x
x x x x
1 0 2
Figure 1.2: Mouvement autour d’un équilibre stable. C’est la configuration typique
d’un minimum (éventuellement local) d’énergie potentielle.
La pulsation est indépendante de l’amplitude des oscillations, tant que celle-ci reste
assez petite pour qu’il soit légitime de limiter le développement de l’énergie po-
tentielle au terme quadratique. On parle d’isochronisme des petites oscillations.
Remarque : Si l’on était au voisinage d’une position d’équilibre instable, il
faudrait remplacer (1.8) par
|V 00 (0)| 2
V (x) = V (0) − x + ... =⇒ mẍ = |V 00 (0)|x
2
La solution de cette équation, qui remplace (1.9), n’est plus sinusoı̈dale.
Au contraire, elle croı̂t exponentiellement avec le temps caractéristique
p
m/|V 00 (0)|. Le signe du terme quadratique du développement de l’énergie po-
tentielle, ou de manière équivalente celui du terme linéaire du développement
de la force, permet de conclure quant à la stabilité de la position d’équilibre.
Un exemple classique de linéarisation au voisinage d’une position d’équilibre est
le pendule pesant (Fig. 1.3). Il est constitué par une masse ponctuelle m accrochée
à une tige rigide sans masse de longueur l. Si on repère la position de m par l’angle
θ, son énergie cinétique est ml2 θ̇2 /2, et en prenant l’origine des énergies potentielles
à la position d’équilibre stable θ = 0 son énergie potentielle est mgl(1 − cos θ). Le
système est conservatif, et l’équation du mouvement est donnée par
ml2 2
θ̇ + mgl(1 − cos θ) = E =⇒ lθ̈ + g sin θ = 0
2
où la deuxième équation est obtenue en dérivant par rapport au temps, et après
simplification par mlθ̇. Pour de q faibles valeurs de θ, sin θ ≈ θ et on retrouve la
pulsation du pendule pesant ω = l/g.
6 CHAPITRE 1. PETITES OSCILLATIONS
g
θ
(m)
0 5 10 15 20 25 30
Figure 1.4: Mouvement d’un oscillateur amorti, laché sans vitesse initiale, pour
µ = ω/9. En abscisse, le temps adimensionné ωt.
On ne peut pas mesurer directement le coefficient µ. Par contre, on peut par exemple
repérer les maxima successifs des oscillations, notés xn , séparés par un intervalle de
temps TO.A. égal à la pseudopériode. On appelle décrément logarithmique la quantité
!
xn 2πµ
δ ≡ ln = µTO.A. = √ (1.14)
xn+1 ω 2 − µ2
On définit de même le facteur de qualité de l’oscillateur, défini par
énergie maximale stockée
Q ≡ 2π (1.15)
énergie perdue par période
Si l’amortissement est assez faible, la relation (1.6) reste à peu près valable. L’énergie
mécanique stockée est alors
hEm i ≈ 2 × hEc i ≈ mhẋ2 i
L’énergie dissipée est donnée par le travail, sur une période, de la force de frottement
visqueux. Elle vaut
ZT
hEdiss i = 2mµẋ × ẋdt = 2mµT hẋ2 i
0
On en déduit, puisqu’à cette approximation la période est celle de l’oscillateur non
amorti, T = 2π/ω,
ω π
Q= = . (1.16)
2µ δ
Le facteur de qualité Q dépend donc très simplement du terme d’amortissement. Son
nom vient de ce que souvent on cherche à avoir le moins d’amortissement possible.
0.8
0.6
0.4
0.2
0
0 2 4 6 8 10 12
Figure 1.5: Mouvement d’un oscillateur amorti,laché sans vitesse initiale, en fonction
du temps adimensionné ωt, pour µ/ω = 1 (régime critique, en gras), µ/ω = 1.5 et
µ/ω = 2 (régimes apériodiques). La décroissance est d’autant plus lente que µ est
grand.
Ȧx1 + Ḃx2 ≡ 0
Les deux termes entre parenthèses sont nuls, puisque x1 et x2 sont par défini-
tion solutions de l’équation sans second membre. On obtient ainsi la seconde
équation permettant de déterminer A et B :
où
x ẋ1
W (x1 , x2 ) ≡ 1
x2 ẋ2
et Ae et B
e sont deux constantes d’intégration. W (x1 , x2 ) est appelé le Wron-
skien de l’équation différentielle. Les solutions (1.12) et (1.18) ont été données
en fonctions de deux constantes arbitraires. On peut aussi définir
Un possibilité est alors de tout exprimer en fonction de cos ωf t et sin ωf t (en dévelop-
pant les fonctions trigonométriques). L’équation (1.22) étant vraie à chaque instant,
les coefficients de chacune de ces deux fonctions indépendantes doivent être nuls, ce
qui fixe les paramètres x0 et ϕ. Il est plus rapide de considérer juste les instants où
ωf t = ϕ, et ceux où ωf t − ϕ = π/2. On en déduit
(
(k − mωf2 )x0 = F0 cos ϕ
soit en définitive
2µmωf x0 = F0 sin ϕ
2µωf F0
tan ϕ = , x0 = (1.23)
ω 2 − ωf2
q
m 4µ2 ωf2 + (ω 2 − ωf2 )2
q
où on a introduit la pulsation propre de l’oscillateur non amorti, ω ≡ k/m.
dD q
= 4µ2 − 2(ω 2 − ωf2 ) = 0 =⇒ ωfres = ω 2 − 2µ2 (1.24)
dωf2
√
Deux cas se présentent alors. Si ωres est réelle, soit ω > 2µ, il y a résonance,
l’amplitude valant alors
F0 F0 F0
xres
0 = q ≈ = Q = x0 (ωf = 0) × Q (1.25)
2mµω 1 − µ2 /ω 2 2mµω mω 2
3 5
2.5 4
2 3
1.5
2
1
0.5 1
k K k
m m
Figure 1.7: Exemple d’oscillateurs couplés, ici par le ressort de raideur K.
−k(l − l0 ) + K[(L + l) − l − L0 ] = 0
(1) :
(2) : k[L + 2l − (l + L) − l0 ) − K(L + l − l − L0 ] = 0
soit
k(l − l0 ) = K(L − L0 )
Les équations dynamiques s’écrivent alors
d d d d
Figure 1.8: Modes propres du système de la Fig. 1.7. Les dessins en pointillés
représentent l’état d’équilibre, ceux en traits pleins le mouvement à un instant donné.
A gauche, les deux oscillateurs sont en phase, à droite en opposition de phase.
Dans le cas général, la solution est une superposition linéaire des modes propres,
soit ici
x1 (t) = A cos(ω+ t + φ) + B cos(ω− t + ψ)
(1.33)
x2 (t) = A cos(ω+ t + φ) − B cos(ω− t + ψ)
où A et B sont deux amplitudes réelles, φ et ψ deux phases, déterminées par les
conditions initiales2 .
Si par exemple à l’instant t = 0 les deux masses sont aux positions x1 (t = 0) = a
et x2 (t = 0) = 0, lachées sans vitesse initiale
1
En Mathématiques, l’équation (1.32) est appelée équation caractéristique, et ses racines les
racines caractéristiques.
2
A et B correspondent aux modules des amplitudes complexes X1 et X2 , φ et ψ à leurs argu-
ments
14 CHAPITRE 1. PETITES OSCILLATIONS
1
0.5
-0.5
-1
0 50 100 150 200
0.5
-0.5
-1
0 50 100 150 200
θ1
θ2
2.1 Rappels
Le but des rappels ci-dessous est essentiellement de fixer du vocabulaire. Aucune
démonstration (ou presque!) ne sera fournie, et on ne cherche pas de résultats
généraux, puisqu’en Mécanique intervient seul l’espace à trois dimensions.
15
16 CHAPITRE 2. CHAMPS DE VECTEURS. TORSEURS
2.1.2 Espaces vectoriels Euclidiens
Un produit scalaire sur l’espace vectoriel E est une application
E×E →R
(2.3)
(u, v) → hu, vi = u · v
• ∀(u, v) ∈ E 2 , u · v = v · u
• ∀(u, v, w) ∈ E 3 , u · (v + w) = u · v + u · w
Si v ∈ E, si ∀w ∈ E, v · w = 0 alors v = 0, (2.4)
où les xi (resp. les yi ) sont les coordonnées du vecteur X (resp. du vecteur Y).
On peut alors définir la norme d’un vecteur,
v
√ n
uX
u
||v|| ≡ v · v = t x2i . (2.6)
i=1
Si deux vecteurs ont leur produit scalaire nul, ils sont dits orthogonaux. Si le
produit scalaire est non dégénéré, 0 est le seul vecteur qui soit orthogonal à tous les
autres. S’il est défini positif, 0 est le seul vecteur orthogonal à lui même.
On démontre les deux importants résultats suivants:
ei · ej = δij
0 si i 6= j
δij = (2.7)
1 si i = j
2.1. RAPPELS 17
Théorème : Soit E un R-espace vectoriel de dimension finie dimE = n, W un
sous-espace vectoriel de E (c’est-à-dire un ensemble de vecteurs de E invariant
sous l’application des lois d’addition des vecteurs et de multiplication par un réel)
de dimension dimW = r < n. On définit alors
W ⊥ ≡ {v ∈ E, ∀u ∈ W, v · u = 0}.
• ∀(A, B) ∈ E 2 , AB = −BA
• ∀(A, B, C) ∈ E 3 , AC = AB + BC
• ∀O ∈ E, ∀V ∈ E, ∃!A ∈ E, OA = V.
Les points d’un espace affine sont définis dans un repère formé d’un point quel-
conque O ∈ E, appelé origine, et d’une base de l’espace vectoriel associé E.
Dans R3 , que l’on munit aussi facilement d’une structure d’espace affine que
d’espace vectoriel, on écrira ces repères R(O, i, j, k) ou R(O, x, y, z) suivant qu’on
utilise les vecteurs de base (i, j, k) de R3 considéré comme un espace vectoriel, où
les coordonnées (x, y, z) des points M de R3 considéré comme un espace affine. Les
deux sont possibles, car
M (x, y, z) ⇐⇒ OM = xi + yj + zk.
Une notion importante par la suite est celle de pointeur. C’est le couple d’un
vecteur V de E et d’un point A de E, noté (A, V).
Un exemple typique en Mécanique est le couple d’une force et de son point
d’application, tels que les couples
– (point d’attache d’un fil, tension du fil)
– (centre de gravité, poids)
– (charge électrique ponctuelle, force électrostatique due à un champ électrique)
0 0 1
Alors si
U1 V1 q
U = U2 ,
V = V2 ,
||U || = U12 + U22 + U32 , (2.10)
U3 V3
et
3
X
U · V = U1 V1 + U2 V2 + U3 V3 = Ui Vi = ||U||||V|| cos θ, (2.11)
i=1
où dans la dernière expression on a introduit l’angle θ entre les deux vecteurs. Le
produit scalaire est nul si les deux vecteurs sont orthogonaux, soit θ = π/2.
Produit vectoriel
C’est une opération de l’espace vectoriel dans lui même, définie par
U1 V1 U2 V3 − U3 V2
U2 ∧ V2 ≡ U3 V1 − U1 V3
U∧V=
(2.12)
U3 V3 U1 V2 − U2 V1
Une propriété importante est que
||U ∧ V|| = ||U||||V||| sin θ| (2.13)
La norme du produit vectoriel de deux vecteurs a une signification géométrique
simple : c’est l’aire du parallélogramme construit sur ces deux vecteurs. Le produit
vectoriel est nul lorsque les deux vecteurs sont colinéaires (θ = 0).
Nous allons aussi démontrer deux résultats importants.
R3 → R3
f:
(2.14)
U → f (U) = Af ∧ U
0 a b u1 au2 + bu3 −c u1
f (U) = −a 0 c u2 = −au1 + cu3 = b ∧ u2
−b −c 0 u3 −bu1 − cu2 −a u3
| {z }
≡Af
Finissons ce paragraphe par une formule utile, celle du double produit vectoriel.
1
∃X, A ∧ X = B X=− A∧B (2.16)
A2
U · V ≡ Ui Vi = Uj Vj
où par convention la sommation est implicite sur les indices répétés, et s’étend
de 1 à 3. On appelle cette écriture la convention d’Einstein. Un indice répété
est un indice muet, ce qu’on a illustré ici en remplaçant i par j.
Le produit vectoriel s’exprime avec le tenseur complètement antisymétrique
d’ordre 3. C’est un ensemble de 3 × 3 × 3 = 27 composantes, dépendant de
trois indices :
1 si (i, j, k) est une permutation paire de (1, 2, 3),
ijk =
−1 si (i, j, k) est une permutation impaire de (1, 2, 3),
0 sinon.
Je vous laisse vérifier [comparer à la formule (2.12)] que :
(A ∧ B)i = ijk Aj Bk
20 CHAPITRE 2. CHAMPS DE VECTEURS. TORSEURS
La formule du double produit vectoriel s’exprime avec le tenseur ijk :
La sommation s’opère sur l’indice répété k, qui ne figure donc plus dans le
membre de droite. Les δil sont les symboles de Kronecker, vus au § (2.7).
Pour vous familiariser avec ces écritures, démontrons le :
Produit mixte
Le produit mixte de trois vecteurs, noté (A, B, C), est défini de la façon suivante:
x xB xC
A
(A, B, C) ≡ A · (B ∧ C) = yA
yB yC (2.17)
zA zB zC
M V(M)
p
" P
r
O y
P (r, θ)
1 2p cos θ 1 p sin θ
E= 3
er + 3
eθ = Q(r, θ)
4π0 r 4π0 r
0
On peut définir aussi le moment par rapport à un axe, qui lui est un scalaire.
Soit donc e∆ un vecteur unitaire sur l’axe ∆. On définit
Moment cinétique
La quantité de mouvement de N particules ponctuelles de masses mi et de vitesses
vi est
N
X
P= mi vi (2.21)
i=1
On définit le moment cinétique σK par rapport à un point K quelconque, par
N
X
σK ≡ KMi ∧ mi vi , (2.22)
i=1
où les Mi sont les positions des masses ponctuelles. Le moment cinétique est une
fonction vectorielle de la position du point K : c’est donc un champ de vecteur.
Calculons maintenant le moment cinétique par rapport à un autre point arbitraire
0
K.
N N
K0 Mi ∧ mi vi = (K0 K + KMi ) ∧ mi vi
X X
σK 0 ≡
i=1 i=1
N
!
0
X
= KK∧ mi vi + σK
i=1
σK 0 = σK + P ∧ KK0 (2.23)
N
(K0 K + KMi ) ∧ f (Mi )
X
MK 0 =
i=1
N
!
= K0 K ∧
X
f (Mi ) + MK
i=1
soit enfin
N
MK 0 = MK + F ∧ KK0 ,
X
F≡ f (Mi ) (2.25)
i=1
Notion de torseur
Les équations (2.23) et (2.25) nous montrent qu’apparaı̂t à chaque fois un champ de
vecteur T , application de l’espace affine E (ici R3 ) dans l’espace vectoriel E (ici R3
aussi), tel qu’il existe un vecteur RT appelé résultante générale, de sorte qu’on ait
E →E
T :
, ∀(M, P ) ∈ E 2 , T (M ) = T (P ) + RT ∧ PM (2.26)
M → T (M )
R
T = ,
M(O) O
Glisseurs
Un glisseur est un torseur G dont la valeur en au moins un point est nulle. Si A est
ce point, et RG la résultante de G, alors
Si RG est nulle, on a le torseur nul (le seul qui soit à la fois couple et glisseur). Sinon,
l’ensemble des points {M/G(M ) = 0} est la droite ∆ passant par A, parallèle à RG .
Elle est appelée axe central du glisseur.
! G(P)
P
RG
G(M) = R G ^ HM
Q H
M
G(Q)
On notera que l’ensemble des glisseurs n’est pas un sous espace vectoriel de T.
Par contre, l’ensemble des glisseurs d’axes concourant en A, plus le torseur nul, est
un sous espace vectoriel de T.
∃X, RT ∧ X = T (M )
par ailleurs, on sait qu’on peut trouver un point A tel que X = AM. On a alors,
en utilisant la formule des torseurs (2.26) et l’équation ci-dessus,
T (A) = T (M ) + RT ∧ MA = T (M ) − RT ∧ X = 0
RT · T (A) (2.30)
Tout torseur T est la somme d’un couple et d’un glisseur, avec moment du couple
et résultante du glisseur parallèles. On appelle cette somme la décomposition centrale
du torseur T .
2.2. NOTION DE TORSEUR 27
RT T(M)
C(M)=I
I
T(Q)
Q H G(M) = R T ^ HM
M
2.2.7 Equiprojectivité.
Théorème : Si T est un torseur, M et P deux points quelconques, les projections
orthogonales de T (M ) et T (P ) sur la droite M P sont égales. Réciproquement, tout
champ de vecteur ayant cette propriété d’équiprojectivité est un torseur.
Pour le sens direct, il suffit d’écrire la formule des torseurs :
T (P ) = T (M ) + RT ∧ MP =⇒ T (P ) · MP = T (M ) · MP
ce qui assure le résultat.
Pour démontrer la réciproque, soit un champ de vecteur équiprojectif f :
∀(M, P ), f (M ) · MP = f (P ) · MP.
Soit alors A un point quelconque. Enlevons à chaque membre de cette équation la
quantité f (A) · MP. On peut écrire
(f (M ) − f (A)) · (AP − AM) = (f (P ) − f (A)) · (AP − AM)
soit
f (A) · AP = f (P ) · AP
(f (M ) − f (A)) · AP = − (f (P ) − f (A)) · AM car
f (A) · AM = f (M ) · AM
en utilisant deux fois la propriété d’équiprojectivité du champ de vecteur f .
L’étape suivante utilise une astuce d’écriture. Tout point M peut s’écrire A +
AM, ce qui n’est qu’une autre façon de dire que les deux points A et M de l’espace
affine définissent un vecteur AM de l’espace vectoriel associé. On a donc démontré
(f (A + AM) − f (A)) · AP = − (f (A + AP) − f (A)) · AM
Cette équation montre que la fonction g de l’espace vectoriel dans lui-même (ce n’est
donc pas un champ de vecteur!) définie par
R3 → R3
g:
U → g(U) ≡ f (A + U) − f (A),
est antisymétrique. On peut donc lui appliquer le résultat (2.14) et en déduire que
∃R, g(U) = R ∧ U
soit enfin
f (M ) = f (A) + R ∧ AM
Le champ de vecteur f est bien un torseur.
28 CHAPITRE 2. CHAMPS DE VECTEURS. TORSEURS
2.2.8 Dérivée d’un torseur
Nous aurons à considérer par la suite des torseurs dépendant du temps. On a très
envie de définir la dérivée temporelle d’un torseur de la façon suivante :
d d
(T (P )) = (T (M ) + RT ∧ MP)
dt dt | {z }
T est un torseur
dT (M ) dRT dT dT
= + ∧ MP = (M ) + RdT /dt ∧ MP = (P )
dt dt dt dt
ce qui établit que le champ de vecteur dérivé ainsi défini est bien un torseur.
Chapitre 3
Cinématique du solide
z
(R) Z (S) V(M/R)
M y
O Y
x
Soient alors deux vecteurs U et V constants dans (S). Ils sont donc a priori
dépendants du temps dans (R). Par contre, leur produit scalaire est indépendant
du temps dans les deux repères, ce qui permet d’écrire
d dU dV
(U · V) = ·V+U· = 0. (3.1)
dt dt dt
29
30 CHAPITRE 3. CINÉMATIQUE DU SOLIDE
On en déduit que l’application de l’espace vectoriel dans lui-même qui à un vecteur
associe sa dérivée par rapport au temps est une application antisymétrique. On peut
donc appliquer le deuxième théorème du § 2.1.4, qui dit qu’il existe un vecteur noté
Ω(S/R) tel que
dU
(∀U constant dans (S)), = Ω(S/R) ∧ U. (3.2)
dt
Le vecteur Ω(S/R) est le vecteur rotation instantanée du solide (S) par rapport
au repère (R). On prendra soin d’utiliser cette notation complète pour Ω(S/R),
puisque le mouvement d’un solide est toujours défini relativement à un repère (ou à
un autre solide).
Le vecteur rotation est dit instantané, car a priori il dépend du temps, en norme
et en direction.
Exemple : Supposons qu’il existe une droite ∆ de direction fixe à la fois dans (R)
et dans (S). Prenons la comme axe OZ et Oz, en confondant O et C. Le vecteur K
est constant dans (R), donc dK/dt = 0. Par ailleurs, c’est aussi un vecteur constant
de (S), donc dK/dt = Ω(S/R) ∧ K. Il existe donc nécessairement une constante
réelle λ telle que Ω(S/R) = λK.
(R) Z z
!
O Y
X x
Par ailleurs
di
i = cos ψI + sin ψJ =⇒ = ψ̇ (− sin ψI + cos ψJ) = ψ̇j.
dt
et i étant fixe dans (S),
di
= Ω(S/R) ∧ i = λk ∧ i = λj =⇒ Ω(S/R) = ψ̇k = ψ̇K.
dt
Le point H étant sur l’axe, sa vitesse est parallèle à Ω(S/R), ce qui donne
où pour écrire la dernière équation on a développé le double produit vectoriel [équa-
tion (2.15)] et utilisé le fait que PH et Ω(S/R) sont par hypothèses orthogonaux.
On obtient finalement
Ω(S/R) ∧ V(P/R)
PH = (3.4)
||Ω(S/R)||2
M K
V(M/R)
H
!(S/R) HM
Si nous dérivons les deux membres de cette équation par rapport au temps, et
sachant que par définition l’accélération de M dans le référentiel (R) est la dérivée
de sa vitesse dans (R), on a
dPM
a(M/R) = a(P/R) + Ω̇(S/R) ∧ PM + Ω(S/R) ∧ .
dt
Comme PM est un vecteur constant du solide, on peut lui appliquer le résultat
(3.2), ce qui donne le résultat final
W = xi + yj + zk,
les coordonnées (x, y, z) dépendent du temps puisque le vecteur est mobile dans (T ),
et les vecteurs de base eux-mêmes dépendent du temps dans (R), donc
dW di dj dk
= ẋi + ẏj + żk +x + y + z .
dt R | {z } dt dt dt
≡dW/dt|T
Les vecteurs de base sont fixes dans (T ), on peut donc leur appliquer la formule
(3.2), qui donne
di
= Ω(T /R) ∧ i,
dt
et de même pour j et k. On obtient alors en définitive
dW dW
= + Ω(T /R) ∧ W (3.6)
dt R dt T
ce qui donne
Ω(T /R) = −Ω(R/T ) (3.7)
d d
V(M/R) = (OM)|R = (OC + CM)|R .
dt dt
Pour dériver le vecteur CM, nous utilisons (3.6), et en réorganisant les termes nous
obtenons
Exemple : À un instant donné, chacune des nacelles d’une grande roue est en
translation (chacune avec une vitesse différente!).
Figure 3.4: Mouvement des nacelles d’une grande roue. Le cercle en trait plein
montre la trajectoire du point d’attache des nacelles, celui en traits pointillés la
trajectoire d’un autre point.
Appelons ∆ l’axe de rotation, qui est la droite AB. Définissons alors le référentiel
du laboratoire tel que OZ soit confondu avec ∆, et le référentiel lié au solide tel que
Oz aussi soit confondu avec ∆. Soit θ ≡ (OX, \ Ox). On peut écrire
di di
= θ̇ = θ̇j ≡ Ω(S/R) ∧ i,
dt dθ
36 CHAPITRE 3. CINÉMATIQUE DU SOLIDE
(R) Z,z
y
K
(S)
! uT
uN M
O Y
"
H
x
X
dv v2
a(M/R) = Ω̇(S/R)∧KM−Ω(S/R)2 KM = ρθ̈uT +ρθ̇2 uN = uT + uN . (3.14)
dt ρ
or
V(M/R) = V(C/R) + Ω(S/R) ∧ CM,
il est donc nécessaire d’avoir Ω(S/R) ⊥ Π. On en déduit
Ω(S/R) = θ̇K = θ̇k. (3.15)
Notons I l’intersection entre l’axe central ∆ du torseur cinématique et Π. Par
définition de l’axe central, on sait que V(I/R) est parallèle à ∆. Par ailleurs I ∈ Π
et par définition du mouvement plan sur plan V(I/R) ∈ Π ⊥ ∆ : On a donc
nécessairement
V(I/R) = 0 et V(M/R) = Ω(S/R) ∧ IM. (3.16)
Le mouvement est donc à tout instant une rotation pure autour du point I, qui est
appelé centre instantané de rotation (en abrégé, CIR).
La position de I peut être déterminée de deux manières différentes :
• Soit on connait deux vecteurs vitesses V(M/R) et V(M 0 /R) non parallèles.
Le CIR est alors à l’intersection des deux perpendiculaires en M et M 0 à ces
vecteurs.
• Soit on utilise la formule générale (3.4), qui donne ici
Ω(S/R) ∧ V(M/R)
MI = (3.17)
||Ω(S/R)||2
u
!
K I
T (O, u, v, K) −→ T 0 (O, u, w, k)
K
k
w
!
u v
(c) Rotation d’angle φ autour de l’axe Oz. φ est l’angle de rotation propre.
T 0 (O, u, w, k) −→ S(O, i, j, k)
j w
i
!
u
k
La représentation tridimensionnelle des trois angles est fournie par la Fig. 3.10.
Lorsqu’on cherche à exprimer le vecteur rotation du solide, en utilisant (3.8), on
trouve
Ω(S/R) = ψ̇K + θ̇u + φ̇k
qui n’est exprimé naturellement dans aucune base orthonormée. Nous verrons en
cinétique qu’il est toujours indispensable d’exprimer le vecteur rotation dans la base
du référentiel lié au solide. En utilisant
u cos φ sin φ 0 i u 1 0 0 u
w = sin φ cos φ 0 j , v = 0 cos θ − sin θ w ,
k 0 0 1 k K 0 sin θ cos θ k
3.4. MOUVEMENTS DE DEUX SOLIDES EN CONTACT. 39
on trouve
(ψ̇ sin θ sin φ + θ̇ cos φ)i
Ω(S/R) = (ψ̇ sin θ cos φ − θ̇ sin φ)j
k K
j
!
w
v
" # i J
I
u
Exemple : La roue avant d’un vélo, le cycliste amorçant un virage, vue dans le
référentiel barycentrique (en translation par rapport au référentiel fixe). Le cycliste
tourne le guidon (précession), il incline le vélo à l’intérieur du virage (nutation) et
la roue tourne autour de son axe (rotation propre).
(S1)
(S2)
Il est important de bien comprendre cette définition. Un point matériel est, par
définition, un point lié à (ou ”appartenant à”) un solide. Le point IS (resp. IS 0 ) suit
donc le mouvement du solide S (resp. S 0 ). Le point de contact est fictif car ce n’est
pas un point matériel : à l’instant t, il est situé à la position géométrique commune
de IS et IS 0 .
Les trajectoires de I, IS et IS 0 dans (R) sont a priori différentes. Considérons
à titre d’exemple une roue de vélo roulant sans glisser en ligne droite. Le point de
contact I décrit cette droite. Le point IR appartenant à la route est immobile, sa
trajectoire est donc réduite à un point. Enfin, le point IV lié à la roue décrit une
cycloı̈de (voir Fig. 3.12).
Figure 3.12: Mouvement d’une roue de vélo. Le point en gras appartient à la roue,
et décrit une cycloı̈de. Les points de rebroussement de la cycloı̈de (tous les nombres
entiers de tours de la roue sur elle-même) indiquent quand le point considéré est en
contact avec la route
3.4.2 Glissement
Par définition, la vitesse de glissement de S par rapport à S 0 est
On montre sans difficulté, en utilisant la loi de composition des vitesses (3.9) entre
les référentiels (R) et (S 0 ),
Vg (S/S 0 ) = 0. (3.20)
Y
v
u
C2
!
G
C1
O X
puisque le champ de vitesse de chacune des roues est un torseur. Les centres des
roues Ci appartiennent aussi au solide ”essieu”, dont le vecteur rotation est θ̇K. On
a donc
V(Ci /R) = V + θ̇K ∧ GCi = V + θ̇K ∧ (±lu) = V ± lθ̇v, (3.25)
le signe + (resp. −) étant à prendre pour C2 (resp. C1 ).
Si l’on injecte l’équation (3.25) dans (3.24), les conditions de non-glissement
donnent,
R
θ̇ = (ψ̇1 − ψ̇2 ). (3.29)
2l
Pour vérifier ce résultat, faisons tourner la roue (2) dans le sens trigonométrique
(ψ̇2 > 0), la roue (1) restant immobile. L’essieu doit tourner dans le sens contraire
du sens trigonométrique, ce qui est effectivement le cas puisque (3.29) prédit θ̇ < 0.
Pour annuler la rotation de l’essieu, il faut que les deux roues tournent dans le
même sens à la même vitesse angulaire. Dans ce cas le bissel est effectivement en
translation pure.
Chapitre 4
Compléments mathématiques
43
44 CHAPITRE 4. COMPLÉMENTS MATHÉMATIQUES
Je vous laisse vérifier qu’on trouve alors pour (4.5) la formule
3/2
[1 + f 0 (x)2 ]
R= (4.7)
f 00 (x)
Le cas d’une courbe en coordonnées polaires r = f (θ) se ramène lui aussi au précé-
dent par
x = f (θ) cos θ
(4.8)
y = f (θ) sin θ
et on trouve alors
3/2
[r(θ)2 + r0 (θ)2 ]
R= (4.9)
r(θ)2 + 2r0 (θ)2 − r(θ)r00 (θ)
y = a sin ωt
Cette quantité n’est qu’approchée car tant que les volumes ∆Ωi restent finis la
densité ne peut y être considérée comme constante. Si maintenant on fait tendre
la taille des volumes élémentaires vers 0, et leur nombre N vers l’infini, la somme
converge1 vers une limite finie donnée par l’intégrale triple:
Z ZZZ
m(∆Ω) = ρ(M )dΩ = ρ(x, y, z)dxdydz
(Ω) (Ω)
Une bonne partie de la difficulté des calculs vient de la détermination des bornes
d’intégration, et éventuellement du choix des ”bonnes” coordonnées à utiliser (voir
§ suivant). Un cas simple (mais en aucune façon général!) se produit lorsqu’une
coordonnée est limitée à un intervalle constant, et que le domaine d’intégration
1
Sous réserve que la fonction soit intégrable, en pratique bornée sur le domaine fini (Ω).
4.2. INTÉGRALES MULTIPLES 45
s’exprime comme une fonction de cette coordonnée. Plus précisément, à 2D, on
peut avoir un domaine compris entre deux fonctions y1 (x) et y2 (x), avec x ∈ [a, b].
Alors
ZZ Zb yZ
2 (x)
ρ(x, y, z)dxdydz = dy dx
ρ(x, y, z)dz
(Ω) a ϕ1 (x) ψ1 (x,y)
-2 -1 1 2
-1
-2
Il faut d’abord calculer les points d’intersection, dont les abcisses sont solutions
de x = 2−x2 . Les points cherchés sont donc M1 (−2, −2) et M2 (1, 1). L’aire cherchée
est alors:
Z1 2−xZ 2 Z1 9
A= dy dx = 2 − x2 − x dx =
x
2
−2 −2
A' B' A B
v+!v
v
D' C' D C
O u u+!u u O x
où les fonctions ϕ(u, v) et ψ(u, v) sont supposées univoques et suffisamment régulières.
Alors il correspond à tout couple (u, v) un unique couple (x, y). De façon générale, il
correspond à une droite u = cste du plan (u, v) une courbe dans le plan (x, y), donc
si on découpe le domaine d’intégration en rectangles dans le plan (u, v), les courbes
correspondantes dans le plan (x, y) le découpent en quadrilatères curvilignes (voir
la Fig. 4.2).
Aux 4 points du plan (u, v)
u u + ∆u u + ∆u u
A0 , B0 , C0 , D0
v + ∆v v + ∆v v v
définissant un rectangle infinitésimal d’aire ∆S 0 = ∆u∆v correspondent les 4 points
du plan (x, y)
ϕ(u, v + ∆v) ϕ(u + ∆u, v + ∆v) ϕ(u + ∆u, v) ϕ(u, v)
A ,B ,C ,D .
ψ(u, v + ∆v) ψ(u + ∆u, v + ∆v) ψ(u + ∆u, v) ψ(u, v)
L’aire du quadrilatère est donnée par ||AD ∧ AB||. En développant au premier
ordre dans les petits accroissements ∆u et ∆v, ce qui donne le résultat exact puisque
l’intégrale se calcule dans la limite où ces accroissements sont infinitésimaux, l’aire
de ABCD vaut donc
∆S = |(xD − xA )(yB − yA ) − (xB − xA )(yD − yA )|
!
∂ϕ ∂ψ ∂ϕ ∂ψ
= − ∆v ∆u −
∆u − ∆v
∂v ∂u ∂u ∂v
∂ϕ ∂ψ ∂ϕ ∂ψ
= − ∆u∆v
∂u ∂v ∂v ∂u
ce qui démontre le résultat:
∂ϕ ∂ϕ
dxdy = |J|dudv où J ≡ ∂ψ ∂u ∂v
∂ψ
∂u ∂v
• coordonnées cylindriques:
x = r cos θ cos θ −r sin θ 0
y = r sin θ
=⇒ dxdydz = sin θ r cos θ 0 drdθdz = rdrdθdz
z=z 0 0 1
• coordonnées sphériques:
x = r sin φ cos θ
y = r sin φ sin θ
z = r cos φ
sin φ cos θ
r cos φ cos θ −r sin φ sin θ
dxdydz = sin φ sin θ
r cos φ sin θ r sin φ cos θ drdθdφ = r2 sin φdrdθdφ
−r sin φ
cos φ 0
Exemple 2 Il existe un système de coordonnées dites elliptiques (ξ, η, φ), défini par
−ch(ξ) sin(η)
cos(η) sh(ξ) 0
= shξ sin η ch2 ξ − cos2 η
3
On peut toujours trouver un couple (α, ξ0 ) pour le décrire, si son demi axe suivant Oz
est plus grand que suivant Ox et Oy. Dans le cas contraire, il suffit d’intervertir les sinus
et cosinus hyperboliques dans la définition des coordonnées.
48 CHAPITRE 4. COMPLÉMENTS MATHÉMATIQUES
L’intégration sur φ est immédiate et donne un facteur 2π. Ensuite on a
Zξ0 " #π !
cos3 η
V = 2πα 3 2
shξch ξ [− cos η]π0 + shξ dξ
3 0
0
" #ξ0
ch3 ξ 2
= 2πα3 2 − [chξ]ξ00
3 0
3
4π 3 4π 3 4π 2
= α ch3 ξ0 − chξ0 = α chξ0 sh2 ξ0 = ab
3 3 3
(On a utilisé ch2 u − sh2 u = 1). On notera que l’on retrouve le volume de la sphère
lorsque a = b.
4.2.3 Exercices.
ZZ
1) Définir les bornes d’intégration pour l’intégrale f (x, y)dxdy, lorsque le do-
D
maine d’intégration D est défini par les courbes:
a) y = 0, y = 1 − x2
b) x2 + y 2 = a2
2) Calculer cette intégrale en passant en coordonnées polaires:
√
Za aZ2 −x2 q
R r
Dans le cas le plus général, on introduit la masse volumique ρ ≡ dm/dV , où dV est
l’élément de volume, ce qui donne pour les coordonnées de G
1 Z Z Z
xi (G) = xi ρ(x1 , x2 , x3 )dx1 dx2 dx3 . (5.3)
M (S)
Lorsque le solide est homogène, ρ = M/V où V est le volume total du solide, et
alors
1 Z Z Z
xi (G) = xi dx1 dx2 dx3 . (5.4)
V (S)
51
52 CHAPITRE 5. GÉOMÉTRIE DES MASSES
5.1.2 Eléments de symétrie
Supposons que le solide possède un plan de symétrie, par exemple xOz. A tout
élément de masse dm situé à la position y0 par rapport à ce plan, correspond alors
un élément identique situé symétriquement en −y0 . Alors
ymZ(x,z)
1 Z Z
y(G) = dx dz yρ(x, y, z) dy = 0.
M | {z }
−ym (x,z)
fonction impaire de y
On a pu identifier une fonction impaire car par symétrie ρ(x, y, z) = ρ(x, −y, z).
On en conclut que le centre d’inertie appartient au plan de symétrie.
Si le solide a deux plans de symétrie sécants, la droite d’intersection est un axe
de symétrie, et G se trouve sur cet axe. Si le solide a un troisième plan de symétrie
sécant avec les deux précédents, les trois plans se coupent au centre d’inertie.
Ainsi, les centres d’inertie d’une sphère, d’un parallélépipède rectangle, d’un
cylindre homogènes se trouvent en leurs centres géométriques respectifs. Le centre
de gravité d’un cône homogène se trouve sur son axe de symétrie.
!
1
!
2 = !
1 + ! !
2- 1
Figure 5.1: Sphère comportant une inclusion sphérique, en coupe dans le plan di-
amétral commun.
y (a) y
(!) (b)
dS
M dl M
y(M) (")
O x O x
Figure 5.2: Théorème de Guldin. (a) Courbe plane. (b) Surface plane.
Le demi-cercle est de longueur πa, le demi-disque de surface πa2 /2. Une rotation
du demi-cercle (resp. du demi-disque) de 2π autour de Ox décrit la surface (resp.
le volume) d’une sphère, soit 4πa2 (resp. (4/3)πa3 ). De (5.6) et (5.7) on déduit
respectivement
4
4πa2 2 3
πa3 4
yG (demi-cercle) = = a, yG (demi-disque) = 2 = a.
2ππa π 2π πa2 3π
54 CHAPITRE 5. GÉOMÉTRIE DES MASSES
(a) y y (b)
C+
x O x
O
Figure 5.3: Application des théorèmes de Guldin. (a) Demi cercle ou disque. (b) Volume
et surface du tore.
H (S)
M
(!)
Le moment d’inertie d’un solide par rapport à un point O est donné par
Z
I(O) = OM 2 dm (5.11)
(S)
car
(nΠ · JM)2 = [nΠ · (JP + PM)]2 = P M 2 .
Les trois types de moment d’inertie qui viennent d’être définis ont tous comme
dimension physique
masse × (longueur)2 .
On notera que d’après les définitions (5.8), (5.11) et (5.12), les moments d’inertie
sont des grandeurs additives. On peut donc calculer le moment d’inertie d’un solide
en le décomposant par la pensée en plusieurs solides simples, et en sommant les
moments d’inertie ainsi calculés.
x
O
y
M
z
(!)
(! )
G
u
G
K
u
d
K'
Bien remarquer que n’intervient nullement la distance entre les deux axes, mais leurs
distances respectives à l’axe parallèle passant par le centre d’inertie!
où O est un point de (∆). Exprimons analytiquement (u∆ ∧ OM)2 dans le repère
R(O, x, y, z) sachant que les coordonnées de u∆ sont (α, β, γ) et que celles de OM
sont (x, y, z). Le vecteur produit vectoriel peut être écrit
α x βz − γy
u∆ ∧ OM = β ∧ y = γx − αz
γ z αy − βx
0 z −y α
=
−z 0 x β .
y −x 0 γ
On remarquera qu’il apparaı̂t une matrice antisymétrique, comme nous l’avions déjà
démontré en (2.14). La norme au carré de ce vecteur s’exprime comme un produit
de matrices,
(u∆ ∧ OM)2 =† (u∆ ∧ OM)(u∆ ∧ OM)
où un vecteur V est représenté par une matrice colonne 3 × 1 (3 lignes, 1 colonne),
et où † V est sa matrice transposée, donc une matrice ligne 1 × 3. On a alors
0 −z y
†
(u∆ ∧ OM) = ( α β γ ) z
0 −x
−y x 0
0 −z y 0 z −y α
(u∆ ∧ OM)2 = ( α β γ ) z 0 −x −z 0 x β
−y x 0 y −x 0 γ
2 2
z +y −xy −xz α
2 2
= (α β γ ) −xy
z +x −yz β
−zx −zy x + y2
2
γ
On en déduit que le moment d’inertie par rapport à l’axe ∆ s’écrit
Les intégrales Ixx , Iyy et Izz sont les moments d’inertie par rapport aux axes Ox,
Oy et Oz respectivement. Les intégrales Ixy , Iyz et Ixz sont les produits d’inertie.
Il est possible de retrouver ce résultat de façon plus élégante à l’aide du tenseur
ijk défini au § 2.1.4. En effet
Z
I(∆) = (u∆ ∧ OM)2 dm
(S)
Z
= ijk uj xk ilm ul xm dm
(S)
Z
= jki ilm uj ul xk xm dm
(S)
Z
= uj (δjl xk xk − xj xl ) ul dm = uj [J(O)]jl ul ,
(S)
0 0 I3
Les axes définissant cette base sont les axes principaux d’inertie (API), et les mo-
ments correspondants les moments principaux d’inertie.
Si l’axe ∆ passe par O, intersection des axes principaux d’inertie, la formule
générale (5.19) se simplifie en
I(∆) = α2 I1 + β 2 I2 + γ 2 I3
Il est plus que recommandé d’identifier les axes principaux d’inertie, lorsque c’est
possible, avant tout calcul.
5.2.5 Exemples
Cercle matériel homogène de rayon R
Tout diamètre du cercle est axe principal d’inertie. Prenons comme référentiel celui
d’origine O le centre du cercle, Ox et Oy deux diamètres orthogonaux, Oz perpen-
diculaire au plan du cercle de façon à construire un référentiel orthonormé direct.
Par symétrie, Ixx = Iyy , et grâce à (5.16) Izz = 2Ixx . Le calcul le plus simple est
celui de Izz . En effet, x2 + y 2 = R2 = Cste, et
Z Z
Izz = (x2 + y 2 )dm = R2 dm = M R2 ,
soit
1/2 0 0
[Icercle (O)] = M R2 0 1/2 0
0 0 1
Que signifie le terme dM que nous avons mis en évidence? Il est homogène à
une masse, et il représente la masse d’une couronne infinitésimale de rayon r, et
d’épaisseur dr (Voir Fig. 5.7).
r+dr
r
Comme nous l’avons déjà remarqué, les moments d’inertie sont des grandeurs
additives. Le disque peut être décrit en intégrant de telles couronnes de r = 0 à
r = R. Or ces couronnes ont un moment d’inertie qui est celui d’un cercle :
dIzz = dM r2 = σ2πrdrr2
et le moment d’inertie du disque est obtenu comme l’intégrale de tous ces moments
d’intertie infinitésimaux,
ZR
Z
M R2
2
Izz = dIzz = σ2πrdrr = .
2
0
soit
1 0 0
2 2
[Isphère (O)] = M R 0 1 0
5
0 0 1
5.2. MOMENTS D’INERTIE 61
Un autre calcul était possible, en remarquant (voir Fig. 5.8) que la sphère est
constituée de disques élémentaires de rayons
√
r(z) = R2 − z 2 ,
dM = ρπr(z)2 dz,
z+dz r(z)
z
R
O
Cinétique
Or
d d
V(M/R) = OM = (OG + GM) ,
dt R
dt R
où G est le centre de masse du solide. Alors
!
dOG Z d Z
P(S/R) = dm + GMdm ,
dt R (S)
dt (S)
R
| {z } | {z } | {z }
≡V(G/R) ≡M (S) =0
La quantité de mouvement d’un solide est donc celle de son centre d’inertie, affecté
de toute la masse.
1
De part sa définition, c’est évidemment un vecteur. Pour des raisons d’absence de lettre σ en
gras, nous noterons exceptionnellement le moment cinétique avec une flèche.
63
64 CHAPITRE 6. CINÉTIQUE
Le moment cinétique, considéré comme la valeur au point K d’un champ de
vecteur, est un torseur, appelé torseur cinétique, de résultante générale le vecteur
quantité de mouvement
Z
~σA (S/R) = AM ∧ V(M/R)dm
(S)
Z
= AM ∧ (V(A/R) + Ω(S/R) ∧ AM)dm
(S)
Z Z Z
AM ∧ V(A/R)dm = AG ∧ V(A/R) dm +
∧V(A/R),
GMdm
(S) (S) (S)
| {z }
=0 par (5.2)
x Ωx x
AM ∧ (Ω(S/R) ∧ AM) = y ∧ Ωy ∧ y
z Ωz z
x zΩy − yΩz
= y ∧ xΩz − zΩx
z yΩx − xΩy
2 2
y +z −xy −xz Ωx
−xy
= x2 + z 2 −yz Ωy
−xz −yz x2 + y 2 Ωy
Ces quantités figurent dans l’intégrale, qui porte sur x, y et z. Il apparaı̂t donc la
matrice d’inertie du solide au point A (5.20), et en mettant ensemble les résultats
des trois dernières équations on trouve
(S)
= {[J(A]Ω(S/R)}i .
Remarque (importante!) : Les écritures (6.5), (6.6) et (6.8) n’ont de sens que
si les matrices d’inertie et le vecteur rotation sont exprimés dans la même base de
projection. La matrice d’inertie étant naturellement calculée dans un référentiel lié
au solide, il est en pratique indispensable d’exprimer le vecteur rotation instantanée
Ω(S/R) dans ce référentiel lié au solide.
(S) (S)
| {z } | {z }
σG (S/R∗ )
=~ =0 par (5.2)
On en déduit
∗
~σG ≡ ~σG (S/R∗ ) = ~σG (S/R). (6.10)
Le moment cinétique d’un solide en son centre d’inertie, dans le référentiel
barycentrique, appelé moment cinétique intrinsèque (ou interne) est égal à son mo-
ment cinétique en G dans le référentiel fixe (R). La raison physique est claire,
puisque par construction du référentiel barycentrique le vecteur rotation du solide y
est le même que dans le référentiel fixe.
Le premier théorème de Koenig exprime le moment cinétique en un point K
quelconque, en utilisant la relation (6.4) entre les moments calculés aux points K et
G, qui traduit l’existence du torseur cinétique
∗
~σK (S/R) = ~σG + M (S)V(G/R) ∧ GK. (6.11)
L’intégrale est nulle. En effet le produit vectoriel d’un vecteur avec lui-même est nul.
Par ailleurs, on peut sortir de l’intégrale le vecteur constant V(G/R), et l’intégrale
6.5. ROTATION D’UN SOLIDE AUTOUR D’UN POINT FIXE 69
restante s’identifie à la résultante cinétique, colinéaire à ce même vecteur d’après
(6.2) : le deuxième produit vectoriel est également nul.
On en déduit le théorème du moment cinétique au centre d’inertie G,
0 0 C
où A et C sont des constantes homogènes à une masse par une longueur au carré.
Nous allons repérer la position du solide à l’aide des angles d’Euler, vus au para-
graphe § 3.3.4. Nous avions calculé le vecteur rotation
y
x
O " Y
! u
X
Figure 6.1: Solide de révolution tournant autour d’un point fixe.
Le point O est fixe, ce qui permet d’utiliser (6.16). Cependant, comme nous
l’avons signalé plus haut, il est impératif d’exprimer le vecteur rotation dans la
même base que la matrice d’inertie. Celle-ci est calculée dans une base liée au
solide, il faut donc exprimer le vecteur rotation (6.27) dans cette base. On voit sans
difficulté (se reporter aux dessins 3.7, 3.8 et 3.9 du § 3.3.4)
K = sin θw + cos θk
u = cos φi − sin φj
w = sin φi + cos φj
et on en déduit
ψ̇ sin θ sin φ + θ̇ cos φ
Ω(S/R) = ψ̇ sin θ cos φ − θ̇ sin φ dans S(O, i, j, k)
φ̇ + ψ̇ cos θ
L’énergie cinétique étant un scalaire, son expression ne doit pas dépendre de la base
de projection servant aux calculs intermédiaires. On voit que c’est bien le cas, et
qu’on retrouve l’expression précédente, la simplification étant ici automatique.
Chapitre 7
71
72 CHAPITRE 7. DYNAMIQUE DES SOLIDES ET DES SYSTÈMES
7.2 Principe fondamental de la dynamique des
solides et des systèmes
Avant tout, précisons que toute relation démontrée pour un système est valable pour
un solide, mais l’inverse n’est pas vrai car un solide est un système particulier.
dans le cas le plus général d’un solide inhomogène placé dans un champ de pesanteur
non uniforme. On en déduit pour un point K quelconque
Z Z
FP ≡ g(M )ρ(M )dV, MPK ≡ KM ∧ g(M )ρ(M )dV. (7.10)
(S) (S)
Un cas particulier important est celui où un des corps qui exerce une force gra-
vitationnelle est bien plus lourd et plus grand que les autres. C’est le cas à la surface
de la terre : tous les corps sont attirés par la terre, avec une force de pesanteur qui ne
varie (faiblement) que sur de très grandes distances ( g = 9.832 m/s2 au pôle Nord
et g = 9.781 m/s2 à l’Equateur). Leurs intéractions gravitationnelles mutuelles sont
bien sûr négligeables, et à une excellent approximation on peut les supposer soumis
à une accélération de la pesanteur constante et homogène sur tout leur volume.
Par ailleurs la terre est suffisamment étendue pour que sa surface soit localement
assimilable à un plan, et les vecteurs verticaux g tous parallèles. Les relations (7.10)
deviennent, en utilisant la définition du centre d’inertie (5.2),
Z
FP = g ρ(M )dV = M (S)g, (7.11)
(S)
Z !
MPK = KMρ(M )dV ∧ g = KG ∧ M (S)g. (7.12)
(S)
Cette dernière équation établit que le centre d’inertie G est le point d’application
de la résultante des forces de pesanteur sur le solide. Ceci justifie a posteriori
l’appellation centre de gravité pour G.
(S1)
R21 RN
I
RT
(S2) R12
Remarque 4 : Le contact n’est jamais strictement ponctuel (ou selon une droite),
mais s’effectue plutôt sur une surface2 . On est ainsi amené à introduire des moments
de résistance au pivotement et au roulement, de même support que les vitesses
angulaires correspondantes, opposés à elles, et de normes
δW = f · dl = f · vdt
δW
P≡ = f · v. (7.15)
dt
En utilisant le principe fondamental de la dynamique pour une particule, on a
d(mv) 1
δW = · vdt = d mv 2
dt 2
En intégrant cette relation entre deux points A et B, on obtient
B
1 2 1 2 Z
Ec (B) − Ec (A) ≡ mvB − mvA = WAB = f · dl (7.16)
2 2
A
2
Cela vient de ce que les solides sont élastiques, et non parfaitement rigides, et se déforment
donc sous l’effet des forces de contact normales.
3
La notation δW , plutôt que dW , indique que le travail infinitésimal n’est a priori pas
la différentielle totale exacte d’une fonction.
7.5. THÉORÈME DE L’ÉNERGIE CINÉTIQUE 77
7.5.2 Système de particules
Sur chaque particule s’exerce une force fi = fiext + fiint , qui effectue durant l’intervalle
de temps dt un travail élémentaire
1 2
δWi = fi · vi dt = fiext · vi dt + fiint · vi dt = δWiext + δWiint = d mvi = dEci
2
En sommant sur toutes les particules, et en intégrant entre deux instants t1 et t2 ,
Zt2 X Zt2 X
Ec (t2 ) − Ec (t1 ) = fiint · vi dt + fiext · vi dt = Wint + Wext (7.17)
t1 i t1 i
df
dm
M
O
Y
= S · V(G/R) + ΓG · Ω(S/R),
78 CHAPITRE 7. DYNAMIQUE DES SOLIDES ET DES SYSTÈMES
en introduisant le torseur dynamique (6.19) et (6.20). Puisque le torseur dynamique
est égal au torseur des forces extérieures, on trouve en définitive
dEc
P= = Fext · V(G/R) + Mext
G · Ω(S/R). (7.18)
dt
La dérivée par rapport au temps de l’énergie cinétique d’un solide est donc égale
au produit scalaire du torseur cinématique et du torseur des forces extérieures. Nous
avions montré (§ 2.2.5, équation (2.31)) qu’il s’agit d’un invariant, indépendant du
point où il est calculé (à condition que les éléments de réduction des deux torseurs
soient exprimés au même point). On peut donc écrire, en appelant A un point
quelconque du solide,
dEc
P= = Fext · V(A/R) + Mext
A · Ω(S/R). (7.19)
dt
Il n’est par ailleurs pas nécessaire, lorsque plusieurs forces agissent sur un solide,
de calculer les éléments de réduction du torseur résultant. La puissance instantanée
des forces est égale à la somme des puissances de chacune des forces, que l’on peut
calculer séparément en des points différents, par exemple les points d’applications
de chacune des forces : le calcul est plus simple puisque les moments sont nuls.
Pour un couple de forces, qui est aussi un couple au sens des torseurs (c’est-à-dire
un torseur ayant même valeur en tout point) seul intervient par contre le deuxième
terme, MextA · Ω(S/R).
Solides en contact
Regardons le cas particulier de deux solides en contact. Soit I le point de contact,
S1 et S2 les solides. On note R21 l’action de contact du solide S2 sur le solide S1 .
La puissance exercée par l’action de contact sur le solide S1 est
δW (S1 )
= R21 · V(I1 /R),
dt
où I1 est le point du solide S1 , coincidant à l’instant considéré avec le point de
contact I. Pour avoir la puissance des actions de contact sur le système des deux
solides, il suffit d’ajouter le terme équivalent pour S2 ,
δW (S1 + S2 )
= R21 · V(I1 /R) + R12 · V(I2 /R).
dt
Le principe des actions mutuelles donne alors
δW (S1 + S2 )
= R21 · [V(I1 /R) − V(I2 /R)] = R21 · Vg (S1 /S2 ) (7.20)
dt
7.5. THÉORÈME DE L’ÉNERGIE CINÉTIQUE 79
qui met en évidence la vitesse de glissement entre les deux solides (3.18).
Lorsqu’elle est non nulle, la vitesse de glissement est dans le sens opposé à la
composante tangentielle de R21 , qui seule contribue au produit scalaire. On en
déduit que le travail total des actions de contact entre deux solides est négatif ou
nul : il s’agit d’un travail résistant.
Ce travail est nul dans deux cas. Le premier est celui du glissement sans frotte-
ment, où R21 = 0.
Le deuxième cas, bien plus réaliste et important en Mécanique du solide, est celui
du roulement sans glissement. Dans ces conditions, Vg (S1 /S2 ) = 0. En l’absence de
glissement, les forces de contact ne travaillent pas car leur point d’application a une
vitesse nulle 4 . C’est l’explication physique de l’importance historique de l’invention
de la roue : on remplace un mouvement de glissement, qui nécessite une puissance
considérable, par un mouvement de roulement sans glissement qui n’en nécessite
(presque) pas.
Justifions ce ”presque”, même si les frottements de roulement et de pivotement
sont hors programme des concours. Nous les avons introduit à la remarque 3
du § 3.4.1. Ils doivent être pris en compte lorsque le contact entre les deux
solides ne peut plus être considéré comme ponctuel. Les équations précédentes
se généralisent facilement. Pour le solide S1 ,
δW (S1 )
= R21 · V(I1 /R) + M21
I · Ω(S1 /R),
dt
soit pour le système
δW (S1 + S2 )
= R21 ·V(I1 /R)+R12 ·V(I2 /R)+M21 12
I ·Ω(S1 /R)+MI ·Ω(S2 /R).
dt
Le principe des actions mutuelles pour les moments donne
δW (S1 + S2 )
= R21 · [V(I1 /R) − V(I2 /R)] + M21
I · [Ω(S1 /R) − Ω(S2 /R)] ,
dt
qui met en évidence la vitesse angulaire relative entre les deux solides,
Ω(S1 /S2 ) ≡ Ω(S1 /R) − Ω(S2 /R). L’équation (7.20) est donc remplacée par
δW (S1 + S2 )
= R21 · Vg (S1 /S2 ) + M21
I · Ω(S1 /S2 ).
dt
Ce dernier terme, dans le cas d’une roue roulant sans glissement sur une route,
ne peut être nul s’il y a du frottement de roulement. Il est néanmoins très
inférieur à la puissance nécessaire pour faire glisser la même charge.
δW = F · dl = −∇U · dl = −dU.
4
Je réinsiste, après la remarque 1 du § 7.4, sur le fait que la raison n’est pas l’annulation
de la force de frottement. Sauf cas très particulier, la force de frottement n’est pas nulle,
sans quoi le roulement sans glissement serait impossible.
80 CHAPITRE 7. DYNAMIQUE DES SOLIDES ET DES SYSTÈMES
Soit alors un système soumis à plusieurs forces. Appelons Fpot une force dérivant
d’un potentiel U (par exemple le poids), et F0 l’ensemble des autres forces. Alors
δWpot = Fpot · dl = −dU
=⇒ δW 0 ≡ F0 · dl = dEc + dU.
δW = Fpot · dl + F0 · dl = dEc
En intégrant cette expression entre deux instants t1 et t2 , on obtient
Zt2
F0 · dl = W 0 (t1 → t2 ) = Ec2 − Ec1 + U2 − U1 ≡ Em
2 1
− Em , (7.21)
t1
V(A/R) = 0, Ω(S/R) = 0,
où A est un point quelconque. Le torseur cinétique est alors nul à l’instant t.
L’équilibre ne peut subsister que si la dérivée par rapport au temps du torseur
cinétique est elle aussi nulle, ce qui impose la nullité du torseur dynamique. Un
solide est donc en équilibre si les quatre relations suivantes sont vérifiées :
V(A/R) = 0 Ω(S/R) = 0
, . (7.22)
Fext = 0 Mext
A = 0
mi aei − mi aci ,
X X X X
mi a(Mi /T ) = mi a(Mi /R) −
i i i i
soit encore
i
X
Sr (Σ/T ) = S(Σ/R) + Fe + Fc où Fe,c ≡ − mi ae,c , (7.24)
i
• Liaison glissière
Cette liaison est telle que les deux solides ont en commun deux droites parallèles.
Le seul mouvement possible est alors la translation selon cette direction commune.
On peut penser au tiroir d’un meuble, où à un train sur ses rails.
Ces liaison admettent des représentations normalisées (qui ne sont rien de plus
que des symboles permettant de les identifier sur un schéma technique) qui sont
données ci-dessous.
7.9. ROTATION AUTOUR D’UN AXE FIXE 83
Z,z
Figure 7.6: Solide en rotation autour d’un axe fixe. En grisé, le stator, en blanc le
rotor.
Le rotor a un seul degré de liberté angulaire, ce qui définit une liaison rotoı̈de.
Cette liaison est dite parfaite si la puissance des forces de contact est nulle. Soient
O un point de ∆, R et JO respectivement la résultante et le moment en O des forces
de contact. Le théorème de l’énergie cinétique (7.18) nous dit que
dEc
= R · V(O/R) + Ω(S/R) · JO = Ω(S/R) · JO
dt
puisque O est un point fixe. La condition pour une liaison parfaite est donc
Ω(S/R) · JO = 0 =⇒ JOz = 0. (7.29)
Comme réalisations technologiques pratiques, citons les liaisons à pointeaux
(montres à rubis), les roulements à billes (roues de vélo, de voitures) et les liaisons
par coussin d’air (turbines).
84 CHAPITRE 7. DYNAMIQUE DES SOLIDES ET DES SYSTÈMES
7.9.2 Equations du mouvement
Finissons de définir le référentiel lié au solide en appelant Ox la droite du plan
XOY qui passe par la projection orthogonale H de G sur ce plan. Oy est tel que
S(O, x, y, z) soit orthonormé direct. Le solide étant supposé quelconque, ces axes
n’ont aucune raison a priori d’être des axes principaux d’inertie. Soit θ l’angle XOx,
[
et a la distance (constante) entre G et OZ = Oz.
I1 (m) ! I2
y
O
T '1 x
T '2
T2
T1
z2
z1
M1 g M2 g
z
soit
θ̇eX ∧ (±aeY ) = ∓żeZ .
86 CHAPITRE 7. DYNAMIQUE DES SOLIDES ET DES SYSTÈMES
Ces deux équations sont bien compatibles, et se traduisent par l’unique condition
m1 z̈1 = m1 g − T1 , (7.39)
m2 z̈2 = m2 g − T2 . (7.40)
Il prend cette forme simple car nous négligeons ici la masse des fils (hypothèse H3 ).
Le principe de l’action et de la réaction donne deux relations entre les tensions
des fils,
T1 = −T01 , (7.41)
T2 = −T02 . (7.42)
En effet, T1 est la force exercée par le fil sur la masse m1 , et T01 la force exercée par
m1 sur le fil, et de même pour la partie du fil accrochée à l’autre masse.
Enfin, on peut écrire le théorème du moment cinétique pour la poulie, au point
O fixe situé sur l’axe de rotation. Le moment cinétique est J θ̇ex , d’où
soit enfin
J θ̈ = a(T1 − T2 ). (7.44)
Aucune autre force n’était à prendre en compte, le poids de la poulie ayant par
symétrie son point d’application sur l’axe, et la liaison étant parfaite (hypothèse
H1 ).
En éliminant de ces équations les tensions des fils, on trouve l’accélération com-
mune à chacune des masses,
m2 − m1
z̈ = g. (7.45)
m2 + m1 + aJ2
• La liaison rotoı̈de entre la poulie est son axe est parfaite, donc par définition
le travail des actions de contact est nul (H1 ).
• Le fil ne glisse pas sur la poulie, donc la vitesse de glissement est nulle en I1
et I2 , et les tensions T0 ne travaillent pas (H4 ).
• Enfin, le fil est inextensible donc il n’y a pas de vitesse relative entre le fil et
la masse à laquelle il est accroché. Les tensions T ne travaillent pas (H2 ).
7.10. POULIES ET FILS 87
On prendra bien garde qu’il faut raisonner sur les travaux et non sur les forces, la
somme des travaux des forces intérieures n’étant pas nécessairement nulle.
Le fil étant sans masse, l’énergie cinétique totale du système est
1 1 1
Ec = m1 ż12 + m2 ż22 + J θ̇2 . (7.46)
2 2 2
L’énergie potentielle est quant à elle
8.2.1 Pression
Soit un volume V de fluide, délimité par une surface fermée ∂V (voir fig. 8.1).
L’action exercée sur ce volume de contrôle par le fluide environnant est une action
en surface, car les forces entre molécules sont à courte portée.
89
90 CHAPITRE 8. INTRODUCTION À LA MÉCANIQUE DES FLUIDES
(∂V)
(V)
n dS
Le volume V subit donc de la part du milieu extérieur une action qui se met sous
la forme I
ΣdS
∂V
Lorsque la contrainte 1 Σ est normale à l’élément de surface, on appelle pression du
fluide la quantité scalaire p telle que
ΣdS ≡ −pndS, (8.1)
où n est la normale à la surface orientée de l’intérieur vers l’extérieur.
Considérons un fluide au repos, de masse volumique ρ, et isolons par la pensée un
volume infinitésimal comme sur la Fig. 8.2. Le fluide étant au repos, les contraintes
tangentielles sont nulles et les seules forces surfaciques qui peuvent subsister sont
des forces normales, donc des forces de pression. Le fluide peut par ailleurs être
soumis à une force volumique f , telle que la force de pesanteur f = ρg, ou une force
d’entraı̂nement si le fluide est au repos dans un référentiel non Galiléen : f = −ρae
(la force de Coriolis n’est pas à considérer si le fluide est au repos).
dx
(x,y,z) y
P(x,y,z)
P(x,y+dy,z)
dz
dy
x
L’élément de fluide est en équilibre, la somme des forces qui lui sont appliquées
doit donc s’annuler. Si l’on projette sur la direction Oy, en respectant les conventions
de signe de (8.1), on a
fy dxdydzey + (−p(x, y, z)dxdz)(−ey ) + (−p(x, y + dy, z)dxdz)(+ey ) = 0
1
Une contrainte est une force par unité de surface.
8.2. STATIQUE DES FLUIDES 91
soit encore !
∂p
fy − dxdydz = 0.
∂y
Selon les autres directions, on obtient des équations similaires. Le résultat se met
donc sous la forme
−∇p + f = 0. (8.2)
C’est l’équation fondamentale de la statique des fluides.
8.2.3 Exemples
Fluide incompressible dans un champ de pesanteur
Soit Oz l’axe vertical orienté vers le haut. Alors l’équation (8.2) donne
dp
∇p = ρg =⇒ = −ρg =⇒ dp = −ρgdz,
dz
ce qui donne
Zp2 Zz2
dp = −ρg dz =⇒ p2 − p1 = −ρg(z2 − z1 ).
p1 z1
Calculons la force exercée par un liquide sur une paroi verticale (Fig. 8.3).
O y
h dF
La force élémentaire exercée par le liquide sur un élément de paroi de largeur unité
et d’épaisseur dz, situé à l’altitude z, est
Le torseur associé à cet ensemble de forces parallèles est donc celui d’une force F,
dont le point d’application est sur la paroi, à la distance 2h/3 du point O.
z0
z
r
Figure 8.4: Fluide contenu dans un récipent en rotation à vitesse angulaire constante,
autour d’un axe vertical.
où C est une constante d’intégration. Sachant que la pression atmosphérique est
patm , cette constante se calcule à l’aide de la condition p(r = 0, z = z0 ) = patm , ce
qui donne pour le champ de pression à l’intérieur du fluide
1
p(r, z) − patm = ρω 2 r2 − ρg(z − z0 ).
2
A la surface libre du fluide la pression est partout égale à la pression atmosphérique
ce qui fixe l’altitude d’un point de la surface en fonction du rayon :
1 ω 2 r2
z = z0 + .
2 g
Ce profil parabolique a un certain intérêt pratique, pour la construction de
miroirs de télescope. Ceux-ci doivent être de forme parabolique, car on les utilise
pour observer à grande distance, et pour le miroir parabolique le point à l’infini
et le foyer de la parabole sont en stigmatisme rigoureux. On les construit donc en
faisant refroidir très lentement (l’échelle de temps typique est plusieurs mois) du
verre liquide dans un moule maintenu en rotation à vitesse constante, déterminée
en fonction de la distance focale que l’on souhaite.
(∂V)
V
(V)
n dS
A B g
z
V
A'
B'
z'
V'
Considérons comme sur la Fig. 8.6 un tube de flux de section infinitésimale2 , limité
par une surface tangente en chacun de ses points M à la vitesse du fluide V(M ). Le
fluide contenu à un instant t donné entre les points A, où la section du tube est dS
perpendiculairement à ses génératrices, et A0 où elle est dS 0 , est contenu à l’instant
t + dt entre les points B et B 0 . Tout se passe comme si le fluide compris entre A
et B se retrouvait entre A0 et B 0 . En A (resp. A0 ) la vitesse du fluide est V (resp.
V0 ), normale à dS (resp. dS 0 ), la pression p (resp. p0 ) et l’altitude z (resp. z 0 ) La
conservation de la masse impose
dm = ρdSV dt = ρdS 0 V 0 dt.
2
Un tube de flux est une enveloppe de lignes de courant, qui sont les lignes de champ
du champ de vitesse, par définition tangentes en chacun de leurs points r à la vitesse du
fluide V(r) en ce point.
96 CHAPITRE 8. INTRODUCTION À LA MÉCANIQUE DES FLUIDES
Ecrivons alors le théorème de l’énergie cinétique. La variation d’énergie cinétique
est due au travail des forces de pesanteur, et à celui des forces de pression, soit
1
dm V 02 − V 2 = dm(z − z 0 )g + pdSV dt − p0 dS 0 V 0 dt.
2
En utilisant l’équation précédente on aboutit à l’équation de Bernouilli,
p 1 2 p0 1
gz + + V = gz 0 + + V 02 = Cste. (8.7)
ρ 2 ρ 2
Pour un écoulement permanent de fluide parfait incompressible, la quantité gz +
p/ρ + V 2 /2 est constante le long d’une ligne de courant.
8.3.4 Exemples
Tube de Pitot
Ce dispositif, schématisé en Fig. 8.7, permet de mesurer la vitesse au sein d’un
écoulement par une simple mesure de pression.
Nous faisons l’hypothèse d’un écoulement permanent et laminaire de fluide par-
fait.
C
A
B
V
Figure 8.7: Tube de Pitot. En traits fins, on a représenté quelques lignes de champs
de l’écoulement laminaire autour du tube.
L’appareil présente une symétrie de révolution autour de l’axe passant par C, ce qui
fait que le fluide s’écoule de part et d’autre de C, mais qu’en ce point la vitesse est
nulle. Si l’ouverture B est peu éloignée de C, la différence d’altitude entre ces deux
points est négligeable. Si nous suivons un tube de flux passant au voisinage de C et
B, nous pouvons écrire en utilisant l’équation de Bernouilli
s
pC pB 1 2 pA − pB
+0= + VB =⇒ VB = 2 .
ρ ρ 2 ρ
y
V2
θ
x S2
V1
S1
Comme volume de contrôle, prenons la portion de fluide comprise entre les deux
sections du tube sur le dessins, normales à l’axe du tube, d’aires respectives S1 et
S2 . La conservation de la masse se traduit par
S1 V1 = S2 V2 (8.8)
Pour un écoulement permanent, et en négligeant les forces de pesanteur (ou en
supposant la conduite horizontale), l’équation (8.6) devient
Z Z
−p(M )ndS = ρV(M )(V(M ) · ndS).
∂V ∂V
soit Fp la résultante des forces de pressions exercées par les parois de la conduite
sur le fluide contenu entre les sections S1 et S2 . Les forces surfaciques sont alors :
FSx = p1 S1 − p2 S2 cos θ + Fpx ,
FSy = −p2 S2 sin θ + Fpy ,
Nous cherchons la force R exercée par le fluide sur la conduite, donc R = −Fp .
Le flux de quantité de mouvement à travers le volume de contrôle ne comporte
pas de contribution des parois du tube, puisque l’écoulement est tangent à la paroi.
Z
ρVx (V(M ) · ndS) = ρS2 V22 cos θ − ρS1 V12 ,
Z∂V
ρVy (V(M ) · ndS) = ρS2 V22 sin θ
∂V
V2
y
V1
x
θ
V3
S1 V1 = S2 V2 + S3 V3
V1 = V2 = V3 ≡ V.