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Tachygraphe Intelligent

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1 – TRANSPORT ROUTIER – CHRONOTACHYGRAPHE

Vers une nouvelle génération


de tachygraphe "intelligent"

Par Frédéric LETACQ

Après l'aire du chronotachygraphe analogique, à disque papier, puis celle du chrono


électronique, l'Union européenne ouvre la voie au tachygraphe numérique intelligent.

Depuis 1970, un chronotachygraphe permettant le contrôle du respect des temps de conduite et de


repos des conducteurs est imposé par l'Union européenne dans les véhicules lourds affectés au
transport de voyageurs et de marchandises. Son installation et son utilisation en sont actuellement
réglementées par le règlement CEE n°3821/85. Pour l'heure, deux types de chronotachygraphes sont
utilisés par quelques 900 000 entreprises de transport et 6 millions de conducteurs. Outre le
chronotachygraphe électronique (ou numérique) installé dans les véhicules immatriculés depuis mai
2006, le chronotachygraphe analogique est toujours en service dans des véhicules plus anciens.

Ayant constaté que des milliers de poids lourds (environ un quart d'entre eux) ne respectaient pas la
législation sociale et circulaient en Europe avec un chronotachygraphe manipulé ou une carte non
valable, la Commission a envisagé, dès 2011, une modification du règlement de base afin d'accroître
les performances techniques et l'efficacité des appareils de contrôle. Cette proposition a aujourd'hui
abouti, non pas à une nouvelle modification du règlement n°3821/85, mais à une refonte totale
puisque ce dernier est désormais abrogé et le règlement n°561/2006 sur les temps de conduite et de
repos modifié.
1
Si le nouveau règlement n'oblige pas à remplacer les anciens appareils en service et notamment les
chronotachygraphes numériques, introduits en 2006 dans le droit de l'Union, il vise pour la génération
future à faire de l'appareil de contrôle un véritable tachygraphe "intelligent", capable d'enregistrer
automatiquement la localisation du véhicule et de communiquer à distance.

Des dispositions restructurées et des apports importants


Comme son prédécesseur, le règlement n°165/2014 fixe les obligations en ce qui concerne la
construction, l'installation, l'utilisation et les essais et prévoit les conditions auxquelles doivent
répondre les chronotachygraphes numériques et les tachygraphes intelligents. Il détermine les
fonctions auxquelles doit satisfaire le chronotachygraphe numérique et les informations qui doivent
s'afficher à l'écran.

Les prescriptions en matière d'homologation et d'installation des appareils sont renforcées afin de
garantir une plus grande fiabilité non seulement des appareils eux-mêmes mais aussi des

1
Règlement UE n°165/2014 du Parlement et du Conseil du 4 février 2014 relatif aux tachygraphes,
abrogeant le règlement CEE n°3821/85 et modifiant le règlement CE n°561/2006; JOUE n°L 60 du 28
février.
constructeurs, installateurs et ateliers agréés. Ces opérateurs feront l'objet de contrôles réguliers mais
aussi de contrôles inopinés couvrant au moins 10% des établissements agréés chaque année.

Un chapitre entier du règlement est consacré à l'utilisation des équipements (tachygraphes, cartes et
feuilles d'enregistrement) par les entreprises de transport et les conducteurs. L'accent est mis sur la
responsabilité des entreprises, qui doivent veiller d'une part, à la bonne formation des conducteurs, et
d'autre part, au bon fonctionnement des matériels (art.33). Si les conducteurs continueront à actionner
les pictogrammes d'activités : volant pour la conduite; marteaux croisés pour les autres activités; carré
barré pour la disponibilité et; lit pour le repos ou les pauses, le tachygraphe nouvelle génération ne
basculera plus automatiquement sur "autre tâche" quand le véhicule est à l'arrêt, mettant ainsi un
terme aux difficultés dénoncées sous l'empire du précédent règlement (art.32-2). Le "carré barré" ne
devra désormais renseigner que la "disponibilité" au sens de la directive 2002/15 sur la durée du
travail.

En outre, pour les véhicules équipés de tachygraphe intelligent, c'est-à-dire associé à un système de
navigation par satellite, le contrôle sera effectué à distance par transmission des données. La position
du véhicule sera enregistrée automatiquement en plusieurs endroits et à plusieurs moments sur une
journée de travail, à savoir : au début de la période de travail journalière, toutes les 3 heures de
conduite et à la fin de la période de travail. Naturellement, le conducteur devra être informé par son
entreprise de la possibilité de ces communications à distance (art.9-7), lesquelles permettront un
contrôle non seulement du règlement temps de conduite / repos mais aussi de l'application de la
directive 2002/15 concernant la durée du travail.

Les pouvoirs des contrôleurs sont en outre renforcés. Si, après un contrôle par un agent, des
soupçons de fraude persistent, celui-ci peut envoyer le véhicule dans un atelier agréé pour plus
amples vérifications (art.38-2). Si des manipulations frauduleuses sont détectées, l'agent peut faire
retirer l'unité, ses composants et la carte conducteur (art.38-3). Il appartient aux Etats membres de
veiller à la bonne formation des agents de contrôle avant de les agréer et de s'assurer qu'ils
possèdent les compétences appropriées et les équipements suffisants leur permettant d'exercer leur
fonction (art.39 et 38).

Un champ d'application modifié


Par soucis de cohérence, le champ d'application de ce règlement est désormais aligné sur celui du
règlement social n°561/2006 du 15 mars 2006, relatif aux temps de conduite et de repos (art.3-1).
Ainsi, sont soumis à l'obligation d'un chronotachygraphe les véhicules affectés au transport de
voyageurs de plus de 9 personnes (conducteur compris) et les véhicules de transport de
marchandises de plus de 3,5 tonnes.

En sont toutefois exclus, afin de prévoir une certaine souplesse, les véhicules de moins de 7,5 tonnes
pour autant qu'ils ne soient utilisés que dans un rayon de 100 km autour du lieu d'établissement de
l'entreprise de transport et à condition que la conduite ne constitue pas l'activité principale du
conducteur.

Dans le règlement social n°561/2006, la dérogation ne visait pas ce rayon de 100 km du point
d'attache ; c'est pourquoi ce dernier se trouve modifié en conséquence (art.45 du règl 165/2014).
Cette modification sera effective dès le 2 mars 2015, alors que le reste des dispositions du règlement
n°165/2014 ne sera applicable qu'à compter du 2 mars 2016.

Comme par le passé, les Etats membres s'accordent sur une assistance mutuelle et déterminent les
sanctions, lesquelles doivent être proportionnées, non discriminatoires et conformes aux catégories
d'infractions prévues par le droit de l'union.

* * *

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