La TNT
La TNT
La TNT
Rapport
MANDAT DE LA MISSION
RECOMMANDATIONS (RÉCAPITULATIF)
INTRODUCTION
a. La diffusion
b. Le multiplexage
c. Les antennes
d. Normalisation et standardisation des décodeurs et logiciels de contrôle d’accès et d’interactivité.
II. L’ÉQUILIBRE ECONOMIQUE DE TOUS LES OPÉRATEURS NE SERA ATTEINT QUE PAR UN
SYSTEME DE DISTRIBUTION EFFICACE PROTÉGEANT LES ACTEURS D’ATTEINTES
À LA CONCURRENCE
A. L’ATTRACTIVITÉ DE LA TNT POUR LE TÉLÉSPECTATEUR : UN ACCÈS FACILE ET PEU COÛTEUX, UNE OFFRE
COMMERCIALE MODULABLE
a. Les décodeurs
b. L’offre commerciale
B. LES CONDITIONS DE L’ÉQUILIBRE POUR L’ÉDITEUR DE LA TNT REPOSENT PLUS AU DÉPART, SUR UNE
RÉDUCTION DES COÛTS QUE SUR LA RÉMUNÉRATION VERSÉE PAR LE DISTRIBUTEUR
a. Le coût de diffusion
b. Les recettes publicitaires
c. Les recettes tirées de la rémunération versée par les distributeurs
C. LES CONDITIONS DE L’ÉQUILIBRE POUR LE OU LES DISTRIBUTEURS : OBTENIR UN RETOUR DE
L’INVESTISSEMENT INITIAL DANS UN PAYSAGE CONCURRENTIEL
c. Le schéma de distribution doit être compatible avec le droit de la concurrence en assurant la viabilité
du ou des distributeurs.
- 1. Un distributeur unique
- 2. Un distributeur commun
CONCLUSION
ANNEXES
1- LE DISPOSITIF LÉGISLATIF
2- LE DISPOSITIF RÉGLEMENTAIRE
6- LE CALENDRIER
MANDAT DU MINISTRE
REMERCIEMENTS
Je tiens à remercier tout particulièrement M. Laurent Fleuriot, Mme Caroline Montalcino, Mme Annie
Tesson, Mme Anne Fauconnier et Mme Sandrine Gaudin pour leur contribution à ce rapport.
RECOMMANDATIONS
COUVERTURE DU TERRITOIRE :
- Assurer en deux temps, en tenant compte de l'équilibre économique des opérateurs, une couverture
optimale de la population française de 50% d’abord, puis de 75 à 80% ultérieurement, afin de donner à la
TNT et en particulier à tous les éditeurs de chaînes leurs chances de succès et veiller notamment dans les
zones couvertes à ce que la réception de la TNT ("initialisation") soit effective pour tous les foyers.
DIFFUSION :
- Ne pas allonger les délais de préparation des sites de diffusion et permettre la diffusion à des prix
raisonnables pour les multiplexeurs et les éditeurs et s'efforcer de surmonter les différends sur les prix en
distinguant les prix relatifs aux infrastructures dans la phase de démarrage de la TNT, qui pourraient être
orientés vers les coûts en l’absence de sites alternatifs immédiatement disponibles, et les prix en régime de
croisière, pour lesquels une analyse plus précise devra être effectuée.
MULTIPLEXAGE :
- Garantir l'impartialité et la transparence de la gestion technique et financière de l'opérateur de
multiplexage, notamment s’il est lié à un éditeur de chaînes ou à un distributeur :
• Poser des conditions financières et économiques transparentes et non discriminatoires pour la
facturation de la prestation de son service.
• Élaborer un cahier des charges précis dès que possible entre tous les intervenants du multiplex pour
essayer de prévenir les litiges.
• Rendre régulièrement compte au CSA des difficultés rencontrées lors des opérations de multiplexage.
ANTENNES :
- Ne pas sous estimer le temps nécessaire pour faire un diagnostic des antennes et préparer concrètement le
lancement de la TNT afin d’éviter des déceptions et des frustrations chez les téléspectateurs qui auront
décidé de s’équiper pour recevoir cette nouvelle télévision. Anticiper dès à présent l’adaptation des
antennes par des actions d’information auprès du public et des organismes d’habitat collectif.
- Poursuivre les travaux sur la portabilité, en prévoyant un déploiement progressif, sans pour autant retarder
le lancement de la TNT, cette caractéristique de la TNT ne semblant pas dans l’immédiat devoir être mise
en avant vis-à-vis du public.
DECODEURS :
- Accélérer les travaux sur la normalisation de façon à ne pas retarder la mise sur le marché de décodeurs
permettant la réception de la TNT gratuite et évolutifs afin d’ accéder à une offre de télévision payante, de
décodeurs de base et d’autres plus sophistiqués afin de permettre de l'interactivité, mais tous "plug and
play".
- Promouvoir la TNT auprès du grand public par des actions de communication et d’information
d’envergure nationale, notamment télévisuelles, quelques mois avant le lancement de la TNT.
- communiquer en priorité sur l’offre en clair disponible gratuitement, son contenu et les
modalités d’accès (antennes, décodeurs, démarches à effectuer pour la recevoir selon un
calendrier prédéfini) en amont de la date de diffusion effective de la TNT.
- compléter par des actions plus spécifiques avant ou après les journaux télévisés régionaux
et dans la presse magazine de télévision, en expliquant notamment au public le calendrier et la
progression de sa mise en place dans chaque région.
- Communiquer rapidement après le lancement effectif de la TNT sur une date d'expiration de la diffusion
analogique compatible avec la nécessité d’assurer à chaque téléspectateur une réception au moins
équivalente à celle d’aujourd’hui.
DISTRIBUTION :
- Faciliter la commercialisation des décodeurs par une pluralité de moyens de distribution à un prix
raisonnable, le seuil psychologique semblant s’établir à environ 150 Euros TTC, et assurer un service
après-vente ou après location.
- Limiter la durée de l'exclusivité de distribution à cinq ans maximum afin de ne pas empêcher l'émergence
d'opérateurs candidats à la distribution commerciale de la TNT, dans l’hypothèse où il n’y aurait qu’un
distributeur au départ.
- Garantir la séparation complète non seulement juridique mais également financière et commerciale entre
les fonctions d’éditeur et de distributeur, si un même groupe cumule ces deux fonctions, pour éviter en
particulier tout avantage en termes de rémunération versée aux éditeurs ou de connaissance de cibles de
clientèle.
- Assurer une rémunération des éditeurs sur la base de critères non discriminatoires, transparents et
objectifs, qui ne reposent pas seulement sur l’audience, de nature à ne pas pénaliser les nouveaux entrants
éventuels.
- Prévoir un droit au renouvellement du contrat passé entre l’éditeur et le distributeur pour la durée de
l’autorisation à des conditions tarifaires équivalentes, sauf justification objective ou jeu de clause de
sauvegarde.
- Faire respecter pendant l’exécution du contrat un code de conduite dans les relations entre le ou les
distributeurs commerciaux et les éditeurs s'il s'avère que ce (ou un) distributeur a des liens avec l'édition de
chaînes, et/ou s’il est déjà présent sur le marché, notamment s’il est en position dominante.
- Prévoir une fonction d’intermédiation et de conciliation permettant d’évoquer les sujets de conflit pouvant
survenir entre éditeurs, multiplexeurs et distributeurs lors de la négociation, de l’exécution et du
renouvellement des contrats.
PILOTAGE DU PROJET DE LA TNT.
- Envisager la mise en place temporaire d'une instance interministérielle associant, en tant que de besoin,
les professionnels et chargée, en liaison avec le CSA, de renforcer la coordination des travaux des
ministères concernés nécessaires au lancement du projet, jusqu'à ce qu'une couverture de la population
suffisante et effective soit réalisée.
INTRODUCTION
La technologie de numérisation, obtenue par codage informatique des images et des sons, va se développer
dans la diffusion télévisuelle hertzienne. La télévision numérique de terre (TNT) doit à terme remplacer
l’actuel réseau analogique terrestre et dégager ainsi de nouvelles ressources spectrales.
La numérisation permettra de diffuser sur la bande passante des canaux hertziens réservés à la télévision
jusqu’à 36 services de télévision (33 programmes ainsi que des nouveaux services, de type guide
électronique…) au lieu de sept actuellement (TF1, F2, F3, Canal Plus, F5, Arte et M6). Elle permettra
d’améliorer la qualité de l’image et, dans une certaine mesure, de développer de nouveaux services
interactifs (téléachat, jeux, guide de programmes). Pour la recevoir, un décodeur est nécessaire : il peut
s’agir d’un décodeur à brancher sur les téléviseurs actuels recevant en mode analogique ou de décodeurs
intégrés à de nouveaux téléviseurs numériques.
Le développement de TNT est un projet ambitieux qui s’inscrit dans un paysage audiovisuel qui a connu
des bouleversements importants depuis une quinzaine d’années. L’objectif des Pouvoirs publics est de
«permettre à un public beaucoup plus large que celui des internautes et des abonnés à la télévision payante
de se familiariser avec de nouveaux moyens de communication ». Un développement et une diversification
de l’offre télévisuelle sont attendus au bénéfice du plus grand nombre. C’est aussi l’occasion de redonner
au secteur public la possibilité d’expliciter ses valeurs, d’ouvrir la voie à de nouveaux opérateurs de
contenus et de dynamiser l’industrie des programmes.
La loi du 1er août 2000 modifiant la loi du 30 septembre 1986 relative à la liberté de communication a
confié au Conseil Supérieur de l’Audiovisuel (CSA) le soin d’organiser le lancement de la TNT,
notamment l’attribution des fréquences et a fixé les principales modalités du déploiement de la TNT (cf.
calendrier en annexe).
Le CSA a donc mené des consultations sur les aspects techniques et les modalités de mise en place de
l’appel à candidature prévu par la loi. Cet appel porte sur quatre multiplexes, soit environ un peu plus d’une
vingtaine de services de télévision. En effet, les deux autres multiplex sont réservés aux services de
télévision du secteur public et aux télévisions locales, confirmant ainsi le rôle de ces chaînes garantes d’une
offre pluraliste et diversifiée. Par ailleurs, les opérateurs historiques privés (TFI, M6, Canal Plus) disposent
d’un accès prioritaire aux fréquences de la TNT, d’une part pour la reprise du programme actuellement
diffusé en analogique, d’autre part pour un second programme défini par eux. Les six chaînes locales
existantes disposent également d’un accès prioritaire aux fréquences de la TNT. L’appel d’offres devrait en
réalité concerner une quinzaine au moins de services de télévision réellement nouveaux.
Toutefois, l’analyse des conditions économiques du développement de la TNT, notamment dans l’un des
domaines peu définis par la loi, celui de la distribution, garantissant aux différents intervenants des
conditions transparentes, ouvertes et non discriminatoires, n’avait pas été vraiment conduite.
A cette fin, une large concertation a été menée sur la base d’un document de consultation adressé à une
soixantaine d’opérateurs (liste en annexe) proposant des axes de réflexion et posant des questions sur les
différents points à examiner dans le cadre de la mise en place de la télévision numérique de terre.
D’une façon générale, il ressort de la consultation que le lancement de la TNT suscite des controverses car
l’émergence de ce nouveau mode de diffusion de télévision poserait un certain nombre de problèmes de
nature technique et économique. Certains considèrent qu’il est prématuré et doutent de sa viabilité.
D’autres en revanche estiment que le lancement de la TNT peut être un succès si plusieurs conditions sont
respectées. Le présent rapport a pour objet de décrire les conditions dans lesquelles les attentes du
téléspectateur et l'équilibre économique peuvent être satisfaits.
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I. LA TNT PRÉSENTE DES ATOUTS INCONTESTABLES SUSCEPTIBLES DE RÉPONDRE
AUX ATTENTES DU TELESPECTATEUR, MAIS SA MISE EN PLACE NÉCESSITE
D’ACCÉLÉRER LA PRÉPARATION TECHNIQUE DE SON LANCEMENT.
La TNT est composée d’une offre duale : des chaînes gratuites et des chaînes payantes dans des proportions
sans doute proches. Cette nouvelle télévision ne constituera pas une révolution complète dans une industrie
de la télévision qui comporte déjà une offre en clair et gratuite et des offres payantes. Mais une évolution
profonde va résider dans l’accès aux chaînes, gratuites ou payantes, par l’intermédiaire indispensable d’un
décodeur. Je tiens tout de suite à relever le paradoxe de la TNT : la controverse entendue ces derniers mois
s’est principalement focalisée sur la distribution des chaînes payantes, que la loi ne traite pas, condition de
la rentabilité de l’exercice. Mais il est important de souligner que l’attractivité de la TNT passe par une
adhésion du téléspectateur à l’offre de chaînes numériques en clair et que l’accès au clair ne doit pas être lié
à l’accès au payant.
Au delà du plus grand nombre de chaînes par rapport à l’offre actuelle, la TNT présente des avantages de
nature à déclencher l’acte d’achat ou de location d’un décodeur par le téléspectateur pour la recevoir.
- l’amélioration de l’image et du son : l’exemple d’autres produits montre que le public est soucieux de
recevoir une image et un son de meilleure qualité : ainsi le lancement des disques compacts à la fin des
années 80 a connu un important succès en dépit d’un prix substantiellement supérieur à celui des disques
vinyles et de la nécessité de s’équiper d’un nouvel appareil de lecture. Le cas des DVD, dont le prix est
également sensiblement supérieur à celui des cassettes VHS et qui nécessitent un équipement particulier,
connaît actuellement un engouement très important (le marché des DVD, comme celui des lecteurs, a
doublé chacune des deux dernières années) et démontre que les Français sont demandeurs de qualité
d’image et de son.
- l’attractivité des nouveaux programmes : elle doit être réelle et permettre de recueillir de l’audience. Trois
catégories de chaînes peuvent susciter l’intérêt du téléspectateur : des chaînes généralistes innovantes ou
différenciées par rapport aux chaînes actuelles, des chaînes plus thématiques, suffisamment fédératrices et
susceptibles d’intéresser une cible assez large de téléspectateurs, des chaînes locales ou régionales, proches
des préoccupations quotidiennes des téléspectateurs en matière sociale, économique et politique dans leur
environnement géographique proche. Les déboires d’ITVDigital au Royaume-Uni sont pour partie attribués
à la faiblesse des programmes proposés face à la concurrence.
Pour bâtir cette offre et opérer la sélection des chaînes, la voie est étroite : il est en effet important de ne pas
retenir des chaînes de nature à concurrencer de manière trop frontale tant les chaînes généralistes actuelles
que les chaînes thématiques ou « premium » de l’ensemble du paysage de la télévision payante afin de ne
pas les pénaliser ou nuire à leur équilibre économique dans certains cas très précaire.
Ces deux atouts doivent être valorisés pour déclencher l’achat de décodeurs. Il en est deux autres
fréquemment évoqués par les opérateurs ou les commentateurs qu’il faut manier avec prudence car la
consultation a montré que leur réalité et leur effectivité ne seraient pas au rendez-vous dans les meilleures
conditions, et pour tout le monde, au moment du lancement de la TNT : il s’agit de la portabilité et de
l’interactivité.
- La portabilité : dans l’absolu, c’est une solution technique idéale, car elle permet au moyen d’une antenne
intégrée dans le téléviseur ou jointe au récepteur, de recevoir la télévision partout dans la maison ou même
sur des récepteurs de poche, à l’intérieur comme à l’extérieur. Cette solution sera cependant coûteuse en
termes d’infrastructures de diffusion : il faut en effet des relais complémentaires aux émetteurs principaux
pour assurer à tous les téléspectateurs de la zone couverte par la TNT une réception en mode portable. En
l’état actuel de l’équipement du territoire en émetteurs, il y a un véritable risque à mettre l’accent sur la
portabilité alors que les infrastructures ne seront pas prêtes au moment du lancement de la TNT. Enfin,
aucune étude ne semble avoir été réalisée, ou en tout cas n’est connue, sur les effets sur la santé humaine de
la multiplication et de la densification des points de ré-émissions de fréquence.
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- L’interactivité : la TNT a également été souvent présentée comme la promesse de la mise à disposition
auprès du téléspectateur de services interactifs, c’est à dire de la possibilité d’un dialogue entre l’usager de
la télévision et un fournisseur de services, qui vont de la fourniture d’informations à des services de
transaction comme les achats, les paris aux jeux, les services bancaires etc…A terme, la convergence
technologique devrait permettre à la télévision d’être le vecteur ou le réceptacle de multiples fonctions. Or,
il ne semble pas qu’une majorité de Français soit encore intéressée par cette fonctionnalité : la pénétration
relativement lente d’Internet en France montre la réticence d’une grande partie de la population à utiliser ce
genre de services. L’étroitesse des capacités en fréquences disponibles peut également limiter le
développement de ces services. De plus, selon certains, la télécommande de la télévision n’est sans doute
pas la façon la plus conviviale pour naviguer au sein d’un programme ou service interactif, et les délais de
connexion ou de réponse vont mettre du temps à s’améliorer. Une des raisons de l’insuccès de la TNT en
Suède est la déception à l’égard des services interactifs, quasi inexistants.
Ces atouts sont de nature à répondre aux attentes des téléspectateurs, qui sont multiples mais un peu floues.
- Si l’on estime que les chaînes gratuites seront le vecteur d’attractivité principal, la TNT ne devrait pas
naturellement et de prime abord intéresser les foyers équipés d’une offre de télévision payante du câble ou
du satellite, sauf à ce qu’ils se désabonnent (le taux de désabonnement est actuellement compris entre 10%
et 15 % par an).
C’est donc d’abord un vivier de 11,5 millions de foyers (source : BIPE) qui ne reçoivent que les six (ou
moins dans certaines zones) chaînes en clair analogiques qu’il faut convaincre des « plus » de la TNT, sauf
à chercher à les contraindre en fixant une date pour l’arrêt de la diffusion en analogique, comme tous les
pays européens ayant lancé la TNT l’ont fait (entre 2006 pour la Finlande et l’Italie et 2012 pour
l’Espagne). Cette catégorie de téléspectateurs est a priori celle qui a le moins besoin ou le moins envie
d’une offre supplémentaire de télévision et qui se contente des programmes des chaînes dites historiques
actuelles principalement, parce qu’ils n’ont pas le temps ou le désir d’une autre offre de télévision.
- En revanche, les foyers qui ne peuvent pas recevoir une offre payante du câble ou du satellite pour des
raisons techniques sont potentiellement plus intéressés par la TNT, y compris dans sa dimension payante.
- Enfin, dans un contexte où il y a des déçus du câble et satellite malgré le développement régulier du
marché1, la TNT peut donner une impulsion nouvelle au marché de la télévision payante, qui semble
relativement mature, si elle répond aux attentes de ceux pour qui le câble ou le satellite ne sont
techniquement et/ou économiquement pas adaptés et qui souhaitent néanmoins, en fonction de leurs centres
d’intérêts particuliers, avoir un choix de télévision supplémentaire par rapport à la télévision gratuite sans y
consacrer un budget trop important.
La recherche de la qualité du son et de l'image numérique est certes un élément de forte motivation du
téléspectateur et on peut espérer que ce sera le cas tant pour l’offre payante de la TNT que pour l’offre
gratuite. Mais le prix de l’abonnement sera un élément décisif pour le téléspectateur avec bien entendu la
nature des programmes proposés. Ceux-ci ne seront certes pas nombreux, mais cette donnée n’est pas
forcément un handicap pour la motivation des téléspectateurs.
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D'après la dernière enquête d'Ipsos-Stratégies réalisée du 24 août au 1er septembre 2001, la TNT jouit d'une forte attractivité pour
trois quart des téléspectateurs. Ils choisiront entre la TNT et le câble, ou le satellite. Près de deux tiers des abonnés au câble ou au
satellite se disent très attirés par la TNT, même si l'offre de la TNT est floue. Celle-ci pourrait attirer les déçus du câble et du satellite
de plus en plus nombreux ou ceux qui considèrent que l’offre proposée par ces canaux est peu compréhensible ou redondante. La
moitié des abonnés sont satisfaits des programmes mais leur nombre est en baisse d'après les enquêtes régulières d'Ipsos-Stratégies.
Plus de la moitié des abonnés et 45% de ceux qui ont l'intention de s'abonner estiment le prix prohibitif. La qualité des programmes
est jugée inégale, plus de la moitié des abonnés fustigeant l'abus de rediffusions. L'augmentation du nombre de chaînes déroute 63%
des téléspectateurs et 45% des abonnés au câble et au satellite. Les intentions de s'abonner en télévision payante baissent
régulièrement (18% d'intention contre 22% il y a un an) mais les agglomérations de plus de 20 000 habitants pèsent davantage qu'il y
a un an dans les intentions d’abonnement. Et parmi ceux qui n'en ont pas l'intention (61%), la part des plus réticents progresse (42%
contre 30%). Seuls 29% (contre 35%) souhaitent s'abonner dans les six prochains mois (soit 350 000 abonnés toutes plates-formes
confondues), pour un tiers au câble et pour deux tiers au satellite. Les traditionnels moteurs d'abonnement (cinéma, qualité du son et
image numérique, documentaires, information, sport…) sont moins forts, seul le paiement à la séance progresse de 8 points. Ceci
peut témoigner d'une certaine saturation du marché selon certains commentateurs.
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Plus des deux tiers des téléspectateurs et davantage parmi les abonnés estiment que la diversité des chaînes,
programmes et services est amplement suffisante. Pour la TNT, la composition de multiplexes homogène et
équilibrée (entre les différentes cibles de téléspectateurs) et la définition d'une offre payante
complémentaire du câble et du satellite seront fondamentales.
Il semble que le degré d'exigence du téléspectateur pour la TNT sera élevé, voire plus élevé encore que
pour le câble ou le satellite : offre de qualité abondante -mais sans excès- et constante (pour la TNT gratuite
et la TNT payante), à bas prix, d'accès facile et offrant de l'interactivité. L'arrivée de la TNT dans les
agglomérations de plus de 20 000 habitants devrait contribuer à aviver la concurrence entre le câble et la
TNT, compte tenu du réservoir d'abonnés potentiels à la télévision payante. Elle s'opère dans un contexte
où les opérateurs de la télévision payante, au moyen de produits de qualité et très fortement marquetés (très
adaptés à la demande de la cible), s'efforcent de fidéliser leurs abonnés et de convaincre les téléspectateurs
réticents. Car, selon une autre étude mentionnée au cours des auditions, le pourcentage de ceux qui ne
veulent pas s'abonner à la télévision payante est passé de 33% en 2000 à 47% en 2001. L’importance du
phénomène du piratage des décodeurs est à souligner ici et peut sans doute expliquer une partie de la
réticence à payer pour obtenir des programmes de télévision.
Selon certaines sources, 2 millions de foyers pourraient s'abonner à la télévision payante sur la TNT dans
un délai de cinq ans. Au Royaume-Uni, ITV Digital a atteint 1,13 millions d’abonnés en trois ans, malgré
une vive offensive commerciale des opérateurs du satellite. En Suède, la TNT est un échec avec à peine
quelques dizaines de milliers d’abonnés seulement depuis sa mise en place en 1999. En Espagne, la TNT
démarre également lentement depuis mai 2000 avec près de 210 000 abonnés.
En résumé, pour les abonnés actuels au câble et au satellite, le faible nombre de chaînes de la TNT peut
s'avérer un atout si certains de ces abonnés estiment que l'abondance de chaînes est plutôt un défaut. Pour
ceux qui hésitent encore à s'abonner à une offre payante, la TNT est plutôt attractive car l'offre sera plus
réduite et a priori moins chère. Seuls les réfractaires à tout abonnement à la télévision resteront à
convaincre, mais l'offre gratuite de la TNT peut constituer un levier d'abonnement à l’offre payante de la
TNT.
a. La diffusion
Le lancement de la TNT nécessite des travaux sur les sites d’émission (cf. annexe) choisis pour la diffuser :
29 sites désignés par le CSA doivent être équipés pour que la TNT soit lancée dans des conditions jugées
minimales par la plupart des opérateurs, soit une couverture de 50% de la population, correspondant aux
grandes villes françaises. Un délai de 12 à 18 mois semble nécessaire pour aménager les sites permettant
d’assurer cette couverture minimale. Pour couvrir environ 80% de la population, 110 sites au total seront
nécessaires, leur aménagement étant prévu de façon progressive.
L’aménagement des sites des émetteurs hertziens appartenant à Télédiffusion de France (TDF), qui détient
actuellement un monopole de facto de la télévision analogique de terre, est la solution qui paraît la plus
rationnelle du fait des contraintes techniques et environnementales. Toutefois, en plus de TDF, d’autres
diffuseurs, pour partie nouveaux entrants, entendent également proposer une offre concurrente de diffusion
aux éditeurs de chaînes et la loi du 1er août 2000 leur reconnaît cette possibilité pour la TNT. S’ils
envisagent dans quelques cas de développer leurs propres sites, ils devront pour l’essentiel être accueillis
dans un premier temps sur les sites de TDF, ce qui suppose la mise à disposition d’un espace ou d’un local
pour l’implantation des émetteurs, un passage pour les liaisons de télécommunications, et éventuellement la
mise à disposition de l’alimentation électrique et la maintenance des installations partagées. A cet égard,
d’après les éléments recueillis pendant la consultation, les premiers sites devant être préparés en vue
d'émettre la TNT sont considérés par beaucoup comme peu reproductibles et pourraient même, selon
certains, constituer des infrastructures essentielles. La construction de sites alternatifs par de nouveaux
entrants sur le marché de la diffusion ne peut être envisagée qu'ultérieurement compte tenu des délais de
lancement de la TNT.
La consultation des différents opérateurs a fait apparaître des difficultés liées à la prise en charge des
prestations de diffusion de la TNT par plusieurs opérateurs du fait de la situation de monopole de TDF. Les
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conditions financières de l’accueil sur les 29 sites de TDF doivent être rapidement établies et connues des
diffuseurs concurrents et être non discriminatoires, transparentes et mieux orientées vers les coûts. Outre la
question clef du prix de l'hébergement, le périmètre exact des prestations à fournir par TDF et la garantie de
séparation dans les comptes entre les revenus tirés des prestations en concurrence et les autres revenus
constituent autant de points en suspens à régler.
b. Le multiplexage
L’opérateur de multiplexage est un acteur spécifique de la TNT : regroupement physique de base de la TNT
ou tête de réseau, il organisera la « cohabitation » des programmes regroupés sur un canal (5 à 6 chaînes) et
assurera la gestion technique optimale du canal tout au long du temps de diffusion en fonction de la nature
du programme diffusé. En effet, plus il y a de mouvements dans une image, plus cette image a besoin
d’espace dans la bande passante. Le multiplexeur devra donc effectuer en temps réel les réglages et les
ajustements techniques nécessaires pour garantir au téléspectateur une qualité d’image excellente en
continu. Il aura le choix entre un multiplexage statique (gestion statique de la bande passante) et un
multiplexage statistique (gestion dynamique de la bande passante en fonction des besoins des programmes).
La gestion optimale de la bande dans le multiplex est particulièrement cruciale pour la TNT, les services
interactifs étant grands consommateurs de bande passante.
Le multiplexeur est situé entre la source de l’émission de télévision et l’émetteur principal qui va diffuser
vers les antennes des téléspectateurs via éventuellement des sites secondaires. Physiquement, les
multiplexeurs seront a priori installés dans une tête de réseau, ce qui suppose donc l’aménagement
d’espaces spécifiques à l’intérieur ou à proximité de ce site. Le schéma technique probable est qu’il y aura
une tête de réseau au niveau national, qui sera ensuite relayée par une tête de réseau régional pour
intégration des programmes de télévision locaux.
La consultation a fait apparaître que, garante de la qualité du signal, l’opération de multiplexage, qui
consiste à prendre en charge le codage, le multiplexage du flux, le transport et la diffusion, est un maillon
important dans la chaîne de diffusion et n’est pas sans lien avec le choix du type de chaînes, plus ou moins
consommatrices de bande passante, qui composeront le multiplex. Cet opérateur va devoir contracter avec
les éditeurs pour toutes les fonctions techniques de multiplexage, de transport et de diffusion. Il est garant
du bon fonctionnement de l’ensemble des opérations de diffusion. Il devra également veiller, en liaison
avec le ou les distributeurs commerciaux de la TNT, au développement homogène de la couverture du
multiplex qu’il représente.
Plusieurs opérateurs ont exprimé le souhait d’être multiplexeur et sont techniquement prêts à assumer ces
tâches. Pour ce qui est des modalités juridiques, la loi impose qu’il s’agisse d’une société distincte des
éditeurs. L’opération de multiplexage, notamment statistique, impose de respecter le principe de l’égalité
de traitement entre tous les éditeurs d’un même multiplex dans le respect de l’allocation des bandes
passantes faite par le CSA. L’usage du débit, la répartition des coûts techniques qui doit s’effectuer au
prorata de la consommation de bande passante et les modalités de répartition des charges en cas de
défaillance d’un éditeur du multiplex sont des questions devant être réglées dans les contrats conclus avec
les éditeurs. On peut aussi se demander s’il n’est pas souhaitable que l’opérateur de multiplexe soit
indépendant du ou des distributeurs de TNT.
c. Les antennes
La planification retenue par le CSA a été fondée sur la volonté d’assurer la compatibilité avec le parc
d’antennes existant dans les zones de couverture et de permettre l’initialisation de la TNT sans
remplacement ou intervention sur les antennes.
En pratique, il s’avère que toutes les antennes ne pourront pas directement et immédiatement recevoir la
TNT.
Le SIMAVELEC, avec le concours des syndicats d’antennistes (SNIDA et FEDELEC) a réalisé une étude
afin d’estimer le nombre d’antennes qu’il faut adapter ou changer et le coût de ces travaux pour le
téléspectateur. L’étude distingue l’habitat individuel et l’habitat collectif.
- pour l’habitat individuel : 68% des antennes recevraient sans problème les signaux de la TNT de
l’émetteur vers lequel elles sont orientées. Pour une installation existante en bon état et
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d’accessibilité normale, 11% des installations devront subir une adaptation pour un coût estimé
inférieur à 150 euros, 18 % à un coût inférieur à 275 euros et 3% (les zones frontalières
notamment) à un coût inférieur à 380 euros.
- pour l’habitat collectif : 52% des antennes ne devraient pas subir d’intervention. Pour les autres, le
coût devrait varier en fonction du traitement utilisé et de la taille de l’installation : 43%
nécessiteraient des travaux pour un montant compris entre 230 et 700 euros et 5% des travaux d’un
montant compris entre 900 et 1800 euros. Le coût moyen par foyer habitant en immeubles
collectifs est estimé à 23 euros.
Certains opérateurs ont attiré l’attention sur la nécessité d’anticiper les travaux, notamment dans les
habitats collectifs, pour qui toute décision relative à des travaux sur les parties communes demandent une
réunion des assemblées de copropriétaires et/ou une action des syndics ou des gestionnaires d’immeubles.
Cette anticipation nécessite de mener une campagne d’information auprès des syndics de copropriété et des
gestionnaires de parcs locatifs pour que le message soit passé dans des délais permettant la prise de
décision des travaux et la réalisation de ceux-ci.
Ce paramètre temps en l’espèce est en effet très important dans la préparation du lancement de la TNT. Il
faut en effet prendre en compte :
- la difficulté et la longueur prévisibles de la prise de décision dans les immeubles collectifs (compte
tenu notamment de l’intérêt divergent que pourront avoir les occupants -les personnes abonnées au
câble ou au satellite pourront avoir des réticences à investir dans un nouvel équipement),
- les délais d’adaptation du parc d’antennes dans les zones couvertes par la TNT : d’après la
consultation, une douzaine de mois de travail à temps plein serait nécessaire aux antennistes pour
adapter le parc.
La préparation de la mise sur le marché de décodeurs passe également par leur normalisation et il
existe différents niveaux de normalisation :
- la normalisation pour la réception des programmes en clair : elle est d’ores et déjà acquise ; il
s’agit pour la télévision hertzienne de la norme DVB-T. Les câblo-opérateurs ont attiré l’attention
des Pouvoirs publics sur le fait que leurs terminaux n’étaient pas normalisés sur la base de cette
norme mais sur celle de la norme DVB-C et qu’une réglementation qui viendrait imposer le DVB-
T les contraindraient à renouveler l’ensemble de leur parc de décodeurs.
S’agissant de l’accès aux chaînes cryptées, pour des raisons commerciales et tenant à la protection contre le
piratage, les opérateurs n’utilisent pas le même système d’accès. Pour assurer l’interopérabilité, il
conviendra cependant qu’un même décodeur puisse recevoir plusieurs systèmes d’accès. Deux solutions
existent pour assurer cette interopérabilité : le Simulcrypt (l’interopérabilité est gérée par les opérateurs en
têtes de réseaux) et le Multicrypt (l’interopérabilité est gérée dans les terminaux). Il existe également une
solution intermédiaire qui consiste à mettre sur le décodeur une interface normalisée DVB sur laquelle
vient se brancher le module et la carte de contrôle d’accès.
S’agissant de l’interactivité, le problème est plus complexe et il n’existe pas encore de norme établie en
dehors d’une norme dérivée d’Internet, les autres systèmes étant des systèmes propriétaires. Les travaux de
normalisation menés actuellement au CSA étudient deux possibilités : une norme ISO peu coûteuse mais
aux capacités limitées : la MHEG5, et une norme DVB-MHP, complète mais plus coûteuse et pas encore
opérationnelle. Les choix ne sont pas encore arrêtés mais il paraît raisonnable de considérer que les travaux
sur la normalisation de l’interactivité, qui n’a pas encore suscité un engouement fort du public, ne doivent
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pas ralentir la mise sur le marché de décodeurs permettant de recevoir les chaînes gratuites et d’accéder le
cas échéant aux programmes payants.
II. L'EQUILIBRE ECONOMIQUE DE TOUS LES OPERATEURS NE SERA ATTEINT QUE PAR
UN SYSTEME DE DISTRIBUTION EFFICACE PROTÉGEANT LES ACTEURS D’ATTEINTES
À LA CONCURRENCE
Plusieurs objectifs principaux conditionnent les réflexions et propositions qui suivent : permettre un accès
aisé du téléspectateur à la TNT à un prix raisonnable, assurer la viabilité des éditeurs par une rémunération
satisfaisante et des coûts maîtrisés, intégrer une perspective de retour sur investissements au(x)
distributeur(s) et préserver celle des opérateurs actuels du câble et du satellite. Dans leur ensemble, ces
réflexions et propositions sont aussi inspirées par l’idée de ne pas dégrader les conditions de concurrence
sur les marchés de la télévision, et notamment celui de la télévision payante et, si possible de les améliorer.
a. Les décodeurs
La possibilité pour le téléspectateur de se procurer facilement des décodeurs pour recevoir la TNT est
fondamentale pour la réussite du lancement de la TNT. Il est tout aussi important que le consommateur
puisse acheter ou louer un décodeur sans que cet acte soit lié à un abonnement à l’offre payante de la TNT.
En d’autres termes, il est indispensable de penser et gérer la TNT d’abord à partir de l’accès aux chaînes
gratuites, qui devront faire de leur côté un effort promotionnel.
La consultation a fait apparaître que le seuil maximal psychologique pour l’achat d’un décodeur de base
serait de 150 euros TTC (le surcoût acceptable pour l’achat d’un téléviseur avec décodeur intégré par
rapport aux téléviseurs actuels est du même ordre de grandeur). Le prix de la location mensuelle serait
environ de 7 à 8 euros. Les principaux fabricants de décodeurs rencontrés au cours de la consultation
apparaissent en mesure de fabriquer les décodeurs dans des délais rapides (de l’ordre de quelques mois), en
nombre suffisant pour répondre à la demande. Ces estimations de prix correspondent aux prix payés par les
téléspectateurs européens recevant la TNT, notamment en Finlande et en Italie. Au Royaume-Uni, en raison
de la vive concurrence avec le satellite, le distributeur ITVDigital fournit gratuitement les décodeurs depuis
1999 contre un abonnement d’un an à la TNT. En Suède, le prix excessif des décodeurs a découragé les
téléspectateurs.
Pour qu’ils soient d’accès facile, les décodeurs devraient être vendus dans la grande distribution,
généraliste ou spécialisée. Réserver la location ou la commercialisation des décodeurs aux seuls
distributeurs des chaînes payantes de la TNT serait une erreur. Seule la grande distribution est en effet à
même de permettre une exposition suffisamment large et visible de ces produits susceptible de provoquer
chez le téléspectateur, sinon des achats d’impulsion, du moins une réflexion sur l’achat de ce type de
produits, surtout si une campagne d’information à destination du grand public sur la TNT est organisée.
Réduire les points de vente ou de location des décodeurs constituerait un frein pour le développement de la
TNT gratuite et au delà de l’offre payante. En outre, réserver au(x) distributeur(s) de la TNT payante la
commercialisation des décodeurs comporterait l’inconvénient de créer ou de renforcer une situation de
dépendance des fabricants de décodeurs à l’égard de ce ou de ces distributeurs et pourrait donc à terme
avoir des effets de réduction de l’offre, voire d’éviction sur le marché de certains opérateurs.
Par ailleurs, d’après les opérateurs, ce type d’appareil ne doit pas requérir de déplacement d’installateur au
domicile des téléspectateurs : comme tout appareil HI-FI ou périphérique de télévision ou d’ordinateur
(magnétoscope, lecteur DVD, imprimante …), il doit pouvoir être branché par le consommateur lui-même
sur la télévision.
Pour que dans un second temps, les téléspectateurs qui ont fait la démarche de s’équiper d’un décodeur
pour recevoir l’offre en clair de la TNT puissent aisément, s’ils le souhaitent, accéder à une offre payante
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de TNT (voire à terme également de câble et de satellite) sans changer d’appareil, il très important que ces
décodeurs soient évolutifs, c’est à dire, comme le prévoit la loi (article 25 de la loi du 30 septembre 1986
modifiée), interopérables et également à même d’accueillir des cartes d’accès conditionnels ou d’être
déverrouillés simplement, soit par le téléspectateur lui-même par l’entrée d’un code ou à distance par le
distributeur commercial qui aura vendu l’abonnement aux chaînes payantes.
Il s’agit là d’un impératif pour que le consommateur puisse passer en souplesse, sans contrainte technique
particulière et sans frais supplémentaire dans l’achat ou la location d’un nouveau matériel, à une offre
additionnelle de télévision payante.
Une vigilance s’impose sur deux autres points afin de limiter les risques de déception liés à des problèmes
de réception, la multiplication « d’incidents » et la médiatisation pouvant en être faite risquant d’avoir des
conséquences extrêmement négatives sur le développement de la TNT :
- les décodeurs mis à disposition du public devront comporter sur leur emballage une information claire sur
leurs caractéristiques essentielles et aussi être accompagnés d’une notice explicative sur leurs
fonctionnalités ; il est souhaitable qu’un service après vente soit prévu, soit par le constructeur soit par le
vendeur, ou en coopération, pour qu’en cas de problème, le consommateur puisse rendre l’appareil et se
faire rembourser (par exemple s’il a acheté un décodeur pour l’installer dans un endroit dont il ne savait pas
qu’il n’était pas situé dans la zone de couverture de la TNT) ou appeler une Hot Line pour résoudre les
problèmes techniques qu’il pourrait rencontrer.
- une information précise des zones de couverture de la TNT devra être assurée dans les points de vente ou
de location des appareils.
- en cas de location des décodeurs, indépendamment même de la souscription d’un abonnement aux chaînes
payantes, les contrats de location devront pouvoir être résiliables facilement et sans préavis excessif.
Comme pour la vente, si le décodeur a été installé dans une zone non couverte par la TNT, le contrat
devrait pouvoir être automatiquement résilié pendant une quinzaine de jours environ après sa signature. Les
loueurs de décodeurs pourront sans doute utilement s’inspirer des recommandations de la Commission des
clauses abusives pour rédiger leur contrat type.
Afin de faciliter l’initialisation de la TNT, gratuite notamment, auprès d’un nombre important de
téléspectateurs pendant la phase de lancement de la TNT, et alors que serait annoncée la fin de la diffusion
analogique qui rendra obsolète à terme une partie des téléviseurs, la question d’une incitation à l’achat d’un
décodeur ou d’un nouveau téléviseur pourrait être posée. Une incitation financière a ainsi été prévue en
Suède.
b. L’offre commerciale
Le ou les distributeurs des chaînes payantes devront prendre en compte dans la limite des choix effectués
par le CSA les attentes des téléspectateurs et se fonder sur les expériences du câble et du satellite pour la
commercialisation de l’offre payante. La réglementation devrait contribuer à structurer l’offre commerciale
notamment en séparant la commercialisation des chaînes cinéma des autres chaînes.
Dans l’hypothèse où le ou les distributeurs commercialiseraient l’ensemble des chaînes payantes de la
TNT, la question qui se pose ensuite est de savoir s’il faut un seul bouquet ou s’il est préférable de
segmenter l’offre en plusieurs mini-bouquets, voire laisser le téléspectateur composer librement son
bouquet et s’abonner s’il le souhaite à une seule chaîne.
Il n’est pas de la compétence du Ministère de l’économie, des finances et de l’industrie de formuler des
préconisations précises quant aux types d’offres commerciales, ce serait en effet contraire à la liberté
commerciale des opérateurs ; mais il est de sa responsabilité de recommander aux opérateurs de mettre en
vente des formules qui garantissent la viabilité des éditeurs et des distributeurs tout en respectant la liberté
du téléspectateur, pour assurer le succès de la TNT à long terme.
Sur la composition de l’offre commerciale, les avis sont partagés et la question s’apprécie différemment si
l’on se place du point de vue de l’éditeur et du distributeur ou de celui du téléspectateur. Du point de vue
du téléspectateur, certains opérateurs considèrent qu’il faut lui laisser la plus grande liberté et la plus grande
souplesse possible en lui permettant de choisir les chaînes auxquelles il souhaite s’abonner, voire ne
s’abonner qu’à une chaîne : la modularité de l’offre, avec une grande facilité d’accès aux matériels de
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réception et une simplicité dans les abonnements, serait ainsi la clef du succès auprès des consommateurs.
D’autres estiment en revanche que la fragmentation de l’offre commerciale risque de fragiliser les chaînes
nouvelles, de moindre notoriété ou à faible audience.
Dans le même ordre d’idée, dans l’hypothèse où plusieurs distributeurs ne commercialiseraient pas le
même bouquet de chaînes payantes de la TNT, l’impossibilité pour le téléspectateur d’accéder à l’ensemble
de l’offre auprès d’un même distributeur est susceptible de constituer pour lui une source de complexité de
nature à le dissuader de s’abonner. S’il souhaite accéder à l’ensemble de l’offre payante, il devra dans
ces conditions multiplier les abonnements : il paiera alors sans doute une somme plus élevée que s’il
n’avait qu’un abonnement pour un bouquet, indépendamment peut-être du cas des chaînes premium.
Cette hypothèse pourrait freiner le développement de la TNT payante, ce qui pourrait avoir des
répercussions sur l’ensemble de la TNT.
Le coût de diffusion, les coûts de programmes, les ressources publicitaires et la rémunération des chaînes
payantes sont les composantes principales de l’équilibre de l’éditeur. Elles ont une importance différente
pour les chaînes dites historiques et pour les nouveaux entrants. Par ailleurs, l’équilibre économique ne sera
pas atteint dans les mêmes conditions pour les chaînes gratuites et pour les chaînes payantes du fait de leur
différence de situation au regard notamment de leur financement.
a. Le coût de diffusion
La consultation a permis de mieux cerner l’importance de cette question, beaucoup d’opérateurs ayant mis
l’accent sur le niveau élevé du coût de diffusion qui serait de l’ordre de 4,5 à 6 millions d’euros pour 75 à
80% de la population (110 sites équipés), 5 à 6 fois plus élevé que celui d’une diffusion par câble ou
satellite.
Si les grandes chaînes généralistes sont en mesure d’absorber le coût de la diffusion qui, quoique
sensiblement inférieur à celui de la télévision hertzienne analogique, s’ajouterait pour elles à celui-ci, les
autres, et notamment les nouvelles chaînes, gratuites ou payantes, et notamment les chaînes thématiques,
auront sans doute plus de difficultés. Ce problème est particulièrement crucial pour des chaînes
d’importance moyenne en phase de démarrage quand les recettes (publicité ou abonnement) sont difficiles
à évaluer.
Plusieurs solutions sont évoquées par les opérateurs pour rendre plus aisé et moins risqué le démarrage des
chaînes et notamment celui des moins puissantes d’entre elles et pour réduire la facture telles que le partage
d’une fréquence entre deux chaînes et une montée en charge progressive de la couverture territoriale.
Toutefois une montée en charge trop lente pourrait avoir des conséquences négatives sur l’audience des
chaînes concernées et donc sur le niveau des ressources publicitaires. Dès le démarrage, la TNT britannique
couvrait entre 50 et 70% de la population suivant les multiplexes. Aujourd’hui, presque tous les multiplexes
ont une couverture égale à 90% de la population mais la faible qualité de la transmission des signaux
contribue à l’hémorragie de la clientèle de la TNT vers le satellite. En Suède, l’objectif volontariste de
Teracom, l’opérateur public de télédiffusion, est de porter la couverture à 98% de la population en 2002.
Le marché publicitaire est un marché difficilement prévisible et son évolution est intimement liée à la
conjoncture économique. S’agissant de la publicité télévisée, on constate une forte concentration des
investissements publicitaires sur les chaînes hertziennes et une inflation des tarifs défavorables aux petits
annonceurs.
Dans ce contexte, l’arrivée de la TNT pourrait selon certains analystes entraîner un élargissement de l’offre
d’écrans susceptible de permettre à de nouveaux annonceurs d’accéder à ce support publicitaire,
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notamment grâce à une diminution du ticket d’entrée, principalement aux heures de grande écoute. Elle
permettrait aussi aux annonceurs d’avoir des stratégies d’annonces ciblées sur les chaînes thématiques.
Pour les nouvelles chaînes de la TNT, ces nouvelles ressources publicitaires ne se concrétiseront que si leur
audience est significative pour les annonceurs. Cela implique que l’initialisation de la TNT soit effective
dans le plus grand nombre de foyers possible.
La croissance du marché publicitaire, qui est pour l’instant l’un des plus faibles des grands pays européens,
apparaît nécessaire pour financer tant les chaînes généralistes que les nouvelles chaînes gratuites et les
chaînes payantes de la TNT autorisées à diffuser de la publicité. Beaucoup d’opérateurs préconisent, à juste
titre, de lever, au moins partiellement, les interdictions à la publicité télévisée qui subsistent pour certains
secteurs (presse, distribution, cinéma, livre).
Cette demande n’a pas pour l’instant été retenue, mais il serait souhaitable d’examiner cette question afin
de mesurer les avantages qu’aurait cette ouverture pour la TNT au regard des inconvénients pour les
secteurs concernés et les autres supports publicitaires. Le seul accroissement de l’offre d’écrans n’est à lui
seul sans doute pas suffisant pour assurer l’équilibre économique des chaînes, notamment gratuites.
Les éditeurs de chaînes payantes perçoivent une rémunération des distributeurs basée principalement sur le
nombre d’abonnés. La consultation a confirmé la crainte des éditeurs, dans le cas d’une diffusion parallèle
de leurs programmes sur les trois modes de diffusion, concernant la baisse de leur rémunération, déjà
observée sur le câble et le satellite et qui résulterait d’un rapport de forces déséquilibré entre les éditeurs et
les distributeurs commerciaux. Ils estiment que les nouveaux abonnés sur la TNT ne compenseront pas
suffisamment la diminution de ces recettes.
Certains estiment que, compte tenu des caractéristiques particulières de la TNT et notamment du coût de
diffusion plus élevé par rapport au câble et au satellite, une rémunération supérieure pour la TNT serait
justifiée, au moins pendant la phase de démarrage, ce qui les conduit à réclamer un dispositif
d’encadrement des rémunérations des éditeurs par les distributeurs sur les différents supports de diffusion
et/ou à demander la non-application de la clause de la « nation la plus favorisée » pour la TNT.
La demande de conditions de rémunération transparentes et différenciées sur la base de critères objectifs est
légitime, en revanche, il serait contraire au principe de la liberté du commerce d’instaurer un mécanisme
d’encadrement des rémunérations dont la fixation relève des négociations contractuelles. Quant à
l’application de la clause de la nation la plus favorisée, elle ne paraît pas, tout particulièrement en phase de
démarrage de la TNT, correspondre aux possibilités économiques de l’édition.
S’agissant des critères de rémunération, la consultation fait ressortir que l’audience ne doit pas être le seul
critère pour asseoir la rémunération mais que des critères qualitatifs, tels que la satisfaction des abonnés, les
efforts de promotion et d’investissement, peuvent être pris en compte.
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commerciaux. Cela conduit à envisager un schéma de distribution qui soit compatible avec le droit de la
concurrence.
a. Le point de vue des différents opérateurs
La consultation montre, à quelques exceptions près, des différences de point de vue notables sur
l’organisation commerciale de la distribution des chaînes payantes de la TNT entre deux catégories
d’opérateurs.
Toutefois, deux points de convergence ressortent tout particulièrement : la nécessité d’une expérience et
d’un savoir-faire dans la distribution payante pour favoriser le succès de la TNT auprès du public et
l’impératif d’une offre tarifaire attractive de la TNT face notamment aux offres promotionnelles actuelles
du câble et du satellite.
Les éditeurs considèrent dans leur large majorité que le petit nombre de chaînes payantes de la TNT induit
naturellement un seul distributeur et que cette solution est seule à même de « booster » le lancement de la
TNT ; d’autres considèrent en revanche que le marché de la télévision payante doit être appréhendé de
manière globale et que l’accès à la distribution ne doit pas être restreint. Les opérateurs de la grande
distribution et les fabricants de décodeurs se placent dans la même logique. On observe en revanche une
relative unanimité pour relever la difficulté pour de nouveaux opérateurs d’accéder au marché de la
distribution commerciale quelques années après le lancement de la TNT, dans le cas où il n’y aurait, au
démarrage qu’un distributeur, ne serait-ce par ce qu’il n’aurait pas accès au fichier d’abonnés voire aux
décodeurs déjà en place.
Les avis sont également contrastés en ce qui concerne la constitution des offres commerciales. Ainsi les
éditeurs considèrent pour les raisons précitées qu’un seul bouquet est économiquement réaliste, même si
l’on peut envisager des solutions intermédiaires telles que la proposition des chaînes « premium », couplées
avec quelques autres chaînes payantes. Ils considèrent en effet que toutes les chaînes payantes présentes sur
la TNT n’auront pas la même notoriété et la même attractivité et que, pour assurer des recettes à l’ensemble
des chaînes, et notamment aux nouveaux entrants s’il en existe, il est indispensable de prévoir une offre
groupée. Ils sont rejoints sur ce point par un opérateur, candidat déclaré pour commercialiser les chaînes
payantes de la TNT. D’autres opérateurs, dont certains câblo-opérateurs, considèrent qu’il est préférable de
laisser la possibilité au téléspectateur de constituer son bouquet avec la plus grande liberté possible, en
fonction de ses centres d’intérêts, et de combiner à la carte l’offre de la TNT avec celles du câble et du
satellite. L’idée a également été avancée de la commercialisation indépendante d’une seule chaîne de la
TNT (chaîne premium) par un distributeur qui lui serait dédié.
C’est donc toute la question de l’exclusivité et de l’offre commerciale qui est ainsi posée et qui est au cœur
du débat sur la distribution commerciale de la TNT.
Par ailleurs, l’inquiétude des câblo-opérateurs est à mentionner : elle est principalement liée aux obligations
de diffusion (« must-carry ») des chaînes gratuites de la TNT sans assurance d’une contrepartie financière.
Ces opérateurs, qui craignent déjà la concurrence que va leur causer la TNT d’un point de vue commercial
et le brouillage de leurs fréquences par celles de la TNT, considèrent que cette obligation venant s’ajouter à
celles qu’ils ont déjà, va les transformer en simples transporteurs de contenu.
b. Les contraintes pesant sur le distributeur
Le ou les distributeurs commerciaux susceptibles d’intervenir sur la TNT devront faire face à plusieurs
types de coûts. Il s’agit :
• des coûts d’investissement dans un parc de décodeurs interopérables pour mise à
disposition par la vente ou la location auprès du public. Le coût dépend de la sophistication de
l’appareil.
• des coûts de logistique : coûts de gestion du parc d’abonnés et des terminaux, coûts des
cartes à insérer dans les terminaux…
• des coûts commerciaux, notamment de promotion du ou des bouquets des chaînes
payantes, notamment au démarrage de la TNT.
• les rémunérations des éditeurs de chaînes (cf. supra II. B. c).
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L’investissement de départ pour un distributeur (terminal, logistique et marketing) est évalué par les
distributeurs du câble et du satellite entre 250 à 300 euros par abonné.
Les recettes du ou des distributeurs commerciaux de la TNT dépendront de l’attractivité des chaînes à
commercialiser. Leur montant global dépend aussi d’un taux de couverture de la population suffisant, d’un
positionnement tarifaire du ou des bouquets payants compétitifs par rapport au câble et au satellite, et d’une
politique de promotion susceptible de favoriser un démarrage rapide de la TNT.
Il reviendra au CSA de mettre en concordance l’offre commerciale avec la composition des multiplexes
afin d’assurer une parfaite homogénéité de l’offre sur l’ensemble des zones couvertes de la TNT.
c. Le schéma de distribution doit être compatible avec le droit de la concurrence en assurant la viabilité du
ou des distributeurs.
Le schéma de distribution idéal de la TNT est celui dans lequel une pluralité de distributeurs, non liés à des
éditeurs ou à des producteurs de programmes, se livrent concurrence au bénéfice des consommateurs-
téléspectateurs et opèrent un partage équitable des revenus entre les différents acteurs de la chaîne de valeur
afin de garantir leur viabilité économique.
Il ressort de l’analyse du marché de la télévision payante en France aujourd’hui, notamment de sa
distribution commerciale, et de la consultation, qu’un développement économique de la TNT équilibré pour
tous les opérateurs de la filière ne peut être assuré que si les modalités de la distribution respectent
pleinement le droit de la concurrence. C’est pourquoi, il convient d’éviter tout schéma de distribution qui
entraînerait une captation de la rente au profit d’un seul distributeur déjà actif, voire dominant, dans le
secteur de la télévision payante.
Plusieurs scénarii sont a priori possibles.
1. Un distributeur unique
La loi du 1er août 2000 est silencieuse sur les modalités précises de la distribution commerciale et ne
prévoit aucun dispositif qui permette au CSA de sélectionner et d’agréer le ou les distributeurs
commerciaux de la TNT.
La consultation a confirmé que les particularités du marché de la télévision font que ce distributeur peut
difficilement être issu d’un secteur totalement étranger à la télévision. Effectivement, seuls se sont déclarés
candidats à ce jour des opérateurs déjà présents sur le marché de la télévision payante, ce qui pourrait
rendre plausible le scénario d’une pluralité de distributeurs.
Néanmoins, le jeu est plus complexe qu’il n’y paraît. Beaucoup d’opérateurs hostiles à la TNT semblent en
effet avoir intérêt à ne pas précipiter les choses pour conforter leurs positions afin de maintenir le statu quo
sur les différents marchés liés à la télévision en général (publicité, décodeurs…). Certains pourraient
néanmoins s’engager dans la distribution de la TNT pour ne pas laisser leurs concurrents seuls sur ce
marché mais attendraient plus vraisemblablement des opérations de fusions –très difficiles à envisager du
point de vue du droit de la concurrence. D’autres se résignent au scénario d’un distributeur unique et
estiment par exemple que la migration de la base d’abonnés de Canal Plus de l’analogique vers le
numérique, à tout le moins de ceux qui pourraient être concernés par la TNT, pourrait être un atout
important pour cet opérateur pour lancer la TNT et que le nombre limité de chaînes payantes à
commercialiser rend difficile la présence de deux opérateurs. Pour autant, il ne faut pas exclure qu’un autre
opérateur se positionne pour être le distributeur de la TNT.
Le modèle d’un distributeur unique pose cependant des questions en termes économiques et au regard des
règles de la concurrence.
Économiquement, il n’est pas certain que la solution du distributeur unique soit la meilleure pour assurer le
succès de la TNT, notamment si ce distributeur est déjà présent sur le marché de la télévision payante. En
effet, en modulant le dynamisme mis à commercialiser le bouquet TNT, c’est à dire en limitant les efforts
promotionnels qui lui seraient consacrés ou en les concentrant sur ses propres chaînes, un distributeur
unique peut freiner le développement de la TNT. Il pourrait aussi être tenté de conserver son leadership sur
le marché de la télévision payante, sur un ou plusieurs segments (distribution par câble, satellite,
décodeurs…) s’il est déjà en forte position.
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Toutefois, force est de constater que l’expérience britannique de concurrence frontale entre le numérique
terrestre et les offres traditionnelles de télévision payante a produit de désastreuses conséquences
financières.
Juridiquement, la situation d’un distributeur unique n’est pas la meilleure pour le marché si elle renforce
une position dominante, avec tous les risques d’abus que cela peut comporter. Si le marché de la
distribution de la TNT devait à l’avenir être considéré comme un marché pertinent spécifique, ce qui n’est
pas le cas aujourd’hui puisque le marché pertinent est celui de la télévision payante dans son ensemble, le
distributeur unique serait même a fortiori en monopole.
S’il est en position dominante sur l’un des marchés de la télévision (édition, publicité, distribution…), le
distributeur unique devra donc respecter certaines règles pour ne pas se voir imputer des pratiques
anticoncurrentielles d’abus de domination qui pourraient concerner, d’une part, la constitution des offres et
leur commercialisation auprès des abonnés, d’autre part, les relations avec les éditeurs (exclusivité,
rémunération …). Plusieurs types de pratiques ayant pour objet ou pouvant avoir pour effet de fermer
l’accès au marché à d’autres opérateurs, tant les éditeurs que d’autres distributeurs, et qui pourraient être
constitutives d’abus de position dominante sur le marché principal ou sur les marchés connexes sont
possibles :
- la rémunération des chaînes sur la base de critères non transparents, non équitables et
discriminatoires,
- l’ordre d’affichage ou de présentation des chaînes pré-établi et non modifiable facilement par le
téléspectateur privilégiant les chaînes liées au distributeur,
- l’insertion dans les contrats passés avec les éditeurs de clauses d’exclusivité qui les empêcheraient
d’être également distribués par d’autres modes de diffusion,
- l’imposition dans les contrats passés avec les éditeurs de clauses d’exclusivité de distribution en
numérique terrestre d’une durée supérieure à cinq ans, correspondant à la période nécessaire pour
asseoir la TNT sur le marché de la télévision payante,
- la vente couplée de l’offre payante de la TNT et d’une autre offre payante à un prix inférieur à la
somme des deux abonnements,
Indépendamment de la détention d’une position dominante, certains de ces comportements pourraient être
analysés sous l’angle de pratiques restrictives de concurrence ou au regard des règles du Code de la
consommation.
Le droit commun de la concurrence peut bien entendu sanctionner a posteriori si nécessaire les abus que
pourrait être amené à commettre un distributeur unique en position dominante. En outre, le CSA a de par la
loi un pouvoir de règlement des litiges qui, s’ils révèlent des faits susceptibles de constituer des pratiques
anticoncurrentielles, entraînent une saisine du Conseil de la concurrence par l’autorité sectorielle.
Pour autant, à titre préventif, la question se pose de savoir s’il faut, et comment, prévoir des garanties que le
distributeur devrait apporter aux autres opérateurs, dans l’hypothèse où la distribution de la TNT serait
assurée par un seul opérateur déjà présent et en position dominante sur le marché de la distribution de la
télévision payante.
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Dans cette hypothèse, on peut envisager une solution minimale, qui n’aurait cependant pas de valeur
juridique absolue en cas de contentieux, telles que l’engagement du distributeur d’appliquer un code de
bonne conduite ou une recommandation du CSA (article 1 de la loi du 30 septembre 1986 modifiée).
L’insertion des règles de ce code dans des accords contractuels entre les éditeurs et le distributeur pourrait
également être étudiée, règles que le CSA serait ensuite chargé de faire respecter conformément à l’article
30-5 de la loi du 30 septembre 1986.
Ce code de bonne conduite devrait, au delà de la séparation complète juridique, financière, comptable et
commerciale entre les fonctions d’éditeur et de distributeur, comprendre les garanties suivantes :
Le distributeur de la TNT devrait d’une manière générale veiller à rémunérer les chaînes sur la base de
critères transparents, équitables, objectifs et non discriminatoires. Ces critères ne devraient pas reposer
uniquement sur l’audience afin de ne pas pénaliser les nouveaux entrants éventuels.
Si le distributeur est lié à un éditeur de chaîne du fait de l’appartenance à un même groupe, il devra de
surcroît mettre en œuvre une politique commerciale (composition et présentation de l’offre, prix, ventes
d’espaces publicitaires) et promotionnelle totalement neutre par rapport aux chaînes qui lui serait lié même
indirectement.
Si le distributeur unique est aussi en position dominante sur le marché de la distribution payante ou si
l’accession à la distribution des chaînes payantes de la TNT le place, lui ou son groupe, dans cette position,
il devrait apporter des garanties particulières supplémentaires, en plus de la rémunération des chaînes sur la
base de critères transparents, équitables, objectifs et non discriminatoires.
2. Un distributeur commun
Certains opérateurs évoquent la possibilité de mettre en place une structure commune aux éditeurs présents
sur la TNT afin de commercialiser le bouquet de chaînes payantes selon deux modalités : soit l’entrée dans
l’actionnariat de l’opérateur le plus à même de distribuer la TNT afin d’en contrôler l’activité dans le
domaine de la distribution de la TNT, soit la création d’une structure ad hoc, une entreprise commune,
contrôlée par les chaînes, ou un GIE.
Le degré d’autonomie d’une entreprise commune conditionne son analyse sous l’angle du droit des
concentrations, nationales ou communautaires ou bien sous celui du droit des ententes.
Dans l’hypothèse d’une entreprise commune concentrative, il serait nécessaire de recueillir a priori l’aval
des autorités de la concurrence ce qui conduirait à attendre quelques mois (cinq mois au maximum)
confirmation de la viabilité juridique de cette opération. Cela risquerait donc de peser sur le calendrier de la
TNT, voire de compromettre toute velléité de distribution en commun en cas de refus, risque qui compte
tenu des opérations en cause, n’est pas à exclure au vu de la pratique décisionnelle de la Commission en
matière de distribution de télévision numérique (affaires MSG Media Service en 1994 et Nordic Satellite
Distribution en 1995).
Dans l’hypothèse où cette entreprise serait de nature coopérative, la mise en place d’un distributeur
commun, auquel participeraient les principaux acteurs opérant sur le marché de la télévision payante,
nécessiterait une notification de l’accord à la Commission européenne en vue d’obtenir une exemption au
regard de l’article 81 du Traité sur l’Union européenne pour assurer la sécurité juridique du modèle retenu.
Cet examen, bien qu’assez long, mais non suspensif, n’empêcherait cependant pas le démarrage de
l’entreprise en cause.
Pour ce qui est du GIE, les autorités de la concurrence examinent généralement avec circonspection cette
forme de coopération notamment au regard de son objet et d’éventuelles pratiques anticoncurrentielles qui
pourraient en résulter. En tout état de cause, une notification à la Commission européenne serait aussi
nécessaire pour la sécurité juridique du modèle.
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Comme dans le scénario d’un distributeur unique, la question se pose également de savoir s’il faut prévoir
des garanties que le distributeur devrait apporter aux autres opérateurs, dans l’hypothèse où les membres de
l’entreprise commune ou du GIE seraient liés à un éditeur de chaîne.
Il appartiendrait alors aux autorités de concurrence de définir ces garanties qui comprendraient sans doute
partie ou totalité des règles synthétisées en conclusion dans le code de bonne conduite.
3. Une pluralité de distributeurs.
Bien que le nombre de chaînes payantes soit limité, certains opérateurs considèrent que plusieurs
distributeurs commerciaux de la TNT proposant l’ensemble de l’offre payante de la TNT pourraient co-
exister et proposer aux clients des forfaits différenciés en fonction de leurs centres d’intérêts ou des offres
couplées avec les chaînes du câble et du satellite. C’est ce qui se passe en Finlande où cohabitent huit
distributeurs commerciaux de la TNT (un spécifique, HTV et des câblo-opérateurs).
Malgré les inconvénients inhérents à l’éclatement des offres (point II.A.b), certains pensent que le
faible nombre de chaînes payantes commercialisables en TNT n’empêche pas de les partager en deux
bouquets exclusifs, voire de commercialiser une seule chaîne indépendamment des autres. Sur le
satellite, la commercialisation d’un bouquet de base et de chaînes premium coexiste. Certains évoquent
même la possibilité pour les chaînes de s’auto-distribuer, sinon dès le départ, du moins dans un second
temps, ce qui suppose un accès aux fichiers des abonnés.
Ainsi un scénario à deux opérateurs, par exemple, ayant déjà une expérience de la distribution de la
télévision payante pourrait aussi être envisagé.
Ce scénario présente des similitudes avec celui du distributeur unique si l’un des distributeurs est en
situation de position dominante.
Les règles figurant dans le code de conduite prévu pour le distributeur unique et synthétisé en
conclusion pourraient alors s’appliquer à lui.
D’une manière générale, les principes de non discrimination et d’égalité de traitement devront être
respectés quelle que soit la situation des distributeurs.
***
Dans tous les cas de figure, afin de faciliter les relations entre les opérateurs, une fonction d’intermédiation
et de conciliation pourrait être prévue de manière à évoquer les sujets de conflit pouvant survenir entre
éditeurs, multiplexeurs et distributeurs lors de la négociation, de l’application et du renouvellement des
contrats.
Enfin, pour aider à prévenir les difficultés qui pourraient survenir pendant la phase de démarrage de la
TNT, il pourrait être envisagé de renforcer la coordination assurée par la Direction du développement des
médias en mettant en place temporairement une instance interministérielle associant, en tant que de besoin,
les professionnels, et chargée, en liaison avec le CSA, de coordonner les travaux des ministères concernés
nécessaires au lancement du projet, et de suivre le projet jusqu'à ce qu'une couverture de la population
suffisante et effective soit réalisée.
15
CONCLUSION
Il résulte de l’analyse effectuée que la réussite de la TNT dans des délais de déploiement raisonnables
(2003) suppose que les conditions suivantes, qui ne sont pas forcément exhaustives, soient cumulativement
réunies :
- une offre équilibrée de programmes, gratuits et payants, attractifs et variés, par rapport à l’offre de
la télévision analogique gratuite d’un côté et à l’offre du câble et du satellite de l’autre afin de
compenser le petit nombre de chaînes offertes dans ce cadre (33 au total) par rapport à l’offre
concurrente du câble et du satellite (200 chaînes environ).
- une couverture du territoire progressive, pour permettre aux nouvelles chaînes gratuites et aux
chaînes payantes d’atteindre dans un délai raisonnable un équilibre économique, mais suffisante
pour apporter des recettes (en termes de publicité et en nombre d’abonnés) à l’ensemble des
opérateurs de la filière et homogène au sein des zones couvertes.
- une politique de normalisation et de fabrication des matériels dans des délais compatibles avec le
lancement et la montée en puissance de la TNT ainsi que de sécurisation des matériels pour limiter
le piratage.
- une distribution dynamique et une politique de promotion des chaînes payantes de nature à susciter
l’envie du téléspectateur suffisamment différenciée de celle des autres réseaux de diffusion, câble
et satellite pour ne pas pénaliser ces derniers et pour bien montrer qu’il s’agit d’une offre
complémentaire et d’une évolution technologique de la télévision.
S’agissant de la distribution, la mise en œuvre d’un code de bonne conduite paraît, dans tous les cas,
s’imposer.
Dans l’hypothèse d’un distributeur unique ou d’un distributeur au moins dans une situation de position
dominante, ce code devrait, au delà de la séparation complète juridique, financière, comptable et
commerciale entre les fonctions d’éditeur et de distributeur, comprendre les garanties suivantes :
Le distributeur devrait d’une manière générale veiller à rémunérer les chaînes sur la base de critères
transparents, équitables, objectifs et non discriminatoires. Ces critères ne devraient pas reposer uniquement
sur l’audience afin de ne pas pénaliser les nouveaux entrants éventuels.
Si le distributeur est lié à un éditeur de chaîne du fait de l’appartenance à un même groupe, il devrait de
surcroît mettre en œuvre une politique commerciale (composition et présentation de l’offre, prix, ventes
d’espaces publicitaires) et promotionnelle totalement neutre par rapport aux chaînes qui lui serait lié même
indirectement.
Le distributeur devrait en outre, pendant l’exécution du contrat, respecter les règles suivantes :
• 1. Prévoir un ordre d’affichage ou de présentation des chaînes au consommateur qui ne mette pas en
avant les chaînes qui seraient lui liées directement ou indirectement ou qu’il distribuerait par ailleurs, et
qui puisse être modifié facilement par le téléspectateur selon ses centres d’intérêt. Assurer la neutralité
du guide programmes.
16
• 4. Ne pas imposer aux éditeurs l’alignement de leur rémunération sur celles qu’ils obtiennent du câble
et du satellite (clause de la nation la plus favorisée).
• 5. Ne pas coupler la vente de l’offre payante de la TNT avec un bouquet payant d’un autre mode de
diffusion qu’il distribuerait également, à un prix inférieur à la somme des deux abonnements, et
s’interdire toute utilisation du fichier des abonnés de la TNT pour ces autres modes de diffusion.
• 6. Ne pas insérer dans les contrats passés avec les éditeurs des clauses d’exclusivité qui empêcheraient
ces derniers d’être également distribués par d’autres modes de diffusion ou par d’autres distributeurs à
venir de la TNT au-delà du délai initial de cinq ans.
• 7. Permettre aux éditeurs d’obtenir, contre remboursement des frais engagés, l’envoi de
correspondances publicitaires ou promotionnelles aux abonnés, sans droit pour ceux-ci d’accéder au
fichier ou de le reconstituer.
• 8. Ne pas rompre abusivement les contrats de distribution avant l’échéance de l’autorisation d’émettre.
• 9. Mettre à la disposition du téléspectateur des décodeurs interopérables et lui garantir une initialisation
réelle à partir du moment où le téléspectateur se situe dans une zone couverte.
• 10. Fixer des prix de vente au consommateur qui ne le dissuadent pas de s’abonner et à un niveau qui
ne favorise pas ce distributeur par ailleurs distributeur sur d’autres segments de la télévision payante.
L’insertion des règles de ce code dans des accords contractuels entre éditeurs et distributeurs pourrait être
étudiée, règles que le CSA serait ensuite chargé de faire respecter conformément à l’article 30-5 de la loi du
30 septembre 1986. Une autre solution plus draconienne mais pas indispensable, telle que la modification
de la loi qui donnerait par exemple au CSA le pouvoir de sélectionner les distributeurs de la TNT sur la
base de critères de nature à rendre le schéma de distribution envisagé compatible avec le droit de la
concurrence ne serait en revanche pas compatible avec un calendrier ambitieux de déploiement de la TNT.
Enfin, comme dans la plupart des pays où la TNT a été lancée, il serait souhaitable que les Pouvoirs publics
annoncent une date d’expiration de la diffusion analogique. Une telle annonce faite à l’occasion de la
remise du rapport au Parlement pourrait affirmer le caractère irréversible de la décision de développer la
TNT.
17
ANNEXE 1
LE DISPOSITIF LEGISLATIF
La loi n° 2000-719 du 1er août 2000 modifiant la loi du 30 septembre 1986 relative à la liberté de
communication) pose certaines définitions, précise le rôle du CSA dans le domaine de la TNT et rappelle
un certain nombre de principes :
• Les définitions
- l’éditeur de service : toute personne morale, société ou association qui édite un service de télévision
composé des éléments de programmes qu’elle a produits, coproduits ou achetés, mis à la disposition du
public à titre gratuit ou payant.
- le distributeur de services (article 2-1 de la loi ) : toute société distincte des éditeurs de services qui passe
un contrat avec des éditeurs de services afin de proposer une offre de services de communication
audiovisuelle ou qui conclut un contrat avec d’autres distributeurs pour constituer une offre de services.
La loi distingue deux catégories de distributeurs, les opérateurs de multiplex (article 30-2-I de la loi) et le
distributeur commercial (article 30-2-IV). L’opérateur de multiplex est décrit comme toute société,
distincte des éditeurs de services, qui assemble les signaux. En revanche, le distributeur commercial ne fait
l’objet d’aucune précision complémentaire. Les textes restent donc flous sur les modalités pratiques de
cette distribution.
• Le rôle du CSA
Le CSA exerce le contrôle des dispositions anti-concentration pour l’ensemble des services de
radiodiffusion, y compris pour la TNT, afin de garantir le pluralisme d’expression.
Les articles 30-1 et 30-2 confient au CSA le soin d’attribuer les fréquences dans le respect de deux
contraintes : l’attribution prioritaire de capacités pour le secteur public et le lancement d’un appel de
candidatures pour l’attribution des autres canaux, sur la base d’un dossier de candidature précisant leur
offre et après audition publique et en vue de la signature de conventions. Le CSA lancera ultérieurement un
appel de candidatures pour les services locaux.
En ce qui concerne le distributeur technique, le CSA examine le dossier technique et financier que
présentera l’opérateur de multiplex chargé de faire assurer les opérations techniques.
Le CSA autorise cet opérateur et lui assigne la ressource radioélectrique nécessaire. En cas de refus du
CSA, les éditeurs disposent d’un nouveau délai de deux mois pour proposer un nouvel opérateur.
L’opérateur du multiplex est présenté conjointement par les éditeurs partageant une même fréquence. A
défaut d’accord entre les éditeurs sur le choix de cet opérateur, le CSA lance un nouvel appel à candidature.
Le CSA reçoit la déclaration du distributeur commercial proposé par les éditeurs lors du dépôt de leur
candidature.
• Les conditions de sélection des différents opérateurs : un certain nombre de principes conformes au
droit de la concurrence sont affirmés dans la loi
Pour les éditeurs de services, la sélection se fera selon des critères (art. 29 et 30) permettant d’assurer le
pluralisme d’expression, mais aussi la diversification des opérateurs et la nécessité d’éviter les abus de
position dominante ainsi que les pratiques entravant le libre exercice de la concurrence.
En ce qui concerne les opérateurs de multiplex, les autorisations délivrées par le CSA comporteront les
éléments permettant d’assurer «les conditions équitables, raisonnables et non discriminatoires de
l’utilisation de la ressource radioélectrique par les éditeurs de services autorisés ».
Pour les distributeurs commerciaux, la société distincte des éditeurs doit déclarer la composition et la
structure de l’offre de services, la composition du capital, ainsi que tout accord de commercialisation du
système d’accès sous condition.
i
ANNEXE 2
LE DISPOSITIF REGLEMENTAIRE
Les décrets d'application de la loi ont été publiés en plusieurs phases, en juillet, en décembre 2001 et en
janvier 2002.
• Le décret n° 2001-609 du 9 juillet 2001 relatif à la contribution des éditeurs de services de télévision
diffusés par voie hertzienne terrestre en mode analogique au développement de la production d’œuvres
cinématographiques et audiovisuelles modifié par le décret n°2001-1329 du 28 décembre 2001 :
Ce décret fixe les obligations de production des chaînes analogiques en clair (publiques et privées) qui
diffusent moins de 52 films par an. Ces chaînes doivent, chaque année, consacrer au moins 3,2% de leur
chiffre d’affaires annuel net de l’exercice précédent à des dépenses contribuant au développement de la
production d’œuvres cinématographiques européennes (dont au moins ¾ à la production indépendante). La
part de cette obligation de 3,2 % doit représenter au moins 2,5 % pour les œuvres d’expression originale
française. Ces dépenses sont constituées par l’achat de droits, l’investissement en parts producteur ou des
versements à un fonds participant à la distribution en salles.
Ce décret fixe également la part de contribution à la production d’œuvres audiovisuelles (16 % du chiffre
d’affaires annuel net de l’exercice précédent, contre 15 % aujourd’hui), dont les 2/3 consacrés à la
production indépendante, en élargissant la notion de dépenses à l’achat de droits de diffusion et de
rediffusion mais aussi aux travaux d’écriture.
• Le décret n° 2001-610 du 9 juillet 2001 modifiant le décret du 1er septembre 1992 relatif au régime
applicable aux différentes catégories de services de radiodiffusion sonore et de télévision distribués par
câble ou diffusés par satellite :
Ce décret a notamment pour objet d’étendre le régime du câble au satellite et de transposer les dispositions
de la directive télévision sans frontière notamment pour ce qui concerne les chaînes relevant de la
compétence d’un autre État membre de l’Union européenne et les émissions de télé-achat.
• Le décret n°2001-1330 du 28 décembre 2001 fixant les principes généraux concernant la diffusion des
œuvres cinématographiques et audiovisuelles :
Ce décret définit les catégories de services de cinéma, de première diffusion, de patrimoine
cinématographique, de patrimoine audiovisuel et les services de paiement à la séance en indiquant les
proportions minimales de diffusions et de rediffusions d’œuvres européennes et d’expression originale
française. Il détermine également les heures de grande écoute et le nombre maximal de diffusions annuelles
des œuvres.
• Le décret n° 2001-1331 du 28 décembre 2001 fixant les principes généraux concernant le régime
applicable à la publicité et au parrainage :
Il détermine notamment le temps maximal consacré à la diffusion de messages publicitaires selon le
support de diffusion : six minutes par heure en moyenne quotidienne sans excéder douze minutes par heure
pour les services diffusés par voie hertzienne terrestre ; neuf minutes en moyenne sans excéder douze
minutes par heure pour les diffusions sur le câble ou le satellite. Ces durées peuvent être supérieures pour
les éditeurs de services d’information communale ou locale.
ii
• Le décret n°2001-1332 du 28 décembre 2001 relatif à la contribution des éditeurs de services de
télévision diffusés par voie hertzienne en mode analogique dont le financement fait appel à une
rémunération de la part des usagers au développement de la production d’œuvres cinématographiques et
audiovisuelles :
Ce décret précise le mode de calcul de l’assiette des contributions au développement de la production
cinématographique et audiovisuelle notamment de Canal +. Les éditeurs visés par le décret doivent
consacrer au moins 20 % de leurs ressources totales à l’acquisition de droits de diffusion d’œuvres
cinématographiques dont au moins 12 % à des œuvres européennes et 9 % à des œuvres d’expression
originale française. Au moins ¾ des dépenses doivent être consacrés à la production indépendante. Le
décret limite à 12 mois la durée en première exclusivité des droits de diffusion d’œuvres
cinématographiques d’expression française. S’agissant des œuvres audiovisuelles, les éditeurs doivent
consacrer au moins 4,5 % de leurs ressources annuelles à la production d’œuvres européennes ou
d’expression originale française. Au moins 2/3 des dépenses doivent être consacrés à la production
indépendante.
• Le décret n°2001-1333 du 28 décembre fixant les principes généraux concernant la diffusion de services
autres que radiophoniques par voie hertzienne terrestre en mode numérique :
Ce décret détermine le régime des services diffusés en clair, en crypté et les règles de publicité. En matière
cinématographique, les éditeurs en clair doivent consacrer 3,2 % de leur chiffre d’affaires à la production
d’œuvres cinématographiques d’expression européenne dont 2,5 % au moins à des œuvres d’expression
française. Au moins ¾ des dépenses en préachats ou en parts de producteur sont consacrés au
développement de la production indépendante. En matière audiovisuelle ils devront consacrer 16 % de leur
chiffre d’affaires à des dépenses contribuant au développement d’œuvres d’expression française et diffuser
au moins 120 heures d’œuvres européennes ou d’expression française. Pour les chaînes cryptées, les
chaînes cinéma doivent consacrer au moins 21 % de leurs ressources totales annuelles à l’achat de droits
d’œuvres cinématographiques européennes dont 17 % au moins à des œuvres d’expression française. Ces
proportions sont portées à 26 % et 22 % pour les chaînes de cinéma de première diffusion. Au moins les ¾
sont consacrés à la production indépendante. La limitation de la durée de l’exclusivité des films est de 12
mois. En matière audiovisuelle, les obligations de financement sont à hauteur de 6 % de leur ressources
pour les chaînes qui consacrent plus de 20 % de leur temps de diffusion à des œuvres audiovisuelles.
Les obligations font l’objet d’un régime de montée en charge progressive : les chaînes diffusées en clair et
les chaînes payantes pourront atteindre leurs obligations dans un délai ne pouvant excéder 7 ans. Le rythme
intermédiaire sera fixé chaque année en fonction de la montée en charge de la TNT. Des seuils sont fixés
selon la taille et l’ancienneté de la chaîne.
Le temps consacré à la publicité est porté de six minutes par heure d’antenne en moyenne quotidienne pour
les chaînes analogiques à neuf pour les chaînes numériques.
• Le décret n°2002-125 du 31 janvier 2002 modifiant le décret n°92-881 du 1er septembre 1992 pris pour
l’application de l’article 34 de la loi du 30 septembre 1986 relative à la liberté de communication et
concernant l’autorisation d’exploitation des réseaux distribuant des services de radiodiffusion sonore et de
télévision par câble.
Ce texte précise les chaînes de télévision hertzienne que les câblo-opérateurs sont dans l’obligation de
diffuser dont les chaînes de la TNT (dite obligation de « must carry »). Les réseaux câblés sont en effet
soumis à une obligation de reprise du signal des chaînes hertziennes normalement reçues dans leur zone.
*
L’ensemble du corpus législatif et réglementaire applicable à la TNT est complexe et particulièrement
détaillé s’agissant de la production et la diffusion des programmes. Les obligations reposent
essentiellement sur les éditeurs de chaînes et s’expriment en part de chiffre d’affaires aux fins de
contribution à la production cinématographique et audiovisuelle notamment indépendante. Il est
particulièrement silencieux sur les aspects liés à la distribution, notamment la distribution commerciale des
programmes.
iii
ANNEXE 3
La nature du contrôle et le degré de d’autonomie d’une entreprise commune conditionnent son analyse sous
l’angle du droit des concentrations ou sous celui du droit des ententes. Mais quoi qu’il en soit, les
restrictions de concurrence admissibles, en cas d’autorisation s’il s’agit d’une concentration, ou
d’exemption s’il s’agit de mettre en place une structure de nature coopérative, que pourrait admettre la
Commission seraient les mêmes.
Les critères traditionnels du caractère concentratif d'une entreprise commune en droit communautaire sont
la création d'une entité, sous contrôle conjoint, de "plein exercice", c'est-à-dire "accomplissant de manière
durable de toutes les fonctions d'une entité économique autonome", et qui n'a pas pour conséquence directe
de conduire à la coordination du comportement concurrentiel des sociétés-mères, qui doivent rester
indépendantes ; si la création d'une entreprise commune de plein exercice a pour objet ou effet de conduire
à la coordination du comportement concurrentiel des entreprises mères qui restent indépendantes (on peut
se coordonner tout en restant indépendant), l'appréciation de cette coordination (et de cette coordination
seulement) sera menée dans le cadre de la procédure de contrôle de la concentration, mais en appliquant les
critères de l'article 81, paragraphes 1 et 3 du Traité.
La Commission a déjà défini dans sa pratique un marché pertinent de la télévision payante, sans aller
jusqu’à distinguer les différents vecteurs de transmission, notamment le câble et le satellite. C’est sur cette
base qu’il convient donc de raisonner dans le cas présent.
Les trois décisions concernant directement la télévision numérique, susceptibles d’être riches
d’enseignements sont des décisions d’interdiction, à l’issue d’une phase d’examen de près de 6 mois :
- affaire M.IV/469 MSG Media Service en 1994 : la Commission interdit la création d’une
entreprise commune (MSG) de services techniques de télévision (gestion technique, commerciale
et administrative de télévision payante, gestion du contrôle d’accès et des abonnements) entre
Bertelsmann (groupe multimedia), Kirsch (éditeur de chaînes) et Telekom (opérateur de
télécommunications) dans le secteur de la télévision numérique notamment.
- affaire M.IV/490 Nordic Satellite Distribution en 1995 : la Commission a également interdit la
création d’une entreprise commune (NSD) entre Telenor (le premier cablo-opérateur norvégien),
Teledanmark (le premier cablo-opérateur danois) et Kinnevik (le principal fournisseur de
programmes de télévision diffusés par satellite) destinée à fournir des services de télévision par
satellite.
- affaires liées M.IV/993 et M.IV1027 Bertelsman/Kirsch/Première et Deutsche
Telekom/BetaResearch en1998 : la Commission a interdit les opérations de concentrations
envisagées, qui ne visaient pas à la création d’entreprises communes, afin notamment d’éviter la
fermeture de marchés émergents dans le secteur des services de télévision numérique pour d’autres
fournisseurs de télévision payante.
iv
Selon le raisonnement de la Commission, les concentrations entre diffuseurs et propriétaires
d’infrastructures ou opérateurs de télécommunications aboutissent à la fermeture des marchés à travers
l’intégration verticale des principaux fournisseurs de télévision payante et des principaux opérateurs de
télécommunications, ces opérateurs apparaissant dès lors comme en position de gardien sur le marché de la
télévision payante. Dans l’affaire MSG Media Service, l’absence de concurrents potentiels sur le marché
considéré amène la Commission à conclure à l’existence d’un monopole durable dès la phase de démarrage
du marché de la télévision numérique. Dans l’autre projet d’entreprise commune, la Commission a fondé
son analyse sur la présence de barrières à l’entrée et notamment sur les coûts élevés d’entrée. Selon elle, la
contribution au progrès technique et économique est loin selon de compenser les effets négatifs de l’entrave
à la concurrence.
A noter que la Commission a jugé insuffisants les engagements de nature comportementale des parties dans
ces opérations. Dans MSG Media Service, les parties s’engageaient à ne pas se comporter de la façon
suivante : pas de restriction d’utilisation lors de la vente et la location de décodeurs, pas de divulgation aux
sociétés mères d’informations liées aux programmes et aux abonnés d’autres diffuseurs, pas de système de
guidage électronique des usagers vers certains programmes. Elles souhaitaient la création d’un conseil
consultatif chargé de contrôler la neutralité du guide électronique des programmes, un système de prix
transparents conformes au marché et exigeant en particulier une rémunération égale pour un service égal.
Néanmoins, la Commission a indiqué dans ses rapports d’activité à plusieurs reprises à la suite de ces
interdictions, qu’elle ne souhaitait pas décourager la création de telles entreprises dans le secteur des
médias, notamment lorsque la neutralité et l’ouverture de l’actionnariat sont garanties et sous réserve
qu’elles ne créent ni ne renforcent des positions dominantes.
En droit français il n’existe pas de notification préalable des accords passés entre concurrents sur un
marché. La légalité de tels accords au regard du droit de la concurrence s’apprécie ex post, c’est à dire dans
le cadre de contentieux. Toutefois, la mise en place d’un distributeur unique, auquel participeraient les
principaux acteurs opérants sur le marché de la télévision payante, nécessiterait une notification de l’accord
à la Commission européenne en vue d’obtenir une exemption au regard de l’article 81 du Traité pour
assurer la sécurité juridique du modèle retenu et le protéger de recours des tiers. A noter, que même en cas
d’exemption accordée par la Commission, la sécurité juridique ne serait certaine que si aucun recours
n’était intenté contre la décision de la Commission devant le tribunal de première instance, puis
éventuellement la Cour de justice de la communauté européenne.
On indiquera tout d’abord qu’un tel accord ne relèverait a priori pas des accords de commercialisation
susceptibles d’être exemptés de facto par le règlement CE N° 2659/2000 de la Commission concernant
l’application de l’article 81§3 du traité à des accords de recherche et de développement et qui couvre dans
certaines conditions les accords de commercialisation.
Les lignes directrices relatives à l’application de ce règlement définissent les types d’accords de
coopération entre concurrents pour la vente, la distribution ou la promotion de leurs produits et explicitent
les conditions pour que de tels accords soient exemptés par le règlement. : s’il s’agit d’un accord de
commercialisation impliquant notamment une coordination de l’offre en termes de prix et la mise en place
d’une offre commerciale commune, il est clair que cet accord tombera sous le coup de l’article 81§1 du
traité et que de ce seul fait, il ne peut automatiquement bénéficier d’une exemption d’office, d’autant plus
que la part de marché cumulée des entreprises parties à l’accord dépasserait largement le seuil d’exemption
prévu par le règlement général à savoir 25% (le marché à prendre en compte étant a priori celui de la
télévision payante et/ou celui de la distribution de la télévision payante).
v
- Examen au regard de la pratique de la Commission en matière d’exemption individuelle :
Plusieurs décisions de la Commission renseignent sur la démarche qu’elle adopterait et sur ce qu’elle
jugerait admissible, compte tenu de l’affectation des marchés susceptibles d’être concernés par la mise en
place d’une telle structure, ainsi qu’elle l’avait fait dans l’affaire TPS en 1999.
Il n’y a pas en première analyse de raison pour que la Commission s’écarte de la définition des marchés
pertinents traditionnellement retenus par les autorités de concurrence tant nationales que communautaires
dans le secteur de la télévision (cf. décision de la Cour d’appel de Paris du 15 juin 1999, décision de la
Commission européenne du 9 novembre 1994 MSG Média Service et du 15 septembre 1999 British
Interactive Broadcasting Open par exemple). Sont ainsi traditionnellement distingués les marchés suivants :
• le marché de la télévision gratuite
• le marché de la télévision à péage
• le marché des services administratifs et techniques offerts aux diffuseurs des programmes de télévision
payante : ce marché peut englober un certain nombre de services qui vont du cryptage des émissions de
programmes, à la gestion des abonnements en passant par la fourniture (vente ou location) des
décodeurs jusqu’à la gestion des services interactifs
• les marchés liés à l’achat de programmes de télévision et aux droits de retransmission
S’agissant du marché de la télévision payante, la Commission n’est pas aller jusqu’à distinguer les
différents vecteurs de transmission, notamment le câble et le satellite.
Ainsi dans sa décision du 3 mars 1999 relative à une demande d’exemption de TPS, la Commission a
considéré qu’il n’y avait pas lieu « pour le moment » d’effectuer une distinction entre un marché éventuel
du câble et du satellite, car, dans les zones câblées, la télévision à péage par câble était généralement pour
le consommateur un substitut à la télévision à péage par satellite. Elle considère également qu’il n’y a pas
lieu d’opérer une distinction sur le marché de la télévision à péage, selon que la diffusion est analogique ou
numérique, la télévision à péage numérique ne constituant qu’un développement technologique de la
télévision à péage analogique.
Au niveau national, le Conseil de la concurrence, dans son avis 00-A-04 du 29 février 2000 relatif à
l’acquisition par la société Vivendi de la participation de 15% détenue par le groupe Richemont dans la
société Canal Plus, n’a pas davantage été plus avant dans la segmentation du marché de la télévision à
péage en fonction des modes de diffusion.
! La Commission s’attachera ensuite à détecter les restrictions de concurrence contenues dans l’accord
et à en analyser les effets sur la concurrence dans les marchés susceptibles d’être affectés, en fonction
notamment de leur structure (degré de concentration, liens entre les différents intervenants dans la
filière) et de leur situation économique. Elle recherchera notamment :
- S’il existe ou non des barrières à l’entrée sur les marchés en cause.
- Si l’accord créer ou renforce une position dominante, individuelle ou collective, voire un monopole sur le
marché principal ou les marchés connexes
- Si les participants à l’accord sont en mesure de contrôler l’accès des marchés en cause par une fermeture
de l’accès à la structure commune par exemple.
- S’il existe ou non des clauses d’exclusivité dans les contrats passés entre les distributeurs et les diffuseurs,
les diffuseurs et les producteurs.
- S’il existe des clauses de l’accord relatives aux prix et aux conditions commerciales de production ou de
distribution des produits ou services concernés par l’accord.
- Si la durée de l’accord ou des clauses d’exclusivité n’est pas excessive au regard de l’objectif souhaité par
les partenaires.
! La Commission examinera, comme elle l’avait fait notamment dans l’affaire TPS et enfin si les
restrictions de concurrence contenues dans l’accord sont nécessaires en termes de progrès technique
vi
et économique et si elles sont de nature à fermer l’accès au marché à des concurrents existants ou
potentiels.
A priori, l’examen par la Commission d’une entreprise commune, concentrative ou coopérative, chargée de
la distribution de la TNT serait effectué à partir de la grille d’analyse exposée ci-dessus. En première
analyse, le marché pertinent principal serait celui de la distribution de la télévision payante. Il serait de
dimension nationale. Aucun élément ne permet de considérer à ce jour que la Commission retienne un
marché de la TNT distinct de celui de celui de la télévision payante et donc un marché de la distribution de
la TNT. Qu’elle soit de nature concentrative ou coopérative, et au vu de la composition vraisemblable
d’une telle entreprise commune réunissant les principaux acteurs des marchés de la télévision sur lesquels
ils sont concurrents, l’examen au regard du droit communautaire de la concurrence serait long et complexe.
Les risques de coordination entre les fondateurs de l’entreprise commune, les risques liés à l’intégration
verticale amèneraient inévitablement la Commission à exiger des garanties.
vii
ANNEXE 4
LISTE DES PERSONNES CONSULTÉES
1
* Personnalités auditionnées
viii
- M. Jean-Paul Giraud, PDG, FNAC
- M. Gronier, Délégué général, Accès ∗
- M. François Guichard, Directeur général, NOOS ∗
- M. François Guilbaud, 3 Wave ∗
- M. Richard Guillorel, Président, SIMAVELEC
- M. Jean-Paul Guillot, PDG, BIPE
- M. Joseph Haddad, PDG, Netgem ∗
- M. Bernard Heger, Simavelec∗
- M. Emmanuel Hoog, Président, INA
- M. François Hurard, Directeur du cinéma, CNC ∗
- M. Jean-Claude Jaunait, PDG, Système U
- M. Rafi Kouyoumdjan, PDG, Tiscali France
- M. Jean Labe, Président, BLIC
- M. Marc Lacan, Vice-président du développement, Pathé ∗
- M. Philippe Laco, Président, Disney Channel
- M. Arnaud Lagardère, PDG, Groupe Lagardère
- M. Martin Lahonde, Emettel
- M. Dominique Lancrenon, PDG, MFS Communication
- M. Yvon Le Bars, membre du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel *
- M. Alain Le Calvé, adjoint au délégué général, chargé des questions techniques, Simavelec *
- M. Patrick Le Lay, PDG, TF1 *
- M. Michel-Edouard Leclerc, Président, Leclerc
- M. Lecorvec, Président, Philips *
- M. Gérard Lefèbvre, Président, AFORM
- M. Pascal Lefort, BIPE *
- M. Patrick Leleu, Président, Noos
- M.Vincent Letang, BIPE *
- M. Maxime Lombardini, Directeur du développement, TF1 *
- M. Jean-Bernard Magescas, HF Company *
- M.Pascal Marlier, BIPE ∗
- Mme Marie Masmonteil, Présidente, Syndicat des Producteurs Indépendants
- M. Hervé Mathieu, general manager Philips*
- M. Jean-Marie Messier, Président, Vivendi Universal
- M. Gérard Mestrallet, Président, Suez
- M. Jean-Pierre Meunier, PDG, ITM Entreprises
- M. Thomas Middlhoff, Président, Bertelsmann Ab
- M. Thierry Mileo, PDG, Firstmark
- M. Alain Modot, Directeur affaires européennes, International Media Consultants Associés *
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- M. Etienne Mougeotte, Président, LCI
- M. Gérard Mulliez, PDG, Auchan
- Mme Dominique Niel, Directeur, TDF *
- M. Claude Olier, PDG, Colt Télécommunications
- M. Denis Olivennes, Directeur Général, Canal+ Group *
- Mme Christine Palluel, Déléguée cinéma, Syndicat des Producteurs Indépendants ∗
- Mme Isabelle Parize, PDG, Canal Satellite
- M. Christian Phéline, Directeur, Ministère de la Culture, Direction du Développement des Médias
- M. Patrick Pinochet, PDG, France Télécom Câble
- M. Geoffroy Pinoncely, Président, UDA
- M. Jacques Planchot, PDG, Darty
- M. Christophe Pochart, PDG, Câble et Wireless
- M. Marc Rennard, Directeur Général adjoint, TDF ∗
- M. Michel Rey, Directeur adjoint, M6 ∗
- M. Pascal Rogard, Délégué Général, ARP ∗
- M. Jacques Roques, Président, Towercast
- M. Rozanes et M. Jean-Henri Roger, Présidents, Bloc
- M. René Russo, Vice-Président, Bouygues Télécom
- M. Léon Salto, DG, Carrefour France
- M. Marc-Olivier Sebbag, Délégué télévision, Syndicat des Producteurs Indépendants∗
- M. Gregory Samak, Directeur de cabinet, groupe AB ∗
- M. Jérôme Seydoux, PDG, Pathé *
- Mme Anne Sinclair, NETGEM *
- Mme Catherine Smadja, Department for Culture, Media and Sport, Royaume-Uni ∗
- M. Nicolas de Tavernost, Directeur Général, M6
- M. Marc Tessier, PDG, France-Télévision ∗
- M. Jean-Christophe Thiery, Directeur Général, Bolloré Medias∗
- M. Bruno Thibaudeau, Directeur Général, Multithématiques
- M. Bernard Tourraine, Directeur Général, NTL France
- M. Stéphane Tréppoz, PDG, AOL
- M. Jacques Veyrat, Directeur Général, Louis Dreyfus Communication
- M. Paul Hervé Vintrou, International Media Consultants Associés
- M. Philippe Vuillaume, Directeur Général, BT Broadcast Services
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ANNEXE 5
LES TRAVAUX D’INFRASTRUCTURES NECESSAIRES AU LANCEMENT DE LA TNT
Le déploiement progressif de la TNT sur l’ensemble du territoire passe par une adaptation et un
aménagement des sites des émetteurs hertziens appartenant à TDF et diffusant actuellement la télévision
analogique de terre ou par la construction de nouveaux sites, par TDF ou par d’autres opérateurs de
diffusion. La loi du 1er août 2000 a en effet mis fin au monopole de TDF pour les prestations de diffusion
liées à la TNT. Dans la première phase de lancement de la TNT, le choix par le CSA de 29 sites
appartenant à TDF apparaît néanmoins comme la solution la plus logique en termes économiques et compte
tenu des contraintes environnementales. S’agissant pour beaucoup de points hauts qui n’ont pas
d’équivalents, la construction de nouveaux sites dans un délai rapide n’est pas envisageable. TDF et les
nouveaux opérateurs doivent prendre part ensemble à cette phase de lancement.
Les sites de TDF comprennent plusieurs éléments : un terrain, un local où est reçu le signal TV et installé
l'émetteur, un pylône et des systèmes aériens (feeder et antenne). Le tout est alimenté en énergie, exploité et
maintenu par des interventions régulières.
La diffusion d'un signal TV depuis un site consiste à prendre en charge ce signal issu du transport depuis la
tête de réseau, à le moduler/amplifier à partir d'un émetteur, puis à émettre via une antenne située sur un
pylône ou une tour hertzienne. Lorsque l'antenne d'émission est partagée entre plusieurs services
(analogiques et/ou numériques), les différentes composantes à diffuser sont assemblées via un multiplexeur
radiofréquences, puis transmises vers l'antenne au moyen d'un feeder.
Pour qu’un site puisse diffuser de la TNT, plusieurs types de travaux doivent être effectués, les deux
premiers étant les plus importants :
- l’installation des multiplexeurs de radiofréquences
- le renouvellement ou l’adaptation des antennes placées sur les pylônes pour supporter plus de
puissance ou élargir la bande passante, pour les mettre à la norme numérique en vigueur DVB-T ;
il apparaît que 50% des sites devraient être équipés de nouvelles antennes
- le remplacement ou le renforcement des pylônes dans certains cas inadaptés à la charge
supplémentaire devant être accueillie
- l’adaptation ou l’extension des sites et des bâtiments actuels pour accueillir les nouveaux émetteurs
(ceux de TDF ou ceux d’opérateurs alternatifs) et les têtes de réseau, voire l’aménagement de
nouveaux sites
- Le re-dimensionnement de l’énergie nécessaire à cette nouvelle technologie (distribution,
secours…)
Une couverture de 50% de la population au démarrage de la TNT suppose l’équipement ad hoc des 29
désignés par le CSA. A l’heure actuelle, TDF a anticipé les travaux sur six sites seulement ; un délai de 12
à 18 mois est nécessaire pour équiper ou aménager les autres sites permettant d’assurer cette couverture
minimale de 50% de la population, correspondant aux grandes villes françaises. Pour couvrir environ 80%
de la population, TDF a indiqué devoir retenir 110 sites au total, dont l’aménagement a été planifié par
tranches jusqu’en mars 2003.
TDF est prêt à accueillir sur ses sites d’autres opérateurs de transport de données numériques de télévision
en leur fournissant un local dans un de ses bâtiments, un emplacement sur un pylône existant, un passage
pour les liaisons télécoms, un emplacement pour l’accueil d’un groupe électrogène et pour celui
d’aérothermes et propose également à ces opérateurs une offre de maintenance des installations partagées.
Ces modalités d’accueil font actuellement l’objet de discussions.
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ANNEXE 6
LE CALENDRIER
Observations
Calendrier initial Étapes État d’avancement
1er août 2000 Vote de la loi 7 décrets publiés Le dernier décret est paru
le 31 janvier 2002
Fin juin 2001 Désignation des 29 sites Liste des sites publiée
de diffusion par le CSA par le CSA
Fin novembre 2001 Dépôt des candidatures Report de l’ordre de trois Raison invoquée : retard
des éditeurs avec mois: 22 mars 2002 de la publication des
indication du choix des décrets : 45 jours après
distributeurs de services (fin janvier 2002)
qui sont assujettis à une
simple déclaration auprès
du CSA.
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