MIMO
MIMO
MIMO
Thèse
présentée devant
l’Institut National des Sciences Appliquées de Rennes
pour obtenir le titre de
Docteur
spécialité : Electronique
Techniques multi-antennes
émission-réception
-
Applications aux réseaux domestiques
sans fil
par
Philippe GUGUEN
Hier encore confinés au monde professionnel, les réseaux locaux sans fil, propulsés par
les avancées de l’électronique et du traitement du signal, se démocratisent à grands pas.
Plus flexibles, moins chers que les solutions filaires, leurs perspectives de développement
restent cependant lourdement conditionnées par leur aptitude à supporter des débits
suffisants pour les applications multimédia. Dans cette course vers les hauts débits, des
chercheurs des laboratoires Bell ont donné une impulsion décisive lorsque, en 1996, ils ont
mis en évidence la possibilité d’accroı̂tre substantiellement les débits de transmission par
l’emploi simultané de réseaux d’antennes à l’émission et à la réception. Le paradigme des
systèmes de communication à entrées multiples et à sorties multiples MIMO (Multiple
Input-Multiple Output) était né.
Rares sont les standards existants compatibles avec le transport de services multimé-
dia hauts débits. La norme HIPERLAN2, affichant des taux de transferts bruts jusqu’à
54 Mbit/s dans la gamme de fréquences de 5 GHz, en fait partie. Se pose alors na-
turellement la question d’évaluer dans quelle mesure une extension MIMO permettrait
d’augmenter ces débits. L’objectif de cette thèse, menée dans le cadre d’une collaboration
entre THOMSON multimédia et le Laboratoire Composants et Systèmes pour Télécom-
munications (LCST) de l’INSA de Rennes, est d’apporter quelques éléments de réponse
à ce problème.
Après un premier chapitre introductif donnant un aperçu du monde des réseaux locaux
sans fil et des techniques de transmission haut-débit, le second chapitre traite du canal
de propagation radioélectrique. De la connaissance fine des mécanismes d’interaction du
signal avec le milieu, le concepteur peut déterminer si l’environnement est propice au
déploiement d’un système MIMO et, dans l’affirmative, élaborer une stratégie capable
d’exploiter au mieux la structure du canal. Les outils requis dans la construction des
chaı̂nes d’émission et de réception seront fournis par la théorie de l’information, sujet
au cœur du troisième chapitre. Finalement, le quatrième chapitre présente un état-de-
l’art des techniques de traitement temps-espace, qui va servir de base au dernier chapitre
étudiant l’apport de la technologie MIMO au standard HIPERLAN2.
Mots clés : réseaux domestiques sans fil haut débit, systèmes MIMO, ré-
seaux d’antennes, multiplexage spatial, HIPERLAN2.
vi
Application
Implémentation
Modélisation
Spécification
Chapitre 1 : Introduction
Plan du mémoire
Ce mémoire de thèse ne revêt pas le schéma classique en ce sens qu’il ne répond pas à
la problématique posée de manière quantitative, à l’aide, entre autres, de développements
analytiques ou de simulations numériques. Le manque de connaissances initiales propres
aux systèmes de communication à double réseaux d’antennes, ainsi que l’étendue des
domaines couverts, comptent parmi les causes de ce fait.
Le contenu, à caractère didactique, tente de donner une vue d’ensemble des systèmes
de communication MIMO. Il retrace le cheminement suivi pendant la durée de cette thèse,
détaillant les étapes significatives menant de la spécification des besoins de l’application
jusqu’à l’ébauche d’une première solution.
Remerciements iii
Avant-propos v
1 Introduction 1
1.1 Position du problème . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
1.2 Le monde des réseaux locaux sans fil . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
1.2.1 Organismes de standardisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
1.2.2 Technologies propriétaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
1.3 Techniques de transmission haut-débit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
1.3.1 Systèmes de communication sans fil . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
1.3.2 Vers les systèmes MIMO . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
1.4 Organisation du mémoire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
1.4.1 Plan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
1.4.2 Définitions et modèle système . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
Nomenclature
x, X scalaire
x vecteur — xn : vecteur de taille n
X matrice — X m×n : matrice à m lignes et n colonnes
x, X variable aléatoire scalaire
x vecteur aléatoire
X matrice aléatoire
~x vecteur spatial
X ensemble — {x(k)}k : ensemble de points
[x(1) . . . x(k)] vecteur, rangement en ligne
[x(1) | · · · | x(k)] vecteur, rangement en colonne
Analyse
N ensemble des naturels
Z anneau des entiers relatifs
R corps des nombres réels
C corps des nombres complexes
Z/nZ
R anneau des entiers modulo
R n R R R
R (·) d~r3 (·) dx, (·) dy, (·) dz]T
intégrale vectorielle, R (·) d~r , [ RRR
(·) d r intégrale volumique, (·) d3 r , (·) dx dy dz
F (·) transformée de Fourier
L (·) transformée de Laplace
W (·) transformée de Wigner-Ville
b·c entier inférieur
d·e entier supérieur
(·)+ = max(·, 0)
Re(·) partie réelle
Im(·) partie imaginaire
Algèbre
(·)T transposé
(·)∗ conjugué
(·)H Hermitien — (·)H/2 , [(·)1/2 ]H
(·)† pseudo-inverse (Moore-Penrose)
I matrice identité
xviii Notations mathématiques
0 matrice nulle
· produit scalaire
⊗ produit de Kronecker
|·| module
k·k2 norme euclidienne
k·kF norme de Frobenius d’une matrice
tr(·) trace d’une matrice
det(·) déterminant — det+ (·) : produit des valeurs propres positives non nulles
rang(·) rang d’une matrice
diag(·) diagonale — diag(X) : éléments de la diagonale de la matrice X,
diag(x) : matrice diagonale remplie par les éléments du vecteur x
vec(·) vectorisation d’une matrice (empilement des colonnes)
λ(·) spectre des valeurs propres
σ(·) spectre des valeurs singulières
0, 0 matrice définie positive et définie semi-positive
Probabilité
P(·) probabilité discrète
p(·) densité de probabilité
P(· | ·) probabilité conditionnelle
E{·} espérance
H(·) entropie — h(·) : entropie différentielle
I(·) information mutuelle
R (·) fonction de corrélation — R x (·) et R xy (·) : fonctions d’autocorrélation
et intercorrélation
S(·) densité spectrale de puissance d’un processus stationnaire — S x (·) et
S xy (·) : densité spectrale et densité interspectrale
W̄ (·) transformée de Wigner-Ville généralisée
R matrice de corrélation — Rx et Rxy : matrices d’autocorrélation et
intercorrélation
N (µ, σ) distribution gaussienne de moyenne µ et de variance σ 2 ,
CN (µ, σ) distribution gaussienne complexe à symétrie circulaire de moyenne µ et
de variance σ 2 — CN (µ, R) et CN (µ, R) : distributions vectorielle et
matricielle
CW n (m, Σ) distribution de Wishart de taille n à m degrés de libertés et Σ covariance
des colonnes √ R∞
Q(·) fonction de Marcum, Q(x) , (1/ 2π) x exp(−u2 /2) du
∼ processus identiquement distribués
Symboles
NT nombre d’antennes d’émission
NR nombre d’antennes de réception
x signal transmis — x(~ri (t), t), x(t), x(k), x, X
y signal reçu — y(~ro (t), t), y(t), y(k), y, Y
n bruit additif — n(~ro (t), t), n(t), n(k), n, N
h réponse impulsionnelle du canal — h (~ro (t), ~ri (t); t, τ ), h(t, τ ), H
Introduction
Sommaire
1.1 Position du problème . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
1.2 Le monde des réseaux locaux sans fil . . . . . . . . . . . . . . . 3
1.2.1 Organismes de standardisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
1.2.2 Technologies propriétaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
1.3 Techniques de transmission haut-débit . . . . . . . . . . . . . . 10
1.3.1 Systèmes de communication sans fil . . . . . . . . . . . . . . . . 10
1.3.2 Vers les systèmes MIMO . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
1.4 Organisation du mémoire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
1.4.1 Plan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
1.4.2 Définitions et modèle système . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
Les premiers réseaux locaux sans fil, apparus dans le monde professionnel à la fin
des années 80, ont été initialement pensés comme des alternatives bas coût au câblage
de bâtiments entiers. Cette motivation est aujourd’hui moins forte puisque la plupart
des bâtiments sont construits avec le câblage pré-installé et il s’est avéré que le coût de
câblage n’était pas aussi élevé que prévu. Les réseaux sans fil n’ont pu ainsi gagner la
popularité escomptée.
En toile de fond de cette thèse, les réseaux domestiques haut débit doivent faire face
à l’émergence d’applications multimédia, toujours plus exigeantes en termes de débit et
de qualité de service. Les limitations des systèmes actuels montrent que la recherche
d’alternatives viables est une priorité.
2 Introduction
La solution étudiée dans cette thèse a déjà été dévoilée dans le résumé du mémoire.
Le but de ce chapitre d’introduction ne se réduit pas à une simple redite mais essaye au
contraire de montrer comment l’on aboutit naturellement à cette proposition. Dans cette
optique, il commence par une définition claire de la problématique. Un état des lieux des
réseaux domestiques sans fil, pris au début de cette thèse, est ensuite proposé, apportant
par là même les premiers éléments de réponse. L’examen des techniques de transmission
haut débit et de leurs futures évolutions permet finalement de spécifier entièrement le
système. Ce chapitre se termine par la présentation du plan du document et les définitions
et notations employées.
Les zones de texte marquées d’un filet vertical, accompagnées des régions grisées
apparaissant sur les figures, regroupent les principaux résultats de ce chapitre, permettant
une première lecture rapide.
Un réseau domestique (cf. figure (1.1)) désigne la mise en commun d’appareils hé-
térogènes tels que des équipements ménagers, informatiques (PC, imprimantes, autres
périphériques) ou multimédia (TV, lecteur CD/DVD, chaı̂ne audio. . . ), chaque famille
d’équipements possédant ses propres contraintes en termes de débit et de qualité de
service, comme le montre le tableau (1.1). Cette hétérogénéité des applications tranche
nettement avec les réseaux d’entreprise et rend le plus souvent nécessaire la spécialisation
des réseaux.
Réseaux d’accès
Point d’accès
P.C.
HiFi
Borne
TV – vidéo
Il existe une grande variété de réseaux locaux qui se distinguent par l’architecture et le
protocole d’accès, ainsi que par le format de modulation et les performances en termes de
capacité et de fiabilité. Ce classement n’est pas fortuit mais correspond aux deux couches
basses du modèle OSI (OSI — Open System Interconnection) redéfinies par les standards
de réseaux locaux sans fil, i.e. la couche physique et la couche de contrôle de liaison. On
peut se référer à la figure (1.2).
La couche de contrôle de liaison (DLC — Data Link Control) administre les liens
entre noeuds du réseau. Elle est divisée en deux sous-couches : la couche d’accès au milieu
Version soumise — 3/4/2003
4 Introduction
MAC (Medium Access Control), contrôlant les méthodes et les permissions d’émission des
équipements, et la couche de contrôle logique (LLC — Logical Link Control), gérant le
flux de données et la correction complète des erreurs. L’architecture du réseau, de type
centralisé ou maillé, conditionne l’organisation de la DLC. Un réseau maillé, ou réseau ad-
hoc, se définit comme une collection d’entités mobiles interconnectées formant un réseau
temporaire sans l’aide de toute administration. A l’inverse, le réseau centralisé requiert la
présence d’une entité maı̂tre gérant les communications entre les différents équipements.
Utilisateur
Cette section offre une vision d’ensemble du paysage des réseaux locaux sans fil telle
qu’elle se présentait dans le courant des années 1999-2000. Le but est ici de dégager le
contexte dans lequel cette thèse est née et non de donner un état de l’art actualisé. Aux
reproches justifiées portant sur l’absence de mise à jour, on peut rétorquer que les progrès
lors de ces trois dernières années ont été relativement ténus et que, bien au contraire,
le contexte économique de crise a considérablement freiné les efforts de recherche et a
entraı̂né la disparition d’un grand nombre de technologies privées.
Par souci de clarté, les normes issues d’organismes de standardisation ont été dissociées
des solutions propriétaires.
Les réseaux HIPERLAN1 sont maillés, pour les applications asynchrones, ou co-
ordonnés par un noeud central sélectionné dynamiquement, avec pour charge de
répartir les ressources. La portée typique dans un environnement intérieur s’étend
de 35 à 50 m.
HIPERLAN2 : Le protocole HIPERLAN2 s’apparente à une version sans fil d’ATM.
Les spécifications couvrent les couches PHY et DLC, comme HIPERLAN1, au-
dessus desquelles vient s’ajouter une couche de convergence dont le rôle est d’adap-
ter les requêtes des couches supérieures (IP, UMTS, ATM, IEEE 1394) aux services
offerts par la DLC.
Deux modes d’opérations sont prévus en fonction de la nature du trafic. Le mode
centralisé est choisi lorsque la majeure partie du trafic transite vers le réseau d’infra-
structure via un point d’accès. Dans le cas contraire, le mode direct est approprié,
avec un contrôleur central, sélectionné dynamiquement, gérant la communication
entre terminaux et le maintien de la qualité de service. La cohabitation de réseaux
voisins est assurée par un mécanisme de sélection dynamique de fréquence.
La couche PHY repose sur la modulation multiporteuse OFDM (OFDM — Or-
thogonal Frequency Division Multiplex), choisie pour sa robustesse à la sélectivité
fréquentielle du canal de propagation. Le débit brut, très élevé, monte à 54 Mbit/s,
dont 25 Mbit/s net en sortie de la couche de convergence. La couche MAC utilise un
mode TDMA/TDD (Time-Division Multiple-Access/Time-Division Duplex), avec
division dynamique du temps et réservation de la connexion.
HIPERLAN3 : Le troisième volet du projet BRAN, HIPERACCESS, spécifie un sys-
tème de communication point-à-multipoint en extérieur pour la boucle locale radio
à haut débit. La bande allouée se situe dans le spectre des 40 GHz et la modulation
envisagée est de type monoporteuse, pour une portée estimée à 5 km.
HIPERLAN4 : La norme HIPERLINK est dédiée aux liaisons point-à-point très haut
débit (> 155 Mbit/s) et à courte distance (< 150 m). Le processus de standardisa-
tion n’est actuellement pas amorcé.
IEEE 802.11 : Le standard IEEE 802.11, ratifié en 1997, est la première extension
Ethernet sans fil attaquant le marché des réseaux locaux à bas débit et faible coût.
Trois formats de transmission distincts ont été définis : deux méthodes de trans-
mission radiofréquence dans la bande ISM à 2.45 GHz, basées sur l’étalement de
spectre, et une troisième méthode de transmission dans l’infrarouge. Les techniques
de transmission RF sont l’étalement de spectre par saut de fréquence (FHSS -
Frequency Hopping Spread Spectrum), combinée à une modulation GFSK, ou par
étalement direct (DSSS — Direct Sequence Spread Spectrum), utilisant les modu-
lations BPSK ou DQPSK. Le débit brut s’élève à 1 Mbit/s, voire 2 Mbit/s en DSSS
avec la modulation DQPSK, pour atteindre au mieux 1.2 Mbit/s au sommet de
la couche MAC. Le choix entre les deux alternatives dépend d’un certain nombre
Version soumise — 3/4/2003
1.2 Le monde des réseaux locaux sans fil 7
HIPERLINK
HIPERACCESS Infrastructure
réseau
HIPERLAN1 /
HIPERLAN2
Point d’accès
Terminal
Le dynamisme du marché vers la fin des années 90 a conduit les entreprises à unir
leurs efforts de recherche au sein de consortiums dans le but d’éditer des standards pro-
priétaires, en mesure de rivaliser avec les standards officiels issus d’organismes de stan-
dardisation tels que l’ETSI et l’IEEE.
Parmi les groupes d’intérêt ayant eu un impact significatif, on citera les standards
BlueTooth et HomeRF :
Bluetooth : Lancé par Ericsson en 1998, Bluetooth [1] est un réseau, à faible puissance
et donc faible couverture, adapté à la transmission de données entre appareils numé-
riques (assistant, téléphone, appareil photo, portable...). Il offre des débits moyens
de 1 Mbit/s, sur une zone de couverture de 10 cm à 30 m en pratique.
La couche physique repose sur une transmission à étalement de spectre par saut
de fréquence FHSS (1600 sauts/s) et une modulation des données GFSK. Par com-
paraison avec les autres systèmes utilisant un mode de transmission identique, une
cadence de saut plus rapide et des paquets plus courts confèrent à BlueTooth une
meilleure résistance au bruit et aux interférents.
HomeRF : Soutenu initialement par des acteurs comme Compaq, HP, IBM, Intel et
Microsoft, HomeRF [2], imaginé avant tout pour un usage domestique, est conçu
pour le transport de la voix en mode numérique et de données. La couche physique
repose sur une transmission FHSS (50 sauts/s), combinée à une modulation FSK.
Les débits bruts sont compris entre 1 et 2 Mbit/s (2FSK, 4FSK), pour des perfor-
mances théoriques comparables à celles de IEEE 802.11. La couche MAC hybride
regroupe un mode TDMA pour la voix et autres services interactifs, ainsi qu’un
mode CSMA/CA pour la transmission des données.
iEEE 1394b
iEEE 1394a
Home PNA
IEEE 1394
PowerLine
PowerLine
USB NG
Protocoles
filiares
Débit brut
Protocoles
sans fil
Bluetooth
HomeRF
IEEE 802.11b
IEEE 802.11
HIPERLAN2
IEEE 802.11a
Le signal capté par le récepteur, qui est en soi une mesure particulière du champ élec-
tromagnétique, résulte d’une superposition complexe d’ondes stationnaires et propagées.
Par le jeu des interférences constructives ou destructives, la dynamique enregistrée en
fonction de la position, de l’instant et de la fréquence pourra être marquée. On regroupe
ces phénomènes sous le nom d’évanouissements et l’on parle de milieu sélectif. Le récep-
teur récupère une version altérée du signal transmis, dont il sera éventuellement en mesure
de restaurer le contenu en fonction de la sévérité des effets induits par la propagation.
On supposera, dans notre application, que le bruit additif est blanc. Pour en
comprendre la raison, il suffit de se remémorer que le bruit structuré dans le
spectre des 5 GHz, réservé aux réseaux locaux, est presque exclusivement dû à
l’interférence d’accès multiple interne au réseau ou provenant d’autres réseaux
situés à proximité. Ces problèmes sont gérés par la couche MAC.
On se concentrera sur l’exploitation de la sélectivité du canal en faisant abstrac-
tion des évanouissements à grande échelle. Ces derniers relèvent avant tout de
la fréquence de travail, de la puissance d’émission et de l’environnement, trois
facteurs fixés par l’application considérée et les régulations associées.
La prise en compte des défauts liés au matériel, nécessaire dans la pratique, sort
du cadre de cette thèse.
Défauts du système
Bruit blanc Bruit externe
Bruit
Bruit coloré Interférence d’accès mutliple
Parasites
Brouilleurs
La figure (1.6) propose un schéma générique possible, plus détaillé. Celui-ci se veut
toutefois purement illustratif puisque l’éclatement de l’émetteur et du récepteur en une
Version soumise — 3/4/2003
12 Introduction
Des considérations théoriques prouvent que les réseaux sans fil existants sous-exploitent
notablement la ressource disponible, par opposition aux systèmes filaires relativement
proches des performances théoriques optimales. L’explication provient de la lenteur du
transfert technologique de la théorie vers la pratique. A ce propos, l’invention de la plu-
part des techniques implantées dans les réseaux radioélectriques existants remonte à une
trentaine d’année.
Augmentation des débits : Le débit effectif supporté par un réseau local, égal au
débit brut transmis réduit d’un facteur tenant compte des mécanismes de contrôle d’ac-
cès et de correction d’erreurs, fixe la bande passante réellement offerte aux applications
communicantes. Mesuré en entrée de la couche de transport, il dépend simultanément des
couches DLC et PHY, lesquelles doivent être optimisées conjointement afin d’éviter des
combinaisons malencontreuses [4, 5].
Source Destinataire
Codage de Décodage
canal canal
Symboles
codés
Modulation Démodulation
numérique numérique
Signal
électrique
Filtrage Filtrage
Amplification Amplification
Transducteur Transducteur
électromagnétique électrique
Signal
électromagnétique
Fig. 1.6: Architecture générique d’une chaı̂ne de communication (Liaison point-à-point) — Ap-
proche fonctionnelle
Revenons dans un premier temps sur les solutions implémentées dans les réseaux
actuels :
– Les modulations à bande étroite (HIPERLAN1) : elles sont caractérisées par une
occupation spectrale voisine de la bande minimale nécessaire à la transmission
de l’information [6, 7].
Les performances sont limitées par la difficulté à égaliser le canal, qui sera d’au-
tant plus marquée que le débit de transmission sera élevé et le milieu sélectif, deux
caractéristiques partagées par notre application [8, 9]. En dépit de l’existence
d’algorithmes capables de corriger des évanouissements profonds, les égaliseurs
classiquement implémentés, de complexité limitée pour des contraintes de coût
et de consommation, se comportent mal face à des milieux fortement sélectifs en
fréquence.
– L’étalement de spectre (IEEE 802.11, Bluetooth, HomeRF) : cette technique
consiste à étaler l’information sur une bande de fréquence nettement plus large
que la bande nécessaire dans le but de combattre les distorsions liées à la propa-
gation et aux signaux interférents [10, 11].
Par sa définition même, l’étalement de spectre est adapté à la transmission sur
des canaux très perturbés, telle que la bande ISM, mais reste confiné à des ap-
plications bas débit du fait des largeurs trop faibles des bandes de fréquence
allouées.
– Les modulations multiporteuses (IEEE 802.11a, HIPERLAN2) : les modulations
multiporteuses OFDM peuvent être considérées comme des méthodes de multi-
plexage fréquentiel de l’information sur des canaux plats en fréquence [12, 13, 14].
Le principe consiste à diviser le flot de données en plusieurs flux parallèles, de
débits élémentaires suffisamment faibles pour être insensibles aux effets de sélec-
tivité fréquentielle du canal.
La relaxation résultante de la fonction d’égalisation en fait une solution convenant
particulièrement à la transmission haut débit sur des canaux difficiles [15, 16]. A
complexité identique, les débits atteints seront largement supérieurs à ceux d’un
système mono-porteuse.
Plusieurs axes de recherche ont été identifiés [17]. Une première solution évidente
consiste à travailler sur des bandes de fréquence plus larges. Face à l’encombrement
dissuasif du spectre radiofréquence, il est nécessaire de monter beaucoup plus haut
en fréquence, comme c’est le cas pour les applications micrométriques à 60 GHz,
ou encore d’utiliser des technologies à ultra large bande, étalant le message à l’aide
d’impulsions extrêmement brèves, de durée de l’ordre de la nanoseconde [18].
De nombreux progrès sont attendus pour le codage de canal. Ce domaine a as-
sisté à une véritable révolution avec l’invention des turbocodes en 1993, capables
d’atteindre des performances très proches de la limite de Shannon [19, 20]. Sché-
matiquement, l’idée consiste à traiter itérativement une même information brassée.
La recherche de nouvelles familles de modulations numériques est également à consi-
dérer. La plupart des modulations classiques sont en effet contruites pour des canaux
sans évanouissements et perdent toute leur efficacité sur un canal sélectif [21].
La tendance actuelle est au regroupement et à l’optimisation conjointe des fonc-
tions de codage et de modulation à l’émission, ainsi que de leur contreparties en
réception [22]. Ce mouvement a été amorcé avec l’apparition des modulations co-
D’un point de vue théorique, les propriétés d’un système de communication repose sur
deux mécanismes fondamentaux : la diversité, intuitivement le nombre de copies indépen-
dantes d’une même information présentes en réception, et le multiplexage, intuitivement
le nombre de signaux indépendants pouvant être échangés simultanément. Les techniques
évoquées jusqu’alors tentent d’optimiser ces paramètres en temps et en fréquence. La
question se pose alors de savoir ce qu’il en est du domaine spatial.
La dimension spatiale : Le potentiel de la dimension spatiale est apparu dès les dé-
buts des transmissions radio, où des éléments rayonnants directifs servaient à concentrer
l’énergie dans la direction de l’émetteur/récepteur, permettant, par filtrage, d’abaisser
la puissance d’émission et de minimiser l’impact des signaux interférents. L’emploi d’an-
tennes directives a par la suite été supplanté par l’apparition des réseaux d’antennes
adaptatifs, connus sous le nom d’antennes intelligentes, capables d’ajuster dynamique-
ment leur diagramme de rayonnement aux conditions de propagation [26, 27].
inter-éléments, peut mettre en forme le signal transmis de sorte que le récepteur reçoive
un ensemble de copies différentes du message (diversité d’émission).
Fig. 1.7: Evolution des systèmes SISO vers les systèmes MIMO
Parmi les différentes technologies émergentes préssenties pour améliorer les per-
formances de réseaux sans fil, les techniques multi-utilisateurs et les systèmes
MIMO sont les plus prometteurs. En choisissant de conserver la couche MAC
d’HIPERLAN2, les problèmes liés aux interférences multi-utilisateurs ne sont pas
prépondérants et ne nécessitent pas la mise en œuvre, dans un premier temps,
d’algorithmes particuliers.
La solution retenue pour la couche physique est donc la technologie MIMO.
1.4.1 Plan
Le but de cette thèse est d’élaborer une couche physique MIMO se substituant
à la couche originale du standard HIPERLAN2, de manière transparente à la
couche MAC, pour atteindre des débits de l’ordre de 100 Mbit/s. Le surcoût lié à
cette évolution doit rester compatible avec une commercialisation grand public.
Cette section définit les modèles et notations employés dans ce document. Dans la
mesure du possible, des concepts proches seront regroupés sous une même notation afin
de faciliter la lecture.
Un effort de nomenclature a été fait pour distinguer les différents types d’objects
mathématiques rencontrés par le recours à différents alphabets :
– Les symboles mathématiques minuscules x et majuscules X dénotent toujours des
scalaires.
– Les symboles mathématiques gras minuscules x et majuscules X désignent respec-
tivement des vecteurs et des matrices.
– Les formes droites, sans sérif, correspondantes sont employées pour les grandeurs
aléatoires, i.e. x, x et X dénotent un scalaire, un vecteur et une matrice aléatoire
respectivement.
La figure (1.8), obtenue en concaténant les parties grisées du schéma (1.6), donne une
vue d’ensemble du modèle système. Il illustre notamment la distinction entre canal de
propagation et canal de transmission théorique, intervenant respectivement dans l’étude
de l’environnement et de la chaı̂ne d’émission-réception théorique.
NT voies NR voies
d’émission de réception
H(t, τ ) y(t)
x(t)
le champ électromagnétique pour restituer un signal scalaire. Cette approche est transpa-
rente à l’analyse des mécanismes de propagation, vue au chapitre 2, et n’interdit pas, d’un
point de vue théorique, le recours éventuel à des diagrammes de rayonnement anisotropes,
qui peuvent être cascadés aux antennes isotropes.
Pour les liaisons sans fil radioélectriques à courte distance et à faible puissance, le com-
portement du milieu est linéaire et admet une description sous forme d’une réponse im-
pulsionnelle. En utilisant l’écriture la plus générale sur les systèmes linéaires variants [29],
le signal y(~ro (t), t), capté à l’instant t et à la position ~ro (t), est fonction du signal d’exci-
tation x(~ri (t − τ ), t − τ ), transmis τ secondes auparavant à la position ~ri (t − τ ), selon :
ZZ
y(~ro (t), t) = h (~ro (t), ~ri (t − τ ); t, τ ) x(~ri (t − τ ), t − τ ) d3 ri dτ + n(~ro (t), t) (1.1)
où h (~ro (t), ~ri (t − τ ); t, τ ) est la réponse impulsionnelle de l’environnement et n(~ro (t), t)
un bruit additif propre à l’environnement. Dans cette relation, les variables fléchées font
références au domaine spatial, et les indices o et iR aux signaux RRR de sortie (“output”) et
d’entrée (“input”) du canal. On a également défini (·) d3 r , (·) dx dy dz.
La relation (1.1) est utilisée pour caractériser le canal de propagation. Tout au long de
ce document, les signaux possèdent un spectre passe-bande, situé dans l’une des bandes
allouées aux réseaux locaux, et sont remplacés, sans perte de généralité, par les signaux
complexes équivalents en bande de base [6].
Le système considéré établit une liaison entre deux réseaux d’antennes, de NT éléments
à l’émission et NR à la réception. Par définition, une antenne joue le rôle d’un filtre spatial
et peut tout à fait être réalisée à partir d’un réseau, amenant à des systèmes SISO à
double réseau d’antennes. On conservera néanmoins, pour éviter d’alourdir l’exposé, les
dénominations classiques et l’on réservera les termes plus appropriés de voies d’émission
et de réception en cas d’ambiguı̈té.
avec hp,q (t, τ ) représente la réponse impulsionnelle du canal de propagation reliant la voie
d’émission q à la voie de réception p et np (t) le bruit additif associé, intégrant à présent
la composante de bruit due aux organes de réception.
Version soumise — 3/4/2003
20 Introduction
Une formulation compacte de la réponse globale est obtenue en regroupant les signaux
transmis et reçus sous forme vectorielle :
Z
y(t) = H(t, τ )x(t − τ ) dτ + n(t) (1.2)
Les signaux considérés ici sont générés par une modulation numérique sur fréquence
porteuse. En se restreignant à des modulations linéaires, l’expression générale du signal
transmis équivalent en bande de base s’écrit :
X
xq (t) = x(k, q)gT (t − kTs )
k
où la matrice H(k, l) ∈ CNR ×NT est la réponse du canal discrétisé et les vecteurs x(k) ∈
CNT , y(k) ∈ CNR et n(k) ∈ CNR les signaux transmis, reçus et le bruit additif. Le facteur
Ts est implicite.
La relation (1.3) est utilisée pour l’analyse du système théorique. Trois formes dérivées
apparaı̂tront au cours de ce mémoire :
X
y(k) = H(l)x(k − l) + n(k) (1.4)
l
Dans l’ensemble de ce document, le bruit additif est supposé gaussien2 , centré, de puis-
sance Pn . Les composantes réelle et imaginaire du bruit complexe équivalent sont indé-
pendantes et identiquement distribuées suivant une loi gaussienne de puissance Pn /2. Plus
généralement, les distributions aléatoires gaussiennes complexes vérifieront la contrainte
de symétrie circulaire, de sorte que la matrice de corrélation définisse entièrement la
statistique au second ordre.
Pour cela, on préfère, au diagramme fonctionnel de la figure (1.6), celui présenté sur
la figure (1.9), basé sur un découpage mathématique de la chaı̂ne de communication
théorique. Deux opérations fondamentales sont mises en évidence :
– le codage binaire à symbole, convertissant les bits d’information, ou plus générale-
ment des éléments d’un corps de Galois, en symboles appartenant généralement au
corps des nombres complexes,
– le codage symbole à signal, transformant les symboles en un signal électrique en
bande de base, éventuellement passe-bande si l’on inclue la partie de conversion
radiofréquence.
La nature, l’espace de définition et les métriques des signaux changent radicalement entre
l’entrée et la sortie de ces deux fonctions.
2
En admettant que le couplage entre des valeurs de bruit mesurées à des instants et des positions
différents, même très proches, est quasi nul, le bruit en sortie du filtre de réception résulte de la somme
d’un très grand nombre d’échantillons de bruit décorrélés et tend, en vertu du théorème de la limite
centrale, vers un processus gaussien [32].
Structure fonctionnelle
Emetteur Récepteur
Structure mathématique
Formes d’onde
- espace fonctionnel
- métrique euclidienne
Symboles
- corps des nombres complexes et extensions
- métrique euclidienne (modulations codées)
Bits
- corps de Galois et extensions
- métrique de Hamming (code)
Fig. 1.9: Architecture générique d’une chaı̂ne de communication (Liaison point à point) — Ap-
proche mathématique
Le canal de propagation
radioélectrique
Sommaire
2.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
2.2 Les phénomènes physiques de la propagation radioélectrique 28
2.2.1 Le signal spatio-temporel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
2.2.2 Le bruit radioélectrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
2.2.3 Phénomènes à grande échelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
2.2.4 Phénomènes à petite échelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
2.3 Caractérisation du canal spatio-temporel . . . . . . . . . . . . 36
2.3.1 Représentations mathématiques du canal de propagation . . . . . 36
2.3.2 Caractérisation déterministe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
2.3.2.1 Domaine spatial . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
2.3.2.2 Domaine temporel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
2.3.3 Caractérisation stochastique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
2.3.3.1 Statistiques au second ordre : corrélation, dispersion et
cohérence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
2.3.3.2 Domaine spatial . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
2.3.3.3 Domaine temporel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56
2.4 Modèles du canal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60
2.4.1 Modèles déterministes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61
2.4.2 Modèles stochastiques et stochastiques géométriques . . . . . . . 64
2.5 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69
Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72
2.1 Introduction
Le canal de transmission, entendu dans le sens général du terme, assure le lien entre
l’émetteur et le récepteur permettant le transfert de l’information. Une connaissance fine
28 Le canal de propagation radioélectrique
des mécanismes mis en jeu est indispensable à la conception d’une chaı̂ne de communi-
cation et à l’estimation des performances optimales.
Les phénomènes radioélectriques sont de deux ordres : les distorsions de l’onde élec-
tromagnétique et la superposition des signaux étrangers, désignés indifféremment comme
bruit. Les perturbations dues à l’interaction de l’onde avec le milieu sont observées à deux
niveaux distincts, selon que leur impact est visible à grande ou à petite échelle.
constants et égaux à ceux du vide1 . L’absence de dispersion, dans les bandes de fréquences
de travail, entraı̂ne l’invariance de la vitesse de propagation des composantes du champ
électromagnétique avec la longueur d’onde. L’isotropie implique que la trajectoire d’une
onde soit rectiligne et non courbée par les phénomènes de réfraction et de guidage propres
aux milieux anisotropes. Enfin, l’absence de pertes signifie que le milieu ne présente pas
d’effet inductif ou capacitif.
où t est la variable temporelle, ~r = [rx , ry , rz ]T le vecteur position, exprimé sur une base
canonique de l’espace, et c la célérité de l’onde électromagnétique [2].
L’analyse de Fourier est un outil précieux dans le domaine temporel permettant d’ex-
primer un signal à partir de ses composantes fréquentielles. Généralisée à la dimension
spatiale, la transformation de Fourier décompose un signal en ondes planes homogènes :
ZZ
~
x̃(~k, f ) = x(~r, t)e−j(2πf t−k·~r) d3 r dt (2.3)
ZZ
1 ~
x(~r, t) = x̃(~k, f )ej(2πf t−k·~r) d3 k df (2.4)
(2π)3
où x(~r, t) est le signal temps-espace, mesuré à la position ~r et à l’instant t, etRx̃(~k, f ) le
spectre
RRR à la pulsation spatiale ~k et à la fréquence temporelle f . On rappelle que (·) d3 r ,
(·) drx dry drz . En plus de la dualité temps-fréquence relativement bien connue [3, 4], le
signal spatio-temporel fait apparaı̂tre une nouvelle forme de dualité entre vecteur d’espace
et vecteur d’onde. Cette symétrie explique pourquoi le vecteur d’onde est souvent appelé
pulsation spatiale par analogie à la pulsation temporelle, ω = 2πf . A titre d’illustration,
la figure (2.1) présente les spectres de quelques signaux simples dans le domaine fréquence
temporelle–pulsation spatiale.
f f
~k ∝ ~eu
f = f0 ~eu : direction de propagation
kx kx
ky ky
kx kx
ky ky
Fig. 2.1: Représentation spectrale, en fréquence et vecteur d’onde, d’un signal temps-espace —
Domaines d’existence pour différents types de signaux
On sera amené à manipuler des signaux aléatoires, pour lesquels des expressions ana-
logues existent. De manière générale, un processus stochastique spatio-temporel est défini
par une densité de probabilité p(~r, t). En particulier, un processus stationnaire centré x,
i.e. dont les moyennes statistiques sont indépendantes des coordonnées absolues en temps
et en espace, est caractérisé par la fonction d’autocorrélation R x (~ ρ, τ ) et la densité spec-
~
trale de puissance S x (k, f ), duales par transformée de Fourier :
ZZ
~
S x (~k, f ) = R x (~r, τ )e−j(2πf τ −k·~ρ) d3 ρ dτ
ZZ
1 ~
R x (~ρ, τ ) = S x (~k, f )ej(2πf τ −k·~ρ) d3 k df
(2π)3
où R x ~r + 12 ρ
~, ~r − 12 ρ
~; t + 12 τ, t − 12 τ = Ex {x(~r + 12 ρ
~, t + 12 τ )x∗ (~r − 12 ρ
~, t − 12 τ )}.
λ
2
λ : longueur d’onde
Fig. 2.2: Fluctuations à petite et à grande échelles de la réponse du canal — Impact sur l’évolution
de la puissance reçue en fonction de l’éloignement de l’émetteur
Les fluctuations à petite échelle sont observées sur un intervalle de temps et un dé-
placement spatial suffisamment petits pour négliger les variations à grande échelle (cf. fi-
gure (2.2)). A l’origine de ces phénomènes, la présence d’objets dans l’environnement
de propagation engendre, au niveau du récepteur, l’apparition de plusieurs répliques du
signal transmis interférants de manière constructive ou destructive. Les principales consé-
quences sur le signal sont les variations de l’enveloppe du signal reçu, la modulation de
fréquence aléatoire due aux changements des conditions de propagation et la dispersion
temporelle du signal liée au retard temporel des échos. On parle de propagation à trajets
multiples.
L’influence d’un obstacle sur le signal capté en réception dépend de ses dimensions
par rapport à la longueur d’onde, de sa composition et de sa position spatiale par rapport
à l’émetteur, au récepteur et aux autres objets (cf. figure (2.4)). On distingue deux types
principaux de réflecteurs :
Diffuseurs locaux : Les diffuseurs locaux englobent les obstacles proches de l’émetteur
ou du récepteur. Du point de vue d’un système de communication, les diffuseurs
placés dans le voisinage du récepteur occasionnent un grand étalement angulaire
des échos et un étalement temporel faible. Les diffuseurs proches de l’émetteur
introduisent de faibles étalements temporel et angulaire.
Diffuseurs lointains : Les diffuseurs lointains désignent les obstacles éloignés simul-
tanément de l’émetteur et du récepteur. Ils donnent lieu à des trajets spéculaires
généralement caractérisés par un fort étalement temporel.
La proportion relative de chaque type de diffuseurs dépend ici encore de l’application
envisagée et de l’environnement dans lequel le système est déployé.
longueur d’onde
Réflexion diffuse
Diffusion
Récepteur
Emetteur
Réfraction
Diffraction
Réflexion spéculaire
Zone de diffusion
Diffuseurs lointains :
- fort étalement temporel
- fort étalement angulaire
Réflecteur dominant
Fig. 2.4: Influence de la localisation spatiale des diffuseurs sur la réponse du canal de propagation
— Distinction entre diffuseurs locaux et diffuseurs lointains
Le but de cette section est de donner un aperçu des outils mathématiques disponibles
pour caractériser le comportement du canal de propagation. Les dimensions spatiale et
temporelle seront traitées séparément, d’un point de vue déterministe, puis stochastique.
Ce découplage a été souhaité, au détriment de la généralité, afin de dégager clairement les
propriétés de la dimension spatiale. Comme évoqué dans la section 2.4.1, cette approche
demeure admissible pour notre application où émetteur et récepteur sont immobiles.
L’étude du domaine spatial occupe une large part de cette section, le domaine tem-
porel étant présenté beaucoup plus succinctement. Ce déséquilibre se justifie par la place
centrale occupée par le traitement en espace dans les systèmes MIMO.
où la réponse du canal h(u, v) apparaı̂t sous la forme d’un noyau linéaire et où n(u)
désigne le bruit additif. On remarque que les fonctions d’entrée et de sortie sont
paramétrées en index absolus.
Représentation de type 2 – Opérateur de convolution : La réponse du canal peut
également s’exprimer sous la forme d’un produit de convolution :
Z
y(u) = h(u, w)x(u − w) dw + n(u) (2.6)
où l’on rappelle que h(~ro , ~ri ; to , τ ) est la réponse spatio-temporelle du canal, x(~ri , to −τ ) le
signal transmis, y(~ro , to ) le signal reçu et n(~ro , to ) le bruit. Dans cette écriture, l’espace est
traité avec la première représentation et le temps avec la seconde, ce choix étant adopté
car plus proche de notre perception de l’espace et du temps. Dans la suite de ce chapitre,
les lettres latines ~r et t seront réservées aux variables spatiales et temporelles exprimées
en absolu, les lettres grecques associées ρ ~ et τ désignant les translations correspondantes.
où ~ri et ~ro sont les positions d’émission et de réception, ~ki et ~ko les vecteurs d’onde
respectifs. Les quatre expressions précédentes, équivalentes, sont reliées par transformées
Version soumise — 3/4/2003
38 Le canal de propagation radioélectrique
de Fourier, comme illustré par la figure (2.5). Par souci de clarté, la multiplicité des
notations a été évitée en imposant une dénomination unique pour les réponses du canal
et les signaux en entrée et en sortie, les domaines considérés étant spécifiés par les variables
utilisées.
h(~ro , ~ri )
F ~ro F ~ri
F ~ri F ~ro
h(~ko , ~ki )
Il est également possible de recourir aux réponses du deuxième type, bien que l’in-
terprétation ne soit pas nécessairement aussi immédiate. On construit alors un second
groupe de relations :
Z
y(~r) = h(~r, ρ ~)x(~r − ρ~ ) d3 ρ
Z
~
y(~r) = h(~r, ~k)x(~k)e2jπk·~r d3 k
Z (2.9)
y(~k) = h(~kd , ~k − ~kd )x(~k − ~kd ) d3 kd
ZZ
~ ~
y(k) = h(~kd , ρ
~)x(~r − ρ~)e2jπkd ·~r d3 ρ d3 kd
Le tableau (2.1) rappelle les dépendances entre les différentes grandeurs. Mathéma-
tiquement équivalentes, une variable et sa variable duale par transformée de Fourier
revêtent des interprétations physiques complémentaires. On verra ainsi dans la suite du
texte que la variable de gauche mesure les effets de corrélation, celle de droite les effets
d’étalement de l’énergie.
Version soumise — 3/4/2003
2.3 Caractérisation du canal spatio-temporel 39
h(~r, ρ~)
F ~r F ρ~
F ρ~ F ~r
h(~kd , ~k)
Lorsque le signal émis est modélisé par un processus aléatoire centré, éventuellement
non stationnaire, on montre que le signal reçu est également un processus aléatoire, de
moyenne nulle, avec la fonction de corrélation :
ZZ
R y (~ro1 , ~ro2 ) = h(~ro1 , ~ri1 ) R x (~ri1 , ~ri2 )hadj (~ri2 , ~ro2 ) d3 ri1 d3 ri2
R
où hadj (·) est la fonction adjointe de h(·), i.e x(~ri ) = hadj (~ri , ~ro )y(~ro ) d3 ro , et où
R x (~ri1 , ~ri2 ) et R y (~ro1 , ~ro2 ) sont les fonctions de corrélation des processus transmis et
reçus.
où {vk (~ri )}k est la base orthonormée de fonctions propres d’entrée, {uk (~ro )}k la base
orthonormée de fonctions propres en sortie et {λk }k le spectre des valeurs singulières
réelles strictement positives.
5
La compréhension des résultats présentés ici est facilitée en faisant l’analogie avec la décomposition
des matrices en vecteurs singuliers [10].
Pour chaque mode singulier, les fonctions propres d’entrée et de sortie et l’énergie
sont reliées par : Z
λk uk (~ro ) = h(~ro , ~ri )vk∗ (~ri ) d3 ri
La forme (2.10) doit être utilisée à bon escient. Notamment, la contrainte d’énergie
finie exclut les canaux invariants selon au moins l’un des paramètres ainsi que les canaux
contenant des impulsions, qui doivent être traités comme des cas limites. On donnera
une interprétation géométrique simplifiée de la propagation par modes propres dans la
section 2.4.1, puis dans le chapitre suivant où elle joue un rôle central dans l’explication
de l’augmentation remarquable des débits offerts par les systèmes MIMO.
Les liens entre variables temporelles et fréquentielles sont rappelés dans le tableau (2.1).
On retrouve l’observation sur l’ordre des variables soulevée pour le domaine spatial. Les
figures (2.7) et (2.8) illustrent les dépendances entre les fonctions des deux groupes.
h(t, τ )
Ft Fτ
h(ν, τ ) h(t, f )
Fτ Ft
h(ν, f )
t : temps τ : retard
f : fréquence ν : décalage Doppler
Les réponses décrivent également l’action du canal sur des processus aléatoires. Par
exemple, la réponse à un processus non stationnaire centré est un processus non station-
naire de moyenne nulle et de fonction de corrélation temporelle :
ZZ
R y (to1 , to2 ) = h(to1 , ti1 ) R x (ti1 , ti2 )hadj (ti2 , to2 ) dti1 dti2
avec hadj (·) la fonction adjointe de h(·) et R x (ti1 , ti2 ) et R y (to1 , to2 ) les fonctions de
corrélation des signaux émis et reçu.
h(to , ti )
F ti
F to
h(fo , ti ) h(to , fi )
F ti F to
h(fo , fi )
où uk (ti ), vk (to ) et λk caractérisent le mode k. Le signal reçu est alors vu comme la
superposition des signaux convoyés indépendamment par les différents modes :
Xp
y(to ) = λk xk uk (to )
k
R
où xk = vk (ti )x∗k (ti ) dti .
6
Il existe quelques exemples sporadiques pour lesquels les fonctions propres sont connues : les exponen-
tielles complexes pour les filtres linéaires invariants, les fonctions prolates sphéroı̈dales et les polynômes
d’Hermite pour les filtres linéaires variants à support carré et circulaire respectivement.
avec :
h(α) (t, τ ) = h t + ( 12 − α)τ, t − ( 21 + α)τ
où α ∈ R, en particulier |α| ≤ 1/2 pour assurer un support compact. Pour α = 0, 1/2
et −1/2, la forme (2.15) se réduit respectivement au symbole de Weyl, à la fonction de
transfert de Zadeh et à la fonction de transfert de Bello. Kozek [13] rappelle les propriétés
mathématiques vérifiées par le symbole de Weyl généralisé.
Matz [15] montre que le symbole de Weyl généralise approximativement, pour les
canaux spatiaux sous-étalés, la notion de réponse spectrale caractéristique des filtres li-
néaires invariants par translation. La propriété de sous-étalement, définie mathématique-
ment au prochain chapitre, signifie globalement que la réponse impulsionnelle du canal
est mesurable. Pour voir cela, il suffit d’évaluer le contenu fréquentiel du signal entrant
autour de l’instant t0 et de la fréquence f0 en appliquant une transformée de Fourier à
temps court : Z
0
x̃(s) (t, f ) = x(t0 )s∗ (t − t0 )e−j2πf t dt0
où s(t) est une fonction génératrice compacte dans le plan temps-fréquence, e.g. un signal
gaussien. Le signal d’entrée est restitué à partir de la base de fonctions st0 ,f0 (t) = s(t −
t0 )ej2πf0 t obtenues par translation spatiale et fréquentielle de s(t) :
ZZ
x(t) = x̃(s) (t0 , f0 )st0 ,f0 (t) df0 dt0
La fonction compacte st0 ,f0 (t) est une fonction propre approchée de système vérifiant :
Z
(α)
h(t, t0 )st0 ,f0 (t0 ) dt0 ≈ Lh (t0 , f0 )st0 ,f0 (t)
Le symbole de Weyl généralisé apparaı̂t donc comme une fonction de pondération ap-
proximative dans le domaine temps-fréquence, au sens de la transformée de Fourier à
temps court.
Cette restriction demeure acceptable pour les liaisons sans fil à courte distance, limi-
tées en puissance, dans des environnements riches en diffuseurs. En effet, on observe, d’une
Version soumise — 3/4/2003
2.3 Caractérisation du canal spatio-temporel 45
part, que la richesse des interactions confère un comportement gaussien aux variations à
petite échelle du canal et que, d’autre part, le débit transmis est maximisé, à puissance
d’émission fixée et en présence de bruit additif gaussien, par un signal d’émission gaus-
sien (cf. chapitre 4). Par conséquent, tous les signaux sont modélisés par des processus du
second ordre, entièrement définis par leur moyennes et leur fonctions de corrélation. En
remarquant de plus que, pour les applications en milieu domestique, la ligne de visibilité
directe est très souvent obstruée, on ajoutera l’hypothèse supplémentaire de processus
centrés.
Les expressions obtenues dans la suite sont établies au sein d’une région dans le plan
temps-espace où l’hypothèse de stationnarité au sens large est localement vérifiée. Les
intégrales seront implicitement restreintes à cette zone.
On revient dans un premier temps sur la nature des renseignements fournis par la
statistique au second ordre.
L’analyse statistique au second ordre, complète pour les processus centrés station-
naires au sens large, tourne autour d’une description énergétique des signaux. Un proces-
sus aléatoire x(v), de paramètre réel scalaire v, est spécifié au second ordre par sa fonction
d’autocorrélation :
R x (∆v) = Ex {x(v)x∗ (v + ∆v)}
ou, de manière équivalente, par sa densité spectrale de puissance (théorème de Wiener-
Khinchine) :
S x (w) = F {R x (∆v)}
Z
= R x (∆v)e−j2πw∆v d∆v
où µ∆v est le barycentre de R x (∆v). On montre que µ∆v = 0 par symétrie hermitienne
de la fonction de corrélation.
Intervalle de corrélation et dispersion spectrale sont les deux paramètres extraits par
la statistique au second ordre et seront ainsi très présents dans la suite de cette section.
Ils apportent la même information, exprimée différemment, sur le comportement d’un
processus centré stationnaire au sens large. Plus précisément, on montre que ces deux
grandeurs sont reliées par la relation d’incertitude, dérivée de l’inégalité de Schwartz [16] :
1
Vcorr Wcorr ≥
4π
Cette inégalité implique qu’un processus faiblement corrélé dans un domaine, évoluant
donc rapidement, présente un fort étalement de la puissance dans le domaine dual.
La théorie de la cohérence a été exportée plus tard à l’analyse des séries temporelles par
Wiener (décompositions harmoniques généralisées [17]). Depuis, le concept de cohérence
est généralement relié à la stabilité ou caractère prévisible d’un processus, i.e. la cohérence
dans un domaine décrit la corrélation entre signaux à différents points de ce domaine. La
définition de la cohérence revêt une forme analogue à la définition de la corrélation :
Corrélation : La corrélation estime le degré de ressemblance, par transformation li-
néaire, entre variables aléatoires. Les relations existant dans un groupe de variables
aléatoires sont mesurées par une matrice de coefficients de corrélation.
Cohérence : La cohérence estime le degré de ressemblance entre processus aléatoires,
au sens de la possibilité de transformer un processus vers un autre par un filtre
linéaire invariant [18, 19].
En résumé, les concepts de cohérence et de corrélation renvoient tous les deux à une
notion de similarité au second ordre mais sont appliqués à des entités différentes, res-
pectivement les processus aléatoires et les variables aléatoires. La terminologie employée
dans la suite tiendra compte de cette nuance.
et du second type :
Le passage entre les différentes fonctions s’effectue, au sein de chaque groupe, par
transformées de Fourier bidimensionnelles successives, comme schématisé sur les figures (2.9)
et (2.10).
même titre que les réponses impulsionnelles (2.8) et (2.9) pour les signaux déterministes.
Par exemple, les autocorrélations spatiales en émission et en réception sont reliées par
l’expression :
ZZ
R y (~ro1 , ~ro2 ) = R h (~ro1 , ~ri1 ; ~ro2 , ~ri2 ) R x (~ri1 , ~ri2 ) d3 ri1 d3 ri2
Des équations analogues existent pour les autres fonctions de corrélation du canal.
où W̄ x (~ri , ~ki ) et W̄ y (~ro , ~ko ) sont les transformées des signaux émis et reçu et W̄ h (~ro , ~ko ; ~ri , ~ki )
la transformée de Wigner-Ville de la fonction de transfert donnée par :
W̄ h (~ro , ~ko ; ~ri , ~ki ) = E{W h (~ro , ~ko ; ~ri , ~ki )}
ZZ
~ ~
= R h (~ro + 12 ρ ~o , ~ri + 12 ρ
~i ; ~ro − 12 ρ ~i )ej2π(ko ·~ρo −ki ·~ρi ) d3 ρi d3 ρo
~o , ~ri − 12 ρ
Commençons par le cas de figure où la position de l’émetteur varie alors que le ré-
cepteur reste fixe (cf. figure (2.11)). La question intéressante, rencontrée lors du dimen-
sionnement des systèmes à diversité spatiale d’émission, est d’estimer l’écart suffisant
entre deux positions de l’émetteur pour assurer la décorrélation des signaux au niveau du
récepteur.
Pour cela, l’émetteur transmet successivement deux impulsions, à deux positions dif-
férentes, dans le voisinage de ~ri , que le récepteur, placé en ~ro , collecte. Les deux points
d’émission sont supposés suffisamment proches pour que l’hypothèse de stationnarité au
sens large soit vérifiée, auquel cas la statistique d’ordre deux des signaux ne dépend que
du vecteur de translation entre les deux points. On en déduit la fonction de corrélation
en réception et la densité spectrale de puissance associée :
R x1 ,x2 ;y (~ρi , ~ro , ~ri ) = Eh {h(~ro , ~ri + ρ ~i1 )h∗ (~ro , ~ri + ρ ~i2 )}
Z
~
W̄ x1 ,x2 ;y (~ki , ~ro , ~ri ) = R x1 ,x2 ;y (~ ρi , ~ro , ~ri )ej ki ·~ρi d3 ρi
où ρ
~i = ρ~i2 − ρ
~i1 est le vecteur de déplacement. Les indices x1 , x2 et y font référence au
fait qu’il y a deux positions d’émission contre une seule de réception.
de l’émetteur sur un axe repéré par le vecteur unitaire ~eu , on capte la corrélation spatiale
pour cet axe à partir de la fonction réduite R x1 ,x2 ;y (ρi,u , ~ro , ~ri ), où la dépendance vecto-
rielle en ρ
~ s’est effondrée en une dépendance scalaire sur la projection ρi,u , ρ ~i = ρi,u~eu .
x2
~ri ~ri + ρ~i2
~ri + ρ~i1
et :
Kspread (~ro , ~ri )x
~ spreadTx (~ro , ~ri ) = Kspread (~ro , ~ri )y
K
Kspread (~ro , ~ri )z
Cette description vectorielle n’est pas une surprenante puisque l’espace possède trois
dimensions, contrairement au domaine temporel unidimensionnel. Cette observation est
valable pour toutes les grandeurs dérivées dans la suite de cette section.
où ρ
~o = ρ
~o2 − ρ
~o1 est un déplacement dans le voisinage du point de réception.
δ(~ri )
ρ~o
La première mesure est effectuée pour un jeu de positions, puis la seconde en décalant
émetteur et récepteur d’un même vecteur de translation. Sous l’hypothèse de stationnarité
Version soumise — 3/4/2003
2.3 Caractérisation du canal spatio-temporel 53
locale au sens large, la statistique au second ordre du canal ne dépend que du décalage
entre les deux mesures. La fonction de corrélation et la densité de puissance associée sont
données par :
où ρ
~ est le vecteur de déplacement de l’émetteur et du récepteur.
La distance de cohérence, suivant une direction ~eu , est estimée à partir de l’étalement
de la fonction de corrélation réduite R x1 ,y1 ;x2 ,y2 (ρu , ~ro , ~ri ), où ρ
~ = ρu~eu .
δ(~ri + ρ~i )
~ri
~ri + ρ~i + ρ~
~ri + ρ~i
~ro
~ro + ρ~o + ρ~
~eu
La dernière expérience à étudier est celle où les positions de l’émetteur et du récepteur
restent fixes, immobilité rendant impossible l’évaluation d’une quelconque fonction de
corrélation spatiale, par opposition aux trois cas précédents. L’analyse des phénomènes
de corrélation est donc nécessairement reportée dans le domaine des pulsations spatiales.
R W x1 ,W y1 ;W x2 ,W y2 (~κ, ~ro , ~ri ) = EW h {W h (~ro , ~k + ~κ; ~ri , ~k + ~κ) W ∗h (~ro , ~k; ~ri , ~k)}
Z
W W x1 ,W y1 ;W x2 ,W y2 (~ρ, ~ro , ~ri ) = R W x1 ,W y1 ;W x2 ,W y2 (~κ, ~ro , ~ri )ej~κ·~ρ d3 κ
où l’on rappelle que W h (~ro , ~ko ; ~ri , ~ki ) est la réponse du canal, au point ~ro , pour la pulsation
~ko à une pulsation pure ~ki transmise à la position ~ri .
~k2
~ri
~k1
~ro
Les relations décrivant la statistique temporelle au second ordre du canal sont regrou-
pées en deux ensembles :
et :
R h (to1 , ti1 ; to2 , ti2 ) = Eh {h(to1 , ti1 )h∗ (to2 , ti2 )}
R h (to1 , fi1 ; to2 , fi2 ) = Eh {h(to1 , fi1 )h∗ (to2 , fi2 )}
(2.25)
R h (fo1 , fi1 ; fo2 , fi2 ) = Eh {h(fo1 , fi1 )h∗ (fo2 , fi2 )}
R h (fo1 , ti1 ; fo2 , ti2 ) = Eh {h(fo1 , ti1 )h∗ (fo2 , ti2 )}
Les fonctions de corrélation des signaux d’entrée et de sortie sont reliées, dans le cas
général, par des équations du type :
ZZ
R y (t1 ; t2 ) = R h (t1 , τ1 ; t2 , τ2 ) R x (t1 − τ1 ; t2 − τ2 ) dτ1 dτ2
Les expériences développées dans la section précédente peuvent être facilement adap-
tées au domaine temporel pour caractériser la statistique au second ordre du canal. Les
analogies entre mesures temporelles et spatiales sont évidentes et s’enrichissent mutuel-
lement pour aider à une compréhension équivalente des deux domaines, a priori biaisée
par notre perception (cf. équation(2.7)).
Un résumé des principaux résultats est proposé par le tableau (2.4) en fin de chapitre.
En supposant que l’hypothèse de stationnarité au sens large est vérifiée dans les deux
cas, on constitue deux groupes de fonctions :
R x1 ,x2 ;y (τi , to , ti ) = Eh {h(to , ti − 12 τi )h∗ (to , ti + 12 τi )}
Z
W̄ x1 ,x2 ;y (fi , to , ti ) = R x1 ,x2 ;y (τi , to , ti )e−j2πfi τi dτi
et
dont l’évaluation des supports de chaque fonction aboutit aux quatre paramètres présentés
ci-dessous.
Les expériences 3 et 4 ont déjà été largement traitées dans la littérature [4] et servent
de référence au dimensionnement de tout système de communication. On abandonnera
l’approche suivie jusqu’à présent pour retrouver la présentation classique.
Version soumise — 3/4/2003
58 Le canal de propagation radioélectrique
Le canal sera supposé stationnaire au sens large (WSS — Wide Sens Stationary) à
diffuseurs décorrélés (US — Uncorrelated Scattering) :
Stationnarité au sens large (hypothèse WSS) : Les statistiques sont invariantes
pendant un intervalle de temps donné. Cette hypothèse implique la décorrélation
des perturbations liées à des diffuseurs élémentaires affectés de décalages Doppler
différents.
Diffuseurs non corrélés (hypothèse US) : Les perturbations liées à des diffuseurs
élémentaires avec des décalages temporels différents sont décorrélées. Cette hypo-
thèse implique la stationnarité en fréquence.
Ces deux hypothèses sont souvent posées, conduisant à des simplifications significatives
dans l’écriture des relations entrée-sortie. Elles sont généralement vérifiées pour les com-
munications sans fil à courte distance, le cas qui nous intéresse ici.
Lorsque les conditions WSS et US sont réunies, les fonctions de corrélation 2.25
s’écrivent :
Ph (∆t, τ )
F ∆t Fτ
Ph (fd , τ ) R h (∆t, ∆f )
Fτ F ∆t
Ph (fd , ∆f )
Fig. 2.15: Fonctions de corrélation temporelle d’un canal stationnaire au sens large et à diffuseurs
décorrélés
La réponse temporelle du canal WSSUS est entièrement caractérisée par l’une quel-
conque de ces quatre fonctions, le plus souvent le spectre en retard-Doppler Ph (τ, fd ) ou
la fonction d’autocorrélation en temps-fréquence R h (t2 − t1 , f2 − f1 ). Ces deux fonctions
Version soumise — 3/4/2003
2.3 Caractérisation du canal spatio-temporel 59
A priori, les différents domaines sont interdépendants et il n’est pas possible de les
traiter séparément. Cependant, pour la plupart des milieux de propagation rencontrés,
il est suffisant, au prix d’une erreur négligeable, d’examiner les fonctions suivant chaque
axe pour extraire les informations essentielles [20]. On passe donc aux fonctions réduites
du canal :
Ph (τ ) = Ph (τ, fd )|fd =0
Ph (fd ) = Ph (τ, fd )|τ =0
R h (∆f ) = R h (∆t, ∆f )|∆t=0
R h (∆t) = R h (∆t, ∆f )|∆f =0
Etalement temporel :
R 1/2
RMS (τ − mτ )2 Ph (τ ) dτ
Tspread = R
Ph (τ ) dτ
Etalement Doppler :
R 1/2
RMS (fd − mfd )2 Ph (fd ) dfd
FDop = R
Ph (fd ) dfd
Temps de cohérence :
R 1/2
RMS ∆t2 | R h (∆t)| d∆t
Tcoh = R
| R h (∆t)| d∆t
R R
où l’on a défini mτ = τ Ph (τ ) dτ et mfd = fd Ph (fd ) dfd .
Après avoir identifié les phénomènes physiques à l’œuvre dans la propagation radio-
électrique et proposé une série de paramètres caractéristiques, il reste à élaborer des
modèles de canal, donnant une représentation mathématique aussi fidèle que possible de
la réalité.
Les modèles de canaux se scindent en deux grandes familles, les approches détermi-
nistes et statistiques, auxquelles s’ajoutent les méthodes hybrides :
Modèles déterministes : Les modèles déterministes sont définis par le traitement pu-
rement déterministe des paramètres de l’environnement : position des diffuseurs et
interactions du signal avec les obstacles. La propagation de l’onde est considérée
spéculaire et la réponse du canal est calculée par une approche géométrique de
lancer de rayons. L’intérêt majeur de ces modèles est leur interprétation physique
évidente. Ils présentent cependant un manque de flexibilité flagrant dans le choix des
paramètres, obligeant à refondre entièrement le modèle pour des environnements
différents. La description déterministe des interactions est également discutable.
Modèles stochastiques : Les modèles stochastiques se détachent de la description géo-
métrique pour traiter les paramètres du canal à partir de distributions statistiques.
Une distribution quelconque peut être affectée à chaque paramètre, fournissant ainsi
une flexibilité maximale. La contrepartie est la difficulté à choisir le type de des-
cription approprié pour un milieu donné, ce problème étant résolu en pratique par
des campagnes de mesures extensives.
Modèles stochastiques géométriques : Les modèles stochastiques géométriques [21],
ou modèles semi-statistiques, décrivent de manière statistique la cartographie des
diffuseurs. Ils retiennent l’aspect géométrique simple, propre aux modèles purement
déterministes, et la flexibilité inhérente aux modèles géométriques, tout en évitant
le recours à des mesures exhaustives.
Cette section propose une introduction succincte à la modélisation de la réponse du
canal. Présenter un état de l’art des modèles de canaux spatio-temporels sort évidemment
du cadre de ce travail (cf. par exemple [22, 23, 24, 25]). Le but recherché ici est de
rattacher à des phénomènes physiques les concepts vus précédemment et de préparer la
transition vers le chapitre suivant où l’on confronte le système de communication au canal
de propagation. Plus précisément, la partie traitant des modèles déterministes propose
une interprétation géométrique de la notion de modes propres. La partie suivante aborde
les modèles statistiques au second ordre, qui, une fois combinés aux paramètres développés
dans la section 2.3.3, joueront un rôle central dans le calcul de débit des systèmes à double
réseau d’antennes.
où l’écho p est caractérisé par une amplitude complexe hp (~ro , ~ri , t) et un retard τp (t), δ(·)
dénotant la distribution de Dirac. Cette représentation n’est pas strictement rigoureuse
puisque l’existence d’un équivalent en bande de base requiert que le signal, de moyenne
continue nulle, soit à spectre borné par opposition à la discrétisation temporelle des trajets
qui suppose un spectre illimité. L’expression (2.26) ne prend un sens que dans un produit
de convolution avec un signal à bande fréquentielle limitée.
Le canal sera supposé invariant en temps1 afin de simplifier les calculs. L’intégration
en retard se réduit alors à une opération de convolution, que s’exprime dans le domaine
fréquentiel comme :
Z
y(~ro , t) = h(~ro , ~ri , f )x(~ri , f )ej2πf t df + n(~ro , t) (2.27)
P
où h(~ro , ~ri , f ) = p hp (~ro , ~ri ) exp(−2jπf τp ) est la réponse du canal à la fréquence f et
R
x(~ri , f ) = x(~ri , t) exp(−2jπf t) dt le spectre du signal transmis.
où h(~ko , ~ki , f ) résume l’ensemble des interactions énergétiques avec l’environnement d’une
onde plane émise suivant ~ki et reçue suivant ~ko . La décomposition en ondes planes (2.28)
de la réponse du canal évoque le mécanisme de propagation par trajets multiples par lequel
le signal transmis emprunte plusieurs chemins caractérisés chacun par une direction de
1
Ces deux hypothèses, i.e. émetteur et récepteur immobiles et absence d’évolution temporelle, de-
meurent raisonnables pour l’application visée. Néanmoins, l’hypothèse d’invariance temporelle n’est pas
nécessaire et le calcul peut être redérivé pour un canal sous-étalé en temps en utilisant les symboles de
Weyl généralisés (cf. section 2.3.2.2).
départ et une direction d’incidence. Cette observation n’est cependant pas entièrement
justifiée pour la raison que l’énergie transmise est répartie sur un continuum d’ondes
planes rendant caduque la notion de chemins de propagation.
Du point de vue de l’analyse de Fourier, un signal est donc décomposé en deux parties
complémentaires : les composantes périodiques, apparaissant sous forme de raies dans
le spectre, et les composantes apériodiques, constituant le reste du spectre. Lorsque le
signal est vu comme la réponse d’un système linéaire à une excitation donnée, ces deux
parties correspondent respectivement aux réponses en régimes permanent et transitoire
du système. Les signaux observés en régime transitoire ont tendance à se dissiper, ce
qui suggère l’introduction d’une pondération en amplitude des exponentielles complexes
utilisées par la transformée de Fourier. La transformée de Laplace est une généralisation
possible où les fonctions de base sont des exponentielles complexes à croissance ou à
décroissance exponentielles.
Les résultats précédents sont bien connus dans le domaine temporel. Durgin [30] a
montré par analogie qu’ils se retrouvent dans le domaine spatial. En l’absence d’obstacles,
le champ électromagnétique est constitué d’ondes planes homogènes (exponentielles com-
plexes). Les perturbations créées par les obstacles causent l’apparition d’ondes inhomo-
gènes (exponentielles complexes à décroissance exponentielle) à proximité des objets se
dissipant avec l’éloignement. A distance suffisamment grande de tout obstacle (distance
de Fraunhofer), le champ électromagnétique n’est plus constitué que de la superposition
d’ondes planes homogènes et le spectre en vecteurs d’onde associé est un spectre de raies.
On qualifiera cette région de l’espace de zone d’espace libre.
(p) (p)
où ~kAOD et ~kAOA sont les vecteurs d’onde associés aux directions de départ et d’incidence
du trajet spéculaire p et α(·) un scalaire complexe résumant son interaction avec le milieu
à la fréquence f [6, 22, 23]. La dénomination des vecteurs d’onde (AOA — Angle Of
Arrival, AOD — Angle Of Departure) est inspirée de la littérature utilisée en traitement
d’antennes.
Version soumise — 3/4/2003
2.4 Modèles du canal 63
Récepteur
Modélisation à l’interface
champ proche-champ lointain ~kAOA
Obstacle
~kAOD
Zone
champ proche
Les coefficients d’interaction, ainsi que les vecteurs d’onde, reflètent les variations en
fréquence du comportement des diffuseurs. L’expression (2.29), en somme d’exponentielles
complexes, permet d’exprimer cette dépendance par une décomposition en série de Fourier
sans changer la forme globale. On aboutit à :
X (p) ~ (p) (p)
~ ~ (p) ro +~kAOD ·~
j kAOA ·~ ri
h(~ro , ~ri , f ) = α kAOA , kAOD e (2.30)
p
où l’on a conservé les notations de l’équation (2.29). On vérifie que cette relation est en
accord avec le mécanisme de propagation par trajets multiples. Dans la suite, on posera :
(p) (p)
αp , α(~kAOA , ~kAOD ).
Les termes d’onde apparaissant dans la somme (2.30) englobent les échos spéculaires et
diffus. Un signal diffus peut en effet être vu comme un paquet d’ondes planes homogènes
tel que l’énergie convoyée par chaque onde plane soit négligeable devant l’énergie globale.
En champ lointain le nombre de trajets spéculaires P est fini, avec un résidu correspondant
aux composantes diffuses [30] :
P −1
X (p)
j ~kAOA ·~
(p)
ro +~kAOD ·~
ri
h(~ro , ~ri , f ) = αp e + hdiffus (~ro , ~ri , f ) (2.31)
p=0
dant leur propre réponse spatiale. Cette observation sera mise à profit par les systèmes
de transmission.
Reste à savoir s’il est possible de faire correspondre un jeu de fonctions orthonormales en
sortie. La réponse à l’onde plane aq (~ri ) s’écrit :
Z X
~ (q) ~ (p)
bq (~ro ) , h(~ro , ~ri , f )e−j kAOD ·~ri d3 ri = αp ej kAOD ·~ro
p∈Pq
n o
(p) (q)
où Pq = p ∈ [0, P − 1] | ~kAOA = ~kAOA .
Une condition suffisante pour assurer l’orthonormalité des fonctions {bp (~ro )} est que
chaque onde plane incidente corresponde à une unique onde plane émise, i.e. Pq = {q}.
Dans ce cas, les modes propres sont obtenus comme :
up (~ri ) = ap (~ri )
vp (~ro ) = bp (~ri )/ kbp (~ri )k
λp = kbp (~ri )k
On voit ainsi que, au moins dans la mesure où les chemins de propagation sont deux à
deux distincts, les modes propres sont associés aux trajets empruntés par le signal entre
l’émetteur et le récepteur.
La signature spatiale à petite échelle du canal est appréhendée en mesurant les niveaux
de corrélation entre les réponses impulsionnelles prélevées en différents points d’une région
donnée. En l’absence de sélectivités fréquentielle et temporelle, l’influence du canal se
réduit à un simple affaiblissement du signal. En regroupant les coefficients d’atténuations
ainsi obtenus, on forme la matrice H ∈ CNR ×NT :
h(~ro,1 , ~ri,1 ) . . . h(~ro,1 , ~ri,NT )
.. .. ..
H= . . .
h(~ro,NR , ~ri,1 ) . . . h(~ro,NR , ~ri,NT )
où {~ri,m }N T
m=1 est l’ensemble des NT points d’émission, {~ ro,n }N R
n=1 celui des NR points
de réception et h(~ro,m , ~ri,n ) la réponse impulsionnelle réduite du canal. La matrice de
corrélation associée s’écrit :
h(~ro,1 , ~ri,1 ) . . . h(~ro,1 , ~ri,NT )
.. ... ..
. . =H Région de réception
h(~ro,NR , ~ri,1 ) . . . h(~ro,NR , ~ri,NT )
~ro,m
Région d’émission
n
)
m
, ~r i,
o,
h(~r
~ri,n
RH = EH {vec(H) vec(H)H }
Fig. 2.17: Modélisation statistique du canal de propagation — Définition d’une matrice de cor-
rélation spatiale
L’expression générale des coefficients de corrélation est complexe à établir (cf. [33]).
Pour faciliter le traitement analytique [34, 35] et avoir un modèle de simulation simple avec
des paramètres issus de la mesure [36], il est courant de modéliser la corrélation spatiale
en émission et en réception séparément. La corrélation entre les différentes réponses est
alors égale à :
Le coefficient E{h(~ro,r , ~ri,p )h(~ro,r , ~ri,q )∗ } caractérise la corrélation entre les réponses
entre deux capteurs placés en ~ri,p et ~ri,q , indépendamment du point de réception. La
grandeur associée mesurant la corrélation entre antennes d’émission est donnée par la
fonction E{h(~ro,r , ~ri,p )h(~ro,r , ~ri,q )∗ }.
RH = RRx ⊗ RTx
où ⊗ dénote le produit matriciel de Kronecker et où les matrices RTx ∈ CNT ×NT et
RRx ∈ CNR ×NR désignent respectivement les matrices de covariance en émission et en
réception, définies par :
RTx = EH H H H
et
RRx = EH HH H
où W ∈ CNR ×NT est une matrice aléatoire gaussiennce blanche centrée et où l’on a noté
abusivement AT /2 , (A1/2 )T . Trois cas de figures typiques, dépeints sur la figure (2.18)
découlent directement de l’expression (2.35) :
W décorrélation des points à l’émission et à la réception
H ∝ W (RTx ) T /2 corrélation à l’émission
1/2
(RRx ) W corrélation à la réception
où RC ∈ Cr×r est une matrice définie positive, et W Tx ∈ Cr×NT et W Rx ∈ Cr×NR deux
matrices gaussiennes blanches centrées. Ce modèle, plus complet, met en évidence, par
Version soumise — 3/4/2003
2.4 Modèles du canal 67
RTx W RRx
Emission Réception
H = (RRx )1/2 W (RTx )1/2
RTx = I
Emission Réception
H = (RRx )1/2 W
En comparant les relations (2.35) et (2.34), on s’aperçoit que le premier modèle est
à rebond unique, i.e. une interaction unique de l’onde avec un obstacle, et le second à
double rebond.
Modèle à un anneau
Emetteur Récepteur
Anneaux de diffuseurs
Emetteur Récepteur
Rangées de diffuseurs
Emetteur Récepteur
Emetteur Récepteur
Un grand effort de recherche est donc mené actuellement en vue d’établir de véri-
tables modèles de canaux MIMO intégrant, en plus de la dimension spatiale, les aspects
liés aux sélectivités fréquentielle et temporelle. On pourra citer les modèles décrits dans
les articles [41, 42] et les projets IST METRA (Multi Element Transmit Receive Anten-
nas) [43, 36], IST SATURN (Smart Antenna Technology in Universal bRoadband wireless
Networks) [37, 44, 45, 46] et COST 273.
2.5 Conclusion
Dans ce chapitre, nous avons étudié différents aspects du canal de propagation radio-
électrique. Les points suivants ont été discutés :
• le formalisme mathématique des signaux spatio-temporels et les mécanismes phy-
siques de la propagation radioélectrique ;
• la description mathématique des dimensions spatiales et temporelle du canal de
transmission, débouchant sur le concept de modes propres de propagation et sur
l’établissement de paramètres statistiques de sélectivité et de dispersion ;
• les modèles de canal de propagation temps-espace déterministes stochastiques.
Ce chapitre a ainsi permis de planter des bases suffisamment solides pour pouvoir
plonger dans les mécanismes fondamentaux de la communication, qui feront l’objet de
la prochaine partie. L’existence de modes propres de propagation, évoquée ici, sera la
clé des efficacités spectrales atteintes par les systèmes à double réseau d’antennes. Les
concepts de distances de corrélation et de cohérence, contreparties spatiales des temps de
corrélation et de cohérence, interviendront dans le dimensionnement du système.
Domaines de
- - espace, ~r pulsation, ~k
cohérence
Domaines de
- - Doppler, ~kd translation, ρ
~
dispersion associés
Etalement spatial
Mesures spatiales D
~ corTx (~ro , ~ri ) D
~ corRx (~ro , ~ri ) D
~ coh (~ro , ~ri )
D
~ spread (~ro , ~ri )
Etalement Doppler Bande de cohérence
Mesures spectrales K
~ spreadTx (~ro , ~ri ) K
~ spreadRx (~ro~ri )
K~ Dop (~ro , ~ri ) K~ coh (~ro , ~ri )
Systèmes à diversité
Systèmes à diversité Systèmes à diversité Systèmes à formation
Applications de rayonnement
d’émission (MISO) de réception (SIMO) de faisceau (MIMO)
(MIMO)
Tab. 2.4: Caractérisation au second ordre du comportement du canal — Domaine temporel
Instant d’émission Instant d’émission Instant d’émission Instant d’émission
Expériences variable, instant de fixe, instant de variable, instant de fixe, instant de
réception fixe réception variable réception variable réception fixe
Domaines de
temps, ti temps, to - -
corrélation
Domaines de
fréquence, fi fréquence, fo - -
dispersion associés
Domaines de
- - temps, t fréquence, f
cohérence
Domaines de
- - fréquence Doppler, fd retard, τ
dispersion associés
Mesures temporelles TcorTx (to , ti ) TcorRx (to , ti ) Tcoh Tspread
Mesures fréquentielles FspreadTx (to , ti ) FspreadRx (to , ti ) FDop Fcoh
Applications Diversité d’émission Diversité de réception Filtrage Multiplexage
2.5 Conclusion
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Proceedings Konferensen RadioVetenskap och Kommunicakation (RVK), pages 311–
315, Feb. 2002. File.
Aspects de la théorie de
l’information
Sommaire
3.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75
3.2 Le canal de propagation et le signal numérique . . . . . . . . 76
3.2.1 Sélectivité et dispersion en temps . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77
3.2.2 Sélectivité et dispersion en espace . . . . . . . . . . . . . . . . . 78
3.2.3 Canaux ergodiques versus canaux non-ergodiques . . . . . . . . . 81
3.3 Théorie de l’information . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82
3.3.1 Rappels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82
3.3.2 Capacité d’un canal MIMO . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87
3.3.2.1 Information d’état du canal en émission et en réception 89
3.3.2.2 Information d’état du canal en réception . . . . . . . . 92
3.3.2.3 Absence complète d’information d’état du canal . . . . 93
3.3.3 Normalisation de la capacité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95
3.4 Leçons de la théorie de l’information . . . . . . . . . . . . . . . 98
3.4.1 Diversité et multiplexage en espace . . . . . . . . . . . . . . . . . 98
3.4.2 Capacité et canal de propagation . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99
3.4.3 Règles d’ingénierie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 110
3.5 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 114
Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 116
3.1 Introduction
L’usage de ces paramètres dépend ensuite de l’application envisagée. Ils sont réinter-
prétés ici dans le contexte d’une liaison numérique, où ils vont permettre de caractéri-
ser l’impact de la propagation sur le signal échangé. En s’affranchissant des détails de
construction des formes d’onde, on observe que le signal émis est constitué d’un train
de blocs d’information indépendants, convoyant chacun une portion du message. Chaque
bloc est défini, dans le domaine temporel, par une durée Tbloc et une bande fréquen-
tielle Fbloc et, dans le domaine spatial, par un support D ~ bloc et une bande en pulsation
~
Kbloc . Ces deux derniers paramètres, a priori assez abstraits, sont les analogues directs
des grandeurs équivalentes en temps. En simplifiant, ils mesurent la zone d’émission d’un
bloc, i.e. l’occupation du réseau d’antennes, et la bande utilisée en pulsation spatiale, i.e
la réponse angulaire du réseau.
L’étalement temporel, sans conséquence sur le système pour T̄spread 1, est pénalisant
pour des valeurs plus élevées où l’interférence entre blocs d’information successifs devient
significative. De manière équivalente, la réponse fréquentielle du canal est essentiellement
non sélective sur la bande du signal lorsque F̄coh 1 et devient chahutée pour des valeurs
comparables ou inférieures à l’unité.
La fréquence d’apparition des évanouissements est relativement lente et, par dua-
lité, l’étalement des composantes fréquentielles restreint, pour T̄coh 1. Au contraire,
la réponse du canal exhibe des variations temporelles rapides et un étalement Doppler
conséquent dès lors que T̄coh . 1.
Pour résumer, les deux indicateurs caractérisant les effets de sélectivité dans le do-
maine temporel sont :
(
−1 1 : non sélectif en fréquence
F̄coh ∝ T̄spread
. 1 : sélectif en fréquence
Version soumise — 3/4/2003
78 Aspects de la théorie de l’information
et : (
−1 1 : non sélectif en temps
T̄coh ∝ F̄Dop
. 1 : sélectif en temps
Un canal donné peut être classé comme appartenant à l’un des quatre groupes définis
par les valeurs de l’étalement normalisé et de la bande Doppler normalisée (cf. tableau
(3.1)). Pour un canal variant très lentement, T̄coh 1, le nombre de signaux discernables
−1
est estimé par bF̄coh c, où b·c dénote l’entier inférieur à l’argument.
Le classement précédent ne donne pas une vision complète. En effet, les canaux for-
tement dispersifs en temps et en fréquence seront, de toute évidence, peu propices à
l’établissement d’une communication fiable, contrairement à des canaux faiblement sélec-
tifs en temps et en fréquence. Le facteur d’étalement de la réponse temps-fréquence du
canal, introduit par Kailath [6, 7] comme un indicateur de la mesurabilité de la réponse
d’un système, met en relation les comportements du canal en temps et en fréquence. Il
est défini par le rapport :
(
Tspread Fcoh < 1 : canal sous-étalé
≈ (3.5)
Tcoh FDop & 1 : canal sur-étalé
Les chemins de propagation empruntés par les différents échos du signal confèrent au
canal une réponse spatiale à petite échelle donnée, qu’il est possible d’étudier à partir
des mesures de sélectivité et de dispersion établies au chapitre précédent. La figure (3.1)
montre la manière dont interviennent les distances de corrélation et de cohérence entre
deux réseaux d’antennes. Tous les résultats obtenus dans cette section sont relatifs à une
direction ~eu de l’espace, mais peuvent être modifiés pour intégrer les trois dimensions
spatiales.
Systèmes SIMO et MISO : Pour les systèmes à simple réseau d’antennes, les varia-
tions spatiales à petite échelle sont visibles par les effets de corrélation qu’elles induisent
entre les capteurs du réseau ou, de manière équivalente, par l’étalement en pulsation
spatiale.
Les mesures correspondantes pour les systèmes SIMO sont la distance de corrélation
spatiale en réception normalisée :
DcorRx (~ro , ~ri )u
D̄corRx (~ro , ~ri )u = (3.6)
DblocRx,u
Version soumise — 3/4/2003
3.2 Le canal de propagation et le signal numérique 79
Réseau de réception
Réseau d’émission
Fig. 3.1: Rôle des notions de distances de corrélation et de cohérence dans le dimensionnement
d’un système MIMO
Des mesures symétriques sont définies pour les systèmes MISO, i.e. la distance de
corrélation spatiale en émission normalisée :
DcorTx (~ro , ~ri )u
D̄corTx (~ro , ~ri )u = (3.8)
DblocTx,u
et l’étalement en pulsation spatiale normalisé :
KspreadTx (~ro , ~ri )u
K̄spreadTx (~ro , ~ri )u = (3.9)
KblocTx,u
où Dbloc,Tx,u et Kbloc,Tx,u sont la longueur spatiale et la bande spatiale en réception.
Suivant la nature du canal, le réseau d’antennes oscille entre un réseau cohérent, lorsque
les contributions en réception des signaux transmis par les antennes d’émission appa-
raissent corrélées, et un réseau à diversité, lorsque les signaux mesurés par les antennes
sont décorrélés.
Les deux grandeurs caractéristiques pour les systèmes SIMO et MISO sont :
(
1 : corrélation spatiale en réception
D̄corRx (~ro , ~ri )u ∝ K̄spreadRx (~ro , ~ri )−1
u
. 1 : sélectivité spatiale en réception
Version soumise — 3/4/2003
80 Aspects de la théorie de l’information
et :
(
1 : corrélation spatiale en émission
D̄corTx (~ro , ~ri )u ∝ K̄spreadTx (~ro , ~ri )−1
u
. 1 : sélectivité spatiale en émission
Systèmes MIMO : Dans le cas des systèmes à double réseau d’antennes, la carte
spatiale des réflecteurs significatifs dicte la dispersion de l’énergie en espace et, par dualité,
la cohérence des composantes du signal en pulsation spatiale. Ces effets peuvent être
quantifiés par l’étalement spatial normalisé et la bande de cohérence en pulsation spatiale
normalisée, définis respectivement par :
et :
Kcoh (~ro , ~ri )u
K̄coh (~ro , ~ri )u = (3.11)
Kbloc,u
Une faible valeur de D̄coh (~ro , ~ri )u est synonyme d’un canal variant rapidement en espace
relativement au système. En d’autres termes, la réponse du canal change sur l’étendue
des réseaux.
et : (
1 : variations lentes en espace
D̄coh (~ro , ~ri )u ∝ K̄Dop (~ro , ~ri )−1
u
. 1 : variations rapides en espace
Pour un canal dont la réponse spatiale varie peu sur l’étendue des réseaux,
D̄coh (~ro , ~ri )u 1, la valeur bK̄coh (~ro , ~ri )−1
u c donne le nombre de canaux décorrélés super-
posés dans la réponse du canal, non nécessairement confondu avec le nombre de canaux
indépendants (cf. section 3.4.2). Le tableau (3.1), situé en fin de chapitre, résume l’en-
semble des notions exposées ci-dessus.
La compréhension de ces paramètres est facilitée en tissant des analogies avec les
grandeurs temporelles équivalentes. On peut, par exemple, faire le rapprochement entre
D̄spread (~ro , ~ri )u et T̄spread pour se rendre compte que l’étalement des signaux est fonction
de la répartition des réflecteurs effectifs.
Le comportement du canal est non ergodique dès lors que le produit F̄coh T̄coh est
grand. Ce cas se produit par exemple lorsque la vitesse d’apparition des évanouissements
est lente devant la durée du bloc d’information ou lorsque l’on étudie des systèmes à délai
limité. En résumé, on distinguera les deux cas :
(
1 : ergodicité temporelle
T̄coh F̄coh (3.16)
1 : non-ergodicité
3.3.1 Rappels
Shannon [12] montre que la relation (3.17) est en fait la seule mesure admissible
vérifiant un certain nombre de propriétés nécessaires1 .
La généralisation de l’entropie à des variables aléatoires continues soulève des pro-
blèmes d’ordre mathématique. On définit cependant, par analogie, la fonction d’en-
tropie différentielle : Z
h(x) = − px (x) log(px (x)) dx (3.18)
X
où px (x) est la densité de probabilité2 de x. Il est important de réaliser que cette
quantité ne peut en aucun cas être physiquement interprétée comme une information
propre.
Lorsque plusieurs variables aléatoires sont en jeu, l’entropie peut être généralisée
pour mesurer l’incertitude globale sur l’ensemble des variables ou l’incertitude d’une
variable relativement aux autres variables. Pour deux variables aléatoires discrètes x
et y, on définit ainsi l’entropie conjointe H(x, y) et l’entropie conditionnelle H(x | y) :
H(x, y) = Ex,y {− log Px,y (x, y)} (3.19)
H(x | y) = Ex,y {− log Px|y (x, y)} (3.20)
où Px,y est la probabilité conjointe et Px|y la probabilité conditionnelle.
Information mutuelle - Transinformation : L’information mutuelle est la mesure
de l’information contenue dans un processus sur un autre processus. L’information
mutuelle entre deux variables aléatoires discrètes x et y est définie par :
X Px,y (x, y)
I(x; y) = Px,y (x, y) log
Px (x) Py (y)
x∈X ,y∈Y
x
Fonctions génériques d’une
chaı̂ne de communication Emetteur : transformation du message en un signal
Source Emetteur adapté aux contraintes du canal de transmission
I(x; y) Canal
Abstraction en terme
d’ensembles H(x|y) : perte d’information
H(x) : information
présente dans le signal source
H(y) : information présente en réception
Fig. 3.2: Modèle théorique d’un système de communication — Interprétation en termes d’entropie
et d’information mutuelle
où l’optimisation est menée sur l’ensemble des distributions des symboles d’entrée, avec
x et y les variables aléatoires associées aux signaux d’entrée et de sortie du canal. Il est
important de remarquer que ce théorème suppose un décodage optimal et ne fournit pas
le procédé permettant d’atteindre la capacité. La formule (3.21) a été généralisée par la
suite pour intégrer les effets de mémoire du canal :
Les expressions (3.21) et (3.22) sont valides pour les canaux stables en information,
i.e. des canaux tels que la séquence d’entrée qui maximise l’information mutuelle et
la séquence en sortie correspondante possèdent toutes les deux un comportement ergo-
dique [14]. Lorsque l’hypothèse d’ergodicité est invalidée, le débit maximal qui peut être
transmis sans erreur devient une grandeur aléatoire, fonction de l’état du canal, et la
capacité au sens de Shannon n’est plus définie. Elle est alors remplacée par la notion de
probabilité de coupure [15], couramment appelée, par abus de langage, capacité de cou-
pure (“outage”), qui se définit par la probabilité que l’information mutuelle soit inférieure
au débit voulu :
Coutage (R) = P [I(x, y) < R] (3.23)
où R est le débit recherché.
Emetteur Organes
Source théorique d’émission
Milieu de
propagation
Récepteur Organes
Destinataire théorique de réception
Récepteur
canal physique
canal au sens de la communication
canal au sens de la théorie de l’information
Fig. 3.3: Existence de différents canaux de transmission dans une chaı̂ne de communication
La capacité de chacun de ces canaux, ergodique ou non selon les hypothèses du modèle,
est intimement liée à la nature des processus d’entrée et de sortie du canal. On distingue
trois types principaux :
Processus échantillonnés - alphabet d’entrée discret : Les processus d’entrée et
de sortie sont des signaux discrets et le domaine d’existence du signal d’entrée est
un ensemble dénombrable fini. C’est le modèle historique à partir duquel ont été
jetées les bases de la théorie de l’information. La capacité correspondante est donnée
par (3.21), soit :
C = max I(x; y)
px
où f (x) exprime une contrainte sur la répartition de x, e.g. typiquement une
contrainte de puissance.
Version soumise — 3/4/2003
3.3 Théorie de l’information 87
Processus continus : L’entrée et la sortie du canal sont des signaux continus. Travailler
directement à partir de signaux continus soulève le problème de la définition d’une
mesure de probabilité d’une forme d’onde. Cette difficulté est contournée en décom-
posant les signaux en série de fonctions orthogonales et en utilisant les échantillons
issus de la décomposition.
Considérons par exemple un canal temporel continu à bande fréquentielle limitée
modélisé en bande de base. Le théorème d’échantillonnage montre qu’un signal
complexe d’énergie finie, essentiellement limité en temps et en fréquence, possède
approximativement N = 2bF T c degrés de liberté [16, 17, 18], où T est la durée
temporelle et F la bande passante4 . La quantité d’information maximale qui peut
être transmise sur le temps T est donnée par :
1
CT = max I (xN ; yN )
T pxN
où xN et yN sont les vecteurs des échantillons des signaux d’entrée et de sortie. La
capacité par unité de temps est alors définie par :
C = lim CT
T →∞
Les premières contributions sur la capacité des canaux MIMO remontent aux travaux
de Telatar [20] qui a dérivé, pour un système de communication disposant d’une connais-
sance parfaite de l’état du canal en réception, la capacité ergodique d’un canal matriciel
à évanouissements de Rayleigh, plat en fréquence et variant rapidement dans le temps
sans effet de mémoire. A peu près au même moment, Foschini et Gans5 [21, 22] ont établi
la capacité de coupure pour des canaux quasi-statiques, i.e. constants sur un intervalle
temporel puis changeant de manière indépendante. L’un des principaux résultats a été la
confirmation de la croissance linéaire de la capacité avec le nombre minimal d’antennes
en émission et en réception, pourvu que les évanouissements entre toutes les paires an-
tenne d’émission/antenne de réception soient statistiquement indépendants. En partant
de l’observation que l’estimation du canal est une étape particulièrement lourde pour les
4
La durée T et la bande fréquentielle F invoquées dans l’opération de normalisation du débit sont
propres au signal transmis et non au signal reçu. A l’inverse, ce sont leurs contreparties en réception qui
sont les grandeurs pertinentes pour simuler un système de communication. Elles englobent les effets de
dispersion engendrés par la propagation.
5
Foschini et Gans font partie de l’équipe des Bell Labs à l’origine du prototype BLAST, le premier
vrai système MIMO capable d’atteindre une fraction significative de la capacité spatiale du canal (cf.
chapitre 4)
systèmes à double réseaux d’antennes qu’il serait souhaitable d’éviter, Marzetta [23] s’est
penché sur la capacité du canal MIMO en l’absence totale de connaissance sur le canal.
Par la suite, un grand nombre de travaux ont considéré la capacité dans un large panel
de situations.
Le but de cette section n’est pas de rendre compte de manière exhaustive de l’en-
semble des travaux menés mais plutôt de présenter les résultats essentiels sur l’apport de
la dimension spatiale. On se place dans le cas d’une liaison MIMO point-à-point, libre
d’interférences d’accès multiple, sur un canal non sélectif en fréquence et quasi-statique.
L’expression du modèle équivalent en bande de base est donné par la relation (1.6). Le
signal reçu y ∈ CNR dépend du signal émis x ∈ CNT par l’intermédiaire de l’expression
:
y = Hx + n (3.24)
où H ∈ CNR ×NT est la matrice du canal, n ∈ CNR le vecteur de bruit additif supposé
blanc gaussien, n ∼ CN (0, Pn I NR ).
La quantité d’information sur l’état du canal disponible établit une hiérarchie naturelle
entre systèmes, comme illustré sur la figure (3.4). Pour faire apparaı̂tre cette distinction,
la capacité sera indexée selon :
1. CCSITR lorsque l’émetteur et le récepteur connaissent l’état du canal (CSITR —
Channel State Information at the Transmitter and Receiver),
2. CCSIR lorsque le récepteur seul connaı̂t l’état du canal (CSIR — Channel State
Information at the Receiver),
3. CNoCSI en l’absence complète d’information d’état du canal (NoCSI — No Channel
State Information).
La notation C désignera par défaut la capacité CCSIR . La configuration où l’émetteur seul
a accès à l’état du canal, d’un intérêt pratique limité pour les applications sans fil, est
ignorée ici.
On expose à présent ces trois cas selon l’ordre suivi ci-dessus, i.e par quantité décrois-
sante d’information d’état du canal. Par souci de simplicité, la connaissance sur l’état du
canal sera supposée parfaite.
Quantité d’information
disponible
Absence d’information
Emetteur Canal Récepteur
d’état du canal
Fig. 3.4: Hiérarchie des systèmes de communication selon le degré d’information d’état du canal
accessible — Architectures de la chaı̂ne de transmission et expressions de la capacité associée
La capacité, pour une réponse spatiale du canal particulière, est solution du problème
d’optimisation suivant [24] :
où x|H et y|H représentent les signaux d’entrée et de sortie conditionnés à la connais-
sance de l’état du canal.
Un des premiers résultats attribués à Shannon a été de prouver que, pour un si-
gnal d’entrée limité en puissance, le transfert d’information sur un canal de transmission
perturbé par un bruit gaussien centré, de variance finie, est maximisé lorsque les signaux
émis et reçus sont gaussiens centrés [10] ou spéciaux gaussiens pour les signaux complexes
équivalents en bande de base [20]. Le domaine de recherche des solutions de (3.25) est
donc restreint à la classe des signaux gaussiens de moyenne nulle. L’information mutuelle
Version soumise — 3/4/2003
90 Aspects de la théorie de l’information
où l’on reconnaı̂t la différence d’entropie entre deux vecteurs spéciaux gaussiens. La ma-
trice de covariance Rx définit entièrement le processus spécial gaussien centré x, autorisant
à reporter la maximisation de l’information mutuelle sur Rx .
H = U ΣV H (3.27)
où U ∈ CNR ×NR et V ∈ CNT ×NT sont les matrices complexes unitaires des vecteurs
propres de sortie et d’entrée, et Σ ∈ RNR ×NT la matrice à diagonale principale regroupant
les valeurs singulières du canal, σ1 ≥ · · · ≥ σK > 0 avec K = rang(H). En injectant
l’expression (3.27) dans la relation (3.24), on a :
y = U ΣV H x + n
U H y = ỹ = Σx̃ + ñ
Ce système d’équations montre que l’information est transportée sur K modes unique-
ment, les modes supplémentaires, s’ils existent, ne contribuant que pour le terme de bruit.
Le rang du canal étant limité par min(NT , NR ), choisir NT > NR ne permet d’augmenter
le débit.
La définition d’une capacité au sens de Shannon n’est pas immédiate. Elle suppose
que l’émetteur dispose de l’opportunité additionnelle d’optimiser temporellement l’allo-
cation de la puissance et que le canal soit stable en information. Dans ce cas, la capacité
ergodique correspond au maximum de l’information mutuelle :
X
1
Cerg
CSITR = EH log µ(H)σk2 (H)
Pn
k∈K(H)
SNR
PT
Code
Chargement Adaptation NT
gaussien des modes UH
γσk2
modes propres
Canal k
H
K : modes effectifs
Décodage Adaptation
optimal V X
1
CCSITR (H) = log µ(H)σk2 (H)
Pn
k∈K(H)
Fig. 3.5: Structure optimale d’un système disposant de l’information d’état du canal en émission
et en réception
L’information mutuelle est, ici encore, maximisée par des signaux d’entrée et de sortie
gaussiens centrés. Elle conserve donc la forme (3.26) et l’unique inconnue à déterminer
pour achever la résolution de (3.31) est la matrice de covariance Rx . On montre qu’en
l’absence d’information d’état du canal en émission, la structure optimale est spatialement
décorrélée [20] :
PT
Rx = N T
I NT
Ce résultat se comprend intuitivement en remarquant que, pour toute autre structure
privilégiant arbitrairement certains degrés de liberté, il existe un canal plaçant son énergie
sur le mode le plus défavorisé, conduisant ainsi à des débits très faibles. Par conséquent,
la solution de (3.31) est :
CCSIR (H) = log det I NR + NPTTPn HH H (3.32)
L’équation (3.32) montre que la capacité est désormais fonction de la seule matrice
HH H . En remplaçant H par son développement en valeurs singulières, on arrive à :
K
X h i
PT 2
CCSIR (H) = log 1 + NT Pn σk (H)
k=1
Version soumise — 3/4/2003
3.3 Théorie de l’information 93
Dans le cas où H est une matrice gaussienne complexe, la matrice de corrélation
HH H suit une loi de distribution de Wishart, dont le spectre des valeurs propres est
connu [28]. La capacité ergodique du canal peut être calculée sous forme analytique avec
les polynômes de Laguerre [20, 29].
PT
modes propres
Code
Blanchiment
gaussien k
Canal
H
PT
CCSIR (H) = log det I NR + NT Pn
HH H
Décodage Adaptation
optimal HH
Fig. 3.6: Structure optimale d’un système disposant de l’information d’état du canal en réception
Le dernier cas de figure considéré est celui d’un système opérant en aveugle. La capa-
cité du canal se calcule alors comme :
second ordre du signal reçu est suffisante [23]. Le récepteur optimal s’apparente alors à
un détecteur quadratique travaillant sur la covariance du signal reçu, par oppostion avec
les récepteurs basés sur la métrique euclidienne.
Sous les hypothèses précitées, Marzetta [23] prouve que le signal atteignant la capacité
du canal s’étend sur un intervalle de cohérence complet, soit L symboles consécutifs, afin
d’extraire la structure maximale du canal et prend la forme :
[x(1), . . . , x(L)] = V Φ (3.35)
v1 ← φ1 →
.. ..
= . .
vNT ← φL →
où x(l) ∈ CNT est le vecteur transmis à l’index temporel l, V ∈ RNT ×NT une matrice
diagonale et Φ ∈ CNT ×L une matrice orthonormale, ΦΦH = I NT , isotrope. D’un point de
vue physique, la relation (3.35) signifie que le réseau d’émission transmet un multiplex de
signaux mutuellement orthogonaux en temps, propriété non altérée par un canal statique
sur laquelle le récepteur base ses décisions. On notera X = [x(1), . . . , x(L)] ∈ CNT ×L .
Marzetta [23], on observe que la forme (3.36) évolue vers un signal gaussien et que la
capacité utile tend asymptotiquement, avec l’accroissement du temps de cohérence, vers
la capacité d’un système disposant de la connaissance de l’état du canal en réception. Ce
résultat est logique puisque, lorsque le temps de cohérence L devient suffisamment grand,
il devient possible de réserver une fraction négligeable de l’intervalle de cohérence pour
transmettre une séquence d’entraı̂nement à partir de laquelle le récepteur peut estimer
la réponse du canal.
vn φn
Mise en (
forme L NT
(a) :
ou SNR 1
√
Canal V Φ →(a) PT LΦ
H
Décodage
par corrélation
Principe : émission d’un signal muni d’une structure invariante aux distorsions dues au canal et réception par corrélation
Fig. 3.7: Structure optimale d’un système aveugle sans information d’état du canal
Dans le cas d’un canal SISO temporel, l’information mutuelle entre émetteur et ré-
cepteur est calculée entre des signaux d’émission et de réception, de durées finies, avec
passage à la limite pour obtenir la capacité. De la même manière, pour les systèmes
MIMO, on recherche l’information mutuelle entre deux signaux définis sur des intervalles
temporels et des volumes en espace donnés. Pour garantir l’existence des solutions, le
signal d’entrée est supposé de puissance finie et la réponse du canal de carré intégrable.
Temps
Capacité normalisée en temps et en espace (canal MIMO)
1
Capacité normalisée en temps (canal SISO) CT,V = max I(x; y) (bit/s/m3 )
T V px :E{xH x}≤PT
1
CT = max I(x; y) (bit/s)
T px :E{xH x}≤PT
Espace (2D)
1
CV = max I(x; y) (bit/m3 )
V px :E{xH x}≤PT
où les bornes d’intégration ont été reportées dans la réponse h̃T,V (~ro , ~ri , to , ti ). Cette
fonction reste de carré intégrable et admet une décomposition en modes singuliers :
r
X
h̃T,V (~ro , to ; ~ri , ti ) = σk uk (~ro , to )vk∗ (~ri , ti )
k=1
où r est le rang du canal, {vk (~ri , ti )}rk=1 et {uk (~ro , to )}rk=1 les fonctions d’entrée et de
sortie, et {σk }rk=1 le spectre des valeurs singulières réelles positives. Cette décomposition
se différencie principalement des expressions rencontrées dans le chapitre précédent (cf.
expressions (2.10) et (2.14)) par la prise en compte des limitations temporelles et spatiales
des signaux d’entrée et de sortie.
Le problème au coeur de cette section semble donc résolu puisque CT,V est une mesure
de l’information exprimée en bit/s/m3 . La capacité spatio-temporelle du canal est définie,
au moins de manière formelle, par le passage à la limite :
Débit et robustesse font partie des critères incontournables dans l’établissement d’une
hiérarchie des systèmes de communication. Ces deux paramètres, reliés au théorème du
codage du canal, ont occupé une large place dans les travaux de recherche menés par les
théoriciens de l’information depuis l’avènement de cette discipline. Plus précisément, le
débit, proportionnel au nombre de symboles d’information indépendants transmis nor-
malisé par rapport aux dimensions du signal, est associé à la capacité du canal et la pro-
babilité d’erreur, inversement proportionnelle à la distance entre symboles d’information,
à la fiabilité de la liaison. Une solution évidente, mais brutale et limitée, pour améliorer
simultanément débit et robustesse passe par l’augmentation de la puissance d’émission.
Une alternative plus séduisante est d’accroı̂tre l’ordre de diversité et le nombre de degrés
de liberté de la transmission.
log Pe (γ)
d = lim − (3.42)
γ→∞ log γ
où Pe (γ) est le taux d’erreur mesuré pour le SNR γ mesuré à chaque antenne de réception.
log R(γ)
r = lim (3.43)
γ→∞ log γ
où R(γ) est le débit disponible au SNR γ. D’autres définitions plus complexes des degrés
de diversité et de multiplexage sont proposées dans la référence [32].
Alors que les architectures classiques ne sont en mesure d’extraire pleinement diversité
et multiplexage que dans le domaine temporel, les systèmes à double réseau d’antennes
offrent l’opportunité supplémentaire de les utiliser dans le domaine spatial. Dans l’ar-
ticle [33], les auteurs montrent que les gains de diversité et de multiplexage peuvent être
obtenus simultanément, le compromis optimal répondant à l’équation :
sur un canal de Rayleigh non sélectif en fréquence et statique par bloc de L symboles,
L ≥ NT +NR −1. Tout se passe comme si r antennes des réseaux d’émission et de réception
étaient réservées pour le multiplexage, les antennes restantes fournissant la diversité. La
relation (3.44) est tracée sur la figure (3.9).
Le compromis entre probabilité d’erreur et débit est généralement étudié à partir des
fonctions de fiabilité issues de la théorie des exposants de codage aléatoire [10, 15]. Ces
fonctions ne sont cependant connues que pour des débits supérieurs à un seuil critique
et, même dans ce cas, requièrent une optimisation complexe sur l’ensemble des distribu-
tions d’entrée. La référence [33] propose une approche plus simple basée sur la capacité
non ergodique en s’appuyant sur le fait que la probabilité de coupure à fort SNR est
approximativement égale à la probabilité d’erreur.
Généralités : Les formules de capacité établies dans la section 3.3.2 posent les limites
théoriques de débit, réalisables par des systèmes MIMO dans différents scénarios, et font
ressortir, au travers des formules de capacité, l’importance de la réponse du milieu de
Version soumise — 3/4/2003
100 Aspects de la théorie de l’information
(0, NT NR )
Hypothèse : L ≥ NT + NR − 1
gain de diversité
système MIMO
système MISO/SIMO
1
(min(NT , NR ), 0)
système SISO
r
1
gain de multiplexage spatial
Fig. 3.9: Compromis entre diversité et multiplexage sur un canal MIMO à évanouissements de
Rayleigh
propagation. Cette section étoffe ce point en donnant quelques indications sur l’interaction
entre propriétés de la réponse du canal et capacité. On suppose ici que la réponse du canal,
parfaitement connue du récepteur, est invariante en temps et en fréquence. L’expression
appropriée de l’information mutuelle maximale est alors donnée par la relation (3.32).
La borne inférieure est atteinte lorsqu’il existe un unique chemin de propagation entre
l’émetteur et le récepteur, rang(H) = 1. La capacité croı̂t alors avec le nombre d’antennes
de réception selon une progression logarithmique, attestant de la présence d’un gain de
diversité en réception. La limite supérieure correspond à la situation où le système accède
à l’intégralité des modes de propagation offerts par le canal, rang(H) = min(NT , NR ). La
capacité augmente alors linéairement avec le nombre minimal d’antennes, min(NT , NR ).
Cette dernière configuration est évidemment recherchée.
L’existence des bornes inférieure et supérieure (3.45) se retrouvent pour les capa-
cités ergodiques et non-ergodiques, déduites respectivement de l’information C(H) par
calcul de l’espérance mathématique et de la probabilité de coupure. Les courbes de la
figure (3.10) montrent ainsi la plage de variations de la capacité au sens de Shannon
en fonction du SNR, pour un signal d’entrée gaussien et un signal appartenant à une
constellation BPSK. La figure (3.11) fait de même pour la capacité de coupure. Dans
Version soumise — 3/4/2003
3.4 Leçons de la théorie de l’information 101
C (bit/s)
2.4
2.0
1.6
0.8
XZ py|x (y, x)
C= py|x (y, x) px (x) log P dy
0.4
x∈X Y x0 ∈X px0 (x0 ) py|x0 (y, x0 )
0 SNR dB
−20 −16 −12 −8 −4 0 4 8 12
les deux cas, les courbes ont été obtenues en affectant une distribution gaussienne aux
coefficients d’atténuation du canal.
Le rang du canal est donc le facteur clé des gains de capacité apportés par la technolo-
gie MIMO. On l’a déjà évoqué, la technique de décomposition d’un canal de transmission
en modes propres est antérieure à l’avènement des systèmes à double réseau d’antennes.
L’innovation réside ici dans le fait que la structure des modes, généralement une fonction
complexe de la fréquence, du temps et de l’espace, peut être purement spatiale.
Une première source de dégradation provient de la présence d’un trajet direct entre
l’émetteur et le récepteur, lequel conduit à une modification des propriétés de la liaison,
e.g. passage de la statistique de Rayleigh à celle de Rice. D’emblée, les zones de faibles et
de forts SNR doivent être distinguées. A forts SNR, la composante spéculaire n’a pra-
tiquement aucun effet sur la capacité, les composantes hors visibilité assurant seules le
rang plein de la matrice. A faibles SNR, la composante moyenne conditionne l’expression
de la capacité et conduit à une dégénérescence de la matrice du canal. Dans le cas des
liaisons limitées en puissance, il est donc recommandé de placer l’émetteur et le récepteur
hors visibilité. Comme pour toute règle, il existe des exceptions, telles que les configura-
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102 Aspects de la théorie de l’information
C (bit/s)
5
Entrée gaussienne
3
Limite basse : canal de rang unité
Entrée BPSK
0 SNR dB
−20 −16 −12 −8 −4 0 4 8 12
C (bit/s)
14
12
10
Entrée gaussienne
8
Entrée BPSK
2
0 SNR dB
−20 −16 −12 −8 −4 0 4 8 12
P [I(x, y) < R]
1.0
0.9
0.8
NT = N R = 1
0.7 SNR
0 dB
0.6 6 dB
12 dB
0.5 18 dB
0.4
0.3
0.2
0.1
Débit R (bit/s)
0
0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20
P [I(x, y) < R]
1.0
0.9
0.8
NT = N R = 2
SNR
0.7
0 dB
6 dB
0.6 12 dB
18 dB
0.5
0.2
0.1
Débit R (bit/s)
0
0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20
P [I(x, y) < R]
1.0
NT = NR = 4
0.9
0.8 SNR
0 dB
0.7
6 dB
12 dB
18 dB
0.6
0.5
0.4
0.3
0.2
0.1
Débit R (bit/s)
0
0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20
tions de rang maximal mises en évidence par Driessen [34]. Ces scénarios sont cependant
particuliers puisqu’ils reposent sur la transmission coopérative de plusieurs émetteurs,
coordonnés pour former un émetteur global à antennes multiples.
La dépendance entre les signaux transmis ou reçus par différentes antennes est un
autre facteur de réduction du nombre de degrés de liberté du canal. Elle est généralement
provoquée par un espacement entre éléments rayonnants trop faible vis-à-vis de l’environ-
nement. Le débit supporté oscille alors entre les bornes présentées dans l’équation (3.45).
Pour faciliter l’étude de ce point, on fait l’hypothèse que les coefficients de la matrice
du canal sont des variables complexes gaussiennes centrées à symétrie circulaire. Indépen-
dance et décorrélation sont alors équivalentes [35] et l’analyse des statistiques au second
ordre suffit à estimer le rang du canal. En s’appuyant sur les outils présentés dans la
section 3.2, on met en évidence deux points de vue distincts :
Critère de distance de corrélation : Pour certains environnements très riches en dif-
fuseurs (cf. section 2.4.2), les phénomènes physiques en émission et en réception
apparaissent approximativement découplés, autorisant par la même le recours aux
paramètres établis pour les cas SIMO et MISO. En se référant à la relation (2.35),
on voit que le nombre de degrés de liberté est statistiquement égal au minimum des
rangs des matrices de corrélation d’émission et de réception.
Le rang du canal est alors conditionné par l’ordre de diversité minimal des réseaux,
i.e nombre de signaux décorrélés discernables rassemblés sur les trois directions
spatiales, soit :
X
r= min D̄corTx (~ro , ~ri )−1
u , D̄corRx (~ro , ~ri )−1
u
~eu ∈{~ex ,~ey ,~ez }
Aspects liés aux réseaux d’antennes : La structure des réseaux d’antennes, i.e. la
disposition spatiale des éléments et les diagrammes de rayonnements élémentaires, joue
un rôle essentiel en intervenant directement sur les points évoqués ci-dessus.
Obstacle
Propagation en intérieur
Couloir Antenne
Propagation en extérieur
Fig. 3.12: Scénarios menant à la formation d’un goulot d’étranglement dans le canal de propa-
gation
linéairement puis en carré. L’espacement entre les éléments rayonnants est normalisé par
rapport à la longueur d’onde. La réponse du canal est constituée de cinq trajets distincts,
tous indirects, dont les atténuations, indépendantes et identiquement distribuées, suivent
une loi gaussienne complexe. Les diagrammes des éléments rayonnants sont isotropes.
∆φ,R
Milieu de propagation
λ=1 ∆φ,T (évanouissements complexes
gaussiens)
Fig. 3.13: Schéma du système de référence pour les figures (3.14), (3.15) et (3.16)
Deux zones se distinguent nettement. La première zone, située vers les faibles lon-
gueurs d’onde, est caractérisée par un comportement chahuté de l’information mutuelle
et une valeur moyenne élevée. Ce comportement s’explique par une distance de corréla-
tion en réception plus faible que l’espacement entre antennes. Les réseaux d’émission et
de réception se comportent alors comme des réseaux à diversité. Les effets de corrélation
croissent avec la longueur d’onde jusqu’à ce que la distance de corrélation en réception
dépasse l’espacement entre antennes. Dans cette seconde zone, la diversité spatiale n’est
plus présente simultanément en émission et en réception, ce qui induit une perte de modes
effectifs. L’information varie alors moins brutalement, avec un niveau moyen inférieur. La
frontière entre ces deux zones progresse vers les grandes valeurs de longueur d’onde au
fur et à mesure que l’étalement angulaire en réception croı̂t.
La figure (3.16) présente un jeu d’expériences similaires avec des structures de réseaux
d’émission et de réception distinctes, linéaire à l’émission et en carré à la réception. Les
courbes illustrent, en adoptant un point de vue autre, l’évolution, pour plusieurs longueurs
d’onde, de l’information échangée en fonction de l’orientation relative des réseaux et
de l’étalement angulaire en réception. On observe ici encore que le débit est fortement
sensible à la disposition des réseaux et à l’étalement angulaire dès lors que la longueur
d’onde s’accroı̂t. De manière générale, à la lumière des figures (3.14), (3.15) et (3.16), il
est clair que choisir un espacement inter-éléments supérieur à la distance de corrélation
∆φ,T = 2π ∆φ,T = 2π
∆φ,R = π/16 ∆φ,R = π/8
I I
1 1
0+ 0+
0.0 0
0 0
λ λ
φ φ
2π 4 2π 4
∆φ,T = 2π
∆φ,T = 2π ∆φ,R = π/2
∆φ,R = π/4
I I
1 1
0+ 0+
0 0
0 0
λ λ
φ φ
2π 4 2π 4
∆φ,T = 2π ∆φ,T = 2π
∆φ,R = π ∆φ,R = 2π
Zone 1
Zone 2
I
I
1 1
0+ 0+
0 0
0 0
λ λ
φ φ
Réseaux 2π 4 2π 4
perpendiculaires
Fig. 3.14: Information mutuelle entre les réseaux linéaires à 4 antennes identiques en fonction
de la longueur d’onde (λ) et de l’orientation relative des réseaux (φ), pour différents couples
d’étalements angulaires (∆φ,T , ∆φ,R )
∆φ,T = 2π ∆φ,T = 2π
∆φ,R = π/16 ∆φ,R = π/8
I I
1 1
0+ 0+
0 0
0 0
λ λ
φ φ
2π 4 2π 4
∆φ,T = 2π ∆φ,T = 2π
∆φ,R = π/4 ∆φ,R = π/2
I I
1 1
0+ 0+
0 0
0 0
λ λ
φ φ
2π 4 2π 4
∆φ,T = 2π ∆φ,T = 2π
∆φ,R = π ∆φ,R = 2π
I I
1 1
0+ 0+
0 0
0 0
λ λ
φ φ
2π 4 2π 4
Fig. 3.15: Information mutuelle entre deux réseaux carrés à 4 antennes identiques en fonction
de la longueur d’onde (λ) et de l’orientation relative des réseaux (φ), pour différents étalements
angulaires (∆φ,T , ∆φ,R )
locale est nécessaire à la stabilité des performances d’un système MIMO aux conditions
de propagation.
Cette section serait incomplète s’il n’était pas fait référence au problème de couplage
électromagnétique. L’origine du couplage provient de l’interaction des champs électroma-
gnétiques entre éléments rayonnants. Les éléments couplés partagent alors une certaine
quantité d’énergie, proportionnelle à l’intensité du couplage. La sévérité du couplage est
fonction de l’espacement entre antennes, des types d’éléments (couplage entre dipôles su-
périeur au couplage entre patches) et de la géométrie du réseau (couplage plus important
dans un réseau circulaire que dans un réseau linéaire). Alors qu’il existe des techniques
compensant, partiellement au moins, les effets du couplage pour les systèmes à formation
de faisceau, leur application à l’architecture MIMO reste un sujet ouvert. Une des consé-
quences du couplage est la déformation des diagrammes de rayonnement élémentaires et
il est tentant de faire le parallèle avec les réseaux à diversité de rayonnement [44, 45].
Cependant, le couplage induit également une dépendance entre les éléments, absente dans
la diversité de rayonnement, qui se traduit par une dégradation de l’information mutuelle.
Arrivé au terme de ce chapitre, l’on dispose des connaissances nécessaires pour conce-
voir un système de communication répondant au cahier des charges de l’application visée
et aux contraintes imposées par le milieu de transmission. On rappelle que l’application
envisagée ici est une liaison point-à-point, en environnement domestique, non perturbée
par des signaux interférents dus à l’accès multiple.
∆φ,T = 2π
λ = 1/2 ∆φ,T = 2π
λ = 1/2
I
I
1 1
0 0
0 0
π π
φ φ
∆φ ∆φ
2π 0 2π 0
∆φ,T = 2π
λ=1 ∆φ,T = 2π
λ=1
I
I
1 1
0 0
0 0
π π
φ φ
∆φ ∆φ
2π 0 2π 0
∆φ,T = 2π ∆φ,T = 2π
λ=2 λ=2
I
I
1 1
0 0
0 0
π π
φ φ
∆φ ∆φ
2π 0 2π 0
∆φ,T = 2π
∆φ,T = 2π
λ=4
λ=4
I I
1 1
0 0
0 0
π π
φ φ
∆φ ∆φ
2π 0 2π 0
Fig. 3.16: Information mutuelle entre un réseau linéaire de 4 éléments et un réseau carré de
4 éléments en fonction de l’orientation relative des réseaux (φ) et de l’étalement angulaire en
réception (∆φ,R ), pour différentes longueurs d’onde (λ)
Version soumise — 3/4/2003
112 Aspects de la théorie de l’information
Les réseaux d’émission et de réception jouent un rôle fondamental et doivent être judi-
cieusement dimensionnés pour répondre aux besoins de l’application. Par exemple, pour
réaliser le gain de capacité offert par la structure MIMO, il est nécessaire que l’espacement
inter-éléments soit supérieur à la distance de corrélation. A ce propos, on prendra garde
de ne pas faire l’amalgame entre distance de corrélation et distance d’échantillonnage.
La première, fonction de la longueur d’onde et de l’environnement, décrit les effets de
corrélations et sert à établir la distinction entre réseau à diversité et réseau phasé. La se-
conde, égale à la demi-longueur d’onde et indépendante du milieu, est issue du théorème
d’échantillonnage spatial. Une source de confusion provient certainement du fait que ces
deux distances sont identiques lorsque la répartition angulaire des trajets incidents est
uniforme.
Il est toutefois utile de se pencher sur l’association fructueuse avec les modulations à
porteuses multiples. La modulation OFDM est une solution appréciée pour la communi-
cation sur canaux fortement sélectifs en fréquence car menant à des structures simples.
Schématiquement, le canal est décomposé en une somme de sous-canaux plats superposés
en fréquence. Le traitement séparé des dimensions spatiales et temporelle, resté en trame
de fond depuis le chapitre précédent, revêt alors un sens pratique.
Rang du canal r
r=1 r>1
Ordre de diversité d
d=1 d>1
Diversité Diversité
en émission en réception
3.5 Conclusion
Dans ce chapitre, nous avons abordé les systèmes de communication du point de vue
de la théorie de l’information. Les points suivants ont été discutés :
• l’impact de la sélectivité du milieu de propagation sur une transmission numérique,
quantifié en comparant la signature statistique au second ordre du signal avec les
mesures de dispersion du canal établies au chapitre précédent ;
• le comportement théorique des systèmes MIMO, avec la présentation des perfor-
mances optimales attendues ainsi que des formes d’ondes correspondantes, pour
différents types de connaissance du canal par le système ;
• l’application pratique de résultats issus de la théorie de l’information permettant
d’identifier les environnements favorables au déploiement de systèmes MIMO et
d’expliciter les notions de diversité et de multiplexage en espace.
Ce chapitre a fourni un recueil d’outils théoriques dont la maı̂trise est nécessaire à
la conception de schémas de transmission pour les systèmes MIMO, sujet au cœur de
la prochaine partie. Globalement, les trois alternatives de traitement de la dimension
spatiale sont le filtrage, la diversité et le multiplexage, ce dernier constituant la clé des
débits atteints par les systèmes MIMO.
Tbloc < Tcoh ≡ Fbloc > FDop Tbloc > Tcoh ≡ Fbloc < FDop
Canal dispersif en temps et plat en
Fbloc < Fcoh ≡ Tbloc > Tspread Canal plat en temps et en fréquence
fréquence
Canal dispersif en fréquence et plat en
Fbloc > Fcoh ≡ Tsymb < Tspread Canal sélectif en temps et en fréquence
temps
Dbloc,Tx < DcorTx (~ro , ~ri )u ≡ Dbloc,Tx > DcorTx (~ro , ~ri )u ≡
Kbloc,Tx > KspreadTx (~ro , ~ri )u Kbloc,Tx < KspreadTx (~ro , ~ri )u
Dbloc,Rx < DspreadRx (~ro , ~ri )u ≡ Canal sélectif en émission et non
Canal plat en émission et en réception
Kbloc,Rx > KspreadRx (~ro , ~ri )u sélectif en réception
Dbloc,Rx > DcorRx (~ro , ~ri )u ≡ Canal sélectif en réception et non
Canal sélectif en émission et en réception
KblocRx < Kspread,Rx (~ro , ~ri )u sélectif en émission
Dbloc,u < Dcoh (~ro , ~ri )u ≡ Dbloc,u > Dcoh (~ro , ~ri )u ≡
Kbloc,u > KDop (~ro , ~ri )u Kbloc,u < KDop (~ro , ~ri )u
Kbloc,u < Kcoh (~ro , ~ri )u ≡ Canal plat en espace et en pulsation Canal sélectif en espace et plat en
Dbloc,u > Dspread (~ro , ~ri )u spatiale pulsation spatiale
Kbloc,u > Kcoh (~ro , ~ri )u ≡ Canal plat en espace et sélectif en Canal sélectif en espace et en pulsation
Dbloc,u < Dspread (~ro , ~ri )u pulsation spatiale spatiale
3.5 Conclusion
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Version soumise — 3/4/2003
118 Aspects de la théorie de l’information
Sommaire
4.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 119
4.2 Domaine spatial . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 120
4.2.1 Information d’état du canal en réception . . . . . . . . . . . . . . 121
4.2.1.1 Critères de construction . . . . . . . . . . . . . . . . . . 121
4.2.1.2 Panorama des techniques . . . . . . . . . . . . . . . . . 124
4.2.2 Emission et réception aveugles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 140
4.2.2.1 Critères de construction . . . . . . . . . . . . . . . . . . 140
4.2.2.2 Panorama des techniques . . . . . . . . . . . . . . . . . 142
4.2.3 Information d’état du canal en émission et en réception . . . . . 145
4.2.3.1 Critères de construction . . . . . . . . . . . . . . . . . . 145
4.2.3.2 Panorama des techniques . . . . . . . . . . . . . . . . . 146
4.3 Domaines spatial et fréquentiel . . . . . . . . . . . . . . . . . . 150
4.3.1 Critères de construction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 151
4.3.2 Panorama des techniques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 154
4.4 Domaines spatial et temporel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 156
4.4.1 Critères de construction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 157
4.4.2 Panorama des techniques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 158
4.5 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 161
Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 163
4.1 Introduction
Constituer une base de données sur les techniques MIMO existantes est une étape in-
dispensable lors de la conception d’un système, fournissant une boı̂te à outils réutilisable.
Ce chapitre propose ainsi un tour d’horizon des principales techniques temps-espace recen-
sées dans la littérature dans le courant de l’année 2001. La première partie se concentre
sur l’exploitation de la dimension spatiale, les deux parties suivantes, plus succinctes,
intégrant simplement les aspects de sélectivités fréquentielle et temporelle du canal de
propagation. La large part accordée à l’aspect spatial se justifie par le fait que c’est de
par son traitement que les systèmes MIMO généralisent l’ensemble des autres schémas
de transmission.
Pour chaque cas de figure, les formes d’onde optimales en terme de capacité ou de
probabilité d’erreur sont présentées. Les critères liés à la capacité ont été évoqués au
chapitre précédent et seront rappelés. Les critères de robustesse sont dérivés à nouveau,
accompagnés des structures de réception correspondantes.
Dans certaines applications bas débit, la bande passante occupée est inférieure à la
bande de cohérence du canal et la durée des paquets échangés au temps de cohérence. Le
canal apparaı̂t alors plat en fréquence et statique en temps, n’offrant plus au système que
la dimension spatiale à exploiter. Le modèle approprié est donné par la relation (1.6).
Une formulation plus compacte du modèle (4.1) est obtenue en rangeant les vecteurs
transmis et reçus selon les colonnes de matrices :
Y = HX + N (4.3)
Version soumise — 3/4/2003
4.2 Domaine spatial 121
avec les matrices X = [x(0) | . . . | x(K − 1)] ∈ CNT ×K , Y = [y(0) | . . . | y(K − 1)] ∈
CNR ×K , N = [n(0)T | . . . | n(K − 1)T ] ∈ CNR ×K . L’ensemble des séquences susceptibles
d’être transmises forme une constellation notée X , dont les propriétés vont conditionner
les performances du système.
Le problème (4.4) est généralement trop complexe à cause du calcul direct de la pro-
babilité d’erreur totale. On peut alors avoir recours à l’analyse de la probabilité d’erreur
entre paires de signaux {X 1 , X 2 }, laquelle donne une indication sur la probabilité d’er-
reur totale par l’intermédiaire du théorème de l’union1 . La probabilité de décider X 2
alors que X 1 a été émis équivaut à :
La variable aléatoire réelle Re tr H(X 2 − X 1 )NH résulte de la somme pondérée des
éléments de la matrice de bruit N . Puisque la combinaison linéaire de variables gaus-
siennes centrées, indépendantes et identiquement distribuées est elle-même une variable
gaussienne centrée, de variance proportionnelle à la somme des carrés des coefficients de
pondération, on en déduit que Re tr H(X 2 − X 1 )N H ∼ N (0, kH(X 2 − X 1 )k2F Pn /2).
De cette observation s’ensuit que l’équation (4.5) est une simple intégration sur la queue
d’une fonction gaussienne, dont la valeur est donnée par :
s
2
kH(X 2 − X 1 )kF
PX2 |X1 ,H (X 2 , X 1 , H) = Q (4.6)
2Pn
√ R∞
avec Q(x) = (1/ 2π) x exp(−u2 /2) du.
Il reste finalement à moyenner cette probabilité d’erreur par paire sur la statistique
des évanouissements du canal :
PX2 |X1 (X 2 , X 1 ) = EH PX2 |X1 ,H (X 2 , X 1 , H) (4.7)
où w(xi1 , xi2 ) est le poids de la décision erronée de xi2 à la place de xi1 .
La probabilité d’erreur par paire PX2 |X1 se présente donc, en toute logique, comme
une fonction décroissante de la distance kX 2 − X 1 k. Afin d’obtenir une meilleure com-
préhension des mécanismes en jeu, il se révèle intéressant d’examiner cette borne en
fonction du spectre de la matrice de corrélation du signal d’erreur. En développant
(X 2 − X 1 )(X 2 − X 1 )H en valeurs propres, on obtient :
" r #−NR
1 Y λk
PX2 |X1 (X 2 , X 1 ) ≤ 1+ (4.9)
2 4Pn
k=1
On observe que la structure du signal émis influe sur la probabilité d’erreur à deux
niveaux. Plus précisément, la borne (4.10) se comporte comme (βc /4Pn )−βd , avec :
où det+ (A) dénote le produit des valeurs propres strictement positives de la matrice A.
La figure (4.1) illustre le rôle de ces deux termes. Le gain de diversité, apparaissant
en exposant dans l’équation (4.10), est prioritaire, en régime fort SNR, sur le gain de
Version soumise — 3/4/2003
124 Techniques MIMO - Etat de l’art
Pe (échelle log)
−βd
βc
Pe (γ) ∝
4Pn
Système
codé
Gain de codage βc :
Zone de Système codé décalage de la courbe
faibles SNR à diversité
Gain de diversité βd :
changement de la pente
γ (dB)
Fig. 4.1: Gains de diversité et de codage — Influence sur les performances en probabilité d’erreur
Le point de départ de cette branche remonte aux travaux fondateurs des Bell Labs [1]
qui ont débouché sur l’architecture DBLAST (Diagonal Bell Labs Layered Space-Time),
dénomination explicitée plus loin. La motivation première de ce groupe était la concep-
tion d’une méthode permettant d’appliquer les techniques de codage classiques au canal
MIMO, contournant par la même l’épineux problème de la construction de codes temps-
espace. D’autres techniques ont depuis vu le jour, se classant en trois catégories distinctes
présentées sur la figure (4.3).
Version soumise — 3/4/2003
4.2 Domaine spatial 125
Débit
(multiplexage) R c ≤ NT
LDC
Concaténation de codes
STBCM
STTCM
Robustesse
(diversité) Rc ≤ 1
OSTBCM
STM : Space-Time Multiplexing
BLAST : Bell Labs LAyered Space-Time modulation
STTCM : Space-Time Trellis Coded Modulation
STBCM : Space-Time Block Coded Modulation
OSTBCM : Orthogonal STBCM
STRCM : Space-Time Constellation-Rotating Modulation
LDCM : Linear Dispersion Coded Modulation
ASTM : Algebraic Space-Time Modulation
H = QR
Modulateur
VBLAST : mutliplexage par
Démultiplexeur strates verticales
Codeur SISO
Antenne
Modulateur
Temps
Trajectoire de codage
strates horizontales
strates diagonales
Démultiplexeur
flux-antennes
où Q ∈ CNR ×NR est une matrice unitaire et R ∈ CNR ×NT une matrice triangulaire
inférieure.
temps
antennes d’émission
VBLAST
HBLAST
DBLAST
VBLAST supporte le même débit que DBLAST et souffre de la même contrainte sur
le rang du canal. Cependant, les performances en taux d’erreur sont nécessairement moins
bonnes du fait que VBLAST n’exploite pas la dimension temporelle du canal. Plusieurs
travaux ont étudié l’influence du motif d’entrelacement, ainsi que son interaction avec le
code appliqué et l’algorithme de décodage associé [6, 7, 8].
Fermeture
du treillis
Critères de performance
sur les symboles modulés
(Tarokh)
Les modulations STTC se comportent bien sur les canaux variant lentement dans le
temps mais souffrent de la complexité de décodage. Il existe un compromis fondamental
entre le débit, l’ordre de diversité, la taille de la constellation et la complexité du treillis.
Tarokh [9] montre en effet que, pour un ordre de diversité spatiale rNR , une constellation
Les performances en probabilité d’erreur des STTCM utilisant des modulations co-
dées en treillis conventionnelles sont largement dégradées lorsque le treillis possède des
branches parallèles. Les TCM multiples [15, 16] lèvent cette limitation en débit en au-
torisant les branches parallèles dans le treillis tout en maximisant l’ordre de diversité.
Lin [17] étend ces travaux pour les canaux MIMO quasi statiques et propose des mé-
thodes de construction systématiques.
1 0
20,21,2223
30,31,32,33
Antenne 1 Antenne 2
30,31,32,33
D D
22,23,20,21
32,33,30,31 Retard 2
Gain
02,03,00,01
12,12,13,11
Addition modulo 4
Fig. 4.6: Exemples de modulations temps-espace codées en treillis (Tarokh) pour un système
MIMO à 2 antennes d’émission
Un point crucial est le comportement des modulations codées STTC dans des condi-
tions d’opérations réalistes. Tarokh et Naguib [21, 22] étudient par exemple les effets des
erreurs d’estimation du canal sur les performances des codes temps-espace et proposent
des méthodes d’acquisition, basées sur l’insertion de séquences d’entraı̂nement connues.
Fitz [23] présente les performances des STTCM sur un canal MIMO corrélé en espace en
proposant une analyse originale de la probabilité d’erreur par paire.
NT
!NT
X
det(X H
OD X OD ) = |x(n)|2 (4.13)
n=1
On distinguera les motifs orthogonaux réels, qui utilisent des variables réelles et leurs
opposées {±x(n)}n , des motifs orthogonaux complexes qui manipulent des variables com-
plexes et leurs symétriques {±x(n), ±x(n)∗ }n . Les motifs orthogonaux réels sont restreints
aux dimensions 2, 4 et 8, résultat issu de la théorie de Hurwitz-Radon. En fait, ces trois
motifs s’identifient respectivement aux nombres complexes, aux quaternions et aux octo-
nions :
x(1) x(2)
X OD(2) =
−x(2) x(1)
Version soumise — 3/4/2003
132 Techniques MIMO - Etat de l’art
x(1) x(2) x(3) x(4)
−x(2) x(1) −x(4) x(3)
X OD(4) =
−x(3) x(4)
x(1) −x(2)
−x(4) −x(3) x(2) x(1)
x(1) x(2) x(3) x(4) x(5) x(6) x(7) x(8)
−x(2) x(1) −x(4) x(3) x(6) −x(5) −x(8) x(7)
−x(3) x(4) x(1) −x(2) x(7) x(8) −x(5) −x(6)
−x(4) −x(3) x(2) x(1) x(8) −x(7) x(6) −x(5)
X OD(8) =
−x(5) −x(6)
−x(7) −x(8) x(1) x(2) x(3) x(4)
−x(6) x(5) −x(8) x(7) −x(2) x(1) −x(4) x(3)
−x(7) x(8) x(5) −x(6) −x(3) x(4) x(1) −x(2)
−x(8) −x(7) x(6) x(5) −x(4) −x(3) x(2) x(1)
avec x(n) ∈ R , n = 1, . . . , 8.
Q
!NT
X
det(X H
GOD X GOD ) = 2
|x(n)| (4.14)
n=1
où {±x(1), . . . , ±x(Q)} sont les Q symboles transmis par bloc. On montre par construc-
tion que les motifs réels généralisés existent quel que soit le rendement Rc ≤ 1 et le
nombre d’antennes NT , la durée K de chaque bloc devant être minimisée pour réduire le
délai de décodage [27]. En particulier, l’expression de K en fonction du nombre d’antennes
NT ≤ 8 est établie dans le cas Rc = 1.
Le passage vers le corps des nombres complexes se fait naturellement mais les résultats
ne s’étendent pas. Ainsi, les motifs complexes orthogonaux n’existent que pour la dimen-
sion 2, preuve obtenue par extension de la théorie d’Hurwitz-Radon au cas complexe.
Cette exception correspond au schéma d’Alamouti :
c x(1) x(2)
X OD =
−x(2)∗ x(1)∗
et :
x(3) x(3)
x(1) x(2) √
2
√
2
x(3) x(3)
−x(2)∗ x(1)∗ √ √
X cGOD =
x(3)∗ x(3)∗
2
−x(1)−x(1)∗ +x(2)−x(2)∗
2
−x(2)−x(2)∗ +x(1)−x(1)∗
√2 √
2 2 2
x(3)∗ −x(3)∗ x(2)+x(2)∗ +x(1)−x(1)∗ −x(1)−x(1)∗ +x(2)−x(2)∗
√ √
2 2 2 2
Les motifs orthogonaux admettent une interprétation physique intéressante : les dia-
grammes de rayonnement sont orthogonaux à chaque intervalle de temps, et, simultané-
ment, les séquences transmises par les différentes antennes sont orthogonales [29].
cette condition, il devient possible de concevoir, avec une grande flexibilité, des modu-
lations à diversité maximale pour des nombres quelconques d’antennes d’émission et de
réception.
Les modulations STCR (cf. figure (4.8)) projettent un vecteur de symboles x ∈ CNT
sur une constellation tournée, puis répartissent la constellation en temps et en espace
selon :
X = U diag(M x) (4.15)
où M ∈ CNT ×NT est une matrice de rotation et U ∈ CNT ×NT une matrice orthonormale.
La matrice U n’affecte pas la probabilité d’erreur, i.e. HU ∼ H, et peut être employée,
par exemple, pour gommer les pics de puissance. Le choix de la matrice de rotation M ,
optimal au sens de la diversité, est une matrice maximisant la distance produit minimale.
diversité
Diversité pleine : les composantes de chaque point sont différentes x : symbole de constellation
des composantes de tous les autres points M : matrice de rotation
U : orthonormale
En utilisant le fait que le déterminant d’un produit de matrices est égal au produit
de déterminants individuels et que le déterminant d’une matrice orthonormale est égal à
l’unité, on montre que la distance produit minimale de la modulation s’écrit :
dmin = min |det diag [M (xi − xj ))]|2
i6=j
2
NT X
Y NT
= min mpq [xi (q) − xj (q)]
i6=j
p=1 q=1
où les scalaires mpq dénotent les coefficients de la matrice M . Cette distance est non nulle
par construction puisque les composantes de chaque point de la constellation tournée sont
uniques. Il en résulte que les codes STCR sont à diversité maximale.
Ces codeurs sont connus analytiquement pour NT = 2 et une modulation BPSK. Leur
recherche pour NT > 2 et des gains de codage élevés requiert des moyens informatiques
envisageables uniquement pour des constellations de petites tailles. Basé sur les construc-
tions algébriques développées par Giraud et Boutros [37, 33], Damen [38] propose un
ensemble de modulations combinant les constellations tournées avec une transformation
de Hadamard. La propriété de décodage linéaire perdue par les STCRM entraı̂ne une
complexité exponentielle du décodage ML en fonction de la taille des constellations et du
nombre d’antennes d’émission. Le décodage par sphère [39] a été proposé pour pallier ce
problème.
où {Aq ∈ CNT ×K }2Q q=1 est l’ensemble des matrices de dispersion. La structure de la mo-
dulation est entièrement spécifiée par le jeu des matrices de dispersion, celle d’un mot de
code étant définie par les Q symboles transmis. On remarque que les composantes réelle
et imaginaire de chaque symbole sont étalées par des matrices distinctes. Dans la suite,
on préfèrera la forme :
2Q
X
X= x̄(q)Aq
q=1
Les modulations à dispersion linéaire offrent une très grande souplesse dans le choix
des paramètres, facilitant la recherche d’un compromis entre débit utile et robustesse.
Intuitivement, le débit sera d’autant plus fort que le nombre de symboles utiles sera
grand, contrairement à la robustesse qui sera d’autant meilleure que Q sera petit. La
valeur Q = min(NT , NR )K est un compromis maximisant l’information mutuelle tout en
conservant un gain de codage suffisant [41].
Une fois fixé le nombre de symboles utiles, l’étape suivante se concentre sur la géné-
ration de matrices de dispersion {Aq } maximisant le rendement. En injectant la défini-
tion (4.16) dans la relation d’entrée-sortie (4.2), on montre que :
P
2Q
y = H vec q=1 x̄(q)Aq + n
= HAx̄ + n
où x̄ ∈ R2Q est le vecteur signal et A = [vec(A1 ) | · · · | vec(A2Q )] ∈ CNT K×2Q la
matrice globale de dispersion. Tout se passe comme si le message transitait dans le ca-
nal étendu HA, perturbé par un bruit additif gaussien. Ce scénario a été abordé dans la
section 3.3.2.2, où il a été vu que, pour une puissance d’émission limitée, le débit est maxi-
misé par un vecteur de symboles x̄ blanc gaussien. La capacité ergodique correspondante
est [42, 4] :
1 1 H H
C(A) = EH log det I 2NR K + HAA H (4.18)
2K γ
Les matrices de dispersion sont alors élaborées pour maximiser l’équation (4.18).
La référence [5] détaille une méthode d’optimisation numérique, basée sur le gradient,
permettant de maximiser l’équation (4.18) avec les contraintes :
PQ 2
q=1 kAq kF = KNT (i)
KNT
kAq k2F = Q q = 1, . . . , Q (ii)
AH
q Aq =
K
Q IK q = 1, . . . , Q (iii)
où (i) borne la puissance totale rayonnée, (ii) assure que chaque symbole est distribué avec
la même puissance depuis chaque antenne et (iii) assure que la dispersion de chaque sym-
bole ne privilégie pas de direction spatiale ou temporelle. Les deux dernières contraintes
assurent que la recherche se restreint aux modulations à dispersion linéaire tendant à
ressembler à un signal blanc gaussien, en accord avec la signature optimale attendue. Les
modulations à dispersion linéaire ainsi générées offrent des débits élevés mais ne satis-
font plus nécessairement aux critères de performance en probabilité d’erreur établis par
Tarokh [27].
où l’on a posé e12 (l) = x1 (l) − x2 (l). En imposant que les matrices de modulation soient
unitaires, Sandhu prouve que les matrices de modulations les plus robustes sont mutuel-
lement hermitiennes anti-symétriques :
(
Ak AH H
l + Al Ak = 0 , k 6= l pour NT ≤ K
(4.19)
AH H
k Al + Al Ak = 0 , k 6= l pour NT > K
AAH = 1
NT I NT K (4.21)
Pour résoudre ce problème, la démarche adoptée par Damen [44] consiste à imposer
une structure algébrique aux mots de code pour guider l’optimisation simultanée du débit
et de la diversité. En remarquant que la propriété de distance minimale non nulle (4.12)
est, par l’intermédiaire du déterminant, une fonction polynomiale des éléments des ma-
trices d’erreur entre points de la constellation, le problème se réduit à construire un
polynôme ne possédant pas de racine pour la structure algébrique choisie.
Les fondations théoriques ont été édifiées par Forney dans l’article [45], où il prouve
que le décodage séquentiel de deux codes courts concaténés se révèle plus simple, à perfor-
mances identiques, que le décodage d’un code long. L’exemple emblématique, rencontré
Version soumise — 3/4/2003
4.2 Domaine spatial 139
sur les canaux générant des erreurs isolées et indépendantes, est la combinaison d’un code
externe algébrique, généralement un code de Reed-Solomon, et d’un code interne convo-
lutif. Le récepteur associé effectue un décodage à décision souple du code convolutif, suivi
d’un décodage algébrique du code en bloc corrigeant les paquets d’erreurs éventuellement
produits en sortie du décodeur interne.
L’intérêt de recourir à cette stratégie dans le cas présent est d’optimiser séparément les
gains de diversité et de codage (cf. relations (4.11)), tâche difficile à mener conjointement.
Il est, par exemple, possible de combler la déficience en gain de codage des modulations
OSTBC à diversité pure à l’aide d’un code correcteur classique. Le canal équivalent, vu
entre le modulateur temps-espace orthogonal et le démodulateur associé, se réduit à un
canal SISO, pour lequel les TCM forment un choix naturel. En particulier, pour un canal
quasi-statique, où l’objectif du code externe est la maximisation de la distance euclidienne
libre, on pourra utiliser les TCM développées par Ungerboeck [46]. La figure (4.9) illustre
le diagramme d’un système à concaténation de codes, accompagné de son application au
schéma d’Alamouti.
XX H = KI NT
avec Ry|Xl = I K + γX H l X l . Le décodeur ML sous cette forme est non linéaire du fait
de la présence du déterminant. En développant la matrice Y et en s’aidant de l’identité
det(I + AB) = det(I + BA), il est possible de retirer la contribution de ce dernier pour
reformuler l’équation (4.24) selon :
X̂ ML = arg max − tr Y R−1 y|Xl Y H
X l ∈X
En remarquant, par la formule d’inversion d’une somme de matrices2 , que R−1 y|Xl =
γ H
IK − Kγ+1 X l X l , la structure de décision ML se réduit à un récepteur quadratique :
X̂ ML = arg max tr Y X H l X lY
H
(4.25)
X l ∈X
1 Yh i−NR
r
γ2K2 1 2
PX2 |X1 (X 2 , X 1 ) ≤ 1+ 4(1+γK) (1 − σ )
K2 n
2
n=1
1 Y h γK i−NR
r
1 2
PX2 |X1 (X 2 , X 1 ) ≤ 4 (1 − σ )
K2 n
(4.26)
2
n=1
[x(1), . . . , x(K)] Φl Y
Φ̂ML = arg max tr Y ΦH
l Φl Y
H
Φl ∈CUSTM
Φ1
HΦ1
Φ2
Exemple pour K = 3, NT = 1, L = 3
Θ = diag ([θ1 , . . . , θK ])
avec θk = exp i 2π
L u k .
Le spectre {uk }K k=1 de la matrice de rotation, où les uk sont des entiers vérifiant
1 ≤ u1 , · · · , uK ≤ L − 1, doit être optimisé pour minimiser la probabilité d’erreur. Hoch-
wald [52] présente deux exemples de synthèse systématique. La première approche est
basée sur la transformée de Fourier et emprunte des idées de la théorie du traitement du
signal appliquée aux réseaux d’antennes à faible densité. L’autre approche est algébrique
et repose sur la théorie du codage.
les liaisons SISO pour pallier l’absence de connaissance de la réponse du canal en récep-
tion. L’une des premières extensions aux systèmes MIMO recensées repose sur un codage
différentiel des modulations codées en bloc orthogonales [53], ultérieurement étendue aux
modulations orthogonales généralisées [54]. Cette technique jouit de la plupart des pro-
priétés de la DPSK, notamment la possibilité d’être démodulée avec ou sans l’information
d’état du canal en réception. Elle présente néanmoins les deux inconvénients majeurs
d’étendre la constellation d’origine et de subir la limitation sur le nombre d’antennes
à l’émission intrinsèque aux codes orthogonaux à rendement maximal, i.e. NT = 2, 4, 8
pour des modulations réelles et NT = 2 pour des constellations complexes.
Les travaux de Hughes [55] et de Hochwald et Sweldens [56] ont permis d’étendre
le concept de modulation différentielle à un nombre quelconque d’antennes à l’émission
et à la réception, ainsi qu’à des constellations linéaires quelconques. Les méthodes de
codage et les critères de construction obtenus sont relativement proches, bien qu’obtenus
en suivant des approches différentes.
Hochwald [49] construit des codes différentiels unitaires formant un groupe cyclique
par rapport à la multiplication matricielle. Dans la référence [5], les auteurs montrent le
Version soumise — 3/4/2003
4.2 Domaine spatial 145
lien existant entre la construction des codes pour deux antennes d’émission et la construc-
tion de codes sphériques définis sur une sphère plongée dans un espace à quatre dimen-
sions. Ils élaborent une classification de tous les groupes finis de matrices unitaires à
diversité maximale, classification qui a été indépendamment obtenue par Hughes [55].
Des résultats de simulations apparaissent dans l’article [57].
L’essence même des techniques aveugles, dont un état de l’art avancé est fourni par la
revue [58], réside dans l’exploitation des structures du canal et de la source pour remonter
à la séquence transmise. Deux grandes familles se partagent le domaine : les algorithmes
exploitant les moments statistiques des signaux et les algorithmes à maximum de vrai-
semblance reposant sur les fonctions de probabilité. Chaque classe se scinde ensuite entre
méthodes statistiques, qui supposent le signal transmis aléatoire, et méthodes détermi-
nistes, utilisées lorsque cette description statistique n’existe pas ou est inaccessible.
Y = UH
R Ȳ
où U H
R ∈ C
NR ×r est le filtre de réception générant le signal Y ∈ Cr×K . Les formes
Y = ΣX + N
Comme illustré sur la figure (4.11), la configuration la plus simple pour utiliser l’état
du canal en émission se réduit à une opération de préfiltrage, ou préégalisation, adaptant le
signal au canal, indépendamment de la zone en amont. Au degré de complexité supérieur,
le bloc d’adaptation au canal reçoit des informations de la partie amont de l’émetteur.
Dans les deux cas, le filtre d’émission peut être appairé avec le filtre de réception.
Pré-égalisation Egalisation
Etat du canal
Message
Information d’état
y = GR HGT x + GR n
où l’on définit les vecteurs x ∈ CNT , y ∈ CNR , n ∈ CNR et où les matrices GT ∈ CNT ×NT
et GR ∈ CNR ×NR correspondent aux matrices des filtres d’émission et de réception (voir
figure 4.12).
GT = V ΛGT H = U ΛH V H GR = ΛGR U H
où la procédure d’optimisation est menée sur l’ensemble des matrices extraites des vec-
teurs propres d’entrée et de sortie :
(
GT = V ΛGT
GR = ΛGR U H
La probabilité d’erreur Px2 ,H|x1 ,H (x2 , x1 , H) apparaissant dans l’équation (4.31) est
une fonction décroissante de la distance entre signaux reçus. La principale nouveauté
réside ici dans le fait que cette distance, en plus d’englober les filtres GT et GR , est altérée
par la couleur du bruit vu en entrée du décodeur, n̄ = GR n. En effet, la transformation
linéaire GR n’affecte pas la nature du bruit mais en modifie la matrice de corrélation,
n̄ ∼ CN (0, Pn GR GH R ).
Les filtres ainsi générés sont spécifiques à l’alphabet de modulation des symboles trans-
mis, nécessitant d’être calculés au cas par cas. Scaglione [59] propose de faire abstraction
de cette dépendance en observant que minx xH Ax ≥ λmin (A)2 min kxk∀A 0, ce qui
permet de reformuler la relation (4.32) :
GT , GR = arg max λmin GH H H
T H GR Rn̄ GR HGT
GT ,GR
Mise en forme
Fig. 4.13: Objectifs du codage sur canal gaussien - Gains de codage et de mise en forme
Parallèlement, Kasturia [71] et Leichleider [72] suivent une approche différente basée
sur le partitionnement du canal MIMO en sous-canaux indépendants non-sélectifs en
espace, optimisé conjointement avec le code correcteur.
Illustrons ce concept par l’adaptation au canal des modulations OSTBC, les pro-
priétés d’orthogonalité et d’uniformité facilitant grandement les développements [73]. La
probabilité d’erreur par paire des signaux s’exprime :
PX2 ,H|X1 ,H (X 2 , X 1 , H) ≤ exp − 41 kHGT (X 2 − X 1 )k2F
y = Hx + n (4.34)
La variable aléatoire Re(nH H(x2 − x1 )), somme pondérée d’échantillons de bruit in-
dépendants et identiquement distribués CN (0, Pn ), suit une loi gaussienne Re(nH H(x2 −
x1 )) ∼ N (0, kH(x2 − x1 )k22 Pn /2). L’expression analytique de la probabilité d’erreur par
paire est alors donnée par :
s
2
kH(x2 − x1 )k2
Px2 |x1 ,H (x2 , x1 , H) = Q
2Pn
et peut être mis à profit pour faciliter les calculs. En particulier, l’extension cyclique d’un
bloc d’information sur K + Lp échantillons convertit la convolution linéaire du signal avec
la réponse du canal en une opération de convolution circulaire, d’où la transition vers le
domaine fréquentiel devient immédiate par transformée de Fourier discrète. Il est impor-
tant de réaliser que cette périodisation n’est simulée que sur un intervalle de détection de
K échantillons, correspondant à la fenêtre de détection.
ȳ = H̄ x̄ + n̄ (4.37)
Désormais, l’on s’intéressera aux critères de performances établis pour cette représen-
tation. En remarquant que la statistique du bruit n’est pas modifiée, n̄ ∼ n, la probabilité
d’erreur par paire à minimiser s’exprime par :
h
2 i
Px̄2 |x̄1 ,H̄ (x̄2 , x̄1 , H̄) ≤ exp − 4P1n
H̄(x̄2 − x̄1 )
2 (4.38)
H̄ = F NR ΛF H
NT
L’intégralité du caractère aléatoire de canal est concentrée dans les valeurs propres,
impliquant que l’espérance de la probabilité d’erreur par paire est fontion de la seule
matrice Λ :
EH̄ {Px̄2 |x̄1 ,H̄ (x̄2 , x̄1 , H̄)} = EΛ {Px̄2 |x̄1 ,Λ (x̄2 , x̄1 , Λ)}
où la probabilité d’erreur Px̄2 |x̄1 ,Λ est dérivée de l’expression (4.38) en injectant la décom-
position fréquentielle de la matrice du canal :
h
2 i
Px̄2 |x̄1 ,Λ (x̄2 , x̄1 , Λ) ≤ exp − 4P1n
ΛF H
NT (x̄2 − x̄1 ) 2
où x̃1 (k) ∈ CNT et x̃2 (k) ∈ CNT sont les projections des signaux x̄1 et x̄2 sur la porteuse k.
Les gains de codage et de diversité sont isolés par comparaison de la relation (4.39)
avec (βc /4Pn )−βd :
βd = card(K)NR
Y
βc =
2/card(K)
kx̃2 (k) − x̃1 (k)k2 (4.40)
k∈K
Egalisation : Alors que l’égalisation forme une branche relativement ancienne dans
le monde des systèmes de communication [74, 75], la transition vers le canal MIMO
s’est faite plus récemment [76, 77, 78]. La carte d’identité d’une technique d’égalisation
comprend trois points que sont :
– le critère d’optimisation : méthodes déterministes ou statistiques,
– la connaissance disponible : méthodes classiques ou paramétriques,
– la structure de l’égaliseur : égaliseur linéaire ou non linéaire, récursif ou non récursif.
L’égaliseur dirigé acquiert la réponse du canal grâce à la séquence d’entraı̂nement
transmise par l’émetteur. Cette séquence se révèle plus complexe à définir par compa-
raison au cas SISO, puisqu’elle doit apporter une information suffisamment riche sur le
canal pour permettre au récepteur d’estimer tous les modes de propagation. Une analyse
théorique de ce problème peut être trouvée dans l’article de Raleigh [79], accompagnée
d’une stratégie d’acquisition de la réponse du canal. Dans la référence [80], les auteurs
proposent un format de séquence d’apprentissage, basé sur la norme IEEE 802.11a, adapté
à une configuration à deux antennes d’émission et plusieurs antennes de réception.
Le schéma d’une chaı̂ne MIMO-OFDM est détaillé par la figure (4.14). Les données
sont transmises par bloc de symboles, modulés par une transformée de Fourier discrète
inverse (IDFT - Inverse Discrete Fourier Transform) puis préfixés par une extension cy-
clique suffisamment longue pour absorber l’ensemble des échos du canal. En réception, le
détecteur commence par éliminer les échantillons correspondant à l’intervalle de garde, ne
conservant que les symboles utiles à partir desquels il restitue, par transformée de Fourier
discrète, les symboles transmis affectés d’un coefficient d’évanouissement à égaliser.
Modulation Démoduleur
Codeur OFDM OFDM
temps- Entrelaceur Désentrelaceur Décodeur
espace
Modulation Démoduleur
OFDM OFDM
IDFT + suppresion intervalle de garde
préfixe cyclique + DFT
IDFT DFT
Fig. 4.14: Système MIMO combiné à une modulation OFDM pour transmission sur canal sélectif
en fréquence
bution de l’information a été proposée. Raleigh [79] et Lu [82] donnent ainsi un aperçu
des codes SISO directement exploitables sur le multiplex MIMO-OFDM, par exemple les
TCM à grande distance produit ou encore les codes à faible densité (LDPC — Low Den-
sity Parity Check Code) [83]. L’avantage des codes à faible densité devant les turbocodes
est l’allègement du traitement effectué à chaque itération, ce qui autorise l’augmentation
du nombre d’itérations. Un système inspiré de VBLAST est présenté par Lozano [84].
Bancs de filtres : Les transmissions sur multiplex de porteuses orthogonales avec in-
tervalle de garde cyclique sont particulièrement sensibles aux évanouissements profonds
proches des porteuses, requérant un couplage avec un code correcteur d’erreur ou un
mécanisme d’évitement de ces porteuses. Des formes d’onde autres que les exponentielles
complexes, comme par exemple les transformées à base d’ondelettes [85], parviennent à
résoudre partiellement ce problème. A cela viennent se cumuler les phénomènes de cor-
rélation spatiale qui se traduisent par l’apparition de trous dans les spectres de plusieurs
multiplex, dégradant d’autant le taux d’erreur.
– la longueur des filtres doit être supérieure ou égale au nombre d’inconnues acces-
sibles au récepteur, Lf ≥ K + Lp (condition nécessaire) ;
– les réponses des filtres ne doivent pas être une combinaison linéaire d’ordre Lp
(condition suffisante).
Alors que la modulation OFDM avec préfixe cyclique ne satisfait pas à ces conditions,
précisément à cause de la périodicité du préfixe, on démontre qu’il suffit de remplacer ce
dernier par un intervalle de garde vide pour être à nouveau en mesure d’égaliser le canal
parfaitement (ZP OFDM — Zero Padded OFDM). Plus généralement, une reconstruc-
tion parfaite est envisageable si Lp zéros sont insérés à des positions arbitraires dans les
réponses de chaque filtre du banc.
où T ∈ CK×K .
Les changements des conditions de propagation, dus entre autres aux déplacements
de l’émetteur, du récepteur ou des obstacles présents dans l’environnement, engendrent
une évolution temporelle de la réponse du canal que le système doit intégrer, en plus de
la diversité spatiale, à sa stratégie de communication.
y = Hx + n
Version soumise — 3/4/2003
4.4 Domaines spatial et temporel 157
où x = [x(0)T , . . . , x(K − 1)T ]T ∈ CKNT est le vecteur transmis, y = [y(0)T , . . . , y(K −
1)T ]T ∈ CKNR le vecteur reçu et H ∈ CKNR ×KNT la matrice du canal définie par :
H(0) . . . 0
H = ... ..
.
..
.
0 . . . H(K − 1)
L’espérance des termes individuels du produit, qui se présente comme un cas parti-
culier du problème (4.7), dépend du canal par l’intermédiaire des matrices de corrélation
H(k)H H(k). Dans le scénario idéal d’un canal suffisamment riche en diffuseurs et d’an-
tennes suffisamment espacées au sein de chaque réseau, cette matrice suit, pour chaque
index temporel, une loi de Wishart, H(k)H H(k) ∼ CW K+L (K, I K ), et l’on montre que :
K−1
Y 1
Px2 |x1 (x2 , x1 ) ≤ h iNR
1
k=0 det I NT + 4Pn (x2 (k) − x1 (k))(x2 (k) − x1 (k))H
ou encore
K−1
Y 1
Px2 |x1 (x2 , x1 ) ≤ h iNR
k=0 1+ 1
4Pn kx2 (k) − x1 (k)k22
βd = card(K)NR
Y
βc =
2/ card(K)
kx2 (k) − x1 (k)k2 (4.45)
k∈K
pratique, les techniques présentées ici sont valables pour des statistiques temporelles
intermédiaires, i.e. suffisamment rapides pour être sensibles sur la durée d’un message
mais suffisamment lentes pour pouvoir être traitées.
Les techniques temps-espace existantes pour canal statique et pour canal à évanouisse-
ments rapides ne sont pas satisfaisantes en pratique et font ressentir le besoin de schémas
adaptés aux dynamiques temporelles intermédiaires. Aussi, dans son article fondateur [9],
Tarokh propose-t’il une famille de codes mixtes à faible rendement, baptisés “smart-greedy
codes” dans la littérature anglaise, optimisant simultanément les critères de diversité et
de codage (4.11) et (4.45). Les modulations codées en treillis multidimensionnelles per-
mettent de générer ce type de codes. Une méthode de génération de treillis multidi-
mensionnelles, basée sur la description analytique de Calderbank-Mazo, est fournie par
Van [92].
treillis externe [93], l’élaboration de la TCM est guidée par les paramètres de longueur
effective et de distance produit [94].
La dynamique temporelle du canal étant pénalisante pour les codes classiques trop
structurés, les codes quasi-aléatoires, i.e. codes LDPC et turbocodes, apparaissent natu-
rellement comme la solution pour exploiter cette diversité. La richesse de la littérature
dans le domaine des modulations temps-espace turbocodées témoigne du potentiel de ces
techniques [95, 96]. La figure (4.15) regroupe quelques architectures possibles.
Turbocode à concaténation
STTCM
Entrelaceur parallèle [99]
récursif
Code conv.
Entrelaceur récursif
STTCM concaténé à un
STTCM code convolutif récursif
[100]
Code conv.
Entrelaceur récursif
4.5 Conclusion
Dans ce chapitre, nous avons proposé un état de l’art des techniques de transmission
MIMO. L’approche est focalisée sur l’exploitation de la dimension spatiale, à laquelle
viennent se greffer les dimensions fréquentielle et temporelle. Les points suivants ont été
abordés :
• les schémas de codage et de modulation adaptés aux canaux MIMO invariants
dans le temps et plats en fréquence, s’étageant depuis les systèmes à diversité pure
(OSTBCM) jusqu’aux solutions à multiplexage spatial pur (BLAST) ;
• leurs extensions permettant de traiter la sélectivité fréquentielle, dominées par la
combinaison fructueuse avec les modulations de type OFDM ;
• leurs extensions permettant de compenser la sélectivité temporelle, ainsi que les
schémas combinant dimensions spatiale et temporelle.
L’ensemble des techniques évoquées dans ce chapitre, résumé sous forme graphique
par la figure (4.16), est injecté dans le chapitre suivant comme base de références. La
conception de l’interface radio MIMO spécifiée s’en trouvera simplifiée d’autant.
NT
Sélectivité spatiale
Robustesse
(diversité) Rc ≤ 1
USTM : Unitary Space-Time Modulation OSTBCM
Absence de connaissance Techniques différentielles (DUSTM : Differential USTM)
de l’état du canal Techniques aveugles
Egalisation
Sélectivités spatiale et fréquentielle Bancs de filtres : MIMO-OFDM, MIMO-ZPOFDM
TR-STBCM : Time-Reversal Space-Time Block Coded Modulation
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Sommaire
5.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 169
5.2 Description de la couche physique HIPERLAN2 . . . . . . . . 170
5.3 Du bien-fondé d’un système MIMO-HIPERLAN2 . . . . . . 175
5.4 Extension MIMO . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 178
5.4.1 Analyse du problème . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 178
5.4.2 Modulation codée fréquence-espace . . . . . . . . . . . . . . . . . 183
5.4.2.1 Constructions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 183
5.4.2.2 Résultats issus de la littérature . . . . . . . . . . . . . . 184
5.4.3 Modulation codée temps-espace . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 186
5.4.3.1 Constructions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 186
5.4.3.2 Résultats issus de la littérature . . . . . . . . . . . . . . 191
5.4.4 Contraintes de coût . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 195
5.5 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 196
Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 197
5.1 Introduction
concernant la couche de contrôle. Des éléments qualitatifs sont ensuite apportés pour
justifier l’exploitation de la dimension spatiale en milieu domestique dans la bande des
5 GHz. La fin de ce chapitre est consacrée à l’élaboration d’une extension MIMO au
système HIPERLAN2, en suivant une démarche logique visant à aboutir à une famille
d’architectures raisonnablement complexes. Les résultats de simulation obtenus au cours
de cette thèse, jugés trop partiels, n’apparaissent pas dans ce document.
La couche physique HIPERLAN2, décrite par la norme ETSI TS 101 475 [1], repose sur
la modulation OFDM et un mode de transmission par paquets. En Europe, deux bandes
de fréquences disjointes sont allouées, une bande basse 5.15 GHz – 5.45 GHz, dédiée à
une utilisation exclusive en intérieur, et une bande haute 5.47 GHz – 5.725 GHz pour
utilisation intérieure et extérieure. Chaque bande est scindée en canaux de 20 MHz de
large, soit un total de 8 canaux dans la bande basse et de 11 canaux dans la bande haute.
Une procédure de sélection dynamique de fréquence choisit un canal de transmission
libre, i.e. sans interférences et inoccupé par d’autres liaisons HIPERLAN2, et assure une
rotation régulière des canaux pour éviter le piégeage. La puissance d’émission est ajustée,
avec une puissance moyenne maximale de 200 mW PIRE (Puissance Isotrope Rayonnée
Effective) dans la bande basse et de 1 W PIRE dans la bande haute.
Le mécanisme d’accès au canal, défini dans la couche MAC, repose sur un mode
TDMA/TDD. L’utilisation du canal est découpé dans le temps par trame de durée 2 ms
divisée en différentes phases de diffusion, de communication et d’accès au réseau (fi-
gure (5.2)). Plusieurs formats d’encapsulation sont alors définis au niveau de la couche
PHY pour assurer le transport de ces paquets de données, à savoir paquet de diffusion,
paquet de canal descendant, paquets de canal montant à préambule court et à préambule
long et paquet de lien direct. Un paquet est invariablement constitué d’un en-tête et d’un
segment de données, tous deux dépendants du type de paquet. Le préambule pour le ca-
nal de diffusion permet la synchronisation temporelle et fréquentielle, le contrôle de gain
et l’estimation du canal. Le préambule en voie descendante est destiné à l’estimation de
canal uniquement et les préambules pour la voie montante et le canal d’accès aléatoire à
l’estimation du canal et à la synchronisation.
Allocation fréquentielle
Masque d’émission
Puissance (dBc)
0 dBc
−20 dBc
−28 dBc
−40 dBc
f (MHz)
−30 −20 −11 −9 0 9 11 20 30
porteuse
2 ms
Couche DLC
Liaison Liaison Liaison Accès
Couche MAC Diffusion
descendante directe montante aléatoire
Canaux de transport
Couche PHY IC IC IC IC
Mode Modulation Rendement de codage Débit nominal Bits codés par Bits codés par Bits utiles par
(Mbit/s) sous-porteuse symbole OFDM symbole OFDM
1 BPSK 1/2 6 1 48 24
2 BPSK 3/4 9 1 48 36
3 QPSK 1/2 12 2 96 48
4 QPSK 3/4 18 2 96 72
5 16QAM 9/16 27 4 192 108
6 16QAM 3/4 36 4 192 144
7 64QAM 3/4 54 8 288 216
Données
Préambule
Canal de 20 MHz
Les systèmes HIPERLAN2 seront déployés dans une grande variété d’environnements
tels que des bureaux, des locaux industriels, des halls de présentation ou encore des milieux
résidentiels. Cinq modèles de canaux, résumés dans le tableau (5.3), ont été produits pour
représenter ces différents scénarios [2].
Sous les hypothèses précitées, le débit est directement lié au minimum du rang des
matrices de corrélation d’émission et de réception, impliquant que les réseaux d’émission
et de réception doivent garantir un espacement entre éléments supérieur à la distance de
corrélation locale.
Se pose alors le problème de compacité des réseaux qui, de toute évidence, doit rester
acceptable. La distance de corrélation est fonction de deux paramètres :
A la fréquence de 5 GHz, la demi longueur d’onde est de l’ordre de 3 cm, ouvrant la voie
à des réseaux d’antennes de petites dimensions. Une application sans fil en milieu domes-
tique confiné, dans cette bande des 5 GHz, semble donc tout à fait propice au déploiement
d’un système MIMO. En particulier, l’augmentation des structures d’émission-réception
HIPERLAN2 par des réseaux d’antennes isotropes apparaı̂t extrêmement prometteuse.
1 ∆
0.8
0.6
0.4
0.2 d/λ
0
0 0
1
50
2
100 3
Dispersion angulaire ∆ Distance relative d/λ
150 4
Corrélation spatiale
θ = π/4
1
0.8
∆
0.6
0.4
0.2 d/λ
0
0 0
1
50
2
100 3
Dispersion angulaire ∆ Distance relative d/λ
150 4
Corrélation spatiale
0.8
0.6
∆
0.4 θ = π/2
0.2 d/λ
0
0 0
1
50
2
100 3
Dispersion angulaire ∆ Distance relative d/λ
150 4
Après avoir établi le gain potentiel promis par l’utilisation de réseaux d’antennes à
l’émission et à la réception, il reste à concevoir un système conforme aux spécifications
du standard HIPERLAN2. Pour limiter les problèmes inhérents au surcoût, le nombre
d’antennes par réseau permettant le multiplexage d’espace est choisi minimal, soit NT = 2
et NR = 2.
Le code convolutif 133 171 semble superflu de prime abord, ne serait-ce que pour la
raison qu’il est conçu pour un canal SISO. Trois points jouent pourtant en sa faveur :
– complémentarité avec les modulations codées temps-espace : le code convolutif et les
modulations codées travaillent sur deux plans distincts, respectivement sur le corps
de Galois des symboles d’information, muni de la métrique de Hamming, et le corps
des nombres complexes des symboles modulés, muni de la métrique euclidienne. Ils
s’associent donc aisément de part et d’autre de l’opérateur de codage binaire à
symbole ;
– concaténation de codes : la concaténation de fonctions de codage est une solution
efficace pour améliorer la robustesse en autorisant des actions indépendantes sur
les différents leviers gouvernant la probabilité d’erreur. L’insertion d’un entrelaceur
ouvre de surcroı̂t la voie vers les techniques de type turbo ;
– statistique du signal : construit pour la correction d’erreurs sur canal gaussien, le
code 133 171 altère peu la statistique de la source et reste peu sensible au traitement
effectué en aval.
Il apparaı̂t donc favorable de garder le bloc de codage prévu par le standard HIPERLAN2.
On rappelle que l’on considère ici une modulation codée temps-espace.
Au final, pour un système de coût raisonnable, le point idéal d’implantation des tech-
niques MIMO se situe entre le codeur de canal HIPERLAN2 et le modulateur OFDM. La
nouvelle architecture est présentée sur la figure (5.8), que l’on pourra comparer au schéma
original de la figure (5.3). Clairement, l’apport des techniques MIMO s’apparente à une
surcouche ajoutée au-dessus du système HIPERLAN2, soulignant la relative simplicité
de réalisation et le caractère sous-optimal de cette solution.
Démodulation Récepteur
OFDM Détramage
Radio
Démodulation
180 Application des techniques MIMO au standard HIPERLAN2
Détramage Récepteur
OFDM Radio
Désentrelacement
Trois classes de schémas de codage, illustrées sur la figure (5.9), se distinguent selon
la nature des liens tissés en temps et en fréquence entre les composantes spatiales de la
constellation :
1. modulation codée fréquence-espace : codage sur NT multiplex OFDM, de NDS
sous-porteuses chacun, transmis simultanément, avec indépendance temporelle des
flux ,
2. modulation codée temps-espace : codage sur K symboles OFDM consécutifs, avec
indépendance fréquentielle des flux ;
3. modulation codée temps-fréquence-espace : codage sur un paquet complet de KNT
multiplex OFDM de NDS sous-porteuses.
Il apparaı̂t que le modulateur MIMO peut être appliqué à un sous-espace quelconque
de l’espace temps-fréquence-espace accessible, ce qui explique que la notion de “codage
temps-espace”, souvent utilisée pour ne pas alourdir la lecture du document, n’est pas
correcte. En fait, il serait préférable de parler de codage scalaire, codage vectoriel et codage
matriciel suivant le nombre de dimensions physiques exploitées par le modulateur.
Version soumise — 3/4/2003
182 Application des techniques MIMO au standard HIPERLAN2
Espace
NT antennes
Fréquence
NDS sous-porteuses
Plan temps-fréquence-espace
(MIMO - HIPERLAN2)
Plan temps-fréquence
(SISO - HIPERLAN2)
Temps
K symboles
Codage temps-fréquence-espace
Fig. 5.9: Domaine de codage pour un système MIMO OFDM — Interprétation géométrique
5.4.2.1 Constructions
En l’absence de dépendance temporelle, la constellation XEF est définie par les sym-
boles transmis par les NT antennes d’émission sur les NDS porteuses fréquentielles. Les
NDS composantes spatiales de chaque point sont affectées par le canal selon :
et la réponse du canal, à l’instant k0 , par la matrice H(k0 ) ∈ CNR NDS ×NT NDS :
H(k0 , 1) . . . 0
.. .. ..
H(k0 ) = . . .
0 . . . H(k0 , NDS )
Toute la batterie de techniques évoquées dans la section 4.4 peut être employée, à
savoir :
– modulations temps-espace,
– techniques différentielles,
– concaténation de codes.
L’étude des performances comparées de ces différents schémas de codage n’ayant mal-
heureusement pu être menée à bien lors de ce travail de thèse, il a été choisi de présenter
quelques ordres de grandeurs relatifs aux modulations codées en treillis, souvent prises
comme référence en tant que premières techniques de codage MIMO recensées, remontant
à l’article fondateur de Tarokh.
La figure (5.11) illustre l’architecture d’un codeur STTCM, directement inspirée des
structures rencontrées avec les modulations codées en treillis. Les Nb bits des symboles
d’entrée M-aire, M = log2 Nb , sont encodés séparément par des codeurs convolutifs. Les
sorties des codeurs convolutifs sont ensuite sommées, au modulo M , et le résultat converti
en un point de la constellation M-aire d’entrée.
P q
En notant aq (D) = P k
k a (k)D , le polynôme représentant la séquence binaire associée
e q q k
au q bit, et Gp (D) = k gp (k)D , le polynôme générateur du codeur associé pour
l’antenne p, la séquence de sortie transmise par l’antenne p est donnée par :
NX
b −1
NT convertisseurs NT modulateurs
série-parallèle f OFDM
1
S/P Modulation
OFDM
antenne 1
fNDS
f1
S/P Modulation
OFDM
antenne NT
fNDS
f1
P/S Démodulation
OFDM
antenne 1
fNDS
f1
P/S Démodulation
OFDM
antenne NR
fNDS
NT convertisseurs NT modulateurs
parallèle-série OFDM
1
g0,1
1
g1,1
1
g0,2
1
g1,2
D D D
Codage gν11 ,2
symboles M-aire Symbole
à Bit
gν21 ,2
D D D
2
g1,2
2
g0,2
2
g1,1
2
g0,1
D registre à décalage
En se basant sur ces notations, le tableau (5.4) regroupe quelques exemples repré-
sentatifs de treillis construits pour une modulation QPSK et un réseau d’émission à
2 antennes. Ces treillis sont issus de trois sources distinctes, référencées par les initiales
de leurs auteurs, à savoir TSC pour Tarokh-Seshadri-Calderbank [4], BBH pour Baro-
Bauch-Hansmann [5], GFK pour Grimm-Fitz- Krogmeier [6] et FVY pour Firmanto-
Vucetic-Yuan [7]. Apparaissent pour chaque code, la mémoire ν mesurant, en nombre
de symboles M-aire, la profondeur du treillis, la distance de Hamming minimale et la
distance produit minimale sur la constellation.
où δp,min et δH,min , référencées dans le tableau (5.4), sont respectivement les distances
produit et de Hamming minimales sur la constellation.
Les figures (5.12), (5.13) et (5.14) montrent les courbes ainsi obtenues, pour différentes
longueurs de contrainte. Le gain par rapport à un système dépourvu de gains de diversité
et de codage apparaı̂t clairement.
Parmi les autres techniques disponibles, le codage différentiel entre porteuses adja-
centes est envisageable mais requiert que la réponse fréquentielle du canal soit constante
sur cet intervalle. Plus prometteuse, la concaténation du modulateur MIMO et du codeur
scalaire original ouvre la voie au traitement itératif, auquel cas l’entrelaceur séparant les
deux fonctions devra être revu.
5.4.3.1 Constructions
Tab. 5.4: QPSK-STTCM pour canal plat à évanouissements rapides, construites sur le critère
du rang & déterminant – NT = 2
Typea Polynômes générateurs νb δH δp2
2D 2
TSC 2 2 4
D 1
2+D 2
BBH 2 2 8
3D 2+D
3 + 2D 1 + D
FVY 2 2 24
2 2 + 2D
2D 2
TSC 2 2 3 2 16
D + D 1 + 2D
2 + 2D 2
BBH 2 1 + 2D 2 3 2 32
D + 2D
D + 2D2 2 + 3D
FVY 3 2 48
2+D 2 + 2D
2D 2 + 2D2
TSC 2 4 3 16
D+D 1 + 2D
2 2 + 2D2
BBH 2 4 3 32
2 + D2 + 2D 1 + 2D
2D 2 + D + 1D2
FVY 4 3 64
2+D 2D + 2D2
2D + 3D2 + D3 1 + 2D3
TSC 5 3 128
1 + D + 2D2 2 + D + 2D2
BBH - - - -
2D 2 2 + 2D + D2
FVY 5 3 144
2 + D + 2D2 + 2D3 2 + 2D + 3D2 + 2D3
a
TSC : Tarokh-Seshadri-Calderbank, BBH : Baro-Bauch-Hansmann, FVY : Firmanto-Vucetic-Yuan
b
ν : profondeur mémoire – 2ν : nombre d’états
Pe
1
NR = 2
10−4
NR = 1
10−6
NR = 2
10−8
TSC
BBH
FVY
10−10
PT
10−12 γ= NT Pn
10 12 14 16 18 20 22 24 26 28 30
Pe
1
10−1
Absence de gains
10−2 NR = 1
NR = 2
10−4
NR = 1
10−6
NR = 2
10−8
TSC
BBH
FVY
10−10
PT
10−12 γ= NT Pn
10 12 14 16 18 20 22 24 26 28 30
Pe
1
NR = 2
10−4
NR = 1
10−6
NR = 2
−8
10
TSC
BBH
FVY
10−10
PT
10−12 γ= NT Pn
10 12 14 16 18 20 22 24 26 28 30
30
Les points de la constellation, transmis à la porteuse l0 , seront décrits par une matrice
X(l0 ) ∈ CNT ×K , définie comme :
X(l0 ) = x(1, l0 ) . . . x(K, l0 )
δr = rang[(X 2 − X 1 )(X 2 − X 1 )H ]
δd = det+ [(X 2 − X 1 )(X 2 − X 1 )H ]
NT convertisseurs NT modulateurs
série-parallèle f OFDM
1
f1
f1
f1
NT convertisseurs NT modulateurs
parallèle-série OFDM
Tab. 5.5: QPSK-STTCM pour canal plat à évanouissements lents, construites sur le critère du
rang & déterminant – NT = 2
Type Polynômes générateurs ν δr δd
2D 2
TSC 2 2 4
D 1
2+D 2
BBH 2 2 8
3D 2+ D
D 2
FVY 2 2 8
2 2+D
2D 2
TSC 2 2 3 2 12
D + D 1 + 2D
2 + 2D 2
BBH 2 1 + 2D 2 3 2 12
D + 2D
2D 2
FVY 3 2 16
2 + D 1 + 2D + 2D2
2D 2 + 2D2
TSC 2 4 2 12
D+D 1 + 2D
2 2 + 2D2
BBH 2 4 2 20
2 + D + 2D 1 + 2D
D + 2D 2 2
1 FVY 4 2 32
2+D D + 2D2
2D + 3D2 2 + 2D + 3D2
TSC 5 2 12
D + D2 + D3 1 + D + 2D3
BBH - - - -
2 + 2D 3D + 2D2
FVY 5 2 36
2 + D + D2 + 2D3 2 + 2D2 + 2D3
Des treillis FVY construits sur la distance euclidienne1 sont présentés dans les ta-
bleaux (5.7) et (5.8), pour les modulations QPSK et 8PSK respectivement. Bien que
1
La recherche de codes basés sur la minimisation de la distance euclidienne semble porter ses fruits
dès lors que le produit rang et nombre d’antennes de réception [8]. Les codes obtenus par cette méthode
Pe
1
10−1
Absence de gains
10−2 NR = 1
NR = 2
10−4
NR = 1
10−6
NR = 2
10−8
TSC
BBH
FVY
10−10
PT
10−12 γ= NT Pn
10 12 14 16 18 20 22 24 26 28 30
Pe
1
NR = 2
10−4
NR = 1
10−6
NR = 2
10−8
TSC
BBH
FVY
10−10
PT
10−12 γ= NT Pn
10 12 14 16 18 20 22 24 26 28 30
Pe
1
10−1
Absence de gains
10−2 NR = 1
NR = 2
10−4
10−6
NR = 1
10−8 NR = 2
TSC
BBH
FVY
10−10
PT
10−12 γ= NT Pn
10 12 14 16 18 20 22 24 26 28 30
Tab. 5.6: QPSK-STTCM pour canal plat à évanouissements lents, construites sur le critère du
rang & déterminant – NT = 2
Type Polynômes générateurs ν δr δd
4D 4
TSC 2D 2 3 2 2
5D 1
2D 2
FVY 4D 4 3 2 4
4 + D 5 + 4D
4 + 4D 4D
TSC 2D 2 + 2D 4 2 3.515
5D + D 1 + D + 5D2
2
2D 2
FVY 4D 4 4 2 4
4 + D 5 + 4D
4D 4 + 4D
TSC 2D + 2D2 2 + 2D + 2D2 5 2 3.515
5D + 3D2 1 + D + 7D2
4D 4 + 4D
FVY 2D + 2D2 2 + 2D 5 2 7.029
3 + 4D2 5
moins performants en gains de diversité et de codage, des simulations menées par les
auteurs de [7] montrent qu’ils surpassent effectivement les codes TSC et BBH.
Tab. 5.7: QPSK-STTCM pour canal plat à évanouissements lents, construites sur le critère de
la trace – NT = 2
Typea Polynômes générateurs ν δr δd dE
2D 2
TSC 2 2 4 4
2 + DD 1 2
BBH 2 2 8 6
3D 2+D
D 2 + 2D2
FVY 2 2 4 10
2 + 2D 3
h i
2D 2
TSC D + D2 1 + 2D 2 3 2 12 8
h i
2 + 2D 2
BBH D + 2D 2 1 + 2D 2 3 2 12 8
2 + 2D 2+D
FVY 3 2 8 12
2 + D 2D + 2D2
h 2
i
2D 2 + 2D
TSC D + D2 1 + 2D
4 2 12 8
h 2
i
2 2 + 2D
BBH 2 + D + 2D 2 1 + 2D
4 2 20 12
1 + D + 3D2 2 + 3D + 2D 2
FVY 4 2 8 16
2 + 2D + 2D2 2D
h 2 2
i
2D + 3D 2 + 2D + 3D
TSC D + D2 + D3 1 + D + 2D 3
5 2 12 12
BBH - - - - -
2D + D2 2 + 3D + 2D2
FVY 5 2 20 16
2 + D + 2D2 + 2D3 2 + 2D + 3D2
a
Seuls les codes FVY sont bâtis sur le critère de la trace, les codes TSC et BBH ayant été reportés du
tableau (5.5) pour établir une comparaison en terme de distance euclidienne, ainsi que gains de diversité
et de codage.
Tab. 5.8: 8PSK-STTCM pour canal plat à évanouissements lents, construites sur le critère de la
trace – NT = 2
Typea Polynômes générateurs ν δr δd dE
h4D 4i
TSC 2D 2 3 2 2 4
5D 1
2 + 3D 1 + 4D
FVY 4 + 2D 6 3 2 4 7.172
4 4D
h 4D 4 + 4D
i
TSC 2D 2 + 2D 4 2 3.515 6
5D + D 2 1 + D + 5D 2
2 + 3D 4 + 7D
FVY 4 + 6D 6D 4 2 0.686 8
2
7 + 4D 2 + 7D + 4D 2
4D 4 + 4D
TSC 2D + 2D 2 2 + 2D + 2D 2 5 2 3.515 8
5D + 3D 2 1 + D + 7D 2
4D 4 + 4D
FVY 2D + 2D2 2 + 3D + 2D2 5 2 2.686 8.586
3 + 2D + 3D2 2D + 7D2
a
Remarque identique au tableau (5.7)
L’évolution des technologies laisse entrevoir des solutions grâce à des simplifications
notables intervenant à différents niveaux de la chaı̂ne de communication :
– augmentation des capacités de traitement des processeurs numériques,
– augmentation de la bande passante des convertisseurs numériques-analogiques et
analogiques-numériques ainsi que de la finesse de quantification,
– réduction de la circuitrie radiofréquence,
– intégration des réseaux d’antennes.
La partie radio-fréquence forme aujourd’hui la composante plus coûteuse de la chaı̂ne
de communication. Elle devrait se réduire au profit d’un traitement numérique pur (tech-
nique radio logicielle, technique ultra large bande).
Pour revenir à la solution MIMO-OFDM retenue dans cette étude, le surcoût sera
surtout lié aux étages amplificateurs de puissance.
5.5 Conclusion
Dans ce chapitre, nous avons étudié l’application des techniques MIMO au système
HIPERLAN2. Les points suivants ont été abordés :
• la description de la couche physique du standard HIPERLAN2, reposant sur une
transmission en mode paquet et une modulation de type OFDM, de laquelle sont
extraits les paramètres nécessaires à notre étude ;
• la pertinence des techniques MIMO, pour une application en milieu domestique
dans la bande des 5 GHz, justifiée par la possibilité de multiplexer spatialement
l’information avec des réseaux de tailles admissibles ;
• la conception d’architectures MIMO-HIPERLAN2, de complexité limitée, reposant
sur le réarrangement en temps, espace et fréquence des schémas de modulation et
de codage existants dans la littérature.
L’interface MIMO, esquissée dans ce chapitre, semble répondre au problème initial. En
particulier, elle reste relativement simple à développer puisque construite en réutilisant
la couche physique HIPERLAN2, ainsi que les techniques de codage et de modulation
MIMO exposées dans la littérature.
[1] “TS 101 475, Broadband Radio Access Networks (BRAN) : HIPERLAN Type 2 ;
Physical (PHY) layer”. 2000.
[2] J. Medbo, H. Andersson, P. Schramm, H. Asplund et J.-E.Berg, “Channel models for
HIPERLAN2 in different indoor scenarios”. Tech. Rep. TD(98)70, COST 259, Apr.
1995.
[3] W.C. Jakes, Microwave mobile communications. IEEE Press, 1974.
[4] V. Tarokh, N. Seshadri et A.R. Calderbank, “Space-time codes for high data rate wire-
less communication : performance criterion and code construction”. IEEE Transaction
on Information Theory, pages 744–765, . 1998.
[5] S. Baro, G. Bauch et A. Hansmann, “Improved codes for space-time trellis-coded
modulation”. IEEE Communication Letters, pages 20–22, Jan. 2000.
[6] J. Grimm, M.P. Fitz et J.V. Krogmeier, “Further results in space-time coding for
Rayleigh fading”. in Allerton Conf. on Comm., Cont. and Comput., 1998.
[7] W. Firmanto, B. Vucetic et J. Yuan, “Space-Time TCM with Improved Performance
on fast fading channels”. IEEE Communication Letters, Apr. 2001.
[8] J. Yuan, B. Vucetic et W. Firmanto, “Performance analysis and design of space-time
coding on fading channels”. in Australian Communications Theory Workshop, 2001.
File.
Chapitre 6
Conclusion et perspectives
Conclusion
Ces dernières années ont été marquées par la recherche de solutions pour des commu-
nications sans fil supportant des débits de plus en plus élevés, avec une qualité de service
croissante. Ce travail de thèse a été initié dans ce contexte et a porté sur l’étude des
techniques de transmission utilisant des réseaux d’antennes à l’émission et à la réception
(MIMO). L’application envisagée concerne les réseaux locaux sans fil (WLAN) en milieu
domestique et professionnel.
Nous débutons avec un aperçu général sur les différentes normes de réseaux locaux
existantes, en s’attardant sur la norme HIPERLAN2 retenue dans cette étude. Les tech-
niques de transmission haut débit ont été décrites succinctement, parmi lesquelles les
solutions MIMO apparaissent comme l’une des voies de recherche les plus prometteuses.
L’objectif identifié est alors d’évaluer la faisabilité et l’intérêt de modifier l’interface radio
du standard HIPERLAN2 pour intégrer une architecture MIMO.
Dans cet objectif, une bonne connaissance du canal de propagation apparaı̂t primor-
diale et constitue la première étape dans la conception de tout système de communication.
Après avoir rappelé les différents phénomènes physiques de la propagation radioélectrique,
nous proposons une description mathématique du canal. Le formalisme ainsi développé
aboutit à un ensemble d’outils permettant de représenter de manière rigoureuse le com-
portement du canal, séparément dans l’espace et dans le temps. Cette analyse a mis en
évidence l’existence de modes propres de propagation, qui vont jouer un rôle capital dans
l’établissement de communications MIMO à très hautes efficacités spectrales. Elle aboutit
également à la définition de paramètres statistiques de corrélation et de dispersion, utiles
dans le dimensionnement du système.
La jonction entre les aspects propagation et les aspects système est ensuite réalisée,
en analysant l’impact du canal, en espace et en temps, sur une communication numé-
rique. En s’appuyant sur des considérations issues de la théorie de l’information, les effets
200 Conclusion et perspectives
de sélectivité et de dispersion générés par le canal offrent aux systèmes MIMO l’op-
portunité d’exploiter la diversité et le multiplexage dans le domaine spatial. Ces deux
mécanismes conduisent, respectivement, à l’amélioration de la robustesse et de l’efficacité
des transmissions. Quelques règles d’ingénierie sont finalement proposées en vue d’aider
au dimensionnement de système MIMO.
Avant de figer les choix système pour notre application, un état de l’art des techniques
MIMO a été effectué. L’approche suivie privilégie la dimension spatiale du problème, les
phénomènes de sélectivités fréquentielle et temporelle étant rajoutés par la suite. La
richesse des travaux publiés sur le sujet prouve l’intérêt porté à ces techniques. Cette
étude a permis de mieux cerner les domaines de validité respectifs d’un grand nombre de
solutions, oscillant entre optimisation du débit ou de la robustesse.
Perspectives
A plus long terme, les objectifs sont de trois ordres. En premier lieu, le développement
de modèles de canaux de propagation MIMO réalistes, issus de la mesure, apparaı̂t comme
une priorité. Le lancement de campagnes de mesure intensives, nécessaires à cette tâche,
reste actuellement timide du fait de la complexité de réalisation de sondeurs MIMO, de
la puissance de calculs nécessaire et des difficultés mathématiques soulevées.
3.1 Résumé des effets de sélectivité du canal sur une liaison numérique . . . . 115
Hier encore confinés au monde professionnel, les réseaux locaux sans fil, propulsés par
les avancées de l’électronique et du traitement du signal, se démocratisent à grands pas.
Plus flexibles, moins chers que les solutions filaires, leurs perspectives de développement
restent cependant lourdement conditionnées par leur aptitude à supporter des débits
suffisants pour les applications multimédia. Dans cette course vers les hauts débits, des
chercheurs des laboratoires Bell ont donné une impulsion décisive lorsque, en 1996, ils ont
mis en évidence la possibilité d’accroı̂tre substantiellement les débits de transmission par
l’emploi simultané de réseaux d’antennes en émission et en réception. Le paradigme des
systèmes de communication à entrées multiples et à sorties multiples MIMO (Multiple
Input-Multiple Output) était né.
Rares sont les standards existants compatibles avec le transport de services multimé-
dia hauts débits. La norme HIPERLAN2, affichant des taux de transferts bruts jusqu’à
54 Mbit/s dans la gamme de fréquences de 5 GHz, en fait partie. Se pose alors naturelle-
ment la question d’évaluer dans quelle mesure une extension MIMO permettrait d’aug-
menter ces débits. L’objectif de cette thèse, menée dans le cadre d’une contrat CIFRE
entre THOMSON multimédia et le Laboratoire Composants et Systèmes pour Télécom-
munications (LCST) de l’INSA de Rennes, est d’apporter quelques éléments de réponse
à ce problème.
Mots clés : réseaux domestiques sans fil haut débit, systèmes MIMO, ré-
seaux d’antennes, multiplexage spatial, HIPERLAN2.
Abstract
Until recently restricted to office applications, wireless local area networks (WLAN),
propelled by advances in electronics and signal processing, is ermerging as the most
promising technology to bring connectivity in home environment. Obviously more flexible
and less expensive than their wired counterparts, the future of WLAN is hindered by
the capacity of keeing the pace with the exponential growth in data rate sustained by
multimedia communications. A major breakthrough came recently with the Multiple-
Input Multiple-Output (MIMO) communication architecture that uses multiple-antenna
arrays at both transmitter and receiver ends. This concept generalizes all previously
known transmission systems and allows a far more sophisticated processing of space to
yield unprecedented spectral efficiencies.
Few existing WLAN standards can cope with high data rate multimedia services.
The HIPERLAN2 specification, achieving data rates up to 54 Mbps in the 5 GHz spec-
trum, is among them and the question naturally arises as to determine the potential of
a MIMO-based physical interface. This thesis, led in the framework of a CIFRE grant
between THOMSON multimedia and the IETR (Rennes Institute for Electronics and
Telecommunications), provides some clue to this problem.