RickHanson - CerveauBonheur
RickHanson - CerveauBonheur
RickHanson - CerveauBonheur
Hanson
Introduction
S i vous êtes comme moi, et comme beaucoup de gens, vous passez vos
journées à « zapper » d’une tâche à une autre. Mais à quand remonte la
dernière fois où vous vous êtes arrêté pendant dix secondes pour vous imprégner
d’un des moments positifs qu’offre chaque jour, y compris les plus chargés ? Si
vous ne profitez pas de ces instants pour apprécier et prolonger l’expérience, elle
vous traverse comme le vent dans les arbres, agréable sur le moment mais sans
effet à long terme.
L’objectif de ce livre est simple : montrer que les expériences positives
quotidiennes ont le pouvoir de changer votre cerveau – et donc votre vie – en
mieux. Je vous expliquerai comment utiliser ces bons moments pour bâtir un
cerveau où règnent la confiance, le bien-être, le confort, l’estime de soi et le
sentiment d’être pris en considération. Ces moments n’ont rien d’extraordinaire.
Il s’agit simplement de la douceur d’un chandail favori, de la saveur d’une tasse
de café, de la chaleur d’un ami, de la satisfaction d’avoir terminé une tâche ou de
l’amour d’un être cher.
Plusieurs fois par jour, pendant une douzaine de secondes, vous apprendrez
à vous imprégner de ce qui est bon et, par la même occasion, à renforcer la joie,
le calme et la force en vous. Mais cette pratique et les sciences dont elle est issue
ne relèvent ni de la pensée positive ni d’un énième programme destiné à
fabriquer des expériences agréables, qui ont généralement peu d’effet sur le
cerveau. Elle consiste à transformer des expériences fugaces en améliorations
durables de votre patrimoine neuronal.
Les forces intérieures nécessaires au bien-être, à la gestion des défis et au
succès se développent à partir de structures cérébrales – mais, pour maintenir
nos ancêtres en vie, le cerveau a développé un penchant négatif, si bien qu’il agit
comme du Velcro sur les expériences négatives et comme du Teflon sur les
positives. Pour résoudre ce problème et enraciner des forces intérieures dans
votre cerveau, vous verrez quelles expériences positives peuvent répondre à vos
trois besoins fondamentaux de sécurité, de satisfaction et de connexion. Plus
vous renforcerez la paix intérieure, le contentement et l’amour, moins vous
éprouverez le besoin de rechercher ou de repousser des événements, selon qu’ils
vous semblent agréables ou désagréables. Vous apprécierez de plus en plus un
bien-être inconditionnel, indépendant des conditions extérieures.
Le cerveau est l’organe le plus important de votre corps et ce qui s’y passe
détermine vos pensées et vos sentiments, vos paroles et vos actes. Nombre
d’études montrent que vos expériences modifient en permanence la structure
neuronale. Grâce à ce livre, vous apprendrez à changer en mieux votre cerveau.
Vous apprendrez beaucoup de choses sur cet organe stupéfiant. Dans les
trois premiers chapitres, vous verrez globalement comment il fonctionne,
pourquoi vous devez le prendre en main et comment renouer avec la beauté de
votre nature profonde. Puis je vous montrerai de nombreuses techniques
efficaces pour vous imprégner de ce qui est bon et devenir réellement efficace
dans cette pratique. Il est inutile d’avoir des connaissances en neurosciences ou
en psychologie pour comprendre ces idées. Je les ai réduites à quatre étapes qui,
en anglais, forment l’acronyme HEAL, c’est-à-dire GUÉRIR : Activer une
expérience positive. L’Enrichir. L’Absorber. Lier les éléments positif et négatif
afin que le positif apaise, voire remplace le négatif (cette dernière partie est
optionnelle). Nous explorerons en détail chacune de ces phases et révélerons des
moyens pratiques, terre à terre, de repérer ou de créer des expériences positives
au beau milieu d’une journée chargée, puis de les tisser à votre esprit, à votre
cerveau et à votre vie. À la fin de chaque chapitre, une section intitulée
« S’imprégner » reprend les points essentiels. Et si vous souhaitez en savoir
davantage sur les fondements scientifiques de cette méthode ou accéder à mes
remarques complémentaires, veuillez vous reporter aux Notes et Références et à
la Bibliographie proposées en fin de volume.
J’étais étudiant quand j’ai découvert comment m’imprégner de ce qui est
bon et, depuis, ma vie a changé. Aujourd’hui, quarante ans plus tard, dans mon
travail de neuropsychologue, je tente de développer cette pratique en profondeur.
Je l’ai enseignée à des milliers de gens et beaucoup m’ont déclaré que leur vie
avait changé aussi : certains de ces témoignages apparaissent en italiques dans
les chapitres suivants. Je suis ravi de pouvoir partager cet outil extraordinaire
avec vous.
En tant que père, époux, psychologue, professeur de méditation et
consultant en entreprise, j’ai constaté que c’est avant tout ce que nous faisons
réellement, à la fois dans l’esprit et dans le monde, qui permet de changer. C’est
pourquoi je vous propose ces méthodes expérimentales destinées à convertir des
états mentaux passagers en structures neuronales durables, que vous adapterez à
vos propres besoins. J’espère que vous apprécierez ce que vous trouverez dans
ce livre, car vos découvertes n’en pénétreront que mieux dans votre cerveau et
dans votre vie.
Ayez confiance en vous. En vous imprégnant de ce qui est bon, vous
distinguerez mieux ce qui est bon en vous, dans le monde et chez les autres.
PREMIÈRE PARTIE
Pourquoi ?
1
Forces intérieures
J’ai fait beaucoup de randonnées dans ma vie et, souvent, je n’ai dû compter que
sur le contenu de mon sac à dos. Les forces intérieures sont les provisions que
renferme votre sac tandis que vous empruntez les sentiers sinueux et parfois
difficiles de la vie. Elles comprennent un état d’esprit positif, le bon sens,
l’intégrité, la paix intérieure, la détermination et la chaleur humaine. Des
chercheurs ont identifié d’autres forces, comme la compassion pour soi,
l’attachement sécurisant, l’intelligence émotionnelle, l’optimisme acquis, la
réponse de relaxation, l’estime de soi, la tolérance à la détresse, l’autorégulation,
la résilience et les fonctions cognitives. Pour ma part, j’emploie le mot force au
sens large afin d’inclure des sentiments, tels que le calme, le contentement et la
prévenance, des compétences, des points de vue et des inclinations bénéfiques,
mais également des qualités incarnées, comme la vitalité ou la relaxation.
Contrairement aux états mentaux fugaces, les forces intérieures sont des traits
stables, une source durable de bien-être, qui permet d’agir avec sagesse et
efficacité, mais aussi d’aider les autres.
À première vue, le concept de force intérieure peut sembler abstrait.
Rendons-le donc plus accessible grâce à quelques exemples concrets. Votre
réveil sonne et vous aimeriez dormir encore un peu – mais vous trouvez la force
de vous réveiller. Imaginons que vous ayez des enfants et qu’ils se disputent :
vous vous sentez frustré – mais, au lieu de hurler, vous puisez dans la fermeté, et
non la colère, que vous avez en vous. Vous êtes confus d’avoir commis une
erreur au travail – mais vous vous rappelez votre mérite en songeant à des
réalisations passées. Vous êtes stressé à force de courir dans tous les sens – mais
vous vous réfugiez volontiers dans le calme que procurent plusieurs expirations
profondes. Vous êtes triste de ne pas avoir de compagne ou de compagnon –
mais vous vous réconfortez en songeant aux amis dont vous ne manquez pas. Au
fil de votre journée, d’autres forces intérieures opèrent automatiquement à
l’arrière de votre esprit, comme le sens de la perspective, la conviction ou la
conscience de soi.
En médecine et en psychologie, on dit souvent que ce que nous ressentons
et faisons – aussi bien au cours de notre vie que dans le cadre de relations ou de
situations précises – est déterminé par trois facteurs : les défis auxquels nous
sommes confrontés, les fragilités mises à l’épreuve par ces difficultés et les
forces dont nous disposons pour affronter nos défis et protéger nos fragilités. Par
exemple, les critiques récurrentes d’un supérieur hiérarchique (défi) sont
susceptibles d’intensifier le trait anxieux d’un salarié (fragilité), mais ce dernier
peut faire face en mobilisant ses capacités d’auto-apaisement et son sentiment
d’être respecté par d’autres personnes (forces intérieures).
Nous avons tous des fragilités. Pour ma part, j’aurais préféré être beaucoup
moins enclin à l’inquiétude et à l’autocritique. Et la vie n’est jamais à court de
défis, qu’il s’agisse de menus tracas, comme les problèmes de réception sur nos
cellulaires, ou de la vieillesse, de la maladie et de la mort. Nous avons besoin de
forces pour gérer ces défis et ces fragilités et, plus les uns ou les autres, voire les
deux, augmentent, plus nos forces doivent s’adapter. Si vous voulez vous sentir
moins stressé, anxieux, frustré, irritable, déprimé, déçu, seul, coupable, blessé ou
inapte, vous gagnerez à posséder davantage de forces intérieures.
Les forces intérieures sont fondamentales pour être heureux, productif et
aimant. Ainsi, les études menées sur une force spécifique, les émotions positives,
montrent que ces dernières réduisent la réactivité et le stress, contribuent à guérir
les blessures psychologiques et développent la résilience, le bien-être et le
sentiment de satisfaction général. Les émotions positives incitent à rechercher
des opportunités, créent des cercles vertueux et multiplient les chances de
succès. Elles renforcent également le système immunitaire, protègent le cœur et
favorisent une vie plus saine et plus longue.
En moyenne, un tiers de nos forces sont innées, c’est-à-dire intégrées au
tempérament, aux talents, à l’humeur et à la personnalité basés dans nos gènes.
Les deux autres tiers se développent au fil du temps. Ils se cultivent. Cette
nouvelle est extraordinaire, car elle signifie que nous pouvons nourrir le bonheur
et d’autres forces génératrices d’épanouissement, d’amour, d’efficacité, de
sagesse et de paix intérieure. Trouver le moyen de cultiver ces forces en vous
pourrait être l’enseignement le plus crucial de votre vie. C’est tout l’objectif de
ce livre.
Au jardin
Considérez votre esprit comme un jardin. Vous pouvez vous contenter de
regarder ses mauvaises herbes et ses fleurs sans juger ou changer quoi que ce
soit. Vous pouvez arracher les mauvaises herbes en diminuant la part d’éléments
négatifs. Ou vous pouvez planter des fleurs en accroissant la part d’éléments
positifs. (Voir l’encadré ci-dessous pour comprendre ce que j’entends par positif
et négatif.) En substance, il existe trois manières principales de gérer son esprit :
laisser être, lâcher prise, laisser entrer. Ce livre est consacré à la troisième
option, cultiver des forces intérieures, c’est-à-dire faire pousser des fleurs dans
son jardin. Pour vous aider à être le plus efficace possible, je vous propose un
parallèle avec les deux autres approches.
Ce que j’entends par positif et bon mène au bonheur et bénéficie aux autres et à soi-
même. À l’inverse, ce que j’entends par négatif et mauvais mène à la souffrance et nuit
aux autres et à soi-même. J’attribue à ces termes un sens pragmatique, plutôt que
moral ou religieux.
Les expériences positives sont généralement agréables. Mais certaines expériences
désagréables peuvent avoir de bons résultats, de sorte que je les qualifierai de
positives. Ainsi, la douleur qui apparaît lorsqu’on pose sa main sur un poêle brûlant,
l’angoisse qui survient lorsqu’on ne retrouve pas son enfant dans un parc et les remords
qui nous incitent à prendre le droit chemin nous sont désagréables sur le moment, mais
agréables par la suite.
De même, les expériences négatives nous sont généralement désagréables. Mais
certaines expériences agréables peuvent se révéler nuisibles, de sorte que je les
qualifierai de négatives. L’exaltation que procurent trois bières ou la vengeance que
vous exercez en répandant des ragots sur une personne qui vous a causé du tort vous
sera peut-être agréable sur le moment, mais, en définitive, le coût se révélera supérieur
au bénéfice. Ce genre d’expériences vous est agréable sur le moment, mais
désagréable par la suite.
Mais être avec son esprit ne suffit pas. Vous devez aussi le travailler, en
consentant à de justes efforts, en arrachant les mauvaises herbes et en plantant
des fleurs. Le simple fait d’observer le stress, les inquiétudes, l’irritabilité ou la
morosité ne vous permettra pas nécessairement de les déraciner. Comme nous le
verrons dans le chapitre suivant, au fil de l’évolution, notre cerveau est devenu
particulièrement sensible aux expériences négatives, qu’il stocke dans des
structures neuronales durables. De même, être avec son esprit ne permet pas en
soi de développer la gratitude, l’enthousiasme, l’honnêteté, la créativité ou
d’autres forces intérieures. Ces qualités mentales relèvent de structures
neuronales sous-jacentes qui ne se manifestent pas d’elles-mêmes. En outre,
pour être pleinement avec son esprit, il faut y faire pousser des forces telles que
le calme et la compréhension de soi, qui nous permettent de ressentir toutes nos
émotions et d’affronter nos ombres intérieures, même quand c’est difficile.
Sinon, s’ouvrir à son expérience peut revenir à soulever une trappe vers l’enfer.
Rester conscient
Que vous choisissiez de laisser être, de lâcher prise ou de laisser entrer, soyez
conscient, c’est-à-dire présent moment après moment. La pleine conscience
même n’est qu’observation, mais elle peut s’accompagner d’efforts actifs, ciblés,
destinés à déplacer délicatement votre esprit dans un sens ou dans un autre. Le
travail mental n’est pas contraire à la pleine conscience. En réalité, il faut
travailler son esprit pour développer la force intérieure de la pleine conscience.
Soyez conscient de vos mondes extérieur et intérieur, des faits qui vous
entourent et des sentiments qu’ils suscitent en vous. La pleine conscience ne se
limite pas à la conscience de soi. Quand je pratique l’escalade, je suis très
attentif au partenaire qui m’assure et qui veille sur moi au pied de la falaise !
Plasticité neuronale
Le cerveau est l’organe qui apprend. Il est donc destiné à changer en fonction de
vos expériences. J’en suis toujours étonné, mais c’est vrai : tout ce que nous
percevons et ressentons, tout ce que nous voulons et pensons de manière répétée
sculpte lentement mais sûrement la structure neuronale. Au moment où vous
lisez ces mots, dans la masse de tissus semblable à du yogourt que contient votre
crâne, nichés parmi le millier de milliards de cellules de soutien, 80 à
100 milliards de neurones s’envoient des signaux au sein d’un réseau d’un demi-
quadrillion de connexions appelées synapses. Toute cette activité neuronale
incroyablement rapide, complexe et dynamique modifie en permanence votre
cerveau. Les synapses actives deviennent plus sensibles, de nouvelles synapses
se développent en quelques minutes, les régions sollicitées sont plus irriguées
puisqu’elles ont besoin de plus d’oxygène et de glucose pour réaliser leur travail,
et les gènes à l’intérieur des neurones s’allument et s’éteignent. À l’inverse, les
connexions moins sollicitées dépérissent au cours d’un processus parfois qualifié
de darwinisme neuronal : seules les plus actives d’entre elles survivent.
Toute activité mentale – les visions et les sons, les pensées et les émotions,
les processus conscients et inconscients – implique une activité neuronale sous-
jacente. Le plus souvent, l’une comme l’autre traversent le cerveau telles des
ondulations sur un fleuve, sans affecter durablement son cours. En revanche, si
l’activité mentale est intense, prolongée ou répétée – notamment lorsqu’elle est
consciente –, elle laisse une empreinte persistante dans la structure neuronale, tel
un puissant courant qui modifie le lit d’un cours d’eau. Comme l’affirment les
neurosciences : les neurones qui s’activent ensemble se raccordent ensemble.
Les états mentaux deviennent des traits neuronaux. Jour après jour, votre esprit
bâtit votre cerveau.
C’est ce que les scientifiques appellent la plasticité neuronale liée à
l’expérience – un champ d’études très en vogue en ce moment. Ainsi, les
chauffeurs de taxi de Londres, qui doivent mémoriser le dédale de rues de la
capitale britannique, présentent des couches neuronales plus épaisses dans leur
hippocampe, une région qui contribue à la création de souvenirs visuo-spatiaux.
Ils renforcent une partie de leur cerveau, comme on peut renforcer un muscle,
provoquant le développement de nouveaux tissus. De même, les méditants de
pleine conscience affichent une augmentation de matière grise – synonyme de
cortex plus épais – dans trois régions clés : les aires préfrontales, qui contrôlent
l’attention ; l’insula, qui nous permet de nous mettre à l’écoute de nous-mêmes
et des autres ; et l’hippocampe. Vos expériences n’engendrent pas seulement de
nouvelles synapses, bien que ce phénomène soit déjà remarquable en soi, mais
affectent en quelque sorte vos gènes mêmes – de petits groupes d’atomes qui
composent les brins torsadés d’ADN à l’intérieur du noyau des neurones – et
changent leur fonctionnement. Par exemple, si vous pratiquez la relaxation de
manière régulière, l’activité des gènes qui apaisent les réactions de stress
s’intensifiera, ce qui vous rendra plus résilient.
Si vous laissez de côté les détails de ces études, une simple vérité se détache :
vos expériences comptent. Pas seulement pour les sentiments qu’elles procurent
sur le moment, mais pour les traces durables qu’elles laissent dans votre cerveau.
Vos expériences de bonheur, d’inquiétude, d’amour et d’anxiété peuvent
provoquer des changements réels dans vos réseaux neuronaux. Les processus de
construction des structures du système nerveux sont stimulés par l’expérience,
notamment par ce qui occupe le premier plan de votre conscience. Votre
attention s’apparente à un projecteur doublé d’un aspirateur : elle éclaire l’objet
sur lequel elle se dirige, puis l’aspire dans votre cerveau – pour le meilleur ou
pour le pire.
On dit souvent que l’esprit prend la forme de l’objet sur lequel il se porte.
En nous basant sur ce que nous savons de la plasticité neuronale, la version
moderne de cet adage serait que le cerveau prend la forme de l’objet sur lequel
l’esprit se porte. Si vous persistez à porter votre esprit sur l’autocritique,
l’inquiétude, le ressentiment, les blessures et le stress, votre cerveau sera de plus
en plus façonné par la réactivité, l’anxiété et l’humeur dépressive, plus focalisé
sur les menaces et les pertes, et plus enclin à la colère, à la tristesse et à la
culpabilité. En revanche, si vous portez régulièrement votre esprit sur des
événements et des circonstances positives (le fait que quelqu’un se soit montré
bienveillant à votre égard ou que vous ayez un toit sur la tête), des émotions
agréables, les tâches que vous parvenez à mener à bout, les plaisirs physiques et
vos bonnes intentions et qualités, au fil du temps votre cerveau prendra une autre
forme, caractérisée par la force et la résilience, une vision des choses optimiste
quoique réaliste, un état d’esprit positif et une meilleure estime de soi. Si vous
repensez à la semaine écoulée, où votre esprit s’est-il le plus souvent porté ?
En réalité, votre cerveau est essentiellement façonné par ce qui occupe
votre esprit – ou votre attention. Bien que cette dernière soit naturellement
accaparée par certaines choses – par exemple, un problème au bureau, une
douleur physique ou une question grave –, dans l’ensemble, nous avons
beaucoup d’influence sur son orientation. Ce qui signifie que nous pouvons
délibérément prolonger, et même créer, les expériences qui modèleront au mieux
notre cerveau.
Vous verrez précisément comment y parvenir à partir du chapitre 4. En
attendant, sentez-vous libre de commencer dès maintenant à vous imprégner de
ce qui est bon. Cette pratique, appliquée à une expérience positive, se résume
simplement à quatre mots : activez-la, savourez-la. Et voyez par vous-même ce
qui se passe quand vous vous y mettez.
Si vous songez à votre jardin mental, quelles fleurs serait-il bon de cultiver en ce
moment ? Certains types d’expériences vous seront plus utiles que d’autres.
Certes, les expériences négatives ne sont pas dénuées d’intérêt. Ainsi, le
travail de nuit que j’ai effectué pendant un été dans une usine de mise en
bouteilles quand j’étais étudiant m’a permis de m’endurcir. Mais les expériences
négatives ont des effets secondaires inhérents, comme l’inconfort psychologique
ou les conséquences du stress sur la santé. Elles peuvent également créer ou
aggraver les conflits. Quand ma femme et moi étions épuisés par nos deux
jeunes enfants, nous étions plus souvent agressifs l’un envers l’autre. Le coût des
expériences négatives dépasse régulièrement le bénéfice, quand il y a un
bénéfice : le plus souvent, ce n’est que douleur sans valeur. Puisque les neurones
qui s’activent ensemble se raccordent ensemble, prolonger une expérience
négative au-delà de son utilité revient à faire des tours de piste en enfer : à
chaque tour supplémentaire, vous creusez un peu plus un sillon dans votre
cerveau.
En revanche, les expériences positives ont toujours de la valeur et riment
rarement avec douleur. Elles sont le plus souvent agréables sur le moment. Par
ailleurs, le moyen le plus direct de développer des forces intérieures telles que la
détermination, le sens de la perspective, les émotions positives et la compassion
est d’en faire soi-même l’expérience. Pour renforcer la gratitude, portez votre
esprit sur ce sentiment dès qu’il vous vient. Pour vous sentir plus aimé,
recherchez et prolongez les moments où vous vous sentez inclus, vu, apprécié ou
chéri. Si vous vous demandez comment accentuer la part positive de votre esprit,
la réponse est la suivante : Imprégnez-vous d’expériences positives. En les tissant
à votre cerveau, vous consoliderez leurs circuits neuronaux et vous pourrez les
emporter avec vous partout où vous irez.
En plus de favoriser le développement de forces intérieures spécifiques,
s’imprégner de ce qui est bon a des bienfaits intégrés, généraux. Par exemple,
être actif plutôt que passif, se traiter comme quelqu’un qui compte et
approfondir son attention. En outre, comme nous le verrons au chapitre 3, au fil
du temps il est possible de sensibiliser son cerveau aux expériences positives
pour qu’elles se transforment plus facilement et plus rapidement en forces
intérieures.
À retenir
Les forces intérieures incluent la sérénité, le contentement et l’amour, ainsi que la résilience, la
confiance en soi, la détermination et la compréhension de soi. Ces forces vous permettent
d’affronter les moments difficiles de la vie, de vous remettre du stress, de guérir des blessures
anciennes, de maintenir votre bien-être, d’assurer vos tâches à la maison et au bureau et de faire
preuve de patience et de prévenance envers les autres.
La plupart de vos forces intérieures se développent avec le temps. Ce livre explique comment
les cultiver grâce aux expériences positives, c’est-à-dire comment enraciner le bonheur dans
votre cerveau.
Le simple fait d’observer votre esprit est extrêmement utile, mais il faut également diminuer ce
qui est négatif et augmenter ce qui est positif. Notre objectif est d’augmenter le positif : faire
pousser des fleurs dans le jardin de l’esprit, c’est-à-dire modifier vos structures cérébrales.
Toute activité mentale – la vision et les sons, les joies et les peines – est basée sur une activité
neuronale sous-jacente. L’activité mentale/neuronale répétée laisse des changements durables
dans la structure neuronale : c’est ce qu’on appelle la neuroplasticité liée à l’expérience. Cela
signifie que vous pouvez utiliser votre esprit pour changer votre cerveau, qui changera à son tour
votre esprit.
Le meilleur moyen de développer le bonheur et d’autres forces intérieures est d’en faire
l’expérience, puis d’aider ces états mentaux bénéfiques à devenir des traits neuronaux. C’est ce
que j’entends par s’imprégner de ce qui est bon : activer une expérience positive et l’installer dans
votre cerveau.
2
L’évolution du cerveau
Tous les êtres humains partagent des ancêtres communs avec les chauves-souris,
les bégonias et les bactéries, qui remontent au moins à 3,5 milliards d’années,
c’est-à-dire aux tout premiers micro-organismes. Des créatures multicellulaires
ont vu le jour dans les mers anciennes il y a 650 millions d’années, et
50 millions d’années plus tard, elles étaient devenues suffisamment complexes
pour développer un système nerveux destiné à coordonner leurs systèmes
sensoriels et moteurs. L’apparition des mammifères date de 200 millions
d’années environ et celle des premiers primates de 60 millions d’années. Il y a
2,5 millions d’années, notre ancêtre hominidé, Homo habilis, était suffisamment
intelligent pour se mettre à fabriquer des outils en pierre, et notre espèce même –
Homo sapiens, le primate intelligent – est apparue il y a 200 000 ans environ.
Au cours des 600 millions d’années écoulées, les solutions aux problèmes
de survie auxquels étaient confrontées les créatures allant des méduses aux
palourdes en passant par les lézards, les souris, les singes et les premiers
humains se sont intégrées au système nerveux. En quelques millions d’années, le
cerveau a plus ou moins triplé de volume tout en étant sculpté par les pressions
intenses de la sélection naturelle. Nos prédécesseurs hominidés et humains
vivaient dans des petits groupes de chasseurs-cueilleurs jusqu’à ce que
l’agriculture organisée apparaisse il y a 10 000 ans environ. Leur monde, intact
et beau, était caractérisé par une certaine simplicité, un rythme décontracté et un
temps pour les relations dont beaucoup de gens souhaiteraient disposer
aujourd’hui.
En revanche, les défis de survie auxquels ils étaient confrontés – comme la
perspective d’être attaqués et dévorés par des prédateurs – étaient très différents
des nôtres. Parce qu’ils vivaient en petites bandes, il leur arrivait rarement de
rencontrer des inconnus, et quand c’était le cas, ils étaient souvent en danger.
Certains groupes interagissaient de manière paisible, mais, en moyenne, un
homme sur huit mourait dans des conflits, comparés à un sur cent à la guerre au
XXe siècle. Il y avait aussi les famines, les parasites, les maladies, les blessures,
Votre gardien
Pour commencer, votre cerveau est toujours à l’affût de possibles dangers ou
pertes : c’est la raison pour laquelle les bulletins télévisés s’ouvrent toujours sur
les derniers meurtres ou catastrophes du jour. Comme l’affirment les
journalistes : si ça saigne, ça paye. Au cours de l’évolution, les animaux
nerveux, obsessionnels et enclins à se surpasser avaient plus de chances de
transmettre leurs gènes, et ces orientations sont désormais tissées dans notre
ADN. Même quand vous vous sentez détendu, heureux et connecté, votre
cerveau continue à scruter les dangers, les déceptions et les problèmes
interpersonnels potentiels. Par conséquent, dans un coin de votre esprit subsiste
généralement un sentiment subtil mais perceptible d’inconfort, d’insatisfaction et
de séparation qui motive cette vigilance.
Puis, quand le moindre détail va de travers ou semble susceptible de
provoquer des ennuis, le cerveau zoome sur le problème en rétrécissant en
quelque sorte son champ visuel et en minimisant tout le reste. Par exemple, si
votre patron vous fait un seul retour critique au milieu d’une foule d’éloges, vous
vous focaliserez probablement sur cet élément isolé. Les stimuli négatifs sont
perçus plus rapidement et plus facilement que leurs pendants positifs. La colère
se lit plus vite que le bonheur sur un visage : en fait, face à une expression de
colère, le cerveau réagit même sans que vous en ayez conscience.
Le pouvoir de la douleur
Velcro et Teflon
Efforts vains
Le penchant négatif ne vous interdit pas d’être heureux. Mais, si vous l’êtes,
c’est malgré lui. Il s’agit d’un penchant, prêt à s’activer en fonction des
événements. Quand vous vous sentez bien, il attend en coulisses, guettant une
occasion de vous rendre mal à l’aise. Quand vous vous sentez mal, il empire les
choses.
Ce phénomène crée deux types de problème. Premièrement, il accroît le
négatif. Il attire votre attention sur ce qui est, ou pourrait être, mauvais, vous
incite à réagir excessivement et stocke l’expérience négative dans la mémoire
implicite. Il crée également des cercles vicieux à l’intérieur de votre cerveau et
dans vos relations avec autrui. De différentes manières, il aggrave votre stress et
vos inquiétudes, vos frustrations et vos irritations, vos blessures et vos peines,
votre sentiment de ne pas être à la hauteur et les conflits avec les autres.
Deuxièmement, ce penchant négatif atténue le positif. Il détourne votre
attention des faits positifs qui vous entourent. Il vous incite à réagir mollement
aux éléments agréables que vous notez. Et il laisse glisser les bonnes expériences
sur votre esprit, en n’en laissant que peu de trace, voire aucune. Il s’agit d’une
sorte de goulot qui permet difficilement au bonheur de pénétrer dans le cerveau.
Le taux d’intérêt d’un compte épargne détermine combien vous gagnez
chaque jour sur le plan financier. Que préféreriez-vous ? Un taux bas ou un taux
élevé ? De même, le taux de conversion des états mentaux positifs en traits
neuronaux détermine combien vous gagnez chaque jour sur le plan
psychologique. Là encore, que préféreriez-vous ? Un taux bas ou un taux élevé ?
Malheureusement, le penchant négatif réduit ce taux de conversion, et donc vos
gains dans la vie, à savoir votre bonheur, vos apports aux autres et votre succès.
En réalité, il bénéficie à la survie immédiate, mais nuit à la qualité de vie,
aux relations paisibles et épanouissantes, et à une santé mentale et physique
durable. C’est la configuration par défaut du cerveau de l’âge de la pierre. Si
nous ne le prenons pas en main, c’est lui qui continuera à nous prendre en main.
Quand nous nous inclinons vers le positif, nous ne faisons que niveler le
terrain de jeu. S’imprégner de ce qui est bon permet de corriger les deux
tendances du penchant négatif en diminuant les émotions, les pensées et les actes
négatifs, tout en augmentant leurs pendants positifs.
Et, au fil du temps, cette pratique peut vous aider à constater que vos
besoins fondamentaux de sécurité, de satisfaction et de connexion sont
finalement comblés. Nous verrons en détail comment la mettre en œuvre dans le
chapitre suivant.
À retenir
À travers l’histoire, les gens se sont interrogés sur les origines de la souffrance et du bonheur
tels qu’ils apparaissaient dans l’esprit. Aujourd’hui, nous commençons à comprendre comment
nos expériences sont produites par les structures et les processus sous-jacents du cerveau.
Le système nerveux évolue depuis 600 millions d’années, et les solutions aux problèmes de
survie que rencontraient les reptiles, les mammifères, les primates et les humains sont encore
actives dans votre cerveau aujourd’hui.
Pour survivre et transmettre leurs gènes, nos ancêtres devaient être particulièrement attentifs
aux dangers, aux pertes et aux conflits. Par conséquent, le cerveau a développé un penchant
négatif, qui guette les mauvaises nouvelles, réagit intensément à leur présence et s’empresse de
stocker l’expérience dans des structures neuronales. Nous pouvons tout de même être heureux,
mais cette tendance engendre une vulnérabilité durable au stress, à l’anxiété, à la déception et
aux peines.
Un des aspects clés du penchant négatif est le pouvoir singulier de la peur. Nous surestimons
systématiquement les menaces et sous-estimons les opportunités et les ressources. En parallèle,
les expériences négatives sensibilisent le cerveau au négatif, créant un cercle vicieux qui le rend
plus vulnérable aux expériences négatives.
Bien que le penchant négatif soit propice à la survie dans un environnement rude, il nuit à la
qualité de vie, aux relations épanouissantes, au développement personnel et à la santé à long
terme. Il nous incite à tirer des leçons excessives des expériences négatives et à négliger celles
des expériences positives.
J’ai constaté qu’il était très utile de prendre davantage conscience des
moments où l’un de mes besoins fondamentaux – sécurité, satisfaction et
connexion – était pris en compte, des sentiments que j’éprouvais quand ce
système était à l’œuvre et (comme nous l’examinerons dans le prochain chapitre)
des moyens de m’imprégner des expériences particulièrement favorables à ce
système. Les systèmes d’évitement, de recherche et d’attachement gèrent notre
manière d’affronter les défis, et organisent et dirigent la plupart de nos
expériences et de nos actes. Ils s’apparentent en quelque sorte à des chefs
d’orchestre – et opèrent sur deux modes distincts dont la portée est considérable.
Le mode réceptif
Imaginez une journée où vous vous sentez globalement bien. Après avoir ouvert
les yeux, vous passez quelques minutes au lit à songer vaguement à une partie
des gens que vous allez voir et des choses que vous allez faire aujourd’hui. Vous
vous retrouvez coincé dans des embouteillages en allant au bureau, mais vous ne
résistez pas : vous écoutez simplement la radio sans laisser les autres
conducteurs vous perturber. Votre travail ne vous passionne peut-être pas, mais
aujourd’hui vous vous focalisez sur le sentiment d’accomplissement que vous
procure chaque tâche effectuée. Sur le chemin du retour, votre compagne (ou
compagnon) vous appelle pour vous demander de passer à l’épicerie : ce n’est
pas ce que vous préférez après une longue journée de travail, mais vous vous
rappelez que vous n’en avez que pour quinze minutes. Le soir, vous attendez
avec impatience une de vos émissions de télévision préférées et vous la regardez
avec plaisir.
À présent, reprenons le même scénario, mais en l’abordant d’une manière
différente. Après avoir ouvert les yeux, vous passez quelques minutes au lit à
imaginer avec pessimisme la journée qui vous attend et à vous dire que vous
allez vraiment vous ennuyer au bureau. Aujourd’hui, la circulation vous agace
particulièrement, et lorsqu’une voiture vous brûle la priorité, vous vous emportez
et donnez des coups de klaxon. Vous n’avez toujours pas digéré l’incident quand
vous vous mettez au travail, et pour ne rien arranger, un nombre incalculable de
tâches routinières vous attend. À la fin de votre journée, vous vous sentez éreinté
et refusez de faire la moindre corvée supplémentaire. Votre compagnon (ou
compagne) appelle pour vous demander de passer à l’épicerie. Vous trouvez
qu’il/elle exagère, mais vous vous exécutez sans broncher. Ensuite, vous passez
la soirée à bouillonner parce que vous avez l’impression de tout faire à la
maison. C’est l’heure de votre émission préférée, mais vous avez du mal à
l’apprécier, car vous vous sentez trop irrité et fatigué.
Au cours de ces deux journées, les mêmes choses se sont produites. La
différence vient de la manière dont votre cerveau les a gérées – la configuration
qu’il a utilisée.
Chacun des systèmes d’exploitation de votre cerveau affiche
essentiellement deux réglages : réceptif et réactif. Aussi longtemps que vous
sentez qu’un besoin fondamental est satisfait, le système qui le gère reste en
mode réceptif. Quand vous vous sentez en sécurité, votre système d’évitement
adopte le mode réceptif, d’où l’apparition de sentiments de détente, de calme et
de paix. Quand vous vous sentez satisfait, votre système de recherche passe en
mode réceptif, provoquant des sentiments de gratitude, de joie,
d’accomplissement et de contentement. Et quand vous vous sentez connecté,
votre système d’attachement aux autres devient également réceptif, suscitant des
sentiments d’appartenance, d’intimité, de compassion, de bienveillance, d’estime
de soi et d’amour. Pour faire simple, c’est ce que j’appelle la configuration
« verte » de votre cerveau.
Quand vous êtes sur le mode réceptif, vous répondez aux défis sans les
transformer en facteurs de stress. Des événements se produisent, mêmes
difficiles, mais une sorte d’amortisseur les empêche de vous perturber. Vous
gérez les menaces, les pertes ou les rejets sans vous laisser emporter par la peur,
la frustration ou le chagrin. Vous êtes toujours engagé dans la vie, et il vous
arrive même de faire face à des situations très pénibles, mais en prenant appui
sur un sentiment sous-jacent de sécurité, d’épanouissement et de considération.
En d’autres termes, quand votre cerveau n’est pas perturbé par les menaces,
les pertes ou les rejets, il adopte son état de repos, son mode réceptif. Des
systèmes neurochimiques impliquant l’ocytocine et des opioïdes naturels, des
régions tel le cortex cingulaire subgénual, et des réseaux neuronaux tel le
système nerveux parasympathique (SNP), déclenchent et maintiennent cette
configuration équilibrée, durable, homéostatique. Dans cet état, vous vous sentez
souvent à l’aise, détendu et relativement calme, tandis qu’une activation
modérée à haute du SNP ralentit le rythme cardiaque, diminue la pression
artérielle, favorise la digestion et régénère votre corps, votre cerveau et votre
esprit. En stimulant davantage le système nerveux sympathique, il est également
possible d’être actif et dynamique sur le mode réceptif. Les mammifères, dont
les humains, deviennent chaleureux, espiègles, curieux et créatifs lorsqu’ils se
sentent en sécurité, satisfaits et connectés. Quand les voyants lumineux de votre
tableau de bord cérébral sont au vert, vous ne renoncez pas à être fort et
déterminé, à vous affirmer, à poursuivre vos objectifs avec enthousiasme, à lutter
contre les injustices, à vivre avec passion, à faire l’amour, à créer des œuvres
d’art, à encourager vos enfants et à hurler joyeusement à la lune avec vos amis.
Que vous soyez calme ou actif, vos émotions sur ce mode demeurent en général
positives.
Le tableau 2 récapitule les principales caractéristiques du mode réceptif des
systèmes d’évitement, de recherche et d’attachement. Quand votre cerveau
adopte ce fonctionnement, vous n’êtes ni sous pression ni épuisé : rien n’est
détraqué. Il règne un sentiment d’aise, de confort, d’harmonie durable. Les
choses ne sont peut-être pas formidables, mais elles sont satisfaisantes, et vous
allez globalement bien. Vous connaissez cet état, car c’est ce que vous ressentez
quand vous êtes au repos, quand rien de fondamental ne vous manque ou ne
vous perturbe. C’est votre base de départ naturelle, votre maison. Vous n’avez
pas à vous démener pour y parvenir. Quand la peur, la frustration ou la douleur
finissent par cesser, vous regagnez rapidement votre base, ce ravissant pré
verdoyant qui a toujours été là, même si le brouillard et les ombres d’un esprit
troublé l’ont dissimulée pendant quelque temps. C’est ce que vous êtes au plus
profond de vous-même – ce qui devrait vous réconforter et vous stimuler à la
fois.
Bloqué au rouge
Le mode réceptif est le rythme naturel, biologique, des animaux, y compris des
humains. Le penchant négatif opère à l’arrière-plan, incitant à des poussées
réactives occasionnelles. Ces dernières sont censées prendre très vite fin… d’une
manière ou d’une autre. Le mode réactif est un écart par rapport à la base
réceptive, à laquelle nous sommes conçus pour revenir le plus rapidement
possible. Le simple fait de pénétrer dans la zone rouge déclenche des processus
neurochimiques (impliquant des opioïdes naturels, du monoxyde d’azote et
d’autres composants) destinés à nous ramener au vert, puis à nous offrir un long
moment agréable de rétablissement. Même si les expériences négatives sont
désagréables, aussi longtemps qu’elles suivent le schéma évolutionniste – en
demeurant peu fréquentes, brèves et généralement modérées –, il est peu
probable qu’elles aient des conséquences durables.
Malheureusement, une grande partie de la vie moderne malmène ce modèle
ancestral. Bien que la plupart des gens ne soient plus exposés à la pression
intense des prédateurs, des famines et des conflits mortels, nous sommes
confrontés à une accumulation de stresseurs légers à modérés – faire plusieurs
choses en même temps, absorber des flux d’informations et de stimulations
denses, courir dans tous les sens, travailler de longues heures ou changer
rapidement de vitesse – qui ne nous laissent plus le temps de nous rétablir à
notre base réceptive. Contrairement à nos ancêtres, qui pratiquaient une activité
physique régulière, notre mode de vie sédentaire ne facilite pas l’élimination du
cortisol. Cette hormone du stress continue donc à circuler dans notre organisme,
provoquant une augmentation de la réactivité en un cercle vicieux. Les
économies modernes, caractérisées par le consumérisme, nous poussent
constamment à rechercher davantage de récompenses. Les journaux débordent
de souffrances et de périls contre lesquels nous sommes impuissants. Tous ces
éléments placent le cerveau en alerte rouge. Ses circuits primitifs ne cessent de
clignoter : Quelque chose ne tourne pas rond, attention ! À cause du penchant
négatif, ces expériences sont très vite encodées dans la structure neuronale. Et
compte tenu de notre capacité unique à entretenir des strates mentales dissociées
de notre environnement immédiat, un certain nombre de facteurs psychologiques
intériorisés – comme la crainte de ne pouvoir faire ce qui nous est demandé en
temps et en heure – peuvent prolonger considérablement le sentiment de stress
bien que la difficulté ait été traitée.
Par conséquent, si le mode réactif n’est censé être qu’un bref écart par
rapport à notre base d’équilibre sain, pour beaucoup d’entre nous il est devenu la
nouvelle norme, une forme d’exil intérieur chronique. Cela n’a sans doute rien
d’horrible – peut-être traînez-vous « simplement » un vague sentiment de
pression, de persécution, de tension, d’irritabilité, d’épuisement, d’inaptitude, de
malaise ou de morosité –, mais votre bien-être, votre santé et vos relations en
pâtissent.
Quand vous basculez dans le rouge, vos émotions s’assombrissent, vous voyez le
mauvais côté des choses et vos capacités d’apprentissage sont altérées. Les
ressources qui auraient pu servir au plaisir et au bien-être, à la guérison et au
développement personnels, sont détournées. Vous tendez à vous replier sur vous-
même, à vous museler, à revoir vos rêves à la baisse et à vous tourner vers des
formes d’auto-apaisement ou d’« automédication » problématiques, comme la
suralimentation, les drogues, l’alcool, les jeux vidéo et la pornographie. En
parallèle, les réactions de stress interrompent les processus de construction ou de
réparation à long terme de votre organisme. Vous ne vous sentez pas bien dans la
zone rouge parce qu’elle n’est pas bien pour vous. Ses caractéristiques
désagréables sont un signal primordial, une invitation à en sortir aussi vite que
possible et à l’éviter si vous le pouvez.
Nous ne devrions pas sous-estimer l’impact croissant des expériences
réactives. Au fil du temps, elles constituent des facteurs de risques de la
dépression et d’autres problèmes mentaux. De nombreux troubles
psychologiques impliquent une réactivité extrême dans l’un des trois systèmes
d’exploitation du cerveau. Par exemple, l’anxiété généralisée, l’agoraphobie, le
syndrome de stress post-traumatique (SSPT), le trouble obsessionnel compulsif
(TOC), le trouble dissociatif, l’anxiété sociale et les crises de panique sont liés
au système d’évitement ; l’abus de substances illicites et d’autres processus
addictifs, au système de recherche ; et l’attachement insécure, le narcissisme, le
trouble de la personnalité borderline, le comportement antisocial, les séquelles
de la maltraitance et de la négligence des enfants, au système de l’attachement.
Dans votre corps, la charge allostatique, c’est-à-dire le poids de plus en
plus conséquent des expériences négatives, aggrave les inflammations, affaiblit
le système immunitaire et use votre système cardio-vasculaire. Dans votre
cerveau, elle entraîne une atrophie des neurones dans le cortex préfrontal (le
centre du contrôle exécutif descendant), dans l’hippocampe (le centre de
l’apprentissage et de la mémoire) et dans d’autres régions. Elle altère la
myélinisation, l’isolation des fibres neuronales destinée à accélérer la
transmission des signaux, ce qui peut affaiblir la connectivité entre différentes
régions de votre cerveau et, par conséquent, les empêcher de travailler au mieux
ensemble. Par exemple, vous pouvez avoir plus de mal à relativiser la situation si
quelqu’un vous provoque. Le stress chronique réduit également la neurotrophine
(le facteur neurotrophique issu du cerveau, ou BDNF), qui permet de protéger
les neurones et facilite l’apprentissage, en particulier dans le cortex préfrontal.
Dans le cadre relationnel, « voir rouge » a de puissants effets négatifs. Au
cours de ma vie, j’ai été profondément blessé par des gens qui m’ont rabaissé ou
laissé tomber, et je sais que j’en ai blessé d’autres de manière similaire. Songez
simplement à ce que vous avez ressenti quand vous avez été injustement traité
ou malmené dans une relation importante. Le seul fait de considérer les autres
comme « eux », y compris en l’absence de conflit, réduit notre capacité à
l’empathie et augmente notre tendance à les déshumaniser et à les dévaloriser.
Comparés à d’autres animaux, les humains sont particulièrement enclins à la
vengeance. La réactivité nourrit le conflit, qui nourrit la réactivité, dans un cercle
de plus en plus désastreux de griefs, de rancune et de représailles.
Mais prenons un peu de recul et songeons aux plus vastes implications. Le
cerveau est l’organe le plus influent du corps. L’origine principale de sa
contribution à nos réactions excessives, notre tristesse, nos pathologies
psychologiques, nos maladies civilisationnelles et nos problèmes relationnels est
le mode réactif.
Le choix
À retenir
Le cerveau s’est bâti en trois étapes (tronc cérébral, sous-cortex et cortex) plus ou moins liées
à l’évolution reptilienne, mammifère et primate. En parallèle, les deux sections du nerf vague se
sont développées.
En même temps que le cerveau, ses capacités à satisfaire nos trois besoins fondamentaux
(sécurité, satisfaction et connexion) ont évolué à travers trois systèmes d’exploitation destinés à
éviter les dangers, rechercher les récompenses et s’attacher aux autres.
Quand votre cerveau passe au vert, vous n’êtes plus perturbé par les menaces, les pertes ou
les rejets, et il n’y a donc pas de réel motif d’aversion, d’avidité ou d’attachement – nos désirs
irrépressibles. Dans le mode réceptif, le stress, l’anxiété, l’irritation, le besoin effréné de se
surpasser, l’insatisfaction, la tristesse, les blessures, l’envie ou les conflits – notre souffrance –
sont peu, voire pas du tout, alimentés.
À l’inverse, quand un besoin fondamental ne vous semble pas satisfait, compte tenu du
penchant négatif, votre cerveau s’empresse de basculer dans le mode « rouge », réactif, de
combat/fuite/immobilisation. Dans cette configuration allostatique, les ressources corporelles sont
ponctionnées et les projets de construction suspendus. Dans la zone rouge, votre esprit est
coloré par la peur, la frustration et le chagrin.
La vie de nos ancêtres reptiliens, mammifères, primates et humains était marquée par de
longues périodes réceptives ponctuées de brèves poussées de stress réactif, puis suivies de
longues plages de rétablissement. Aujourd’hui, l’omniprésence de stresseurs légers à modérés
malmène ce modèle ancestral. Par conséquent, pour beaucoup de gens, le mode réactif est
devenu la nouvelle norme, une forme d’exil intérieur chronique qui nuit à la santé mentale et
physique, mais aussi aux relations.
En vous imprégnant de ce qui est bon, vous vous dégagez des épisodes réactifs et renforcez
les capacités réceptives de votre cerveau. Quand vous tissez un sentiment sous-jacent de force
et de bien-être en vous, votre bonheur devient de plus en plus inconditionnel, de moins en moins
dépendant de circonstances extérieures. Étonnamment, les expériences de paix, de satisfaction
et d’amour, qui sont d’importants objectifs lorsqu’on cherche à avoir une vie agréable, sont
également de puissants moyens de les atteindre.
DEUXIÈME PARTIE
Comment ?
4
Guérir
D’un point de vue technique, s’imprégner de ce qui est bon revient à assimiler
délibérément des expériences positives dans la mémoire implicite. Vous y
parviendrez en quatre étapes simples :
1. Activer une expérience positive
2. L’enrichir
3. L’absorber
4. Lier les éléments positifs et négatifs
L’étape 1 consiste à susciter un état mental positif et les étapes 2, 3 et 4 à
l’installer dans votre cerveau. En anglais, la première lettre de chaque étape
produit l’acronyme HEAL (c’est-à-dire GUÉRIR). Les trois premières phases
sont entièrement focalisées sur les expériences positives. La quatrième est
optionnelle mais très efficace : elle utilise des pensées et des sensations positives
pour apaiser, réduire et remplacer potentiellement leurs pendants négatifs.
Ces étapes, dont je vous propose un résumé ici, seront analysées en profondeur
dans les chapitres 5 à 10. (Si vous souhaitez vous faire une idée concrète de cette
pratique, veuillez vous reporter à l’encadré de la page suivante, « S’imprégner de
ce qui est bon : un avant-goût ».) En réalité, les trois ou quatre étapes tendent à
se confondre, mais quand vous débutez, il peut être utile de distinguer clairement
ce qui se passe à chacune d’elles.
ÉTAPE 1. Activez une expérience positive. Portez votre attention sur une
expérience positive déjà présente au premier ou au second plan de votre
conscience, comme un plaisir physique, un sentiment de détermination ou une
sensation de proximité avec quelqu’un. Vous pouvez également créer une
expérience positive. Par exemple, en pensant à des choses qui vous inspirent de
la gratitude, en vous rappelant un ami ou en reconnaissant une tâche que vous
avez accomplie. Autant que possible, aidez ce genre d’idées à se transformer en
expériences gratifiantes sur le plan émotionnel : sinon, ce ne seront jamais que
des pensées positives.
ÉTAPE 2. Enrichissez-la. Prolongez l’expérience positive pendant cinq à
dix secondes, voire plus. Ouvrez-vous aux sensations qu’elle génère et essayez
de la ressentir dans votre corps : laissez-la emplir votre esprit. Savourez-la.
Encouragez délicatement l’expérience à s’intensifier. Repérez ses aspects frais
ou originaux. Reconnaissez en quoi elle est pertinente pour vous, en quoi elle
pourrait vous nourrir, vous aider, ou être essentielle dans votre vie. Incitez vos
neurones à s’activer réellement ensemble, et donc à se raccorder ensemble.
ÉTAPE 3. Absorbez-la. Sentez délibérément l’expérience pénétrer en vous
comme vous pénétrez en elle. Laissez-la se poser réellement dans votre esprit.
Vous pouvez peut-être la visualiser telle une poussière d’or qui vous imprègne, la
ressentir tel un baume qui vous apaise, voire la placer, tel un joyau, dans la malle
aux trésors de votre cœur. Sachez que l’expérience devient une part de vous-
même, une ressource intérieure que vous pouvez emporter partout avec vous.
ÉTAPE 4. Liez les éléments positifs et négatifs (optionnel). Tout en
maintenant le sentiment net et stable d’une expérience positive au premier plan
de la conscience, soyez conscient d’un élément négatif au second plan. Par
exemple, quand vous avez la sensation d’être inclus et aimé aujourd’hui, vous
pouvez sentir cette expérience se connecter à des sentiments de solitude issus du
passé. Si les éléments négatifs kidnappent votre attention, laissez-les tomber et
focalisez-vous exclusivement sur le positif : une fois recentré dans le positif,
vous pouvez laisser le négatif réapparaître dans la conscience si vous le
souhaitez. Chaque fois que vous le voulez, lâchez tous les éléments négatifs et
demeurez seulement dans le positif. Puis, pour continuer à déraciner le négatif, à
quelques reprises au cours de l’heure suivante soyez conscient des seuls
éléments neutres ou positifs, tout en portant l’esprit sur des éléments neutres
(comme des personnes, des situations, des idées) associés aux éléments négatifs.
Même si vous ne l’avez jamais fait consciemment, vous savez déjà comment
vous imprégner de ce qui est bon. Il nous est à tous arrivé de savourer un repas
délicieux ou d’apprécier un moment agréable avec des amis. Mais, comme pour
toute compétence, vous disposez probablement d’une marge de progrès. Je vous
propose donc quelques pistes à suivre ci-dessous. Quand vous les emprunterez,
prenez davantage conscience de ce que vous ressentez au moment où vous vous
imprégnez du positif, comme si vous balisiez un sentier dans les bois pour mieux
retrouver votre chemin au retour.
Prenez du plaisir
Parfois, il peut être difficile de se permettre de vivre une expérience positive.
Dans ce cas, songez au « Test de l’ami ». Si votre ami pouvait bénéficier d’une
expérience positive, est-ce que vous le lui souhaiteriez ? Voudriez-vous que
votre ami apprécie cette expérience et s’en imprègne ? Eh bien, il en va de même
pour vous. Il n’est pas question de voir la vie en rose, mais de corriger la
tendance de votre cerveau à la voir en gris. De plus, en vous imprégnant de ce
qui est bon, vous devenez plus apte à gérer ce qui ne l’est pas. Il ne s’agit pas de
faire bonne figure si vous êtes stressé ou déçu. Mais, quand l’occasion se
présente, pourquoi ne pas vous permettre de vous sentir bien et de développer
vos forces intérieures ?
Bien entendu, toute expérience, aussi positive soit-elle, est impermanente.
Quand vous vous imprégnez du positif, restez dans le présent, en savourant les
bienfaits qui traversent votre conscience sans tenter de vous y agripper, en vous
ouvrant pour qu’ils pénètrent en vous.
Pour s’imprégner de ce qui est bon, il faut déjà vouloir s’aider soi-même. Être de
son côté, pas contre les autres, mais dans son camp, est à la base de toute
pratique destinée à améliorer la santé, le bien-être et l’efficacité. Sans cette
posture, vous ne seriez pas motivé à agir dans votre propre intérêt.
Malheureusement, pour un certain nombre de raisons, comme le fait d’avoir été
souvent critiqué dans l’enfance, la plupart des gens se trouvent être de bien
meilleurs amis pour les autres que pour eux-mêmes. Moins vous avez été
soutenu par les autres dans le passé, plus il importe de vous soutenir vous-même
aujourd’hui. (Pour vous imprégner de ce sentiment, et donc le renforcer, je vous
propose d’essayer la pratique guidée proposée ci-dessous.)
SOYEZ VOTRE PROPRE SUPPORTER
Cette pratique reprend les trois premières étapes de notre méthode pour s’imprégner de
ce qui est bon.
1. ACTIVER. Portez votre attention sur tout sentiment d’être de votre côté déjà présent
au premier ou au second plan de la conscience. Peut-être pouvez-vous percevoir ou
ressentir une détermination à vous occuper de vos propres besoins ou à vous souhaiter
du bien. Il est aussi possible de créer ce sentiment. Songez à une occasion où vous
vous êtes montré fort dans votre propre intérêt, où vous avez pris votre défense ou fait
preuve de bienveillance à votre égard. En cas de difficultés, commencez par vous
souvenir d’une occasion où vous avez été du côté de quelqu’un d’autre. Voyez ce que
vous ressentez, puis tâchez de vous accorder la même attitude. Peut-être pouvez-vous
vous rappeler ou imaginer l’être vulnérable que vous étiez dans votre enfance pour
avoir envie d’accorder votre soutien à cette jeune personne.
2. ENRICHIR. Ouvrez-vous à ce sentiment. Laissez-le emplir votre corps et votre esprit,
et devenir plus intense. Prolongez-le, aidez-le à durer, offrez-lui un sanctuaire dans
votre esprit. Notez différents aspects de l’expérience. Imaginez comment vous pourriez
vous asseoir, vous dresser ou vous exprimer si vous preniez parti pour vous, puis
laissez votre posture ou l’expression de votre visage se modifier dans ce sens. Soyez
conscient de ce qui changerait dans votre foyer ou votre travail si vous étiez dans votre
propre camp.
3. ABSORBER. Sentez délibérément le sentiment d’être de votre propre côté pénétrer
en vous comme vous pénétrez en lui. Laissez cette bonne expérience devenir une part
de vous. Livrez-vous à elle. Laissez cette attitude de bienveillance envers vous-même,
ces bons vœux, correspondre de plus en plus à la manière dont vous vous traitez.
Vous pouvez utiliser les quatre étapes de notre méthode pour tous vos moments
positifs. Mais, comme vous l’avez probablement constaté dans votre vie,
certaines expériences semblent plus nourrissantes que d’autres. Comment
pouvez-vous vous focaliser sur celles qui vous aideront le plus ? C’est à ce stade
que notre démarche devient réellement personnelle – et extraordinaire, car vous
pouvez vous imprégner des expériences qui ciblent spécifiquement vos propres
désirs et besoins.
Peut-être aimeriez-vous vous sentir moins inquiet, moins critique envers
vous-même ou plus en sécurité. Peut-être êtes-vous confronté à une situation
difficile dans votre foyer ou au travail. Peut-être voudriez-vous être plus motivé
à faire de l’exercice ou à moins boire. Peut-être souhaiteriez-vous tout
simplement vous sentir plus heureux, plus à l’aise dans la vie et plus aimé.
Quelles forces changeraient radicalement votre existence si vous en aviez
davantage ?
Les trois systèmes d’exploitation de votre cerveau offrent de bonnes pistes
pour répondre à cette question. Si vous vous sentez inquiet, tendu, bousculé ou
impuissant, c’est le système d’évitement des dangers qui se déclenche, de sorte
que des « expériences ressources » qui lui sont associées, telles la protection, la
sécurité, la relaxation, la force et la puissance d’action, vous seront
particulièrement utiles. La tristesse, la déception, la frustration, le besoin effréné
de se surpasser, la pression ou l’ennui engagent le système de recherche des
récompenses et se traitent le plus efficacement par des expériences ressources de
gratitude, de plaisir, d’accomplissement et de satisfaction. Lorsqu’on se sent
exclu, blessé, inapte, envieux, seul, amer ou exaspéré, c’est le système
d’attachement aux autres qui est sollicité, si bien que les expériences ressources
d’appartenance, d’autocompassion, de valorisation, d’amitié, de bienveillance et
d’affirmation de soi sont les plus recommandées.
En d’autres termes, tout problème requiert une solution adaptée. Si vous
avez le scorbut, il vous faut de la vitamine C. Pendant des années, j’ai tenté de
combler mon besoin d’amour – un besoin que nous avons tous – en accumulant
les réalisations, mais cela ne fonctionnait jamais car j’essayais de résoudre un
problème d’attachement aux autres par une solution relevant de la recherche des
récompenses. De fait, j’ai pris – en vain – des cachets de fer pour le scorbut. Ce
n’est qu’en m’imprégnant d’expériences d’attachement – par exemple, se sentir
vu, inclus, respecté, apprécié et chéri – que j’ai pu satisfaire peu à peu ce besoin.
Et vous, quelle est votre propre vitamine C ? Elle pourrait être liée à une
situation actuelle, à une difficulté durable avec quelqu’un ou à une vieille
blessure de l’enfance. Quand vous connaissez les forces dont vous voulez vous
imprégner et que vous voulez développer en vous, vous pouvez chercher des
occasions quotidiennes de les expérimenter et de les installer dans votre cerveau
en vous servant de nos quatre étapes. En vous accordant les nutriments
psychologiques dont vous avez besoin, vous êtes de votre côté, un ami envers
vous-même. Une fois installée, cette force intérieure sera plus facile à activer la
prochaine fois qu’elle vous sera nécessaire, et vous pourrez ensuite la réinstaller,
en approfondissant sa trace neuronale en un cercle vertueux. Bien entendu, il est
possible d’utiliser cette approche pour plus d’une « vitamine », plus d’une
expérience ressource.
Voici le témoignage d’une personne qui s’est imprégnée d’expériences
ciblées sur ses besoins, liés en l’occurrence au système d’évitement des dangers :
Comme j’avais souvent des crises de panique, chaque jour, je m’installais dans
la véranda à l’arrière de la maison et je me concentrais sur mon jardin. Je
regardais les plantes que j’adorais et les insectes qui s’activaient en
bourdonnant, les oiseaux qui sautillaient entre les plantes et la lumière du soleil
qui filtrait à travers les feuilles. Pendant quelques minutes, je m’imprégnais des
sentiments de sécurité que me procurait mon jardin. Parfois, j’imaginais que
cette confiance et cette paix formaient une bulle protectrice dorée autour de moi.
Puis je prélevais un petit objet dans le jardin et je le mettais dans ma poche.
Quand je commençais à éprouver de l’anxiété, je serrais l’objet en me rappelant
ce que je ressentais dans mon jardin et en faisant pénétrer ces sentiments de
force et de paix dans mon esprit.
Même si l’intégralité de l’expérience que vous souhaitez vous échappe,
vous pouvez au moins en obtenir une partie. Il faut bien commencer quelque
part : faites donc déjà un premier pas. À mon entrée à l’université, j’étais très
timide. Un jour, mon camarade de chambre m’a demandé si je voulais passer la
soirée avec lui et un groupe de jeunes femmes. Sa proposition m’a rendu très
nerveux. Mais c’était un pas vers les expériences relationnelles dont j’avais
manifestement besoin. Je me suis donc obligé à l’accompagner et je suis resté
discret, mais tout s’est bien passé. Ils ont été agréables avec moi et je me suis
senti inclus. Au cours des jours suivants, j’ai rejoué à plusieurs reprises ce qui
s’était passé dans ma tête, en m’imprégnant encore et encore de ces sentiments
positifs. Cela m’a aidé à être un peu plus ouvert à l’invitation suivante, où je me
suis senti encore plus bienvenu, apprécié et aimé. Une bonne chose en entraînant
une autre, j’ai fini par sortir de ma coquille, ce qui m’a ouvert des perspectives
dont n’aurait jamais osé rêver le garçon maladroit que j’avais été au lycée.
Aujourd’hui, presque quarante ans plus tard, je me rends compte qu’en disant
oui à mon camarade de chambre ce soir-là, j’ai parcouru une étape clé de ce
chemin.
Il est bon de s’imprégner de ce qui est bon
S’imprégner de ce qui est bon exige quelques efforts, surtout au départ. En outre,
certains blocages intérieurs peuvent vous poser problème, tel le fait de penser
qu’il est égoïste de se sentir bien (pour dépasser ce genre de difficultés, veuillez
vous reporter au chapitre 9). En toute chose, la motivation est la clé de la
persévérance : il importe donc de savoir pourquoi il est bon, pour vous et pour
les autres, de s’imprégner de ce qui est bon. Par conséquent, je vous propose de
résumer les bienfaits de cette pratique en incluant ceux déjà mentionnés.
En prenant simplement quelques secondes de plus pour prolonger une
expérience positive – y compris la relaxation procurée par une simple respiration
–, vous contribuez à transformer un état mental éphémère en une structure
neuronale durable. Au fil du temps, vous pouvez garnir votre entrepôt intérieur
des forces dont vous avez besoin, comme le sentiment d’être à l’aise plutôt
qu’irritable, aimé plutôt que maltraité et régénéré plutôt qu’au bord de
l’épuisement. À leur tour, ces forces renforcent le bien-être et l’efficacité,
guérissent les troubles psychologiques comme l’anxiété et contribuent à la
créativité, à l’épanouissement personnel et à la pratique spirituelle.
À une époque où beaucoup de gens se sentent poussés et aiguillonnés par
toutes sortes d’événements et les réactions qu’ils suscitent, s’imprégner de ce qui
est bon est en soi une manière d’être actif plutôt que passif – un marteau plutôt
qu’un clou. C’est aussi une manière de vous traiter comme quelqu’un qui
compte, ce qui est crucial si d’autres ne l’ont pas fait. Cette pratique vous
ramène dans l’instant présent et réduit les ruminations – ce ressassement qui
nourrit des problèmes de santé mentale et physique. Elle vous apprend à mieux
contrôler votre attention pour pouvoir la maintenir sur ce qui est bon pour vous-
même et pour les autres et l’éloigner de ce qui est mauvais. En parallèle, vous
sensibilisez votre cerveau aux expériences positives, en le transformant en
Velcro pour ce qui est bon – un bienfait d’une portée considérable.
Développer vos forces intérieures en vous imprégnant de ce qui est bon
revient à accentuer la profondeur de la quille d’un voilier pour qu’il soit moins
chahuté par les vents de ce monde, qu’il se remette plus rapidement des grosses
tempêtes et vous permette de vous engager en sécurité dans des eaux plus
profondes où vous pourrez réaliser vos rêves. Vous transformerez des moments
de bien-être hédoniques en un sentiment durable et plus fondamental
d’épanouissement et de sens : ce qu’on appelle le bien-être eudémonique. En
vous sentant mieux, vous tendez à agir mieux, ce qui aide le monde à vous traiter
mieux, et vous aide en retour à vous sentir mieux.
S’imprégner de ce qui est bon ne consiste pas à traquer le plaisir ou à
repousser la douleur. Il s’agit de mettre un terme à la traque. Quand vous faites
pénétrer des expériences positives dans votre cerveau – quand vous renforcez le
sentiment d’être déjà serein, satisfait et aimé –, votre bien-être devient de plus en
plus inconditionnel, c’est-à-dire moins dépendant de circonstances extérieures,
comme la bienveillance d’un compagnon ou une bonne journée au travail. Plus
vos états mentaux positifs deviennent des traits neuronaux positifs, plus vous
connaissez un bonheur qui émerge naturellement en vous.
Joyaux quotidiens
Si vous décidez de vous imprégner très souvent de ce qui est bon, vous le ferez
peut-être cinq ou dix fois par jour, entre dix et vingt secondes d’affilée – soit
cinq minutes tout au plus. Votre vie ne sera pas envahie. Vous ne deviendrez pas
égocentrique ou excessivement positif. Vous reconnaîtrez toujours les défis, vous
vous sentirez toujours mal parfois. Vous n’ignorerez pas les problèmes de santé,
les ennuis financiers, les mauvais traitements infligés par autrui ou la douleur
émotionnelle. Vous n’oublierez pas qu’ici, et dans le monde entier, des choses
terribles se produisent chaque jour pour des millions de gens – et pourraient se
produire pour n’importe lequel d’entre nous.
Mais si les faits positifs n’annulent pas les faits négatifs, le contraire est
aussi valable. Les faits positifs sont partout autour de nous, même quand nos
vies sont pleines de défis – des choses petites et grandes qui renforcent notre
bonheur et notre bien-être, le bonheur et le bien-être des autres. Le chocolat est
délicieux, la beauté s’offre partout à nos yeux et à nos oreilles, vous réalisez de
nombreuses tâches chaque jour et vous apportez des choses essentielles aux
autres. Vous pouvez profiter des résultats du labeur d’un nombre incalculable
d’êtres humains qui ont bâti le monde où nous vivons aujourd’hui. Vous ouvrez
un robinet et l’eau se met à couler, vous appuyez sur un interrupteur et la lumière
apparaît. Vous avez la chance de posséder un corps, un cerveau et un esprit
humains minutieusement façonnés par 3,5 milliards d’années d’évolution. Plus
largement, vous êtes le fruit de l’univers même. Chaque atome plus lourd que
l’hélium – l’oxygène dans l’air et l’eau, le calcium dans les dents et les os, le fer
dans le sang – est né à l’intérieur d’une étoile. Vous êtes constitué, à proprement
parler, de poussières d’étoiles.
Il y a des gens qui vous veulent du bien, qui vous aiment, qui voient ce qui
est bon en vous. Vous êtes aimé, très certainement. Votre générosité et vos
bonnes intentions sont réelles, elles existent. Vous avez créé beaucoup de bien
dans le passé et vous continuez à le faire dans le présent. Comme moi, vous
n’êtes pas parfait – personne ne l’est – mais vous êtes bon.
Les faits positifs persistent et abondent, aussi obscurcis soient-ils. À
l’instant même – et la plupart du temps –, vous allez bien. Chaque moment
d’expérience est saturé d’une plénitude presque accablante. Vous êtes connecté
en permanence à toute chose. Si vous percevez un élément transcendantal,
comme Dieu, l’Esprit ou tout ce qui a un sens pour vous, c’est aussi un bien
merveilleux.
En plus du positif ici et maintenant, il y a eu des bienfaits dans votre passé
et il y en aura d’autres dans votre avenir. Pensez simplement aux moments
plaisants, épanouissants ou importants que vous avez vécus, ou à certaines de
vos réalisations, voire aux gens qui ont vu la lumière en vous et vous ont aimé.
Songez à l’avenir, au bien qui pourrait survenir, à l’amour que vous pourriez
donner et recevoir.
Tout ce bien signifie que chaque jour est un sentier sinueux parsemé de
perles et de diamants, d’émeraudes et de rubis, qui sont chacun l’occasion d’une
expérience positive. Malheureusement, la plupart des gens filent sans leur prêter
attention. Et, même lorsqu’ils voient un joyau, ils ressentent rarement quoi que
ce soit. Ils poursuivent leur chemin, laissant derrière eux ces trésors, qui sont
perdus à jamais.
Mais ce n’est pas une fatalité. Avec un peu d’intention et de savoir-faire,
vous pouvez prendre chaque jour quelques secondes ici et là pour mêler une
poignée de pierres précieuses à la trame de votre cerveau, de votre être et de
votre vie. Des petits moments de confort, de plaisir, de calme, de détermination,
de joie, de compréhension de soi et de prévenance qui se muent en structure
neuronale.
Ce ne sont que quelques joyaux par jour. Mais, jour après jour, en
s’accumulant peu à peu, ils deviennent du positif durable. C’est la loi des petits
riens : une multitude de petites choses négatives acheminent les gens vers une
destination douloureuse, mais une multitude de petites choses positives, vers un
lieu meilleur. Je suis souvent frappé par l’ampleur du changement que peuvent
créer quelques moments, dans mon esprit ou dans celui des autres. Je trouve cela
très encourageant, puisque ce sont les petits riens sur lesquels nous avons le plus
d’influence. Vous ne pouvez pas changer le passé, mais vous avez le pouvoir de
vous imprégner de ce qui est bon au cours des quelques moments à venir.
Comme l’affirme le proverbe : Si vous prenez soin des minutes, les années
prendront soin d’elles-mêmes.
À retenir
S’imprégner de ce qui est bon consiste à assimiler délibérément des expériences positives
dans la mémoire implicite. Cette pratique compte quatre étapes simples (la quatrième étant
optionnelle). (1) Activer une expérience positive. (2) L’enrichir. (3) L’absorber. (4) Lier des
éléments positifs et négatifs. En anglais, la première lettre de chaque étape forme l’acronyme
HEAL, c’est-à-dire GUÉRIR. L’étape 1 suscite une expérience positive et les étapes 2 et 3
l’installent dans votre cerveau.
S’imprégner de ce qui est bon est naturel. Nous connaissons tous son fondement : vivre une
expérience positive, puis la savourer réellement. Mais, comme pour toute compétence, vous
pouvez l’améliorer grâce à l’apprentissage et à la pratique.
La plupart des expériences positives sont relativement brèves et légères. Mais si vous vous
imprégnez d’une demi-douzaine d’entre elles par jour, pendant trente secondes ou moins d’affilée,
elles auront un effet considérable sur vous.
Vous pouvez vous imprégner d’expériences positives au fil du quotidien et à des moments
spécifiques, par exemple, au cours d’un repas ou juste avant d’aller vous coucher.
S’imprégner de ce qui est bon implique d’être en amitié avec soi-même. Si, comme beaucoup
de gens, cet état d’esprit ne vous vient pas spontanément, vous pouvez créer délibérément des
expériences où vous vous sentez de votre côté et vous en imprégner.
Prêter attention
La musique de l’expérience
Quand vous écoutez une chanson, vous pouvez entendre ses différents
composants : par exemple, les voix, la guitare, le piano et la batterie. De la
même manière, votre expérience comporte plusieurs éléments, dont les pensées,
les perceptions sensorielles, les émotions, les désirs et les actes. Ce soir, juste
avant d’écrire ces lignes, mon fils et ma fille riaient affectueusement ensemble à
table. Divers composants formaient le « chant » de mon expérience : me dire
combien ils comptent l’un pour l’autre, voir leurs visages heureux, me sentir
content en tant que père, souhaiter qu’ils s’aiment toujours et me pencher vers
eux pour profiter de leur chaleur.
Souvent, nous considérons une expérience dans son ensemble. Quand je
marche dans les collines proches de chez moi, la vue de paysages magnifiques,
la sensation de vitalité et le plaisir d’être dans la nature s’entremêlent. Mais il est
aussi utile d’apprendre à se connecter à chaque élément distinct de votre
expérience. En prenant davantage conscience de tous ses aspects, vous renforcez
votre sentiment d’intégration, d’unité intérieure. En outre, cela vous permet de
monter en quelque sorte le volume de certaines parties quand vous en avez
besoin. Vous pouvez vous focaliser sur une pensée – par exemple, le bonheur des
gens dépend avant tout d’eux-mêmes et non de vous –, une sensation
d’apaisement dans votre corps, une émotion liée au calme, le désir d’être moins
perfectionniste ou une action, comme vous déconnecter de vos courriels. En
demeurant avec un seul élément de votre expérience, vous bénéficiez de ses
bienfaits sur le moment, tout en contribuant à le faire pénétrer dans votre
cerveau, ce qui vous permet de le mobiliser plus facilement par la suite.
Je vous propose donc de passer en revue les composants les plus importants
de votre expérience et les récompenses qu’ils sont susceptibles de vous offrir.
Dans chacun d’eux, tâchez de trouver des éléments sur lesquels il serait bon de
porter plus souvent l’attention. Par exemple, vous pourriez vous focaliser sur un
sentiment de gratitude si vous êtes déçu, ou sur une sensation de relaxation si
vous êtes stressé.
Pensées
Vos pensées incluent des connaissances factuelles, des idées, des convictions,
des attentes, des points de vue, des éléments de compréhension de soi, des
images et des souvenirs. Certaines sont verbales (les monologues intérieurs),
d’autres constituées d’images ou d’un mélange de mots et d’images.
De nombreuses études démontrent les bienfaits des thérapies cognitives
destinées à améliorer les pensées. Par exemple, à vingt-cinq ans, j’ai pris
conscience que j’avais été un intello, et non une mauviette, dans mon enfance.
Cette pensée a été très importante pour moi ! Un jour, une de mes clientes est
entrée dans mon bureau. Après avoir expiré lentement, elle m’a dit qu’elle avait
réfléchi : « Ce n’est pas ma faute si mon mari est alcoolique ! » Cette pensée l’a
aidée à ne plus culpabiliser et à affronter plus directement son époux. Il est bon
de s’imprégner de pensées vraies et utiles plutôt que fausses et nocives. Il s’agit
notamment d’avoir une vision plus exacte de soi-même, des autres, du passé et
de l’avenir ; de comprendre comment nos actes mènent à des résultats
différents ; et de relativiser les choses.
Bien que les pensées soient tout à fait importantes, en général nous sommes
plus particulièrement affectés (de manière positive ou négative) par ce que nous
percevons et ressentons, voulons et faisons. Les pratiques décrites dans ce livre
insistent donc davantage sur ces composants plus incarnés de votre expérience.
Perceptions sensorielles
Émotions
Les émotions sont constituées de sentiments et d’humeurs. Les sentiments sont
spécifiques, souvent brefs et provoqués par un stimulus interne ou externe. Le
sourire d’un ami vous rend heureux. Une minute plus tard, son commentaire
acide vous irrite. Les humeurs sont plus diffuses, durables et indépendantes de
stimuli. La tristesse est un sentiment, alors que la déprime est une humeur.
Les sentiments engendrent des humeurs. Ainsi, en vous imprégnant
régulièrement de joie et de gratitude (sentiments) vous tendrez à développer la
satisfaction (humeur). À leur tour, les humeurs engendrent des sentiments.
Lorsqu’on se sent globalement satisfait de la vie, on nourrit des sentiments de
reconnaissance et de joie. Par conséquent, en vous imprégnant de sentiments
positifs, vous allégerez votre humeur, ce qui vous inspirera d’autres sentiments
positifs, qui allégeront encore plus votre humeur.
Bien entendu, comme le montre le témoignage de cette femme, l’amour est
une des émotions les plus douces : Chaque nuit, avant d’éteindre la lumière, je
passe voir mon petit garçon endormi et je murmure : « Que tu sois heureux, en
bonne santé, en sécurité et en paix. » L’amour que je ressens en prononçant ces
mots pénètre en moi. Un soir, après être retournée à ma chambre et m’être
glissée sous les couvertures, la joie qui m’emplissait le cœur a continué à
grandir et j’ai décidé de l’étendre à mon mari. J’ai pensé à tout l’amour que je
lui portais, et des sentiments de joie n’ont cessé de s’écouler en moi. J’avais un
immense sourire aux lèvres, dans l’obscurité, et j’étais très heureuse quand j’ai
fermé les yeux !
Désirs
En plus des espoirs, des souhaits, des envies, des volontés et des besoins, les
désirs incluent les motivations, les inclinations, les valeurs, la morale, les
aspirations, les objectifs, ainsi que l’aversion, le besoin de se surpasser,
l’attachement, le désir irrépressible et toutes les addictions. Vos désirs peuvent
concerner le monde extérieur (par exemple, souhaiter qu’une personne ne
néglige pas vos besoins) ou le monde intérieur (avoir l’intention de rester fort
quand vous dénoncez cette attitude). Les désirs positifs entraînent bonheur et
bienfaits, comme se mettre en quête d’un verre d’eau quand vous avez soif. Et
les désirs négatifs entraînent souffrances et torts, comme se mettre en quête
d’une cigarette quand vous êtes stressé.
Ainsi, quand vous expérimentez un désir positif, accordez-lui votre
attention et imprégnez-vous-en. Soyez conscient des facteurs mentaux qui
favorisent les désirs sains, telle la détermination ou la conviction, et imprégnez-
vous-en également. Quand vous ne cédez pas à un mauvais désir, soyez attentif
aux bons résultats et imprégnez-vous du soulagement, de la satisfaction et de
l’estime de soi que vous avez acquis.
Actions
J’emploie le mot « actions » au sens large afin d’inclure aussi bien ce que nous
faisons à l’extérieur – nos comportements, expressions faciales, postures, les
mots que nous prononçons ou écrivons – et les inclinations et compétences
intérieures qui produisent nos actes observables, telle une tendance à tendre la
main à ceux qui souffrent ou la capacité à écouter avec empathie. Vous pouvez
vous aider à agir de manière plus efficace en enregistrant réellement les actes
que vous souhaitez favoriser, que ce soit en les réalisant concrètement ou en les
imaginant. Par exemple, supposons que vous souhaitiez vous affirmer davantage
face à des gens trop insistants, ce qui pourrait vous demander de vous pencher en
avant plutôt qu’en arrière, de relever la poitrine, de faire des gestes de confiance
ou de vous exprimer avec fermeté. Ensuite, quand vous réalisez ou imaginez un
de ces actes, prolongez votre expérience de dix secondes ou plus pour l’aider à
pénétrer.
Une mère de famille s’est servie de ces éléments pour changer la manière
dont elle préparait ses enfants pour l’école le matin : Comme mes filles de sept et
neuf ans adorent rester au lit, j’ai toujours eu du mal à les réveiller, et les matins
étaient souvent synonymes de bousculade, d’agitation et de bougonnements.
Mais j’ai fini par apprendre une autre méthode. Je vais plus tôt dans leurs
chambres. Je me penche près de leur petit corps endormi et j’inspire
profondément tout en les embrassant sur la joue. Elles ont gardé leur odeur de
bébé et je sais que cela ne durera pas éternellement. Ces sentiments maternels
pénètrent en moi, ce qui me conforte dans cette manière de réveiller mes filles.
Je m’imprègne de leur bonne odeur et je la retiens dans mon cœur pendant
quelques instants, tandis qu’elles dorment encore. Cela me rend tellement
heureuse ! Puis, avec espièglerie, je leur caresse les cheveux et le dos pour les
réveiller, et la douceur que j’éprouve devient une part de moi-même. Il en résulte
presque toujours un réveil heureux et agréable, avec sourires et câlins. Et je
peux savourer des moments qui disparaîtront bien trop tôt.
Le théâtre de la conscience
Un peu plus tôt dans ce chapitre, quand vous avez cherché à repérer une
sensation agréable, vous avez utilisé la manière la plus simple d’activer une
expérience positive : être attentif à quelque chose de bon déjà présent dans votre
esprit. La conscience est comme un théâtre. À tout moment, des éléments
occupent le premier plan de la scène, éclairés par le projecteur de l’attention,
comme les mots que vous lisez à cet instant. Simultanément, au second plan, en
marge de la scène, vous expérimentez d’autres éléments, comme des sensations,
des sons et des sentiments. Vous disposez donc de deux sources où puiser les
bonnes expériences qui sont déjà là.
À l’instant même, tâchez de trouver quelque chose d’agréable ou d’utile au
premier plan de votre conscience, sous le projecteur de l’attention. Par exemple,
un sentiment de curiosité, de bien-être ou de détermination. Peut-être venez-vous
de manger et vous sentez-vous agréablement repu. Cet élément, qui n’est pas
obligatoirement important ou intense, n’en reste pas moins positif.
De la même manière, votre vie est ponctuée de moments où le premier plan
de votre esprit est occupé par des éléments positifs, comme une bonne odeur de
café, des sentiments chaleureux à l’égard d’un ami ou le soulagement de voir
une journée s’achever enfin. Chaque occasion de repérer ces bonnes expériences
et de vous en imprégner constitue une pause dans la course contre la montre du
quotidien, une sorte d’arrêt au stand vous permettant de vous reposer et de vous
ravitailler, comme l’a découvert cette personne un matin : Il faisait encore
sombre quand je me suis réveillée et, pelotonnée sous ma couette, j’ai écouté le
bruit magique de la bruine sur les fenêtres de toit. Je me suis sentie en sécurité
et aimée, et je me suis imprégnée de ces sentiments. Après m’être levée, j’ai pris
la direction du parc avec les chiens. À cette heure matinale, nous avions
l’endroit pour nous. Tout était silencieux – pas de gazouillis d’oiseaux, très peu
de voitures, un sentiment de paix et de solitude dans une ville trépidante. Je me
suis sentie extrêmement reconnaissante. J’ai fermé les yeux, respiré
profondément, et je me suis livrée à l’expérience.
Puis tâchez de trouver un élément positif au second plan de la conscience.
Imaginez que vous preniez un repas : bien que l’essentiel de votre attention soit
sur la nourriture, vous êtes aussi conscient des sons qui vous entourent et de la
salle dans son ensemble. De même, au moment où vous lisez ces lignes, une
sensation agréable de détente, une attitude de curiosité ou d’optimisme peut
flotter à l’arrière de votre esprit.
Dès que vous repérez un aspect positif au second plan de la conscience,
focalisez-vous sur lui et portez-le au premier plan. Apprenez à faire passer des
éléments à l’avant de votre esprit. Comme, de manière générale, il y a toujours
quelque chose d’agréable ou de bénéfique quelque part dans votre conscience,
plus vous maîtriserez cette démarche, plus vous aurez l’occasion d’installer le
positif au cœur de votre expérience. De plus, comme le projecteur de l’attention
augmente l’encodage neuronal, en ramenant un aspect de votre expérience à
l’avant de la conscience vous amplifiez son transfert dans la structure cérébrale.
(Pour vous familiariser avec cette pratique, veuillez vous reporter à l’encadré
« Ramener un sentiment à l’avant de la conscience ».)
Pour prolonger la présence d’un élément positif au premier plan, il ne faut
pas vous laisser distraire par les éléments du second plan. Laissez-les
simplement exister, sans leur résister ni les repousser. Vous pourrez leur accorder
votre attention plus tard si cela vous semble approprié.
Une fois que vous avez activé une bonne expérience, il est normal d’avoir
tendance à vouloir la retenir. Mais, si c’est le cas, vous n’êtes plus porté par le
flux de l’expérience. En tentant de la figer et de la posséder, vous vous
distinguez d’elle. Et c’est la fin de la bonne expérience. C’est comme écouter de
la musique. Si vous entendez un riff extraordinaire et que vous essayez de le
rejouer dans votre tête pendant que la chanson continue à passer, vous ne
l’appréciez plus. Par conséquent, il faut aimer la bonne expérience sans la
vouloir.
Aimer consiste à prendre plaisir, à apprécier et à savourer. Au sens où je
l’entends, vouloir rime avec besoin effréné de se surpasser, insistance,
compulsion, pression, avidité, attachement, désir irrépressible et refus de lâcher
prise. Dans le sous-cortex et le tronc cérébral, des circuits connectés mais
séparés gèrent ces deux tendances. On peut aimer quelque chose sans le vouloir,
comme apprécier le goût d’une crème glacée tout en refusant une seconde
portion après un repas copieux. On peut aussi vouloir quelque chose sans
l’aimer, comme ces gens que j’ai vus dans un casino, qui tiraient machinalement
sur la manette d’une machine à sous sans vraiment se préoccuper du résultat.
Il est normal d’aimer ce qui est agréable et il n’y a pas de mal à cela. Les
ennuis commencent quand nous voulons des choses qui ne sont pas bonnes pour
nous ou pour les autres, comme boire trop ou avoir coûte que coûte le dernier
mot. Les ennuis commencent aussi quand nous voulons des choses qui sont
bonnes mais que nous tentons d’obtenir de la mauvaise manière. Par exemple, je
veux arriver au travail à l’heure (bon), mais je conduis souvent trop vite pour y
parvenir (mauvais). De plus, pour être honnête, vouloir me semble être en soi
une source de soucis. Soyez attentif à ce que vous ressentez quand vous voulez,
quand vous désirez ardemment ou que vous êtes poussé irrésistiblement vers un
but. La racine scandinave du mot anglais want (vouloir) est « manque ». Vouloir
n’est pas synonyme d’inspiration, d’aspiration, d’engagement, d’intention,
d’ambition ou de passion. Pouvez-vous viser haut et travailler dur sans vous
laisser piéger par le besoin effréné de vous surpasser ? Fondé sur un déficit ou
une perturbation, vouloir déclenche le mode réactif de votre cerveau et provoque
un sentiment de contraction et de stress. Songez à cet adage : Aimer sans vouloir
est le paradis, mais vouloir sans aimer est l’enfer.
Concrètement, s’il y a une leçon à retenir ici, c’est qu’il faut apprécier les
expériences qui vous traversent sans vous y attacher, et chercher à atteindre de
justes fins par de justes moyens sans céder au besoin effréné d’en vouloir
toujours plus. Quand vous repérez un aspect positif dans votre expérience,
encouragez-le délicatement à se prolonger sans tenter de vous y accrocher. Votre
cerveau a tendance à vouloir sans cesse des choses nouvelles. En vous
imprégnant régulièrement d’expériences agréables sans basculer dans le besoin
irrépressible, vous pourrez peu à peu vous défaire de l’habitude même de
vouloir.
Qu’y a-t-il de plus remarquable que de reconnaître qu’à tout moment ou presque
votre conscience contient des éléments positifs ? À moins que vous ne soyez
accablé par une terrible expérience, le flux de votre conscience, à l’instant
même, recèle des éléments de paix, de satisfaction et d’amour que vous avez
toujours souhaités.
Avec un peu d’attention, les bonnes expériences vous deviennent
accessibles tout au long de la journée. Ce sont des fruits à portée de main
auxquels il vous suffit d’être attentif. Dès que vous les repérez, miam ! Quel
délice ! La plupart des expériences saines que vous vivez déjà sont de petites
cerises sucrées – une respiration relaxante, une bonne intention, une vision ou un
son agréable, une plaisanterie partagée avec un ami. Dès que vous le souhaitez,
vous pouvez grignoter ces expériences en leur accordant simplement votre
attention et en les laissant vous nourrir.
La conscience même, qui s’apparente à une sorte d’espace contenant toutes
les parties de votre expérience, présente des aspects positifs auxquels vous
pouvez toujours être attentif. Un écran de télévision ne change pas en fonction
des images, belles ou laides, qu’il projette. De la même manière, la conscience
n’est jamais entachée ni endommagée par ce qui la traverse. Cette caractéristique
lui donne une fiabilité et une quiétude inhérentes. Même si vous êtes déprimé ou
en grande souffrance, vous pouvez trouver refuge et apaisement dans la
conscience, qui contient tous les éléments difficiles de l’esprit.
À retenir
Il y a deux manières de réaliser l’étape 1 de notre méthode pour s’imprégner de ce qui est
bon : trouver une expérience positive déjà présente ou en créer une.
Vous pouvez repérer une expérience positive au premier ou au second plan de la conscience.
En étant plus attentif à l’expérience qui flotte au second plan, vous disposerez de plus d’éléments
positifs dont vous pourrez vous imprégner.
Soyez conscient des différentes parties de votre expérience, y compris les pensées, les
perceptions sensorielles, les émotions, les désirs et les actes. Il peut être bon de s’imprégner de
chacune.
Les pensées comprennent les monologues intérieurs, les images, les attentes, les
perspectives, les projets et les souvenirs. Les expériences sensorielles bénéfiques incluent le
plaisir, la relaxation, la vitalité et la force. Les émotions sont constituées de sentiments
changeants et d’humeurs durables : s’imprégner régulièrement de certains sentiments peut
modifier les humeurs qui leur sont associées. Les désirs comprennent vos espoirs, vos intentions,
vos valeurs morales et vos objectifs. Les actes incluent vos comportements, vos inclinations et
vos compétences.
Aimer et vouloir relèvent de systèmes distincts dans votre cerveau. Par conséquent, il est
possible d’aimer quelque chose sans le vouloir. Si vous vous permettez de vivre des expériences
positives sans chercher à les retenir, vous les apprécierez davantage et vous ne serez pas
emporté par le besoin d’en vouloir toujours plus et la pression.
Être attentif aux bonnes expériences vous offre chaque jour de nombreuses occasions de vous
imprégner de ce qui est bon. Même être attentif à votre propre conscience peut être une bonne
expérience, puisque la conscience est fondamentalement paisible et jamais entachée ou meurtrie
par ce qui la traverse.
6
D ans le chapitre précédent, nous avons vu comment porter l’attention sur une
bonne expérience déjà présente. Voyons à présent comment en créer une.
Créer une expérience positive peut être aussi simple que chercher quelque chose
d’agréable à regarder ou penser à un événement qui vous rend heureux – des
activités que nous faisons souvent parce qu’elles nous procurent du bien-être. À
d’autres moments, vous mobiliserez l’expérience d’une force intérieure pour
répondre à un défi : si votre avion bouge dangereusement au cours d’un voyage,
vous pouvez respirer profondément à plusieurs reprises pour vous apaiser ; si
quelqu’un vous fait une queue-de-poisson, vous pouvez vous rappeler que cela
n’a rien de personnel.
Qu’il s’agisse simplement de vous sentir bien ou d’affronter un défi, il est
fondamental d’être capable d’activer soi-même des états mentaux favorables –
de diffuser le morceau que vous voulez sur votre radio intérieure – pour favoriser
la santé psychologique, l’efficacité et le bien-être quotidiens, le développement
personnel et la pratique spirituelle. Toutefois, au début, beaucoup de gens
éprouvent des difficultés à mobiliser délibérément des expériences positives – en
particulier celles qui seraient utiles face à certaines situations ou à certains
besoins. Par exemple, si vous êtes stressé, il peut falloir un peu d’expérience
pour parvenir à créer une sensation de détente dans votre corps. Si vous avez été
blessé, il peut falloir un certain temps pour vous souvenir d’un ami et vous sentir
vu et apprécié. Les états mentaux les plus bénéfiques sont souvent les plus
difficiles à générer soi-même. Mais, avec de la pratique, vous y parviendrez de
mieux en mieux. Et, plus vous intérioriserez les expériences que vous créez, plus
elles émergeront naturellement sous forme de forces intérieures face aux cahots
de la vie.
Les suggestions suivantes peuvent vous aider à transformer les pensées liées à des
faits positifs en sentiments, sensations, désirs et actes associés. Essayez-les !
• Soyez simultanément conscient de votre corps et du fait positif.
• Assouplissez et ouvrez votre corps et votre esprit, en ayant le sentiment d’accueillir le
fait.
• Pensez à des aspects du fait positif qui encouragent spontanément des émotions, des
sensations, des désirs et des actes positifs.
• Témoignez-vous de la bienveillance – comme si une voix intérieure disait : « Vas-y,
c’est réel, c’est vrai, c’est normal que ça te fasse du bien. »
• Imaginez que ce fait positif se produise dans la vie d’un ami. Quelle expérience lui
souhaiteriez-vous ? Pourriez-vous vous souhaiter la même expérience ?
Testez ces propositions sur différentes expériences. Par exemple, quand vous voyez
des murs solides, laissez cette vision se transformer en sentiment de protection. Quand
vous savez qu’une journée difficile est terminée, laissez cette pensée vous soulager.
Quand vous vous rappelez certaines de vos réalisations, laissez ce souvenir renforcer
votre estime de soi. Et quand vous notez que vous êtes inclus dans un groupe, laissez
cette observation nourrir un sentiment d’appartenance.
Explorons différents moyens de créer une bonne expérience, en illustrant
chacun par des exemples. Un grand nombre de ces méthodes sont basées sur la
recherche de faits positifs. Vous n’inventez rien. Vous voyez ce qui est vrai, la
réalité objective. Reconnaître les faits positifs ne revient pas à nier leurs
pendants négatifs. Il s’agit simplement de se focaliser sur des éléments
susceptibles de provoquer une bonne expérience.
Souvent, nous n’associons pas de sentiments aux faits positifs que nous
voyons. Cette étape en apparence anodine – passer de l’idée à l’expérience
incarnée – est cruciale, car sans elle il n’y a pas grand-chose à installer dans le
cerveau. En termes de structures neuronales, ce n’est pas l’événement, la
circonstance ou la situation même qui compte, mais l’expérience que vous en
avez. Savoir sans ressentir est comme un menu sans repas. Pour transformer un
fait positif en expérience positive, reportez-vous à l’encadré « De l’idée à
l’expérience incarnée ».
Environnement actuel
À tout moment ou presque, où que vous soyez, vous disposez d’aspects positifs
dans votre situation immédiate. Regardez autour de vous à l’instant même.
Pouvez-vous repérer quelque chose d’attirant ou de beau et en concevoir un
sentiment positif ? Entendez-vous des sons qui vous procurent une sensation de
confort ou de réconfort ? Touchez-vous un objet – une chaise, un vêtement ou les
pages d’un livre – que vous êtes heureux d’avoir dans votre vie ? Y a-t-il des
gens à proximité que vous aimez ou appréciez ?
Incluez des petits riens ou des choses que vous négligez en temps normal.
Par exemple, en écrivant ce livre, j’ai porté mon attention sur le clavier qui me
permettait de taper ces mots (reconnaître un fait positif) et je me suis dit que
cette invention était vraiment intelligente et utile (activer une bonne expérience).
Sur une échelle d’intensité de 0 à 10, la gratitude que m’inspirent les claviers est
à 1, mais il s’agit malgré tout d’une expérience positive. Bien que cela fasse
quarante ans que j’utilise des ordinateurs, ils ne m’avaient jamais inspiré de
sentiments particuliers jusqu’à cet instant. Pendant tout ce temps, j’avais manqué
une occasion pourtant à portée de main. Il y a un intérêt supplémentaire à
reconnaître un fait positif longtemps négligé. Grâce à un effet multiplicateur,
vous le reconnaîtrez encore et encore à l’avenir.
Voici l’histoire d’une femme qui a trouvé des éléments positifs dans un
cadre improbable : Je vis à Detroit, où 40 % des propriétés ont été abandonnées,
si bien qu’on croirait vivre dans la nature au milieu de ruines urbaines. La
dernière fois, alors que je me trouvais dans la « prairie urbaine », j’ai été
stoppée net par un arbre envahi d’oiseaux tapageurs. J’ai levé les yeux,
m’imprégnant des bruits et du spectacle, les laissant emplir chaque partie de
moi. J’ai pris conscience du bourdonnement d’une autoroute à distance, créant
une symphonie pour oiseaux et voitures. M’imprégner de moments comme celui-
ci m’aide à porter un regard neuf sur le monde. Parfois, en fin d’après-midi, la
beauté de la lumière du soleil sur les briques rouges d’un bâtiment abandonné
peut presque dépasser les mots.
Événements récents
Situations persistantes
L’avenir
L’avenir est une autre malle aux trésors pleine d’expériences positives
potentielles, qu’il s’agisse d’avoir hâte d’enlever ses chaussures trop serrées à la
fin de la journée ou de rêver des vacances de l’été prochain. Ce voyage mental
dans le temps mobilise des réseaux médians du cortex, qui ont constitué une
étape importante de notre évolution, puisqu’ils ont permis à nos ancêtres de bâtir
plus efficacement des projets.
Prenez quelques instants pour imaginer un événement positif qui surviendra
plus tard dans la journée, puis laissez-le se transformer en sentiment agréable
pour vous. Imaginez une expérience bénéfique que vous pourriez vivre dans
l’avenir si vous deviez agir ou parler différemment dans une relation
compliquée. Ou les bienfaits à terme d’un changement que vous envisagez
depuis un certain temps dans votre vie, comme trouver un autre travail ou
méditer régulièrement.
Selon des études, parler d’une expérience positive permet de l’intensifier. L’être
humain étant l’animal le plus social de la planète, nous avons considérablement
développé les réseaux neuronaux de l’empathie, c’est-à-dire notre capacité à
nous mettre à l’écoute de l’autre. Quand deux personnes ou plus partagent une
expérience positive, les sentiments que transmettent ces réseaux empathiques
s’agitent en tous sens, créant une réaction en chaîne. Comme l’a écrit John
Milton dans Le Paradis perdu, « Plus le bien est communiqué, plus il croît
abondamment ».
Vous pouvez vous remémorer le passé avec quelqu’un, par exemple, un
moment amusant ou un défi surmonté ensemble. Vous pouvez aussi célébrer le
présent, en murmurant à votre partenaire « comme c’est beau ! » quand vous
regardez jouer vos enfants, en échangeant un regard de bonheur face à un
coucher de soleil ou un sourire de plaisir devant un délicieux dessert. Et vous
pouvez vous projeter volontiers dans un avenir agréable, qu’il s’agisse de savoir
ce que vous allez faire samedi soir, où vous allez passer votre retraite, etc.
Une des formes de bienveillance envers autrui est tellement importante que
j’aimerais la distinguer. Nos ancêtres vivaient dans des petits groupes au sein
desquels les individus devaient coopérer pour protéger leur vie et celle de leurs
enfants dans un environnement difficile. En grandissant, la capacité à prendre
plaisir aux joies et aux succès des autres a probablement contribué à approfondir
les liens affectifs favorables à la survie et à la transmission des gènes. Se réjouir
du bonheur des autres est une inclination innée et profonde du cœur humain. Elle
vous offre des occasions illimitées de vous sentir bien puisqu’il y a toujours
quelqu’un qui se réjouit de quelque chose quelque part.
Pensez à un fait positif dans la vie d’un être qui vous inspire de la
bienveillance. Puis voyez si vous parvenez à vous réjouir pour cette personne.
C’est ce qu’on appelle parfois la joie altruiste, le bonheur de voir les autres
heureux. Si ce sentiment vous pose problème, essayez de l’appliquer à un enfant
réel ou imaginaire : par exemple, un bambin qui ouvre un cadeau, qui lèche une
crème glacée en cornet ou qui joue avec un chiot. Il est fréquent que d’autres
sentiments surgissent alors, comme de la tristesse provoquée par vos propres
difficultés. Si c’est le cas, notez leur présence, puis ramenez délicatement
l’attention sur ce que vous voulez encourager dans votre esprit : vous réjouir du
bien-être d’autrui.
Essayez cette pratique avec différentes personnes de votre entourage, puis
avec des gens que vous ne connaissez pas – des étrangers dans la rue, au journal
télévisé – ou que vous imaginez très loin. Personnellement, je l’adore. En plus de
développer la bienveillance envers autrui, elle permet peu à peu d’ouvrir le cœur.
En outre, c’est une très bonne manière de se défaire de l’envie, de la jalousie ou
de la rancune. Quand vous réalisez cette pratique, vous remplacez les pensées
négatives liées à votre vie par des sentiments positifs liés à celle des autres.
Je n’ai jamais fait de surf, mais j’adore voir des vidéos de surfers chevauchant
d’immenses vagues. Quand je m’imagine à leur place, je me sens excité et
heureux. Cette projection, qui ne se réalisera probablement jamais, n’en demeure
pas moins possible et s’avère donc une source potentielle d’expériences
positives.
Vous pouvez utiliser cette méthode de différentes façons. Par exemple, en
imaginant la voix d’un être cher qui vous encourage à surmonter une difficulté.
Si vous possédez des talents que vous n’avez jamais exploités pleinement,
songez à ce qui se passerait dans le cas contraire. Si vous préférez vous sentir
plus fort, imaginez que vous avez une ceinture noire de karaté. Si vous aimez
vous sentir plus serein, visualisez-vous tranquillement assis au milieu de la
nature. Dans chaque cas, soyez réaliste sur ce que vous pourriez éprouver : n’en
faites pas trop pour ne pas saper la puissance de cette pratique.
Vous pouvez également vous servir de votre cinéma intérieur pour imaginer des
choses qui n’ont aucune chance de se réaliser. Au fin fond des centres de la
mémoire émotionnelle, les expériences imaginées bâtissent des structures
neuronales par des mécanismes similaires aux expériences réelles, vécues. Vous
n’employez pas cette méthode pour vous leurrer sur vos déficiences, ni pour
glisser dans un monde idéal qui vous empêche d’améliorer celui-ci. Vous savez
pertinemment ce qui est vrai. Mais vous le subissez moins.
Par exemple, je connais des gens qui n’ont jamais reçu d’amour de la part
de leurs parents. Or, se sentir aimé lorsqu’on est enfant est nécessaire à un
développement psychologique sain, et les carences dans ce domaine laissent des
blessures au cœur. Pour ces personnes, imaginer un parent aimant, puis
s’imprégner du sentiment d’être câliné, apaisé et chéri, s’est révélé une
expérience puissante. Cela ne signifie pas qu’ils ont oublié ce qui s’est
réellement passé dans leur enfance. Mais, en découvrant des moyens de s’offrir
une forme de sentiment vital – se sentir aimé par un parent affectueux –, ils sont
devenus leur propre ressource. Même s’il ne s’agit pas d’un remède miracle,
cette pratique a amélioré les choses pour eux.
Presque chaque journée recèle l’occasion de créer des faits positifs, qui sont eux-
mêmes l’occasion d’expériences positives. Vous pouvez adresser un compliment
à quelqu’un, mettre une fleur dans un vase, écouter de la musique, changer des
meubles de place, prendre un itinéraire différent pour vous rendre au bureau,
manger des protéines au déjeuner, inviter votre chat à monter sur vos genoux ou
changer votre taie d’oreiller. Le but n’est pas de crouler sous de nouvelles
exigences, mais d’être simplement ouvert à l’opportunité de créer un élément
capable d’encourager une bonne expérience.
Un des moyens de créer un fait positif est de faire quelque chose qui vous
rend heureux. Une amie s’est fabriqué une petite boîte, qu’elle garde dans son
sac à main, où sont rassemblés des coquillages d’un voyage en Italie, une photo
de son chien et une croix : lorsqu’elle a besoin d’un coup de fouet, elle l’ouvre et
regarde à l’intérieur. Une autre amie s’est procuré une photo d’enfance qu’elle a
glissée à côté de son permis de conduire, si bien qu’elle voit cette adorable petite
fille chaque fois qu’elle présente sa pièce d’identité.
La retenue permet aussi de créer des faits positifs. Éteindre la télévision
lorsqu’une émission devient éprouvante. S’abstenir de faire des critiques.
Refuser de s’inquiéter plus de trois fois pour quelque chose qu’on ne peut pas
changer : au troisième coup, l’inquiétude disparaît ! Si vous êtes coincé face à
une difficulté et que vous finissiez par vous libérer, vous créez d’emblée du
positif : prenez un moment pour enregistrer ce fait et appréciez-le avant de
passer à autre chose.
Chaque matin, vous pouvez choisir un fait positif que vous allez réaliser au
cours de la journée. Et quand vous y êtes, savourez réellement l’expérience qui
suit.
Plus vous renforcez les traces neuronales d’expériences positives, plus il devient
facile d’activer à votre gré des états mentaux positifs, sans avoir à penser à des
faits agréables pour les susciter. Voyez si vous pouvez mobiliser directement un
sentiment positif. Commencez par une expérience accessible. Par exemple, une
sensation de force, de calme, d’amour ou de joie. Au début, cet exercice
fonctionne mieux si votre esprit n’est pas inquiet ni stressé. Mais, avec de la
pratique, vous apprendrez à activer les circuits neuronaux d’états positifs même
lorsque vous êtes bouleversé ou contrarié, comme si vous parveniez à attraper
l’outil dont vous avez besoin au milieu d’un capharnaüm.
À retenir
Être capable d’activer soi-même des expériences positives – de mobiliser délibérément des
forces intérieures – est fondamental pour gérer les défis, se sentir bien et être efficace au
quotidien. Avec de la pratique, ces expériences et ces forces s’activeront de plus en plus d’elles-
mêmes.
Pour transformer l’idée d’un élément positif en une expérience plus incarnée, vous pouvez
vous mettre à l’écoute de votre corps, vous assouplir et vous ouvrir, puis songer à des aspects de
l’élément qui génèrent naturellement des émotions, des sensations, des désirs ou des actes
positifs.
Vous pouvez trouver des faits positifs dans votre environnement actuel, mais aussi dans des
événements récents, des situations durables, des qualités personnelles, le passé et la vie des
autres. Vous pouvez aussi en créer. Tout fait positif est la base potentielle d’une bonne
expérience.
Pour créer des expériences positives, vous pouvez aussi imaginer l’avenir, partager de bonnes
expériences avec autrui, trouver du positif dans le négatif, être attentionné, imaginer des faits
positifs (susceptibles ou non d’être vrais) et susciter directement une expérience positive.
Parfois, il est tout simplement impossible d’avoir une expérience positive. Mais, la plupart du
temps, vous pouvez en repérer ou en créer une. Ce fait est une source supplémentaire de
bonnes expériences : considérer la vie comme une opportunité.
7
A près avoir utilisé les méthodes décrites dans les deux chapitres précédents,
imaginons que vous vous sentiez détendu, reconnaissant ou aimant. C’est
déjà bien, vous avez accompli l’étape 1 de notre méthode. Et maintenant ?
Il va falloir aider cette expérience positive à pénétrer dans votre cerveau.
C’est ici qu’interviennent les étapes 2 et 3. La première permet d’enrichir
l’expérience en la prolongeant et en la cultivant dans votre esprit. La seconde, de
l’absorber, en sentant délibérément l’expérience devenir une part de vous-
même. Ces deux étapes installent les expériences dans votre cerveau,
transformant des états mentaux positifs en traits neuronaux.
Enrichir une expérience
Durée
Très souvent, les bonnes expériences semblent filer sans laisser de traces. Aidez-
les donc à durer, en demeurant avec elles pendant au moins cinq à dix secondes
d’affilée : plus c’est long, plus c’est bon. Vous pouvez utiliser les méthodes qui
vous ont permis d’activer l’expérience positive pour la réactiver encore et encore
et la prolonger. J’ai reçu un témoignage frappant sur cette pratique : J’adore le
gâteau au chocolat et la crème glacée. Pour réactiver ce bon moment, je le fais
ressurgir sous forme de souvenir. Je ne me rappelle pas seulement les saveurs,
mais les textures et les températures. Je reconnais le plaisir que j’éprouve et
j’imagine mon cerveau parcouru de petits smileys. Je pense à prolonger autant
que possible le plaisir que me procurent le gâteau au chocolat et la crème
glacée. Quand je suis distrait par des pensées, je prends une autre bouchée
mentale. J’essaie de rester avec cette expérience pendant trente secondes, une
minute, plusieurs minutes, voire plus. Ensuite, au cours de ma journée, si
quelque chose me dérange, je me dis : « C’est l’heure du gâteau et de la crème
glacée ! »
Vous aussi, accueillez votre bonne expérience. Soyez-lui dévoué, en
renonçant à tout le reste aussi longtemps que vous le souhaitez. Consacrez-lui
votre esprit : en un sens positif, laissez-la vous conquérir. Faites-lui de la place,
préservez-lui une forme de sanctuaire dans votre esprit.
Intensité
Multimodalité
Nouveauté
Pertinence personnelle
Rassemblons tous ces éléments dans une longue pratique appliquée aux
expériences fondamentales de paix, de contentement et d’amour, qui vous
ramènera au mode réceptif de votre cerveau. La première fois que vous
l’effectuez, il peut être utile de consacrer un peu de temps à chacune de ses
parties séparément afin d’en avoir une idée claire. Puis vous pourrez accéder de
plus en plus directement à un sentiment intégré de paix, de contentement et
d’amour. C’est un exercice que j’utilise moi-même souvent, y compris au réveil.
(Pour une version beaucoup plus brève, voir l’encadré de la page 205, « Une
minute pour se faire du bien ».)
C’est parti !
Soyez conscient du sentiment d’être présent à tout ce qui traverse votre
conscience : pensées, perceptions sensorielles, émotions, désirs et actions.
Laissez-les exister ; laissez-les aller et venir.
Reconnaissez certaines des protections dont vous bénéficiez à l’instant
même, y compris les murs qui vous entourent et les gens bienveillants qui sont à
proximité. Reconnaissez certaines de vos ressources, comme des capacités, une
bonne réputation ou un permis de conduire. Invoquez un sentiment de force, de
détermination. Notez que votre corps se porte fondamentalement bien à l’instant
même, que votre cœur bat, que la respiration se produit correctement, que vous
allez bien même si vous n’êtes pas parfait.
Soyez conscient de tout sentiment superflu de menace, et voyez si vous
pouvez le lâcher. Tâchez de vous désengager des inquiétudes et des projections :
vous pourrez y revenir plus tard. Vous n’affrontez ni ne combattez quoi que ce
soit ni qui que ce soit. Toute contrariété, exaspération, irritabilité ou colère se
dissipe. Soyez conscient de toute méfiance, crispation ou anxiété inutile – et
voyez si vous pouvez les lâcher. Ouvrez-vous à un sentiment de sécurité aussi
raisonnable que possible. Vous devenez plus calme et détendu. Peut-être
éprouvez-vous de la quiétude, tel un lac de montagne paisible. Il n’y a aucun
motif d’aversion : vous ne résistez à rien, que ce soit en vous ou dans le monde.
Vous permettez, dévoilez, une sensation de paix.
Prolongez la paix, appréciez-la. Enrichissez et assimilez cette sensation.
Pénétrez dans la paix comme elle pénètre en vous. Demeurez ainsi aussi
longtemps que vous le souhaitez.
À présent, laissez-la passer au second plan de votre esprit, et portez au
premier plan un élément qui vous aide à ressentir de la reconnaissance, de la
gratitude. Pensez à un autre élément qui vous inspire du plaisir, du
contentement, de la délectation ou de la joie. Souvenez-vous d’une occasion où
vous êtes venu à bout d’une tâche. Soyez conscient des choses que vous avez
réalisées, des buts que vous avez atteints. Remémorez-vous des moments de
satisfaction et d’épanouissement. Invoquez d’autres choses qui vous procurent
des sentiments de plénitude et de bien-être. Lâchez les déceptions, les
frustrations, les insatisfactions. Ne vous reprochez pas vos pertes tout en
acceptant leur réalité. Voyez si vous pouvez trouver un sentiment de satiété dans
cet instant, voire d’abondance, sans souhaiter que cet instant ne soit autre que
ce qu’il est. Sentez croître le contentement. Il n’y a rien à retenir, rien à traquer
dans l’esprit ou dans le monde. Vous permettez, dévoilez, une sensation de
contentement.
Prolongez le contentement, appréciez-le. Enrichissez et assimilez cette
sensation. Pénétrez dans le contentement comme il pénètre en vous. Demeurez
ainsi aussi longtemps que vous le souhaitez.
À présent, laissez-la passer au second plan de l’esprit, et portez au premier
plan des éléments qui vous aident à vous sentir aimé et aimant. Ouvrez-vous à
un sentiment de connexion émotionnelle avec un être – une personne, un animal
de compagnie ou un groupe de gens. Pensez à quelqu’un qui est chaleureux ou
aimable avec vous, et nourrissez le sentiment d’être pris en considération.
Rappelez-vous une occasion où vous vous êtes senti inclus, vu et compris,
apprécié ou respecté, voire aimé. Laissez le sentiment d’être pris en compte vous
emplir, adoucir vos traits, votre gorge et vos yeux, apaiser et réchauffer votre
cœur. Laissez les rejets se dissiper, comme les ressentiments et les chagrins
passés. Sachez ce que l’on ressent lorsqu’on est aimé. Reconnaissez certains
éléments qui font de vous quelqu’un de bien, préoccupé par les autres. Soyez
conscient de certains de vos apports aux autres, de certaines de vos capacités.
Laissez pénétrer l’estime de soi. Encore une fois, accueillez en vous le fait que
vous êtes vraiment quelqu’un de bien.
Songez à quelqu’un que vous appréciez, qui compte pour vous, que vous
aimez. Trouvez de la compassion – le souhait qu’aucun être ne souffre – pour un
être, peut-être un ami en difficulté, un enfant qui souffre ou des gens pauvres loin
ou près de chez vous. Trouvez de la bienveillance – le souhait que les êtres soient
heureux. Songez à quelqu’un, quelque part, qui est heureux. Réjouissez-vous de
la bonne fortune des autres. Laissez toute envie ou jalousie se dissiper : vous
n’avez pas à être perturbé par elles. Sentez-vous de plus en plus connecté, aux
autres, à la vie entière, à la planète, et même au-delà. Il n’y a aucune raison de
s’accrocher à qui que ce soit : vous êtes déjà lié aux autres, déjà aimé et aimant.
L’amour afflue et reflue. Vous permettez, dévoilez, un sentiment d’amour.
Prolongez l’amour, appréciez-le. Enrichissez et assimilez cette sensation.
Pénétrez dans l’amour comme il pénètre en vous. Demeurez ainsi aussi
longtemps que vous le souhaitez.
À présent, activez une sensation de paix, de contentement et d’amour
simultané dans votre esprit, comme s’ils se soutenaient les uns les autres. Une
sensation de plénitude, votre état naturel. Un sentiment intégré d’équilibre et de
bien-être règne tandis que vous demeurez dans le mode réceptif de votre
cerveau. Il y a peut-être des défis à affronter, des douleurs dans votre corps ou
des soucis dans votre esprit, mais votre base n’est pas perturbée. Tout désir
irrépressible ou nécessité de vous surpasser est inutile. Vous ressentez que vos
besoins fondamentaux de sécurité, de satisfaction et de connexion sont
globalement satisfaits à cet instant.
Vous êtes chez vous.
À retenir
La deuxième et la troisième étape de notre méthode consistent à Enrichir et à Absorber une
expérience positive pour l’installer dans votre cerveau.
Vous pouvez absorber l’expérience en l’imaginant pénétrer en vous, en la sentant entrer dans
votre corps et en la laissant vous changer.
Si un élément autre que les éléments négatifs est également présent dans la
conscience, il est représenté par ses propres coalitions synaptiques. Les deux
systèmes commencent à se lier, puisque les neurones qui s’activent ensemble se
raccordent ensemble. Par conséquent, vous pouvez être délibérément conscient
des éléments à la fois positifs et négatifs, de sorte que – en particulier si le positif
s’affiche nettement au premier plan de la conscience – le positif se connecte au
négatif. De fait, les pensées et les sentiments fortement positifs se tisseront à la
trame des éléments négatifs. Lorsque ces derniers quitteront la conscience pour
être reconsolidés dans des structures neuronales, ils auront tendance à emporter
certains de ces liens positifs avec eux. Dès qu’ils seront réactivés, ils tendront
également à s’accompagner de certaines de ces associations positives, de ces
pensées et de ces sentiments positifs.
Écraser le négatif
Supposons que vous ayez eu une petite dispute avec un ami ou votre partenaire.
L’expérience a été embarrassante et inconfortable, mais vous savez
pertinemment que vous allez vous en remettre. Pourtant, vous ne pouvez pas
vous empêcher de vous faire du souci. Vous pourriez donc être conscient,
simultanément, de votre anxiété et du sentiment de compter pour quelqu’un (qui
pourrait être la personne avec qui vous vous êtes disputé). Continuez à renforcer
les sentiments positifs par rapport aux négatifs, tout en étant conscient des deux
à la fois. Au bout d’une douzaine de secondes ou plus, lâchez l’anxiété et
prolongez le sentiment de compter pendant une dizaine de secondes
supplémentaires. Si l’inquiétude revient, il est possible qu’elle soit un peu (ou
beaucoup) plus légère grâce à cette brève pratique. Et, comme pour tout autre
exercice mental, plus vous le répétez, plus son impact est important sur le
cerveau. C’est la première méthode destinée à utiliser le positif pour réduire le
négatif.
Toutefois, aussi efficace soit-elle, les études indiquent que cette infiltration
du positif dans le négatif peut parfois simplement « écraser » les éléments
négatifs sans réellement les effacer, tel un joli motif sur une toile lugubre plus
ancienne. Quand les éléments négatifs sont écrasés, ils peuvent revenir,
vengeurs, en présence du déclencheur adéquat, ou se réactiver plus facilement
par la suite.
Effacer le négatif
De puissantes possibilités
Vous pouvez aussi imaginer que les éléments positifs sont connectés à des
couches plus jeunes de votre psyché, comme le montre le témoignage de cette
personne : Ma mère a abandonné notre famille quand j’avais trois ans. Je
m’imprègne régulièrement de ce qui est bon en empruntant un proche sentier qui
longe un lagon. Chaque jour, j’y vois des choses qui me nourrissent, comme le
vol gracieux d’une nuée d’oiseaux ou les jeunes pousses d’un arbuste. Quand je
repère ce genre de choses, je m’arrête pendant trente secondes environ pour
m’en délecter. Je respire profondément et j’imagine les bienfaits de l’expérience
qui pénètrent en moi – je trouve efficace l’image d’une malle aux trésors que je
remplis dans mon cœur. Par la suite, je me suis mise à associer cette belle
expérience à la pensée du départ de ma mère. Au début, c’était déconcertant.
Mais, après avoir pratiqué cet exercice pendant quelques mois, je peux
désormais penser à ma mère sans ressentir de souffrance.
Vous pouvez même susciter la sensation que l’enfant en vous – puisqu’il y a
des couches plus jeunes dans la psyché de chacun de nous – accède enfin à des
éléments dont il a toujours eu besoin. Par exemple, comme l’a fait cette dame, en
visualisant un adulte en elle qui tient et réconforte sur ses genoux des parties
plus jeunes de sa psyché : Récemment, une blessure profonde de l’enfance a
émergé du repaire de ma mémoire. Il y a quelque temps, elle m’aurait emportée.
Mais, cette fois, je me suis demandé : de quoi a besoin ce petit enfant terrorisé et
seul ? La réponse était : quelqu’un qui le prenne avec amour dans ses bras et
reconnaisse sa tristesse. Donc, j’ai simplement prolongé la sensation d’une
présence prévenante, douce, caressante, qui écoutait cette petite fille sans
essayer de réprimer ses sentiments. Au bout d’un très grand nombre d’années,
ce petit enfant a fini par être entendu, senti et étreint. Cette blessure est
réapparue plusieurs fois depuis, mais elle ne cesse de s’atténuer.
En prime, si cela vous semble pertinent, explorez la sensation de recevoir
les éléments positifs dans le négatif. Comme le sentiment d’être apaisé ou que
les parties les plus jeunes de votre être reçoivent et intègrent au moins un peu
des éléments auxquels ils aspirent. Ce point implique une forme de perspective
duale dans laquelle vous expérimentez à la fois le fait d’offrir et de recevoir une
expérience positive.
Trois exigences
Expériences antidotes
La quatrième étape de notre méthode est un moyen très efficace d’associer des
expériences ressources essentielles – que nous avons explorées au chapitre 4 – à
vos propres problèmes et besoins. Ainsi, vous pouvez lier le sentiment d’être
bien à l’instant même à l’anxiété, l’apaisement à l’irritabilité, la joie et la
gratitude à la tristesse, la connexion à la séparation, le sentiment d’être aimé à
celui d’être blessé, l’estime de soi à l’inaptitude et la motivation au blocage. En
réalité, il s’agit de se servir d’une expérience particulièrement positive comme
« antidote » à certains éléments négatifs. Pour d’autres exemples, voir le
tableau 5, « Associer certaines expériences antidotes à des éléments négatifs »,
qui classe les expériences positives et négatives en fonction de vos trois besoins
fondamentaux de sécurité, de satisfaction et de connexion. (Bien entendu, les
« antidotes » répertoriés ne sont pas les seuls qui permettent de gérer les
éléments négatifs.)
Voici le témoignage d’une femme qui a utilisé ses souvenirs positifs avec
un être cher pour apaiser la douleur de sa mort : J’ai perdu un ami intime il y a
huit mois. C’était un être exceptionnel, qui m’aimait profondément. Quand
j’éprouve du chagrin, je me focalise sur l’un des merveilleux moments que nous
avons partagés ensemble. Je revis le souvenir de manière aussi précise que
possible et je laisse les sentiments de bonheur de ces moments pénétrer en moi.
La tristesse devient alors moins forte et cet amour qui ressemble à ce que nous
partagions m’aide à la supporter.
Peut-être y a-t-il quelque chose qui vous perturbe en ce moment. Peut-être
êtes-vous confronté à une anxiété ou à une culpabilité chronique. À moins que
vous ne tentiez de guérir une douleur ancienne, comme une perte qui vous a
bouleversé quand vous étiez enfant. Essayez de nommer le problème en question
dans votre tête, puis demandez-vous : quelles expériences seraient utiles pour le
résoudre ? Dès que vous serez parvenu à une réponse – qui ne doit pas
nécessairement être parfaite –, vous pourrez chercher des occasions de vivre ces
expériences antidotes au quotidien et les utiliser dans la quatrième étape de notre
processus. Par ailleurs, reportez-vous au chapitre 10 pour trouver des pratiques
guidées dont vous pourrez vous servir pour mobiliser ces expériences clés tout
seul et vous en imprégner.
Le fait de lier de manière répétée des expériences antidotes à des éléments
négatifs m’a été très utile. C’est ce qui m’a permis principalement de combler
peu à peu le trou dans mon cœur.
À retenir
Les expériences désagréables font partie de la vie et peuvent avoir de l’intérêt. Mais, à cause
du penchant du cerveau, elles sont facilement stockées sous forme d’éléments négatifs, qui se
répercutent sur vous, et souvent sur les autres.
Quand les éléments négatifs sont activés, le plus souvent à partir des entrepôts de la mémoire
implicite, ils ne sont pas récupérés en bloc mais reconstruits au cours d’un processus dynamique.
Une fois dans la conscience, ils s’associent aux autres éléments présents simultanément. Puis,
lorsqu’ils ne sont plus activés, ils sont de nouveau reconsolidés dans la mémoire.
Pour effectuer la quatrième étape de notre méthode – Lier des éléments positifs et négatifs –,
vous devez maintenir simultanément le positif et le négatif dans la conscience tout en gardant le
positif au premier plan et en évitant de vous laisser kidnapper par le négatif.
Dès lors que vous avez identifié des expériences clés pour votre propre situation, vous pouvez
vous servir de la quatrième étape pour mieux gérer des douleurs anciennes ou d’autres
problèmes. Cherchez des occasions d’activer ces bonnes expériences, puis aidez-les à se
connecter aux éléments négatifs comme « antidote ».
Vous pouvez également utiliser la quatrième étape en commençant par une expérience
négative. Premièrement, demeurez avec l’expérience difficile, en l’observant avec
autocompassion. Deuxièmement, au moment où cela vous semble approprié, essayez de la
lâcher. Troisièmement, mobilisez une expérience positive adaptée et reliez-la aux éléments
négatifs originaux.
Liez des expériences positives à des situations négatives, réelles ou imaginaires. Avec le
temps, vous pourrez devenir plus à l’aise et efficace dans ces situations.
9
Bons usages
A près avoir exploré les quatre étapes pour nous imprégner de ce qui est bon,
voyons comment utiliser cette pratique dans différentes situations.
Pour vivre bien, l’une des clés est d’apprendre à vouloir les choses qui sont
bonnes pour vous et dont, sincèrement, vous n’avez pas particulièrement envie.
Par exemple, je ne veux pas trimer sur mon tapis de course pendant une demi-
heure, mais c’est bon pour moi. Au travail, certaines personnes sont réticentes à
s’exprimer en public, pourtant cela pourrait faire avancer leur carrière. Vous-
même, peut-être aimeriez-vous pratiquer une activité – comme jouer du piano
tous les jours – sans arriver à vous y tenir.
Certes, vous pouvez toujours serrer les dents et mobiliser toute votre
volonté, mais cela exige des efforts délibérés, qui sont épuisants et difficiles à
maintenir à long terme. De plus, certaines personnes présentent naturellement
une variante génétique qui produit des récepteurs de dopamine moins efficaces,
de sorte qu’elles ont besoin d’un sentiment de récompense accru pour ne pas
tomber en panne de motivation. En revanche, si vous vous imprégnez
d’expériences gratifiantes associées à ce que vous souhaitez encourager, votre
cerveau s’inclinera dans cette direction, tel l’âne proverbial vers la carotte. Pour
reprendre l’exemple du piano, quand l’idée d’en jouer vous vient à l’esprit,
mobilisez une sensation de plaisir et d’autres sentiments positifs liés à cet
instrument. Quand vous jouez, refocalisez sans cesse l’attention sur ce qui est
agréable ou amusant, et aidez ces expériences à pénétrer. Et juste après avoir
joué, imprégnez-vous de sentiments de satisfaction, de réussite, de plaisir
esthétique, d’estime de soi et de bonheur. Enfin, si vous le pouvez, maintenez
simultanément dans la conscience la volonté de jouer du piano et les
récompenses impliquées : elles se mettront alors à se lier.
Ces méthodes sont également utiles si vous êtes confronté à des désirs
problématiques, comme les drogues, l’alcool, la suralimentation ou le jeu, et que
vous tentez d’emprunter une meilleure voie. Les récompenses intenses de la voie
basse permettent difficilement d’apprécier celles souvent plus modestes mais
plus saines de la voie haute : par exemple, si vous donnez trop de bonbons à un
enfant, les pommes ne lui sembleront plus assez sucrées. Par conséquent,
parallèlement à d’autres ressources (notamment, évoquer honnêtement votre
problème avec un ami intime, suivre une thérapie ou vous inscrire aux
Alcooliques anonymes), servez-vous de notre méthode pour renforcer les
récompenses, et donc l’attrait de la voie haute. Supposons que vous tentiez de
boire modérément, voire pas du tout. Quand vous sortez souper avec des amis,
notez que vous allez très bien avec un seul verre de vin. Voyez comme il est
agréable d’avoir l’esprit clair et valorisant de rester fidèle à son objectif : soyez
attentif à toute réaction positive de la part de votre entourage et imprégnez-vous
du sentiment d’être respecté. Le matin, quand vous vous réveillez, soyez heureux
de vous être arrêté à un verre. Il paraît que la sagesse consiste à préférer un plus
grand bonheur à un plus modeste. Au fil du temps, le fait d’intérioriser de
manière répétée de riches expériences de récompenses liées à un plus grand
bonheur vous aidera peu à peu à incliner votre cerveau dans cette direction.
Si vous le souhaitez, vous pouvez vous encourager à vous imprégner de ce
qui est bon en rédigeant une simple check-list inspirée de celle qui suit,
« Enraciner votre bonheur ». Dans les en-têtes des colonnes, insérez les
expériences dont vous voulez vous imprégner – notamment, celles qui vous
aideront à vouloir ce qui est bon pour vous ou qui vous sont importantes. Par
exemple, la force, la relaxation, l’enthousiasme, le sentiment d’être pris en
considération et l’amour. J’ai laissé les cases vierges pour vous permettre de
photocopier le tableau, puis de l’adapter à vos propres besoins. Sentez-vous libre
de partager ou d’utiliser cet outil avec d’autres personnes (les participants d’une
formation au travail, des enfants, etc.).
J’ai arraché beaucoup de pissenlits quand j’étais enfant et j’ai compris qu’ils
repoussaient très vite si je ne retirais pas la pointe des racines. De la même
manière, il faut que vos expériences antidotes clés atteignent les couches les plus
tendres et profondes de vos problèmes si vous ne voulez pas les voir
réapparaître. Certains chanceux ont eu une enfance douce mais, pour beaucoup,
ce moment de leur vie a été compliqué. En termes d’évitement des dangers, vous
vous êtes peut-être senti peu sécurisé et protégé, en proie à des peurs ou à des
phobies ; peut-être avez-vous été harcelé, voire agressé. En termes de recherche
de récompenses, vous pouvez avoir subi une perte ou ne pas avoir disposé des
ressources dont vous aviez besoin pour réussir à l’école. Et en ce qui concerne
l’attachement aux autres, vous vous êtes peut-être souvent senti rabaissé par un
frère ou une sœur aîné, exclu, trahi et humilié par votre premier flirt ou mis de
côté à cause de votre physique, votre origine ethnique ou votre classe sociale.
Beaucoup de gens sont gênés de « porter toujours leur passé ». Ils se
demandent : Pourquoi n’ai-je toujours pas surmonté ça, qu’est-ce qui cloche
chez moi ? Mais le cerveau est conçu pour être sans cesse remodelé durablement
par les expériences. Si la vie peut nous changer en mieux, elle peut aussi,
forcément, nous changer en pire : de fait, le penchant négatif nous rend très
vulnérable aux expériences désagréables. Le cerveau est aussi conçu pour
apprendre énormément de choses pendant l’enfance, de sorte que les problèmes
liés à cette phase de la vie – la maltraitance, la négligence, les humiliations, le
harcèlement, les discriminations, les réprimandes trop sévères, les difficultés
financières voire la pauvreté, les secrets pesants, les expériences effrayantes,
l’exclusion, les tensions familiales, les blessures, les infirmités et les maladies –
continuent à planer pendant longtemps. Même les expériences relativement
modérées s’accumulent, comme le sentiment de se sentir un peu mal à l’aise en
société. Votre tempérament affecte la manière dont les événements vous
touchent, de sorte que ce qui a peut-être été déplaisant, mais tolérable pour
quelqu’un d’autre, a pu vous blesser profondément. Bien entendu, nous sommes
autant marqués par les expériences nocives que nous avons vécues que par les
expériences bénéfiques que nous n’avons pas vécues. Votre histoire personnelle
compte, elle a des conséquences. Elle peut vous laisser un trou dans le cœur.
Vous ne pouvez pas changer le passé, mais vous pouvez utiliser un certain
nombre d’expériences clés pour combler ce trou aujourd’hui. Songez à un
problème important de votre enfance. Déterminez le système – évitement,
approche, attachement – auquel il appartient principalement. Puis reportez-vous
au tableau de la page 162, « Associer certaines expériences antidotes à des
éléments négatifs », afin de trouver une expérience susceptible d’être efficace
pour le problème en question. Vous pouvez aussi vous poser les questions
suivantes : Qu’est-ce qui aurait pu faire toute la différence quand j’étais enfant ?
Au fond de moi, à quoi est-ce que j’aspire par-dessus tout ? Enfin, essayez à
plusieurs reprises d’activer ces expériences et de vous en imprégner.
Il n’est pas question de vouloir nier le passé ni de résister à des sentiments
douloureux dans le présent, mais de vous ressourcer pour gérer ce qui est
gérable et tolérer ce qui ne l’est pas. Au fil du temps, vous parviendrez peu à peu
à vous accorder une partie, et peut-être même l’essentiel, de ce que vous auriez
dû recevoir quand vous étiez jeune. C’est ce que j’ai fait moi-même à
l’université, quand je me suis imprégné d’expériences d’inclusion et de
valorisation pour combler le trou dans mon cœur.
Qu’il s’agisse d’un accident de voiture, d’une agression, d’un viol, d’une
blessure ou d’abus sexuels dans l’enfance, tout traumatisme implique
l’incapacité à empêcher un fait horrible de se produire. (Bien entendu, la
personne traumatisée n’est pas fautive.) L’un des aspects du traitement consiste
donc à développer de plus grandes capacités, de plus grandes forces, à l’intérieur
du sujet concerné. Dans ce contexte général, s’imprégner de ce qui est bon – tout
en travaillant avec un thérapeute ou seul – peut être bénéfique. Par exemple, l’un
des aspects centraux du traumatisme est le piège, l’immobilisation et
l’impuissance : la personne ne peut échapper à l’horreur. Il peut donc être utile
de s’imprégner d’expériences liées à la puissance d’action (page 227 du
chapitre 10), de faire se produire quelque chose, ne serait-ce que dans sa tête.
Une autre caractéristique commune du traumatisme est la crainte de
communiquer pleinement et fermement, si bien que les expériences
d’affirmation de soi (page 249 du chapitre 10) peuvent se révéler efficaces. Mais
attention : le simple fait de savoir qu’une expérience positive est une ressource
destinée à gérer un traumatisme peut rappeler ce dernier, puis le réactiver. Avant
tout, ne faites rien qui puisse vous nuire.
Le traumatisme est comme un trou noir susceptible de vous aspirer si vous
ne prenez garde. Et se faire aspirer – revivre le traumatisme – peut constituer une
re-traumatisation. Comme la quatrième étape de notre méthode consiste à porter
la conscience sur des éléments négatifs, je vous déconseille de l’appliquer seul
sur les expériences centrales du traumatisme, bien qu’il puisse être bénéfique de
le faire avec un thérapeute expérimenté (de nombreuses thérapies du trauma
relient le positif au négatif), mais vous pouvez l’employer seul sur des
problèmes périphériques. Par exemple, il est possible de s’imprégner de
compassion pour soi (page 242 du chapitre 10) si l’on s’est senti trahi par des
protecteurs, comme des proches qui n’ont pas repéré des signes d’abus sexuels
chez un enfant et n’y ont pas mis un terme.
Pour plus d’informations sur les manières de traiter le traumatisme et de
s’en remettre, veuillez vous reporter au travail de Judith Herman, Peter Levine,
Pat Ogden et Bessel Van der Kolk.
Que ce soit à la maison, au travail ou dans d’autres contextes, les relations sont
comme des tapisseries : le rythme effréné et les inévitables contrariétés du
quotidien mettent leurs fils à rude épreuve. Si nous n’enregistrons pas en
permanence les bonnes expériences qu’elles procurent, leur étoffe s’effiloche et
peut même finir par se déchirer. Il n’est pas question d’ignorer les vrais
problèmes, mais plutôt de prêter également attention aux qualités de l’autre, à ce
qu’il y a à apprécier et à découvrir chez lui ou chez elle. Comme me l’a écrit
cette femme, les choses en apparence dérisoires sont souvent les plus
touchantes : Chaque matin, je prends un moment pour me sentir reconnaissante
envers mon mari. Je me rappelle les choses que j’apprécie chez lui, comme sa
manière de décorer les salades avec de petites rondelles de poivron et des
lamelles de carotte. Ce n’est pas un grand cuisinier, mais il tient absolument à
me faire plaisir. Je souris et je m’imprègne du sentiment d’avoir un époux qui
m’aime. Quand mon esprit se porte sur ce qui m’agace – comme sa manie de
laisser son linge sale traîner par terre, à côté du panier –, je reviens rapidement
à ce que j’éprouve lorsqu’il veut réellement me faire plaisir. Cette modeste
pratique a réellement changé ma vie et mon mariage.
Apprécier les aspects positifs d’une relation vous permet de nourrir votre
cœur, de vous sentir bien et de relativiser les désaccords et les tiraillements. De
plus, c’est un moyen d’inciter votre partenaire à mieux vous traiter, puisqu’il/elle
se sent plus vu(e) et apprécié(e).
Si vous avez réellement besoin de réparer une relation, il est crucial de vous
imprégner des expériences positives qu’elle génère. Sinon, vous resterez fixé sur
les mauvais côtés et vous ignorerez ou minimiserez les bons. Vous vous sentirez
mal et découragerez votre partenaire, qui n’aura plus envie de poursuivre ses
efforts. Si vous le souhaitez, vous pouvez aussi lui demander d’être plus
conscient(e) des expériences positives avec vous et plus enclin(e) à les laisser
entrer.
Parfois, il peut être utile d’aider les autres à s’imprégner de ce qui est bon,
surtout si vous êtes un professionnel de la santé, un dirigeant, un formateur en
ressources humaines, un instructeur de yoga, un coach ou psychothérapeute
(veuillez vous reporter à la section des pages 186-190 pour appliquer les quatre
étapes avec les enfants, en tant que parent ou professeur).
Il existe quatre manières d’aider les autres à s’imprégner de ce qui est bon :
vous pouvez en utiliser une ou plusieurs. Premièrement, vous pouvez le faire
implicitement, sans attirer l’attention du sujet sur la méthode, par exemple en
ramenant sa conscience sur une reconnaissance bien méritée mais négligée.
Deuxièmement, vous pouvez lui décrire la méthode, mais lui laisser le choix de
l’utiliser ou non. Troisièmement, vous pouvez le guider explicitement au fil des
étapes (en mettant de côté la quatrième si c’est approprié). Enfin, vous pouvez
l’encourager à pratiquer seul, puis vérifiez ce qui se passe.
Beaucoup de gens sont très réceptifs à ce processus, que ce soit de manière
générale ou pour des problèmes particuliers. Imaginez que vous soyez un
manager qui souhaite encourager la créativité d’un employé. Quelles forces
intérieures permettraient d’atteindre cet objectif ? Se sentir valorisé par les autres
plutôt que nerveux à l’idée de commettre des erreurs. Vous pourriez donc
demander à la personne de chercher des occasions où elle est appréciée, puis de
s’imprégner de cette expérience. Ou supposez que vous soyez thérapeute et que
vous travailliez avec quelqu’un qui a grandi avec des parents distants sur le plan
émotionnel. Quel sentiment intérieur serait essentiel pour ce patient ? Par
exemple, sentir qu’il compte vraiment. Vous pourriez lui suggérer de chercher
des occasions présentes ou passées où il a été chéri, prisé ou voulu par
quelqu’un, puis d’intérioriser ces expériences.
S’imprégner de ce qui est bon peut permettre d’améliorer les résultats des
démarches formelles (comme l’entraînement à la pleine conscience ou les
psychothérapies) et informelles destinées à aider les autres à prendre soin de leur
santé et à être plus heureux. Le « retour sur investissement » en termes d’états
mentaux positifs est d’autant plus important qu’un grand nombre de ces
expériences passagères sont transformées en structures neuronales durables.
J’utilise cette méthode avec de jeunes patients en thérapie et j’en ai aussi discuté
avec des parents et des enseignants qui l’appliquent avec leurs propres enfants
ou élèves. Comme pour les adultes, cette méthode peut être proposée de quatre
manières différentes, en adaptant les étapes à l’âge des sujets et à la situation.
Premièrement, vous pouvez guider l’enfant au fil des étapes sans attirer
explicitement l’attention sur elles. Vous commencez par activer une expérience
positive ou, si c’est déjà le cas, vous essayez de la faire durer, parfois en
encourageant l’enfant à la laisser pénétrer. Imaginez que vous aidiez un bambin
de quelques années à renforcer un sentiment intérieur d’apaisement afin qu’il se
sente mieux et moins agité. Une fois qu’il est apaisé, vous pouvez prendre dix
secondes ou plus pour lui murmurer ce genre de phrases : « Oui, tu te sens
mieux… C’est agréable de se sentir bien… John se sent mieux… Tu te sens bien
à l’intérieur. » Ou, supposez que votre fille, qui est élève en sixième année, se
trouve impopulaire depuis un certain temps. En sachant qu’elle aime s’asseoir
avec des camarades pour le dîner, vous pouvez l’amener à exprimer ce qui lui
plaît dans cette expérience, sans jouer au thérapeute ni vous laisser happer par
l’angoisse que vous inspirent les problèmes sociaux de votre enfant, mais en
prêtant simplement une oreille attentive. Si c’est approprié, aidez-la à mettre des
mots sur ses expériences ou faites écho à ses paroles pour maintenir son
attention sur les sentiments positifs et éviter qu’elle ne passe trop rapidement à
autre chose. Si cela semble adapté, vous pouvez l’inviter à laisser le sentiment
d’être aimée pénétrer dans les zones intérieures en souffrance (en amenant votre
enfant à la quatrième étape). Il est aussi possible d’utiliser cette approche pour
encourager des qualités de caractère. Imaginez que vous tentiez d’aider un enfant
à prêter ses jouets à un frère ou une sœur plus jeune : quand ces derniers rendent
un jouet intact, vous pouvez aider l’aîné à s’imprégner de soulagement et de la
satisfaction que vous inspire sa générosité.
Deuxièmement, vous pouvez nommer les quatre étapes, mais laisser à
l’enfant la liberté de les utiliser ou non. Je trouve cette approche particulièrement
utile avec les adolescents ou les bambins qui accordent une grande importance à
l’indépendance. Comme notre méthode pour s’imprégner de ce qui est bon est
rapide et le plus souvent agréable, elle plaît aux plus jeunes. Elle est simple à
enseigner : il suffit de donner des exemples et de partager l’expérience que vous
en avez. Vous pouvez évoquer ensemble les occasions où il est possible de
s’imprégner de ce qui est bon, par exemple lorsqu’ils réalisent une tâche avec
succès ou qu’un petit camarade est gentil avec eux. Avec les sujets de six ans et
plus, il me semble utile d’expliquer en quelques mots la tendance du cerveau à
agir comme du Velcro sur le négatif mais comme du Teflon sur le positif : ils se
rendent immédiatement compte que c’est la vérité et ne veulent pas que ces
éléments négatifs leur collent au cerveau. Si c’est approprié, j’ajoute que le
cerveau les contrôle et les bouscule – ce qu’aucun enfant n’aime – mais qu’ils
peuvent le prendre en main s’ils le veulent.
Troisièmement, vous pouvez amener les enfants à franchir les étapes de
manière explicite. Comme nous le faisons pour l’écriture ou la lecture, nous
pouvons leur enseigner des compétences intérieures destinées à développer
l’intelligence émotionnelle, y compris s’imprégner de ce qui est bon. Si nous
accordons de l’importance à ce genre de compétences – qui offrent de nombreux
bienfaits tout au long de la vie –, nous pouvons demander aux bambins de les
apprendre de la même manière ou presque que des tables de multiplication. Par
exemple, quand vous mettez votre fils ou votre fille au lit, vous pouvez prendre
une minute ou plus pour passer la journée en revue ou penser à des choses
positives afin qu’il puisse activer une bonne expérience. Votre fille a peut-être
appris quelque chose de nouveau aujourd’hui, votre fils s’est peut-être distingué
au hockey, ou peut-être savent-ils que leur grand-mère les aime. Une fois
l’expérience positive déclenchée, vous pouvez leur suggérer de l’enrichir en la
laissant grandir et se renforcer, puis de l’absorber comme s’ils plaçaient un joyau
dans la malle aux trésors de leur cœur. Vous pouvez aussi les inviter à lier cette
bonne expérience à toute tristesse ou blessure intérieure, de sorte que les bons
sentiments remplacent peu à peu les mauvais, comme les fleurs supplantent les
mauvaises herbes. Si vous êtes enseignant, n’hésitez pas à prendre une minute au
début de la journée pour appliquer les trois premières étapes de notre méthode
afin d’encourager les élèves à nourrir un certain enthousiasme à l’idée
d’apprendre des choses nouvelles, puis à s’en imprégner, ou à réserver une autre
minute à la fin de la journée pour éprouver un sentiment d’accomplissement et
s’en imprégner.
Quatrièmement, vous pouvez demander aux enfants d’utiliser seuls les
étapes de notre méthode, peut-être dans des situations précises, par exemple
quand leurs camarades font preuve de gentillesse ou qu’ils mènent une tâche à
bien. Puis contrôlez de manière adaptée. Après une récréation à l’école, ou en fin
de journée à la maison, vous pouvez leur demander s’ils se sont imprégnés de ce
qui est bon et, si c’est le cas, comment ils se sentent. Dans le cas contraire, vous
pouvez chercher à savoir pourquoi. Bien entendu, les enfants comme les adultes
n’aiment pas être interrogés : une petite enquête subtile aura donc beaucoup plus
de chance d’aboutir.
Dans l’ensemble, une approche détendue et pragmatique est plus
fructueuse. Les enfants franchissent souvent les étapes de notre méthode plus
rapidement que les adultes, si bien que cinq ou dix secondes d’affilée peuvent
suffire largement. Les jeunes personnes ressentent les choses de manière aiguë,
mais ne sont pas toujours capables de mettre des mots sur leurs expériences. En
leur demandant de les décrire, vous pourriez les mettre dans l’embarras et les
dissuader de s’imprégner de ce qui est bon. N’hésitez pas à les aider
délicatement à exprimer ce qu’ils ressentent. Si vous avez une idée des
expériences clés dont ils ont besoin – par exemple, le sentiment de réussir
quelque chose, peu importe quoi, pour surmonter un sentiment d’échec et
d’inaptitude à l’école –, vous pouvez leur offrir des occasions naturelles de
s’imprégner de ces expériences. Reportez-vous au tableau 5 du chapitre
précédent pour trouver les « antidotes » susceptibles d’être le plus utiles pour
votre enfant.
S’imprégner de ce qui est bon est bénéfique pour tous les jeunes, mais
davantage encore pour certains d’entre eux. Les enfants anxieux ou rigides
tendent à négliger les bonnes nouvelles de la vie et devraient développer des
forces intérieures telles que le sentiment de sécurité et de détermination. Ceux
qui débordent d’énergie ou présentent un trouble du déficit de l’attention avec ou
sans hyperactivité (TDAH) (c’est-à-dire qui sont extrêmement distraits,
impulsifs ou toujours à l’affût de stimulations) passent si rapidement d’une chose
à l’autre que même les bonnes expériences n’ont pas le temps de pénétrer en
eux. Il faut aussi les aider à renforcer le contrôle de soi. En outre, beaucoup de
ses enfants présentent une variante génétique qui produit des récepteurs de la
dopamine moins efficaces, si bien qu’ils ont besoin d’un grand nombre
d’expériences de récompenses pour rester focalisés sur une tâche. Ceux qui sont
confrontés à des problèmes ou à des défis, tels qu’un trouble de l’apprentissage
ou un deuil familial, peuvent s’imprégner efficacement d’expériences ciblées sur
leurs besoins, comme se sentir aimé par les autres même si un grand-parent ou
un autre être cher est décédé. La plupart des adolescents sont intéressés par eux-
mêmes et vivent (malheureusement) beaucoup d’expériences négatives. J’ai
donc constaté qu’ils acceptaient volontiers de s’imprégner de ce qui est bon, en
particulier d’expériences clés liées au sentiment d’être séduisant et aimé.
Demandez-vous quelles expériences auraient pu avoir de l’importance pour
vous dans votre enfance. Laissez cette connaissance, et votre intuition, vous
guider pour aider les enfants de votre entourage à s’imprégner d’expériences qui
importent pour eux.
Parfois, quand vous essayez de vous imprégner de ce qui est bon, vous butez sur
un blocage, telles des pensées distrayantes. Les blocages sont courants. Ils ne
sont ni mauvais ni condamnables – mais ils se mettent vraiment en travers de
votre chemin. Pour les contourner, vous pouvez les explorer en développant
l’acceptation de soi et voir ce qu’il est possible d’apprendre sur vous-même.
L’un des aspects précieux de cette méthode est qu’elle révèle souvent d’autres
problèmes, comme une réticence sous-jacente à vous laisser vous sentir bien. Si
c’est le cas, vous pouvez gérer ces difficultés en vous inspirant des suggestions
ci-dessous. Avec de la pratique et du temps, les obstacles finissent généralement
par être levés.
La vie nous soumet à de nombreux défis, des gens casse-pieds aux maladies
graves. Pour les aborder, vous pouvez notamment vous référer à vos besoins
fondamentaux de sécurité, de satisfaction et de connexion. Pour gérer un
problème de manière réceptive plutôt que réactive, essayez de mobiliser les
forces intérieures et leurs expériences associées susceptibles de satisfaire au
mieux le besoin fondamental qui pose problème.
Supposons que vous soyez confronté à une personne agressive ou
menaçante, même de manière subtile, auprès de qui vous ne vous sentiriez pas
complètement en sécurité : ce scénario activerait le système d’évitement des
dangers de votre cerveau. Une approche réactive se caractériserait par des
sentiments d’anxiété (du simple malaise à une peur extrême), de colère (de
l’exaspération à l’indignation) ou d’engourdissement et impliquerait un certain
nombre d’actes, par exemple de combat (une dispute), de fuite (retrait) ou
d’immobilisation (pétrification). Bien que « basculer dans le rouge » soit
parfaitement compréhensible et fréquent, ce mode a un coût pour vous et pour
les autres.
À l’inverse, imaginez une approche réceptive avec le même scénario. Vous
pourriez commencer par vous ranger de votre côté, faire montre de compassion
envers vous-même et gagner du temps pour comprendre la situation et concevoir
un plan pour la gérer. Puis vous pourriez mobiliser des forces intérieures et leurs
expériences associées dans le système d’évitement des dangers. Par exemple,
songer à des protections et à des ressources disponibles dans votre vie et vous
rappeler des expériences passées où vous vous êtes senti fort et déterminé.
Revoir une fois de plus vos hypothèses et vos pensées et vous assurer que vous
ne sous-estimez ou surestimez pas la menace : relativiser le danger, quel qu’il
soit. Expirer et pratiquer d’autres exercices de relaxation pour vous sentir moins
tendu et plus détaché, calme et centré. Renforcer vos ressources, comme le
soutien d’autres personnes : essayez de ressentir la présence d’alliés à vos côtés.
Quand vous passez concrètement à l’action, montrez-vous raisonnablement
prudent, mais ni craintif ni intimidé. Soyez avisé, sérieux et résolu, plutôt
qu’impulsif ou prompt à vous dénigrer et à jeter l’éponge. Imaginez les résultats
probables d’un « passage au vert ». Bien que cette approche ne soit pas la
garantie d’une issue positive, c’est en général la stratégie qui y mène le plus
sûrement.
Vous pouvez adopter une approche similaire face à des circonstances qui
mettent à mal vos besoins de satisfaction ou de connexion. Reportez-vous au
tableau de la page 162, « Associer certaines expériences antidotes à des éléments
négatifs » du chapitre précédent et déterminez les expériences et les forces
intérieures qui pourraient vous aider à rester réceptif face à n’importe quelle
situation difficile dans votre vie aujourd’hui. En activant et en mobilisant ces
expériences et ces forces, vous aurez l’occasion de vous en imprégner encore et
encore, et donc de les installer toujours plus profondément dans votre cerveau.
En plus de faire appel à des expériences adaptées aux circonstances
délicates au moment même où elles se présentent, vous pouvez imaginer que
vous gérez les choses de manière réceptive à l’avenir. C’est ce qu’on appelle la
répétition mentale, qui améliore les performances dans différentes tâches.
Essayez la pratique ci-dessous, en l’adaptant comme vous le souhaitez. Elle
inclut des forces intérieures utiles à vos trois besoins fondamentaux, mais vous
pouvez vous focaliser sur celles qui vous seront plus utiles pour relever un défi
particulier : le chapitre suivant propose des pratiques guidées qui explorent en
détail un grand nombre de ces forces intérieures. C’est parti !
Portez l’attention en vous, en respirant à quelques reprises, en vous
centrant. Choisissez un défi et observez-le comme si vous étiez très haut dans le
ciel. Songez à certaines des réactions qu’il a suscitées en vous, et à la manière
dont vous aimeriez l’aborder à l’avenir.
Pour commencer, éveillez le sentiment d’être de votre propre côté, de vous
aimer, d’avoir de la compassion pour ce qui vous est difficile ou douloureux.
Trouvez une sensation de force et de détermination. Laissez-vous pénétrer par le
sentiment que vous allez fondamentalement bien à l’instant même.
Pour ce qui est du défi, soyez conscient de ce qui vous protège et vous
soutient. Expirer lentement et détendez-vous un peu. Imaginez que vous gérez le
défi en restant maître de vous-même, en étant raisonnablement calme, même si
vous devez rester ferme, sans vous embrouiller avec les autres, sans partir en
guerre contre qui que ce soit ou quoi que ce soit. Expirez et inspirez quelques
fois de plus. Voyez si vous pouvez trouver un sentiment de paix lié à ce défi.
Éveillez un sentiment de gratitude et de joie pour l’ensemble plus vaste de
votre vie. Soyez conscient des nombreuses choses qui vont toujours bien malgré
ce défi. Sentez-vous nourri par la plénitude de cet instant. Focalisez-vous sur ce
que vous avez le pouvoir de changer dans ce défi. Commencez à prévoir ce qu’il
vous est possible de faire. Notez certains des nombreux autres éléments de votre
vie susceptibles de vous inspirer un sentiment d’accomplissement et de réussite.
Imaginez comment vous pourriez aborder ce défi depuis un lieu habité par le
sentiment d’être déjà satisfait et épanoui.
Imaginez-vous ancré dans la considération que vous portent les autres
tandis que vous abordez ce défi. Sentez-vous encouragé par eux, recevez leur
compassion, leur sympathie et leur soutien. Essayez de ressentir leur amour qui
s’écoule vers vous, en vous, comblant votre cœur. Imaginez aussi de la
considération, de la bienveillance et de l’amour qui s’écoulent de vous. Voyez si
vous pouvez vous sentir soulevé et porté par la générosité, de sorte de gérer les
difficultés depuis un lieu de compassion pour vous-même et pour les autres.
Souhaitez-vous et aux autres du bien tout en vous affirmant. Imaginez comment
vous pourriez gérer ce défi si vous éprouviez le fort sentiment d’être aimé et
aimant.
Imaginez que vous ressentez une sensation générale de paix, de
contentement et d’amour en faisant face à ce défi. Maintenez toute expérience
négative dans un vaste espace de conscience serein. Imaginez certains des
avantages qu’il y aurait à gérer ce défi en demeurant fondamentalement
paisible, content et aimant. Laissez la connaissance et la reconnaissance de ces
avantages vous motiver à aborder ce défi de manière réceptive dans les jours à
venir.
À retenir
Dans des contextes formel et informel, quand vous apprenez des choses positives, utilisez les
étapes de notre méthode pour les aider à pénétrer réellement. S’imprégner de ce qui est bon peut
améliorer considérablement les bienfaits d’une formation aux ressources humaines, d’une
psychothérapie, d’un entraînement à la pleine conscience, d’un programme de coaching ou des
aspects psychologiques des traitements de santé.
Imprégnez-vous d’expériences liées aux comportements que vous voulez encourager chez
vous. Pour les désirs problématiques comme les addictions, vous pouvez vous aider à choisir de
plus en plus souvent un plus grand bonheur plutôt qu’un plus modeste.
Quand vous cherchez des expériences clés, soyez ingénieux et bienveillant envers vous-
même. Si vous ne pouvez pas avoir le gâteau entier auquel vous aspirez, imprégnez-vous quand
même de tout ce que vous pouvez.
Il est normal d’être affecté par le passé à cause d’événements douloureux ou de manques de
« provisions » psychologiques importants. Mais vous pouvez utiliser des expériences clés pour
combler ce trou dans votre cœur.
Si vous devez gérer des idées noires ou un traumatisme, vous pouvez intensifier les bienfaits
d’outils standard en vous imprégnant de ce qui est bon.
Dans le cadre des relations, apprécier et intérioriser ce qui est réellement bon permet
généralement aux deux personnes de se sentir mieux et de renforcer le lien entre elles.
De manière formelle ou informelle, vous pouvez utiliser les étapes de notre méthode pour aider
les autres, y compris les enfants.
Il est fréquent que des blocages apparaissent lorsqu’on s’imprègne de ce qui est bon. Ce sont
des occasions d’en apprendre davantage sur soi-même. Mais il est possible de les gérer de
manière efficace.
Quand vous êtes confronté à un défi, des expériences de forces clés vous aideront à l’aborder
de manière réceptive. Plus vous expérimenterez ces forces, plus vous parviendrez à rester dans
la zone verte face à des difficultés de plus en plus intenses.
10
Les forces clés sont organisées en fonction de vos trois besoins fondamentaux –
sécurité, satisfaction et connexion –, soit sept forces par besoin. Chaque pratique
commence par une introduction, puis vous guide à travers les quatre étapes de
notre méthode. Comme vous les connaissez déjà, mes suggestions seront brèves
et directes. Chacune étant autonome, certaines répétitions sont inévitables.
Sentez-vous libre de les adapter à vos propres besoins. Par exemple, vous
constaterez peut-être que mes explications sur la manière d’absorber une force
particulière est aussi applicable à d’autres forces.
N’oubliez pas que la quatrième étape est optionnelle. Si vous décidez
d’inclure cet élément, avant d’entamer l’une des pratiques guidées, tâchez
d’identifier un déclencheur neutre qui s’est associé aux éléments négatifs. Mais,
souvent, il n’existe pas de déclencheur neutre évident : si vous n’en trouvez pas,
ce n’est pas un problème, vous pouvez tout de même effectuer les autres parties
de la quatrième étape.
Si vous êtes aux prises avec une situation, une relation ou un état d’esprit
particulier, qu’il s’agisse d’une tâche épuisante mais nécessaire au travail, d’une
déprime ou d’un adolescent doté d’une forte personnalité, vous pouvez trouver la
force susceptible de vous fournir l’aide dont vous avez besoin et vous focaliser
simplement sur cette dernière pendant quelque temps. Par exemple, trouver
refuge (page 213) peut être efficace si vous vous sentez épuisé ; l’affirmation
compatissante (page 249), si vous êtes confronté à une relation difficile ; ou la
gratitude et la joie (page 223), si vous êtes déprimé. Pour les forces spécifiques à
certains défis, veuillez consulter le tableau de la page 162, « Associer certaines
expériences antidotes à des éléments négatifs », au chapitre 8.
Le Top 10
Toutes les forces répertoriées dans ce chapitre sont précieuses. Mais si je devais
en choisir dix, ce serait les suivantes : prendre refuge, se sentir bien à l’instant
même et paix (pour la sécurité) ; enthousiasme, sentir la plénitude de l’instant et
contentement (pour la satisfaction) ; se sentir pris en considération, sentir que
l’on est quelqu’un de bien et amour (pour la connexion) ; et un sentiment intégré
de paix, de contentement et d’amour (voir la pratique proposée à la fin du
chapitre 7). Bien entendu, vous êtes invité à créer votre propre Top 10.
Chaque jour, vous pouvez essayer une nouvelle force, ou vous focaliser sur
deux ou trois d’entre elles. Si vous voulez vous plonger en profondeur dans cet
exercice, je vous propose de pratiquer les trois forces liées à la sécurité le jour 1,
les trois liées à la satisfaction le jour 2 et les trois liées à la connexion le jour 3.
Par ailleurs, matin et soir, réalisez l’exercice proposé dans l’encadré de la page
205, « Une minute pour se faire du bien ».
Si vous souhaitez aller plus loin, pourquoi ne pas prendre trois semaines pour
booster votre esprit, votre cerveau et votre vie ? Choisissez une nouvelle force
par jour et sentez-la croître en vous.
Vous pouvez explorer les vingt et une forces dans la séquence proposée ici,
ou les aborder dans des cycles de trois jours, en alternant les besoins (sécurité,
satisfaction et connexion), chaque jour étant dédié à un besoin. Pour vous
amuser, n’hésitez pas à opter pour une approche « pop-corn », c’est-à-dire
choisir une force au hasard chaque matin, en les cochant peu à peu jusqu’à ce
qu’il n’en reste plus qu’une. Si vous le souhaitez, vous pouvez remplacer une ou
plusieurs des forces ci-dessous par une autre, comme la curiosité ou la
générosité.
Afin d’enrichir ce processus, sentez-vous libre de tenir un journal intime, de
le réaliser avec un(e) ami(e) ou en famille, voire de l’intégrer à votre thérapie,
votre parcours de sevrage ou votre pratique spirituelle. Considérez ceci comme
une forme de retraite, ou si cela vous semble trop spartiate, comme des vacances
dans un spa de luxe, où vous vous immergez dans des expériences de guérison
voluptueuses plutôt que dans une boue sulfureuse. Au terme des trois semaines,
rendez hommage à vos efforts sincères et célébrez les résultats.
En vous réservant vingt et un jours d’affilée pour apprécier et approfondir
ces forces, vous vous assurerez que vos besoins fondamentaux de sécurité, de
satisfaction et de connexion sont davantage pris en compte, et vous serez de plus
en plus stable dans le mode réceptif, vert, de votre cerveau. Tout au long de votre
parcours, vous gagnerez en vitesse et prendrez l’habitude d’enraciner le bonheur,
devenant ainsi un bon ami pour vous-même.
Si les options précédentes vous semblent trop compliquées, ce n’est pas un problème.
Consacrez simplement une minute à la pratique que je réalise souvent dès le réveil,
juste avant de me coucher, de méditer ou d’affronter une situation délicate :
Le temps d’une ou de deux respirations, soyez conscient de ce qui se passe
globalement dans votre esprit et votre corps, sans tenter de changer quoi que ce soit.
Entrez en intimité avec vous-même.
Commencez à vous relaxer, en laissant votre respiration s’apaiser et ralentir.
Désengagez-vous de toute pensée inquiétante. Lâchez toute tension. Effleurez un
sentiment de force et reconnaissez l’existence de protections, comme des amis à
proximité. Notez que vous êtes bien à l’instant même. Demeurez dans une paix toujours
plus vaste.
Portez l’esprit sur une ou plusieurs choses qui vous inspirent de la gratitude ou de la
joie. Pensez à quelque chose qui vous rend heureux. Percevez la plénitude déjà
présente dans cet instant. Demeurez dans un contentement toujours plus vaste.
Portez l’esprit sur une ou plusieurs personnes (ou animaux de compagnie) qui tiennent
à vous. Laissez-vous vous sentir apprécié, estimé ou aimé. Soyez conscient de votre
propre chaleur et bienveillance envers les autres. Demeurez dans un amour toujours
plus vaste.
Puis invoquez un sentiment de paix, de contentement et d’amour entremêlés dans votre
esprit, trois aspects d’une seule et même expérience complète de bien-être et de retour
chez soi. Demeurez dans l’esprit réceptif. Si vous le souhaitez, imaginez que vous
vaquez à vos occupations quotidiennes sur ce mode.
Concluez de nouveau par une ou deux respirations tout en sentant cette paix, ce
contentement et cet amour pénétrer en vous.
Sécurité
Protection
Force
La peur provient de l’écart perçu entre des forces intérieures et des défis
extérieurs. Plus vous développerez un sentiment de force authentique, plus cet
écart se réduira, parfois même à néant. La force n’est pas synonyme de
suffisance ni d’agressivité, mais de détermination, de ténacité, d’intégrité ou de
capacité à plier sans rompre, de supporter les moments difficiles et de survivre
aux plus terribles.
1. Notez toute sensation de force déjà présente au premier ou au second
plan de la conscience, comme une vitalité corporelle soutenue, des battements
du cœur vigoureux ou une prévenance ancrée à l’égard des autres. La
conscience même est forte, capable de contenir chaque once de votre expérience.
Créez également un sentiment de force. Parmi les événements récents ou
passés, cherchez des occasions où vous avez été fort. Peut-être avez-vous
demandé à votre corps de rester debout pendant toute une journée de travail ou
de continuer à courir pendant une séance de sport. Peut-être vous êtes-vous
battu pour vous-même ou pour quelqu’un d’autre. Peut-être êtes-vous venu à
bout d’une tâche alors que vous vouliez jeter l’éponge. Laissez les idées de ces
moments se transformer en une sensation corporelle de force.
2. Ouvrez-vous à la sensation de force. Explorez cette expérience. Laissez-
la emplir votre corps et votre esprit et devenir plus intense. Demeurez avec elle,
aidez-la à durer, offrez-lui un sanctuaire dans votre esprit. Si votre attention
s’évade, revenez à cette expérience. Devenez plus calme et plus confiant à
mesure que vous vous sentez plus fort. Sachez que vous pouvez gérer les défis de
la vie. Trouvez des éléments inédits dans l’expérience de la force. Voyez ce que
cela fait de se sentir fort sans la moindre colère. Souvenez-vous d’une occasion
où vous avez été ferme, grave ou assertif sans devenir agressif ou irrité. Vous
pouvez incarner la force de plusieurs manières. Par exemple, en contractant
différents muscles pour sentir leur puissance, en vous redressant ou en adoptant
une expression de détermination puis en vous regardant dans le miroir. Soyez
conscient de l’importance de la force pour vous personnellement, sachez
pourquoi elle compte : reconnaissez sa pertinence pour vous.
3. Cherchez délibérément à faire pénétrer cette expérience de force en vous
comme vous pénétrez en elle. Sentez la force vous emplir comme du carburant,
une énergie vivifiante. Acceptez de changer un peu, de devenir plus fort. Sachez
que la force pénètre, qu’elle se tisse à votre être, devenant une ressource
intérieure que vous pouvez emporter partout où vous allez – à la fois puissante
et portable. Plus la force pénètre, plus vous vous sentez libéré de toute lutte
contre des éléments en vous ou dans le monde. Il est inutile de résister à qui que
ce soit ou à quoi que ce soit.
4. Soyez à la fois conscient de la sensation de force et de sentiments de
faiblesse. Maintenez l’expérience positive de la force plus en évidence dans la
conscience, et si vous vous faites kidnapper par les éléments négatifs, laissez-les
tomber. La force soutient et imprègne des parties de votre être qui se sont senties
malmenées ou accablées, par exemple quand vous étiez enfant. Maintenant vous
vous sentez fort, comme un arbre puissant, profondément enraciné : les vents de
la vie et des gens soufflent, mais vous vous redressez toujours après leur
passage. Puis, quand vous le voulez, lâchez tout élément négatif et demeurez
simplement avec la sensation de force. À quelques reprises au cours de l’heure
qui suit, pendant une douzaine de secondes d’affilée ou plus, soyez uniquement
conscient des éléments neutres ou positifs – comme une sensation de force – tout
en portant l’esprit sur un déclencheur neutre associé au sentiment de faiblesse
ou d’accablement.
Relaxation
Quand vous vous détendez, l’aile parasympathique de votre système nerveux
s’active davantage, ce qui apaise l’aile sympathique de combat ou de fuite. Les
tensions s’évacuent de votre corps, votre rythme cardiaque et votre respiration
ralentissent et la digestion est facilitée – autant d’éléments qui apaisent les
signaux internes de danger, ce qui vous aide à vous détendre encore plus.
1. Notez toute sensation de relaxation déjà présente dans votre conscience.
Par exemple, il pourrait y avoir de la sérénité et du relâchement dans votre
respiration ou des parties de votre corps apaisées. Par ailleurs, vous pouvez
créer une sensation de relaxation. Respirez à plusieurs reprises, en expirant
deux fois plus lentement que vous n’inspirez. Détendez des points clés, comme
les muscles de la mâchoire, la langue, la bouche et les yeux. Respirez avec le
diaphragme, juste en dessous de la cage thoracique. Sentez les tensions
s’évacuer de votre corps. Imaginez-vous dans un cadre relaxant, par exemple
sur une plage réchauffée par un soleil agréable. Vous pouvez aussi détendre peu
à peu l’ensemble du corps en remontant des pieds à la tête.
2. Ouvrez-vous à la relaxation et ressentez ses effets. Laissez-la vous emplir,
devenir plus intense. Demeurez avec elle, aidez-la à durer. Lâchez de plus en
plus prise à mesure que vous vous relaxez. Livrez-vous à une délicieuse
sensation de calme. Notez différents aspects de cette expérience, en maintenant
sa fraîcheur. Éprouvez une tranquillité toujours plus vaste. Incarnez la
relaxation en vous allongeant, en vous balançant délicatement d’avant en
arrière ou en laissant votre visage se détendre complètement. Songez à un moyen
d’être plus détendu qui pourrait vous être utile chez vous ou au travail.
3. Sentez la relaxation pénétrer en vous, devenir une part de vous. Plus
vous vous détendez, plus vous sentez les tensions ou les résistances se dissiper.
4. Soyez à la fois conscient de la relaxation et des tensions. Maintenez la
relaxation plus en évidence dans la conscience : si vous vous faites kidnapper
par les éléments négatifs, laissez-les tomber. La relaxation pénètre en vous et
soulage des points noués ou contractés. Les tensions s’apaisent à mesure que la
relaxation les imprègne telle une douce pluie. Puis, quand vous le voulez, lâchez
tout élément négatif et demeurez simplement avec la sensation de relaxation. À
quelques reprises au cours de l’heure qui suit, soyez uniquement conscient des
éléments neutres ou positifs – comme une sensation de relaxation – tout en
portant l’esprit sur un déclencheur neutre associé au sentiment de tension.
Trouver refuge
À cause de la « paranoïa des tigres de papier » (chapitre 2), votre cerveau tend à
surestimer les menaces qui pèsent sur vous tout en sous-estimant les ressources
dont vous disposez pour les gérer. Quand vous distinguez clairement ces
déformations, vous pouvez vous imprégner de perspectives nouvelles, plus
exactes et plus rassurantes.
1. Notez chaque moment où vous prenez conscience qu’une inquiétude a été
exagérée ou des ressources disponibles négligées. Soyez attentif aux occasions
où les autres sont susceptibles de renforcer vos peurs, peut-être à leur propre
avantage. De plus, réfléchissez délibérément à vos convictions sur les dangers
du monde et les faiblesses en vous, et cherchez des preuves qu’elles ne sont pas
fondées. Peut-être pourriez-vous parler de ces convictions et des éléments
susceptibles de les confirmer ou de les infirmer avec d’autres personnes, ou
simplement les évaluer dans votre tête. Par exemple, vous pourriez répertorier
trois faits ou plus qui infirment une conviction liée à la peur ou au doute de soi.
2. Ouvrez-vous à une vision plus réaliste des menaces qui pèsent sur votre
vie et des ressources dont vous disposez pour les gérer. Laissez cette vision, cette
perspective, se dilater dans votre esprit et revenez-y sans cesse. Ouvrez-vous à
des sentiments associés de stabilisation, de confiance ou de calme. Vous pouvez
incarner cette expérience en exprimant à voix haute ou en notant par écrit votre
point de vue réaliste sur les menaces et les ressources.
3. Sentez ce point de vue réaliste devenir une part de vous. Laissez se
former la conviction qu’il est vrai. Imaginez que vous veniez de cette perspective
à compter de maintenant et ce que vous ressentiriez. Quand vous voyez les
menaces et les ressources sans déformations, les sentiments de malaise et
d’anxiété se dissipent, car vous savez dans votre cœur que vous êtes capable de
gérer les choses. Toute peur devient inutile.
4. Soyez à la fois conscient de votre point de vue réaliste et de toute
estimation inexacte des menaces et des ressources. Continuez à entretenir votre
vision réaliste et votre certitude que les convictions inexactes sont fausses.
Imaginez peut-être une personne forte, intelligente, en vous, qui représente le
point de vue réaliste et s’oppose à une autre personne (peut-être excessive et
sotte), qui incarne les convictions inexactes – et assurez-vous que le point de vue
réaliste l’emporte. Puis, quand vous le voulez, lâchez tout élément négatif et
demeurez simplement avec la vision réaliste. À quelques reprises au cours de
l’heure qui suit, soyez uniquement conscient des éléments neutres ou positifs –
comme un sentiment de conviction lié au point de vue réaliste – tout en portant
l’esprit sur un déclencheur neutre associé à des convictions inexactes.
La plupart des données qui pénètrent dans votre cerveau viennent de l’intérieur
de votre corps plutôt que de votre environnement extérieur. Car votre cerveau a
besoin de savoir, moment après moment, comment vos organes internes se
portent pour s’assurer que vous allez bien. Une grande partie de ces informations
traverse l’hypothalamus, qui, au moindre problème, déclenche une alarme et
vous fait basculer dans le rouge. Même de modestes changements de la
perception de la respiration, du rythme cardiaque, de la digestion ou des
expressions faciales peuvent produire de grands bouleversements dans vos
pensées et vos sentiments.
Le lien étroit entre l’esprit et le corps vous offre un moyen extrêmement
efficace de demeurer dans une sensation toujours plus vaste de calme et d’aise
puisque le plus souvent votre corps va plutôt bien. Les messages qu’il adresse à
votre cerveau s’apparentent généralement aux appels rassurants d’un veilleur de
nuit : « Tout va bien, tout va bien. » Vous n’alliez peut-être pas bien dans le
passé et vous n’irez peut-être pas bien dans l’avenir, mais vous allez globalement
bien à l’instant même.
Malheureusement, cette bonne nouvelle est souvent difficile à « entendre »
à cause du penchant négatif, qui tisse en permanence une toile de fond d’anxiété
pour nous permettre de survivre. La plupart du temps, ces messages de peur sont
de fausses alertes. Quand vous profitez des signaux positifs (« tout va bien »)
que votre corps fait remonter à votre cerveau en vous focalisant délibérément sur
le fait que vous allez bien, chaque moment de votre vie ou presque devient une
formidable occasion de sortir de la peur et de la colère pour accéder à la paix. Et,
au fil du temps, cette pratique et d’autres exercices associés, comme s’imprégner
de la relaxation, peuvent faire taire les murmures d’une vaine anxiété.
1. Mettez-vous à l’écoute des signaux positifs (« tout va bien ») envoyés par
votre corps. Notez que l’air abonde, que la respiration se passe très bien. Sentez
votre pouls et sachez que votre cœur bat bien. Percevez votre corps dans sa
totalité et reconnaissez sa vitalité fondamentale – même s’il y a aussi des maux,
des douleurs et des maladies. Focalisez-vous sur les parties de votre corps qui
vont bien même si ce n’est pas le cas d’autres parties. Examinez votre
environnement immédiat et sachez que vous n’êtes pas attaqué, que vous n’allez
pas mourir à cet instant. Observez que la conscience même va bien et qu’elle
n’est jamais affectée par ce qu’elle contient : sachez que vous pouvez observer
de l’inconfort sans être submergé. Encore et encore, enregistrez que vous êtes
bien à cet instant même.
2. Ouvrez-vous au sentiment d’être bien à l’instant même. Continuez à
renouveler ce sentiment, moment après moment, en dépit de toute anxiété.
Ouvrez-vous également à des sentiments associés d’aise, de soulagement, de
calme et de relaxation. Livrez votre esprit au sentiment d’être bien, parfaitement
bien, maintenant. Notez la sensation d’arrière-plan permanente du corps, qui
continue à fonctionner avec une continuité fiable. Sachez ce qu’on ressent
lorsqu’on se sent bien. Vous pourriez incarner cette expérience en expirant avec
une sorte de « ouf, enfin en sécurité ! ». Faites de petites choses pour vous sentir
plus à l’aise, comme mettre un châle si vous frissonnez, et laissez entrer la vague
de sensations agréables qui en résulte.
3. Sentez le fait de vous sentir bien devenir une part de vous-même. Être
fondamentalement bien est votre essence, il n’y a aucune raison de repousser
quoi que ce soit, aucun motif de peur. Toute lutte avec la vie, toute résistance ou
tout désir irrépressible se dissipe.
4. Soyez simultanément conscient de l’expérience d’être bien et de toute
contrariété ou anxiété. Aidez la sensation d’être bien au fond de vous-même
s’infiltrer dans la contrariété ou l’anxiété, l’apaisant, la soulageant et la
relativisant. Sachez que vous irez toujours bien même si vous devez gérer des
choses difficiles. Puis, quand vous le voulez, lâchez tout élément négatif et
demeurez simplement avec le sentiment d’aller bien à l’instant même. À quelques
reprises au cours de l’heure qui suit, soyez uniquement conscient des éléments
neutres ou positifs – comme se sentir bien à l’instant même – tout en portant
l’esprit sur un déclencheur neutre associé au sentiment de contrariété ou
d’anxiété.
Paix
La paix est une sensation globale de sérénité et d’aise, sans besoin de lutter
contre quoi que ce soit. Vous pouvez avoir conscience de dangers ou de défis,
mais aucun désir de fuite ou de combat n’est présent dans votre esprit, aucune
peur ni colère. Vous sentant en paix à l’intérieur, vous êtes pacifique avec les
autres.
1. Notez toute sensation de paix déjà présente dans votre corps ou votre
esprit. La conscience même est paisible, tout comme le rythme de votre
respiration, l’apparition spontanée des visions et la stabilité rassurante d’une
chaise ou d’une table. Créez également la paix en portant l’esprit sur tout ce qui
peut vous aider à vous sentir calme, serein ou tranquille. Peut-être l’image d’un
bébé qui dort, le bruit de vagues sur une plage tropicale, le souvenir incarné
d’une occasion où vous avez été complètement en paix ou le sentiment de
l’immensité imperturbée de l’univers. Vous pourriez aussi activer une sensation
de paix en puisant dans une ou plusieurs des expériences clés ci-dessus, telle la
relaxation ou se sentir bien à l’instant même.
2. Une fois que vous avez trouvé une sensation de paix, ouvrez-vous à elle,
livrez-vous à elle et laissez-la emplir votre cœur. Aidez-la à devenir aussi forte et
durable que possible. Explorez les nuances de sentiments associés tels que le
calme, la tranquillité, l’aise et la sérénité. Soyez pleinement en paix. Si vous le
souhaitez, méditez sur la paix : laissez-la devenir votre objet d’attention et
d’absorption. Incarnez la paix dans la manière dont vous marchez, regardez les
autres, saisissez des objets et parlez.
3. Sentez la paix pénétrer en vous comme vous pénétrez en elle, devenant
une part de vous. Sentez-vous respirer en paix, respirer la paix, être la paix. Il
n’y a aucune raison de résister à quoi que ce soit en vous ou dans le monde.
4. Soyez à la fois conscient de la paix au premier plan de la conscience et
de toute gêne au second plan. Sentez la paix irradier par vagues, se connecter à
tout ce qui est perturbé, l’apaiser et le tranquilliser. La paix pénètre dans les
parties les plus jeunes de votre être qui se sentent effrayées ou en colère. Puis,
quand vous le voulez, lâchez tout élément négatif et demeurez simplement avec
la paix. À quelques reprises au cours de l’heure qui suit, soyez uniquement
conscient des éléments neutres ou positifs – comme une sensation de paix – tout
en portant l’esprit sur un déclencheur neutre associé au sentiment de gêne.
Satisfaction
Plaisir
Il peut sembler dérisoire d’apprécier la saveur d’un pain aux raisins toasté ou
l’humour d’un dessin humoristique, mais ce genre de plaisirs simples apaise les
troubles émotionnels, chasse les idées noires et enrichit la vie. Ils sont aussi
bénéfiques pour la santé, car ils libèrent des endorphines et des opioïdes naturels
qui vous extraient d’états réactifs stressants et épuisants pour vous faire accéder
à des états réceptifs plus heureux. En prime, certains plaisirs – comme danser,
avoir des rapports sexuels, assister à la victoire de son équipe de hockey ou rire
avec des amis – s’accompagnent de sentiments stimulants de vitalité ou de
passion qui améliorent la santé à long terme. Les opportunités de plaisir sont
partout autour de vous, en particulier si vous incluez les petits riens, comme les
scintillements multicolores des minuscules grains de sable d’un trottoir, le bruit
de l’eau qui tombe dans une baignoire, le sentiment de connexion avec un ami
ou le réconfort de voir fonctionner le poêle quand vous devez préparer un repas.
Votre cerveau tente de se raccrocher aux choses agréables, ce qui provoque
un sentiment de stress puisque ces expériences sont par essence fugaces et sans
substance. Dans cette pratique, vous obtenez le meilleur des deux mondes : vous
savourez les plaisirs sans vous y accrocher, ce qui permet de les accroître. De
plus, vous apprenez à laisser les expériences agréables traverser votre esprit sans
chercher à vous agripper à elles de manière réactive.
1. Notez toute sensation de plaisir déjà présente. Passez en revue la vision,
l’ouïe, le goût, le toucher et l’odorat pour trouver des plaisirs au second ou au
premier plan de la conscience. Dans votre esprit, voyez s’il y a des choses
amusantes, intéressantes, ou plaisantes sur le plan esthétique. Créez également
du plaisir en étant bienveillant envers votre corps, en recherchant la beauté, en
riant, en utilisant vos mains pour confectionner des objets, en prenant de belles
photographies ou en faisant l’une de vos activités préférées. Passez une minute
ou une journée à chercher des choses qui vous donnent du plaisir. Explorez en
profondeur vos plaisirs préférés, en ralentissant et en vous focalisant réellement
sur l’expérience.
2. Ouvrez-vous à un plaisir, et aidez-le à durer. Ramenez-le sans cesse sous
le projecteur de l’attention, et lâchez tout ce qui vous fait penser que vous n’êtes
pas autorisé à éprouver ce plaisir. Délectez-vous-en, comme si c’était un
morceau de truffe au chocolat que vous laissiez fondre lentement dans votre
bouche pendant trente secondes. Recevez pleinement le plaisir et laissez-le vous
traverser sans tenter de le retenir. Incarnez cette expérience en vous avançant
vers les sources de plaisir, en pénétrant en elles ou en murmurant de plaisir.
Réfléchissez brièvement à la pertinence du plaisir pour vous, à son importance
dans votre vie.
3. Sentez délibérément ce plaisir pénétrer en vous comme vous pénétrez en
lui. Telle l’eau qui s’infiltre dans le sol, le plaisir devient une part de vous, une
ressource que vous pouvez emporter avec vous partout où vous allez. Sentez le
plaisir s’installer en vous, sans tenter de vous y accrocher. Accueillez le
sentiment qu’à cet instant tout est suffisant et qu’il n’est pas nécessaire d’en
vouloir plus.
4. Soyez à la fois conscient du plaisir et de toute douleur, en maintenant
l’expérience positive de plaisir au premier plan de la conscience. Sentez ces
sentiments de plaisir apaiser et pénétrer toute douleur à l’intérieur. Puis, quand
vous le voulez, lâchez tout élément négatif et demeurez simplement avec la
sensation de plaisir. À quelques reprises au cours de l’heure qui suit, pendant
une douzaine de secondes d’affilée ou plus, soyez uniquement conscient des
éléments neutres ou positifs – comme une sensation de plaisir – tout en portant
l’esprit sur un déclencheur neutre (des personnes, des situations, des idées, etc.)
associé au sentiment douloureux.
Gratitude et joie
Émotions positives
Toute émotion positive est l’occasion d’apprécier la vie et de se sentir satisfait ici
et maintenant. Les émotions positives ont également de nombreux bienfaits pour
la santé physique, y compris renforcer votre système immunitaire, protéger votre
système cardio-vasculaire et augmenter vos chances de vivre vieux.
Comme les attractions d’un vaste parc à thème, la multitude de sentiments
positifs susceptibles d’être explorés et savourés est merveilleuse. Par exemple, le
système de recherche comprend l’intérêt, l’enthousiasme, l’inspiration, le succès,
l’abondance, la gaieté, l’exaltation, la béatitude, l’enjouement, l’émerveillement,
la joie et le sentiment d’être chanceux ou béni. Il existe d’autres sentiments
positifs dans les systèmes d’évitement et d’attachement, tels la quiétude et
l’amour. Comme il y a énormément d’émotions positives différentes, dans la
pratique qui suit, j’utiliserai l’expression « sentiment positif » – vous pouvez la
remplacer à votre guise – et mes suggestions resteront simples et ouvertes.
1. Notez la présence de tout sentiment positif au premier ou au second plan
de votre conscience, ou créez un sentiment positif grâce aux indications du
chapitre 6. Par exemple, songez à un élément qui vous rend heureux dans votre
vie actuelle ou passée.
2. Ouvrez-vous au sentiment positif. Laissez-le vous emplir et s’intensifier.
Demeurez avec lui, aidez-le à durer, faites-lui de la place dans votre esprit.
Trouvez des moyens de l’incarner, par exemple en laissant une expression
adaptée s’emparer de votre visage, en modifiant votre posture ou votre langage
corporel pour qu’ils soient conformes à votre sentiment. Soyez conscient de la
manière dont ce sentiment positif pourrait être pertinent pour vous.
3. Aidez ce sentiment positif à pénétrer en vous, telle la chaleur d’une tasse
de thé chaud qui se répand dans vos mains. Laissez le sentiment positif générer
une sensation de satisfaction, d’épanouissement, de sorte qu’il n’y ait aucune
raison de s’agripper à quoi que ce soit de plus.
4. Soyez à la fois conscient du sentiment positif et d’un sentiment négatif
associé. Par exemple, vous pourriez être simultanément conscient de la gaieté et
de la morosité, de la confiance et du doute, du bonheur et de la tristesse ou de
l’abondance et de la rareté. Focalisez-vous sur le sentiment positif, en reléguant
le sentiment négatif aux coulisses de la conscience. Imaginez ou sentez ce
sentiment positif se connecter à son pendant négatif, peut-être en s’infiltrant en
lui tel un baume apaisant, qui le soulage et le remplace peu à peu. Puis, quand
vous le voulez, lâchez le sentiment négatif et n’expérimentez plus que le positif.
À quelques reprises au cours de l’heure qui suit, soyez uniquement conscient des
éléments neutres ou positifs – comme un sentiment positif – tout en portant
l’esprit sur un déclencheur neutre associé à un sentiment négatif.
Enthousiasme
Je pense que l’idéal dans la vie est de chercher à réaliser ses rêves et de prendre
soin des autres de tout son cœur, sans être stressé ou obnubilé par les résultats.
Quand c’est le cas, vous vivez avec détermination et passion, sans perdre
l’équilibre ni basculer dans la pression, la tension ou l’épuisement. Ce point
idéal est très précieux : par conséquent, imprégnez-vous-en chaque fois que vous
l’expérimentez. Dans la pratique ci-dessous, je désignerai ses divers aspects sous
le terme générique d’« enthousiasme ».
1. Notez quand vous vous sentez enthousiaste, stimulé par un objectif sans
ressentir de stress. Vous pouvez passer un moment agréable avec vos enfants au
déjeuner, faire de la musique avec engouement, vous sentir profondément lié à
vos collègues de travail, être impatient de voir un ami, motivé pour terminer une
séance de sport, désireux de connaître l’origine de l’inquiétude de votre
partenaire, farouchement déterminé à protéger votre enfant d’un tyran ou
vigoureusement engagé à venir à bout d’un projet au travail. Vous pouvez aussi
créer l’enthousiasme en vous rappelant des activités passées. Au fil de votre
journée, cherchez des occasions de permettre et d’encourager un sentiment
d’énergie ou de passion dans des tâches familières, voire en apparence
monotones. Notez toute inhibition que vous inspire la perspective d’être
dynamique, ravi, animé, bruyant ou passionné – peut-être la peur d’être « too
much » pour les autres – et voyez si vous pouvez lâcher ces inhibitions et les
remplacer par votre enthousiasme.
2. Ouvrez-vous à l’enthousiasme, explorez les sensations qu’il vous inspire
et prolongez-le. Aidez-le à s’intensifier et percevez-le dans votre corps.
Savourez-le. Constatez que vous pouvez vous soucier d’un objectif sans tomber
dans le besoin effréné de vous surpasser ni dans la contrariété. Explorez le
sentiment de pouvoir travailler dur pour atteindre un objectif tout en étant
satisfait d’avoir fait tout ce que vous pouviez, peu importe le résultat. Incarnez
votre enthousiasme en le révélant aux autres, en laissant votre visage s’illuminer,
voire en bougeant ou en parlant plus vite.
3. Sentez délibérément cet enthousiasme vous imprégner, sentez-vous
devenir naturellement plus enthousiaste en tant que personne. Enregistrez
réellement le sentiment du point idéal, cette énergie qui vous pousse à atteindre
un but sans être stressé par son résultat. Imprégnez-vous de la sensation d’être
engagé avec enthousiasme dans le présent sans être accroché à une issue à
venir. Accueillez à la fois le contentement et la vitalité.
4. Soyez conscient de l’enthousiasme et des idées noires (ou de sentiments
associés d’apathie, de dépression, d’ennui ou d’engourdissement). (À un autre
moment, vous pourriez être conscient de l’enthousiasme et du besoin effréné de
vous surpasser, ou des sentiments associés de pression, de compulsion et
d’inquiétude liés à un objectif.) Continuez à renforcer l’enthousiasme. Sentez
l’enthousiasme revitaliser les idées noires, se connectant et dynamisant des
parties de vous qui se sentaient engourdies ou réprimées. Sentez l’enthousiasme
se répandre en vous, correspondre de plus en plus à votre façon d’être. Puis,
quand vous le voulez, lâchez toute idée noire et n’éprouvez que l’enthousiasme.
À quelques reprises au cours de l’heure qui suit, soyez uniquement conscient des
éléments neutres ou positifs – comme une sensation d’enthousiasme – tout en
portant l’esprit sur un déclencheur neutre (des personnes, des situations, des
idées, etc.) associé aux idées noires.
Contentement
Par Se sentir pris en considération, j’entends inclus, vu, apprécié ou aimé. Même
si la considération dont vous bénéficiez n’est pas parfaite, essayez d’éprouver le
bien qu’elle recèle. Ma mère, qui m’aimait de tout son cœur, l’exprimait souvent
en m’incitant à mieux faire, ce qui pouvait être assez agaçant. Finalement, je me
suis rendu compte que je pouvais dépasser cet aspect superficiel de sa
personnalité pour percevoir l’amour qu’il dissimulait, comme si je distinguais un
feu chaleureux à travers un écran de plantes grimpantes, de feuilles et d’épines.
Je l’ai fait parce que c’était bon pour moi, mais également pour renforcer la paix
entre nous.
1. Notez dans quelle mesure vous vous sentez déjà inclus, vu, apprécié ou
aimé. À l’arrière-plan de la conscience, peut-être avez-vous le sentiment
d’appartenir à un couple, une famille ou une équipe de travail. Vous pouvez
aussi créer un sentiment de considération. Rappelez-vous une occasion où vous
avez fait partie d’un groupe, où vous vous êtes senti compris ou aimé. Portez
l’esprit sur un ou plusieurs êtres qui se soucient de vous. Il peut s’agir d’une
personne, d’un groupe, d’un animal de compagnie, voire d’un être ou d’une
force spirituelle. La relation n’a pas à être parfaite, mais le gâteau inclut au
moins une part de considération pour vous. Si de la tristesse ou des éléments
associés au sentiment de ne pas être pris en considération surgissent, demeurez
quelque temps en leur présence, puis tâchez de ramener votre attention sur des
occasions où vous avez réellement été pris en considération.
2. Ouvrez-vous au sentiment d’être pris en considération. Laissez-le emplir
votre esprit et votre cœur et devenir aussi intense que possible. Demeurez avec
lui, aidez-le à durer, offrez-lui un sanctuaire dans votre esprit. Explorez
différents aspects de cette expérience, notamment ce qui distingue « se sentir
inclus » de « se sentir aimé ». Que ressentez-vous quand vous sentez que vous
comptez pour quelqu’un ou que vous êtes chéri ? Vous pourriez incarner cette
expérience en posant une main sur votre cœur ou votre joue : vous pourriez
imaginer qu’un être aimant vous touche délicatement. Demandez-vous pendant
quelques instants dans quelle mesure être pris en considération est important ou
pertinent pour vous.
3. Sentez délibérément le sentiment d’être pris en considération pénétrer en
vous. Notez toute difficulté à laisser entrer un aspect particulier de cette
expérience, comme se sentir apprécié ou aimé, puis essayez de vous ouvrir
davantage à lui. Quand vous vous sentez pris davantage en considération au
plus profond de vous-même, voyez si vous pouvez lâcher tout attachement dans
vos relations.
4. Soyez conscient du sentiment d’être pris en considération et du sentiment
de ne pas l’être. Maintenez l’expérience positive au premier plan de la
conscience. Sentez la considération toucher des parties de vous qui se sont
senties exclues, non vues, mal appréciées ou mal aimées, et qu’elle les apaise ou
les comble. La considération ne change pas ce qui s’est produit, mais elle peut
soulager les douleurs du passé. Les vieilles blessures, y compris de l’enfance,
sont peu à peu remplacées par la sensation que d’autres personnes vous
prennent en compte. Puis, quand vous le voulez, lâchez tout élément négatif et
demeurez simplement avec le sentiment d’être pris en considération. À quelques
reprises au cours de l’heure qui suit, soyez uniquement conscient des éléments
neutres ou positifs – comme un sentiment de considération – tout en portant
l’esprit sur un déclencheur neutre (des personnes, des situations, des idées, etc.)
associé au sentiment de ne pas être pris en considération.
Se sentir valorisé
Les animaux sociaux que nous sommes ont profondément besoin de se sentir
valorisés plutôt qu’exclus, rejetés, humiliés, insultés, méprisés ou dédaignés.
Enfant, nous recherchons l’amour de nos parents, les éloges de nos professeurs
et la reconnaissance de nos pairs. Adultes, nous aimons nous sentir attirants aux
yeux de partenaires potentiel(le)s, appréciés par notre compagne/compagnon,
respecté par nos collègues et notre direction, et appréciés à notre juste valeur par
notre famille. Quand ces besoins normaux ne sont pas satisfaits, il est naturel de
développer un sentiment d’inaptitude entremêlé de blessures et de colère, et des
tendances extrêmes à l’attachement ou à la distance dans les relations. À
l’inverse, quand nos besoins sont satisfaits à travers des expériences de
valorisation, nous développons un sentiment sain d’estime de soi, qui,
paradoxalement, encourage l’humilité et la générosité.
1. Notez la présence d’un sentiment de valorisation ou de reconnaissance
dans votre conscience, puis les raisons de son apparition, par exemple des
éloges ou des marques de respect. Créez des expériences de valorisation en vous
souvenant d’une occasion où vous avez été complimenté ou reconnu ; où vous
saviez que vous étiez apprécié, peut-être pour votre contribution ou votre
générosité ; où vous avez été voulu, recherché ou choisi. Songez à valoriser les
autres, mais sans forcément le montrer. De même, certaines personnes peuvent
vous valoriser sans vous le montrer. Par conséquent, appliquez un coefficient de
correction en percevant de manière plus intuitive la valeur que vous accordent
les autres. Élargissez votre notion de valorisation pour inclure les gens qui
pensent l’une des choses suivantes de vous : heureusement que tu étais là ; tu
m’as aidé ; je suis heureux que tu sois dans ma vie ; tu es doué pour ça ; tu es
intéressant et talentueux ; l’équipe est meilleure avec toi ; tu apportes quelque
chose ; tu n’es pas commun ; je te respecte. Cherchez de petits signes montrant
que les autres vous apprécient.
2. Quand vous vous sentez valorisé, ouvrez-vous à cette expérience.
Explorez ses différents aspects. Aidez-la à durer et à s’intensifier. Par exemple,
imaginez un groupe d’amis et de parents qui vous encourage bruyamment, vous
applaudit et vous félicite. Imaginez que vous vous parliez à vous-même de
manière prévenante, comme à un ami qui se sent rejeté, médiocre ou raté ; ou
que vous vous décriviez fermement ce que vous avez fait d’important pour les
autres et vos qualités incontestables. Incarnez un sentiment de valorisation en
vous asseyant ou en traversant une pièce avec dignité, comme quelqu’un qui
apporte quelque chose.
3. Sentez le sentiment de valorisation pénétrer en vous, se répandre dans
votre esprit telle une bruine dorée. Laissez la sensation d’avoir de la valeur,
d’être précieux, croître en vous. Imaginez-vous avec cette sensation au travail,
chez vous ou dans une relation importante : laissez-la pénétrer en vous et
laissez-vous la pénétrer. Plus elle pénètre profondément en vous, plus le besoin
d’impressionner les autres ou de faire vos preuves se dissipe.
4. Soyez à la fois conscient de la sensation de valorisation et de tout
sentiment d’inaptitude (ou élément associé de petitesse, d’inutilité ou de honte).
Refocalisez-vous en permanence sur la sensation d’être valorisé, voulu, digne.
Sentez cette sensation d’être apprécié, respecté, voire précieux se connecter à
des sentiments d’inaptitude, apaisant toute douleur ancienne, vous rassurant au
plus profond de vous-même et remplaçant peu à peu l’inaptitude par l’estime de
soi. Laissez la sensation d’être valorisé toucher des parties de votre être qui se
sont senties dévalorisées, exclues, dédaignées, rejetées. Puis lâchez tout élément
négatif et focalisez-vous seulement sur les sensations d’estime de soi. À quelques
reprises au cours de l’heure qui suit, soyez uniquement conscient des éléments
neutres ou positifs – comme un sentiment de valorisation – tout en portant
l’esprit sur un déclencheur neutre associé au sentiment d’inaptitude.
Compassion et bienveillance
La compassion, qui consiste à souhaiter qu’un être vivant ne souffre pas, est
généralement liée aux sentiments de préoccupation compatissante. La
bienveillance, qui consiste à souhaiter qu’un être soit heureux, est plus souvent
liée à des sentiments chaleureux. Au quotidien, les deux se confondent souvent –
avec des sentiments associés d’amabilité, de cordialité et de soutien –, de sorte
que nous les examinerons ensemble. Bien que la compassion puisse susciter une
légère tristesse – ce qui est tout à fait normal –, la pratique proposée ci-dessous
peut aussi activer des centres de la récompense dans votre cerveau et vous
permettre d’éprouver le sentiment plus vaste de sa douceur et de sa beauté.
1. Notez la présence d’un sentiment de compassion ou de bienveillance
dans la conscience. Il est aussi possible de créer cette expérience en songeant à
une personne, un groupe ou un animal de compagnie auquel vous tenez.
Souhaitez-leur peut-être du bien, par exemple en vous disant : « Puissiez-vous
être en paix. »
2. Ouvrez-vous à la compassion et à la bienveillance. Laissez ces
sentiments emplir votre esprit et votre cœur, en s’intensifiant. Livrez-vous à eux
et aidez-les à durer. Explorez votre poitrine près de votre cœur et imaginez de la
chaleur s’y répandre. Songez à un ami et envoyez-lui de la compassion et de la
bienveillance, peut-être en vous disant les choses suivantes : « Que tu connaisses
la sécurité, la santé, le bonheur et l’aise. » Essayez la même chose avec d’autres
types de personnes, y compris que vous appréciez réellement, qui vous sont
neutres, comme des étrangers dans la rue, et peut-être même qui vous ont
malmené. Vous pouvez étendre votre chaleur et vos souhaits aux gens que vous
ne connaîtrez jamais, en laissant votre compassion et votre bienveillance
irradier jusqu’à inclure le monde entier. Voyez ce que vous ressentez quand vous
souhaitez du bien à tous les êtres vivants, y compris les animaux et les plantes.
Incarnez la compassion et la bienveillance en murmurant des paroles de
réconfort, comme si vous vous adressiez à un ami qui souffre ou, si cela vous
semble approprié, en tendant les bras comme si vous berciez ou étreigniez
quelqu’un.
3. Laissez la compassion et la bienveillance vous pénétrer comme la
chaleur du soleil pénètre votre peau. Faites de la place en vous pour ces
sentiments. Accueillez davantage de bienveillance et de compassion et, ce
faisant, laissez toute colère ou rancœur envers les autres se dissiper.
4. Soyez conscient de la compassion et de la bienveillance et de toute
indifférence ou rancœur envers les autres (ou de sentiments associés dont la
jalousie, l’envie, la colère, le ressentiment ou la vengeance). Continuez à
alimenter votre chaleur, en la sentant se connecter à toute indifférence ou
rancœur et l’infuser peu à peu. Laissez la compassion et la bienveillance
atteindre toute colère en vous. Voyez ce que cela fait de voir quelqu’un tel qu’il
est, tout en ayant de la compassion et de la bienveillance pour lui. Voyez ce que
cela fait de savoir que quelqu’un vous a malmené, de vouloir justice, tout en lui
souhaitant de ne pas souffrir, mais d’être réellement heureux. Sentez la
compassion et la bienveillance pénétrer dans toutes les parties de votre être qui
se sont senties fermées ou froides envers les autres, en les desserrant, en les
remplissant et en les réchauffant. Puis lâchez tout élément négatif et ressentez
simplement la compassion et la bienveillance. À quelques reprises au cours de
l’heure qui suit, soyez uniquement conscient des éléments neutres ou positifs –
comme un sentiment de compassion et de bienveillance – tout en portant l’esprit
sur un déclencheur neutre associé à l’indifférence ou à la rancœur.
Autocompassion
Il est normal d’avoir des besoins et des désirs dans nos relations. Si nous ne les
exprimons pas, ils ont peu de chance d’être satisfaits. Mais si nous cherchons à
les imposer sans prendre en compte l’autre, ils ont aussi peu de chance d’être
satisfaits, en particulier au fil du temps. L’affirmation de soi compatissante est
l’association du cœur et de la force, qui sont les piliers jumeaux des relations
saines. C’est elle qui vous permet d’agir avec intégrité et de souhaiter du bien
aux autres tout en prenant soin de vous-même. Vous maintenez vos frontières
tout en disant ce que vous avez à dire, et en le répétant si nécessaire. Vous
pouvez communiquer avec dignité et gravité sans vous laisser happer par de
vaines querelles. Vous êtes aimant, sans renoncer à vos droits ou vous faire
exploiter. Chaque fois que vous vous imprégnez de l’association de la
compassion et de l’affirmation de soi, vous approfondissez votre capacité à être
direct, dévoilé et libre avec les autres. Et plus vous vous sentez fort, indépendant
et autonome, plus vous êtes à l’aise dans les profondeurs de l’intimité.
1. Notez tout sentiment d’affirmation de soi déjà présent dans la
conscience. Au fil de votre journée, soyez attentif aux occasions où vous êtes
clair, ferme ou persuasif, aux occasions où vous vous exprimez pleinement.
Notez ce que vous ressentez dans ces moments-là, en particulier quand cela fait
du bien. Notez qu’en général votre assurance ne pose pas de problème aux
autres. En particulier, soyez conscient des moments où la bienveillance et la
force sont toutes deux présentes dans votre cœur, de ce que vous ressentez dans
ces moments-là et des résultats sur vos relations. Vous pouvez aussi créer une
combinaison de compassion et d’affirmation de soi. Rappelez-vous une occasion
où vous vous êtes senti à la fois bienveillant et fort. Ou imaginez que vous
adoptiez cette attitude dans une relation. Vous pourriez songer à une personne
que vous aimez et respectez, qui reste fondamentalement elle-même tout en se
montrant aimante, puis imaginer ce que vous ressentiriez si vous lui ressembliez
un peu plus.
2. Prolongez la prévenance et l’affirmation de soi. Laissez ce sentiment
vous emplir les bras, la poitrine et le visage. Respirez profondément. Aidez ce
sentiment à grandir à l’intérieur. Défendez votre droit à vous défendre. Sachez
que vous avez des droits, et que le bonheur des autres dépend principalement
d’eux, pas de vous. Rappelez-vous ou imaginez la sensation d’être à la fois
aimant envers quelqu’un et de vous exprimer pleinement. Pour incarner cette
expérience, laissez la dignité et l’autorité s’emparer de votre visage et de votre
voix tout en étant prévenant et bienveillant.
3. Laissez le sentiment d’affirmation de soi compatissante pénétrer en vous.
Laissez-vous vous remodeler autour de cette nouvelle façon d’être. Plus vous
vous sentez détendu et indépendant dans vos relations, mais également
compatissant, plus vous êtes en paix avec les autres, centré et équilibré. Laissez
tout sentiment de manque ou de conflit se dissiper.
4. Soyez à la fois conscient de l’affirmation de soi compatissante et de toute
sensation de faiblesse dans des relations (ou d’être piétiné, dominé, réduit au
silence ou marginalisé). Maintenez la combinaison de force et de prévenance au
premier plan de votre conscience, en la connectant peu à peu à tout sentiment de
faiblesse au second plan. Laissez la force nourrissante atteindre et toucher des
parties de votre être, y compris les plus jeunes, qui se sentent faibles ou
dépassées. Puis, quand vous le voulez, lâchez tout élément négatif et demeurez
avec l’affirmation compatissante. À quelques reprises au cours de l’heure qui
suit, soyez uniquement conscient des éléments neutres ou positifs – comme un
sentiment d’affirmation compatissante – tout en portant l’esprit sur un
déclencheur neutre associé au sentiment de faiblesse dans les relations.
Amour
C omme vous l’avez sans doute remarqué, s’imprégner de ce qui est bon peut
être très efficace pour chacun d’entre nous. Mais les implications de cette
pratique dépassent l’individu pour toucher le plus vaste monde.
Le mode réactif du cerveau nous a été très utile au cours de l’essentiel de
notre histoire, mais aujourd’hui il stresse la planète entière. Pendant plus de
99 % des 60 millions d’années écoulés, nos ancêtres humains et primates ont
vécu dans de petits groupes de chasseurs-cueilleurs au sein desquels se maintenir
en vie exigeait de s’identifier à « nous » et de se méfier d’« eux », voire de les
attaquer. À présent, ces tendances réactives alimentent des conflits entre groupes
politiques, ethniques et religieux, ou des tensions et des agressions entre nations.
Même s’il s’agit d’un cliché, il n’en demeure pas moins alarmant : nous avons
équipé un cerveau de l’âge de la pierre d’armes nucléaires. En parallèle, le mode
réactif, apeuré, avide et égocentrique encourage une forme de prédation des
ressources limitées de la terre, qui provoque la déforestation, des extinctions de
masse et le réchauffement climatique.
Les conditions objectives de la vie de nos ancêtres primates et humains
faisaient régulièrement basculer leur cerveau dans le rouge. Ils n’avaient aucun
moyen de satisfaire de manière systématique et fiable leurs besoins
fondamentaux de sécurité, de satisfaction et de connexion. Mais l’espèce
humaine dispose désormais des ressources et des savoir-faire nécessaires pour
protéger, nourrir et prendre soin de chaque individu. Nous pourrions le faire si
nous le voulions. Cette possibilité ne s’est jamais offerte auparavant et il faut du
temps pour qu’elle pénètre. La manière dont nous gérons cette réalité sans
précédent sera l’enjeu central des prochains siècles, voire millénaires.
Pour saisir cette opportunité, nous ne pouvons pas nous contenter
d’améliorer les conditions externes, comme l’accès à l’eau potable ou à
l’éducation, aussi importants soient-ils. Depuis au moins une génération, il est
devenu possible de subvenir aux besoins fondamentaux de chaque individu.
Pourtant, cela n’a pas été fait, et la pauvreté et l’injustice sont encore
omniprésentes dans le monde. Même dans des pays développés, beaucoup de
peur, de frustration et de chagrin persistent au quotidien. Compte tenu de notre
penchant négatif, nous devons aussi améliorer les conditions internes, au cœur
du cerveau, en renforçant des forces intérieures et un sentiment profond de
satisfaction de nos besoins fondamentaux. Nous deviendrons alors moins
vulnérables aux manipulations commerciales et politiques, dont l’efficacité
repose uniquement sur le sentiment sous-jacent de manque ou de perturbation.
Imaginez un monde dans lequel un nombre décisif de cerveaux humains –
100 millions ? un milliard ? plus ? – passerait l’essentiel, sinon la totalité du
temps, sur le mode réceptif. Il finirait par y avoir un point de bascule, une
altération qualitative du cours de l’histoire humaine. Les gens continueraient à
verrouiller leur porte la nuit, à chercher à faire des bénéfices, à s’opposer et à se
concurrencer. Ils continueraient à avoir besoin de valeurs et de vertus pour les
guider. Mais les feux intérieurs ancestraux de la peur, de la frustration et du
chagrin seraient contenus ou éteints, faute de carburant. Souvenez-vous de ce
que vous ressentez quand vous expérimentez un sentiment fondamental de paix,
de contentement et d’amour. Souvenez-vous de ce que vous ressentez quand
vous êtes entouré de personnes qui éprouvent également cet état d’être. Imaginez
à quoi ressembleraient votre famille, votre travail et votre communauté si la
plupart des gens étaient centrés sur le mode réceptif, le réglage vert du cerveau.
Faites un pas de plus et imaginez comment les entreprises traiteraient leurs
salariés, comment les gouvernements fonctionneraient et comment les nations se
traiteraient entre elles.
Ce n’est pas une utopie. Le mode réceptif du cerveau est notre demeure,
notre base. Pour notre bien et celui des enfants de nos enfants, j’espère que nous
nous accueillerons bientôt chez nous.
Remerciements
S ’imprégner de ce qui est bon est une pratique naturelle. Qui n’a jamais passé
une dizaine de secondes à apprécier et à assimiler une expérience positive ?
Pourtant, comme d’autres pratiques courantes telles que la gratitude et le pardon,
celle-ci n’a attiré l’attention que récemment. J’ai exploré avec plaisir les
recherches sur les saveurs de Fred Bryant, Nancy Fagley, Joseph Veroff, Jordi
Quoidbach, Erica Chadwick, et le travail sur la thérapie de cohérence de Bruce
Ecker, Laurel Hulley, Brian Toomey, Robin Ticic. De manière plus générale, je
me suis inspiré d’un siècle de travaux en psychologie humaniste et positive, des
sources qui incluent Abraham Maslow, Roger Walsh, Martin Seligman, Chris
Peterson, Nansook Park, Shauna Shapiro, Barbara Fredrickson, Sonja
Lyubomirsky, Michele Tugade, Todd Kashdan, Dacher Keltner, Roberts
Emmons, Michael McCullough et Wil Cunningham. S’imprégner de ce qui est
bon n’est pas mon invention. J’ai tenté de comprendre son importance à la
lumière de notre penchant négatif et de développer des moyens systématiques de
transformer des expériences positives fugaces en structures neuronales durables.
J’ai eu la chance d’être entouré d’une multitude de bienfaiteurs. Bien qu’ils
soient trop nombreux pour être nommés, j’aimerais au moins en honorer
certains, dont James Baraz, Tara Brach, Jack Kornfield, Joseph Goldstein,
Dacher Keltner, et tous les membres du Greater Good Science Center de UC
Berkeley, Gil Fronsdal, Phillip Moffit, Wes Nisker, Mark Williams, Dan Siegel,
Tom Bowlin, Richard Davidson, Andu Olendzki et Mu Soeng du Barre Center
for Buddhist Studies, Saybrook University, Spirit Rock Meditation Center, Life
and Mind Institute, Peter Bauman, les membres du San Rafael Meditation
Gathering. Terry Patten, Daniel Ellenberg, Rick Mendius, Tami Simon et
l’ensemble des collaborateurs de Sound True, Marci Shimoff, Suzanna Gratz,
Julie Benett et l’ensemble des collaborateurs de New Harbinger Publications,
Andy Dreitcer, Michael Hagerty et Linda Graham.
Michelle Keane est restée une formidable amie et directrice commerciale
alors qu’elle portait, puis élevait un beau bébé. Marion Reynolds a géré mes
besoins administratifs tardifs avec prévenance et compétence. Janelle Caponigro
a déployé des talents extraordinaires pour les recherches sur mon cours consacré
à ce qui est bon. Malgré des délais extrêmement courts, Kerri McGowan a fait
naître l’ordre du chaos dans les Notes et Références et la Bibliographie. Vesela
Simic a accompli un travail formidable sur les témoignages du livre et Michael
Taft m’a sauvé la mise avec ses remarques, ses corrections et ses conseils
habiles. Laurel Hanson, Stacia Trask, Daniel Ellenberg, Linda Graham et Risa
Kaparo ont fait une lecture attentive du manuscrit et proposé de nombreuses
suggestions utiles : un merci particulier à Laurel pour le mot « Lien » de la
quatrième étape pour s’imprégner de ce qui est bon. En plus d’avoir du cœur,
mon agent, Amy Rennert, maîtrise parfaitement son art : Michael Jordan est
l’Amy Rennert du basket-ball. Ma relectrice chez Crown, Heather Jackson, a su
déployer un merveilleux mélange d’encouragement, de cordialité et d’acuité :
j’ai eu grand plaisir à travailler avec l’équipe de Crown, dont Jillian Sanders,
Lisa Erickson, Meredith McGinnis, Sigi Nacson et Rick Willett.
Mon père, William ; ma sœur Lynne et son époux, Jim ; ainsi que mon frère
Keith et sa femme, Jenny, sont des amis autant que des parents. Bien entendu, je
n’oublie pas ma femme, mon fils et ma fille – Jan, Forrest et Laurel –, qui me
rendent heureux chaque fois que je les vois : merci de m’aimer.
Je vous remercie tous du fond du cœur de m’avoir permis de m’imprégner
d’au moins une partie des bienfaits que vous m’avez si généreusement offerts.
Notes et références
AU JARDIN
trois manières principales de gérer son esprit : il y a une quatrième option – transcender l’esprit –
qui consiste à sortir complètement du cadre de l’esprit et du cerveau, en se connectant à quelque chose de
divin, de spirituel ou de non défini, si cela a un sens pour vous (c’est mon cas). Bien entendu, par définition,
ce n’est pas un moyen de gérer l’esprit même. Je m’inclinerai donc devant cette possibilité, mais resterai
dans le cadre du monde naturel dans ce livre.
PLASTICITÉ NEURONALE
sculpe lentement mais sûrement la structure neuronale : Eric R. Kandel, In Search of Memory :
The Emergence of a New Science of Mind (New York, W. W. Norton & Company, 2007) ; Joseph E.
LeDoux, Synaptic Self : How Our Brains Become Who We Are (New York, Penguin Books, 2003).
les gènes à l’intérieur des neurones s’allument et s’éteignent : Victoria Ho et al., « The Cell
Biology of Synaptic Plasticity », Science, 334 (2011) : 623-628 ; D. Feldman, « Synaptic Mechanisms for
Plasticity in Neocortex », Annual Review of Neuroscience, 32 (2009) : 33-55 ; Gianluigi Mongillo et al.,
« Synaptic Theory of Working Memory », Science, 319 (2008) : 1543-1546.
Toute activité mentale : Glen O. Gabbard, « A Neurobiologically Informed Perspective on
Psychotherapy », British Journal of Psychiatry, 177 (2000) : 117-122 ; Kandel, In Search of Memory.
En revanche, si l’activité mentale est intense, prolongée ou répétée : Kandel, « A New Intellectual
Framework for Psychiatry », American Journal of Psychiatry, 155 (1998) : 457-469.
les chauffeurs de taxi de Londres : Eleanor Maguire et al., « Navigation-Related Structural Change
in the Hippocampi of Taxi Drivers », National Academy of Sciences, 87 (2000) : 4398-4403.
les méditants de pleine conscience : au-dessus du tronc cérébral, bien qu’il n’y ait qu’un
hypothalamus et une glande pituitaire, la plupart des parties du cerveau fonctionnent par paires, une à
gauche et une à droite, y compris l’hippocampe et l’insula. Malheureusement, les neurosciences parlent de
ces paires au singulier (l’hippocampe), une convention qui prête à confusion, mais que je suivrai ici.
les aires préfrontales qui contrôlent l’attention : Eileen Luders et al., « The Underlying Anatomical
Correlates of Long-Term Meditation : Larger Hippocampal and Frontal Volumes of Gray Matter »,
NeuroImage, 45 (2009) : 672-678 ; Sara Lazar et al., « Meditation Experience Is Associated with Increased
Cortical Thickness », Neuroreport, 16 (2005) : 1893-1897.
l’insula : Britta Holzel et al., « Investigation of Mindfulness Meditation Practitioners with Voxel-
Based Morphometry », Social Cognitive and Affective Neuroscience, 3 (2008) : 55-61 ; Lazar et al.,
« Meditation Experience ».
l’hippocampe : Luders et al., « Anatomical Correlates of Long-Term Meditation » ; Holzel et al.,
« Investigation of Mindfulness Meditation ».
des gènes qui apaisent les réactions de stress : Jeffery Dusek et al., « Genomic Counter-Stress
Changes Induced by the Relaxation Response », PLoS One, 3 (2008) : e2576.
VELCRO ET TEFLON
Plus vous remontez dans le temps : Daniel L. Schachter, The Seven Sins of Memory : How the Mind
Forgets and Remembers (New York, Houghton Mifflin Harcourt Books, 2002).
où sont stocké[e]s la plupart de vos forces intérieures : les forces intérieures comme les sentiments
d’inaptitude, etc. qui ne relèvent pas de l’apprentissage et de la mémoire – en d’autres termes, qui ne sont
pas acquis – sont basés sur des caractéristiques et des tendances innées, déterminées par la génétique.
Malheureusement, un penchant négatif affecte : pour des références sur les affirmations de ce
paragraphe, voir Baumeister et al., « Bad Is Stronger Than Good » ; Rozin and Royzman, « Negativity
Bias ».
en sentiment d’impuissance : Seligman, Learned Optimism (New York, Vintage, 2006). Trad. La
Force de l’optimisme, Paris, InterEditions, 2008.
un des facteurs majeurs de la dépression : Seligman, Learned Optimism.
EFFORTS VAINS
C’est la principale faiblesse : certaines psychothérapies sont de notables exceptions, notamment le
focusing (Eugene T. Gendlin, Focusing [New York, Random House, 1982]), l’EMDR (Deborah L. Korn et
Andrew M. Leeds, « Preliminary Evidence of Efficacy for EMDR Resource Development and Installation
in the Stabilization Phase of Treatment of Complex Posttraumatic Stress Disorder », Journal of Clinical
Psychology, 58, no. 12 [2002] : 1465-1487) ; la thérapie de cohérence (Toomey et Ecker, « Competing
Visions » ; Ecker et Toomey, « Depotentiation of Symptom-Producing Implicit Memory in Coherence
Therapy ») ; et le broad minded affective coping (Nicholas Terrier, « Broad Minded Affective Coping
[BMAC] : A “Positive” CBT Approach to Facilitating Positive Emotions », International Journal of
Cognitive Therapy, 31, no. 1 [2010] : 65-78.)
Pour ce modèle, j’ai adapté le travail influent de Paul MacLean : Paul D. MacLean, The Triune
Brain in Evolution : Role in Paleocerebral Functions (New York, Springer, 1990).
Jaak Panksepp : Jaak Panksepp, Affective Neuroscience : The Foundations of Human and Animal
Emotions (New York : Oxford University Press, 1998) ; Panksepp, « Affective Consciousness : Core
Emotional Feelings in Animals and Humans », Consciousness & Cognition, 14, no. 1 (2005) : 30-80 ;
Jeffrey Burgdorf et Panksepp, « The Neurobiology of Positive Emotions », Neuroscience and Biobehavioral
Reviews, 30 (2006) : 173-187.
Stephen Porges : Stephen W. Porges, The Polyvagal Theory : Neurophysiological Foundations of
Emotions, Attachment, Communication, and Self-Regulation (New York, W.W. Norton & Company, 2011).
Paul Gilbert : Paul Gilbert, « Introducing Compassion-Focused Therapy », Advances in Psychiatric
Treatment, 14 (2009) : 199-208.
E. Tory Higgins : E. Tory Higgins, « Beyond Pleasure and Pain », American Psychologist, 52, no. 12
(1997) : 1280-1300.
LE MODE RÉCEPTIF
quand votre cerveau n’est pas perturbé : Porges, The Polyvagal Theory.
Des systèmes neurochimiques impliquant l’ocytocine : Waguih William IsHak et al., « Oxytocin’s
Role in Enhancing Well-Being : A Literature Review », Journal of Affective Disorders, 130, no. 1 (2011) :
1-9 ; Inga D. Neumann, « Brain Oxytocin : A Key Regulator of Emotional and Social Behaviours in Both
Females and Males », Journal of Neuroendocrinology, 20 (2008) : 858-865.
des opioïdes naturels : Pawel K. Olszewski et al., « Oxytocin as Feeding Inhibitor : Maintaining
Homestasis in Consummatory Behavior », Pharmacology Biochemistry and Behavior, 97 (2010) : 47-54 ;
Esch and Stefano, « The Neurobiology of Stress Management ».
des régions telles que le cortex cingulaire subgénual : Hugo D. Critchley et Yoko Nagai, « How
Emotions Are Shaped by Bodily States », Emotion Review, 4, no. 2 (2012) : 163-168.
et des réseaux neuronaux : Critchley, « Neural Mechanisms ».
Dans cet état, vous vous sentez souvent : Critchley, « Neural Mechanisms ».
Les mammifères, dont les humains : Panksepp, Affective Neuroscience.
QU’IL EST BON D’ÊTRE CHEZ SOI
Nos ancêtres ont développé cette configuration : Ilia Karatsoreos et Bruce McEwen,
« Psychobiological Allostasis : Resistance, Resilience, and Vulnerability », Trends in Cognitive Sciences,
15, no. 12 (2011) : 576-584 ; Porges, The Polyvagal Theory ; Esch et Stefano, « The Neurobiology of Stress
Management » ; Panksepp, « Affective Consciousness » ; Panksepp, Affective Neuroscience.
Par exemple, les endorphines : Esch et Stefano, « The Neurobiology of Stress Management ».
Contrairement aux processus pathogènes : Craig M. Becker et al., « Salutogenesis 30 Years Later :
Where Do We Go From Here ? », International Electronic Journal Health Education, 13 (2010) : 25-32.
Les expériences de type réceptif préparent votre esprit : Critchley, « Neural Mechanisms ».
votre hypothalamus est moins actif : Olszewski et al., « Oxytocin as Feeding Inhibitor » ; Panksepp,
Affective Neuroscience.
cessent peu à peu : demeurer dans le mode réceptif tout en ressentant en notre fort intérieur que nos
besoins fondamentaux sont satisfaits n’est pas l’illumination en soi. Pour cela, je pense qu’il faut aussi une
compréhension de soi, une vertu, une bienveillance et peut-être une grâce profondes. Mais le
« désamorçage » des « feux » neuropsychologiques de la haine et de l’avidité (pour employer des termes
bouddhistes), mais également de la peine – dans les systèmes d’évitement, de recherche et d’attachement –,
facilite et ouvre la voie à un véritable engagement dans une pratique spirituelle ou religieuse et à la
réalisation des plus fortes potentialités humaines.
Il reste toujours des défis à affronter, des rivalités et des conflits continuent d’apparaître :
Douglas P. Fry, « Life Without War », Science, 336 (2012) : 879-884.
LE MODE RÉACTIF
l’autre configuration de votre cerveau : je me réfère aux modes réceptif et réactif du cerveau de
manière dichotomique, conformément aux distinctions catégorielles faites par les spécialistes en référence
aux activations homéostatique/allostatique et sympathique/parasympathique. Or, dans la biologie complexe
et tortueuse des vrais animaux, dont les humains, ces distinctions deviennent plus floues en ce sens qu’à
tout moment il peut y avoir un mélange de processus homéostatiques-réceptifs et allostatiques-réactifs.
Mais, en général, ces catégories restent exactes et utiles. Dans la langue de la théorie des systèmes, les
modes réceptifs et réactifs sont des « attracteurs étranges » globaux.
les ressources corporelles sont ponctionnées : Bruce McEwen et Peter Gianaros, « Central Role of
the Brain in Stress and Adaptation : Links to Socioeconomic Status, Health, and Disease », Annals of the
New York Academy of Sciences, 1186 (2010) : 190-222.
Le mode réceptif est le rythme naturel : McEwen et Gianaros, « Central Role of the Brain in Stress
and Adaptation » ; Robert Sapolsky, Why Zebras Don’t Get Ulcers (New York, Holt Paperbacks, 2004).
Le simple fait de pénétrer dans la zone rouge : Esch et Stefano, « The Neurobiology of Stress
Management ».
Même si les expériences négatives sont désagréables : McEwen et Gianaros, « Stress- and
Allostasis-Induced Brain Plasticity ».
Tous ces éléments placent le cerveau en alerte rouge. : McEwen et Gianaros, « Central Role of the
Brain in Stress and Adaptation » ; Critchley, « Neural Mechanisms ».
Par conséquent, si le mode réactif : Esch et Stefano, « The Neurobiology of Stress Management ».
Quand vous passez au rouge : Esch et Stefano, « The Neurobiology of Stress Management ».
elles sont des facteurs de risques de la dépression : Byung Kook Lim et al., « Anhedonia Requires
MC4R-Mediated Synaptic Adaptations in Nucleus Accumbens », Nature, 487 (2012) : 183-189.
De nombreux troubles psychologiques impliquent une réactivité extrême : bien que la dépression
soit souvent une réaction à la perte (par exemple, une faillite), et que l’une de ses caractéristiques les plus
courantes soit le manque de plaisir aux choses autrefois agréables – tous deux étant liés au système de
recherche des récompenses –, elle apparaît également après un traumatisme – système d’évitement) et un
rejet ou une humiliation (système d’attachement). Par conséquent, la dépression me semble potentiellement
impliquer l’ensemble des trois systèmes d’exploitation, parfois l’un plus que les autres.
Dans votre corps, la charge allostatique : McEwen et Gianaros, « Central Role of the Brain in Stress
and Adaptation ».
aggrave les inflammations : Esch et Stefano, « The Neurobiology of Stress Management » ; Paul H.
Black, « The Inflammatory Response is an Integral Part of the Stress Response : Implications for
Atherosclerosis, Insulin Resistance, Type II Diabetes, and Metabolic Syndrome X », Brain, Behavior, &
Immunity, 17 (2003) : 350-364 ; Black, « Stress and the Inflammatory Response : A Review of Neurogenic
Inflammation », Brain, Behavior, & Immunity, 16 (2002) : 622-653.
affaiblit le système immunitaire : McEwen, « Stress Adaptation, and Disease : Allostasis and
Allostatic Load », Annals of the New York Academy of Sciences, 840 (1998) : 33-44.
et use votre système cardio-vasculaire : McEwen et Gianaros, « Central Role of the Brain in Stress
and Adaptation ».
Dans votre cerveau, elle entraîne : Agnieszka Mika et al., « Chronic Stress Impairs Prefrontal
Cortex–Dependent Response Inhibition and Spatial Working Memory », Behavioral Neuroscience, 126, no.
5 (2012) : 605-619 ; Ronald S. Duman et George K. Aghajanian, « Synaptic Dysfunction in Depression :
Potential Therapeutic Targets », Science, 338 (2012) : 68-72 ; Daniel J. Christoffel et al., « Structural and
Synaptic Plasticity in Stress-Related Disorders », Reviews in Neurosciences, 22, no. 5 (2011) : 535-549 ;
McEwen, « Protective and Damaging Effects of Stress Mediators : Central Role of the Brain », Dialogues
in Clinical Neuroscience, 8, no. 4 (2006) : 367-381.
Elle altère la myélinisation : M. P. Leussis et S. L. Andersen, « Is Adolescence a Sensitive Period for
Depression ? Behavioral and Neuroanatomical Findings from a Social Stress Model », Synapse, 62, no. 1
(2007) : 22-30 ; Q. Wang et al., « Alterations of Myelin Basic Protein and Ultrastructure in the Limbic
System at the Early Stage of Trauma-Related Stress Disorder in Dogs », Journal of Trauma, 56, no. 3
(2004) : 604-610.
réduit également la neurotrophine : McEwen et Gianaros, « Central Role of the Brain in Stress and
Adaptation » ; Esch and Stefano, « The Neurobiology of Stress Management ».
protéger les neurones : E. L. van Donkelaar, « Stress-Mediated Decreases in Brain-Derived
Neurotropic Factor as Potential Confounding Factor for Acute Tryptophan Depletion–Induced
Neurochemical Effects », Journal of the European College of Neuropsychopharmacology, 11 (2009) : 812-
821.
Le seul fait de considérer les autres comme « eux » : Jennifer N. Gutsell et Michael Inzlicht,
« Empathy Constrained : Prejudice Predicts Reduced Mental Simulation of Actions During Observation of
Outgroups », Journal of Experimental Social Psychology, 46 (2010) : 841-845 ; Xiaojin Xu et al., « Do You
Feel My Pain ? Racial Group Membership Modulates Empathic Neural Responses », Journal of
Neuroscience, 9, no. 26 (2009) : 8525-8529 ; Lasana T. Harris et Susan T. Fiske, « Social Groups That Elicit
Disgust Are Differentially Processed in mPFC », Social Cognitive and Affective Neuroscience, 2 (2007) :
45-51.
notre tendance à déshumaniser et à dévaloriser : Charles Efferson et al., « The Coevolution of
Cultural Groups and Ingroup Favoritism », Science, 321 (2008) : 1844-1849.
Comparés à d’autres animaux : Christopher Boehm, « Ancestral Hierarchy and Conflict », Science,
336 (2012) : 844-847.
4. Guérir
MIEUX S’IMPRÉGNER DE CE QUI EST BON
Votre milieu familial peut aussi jouer un rôle : Bryant et al., « Understanding the Processes that
Regulate Positive Emotional Experience ».
De plus, en vous imprégnant de ce qui est bon : Fredrickson et al., « What Good Are Positive
Emotions in Crisis ? » ; Fredrickson and Levenson, « Positive Emotions Speed Recovery ».
JOYAUX QUOTIDIENS
cinq minutes tout au plus : bien entendu, vous pouvez effectuer cette pratique plus souvent.
Si vous prenez soin des : il s’agit d’un proverbe tibétain.
5. Prêter attention
LA MUSIQUE DE L’EXPÉRIENCE
les bienfaits des thérapies cognitives : Fidelma Hanrahan et al., « A Meta-Analysis of Cognitive
Therapy for Worry in Generalized Anxiety Disorder », Clinical Psychology Review, 33, no. 1 (2013) : 120-
132 ; Bunmi O. Olatunji et al., « Cognitive-Behavioral Therapy for Obsessive-Complusive Disorder : A
Meta-Analysis of Treatment Outcome and Moderators », Journal of Psychiatric Research, 47, no. 1 (2013) :
33-41 ; Rebecca Gould et al., « Cognitive Behavioral Therapy for Depression in Older People : A Meta-
Analysis and Meta-Regression of Randomized Controlled Trails », Journal of the American Geriatrics
Society, 60, no. 10 (2012) : 1817-1830 ; Stefan G. Hofmann et al., « The Efficacy of Cognitive Behavioral
Therapy : A Review of Meta-Analyses », Cognitive Therapy and Research, 36, no.5 (2012) : 427-440.
En plus d’être agréable en soi : Esch et Stefano, « The Neurobiology of Stress Management ».
Comme le plaisir, la relaxation réduit le stress : Elizabeth Broadbent et al., « A Brief Relaxation
Intervention Reduces Stress and Improves Surgical Wound Healing Response : A Randomished Trial »,
Brain, Behavior, & Immunity, 26, no. 2 (2012) : 212-217 ; Herbert Benson, The Relaxation Response (New
York, HarperTorch, 2000).
Elle renforce également le système immunitaire : Benson, The Relaxation Response.
accroît la résilience : Brian Rees, « Overview of Outcome Data of Potential Mediation Training for
Soldier Resilience », Military Medicine, 176, no. 11 (2011) : 1232-1242 ; Dusek et al., « Genomic Counter-
Stress » ; Mary Karapetian Alvord et Judy Johnson Grados, « Enhancing Resilence in Children : A
Proactive Approach », Professional Psychology : Research and Practice, 36, no. 3 (2005) : 238-245.
diminue l’anxiété : Benson, The Relaxation Response.
AIMER ET VOULOIR
des circuits connectés mais séparés gèrent ces deux tendances : Kent C. Berridge et al., « The
Tempted Brain Eats : Pleasure and Desire Circuits in Obesity and Eating Disorders », ScienceDirect, 1350
(2010) : 43-64 ; Berridge, « Wanting and Liking : Observations from the Neuroscience and Psychology
Laboratory », Inquiry, 52, no. 4 (2009) : 378-398 ; S. Pecina et Berridge, « Hedonic Hot Spot in Nucleus
Accumbens Shell : Where Do Mu-Opioids Cause Increased Impact of Sweetness ? » Journal of
Neuroscience, 25, no. 50 (2005) : 11777-11786 ; Berridge, « Food Reward : Brain Substrates of Wanting
and Liking », Neuroscience Biobehavioral Review, 20, no. 1 (1996) : 1-25.
6. Créer des expériences positives
ÉVÉNEMENTS RÉCENTS
Le quotidien est une bonne source d’expériences positives : Tugade et Federickson, « Regulation of
Positive Emotions ».
L’AVENIR
Ce voyage mental dans le temps mobilise des réseaux médians : Ylva Ostby et al., « Mental Time
Travel and Default-Mode Network Functional Connectivity in the Developing Brain », Proceedings of the
National Academy of Sciences, 109, no. 42 (2012) : 16800-16804.
PARTAGER CE QUI EST BON AVEC AUTRUI
parler d’une expérience positive : Shelly L. Gable et al., « What Do You Do When Things Go
Right ? The Intrapersonal and Interpersonal Benefits of Sharing Positive Events », Journal of Personality
and Social Psychology, 87, no. 2 (2004) : 228-245 ; Christopher A. Langston, « Capitalizing On and Coping
with Daily-Life Events : Expressive Responses to Positive Events », Journal of Personality and Social
Psychology, 67 (1994) : 1112-1125.
nous avons considérablement développé les réseaux neuronaux de l’empathie : Jean Decety et
Philip L. Jackson, « The Functional Architecture of Human Empathy », Behavorial and Cognitive
Neuroscience Reviews, 3 (2004) : 71-100.
TROUVER DU POSITIF DANS LE NÉGATIF
trouver du positif dans les éléments négatifs : Susan Folkman et Judith Moskowitz, « Positive Affect
and the Other Side of Coping », American Psychologist, 55 (2000) : 647-654.
PRENDRE LES AUTRES EN CONSIDÉRATION
les centres cérébraux de la gratification s’activaient : Jorge Moll et al., « Human Fronto-
Mesolimbic Networks Guide Decisions About Charitable Donation », Proceedings of the National Academy
of Sciences, 103 (2006) : 15623-15628.
VOIR CE QUI EST BON DANS LA VIE DES AUTRES
Nos ancêtres vivaient dans des petits groupes : Eric Alden Smith, « Communication and Collective
Action : The Role of Language in Human Cooperation », Evolution and Human Behavior, 31, no. 4 (2010) :
231-245 ; Martin A. Nowak et Karl Sigmund, « Evolution of Indirect Reciprocity », Nature, 437 (2005) :
1291-1298 ; Ernst Fehr et Bettina Rockenbach, « Human Altruism : Economic, Neural, and Evolutionary
Perspectives », Current Opinion in Neurobiology, 14, no. 6 (2004) : 784-790 ; Fehr, « Human Behaviour :
Don’t Lose Your Reputation », Nature, 432 (2004) : 449-450.
IMAGINER DES FAITS POSITIFS
Les réseaux corticaux médians : Schachter, « Adaptive Constructive Processes and the Future of
Memory », American Psychologist, 67, no. 8 (2012) : 603-613.
Au fin fond des centres de la mémoire émotionnelle : Schachter, « Adaptive Constructive
Processes ».
C’est un peu comme du patinage sur glace : merci à Sally Clough Armstrong pour cette métaphore.
plus gratifiante que prévu : Wulfram Gerstner et al., « Theory and Simulation in Neuroscience »,
Science, 338 (2012) : 60-65.
Les centres de contrôle du sous-cortex : Panksepp, Affective Neuroscience.
Par ce circuit : Critchley et Nagai, « How Emotions Are Shaped by Bodily States ».
selon des études : Tom F. Price et al., « Embodying Approach Motivation : Body Posture Influences
Startle Eyeblink and Event-Related Potential Responses to Appetitive Stimuli », Biological Psychology, 90
(2012) : 211-217.
les expressions faciales, la posture : Price et al., « The Emotive Neuroscience of Embodiment »,
Motivation and Emotion, 36, no. 1 (2012) : 27-37 ; Paula Niedenthal, « Embodying Emotion », Science,
316 (2007) : 1002-1005.
Par conséquent, vous pouvez enrichir une expérience : Critchley et Nagai, « How Emotions Are
Shaped by Bodily States ».
de manière active et incarnée : Seligman et Tracy A. Steen, « Positive Psychotherapy Progress :
Empirical Validation of Interventions », American Psychologist, 60, no. 5 (2005) : 410-421.
Cherchez des récompenses inattendues : Gerstner et al., « Theory and Simulation in Neuroscience ».
la survie de ces bébés neurones : Gretchen Vogel, « Can We Make Our Brains More Plastic ? »,
Science, 338 (2012) : 36-39.
DE PUISSANTES POSSIBILITÉS
la thérapie de cohérence, développée par Bruce Ecker : Toomey et Ecker, « Competing Visions » ;
Ecker et Toomey, « Depotentiation of Symptom-Producing ».
9. Bons usages
VOULOIR CE QUI EST BON POUR VOUS
serrer les dents et mobiliser toute votre volonté : Kelly McGonigal, The Willpower Instinct : How
Self-Control Works, Why It Matters, and What You Can Do to Get More, New York, Avery, 2011.
une variante génétique qui produit : Cornelia Kegel et al., « Differential Susceptibility in Early
Literacy Instruction Through Computer Games : The Role of the Dopamine D4 Receptor Gene (DRD4) »,
Mind, Brain, and Education 5 : 71-78.
expériences gratifiantes associées à ce que vous souhaitez encourager : Schachter, « Adaptive
Constructive Processes » ; G. Elliott Wimmer et Dapha Shohamy, « Preference by Association : How
Memory Mechanisms in the Hippocampus Bias Decisions », Science, 338 (2012) : 270-273.
DISSIPER LES IDÉES NOIRES
s’imprégner de ce qui est bon n’est pas recommandé : de même, si vous souffrez d’un trouble
bipolaire, faites attention aux émotions positives intenses et durables car elles peuvent déclencher un
épisode maniaque. Voir June Gruber, « Can Feeling Too Good Be Bad ? Positive Emotion Persistence
(PEP) in Bipolar Disorder », Current Directions in Psychological Science, 20, no. 4 (2011) : 217-221.
SE REMETTRE D’UN TRAUMATISME
veuillez vous reporter au travail de Judith Herman : Judith Herman, Trauma and Recovery : The
Aftermath of Violence — from Domestic Abuse to Political Terror (New York, Basic Books, 1997).
Peter Levine : Peter A. Levine, In an Unspoken Voice : How the Body Releases Trauma and Restores
Goodness (Berkeley, North Atlantic Books, 2010).
Pat Ogden : Pat Ogden, Trauma and the Body : A Sensorimotor Approach to Psychotherapy (New
York, W. W. Norton & Company, 2006).
Bessel Van der Kolk : Bessel A. van der Kolk, Traumatic Stress : The Effects of Overwhelming
Experience on Mind, Body, and Society (New York, The Guilford Press, 2006).
CONNEXION
elles vous aideront à vous sentir en sécurité : Gilbert, The Compassionate Mind.
pénètre dans la sonnette d’alarme de votre cerveau : Andreas Meyer-Lindenberg, « Impact of
Prosocial Neuropeptides on Human Brain Function », Progress in Brain Research, 170 (2008) : 463-470 ;
Daniele Viviani et Ron Stoop, « Opposite Effects of Oxytocin and Vasopressin on the Emotional Expression
of the Fear Response », Progress in Brain Research, 170 (2008) : 207-218.
Les récepteurs du cortisol augmentent également dans votre hippocampe : Markus Heinrichs et
al., « Social Support and Oxytocin Interact to Suppress Cortisol and Subjective Responses to Psychosocial
Stress », Biological Psychiatry, 54 (2003) : 1389-1398.
les liens sociaux : Decety et Margarita Svetlova, « Putting Together Phylogenetic and Ontogenetic
Perspectives on Empathy », Developmental Cognitive Neuroscience, 2 no. 1 (2011) : 1-24.
les jeux : E. B. Keverne et al., « Beta-Endorphin Concentrations in Cerebrospinal Fluid of Monkeys
Are Influenced by Grooming Relationships », Psychoneuroendocrinology, 14 (1989) : 155-161.
les contacts affectueux : Panksepp, « Affective Consciousness ».
Bien que la compassion puisse susciter une légère tristesse : Olga M. Klimecki et al., « Functional
Neural Plasticity and Associated Changes in Positive Affect after Compassion Training », Cerebral Cortex,
6 (2012), doi : 10.1093/cercor/bhs142 PII : bhs142.
se considérer soi-même avec compassion : Kristin D. Neff, « Self-Compassion, Self-Esteem, and
Well-Being », Social and Personality Psychology Compass, 5, no. 1 (2011) : 1-12 ; Neff, « Self-
Compassion : An Alternative Conceptualization of a Healthy Attitude Toward Onself », Self and Identity, 2,
no. 2 (2003) : 85-101.
Les études montrent que l’autocompassion : Neff, « Self-Compassion, Self-Esteem, and Well-
Being » ; Mark R. Leary et al., « Self-Compassion and Reactions to Unpleasant Self-Relevant Events : The
Implications of Treating Oneself Kindly », Journal of Personality, 92 (2007) : 887-904 ; Christopher
Germer, The Mindful Path to Self-Compassion : Freeing Yourself from Destructive Thoughts and Emotions
(New York, The Guilford Press, 2009).
Postface
Se maintenir en vie exigeait de s’identifier à « nous » : Samuel Bowles, « Warriors, Levelers, and
the Role of Conflict in Human Social Evolution », Science, 336 (2012) : 876-878 ; Bowles, « Did Warfare
among Ancestral Hunter-Gatherers Affect the Evolution of Human Social Behaviors ? » Science, 324
(2009) : 1293-1298 ; Choi et Bowles, « The Coevolution of Parochial Altruism and War ».
Remerciements
la gratitude : Robert Emmons, Thanks !
le pardon : Frederic Luskin et al., « A Controlled Pilot Study of Stress Management Training of
Elderly Patients with Congestive Heart Failure », Preventive Cardiology, 5 (2002) : 168-174.
les recherches sur les saveurs de Fred Bryant : Fred B. Bryant et al., « Understanding the Processes
That Regulate Positive Emotional Experience : Unsolved Problems and Future Directions for Theory and
Research on Savoring », International Journal of Wellbeing, 1, no. 1 (2011) : 107-126 ; Bryant et al.,
« Using the Past to Enhance the Present : Boosting Happiness Through Positive Reminiscence », Journal of
Happiness Studies, 6 (2005) : 227-260 ; Bryant, « A Four-Factor Model of Perceived Control : Avoiding,
Coping, Obtaining, and Savoring », Journal of Personality, 57, no. 4 (1989) : 773-797.
Nancy Fagley : Nancy S. Fagley, « Appreciation Uniquely Predicts Life Satisfaction Above
Demographics, the Big 5 Personality Factors, and Gratitude », Personality and Individual Differences, 53
(2012) : 59-63.
Joseph Veroff : Fred Bryant et Joseph Veroff, Savoring.
Jordi Quoidbach : Jordi Quoidbach et al., « Positive Emotion Regulation and Well-Being :
Comparing the Impact of Eight Savoring and Dampening Strategies », Personality and Individual
Differences, 49, no. 5 (2010) : 368-373.
Erica Chadwick : Bryant et al., « Understanding the Processes that Regulate Positive Emotional
Experience ».
la thérapie de cohérence : Brian Toomey et Bruce Ecker, « Competing Visions of the Implications of
Neuroscience for Psychotherapy », Journal of Constructivist Psychology, 22 (2009) : 95-140 ; Ecker et
Toomey, « Depotentiation of Symptom-Producing Implicit Memory in Coherence Therapy », Journal of
Constructivist Psychology, 21, no. 2 (2008) : 87-150 ; Ecker et L. Hulley, Depth Oriented Brief Therapy :
How to Be Brief When You Were Trained to Be Deep, and Vice Versa (San Francisco, Jossey-Bass, 1996).
des sources qui incluent Abraham Maslow : Abraham Maslow, The Farther Reaches of Human
Nature (New York, Penguin, 1993).
Roger Walsh : Roger Walsh, « Lifestyle and Mental Health », American Psychologist, 66 (2011) :
579-592 ; Walsh, « The Meeting of Meditative Disciplines and Western Psychology », American
Psychologist, 61 (2006) : 227-239.
Martin Seligman : Martin Seligman, Flourish : A Visionary New Understanding of Happiness and
Well-Being (New York, Free Press, 2011) ; Seligman, Learned Optimism.
Chris Peterson : Christopher Peterson et al., « Strengths of Character, Orientations to Happiness, and
Life Satisfaction », The Journal of Positive Psychology, 2, no. 3 (2007) : 149-156.
Nansook Park : Nansook Park, « Character Strengths : Research and Practice », Journal of College &
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Shauna Shapiro : Shauna Shapiro, « Mindfulness and Psychotherapy », Journal of Clinical
Psychology, 65 (2009) : 1-6.
Barbara Fredrickson : Barbara Fredrickson, Positivity : Top-Notch Research Reveals the 3 to 1 Ratio
That Will Change Your Life (New York, Three Rivers Press, 2009).
Sonja Lyubomirsky : Sonja Lyubomirsky, The How of Happiness : A New Approach to Getting the
Life You Want (New York, Penguin Press, 2008).
Michele Tugade : Michele Tugade, Positive Emotions and Coping : Examining Dual-Process Models
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Taud Kashdan : Taud Kashdan, Curious ? Discover the Missing Ingredient to a Fulfilling Life (New
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Robert Emmons : Emmons, Thanks !
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