Livre Blanc Social Media Club France Creative Commons
Livre Blanc Social Media Club France Creative Commons
Livre Blanc Social Media Club France Creative Commons
www.socialmediaclub.fr
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Qui sommes-nous et pourquoi un livre blanc sur les « Social Media »?
Un site web a été créé (www.socialmediaclub.org) ainsi qu’une structure légale, et les
réalisations se sont diversifiées : des événements, discussions, mais aussi barcamps,
ateliers, conférences partout dans le monde, ou encore rédaction de guide de bonnes
pratiques etc.
Le chapitre français du SMC a été créé en septembre 2007, pour devenir une
association loi 1901 l’année suivante, à l’initiative de Pierre-Yves Platini, Alban Martin,
Julien Jacob et Bertrand Horel, soutenus par l’association Silicon Sentier. Afin de
garantir des débats de qualité et de ne pas tomber dans l’écueil des séances de
vulgarisation, l’ouverture du chapitre français est plus restreinte que les chapitres
américains et procède d’une cooptation.
N'oubliez donc pas la devise du Social Media Club en lisant ce livre blanc : " if you
got it, share it!". Ce document est librement partageable sous licence creative
commons et téléchargeable gratuitement sur socialmediaclub.fr
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http://socialmediaclub.fr/
http://socialmediaclub.org
Twitter : smcfrance
Groupe Facebook : “social media club (Paris)”
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SOMMAIRE
Introduction : Qu’est ce que les media sociaux nous réservent encore !?...................7
1.4 Les outils nécessaires à une bonne stratégie de relation presse on-line
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2. Une publicité différente………………………………………………………………....25
Troisième partie : Comment notre vie personnelle sur les media sociaux modèle
une vie collective publique encore balbutiante mais pleine de promesses
2. Le militantisme 2.0………………………………………………………………………37
3.3 Pudeur et impudeur sur les media sociaux : vers l’age de la maturité ?
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Introduction : Qu’est ce que les media sociaux nous réservent encore !?
En 2006, Time Magazine nous nommait tous personne de l’année. En 2007, le même
magazine titrait sur eux, les médias. Une prise de conscience réelle se faisait jour
d’une exigence de participation, une soif de relation au sens d’intervention dans les
décisions et les processus collectifs des utilisateurs internet. La consécration de celle-
ci eut lieu en 2007-2008.
Les réseaux sociaux ont pris le relais des blogs dans les médias relationnels. Si en
2007, les médias traditionnels avaient toujours autant d’impact pour convaincre les
indécis, et que certains annonceurs renâclaient à investir dans la publicité sur
internet, 2008 a été l’acmé de l’utilisation des réseaux sociaux, avec l’adoption de
formats et d’applications innovantes par des « catégories de pouvoir » : campagnes
politiques nationales, intégration des outils social media au travail journalistique
« mainstream », popularisation des status et « tweets », ….
L’internaute n’a peut être pas encore décidé de devenir média (Olivier Blondeau) mais
une véritable révolution culturelle a lieu transformant notre échelle de valeur et
opérant une translation de légitimité de la production vers l’échange. Internet a
mobilisé et crée de l’intelligence collective pour un résultat spectaculaire, car il permet
d’outiller toutes les formes de coopération, et d’expériences politiques ou non,
inédites et fécondes, sur une échelle sans précédent.
Les média sociaux ont affirmé cette année leur percée en tant que levier digital tant
pour la production d’information que pour les annonceurs. En 2009, selon une étude
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Selon wikipedia, « l'expression « médias sociaux » recouvre les différentes activités qui intègrent la technologie,
l'interaction sociale, et la création de contenu. Les médias sociaux utilisent l'intelligence collective dans un
esprit de collaboration en ligne. Par le biais de ces moyens de communication sociale, des individus ou des
groupes d'individus qui collaborent créent ensemble du contenu Web, organisent le contenu, l’indexent, le
modifient ou font des commentaires, le combinent avec des créations personnelles. Les médias sociaux
utilisent beaucoup de technologies, telles que les flux RSS et autres flux de syndication Web, les blogues, les
wikis, le partage de photos (Flickr), le vidéo-partage (YouTube), des podcasts, les réseaux sociaux, le
bookmarking collaboratif, les mashups, les mondes virtuels, les microblogues, et plus encore ».
http://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A9dias_sociaux. Voir aussi la définition du mot anglais « social media »,
http://en.wikipedia.org/wiki/Social_media
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Performics, 21% des annonceurs utiliseront un blog pour leur communication et 19%
d’entre eux les réseaux sociaux. 37 à 47% d’entre eux comptent augmenter leur
budget sur le net et 43% tiendront compte de l’opinion des utilisateurs sur la toile. Les
prévisions de Strategy Analytics donnent 75% des utilisateurs inscrits sur au moins un
réseau social en 2012 ce qui porterait la même année le nombre d’usagers des
réseaux sociaux à 1 milliard. La question n’est donc plus de savoir si les réseaux
sociaux sont une évolution ou une révolution dans notre monde mais bien
d’apprendre à passer d’un « Content Management System » à un « Community
management system » (Fred Cavazza), considérant donc que le point de départ de
l’innovation est la coconception, la coparticipation.
Pour les professionnels que nous sommes, les grandes problématiques des média
sociaux restent, évidemment, liées à leurs modèles économiques. Malgré leur forte
audience, les marques hésitent encore à s’aventurer sur ces nouveaux territoires qui
révolutionnent littéralement leur communication, peut être parce que la posture
communicationnelle sur les réseaux sociaux implique une mutation de leur ADN de
marque ?
Avec 150 millions d’utilisateurs, Facebook est confronté à cette difficulté. Le taux de
transformation inférieur à 0.1% de la publicité sur ce média n’encourage pas les
annonceurs. Même si les chiffres révèlent une forte augmentation des
investissements d’annonceurs dans internet, le manque de structuration de la mesure
du Retour ROI des média sociaux n’est pas incitative et les réseaux sociaux peinent à
se monétiser.
Ces difficultés sont peut être dues à une mauvaise compréhension des usages et de
usagers d’internet par encore une majorité des citoyens et surtout des classes
politiques.
Selon une étude Synovak ( avril 2009 ) à la question « qu’est ce qu’un réseau
social ? » seulement 42 % des adultes dans le monde savent répondre, les plus hauts
scores allant aux hollandais ( 89%) puis aux japonais ( 71%) et aux américains (
70%)3.
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Etude menée sur un panel de 13 000 personnes de 18 à 65 ans dans 17 pays
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La fracture numérique « cognitive » n’est donc pas réduite. 90% des contenus sont
créés par 10% des utilisateurs, créant ainsi une sorte d’aristocratie des « followers »
(Nicolas Voisin). Les usages sociaux sur internet se démocratisent donc mais restent
en matière d’innovation et de création ceux d’une caste privilégiée qui peine à
évangéliser le reste de la population. Les sondages sur la loi HADOPI et bientôt
LLOPSI, nous ont montré la profonde incompréhension du public et des politiques,
accrochés à d’anciens modèles (notamment en matière de droits d’auteurs), des
mutations innovantes que produit internet. Au Social Media Club France, soutenus
par ses partenaires (Silicon Sentier, Orange, Viadeo, Stratégies) et surtout ses
membres, de diffuser les réflexions produites en son sein et d’éduquer professionnels
et utilisateurs sur ces problématiques clefs pour l’avenir des médias.
Au cours de l’année, le Social Media Club en son chapitre français, aura tenté par le
partage de bonnes pratiques et le retour d’expérience de diffuser plus largement cette
compréhension innovante du web. Dans ce livre blanc, vous trouverez donc des
pistes pour alimenter votre réflexion sur les enjeux clés actuels et futurs des media
sociaux, et notamment :
- Comment notre vie personnelle sur les media sociaux modèle une vie
collective publique encore balbutiante mais pleine de promesses
C’est parce que ces enjeux concernent toutes les facettes de l’individu (citoyen,
consommateur ou simple curieux) qu’il nous a semblé important de les partager avec
le plus grand nombre. Conscient de l’importance de la tâche et de l’évolution
constante de l’état de l’art dans cette industrie, nous souhaitons rester humbles. Ce
document ne doit en aucun cas être pris comme un vadémécum des médias sociaux.
Il s’agit de pistes et d’un premier effort de formalisation de certaines expériences,
destiné à évoluer, à être corrigé, amélioré, traduit, communiqué. Le choix de la
licence Creative Commons pour diffuser ce livre blanc suit cet objectif. Faîtes passer
le message.
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Première Partie : La mutation de la presse en ligne et la piste des médias
sociaux
2009 est l’année de la remise en question officielle des modèles de la presse. Le livre
vert des Etats généraux de la presse a été rendu public4 et son pôle 3 sur les
problématiques du numérique nous ont particulièrement intéressés. La presse en
ligne tend à devenir la source d’information principale, et l’est déjà pour 40% des 18-
25 ans selon une étude Pew Research Center. Ce bouleversement dont la presse est
la cible repose sur plusieurs constats : d’abord la multiplication des acteurs, ensuite la
dématérialisation des contenus, et enfin, et surtout la baisse substantielle des coûts
d’entrée sur le marché, qui permet à presque tout un chacun d’en devenir acteur. Le
modèle économique traditionnel de la presse s’en trouve modifié.
Reposant traditionnellement sur une alliance de quatre types de métiers que sont la
collecte d’information, le tri de celle-ci, son analyse et enfin l’investigation, la presse
possédait une activité rentable en ajoutant selon le principe des subventions croisées,
des services type petites annonces ou météo permettant de financer les contenus
coûteux et risqués (reportages d’investigation).
Une grille de lecture immédiate des modèles d’affaire de presse en ligne est le choix
entre le gratuit et le payant. Mais c’est sans compter sur la nature du bien
d’information. En effet, les propriétés de celui-ci, qui en font un intermédiaire entre le
bien commun et la propriété privée, permettent au numérique de créer celui-ci avec
un coût marginal quasiment nul. La modalité de tarification devient donc, dans cette
économie de l’attention, une valeur d’usage. Le but pour la presse en ligne serait
donc de maximiser cet usage.
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http://www.etatsgenerauxdelapresseecrite.fr
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Le CPM ou Coût pour Mille est un système de rémunération. Le système de rémunération est fonction du
nombre de personnes ayant vu la publicité. Par exemple, pour un CPM de 1,5 euros, cela signifie que
l'annonceur paiera 1,5 euros lorsque 1000 internautes auront vu son annonce, 3 euros pour 2000 visiteurs
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certains acteurs de se positionner en leader sur des segments de marché réduits
avec des rédactions réduites, mais produisant 20M€ de chiffre d’affaires maximum.
Pour créer un modèle d’affaire efficace, il semble à l’heure du numérique qu’il faille
répondre à trois questions : peut-on faire payer l’information ? A-t-on les clés pour la
monétiser ? Et quel sera le public cible de celle-ci ?
Site préexistant en Norvège (2005), en Suède, et aux Pays-Bas, e24 est un pure-
player traitant de l’actualité économique et financière, lancé en France en Octobre
2008, par le groupe Schibsted. L’actionnariat d’e24 est divisé ainsi : 70%
appartiennent à 20minutes qui lui-même appartient à 50% au groupe Schisted.
20minutes est donc un partenaire de trafic avantageux pour e24, puisque 60% des
visiteurs proviennent de 20minutes.fr. Toutefois l’audience d’e24 est plus qualitative
et le recouvrement maximum des publics est de 20%.
Médiapart est un journal sur le web écrit par des journalistes de la presse écrite. C’est
en tout cas le cœur de sa proposition de valeur. Leur défi est de réaliser l’équivalent
d’un journal papier mais sur le web, et pour cela, ils ont parié que l’information avait
un prix et ont donc installé un modèle majoritairement payant reposant sur
l’abonnement mensuel.
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Ayant choisi un modèle sans publicité pour éviter d’être soumis à la loi des CPM
évoluant en fonction de l’audience, leurs revenus proviennent majoritairement des
abonnements, des revenus de licence et de l’e-commerce associé à leur site. Après
moins de deux ans d’exploitation, Mediapart affirme être presque au point mort,
malgré les coûts afférents à une équipe de 30 journalistes. En janvier 2009, le nombre
de visiteurs tournait autour de 500 000, selon la direction du site. Le développement
d’un système de parrainage et de recommandation, permet d’obtenir un taux de
résiliation de l’abonnement inférieur à 5%. Leur progression du nombre d’abonnés
mensuels est entre 2 et 7%.
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http://vendredi.info/
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L’adossement à 20minutes comporte de nombreux avantages. Le partage de la régie
publicitaire permet notamment de vendre des campagnes groupées, et offre une
facilité de négociation avec les annonceurs, permettant de dégager des revenus
publicitaires plus avantageux. En outre, ce positionnement réduit les investissements
initiaux et les coûts d’exploitation.
Prenant exemple sur Libération, Mediapart développe son Club, ce qui lui permet de
se créer une identité et donc une communauté. La problématique principale du Club
est d être trop centré sur le journalisme traditionnel ce qui a pu le transformer en
réseau professionnel. La création d’espace blog a permis de remettre en avant l’idée
de l auteur sans pour autant entacher celle du journalisme expert et non du
journalisme participatif, qui est au fondement de Mediapart.
Mediapart a tiré des systèmes de recommandation sur internet un modèle pour son
unique source de revenus : les abonnements via le parrainage. L’abonnement se
faisant rarement de prime intention, Mediapart a mis en place un système de
parrainage7 très efficace, aboutissant à ce jour à environ 28 000 filleuls actifs.
Lors de leur numéro zéro, l’équipe de Vendredi avait effectué un test auprès de ses
consommateurs. Alors qu’ils pensaient que leur lecteur serait un utilisateur
occasionnel du web, il s’est révélé qu’au contraire leur lectorat est majoritairement
consommateur régulier d’internet.
Le frein principal auquel Vendredi fait face est l’habitude du lecteur presse à un style
formaté d’écriture, ce qui joue beaucoup sur l’adoption ou non d’un nouveau journal. Il
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Reposant sur la possibilité d’offrir 15 jours d’essais gratuits
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http://fr.wikipedia.org/wiki/Syst%C3%A8me_de_gestion_de_contenu
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faut donc faire de la pédagogie sur la nature agrégative du journal et donc sa
différence, car les multiples sources créent un manque d’homogénéité des styles. Le
lecteur doit donc s’ouvrir à d’autres formes et d’autres outils que ceux d’un journal
habituel, ce qui crée quelques difficultés de discours. C’est un des défis à relever
dans la proposition de valeur globale de Vendredi.
Lors de leur numéro spécial de Noël, Vendredi a augmenté son prix, passant de 1.50
à 2 euros sans connaître de baisse de diffusion, ce qui laisse à penser que sa
proposition de valeur intéresse fortement le lectorat.
L’année 2009, année de ralentissement, a mis à mal les modèles établis : Beaucoup
de journaux ont adoptés pour leur site internet un modèle hybride, fonctionnant sur le
principe du contenu premium. Passant d’une économie de l’information à une
économie de la connaissance, le lecteur semble disposé à effectuer certains
paiements. Cela semble une alternative à la récurrente logique de subvention de la
presse ou celle de la publicité qui interrogent la liberté de celle-ci. Des modèles
proposant des appels de fonds pour réaliser des reportages ou des investigations ont
connus un certain succès (cf. www.spot.us).
Comment revenir à une forme payante sur le net qui ne soit pas un repoussoir pour
les lecteurs ? Trois pistes sont possibles : le livre électronique, les systèmes de
transactions mutualisés, et pour certain la monétisation d'une valeur ajoutée unique.
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« Pro-ams » pour « professionnels-amateurs »
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Pour ce qui est du micropaiement, les techniques ont quand même évolué. D'une
certaine façon, iTunes est un micropaiement qui a réussi ; il repose sur deux atouts :
une boutique dédiée, multi-éditeurs (les maisons de disques) et entièrement contrôlée
par un opérateur (Apple), combinée à un système de paiement agrégé qui rend viable
des petites transactions. Est-ce applicable pour l'information en ligne ? Certains
comme David Carr, essayiste au New York Times, le pensent.
Jusqu’à aujourd’hui la publicité avait pour fonction de rémunérer les médias. Elle a
élargi son périmètre d’action avec le développement d’internet et peut maintenant
financer une myriade d’entreprises de services notamment.
Pourtant les annonceurs semblent avoir intégrer à leur stratégie le média internet.
67% d’entre eux déclarent prévoir une augmentation de leur investissement on-line en
2010, et parmi eux, 60% d’entre eux affirment que ces investissements seront
supplémentaires à ceux sur d’autre support, prouvant ainsi qu’il n’y a pas de
cannibalisation entre les divers médias.
Selon une étude CapGemini réalisée pour le Syndicat des Régies Internet, en 2008
en France, 800M€ de chiffre d’affaire ont été dégagé par les moteurs de recherche,
ce qui signifie une progression de 35 %, 510M€ de chiffre d’affaires ont été réalisé par
du display soit une augmentation de 10% , 410M€ par de l’affiliation soit 30% de
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croissance, et 20M€ seulement mais avec une forte espérance de croissance en 2010
pour le mobile. Aux Etats-Unis, au premier semestre 2009, sur le segment de la
presse en ligne, un important déclin des dépenses publicitaires passant de 804M$ à
696M$ a été constaté.
Les éditeurs soldent les espaces invendus à des réseaux de vente en gros type
AdNetworks. La question est comment rentabiliser un site avec un CPM en moyenne
entre 2 et 3 euros ? Il profite aux éditeurs de niche type comme des blogs populaires
et spécialisés dans une thématique (hitech, loisirs etc.) bénéficiant d’une audience
déjà fortement qualifiée. Les pure-players type rue89 eux, ne tirent qu’un tiers de
leurs revenus de la publicité et sont donc obligés de se diversifier. Les grands
groupes de presse, tels le Figaro, bien que bénéficiant d’un CPM plus élevé, n’en
diversifient pas moins leurs sources de revenus en s’adossant des sites de service et
d’e-commerce tels que Bazarchic ou TicketTac.
Il existe également le CPC (ou coût au clic), propre au web, grâce au référencement,
aux liens hyper-text, et aux mots clés. Le mode de rémunération au CPC est utilisé
autant par les sites à fort trafic que par ceux au trafic faible. Rémunérant
proportionnellement au clic unique les sites hébergeurs, ce type de publicité permet
d’obtenir un trafic plus qualifié et un plus fort taux de transformation. Il reste peu utilisé
par les sites d’information, mais peut-être proposé parfois sur des espaces en bas de
pages plus difficile à monétiser, et par conséquent rendu plus attractif via une
rémunération à la performance pour les annonceurs.
Enfin, le modèle facturé à la performance (ou CPA pour Coût par Action) trouve les
sites d’information généralement réticents à son utilisation, car ils doivent prendre le
risque d’une faible rémunération due à un faible taux de conversion. Toutefois, il est
plus couramment utilisé par les sites possédant un volet marchand ou un contenu
entièrement dédié (non généraliste).
Bien que rapportant moins à ceux-ci que les bannières en CPM, le CPC et le CPA
sont utilisés en complément. De plus en plus de sites se tournent vers des opérations
spéciales d’habillage de leur site aux couleurs d’une marque permettant d’obtenir un
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CPM plus important. Ils facturent alors la durée de la location de leur home
généralement
Le média internet permet une grande précision dans l’analyse. Les mesures
d’audience prennent donc en compte des indicateurs tels que le nombre de visiteurs
uniques, le nombre de pages vues, les visites, la durée moyenne des visites, la
géolocalisation ou le taux de clic, et permettent de quantifier et de qualifier l’audience.
Elles se divisent en deux grandes catégories : les mesures « site-centric » et les
mesures « panel-centric ».
L’internet participatif pose au droit des problèmes de définition. Quelle est la position
de celui-ci en matière de contenus ? Le droit répond par trois statuts différents et
difficiles à déterminer : l’auteur, l’éditeur et l’hébergeur. La responsabilité découlant de
chaque statut étant très différente, une adaptation difficile s’est effectuée au fil des
ans et des jurisprudences, révélant au fur et à mesure une meilleure compréhension
de l’outil et des enjeux d’internet.
Auteur, éditeur ou hébergeur, ces trois grandes notions s’affrontent sans pour autant
s’exclure. Un régime de responsabilité différent est appliqué à chacune d’elle. Dans le
cas de l’auteur, le droit commun et le droit de la propriété intellectuelle s’appliquent.
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Les deux questions centrales sont d’une part la protection du droit d’auteur et d’autre
part la détermination du statut entre éditeur et hébergeur.
Est considéré comme hébergeur un professionnel qui stocke à titre gratuit ou onéreux
le contenu provenant d’un tiers. Est considéré comme éditeur celui qui édite un
contenu relevant du droit à la propriété intellectuelle, soumis à une charge financière
et prenant la responsabilité d’éditer ce contenu au sens de la loi sur la presse. Une
catégorie intermédiaire existe qui est l’éditeur de service de communication en ligne,
qui tout en éditant du contenu sur son site, peut ne pas être considéré comme éditeur
du contenu juridiquement, et ce selon un critère qui est celui de la propre maîtrise
(éditorialisation par exemple).
10
http://www.maitre-eolas.fr/post/2008/11/24/1216-affaire-fuzzfr-contre-olivier-martinez-la-cour-d-appel-
donne-raison-a-fuzz
11
http://www.lepoint.fr/actualites-technologie-internet/2008-04-16/l-hebergeur-dailymotion-l-emporte-sur-
jean-yves-lafesse-et-omar/1387/0/238530
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compte les contenus publiés et leur caractère licite ou pas, sans attendre la
notification du caractère illicite.
3.1.2 la modération
Pour Internet, le régime déjà très complexe de la diffamation issu de la loi de 1881 se
conjugue avec les articles 93-2 et suivants de la loi du 29 juillet 1982 sur la
communication audiovisuelle. Ce dernier texte contient des dispositions qui imposent
la désignation d'un directeur de la publication. Cette obligation concerne tout service
de communication au public par voie électronique et notamment les sites Web 2.0
(Lorsque le service est fourni par une personne physique, le directeur de la
publication sera cette personne physique).
Enfin, l'anonymat des auteurs et des éditeurs est une autre difficulté à surmonter. En
effet, l'éditeur "non professionnel" d'un service de communication au public en ligne
peut rester anonyme à la condition de s'être identifié auprès de son hébergeur (art. 6
III de la loi du 21 juin 2004 pour la confiance dans l'économie numérique). Ses
données personnelles sont alors couvertes par le secret professionnel de l'hébergeur.
Tous ces cadres juridiques semblent conjuguer leur problématique et leurs solutions
pratiques dans le chantier qu’est le concept de « data portability ».13 Il peut en effet
apparaître plus opportun pour un hébergement de ne pas effectuer de modération
12
http://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2008/12/01/ex-pdg-de-liberation-la-police-a-suivi-les-
procedures-assure-le-gouvernement_1125355_3236.html
13
Selon wikipedia, « La portabilité des données désigne la possibilité de gérer soi-même ses données
personnelles, de les porter d'un système à un autre, de les partager entre plusieurs systèmes.
DataPortability est également le nom d'un projet dont le but est de définir un scénario type pour orchestrer
les différentes technologies permettant d'implémenter la portabilité des données ».
http://fr.wikipedia.org/wiki/DataPortability
19
puisque la modération stipule la connaissance des contenus et engage donc la
responsabilité non plus en qualité d’hébergeur mais d’éditeur. L’interrogation pour les
sites d’information se pose aussi sur le rejet a priori d’un contenu en terme de liberté
de l’information.
Comment un site reposant activement sur les contributions des internautes tel que
Dailymotion appréhende-t-il ce sujet ? Selon le service juridique de Dailymotion,
Dailymotion est un hébergeur. Les équipes ne vérifient aucun contenu a priori mais
après notification retirent les contenus illicites et font surtout attention à ce qu’il n’y ait
pas réitération de la plainte.
Dailymotion conduit actuellement une politique de partenariat ultra active avec les
ayants-droits et par exemple la SACEM, dans le but de créer une base de données
d’empreinte audio et video, sorte d’empreinte génétique du contenu. Le site incite les
ayants droits à alimenter cette base de données par eux même. Cette empreinte
permet donc un filtrage des contenus par la reconnaissance de cette empreinte.
Cette pratique a fait ses preuves puisqu’elle empêche en grande partie la réitération
d’un post de contenu illicite. Reconnaissant autant l’audio que la video, elle reconnait
même de très courts extraits, ce qui peut poser problème pour la culture du remix
dominante sur internet.
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Deuxième Partie : Comment marketing et communication en ligne se façonnent
un nouveau visage et une nouvelle voix
« Social media is about people and not tools. It’s about individuals who collectively
form communities and the unique culture they induce. And in the era of social media,
people are building and taking residence in global neighbourhoods on-line, creating in
extensive hyperconnectedness that eliminates the boundaries for relationships.” Brian
Solis.
Osons enfoncer une porte ouverte : L’apparition des média sociaux dans le paysage
du marketing est un véritable bouleversement. Internet a d’ores et déjà fragmenté les
media, créé une confusion des genres en multipliant les supports, et mené à une
nouvelle conception du journalisme dite « journalisme citoyen ». Les media sociaux
quant à eux introduisent une nouvelle forme de relation répondant au besoin de
communauté de l’internaute, à son appétence pour le commentaire, et à la confiance
que l’utilisateur préfère placer en ses pairs.
Les chiffres parlent d’eux même : 222 millions d’utilisateurs Facebook dans le monde,
120 000 blogs crées par jour, 10 % du trafic internet généré par youtube, 75% des
internautes actifs sur les réseaux sociaux, le temps passé sur les réseaux sociaux a
multiplié par trois le temps d’usage d’internet total et compte pour 10% du temps
passé sur internet (chiffres Nielsen Global Faces and Networks places 2009). Ce
nouvel espace ne pouvait laisser indifférent les marques, d’autant plus que
l’internaute déclare à 93% (source ibid) être en accord avec la présence d’une
marque sur ces nouveaux supports, mais 92% d’entre eux déclarent également ne
pas apprécier une campagne publicitaire traditionnelle sur ce support.
Ces nouveaux outils ainsi que la posture des internautes bouleversent les stratégies
de relations publiques. Il faut donc repenser les relations publiques à l’heure des
réseaux sociaux. Le cas pratique de la résolution du mauvais bouche à oreille autour
de l’iphone 3G par Orange donne de nombreuses pistes sur le sujet.
Orange mène depuis plus de deux ans une réflexion sur les media sociaux (dont les
blogs) afin d’observer et d’apprécier l’image de la marque sur ceux-ci. Les équipes
d’Orange effectuent donc de la veille et du tracking, en maintenant une posture
d’écoute.
Et, pour capitaliser sur ce suivi des blogs, Orange a créé une fonction de
« Community Manager » afin d’instaurer un dialogue régulier avec les bloggers –
principalement issus de la sphère high-tech.
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A la mi-juillet 2008, sur un forum iphon.fr, apparaissaient les premiers posts
propageant la rumeur qu’Orange bride le débit de l’iphone 3G. Puis, France Info se
fait le relais de cette information et confirme qu’Orange bride le débit des iphones.
Cela montre qu’en peu de temps, le lien s’établit entre les différentes strates
médiatiques on et offline.
Le 24 août est apparue une pétition sur le web pour qu’Orange fournisse un débit plus
fort, largement relayée par la communauté Apple/Iphone avec des forums et blogs à
forte audience.
La réponse d’Orange face à cette crise a été d’effectuer deux travaux : d’une part
l’activation du réseau de contacts, notamment bloggers hi-tech, avec lesquels
l’entreprise interagit depuis plusieurs années, en expliquant que les nouveaux
abonnés avaient droit à un débit à 1.8Mégas et que mi-septembre celui-ci serait
globalisé à tous ceux qui étaient d’ores et déjà abonnés ; Et d’autre part en expliquant
sur les forums, à des forumers inconnus, ce même message, afin d’éteindre le « foyer
du feu ». Après la diffusion de ce message de type informatif, Orange a pris l’initiative
d’un chat, pour expliquer en direct et en temps réel sa position. Celui-ci s’est révélé
extrêmement difficile, manquant aux yeux des internautes des réponses techniques,
mais faisant la démonstration de l’écoute de la marque et apaisant les esprits. Une
rencontre a ensuite été mise en place avec les quatre principaux sites de
recommandation de la Communauté Iphone (Macbidouille, Iphon.fr, Frenchiphone,
Macgeneration) avec un speed test et surtout un dialogue entre les bloggers et les
experts réseaux d’Orange.
Faisant un retour sur cette crise, Orange a mis en évidence la difficulté et le temps
nécessaire à tisser des liens avec les bloggers de même que la perméabilité
croissante entre blogs et presse. De plus, la posture d’écoute d’Orange dans cette
crise malgré leur réponse qui paraissait insatisfaisante aux internautes a été très
appréciée.
On peut noter que si Orange a réussi à sortir de cette « crise », c’est d’une part grâce
à son écoute et d’autre part grâce aux relations ciblées sur le long terme que
l’Entreprise a développé avec ce type de public.
Les relations publiques à l’heure des media sociaux sont une déclinaison du métier
traditionnel de RP, c'est-à-dire d’apporter de la valeur en livrant une information très
qualifiée à une personne identifiée. Toutefois, les clients des agences sont ici dans
une réflexion plus exploratoire. Les aspects les plus abordés par les clients sont : la
pertinence, le danger d’une telle communication, les nouvelles tendances
technologiques, l’opportunité d’une campagne internet et, bien sûr, les coûts.
De plus, il est important pour les agences de tenir compte de la réalité d’une fracture
numérique dans les entreprises et créant une économie à deux vitesses, ce qui
impose un fort travail d’évangélisation des clients. Pour ce faire, il faut comprendre
que le sens de circulation de l’information est considérablement bouleversé, voire
inversé et qu’il existe maintenant des effets de levier virtuels (voir la campagne
Obama evoquée en troisième partie).
23
L’entreprise, pour s’intégrer dans les discussions en ligne, doit d’une part saisir le
fonctionnement du web 2.014 et d’autre part connaitre la cartographie de son
environnement, avoir confiance en son produit et dans ses relations avec le web et
bien sur savoir animer une communauté.
Il reste toutefois quelques difficultés, notamment de ne pas survendre une stratégie
media on-line à un client dont la connaissance du sujet se limite à l’imaginaire
véhiculé par ces nouveaux outils de promotion. Le web ne fait pas de miracle, comme
le dit Avinash Kaushick, analytics evangelist chez Google : « Social media is like
teen sex. Everyone wants to do it. Nobody knows how. When it’s finally done there is
surprise it’s not better. »
L’exemple d’Orange nous démontre que si l’entreprise n’a pas répondu aux
demandes en termes de produit, sa posture de dialogue a été appréciée
suffisamment en tout cas pour que le souflet médiatique retombe aussi vite qu’il est
apparu.
14
Définition sur http://fr.wikipedia.org/wiki/Web_2.0, Le Web 2.0 désigne les technologies et les usages du
World Wide Web qui ont suivi la forme initiale du web[1], en particulier les interfaces permettant aux
internautes d’interagir simplement à la fois avec le contenu des pages mais aussi entre eux, créant ainsi le
Web social[2]. Cette expression lancée par Tim O'Reilly en 2004 s’est imposée à partir de 2007
24
Les relations publiques 2.0 sont un media planning historique mais s’adressant
directement à la cible du produit en comptant sur la viralité. Les bénéfices d’une telle
stratégie on-line sont un effet d’amorçage, voire d’amplification du message produit,
ainsi qu’une communication plus ciblée et pouvant répondre à des audiences de
niches. Il ne faut bien sûr pas négliger la génération de citations et de liens entrants
dans l’optique de stratégie de référencement. Mais surtout, les stratégies de RP on-
line ont mis en valeur une influence inversée grandissante15.
1.4 Les outils nécessaires à une bonne stratégie de relation presse on-line
Pour penser une stratégie RP 2.0, il faut d’une part travailler à l’expansion de son
réseau média (beaucoup d’agences incluent maintenant les journalistes web ou les
bloggers à leurs fichiers presse). Ensuite, il est nécessaire de réaliser une nouvelle
cartographie des annonceurs. Chez Orange par exemple, ce travail s’effectue en
association avec un cabinet d’études, Oto research, qui fournit une armature dont la
requalification est faite de manière humaine. Ils utilisent un panel d’environ 200 blogs
par pays.
Même si les liens commerciaux constituent la principale forme de publicité sur le web,
nous avons choisi d’ouvrir le champ des opportunités en étudiant trois tendances « à
suivre » du secteur, sans prétendre à une quelconque exhaustivité. Ainsi, si
l’obsession de la performance ne semble pas se démentir, de nouveaux dispositifs et
des nouveaux formats apparaissent et pourraient redonner des couleurs aux médias
en ligne.
15
le débridage chez Orange de l’iphone peut apparaître comme une forme d’excuse à ses utilisateurs
25
campagne de publicités d’annonceurs. Cette technologie est très
efficace pour optimiser l’ensemble des campagnes de publicité en ligne
o la recommandation personnalisée : cette technique utilise les données
comportementales de l’internaute pour personnaliser le contenu des
publicités en temps réel. Chaque publicité propose une offre de produits
uniques et spécifiques à l’internaute. Cette technologie s’adresse
particulièrement aux annonceurs possédant une base de données déjà
construite en ligne de produit et spécialement les e-marchands.
Pour un site généraliste disposant d’une large audience ou faisant parti d’un réseau
de sites web, il est possible de connaitre les centres d’intérêts des internautes et
d’intégrer des campagnes comportementales, afin de diminuer ses invendus ou de
vendre plus cher ses espaces. Ceci implique cependant un investissement important
de l’éditeur afin de qualifier finement ses contenus. Le ciblage comportemental est
pour l’instant facturé au CPM pour les éditeurs mais souvent vendu au CPC ou CPA
pour les annonceurs (cf. Criteo). Ce type de rémunération reste donc directement
fonction du nombre de pages vues pour les éditeurs.
Beaucoup plus utilisé aux Etats-Unis, le ciblage comportemental peut être envisagé
comme un complément d’une stratégie publicitaire afin de mieux monétiser les
invendus et de lutter contre la chute du taux de clic. En France, il fait toutefois face à
une problématique : le respect de la vie privée. La conservation des données
personnelles utilisée dans le retargeting a déjà donné lieu à des polémiques qui
avaient incité la Commission Européenne a offrir à l’internaute une option d’opt in et
d’opt out. Dans tous les cas, les retours d’expérience sur le sujet montrent qu’aucune
régie n’était en mesure de traiter ou conserver les informations de navigation des
internautes.
La notion de performance est difficile à définir mais tous les annonceurs comprennent
celle de retour sur investissement : l’annonceur paye donc sa campagne en fonction
d’une action réaliste et mesurée. Actuellement 30 à 60% des budgets publicitaires on-
line sont investis sur des campagnes à la performance mais de plus en plus de
budgets publicitaires classiques relevant de campagne de branding dérivent vers
cette notion de performance.
26
Sans mesure, la performance n’est rien. En effet, une campagne publicitaire à la
performance n’est pas simplement une mesure de taux de clicks, elle inclut aussi des
enquêtes de satisfaction, des analyses comparatives et des tests d’optimisation des
pages. Pour mesurer la performance d’une campagne, il faut choisir les indicateurs en
fonction du modèle d’affaires et de l’audience internet. Communément, les agences
présentent 5 types de mesure : celles concernant le parcours, celles de réalisation
des objectifs d’affaire, les tests et expérimentations sur la campagne, les réponses et
la connaissance des consommateurs et l’analyse de la compétition. Pour définir la
stratégie il faut donc choisir des indicateurs clés de performance en fonction de
l’objectif : visibilité, trafic, accroissement du chiffres d’affaires, acquisition de
prospects et insister auprès du client sur l’importance de l’évolution de ces
indicateurs dans le temps.
Courant habituel aux Etats Unis ou en Asie, le placement de produit correspond à une
présence de la marque dans le contenu éditorial. Jusqu’alors interdit en France, la
révision de la position de la Commission Européenne en matière de Télévision a
replacé la technique du placement de produit au cœur des stratégies de publicité de
nos agences. Il exploite la logique du lien entre la marque et l’utilisateur, et peut être
un moyen d’augmenter la qualité du lien entre eux, en laissant l’utilisateur par
exemple s’approprier la marque (deux exemples de cette appropriation par l’utilisateur
seraient les publicités pour CurrentTV aux Etats-Unis, générées par les utilisateurs,
ou la plateforme vidéo EYEKA en France).
D’abord présent dans le cinéma, le placement de produit s’est introduit dans le monde
de la musique. L’interaction d’internet dans ce cas est évidente : le web a donné une
27
telle audience aux clips musicaux que les marques s’y intéressent d’autant plus que
l’audience web est mesurable. Dans son dernier clip « Circus » par exemple, Britney
Spears place ainsi autour de son cou un collier Bulgari avec un visuel sur la marque
de quelques secondes. Or cette vidéo a été vue plus de 50 millions de fois sur
Youtube16.
Dernièrement, le placement de produit s’est introduit dans les jeux développant ainsi
la technique de l’advergaming. D’abord dans un décor fixe imaginé dès la conception
du jeu, le placement de produit devient une publicité dynamique, reflet de la
connectique intégrée aux nouvelles générations de consoles et l’accroissement de la
pratique des jeux en ligne. IGA Worldiwde donne l’exemple, d’une rotation d’un
panneau publicitaire dans un jeu pour une durée de 3 semaines facturée à 15 000
euros, pour une durée d’exposition moyenne de 8.4 secondes.
Le placement de produit peut aussi apparaitre dans des supports assez inattendus.
Lors des dernières présentations APPLE, nous avons pu découvrir avec surprise une
DUCATI servant de support métaphorique à la présentation. Or cette vidéo a été
cliquée plus d’un million de fois sur Youtube et les deux marques partagent des cibles
et des valeurs communes.
«La référence de quelqu’un dans qui ils ont confiance influence plus les gens que le
meilleur message télé. C’est le Saint Graal de la publicité.» Mark Zuckerberg
16
http://www.youtube.com/watch?v=1zeR3NSYcHk
17
Voir le livre « The Long Tail : Why the Future of Business is Selling Less of More », edité chez Hyperion Books
28
Mais comment passer du mythe rassurant de la longue traine à une réalité
économique effective ? Non seulement la recommandation et les autres filtres tendent
à conduire la demande vers des goûts moins « mainstream » si suffisamment pointus,
mais elle a l’avantage d’abaisser les coûts d’acquisition des catalogues dans le temps
et d’apporter une plus grande satisfaction du client dans un délai plus court.
Dans son analyse de la musique en ligne W.Page note que sur 13 millions de titres
disponibles 10 millions ne sont jamais vendus, 40 titres représentent 8% des ventes
et 3% du total des titres vendus représentent 80% du chiffre d’affaire. La captation
des ventes dans la longue traîne est supérieure à ce que l’on constate dans la
distribution physique. Même exemple avec l’adaptation de Criteo à Glowria où, deux
mois après avoir installé la plate-forme, sur son catalogue de DVD, les 10 000 titres
les moins loués qui représentent 80% du catalogue sont passés de 30 à 50%.
Nous avons décidé de faire ressortir trois enjeux clés pour optimiser l’implémentation
des recommandations, qui seront détaillés dans la suite du document :
o Replacer la question de la recommandation dans le contexte d’une
économie de l’attention
o Etablir l’influence de la relation personnelle dans les décisions et son
implémentation dans le marketing, notamment du bouche à oreille
o Evaluer quelle est la valeur de la recommandation face à la part
d’incertitude quant à la qualité sur le marché.
La problématique de l’économie d’attention a été posée dès 1971 par Herbert Simon
avec le principe suivant : l’abondance d’information crée la rareté de l’attention. En ce
point, il s’oppose au modèle alors dominant qui voudrait qu’une grande offre
d’information permette au consommateur d’effectuer un choix optimal. Herbert Simon
pose une approche plus pragmatique en tenant compte des limites cognitives de l’être
humain ce qui impacte donc sa façon de faire des choix, puisque n’étant pas dans un
marché parfait.
29
Ces deuxièmes modèles proviennent des travaux de Goldhaber sur l’économie du
lien (1997) qui instituent un parallèle entre celle-ci et l’économie monétaire et étudient
la transaction dans l’économie d’attention. L’attention est distribuée par différents
canaux, son ressort n’est pas financier et ne répond donc pas à une logique
purement instrumentale. L’univers de l’économie d’attention est imperméable au
marchand et n’a pas de circulation immédiate. L’exemple en est le programme
publicitaire de Facebook qui a heurté certaines sensibilités parce que relayant des
informations marchandes dans une sphère non marchande.
Dans les années 50, à Columbia, autour de Paul Lazarsfeld, beaucoup d’enquêtes
ont été menées pour tenter de rendre compte des décisions, en particulier sur
l’influence des médias. Deux phénomènes ont été mis en évidence : d’une part l’effet
limité sur le processus de décision des campagnes mass-médias que ce soit
politiques ou publicitaires et d’autre part l’importance des relations personnelles dans
la prise de décision. Ultérieurement, des travaux ont démontré que ces processus
étaient transposables à la décision de consommation.
Ces travaux ont mis en valeur le rôle d’interface de personnes clés dans le processus
de décision d’un groupe social : les leaders d’opinion. Des modèles en deux étapes
ont alors été mis en place : les media grand-public s’adressent aux leaders d’opinion
dans de grands volumes, et ces derniers jouent un rôle d’influenceurs auprès de leur
entourage. Sur cette base, beaucoup de pratiques se sont développées, sous le label
du marketing du bouche-à-oreille, consistant à identifier les leaders d’opinion pour les
cibler et espérer créer une circulation plus importante. Néanmoins, lors de campagne
virale, on s’aperçoit que le degré de reproduction est assez faible et qu’il existe une
grosse part d’aléatoire sur la diffusion.
Internet offre la possibilité d’un retour sur les modalités de diffusion de l’information.
Par exemple, si nous pouvons déterminer des courbes de diffusion d’une video virale
sur Dailymotion, nous sommes encore assez ignorants sur ce que l’on pourrait
appeler le degré de réplication, la manière dont cela circule, ce qui d’un point de vue
marketing nous permettrait de pouvoir construire un retour sur investissement, avec
une calculabilité de la diffusion.
Des théories dans les années 50 se sont développées, partant du principe que le
marché de l’emploi n’était pas parfait, et que des coûts énormes dépendaient de la
recherche d’information. Pour éviter la recherche séquentielle d’information qui a un
coût important, se sont développés des intermédiaires qui permettent d’organiser
cette recherche de manière plus pertinente (organismes de placement bourse
d’échange).
Pourtant, les travaux de recherche montrent que sur le marché du travail, le marché
visible, ces mécanismes marchent assez mal. Plus d’un quart des personnes trouvent
un emploi en mobilisant leur réseau personnel, donc en étant dans le marché caché.
Pourquoi ? Parce que le problème sur le marché de l’emploi est l’incertitude sur la
qualité : incertitude due d’une part à la complexité de ce marché qui relève de
30
l’appareillement, d’autre part à la difficulté d’objectiver un recrutement, et enfin à la
notion de risque que ce choix induit.
En 1974, Mark Granovetter dans son livre « Getting a job », a tenté de comprendre
pourquoi un chercheur d’emploi mobilisait autant son réseau d’information personnel.
Il démontre que ces réseaux sont très efficaces pour relayer l’information utile à la
recherche d’emploi : ils sont peu coûteux, ils transmettent une information qui est par
nature peu codifiable, et le lien de confiance permet de réduire le risque de
l’opportunisme. Granovetter différencie aussi les liens faibles des liens forts, les liens
faibles étant particulièrement efficaces pour véhiculer l’information sur le marché du
travail. Granovetter pose une définition très technique de ces deux formes de liens : le
lien fort est un lien dans un réseau où les gens sont très reliés socialement et qui peut
créer une information très redondante; les liens faibles sont ceux de réseaux avec
peu d’interconnaissances, l’information y est donc plus précieuse car elle correspond
à une ouverture plus large sur le marché. Les liens faibles sont tout de même fondés
sur une relation durable qui se pose hors d’un cadre purement stratégique et
intéressée. C’est sur cette base que va pouvoir se construire le marché de la
recommandation.
Les sites tels que Linkedln ou Viadeo se sont constitués en valorisant le marché
caché, en privilégiant et en proposant des outils permettant d’entretenir ce lien,
structurant des usages autour de l’expertise professionnelle.
31
que sont le CV. Dans ces cas-là, les réseaux de connaissances sont les plus
efficaces.
L’exemple le plus illustratif est l’utilisation de la rubrique expert par les avocats (qui
sont privés du droit à la publicité) et qui sur cette rubrique mettent en exergue leur
expertise (par exemple sur les questions de fiscalité). La consultation de cette
rubrique est gratuite, mais pour l’utiliser, dans le but de garantir la pertinence des
questions et la fiabilité de celui qui la pose, un profil rempli à hauteur de 70% est
18
Invitation de personnes non présentes sur le réseau/ signalement de personnes déjà présentes/ second niveau
contact de son contact
33
nécessaire. Cette rubrique a connu une croissance d’usage de 20% depuis sa mise
en place en décembre 2008.
34
Troisième partie : Comment notre vie personnelle sur les media sociaux modèle
une vie collective publique encore balbutiante mais pleine de promesses
Tout nouvel espace public est un nouvel espace politique. Internet offre un territoire
politique potentiellement à conquérir par l’internaute. Pour comprendre l’espace public
numérique, il faut en comprendre les enjeux : comment, à travers cette nouvelle
technologie, les manières et les formes de « l’agir ensemble », de production en
commun, peuvent se combiner et chercher une efficience en tenant pourtant compte
de la singularité de chacun ?
Le foisonnement de la toile tendrait plutôt vers une vision explicitée par Pierre Lévy :
« un projet de civilisation anonyme de recréation du lien social par les échanges de
savoir, de reconnaissance d’écoute et de valorisations des singularités dans une
démocratie plus ouverte, plus directe, plus participative. » En analysant les processus
d’échange actuel, au sein des blogs des commentaires ou autre, on note un
comportement majoritaire de contestation profonde des fondements de la démocratie
représentative et une demande de contrôle qui s’inspire plus du droit de la
consommation que de la culture politique. Les nouveaux médias sont donc les
parangons d’une communication synaptique, où des individualismes sont connectés
et ont une fonction d’interpellation et d’agenda par la « puissance du nombre » (
Gabriel Tarde).
Les nouveaux médias sont donc prescripteurs, créent un réseau. En effet , ils
permettent un partage gratuit entre experts, dans une relation égalitaire et de
proximité. Leur communication est donc transversale, transparente, spontanée et
décentralisée. Ils sont un nouveau défi pour les politiques, mais sont-ils un
« cinquième pouvoir » comme a pu le dire le décrire Thierry Crouzet19 ?
Il semble que les politiques en ont compris le poids. Le cas récent commenté par Guy
Birenbaum dans lepost.fr de M. Barnier twittant sur Mme Dati, prouve que la
communication par les réseaux sociaux a un poids et une influence publique.
L’exemple le plus frappant reste l’utilisation faite par Barack Obama de ce formidable
levier pendant sa campagne et depuis peu lors de sa présidence. L’actuel président
19
Voir le livre du même nom
35
des USA a défini ainsi sa vision de la transparence par le biais d’internet: « la
présomption favorable à la divulgation signifie aussi que les agences doivent prendre
des mesures positives pour rendre l’information publique. La divulgation doit être
intemporelle. »
Barack Obama affiche sa compréhension des nouveaux médias comme une volonté
de transparence : diffusion de photos par Flickr, partenariat avec Youtubelive, site
officiel, question du Huffingtonpost, live-blogging, et commentaire des décrets par
internet, sans parler de sa levée de fonds par le biais de mybarackobama.org. Pour
optimiser la diffusion de son message, il a suivi le crédo de Chris Hugues20 « Keep it
real, keep it local ».
Les nouveaux médias sociaux permettent la mise en relation dont la finalité est
l’action collective sur le terrain. Un des exemples de cette pratique nouvelle est le site
Moveon.org, qui est un cybermouvement de grande ampleur, sans leader défini ni
centre, expert de la levée de fonds, inversant le processus de décisions, celles-ci
allant de la base vers le sommet.
Même si le premier alinéa de l’article 25 du pacte international relatifs aux droits civils
et politiques de 1966 * offre plus qu’un cadre, un encouragement à l’esprit de liberté
et au développement d’un e-gouvernement, il faut se « prémunir contre la tentation
de considérer que des objets, des dispositifs peuvent par eux-même réenchanter la
démocratie » (O.Blondeau)
Nous sommes partis du constat que l’espace public est en pleine expansion depuis
l’apparition et l’usage croissant d’internet, et qu’il est temps de le redéfinir
théoriquement et dans les faits
20
Co-fondateur de Facebook et membre de l’équipe de campagne de Barack Obama
36
En France, dans une démocratie qui tend à devenir réputationelle, l’espace
numérique apparait comme un espace de correction par rapport à l’espace
médiatique. Il revêt donc une fonction sociale, et rend la distinction entre off-line et on-
line de plus en plus inopérante.
2. Le militantisme 2.0
Mais les structures politiques existantes peinent à capitaliser les mouvements que le
web recèle. Les clés pour créer une organisation pérenne des mouvements de
contestation manquent. On peut se demander pourquoi des organisations telles que
l’Alliance pour la Planète par exemple n’utilisent pas les stratégies venant des
logiciels libres et de l’open source pour évoluer.
Selon une étude d'octobre 2008 réalisée par l'institut de sondage Ipsos à la demande
de la CNIL, pour 61% des Français, l'existence de fichiers est perçue comme une
atteinte à la vie privée. Ils sont mêmes un sur deux à éprouver des craintes
concernant l'utilisation des fichiers. Leur inquiétude porte autant sur les fichiers d'Etat
que sur les fichiers privés. C'est la collecte d'informations personnelles sur Internet
qui suscite le plus de crainte : 71% des personnes jugeant la protection de leur vie
privée sur internet insuffisante, voire même "pas du tout satisfaisante" pour 37%
d'entre eux.
C'est la tranche d'âge des 18-24 ans, c'est-à-dire les plus "gros consommateurs
d'Internet", qui semble être la plus soucieuse dans ce domaine, puisque 78% des
internautes de cette catégorie d'âge estiment que leur vie privée est insuffisamment
protégée sur Internet.
La France fut un des tous premiers pays à se doter en 1978 d’une loi « Informatique
et Libertés ». Le but était de concilier l’apparition de nouveaux outils de
communication et les droits fondamentaux tels que le droit à la vie privée. La
Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés, organisme unique, est notre
institution chargée de veiller au respect de l’identité humaine de la vie privée et des
libertés dans le monde numérique. D’avis consultatif, elle plaide actuellement pour
que la protection des données personnelles soit inscrite dans notre constitution.
Il convient de préciser que certaines informations, qui ne sont pas des données à
caractère personnel, sont considérées comme sensibles dans la mesure où elles
peuvent conduire à un comportement discriminatoire (ex : origine raciale, opinions
politiques, philosophiques ou religieuses, appartenance syndicale, information relative
à la santé ou à ses orientations sexuelles). En principe, ces données dites "sensibles"
ne peuvent être recueillies et exploitées.
Toutefois, certains traitements relatifs à ces données sont possibles dans la mesure
où la finalité du traitement l'exige et moyennant le respect de certaines conditions,
dont le consentement explicite de la personne fichée. Internet ouvre la voie à la
collecte d'information nominative par les traces que l'internaute laisse en surfant sur le
web, sans que la collecte ne puisse être contrôlée (cookies, adresse IP,
téléchargements, ou encore participation à des forums de discussion, messagerie
instantanée, ou alimentation d'un blog).
38
En France, c'est principalement la Loi Informatique et Liberté de 1978, dont la
dernière révision date de 2004, qui réglemente la collecte, l'usage et la finalité de la
mise en place d'un traitement automatisé ou d'un fichier manuel contenant des
données personnelles.
Se trouvent soumis à la cette loi, "les traitements de données à caractère personnel
dont le responsable est soit établi sur le territoire français (c'est-à-dire y exerce une
activité dans le cadre d'une installation stable, quelle que soit sa forme juridique,
filiale, succursale...) ou recourt à des moyens de traitement situés sur le territoire
français, à l'exclusion des traitements qui ne sont utilisés qu'à des fins de transit sur
ce territoire ou sur celui d'un autre Etat membre de la Communauté européenne".
Les responsables de traitements sont tenus de délivrer une information détaillée sur
les conditions d'utilisation des données lors de leur collecte, que celles-ci soient
recueillies de manière directe ou indirecte. Le droit d'opposition est garanti par la loi
en matière de prospection commerciale, de même que les droits d'accès et de
rectification sont précisés. Néanmoins, il existe des dérogations pour tenir compte en
particulier des spécificités de certains traitements notamment statistiques.
Seuls sont soumis à autorisation ou avis de la CNIL, "les traitements présentant des
risques particuliers au regard des droits et libertés de personnes". Les autres,
exempts de risques, doivent seulement faire l'objet d'une déclaration de fichier quand
des exonérations de déclaration ne sont pas prévues (à titre d'exemple, ne sont pas
soumis à déclaration, les registres destinés exclusivement à l'information du public,
ou encore les traitements de conservation d'archives).
Internet n'est pas un espace de non-droit puisque le responsable d'un fichier ou d'un
traitement de données personnelles d'un site web ou d'un forum de discussion, doit
permettre aux internautes concernés par les informations collectées, d'exercer
pleinement leurs droits. Il doit les informer de son identité, de la finalité de son
traitement (exemple : gestion clientèle, prospection commerciale, etc.), du caractère
obligatoire ou facultatif des informations qu'il collecte, mais aussi des destinataires de
ces informations, et de l'existence de droits pour les personnes fichées.
Cette information se fait en principe au moment où sont collectées les données (bon
de commande, souscription d'un abonnement, enregistrement, etc.), et les mentions
d'information à l'attention des personnes fichées doivent apparaître sur les formulaires
utilisés pour collecter les données.
La loi Hadopi a donné encore plus d’acuité au débat sur les données personnelles.
Alors qu’en moyenne les Européens sont de plus en plus conscients des problèmes
liés à la vie privée, le nombre de Français déclarant ne pas se sentir concernés par
les organismes qui détiennent des données personnelles est passé de 13 à 29%
entre 1991 et 2008 (en Italie : de 20 à 51%, aux Pays Bas: de 45 à 65%…)( sondage
commandé par la Commission Européenne). Ils sont enfin, avec les Irlandais et les
Lithuaniens, les plus ignorants des outils et technologies de protection de la vie
privée.
Internet peut être considéré comme un espace à géométrie variable. Les espaces
numériques du web 2.0 ont avant tout une finalité sociale qui permet les échanges et
39
la coproduction de pensées. Des communautés sociales naissent et se mettent en
réseau à l’échelle globale à partir d’acteurs sociaux et grâce aux nombreux outils
numériques à leur disposition. Un monde numérique d’espaces sociaux avec une
dynamique propre se développe et s’approprie les fonctions jusque là réservées à
l’expert ou à l’institution. La dimension collaborative du web repose sur une logique de
communication où chaque participant peut agir avec les autres et/ou avec le contenu.
Cette envie centrifuge d’ouverture, de sortie de son espace pour entrer en interaction
est la base extime de constitution des blogs, en apparence intimes. Dans une
approche constructiviste, le blog nous permet de nous connecter à des « zones de
développement » proches des notres. Le blog permet de coupler deux démarches
celle de l’expert ou de l’ego et celle de groupe. Il relève d’une démarche active de
construction d’un espace public et de partage de connaissances.
La notion d’extime est essentielle à la compréhension des media sociaux car elle
insiste plus sur la démarche d’exposition publique de la vie privée, volontaire et
consciemment intégrée dans les posts ou participations de l’internaute. Cette notion
« d’extimité », intègre plus fortement le caractère central de l’interactivité, des
réactions des internautes dans le contenu des sites.
3.3 Pudeur et impudeur sur les media sociaux : vers l’âge de la maturité ?
Terminons cette analyse des media sociaux et des données personnelles avec les
résultats de l’étude sociogeek21 sur la pudeur et l’impudeur sur les réseaux sociaux,
menées auprès d’un échantillon de 11 000 personnes fin 2008 :
Il en résulte que les répondants exposent modérément leur identité sur le web. La
note moyenne des réponses obtenues sur l’ensemble de l’échantillon est en effet de
2,07 (les niveaux d’exposition allant de 1 : très pudique à 4 : très impudique).
Seulement 7,6% de l’échantillon a une note d’impudeur supérieure à 3 (dont 90% sont
des hommes).
Etre actif sur les réseaux sociaux de l’Internet n’entraîne pas une exposition de soi
plus forte que la moyenne. En revanche, pour élargir son cercle relationnel et
augmenter le nombre de ses amis, il est nécessaire d’exposer plus fortement son
identité.
Les hommes s’exposent plus que les femmes. Leur note d’exposition est de 2,12
contre 1,91 pour les femmes. Il existe un lien solide entre le niveau d’exposition et
l’âge, les jeunes s’exposant davantage que les plus âgés, particulièrement sur le
registre de l’exhibition (2,63 pour les moins de 20 ans contre 2,19 pour les plus de 41
ans).
21
http://www.fing.org/?Sociogeek
40
Pour conclure sur cette étude, il apparaît Le niveau d’exposition reste contrôlé par les
individus. Il apparaît moins comme une prise de risque « inconsciente » que comme
une activité stratégique destinée à produire une image de soi ouverte, avantageuse et
positive.
Mais il faut noter que l’image de soi que l’on expose sur le web est une manière
d’exprimer sa singularité auprès de son réseau d’amis, ce qui conduit souvent les
répondants à des stratégies d’image très réfléchies. Sauf qu’il existe un lien solide
entre le niveau scolaire et la vigilance qu’exercent les personnes dans le contrôle de
leur image sur Internet : Les comportements varient nettement selon le niveau
d'études. “ Moins vous êtes diplômé, plus vous acceptez les sollicitations et essayez
d'attirer des “amis, Cela correspond à la constitution d'un capital social ”, selon le
sociologue d’Orange Labs Dominique Cardon. Ce dernier est plus aisé à construire et
à faire fructifier quand on a fait plus d’études… Quand on parle de social media, la
fracture numérique n’est peut-être pas celle à laquelle on pense le plus souvent !
41
42
43
ANNEXES
44
Merci à tous nos intervenants de la saison 2008-2009
1- Comment appliquer les bonnes pratiques des sites pour adulte aux social
media ?
-Philippe Apter de Amoureux.com
-Gustavo Meija, doctorant en sociologe au CELSA
-Sophie Bramly, fondatrice et rédactrice en chef de Secondsexe.fr