2011 - Institut de Formation en Masso-Kinesitherapie de Rennes - Statique, La
2011 - Institut de Formation en Masso-Kinesitherapie de Rennes - Statique, La
2011 - Institut de Formation en Masso-Kinesitherapie de Rennes - Statique, La
DE RENNES
Gabrielle SOURDAIN
2010-2011
Selon le code de la propriété intellectuelle, toute reproduction intégrale ou
partielle faite sans le consentement de l'auteur est illégale.
Ministère de la Santé et des sports
Région Bretagne
Institut de Formation en Masso-Kinésithérapie de
Rennes
I. INTRODUCTION.............................................................................................. 1
11. Niveau de preuves des études scientifiques selon l’HAS (2000) ........................................ 26
V. CONCLUSION ................................................................................................ 27
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
RÉSUMÉ
Introduction
La stabilométrie, étude de la posture érigée, quantifie les troubles de l’équilibre en
enregistrant les oscillations du centre de pression sur une plate-forme de force. Cette pratique n’est
pas validée par la Haute Autorité de Santé dans le champ de la kinésithérapie. Outil de bilan selon
la littérature, la bonne reproductibilité de l’examen est dépendante d’un protocole strict à appliquer.
La majorité des études simplifient le protocole. De nombreux paramètres sont ensuite à analyser
selon les « Normes 85 » de l’AFP (Association Française de Posturologie), unique référence
européenne répertoriant les paramètres stabilométriques. Dans ces conditions, comment le masseur-
kinésithérapeute réinvestit-il la connaissance qu’il a de la stabilométrie statique dans sa pratique
professionnelle ? Le but de l’étude est de faire un état des lieux de la connaissance et de l’utilisation
de la stabilométrie statique chez les masseur-kinésithérapeutes afin d’identifier l’intérêt d’une telle
pratique en kinésithérapie.
L’hypothèse émise est que les masseur- kinésithérapeutes pratiquant la stabilométrie statique
sont limités dans leur action professionnelle du fait des trois générateurs de biais que sont
l’environnement à respecter, la procédure à appliquer et les paramètres de l’outil à analyser.
Méthode
Après avoir contacté des masseur-kinésithérapeutes utilisant la plate-forme de stabilométrie
en centre de rééducation, en hôpital ainsi qu’en libéral, un questionnaire d’enquête leur a été envoyé
via « Google document ». Il porte sur la connaissance et l’utilisation de cet outil lors de leur
pratique professionnelle.
Résultats
30 kinésithérapeutes ont répondu au questionnaire, et un a été exclu de l’analyse. Ils
exercent à 86 % en centre de rééducation et analysent leur patient sur une plate-forme de marque
Satel pour 82 %. Ils pratiquent la stabilométrie sur une majorité de patients ayant des pathologies
neurologiques et traumatologiques. Ils s’en servent comme d’un outil de bilan chiffré et de
rééducation fonctionnelle. Concernant le protocole d’enregistrement du patient, les
kinésithérapeutes prennent en considération seulement 3 ou 4 éléments à 24.1 %. Ils se servent
également de la stabilométrie comme d’un outil de communication : 76 % partagent leurs résultats
avec d’autres professionnels de santé dont les médecins et leurs collègues kinésithérapeutes. 65.5 %
expliquent les chiffres enregistrés à leur patient. Les kinésithérapeutes considèrent que la
stabilométrie leur est utile de temps en temps.
Les kinésithérapeutes ont découvert pour la plupart la pratique de la stabilométrie lors de
leur cycle d’études, et ont suivi une formation par la suite enseignée par les fournisseurs. Ils ne
considèrent que 4 paramètres de l’analyse pour 50 % d’entre eux. 11.5 % se réfèrent aux « Normes
85 ». Ils pensent maîtriser l’outil à 5.2+/-1.4 sur 10. 86.2 % ressentent le besoin de s’y former
davantage. De nombreux avantages et inconvénients ont été évoqués par les kinésithérapeutes lors
de leur pratique professionnelle.
Discussion
Les kinésithérapeutes ont des lacunes concernant la pratique de la stabilométrie, notamment
en matière du protocole à accomplir afin d’obtenir une reproductibilité de l’examen. Examen de
seconde intention en neurologie, gériatrie, traumatologie, rhumatologie, c’est un outil de bilan
chiffré dont les différents paramètres analysés ne sont pas suffisamment maîtrisés par les
kinésithérapeutes malgré les formations assurées par les fournisseurs. L’outil n’est donc pas
exploité dans toutes ses dimensions et les kinésithérapeutes ne peuvent donc que partiellement
orienter leur rééducation en fonction des déficiences retrouvées sur l’analyse. Cependant, cela ne les
empêchent pas de communiquer leurs résultats avec leurs collègues et patients. Méthode
d’évaluation objective, quantifiable et reproductible, la stabilométrie comprend de nombreux
avantages, notamment en matière de suivi du patient. Néanmoins, l’absence de normes universelles
et de concertation des constructeurs est un frein à sa bonne pratique. Les « Normes 85 » sont
remises en question et des études sont en cours afin de réévaluer les paramètres. Les normes
japonaises « ANIMA », comprenant un échantillon beaucoup plus important de sujets testés, ne sont
pas validées pour l’Europe.
Le questionnaire n’a pas assez ciblé l’étude sur l’examen statique de la stabilométrie. De
nombreux kinésithérapeutes ont mis en avant la rééducation par biofeedback que peut effectuer
l’analyse sur plate-forme. La bibliographie repose sur de nombreuses opinions d’expert, qui sont de
faibles niveaux de preuves scientifiques et ne comprend aucune étude de grade A fondée sur une
preuve scientifique établie selon les recommandations de l’HAS.
Conclusion
La pratique de la stabilométrie est indiquée en kinésithérapie dans les pathologies
responsables de troubles de l’équilibre et celles générant une instabilité posturale. C’est un très bon
outil d’analyse et de suivi du patient, néanmoins au vu des résultats de l’étude, les masseur-
kinésithérapeutes ont une connaissance assez sommaire de la pratique de la stabilométrie et sont
limités dans leur action professionnelle à cause de la complexité du protocole et des paramètres
d’analyse. La stabilométrie trouve sa place dans la prise en charge pluridisciplinaire grâce au
nombre important de professionnels de santé l’utilisant. Les formations afin de maitriser davantage
la plate-forme nécessiteraient de s’améliorer.
La personne âgée est caractérisée par un vieillissement global de tous les grands systèmes
(cardio-vasculaire, neurologique, musculo-squelettique…). Une instabilité posturale due à de
nombreux facteurs intrinsèques (médicaments ou maladies altérant les fonctions sensitives,
cognitives ou motrices) ou extrinsèques (comportementaux ou environnementaux) peut favoriser la
chute entraînant de graves décompensations et pouvant être fatale. La Haute Autorité de Santé
(HAS) recense environ 9000 décès de personnes âgées de plus de 65 ans associés chaque année en
France à une chute (FALCOFF, 2005). Avec le vieillissement, tenir debout n’est pas chose aisée si
on prend en compte l’altération de l’équilibre et de la posture (MY, 2009). Les problèmes posés par
le maintien de la station debout sont avant tout des problèmes de stabilité (oscillations du corps
aussi réduites que possible), d'endurance et de confort de la position (VIERORDT, 1877). En effet
la station debout équilibrée nécessite que l’organisme mette en place des stratégies d’adaptations
posturales par un système de contrôle en rétroaction afin de stabiliser le corps « mécaniquement
instable » (GAGEY, 2001). Cela nécessite l’intégration d’informations d’origine visuelle,
proprioceptive, labyrinthique et plantaire.
Au repos, le centre de gravité est soumis à de nombreuses oscillations : excepté dans les
positions où les pieds sont très rapprochés, les oscillations latérales sont toujours inférieures aux
oscillations antéropostérieures (MOUZAT, 2005). L’enregistrement global de ces oscillations
s’apprécie de façon instrumentale. Selon Gagey « la stabilométrie a introduit la mesure dans
l’observation des phénomènes de contrôle de la posture orthostatique » (GAGEY, 2004) se
définissant par le maintien de la posture de référence chez l’homme. Egalement nommée
posturographie, la stabilométrie permet de mesurer non pas l’équilibre d’un sujet, comme le sous-
entend la majorité des études publiées à ce sujet, mais sa stabilité nuance GAGEY : « le corps de
l’homme manifeste la faculté de revenir au voisinage de sa position d'équilibre, lorsqu'il en est
écarté » (GAGEY, 2007). Les incidences des entrées sensorielles (vue, oreille interne, pied) sur les
troubles de la posture vont ainsi pouvoir être détectées.
La stabilométrie, qui fut créée dans les années 1950 est une pratique utilisant une plateforme
de force munie de 3 capteurs (jauges de contraintes) disposés en triangle (figure1).
1
Figure 1: plates-formes de force
à gauche : Stabilotest de Techno concept
à droite : Fusyo de Medicapteurs
2
Lors de mes divers stages en tant qu’étudiante en masso- kinésithérapie, je me suis rendue
compte que la plate-forme avait plusieurs champs d’applications. A Malestroit (Clinique des
Augustines) spécialisée en gériatrie, les programmes de prévention des chutes sont établis grâce à
de nombreux bilans (Tinetti, Romberg, Get Up and Go test, station unipodale) associés à l’examen
sur plate-forme stabilométrique qui fournit une mesure chiffrée de l’équilibre statique. Les
kinésithérapeutes qui l’utilisent ne prennent en compte que 3 paramètres sur les 15 que sort
l’analyse, en complément du statokinésigramme (le tracé obtenu sous forme de « pelote ») qui leur
est beaucoup plus explicite. Les bilans neurologiques sont également complétés par un bilan
stabilométrique qui permet d’objectiver la récupération à terme des hémiplégiques par exemple.
Ainsi, la stabilométrie évalue l’efficacité de leur programme de rééducation mis en place en
pathologie gériatrique et neurologique.
3
Plusieurs paramètres sont à « décoder » lors du bilan sur plate-forme, et nombreuses sont les
données recueillies. Les oscillations du centre de pression plantaire peuvent être représentées sous
trois formes différentes : linéaire (les stabilogrammes), vectographique (le statokinésigramme), et
spectrale par l’étude du spectre de fréquence (BRUN, 1993). Les paramètres les plus fréquemment
cités dans les diverses études sont : la surface, le X-moyen, le Y-moyen, la longueur du
statokinésigramme, VFY, ANO2, le Quotient de Romberg, et les Transformées de Fourier
(FFT) (Annexe 1). Ces paramètres très précis sont-ils compris par l’examinateur ? Quelles utilités
les kinésithérapeutes ont-ils de ces paramètres lors de leurs prises en charge ? S’en servent-
ils uniquement dans le but d’établir un bilan chiffré comme le ferait penser la revue de littérature?
Selon les « Normes 85 », les sujets sont placés dans une cabine aux dimensions normalisées
(figure 2). La position des pieds est imposée afin de permettre la reproductibilité des paramètres
car le changement de position des pieds influe sur les oscillations latérales du sujet (MOUZAT,
2005). Les pieds sont nus et les talons sont espacés de 2 cm pour un angle d’ouverture de 30°
(Annexe 2).
4
La durée d’acquisition des signaux de la plate-forme est de 51.2 secondes à une fréquence
d’échantillonnage de 5 Hz (5 fois par seconde).
Les consignes sont strictes. Il faut veiller à respecter l’environnement qui comprend une
norme visuelle (éclairage à 2000 lux de la cible visuelle). L'environnement sonore doit être
stable, aucune émission de bruit ne doit être de nature à détourner l'attention du sujet placé en
conditions d'examens. Enfin, il faut assurer la maintenance de l’appareil et de ses composants
régulièrement (PARRE, 2005) (jauges de contraintes, surface, revêtement). Ainsi les mesures
effectuées dans ces conditions sont comparables à la base de données de l’AFP constituée d’une
population de 50 hommes et 50 femmes. Les plates-formes normalisées AFP sont pour l’Italie la
marque Modena, et pour la France les plates-formes de marque Medicapteurs, Dune, Satel, Techno
Concept, Dynatronic (GAGEY, 2004).
Des gabarits mobiles sont fournis lors de l’achat des plateformes normalisées par l’AFP ce
qui facilite le positionnement des pieds. Malgré tout, avec la complexité d’un tel protocole à
accomplir, la stabilométrie statique est-elle bien pratiquée par les masseur-kinésithérapeutes ?
La Haute Autorité de Santé (HAS) n’a pas validé la pratique de la stabilométrie dans le
domaine de la kinésithérapie. Elle estime, dans le cadre des examens pratiqués par les médecins,
qu’une formation spécifique est nécessaire à sa bonne pratique (3ème cycle de formation initiale
Médecine Physique et Réadaptation, ORL, DIU spécifique de Posturologie clinique).
L'Amélioration du Service Attendu (ASA) étant considérée comme mineure (IV), elle porte un avis
favorable à l’inscription de l’acte à la liste prévue des actes à l’article L. 162-1-7 du Code de la
Sécurité Sociale (MULLER, 2007).
En ce qui concerne le « Dossier du patient en pédicurie-podologie », l’HAS préconise la
pratique de la stabilométrie dans les examens instrumentaux au même titre que la podographie et la
baropodométrie afin de « conserver les données dans le but d'un suivi du patient » (ANAES, 2001).
En dehors des travaux de l’AFP, les protocoles sont rarement identiques d’une étude à
l’autre. La plupart des relevés de littérature qui ont pour but de chiffrer l’instabilité d’un individu
dans son environnement ne pratiquent pas un tel protocole décrit dans les « Normes 85 » par Gagey
et al avant leur mesure. Les études le simplifient, ne tenant compte principalement que d’une cible
à hauteur du regard distante de 0.90 m, de l’angulation des pieds nus de 30° et du temps
d’enregistrement de 52.1s. On peut alors s’interroger sur la prise en considération de leurs résultats
sachant que la procédure est loin d’être identique aux « Normes 85 » en ce qui concerne
l’environnement et les consignes.
5
La question posée est la suivante : Comment le masseur-kinésithérapeute réinvestit-il la
connaissance qu’il a de la stabilométrie statique dans sa pratique professionnelle au
quotidien ?
Le but de cette étude est de distinguer le lien entre la connaissance qu’ont les masseur-
kinésithérapeutes de la stabilométrie statique et sa mise en application dans leur pratique
professionnelle afin de dégager quel est l’apport de cet outil dans le champ de la kinésithérapie.
L’hypothèse émise est que les masseur- kinésithérapeutes pratiquant la stabilométrie statique
sont limités dans leur action professionnelle du fait des trois générateurs de biais que sont
l’environnement à respecter, la procédure à appliquer et les paramètres de l’outil à analyser.
II. MÉTHODE
La prise de contact s’est effectuée par téléphone dans le but de sélectionner seulement les
professionnels possédant et utilisant régulièrement une plateforme de stabilométrie toutes marques
et modèles confondus. Avec leur accord, je recueillais leur email en vu de faire parvenir via
« Gmail document » le questionnaire. Il a été envoyé, entre décembre 2010 et février 2011, à des
Masseurs-Kinésithérapeutes Diplômés d’Etat (MKDE) exerçant en centre de rééducation, en hôpital
6
ainsi qu’en libéral, avec pour consigne de le diffuser à leurs collègues de service qui utilisaient
également la plate-forme de stabilométrie.
III. RÉSULTATS
1. Utilisation de la stabilométrie
Ils pratiquent en moyenne la stabilométrie depuis 5.3 +/-3.8 ans (2 MKDE n’ont pas répondu).
7
20 kinésithérapeutes utilisent la stabilométrie pour des patients de neurologie (69 %), 16 en
traumatologie (55.2 %), 11 en rhumatologie (38 %), 8 sur des adolescents (27.6 %), 8 en
gériatrie (27.6 %), 4 sur des sportifs (13.8 %) et 2 en pédiatrie (6.9 %) (plusieurs réponses étaient
possibles).
Selon leur pratique professionnelle, les résultats obtenus lors de l’analyse stabilométrique
servent d’outils de bilans chiffrés pour 26 kinésithérapeutes interrogés (89.7 %). 24 considèrent
que c’est un outil de rééducation fonctionnelle afin de cibler la prise en charge (82.8 %), et 11 un
outil de communication avec patients, collègues et médecins (37.9%). Un seul kinésithérapeute se
sert de la stabilométrie comme outil de statistiques pour comparer les patients entre eux. Les
corrélations entre les différents usages de la stabilométrie sont présentées dans le tableau 1
(plusieurs réponses étaient possibles).
Tableau 1 : usages de la stabilométrie pour les MKDE en données brutes sur 29 résultats
Bilans Bilans chiffrés + Bilans chiffrés Rééducation Bilans Rééducation + Bilans chiffrés
chiffrés + Rééducation + chiffrés Communication +
Rééducation +Communication Communication Communication
+ Statistiques
14 7 2 2 2 1 1
100
86,2
69 69
48,3 44,8
27,6
20,7 20,7
10,3 6,9 6,9 3,4
Les résultats des différentes façons de mise en situation d’analyse du patient sont présentés
en Annexe 4. Le tableau 3 indique le nombre de paramètres pris en compte par les MKDE sur les 9
paramètres du protocole à respecter afin d’assurer la reproductibilité du bilan stabilométrique
(cabine, pieds nus, angulation des pieds, cible à 0.90 cm, boitier comprenant un fil à plomb, temps
d’enregistrement, luminosité, absence de bruit et consignes strictes).
Tableau 3 : Nombre d’éléments pris en compte par les 29 MKDE lors du protocole d’analyse
stabilométrique statique
Nombre d’éléments pris en compte 6 5 4 3 2 1 0
Nombre de MKDE en données brutes 3 2 7 7 3 5 1
Nombre de MKDE en pourcentages 10.3 6.9 24.1 24.1 10.3 17.2 3.4
9
Tableau 4 : partage des données stabilométriques des MKDE en données brutes
18 16
16 14
14
12
10
8
6
4 3 3
2 1 1 1 1
0
17 Kinésithérapeutes font réaliser la maintenance de leur plateforme tous les 2 ans (70.8
%) (5 MKDE n’ont pas répondu).
2. Connaissance de la stabilométrie
10
Les paramètres d’analyses stabilométriques pris en compte par les masseur-
kinésithérapeutes interrogés sont la Surface pour 24 d’entre eux (100%), 22 retiennent la
Longueur (91.7 %), 16 le X-moyen et le Y-moyen (66.7 %), 7 le Quotient de Romberg (29.2 %)
2 les Transformées de Fourier et l’ANO2 (8.3 %), et 1 seul utilise le VFY (4.2 %) (5 MKDE
n’ont pas répondu).
Les résultats des différents paramètres à analyser par les MKDE lors d’une étude stabilométrique
statique sont présentés en Annexe 5.
Le tableau 5 indique le nombre de paramètres stabilométriques considéré par les 24 MKDE (ayant
répondu au questionnaire) sur les 8 paramètres les plus répandus dans la revue de littérature.
La stabilométrie permet une mesure objective de l’équilibre statique bipodal (3), elle donne
des résultats chiffrés, qui sont facilement transmissibles et comparables dans le temps (4). Cela
permet de montrer au patient ses progrès et son évolution de façon concrète (3).
C’est un outil d’évaluation pas encore évalué (1), qui allie la précision (2), la fiabilité (1). C’est un
outil simple d’utilisation (1) et reproductible (2). Il permet un travail conduit de la mise en
charge, ce qui est intéressant concernant la répartition d’appuis (3). C’est un bon outil pour le
travail de proprioception, pour les bilans des membres inférieurs (1).
11
C’est un outil de qualité pour étayer un bilan postural et offrir un support scientifique pour
communiquer avec le patient et avec d’autres professionnels extérieurs au cabinet (pédicure-
podologue, dentiste, médecin…) (1).
Elle donne à l’évaluation et à la rééducation un aspect ludique (grâce aux jeux inclus dans les
logiciels) (9) et motivant (1). Cet outil permet de varier la prise en charge (2) en donnant des
objectifs au patient (1) lui permettant de travailler sa concentration (1). La stabilométrie est
systématiquement appréciée par les utilisateurs (1).
L’effet feed back visuel que propose la stabilométrie est intéressant (6), notamment dans
l’apprentissage (1). Les exercices préenregistrés permettent de prolonger la séance hors de la
présence du kiné (1).
La plateforme peut être utilisée sur toutes les tranches d’âge (1).
IV. DISCUSSION
Le but de cette étude est de faire un état des lieux entre la connaissance qu’ont les masseur-
kinésithérapeutes de la stabilométrie statique et l’utilisation qu’ils en ont dans leur pratique
professionnelle, afin de déterminer l’apport de la stabilométrie dans le champ de la kinésithérapie.
Le choix de ne traiter que de l’équilibre statique est la conséquence de mon expérience
professionnelle en tant que pédicure-podologue et stagiaire masseur-kinésithérapeute qui a porté
exclusivement sur l’analyse statique des patients vus en consultation.
Les kinésithérapeutes exercent leur profession depuis 14.8 +/- 8.8 ans mais n’utilisent la
plateforme que depuis 5.3 +/- 3.8 années en moyenne. 46.4 % ont été sensibilisés à la stabilométrie
lors de leur cycle d’études. Actuellement, ils ne s’estiment compétent qu’à 5.2 +/- 1.4 sur 10 et 86.2
% ressentent le besoin de s’y former davantage, bien que 55.2 % estiment que la pratique de la
stabilométrie ne leur est utile que de temps en temps. Les MKDE utilisent principalement la
stabilométrie en neurologie (69 %) et en traumatologie (55.2%).
13
Les kinésithérapeutes ont des lacunes concernant la pratique de la stabilométrie,
notamment en matière du protocole à accomplir afin d’obtenir une reproductibilité de
l’examen. Sur les 9 paramètres à mettre en place lors de l’enregistrement préconisés par les
« Normes 85 » (GAGEY, 1988), 24.1 % en prennent 4 en compte, et 24.1 % seulement 3. Les plus
fréquemment pris en considération par les kinésithérapeutes sont le temps d’enregistrement de
51.2 s à 69 %, les consignes strictes identiques à chaque patient à 69 %, l’angulation des pieds
de 30° à 48.3 % et l’analyse pieds nus à 44.8 %. Ce relevé est sensiblement identique à la revue de
littérature, sauf en ce qui concerne la cible à hauteur du regard distante de 0.90 m qui est
généralement mise en place dans les études et délaissée en pratique courante. Le protocole
environnemental (visuel, sonore et lumineux) et la mise en position de référence du patient
(placé dans une cabine normalisée) afin d’assurer la reproductibilité de l’analyse
stabilométrique statique n’est donc pas respectés ni par les études scientifiques, ni par les
masseur-kinésithérapeutes lors de leur pratique professionnelle si on considère les « Normes
85 » comme référence.
Dans la littérature, l’examen stabilométrique n’est jamais utilisé seul, il est toujours
accompagné d’autres bilans : « l’acte statokinésigraphie informatisée vient en complément d’un
14
interrogatoire et d’un examen clinique rigoureux, et en complément des autres tests conventionnels
avec scores cliniques quantitatifs » (MULLER, 2007). C’est un examen de seconde intention.
15
prennent en compte les Transformées de Fourriers lors de l’analyse. Ces 2 MK qui s’en servent
comme moyen d’investigation peuvent en effet orienter la rééducation en fonction des
déficiences observées sur les Transformées de Fourriers quel que soit le système de stabilité
préférentiel du patient.
3 autres kinésithérapeutes ont notifié que la stabilométrie permettait un travail conduit de
la mise en charge grâce à la répartition d’appuis figurant sur le statokinésigramme.
Compte tenu des résultats obtenus, on se rend bien compte que la majorité des
kinésithérapeutes utilisant la plateforme de stabilométrie ne mettent pas en place le protocole
d’enregistrement normalisé, et ne savent pas analyser les chiffres que sort le bilan statique. 4
kinésithérapeutes ont spécifié que l’interprétation des résultats était complexe et difficile.
11 kinésithérapeutes utilisent la stabilométrie comme outil de communication (37.9 %). 22
partagent leurs résultats avec des professionnels de santé (des médecins pour 72.7 %, et collègues
kinésithérapeutes pour 63.6 %) et 19 expliquent à leurs patients les chiffres obtenus. Comment
peuvent-ils communiquer leurs résultats à leurs patients et collègues à l’aide d’un outil qu’ils
ne maitrisent pas ?
16
Selon, Gagey la stabilométrie est un Instrument de Communication dans le sens où les
paramètres stabilométriques sont normalisés. « Cela implique qu’ils aient la même signification
pour tous les thérapeutes. Lorsqu’ils en parlent, ils parlent exactement de la même chose »
(GAGEY, 2008). Un kinésithérapeute indique que la stabilométrie offre un support scientifique
pour communiquer avec le patient et avec d’autres professionnels de santé extérieurs au cabinet
(pédicure-podologue, dentiste, médecin,…). Les kinésithérapeutes utilisent la plate-forme
posturographique comme moyen de correspondance avec leur patient: 3 kinésithérapeutes de
l’étude rapportent que la stabilométrie permet d’obtenir des chiffres qui prouvent au patient ses
progrès et son évolution de façon concrète, ce qui serait un agent motivant pour lui.
Dans le travail qu’a effectué Perennou en 2005 concernant la lecture de plus de 4000
résumés d’études sur le contrôle postural et les troubles de l’équilibre, il se trouve que les
plateformes de force sont décrites généralement comme des outils peu onéreux (ce qui en pratique
17
courante n’est pas reconnu comme tel par les kinésithérapeutes libéraux), peu encombrants,
précis, fiables et simples à utiliser en statique : « réalisable en quelques minutes le bilan
stabilométrique est devenu un examen de pratique courante en clinique ». Certains
kinésithérapeutes interrogés sont en accord avec ces affirmations : outil d’évaluation pas encore
évalué, précis, fiable, simple d’utilisation et reproductible.
Concernant ses avantages, il faut également mettre en avant le fait que le patient soit testé
en charge, dans une situation proche de la physiologie de stabilité articulaire (FABRI, 2005). Fabri
et al exposent dans leur étude le fait que le bilan stabilométrique statique soit une « méthode
d’évaluation objective, quantifiable et reproductible de la protection articulaire, qui est un
indice représentatif de la stabilité articulaire », fondamentale dans les pratiques sportives réalisées
en charge. De plus, le bilan prend en compte le versant neurologique (sensitif) de la
proprioception et tous les systèmes de stabilisation (visuel, labyrinthique, somesthésique) utilisés
par le sujet. Il permet donc de suivre la récupération du sujet présentant une rupture du LCA tout au
long de la rééducation (HOT, 2007). La stabilométrie permet de cibler un système plutôt qu’un
autre grâce aux Transformées de Fourriers et concerne ainsi la globalité du patient.
En pratique courante, 3 kinésithérapeutes interrogés décrivent que pour eux la stabilométrie
donne une mesure objective de l’équilibre statique, et un rajoute que c’est un bon outil concernant
le bilan des membres inférieurs ainsi que pour le travail de proprioception.
On peut également faire varier les paramètres d’enregistrement en fonction des capacités
posturales du sujet en manipulant la base de support (pieds écartés, joints, monopodal), en
modifiant les informations proprioceptives grâce au support en mousse, en shuntant la vision, ou en
demandant une extension de la tête pour perturber les informations vestibulaires par exemple. Pour
augmenter la difficulté et donc mettre en avant la progression du sujet, on joue lors du bilan
stabilométrique sur la réduction de la base du support ainsi que sur la perturbation
sensorielle (PERENNOU, 2005).
L’EMC (DE WAELE, 2005) recommande l’exploration des troubles de l’équilibre par la
posturographie statique (et dynamique) dans les pathologies vestibulaires. Afin de les quantifier,
ils prennent en compte 4 paramètres (Transformées de Fourrier, Statokinésigramme,
18
Stabilogramme, Quotient de Romberg). La posturographie n’apporte pas d’éléments nouveaux par
rapport à un examen vestibulaire standard, mais elle présente un intérêt supplémentaire par rapport
aux tests standards pour détecter les déficits liés à un dysfonctionnement vestibulaire chez les
patients présentant un trouble du système nerveux central (MULLER, 2007).
Concernant les kinésithérapeutes questionnés, ils ont noté le fait que la plate-forme permet
de varier la prise en charge, et que la stabilométrie est systématiquement appréciée par les
utilisateurs. Au niveau pratique, les exercices préenregistrés permettent de prolonger la séance
hors de la présence du kinésithérapeute. Enfin, la plate-forme peut être utilisée sur toutes les
tranches d’âge.
19
De plus, l’équilibre statique n’est pas toujours en bonne relation avec l’équilibre global
du sujet. L’étude de BONAIUTI (1996) prouve qu’il n’y a pas de corrélation entre les tests de Berg
et de Tinetti et les analyses stabilométriques concernant les hémiplégiques (90 % des patients
avaient obtenus des résultats comparables aux courbes de normalité). Il faut également prendre en
considération que seul les sujets pouvant réaliser une tâche posturale donnée sont évalués sur la
plateforme donc ceux qui ont déjà un certain degré de récupération motrice (il faut tenir au
minimum 51,2 s debout sans aide pour l’acquisition des données). Or ce sont les sujets dont les
capacités posturales sont les plus altérées qui nécessiteraient une évaluation stabilométrique
(PERENNOU, 2005). Il faut prendre en compte que le risque de chutes n’est pas nul. Il faut donc
veiller à la sécurité du patient lors de l’examen.
Sur le plan pratique, 2 kinésithérapeutes ont précisé que la stabilométrie était difficile à
mettre en place en début de rééducation, notamment en neurologie, et que tous les patients ne
comprenaient pas forcément comment fonctionnait la stabilométrie.
21
largement les caractéristiques des « Normes 85 », base de la normalisation de la stabilométrie. ».
Concernant les deux autres fournisseurs, ils m’ont répondu qu’il s’agissait de « formation à
l’utilisation de leurs matériels ».
Techno Concept oriente ses clients vers des formations de Posturologie (séminaire de 2 jours
au tarif de 388 € effectué par Connaissance et Evolution, tarif recueilli sur leur site Internet en
janvier 2011).
Alors comment se fait-il que si peu de kinésithérapeutes exploitent les « Normes 85 »,
document largement diffusé demeurant la base de l’interprétation des résultats d’analyses ?
Et pourquoi les kinésithérapeutes respectent si peu le protocole d’enregistrement et ne
prennent en compte que 4 paramètres d’analyses malgré les formations proposées par les
fournisseurs qui abordent toutes ces questions ?
Les kinésithérapeutes ne s’estiment compétent sur cet outil qu’à 5.2 +/- 1.4 sur 10, et
ressentent le besoin de s’y former d’avantage malgré les formations suivies. Il faut peut-être
remettre en question l’influence qu’ont les fournisseurs auprès des professionnels de santé. Une
étude plus approfondie mériterait d’être menée concernant les formations enseignées par les
fournisseurs sur l’apprentissage du protocole et l’acquisition des données stabilométriques, les
compétences attendues en matière de reproductibilité n’étant que partiellement acquises par les
masseur-kinésithérapeutes.
8. Les « Normes 85 »
Les valeurs « normales » des paramètres stabilométriques ont été étudiées et publiées dans
les « Normes 85 » pour deux situations d’examen : yeux ouverts et yeux fermés. Ces résultats
permettent de comparer les performances du patient à celles des populations normales de référence.
L’ensemble de ces études statistiques constitue un document beaucoup trop volumineux
(270 pages) par rapport à ses espoirs de diffusion pour avoir pu être confié à un éditeur ou une
revue. Il n'est disponible que sous forme d'un document photocopié, auprès de l'Association Posture
et Équilibre (nouveau nom de l'Association Française de Posturologie) et auprès des constructeurs
de plate-forme normalisée comme Techno Concept qui délivre le document lors de l’achat d’une de
leur plate-forme.
22
Les « Normes 85 » décrites par Gagey et al datent de 1988 si on considère sa deuxième
édition. Il faut savoir que ce travail de normalisation est le seul référentiel européen à ce jour.
Plusieurs études ont été menées pour remettre à jour cette référence, notamment en Italie sur des
plates-formes construites selon les normes AFP. La cohérence de ces études statistiques entre elles
et avec les publications internationales a été jugée suffisamment satisfaisante pour que de nouvelles
études ne soient pas entreprises (GAGEY, 2001). Cependant en 2007, lors du retour du Congrès
ISPGR (International Society for Posture and Gait Research) qui s’est tenu à Burlington (USA),
Gagey indique « qu’il est temps de reprendre à un niveau international des concertations sur la
normalisation de la stabilométrie clinique» (GAGEY, 2008). Gagey et son équipe ont confirmé leur
souhait de réétudier ces normes lors du congrès de l’API (Association de Posturologie
Internationale) qui s’est tenu en janvier 2011 à Paris (information délivrée par un professionnel de
santé présent lors de ce congrès. Je n’ai pas eu accès au document officiel). En effet, l’AFP s’est
rendue compte que les « Normes statistiques 85 » n'ont pas tenu compte des données
psychologiques des sujets ayant participé à cette étude. Or le psyché influence le contrôle postural
(FLOIRAT, 2005). Il semble dès lors qu'il faille tenir compte de l'influence du psychologique et
plus particulièrement de ces désordres et dysfonctionnements à l'occasion de l'établissement des
futurs calculs statistiques qui pourraient être entrepris (KEMOUN, 2008).
Les « normes enfants » de l’AFP concernent uniquement des enfants de 7 ans. Il y a une
absence de population adolescente de référence concernant les normes de l’équilibre statique.
Il faut donc se méfier de toutes les études stabilométriques décrites à ce jour concernant des
adolescents. L’évaluation de l’efficacité du traitement des sujets scoliotiques mesurée par les
examens cliniques et radiologiques seraient enrichie par la prise en compte du bilan stabilométrique.
L’étude insiste sur le fait qu’elle devrait passer par « la mise en place d’une population témoin
d’adolescents ». (BERNARD, 1999).
Malgré toutes les études concernant des pathologies asymétriques, il n’y a pas de normes
de publiées concernant le bilan unipodal (FABRI, 2005, HOT, 2007). Dans ces études concernant
les ruptures de LCA, le côté controlatéral est supposé sain et sert ainsi de valeurs de référence. Or le
membre inférieur supposé sain connaît des troubles proprioceptifs et est rarement pris en compte
lors de la rééducation. Il faut donc se méfier de ces résultats.
Les « Normes 85 » ont été réalisées à une fréquence de 5 Hz (5 repérages par seconde), de
part les capacités des ordinateurs de l’époque. Certaines études utilisent une plate-forme
normalisée, mais à une fréquence de 40 Hz (40 repérages par seconde des excursions du centre de
23
pression) (AUFAUVRE, 2005 ; AGNANI, 2009). Les valeurs des paramètres X-moyen, Y-Moyen,
Surface, Quotient du Romberg, ANO2 ne sont pas modifiées de façon significative lorsqu'on
augmente la cadence. Seul le paramètre de longueur augmente de façon significative lorsqu'on
augmente la cadence. Dans ces conditions, le maintien d’une fréquence à 5 Hz pour l’usage clinique
semble encore recommandé (GAGEY).
Les auteurs des « Normes 85 » ont postés dans leur document une « Note sur l’effet
d’apprentissage ». Ils en concluent que le fait de passer plusieurs fois sur la plate-forme n’entraine
strictement aucun effet d’apprentissage sur la précision du système postural » (GAGEY, 1988). Or
l’étude de VAN DAELE et al qui souhaitait tester la reproductibilité de l’évaluation du contrôle
postural sur une population de lombalgiques à l’aide d’une plate-forme de force conclue à un effet
d’apprentissage lors de l’utilisation de la plate-forme au fur et à mesure des analyses successives
concernant les écarts du centre de pression (16 tests par personne avec 10 minutes d’intervalle entre
chaque enregistrement) (VAN DAELE, 2007). Ces patients étaient assis lors des enregistrements,
ce qui diffère de la population testée debout par GAGEY et al. L’HAS décrit également un effet
d’apprentissage lors de la répétition des tests augmentant lorsque les tests sont rapprochés
(MULLER, 2007). Cette notion est alors à prendre en considération dans l’interprétation des
résultats.
Depuis avril 1994, l´examen de stabilométrie est pris en charge par la Sécurité Sociale au
Japon, il est donc pratiqué dans tout le pays. Or, il n´existe pas de normes japonaises de
construction des plates-formes de stabilométrie, seulement des indications sur leurs performances
24
minima. Une des entreprises japonaises, Anima Corporation, qui fabrique des plates-formes de
stabilométrie depuis une vingtaine d´années a entrepris de réaliser un travail de collecte de données
recueillies sur sa plate-forme. Il s´agit donc des normes de stabilométrie «ANIMA» (IMOAKA,
1997).
La plate-forme ANIMA n´est pas construite aux normes de l´AFP, elle est utilisée dans des
conditions différentes des normes d´enregistrement de l’AFP: cible visuelle à 2 mètres du sujet,
pieds joints, durée de l´enregistrement de 60 secondes, absence de surveillance du niveau de
vigilance. De ce fait, les études faites sur des plateformes normalisées type AFP ne peuvent prendre
en compte les normes Anima publiées au Japon. Par contre, les normes japonaises de stabilométrie
ont procédé à l’examen stabilométrique d’environ 2000 hommes et femmes, en bonne santé,
beaucoup plus importante que la population de 50 hommes et femmes pris en compte par Gagey et
al. On observe des différences entre les données recueillies provenant de l’environnement, des
méthodes d’examens, de la position des pieds, des caractéristiques des locaux, de la fréquence
d’échantillonnage de 20 HZ. La durée d’acquisition est de 60 secondes, ce qui est difficile
d’interpréter les résultats des sujets qui ne peuvent rester debout que peu de temps. C’est pourquoi
les japonais ont établis une base de données pour 30 secondes d’enregistrement pour les enfants
et les personnes âgées. Ce premier rapport conduit par IMOAKA concerne la surface, la longueur
du statokinésigramme, la vitesse moyenne, le X-moyen et Y-moyen, LFS et le quotient de Romberg
observées au cours d´enregistrements de 60 et de 30 secondes.
J’ai eu des difficultés à recueillir des emails de kinésithérapeutes, surtout ceux exerçant en
hôpital ainsi qu’en libéral. Peu ont à leur cabinet une plateforme de stabilométrie pour plusieurs
raisons. La première est la méconnaissance de la discipline en elle-même. Certains ne savaient pas
en quoi consistait une analyse statique stabilométrique. Deuxièmement, les kinésithérapeutes
contactés qui ne possédaient pas l’outil ont mis en avant le côté onéreux d’un tel instrument, et que
cet investissement ne leur semblait pas utile dans leur pratique professionnelle, ce que 2
kinésithérapeutes questionnés ont également répondu dans les inconvénients.
25
questionnaire ont été motivés et intéressés par la problématique et sont les personnes utilisant le
plus fréquemment la plateforme de stabilométrie. Le nombre restreint de masseur-kinésithérapeutes
ayant répondus au questionnaire (30) ne permet pas de généraliser sur la méconnaissance de la
pratique de la stabilométrie en kinésithérapie, car ce n’est pas représentatif de la population de
masseur-kinésithérapeutes pratiquant la stabilométrie statique.
Concernant les « Normes 85 », j’ai souhaité obtenir un contact par mail ou téléphonique
avec Mr GAGEY afin de me tenir informée des dernières études en cours sur leur réévaluation.
Malgré les nombreuses relances, je n’ai eu aucune réponse.
26
(BONAIUTI, 1996 ; AUFAUVRE, 2005 ; FABRI 2005 ; FLOIRAT 2005 ; HOT, 2007 ; GASK
2009).
Peu d’études sont de niveau 2 avec un grade de recommandation coté à B fondé sur une
présomption scientifique (études de niveau intermédiaire de preuve) (BERNARD, 1999 ;
KEMOUN, 2008 ; AGNANI, 2009 ; MY, 2009).
La bibliographie proposée ne comprend aucune étude de recommandation de grade A
fondée sur une preuve scientifique établie (études de fort niveau de preuve).
V. CONCLUSION
La stabilométrie, étude de la posture érigée, a été largement décrite par P.M Gagey. Les
plateformes de force permettent de mesurer la variation du centre de pression d’un sujet debout en
statique, dans plusieurs configurations (yeux ouverts ou fermés, avec ou sans chaussures, avec
mousse.…).
La stabilométrie trouve son utilité dans toutes les pathologies responsables de troubles de
l’équilibre : (en neurologie, en gériatrie), mais également dans les pathologies générant une
instabilité posturale (traumatologie, rhumatologie..).
La Haute Autorité de Santé n’a pas validé la pratique de la stabilométrie dans le domaine de
la kinésithérapie, cependant elle rend un avis favorable pour l’inscription de l’acte avec un Service
Attendu suffisant pour les médecins exerçant en Médecine Physique et de Réadaptation (HAS,
2007). Elle préconise une formation spécifique. La stabilométrie est fortement conseillée dans le
domaine de la pédicurie-podologie (ANAES, 2001).
Les masseur-kinésithérapeutes pratiquent largement la stabilométrie en centre de
rééducation. Cependant, le protocole d’installation d’analyse du patient complexe, majoré par les
paramètres environnementaux stricts ne leur permettent pas d’assurer la reproductibilité de
l’examen. De plus, peu de paramètres sont analysés et compris par les examinateurs, malgré les
formations assurées par les fournisseurs de plate-forme. L’outil en lui-même comporte des biais
importants. Les kinésithérapeutes ressentent le besoin de s’y former d’avantage afin d’exploiter
l’outil au maximum de ses compétences, indiquant que dans leur pratique professionnelle elle
n’était utile que de temps en temps à 55.2 %.
L’hypothèse proposée comme quoi les masseur-kinésithérapeutes sont limités dans leur
action professionnelle du fait de l’environnement à respecter, la procédure à appliquer et les
27
paramètres à analyser est validée. Cependant, selon l’échantillon restreint de cette étude (29), une
étude à plus grande échelle serait intéressante à entreprendre.
Aujourd´hui la stabilométrie est largement répandue en pratique médicale. Dans ce contexte,
la publication de normes de stabilométrie est essentielle car elles servent de référence pour
l´interprétation des résultats d´examens. Une absence de normes universelles est à déplorer :
Normes européennes 85 critiquées versus Normes japonaises de la plate-forme ANIMA non
validées en Europe. Egalement, la reproductibilité des paramètres mesurés et la non-concertation
des constructeurs de plate-forme entre eux ne facilitent pas son utilisation et l’exploitation de toutes
ses capacités. De nombreuses divergences existent entre la littérature et la pratique courante
concernant ses avantages et inconvénients, notamment en matière de fiabilité de la pratique (aucun
article référencé de Grade A au niveau Recommandations de l’HAS).
Examen de seconde intention, la posturographie présente un intérêt thérapeutique en
kinésithérapie car c’est un outil d’évaluation aidant à la décision thérapeutique, et permettant le
suivi des patients grâce aux chiffres qu’elle procure. Les informations fournies permettent de
préciser et d’individualiser les stratégies de rééducation en fonction des déficiences retrouvées par
l’analyse.
La stabilométrie est pour ma part un outil de qualité à réinvestir dans ma future pratique
professionnelle de kinésithérapeute associée à mes compétences de pédicure-podologue. Ce travail
a permis de découvrir tous les enjeux qu’un tel instrument mis sur le marché peut avoir grâce aux
différents professionnels contactés nécessaires à cette étude : constructeurs, fournisseurs, masseur-
kinésithérapeutes, pédicure-podologues, associations de Posturologie. Elle a permis de me
responsabiliser et de remettre en question les compétences acquises de celles réellement maitrisées
sur le terrain en développant un esprit critique. Cela à porté aussi bien sur l’utilisation de la plate-
forme en stage et son explication aux patients et kinésithérapeutes, que sur la difficulté d’établir un
contact avec les professionnels en vu de répondre à mes demandes. J’ai pu m’initier à de nouvelles
aptitudes: la création d’un questionnaire précis et rigoureux ainsi que l’analyse de littérature
scientifique.
La stabilométrie est un bon outil de communication avec les patients et avec les autres
professionnels de santé. En effet, l’examen est pluridisciplinaire, et fait intervenir de nombreux
spécialistes : ORL, médecins et neurologue préconisés par l’HAS ; mais également les masseur-
kinésithérapeutes, les pédicure-podologues,… Cela multiplie donc les possibilités d’intervention et
de choix des techniques imposant la nécessité d’une prise en charge individuelle adaptée.
Cependant, avec le développement de nouvelles technologies et des plates-formes combinant
l’analyse statique à la rééducation dynamique sur plateau instable, la maîtrise d’une telle pratique va
demander une expertise supérieure aux utilisateurs. Les formations de stabilométrie vont devoir
28
améliorer leurs services et se porter sur la pluridisciplinarité de la stabilométrie afin d’être plus
performantes. Elles se doivent d’être plus compétentes en matière de formation à la reproductibilité
de bilans à l’heure où l’utilisation d’outils valides dans notre système de santé est essentielle.
29
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de l’allemand par André Kient.
ANNEXES
La SURFACE est la surface de l’ellipse de confiance qui contient 90% des positions
échantillonnées du centre de pression. Elle chiffre en mm2 la précision du système postural, la
stabilité du sujet. Elle se présente sous la forme d’une
« pelote » de points matérialisant les déplacements du
centre de pression pendant le temps de l’enregistrement.
La LONGUEUR du statokinésigramme. Il s’agit des déplacements successifs du centre de pression
à l’intérieur de la surface en mm. On peut l’assimiler à la longueur développée par les différentes
projections du centre de pression.
Le X-MOYEN est la moyenne des valeurs des abscisses du centre de pression dans le plan frontal
sur le référentiel du statokinésigramme. Il permet de déterminer la symétrie de la mise en charge et
d’évoquer une asymétrie éventuelle de posture d’étiologie non précisée. Ce paramètre étudie le
roulis, c’est à dire la désaxassion latérale du centre de pression. Il s’exprime en millimètre, il est
négatif pour une déviation à gauche, positif pour une déviation à droite.
Le QUOTIENT DE ROMBERG est le rapport de la surface les yeux fermés sur celle les yeux
ouverts. Il chiffre l’importance de l’entrée visuelle et donc le poids de la vision dans le contrôle
postural. Il est normalement supérieur à 1. Si le quotient est inférieur à 1, cela signifie que la
précision du système postural est meilleure lorsque le sujet ferme les yeux.
L’AN02
Chez le sujet sain, les mouvements de la cage thoracique n’influencent pas les oscillations. Le
rythme ventilatoire apparait dans certaines affections qui modifient la symétrie de tonus des
muscles paravertébraux. On observe alors un pic de fréquence dans la bande 0.2 Hz. ANO2 est le
paramètre d’amplitude normalisé à 0.2 Hz.
Les TRANSFORMEES DE FOURIER (FFT) : (Fourier-Fast-Transform) :
Le stabilogramme est la somme d'oscillations de fréquences et d'amplitudes différentes.
L'analyse de Fourier consiste à séparer et ranger ces différentes oscillations par ordre de fréquence
en donnant pour chacune d'elle son amplitude.
La transformée de Fourier range en abscisse les fréquences et en ordonnée l'amplitude des
oscillations. C’est une analyse spectrale des stabilogrammes qui permet d’individualiser 3 bandes
de fréquences qui représentent chacune le fonctionnement des principaux systèmes intervenant dans
l’équilibre
• basse fréquence : voie oculo-vestibulo-spinale (BF)
• moyenne fréquence : cervelet (MF)
• haute fréquence : proprioception (HF)
.
Autres paramètres non pris en compte dans le questionnaire
Le LFS est le rapport de la longueur sur la surface. Il traduit le chemin que le centre de pression
parcourt par unité de surface et renseigne sur la consommation d’énergie dépensée par le sujet pour
contrôler sa posture orthostatique.
Le QUOTIENT PLANTAIRE est le rapport de la surface du sujet enregistré avec mousse de celle
sans mousse. Il chiffre l’importance de l’entrée podale.
ANNEXE 2 : Positionnement des pieds du sujet sur plate-forme de force
C : centre de la plate-forme
Profession :
• Pédicure-Podologue
Vous exercez:
• en centre de rééducation
• en libéral
• Autre :
• Medicapteurs
• Techno Concept
• Satel
• Autre :
• pédiatrie
• adolescent
• gériatrie
• sportif
• neurologie
• rhumatologie
• traumatologie
• en fonction de la pathologie
• Autre :
A quoi vos résultats de paramètres vous servent-ils dans la pratique de votre métier ?
• Outils de bilans chiffrés (statokinésigramme, troubles statiques, évaluation posturale globale) afin d’obtenir un suivi de
progression
• Autre :
• pieds nus
• yeux ouverts
• yeux fermés
• Autre :
• oui
oui non
• inutile
• utile souvent
• indispensable
Faites vous contrôler régulièrement (tous les 2 ans) votre plateforme par un intervenant extérieur tel que fournisseurs,
électroniciens (jauges de contraintes, câblages, composants électroniques de la plateforme,…) ?
• oui non
Comment avez-vous connu la pratique de la stabilométrie ?
• lors de congrès
• formation continue
• Autre :
Avez-vous suivi une formation pour vous initier et vous former à la pratique de la stabilométrie ?
oui non
• Autre :
• surface
• longueur
• quotient de Romberg
• X-moyen
• Y-moyen
• transformées de Fourriers
• VFY
• ANO2
• Autre :
Vous référez-vous aux Normes 85 (décrites par Gagey et Bizzo) pour analyser vos résultats ?
oui non
Sur une échelle de 0 à 10 veuillez indiquez comment vous pensez maitriser l’outil (0 étant le plus faible et 10 la maitrise
parfaite)
oui non
cabine pieds 30° cible à fil à 2000 51,2 mousse Pas consi YO YF autre
nus 0,90 cm plomb lux s de gnes
bruit
1 X X X X X
2 X X X
3 X X X X X X
4 X X X X X X X
5 X X X
6 X X X X X X corset
7 X X X X
8 X X X X X
9 X X X
10 X X X X X
11 X X X X X
12 X X X X X X X
13 X X X X X X X X
14 X X X X X
15 X X X X X X
16 X X X X X X
17 X X X
18 X X X X
19 X X X X X X X X
20 X X X X X X
21 X X X X X X X X X
22 X X
23 X X X
24 X X X X X
25 X X X X X
26 X X X X X
27 X X
28 X X X X X
29 X X X X X X X
TO 6 13 14 6 2 2 20 3 8 20 29 25
TAL
ANNEXE 5 : Résultats des différents paramètres stabilométriques à analyser par les
MKDE
1 X X X X
2 X X X X X X
3 X X
4 X X
5 X X
6 X X X X
8 X X X X
9 X
10 X X
11 X X X X X
12 X X X X
13 X X X X
14 X X X X
15 X X X X
16 X X X X X
17 X X X X
18 X X X X
19 X X X X
20 X X X
21 X X X X X
25 X X
27 X X X X
28 X X X X
29 X X X X X X X
TOTAL 24 22 16 16 7 2 2 1