Location via proxy:   [ UP ]  
[Report a bug]   [Manage cookies]                

Manuel Du Débutant Apicole

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 44

Manuel de Formation Apicole

Abeilles – Environnement – Développement

DEBUTER EN APICULTURE

Dieudonné BETAYENE
Bio écologiste, Apiculteur
Responsable du Projet de Professionnalisation de la Filière Apicole

Centre pour l’Environnement et le Développement


BP: 3430 Yaoundé-CAMEROUN
Tél.: (+237) 22 22 38 57
Fax : (+237) 22 22 38 59
infos@cedcameroun.org
www.cedcameroun.org

Edition revue 2008


« Si nous exploitons toutes nos ressources, je suis pratiquement certain, que
notre pays peut redevenir le pays le plus riche du monde, comme il le fût jadis
je suppose. Nous pouvons retrouver cet état si nous cessons d’être oisifs et si
nous mettons à profit les heures d’oisiveté de millions d’hommes. Il nous suffit
de travailler, non pas comme des machines mais, comme des ABEILLES ».

Mahatma Gandhi

2
SOMMAIRE Pages
AVANT-PROPOS…………………………………………………………………………..…………………………………….4
INTRODUCTION…………………………………………………………………………..………………………………….. ...5
I- FICHE D’EVALUATION: VOTRE NIVEAU DE CONNAISSANCES APICOLES.…….………………………………….6
II- L’APICULTURE: PRENONS CONSCIENCE DE SON RÔLE VITAL.………..…….……………………………………7
1- Raisons d’être du métier apicole..……………………………………..………………………………………….7
2- Quelques propriétés des produits de la ruche………………..………………………………………………...8
2.1- Le miel et ses vertus.………………………………………………………………………………...8
2.2- Les autres produits des abeilles.……………………………………………………………………9
3- Variétés des pratiques apicoles.…………………………..……………………………………………………..10
3.1- Apiculture villageoise………………………..……………………………………………………….10
3.2- Apiculture modernisée………………………………………………………………………………10
3.3- Apiculture moderne.…………………………………………………………………………………10
III- L’ABEILLE DANS SON ENVIRONNEMENT : RÔLE DU L’APICULTEUR…………………………………………….11
IV- LE MATERIEL APICOLE.……………...…………………………………………………..………..……………………...13
1- La ruche, nid ou niche d'abeilles : évolution de l’habitat des abeilles.……………………………………….13
1.1- La ruche kenyane à barrettes supérieures (RKBS ou KTBH)…………………………………..14
1.2- Technique de fabrication de la RKBS……………………………………………………………..14
1.3- La ruche kenyane à barrettes supérieures et ses modifications………………………………...16
2- Le matériel d’exploitation apicole.….…………………………………………………………………………….20
3- Le matériel biologique.…….……………………………………………………………………………………....22
3.1- Les habitants de la ruche.…………………………………………………………………………...22
3.2- Les plantes: valeur apicole du couvert végétal.……………………………................................23
3.3- Les miellées……..…………………………………………………………………………………….24
V- L’APICULTEUR.……….………………………………………………………………………………………………………25
1- Qui est-il ?….…………………………………….. ………………………………………………………………..25
2- Ses qualités...……………………………………………………………………………………………………....25
3- Sa vocation ………………………………………………………………………………………………………...25
4- Ses encouragements et satisfactions…………………………………………………………………………….25
5- Quelques exigences du métier…….……..……………………………………………………………………....25
VI- CREER SON RUCHER……………………..……………………………………………………………………………….26
1- Choix du site.……………………………………………………………………………………………………….26
2- Installation…………..………………………………………………………………………………………………26
3- Capture des essaims………………………………………………………………………………………………29
3.1- Le piégeage.…..……………………………………………………..……………………………….29
3.2- La récupération………….…………………………………………………………………………...31
4- Quelques dispositions préventives.………………………………………………………………………..…….32
4.1- Protection contre quelques ennemis physiques………………………….……………………….32
4.2- Protection contre quelques animaux…………………………..…………………………………..32
4.3- Protection contre les plantes..………………………………….…………………………………..32
4.4- Protection contre les feux de brousse.……………………………………………………….……33
VII- OPERATIONS APICOLES DE BASE…………………………………………………………………………………….33
1- Après la capture…………………………………………………………………………………………………...33
1.1- Transvasement.……………………………………………………………………………………...33
1.2- Partition et nourrissement…………………………………………………………………...……...33
2- Quelques principes de conduite……………………………….………………………………………………...33
2.1- La peur terrible des abeilles…………………………………….…………………………………..33
2.2- Quelques principes d'une nouvelle amitié……………………………………..………………….34
3- Visite d’une colonie………………………………………………………………………………………………..34
3.1- Bon à savoir……………………………………………………………………….………………….34
3.2- Observation extérieure.…………………………………………..………………………………….34
3.3- Observation intérieure.…………………………………..…………………………………………..35
3.4- Comportement de défense………………………………….………………………………………36
3.5- Piqûre d’abeille…..…………………………………….……………………………………………..37
3.6- Réaction à la piqûre et allergie au venin d’abeille...………………………….…………………...37
4- Tenue du fichier……………………………………………………..……………………………………………...38
IIX- QUELQUES CONSEILS PRATIQUES…………………………………..………………………………………………..39
IX- UN FINANCEMENT: TOUR D'HORIZON DE LA RECHERCHE……………………………………………………….39
CONCLUSION……………………………………………………………………………………………………………………43
BIBLIOGRAPHIE…………………………………………………………………………………………………………………44

3
AVANT-PROPOS

Depuis 15 ans, le CED accompagne les communautés forestières dans le développement d’alternatives

économiques durables. L’appui à la professionnalisation apicole contribue à rationaliser la pratique de

l’apiculture, améliorer la qualité des produits et à insérer les petits producteurs dans les circuits

économiques.

Ce manuel a été conçu comme support de formation de débutant apicole. Il est le premier d’une série

de trois manuels de notre programme de formation "pas à pas". Cette méthode est le fruit de trois

écoles d’apiculture dont Abeille - Fleurs et Homme (A-FH, Ngaoundéré, 1999), Apiculteurs du

Cameroun (APICAM, Yaoundé, 2001) et Apiculture – Formation - Coopération (AFOCO, La Louvière,

2005) et d’une passion enfin dévoilée pour les abeilles.

Pendant plus de deux années d’activités, ce manuel a été utilisé sur le terrain auprès de divers

auditoires, avec un intérêt particulier pour les potentiels animateurs ou formateurs. Les titres à venir

sont « Le travail de l’apiculteur » et « Le technicien apicole ». Leur élaboration suivra la même

démarche expérimentale de terrain et s’enrichira de compléments d’informations probantes de diverses

sources.

La série de manuels apicoles entend répondre à un besoin précis, celui de la rareté de la

documentation sur l’information apicole locale en pratique. Beaucoup se fait en apiculture mais très peu

se sait, très peu s’échange entre apiculteurs et trop peu se partage avec le grand public sur les abeilles

au Cameroun voire dans la vaste région du bassin du Congo. L’ambition primaire de ces manuels est

de contribuer à démystifier les abeilles et à faire de leur élevage une activité génératrice de revenus, un

métier simple et à la portée de tous.

4
INTRODUCTION
On ne s’improvise pas apiculteur ou alors on ne devient pas apiculteur par hasard. C’est une
démarche réfléchie, car cela nécessite de posséder des connaissances et des compétences apicoles
qui ne sont pas intrinsèques chez l’Homme. L’abeille étant “agressive et piquante”, mieux vaut être
prévenu que être désagréablement surpris.
L’apiculture est l’art d’élever et de prendre soin des abeilles pour tirer le meilleur profit des
produits de leur travail, tout en faisant naturellement beaucoup de bien aux plantes et cultures
environnantes. L’activité apicole est aussi un savoir-faire et une passion de tous les âges dont la
pratique s’affine au fil de l’expérience accumulée. La maîtrise de certaines techniques nécessite sans
cesse le coup de main d’un aîné (apiculteur chevronné).
Au Cameroun, le recrutement dans la filière apicole se fait en majorité parmi les paysans, les
retraités et les travailleurs possédant un important vécu professionnel actuel, tous avec diverses
motivations pour l’apiculture. L'activité apicole demeure essentiellement masculine, secondaire et
surtout complémentaire. Les jeunes apiculteurs et apicultrices sont très peu nombreux. Pourtant l'avenir
et le devenir apicoles du pays voire du continent reposent étroitement sur ces derniers.
Face à cette multiplicité de niveaux, d’intérêts et d’objectifs, chaque apiculteur potentiel
représente un cas unique d'apprentissage. Une grande variété de formations apicoles appropriées est
nécessaire pour le développement de l’apiculture au Cameroun. Celles-ci devront à chaque fois
répondre à une étude de cas préalable sur fond d'évaluation relative aux besoins individuels ou de
groupes organisés, pratiquants ou simples curieux, pour s’informer ou acquérir une véritable
compétence apicole pratique.
Ce document se veut un guide simple et flexible vers l’entreprise et la naissance des vocations
apicoles. Sa finalité principale est la promotion de l’apiculture du pauvre pour l'amélioration de ses
conditions de vie. Son autre but s'accorde avec la nécessité plus que jamais actuelle, qu’« il faut
pouvoir promouvoir l’apiculture en Afrique centrale, mettre en place une structure de formation souple
susceptible de dispenser un enseignement adapté à divers auditoires ». En tant que manuel de base, il
s’attelle à faire connaître l'activité apicole et les raisons d'être de ce métier encore marginalisé, présente
le matériel et le profil de l'apiculteur (l'apicultrice), et comment le devenir, avoir (enrucher) et visiter
(approcher) ses colonies d’abeilles au rucher.
Débutons ensemble en apiculture, faisons de son développement une réalité et engageons-
nous pour la cause des abeilles et leurs produits, la sécurité alimentaire, la lutte contre le chômage des
jeunes, des femmes et la pauvreté au Cameroun voire la sous région du Bassin du Congo.

5
I- FICHE D’EVALUATION : VOTRE NIVEAU DE CONNAISSANCES APICOLES

C'est la fiche de l'instructeur apicole. Elle sait servir de préalable de prise de contact à l'entrée
d'une session de formation apicole. Elle aide à jeter les bases d’une harmonie entre l’offre du savoir-
faire et les besoins apicoles réels de la diversité de l'auditoire. Le critère essentiel à découvrir n’est
autre que la motivation, l’objectif avoué et le niveau de connaissance apicole de chaque membre du
groupe à former.

Le technicien apicole averti, devra faire participer tout l'auditoire aux échanges: faire appel au
"familier" en privilégiant des questions librement posées par les participants. Séance tenante, le
pédagogue saura renvoyer les questions aux participants alors tenus de relater ce qu'ils ont vécu, vu et
observé sur de nombreux faits apicoles.

Centre pour l’Environnement et le Développement (CED)


Fiche d’évaluation
PRESENTATION
Nom et prénom (Mme, M., Dr., Pr.) : Adresse complète: Tél.: Email:
Fonction ou occupation apicole (producteur, distributeur, consommateur, autre): Localisation:
CONNAISSANCES DES PRODUITS DE LA RUCHE
BRUTS Miel Cire Pollen Propolis Gelée royale Venin
Liquide Rayons
Oui/Non Oui/Non Oui/Non Oui/Non Oui/Non Oui/Non Oui/Non
Période ou fréquence
Quantités
Prix Détail
Gros
Marché Local
Etranger
Spécificités ou Qualité
particularités Propreté
Couleur
Plantes
USAGES
TRANSFORMATIONS

EXPERIENCES ET PRATIQUES APICOLES


Les abeilles
Les plantes apicoles
L’apiculture
Le matériel apicole
Le rucher ou le cheptel
L’année apicole
Une formation apicole
La documentation apicole
Autres (à préciser) :

DIFFICULTES / PROBLEMES
Allergies (piqûres, produits,...)
Techniques, suivi, matériel,
approvisionnement, vente,...
Association, individuel,...
Autres (à préciser) :

SUGGESTIONS / BESOINS
Souhaits, attentes,...
Avis pour le développement apicole

6
II- L’APICULTURE : PRENONS CONSCIENCE DE SON RÔLE VITAL

L’économie camerounaise reste essentiellement agricole. La terre a besoin de nos bras.


L’apiculture est une branche de l’agriculture encore peu connue et donc sous-exploitée. La pratique
apicole compte parmi les activités génératrices de revenus ; elle a la particularité d’être écologiquement
prolifique. Une apiculture bien gérée préserve l’environnement (la nature), contribue à la pollinisation de
nombreuses plantes cultivées ou spontanées et procure des richesses intéressantes (le
développement).

1- Raisons d’être du métier apicole


Voici dix excellentes raisons de pratiquer l’apiculture, les plus partagées à travers le monde,
d’après « Bees for Development »:
A- Les abeilles contribuent à la pollinisation des cultures et des plantes sauvages.
B - Le miel génère des revenus ; c’est un produit apprécié partout au monde.
C - La cire d’abeilles génère également des revenus. Elle est utile, on en fait des bougies et du
savon. Elle est aussi utilisée en artisanat pour fabriquer des batiks et pour faire des moulages à l’aide
du procédé de la cire fondue.
D - Des personnes ne disposant que de faibles moyens peuvent démarrer des activités
apicoles. La nature nous offre les abeilles et tout l’équipement nécessaire peut être fabriqué localement.
L’apiculteur n’a pas à nourrir les abeilles.
E - L’apiculture ne met pas en concurrence les terres agricoles avec l’espace dans lequel les
abeilles trouvent leurs ressources.
F - Les autres animaux couramment élevés ne s’intéressent pas au nectar et au pollen. Seules
les abeilles récoltent et se nourrissent exclusivement de ces ressources. Là encore, pas de
concurrence.

G - Sur le plan local, artisans et commerçants tirent également profit de cette activité en
fabriquant ruches et équipements, et en commercialisant les produits de la ruche.

H - Les apiculteurs ont une motivation d’ordre financier de préserver l’environnement. Ils
s’assurent que les fleurs soient disponibles et les abeilles toujours en sécurité.

I - L’apiculture peut être pratiquée à tout âge. Les abeilles ne nécessitent pas des soins
quotidiens et les activités au rucher peuvent être menées sans bouleverser le déroulement des
occupations habituelles.

J - L’apiculture génère des revenus sans qu’atteinte ne soit portée à l’environnement.

A ces raisons s'ajoute qu'au Cameroun, la production apicole reste très faible. Le miel n’a pas
encore conquis les habitudes alimentaires et les besoins en miel d’excellente qualité augmentent sans
cesse. Très peu d’apiculteurs sont réellement formés et sérieux ; les miels couramment rencontrés sont
de qualité médiocre.

Dans le contexte actuel de lutte contre la pauvreté et de préservation de l'environnement,


l'élevage des abeilles mériterait d'être promu comme une alternative économique probante et de choix
pour adultes, jeunes et femmes des zones rurales.

7
2- Quelques propriétés des produits de la ruche
Les spécificités d’une région apicole sont fonction des caractéristiques purement écologiques et
de la flore mellifère et pollinifère présente. L’abeille transpose les propriétés médicinales et autres
valeurs nutritives des plantes butinées, dans l’ensemble des produits rares, authentiques, agréables et
élaborés avec beaucoup de patience dans la ruche.
Médecins, chercheurs, apiculteurs et consommateurs ont su mettre en évidence quelques-unes
de la multitude de ces propriétés. La recherche scientifique et la diversité d'usages des produits des
abeilles ont contribué à la naissance d'une médecine spécialisée, l'Apithérapie. Des spécialistes
s’accordent sur ce que les produits des abeilles n’ont jamais été autant nécessaires au bien-être et à la
santé de l’humanité qu’aujourd’hui. Cette ère de l’instantané et de grande vitesse semble caractérisée
par les fatigues, le stress, les pollutions, les dépressions et autres tensions, les dysfonctionnements et
la vulnérabilité à de nouveaux microbes générés par la vie moderne.
Pendant que l'Homme (espèce humaine) semble travaillé pour sa propre destruction, l’abeille
elle, est la seule espèce animale qui cuisine ses aliments et en même temps fabrique ses médicaments
sans pour autant nuire à l’environnement. Ses réserves sont d'abord l'héritage de leurs générations
futures et des périodes de grande disette. L'apiculture se résumerait donc à amener les colonies
d'abeilles à engranger plus de provisions dont l'apiculteur récoltera le surplus. Selon la localisation des
plantes nectarifères exploitées par les abeilles, l’on parle des miels de montagne, de plaine, de savane
ou de forêt.
2.1- Le miel et ses vertus
Le miel s'utilise à la fois comme aliment et beaucoup plus comme médicament : c’est un
alicament naturel. Les miels possèdent des propriétés antifongiques et antibactériennes. Ils renforcent
le système immunitaire et préviennent les cancers.
Le miel de Thym regorge de puissants antibiotiques agissant sur le tube digestif. Le miel de
Lavande est particulièrement indiqué pour les maladies de l’appareil respiratoire et de la peau. Le miel
d’Euphorbe est conseillé pour les rhumatisants et ceux sensibles au froid. Le miel de Caroubier est très
utilisé pour l’appareil urinaire. Le miel d’Eucalyptus a aussi une action bienfaisante sur l’appareil
respiratoire et peut servir de thérapie pour les rhumes, la toux, les bronchites, la sinusite et l’asthme. Le
miel d’Oranger est d’un effet bénéfique pour le système nerveux et constitue un excellent sédatif. Le
miel de Tournesol absorbe l’excédent de cholestérol dans le sang.

Les miels, quelles que soient leurs catégories, ont tous une action vertueuse sur l’ensemble des
organes du corps, certainement pas avec le même effet ni la même intensité. Ainsi les miels possèdent
des propriétés communes d’ordre énergétique, diététique, esthétique, revitalisant, laxative douce, anti-
stress, anti-rides et tonifiant physique et cérébral. Les miels ne sont pas de banales matières sucrantes,
mais des produits particulièrement intéressants voire indispensables pour l’organisme humain.

Pas besoin de s’embarrasser avec les noms ci-dessus alloués aux miels. Ils indiquent
simplement leur origine uniflorale européenne où se pratique la monoculture industrielle. Les miels mille
fleurs ou sauvages d’Afrique regorgent des propriétés exceptionnelles. Ils sont biologiques (sans avoir
besoin de cette mention), naturels et d’une grande richesse relative à la diversité floricole peu connue et
visitée par les abeilles locales.
Ce miel est généralement d’un brun foncé, fortement aromatisé, avec un goût très prononcé et
une multitude d’usages dans la pharmacopée, les coutumes et les traditions. L’état du miel, liquide ou
cristallisé, sa couleur claire ou foncée, dépend spécifiquement de son origine florale. Ce n’est pas un
critère de qualité. Seule l’abeille, jalouse de son produit, aiderait efficacement à reconnaître le bon miel,
à défaut de posséder tous les instruments et leurs techniques d’analyses, ou de s'approvisionner
exclusivement chez l'apiculteur honnête.

8
2.2- Les autres produits des abeilles
Le pollen
C’est la semence mâle ou le "sperme végétal" des fleurs. Il est récolté sous forme de pelotes,
dans les corbeilles à pollen des abeilles.
Le pollen est un excellent fortifiant naturel qui améliore l’état général. Il étoffe rapidement le
maigre, redonne des forces et suscite une euphorie caractéristique chez les convalescents et les
sénescents. Le pollen traite les problèmes du système nerveux central, la prostate, la faiblesse sexuelle
et l’obésité. Il combat et prévient la chute de cheveux. Il préserve l’acuité visuelle et régule les fonctions
intestinales. Il embellit la peau, lutte contre l’épuisement et la dépression. Il est très efficace contre la
malnutrition et les carences diverses chez les enfants.

La gelée royale
Communément appelée "lait de l'abeille" ou autrefois "miel salivaire", elle est produite par les
glandes spécialisées de jeunes abeilles ouvrières nourrices. C'est la nourriture spéciale des jeunes
larves et de la reine tout au long de son existence.

La gelée royale est un bon remontant (stimulant, dynamisant et euphorisant): gage de la santé
physique et sexuelle surtout en association avec le miel et le pollen. Elle garantit la qualité de la peau,
la bonne pousse des cheveux, le métabolisme et l’assimilation alimentaire. Elle est très efficace contre
les asthénies et les dépressions.
On lui attribue des vertus sur le système nerveux, l'appétit, la résistance aux maladies,
l'anémie, la croissance, le cancer, la tension artérielle, le cholestérol, l'angine de poitrine, les troubles
cardio-vasculaires, l'asthme bronchique, les ulcères duodénaux, le diabète (diminution du taux de sucre
dans le sang).
La propolis
Substance visqueuse ressemblant à de la gomme, fabriquée principalement à partir de la résine
récoltée sur les écorces et les bourgeons de certains arbres, transportée dans les corbeilles des
butineuses. Du grec "pro" signifiant "en avant" et "polis" voulant dire "ville ou cité", les abeilles se
servent de la propolis pour rétrécir l'entrée de la ruche et emballer les intrus.

C’est un antibiotique naturel très employé en médecine : virocide, bactéricide, fongicide,


anesthésique très puissant, anti-inflammatoire très efficace, cicatrisant, antirhumatismal. Elle traite les
problèmes dermatologiques, gynécologiques, les ulcères, les maladies ORL, dentaires et respiratoires.

Le venin d’abeille
Sécrétion de défense des femelles de la ruche inoculée par le dard lors d’une piqûre. L'aiguillon
restera dans l'épiderme et l'abeille ouvrière y perdra la vie. Dans l'organisme humain, la dose d'une
piqûre agirait à la manière d'un vaccin en stimulant la fabrication des éléments de défenses du corps.

Il est récolté sur des plaques électriques, expédié et transformé en ampoules injectables en
Occident contre le rhumatisme. Les mêmes soins peuvent être administrés par des piqûres directes
selon une posologie précise.

La cire
Empiriquement qualifiée de "sueur des abeilles", la cire est une substance grasse sécrétée par
les abeilles ouvrières maçonnes ou architectes. A l'origine blanche et presque transparente sous forme
de plaques ou d'écailles, elle apparaît sur la face ventrale de l'abdomen et servant à la construction des
rayons. La cire est très prisée en cosmétologie, esthétique, confections (cierges, bougies), teintures et
entretiens divers.

9
3- Variétés des pratiques apicoles
3.1- Apiculture villageoise
Elle a lieu au gré des rencontres de colonies sauvages. Il s’agit en réalité d’une véritable
chasse au miel. L’unique avantage de cette "apiculture" est qu’elle a suscité et éveillé l’intérêt pour les
abeilles. Le miel est l’unique motivation, le seul produit des abeilles, connu et fortement recherché pour
ses innombrables vertus.

Lorsque l’apiculture est pratiquée en milieu paysan, l’habitat existe mais il est rudimentaire et
peu conforme. L’apprentissage est traditionnel et le savoir-faire est la propriété de quelques familles
d'initiés. Les abeilles sont juste logées sans confort, ne bénéficient d’aucun soin et encore moins
d'aucune technique d’élevage. Des colonies entières sont décimées lors de la récolte au feu; le miel est
sale et de piètre qualité.

L’apiculture villageoise a déjà connu de nombreuses améliorations ; elle doit être davantage
aujourd’hui dépassée au profit d’une apiculture modernisée pour le développement rural durable.

3.2- Apiculture modernisée


C’est une apiculture transitoire utilisant un habitat à barrettes mobiles, d’un usage assez simple
et bien respectueux des abeilles, la ruche de transition par excellence ou ruche kenyane. Cette
apiculture ne s’hérite pas et n’est nullement le fruit du hasard. Elle est l’aboutissement d’un
apprentissage visant à modifier de façon durable la manière de penser, de percevoir et d’agir vis-à-vis
des abeilles, par l’amélioration des pratiques destructrices, l’élevage et la modernisation du matériel
d’exploitation.

Cette apiculture utilise un pressoir en miellerie. Elle vise la rationalisation du travail, en vue
d’une meilleure rentabilité et la diversification de la production apicole. La qualité du miel lui garantie
des débouchés commerciaux intéressants et assure des revenus non négligeables. Sa pratique est
saisonnière, complémentaire et en pleine vulgarisation. Nombreux sont devenus apiculteurs par amour
pour les abeilles et le miel.

3.3- Apiculture moderne


Jusqu’à lors il s’agissait de l’apiculture européenne, mais à ce jour plusieurs apicultures
africaines méritent d’être qualifiées de modernes. C’est l’apiculture à laquelle nous devrons parvenir du
fait des exigences actuelles de quantité, de qualité et aussi de santé publique. L’apiculture moderne est
une véritable entreprise jouissant d’une bonne organisation du travail, résultant d’une formation
continue et des stages de perfectionnement dans des domaines apicoles précis.

L’habitat utilisé est la ruche à cadres mobiles avec un extracteur en miellerie. Différentes
opérations apicoles sont appliquées; les techniques pratiquées permettent de mieux rentabiliser le
rucher en vue de ne posséder que des colonies fortes. La production est diversifiée, le miel est propre
et d’excellente qualité. Les autres produits de la ruche sont récoltés et des dérivés sont fabriqués.

L’apiculture moderne sert d’activité principale, de profession ailleurs qu’en Afrique. Elle
constitue une véritable passion pour ses professionnels. Au Cameroun, son développement
contribuerait considérablement à la diversification des activités génératrices de revenus, des métiers
manuels dignes d’intérêt pour les jeunes et les femmes. De ce fait, la pratique apicole moderne
enrichirait le secteur agricole si capital à l’insertion et la réinsertion sociale pour la lutte contre le
chômage et la régression de la pauvreté.

10
III- L’ABEILLE ET SON ENVIRONNEMENT : RÔLE DE L’APICULTEUR

Les ennemis des abeilles sont nombreux en Afrique et particulièrement au Cameroun, Afrique
en miniature. Compte tenu de cette multitude d’ennemis, l’on donnerait raison à l’abeille mellifique
africaine quant à sa légendaire agressivité, pour sa vie et la survie de son espèce. Faisons le tour de
quelques ennemis connus (voir PLANCHE I):
1- Soleil ardent et fortes températures: augmentation de l'agressivité et détachement des
rayons…
2- Vent fort: difficultés à retourner à la ruche avec le butin lourd et chute des abeilles.
3- Nuages, ombrage et basses températures: retard des sorties par couverture des rayons de
soleil qui éveillent les abeilles, réchauffent et dynamisent les colonies.
4- Pluies, infiltrations, humidité élevée et constante: apparition et développement des maladies;
perte des récoltes et mortalités anormales; pourriture et détérioration des caisses; noyades et
lessivage du nectar.
5- Plantes à fleurs traitées: contaminantes par des insecticides.
6- Feuilles et branchages: abris de prédateurs ou combustibles des feux de brousse.
7- Poux: parasite de l'abeille, suceur de l'hémolymphe.

8- Insectes (coléoptères, papillons, mouches, termites, fourmis, guêpes…): consommateurs de


miel ou du bois des ruches; niches de ponte et prédation,…

9- Crapauds, Lézards, Oiseaux: apivores.

10- Mammifères: petits, nichant dans les caisses et grands, consommateurs de miel.

11- Homme et œuvres redoutables: vol de ruche ou de miel, chasse au miel occasionnant des feux
de brousse,…
De tous ces ennemis, lequel saurait subir une bonne mutation, devenir l’ami des abeilles et
s’engager à être un élément de force pour elles ?

Incontestablement le plus redoutable qu'est l’Homme (paysan, femme ou jeune), devenant


éleveur d'abeilles et grâce à son nouveau travail désormais en faveur des mouches à miel. On ne naît
pas apiculteur ou apicultrice. Il n’y a aucun secret encore moins des pouvoirs particuliers à rechercher
pour élever les abeilles. Il faut simplement aimer les abeilles, se décider à devenir apiculteur, suivre une
formation basique de débutant apicole à l'issu de laquelle l'on est apte à créer son rucher.

Toutefois et pour beaucoup, entendre parler des abeilles évoque généralement deux souvenirs:
la piqûre très douloureuse et le goût sucré du miel. Conséquence: l’apiculture est perçue comme une
activité de tous les mystères. Mystères que certains pionniers ont préféré et su entretenir par des
cachotteries, voulant rester les seuls maîtres des abeilles.

Autre conséquence fâcheuse : le peu d'intérêt encore manifeste de l'ensemble des politiques
africaines, des autorités camerounaises, pour le développement du secteur apicole. Pourtant cette
filière demeure une option hyper intéressante pour la diversification des activités paysannes,
l'augmentation des rendements des cultures et donc des revenus familiaux, et la fixation certaine des
jeunes en zones rurales des pays en de développement.

11
VENT
NUAGES

SOLEIL

PLUIE
TEMPERATURE

PLANTE
A FLEUR

OUVRIERE
FAUX-BOURDON HOMME

FEUILLE
REINE
MAMMIFERE

COLONIE D’ABEILLES

OISEAU

POU + VARROA

PAPILLON
LEZARD

COLEOPTERE
FOURMI

MOUCHE

TERMITE CRAPAUD
GUÊPE

PLANCHE I: Colonie d’abeilles dans son environnement

12
IV- LE MATERIEL APICOLE

1- La ruche, nid ou niche d'abeilles : évolution de l'habitat des abeilles


La ruche aujourd'hui, l'habitation ainsi préparée par l'apiculteur pour recevoir les essaims
d'abeilles, a connu au cours des temps une évolution extraordinaire qu'il est important de rappeler:

- creux de rocher ou d'arbre, à l'état naturel;


- construction primitive: morceau de tronc d'arbre évidé, ruche en poterie;
- construction élaborée: panier fixiste, ruche en paille cylindrique;
- construction modernisée ou transitoire: ruche à lattes supérieures;
- construction moderne: ruche à cadres mobiles.

1.1- La ruche kenyane à barrettes supérieures (RKBS ou KTBH)


La RKBS est une longue caisse de section trapézoïdale. Les côtés sont inclinés de 22 degrés
par rapport à la verticale, pour empêcher les abeilles d'y fixer leurs rayons. L'étanchéité est assurée par
le toit en tôle. Cette ruche voit le jour pour la première fois au Kenya vers les années 1970 et son
couvercle ou plafond constitué par des lattes de bois supérieures mobiles, d'où son nom originel KTBH
(Kenyan Top Bar Hive).

La KTBH reste la ruche de transition par excellence entre les pratiques apicoles traditionnelles
fixes et celles modernes à cadres mobiles. Parmi les attentes majeures ayant motivé et continuant de
motiver en grande partie la conception, la fabrication et la vulgarisation de la RKBS, figurent entre
autres:

- l'amélioration des pratiques traditionnelles destructrices et dangereuses pour les abeilles, leurs
produits et l'environnement;
- l'appropriation par les apiculteurs du matériel et des techniques apicoles modernisées;
- l'augmentation localisée, qualitative et quantitative de la production du miel;
- le maintien et la gestion durable des colonies d'une année à l'autre.

1.2- Technique de fabrication de la KTBH


La ruche KTB est facile à fabriquer. Le matériel suivant est nécessaire :
• 04 (quatre) morceaux de planches 90 x 35 cm;
• quelques pointes à têtes plates ;
• 01 (un) morceau de tôle lisse ou du zinc;
• maximum 27 baguettes ou lattes en bois. La largeur de la baguette est la seule norme à
respecter rigoureusement ; elle varie entre 32 et 33 mm exactement (voir PLANCHE III-A et
B). Les mesures des baguettes doivent être les mêmes à la fois pour la ruche et la ruchette.

La ruche pourrait être peinte ou vernie, en bois dur de 25 mm d'épaisseur dans la région
forestière et en bois de coffrage (blanc) ou en terre dans les localités de fortes températures ou
dépourvues de bois, et enfin en ciment là où règnent le vol ou les feux de brousse.

Les barrettes peuvent avoir une section triangulaire, forme qui sert de base, de support,
d'amorce pour chaque rayon à bâtir par latte. Elles sont posées directement les unes à côté des autres
sur les parois antérieure et postérieure de la ruche (ou sur deux petites cales de réglage dans la ruche
kenyane modifiée). Les baguettes constituent la première barrière de protection de la colonie contre les
prédateurs et les facteurs climatiques défavorables.

13
La ruche est ensuite couverte d'un toit emboîtant qui la rend étanche et l'isole des intempéries.
Ce toit est composé d'un cadre en bois sous lequel sont clouées des planchettes d'une épaisseur de 25
mm. Il est recouvert par une feuille de tôle lisse en aluminium. On cloue la bordure de cette tôle plane
sur les planchettes.

L'entrée de la ruche est aménagée à la base de l'un des (grands ou petits) côtés et peut être
munie ou non d'une courte planche de vol (voir PLANCHE II). A ce jour, il existe une variante modifiée
de la ruche kenyane à barrettes supérieures avec une ouverture vitrée sur la paroi arrière pour une
apiculture de production, éducative et ludique (voir PLANCHE IV-B).

PLANCHE II: Variante de la ruche kenyane à barrettes supérieures


(RKBS avec le trou de vol sur le côté)

14
PLANCHE III-A: Plan de construction de la ruche kenyane à barrettes supérieures
avec l’ouverture sur le côté

PLANCHE III-B: Plan de construction de la ruche kenyane à barrettes


supérieures avec l’ouverture sur la paroi antérieure
15
Avantages
Même en l'absence de toute amorce de cire, les abeilles construisent en suivant les amorces de
sections de pentes faites sur les lattes supérieures. Les barrettes bâties sont parfaitement parallèles
entre-elles et perpendiculaires à l'axe de la ruche facilitant ainsi leur mobilité, l'examen des rayons de
cire et le prélèvement individuel des gâteaux de miel. Ceci facilite la manipulation, l'inspection et les
opérations intéressant la colonie, et la récolte par les moyens simples à la portée du paysan.

Inconvénients
Il n'y a pas de possibilité d'accroître progressivement le volume de la ruche. Ce volume stable
et trop important prédispose parfois la ruche aux attaques des prédateurs. Le volume contraint la
colonie à utiliser un nombre important de ventileuses qu'il n'en faut pour assurer la thermo - régulation.
Ce travail supplémentaire nécessité une grande consommation du miel (production d'énergie) donc une
perte et un manque à gagner pour l'apiculteur.
Une construction imprécise a souvent entraîné une soudure propolisée barrettes – parois - toit
ou des fissures entre baguettes. Les fissures deviennent vite des portes d'entrée des prédateurs mais
aussi un paramètre supplémentaire de l'augmentation de la thermo - régulation par les ouvrières.
Cette soudure a parfois permis la rencontre involontaire, brusque et surprise de l'apiculteur
avec une nuée impressionnante de guerrières excitées immédiatement à l'ouverture de la ruche, au
moment d'ôter le toit. Ce dernier accroche des barrettes qui se soulèvent en même temps que lui et
libèrent beaucoup d’abeilles.
Au Cameroun, ces quelques constats ont contribué à apporter une modification à la ruche KTB
de 1970, par feu Dominique Lonyo III de l'ONG "Sucré Villages".

1.3 - La ruche kenyane à barrettes supérieures et ses modifications


Fondamentalement, rien n'a changé en ce qui concerne la présentation de cette ruche. Seules
parois et côtés connaissent de petites rallonges: au niveau du "corps de la ruche", les parois avant et
arrière se voient surmontées par deux parois de fixation des cales de réglages. Désormais, toutes les
barrettes y sont encastrées. Le toit n'a plus de contact avec les extrémités des barrettes et s'enlève
dorénavant aisément sans qu'on ait à le soulever maladroitement avec les barrettes.
Résultats: diminution du nombre de corps étrangers dans la ruche et amélioration considérable
de la production. Les abeilles vaquent plus au travail de collecte du nectar: moins de ventileuses thermo
- régulatrices et plus de butineuses.
La ruche kenyane à barrettes supérieures modifiée (RKBSM) se construit selon le plan de
construction détaillé sur la PLANCHE VI. Cette amélioration peut se compléter avec une ouverture
vitrée ou plastifiée transparente à sa paroi arrière ou postérieure pour le suivi de l'évolution interne de la
colonie vue de l'extérieure. Ces améliorations font que cette ruche remplie mieux les conditions
idéalement requises pour un bon élevage des abeilles.

Quelques conseils
En plus d'être la maison des abeilles, la ruche est en réalité une véritable unité de production.
Une ruche se doit d'être bien construite avec les grandes précisions des mesures exigées par
l'exactitude innée de l'abeille. Il est indéniable d’investir dans la fabrication des ruches plutôt que de se
limiter au "coupé et cloué" de planches devant rendre difficile et compliquer la gestion de ses abeilles.
Cet impératif rempli permettra à la fois aux abeilles de s'atteler en nombre suffisant aux besognes de la
colonie, et à l'apiculteur de s'assurer la production optimale en réalisant les opérations apicoles
rapidement, aisément et agréablement.

16
L'apiculteur déjà habile qui investit dans des ruches améliorées et du matériel adéquat aura des
produits de qualité et une clientèle privilégiée. Pour cela, il est intéressant pour lui de s'adresser à des
artisans, capables de produire des ruches bien faites, d'exactitude et de prix. L'idéal serait que le
lancement d'un projet d'apiculture dans une localité, sache faire de nombreux autres heureux en plus
des apiculteurs.

PLANCHE IV-A: Ruche kenyane à barrettes supérieures modifiée installée


sur un support en bois (vue de face)

Vue arrière de la RKBSM (paroi vitrée ou en plastique plexiglas)

PLANCHE IV-B: Ruche kenyane à barrettes supérieures modifiée installée


sur un support en fer (variante en vue arrière)

17
PLANCHE V-A: Coupe transversale de la ruche kenyane à barrettes supérieures
modifiée

Coupe longitudinale de la RKBSM

PLANCHE V-B: Coupe longitudinale de la ruche kenyane à barrettes


supérieures modifiée

18
PLANCHE VI: Plan de construction de la ruche kenyane à barrettes supérieures
modifiée (d’après feu Dominique Lonyo III)

19
2- Le matériel d’exploitation apicole
- Les ruchettes
Il est vivement conseillé d’avoir des ruchettes (petites ruches de 5 ou 6 baguettes) pour piéger les
essaims d’abeilles à des lieux du rucher. En effet, les grandes caisses sont volumineuses et lourdes. D'autre part
des abeilles moins nombreuses auraient du mal à occuper rationnellement et à défendre leur nouvel habitat
spacieux contre des ennemis comme les papillons (fausses teignes), les souris qui s’y installeraient très
facilement.
L’équipement de base de l’élevage rationnel des abeilles dans la ruche kenyane comprend (voir
PLANCHE VII):
- L’enfumoir, indispensable pour diffuser la fumée qui diminue l’agressivité des abeilles.

- Le combustible génère la fumée qui doit être blanche et froide sur le dos de la main, en se
consumant sans flamme dans l'enfumoir. Le combustible doit être sec: fleurs mâles du palmier à huile,
enveloppes de maïs, fibres de noix de coco, épines de pin, feuilles d’eucalyptus ou de fougère, paille...

- Le chalumeau ou la lampe à souder


Il sert à l’allumage du combustible. Il permet aussi de désinfecter le corps de la ruche et les barrettes. Il
facilite la fixation des amorces de cire sur les barrettes. Pour l’allumage, l’on peut simplement utiliser des
allumettes.

- La tenue de protection
Elle protège l’apiculteur contre les piqûres d’abeilles et le met ainsi en confiance. Cela peut être juste un
chapeau à voile et une chemise, un blouson ou une combinaison complète avec des bottes (grosses
chaussures), chaussettes épaisses plus des gants.

- Le Lève - barrettes ou lève - cadres


C'est un outil en acier travaillé qui possède plusieurs fonctions: décoller, lever, pousser et racler les
dépôts de cire sur les barrettes ou récolter la propolis dans la ruche.

- La brosse ou balais à abeilles


Comme son nom l'indique, elle permet de débarrasser les abeilles sur les rayons à récolter ou à les
rassembler lors de la capture d'un essaim. L’on peut également utiliser les plumes de grands oiseaux tels que le
canard, l’oie et le toucan.

- Le nourrisseur
Il sert à apporter des éléments nutritifs (sirop, miel) à ses colonies pour compenser un manque de
provisions ou stimuler la ponte de la reine et le développement de la colonie. L'on utilise très souvent des pots en
verre dont on perfore le couvercle de petits trous. Selon le modèle de ruche, le nourrisseur plein de nourriture se
place sur soit à l'entrée ou sur le côté sans ouvrir la ruche, soit à l'intérieur de celle-ci reposant sur une petite
monture (bâtonnets).

- La caisse à outils
Elle aide au rassemblement et au transport aisé du matériel d'exploitation et bien d’autres outils d’usage
apicole.

20
TOIT CHAPEAU ET VOILE
BARRETTES

RUCHE ET RUCHETTE

COMBINAISON

APICULTEUR ENFUMOIR
EN TENUE

CHALUMEAU
GANTS

ALLUMETTES
COMBUSTIBLE

BOTTES

BROSSE A
ABEILLES PLUME D'OISEAU
LEVE - BARRETTES

PLANCHE VII: Matériel d’exploitation apicole

21
3- Le matériel biologique
Il est ici question uniquement des abeilles et des plantes qu’elles visitent. Ces dernières sont la
mine d'"or brun" à exploiter dans la nature. Le développement intensif et le succès de l’activité apicole
ne peuvent se réaliser sans une meilleure connaissance des abeilles et de la flore de l’environnement
local d'élevage.

3.1- Les habitants de la ruche


D’après les zoologistes, il existe 20.000 espèces d’abeilles dans le monde. La race d'abeille
domestiquée et la plus fréquemment exploitée en apiculture sur la quasi-totalité de la planète (sauf en
Asie), est Apis mellifica (ou A. mellifera). C'est la mouche à miel. Au Cameroun, la plus répandue se
nomme A. m. adansonii. Cette abeille manifeste une diversité de comportements de douceur ou
d’agressivité, d’essaimage et de productivité dans l’ensemble des localités du pays, parfois dans un
même rucher et chez un même apiculteur. Malgré cette remarquable faculté d'adaptation, il est
fortement recommandé de ne pas déporter les abeilles ; mais il est nécessaire de procéder à des
sélections.

Les abeilles mellifiques sont des insectes sociaux logeant dans des cavités naturelles (creux
d’arbres, des rochers ou du sol) ou des habitats construits par l'homme appelés ruches. Une abeille n’a
qu’une faible importance ; seul l’ensemble des abeilles représente toute l’intelligence en tant qu’essaim,
grappe ou colonie. La quantité de nectar récoltée ou de venin injecté par une abeille est infime ou peu
significative, mais des centaines de butineuses produisent des quantités de miel bénéfique à l'apiculteur
ou injectent des doses de venin souvent mortelles pour leurs victimes.

On distingue trois (3) types d’individus avec des formes et des rôles bien distincts au sein de la
colonie (voir PLANCHE IIX):

La reine
C’est la femelle fertile qui mesure de 16 à 20 mm de long. Son abdomen est allongé et dépasse
largement les ailes. La seule mère de l'ensemble de la colonie, elle est nourrit exclusivement à la gelée
royale. Elle est pondeuse toute sa vie, et peut pondre plus de 2.000 œufs par jour, pendant quatre à
cinq ans.

Les ouvrières
Ce sont des femelles stériles mesurant environ 12 mm de long. Leur abdomen se termine par
un aiguillon qui sert d'organe de défense. Elles constituent l’essentiel de la population de la ruche,
jusqu'à 50.000 individus voire plus en bonne saison. Leur existence est brève, six semaines à quelques
mois selon les saisons. Ce sont elles qui effectuent, selon leur âge, les divers travaux dans la colonie.
Elles sont ménagères (nettoyeuses), nourrices, architectes et maçonnes, manutentionnaires et
magasinières, ventileuses, gardiennes et enfin butineuses aux derniers jours de leur vie.

Les mâles ou faux-bourdons


Reconnaissable à leur corps trapu, massif avec un abdomen de forme rectangulaire et peu
poilu. Ils mesurent de 15 à 16 mm de long. Ils ont deux gros yeux composés resserrés et leur vol est
lourd et brouillant. Ils ressemblent à de "grosses mouches". Ils ne piquent pas, ne visitent pas les fleurs
et ne sont présents dans la ruche que pendant la bonne période. Leur rôle le plus connu est la
fécondation des jeunes reines vierges. Cette copulation n’a lieu qu’une seule fois, le succès de
l'accouplement étant mortel pour le faux-bourdon.

22
OUVRIERE

REINE

MÂLE OU FAUX-BOURDON

PLANCHE IIX: Reine, mâle et ouvrière d’Apis mellifera

3.2- Les plantes: valeur apicole du couvert végétal


Dans une localité donnée, la productivité et le bon développement des colonies d’abeilles
mellifères sont fortement liés à l’abondance, à la variété et à l’attractivité des plantes apicoles
présentes. L'apiculteur doit estimer l'environnement botanique de son futur rucher: il ne doit pas hésiter
à se promener en toutes saisons et observer arbres, buissons et cultures.
Les produits floraux prélevés par les abeilles butineuses varient d’une plante à une autre :
* les nectarifères sont visités pour leur nectar: bananier, Voacanga, jujubier, caféiers, hévéa,
anacardier, agrumes, safoutier, cotonnier, sésame, sisal, eucalyptus…
* les pollinifères le sont pour le pollen: maïs, mimosa, arachide, palmier, goyavier...
* les nectarifères et pollinifères visitées à la fois pour les deux produits: avocatier, manioc,
haricot, cocotier, manguier, tournesol, Calliandra, Vernonia ...
Selon l’usage que l’abeille fait du miel de leur nectar, les plantes nectarifères du Cameroun se
classent en deux catégories:
* la flore de réserve constituée de ligneuses fleurissant en saison sèche et faisant de
l’apiculture une activité de saison sèche (arbres, arbustes);
* la flore d’entretien généralement des herbacées qui fleurissent en saison des pluies.
Certaines plantes apicoles sont cultivées (monoculture, vergers, ornementales) ou spontanées
et sauvages notamment autour des points d’eau. L’apiculteur devra être un bon agriculteur, un
agroforestier ou un excellent jardinier, capable d’enrichir son environnement apicole en flore
intéressante pour les abeilles. Toutefois, les abeilles ne sont pas attirées par toutes les cultures. Et
qu'une plante attractive dans une localité pourrait ne pas l'être dans une autre ou pas avec la même
intensité.
Les colonies d'abeilles transposent fidèlement dans leurs produits toutes les vertus de la flore
environnant le rucher. De même, les abeilles et les produits apicoles sont contaminés par des
substances toxiques qui proviennent essentiellement de l’environnement et de l’agriculture. Les plantes
s’en chargent par l’air, l’eau ou le sol et après en avoir butiné le nectar, le miellat, le pollen ou la
propolis, les abeilles les ramènent dans la ruche. L’analyse des colonies d’abeilles et leurs produits ont

23
souvent été employés ailleurs comme indicateur de la contamination en pesticides et en métaux lourds.
Les abeilles semblent avoir un effet de filtre, de sorte que le miel est relativement peu contaminé au
contraire du pollen, de la cire et de la propolis (Bogdanov et all., 2003).

3.3- Les miellées


Ce sont des périodes de l’année reconnues de grandes floraisons d’une ou de plusieurs plantes
apicoles attractives autour du rucher, et au cours desquelles les colonies fortes peuvent récolter
beaucoup de nectar pour fabriquer d’importantes réserves de miel durant plusieurs jours.
La connaissance du calendrier de floraisons ainsi que celle du cycle biologique annuel des
colonies d’abeilles restent les seuls guides indispensables pour le succès en apiculture. Un bon
apiculteur devrait être un fin observateur de la nature et un excellent protecteur de la biodiversité.
S’agissant de l’activité des abeilles Apis mellifera sur les fleurs, l’apiculteur devra orienter ses
observations selon le tableau suivant:
Types de plantes Périodes de floraison Produits prélevés
Nectar Pollen Miellat Résines

Cependant dans les zones tropicales ou équatoriales, le développement de la végétation est


continu et le cycle reproductif de plusieurs espèces reste peu étudié. L’on retrouve sur un même arbre
des fleurs et des fruits jeunes ou mûrs. La production apicole est une activité de saison sèche, aussi
qualifiée de saison du miel. La population de la colonie d'abeilles augmente avec l'abondance des
ressources disponibles dans la nature.
Deux exemples bien étudiés nous aiderons à mieux comprendre cette corrélation entre les
saisons et l'évolution du nombre d'abeilles dans la ruche (voir PLANCHE IX) :
• en climat tropical (ex. Togo), elle s’étend de décembre à avril;
• en climat équatorial (ex. Gabon), de décembre à février et d'avril à mai.
De la maîtrise de la dynamique entre la vie de la colonie et l'évolution climatique dépendrons
les récoltes de divers types de miel.

Nombre
d’ouvrières

Climat tropical (Togo)

Année

Nombre
d’ouvrières

Climat équatorial (Gabon)

Année

PLANCHE IX: Evolution de la population des ouvrières d’une colonie d'abeilles


mellifères dans l’année selon les climats en Afrique (Villières, 1987)

24
Le cas du Cameroun, petite Afrique, reste encore à établir. Autrefois, sous climat équatorial, le
Cameroun connaissait deux saisons sèches (petite et grande) et deux saisons pluvieuses (petite et
grande). Avec les changements climatiques globaux, rien n’est plus exact.

V- L’APICULTEUR
1- Qui est-il ?
L’apiculteur est l’éleveur, le berger des abeilles. Il leur apporte sécurité, confort et soin. Le
débutant apprendra d'abord à réaliser les différentes opérations de conduite d’un rucher mais il devra
aussi acquérir des aptitudes particulières comme un sens aigu de l’observation, la capacité d’appliquer
ses connaissances théoriques (scientifiques) aux multiples situations imprévues qui ne manqueront pas
de se présenter, et enfin les sens du contact et de la communication avec les abeilles (Guérriat, 2000).
2- Ses qualités
Un bon apiculteur doit être travailleur, patient, calme, simple, curieux et respectueux. Le
comportement des abeilles, leur organisation sociale et l’apiculture entièrement dépendante de la
nature constituent pour l’apiculteur une profonde source de qualités. Parmi ces qualités, citons la
discrétion, l’honnêteté, l’humilité, le sacrifice, la fidélité, la pureté, l’harmonie, l’exemplarité... qui sont
des vertus et valeurs sûres plus que jamais indispensables pour le développement des sociétés
humaines actuelles et la préservation de l’environnement.

3- Sa vocation
La passion pour l’apiculture naît notamment de: la rencontre d’un apiculteur; la visite du rucher
d’un ami ou d’un parent; le visionnage d'un film ou d’un documentaire sur les abeilles; la participation à
un séminaire de formation apicole. Chaque apiculteur a d'abord été émerveillé par l'abeille dont il
demeure un amoureux durant la pratique de son activité.
4- Ses satisfactions et encouragements
Ils lui viennent entre autres de la cueillette (capture ou récupération) de son premier essaim
dans sa première ruche (qui suscite le désir et la recherche d’un second pour une seconde ruche...) ; du
goût ou de l’appétit de son propre miel à sa table; du cadeau à un ami ou parent d’un pot de miel de son
rucher; de l’observation de l'activité de ses abeilles (allées et venues) au trou de vol; de la curiosité et
de l’admiration suscitées dans son entourage; de la demande sans cesse croissante des produits de la
ruche de bonne qualité; ... du fait que l'apiculteur sait être le « médecin » du village.

5- Quelques exigences du métier


L’on recense plusieurs apiculteurs de « chambre » sachant tout ou presque sur les abeilles,
mais ne s’étant jamais décidés à posséder une seule ruche. Certes devenir apiculteur nécessite
quelques moyens et le succès dans cette activité n’obéit pas à des règles mathématiques. Parmi les
moyens requis, notons qu’il faut:
* être propriétaire ou locataire d’un terrain répondant si possible aux conditions légales pour y
installer son rucher; (s'agissant de la cession d'une parcelle, l'apiculteur pourra remercier le propriétaire
s'il le souhaite, en lui offrant chaque année quelques pots de miel ou un loyer modéré: ailleurs c'est 0,5
kg de miel/ruche installée ou son équivalent en argent). Eviter des clauses incertaines;
* détenir une autorisation légale délivrée par l'autorité (Préfet, Sous-Préfet, Maire) de la région
d'exploitation apicole;
* posséder le matériel et un local hygiéniquement propre à usage de miellerie;
* disposer d’une certaine liberté, du temps pour des besoins de surveillance ou de soins afin de
pallier à toute surprise (essaimage,…) et garantir sa productivité apicole.

25
Les abeilles ne sont pas de petites bêtes de la basse cours. D’où la nécessité pour l’apiculteur
de posséder un minimum de connaissances sur la biologie de l’abeille, surtout selon l'ambition de
chacun. Par-dessus tout l’apiculteur restera l'élève, la colonie d’abeille en sera la maîtresse et la ruche
sa salle de classe.
VI- CREER SON RUCHER

Le rucher représente le cheptel de l'apiculteur. Il est également l’ensemble des ruches abritant
des colonies d’abeilles et leur emplacement ou l’abri qui les protège là où elles sont installées. Le
rucher peut être couvert ou découvert. La garantie d’une excellente production et de la réussite de
l'entreprise apicole, commence par le choix minutieux de l’emplacement du rucher (voir PLANCHE X et
XI).
1- Choix du site
* Le site doit suffisamment être riche en sources de nectar et de pollen exploitables par les
abeilles dans un rayon d'efficacité de butinage maximal de 3km autour de la ruche. Une enquête sur la
richesse de son environnement floral est indispensable. Il est fortement recommandé de cultiver des
plantes apicoles sur un site qui n’en possède pas ou en a peu ou de créer des vergers apicoles.
* Le rucher doit autant que possible être assez proche de l’habitation afin de permettre la
régularité des visites (la familiarité avec les abeilles), sans une grande dépense de temps, d’énergie et
d’argent. Le jardin derrière la maison constituerait un emplacement idéal pour un excellent suivi des
abeilles de son rucher.
* Le site doit être d’un accès aisé en voiture, avec un porte-tout ou une brouette. Sinon un
sentier doit y mener pour faciliter le transport du matériel et plus tard des produits lourds comme le miel.
2- Installation
* Le nombre de colonies installées doit tenir compte du potentiel de production de nectar et de
l’éloignement des plus proches voisins. Dans un rayon à faible production, ne pas dépasser 12 à 15
colonies. Une région très mellifère accueillera jusqu'à 25 ou 30 ruches. Pour un rayon de 1km ou pour 1
hectare, constituer un rucher de 5 à 6 ruches au maximum. Eviter le "surpâturage".
* La distance entre les ruchers doit être de 3 à 4 km voire 7 km d'un apiculteur voisin. Une trop
grande dispersion des colonies ou une importante variété des ruches (traditionnelles, kenyanes) et de
supports (au sol, aux arbres), rendront le travail (les visites) peu rationnel. La surface utile permettant
l'exploitation aisée d'une ruche représente environ 5m²; il faut donc prévoir 50m² pour 10 ruches.
* Ailleurs comme en France, le code rural prévoit que la préfecture ou la mairie réglemente les
distances minimales à observer entre les ruches, les propriétés voisines et les lieux publics ou collectifs.
Les ruches doivent être distantes de 2m au moins entre-elles et de 10 à 20m du seuil de l'habitation la
plus proche ou d'une voie publique. Cela évite les erreurs d'orientation (dérives) des abeilles qui
augmentent l'agressivité des colonies.
Ne pas prendre de risques inutiles: l'apiculteur doit impérativement connaître les
règlementations en vigueur, le cas échéant. Parfois, même si les distances sont observées et que
l'apiculteur voudrait éviter de mettre en danger la sécurité des proches voisins, il vaut mieux partir à la
recherche d'un terrain plus favorable.
* Il est toujours préférable de dissimuler le rucher avec une haie ou un obstacle construit d’une
hauteur de 2m au moins. Toutefois signaler son élevage par un écriteau de mise en garde:
ATTENTION ABEILLES! Et numéroter chaque ruche ou colonie.
* Il est nécessaire d’avoir assez d’eau potable ou de source au plus à 1km du rucher. Sinon il
faudra y aménager un abreuvoir, y mettre quelques morceaux de bois à la surface ou des cailloux ou
des flotteurs comme surfaces d’atterrissage des abeilles.

26
* Il est également nécessaire de tenir compte des obstacles naturels (rochers, broussaille,
arbustes) à l'intérieur ou en arrière du rucher pour servir de repères d'orientation aux abeilles et leur
éviter les dérives.
* Le trou de vol (devant la ruche) doit être orienté si possible vers l’Est pour l'ensoleillement, ou
vers l’intérieur de la propriété tournant le dos à une voie publique et à l'abri de la direction des vents
forts. Sinon des brise - vents sont indispensables, si la solution de rucher couvert ne convient pas.
Pour le jardin de case, la concession ou le domaine, diriger la sortie des abeilles vers une zone
moins utilisée. En champs, dresser une haie entre le rucher et le reste de la partie cultivée, de manière
à obliger les abeilles à prendre rapidement de la hauteur et d’éviter tout risque de croisement de leurs
lignes de vols.
* Bien aménager son rucher: tailler les buissons encombrants, les branches basses et
permettre aux abeilles de s’activer librement.
* Les endroits trop ombragés, humides ou avec des brouillards fréquents et les courants d’air
frais, créent des conditions défavorables à l’activité et à la santé des abeilles.
* La ruche doit être posée sur un support ou un bâti planté ou posé à 75 cm ou 1m au-dessus
du sol (à hauteur d’homme).
* Le nombre de ruches objectivement conseillées au débutant en apiculture est de 5 ou 6
ruches.

C
27
PLANCHE X: Quelques méthodes d'installation d’un rucher
Un passant

Abreuvoir suspendu

Orientation du trou de vol à


l’opposée de la voie publique

PLANCHE XI: Rucher découvert

28
3- Capture des essaims d’abeilles
Un essaim est un groupe d’abeilles filles sorties d’une colonie mère en essaimage, pour s’accrocher
temporairement à un support. Gorgées de miel et lourdes, ces abeilles ne piquent pas durant plusieurs
heures. L’essaimage est le seul mode de reproduction naturel de la colonie en vue de pérenniser
l’espèce. La période d’essaimage est le moment des miellées, lorsque les floraisons sont abondantes et
qu’il y a plus de provisions pendant les saisons sèches (voir PLANCHE IX). La raison principale de
l'essaimage naturel est la surproduction ou le surpeuplement de la ruche (déséquilibre du rapport
contenu-contenant).

D’autre part, l’essaim peut être constitué des abeilles d’une colonie entière en désertion durant
les périodes de disettes ou menacée par des feux de brousse et les fortes intempéries (pluies).
Un essaim ayant quitté sa ruche est à la quête urgente d’un nouvel abri naturel ou préfabriqué
par l’apiculteur. Deux méthodes permettent la capture des essaims selon qu’on repère une grappe ou
non : le piégeage et la récupération.

3.1- Piégeage
Il est pratique pour la multitude d’essaims d’abeilles qui échappent à la vigilance de l’apiculteur
dans la nature et spécifiquement efficace à une certaine période de l'année apicole. Les appâts sont
nombreux et servent à indiquer aux abeilles la ruche (maison à louer) que leur propose l’apiculteur.
Elles la visiteront et si elle leur convient, les abeilles ne tarderont pas à l'occuper.

Parmi ces attire-essaims, l’on reconnaît l’usage et l’efficacité des appâts suivants:
* l’odeur d’une ruche ou ruchette ayant déjà abrité les abeilles ;
* la phéromone de reine, la cire d'abeille, la propolis et le miel;
* la pulpe des fruits murs de Baobab triturés avec les feuilles fraîches de citronnelle ;
* le vin de palme frais et bien sucré.
La technique de pose du piége consiste à s’assurer que ruches et/ou ruchettes sont propres et
à les enduire intérieurement d’appâts.

Si l'on dispose de suffisamment de cire, le plus simple sera de préparer des amorces en faisant
couler la cire fondue ou coller un morceau de feuille de cire dans les barrettes avec rainures. Les
ruchettes seront accrochées aux arbres. La ruche sera posée sur son support avec le trou de vol fermé
par une baguette qui conservera l'odeur de l'appât pendant le piégeage. Ruche et ruchette s'ouvrent en
enlevant le toit, éventuellement le couvre-barrettes et les barrettes.

Avec peu de cire et des baguettes sans rainures, frotter la cire le long de l'amorce de chaque
baguette. Continuer de frotter ou enduire les parois internes de la ruche avec la cire ou la propolis; le
miel attire d'autres bestioles. Remettre les barrettes, couvre-barrettes et toit. Ouvrir enfin le trou de vol
et l’enduire aussi de propolis ou de cire. Le piège est prêt, passer le visiter fréquemment toutes les deux
semaines pour vérifier si la capture a été faite. La présence d’un autre locataire dans la ruche éloignera
l’essaim du piège. Si tel est le cas, chasser l’intrus, nettoyer la ruche et renouveler l’appât si nécessaire
(voir PLANCHE XII).

29
Main de l’apiculteur

Frottements Frottements

Appât de cire
Barrette

Ruche-piège sur
support en fer

Corps de la
Ruche sur
support en fer

1m 30cm

20cm

Piège installé à
l’ombre d’un arbre

Piège ou rucher couvert


sous hangar en paille

PLANCHE XII: Piégeage des essaims d’abeilles mellifères


30
3.2- La récupération
Il s’agit de recueillir une grappe d’abeilles que l’on a repérée sur un support. La technique à
utiliser dépend du type d'endroit, sa hauteur et du temps (durée) de suspension de l’essaim. Le cas le
plus facile est celui d’un essaim nouvellement installé (bien gorgé de miel) sur une branchette basse à
hauteur d’homme.
Avec l’aide d’un tiers qui portera la ruchette apprêtée, tous protégés, enfumer légèrement
autour de la grappe; puis saisir la branchette et secouer les abeilles dans la caisse d'un geste sec de
haut en bas. Une fois la grappe tombée et la reine dans la ruchette, bien la refermer et la poser sur le
support prévu et attendre le retour au calme des abeilles (voir PLANCHE XIII). Si la reine est restée
accrochée, les abeilles retourneront former la grappe autour d'elle. Plus haut ou déversé, l'essaim sera
recueilli à l'aide d'un cueille-essaim (sac poreux sur perche) ou d'une brosse à abeilles dans un carton.
L'apiculteur expérimenté recherchera la reine pour l'encager. L'essaim sera transporté au
rucher. Les abeilles seront vidées dans une ruchette ou une ruche préalablement préparée. Quelques
dispositions seront prises tel réduire le trou de vol.

Branche d’arbre

Toit
Grappe
d’abeilles

Barrettes

Secousse
dans la ruche

Réducteur du
trou de vol

PLANCHE XIII: Capture d’un essaim d’abeilles


installé sur une branche d’un arbuste

31
4- Quelques dispositions préventives
Ce sont des mesures à prendre lors de la création ou pendant la gestion de son rucher, contre
les ennemis des ruches, des abeilles et leurs produits. L'apiculteur doit veiller à ce que les abeilles
demeurent confortablement installées dans ses ruches.
4.1- Protection contre quelques ennemis physiques
Le soleil ardent
Il peut ramollir la cire, susciter la chute des rayons lourds de miel et augmenter l'agressivité des
abeilles. Placer les ruches à l’abri, sous l’ombrage d’un arbre; recouvrir chaque ruche d’un toit
supplémentaire en paille ou palme,... ou du contreplaqué, polystyrène en dessous dans le cas d’un
rucher découvert; construire un abri unique en paille ou en tôles pour l’ensemble des ruches (rucher
couvert).
Les vents forts
Tourner le dos de la ruche aux vents ou construire une haie ou des brise-vents.
Les pluies
Couvrir les ruches d’un toit imperméable (tôle,...); incliner légèrement la ruche vers l’avant de
10° pour permettre l’écoulement de l'eau infiltrée par le trou de vol ou simplement construire son rucher
couvert pour un abri définitif.
L’humidité
Elle détériore la qualité du miel, favorise le développement des germes et fragilise la colonie.
Eviter d’installer le rucher en zones très ombragées, inondables ou de brouillard stagnant. Si l’on n’a
pas mieux, élaguer, créer l’aération et l’éclairage. Eviter également d'abandonner des ruches ou
ruchers peuplés d'abeilles. Ils finissent par devenir des foyers de développement des parasites des
abeilles.
4.2- Protection contre quelques animaux
Les bêtes sauvages
Elles sont nombreuses et diverses qui appètent les abeilles et leurs produits. Eviter les ruchers
perdus dans les profondeurs et ne les créer pas très loin des habitations.
Le bétail et les grands animaux domestiques
Dans les villages ou les concessions, installer une clôture solide autour de son rucher de peur
que les ruches ne soient bousculées et renversées.
Les crapauds
Ils sont apivores et apent les abeilles tombées au sol ou au trou de vol. Placer les ruches à
hauteur d’homme sur des supports (75cm à 1m au-dessus du sol).
Les fourmis, lézards et termites
Dangereux envahisseurs. Bien choisir ses supports et bien isoler la ruche: pieds de support en
fer à béton ou en bois enduits de graisse ou plongés dans des pots d’huile de vidange; tôle montée sur
support; bonne tenue du rucher par nettoyage de hautes herbes pouvant servir de ponts. Ne jamais
user des insecticides pour anéantir les termitières du rucher.
L’Homme
C’est l’ennemi le plus redoutable du développement apicole par le vol des caisses pleines
d'abeilles, de miel ou le vandalisme des ruchers. Installer le rucher proche de l’habitation ou y être
présent fréquemment; informer les autorités et les voisins de ses activités apicoles.
4.3- Protection contre les plantes
Rappelons que les ¾ des cultures qui nourrissent l'humanité produisent grâce aux abeilles.
Cette protection concerne surtout la proximité (cohabitation) avec les variétés culturales améliorées,
fortement dépendantes des engrais, des produits phytosanitaires et autres traitements aux pesticides.
Et aujourd’hui les cultures OGM sont productrices de biopesticides extrêmement nocifs bien que non
létaux. Ces plantes tuent les abeilles en détruisant leur défense immunitaire et/ou leur sens de
l'orientation. Ne jamais utiliser les désherbants au rucher.

32
4.4- Protection contre les feux de brousse
Ils sont généralement l’œuvre des chasseurs de miel ou de petits gibiers et des cultivateurs.
Les feux de brousse consument les ruchers entiers, les ruches et les habitants et leurs produits. Tenir
très propre une large zone aux alentours immédiats de chaque ruche (au moins 3m) en la débarrassant
de mauvaises herbes et de toute broussaille.

VII- OPERATIONS APICOLES DE BASE


1- Après la capture
Si la capture a lieu hors du rucher, l’on transporte plus aisément la colonie au rucher dans une
ruchette et de préférence à la tombée de la nuit.
1.1- Le transvasement
Les abeilles capturées dans une ruchette et une fois au rucher, ne sont pas ôtées de leur piège.
Il faut d’abord laisser la colonie s’installer, se mettre en confiance et amorcer son développement par la
construction des rayons de cire. Une fois que la colonie devient forte dans la ruchette (rapport contenu-
contenant), elle est transvasée rayon après rayon dans une ruche et le reste des abeilles y sont
brossées ou secouées.
1.2- La partition et le nourrissement
Dans le cas où la capture d'un petit essaim a lieu dans une ruche, l’on a le choix entre ces deux
opérations en tenant compte une fois de plus du rapport contenu-contenant.
L’on peut transvaser vers une ruchette ou procéder à une division à parties égales (partition),
réduction du volume du contenant (grande ruche) pour l’aise et le bon développement progressif du
contenu (petit essaim). La partition se fait à l’aide d’un ou de deux morceaux de contreplaqué ou de
carton à disposer à l’intérieur de la ruche. Un réducteur d’entrée est installé au trou de vol.
Le développement du petit essaim dans la ruche peut être accéléré. Il s’agira de préparer un
sirop de nourrissement (1kg de sucre dans 1litre d’eau). Le sirop est donné aux abeilles à l’aide d’un
nourrisseur. Pour être efficace, le sirop stimulant doit être donné aux abeilles en petite quantité et à des
intervalles réguliers: 0,5 litre tous les 3 ou 4 jours durant quinze jours.
2- Quelques principes de conduite apicole
Il semble évident que si les abeilles mellifiques ne piquaient pas, elles auraient complètement
disparu du Règne Animal, livrées qu’elles seraient sans défense à la diversité de leurs ennemis. Toute
menace contre les abeilles pèse gravement sur la planète entière. Albert Einstein ne disait-il pas que
« Si les abeilles disparaissent, l'homme n'aurait plus que quatre années à vivre »?
2.1- La peur terrible des abeilles
Elle est le véritable frein de l'engagement en apiculture. L'abeille à miel serait-elle réellement
l'espèce animale domestiquée la plus terrifiante, celle que l'Homme devrait autant redouter? Le berger
des zébus (bœufs) craint-il à ce point ses mastodontes capables de le tuer par un seul coup de corne
ou de sabot ?...
S'occuper de son rucher lors de la période d'apprentissage, nécessite un effort considérable
pour surmonter la peur et l'angoisse susciter par des milliers des petites bêtes capables de vous
agresser et vous piquer par réaction d'un instant à l'autre.
Autant toute la force est dans la tête, autant la grosse barrière pour l’apiculture se trouve dans
cette même tête. Très peu d’apiculteurs savent se conformer aux mœurs des abeilles. Là est tout le défi
de ce premier niveau d'apprentissage apicole : démystifier l’abeille et promouvoir l’apiculture pour
contribuer à la lutte contre le chômage et la pauvreté dans chaque environnement propice.

33
Les futurs éleveurs d’abeilles recherchés seront à la fois convaincus d’aimer et de vouloir
travailler avec les mouches à miel pour pouvoir en vivre, en cessant progressivement d'être des
peureux, et des maladroits toujours étrangers à leurs abeilles.
2.2- Quelques principes d'une nouvelle amitié
Il y a une manière de se comporter face aux abeilles. On ne va pas en guerre contre les
abeilles!
Les abeilles n’aiment pas les vêtements de couleur sombre et rugueux; elles les veulent clairs
et lisses. Une combinaison ou un blouson en coton blanc ou jaune fermée aux poignets et aux chevilles
avec l’élastique facilite le travail.
L’abeille aime la propreté et déteste les mauvaises odeurs ou toutes sortes de saleté des mains
ou des habits. L’apiculture est une occupation des gens sobres: l’haleine d'une bouche adonnée à
l’alcool ou au tabac et la sueur des gants mal propres déplaisent aux abeilles et les excitent à
l’agressivité. Les abeilles repèrent vite les peureux (stress, sueur) et des gens ayant mis des parfums
synthétiques. Elles se précipitent sur eux plusieurs dizaines de mètres au loin du rucher.
Il faut éviter des mouvements brusques avec les abeilles: les réflexes de mauvaise humeur, les
gestes de chasse à la main sont perçus par l’abeille comme des gestes d’agressivité et des demandes
de piqûres gratuites. Toute approche des abeilles doit être simple et toute manipulation doit se dérouler
avec tact, précision et calme. La tenue de protection (à l’image d’un cosmonaute) ne devrait pas être la
première assurance vis-à-vis de ses colonies d’abeilles, mais l’amour et l’acceptation de ces nouvelles
amies, les abeilles.

3- Visite d’une ruche


3.1- Bon à savoir
Le comportement des abeilles oblige l’apiculteur à porter tout seul et vite un jugement, un
diagnostic, et à prendre une décision immédiate si tout n’est pas en ordre. C’est le résultat d’une bonne
observation extérieure.
Toute intervention de l’apiculteur dans une ruche (visite) constitue une agression pour la
colonie; aussitôt, elle réagit et cherche à se défendre. La visite doit être salutaire, un véritable geste de
bénédiction pour les abeilles. En réalité, une visite à la ruche s’apparenterait à une opération
chirurgicale pour le corps humain. La manière dont l’abeille reçoit celui qui vient l’importuner, est en
relation avec la journée (heure de rendez-vous?), le temps qu’il fait (pluie ?), le travail du jour (but ?) et
le comportement du visiteur (tenue?).
Il est aussi des moments où les abeilles n’aiment pas être dérangées: la nuit, vers midi et 15
heures, trop tard le matin, en temps d’orage, après une forte pluie, par grand vent. Mais le temps calme,
doux, légèrement humide vers 6 heures du matin est le moment idéal.
L’apiculteur doit savoir que la visite d’une ruche qui traîne pourrait entraîner le pillage. Il doit
être un homme de décision, de caractère et d’action. Il doit rester maître des abeilles; il ne recherche
pas avant tout son intérêt mais celui de ses colonies d’abeilles.
3.2- Observation extérieure
Beaucoup de renseignements sur l’état de la colonie s’obtiennent en répondant à quelques-
unes des questions suivantes:
* les va-et-vient sur la planche de vol sont-ils fréquents ? (Signe de force);
* au moins 10% des abeilles rentrent-elles avec le pollen ? (Maternité);
* y a-t-il beaucoup d’abeilles dehors et constituant «la barbe » ? (Surpopulation)
* y a-t-il des abeilles mortes traînant sur la planche de vol, par terre devant et à l'intérieur de la
ruche ? (Maladie); seulement à l'extérieur? (Insecticide aux alentours);
* en écoutant contre la paroi suite à quelques petits coups sur la paroi, les abeilles répondent-
elles ? (Présence de la reine);

34
* y a-t-il une odeur anormale ? (Maladie);
* y a-t-il abondamment des mâles ? (Essaimage ou bourdonneuse), ...
De la conclusion tirée de ses observations sait naître un but précis, une tâche exacte et la
programmation d'une intervention bénéfique pour la colonie. Une inspection rapide des ruches tous les
quinze jours permettra de vérifier que tout va bien et suscitera la familiarité et la communion de
l’apiculteur avec ses abeilles. Si la situation paraît correcte, il vaut mieux ne pas s'attarder.
3.3- Observation intérieure
C'est la visite proprement dite. Visiter une colonie consiste à examiner l’intérieur d’une ruche
habitée après l’avoir ouverte. L’observation à travers une vitre (kenyane vitrée) donne des informations
supplémentaires et plus satisfaisantes quant à la définition exacte d’un ou plusieurs motifs
d’intervention (voir PLANCHE IV-B).
Par curiosité, inquiétude, désir de bien faire, les apiculteurs débutants multiplient des visites de
contrôle intempestives dans les ruchers. C'est une erreur! Chaque ouverture de ruche perturbe la
colonie.
Préalables
Avant la visite, préparer son matériel: fiche apicole (sorte de carnet de consultation), crayon ou
bic et outils d’exploitation. Eviter de se parfumer. Vaincre la peur en se rappelant qu'on ne va pas en
guerre. Etre détendu et s’apprêter à vivre une petite partie de plaisir apicole. Etre à deux donne du
courage et facilite les manipulations. Pendant la visite, garder votre sang-froid. Eviter de vous énerver,
des gestes brusques et tout écrasement d’abeilles (odeur de mort). Ne pas garder la ruche béante pour
le pillage.
Mode opératoire
Une fois le motif d’intervention et le jour de la visite clairement établis, la visite se déroule de
bonne heure lorsque les conditions atmosphériques sont favorables : faible ensoleillement ; température
supérieure à 15°C; pas de pluie; peu ou pas de vent; pas avant ni pendant un orage.
Les opérations ci-après doivent être ensuite effectuées :
* Bien arborer son équipement de protection avant d’entrer au rucher.
* Allumer son enfumoir et souffler jusqu’à l’obtention d’une fumée abondante, épaisse, blanche
et froide sur le dos de la main (enfumer une colonie est un art difficile mais maîtrisé par l'exercice et
dans le temps ; une fumée insuffisante est sans effet ; une fumée trop dense affole et peut faire fuir les
abeilles).
* Au niveau de la ruche, donner deux ou trois bouffées de fumée au trou de vol.
* Se placer derrière la ruche ou sur le côté (à l’opposé du trou de vol) ; ôter le toit et le couvre-
barrettes (s’il y en a); les déposer sur le côté.
* utiliser le lève-barrettes pour soulever la première barrette (barrette de rive) et la sortir
doucement.
* examiner cette barrette, la secouer de ses abeilles dans la ruche par un petit coup sec sur le
dos de la main qui la tient. Si elle ne comporte pas de bâtisse, la déposer sur le toit de la ruche. Si elle
comporte un rayon, la ranger dans une ruchette.
* la suite de la visite dépendra de l’objectif fixé au départ: prendre des notes sur la constitution
de chaque rayon, la présence ou l’absence des œufs, des larves, des provisions...
* une fois la solution apportée, bien refermer la ruche.
* une visite réussie doit durer 5 à 10 minutes au maximum pour une colonie.

35
3.4- Comportement de défense des abeilles
La colonie d’abeilles visitée comporte dans son habitat la maternité (nid à couvain) et des
réserves pour sa vie et la survie de l'espèce. Une véritable lignée de guerrières protectrices se constitue
dès lors contre les "braconniers" et pilleurs potentiels.
Lorsque certaines visites s'achèvent sans déplorer la moindre piqûre, une joie légitime ne tarde
pas à envahir l'apiculteur ou les équipiers. D’autres visites mal conduites se sont soldées par la récolte
de nombreuses piqûres même à travers l’équipement de protection.
Lorsqu’une abeille ouvrière pique, le venin est pompé dans la victime à la manière d’une
injection. Sur un animal à sang chaud (Homme, porc, chien...), l’aiguillon reste généralement accroché
à la peau grâce aux crochets dont il est doté comme la flèche d’un harpon. Et lorsque l’abeille piqueuse
tente de s’échapper, elle perd son arme de défense (appareil vulnérant) et mourra peu après à cause
du déchirement de son abdomen (voir PLANCHE XIV).
Il y a en plus de la douleur ou sensation de brûlure, la libération d’une odeur d’alerte à la guerre
qui excite les autres abeilles à se défendre (phéromone d’alarme signifiant À l'attaque!!).

PLANCHE XIV: Appareil vulnérant de l’abeille mellifère ouvrière

36
3.5- Piqûre d'abeille
Les abeilles piquent par réaction, simplement pour se défendre ou protéger la colonie. Si une
ouvrière gardienne perçoit quelque chose de bruyant ou de gesticulant (humain ou animal), elle pourrait
interpréter cette présence comme une menace. Elle voudra bien se rassurer par un vol de
reconnaissance du nouveau voisin. De l'attitude froussarde adoptée à l'approche du bourdonnement de
l'abeille dépendra l'usage du dard et son venin, en guise de défense. Pour l’apiculteur, la piqûre
d’abeille est prévenue par sa sérénité, son habituation et sa tenue (comportement).
Si néanmoins une abeille venait à vous piquer, commencer par la tuer immédiatement. Ensuite
gratter l’aiguillon coincé à l’aide d’un coup d’ongle ou d’un objet tranchant tel un couteau (voir
PLANCHE XV-A et B). Ne jamais retirer l’aiguillon en le tenant par la glande à venin entre le pouce et
l’index ou en l’écrasant contre la peau ; cela injecte plus de venin. Enfumer localement pour dissiper
l’alarme odorante et brouiller l'alerte.

A B

PLANCHE XV: Oter correctement le dard

3.6- Réaction à la piqûre et allergie au venin d’abeille


La piqûre d’abeille provoque généralement une douleur vive accompagnée d’une inflammation
locale; elle n’est généralement pas dangereuse, plutôt bénéfique. De nombreuses applications externes
dites appropriées (pommade, glaçons, herbes, …) sont pratiquées et associées à la prise des cachets
pour contrôler la douleur. Même sans rien faire, cette réaction normale disparaît après quelques heures
ou les 2 à 3 jours suivants.
En cas de réaction allergique grave, consulter un médecin des urgences. La réaction à une
piqûre devient anormale et inquiétante lorsque des manifestations surviennent ailleurs qu'à l'endroit de
la piqûre. Par exemple: enflure du visage, urticaire (rougeur) généralisée, changement de voix,
difficultés à avaler ou à respirer, crise d'asthme, faiblesse, vomissements persistants, perte de
conscience, état de choc. Une telle réaction peut survenir quelques minutes à peine après la piqûre et
mettre votre vie en danger. En cas d'un ou plusieurs de ces symptômes, agissez rapidement: rencontrer
un médecin ou prenez un antihistaminique et présentez-vous urgemment dans le centre de santé le
plus proche.
L’apiculteur de métier (qui se protège d'abord par l’acceptation des piqûres) connaît une
désensibilisation naturelle progressive en devenant moins sensible aux effets du venin d’abeille.

37
Toutefois, pour s’engager en apiculture, il faudrait peut être bien s’assurer que l’on ne manifeste
aucune allergie grave à la piqûre et au venin d’abeille. Si tel est le cas, mieux vaudrait s'abstenir de
pratiquer l'apiculture et s'inscrire dans un autre maillon de la chaîne de développement apicole.

4- Tenue du fichier apicole


La tenue du fichier est essentielle dans une entreprise apicole qui cherche à optimiser ses
performances de productivité et à collaborer efficacement avec les divers intervenants du milieu apicole.
Le fichier est nécessaire pour le suivi de l’évolution et la planification des travaux dans chaque colonie
voire l’ensemble des ruchers. Il est constitué de l’ensemble des fiches apicoles comportant des
informations utiles sur chaque colonie: localisation; date d’installation; douceur ou agressivité ; état;
productivité; prédateurs; programme d’intervention;...

En apiculture développée et règlementée, la tenue des registres (fichiers) est obligatoire pour la
reconnaissance des propriétaires d'abeilles. Pour nos pratiques apicoles modernisées à petite échelle,
la tenue de fichier peut s'avérer utile en cas de lègue ou de vacance volontaire ou involontaire de
l'apiculteur propriétaire. Le fichier permettra la poursuite des activités par un collègue ou un tiers.

La structure du fichier varie d’un apiculteur à un autre et dépend du type d’apiculture pratiquée.
Voici un exemple de fiche apicole proposée par l’Association Abeilles-Fleurs et Homme (A-FH):

FICHE APICOLE N°:


Généralités
Date de la visite
Localité
Rucher
Ruche
Date d’installation
Date d’occupation
Informations sur la ruche
Activité au trou de vol
Poids
Propolis
Douceur
Tenue des baguettes
Nombre de rayons
Rayons avec couvain
Rayons avec pollen
Rayons avec miel (operculé? Non operculé?)
Couvain d’ouvrières operculé
Œufs
Reine
Mâles
Cellules royales
Cellules de mâles
Force
Ennemis, prédateurs
Productivité (rayons de miel récolté)
Observations diverses
Interventions

38
IIX- QUELQUES CONSEILS PRATIQUES

Débuter en apiculture au Cameroun est une question de décision et d’action. L’environnement


apicole est propice sur l’ensemble du territoire. Cependant, se décider à créer une entreprise apicole,
comme l’initiative de toute autre activité génératrice de revenus, c’est s’engager sur la ligne de départ
d’un parcours de combattant.
Le caractère psychologique de l’apiculteur ajouté à sa passion pour la chose apicole,
constitueront son capital et seront déterminant pour son investissement au succès en apiculture.
Certes, le succès dans cette activité n’obéit à aucune règle mathématique, il faudra composer avec la
nature. L'apiculteur ne participe pas directement dans la fabrication et la mise en réserve des produits
de la ruche.
Avant de s’engager en apiculture et surtout pour en faire une activité génératrice de revenus, il
est important de bien s’examiner à travers ces quelques critères:
* bien se connaître soi-même: savoir distinguer ses points forts et ses points faibles ;
* avoir confiance en soi ;
* être tenace ;
* avoir le sens du sacrifice ;
* miser sur le long terme ;
* connaître les abeilles, futures associées, et l’environnement apicole ;
* être passionné par l’apiculture.

IIX- FINANCEMENT: TOUR D'HORIZON DE LA RECHERCHE

A- Rédiger une demande


Peu importe ce pourquoi l'on recherche un financement; vous devez rédiger une demande.
Vous pouvez avoir besoin d'un financement pour un projet apicole ou tout autre projet. Vous devrez
donc décrire dans votre demande ce que vous comptez faire avec l'aide financière espérée.
Une demande claire montrant un plan d'action bien réfléchi et réaliste peut être la clef de votre
succès. Les points qui suivent vous aideront à mûrir votre projet et à prendre le bon départ:
Le titre du projet
Formulez clairement votre but; soyez bref et concis.
Quelques détails d'importance
A qui s'adresse votre demande? Qui soumet la demande? (Votre nom ou celui de votre
organisation). Date de la demande.
Résumé Si votre demande comporte plusieurs pages, résumez son objet en quelques phrases.
Introduction
Expliquez le contexte dans lequel se situent votre demande et la situation actuelle. Par exemple
s'il s'agit de poursuivre un travail déjà commencé ou alors s'il s'agit d'un nouveau projet.
Objectifs
Ce sont les activités à réaliser pour parvenir au but exprimé dans le titre. Donnez chaque
objectif en une seule phrase et les classer dans une liste ordonnée et numérotée. Soyez spécifique et
n'énoncer pas pêle-mêle vos objectifs dans un long paragraphe.
Méthodes
Décrivez exactement et avec soin les procédures que vous utiliserez pour réaliser chaque
objectif. Vous devez donner des informations claires. Par exemple, écrire "augmenter le nombre de
colonie d'abeilles" ne donne pas d'information sur la manière dont vous allez vous y prendre.

39
Plan de travail
Dressez un calendrier des activités de votre projet. Soyez réaliste sur la durée de chaque
activité en gardant à l'esprit que l'apiculture est une activité saisonnière.
Moyens requis
Détaillez les ressources dont vous avez besoin. Par exemple: livres, nombre de personnes,
moyens de transport, accès à des formations, téléphone, équipement informatique.
Budget
Pour chaque ressource requise, établissez-en le coût estimatif. Si votre projet est prévu de
s'étendre sur plus d'une année, détaillez les coûts annuels en plus du coût total du projet. Votre budget
peut être établi en monnaie locale mais indiquez le taux de change actuel (à dater) d'une monnaie
connue, de préférence celle utilisée par l'organisation a laquelle vous demandez de l'aide financière.
Résultats escomptés
Indiquez les principaux revenus que vous espérez tirer des activités. Vous pouvez mentionner
les avantages secondaires probables ainsi que la documentation sur le déroulement du projet.
En annexe de la demande, vous pouvez joindre éventuellement des informations
complémentaires sur votre organisation et ses activités. De même si vous établissez une demande
individuelle, joignez votre CV.
B- Exemple de compte d'exploitation prévisionnel
Assez simplifié pour un groupe de 10 débutants apicoles

DEPENSES RECETTES
Première Année: Investissement initial
Désignation PU fcfa Quantités PT fcfa Désignation PU fcfa Quantités PT fcfa
Manuel de 3.000 10 30.000
Formation
Ruches 20.000 100 2.000.000
Matériel biologique
Abeilles / 100 /
Plantes apicoles / N+N /
Matériel d'exploitation
Enfumoirs (travail 20.000 5 100.000
en binôme)
Chapeau et voile 5.000 10 50.000
Gants en cuir 5.000 10 50.000
Bottes 7.000 10 70.000
Lève barrettes 3.500 5 17.500
Brosse 3.500 5 17.500
Combinaison 17.000 10 170.000
Matériel de récolte, extraction, collecte et conditionnement
Pressoir 300.000 1 300.000
Tamis à miel 10.000 10 100.000
Tonnelet 60L 6.000 20 120.000
Seau 10L 1.000 100 100.000
Porte tout 100.000 1 100.000
Tonnelet 60L avec 6.000 10 60.000
robinet
Pots de 500g 200 3.000 600.000
Etiquettes 100 3.000 300.000
Palette de 20 2.000 150 300.000
Productivité
Production 15kg soit 100 1.000L Miel en pots 1.500 2.400 (moins 4.500.000
moyenne en 10L soit 20%)
Cire *** Marché encore recherché

40
Kg/ruche/an 1.500kg Propolis***
Total 4.475.000 4.500.000
Imprévus à 10% du Total 447.500
TOTAL 4.922.500
Déficit au terme de la 1ère année -422.500

Deuxième année d'activité


Production 15kg 100 1.500kg soit Miel en pots 1.500 2.400 (moins 4.500.000
moyenne en 1.500kg 20%)
Kg/an Cire Marché à conquérir
Propolis
Pots de 500g 200 3.000 600.000
Etiquettes 100 3.000 300.000
autocollantes
Palette de 20 pots 2.000 150 300.000
Total 1.200.000
Imprévus à 10% du Total 120.000
Déficit de la 1 année
ère 422.500
TOTAL 1.320.000 4.500.000
Amortissement après 2 années d'activité 2.757.500
Troisième année d'activité

Commentaire
L'apiculture est une activité singulière dans laquelle l'on peut amortir son investissement dès la
deuxième année ou même la première en excluant certaines dépenses. Son autre singularité est qu'elle
dépend entièrement de la nature et son succès ne répond à aucune règle mathématique. Tout dépend
de l'apiculteur, de son degré d'investissement (physique, temporel, …) au succès et de son amour pour
l’apiculture.

Dès la troisième année d'activité, l'apiculteur rentre pleinement dans le bénéfice de l'activité. Il
peut déjà songer à l'augmentation du cheptel et l'emploi d'une main d'œuvre raisonnablement payée. Le
plus important n'est pas l'immensité du cheptel, mais la bonne gestion de ses abeilles et son
environnement apicole. L'élevage des abeilles exige à ses pratiquants de miser patiemment sur le long
terme. La maîtrise des techniques apicoles s'affine avec le temps; elle est garante de l'excellente
qualité des produits et de leur commercialisation à de meilleurs prix.
La vente de cire et de propolis n'est pas prise en compte; bien que le marché existe, il est
encore à conquérir.

C- Autres petits détails pratiques


a- Bien numéroter les pages et les parties de votre demande.
b- Ne répéter pas les mêmes formulations dans les différentes parties de votre demande.
c- Assurez-vous que vous avez bien différencié les objectifs des méthodes.

Exemple: 1- apporter un support à la commercialisation du miel; 2- fournir des emballages pour


la vente du miel; 3- augmenter la conscience du consommateur vis-à-vis du miel; 4- former aux
techniques de tamisage du miel. 1 et 3 sont des objectifs alors que 2 et 4 sont des méthodes par
lesquelles les objectifs peuvent être atteints.

d- Adresser une demande dactylographiée. Cependant une demande écrite à la main et bien présentée
peut être appréciée à sa juste valeur.

41
e- Préparer votre demande en plusieurs exemplaires et faites lire à de bonnes personnes avant d'établir
le document final. Il ne doit pas y avoir de fautes d'orthographe ou autres défaillances.
f- Utiliser du papier de format A4 et n'écrivez qu'en recto simple.
g- Si vous rédigez votre demande dans une langue que vous ne maîtrisez pas correctement, essayez
de la faire corriger par quelqu'un qui connaît bien cette langue.
h- Enumérez les moyens que vous, votre organisation ou un autre donateur mettent à la disposition de
votre projet: ce sont peut-être des moyens financiers, ou encore en termes de travail (d'expertise), de
mise à disposition de sites pour les ruchers ou bien une assistance administrative.
i- Votre demande doit être aussi concise que possible. Plus elle sera courte, plus vous aurez le privilège
d'être entièrement lu. Si vous devez donner de nombreux détails, organisez-les en annexe.
j- Si vous envisagez de faire une demande à une organisation particulière, contactez-la avant de
préparer votre demande. Elle peut vous fournir des lignes directrices ou simplement leurs propres
formulaires. Elle vous précisera également dans quels domaines et secteurs géographiques elle exerce
son action.

D- Faire comprendre la place de l'apiculture


Les organisations donatrices ne sont pas toujours familiarisées avec les domaines pour
lesquels vous leur adressez votre demande. L'apiculture est un domaine qui n'est pas toujours compris
ou apprécié à sa juste valeur. Vous devez soulignez dans votre demande son importance et sa valeur.
Ne vous contentez pas de recopier des informations d'un texte standard, mais tenter de citer des faits
liés au contexte local.

Exemple: quelle est la place de l'apiculture dans votre région? Qui dans votre communauté
pratique l'apiculture? Quels sont les produits apicoles de votre localité? Quelles cultures locales
nécessitent la pollinisation par les abeilles? De quelle manière votre projet peut influer sur la
communauté locale?

E- Bonne nouvelle
Si votre demande est retenue et que vous obtenez un financement, confirmez-en la réception.
Informez régulièrement votre donateur par des rapports d'activité sur les progrès du projet. Lisez bien
les conditions sous lesquelles l'aide vous a été accordée. Si le donateur exige des rapports ou des
comptes financiers, assurez-vous de les lui fournir en temps et heures exactes.

F- Mauvaise nouvelle
Si votre demande a été rejetée, il vous faudra froidement et très sincèrement répondre à la
question "pourquoi ma demande a-t-elle été refoulée?" Vos plans ont-ils été estimés irréalistes? Avez-
vous trop demandé? Votre demande était-elle rédigée dans un style compréhensible? Votre demande
semble t-elle valable?...

Lisez avec beaucoup de soins les réponses ou remarques des organisations. Cette lecture
vous permettra de comprendre avec un peu de franchise pourquoi votre demande ne remplit pas les
critères requis. N'hésitez pas non plus à contacter l'organisation pour demander exactement la cause
du rejet.

Si vous obtenez peu de réponses à votre demande, vous devez vous interroger et être critique
à l'égard de vous-même. Ne vous démoralisez pas et ne vous découragez pas. Si votre vision vaut la
peine d'être réalisée, vous trouverez sans doute une aide dans la même organisation ou ailleurs.

42
G- Quelques pistes
La FAO soutient des projets apicoles dans les pays en voie de développement. Les groupes et
les associations d'apiculteurs peuvent solliciter de petits financements de projet jusqu'à 10.000 dollars
US à partir du fonds spécial de TéléFood. La demande est à soumettre au bureau local de la FAO ou
du PNUD (www.fao.org).

CAP-RELUFA: Credit Against Poverty (Crédit contre la Pauvreté) est une initiative de micro
crédit du RELUFA (Réseau de Lutte contre la Faim). Ce sont des crédits sans garantie et à faible taux
d'intérêt, pour les projets des communautés pauvres affiliées aux organisations membres dont le CED.

FNE: Le Fonds National de l'Emploi dans le cadre de ses 100 idées-projets emplois
indépendants, finance les projets apicoles.

La liste est très loin d'être exhaustive avec des Ambassades et les Ministères. La filière apicole
regorge encore d'idées-projets originales et novatrices, susceptibles de constituer des tremplins pour
des projets de développement intégré répondant effectivement aux désirs des populations. Elle compte
malheureusement parmi les alternatives économiques les moins demandeuses et les moins financées
du secteur agropastoral au Cameroun et même en Afrique.

CONCLUSION
Le métier d'apiculteur devrait attirer davantage des jeunes pour assurer la relève des
générations et dynamiser le secteur apicole. Ce manuel présente quelque peu l’essentiel en matière de
savoir, savoir-être et savoir-faire pour le débutant en apiculture simple et durable au Cameroun. Son
contenu s’adaptera, s’enrichira et se peaufinera au fil des expériences et toutes autres contributions
pour le développement de la filière apicole contre le chômage et la pauvreté au Cameroun. Nous ne
prétendons pas fournir une information exhaustive pour la formation de débutant apicole encore moins
sur le métier passionnant et novateur d’apiculteur. Plutôt, nous voulons susciter et multiplier des
apicultrices et apiculteurs aimants, pratiquants, respectueux et promoteurs de l’abeille. Cette dernière
seule saura mieux instruire chaque personne débutante et engagée tout au long de sa nouvelle vie de
professionnel apicole. Nous proposons un canevas de recherche de financements des projets apicoles
afin que l'argent ne soit en rien un frein pour débuter en apiculture. Les quelques pistes citées restent
peu sollicitées du fait des spécificités liées au succès apicole. Il reste donc impératif, pour rendre
l'apiculture plus attractive pour les jeunes, de développer un système d'aide à l'installation ou des
crédits surtout d'assez longue durée.
A nos marques apicoles! Prêts! Débutons en Apiculture.

43
BIBLIOGRAPHIE
A.-F.H., 1999- Techniques de production, récolte et conditionnement du miel. Support de formation, Ngaoundéré,
Cameroun.
API-CAM, 2001- Abeille et apiculture. Manuels de formation apicole (Débutant et Intermédiaire), Yaoundé, Cameroun.
Bétayéné E. D., 2005- Rapport de stage en apiculture diversifiée. La Louvière, Belgique.
Bees for Development, 1998- Trouver un financement... un tour d'horizon. A&D, 46, 8-9.
Bocquet M., 1996- La formation en apiculture. BTA, 23 (4), 161-168.
Bogdanov S., Imdorf A., Charrière J. D., Kilchenmann V., 2003- Qualité des produits apicoles et sources de
contamination. Centre suisse de recherche apicole, Suisse.
Castagné J.B., 1983- L’apiculture au Congo-Brazzaville. BTA, 10 (4) 45, 197-208.
Castagné J.B., 1992- L’apiculture au Gabon. BTA, 19 (2), 79, 71-78.
Cherbuliez, T. et Domerego, R. 2001. Médecine des abeilles. Commission permanente d'apithérapie d'Apimondia. Rome.
(CD-Rom en anglais, français et espagnol).
Chiku Malunga, 2000- Le modèle de la ruche pour la formation d’équipe. Pas à Pas, 43, 10-11.
Clauss B. 1995. African honeybees: how to handle them in top-bar hives. 22 minutes. PAL/VHS.
Conseil des Productions Végétales du Québec (C.P.V.A.), 1977- Apiculture: emplacement du rucher et dérive. Agdex
616. 4p.
Curtis Gentry, 1982- Apiculture de petite échelle. Peace Corps. Manual series – M 34.
Encyclopédie universelle de la langue française - L’appareil vulnérant de l’abeille domestique ouvrière.
http://www.encyclopedie-universelle.com/abeille1/abeille-appareil-vulnerant-venin.jpg
FAO, 1993- Guide pour l’intégration d’objectifs nutritionnels dans les projets forestiers. FAO, Rome.
Fotso T. L., 1997- OUI, vous pouvez aussi produire du miel ! Fiche technique, LVP, 64, 5-7.
Free J.B., 1999- Pollinisation dans les régions tropicales. A&D, 50, 10-11.
Henri Clément, 2000- Créer son rucher. Les cahiers de l'élevage, Rustica Eds, 112p.
Insectarium de Montréal, Gare au dard! www.ville.montreal.qc.ca/insectarium.
Lohr W., 1998- Un développement durable pour l’apiculture. A&D, 48, 10-11.

Lelaidier S., 1996- Comment préparer et animer une séance de formation. La lettre du CEDIP, En Lignes 35, 1-4.

Lonyo III D., 1996- La ruche KTB et sa fabrication. Fiche technique, Sucré-Villages.

Molga P., 2007- La mort des abeilles met la planète en danger. Abeilles et pesticides. Les Echos.fr

Paterson Peter D., 2006- L'apiculture. Agricultures tropicales en poche, Quae, CTA, Presses Agronomiques de Gembloux.
158p.

Tchuenguem F. F.-N., 1993- Activité des insectes anthophiles et son impact sur les rendements de deux plantes cultivées
au Cameroun : Zea mays et Arachis hypogaea. Thèse de Doctorat de 3ème Cycle, Université Yaoundé I, 133p.

Thiele M., 1999- La nécessité d’une apiculture biologique. A&D, 50, 8-9.

UICN, 1991- Sauvegardons nos insectes. Musée canadien de la nature, Bulletin canadien de la biodiversité, 3(1), 39-42.

Villières B., 1987- L’apiculture africaine en régions tropicales et équatoriales de l’Ouest. Dossier, BTA, 14 (4), 61, 193-200.

Wendorf, H. 1999- Beekeeping in development. 81 minutes. PAL/VHS.

44

Vous aimerez peut-être aussi