Methodologie Cas Pratique M Borghetti 2014-2015
Methodologie Cas Pratique M Borghetti 2014-2015
Methodologie Cas Pratique M Borghetti 2014-2015
Au contraire du commentaire d’arrêt, le cas pratique n’est pas soumis dans les
facultés de droit françaises à des exigences de forme standardisées. Cela laisse aux étudiants
une plus grande liberté, ce qui peut être un avantage mais encourage aussi parfois,
malheureusement, un traitement peu rigoureux de l’exercice. En particulier, les étudiants ont
parfois l’impression que le but de celui-ci est de trouver la décision de justice dont les faits
correspondent à ceux qui sont présentés, comme s’il existait en droit une solution toute prête
pour chaque litige et que le rôle du juriste était uniquement, tel un moteur de recherche
amélioré, de trouver la bonne décision, c’est-à-dire celle qui a déjà répondu à la question. Au
contraire, le cas pratique doit permettre de développer les aptitudes au raisonnement juridique.
Pour cette raison, il est demandé aux étudiants de ce cours de suivre la méthode de résolution
des cas pratiques indiquée ci-dessous, qui tend à formaliser le raisonnement qui doit être tenu
afin de résoudre un problème de droit. Dans l’hypothèse où un cas pratique donné ne
permettrait pas de la suivre exactement, il appartiendra à chacun de l’adapter, en tant que de
besoin, aux circonstances de l’espèce. Il est par ailleurs précisé que cette méthode, bien
qu’elle s’appuie sur la structure ordinaire du raisonnement juridique et qu’elle ne prétende à
aucune originalité particulière1, peut différer de celle indiquée ou exigée par d’autres
professeurs. Le cas échéant, il appartiendra naturellement aux étudiants de s’adapter aux
exigences propres à chaque professeur.
1) Introduction
Il n’est pas nécessaire, dans l’introduction, de rappeler les faits de l’espèce2. Il faut
en revanche impérativement énoncer les prétentions juridiques des parties. Parfois, ces
prétentions sont déjà exprimées dans les questions qui, traditionnellement, viennent clore
l’énoncé du cas pratique. Il peut cependant arriver que ces questions ne soient pas formulées
en termes juridiques. Dans ce cas, il est nécessaire de les reformuler afin d’expliciter la
question juridique sous-jacente. Ainsi, dans un cas pratique relatif à un litige entre voisins,
dans lequel le bâtiment construit par M. Dupont mord sur le terrain appartenant à M. Durand,
l’énoncé peut se clore par la question : « M. Durand peut-il obtenir la destruction du
bâtiment ? » ; dans ce cas, l’interrogation est déjà une question de droit et elle n’appelle pas
de reformulation. En revanche, si le cas pratique s’achève par « Qu’en pensez-vous ? » ou
« Que M. Durand peut-il faire ? », il convient d’identifier les prétentions juridiques qui
traduisent au mieux la demande ou l’attente de M. Durand ; en l’espèce, il peut s’agir de faire
détruire le bâtiment construit par son voisin, ou bien simplement de demander des dommages
et intérêts.
1
Cette méthode s’inspire également de celle employée dans les facultés de droit allemandes, où la
méthode de résolution des cas pratiques est extrêmement formalisée ; v. sur ce point C. Witz, « Exercices et
épreuves en usage dans la formation des juristes allemands, source d’inspiration pour les Facultés françaises », in
Mélanges en l’honneur du professeur Gilles Goubeaux, Dalloz, LGDJ Lextenso éditions, 2009, p. 579.
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Certains professeurs ne partagent pas cet avis. Dans le cas où les faits de l’espèce devraient être
résumés dans l’introduction, il convient de les énoncer de manière aussi synthétique que possible, en évitant les
détails dont il est d’ores-et-déjà évident qu’ils seront sans incidence sur la résolution du cas. En revanche, il ne
faut pas anticiper sur celle-ci en qualifiant des faits ou des situations, lorsque leur qualification constitue
justement un des enjeux du cas pratique.
Il se peut que, dans un cas pratique, plusieurs prétentions soient formulées. Il faut
alors les traiter toutes, l’une après l’autre, en appliquant à chacune d’elle les étapes indiquées
ci-dessous. Elles doivent être traitées dans l’ordre dans lequel elles apparaissent dans le cas
pratique, à moins qu’un autre ordre n’apparaisse préférable.
Lorsque la position juridique des parties n’est pas sujette à discussion, on pourra
désigner celles-ci par leur qualité, plutôt que par leur nom. Ainsi, si le cas pratique met en
scène M. Dupont, acheteur d’une voiture, et Mme Durand, qui lui a vendu cette voiture, sans
que leurs qualités respectives d’acheteur et de vendeuse soient contestées, on les désignera de
préférence comme l’acheteur et la vendeuse, plutôt que comme M. Dupont et Mme Durant. Il
est aussi possible de parler du demandeur et du défendeur. Dans tous les cas, cependant, on
évitera de déformer le nom des parties et de les appeler, par exemple, M. X et Mme Y, ou
encore M. Dup. et Mme Dur.
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responsabilité civile des parents du fait de leur enfant mineur implique que celui-ci ne soit pas
émancipé ; or, il se peut qu’un cas pratique invitant à envisager la mise en œuvre de cette
responsabilité ne dise rien sur l’émancipation éventuelle du mineur en cause. Dans ce cas, le
silence de l’énoncé ne permet pas nécessairement d’exclure que le mineur soit émancipé et il
faut donc mentionner cette hypothèse, après quoi on pourra choisir de l’écarter,
l’émancipation étant aujourd’hui très rare en pratique. D’une manière générale, lorsque
l’énoncé du cas pratique fait silence sur un fait dont l’existence est nécessaire au succès de la
prétention du demandeur et à la continuation du cas pratique, il convient de n’écarter
l’existence de ce fait que lorsque celle-ci correspond manifestement à l’hypothèse la plus
vraisemblable ; à défaut, on court le risque de mettre un terme prématuré au traitement du cas
pratique et de ne pas aller jusqu’au bout de l’exercice demandé.
Assez fréquemment, la description des faits dans l’énoncé du cas pratique ne permet
pas de les qualifier avec certitude et donc décider de manière assurée si l’une ou l’autre des
conditions de mise en œuvre de la règle est bien remplie. Par exemple, lorsqu’il s’agit
d’appliquer la responsabilité civile pour faute (article 1382 du Code civil), il peut être délicat
de décider si le comportement décrit dans l’énoncé du cas pratique mérite bien la qualification
de faute. L’examen de la jurisprudence, lorsqu’il est possible, peut être extrêmement utile à ce
stade, afin de déterminer si les tribunaux ont déjà reconnu l’existence d’une faute dans un cas
semblable ou comparable à celui exposé dans l’énoncé. En tout état de cause, il appartient à
celui qui traite le cas pratique de prendre partie et de dire si oui ou non, à son avis, les faits de
l’espèce remplissent les conditions de mise en œuvre de la règle. Cela n’empêche
naturellement pas de faire état des hésitations possibles, et surtout des raisons qui les
justifient.
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pratique réside justement dans la mesure des dommages et intérêts et que celle-ci est fonction
de l’application de règles dont les conditions d’application peuvent faire débat en l’espèce.
Lorsque cela est possible, il est par ailleurs bon de préciser devant quel tribunal la
demande devrait être formée, pour le cas où le litige ne serait pas résolu à l’amiable.
Exemple
Madame Elna Padchansse, connaissant vos compétences juridiques, vient vous voir.
À l’occasion d’un fort coup de vent, un arbre planté sur le terrain de son voisin est tombé dans
son jardin, endommageant sa clôture. Son voisin est venu débiter l’arbre et a récupéré le bois,
mais il a refusé de réparer la clôture, au motif qu’elle était de toute façon en mauvais état
avant la chute de l’arbre. Madame Padchansse aimerait savoir si elle peut faire quelque chose.
1) Formulation de la prétention
Madame Padchansse pourrait réclamer des dommages et intérêts à son voisin, qui
permettent de réparer la clôture.
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