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Jules César 1

Jules César
Pour les articles homonymes, voir Jules César (homonymie), César et Iulius Caesar.

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Jules César

Buste en marbre de Jules César conservé au Musée archéologique national de Naples. (voir Portraits)

Titre Imperator Caius Julius Caesar Divus

Autre titre Dictateur

Successeur second triumvirat

Distinctions Pater patriae

Autres fonctions Questeur


Édile Curule
Pontifex maximus
Préteur
Consul
Dictateur

Biographie

Dynastie Julio-Claudiens

Naissance 12 ou 13 juillet 100 av. J.-C. ou 102 av. J.-C.


Rome, République romaine

Décès 15 mars 44 av. J.-C.


Rome, République romaine

Père Caius Julius Caesar III

Mère Aurelia Cotta

Conjoint [1] [2]


Cossutia (-85 à -84) ,
Cornelia Cinna (-84 à -68)
Pompeia Sulla (-68 à -63)
Calpurnia Pisonis (-59 à -44)
Jules César 2

Enfants [3]
Brutus ? (avec Servilia Caepionis)
Julia (avec Cornelia Cinna)
[4]
Ptolémée XV ? (avec Cléopâtre VII)
Auguste (par adoption)

[5]
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Jules César (latin : CAIVS•IVLIVS•CAESAR•IV à sa naissance, IMPERATOR•CAIVS•IVLIVS•CAESAR•DIVVS• après sa mort)


est un général, homme politique et écrivain romain, né à Rome le 12 ou le 13 juillet 100 av. J.-C. et mort le 15 mars
44 av. J.-C. (aux Ides de Mars)[6].
Son destin exceptionnel marqua le monde romain et l'histoire universelle : ambitieux et brillant, il s’appuya sur le
courant réformateur et démagogue pour son ascension politique ; stratège et tacticien habile, il repoussa les frontières
romaines jusqu’au Rhin et à l’océan Atlantique en conquérant la Gaule, puis utilisa ses légions pour s’emparer du
pouvoir. Il se fit nommer dictateur à vie, et fut assassiné peu après par une conspiration de sénateurs. Il fut divinisé et
son fils adoptif Octave, vainqueur de Marc Antoine, acheva la réforme de la République romaine, qui laissa place au
principat et à l’Empire romain.

Biographie

Origine
César affirmait avoir pour ancêtre Iule (ou Ascagne), fils d’Énée et de Créuse, amené en Italie par son père après la
chute de Troie. Ce fondateur d’Albe-la-Longue était considéré comme le créateur de la vieille famille des Iulii qui,
selon l’empereur Claude, se joignit ensuite aux patriciens de Rome[7]. Par ce lignage, César revendiqua, lorsqu’il
prononça l’éloge funèbre de sa tante Julia, une ascendance remontant à Vénus[8] dont il célébrera les vertus génitrices
(Vénus Genitrix).
Les Iulii historiquement connus furent une famille patricienne d'importance mineure, qui exerça quelques consulats
mais ne faisait pas partie, au Ier siècle av. J.-C., de la cinquantaine de familles de la nobilitas qui fournissaient la
plupart des consuls. Les Julii connurent des revers de fortune, et Jules César grandit dans une maison assez modeste
du bas quartier de Subure, de mauvaise réputation[9].
Caius Julius César, le futur Jules César, naît vers 100 av. J.-C., fils de Caius Julius Caesar III et d’Aurelia Cotta,
également d’origine patricienne. Malgré les sources historiques, la date précise de cette naissance reste incertaine : le
12 juillet[10] ou le 13 juillet[11] 100 av. J.-C.[12],[13],[14],[15] ou 102 av. J.-C.[16],[17].
Selon Tacite, en mêlant dévouement maternel et ferme discipline, sa mère Aurelia donne à Caius et ses deux sœurs
Julia une éducation exemplaire[18]. Cicéron attribuera à cette éducation familiale et à des études assidues l’élégance
du latin de César et la qualité de son éloquence[19]. Plutarque et Suétone souligneront aussi son art des relations en
société tout au long de sa vie : amabilité et politesse envers ses hôtes, prodigalité sans retenue, savoir-vivre et bonne
tenue dans les banquets (Caton, qui pourtant le déteste, lui accorde qu’il est le seul ambitieux qui ne s’enivre pas),
conversation brillante et cultivée[20]. Ces qualités de séduction seront ses premiers atouts dans la vie publique
romaine.
Son père, Caius Julius Caesar III, ne dépasse pas, dans sa carrière politique, le rang de préteur en 92 av. J.-C., et
meurt subitement un matin en mettant ses chaussures[21] ; César est alors âgé de quinze ans[22]. Son oncle, Sextus
Julius Caesar III, obtient le consulat en 91 av. J.-C. mais meurt au siège d’Asculum lors de la Guerre sociale.
Jules César 3

La jeunesse de César
La jeunesse de Jules César s’inscrit dans un contexte de violentes luttes politiques qui opposent les optimates aux
populares. Les premiers maintiennent une ligne conservatrice et aristocratique qui place le sénat romain au cœur de
la République. Les seconds veulent satisfaire les revendications sociales et accorder plus de place politique aux
Italiens et aux provinciaux.
Jules César grandit ainsi au milieu de troubles sanglants (première guerre civile) : combats de rue à Rome en 88 av.
J.-C. entre les partisans de Caius Marius, chef des populares, et ceux de Sylla, puis victoire des légions de Sylla sur
les marianistes aux portes de Rome en 82 av. J.-C., suivie d’impitoyables chasses à l’homme contre les proscrits du
camp adverse.
Ses relations familiales placent Jules César parmi les populares dans le jeu politique romain. Sa tante Julia fut
l’épouse du consul Marius et lui-même épouse en 84 av. J.-C. Cornelie Cinna la fille de Cinna, successeur de Marius.
Malgré ces alliances familiales, Jules César ne semble pas s’être joint aux marianistes les plus extrémistes lors de la
guerre civile qu’ils menèrent contre Sylla. Il est possible que César ait suivi les modérés lorsqu’ils se rallient à
Sylla[23]. En 84 av. J.-C. César est choisi (ou est candidat) au sacerdoce de flamen dialis (premier prêtre de Jupiter) à
la suite du suicide de Lucius Cornelius Merula durant les proscriptions marianistes. Ce poste honorifique lui interdit
toute activité guerrière, donc d'entreprendre le Cursus honorum.
Sylla exige que César divorce de Cornelie Cinna et rompe ainsi ses derniers liens avec les marianistes. César refuse,
et doit se cacher, jusqu’à ce que de puissants protecteurs, dont son oncle Aurelius Cotta, fassent fléchir Sylla et
cesser la traque. Sylla lui a entre-temps bloqué sa nomination comme Flamen Dialis et les interdits qui
l'accompagnaient (ainsi que la dot de sa femme et une partie de son héritage). Prudent, César quitte Rome[24]. Il
s’enrôle vers 80 av. J.-C. dans l’armée et rejoint avec le préteur Marcus Minucius Thermus le théâtre d’opérations
militaires en Asie, où Lucullus assiège Mytilène, capitale de Lesbos qui s’était ralliée à Mithridate VI. César reçoit
mission de demander au roi de Bithynie Nicomède IV le renfort de sa flotte. Suétone se fait l’écho d’une rumeur sur
la réputation de César, rapportant qu’il aurait eu des relations sexuelles passives avec Nicomède, vice le plus
méprisable aux yeux des Romains. Cette suspicion, qui peut être une lourde et classique plaisanterie entre soldats,
plutôt qu’une réalité indémontrable, suivra César, depuis les commentaires insultants de ses adversaires jusqu’à son
triomphe final[25].
Lors de la prise de Mytilène, César accomplit un exploit que les historiens ne précisent pas, mais qui lui vaut en
récompense une couronne civique, la plus glorieuse décoration militaire, habituellement décernée pour avoir sauvé
au combat la vie d’un concitoyen. César sert encore en Cilicie sous les ordres de Servilius Isauricus, puis est
démobilisé.
À la mort de Sylla en 79 av. J.-C., César demeure quelque temps en Asie. Selon Plutarque, lors de son trajet sur la
mer Égée, il est enlevé par des pirates de Cilicie qui le font prisonnier durant 38 jours sur l'île de Farmakonisi et
réclament une rançon de vingt talents d'or. César déclare en valoir cinquante, et promet de revenir exécuter les
pirates après sa libération, ce qu'il fait effectivement. Puis il perfectionne son éloquence auprès du célèbre rhéteur
grec Molon de Rhodes[26].
De retour à Rome, il débute sa vie publique par un coup d’audace : il attaque en justice le proconsul Gnaeus
Cornelius Dolabella qui vient d’achever son mandat en Macédoine, et l’accuse de concussion. Malgré l’éloquence de
César et les nombreux témoins à charge qu’il cite, la cible a trop de poids politique : Dolabella est acquitté,
probablement par solidarité de classe avec ses juges tous issus du Sénat[27]. César tente une seconde et brillante
attaque contre Gaius Antonius Hybrida, qui faillit réussir. Antonius dut recourir à l'intervention des tribuns de la
plèbe pour échapper à une condamnation[28].
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L’ascension de César
César développe activement ses relations, dépensant beaucoup en
réceptions, et entame le parcours politique classique (cursus honorum)
: tribun militaire, questeur en 69 av. J.-C. en Espagne, puis édile en 65
av. J.-C., il capte la faveur du peuple en rétablissant le pouvoir des
tribuns de la plèbe et en relevant les statues de Marius. Chargé de
l’organisation des jeux, il emprunte massivement pour en donner de
spectaculaires, alignant selon Plutarque le nombre record de 320 paires
de gladiateurs[29].

Parallèlement, César poursuit son activité judiciaire, pour des causes


qui flattent le courant des populares. En 64 av. J.-C., il intente des
procès contre d’anciens partisans de Sylla, fait condamner Lucius
Liscius et Lucius Bellienus, payés pour avoir ramené la tête de
proscrits. Mais il échoue contre Catilina, les jurés se refusant à
condamner un membre de la vieille famille des Cornelii[30]. L’année
suivante en 63 av. J.-C., avec l’aide du tribun de la plèbe Titus
Labiénus, César tente un coup juridique extravagant en accusant de
haute trahison le vieux sénateur syllanien Gaius Rabirius pour des faits
anciens de trente-sept ans : le meurtre du tribun de la plèbe Saturninus.
L’affaire est sans précédent depuis le légendaire procès d’Horace.
César (marbre d'après l'antique), jardin des
Tuileries. Cicéron assure la défense de Rabirius (Pro Rabirio), mais les deux
juges désignés par le préteur ne sont autres que César lui-même et son
cousin Sextus. Rabirius est condamné, mais fait appel au peuple romain, son jugement devant les comices est reporté
puis l’affaire est finalement abandonnée[31].

César se fait élire en 63 av. J.-C. au titre de pontifex maximus grâce à une campagne financée par Crassus. Il dépense
d’importantes sommes d’argent et contracte de nombreuses dettes, afin de remporter les suffrages des comices
tributes, contre deux anciens consuls (Servilius Isauricus et Q. Catulus), plus âgés et expérimentés que lui[32],[33].
Selon l’usage, César s’installe dans la demeure du pontife à la Regia, et exercera la fonction de grand Pontife jusqu’à
sa mort.
Article détaillé : Conjuration de Catilina.
Désigné préteur urbain pour l’année suivante au moment de la conjuration de Catilina (63 av. J.-C.)[34], il ne fait rien
pour la prévenir et est soupçonné de connivence[35]. Salluste, qui est un partisan de César, attribue ces soupçons à
des manœuvres calomnieuses de Q. Catulus et C. Pison, adversaires politiques de César. Appien considère pour sa
part que Cicéron n’ose pas mettre en cause César en raison de sa popularité[36]. Lors du vote au Sénat sur le sort des
complices de Catilina, César s’oppose à leur exécution immédiate qu'il considère illégale, et propose de répartir les
conjurés à travers les prisons des municipes, mais son avis est mis en minorité après l'intervention de Caton[37].
Envoyé comme propréteur en Bétique (Espagne) en 60 av. J.-C., il ne peut partir qu’après avoir donné des cautions à
ses créanciers[38]. Son départ précipité de Rome est motivé par sa volonté d’échapper à une action judiciaire
éventuellement engagée à la fin de sa charge. César mène son premier commandement par une offensive contre les
peuples ibères encore insoumis. Après avoir pacifié la province, il revient à Rome afin d’y défiler en triomphe pour
son succès militaire puis de briguer le consulat. Mais les préparatifs du triomphe lui imposent de stationner hors de
Rome, tandis qu’il doit y être présent pour poser sa candidature dans les délais. Il demande une dérogation, que
Caton fait traîner en palabres. César doit choisir, et renonce à son triomphe pour viser le consulat[39].
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Triumvirat et Consulat
L’homme le plus en vue à cette date est Pompée, après sa victoire en Orient contre le roi Mithridate VI Eupator.
Cette campagne a permis à Rome de s’étendre en Bithynie, au Pont et en Syrie. Pompée revient couvert de gloire
avec ses légions mais conformément à la règle, il les licencie après avoir reçu le triomphe, en 61 av. J.-C..
Au faîte de la gloire, Pompée demande des terres pour ses anciens soldats et la confirmation des avantages qu’il a
promis pour les cités et princes d’Orient, mais le Sénat refuse. César exploite opportunément la déception de
Pompée, le rapproche de Crassus, et forme avec eux le premier triumvirat[40]. Cet accord secret scelle une alliance
entre les trois hommes, chacun s’abstenant de réaliser des actions nuisibles à l’un des trois[41]. César renforce peu
après cette alliance en mariant sa fille Julia à Pompée.
Article détaillé : Premier triumvirat.
Grâce au financement de sa campagne électorale par Crassus, César est élu consul en 59 av. J.-C., en ralliant
notamment à sa cause Lucius Lucceius un de ses éventuels compétiteurs[41]. Durant son mandat, il ne laisse à son
collègue le conservateur Marcus Calpurnius Bibulus qu’une ombre d’autorité. Bibulus et Caton multiplient les
actions d’obstruction contre César, mais ils sont chassés du forum lors de la promulgation d’une loi agraire. À la suite
de cet incident, Bibulus se retire chez lui jusqu’à la fin de son mandat, laissant le pouvoir à César qui l’exerce
seul[42],[43]. L’historien romain Suétone rapporte quelques vers décrivant la situation politique :
« Ce que César a fait, qui d’entre nous l’ignore ? - Ce qu’a fait Bibulus, moi je le cherche encore. »
César peut désormais légiférer comme un tribun, selon l’expression de Plutarque, satisfaire les revendications des
populares, rendre des gages à Pompée et gagner de nouveaux soutiens auprès des chevaliers et des provinciaux :
passant outre les protestations des sénateurs Lucullus et Caton, il fait ratifier les initiatives de Pompée qui avait
réorganisé les principautés du Moyen-Orient sans demander l’avis du Sénat ; il promulgue plusieurs lois agraires :
distribution aux vétérans de Pompée de parcelles des terres publiques (l’ager publicus), faisant de Capoue une
colonie romaine, achat de terres à des particuliers qui sont ensuite distribuées à 20 000 citoyens pauvres. La
diminution d’un tiers du fermage dû par les publicains à l’État est une aubaine pour les chevaliers, affairistes et
banquiers (lex de publicanis)[44]. Sa loi contre la concussion (lex Iulia de repetundis) permet enfin de sanctionner
d’amendes les gouverneurs de province qui monnayent leurs interventions ou se livrent à des exactions
financières[45]. Enfin, il place le Sénat sous le contrôle de l’opinion publique, en faisant publier les comptes rendus
de séance (Actus senatus)[43].
Cette activité politique va de pair avec une activité mondaine soutenue : Suétone[46] prête à César entre autres
maîtresses les épouses de Crassus et Pompée, et, ce qui paraît mieux attesté, Servilia la demi-sœur de Caton[47]. Plus
officiellement, César épouse Calpurnia, fille de Calpurnius Pison, consul désigné pour l’année suivante, ce qui lui
assure une future protection politique. César se fait un autre allié dans la personne de Clodius Pulcher, qui avait
pourtant courtisé sa précédente épouse, en satisfaisant une requête qui lui tenait à cœur : troquer son rang de
patricien pour celui de plébéien et postuler ainsi à l’élection de tribun de la plèbe.
César profite de sa popularité pour préparer l’étape suivante de sa carrière : normalement, le Sénat prolonge le
mandat d’un consul par le proconsulat d’une province pour un an. César contourne cette règle avec l’aide du tribun de
la plèbe Publius Vatinius : celui-ci fait voter par le peuple un plébiscite qui confie à César et pour cinq ans deux
provinces, la Gaule cisalpine et l’Illyrie, avec le commandement de trois légions (lex Vatinia). Pour sauver une
apparence d’autorité, le Sénat lui accorde en plus la Gaule transalpine et une quatrième légion[48].
Suétone rapporte que César, se vantant devant le Sénat d’être enfin parvenu à ses objectifs, et promettant une victoire
éclatante en Gaule, reçut un outrage d’un de ses nombreux adversaires qui s’écria « Cela ne sera pas facile à une
femme ». César répliqua que cela n’avait pas empêché Sémiramis de régner sur l’Assyrie, et les Amazones de
posséder jadis une grande partie de l’Asie[48].
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Proconsul en Gaule
Dès la fin de son consulat, César gagne rapidement la
Gaule, tandis que le préteur Lucius Domitius
Ahenobarbus et le tribun de la plèbe Antistius le citent
en justice pour répondre à l’accusation d’illégalités
commises pendant son mandat. En fin juriste, César fit
objecter par les autres tribuns qu’il ne pouvait être cité
en application de la loi Memmia[49], qui interdisait
toute poursuite contre un citoyen absent de Rome pour
le service de la République. Pour éviter toute autre mise
en cause devant la justice, César s’appliquera durant
son proconsulat à demeurer dans ses provinces. Il passe
ainsi chaque hiver en Gaule cisalpine, où il reçoit
partisans et solliciteurs et s’assure chaque année d’avoir
parmi les élus à Rome des magistrats qui lui soient
favorables[50]. La gestion de ses affaires à Rome même
est confiée à son secrétaire Lucius Cornelius Balbus, un
chevalier d’origine espagnole, avec qui il échange par Les campagnes militaires de Jules César en Gaule
précaution des courriers chiffrés[51].

Dès le début de son proconsulat, César engage la conquête de la Gaule en profitant de la migration des Helvètes en
mars 58 av. J.-C.. Cette expédition militaire est motivée par ses ambitions politiques, mais aussi par des intérêts
économiques qui associent les Romains à certaines nations gauloises clientes de Rome (Éduens, Arvernes, etc.)
Article détaillé : Guerre des Gaules.
Tout en menant ses campagnes, César maintient ses relations avec la classe politique romaine : Quintus, frère de
Cicéron commande une légion en Belgique[52], Publius et Marcus, les fils de Crassus interviennent en Belgique puis
en Aquitaine[53] ; Lucius Munatius Plancus[54], et Marc Antoine seront à Alésia[55].
À Rome, les conservateurs réagissent à la guerre que mène César : son affrontement contre le germain Arioviste, qui
a la qualité d’ami du peuple romain, accordée lors du consulat de César, scandalise Caton, qui proclame qu’il faut
compenser cette trahison de la parole romaine en livrant César aux Germains[56]. Ultérieurement, César se justifiera
longuement dans ses Commentaires en détaillant ses négociations préliminaires avec l’agressif Arioviste, lui faisant
même dire que « s’il tuait [César], il ferait une chose agréable à beaucoup de chefs politiques de Rome, ainsi qu’il
(Arioviste) l’avait appris par les messages de ceux dont cette mort lui vaudrait l’amitié »[57].
En 56 av. J.-C., Lucius Domitius Ahenobarbus, candidat au consulat soutenu par Caton et par Cicéron, met à son
programme la destitution et le remplacement de César. Toujours obligé de se cantonner en Gaule, César réunit à
Lucques Crassus, Pompée et tous les sénateurs qui les soutiennent. Ils renouvellent tous trois leur accord et
définissent un partage des provinces[58]. Ahenobarbus et Caton sont agressés en plein forum et empêchés de faire
campagne. Pompée et Crassus profitent de l’appui de César pour remporter les élections et être élus pour un second
consulat en 55 av. J.-C. [59]. Cicéron a des obligations envers Pompée, que celui-ci lui rappelle vertement par
l’intermédiaire de son frère Quintus[60]. Cicéron s’incline et soutient la prorogation du gouvernement de César pour
cinq nouvelles années[61]
À l’issue de leur consulat en 54 av. J.-C., chacun reçoit le gouvernement d’une province : Crassus part en Asie
chercher une gloire militaire qui égale celles de Pompée et de César, l’Espagne et l’Afrique sont attribuées à Pompée,
qui préfère rester à Rome, centre du pouvoir, et envoie ses légats gouverner. Sur les quatre légions qui lui sont
attribuées, Pompée en prête deux à César, qui a besoin de renforts[59].
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Pendant son second mandat, en 55 av. J.-C., César traverse la Manche et réalise une première incursion en Bretagne
(l’actuelle Grande-Bretagne)[62], terre inconnue et quasi mythique pour les Romains de l’époque[63]. Ultérieurement,
il réalise un autre exploit par une démonstration militaire au-delà du Rhin. Mais à partir de l’hiver 54/53 av. J.-C., la
situation en Gaule se détériore, et des révoltes se multiplient.
En 53 av. J.-C., la défaite et la mort de Crassus et de son fils Publius à la bataille de Carrhes contre les Parthes, et la
mort de Julia, fille de César et épouse de Pompée, et de l’enfant qu’elle avait eu de Pompée défont les liens du
triumvirat[64],[65]. César propose à Pompée la main de sa petite-nièce Octavie, et demande en mariage la fille de
Pompée, mais ces offres d’alliances matrimoniales n’aboutissent pas[66].
Le début de l’année 52 av. J.-C. est difficile pour César : la révolte en Gaule se généralise sous l’impulsion de
l’Arverne Vercingétorix. À Rome, les désordres sont tels que Pompée est nommé consul unique, avec l’assentiment
de Caton et des conservateurs. Pompée épouse Cornélie, la jeune veuve de Publius Crassus et la fille du conservateur
Metellus Scipion, qu’il prend au milieu de l’année comme collègue au consulat[67]. Pompée est désormais le
défenseur du clan des conservateurs.
En 52 av. J.-C., Jules César remporte une
victoire décisive au siège d’Alésia, où il
reçoit la reddition de Vercingétorix[68]. En
51 av. J.-C., après avoir étouffé les derniers
foyers de révolte, César affirme la
souveraineté de Rome sur les territoires de
la Gaule situés à l’ouest du Rhin.
Selon Velleius Paterculus, en neuf
campagnes, on n’en trouverait à peine une
où César n’aurait pas mérité le triomphe, et
il massacra plus de quatre cent mille
ennemis et en fit prisonniers un plus grand
nombre encore[65]. Pour Plutarque, la
conquête de la Gaule fut l’une des plus
grandes victoires de Rome et place son Vercingétorix dépose les armes aux pieds de Jules César à l’issue du siège d’Alésia.
commandant César au rang des plus illustres Tableau de Lionel Royer, 1899.

généraux romains, tels les Fabius, les


Métellus, les Scipions[69].
« En moins de dix ans qu’a duré sa guerre dans les Gaules, il a pris d’assaut plus de huit cents villes, il a soumis trois
cents nations différentes, et combattu, en plusieurs batailles rangées, contre trois millions d’ennemis, dont il en a tué
un million, et fait autant de prisonniers. »[69]

Tandis qu’il termine son mandat de proconsul, César prépare son retour à Rome par la conquête de l’opinion romaine
: il répond aux critiques sur sa conduite de la guerre par la publication de ses Commentaires sur la Guerre des
Gaules, sobre compte-rendu où il se présente à son avantage, puis en 51 av. J.-C., il annonce la construction d’un
magnifique et nouveau forum, financé par le butin des Gaules, sur lequel est érigé le temple dédié à Vénus Genitrix
dont il est censé descendre. L’objectif du César est maintenant de se présenter aux élections de 50 av. J.-C. pour un
second consulat en 49 av. J.-C., conformément à la loi qui impose un intervalle de dix ans entre chaque consulat.
Pour éviter l’attaque en justice que lui a jurée Caton et qui l’empêcherait de faire campagne, il lui faut conserver son
mandat de proconsul en Gaule, et être candidat malgré son absence de Rome.
Jules César 8

Le bras de fer politique


À Rome, les conservateurs vont tout faire pour empêcher le projet de
candidature de César. En 50 av. J.-C., César mène sa politique à
distance depuis la Gaule cisalpine : il fait élire Marc Antoine tribun de
la plèbe pour l’année suivante. Soldant les dettes du tribun de la plèbe
Curion, il le fait lâcher Pompée et passer de son côté[70]. Enfin, il
neutralise un des consuls, Lucius Aemilius Paullus, en lui versant des
fonds nécessaires à la réfection de la basilique Aemilia sur le
forum[71]. En revanche son lieutenant Servius Sulpicius Galba,
candidat au consulat pour 49 est battu, et les consuls élus Lucius
Cornelius Lentulus Crus et Caius Claudius Marcellus lui sont
farouchement hostiles. Les conservateurs s’activent eux aussi, et
prennent des contacts avec Labiénus, le meilleur lieutenant de
César[72].

À la fin de l’année 50 av. J.-C., les premières passes d’armes restent


dans la voie légale et se déroulent au Sénat. Le tribun Curion propose
que Pompée et César licencient simultanément leurs troupes, les
consuls s’y opposent[73]. Le Sénat décide que Pompée et César Cnaeus Pompeius Magnus, Pompée, l’adversaire
envoient chacun une légion pour préparer la guerre contre les Parthes. de César
re
Pompée choisit la I légion, qu’il avait prêtée à César, César renvoie la
XVe, et doit se dessaisir ainsi de deux légions (il en conserve néanmoins neuf, dont une l’accompagne en Gaule
cisalpine tandis que les autres hivernent en Gaule)[74]. Pompée envoie ces deux légions prendre leurs quartiers
d’hiver en Italie du sud. En chemin, leurs officiers se livrent à un intense travail de désinformation, affirmant que
César était devenu odieux et détesté par ses soldats, et induisent Pompée à le sous-estimer[75].

Toujours par l’intermédiaire de Curion et Marc Antoine, désormais tribun, César tente une nouvelle proposition : il
accepte de ne conserver que deux légions et le gouvernement de la Gaule cisalpine et de l’Illyrie, pourvu qu’on
accepte sa candidature au consulat. Malgré la recherche d’un compromis par Cicéron, Caton refuse qu’un simple
citoyen impose ses conditions à l’État, le nouveau consul Lentulus s’emporte et fait expulser du Sénat Curion et Marc
Antoine. L'historien Velleius Paterculus accusera Curion d'être responsable de cette rupture, tandis que Appien
présentera Marc Antoine comme l'initiateur de la dispute. Selon Plutarque, « C’était donner à César le plus spécieux
de tous les prétextes » : s’en prendre aux tribuns de la plèbe, les représentants sacro-saints du peuple ! Le Sénat
décrète que César doit abandonner son poste de gouverneur et revenir à Rome en simple particulier[76].

La guerre civile
César peut se présenter comme la victime de l’acharnement des conservateurs et comme le défenseur des tribuns de
la plèbe[77]. Prenant l’initiative de l’illégalité, il décide en janvier 49 av. J.-C. de pénétrer en armes en Italie, et
franchit le Rubicon, rivière marquant la frontière entre l’Italie et la Gaule cisalpine. Plutarque et Suétone mettent en
scène ce tournant historique et attribuent à César la citation « Alea jacta est » (« Le sort en est jeté. »), signifiant qu’il
tentait la destinée[78]. Pour César, il n’y a plus que deux issues : la mort et le déshonneur ou la victoire et le pouvoir.
Il mise sur l’audace et la rapidité de ses déplacements militaires et sur l’expérience et la fidélité de ses légions, et se
démarque des atrocités de la précédente guerre civile par sa politique de clémence, n’exerçant ni proscriptions ni
représailles.
Article détaillé : Alea jacta est.
Jules César 9

César progresse rapidement vers Rome sans


rencontrer de résistance, et ajoute à ses
forces les trois légions que Pompée avait
commencé à lever. Pompée récupère des
troupes à Capoue, et se replie sur Brindisi
d’où il écrit à tous les gouverneurs de
provinces de mobiliser contre César. Les
consuls, Caton, Bibulus et même les
sénateurs modérés comme Cicéron fuient en
hâte, rejoignent Pompée à Brindisi et
s’embarquent pour Dyrrachium en Épire[79].
Sans flotte, César ne peut les poursuivre. Périple de César de janvier 49 av. J.-C. à août 47 av. J.-C. - Le franchissement du
Pendant les quelques jours qu’il passe à Rubicon, la bataille de Dyrrachium, la bataille de Pharsale, Alexandrie et la bataille
Rome, il rassure les sénateurs restés sur de Zéla.

place, offre au peuple une distribution de


blé, promet un don de 75 deniers à chaque citoyen et accorde la citoyenneté romaine aux habitants de la Gaule
cisalpine. Reconnaissant, le peuple le fera désigner dictateur pendant son absence. Assuré du soutien de l’Italie, il
confie la gestion de Rome à Lépide, envoie Curion s’emparer de la Sicile et de la Sardaigne, garantissant le
ravitaillement de Rome en blé, libère l’ex-roi juif Aristobule II afin de l’envoyer en Syrie avec deux légions et
empêcher Pompée de mobiliser des troupes. Mais les partisans de Pompée empoisonnent Aristobule[80]. César va
lui-même en Hispanie soumettre les légats de Pompée. Quand l’année 49 av. J.-C. se termine, César est maître de
l’Italie, des Gaules et des Espagnes, mais ses lieutenants ont subi des revers : Curion s’est fait tuer en Afrique, Gaius
Antonius a été fait prisonnier en Illyrie, et son meilleur lieutenant Titus Labienus a rejoint le camp de Pompée, qui a
levé une armée sur les provinces d’Orient et les royaumes alliés de Rome. La flotte pompéienne contrôle
l’Adriatique, prête à débarquer en Italie.

L’année suivante en janvier 48 av. J.-C., César est élu consul ; poursuivant sa stratégie fondée sur l’initiative et la
rapidité de mouvement, il prend un risque considérable en traversant l’Adriatique pendant l’hiver et surprend Pompée
en Épire. Mis en difficulté lors du siège de Dyrrachium où il a enfermé Pompée pendant quatre mois, César doit se
replier, attirant Pompée en Thessalie. En août 48 av. J.-C., poussé par son entourage, Pompée accepte la bataille
rangée. Malgré l’avantage du nombre, il est battu à Pharsale. Cicéron et Brutus se rendent à César, qui les accueille
chaleureusement. Caton et Labienus fuient en Afrique, Pompée se réfugie en Asie, puis à Chypre, d’où il gagne
l’Égypte, pensant trouver de l’aide chez le jeune pharaon dont il avait autrefois protégé le père[81].
Articles détaillés : Bataille de Dyrrachium (48 av. J.-C.) et Bataille de Pharsale.
César parvient à Alexandrie début octobre 48 où il trouve, horrifié, le corps de Pompée, assassiné sur l’ordre du
jeune Ptolémée XIII[82]. César passe l’hiver 48/47 à Alexandrie, et la guerre s’engage alors entre Ptolémée et César.
Ce dernier n’a qu’un faible effectif et doit mener un combat difficile ; lors d’un engagement dans l’île de Pharos, il est
même obligé de fuir à la nage. Il sort vainqueur de l’affrontement en mars 47, et détrône le jeune souverain au profit
de Cléopâtre VII et du plus jeune de ses frères[82],[83].
Jules César 10

D’Égypte, César se rend en Asie (juillet –


août 47 av. J.-C.), afin de réprimer Pharnace
II, fils de l’ancien roi du Pont Mithridate, qui
a profité de la guerre civile pour reconquérir
des territoires et réaffirmer son autorité. Le
cinquième jour de son arrivée, en quatre
heures de combat et en une seule bataille
(Bataille de Zéla), César écrase et détrône
Pharnace[82]. À cette occasion, il écrivit au
Sénat ces mots célèbres : « Veni, vidi, vici »
pour exprimer la facilité avec laquelle il
était venu à bout de son adversaire[84]. Périple de César de fin 47 av. J.-C. à février 46 av. J.-C. - Le passage de César en
Afrique et la bataille de Thapsus.
De retour en Italie, César doit faire face à
l’insubordination des soldats cantonnés en
Campanie. Il les reçoit à Rome, et parvient à les ramener à l’ordre sous la menace de les licencier[85].
Puis, César passe en Afrique fin 47 av. J.-C., où il passe l’hiver. Il détruit à la bataille de Thapsus l’armée
républicaine que commandent Metellus Scipion et Caton d'Utique et leur allié le roi numide Juba Ier (février 46 av.
J.-C.)[86] ; Metellus Scipion et Juba meurent dans la bataille, Caton se suicide à Utique pour éviter d’être capturé,
Titus Labienus se réfugie en Espagne. L’annexion de la Numidie s’ajoute aux conquêtes de César.
Article détaillé : Bataille de Thapsus.

Le triomphe
Lorsque César revient à Rome, la paix est revenue, l’Italie n’a pas
connu les atrocités des précédentes guerres civiles. Tous les écrivains
loueront la clémence de César, qui a accueilli sans restriction les
pompéiens qui se rendaient et n’a exercé aucune proscription contre la
classe politique. César peut annoncer au peuple que l’annexion des
Gaules et de la Numidie et le protectorat sur l’Égypte vont permettre
d’obtenir du blé et de l’huile en abondance et définitivement résoudre
les problèmes de ravitaillement de Rome.
Buste de Jules César en cuirasse, château de
Versailles En août et septembre 46, César célèbre par un quadruple triomphe ses
victoires sur les Gaules, le Pont, l’Égypte et la Numidie. La durée et le
faste des cérémonies, l’énormité du butin éclipsent tous les triomphes précédents. À chaque cérémonie, César vêtu de
pourpre parcourt en char la Voie Sacrée, suivi du butin, des captifs[87], des soldats qui ont toute liberté pour scander
les plaisanteries les plus osées sur son compte. Pour monter au Capitole offrir un sacrifice au temple de Jupiter
Capitolin, le char de César passe entre deux rangées d’éléphants qui tiennent des flambeaux.

César offre au peuple des représentations théâtrales, des courses, des joutes d’athlètes, des spectacles de chasse et de
gladiateurs, des reconstitutions de combat terrestre et nautique, cette dernière est la première naumachie montrée à
Rome. Des banquets publics réunissent près de 200 000 convives[88]. La vente du butin rapporte plus de 600 millions
de sesterces[89], et l’argent est distribué à flot : les 75 deniers que César avait promis sont donnés à chaque citoyen,
avec 25 deniers de plus pour compenser le retard, les légionnaires reçoivent 24 000 sesterces chacun, et des lots de
terre. Les loyers de moins de 1000 sesterces à Rome et moins de 500 sesterces en Italie sont annulés[90].
La plupart des revendications des populares sont maintenant satisfaites, et César entreprend les réformes nécessaires
à l'administration du monde romain. Il fait procéder à un recensement, et ajuste à la baisse le nombre d’allocataires
des distributions de blé. Il compense cette mesure en installant 80 000 citoyens pauvres et des soldats démobilisés
Jules César 11

dans de nouvelles colonies dans les provinces, dont Carthage et Corinthe qu’il fait reconstruire.

Le pouvoir absolu
La paix ne dure que quelques mois. En 46
av. J.-C., les dernières forces du parti
pompéien s’insurgent en Espagne, menées
par Pompée le Jeune, fils de Pompée, et
Titus Labienus. Consul pour la quatrième
fois, César arrive à marches forcées en
Espagne en décembre 46 av. J.-C.. Cette
guerre est longue et sans merci, avec des
exécutions de part et d’autre. César achève
en avril 45 av. J.-C. ses derniers adversaires
à Munda, dans la bataille la plus acharnée
des guerres civiles[91]. Retardé par une Périple de César de décembre 46 av. J.-C. à avril 45 av. J.-C. - L'arrivée de César
maladie, son jeune neveu Octave le rejoint en Hispanie (Espagne) et la bataille de Munda.
en Espagne malgré les dangers du trajet,
geste que César apprécie hautement. Dans le dernier testament qu’il rédige, il déclare adopter Octave et le désigne
comme héritier principal avec comme autre héritier Quintus Pedius, son autre neveu qui a combattu à ses côtés en
Espagne[92].

Article détaillé : Bataille de Munda.


Revenu à Rome en octobre 45 av. J.-C., César y célèbre son cinquième triomphe. César commet là une erreur
politique que Plutarque soulignera[3] : la règle veut qu’un triomphe honore une victoire sur un peuple ennemi de
Rome, ce qui n’est pas le cas dans cette guerre civile. Ni Pompée vainqueur de Sertorius, ni Sylla vainqueur des
marianistes n’avaient célébré de triomphe. De plus, César accorde deux autres triomphes, à Fabius et son neveu
Quintus Pedius[93]. Là encore, c’est une entorse aux usages qui réservent le triomphe au général doté de l’imperium et
non à ses lieutenants.

César, nommé dictateur pour dix ans, est désormais le centre du pouvoir ; il reconstitue les effectifs du Sénat, en
radie quelques sénateurs responsables de concussion dans leur province, et y inscrit des Gaulois cisalpins et des
Espagnols, une première qui marque le début de la promotion des provinciaux. Il nomme lui-même les magistrats,
sauf les tribuns de la plèbe et les édiles plébéiens, encore élus, et désigne des consuls pour quelques jours de charge
seulement. Obtenir un titre, un avantage ou une faveur dépend de son approbation. Ainsi, Cicéron par des discours
emplis d’adulation où il qualifie la clémence de César de « divine » fait gracier plusieurs de ses amis[94].
Cicéron propose de décerner à César des honneurs, les autres sénateurs suivent en une surenchère de plus en plus
excessive. Ainsi César reçoit le nom de Liberator et le titre d’Imperator transmissible à ses descendants, quoiqu’il
n’ait plus d’enfant[95]. Il réforme le calendrier, on renomme le mois de Quintilis de son nom de famille[96]. Pompée
avait eu l’honneur de porter les emblèmes du triomphe, robe pourpre et couronne de lauriers, lorsqu'on célébrait des
jeux à Rome. César reçoit le même honneur, mais à titre permanent ; il peut siéger sur un siège plaqué d’or. Certains
privilèges accordés par les sénateurs vont jusqu’à l’extravagance, comme l’autorisation d’avoir commerce avec toutes
les femmes qu’il voudra[97]. Pour l’historien Dion Cassius, les sénateurs agissent par excès de flatterie, ou par
raillerie. Plus préoccupant, selon Plutarque, c’est pour certains une manœuvre destinée à déconsidérer César et le
rendre odieux, et se préparer plus de prétextes de l’attaquer un jour[3].
Jules César 12

Le complot
En nommant lui-même les magistrats supérieurs, César arrête le cycle corrupteur des campagnes électorales
ruineuses financées par l’extorsion financière sur les provinces, et soulage enfin la charge de celles-ci ; mais ceci
réduit les profits des brasseurs d’argent que sont les publicains et remplace la compétition politique par un arbitraire
et une flagornerie indigne qui suscitent des oppositions : pour l’année 44 av. J.-C., César désigne Marc Antoine
comme consul et Marcus Junius Brutus et Cassius comme préteurs. Selon Plutarque, la déception de Cassius qui
espérait le consulat est une des raisons qui l’amènent à comploter. Tous les historiens romains le présentent comme
l’instigateur principal du complot contre César. Cassius regroupe peu à peu une coterie d’opposants, d’anciens
pompéiens graciés par César, mais également, notent les historiens modernes, des césariens qui ont servi lors de la
guerre des Gaules[98]. Ces derniers redoutent vraisemblablement l’expédition militaire que prépare César contre les
Parthes qui serait suivie d’un retour par la Scythie et la Germanie[99].
Les comploteurs cherchent en Marcus Junius Brutus le chef symbolique idéal : il porte le nom mythique de Brutus
qui chassa Tarquin le Superbe, le dernier roi qui régna sur Rome en tyran. Neveu et admirateur de Caton, Brutus,
souvent tenu pour stoïcien mais en réalité bien plus proche de l'Académie[100] pouvait de surcroît trouver dans ses
convictions philosophiques des raisons d'agir contre un « tyran ». Il a épousé Porcia, fille de Caton et veuve de
Bibulus, et par conséquent il est l’héritier moral des derniers républicains. Toutefois, César l’a comblé de faveurs et
l’a nommé préteur urbain. Les comploteurs mènent donc une approche psychologique : ils parsèment chaque jour le
tribunal que préside Brutus de messages anonymes qui invoquent le Brutus chasseur de roi : « Brutus, tu dors, tu n’es
pas le vrai Brutus ! ». Ensuite, Cassius convainc Brutus d’agir contre César. Présenter Brutus comme l’inspirateur du
complot contre César permet de fédérer d’autres opposants[101].
Les rumeurs de complot parviennent à César, qui ne s’en soucie pas, répondant qu’il est au courant, ou même en
plaisante : quand on l'informe que Brutus complote, César rétorque en se pinçant « Il attendra bien la fin de cette
carcasse ! ».
Le 14 février 44 av. J.-C., le Sénat confère à César la dictature perpétuelle. Son pouvoir est désormais sans limite,
même l’intercessio des tribuns ne peut s’exercer sur son imperium. Tout espoir d’une abdication comme celle de
Sylla et d’un retour à la République d’avant la guerre disparaît. César prend alors des décisions surprenantes : il
décrète une amnistie générale, et licencie sa garde personnelle[102].
Autre inconséquence aux yeux des historiens romains, César néglige les présages : avertissements des devins, mise
en garde pour la période allant jusqu’aux Ides de Mars, cauchemar de son épouse Calpurnia la veille des ides[103].
Tout au plus, apprenant les signes néfastes observés sur les victimes offertes en préliminaire de la réunion au sénat,
César se résout à ne prendre aucune décision importante ce jour-là[104].
Jules César 13

La mort de César
Les conjurés ont prévu leur attentat aux Ides
de Mars (15 mars de l’an 44 av. J.-C.), au
début de la réunion du Sénat dans la Curia
Pompeia sur le Champ de Mars. Seul César
est visé, Marc Antoine qui accompagne
César est attiré à l’écart par des faux
solliciteurs, tandis que César est entouré par
le groupe des conjurés. Métellus s’assure
que César ne porte aucune protection, et
tous l’assaillent : il tombe percé de 23 coups
de poignard[105]. Le coup ultime vient de
Brutus. Les derniers mots de César auraient
La Mort de César par Karl von Piloty
été pour ce dernier, en grec, et non en latin
« Métellus lui découvrit le haut de l’épaule ; c’était le signal. Casca le frappa le
comme on l'affirma à l'époque moderne « premier de son épée » (Plutarque)
Toi aussi, mon fils »[105].

Pas moins de onze auteurs antiques ont


rapporté l’attentat, avec plus ou moins de
détails[105],[106]. Si le fait est bien connu,
l’analyse de ses causes est délicate.
Officiellement, les conjurés ont éliminé
César pour l’empêcher de devenir roi et pour
sauver la République. L’accusation d’aspirer
à la royauté était le procès d’intention quasi
rituel des conservateurs romains pour
éliminer tout homme politique trop
favorable aux revendications
[107] Mort de César par Vincenzo Camuccini, 1798
populaires . Les écrivains romains ont
« Il s’était défendu, dit-on, contre les autres, et traînait son corps de côté et d’autre
relevé comme autant d’indices ce qui peut en poussant de grands cris. Mais quand il vit Brutus venir sur lui l’épée nue à la
étayer cette suspicion : main, il se couvrit la tête de sa robe » (Plutarque)

• Des rumeurs circulent disant que César


recevrait le titre de roi pour son expédition en Orient, car selon la prophétie des Livres sibyllins, seul un roi
pouvait vaincre les Parthes[108].
• De retour d’Albe, César est salué du nom de roi par ses partisans, ce qui agite la foule. Il rétorque qu’il ne
s’appelle pas Roi mais César, et il poursuit son chemin mécontent[109].
• Lorsque les sénateurs viennent à la tribune du forum lui annoncer les nouveaux honneurs qu’ils lui ont votés, il ne
se lève pas, manquant au respect dû au Sénat[110].
• Le 15 février de la fête des Lupercales, Marc Antoine propose à César le diadème royal, que celui-ci repousse
sous les acclamations de la foule. Marc Antoine insiste, et le refus de César est de nouveau applaudi. César fit
porter ce diadème au temple de Jupiter Capitolin[111].
• Un matin on trouve des statues de César couronnées du bandeau royal. Deux tribuns de la plèbe interviennent, les
enlèvent et arrêtent des césariens qui avaient salué César du nom de roi. César réagit en destituant ces tribuns[112].
Plutarque affirme que César voulait détruire la République et devenir roi[113]. Parmi les historiens modernes, Jérôme
Carcopino suit cet avis[99], et Joël Schmidt[114] voit dans cette liste autant de gestes voulus par César pour sonder
l’opinion romaine sur l’idée de le couronner roi. D’autres historiens modernes sont plus circonspects dans
Jules César 14

l’interprétation des éléments cités par Plutarque et Suétone : pour Marcel Le Glay, il est difficile de séparer la réalité
et la rumeur, et si César n’a pas voulu lui-même la royauté, certains dans son entourage l’ont voulu, et les Romains
l’ont cru ou ont feint de le croire[99]. Christol et Nony rappellent que César « sut toujours donner le change sur ses
intentions réelles » et considèrent que ce problème n’est pas soluble[115]. Plus encore, Ronald Syme estime que ce
problème « n’a pas à être posé. César fut tué pour ce qu’il était, non pour ce qu’il aurait pu devenir. En revêtant la
dictature à vie, il semblait écarter tout espoir de retour à un gouvernement normal et constitutionnel. Le présent était
insupportable, l’avenir bouché. »[116].
Mais Suétone complique les analyses sur la fin de César en ouvrant une autre piste[117] : César aurait eu la mort qu’il
souhaitait. Là encore, Suétone produit ses indices :
• selon certains de ses parents, il n’aurait pas tenu à vivre davantage, et aurait préféré succomber aux complots
plutôt que d’être toujours sur ses gardes
• lors d’un banquet chez Lépide, à la question philosophique sur le genre de fin que l’on préférait, César avait
répondu « soudaine et inattendue »[118]
• le licenciement de sa garde personnelle, un mois avant, qui l’exposait sans protection
• l’indifférence aux avertissements sur les complots, et aux prédictions défavorables
Des historiens modernes ont développé cette thèse[119], justifiant l’attitude de César par sa perception d’une maladie
qui le diminuait. Néanmoins, les préférences pour une mort brève et imprévue sont après tout banales, et selon Régis
Martin[120], la croyance de César en sa chance protectrice (Fortuna) et sa certitude que sa perte provoquerait la
guerre civile peuvent aussi expliquer sa conduite.

Funérailles et testament
César désigna dans son testament trois héritiers, les petits-fils de ses sœurs, à savoir Octave, Lucius Pinarius Scarpus
et Quintus Pedius. Il légua les trois quarts de son héritage au premier et le quart restant aux deux autres. Dans la
dernière clause de son testament, César adopta Octave, le futur empereur Auguste, et lui donna son nom. Enfin, il
légua au peuple romain ses jardins près du Tibre et trois cents sesterces par tête[121].
Le 20 mars, un bûcher fut dressé sur le champ de Mars, près de la tombe de sa fille Julia, et l’on imagine évidemment
l’effet dramatique de cette proximité. Le corps du César, couché sur un lit d’ivoire tendu de pourpre et d’or, fut
d’abord déposé dans une chapelle dorée, édifiée sur le forum, devant la tribune aux harangues. À sa tête, sa toge
ensanglantée était exposée sur un trophée. Comme le corps reposait, face vers le ciel, et ne pouvait être vu, on éleva
au-dessus de lui une effigie de cire grandeur nature, afin que la foule pût contempler les vingt-trois blessures
(trente-cinq selon d’autres auteurs) qui lui avaient été sauvagement infligées au corps et au visage. Pour souligner
l’ignominie de ce crime, Marc Antoine fit lire, en guise d’oraison funèbre, la liste des honneurs qui avaient été
dévolus à César, ainsi que le serment qu’avaient prêté les sénateurs de défendre sa vie. On chanta des vers parmi
lesquels revenaient, pour susciter la compassion, une citation empruntée au Jugement des Armes de Pacuvius : «
Fallait-il les sauver pour qu’ils devinssent mes meurtriers ? » (compte tenu de la mansuétude dont César avait
obstinément fait preuve à l’égard de Brutus, c’était particulièrement bien choisi).
Chavirée par l’habile et pathétique mise en scène, la foule en colère entassa autour du lit funèbre le bois arraché aux
boutiques avoisinantes et tout ce qui lui tombait sous la main pour construire un bûcher d’apothéose, comme elle
l’avait fait quelques années plus tôt pour les funérailles de Clodius. Les vétérans de ses légions y jetèrent leurs armes
et certaines femmes les bijoux qu’elles portaient. Les Juifs, qui n’oubliaient pas que César leur avait permis de
relever les murs de Jérusalem abattus par Pompée, se réunirent plusieurs nuits de suite autour de son tombeau pour le
pleurer.
On raconte que lorsque Caius Matius organisa des jeux funéraires en juillet -44 à l’occasion de l’anniversaire de sa
naissance, la comète de César (en) se mit à briller dans le ciel (apparition également attestée par les astronomes
chinois) et l’Etna entra en éruption, faisant de sa mort un bouleversement cosmique. À l’emplacement où il fut
incinéré, son petit-neveu et fils adoptif, le futur Auguste, fit ériger un temple. De nos jours, on vient parfois de fort
Jules César 15

loin pour y déposer quelques fleurs, un poème, une bougie et perpétuer le souvenir de celui qui voulut être « le
premier dans Rome »… La plaque commémorative apposée par la ville à l’intention des visiteurs, emprunte à
Appien[122] son récit de l’événement :
« …et on le ramena sur le Forum, là où se trouvait l’ancien palais des rois de Rome ; les plébéiens
rassemblèrent tous les objets de bois et tous les bancs dont regorgeait le Forum, et toutes sortes d’autres choses
analogues, puis par-dessus mirent les ornements très abondants de la procession, plusieurs rapportèrent encore
de chez eux quantité de couronnes et de décorations militaires : ensuite ils allumèrent le bûcher et passèrent la
nuit en foule auprès de lui ; c’est là qu’un premier autel fut érigé, et que maintenant se trouve le temple de
César, qui, juge-t-on, mérite d’être honoré comme un dieu… »
Article connexe : rite funéraire de la religion romaine.

Après César
Le complot n’atteignit cependant pas ses
objectifs, car le consul Marc Antoine avait
été épargné, à la demande de Brutus[123], et
Lépide, qui stationnait avec des troupes à
proximité de Rome, tandis qu'Octave, qui se
trouvait en Épire, était hors d’atteinte. En
revanche, l’attentat contre César guida les
prétendants à sa succession sur la conduite à
tenir : ils firent symboliquement rayer la
dictature des magistratures romaines, et la
remplacèrent par un triumvirat quinquennal.
La politique de clémence avait prouvé son Étendue du territoire de la République romaine sous la domination de César. En
danger suicidaire, les triumvirs jaune, ses conquêtes
commencèrent une vague de proscriptions
sanglantes, suivie par 14 ans de guerre civile, contre les assassins de César, contre Sextus Pompée, puis entre
triumvirs. Octave finit par l’emporter en 31 av. J.-C., et devint Auguste, maître unique et absolu de l’Empire. Il
confirma et continua les réformes entamées par César, organisant un Empire pacifié, stabilisé et géré avec plus
d’équité. Comme Auguste et la plupart des empereurs à sa suite, Jules César fut divinisé après sa mort.
Jules César 16

Jules César écrivain


César n’était pas seulement un grand général et un
homme d’État, il excellait également dans l’art oratoire
et dans l’écriture. Des divers écrits qu’il avait
composés, il ne reste que ses Commentaires
(Commentarii rerum gestarum) :
• De Bello Gallico, Commentaires sur la Guerre des
Gaules, relatant la campagne de César en Gaule[124].
• De Bello ciuile, Commentaires sur la Guerre civile,
relatant la guerre civile contre Pompée.
Ces œuvres constituent le modèle du genre des
mémoires historiques, même si leur objectivité est
discutée par les historiens. En effet, ces ouvrages
servent la propagande politique de César, et par Édition de 1783 des Commentaires sur la Guerre des Gaules

conséquent leur exactitude peut être mise en


doute[125],[126].
On y joint généralement, les ouvrages suivants même s'ils ont probablement été rédigés par Aulus Hirtius :

• De Bello Alexandrino, « Sur la guerre d’Alexandrie », relatant la campagne de César à Alexandrie.


• De Bello Africo, « Sur la guerre d’Afrique », relatant la campagne de César en Afrique du Nord.
• De Bello Hispaniensis, « Sur la guerre d’Hispanie », relatant la campagne de César dans la péninsule Ibérique.
César écrivit aussi en -45 l’Anticato, réplique au panégyrique que Cicéron prononça en faveur de Caton d'Utique, « le
dernier républicain ». Cet ouvrage, aujourd’hui perdu, est connu par les citations de Cicéron (ad Atticum, 13, 50, 1),
Tacite (Annales, 4, 34), Suétone (Caesar, 56, 3), Plutarque (Caesar, 54), Appien, Juvénal et Dion Cassius.
Enfin, et plus curieusement, il rédigea un traité de grammaire De analogia, en deux livres, dans lequel il expose des
théories grammaticales argumentées sur l’analogie (d’où le titre de l’ouvrage), ainsi qu'un poème intitulé le Voyage.
César semble également avoir écrit plusieurs essais dans sa jeunesse (Éloge d'Hercule, une tragédie d'Œdipe, un
Recueil de mots remarquables), mais Auguste interdit leurs publications après la mort du dictateur[127]. Selon
l'historien Pierre Grimal, ces trois œuvres perdues ont probablement été écrites en grec[128].

L’héritage de César

Les réformes politiques


Jules César devenu dictateur reprend certaines réformes administratives entreprises une génération plus tôt par le
précédent dictateur Sylla. De nouveau, il faut adapter les institutions à l’extension de la puissance romaine qui résulte
des conquêtes en Orient et en Gaule, et offrir des charges à ses partisans :
• nouvelle augmentation du nombre de magistrats : les questeurs passent de 20 à 40, les préteurs de 8 à 16, les
édiles sont désormais 6. Les consuls sont toujours deux, mais la nomination de consuls suffects en complément
des deux consuls éponymes permet de disposer de plus de candidats pour les fonctions proconsulaires.
• César procède à la nomination directe de la moitié des magistrats, et recommande les candidats aux élections pour
l’autre moitié[129].
• reconstitution des effectifs du Sénat ; les pertes de la guerre civile sont compensées par l’incorporation massive de
nouveaux membres, dont des provinciaux gaulois ou espagnols, faisant passer à 800 ou 900 l’effectif fixé par
Sylla à 600 sénateurs[130].
Jules César 17

Pour l’administration des provinces, César veut éviter les mandats de cinq ans que Pompée et lui-même avaient
pratiqué ; il limite la durée des charges de gouverneur à un an pour un propréteur et deux ans pour un proconsul[131].
L’organisation des municipes italiens est précisée par une loi-cadre, dont une copie nous est parvenue, les Tables
d’Héraclée.
Ces réformes seront conservées par Auguste, elles lui permettront de disposer d’une nombreuse élite, nécessaire à
l’administration d’un Empire.

Les réalisations architecturales


L’activité de bâtisseur de César se manifeste plusieurs fois dans sa
carrière politique. À chaque fois, ses réalisations, toujours
spectaculaires, sont destinées à renforcer son prestige et sa popularité.
À la fin de la guerre des Gaules en 51 av. J.-C., César entame sa
campagne électorale pour une future candidature au consulat. Pompée
avait construit le premier théâtre romain en pierre à Rome et une
nouvelle curie quelques années auparavant. César lance à son tour un
projet de bâtiment public prestigieux : un nouveau forum, au nord de
l’ancien, ouvrant son côté est sur l’Argilète. Il est financé par le butin
des Gaules, et commence par l’achat des terrains, pour une somme de
cent millions de sesterces selon Suétone[132]. Ce Forum Julium suit un
plan similaire à celui du forum de Pompéi qui date de la même période
: une longue esplanade rectangulaire fermée par une enceinte bordée de
portiques, au fond de laquelle s’élève le temple de Vénus. Selon
Appien, la dédicace de ce temple aurait fait suite au vœu de César
Le Forum de César, inauguré en 46 av. J.-C., avec
d’élever un temple à Vénus Victorieuse s’il était vainqueur à
le temple de Vénus Genitrix
Pharsale[133]. Devant ce temple, il se fit représenter par une statue
équestre[129].

Ce nouveau forum crée ainsi une architecture originale en combinant l’agora hellénistique et le temple romain sur
podium, formule qu’adopteront tous les forums impériaux ultérieurs.
Maître sans partage de Rome à partir de 46 av. J.-C., César a désormais tous les moyens de sa politique. Il
commence par des aménagements de circonstance pour les jeux célébrant son triomphe : agrandissement des
extrémités du cirque, construction d’un stade pour les lutteurs sur le champ de Mars, creusement d’un bassin au bord
du Tibre pour une naumachie[134].
Les travaux entrepris sur le vieux forum voient la reconstruction de la curia Hostilia, incendiée en 52 av. J.-C. par les
partisans de Clodius Pulcher. D’autres projets plus ambitieux sont envisagés : la construction de la plus grande
basilique de Rome sur l’emplacement de la vieille basilique Sempronia, l’édification d’un temple de Mars, et d’un
second théâtre en pierre[135]. Tous ces chantiers seront suspendus pendant les guerres civiles. Octave devenu
Auguste les mènera à leur terme en achevant la grande basilique Julia et le théâtre de Marcellus, et en dédiant un
temple de Mars vengeur.
Jules César 18

La réorganisation de Rome
Pour décongestionner une Rome surpeuplée, César en repousse les limites administratives et élargit le périmètre
sacré du pomœrium à un mille romain (1,5 km) des anciennes murailles de la ville[136]. Cette mesure fut à peine
suffisante, car Auguste agrandit encore ce périmètre une génération plus tard en créant les 14 régions de Rome.
Toujours pour la gestion de Rome, César fait recenser la population urbaine, selon une méthode inédite et originale :
les citoyens ne sont plus convoqués par tribus pour défiler devant les services de recensement. Le recensement est
organisé quartier par quartier, et ce sont les propriétaires des immeubles de location qui doivent déclarer leurs
locataires. La méthode dut être efficace, car Auguste la reprendra[137]. Sans préciser les résultats de ce
dénombrement, Suétone dit qu’il permit de ramener de 320 000 à 150 000 le nombre de bénéficiaires de distributions
gratuites de blé instaurées par Clodius Pulcher en 58 av. J.-C..
Un ultime projet de loi de César destiné à améliorer quelque peu la circulation dans une agglomération aux rues
étroites et encombrées interdit la circulation de jour à tout véhicule à roue, à l’exception des chars de procession lors
des cérémonies et des charrettes d’entrepreneurs, nécessaires aux chantiers urbains. Cette loi fut votée après la mort
de César, et resta en vigueur plusieurs siècles, démontrant sa nécessité[136]. Depuis César, la nuit romaine fut
réservée au transit des marchandises, au grand dam des dormeurs, et suscitant les récriminations de Martial et
Juvénal[138].

Les monnaies
Les guerres civiles menées par César lui imposent de
forts besoins financiers, pour entretenir de plus en plus
de légions, qui se déplacent d’un secteur à l’autre de
l’Empire. Il se dote donc à partir de 49 av. J. C. d’un
atelier monétaire qui suit ses déplacements sur les
théâtres d’opération, et frappe les espèces monétaires
dont il a un besoin croissant. Cette pratique n’est pas
nouvelle, le Sénat romain l’avait autorisée pour les
grands corps expéditionnaires de Lucullus ou de
Denier de César émis en -44 (réf. Cohen22).
Pompée en Orient[139], mais César se l’arroge en Vénus debout tient une Victoire
[140]
s’emparant de la réserve d’or de la République . De
surcroît, César apporte deux grandes innovations, qui servent sa politique, que ses successeurs Octave et Marc
Antoine pérenniseront, et qui s’institutionnaliseront sous l’Empire romain :

• la frappe de monnaie en or ;
• la figuration de son portrait sur les monnaies.
Rome n’avait émis de monnaies en or que temporairement, essentiellement aux moments les plus difficiles de la
Deuxième Guerre punique et en puisant dans les réserves de métal précieux thésaurisées par le Sénat[141]. L’émission
d’aureus renoue donc avec l’idée de puiser dans les réserves pour sauver la République. De plus, la forte valeur de
cette monnaie (un aureus pour 25 deniers d’argent ou 100 sesterces) facilite les importantes gratifications aux soldats
de César et contribue à leur prestige.
Les motifs qui apparaissent sur les monnaies émises par César participent à sa propagande : outre son nom ou son
portrait, une première sous la République, figurent principalement les motifs suivants[142] :
• Vénus, de profil ou en pied, que César présente comme son ancêtre, est le thème le plus fréquent[143] ;
• des accessoires du culte, qui rappellent sa piété et ses qualités d’augure et de pontifex maximus ;
• des Victoires, des enseignes militaires, et des trophées de victoire contre les Gaulois.
Articles connexes : Ærarium, Monnaie romaine et économie romaine.
Jules César 19

Le calendrier
Article connexe : Calendrier julien.
Les fonctions de Pontifex maximus exercées par César comportaient la fixation du début de chaque année. César la
met à profit pour réformer le calendrier romain, pour que la durée moyenne de l’année soit exactement de 365,25
jours, la meilleure approximation connue à l’époque en Occident. Il donne ainsi son nom de famille au calendrier
julien. L’historien romain Suétone précise cette modification du calendrier effectuée par César :
« Il régla l’année sur le cours du soleil, et la composa de trois cent soixante-cinq jours, en supprimant le mois
intercalaire, et en augmentant d’un jour chaque quatrième année. Pour que ce nouvel ordre de choses pût commencer
avec les calendes de janvier de l’année suivante, il ajouta deux autres mois supplémentaires, entre novembre et
décembre, à celle où se fit cette réforme ; et elle fut ainsi de quinze mois, avec l’ancien mois intercalaire, qui, selon
l’usage, s’était présenté cette année-là. »[96].

Le titre de Caesar
Article détaillé : César (titre).
Le nom de César, pris par Octave comme fils adoptif de J. César, devint par la suite un titre que portèrent tous les
empereurs et les princes romains, quoique étrangers à la famille des Césars. Il fut ensuite attribué aux héritiers
présomptifs de l’empire, usage qui devint une règle à partir de Dioclétien. Depuis cette époque les empereurs prirent
le titre d’Auguste et s’adjoignirent avec le titre de César un prince qui devait leur succéder. Le nom de César a donné
le mot « Kaiser » en allemand, ainsi que le mot « Tsar » (ou « Czar ») en russe et en bulgare.

Étymologie du nom « César »


Pline l’Ancien a avancé que le surnom de Caesar pourrait venir du fait qu’un des ascendants de César soit né par
césarienne (caesar, aris : enfant né par incision)[144]. En revanche et quoi qu’en dise Pline l’Ancien, la naissance de
César lui-même par césarienne est invraisemblable, car sa mère vécut encore une vingtaine d’années après sa
naissance.
Une tradition populaire postule que c’est à la suite d’un exploit accompli pendant la Première Guerre punique par un
représentant de la gens Julia, qui avait vaincu au cours d’un combat un éléphant de l’armée carthaginoise, en lui
tranchant les jarrets, qu’on l’aurait honoré du surnom de Caesor, « trancheur ». Puis le terme punique késar, «
éléphant », donna caesar, et le sobriquet devint héréditaire. La découverte de monnaies émises au début de la guerre
civile, représentant un éléphant piétinant un serpent (ou un carnyx) au-dessus du nom « Caesar », semble étayer cette
thèse. Cet ancêtre glorieux serait à placer aux environs de 250 av. J.-C.. Mais le premier membre de la gens Julia à
être enregistré de manière historiquement fiable est Sextus Julius Caesar qui fut préteur en 208 av. J.-C..
Enfin, une dernière hypothèse émise par Sextus Pompeius Festus[145] considère que le premier César de la gens Julia
aurait été surnommé ainsi à cause d’une abondante chevelure, en latin caesaries.
L’auteur latin Spartianus dans son ouvrage Vie d’Aelius[146], fait une synthèse des différentes origines possibles du
nom César :
« Les conjectures auxquelles a donné lieu le nom de César, le seul titre qu’ait porté le prince dont j’écris la vie,
me paraissant devoir y être rapportées, je dirai que, suivant l’opinion des plus doctes et plus savants auteurs, ce
mot vient de ce que le premier qui fut ainsi nommé avait tué dans un combat un éléphant, animal appelé Caesa
dans la langue des Maures ; ou de ce qu’il fallut, pour lui donner le jour, faire à sa mère, qui était morte avant
de le mettre au monde, l’opération appelée césarienne ; ou de ce qu’il naquit avec de longs cheveux ; ou enfin
de ce que ses yeux étaient d’un bleu céleste et d’une vivacité extraordinaire. Mais il faut proclamer heureuse la
nécessité, quelle qu’elle fût, de créer un nom devenu si fameux, et qui durera l’éternité du monde. »
Jules César 20

La famille de César

Ses parents
Articles détaillés : Caius Julius Caesar III et Aurelia Cotta.
Le père de Jules César, Caius Julius Caesar III, né vers 135 av. J.-C. et mort en 85 av. J.-C., est le fils de Caius Julius
Caesar II. Issu d’une famille patricienne comptant plusieurs consuls (Sextus Julius Caesar II et Sextus Julius Caesar
III) il exerce au cours de sa vie les fonctions de questeur (99 av. J.-C. ou 98 av. J.-C.), préteur (92 av. J.-C.) puis
gouverneur d’Asie (91 av. J.-C.). Il meurt brusquement de cause naturelle à Pisae en 85 av. J.-C.[21].
Sa mère Aurelia Cotta, née en 120 av. J.-C. et morte en 54 av. J.-C. ou 53 av. J.-C.[147], est issue d’une famille
patricienne et consulaire (ses trois frères furent consuls). Pour Tacite[18] et Plutarque[148], elle incarne la matrone
romaine, exemplaire par l’éducation et le dévouement qu’elle porte à ses enfants et à sa famille et en particulier à son
fils[149]. Devenue veuve en 85 av. J.-C., elle ne se remarie pas et continue d’habiter avec ce dernier.

Ses sœurs
À l’exception de César, Caius Julius Caesar III et Aurelia Cotta ont eu deux autres enfants, deux filles, Julia Caesaris
« Maior » (l’ancienne) et Julia Caesaris « Minor » (la jeune).
Les informations concernant Julia Caesaris « Maior » sont peu nombreuses. Suétone confirme l’existence de cette
dernière car elle aurait selon lui participé à l’accusation de Clodius Pulcher poursuivi pour sacrilège et adultère[150].
Elle avait au moins un fils, car différents auteurs mentionnent la part réservée à cet enfant dans le testament de
César[121],[151].
Julia Caesaris « Minor » naît en 101 av. J.-C. et meurt en 51 av. J.-C.[152]. Elle épouse Marcus Atius Balbus,
originaire d’Aricie et est la mère de Atia Balba Caesonia et la grand-mère d’Octave, qui sera adopté par César et
deviendra l’empereur Auguste.

Ses épouses
Articles détaillés : Cossutia, Cornelie Cinna, Pompeia Sulla et Calpurnia Pisonis.
Selon Suétone, Cossutia fut la première femme de César, dont il divorça pour épouser Cornelia (la mère de sa fille
Julia) pour des motifs politiques : « et quoiqu’on l’eût fiancé, dès son enfance, à Cossutia, d’une simple famille
équestre, mais fort riche, il la répudia, pour épouser Cornélie, fille de Cinna, lequel avait été quatre fois consul
(dimissa Cossutia quae familia equestri sed admorum dives praetextato desponsata furat…) »[1],[153].
L’examen des rares sources et la compilation des études sur le sujet mènent à dégager l’hypothèse suivante. César,
venant juste de revêtir la toge virile, a épousé Cossutia, issue d’une riche famille de l’ordre équestre, entre juillet 85
av. J.-C. et juillet 84 av. J.-C. (sans doute à l’instigation de ses parents et pour des raisons financières, la famille
n’étant pas spécialement riche) et en divorça l’année suivante, sous le consulat de Lucius Cornelius Cinna, dont il
épousa la fille, Cornelia (un choix plus personnel traduisant une orientation politique qui ne s’est jamais démentie par
la suite, César, bien qu’encore très jeune étant devenu le chef de famille à la mort de son père).
Plutarque, quant à lui, n’apporte pas une solution satisfaisante, car le récit qu’il fait de la vie de César comporte
certaines incohérences :
« Au retour de sa questure, il épousa en troisièmes noces Pompeia ; il avait de Cornélia, sa première femme, une
fille, qui par la suite fut mariée au grand Pompée. » Le passage comporte une contradiction que Napoléon III avait
déjà relevée en son temps[2]. Enfin, si Pompeia Sylla est la troisième femme de César, et Cornélia sa première,
Plutarque ne mentionne pas l’identité de sa seconde épouse. Il semble plus vraisemblable que Cornélia fut la seconde
épouse de César et Cossutia sa première.
En 68 av. J.-C., après avoir exercé les fonctions de questeur en Hispanie, César épouse Pompeia Sylla, car sa
première femme Cornélia était morte l’année précédente[154].
Cinq ans plus tard, en 63 av. J.-C., César est élu pontifex maximus et décide de divorcer à la suite de relations
Jules César 21

supposées entre sa femme et un jeune patricien, Clodius Pulcher.


Enfin, en 59 av. J.-C., il épouse Calpurnia Pisonis avec laquelle il restera lié jusqu’à sa mort en 44 av. J.-C..

Ses enfants
Articles détaillés : Julia (fille de Jules César), Ptolémée XV et Auguste.
Cornelia Cinna lui donne son unique enfant légitime[155], une fille prénommée Julia, qui naît en 83 av. J.-C. ou 82
av. J.-C. et épouse Pompée en 60 av. J.-C.. Elle meurt en 54 av. J.-C..
Au cours de son séjour en Égypte, César entretient des relations avec Cléopâtre VII qui accouchera plus tard (vers 47
av. J.-C., ou plus probablement vers 44 av. J.-C.) d’un enfant, Ptolémée XV dit Césarion. Cependant, la paternité de
César envers cet enfant est discutée par les historiens[4] et semble déjà être l’objet d’une polémique peu de temps
après la mort du dictateur[156]. Césarion est assassiné très jeune (15 ou 17 ans) par Octavien (futur Auguste), le fils
adoptif de César et premier empereur romain.
En 46 av. J.-C., César, sans descendance légitime, adopte son petit-neveu Octave par testament qui, selon l’usage
romain en cas d’adoption, est désormais appelé Caius Julius Caesar Octavianus (Octavien). Il deviendra plus tard
Auguste, premier empereur de Rome.
Enfin, César est peut-être le père de Brutus, qu’il aurait eu avec Servilia Caepionis en 85 av. J.-C.. En effet, Plutarque
dans son œuvre, Vie de Brutus, rapporte la bienveillance de César envers celui-ci[157] et la croyance qu’il avait
acquise d’être le père naturel, l’enfant étant né durant la période où il fréquentait Servilia Caepionis[3].

La vie amoureuse de César

Amours illustres
Articles détaillés : Servilia Caepionis, Eunoé (reine de Maurétanie) et
Cléopâtre VII.
César entretint des relations particulières avec Servilia Caepionis, la mère de
Brutus, dont la passion pour lui était publiquement connue à Rome[158] et qu'il
semblait lui-même tout spécialement apprécier. Ainsi, Suétone rapporte les
divers présents et avantages qu’il offrit à sa bien-aimée, dont une perle d’une
valeur de six millions de sesterces[159].
César eut des relations amoureuses avec Eunoé, femme de Bogud, roi de
Maurétanie[160]. C'est cependant sa liaison avec Cléopâtre VII qui est restée la
plus célèbre. Suétone rapporte comment il remonta le Nil avec la reine
égyptienne[161] et la fit venir à Rome où il la combla d’honneurs et de
présents[162]. C’était aussi pour lui un bon moyen de tenir sous contrôle Cléopâtre et César par Jean-Léon
Gérôme (1866).
l’Égypte, où trois légions étaient présentes, et dont la place dans
l’approvisionnement en céréales de l’Italie commençait à devenir
prépondérante. Toujours est-il que Cléopâtre est présente à Rome au moment de l’assassinat de son amant et qu’elle
rentre rapidement dans son pays après le meurtre.
Jules César 22

Réputation amoureuse
Article connexe : Sexualité dans la Rome antique.
Suétone fait état d’une rumeur selon laquelle César, au début de sa carrière, se serait laissé aller avec Nicomède, roi
de Bithynie, à des relations sexuelles où il aurait tenu le rôle passif : l'histoire le suivit sa vie durant[25]. Reprise par
Cicéron, Caius Memmius (en) et d'autres de ses adversaires politiques, elle lui valut de Bibulus, son collègue au
consulat, le surnom de « reine de Bithynie ». Lors de son triomphe à Rome, après les campagnes en Gaule, ses
soldats chantaient encore : « César a soumis les Gaules, Nicomède a soumis César »[163]. Lui-même, selon Dion
Cassius, rejetait l'accusation, jusqu'à la nier sous serment[164].
Deux poèmes de Catulle laissent entendre que César et Mamurra (en), son ingénieur, auraient été amants[165] ;
toutefois leur auteur, nous dit Suétone, s'en est par la suite excusé[166]. Quant à l'allégation, émise par Marc Antoine,
selon laquelle Octave aurait obtenu d'être adopté par César au prix de faveurs sexuelles[167], elle relève pour le même
Suétone de la catégorie des « bruits infâmes » les plus facilement démentis[168].
César s'est aussi vu attribuer des conquêtes féminines nombreuses, particulièrement dans les rangs de la haute société
romaine : à Servilia Caepionis, Suétone ajoute Postumia, femme de Servius Sulpicius, Lollia, femme d’Aulus
Gabinius, et Tertulla, femme de Marcus Crassus ; il évoque également des soupçons concernant Mucia, la femme de
Pompée, et Tertia, la propre fille de Servilia[159]. Ce penchant de César pour les amours illicites est lui aussi chanté
en vers par ses soldats lors de son triomphe[169] :
« Citoyens, surveillez vos femmes : nous amenons un adultère chauve.
Tu as forniqué en Gaule avec l’or emprunté à Rome. »
Le mot qui le proclame « mari de toutes les femmes et femme de tous les maris », que Suétone attribue à Curion
l'Ancien, rassemble les deux imputations de « sodomite » et d'« adultère »[170]. Comme le relèvent Florence Dupont
et Thierry Éloi, si cette formule, lue avec le regard d'aujourd'hui, explique pour une bonne part la présence de César
dans des recensions de « bisexuels célèbres »[171], elle n'avait pas le même sens pour ses contemporains, dont les
conceptions reposaient sur d'autres catégories[172]. La société romaine ne réprouvait pas qu'un citoyen ait des
partenaires sexuels des deux sexes ; en revanche, elle faisait d'un comportement sexuel passif le signe d'une
soumission ou d'une infériorité indignes de son statut : une infamie qui, dans le cas de César, était contrebalancée,
selon Eva Cantarella, par la réputation de virilité tirée de ses conquêtes, tant féminines que militaires[173]. Cependant
les deux allégations symétriques renvoient au fond à la dénonciation d'une même hypersexualité, incontrôlée et
dégradante[174] ; Florence Dupont et Thierry Éloi y lisent un lieu commun, un topos des discours sur les « tyrans »,
qui vise plus particulièrement, à propos de César, son aspiration supposée à la royauté[172].

L’état de santé de César


Selon l’historien grec Plutarque, la santé de César était fragile, ce dernier étant en effet sujet à de fréquents maux de
tête et à des attaques d’épilepsie[175],[176],[177],[178].
Cette faiblesse de César et son mauvais état de santé semblent également être attestés par Suétone[179],[180],[181],[182].
Toutefois, Suétone souligne aussi l’endurance de César à la marche ou à la nage lors de ses campagnes[183].
D’autres auteurs font état, quant à eux, de malaises survenus à la toute fin de sa vie[184],[185].
Néanmoins, César n’aurait pas pu commander aussi efficacement ses troupes en Gaule s’il avait été en mauvaise
santé. Quelle que soit la maladie l’affectant, il ne semble l’avoir éprouvée que tardivement. Les attestations de son «
épilepsie » datent seulement des dernières années de sa vie (à Thapsus et peut-être à Munda). S’il en avait été
autrement, Cicéron, qui ne le portait pas dans son cœur, ne se serait sûrement pas privé de l’attaquer sur le sujet,
comme il l’a fait à propos d’une prétendue aventure avec le roi Nicomède IV de Bithynie.
De plus, le diagnostic des maladies n’obéissait pas aux mêmes critères qu’aujourd’hui et des symptômes ressemblant
à ceux décrits très imprécisément par Plutarque et Suétone peuvent être dus à de nombreuses autres causes
(hypoglycémie, malaise vagal, coup sur la tête, tumeur, etc.). Certaines de ces affections peuvent également
Jules César 23

s’accompagner d’une altération du comportement et il semble que cela ait été le cas pendant les derniers mois que
César passa à Rome avant d’être assassiné. La lecture de ces documents, qui n’ont pas été rédigés par des
contemporains, ne permet pas de trancher de manière définitive.
Il est également fort probable qu’un filtrage des sources de l’époque ait été opéré par Auguste, censurant tout ce qui
ne s’inscrivait pas dans le cadre de sa propagande (y compris et surtout les œuvres de César autres que les
Commentaires). César est mort entre 56 et 58 ans, ce qui constitue un âge honorable et une longue durée de vie pour
l’époque. La vie tumultueuse qu’il a menée, aura sûrement laissé des traces, étant donné qu’il ne se ménageait pas.
Selon la tradition, Jules César était gaucher, mais cette affirmation est démentie par Pierre-Michel Bertrand[186].

Œuvres inspirées par la vie de César

Moyen Âge
Jules César fait partie des personnages historiques les plus saillants de la culture
mondiale. Sa popularité ne cesse de croître dès le XIIe siècle avec la diffusion du motif
des Neuf Preux, neuf grandes figures historiques ou mythiques qui incarnent l'idéal du
roi chevalier. De cette tradition subsiste encore aujourd'hui le roi de carreaux de nos jeux
de cartes.
Les Faits des Romains, au début du XIIIe siècle, est la première biographie en français
entièrement consacrée à César, qui s’inspire des œuvres de César lui-même, Lucain,
Suétone et Salluste ; ce texte historique fait aussi appel à des procédés empruntés au
roman ou à la chanson de geste, et aura une grande influence sur l’image de César au
César, roi de carreaux, Moyen Âge.
vestige de la série des Neuf
Preux
Jules César 24

De la Renaissance à l'âge moderne


• César inspira à William Shakespeare, l’une de ses tragédies,
Jules César, sans doute vers 1599, publiée pour la première fois
dans l'in-folio de 1623.
• La Mort de César, tragédie en trois actes, écrite par Voltaire en
1731, publiée en 1736 et représentée le 29 août 1743 par le
Théâtre-Français. L’œuvre sur Gallica [187]
• Jules César en Égypte, opéra de Haendel, a été créé à Londres
en 1736 au théâtre Haymarket.
• De nombreuses sculptures le figurent, dont :
• Jules César, sculpture en pied réalisée en marbre en 1713
par Nicolas Coustou et François Girardon, dans la cour
Puget au musée du Louvre.
• Jules César, de Ambrogio Parigi, exposée au jardin des
Tuileries.
• César et Cléopâtre, pièce de théâtre créée en 1898 par George
Bernard Shaw.

Œuvres modernes
• Jules César au faîte du pouvoir est, à partir de 1959, un
personnage récurrent de la bande dessinée Astérix, créant une
vision humoristique (mais non ridicule) qui sera une constante
dans la représentation française grand public de César. Statue de Jules César réalisée par Nicolas Coustou en
• Au cinéma, il eut droit à des péplums burlesques de réalisation 1713

française :
• en 1982, Deux heures moins le quart avant Jésus-Christ où il est interprété par Michel Serrault
• Astérix et Obélix contre César, en 1999, où il est interprété par Gottfried John, et ses « suites » : Mission
Cléopâtre en 2002 (Alain Chabat), Astérix aux Jeux Olympiques en 2008 (Alain Delon) et Au service de sa
Majesté en 2012 (Fabrice Luchini).
• Inversement, les réalisateurs anglo-saxons le figurent de façon plus dramatique, notamment dans les nombreuses
versions cinématographiques de Cléopâtre :
• en 1945, César et Cléopâtre, film britannique réalisé par Gabriel Pascal, où Claude Rains joue le rôle de César.
• en 1953, Jules César, film américain réalisé par Joseph L. Mankiewicz, d’après la pièce de William
Shakespeare, avec Louis Calhern dans le rôle-titre.
• en 1963 dans Cléopâtre de Joseph L. Mankiewicz, avec Rex Harrison dans le rôle de César.
• en 2002, Jules César (Julius Caius) passe au petit écran, réalisé par Uli Edel
• en 2005, la série télévisée Rome, coproduite par HBO et la BBC, retrace (de façon assez correcte
historiquement, bien que simplifiée) son parcours en tant que dictateur, son rôle est interprété par Ciarán
Hinds.
• D’innombrables historiens ont entrepris des biographies de Jules César, on peut citer Jérôme Carcopino, Joël
Schmidt, Robert Étienne et Max Gallo parmi les contemporains. Sa vie a été reprise de façon plus romancée par
des auteurs tels que Colleen McCullough et Conn Iggulden.
• Dernièrement des auteurs ont adapté le livre de Jules César en bande dessinée :
• La guerre des Gaules, tome 1, Caius Julius Caesar, de Tarek et Vincent Pompetti, Tartamudo, 2012.
Jules César 25

Citations
Plusieurs phrases attribuées à Jules César sont passées à la postérité :
• « Les hommes croient en ce qu’ils désirent »[188].
• « J’aimerais mieux être le premier dans un village que le second à Rome »[189].
• « La femme de César ne doit pas être soupçonnée »[190].
• « Alea jacta est. (Le sort en est jeté)[191], »[192]
• « Veni, vidi, vici ». (Je suis venu, j’ai vu, j’ai vaincu) [84]
• « Tu quoque mi fili ». (Toi aussi mon fils) [105]

Portraits
Sur près de deux cents portraits représentant César, seuls vingt à vingt-cinq sont antiques et seulement deux sont
considérés comme une représentation de son vivant : le portrait du musée archéologique de Turin découvert à
Tusculum en 1825 et un portrait du musée d’Arles découvert en 2007 dans le Rhône, dont l'identification à César ne
fait toutefois pas l'unanimité[193]. Les caractéristiques de ces deux portraits, fortement individualisés, les situent
entre 50 et 44 av. J.-C. dans les dernières années de vie du dictateur. On distingue dans les deux cas un cou allongé,
marqué de plusieurs plis, la pomme d’Adam saillante, de petits yeux enfoncés dans les orbites, la disposition décalée
des oreilles, les rides de vieillesse et d’expression (la fossette supra-thyroïdienne constitue une marque individuelle
relativement rare), la calvitie avancée masquée par une mèche de cheveux ramenée en avant, enfin la même
organisation des boucles de cheveux sur les tempes. Le dessin de profil est identique dans les deux représentations.
Parmi les autres portraits antiques de César, deux sont devenus des représentations « canoniques » célèbres à
l’époque augustéenne, quand se mettent en place la propagande et l’image officielle du défunt : celui du musée
Chiaramonti au Vatican et celui du Camposanto de Pise. Dans les deux cas, le visage est allongé, anguleux, les joues
sont creuses, les lèvres serrées, la frange horizontale efface tout souvenir de la calvitie.

Musée d'Arles Musée du Vatican, Musée Buste en marbre Jules César au Musée
Rome archéologique découvert à de la Marine de Paris.
national, Naples Pantelleria (Sicile)
Jules César 26

Chronologie

Bibliographie
: ouvrage ou article utilisé comme source pour la rédaction de cet article

Auteurs de l’Antiquité
• Appien d’Alexandrie, Guerres civiles, livre II
• Asinius Pollion[194]
• Aurelius Victor, De Viris illustribus [ lire en ligne [195]]
• Dion Cassius, Histoire romaine, livres XXXVII à XLIV [ lire en ligne [196]]
• Flavius Josèphe, Les Antiquités judaïques [ lire en ligne [197]][198]
• Frontin, Les Stratagèmes [ lire en ligne [199]] de Frontin traitent de la stratégie militaire employée par César.
• Nicolas de Damas, Mort de César
• Plutarque, Vie de César [ lire en ligne [200]]
• Salluste, la Conjuration de Catilina, Lettres à César
• Suétone, Vie des douze Césars, livre I [ lire en ligne [201]]
• Velleius Paterculus, Histoire romaine, livre II [ lire en ligne [202]]
• L’ouvrage une Vie de César, attribuée à Julius Celsus, auteur presque contemporain, mais qui est de Pétrarque.

Auteurs modernes
• C. Iulii Caesaris Commentariorum de bello Gallico, libri VIII, Civili Pompeiano, lib. III, Alexandrino, lib. I,
Africano, Lib. I. Hispaniensi, lib. I. (…). Lugduni, apud Seb. Gryphium (Lyon, Sébastien Gryphe), 1547 ;
• Luciano Canfora, Jules César, le dictateur démocrate, trad. par Corinne Paul Maïer et Sylvie Pittia, Flammarion,
Paris, 2001 ;
• Jérôme Carcopino, Jules César, Presses universitaires de France, Paris, 1990 ;
• Robert Étienne, Jules César, Fayard, Paris, 1997 ;
• Max Gallo, Cesar Imperator ;
• Conn Iggulden, série de romans Imperator (deux premiers tomes (sur quatre) disponibles en français), 2005-2006
;
• Eberhard Horst, César, la naissance d'un mythe, marabout histoire, 1981.
• Yann Le Bohec, César chef de guerre ;
• Yann Le Bohec, César, Que sais-je ? n° 1049, 1994, 128 p. (NB : ouvrage traduit en chinois, suédois, roumain,
bulgare et polonais)
• Jean Malye, la véritable histoire de Jules César, Les Belles Lettres, 2007 (textes traduits et commentés, très bon
accès aux sources antiques) ;
• Paul M. Martin, Tuer César !, Complexe, « La mémoire des siècles », Bruxelles, 1988 ;
• Christian Meier, César, Seuil, Paris, 1989 ;
• Theodor Mommsen, Histoire romaine, livre V, Fondation de la monarchie militaire.
• Napoléon Ier a dicté à Sainte-Hélène un Précis des guerres de César, Paris, 1836 ;
• Napoléon III a écrit une Histoire de Jules César, 1865. [ lire en ligne [203]];
• Michel Rambaud, L'art de la déformation historique dans les Commentaires de César, 1953.
• Joël Schmidt, Jules César, Folio Biographies Inédit, Gallimard, 2005.
• Tarek et Vincent Pompetti, La guerre des Gaules, Tome 1, Tartamudo, 2012
• Voltaire, La mort de César, 1736
• Gérard Walter, César, Marabout, 1980 ;
Jules César 27

• Wolfgang Will, Veni, vidi, vici. Caesar und die Kunst der Selbstdarstellung. Wissenschaftliche
Buchgesellschaft/Primus, Darmstadt 2008 (Geschichte erzählt, Vol. 11) (ISBN 978-3-89678-333-2).

Notes et références
[1] Suétone, Vie des douze Césars - César, 1
[2] Plutarque, Vie de César, 5 Le passage comporte une contradiction que Napoléon III, dans son ouvrage, Histoire de Jules César, 1865, avait
déjà relevée en son temps :
[3] Plutarque, Vie de Brutus, 5
[4] Yann Le Bohec, dans son ouvrage César, Que sais-je ?, remarque que la paternité de César envers Ptolémée XV est discutée par les
historiens. En effet, pour H. Heinen, Césarion, fils de Cléopâtre, est né en 47 av. J.-C. des œuvres de César. Pour Jérôme Carcopino, Césarion
est né en 44 av. J.-C. d’un autre père.
[5] http:/ / fr. wikipedia. org/ w/ index. php?title=Jules_C%C3%A9sar& action=edit& section=0
[6] Plutarque, Vie de César, 69, 70
[7] Tacite, Annales, XI, 25
[8] Suétone, Vie des douze Césars - César , 6
[9] Suétone, Vie des douze Césars - César, 46
[10] Macrobe, Saturnales, I, 12 : Pour Macrobe, César naquit le 12. Cette date est confirmée par les Fasti Amiterni (le 12 juillet était considéré
comme férié parce César était né ce jour-là) et les Fasti Antiates.
[11] Dion Cassius (XLVII, 18, 6) raconte que les jeux en l’honneur d’Apollon tombant le jour de l’anniversaire de César, les triumvirs
ordonnèrent en 42 de le célébrer la veille car les Livres sibyllins interdisaient que l’on fêtât ce jour-là un autre dieu qu’Apollon. La veille,
c’est-à-dire le 12. Pour Cassius Dion, César était donc né le 13.
[12] Velleius Paterculus, Histoire romaine Livre II, 41,2 : En effet, l’avènement de Sylla avait eu lieu en -82, ce qui donne bien -100 comme date
de naissance possible pour César.
[13] Plutarque, Vie de César, LXXV :
[14] Suétone, Vie des douze César - César, 88 :
[15] Appien, Guerres Civiles, livre II, 149 :
[16] Eutrope, Abrégé d’Histoire Romaine, livre VI, 24 :
[17] Les conditions d’âge pour accéder aux différentes magistratures du cursus honorum semblent démontrer que César serait né en 102 av. J.-C.

Titre Année Âge mini requis Si né en 100 Si né en 102

édile 65 37 année 35 année 37 année

préteur 62 40 année 38 année 40 année

consul 59 43 année 41 année 43 année

[18] Tacite, Dialogue des orateurs, 28, 6


[19] Cicéron, Brutus
[20] Cicéron, Lettres à Atticus
[21] Pline l’Ancien, Histoires naturelles, Livre VII, 53
[22] Suétone, Vie des douze César - César, 1
[23] Hypothèse émise par François Hinard, Sylla, Fayard, 1985, p 130
[24] Plutarque rapporte sans autres précisions que César encore traqué s’évade et se retire en Bithynie (Plutarque, Vie de César, 1), tandis que
Suétone donne des détails qui permettent de comprendre pourquoi César se rend en Bithynie (Suétone, Vies des douze Césars - César, 2)
[25] Suétone, Vies des douze Césars - César, 2 et 49
[26] Plutarque, Vie de César, 2 et 3 ; Suétone, Vies des douze Césars - César, 4
[27] Plutarque et Suétone sont en désaccord complet sur la chronologie : Plutarque place l’enlèvement par les pirates et les cours de Molon avant
le retour de César à Rome et l’affaire Dolabella, tandis que Suétone situe un bref séjour à Rome et le procès Dolabella en premier, puis
l’épisode des pirates et les études de rhétorique auprès de Molon.
[28] Plutarque, Vie de César, 3
[29] Plutarque, Vie de César, 5
[30] Dion Cassius, Histoire romaine, livre XXXVII, 10
[31] Dion Cassius, Histoire romaine, livre XXXVII, 27 ; François Hinard, Sylla, ouvrage précité, p 249-250
[32] Suétone, Vie des douze Césars - César, 13
[33] Plutarque, Vie de César, 7
[34] Suétone, Vie des douze Césars - César, 14
[35] Suétone, Vie des douze Césars - César, 17
[36] Appien, Guerres civiles, livre II, 6
Jules César 28

[37] Salluste, Conjuration de Catilina, XLIX et LI


[38] Plutarque, Vie de César, 12 ; selon Appien, César avait 25 millions de sesterces de dettes – Appien, Guerres civiles, II, 8
[39] Appien, Guerres civiles, II, 8 ; Suétone, Vie des douze Césars - César, 18
[40] Appien, Guerres civiles, II, 9
[41] Suétone, Vie des douze Césars - César, 19
[42] Plutarque, Vie de César, 14
[43] Suétone, Vie des douze Césars - César, 20
[44] Pour cette série de mesures, cf. Appien, Guerres civiles, II, 13, Dion Cassius, XXXVIII, 7, et Velleius Paterculus, Histoire romaine, livre II,
44
[45] Digeste, XLVIII, 11
[46] Suétone, Vie des douze Césars, César, 50
[47] Selon Appien, Servilia mit au monde Marcus Junius Brutus lorsque César était son amant, d’où l’hypothèse d’une paternité (Appien, Guerres
civiles, II, 112
[48] Suétone, Vie des douze Césars - César, 22
[49] loi citée par Valère Maxime, Actions et Paroles mémorables, livre III, VII, 9
[50] Suétone, Vie des douze Césars, César, 23
[51] Aulu-Gelle, Nuits attiques, livre XVII, 9
[52] Jules César, Commentaires sur la Guerre des Gaules, livres V, VI, VII
[53] Jules César, Commentaires sur la Guerre des Gaules, livres I, III, V, VI, VIII
[54] Jules César, Commentaires sur la Guerre des Gaules, livre V, 24-25
[55] Jules César, Commentaires sur la Guerre des Gaules, livre VII, 81, VIII
[56] Suétone, César, 26
[57] Jules César, Commentaires sur la Guerre des Gaules, livre I, 35, 40, 45
[58] Plutarque, Vie de Pompée, 53
[59] Plutarque, Vie de Pompée, 54
[60] Cicéron, Ad Familiares, lettre à Lucullus
[61] Cicéron, discours de Provinciis Consularibus
[62] Jules César, La Guerre des Gaules - Livre IV
[63] Plutarque, Vie de César, 26
[64] Plutarque, Vie de Pompée, 55
[65] Velleius Paterculus, Histoire romaine, livre II, 47
[66] Suétone, Vie des douze Césars, César, 27
[67] Plutarque, Vie de Pompée, 56-59
[68] Plutarque, Vie de César, 30
[69] Plutarque, Vie de César, 16
[70] Plutarque, Vie de César, 32
[71] Appien, Guerres civiles, II, 26
[72] Hirtius, Commentaires sur la guerre des Gaules, livre VIII, 50
[73] Hirtius, Commentaires sur la guerre des Gaules, VIII, 52 ; Appien, Guerres civiles, II, 27-28
[74] Hirtius, Commentaires sur la guerre des Gaules, VIII, 54, 55
[75] Plutarque, Vie de César, 33
[76] Velleius Paterculus, Histoire romaine, livre II, 49
[77] Jules César, Commentaire sur la guerre civile, I
[78] Plutarque, Vie de César, 37 Suétone, Vie des douze Césars - César, 32, repris par Appien, Guerres civiles, livre 2, 38
[79] Appien, Guerre civiles, livre II, 37-38
[80] Flavius Josèphe, Antiquités juives, livre VIII, VII, 4
[81] Velleius Paterculus, Histoire romaine, livre II, 51-53
[82] Suétone, Vie des douze Césars - César, 35
[83] Plutarque, Vie de César, 54-55
[84] Plutarque, Vie de César, 56
[85] Dion Cassius, Histoire de Rome, livre XLII, 52-55
[86] Plutarque, Vie de César, 58
[87] Captifs dont Vercingétorix, pour la Gaule, Arsinoé II pour l’Égypte et le jeune fils de Juba pour la Numidie
[88] 22 000 tables de trois lits selon Plutarque, Vie de César, 60
[89] Velleius Paterculus, Histoire romaine, livre II, 56
[90] Suétone, Vie des douze Césars, César, 38
[91] Velleius Paterculus, Histoire romaine, livre II, 55
[92] Suétone, Vie des douze Césars, Auguste, 8
[93] Dion Cassius, livre XLIII, 42
Jules César 29

[94] Cicéron, Discours Pro Marcello, Pro Q. Ligario, Pro Rege Deiotarus
[95] Dion Cassius, XLIII, 43
[96] Suétone, Vie des douze Césars - César, 40
[97] Dion Cassius, XLIV, 7, 2-3
[98] Decimus Junius Brutus Albinus, Lucius Minucius Basilus, Servius Sulpicius Galba, Caius Trebonius, cités dans l’index de l’édition de
Maurice Rat de la Guerre des Gaules, Garnier Flammarion, Paris, 1964
[99] Marcel Le Glay, Rome, Grandeur et Déclin de la République, Ed Perrin, 1990, réédité en 2005, ,
[100] D. Sedley, "The ethic of Brutus and Cassius", Journal of Roman Studies, 87, 1997,
[101] Plutarque, Vie de Brutus, 10-13
[102] Appien, Guerres civiles, II, 107
[103] Velleius Paterculus, Histoire romaine, livre II, 57
[104] Plutarque, Vie de César', 16'
[105] Suétone, Vie des douze Césars - César, 82
[106] Plutarque, Vie de César, 65 et Vie de Brutus, 17 ; Velleius Paterculus, II, 56 ; Nicolas de Damas, César, 24 ; Dion Cassius, XLIV, 19 ;
Appien, Guerres civiles, II, 117-118 ; Flavius Josèphe, Bellum Iudeorum, I, 218 ; Valère-Maxime, IV, 5, 6 et VIII, 11, 2 ; Florus, II, 13 ;
Eutrope, VI, 17, 5 ; Orose, Histoire, VI, 20
[107] Valerius Publicola faillit y laisser la vie, Spurius Cassius, Manlius Capitolinus, les Gracques en furent les victimes
[108] Suétone, César, 79 ; Plutarque, César, 66
[109] Suétone, « César », 79 ; Plutarque, César, 66
[110] Suétone, « César », 78 ; Plutarque, César, 66
[111] Velleius Paterculus, Histoire romaine, livre II, 56 ; Suétone, César, 79 ; Plutarque, 67
[112] Plutarque, César, 67
[113] Plutarque, Vie de César, 66
[114] Joël Schmidt, Jules César, Folio Biographie, Gallimard, 2005,
[115] Michel Christol et Daniel Nony, Rome et son empire, des origines aux invasions barbares, Hachette, collection HU, 2003,
[116] Ronald Syme, La révolution romaine, Paris, Gallimard, 1967,
[117] Suétone, Vie des douze Césars - César, 86-87
[118] Plutarque, Vie de César, 63 et Appien, Guerres civiles, II, 115
[119] Accoce et Rentchnick, Ces malades qui nous gouvernent, Stock, 1976
[120] Régis Martin, Les douze Césars, Les Belles Lettres 1991
[121] Suétone, Vie des douze Césars - César, 83
[122] Appien, Guerres civiles, II, 148
[123] Velleius Paterculus, Histoire romaine, livre II, 58
[125] Voir la section concernant la fiabilité des Commentaires sur la Guerre des Gaules et Rambaud, op. cit. in "Bibliographie".
[126] Voir la section concernant la fiabilité des Commentaires sur la Guerre civile
[127] Suétone, Vie des douze Césars - César, 56
[128] Pierre Grimal, La littérature latine, p.183.
[129] Suétone, Vie des Douze Césars, César, 61
[130] Le nombre précis est indéterminé. Suétone parle de plus de mille sénateurs, mais selon les ouvrages modernes, l’effectif du sénat passe à
800 sénateurs (M. Christol, D. Nony, Rome et son empire, des origines aux invasions barbares, Hachette, collection HU, 2003, ) ou à 900
(George Hacquard, Jean Dautry, O Maisani, Guide romain antique, Hachette, 1952, 50 édition en 2005 )
[131] Dion Cassius, XLIII, 25
[132] Suétone, Vie des douze César, César, 26
[133] Appien, Guerres civiles, II, 68
[134] Suétone, César, 39
[135] Suétone, Vie des douze Césars, César, 44
[136] Jérôme Carcopino, La vie quotidienne à Rome à l’apogée de l’Empire, Hachette, 1939, réédition 2002, , chapitre I, II
[137] Suétone, César, 41, Auguste, 40
[138] Martial, IV, 64 ; Juvénal, III, 256
[139] Georges Depeyrot, La Monnaie romaine : 211 av. J.-C. - 476 apr. J.-C., Errance, 2006,
[140] ;Selon Pline l’Ancien, le trésor public se montait alors à 15 000 livres d’or en lingots, 35 000 livres d’argent également en lingots et 40
millions de sesterces (cf. Pline l’Ancien, Histoires naturelles, livre XXXIII, 17)
[141] Le numismate Henry Cohen recense toutefois une émission en or du proconsul Pompée conduisant son quadrige de triomphe en 67 av.
J.-C. (Pompée C19). Cette émission en or ne connut pas de suite.
[142] Henry Cohen, Description historique des monnaies frappées sous l’Empire romain, monnaies de César, Paris, 1892,
[143] Environ 10 % des émissions, selon Georges Depeyrot, cf. ouvrage précité
[144] Selon Pline l’Ancien, Histoires Naturelles livre VII, le nom proviendrait d’un ancêtre né par « césarienne ».
[145] Sextus Pompeius Festus De la signification des mots, livre III
[146] Histoire Auguste, Aelius, II, 3
Jules César 30

[147] Suétone, Vie des douze Césars, César, 26


[148] Plutarque, Vie de César, 10
[149] Plutarque, Vie de César, 7 - Notamment lorsque son fils part postuler à l’élection difficile de pontifex maximus
[150] Suétone, Vie des douze Césars - César, 74
[151] Appien, Guerre civile, Livre III, 22-23
[152] Octave, né en 63 av. J.-C., prononça son éloge funèbre à 12 ans - Suétone, Auguste, 8
[153] Toute l’interprétation de ce passage repose sur la traduction de dimissa. Le verbe dimittere semble toujours avoir été employé par Suétone
avec le sens de divorcer. Monroe E. Deutsch, Caesar's first wife, Classical Philology, Vol. 12, . (Janvier 1917),
[154] Plutarque, Vie de César 5.6
[155] Tacite, Annales, Livre III, VI
[156] Suétone, Vie des douze Césars - César, 52
[157] Plutarque, Vie de Brutus, 5
[158] Plutarque, Vie de Brutus, 5
[159] Suétone, Vie des douze Césars - César, 50
[160] Suétone, Vie des douze Césars - César, 52 (traduction en ligne) (http:/ / bcs. fltr. ucl. ac. be/ suet/ caes/ 52. htm)
[161] Suétone, Vie des douze Césars - César, 52
[162] Suétone, Vie des douze Césars - César, 52
[163] Suétone, Vies des douze Césars - César, 49
[164] Dion Cassius, Histoire romaine, 43:20
[165] Catulle, Carmina, 29 et 57
[166] Suétone, Vie des douze Césars - César, 73
[167] Suétone, Vie des douze Césars - Auguste, 68
[168] Suétone, Vie des douze Césars - Auguste, 71
[169] Suétone, Vie des douze Césars - César, 51
[170] Suétone, Vie des douze Césars - César, 52
[171] Il figure par exemple parmi les 36 « Bisexuals-Past and Present » sélectionnés par Fred Klein, The Bisexual Option, p. 136.
[172] Florence Dupont et Thierry Éloi, L'Érotisme masculin dans la Rome antique, Belin, 2001, « Flamininus, Sylla, César : quelques grands
molles de la République », p. 271-292
[173] Eva Cantarella, Selon la nature, l'usage et la loi : La bisexualité dans le monde antique, La Découverte, coll. « Textes à l'appui », 1991,
360 p. , p. 226-230
[174] Géraldine Puccini-Delbey, La vie sexuelle à Rome, Paris, Points, 2010 ( éd. Tallandier, 2007), 383 p. , p. 291
[175] Plutarque, Vie de César, 1 : (chez Suétone, cette maladie est attestée également sous l’appellation « fièvre quarte »)
[176] Plutarque, Vie de César, 18 :
[177] Plutarque, Vie de César, 58 : (à Thapsus)
[178] Plutarque, Vie de César, 66 : (lors d’un incident avec le Sénat quelques semaines avant sa mort : une possible perte de connaissance suivie
d’un accès de colère incontrôlée)
[179] Suétone, Vie des douze César - César, 4 : (quand il fut prisonnier des pirates au début de sa vie : la présence d’un médecin à ses côtés
a-t-elle une signification particulière ?)
[180] Suétone, Vie des douze César - César, 45 : (sans plus de précision)
[181] Suétone, Vie des douze César - César, 59 : (il se prend les pieds dans le tapis ou il a un malaise ?)
[182] Suétone, Vie des douze César - César, 81 : (le matin de sa mort)
[183] Suétone, Vie des douze César - César, LVII :
[184] Appien, Guerres civiles, Livre II, 110 :
[185] Nicolas de Damas, la mort de César : (le jour de sa mort au moment de se rendre au Sénat, attesté par d’autres auteurs)
[186] lesGauchers.com : Carte blanche à Pierre-Michel Bertrand (http:/ / www. lesgauchers. com/
gauchers-chronique-p-m-b-01-03-2009_62_553. html)
[187] http:/ / gallica. bnf. fr/ ark:/ 12148/ bpt6k86441r
[188] Jules César, Commentaires sur la guerre des Gaules III.18
[189] Plutarque, Vie de César XII
[190] Cicéron, Lettres à Atticus 1.13 ; Plutarque, Vie de César 9-10-11 ; Dion Cassius, Histoire romaine 37.45 ; Suétone, Vie des douze Césars -
César 6.2
[191] Suétone, Vie des douze Césars - César, 32
[192] Plutarque, Vie de César, 37
[193] E. Rosso, « Le portrait tardo-républicain en Gaule méridionale : essai de bilan critique », Revue archéologique, 50-2, 2010, 259-307 résumé
sur Cairn.info (http:/ / www. cairn. info/ resume. php?ID_ARTICLE=ARCH_102_0259)
[194] Yann Le Bohec, dans son ouvrage César, Que sais-je ?, précise qu’Asinius Pollion, auteur contemporain de César a laissé une œuvre,
aujourd’hui perdue, qui contenait de nombreuses informations sur les évènements. Cet ouvrage a servi de source pour bon nombre d’écrivains
postérieurs comme Florus et Suétone.
[195] http:/ / www. mediterranees. net/ histoire_romaine/ victor/ 79. html
Jules César 31

[196] http:/ / www. sflt. ucl. ac. be/ files/ AClassFTP/ TEXTES/ DION_CASSIUS/ hist_rom_37_fr. txt
[197] http:/ / remacle. org/ bloodwolf/ historiens/ Flajose/ intro. htm#JUDA0
[198] Les Antiquités judaïques de Flavius Josèphe concernent essentiellement les relations entre César et le peuple juif.
[199] http:/ / fr. wikisource. org/ wiki/ Les_Stratag%C3%A8mes
[200] http:/ / ugo. bratelli. free. fr/ Plutarque/ PlutarqueCesar. htm
[201] http:/ / fr. wikisource. org/ wiki/ Vie_des_douze_C%C3%A9sars_-_C%C3%A9sar
[202] http:/ / remacle. org/ bloodwolf/ historiens/ velleius/ livre2. htm
[203] http:/ / gallica. bnf. fr/ ark:/ 12148/ bpt6k243365
Sources et contributeurs de l’article 32

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