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RÉSUMÉ

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EXERCICES DE RÉSUMÉ

Résumez ces textes en 100 mots.

EXERCICE 1

  « S'informer fatigue »

     La presse écrite est en crise. Elle connaît en France et ailleurs une baisse notable de sa
diffusion et souffre gravement d'une perte d'identité et de personnalité. Pour quelles raisons et
comment en est-on arrivé là ? Indépendamment de l’influence certaine du contexte économique
et de la récession il faut chercher, nous semble-t-il, les causes profondes de cette crise dans la
mutation qu'ont connue, au cours de ces dernières années, quelques-uns des concepts de base
du journalisme.
   En premier lieu l'idée même d'information. Jusqu’à il y a peu, informer, c’était, en quelque
sorte, fournir non seulement la description précise - et vérifiée - d’un fait, d'un événement, mais
également un ensemble de paramètres contextuels permettant au lecteur de comprendre sa
signification profonde. Cela a totalement changé sous l'influence de la télévision, qui occupe
désormais, dans la hiérarchie des médias, une place dominante et répand son modèle. Le journal
télévisé, grâce notamment à son idéologie du direct et du temps réel, a imposé peu à peu une
conception radicalement différente de l'information. Informer c'est, désormais, « montrer
l'histoire en marche » ou, en d'autres termes, faire assister (si possible en direct) à l'événement.
Il s'agit, en matière d'information, d'une révolution copernicienne dont on n'a pas fini de
mesurer les conséquences. Car cela suppose que l'image de l'événement (ou sa description)
suffit à lui donner toute sa signification, et que tout événement, aussi abstrait soit-il, doit
impérativement présenter une partie visible, montrable, télévisable. C'est pourquoi on observe
une emblématisation réductrice de plus en plus fréquente d'événements à caractère complexe.
   Un autre concept a changé : celui d'actualité. Qu'est-ce que l'actualité désormais ? Quel
événement faut-il privilégier dans le foisonnement de faits qui surviennent à travers le monde ?
En fonction de quels critères choisir ? Là encore, l'influence de la télévision apparaît
déterminante. C'est elle, avec l'impact de ses images, qui impose son choix et contraint la presse
écrite à suivre. La télévision construit l'actualité, provoque le choc émotionnel et condamne
pratiquement les faits orphelins d'images au silence, à l'indifférence. Peu à peu s'établit dans les
esprits l'idée que l'importance des événements est proportionnelle à leur richesse en images.
Dans le nouvel ordre des médias, les paroles ou les textes ne valent pas des images.
   Le temps de l'information a également changé. La scansion optimale des médias est
maintenant l'instantanéité (le temps réel), le direct, que seules télévision et radio peuvent
pratiquer. Cela vieillit la presse quotidienne, forcément en retard sur l'événement et, à la fois,
trop près de lui pour parvenir à tirer, avec suffisamment de recul, tous les enseignements de ce
qui vient de se produire. La presse écrite accepte de s'adresser non plus à des citoyens, mais à
des téléspectateurs !
   Un quatrième concept s'est modifié. Celui, fondamental, de la véracité de l'information.
Désormais, un fait est vrai non pas parce qu'il correspond à des critères objectifs, rigoureux et
vérifiés à la source, mais tout simplement parce que d'autres médias répètent les mêmes
affirmations et « confirment »... Si la télévision (à partir d'une dépêche ou d'une image d'agence)
présente une nouvelle et que la presse écrite, puis la radio reprennent cette nouvelle, cela suffit
pour l'accréditer comme vraie. Les médias ne savent plus distinguer, structurellement, le vrai du
faux.
   Enfin, information et communication tendent à se confondre. Trop de journalistes continuent
de croire qu'ils sont seuls à produire de l’information quand toute la société s'est mise
frénétiquement à faire la même chose. Il n’y a pratiquement plus d'institution (administrative,
militaire, économique, culturelle, sociale, etc.) qui ne se soit dotée d'un service de
communication et qui n'émette, sur elle-même et sur ses activités, un discours pléthorique et
élogieux. À cet égard, tout le système, dans les démocraties cathodiques, est devenu rusé et
intelligent, tout à fait capable de manipuler astucieusement les médias et de résister savamment
à leur curiosité. Nous savons à présent que la « censure démocratique » existe.
   À tous ces chamboulements s’ajoute un malentendu fondamental. Beaucoup de citoyens
estiment que, confortablement installés dans le canapé de leur salon et en regardant sur le petit
écran une sensationnelle cascade d'événements à base d’images fortes, violentes et
spectaculaires, ils peuvent s’informer sérieusement. C'est une erreur majeure. Pour trois
raisons : d'abord parce que le journal télévisé, structuré comme une fiction, n’est pas fait pour
informer mais pour distraire ; ensuite, parce que la rapide succession de nouvelles brèves et
fragmentées (une vingtaine par journal télévisé) produit un double effet négatif de
surinformation et de désinformation ; et enfin parce que vouloir s'informer sans effort est une
illusion qui relève du mythe publicitaire plutôt que de la mobilisation civique. S’informer fatigue,
et c'est à ce prix que le citoyen acquiert le droit de participer intelligemment à la vie
démocratique.

Ignacio RAMONET, Télévision et information. , Le Monde Diplomatique, octobre 1993.

  

EXERCICE 2

  Vers une fracture générationnelle ?

   Les générations sont-elles en passe de devenir une nouvelle clé de lecture des fractures
centrales de la société française ? En tous cas, à l’heure où l’on peine à dessiner, en France
comme ailleurs, le visage des sociétés nationales, et où l’analyse en termes de classes sociales
est de moins en moins suffisante, les clivages liés à l’âge pourraient connaître un regain de
vitalité dans les années à venir.
   Cette particularité de notre époque, c’est bien entendu l’exceptionnel destin social de la «
génération 68 », comme l’a rappelé récemment le sociologue Louis Chauvel. Celui-ci met en
évidence, dans deux articles, les facteurs qui ont permis aux individus nés entre 1945 et 1955 de
connaître un progrès sans précédent. La « génération 68 » succède à des générations qui ont
connu des destins particulièrement dramatiques : la génération 1914 par exemple, celle de leurs
parents, aura connu un début de vie active des plus difficiles dans le contexte de crise des
années 1930, avant, surtout, de connaître les affres de la Seconde Guerre mondiale.
   Grandissant eux, pour la première fois depuis un siècle, en temps de paix, les « baby-boomers
» vont profiter à plein de la dynamique des Trente Glorieuses : dans un pays en pleine
reconstruction, le travail ne manque pas, ce qui leur permet de connaître, au cours des trois ans
après la sortie des études, un taux de chômage moyen très faible d’environ 5%. Grâce
notamment au développement de l’Etat-providence, de l’éducation et de la recherche (CNRS,
universités), des services de santé, des entreprises semi-publiques (EDF, France Telecom…), ils
vont être les principaux bénéficiaires de la forte demande en cadres et professions
intellectuelles. Ils connaîtront ainsi une mobilité sociale ascendante inouïe, assurant une
rentabilité maximale de leurs diplômes : dans les années 1970, 70% des titulaires d’une licence
ou plus âgés de 30 à 35 ans sont cadres. Aujourd’hui, la « génération 68 » s’apprête à prendre sa
retraite après une vide de travail pratiquement sans accroc, et après avoir fait jouer l’ascenseur
social comme aucune autre génération auparavant.
   Malheureusement, cette parenthèse s’est très vite refermée : Les générations nées à partir de
1955 ont connu une dégradation progressive de leurs « chances de vie ». Le phénomène le plus
important de ce point de vue est naturellement l’apparition d’un chômage de masse, qui frappe
notamment les nouveaux venus sur le marché du travail. […]
   Constat pessimiste ? L. Chauvel admet qu’il est « sombre, mais il est fondé sur des bases
empiriques fortes, des analyses solides, des résultats convergents ». D’autres auteurs dressent
un tableau plus nuancé. On peut souligner aussi que les privilèges d’une génération ne jouent
pas nécessairement comme un désavantage pour les autres générations. On a ainsi assisté à un
renversement historique du sens des solidarités, provoqué par l’Etat-providence (avec
l’instauration des retraites et le développement de l’éducation), qui fait que ce sont désormais
principalement les jeunes qui bénéficient des solidarités familiales. Résultat : l’écart de revenus
entre les âges se resserre, même s’il faut reconnaître que cette réduction des inégalités est «
modérée ».
   Ces correctifs ne suffisent donc pas à entamer le constat général d’inégalités socio-
économiques fortes entre les générations au détriment des jeunes. D’où le constat laconique de
L. Chauvel : « Pour la première fois en période de paix, la génération qui précède ne laisse pas
aux suivantes un monde meilleur à l’entrée de la vie. » En fait, selon lui, on a assisté, au milieu
des années 1980, à l’inversion d’un phénomène qui jusque-là visait d’abord la protection et
l’insertion des jeunes : voici que l’on s’est mis à assurer prioritairement la stabilité des plus âgés,
le principal coût de ce changement étant, encore une fois, le chômage des jeunes. Ce
basculement comporte de grands risques. Et tout d’abord celui d’une « dyssocialisation » de la
jeunesse, c’est-à-dire non pas d’une absence de socialisation, mais d’une socialisation difficile,
inadaptée. Concrètement, ce risque viendrait d’un manque de correspondance entre les valeurs
et les idées que reçoit la nouvelle génération (liberté individuelle, réussite personnelle,
valorisation des loisirs, etc.) et les réalités auxquelles elle sera confrontée (centralité du marché,
hétéronomie, pénurie, manque d’emplois intéressants, ennui, etc.). Plus profondément, les
difficultés psychosociales de la nouvelle génération (notamment les comportements violents, les
incivilités en tous genres, le suicide, etc.) pourraient être liés de façon immédiate au fossé entre
ce que les jeunes croient mériter (sur la base d’une comparaison entre les études et la position
de leurs parents et les leurs) et ce qu’ils peuvent réellement connaître.
   Bien sûr l’avenir n’est pas encore joué, et la récente prise de conscience du phénomène par les
politiques augure peut-être de mesures capables de faciliter l’insertion des jeunes dans le monde
du travail. Reste qu’il y a encore loin de la conscience, bien réelle, des inégalités liées à l’âge, à
leur prise en compte effective dans la décision collective et notre représentation de la société. En
attendant, on ne peut que faire des conjectures sur notre futur immédiat.

Xavier MOLENAT, « Vers une fracture générationnelle », Les Grands Dossiers des Sciences
Humaines, n°4, 2006.

 
Les générations pourraient devenir une clé de lecture des fractures de la société française.
Par exemple, la  génération 68 a eu des offres d'emploi, et accès à l’éducation et à la santé.
Mais les générations nées à partir de 1955 non. C’était un renversement provoqué par
l’Etat-providence. Plus profondément, les difficultés psychosociales de la nouvelle
génération pourraient être liées au fossé entre ce que les jeunes croient mériter et leur
réalité. Reste qu’il y a encore loin de la conscience des inégalités liées à l’âge, à leur prise
en compte dans la décision collective et notre représentation de la société.

EXERCICE 3

  Éloge de la parole

   Les propos de Socrate contre l’écriture sont loin d'être ceux du marginal grincheux que l'on
évoque parfois. Ils sont au contraire au cœur d'un rapport à l'écriture courant dans l'Antiquité
grecque et romaine (jusqu'au seuil de l'Empire, qui réservera un accueil plus favorable à
l'écriture comme moyen de contrôle social). L'oral reste en effet le moyen de communication
privilégié pour tout ce qui est essentiel à la vie publique, l'écrit n'ayant qu'un rôle d'appoint et de
retranscription. Nous sommes là en présence d'une norme sociale forte, qui veut par exemple
que tout au long de l'Antiquité, au moins jusqu'à l'Empire, il ait été impensable qu'un orateur lise
un texte. Le débat qui témoigne d'une tension entre la parole et la communication concerne la
résistance qui s'inaugure dans le monde grec à ce qui est vécu comme une artificialisation de la
parole. Les sophistes, véritables professionnels de la parole, se voient accusés de manipulation
dès qu'ils prétendent travailler le langage, le mettre en forme pour convaincre. Ce débat entre
parole authentique et parole manipulée va traverser, jusqu'à aujourd'hui, toute l'histoire de la
rhétorique et du rapport moderne à la parole et au langage. Aujourd’hui même la parole ne sort
pas indemne de ce qu'elle est obligée de se donner des outils pour être communiquée. Plus
ceux-ci éloignent la parole de l'oral et du face-à-face, plus la suspicion gagne. C'est pourquoi, loin
de s'être succédé, les différents moyens de communication se sont cumulés, avec un privilège
maintenu pour l'oral.
   Pourquoi l'oral est-il supérieur ? Un phénomène capital, dont aucun système d'écriture connu
ne conserve la trace, le fait bien apparaître. Ce phénomène est l'intonation, qui stratifie souvent
le discours oral en une structure hiérarchique où le message principal n'est pas prononcé sur le
même registre selon les propositions imbriquées les unes dans les autres au sein de la phrase.
Une reproduction graphique qui, bien qu'exacte pour le reste, ne note pas l'intonation, peut
paraître quasiment inintelligible. L'écriture, comme l'image, est une réduction, une parole
contrainte pour pouvoir durer, aller plus loin. Gain d'un côté, perte de l'autre. L'oral (comme le
gestuel) serait plus proche de la parole, car il engage tout l'être dans une intonation globale.
L'éloge de la parole est d'abord un éloge du face-à-face. Chacun d'entre nous est en fait
confronté quotidiennement à une question simple (en théorie) : quel est le moyen de
communication le plus approprié pour la parole que je souhaite tenir ? On constatera que plus la
parole tenue est forte, plus nous cherchons le recours, quand il est possible, au face-à-face.
   Ainsi le débat qui s'est instauré sur les possibilités ouvertes par les nouvelles technologies de
communication reprend à sa façon ces anciennes questions. On sait qu'Internet a été entouré de
la promesse d'une meilleure communication. Nous sommes là, toutefois, au cœur d'une utopie,
car ce réseau ne favorise que la communication indirecte. Sa promotion a même longtemps
reposé sur une apologie à la fois de ce type de communication (vous pourrez tout faire de chez
vous, sans sortir) et d'une disqualification de la rencontre directe. Les propositions de cette
utopie vont même plus loin. Du fait du développement des moyens de communication, la parole
serait « meilleure » et la violence, liée au face-à-face, reculerait. L'illusion est ici à son comble,
car au cœur de cette utopie est tapie une croyance de nature quasi religieuse et que l'on
pourrait résumer ainsi : la communication, l'usage croissant de moyens de communication,
sanctifierait la parole ainsi transportée.
   Pourtant la réalité d'Internet est plus modeste. Le réseau remplit en fait trois fonctions bien
distinctes et qui sont chacune le prolongement d'un moyen de communication plus ancien. Le
courrier électronique, d’abord, a repris les fonctions de la poste, avec une efficacité accrue mais
sans changement structurel sur la nature de la parole ainsi échangée. On rencontre là les mêmes
problèmes que dans l'usage général de l'écrit qui ne peut jamais prétendre qu'au statut de
complément ou de substitut de la rencontre directe et de la parole face-à-face. Les sites Web,
ensuite, ont certes accru notre pouvoir d'accéder à l'information, mais le problème de la qualité,
de la validité et de la pertinence des informations en ligne reste posé. La meilleure information
reste finalement celle qui est garantie par le médiateur le plus fiable, donc le plus proche, celui
en qui l'on a confiance. Enfin les forums de discussion qui organisent des échanges indirects ne
permettent pas toute l'ouverture de la communication que l'on avait supposée initialement. Ils
servent surtout aux communautés déjà constituées et ne sont que de peu d'aide pour ouvrir le
champ de la parole. Il s'y succéderait plutôt des « doubles dialogues », où chacun s'exprime sans
forcément écouter l'autre.
   On peut en conclure qu’il est difficile d'argumenter à distance avec des personnes qu'on ne
connaît pas, et d'ailleurs pour quoi leur dire ? Il ne suffit pas d'avoir à sa disposition un moyen de
communication : encore faut-il avoir une parole à transmettre. Le fétichisme qui a entouré ces
derniers temps la communication et ses techniques ne doit pas nous faire perdre de vue cette
réalité fondamentale : la parole est bien la finalité de la communication.

Philippe BRETON, Éloge de la parole, 2003 .

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