Hadith Ibn Qutayba
Hadith Ibn Qutayba
Hadith Ibn Qutayba
(mort en 276/889)
Traduction annotée du Kitāb ta’wīl muḫtalif al-ḥadīṯ
Ibn Qutayba
Gérard Lecomte (éd.)
DOI : 10.4000/books.ifpo.6387
Éditeur : Presses de l’Ifpo
Lieu d'édition : Damas
Année d'édition : 1962
Date de mise en ligne : 20 juin 2014
Collection : Études arabes, médiévales et modernes
ISBN électronique : 9782351594322
http://books.openedition.org
Édition imprimée
ISBN : 9782351590959
Nombre de pages : XLVIII-464
Référence électronique
IBN QUTAYBA. Le Traité des divergences du ḥadīṯ d’Ibn Qutayba (mort en 276/889) : Traduction annotée
du Kitāb ta’wīl muḫtalif al-ḥadīṯ. Nouvelle édition [en ligne]. Damas : Presses de l’Ifpo, 1962 (généré le 05
mai 2019). Disponible sur Internet : <http://books.openedition.org/ifpo/6387>. ISBN : 9782351594322.
DOI : 10.4000/books.ifpo.6387.
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Parmi les ouvrages d’Abū Muḥammad ‘Abd Allāh b. Muslim b. Qutayba, le Kitāb ta’wīl muḫtalif al-
ḥadīṯ occupe une place à part. Si les autres ouvrages de cet auteur peuvent être classés à des titres
divers dans le genre de l’adab, c’est-à-dire des manuels destinés à assurer la formation
intellectuelle, professionnelle ou morale d’une certaine catégorie sociale, celui-ci présente un
tout autre caractère.
Commandé par un personnage proche des milieux gouvernementaux soucieux d’affermir la
restauration sunnite, il se distingue par son caractère polémique. Son introduction, passionnée,
est un véritable réquisitoire contre la falsafa, ou philosophie scientifique de type aristotélicien, le
kalām, ou théologie rationaliste, et les ravages qu’ils sont censés faire dans la haute société
‘abbāside. Il commande également les juristes hanafites, dont le penchant pour l’interprétation
personnelle des cas d’espèce choque profondément son goût de la règle et de la tradition.
C’est donc assez logiquement que le propos du Traité des divergences repose sur l’interprétation du
ḥadiṯ, tradition relative aux actes et aux paroles de Mahomet et de ses compagnons, dont Ibn
Qutayba se fait l’ardent défenseur et le philologue zélé.
2
SOMMAIRE
Avant-propos
Bibliographie
Introduction
I. DE L’EXPLOITATION TENDANCIEUSE DES ḤADĪṮ-S
II. DES REPROCHES GÉNÉRALEMENT ADRESSÉS AUX GENS DU ḤADĪṮ
Chapitre III. Des ḥadīṯ-s offrant [prétendûment] des contradictions internes [ou des
affirmations contestables] ; des ḥadīṯ-s [prétendûment] en contradiction avec le coran. des
ḥadīṯ-s [prétendûment] infirmés par la spéculation (Naẓar), le raisonnement (ḥuğğat
al-‘aql), [l’expérience (‘iyān), la tradition historique (ḫabar), le consensus (iğmā’), le
raisonnement analogique (qiyās)]
Avant-propos1
1 Parmi les ouvrages d’ABŪ MUḤAMMAD ‘ABD ALLĀH B. MUSLIM B. QUTAYBA , le Kitāb ta’wīl
muḫtalif al-ḥadīṯ occupe une place à part. Les autres ouvrages de cet auteur peuvent être classés
2
à des titres divers dans le genre de l’adab, c’est-à-dire des manuels destinés à assurer la formation
intellectuelle, professionnelle ou morale d ’une certaine catégorie sociale — qu’il s’agisse de
fonctionnaires (c’est le cas du Kitāb adab al-kātib) ou plus généralement d’hommes de la bonne
société (c’est le cas de la plupart des autres ouvrages, notamment du Kitāb ‘uyūn al-aḫbār, du
Kitāb al-ma‘ārif, du Kitāb al-ši‘r et du Kitāb al-ma‘ānī).
2 Le Kitāb muḫtalif al-ḥadīṯ présente un tout autre caractère.
3 Il convient d’abord d’insister sur la date de composition de cet ouvrage. Il ressort de divers
recoupements3 que le K. muḫtalif al-ḥadīṯ est sinon le dernier ouvrage d’Ibn Qutayba, du moins
l’un des derniers. Un fait est remarquable : si, en maint endroit de ses divers traités, Ibn Qutayba
renvoie tout naturellement à ses autres œuvres, aucune ne contient de référence au K. muḫtalif
al-ḥadīṯ. On incline à penser que le dernier de la série est le K. al-ma‘ārif (tout au moins dans sa
dernière version), le K. muḫtalif al-ḥadīṯ venant immédiatement avant. L’étude de la chronologie
des œuvres d’Ibn Qutayba fait l’objet d’un chapitre spécial dans l’étude d’ensemble que nous
consacrons par ailleurs à cet auteur. On dira simplement ici qu’on peut à bon droit situer la
composition du K. muḫtalif al-ḥadīṯ entre 256/869, date probable de son retour à Bagdad, et
276/889, date de sa mort.
4 De toute façon, comme probablement une grande partie de l’œuvre de notre auteur, cet ouvrage a
été rédigé après la réaction anti-mu‘tazilite d’al-Mutawakkil et de ses vizirs (l’avènement d’al-
Mutawakkil se place en 233/847).
5 La dédicace de l’ouvrage ne laisse aucun doute sur le fait qu’il fut commandé à Ibn Qutayba — on
ignore par qui, mais certainement par un personnage proche des milieux gouvernementaux
soucieux d’affermir la restauration sunnite4. Le caractère de « manuel de dialectique » du K.
muḫtalif al-ḥadīṯ apparaît nettement dans le plan de chacune des CIX sections du dernier
chapitre : le premier paragraphe est introduit par qālū (« nos adversaires disent... »), le second
par wa naḥnū naqūl («...mais nous répondons... »), ou à tout le moins par qāla Abū Muḥammad
(« Moi, l’auteur, je réponds... »).C’est donc bien un ouvrage de polémique, dans lequel on relève
sans peine les éléments de la ‘aqīda d’Ibn Quytaba.
4
6 A vrai dire, ce caractère polémique est commun, à des degrés divers, à presque tous les ouvrages
d’Ibn Qutayba, tout au moins dans leurs introductions. Ainsi, le K. adab al-kātib, qui est en fait un
manuel de lexicographie et de morphologie, débute par une introduction passionnée, véritable
réquisitoire contre la falsafa, ou philosophie scientifique de type aristotélicien, le kalām, ou
théologie rationaliste, et les ravages qu’ils sont censés faire dans la haute société ‘abbāside 5. Le K.
‘uyūn al-aḫbār reprend le même thème en termes plus sereins, mais tout aussi catégoriques.
7 Une telle attitude paraît d’ailleurs fort répandue à cette époque. Il est frappant de constater par
exemple qu’un opuscule dû à un auteur exactement contemporain d’Ibn Qutayba, mais ayant vécu
en Egypte, reproduit presque mot pour mot l’introduction du K. adab al-kātib6. On peut penser
que cette floraison d’opuscules d’inspiration sunnite fait partie de la campagne anti-mu‘tazilite
inaugurée en 234/848-9 par al-Mutawakkil7.
8 On notera en passant qu’Ibn Qutayba déclare lui-même en différents endroits réfuter les ahl al-
kalām8, les mutakallirrw-s9, mais n’emploie que deux fois le mot mu’tazila10. Tout se passe
comme s’il n’avait pas conscience de l’unité des tendances dites « mu‘tazilites », comme si la notion
— beaucoup plus générale — de kalām était pour lui prédominante. Il range donc parmi les gens de
kalām à la fois les Mu‘tazilites proprement dits — c’est-à-dire ceux des théologiens rationalistes
dont la doctrine avait été celle des ‘Abbāsides depuis al-Ma’mūn, et dont on a souvent noté qu’ils
n’étaient en rien des libres penseurs11 —, les falāsifa12 — c’est-à-dire les tenants de la philosophie
scientifique grecque — et également les juristes hanafites13 dont le penchant pour l’interprétation
personnelle des cas d’espèce choque profondément son goût de la règle et de la tradition, pour ne
pas parler de leurs compromissions ši‘ites, sur lesquelles on reviendra.
9 Ce sont donc ces trois tendances qu’Ibn Qutayba réprouve et se propose de combattre. Il faut
d’ailleurs remarquer qu’elles ont toutes trois un point commun, à des degrés divers ; on veut parler
de leur penchant pour la bid‘a, c’est-à-dire la rupture plus ou moins accusée avec la tradition
normative, ou Sunna, véhiculée par le ḥadīṯ. Cette remarque nous permet de comprendre
pourquoi, quels que soient les adversaires, la polémique se déroulera toujours sur le terrain du
ḥadiṯ. Elle explique du même coup le plan de l’ouvrage.
***
10 Dans son Introduction, Ibn Qutayba dénonce l’exploitation du ḥadīṯ à des fins diverses, mais en
tout cas suspectes par les Ḫāriğites, les Murği’ites, les Qadarites, les Rafiḍites et autres sectes
mineures, puis énumère les reproches qu’elles adressent aux gens du ḥadīṯ.
11 A l’époque d’Ibn Qutayba, on considère habituellement que les pires adversaires de la Sunna sont
les Rāfiḍa, c’est-à-dire les Šī‘ites activistes. Ils sont incontestablement ceux qui, par les antécédents
dont ils se réclament, par leur action de propagande et par leur hiérarchie fortement charpentée,
sans compter les compromissions qu’ils ont suscitées au sein même de la société ‘abbāside,
risquaient de peser le plus lourdement sur les destinées du califat. De fait, c’est le Šī‘isme qui
deviendra un moment, à partir du IVe/Xe siècle, la tendance politique dominante dans le monde
islamique.
12 Aussi ne faut-il pas s’étonner si les Rāfiḍa sont nommément pris à partie dans l’introduction du K.
muḫtalif al-ḥadīṯ, et si les griefs des gens de la Sunna à leur égard sont maintes fois développés
dans la suite du texte. D’ailleurs, le chapitre des ‘Uyūn intitulé al-ahwā’ wa-l-kalām fi l-dīn 14 est
en fait lui aussi consacré exclusivement aux diverses fractions šī‘ites et à leurs doctrines.
13 Mais on oublie trop facilement que le Ḫāriğisme est encore, lui aussi, la grande affaire de la fin du
IIe et du début du IIIe siècles. Non qu’il continue à mettre en péril la dynastie ‘abbāside ; le
5
Ḫāriğisme a cessé d’être une force politico-militaire réelle à la fin du IIe siècle. Les quelques
soubresauts des Ḥamziyya de l’Iran central sous al-Manṣūr et al-Ma’mūn sont les dernières
manifestations militaires ḫāriğites de quelque gravité. Mais le Ḫāriğisme demeure indésirable par
ses doctrines extrémistes, son éthique terroriste et les répercussions de ses conceptions rigides de la
notion de foi.
14 Or il semble bien que les Ḫāriğites, cités nommément eux aussi dans l’introduction du K. muḫtalif
al-ḥadīṯ, préoccupent Ibn Qutayba au moins autant, sinon plus que les Rāfida. On note d’ailleurs
un phénomène analogue dans les ‘Uyūn15 où un développement important est consacré aux
Ḫāriğites. S’ils semblent trouver grâce dans une certaine mesure aux yeux d’Ibn Qutayba par leur
courage et leur valeur militaire16, la réfutation de leurs doctrines paraît bien être un des soucis
dominants de l’auteur du K. muḫtalif al-ḥadīṯ. Si l’on considère les grands points de la doctrine
ḫāriğite — diversement dosés selon les sectes, certes, mais toujours présents —, on constate qu’ils
se trouvent abondamment traités, et naturellement réfutés à plusieurs reprises dans cet ouvrage.
15 Ainsi, si la justification de base du Ḫāriğisme réside dans son hostilité à ‘Alī , qui se trouve
excommunié, la méfiance d’Ibn Qutayba à l’égard du Šī’isme politique ne l’entraîne pas jusque-là,
bien au contraire : si ‘Alī n’a aucun droit à revendiquer l’héritage spirituel du Prophète, et encore
moins de ses descendants, il ne doit pas moins être considéré comme un Compagnon privilégié, au
même titre que les trois autres califes rāšidūn, et plusieurs autres grands Compagnons.
16 En outre, la plupart des Ḫāriğites interdisent la taqiyya, ou restriction mentale. Or celle-ci, sous le
nom de tawriya, fait l’objet au § 41, d’une longue et intéressante justification, sur laquelle on
reviendra.
17 Les Ḫāriğites ont généralement tendance à minimiser la Sunna et à donner au Coran une place
excessive. Or à maintes reprises, Ibn Qutayba fait état du célèbre ḥadīṯ sunnite : « La Sunna
l’emporte sur le Livre, et non le Livre sur la Sunna », avec une faveur toute particulière.
18 A l’attitude intransigeante des Ḫāriğites relativement aux notions de foi et de takfīr ressortit
l’attitude qu’ils préconisent à l’égard des enfants de polythéistes ou d’adversaires du Ḫāriğisme en
général : si certains montrent quelque mansuétude à l’égard des impubères, et en tout état de cause
avant le prononcer de la šahāda, la plupart admettent sans réserve la licéité de la suppression de la
famille entière des opposants. Or le ḥadīṯ permet à Ibn Qutayba de réfuter cette doctrine barbare :
le Prophète a en effet déclaré que les meilleurs parmi les Compagnons étaient des enfants de
polythéistes (section LXXXIII). Attitude de bon sens, attitude humaine, certes, mais aussi prise de
position nette contre la doctrine ḫāriğite.
19 On pourrait encore relever nombre de passages très nettement en réaction contre les doctrines
ḫāriğites : ainsi la prise de position en faveur de la lapidation17, en faveur du niṣāb en matière de
vol (« Pas ďamputation pour un vol inférieur à un quart de dinar »)18 etc...
20 On n’a pas été sans remarquer d’ailleurs que chaque fois que sont nommées les quatre « sectes de
base » dans cet ouvrage, les Ḫāriğites viennent en premier, ce qui n’est généralement pas le cas
chez les auteurs qui font état de ces quatre sectes. Ainsi, le célèbre ḥadīṯ de ‘Abd Allāh b. Mubārak
dans les ouvrages de type ḥanbalite, cite généralement les Ḫāriğites en dernier lieu.
21 Tout cela ne laisse pas de montrer que la réfutation des doctrines ḫāriğites a une grande place dans
les préoccupations d’Ibn Qutayba telles qu’elles se manifestent dans le K. muḫtalif al-ḥadīṯ.
22 Comme on l’a vu, l’appellation de Mu‘tazila ne figure que deux fois dans cet ouvrage. Le mot ne
figure pas non plus dans les autres opuscules théologiques (Masā’il, Lafẓ...) ni dans les ‘Uyūn. Il
semble d’ailleurs que d’une façon générale, à l’époque d’Ibn Qutayba, les Mu‘tazila soient assimilés
le plus souvent aux Qadariyya19. Ibn Qutayba paraît bien avoir englobé tous les grands chefs de
6
file du Mu‘tazilisme sous l’appellation de Qadariyya. C’est ce qui explique l’absence du mot
mu‘tazila dans ses ouvrages. Il admet en effet que la totalité des aberrations de ceux qu’on
appellera désormais les Mu‘tazilites procède fondamentalement de leur doctrine du libre arbitre.
23 Il va sans dire que la doctrine du libre arbitre telle qu’elle est généralement professée par les «
Qadarites » et les philosophes se trouve réfutée en maint endroit du K. muḫtalif al-ḥadīṯ. Il
suffira de se reporter à l’index du présent ouvrage pour retrouver ces passages.
24 Toutefois, on verra plus loin comment il apparaît plus ou moins en filigrane qu’Ibn Qutayba est loin
de partager le déterminisme étroit des Muğbira, et en particulier des Ḫāriğites. On verra même
qu’en plusieurs passages de son œuvre remarquablement concordants, Ibn Qutayba semble bien
exclure formellement la question du Qadar des points de doctrine fondamentaux (uṣūl), et la
ranger sans ambages parmi les furū‘.
25 La quatrième secte, par ordre d’importance à notre avis qui se trouve au centre des préoccupations
d’Ibn Qutayba est celle des Murği’a, abstentionnistes et attentistes, qui excluent les œuvres, de la
définition de la foi. Il s’ensuit que pour eux la foi n’a pas de degrés, et qu’elle est la même pour tous
les hommes, ainsi que pour les Prophètes et les anges.
26 On verra que sous ce rapport, Ibn Qutayba est en désaccord complet avec eux, qu’il partage
entièrement la conception hanbalite des divers degrés de la foi, et que, contre les Murği’a et les
mystiques, il accorde autant de prix aux œuvres qu’à l’intention.
***
27 Telles sont les quatre tendances que, dans son Introduction, Ibn Qutayba accuse nommément
d’exploiter le ḥadīṯ à des fins suspectes, en précisant sa pensée tout au long de l’ouvrage. Il y ajoute
, nommément également, deux tendances qui paraissent n’avoir pas été l’apanage de sectes à
proprement parler, celle des Mufawwiḍa, dans lesquels, à en juger par les ḥadīṯ-s cités, il faut voir
une variété de Muğbira, ainsi que les gens du Bada’, qui professent la mutabilité de la science
divine (cf. index) et se rattachent aux Rāfiḍa.
28 On constate ici que, comme c’est généralemnt le cas chez les auteurs ḥanbalites, la secte des
Ğahmiyya ne figure pas dans cette liste de base. L’omission pourrait bien être accidentelle, car le
K. al-iḫtilāf fī l-lafẓ de notre auteur, qui peut-être considéré comme un muḫtaṣar du K.
muḫtalif al-ḥadīṯ, porte en sous-titre : al-radd ‘alā l-Ğahmiyya wa l-Mušabbiha. Ce souci de
conserver une position intermédiaire entre les négateurs des attributs et les anthropomorphistes,
qui culmine dans la doctrine hanbalite de la balkafiyya, ressortit au principe du « juste milieu »
cher aux Ḥanbalites également. Il montre déjà le bout de l’oreille dans ce paragraphe liminaire du
K. muḫtalif al-ḥadīṯ où Ibn Qutayba, dans la liste des sectes qui exploitent le ḥadīṯ à des fins
partisanes, introduit deux rubriques relatives au ḥadīṯ exploité par « les adversaires des Murği’a »
et par « les adversaires des Rāfiḍa ». Curieuses expressions en vérité, où perce un tempérament de
conciliateur sans compromission qui apparaîtra en pleine lumière dans le troisième chapitre de
l’ouvrage.
***
tendance à l’anthropomorphisme (reproche majeur comme on le sait), et les contradictions dont ils
ne veulent pas s’aviser.
30 C’est là qu’Ibn Qutayba expose son propos véritable : devant l’hostilité des sectes, il convient de
défendre la Tradition et ses représentants, et montrer en quoi les attaques de ses adversaires sont
injustifiées. Les quelques considérations amorcées ici seront d’ailleurs reprises au chapitre II, qu’on
analysera plus loin.
***
31 Au Chapitre I, notre auteur aborde un exposé fort précieux pour nous, puisqu’il consiste
essentiellement dans un certain nombre de notices non point biographiques, mais
hérésiographiques sur les principaux chefs de file des différentes tendances du kalām et du ra’y (
Section B). Les trois tendances dont on a parlé plus haut : Mu‘tazila, falsafa, Ḥanafisme, sont
brillamment représentées.
32 Le kalām mu‘tazilite proprement dit l’est par Ibrahim al-Naẓẓām, Abū l-Huḏayl al-‘Allāf, ‘Ubayd
Allāh b. al-Ḥasan, Ṯumama b. al-Ašras, et enfin Bakr al-‘Ammī, dont on peut dire qu’il représente
une forme de kalām sunnite et mystique. La falsafa est représentée par Muḥammad b. al-Ğahm al-
Barmakī20. Le Ḥanafisme, à tout seigneur, tout honneur, par Abū Ḥanīfa.
33 Il faut faire une place à part à Hišām b. al-Ḥakam, qui représente la théologie rāfiḍite sous sa forme
mu‘tazilite, et surtout à al-Ğāḥiẓ... qu’on ne sait trop sous quelle rubrique ranger 21 ! Ibn Qutayba
lui-même se contente de l’appeler « le dernier des mutakallim-s ».
34 Certaines de ces notices se limitent à la condamnation d’une opinion du personnage auquel elles
sont consacrées, sur un point précis ; d’autres renferment un exposé assez complet des doctrines de
ce personnage, avec leur réfutation méthodique 22. Certaines de ces réfutations sont assez
superficielles. On pense en particulier à quelques citations relatives à la métaphysique d’Abū l-
Huḏayl al-‘Allāf qu’Ibn Qutayba se borne à tourner en dérisioN23. On a déjà dit à quel point notre
auteur était réfractaire à la falsafa.
35 Beaucoup toutefois sont fort intéressantes, quoique naturellement très partiales. Il paraît
hasardeux de faire fonds sur les notices d’Ibn Qutayba pour en tirer la quintessence des doctrines
mu‘tazilites. C’est d’ailleurs généralement le cas des textes sunnites. Aussi bien n’est-ce pas là notre
propos24.
36 Deux de ces notices ont à nos yeux un intérêt particulier — quoique pour des raisons très
différentes : d’abord, celle relative à al-Ğāḥiẓ , où cet auteur se trouve campé avec beaucoup
d’exactitude et de perspicacité. Le caractère sceptique et destructeur de toute la pensée ďal-Ğāḥiẓ y
est magistralement analysé en quelques phrases25.
37 L’autre est la notice sur Muḥammad b. al-Ğahm al-Barmakī ; elle nous révèle en effet un
personnage mal connu, mais qui doit avoir joué un rôle non négligeable pendant l’âge d’or du
Mu‘tazilisme, au début du IIIe/IXe siècle. Déjà , dans l’introduction du K. adab al-kātib, Ibn
Qutayba prenait vivement à partie ce personnage qui paraît avoir incarné pour lui tout ce qu’il
consacra sa vie à combattre : falsafa, šu‘ūbiyya, scepticisme et amoralité 26.
***
38 Après cette revue des principaux représentants du kalām, Ibn Qutayba développe les raisons qui
doivent inciter à la défiance à l’égard de celui-ci (Section C). Pour lui, le kalām est avant tout un
8
n’étaient en fait rien d’autre que des séances d’entraînement à la dialectique spéculative, à l’usage
des propagandistes dont toutes les sectes islamiques ont toujours rêvé d’inonder le monde. On
reviendra sur ce point capital de la biographie de notre auteur.
40 Ibn Qutayba passe ensuite (Sections D et E) à l’exégèse hétérodoxe. Ce passage, précieux pour
l’histoire de l’exégèse, offre quelques exemples des acrobaties auxquelles se livraient les sectes pour
ajuster le Coran à leurs doctrines. Chose curieuse, dans ce passage tout au moins, on constate que
les sollicitations au texte sont essentiellement de nature sémantique. Il n’apparaît pas que les
Mu‘tazilites aient touché au texte lui-même ; ils semblent s’être contentés d’en interpréter les
termes en conformité avec leurs doctrines.
41 Il n’en va pas de même de l’exégèse rāfiḍite, dont Ibn Qutayba stigmatise très énergiquement les
aberrations. Son principal grief concerne le ğafr, ce mystérieux document que les Rāfiḍa
prétendent tenir de Ğa‘fiar al-Ṣādiq, et où seraient consignées toutes les connaissances humaines
jusqu’à la fin es temps. On sait que l’un des rôles de ce document, dont l’existence sera notamment
invoquée par les Ismaéliens et les Fāṭimides, est d’expliciter le Coran, d’une part en traduisant en
clair les nombreuses allusions que les Rāfiḍa y veulent voir à des personnages célèbres des premiers
temps de l’Islam, et d’autre part en rétablissant le texte de l’archétype, altéré selon eux à des fins
partisanes, pour évincer du pouvoir les descendants de ‘Alī et de Fāṭima. Le loyalisme ‘abbāside
d’Ibn Qutayba, dont on parlera plus loin, s’accommode mal de ces prétentions.
***
42 Au Chapitre II, Ibn Qutayba entreprend l’apologie des gens du ḥadīṯ. Le trait commun de toutes
les tendances étudiées sommairement au chapitre précédent étant la désaffection à l’égard de la
Sunna ; il convient de remettre celle-ci en honneur, et pour cela de la défendre dans sa lettre, dans
son esprit et dans ses représentants. La lettre, et surtout l’esprit feront l’objet du Chapitre III. C’est
la défense des tenants de la Tradition qui fait l’objet du Chapitre II.
43 Si les doctrines exposées au Chapitre I constituent pour Ibn Qutayba un ramassis hétéroclite
d’opinions individuelles divergentes, voire contradictoires 28, la marque de la Tradition est
l’unanimité de ses représentants (iğmā‘). Or ses représentants sont par ordre chronologique les
Compagnons, ou tout au moins les contemporains du Prophète , les hommes de la génération
suivante ou Suivants, ainsi que leurs disciples des générations postérieures dans la mesure où ils
ont été les dépositaires fidèles de la Sunna. C’est là la définition de l’iğmā‘ tel qu’il est admis par
les Ḥanbalites. L’usage du ra’y (opinion personnelle) est proscrit, de même que l’usage de l’istiḥsān
(critique subjective), qui n’est en fait qu’une forme de ra’y.
9
44 Une seule catégorie de penseurs originaux trouve grâce aux yeux d’Ibn Qutayba : celle des
muğtahid-s, dont la définition telle qu’elle ressort du K. muḫtalif al-ḥadīṯ est la suivante : ce
sont les représentants authentiques de la Sunna dont la pensée originale est de nature à entraîner
l’adhésion de leurs contemporains. Ils sont donc un véritable catalyseur de l’iğmā‘. Les grands
muğtahid-s sont essentiellement représentés par Sufyān al-Ṯawri, Mālik b. Anas, al-Awzā‘ī, Šu‘ba,
al-Layṯ b. Sa‘d, et quelques autres postérieurs, dont notamment Ibn Ḥanbal 29. La plupart, comme
Mālik, Ibn Ḥanbal, et de façon plus éphémère al-Awzā‘i et Sufyān, sont des fondateurs d’école.
45 Outre ces représentants authentiques de la Tradition, il existe toute une gamme de zélateurs du
ḥadīṯ dont Ibn Qutayba dénonce les excès, sans toutefois les condamner sans appel 30. C’est à eux
qu’on doit la prolifération des ḥadīṯ-s apocryphes ou « faibles » qu’il convient de passer au crible
d’une sévère critique. Mais dans leurs excès mêmes, ces zélateurs sont moins suspects aux yeux
d’Ibn Qutayba que leurs adversaires. Leur zèle parfois intempestif ne condamne en rien le ḥadīṯ au
fond. Comme on l’a dit, une critique vigilante doit pallier l’absence de discernement de
transmetteurs souvent bien intentionnés.
***
46 Le Chapitre III est réservé à la critique du ḥadīṯ proprement dite. En CIX sections plus ou moins
développées selon l’importance du sujet, Ibn Qutayba expose la « proposition » des adversaires de
l’orthodoxie (qālū), puis la « réponse » qu’il suggère au nom de la Sunna (wa naḥnu naqūl, ou
encore qāla Abū Muḥammad)31. Cette critique nous intéresse à deux titres :
1. elle vise à déterminer la qualité et la valeur intrinsèques des ḥadīṯ-s incriminés ;
2. elle révèle les éléments de la ‘aqīda d’Ibn Qutayba, relativement à tous les grands points de dogme, de
droit, d’éthique, et accessoirement de philologie.
47 Il va sans dire enfin que ce chapitre est particulièrement intéressant pour l’étude de la méthode
critique de notre auteur, qu’on ne saurait d’ailleurs analyser sans donner un aperçu de celle qu’il
prête à ses adversaires.
***
48 Les rubriques constituées par les adversaires de la Tradition pour en démontrer les divergences
(iḫtilāf), les contradictions (tanāquḍ) ou les inconséquences (takḏīb al-āḫir li-1-awwal) sont les
suivantes :
1. le ḥadīṯ est en contradiction avec le Coran ;
2. le ḥadīṯ est en contradiction avec un ou plusieurs autres ḥadīṯ-s ;
3. le ḥadīṯ comporte des contradictions internes ;
4. le ḥadīṯ comporte des affirmations suspectes (c’est le cas notamment des ḥadīṯ-s anthropomorphistes
).
***
Il faut bien dire que les critères de réfutation adoptés par Ibn Qutayba sont en gros les mêmes que
ceux de ses adversaires. N’oublions pas qu’il avoue lui-même s’être exercé à la dialectique
spéculative dans sa jeunesse. Combattre l’adversaire sur son propre terrain et avec les mêmes
armes est d’ailleurs un des traits caractéristiques des ouvrages de polémique hérésiographique de
tous les temps et de tous les pays. On évoquera ici Pascal et les Provinciales, sans parler de
l’énorme fatras de pamphlets en tous genres qui fleurit en Occident aux XVIe et XVIIe siècles sur le
problème du déterminisme et du libre arbitre, c’est-à-dire sur l’un des principaux problèmes
abordés par l’auteur du K. muḫtalif al-ḥadīṯ.
50 On ne saurait donner de meilleur exemple de cette reprise systématique des arguments adverses
que le § 182 où (à propos d’un ḥadīṯ prétendument infirmé par le Coran et la réflexion spéculative
), il réplique en invoquant le Coran, la réflexion spéculative, et même pour faire bonne mesure la
raison et la tradition historique.
51 On citera encore les § 260c, 260d, 304c, et 334 où il déclare faire abstraction de toute considération
proprement religieuse, et vouloir raisonner en faylasūf. On rappelle ici que pour les Arabes, la
falsafa ressortit beaucoup plus à la philosophie naturaliste, voire simplement à la science
d’observation qu’à la philosophie spéculative, et notamment à la métaphysique qui est au fond
partie intégrante du kalām.
52 Toutefois, la méthode d’Ibn Qutayba présente certains traits originaux qu’on tentera de dégager ici.
53 Dans sa critique interne du ḥadīṯ, il convient d’examiner de plus près l’usage qu’il fait d’un critère
de poids s’il en fut : le texte coranique. Une apparente contradiction entre un ḥadīṯ et le Coran ne
constitue pas toujours pour Ibn Qutayba un motif suffisant d’élimination.
54 Il va de soi que dans la grande majorité des cas, un ḥadīṯ en contradiction formelle et irréfutable
avec le Coran parait devoir être à tout le moins considéré comme suspect. Toutefois, dans un souci
de conservatisme évident, Ibn Qutayba y découvrira chaque fois qu’il le pourra une altération
imputable à un transmetteur. Le procédé, de nature philologique, est facile et notre auteur n’a pas
su y résister. On citera en particulier les §§ 40g (Ibn Mas‘ūd a, ou n’a pas assisté à la « nuit des
Génies ») et 140 (sur l’an Cent).
55 Il reste que dans un nombre de cas limité, mais non négligeable, la Sunna prend le pas sur le
Coran. Cette attitude assez inattendue, qu’on justifie par deux ḥadīṯ-s célèbres 34 s’explique assez
par l’évolution de la société islamique, dont les conditions de vie pouvaient difficilement être régies
par des dispositions coraniques révélées deux siècles auparavant. C’est en outre une attitude prise
en réaction contre la doctrine ḫāriğite de l’exclusivité du Coran en tant que source de la Loi.
56 Le cas de l’amputation est typique. Le Coran stipule l’amputation pour vol, sans autre précision. Le
Prophète renchérit sur cette disposition par le ḥadīṯ « Quiconque vole un œuf, sa main sera
coupée ; quiconque vole une corde, sa main sera coupée ». Mais plus tard intervient le ḥadīṯ « Pas
d’amputation pour un vol inférieur à un quart de dinar »35. On est fondé à dater ce ḥadīṯ d’une
11
chef de file des gens du ḥadīṯ. Il va de soi que nous n’avons pas tenté de retrouver toutes les
versions différentes d’un même ḥadīṯ. Ce travail harassant serait hors de proportion avec l’intérêt
véritable qu’on peut en attendre. L’index des ḥadīṯ-s donné à la fin du présent ouvrage permettra
le cas échéant de se livrer à ce labeur.
64 Mais des sondages somme toute assez approfondis auxquels on s’est livré56, il ressort que les textes
ne concordent presque jamais exactement. Tout se passe comme si pour Ibn Qutayba — et ses
contemporains — la lettre des ḥadīṯ-s n’offrait qu’une importance limitée eu égard au fond. On
peut penser que la fixation du texte des ḥadīṯ-s fut assurée par les auteurs des grands recueils, et
qu’avant cette fixation le texte présentait moins d’importance qu’on ne l’imagine généralement, ou
tout au moins était sujet à des variantes auxquelles on ne prêtait qu’une attention limitée 57.
65 Ceci confirme d’ailleurs les constatations faites par Goldziher58, montrant que si la fidélité textuelle
était recommandée, l’accroissement de la matière autorisa très vite à s’en tenir au sens. Goldziher
constate le fait pour le IVe siècle, mais il semble bien que dès le IIIe, les traditionnistes pouvaient
déjà s’en tenir au sens sans trop s’attacher à la lettre. Telle paraît bien avoir été la doctrine d’Ibn
Qutayba dans le K. muḫtalif al-ḥadīṯ.
66 Il ne saurait être question ici d’exposer en détail les idées d’Ibn Qutayba dans les divers domaines
de la pensée. On se réserve de le faire dans une étude d’ensemble, en faisant la part des autres
ouvrages de cet auteur.
67 On se bornera ici à un bref aperçu de ses opinions telles qu’elles ressortent du K. muḫtalif al-
ḥadīṯ.
68 Le problème des attributs de Dieu n’est à vrai dire nulle part abordé en termes théologiques. On ne
trouve que deux fois la mention expresse des attributs dans l’ouvrage59. En revanche, si cette notion
ne paraît pas encore nettement conceptualisée60, il n’en est pas moins traité abondamment,
quoique de manière diffuse, tout au long de l’ouvrage.
69 Au premier abord, l’attitude d’Ibn Qutayba relativement au Qadar semble s’affirmer sans
ambiguïté : elle procède d’un déterminisme assez strict, puisque tout acte humain n’est que la
traduction (adā’) de la volonté divine61. C’est Dieu qui guide le bras ou la langue62 ; tout être
humain reçoit, dès le stade embryonnaire, son statut définitif de bienheureux ou de réprouvé 63 ;
enfin Dieu fait ce qu’il veut64.
70 A y regarder de plus près toutefois, ce déterminisme 65 est tempéré par nombre de remarques dont
certaines semblent parfois quelque peu contradictoires, mais qui dans l’ensemble révèlent une
attitude extrêmement nuancée, en certains cas, dirait-on, à la limite des positions sunnites.
71 A plusieurs reprises, d’abord, il affirme que même si l’homme n’est que la cause instrumentale
(sabab) par laquelle se traduit la volonté divine66, cela ne doit pas l’empêcher d’agir avec décision
(ḥazm)67. Un passage des ‘Uyūn68 prouve à l’évidence que cette attitude d’Ibn Qutayba a sa source
dans l’éthique indo-iranienne, moins réfractaire à l’action profane que l’éthique spiritualiste des
religions révélées du Proche-Orient.
72 D’autre part, on relève une contradiction flagrante entre les deux passages relatifs aux attributs
dont on a fait état plus haut. Le premier69 déplore l’attitude des adversaires du ḥadīṯ en ces
termes : « Si au moins ces divergences touchaient des points de doctrine secondaires (furū‘)... Mais
leurs divergences concernent le dogme de l’Unicité, les Attributs divins, la Toute-Puissance divine
(qudra)... Ces gens ne peuvent se retenir de passer ces dogmes fondamentaux (uṣūl) au crible de
leur critique subjective... »70. Jusque-là, rien que de parfaitement orthodoxe, n’était toutefois que la
qudra se trouve curieusement dissociée des attributs en général.
13
73 Mais plus loin71 un autre passage affirme tout aussi clairement que la question des attributs — on
précise ici que le chapitre concerne spécialement le Qadar — n’est pas de nature à entraîner la
damnation : « Il arrive que certains Musulmans se trompent au sujet des attributs. On ne les
déclare pas voués à l’enfer pour autant ; on renvoie leur affaire à qui les connaît mieux, eux et leurs
intentions ».
74 On ne saurait être plus catégorique, et plus contradictoire.
75 C’est en un autre passage qu’on va pouvoir déceler le véritable sentiment d’Ibn Qutayba sur le
problème du Qadar. Au § 158a, il classe délibérément le Qadar parmi les furū‘, sur le même plan
que la friction des chaussures et la répudiation triple. On hésitait à adopter cette leçon du texte,
quitte à attendre une meilleure édition, lorsqu’on a pris connaissance du passage correspondant
des Masā’il72, littéralement identique.
76 Aucun doute ne subsiste donc plus désormais : le déterminisme professé par Ibn Qutayba est une
attitude de surface, commandé par la structure générale de son corps de doctrine. En fait, cet
homme est profondément conscient du fait qu’un strict déterminisme religieux entrave le
développement de la personne humaine et de la société. Mais prisonnier de ses principes, et
probablement aussi de ses relations, il ne laisse transparaître son véritable sentiment qu’avec une
extrême prudence, et comme par inadvertance.
77 Le problème des attributs est connexe de celui de l’anthropomorphisme (tašbīh), cheval de
bataille de la plupart des sectes. C’est notamment l’un des principaux griefs relevés contre les gens
de la Sunna par les Mu‘tazilites qui, sous l’influence de la pensée grecque , ont tendance à
transformer la divinité en une abstraction. L’allure anthropomorphiste de la prédication coranique
a été assez souvent remarquée pour qu’il soit inutile de la rappeler ici. Il y est souvent question de
la main, du trône et de divers attributs de Dieu qui rappellent étrangement les conceptions du
paganisme antique. Le ḥadīṯ a suivi le Coran sur ce terrain73 et présente lui aussi souvent des
représentations nettement anthropomorphistes, prêtant le flanc aux attaques du kalām74.
78 Or la position d’Ibn Qutayba est catégorique. Qu’il s’agisse de Dieu75, de la description du Paradis76
ou même du Coran77, il convient de s’en tenir à la lettre du texte, et de croire sans s’interroger sur
les modalités (kayfiyya) de ces représentations.
79 Il en va de même de ses conceptions en matière d’angélologie. Les anges, les démons et les génies
sont des êtres spirituels créés78 qui ont le pouvoir de se manifester sous des formes très diverses (
humains, animaux, etc...). Toutefois, ces formes apparentes sont sans commune mesure avec la
véritable nature des anges et des démons, laquelle ne saurait être directement perçue par les
hommes. Nous ignorons leur « comment » (kayfiyya).
80 On reconnaît là Γ une des idées les plus chères à Ibn Ḥanbal.
81 L’attitude nuancée prise par Ibn Qutayba en matière d’attributs ne se retrouve pas dans sa
conception de la nature du Coran, pour lui le Coran est incréé, sans discussion ni restriction 79, car
il est la parole de Dieu. L’homme n’est que la cause instrumentale (sabab), le véhicule de cette
parole qu’il ne fait que reproduire (addā), de même que le dépositaire n’a aucune part au bien qui
lui est confié, puis qu’il restitue80. Lorsqu’un exemplaire du Coran est jeté au feu, on ne saurait dire
que le Coran brûle — sans pour autant y voir un miracle : le support et l’encre disparaissent, mais
la Parole demeure81.
82 On a réservé un index spécial aux nombreuses citations coraniques de ce livre. En effet, il nous est
apparu que nombre des commentaires fragmentaires d’Ibn Qutayba éclairent parfois d’un jour
nouveau certaines difficultés du texte coranique. Cette exégèse, qu’il appelle d’ailleurs
régulièrement ta’wīl, et non tafsīr82 est à peu près exclusivement philologique83. Elle se tient bien
14
91 Au reste, Dieu est seul juge, et tout au plus peut-on espérer l’intercession du Prophète 97.
92 Parallèlement, l’infidélité a elle-même deux degrés : l’infidélité sur des points de doctrine
essentiels (aṣl), qui exclut d’office l’individu de la communauté, et l’infidélité sur des points de
doctrine secondaire (far‘) parmi lesquels on a déjà dit qu’Ibn Qutayba rangeait le problème du
Qadar, trahissant ainsi un certain aspect artificiel et opportuniste de sa doctrine.
93 On voit assez que cette définition de la foi, sunnite par excellence, est dirigée à la fois contre la
conception ḫāriğite, monolithique et extrémiste, et celle des mystiques autant que des bāṭinites, qui
récusent les œuvres en tant que partie intégrante de la foi.
94 Ibn Qutayba, sans en faire une méthode d’élaboration juridique consciente , applique une
méthodologie.
95 Il est superflu d’indiquer que les deux bases essentielles du fiqh sont pour lui le Coran et la Sunna,
dont on a plus haut défini les rapports.
96 Le consensus (igmā‘) est celui des Compagnons, des Suivants et des Muğtahid-s qui au reste
cumulent souvent cette qualité avec l’une ou l’autre des deux premières. Ceci paraît donc coïncider
avec la conception ḥanbalite de l’iğmā‘. Toutefois, un point a attiré notre attention : au § 29, de
façon très catégorique, il affirme la validité du consensus populaire (iğmā‘ al-‘āmma). Il précise
qu’il s’agit de la ‘āmmat al-amṣār, c’est-à-dire de la population des grandes villes de l’Islam
primitif, au premier rang desquelles figure Médine ; on va voir pourquoi on le rappelle. On constate
déjà par ce trait qu’Ibn Qutayba élargit notablement l’iğmā‘ des Ḥanbalites.
97 Mais en outre, un autre passage dénote une opinion nettement étrangère à la doctrine d’Ibn
Ḥanbal : au § 288, à propos d’un ḥadīṯ concernant, l’istinğā’, il déclare : « Nous prétendons que la
vérité s’affirme pour nous par l’iğmā‘ beaucoup plus que par la tradition (riwāya). Le ḥadīṯ est
sujet à des accidents... Il peut être sujet à caution ... Le consensus, lui, est à l’abri de ces
vicissitudes ». C’est là, on le sait, l’un des fondements de la méthodologie mālikite.
98 Si l’on rapproche ces deux passages, il est permis de conclure que la doctrine de l’iğmā‘ chez Ibn
Qutayba ne laisse pas d’avoir des affinités certaines avec les conceptions de Mālik.
99 On rappellera ici que si ‘Abd Allāh b. Qutayba n’a été annexé par aucune école, ses descendants
directs Ahmad et ‘Abd al-Wāḥid98 figurent en bonne place dans tous les grands recueils de
biographies mālikites.
100 En revanche, le ra’y, ou usage de l’opinion personnelle, est formellement exclu 99 ainsi que tous ses
succédanés : istiḥsān100 et à plus forte raison naẓar et ‘aql, dont on a vu qu’ils étaient des critères
extra-sunnites. La condamnation des Hanafites est basée sur la récusation de l’opinion personnelle
en tant que fondement de la loi. Il n’est pas inutile de rappeler que le ra’y n’a jamais été proscrit
par Mālik, bien au contraire , ce qui interdit de classer Ibn Qutayba parmi les disciples
inconditionnels du grand médinois.
101 Le qiyās n’a pas davantage la faveur d’Ibn Qutayba. Il en use bien une fois sciemment 101 pour
réfuter une assertion mu‘tazilite elle-même basée sur le raisonnement analogique, mais en général,
il lui est aussi suspect que les autres modes de raisonnement. On trouve au § 71 un échantillon des
diverses aberrations et absurdités auxquelles aboutit le raisonnement analogique. Meilleur logicien
— à la mode islamique s’entend — qu’il n’y paraît, Ibn Qutayba y condamne précisément le qiyās
en raison de sa seule justification, à savoir le fait que le cas de base (aṣl) et le cas particulier (far‘)
ne sont pas de même nature. Il récuse donc cette « hiérarchie positive » qui est la condition de
validité du qiyās102. Comment ne pas faire de rapprochement avec la constante attitude de
méfiance des disciples d’Ibn Ḥanbal à l’égard du qiyās ?
16
102 L’éthique d’Ibn Qutayba se trouve exposée méthodiquement dans les ‘Uyūn. Mais on ne traite pas
des grands problèmes théologico-politiques de l’Islam sans laisser apparaître son propre idéal du
comportement public et privé des individus. Plusieurs points nous ont paru intéressants, et en
quelque sorte complémentaires des thèses développées dans les ‘Uyūn.
103 Un long passage103 est consacré à la justification de la restriction mentale (tawriya) et des
ma‘ārīḍ (propos ambigus) qui en sont une forme atténuée 104. On sait que la dissimulation par
restriction mentale, appelée plus souvent kitmān ou taqiyya, est une attitude généralement
admise, voire recommandée chez les Musulmans. Ainsi en est-il du Musulman qui se voit contraint
d’abjurer l’Islam, ou du Musulman ši‘ite, par exemple, qui doit vivre en milieu sunnite. C’est ainsi
que les sectes bāṭinites érigent en principe la dissimulation en parole et en écrits, ce qui explique
leur penchant pour le ta’wīl. C’est une des raisons pour lesquelles l’Ismaélisme a pris dès sa
naissance ce caractère rebutant de société secrète qui rend si difficile l’étude de son histoire 105.
104 Ce n’est évidemment pas sous cet angle que notre auteur envisage cette question. Il s’agit seulement
de justifier une attitude ambiguë de Ḥuḏayfa b. al-Yamān, dont les gens du kalām tirent parti
pour récuser ce transmetteur.
105 Notre janséniste se fait alors casuiste et fournit quelques exemples de restriction mentale qui
évoquent curieusement Pascal et la Neuvième Provinciale106.
106 Faut-il voir de la tawriya dans les Introductions des ouvrages d’Ibn Qutayba où il préconise avec
chaleur une certaine vulgarisation de la culture107 ? On pourrait se le demander en présence de
l’étrange profession de foi obscurantiste du § 296a : « Tous les peuples, arabes ou persans ,
confessent que Dieu est au ciel dans la mesure où ils sont restés dans leurs dispositions naturelles et
où ils n’en ont pas été arrachés par l’enseignement (ta‘līm) ! » La nouvelle édition de
l’ouvrage nous dira si ce passage est bien établi. Dans l’affirmative, il faut se rendre à l’évidence :
Ibn Qutayba considère ici que l’ « instruction » est l’ennemie de la foi. On savait déjà que pour lui la
religion était incompatible avec l’exercice de certaine gymnastique cérébrale 108, mais nulle part il
n’exprime aussi crûment une apparente méfiance à l’égard de la culture de l’esprit. On se demande
s’il ne faut pas entendre ici « l’enseignement du kalām » ou simplement « l’enseignement
dogmatique », comme l’entend al-Ġazāli 109. On aimerait le croire ; mais on n’en est pas moins
surpris de cette curieuse phrase échappée à... un auteur de manuels.
107 On a vu que le K. muḫtalif al-ḥadīṯ avait été composé sur demande, pour aider au renversement
de la tendance qui avait prévalu pendant le second quart du IXe siècle. Il s’ensuit que beaucoup de
thèses politiques sont sous-jacentes dans cet ouvrage.
108 Or la nature de l’Islam est telle qu’aucune théorie politique ne saurait s’y limiter à des
considérations sur l’état actuel, voire idéal du régime et de la société contemporains. La politique
islamique, toujours embarrassée de son passé, ne manque jamais de prendre pour base de référence
la situation de la Communauté aux premiers temps de l’Islam. C’est pourquoi le problème de la
hiérarchie des Compagnons, notamment des quatre premiers califes est si important , et c’est
pourquoi les questions dynastiques, brûlantes au temps d’Ibn Qutayba et latentes encore à l’époque
contemporaine, en sont inséparables.
109 Aucune secte musulmane modérée n’a jamais nié la précellence d’Abū Bakr et de ‘Umar parmi les
Compagnons. A plus forte raison les représentants de la Sunna, et singulièrement Ibn Qutayba.
110 En revanche, l’avènement des Umayyades déclencha des polémiques interminables à propos des
mérites respectifs de ‘Uṯmān et de ‘Alī, polémiques dont on voit clairement la signification politique
actuelle jusqu’à la fin de la dynastie umayyade. Sous les ‘Abbāsides, la querelle aurait pu devenir
moins brûlante, mais elle se trouve attisée par la permanence des prétentions ‘alides qui , en
17
contrepartie, entretient dans certains milieux une vénération agissante pour ‘Uṯmān et Mu‘āwiya
.
110
111 Les dangers de ces divers « cultes de la personnalité », même rétrospectifs, étaient grands pour le
régime ‘abbāside, et, plus profondément, pour la cohésion de la Communauté.
112 C’est pourquoi un mouvement de « réconciliation sunnite » naît au IXe siècle parmi les champions
de la solidarité communautaire. Il est superflu de rappeler qu’Ibn Ḥanbal en est le principal
protagoniste.
113 Or Ibn Qutayba se révèle dans son œuvre comme un fervent défenseur des ahl al-Sunna wa-l-
Ğamā‘a. De là, sur le problème des Compagnons et la question dynastique, sa position identique à
celle d’Ibn Ḥanbal.
114 ‘Uṯmān apparaît peu dans le K. muḫtalif al-ḥadīṯ. Un seul passage caractéristique suffira
cependant pour révéler le sentiment d’Ibn Qutayba à son sujet111. L’anecdote est la suivante : Abū
Bakr et ‘Umar se présentent successivement chez le Prophète, qui se prélasse en tenue négligée et
ne prend pas la peine de se couvrir. Arrive ‘Uṯmān, devant lequel Muḥammad cache
immédiatement sa nudité en disant : « Comment n’aurais-je pas honte devant cet homme ? Les
anges eux-mêmes ont honte devant lui ! » Visiblement, ce ḥadīṯ vise à rehausser les mérites de
‘Uṯmān en face des autres Compagnons.
115 Cependant, Ibn Qutayba attribue la réaction du Prophète au fait que ‘Uṯmān s’était joint à Abū
Bakr et à ‘Umar, et que trois personnes constituent déjà un « public »112. Or il convient de couvrir
sa nudité en « public ».
116 De toute évidence, ce commentaire est destiné à réduire les mérites de ‘Uṯmān à de plus modestes
proportions, en le plaçant exactement sur le même pied que les autres Compagnons privilégiés.
117 L’attitude d’Ibn Qutayba envers ‘Alī procède de la même intention. Elle est toutefois plus passionnée
, plus agressive même en raison de l’actualité plus grande du problème šī‘ite. Le cas de ‘Alī est
abordé à maintes reprises, directement ou indirectement 113 : il n’est nullement impeccable ni
infaillible114 et ne saurait être assimilé à un prophète115, encore moins divinisé116. L’héritage
spirituel du Prophète ne lui est pas spécialement dévolu117. Les Šī‘ites extrémistes qui vont jusqu’à
diviniser ‘Alī sont condamnés sans appel118.
118 ‘Uṯmān et ‘Alī rentrent ainsi dans le rang, et l’opposition dynastique dont ils sont les symboles se
trouve stigmatisée du même coup.
119 Toutes ces prises de position convergent et culminent dans le solide légitimisme ‘abbāside d’Ibn
Qutayba. On entend par là une fidélité sans faille à l’imām, quelle que soit sa dignité personnell E119
— à condition toutefois qu’il soit de QurayS120 — , au nom de la discipline, de la stabilité de l’état et
de la solidarité communautaire (ğamā‘a). Tout au plus, au § 226, notre auteur recommande-t-il la
passivité en cas d’exigence de l’imām incompatible avec la morale religieuse et l’intérêt de la
communauté.
120 La conséquence de ce légitimisme est que le Croyant ne doit pas prendre part aux luttes entre
factions rivales. Cette attitude est assez conforme à celle qu’al-Ğāḥiẓ prête aux Nābita dans sa
Risāla fi-l-Nābita121.
121 Ibn Qutayba considère les Nābita, Ḥašwiyya et Muğbira 122, c’est-à-dire les trois tendances taxées
formellement de kufr dans la Risāla123 comme des « gens du ḥadīṯ extrémistes », mais il
s’empresse de mitiger ce jugement sévère en montrant que le Prophète ne les a jamais condamnés
sous ces noms, contrairement aux Qadariyya, Rāfiḍa, Murği’a et Ḫāriğites, qui tous ont fait l’objet
de la réprobation expresse du Prophète.
18
122 S’il est vrai que la Nābita comprenait la « génération montante » du début du IIIe/IXe siècle124, on
est amené à penser qu’Ibn Qutayba en a fait partie (il est né en 213/828), et que sa tournure d’esprit
en a été influencée. En tout cas, si notre auteur réduit à de justes proportions les mérites de ‘Uṯmān
et des Umayyades, il ne s’agit en aucune façon d’une désaffection à l’égard du principe de base de
la ‘Uṯmāniyya, à savoir le refus de participer aux luttes des ‘Alides contre le pouvoir établi 125.
123 C’est donc au nom du salut de la Communauté, mais aussi en raison de ses convictions personnelles
qu’Ibn Qutayba se révèle partisan des ‘Abbāsides au pouvoir, ceux qui, précisément, ont restauré la
Sunna compromise au début du siècle.
***
124 On serait embarrassé pour classer Ibn Qutayba dans une des grandes écoles théologico-juridiques
qui se formèrent dès le IIe/VIIIe siècle et prirent leur orientation définitive au début du IIIe/IXe.
125 Un premier point est avéré : son hostilité au ra’y et à Abū Ḥanīfa s’exprime sans équivoque,
puisqu’elle fait l’objet d’une section spéciale du Chapitre I.
126 D’autre part, il semble avoir ignoré al-Šāfi‘ī, qui n’est cité qu’une fois au § 314e, avec une certaine
répugnance d’ailleurs. On ne voit nulle part que la méthodologie juridique inaugurée par al- Šāfi‘ī
ait laissé une trace quelconque dans le K. muḫtalif al-ḥadīṯ. Au reste, comme on l’a vu, notre
auteur n’a guère de sympathie pour les gens de qiyās126 dont est al-Šāfi‘ī.
127 Mālik est à ses yeux un grand muğtahid, un grand juriste dont l’autorité en matière de ḥadīṯ est
de surcroît considérable. On a vu en outre qu’à certains égards, la conception qutaybienne de l
’igmā‘ avait peut-être plus d’affinités avec celle de Mālik qu’avec aucune autre. Toutefois, on a vu
aussi qu’il était impossible de ranger Ibn Qutayba au nombre des véritables disciples de Mālik, en
raison de l’usage immodéré que ce dernier fait de l’opinion personnelle, que ce soit sous le vocable
de ra’y ou d’istiḥsān.
128 Peut-on dire qu’Ibn Qutayba est un disciple d’Ibn Ḥanbal ? Certes, on a relevé plus haut bien des
analogies entre ses doctrines et celles du grand imām persécuté, tant en matière de théodicée que
d’éthique ou de politique. Le seul domaine où Ibn Qutayba se singularise véritablement par rapport
à la doctrine hanbalite est celui du Qadar, qu’il range parmi les furū‘. Il est vrai que l’écart est de
taille, et qu’il suffirait à laisser planer un doute sur l’appartenance de notre auteur à la ḥalqa d’
Ibn Ḥanbal.
129 D’autres indices ne sont pas moins curieux : il semble que le nom d’Ahmad b. Ḥanbal ne figure que
quatre fois dans toute l’œuvre d’Ibn Qutayba, dont une précisément dans le K. muḫtalif al-ḥadīṯ
. La chose est à peine croyable, mais on croit pouvoir invoquer la minutie des dépouillements
127
auxquels on s’est livré. De plus, le seul auteur à ranger Aḥmad parmi les maîtres d’Ibn Qutayba est
Ibn TaymiyyA128, qui pourrait bien avoir pris là ses désirs pour des réalités. Enfin, notre auteur est
ignoré des grands recueils de biographies spécifiquement hanbalites.
130 En revanche, tous les biographes le considèrent comme un disciple direct et fervent d’Isḥāq b.
Rāhawqyh, qui n’est rien moins que le second personnage du Ḥanbalisme naissant, et qui est
fréquemment cité tant dans le K. muḫtalif al-ḥadīṯ que dans les autres œuvres d’Ibn Qutayba. De
plus, on montre par ailleurs comment la sympathie qu’inspire son œuvre transparaît dans les
notices de biographes ḥanbalisants, alors que de fortes réticences se manifestent dans les
biographies šāfi‘ites ou aš‘arites.
19
131 Enfin et pour tout dire, le principal transmetteur du K. muḫtalif al-ḥadīṯ n’est autre qu’Ibn Baṭṭa,
le célèbre auteur de l’Ibàna, et les Masā’il, sorte d’abrégé du K. muḫtalif al-ḥadīṯ, paraissent
bien avoir été exhumées par Ibn al-Ğawzī129.
132 S’il semble difficile de considérer Ibn Qutayba comme un disciple d’Ibn Ḥanbal, au sens étroit du
terme, ou même de lui appliquer sans réserve l’étiquette de Ḥanbalite, du moins doit-on le regarder
comme un partisan ḥanbalisant, mais indépendant, des ahl al-Sunna wa-l-ğamā‘a.
***
133 Que faut-il penser d’une information130 selon laquelle il conviendrait de voir dans Ibn Qutayba un
adepte, ou tout au moins un sympathisant des Karrāmiyya 131 ? faut bien avouer que dans le K.
muḫtalif al-ḥadīṯ, absolument rien ne transpire de cette prétendue affiliation. Qu’il s’agisse de la
doctrine d’Ibn Karrām qui fait de Dieu une « substance » (ğawhar) en contact avec un trône
localisé dans l’espace (ce qui l’a fait taxer d’anthropomorphisme), du rôle du mot kun dans la
création, de la foi qui est constituée par le simple prononcer de la šahāda, sans que la conviction ni
les œuvres soient nécessaireS132, tout cela est fortement incompatible avec les thèses exposées par
notre auteur dans cet ouvrage. Sans parler de la théorie selon laquelle deux imām-s peuvent
coexister, dont on voit mal comment la concilier avec le loyalisme monolithique de notre
propagandiste appointé... On ajoute que l’étude approfondie des autres ouvrages d’Ibn Qutayba ne
fait que confirmer cette impression.
134 On avoue se perdre en conjectures sur les raisons de cette accusation.
135 Faut-il y voir une attaque gratuite et perfide du šāfi‘ite al-Bayhaqī, auquel elle est censée
remonter ?
136 Faut-il penser à une confusion avec Aḥmad b. Qutayba, fils de l’auteur, qui a pu partager certaines
idées des mystiques irakiens133 ?
137 Faut-il supposer que les milieux suspects qu’Ibn Qutayba avoue — avec quelque complaisance —
avoir fréquentés dans sa jeunesse étaient des cercles karrāmites ? Ce n’est naturellement pas
impossible, surtout si l’on se remémore la curieuse remarque d’al-Baṭalyūsī dans laquelle on
pourrait voir un indice : « Il n’était pas versé dans cette science (= la philosophie), car il leur
reproche des propos pertinents ; il n’en convenait pas moins qu’il parlât de leurs doctrines
aberrantes... On dit que s’il fut amené à attaquer les philosophes dans cet ouvrage (= le K. adab al-
kātib), c’est qu’on l’accusait de sympathie pour leurs doctrines et leurs convictions, et qu’il
voulut se réhabiliter en les accusant... »134.
138 Si cette hypothèse était la bonne, il serait loisible d’imaginer chez notre auteur une sensible
évolution doctrinale, qui d’ailleurs, on le répète, ne transpire absolument pas dans son œuvre :
sympathisant dans sa jeunesse de doctrines philosophico-théologiques modérées — peut-être celles
d’Ibn Karrām — mais bientôt rebuté par des discussions peu conformes à son tempérament et
séduit par la rigueur morale et politique du Ḥanbalisme naissant, Ibn Qutayba put se trouver, par
un concours de circonstances que nous ignorons, sollicité de prêter à l’orthodoxie le soutien de son
autorité littéraire. Les témoins de ses « erreurs de jeunesse » ne durent pas manquer d’en faire des
gorges chaudes, et probablement de le desservir auprès de ses protecteurs. Il n’est pas interdit de
supposer que l’introduction de K. adab al-kātib fut rédigée dans un mouvement de hargne contre
ses détracteurs, et que le K. muḫtalif al-ḥadīṯ, écrit beaucoup plus tard, est le fruit de plusieurs
lustres d’une discipline intellectuelle en apparence librement consentie, mais peut-être en partie
imposée par les circonstances.
20
***
139 Quoi qu’il en soit, la tendance religieuse et intellectuelle d’Ibn Qutayba telle qu’elle apparaît dans
son œuvre, et singulièrement dans le K. muḫtalif al-ḥadīṯ, est en fin de compte caractérisée par le
retour à la Tradition, par une piété fervente et par une forme d’ « humanisme islamique » qui,
pour ne pas apparaître dans cet ouvrage, n’en est pas moins la raison d’être de toute l’œuvre d
’adab de notre auteur. Son attachement aux Ecritures révélées, qu’elles soient islamiques ou judéo-
chrétiennes, son œuvre de vulgarisateur de la prose véhiculaire arabe , son conservatisme
théologico-politique et son austérité morale ne laissent pas de faire penser à une sorte de
Jansénisme ou de Protestantisme musulman.
***
140 Pour établir cette traduction, on s’est servi de l’édition du Caire (1326), au demeurant la seule
jusqu’à nouvel ordre. Etablie sur trois manuscrits orientaux, cette édition est démunie d’apparat
critique sérieux, mais apparemment peu fautive. On a indiqué en notes les quelques améliorations
qu’on propose au texte, et dont un prochain éditeur pourrait éventuellement tirer parti 135.
141 Pour une interprétation plus sûre, on a recherché méthodiquement tous les ḥadīṯ-s cités par
l’auteur, et confronté notre traduction, chaque fois que c’était possible, avec la version du Ṣaḥīḥ d’
al-Buḫārī établie au début de ce siècle par HOUDAS et MARÇAIS. On a parfois été très gêné dans ces
recherches par le fait que les précieuses Concordances et indices ne sont pas encore achevées.
L’index sensiblement exhaustif des ḥadīṯ-s qui figure à la fin du présent travail a été conçu comme
un complément au Handbook of early muhammedan tradition, dont on s’est efforcé de
reprendre les rubriques136.
142 On a dressé également un index des citations coraniques. Pour la traduction des versets, on a fait
appel à la traduction BLACHÈRE, qu’on a dû plier assez souvent aux nécessités du texte, les
interprétations d’Ibn Qutayba n’étant pas toujours conformes à celles qui ont été reçues dans cette
traduction.
143 La formule adoptée pour l’index général des noms propres et des notions, inaugurée par M. CH.
PELLAT dans son édition du K. al-tarbī‘ wa l-tadwīr, nous a paru propre à assurer une économie
de notes marginales très considérable. On y a caractérisé en quelques mots les personnages
importants, en renvoyant aux travaux déjà existants ou aux sources. Pour les personnages de
moindre envergure (la plupart du temps, simples transmetteurs de ḥadīṯ), on a donné la date de la
mort quand c’était possible, ou tout au moins une caractéristique permettant de les situer dans le
temps (ex. : « Compagnon »).
144 La division du texte en paragraphes numérotés répondait à deux besoins d’ordre différents. D’abord
, on souffre trop de l’indigeste compacité des anciennes éditions de textes arabes pour ne pas tenter
d’apporter quelque clarté dans celui-ci par un découpage aussi judicieux que possible.
145 D’autre part, la division du texte en paragraphes présente des avantages matériels et
typographiques évidents, notamment pour l’établissement des index.
146 On a été dans cette division aussi loin que possible, en s’efforçant de ne guère dépasser douze à
quinze lignes par paragraphe. Toutefois, certains développements ou digressions — d’ailleurs peu
nombreuX137 — se sont montrés rebelles à toute fragmentation. On n’a pas voulu introduire une
nouvelle subdivision pour ces quelques passages, et on s’excuse à leur propos de l’imprécision
relative des références correspondantes figurant à l’index.
21
***
147 On ne voudrait pas manquer ici d’exprimer notre gratitude envers tous ceux auxquels le présent
travail doit d’avoir vu le jour. On remercie donc tout particulièrement M. CH. PELLAT qui a accepté
de le patronner et ne nous a jamais ménagé ses encouragements et ses conseils, M. H. LAOUST qui,
après nous avoir apporté le secours de sa compétence toute particulière dans ce domaine en le
relisant, a bien voulu l’accueillir dans la collection de l’Institut Français d’Etudes Arabes de Damas,
M. N. ELISSÉEFF auquel cette collection, et singulièrement le présent volume doivent leur
impeccable présentation, et enfin M. ṢALĀḤ AL-DĪN AL-MUNAĞĞAD, directeur de l’Institut des
Manuscrits de la Ligue Arabe, dont les précieuses indications nous ont évité d’entreprendre une
réédition du texte sans objet à brève échéance.
148 G. L.
NOTES
1. Dans cet Avant-propos, on a délibérément négligé la biographie d’Ibn Qutayba et l’étude des
sources du K. muḫtalif al-ḥadīṯ. Ces points feront l’objet d’une étude particulière dans un ouvrage
d’ensemble que nous préparons sur cet auteur.
2. On lui donne résolument ce titre. Le mot ta’wīl pour Ibn Qutayba représente sans équivoque le
commentaire interprétatif du ḥadīṯ — et d’ailleurs aussi du Coran. Les autres titres mentionnés
par les biographes (ex. Fihrist, 77 et IBN ḤAĞAR, Raf‘ al-iṣr, 546 : Iḫtilāf ta’wīl al-ḥadīṯ) sont des
variantes formelles sans grande importance. On ne saurait pas davantage lire muḫtalaf, qui
signifierait : « ḥadīṯ-s divers » et non « divergents ».
3. Ces recoupements seront exposés en détail dans l’ouvrage d’ensemble dont on a parlé.
4. On verra, dans notre étude d’ensemble, pourquoi l’on n’est pas loin de penser qu’il s’agit
encore du vizir ‘Ubayd Allāh b. Ḫāqān, dédicataire de l’Adab al-kātib, revenu tardivement sur la
scène politique et probablement toujours protecteur d’Ibn Qutayba. On doit d’ailleurs
reconnaître qu’on n’en a aucune preuve.
5. Cf. LECOMTE, L’introduction du K. adab al-kātib d’Ibn Qutayba, dans Mélanges Louis Massignon, Damas
1957, III, 45-64.
6. Cf. SOURDEL, Le livre des secrétaires de ‘Abd Allāh al-Baġdādī, dans Bull, de l’Institut Français de Damas
, tome XIV, 1952-54, 115-153.
7. Cf. IBN AL-ĞAWZĪ, Manāqib Ibn Ḥanbal, Caire 1349, 356.
8. P. ex. § 1 et passim.
9. P. ex. §72.
10. § 81 et 166.
11. Voir entre autres WENSINCK, Hwb., s. Mu‘tazila, 557.
12. Voir Index, s. fahafa.
13. § 59 sqq.
14. II, 140 sqq.
15. I, 196 sqq.
16. ‘Uyūn, I, 183 et passim.
22
43. Il faut dire toutefois que ce dernier cas paraît entrer dans la catégorie du ḫabar āḥād de la
méthodologie (cf. K. al-waraqāt, trad. BERCHER, 25) alors que les cas exposés au § 216d ressortissent
plutôt au mutawātir, ou ḥadīṯ transmis par un nombre d’autorités suffisant pour être inattaquable.
Voir aussi § 280.
44. LECOMTE, Citations, 35-36.
45. Etudes, 167.
46. P. ex. § 247 (‘imā).
47. P. ex. § 316b.
48. P. ex. § 40g.
49. P. ex. § 154 sq. sur l’interprétation de tournures elliptiques ; § 246, sur l’usage de miṯl - ka -
naẓīr ; § 86, 192a, etc...
50. P. ex. 160b, maḫrafa ; 199, ihāb ; 280m, Ẓulm ; 296d, nazala, etc...
51. Lisān, Tāğ, passim.
52. Il faut noter que les grands traités de critique de l’isnād, comme le K. al-ḍu‘afā- d’ AL-NASA’ī, le
Kāmil... d’IBN ‘ADĪ et le K. ma‘rifat al-riğāl d’IBN ABĪ ḤĀTIM datent du début du IVe/Xe siècle.
53. § 264a.
54. Ainsi, Hišām b. ‘Urwa — ‘Urwa — ‘A’iša (§ 204a, 314e).
55. Ainsi : Ḥammad b. Salama — ‘Ammār b. Abī ‘Ammār — Abū Hurayra (§ 297).
56. On en jugera par les références données en note.
57. Ceci se trouve confirmé par plusieurs anecdotes des ‘Uyūn, II, 136.
58. Etudes, 244 sqq.
59. § 25, 156.
60. Ce qui, entre autres indices, nous a permis de conclure au caractère apocryphe de la Waṣiyya
attribuée à Ibn Qutayba. Voir LECOMTE, La waṣiyya... attribuée à Ibn Qutayba, REI, 1960-11, pp. 73-92.
61. § 286c.
62. § 286b.
63. P. ex. § 166.
64. Voir à l’index, s. Qadar.
65. Voir à l’index, s. ğabr, iğbār, iṯbāt, qadar.
66. § 40f.
67. Ibid.
68. II, 143.
69. § 25.
70. Ibid.
71. § 156 in fine.
72. P. 14.
73. Peut-être même serait-il possible de distinguer les ḥadīṯ-s anciens (Ier et début du IIe siècles)
des ḥadīṯ-s plus récents (fin du IIe et début du IIIe siècles) en fonction de la représentation de Dieu
qu’ils proposent.
74. Voir l’index des ḥadīṯ-s, s. Anthropomorphisme.
75. Sections LII à LXII, LXIV, LXXXVI, CIX.
76. Sections XVIII, LXXVII, XC.
77. Section LXXXI.
78. § 298 et 323.
79. Voir notamment la section LXXXI.
80. § 286c.
81. Section XLVIII.
82. § 188b.
24
83. GOLDZIHER l’a bien noté dans les Richtungen, 116. Cet auteur connaît bien le Muḫtalif. On
trouvera à l’index des Richtungen, s. Ibn Kutejba et Ta’wīl muchtalif al-hadith toutes les références
utiles sur l’exégèse d’Ibn Qutayba.
84. § 244b.
85. P. ex. sur Coran II, 259 (§ 227 sqq.) ; Coran XII, 20 (§ 315 sqq.) ; Coran XLIII, 61 (§ 206).
86. § 40d. Cf. BLACHÈRE, Introduction, 44.
87. § 314. Voir aussi GOLDZIHER, Richtungen, 276.
88. Ainsi d’ailleurs que de la Sunna par la Sunna, et de la Sunna par le Coran. Cf. à l’index, s. nasḫ.
C’est aussi un principe méthodologique reconnu par les Šāfi‘ites. Voir Waraqāt, 25. Cf. aussi le §
280.
89. La seule différence résidant dans l’usage liturgique du Coran imposé par Dieu (§ 216a).
90. § 205.
91. Encore n’est-ce pas un privilège explicite (cf. § 74).
92. § 188b, 196c.
93. § 137 et 151.
94. § 175 et 194.
95. § 314a et 176a.
96. § 176.
97. § 196a, b, c.
98. Voir LECOMTE, La descendance d’Ibn Qutayba en Egypte, dans Mémorial Lévi-Provençal, sous presse.
99. §59 sqq.
100. § 25, 31, 59, 69, 123.
101. § 304c.
102. Voir à ce sujet M. ALLARD, En quoi consiste l’opposition faite à al-Aš‘ari par ses contemporains
hanbalites ?, REI, 1960-II, pp. 93-105.
103. § 41.
104. Dans le K. muškil al-Qur’ān, p. 204, Ibn Qutayba définit le ta‘rīḍ comme une forme de kināya,
une allusion transparente qu’on emploierait par exemple pour demander une femme en mariage.
A deux reprises (pp. 207 et 210), le verbe warrā est donné comme synonyme.
105. Voir les travaux de B. LEWIS et W. IVANOW.
106. Ibn Qutayba : « Dire : — Je n’ai aucune dette envers cet homme ! en sous-
entendant :...aujourd’hui » ; Pascal : « Dire : —Je jure que je n’ai point fait cela ! en sous-
entendant :...aujourd’hui ». La méthode est la même.
Une question se pose, qui sort d’ailleurs du cadre de cette étude : celle des origines de la doctrine
de la restriction mentale chez les Jésuites. On ne laisse pas d’être troublé par le fait que les
premiers casuistes sont des Espagnols (p. ex. Molina, fin du XVIe et surtout Escobar, début du XVIIe
siècles). Ne peut-on penser à une contamination de la pensée des docteurs chrétiens d’Espagne, si
fraîchement dégagés des impératifs intellectuels de la Croisade, par celle des docteurs
musulmans des siècles précédents ? Le problème reste posé.
107. Adab, ‘Uyūn...
108. LECOMTE, Introduction, 53.
109. Iḥyā’, v. troisième waẓīfā et suivantes.
110. Voir à ce sujet PELLAT, Nābita.
111. § 319-320.
112. Voir une curieuse confirmation de cette théorie aux § 189 sqq.
113. Voir à l’index, s. ‘Alī.
114. § 188.
115. § 95.
116. § 96.
25
117. §95.
118. § 54, 92, 109.
119. Barr aw fāğir, § 184a et 186a.
120. § 161.
121. Trad. PELLAT, IEO, X, 1952, 317.
122. § 109.
123. P. 323.
124. Ibid., p. 305.
125. Sur la ‘Uṯmāniyya, v. GOLDZIHER, Etudes, 144.
126. § 286, 304c.
127. §28.
128. Tafsīr sūrat al-iḫlāṣ, p. 82.
129. Les isnād-s des deux textes sont reproduits par leurs éditeurs respectifs.
130. Voir MASSIGNON , Essai, 318 : Bayhaqī, dans l’introduction au Maysir, 12 ; GAUDEFROY-
DEMOMBYNES, Introduction, XI.
131. EI, II, 819 (MARGOLIOUTH) ; s.v.
132. Ce qui est en opposition flagrante avec le § 196 où une telle attitude est qualifiée
d’hypocrisie.
133. Voir LECOMTE, La waṣiyya..., p. 83.
134. Iqtiḍāb, 18.
135. Cette nouvelle édition, à laquelle on avait primitivement songé, est en préparation au Caire.
M. ṢALĀḤ AL-DĪN AL-MUNAĞĞAD , directeur de l’Institut des Manuscrits de la Ligue Arabe, que nous
remercions ici pour son empressement à nous apporter son aide, a bien voulu nous signaler que
M. SAY-YID ṢAQR était sur le point de la publier.
136. Pour les références aux recueils de ḥadīṯ, on a conservé les conventions proposées par
WENSINCK dans le Handbook. Elles permettent de consulter avec une commodité relative toutes les
éditions des différents recueils.
137. Il s’agit surtout du § 40f.
26
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29
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30
Introduction
6 4. — Le Murği’ite, de son côté, tire argument des ḥadīṯ-s suivants : « Quiconque dit : Il n’y a
d’autre divinité que Dieu ! est promis au paradis. On demanda [au Prophète] : — Même s’il
commet la fornication et le vol ? Il répondit : — Même s’il commet la fornication et le
vol ! »10 — « Quiconque proclame sincèrement qu’il n’y a d’autre divinité que Dieu entrera
au paradis, et échappera au feu [de l’enfer] »11 — « J’ai prévu mon intercession en faveur
des membres de ma Communauté coupables de péchés graves (kabā’ir) »12.
7 5. — L’adversaire du Murği’ite13 met en avant les ḥadīṯ-s : « Le fornicateur, au moment où
il commet son forfait, n’est plus Croyant ; le voleur, au moment où il commet son forfait,
n’est plus Croyant »14 — « Il n’est pas Croyant, celui dont le voisin n’est pas à l’abri de ses
méchancetés »15 — « Il n’est pas Croyant, celui dont la langue et la main n’épargnent pas
les Musulmans »16 — « Il sortira du Feu un homme ayant perdu toute forme humaine »17 —
« Il sortira du Feu des gens brūlés, qui repousseront comme pousse le pourpier dans
l’alluvion du torrent, ou comme // poussent les rejetons de palmier »18.
8 6. — Quant au Qadarite, il se base sur le ḥadīṯ : « Tout enfant naît dans la religion naturelle
(fiṭra) ; ce sont en fin de compte ses parents qui font de lui un Juif ou un Chrétien » 19. Ils
s’appuient aussi sur la parole de Dieu : « J’ai fait des ḥanīf-s de toutes mes créatures. Ce
sont les Démons qui les ont détournées de leur religion »20.
9 7. — Le Mufawwiḍ argue du ḥadīṯ : « Agissez, car tout [homme] réalise facilement ce pour
quoi il a été créé »21 — « Quiconque est au nombre des bienheureux œuvre pour son
bonheur ; quiconque est au nombre des réprouvés œuvre pour son malheur »22 — « Dieu
frotta le dos d’Adam, prit deux poignées [du limon dont il l’avait créé] ; Il dit à celle de
droite : — Au Paradis, par Ma miséricorde. Il dit à celle de gauche : — En Enfer ; Je M’en
désintéresse ! »23 — « Le bienheureux est bienheureux dès le sein de sa mère ; le réprouvé
est réprouvé dès le sein de sa mère »24 — ainsi que d’autres ḥadīṯ-s analogues.//
10 8. — Quant aux Rāfiḍites, ils s’attachent à taxer d’infidélité les Compagnons du Prophète,
en exhibant les ḥadīṯ-s : « En vérité, des gens viendront me retrouver à la Vasque puis
seront attirés ailleurs et se sépareront de moi. Je dirai alors : — Seigneur ! Mes chers
Compagnons ! Mes chers Compagnons ! Il dira : — Tu ne sais donc pas ce qu’ils ont inventé
après toi ! Ils n’ont pas cessé d’apostasier depuis que tu les as quittés ! » 25 — « Après moi,
ne redevenez pas des Infidèles qui s’entretueront ! »26.
11 En ce qui concerne la prééminence de ‘Alī, ils arguent du ḥadīṯ : « Tu occupes auprès de
moi le même rang qu’Aaron auprès de Moïse ; mais nul Prophète ne viendra après moi » 27
— « Celui dont je suis le maître, ‘Alī est son maître également »28 — « Seigneur, sois l’ami
de ses amis, et l’ennemi de ses ennemis »29 — « Tu es mon exécuteur testamentaire »30.
12 9. — Leurs adversaires, partisans de la prééminence des deux šayḫ-s, arguent des ḥadīṯ-s
suivants : « Prenez modèle sur ceux qui viendront après moi : Abū Bakr et ‘Umar 31 ; Dieu,
Son Prophète et les Musulmans ne veulent entendre parler que d’Abū Bakr32 ; le meilleur
de cette Communauté, après son Prophète, est Abū Bakr »33.
13 10. — Les partisans de la richesse s’en tiennent aux ḥadīṯ-s : 7 « Mon Dieu, je te demande
de me donner l’aisance, ainsi qu’à // mon mawlāl »34 — « Mon Dieu, je T’adjure de me
préserver d’une misère qui dure et s’acharne »35.
14 11. — Quant aux partisans de la pauvreté, ils se fondent sur les ḥadīṯ-s : « Seigneur, fais-
moi vivre misérable, fais-moi mourir misérable, et ressuscite-moi dans le lot des
misérables »36 — « La pauvreté vaut mieux pour le Croyant qu’une bonne longe au cou du
cheval »37.
32
15 12. — Les partisans du Badā’ enfin s’appuient sur le ḥadīṯ : « Le respect des liens de
parenté augmente la durée de la vie »38 — « La pratique de l’aumône légale repousse le
Destin fatal »39 — ainsi que sur l’invocation de ‘Umar : « Seigneur, si Tu m’as inscrit au
nombre des réprouvés, raye-moi ; et inscris-moi au nombre des bienheureux ».
***
épaules jusqu’à ce que je sentisse le froid de ses doigts entre mes pectoraux » 48 — « Le
cœur du Croyant est entre deux doigts de la main de Dieu »49.
18 15. — Ajoutons-y [disent-ils] que [les gens du ḥadīṯ] rapportent toutes sortes de sottises
qui suscitent des critiques contre l’Islam, font rire les infidèles à ses dépens, découragent
d’entrer en son sein les gens qui y aspirent, et renforcent les hésitants dans leur doute.
Ainsi le ḥadīṯ sur la croupe des Houris, affirmant qu’il mesure un mille dans chaque sens 50
; ou celui qui dit : « Quiconque récitera telle ou telle sourate, ou qui fera ceci ou cela sera
logé au Paradis dans soixante-dix mille palais ; chaque palais possédera soixante-dix mille
lits, et chaque ht soixante-dix mille ceci ou cela, etc...»51 ; ou le ḥadīṯ affirmant que « la
souris est juive, et ne boit pas de lait de chamelle, tout comme les Juifs » 52 ; que « le
corbeau est pervers »53, que « le chat est le [produit de] l’éternuement du lion »54, que le
porc est [le produit de] l’éternuement de l’éléphant »55, que « la langoustine (?) est une
couturière qui a volé du fil et a été métamorphosée »56 //, que « le lézard était un Juif
ingrat envers ses parents qui fut métamorphosé »57, que « la constellation de Canope était
percepteur au Yémen »58, que Vénus était une prostituée qui monta au ciel, emportant
avec elle le nom suprême de Dieu, et que Dieu métamorphosa en astre »59, que « le gecko
crachait du feu sur Abraham, tandis que les ‘aẓāyā (autre espèce de lézard) l’aspergeaient
d’eau »60, que les ġūl venaient chaque nuit dans le cellier d’Abū Ayyūb » 61, que « ’Umar
lutta corps à corps avec un génie et le terrassa »62, que « la terre est perchée sur le dos
d’un poisson, et que les élus du Paradis mangent du foie de ce poisson dès qu’ils pénètrent
dans leur séjour »63, qu’« un loup entra au paradis parce qu’il avait dévoré un
percepteur »64, que « si une mouche est tombée dans un récipient, il faut l’y plonger tout
entière, car une de ses ailes contient un poison, et l’autre son antidote, et que [la mouche]
apporte d’abord le poison, et ensuite le remède »65, que « les chameaux ont été créés de
démons »66, etc...etc...Il serait trop long de citer tout cela.
33
19 16. — [Les gens du kalām] disent : Le plus étrange chez eux est qu’ils taxent un šayḫ 67 de
mensonge et n’enregistrent pas [ce qu’il transmet, même si] cela concorde avec [la leçon]
des traditionnistes, dans la mesure où il est l’objet de la condamnation68 de Yaḥyā b.
Ma‘īn, // de ‘Alī b. al-Madīnī et de leurs semblables. Ils arguent du ḥadīṯ d’Abū Hurayra
lorsqu’il est en désaccord avec tous les autres Compagnons, et bien que ‘Umar, ‘Utmān et
‘Ā’iša l’aient pris en flagrant délit de mensonge. Ils s’appuient sur le ḥadīṯ de Fāṭima bint
Qays, alors que ‘Umar et ‘Ā’iša condamnent ses paroles en disant : « Nous n’allons pas
délaisser le Livre du Seigneur ni la Sunna de notre Prophète pour les racontars d’une
femme » !
20 17. — Ils récusent69 un homme en raison de son opinion sur le qadar, et ne transmettent
pas ce qu’il dit (c’est le cas pour Ġaylān, ‘Amr b. ‘Ubayd, Ma‘bad al-Ğuhanī, ‘Arar b. Fā’id) ;
mais ils retiennent [les mêmes traditions lorsqu’elles émanent] de leurs semblables, qui
professent la même doctrine, comme Qatāda, Ibn Abī ‘Arūba, Ibn Abī Nağīḥ, Muḥammad
b. al-Munkadir et Ibn Abī Ḏī’b. Ils condamnent le šayḫ qui met sur le même plan ‘Alī et
‘Uṯmān, ou encore qui donne la prééminence à ‘Alī ; mais ils transmettent d’Abū l-Ṭufayl
‘Āmir b. Wāṯila, porte-drapeau d’al-Muḫtār, et de Ğābir al-Ğu‘fī, qui tous deux professent
la rağ‘a.
21 18. — [Ils disent] Ils sont d’autre part les gens qui comprennent le moins les choses qu’ils
ont retenues, et qui sont le moins capables d’apprécier les trésors qu’ils recherchent. [Les
adversaires du ḥadīṯ] citent à ce propos les vers suivants : //
« Chameaux chargés de vers, n’en comprenant
les meilleurs que comme peuvent les comprendre des chameaux,
Je te l’affirme : jamais le chameau ne sait, lorsqu’il s’en va le matin,
chargé de son fardeau, ou lorsqu’il revient le soir, ce qu’il y a dans les sacs ! » 70
22 19. — En fait de science, ils se contentent de la lettre (rasm), et en fait de ḥadīṯ, de son
nom. Ils sont contents lorsqu’on dit : — « Un tel est un connaisseur en matière de chaînes
de garants (ṭuruq) ; Un tel est un transmetteur agréé (rāwiya) de ḥadīṯ ». Ils se moquent
que l’on dise : « Untel comprend (‘ālim) ce qu’il écrit, ou agit conformément à ce qu’il
comprend (‘alima) ». Que pensez-vous [disent toujours les adversaires de la Tradition]
d’un homme qu’on a considéré comme un maître, et auprès duquel on a afflué71 durant
environ cinquante années, et qui, interrogé sur le cas d’une souris tombée dans un puits,
déclare : « Le puits est innocent : (ğubār) »72. Que pensez vous d’un autre qui, interrogé sur
le verset « Un vent chargé de froid »73, répondit : « C’est le ṣurṣūr ! » (Il entendait par là le
grillon !)74. Et cet autre, qui parlait de // « soixante-dix-sept », alors qu’il fallait lire :
« Šu‘ba et Sufyān »75. Et cet autre qui rapportait en public que le sitr al-muṣallī76 est par
exemple « la brique de l’homme », au heu de « est par exemple le dossier de la selle » 77. Et
cet autre auquel on demandait quand serait levée l’échéance, et qui répondait : « A deux
lunes », voulant dire : « A deux croissants »78. Et cet autre qui disait : « Il introduit sa main
dans sa bouche et la mord comme du raifort » voulant dire : « comme un étalon » 79. Un
autre disait : « Je trouve bien dans mon texte l’Envoyé, mais je ne trouve pas Dieu ! » (Il
s’agissait de l’expression : l’Envoyé de Dieu). Alors, le mustamlī 80 dit : « Écrivez : ...et il
doute de Dieu ! »81. Et ainsi de suite.
23 20. — [Nos adversaires] disent : Plus le traditionniste est bête, plus on lui accorde de
crédit ; plus il multiplie les fautes de prononciation et de lecture, plus on a confiance en
lui. S’il a mauvais // caractère, s’emporte, se fâche et s’empêtre dans son ḥadīṯ 82, ils
accourent en foule !... C’est ainsi qu’al-A’maš retournait sa pelisse avant de la revêtir, et
jetait sur ses épaules le dessus de table !83. Comme quelqu’un lui demandait l’isnād (chaîne
34
de garants) d’un ḥadīṯ, il le prit par le col, l’adossa contre le mur et dit : « Le voilà, ton
isnād ! (appui) ». Il disait : « Lorsque je vois un šayḫ. qui ne s’intéresse pas au fiqh, j’ai
envie de le souffleter ! ». On raconte de lui bien d’autres fantaisies dont nous pensons
qu’il ne les commettait que pour attirer la clientèle...
24 21. — Abū Muḥammad dit : J’ai donc rapporté ci-dessus les attaques portées contre les
gens du ḥadīṯ. Je déplore que cela dure déjà depuis trop longtemps, sans que personne ait
riposté, ni produit des arguments en faveur de ces ḥadīṯ-s, ou cherché à en donner une
interprétation. On s’est habitué à la critique, on tolère béatement l’injure, et à force de
négliger d’y répondre, c’est comme si on l’admettait et comme si l’on faisait amende
honorable.
25 Tu te souviens d’avoir pu lire, dans mon ouvrage sur le Ġarib al-ḥadīṯ84, un chapitre où je
proposais quelques exemples de ces prétendues contradictions, en les expliquant.
26 22. — Tu as donc espéré // trouver auprès de moi des arguments sur toutes ces
[contradictions], tout comme tu en avais trouvé dans ce premier ouvrage85. Tu m’as
demandé d’entreprendre ce travail en vue de la récompense suprême ; je l’ai donc
entrepris dans la mesure de mes connaissances et de mes moyens. J’y ai repris ceux des
ḥadīṯ-s dont j’avais déjà fait état dans d’autres livres, afin que cet ouvrage traite
complètement et exhaustivement le sujet, à savoir : les attaques menées contre le ḥadīṯ.
Avant d’aborder les citations du ḥadīṯ lui-même, et les explications qu’il requiert, j’ai
donné quelques explications sur les gens du kalām et sur les gens du ḥadīṯ, en disant ce
que je sais de chaque tendance. J’espère que les autorités de censure86 ne verront pas là de
ma part une tentative délibérée d’adultération ou une œuvre partiale inspirée par la
passion, ni une attaque contre un ennemi personnel. Je m’en remets à Dieu dans mon
entreprise et j’implore Son aide.
NOTES
1. BUḪ. 58, 18 = HM II, 418 ; ḤAN IV, 387 ; III, 485, 487. Le texte dit abīdū (anéantissez) ; certaines
versions de ce ḥadīṯ disent : abīḥū (faites-en ce que vous voulez, ils sont ḥalāl pour vous).
2. BUḪ. 96, 10 = HM IV, 560 ; ḤAN. V, 278, 279 ; cf. V, 34, 269.
3. BUḪ. 46, 33 = HM II, 153 ; ḤAN. I, 79, 188 ; II, 163, 193, etc...
4. TIR. 31, 7 ; cf. BUḪ. 92, 2 = HM IV, 475.
5. BUḪ. 92, 2 = HM IV, 475 ; ḤAN. I, 275, 297, etc...
6. ḤAN. V, 161, 171.
7. Cf. BUḪ. 10, 56 = HM I, 235.
8. MUS. 33, 49 sqq. ; TIR. 31, 30.
9. Ce qui constitue une fin de non-recevoir. ḤAN. IV, 226 ; cf. BUḪ. 92, 9 = HM IV, 481.
10. BUḪ. 60, 47 = HM II, 516 ; HAN. III, 135, 224.
11. Ibid.
12. ḪAN. III, 213.
35
13. Il s’agit de ceux qui (notamment parmi les Ḫāriğites et les Mu‘tazilites) dénient la qualité de
Croyant à l’individu coupable de péchés graves. On les englobe sous l’appellation de Wa‘īdiyya (cf.
ĪĞĪ, Mawāqif, 334).
14. BUḪ. 46, 30 = HM II, 151 ; 74, 1 = HM, IV, 35 ; 86, 1 = HM IV, 375 ; 86, 6 = HM IV, 377.
15. BUḪ. 78, 29 = HM IV, 151 ; HAN. I, 387 ; II, 288, 336, etc...
16. ḤAN. III, 154.
17. Cf. BUḪ. 10,129 = HM I, 269 ; 81,51 = HM, IV, 309 ; 97, 24 = HM IV, 602.
18. BUḪ. 10, 129 = HM I, 269 ; 81, 51 = HM IV, 309 ; 97, 24 = HM IV, 599 ; ḤAN. II, 276, 293, 534, etc...
19. BUḪ. 23, 80, 93 = HM I, 437, 446 ; 65, s. 30 = HM III, 413 ; 82, 3 HM IV, 320 ; ḤAN. II, 233 etc...
20. ḤAN. IV, 126.
21. BUḪ. 65, s. 92, n. 7 = HM III, 505 ; 82, 2 = HM IV, 320 ; 97, 54 = HM IV, 647 ; ḤAN. I, 6 ; IV, 427, 431.
22. BUḪ. s. 92, v. 7 = HM III, 504 ; 23, 83 = HM I, 440 ; ḤAN. I, 29 ; II, 52, 77.
23. ḤAN. V, 239.
24. Cf. BUḪ. 82, 1 = HM IV, 320.
25. BUḪ. 60, 8 = HM II, 473 ; 81, 53 = HM IV, 315 ; ḤAN. I, 235, 453 ; V, 50.
26. BUḪ. 3, 43 = HM I, 58 ; ḤAN. II, 104 ; V, 39, etc...
27. BUḪ. 62, 9 = HM II, 610 ; 64, 78 = HM III, 228 ; ḤAN. I, 170 ; III, 32, etc...
28. ḤAN. I, 118 ; IV, 281, etc...
29. Ibid.
30. Les traditionnistes ne paraissent pas avoir retenu ce ḥadīṯ. Ḥadīṯ contraire : BUḪ. 55, 1.
31. ḤAN. V, 382, 385.
32. ḤAN. IV, 322 ; VI, 34, etc...
33. ḤAN. I, 106, 110, etc...Pour les trois dernières notes, cf. BUḪ. 62, 4 sqq. = HM II, 585 sqq.
34. ḤAN. III, 453.
35. Ce ḥadīṯ figure dans Lisān XVII, 79 = Tāğ IX, 237.
36. On n’a pas retrouvé ce ḥadīṯ.
37. Le ḥadīṯ se trouve dans Tāğ, III, 387, s. ‘ḏr.
38. Cf. BUḪ. 78, 12 = HM IV, 143.
39. Cf. BUḪ. 24, 23 = HM I, 466.
40. L’éd. signale avoir rencontré ce ḥadīṯ cité par IBN ‘ASĀKIR, dans Suyūṭī. On n’a pas retrouvé le
passage. Il y serait raconté comment Dieu créa un cheval qu’il fit courir, puis se créa Lui-même de
la sueur de ce cheval.
41. Aucun recueil ne contient ce pseudo-ḥadīt, naturellement. Il y serait fait allusion, selon l’éd.
qui ne donne aucune référence, à la création des anges à partir des poils de la poitrine de Dieu.
42. Cf. ḤAN. VI, 153, 168 : « Dieu crée les anges de lumière ». Les zindīq-s ajoutaient : « de la
lumière de ses bras ».
43. Les anges se manifestent si souvent dans le ḥadīṯ qu’il est difficile de savoir à quoi il est fait
allusion ici. On peut penser toutefois à l’arrivée en foule des 70 000 anges lors de la mort de Sa‘d
b. Mu‘ad (voir § 291).
44. Allusion au ḥadīṯ « Dieu descend le soir de ‘Arafa, etc. », ḤAN. III, 501.
45. Cf. ḤAN. IV, 181.
46. BUḪ. 97, 24 = HM IV, 602 ; ḤAN. III, 16 sq. Cf. BUḪ. 65, s. 68, 2 = HM III, 485.
47. BUḪ. 79, 1 = HM IV, 214 ; ḤAN. II ; 244, 251, 310.
48. ḤAN. I, 368.
49. ḤAN. II, 173 ; VI, 182, 251, 302...
50. Les recueils n’ont évidemment pas enregistré de tels propos.
51. Cf. BUḪ. 66, passim ; voir aussi DENY, 70-72 chez les Turcs, dans Mélanges Louis Massignon, I,
Damas, 1956, pp. 395-415
36
80. Tāğ, X, 347 : « Celui qui demande au maître de dicter le ḥadīṯ ». Il s’agit d’une sorte d’assistant
ou de moniteur chargé essentiellement de retransmettre les paroles du maître aux auditeurs les
plus éloignés. Sur cette fonction, voir TRITTON, Materials, 35 sqq.
81. Le maître avait trouvé l’expression al-rasūl au lieu de la formule complète rasūl Allāh.
82. L’éd. a retenu ištadda ḥiddatan wa ‘usratan fi-l-ḥadīt, mais signale la leçon ištadda ḥaraduhu wa
‘aṯara fi-l-ḥadīṯ. Peut-être faut-il retenir ištadda ḥaraduhu wa ‘usruhu. Le sens n’en est d’ailleurs
guère affecté.
83. Apparemment pour se singulariser.
84. Ġarīb al-ḥadīṯ, autre ouvrage D’IBN QUTAYBA , dont le tiers conservé est encore inédit (Muškil,
introd., 10).
85. Texte : tilka. Il faut lire ḏālika.
86. Ḏawū l-nahy. Allusion à la prescription du amr wa nahy. On trouve dans d’autres cas ḏawū l-amr.
38
seul et même point en matière de religion ? Ainsi, Abū l-Huḏayl al-‘Allāf est en désaccord
avec al-Naẓẓām, et tous deux sont combattus par al-Nağğār ; quant à Hišām b. al-Ḥakam,
il est en contradiction avec eux tous ! Il en est de même pour Ṯumāma, Muways, Hāšim al-
Awqaṣ, ‘Ubayd Allāh b. al-Ḥasan, Bakr al-‘Ammī, Ḥafṣ, Qubba, Untel et Untel ; il n’en est
pas un seul qui n’ait son propre système religieux, dont l’opinion personnelle ne soit
article de foi, et qui ne trouve des adeptes pour le suivre sur ce terrain.
3 25. — Abū Muḥammad dit : Si au moins ces divergences ne touchaient que les points de
doctrine secondaire (furū‘) et les traditions (sunan), nous serions disposés à les excuser
largement (bien qu’ils n’aient aucune excuse, eu égard aux prétentions personnelles qu’ils
affichent), tout comme sont excusables les gens du fiqh : ils ne feraient ainsi qu’imiter ces
derniers. Mais leurs divergences concernent le dogme de l’Unicité, les Attributs divins, la
Toute Puissance divine, les délices du paradis, les tourments de l’enfer, les tourments des
limbes5, la Table6, et toutes choses qu’un prophète même ne peut connaître que par la
Révélation divine. Ces gens ne peuvent s’empêcher de passer ces dogmes fondamentaux (
uṣūl) au crible de leur critique subjective (istiḥsān) // et de leur spéculation (naẓar), ou de
les soumettre au raisonnement analogique qu’ils croient indispensable en la matière, tant
les hommes sont différents dans leur intellect, leur volonté et leur choix ; il est vrai qu’on
ne saurait presque jamais trouver deux hommes présentant une telle identité de vues que
l’un d’eux opérât le même choix que l’autre, ou rejetât ce que l’autre rejette, sauf en cas
d’imitation servile (taqlīd).
4 26. — Or celui qui a distingué leur aspect extérieur, leur allure, leur teint, leur langage,
leur voix, leur écriture et leur pas (au point que le pisteur distingue une trace de pas
d’une autre, et celle d’un homme de celle d’une femme), est aussi Celui qui a différencié
les opinions. Et Celui qui a créé ces différences d’opinion est aussi Celui qui a voulu qu’ils
fussent précisément en proie à ces divergences. La Sagesse et la Puissance divines ne
seraient pas parfaites sans la création des contraires, afin que chaque chose puisse se
définir par son contraire : ainsi, la lumière se définit par l’obscurité, la science par
l’ignorance, le bien par le mal, l’utilité par la nocivité, la douceur par l’amertume,
conformément au verset : « Gloire à Celui qui a créé les couples parmi ce que font pousser
la terre et eux-mêmes, et ce qu’ils ne connaissent pas ! »7. Par « couples », il faut entendre
les « contraires » ou les « genres » comme mâle et femelle, sec et humide... Voir le verset :
« ...il a créé le couple, mâle et femelle »8 //.
5 27. — Si par hypothèse (mais que Dieu t’en préserve !), nous voulions quitter les gens du
ḥadīṯ et opter pour les gens du kalām, nous passerions de l’union à la désunion, de la
discipline à l’anarchie, de la solidarité à l’isolement, de l’accord au désaccord. En effet, les
gens du ḥadīṯ sont tous d’accord pour affirmer que ce que Dieu a voulu est, et que ce qu’il
n’a pas voulu n’est pas ; qu’Il est le créateur du bien comme du mal, que le Coran est la
parole de Dieu incréée, que Dieu sera visible le jour de la Résurrection, que les deux šayḫ-s
ont la prééminence9, et qu’il faut croire au châtiment de la tombe. Ils ne divergent pas sur
ces dogmes fondamentaux, et quiconque se sépare d’eux sur ces points est réprouvé,
renié, taxé d’innovation (bid‘a) et mis en quarantaine. Ils ne divergent guère que sur la
lettre du Coran, là où il s’y trouve des passages obscurs, mais ils s’accordent pour dire que
le Coran dans toutes ses manifestations, qu’on le récite, l’écrive, l’entende ou le retienne
par cœur, est incréé : c’est là ce qu’on appelle le consensus (iğmā‘).
6 28. — S’il faut prendre modèle sur quelqu’un, qu’on suive les docteurs éminents, les
premiers jurisconsultes et les muğtakid-s, avec lesquels personne ne songe à rivaliser, et
dont l’autorité est inégalée, comme Sufyān al-Ṯawrī, Mālik b. Anas, al-Awzā‘ī, Šu‘ba, al-
40
Layṯ b. Sa‘d //, ainsi que les savants des [premières] grandes villes, comme Ibrāhīm b.
Adham, Muslim al-Ḫawwāṣ, al-Fuḍayl b. ‘Iyāḍ, Dāwūd al-Ṭā’ī, Muḥammad b. al-Naḍr al-
Ḥāritī, Aḥmad b. Ḥanbal, Bišr al-Ḥāfī, et autres personnages qui sont presque nos
contemporains — pour ne pas parler des anciens, qu’on ne saurait citer tous.
7 29. — [Qu’on prenne aussi modèle] sur le petit peuple, l’homme de la rue et la masse des
gens de toutes les grandes villes et de toutes les époques, car la Vérité se reconnaît à
l’adhésion unanime de tous les cœurs10. Si quelqu’un se levait dans les assemblées
populaires ou les marchés pour se faire le champion des doctrines des gens du ḥadīṯ, dont
on a dit qu’ils étaient tous d’accord à leur sujet, personne ne les renierait ou les
rejetterait ; mais si quelqu’un se faisait le propagateur de quelqu’une des doctrines des
gens du kalām en contradiction avec l’iğmā‘, il passerait de vie à trépas en un clin d’œil.
***
8 30. — Passons maintenant aux gens du kalām, en examinant les prétentions qu’ils
affichent : connaissance du raisonnement analogique, emploi judicieux de la spéculation,
volonté entière [de connaissance]11. Si nous voulons nous attacher à quelqu’une de leurs
doctrines, et tenter de nous convaincre de quelqu’une de leurs prétentions sectaires, //
nous constatons qu’al-Naẓẓām n’était qu’un charlatan, ivre le matin et ivre le soir, plongé
dans ses turpitudes, vautré dans l’ordure, coupable d’actes déshonorants et de vilenies.
Ne dit-il pas :
« Je ne cessai de prendre l’esprit de l’outre12 béatement, et de consommer sans
remords un sang qui ne provenait pas d’une blessure,
Au point que je me suis dédoublé : j’eus alors deux âmes dans un seul corps,
tandis que l’outre gisait, corps sans âme ».
9 31. — Nous constatons aussi que ses partisans eux-mêmes comptent au nombre de ses
erreurs la sentence : « Dieu crée (yuḥdiṯu) le monde et ce qu’il renferme à chaque instant,
sans l’anéantir jamais »13. Ils disent : D’après ces paroles, Dieu créerait ce qui existe déjà.
S’il était possible de créer ce qui existe, il serait aussi possible d’anéantir ce qui n’existe
pas, ce qui est une absurdité procédant d’une opinion fausse et d’un mauvais
discernement. On rapporte qu’il aurait dit : « Il peut arriver que tous les Musulmans
s’accordent // sur une erreur. Ainsi—ajoutait-il—, ils sont d’accord pour dire que notre
Prophète a été envoyé à l’ensemble du genre humain, contrairement aux autres
prophètes. C’est une erreur, car tous les prophètes ont été envoyés par Dieu à l’ensemble
des créatures ; en effet, les signes des prophètes sont si célèbres qu’ils parviennent aux
horizons du monde : quiconque en est averti doit les croire et les suivre ». Il se trouvait
ainsi en contradiction avec le ḥadīṯ du Prophète [Muḥammad] disant : « J’ai été envoyé à
tout le monde : j’ai été envoyé au rouge et au noir »14 ; or les prophètes [antérieurs]
avaient été envoyés à leur peuple [sans plus]. Al-Naẓẓām a donc interprété abusivement
ce ḥadīṯ. Il y a dans cette opposition à la Tradition un [regrettable désir de] se
41
singulariser : que penser alors des cas où, faisant œuvre de critique subjective, il se
trouvait en contradiction à la fois avec la Tradition et le consensus ?
10 32. — Il affirmait que les expressions figurées du Ṭalāq15, comme les expressions « tu es
libre (ḫaliyya) », « tu es dégagée (bariyya) », « tu as la bride sur le cou (ḥabluki ‘alā ġāribiki
) », « tu es détachée (batta) », etc...ne rendent pas la répudiation exécutoire, // qu’il ait eu
intention ou non. Il se trouvait ainsi en contradiction avec le consensus et avec la
Tradition, en faisant appel à une opinion subjective. Il affirmait aussi : « Lorsqu’on
prononce le serment d’interdiction incestueuse (ẓihār) en introduisant les mots « ventre »
ou « sexe », le serment n’est pas valable ». Ou encore : « Si l’on prononce le serment de
continence (īlā’) par autre chose que le nom de Dieu, le serment n’est pas exécutoire, car
le mot īlā’ dérive du nom d’Allāh ».
11 33. — Il disait : « Lorsqu’un homme en état de pureté légale au début de la nuit dort ainsi
jusqu’au matin, qu’il soit couché sur le dos, assis ou couché sur le flanc, son ablution reste
valable, car le sommeil ne rompt pas l’effet de l’ablution ». Il ajoutait : « Si les Musulmans
sont d’accord sur la nécessité de l’ablution après avoir dormi sur le dos, c’est qu’ils ont
toujours vu leurs ancêtres se purifier en se levant après le sommeil nocturne ; en effet, on
a l’habitude de faire ses défécations et d’uriner le matin, et on se lève avec les yeux
chassieux et la bouche mauvaise, même lorsque le visage est bien éveillé. C’est pourquoi
on se purifie à cause des besoins accomplis et à cause de l’odeur ( ?) 16, et non à cause du
sommeil. De même, beaucoup d’auteurs imposent l’ablution majeure le vendredi parce
que les gens // travaillaient pendant la matinée dans leur jardin, et se lavaient
entièrement avant de revenir ».
12 Toutes ces affirmations contredisent la Tradition et le consensus, car le Prophète a dit :
« Ma Communauté ne saurait être unanime dans l’erreur »17.
13 34. — Il citait la parole de ‘Umar b. al-Ḫaṭṭāb : « Si notre religion était justiciable du
raisonnement analogique, il vaudrait mieux pratiquer la friction de l’intérieur de la
chaussure plutōt que celle de l’extérieur ! »18. Et il ajoutait : « Il eût fallu que ‘Umar
appliquât ses paroles dans les jugements (aḥkām). Ce n’est d’ailleurs pas plus étrange que
cette autre sentence du même ‘Umar : — Celui d’entre vous qui prend le plus de risques au
sujet du statut juridique du grand-père19 est aussi celui qui prend le plus de risques en ce
qui concerne l’enfer. Ce qui ne l’empêcha pas de prononcer, sur le statut juridique du
grand-père, une foule de sentences différentes ».
14 35. — Il citait d’autre part ces paroles d’Abū Bakr, que l’on interrogeait sur un verset du
Coran et qui répondit : « Quels cieux m’abriteront, quelle terre me portera, où irai-je, que
ferai-je si je dis à propos d’un verset du Livre de Dieu autre chose que ce que Dieu a voulu
dire ? » Puis, comme on l’interrogeait sur la kalāla, il dit : « Je vous en parlerai en
émettant une opinion personnelle (ra’y). Si je dis juste, cela viendra de Dieu ; sinon, cela
viendra de moi : c’est [toute succession] où n’interviennent ni un père, ni un fils20 ». Al-
Naẓẓām ajoute : « Voilà qui contredit la sentence précédente ! Quiconque avait si peur de
se prononcer en émettant une opinion personnelle ne pouvait se hasarder si
témérairement à en émettre une autre // qui lui servît à étayer des jugements ».
15 36. — Il citait encore les paroles de ‘Alī qui, interrogé au sujet d’une vache qui avait tué un
âne, déclara : « Je trancherai en émettant une opinion personnelle ; si celle-ci est
conforme à la sentence du Prophète, tant mieux ; sinon, ma sentence sera nulle et sans
valeur ». Al-Naẓẓām ajoutait : « ’Alī a dit : — Quiconque veut être précipité au fin fond de
42
l’enfer n’a qu’à parler du statut juridique du grand-père... Puis il prononça, à propos de ce
même statut, des sentences divergentes ».
16 37. — Al-Naẓẓām citait les paroles d’Ibn Mas‘ūd dans le ḥadīṯ relatif à Birwa‘ bint Wāšiq :
« Je donnerai mon opinion personnelle ; si je me trompe, elle émanera de moi ; si je dis
juste, elle viendra de Dieu »21. Il ajoutait : « C’est là ce qu’on appelle un jugement par
conjecture (ẓann), et une sentence basée sur le doute (šubha). Or si le témoignage par
conjecture est illicite, la sentence prononcée par conjecture est encore plus grave ». Il
ajoutait : « Si Ibn Mas‘ūd, au lieu de consacrer toute son activité intellectuelle (naẓar) aux
décisions de jurisprudence (futyā) s’était demandé les raisons de la misère du réprouvé et
du bonheur du bienheureux, de telle sorte qu’il ne profère pas de paroles scandaleuses
sur Dieu et qu’il ne s’enferre pas dans l’erreur, cela aurait mieux valu ».
17 37 a. — Il disait encore : « Il a prétendu que la lune s’était fendue et qu’il l’avait vu de ses
yeux22. C’est un mensonge évident, car Dieu n’aurait pas fendu la lune pour Lui seul, ni
pour Lui seul et un homme. Il l’aurait fendue afin d’en faire un signe pour les mondes, un
argument // pour les prophètes, un coup de semonce pour les hommes et une preuve
pour l’univers entier. Comment donc tout le monde ne s’en est-il pas aperçu, et comment
un nouveau calendrier n’a-t-il pas été établi à dater de cette année-là ? Comment aucun
poète n’en a-t-il parlé ? Comment aucun Infidèle n’est-il devenu Musulman ? Comment
aucun Musulman n’en a-t-il tiré argument contre un athée ? »
18 37 b. — Il ajoutait : « Ibn Mas‘ūd a de plus nié l’appartenance à la Vulgate de deux sourates
23
. Admettons qu’il n’ait pas été présent lorsque le Prophète les récitait. Ne s’est-il donc
pas rendu compte qu’elles sont des merveilles de composition, qu’elles sont dans le même
style que le reste du Coran, dont les meilleurs écrivains sont incapables d’imiter
l’ordonnance, et la parfaite composition ? »
19 37 c. — Il disait : « Il pratiqua toujours le taṭbīq pendant l’inclination, jusqu’à sa mort,
comme s’il n’avait jamais fait la Prière en compagnie du Prophète, ou avait été absent 24. Il
proféra les pires injures contre Zayd b. Ṯābit lorsque les Musulmans adoptèrent sa
Lecture25, car elle était le résultat d’un collationnement.
20 37 d. — [Ibn Mas‘ūd] blâma ‘Uṯman lorsqu’il apprit qu’il avait fait une prière de quatre rak‘
a-s à Minā. Puis il s’avança [pour servir d’imām], et fit une prière de quatre rak‘a-s. Il fut
ainsi le premier à faire une prière de quatre rak‘a-s. Comme on lui en faisait la remarque,
il répliqua : « Les divergences d’opinion sont un mal, et la discorde aussi » 26. Mais lui-
même a bien souvent fait preuve d’esprit de discorde. Il n’a cessé de débiter de mauvaises
paroles contre ‘Uṯmān dès que ce dernier eût adopté la Lecture de Zayd ».
21 37 e. — Al-Naẓẓām ajoute : « Comme [Ibn Mas‘ūd] voyait une troupe de Zuṭṭ, il dit : — Je
n’ai rien vu qui ressemblât plus aux génies [lorsqu’ils apparurent pendant] la nuit des
génies, que ces gens ! Ceci a été rapporté par Sulaymān al-Taymī de la bouche d’Abū
‘Uṯmān al-Nahdī. // Dāwūd rapporte d’al-Ša‘bī que ‘Alqama demanda à Ibn Mas‘ūd : —
Étais-tu avec le Prophète, pendant la nuit des génies ? Il répondit : — Personne d’entre
nous n’y a assisté »27.
22 38. — Parlant de Ḥuḏayfa b. al-Yamān, [Al-Naẓẓām] dit : « Il se prit un jour à jurer par le
nom de Dieu à ‘Uṯmān qu’il n’avait pas dit certaines choses, alors qu’on l’avait entendu les
dire. On lui en fit la remarque, et il répliqua : « Je fais la part du feu pour conserver une
partie de ma religion, de crainte qu’elle ne disparaisse entièrement28. Telle est la version
transmise par Mis‘ar b. Kidām, d’après ‘Abd al-Malik b. Maysara, qui la tenait d’al-Nazzāl
b. Sabra.
43
23 39. — Parlant d’Abū Ḥurayra, al-Naẓẓām dit : « Il a été taxé de mensonge par ‘Umar,
‘Utmān, ‘Alī et ‘Ā’iša. Il rapportait un ḥadīṯ relatif à la marche avec une seule chaussure
qui parvient aux oreilles de ‘Ā’iša. Elle se mit alors à marcher avec une seule chaussure,
en disant : « Je veux contredire Abū Hurayra ! »29.
24 39 a. — [Abū Hurayra] rapporte que le chien, la femme et l’âne coupent la Prière30. ‘Ā’iša
dit alors : « J’ai vu le Prophète faire sa prière au milieu du lit, alors que j’étais également
sur le lit, m’interposant entre lui et la qibla ».
25 39 b. — Al-Naẓẓām dit : « ’Alī entendit dire qu’Abū Hurayra commençait ses ablutions par
le côté droit, et faisait de même pour se vêtir. Il demanda alors de l’eau, et fit ses
ablutions en commençant par la gauche, en disant : « Par Dieu, je veux contredire Abū
Hurayra ! »31.
26 39 c. — Abū Hurayra avait l’habitude de dire : « Mon ami intime m’a rapporté..., mon ami
intime a dit..., j’ai vu mon ami intime... » Alors // ‘Alī lui dit : « Quand donc le Prophète a-
t-il été ton ami intime, Abū Hurayra ? »
27 39 d. — Al-Naẓẓām dit encore : « Abū Hurayra rapporte le ḥadīṯ suivant : — Quiconque est
entaché d’impureté majeure (ğunub) au matin n’a pas le droit de jeûner. Marwān envoya
alors poser cette question à ‘Ā’iša et à Ḥafṣa qui répondirent : — Le Prophète était entaché
d’impureté majeure le matin sans que ce soit par suite de pollution nocturne32 et cela ne
l’empêchait pas de jeûner ensuite. [Marwān] dit alors à la personne qu’il avait envoyée
s’informer : « Va trouver Abū Hurayra, et dis-lui cela ! Abū Hurayra répondit alors au
messager : — J’ai entendu ce ḥadīṯ de la bouche d’al-Faḍl b. al-‘Abbās, qui est mort en
martyr.
28 Ainsi, [dit al-Naẓẓām], il donnait à croire qu’il avait entendu cela de la bouche du
Prophète, alors que c’était faux ».
29 40. — Abū Muḥammad dit : Voilà ce qu’ils disent sur les principaux Compagnons du
Prophète, comme s’il n’avait jamais entendu le verset : « Muḥammad est l’Envoyé de Dieu.
Ceux qui sont avec lui [sont violents à l’égard des Infidèles et compatissants entre eux] »
etc...33, ni cet autre : « Dieu a été satisfait des Croyants quand ils te prêtaient serment
d’allégeance, sous l’arbre [de Ḥudaybiyya]. Il a reconnu ce qui est en leur cœur. Il a fait
descendre sur eux la Présence divine »34. Si les défauts qu’il leur prête étaient réels, s’ils
étaient inexplicables et inexcusables, s’ils n’avaient pas d’autre interprétation que celle
qu’il en donne, il conviendrait [quand même] de n’en point parler et de les ignorer ; c’est
si peu de chose en effet, et c’est si négligeable en face de leurs qualités //, de leurs
nombreuses vertus, de leur attachement au Prophète, et de leur dévouement corps, âmes
et biens au service de Dieu !
30 40 a (cf. 34). — Abū Muḥammad dit :35 Rien de plus étrange que ses affirmations gratuites
contre ‘Umar b. al-Ḫaṭṭāb, qui aurait prononcé, à propos du statut juridique du grand-
père, cent jugements différents. Il est pourtant au nombre des partisans de la spéculation
et du raisonnement analogique ! N’a-t-il donc pas considéré et examiné ce cas, pour se
rendre compte qu’il était impossible que ‘Umar prononçât dans une seule et même affaire
cent jugements différents ? Que sont devenues toutes ces sentences, voire le dixième ou le
vingtième d’entre elles ? N’y a-t-il donc pas, parmi les porteurs de ḥadīṯ, quelqu’un qui en
ait retenu cinq ou six ? Si un personnage dont l’opinion originale est admise (muğtahid),
s’efforçait de trouver toutes les solutions possibles au cas du grand-père, que ce soient
des décisions verbales (qawl) ou des subterfuges juridiques (ḥila), il ne saurait en
découvrir vingt. Comment,puisque ce ḥadīṯ est absurde, ne l’a-t-il pas rangé au nombre
44
des ḥadīṯ-s suspects, et remplacé par d’autres fournis par des transmetteurs sûrs ? C’est
uniquement parce qu’il nourrissait de l’aversion et de l’hostilité contre ‘Umar.
31 40 b (cf. 35). — Abū Muḥammad dit : Quant à ses attaques contre Abū Bakr // qui,
interrogé sur un verset du Coran, aurait répugné à le commenter, puis aurait parlé de la
kalāla en émettant une opinion personnelle, [voici ce que j’en pense] : Abū Bakr fut
interrogé sur un passage obscur (mutašābih) du Noble Coran, dont seul Dieu et les puits de
science connaissent l’interprétation. Il s’est donc refusé à en parler, de peur de
l’interpréter à l’encontre de la volonté divine. Mais il a tranché au sujet de la kalāla par
une opinion personnelle, car c’était une affaire qui intéressait immédiatement les
Musulmans, et dont ils avaient besoin en matière de succession. Or il lui était loisible de
rechercher des décisions originales basées sur son opinion personnelle (iğtihād al-ra’y)
dans tous les cas où rien n’avait été transmis du Prophète, et où rien de formel ne figurait
dans le Coran. Il était l’imām des Musulmans, et leur recours dans les affaires qui
surgissaient. Il ne pouvait donc faire autrement que de trancher.
32 C’est en vertu du même principe que ‘Umar, ‘Uṯmān, ‘Alī, Ibn Mas‘ūd ou Zayd [se
trouvaient amenés] à prendre une décision lorsqu’on les interrogeait : ils étaient les
imām-s et le recours dans les affaires qui surgissaient. Que fallait-il donc qu’ils fissent
dans ce cas ? Allaient-ils renoncer à réfléchir sur la kalāla et le statut du grand père, pour
que plus tard [al-Naẓẓām] et ses semblables vinssent parler de ces choses sous l’angle du
kalām ?
33 40 c (cf, 37 a). — Passons à ses attaques contre Ibn Mas‘ūd, qu’al-Naẓẓām taxait de
mensonge pour avoir dit que la lune s’était fendue, et qu’il avait assisté à cela. // Ce n’est
pas Ibn Mas‘ūd qui est taxé de mensonge en l’espèce : c’est là faire injure aux Signes de la
Prophétie, et accuser de mensonge le Vénérable Coran, où Dieu dit : « L’heure approcha ;
la lune se fendit »36.
34 Si la lune ne s’était pas déjà fendue à ce moment-là, et que le verset veuille dire : « la lune
se fendra », que voudrait dire alors le verset suivant : « S’ils ont vu un signe [miraculeux],
ils se détournent disant : c’est de la magie continuelle ! »37. N’y a-t-il pas là une preuve
que les gens ont vu la lune se fendre, et ont dit : « C’est là un de ses tours de magie
continuels et un de ses subterfuges ! », comme ils le disaient déjà de ses autres signes
[distinctifs] (‘alam). Comment un signe [miraculeux] (āya) ou un signe [distinctif] (‘alam)
ne pourrait-il — selon al-Naẓẓām — être vu par un, deux ou plusieurs personnes à
l’exclusion de toutes les autres ? Ne peut-on admettre que la nouvelle en soit répandue
par une, deux ou plusieurs personnes38, tout comme l’individu qui avait parlé à un loup
avait annoncé qu’un loup lui avait adressé la parole, ou comme cet autre qui annonça
qu’il avait reçu les doléances d’un chameau, ou comme cet autre enfin qui déclara qu’un
mort avait été restitué par la terre ?39.
35 40 d (cf. 37 b). — Al-Naẓẓām accuse Ibn Mas‘ūd d’avoir nié l’appartenance à la Vulgate de
deux sourates du Coran, à savoir les deux Prophylactiques. Ibn Mas‘ūd avait des
justifications. Les hommes peuvent fort bien hésiter40 // et se tromper. Si cela est permis
aux prophètes et aux Envoyés, ce l’est encore bien plus pour les autres mortels. Ses
raisons pour avoir omis de les enregistrer dans son texte (muṣḥaf) sont les suivantes : il
avait entendu le Prophète s’en servir à titre de formules prophylactiques en faveur d’al-
Ḥasan, d’al-Ḥusayn et d’autres, tout comme il se servait de la formule : « Je demande
[pour vous] la protection des Paroles de Dieu parfaites ». Ibn Mas‘ūd a alors pensé que ces
deux sourates ne faisaient point partie du Coran, et il ne les a pas enregistrées dans son
texte.
45
36 C’est pour la même raison qu’Ubayy b. Ka‘b a intégré à son texte l’introduction de
l’invocation appelée qunūt, et en a fait deux sourates, car il voyait le Prophète s’en servir
constamment comme invocation au cours de la Prière, et il pensait que c’étaient là des
passages du Coran.
37 40 e (cf. 37 c). — Quant au taṭbiq, il ne s’agit pas d’une pratique d’obligation du rituel de la
Prière. Les seules pratiques d’obligation sont l’inclination et la prosternation, car Dieu a
dit : « Faites l’inclination et la prosternation »41. Quiconque pratique le taṭbīq fait en même
temps l’inclination ; quiconque pose ses mains sur ses genoux la fait également. Le fait de
poser ses mains sur ses genoux ou de pratiquer le taṭbīq font partie des pratiques de
convenance (ādāb) de l’inclination. La discussion ne portait donc que sur les pratiques de
convenance de la Prière. // Il y avait des gens qui pratiquaient ľiq‘ā’, d’autres ľiftirāš,
d’autres enfin le tawarruk42, mais rien de tout cela n’entachait la Prière, même s’il y avait
matière à divergence.
38 40 f (cf. 7)43. — Al-Naẓẓām accusait Ibn Mas‘ūd de mensonge lorsqu’il rapportait le ḥadīṯ du
Prophète : « Le réprouvé est réprouvé dès le sein de sa mère, et le bienheureux est
bienheureux dès le sein de sa mère ». Comment pouvait-il taxer Ibn Mas‘ūd de mensonge,
alors qu’il est en l’occurrence le porte-parole du Prophète pour ce ḥadīṯ si important et si
célèbre, et alors qu’il l’introduit par les mots : « J’ai entendu dire par le Sincère et le
Véridique, ainsi que par les Compagnons du Prophète, qui le répétaient à l’envi sans que
personne ne le conteste... »44. Quel sens commun cela a-t-il de taxer de mensonge un
porte-parole du Prophète dans une affaire dont il ne pouvait attendre aucun profit, qui ne
pouvait lui épargner aucun inconvénient, qui ne le rapprochait d’aucun détenteur de
l’autorité, ni d’aucun assujeti à l’autorité, et ne lui rapportait rien ?
39 Comment pouvait-il l’accuser de tromperie dans un cas où tant de gens donnaient une
version concordante du ḥadīṯ, et notamment Abū Umāma qui rapportait de la bouche du
Prophète : « La Science [divine] est préexistante ; le calame s’est desséché ; la sentence
[divine] est prononcée. Le Livre le prouve, et il faut en croire les prophètes : le Destin est
accompli ; le bonheur est promis aux Croyants et à ceux qui craignent Dieu ; le malheur
est promis à ceux qui refusent de croire et sont Infidèles. Dieu a dit : — Fils d’Adam, c’est
par Ma Volonté (maši’a) que tu es ; mais c’est toi qui fais œuvre de volonté (tašā’) pour les
choses que tu veux. C’est par Mon Vouloir (irāda) // que tu es ; mais c’est toi qui fais
œuvre de vouloir (turīd) pour les choses que tu veux. C’est par Ma grâce et Ma miséricorde
que tu t’acquittes de tes devoirs envers moi (farā’iḍ). C’est par Ma faveur que tu peux
résister à [l’envie de] me désobéir »45.
40 Al-Faḍl b. al-‘Abbās b. ‘Abd al-Muṭṭalib rapporte que le Prophète lui dit : « Enfant, garde
Dieu, Il te gardera ; confie-toi à Lui, tu Le trouveras devant toi ; rappelle-toi à Lui dans les
périodes fastes, Il te reconnaîtra dans les périodes difficiles ; sache que ce qui te frappe ne
devait pas t’épargner, et que ce qui t’épargne ne devait pas te frapper. Le calame est
desséché pour ce qui sera jusqu’au jour de la résurrection »46.
41 Comment al-Naẓẓām peut-il taxer Ibn Mas‘ūd de mensonge dans un cas où il se trouve
d’accord avec le Coran ? Dieu a dit : « Au cœur de ceux-là, Dieu a inscrit la Foi, et Il les a
assistés au moyen d’un esprit [émanant] de Lui »47. C’est à dire : « Il a déposé la foi dans
leurs cœurs ». De même, Il a dit à propos de la miséricorde : « Je l’inscrirai [la belle
existence] pour ceux qui sont pieux et donnent l’Aumône »48, c’est à dire : « Je
l’imposerai ». Celui au cœur duquel Dieu a déposé la foi, Dieu [par là même] décrété son
bonheur. Dieu a dit au Prophète : « Tu ne conduis point qui tu aimes, mais Dieu conduit
46
qui Il veut »49. Ce qui ne saurait signifier : « Toi, tu n’appelles pas ceux que tu aimes des
« gens dans la bonne voie », mais Dieu appelle qui Il veut des // « gens dans la bonne
voie ». Il a dit en effet : « Il égare qui Il veut, et Il conduit qui Il veut »50 ; Il a dit encore :
« Pharaon a égaré son peuple, il ne l’a pas conduit »51, ce qui ne saurait vouloir dire :
« Pharaon a appelé son peuple : gens égarés, et il ne l’a pas appelé : gens dans la bonne
voie ». Dieu a dit : « Celui que Dieu veut diriger, Il ouvre son cœur à l’Islam. Celui qu’Il
veut égarer, Il rend son cœur étroit, [le met à la] gêne, comme s’il montait au ciel » 52. Il a
dit encore : « Si Nous avions voulu, Nous aurions donné à chaque âme sa Direction. Mais
que se réalise Ma parole : —J’emplirai certes la Géhenne, tout ensemble, de génies et
d’hommes »53.
42 Les passages semblables dans le Coran et le ḥadīṯ sont nombreux et il serait trop long de
les citer tous. Notre but n’était pas ici de produire des arguments contre les Qadarites, à
seule fin de citer tout ce qui a été dit pour les réfuter, ou de proclamer la nullité et
l’absurdité de leurs interprétations. J’ai parlé de tout cela en plus d’un passage de mes
ouvrages sur le Coran.
43 Comment al-Naẓẓām pouvait-il accuser Ibn Mas‘ūd de mensonge dans un cas où il est
d’accord avec les Arabes de la Ğāhiliyya et de l’Islam ? Un poète de rağaz a dit :
« O toi qui nourris des soucis, ne sois pas soucieux !
Si le Destin veut que tu aies la fièvre, tu l’auras. Même si tu escalades une haute
montagne,
comment pourrait-elle te protéger, puisque le calame est desséché ? »
44 Un autre a dit : //
« Ce sont les arrêts du Destin : blâme-moi, ou laisse-moi ; si je me suis trompé, le
Destin, lui, ne s’est pas trompé ».
45 Labīd a dit :
« La crainte de notre Seigneur est la meilleure des grâces.
C’est par ordre de Dieu que je suis en avance ou en retard.
Celui qu’il guide sur les chemins du Bien est dans la bonne voie,
le cœur content ; mais Il égare qui Il veut ».
46 Al-Farazdaq a dit :
« J’ai eu du remords comme en eut al-Kusa‘ī lorsque
Nawār partit loin de moi, répudiée.
Elle était mon paradis, et j’en suis sorti,
comme Adam, lorsqu’il en sortit, contraint et forcé.
Si mes mains avaient voulu la garder, et mon cœur, le Destin aurait eu le pas sur
moi, pour choisir »54.
47 Al-Nābiġa a dit :
« Aucun homme n’obtient rien de ce qu’il désire si cela n’a pas été écrit ».
48 Comment enfin al-Naẓẓām peut-il accuser Ibn Mas‘ūd dans un cas où il est d’accord avec
les Livres révélés ? Wahb b. Munabbih ne dit-il pas : « J’ai lu // soixante douze Livres
révélés, dont vingt-deux de nature ésotérique (bāṭin) et cinquante de nature exotérique (
ẓāhir). J’ai trouvé dans tous ces Livres que quiconque s’attribue une parcelle
supplémentaire de pouvoir (istiṭā‘a) est un Infidèle ». Ne lit-on pas dans la Thora que Dieu
dit à Moïse : « Va trouver Pharaon, et dis-lui : Laisse sortir vers Moi les fils de Mon aîné,
les fils d’Israël, de la terre de Canaan jusqu’à la Terre Sainte, afin qu’ils Me louent, qu’ils
Me glorifient et Me sanctifient. Va le trouver et transmets-lui Mon message. J’endurcirai
son cœur, de sorte qu’il ne comprendra point »55.
47
49 Abū Muḥammad dit : l’expression « Mon aîné » signifie : « Il est pour Moi ce que le
premier enfant est pour un homme ». « Il est Mon aîné » veut dire : « C’est le premier que
J’ai choisi ».
50 Ḥammād, rapporteur de Muqātil, déclare : « ‘Amr b. Fā’id m’a dit : — [Est-il possible que]
Dieu ordonne une chose sans vouloir qu’elle soit ? Je répondis : — « Oui ! Il a ordonné à
Abraham de sacrifier son fils, mais Il ne voulait pas qu’il le fît. — Il s’agissait d’un rêve !
répliqua-t-il. Je lui dis alors : — N’as-tu-pas entendu [le fils d’Abraham] dire : « Père ! Fais
ce qui t’est ordonné ! »56.
51 N’est-il pas vrai aussi que toutes les communautés persanes (‘Ağam) professent le
déterminisme (iṯbāt), que les Hindous // disent dans le livre de Kalīla et Dimna — un de
leurs meilleurs livres anciens — : « La ferme croyance en le Destin n’empêche pas
l’individu résolu de se garder des périls. Personne ne doit réfléchir sur le Destin caché,
mais on doit agir avec résolution (ḥazm) ».
52 Abū Muḥammad dit : Quant à nous, nous joignons la foi en le Destin à la résolution (ḥazm)
dans l’entreprise. J’ai lu dans les livres des Persans que Hurmuz, interrogé sur les raisons
qui poussèrent Fayrūz à attaquer les Hephtalites puis à les tromper, déclara : « Les
hommes agissent de par la prédestination et la volonté du Seigneur dans les affaires où il
n’y a pas d’autre acte possible. Il ne leur est pas donné d’avancer ou de reculer. Quiconque
pose une question donnée en étant pénétré de la conscience de ce que nous avons dit //
n’a en vue dans sa question que la cause finale (‘illa) pour laquelle le Destin s’est accompli
comme il s’est accompli pour l’intéressé, et la cause instrumentale (sabab) qui est du
domaine de l’expérience sensible ; il suit ainsi l’habitude qu’ont les hommes de dire :
« Que fait Untel ? », pour dire : « Qu’a-t-il été fait de lui ? » ou « Qu’a-t-il été fait par son
truchement ? » De même on dit : « Untel est mort » ou « Untel a vécu » pour dire en
réalité : « Il a subi passivement [la mort ou la vie] ». Tel est donc le but de sa question.
Quiconque veut en savoir davantage ferait mieux de tout ignorer. Nous n’avons pas
attribué toute cette responsabilité aux arrêts du Destin dans l’histoire de Fayrūz dans
l’intention de l’excuser ou dans le but d’embellir ses actes, ni pour nier que les actes
accomplis par les créatures par arrêt du Destin — même si elles ne peuvent éviter ceux
qui sont répréhensibles et choisir ceux qui sont louables — sont la cause seconde (sabab)
entraînant la récompense ou la punition qui nous restent cachées, et qui supposent
nécessairement la justice du Créateur envers ses créatures »57.
53 40 g (cf. 37 e). — Parlons de cet autre ḥadīṯ pour lequel al-Naẓẓām taxe Ibn Mas‘ūd de
mensonge : // Ayant vu une troupe de Zuṭṭ, il dit : « Je n’ai rien vu qui ressemblât plus
aux génies [lorsqu’ils apparurent pendant] la nuit des génies, que ces gens ! » Puis,
comme on lui demandait : « Tu étais donc avec le Prophète, pendant la nuit des génies ? »,
il aurait répondu : « Personne d’entre nous n’y a assisté ». Ibn Mas‘ūd aurait donc
prétendu dans le premier ḥadīṯ qu’il en avait été témoin, et il l’aurait nié dans le second.
Al-Naẓẓām critique ces deux informations.
54 Comment cela pourrait-il être vrai d’Ibn Mas‘ūd, dont on connaît l’intelligence
pénétrante, les connaissances étonnantes, la prééminence dans la Sunna, par rapport 58 à
ceux qui ont hérité de la connaissance de cette Sunna par la suite, l’intimité avec le
Prophète et la faveur dont il jouissait auprès de lui ? Comment aurait-il pu avouer son
mensonge avec impudence et dire aujourd’hui : « J’ai vu » et demain : « Je n’ai pas vu » ?
Même si son pire ennemi avait importuné Ibn Mas‘ūd pour obtenir de lui ce qu’il pouvait
obtenir de lui-même, il n’aurait pas pu. Même s’il avait été atteint de débilité mentale, de
48
démence ou de toute autre infirmité, il n’aurait rien ajouté à ce qu’il s’était attribué
auparavant.
55 D’ailleurs, les gens du ḥadīṯ ne lisent pas au style affirmatif dans le ḥadīṯ des Zuṭṭ la phrase
où il aurait déclaré avoir été présent avec le Prophète pendant la nuit des génies. C’est
eux que nous suivrons, car ils connaissent les traditions saines et les traditions boiteuses :
ce sont les spécialistes du ḥadīṯ, auquel ils se consacrent particulièrement. Or tout //
spécialiste d’une discipline est le plus compétent dans sa matière. Néanmoins, nous ne
doutons pas que l’une des deux traditions en question soit fausse, car il est impossible que
‘Abd Allāh b. Mas‘ūd ait déclaré urbi et orbi qu’il avait menti, sacrifiant ainsi sa réputation.
S’il l’avait fait, on lui aurait dit : « Pourquoi nous as-tu dit hier que tu avais vu cela ? »
56 Si les gens du ḥadīṯ ont raison, c’est la première tradition qui est fausse ; si les deux ḥadīṯ-s
sont sains, le transmetteur du second n’a pu qu’en omettre un mot, à savoir « que moi » (
ġayrī). Voici comment, à titre de démonstration, on pourrait rétablir les faits : Lorsqu’on
lui dit : « Étais-tu avec le Prophète la nuit des génies ? », il a dû dire : « Personne d’entre
nous n’y a assisté, que moi ». Le transmetteur a dû omettre « que moi », soit qu’il ne l’ait
pas entendu, soit qu’il l’ait entendu, mais que [Dieu ait permis qu’il] l’oubliât, soit que le
transmetteur suivant l’ait omis. De tels faits, ou d’autres analogues peuvent se produire,
car rien n’est à l’abri [d’une altération].
57 Une autre preuve de ce que j’avance est que la question posée était la suivante : « Étais-tu
avec le Prophète pendant la nuit des génies ? », et qu’il répondit : « Personne d’entre nous
n’y a assisté », ce qui ne constitue pas une réponse à la question : « Étais-tu... ? ». Ce ne
peut être qu’une réponse à la question : « Étiez-vous59 avec le Prophète, pendant // la nuit
des génies ? ». Dès lors que la question était : « Étais-tu... ? », il était normal que la
réponse fût : « Personne d’entre nous n’y a assisté, sauf moi », ce que confirment ses
paroles antérieures.
58 41 (cf. 38). — [Al-Naẓẓām] rapporte à propos de Ḥuḏayfa qu’il aurait juré à ‘Uṭmān n’avoir
pas dit certaines choses, alors qu’on l’avait entendu les dire. Comme on lui en faisait la
remarque, il aurait dit : « Je fais la part du feu pour conserver une partie de ma religion,
de crainte qu’elle ne disparaisse entièrement ! » Comment a-t-il pu rapporter ce ḥadīṯ
dans son sens le plus tendancieux, sans y chercher une excuse ou une échappatoire (
maḫrağ), en le présentant comme [une simple] information anecdotique ? Il s’agit des
mots : « Je fais la part du feu pour conserver une partie de ma religion... ». N’a-t-il donc
pas cherché à en comprendre le sens, et réfléchi sur ces mots ? Non ! Son hostilité envers
les Compagnons du Prophète et la haine qu’il nourrissait envers eux l’empêchait
d’examiner les choses sainement. En effet, l’hostilité et la haine rendent aveugle et sourd,
tout comme la passion. //
59 Sache toutefois que le mensonge et le parjure sont parfois préférables pour l’homme
[digne de ce nom] et plus agréables à Dieu que la sincérité et le respect des serments.
N’est-il pas vrai que si quelqu’un constate qu’un souverain tyrannique, un personnage
puissant et dominateur veut verser injustement le sang d’un bon Musulman ou d’un [allié
des Musulmans] (mu’āhad), violer ce qu’il a de plus sacré ou brûler sa maison, et que cet
homme invente un mensonge ou prête un faux serment pour sauver [la victime], il
recevra la récompense de Dieu et sera l’objet de la gratitude des hommes ? Si un homme
vient à jurer qu’il ne respectera pas les liens du sang, et qu’il ne paiera pas la zakāt, puis
demande l’avis des jurisconsultes sur ce sujet, ils décideront tous qu’il n’est pas tenu de
respecter son serment. Dieu dit : « Ne faites point de Dieu l’objet de vos serments, afin
49
d’être bons et pieux et d’établir la concorde entre les hommes »60 ; c’est-à-dire : Ne faites
pas du serment par Dieu un obstacle qui vous empêchera de faire le bien si vous avez juré
que vous ne le feriez pas. Dans ce cas, au contraire, vous pouvez vous dégager de votre
serment et faire ce qui vaut le mieux. On comparera la parole du Prophète : « Quiconque a
prêté serment sur un point, puis a considéré qu’il valait mieux agir autrement, qu’il se
dégage de son serment par la kaffāra et fasse ce qui vaut mieux »61. Il est toléré de mentir
en cas de guerre, car la guerre est toute traîtrise ; quand il s’agit de ramener la paix entre
les hommes, ou de faire plaisir aux siens. Il est toléré de pratiquer la restriction mentale (
tawriya) à propos d’un serment lorsqu’on est victime d’une injustice, ou que l’on craint //
pour sa vie. La restriction mentale consiste à nourrir des intentions différentes des
intentions de celui qui a imposé la prestation du serment. Ainsi, si un débiteur dans la
gêne se voyait imposer le serment devant un juge par son créancier à propos d’une dette
qu’il aurait envers ce dernier, et qu’il craignît d’être condamné à la prison, alors que Dieu
a prescrit le moratoire, le débiteur pourrait dire : « par Dieu, je n’ai aucune dette envers
cet homme » en ajoutant mentalement : « ...pour ce jour »62 ; ou il pourrait dire : « Wa-l-
lāhi », participe actif dérivant de lahw, avec élision du yā’ et conservation du kasra qui en
est le résidu (comme c’est le cas dans les expressions coraniques : « Yā ‘ibādi-llaḏīna āmanū
»63 ou « Yawma yad’u-d-dā’i »64, ou « yunādi-l-munādi »65 66 ; ou bien encore, il pourrait
dire : « Tout ce que je ne possède pas est aumône légale », c’est-à-dire : « Tout ce que je ne
posséderai pas » voulant dire par là qu’il ne possède rien actuellement67. Si quelqu’un
exige abusivement d’autrui qu’il prête serment de ne pas « franchir la porte » d’une
maison, et que ce dernier sorte en escaladant le mur, interprétant ainsi son serment et
déclarant qu’il n’a pas « franchi la porte » quoique l’intention de la personne qui a imposé
le serment était qu’il ne sortît de la maison en aucune façon, tout cela et les autres cas
analogues relèvent de la restriction mentale.
60 Il existe aussi une tolérance relativement aux propos équivoques (ma‘arīḍ). Certains
disent que « les propos équivoques permettent [de trouver] des échappatoires (mandūḥa)
au mensonge »68. Voici un exemple de discours équivoque : Abraham, l’Ami de Dieu, dit en
parlant de sa femme : « C’est ma sœur », voulant dire par là que tous les Croyants sont
frères69. De même, Abraham dit dans le Coran : « Ceci a été fait par cette [idole]-ci, la plus
grande d’entre elles ; interrogez-les, si elles peuvent parler »70 ; il pensait en disant ces
mots : « Ceci a été fait par cette idole-ci, la plus grande d’entre elles, si [toutefois vos
idoles] peuvent parler ». Dans son esprit, les idoles ne pouvaient agir que si elles étaient
douées de la parole ; // or [il savait bien] que l’idole ne pouvait ni parler, ni agir. De
même, Abraham dit : « Je suis infirme » dans le sens de « Je serai infirme » 71, car
quiconque doit inéluctablement subir la mort et l’anéantissement deviendra
nécessairement infirme. Dieu a dit à Son Prophète : « Tu es mort, et ils sont morts » alors
que le Prophète n’était pas mort à ce moment-là. Dieu voulait dire par là : « Tu mourras et
ils mourront »72.
61 [Al-Naẓẓām] a-t-il seulement cherché une échappatoire d’une des manières ci-dessus ? Il
lui apparaissait pourtant nettement dans les paroles de [Ḥuḏayfa] que ce dernier [s’était
ménagé] une échappatoire en disant : « J’achète une partie de ma religion avec l’autre
partie »73.
62 Si tu veux connaître le moyen de trouver une échappatoire, nous allons te donner
d’autres exemples dans le même ordre d’idées.
63 Ainsi, un Ḫāriğite rencontra un Rāfiḍite et lui dit : « Je ne te quitterai pas avant que tu ne
te sois déclaré étranger à ‘Uṯmān et à ‘Alī. Sinon, je te tuerai ! » L’autre dit alors : « Par
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Dieu, je suis à ‘Alī, et à ‘Uṯmān étranger ». Il se tira ainsi d’affaire, mais ce qu’il avait voulu
dire, c’est : « Je suis à ‘Alī — c’est-à-dire : Je suis de ses partisans —, et je suis étranger à
‘Uṯmān ». Ainsi, il ne se déclarait étranger qu’à ‘Uṯmān seul.
64 Autre exemple : Un partisan du souverain régnant interrogea un individu qu’il
soupçonnait de détester le souverain et de se gausser des vêtements noirs que portaient
les dirigeants. // L’autre répliqua : « Par Dieu, la lumière est dans le noir ! ». Le
tourmenteur se tint pour satisfait, mais l’autre avait seulement voulu dire : « La lumière
de l’œil est dans le noir de la prunelle ! ». Il ne se trouvait donc ni parjure, ni coupable 74.
65 Autre exemple : ‘Alī disait dans un prône : « En vérité, si seuls doivent entrer au paradis
ceux qui ont tué ‘Uṯmān, je n’y entrerai pas : et si seuls doivent entrer en enfer ceux qui
ont tué ‘Uṯmān, je n’y entrerai pas ! » On lui dit alors : « Que fais-tu là, Prince des
Croyants ? Tu divises les Musulmans ! » Alors il reprit son prône et dit : « Vous m’avez
beaucoup reproché ce que j’ai dit sur le meurtre de ‘Uṯmān. Mais c’est Dieu, qui a tué
‘Uṯmān, ainsi que moi ! » Il leur laissait ainsi supposer que lui, ‘Alī, était responsable du
meurtre de ‘Uṯmān en même temps que Dieu, alors qu’il voulait dire seulement que Dieu
avait tué ‘Uṯmān, et qu’Il le tuerait également, lui, ‘Alī.
66 Autre exemple : Šurayḥ entra chez Ziyād au cours de la maladie dont ce dernier devait
mourir. Lorsqu’il sortit, Masrūq envoya quelqu’un lui demander : « Comment as-tu trouvé
l’émir ? » Il répondit : « Je l’ai trouvé qui ordonnait et interdisait ! »75. [Masrūq] dit alors :
« Šurayḥ parle par énigmes ! Interrogez-le encore ! » Šurayḥ dit alors : « Je l’ai laissé qui
ordonnait ses dernières volontés et qui interdisait de pleurer ! »
67 On interrogea Šurayḥ sur un de ses fils qui venait de mourir, en ces termes : « Comment
se porte ton malade, fils d’Umayya ? » Il dit : « Maintenant, ses tourments sont finis // et
sa famille espère ». Il voulait dire : « Elle espère qu’il sera récompensé dans l’autre
monde ». Etc... etc... On pourrait multiplier ces exemples à l’infini.
68 Dans les paroles qu’il adressait à ‘Uṯmān, Ḥuḏayfa ne pouvait manquer de pratiquer la
restriction mentale [en aiguillant son attention] sur une partie de son serment. La
conversation ne nous a pas été rapportée assez littéralement pour que nous puissions
l’interpréter. Elle ne nous est parvenue que résumée. Nous allons essayer d’imaginer ce
qu’elle a pu être. Tout se passe comme si Ḥuḏayfa avait proclamé — les hommes ne
disent-ils pas les pires choses qu’ils sachent lorsqu’ils sont en colère, et les plus agréables
lorsqu’ils sont satisfaits ? — que ‘Uṯmān était en désaccord avec ses deux compagnons 76,
commettait des impairs, sans prendre conseil de ses compagnons pour ses affaires,
accordait des subsides à qui n’y avait pas droit, et autres choses semblables. Quelqu’un
vint le dénoncer à ‘Uṯmān, qui eut des paroles dures et lui dit : « On m’a dit t’avoir
entendu proclamer que je suis injuste, faux, etc...» Alors, Ḥuḏayfa jura par Dieu n’avoir
jamais dit cela. Or Ḥuḏayfa disait vrai, en affirmant n’avoir jamais dit que ‘Uṯmān était
injuste et faux. Par son serment, il voulait seulement extirper sa rancœur et éteindre la
flamme de sa colère. Il ne voulait pas que [‘Uṯmān] remâchât ses griefs contre lui. C’est
que la colère de l’imām contre ses ouailles est comparable à la colère du père contre son
fils, du maître contre son esclave, ou du mari contre sa femme : elle est même encore plus
grave. C’est pourquoi Ḥuḏayfa « faisait la part du feu » en disant : // « J’achète une partie
de ma religion avec l’autre partie ».
69 42 (cf. 39). — Passons aux attaques contre Abū Hurayra, qui aurait été convaincu de
mensonge par ‘Umar, ‘Uṯmān, ‘Alī et ‘Ā’iša. Abū Hurayra fut le Compagnon du Prophète
environ trois ans, et la plus grande partie de la Tradition est passée par son canal. [Il fut le
51
Compagnon de] ‘Umar environ cinquante ans, et mourut en 59/679. C’est également
l’année de la mort d’Umm Salama, l’épouse du Prophète. ‘Ā’iša, elle, était morte l’année
précédente. En sorte que lorsqu’il transmettait un ḥadīṯ du Prophète inconnu des plus
célèbres Compagnons et des Compagnons de la première heure, on le suspectait, et on le
rejetait en disant : « Comment peux-tu être le seul à avoir entendu cela ? » ou « Qui a
entendu cela, à part toi ? »
70 ‘Ā’iša était la première à nier ce qu’il disait, car tout cela était si ancien !... Quant à ‘Umar,
il était également sévère envers quiconque transmettait de [trop] nombreux ḥadīṯ-s, ou
rapportait une information relative à une prescription juridique, pour laquelle il n’avait
pas de témoin. Il ordonnait de limiter le volume de la Tradition, pour que les gens ne s’y
perdissent point, ne mélangeassent point tout, et pour que ne pussent s’y glisser des
apocryphes ou des faux [inventés par] les Hypocrites, les libertins ou les bédouins 77. //
71 Beaucoup de grands Compagnons et d’intimes du Prophète, comme Abū Bakr, al-Zubayr,
Abū ‘Ubayda, al-’Abbās b. ‘Abd al-Muṭṭalib limitaient le nombre des ḥadīṯ-s qu’ils
transmettaient de la bouche du Prophète, et certains même ne transmettaient presque
rien, comme Sa’īd b. Zayd b. ‘Amr b. Nufayl, l’un des dix Promis au paradis. ‘Alī disait :
« Lorsque j’entendais un ḥadīṯ de la bouche même du Prophète, Dieu m’en faisait tirer
parti dans la mesure où Il le voulait. Mais si un transmetteur me rapportait un ḥadīṯ de la
bouche du Prophète, je lui demandais de prêter serment. S’il acceptait, j’ajoutais foi à ses
paroles. Ainsi, Abū Bakr, qui disait vrai, m’a rapporté... etc. »
72 On sait combien ces gens étaient stricts en matière de ḥadīṯ, et combien étaient prudents
ceux qui s’attachaient à éviter les erreurs matérielles, les additions ou les omissions dans
la transmission ; en effet, ils avaient entendu le Prophète dire : « Quiconque rapporte des
mensonges sur mon compte, sa place est réservée en enfer ». C’est sous cette forme que le
ḥadīṯ est transmis par al-Zubayr, qui ajoute : « J’en connais qui ajoutent à cette phrase le
mot « intentionnellement » ; mais je n’ai pas entendu le Prophète dire :
intentionnellement »78.
73 Muṭarrif b. ‘Abd Allāh rapporte que ‘Imrān b. Ḥuṣayn dit : « Par Dieu, si je savais que je
fusse capable de rapporter à volonté // des ḥadīṯ-s du Prophète pendant deux journées
consécutives, ce qui me retiendrait, c’est que certains hommes ayant été compagnons du
Prophète ont entendu ce que j’ai entendu, vu ce que j’ai vu, et rapportent des ḥadīṯ-s en
les déformant. Je crains qu’on ne me suspecte, comme on les suspecte ». [Muṭarrif] nous
apprend donc dans ce texte qu’ils se trompaient, mais sans le faire [nécessairement]
exprès.
74 Lorsque Abū Hurayra leur disait qu’il était le plus assidu d’entre eux auprès du Prophète
pour le servir et lui procurer à manger — lui qui était pauvre et indigent — et que rien ne
pouvait le distraire [du service] du Prophète, ni repiquage du palmier, ni passation de
marchés, insinuant qu’ils en prenaient à leur aise avec leurs commerces et qu’ils
demeuraient dans leurs propriétés la plupart du temps, tandis que lui se tenait auprès du
Prophète sans le quitter, savait en conséquence des choses qu’ils ignoraient et avait
retenu des choses qui leur avaient échappé, ils le mettaient en quarantaine. Il n’en
continuait pas moins à dire : « Le Prophète a dit ceci ou cela », même lorsqu’il l’avait
seulement entendu de la bouche d’une autorité digne de confiance. C’est aussi ce que
faisait Ibn ‘Abbās, ainsi que d’autres Compagnons, // et le transmetteur ne commet aucun
crime et n’encourt aucune responsabilité, grâce à Dieu, si celui qui entend le ḥadīṯ de sa
bouche comprend de travers.
52
75 42 a (cf. 39c). — Abū Hurayra disait : « Mon ami intime a dit... j’ai entendu mon ami
intime... », c’est-à-dire : le Prophète, et ‘Alī répliquait : « Depuis quand le Prophète est-il
ton ami intime ? »
76 On entend « l’intimité » dans le sens de « l’amitié » ou de « l’affection », qui sont deux
degrés, l’un étant plus affectueux que l’autre. De même, dans la « compagnie » (ṣuḥba), il y
a deux degrés, dont l’un est plus affectueux que l’autre. Il est clair que l’homme qui dit :
« Abū Bakr, Compagnon du Prophète » ne désigne pas par ce mot le même genre de
fréquentation que celle de ses propres compagnons. On les qualifie tous de
« compagnons », mais quel est le mérite particulier attribué à Abū Bakr lorsqu’on lui
applique ce mot ? Ce que l’on veut dire, c’est qu’Abū Bakr était le personnage le plus
intimement attaché au Prophète. De même, la « fraternité » instituée par le Prophète
entre ses Compagnons était plus affectueuse que la fraternité établie par Dieu entre les
Croyants dans le verset : « Les Croyants sont seulement des frères »79. On peut en dire
autant de « l’intimité ».
77 Parmi les exemples d’intimité plus étroite, on peut citer le verset : « Dieu choisit Abraham
pour ami intime »80, et les paroles du Prophète : « Si j’étais disposé à choisir un ami intime
au sein de notre communauté, je choisirais Abū Bakr »81, // ce qui veut dire : Je le
choisirais pour ami intime, comme Dieu avait choisi Abraham pour ami intime.
78 L’intimité banale est celle que Dieu a instituée parmi les Croyants dans le verset : « Les
amis intimes, ce jour-là, seront des ennemis les uns pour les autres, exception faite des
Pieux »82.
79 Quand ‘Alī entendait Abū Hurayra dire : « Mon ami intime a dit..., j’ai entendu mon ami
intime... », étant mal disposé envers lui, il répliquait : « Depuis quand le Prophète est-il
ton ami intime ? », il pensait à cette intimité [étroite] au nom de laquelle le Prophète
[refusait] de se choisir un ami intime : s’il l’avait fait, il aurait choisi Abū Bakr. Quant à
Abū Hurayra, il pensait à l’intimité [banale] que Dieu a instituée entre les Croyants, et
aussi aux relations de clientèle (walāya). En effet, de ce point de vue, le Prophète était
l’intime (ḫalīl) et l’ami (walī) de chaque Musulman.
80 C’est également en ce sens qu’il faut entendre le ḥadīṯ : « Celui dont je suis le mawlā, ‘Alī
est aussi son mawlā »83. Ce qui veut dire que l’amitié entre le Prophète et les Croyants est
plus affectueuse que celle qui unit les Musulmans entre eux, et que cette amitié [plus
affectueuse] concerne également ‘Alī. Si tel n’était pas le sens du ḥadīṯ, ‘Alī n’y
bénéficierait d’aucune prééminence, et le ḥadīṯ ne prouverait rien du tout, car les
Musulmans sont tous amis (awliyā’) les uns des autres, et le Prophète // est l’ami (walī) de
chaque Musulman. Il n’y a aucune nuance entre walī et mawlā84.
81 Il en est de même pour le verset : « C’est qu’en effet Dieu est le mawlā de ceux qui
croient »85, et pour le ḥadīṯ du Prophète : « Toute femme qui est épousée sans le
consentement de son mawlā, son mariage est nul, nul »86.
82 43. — Telles sont les doctrines d’al-Naẓẓām, que nous avons exposées et auxquelles nous
avons répliqué. On cite [en outre] de lui des affirmations sur des ḥadīṯ-s qu’il prétend être
incompatibles avec le Coran, et sur d’autres qu’il condamne en invoquant le
raisonnement (ḥuğğat al-‘aql), lequel peut selon lui abroger les traditions anecdotiques (
aḫbār) ; il exhibe aussi des ḥadīṯ-s présentant des contradictions internes. Nous en
parlerons dans la suite de ce livre, s’il plaît à Dieu.
53
***
83 44. — Passons maintenant aux doctrines d’Abū l-Huḏayl al-‘Allāf. Nous constatons que
c’est un menteur et un trompeur. Un individu adepte des mêmes doctrines raconte qu’il
était un jour chez Muḥammad b. al-Ǧahm, et qu’il entendit Abū l-Huḏayl dire à
[Muḥammad b. al-Ǧahm] : « Abū Ǧa‘far, ma main est habile pour gagner, mais maladroite
pour dépenser. Combien de centaines //de milliers de dirhems j’ai distribué entre mes
frères !... Abū Untel le sait bien ! Je te le demande par Dieu, Abū Untel : Le sais-tu ? » Le
narrateur dit : « Je répondis : — Abū l-Huḏayl, je ne doute pas de tes paroles !... Mais il ne
se tint pas pour satisfait, et ne toléra ma présence qu’à condition de me demander mon
témoignage ; bien plus, il exigea que je prêtasse serment ! »
84 45. — [Le même narrateur] dit encore : Abū l-Huḏayl avait fait cadeau d’une poule à
Muways b. ‘Imrān ; il ramenait tout à ce simple geste, et en faisait le point de départ de
son calendrier ! Il disait : « J’ai fait telle et telle chose avant de et donner cette poule ! » ou
« C’était après que je t’eusse donné cette poule ! » S’il voyait un chameau bien gras, il
disait : « Par Dieu, il n’a rien de comparable avec cette poule que je t’ai donnée ! ». Ce
n’est pas là la manière de voir de quelqu’un qui distribuerait dix sous à ses frères, pour ne
pas parler de deux cent mille !
85 46. — A propos de ses erreurs relatives à la Puissance (istiṭa‘a), on rapporte qu’il affirmait
que l’agent, à l’instant de l’acte, n’a pas le pouvoir d’engendrer un autre acte.
86 C’est qu’en effet [les Mu‘tazilites] attribuaient nécessairement à l’agent la puissance en
même temps que l’acte, et ceci d’un commun accord. Ils disaient : Tout le monde est
d’accord sur le fait que l’agent est puissant au stade (ḥāl) de son acte, car la Puissance est
contemporaine de l’acte. Mais ils divergeaient sur le point de savoir si elle // existe avant
l’acte.
87 Pour nous, nous professons la doctrine sur laquelle ils étaient unanimes. A ceux qui
prétendent que [la Puissance] existe avant l’acte, d’en administrer la preuve.
88 Or lui [= Abū l-Hudayl] s’est réfugié dans la doctrine ci-dessus.
89 Comme on l’interrogeait sur la non réalité des sens au moment où existe la perception, et
sur la non existence de la vie si elle est un accident [surgissant] au stade où existe la
Science [divine], il répliqua sans se singulariser ni revenir sur son opinion.
90 Il prétend qu’il est impossible que [l’agent] agisse au stade du passage [du néant à
l’existence] en vertu de la Puissance qui lui a été attribuée au stade de ce passage ; il ne
peut agir que dans le stade suivant.
91 Si on lui objectait : « Quand donc agit-il en vertu de cette puissance ? Dans le stade où il
en était [encore] privé, ou dans le stade du passage [du néant à l’existence] ? En effet,
d’après toi, l’acte est impossible au stade de ce passage, et cependant, il agit grâce à cette
puissance, et il n’y a d’autre stade que le stade du passage, et le stade suivant ? », il
répondait alors par des doctrines extravagantes87.
92 On lui prête encore bien d’autres considérations sur la non-éternité des délices du paradis
et des tourments de l’enfer88.
54
***
93 47. — Passons maintenant à ‘Ubayd Allāh b. al-Ḥasan, qui avait été nommé cadi de Baṣra,
et eut le front de tenir des théories si peu orthodoxes et si scandaleusement paradoxales
qu’elles en étaient même trop franchement paradoxales pour être réfutées !
94 Ainsi, il affirmait que le Coran présentait lui-même des divergences : la doctrine du libre
arbitre (qadar) est bonne, // elle a son fondement dans le Livre ; la doctrine de la
prédestination (iğbār) est bonne, elle a son fondement dans le Livre. Quiconque se rallie à
l’une a raison et quiconque se rallie à l’autre89 a raison, car un seul et même verset peut
montrer deux faces différentes et offrir des sens opposés. On l’interrogea un jour sur les
adeptes du libre arbitre et sur les adeptes de la prédestination, et il dit : « Ils ont raison les
uns comme les autres : les uns proclament la souveraine majesté de Dieu, et les autres Sa
souveraine impartialité ».
95 48. — Il affirmait : On peut en dire autant des noms (asmā’), car quiconque qualifie un
fornicateur de Croyant a raison, et quiconque le qualifie d’infidèle a raison. Quiconque
prétend qu’il est pervers (fāsiq) et n’est ni infidèle, ni croyant, a encore raison. Quiconque
affirme qu’il est hypocrite et n’est ni croyant, ni infidèle a toujours raison. Quiconque
affirme qu’il est infidèle, mais pas associateur a raison. Quiconque affirme qu’il est à la
fois infidèle et associateur a toujours raison, car le Coran démontre toutes ces idées 90.
96 49. — Il disait : Il en est de même pour les traditions normatives (sunan) qui divergent
également. Ainsi, la tradition relative au tirage au sort (qur‘a) et la tradition contraire 91 ;
la tradition relative à la si‘āya et la tradition contraire92 ; la tradition qui dit : « Le meurtre
d’un croyant pour [celui] d’un infidèle », et son contraire : « On ne tue pas un croyant
pour un infidèle »93. Que le jurisconsulte rende l’une ou l’autre de ces sentences opposées,
il a toujours raison.
97 50. — Il disait encore : Quiconque prétend que le meurtrier va // en enfer, a raison ;
quiconque prétend qu’il va au paradis, a encore raison ; quiconque suspend son jugement
et sursoit à propos de son cas (irğā’) a toujours raison, car il entend par là que Dieu fait
[du meurtrier] son esclave, et que [l’homme] n’a pas à connaître ce qui est caché.
98 Il disait, à propos de la lutte menée par ‘Alī contre Ṭalḥa et al-Zubayr que tout cela
ressortissait à l’obéissance à Dieu ! Il y a là visiblement contradiction et vice de
raisonnement...
99 C’était un partisan du kalām, du raisonnement analogique et de la réflexion spéculative.
***
100 51. — Passons maintenant à Bakr, le chef de file des Bakriyya. C’est d’ailleurs l’un de ceux
qui manifestent le plus de piété. Nous constatons qu’il disait : « Quiconque vole un grain
de sénevé et meurt sans s’être repenti est promis à l’enfer éternel, où il demeurera
jusqu’à la fin des temps, avec les Juifs et les Chrétiens ». Or Dieu a permis au Musulman de
55
prélever sa nourriture sur le bien de son ami à son insu ; il a permis à quiconque pénètre
dans un jardin de manger des fruits sans en emporter ; il a permis au voyageur affamé qui
passe près d’un troupeau de moutons de prendre du lait. Comment dès lors pourrait-il
punir celui qui prend un grain de sénevés ans valeur et le condamner à l’éternité de
l’enfer ? Quel crime y a-t-il //à prendre un grain de sénevé ? Cela ne saurait justifier la
contrition — à moins naturellement qu’il y ait récidive94. Il peut arriver qu’on prélève un
cure-dents dans la provision de bois de son frère, de l’argile dans sa réserve, qu’on boive
de l’eau de son bassin, ce qui est plus grave que de prendre le grain en question.
101 52. — Il prétendait que les enfants ne souffrent pas. Si on lui objectait alors : « Pourquoi,
dans ce cas, pleurent-ils quand on les pince, ou quand ils reçoivent une escarbille ? », il
répondait : « C’est seulement en punition des fautes de leurs parents. Dieu est trop juste
pour faire souffrir un enfant innocent ! ». Si on lui parlait alors des souffrances des bêtes,
qui sont également innocentes, il répondait : « Dieu a permis que les bêtes souffrent
uniquement dans l’intérêt des hommes, pour qu’elles marchent, s’arrêtent ou courent
lorsque l’homme en a besoin ». C’était justice, d’après lui, que Dieu les fît souffrir dans
l’intérêt d’autrui. Il lui arrivait d’ailleurs de dire tout le contraire de cela, et on a fini par
tout mélanger dans les choses que l’on rapporte de lui.
102 53. — Il disait : Boire du vin de palmes fermenté et fort fait partie de la Sunna, de même
que manger du chevreau et pratiquer la friction des chaussures. Or la Sunna ne concerne
que les actes proprement religieux, et non les aliments ou les boissons. Si quelqu’un n’a
jamais mangé de melon avec des dattes fraîches, comme en mangeait le Prophète 95, ou //
de courge96, qui plaisait tant au Prophète, on ne saurait dire qu’il délaisse la Sunna ».
***
V. HIŠĀM B. AL-ḤAKAM
103 54. — Abū Muḥammad dit : Passons à Hišām b. al-Ḥakam. C’est un Rāfiḍite extrémiste qui,
à propos de Dieu, parlait de côtés, de limites et de mesures, toutes choses qu’on hésite à
répéter, mais que les gens du kalām n’ignorent nullement. Il professait un strict
déterminisme, plus strict encore que celui des Sunnites. On lui posa la question suivante :
« Crois-tu que Dieu, dans Sa bonté, Sa miséricorde, Sa sagesse et Sa justice puisse nous
imposer un acte, puis nous empêcher de l’accomplir, et nous en punir ? » Il répondit :
« Par Dieu, il a pu arriver qu’Il le fasse, mais nous ne pouvons pas en parler ». Un homme
lui demanda : « Abū Muḥammad, sais-tu que ‘Alī eut un litige avec al-‘Abbās au sujet de
Fadak, en présence ď Abū Bakr ? »97 — « Parfaitement ! » — « Alors, qui des deux était
dans son tort ? » — « Personne n’était dans son tort ! » — « Dieu soit loué ! Comment
cela ? » — « Ils étaient comme les deux anges98 qui se disputèrent devant David : aucun
des deux n’était // dans son tort, mais ils voulaient seulement lui faire prendre
conscience de son erreur et de son injustice99. De même, les deux personnages en question
voulaient démontrer à Abū Bakr son erreur et son injustice ».
104 Les gens du kalām considèrent comme un erreur qu’il ait dit : « Dieu prend des cailloux et
en fait une montagne pesante, longue, large et épaisse. Ils couvrent alors le sol sur une
distance d’un parasange, après n’en avoir occupé qu’un doigt, sans que Dieu y ait ajouté
corps (ğism) ni accident (‘araḍ), ou en ait retranché corps ou accident ».
56
***
VI. ṮUMĀMA
105 55. — Abū Muḥammad dit : Passons à Ṯumāma. Il était piètrement religieux, parlait mal
de l’Islam et s’en gaussait, et faisait marcher sa langue comme ne l’aurait fait aucun
homme connaissant Dieu et croyant en Lui. Parmi les saillies célèbres qu’on a retenues de
lui, on cite la suivante : Un vendredi, il vit des gens se hâter à l’envi vers la mosquée, de
crainte de manquer la Prière. Il dit : « Regardez-moi ces veaux ! Regardez-moi ces ânes ! »
Puis il ajouta, en s’adressant à l’un de ses amis : « Ce que cet Arabe 100 a pu faire des
hommes !... »
***
106 56. — Passons à Muḥammad b. al-Ǧahm al-Barmakī. Ses livres de chevet étaient les
œuvres d’Aristote sur la Génération et la Corruption, sur la Physique et sur // la Logique.
Il leur consacrait tout son temps, et ne jeûnait pas au mois de Ramaḍān, sous prétexte
qu’il en était physiquement incapable.
107 57. — Il disait : Personne ne mérite de remerciements pour un geste effectué ou une
bonne action accomplie, car cela ne saurait avoir d’autre mobile que la recherche de la
récompense divine : l’intéressé ne vise donc qu’à son propre intérêt ou à la récompense. Il
n’a pensé qu’à son bénéfice ou n’a agi que pour la renommée ou la gloire. Il a travaillé
pour son profit personnel, il a moissonné pour son grenier. Il peut aussi avoir agi par pitié
pour [le bénéficiaire de l’acte] ou par un sentiment de compassion né dans son cœur :
alors, en agissant avec bienveillance, il n’a fait qu’apaiser son propre tourment et soigner
son propre mal ». Tout ceci est en contradiction avec les paroles du Prophète : « Qui ne
remercie pas les hommes ne remercie pas Dieu »101.
108 Un adepte du kalām raconte qu’en faisant ses dernières recommandations, il dit : « Le
Prophète a dit : — Un tiers ! Et un tiers, c’est encore beaucoup !102. Moi, je dis : — Le tiers
du tiers, c’est encore beaucoup. Les pauvres ont des droits sur le trésor public (bayt al-māl
). S’ils les font valoir en hommes, ils auront leur dû ; mais s’ils se tiennent à l’écart comme
des femmes, ils n’auront rien. Que Dieu n’ait pas pitié de quiconque a pitié d’eux ! //
109 58. — Abū Muḥammad dit : Quelqu’un qui l’accompagnait un jour que sa monture avait
renâclé m’a rapporté l’avoir entendu dire : « Le Prophète a dit : — Frappez une monture si
elle bronche, mais ne la frappez pas si elle renâcle103. Moi, je dis : — Ne la frappez pas si
elle bronche, et ne la frappez pas non plus si elle renâcle ». Abū Muḥammad dit : Je ne sais
s’il est vrai ou non que le Prophète ait dit cela. En tout cas, il faut laisser à cet homme la
responsabilité de ces paroles, car il se trompait : La première sentence est plus normale :
une bête renâcle devant un point d’eau, ou devant une chose qu’elle voit mais que ne voit
pas son cavalier ; alors elle [peut] s’emballer, ce qui risque d’être mortel. C’est pourquoi le
Prophète a déconseillé de frapper une bête qui renâcle. Au contraire, il a conseillé de
57
frapper une bête qui bronche, afin qu’elle se ressaisisse et ne bronche plus ; les faux pas
résultent en effet le plus souvent de la paresse de l’animal.
***
110 59. Abū Muḥammad dit : Passons maintenant aux gens du ra’y.
111 Eux aussi, ils sont en proie aux divergences. Ils pratiquent le raisonnement analogique,
puis le délaissent ; ils usent de la critique subjective, disent une chose, prononcent une
sentence, puis se rétractent. Sahl b. Muḥammad (d’après al-Aṣma’ī — Ḥammād b. Zayd —
Yaḥyā b. Miḫnaf) rapporte : // « Un homme originaire de l’Orient vint trouver Abū Ḥanīfa
à la Mekke une première année, puis [revenu une autre année] avec un écrit ď [Abū
Ḥanīfa] il lui posa des questions qu’il lui avait déjà posées104 : Abū Ḥanīfa revint sur toutes
ses réponses. Alors l’homme jeta de la poussière sur sa tête, et dit : « Vous tous, qui êtes
ici, je suis venu trouver cet homme une première année, et il m’a donné les instructions
contenues dans cet écrit. Je m’en suis autorisé pour verser le sang et unir les sexes 105 et
voilà qu’il se rétracte cette année ! ». Sahl b. Muḥammad (d’après al-Muḫtār b. ‘Amr)
ajoute que l’homme demanda à Abū Ḥanīfa : « Comment est-ce possible ? » Abū Ḥanīfa
répondit : « C’était mon opinion (ra’y) l’an dernier, mais j’ai changé d’avis cette année ! »
L’homme ajouta : « Me garantis-tu que tu ne changeras pas encore d’avis dans l’avenir ? »
— « Je ne sais ce qu’il en sera ! » — Et l’homme de conclure : « En tout cas, moi, je sais que
la malédiction de Dieu est sur toi ! »
112 Al-Awzā‘ī disait : « N’en veuillons pas à Abū Ḥanīfa d’avoir fait usage de l’opinion
personnelle. Nous le faisons tous. Mais nous pouvons lui reprocher d’avoir reçu la
transmission d’un ḥadīṯ du Prophète, et de l’avoir opposé à un autre.
113 60. — Sahl b. Muḥammad, d’après al-Aṣma‘ī, rapporte que Ḥammād b. Zayd dit : « J’étais
témoin lorsqu’on soumit un jour à Abū Ḥanīfa le cas d’un homme qui, en état de
sacralisation, ne trouve pas ďizār et revêt un sarwāl. Il déclara : — Il est tenu de la fidya. Je
dis alors : — Dieu soit loué ! J’ai entendu dire par ‘Amr b. Dinār (d’après Ǧābir b. Zayd —
Ibn ‘Abbās) que le Prophète avait dit : // « Lorsque l’individu en état de sacralisation ne
trouve pas d’izār, il peut revêtir un sarwāl, et lorsqu’il ne trouve pas de sandales, il peut
revêtir des bottines »106. Abū Ḥanīfa s’écria lors : — Laisse-nous tranquilles avec cela : J’ai
entendu Ḥammād dire (d’après Ibrāhīm) que le Prophète avait déclaré : « Il est tenu de la
kaffāra ! »
114 61. — Abū ‘Āṣim rapporte qu’Abū ‘Uwāna dit : « J’étais auprès d’Abū Ḥanīfa lorsqu’on
l’interrogea sur un homme qui avait volé une pousse de palmier. Il dit : — Il doit être
amputé. Je dis alors : — J’ai entendu dire par Yaḥyā b. Sa’īd (d’après Muḥammad b. Yaḥyā
b. Ḥibbān — Rāfi‘ b. Ḫudayğ) que le Prophète a dit : — Pas d’amputation pour [vol de]
fruits ou de moelle de palmier107. Abū Ḥanīfa déclara : — Je n’ai pas connaissance de ce
ḥadīt ! — Alors, rappelle l’homme auquel tu as appliqué la sentence ! — Laisse-le donc ! Les
mules grises l’ont déjà emporté ! » Et Abū ‘Aṣim conclut : « Je crains qu’elles n’aient
emporté sa chair et son sang ! »
115 62. — ‘Alī b. ‘Āṣim dit : Je rapportai à Abū Ḥanīfa le ḥadīṯ de ‘Abd Allāh [b. Mas‘ūd] relatif à
l’homme qui déclare : « Quiconque égorgera un mouton pour tout le monde, je lui
58
donnerai en mariage la première fille qui me naîtra », et qui met sa promesse à exécution.
Ibn Mas‘ūd a décrété qu’elle est [légitimement] la femme de l’intéressé, et qu’elle a droit
au même douaire que ses autres épouses108. Abū Ḥanīfa s’écria alors : « C’est la sentence
// du diable ! »
116 63. — Je ne connais personne de plus acharné contre les gens du ra’y, de plus disposé à les
condamner, à se dresser contre leurs discours pernicieux et à mettre en garde contre eux,
que Isḥāq b. Ibrāhīm al-Ḥanẓalī, dit Ibn Rāhawayh. Il disait : « Ils ont repoussé le Coran et
les traditions du Prophète, et se sont attachés au raisonnement analogique ». Il en citait
des exemples, notamment quand ils affirment que lorsqu’un individu dort assis et se
trouve plongé dans un profond sommeil, il n’est pas tenu de faire ses ablutions. Par
ailleurs, ils sont d’accord sur le fait que la personne qui a été victime d’un
évanouissement n’est plus en état de pureté. Ibn Rāhawayh conclut : « Il n’y a pourtant
aucune différence ».
117 Il faut dire toutefois qu’en ce qui concerne la personne ayant été victime d’un
évanouissement il n’y a pas de base légale (aṣl) permettant de conclure à la caducité des
ablutions. En ce qui concerne le sommeil, au contraire, il existe plus d’un ḥadīṯ. Ainsi, les
paroles du Prophète : « L’œil commande le sphincter ; si l’œil dort, le sphincter s’ouvre »
109. Ou encore : « Quiconque a dormi // doit faire ses ablutions » 110. Ibn Rāhawayh ajoute :
que tu portes au doigt ; or tu plonges ta main portant cette bague dans l’eau, et tu t’en
sers pour boire »115.
123 [Ibn Rāhawayh] cite beaucoup d’exemples de cet ordre, qui allongeraient beaucoup trop
ce livre.
124 68. — Ce qui est plus grave, c’est qu’ils sont en désaccord avec le Coran, comme s’ils ne
l’avaient jamais lu. Abū Ḥanīfa n’accorde pas le prix du sang à l’ayant cause d’un individu
victime d’un homicide volontaire ; il n’a le choix qu’entre le pardon ou le talion, mais ne
peut percevoir le prix du sang116. Or Dieu a dit : « La loi du talion vous est prescrite
lorsqu’il y a homicide : homme libre pour homme libre, esclave pour esclave, femme pour
femme. [Toutefois, le talion ne jouera pas contre] celui en faveur de qui quelque chose
sera remise par son frère : poursuite aura lieu de la manière reconnue [convenable] et
paiement aura heu de bonne grâce ; ceci est un allègement et une grâce de votre
Seigneur »117. Ce qui veut dire : Quiconque a pardonné l’effusion de sang doit réclamer le
prix de ce sang de manière raisonnable, c’est-à-dire proférer des exigences convenables,
sans brimer le responsable ; celui-ci devra alors payer de bonne grâce, sans retard ni
délai. Le passage : // « Ceci est un allègement et une grâce de votre Seigneur » signifie :
un allègement pour les Musulmans par rapport à ce dont étaient tenus les Israélites, car
chez eux l’ayant cause n’avait d’autres solutions que d’exercer le talion ou de pardonner.
Le verset se poursuit ainsi : « Quiconque après cela sera transgresseur », c’est-à-dire après
l’acceptation du prix du sang, et tuera [le responsable] « aura un châtiment cruel ».
D’aucuns disent : C’est-à-dire qu’il sera tué et qu’on n’acceptera pas de lui le prix du sang.
Le Prophète a dit : « Je n’admets pas le pardon pour quiconque tue après avoir accepté le
prix du sang »118.
125 Ils se trouvent ainsi, et dans bien d’autres cas semblables, en contradiction avec le Coran :
ils n’y ont pas d’excuse, non plus que lorsqu’ils sont en contradiction avec le Prophète,
dont les paroles sont bien connues d’eux.
126 69. — Quant à l’usage de l’opinion personnelle en matière de points de doctrine
secondaires (furū‘), c’est moins grave, quoique les solutions offertes par les bases (uṣūl) de
la législation, ou par les prescriptions d’obligation et par les traditions normatives soient
incompatibles avec le raisonnement analogique et l’appréciation rationnelle.
127 J’ai entendu al-Ziyādī (d’après ‘Isā b. Yūnus — al-A‘maš — Abū Isḥāq — ‘Abd Ḫayr — ‘Alī b.
Abī Ṭālib) transmettre : « Je ne pensais pas qu’il était plus important de frotter le cou de
pied que la plante du pied, jusqu’au jour où j’ai vu le Prophète frotter le dessus de ses
pieds »119.
128 J’ai entendu Abū Ḥātim, qui le tenait d’al-Aṣma‘ī, déclarer que Zafr b. Huḏayl dit à propos
d’un homme qui avait légué à un autre « entre dix et vingt » : « Il doit donner neuf ; il n’a
pas le droit [de stipuler] cette dizaine-ci, ni celle-là ». // C’est comme si l’on disait :
« entre les deux colonnes » ; il aurait donc droit à ce qui est entre elles, et non aux deux
colonnes elles-mêmes. Nous lui demandâmes : « Quid d’un homme ayant avec lui un fils
aux cheveux teints120, et auquel on dirait : — Quel âge a donc ton fils ? S’il répondait : —
Entre soixante et soixante-deux [ans] ! ceci, d’après votre raisonnement analogique,
voudrait donc dire : — Il a un an ! » Et il concluait : « Sur ce point, il faisait usage de
l’estimation subjective ».
129 Abū Ḥātim rapporte d’après Mālik dans le Muwaṭṭa’121 que Rabī’ b. Abī ‘Abd al-Raḥmān
dit : « J’ai demandé à Sa’īd b. al-Musayyab : — De combien est l’indemnité due pour le
doigt d’une femme ? — De dix chameaux ! — Et pour deux doigts ? — De vingt chameaux !
60
***
IX. AL-ĞĀḤIẒ
137 72. — Abū Muḥammad dit : Passons à al-Ǧāḥiẓ, qui est le dernier des Mutakallim-s, et celui
qui tourne les Anciens en ridicule. Il est le plus habile d’entre eux à faire jaillir
l’argument, et le plus persuasif pour grandir ce qui est petit de sorte qu’il semble
réellement grand, et pour diminuer ce qui est grand de sorte qu’il semble réellement
petit. Il est parfaitement capable de faire une chose et son contraire : Il peut argumenter
61
en faveur de la supériorité des Noirs sur les Blancs125 ; on le voit tantôt défendre les
‘Uṯmāniens contre les Rāfiḍites126, tantôt les Zaydites contre les ‘Uṯmāniens et les
Sunnites127, tantôt glorifier ‘Alī, tantôt le traîner à terre128. Il dit : « Le Prophète a dit... »,
puis immédiatement après : « al-Ǧammāz a dit... » ou « Ismā‘īl b. Ġazwān a dit... » telle ou
telle énormité. Le Prophète est trop vénérable pour qu’on associe son nom // à celui de
ces deux individus dans le même ouvrage, et à plus forte raison dans la même page, voire
à une ou deux lignes d’intervalle. Il écrit un livre pour citer les arguments des Chrétiens
contre les Musulmans, mais s’il en vient à réfuter [le Christianisme], il le fait en des
termes si exagérés qu’on dirait qu’il ne vise qu’à attirer leur attention sur ce qu’ils
ignorent, et à plonger dans le doute les Musulmans tièdes129. On le voit rechercher dans
ses livres les drôleries et les futilités, à seule fin de s’attirer la clientèle des jeunes gens et
des buveurs de nabīḏ130. Il se gausse du ḥadīṯ d’une manière qui n’échappe pas aux gens de
Science ; ainsi lorsqu’il parle du foie du poisson131, de la corne du diable132, de la Pierre
Noire qui était blanche et que les Polythéistes ont noircie133, mais que les Musulmans
auraient dû blanchir lorsqu’ils adoptèrent l’Islam ; ou lorsqu’il parle de la feuille où
figurait la révélation relative à l’allaitement, qui fut déposée sous le lit de ‘Ā’iša et
dévorée par un mouton134 ; ou autres histoires (ḥadīṯ-s) des gens du Livre sur la
fréquentation réciproque du coq et du corbeau135, sur la huppe, qui donne à sa mère sa
propre tête pour sépulture136, sur les litanies de la grenouille137, sur le collier du pigeon138,
et autres choses dont nous reparlerons, s’il plaît à Dieu.
138 73. — En outre, c’est un des plus grands menteurs que l’Islam ait jamais connu, un de ceux
qui ont inventé le plus de faux ḥadīṯ-s139 et l’un des plus fidèles auxiliaires du faux.
139 Si l’homme avait conscience que les paroles font partie des actes, il n’en abuserait pas et
ne dirait que des choses utiles ; s’il était persuadé qu’il est responsable de // ses écrits et
de ses ouvrages, il ne ferait pas des choses aussi contradictoires, et ne s’épuiserait pas en
efforts pour rendre le faux vraisemblable à ses propres yeux.
140 Al-Riyāši m’a cité le vers suivant :
« N’écris de ta main que ce qui
pourra te réjouir au jour du Jugement, lorsque tu le verras »140.
***
142 75. — Il en est qui considèrent la graisse et la peau du porc comme licites, car Dieu n’en a
interdit que la chair dans le Coran, dans le verset : « Illicites ont été déclarés pour vous la
chair de la bête morte, le sang, la chair du porc... »144. Il n’a donc interdit que la chair.
143 76. — Il en est pour prétendre que Dieu // ne connaît aucune chose avant qu’elle n’existe
145
et qu’il ne crée rien avant d’avoir pesé le pour et le contre146.
144 77. — A qui donc se rattacher parmi ces gens ? Qui suivre, dès lors qu’ils professent ces
doctrines, appartiennent à ces sectes et présentent entre eux de telles divergences ?
Comment espérer que la vérité sortira de chez eux, puisque, malgré les jours qui passent
et le temps qui s’écoule à confronter des idées et à disputer, ils ne cessent d’aggraver
leurs divergences et de s’éloigner de la vérité ? Abū Yūsuf disait : « Quiconque recherche
la science par le kalām devient zindīq147 ; quiconque recherche la fortune par l’alchimie
tombe dans la misère, et quiconque recherche les ḥadīṯ-s les plus rares se laisse duper ».
145 78. — Abū Muḥammad dit : Dans la fleur de ma jeunesse, lorsque je recherchais les
meilleures règles de vie, j’aimais me raccrocher à toutes les sciences par un lien, et à en
prendre une teinture. Il a pu n’arriver d’assister à quelqu’une de leurs séances, et me
laisser éblouir par eux, dans l’espoir d’en tirer quelque profit ou d’en retenir quelque
sentence bénéfique ou susceptible de me guider. J’étais alors témoin de leur impudence et
de leur manque de respect à l’égard de Dieu, des énormités auxquelles ils se forçaient
pour développer leur raisonnement analogique, ou pour éviter d’être pris de court, si bien
que j’en sortais diminué et dégoûté148.
146 79. — Le poète Muḥammad b. Yasīr les a bien décrits // en ces termes :
« Laisse à l’écart celui qui professe le kalām ;
quiconque a des scrupules ne professe pas le kalām.
Toute secte a de bons débuts,
mais ils passent ensuite à de vilaines choses.
Le plus clair de ce qu’ils recherchent est qu’on dise :
il ne s’est pas trouvé à court [d’arguments] »149.
‘Abd Allāh b. Muṣ‘ab a dit de son côté :
« Tu constates qu’il plaît à l’homme d’exprimer une opinion,
mais il est plus sain pour l’homme de ne pas le faire ;
Tiens donc loin de toi les superfluités du kalām,
car tout kalām comporte des superfluités.
Ne t’associe pas à l’adepte d’une innovation (bid‘a) ;
ne l’écoute jamais lorsqu’il déclare : « On dit que... »
Leurs discours sont comme les nuages :
leur ombre ne tarde pas à disparaître.
Dieu a révélé des versets parfaits,
et le Prophète en était la démonstration [vivante] ;
Il a éclairé le chemin des Musulmans ;
ne suis jamais une autre voie que ces versets.
Ce sont gens qui ont le doute ancré dans la poitrine,
et qui nourrissent au ventre une rage contre ces versets.
Lorsqu’ils inventent une innovation relative au Coran,
ils se précipitent dessus à l’envi, et [se croient ?] justes. //
Laisse-les donc, eux et leur galimatias150,
et ne leur oppose qu’un silence définitif ».
147 80. — Abū Muḥammad dit : J’avais entendu le mot de ‘Umar b. ‘Abd al-‘Azīz : « Quiconque
fait de sa religion un objet de polémiques [est amené à] changer souvent d’idées » 151 ; je
les entendais dire maintenant que la vérité s’appréhende par les confrontations
analogiques et la dialectique, et qu’il convient à celui auquel incombe l’argumentation de
63
174 Y. — Non !
175 X. — Alors, l’a-t-Il connue avant qu’ils ne la disent ?
176 Y. — Oui !
177 X. — Eh bien ! Je trouve qu’Audient n’a pas le même sens qu’Omniscient !
178 Et l’autre ne sut que répondre156.
179 Abū Muḥammad dit : Je lui dis, ainsi qu’à l’autre : « L’argumentation incombait à chacun
de vous deux157. Pourquoi donc ne [voulez-vous pas] démordre (tantaqilāni) de vos
convictions, et adopter les conclusions imposées par les preuves ? » L’un d’eux répondit :
« Si nous le faisions, nous changerions d’idée cent fois par jour ! Les choses sont déjà assez
embarrassantes comme cela ! » Je répliquai alors : « Si la vérité ne s’appréhende que par
l’analogie et l’argumentation, et que tu te laisses entraîner par eux en poursuivant [ton
raisonnement] tout comme tu te laisses entraîner lorsque tu te trouves pris de court, à
quoi donc te servent-ils ? L’obéissance à la tradition (taqlīd) est plus rentable, et tu ferais
mieux de te tenir sur les traces du Prophète ».
180 83. — [Abū Muḥammad] dit : Ils divergent quant aux conditions de validité de la tradition
(ḫabar). Les uns disent : « Une tradition est valable lorsqu’elle émane d’un seul individu
digne de foi ». Les autres disent : « Elle est valable lorsqu’elle émane de deux personnes,
car Dieu a prescrit de requérir le témoignage de deux personnes intègres158 ». D’autres
disent : « Elle est valable avec trois [garants], car Dieu a dit : « Pourquoi, de chaque
fraction parmi eux, un groupe ne se lancerait-il point [en campagne] pour s’instruire en la
Religion et avertir les siens, quand ce groupe reviendra à eux ? »159. Et ils ajoutent : Un
« groupe » se compose d’au moins trois individus. Ce en quoi ils se trompent, car un
groupe peut se composer d’un, deux, trois individus ou davantage ; le mot « groupe »
signifie « fraction » et un seul individu peut constituer une // « fraction » de groupe. Dieu
a dit : « Qu’un groupe de croyants soit témoin de leur tourment »160, c’est-à-dire un ou
deux. D’autres disent : « La tradition est valable si elle émane de quatre personnes, car
Dieu a dit : — Que n’ont-ils, à ce propos, produit quatre témoins !161 » D’autres disent :
« Elle est valable avec douze [garants], car Dieu a dit : — Nous avons fait surgir douze
chefs162 ». D’autres disent : « Il en faut vingt, car Dieu a dit : — S’il se trouve, parmi vous,
vingt hommes constants, ils en vaincront deux-cents163 ». D’autres disent : « Il faut
soixante-dix hommes, car Dieu a dit : — Et Moïse choisit, parmi son peuple, soixante-dix
hommes pour la rencontre avec Nous164 ». Ils font ainsi de chaque nombre cité dans le
Coran un argument relatif à la validité de la tradition. Si quelqu’un s’avisait de dire que la
tradition n’est valable qu’avec huit garants, en vertu du verset de la sourate « la
Caverne » — lequel représente l’argument opposé aux gens de cette époque-là : « Ils
étaient sept, leur chien étant le huitième »165, ou qu’il en faut dix-neuf, car Dieu a dit en
parlant des gardiens de l’enfer : « Sur Lui veillent dix-neuf archanges »166, on y trouverait
aussi un argument et un nombre attesté par le Coran !
181 84. — Toutes ces options ne sont divergentes qu’en raison // de la différence qui existe
entre les esprits humains. Chacun opte conformément à la nature de son esprit. Or s’ils
considéraient que Dieu n’a envoyé pour toute la Création qu’un seul Prophète, en
ordonnant aux hommes de le suivre et de l’écouter, et non pas deux, ni quatre, ni vingt, ni
soixante-dix Prophètes en même temps, ils comprendraient qu’un seul individu sincère et
intègre est digne de foi, de même qu’un seul et unique Prophète transmettant la Parole
divine est digne de foi.
182 Mais tel n’est pas notre propos dans ce chapitre, et nous ne nous étendrons pas.
65
***
la quatrième forme ne comportant pas davantage de hamza. Ceux-là s’appuient sur le vers
d’al-Muṯaqqib al-’Abdī :
« Elle dit, lorsque je précipite sur elle (ḏara’tu) ma sangle
Est-ce là son habitude, ou la mienne ? »
C’est là une erreur de lecture, car il faut lire dara’tu, avec
un dāl, c’est-à-dire « je pousse, je tends »172.
188 89. — Ils disent à propos du verset : « Et [parle de] Ḏū l-Nūn quand il s’en fut courroucé,
pensant que Nous ne pouvions rien contre lui »173 qu’il partit courroucé contre son
peuple, // pour éviter de laisser entendre qu’il était courroucé contre son Seigneur,
lequel doit être à l’abri [des colères humaines]. Ils prétendent donc qu’il partit, courroucé
contre son peuple, lorsque celui-ci adopta la vraie foi, et tombent ainsi de mal en pis.
Comment est-il concevable qu’un Prophète de Dieu se mette en colère contre son peuple
lorsque ce dernier adopte la vraie foi, alors qu’il a été envoyé dans ce but par ordre
divin ? Quelle différence y a-t-il entre lui et l’ennemi de Dieu s’il se met en colère lors de
la conversion de cent mille individus ou davantage ? [En réalité], il ne s’en fut courroucé
ni contre son Seigneur, ni contre son peuple.
189 Ceci est clairement exposé dans mon traité des « Termes ambigus du Coran » (Muškil al-
Qur’ān). Je n’avais pas l’intention, dans le présent ouvrage, de parler de ces variantes
d’interprétation, ni des choses du même ordre. Je voulais seulement attirer l’attention sur
leur ignorance, et sur leur impudence à l’égard des choses divines, parce qu’ils
détournent le sens du Coran dans la direction qui leur plaît, et contraignent
l’interprétation à se plier à leurs hérésies.
190 90. — Ils déclarent à propos du verset : « Dieu a choisi Abraham pour ami intime » 174, que
ḫalil (ami intime) signifie ici faqīr (qui a besoin de Sa Miséricorde). Ils font dériver ce mot
de ḫalla (besoin, indigence)175, parce qu’ils répugnent à faire de Dieu l’ami intime d’une de
Ses créatures. Ils se basent pour ce faire sur le vers de Zuhayr :
« Et si un ḫalil vient à lui un jour de besoin,
il dit : Mon argent n’est pas absent, et pas intouchable »
ce qui veut dire : « Si un pauvre vient... » //
191 Quel intérêt y a-t-il à dire cela à propos d’Abraham ? Ne sait-on pas que tout le monde a
besoin de Dieu ? Abraham, dans l’expression : « ami intime de Dieu » doit-il être considéré
autrement que Moïse, lorsqu’on le qualifie ď« interlocuteur de Dieu », ou que Jésus,
lorsqu’on l’appelle « esprit de Dieu » ?
192 91. — Ils affirment à propos du verset : « Les Juifs ont dit : La main de Dieu est fermée... »
176
que le mot « main » signifie « grâce » ; en effet, les Arabes disent : « Je lui suis
reconnaissant pour sa main » dans le sens de grâce ou de bienfait. Mais il est impossible
d’entendre le mot « main » ici dans le sens de grâce, car Dieu dit, dans la suite du verset :
« Ce sont leurs mains, qui sont fermées ! », au contraire de ce qu’ils disaient sur la main
de Dieu. Puis Il ajoute : « Les deux mains de Dieu, au contraire, sont ouvertes ».
193 Il est impossible de comprendre : « Ce sont leurs grâces, qui sont fermées ; les deux grâces
de Dieu, au contraire, sont ouvertes », car des grâces ne sauraient être ouvertes. D’autre
part, le bienfait ne saurait donner heu à la métaphore des « deux mains » même s’il peut
être symbolisé par « une seule main », sauf au cas où l’on parlerait de deux genres de
bienfait différents. On dirait en ce cas : « Je lui suis reconnaissant pour ses deux mains ».
Mais les grâces de Dieu sont trop nombreuses pour être énumérées.
67
***
E. — DE L’EXÉGÈSE RĀFIḌITE
194 92. — Abū Muḥammad dit : L’exégèse du Coran par les Rāfiḍites est encore plus aberrante.
Ne prétendent-ils pas connaître son sens ésotérique grâce à un parchemin divinatoire (
ğafr) qui leur serait parvenu, et auquel fait allusion Hārūn b. Sa‘d al-‘Iğlī, chef des
Zaydites, dans les vers suivants : //
« Ne voit-on pas que les Rāfiḍites sont divisés,
et que chacun d’eux profère des choses détestables contre
[Ǧa‘far177 ?
Les uns disent : C’est un imām. Il en est
d’autres pour l’appeler : Le Prophète Purifié.
Un étonnement que je ne peux surmonter, c’est celui que
[cause] leur parchemin ésotérique.
Je réprouve devant Dieu tous ceux qui s’adonnent à [l’ésotérisme ;
Je réprouve devant Dieu tous les Rāfiḍites,
clairvoyants pour l’infidélité, borgnes pour la religion.
Si ceux qui aiment la vérité s’abstiennent d’une bid‘a,
le Rāfiḍite l’adopte, et s’ils adoptent une vérité, il la [néglige.
Si on leur dit que l’éléphant est un lézard, ils le croient,
et si on leur dit « nègre », ils entendent « peau rouge » !
Cela est plus déconcertant que le jet d’urine du chameau, car
si l’on cherche à le diriger vers l’avant, il part en arrière !
Des gens se font vilipender, pour avoir débité des mensonges [sur le Prophète,
tout comme les Chrétiens de fraîche date débitent des [mensonges sur Jésus ».
195 Abū Muḥammad dit : Il s’agit du parchemin ésotérique où ils prétendent que ľimām a
consigné pour eux tout ce qu’il faut savoir, et tout ce qui arrivera jusqu’au jour de la
résurrection.
196 93. — Ainsi, ils disent à propos du verset : « Salomon a hérité de David »178 qu’il s’agit de ľ
imām, qui aurait hérité la science du Prophète Muḥammad. De même pour le verset : //
« Dieu vous ordonne d’égorger une génisse », où ils voient une allusion à ‘Ā’iša 179. Et
aussi : « Nous dîmes : — Frappez-le avec un morceau [de cette génisse] », où il s’agirait de
Ṭalḥa et d’al-Zubayr180. Ils disent encore que le « vin » et le « jeu de hasard » sont
respectivement Abū Bakr et ‘Umar181 ; que Ǧibt et Ṭāġūt sont Mu‘āwiya et ‘Amr b. al-’Āṣ...
182
, et bien d’autres bizarreries que je répugne à citer, et que ceux qui liront le présent
ouvrage ne voudront pas entendre.
197 94. — Un homme cultivé disait : Je ne saurais mieux comparer l’exégèse coranique des
Rāfiḍites qu’avec l’interprétation de la poésie pratiquée par un Mekkois. Il disait un jour :
— Je n’ai jamais entendu de menteurs plus fieffés que les Banū Tamīm qui, à propos du
vers :
« Une maison dans l’enceinte de laquelle Zurāra s’enveloppe,
et Muğāši‘, et Abū l-Fawāris, Nahšal... »
198 prétendent qu’il s’agit de membres de leur tribu ! Alors on lui demanda : — Et toi, qu’en
penses-tu ? Il répliqua : — La maison, c’est la maison de Dieu ; Zurāra, c’est la Pierre
[Noire]... — Et Muğāši’ ? — C’est Zamzam, qui est avide (ğaši‘a) d’eau ! — Et Abū l-Fawāris ?
— C’est [le mont] Abū Qubays ! — Et Nahšal ? — Nahšal est le plus difficile ! Il réfléchit un
68
instant, puis dit : — Nahšal, c’est la lampe de la Ka’ba, car elle est longue // et noire ! C’est
cela, Nahšal ! »
199 95. — Les Rāfiḍites sont les schismatiques (ahl al-bida‘) les plus divisés, et ceux qui ont le
plus de sectes. On trouve parmi eux les Bayāniyya, se réclamant d’un certain Bayān qui dit
à ses adeptes : « C’est à moi que Dieu fait allusion lorsqu’il dit : — Ceci est une Preuve (
bayān) pour les hommes, une direction et une exhortation pour les gens pieux »183. Ceux-
là sont les premiers à avoir affirmé que le Coran était créé.
200 On trouve aussi les Manṣūriyya, disciples d’Abū Manṣūr al-Kisf, qui disait à ses adeptes :
« C’est de moi qu’il s’agit dans le verset : — S’ils voient un peu du ciel (kisf) s’écroulant... 184
»
201 Il y a aussi les Étrangleurs (Ḫannāqūn), et les Ravageurs (Šaddāḫūn) ; il y a les Ġurābiyya,
qui affirment que ‘Alī ressemblait davantage au Prophète qu’un corbeau (ġurāb) à un
autre, et que Gabriel se trompa d’adresse lorsqu’il fut envoyé à ‘Alī, tant Muḥammad lui
ressemblait185.
202 96. — Abū Muḥammad dit : Parmi les diverses sectes et factions nous ne connaissons que
des Rāfiḍites pour avoir divinisé un être humain. En effet, ‘Abd Allāh b. Saba’ prétendit
que ‘Alī était Dieu. D’ailleurs, ‘Alī le livra au bûcher avec ses disciples, et prononça ce
vers :
« Lorsque je vis que cette affaire était détestable,
j’allumai mon bûcher et appelai Qanbar ».
203 Nous ne connaissons également que des Rāfiḍites pour avoir prétendu à la qualité de
Prophète. En effet, al-Muḫtār // b. Abī ‘Ubayd affirma être Prophète, et déclara que
Gabriel et Michel venaient à lui. Des gens le crurent et le suivirent : ce sont les Kaysāniyya
186
.
NOTES
1. Le mot ta‘wīl, que par ailleurs Ibn Qutayba emploie régulièrement pour tqfsīr, est ici nettement
péjoratif.
2. Cf. index, s. ṭafra, tawallud, ‘araḍ, ğawhar, kayfiyya, kammiyya, anniyya.
3. Index, s. maḫrağ.
4. Litt. « d’oiseaux ».
5. Barzaḫ ; trad. BLACHÈRE, « barrière ».
6. Lawḥ : il s’agit de la « table bien gardée », Coran LXXXV, 22 ; EI 1 III, 19, (WENSINCK).
7. Coran, XXXVI, 36.
8. Coran, LIII, 45.
9. Il s’agit d’Abū Bakr et de ‘Umar.
10. Apparemment, Ibn Qutayba élargit ici la notion d’iğmā‘ au-delà des limites admises par toutes
les écoles. La masse (al-‘awāmm) est formellement exclue par al-Šāfi‘ī ; cf. SCHACHT, Esquisse, 42.
Chez les Ḥanbalites, ľiğmā’ est le plus souvent limité aux compagnons, et aux ‘ulamā’ d’une
époque donnée ; Ibn Baṭṭa, 7 et note 3.
11. Texte : kamāl al-irāda ; une variante kamāl al-adā’ signalée par l’éd. paraît peu vraisemblable.
69
104. Il est évident qu’il faut rétablir quelque part une expression signifiant « une autre année ».
Le texte ne s’éclaire qu’à cette condition.
D’autre part, on peut supposer que cette anecdote se place à l’époque du pèlerinage, et que les
savants du Ḥiğāz, gens du ḥadīṯ, provoquèrent Abū Ḥanīfa à cette occasion pour le mettre dans
l’embarras. On sait que l’essentiel de l’activité d’Abū Ḥanīfa se situe à Kūfa.
105. C.-à-d. pour décréter l’application des sanctions canoniques, notamment l’amputation, ou
procéder à des mariages. Il en ressort que notre homme était qāḍī.
106. BUḪ. 28, 15, 16 = HM I, 592 ; 77, 14, 37 = HM IV, 98, 112 ; ḤAN. I, 215, 221, etc...
107. ḤAN. III, 463 ; IV, 140.
108. Texte : nisā’ihā ; il faut lire : nisā’ihi.
109. ḤAN. IV, 97 ; Lisān, XVII, 397.
110. ḤAN. I, 220, 234, 244... ; III, 277, etc... ; BUḤ. 59, 11 = HM II, 452.
111. L’éd. signale que d’après une note marginale du manuscrit, une partie de ce paragraphe
pourrait n’être pas due à Ibn Qutayba en personne. Quoi qu’il en soit, il est tout à fait dans l’esprit
de l’auteur, et nous n’avons pas jugé utile de le distinguer par un artifice typographique
quelconque.
112. C.-à-d. : la situation juridique du grand père maternel par rapport au de cujus tient lieu de
celle de la mère de ce dernier.
113. Il n’y a qu’un mot (ğadd) pour désigner le grand père paternel et le grand père maternel.
114. BUḪ. 10, 95 = HM I, 253.
115. Cf. BUḪ. 23, 2 = HM I,402 : « Il nous a défendu l’usage des vases en argent ».
116. Cf. BUḪ. 87,8 = HM IV, 409 ; ḤAN. II, 183, 217, etc...
117. Coran, II, 178.
118. Cf. BUḪ. 87, 9 = HM IV, 409, « (Il est interdit) de réclamer indûment le sang d’un homme pour
le épandre ». Cf. aussi Ġarīb, 72.
119. ḤAN. I, 114, 124, 148.
120. Texte : maḥzūz ; l’éd. signale une variante maḫḍūb qu’on a retenue : « aux cheveux teints »,
donc d’un certain âge.
121. Muwaṯṯa’ : le grand corpus de ḥadīṯ juridique de MĀLIK B. ANAS.
122. Cf. ḤAN. II, 182.
123. Le texte dit « ayr fi-l-qiyās » ; on a reculé devant une traduction plus fidèle, qui braverait la
décence...
124. On a traduit ici qaṭa‘a par « trancher », c.-à-d. « décider ». On doute en effet qu’il s’agisse
d’amputation. Aucun jurisconsulte, même ḥanafite, ne préconise à notre connaissance
l’amputation pour homicide ou pour fornication. On doute qu’il s’agisse d’opinions isolées et
oubliées.
125. Cf. PELLAT, Essai d’inventaire, n° 148, K. Faḫr al-Sūdān ‘alā l-Bīḍān.
126. Cf. PELLAT, op. cit. ; n° 178, K. Maqālāt al-‘Uṯmāniyya et 179, K. Masā’il al-‘Uṯmāniyya.
127. Cf. PELLAT, op. cit. ; 190, 191, 192, Mu‘āraḍat al-Zaydiyya, K. Ḥikāyat qawl aṣnāf al-Zaydiyya, K.
Ḏikr ma bayn al-Zaydiyya wa-1-Rāfiḍa. Cf. aussi n° 121, Risāla fī-l-Nābita.
128. Cf. PELLAT, op. cit. ; n° 16, K. Taṣwīb ‘Alī fi taḥkīm al-ḥakamayn, et les notes précédentes.
129. Cf. PELLAT, op. cit., n° 125, K. al-Radd ‘ala-1-Naṣārā wa-l-Yahūd. Trad. I. S. ALLOUCHE , dans
Hespéris 1939, 129-155.
130. L’apparente légèreté est la caractéristique de toute l’oeuvre D’AL-ĞĀḤIẒ. On pense en
particulier au K. al-Ḥayawān, au K. al-Buḫalā’, au K. al-Biġāl, au K. Mufāḫara al-ğawārī wa-l-ġilmān,
etc...
131. Cf. Tarbī‘, § 43. Il s’agit du foie de poisson qui sera la première nourriture des élus du
paradis. BUḪ. 63, 51 = HM III, 65 ; 65, s. 2, 6 = HM III, 253 ; 81, 44 = HM IV, 300 ; ḤAN. III, 108, 189,
271.
73
132. ḤAN. II, 13, 19, 24, 106, 210 ; IV, 349.
133. ḤAN. I, 307, 329, 373, etc...
134. ḤAN. V, 131 sq., 183... ; VI, 269.
135. Tarbī‘ § 41 : ‘adāwa au lieu de tanādum.
136. Tarbī‘, § 41.
137. Tasbīḥ al-ḍifda’ : Tarbī‘, ‘ 41 dit ṣaḫab (mugissement, vacarme). A noter que Tarbī‘, loc. cit., dit
immédiatement après : tasbīḥ al-ṣurad. N’y aurait-il pas une interversion de mots dans le Tarbī‘,
d’autant que par la suite, Ibn Qutayba reprend le thème du pivert (ṣurad), et qu’il existe un verbe
ṣaḫada, visiblement une variante de ṣaḫaba, qui s’applique spécifiquement au cri du pivert ?
138. Cf. Tarbī, § 77.
139. Cf. PELLAT, Milieu, 93.
140. C.-à-d. « Ce que tu n’auras pas à regretter au jour du Jugement ».
141. Coran, XVII, 29.
142. Coran, IV, 34.
143. Coran, IV, 3.
144. Coran, V, 3.
145. Telle paraît être la doctrine de Hišām b. al-Ḥakam et à un moindre degré celle de Hišām al-
Fuwaṭī. NADER, Falsafat al-Mu‘tazila, I, 41, 59-62 ; cf. aussi WENSINCK, s. Mu‘tazila, 561. Mais c’est
surtout la thèse des Ǧahmiyya.
146. Problème de la création du mal, lié à celui de la puissance. Cf. NADER, op. cit., I, 82-85.
147. On range sous ce vocable tous les individus dont les opinions hétérodoxes présentent un
danger pour l’ordre social établi. Pour les Ḥanbalites, les Zindīq-s se subdivisent en catégories
nettement définies, dont les Mu’aṭṭila (négateurs des attributs), les Dualistes iraniens, certains
mystiques et les alchimistes (cf. WENSINCK, Hwb, 827, s.v.).
148. Ce passage est particulièrement important pour suivre l’évolution des idées de notre auteur.
Il paraît bien certain qu’il eut dans sa jeunesse quelque penchant pour la spéculation
philosophique. On rapprochera cette constatation de BAṬALYŪSĪ, Iqtiḍāb, commentaire sur Adab,
4 ; « kāna muttahaman bi-l-mayli-ilā maḏāhibihim ». Le passage évoque les séances d’entraînement à
la dialectique auxquelles se soumettaient les mutakallim-s.
149. On comparera Adab, 3 et trad. LECOMTE, 53-54.
150. Texte : allatī yahḍibūn. L’éd. paraît ne pas apprécier cette lecture, pourtant confirmée par
l’un des sens de haḍaba « parler avec abondance, discutailler ». Tāğ, I, 515.
151. Tarbī‘, § 7, le même dicton de ‘Umar b. ‘Abd al-’Azīz.
152. Nouvelle allusion aux séances d’entraînement à la dialectique dont nous avons quelques
exemples dans les paragraphes suivants.
153. Pour apporter quelque clarté dans ces discussions assez embrouillées, on les présentera sous
forme de dialogues, en désignant par X et Y les deux interlocuteurs.
154. Le problème agité est celui de la nature du néant, que la plupart des Mu’tazilites qualifient
de « chose » (šay’) (NADER, I, 129). Il semble que le premier interlocuteur « transporte » la
discussion sur le terrain de la nature de Dieu, mais que son adversaire ne veut pas le suivre. Voir
la notion d’intiqāl-tanaqqul, à l’index.
155. Coran, III, 181.
156. Le problème agité est celui de la préexistence de la Science divine, qui est également un
dogme mu‘tazilite essentiel. Cf. NADER, I, 59.
157. Il s’agit donc bien de séances auxquelles Ibn Qutayba assista personnellement.
158. Allusion à Coran, II, 282 et LXV, 2. Le nombre « deux » figure dans II, 282, mais pas dans LXV,
2 ; le mot « intègres » figure dans LXV, 2, mais pas dans II, 282.
159. Coran, IX 122.
160. Coran, XXIV, 2.
74
I. DE LA CRITIQUE DU ḤADĪṮ
1 97. — Abū Muḥammad dit : Les gens du ḥadīṯ, eux, recherchent la vérité du bon côté, la
poursuivent là où ils présument qu’elle se trouve, et se rapprochent de Dieu en quêtant
les traditions du Prophète, en recueillant ce qu’il a laissé à la postérité, les récits le
concernant, sur terre et sur mer, à l’Orient et à l’Occident. Il arrive que l’un d’eux s’en
aille à pied dans les déserts à la recherche d’une anecdote unique ou d’une tradition
unique, afin de la recueillir oralement de la bouche de son transmetteur. Les gens du ḥadīṯ
n’ont cessé de pourchasser les informations et de les étudier jusqu’à ce qu’ils eussent
démêlé le sain du malade, l’abrogeant de l’abrogé, et appris à connaître les jurisconsultes
qui en contestent la validité en faisant appel à leur opinion personnelle. Ils ont attiré
l’attention sur ces choses, jusqu’à ce que la vérité éclatât après avoir été cachée, qu’elle
surgît après avoir été effacée, qu’elle se rassemblât après avoir été dispersée, jusqu’à ce
que se conformassent aux traditions normatives ceux qui leur // tournaient le dos, que
s’en avisassent ceux qui les ignoraient, jusqu’à ce qu’on rendît les jugements d’après la
parole du Prophète après les avoir rendus d’après la parole de celui-ci ou de celui-là, et
après qu’il y eût eu contradiction avec ce [que prescrivait] le Prophète.
2 98. — Il arrive que leurs adversaires leur reprochent de rechercher le faible et l’inédit,
sous prétexte qu’il y a danger dans l’inédit.
3 Or ils ne cherchent pas à faire prévaloir le faible et l’inédit parce qu’ils considèrent que
c’est la vérité, mais ils rassemblent le maigre et le gras, le sain et le malade pour effectuer
un tri et démontrer ce qu’ils affirment.
4 C’est ainsi qu’ils ont déclaré : Le ḥadīṯ du Prophète : « Boire de l’eau à jeun coagule la
graisse » est apocryphe ; il est dû à ‘Āṣim al-Kawzī. Le ḥadīṯ affirmant qu’Ibn ‘Abbās
crachait dans l’encrier avant d’écrire est aussi de ‘Āṣim al-Kawzī. Le ḥadīṯ ďal-Ḥasan
disant que le Prophète considérait comme irrecevable la répudiation prononcée par un
malade1 est aussi apocryphe : il est l’œuvre de Sahl al-Sarrāğ.
5 Ils disent encore : Sahl rapporte qu’il a vu al-Ḥasan faire la Prière entre les rangées de
tombes ; c’est faux, car le même al-Hasan rapporte que le Prophète // interdisait la Prière
parmi les tombes2.
76
6 Ils disent : Le ḥadīṯ d’Anas affirmant que le Prophète aurait dit : « L’homme est toujours
sur une monture tant qu’il reste chaussé »3 est faux : il est l’invention d’Ayyūb b. Ḫawṭ.
7 Le ḥadīṯ de ‘Amr b. Ḥārit : « J’ai vu, un jour de fête, que l’on exhibait des lances devant le
Prophète »4 est faux ; il est dû à al-Munḏir b. Ziyād.
8 Le ḥadīṯ d’Ibn Abī Awfā : « J’ai vu le Prophète toucher sa barbe pendant la Prière » est
faux ; il est dû à al-Munḏir b. Ziyād.
9 Le ḥadīṯ de Yūnus d’après al-Hasan prétendant que le Prophète interdisait dix kunya-s est
l’invention d’Abū ‘Iṣma, cadi de Marw.
10 99. — Ils déclarent sans fondements certains [pseudo-] ḥadīṯ-s qui circulent dans les
milieux populaires, comme par exemple : « L’homme est heureux s’il a peu de barbe » ;
« Donnez-leur le nom qui leur plaît le mieux, et la kunya qui leur plaît le mieux » ; « Votre
meilleur commerce est celui du linon (bazz) et votre meilleur travail est la poterie » ; « Si
le quémandeur est sincère, celui qui le repousse le regrettera » ; « Les hommes se valent,
sauf le tisserand et le barbier » etc. Les ḥadīṯ-s de ce genre sont innombrables, qui furent
transmis, puis déclarés faux5.
11 100. — Ibn al-Mubārak déclarait à propos des ḥadīṯ-s d’Ubayy b. // Ka‘b : « Quiconque
récite telle sourate a mérité ceci ou cela ; quiconque récite cette autre sourate a mérité
telle chose » : Je pense que ce sont les zindīq-s qui ont inventé cela. De même pour les
ḥadīṯ-s abominables qui leur sont imputés, comme celui de la « sueur du cheval », des
« poils sur la poitrine », de la « cage d’or », de la « visite des anges » ; tous sont faux, sans
isnād, sans transmetteurs, et nous ne doutons pas qu’ils soient l’œuvre des zindīq-s 6.
12 101. — Abū Muḥammad dit : Par contre, on trouve des ḥadīṯ-s authentiques comme : « Le
cœur du Croyant est entre deux doigts de la main de Dieu ; « Dieu a créé Adam à Son
image » ; « Chacune de ses deux mains est une dextre » ; « Dieu porte la terre sur un
doigt ; il porte telle chose sur un doigt » ; « N’injuriez pas le vent : c’est la respiration du
Miséricordieux » ; « L’épaisseur de la peau de l’infidèle en enfer est de quarante coudées,
mesurées au ḏira‘ al-Ğabbār ».
13 Abū Muḥammad dit : Tous ces ḥadīṯ-s comportent des explications que nous fournirons en
leur Heu et place dans ce livre, s’il plaît à Dieu7.
14 102. — Il peut arriver qu’un homme oublie un ḥadīṯ qu’il a jadis transmis, et que quelqu’un
a retenu ; si on le lui rappelle, il ne le reconnaît pas, mais lorsqu’on l’informe qu’il en est
lui-même le [premier] transmetteur, il le transmet de nouveau comme émanant de la
personne // qui le lui a rappelé, à seule fin d’assurer la conservation d’un bon ḥadīṯ, et par
respect pour la Sunna.
15 C’est le cas d’une tradition de Rabī‘a b. Abī ‘Abd al-Raḥmān — Suhayl b. Abī Ṣaliḥ — son
père — Abū Hurayra déclarant que le Prophète rendait des sentences sur prestation de
serment, malgré l’existence d’un témoin8. Rabī‘a raconte : « Plus tard, je rappelai ce ḥadīṯ
à Suhayl, mais il l’avait oublié. Par la suite, il le transmit [de nouveau] avec l’isnād : Rabī‘a
— Suhayl — son père — Abū Hurayra ».
16 103. — C’est aussi le cas de la tradition de Wakī‘ et ď Abū Mu‘āwiya — Ibn ‘Uyayna,
lesquels rapportaient les deux ḥadīṯ-s suivants : Le premier émanant d’Ibn Abī Nağīḥ —
Mugāhid disait : « Nous avons entendu de Muḥammad b. Hārūn — Ibrāhīm b. Baššār — Ibn
‘Uyayna — Abū Mu‘āwiya — Ibn Abī Nağīḥ que Muğāhid glosait le verset : « Le jour où le
ciel tournoiera (tamūru mawrari) »9 par les mots « tadūrū dawran (tournera) ». Le second
émanant de ‘Ikrima qui glosait l’expression « ...de leurs châteaux »10 par le mot ḥuṣun
77
(citadelles). Or on interrogea Ibn ‘Uyayna sur ces deux ḥadīṯ-s, mais il ne les reconnut pas.
Par la suite, Ibn ‘Uyayna les transmettait à nouveau avec l’isnād : Wakī‘ et Abū Mu‘āwiya
— Ibn ‘Uyayna.
17 Autre exemple : Ibn ‘Ulayya — Ibn ‘Uyayna — ‘Amr b. Dīnār — ‘Umar b. ‘Abd al-‘Azīz ; ce
dernier tenait pour nulle la répudiation prononcée sous la contrainte11. Ibn ‘Ulayya
interrogea un jour Ibn ‘Uyayna sur ce ḥadīṯ, mais il ne le reconnut pas. Par la suite, Ibn
‘Uyayna le transmit de nouveau avec ľisnād : // Ibn ‘Ulayya — Ibn ‘Uyayna.
18 104. — Abū Muḥammad dit : Mu’tamir b. Sulaymān disait : « J’ai entendu Munqiḏ
rapporter avec l’isnād : moi-même — Ayyūb — al-Ḥasan : « Quelle misère ! (wayḥun) est
une parole de miséricorde »12.
19 D’autre part, ils ont attiré l’attention sur les isnād-s faibles, comme celui de ‘Amr b. Sa’īd
— son père — son grand-père, car d’après eux [ce genre d’isnād] est tiré d’un livre.
20 Muġīra ne faisait aucun cas du ḥadīṯ de Sālim b. Abī l-Ğa‘d, ni du ḥadīṯ de Ḫilās, ni de la
famille de ‘Abd Allah b. ‘Amr. Muġīra disait : « ‘Abd Allāh b. ‘Amr possédait une feuille
qualifiée de véridique. Je n’en aurais pas voulu pour un sou ! »13.
21 Il disait encore : « Le ḥadīṯ de ‘Alī transmis par les compagnons de ‘Abd Allah b. Mas‘ūd est
plus authentique que lorsqu’il est transmis par les compagnons de ‘Alī lui-même ».
22 Šu‘ba disait : « J’aimerais mieux forniquer tant et tant de fois que de transmettre un ḥadīṯ
d’Abān b. Abī ‘Ayyāš ».
23 105. — Les adversaires des gens du ḥadīṯ les accusent de mal comprendre ce qu’ils
transmettent, et de commettre beaucoup d’erreurs de forme et de vocalisation. Mais les
hommes n’ont pas tous les mêmes mérites. Il n’est pas une seule catégorie de gens qui ne
soit sujette à admettre sans contrôle (ḥašw)14 et à confondre. Quelle différence en tout cas
entre // ces détracteurs et [des gens comme] al-Zuhrī, l’homme qui avait le plus de
connaissances diverses, Ḥammād b. Salama, Mālik b. Anas, Ibn ‘Awn, Ayyūb, Yūnus b.
‘Ubayd, Sulaymān al-Taymī, Sufyān al-Tawrī, Yaḥyā b. Sa‘īd, Ibn Ğurayğ, al-Awzā‘ī, Šu‘ba,
‘Abd Allah b. al-Mubārak, et tant d’autres personnages craignant Dieu !
24 Quoi qu’il en soit, le spécialiste d’une discipline ne saurait se voir reprocher de se tromper
dans une autre. Le transmetteur de ḥadīṯ n’est pas fautif s’il trébuche sur la vocalisation
désinentielle (i‘rāb), pas plus que le jurisconsulte s’il trébuche en poésie. Le savant n’a
d’autre devoir que de connaître parfaitement sa spécialité si l’on a besoin de ses lumières
dans celle-ci, et s’il en est devenu le maître. Il peut naturellement arriver qu’un seul et
même individu cumule des connaissances sur de nombreuses matières. Dieu accorde sa
faveur à qui Il veut15.
25 106. — On demanda à Abū Ḥanīfa, qui fut le plus célèbre de nos contemporains dans les
décisions de jurisprudence et les subtilités dialectiques : « Que dis-tu d’un homme qui
prendrait une pierre, en frapperait la tête d’un autre et le tuerait ? Faudrait-il pour
autant assimiler son acte à un meurtre ? » Il répondit : « Non, l’eût-il frappé avec [le
mont] Abā Qubays ! »16.
26 Bišr al-Marīsī disait à ses auditeurs : « Dieu a décrété vos affaires de la meilleure façon, et
de la plus profitable pour vous »17. Qāsim al-Tammār vit des gens rire des paroles de Bišr
et déclara : « Comme // dit le poète,
27 Certes Sulaymā, Dieu la préserve,
s’est montrée avare d’une chose qu’on ne lui enlevait pas !
78
28 Bišr était un chef de file du ra’y, et Qāsim al-Tammār un éminent adepte du kalām. Or
l’argument de Qāsim en faveur de Bišr est encore plus effarant que la faute de Bišr 18.
29 Bilāl dit à Šabīb b. Šayba qui demandait l’assistance de la justice contre ‘Abd al-A‘lā b.
‘Abd Allāh b. ‘Āmir : « Cite-le devant moi ! » L’autre répondit : « Je l’ai déjà cité, mais tout
cela, il me le refuse ! » Bilāl dit : « Alors, la faute en est à tout ! »19.
30 107. — Je ne connais personne, parmi les gens de science et de culture qui n’ait commis
quelque faute dans sa discipline. Voyez al-Asma’ī, Abū Zayd [al-Anṣārī], Abū ‘Ubayda,
Sībawayh, al-Aḫfaš, al-Kisā’ī, al-Farrā’, Abū ‘Amr al-Šaybānī, qui sont les maîtres des
Lectures du Coran et de l’exégèse.
31 D’autre part, avant comme après l’Islam, les gens ont reproduit — en ce qui concerne les
thèmes poétiques et la forme grammaticale, — les fautes commises par les poètes, // qui
sont pourtant les maîtres de la langue, et dont [les vers] servent à étayer une
argumentation philologique20.
***
Ğabariyya ne sont autres que les Qadarites ». Or si cette appellation s’appliquait à eux, ils
n’auraient pas eu besoin du mot Ğabariyya.
38 Si cela était permis aux Qadarites, ce le serait aussi aux Rāfiḍites, aux Ḫāriğites et aux
Murği’ites, et chacune de ces sectes appèlerait les gens du ḥadīṯ de noms analogues à ceux
que leur appliquent les Qadarites. Or ces appellations ne doivent pas être employées à
tort et à travers, et ne doivent s’appliquer qu’à leur objet propre. Les brunisseurs ne sont
pas des savetiers, et le menuisier n’est pas un forgeron.
39 L’instinct (fiṭra) qui est dans la nature innée de l’homme et la spéculation (naẓar)
s’opposent à ce que l’on calomnie ainsi les gens du ḥadīṯ.
40 111. — D’abord // l’instinct. Si un homme se rend dans une grande ville et demande qu’on
lui montre les Qadarites ou les Murği’ites de cette ville, n’importe quel enfant, vieillard,
femme, vieille femme, homme du peuple ou des milieux proches de la cour homme de la
rue ou de la pègre lui montrera les gens qu’on dénomme ainsi. S’il demande à voir les
gens de la Sunna, on lui montrera les gens du ḥadīṯ. S’il arrive que passe un groupe
comprenant un Qadarite, un Sunnite, un Rāfiḍite, un Murği’ite, et un Ḫāriğite, et que
quelqu’un injurie ou maudisse les Qadarites, l’injure ou la malédiction ne s’appliquera
pas, dans l’esprit des gens, aux gens du ḥadīṯ. Personne ne saurait nier ou réfuter cela.
41 112. — Ensuite, la spéculation. C’est à eux-mêmes qu’ils appliquent le terme de Qadar,
alors que les autres ne l’appliquent qu’à Dieu, à l’exclusion d’eux-mêmes27. Or celui qui se
réclame d’une chose mérite bien plus de se voir définir en fonction de cette chose que
celui qui l’attribue à autrui.
42 Le ḥadīṯ nous apprend que ce sont les Mages de notre communauté ; ce sont en effet les
gens les plus semblables aux Mages, car les Mages professent le Dualisme, et c’est à eux
que Dieu fait allusion dans le verset : « Ne prenez point deux divinités ! Il n’est qu’une
Divinité unique »28. Or les Qadarites disent : « Nous, nous faisons ce que Dieu ne veut pas,
et nous pouvons ce qu’il ne peut pas ! »
43 113. — On m’a raconté qu’un homme du kalām demanda à un tributaire : « Ne veux-tu
point te convertir à l’Islam, ô Untel ? » L’autre répondit : « Non, tant que Dieu ne le
voudra pas ! » Il répliqua : « Dieu le veut, mais Satan // ne te lâche pas ! » Le tributaire
s’écria : « Dans ce cas, je reste avec le plus fort ! »
44 114. — J’ai entendu Isḥāq b. Ibrāhīm b. Ḥabīb b. al-Šahīd rapporter l’anecdote suivante
qu’il tenait de Qurayš b. Anas : ‘Amr b. ‘Ubayd déclara : « Au jour de la résurrection, on
m’amènera en face de Dieu qui me demandera : — Pourquoi as-tu dit que le meurtrier est
destiné à l’enfer ? Je dirai : — C’est Toi-même qui l’as dit, dans le verset : Quiconque tue
un Croyant volontairement aura pour récompense la Géhenne, où il restera
éternellement »29. Je dis alors —j’étais le plus jeune de l’assemblée30 — : As-tu réfléchi qu’il
pourrait bien te rétorquer : — Mais j’ai dit : « Dieu ne pardonne pas qu’il Lui soit donné
des Associés, alors qu’il pardonne à qui Il veut des péchés autres que celui-là » 31 ;
comment sais-tu donc que Je ne veux pas pardonner [à celui qui a tué] ? ‘Amr b. ‘Ubayd
fut incapable de me répondre ».
45 115. — D’après Abū l-Ḫaṭṭāb — Dāwūd b. al-Mufaḍḍal — Muḥammad b. al-Mufaḍḍal —
Muḥammad b. Sulaymān, al-Aṣbaġ b. Ğārni’ rapporte de la bouche de son père : « Je faisais
la tournée rituelle autour de la Ka’ba avec ‘Umar b. al-Ḫaṭṭāb ; arrivé au multazam, entre la
porte et la Pierre noire32, il y colla son ventre en disant : — Seigneur, pardonne-moi ce que
Tu as décrété contre moi, et ne me pardonne pas ce que Tu n’as pas décrété contre moi ! »
80
46 116. Sahl b. Muḥammad rapporte d’après al-Aṣma‘ī — Mu‘āḏ b. Mu‘āḏ qu’al-Faḍl al-Raqāšī
entendit un homme // dire : « Seigneur, fais de moi un Musulman ! » Il lui dit : « Cela est
impossible ! » L’homme reprit : « Seigneur, fait de nous des gens soumis à Toi (muslim) et
fais de notre descendance une communauté soumise à Toi (muslima) »33.
47 117. — Sahl b. Muḥammad rapporte d’après al-Aṣma‘ī — Abū Ma‘šar al-Madanī que
Muḥammad b. Ka‘b al-Quraẓī a dit : « Les hommes sont trop vils pour que l’un d’eux
puisse disposer, dans la royauté souveraine de Dieu, d’une chose dont Dieu n’a pas voulu
qu’elle existât ».
48 118. — Sahl rapporte d’al-Aṣma‘ī qu’Abū ‘Amr a dit : « Je témoigne que Dieu égare qui Il
veut et guide qui Il veut. C’est Dieu qui a le dernier mot. Quiconque dit : — Viens disputer
avec moi ! je lui réponds : — Passe-toi de nous ! »34.
49 119. — D’après Abū 1-Ḫaṭṭāb — Abū Dāwūd — al-Ḥasan b. Abī l-Ḥasan : Al-Ḥağğāğ,
prononçant la ḫutba à Wāsiṭ, déclara : « Seigneur, fais que je reconnaisse la voie droite et
que je la suive ; fais que je reconnaisse l’erreur et que je l’évite. Ne me masque pas le bon
chemin pour m’égarer au loin ! »
50 Abū Muḥammad dit : Ceci rappelle le verset : « Nous leur avons masqué [la Vérité] comme
ils la masquent »35.
51 120. — ‘Amr b. ‘Awn al-Qaysī, qui était au nombre des Bakkā’īn et perdit la vue à force de
pleurer, rapporte : « J’ai entendu Sa‘īd b. Abī ‘Aruba // dire : —Je ne connais pas dans le
Coran de verset plus pénible pour moi que les paroles de Moïse : « Ce n’est que tentation
de Toi par laquelle Tu diriges qui Tu veux et égare qui Tu veux »36. Je lui dis : — Alors, tu
trouves le Coran pénible ? Par Dieu, je ne t’adresserai plus la parole ! Et je ne lui parlai
plus jusqu’à sa mort ».
52 121. — D’après Isḥāq b. Ibrāhīm al-Šahīdī — Yaḥyā — Ḥumayd al-Ṭawīl : ‘Amr b. al-Naḍr
raconte : « Je passais près de ‘Amr b. ‘Ubayd et m’assis près de lui ; il me dit quelque chose
et je répondis : — Ce n’est pas ainsi que disent nos maîtres ! — Et quels sont tes maîtres ?
— Ayyūb, Ibn ‘Awn, Yūnus et al-Taymī. Alors il déclara : — Ce sont de sales gens, des
ordures, des morts qui ne vivent pas ! »
53 Abū Muḥammad dit : Or les quatre personnages cités sont l’élite de nos contemporains en
ce qui touche la Science, le fiqh et l’effort personnel pour respecter le rituel et [les
prescriptions relatives] à la pureté de la nourriture37. Ils ont marché sur les traces des
Compagnons et des Suivants, qui sont venus avant eux, et ceci montre bien que ces
derniers sont aussi pour ‘Amr b. ‘Ubayd des sales gens et des ordures. Si les gens du kalām
prétendent que les descendants spirituels des Compagnons et des Suivants ne
professaient pas les mêmes doctrines que ces derniers, et que [les Compagnons et les
Suivants] avaient les mêmes idées que [les gens du kalām] sur le Qadar, nous leur disons :
// Dans ce cas, pourquoi vous réclamez-vous d’al-Ḥasan, de ‘Amr b. ‘Ubayd et de Ġaylān,
et non pas de ‘Alī, d’Ibn Mas‘ūḏ, d’Abū ‘Ubayda, de Mu‘āḏ, de Sa‘īd b. al-Musayyab et de
leurs semblables ? Ils étaient de meilleurs modèles et de plus sûrs garants que Qatāda, al-
Ḥasan et Ibn Abī ‘Aruba.
54 122. — Ils affirment qu’ils enregistrent le ḥadīṯ de la bouche de leurs adversaires eux-
mêmes, comme Qatāda, Ibn Abī Nağīh, Ibn Abī Ḏi’b, et qu’ils s’interdisent d’enregistrer
celui de leurs semblables, comme ‘Amr b. ‘Ubayd, ‘Amr b. Fā’id, Ma‘bad al-Ğuhanī. Or ceux
dont ils enregistrent les paroles sont des gens de Science et des autorités sûres en matière
de Tradition. Il n’y a donc aucun inconvénient à enregistrer les paroles de telles gens, non
plus qu’à agir conformément aux traditions qu’ils transmettent. Toutefois, pour ce qui est
81
des doctrines auxquelles ils adhèrent par passion personnelle, on ne saurait les
enregistrer, ni agir en conformité avec elles. C’est en vertu de ce même principe qu’on
admet le témoignage d’une personne de confiance contre autrui, mais non en faveur
d’elle-même, ni de son fils, ni de son père, ni dans les affaires de nature à entraîner pour
elle un bénéfice ou à lui éviter un dommage. Il n’est interdit d’admettre la parole d’une
personne sincère que dans la mesure où elle concorde avec ses opinions sectaires ou est
conforme à ses convictions passionnelles. En effet, elle est convaincue que la vérité réside
dans les doctrines auxquelles elle adhère et que //, pour se rapprocher de Dieu, il faut les
affirmer à tout prix. Une telle attitude ne saurait garantir de l’erreur matérielle, de
l’addition ou de l’omission.
55 123. — Lorsqu’ils affirment que chaque groupe de partisans des diverses doctrines
considère que la vérité réside dans ses propres opinions, et que ses adversaires sont dans
l’erreur et [égarés par] la passion — y compris les gens du ḥadīṯ —, d’où savent-ils de
science sûre qu’ils sont dans le vrai ? On peut leur répondre que les partisans des diverses
doctrines, même s’ils sont en désaccord et que chaque groupe considère qu’il professe la
vraie doctrine, s’accordent sans conteste sur un point : quiconque s’en tient au Livre de
Dieu et s’attache à la Sunna du Prophète, celui-là possède ce qu’il faut pour être éclairé
par la Lumière, pour accéder à la Voie droite, et pour découvrir la vérité là où on en
soupçonne l’existence. Seules des pressions abusives peuvent faire varier les gens du ḥadīṯ
sur ce point, car en matière de religion, ils ne se réfèrent jamais à leur critique subjective,
à l’analogie, à la spéculation, ni aux livres des philosophes de l’antiquité, ni aux gens du
kalām contemporains.
56 124. — S’ils les accusent d’être dans l’erreur en transmettant des mensonges et des choses
contradictoires, on peut leur répondre que ce sont eux qui ont attiré l’attention sur les
mensonges, les erreurs // et les faiblesses, comme je l’ai montré plus haut 38. Quant aux
contradictions [apparentes], nous allons te montrer comment on peut y trouver des
explications, attirer ton attention sur ce que tu ignores encore, et sur quoi tu n’as pas
encore réfléchi.
57 Reposons-nous sur Dieu, Il est le meilleur auxiliaire.
NOTES
1. Cf. MĀLIK, 29, 40-44.
2. BUḪ. 8, 48, 52, 54 = HM I, 158 sqq. ; 19, 37 = HM I, 382.
3. Ce « faux » ḥadīṯ combine en réalité deux usages : 1) il faut se déchausser dans la mosquée ; 2) il
ne faut pas entrer dans la mosquée à cheval.
4. BUḪ. 8, 69 = HM I, 165 ; ḤAN. II, 308, 540).
5. Il est clair que tous ces « ḥadīṯ-s » sont en réalité des dictons populaires annexés par erreur ou
par calcul.
6. Cf. les notes 1 à 5, p. 6.
7. Voir plus loin, sections LIII, LVI, LVIII, LXI.
8. ḤAN. I, 248, 315, 323 ; III, 305 ; V, 285.
82
9. Coran, LII, 9.
10. Coran, XXXIII, 26.
11. Buḫ. 68, 11 = HM III, 614.
12. Par opposition à wayl, qui est une parole de reproche. Tāğ, II, 249.
13. Sur les « cahiers de ḥadīt » (ṣaḥīfa, kitāb) voir GOLDZIHER, Etudes, 11, 242, 259.
14. Allusion visible au ḥašw, attitude des hens du ḥadīṯ extrémistes consistant à admettre
aveuglément les données du ḥadīṯ. Ibn Qutayba s’en méfie, mais ne les condamne pas
formellement (§ 109). Il voudrait ici persuader son lecteur que leur erreur est commune à toutes
les sectes. Voir GARDET et ANAWATI, Introduction, 54 ; cf. aussi PELLAT, Nābita.
15. Il est intéressant de mettre en parallèle ce passage, où Ibn Qutayba se montre fervent
défenseur de la spécialisation, avec maint passage de ses autres ouvrages (Adab, ‘Uyūn...) où il
défend avec non moins de ferveur la culture générale !
16. Au lieu de Abī Qubays, au cas indirect exigé par la préposition.
17. Bišr dit ahna’uhā au lieu de ahna’ihā, au cas indirect exigé par la préposition.
18. Šay’ (chose), masculin, est accordé avec un pronom -hā (féminin). A noter que Tāğ, I, 111
reproduit ce vers avec zād (viatique) au lieu de šay’.
19. L’éd. pense que la faute réside ici dans l’emploi de kull (tout) pour désigner une abstraction (le
fait de déférer à une citation en justice).
20. Le critique poétique laisse percer le bout de l’oreille. On verra sur ce sujet le K. al-Ši‘r wa-l-šu‘
arā’, et notamment l’introduction, GAUDEFROY-DEMOMBYNES, Paris 1947.
21. C.-à-d. que la recherche abusive du ḥadīṯ n’est d’aucun secours en droit pratique.
22. Ces deux appellations (ġuṯa’, ğuṯar) figurent aussi dans l’Adab, 3-4 (trad. LECOMTE, 57), qui y
ajoute ra‘ā‘ (la lie du peuple) ; leur défense y est exposée encore plus énergiquement qu’ici.
23. ḤAN. II, 86, 125 ; V, 406.
24. ḤAN. I, 103. C’est ta seule référence pour ce ḥadīṯ.
25. Voir GOLDZIHER, Etudes, 108 sqq.
26. ḤAN. IV, 355, 382.
27. C’est pourquoi les « gens du Qadar » sont en réalité ceux qui rejettent le qadar, ou toute
puissance divine.
28. Coran, XVI, 51.
29. Coran, IV, 93.
30. Il paraît s’agir de Qurayš b. Anas.
31. Coran, IV, 48 et 116.
32. Le multazam est le mur compris entre la porte de la Ka‘ba et la Pierre Noire ; il est ainsi appelé
parce que le pèlerin s’y appuie pour invoquer Dieu. WENSINCK, Hwb. ; s. Ka‘ba, 237 ; Tāğ, IX, 59.
33. Coran, II, 128.
34. Nouvelle allusion aux exercices de dialectique dont on a parlé plus haut. Toutes ces
polémiques sont inutiles, puisqu’en fin de compte c’est Dieu qui a le dernier mot (li-llāh ‘alayna l-
ḥuğğa). Voir § 78 sqq.
35. Coran, VI, 9.
36. Coran, VII, 155.
37. Texte : fī-l-‘ibāda wa-ṭīb al-maṭ‘am. On pense pouvoir traduire ainsi en considérant cette
expression comme une réplique à arğās, anğās (des gens sales et orduriers ; cf. Coran, passim, p. ex.
V, 90 où les boissons fermentées sont qualifiées de riğs). Toutefois, on peut se demander s’il ne
faut pas lire ṭīb al-maṭma‘, « les nobles ambitions ».
38. Voir notamment la notice relative à al-Ğāḥiẓ, § 72.
83
Dieu tira la descendance du dos d’Adam, alors que le Coran dit qu’il la tira du dos des fils
d’Adam.
3 126. — Réponse : Il n’en est point comme ils l’imaginent. // Le sens des deux textes
concorde, grâce à Dieu, et tous deux sont justes. En effet, le Coran fournit des
développements que le ḥadīṯ passe sous silence, mais il peut aussi présenter des
raccourcis que développe la Sunna. Il est clair que lorsque Dieu passa la main sur le dos
d’Adam comme le dit le ḥadīṯ, et en fit sortir sa descendance, tels des fourmis, jusqu’au
jour du Jugement, cette descendance comprenait les fils, les petits-fils et leur
descendance jusqu’au jour du Jugement. S’il conclut le Pacte avec tous ceux-là et leur fit
porter témoignage contre eux-mêmes, c’est donc du dos de tous les fils d’Adam sans
exception qu’il tira une descendance, et c’est eux tous qu’il fit témoigner.
4 126 a. — On comparera le verset : « Nous vous avons créés, puis Nous vous avons formés,
puis Nous avons dit aux anges : — Prosternez-vous devant Adam ! »4. Il dit aux anges :
« Prosternez-vous devant Adam ! » après avoir dit : « Nous vous avons créés, puis nous
vous avons formés », ce qui veut dire : « Nous avons créé Adam, puis nous l’avons formé »,
puis Nous avons dit aux anges : « Prosternez-vous devant Adam ! » C’est parfaitement
admissible, car lorsqu’il a créé Adam, Il nous a tous créés dans ses reins, et nous a
façonnés à Sa guise. Lorsqu’il a créé Adam, Il nous a donc créés, puisque nous descendons
de lui.
5 126 b. — Il en est de même lorsque un homme reçoit en cadeau de toi un couple de
moutons, mâle et femelle, et que tu lui dis : « Je te donne là beaucoup de moutons ! » Tu
veux dire : « En te faisant cadeau d’un couple de moutons, je te donne aussi les nombreux
petits qui naîtront d’eux ».
6 126 c. — ‘Umar b. ‘Abd al-‘Azīz // donna mille dirhems à Dukayn, le rāğiz. Dukayn acheta
avec cette somme un certain nombre de chameaux. Dieu les bénit, et ils crûrent et
multiplièrent Dukayn disait : « Je les dois à la générosité de ‘Umar b. ‘Abd al-‘Azīz ! » Or
tous ne lui avaient pas été donnés en gratification. ‘Umar ne lui avait donné que les pères
et les mères, mais il les attribuait tous à ‘Umar, car ils étaient le produit de ceux qu’il lui
avait donnés5.
7 126 d. — On constatera une analogie avec les vers d’al-‘Abbās b. ‘Abd al-Muṭṭalib sur le
Prophète :
« Avant nous, tu étais bienheureux à l’ombre, et dans le dépôt où furent cousues les
feuilles »
8 c’est-à-dire : « Tu étais bienheureux à l’ombre » du paradis terrestre ; « dans le dépôt »,
l’endroit où il était à l’abri ; « où furent cousues les feuilles », celles qu’Adam et Ève
cousirent entre elles pour s’en revêtir ». En d’autres termes : Il était à ce moment-là
bienheureux dans les reins d’Adam.
9 Le poète ajoute :
« Puis tu es descendu sur terre, ni homme,
ni chair, ni caillot »6
10 c’est-à-dire qu’Adam descendit sur terre, et que « tu descendis » dans ses reins, mais tu
n’étais alors « ni homme, ni chair, ni sang ».
11 Le poète continue : //
« Puis tu devins semence qui monta dans l’Arche, alors que le Déluge engloutissait
Nasr et ses fidèles »7
12 c’est-à-dire : Tu étais semence dans les reins de Noé, lorsqu’il monta dans son navire.
85
13 Puis :
« Tu fus transmis de rein en entrailles ;
lorsque disparaissait un monde, apparaissait une nouvelle [génération »
14 c’est-à-dire : Il était transmis des reins des hommes aux entrailles des femmes. Le poète
représente donc le Prophète bienheureux, puis descendant sur la terre, enfin montant
dans l’Arche avant d’être créé, faisant simplement allusion par là à tous ses ancêtres, qui
le contenaient virtuellement dans leurs reins.
***
***
20 D’autre part, vous rapportez d’après Mindal — Layṯ — ‘Abd al-Raḥmān b. al-Qāsim — son
père que ‘Ā’iša a dit : « Il est arrivé que la courroie de sandale du Prophète se rompît. Il
marchait alors avec une seule jusqu’à ce que l’autre fût séparée »12. Il y a là contradiction.
21 130. — Réponse : Pour nous, nous prétendons qu’il n’y a là aucune contradiction, grâce à
Dieu. En effet, il pouvait arriver que quelqu’un vît sa courroie de sandale se rompre, qu’il
l’ôtât, la prît à la main et marchât avec une seule sandale jusqu’à ce qu’il trouvât une
autre courroie. Ce procédé est incorrect et indécent en ce qui concerne les sandales, les
chaussures, et toutes les pièces de vêtement qui vont par paire, si l’on n’en utilise qu’une
pièce en abandonnant l’autre. De même pour le vêtement qu’on jette sur une épaule sans
utiliser l’autre. Par contre, si une courroie se rompt et que l’on fait un, deux ou trois pas
en attendant qu’elle soit réparée, ceci n’a rien de répréhensible ni d’indécent. La
qualification juridique d’un acte est souvent différente selon qu’il est accompli un petit
nombre ou un grand nombre de fois. //
22 130 a. — On n’ignore pas que l’homme en Prière peut fort bien faire un ou deux pas, voire
plusieurs, en position d’inclination, jusqu’à la rangée qui est devant lui. Mais il n’est pas
licite de parcourir dans cette position cent ou deux cents coudées. Il est licite de replacer
son manteau sur les deux épaules lorsqu’il a glissé, mais il est illicite de rouler son
vêtement au cours de la Prière, ou de faire quoi que ce soit qui dure longtemps. De même,
la Prière n’est pas annulée si l’on sourit, mais elle l’est si l’on éclate de rire.
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87
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40 Ils déclarent : Ce sont là des attaques contre Abraham, contre Loth et contre lui-même.
41 138. — Réponse : Nous prétendons qu’il n’en est rien, grâce à Dieu. Le Prophète a dit : « Je
suis encore plus sujet au doute que mon père Abraham » lorsque fut révélé le verset :
« Abraham dit : — Seigneur, fais-moi voir comment Tu fais revivre les morts ! Le Seigneur
lui répondit : — Eh quoi ! Ne croirais-tu point ? — Si ! répondit Abraham, mais c’est pour
que mon cœur soit tranquille ! »32. Or des gens qui entendirent ce verset affirmèrent :
« Abraham a douté, mais notre Prophète n’a pas douté ! » Le Prophète dit alors // : « Je
suis encore plus sujet au doute que mon père Abraham ! » par humilité, et pour montrer
la prééminence d’Abraham par rapport à lui-même. Il voulait dire : « Nous-même ne
doutons pas, et nous valons moins que lui. Comment aurait-il pu douter ? »
42 L’interprétation des paroles d’Abraham : « …mais c’est pour que mon cœur soit
tranquille ! » est la suivante : « C’est pour que mon cœur soit tranquillisé par la certitude
due à la constatation de visu ».
43 138 a. — Il y a deux sortes de certitude : l’une est la certitude due à la constatation de visu,
et l’autre est la certitude acquise par témoignage auditif. La première est la plus noble,
c’est pourquoi le Prophète a dit, en parlant du peuple de Moïse adorant le veau d’or : « Un
fait rapporté ne vaut pas un fait constaté »33. Dieu ayant appris à Moïse que son peuple
adorait le veau d’or, il ne jeta pas encore les Tables ; mais lorsqu’il les vit de ses yeux ainsi
occupés, il jeta les Tables, qui se brisèrent34.
44 De même, les hommes qui croient en la résurrection, le jugement, le paradis et l’enfer ont
la certitude que tout cela est vrai ; mais au moment de la résurrection, lorsqu’ils verront
et observeront de leurs yeux, leur certitude sera encore plus forte.
45 Abraham voulait donc tranquilliser son cœur par la constatation visuelle, qui apporte la
certitude la plus noble.
46 138 b. — Lorsqu’il disait : « Dieu aurait eu pitié de Loth, s’il avait trouvé refuge auprès
d’un soutien puissant » //, il faisait allusion aux paroles de Loth à son peuple : « Ah ! si
j’étais de force contre vous ! Ah ! si j’avais refuge auprès d’un soutien puissant ! » 35. Le
Prophète voulait parler de la perplexité de Loth, de son embarras et de son tourment à
l’occasion des menaces de son peuple36, qui le firent s’écrier : « Ah ! si j’avais refuge
auprès d’un soutien puissant ! », alors même qu’il se réfugiait auprès de Dieu, qui est le
plus puissant des soutiens.
47 [Les gens du ḥadīṯ] disent : Par la suite, Dieu n’envoya plus de prophète après Loth qu’au
sein d’un groupe de gens de son peuple37.
48 138 c. — Lorsqu’il dit : « Si j’avais été sollicité comme le fut Joseph, j’aurais cédé ! », il
s’agit du jour où Joseph fut invité à sortir de prison, après une longue peine. Il dit au
messager : « Retourne auprès de ton maître et demande-lui : — Qu’avaient ces femmes à
se taillader les mains ? »38, et il ne sortit pas de sa prison sur le champ. Il voulait montrer
la patience et la résignation de Joseph, en disant : « Si j’avais été à sa place, et que j’eusse
été invité à sortir de prison comme lui, j’aurais accepté, et je n’aurais pas tergiversé. C’est
encore là un aspect de son humilité. Il ne s’agissait pas de montrer qu’il y aurait eu
faiblesse ou crime de la part du Prophète s’il se fût empressé de sortir à la place de Joseph,
ou de la part de // Joseph s’il fût sorti de prison avec le messager. Il voulait seulement
dire que Joseph ne trouvait pas dure l’épreuve imposée par Dieu, au point de s’empresser
de sortir immédiatement, mais qu’il était résigné et escomptait la récompense divine.
90
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crime ont-ils donc commis ? » Et l’autre répliqua : « Je ne fais que te rapporter les paroles
du Prophète ! ». Et al-Ḥasan se tut.
56 Al-Ḥasan avait raison ! Quel crime ont-ils donc commis ? Ces paroles // d’al-Ḥasan
constituent une attaque contre [le Prophète] ou contre Abū Hurayra46.
57 142. — Réponse : Nous prétendons que le soleil et la lune n’ont pas été précipités au Feu
en punition de quelque crime qui pût leur être imputé. Ils ont été créés de feu et ont été
rendus au feu. Le Prophète n’a-t-il pas dit à propos du soleil couchant : « C’est le feu
ardent de Dieu ! N’était que la volonté de Dieu le retient, il détruirait tout ce qui est sur la
terre ! »47. Il a dit aussi : « Au fur et à mesure que le soleil s’élève d’un degré dans le ciel,
une porte de l’enfer s’ouvre devant lui. Lorsqu’arrive l’heure de midi, toutes les portes
sont ouvertes »48. Ceci montre bien qu’il tire toute sa chaleur de la fournaise infernale.
C’est pourquoi le Prophète a dit : « Remettez la Prière [de midi] aux heures fraîches, car
cette chaleur ardente émane de la fournaise de l’enfer »49.
58 Si quelque chose provient du feu, puis lui est rendu, on ne saurait dire qu’il subit une
punition. Une chose condamnée à accomplir une fonction déterminée et exclusive comme
le feu, ou le ciel qui est condamné à tourner, // la mer à se gonfler50, etc., ne saurait subir
de sanction ni recevoir de récompense. Il serait aussi absurde de dire, à propos du verset :
« Préservez-vous du Feu, dont l’aliment est constitué par les hommes, et les pierres… » 51 :
« Quel est donc le crime des pierres ? »
***
64 On peut en dire autant de quiconque est atteint de phtisie, de consomption ou de gale. Les
médecins prescrivent de ne pas se tenir en compagnie du phtisique ou de
l’éléphantiasique. Ils ne pensent pas tant à la contagion qu’à la mauvaise odeur, car elle
peut incommoder quiconque la respire trop longtemps. Or les médecins sont les gens les
moins enclins à la superstition, bonne ou mauvaise.
65 De même, lorsqu’un chameau est atteint de gale — il s’agit de la gale purulente —, et qu’il
entre en contact avec le reste du troupeau, se frotte à ses congénères et s’installe dans le
même parc, il leur communique une maladie analogue à cause du mucus et du pus qui
s’écoulent de lui. C’est pourquoi le Prophète a dit : « On ne met pas un individu sain avec
un individu malade ». Il craignait que l’individu malade ne fréquentât l’individu indemne
et ne lui communiquât une maladie analogue à cause du pus et du contact. //
66 Certains pensent que le Prophète n’a pas voulu qu’on croie à la culpabilité du propriétaire
des chameaux contaminés. Abū Muḥammad dit : Ceci est exclu, car ce que je viens
d’exposer peut être constaté de visu.
67 144 a. — L’autre type de maladie contagieuse est la peste, qui s’installe dans un pays d’où
les gens s’enfuient par peur de la contagion.
68 Abū Muḥammad dit : Sahl b. Muḥammad m’a rapporté d’après al-Aṣma‘ī qu’un Basrien
fuyant la peste monta sur un âne et se rendit dans sa famille à Safawān. Il entendit alors
un chamelier chanter derrière lui ces vers :
« On ne dépasse pas Dieu sur un âne,
ni sur un coursier rapide.
La mort vient au moment prescrit ;
Dieu passe parfois devant celui qui s’en va ».
69 Le Prophète a dit : « Lorsque elle (la peste) sévit dans le pays où vous vous trouvez, n’en
sortez pas ». Il a dit encore : « Lorsqu’elle sévit dans un pays, n’y entrez pas »57. La
première phrase signifie // qu’il est vain d’imaginer qu’en fuyant [l’endroit où se
manifeste] le décret de Dieu, vous échapperez à Dieu Lui-même ; et la seconde phrase que
si vous restez là où la peste ne sévit pas, vous serez plus tranquilles et vivrez plus
agréablement.
70 Il faut classer dans la même rubrique le caractère pernicieux de la femme ou de la maison,
qui peuvent attirer sur l’homme désagréments ou calamités. Il dit alors : « Elle m’a
contaminé par son mauvais œil ! » et c’est là la contamination à laquelle le Prophète
faisait allusion en disant : « Pas de contagion ! ».
71 144 b. — Le ḥadīt-s transmis par Abū Hurayra, où le Prophète dit : « La femme, la maison et
la bête de selle sont de mauvais augure » est suspect d’avoir été transmis de façon erronée
par Abū Hurayra58. Il a dû entendre de la bouche du Prophète quelque chose qu’il n’a pas
compris.
72 Abū Muḥammad dit : J’ai entendu Muḥammad b. Yaḥyā al-Qaṭ‘ī d’après ‘Abd al-A‘lā —
Qatāda — Abū Ḥassān : « Deux hommes entrèrent chez ‘Ā’iša et lui dirent : — Abū Hurayra
raconte que le Prophète a dit : — La femme, // la bête de selle et la maison sont de
mauvais augure ! Elle bondit avec un air de commisération puis s’écria : — Par Celui qui a
révélé le Coran à Abū l-Qāsim, il en a menti, l’homme qui attribue de telles paroles au
Prophète ! Le Prophète n’a pas dit autre chose que : — Les gens de la Ğahiliyya disaient :
La bête de selle, la femme et la maison sont de mauvais augure ! Puis elle récita : « Nul
coup du sort n’atteint la terre et vos personnes, qui ne soit consigné dans un Écrit, avant
que nous ne les ayons créés »59.
93
73 144 c. — J’ai entendu Aḥmad b. al-Ḫalīl — Mūsā b. Mas‘ūd al-Nahdī — ‘Ikrima b. ‘Ammār —
Isḥāq — Ibn ‘Abd Allāh b. Abī Ṭalḥa — Anas b. Mālik : L’un de nous alla trouver le Prophète
et dit : « O Envoyé de Dieu, nous nous sommes installés dans une maison et nous y avons
prospéré en nombre et en richesse ; puis nous avons déménagé, et dans cette nouvelle
demeure nos richesses et notre nombre ont diminué ». Le Prophète dit : « Allez-vous en
de cette maison et abandonnez-la : elle est funeste »60.
74 144 d. — Abū Muḥammad dit : Ceci ne contredit pas plus le premier ḥadīṯ que le premier
ne contredit celui-ci. Le Prophète ne leur a conseillé de déménager que parce qu’ils y
demeuraient dans une atmosphère pesante, et que tous les malheurs qu’ils y enduraient
les rendaient moroses //. Il leur a donc conseillé de déménager. Dieu a ainsi fait l’instinct
et le tempérament de l’homme que ce dernier prend en grippe l’endroit où il a souffert,
même s’il n’y a aucune relation de cause à effet, qu’il s’attache à quiconque lui fait du
bien, même involontairement, et qu’il déteste quiconque lui fait du mal, même
involontairement. Comment le Prophète aurait-il pu être superstitieux, puisque la
superstition relève de la magie ? Beaucoup de gens, avant l’Islam, la dédaignaient, et
louaient ceux qui la stigmatisaient.
75 Le poète dit dans un panégyrique :
« Il n’a pas d’appréhension lorsqu’il se prépare au départ,
et ne dit pas : — Aujourd’hui, j’ai été en butte à l’hostilité
[du pivert et du corbeau !
Mais il agit résolument,
alors que l’homme superstitieux cherche à se garer de
[ces sornettes »61.
76 Abū Muḥammad dit : Le mot ḫuṯārim désigne l’homme superstitieux ; Wāq désigne le
pivert (ṣurad)62 et // ḥātim le corbeau. Al-Muraqqiš a dit :
« Je suis parti, alors que je ne partais jamais
[après avoir vu] un pivert ou un corbeau.
Mais voilà que le mauvais augure est comme le bon augure,
et le bon augure comme le mauvais…
Ainsi, aucun bien ni aucun mal
ne durent éternellement pour personne »63.
77 144 e. — J’ai entendu Isḥāq b. Rāhawayh — ‘Abd al-Razzāq — Ma‘mar — Ismā’īl b. Umayya :
Le Prophète a dit : « Il est trois choses auxquelles personne n’échappe : la superstition, le
doute et l’envie ». On lui demanda : « Mais comment s’en délivrer ? » Il répondit : « Si tu
as cédé à une superstition, n’y reviens pas ; si tu es en proie au doute, ne cherche pas à
acquérir la certitude ; si tu es en proie à l’envie, ne cherche pas à nuire ! » Telles furent à
peu près ses paroles64.
78 144 f. — J’ai entendu Abū Ḥātim — al-Aṣma‘ī — Sa‘īd b. Muslim : Le père de ce dernier //
s’étonnait des gens qui croyaient aux augures et leur faisait de vifs reproches. Il dit :
« Une de nos chamelles s’éloigna pour mettre bas alors que j’étais à Ṭaff. Je me mis en
route sur sa trace, et je rencontrai Hāni’ b. ‘Ubayd, des Banū Wā’il, qui se hâtait et disait :
« Le mal fréquente le haut des collines ».
79 Puis je rencontrai un autre homme de la même tribu qui disait :
« Et si tu nous envoyais des chercheurs,
les chercheurs ne nous trouveraient pas ».
80 Puis nous poussâmes jusqu’à un jeune garçon qui, dans son enfance, était tombé dans le
feu et avait été brûlé. Son visage était laid et abîmé. Je lui demandai : — Aurais-tu entendu
94
***
qu’en raison d’un manquement. Le moment le plus proche du début [de la période] est
plus impérieusement recommandé, et le moment le plus tardif n’est qu’une tolérance. Il
n’était licite pour le Prophète de prendre sur lui que l’acte le plus recommandable, et le
plus agréable à Dieu. Il ne pouvait s’autoriser à user de la tolérance qu’une ou deux fois,
pour montrer aux Musulmans qu’elle était licite. Quant à faire la Prière en permanence
dans les conditions les moins recommandables en délaissant les conditions les plus
impératives et les meilleures, c’était là chose illicite. C’est pourquoi, lorsque ses
Compagnons se plaignirent // auprès de lui d’être obligés de prier avec lui aux heures
torrides, et voulurent qu’il repoussât la Prière jusqu’à ce que la chaleur fût tombée, il
refusa précisément parce qu’ils étaient avec lui ; mais il donna ensuite l’autorisation de
repousser la Prière aux heures fraîches pour les gens qui n’étaient pas présents à ses
côtés, par mesure d’allègement et de simplification pour la Communauté. Il en fut de
même pour la Prière de l’aube, qu’il accomplissait alors qu’il faisait encore noir (taġlīs) en
disant : « Mettez-vous en route à l’aube ! »76.
90 D’autre part, il ressort d’un autre ḥadīṯ que le Prophète accomplissait la Prière de midi
jusqu’au moment où le soleil commençait à décliner, sans la retarder davantage ; il s’agit
du ḥadīṯ d’Ismā‘īl b. ‘Ulayya — ‘Awf — al-Minhāl — Abū Barza disant que le Prophète
faisait la Prière de midi — celle qui se place à l’heure dite « la première » — lorsque le
soleil baissait — c’est-à-dire déclinait77.
***
92 D’autre part, vous enseignez qu’il observa la religion de sa tribu pendant quarante
années, et qu’il donna ses deux filles en mariage respectivement à ‘Utba b. Abī Lahab et à
Abū l-’Āṣ b. al-Rabī‘, qui étaient infidèles.
93 Il y a là contradiction et divergence, et cela tend à diminuer le mérite du Prophète. //
94 148. — Réponse : Nous affirmons que grâce à Dieu, ce ḥadīṯ ne concerne personne [en
particulier] et qu’il n’y a rien à en dire dès lors qu’on en comprend le sens. En effet, tous
les Arabes (sauf les Yéménites)80 descendent d’Ismaél, fils d’Abraham, ils ont conservé des
vestiges de la religion de leur ancêtre Abraham. Ainsi le pèlerinage et la visite de la
maison de Dieu, la circoncision, le mariage, la répudiation à condition qu’elle soit
prononcée trois fois, le droit de reprise du mari si elle n’a été prononcée qu’une ou deux
fois, le prix du sang évalué à cent chameaux en cas d’homicide, l’ablution majeure après
une souillure majeure, la qualification juridique de l’hermaphrodite d’après l’appareil
urinaire, l’interdiction d’épouser les femmes si elles sont proches parentes, alliées, ou
apparentées généalogiquement81. Toutes ces choses étaient bien connues des [anciens
Arabes]. Ils croyaient aussi aux deux anges comptables.
95 Al-A‘šā, qui est un poète préislamique, a dit :
96
104 148 c. — Ils reconnaissaient donc l’existence de Dieu et croyaient en Lui ; comment le Bon
et le Pur aurait-il pu ne pas croire en Lui avant la Révélation ? Ceci n’échappe à personne,
et chacun comprend que lorsque Dieu dit : « Tu ne connaissais pas ce que sont l’Écriture
et la foi, antérieurement », Il entend par « foi » les prescriptions légales relevant de la foi.
105 148 d. — Abū Muḥammad dit : Le ḥadīṯ en question signifie que le Prophète adhérait à la
religion d’Abraham et d’Ismaél, ainsi que sa tribu, mais non Abū Ğahl et les autres
infidèles, car Dieu fait dire à Abraham : « Celui qui me suivra sera [issu] de moi, mais celui
qui me désobéira… Car Tu es absoluteur et miséricordieux »90. Il a dit à Noé : « Il n’est pas
de ta famille »91, à propos de son fils, qui n’était pas de sa religion. //
106 Lorsque le Prophète maria ses deux filles à des infidèles, cela relevait de prescriptions
légales qu’il ne connaissait pas [encore]. Les actes ne sont considérés comme mauvais que
du fait de leur interdiction, et ne sont considérés comme bons que lorsqu’ils sont déclarés
autorisés et licites. Lorsqu’il maria ses filles à deux infidèles avant que la révélation ne fût
intervenue, il n’y avait de sa part aucune infidélité envers Dieu.
***
meilleur », ce n’est que pour mettre en parallèle les hommes qui viendront à la fin et les
Compagnons, tout comme lorsqu’on dit : « Je ne sais si c’est l’envers ou l’endroit de cette
étoffe qui est le plus beau ». L’endroit est plus beau, mais il s’agit seulement de les mettre
en parallèle. De même, lorsqu’on dit : « Je ne sais si cette femme est plus belle de face ou
de dos ». Elle est plus belle de face, mais il s’agit seulement de comparer la beauté du
devant et celle du dos. On peut aussi comparer les paroles [du Prophète] sur la Tihāma
disant : « Elle ressemble à du miel dans une outre neuve : on ne sait s’il est meilleur au
début ou à la fin »100. Le mot badī‘ est synonyme de ziqq (outre)101. Lorsque le miel est //
dans une outre, sa qualité ne s’altère pas comme s’altère celle du lait dans l’outre à lait ;
en effet, le lait est meilleur au début qu’à la fin, alors que [pour le miel], la qualité du
début est sensiblement la même qu’à la fin, et guère meilleure.
***
fardeaux et des entraves qui accablaient les Fils d’Israël dans leurs obligations rituelles.
Elle n’est est pas moins la meilleure // Communauté qui ait été constituée, grâce à Dieu.
***
réfléchi qu’il pourrait bien te rétorquer : — Mais J’ai dit aussi : « Dieu ne pardonne pas
qu’il Lui soit donné des associés, alors qu’il pardonne // à qui Il veut des péchés autres
que celui-là »112 ; comment sais-tu donc que Je ne veux pas pardonner [à celui qui a tué] ?
‘Amr b. ‘Ubayd fut incapable de me répondre ».
***
***
135 158. — Nous prétendons qu’il n’y a là ni divergence, ni contradiction. Il ne s’agit pas de
montrer que quiconque ne tue pas les serpents commet un grand péché qui range son
auteur au nombre des infidèles ; le grand péché est de ne pas les tuer par crainte de la
vengeance.
136 C’était là un trait de mœurs de la Ğāhiliyya. Les Arabes disaient que les génies
poursuivaient la vengeance de celui d’entre eux qui avait été tué, et faisaient parfois
mourir le meurtrier, ou lui infligeaient une infirmité quelconque ; il leur arrivait aussi de
faire mourir son enfant. Le Prophète leur enseigna // que cela était faux, et leur dit :
« Quiconque croit cela est un infidèle », c’est-à-dire : Quiconque croit en ces choses
fausses.
137 158 a. — L’infidélité, selon nous, a deux degrés : La première est l’infidélité touchant les
dogmes essentiels (aṣl), comme celle relative à Dieu, à Ses prophètes, à Ses anges, à Ses
Livres, à la résurrection. Tels sont les dogmes essentiels ; quiconque fait preuve
d’infidélité à l’égard d’un de ces dogmes se place en dehors de la communauté des
Musulmans. S’il meurt, aucun de ses proches parents musulmans ne peut hériter de lui, et
on ne peut faire sur lui la prière des morts.
138 L’autre sorte d’infidélité est celle relative aux points secondaires (far‘), dans la mesure où
ils sont sujets à interprétation ; ainsi, l’infidélité relative au Qadar (sic), ou le refus de
pratiquer la friction des chaussures, ou de ne considérer comme valide qu’une
répudiation par trois fois, etc… De telles dérogations n’excluent pas le Musulman de la
Communauté, et on ne traite pas d’infidèle celui qui rejette une de ces doctrines
[secondaires], tout comme on qualifie l’hypocrite d’āmin (fidèle) et non de mu’min
(croyant).
***
143 Dans « Mon minbar que voici se trouve au-dessus d’une des entrées du paradis », le mot
tur‘a désigne l’entrée du canal d’adduction de l’abreuvoir. Ce ḥadīṯ signifie donc : « C’est
une porte d’accès au paradis ».
144 160 a. — Abū Muḥammad dit : J’ai entendu Abū l-Ḫaṭṭāb — Bišr b. al-Mufaḍḍal — ‘Umar b.
‘Abd Allāh, mawlā de Ġufra — Ayyūb b. Ḫālid al-Anṣārī — Ǧābir b. ‘Abd Allāh al-Anṣārī : Le
Prophète sortit pour nous rejoindre et dit : « Profitez de l’abondance des jardins du
paradis ! » Ils dirent : « Mais où sont les jardins du paradis, ô envoyé de Dieu ? » Il
répondit : « Ce sont les endroits où l’on s’assemble pour le ḏikr »125.
145 160 b. — On comparera cet autre ḥadīṯ qui dit : « Celui qui visite un malade est sur les
allées du paradis »126 (les allées, maḫarif, sing. maḫrafa, sont les chemins — turuq ; // ‘Umar
b. al-Ḫaṭṭāb a dit : « Je vous ai laissés comme sur l’allée — maḫrafa — des délices », c’est-à-
dire sur le chemin des délices). Le Prophète voulait dire que la visite des malades conduit
au paradis, et qu’elle en est comme le chemin. De même, les séances de ḏikr conduisent
aux jardins du paradis, et elles en font en quelque sorte partie.
146 De même les mots de ‘Ammār b. Yāsir : « Le paradis est sous le flamboyant », c’est-à-dire
le sabre : « Le paradis est à l’ombre des sabres », ce qui veut dire : La guerre sainte mène
au paradis, c’est donc comme si le paradis dépendait d’elle127.
147 160 c. — Certains pensent que l’espace situé entre son tombeau et son minbar est « en
face » d’un des jardins du paradis, et que son minbar est « en face » d’une des entrées du
paradis ; il aurait considéré ces deux endroits comme une partie du paradis parce que, sur
terre, ils se trouvaient vis-à-vis des deux endroits du ciel correspondants. Mais la
première explication est à mon avis meilleure. Dieu seul connaît la vérité.
***
même qu’il remettait la chose à leur conseil ? Comment n’aurait-il pas douté de
l’opportunité de désigner Šālim comme leur chef ? Cela aurait été un lapsus et une erreur
de jugement. Mais en remettant l’affaire à l’appréciation [des Émigrés et des promis au
paradis], il chercha quelqu’un pour diriger la Prière, jusqu’à ce qu’ils eussent choisi un
imām parmi eux ; il les pressa de choisir par trois fois, et leur fit porter ses ordres par son
fils ‘Abd Allāh. C’est alors qu’il parla de Šālim et dit : « S’il avait été vivant, je n’aurais pas
eu de doute à son sujet ». // Il parla aussi d’al-Ğārūd al-‘Abdī et dit : « Si U‘aymiš, des
Banū ‘Abd al-Qays, avait été vivant, je l’aurais mis en avant ». Les mots : « je l’aurais mis
en avant » montrent bien qu’il ne songeait pas à autre chose, pour Sālim comme pour ce
dernier, qu’à les placer au premier rang pour diriger la Prière. Par la suite, on se mit
d’accord sur la personnalité de Suhayb al-Rūmī, et ‘Umar lui ordonna de diriger la Prière
jusqu’à ce qu’un membre de la communauté fût élu.
***
certains génies des « mâles », tout comme Il parle des « mâles » parmi les humains. Il a
dit : « Des mâles parmi les humains cherchaient refuge auprès des mâles parmi les
génies »136. Il a dit sur les vierges [du paradis] : « Ni homme, ni génie ne les aura déflorées
avant eux »137, ce qui montre que les génies ont le pouvoir de déflorer, tout comme les
humains. La défloration (tamṯ) est le coït accompagné de saignement.
158 164 a. — Abū Muḥammad dit : Dans ce livre, notre intention n’est pas de réfuter les zindīq-
s, ni les gens qui nient les signes de Dieu et les signes de Ses Envoyés. Nous voulons
seulement répondre à ceux qui voient à tort dans le ḥadīṯ des contradictions, des
incohérences et des non-sens, bien qu’ils se réclament de l’Islam.
159 Si la raison pour laquelle quelqu’un rejette ce ḥadīṯ est qu’il est incapable de le concevoir,
et qu’il ne voit pas de sens à l’interdiction d’accomplir la Prière parce que le soleil se lève
entre les cornes du Démon, nous allons lui en montrer le sens, afin qu’il parvienne à le
comprendre — avec la permission de Dieu — et qu’il lui apparaisse recevable et digne
d’être examiné.
160 164 b. — Le Prophète ne nous a ordonné de renoncer à la Prière au lever du soleil que
parce que c’était là le moment où les adorateurs du soleil se prosternaient pour le
vénérer. //
161 Beaucoup de peuples anciens vécurent en adorant le soleil et en se prosternant devant lui.
Par exemple, Dieu fait dire à la huppe, dans l’histoire de la reine de Saba : « Je l’ai trouvée,
elle et son peuple, se prosternant devant le soleil à l’exclusion de Dieu. Le Diable a paré
pour eux leurs actions de fausses apparences »138.
162 Il y avait parmi les Arabes des gens qui adoraient le soleil, le vénéraient et l’appelaient
« la Déesse ». Al-A‘šā dit :
« Je ne connus point la crainte jusqu’à ce que je me fusse incliné devant la Déesse,
tout près ».
163 Il s’agit du soleil.
164 Certain Lecteur lit : « Laisserez-vous Moïse et son peuple semer le scandale sur la terre et
te délaisser (Pharaon), ainsi que ta Déesse ? », c’est-à-dire : Toi, ainsi que le Soleil que tu
adores ?139.
165 164 c. — Le Prophète répugnait donc à ce que nous fissions la Prière au moment où les
adorateurs du soleil se prosternaient devant lui. Il nous enseigne que les démons, ou
Satan lui-même, se trouvent à ce moment-là dans la direction du Levant, et qu’en se
prosternant en l’honneur du soleil, ils se prosternaient aussi devant le Démon, et en
faisaient l’objet de leur adoration.
166 164 d. — Par le mot « corne » (qarn), il n’entendait pas — comme ils l’imaginent — quelque
chose d’analogue aux cornes des vaches ou des moutons. Le mot corne désigne ici le côté
de la tête. La tête a deux « cornes », // c’est-à-dire deux côtés, deux bords. Je pense que la
« corne » qui pousse à cet endroit n’a été appelée ainsi qu’en raison du nom de l’endroit
lui-même. C’est ainsi que les Arabes appellent une chose du nom de l’endroit où elle se
manifeste, ou avec lequel elle a un certain rapport. Ils disent par exemple « rafa‘a
‘aqīratahu » (lever le jarret), pour « élever la voix » : en effet, un homme eut le pied coupé
et leva la jambe en criant à l’aide ; depuis, on dit pour « élever la voix », « lever le jarret ».
Il y a bien d’autres exemples de ce genre en arabe.
105
167 C’est pourquoi l’on dit à propos du Levant : « C’est là que monte la corne du Démon », non
pas dans le sens de « corne de vache », comme l’auditeur se l’imagine, mais pour dire :
« C’est là que monte la tête du Démon ».
168 164 e. — Wahb b. Munabbih disait à propos de Dū l-Qarnayn (l’homme aux deux cornes)
que c’était un homme d’Alexandrie nommé Alexandre. Il avait rêvé qu’il s’approchait du
soleil et attrapait ses deux cornes, à l’Orient et à l’Occident. Il raconta son rêve à son
entourage, et c’est ainsi qu’on l’appela « l’homme aux deux cornes ». Lorsque Wahb disait
qu’il avait attrapé les deux « cornes » du soleil, il voulait dire les deux côtés.
169 164 f. — Les « cornes » désignent aussi les mèches de cheveux. Chaque mèche peut être
appelée « corne ». C’est pourquoi on appelle les Byzantins « les hommes cornus » (ḏāt al-
qurūn), car ils gardent les cheveux longs. Le Prophète a donc voulu nous apprendre que
lorsque le soleil se lève et que ses adorateurs se prosternent en son honneur, le Démon se
déplace en même temps que // le soleil et le soleil court près de sa tête. Il nous a donc
ordonné de ne pas faire la Prière au moment où ces gens se livraient à l’idolâtrie, et
priaient en l’honneur du soleil et du Démon. C’est là d’ailleurs une chose mystérieuse
pour nous, et nous n’en savons que ce qui nous en a été appris. Les explications que je
viens de te donner constituent une interprétation admissible et irréprochable. Mais Dieu
sait le mieux les choses.
170 164 g. — Si les sceptiques produisent de tels arguments et d’autres analogues, c’est
uniquement parce qu’ils réduisent tout ce qui leur échappe à des éléments sensibles,
ramènent tout à ce qu’ils savent d’eux-mêmes, des animaux et des choses inanimées, et
appliquent aux êtres spirituels les normes des êtres corporels. Lorsqu’ils entendent parler
des anges qui portent sur leurs épaules le Trône, et ont les pieds sur la terre inférieure, ils
regimbent, car cela est contraire au témoignage de leurs yeux. Ils disent : Comment les
corps de ces êtres peuvent-ils traverser les cieux, la terre, les espaces situés au-dessus
d’eux et entre les deux, sans que nous y voyions rien ? Comment une créature peut-elle
être aussi grande ? Comment peut-il s’agir d’esprits, puisqu’ils ont des épaules, et des
pieds ?
171 Lorsqu’on leur dit que Gabriel se manifesta au Prophète tantôt sous l’aspect d’un bédouin,
tantôt de Diḥya al-Kalbī, tantôt d’un jeune homme, et tantôt qu’il recouvrait de ses ailes
tout l’espace qui sépare le Levant du Couchant, ils disent : Comment pouvait-il se
métamorphoser // ainsi ? Comment peut-il être tantôt si petit, tantôt si grand, sans que
rien soit ajouté à son volume, ni à son corps, ni à ses attributs ? C’est qu’ils ne peuvent
voir que ce qui est doué de ces attributs.
172 Lorsqu’on leur dit que Satan se fraye un chemin jusqu’au cœur de l’homme pour y semer
le trouble et les pensées mauvaises, ils disent : Par où entre-t-il ? Est-il possible que deux
esprits cœxistent dans un même corps ? Comment peut-il circuler comme le sang ?
173 164 h. — Abū Muḥammad dit : S’ils considéraient ce qui leur échappe à la lumière des
manifestations sensibles de la toute puissance de Dieu, ils comprendraient que Celui qui
fait s’écouler vers la mer depuis la création toutes les eaux de la terre sans en ajouter ni
en retirer, et qui pourrait, en déviant le cours d’un grand fleuve comme le Tigre,
l’Euphrate ou le Nil, et en le faisant passer pendant un mois sur les villes et les villages, les
monuments et les ruines, supprimer toute trace de vie à la surface de la terre, a aussi le
pouvoir de faire ce qu’ils nient. Ils comprendraient que Celui qui a le pouvoir de faire
trembler cette terre malgré son énormité, son épaisseur, ses mers, ses montagnes, ses
neuves, au point de faire s’entrechoquer les montagnes, tarir les eaux, ou de déplacer les
106
montagnes, // peut aussi être bon envers l’objet de son décret. Ils comprendraient que
Celui qui a donné à l’œil humain, si petit et si fragile, assez de portée pour percevoir la
moitié du firmament, malgré son immensité, pour voir à la fois une étoile à l’Orient et
celle qui lui fait vis-à-vis à l’Occident, ainsi que toutes celles qui les séparent, de sorte que
son regard accomplit ainsi un voyage de cinq cents années, a aussi bien pu créer un ange
ayant entre le lobe de l’oreille et l’épaule une distance de cinq cents années. Y a-t-il tant
de différence entre ce qu’il nie et ce qu’il connaît, entre ce qu’il voit et ce qu’il ne voit
pas ?
174 Gloire à Dieu, le meilleur des Créateurs.
***
tous les esprits créés. Le Prophète a dit : « Dieu dit : — J’ai fait des ḥanīf-s de toutes mes
créatures. Ce sont les démons qui les ont détournés de leur religion, si bien que les Juifs
font de leurs fils des Juifs, et que les Mages font de leurs fils des Mages » 148, c’est-à-dire
qu’ils leur enseignent // leur religion. Or la première profession de foi n’entraîne pas le
statut [définitif] ni la récompense [finale]. On sait que l’enfant de polythéistes, tant qu’il
est parmi ses parents, a un statut conforme à sa religion, et n’a pas droit à la Prière des
morts ; mais lorsqu’il échappe à l’emprise de sa famille et passe aux mains d’un maître
musulman, il reçoit le statut conforme à la religion de son maître, et on fait sur lui la
prière des morts. Derrière tout cela est l’Omniscience de Dieu s’appliquant à lui.
182 166 b. — La différence entre les partisans de l’iṭbāt et les gens du Qadar à propos de ce ḥadī
ṯ est que pour les gens du Qadar, fiṭra est synonyme d’Islam, en sorte que pour eux les
deux ḥadīṯ-s sont contradictoires, alors que pour les partisans du déterminisme, ce mot
désigne le pacte qui lui a été imposé à leur création.
183 Ces deux ḥadīṯ-s sont donc parfaitement compatibles et ne divergent nullement. Mais
chacun d’eux doit être appliqué en ses lieu et place.
***
main avant de la plonger dans le pot à eau car il ne sait pas où était sa main pendant la
nuit, c’était pour signifier que pendant le sommeil, il peut toucher avec la main ses
parties ou son anus, risquant ainsi de recevoir sur la main une goutte d’urine ou une trace
de sperme s’il a coïté avant de s’endormir ; s’il plonge alors sa main dans le pot à eau sans
la laver, l’eau se salit et se gâte. Il a parlé en particulier de l’homme endormi à ce propos,
parce que l’homme endormi peut mettre inconsciemment la main à cet endroit ou sur son
anus. Quant à l’homme en état de veille, s’il touche quelqu’une de ces parties et que sa
main en subisse quelque souillure dont il soit conscient, il ne doit pas le négliger, mais
laver sa main avant de la plonger dans le vase, de manger ou de serrer une main.
***
***
203 Les anecdotes sur les chiens sont nombreuses et authentiques, mais nous ne voulons pas
les multiplier.
204 Les chiens ne sauraient être autre chose qu’une communauté de fauves, ou qu’une
communauté de génies. Ibn ‘Abbās a dit : « Les chiens sont une communauté de ḥinn-s »
lesquels sont des génies inférieurs161. « S’ils se présentent à vous lorsque vous mangez,
jetez-leur de la nourriture, car ils ont des âmes », c’est-à-dire des yeux avec lesquels ils
frappent162. Nafs (âme) et ‘ayn (œil) sont synonymes. On dit : « Untel a été victime du nafs
», c’est-à-dire du [mauvais] œil.
205 Ibn ‘Abbās a dit encore : « Les ğānn-s sont les avatars des génies tout comme les singes
sont les avatars des Israélites163 ; il n’est pas impossible que les chiens soient dans le
même cas ».
206 172 b. — Ce sont là choses rebelles à la spéculation, à l’analogie et au raisonnement. On en
revient toujours à leur sujet à ce qu’en a dit le Prophète, ou les gens qui l’ont vu et
entendu. Ceux-là ne portent de jugement sur ces choses qu’en fonction de ce qu’ils lui ont
entendu dire, ou de ce qu’ils ont entendu dire aux gens qui l’avaient écouté, ou d’une
tradition historique authentique figurant dans les anciens livres. // Il ne s’agit pas là
d’affaires touchant aux prescriptions juridiques ou aux traditions normatives, et cela ne
nous entache ni ne nous diminue en rien que les chiens soient des fauves, des génies ou le
produit d’une métamorphose.
207 Si ce sont des fauves, le Prophète a ordonné de tuer les noirs en disant « Ce sont des
démons » parce que les noirs unis sont les plus nuisibles et les plus féroces, et ils
attrapent la rage plus facilement que les autres. En outre, ils sont les moins utiles et les
plus mauvais gardiens, les moins aptes à la chasse, les plus paresseux. Il a dit : « Ce sont
des démons » pour dire : Ce sont les plus mauvais, tout comme on dit : « Untel est un
démon » ou « C’est un vrai démon rebelle » ou « C’est un vrai lion de ‘Ād », ou « un vrai
loup de ‘Ād », c’est-à-dire : il est comparable à…
208 Si les chiens sont des génies ou sont le produit de leur métamorphose, il a voulu dire
seulement que les noirs sont des démons, et qu’il faut les tuer parce qu’ils sont nuisibles.
En effet, un démon est un génie rebelle ; les ḥinn-s sont faibles, [et en tout cas] inférieurs
aux génies.
209 172 c. — S’il a ordonné de tuer les chiens de Médine, cela ne contredit nullement son
autre propos : « Si les chiens ne constituaient pas une communauté, j’ordonnerais qu’on
les tue ». En effet, à son époque, Médine était le lieu // où la révélation descendit par
l’intermédiaire des anges ; or les anges ne pénètrent pas dans une maison où il y a un
chien ou une représentation figurée, comme l’a dit le Prophète : d’après Muḥammad b.
Ḫālid b. Ḥidāš — Salm b. Qutayba — Yūnus b. Abī Isḥāq — Muğāhid — Abū Hurayra, le
Prophète a dit : « Gabriel me déclara : — Ce qui m’a empêché de venir à toi hier, c’est
seulement que tu avais à la porte de ta maison un rideau avec des dessins figurés, et qu’il
y avait avec toi dans la pièce un chien ; fais-le sortir ! »164. Or ce chien était un chiot
appartenant à al-Ḥasan et à al-Ḥusayn, [et qui se tenait] sous leur lit. Ceci prouve que les
anges ont horreur des chiens dans les grandes villes comme ils en ont horreur dans les
maisons. Le Prophète ordonna donc de les tuer, ou d’en réduire le nombre dans les
endroits proches de [Médine], alors qu’il s’abstint de donner cet ordre pour les endroits
éloignés du lieu où descendaient les anges, et de l’endroit de la révélation.
210 Abū Muḥammad dit : Le mot naḍd veut dire « ht », car on entasse (naḍada) du linge dessus.
111
***
216 174 b. — Abū Muḥammad dit : J’ai lu dans la Thora que Noé, au bout de quarante jours,
ouvrit la lucarne qu’il avait faite à l’Arche // puis lâcha le corbeau, qui sortit et ne revint
pas. Puis l’eau baissa sur la face de la terre, et il lâcha la colombe à plusieurs reprises. Elle
revint le soir, ayant dans son bec une feuille d’olivier. Il sut alors que l’eau avait diminué
sur la terre. Alors Noé invoqua Dieu pour qu’il mît un collier au cou de la colombe, et lui
colorât les pattes172.
217 Abū Muḥammad dit : J’ai encore lu dans la Thora que Dieu dit à Adam après l’avoir créé :
« Mange ce que tu veux dans les arbres du Jardin, mais ne mange pas de l’arbre de la
connaissance du bien et du mal, car le jour où tu en mangeras, tu mourras… » c’est-à-
dire : Tu recevras la condition des mortels. « Or le serpent était le plus rusé de tous les
animaux terrestres. Il dit à la femme… : — Vous ne mourrez point si vous en mangez, mais
vos yeux s’ouvriront et vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal… La
femme prit de son fruit et en mangea ; elle en fit manger à son époux… Leurs yeux
s’ouvrirent, ils connurent qu’ils étaient nus, et ayant réuni des feuilles de figuier, ils en
firent des pagnes (izār). Alors ils entendirent la voix de Dieu tandis que le jour tombait 173 ;
Adam et sa femme se cachèrent dans les arbres du Jardin. Mais Dieu les appela et Adam
dit : — J’ai entendu Ta voix dans // le jardin, et je me suis vu nu, et je me suis caché à Ta
vue. Dieu dit : — Qui t’a appris que tu es nu ? As-tu mangé de l’arbre que je t’avais
défendu ? Il dit : — C’est la femme qui m’en a donné à manger !… La femme dit que le
serpent l’y avait contrainte. Dieu dit au serpent : — Puisque tu as fait cela, tu seras
maudit… Tu marcheras sur ton ventre et tu mangeras de la poussière… Je mettrai inimitié
entre toi, la femme, et ses enfants : ils t’écraseront la tête et toi, tu les mordras au talon. Il
dit à la femme : — Quant à toi, j’augmenterai tes souffrances et tes grossesses ; tu
enfanteras dans la douleur ; tu viendras à ton mari, mais il dominera sur toi. Il dit à
Adam : — …Maudit sera le sol à cause de toi. Il te produira des ronces et des épines, et tu
en tireras ta nourriture à force de peine et à la sueur de ton front, et tu reviendras à la
poussière, car tu es poussière »174.
218 174 c. — Abū Muḥammad dit : Qui ne voit que le serpent s’est montré tyrannique et
perfide, si bien que Dieu l’a maudit, a modifié sa constitution, et a fait de la terre sa
subsistance ? Ne peut-on à bon droit // qualifier cet animal de pervers et de
désobéissant ? De même le corbeau, qui désobéit à Noé ?
219 Les partisans de la spéculation pensent qu’il fut nommé « corbeau de la séparation » (
ġurāb al-bayn) uniquement parce qu’il abandonna Noé et s’en alla. C’est pourquoi ils
voient en lui un mauvais présage, et prétendent que son croassement annonce la
séparation et Péloignement ; ils font dériver de son nom le mot ġurba (l’absence). Ils
disent : « L’absence (ġurba) l’a jeté au loin » ; ou « Voici des moutons étranges (muġrib) »,
ou « un griffon étrange (‘anqa’ muġrib) »175, c’est-à-dire : venant de loin, pour désigner
l’aigle. Tout cela dériverait du nom du corbeau, parce qu’il abandonna Noé et s’éloigna de
lui.
220 174 d. — Abū Muḥammad dit : J’en veux pour preuve aussi le ḥadīṯ de Muḥammad b. Sinān
al-‘Awfī — ‘Abd Allāh b. al-Ḥāriṯ b. Abzā al-Makkī — sa mère Rā’iṭa bint Muslim — son
père : « J’étais avec le Prophète à Ḥunayn, et il me dit : — Quel est ton nom ? — Ġurāb. —
Tu seras désormais Muslim ! » Il ne voulait pas qu’il s’appelât Gurāb, parce que le corbeau
(ġurāb) est pervers, et désobéissant. Il l’appela Muslim, qui était dans son esprit
l’antonyme de Ġurāb, car le corbeau est désobéissant, et le Musulman (Muslim) est
soumis : ce mot dérive en effet de l’istislām, qui signifie : « action de se laisser guider et
d’obéir ».
113
221 Le Prophète aimait les beaux noms et détestait les noms péjoratifs, // comme nous
l’avons dit plus haut.
222 Mais pour le cas où nous renoncerions à la conception des Musulmans, qui appliquent
l’obéissance et la désobéissance au serpent, au corbeau ou à la souris, pour nous en tenir
aux ressources de la langue et du vocabulaire arabes, nous pourrions rappeler que fisq est
[à l’origine] synonyme de ḫurūğ (sortie) effectuée contre quelqu’un pour chercher à lui
nuire. On dit : « La datte fraîche fasaqat » lorsqu’elle « sort » de son enveloppe. Tout ce qui
« sort » de quelque chose peut être appelé fāsiq. Dieu a dit : « …Iblīs était un génie qui était
sorti de l’ordre de Dieu »176, c’est-à-dire : qui s’est dégagé de l’ordre de son Seigneur, et de
l’obéissance qu’il Lui devait. C’est ainsi que le serpent sort de son trou pour nuire aux
hommes, en gâtant leur nourriture, en les mordant, en buvant leur boisson et en y
déversant son venin. C’est ainsi que la souris sort de son trou pour gâter leurs aliments,
pour grignoter leurs vêtements, et pour mettre le feu à leur maison avec la mèche de la
lampe : aucune des bestioles de la terre n’est plus nuisible que la souris. Quant au
corbeau, il se jette sur le mal du chameau appelé dabar (abcès) et le becquette jusqu’à ce
qu’il en crève ; c’est pourquoi les Arabes l’appellent Ibn // Dāya177 ; il ne fait rien de bon et
dérobe la nourriture des hommes. Le chien, de son côté, blesse et mord, tout comme les
bêtes féroces. Tous ces animaux peuvent donc être qualifiés de pervers, car ils « sortent »
contre les hommes, et leur nuisent par leurs méfaits.
223 Ils étaient loin de la solution, ceux qui répugnaient à appliquer l’obéissance ou la
désobéissance à l’un ou l’autre de ces animaux !
***
226 176. — Réponse : Nous prétendons qu’il n’y a pas là de quoi jeter les hauts cris ou
s’offusquer, car le Prophète se privait de la meilleure part de ses biens, et la distribuait
aux plus méritants de ses Compagnons, aux pauvres et aux malheureux, ainsi que lors des
périodes néfastes aux Musulmans. Il ne repoussait jamais un mendiant, et lorsque
l’occasion se présentait, il ne lésinait pas pour donner. Il n’entassait pas les dirhems.
Umm Salama lui dit un jour : « O Prophète, je te vois le visage défait ; serais-tu malade ? »
Il répondit : « Non ! C’est à cause des sept dinars qu’on nous a apportés hier. Je les ai
oubliés au coin du fit // et j’ai passé la nuit sans les distribuer ! »183.
227 176 a. — ‘Ā’iša disait en le pleurant : « Par mon père ! Il n’a jamais dormi dans un lit bien
doux, et il ne s’est jamais rassasié de pain d’orge ! »184. Cette phrase ne saurait s’expliquer
que d’une des deux manières suivantes : Ou bien il distribuait ce qu’il possédait au point
de n’avoir plus de quoi manger à sa faim — c’était là une de ses qualités ; Dieu ne dit-Il
pas : « A eux-mêmes ils les préféreront, même si la pénurie existe chez eux » 185 —, ou bien
il ne mangeait jamais de pain d’orge ni autre chose à satiété, parce qu’il détestait avoir
trop mangé : beaucoup d’hommes vertueux et de muğtakid-s détestaient cela, et il est le
plus méritant et le plus éminent d’entre eux.
228 176 b. — J’ai entendu Abū l-Ḫaṭṭāb — Abū ‘Āṣim ‘Ubayd Allāh b. ‘Abd Allāh — al-Muḥarrar
b. Hārūn — Abū Yazīd al-Madanī — ‘Abd al-Raḥmān b. al-Muraqqi‘ : Le Prophète a dit :
« Dieu n’a créé aucun récipient plus plein de mal // que le ventre. Si c’est indispensable,
mettez-y un tiers de nourriture, un tiers de boisson, et un tiers de vent »186.
229 Mālik b. Dīnār a dit : « Le Croyant est comme la brebis ma’būra », c’est-à-dire celle qui a
avalé une aiguille dans son fourrage, et à laquelle le peu qu’elle en mange ne profite plus
guère.
230 Comme on parlait à Ibn ‘Umar du remède gastrique dit ğawrišn187, il dit : « Qu’ai-je à en
faire, puisque je n’ai pas mangé à ma faim depuis tant de temps ? » Il voulait dire qu’il
avait négligé de s’alimenter alors qu’il en avait grand besoin.
231 Al-Ḥasan dit à un homme qui entrait auprès de lui en mangeant : « Mange ! » L’autre
répondit : « J’ai fini ! Je n’ai plus envie de rien ! » Al-Ḥasan s’écria : « Grand Dieu !
Comment peut-on manger jusqu’à ne plus avoir envie de rien ? ».
232 Mālik b. Dīnār — ou un autre — a dit : « Je voudrais pouvoir me sustenter en suçant des
cailloux ! J’ai honte que Dieu me voie entrer si souvent au cabinet ! ».
233 Bakr b. ‘Abd Allāh a dit : « Je n’ai trouvé de goût à la vie qu’à partir du moment où j’ai
remplacé la satiété par la faim, où j’ai cessé de mettre des vêtements dont j’étais l’esclave,
et où je me suis mis à manger des aliments qui ne m’obligeaient pas à me laver les
mains ! »188. //
234 ‘Ā’iša disait donc en le pleurant : « Par mon père, il ne se rassasiait jamais de pain
d’orge ». C’est qu’il lui arrivait de manger du pain de froment ou d’orge, mais sans s’en
rassasier, pour l’une ou l’autre des raisons exposées plus haut. Et si elle citait en exemple
la nourriture la plus grossière, c’était pour laisser entendre que si le Prophète ne s’en
rassasiait pas, à plus forte raison ne l’eût-il pas fait avec autre chose.
235 ‘Umar a dit : « Si je voulais, je me ferais apporter du rôti, du ṣināb189, de la poitrine et de la
bosse ! » Il dit encore : « Si je voulais, je me ferais apporter une jeune bête qu’on
égorgerait, de la semoule qu’on bluterait, du raisin sec qu’on ferait revenir dans la graisse
jusqu’à ce que cela ressemblât à du sang de gazelle, et bien d’autres choses encore. Mais
Dieu a dit à des gens : — Vous avez dissipé // vos biens excellents durant votre vie
115
***
***
250 De même, en ce qui concerne l’infidèle, son intention est plus mauvaise que ses actes, car
si Dieu l’avait fait vivre éternellement, il aurait nourri éternellement l’intention d’être
infidèle. Puisque Dieu l’a fait mourir sans préjudice de l’intention, c’est qu’il le
récompense pour cette intention.
***
affirme qu’il s’agit du ‘Ayn Abī Ziyād, à Médine — on invita ceux des Médinois qui avaient
eu un parent tué [à Badr] à emporter leurs morts. Ğābir dit : Alors on les fit venir, et on
exhuma les cadavres. La pelle ayant heurté l’un d’eux, il sortit du sang de la plaie. C’est
alors qu’Abū Sa‘īd al-Ḫidrī déclara : « Personne ne peut plus rien nier après cela ! ».
259 ‘Ā’iša bint Ṭalḥa vit en rêve son père qui lui dit : « Ma petite fille, ôte-moi de ce lieu, car je
souffre de l’humidité ! » Elle l’exhuma, environ trente ans après sa mort, et l’enleva de cet
endroit humide. Il était dans toute sa fraîcheur, et rien n’était altéré en lui. Il fut enterré
aux Hiğriyyīn, à Basra. Ce fut ‘Abd al-Raḥmān b. Salama al-Taymī qui se chargea de
l’exhumation.
260 Ce sont là des faits si connus qu’ils valent des témoignages visuels. // Dès lors qu’il est
possible que ces martyrs soient « vivants auprès de leur Seigneur, pourvus de leur
subsistance », qu’ils soient « joyeux » et « se réjouissent »205, pourquoi serait-il impossible
que leurs ennemis qui les ont combattus et tués fussent vivants et tourmentés en enfer ?
Et s’il est possible qu’ils soient vivants, pourquoi serait-il impossible qu’ils fussent en
mesure d’entendre ? Notre Prophète l’a dit, et il a nécessairement raison.
261 182 b. — Pour ce qui est de la tradition historique, on peut rappeler que le Prophète a dit à
propos de Ğa‘far b. Abī Ṭālib qu’il volait au paradis avec les anges ; il l’a appelé :
« L’homme aux deux ailes »206.
262 On connaît aussi toutes les traditions rapportées au sujet de Munkar et de Nakīr, du
tourment de la tombe, au sujet de l’invocation : « Je me réfugie auprès de Toi contre la
séduction de la vie et de la mort »207 ou « Je me réfugie auprès de Toi contre le tourment
de la tombe »208 et « contre la séduction de l’Antéchrist » 209. Toutes ces traditions sont
authentiques, et il n’est pas permis de s’interroger à leur sujet. Si de telles traditions sont
fausses, rien n’est vrai dans notre religion. Mais rien n’est plus vrai que les traditions
historiques émanant de notre Prophète.
263 182 c. — Quant aux versets : « Tu ne peux faire entendre ceux qui sont dans les tombes »
et « Tu ne saurais faire entendre les morts », ils n’ont rien à voir dans cette affaire, car le
mot « morts » désigne ici les « ignorants », qui sont [déjà] dans la tombe. Le sens est : Tu
serais incapable // de faire comprendre quoi que ce soit aux gens que Dieu a créés
ignorants, et tu ne saurais faire entendre ceux que Dieu a créés sourds à l’égard de la
bonne doctrine. Au sein même de ces versets, nous trouvons la preuve de ce que nous
avançons, car Dieu a dit : « L’aveugle ne saurait être égalé au clairvoyant »210 ; l’aveugle
désigne ici l’infidèle, et le clairvoyant le croyant. Dans le verset : « Ni les ténèbres à la
lumière »211, Il veut dire : Ni l’infidélité à la foi. Dans : « Ni l’ombre à la chaleur » 212, il veut
dire : Ni le paradis à l’enfer. Dans : « Les morts ne sauraient être égalés aux vivants » 213 il
fait allusion à ceux qui comprennent et aux ignares. Il dit ensuite : « Dieu fait entendre
qui Il veut, mais tu ne peux faire entendre ceux qui sont dans les tombes », ce qui signifie :
« Tu ne peux faire entendre les ignares, qui sont tels des morts dans leurs tombes ». On
trouve de nombreux passages analogues dans le Coran.
264 [En tout cas], les « morts » dont il parlait par métaphore pour les « ignorants » ne sont en
aucun cas les martyrs de Badr, et nos adversaires sont mal venus d’en tirer argument
contre nous : ces martyrs sont vivants, comme Dieu le dit.
265 182 d. — Lorsqu’il disait : « Seigneur, Dieu des corps périssables et des esprits
consumables », il parlait de choses connues de chacun et constatables de visu. Lorsque les
hommes perdent quelque chose, // cette chose est pour eux anéantie et disparue. Mais
pour Dieu, elle ne disparaît pas : Il sait ce qu’elle est devenue.
119
266 On sait qu’un homme gros et gras lorsqu’il est en bonne santé peut perdre la moitié ou les
deux tiers de son poids après avoir été malade un ou deux jours ; nous ne savons pas où
est allée toute cette chair. Pour nous, elle est disparue, consumée, mais Dieu, Lui, sait où
elle est allée et ce qu’elle est devenue. Si on laisse séjourner de l’eau dans un grand
récipient de verre plusieurs jours, l’eau disparaît en partie, ou en totalité si l’on prolonge
l’expérience, à cause de la chaleur. Or le verre ne saurait absorber l’eau, car il n’est pas
poreux. Nous ne savons pas où est allé le contenu du récipient. Dieu, Lui, le sait. Si nous
soufflons sur une lampe, sa lumière s’éteint et disparaît. Pour nous, elle est évanouie, et
nous ne savons pas où elle est partie. Mais Dieu sait où et comment elle est partie.
267 Il en est de même pour les esprits : pour nous, ils se consument, mais comme l’a dit le
Prophète, ils sont « dans le jabot d’oiseaux verts »214, ou bien ils se trouvent « dans les
régions supérieures du ciel »215, ou « dans la vallée de l’enfer »216, ou encore « ils planent
dans l’air »217, etc… //
***
***
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disant : — Seigneur ! Guide son cœur et raffermis sa langue ! Depuis lors, je n’ai jamais
hésité dans un jugement à rendre jusqu’à ce que je m’assoie parmi vous ! »229.
281 D’autre part, vous rapportez qu’il rendit des jugements différents sur les umm walad ; il
disait une chose, puis revenait sur sa décision ; il rendit des jugements différents sur le
statut du grand père ; tout cela bien qu’il ait dit : « Quiconque veut pénétrer au tréfonds
de la Géhenne n’a qu’à rendre des jugements sur le statut du grand-père ! »230. Il se
repentit d’avoir condamné des renégats au bûcher après avoir entendu parler de la fatwā
d’Ibn ‘Abbās231 ; il fit administrer quatre-vingts coups de verges à un ivrogne qui en
mourut : il paya alors le prix du sang en disant : « J’ai payé le prix du sang, car c’est une
règle // que nous avons établie entre Musulmans » ; or il avait préconisé à ‘Umar une
sanction de quatre-vingts coups de verges pour consommation de vin. Il avait décidé de
lapider l’affranchie (mawlāt) d’un marchand de bois ; or il entendit dire à ‘Uṯmān : « Il ne
faut appliquer les sanctions canoniques qu’à ceux qui les connaissent : cette femme ne les
connaît pas ! » ; en effet, c’était une persane. Il se conforma à l’avis de ‘Utmān 232. Il eut
une discussion avec Zayd b. Ṯābit à propos de l’esclave qui se rachète (mukātab) et Zayd le
réduisit au silence. A propos de l’affaire des deux arbitres, il dit :
« J’ai fait un faux pas dont je ne me relèverai pas !
Je serai plus habile à l’avenir, et je persévérerai !
Je rassemblerai les opinions éparses et dispersées ! »
282 187 a. — Dāwūd b. Abī Hind rapporte d’après al-Ša‘bī que ‘Alī revint sur son opinion
considérant comme interdit le fait de bloquer les trois répudiations en une seule233, ainsi
que ses opinions concernant l’amputation de la main à la racine des doigts, et le fait de
frotter les doigts des enfants coupables de vol.
283 Il admit le témoignage des enfants les uns sur les autres ; or Dieu a dit : « Requérez
témoignage de deux personnes intègres parmi vous »234 et ailleurs : « …ceux que vous
agréerez comme témoins »235. Au cours du qunūt du matin, il proféra à voix haute des
noms d’hommes236. Il préleva la moitié du prix du sang d’un homme sur les ayants-droit
du mort237. Il préleva la moitié du prix du sang relatif à un œil sur une personne qui
exerçait le talion sur un borgne238. Alors que l’imām se rendait au muṣallā pour la Prière de
la fête, il chargea un homme de guider la Prière des impotents dans la grande mosquée 239.
//
284 Tous ces faits contredisent l’ensemble des juristes, des juges et des gouverneurs, ses
émules, et ne sont guère conformes à ses paroles : « Je n’ai jamais hésité pour rendre un
jugement jusqu’à ce que je me trouve assis parmi vous ». Ils ne confirment guère
davantage l’invocation du Prophète : « Seigneur, raffermis sa langue et son cœur ». Tout
se passe comme s’il avait dit le contraire dans son invocation !
285 188. — Réponse : Nous prétendons que lorsque le Prophète demanda à Dieu de raffermir
sa langue et son cœur, il n’entendait pas qu’il ne fît jamais un faux pas, qu’il n’omît ou ne
négligeât jamais rien ou qu’il ne se trompât en aucune circonstance, car ces qualités
n’existent chez aucune créature. Ce sont des qualités propres au Créateur. Le Prophète
connaissait trop bien Dieu, ainsi que ce que l’on peut attendre ou ne pas attendre de Lui,
pour Lui demander [par exemple] de ne pas faire mourir telle ou telle personne, puisque
Dieu a décrété la mort pour toutes Ses créatures ; ou pour Lui demander de ne pas faire
vieillir telle ou telle personne devenue très âgée, puisqu’il a fait de la décrépitude une des
constituantes et l’un des fondements de la nature humaine.
122
294 Il va de soi que nous ne prenons point ce raisonnement à notre compte, car il ne constitue
pas notre doctrine ; nous avons voulu attirer l’attention sur l’argument dont pouvait se
prévaloir ‘Alī — tout comme ses prédécesseurs — pour préconiser ce procédé et négliger
l’interdiction qui avait pu en être faite.
295 188 d. — Ces gens sont loin des remarquables jugements de ‘Alī, si pénétrants dans leur
complexité, si subtils qu’aucun grand compagnon n’aurait été capable de les rendre, tels
sa sentence sur l’œil lésé ou crevé, ou atteint de telle sorte que l’acuité visuelle s’en
trouve diminuée en raison des rayures de la cornée ; ou sa sentence sur la langue coupée
qui diminue la faculté d’élocution, // et qu’il rendit en tenant compte des sons séparés, ou
sa sentence sur la pinceuse, la sauteuse et la briseuse de cou ; c’étaient trois petites filles
qui jouaient ; la première monta sur les épaules d’une de ses compagnes, et la troisième
pinça cette dernière. Celle qui servait de monture sursauta, celle qui était montée tomba
et brisa le cou de la troisième. ‘Alī ordonna alors le partage du prix du sang en trois, mais
supprima la part de celle qui était montée, car elle avait cherché ce qui lui était arrivé ; ou
comme sa sentence au sujet de deux hommes qui se disputaient le fils d’une femme avec
laquelle ils avaient tous deux eu des rapports pendant la même période intermenstruelle,
prétendant tous deux qu’il était leur fils. ‘Alī décida qu’il hériterait des deux hommes, qui
devaient lui léguer tous deux leurs biens, mais qu’il appartiendrait au dernier vivant 251.
296 Ḥammād rapporte d’après Ibrāhīm que ‘Umar rendit le même jugement et qu’il se trouva
en accord avec lui sur ce point.
297 188 e. — ‘Umar rendait des jugements dignes du Coran ; le moindre mot sorti de sa bouche
effarouchait le Diable ; la présence divine252 se manifestait par sa bouche. ‘Ā’iša déclarait à
propos de lui : « Par Dieu, c’était un homme habile, sans rival, qui avait l’art d’équilibrer
les choses », c’est-à-dire // habile politique. Al-Mugīra parle de lui en ces termes : « Par
Dieu, il dédaignait d’avoir recours à la tromperie, et il était trop avisé pour être trompé ».
Al-Aḥnaf b. Qays dit à son sujet : « Par Dieu, il connaît mieux ce qui sera que nous ne
connaissons ce qui a été ! » Il voulait dire qu’il savait choisir dans ses options et ne se
trompait pas. Le Prophète a dit de lui : « Chaque communauté a ses inspirés et ses
perspicaces. S’il en est un dans notre communauté, c’est bien ‘Umar ! »253.
298 Il cria à Sāriya b. Zunaym al-Du’alī, qui était en première ligne, face à l’ennemi : « Sāriya !
la montagne ! la montagne ! » Et Sāriya, comprenant ce qu’il voulait dire, s’adossa à la
montagne et combattit l’ennemi sur un seul front.
299 Néanmoins, ‘Umar déclarait à propos d’une affaire où il avait été conseillé par ‘Alī : « Sans
l’avis de ‘Alī, ‘Umar aurait péri ». Il disait encore : « Que Dieu me préserve de toute affaire
grave qu’Abū Hasan ne sait résoudre »254.
300 J’ai entendu al-Zivādī — ‘Abd al-Wāriṯ — Yūnus — al-Ḥasan dire que l’on amena à ‘Umar
une femme qui avait accouché à six mois, et sur laquelle on murmurait. ‘Alī lui dit : « Cela
peut arriver ; Dieu a dit : — Du [début de] la gestation jusqu’au sevrage, [il y a] trente mois
255
. Il a dit en outre : — Les mères // allaitent leurs enfants deux années entières » 256.
***
124
308 190 b. — En ce qui concerne le départ du Prophète avec Abū Bakr lors de leur émigration,
ils redoutaient à ce moment là les entreprises des Polythéistes contre leur vie, et ils
furent contraints de s’en aller. On peut penser qu’ils souhaitèrent s’intégrer à une
caravane, tout comme l’homme qui quitte sa maison tout seul espère trouver des
compagnons de route. Dès qu’il leur fut possible de rechercher de la société, Abū Bakr
loua les services d’un guide des Banū l-Dīl, et s’adjoignit la compagnie de ‘Āmir // b.
Fuhayra, son mawlā. Ils entrèrent à Médine à quatre ou cinq.
***
bastonnade pour un collier de perles, ou qui s’est exposé à être jeté aux fers pour un sac
de musc ». Ils disent bien plutôt dans ce cas : « Que Dieu le maudisse, car il s’est exposé à
l’amputation de la main pour une vieille corde, ou une pelote de laine, ou une outre
usée »267.
316 Plus l’objet [volé] est insignifiant, plus l’expression porte268.
***
322 194 a. — Lorsque le Prophète a dit que la pauvreté vaut mieux pour le Croyant qu’une
bonne longe sur la joue d’un cheval, c’est que la pauvreté est un des pires fléaux de ce
monde, et une épreuve douloureuse. Lorsque quelqu’un supporte patiemment les
malheurs pour plaire à Dieu et se contente de son lot, Dieu lui confère par là une auréole
en ce monde et lui réserve une grande récompense dans l’autre. La pauvreté et la richesse
sont comparables à la maladie et à la santé : Celui que Dieu éprouve par la maladie et qui
prend son mal en patience est comme celui qui subit la pauvreté avec résignation. La
récompense que Dieu attache à cette attitude ne nous empêche d’ailleurs pas de lui
demander la santé ni de le prier de nous accorder l’immunité.
323 Certains, préférant la pauvreté à la richesse, pensent // qu’il demandait à Dieu de le
préserver de la pauvreté d’âme. Ils arguent de l’expression « Untel est pauvre d’âme »
même lorsqu’il est en bonne condition et « Untel est riche d’âme » même lorsqu’il est en
mauvaise condition. Mais c’est là une erreur.
324 Je ne sache pas qu’aucun prophète, ni aucun compagnon de prophète, ni aucun fidèle, ni
aucun muğtahid ait jamais dit : « Seigneur, rends-moi pauvre » ou « fais-moi tomber
malade ! ». Dieu n’a jamais exigé qu’on l’adorât de cette façon, mais bien plutôt en disant :
« Seigneur, accorde-moi ma subsistance ! Seigneur, accorde-moi la santé ! » Les hommes
disaient : « Seigneur, éprouve-moi de la manière la meilleure ! »276 ; c’est-à-dire : ne nous
mets à l’épreuve que par le bien, et non par le mal ; en effet, Dieu peut éprouver Ses
serviteurs par l’un ou par l’autre, afin de connaître soit leur gratitude, soit leur
résignation. Dieu a dit : « Nous vous éprouvons par le mal et par le bien en manière de
tentation »277, c’est-à-dire d’épreuve. Mutarrif disait : « J’aime mieux être épargné et
manifester ma gratitude que d’être éprouvé et de manifester ma résignation ».
325 Abū Muḥammad dit : J’ai parlé de cela dans mon livre sur le Ġarīb al-ḥadīt-s avec un
commentaire plus développé. Toutefois, il convenait d’y faire allusion également dans le
présent ouvrage afin de ne rien omettre de ce qui concerne la matière traitée ici.
***
330 196 a. — Les gens qu’on qualifie de « croyants » se divisent en trois catégories : d’abord,
ceux qui croient de la langue, mais non du cœur, comme les Hypocrites, et qui disent :
« Nous avons cru ». Dieu a dit au sujet des Hypocrites : « Ils ont cru en effet, puis ont été
infidèles »281 ; Il a dit ailleurs : « Ceux qui croient, ceux qui pratiquent le Judaïsme, les
Chrétiens et les Sabéens », puis « ceux qui croient en Dieu et au Dernier Jour »282, car [les
gens de cette première catégorie] ne croient ni en Dieu ni au Dernier Jour. S’il avait voulu
désigner les Musulmans par l’expression : « ceux qui croient », Il n’aurait pas dit : « ceux
qui croient en Dieu et au Dernier Jour », car ce sont [les autres] qui ne croient pas en Dieu
ni au Dernier // Jour283. Il s’agit donc en fait des Hypocrites, qui croient de la langue, de
ceux qui pratiquent le Judaïsme et des Chrétiens.
331 Les gens de cette catégorie, de même que les Hypocrites, ne sont pas pour nous des
« Croyants », même si nous disons : « Ils ont cru », car leur « croyance » ne résulte ni
d’une adhésion, ni d’une intention. De même, nous disons de celui qui désobéit aux
prophètes : « Il a désobéi, il s’est égaré », mais nous n’employons pas à leur égard les
participes « désobéissant » et « égaré », car sa faute ne procède ni d’une affirmation 284, ni
d’une adhésion, comme c’est le cas pour les ennemis de Dieu.
332 196 b. — Il y a ensuite les gens qui croient de la langue et du cœur, mais qui, bien qu’ils se
souillent par le péché et qu’il y ait des failles dans leur soumission, ne persévèrent pas
[dans l’erreur]. Nous disons : « Ils croient, et ce sont des Croyants » tant qu’ils se tiennent
à l’écart des péchés graves. Mais lorsqu’ils y succombent, ils ne sont plus des Croyants —
c’est-à-dire de ceux qui ont une foi parfaite — au moment où ils commettent de tels
péchés.
333 On voit que le Prophète a dit : « Le fornicateur, au moment où il fornique, n’est plus
croyant », entendant par là le moment exact où il commet sa faute, car auparavant, ce
n’était pas un pécheur endurci et on pouvait le qualifier de « Croyant », et après la faute,
ce n’est pas davantage un pécheur endurci, et on peut le qualifier de « Croyant
repentant ».
334 Un autre ḥadīṯ éclaire encore mieux cette question. Le voici : « Lorsque l’individu adultère
fornique, il est privé de la foi ; lorsqu’il se repent, il en est de nouveau revêtu » 285.
335 196 c. — Une troisième catégorie est celle des gens qui croient de la langue et du cœur,
accomplissent les devoirs rituels et évitent // les péchés graves : ce sont là les vrais
Croyants qui remplissent les conditions de la foi.
336 Le Prophète a dit : « Il n’est pas croyant, celui dont le voisin n’est pas à l’abri de ses
méchancetés »286, c’est-à-dire : ce n’est pas un croyant accompli.
337 Il a dit encore : « Il n’est pas croyant, celui dont la langue et la main n’épargnent pas les
Musulmans »287, c’est-à-dire : ce n’est pas un croyant accompli.
338 Il a dit encore : « Il n’est pas croyant, celui qui passe la nuit rassasié tandis que son voisin
dort le ventre creux »288, c’est-à-dire : ce n’est pas un croyant accompli.
339 On peut comparer le ḥadīṯ : « Il n’y a pas d’ablution pour quiconque ne mentionne pas le
nom de Dieu en la faisant »289, ce qui signifie : il n’y a pas d’ablution parfaite, ni méritoire.
340 C’est dans le même sens que ‘Umar a dit : « Quiconque n’accomplit pas le pèlerinage n’a
pas la foi »290, c’est-à-dire : une foi parfaite.
341 Enfin, on dit : « Untel n’a pas de raison » pour dire : il n’a pas beaucoup de raison ; ou
« Untel n’a pas de religion » pour dire : il n’a pas une religion parfaite.
129
342 196 d. — Le ḥadīṯ : « Quiconque déclare : Il n’y a d’autre divinité que Dieu, est promis au
paradis, même s’il commet l’adultère et le vol » suppose l’une ou l’autre des deux
explications suivantes : 1) il peut avoir dit cela en considération des conséquences ; c’est-
à-dire : la conséquence de sa conduite sera le paradis, même s’il est puni pour avoir
forniqué et volé ; 2) ou encore il peut bénéficier de la miséricorde divine et de
l’intercession du Prophète, et entrer au paradis grâce au témoignage qu’il n’y a d’autre
divinité // que Dieu.
343 196 e. — J’ai entendu Isḥāq b. Ibrāhīm b. Ḥabīb b. al-Šahīd — son père — son grand père —
al-Ḥasan dire que la formule : Il n’y a d’autre divinité que Dieu est le prix du paradis 291.
344 J’ai entendu Muḥammad b. Yaḥyā al-Qaṭa’ī — ‘Umar b. ‘Alī — Mūsā b. al-Musayyab al-
Ṯaqafī — Sālim b. Abī l-Ğa’d — al-Ma’rūr b. Suwayd — Abū Ḏarr : Le Prophète a dit : Votre
Seigneur a dit : — Fils d’Adam, m’apporter l’équivalent de la terre serait une erreur ; si
seulement tu ne M’associes personne, je t’accorderai son équivalent en pardon ; sans
M’occuper du reste »292.
345 J’ai entendu Abū Mas‘ūd al-Dārimī, descendant de Ḫirāš — son grand père — Anas b.
Mālik : Le Prophète a dit : « Il m’a été donné de choisir entre [la faculté] d’intercession et
l’admission [d’office] de la moitié de ma communauté au paradis. J’ai choisi l’intercession,
car elle est plus générale et plus large. Peut-être pensez-vous qu’elle est réservée à ceux
qui craignent Dieu ? Pas du tout : elle concerne tous ceux qui sont entachés de péchés » 293.
***
***
131
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iha et la musta‘ḍiha, c’est-à-dire la jeteuse de sorts et celle qui a recours à ses offices. // Le
poète a dit :
« Je me réfugie auprès de mon Seigneur contre celles qui soufflent dans les nœuds
du sorcier menteur », c’est-à-dire les sorcières.
374 204 a. — Ibn Numayr rapporte d’après Hišām b. ‘Urwa — son père — ‘Ā’iša (ce qui
constitue un isnād sans reproche) que le Prophète déclara lorsqu’il fut victime du
sortilège : « Deux hommes vinrent me trouver, dont l’un s’assit près de ma tête et l’autre
près de mes pieds. L’un d’eux dit : — De quoi souffre ce pied ? — Il est ensorcelé ! — Qui l’a
ensorcelé ? — Labīd b. al-A’sam. — De quoi s’est-il servi ? — D’un peigne et de peignures,
et d’un spathe de palmier mâle. — Et où est ce charme ? — Au puits de Ḏū Arwān… » Il n’y
a rien là qui puisse profiter ni attirer des désagréments à quiconque, ni appeler sur le
Prophète // faveurs ou louanges ; les transmetteurs de ce ḥadīṯ ne sont ni menteurs, ni
suspects, ni hostiles au Prophète. On ne saurait nier que Labīd b. al-A‘ṣam, ce Juif, ait
ensorcelé le Prophète : les Juifs n’avaient-ils pas déjà tué Zacharie, fils d’Āḏan en sciant
l’arbre dans lequel il se trouvait [caché] ? Wahb b. Munabbih ou un autre raconte que
lorsque la scie lui entama les côtes, il gémit, et Dieu lui révéla : « Ou tu cesses de gémir, ou
Je fais périr la terre et ses habitants ! »318. Ils ont ensuite tué son fils Jean sur les racontars
et les menées tortueuses d’une mauvaise femme319. Ils ont encore prétendu avoir tué et
crucifié le Messie. N’était que Dieu a dit : « Ils ne l’ont ni tué, ni crucifié, ce n’était qu’un
sosie »320, nous ne saurions pas, pour notre part, que ce n’était qu’une apparence, car les
Juifs étaient ses ennemis. Or les Juifs prétendent [l’avoir effectivement tué], et les
Chrétiens, ses adeptes, les suivent sur ce terrain. Ils ont donc tué des prophètes, ils en ont
fait bouillir, et ils en ont tourmenté de toutes les manières. Si Dieu avait voulu, Il les
aurait protégés contre eux.
375 204 b. — Le Prophète fut intoxiqué par un gigot de mouton rôti qu’une Juive avait
empoisonné. Le poison ne cessa de le tourmenter périodiquement jusqu’à sa // mort 321. Il
disait : « Le repas de Ḫaybar n’a cessé de me tourmenter périodiquement ; voici le
moment où va s’arrêter mon artère »322. Dieu a donc permis à cette Juive de trouver un
moyen de tuer le Prophète. Auparavant, Il ne leur avait pas donné le moyen de nuire au
Prophète323.
376 Or jeter un sort est une affaire plus facile que de tuer, de faire bouillir ou de tourmenter
quelqu’un.
377 Si [les rationalistes] contestent cela sous le seul prétexte que Dieu n’a pas permis au
Démon de se frayer un chemin jusqu’au Prophète Muḥammad ou jusqu’aux autres
prophètes, ils peuvent néanmoins lire dans le Coran : « Avant toi, Nous n’avons envoyé
nul Apôtre et nul prophète sans que le Démon jetât [l’impureté] dans leur souhait
lorsqu’ils le formulaient »324, c’est-à-dire : jetât l’impureté dans leur prédication. [Ce
verset était destiné] à consoler le Prophète des incongruités que le Démon lui avait fait
proférer lorsqu’il récita au cours de la Prière : « Ce sont les Déesses sublimes, et leur
intercession est espérée »325. Or il lui est impossible d’ajouter ou de retrancher quoi que ce
soit à la [révélation]. Dieu n’a-t-Il pas dit ensuite : « Dieu abrogera donc ce que le Démon
jette [dans la révélation], puis Il confirmera ses signes »326, puis « [Dieu en a décidé ainsi]
afin de faire de ce que jette le Démon une tentation pour ceux au cœur desquels est un
mal »327. Ainsi en est-il du verset : // « Le faux ne s’y glisse ni par devant, ni par
derrière », qui signifie : « Le Démon ne peut ajouter à [la révélation] ni au début, ni à la
fin ».
134
378 204 c. — Abū Muḥammad dit : J’ai entendu Abū l-Ḫaṭṭāb — Bišr b. al-Mufaḍḍal — Yūnus —
al-Ḥasan dire : Le Prophète a dit : « Gabriel vint à moi et me dit : — Un rebelle (’ifrīt) parmi
les génies te guette. Lorsque tu te rends à ton lit, dis : « Dieu — nulle divinité excepté Lui
— est le Vivant, le Subsistant… » et ainsi de suite jusqu’à la fin du verset du Trône 328.
379 Dieu fait dire à Job : « Le Démon m’a touché d’une peine et d’un tourment »329.
380 204 d. — Abū Muḥammad dit : Ils disent, à propos du tour de sorcellerie dont Moïse fut
témoin, que c’était de l’illusionnisme et que cela n’avait rien de réel. Nous ne le nions pas
et nous ne refusons pas [de l’admettre], car nous savons que si toutes les créatures
rassemblaient leurs efforts pour créer un moustique, elles ne le pourraient pas. Mais nous
ne saurions dire si ce tour consistait à mettre du mercure dans des peaux pour les faire
ramper ou à employer un autre système. Seul un sorcier ou une personne mise dans le
secret par les sorciers pourrait connaître la réalité des faits. //
381 204 e. — Dans le verset « Et ils suivirent ce que communiquaient les démons… Ils
enseignaient aux hommes la sorcellerie… etc. », ils prétendent qu’il faut comprendre (au
lieu de : « ce qu’on avait fait descendre, à Babylone, sur les deux anges) : « on n’avait pas
fait descendre, à Babylone, sur les deux anges ». Ceci est bien dans le style 330 de leurs
interprétations impossibles et à contre sens. Car si une telle révélation n’est pas
descendue sur les deux anges Hārūt et Mārūt à Babylone, la phrase est superflue et n’a
pas de sens. Une telle interprétation ne serait admissible que si quelqu’un avait prétendu
que la sorcellerie fut révélée aux deux anges, et qu’il y ait été fait mention ou allusion
plus haut ; Dieu aurait alors pu dire : « Ils ont suivi cela, mais cela n’a pas été révélé aux
deux anges », comme ils le suggèrent.
382 Supposons que quelqu’un dise d’emblée : « J’ai enseigné le Coran à cet homme, et ce qui (
mā) a été révélé à Moïse ». En entendant cela, personne n’imaginerait que l’on veut dire
« Le Coran n’a pas été révélé à Moïse », car nul n’avait dit auparavant que le Coran a été
révélé à Moïse. Chacun comprendrait : « Je lui ai enseigné le Coran et la Thora ».
383 L’interprétation de ce verset devient claire, selon nous, dès lors qu’on connaît l’anecdote
historique relatée à son sujet.
384 204 f. — Bref, d’après Ibn ‘Abbās, lorsque Salomon // fut puni et que le Démon prit sa
place sur le trône331, les [autres] démons furent enterrés dans son trésor et dans son
oratoire par sortilège, magie et charme. Lorsque Salomon mourut, les démons vinrent
chez les hommes et leur dirent : « Ne [voulez-vous pas que] nous vous montrions le
charme par lequel le vent et les génies furent soumis à Salomon332, et grâce auquel les
hommes lui obéirent ? » Ils acceptèrent. Alors ils vinrent à son oratoire et au lieu de son
trône, et en retirèrent le charme en question. Les docteurs d’Israël dirent : « Cela est
incompatible avec la religion de Dieu : Salomon n’était pas un sorcier ! » Mais le vulgaire
dit : « Salomon était bien plus savant que nous ! Nous agirons comme il l’a fait ! » C’est
pourquoi Dieu a dit : « Ils ont suivi ce que communiquaient les démons sous le règne de
Salomon », ce qui signifie : Les Juifs suivirent ce que rapportaient les démons. Les mots
tilāwa (communication) et riwāya (rapport) sont synonymes. Dieu dit ensuite : « Salomon
ne fut point infidèle, mais les démons furent infidèles. Ils enseignèrent aux hommes la
sorcellerie et ce qu’on avait fait descendre sur les deux anges ».
385 204 g. — Il s’agit de deux anges qui furent envoyés sur la terre // lorsque les fils d’Adam
eurent désobéi, afin de juger entre les hommes. L’amour des femmes fut jeté en leur
cœur, mais il leur fut ordonné de ne pas forniquer, de ne pas tuer et de ne pas boire du
vin. Alors Vénus vint se plaindre à eux, et elle leur plut. Ils la désirèrent, mais elle se
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refusa à eux jusqu’à ce qu’ils lui eussent enseigné le nom grâce auquel ils [avaient le
pouvoir] de monter au ciel. Ils le lui révélèrent donc, mais elle se refusa encore jusqu’à ce
qu’ils eussent bu du vin. Ils en burent, et obtinrent ce qu’ils désiraient. En la quittant, ils
rencontrèrent un homme et le tuèrent ; pensant qu’il les avait surpris. C’est alors que
Vénus prononça le nom, monta au ciel et disparut. Dieu la métamorphosa en astre, et fut
irrité contre les deux anges. Il les appela Hārūt et Mārūt, et leur donna le choix entre le
tourment de la terre et le tourment de l’autre monde. Ils choisirent le tourment de la
terre ; ce sont eux qui enseignent aux hommes le moyen d’éloigner le mari de sa femme 333
. A ce que croient les partisans de la spéculation (mais Dieu seul le sait), ce que Dieu fit
« descendre sur les deux anges », c’est le Nom suprême qui permit à Vénus de monter au
ciel et qui, avant que Dieu ne s’irritât contre eux, le leur permettait à eux-mêmes. Elle le
révéla aux démons, qui l’enseignent à leur tour à leurs adeptes, en même temps que la
sorcellerie. // On entend dire parfois que tel ou tel sorcier prononce certaines paroles qui
[lui permettent] de voler entre ciel et terre et de marcher sur les eaux.
386 204 h. — Abū Muḥammad dit : J’ai entendu Zayd b. Aḫzam al-Ṭā’ī — ‘Abd al-Ṣamad —
Hammām — Yaḥyā b. Katīr dire que le gouverneur du ‘Umān écrivit à ‘Umar b. ‘Abd
al-‘Azīz : « On nous a amené une sorcière ; nous l’avons jetée à l’eau, mais elle a surnagé ».
Alors ‘Umar b. ‘Abd al-‘Azīz lui répondit : « Si la preuve testimoniale est établie, nous
n’avons rien à voir avec l’eau !334. Sinon, relâchez-la ! »
387 J’ai entendu Zayd b. Aḫzam al-Ṭā’ī — ‘Abd al-Ṣamad — Zayd b. Abī Laylā — ‘Umayra b.
Šukayr dire : « Nous étions avec Sinān b. Salamā au Baḥrayn. On lui amena une sorcière. Il
la fit jeter à l’eau, mais elle flotta ; il ordonna de la crucifier, mais elle nous tint à distance.
Alors arriva son mari, semblable à une broche rongée par le feu. [Sinān] lui dit : —
Ordonne-lui de se délivrer de moi ! L’homme dit alors : — Délivre-toi de lui ! Elle
répondit : — Soit ! mais il me faut une porte et du fil. Elle s’assit sur la porte, et se livra à
des pratiques de sorcellerie en nouant le fil. Alors, la porte s’éleva en l’air. // On chercha
à la retenir à droite et à gauche, mais sans succès.
388 J’ai entendu Abū Ḥātim — al-Aṣma‘ī — Muḥammad b. Muslim b. Sawsan al-Ṭā’ifī 335
déclarer dans un ḥadīṯ que les démons ne peuvent pas changer leur nature physique, mais
qu’ils [modifient leur aspect] par des sortilèges.
389 J’ai entendu Abū Ḥātim — al-Aṣma‘ī — Abū ‘Amr b. al-‘Alā’ dire que les ġūl-s sont des
génies sorciers.
390 J’ai entendu Abū l-Ḫaṭṭāb — al-Mu‘tamir b. Sulaymān — Mansūr — Rib‘ī b. Ḫirāš —
Ḥuḏayfa rapporter que le Prophète a dit : « Je sais fort bien les circonstances qui
accompagneront l’Antéchrist : il est accompagné d’un feu dévorant et d’un fleuve d’eau
froide. Celui d’entre vous qui le verra, qu’il ne périsse point pour autant. Qu’il ferme les
yeux et se précipite dans ce qui lui semblera être un feu, car ce sera en réalité un fleuve
d’eau froide »336.
391 204 i. — J’ai entendu Abū Ḥātim — al-Aṣma‘ī — Abū l-Zanād dire : Une femme vint
demander une consultation. Elle constata que le Prophète était déjà mort et ne trouva //
qu’une de ses femmes, qui, paraît-il, était ‘Ā’iša. Elle lui dit : « Mère des Croyants, une
femme m’a demandé : — Veux-tu que je t’aide à attirer sur toi l’attention de ton époux ? »
Je crois que le narrateur a ajouté : Elle apporta deux chiens. Elle monta sur l’un d’eux et
moi sur l’autre. Nous allâmes ainsi un moment, puis elle dit : — Sais-tu que tu es à
Babylone ? » La femme entra alors chez un homme (ou deux hommes) qui lui dirent :
« Urine dans cette cendre ! » Elle ajouta : « Je me rendis à l’écart, mais n’urinai pas ; puis
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je revins. Les deux hommes me demandèrent ce que j’avais vu. Je dis : — Je n’ai rien vu !
Alors ils insistèrent : — C’est de toi que cela dépend ! Alors je m’éloignai encore et fis
effort pour uriner. Je réussis, et il sortit de moi quelque chose qui ressemblait à un
cavalier voilé qui monta vers le ciel. Je revins vers eux et ils me demandèrent encore ce
que j’avais vu. Je le leur racontai. Ils dirent : — C’est ta foi qui t’a abandonnée. Je sortis
alors pour rejoindre cette femme et je lui dis : Ma foi ! Je n’ai rien vu ; ils ne m’ont rien
appris et ils ne m’ont pas dit comment faire. Elle me demanda : — Qu’as-tu vu ? Je lui
rapportai l’affaire et elle s’exclama : — Tu es la plus douée pour le sortilège qui soit parmi
les Arabes ! Agis et fais des vœux ! » La narratrice ajouta : « Alors elle traversa des
ruisseaux [d’irrigation ?] en disant : — Qu’il y ait des champs ! Et voilà que des céréales se
mirent à onduler. Elle dit : // — Qu’il soit mûr et bon à battre ! Et les grains séchèrent. Elle
en prit, les frotta et m’en donna en disant : — Mouds cela, fais-en une bouillie (sawīq) et
fais-la absorber à ton mari. Je n’en fis rien et les choses en restèrent là. Puis-je espérer
revenir dans le droit chemin ? » En disant cela, elle vit un homme de Ḫuzā‘a lui demeurait
à Amağ. Elle dit : « Mère des Croyants, cet homme ressemble trait pour trait à Hārūt et
Mārūt »337.
392 Abū Muḥammad dit : Cette histoire est rapportée par Ibn Ğurayğ — Ibn Abī Mulayka —
‘Ā’iša.
393 204 j. — Abū Muḥammad dit : Ce sont là choses auxquelles nous ne croyons pas, ni en
vertu de l’analogie, ni en vertu du raisonnement. Nous y croyons seulement à cause des
Livres [révélés] et des traditions historiques relatives aux prophètes, et parce que les
peuples de tous les temps sont d’accord là-dessus, à l’exception de ces gens qui ne croient
qu’en ce que leurs yeux voient, en vertu de la spéculation et de l’analogie.
394 En ce qui concerne l’opinion d’al-Ḥasan prétendant qu’il s’agissait de deux esclaves blancs
de Babylone et lisant milkayn avec la voyelle i, il est le seul lecteur à être de cet avis, et à
ce que je sais le seul // exégète. C’est une des lectures les plus suspectes et les moins
spontanées. Comment se pourrait-il que soit révélé à deux esclaves blancs une chose leur
permettant de désunir le mari et la femme ?
***
comme signal (‘alam) de l’Heure. Dieu a dit : « C’est un signal de l’Heure. Ne contestez pas
celle-ci ! »341. Un « lecteur » lit : ‘alam (ou ‘ilm)342. Lorsque le Messie descendra, rien de ce
qui a été révélé à Muḥammad ne sera abrogé. // L’imām de sa communauté ne se mettra
pas en avant, mais il le mettra en avant et fera la Prière derrière lui.
399 Pour l’expression « et il augmentera ce qui est licite », je rappellerai qu’un homme ayant
dit à Abū Hurayra : « En fait de licite, il n’augmentera que [le nombre] des femmes ! », Abū
Hurayra s’exclama : « Tiens ! » puis se mit à rire.
400 206 a. — Abū Muḥammad dit : L’expression « il augmentera ce qui est licite » ne signifie
nullement qu’il autorisera l’homme à épouser cinq ou six femmes. Elle signifie seulement
que le Messie n’avait épousé aucune femme jusqu’à ce que Dieu le rappelât à Lui. Mais
lorsqu’il l’enverra sur terre, il épousera une femme et augmentera ce que Dieu a rendu
licite pour lui, c’est-à-dire qu’il y ajoutera quelque chose. Il ne restera alors personne
parmi les gens du Livre qui ne sache que le Messie est un serviteur de Dieu et ne soit
convaincu que c’est un être humain343.
401 206 b. — Lorsque ‘Ā’iša disait : « Dites qu’il est le sceau des prophètes, mais ne dites pas
qu’il n’y aura pas de prophète après lui ! », elle pensait à la descente (nuzūl) de Jésus ; ceci
n’est nullement incompatible avec les paroles du Prophète : « Pas de prophète après
moi », qui signifient : « Il n’y aura pas après moi de prophète pour abroger ce que j’ai
révélé, comme les [anciens] prophètes qui étaient envoyés pour abroger [les textes
antérieurs] ». ‘Ā’iša voulait dire : « Ne dites pas que le Messie ne viendra pas après lui ».
//
***
***
amena le moment venu. Le Prophète fit déchirer ses vêtements et la fit lapider. Puis il
récita sur elle la Prière des morts. Nul ne dit dans ce ḥadīṯ qu’elle avoua quatre fois 351.
411 C’est donc la confirmation du ḥadīṯ où le Prophète dit : « Unays, va vers cette femme et si
elle avoue, lapide-la ! »
412 210 b. — J’en veux pour preuve aussi que lorsque Mā‘iz b. Mālik fut lapidé, il fut très
déprimé et chercha à s’enfuir. On le lapida donc, puis on rapporta au Prophète qu’il avait
été très déprimé. Le Prophète dit alors : « Pourquoi ne me l’avez-vous pas ramené afin
que j’examine son cas ? »352. Si le fait d’avouer quatre fois était la condition nécessaire et
suffisante pour l’application de la sanction, la phrase du Prophète : « Pourquoi ne me
l’avez-vous pas ramené ? » n’aurait pas de raison d’être, car il venait de lui appliquer la
sentence de Dieu et il n’aurait pas été licite, // après le quadruple aveu, d’admettre une
rétractation éventuelle. Par contre, si l’aveu n’était assorti d’aucune définition légale353, il
lui était loisible de se rétracter quand il le voulait et le Prophète pouvait l’admettre.
***
[N.B. Les [trois] chapitres suivants contiennent des exemples de prises de position (
aḥkām) bénéficiant du consensus, mais infirmées par le Coran et servant d’arguments
aux Ḫāriğites.]
muḥṣana-s sont ici les femmes libres358 et ce ne saurait être les mariées, puisqu’on
n’épouse pas de femmes mariées.
***
***
maternelle. En ce qui concerne l’allaitement, Il n’a déclaré comme illicites que la nourrice
et la sœur de lait366. Puis Il a dit : « Licite est pour vous de rechercher [des épouses] en
dehors de celles qui ont été énumérées »367.
425 Donc, une femme peut cohabiter [en tant qu’épouse] avec sa tante paternelle ou
maternelle, et les parentes par le lait à tous les degrés, hormis la nourrice et la sceur qui
font partie de ce que Dieu a déclaré licite.
426 216. — Réponse : Nous prétendons que Dieu éprouve ses serviteurs par le moyen des
obligations légales afin de connaître leur degré d’obéissance ou de désobéissance, et pour
récompenser celui qui agit bien ou mal sans qu’il existe à ce qu’il déclare licite ou interdit
de cause intrinsèque entraînant la licéité ou l’interdiction. Tout ce qui est mauvais l’est
parce que Dieu l’a interdit, et tout ce qui est bon l’est parce que Dieu l’ordonne, hormis
certaines choses dont Dieu a voulu qu’elles fussent considérées comme mauvaises
instinctivement : ainsi le mensonge, l’intrigue, la médisance, l’avarice, l’injustice, etc… S’il
est possible que Dieu envoie un prophète révéler une loi religieuse destinée à être
respectée pendant des années par des hommes qui, ce faisant, Lui obéissent, // puisqu’il
envoie un autre prophète révéler une autre loi abrogeant la première à des gens qui, en la
respectant, obéissent aussi à Dieu — ainsi en est-il du [repos du] samedi révélé par Moïse,
et abrogé par le Messie ; de la circoncision du septième jour révélée par Moïse et
également abrogée par le Messie — il est également admissible qu’il impose une chose à
ses fidèles à un moment, puisqu’il l’abroge à un autre moment, sous le même Prophète. Il
a dit : « Dès que Nous abrogeons un verset ou le faisons oublier, Nous en apportons un
meilleur ou un semblable »368. Par « meilleur », il faut entendre « plus facile [à observer] »
369
.
427 216 a. — S’il est admissible que le Coran soit abrogé par le Coran, il est également
admissible que le Coran soit abrogé par la Sunna, car la Sunna a été apportée au Prophète
par Gabriel, de la part de Dieu. Ainsi la Parole de Dieu qui est Coran peut se trouver
abrogée par la révélation de Dieu qui n’est pas Coran370. C’est en ce sens que le Prophète a
dit : « Le Coran me fut apporté, ainsi que des choses analogues »371, c’est-à-dire la Sunna.
428 Dieu a dit : « Ce que l’Envoyé vous apporte, prenez-le ; ce qu’il vous interdit, abstenez-
vous en ! »372. Dieu savait bien que les hommes admettraient aisément ce qui leur serait
révélé de Sa parole ; mais il savait aussi qu’il abrogerait certains [textes] du Coran // par
des révélations faites au Prophète, et que lorsque cela arriverait, cela choquerait certains
cœurs et frapperait certaines consciences. C’est pourquoi Il nous dit : « Ce que l’Envoyé
vous apporte, prenez-le », c’est-à-dire : Ce que Dieu vous apporte, même si ce n’est pas
dans le Coran ou si cela abroge le Coran, admettez-le.
429 216 b. — Abū Muḥammad dit : Les traditions normatives, pour nous, sont de trois sortes :
430 1) La Sunna transmise par Gabriel de la part de Dieu, comme la sentence : « Une femme ne
peut être épousée en même temps que sa tante paternelle ou maternelle » ou « La parenté
de lait est une cause d’interdiction au même titre que la parenté naturelle » ou « Une ou
deux gorgées ne constituent pas une cause d’interdiction »373 ou « Le prix du sang est dû
par les contri-butes solidaires de l’auteur de l’homicide (‘āqila) »374, et autres principes.
431 216 c. — 2) La Sunna que Dieu a permis au Prophète d’instituer en l’autorisant à faire
preuve d’initiative personnelle (ra’y), et à propos de laquelle il avait la faculté d’établir
des tolérances en faveur de qui il voulait pour une raison impérieuse ou un motif valable.
C’est ainsi que le port de vêtements de soie fut interdit aux hommes375 mais que ‘Abd al-
Raḥmān b. ‘Awf fut autorisé à en porter pour une raison impérieuse376. C’est aussi le cas
142
des paroles qu’il prononça lors de la prise de la Mekke : « On n’en fauchera point l’herbe,
et on n’en coupera point les arbres ». Alors al-‘Abbās b. ‘Abd al-Muṭṭalib dit : « Sauf l’iḏḫir,
ô Prophète ! Il est destiné à nos artisans ! » Et le Prophète acquiesça : « Sauf l’iḏḫir ! » 377. Si
Dieu avait frappé d’interdit tous les arbres de la Mekke, il n’aurait pas fait d’exception
pour l’iḏḫir comme le lui demandait // al-‘Abbās. Mais Dieu lui avait donné la faculté de
mettre à part ce qu’il considèrerait comme utile. Il fit donc une exception pour l’iḏḫhir en
raison des services qu’il leur rendait.
432 Son crieur annonça : « Plus d’Émigration après la conquête [de la Mekke] ». Al-‘Abbās vint
alors intercéder en faveur du frère de Muğāši‘ b. Mas‘ūd, afin qu’il lui donne [le titre]
d’Émigré après la conquête. Le Prophète dit alors : « J’accepte l’intercession de mon oncle,
mais [au reste] plus d’Émigration »378. Si cette sentence avait fait l’objet d’une révélation,
aucune intercession n’aurait été licite.
433 A cette catégorie appartiennent aussi les ḥadīṯ-s suivants : « Les vieilles terres sont à Dieu
et à Son Envoyé ; puis elles sont à vous, venant de moi ; quiconque revivifie une terre
morte en devient propriétaire »379 ; et celui-ci, relatif à la ‘umra : « Si je pouvais intervertir
les choses, j’aurais pris l’iḥrām pour la ‘umra ! »380.
434 Il dit à propos de la Prière du ‘išā’ : « N’était que cela est pénible pour ma communauté, je
décréterais qu’il faut la faire en ce moment »381.
435 Il avait interdit de conserver la viande des victimes au delà de trois [jours], de visiter les
tombeaux et de boire du nabīḏ dans certains cas. Par la suite, il déclara : « Je vous ai
interdit de conserver la viande des victimes au-delà de trois jours. Mais j’ai constaté que
les gens [en] font cadeau à leur hôte et en mettent de côté // pour les absents. Alors,
mangez et conservez ce que vous voulez ! »382 ; « Je vous ai interdit de visiter les
tombeaux : visitez-les, mais ne proférez point d’indécences. Il m’est apparu que cela
attendrit le cœur ! »383 ; « Je vous ai interdit le nabīḏ dans certains cas : buvez-en, mais ne
buvez pas de boissons enivrantes ! »384.
436 Abū Muḥammad dit : tout cela s’éclaire encore si l’on considère le ḥadīṯ rapporté par
Muḥammad b. Ḫālid b. Ḫidāš — Muslim b. Qutayba — Yūnus — Mudrik b. ‘Umāra : Le
Prophète pénétra dans la cour d’un homme des Anṣār, et vit un individu portant du nabīḏ
dans un récipient fait d’un tronc de palmier creusé. Il lui dit : « Verse-le à terre ! » L’autre
dit : « Me permets-tu de le boire et de ne plus recommencer ? » Le Prophète dit : « Bois, et
n’y reviens pas ! »385.
437 Tout cela montre que Dieu a donné au Prophète la faculté de prononcer des interdictions,
puis d’accorder des tolérances à qui il voulait. Si cela avait été illicite dans les cas ci-
dessus, il se serait abstenu, comme il le fit lorsqu’on l’interrogea sur la kalāla 386 : il dit à
celui qui l’interrogeait : « C’est là ce que j’ai reçu, et je ne t’en dirai pas davantage tant
que je n’en aurai pas reçu davantage »387. Il s’abstint aussi lorsqu’une femme en désaccord
avec son mari vint l’interroger sur le ẓihār388. Il ne // lui répondit pas, mais dit : « C’est
Dieu qui juge sur ce point ! »389.
438 Un bédouin vint le trouver en état de sacralisation ; il était vêtu d’une ğubba de laine
conservant un relent de parfum et lui demandait une consultation. Le Prophète ne lui
répondit pas ; il s’enveloppa dans son vêtement et se mit à ronfler comme un cheval.
Lorsqu’il fut réveillé, il lui donna sa consultation390.
439 216 d. — 3) La troisième catégorie de tradition normative est la Sunna qu’il a établie pour
nous corriger. Si nous en tenons compte, nous aurons du mérite, mais si nous n’en tenons
pas compte, aucun crime ne nous sera imputé, s’il plaît à Dieu. Ainsi en est-il de la Sunna
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453 220 b. — D’autres pensent que l’expression « ne brûle pas » s’applique au Coran, et non à
la peau. Ce qui signifierait : Si le Coran est copié sur du parchemin et qu’on le jette au feu,
le parchemin et l’encre brûlent, mais non le Coran lui-même. Tout se passe comme si Dieu
l’ôtait et le préservait du feu.
454 220 c. — Pour nous, nous ne doutons pas que le Coran existe dans les muṣḥaf-s au sens
propre, et non au sens figuré, alors que les gens du kalām prétendent que le contenu des
muṣḥaf-s est le symbole (dalīl) du Coran, et non le Coran lui-même. Mais Dieu a dit : « Voici
une prédication bienfaisante, contenue dans un écrit caché que seuls touchent les
Purifiés »414. D’autre part, le Prophète a dit : « N’emportez pas le Coran lorsque vous
voyagez en terre ennemie »415 ; le « Coran » désigne ici le « muṣḥaf ».
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477 228 c. — Le ḥadīṯ du Prophète l’emporte sur le Coran et l’explicite432. Lorsque Dieu dit :
« Les regards ne L’atteignent point » et que l’on rapporte de la bouche du Prophète une
tradition historique authentique telle que : « Vous verrez votre Seigneur au jour de la
résurrection », il n’échappe à aucun homme doué d’entendement, de bon sens, de cœur et
de discernement que chacune de ces phrases s’applique à des circonstances différentes.
478 228 d. — La phrase de Moïse : « Seigneur, montre-Toi à moi que je Te regarde ! » renferme
la preuve la plus évidente qu’on Le verra au jour de la résurrection. Si Dieu ne pouvait
être vu en aucune circonstance, et qu’il ne soit pas possible de Le contempler, Il ne se
serait jamais manifesté à Moïse comme nul ne l’ignore433. En effet, à en croire [les gens du
kalām], ceux qui disent que Dieu sera perçu par les regards // au jour de la résurrection Le
définissent déjà ; or celui pour qui Dieu est défini l’assimile déjà aux créatures, et
quiconque assimile Dieu aux créatures, selon eux, est un Infidèle. Dans ces conditions,
considérant [l’expérience de] Moïse entre le moment où Dieu lui a révélé Son message et
lui a parlé du haut de l’arbre434 et le moment où Moïse Lui a dit : « Seigneur, montre-Toi à
moi, que je Te regarde »435, vont-ils le condamner sous prétexte qu’il faisait œuvre
d’anthropomorphisme et définissait Dieu ? Certes non ! Jamais il n’aurait été possible que
Moïse fît preuve d’une telle ignorance à propos de Dieu — en admettant leurs assertions.
Au contraire, Moïse savait que Dieu serait visible au jour de la résurrection, et il demanda
à Dieu de réaliser pour lui sur la terre ce qu’il a reporté au jour de la résurrection pour
Ses prophètes et Ses fidèles. Dieu répondit donc à Moïse : « Tu ne me verras point » sur
terre « mais regarde la montagne : Si elle ne bouge pas, tu Me verras »436 pour lui faire
comprendre que la montagne ne saurait résister à Son apparition sans être réduite en
poussière, et que si les montagnes ne peuvent y résister, qu’en serait-il alors des pauvres
hommes ! Mais au jour de la résurrection, Dieu leur donnera la force de résister à Sa
vision, et déchirera le voile qui Le dérobait à leurs regards pendant leur vie terrestre. Le
mot tağallī (apparition) est synonyme de ẓuhūr. On dit, de la même racine ğalawtu l-‘arūs,
j’ai dévoilé la mariée, lorsqu’on l’a fait apparaître437 ; ou ğalawtu l-mir’āt, al-sayf, j’ai révélé
le miroir, le sabre, lorsqu’on // les a fait apparaître en les dégageant de la rouille.
479 228 e. — Lorsqu’ils disent que « voir » dans l’expression « vous verrez votre Seigneur »
signifie « connaître », comme dans le verset : « Ne vois-tu pas que Dieu est sur chaque
chose omnipotent », où il faut entendre « ne sais-tu pas »438, cela est impossible, car nous
Le connaissons aussi bien sur la terre. Quel serait l’intérêt de cette tradition si les choses
étaient identiques au jour de la résurrection et dans la vie de ce bas monde ?
480 228 f. — J’ai lu dans l’Évangile que lorsque le Messie proclama la révélation, il dit :
« Bienheureux les miséricordieux, car ils obtiendront eux-mêmes miséricorde ;
bienheureux ceux qui ont le cœur sincère, car ils verront Dieu »439. Dieu a dit : « Des
visages, ce jour-là, seront éclatants, et regarderont vers leur Seigneur »440 ; Il a dit encore
à propos des gens qui l’auront irrité : « Qu’ils prennent garde ! En vérité, ce jour-là, ils
seront cachés à leur Seigneur ; ils seront ensuite exposés à la fournaise »441. N’y a-t-il pas
dans ce verset la preuve que les « visages éclatants » qui « regarderont vers leur
Seigneur » sont ceux devant lesquels il n’y aura aucun voile — si tant est qu’un voile
tombe devant les visages [à cette occasion] ?
481 228 g. — Si l’on nous demande le comment de cette vision, et le comment de son objet,
nous répondrons : Nous ne prétendons parvenir à la connaissance des attributs divins que
dans la mesure extrême où le Prophète lui-même y est parvenu ; nous ne repoussons pas
les propos authentiques du Prophète sous prétexte que cela n’est point conforme à notre
imagination ni logique // à nos yeux. Nous y croyons sans nous en demander le comment
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502 238 a. — Cette manière de voir est loin d’être détestable, et flatte le cœur, Mais je
n’oserais affirmer que telle était l’intention du Prophète, car j’ai lu dans le Saint Évangile
460
que le Messie a dit aux Apôtres : « N’avez-vous pas appris qu’il // a été dit aux anciens :
— Ne vous parjurez point lorsque vous jurez par Dieu mais soyez fidèles. Mais moi, je vous
dis de ne jurer aucunement, ni par le ciel parce que c’est le trône de Dieu, ni par la terre
parce que c’est Son marchepied (mawṭi’), ni par Jérusalem, parce que c’est la ville du
grand roi. Ne jure pas non plus par ta tête, parce que tu ne peux y ajouter un seul cheveu
blanc ou noir. Que votre parole soit oui, oui, non, non ; ce qu’on y ajoute vient du Démon »
461
.
503 238 b. — Abū Muḥammad dit : J’y ajouterai un autre ḥadīṯ rapporté par Yazīd b. ‘Amr —
‘Abd Allāh b. al-Zubayr al-Makkī — ‘Abd Allāh b. al-Ḥāriṯ — Abū Bakr b. ‘Abd al-Raḥmān —
Ka‘b : « Wağğ est sacré ; c’est de là que le Seigneur monta au ciel après avoir décrété la
création de la terre »462.
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suspectes, et des controverses qu’elles ont suscitées, certains, dans leur aveuglement, ont
été portés à compléter le ḥadīṯ. Ils disent — d’après Ibn ‘Umar — que le Prophète a dit :
« Dieu créa Adam à l’image du Miséricordieux », et ceci pour bien montrer que le pronom,
dans « son image » se rapporte à Dieu, et que la phrase devient claire en remplaçant le
pronom par « le Miséricordieux », comme pour dire : le Miséricordieux a créé l’homme à
Son image. Ils commettent ainsi une erreur déplorable, car il n’est pas permis de dire :
« Dieu a créé le ciel par la volonté du Miséricordieux » ou « par le vouloir du
Miséricordieux ». Cette façon de dire serait licite si le second nom désignait un objet
distinct du premier ou si le ḥadīṯ disait : « N’enlaidissez point le visage, car il a été créé à
l’image du Miséricordieux ». Or dans leur version, tout se passe comme si le
Miséricordieux était distinct de Dieu, et vice-versa. Si la version d’Ibn ‘Umar est exacte, il
en est bien comme l’a dit le Prophète, et ce ḥadīṯ n’admet ni interprétation, ni
controverse. //
525 246 d. — Abū Muḥammad dit : Parmi les diverses interprétations, je n’en connais pas de
plus plausible et de moins contestable que celle d’un partisan de la spéculation qui disait à
propos de ce ḥadīṯ : Il signifie : « Dieu a créé Adam au paradis à sa propre image sur la
terre ». Tout se passe en ce cas comme si l’on affirmait qu’Adam avait au paradis telle
taille, tel aspect, telle lumière480, tel parfum, pour distinguer ses caractéristiques au
paradis de celles qu’il eut [ensuite] sur la terre. Le Prophète aurait ainsi voulu dire :
« Dieu créa Adam (au paradis) à sa propre image (celle qu’il avait sur la terre) ».
526 Je n’affirmerai pas que cette explication s’applique à ce ḥadīṯ, et je ne décréterai pas que
telle était l’intention du Prophète à cette occasion, car j’ai lu dans la Thora que lorsque
Dieu créa les cieux et la terre, Il dit : « Nous créerons une espèce humaine à Notre image !
Et Il créa Adam de la couche superficielle de la terre ; Il souffla dans son visage un souffle
de vie »481. Voilà qui ne saurait autoriser l’interprétation en question.
527 246 e. — Il en est de même pour le ḥadīṯ d’Ibn ‘Abbās où il rapporte que lorsque Moïse
frappa la pierre qui se fendit pour les fils d’Israël, il leur dit : « Buvez, ô ânes ! » Alors Dieu
// lui révéla : « Tu es allé vers des hommes, Mes créatures que J’ai créées à Mon image, et
tu les as comparés à des ânes ! » Mais Moïse ne cessa point jusqu’à ce qu’il fût puni 482. Ceci
est conforme au sens du ḥadīṯ.
528 246 f. — Abū Muḥammad dit : Pour moi (mais Dieu sait le mieux la vérité) le mot « image »
n’a ici rien de plus insolite que les « mains », le « doigt » ou « l’œil ». Ces termes nous sont
familiers parce qu’ils figurent dans le Coran, et le mot « image » ne nous paraît étrange
que parce qu’il ne figure pas dans le Coran.
529 En ce qui nous concerne donc, nous croyons à tout cela sans nous interroger en aucun cas
sur ses modalités (kayfiyya) ou sa délimitation (ḥadd).
***
532 248. — Réponse : Nous prétendons que l’on n’est pas d’accord sur le ḥadīṯ d’Abū Razīn en
question. On le trouve, émanant d’une autre source, dans des termes également
répréhensibles. Les transmetteurs en sont des bédouins. Le nommé Wakī‘ b. Ḥudus, de la
bouche duquel on rapporte entre autres le ḥadīṯ de Ḥammād b. Salama, est un inconnu.
Cependant, il y a sur l’interprétation de ce ḥadīṯ les propos // d’Abū ‘Ubayd al-Qāsim b.
Sallām ; Aḥmad b. Sa‘īd al-Liḥyānī rapporte qu’il a dit : « Les ténèbres (‘amā’) désignent un
nuage ». Il apparaît que ceci est exact dans la langue si la dernière lettre du mot est un alif
long ; mais si c’est un alif bref, à savoir ‘imä (aveuglement), il veut dire qu’il se dérobait à
la connaissance des hommes, comme dans l’expression : « Je suis aveugle dans cette
affaire » (‘amiya, ya‘mā, ‘aman) qui signifie : elle est compliquée, on ne la connaît pas, on
ignore ses tenants et ses aboutissants. De toute chose cachée, on peut dire qu’elle est dans
les « ténèbres » (‘aman) par rapport à nous.
533 Quant à l’expression : « avec de l’air au-dessus et au-dessous », certains y ajoutent la
négation mā, et disent : « sans air au-dessus, ni au-dessous » pour éviter qu’on se
représente de l’air au-dessus et au-dessous, et Dieu entre les deux. Or la version transmise
est bien la première, et le caractère suspect du texte ne change pas en ajoutant une
négation, car les expressions « au-dessus » et « au-dessous » demeurent. Mais Dieu sait
mieux la vérité.
***
les lui imputez pas, car c’est Dieu qui vous les envoie, non la fatalité. Si vous insultez
l’agent, c’est Dieu que vous insultez ! »
538 N’est-il pas évident que lorsqu’un homme est frappé d’une calamité ou d’un malheur dans
ses biens, ses enfants ou sa propre personne, et en insulte l’agent, c’est Dieu qu’il insulte
par là même ?
539 250 a. — Je vais tenter par un apologue de rendre plus accessible l’interprétation de ce
propos — quoique elle soit déjà assez accessible, grâce à Dieu. Supposons un homme du
nom de Zayd qui ordonnerait à un de ses esclaves nommé Fath de tuer quelqu’un. L’ordre
exécuté, les gens insulteraient et maudiraient Fath. On pourrait alors leur dire :
« N’insultez pas Fatḥ, car Fatḥ, c’est Zayd ! » C’est-à-dire : C’est Zayd le meurtrier, car
c’est lui l’instigateur. La phrase voudrait donc dire : Le meurtrier est Zayd, et non Fatḥ. De
même, le destin implique des malheurs et des catastrophes qui dépendent des décrets de
Dieu. Les hommes insultent le destin parce que c’est lui qui implique ces malheurs et ces
catastrophes, mais ce n’est pas lui le véritable agent.
540 On peut donc dire : // « N’insultez pas le destin, car le destin, c’est Dieu ».
***
***
se voiler, mais elles dirent : « Ô Envoyé de Dieu, il est aveugle ! » Il répliqua : « Et vous,
êtes-vous aveugles ? »490.
545 Or tout le monde s’accorde sur le fait qu’il n’est pas illicite que les femmes regardent les
hommes quand elles sont voilées. A l’époque du Prophète, elles allaient à la mosquée et
faisaient la Prière avec les hommes491.
546 A propos du verset : « …qu’elles ne montrent de leurs atours que ce qui en paraît » 492, vous
affirmez qu’il s’agit du kuḥl et de la bague493.
547 254. — Réponse : Nous affirmons que Dieu a ordonné aux épouses du Prophète de se
voiler, puisqu’il a imposé aux hommes de ne leur parler que de derrière un voile dans le
verset : « Quand vous demandez quelque chose [aux épouses du Prophète], demandez-le
de derrière un voile ! »494. Que ce fût un aveugle ou un clairvoyant qui entrait auprès
d’elles sans qu’un voile les dérobât à sa vue, il désobéissait également à Dieu ; quant à
elles, elles Lui désobéissaient également si elles l’autorisaient à entrer auprès d’elles.
548 C’était là un privilège des épouses du Prophète, auxquelles il était en outre spécialement
interdit d’épouser aucun Musulman. // Mais lorsqu’elles sortaient pour accomplir le
pèlerinage, ou toute autre obligation rituelle, ou en raison d’une affaire quelconque les
obligeant à quitter leur maison, elles n’étaient plus tenues de se voiler ; en effet, en
l’occurrence, personne n’entrait auprès d’elles. [Toutefois], elles étaient tenues de se
voiler si elles partaient en voyage, mais cette obligation ne leur était imposée que dans les
demeures où elles s’arrêtaient.
***
552 Mais en ce qui concerne l’esclave vendu avec un vice rédhi-bitoire, dont l’acheteur ne se
rend pas compte, aucun produit (ġalla) n’est vendu en même temps, si bien que tout
bénéfice [procuré par cet esclave] rentre dans le patrimoine de l’acheteur, qui n’est pas
tenu d’en restituer quoi que ce soit.
***
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efficace. Si on le calcine et qu’on en fait boire la cendre // à quelqu’un qui a des calculs, il
fait effet également. Il arrive qu’un hémiplégique retrouve l’usage de ses membres après
avoir été piqué par un scorpion. On peut aussi le faire macérer un moment dans la
graisse, et cette graisse fait percer de gros abcès. Les anciens médecins prétendent que si
l’on jette des mouches dans l’antimoine et qu’on écrase le tout, pour s’en servir comme ku
ḥl, ce mélange augmente la luminosité du regard et raffermit la racine des cils au bord des
paupières. Ils tiennent d’Aristote que certains peuples mangeaient des mouches et ne
connaissaient pas la chassie. Ils disent que des mouches broyées et posées à l’endroit de la
morsure du scorpion apaisent la douleur.
569 Mais ils disent que la personne mordue par un chien doit se couvrir le visage de telle sorte
que les mouches ne s’y posent pas, car cela l’achèverait. Ce [dernier trait] prouve que les
mouches ont une nature pernicieuse et venimeuse.
570 260 d. — Abū Muḥammad dit : Pourquoi refuserions-nous l’intelligence aux animaux et
aux insectes, même en laissant de côté le point de vue religieux, et en raisonnant en
faylasūf, c’est-à-dire en fonction de ce que perçoivent nos yeux ? Nous voyons la fourmi
accumuler l’été des provisions pour l’hiver ; si elle craint que le grain emmagasiné ne
moisisse, elle le sort à la surface du sol et l’étale par les nuits de lune. Si elle craint que les
grains ne germent, elle en perce // le milieu afin d’éviter cela. Ibn ‘Uyayna a dit : « Seuls
font des provisions l’homme, la fourmi et la souris ».
571 On constate que les corbeaux ne s’intéressent pas à un palmier chargé de fruits. Mais
lorsque le palmier est émondé, ils se jettent dessus et en picorent la moelle, à l’endroit de
la cicatrice.
572 Les faylasūf-s prétendent que lorsqu’un chameau est mordu par un serpent, il mange des
écrevisses. Ibn Māsawayh dit : « C’est pourquoi nous pensons que l’écrevisse est efficace
contre les morsures [de serpent] ». Ils disent encore : Lorsque une tortue a mangé une
vipère, elle s’administre du serpolet. Lorsque la belette a combattu un serpent, elle mange
de la rue. Lorsque les chiens ont des vers, ils mangent des épis de blé.
573 260 e. — Abū Muḥammad dit : Je constate donc qu’au dire même des faylasūf-s, les
animaux en question font preuve d’intelligence et d’expérience thérapeutique. C’est
pourtant beaucoup plus extraordinaire que la connaissance qu’a la mouche de l’endroit
où elle détient un poison et un remède, dans ses ailes. Comment ne s’étonnent-ils pas que
la pierre magnétique attire le fer de loin, et le fait se déplacer en même temps qu’elle à
droite ou à gauche ? // Comment peuvent-ils ajouter foi aux propos d’Aristote sur la
pierre de sinfīl qui, attachée sur le ventre d’un hydropique, en absorbe l’eau ? Ce qui le
prouve, c’est que si on pèse cette pierre après qu’elle ait été attachée sur le ventre du
patient, on constate qu’elle a augmenté de poids.
574 J’ai entretenu de cela Ayyūb, le médecin, — ou peut-être Ḥunayn, — et il était au courant.
Il m’a dit : « Cette pierre est mentionnée dans la Thora » ou dans un autre livre révélé.
575 Comment peuvent-ils ajouter foi aux affirmations d’Aristote sur une pierre qui nage dans
le vinaigre comme un poisson ; sur une concrétion qui se forme dans les lombes d’une
femme, de sorte qu’elle ne peut plus concevoir ; sur une pierre qui, placée au bord d’un
four à pain, fait retomber toute la fournée ; sur une pierre qui, prise dans les mains,
provoque l’expulsion de tout ce que l’on a dans le ventre ; sur l’acacia de Haute Égypte
(sanṭa) qui se dessèche lorsqu’on dégaine un sabre devant lui en faisant mine de le couper.
576 260 f. — Un de nos maîtres m’a rapporté d’après ‘Alī b. ’Āṣim, — Ḫālid al-Ḥaḏḏā’ que
Muḥammad b. Sīrīn raconte : « Deux hommes se disputaient devant Šurayḥ. L’un d’eux
162
dit : — J’ai confié un dépôt à cet homme, et il refuse de me le rendre ! Šurayḥ ordonna
alors : — Rends à cet homme son dépôt ! L’autre déclara : C’est une pierre, Abū Umayya ; si
une femme enceinte la voit, elle perd son enfant ; si elle tombe dans le vinaigre, elle se
met à bouillonner ; si elle est mise dans un four à pain, il refroidit ! Alors Šurayḥ garda le
silence // et ils s’en allèrent ».
577 Ces faits — que Dieu te pardonne ! — sont absolument inconcevables, et pour la plupart
sont rebelles à tout raisonnement analogique. D’ailleurs, si nous cherchions à énumérer
tout ce que la création comporte de bizarreries de cette sorte, il y en aurait trop et nous
n’en finirions pas.
***
***
révélation qu’Il t’a faite, qu’Il me ferait sortir du paradis avant qu’Il ne m’y fît entrer ? —
Si ! Alors Adam eut le dernier mot ».
589 264 a. — Abū Muḥammad dit : Dans ces propos, rien ne montre que Moïse fût Qadarite ;
nous savons que tout arrive par la prédestination (qadar) et le décret (qaḍā’) de Dieu, ce
qui ne ne nous empêche pas d’attribuer les actes à leurs auteurs, de louer celui qui fait le
bien // pour le bien qu’il fait, de blâmer celui qui fait le mal pour le mal qu’il fait, et de
manifester notre réprobation512 à celui qui commet des fautes en raison de ses fautes.
590 Lorsqu’ils disent qu’Abū Bakr était Qadarite, c’est aussi par détournement du sens, et par
addition au ḥadīṯ. Si [Abū Bakr et ‘Umar] se sont disputés à propos du Qadar, c’est
uniquement parce qu’ils ne savaient pas. Lorsqu’ils connurent la vérité, ils s’accordèrent
sur une seule et même doctrine. De même, ils ignorèrent bien des choses sur la religion et
l’unicité divine jusqu’à ce que le Prophète les leur eût enseignées, que le Coran fût révélé,
et que les traditions normatives fussent établies. Ce n’est qu’après qu’ils surent.
591 Il reste que le ḥadīṯ sur ‘Umar et Abū Bakr est faible aux yeux des gens du ḥadīṯ ; il est
rapporté par Ismā’īl b. ‘Abd al-Salām — Zayd b. ‘Abd al-Raḥmān — ‘Amr b. Šu’ayb — son
père — son grand père ; d’autre part, il est aussi transmis par des Ḫurā-sāniens d’après
Muqātil b. Ḥayyān — ‘Amr b. Šu’ayb. La plupart de ces gens sont des inconnus 513.
***
avait lieu par prélèvement de l’aumône légale (ṣadaqa) sur le patrimoine, on l’appela zakāt
. Il y a beaucoup de faits analogues.
519
596 302 D’après Abū l-Ḫaṭṭāb — al-Mu‘tamir b. Sulaymān — Layṯ // b. Abī Salīm — Wāṣil b.
Ḥayyān — Abū Wā’il, Ibn Mas‘ūd a dit : « La dernière parole qui a été conservée de la
Prophétie est la suivante : — Si tu n’as pas de pudeur, fais ce que tu veux ! » 520. Ce qui veut
dire que quiconque n’a pas de pudeur et est pervers [peut] commettre tous les scandales,
se rendre coupable de toutes les vilenies, car rien ne le réfrène, ni religion, ni pudeur.
597 On voit bien par là que la pudeur et la foi ont les mêmes effets, et que tout se passe
comme si elles étaient une seule et même chose.
***
[l’intéressé] avait alors formulé l’intention de faire la Prière [à l’heure prescrite à titre
exécutoire] (adā’) et effectivement, cette Prière a été entièrement accomplie [à titre
exécutoire, et non surérogatoire]. Or les actes valent par l’intention.
604 268 a. — Le second ḥadīṯ dit : « Si tu viens pendant la Prière et que tu vois un groupe en
train de prier, joins-toi à eux ; si tu as déjà fait une Prière, elle te sera comptée comme
surérogatoire ; quant à celle-ci, elle comptera comme Prière prescrite ». Tout se passe
comme s’il avait voulu dire : Cette prière-ci, accomplie avec l’imām, est surérogatoire, et
cette autre que tu as accomplie chez toi est la Prière prescrite. Si, au lieu de « quant à
celle-ci » il avait dit « quant à celle-là », le sens aurait été plus clair. Il n’y a aucune
différence entre ces deux démonstratifs, mais l’expression est moins claire avec « celle-
ci ». L’un des transmetteurs [doit avoir] omis « celle-ci » dans la première proposition, et
avoir introduit ce pronom dans la seconde, à la place de « celle-là ». J’ai déjà cité des cas
où un transmetteur a négligé telle ou telle particule ou tel ou tel élément insignifiant,
altérant ainsi le sens.
605 268 b. — Quant au troisième ḥadīṯ, où Ibn ‘Umar rappelle que le Prophète a interdit de
faire une Prière deux fois dans la même journée, // il signifie : Ne faites pas deux fois dans
la même journée une Prière obligatoire. Ainsi en serait-il si l’on faisait la Prière du ẓuhr
chez soi une première fois, puis une seconde ; ou avec un imām, puis une seconde fois avec
un autre imām.
606 L’on a confondu les circonstances d’application de ce ḥadīṯ avec celles du ḥadīṯ où le
Prophète autorise un homme à recommencer une Prière en la considérant comme
surérogatoire. Peut-être d’ailleurs n’avait-il pas entendu ce dernier ḥadīṯ, ou ne lui était-il
pas parvenu524.
607 Quiconque accomplit à son domicile une Prière d’obligation et fait de nouveau la même
prière avec un imām en la considérant comme surérogatoire n’a pas fait la même Prière
deux fois dans la journée, car elles sont essentiellement différentes : l’une est
d’obligation, l’autre est surérogatoire.
***
dormir sans toucher à l’eau. Toutefois, il est préférable de faire l’ablution. Le Prophète
agissait parfois ainsi pour indiquer que c’est préférable, et parfois autrement pour
montrer qu’il y a une tolérance. Les gens peuvent se prévaloir de l’une ou l’autre
attitude : celui qui veut adopter la meilleure méthode est libre, et libre aussi celui qui
veut profiter de la tolérance.
***
***
***
***
sur terre à leur image. Il en est de même pour les moutons, les chameaux et les chevaux :
tous ont leur réplique au paradis539. Seuls sont absents du paradis les animaux nuisibles,
comme les singes, les porcs, les serpents et les scorpions.
627 S’il est admissible qu’il existe au paradis de la viande, il est également admissible qu’il y
ait des chèvres et des moutons. S’il est admissible qu’il y ait des oiseaux à manger, il est
également possible qu’il y ait du bétail à manger. Or Dieu a dit : « …avec de la chair
d’oiseaux qu’ils convoiteront… »540 //
628 278 a. — Abū Muḥammad dit : D’après Ahmad b. al-Ḫalīl — al-Aṣma‘ī — Abū Hilāl al-Rāsibī
— ‘Abd Allāh b. Burayda — son père Burayda al-Aslamī, le Prophète a dit : « La reine des
nourritures pour les hommes de ce monde et de l’autre est la viande ; le roi des parfums
pour les hommes de ce monde et de l’autre est la fāġiya »541.
629 Le ḥadīṯ suivant prouve ce que j’avance : « Essuyez le mucus de leur museau, car elles sont
des bêtes du paradis »542 ; il signifie : elles font partie des bêtes créées au paradis.
***
634 De même, dans le verset : « A quiconque parmi vous sera malade ou atteint // d’un mal
affectant sa tête548, incombera rachat par un jeûne, une aumône ou un sacrifice rituel »549.
Le sens apparent de cette phrase est que le malade, ou celui qui attrape des poux est tenu
du rachat. En réalité, le verset veut dire : Celui qui est malade ou est atteint d’un mal
affectant sa tête et se rase les cheveux est tenu de se racheter par un jeûne, une aumône ou
un sacrifice rituel. Les exemples de cet ordre sont nombreux.
635 280 a. — Pour illustrer le cas où une qualité se trouve énoncée à un endroit, et non à un
endroit analogue, le premier servant de référence pour le second, on citera la phrase :
« Requérez alors le témoignage de gens intègres pris parmi vous »550 et la phrase
« Requérez témoignage de deux témoins pris parmi vos hommes »551, où l’adjectif
« intègre » ne figure pas, cette qualité étant énoncée dans le premier passage seulement.
636 Le Coran dit en un endroit : « …la libération d’un esclave croyant »552 et ailleurs « …
affranchissement d’un esclave avant qu’ils n’aient eu commerce mutuel »553, où la qualité
de croyant n’est point énoncée.
637 280 b. — Quant aux cas où c’est le ḥadīṯ du Prophète qui sert à recouper [le Coran], on peut
citer la description des Prières, la nature de l’inclination et de la prosternation, du
tašahhud, leur nombre, le montant des aumônes et de la zakāt à prélever sur le patrimoine,
le montant du vol entraînant l’amputation, les cas d’interdiction [du mariage] entraînés
par l’allaitement, etc., etc…554.
638 280 c. — Dieu nous apprend dans le Coran qu’il tourmentera // certaines gens avant le
jour de la résurrection lorsqu’il dit : « Au Feu, ils seront exposés matin et soir et, au jour
où se dressera l’Heure, [on criera] : — Introduisez la famille de Pharaon au plus intense
tourment ! »555. Il est impossible que ces gens soient exposés au feu sur la terre, ni au jour
du jugement, car Dieu dit dans ce verset « au jour où se dressera l’Heure », et que le jour
où se dressera l’Heure n’aura ni matin, ni soir, si ce n’est par métaphore, comme dans la
phrase : « …et ils y auront leur subsistance matin et soir »556. Cette [métaphore] est
admissible dans ce cas, mais ne le serait pas dans le premier 557. J’en ai parlé dans mon
livre intitulé Ta’wīl muškil al-Qur’ān558. Dieu a dit ailleurs après avoir parlé du jour du
Jugement : « En vérité, à ceux qui auront été injustes revient un tourment en deçà de cela,
mais la plupart ne le savent pas »559.
639 280 d. — Beaucoup de traditions émanant du Prophète, transmises de toutes parts par des
autorités sûres, rapportent à l’envi qu’il demandait à Dieu de le préserver du tourment de
la tombe. En voici quelques-unes :
640 D’après Mālik — Abū l-Zubayr — Ṭāwūs — Ibn ‘Abbās, le Prophète disait : « Seigneur, je me
réfugie auprès de Toi contre la séduction de l’Antéchrist »560 ; « Je me refugie auprès de
Toi contre la séduction de la vie et de la mort, et contre le châtiment du tombeau »561.
641 D’après Šu‘ba — Budayl b. Maysara — ‘Abd // Allāh b. Šaqīq — Abū Hurayra, le Prophète
disait : « Seigneur, je me réfugie auprès de Toi contre la séduction et le tourment de la
tombe, et contre la séduction de l’Antéchrist »562.
642 D’après Hišām — Qatāda — Anas, le Prophète disait : « Seigneur, je me réfugie auprès de
Toi contre la séduction de la vie, contre la séduction de la mort, et contre le châtiment de
la tombe »563.
643 280 e. — Il existe aussi beaucoup d’autres traditions historiques sur Munkar et Nakīr, et
leur interrogatoire. Ainsi, d’après Hammād b. Salama — ‘Āṣim — Zirr — ‘Abd Allāh b.
‘Abbās disait : « On fera asseoir de force l’un de vous dans son tombeau ; on lui dira : —
171
Qui es-tu ? — Je suis l’esclave de Dieu, vivant ou mort. Je témoigne qu’il n’y a d’autre
divinité que Dieu ; je témoigne que Muḥammad est Son esclave et Son Envoyé. On lui dira
alors : — Tu as dit vrai. On lui donnera alors de l’espace dans son tombeau, et on lui fera
voir la place qui lui est destinée au paradis. Quant à l’autre, on lui dira : — Qui es-tu ? — Je
ne sais ! répondra-t-il. Alors on lui dira : — Eh ! bien, tu ne sauras point ! Et on rétrécira
son tombeau jusqu’à ce que ses côtes éclatent »564. Ce sont là des choses que seul un
Prophète peut connaître. ‘Abd Allāh n’aurait pu les rapporter s’il ne les avait entendues
de la bouche même du Prophète.
644 280 f. — D’après ‘Abbād b. Rāšid — Dāwūd b. Abī Hind — Abū Naḍḍara — Abū Sa‘īd al-Ḫidrī,
le Prophète a // dit : « L’ange viendra auprès de l’esclave [de Dieu] lorsqu’il sera mis en
terre. Si c’est un Infidèle ou un Hypocrite, on lui dira : — Que penses-tu de cet homme (à
savoir Muḥammad) ? Il répondra : — Je ne sais. J’ai entendu les gens dire quelque chose, et
je l’ai répété. L’ange dira : — Tu n’as point su, tu ne t’es point gardé, tu n’es point demeuré
dans le droit chemin »565. Ces traditions historiques prouvent que le tourment de la tombe
est réservé aux Infidèles.
645 [Nos adversaires] disent : Comment le mort pourrait-il être tourmenté à cause des pleurs
des vivants, puisque Dieu a dit : « Nulle âme ne portera le fardeau d’une autre ». Nous
pensons également que le tourment est réservé à l’Infidèle, à cause des pleurs que sa
famille versera sur lui566.
646 De même, Ibn ‘Abbās déclare que le Prophète a dit, en passant près du tombeau d’un Juif :
« Il sera tourmenté, et sa famille pleurera sur lui »567. S’il en est ainsi, il n’y a rien là
d’extraordinaire, car l’Infidèle sera tourmenté de toute façon.
647 Si cela concerne seulement le Musulman piètre, comme celui dont le Prophète déclara
qu’il était puni pour sa médisance ou sa façon d’uriner, la phrase « Nulle âme ne portera
le fardeau d’une autre » ne s’applique qu’aux choses de ce monde568.
648 280 g. — Les gens de la Ğāhiliyya poursuivaient la vengeance d’un homme assassiné ; on
tuait son père, son frère, ou un parent utérin pour ce meurtre. Si l’on ne pouvait atteindre
ni ‘aṣaba, ni parent utérin, on tuait un homme de son groupe tribal. Dieu révéla alors :
« Nulle // âme ne peut porter le fardeau d’une autre ». Il nous a également enseigné que
cela figurait dans la révélation faite à Abraham569. C’est pourquoi le Prophète dit à un
homme qu’il voyait en compagnie de son fils : « Ne pèche pas contre lui, il ne pèchera pas
contre toi ! »570.
649 280 h. — Pour ce qui est de la punition de Dieu lorsqu’elle survient et englobe
indistinctement celui qui fait le bien ou le mal, Dieu a dit : « Préservez-vous d’une
tentation qui n’atteindra pas uniquement ceux qui parmi vous auront été injustes »571. Il
veut dire que cette tentation englobera les injustes et les autres. Dieu a dit : « A cause de
ce qu’ont accompli les mains des hommes, le scandale est apparu sur terre et sur mer, afin
que Dieu leur fasse goûter [la punition] d’une partie de ce qu’ils ont fait »572.
650 Umm Salama a dit : « O Prophète, allons-nous périr, alors qu’il y a parmi nous des gens de
bien ? » Il répondit : « Oui, si la corruption abonde »573.
651 [Le Prophète] a exposé que Dieu a englouti en entier le peuple de Noé ; bien qu’il y eût
parmi eux des enfants et des animaux, et ceci en raison des fautes des adultes 574 ; qu’il fit
périr les ‘Ādites par un vent dévastateur575, les Ṯāmūdites par la foudre576 et les
compagnons de Loth par une grêle de pierre577 ; qu’il métamorphosa les gens du Sabbat en
singes et en porcs578, frappant les enfants du même châtiment.
172
652 Un Kūfien m’a dit avoir lu dans les anciens livres révélés la phrase suivante : « Je suis le
Dieu jaloux, qui punis les péchés des pères sur les pères »579.
653 Ibn ‘Abbās rapporte que Daniel // a dit : « Il convient, fils d’Israël, que je sois tourmenté à
cause de vos péchés »580.
654 Anas b. Mālik dit que le lézard meurt d’épuisement dans son trou à cause des péchés des
hommes.
655 280 i. — Le Prophète fit une invocation contre Mudar, et dit : « Seigneur, renforce ton
oppression contre Mudar et envoie-leur des années comme les années [prédites par]
Joseph »581. Alors, la sècheresse et la disette les affligèrent pendant sept années sans
interruption ; au point qu’ils mangèrent de la peau, des os et du ‘ilhiz 582. Cette disette
gagna le Prophète et ses Compagnons, qui furent donc punis à cause de son invocation, au
point que lui et les Musulmans attachèrent des pierres sur leur estomac pour tromper
leur faim583.
656 280 j. — Abū Muḥammad dit : Nous avons d’ailleurs été témoins de faits qui rendent
superflues les informations historiques. Que de pays où vivaient des hommes pieux et
saints, où des enfants de tous âges ont été victimes de séismes qui firent périr l’homme
pieux et le libertin, le bon et le méchant, l’enfant et l’adulte ! Ainsi en fut-il de Qūmas 584,
de Mihriğānqaḏaq585, de Rayy et de nombreuses villes // de Syrie et du Yémen. C’est là un
point sur lequel s’accordent tous les fidèles de Dieu, quelle que soit leur religion et leurs
divergences.
657 280 k. — Abū Muḥammad dit : Un historien m’a rapporté qu’une nuit d’insomnie, al-
Manṣūr vint à parler des califes umay-yades et de leur mode de vie. [On déclara] qu’ils
demeurèrent dans le droit chemin tant que leur autorité ne passa pas aux mains de
descendants corrompus par le luxe. La seule ambition de ces gens imbus de leur grandeur
royale et de leur majesté fut de s’abandonner à leurs passions, de se livrer avec
prédilection au plaisir, et de sombrer dans la désobéissance à l’égard de Dieu. Ils
encoururent ainsi la colère de Dieu, parce qu’ils ignoraient qu’il les menait à leur perte, et
se croyaient en sécurité contre Ses embûches. Alors, Il les priva de l’autorité et leur
enleva Sa grâce. [A ce point de l’entretien], Ṣāliḥ b. ‘Ali dit au calife : « Prince des
Croyants, // lorsque ‘Ubayd Allāh b. Marwān en fuite entra au pays de Nubie avec ses
gens, le roi des Nubiens s’informa à leur sujet ; lorsqu’il fut renseigné, il se rendit à cheval
auprès de ‘Ubayd Allāh et lui dit en ce sens des paroles que je n’ai point retenues, puis il
l’expulsa de son royaume. Le Prince des Croyants veut-il le586 faire sortir de sa prison, le
convoquer en notre présence et l’interroger sur cette histoire ? Al-Manṣūr ordonna donc
qu’on l’amenât devant lui, et le questionna. Il répondit : « Prince des Croyants, je suis
entré au pays des Nubiens avec du mobilier que j’avais pu sauver. Je l’installai et m’établis
pour trois jours. C’est alors qu’arriva le roi des Nubiens, qui avait été informé de nos
affaires. Je vis entrer un homme de haute taille, au nez aquilin et au beau visage. Il s’assit
à même le sol sans s’occuper des étoffes. Je lui demandai : — Pourquoi ne t’assieds-tu pas
sur nos étoffes ? Il répondit : — Je suis roi ; il convient que tout roi s’humilie devant la
majesté divine, puisque c’est Dieu qui l’a élevé ! Puis il se tourna vers moi en disant : —
Pourquoi buvez-vous des boissons enivrantes, puisque votre Livre vous les interdit ? Je
dis : — Ce sont nos esclaves et les inconscients parmi nous qui osent agir ainsi ! Il
poursuivit : — Pourquoi piétinez-vous les champs ensemencés avec vos montures, puisque
votre Livre vous interdit de détruire ? Je répondis : — Ce sont les ignorants parmi nous
qui le font ! Il continua : — Pourquoi revêtez-vous les brocarts et la soie, et utilisez-vous
173
l’or et l’argent, qui sont illicites pour vous ? Je dis : — Notre autorité s’est écroulée, nos
fidèles se sont raréfiés, et nous avons appelé à l’aide un groupe d’étrangers (‘Ağam) // qui
sont entrés dans notre religion. Ils ont revêtu ces atours malgré notre réprobation. Alors
le roi baissa longtemps la tête, se mit à se tordre les mains et à graver des signes à terre,
puis il dit : — Rien de ce que tu m’as dit n’est vrai. C’est vous, qui avez considéré comme
licite ce qui était interdit, qui avez commis des actes répréhensibles, qui avez été des
souverains injustes. Alors Dieu vous a frustrés, et vous a revêtus d’opprobre à cause de
vos péchés. Dieu a une vengeance à exercer contre vous, qui n’est point encore
consommée. Je crains que le châtiment ne s’abatte sur vous alors que vous êtes sur mes
terres, et qu’il ne m’atteigne en même temps que vous. On n’est tenu à l’hospitalité que
pendant trois jours. Munissez-vous pour la route de ce dont vous avez besoin, et quittez
mon pays. Ce que je fis ».
658 280 l. — Dieu nous enseigne dans le Coran qu’il protège les fils en considération de leurs
pères. Il dit : « Quant au mur, il appartient à deux adolescents de la ville. Sous ce mur est
un trésor qui leur est destiné. Leur père était vertueux et ton Seigneur a voulu qu’ils
atteignissent leur majorité et qu’ils découvrissent [alors] leur trésor par une bonté de ton
Seigneur »587.
659 Le jour où il invoqua le nom d’al-‘Abbās pour faire les rogations, ‘Umar dit dans son
oraison : « Seigneur, nous nous recommandons à Toi de l’oncle de Ton Prophète, du reste
de ses ancêtres et de ses grands Compagnons. Tu as dit — et Ta parole est véri-dique : —
Quant au mur, il appartient à deux adolescents orphelins de la ville. Sous ce mur est un
trésor qui leur est destiné. Leur père était vertueux et ton Seigneur a voulu qu’ils
atteignissent leur majorité et qu’ils découvrissent [alors] leur trésor. Puisque Tu les a
protégés en raison des vertus de leur père, Seigneur, protège // Ton Prophète en la
personne de son oncle, car nous le prenons comme médiateur auprès de Toi, en
demandant intercession et pardon »588.
660 Puisque Dieu préserve les enfants de Ses fidèles en considération de leurs pères, il est
donc possible qu’il refuse de protéger les enfants de Ses ennemis à cause de leurs pères. Il
fait ce qu’il veut.
661 280 m. — ‘Ā’iša rejetait ce ḥadīṯ et disait : « Quiconque en admet les termes est un
libertin »589. C’était là une présomption et une interprétation de la part de ‘Ā’iša. Il n’est
pas licite de rejeter le ḥadīṯ du Prophète en raison de la présomption de ‘Ā’iša. Si elle avait
rapporté de la bouche du Prophète quelque chose qui contredît ce ḥadīṯ, on aurait pu
prendre ses paroles en considération.
662 Si ‘Abd Allāh b. ‘Umar était seul à l’avoir transmis, on aurait pu supposer — comme elle le
prétend — qu’il y a erreur. Mais il a été transmis par toute une série de Compagnons
parmi lesquels figurent ‘Umar, ‘Imrān b. Ḥuṣayn, Ibn ‘Umar et Abū Mūsā l-Aš‘arī.
663 S’ils disent : C’est injuste — alors que Dieu s’est défendu d’être injuste en disant : « Je ne
serai point injuste envers Nos serviteurs »590 — nous leur répondrons par la bouche d’Iyās
b. Mu’āwiya qui a dit : « J’ai demandé à quelqu’un : — Qu’est-ce que l’injustice, dans la
langue des Arabes ? Il me répondit : — Elle consiste à prendre ce qui ne vous appartient
pas ! Je m’écriai alors : Mais tout appartient à Dieu ! »
***
174
***
674 D’après Muḥammad b. Ḫālid b. Ḫidāš — Muslim b. Qutayba — Hāšim — Ḥuṣayn, ‘Amr b.
Maymūn aurait dit : « Une guenon se rendit coupable d’adultère, avant l’Islam. Les singes
la lapidèrent, // et je les imitai »596.
675 Abū Muḥammad dit : Il peut se faire qu’il ait vu des singes lapider une guenon, et ait
présumé qu’ils la lapidaient parce qu’elle avait forniqué. Mais nul ne peut le savoir que
par conjecture, car les singes ne disent rien sur eux-mêmes. Celui qui les voit s’accoupler
ne sait s’ils sont adultères ou non. C’est une conjecture. Peut-être le vieil homme a-t-il su
qu’elle commettait l’adultère en raison d’une preuve que nous ignorons. En effet, les
singes sont les animaux les plus enclins à la fornication. Les Arabes en ont fait Un
proverbe, et ils disent : « Plus fornicateur qu’un singe ». Or si leur penchant à la
fornication n’était si notoire, on n’en aurait point fait un proverbe, car aucun animal ne
ressemble plus à l’homme que le singe pour ce qui est des habitudes matrimoniales et de
la jalousie. Il arrive aux animaux de se battre, de s’affronter, de se châtier ; il en est qui
mordent, il en est qui griffent ; il en est qui brisent et piétinent. Les singes, eux, lapident
avec les mains que Dieu leur a données, tout comme aux hommes. Dans cette
circonstance, il est fort possible qu’ils se soient lapidés pour tout autre chose que pour
adultère, et que le vieil homme se soit imaginé que c’était pour adultère. Mais il est
également plausible qu’il ait trouvé une preuve de l’adultère de cette guenon, car comme
je l’ai dit, ce sont les animaux les plus enclins à la jalousie, et les plus comparables aux
humains par l’intelligence. //
676 284 a. — Abū Muḥammad dit : Pour moi, je présume que les singes sont bien le produit
d’une métamorphose, et que ce produit a crû et multiplié. J’en veux pour preuve le
verset : « Vous donnerai-je avis de ceux dont la récompense sera pire que cela auprès de
Dieu ? Ceux que Dieu a maudits, contre qui Il s’est courroucé, dont il a fait les singes et les
porcs… »597. La présence de l’article défini dans « les singes et les porcs » est un signe de
détermination, et prouve qu’il s’agit bien des singes que nous avons sous les yeux. S’Il
avait voulu parler d’une chose passée et disparue, il aurait dit : « …dont Il a fait des singes
et des porcs », à moins que le ḥadīṯ d’Umm Ḥabība sur la métamorphose ne soit
authentique, et qu’il en soit comme le Prophète l’a dit598.
677 284 b. — Nous ne prétendons point qu’ils ont agi ainsi pour se conformer aux
prescriptions de la Thora, comme le déclare notre railleur, mais nous affirmons qu’ils ont
appliqué la lapidation soit pour adultère, soit pour tout autre chose, tout comme d’autres
animaux griffent, mordent ou brisent, parce qu’ils ont des mains semblables à celles des
humains. Or les humains n’ont d’autre moyen que la lapidation pour faire du mal à
distance.
678 Ce qui confirme que les singes sont bien le produit de la métamorphose en question, c’est
que tout le monde est d’accord pour déclarer leur chair illicite au même titre que la chair
humaine, en dehors de toute révélation et de toute tradition. //
***
176
686 Si ces gens réfléchissaient attentivement et bénéficiaient d’un tant soit peu d’aide divine,
ils sauraient qu’il est impossible d’admettre que le Coran est créé, car il est la Parole de
Dieu. La Parole de Dieu est de Dieu, et ce qui est de Dieu ne saurait être créé.
687 Considérons cela en nous référant à la parole humaine, qui leur est plus accessible. Notre
parole n’est pas un acte qui nous est propre. Ce n’est qu’un bruit, des sons isolés, // et ni
ce bruit, ni ces sons ne sauraient être des actes qui nous sont propres, car ils sont tous
créés par Dieu. La seule part de l’acte qui puisse nous être attribuée dans ces phénomènes
est leur reproduction (adā’). C’est elle qui nous vaut la récompense divine.
688 286 c. — On peut comparer le cas d’un homme auquel on aurait confié un bien, puis
auquel on l’aurait réclamé et qui le restituerait de sa main. Ni le bien, ni la main ne
justifieraient une récompense. La récompense serait due uniquement du fait de la
restitution (adā’).
689 Ainsi, la récompense n’est due à l’homme que pour avoir reproduit le Coran par la voix et
en sons isolés. Mais sous la forme ordonnée et composée [que nous lui connaissons], le
Coran est la Parole de Dieu, et c’est de Lui qu’il émane. Quiconque le reproduit reproduit
la Parole de Dieu, mais cela ne lui ôte en rien la qualité de Récitant du Coran. Si quelqu’un
rédige un discours ou compose un poème, puis qu’un autre transmette cela, la parole ou
les vers ne sont pas le fait du transmetteur : l’œuvre poétique est due à l’auteur, et le
transmetteur ne fait que la reproduire.
***
693 Le consensus, lui, est à l’abri de ces vicissitudes. C’est pourquoi il arrive à Mālik de
rapporter un ḥadīṯ, puis de déclarer : « Toutefois, l’usage dans notre pays est tel ou tel »
pour une raison contraire à ce ḥadīṯ, car son pays est le pays du Prophète611. Et si, à son
époque, l’usage était tel ou tel, il en est de même pour le siècle suivant, pour le troisième,
le quatrième, et ainsi de suite. Il est impossible qu’un groupe humain abandonne un usage
en vigueur dans son pays et à son époque pour en adopter un autre ; or [un usage
transmis] d’une génération à une autre est plus fréquent612 que d’un individu à un autre.
694 288 a. — Il peut arriver aussi que des gens transmettent, avec une chaîne de garants
ininterrompus des ḥadīṯ-s auxquels ils ont cessé de se conformer. Ainsi en est-il du ḥadīṯ
de Sufyān et Ḥammad b. Zayd — ‘Amr b. Dīnār — Ğābir — Ibn ‘Abbās déclarant que le
Prophète groupait les Prières du ẓuhr, du ‘aṣr, du maġrib et du ‘išā’ à Médine, même
lorsqu’il était en sécurité et n’avait rien à redouter613. Or tous les juristes ont abandonné
cet usage, soit parce qu’il a été abrogé614 ; soit parce qu’il agissait ainsi par nécessité —
qu’il s’agît de pluie615 ou d’une occupation quelconque.
695 Ainsi en est-il également du ḥadīṯ de Sufyan — ‘Amr b. Dīnār — ‘Awsağa — Ibn ‘Abbās qui
dit : « Un homme mourut du temps du Prophète sans laisser d’autre héritier // qu’un
mawlā que lui-même avait affranchi. Le Prophète lui donna son héritage616. Or les juristes
sont opposés à cela soit parce qu’ils suspectent ‘Awsağa et que ce dernier est un individu
qui ne saurait garantir l’authenticité d’une prescription ou d’une tradition normative,
soit parce qu’ils altèrent l’interprétation du ḥadīṯ et comprennent : « Il ne laissa d’autre
héritier qu’un mawlā qui avait lui-même affranchi le mort617 » — conformément à cette
interprétation, il est licite qu’il soit l’héritier, car il était le patron (mawlā) du mort 618 —,
soit en vertu d’une abrogation.
696 Ainsi enfin un ḥadīṯ de Šu‘ba — ‘Amr b. Murra — ‘Abd al-Raḥmān b. Abi Laylā — al-Barā’
disant que le Prophète pratiquait le qunūt à la Prière du ṣubḥ et à celle du maġrib619. Or les
Musulmans discutent sur le qunūt de la Prière du ṣubḥ, mais s’accordent pour le délaisser à
la Prière du maġrib.
697 288 b. — Les exemples de cet ordre sont nombreux, et il faut y ajouter la question de la
friction du turban ou du voile. Les juristes sont d’accord pour délaisser cette pratique.
S’ils la délaissent bien que ce ḥadīṯ soit transmis par une voie irréprochable à leurs yeux,
ce ne peut être qu’en raison d’une abrogation, ou parce que le Prophète a été vu en train
de pratiquer la friction du turban en même temps que celle de la tête sous le turban. Le
transmetteur a rapporté l’information la plus insolite, car si la friction de la tête n’est ni
répréhensible, ni insolite — en effet, tout le monde la pratique —, celle du voile est [au
contraire] une pratique insolite. Ils ont cherché un témoignage // pour justifier cette
attitude dans un autre ḥadīṯ dû à al-Muġīra et transmis par al-Walīd b. Muslim — Ṯawr —
Rağā’ b. Ḥaywa — Warrād : al-Muġīra y déclare que le Prophète frotta son toupet et son
turban620. Or le fait de frotter le toupet est une obligation rituelle prévue par le Coran621 ;
il ne saurait être rejeté en vertu d’un ḥadīṯ dont existent des versions différentes.
698 Il en est de même pour une version d’un ḥadīṯ déclarant que le Prophète pratiquait la
friction des deux sandales, et une autre version déclarant qu’il frottait ses deux
chaussettes. Or il frottait ses chaussettes à l’intérieur de ses sandales : chacun des deux
transmetteurs a rapporté une moitié du ḥadīṯ622.
***
179
***
dont le brancard n’a pu être approché par un prophète, en raison de la foule des anges qui
se pressait autour de lui ?
705 292. — Réponse : Nous prétendons que des gens ont cherché à interpréter ce ḥadīṯ, et ont
pensé que l’ébranlement du Trône était un mouvement réel et physique, comme la
vibration d’une lance ou d’un arbre agité par le vent. Si l’on interprète de cette manière,
c’est un scandale, car les arguments de nos adversaires prennent toute leur valeur.
706 D’autres ont dit : « Le mot ‘arš (trône) signifie ici sarīr (lit) ; il s’agit de la civière sur
laquelle fut emporté Sa‘d b. Mu‘āḏ ; c’est donc cette civière qui bougea. // Si cette
interprétation était la bonne, le ḥadīṯ en question ne conférerait aucun mérite à Sa‘d, et la
phrase n’aurait aucun intérêt, car n’importe quelle civière sur laquelle est un mort bouge
lorsqu’on la transporte !
707 292 a. — Ensuite, comment le mot ‘arš pourrait-il désigner la civière sur laquelle fut
emporté Sa‘d b. Mu‘āḏ, puisqu’un autre ḥadīṯ dit : « Le trône (‘arš) du Miséricordieux fut
ébranlé à cause de sa mort »629.
708 L’ébranlement ne saurait représenter le mouvement auquel certains pensent, pas plus
que le trône [l’objet] auquel pensent les autres.
709 L’« ébranlement » désigne l’émotion et la joie. On dit : « Untel est ébranlé par les bonnes
actions », c’est-à-dire : en tire émotion et joie. On dit encore : « Lorsqu’on le loue, Untel
est ébranlé ». Le sens est le même dans le proverbe : « Lorsqu’on l’invite, Untel est
ébranlé ; lorsqu’on le sollicite, il reste barricadé ». L’expression est d’Abū l-Aswad al-
Du’alī. Cela veut dire que lorsqu’on l’invite à manger, il est ému et joyeux, et que si on lui
demande quelque chose, il reste sur ses positions et ne s’ouvre pas. Tel est le sens du mot
« ébranlement » dans ce ḥadīṯ.
710 Quant au mot ‘arš, il désigne bien le trône du Miséricordieux, comme il est dit dans le
dernier ḥadīṯ. Son « ébranlement » est la joie des anges qui le portent et l’entourent, à
cause de [l’arrivée] de l’âme de Sa‘d b. Mu‘āḏ. [Le Prophète] a employé le mot « trône » au
heu de parler des anges qui le portent et l’entourent, // comme dans le verset : « Ni le
ciel, ni la terre ne pleurèrent sur eux… »630, c’est-à-dire : Ni les habitants du ciel, ni ceux
de la terre ne pleurèrent sur eux. « Le ciel » et « la terre » désignent ici leurs habitants.
Dieu a dit ailleurs : « Interroge la cité »631, c’est-à-dire : Interroge ses habitants. Le
Prophète a dit à propos du mont Uḥud : « Ceci est un mont qui nous aime et que nous
aimons »632 ; il voulait dire : Ses habitants — les Anṣār — nous aiment et nous aimons ses
habitants. Pour la même raison, il a parlé du trône au heu de parler des anges qui le
portent et qui se tiennent autour de lui.
711 On trouve dans le ḥadīṯ que les anges se réjouissent [de l’arrivée] de l’âme du croyant, et
que chaque croyant dispose au ciel, d’une porte par laquelle ses œuvres passent
lorsqu’elles montent, ainsi que sa subsistance lorsqu’elle descend, et par laquelle il
apporte son âme à sa mort, puis est renvoyé633.
712 Cette interprétation est confirmée par le propos du Prophète : « Soixante-dix mille anges
se sont précipités pour faire sa toilette mortuaire ». Grâce à Dieu, cette interprétation est
facile et immédiate ; tout se passe comme si le Prophète avait dit : Les porteurs du Trône
et les [autres] anges se réjouirent autour de lui à cause de l’âme de Sa‘d.
713 292 b. — Ils disent : Comment un homme vers lequel se sont précipités soixante-dix mille
anges pour le laver peut-il avoir été tourmenté ?
181
***
lorsqu’une des épouses du Prophète leur cria : « C’est du lézard ! » Sur quoi ils
s’interrompirent ; mais le Prophète leur dit : « Mangez ! ce mets est licite, et il n’y a pas
d’inconvénient, mais ce n’est pas une nourriture de chez moi ! »641. Ce ḥadīṯ montre bien
l’erreur de l’homme qui a transmis [le premier] de la bouche d’Ibn ‘Umar, car il est illicite
de rapporter les deux ḥadīṯ-s ensemble, dès lors qu’ils sont contradictoires.
723 294 a. — Quant au fait que le Prophète refusait d’en manger quoiqu’il fût licite à ses yeux,
[il s’explique si l’on considère] que tout ce qui est licite // n’est pas agréable ni
convenable. Ainsi, Dieu a décrété que le mouton était licite pour nous, à l’exception de
son sang répandu642. Or le Prophète en détestait la vessie, le ris, les tripes, les testicules et
la rate.
724 La tradition historique rapporte que le fœtus est considéré comme égorgé rituellement
lorsque la mère l’a été643, mais nul ne le mange de bon cœur.
725 Il est des choses qu’aucune révélation ni aucune tradition n’ont déclarées illicites ; en ce
qui les concerne, les hommes s’en remettent à leur instinct et à leur nature. Ainsi en est-il
de la chair humaine, de la viande de singe, de serpent, de gecko, de ‘izāya 644, de souris,
etc… Il n’est aucun de ces animaux que l’on ne déteste instinctivement. Allāh nous
apprend dans son livre que le Prophète a déclarées illicites les [nourritures] immondes 645.
Or tous ces animaux sont immondes par nature.
726 294 b. — Parmi les choses licites, mais inconvenantes, on peut citer le fait, pour un adulte,
de courir dans la rue sans qu’il y ait urgence, de se disputer à propos du douaire de la
mère, de laisser tomber son manteau de ses épaules, de filer du coton sur la voie publique,
de se parer // d’atours féminins, de manger dans les rues.
727 Abū Muḥammad dit : D’après Abū l-Ḫaṭṭāb — Abū ‘Itāb — Muḥammad b. al-Furāt — Sa‘īd
b. Luqmān — ‘Abd al-Raḥmān al-Anṣārī, Abū Hurayra a dit : « J’ai entendu le Prophète
dire : — Manger dans les rues est laid ». Un ḥadīṯ déclare : « Dieu aime les choses élevées et
déteste les choses basses »646.
***
731 296. — Réponse : Pour ce qui est du verset : « Il n’est conciliabule à trois où Il ne soit le
quatrième… », nous prétendons qu’Il est avec eux par la seule connaissance de leurs faits
et gestes. Ainsi en est-il d’un homme que tu enverrais dans un pays éloigné en lui confiant
une affaire te concernant, et auquel tu dirais : « Garde-toi d’être négligent ou insouciant
sur un point de l’affaire que je te confie, car je suis avec toi ! » Cela voudrait dire : Ni ta
négligence, ni ton zèle ne m’échapperont, car je te surveille et je suis tes affaires ». Si cela
est possible pour la créature qui ignore l’inconnaissable, à plus forte raison l’est-ce pour
le Créateur, qui connaît l’inconnaissable.
732 De même, lorsqu’on dit : « Il est en tout lieu », on entend par là que rien ne Lui échappe
de ce qui se passe en ces lieux. Il y est parce qu’il les englobe dans Sa connaissance.
Comment est-il permis de dire qu’il est en tous lieux par incarnation (ḥulūl) alors qu’il a
dit : « Le Miséricordieux se tient sur le Trône »652, c’est-à-dire « demeure » ; on comparera
aussi le verset : « Et quand tu te tiendras sur l’arche, toi et ceux qui sont avec toi » 653 où il
faut comprendre « quand tu demeureras », sans parler du verset : « Vers Lui s’élève la
parole excellente. Il élève les actions pies »654. Comment pourrait-il élever vers Lui une
chose à proximité de laquelle Il se trouve, ou élever // un acte s’Il est près de lui ?
733 Comment les anges et les âmes pourraient-ils monter au jour de la résurrection655 ? Le
verbe ‘arağa est synonyme de ṣa‘ida (monter). On dit « ‘arağa ilā-l-samā’ », c’est-à-dire :
monter au ciel. Dieu est le maître des ma‘āriğ, c’est-à-dire des degrés656. Que seraient ces
degrés et vers qui les anges apporteraient-ils les actes [des hommes] si Dieu, dans Son
séjour supérieur, est identique (miṯl) à Lui-même dans Son séjour inférieur ?
734 296 a. — Si [nos adversaires] faisaient un retour sur leur nature innée et sur la
connaissance instinctive du Créateur qui est partie intégrante de leur nature, ils sauraient
que Dieu est le Très-Haut, le Sublime, qu’Il réside dans le Lieu suprême, que les cœurs
s’élèvent vers Lui pendant le ḏikr, que les mains s’élèvent vers Lui pendant l’invocation,
que c’est d’En-Haut que les hommes espèrent la consolation, attendent l’assistance et
reçoivent la subsistance, que c’est là que se trouvent le Siège (kursiyy), le Trône (‘arš), les
Voiles (ḥuğub) et les anges657. Dieu a dit : « Ceux qui sont auprès de Lui ne se trouvant pas
trop grands pour L’adorer, n’en soupirent point. Ils L’exaltent la nuit et le jour sans se
lasser »658. Il a dit à propos des martyrs : « Ils sont vivants auprès de leur Seigneur et
pourvus de leur subsistance »659. On les appelle šuhadā’ parce qu’ils sont témoins de la
majesté de Dieu. Le singulier est šahīd, comme ‘alīm, pl. ‘ulamā’, kafīl, pl. kufalā’. Dieu a dit :
// « Si Nous avions voulu y prendre un plaisir, Nous l’aurions pris auprès de Nous » 660,
c’est-à-dire : Si Nous avions voulu prendre femme et enfants, Nous les aurions pris près de
Nous, et non près de vous, car l’épouse et les enfants d’un homme sont près de lui et en sa
présence, et non près d’un autre.
735 Tous les peuples, arabes ou persans, confessent que Dieu est au ciel, dans la mesure où ils
sont demeurés dans leurs dispositions naturelles (fiṭar) et n’en ont pas été arrachés par
l’enseignement661.
736 296 b. — Un ḥadīṯ rapporte qu’un homme vint trouver le Prophète avec une servante
persane, afin de l’affranchir. Le Prophète demanda à la servante : « Où est Dieu ? » — « Au
ciel ! » — « Et qui suis-je ? » — « Tu es l’envoyé de Dieu ! » Le Prophète dit alors : « Elle est
croyante ». Et il ordonna à son maître de l’affranchir. Telle est à peu près l’anecdote 662.
737 Umayya b. Abi l-Ṣalt dit :
« Glorifiez Dieu ! Il est digne d’être glorifié.
Notre Seigneur du ciel est devenu grand
184
745 Ainsi, si quelqu’un te demande où se trouve le campement d’une tribu nomade, sans avoir
l’intention de s’y rendre, tu répondras : « Lorsque tu arrives au mont Untel, redescends-le
et prends à droite ; après être parvenu à telle et telle vallée, descends dedans et prends à
gauche ; quand tu as atteint tel et tel terrain, gravis le plateau, et tu arrives en un heu qui
domine ce campement ». Tu n’entends par là en aucun cas « fais cela en chair et en os »,
mais seulement en intention et en pensée. On dit parfois « Tu t’es frayé un chemin
jusqu’aux hommes libres pour les insulter » ou « Tu t’es rendu // chez les califes pour les
attaquer » ou « Tu es venu à la science en en faisant peu de cas » ou « Tu es descendu de la
noblesse à la bassesse ». Dans aucun de ces cas il ne faut entendre un déplacement
physique, mais seulement que l’on a visé à un but par la volonté, la décision et l’intention.
746 Il en est de même dans le verset : « Dieu est avec ceux qui sont pieux et ceux qui sont
bienfaisants »667. Il ne signifie point que Dieu est avec eux par Son incarnation, mais par
Son aide, Son assistance et Sa sauvegarde.
185
747 De même pour le ḥadīṯ : « Quiconque s’approche de Moi d’une coudée, Je M’approche de
lui d’une brasse ; quiconque s’approche de Moi en marchant, Je viens à lui en courant » 668.
748 296 e. — Abū Muḥammad dit : D’après ‘Abd al-Mun‘im — son père — Wahb b. Munabbih,
lorsque Moïse s’entendit appeler du buisson en ces termes : « ôte tes sandales ! », il
s’empressa d’obéir et de rester à la disposition [de Dieu]. Il voulait se familiariser avec la
Voix et l’écouter en silence. Il dit : « J’entends Ta voix et je sens Ton murmure, mais je ne
vois pas où Tu es. Où es-Tu donc ? » Dieu dit : // « Je suis au-dessus de toi, devant toi,
derrière toi, autour de toi et plus près de toi que toi-même ! » Ce qui veut dire : Je te
connais mieux que tu ne te connais toi-même, car si tu regardes devant toi, tu ne peux
voir ce qui est derrière toi ; si tu lèves les yeux en l’air, tu perds la connaissance de ce qui
est au-dessous de toi. Or rien ne m’échappe de ce que tu caches, en aucune circonstance.
749 296 f. — On comparera le propos de Rābi’a la Dévote : « Ils ont occupé leurs cœurs par
l’amour du monde, en dehors de Dieu. S’ils avaient laissé leurs cœurs libres, ils auraient
fait le tour du royaume de Dieu et seraient revenus avec des connaissances
passionnantes ». Elle n’entendait pas par là que les corps et les cœurs voguent au ciel sous
une forme incarnée, mais qu’ils s’y rendent en esprit, en désir et en intention.
750 De même pour le propos d’Abū Mahdiyya al-A‘rābī : « J’ai regardé l’enfer, et j’ai vu les
poètes animés de convulsions », c’est-à-dire de contorsions. Il déclama :
751 « Les criquets de [cet endroit ?] gisent, animés de convulsions », c’est-à-dire de
contorsions669.
752 A propos de la parole du Prophète : « Je suis monté pour voir le paradis, // et j’ai constaté
que la plupart de ses habitants étaient des simples ; je suis monté pour voir l’enfer, et j’ai
constaté que la plupart de ses habitants étaient des femmes »670, la bonne interprétation
consiste à dire que cette ascension eut heu en pensée et en intention.
***
Nous ignorons comment Dieu les a conçus, car nous ne connaissons que les choses visibles
et dont nous voyons l’apparence. De même, les génies, les démons et les goules sont des
esprits dont nous ignorons la modalité. La limite de nos connaissances en ce qui concerne
leurs qualités est précisément celle que Dieu et son Prophète ont observée dans les
descriptions qu’ils en ont faites. Dieu a dit : « …Il prend pour émissaires des anges munis
d’ailes par deux, trois et quatre » puis à la suite : « Il ajoute à la création ce qu’il veut » 674,
comme s’Il ajoutait au nombre de ces ailes ce qu’il veut — de même d’ailleurs qu’à toute
autre chose. Les Arabes appelaient les anges des « génies », car ils sont « cachés » aux
regards (iğtannū) tout comme les génies (ğinn).
757 Al-A’šā a dit à propos de Salomon, fils de David :
« Il a imposé corvée à des génies parmi les anges, au nombre
[de neuf,
qui sont debout devant lui et travaillent sans salaire ».
758 298 a. — Dieu a donné aux anges la faculté de se manifester sous des formes diverses. Le
Prophète reçut la visite de // Gabriel sous la forme de Diḥya al-Kalbī 675, et sous la forme
d’un bédouin676 ; enfin, il le vit une fois recouvrir de ses ailes l’espace entre les deux
horizons677. De même, Il a accordé aux génies de se manifester et d’apparaître sous des
formes diverses, comme Il l’a fait pour les anges. Dieu a dit : « Nous envoyâmes [à Marie]
Notre Esprit et il se manifesta à elle sous la forme d’un mortel accompli » 678.
759 Ils ne prennent pas successivement ces aspects différents en réalité, mais ce ne sont que
des manifestations et des apparences qui leur permettent d’être perçus par les regards. La
réahté de leur nature créée consiste dans des esprits subtils qui circulent comme le sang,
se frayent un chemin jusqu’aux cœurs, rentrent sous terre, se laissent apercevoir ou ne se
laissent pas apercevoir679. Dieu a dit au sujet d’Iblīs : « Le Démon, ainsi que sa cohorte,
vous voient d’où vous ne les voyez point »680, c’est-à-dire que nous ne les voyons pas sous
leur aspect réel. Il a dit encore : « [Les Infidèles] ont dit : — Que n’a-t-on fait descendre un
ange ! Si l’on avait fait descendre un ange sur lui, l’ordre eût été décrété » ; puis ensuite :
« Si [de cet envoyé] Nous avions fait un ange, Nous aurions fait un homme de celui-ci » 681 ;
cela veut dire : Si Nous avions envoyé un ange, leurs sens ne l’auraient point perçu, car ils
ne peuvent percevoir l’aspect réel des anges ; de sorte que Nous en aurions fait un homme
comme eux pour qu’ils puissent le voir et comprendre ses paroles.
760 298 b. — Ibn ‘Abbās rapporte comme suit l’histoire de Vénus : Lorsque Dieu fit descendre
les deux anges sur terre, afin qu’ils jugent entre les hommes, Il les métamorphosa en
hommes // et incorpora le désir des femmes dans leur nature. En effet, il était
indispensable que jugeassent entre les hommes des êtres visibles et audibles, conformés
comme eux et à leur ressemblance.
761 En sorte que lorsque l’ange de la mort se manifesta à Moïse, ange de Dieu contre prophète
de Dieu, et qu’ils luttèrent ensemble, Moïse le frappa d’un coup de poing qui lui fit perdre
un œil ; mais cet œil n’était que simulacre et apparence, et non réahté. L’ange de la mort
revint alors à sa nature véritable, celle d’un être spirituel, tout comme auparavant, sans
qu’il lui manquât rien.
***
187
largeur du ciel et de la terre »684, c’est-à-dire leur étendue. Les Arabes se servent du mot ‘
arḍ (largeur) comme synonyme de sa‘a (étendue), car lorsqu’une chose est étendue (
ittasa‘a), elle devient large (‘aruḍa), et lorsqu’elle est mince (daqqa) et longue (istatāla) elle
devient étroite (ḍāqa). Ils disent : « La large terre — c’est-à-dire la terre étendue » — est
devenue trop étroite pour moi » ; ou « Il y a un passage sur la large terre — c’est-à-dire la
terre étendue ». Le Prophète dit aux Musulmans qui s’étaient enfuis le jour de Uhud :
« Vous êtes partis au large ! » c’est-à-dire au loin. Dieu a dit : « Il est plein d’une large
prière »685, c’est-à-dire d’une prière abondante.
771 Puisque le paradis est aussi « large » que le ciel et la terre, comment Dieu pourrait-Il
accorder au moindre de Ses bienheureux plusieurs fois [la valeur] de ce bas monde ?
772 Dieu dit // pour nous inspirer le désir du paradis : « Là est ce qui est désiré et dont les
yeux se délectent »686. Il dit en parlant des Proches du Seigneur : « [Ils seront] sur des lits
tressés s’accoudant et se faisant vis-à-vis, parmi eux circuleront des éphèbes immortels,
avec des cratères, des aiguières et des coupes d’un limpide breuvage dont ils ne seront ni
entêtés, ni enivrés, avec des fruits qu’ils choisiront, avec de la chair d’oiseaux qu’ils
convoiteront ; là seront des Houris aux grands yeux, semblables à la perle cachée »687. Il a
dit plus loin à propos des Compagnons de la Droite : « Ils seront parmi des jujubiers sans
épines et des acacias alignés, dans une ombre étendue, près d’une eau courante et de
fruits abondants, ni coupés, ni défendus »688. Il a dit encore : « Ils seront parés de bracelets
d’or et de perles, leurs vêtements seront de soie »689. Il y a beaucoup de passages de cette
nature dans le Coran vénérable, et il n’est rien, dans ces passages, qui ne soit comparable
à ce dont les hommes disposent sur la terre, et aux commodités dont jouissent les gens
aisés, sinon certaines choses propres au paradis, notamment le caractère éternel de tout
cela.
773 Lorsque les conteurs populaires décrivent Adam, ils disent : « Sa tête atteignait les nuages
— ou le ciel — c’est pourquoi il fut atteint par la calvitie. Lorsqu’il descendit sur la terre, il
pleura le paradis au point que ses larmes formèrent une mer où des bateaux purent
naviguer ». Parlant de David, ils déclarent : « Il se prosterna devant Dieu // pendant
quarante nuits et pleura si bien que ses larmes firent pousser de l’herbe. Puis il soupira au
point de faire onduler toute cette végétation ». Parlant du bâton de Moïse, ils disent :
« Son bois ressemblait à un grand palmier ; sa pointe était dévastatrice telle l’éclair ; son
pommeau était tel ou tel » alors que Dieu dit : « Il ressemblait à un ğānn »690 ; or le ğānn est
un serpent vif. Dieu dit encore ailleurs : « …et soudain, ce fut un serpent véritable »691.
774 Lorsque le conteur populaire parle des hommes que Jonas vint trouver dans le mont
Liban, il raconte que l’un d’eux faisait une rak‘a par an, à peu près autant de
prosternations, et qu’il ne mangeait que tant et tant de fois ; or Dieu parle des hommes
qui vécurent avant nous en ces termes : « Ils avaient plus de force, plus de biens et plus
d’enfants »692. Il dit encore : « Il lui a donné plus de grandeur qu’à vous en ce qui touche la
science et le corps »693. Et ailleurs : « Continuerez-vous à construire, sur chaque heu élevé,
un édifice pour vous divertir et continuerez-vous à fonder des châteaux ? Peut-être serez-
vous immortels ! Quand vous êtes violents, vous êtes violents comme des géants »694. Il
n’est rien, dans les descriptions que Dieu a données des hommes qui nous ont précédés
qui approche de leurs exagérations. Nous savons certes qu’ils étaient physiquement plus
grands et plus forts que nous, mais l’écart n’est pas plus grand entre eux et nous dans ce
domaine que dans le domaine de la durée de l’existence. Adam, père // du genre humain,
vécut mille ans. Les traditions historiques concordent, et je l’ai lu dans la Thora695. Noé
demeura au sein de son peuple neuf cent cinquante ans696. Après Noé, la durée de
189
l’existence humaine diminua, sauf celle que les traditions historiques prêtent à Luqmān,
l’homme aux vautours, [ainsi appelé] parce qu’il vécut aussi longtemps que sept vautours,
soit deux mille quatre cent cinquante et quelques années »697. C’est là une affaire
ancienne, que n’enseigne aucun Livre révélé ni aucune autorité, et qui ne bénéficie de
l’appui d’aucune chaîne de garants. Ces faits sont rapportés par ‘Abīd b. Šarya al-Ğurhumī
et les généalogistes de son acabit. Il en est de même pour la durée de l’existence des
anciens rois du Yémen et des rois de Perse698. Pour ce qui est des hommes qui ont vécu à
des époques proches de la nôtre, la durée de leur existence n’est pas aussi différente de
celle d’Adam ou de Noé — telle qu’elle apparaît certaine — que [le suggère] la différence
de stature [dont parlent les conteurs].
775 D’après Abū Ḥātim — al-Aṣma‘ī — Abū ‘Amr b. al-‘Alā’, al-Mustawġir b. Rabī’a passa par le
marché de ‘Ukāẓ en compagnie de son petit-fils qui radotait, // et qui se faisait guider par
al-Mustawġir. Quelqu’un lui dit : « Homme, traite bien [ce vieillard] qui t’a si longtemps
bien traité ! » Il répliqua : « Qui [crois-tu donc] qu’il est ? » — « Ton père, ou ton grand-
père ! » — « Je te le jure, c’est mon petit-fils ! » L’autre déclara : « Ma foi, je n’ai jamais
rien vu de tel. C’est un vrai Mustawġir b. Rabī‘a ! » — « Al-Mustawġir b. Rabī‘a, c’est
moi ! » Abū ‘Amr ajoute : Al-Mustawġir b. Rabī‘a vécut trois cent vingt ans699.
776 Abū Muḥammad dit : Dieu nous a donné matière à réflexion avec les vestiges qu’ils ont
laissés sur terre, les villes et les citadelles qu’ils ont construites, les passages qu’ils ont
creusés au cœur des montagnes et les gradins qu’ils ont taillés. Dans ce domaine, la
différence de proportions est la même qu’entre la durée de leur vie et la nôtre : il en est
de même pour la stature.
777 Je crois n’avoir jamais entendu parler d’une anomalie de proportions plus extraordinaire
que lorsqu’al-Riyāšī m’a rapporté l’anecdote suivante, d’après Muslim b. Ibrāhīm — Nūḥ
b. Qays — ‘Abd al-Wāhid b. Nāfi‘. Ce dernier raconte : « Ḫālid b. ‘Abd Allāh me confia
[l’administration] du Ḥafr al-Mubārak700. Les agents du fisc vinrent me trouver avec une
molaire qui, vérification faite, pesait neuf livres. Nul ne sait si c’était une dent //
d’homme, de chameau ou d’éléphant ! »
778 D’après al-Riyāšī — ‘Abd Allāh b. Maslama — Anas b. ‘Iyāḍ — Zayd b. Aslam, on trouva,
dans l’orbite [du crâne] d’un Amalécite, une hyène et ses petits. Le narrateur ajoute : « Il
se peut que ce fût un crâne de chameau, ou de tout autre animal. Celui qui l’a trouvé a
opté pour un crâne humain. D’ailleurs, si c’était un crâne humain, les proportions n’en
eussent point été anormales, car l’orbite [du crâne] humain, quand elle est vide, est large,
et d’autre part communique avec le crâne. Il n’est pas niable qu’eu égard aux dimensions
du corps de nos ancêtres on ait pu trouver les [animaux] en question dans l’orbite et dans
le crâne ».
779 300 c. — 3°) Le troisième mode de corruption du ḥadīṯ consiste dans les vieilles légendes
que transmettaient les gens de la Ğāhiliyya, et qui ne le cèdent en rien aux ḥadīṯ-s de
fantaisie (ḥurāfa). Par exemple, ils racontaient que le lézard était un Juif irrespectueux
envers ses parents que Dieu métamorphosa en lézard. C’est pourquoi on dit couramment :
« Plus ingrat qu’un lézard ». Or les Arabes ne disent pas « plus ingrat envers ses parents
// qu’un lézard » pour cette raison, mais simplement parce qu’il dévore ses petits
lorsqu’il a faim701. Le poète a dit :
« Tu as mangé tes fils comme le fait le lézard, si bien que tu as laissé des fils en petit
nombre ».
190
780 Ils disaient encore, à propos de la huppe, que lorsque sa mère mourut, elle lui donna sa
propre tête pour sépulture. C’est pourquoi son odeur est repoussante702. Umayya b. Abi l-
Ṣalt y fait allusion en ces termes :
« Nuages, ténèbres et encore nuages…
Un jour la huppe ensevelit [sa mère] et partit,
Cherchant un lieu de repos pour l’enterrer.
Alors elle bâtit un tombeau dans sa nuque et aplanit
[le terrain,
Cessant de ployer en marchant sous le poids du funèbre fardeau :
le ḥadīṯ bien étayé n’est point en défaut ! »703 //
781 Les Arabes disaient aussi que le coq et le corbeau étaient compagnons de plaisir, et que
lorsque leur boisson fut épuisée, le corbeau laissa le coq en gage chez le tavernier, s’en
alla et ne revint pas. Le coq resta chez le tavernier comme gardien704. Umayya b. Abī l-Salt
dit :
« Par miracle, toute chose se leva et parla,
et le corbeau trahit la confiance du coq »705.
782 Ils disent aussi que le chat est [le produit] de l’éternuement du lion, le porc [celui] de
l’éternuement de l’éléphant, que la langoustine était une couturière qui vola du fil et fut
métamorphosée, que le ğirrī est aussi un Juif métamorphosé706.
783 A notre avis, le ḥadīṯ relatif à ‘Ūğ est de cette catégorie. Ce qui est étrange, c’est que ce
‘Uğ, à les en croire, vivait à l’époque de Moïse, et avait cette taille extraordinaire, alors
qu’à la même époque, Pharaon était au contraire de petite taille, d’après al-Ḥasan : J’ai
entendu Abū Ḥātim (ou un homme qui se trouvait chez lui) rapporter d’après le
grammairien Abū Zayd al-Anṣārī — ‘Amr b. ‘Ubayd qu’al-Ḥasan déclara : « La taille // de
Pharaon était d’une coudée, et sa barbe mesurait une coudée ».
***
compris que les traditions devenaient trop nombreuses pour être toutes retenues, avait jugé
bon qu’on les transcrivît et les enregistrât ;
2. ou bien le Prophète a voulu réserver ce privilège à ‘Abd Allāh b. ‘Amr parce qu’il lisait les
livres anciens et écrivait le syriaque et l’arabe, alors que les autres Compagnons étaient
analphabètes, sauf un ou deux qui savaient écrire, mais bien imparfaitement et sans
orthographe711. Redoutant qu’ils ne fissent des erreurs dans ce qu’ils transcrivaient, il le leur
interdit. Mais ayant constaté la compétence de ‘Abd Allāh b. ‘Amr, il l’y autorisa.
789 Abū Muḥammad dit : D’après Ishāq b. Rāhawayh — Wahb b. Ğarīr — son père — Yūnus —
‘Ubayd — al-Ḥasan — ‘Amr b. Taġlib, le Prophète a dit : « Voici plusieurs signes de
l’Heure : l’argent abondera, le calame apparaîtra, les marchands se multiplieront » 712.
790 ‘Amr a dit : « Si l’on cherchait dans une grande agglomération un secrétaire, lorsque
quelqu’un veut procéder à une vente, il dirait : — Attendez que je consulte le marchand
des Banū Untel ! »713.
***
résurrection avec une langue et deux lèvres, et témoignera sincèrement en faveur de ceux
qui l’auront baisée »715. Par exemple : « Elle est la dextre de Dieu sur terre, et avec elle Il
donne la main à qui Il veut parmi Ses créatures »716. Nous avons déjà cité ce ḥadīṯ. Par
exemple encore la déclaration de Wahb b. Munabbih disant qu’elle était blanche, mais fut
noircie par les Polythéistes717.
797 304 b. — Ils demandent : « Y a-t-il donc des pierres au paradis ? » Qu’y a-t-il de
contestable dans cette affirmation, puisqu’il y a des rubis — qui sont des pierres —, des
émeraudes — qui sont des pierres —, de l’or et de l’argent — qui sont des minéraux ? 718.
Qu’y a-t-il de blâmable à ce que Dieu donne sa préférence à une pierre, au point qu’elle
soit touchée et baisée, puisque Dieu impose à ses serviteurs tous les actes et toutes les
paroles d’adoration qu’il Lui plaît et que [par ailleurs] il donne aussi la préférence à
certaines des choses qu’il a créées, à l’exclusion des autres ? Ainsi, la nuit de la
Prédestination est préférable à mille mois qui ne la renferment pas ; // le ciel vaut mieux
que la terre ; le Siège (kursī) vaut mieux que le ciel ; le Trône (‘arš) vaut mieux que le Siège
(kursī)719 ; la mosquée de la Mekke vaut mieux que la mosquée de Jérusalem ; la Syrie vaut
mieux que l’Irak720.
798 369 Tous ces principes ont été énoncés en vertu d’une simple préférence, et non en raison
de faits particuliers inhérents à ces objets, ou d’un acte de soumission particulier. De
même, la pierre noire vaut mieux que l’angle yéménite [de la Ka‘ba], l’angle yéménite
vaut mieux que les autres angles de la maison de Dieu, la mosquée [de la Mekke] vaut
mieux que l’ensemble du territoire sacré, et le territoire sacré vaut mieux que les collines
de la Tihāma.
799 304 c. — Ils disent : Si ce sont des péchés qui l’ont noircie, elle aurait dû blanchir lorsque
les gens se sont convertis à l’Islam. Pourquoi une chose devrait-elle blanchir parce que
des hommes se convertissent à l’Islam ? Si Dieu l’avait voulu, Il l’aurait fait sans nécessité.
800 Bref, ce sont des amateurs d’analogie et de falsafa. Comment a-t-il pu leur échapper que le
noir teint, mais ne se teint pas, et que le blanc se teint, mais ne teint pas ?
***
805 306. — Réponse : Nous prétendons que Dieu envoya son Prophète révéler un ḥanīfisme
indulgent ; Il exempta le Prophète et son peuple des charges et des entraves qui
paralysaient les fils d’Israël dans leur rehgion ; // ce fut là une grâce qu’il leur accorda et
dont ils doivent Le remercier.
806 Il n’est nul trait de caractère chez un homme dont on ne trouve l’opposé chez un autre : il
est des gens qui se maîtrisent et des impulsifs ; des poltrons et des courageux, des chastes
et des impudiques, des sereins et des sombres.
807 306 a. — On lit dans la Thora que Dieu a dit : « Lorsque je créai Adam, Je composai son
corps d’humidité, de sècheresse, de chaleur et de froid. En effet, Je l’ai créé de terre et
d’eau, puis Je lui ai donné un souffle et un esprit. La sècheresse de tout corps créé procède
de la terre, l’humidité de l’eau, la chaleur du souffle et le froid de l’esprit. Du souffle
procèdent la vivacité, la légèreté, la passion et l’enjouement, le jeu, le rire, l’impudence, la
tromperie, la dureté et la violence ; de l’esprit procèdent le flegme, la dignité, la retenue,
la pudeur, l’intelhgence, la magnanimité, la sincérité, la patience727.
808 On voit donc que le jeu et la gaîté font partie des instincts de l’homme, et que ces instincts
ne se maîtrisent pas. Si l’homme les maîtrise en dominant le souffle, et en extirpant ce qui
émerge, la nature ne tarde pas à reprendre le dessus. On disait : « La nature est la plus
forte ». Le poète a dit : //
« Quiconque entreprend ce qui n’est pas dans la nature de
[son âme,
devra abandonner : la nature de son âme prendra le
[dessus »728.
809 Un autre a dit :
« O toi qui te pares de ce qui n’est pas dans ta nature,
alors que dans ton tempérament est l’hypocrisie729 et
[la flatterie,
Reviens à tes mœurs, elles te sont habituelles et familières ;
les mœurs refusent de se laisser réformer »730.
810 Un autre a dit :
« Tout homme revient un jour à sa nature,
même s’il se crée des mœurs pour un temps ». //
Al-Riyāšī m’a cité les vers suivants :
« Ne t’attache pas à un homme pour sa noblesse ancestrale. J’ai constaté que les
vertus ancestrales étaient sujettes
[à caution.
Que te sert-il qu’on dise : Il avait
un père noble dans une génération passée ?
Mais attache-toi à lui pour ses qualités naturelles,
car toute âme vit selon sa nature ».
811 306 b. — Dieu a dit : « En vérité, l’homme a été créé versatile, timide quand le malheur le
touche, violent quand le bonheur le touche ! »731. Il a dit encore : « L’homme a été créé
d’impatience »732.
812 Les hommes prenaient exemple sur le Prophète et se modelaient sur sa conduite et son
comportement, car Dieu a dit : « Vous avez, dans l’Envoyé de Dieu, un bon exemple » 733. Si
le Prophète avait abandonné la voie de la gaîté, de la douceur et de la sérénité pour celle
de la sévérité, de l’austérité et de la dignité hautaine, // les Musulmans en auraient fait
autant, contrariant ainsi leur nature, au prix de quelles peines et de quelles difficultés ! Si
le Prophète plaisantait, c’était pour qu’ils en fissent autant. Il s’arrêta donc auprès des
194
danseurs de dirakla pendant leur jeu et dit : « Allez, fils d’Arfada ! Ainsi, les Juifs sauront
que notre religion est large ! »734.
813 Il pensait à toutes les cérémonies nuptiales destinées à donner de la publicité au mariage,
et aux festins où l’on manifeste sa joie.
814 306 c. — Dans la phrase : « Je n’ai rien à voir avec le badinage ; et le badinage n’a rien à
voir avec moi », le mot badinage (dad) est synonyme de lahw (jeu) et de bāṭil (frivolité). Il
plaisantait, mais ne disait jamais que la vérité ; et s’il ne disait que la vérité, même en
plaisantant, cette plaisanterie n’était ni badinage, ni frivolité. Ainsi, lorsqu’il déclara à
une vieille femme : « Le paradis ne reçoit pas les vieilles ! »735, il voulait dire qu’elles
redeviendraient jeunes. Il dit à une autre : « Ton époux a du blanc dans l’œil » ; il
s’agissait du blanc de l’œil qui entoure la prunelle, mais elle s’imagina qu’il s’agissait
d’une taie blanche, sur la prunelle736. Lorsqu’il surprit un homme par derrière en disant :
« Qui veut m’acheter cet // esclave ? », il voulait dire qu’il était l’esclave de Dieu.
815 Grâce à Dieu, notre religion est facile et ne comporte nulle contrainte. La meilleure des
œuvres est celle qui est durable, même si elle est rare.
816 306 d. — Abū Muḥammad dit : D’après al-Ziyādī — ‘Abd al-‘Azīz al-Durāwardī —
Muḥammad b. Taḥlā — Abū Salama b. ‘Abd al-Raḥmān — ‘Ā’iša, le Prophète a dit :
« Entreprenez les œuvres dont vous êtes capables, car Dieu ne se lasse pas avant que vous
ne vous lassiez ; la meilleure des œuvres est la plus durable, même si elle est rare » 737.
817 D’après Muḥammad b. Yaḥyā al-Qaṭ’ī — ‘Umar b. ‘Alī b. Muqaddam — Ma‘n al-Ġifārī — al-
Maqbarī — Abū Hurayra, le Prophète a dit : « La religion est facile. Nul ne saurait
s’attaquer à elle sans être vaincu. Donc dirigez [autrui] dans la bonne voie, soyez aimables
et réjouissez-vous »738.
818 D’après Muḥammad b. ‘Ubayd — Mu‘āwiya b. ‘Amr — Abū Isḥā — Ḫālid al-Ḥaddā’ — Abū
Qulāba — Muslim b. Yasār, un groupe d’Aš‘arī-s étaient en voyage, et lorsqu’ils arrivèrent,
ils dirent : « O Prophète, // après l’Envoyé de Dieu, nous n’avons vu personne de plus
méritant qu’Untel, qui jeûne toute la journée. Lorsque nous nous arrêtons, il se met à
prier jusqu’à ce que nous levions le camp ! » Le Prophète leur demanda : « Qui donc le
servait, l’alimentait et travaillait pour lui ? » — « Nous ! » — « Eh ! bien, vous êtes tous
meilleurs que lui ! »739.
819 306 e. — Les saints et les hommes pieux ont vécu en conformité avec les mœurs du
Prophète : ils souriaient, étaient gais et plaisantaient avec des mots qui confinaient à la
médisance, à l’injure ou au mensonge. ‘Alī était très facétieux et Ibn Sīrīn riait à en baver.
820 Ğarīr a dit à propos d’al-Farazdaq :
« La femme d’al-Farzadaq lui est devenue rebelle ;
Si elle avait été satisfaite de sa verge, elle serait restée
[tranquille ! »740
821 Et al-Farzadaq a dit, repris par Ibn Sīrīn :
« J’ai appris que la jeune fille que je demandais en mariage
avait le jarret long comme un jour sans pain. //
Ses dents sont au nombre de cent, ou une de plus,
et le reste de son corps ne vaut rien »741.
822 377 378 Quelqu’un demanda au Prophète des nouvelles de Hišām b. Ḥassān, et il répondit :
« Il a été rappelé hier. Ne le sais-tu pas ? » L’homme fut affligé et le lui fit répéter. Lorsque
le Prophète vit son affliction, il récita : « Dieu rappelle les âmes au moment de leur mort,
ainsi que celles qui ne meurent point durant leur sommeil »742.
195
823 Zayd b. Ṯābit était le plus grave des hommes au dehors, et le plus amusant en privé.
824 Abū l-Dardā’ a dit : « Je repose mon âme avec des futilités, de peur de la fatiguer en la
surchargeant de choses sérieuses ». Surayh plaisantait au tribunal du juge. Al-Ša‘bī était
un homme des plus amusants. Šuhayb était un plaisantin invétéré, de même qu’Abū
l-’Āliya.
825 Tous ces hommes, lorsqu’ils plaisantaient, ne causaient pas de scandale, n’injuriaient
personne, ne médisaient pas, ne mentaient pas. Les seules plaisanteries blâmables sont
celles qui sont entachées de ces défauts // ou tout au moins de l’un d’eux.
826 306 f. — Quant aux divertissements, rien ne s’y oppose dans les festins. Le Prophète a dit :
« Donnez de la publicité au mariage et jouez du ġirbāl à cette occasion »743.
827 Abū Muḥammad dit : « D’après Abū l-Ḫaṭṭāb — Muslim b. Qutayba — Šarīk — Ğābir —
‘Ikrima— Ibn ‘Abbās, à l’occasion de la circoncision de ses fils, envoya [‘Ikrima] chercher
des musiciens (la‘‘āb) ; ils jouèrent, et il leur donna quatre dirhams ».
828 D’après Abū Ḥātim — al-Aṣma‘ī — Ibn Abī l-Zannād — son père raconte : « Je demandai à
Ḫāriğa b. Zayd : — Pouvait-on chanter dans les cérémonies nuptiales ? Il répondit : — Cela
s’est produit, mais le chant n’était pas prétexte à toutes sortes d’outrances comme
aujourd’hui. Nos oncles, les Banū Nabīṭ, nous invitèrent à l’occasion d’une cérémonie qui
avait lieu chez eux. Ḥassān b. Ṯābit était présent, ainsi que son fils ‘Abd al-Raḥmān. Deux
esclaves se mirent à chanter :
« Regarde, ami, à la porte de Ğilliq si elle
a d’autres compagnes qu’al-Balqā’ ».
829 Alors Ḥassān, l’aveugle, se mit à pleurer, et ‘Abd al-Raḥmān se mit à leur faire des signes
pour qu’elles continuent. Je ne sais pourquoi il lui plaisait qu’elles fissent pleurer son
père ».
830 D’après // Abū Ḥātim — al-Aṣma‘ī, Tuways chantait à un mariage. Al-Nu’mān b. Bašīr
entra alors que Tuways disait :
« Est-il sérieux, le dédain de ‘Amra,
au point qu’elle nous évite ? Ou son affaire est-elle la
[nôtre ? »
831 Or ‘Amra était le nom de la mère d’al-Nu’mān. On lui dit : « Tais-toi ! Tais-toi ! » Mais al-
Nu‘mān dit : « Il n’y a pas de mal ! Le [même poète ?] n’a-t-il pas dit :
« ‘Amra compte parmi les femmes nobles !
Ses manches exhalent une odeur de musc ! »
***
835 Or Dieu a dit : « Il a créé l’homme ; il lui a enseigné le langage clair (bayān) » 747. Il a donc
répandu le langage clair comme une grâce.
836 Il attribue aux femmes peu de langage clair et dit : « [Elle] grandit parmi les colifichets et
n’est pas douée de clarté dans le langage »748. Il veut ainsi montrer l’infériorité des
femmes parce qu’elles ont peu de langage clair.
837 Tous ces passages sont contradictoires.
838 308. — Réponse : Nous prétendons qu’il n’y a là, grâce à Dieu, aucune contradiction.
Chacun de ces ḥadīṯ-s a son emploi, et s’il est utilisé à bon escient, l’objection tombe.
839 Lorsque le Prophète dit que Dieu aime le pudique, le timide et le réservé, il entend celui
qui a le cœur sain, discute peu et a peu de besoins en raison d’une grande retenue. J’en
veux pour preuve qu’il a dit à la suite : « …mais Il déteste l’impudent, l’ergoteur et
l’ambitieux ». Ce sont là les antonymes des termes précédents. Dieu n’aime pas ses
serviteurs lorsqu’ils ergotent trop, ont la langue trop longue et l’esprit retors ; même s’il y
a là des avantages, et en certains cas une brillante [façade].
840 Le ḥadīṯ dit : « La plupart des habitants du paradis sont des // simples » 749, c’est-à-dire des
gens dont le cœur est sain à l’égard de leurs semblables, et chez lesquels l’insouciance
l’emporte.
841 Nous avons entendu réciter les vers suivants d’al-Namir b. Tawlab :
« Je me suis joué d’une fillette confiante
et simple qui m’a laissé deviner ses secrets ».
842 308 a. — A propos d’une certaine époque, ‘Alī disait : « Les meilleurs de ce temps là étaient
tous les effacés (nūma) », c’est-à-dire les gens incapables de mal faire (mayyit al-dā’). Ceux-
là étaient les imām-s de la bonne voie, les lampes de la science ; ce n’étaient point les
impulsifs, qui répandent la semence à tous les vents.
843 Mu‘ād b. Ğabal rapporte du Prophète que Dieu aime les discrets, les pieux, les innocents
qu’on ne regrette point lorsqu’ils sont absents et qu’on ne connaît point lorsqu’ils sont
présents750.
844 ‘Alī a dit dans un prône : « En vérité, Dieu a des serviteurs dont on dirait qu’ils ont la
vision des hommes qui jouissent éternellement du paradis et des hommes qui sont
torturés en enfer. [Leurs semblables] sont à l’abri de leurs méfaits ; leurs cœurs sont
tristes ; leurs âmes sont pudiques ; leurs besoins sont légers. Ils patientent peu de jours
// pour jouir ensuite d’un long repos. La nuit, ils mettent leurs pieds en rang, leurs larmes
coulent sur leurs joues parce qu’ils supplient leur Seigneur : Seigneur ! Seigneur ! Le jour,
ils sont maîtres d’eux-mêmes, savants, pieux, résignés comme s’ils étaient des flèches
[pour le tirage au sort]. Quand on les voit, on dit : — Ils sont malades ! mais il n’est point
chez eux de maladie. Ils ont l’esprit inquiet, car une grande affaire les occupe ».
845 308 b. — Ibn ‘Abbās rapporte en ces termes les paroles du jeune homme qui parla à Job
dans son épreuve : « O Job ! ne sais-tu pas que Dieu a des serviteurs qui ont été réduits au
silence par la crainte de Dieu, sans qu’ils aient perdu la faculté de parole, ni soient
muets ? Ils sont nobles, ils parlent, ils sont éloquents, ils connaissent Dieu et ses jours ;
mais lorsqu’ils parlent de la majesté de Dieu, leurs cœurs se brisent, leurs langues se
paralysent, leurs esprits s’étourdissent par crainte et par respect de Dieu ».
846 308 c. — Telles sont les vertus que Dieu aime, et qui con-conduisent au salut dans l’autre
monde. Nul ne nie d’ailleurs qu’il puisse y avoir de la beauté dans la langue, ni des
qualités humaines dans le langage clair, ni qu’elle soit un ornement et un agrément de
197
cette vie, tant qu’elle s’accompagne de modération et est animée par la raison, et que la
faculté de parole n’aboutit pas à // diminuer ce qui est grand aux yeux de Dieu, et à
grossir ce qui est petit, à défendre une cause, puis la cause adverse, comme le font ceux
qui n’ont pas de religion751. Tel est l’homme « éloquent » détesté par Dieu, et à propos
duquel le Prophète a dit : « Ceux que je hais le plus parmi vous sont les bavards, les
emphatiques, les beaux parleurs »752.
847 Les gens que Dieu déteste le plus sont ceux que leurs semblables craignent à cause de leur
langue. [Lorsque le Prophète a dit] « Le langage expressif relève de la magie » Il voulait
dire : elle est capable de rapprocher ce qui est éloigné, d’éloigner ce qui est proche,
d’embellir ce qui est laid et de grandir ce qui est petit, tout comme la magie. Or tout ce
qui fait office de magie, lui ressemble ou y ressortit est répréhensible, car la magie est
interdite.
848 308 d. — Abū Muḥammad dit : D’après Ḥusayn b. al-Ḥasan al-Marwazi — ‘Abd Allāh b. al-
Mubārak — Ma‘mar Yaḥyā b. Muḫtār, al-Ḥasan a dit : « Si tu le veux, tu lui trouves la peau
claire et fine, l’œil vif, mais le cœur mort et les œuvres défuntes. Tu le vois mieux que lui-
même ; tu vois des corps, et non des cœurs. Tu entends une voix, mais il n’est pas de
compagnon plus fertile de langue et plus stérile de cœur ».
***
On sait aussi que Jean, comme Jésus n’avait ni biens, ni demeure. C’étaient d’éternels
pèlerins.
854 Une autre preuve que Jean n’avait rien hérité de [Zacharie] est qu’il arriva tout jeune à
Jérusalem et y servit. Puis, se trouvant en grand danger, il se fit pèlerin, s’installa au
sommet des montagnes et dans des grottes inaccessibles.
855 310 a. — Abū Muḥammad dit : D’après al-Layṯ b. Sa‘d — Ibn Lahī‘a — Abū Qubayl — ‘Abd
Allāh b. ‘Amr b. al-‘Āṣ, Jean, fils de // Zacharie, entra dans Jérusalem à huit ans. Il vit les
adorateurs du Temple vêtus de cilices et de manteaux de laine. Il vit ceux d’entre eux qui
priaient la nuit ; ils avaient percé des clavicules et y avaient introduit des chaînes qu’ils
avaient attachées aux arcades du Temple. Il fut effrayé et revint auprès de ses parents. Il
passa auprès d’enfants qui jouaient et lui dirent : — Jean, viens jouer ! Il répondit : — Je ne
suis pas fait pour le jeu ! (Dieu dit à ce sujet : — Nous lui donnâmes l’Illumination en son
enfance !758. Il revint donc chez ses parents et leur demanda de le revêtir de calices, ce
qu’ils firent ; puis il revint au Temple, où il servit le jour et pria la nuit jusqu’à l’âge de
quinze ans. C’est alors qu’il fut pris de crainte et s’installa au sommet des montagnes dans
des grottes inaccessibles. Ses parents partirent à sa recherche et le retrouvèrent en
descendant des monts de Batanée, sur le lac du Jourdain. Il était assis sur le rivage du lac
et trempait ses pieds dans l’eau, quasi mort de soif. Il disait : — Par Ta Majesté, je ne
goûterai pas de boisson fraîche tant que je ne saurai pas ce que je suis pour Toi ! Ses
parents lui dirent de manger une galette // d’orge qu’ils avaient sur eux et de boire de
l’eau. Il obtempéra et devint parjure à son serment. On ne l’en loue pas moins pour sa
piété. Dieu a dit : « Il était pieux envers ses parents et ne fut ni violent, ni désobéissant »
759
. Ses parents le ramenèrent à Jérusalem. Lorsqu’il se mettait en prière, il pleurait et
Zacharie pleurait avec lui jusqu’à l’évanouissement. Il ne cessa d’agir ainsi jusqu’à ce que
ses larmes creusassent un sillon dans ses joues. Sa mère lui dit : « Jean, si tu me le
permets, je chercherai du feutre pour cacher ces sillons ». Il accepta. Alors elle se procura
deux morceaux de feutre et les colla sur ses joues. Lorsqu’il pleurait, les larmes
imbibaient les deux morceaux. Sa mère venait alors les essorer. Lorsqu’il voyait les larmes
couler sur les bras de sa mère, il disait : « Seigneur, voici mes larmes et voici ma mère. Je
suis Ton serviteur et Tu es le Miséricordieux »760.
856 310 b. — D’après ce qu’on vient d’entendre, de quels biens Jean hérita-t-il ? Que lui légua
Zacharie, qui n’était qu’un menuisier et un sacrificateur ? A propos du verset : « Accorde-
moi un descendant venu de Toi, qui hérite de moi… » Ibn ‘Abbās a dit — d’après la version
d’Abū Ṣāliḥ — : c’est-à-dire : qui hérite des fonctions de sacrificateur, puisque son père les
remplissait ; « …et de la famille de Jacob », c’est-à-dire : qui hérite de la royauté, puisqu’il
était de la descendance de David, lui-même de la généalogie de Juda, fils de Jacob, fils
d’Isaac, fils d’Abraham. Dieu l’exauça // en ce qui concerne l’héritage de l’office de
sacrificateur, mais non en ce qui concerne l’héritage de la royauté. Zacharie redoutait que
ses parents mâles (‘aṣaba) héritassent de cet [office] et priait Dieu de lui accorder un fils
qui le remplaçât et héritât de sa science. Dieu a dit : « Lorsque Zacharie implora son
Seigneur : — Seigneur, ne me laisse point seul, Toi qui es le meilleur de ceux qui donnent
héritage ! Nous l’exauçâmes et Nous lui accordâmes Jean et rendîmes son épouse capable
d’enfanter de lui »761.
857 310 c. — Lorsque Dieu dit : « Salomon hérita de David », Il veut dire qu’il hérita de lui la
royauté, la prophétie et la science. Tous deux furent prophètes et rois. Or la royauté
consiste dans la souveraineté, la justice, le gouvernement, mais ce n’est point un bien. S’Il
avait fait allusion à l’héritage des biens, cette information n’aurait eu aucun intérêt, car
199
chacun sait que les fils héritent [toujours] des biens de leurs pères, mais nul ne sait si le
fils sera digne du père dans la science, la royauté et la prophétie.
858 Le Prophète ne pouvait évidemment rien léguer, car il n’avait [lui-même] bénéficié
d’aucun héritage après le début de la révélation, ses parents lui ayant légué leurs biens
auparavant.
859 310 d. — Abū Muḥammad dit : D’après Zayd b. Aḫzam al-Ṭā’ī — ‘Abd Allāh // b. Dāwūd,
Umm Ayman faisait partie de l’héritage maternel du Prophète, et Šuqrān de son héritage
paternel. Comment le Prophète aurait-il pu dilapider [son] héritage, alors que Dieu
accusait des gens en ces termes : « Prenez garde ! Vous n’honorez pas l’orphelin ! Vous
n’incitez pas à nourrir le pauvre ! Vous dévorez l’héritage [du faible] goulûment ! Vous
aimez la richesse d’une passion sans borne ! »762 ?
860 D’après Isḥāq b. Rāhawayh — Wākī‘ — Mis‘ar — ‘Abd al-Raḥmān b. al-Iṣbahānī — Muğāhīd
b. Wirdān — ‘Urwa b. al-Zubayr — ‘Ā’iša, le Prophète intervint dans [l’attribution] de
l’héritage d’un de ses affranchis qui était tombé d’un palmier. Il demanda : « A-t-il laissé
un fils ? » Ils répondirent négativement. Il poursuivit : « A-t-il laissé un proche (ḥamīm
) ? » — « Non ! » — « Alors, donnez-le à un homme de son village ! »763. Tout se passe
comme s’il voulait éviter de dilapider [lui-même] l’héritage en question et l’attribuer par
préférence à un homme du même village.
861 Pour ce qui est du différend de Fāṭima avec Abū Bakr au sujet de l’héritage du Prophète, il
n’y a rien là de condamnable, car elle ignorait ce qu’avait dit le Prophète et pensait qu’elle
allait hériter de lui, comme n’importe quel enfant hérite de son père. Mais lorsqu’il
l’informa des propos du Prophète, elle s’abstint.
862 310 e. — Comment peut-on imaginer // qu’Abū Bakr ait spolié Fāṭima de son droit à
l’héritage de son père, lui qui accordait leur droit au rouge comme au noir ? Quel aurait
été son but en l’en privant puisqu’il ne le prenait pas pour lui-même, ni pour ses enfants,
ni pour personne de sa famille, et le transformait seulement en aumône ? Il était l’homme
le plus enclin à respecter les droits de chacun. Comment aurait-il commis une telle faute,
et déclaré licite ce qui appartenait à Fāṭima, lui qui restitua aux Musulmans le surplus de
leurs biens qui était resté entre ses mains depuis son investiture ? Il ne prenait [cet
argent] qu’à titre de salaire, et considérait leur entretien comme une aumône qui leur
était due. Il dit à ‘Ā’iša : « Cherche, ma fille, ce qui est en surplus dans le patrimoine d’Abu
Bakr depuis qu’il a été investi du pouvoir, et restitue-le aux Musulmans. Par Dieu, nous
n’avons prélevé sur leurs biens que la quantité de grosse semoule suffisant à notre
nourriture ; parmi leurs vêtements, nous n’avons choisi que les plus grossiers ». Elle
regarda, et trouva en tout et pour tout un vêtement, une couverture élimée ne valant pas
cinq dirham-s et une chamelle noire. Lorsque le messager apporta cela à ‘Umar, il
déclara : « Que Dieu ait pitié d’Abū Bakr ! Que de soucis il cause à ses successeurs ! » 764.
863 En outre, si la décision // d’Abū Bakr en l’occurrence constituait une injustice envers
Fāṭima, ‘Alī en fit réparation aux enfants [de Fāṭima] lorsqu’il prit le pouvoir.
864 310 f. — Quant à la dispute entre ‘Alī et al-‘Abbās devant Abū Bakr au sujet de l’héritage
du Prophète, l’idée m’en semble bien suspecte. Comment auraient-ils pu se disputer une
chose qui ne leur revenait pas, ou revendiqué le droit à une chose qui leur était interdite ?
Il ne pouvait échapper à aucun d’eux que s’ils avaient eu quelque droit à cet héritage, il
eût fallu d’abord indemniser les femmes [du Prophète] ; ‘Alī en aurait alors perçu la
moitié en raison des droits de Fāṭima765, et al-‘Abbās la moitié, Fāṭima recevant l’autre
200
moitié766. A quel propos se seraient-ils alors disputé, puisqu’ils eussent dû adopter une
attitude commune contre Abū Bakr ?
865 Ils soumirent aussi leur litige à ‘Umar, lorsqu’il leur confia la gestion de [l’héritage du
Prophète]767, puis à ‘Uṯmān.
866 Il s’agit d’ailleurs là d’une polémique intéressée et partiale. Que Dieu ait pitié d’eux tous 768
!
***
873 395 Ce que je viens de dire montre bien la place privilégiée qu’Abū Ḥuḏayfa et Sālim
occupent dans l’Islam ; leur grandeur, et la faveur dont ils jouissaient de la part du
Prophète. Sahla bint Suhayl lui rapporta donc qu’Abū Ḥuḏayfa voyait d’un mauvais œil
Sālim entrer chez elle, alors qu’il entrait chez sa mawlāt, celle qui l’avait affranchi, comme
l’esclave qui a grandi dans la maison de son maître puis, lorsqu’il est affranchi, continue
de la fréquenter par suite d’une vieille habitude et parce qu’il y a été élevé. Nul ne peut
blâmer pour cela un homme comme Sālim, ni même quelqu’un de moins recommandable,
car Dieu tolère que les femmes reçoivent les hommes dont elles sont la propriété, ainsi
que les hommes qui n’ont pas de vues particulières sur les femmes, comme les vieillards,
les enfants, les eunuques, les émasculés775, ou les insexués776. Il les assimile aux //
hommes au degré de parenté prohibitif dans le verset : « Qu’elles montrent seulement
leurs atours à leurs époux, ou à leurs pères, ou aux pères de leurs époux, ou à leurs fils, ou
aux fils de leurs époux, ou à leurs frères, ou aux fils de leurs frères, ou aux fils de leurs
sœurs, ou à leurs femmes » (à condition qu’elles soient Musulmanes)777 « ou à ce qui est
leur propriété » (c’est-à-dire leurs esclaves) « ou aux serviteurs mâles que n’habite pas le
désir… »778, c’est-à-dire les hommes attachés à la personne de l’époux, et qui constituent
son entourage immédiat comme le salarié, le mawlā, l’allié, et les gens assimilés. Or Sālim
ne peut être considéré que comme un « serviteur mâle que n’habite pas le désir ». Peut-
être faut-il songer à ce propos au fait qu’il n’avait pas de postérité779, ou qu’il avait été
doué par Dieu de continence, de dévotion et de mérite, et qu’en raison de ces privilèges, le
Prophète le jugea digne de l’amitié d’Abū Bakr et de sa propre confiance, indifférent aux
femmes et à leurs appas.
874 D’ailleurs, le Prophète a autorisé que les femmes se dévoilent lorsqu’elles doivent
produire leur identité devant le juge, les témoins, et les voisins honnêtes. Il a également
autorisé les femmes dites qawā‘id — c’est-à-dire celles qui sont avancées en âge — à
déposer leurs voiles lorsqu’elles sont dépourvues de tout charme.
875 312 a. — Donc, Sālim entrait chez elle, et elle voyait la réprobation sur le visage d’Abū
Ḥuḍayfa ; mais si // cette fréquentation avait été illicite, il ne serait point entré, et Abū
Ḥuḏayfa l’en aurait empêché. En raison de la situation de [cette femme] par rapport à
[Sālim], de l’amitié qu’il voulait voir régner entre [Abū Ḥuḏayfa et Sālim], et pour éviter
que ces deux personnages fussent en froid, le Prophète voulait faire tomber la
réprobation d’Abū Ḥuḏayfa et le ramener à de bons sentiments à l’égard de Sālim lorsqu’il
entrait chez cette femme. C’est alors qu’il lui dit : « Eh ! bien, allaite-le ! » Il ne voulait pas
dire par là : Donne-lui le sein, comme on fait avec les enfants, mais simplement : Tire un
peu de ton lait et donne-le lui à boire. Cette méthode était seule licite, car il était interdit
à Sālim de voir ses seins pour boire son lait. Comment le Prophète aurait-il pu autoriser
de sa part une pratique illicite qui pouvait susciter en lui le désir ?
876 312 b. — La suite de l’anecdote prouve que cette interprétation, est la bonne. La femme
répondit : « O Prophète ! Vais-je l’allaiter, lui qui est un adulte ? » Alors il se mit à rire et
dit : « Ne sais-je pas bien que c’est un adulte ? » Le fait qu’il ait ri à cette occasion montre
bien qu’il voyait d’un bon œil cet « allaitement », parce qu’il voulait voir régner la bonne
entente et cesser la froideur, sans pour autant conférer un caractère illicite aux
fréquentation de Sālim, et sans que cet « allaitement » créât un précédent en posant
comme licite une pratique interdite, ou en faisant de Sālim ipso facto le fils de cette
femme.
877 312 c. — Un autre exemple de la bienveillance du Prophète est rapporté par ‘Abd al-Wāḥid
b. Ziyād — ‘Āṣim al-Aḥwal — al-Ḥasan : Un homme lui // amena un autre individu qui
202
avait tué un de ses parents. Le Prophète lui demanda : « Vas-tu accepter le prix du
sang ? » Il refusa. Le Prophète poursuivit : « Veux-tu pardonner ? » — « Non ! » — « Eh !
bien, va-t-en et tue-le ! »780. Le narrateur ajoute : Lorsque l’homme fut passé devant lui, le
Prophète dit : « S’il le tue, il sera dans le même cas que lui ! » L’homme fut informé de ce
qu’avait dit le Prophète et laissa [en paix] sa victime. Puis il revint sur ses pas, une
courroie au cou… Or le Prophète ne voulait pas dire que s’il le tuait son acte aurait le
même caractère criminel et serait également passible de l’enfer. Comment aurait-il pu
penser une telle chose, puisque Dieu a toléré le meurtre à titre de talion ? Il répugnait
seulement à voir cet homme appliquer le talion et voulait qu’il pardonne. Il lui laissa alors
supposer que s’il tuait son ennemi, il commettrait le même crime, pour l’inciter à
pardonner. Or il voulait dire en réalité qu’ils auraient tous deux tué un homme, et qu’ils
seraient tous deux des meurtriers, se trouvant ainsi « dans le même cas » pour ce qui est
du meurtre lui-même ; mais si l’un était un meurtre injuste, l’autre eût consisté dans
l’application du tahon.
***
883 Ainsi, le Coran se trouvait dispersé parmi les Musulmans qui ne disposaient ni de livres, ni
d’outillage787. J’en veux pour preuve que le Prophète correspondait avec les rois de la
terre sur des bouts de parchemin.
884 314 a. — S’ils s’étonnent du fait qu’elle avait placé ce cahier sous son lit, nous dirons que
ses contemporains n’étaient point des princes, pour avoir des armoires, des serrures ou
des coffres d’ébène ou de teck. Lorsqu’ils voulaient préserver quelque chose ou le mettre
à l’abri, ils le plaçaient sous leur lit pour éviter de le piétiner, et empêcher les enfants ou
les animaux d’y toucher. Comment des gens qui n’avaient chez eux ni cachette, ni serrure,
ni armoire, auraient-ils pu abriter leurs biens autrement que par les moyens simples dont
ils disposaient ? La Prophétie elle-même s’accommode bien de peu de chose et de
vieilleries. Le Prophète // rapiéçait ses vêtements, recousait ses sandales, raccommodait
ses bottines, se faisait servir par sa famille et mangeait à même le sol en disant : « Je ne
suis qu’un esclave ; je mange comme les esclaves »788. Ainsi faisaient les Prophètes.
Salomon, qui avait été doté par Dieu d’un royaume sans précédent et tel qu’on n’en a
jamais vu de semblable depuis lors, se vêtait de laine, et mangeait du pain d’orge, bien
qu’il donnât à manger aux gens toutes sortes de nourritures. Lorsque Moïse s’entretint
avec Dieu, il avait sur lui un cilice de poil ou de laine, et aux pieds des sandales en peau
d’âne crevé. On lui dit : « ôte tes sandales ! Tu es dans la vallée sainte de Ṭuwā ! » 789. Jean
ceignait une corde de fibre de palmier. Les exemples sont innombrables, et trop célèbres
pour que nous en encombrions ce livre.
885 314 b. — Si c’est la brebis qui les étonne, nous dirons que la brebis est le meilleur bétail.
J’ai lu dans les conversations de ‘Uzayr avec son Seigneur qu’il dit : « Seigneur, tu as élu
parmi les troupeaux la brebis, parmi les oiseaux le pigeon, parmi // les plantes la ḥubla 790,
parmi les villes Bakka et Ayliyā’, et dans Ayliyā’ le Temple ».
886 Wakī‘ rapporte d’après al-Aswad b. ‘Abd al-Raḥmān — son père — son grand-père que le
Prophète a dit : « Dieu n’a créé aucun animal qui lui fût plus cher que la brebis » 791.
887 Pourquoi s’étonner de ce que la brebis ait mangé ce cahier ? La souris, qui est la pire des
bestioles, grignote les exemplaires du Coran et urine dessus ; les termites les mangent. Si
le cahier en question avait été détruit par le feu ou emporté par les hypocrites, ils se
seraient moins étonnés. Lorsque Dieu veut anéantir une chose, Il choisit indifféremment
de petits ou de grands moyens. Il a fait périr des gens par les fourmis comme Il en a fait
périr par le déluge. Il a puni par les grenouilles comme il a puni par les pierres. Il a fait
périr Nemrod par un moustique et a englouti le Yémen à cause d’une souris792.
888 314 c. — Ils disent : Comment la religion pouvait-elle « être parachevée », puisque Dieu a
révélé des choses qu’il a anéanties [ensuite] ? Le verset en question fut révélé le jour du
pèlerinage d’adieu, lorsque // Dieu raffermit l’Islam, condamna le polythéisme et expulsa
les Polythéistes de la Mekke. Cette année-là, seuls les Croyants firent le pèlerinage 793.
C’est ainsi que Dieu paracheva sa religion, et compléta les grâces qu’il avait accordées aux
Musulmans. Le « parachèvement » de la religion représente ici l’apogée de sa puissance et
de sa manifestation, ainsi que l’abaissement et l’effacement du polythéisme, mais non le
« parachèvement » des prescriptions légales et des traditions normatives, qui ne
cessèrent d’être révélées jusqu’à la mort du Prophète. Telle était l’opinion d’al-Ša‘bī sur ce
verset.
889 Il est possible aussi que le « parachèvement » de la religion désigne la suppression du
principe d’abrogation à partir de ce moment.
204
890 314 d. — Pour ce qui est de l’anéantissement de ce cahier, il est possible que Dieu l’ait
révélé comme partie intégrante du Coran, puis qu’il ait exempté [les hommes] de le
réciter tout en maintenant l’obhgation d’agir conformément à ce texte. Tel était du moins
l’avis de ‘Umar à propos du verset de la lapidation794, et l’avis de plusieurs autres
relativement à certains textes qui faisaient partie du Coran avant qu’il ne fût recueilli
entre deux planchettes795, puis qui disparurent. S’il est admissible que le texte destiné à la
récitation (tilāwa) demeure, et que la prescription soit annulée, il est également
admissible que le texte soit annulé et que l’acte demeure obligatoire. Il est concevable que
cela lui ait été révélé, tout comme d’autres choses concernant la religion, mais que cela
n’ait point été [destiné à figurer dans] le Coran. Ainsi en est-il de l’interdiction d’épouser
la tante paternelle en même temps que la fille de son frère et la tante maternelle en
même temps que la fille de sa sœur796 ; de l’interdiction de l’amputation pour moins d’un
quart de dīnār797 ; de l’interdiction d’apphquer le talion au père ou au maître798 ; de
l’adage : Pas d’héritage pour le meurtrier799. Ainsi en est-il également des paroles du
Prophète : // « Dieu dit : — J’ai créé tous Mes serviteurs ḥanīf-s ! » ; ou de celles-ci : « Dieu
dit : — Quiconque s’approche de Moi d’un empan, Je M’approche de lui d’une coudée… » 800
, etc… Le Prophète a d’ailleurs dit : « On m’a apporté le Livre, et d’autres choses avec lui »
801
, à savoir les traditions normatives que Gabriel lui transmettait802.
891 D’ailleurs, le Prophète a pratiqué la lapidation, les Musulmans l’ont imité ensuite, et les
juristes ont entériné cet usage.
892 314 e. — En ce qui concerne le principe de « l’allaitement de l’adulte à dix reprises », nous
constatons qu’il s’agit d’une erreur due à Muḥammad b. Isḥāq. Il n’est pas impossible non
plus que [le texte relatif à] la lapidation, dont on prétend qu’il figurait dans ce cahier, fût
faux, car le Prophète avait lapidé Mā‘iz b. Mālik803 ainsi que d’autres avant cette époque ;
comment lui aurait-il été révélé une seconde fois ? D’autre part, Mālik b. Anas rapporte le
même ḥadīṯ d’après ‘Abd Allāh b. Abi Bakr — ‘Umara sous la forme : « ‘Ā’iša dit : — La
Révélation coranique prescrivait à l’origine que dix actes d’allaitement connus
constituaient un cas de prohibition ; [ce texte] fut ensuite abrogé par la prescription de
cinq [actes d’allaitement] connus pour aboutir au même résultat. Le Prophète mourut
alors ; et c’est cette dernière [prescription] qui doit faire l’objet d’une récitation
coranique »804.
893 Ce ḥadīṯ a été exploité par certains // juristes, dont al-Šāfi’ī et Isḥāq. Ils ont adopté le
chiffre cinq comme limite entre la quantité prohibitive et celle qui ne l’est pas 805, de
même qu’ils considèrent la valeur de deux cruches (qulla) comme la limite entre la
quantité d’eau qui peut devenir impure et celle qui ne le peut pas806.
894 Les termes du ḥadīṯ de Mālik diffèrent de ceux du ḥadīṯ de Muḥammad b. Isḥāq, mais
Mālik a plus de poids chez les gens du ḥadīṯ que Muḥammad b. Isḥaq. Abū Muḥammad
dit : D’après Abū Ḥātim — al-Aṣma‘ī — Ma‘mar, le père de ce dernier lui dit : « N’écoute
rien de Muḥammad b. Ishāq, c’est un menteur. Il transmettait des propos de Fāṭima bint
al-Munḏir b. al-Zubayr, épouse de Hišām b. ‘Urwa ; ils parvinrent aux oreilles de Hišām
qui protesta et dit : — Est-ce lui qui entrait chez ma femme, ou moi ? »807.
895 314 f. — Quant au verset : « Le Faux ne s’y glisse par aucun côté », il ne signifie pas que les
exemplaires du Coran ne sont point en butte aux mêmes accidents que les autres meubles
ou objets ; il signifie que le Démon ne peut y introduire ce qui n’en fait point partie, ni
avant, ni après la révélation. //
205
***
***
208
***
relève des parties honteuses ». Il n’a pas dit en l’occurrence : « Car elle est une partie
honteuse ». Les parties honteuses (‘awra) sont autre chose.
925 Les parties honteuses // sont de deux sortes :
1. les parties sexuelles et anales de l’homme et de la femme. Ce sont là les parties honteuses
proprement dites, qu’il faut cacher en tous lieux et en toutes circonstances ;
2. les parties du corps avoisinantes, cuisses et bas ventre. Ces parties sont dénommées
« honteuses », car elles entourent et avoisinent les parties honteuses proprement dites. Ce
sont elles que l’homme peut exhiber au bain, dans les endroits déserts, chez lui, auprès de
ses femmes. Mais il est indécent de les montrer en public, dans les assemblées, dans les sūq-s.
926 De même, il est licite de manger sur la voie publique, mais c’est laid. Il est licite qu’un
homme ait des relations avec son esclave, mais il n’est pas permis de le faire devant
quiconque.
927 Ils réprouvaient829 le « bruit », c’est-à-dire les relations sexuelles avec une des femmes
accomplies de telle sorte que l’autre perçoive le mouvement // et entende le bruit830.
928 Le Prophète était donc dans sa chambre vide, et exhibait sa cuisse devant ses femmes. Un
de ses familiers entra, et il ne la couvrit pas. Mais lorsqu’ils furent trois ensemble, il
craignit que cela puisse être assimilé à l’attitude de Ǧurhud qui montrait sa cuisse en
public, et se couvrit831.
***
933 Quant à ceux auxquels Dieu ordonne : « Si vous êtes empêchés, [libérez-vous] par ce qu’il
vous sera aisé [de sacrifier] comme offrande ! Ne vous rasez point la tête avant que
l’offrande ait atteint le heu de son immolation ! », ce sont les gens qui ont eu un
empêchement avant d’arriver à la Mekke. La qualification juridique de ces derniers est
différente de celle des habitants de la Mekke et des gens qui prononcent l’ihlāl pour le
pèlerinage au départ de cette ville. En effet, quiconque se brise un membre ou se fait une
entorse en chemin et est incapable de voyager [par ses propres moyens], ou tombe
malade après avoir prononcé l’ihlāl pour le pèlerinage, en vertu de sa qualification
juridique, ne peut rompre la sacralisation que lorsqu’il est à la Mekke, et doit faire un
autre pèlerinage l’année suivante. Quant à ceux qui se brisent un membre à la Mekke, ou
ceux qui sont en tamattu‘ et résident à la Mekke ou près de la Ka‘ba, ils sont en rupture de
sacrahsation et sont tenus d’un pèlerinage dans l’avenir.
***
939 De même, le Démon flaire du côté gauche, et c’est ainsi qu’il s’associe à ceux qui ne
prononcent point le nom de Dieu au moment du repas, qui ne lavent point leur main, ou
qui servent de la nourriture découverte, de sorte que son caractère bénéfique (baraka) et
bienfaisant (ḫayr) s’en vont.
940 [Dans le même ordre d’idées], le Démon s’associe [aux hommes] dans leurs biens lorsqu’ils
les dépensent pour des achats illicites ; il s’associe à eux dans leur procréation à l’occasion
de l’adultère838.
941 2°) ou bien il s’agit d’une métaphore. Le fait, pour un homme, de manger // avec sa main
gauche symbohserait alors les visées du Démon sur cet homme, et la séduction qu’il
exerce sur lui. Lorsqu’on dit en parlant de celui qui mange de la main gauche : « Il mange
comme le Démon », on ne veut pas dire par là que le Démon mange, mais en fait que c’est
la manière de manger préférée par le Démon. De même, lorsqu’on dit que le rouge est la
parure du Démon, cela ne signifie pas que le Démon s’habille de rouge et se pare de cette
couleur, mais seulement que c’est une parure inspirée par le Démon.
942 On rapporte de même à propos de l’iqtu‘āt, qui consiste à porter un turban sans le passer
sous le menton, que c’est le port de turban du Démon ; cela ne signifie pas que le Démon
porte un turban, mais que c’est le port de turban qu’il préfère et qu’il recommande.
943 324 b. — De même, lorsque [le Prophète] dit que le flux de sang accidentel (mustaḥāḍa) est
une impulsion du Démon839 — le mot rakḍa est synonyme de daf‘a, poussée —, cela ne
saurait être interprété que dans l’un des deux sens suivants :
1. ou bien que le Démon donne une « impulsion » à la veine en question et provoque ce flux
sanguin afin de rendre caduque la prière de la femme en supprimant sa pureté rituelle. Il n’y
aurait rien d’étonnant à ce que celui qui « circule dans l’homme comme le sang » 840 soit en
mesure de donner l’impulsion nécessaire pour faire sortir ce sang ;
2. ou bien cette impulsion est un phénomène naturel qui a été imputé au Démon par le seul fait
qu’il détruit la pureté rituelle, tout comme on associe au Démon // le fait de manger avec la
main gauche, le port du turban sur la tête sans le faire passer sous le menton, et enfin la
couleur rouge.
944 324 c. — Abū Muḥammad dit : D’après Ziyād b. Yaḥyā — Bišr b. al-Mufaḍḍal — Yūnus — al-
Ḥasan, le Prophète a dit : « Le rouge est la parure du Démon »841. Le Démon aime le rouge,
et c’est pourquoi le Prophète détestait les vêtements teints au carthame pour les hommes
842
.
945 Ibrāhīm dit : « Je porte des vêtements teints au carthame, bien que je sache que le rouge
est l’ornement du Démon ; je porte une bague en fer, bien que je sache que c’est la parure
des gens de l’enfer ». Il considérait donc le fer comme la parure des gens de l’enfer, alors
que les gens de l’enfer ne portent pas de bijoux. Il voulait dire seulement qu’au lieu de
bijoux, ils portent des chaînes, des entraves et des fers : le fer est donc leur parure.
946 Ibrāhīm agissait ainsi pour se cacher et donner le change sur ses actes 843.
***
948 Par ailleurs, vous enseignez qu’il appliqua le cautère à As‘ad b. Zurāra en disant : « S’il y a
quelque effet salutaire dans tous vos remèdes, c’est bien dans la scarification du barbier
ou dans la pointe de feu ! »845.
949 Ce ḥadīṯ est en contradiction avec le premier. //
950 326. — Réponse : Nous prétendons qu’il n’y a pas là contradiction. Chaque ḥadīṯ a son
emploi. S’il est employé à bon escient, il n’y a plus de divergence.
951 Il y a deux sortes de cautérisation :
952 1°) La cautérisation des tissus sains en vue de les immuniser. Elle est pratiquée par
beaucoup de peuples étrangers (‘ağam) qui appliquent le cautère à leurs enfants et à leurs
jeunes gens sans qu’ils soient malades. Ils considèrent que cette cautérisation conserve
leur santé et les préserve des infirmités.
953 Abū Muḥammad dit : J’ai vu au Hurāsān un médecin turc réputé qui traitait par
cautérisation. Il m’a déclaré — par le truchement d’un interprète — qu’il guérissait par
cautérisation la fièvre, la pleurésie, les vers, la tuberculose, l’hémiplégie et autres maux
graves. Il entreprenait le malade, l’emmaillotait étroitement pour contraindre le mal à se
concentrer en un point du corps, puis appliquait le cautère à cet endroit et y pratiquait
des pointes de feu. Il cautérisait également // l’individu sain pour le préserver des
infirmités et faire durer sa bonne santé. En outre, il prétendait faire encore bien d’autres
choses, comme provoquer la pluie, faire naître des nuages hors saison, provoquer le vent
et autres mensonges et sottises particulièrement évidentes. Mais son entourage y croyait
et se portait garant de la véracité de ses paroles. Nous l’avons mis à l’épreuve sur
certaines des choses qu’il prétendait, mais il n’a voulu en démordre ni peu, ni prou846.
954 Les Arabes avaient la même attitude pendant la Ğāhiliyya. Ils pratiquaient la même
cautérisation sur des chameaux victimes de la gale (naqba, synonyme de ğarab) ou de
l’ulcère de la face et des babines (‘urr). Ils prenaient le chameau et cautérisaient l’endroit
de la gale ou de l’ulcère pour qu’il guérisse.
955 Al-Nābiġa, s’adressant à al-Nu‘mān, y fait allusion en ces termes :
« Tu m’as chargé des péchés d’un autre, et lui, tu l’as laissé
[en paix,
comme le chameau affligé d’un ulcère : on en cautérise
[un autre et lui, on le laisse paître librement »847. //
956 Or c’est là la pratique que le Prophète condamne en disant : « Celui qui applique le
cautère n’a pas confiance en Dieu ! », car celui-là pense qu’en appliquant le cautère et en
effarouchant la nature alors que [les tissus] sont sains, il repoussera le décret de Dieu. S’il
avait confiance en Dieu et était persuadé qu’on ne saurait échapper au décret divin, il ne
soignerait pas [un chameau] en bonne santé et ne cautériserait pas un sujet sain pour
guérir un malade848 !
957 326 a. — 2°) La seconde sorte de cautérisation consiste à cautériser une blessure qui
s’envenime et dont le sang coule sans arrêt, ou à cautériser un membre coupé, ou à en
cautériser [les vaisseaux coupés]849, ainsi que la cautérisation des vaisseaux en cas
d’hydropisie ou d’œdème850.
958 Ibn Aḥmar raconte comment il a guéri en se soignant : //
« J’ai bu de la šukā‘ā, et j’ai subi des instillations buccales, et j’ai livré l’extrémité de
mes veines aux cautères »851.
213
959 C’est là le type de cautérisation dont le Prophète vantait l’effet salutaire. Il appliqua la
cautérisation à As’ad b. Zurāra qui souffrait d’un mal dans la région du cou, et cela n’a
rien de commun avec le premier type de cautérisation. Si quelqu’un se soigne lorsqu’il est
atteint // d’une maladie, on ne dit pas qu’il n’a pas confiance en Dieu ! C’est pourquoi le
Prophète a ordonné aux hommes de se soigner en disant : « Il y a un remède à chaque
mal »852, non que le remède guérisse infailliblement, mais parce qu’on l’absorbe en
espérant que Dieu rendra la santé par l’intermédiaire de ce remède ; en effet, Dieu a créé
pour chaque chose une cause instrumentale (sabab).
960 326 b. — On peut comparer le cas de la subsistance que Dieu garantit à ses serviteurs,
puisqu’il dit : « Il n’est bête sur la terre dont la subsistance n’incombe à Dieu » 853. Or le
Prophète nous a ordonné de la rechercher et de la gagner en pratiquant un métier, car
Dieu a dit : « Mangez des excellentes [nourritures] que Nous vous avons attribuées » 854.
961 On peut comparer encore les précautions que [les hommes] prennenta contre les dangers,
tout en sachant que ces précautions ne repoussent pas le décret divin ; ou encore la
conservation des biens dans des coffres et derrière des serrures, alors qu’on sait que ce
que Dieu garde ne saurait se perdre, et que ce que Dieu veut perdre ne saurait se garder.
962 On pourrait citer bien d’autres exemples de cas où il ne faut pas examiner des éléments
qui nous échappent, mais [néanmoins] agir avec résolution.
963 Le Prophète a dit : « Sois sage et aie confiance [en Dieu] ! » A un homme qu’il avait
entendu dire : « Dieu me suffit ! Je Lui présente mes excuses ! », il dit : « Si tu ne peux faire
une chose, dis : — Dieu me suffit ! » //
964 326 c. — La thériaque est comparable au cautère sous ses deux formes. Le Prophète a dit :
« Je ne veux pas savoir ce qui m’arriverait si je buvais une thériaque, si je m’attachais une
amulette ou si je disais des vers que j’aurais composés ! »855.
965 Les Arabes entendaient parler de la thériaque majeure, qui existait dans les trésors des
rois de Perse et de Byzance, et qui est un remède des plus efficaces et des plus salutaires
pour les maux graves. Ils décrétèrent que c’était une panacée infaillible, lui attribuèrent
toutes les vertus, et décrétèrent même qu’elle repoussait la mort pour un temps ;
allongeait la vie et préservait des calamités. Le poète dit en parlant du vin : //
« Elle m’a versé un vin clair, une thériaque,
qui finira bien par assouplir mes jointures ! »
966 Il prend donc la thériaque comme symbole de la guérison, et veut dire : Elle m’a versé un
vin capable de me guérir de tous mes maux, tel une thériaque. Les amants comparent la
salive des femmes à la thériaque, pour dire qu’elle guérit du mal d’amour, comme une
thériaque.
967 Ce qui prouve [le caractère suspect de la thériaque majeure], c’est que le Prophète a
assimilé l’absorption de la thériaque avec l’usage des amulettes. Les amulettes sont des
verroteries (ḫaraz) multicolores que les hommes de la Ğāhiliyya se mettaient au cou et
aux membres en leur attribuant un pouvoir magique. Ils pensaient qu’elles évitaient les
calamités et prolongeaient la vie. Le poète a dit :
« S’il meurt, Muzayna n’aura plus de succès après lui !
Accroche-lui donc, ô Muzayn ! des amulettes ! »
968 C’est-à-dire : Attache à son cou ces verroteries pour qu’elles le préservent de la mort !
‘Urwa b. Ḥizām dit :
« J’ai accordé crédit au voyant de la Yamāma
et au voyant de Ḥağr : ils ne m’ont point guéri.
214
***
977 Cette expression est également illustrée par le verset : « Il en est qui, si tu leur confies un
dīnār, ne te le rendent que lorsque tu les harcèles »860, c’est-à-dire lorsque tu continues à
te rendre auprès d’eux, à réclamer et à exiger. Il ne faut pas comprendre « …à rester
debout », sans plus.
978 Quant au second ḥadīṯ : « Il buvait debout », il signifie : sans marcher ni courir. Il n’y a
aucun inconvénient à cela, car on boit alors en toute tranquilhté, tout comme si l’on était
assis.
***
***
***
996 Comment n’existerait-il pas parmi les hommes des gens qui portent en eux quelque venin
ou quelque vertu nuisible, et qui, lorsqu’ils portent les yeux sur un objet qui leur plaît,
véhiculent par leur regard une vertu de cette // sorte ou un venin qui se fixe sur l’objet et
le rend malade ?
997 L’auteur de la Logique prétend qu’un homme ayant frappé un serpent avec un bâton, ce fut
l’homme qui mourut. Il dit aussi qu’il existe des vipères qui tuent un homme rien qu’en le
regardant ; et d’autres qui tuent un homme rien qu’en émettant un certain son. Telle est
l’opinion des amateurs de falsafa !
998 En outre, on nous a rapporté d’après al-Naḍr b. Šumayl qu’Abū Ḫayra a dit : « Le serpent
dit abtar est vif, bleu, a la queue tronquée et fuit tout le monde. Nul ne le voit sans en
mourir ; toute femme enceinte qui le regarde perd son enfant. C’est le Démon des
serpents ! » C’est là une description qui concorde avec celle de l’auteur de la Logique. Il
est clair que si ce serpent tue à distance, c’est parce que son regard véhicule dans
l’atmosphère un venin qui se fixe sur l’objet qu’il atteint. De même, celui qui tue rien
qu’en émettant un son véhicule au moyen de sa voix un venin qui pénètre dans l’oreille et
dont l’effet est mortel.
999 334 b. — Al-Aṣma‘ī cite un cas analogue à propos du mauvais œil. On m’a rapporté
directement de sa bouche // l’anecdote suivante : « Je connais un homme doué du
mauvais œil. On invoqua [Dieu] contre lui, et il devint borgne. Il disait : — Lorsque je vois
un objet qui me plaît, je sens de la chaleur sortir de mon œil ! »
1000 Il existe un phénomène analogue : c’est le cas de la femme indisposée qui s’approche d’un
récipient de lait qu’elle veut battre. Elle a beau avoir nettoyé ses mains et ses vêtements,
le lait tourne. Ceci est bien connu et ne saurait s’expliquer que par un effluve qui émane
d’elle et atteint le lait. [Cette même femme], en pénétrant dans un verger, peut faire du
tort à beaucoup de plantes qui s’y trouvent sans les toucher. Une pâte qui lève peut
retomber dans une pièce où il y a un melon. Celui qui égrène une coloquinte, qui pile de la
moutarde ou découpe des oignons a les yeux qui pleurent. Il arrive qu’un homme regarde
un œil rouge, et que son œil à lui se mette à pleurer, voire à rougir. Cela ne saurait être
imputable qu’à un effluve émanant de l’œil malade qui l’atteint en traversant
l’atmosphère. //
1001 Lorsqu’un homme baille, les autres baillent souvent aussi. Les Arabes disent : « Plus
rapide qu’une épidémie de baillement ». Bien souvent, les sorciers circonviennent [leur
client] en baillant : ils baillent eux-mêmes, et provoquent ainsi son baillement. A force de
répéter ce stratagème, ils persuadent le malade que c’est l’effet du sortilège, et que cela
libère la maladie.
1002 Lorsque dans une maison où vivent plusieurs enfants l’un d’eux attrape la variole, il
arrive que les autres l’attrapent également. La seule explication est que quelque chose se
détache du malade et traverse l’atmosphère pour aller frapper l’individu non encore
contaminé. Cela n’a rien de commun avec la contagion (‘adwā) : c’est un venin qui se
transmet de l’un à l’autre et relève authentiquement du mauvais œil872.
1003 Les bédouins prétendent que le possesseur du mauvais œil tue qui il veut, rend infirme
qui il veut avec son œil ; et que s’il se poste sur le chemin qui conduit les troupeaux à
l’abreuvoir, il peut frapper de son œil et tuer n’importe quelle bête873. Mais cela est faux.
//
1004 A propos du verset : « En vérité, ceux qui sont incrédules, ayant entendu cette Édification,
te feront glisser par leurs regards »874, al-Farrā’ affirme que cela signifie : Ils te jetteront le
218
mauvais œil, c’est-à-dire : Ils te frapperont de leur œil, comme certains frappent les
chameaux qui reviennent du point d’eau. A mon avis, son interprétation n’est pas la
bonne. Le sens est : Ils te regarderont avec inimitié et hostilité, d’un regard qui te ferait
presque faire un faux pas, tant il est mauvais.
1005 J’en veux pour preuve les vers du poète :
« Ils échangent, lorsqu’ils se rencontrent dans un campement, un regard qui ferait
glisser les pieds sur le sol ! »875. C’est-à-dire : qui ferait presque glisser les pieds sur
le sol à cause de sa dureté et de sa méchanceté. C’est le regard de l’ennemi plein de
haine.
1006 On dit : « Il m’a regardé de travers » ou « Il m’a regardé // fixement » ou « Je lui ai lancé
un regard perçant ». On comparera le verset : « Ils te regardent comme s’ils étaient
tombés morts »876, parce que celui qui est tombé mort a le regard fixe et ne cille pas. Dieu
a dit : « Quand le regard lancera des éclairs » — si on lit baraqa comme certains, c’est-à-
dire que le regard sera éclatant877.
1007 Si ce que les bédouins affirment dans cet ordre d’idées était exact, ils pourraient tuer ou
rendre infirme qui bon leur semblerait. Or Dieu n’a donné ce pouvoir à personne.
1008 334 c. — Je crois savoir que l’individu doué du mauvais œil, et redoutant d’en frapper une
personne qui lui plaît [doit ?] le faire accompagner de la formule de bénédiction et d’une
invocation ; le Prophète a dit : « Si quelqu’un d’entre vous a de l’amitié pour son frère,
qu’il prononce sur lui la formule de bénédiction »878.
1009 Tout ce dont on est sûr à propos du mauvais œil est que celui qui en est doué a la faculté
d’en frapper un objet qui lui plaît ou le charme, afin que cet objet lui appartienne de ce
fait. C’est pourquoi on appelle [aussi] le mauvais œil // nqfs (âme), car il agit en relation
avec l’âme.
1010 Le ḥadīṯ dit : « Pas de sortilège, sauf contre le mauvais œil, les bêtes venimeuses, les
furoncles et l’âme » — qui est donc synonyme de mauvais œil879. Le mot huma désigne les
serpents, les scorpions et autres bêtes venimeuses. Le mot namla désigne des abcès qui
sortent sur les flancs.
1011 Le Prophète a dit au guérisseur (?) : « Enseigne donc à Hafsa le sortilège [contre] les
furoncles, l’âme et le mauvais œil ».
1012 Ibn ‘Abbās a dit : « Les chiens sont des ḥinn-s (c’est-à-dire des génies inférieurs) ; s’ils
viennent à vous pendant le repas, jetez-leur à manger, car ils ont des âmes »880, c’est-à-
dire : ils ont des yeux qui peuvent nuire aux gens qui mangent. //
***
ce dernier d’équiper une troupe. Les chameaux de l’aumône étant épuisés, il lui ordonna
de réquisitionner (aḫada) un chameau pour deux à verser au troupeau de l’aumône882.
1015 Cela est en contradiction avec le premier ḥadīṯ.
1016 336. — Réponse : Nous prétendons qu’il n’y a aucune incompatibilité entre ces deux ḥadīṯ-
s, grâce à Dieu. Le premier interdit la vente à terme d’un animal pour un autre. En effet, il
est illicite d’acheter un objet qui n’est pas aux mains du vendeur, car le Prophète l’a
interdit883. C’est ce qu’on appelle la vente sur description (muwāsafa). Or si l’on vend à
terme un animal pour un autre, on verse le prix d’un objet qui n’est pas aux mains de
l’autre partie ; c’est donc illicite.
1017 336 a. — Dans le second ḥadīṯ, le Prophète ordonne de réquisitionner un chameau pour
deux à verser au troupeau de l’aumône. Il s’agissait d’un prêt (salaf). // La Sunna relative
au prêt (salaf) le définit comme le versement anticipé d’espèces, d’or ou d’animaux contre
de la nourriture, des dattes ou des animaux dans des conditions déterminées et à terme
préfixé, étant entendu que le montant du remboursement n’est pas actuellement aux
mains de l’emprunteur, qui est tenu de le verser à l’échéance. Ainsi, la qualification
juridique du prêt est différente de celle de la vente. En effet, si, lors de la vente, il est
illicite d’acheter un objet qui n’est pas aux mains de l’autre partie au moment du contrat,
en ce qui concerne le prêt, il était (sic) licite de verser le montant du prêt contre des
valeurs ne se trouvant pas aux mains de l’autre partie au moment de l’emprunt.
1018 Étant donné que les chameaux étaient épuisés, le Prophète ordonna [à ‘Abd Allāh b. ‘Amr]
d’emprunter un chameau jeune, grand et fort pour deux chameaux de l’aumône, de
quatre ou cinq ans884, impropres à la guerre et au voyage. Il se pouvait qu’un seul
chameau jeune et fort valût mieux que deux, trois ou quatre chameaux de l’aumône885.
***
un menteur ne se démentit pas. Comment dès lors soupçonner une personne sincère,
bonne et pure ? Il n’y a nul vice, nulle faiblesse et nulle contravention à une tradition
normative ou à une prescription révélée dans la fréquentation d’une femme qui a ses
menstrues, lorsqu’elle revêt l’izār.
1023 Seuls les Mages réprouvent ce procédé de la part d’une femme qui a ses menstrues, ainsi
que d’autres pratiques analogues.
***
On ne saurait considérer comme « interprète » des rêves que celui qui ne se trompe pas.
Dieu a dit : « …si vous interprétez les rêves »890, c’est-à-dire : Si vous êtes capable de les
interpréter.
1033 Le Prophète n’a pas voulu dire non plus que n’importe quel rêve s’exphque ou
s’interprète, car la plupart sont des hallucinations. Il en est qui sont dus à l’emprise du
tempérament, d’autres qui sont des entretiens intimes, d’autres enfin qui sont inspirés
par le Démon. Le seul rêve [constituant une vision] authentique est celui qu’apporte
l’ange des visions et qui provient de l’Archétype de l’Écriture, et cela à plusieurs reprises
891.
1034 340 b. — Abū Muḥammad dit : D’après Yazīd b. ‘Amr b. al-Barā’ — ‘Ubayd Allāh b. ‘Abd al-
Mağīd al-Ḥanafi — Qurra b. Ḫālid — Muḥammad b. Sīrīn — Abū Hurayra, le Prophète a dit :
« Il y a trois sortes de rêves : le rêve euphorique, qui vient de Dieu ; le cauchemar, // qui
vient du Démon ; le rêve où l’homme se voit en train de s’entretenir seul à seul avec lui-
même pendant son sommeil »892.
1035 D’après Sahl b. Muḥammad — al-Aṣma‘ī — Abū l-Miqdām (ou Qurra b. Ḫālid) a dit :
« J’étais en compagnie d’Ibn Sīrīn alors qu’on l’interrogeait sur les rêves. J’évalue à un sur
quarante le nombre des rêves qu’il interprétait » — je ne sais plus s’il a dit aḥzūhu (je
conjecture) ouaḥzūhu (j’évalue).
1036 C’est donc bien le rêve [constituant une vision] authentique qui plane jusqu’à ce qu’il soit
interprété par un homme expert en raisonnement analogique qui connaît bien les
principes méthodologiques (usūl) [régissant l’interprétation des songes] ; et qui bénéficie
de l’assistance divine. Dès lors qu’il a été interprété par un [tel spécialiste], il se réalise
conformément à son interprétation.
***
s’interrompt en même temps qu’eux, cette expression ne lui confèrerait aucun mérite par
rapport aux autres, et il ne serait digne d’aucune louange.
1041 Une expression exactement semblable existe dans des vers attribués au neveu de
Ta’abbata Šarran — bien que certains prétendent qu’ils sont dus à Halaf al-Ahmar 894 :
« Hudayl a enduré les entreprises d’un brave
qui ne se lassera pas de nuire tant qu’ils ne se lasseront
[pas ! »
1042 Il ne veut pas dire qu’il se lassera de nuire lorsqu’ils en seront las. Si tel était le sens, le
héros n’aurait aucun mérite, puisqu’il serait sur le même pied qu’eux. Il veut dire en fait
qu’ils se lasseraient de nuire, mais que lui ne s’en lasserait pas.
NOTES
1. On a complété les sous-titres en fonction des divers critères utilisés dans ce chapitre. Voir
notre Introduction.
2. ḤAN. I, 272 ; VI, 441 ; cf. III, 127 ; V, 135.
3. Coran, VII, 172.
4. Coran, VII, 11.
5. Voir Ši‘r, 592-593 où cette anecdote est développée.
6. Allusion à Coran, XXIII, 13-14.
7. Allusion à Coran, LXXI, notamment 23 et 25.
8. BUḪ. 4, 12, 14 = HM I ; 69, 70 ; ḤAN. III, 12, 13 ; V, 300, etc…
9. BUḪ. 4, 11 = HM I, 69 ; 8, 29 = HM I, 149 ; 57, 4 = HM II, 386.
10. Amr wa nahy, c’est-à-dire de l’éthique bien plus que du droit proprement dit.
11. BUḪ. 77, 40 = HM IV, 113 ; ḤAN. I, 321, etc…
12. TIR, 22, 35.
13. ḤAN. IV, 196 ; VI, 136, 192, 213.
14. BUḪ. 4, 60-62 = HM I, 91 ; 46, 27 = HM II, 151 ; ḤAN. IV, 246 ; V, 382, 394, etc…
15. Ibid.
16. Lisān, IX, 181 = Tāğ, V, 149 : subāṭa = dépôt d’ordures ménagères, de balayures.
17. Lisān, XI, 151 (où ce ḥadīṯ est reproduit) : ‘asīb, « salarié de basse classe », ou « esclave ».
18. Coran, IV, 24.
19. Coran, II, 178.
20. Coran, IV, 77.
21. Coran, V, 45.
22. ḤAN. II, 151 ; V, 409 ; VI, 162.
23. ḤAN. V, 11, 12, 18, 19.
24. ABŪ DĀ’ŪD, 38, 7 ; MĀLIK, 43, 3 ; cf. aussi ḤAN. V, 19.
25. Ibid., et TIR. 14, 16.
26. ḤAN. II, 136, 166, 191, 211, 214, ; IV, 93, 95, etc…
27. BUḪ. 86, 4 = HM IV, 376 ; cf. ḤAN. I, 125, 130.
28. Cf. ḤAN. V, 325.
29. BUḪ. 60, 11 = HM II, 486 ; ḤAN. II, 326.
223
30. BUḪ., ibid. et 60, 19 = HM II, 491 ; ḤAN. II, 326, 332, 350.
31. BUḪ. 60, 11 = HM II, 486.
32. Coran, II, 260.
33. ḤAN. I, 215, 271.
34. Cf. Exode, 32, 1-20.
35. Coran, XI, 80.
36. Cf. Coran, XI, 77 sqq.
37. Qui pussent lui apporter leur appui le cas échéant.
38. Cf. Coran, XII, 31.
39. ḤAN. III, 322, 345, 379, 384.
40. On rappelle ici que le K. Muḫtalif al-ḫadiṯ a été rédigé entre 256/869 et 270/883.
41. Cf. supra, § 40 g 37 e.
42. Aḥtā’at istuka l-ḥafra… Métaphore triviale pour dire : « Tu n’y as rien compris ! »
43. L’éd. signale trois leçons : rağā’ (espérance) ; raḥā’ (vie aisée) ; dağğāl (Antéchrist). On a retenu
rağā’, que confirme ḤAN. I, 93. Toutefois ḤAN. I, 140 porte raḫâ’. Cf. aussi ḤAN. II, 88, 121, 131.
44. On n’a pas retrouvé cette variante du ḥadīṯ de l’année cent.
45. BUḪ. 59, 4 = HM II, 425.
46. En l’occurrence informateur d’Abū Salama.
47. Cf. ḤAN. II, 207.
48. On n’a pas retrouvé ce ḥadīṯ. On soupçonne qu’il serait possible de le découvrir dans la
rubrique nār des Concordances et Indices, dont malheureusement nous ne disposons pas.
49. BUḪ. 9, 9 = HM I, 190 ; ḤAN. II, 229, 266 ; III, 52, etc…
50. Allusion à Coran LII, 6. On peut se demander s’il convient ici d’adopter la trad. BLACHÈRE (« la
mer portée à ébullition ») qui ne paraît pas convenir dans ce contexte. Le premier sens de masģūr
signalé par BAYḌĀWĪ, 694, est mamlū’ (rempli »). Il semble y avoir une allusion aux phénomènes
naturels permanents, peut-être tout simplement les marées.
51. Coran, II, 24 ; cf. aussi LXVI, 6.
52. BUḪ. 76, 19, 43, 54 = HM IV, 62, 82, 89 ; ḤAN. I, 174, 180… ; II, 152, etc…
53. En effet, la plupart des ḥadīṯ-s disent : « Qui (man) a infecté le premier ? ». Notamment Bu Ḫ. 76,
25, 53 = HM IV, 72, 88 ; ḤAN. I, 269, II, 24.
54. BUḪ. 76, 53, 54 — HM IV, 88, 89 reproduit une discussion entre Abū Salama et Abū Hurayra qui
citait justement des deux ḥadīṯ-s contradictoires. Ḥan. II, 406, 434, 455.
55. BUḪ. 76, 19 = HM IV, 69 ; ḤAN. II, 443.
56. BUḪ. 56, 47 = HM II, 302 ; 67, 18 = HM III, 554 ; 76, 43 = HM IV, 82 ; ḤAN. I, 174, 180 ; II, 8, 36,
85… ; V, 335, 338, etc…
57. BUḪ. 76, 30, 36 = HM IV, 74, 76 ; 90, 13 = HM IV, 445 ; ḤAN. 173 ; IV, 177 ; V, 200.
58. BUḪ. 76, 53 = HM IV, 88. Il semble que les trois ḥadīṯ-s sur la gale des chameaux, la promiscuité
des individus sains et malades, et le caractère funeste de la femme, de la maison et des animaux
de selle n’en font qu’un en réalité. Les deux premiers sont réputés transmis par Abū Salama
d’après Abū Hurayra. Or Abū Salama ajoute après le second (et non après le troisième comme on
pourrait l’attendre d’après ce passage d’Ibn Qutayba) : « Abū Hurayra renia alors le premier ḥadīṯ
; nous lui dîmes : N’es-tu pas transmis qu’il n’y a pas de contagion ? Alors, il se mit à baragouiner
quelque chose en abyssin ». Abū Salama ajoute : « Je ne sache pas qu’Abū Hurayra ait jamais
oublié un autre ḥadīṯ que celui-là ! ».
59. Coran, LVII, 22.
60. ABŪ DĀWŪD, 27, 24 ; MĀLIK, 54, 23.
61. Ces vers seraient dûs à AL-RAQQĀS AL-KALBĪ ; Tāğ, X, 397.
62. Lisān, IV, 236 = Tāğ, X, 397 ; wāq = surad. Cf. Tarbī’, s. surad.
63. Tāğ, X, 397, où ces vers sont également attribués à AL-MURAQQIŠ.
224
64. Ce ḥadīṯ ne paraît pas avoir été retenu par les compilateurs.
65. Cf. BUḪ. 78, 107 sqq. = HM IV, 201 sqq. Sur le fa‘l, cf. BUḪ. 76, 43, 44 = HM IV, 82, 83 ; ḤAN. I, 257 ;
III, 118 etc…
66. Ce mot, qui signifie « en bonne santé », est aussi un nom propre courant.
67. Ce mot, signifiant « celui qui trouve », est l’un des noms de Dieu (Lisān, IV, 408), ce qui paraît
exclure son emploi comme nom de personne. On peut supposer que notre malade ou notre
chercheur entend par hasard appeler un autre homme, ou invoquer Dieu.
68. Cf. BUḪ. 70, 30 = HM III, 669 ; ḤAN. IV, 397, etc… ; SUYŪṬĪ, Ğāmi‘, 119.
69. SUYŪṬĪ, Ğāmi‘, 119.
70. Le ḥadīt se trouve dans Tāğ, X, 282, et dans SUYŪṬĪ, Ğāmi‘, 118.
71. Fils du Feu.
72. Fils des Incendiaires ( ?)
73. Fils de l’Adultère.
74. Fils de la Tristesse. Cf. BUḪ. 78, 107 = HM IV, 201.
75. BUḪ. 9, 9 = HM I, 190 ; ḤAN. II, 229, 266 ; III, 52 etc…
76. Cf. Lisān, VIII, 35 ; Cf. BUḪ. 9, 11, 21 = HM I, 191, 199 ; 10, 104 = HM I, 256 ; ḤAN. I, 23, 210, III, 80,
etc…
77. Ibid.
78. On n’a pas retrouvé ce ḥadīṯ.
79. BUḪ. 8, 1 = HM I, 133 ; 25, 76 = HM I, 527 ; 59, 6 = HM II, 428 ; 60, 5 = HM II, 467 ; 63, 42 = HM III,
37 ; 97, 37 = HM IV, 630 ; ḤAN. III, 121, 149, 288 ; IV, 207 ; V, 122, 139 etc…
80. Ibn Qutayba prend ici nettement position sur le problème de la généalogie yéménite. On sait
qu’il est douteux que Qaḥṭān puisse être assimilé au Yaqṭan biblique. Voir EI, II, 669, s. Kaḥṭān. Cf.
Tarbī‘, § 41, où le problème est posé.
81. Sur certains de ces points, voir Lévitique, notamment 3, 12, 15, 20… Sur d’autres notamment la
répudiation, Ibn Qutayba semble annexer les dispositions de la loi hébraïque un peu à la légère.
Cf. VIGOUROUX, Dictionnaire de la Bible, V, 1051.
82. Ši‘r, 222, où Ibn Qutayba commente : « Le témoin de Dieu, c’est l’ange auquel il était confié ;
ceci montre la foi des Arabes dans les deux anges, résidu de la religion d’Ismaél ».
83. Ou en tout cas avant que l’Islam ne se fût implanté chez les Ġaṭafān, sa tribu d’adoption. EI, II,
153 s. Ghatafān (WEIR).
84. Mu‘allaqa, vers 28.
85. Cf. Tarbī‘, ١١٨, s. baliyya. Lisān, XVIII, 92 = Tāğ X, 45 (où on lit māniğāt au lieu de māniḥāt, ce qui
paraît peu satisfaisant).
86. Panégyrique de ‘Amr b. al-Ḥāriṯ, vers 24. Dīwan, DERENBOURG, 1869.
87. Le vers concerne les Banū Ğafna, Ğhassanides chrétiens. Cf. Ši‘r, 265, 565.
88. Coran, XCIII, 6-7.
89. Coran, XLII, 52.
90. Coran, XIV, 36.
91. Cf. Coran, XI, 46. L’expression n’est que sous entendue dans le verset.
92. TIR. 41, 91.
93. ḤAN. I, 398 ; IV, 73.
94. ḤAN. V, 357 ; cf. BUḪ. 62, 1 = HM II, 582.
95. Ibn Qutayba joue ici de l’ambiguïté du mot ģarīb qui signifie « étranger à son milieu », mais
aussi « rare », comme dans l’expression ġarīb al-luġa.
96. Lisān, III, 42, où ce ḥadīṯ est reproduit.
97. Cf. ḤAN. II, 390.
98. Cf. ABŪ DĀWŪD, 36, 10.
99. Cf. TIR, 39, 16.
225
246. Coran, LXIX, 36. BLACHÈRE, transcrit en supposant qu’il s’agit d’un nom étranger de sens
obscur. Muškil, 48 : « c’est ce qui coule du corps des suppliciés de l’enfer ».
247. Coran, XVIII, 9. BLACHÈRE transcrit. Ce peut être un nom propre attribué soit au chien des sept
dormants, soit à la cité où ils vivaient.
248. BUḪ. 23, 81 = HM I, 438 ; 63, 40 = HM III, 36 ; cf. BUḪ. 81, 51 = HM III, 310.
249. Coran, IX, 113.
250. Coran, XXVIII, 56.
251. Cf. ḤAN. IV, 373, 374.
252. Sakīna. Ce membre de phrase confirme la trad. BLACHÈRE par « présence divine ». Cf. trad.
BLACHÈRE, index, s.v.
253. BUḪ. 62, 6 = HM II, 597 ; ḤAN. II, 339 ; VI, 55.
254. Abū Ḥasan = ici ‘Alī. Habituellement : Abū l-Ḥasan.
255. Coran, XLVI, 15.
256. Coran, II, 233.
257. MĀLIK, 54, 35 ; Ḥan. II, 186, 214.
258. Voir p. ex. ABŪ DĀWŪD, 11, 96.
259. Voir p. ex. BUḪ. 61, 25 = HM II, 570.
260. Coran, V, 75.
261. Coran, XXV, 7.
262. BUḪ. 86, 7 = HM IV, 377.
263. BUḪ. 86, 13 = HM IV, 380.
264. Coran, V, 38.
265. DĀRIMĪ, intr., 48.
266. BUḪ. 56, 152 = HM II, 352 ; ḤAN. III, 107, 163, etc…
267. Sur idāwa, voir Tāğ, X, 12, s.v. et II, 163, s. saṭīḥ.
268. En d’autres termes, les Arabes — et semble-t-il aussi les Persans — n’hésitent pas à proférer
les imprécations les plus violentes pour les motifs les plus futiles.
269. Ḥan. III, 453.
270. Ce ḥadīṯ se retrouve dans Lisān, XVII, 79 = Tāğ, IX, 237.
271. Ce ḥadīṯ se trouve dans Tāğ, III, 387, s. ‘iḏār.
272. Tāğ, IX, 238.
273. Voir Lisān, XVII, 80.
274. Voir Lisān, XVII, 80, où tout ce passage figure presque dans les mêmes termes.
275. Coran, XCIII, 6-8.
276. Allusion à Coran, VI, 152 ; XVI, 125 ; XXIII, 97 ; XXIX, 44 ; XLI, 33.
277. Coran, XXI, 35.
278. BUḪ. 46, 30, = HM II, 151 ; 74, 1 = HM IV, 86 ; 86, 1 = HM IV, 375 ; 86, 6 = HM IV, 377.
279. BUḪ. 60, 47 = HM II, 516 ; ḤAN. III, 135, 224.
280. Coran, XII, 17.
281. Coran, LXIII, 3.
282. Coran, II, 62 ; cf. XXII, 17. On notera que le texte porte à deux reprises : « man āmana minhum
billāh » ; or minhum ne figure pas dans la Vulgate. Il y a visiblement confusion avec II, 126, où
figure minhum, mais non la première moitié du verset II, 62. Il est difficile de dire dans quelle
mesure cette confusion est imputable à Ibn Qutayba.
283. Il semble qu’il faille compléter le texte ainsi ; à moins de supposer que la négation lā est de
trop, ou simplement que le membre de phrase « li’an-nahum lā yu’minūna bi-llāh wa-l-yawm al-aḫir
» a été recopié une fois de trop à une ligne d’intervalle.
284. Irhāṣ = iṯbāt ; Tāğ, IV, 400.
285. BUḪ. 86, 20 = HM IV, 384.
230
286. BUḪ. 78, 29 = HM IV, 151 ; ḤAN. I, 387 ; II, 288, 336, etc…
287. ḤAN. III, 154.
288. Cf. BUḪ. 2, 21 = HM I, 19.
289. ḤAN. II, 418 ; V, 381 ; VI, 382.
290. Cf. BUḪ. 2, 1 = HM I, 11, où une sentence analogue est attribuée à ‘Umar b. ‘Abd al-‘Azīz.
291. Cette sentence ne paraît pas avoir été retenue par les compilateurs.
292. Cf. TIR. 34, 27.
293. ḤAN. II, 75 ; IV, 404… ; V, 232, etc…
294. ḤAN. VI, 35, 43, 67, etc...
295. BUḪ. 4, 64, 65 = HM I, 92, 93 ; ḤAN. III, 485 ; VI, 47.
296. BUḪ. 72, 30 = HM IV, 20 ; ḤAN. I, 227, etc…
297. ḤAN., IV, 310, 311.
298. Tāğ, I, 152, précise qu’il s’agissait de peaux « en cours de tannage » (fī dibāġihā) ; = Lisān, I,
211.
299. Cf. Lisān, I, 211.
300. Ši‘r, 95. Texte : wa-lāqat ; Ši‘r : fa-lāqat.
301. ḤAN. I, 227.
302. ḤAN. VI, 101.
303. Tāğ, V, 221 : vêtement léger de laine, de soie ou de lin servant d’izār. Tāğ ajoute que
dans ce ḥadīṯ, ‘Ā’iša l’emploie au figuré : il s’agirait ici d’un vêtement de laine quelconque.
DOZY, s.v. : espèce de jupe traînante.
304. Cf. BUḪ. 6, 4, 21, 22 = HM I, 111, 119, 120, où l’héroïne de cette histoire est Zaynab, et non
‘Ā’iša.
305. BUḪ. 64, 56 = HM III, 196 ; ḤAN. II, 419, etc…
306. MUS. 44, 61 ; cf. ḤAN. VI, 99, 199.
307. Lisān, XIII, 295. On appellerait muraḥḥal tout vêtement sur lequel serait figuré un raḥl (selle).
On préfère la définition d’Ibn Qutayba, un peu moins restrictive.
308. Ḏū Arwān ou Ḏarwān. Lisān, XVII, 52 et Tāğ, IX 231 ne savent de ce puits que ce qu’en dit Ibn
Qutayba. C’est un puits de Médine « bien connu ».
309. BUḪ. 59, 11 = HM II, 446 ; 76, 47 = HM IV, 85, etc… ; ḤAN. VI, 57 ; cf. ḤAN. IV, 367, etc…
310. Coran, XLI, 42.
311. Coran, LXXII, 26-27.
312. Texte : tamā’im (amulettes) ; l’éd. signale une leçon namā’im qu’on a adoptée car d’une part le
mot est associé à kaḏib (mensonge) et d’autre part namīma est considéré par RĀZĪ comme une
forme de siḥr (sortilège). Cf. Tarbī‘, ٢٠٥, et EI, s. Siḥr, IV, 431.
313. Coran, XX, 66.
314. Coran, II, 102.
315. BAYḌĀWĪ ne signale pas cette lecture. Il signale toutefois « malikayn » (les deux rois). D’autre
part, il mentionne une autre interprétation de « malakayn » il s’agirait de deux hommes ainsi
appelés pour leur sainteté (21 in fine). Sur Hārūt et Mārūt, cf. index.
316. Il s’agissait donc pour les Mu‘tazilites de ramener ce verset à une interprétation
matérialiste.
317. Coran, CXIII, 1-4.
318. EI, s.v. Zakariyā, IV, 1270. Le Zacharie de l’Évangile est visiblement confondu avec le petit
prophète de la Bible.
319. EI, s.v. Yaḥyā, IV, 1211. C’est une réminiscence de l’épisode d’Hérodias, Matt., 14 ; Marc, 6, 17
sqq.
231
320. Coran, IV, 157 ; les commentaires sont formels : šubbiha lahum fait allusion à une substitution.
P. ex. BAYḌĀWĪ, 135.
321. BUḪ. 58, 7 = HM II, 412 ; 64, 41 = HM III, 171 ; ḤAN. II, 451.
322. BUḪ. 64, 83 = HM III, 238. Cf. muškil, 118.
323. Texte : ‘alā l-nabiyyīn, qui est incompatible avec ce qui précède. Il faut lire : ‘alā-l-nabī.
324. Coran, XXII, 52.
325. Cette anecdote est [relatée en détail dans BAYḌĀWĪ, 447, après le commentaire du verset. Il
s’agit d’un verset supplémentaire (cf. trad. BLACHÈRE, p. 561, 20bis et 20ter) que le Démon aurait
inspiré au Prophète récitant la sourate LIII (l’Étoile).
326. Coran, XXII, 52, suite.
327. Coran, XXII, 53.
328. Coran, II, 255, dont les vertus prophylactiques sont célèbres. Cf. BUḪ., 59, 11 = HM II, 447 ; 40,
10 = HM II, 87 ; 66, 10 = HM III, 529. — Cf. ḤAN. V, 128.
329. Coran, XXXVIII, 41.
330. Texte : laysa hāḏā bi-munkar min ta’wīlātihim ; var. signalée par l’éd. : laysa hāḏā bi-awwali
ta’wīlātihim. La trad. proposée est conforme au sens, mais conjecturale en l’absence d’un texte sûr.
Peut-être faut-il lire : bi-ankar min,. (ce n’est pas plus détestable, plus absurde que…).
331. Allusion à Coran, XXXVIII, 34 où les commentateurs expliquent que le « fantôme » (ğasad)
était un démon. Cf. WENSINCK, Hwb. s. Sulaiman, 702 ; BAYḌĀWĪ, 603 ; BLACHÈRE, Coran, 485 note 33.
332. Allusion à Coran, XXXVIII, 36-37.
333. Légende célèbre, sur laquelle voir Tarbī‘, 46, d’après EI, IV, 1309 ( HARTNER).
334. C.-à-d. probablement : changez de méthode !
335. Variante : Muḥammad b. Muslim b. Sālim al-Ṭā’ī.
336. BUḪ. 60, 50 = HM II, 521.
337. Cf. EI, II, 289, s. Hārūt et Mārūt (WENSINCK), qui signale que d’après QAZWĪNĪ (‘Ağā’ib al-maḫlūqāt,
éd. Wüstenfeld, 1849) ces deux anges sont restés à Bābil après leur aventure avec Vénus pour y
enseigner la magie ; SAMARKANDĪ (Bustān al-‘ārifīn, Qazan 1298/1880, dans PELLAT, Tarbī‘, 46, s. az-
Zuhara) dit seulement que H. et M. restèrent à Bābil, emprisonnés. La version de Qazwīnī est tout
à fait conforme à l’anecdote fantastique d’Ibn Qutayba
338. Cf. ḤAN. I, 184 et surtout ḤAN. II, 182, 212.
339. BUḪ. 34, 102 = HM II, 51 ; 46, 31 = HM II, 152 ; ḤAN. II, — 240 etc…
340. Cf. BUḪ. 61, 18 = HM II, 548 ; 65, s. 17, n. 5 = HM III, 364.
341. Coran, XLIII, 61. Ce passage paraît confirmer la lecture ‘alam — au lieu de ‘ilm de la Vulgate —
signalée par BAYḌĀWĪ, 653, avec une certaine faveur, et reçue par BLACHÈRE, 523.
342. Il est difficile de déterminer le jeu de ‘ alam - ‘ilm dans ce passage. L’éd. a cru pouvoir
vocaliser partout ‘alam, sauf dans le verset. Si Ibn Qutayba lit ‘ilm (ce qui est rien moins que sûr),
il est clair qu’il le prend dans le sens de ‘alam.
343. Ibn Qutayba fait ici d’une pierre deux coups. En réfutant les Mu‘-tazilites, il réfute aussi le
dogme de la divinité du Christ.
344. BUḪ. 38, 3 = HM II, 74 ; 39, 3 = HM II, 77, etc… ḤAN. II, 290, 380, etc…
345. BUḪ. 65, s. 33, ch. 1 = HM III, 416 ; 69, 15 = HM III, 652 ; ḤAN. II, 287, 290, etc…
346. BUḪ. 69, 15 = HM III, 652.
347. ḤAN. III, 61.
348. C.-à-d. 4 fois, puisque quatre témoins à charge sont requis. Cf. WENSINCK, Hwb., 826, s. Zinā’.
349. BUḪ. 53, 5 = HM II, 234 ; 54, 9 = HM II, 246 ; 83, 3 = HM IV, 331, etc…
350. MĀLIK, 41, 12.
351. IBN MĀĞA, 21, 36.
352. Ce dernier trait ne figure pas dans le ḥadīṯ de Mā‘iz, ḤAN. III, 61. Toutefois, voir un exemple
de la mansuétude du Prophète en cas de lapidation dans ḤAN. IV, 66.
232
353. Tawqīt peut être synonyme de taqdīr sans aucune idée de temps. Cf. LAOUST, Qudāma, 255,
note 1, qui renvoie au Šarḥ al-Muġnī, de ŠAMS AL-DĪN B. QUDĀMA, en marge du Muġnī de MUWAFFAQ AL
-DĪN B. QUDĀMA, Caire 1341-1348 / 1922-1930, IX, 621, 625.
354. Coran, IV, 25.
355. Allusion à Coran, II, 71, où tuṯīru a le sens de « remuer la terre ».
356. C’est le mot employé dans Coran, II, 196.
357. Le verset se termine par « comme esclaves croyantes ».
358. Puisqu’elles sont opposées aux esclaves.
359. ḤAN. IV, 186, 238 ; V, 266.
360. Coran, II, 180.
361. En réalité plusieurs versets : IV, 7-12.
362. Coran, IV, 13-14.
363. BUḪ. 67, 28 = HM III, 560.
364. BUḪ. 52, 7 = HM III, 211 ; 67, 21, 117 = HM III, 555, 602… ḤAN. I, 275, 290, 329… ; IV, 4, 5, etc…
365. Coran, IV, 23.
366. Coran, IV, 23.
367. Coran, IV, 24.
368. Coran, II, 106.
369. Les docteurs musulmans se plaisent à mettre l’accent sur l’allègement apporté par le Coran
par rapport aux prescriptions antérieures, notamment de la Bible. Cf. index, s. ḥanīfiyya.
370. Par « Coran », il faut évidemment entendre ici « destiné à être récité ».
371. DĀRIMĪ, intr., 48.
372. Coran, LIX, 7.
373. ḤAN. IV, 4, 5 ; cf. Ḥan. I, 432. C’est à dire : il faut un allaitement plus prolongé.
374. Cf. EI, I, 243, s. ‘āḳila.
375. Très nombreux ḥadīṯ-s. Voir WENSINCK, Handbook, s. Clothes, p. 45. Notamment BUḪ. 51, 27 =
HM II, 198, etc…
376. BUḪ. 56, 91 = HM II, 321 ; 77, 29 = HM IV, 108 ; ḤAN. III, 122, 180, etc…
377. BUḪ. 87, 8 = HM IV, 408.
378. BUḪ. 56, 94 = HM II, 376 ; cf. aussi 63, 45 = HM III, 44 et la note des trad.
379. BUḪ. 41, 15 = HM II, 97 ; cf. ḤAN. III, 304, 327, 338, etc…
380. BUḪ. 25 ; 81 = HM I, 533, etc… C.-à-d. : « Je me désacraliserais maintenant » (la scène se passe
après la ‘umra, avant d’entreprendre la visite à Minā et de sacrifier les victimes). Cf. index, s. ihlāl.
381. Cf. BUḪ. 9, 24 = HM I, 199, etc…
382. ḤAN. III, 237, 250.
383. Ibid.
384. Ibid. et IV, 406.
385. Ibid. et cf. BUḪ. 74, 3 = HM IV, 35.
386. Index, s. kalāla.
387. Cf. ḤAN. IV, 295, 301.
388. Index, s. ẓihār.
389. On n’a retrouvé que des ḥadīt-s où au contraire le Prophète prend position. P. ex. ABŪ DĀWŪD
13, 17.
390. BUḪ. 26, 10 = HM I, 573 ; cf. BUḪ. 25, 17 = HM I, 499.
391. Ce ḥadīṯ figure dans Lisān, IX, 260 : « Il a ordonné de faire passer le turban sous le menton (
talaḥḥī) et non le contraire (iqti‘āṭ) ».
392. Le mot ğallāla s’applique aux animaux qui se nourrissent de détritus ou de fiente ; Lisān, XIII,
126. ḤAN. I, 219, 226, 241, etc….
233
435. C’est à dire la période au cours de laquelle Moïse séjourna au Sinaï et où Dieu se manifesta à
lui.
436. Suite de Coran, VII, 143. Le contexte permet de corriger en ce sens la trad. BLACHÈRE : « si elle
s’immobolise… ». En fait, istaqarra signifie ici « demeurer ferme sur sa base, ne pas bouger, ne pas
être ému ».
437. Lisān, XVIII, 164 ; mais le verbe ğalā est également intransitif ; « se dévoiler ».
438. Cf. note 811. Ce passage laisse à penser qu’une lecture a‘lamu, primitivement -‘lam, inspirée
par l’exégèse mu‘tazilite, a pu prévaloir sur une lecture a lam tara, plus orthodoxe.
439. Matt. V, 7(8.
440. Coran, LXXV, 22-23.
441. Coran, LXXXIII, 15.
442. ḤAN. II, 173 ; VI, 182, 251, 310.
443. Ši‘r, 591. « Il » représente le chamelier et « eux » les chameaux.
444. BUḪ. 97, 16, 26, 36 = HM IV, 590 sqq. ; 609, 629.
445. Coran, XXXIX, 67.
446. BUḪ. 65, s. 11, ch. 2 = HM III, 344 ; ḤAN. II, 242, 313, 500. Sur saḥḥā’, voir Tāğ, II, 160 où ce ḥadīṯ
figure également.
447. L’iwāna est un puits bien connu que Lisān, XVI, 183, et Tāğ, IX, 132 localisent tous deux en
citant le vers.
448. BUḪ. 63, 10 = HM III, 8, etc…
449. Ibid. et 56, 28 = HM II, 294.
450. Ibid. et MUS. 36, 172.
451. Coran, XIII, 5.
452. Cf. ḤAN. II, 268, 409, 518.
453. Coran, XXXIII, 9.
454. On n’a pas retrouvé ce ḥadīṯ. Mais voir p. ex. BUḪ. 61, 2 = HM II, 536, où sont vantées les
vertus du Yémen.
455. On sait que les Anṣār (Aws et Ḫazrağ) sont unanimement considérés comme de souche
yéménite. Cf. EI, II, 993, s. Ḵhazraḏj.
456. On a retenu la leçon du texte : tuḥabbabūn wa tubağğalūn, ignorée par les recueils de ḥadīṯ, qui
ne connaissent que tağbunūn wa tabḫalūn (?). ḤAN. VI, 409 ; cf. ḤAN. IV, 172.
457. BUḪ. 65, s. 44, ch. 3 = HM III, 441 ; ḤAN. I, 380, 431, 441.
458. Ce vers serait de ZUHAYR ; Lisān, XVI, 89.
459. D’après KAZIMIRSKI : solsola imbricata.
460. Al-Inğīl al-ṣaḥīḥ. On incline à voir là la traduction de l’expression : « le Saint Évangile » dans
le texte original d’où fut traduit l’exemplaire dont disposait Ibn Qutayba. Cf. LECOMTE, Citations,
44-45.
461. Matt. V, 33-37. Texte remarquable de fidélité à l’original.
462. Ce ḥadīṯ se retrouve dans Tāğ, II, 110.
463. On trouve plutôt ḏirā‘ al-ğabbār. Voir § 101. ḤAN. II, 334, 547.
464. Coran, L, 45.
465. SUYŪṬĪ, Ğāmi‘, 151.
466. Cette réflexion de ‘Ā’iša ne paraît pas avoir été retenue par les compilateurs de ḥadīṯ.
467. ḤAN. V, 243 ; cf. IV, 66 ; V, 58.
468. Coran, CII, 143. Toute cette argumentation fait double emploi avec celle du n° LII.
469. Coran, XVII, 60.
470. On n’a pas retrouvé ce trait, qui pourrait bien avoir été forgé pour la circonstance.
471. Coran, LXXXI, 23.
235
472. BUḪ. 59, 7 = HM II, 436 ; 65, s. 53, ch. 2 sqq. = HM III, 456 ; ḤAN. I, 395, 460. Tous ces ḥadīṯ-s
attribuent à Gabriel six cents ailes seulement.
473. Cf. ḤAN. IV, 181.
474. Coran, XVII, 1.
475. Ẓāhir. Importante prise de position sur l’exégèse coranique.
476. Cf. BUḪ. 79, 1 = HM IV, 214 ; ḤAN. II, 244, 251, 310.
477. Coran, XLII, 11. On a ici quelque peu torturé le français afin de rendre intelligible la
démonstration qui suit.
478. En somme, il faudrait distinguer miṯl, qui n’est qu’une kināya désignant le sujet lui-même, et
naẓīr, qui désigne un « semblable », c’est-à-dire un « autre ».
479. Le texte porte kakamā, où ka- fait évidemment double emploi avec -kamā. On admettra que
cette tournure est aussi insolite que la traduction qu’on lui donne ici pour les besoins de la cause.
Le rāğiz serait AL-ḤAṬṬĀM AL-MUĞA-ŠI‘Ī. Pour le commentaire de ce vers, voir IBN HIŠĀM, Muġnī, avec
le commentaire de DASŪQĪ, Caire 1358, 193.
480. Nūr, sic.
481. Gen. I, 25 et II, 7.
482. Réminiscence d’Exode XVII, 6, épisode du rocher d’Horeb.
483. ḤAN. IV, 11.
484. MĀLIK, 56, 3.
485. Il s’agit d’ABŪ ḎU’AYB AL-HUḎALĪ, ḪUWAYLID B. ḪĀLID, sur lequel voir Ši‘r, 635-642.
486. Coran, LII, 30.
487. Coran, XLV, 24.
488. BUḪ. 97, 50 = HM IV, 643 ; ḤAN. II, 251, 316, 413… ; III, 40, 127, etc…
489. Coran, XXII, 51 = XXXIV, 5.
490. ḤAN. VI, 296.
491. P. ex. BUḪ. 10, 163 = HM I, 287.
492. Coran, XXIV, 31.
493. C.-à-d. des yeux et des mains.
494. Coran, XXXIII, 53.
495. ḤAN. VI, 49, 208, 237. Le cas auquel s’applique cet adage est bien défini ici.
496. BUḪ. 34, 64 = HM II, 33 ; ḤAN. I, 430, 431 ; II, 248, 460, 481.
497. BUḪ. 36, 2 = HM II, 60 ; ḤAN. VI, 10, 390.
498. ḤAN. IV, 388, 390 ; V, 8, 12, etc…
499. BUḪ. 90, 14 = HM IV, 446.
500. Texte : muttaṣilāni, wa ‘alā annahumā ; il faut supprimer wa.
501. BUḪ. 59, 16, 17 = HM II, 456 sqq. ; 76, 58 = HM IV, 91 ; ḤAN. II, 229… ; III, 67.
502. Ce passage rappelle curieusement le Tarbī‘, qui pourrait bien être visé.
503. Texte : yasta‘idd ; l’éd. propose yastatir, sans réf. à un manuscrit. On peut penser également à
yastamidd, mais la leçon du texte est claire.
504. BUḪ. 60, 8 = HM II, 473 ; 81, 53 = HM IV, 315 ; ḤAN. I, 235, 453 ; V. 50.
505. Sur cette histoire, cf. Tarbī‘, s. ‘Uyayna… p. 44, et EI, IV, 874 — ( VACCA), s. Ṭulayḥa.
506. Coran, IX, 101.
507. Coran, XLVIII, 29.
508. Coran, XLVIII, 18.
509. BUḪ. 61, 25 = HM II, 557.
510. L’expression n’est pas très claire. Il peut y avoir une allusion aux prophéties que les
Musulmans prétendent découvrir dans les Écritures antérieures relativement aux personnages
de l’Islam. P. ex. BUḪ. 34, 50 = HM II, 27. — On pourrait aussi interpréter : « qu’il leur trouve des
termes de comparaison dans la Thora et l’Évangile ». Ce dernier sens serait confirmé par le § 41 ≠
236
36 in fine, où l’expression ḍaraba lahu maṯalan signifie nettement : « imaginer quelque chose à titre
de démonstration ou d’exemple ».
511. Sur Moïse-Adam, BUḪ. 60, 31 = HM II, 504… ; ḤAN. II, 248 etc… Les traditionnistes ne
paraissent pas avoir retenu une discussion sur ce sujet entre Abū Bakr et ‘Umar.
512. Texte : na‘tadd (?). Nous lisons na‘tadī.
513. Voir index, s.v.
514. BUḪ. 2, 15 = HM I, 17 ; ḤAN. II, 56, 147, 392, etc...
515. Coran, IX, 103.
516. Coran, XXV, 77.
517. Coran, IX, 103. On peut se demander s’il n’y a pas ici une phrase recopiée deux fois à deux
lignes d’intervalle.
518. Coran, XXIII, 56.
519. Divers ḥadīṯ-s affirment que le prélèvement de la ṣadaqa ne diminue en rien le patrimoine,
car il s’accroît d’autant dans l’autre monde ; ḤAN. II, 235, 438.
520. BUḪ. 60, 54 = HM II, 533 ; ḤAN. IV, 121, 122 ; V, 273.
521. ḤAN. IV, 161.
522. ABŪ DĀWŪD, 2, 56 ; cf. ḤAN. V, 147.
523. Ces paroles d’Ibn ‘Umar ne paraissent pas avoir été retenues.
524. Il semble que le sujet de cette phrase soit Sulaymān, s’adressant à Ibn ‘Umar dans le
troisième ḥadīṯ.
525. Cf. BUḪ. 4, 75 = HM I, 97 ; ḤAN. II, 392 ; III, 55.
526. ABŪ DĀWŪD, 1, 88 ; cf. ḤAN. I, 16, 17, 44, etc…
527. ḤAN. VI, 43.
528. BUḪ. 4, 58 = HM I, 91 ; 78, 80 = HM IV, 181.
529. Cette version n’a pas été retenue par les compilateurs.
530. BUḪ. 30, 33 = HM I, 621 ; ḤAN. VI, 46, 193, etc…
531. NASĀ’Ī, 22, 53.
532. ḤAN. IV, 24, 426, 431, etc…
533. ḤAN. IV, 414.
534. P. ex. BUḪ. 30, 24 —= HM, I, 616.
535. Les compilateurs ne paraissent pas avoir retenu ce ḥadīṯ.
536. BUḪ. 6, 5 = I, 112 ; 30, 23 = HM I, 615 ; ḤAN. VI, 40, 44, 98, 126, 156, etc…
537. BUḪ. 4, 5 = HM I, 67 ; 19, 16 = HM I, 372 ; 61, 24 = HM II, 554 ; ḤAN. I, 220, 278, etc…
538. On n’a pas retrouvé ce ḥadīṯ relatif aux chèvres.
539. Cf. ḤAN. V, 352 pour chevaux et chameaux ; II, 436 pour moutons.
540. Coran, LVI, 21.
541. Le mot idām désigne toute nourriture ou condiment à manger avec du pain : Tāğ, VIII, 181,
où se trouve la première partie du ḥadīṯ. La seconde se trouve dans Tāğ, X, 282, s. fāġiya.
542. ḤAN. II, 436.
543. BUḪ. 23, 33 = HM I, 416 ; ḤAN. IV, 414, 437 ; VI, 39, 57 etc…
544. Coran, VI, 164 = XVII, 15 = XXXV, 18 = XXXIX, 7 = LIII, 38.
545. Coran, XLV, 26.
546. Coran, XXIII, 12-16.
547. Coran, II, 185.
548. Il s’agit de la vermine, ou encore d’une blessure ; BAYḌĀWĪ, 43.
549. Coran, II, 196.
550. Coran, LXV, 2.
551. Coran, II, 282.
552. Coran, IV, 93.
237
586. Il s’agit apparemment de ‘Ubayd Allāh. On n’a pas trouvé trace d’un fils du dernier calife
umayyade du nom de ‘Ubayd Allāh. Il s’agit probablement soit d’un diminutif, soit d’une
altération involontaire de ‘Abd Allāh fils de ce calife ayant joué un rôle non négligeable dans les
événements ayant immédiatement précédé l’effondrement du calife umayyade, et mort en prison
à Bagdad ; cf. Index, s.v.
587. Coran, XVIII, 82.
588. BUḪ. 15, 3 = HM I, 331 ; 62, 11 = HM II, 611.
589. Il s’agit du ḥadīṯ incriminé au début du chap. LXXVIII : « Le mort est tourmenté à cause des
pleurs des vivants ». En effet, BUḪ. 23, 33 = HM I, 417, rapporte ce ḥadīṯ et signale que ‘Ā’iša en
aurait minimisé la portée.
590. Coran, L, 29.
591. ḤAN. V, 154, 161.
592. On n’a pas retrouvé ce ḥadīṯ.
593. Cf. BUḪ. 63, 27 = HM III, 24, etc…
594. Cf. § 211 sqq.
595. Cf. Tarbī‘, s. misḫ.
596. BUḪ. 63, 27 = HM III, 24, etc…
597. Coran, V, 60.
598. On ne voit pas à quel ḥadīṯ il est fait allusion ici.
599. Sourate XXXVI.
600. Sourate II.
601. Sourate III.
602. Cœur et bosse : ḤAN. V, 26 ; nuages, ombrages, vols d’oiseaux : ḤAN. IV, 183 ; V, 249, 361, etc…
Pour les « vols d’oiseaux », le texte dit ḫirq, et l’éd. signale une variante ḥizq. Les concordances
ignorent ḫirq, et ne signalent que ḥizq, avec une variante firq.
603. Cf. ḤAN. IV, 183.
604. Cette phrase se rapporte au ḥadīṯ de la note précédente. Ce passage, ainsi que les lignes
suivantes, paraissent abrégés.
605. Cf. ḤAN. IV, 183 ; V, 249, 361 etc…
606. Les ḥadīṯ-s en ce sens que l’on a trouvés ne font pas mention de la friction du turban. Voir
toutefois ABŪ DĀWŪD, 1, 58.
607. TIR. 1, 75 ; ḤAN. IV, 135 ; V, 281, etc…
608. ABŪ DĀWŪD, 1, 60.
609. Cette importante affirmation est assez conforme à la position hanbalite. D’après H. Laoust,
Ibn Taymiyya, 239, « l’iğmā‘ est une preuve catégorique qui ne comporte ni abrogation, ni
interprétation allégorique. Il doit être pris en considération avant le Coran et la Sunna ».
610. Le problème est de savoir s’il convient de prononcer une seule formule de salutation après la
Prière (ḤAN. VI, 236) ou deux (ḤAN. V, 59).
611. Mālik est en effet un des grands docteurs du Ḥiğāz, et il est fondé à connaître des faits
ignorés des docteurs moins proches du berceau de l’Islam.
612. Akṯar (?), ; on se demande s’il ne faut pas comprendre : « plus solide, plus sain ». En effet, l’
iğmā‘ a naturellement priorité sur le ḫabar aḥād dans la hiérarchie des critères méthodologiques.
613. ḤAN. I, 223, 283, etc… ; II, 33.
614. Cf. TIR. 2, 24.
615. Cf. MĀLIK,,9 4.
616. ḤAN. I, 221 ; ABŪ DĀWŪD, 18, 8.
617. Tout repose sur le rôle de huwa (lui-même), qui est à vrai dire rien moins que clair dans ce ḥ
adīṯ, et sur l’ambiguïté du mot mawlā, qui désigne aussi bien le patron que l’affranchi.
239
618. On sait que le patron (mawlā) est le dernier sur la liste de la ‘aṣaba, c’est-à-dire des ayants
droit à l’héritage. Il a donc droit à l’héritage s’il n’existe pas d’ayants droit prioritaires (cf. Hwb, s.
Mirāṯ).
619. TIR. 2, 177 ; NAS. 12, 30. Cf. aussi EI, II, 1184, s. ḳunūt (WENSINCK).
620. On n’a pas trouvé de ḥadīṯ où soient associés le toupet et le turban.
621. Coran, V, 6 : « Passez-vous la main sur la tête… » Il ne faut donc pas prendre ici le mot
« toupet » au pied de la lettre.
622. P. ex. ḤAN. IV, 252, où effectivement il n’y a qu’un seul ḥadīṯ.
623. MUS. 32, 28 ; ABŪ DĀWŪD, 15, 111.
624. Les compilateurs ne paraissent pas avoir retenu ce ḥadīṯ.
625. Cf. BUḪ. 63, 12 = HM I, 10.
626. SUYŪṬĪ, Ğāmi‘, 132 (d’après Ṭabarāmī).
627. BUḪ. 16, 1, 13 = HM I, 342, 349 ; 59, 4 = HM II, 425 ; ḤAN. II, 109, 118 ; IV, 122, 245 ; VI, 168, etc…
628. BUḪ. 59, 4 = HM II, 425.
629. BUḪ. 63, 12 = HM I, 10.
630. Coran, XLIV, 29.
631. Coran, XII, 82.
632. BUḪ. 96, 16 = HM IV, 566 ; ḤAN. III, 140, etc…
633. Cf. p. ex. BUḪ. 59, 6 = HM II, 433, et ḤAN. II, 364, etc…
634. BUḪ. 97, 36 = HM IV, 627.
635. Coran, XIX, 71.
636. Cf. Coran, XIX, 72.
637. BUḪ. 62, 6 = HM II, 598 ; ḤAN. III, 208, 218, 239…
638. Coran, V, 109.
639. ḤAN. II, 5 ; cf. BUḪ. 51, 7 = HM II, 186 ; 70, 8 = HM III, 659, etc…
640. ḤAN. I, 29.
641. BUḪ. 95, 6 = HM IV, 543.
642. Cf. Coran, VI, 145-146.
643. P. ex. ḤAN. III, 31, 39, 45, 53.
644. Il est bien difficile de déterminer les variétés de sauriens que désignent les différents mots
employés par Ibn Qutayba. On a vu déjà le mot wazaġa (gecko ?). Le mot burṣ, d’après WEHR,
Arabisches Wörterbuch, désignerait aussi le gecko en arabe moderne. Dans Adab, 208, Ibn Qutayba
semble considérer les deux mots comme synonymes (wazaġa = sāmm abraṣ). Quant à ‘izā’ qui figure
ici (collectif de ‘izāya du § 15), c’est un « lézard » d’une autre espèce. Voir aussi les notices du
Tarbī‘, s. ‘iẓāya, ١٧٢, et wazaġa, 31. DOZY, II, 800 (d’après Voc. et Alc. : salamanquesa animal) traduit
wazaġa par tarente. On peut se demander s’il ne convient pas de rapprocher la légende de la
wazaġa crachant le feu et la vieille croyance occidentale (?) de l’immunité de la salamandre ;
quant à la ‘iẓāya qui crache de l’eau, ce pourrait être une sorte de triton.
645. Coran, VII, 157.
646. SUYŪṬĪ, Ğāmi‘, 123 (d’après Ṭabarānī).
647. BUḪ. 80, 14 = HM IV, 245 ; ḤAN. IV, 16, etc…
648. Cf. ḤAN. III, 501.
649. ḤAN. VI, 176, 238.
650. Coran, LVIII, 7.
651. Coran, XLIII, 84.
652. Coran, XX, 4 ; cf. XXV, 59.
653. Coran, XXIII, 28.
654. Coran, XXXV, 10.
655. Allusion aux ḥadīṯ-s du § 292 a.
240
faits laissent à penser que toute cette série de ḥadīṯ-s ne sont que des variantes anciennes d’un
seul et unique récit, d’où il devait ressortir que le Prophète ne détestait pas les divertissements
guerriers.
726. ḤAN. VI, 39, 129, etc…
727. Curieux passage (= ‘Uyūn, II, 62) où il ne faut naturellement pas voir une citation biblique.
Notre auteur a dû se laisser abuser par un informateur philosophe… Cf. LECOMTE, Citations, p. 38.
728. Vers de KUṮAYYIR, Ši‘r, 493.
729. Entre le texte et le Ši‘r, les éd. ne signalent pas moins de cinq variantes : aqṣād, iqṣār, idġāl, ikṯ
ār (?), aḥqād. On a retenu idġāl.
730. Vers de ‘ABD ALLĀH AL-‘ARĞĪ Ši‘r, 557.
731. Coran, LXX, 19-21.
732. Coran, XXI, 37.
733. Coran, XXXIII, 21.
734. Voir la note sur dirakla. On signale ici que la version du ḥadīṯ dans Lisān, loc. cit. porte ğuddū,
yā B. A. ; ici, on a ḫuḏū, qui n’est pas satisfaisant. Comme dans HM II, 317, on a interprété ğuddū
par « allez, continuez ! »
735. On n’a pas retrouvé cette anecdote dans les recueils de ḥadīṯ..
736. On n’a pas retrouvé cette anecdote.
737. BUḪ. 77, 43 = HM IV, 114 ; cf. 19, 18 = HM I, 373.
738. BUḪ 2, 29 = HM I, 22.
739. Ce ḥadīṯ ne paraît pas avoir été retenu sous cette forme. Cf. toutefois BUḪ. 30, 51 sqq. = HM I,
628 sqq.
740. ĞARĪR, Dīwān, 1353, p. 88. Variante : texte rumḥa stihi/ rišḥa stihi. On a retenu la première
leçon.
741. Ces vers ne figurent pas au Dīwān de FARAZDAQ. (éd. Ṣāwī), 1354/1936.
742. Coran, XXXIX, 42.
743. Le ḥadīṯ est expliqué dans Lisān, XIV, 3. Ġirbāl est synonyme de duff (tambourin). BUḪ. 67, 49 =
HM III, 572.
744. ḤAN. II, 165, 187.
745. SUYŪṬĪ, Ğāmi’, 145 (d’après al-Ḥākim).
746. BUḪ. 76, 51 = HM IV, 88, etc… ḤAN. I, 269, etc…
747. Coran, LV, 3-4. On a tenté de conserver un même terme pour tous les emplois de bayān et
mubīn.
748. Coran, XLIII, 18.
749. ḤAN. I, 234, 359, etc… BUḪ. 59, 8 = HM II, 439.
750. IBN MĀĞA, 36, 16.
751. L’allusion à al-Ğāḥiẓ est transparente. Voir la notice sur Ğāḥiẓ,
752. ḤAN. II, 369 ; IV, 193.
753. BUḪ. 57, 1 = HM II, 381 sqq.
754. Coran, XIX, 5-7.
755. Coran, XXVII, 16.
756. L’affaire est relatée par IBN SA‘D, Ṭabaqāt, VIII, 18.
757. Cf. Luc, I, 5. Voir aussi Ma‘ārif, 24, où le nom est Azan. Il peut s’agir d’une corruption d’Abia,
un des ancêtres de Zacharie, père de Jean-Baptiste, ou d’Addo/Iddo, grand-père de Zacharie, le
petit Prophète.
758. Coran, XIX, 12.
759. Coran, XIX, 14.
760. Cette étrange histoire est composée d’éléments forts disparates dont quelques-uns sont
facilement décelables : Évangiles de Matt., Marc, Luc, passim, et peut-être Jean, car la Baṯaniyya
243
(habituellement la Batanée, ou Batan, cf. index) pourrait être simplement la Béthanie de Jean, I,
28 (voir une confusion semblable dans VIGOUROUX , Dictionnaire de la Bible, I, 1662) ; Coran, XIX ;
variations de Wahb b. Munabbih. Pour le reste, ce sont des thèmes d’imagination qu’on n’a
retrouvé nulle part. Tout ce passage est à verser au dossier des rapports entre la tradition
islamique et la tradition judéo-chrétienne. Voir WENSINCK, Hwb, s. Yaḥyā, 805.
761. Coran, XXI, 89-90.
762. Coran, LXXXIX, 17-20.
763. On n’a pas retrouvé cette anecdote.
764. Sur l’héritage d’Abū Bakr, voir IBN SA‘D, III/I, 136 sqq.
765. En effet, la fille reçoit la moitié du patrimoine lorsqu’il n’y a pas d’héritier mâle (
BERGSTRÄSSER , Grundzüge, 91).
766. L’oncle du Prophète, fils de son grand-père paternel, ‘Abd al-Muṭṭalib, avait droit à la même
part que la fille (BERGSTRÄSSER, op. cit., 93).
767. Toute l’affaire de l’héritage du Prophète figure en détail dans le ḥadīṯ, notamment Bu Ḫ. 57, 1
= HM II, 380 sqq.
768. Ibn Qutayba n’est donc pas dupe de ce pseudo ḥadīṯ. Il est trop évident que cette polémique
date de la rivalité entre les ‘Alides et les ‘Abbāsides pour l’accession au califat. Voir à ce sujet
GOLDZIHER, Études, 124-5. La dernière phrase signifie en fait : « Tous ces grands ancêtres sont
innocents des propos qu’on leur prête ».
769. Cf. BUḪ. 67, 22 = HM III, 557.
770. En d’autres termes, la parenté de lait ne saurait être constituée artificiellement en allaitant
un adulte sans nécessité. BUḪ. 52, 7 = HM II, 211 ; 67, 22 = HM III, 557.
771. ḤAN. VI, 39, 356.
772. Cf. BUḪ. 67, 22 = HM III, 557.
773. Texte : qīla ; il faut évidemment lire qutila.
774. Voir § 161 sq.
775. Mağbūb : émasculé radicalement (Lisān, I, 242).
776. Cf. index, s. muḫannaṯ.
777. Coran, XXIV, 31. BAYḌĀWĪ, 467, explique ainsi cette restriction : « Il convient que les femmes
ne se dévoilent pas devant des femmes infidèles car celles-ci n’hésiteraient pas à aller les décrire
à n’importe qui ! » Les commentateurs sont visiblement déconcertés par l’expression « wa
nisā’ihinna », qui paraît désigner les suivantes de la maîtresse de maison. Il est curieux de
constater que l’interprétation suivante, apparemment la plus simple, n’a pas été retenue : on
peut penser que le mot banī est en annexion à la fois avec aḫawātihinna et avec nisā’ihinna, et qu’à
l’origine, les enfants des suivantes pouvaient aller et venir dans la maison au même titre que les
enfants des sœurs.
778. Coran, XXIV, 31.
779. Ce qui impliquerait une assimilation ipso facto.
780. ABŪ DĀWŪD, 38, 3.
781. Nécessaires pour constituer la parenté de lait.
782. ḤAN. V, 131, 132, 183 ; VI, 269.
783. Coran, XLI, 41-42.
784. Coran, V, 3.
785. BUḪ. 65, s. 9, 20 ; ḤAN. V, 185.
786. Cf. Lisān, XI, 207.
787. Pour en fabriquer.
788. Cf. BUḪ. 60, 48 = HM II, 519.
789. Coran, XX, 12.
244
790. Ḥubla : désigne soit la vigne, soit diverses plantes épineuses. Il semble qu’on soit fondé à
retenir la vigne.
791. On n’a pas trouvé ce ḥadīṯ sous cette forme. Mais d’assez nombreux ḥadīṯ-s prescrivent de
bien traiter telle ou telle bête domestique.
792. Toutes ces propositions font allusion à diverses légendes : déluge = histoire de Noé ;
grenouilles = histoire de Moïse ; pierres = histoire de Loth ; sur Nemrod, voir EI, III, 900 ( HELLER) ;
Yémen = histoire de la digue de Ma’rib.
793. BUḪ. 25, 67 = HM I, 524 etc… ḤAN. I, 3, 79, etc…
794. BUḪ. 86, 30 = HM IV, 390 ; ḤAN. I, 23 ; etc…
795. Servant de couverture.
796. BUḪ. 67, 28 = HM III, 560.
797. BUḪ. 86, 13 = HM IV, 380.
798. ḤAN. I, 16, 22, 49.
799. ḤAN. I, 46.
800. BUḪ. 97, 50 = HM IV, 643 ; ḤAN. II, 251, 316, 413… ; III, 40, 127, etc…
801. DĀRIMĪ, intr., 48.
802. En somme, la seule différence entre la Sunna et le Coran est que ce dernier fait l’objet d’une
récitation liturgique.
803. ḤAN. III, 61.
804. MUS. 18, 25.
805. Voir WENSINCK, Hwb., s. Raḍā‘.
806. ḤAN. II, 12, 23, etc…
807. Le caractère suspect des informations transmises par M. b. Isḥāq a été souvent relevé. Il
remonte d’ailleurs aux différends qui l’opposèrent au Ḥiğāz à Mālik b. Anas et aux autres
traditionnistes. Cf. WENSINCK, Hwb., s. Ibn Isḥāḳ..
808. ḤAN. III, 286 ; šaṭr al-ḥusn, au lieu de niṣf —.
809. Coran, XII, 20.
810. Coran, XII, 58.
811. Coran, XII, 31.
812. Coran, XII, 30.
813. Il paraît s’agir d’une sorte d’œuf brouillé à la viande, ou peut-être simplement d’œuf au plat,
car le Qāmūs l’appelle : narğis al-mā’ida ! Sur cette variante, v. Muškil, 32.
814. Si‘r, 605 ; a‘dadtu au lieu de ‘addadtu. Variante indifférente.
815. Si‘r, 548.
816. Si‘r, 550.
817. Si‘r, 695, où le nom du poète ne figure pas davantage.
818. Si’r, 695.
819. Si’r, 150.
820. Apparemment, la seule émotion poétique est responsable de l’accident. Cf. Aġānī, IX,
171-174.
821. Texte : ištarawhu. Le Coran, dans le passage parallèle, dit šarawhu, que BLACHÈRE, Coran, 260,
traduit par « ils se défirent de lui ». Coran, XII, 20.
822. En effet, Gén. XXXVII, 12-36, parallèle à Coran, XII, 8-20. Il semble y avoir une certaine
confusion dans la version islamique, entretenue par l’ambiguïté du verbe šarā-ištarā. La Bible est
formelle : Joseph fut d’abord vendu par ses frères à une caravane, au moment où ils allaient
l’abandonner dans le puits (Gén. XXXVII, 28), puis une seconde fois par la caravane à Putiphar (ibid.,
36). Or le Coran peut soit admettre une interprétation parallèle à la version biblique (cf. BAYḌĀWĪ,
311, pour qui sarā peut signifier bā‘a, ou ištarā min iḫwatihi), soit une autre où les frères de Joseph
245
ont déjà quitté la scène au moment où intervient la caravane. On se demande si, dans ce
paragraphe, Ibn Qutayba a dans l’esprit la version coranique, ou la version biblique.
823. Cet adjectif ( asīr) s’applique à un homme capturé par d’autres, mais non à un homme
emmuré dans un puits (on dirait masğun, ou maḥbūs). C’est un autre argument en faveur de
l’adoption par Ibn Qutayba de la version biblique.
824. BUḪ. 34, 113 = HM II, 55 ; 37, 20 = HM II, 72 ; ḤAN. II, 287, 347, 382, etc…
825. Coran, XXIV, 33.
826. Ce ḥadīṯ figure dans Tāğ, III, 240, qui signale une variante rammāza, sans la retenir. Détail
piquant, Tāğ prétend que rammāza est dans ce ḥadīṯ la lecture d’« al-Qutaybi » (c.-à-d. Ibn
Qutayba). Faut-il corriger le Muḫtalif en conséquence ? C’est sans intérêt, car le sens est le même.
Zammāra est synonyme de zāniya ; rammāza, c’est « celle qui lance des œillades » !
827. On n’a pas retrouvé ce ḥadīṯ.
828. Cf. ḤAN. I, 71.
829. On remarquera l’emploi très fréquent de l’imparfait (avec kān comme exposant temporel),
signe infaillible de l’attachement à la tradition.
830. Le mot wağs paraît désigner exclusivement cette sorte de bruit ; Tāğ, IV, 266.
831. On remarquera qu’Ibn Qutayba se garde de relever le fait que c’est la personne de ‘Uṯmān
qui provoque cet accès de pudeur. Le ḥadīṯ en question est bien davantage destiné à exalter les
vertus de ‘Uṯmān que celles du Prophète.
832. TIR. 7, 96.
833. Coran, II, 196.
834. Cf. index, s. ihlāl.
835. ḤAN. II, 8, 33, etc…
836. BUḪ. 4, 18, 19 = HM I, 71, etc… ; ḤAN. II, 247, 250.
837. Cf. Tarbī‘, s. ğadaf, et par. 76, où il apparaît qu’il s’agit des génies. Ğadaf désigne soit l’écume
du vin (peut-être en fermentation), soit une plante sud-arabique (comme dans Lisān, X, 367). Ibn
Qutayba opte apparemment pour la première définition. Rimma, Lisān, XV, 144, désigne les os en
décomposition.
838. En d’autres termes, le démon ne peut agir qu’indirectement, par l’intermédiaire d’agents
corporels. Cette doctrine est à rapprocher de celle de l’istiṭā‘a (voir § 54 et 55, et l’Introduction).
839. ḤAN. VI, 439, 464.
840. BUḪ. 33, 8, 11, 12 = HM I, 646, 648 ; 93, 21 = HM IV, 510 ; ḤAN. III, 156, 285, 309 ; VI, 337.
841. Cf. ḤAN. I, 105, 119, etc…
842. BUḪ. 77, 33 = HM IV, 111 ; ḤAN. I, 71, 81, etc…
843. Il paraît s’agir d’Ibrāhīm al-Naẓẓām.
844. ḤAN. IV, 249, 251, 252.
845. BUḪ. 76, 4 = HM IV, 63.
846. Cette anecdote personnelle prouve au moins que le Muḫtalif est postérieur à un séjour au
Ḫurāsān. Les fonctions de qādī qu’Ibn Qutayba occupa en Perse se terminent probablement à une
date assez tardive. C’est un indice supplémentaire de la composition tardive de cet ouvrage.
847. Ši‘r, 111, sic.
848. C’est ainsi qu’on pense pouvoir interpréter ici le mot mawḍi’ (sujet, et non endroit), par
référence à ĞĀḤIẒ, Hayawān, I, 9 = 16, cité par PELLAT, Tarbī’, ١٦٩ s. ‘urr. Cf. aussi Tarbī‘, s. kayy.
849. Contre l’avis de l’éd., on pense pouvoir conserver le texte « kayyu ‘uḍwin qad qutïa aw ḥ
asmuhu. Le ḥasm est la cautérisation de l’extrémité des vaisseaux coupés (Lisān, XVI, 23) ; le kayy ‘u
ḍw pourrait désigner la cautérisation de tout un moignon, ou simplement d’un endroit
quelconque d’un membre.
850. Saqy al-baṭn : hydropisie ; saqy al-badan : probablement dépôt de liquide séreux en n’importe
quel endroit du corps, d’où œdème.
246
851. Il s’agit d’Ibn Ahmar al-Bāhilī qui, atteint d’hydropisie, décrit ses souffrances et les soins qui
lui furent prodigués dans une qaṣida d’où ce vers est extrait ; Ši‘r, 316-317.
852. BUḪ. 76, 1 ; ḤAN. I, 377, 413 ; III, 156 ; IV, 278, etc…
853. Coran, XI, 6.
854. Précisément, le Coran ne contient nulle part le verset en question sous cette forme. Tous les
versets qui renferment l’impératif kulū portent : kulū min tayyibāti ma razaqnākum (II, 57, 172 ; VII,
160 ; XX, 81). Il paraît y avoir confusion avec II, 267 qui dit : « dépensez (anfiqū) les excellentes
choses que vous avez gagnées (kasabtum) ». On peut penser qu’il y a là confusion de la part d’un
scribe. Toutefois, il n’est pas interdit de penser que cette version constitue bien la lecture d’Ibn
Qutayba, car il s’agit bien dans le contexte de subsistance.
855. ḤAN. II, 167, 223.
856. Ši‘r, 606. Texte : Nağd, variante signalée par l’éd. : Hağr, comme dans Si‘r.
857. ḤAN. V, 211.
858. ḤAN. III, 277.
859. BUḪ. 74, 16 = HM IV, 43.
860. Coran, III, 75.
861. ABĀ DĀWŪD, 1, 34, 35 ; ḤAN. I, 235, etc…
862. ḤAN. II, 12, 23, 26, etc…
863. ABŪ DĀWŪD, 11, 23 ; ḤAN. I 280 ; II, 97.
864. ABŪ DĀWŪD, 11, 23 (p. 285, milieu).
865. Ibid. ; cf. BUḪ. 25, 31, 33 = HM I, 505, 506.
866. BUḪ. 25, 33, 34 = HM I, 506 sqq. Le mot « offrande » désigne les victimes destinées au sacrifice.
867. Cette affaire a donné lieu à une prolifération de ḥadīṯ-s, considérable dont on trouvera les
références dans WENSINCK, Hwb, s. ihrām (où le mot iḥlāl est orthographié tout au long iḥlāl, erreur
typographique fâcheuse puisque les deux mots signifient pratiquement le contraire). Elle se
résume en fait à savoir quelle formule de talbiya il convient de prononcer au moment de la prise
de l’iḥrām, selon le type de pèlerinage qu’on a l’intention d’accomplir (hağğ, ‘umra ou tamattu’). La
solution la plus commode est énoncée dans un ḥadīṯ rapporté par MUSLIM , 15, 129 : « labbayka »
tout court.
868. On n’a pas trouvé ce ḥadīṯ sous cette forme, mais il est question de la réalité du mauvais œil
dans ḤAN. I, 294 ; II, 222, etc…
869. Cf. BUḪ. 76, 35 = HM IV, 78.
870. Voir la note 1044.
871. Tarbī’, s.v., ١١٩, sorte d’aconit. L’éd. disposait de deux leçons : bīš (2 ms.) et tinnīn (dragon, 1
ms.). Il a adopté la seconde leçon. Nous pensons pouvoir adopter la première, car d’une part on
accorde assez de bon sens à Ibn Qutayba pour rester ici dans le domaine des faits expérimentaux,
et d’autre part parce que le bīš est associé au par. 79 du Tarbī, à toutes sortes d’animaux venimeux
déjà cités (scorpions, serpents, etc.), alors qu’il fait allusion au tinnîn ailleurs, dans un tout autre
contexte (par.78). Sur le tinnīn, voir Tarbī’, s.v., ١٢•.
872. On a déjà vu (§ 143 sqq.) que la contagion était incompatible avec le déterminisme.
873. C’est le jeteux de sort, qui est de tous les temps et de tous les pays.
874. Coran, LXVIII, 51. Trad. BLACHÈRE : « te perceront de leur regard ».
875. On croit pouvoir adopter yuzillu au lieu de yuzīlu (de même à la ligne suivante), en raison du
contexte d’une part, et aussi en raison d’exemples analogues où le même thème est exposé avec
le verbe zalla. Cf. p. ex. AŠĞA‘ AL-SULAMĪ, Ši‘r, 858.
876. Coran, XLVII, 20.
877. Coran, LXXV, 7. Toutefois, la Vulgate porte bariqa et justifie la trad. BLACHÈRE « Quand la vue
sera éblouie ». BAYḌĀWĪ, 772, signale que baraqa est la lecture de Nāfi‘, et soit constitue une
variante dialectale, soit a le sens de « lancer des éclairs ».
247
878. L’éd. signale que ce paragraphe ne figure que dans un seul ms., et manque dans les autres. Il
se pourrait donc qu’il s’agisse d’une addition de copiste. C’est d’autant plus vraisemblable que ce
ḥadīṯ ne figure pas dans les recueils.
879. HAN. III, 118 ; cf. BUḪ. 76, 17 = HM IV, 67.
880. Voir § 172 a.
881. BUḪ. 34, 108 = HM II, 53 ; ḤAN. III, 310, 380, etc…
882. On n’a pas retrouvé ce ḥadīṯ.
883. ḤAN. II, 189.
884. Ḥiqq, pl. ḥiqāq : chamelle de trois ans révolus (Lisān, XI, 338) ; ğaḏā‘, pl. ğiḏā‘ : chamelle de
quatre ans (Lisān, IX, 394) ; cf. LAOUST, Qudāma, 52.
885. On peut se demander si telle est bien la question. En effet, le libellé du ḥadïṯ de la note 3, p.
376 laisse à penser qu’il ne s’agit pas en pratique d’un prêt remboursable, mais bien d’un
versement anticipé de la ṣadaqa avec escompte. Il semble bien qu’on puisse interpréter les faits
comme suit : Le Prophète demanda à ‘Abd Allāh de prélever immédiatement le montant de la ṣ
adaqa de deux chameaux due par un particulier, en lui faisant remise d’un chameau. Il est vrai
que pratiquement, il n’y a pas de différence, le bénéfice étant toujours d’un chameau. On peut
toutefois se demander si Ibn Qutayba n’assimile pas une avance à un prêt pour les besoins de la
démonstration.
886. BUḪ. 6, 5 = HM I, 112 ; BUḪ. dit fawr au lieu de fawḥ. Il semble qu’il faille distinguer la mubāšara
(qu’on a traduit ici par « approcher ») du ğimā‘ proprement dit.
887. Ce ḥadīṯ ne paraît pas avoir été retenu.
888. BUḪ. 6, 5 = HM I, 112 ; ḤAN. VI, 336, etc…
889. ḤAN. IV, 10.
890. Coran, XII, 43.
891. Ainsi pense-t-on pouvoir interpréter l’expression fi-l-ḥīn ba‘d al-ḥīn. On pense entre autres
aux deux songes successifs de Pharaon dans la Bible (Gén. XLI, 1-7), mais non dans le Coran, XII,
43 sqq., où Pharaon ne rêve qu’une fois. Ce ne serait pas la première fois que les connaissances
d’Ibn Qutayba dans les Écritures judéo-chrétiennes interfèrent avec son interprétation de la
tradition islamique.
892. BUḪ. 91, 26 = HM IV, 461 ; ḤAN. II, 269, 395.
893. BUḪ. 19, 18 = HM I, 373 ; 77, 43 = HM IV, 114.
894. Cette notation est à ajouter au dossier de Ḫalaf al-Aḥmar, qui est déjà bien compromettant.
Cf. BLACHÈRE, Littérature, 105 sqq. ; PELLAT, Milieu, 139.
248
IV, 3 74
IV, 13-14 214
IV, 23-24 216
IV, 24 134
IV, 25 211
IV, 31 157
IV, 34 74
IV, 48 = 116 114, 154e
IV, 77 134
IV, 92 280a
IV, 93 114, 154c, 154e
IV, 101 216d
IV, 116 = 48 114, 154e
IV, 119 164
IV, 125 42a, 90
IV, 157 204a
V, 3 5, 216d, 313
V, 4 172
V, 6 216d
V, 12 83
V, 38 192
V, 45 134
V, 60 284a
V, 64 91
V, 75 190
V, 109 292b
VI, 8-9 298a
VI, 9 119
VI, 38 172
VI, 103 227
VI, 125 40f
VI, 130 172
VI, 145 216d
VI, 164 = XVII, 15 = XXXV, 18 = XXXIX, 7 = LIII, 38 279
VII, 11 126a
VII, 27 298a
VII, 34 = X, 49 = XVI, 61 221
VII, 107 = XXVI, 32 300b
VII, 127 164b
VII, 143 227, 228d, 244
250
XVIII, 9 188b
XVIII, 22 83
XVIII, 50 174d
XVIII, 82 2801
XIX 5-7 309
XIX, 12 310a
XIX, 13 188b
XIX, 14 310a
XIX, 17 298a
XIX, 62 280c
XIX, 71 292b
XX, 4 296
XX, 12 314a
XX, 52 156
XX, 66 203a
XX, 79 40f
XX, 121 87
XXI, 17 296
XXI, 19-20 296a
XXI, 35 194a
XXI, 37 306b
XXI, 63 41
XXI, 87 89
XXI, 89-90 310b
XXII, 17 196a
XXII, 23 = XXXV, 33 300b
XXII, 51 = XXXIV, 5 252
XXII, 52-53 204b
XXIII, 12-16 279
XXIII, 28 296
XXIV, 2 83
XXIV, 13 83
XXIV, 31 253
XXIV, 33 318
XXV, 7 190
XXV, 45 227
XXV, 77 266
XXVI, 32 = VII, 107 300b
XXVI, 128-130 300b
XXVII, 10 = XXVIII, 31 300b
252
ABLUTION.
ABŪ BAKR.
256
‘ALĪ, ‘ALIDES.
La reine des nourritures de ce monde est la viande ; le roi des parfums est la fāġiya, 278a.
Je ne mange pas de lézard, mais je ne le déclare pas illicite, 293.
Interdiction de manger de la viande de ğallāla, 216d.
Interdiction de manger de la viande d’âne domestique, 216d.
Interdiction de manger de la viande d’animaux à crocs ou à serres, 216d.
Le Prophète aimait la courge, 53.
Le Prophète mangeait du melon avec des dattes fraîches, 53.
ALLĀH (voir aussi ANTHROPOMORPHISME).
En état de sacralisation, on peut tuer cinq animaux : corbeau, vautour, chien, serpent,
souris, 173.
Le corbeau est pervers, 15, 174d.
La souris met le feu à la maison en grignotant la mèche de la lampe, 174d.
257
Avant la création, le Seigneur était dans les ténèbres, avec de l’air au-dessus et au-
dessous, 247.
Dieu a créé Adam à Son image, 14, 101, 245, 246a.
Dieu a créé Adam à l’image du Miséricordieux, 246c.
Vous verrez votre Seigneur, 227.
Dieu ne se lasse pas avant que vous ne vous lassiez, 306d, 341.
Dieu pose sa main entre les épaules du Prophète, 14, 243.
La dextre de Dieu est une éternelle verseuse, 232.
La pierre noire est la dextre de Dieu sur terre, 241, 304a.
Chacune des deux mains de Dieu est une dextre, 231.
Le cœur du Croyant est entre deux doigts de la main de Dieu, 14, 229.
Dieu porte la terre (ou autre chose) sur un (ou deux) doigts, 101, 230a.
Le Seigneur a posé son pied à Wağğ, 237.
Dieu découvrira sa jambe au jour de la Résurrection, 14.
Le vent est le souffle de Dieu, 101.
Le vent est le souffle du Miséricordieux, 235.
Le souffle de Dieu vient du Yémen (= les Anṣār), 236.
Dieu descend la nuit de la mi-ša‘bān, 295.
Dieu descend parmi les pèlerins le soir de ‘Arafa, 14, 295.
Dieu descend dans le ciel inférieur pendant le dernier tiers de la nuit et interroge les
hommes, 295.
Le Prophète déclare à un homme généreux que Dieu s’étonne de ses actes, 234.
Votre Seigneur s’étonne de vos gémissements, 233.
Dieu a ri, 233.
Les porteurs du trône de Dieu sont courbés, 296b.
La mort de Sa‘d b. Mu‘āḏ ébranle le trône de Dieu, 291.
Dieu dit : Quiconque s’approche de moi d’un empan, je m’approche de lui d’une brasse,
251, 296d, 314d.
Ḏirā‘ al-Ğabbār, 101.
Bā‘ al-Ğabbār, 239.
APOSTASIE, voir COMMUNAUTÉ.
258
COMMUNAUTÉ.
ENFER.
Si tu trouves un individu dans ta maison, ne sois pas le plus poltron des deux, 186.
Reste dans ta maison ; si l’on vient t’y trouver, entre dans ton cabinet ; si l’on force ta
porte, dis : Expie mon péché et le tien !, 3, 185.
EXORCISME (voir aussi SUPERSTITION et MALADIE).
Si quelqu’un d’entre vous a de l’amitié pour son frère, qu’il prononce sur lui la formule de
bénédiction, 334c.
Le Prophète approuve un compagnon qui exorcise par le Coran moyennant finances,
326d.
Gabriel donne l’ordre au Prophète d’exorciser les ‘ifrīt-s au moyen du verset du Trône,
204c.
Pas d’exorcisme, sauf contre le mauvais œil, les bêtes venimeuses, les furoncles et l’âme
(=œil), 334c.
Le Prophète ordonne de désenvoûter les deux fils de Ğa‘far b. Abī Ṭālib, 333.
Le Prophète, victime d’un sorcier, est désenvoûté par ‘Alī, 203, 204a.
Une femme est mise en présence de Hārūt et Mārūt par sortilège, 204i.
FEMMES (voir aussi MARIAGE).
Quiconque dit : Il n’y a d’autre divinité que Dieu entrera au Paradis, 4, 153, 157, 195.
Il n’est pas croyant, celui dont le voisin n’est pas à l’abri de ses méchancetés, 5, 196c.
Il n’est pas croyant, celui dont la langue et la main n’épargnent pas les Musulmans, 5,
196c.
Il n’est pas croyant, celui qui dort rassassié tandis que son voisin dort le ventre creux,
196c.
Le fornicateur, au moment où il commet son forfait, n’est plus croyant, 5, 195.
Le fornicateur redevient croyant lorsqu’il se repent, 196b.
Le Paradis n’accueillera pas quiconque a dans le cœur le poids d’un grain de sénevé
d’orgueil ; l’enfer n’accueillera pas quiconque a dans le cœur le poids d’un grain de sénevé
de foi, 153.
La pudeur fait partie de la foi, 265.
FORNICATION.
Pour avoir forniqué, une femme est lapidée et un homme est flagellé et banni, 133, 207.
Des singes lapident une guenon pour adultère, 283.
261
J’ai
prévu mon intercession en faveur des membres de ma communauté coupables de
péchés graves, 4.
Il m’a été donné de choisir entre la faculté d’intercession et l’admission d’office de la
moitié de ma communauté au Paradis. J’ai choisi l’intercession, 196e.
JEÛNE.
Celui qui applique le cautère ou exorcise n’a pas confiance en Dieu, 325.
S’il y a quelque effet salutaire dans tous vos remèdes, c’est bien dans la scarification et les
pointes de feu, 325.
Interdiction de saigner moyennant salaire, 216d.
263
Pour nettoyer l’urine dans une mosquée, enlever la terre, puis verser de l’eau, 271.
Pour nettoyer l’urine dans une mosquée verser un seau d’eau, 271.
MUḤAMMAD.
Si vous évitez les grands péchés, nous effacerons vos mauvaises actions, 157.
Agissez car tout homme réalise facilement ce pour quoi il a été créé, 7.
Quiconque est au nombre des bienheureux œuvre pour son bonheur ; quiconque est au
nombre des réprouvés œuvre pour son malheur, 7.
Chaque croyant a au ciel une porte par laquelle montent ses œuvres et son âme, 292a.
Le Prophète à ‘Amr b. al-‘Ās : Si tu juges sainement, il te sera compté dix bonnes actions ;
si tu te trompes, il t’en sera compté une seule, 177.
Quiconque médite une bonne action et ne l’exécute pas se verra compter une bonne
action ; s’il l’exécute, il s’en verra compter dix, 179.
Quiconque refuse de tuer les serpents par crainte de la vengeance est un Infidèle, 157.
PARADIS.
PÈLERINAGE.
On ne fauchera pas l’herbe et on ne coupera pas les arbres du territoire sacré, sauf l’iḏḫir,
216c.
Quiconque ne fait pas le pèlerinage n’a pas la foi, 196c.
L’izār peut être remplacé par le pantalon et les sandales par des bottines, 60.
Quiconque n’églige l’izār est tenu de l’amende expiatoire, 60.
Le Prophète montre sa désapprobation à un bédouin parfumé pendant la période de
sacralisation, 216c.
Quiconque se brise un membre ou se fait une entorse est en rupture de sacralisation et
doit recommencer le pèlerinage, 321.
‘Ā’iša : — J’ai prononcé l’ihlāl pour la ‘umra, 331.
266
La pierre noire vient du Paradis ; elle était blanche et a été noircie par les péchés des
Polythéistes ; 72, 303.
La Pierre noire témoignera au jour de la résurrection en faveur de ceux qui l’auront
baisée, 304a.
PRIÈRE.
QADAR.
Sois sage, et aie confiance en Dieu, 326b.
Allons-nous tous périr ? — Oui, si la corruption abonde, 280h.
Le calame est desséché, 40f.
Dieu tire des reins d’Adam sa descendance, 125.
Dieu divise symboliquement les hommes en deux poignées lors de la création, 7, 165.
Le bienheureux et le réprouvé le sont dès leur conception, 7, 40f.
Seigneur, si Tu m’as inscrit au nombre des réprouvés, efface et inscris-moi au nombre des
bienheureux, 12.
Un ange envoyé par Dieu détermine le sort de l’embryon, 165.
Un homme se fait incinérer en vain pour échapper à Dieu, 155.
Le Prophète justifie le meurtre des enfants des Polythéistes en disant :
Ils sont sortis de leurs pères, 289.
Le Prophète condamne le meurtre des enfants des Polythéistes en disant :
Les meilleurs d’entre vous (= Compagnons) ne sont-ils pas des enfants de Polythéistes ?,
289.
L’aumône légale repousse le décret fixé, 223.
L’aumône faite en secret éteint la colère du Seigneur, 224.
Le respect des liens de parenté prolonge la vie, 12, 221.
Le Prophète et ses Compagnons punis en raison d’une invocation contre les Muḍarites,
280i.
RÉPUDIATION.
Le rêve est sur la patte d’un oiseau tant qu’il n’est pas interprété ; quand il est interprété,
il se réalise, 339.
Il y a trois sortes de rêve, 340b.
SECTES.
Le Prophète rendait des sentences sur prestation de serment, malgré la présence d’un
témoin, 102.
SUNNA.
Un fait rapporté ne vaut pas un fait constaté, 138a.
Le Coran m’a été apporté, ainsi que des choses analogues (= Sunna), 192. 216a, 314d.
Ne transcrivez de ma bouche rien d’autre que le Coran, 301.
Le Prophète autorise à transcrire tout ce qui sort de sa bouche, qu’il soit de bonne
humeur ou en colère, car c’est toujours la vérité, 301, 305.
‘Abd Allāh b. ‘Amr est autorisé à « enregistrer la science », 301.
La Sunna l’emporte sur le Coran, mais non le Coran sur la Sunna, 216d.
SUPERSTITION.
Le Prophète prescrit le talion [à contrecœur] lorsque l’ayant droit a refusé le prix du sang
et le pardon, 312c.
Pas de talion pour le père ou le maître, 314d.
On ne tue pas un homme libre pour un esclave, 136a.
Le talion n’est pas applicable pour le meurtre d’un esclave, 136a.
Le talion est applicable pour meurtre d’un esclave, 136a.
On peut tuer un croyant pour un infidèle, 49.
TÉMOIN.
Le Prophète rend des sentences sur prestation de serment, malgré la présence d’un
témoin, 102.
Le témoin sera comme le martyr de Badr, 150.
TOMBEAU.
Quiconque achète une brebis conserve l’option pendant trois jours. Si on la restitue, il
faut y joindre une mesure de nourriture, 255.
Le voisin a le droit de préemption sur le bien contigu, 257.
Le voisin de la maison a droit de préemption sur la maison du voisin, 257.
Plus de droit de préemption après partage d’un bien indivis, 257.
Interdiction de la vente à terme d’un animal pour un autre, 335.
Le Prophète ordonne de réquisitionner un chameau pour deux à verser au troupeau de
l’aumône légale, 335.
Interdiction de la vente de biens qui ne sont pas aux mains du vendeur (muwāṣafa), 336.
Interdiction de l’accaparement, 176d.
‘UMAR (voir aussi ABŪ BAKR).
Mangez et conservez ce que vous voulez de la viande des victimes, 216c, 218.
A Ḥudaybiyya, le Prophète sacrifie 70 victimes, chacune au nom de 7 personnes, 175.
Au cours de la ‘umrat al-qaḍā’, il offre 60 victimes, 175.
VIN.
Le Prophète torture les gens de ‘Urayna qui lui ont volé des chameaux, 192.
Pas d’amputation pour vol de fruits ou de spathes de palmiers, 61.
Pas d’amputation pour un vol inférieur à un quart de dīnār, 191, 314d.
L’amputation est prescrite pour vol d’un œuf ou d’une corde, 191.
Le Prophète ampute une emprunteuse pour abus de confiance, 135.
270
A, ‘A
AARON, v. HĀRŪN.
AL-’ABBĀS B. ‘ABD AL-MUṬṬALIB , 42, 54, 126d, 216c, 2801, 310f — Oncle du Prophète ; c’est de
lui que se réclament les califes ‘abbāsides pour refuser aux ‘Alīdes le droit héréditaire à l’
imāma ; EI2, I, 9 (MONTGOMERY WATT).
‘abd, 135 — esclave.
‘ABDA B. ‘ABD ALLĀH , 202b — Probablement — b. ‘ABDA al-ḪUZĀ’ī, m. à Baṣra en 257/871 ;
Tahḏīb, VI, 461 (n° 949).
‘ABD AL-A’LĀ [B. ‘ABD ALLĀH B. ‘ĀMIR ], 106, 144b, 286a — Le fils du gouverneur de Basra sur
lequel v. PELLAT, Milieu, 276 ; Tahḍīb, VI, 95 (n° 197).
‘ABD ALLĀH B. ABĪ BAKR , 313, 314e — Le fils du calife ; Iṣāba, 4567.
[‘ABD ALLĀH] B. ABĪ MULAYKA, 204j, 331 — Traditionniste, m. 117/735 ; Ma‘ārif, 209.
‘ABD ALLĀH B. ‘AĞLĀN AL-NAHDĪ, 316c — Poète préislamique ; Ši’r, 695-6.
‘ABD ALLĀH B. ‘AMR [B. AL-‘ĀṢ], 104, 301, 302, 305, 310a, 335 — Fils du conquérant de l’Égypte
auquel Mu‘āwiya doit le califat, m. 65/684-5 ; Iṣāba, 4847 ; Ma‘ārif, 124.
‘ABD ALLĀH B. BURAYDA , 278a — Fils de BURAYDA AL-ASLAMĪ, q.v. ; Tahḏīb, V, 157 (n° 270).
‘ABD ALLĀH B. ĞUD’ĀN , 318 — Notable Mekkois, célèbre par son raffinement et sa générosité.
Devenu quasi légendaire (fin du VIe siècle ; EI2, I, 45 (PELLAT).
271
‘ABD ALLĀH B. AL-ḤĀRIT [B. ABZĀ AL-MAKKĪ],174d, 238b — Ne semble pas figurer dans les
recueils ailleurs que sous le nom de sa mère RĀ’ITA (OU RAYṬA) BINT MUSLIM ; IS, VII1, 186 ;
Tahḏīb, XII, 417 (n° 2787).
‘ABD ALLĀH B. MA‘QIL B. MUQARRIN , 271 — Fils de Iṣāba, 8141, q.v.
‘ABD ALLĀH B. MASLAMA , 300b — Disciple de Mālik b. Anas, m. 220/835 ; Waf., 302 ; Tahḏīb, VI,
31 (n° 51).
‘ABD ALLĀH B. AL-MUBĀRAK , 66, 100, 105, 308d, 327 — Un des plus grands traditionnistes du II
e
siècle, m. 181/797. A en particulier transmis le ḥadīṯ des « quatre sectes primitives » ; cf.
LAOUST, Ibn Baṭṭa, 17, 49 ; Waf., 298 ; cf. MS, II, 141.
‘ABD ALLĀH B. MUṢ’AB , 79 — Petit fils de ‘ABD ALLĀH B. AL-ZUBAYR , q.v., m. 184/800 ; IS, V, 322 ;
Nasab, 242, 269.
‘ABD ALLĀH B. AL-MUṮANNĀ , 260 — Tahḏīb, V, 387 (n° 659).
‘ABD ALLĀH B. ‘UMAR, 162, 176b, 246c, 267, 280m, 293, 294, 327 — Fils du calife ‘Umar. L’un
des plus importants traditionnistes de la première génération. Musulman modèle. EI 2, I,
65 (VECCIA-VAGLLERI).
‘ABD ALLĀH B. WAHB [AL-FIHRĪ)], 244a — M. 195/813 ; Iṣāba, 6361 ; cf. MS, II, 220.
‘ABD AL-‘AZĪZ B. AL-MUḪTĀR al-ANṢĀRĪ, 141 — Tahḍīb, VI, 355 (n° 678).
‘ABD AL-MALIK B. MAYSARA , 38 — Informateur d’Abū Dāwūd, m. à Kūfa sous Ḫālid al-Qasrī. IS,
VI, 222.
‘ABD AL-MALIK B. ‘UMAYR , 271 — M. 136/753-4. Ma‘ārif, 208.
‘ABD AL-RAḤMĀN [B. ‘AWF], 175, 216c — Musulman de la première heure ; joua un rôle
considérable dans la désignation de ‘Uṯmān. Un des dix « promis au paradis ». EI 2, I, 87 (
MONTGOMERY WATT).
‘ABD AL-RAḤMĀN B. ‘ABD ALLĀH B. QURAYB , 316c — Neveu et transmetteur d’al-Aṣma’ī. On lui
devrait un K. ma’ānī l-ši’r. Fihrist, 83 ; ZUBAYDĪ, Ṯoba-qāt, passim ; SUYŪṬĪ, Buġya, 299.
‘ABD AL-RAḤMĀN B. ABĪ LAYLĀ [AL-ANṢĀRĪ], 287, 288a, 294b — M. après 80/699. Iṣāba, 5194 ; IS,
VI, 74.
‘ABD AL-RAḤMĀN B. AL-ASWAD , 337 — Fils d’AL-ASWAD B. YAZĪD, q.v. ; Iṣāba, 5082 ; Ma‘ārif, 190.
272
‘ABD AL-RAḤMĀN B. ḤASSAN B. ṮĀBIT , 306f — Fils du poète du Prophète. IS, V, 196.
‘ABD AL-RAḤMĀN B. AL-IṢBAHĀNĪ, 310d — M. début du IIe/VIIIe siècle. Tahḏīb, VI, 141 (n° 287) =
VI, 217 (n° 436).
‘ABD AL-RAḤMĀN B. AL-MURAQQI‘, 176b — Non identifié.
‘ABD AL-RAḤMĀN B. AL-QĀSIM , 129, 311 — Disciple de Mālik, m. 191/807. Waf., 335.
‘ABD AL-RAZZĀQ, 144e, 327 — M. 211/826. Waf., 371, Ma‘ārif, 226 ; cf. MS, II, 38.
‘ABD AL-ṢAMAD, 204h — Probablement fils D’AL-FAṬL AL-RAQĀSĪ (q.v.), qāṣṣ célèbre. PELLAT,
Milieu, 113 ; Bayān, I, 247.
‘ABD AL-WĀḤID B. NĀFI’, 300b — Non identifié.
‘ABD AL-WĀRIṮ [B. SA’ĪD], 188e — M. vers 180/796. IS, VII2, 44 ; ĞAZ., 1989.
abrogation, v. nasḫ.
ABŪ L-AḤWAS [‘AWF B. MĀLIK], 244a — M. 73/692. IS, VI, 126 ; Ma‘ārif, 137.
ABŪ ‘AṢIM ‘UBAYD ALLĀH B. ‘ABŪ ALLĀH , 176b — Tahḏīb, XII, 142 (n° 680) l’appelle ‘Abd Allāh b.
‘Ubayd Allāh, mais signale qu’il est aussi connu comme ‘Ubayd Allāh b. ‘Abd Allāh.
ABŪ L-‘AWĞĀ’ LE ZINDĪQ , 300a — Généralement connu sous le nom de ‘Abd al-Karīm b. Abī
l-‘Awğā’. VAJDA, Zindīq-s, 221.
ABŪ AYYŪB, 15 — Il s’agit du Compagnon ḪĀLID B. ZAYD AL-ANṢĀRĪ ; cf. Isāba, kunya, 13 ; Ma‘
ārif, 119. Le Muškil, 91, précise : « Les goules venaient lui voler des dattes dans son garde-
manger (sahwa) sous la forme d’un chat. A plusieurs reprises, elles lui promirent de ne pas
y revenir, mais elles ne tinrent définitivement parole qu’après qu’il eût, sur leur propre
conseil, récité le verset du Trône, qui protège la maison contre tous les démons ». Cf. aussi
DAMĪRĪ, ḥayawān, II, 230.
ABŪ BAḤR, 318 — Probablement [‘ABD AL-RAḤMĀN B. ‘UṮMĀN AL-BAṢRĪ], Tahḏīb, VI, 226 (n°
456), qui est précisément le maître d’ABŪ L-ḪAṬĀB ZIYĀD B. YAḤYĀ (q.v.).
ABŪ L-BAḪTARĪ, 187 — Traditionniste « faible », m. 200/815-6. Ma‘ārif, 225.
ABŪ BAKR [AL-ṢIDDĪQ], 9, 35, 40b, 42, 42a, 54, 93, 161, 189, 190b, 244, 262a, 262, 310d, 314 —
Le premier calife. EI2, I, 112 (MONTGOMERY WATT).
ABŪ BAKR B. ‘ABD AL-RAḤMĀN [B. AL-ḤĀRIṮ], 238 b — Nasab, 303 ; IS, V, 153.
273
ABŪ ĞAHL [ABŪ L-ḤAKAM ‘AMR B. HIŠĀM, IBN AL-ḤANẒALIYYA ], 148d — L’un des adversaires les
plus acharnés du Prophète à la Mekke. C’est dans le Coran le parangon des ennemis de
l’Islam (XVII, 62 ; XLIV, 43 ; XCVI, 6). EI2, I, 118 (MONTGOMERY WATT).
ABŪ ḤANĪFA [AL-NU’MĀN B. ṮĀBIT], 59, 60, 61, 62, 66, 68, 106 — Le fondateur de l’école
ḥanafite, m. en 150/767. Juriste et théologien, utilise l’opinion personnelle (ra’y) et
l’analogie (qiyās). Devenu deux générations plus tard le bouc émissaire de la résistance à
la Tradition. EI2, I, 127 (SCHACHT).
ABŪ ḤASSĀN, 144b — M. 130/748. Iṣāba (kunya), 281.
ABŪ ḤĀTIM [SAHL B. MUḤAMMAD AL-SIĞISTĀNI], 69, 144f, 204h, 204i, 300b, 300c, 306f, 314e,
316c — Le célèbre philologue de Baṣra, disciple d’ABŪ ZAYD AL-ANṢĀRĪ (q.v.), ABŪ ‘UBAYDA (
q.v.), AL-AṢMA’i (q.v.), m. en 255/ 869. EI2, I, 129 (LEWIS) ; GAL, I, 107 ; S I, 157.
ABŪ L-ḪATTĀB ZIYĀD B. YAḤYĀ [B. ZIYĀD AL-ḤASSĀNĪ AL-BAṢRĪ AL-NUKRĪ], 70, 115, 119, 160a,
176b, 204c, 204h, 244a, 260, 264, 266a, 286a, 306f, 318 — Traditionniste, l’un des principaux
maîtres d’Ibn Qutayba dans le domaine du ḥadīṯ. Transmetteur entre autres de Muslim b.
Qutayba, al- Mu‘tamir b. Sulaymān, Abū Dāwūd, etc...Maître d’Abū Ḥātim al-Siğistānī. M.
254/868. Tahḏīb, III, 388.
ABŪ ḪAYRA, 334a — Compagnon de ‘Alī. Ma‘ārif, 206.
ABŪ ḤUḎAYFA [B. ‘UTBA B. RABĪ’A ], 161, 311 — Compagnon célèbre, m. en 12/634. Iṣāba, kunya,
264 ; IS, III1, 59.
ABŪ L-HUḎAYL AL-’ALLĀF [MUḤAMMAD B. AL-ḤASAN B. ‘UBAYD ALLĀH AL-‘ABDĪ], 24 44 —
Fondateur de l’école mu’tazilite de Baṣra. Mort âgé à Sāmarrā vers 230/844. Apologiste de
l’Islam contre les Dualistes, les philosophes, les Dahrites, les gnostiques. Maître d’al-
Naẓẓām. Ses doctrines ont été grossièrement falsifiées par la suite (notamment par Ibn al-
Rāwandī) et c’est grâce à Ibn al-Ḫayyāṭ (K. al-Intiṣār, éd. et trad. NADER, Beyrouth 1957)
qu’on peut en avoir une idée. Cf. A. N. NADER, Falsqfat al-Mu‘tazila, Alexandrie 1950-51, 2
vol., et le même, Le système philosophique des Mu’ta-zilites, Beyrouth 1957, à l’index ; GARDET
et ANAWATI, Introduction, Paris 1948 ; EI2, I, 131 (NYBERG).
ABŪ HURAYRA [AL-DAWSĪ AL-YAMĀNĪ], 16, 39, 42, 102, 129, 133, 136b, 137, 141, 144b, 172c, 206,
251, 264, 271, 280d, 294b, 297, 306d, 317, 318, 321, 340b — Célèbre Compagnon, vécut dans
l’intimité du Prophète. M. vers 58/678. Transmetteur prolifique. EI2, I, 132 (ROBSON) ; Ma‘
ārif, 141 sq.
274
ABŪ ISḤĀQ, [AL-ŠAYBĀNĪ], 69, 150, 269, 306d — M. 129/747. IS, VI, 241.
ABŪ ‘IṢMA [NŪḤ B. ABĪ MARYAM ],98 — Cadi de Marw, surnommé Nūḥ al-Ğami‘ en raison de
sa formation complète et éclectique. Ḥadīt pas toujours très sûr ; m. 173/789-90. Tahḏīb, X,
486 (n° 876).
ABŪ ‘ITĀB, 260, 294b — M. 208/823. Tahḏib, IV, 249 (n° 426).
ABŪ L-MAHDIYYA AL-A‘RĀBĪ,296f— A lire ainsi, et non Abū Mahriyya. Poète bédouin, encore
appelé Abū Mahdī, célèbre pour sa connaissance du ġarīb. Bayān, II, 281 ; Ma‘ārif, 238.
ABŪ MANṢŪR AL-KISF, 95 — Chef d’une secte rāfidite dite Manṣūriyya, q.v. ; Tarbī‘, 2.
ABŪ MAŠ‘AR AL-MADANĪ [AL-SINDĪ], 117 — Esclave yéménite, traditionniste peu apprécié,
mais fournit à al-Wāqidī et à Ibn Sa‘d les matériaux de leurs ouvrages sur les Maġāzī. Ses
sources sont Nāfi‘ et Muḥammad b. Ka‘b al-Quraẓī. M. à Bagdad en 170/787. Tabarī lui a
emprunté des informations sur l’histoire biblique. EI2, I, 144 (HOROVITZ - ROSENTHAL).
ABŪ MAS‘ŪD AL-DĀRIMĪ, 196e — Non identifié. Il ne s’agit en aucun cas du du célèbre auteur
d’un Musnad, m. 255/869, qui a pour kunya, Abū Muḥammad et ne descend pas de Ḫiraš (
q.v.) ; cf. EI, I, 948 (BEN CHENEB) et Tahḏib, V, 294 (n° 502).
ABŪ L-MIQDĀM , 340b — IS et Tahḏib en connaissent trois, parmi lesquels il est difficile de
choisir ici. On penche pour Ṯābit b. Hurmuz, en raison de sa notoriété (Tahḏib, II, 16 ; n°
25).
ABŪ MU‘ĀWTYA [MUḤAMMAD B. ḤĀZIM ], 103, 287 — Murği’ite, m. 195/811. Ma‘ārif, 223.
ABŪ L-MUHALLAB [‘ABD AL-RAḤMĀN B. MU’ĀWTYA AL-ĞARMĪ], 210a — Oncle d’ABŪ QILĀBA (q.v.).
Iṣāba, kunya, 1123 ; IS, VII1, 91.
ABŪ MŪSĀ L-AŠ‘ARĪ [‘ABD ALLĀH B. QAYS], 280m — Gouverneur de Basra, Musulman de la
première heure. L’un des deux arbitres de Ṣiffīn, dupé par ‘Amr b. al-‘Āṣ. M. à Kūfa vers
50/670.EI, I, 488 (ZETTERSTÉEN).
ABŪ NAḌḌRA [AL-MUNḎIR B. MĀLIK], 280f — IS, VII1, 151 ; Ma‘ārif, 198.
ABŪ QILĀBA [AL-ĞARMĪ], 210a, 306d — Neveu d’ABŪ L-MUHALLAB, q.v. ; m. vers 104/722. IS, VII1
, 133 ; cf. Iṣāba, kunya, 1123.
ABŪ RĀFI‘, 257 — Iṣāba, kunya, 432.
ABŪ RAZĪN AL-UQAYLĪ, 247, 248 — Compagnon. IS, V, 379 ; Iṣāba, kunya, 438.
ABŪ SA‘ĪD AL-ḪIDRĪ, 139, 182a, 217, 280f, 301 — M. 74/693. Iṣāba, kunya, 3196 ; Ma‘ārif, 116.
ABŪ SALAMA [B. ‘ABD AL-RAḤMĀN B. ‘AWF ], 137, 141, 257, 269, 273, 287, 306d, 319 — M. vers
100/718. IS, V, 115.
ABŪ ṢĀLIḤ, 129, 310b — Probablement l’exégète de Ma‘ārif, 210.
ABŪ L-ṬUFAYL ‘ĀMIR B. WÀṮILA , 17 — M. après 100/718. IS, V, 338 ; Ma‘ārif, 149 ; Iṣāba, 5983 et
kunya, 676.
275
ABŪ ‘UBAYD AL-QĀSIM B. SALLĀM , 248 — Philologue, exégète et juriste ; m. 224/838. Auteur
d’ouvrages du type Ġarīb al-Qur’ān, — al-ḥadīṯ, dont s’est certainement inspiré Ibn Qutayba.
EI2, I, 162 (GOTTSCHALK).
ABŪ ‘UBAYDA [MA’MAR B. AL-MUṮANNĀ ], 107, 172a — Philologue m. vers 209/824, disciple des
grands maîtres de Baṣra. EI2, I, 162 (GIBB).
ABŪ ‘UBAYDA [B. AL-ĞARRĀḤ], 42, 121 — Un des dix Mekkois « promis au paradis ». Rôle
important dans la désignation d’Abū Bakr ; m. vers 18/639. 18/639. EI 2, I, 163 (GIBB).
ABŪ UMĀMA [AL-BĀHILĪ], 220, — M. 86/705. IS, VII2, 131 ; Iṣāba, kunya, 102 ; Ma‘ārif, 134.
ABŪ ‘UṮMĀN AL-NAHDĪ, 37e — M. sous al-Ḥağğāğ. IS, VII2, 69 ; Ma‘ārif, 188.
ABŪ WĀ’IL [ŠAQĪQ B. SALAMA], 132a, 266a, 293 — M. sous al-Ḥağğāğ. IS, VI, 64 ; Iṣāba, 3982 ; Ma
‘ārif, 198.
ABŪ L-YAMĀN, 337 — Iṣāba, kunya, 1260.
ABŪ YAZĪD AL-ḌABBĪ, 275 — Serviteur du Prophète. Hadit un peu suspect. — Tahdib, XII, 280
(n° 1282).
ABŪ YAZĪD AL-MADANĪ, 176b — IS, VII1, 160.
ABŪ YŪSUF, 77 — Peut-être le disciple d’Abū ḥanīfa, un des fondateurs de l’école ḥanafite,
auteur du K. al-Ḫarāğ. EI2, I, 168.
ABŪ L-ZANNĀD [‘ABD ALLAH B. ḎAKWĀN ], 204i — M. 130/748. Ma‘ārif, 204.
ABŪ ZAYD [SA‘ĪD B. AWS AL-ANṢĀRĪ], 107, 300c, 334a — Grammairien et lexicographe de Baṣra,
disciple d’Abū ‘Amr b. al-‘Ala’ et maître d’Abū ḥatim al-Siğistānī, m. vers 215/831. EI 2, I,
172 (BROCKELMANN).
ABŪ L-ZUBAYR, 175, 182a, 280d — M. 126/744. Iṣāba, kunya, 481. accident, v. ‘arad.
280h — Tribu ancienne, quasi mythologique, souvent citée dans le Coran. EI 2, I, 174 (
‘ĀD,
BUHL).
adā’ — 1) reproduction d’un son créé par Dieu ; la seule part de l’acte « parole » qui soit
imputable à l’homme, 286b ; — 2) accomplissement d’un acte (p. ex. Prière) à titre
exécutoire, 268a.
ādāb, 40e — convenances.
‘aḏāb al-qabr, 27, 181, 280c sqq. — châtiment de la tombe.
ADAM (= ADAM), 7, 14, 87, 101, 125, 174b, 245, 260a, 263, 300a, 306a — EI 2 I, 181 (PEDERSEN).
‘adam, 81 — le néant.
‘adwā, sections X, XVI, XL, LXVIII, CI, CV — contagion ; maladie contagieuse.
affranchissement, v. ‘itāq.
‘AĞAM, 40f, 120k, 300b, 326 — Pour l’Islam oriental primitif, désigne ordinairement les
Persans. EI2, I, 212 (GABRJELI).
AL-AḪFAŠ, 107 — Il est très difficile ici de décider s’il s’agit d’Abū l-Ḫaṭṭāb ‘Abd al-ḥamīd b.
‘Abd al-Mağid, m. 177/793, dit al-Akbar, élève d’Abū ‘Amr et maître de la plupart des
philologues énumérés au même paragraphe, ou d’Abū 1-ḥasan Sa’id b. Mas’ada, dit al-
Awsat, disciple de Siba-wayh, m. peu avant 221/835. Ils appartiennent tous deux à l’école
de Baṣra. Cf. EI2, I, 331.
276
‘ALĪ [B. ABĪ ṬĀLIB], 8, 17, 36, 39, 40b, 41, 42, 50, 69, 72, 96, 104, 121, 140a, 187a, 188c, 188e,
209, 261, 308a, 310e — Le quatrième calife, cousin et gendre du Prophète. Éponyme de
toute une série de mouvements politico-religieux ; m. 40/660. EI2, I, 392 (VECCIA-VAGLIERI) ;
cf. aussi Shī’a, EI, IV, 263 (STROTHMANN), et ‘Alīdes, EI2, I, 412 (LEWIS).
‘ALĪ B. ‘AṢIM , 62, 260f — M. 201/816-7. IS, VII2, 61 ; Ma‘ārif, 225.
AL-‘ĀLIYA, 175 — Quartier nord de Médine, qui s’étend jusqu’au mont Uḥud. EI, III, 92.
AL-A’MAŠ [SULAYMĀN B. MIHRĀN, ABŪ MUḤAMMAD ], 20, 70, 129, 132a, 187, 244a, 287 — Un des
quatorze « lecteurs » du Coran. BLACHÈRE, Introduction, 123 ; EI2, I, 443 ( BROCKELMANN —
PELLAT).
amende, v. kaffāra.
‘ĀMIR, 264 — Difficile à identifier ici.
‘ĀMIR B. FUHAYRA, 190b — Mawlā d’Abū Bakr. IS, III1, 164 ; Iṣāba, 4415.
‘AMMĀR B. ABĪ ‘AMMĀR , 297 — M. début du IIe/VIIIe s. Tahḏib, VII, 404 (n° 656).
‘AMMĀR B. YĀSIR [B. ‘ĀMIR B. MALIK, ABŪ L-YAQẒĀN ],160b, 261 — Compagnon de la première
heure, puis partisans de ‘Alī. Les adversaire des Umayyades prétendent voir dans le Coran
277
des allusions à son adresse ; m. à Ṣiffīn. EI2, I, 461 (RECKENDORF) ; Ma‘ārif, 48, 111, 239, 252.
amputation, v. qaṭ‘.
amr wa nahy, 128 — ordre et interdiction ; un des principes de base de l’éthique politique
islamique. Cf. LAOUST, Ibn Baṭṭa, 53, note 2.
‘AMR B. AL-’ĀṢ [AL-SAHMĪ], 93, 177 — Arbitre à Ṣiffīn, ouvrit la voie au califat de Mu’āwiya. EI
2
, I, 464 (WENSINCK) ; Ma‘ārif, 115.
‘AMR B. ‘AWN AL-QAYSĪ, 120 — M. 225/840. Tahḏib, VIII, 85 (n° 129).
‘AMR B. ḤARĪŠ [ABŪ MUḤAMMAD AL-ZUBAYDĪ], 335 — Tahḏib, VIII, 19 (n° 30). ‘AMR B. ḤURAYT, 98
— IS, VI, 14 ; Ma‘ārif, 127.
‘AMR B. MAYMŪN B. MIHRĀN , 197, 284 — Fils de M. b. M., g.v. ; Tahḏib, VIII, 108 (n° 177).
‘AMR B. SA‘ĪD, 104 — Non identifiable dans le contexte. Le Tahḏib en connaît quatre.
‘AMR B. ŠU‘AYB, 264a, 267, 286a, 301 — M. 120/738. Cf. MS, II, 10.
17, 114, 121, 154d, 300c — Mu‘tazilite célèbre, transfuge des gens du ḥadīṯ ;
‘AMR B. ‘UBAYD,
m. vers 144/761. EI2, I, 467 (MONTGOMERY WATT).
‘AMR B. UMAYYA AL-ḌAMRĪ, 287 — Compagnon, m. sous Mu‘āwiya. IS, IV1, 182 ; Iṣaba, 5767.
amulettes, v. tamā’im.
analogie, v. qiyās.
analogue, v. miṯl.
ANAS B. ‘IYĀḌ [ AL-MADANĪ], 300b — Célèbre transmetteur, m. peu avant 200/815. Les
Mekkois lui reprochent d’avoir « passé ses notes » aux Irakiens. Tahḏib, I, 375 (n° 689).
ANAS B. MĀLIK, 98, 139, 144c, 196e, 260, 280d, 280h, 327 — Compagnon célèbre. Iṣāba, 277.
ange, v. malak.
anniyya, 23 — « haeccéité » ; GOICHON. Lexique, 9. On pense en effet pouvoir lire ainsi, et
non ayniyya qui ne paraît pas attesté à cette époque. Toutefois, TAHĀNAWĪ, 99, signale le
substantif abstrait al-ayn.ANṢĀR (sg. : ANṢĀRĪ), 161, 202, 234, 236, 292a, 312 — Partisans
médinois du Prophète, distingués des partisans Mekkois, ou Muhāğirūn. Le terme
s’applique aussi à leurs descendants et à leurs mawālī. EI2, I, 529 (MONT-GOMERY WATT).
anthropomorphisme, v. tašbīh.
appellations, v. asmā’.
‘āqila, 216 — Gontributes solidaires du coupable, en matière de diya.
‘aqrab, 260c sqq. — scorpion.
‘araḍ, 23, 46, 54 — accident. GOICHON, Lexique, 216.
278
‘arš, 85, 291 sqq., 304b — Trône (de Dieu) ; pour certains, différent de kursī (q.v.). V. § 304b
(note) et Tāğ, IV, 321.
AL-A‘ŠA [MAYMŪN B. QAYS], 148 ; 164b, 298 — Poète de ḥīra, surtout bachique. EI, I, 484
(Haffner) ; GAL, I, 37 ; S I, 65.
‘aṣaba, 280g — En droit islamique, désigne essentiellement l’ensemble des parents mâles
par les mâles.
AS‘AD B. ZURĀRA, 325, 326a — Compagnon m. avant Badr. IS, III2, 138 ; — Iṣāba, 111.
AŠ‘ARIYYŪN, 306d — Population yéménite dont est issu Abū Mūsa. Ma‘ārif, 115.
‘ĀṢIM [B. ABĪ L-NUĞŪD], 280e — M. vers 127/745. IS, VI, 224 ; ĞAZ., 1496.
‘AṬĀ’ B. YASĀR, 217, 301, 319 — Qdṣṣ, m. 103/721. IS, V, 129 ; ĞAZ., 2122 ; Ma‘ārif, 202.
attouchements, v. muhāšara.
attributs, v. ṣifa.
augures, v. ṭiyara.
aumône légale, v. ṣadaqa, zakāt.
avance, v. salaf.
avatar, v. mamsūḫ.
‘AWF, 146 — Probablement — B. MĀLIK AL-ĞUŠAMĪ, le même qu’ABŪ L-AḤWAṢ, q.v. ; IS, VI, 126 ;
Ma‘ārif, 137.
‘awra, 319 — parties honteuses.
‘AWSAĞA, 288a — Iṣāba, 6091.
279
AL-AWZĀ ‘Ī [ ‘ABD AL-RAḤMĀN B. ‘AMR, ABŪ ‘AMR ], 28, 59, 105, 150, 216d, 287 287 — Juriste
syrien (88/707 - 157/774) dont le maḏhab s’étendit un moment jusqu’en Andalousie.
Bientôt supplanté par les écoles ḥanafite et mālikite. EI2, I, 795 (SCHACHT).
āya, 40c, 220a — signe miraculeux ; cf. ‘alam.
AYLIYĀ’ (ĪLIYĀ’),314b — Transcription du nom latin de la Colonia Aelia Capitolina, fondée
après 135 J.-G. par l’empereur Hadrien sur les ruines de Jérusalem. EI, II, 1158, s. al- Ḳuds (
BUHL).
ayniyya, v. anniyya.
AYYŪB (= JOB ), 15, 204c, 308b — Le Job de la Bible. Seule la trame de son histoire a été
conservée en Islam. Les auteurs divergent sur les détails. EI2 I, 819 (JEFFERY).
AYYŪB [AL-SAḪTIYĀNĪ], 104, 121, 140b, 287, 316c, 327, 331. — Ascète célèbre m. 131/748-9. IS,
VII2, 14 ; Ma‘ārif, 207.
AYYŪB B. ḪĀLID AL-ANṢĀRĪ, 160a — Tahḏib, I, 401 (n° 739).
AYYŪB B. ḪAWṬ [ ABŪ UMAYYA AL-BAṢRĪ], 98 — Tahḏib, I, 402 (n° 741), avec références au
Muḫtalif.
AL.-‘AZĪZ,316b — Surnom attribué dans le Coran au Putiphar de Gen., XXXIX, 1 ; EI, I, 550 ;
cf. Coran, XII, 30, 51.
B
bā‘ al-ğabbār, 239 — nom d’une unité de mesure.
BĀBIL, 203a, 204, 204e, 204i, — L’ancienne Babylone et sa région. EI, I, 559 ( HERZFELD).
Théâtre — comme ici — de nombreux épisodes de la mythologie et de l’eschatologie
islamique.
Bada’, 12 — Doctrine hétérodoxe qui enseigne la possibilité d’un changement dans la
science divine, donc dans le déterminisme, à la suite d’un changement des circonstances.
C’est une doctrine ši‘ite extrémiste. Ce fut la thèse d’al-Muḫtār, de Hišām b. al-Ḥakam et
des Kaysāniyya. Principaux arguments : 1) Coran, XIII, 39 ; XIV, II ; LV, 29 ; VII, 152 ; X, 98 ;
XXXVII, 101-107 ; VII, 138 ; 2) les ḥadīt-s du Muḫtalif, § 12 ; 3) des légendes pieuses
montrant qu’on échappe à son destin en étant agréable à Dieu ; 4) la doctrine du nasḫ. EI 2,
I, 873 (GOLDZIHER — TRITTON).
BADR,150, 181, 182, 182c, 189, 312 — Lieudit au sud ouest de la Mekke où eut lieu le
combat le plus célèbre des premiers temps de l’Islam. EI2, I, 892 (MONTGOMERY WATT).
BAḤRAYN, 175, 204h —- Désignait alors la côte nord-est de l’Arabie. Un des « bouts du
monde » de l’administration musulmane primitive. EI2, I, 969. Cf. aussi EI2, I, 211, s. Aḥsā.
BAKKA, 314b — Autre nom de Makka (la Mekke). Certains auteurs prétendent que ce nom
ne désigne qu’une partie de la Mekke, généralement le maṭāf, parce que les gens s’y
bousculent (bakka, yabukku) (Coran, III, 90). Tāğ, VII, III.
BAKKĀ’ŪN, 120 — Groupe d’ascètes « pleureurs » de Baṣra. Pellat, Milieu, 94.
BAKR B. ‘ABD ALLĀH , 176b — M. 180/796. IS, VII1, 152 ; Iṣāba, 729 ; Ma‘ārif, 201.
BAKR [AL-‘AMMĪ, sic], 24, 51 — Théologien néo-sunnite, chef des Bakriyya ; MASSIGNON, Essai,
197. On ne l’a trouvé nulle part sous le nom d’al-’Ammī. Toutefois on peut à bon droit
280
retenir cette appellation, car Bakr est partout identifié comme le neveu de ‘ ABD AL-WĀḤID B.
ZIYĀD (q.v.), lui-même personnage d’une certaine notoriété chez les hérésiographes. V.
intiṣār, 131, et l’index qui renvoie à BAĠDĀDĪ, Farq, 16.
baliyya, pl. balāyā, 148 — chamelle qu’on entrave pour la laisser mourir sur la tombe de
son maître.
BANŪ ARFADA, 306b — Surnom des Abyssins au temps du Prophète.
BANŪ ḤURRĀQ, 144 — Lecture incertaine. Le Register, 237, connaît un Horrāc b. Lâj.
BANŪ SĀ‘IDA, 161 — Groupe tribal ayant joué un rôle important dans la désignation d’Abū
Bakr.
BANŪ TAMĪM [B. MURR], 94, 262 — Grande confédération muḍarite dont relèvent
notamment les Nahšal et les Muğāši‘ (q. v.). EI, IV, 676 (LEVI DELLA VIDA) ; Ma‘ārif, 35.
BANŪ WĀ’IL, 144f—Grande confédération d’Arabes du Nord. Gen. Tab., tableau C.
BIŠR [B. ĠAYYĀṮ] AL-MARĪSĪ, 106 — Un des principaux Murği’ites ḥanafites du IIe siècle ;
tendance mu’tazilite d’al-Nağğār. Il enseigne que la foi suppose l’adhésion de la langue et
du cœur, et que le châtiment ne saurait être éternel, même en cas de péché grave ; m.
218/833. EI2, I, 1279 (CARRA DE VAUX — NADER — SCHACHT ) ; Intiṣār, index, 159.
BIŠR B. AL-MUFAḌḌAL, 160a, 204c, 264, 324 — M. 186/802. IS, VII2, 45 ; Ma‘ārif, 224.
BUḤAYRA AL-URDUNN , 310a — La Mer Morte, qualifiée souvent de Buḥayra avec des
qualificatifs divers : Muntina, Mayyita, Maqlūba. EI, I, 594 (HARTMANN), s. Baḥr Lūt. Il n’est
pas impossible que la présence supposée de Jean-Baptiste ici soit en rapport avec la
tradition évangélique du baptême de Jésus (cf. EI, s. Yaḥyā).
BURAYDA AL-ASLAMĪ, 278a — Compagnon. Iṣāba, 632 ; Ma‘ārif, 130.
C
cahier, v. ṣaḥīfa.
cause finale, cause première, v. ‘illa.
cause instrumentale, cause seconde, v. sabab
chien, v. kalb.
Chrétiens, 51, 178, 196a, 204, 204a, 260b.
client, v. mawlā.
conjecture, v. ẓann.
consensus, v. iğmā‘.
contagion, v. ‘adwā.
contiguïté, v. ṣaqb.
critique subjective, v. istiḥsān.
D, Ḏ, Ḍ
dahr, 249 sqq. — destin, fatalité.
DAHRĪ, DAHRIYYA, 170, 249, 260b, 300a — Il paraît assez difficile de donner une définition
précise de cette appelation qui, comme la Zandaqa, a fini par être appliquée à toutes les
tendances individuelles matérialistes ou naturalistes. Ce sont en tout cas des disciples des
écoles philosophiques grecques. EI, I, 917 (GOLDZIHER). Il arrive qu’on oppose dahrī à ḏimmi.
Il s’agit en ce cas de tous les non-Musulmans qu’on ne range pas au nombre des Gens du
Livre. EI, I, 984, s. ḏẖimmī (MACDONALD).
ḍamān, 255 sqq. — garantie, responsabilité.
DANIYĀL (= DANIEL ), 280h — Le Prophète. Il y a ici une allusion à son rôle de protecteur et
de défenseur des captifs hébreux à Babylone. Cf. VIGOUROUX, Dictionnaire de la Bible, II, 1247
sqq. ; EI, I, 938 (CARRA DE VAUX).
DĀWŪD (= DAVID ), 54, 93, 174a, 310b — Le roi-prophète, bien connu en Islam. Ce renom
explique les inventions des quṣṣāṣ signalées au § 300a. La plupart des autres passages
tendent à illustrer la question de l’héritage spirituel du Prophète Muḥammad. Cf. EI, I, 952
(CARRA DE VAUX).
DĀWŪD B. ABĪ HIND, 37e, 187a, 264, 280f — M. 137/754-5. IS, VII 2, 20 ; Ma‘ārif, 211.
démon, v. šayṭān.
dépositaire, v. mu’taman.
destin, v. dahr, qadar.
déterminisme, v. iṯbāt.
dextre, v. yumn.
DIḤYA [B. ḪALĪFA] AL-KALBĪ , 164g, 298a — Compagnon célèbre, apparu tardivement dans
l’entourage du Prophète, mais assez aimé de celui-ci pour qu’il le comparât à l’ange
Gabriel ; d’où la légende selon laquelle Gabriel apparaissait parfois au Prophète sous ses
traits. EI, I, 1000 (LAMMENS).
ḎIMMĪ, 113 — Tributaire. Populations non-musulmanes soumises à l’administration
islamique. II s’agit essentiellement des Juifs et des Chrétiens, accessoirement des Sabéens
et des Zoroastriens (Mağūs). Ils bénéficient d’un statut de protection spéciale, la ḏimma. EI
, I, 984 (MACDONALD).
piṯār, 202 — Tout vêtement qui se place par dessus le linge de corps (ši‘ār, q.v.).
diya, 68, 69, 187 sqq. — prix du sang.
doute, v. šubha.
droit, v. fiqh.
du‘ā’, 266 — invocation, prière (ici, on écrit régulièrement Prière, avec une majuscule
pour traduire Ṣalāt).
DUALISTES, V. ṮANAWIYYA.
ḎŪ ARWĀN, 204a — Puits de Médine. On n’en sait rien de plus que ce qu’en dit ce ḥadīṯ.
ḎŪ L-NŪN, 89 — L’homme au poisson du Coran (XXI, 87), qui paraît pouvoir être identifié
avec Yūnus/Jonas. Synonyme de ṣaḥib al-ḥūt, Coran, LXVIII, 48 ; EI, I, 988, s. Dū l-kifl (
GOLDZIHER).
ḎŪ L-QARNAYN, 164e — Il est identifié ici avec Alexandre le Grand (Coran, XVIII, 82-91) ; EI, I,
988 (MITTWOCH).
ḎŪ L-RUMMA, 228a — Poète umayyade célèbre. EI, I, 990 (SCHAADE) ; GAL, I, 58 ; Ši‘r, 506-521.
E
émasculé, v. mağbūb.
esclave, v. ‘Abd.
ÉVANGILE, 178a, 228f, 328a, 296b.
ÈVE, V. ḤAWWĀ’.
explication, v. maḫrağ.
expressif, expression, v. bayān.
283
F
FADAK, 54, 175, 194 — Agglomération d’Arabie, non loin de Ḫaybar, dont les habitants
(juifs) se soumirent à ‘Alī. Fāṭima réclama Fadak à Abū Bakr, comme héritage paternel.
Mais Abū Bakr exhiba le ḥadīṯ : « Personne ne doit être mon héritier ». L’anecdote du § 54
est une variante de la précédente. Cf. EI, II, 38 (SCHLEIFER).
AL-FAḌL B. AL-‘ABBĀS [B. ‘ABD AL-MUṬALIB], 39d, 40f— Cousin du Prophète. Iṣāba, 7005.
fasād, v. kawn.
fatalité, v. dahr.
FĀṬIMA,309, 310e — Fille du Prophète, épouse de ‘Alī, mère d’al-ḥasan et d’al-ḥusayn,
éponyme des Fāṭimides. L’importance de Fatima tient dans le fait qu’elle perpétua la
descendance du Prophète ; EI, II, 91 (LAMMENS).
FĀṬIMA BINT AL-MUNḎIR B. AL-ZUBAYR , 314e — Épouse de Hišām b. ‘Urwa (q.v.) ; IS, VIII, 350.
fidya, iftidā’, 60, 133, 209. — acte ou offrande compensatoire dû par le Musulman qui a
négligé une pratique rituelle. Wensinck, Hwb, 130.
fiqh, sections II, VI, XI, XX, XXII, XXXII, XXXIV, XXXVII-XXXIX, XLII-XLV, XLVI (215-216),
XLVII, LXV-LXVII, LXXII-LXXVI, LXXIX, LXXX, LXXXII, LXXXV, XCIV, XCVII, XCIX, CIII,
CIV. CVI, CVII — discipline englobant le droit canonique, l’éthique et la politique
islamiques.
fisq, fāsiq, 48, 173 — perversité (s’oppose à hudā, hidāya, rectitude).
fiṭra (religion naturelle), 6, 166 — L’orthodoxie assimile ce terme à l’Islam. Cette
identification étant contestée par certains adversaires de la Sunna, on a adopté « religion
naturelle ». Cf. Wensinck, Hwb, 137 ; v. aussi ḥanīf, ḥanīfiyya.
fiṭra, 110 — intuition, instinct. Cette acception confirme le bien fondé de la traduction
précédente.
foi, v. īmām.
AL-FUḌAYL B. ‘IYĀṬ [ ABŪ ‘ALĪ AL-FUNDĪNĪ], 28 — Mystique ayant vécu à Kūfa et mort à la
Mekke en 187/803. EI, II, 231.
284
G, Ğ, Ġ
ĞĀBIR [B. ‘ABD ALLĀH], 139, 160a, 175, 182a, 257, 262c, 288a, 306f — Compapagnon m. 78/697.
Iṣāba, 1026 ; Ma‘ārif, 133.
ĞĀBIR [B. YAZĪD] AL-ĞU‘FĪ, 17, 267 — M. 128/746. IS, VI, 240.
ĞABRIYYA, 109, 110 — Partisans du Ğabr, ou déterminisme strict. EI, I, 1013’ s. Djabrīya.
ğadd, 34, 36, 40a, 65, 187 — grand père, son statut juridique. Cf. BUḪ., 75, 5 = HM, IV, 37 :
« Il est trois questions sur lesquelles j’aurais voulu que l’Envoyé de Dieu nous fixât avant
de nous quitter pour toujours : l’aïeul, la kalāla (q.v.) et l’usure. »
ĞA‘FAR [AL-ṢĀDIQ], 92 — EI, I, 1021 (ZETTERSTÉEN).
ğafr, 92 — Document ésotérique et divinatoire qui est censé être la propriété des ‘Alides et
contenir l’ensemble des connaissances de toutes sortes jusqu’à la fin du monde. Cette
croyance est liée à celle de l’infaillibilité des imām-s ‘alides. EI, I, 1022 ( MACDONALD), où il
faut naturellement remplacer la référence à l’Adab al-kātib par la présente référence au
Muḫtalif.
AL-ĞĀḤIZ, 72.
ĞAHM [B. ṢAFWĀN], 81 — Chef des Ğahmiyya, secte déterministe (q.v., ainsi que ğabr) mais
niant les attributs ; m. 128/745. Hwb, 106, s. Djahm.
ĞAHMIYYA, 260b — V. le précédent et ĞABRIYYA.
ğanāba, ğunub, 39d, 148 — l’impureté majeure, et celui qui en est frappé.
ğānn, 164, 172a, 300b — apparaît parfois comme singulier de ğinn (q.v.) ; génie matérialisé ;
désignerait aussi un petit serpent (§ 300b).
garantie, v. ḍamān.
ġarīb, 149 sqq. — proscrit, étranger.
ĞARĪR, 306e — Le poète célèbre. GAL, I, 56 ; S I, 86.
ĞARĪR, 337 — Non identifié. Il n’est pas sûr que ce soit le suivant.
GAYLĀN [AL-DIMAŠQĪ], 17, 121 — Murgi’ite et qadarite. Bayān, à l’index ; — Ma‘ārif, 212 ;
Intiṣār, index.
génie, v. ğārni, ğinn, ġūl, ḥinn, ‘ifrīt.
ğinn, 164, 172a, 204c, 210 — génie, lutin ; généralement maléfique.
grand père, v. ğadd.
ğubār, 19—s’applique à tout objet provoquant un accident ; les ḥadīṯ-s où figurent ce mot
visent à montrer que le propriétaire de l’objet n’est pas tenu pour responsable.
ğubba, 216c — vêtement ample de dessus.
ĞUHAYNA, 210a — Tribu qaḥṭānite ; Register, 186.
guidance, v. hudā.
ġūl, 15, 204h — sorte de génie ; cf. notre « goule ».
ğunub, 39d — entaché d’impureté majeure.
ĠURĀB, 174d — V. MUSLIM et RĀ’IṬA BINT MUSLIM .
ĠURĀBIYYA, 95 — Secte rāfiḍite extrémiste prétendant que l’ange Gabriel, trompé par une
ressemblance frappante (« comme un corbeau avec un autre ») annonça la révélation à
Muḥammad aux lieu et place de ‘Alī. En droit, ils préconisent la dévolution de la
succession à la fille, conséquence de la doctrine voyant en Fāṭima l’unique héritière du
Prophète, au détriment d’al-‘Abbās. EI, II, 177 (GOLDZIHER) ; ĪĞĪ, Mawāqif, 346.
ġusl, 33, 148, 217 — ablution majeure.
H, Ḥ, Ḫ
ḫabar (pl. aḫbār), 43, 83, 97, 109, 228, 264, 300 — Tradition anecdotique historique ou
pseudo-historique ; souvent synonyme de ḥadīṯ.
ḤABAŠ, 305, 312 — Les Abyssins, ou l’Abyssinie ; EI, I, 121 (GUIDI). Le § 312 fait allusion à
deux émigrations successives des premiers Musulmans en Afrique. La seconde semble
bien être légendaire. Sur le wafd al-Ḥabaša, v. BUḪ. ; 8, 69 ; 13, 2, 25 ; 56, 79, 81 ; ḤAN., II,
308, 540 ; VI, 56, 59.
ḪABBĀB B. AL-ARATT, 145 — M. 37/657. Iṣāba, 2210 ; Ma‘ārif, 138.
que devait illustrer al-Aš‘arī. Le Fihrist le classe parmi les Muğbira. EI, I, 229 ( BAUER) ;
intiṣār, index et 160.
ḤAFṢA, 39d — Épouse du Prophète et fille du calife ‘Umar. EI, I, 229 ( LAMMENS).
AL-ḤAĞĞĀĞ [B. ABĪ ‘UṮMĀN] AL-ṢAWWĀF, 321 — M. 143/760. IS, VII2, 31.
AL-ḤAĞĞĀĞ [B. YŪSUF], 119, 340 — Le trop fameux gouverneur de l’Irak sous les Umayyades.
EI, II, 215 (LAMMENS).
AL-ḤAKAM [B. ‘UTAYBA], 269, 287 — M. 110/729. IS, VI, 231 ; Ma‘ārif, 204.
ḥāl, 46 — Ce mot, traduit ici par « stade » pour les besoins de la cause, réfère à la notion de
« mode intermédiaire entre l’existence et la non-existence ». On verra à ce sujet FAḪR AL-
DĪN AL-RĀZĪ, Afkār al-mutaqaddimīn wa-l-muta’aḫḫirīn, 38-40, surtout 38 : « Nous prétendons
qu’il n’y a pas de moyen terme entre l’existant et le non-existant. Mais les Mu‘tazilites ont
inventé un moyen terme qu’ils appellent ḥāl, et qui est un attribut de l’existant ». W.
HORTEN, Die Modus Théorie des Abu Haschim (m. 933), ZDMG, LXIII, 1909, 303-324 signale que
cette théorie prend corps au IIIe siècle et se fixe au IVe.
Le même, Die philosophischen Système der spekulativen Theologen im. Islam, Bonn 1912, 412
sqq., qualifie les aḥwāl ď « accidents intérieurs » ou modalités (modi) de la substance.
Cf. aussi GARDET et ANAWATI, Introduction, index et notamment 326.
ḪALAF AL-AḤMAR, 342 — Le célèbre rāwiya. BLACHÈRE, Littérature, 105.
ḪĀLID B. AL-WALĪD [B. AL-MUĠĪRA AL-MAḪZŪMĪ], 262a, 293 — Chef militaire converti après
Uḥud. Participa à la répression de la ridda, puis aux conquêtes syriennes. EI, II, 931 (
ZETTERSTÉEN).
ḤAMMĀD [B. ABĪ SULAYMĀN ], 60, 188d, 197, 335 — Murği’ite, m. 120/738. IS, VI, 231 ; Ma‘ārif,
208.
ḤAMMĀD, 40f — Il s’agit de ḤAMMĀD B. QIRĀT, transmetteur de Muqātil b. Sulaymān. Tahḏib,
X, 279 (n° 501), s. Muqātil b. Sulaymān.
ḤAMMĀD B. SALAMA, 105, 247, 280d, 297, 301. 303 — M. 164/781. IS, VII2, 29 ; Ma‘ārif, 220.
ḤAMMĀD B. ZAYD, 59, 50, 140b, 288a — « ’Uṯmānien », m. 179/795. IS, VII 2, 42 ; Ma‘ārif, 220.
HAMMĀM, 204h, 217, 301 — Il s’agit de H. b. Yaḥyā b. Dinār, car les isnād-s, concordent avec
Tahḏib, XI, 67 (n° 108) ; m. vers 164/781.
HĀNI’ B. ‘UBAYD, 144f— Non identifié.
ḥanīf 6, 166a, 306 — Sectateur de la religion naturelle (ḥanīfiyya), monothéisme diffus qui
règne en Arabie avant l’Islam et qui n’est ni le Judaīsme, ni le Christianisme. WENSINCK,
Hwb, 165. V. fiṭra.
ḪANNĀQŪN, 95 — Secte prétendument rāfiḍite ď « étrangleurs ». Ḥayawān, II, 96-7 ; VI, 130.
ḫarāğ, 255 sqq. — revenu tiré d’une chose achetée ou louée ; usufruit.
ḫarām, 281, 293 sqq. — illicite.
287
HĀRŪT et MĀRŪT, 203a, 204e, 204g, 204i — Les deux anges cités dans Coran, II, 96, qui
auraient été les héros de l’aventure avec ZUHARA/VÉNUS (q.v.). EI, II, 289 (WENSINCK) ; Tarbī‘,
46.
AL-ḤASAN [B. ‘ALĪ], 172e — EI, II, 291 (LAMMENS).
AL-ḤASAN [B. ABĪ L-ḤASAN AL-BAṢRĪ], 98, 119, 121, 136a, 140b, 141, 176b, 184a, 196e, 204c, 204j,
217, 257, 300c, 302, 308d, 312c, 324c, 335 — Le célèbre personnage du Ier siècle,
contemporain d’al-Ḥağğāğ, estimé comme transmetteur de ḥadīṯ, mais suspecté par
certains pour son franc parler. Il est d’ailleurs annexé par les Mu‘tazilites, car il inclinait
vers le libre arbitre. Il est célèbre aussi pour sa vie ascétique ; m. 110/728. EI, II, 290 ;
PELLAT, Milieu, à l’index.
HĀŠIM AL-AWQAṢ, 24 — AL-ĞĀḤIẒ, Bayān, I, 366 ; III, 110, le classe parmi les ascètes.
ḤASSĀN B. ṮĀBIT, 306f — Le poète du Prophète, mort très âgé ; EI, II, 306 (WEIR).
ḥašw, 105 — « bourrage, farcissure » ; Ibn Qutayba semble prendre ce mot dans le sens ď
« entasser les informations sans discernement ». C’est le fait des partisans aveugles du
ḥadīṯ..
ḤAŠWIYYA, 109 — Terme de mépris appliqué à ceux des gens du ḥadīṯ qui interprètent
littéralement les traditions anthropomorphistes (selon Šahrastānī). Mais les Mu‘tazilites
englobent sous cette appellation tous les gens du ḥadīṯ. EI, II, 304. Ibn Qutayba les range
apparemment parmi les « gens du ḥadīṯ extrémistes ». Voir notre Avant-propos.
AL-ḪAṬṬĀM AL-MUĞĀŠI‘Ī, 346 (note). — Le Poète de rağaz. IBN HIŠĀM , Muġnī, avec cmt. de
Dasūqī, Caire 1358, 193.
hawāmm, 173 — désigne globalement tous les petits animaux répugnants : serpents,
souris, insectes, etc., spécialement carnassiers.
ḪAWĀRIĞ (= ḪARIĞITES), 2, 41, 109, 110, 111 — Le premier grand mouvement politico-
religieux de l’Islam, dont les doctrines les plus marquante concernent ľimāma, et les
rapports entre la foi et les œuvres. EI, II, 957 (LEVI DELLA VIDA).
ḥawḍ, 8 — Le Bassin, ou la Vasque céleste où le Prophète accueillera les Musulmans au
Paradis. BUḪ., 60, 8 = HM, II, 473 ; 81, 53 = HM, IV, 315 ; ḤAN., I, 235, 453 ; V, 50.
ḤAWWĀ’ (= ÈVE), 126d — La première femme. EI, II, 314 (EISENBERG).
HAYĀṬILA, 40f — Les Hephtalites. Branche méridionale des Huns, encore appelés Huns
blancs, Huna par les Indiens et Ye-Ta par les Chinois. Après avoir harcelé les Perses dès le
milieu du Ve siècle, ils écrasent le roi Pērōz/Fayrūz (q.v.) et toute son aristocratie en 484,
puis déferlent sur l’Inde d’où ils ne seront chassés qu’en 525. Ils se maintiennent en Iran
Oriental jusqu’à Chosroès Anouchirwân (531-579) qui les écrase avec l’aide des Turcs en
562. GAUDEFROY-DEMOMBYNES et PLATONOV, Le Monde musulman et byzantin jusqu’aux Croisades
288
, 8-12 ; CHRISTENSEN, Sassanides, à l’index, et notamment 289, 293 sqq. ; Ḥudūd al-‘Ālam,
277-288.
ḪAYBAR, 204b — Oasis juive, au nord de Médine, péniblement soumise en 7/628. EI, II, 921 (
GROHMANN).
HIŠĀM B. AL-ḤAKAM , 24, 54, 81 — Célèbre théologien ši‘ite extrémiste attiré au Sī‘isme par l’
imam Ğa‘far (m. 148/765). D’après lui, le Coran serait identique au Verbe, et par
conséquent un attribut. Il enseigne en outre un anthropomorphisme radical, car Dieu ne
saurait autrement avoir d’influence sur les choses matérielles. Partisan du déterminisme (
iğbar). EI, I, 338.
HIŠĀM B. ḤASSĀN, 306e, 318 — M. vers 147/764. IS, VII2, 32 ; Intiṣār, index et 160.
HIŠĀM B. ‘URWA [B. AL-ZUBAYR], 204a, 314e — M. vers 146/763. IS, VII2, 67.
ḥudūd al-manṭiq, 56 — la logique selon Aristote ; l’Adab (p. 3) dit ḥadd al-manṭiq.
ḥudūd al-qamar, 228a — mansions lunaires ; WENSINCK, Hwb, s. ḥadd, 147.
ḥuğğat al-‘aql, 43 et passim — preuve rationnelle, raisonnement. V. Avant-propos
ḥukm : 1) jugement en général, 34, 35 ; 2) qualification juridique des actes et des choses,
13, 130, 132, 154, 322, 336a ; 3) statut juridique d’une personne, 166a, 290 ; 4) prescription
de Dieu, 134.
ḥulūl, 296, 296c, 296f — incarnation.
289
ḤUMAYD [B. ABĪ ḤUMAYD] AL-ṬAWĪL [ABPŪ ‘UBAYDA AL-ḪUZĀ‘Ī], 121 — Il faut lire ici Yaḥyā ‘an
Ḥumayd, et non Y. b. Ḥ. En effet, Yaḥyā b. Sa‘īd al-Anṣārī transmet habituellement de
Ḥumayd al-Ṭawīl, m. vers 143/760. Tahḏīb, III, 38 (n° 65).
ḤUNAYN [B. ISḤĀQ], 260e — Médecin célèbre, traducteur de nombreux ouvrages grecs en
syriaque et en arabe. EI, II, 357 (RUSKA).
ḪURĀSĀN, 264a, 326 — Province extrême-orientale de l’empire islamique. EI, II, 1022 (
HUART).
HURMUZ, 40f — L’un des rois sassanides de ce nom. Il est difficile de savoir lequel. Il
pourrait s’agir de Hormizd III, frère et adversaire de Pērōz. Mais comme il est censé avoir
parlé en Musulman, ce pourrait être aussi Hormizd V (vers 630). On sait d’ailleurs que les
confusions de ce genre sont fréquentes. CHRISTENSEN, 499.
ḥūš, 170 — chameaux sauvages
HUŠAYM, 284 — IS, VII2, 61 et 70 signale deux Hušaym b. Bašīr, Abū Mu‘āwiya, qui
pourraient bien être tous deux identiques au nôtre.
ḤUṢAYN, 284 — Père de ‘IMRĀN b. —, q.v. ; Iṣāba, 1735.
ḤUSAYN, 267 — Non identifié.
[AL-] ḤUSAYN B. AL-ḤASAN AL-MARWAZĪ, 308d — M. 246/860-1. Tahḏīb, II, 334 (n° 593).
ḪUZĀ‘A, 204i — Tribu. EI, II, 1041 (Krenkow).
I, ‘I
IBN ‘ABBĀS [‘ABD ALLĀH], 42, 60, 98, 109, 144g, 172a, 181, 187, 188b, 200, 204f, 246e, 280d,
280e, 280f, 280h, 288a, 292b, 298b, 303, 306f, 308b, 310b, 321 — EI, I, 19 ( BUHL).
IBN ‘ABD ALLĀH B. ABĪ ṬALḤA (sic), 144c — Fils de Iṣāba, 6180 et IS, V, 53, mais lequel ? IS en
dénombre quatorze, dont un Isḥāq. Dans le passage incriminé, il faut peut-être lire Isḥāq
b. —, d’autant qu’on n’a pas pu identifier ISḤĀQ, même §, q.v.
IBN ABĪ ‘ARŪBA [ABŪ L-NAḌR SA’ĪD], 17, 120, 121 — Qadarite, m. 157/774. IS, VII2, 33 ; Ma‘ārif,
222.
IBN ABĪ AWFĀ [‘ABD ALLĀH], 98 — M. 86/705. IS, IV2, 36 ; Iṣāba, 4555.
IBN ABĪ ḎI’B [MUḤAMMAD B. ‘ABD AL-RAḤMĀN ], 17, 122 — M. 158/775. Ma‘ārif, 213.
IBN ABĪ NAĞĪḤ [‘ABD ALLĀH], 17, 103, 122 — Qadarite, m. 132/749-50. Ma‘ārif, 206.
IBN ABĪ L-ZANNĀD [‘ABD AL-RAḤMĀN], 306f — Fils de l’informateur d’al-Aṣma‘ī ABŪ L-ZANNĀD (
q.v.). IS, VII2, 69 ; Ma‘ārif, 204.
IBN AḤMAR AL-BĀHILĪ, 326a — Poète préislamique. Ši‘r, 315-317.
IBN ‘AWN, 105, 122, 144h — M. 151/768. Ma‘ārif, 213 ; MS, II, 54.
IBN ĞURAYĞ [‘ABD AL-MALIK], 105, 204j, 301, — M. 150/767. ĞAZ., 19059 ; Ma‘ārif, 214.
IBN ĞURHUD (et son père), 319 — Le ĞURHUD de Tahḏīb, II, 69 (n° 110) a plusieurs fils qui
transmettent cette même anecdote.
290
IBN AL-ḤANAFIYYA [MUḤAMMAD], 303 — Fils de ‘Alī, mais non petit fils du Prophète. Devint à
son corps défendant le prétexte d’un mouvement revendicatif. EI, III, 716 (BUHL).
IBN LAHĪ‘A [‘ABD ALLĀH], 219, 310a — M. 174/799. Wafayāt, 301 ; Ma‘ārif, 221.
IBN MAS‘ŪD [‘ABD ALLĀH], 37, 40b, 40c, 40g, 62, 104, 121, 140,a 266a, 303 — Compagnon
célèbre et « lecteur » du Coran. EI, II, 428 (WENSINCK) ; BLACHÈRE, Introduction, 43-4.
IBN RĀHAWAYH [ISḤĀQ, B. IBRĀHĪM AL-ḤANẒALĪ], 63, 67, 144e, 198, 302, 310d — Célèbre
traditionniste ḥanbalite, maître d’Ibn Qutayba ; m. 233/847-8. GAL, S I, 257.
IBN ŠIHĀB (= AL-ZUHRĪ, q.v.), 273.
IBN UMM MAKTŪM , 253 — Compagnon, m. sous ‘Umar. IS, IV1, 150.
IBN ‘UYAYNA [SUFYĀN, q.v.], 103, 133, 182a, 200, 238, 260d, 311 — M. 198/813-4. Ma‘ārif, 221 ;
Tarbī‘, 21.
IBRĀHĪM (= ABRAHAM), 40f, 42a, 90, 137, 138, 148, 148d, 152, 280g, 310b.
IBRĀHĪM [AL-NAḪA‘Ī], 60, 188d, 197, 269, 234c, 338 — M. 96/715. IS, VI, 188 ; ĞAZ., 125 ; Ma‘ārif
, 204.
IBRĀHĪM B. ADHAM , 28 — Célèbre ascète du Ḫurāsān, m. 162/779. EI, II, 459 (NICHOLSON) ;
SULAMĪ, Ṭabaqāt al-ṣūfiyya, 27-38.
īlā’, 32 — Serment de continence ; c’est une forme de répudiation ancienne, par laquelle
un homme fait serment de rompre les relations avec sa femme. WENSINCK, Hwb, s. ṭalāḳ,
725 ; cf. BUḪ., 68, 21 = HM, III, 622. Il va de soi que l’étymologie proposée par al-Naẓẓām est
tout à fait exclue ; il s’agit de ālā, yūlī, īlā’an, racine ’LW.
‘ilhiz, 280i — aliment de fortune, précisément défini ici.
‘illa, 40f — cause finale ; cause première.
illicite, v. ḥarām.
īmām, chef des Musulmans, 40b, sections XIX, XXX, XXXI, XXXII, LI, XGIII.
imām, directeur de la Prière, 267.
īmān, 196 — foi.
impureté, v. ğanāba.
‘IMRĀN B. ḤUṢAYN , 42, 210a, 280m — M. 52/672. Iṣāba, 6012 ; Ma‘ārif, 134. Fils de ḤUṢAYN, q.v.
IMRU’ AL-QAYS, 202b, 340 — Le grand poète préislamique ; GAL, I, 24 ; 51, 48.
incarnation, v. ḥulūl.
inclination, v. rukū‘.
infidélité, v. kufr.
inqaṭa‘a, 78, 82 — se trouver interrompu, être à court d’arguments.
inqiṭā‘ al-Ṣalāt, 39a, 130a — invalidation de la Prière par interruption.
insexué, v. muḫannaṯ.
instinct, v. fiṭra.
interprétation, v. ta’wīl.
intiqāl, tanaqqul, 80, 82 — changement de sujet imposé par le déroulement d’une
argumentation dialectique. WEHR, Ar. Wörterbuch, signale pour l’arabe « moderne »
tanaqqala fī manāzil al-halāġa, « être versé en rhétorique », où l’idée est en fait la même.
iq‘ā’, 40e — fait de s’asseoir avec les genoux en l’air, le dos appuyé contre quelque chose.
Tāğ, X, 299 ; Lisān, XX, 53 ; cf. BUḪ., 10, 141 sqq.
irāda, 40f, 246c — volonté. Il semble difficile de la distinguer ici de mašī’a (q.v.). Il ressort
du § 246c qu’Ibn Qutayba pourrait bien les confondre. Voir LAOUST, Ibn Taymiyya, 92,
distinction entre volonté créatrice (masī’a) et volonté normative (irāda). Il semble s’agir ici
dans les deux cas de volonté créatrice (§40f).
‘IRĀK B. MĀLIK, 127 — M. sous Yazīd b. ‘Abd al-Malik. IS, V, 187.
IRAKIENS, 13 — Les Ḥanafites, par oppositions aux Ḥiğāziens (q.v.), qui sont surtout les
Mālikites.
irğā’, 50 — sursis, principe de base du Murği’isme, q.v.
ISAAC, V. ISḤĀQ.
‘ISĀ B. YŪNUS, 69, 127, 132a, 216d — M. 187/803. IS, VII2, 185.
ISḤĀQ B. IBRĀHĪM [B. ḤABĪB] B. AL-ŠAHĪD [AL-ŠAHĪDĪ], 114, 121, 154d, 196e — Traditionniste très
estimé, m. 257/871. Tahḏtb, I, 213. (n° 399).
ISMĀ‘ĪL (= ISMAÉL), 148, 148d.
ISMĀ‘ĪL B. ĞA’FAR [B. ABĪ KAṮĪR AL-MADANĪ], 319 — M. 180/796. IS, VII2, 72.
ISMĀ‘ĪL B. ‘ULAYYA,103, 146, 331 — M. 193/809. Ma‘ārif, 221. Ne pas confondre avec son fils,
le Mu’tazilite Ibrāhīm, b. I. b. ‘U.
ISMĀ‘ĪL B. UMAYYA, 144e — Classé par Takḏīb (XII, 362, n° 479) dans les mub-hamāt.
istiḥsān, 25, 31, 59, 69, 123 — critique, appréciation subjective ; forme atténuée de ra’y.
istiṭā‘a, 46 — puissance conférée à l’homme par Dieu pour accomplir ses actes ; cause
instrumentale, cause seconde des actes humains.
iṯbāt, 40f, 165, 166, 166b — désigne généralement l’affirmation des attributs, par
opposition au ta‘ṭīl (cf. GARDET et ANAWATI, Introduction, index) ; mais il semble bien qu’Ibn
Qutayba prenne parfois ce mot dans le sens de « déterminisme », lorsqu’il l’oppose à
qadar.
‘itāq, 228 — affranchissement.
IYĀS B. MU‘ĀWIYA, 280m — M. 122/740. IS, VII2, 4 ; Ma‘ārif, 205 ; cf. Tarbī‘, 21.
izār, 60, 174b, 202a — vêtement imposé pour la sacralisation, et en général symbole de
pureté.
J
JACOB, V. YA‘QŪB.
JÉSUS (= ‘ISĀ, AL-MASĪḤ), 152, 178a, 190, 204a, 205, 206b, 216, 228f, 238,297, 310.
JOB, V. AYYŪB.
JOSEPH, V. YŪSUF.
jugement, v. ḥukm.
JUIFS, 51, 91, 176d, 178, 204, 204a, 260b, 306.
K
KA‘B [AL-AḤBĀR], 238b — M. 32/562. EI, II, 620 (SCHMITZ).
293
kitāb, 134 — peut prendre des sens différents : décret, obligation, prescription.
kiyān, 56 — La Physique selon Aristote ; cf. Adab, 4.
AL-KŪFA, 262.
L
LABĪD, 40f — Poète célèbre ; GAL, I, 36 ; S I, 64.
LABĪD B. AL-A‘ṢAM , 204a — Ne paraît pas autrement connu que par ce ḥadīṯ.
lawḥ, 25 — la Table bien gardée, où figure l’archétype du Coran. WENSINCK, Hwb, 363.
LAYLĀ, 316c — Objet de l’amour platonique de MAĞNŪN, q.v.
LAYṮ [B. ABĪ SULAYM ], 129, 266a — M. sous al-Manṣūr. IS, VI, 248 ; Ma‘ārif, 210.
AL-LAYṮ B. SA‘D, 28, 310a — M. 165/781-2. IS, VII2, 204 ; Ma‘ārif, 221.
licite, v. ḥalāl.
294
limbes, v. barzaḫ.
linge, v. ši‘ār.
LOTH, V. LŪṬ.
LUQMĀN, 300b — Sage de la Mythologie arabe, célèbre pour sa longévité, parfois identifié
avec Ésope. EI, III, 36 (HELLER).
LŪṬ (= LOTH), 137, 138, 280h.
M
ma‘āriḍ, 41 —- propos équivoques, sorte de restriction mentale. Tāğ V, 50 : « On dit même
que c’est synonyme de tawriya (restriction mentale) » ; cf. Tarbī‘, IV. Confirmé par Muškil,
207, 210, où warrā est donné comme synonyme de ‘arraḍa.
MA‘BAD AL-ĞUHANĪ, 17, 122 — Est parfois considéré comme le premier Qadarite ; m. 80/699.
NADER, 6, 7, 23 ; Tarbī‘, 26.
maḍā bi-, 198, 336a — faire de quelque chose une pratique courante ; cf. DOZY, s. maḍā.
mağbūb, 312 — émasculé radicalement ; Lisān, I, 242.
mağnaṭis, 260e — aimant naturel.
MAĞNŪN LAYLĀ (= QAYS B. AL-MULAWWAḤ ), 316c — Poète célèbre, amant platonique de Laylā ;
GAL, I, 48 ; S I, 81.
MAĞŪS, 112, 178, 260b, 338 — Les Zoroastriens, ou Mages, considérés très tôt comme une
catégorie inférieure de gens du Livre. EI, III, 101 (BÜCHNER).
maḫrafa, 160b — allée de palmiers.
maḫrağ, 23, 41, 69, 124, 238, 331 — solution d’une difficulté, explication, échappatoire.
MĀ‘IZ [B. MĀLIK], 209, 210b, 314e — IS, IV2, 52 ; Iṣāba, 7589.
MĀLIK B. SU‘AYR, 70, 244a — C’est ainsi qu’il faut lire, et non Mālik b. Sa‘id. Mālik b. Su‘ayr
est un informateur attitré d’Abū l-Ḫaṭṭtāb. M. 200/815. Tahḏīb, X, 17 (n° 20).
MA‘MAR [B. RĀŠID], 144e, 308d, 314e, 327 — M. 153/770. IS, V, 397 ; Ma‘ārif, 221.
MANṢŪR, 204h, 338 — Probablement — B. AL-MU‘TAMIR AL-SULAMĪ, m. 132/ 749. IS, VI, 235 ;
Ma‘ārif, 208 ; Tahḏib, X, 312 (n° 546).
AL-MANṢŪR, 280k — Le second calife ‘abbāside, m. 158/775. EI, III, 263 : ( ZETTERSTÉEN).
MA‘QIL B. MUQARRIN, ABŪ ‘UMARA AL-MUZANĪ , 272 — IS, VI, 11 ; Iṣāba, 8141 ; cf. son fils ‘Abd
Allāh b. —.
marāqq al-baṭn, 320 — le bas ventre.
AL-MARRĀR, 232, 340 — On connaît deux poètes de ce nom : — al-‘Adwī et — al-Faq‘asī. Dans
l’état du texte, il est impossible de savoir lequel est en cause. On note toutefois que le
second est plus souvent cité. Ši‘r, 678-80 ; cf. aussi Muškil, 130.
AL-MA‘RŪR B. SUWAYD, 196e — IS, VI, 80.
masḥ ‘alā l-ḫuffayn, 132a — friction des chaussures lors des ablutions.
masḥ ‘alā l-‘imāma, 287 — friction du turban lors des ablutions.
mašī’ a, 40f, 246c — volonté, vouloir ; cf. irāda.
MASRŪQ [B. AL-AĞDA‘], 41 — M. 63/682-3. IS, VI, 50 ; Iṣāba, 7936.
MAYMŪNA BINT SA‘D , 275 — Affranchie du Prophète, Iṣāba, nisā’, 1027 ; IS, VIII, 223, dit —
bint Sa‘id ; Tahḏib, XII, 454 (n° 2900). signale les deux.
MÉDINE, 190b, 194, 262a, 2801.
menstrues, v. mustaḥāḍa.
MER MORTE, V. BUḤAYRA AL-URDUNN.
messager, v. barīd.
messianisme, v. rağ‘a.
méthodologie, v. uṣūl.
MIHRIĞĀN-QAḎAQ, 280j — Ville du Ğabal. BARBIER DE MEYNARD , Dictionnaire de la Perse, 552.
AL-MIQDĀD [B. ‘AMR], 261 — M. 33/653-4. IS, III1, 114 ; Iṣāba, 8185 ; Ma‘ārif, 113.
MU‘ĀḎ B. MU‘ĀḎ, 116 — Qāḍi de Baṣra vers 169/786 ; IS, VII2, 47 ; Ma‘ārif, 223 ; cf. Milieu, 290.
MU‘ĀWIYA B. ‘AMR [AL-AZDĪ], 150, 306d — M. vers 215/830. IS, VII2, 82 ; Ma‘ārif, 226.
MUFAWWIḌ, 7 — Ce terme paraît bien s’être appliqué, à des époques différentes, à des
tendances de pensée fort diverses. Pour les Sunnites, et notamment les Hanbalites, le
tafwīḍ consiste dans la « remise à Dieu » de l’intelligence pleine et entière du donné révélé
et du ġayb, ou inconnaissable (LAOUST, Ibn Baṭṭa, intr. CI et 105, note 2). Pour AL-ĪĞĪ (
Mawāqif, 348), il s’agit de tout autre chose : « Les Mufawwiḍa disent : Dieu a créé
Muḥammad, puis lui a « remis » la création du monde ; certains disent aussi qu’il l’a
« remise » à ‘Alī ». Ce serait donc dans ce cas une position hétérodoxe extrêmement
suspecte. L’allusion d’Ibn Qutayba paraît se rattacher plutôt à la tendance sunnite, mais
les indications données sont insuffisantes pour situer la tendance en question avec
précision.
MUĞĀHID, 70, 103, 172c — M. 103/721-2 ; IS, V, 343 ; Ma‘ārif, 196 ; ĞAZ., 2659.
MUĞĀŠI‘, 94 — Ce personnage, ainsi que son fils Nahšal appartenaient aux Tamim (q.v.) ; ils
sont cités à plusieurs reprises dans les versd ‘al-Farazdaq (lui-même Tamīmite) et d’al-
Aḫṭal. Ils constituent un des thèmes du faḫr de ces deux poètes. FARAZDAO, Dīwān, 518 ; v.
aussi IBN SALLĀM, Ṭabaqāt, 17 (note) et 20.
MUĞĀŠI‘ B. MAS‘ŪD , 216c — Compagnon m. 36/656-7. IS, VII119 ; Iṣāba, 7723.
AL-MUĠĪRA [B. ŠU‘BA], 104, 188e, 287, 288b — M. 50/670. Iṣāba, 8181 ; Ma‘ārif, 128.
muğtahid, v. iğtihād.
297
muḥaffala, 256 — Brebis qu’on ne trait pas pendant plusieurs jours pour tromper
l’acheteur.
MUHĀĞIRŪN, 162 — Les Émigrés, Musulmans de la première heure qui se rendirent à
Médine à la suite du Prophète (cf. ANṢAR) ; EI, III, 683 (BUHL).
MUḤAMMAD B. ABĪ ḤARMALA [AL-QURAŠĪ], 319 — M. sous al-Manṣūr. Tahḏib, IX, 110 (n° 149).
MUḤAMMAD B. AL-FURĀT [AL-TAMĪMĪ, ABŪ ‘ALĪ AL-KŪFĪ], 294b — Tahḏib, IX, 396 (n° 648).
MUḤAMMAD B. ḪĀLID B. ḪIDĀŠ , 70, 140b, 172c, 216c, 284 — Fils de Ḫālid b. Ḫidāš, m. 224/839
(IS, VII2, 86). Tahḏib, IX, 140 (n° 195).
MUḤAMMAD B. HĀRŪN [B. IBRĀHIM, ABĀ ĞA‘FAR AL-BAĠDĀDĪ], 103 — M. vers 258/872. Tahḏib, IX,
493 (n° 808).
MUḤAMMAD B. ISḤĀQ , 286a, 301, 313, 314e, 335 — Un des premiers historiens de l’Islam. Les
matériaux qu’il laissa furent adaptés par Ibn Hišām et donnèrent la première biographie
du Prophète. GAL, I, 134 ; S I, 205.
MUḤAMMAD B. KA‘ AL-QURAẒĪ, 117 — M. vers 110/720. Iṣāba, 8538, ĞAZ., 3383.
MUḤAMMAD B. SINĀN AL-‘AWFĪ, 174d — M. 271/884. IS, VII2, 54. Le texte dit ‘AWQĪ, qui paraît
être une erreur typographique.
MUḤAMMAD B. SĪRĪN , 201, 260f, 287, 306e, 316c, 318, 340b — Contemporain d’al-Ḥasan al-
Baṣri, célèbre pour sa science divinatoire ; EI, II, 446.
MUḤAMMAD B. SALĪM AL-ṬĀ’Ī, 204h —- L’éd. signale trois leçons différentes des mss. : celle-ci,
qu’il a retenue ; M. B. MUS. B. SANĪN AL-ṬĀBI‘Ī et M. B. MUS. AL-TĀ’IFĪ ; ce dernier paraît être
seul connu ; IS, V, 381 ; M. B. MUS. [B. SAWSAN] AL-ṬĀ’IFĪ ; Tahḏib, IX, 444 (n° 729), id. ou SANĪN
.
MUḤAMMAD B. SULAYMĀN , 115 — Non identifié. Il est curieux de constater qu’on n’a pu
identifier aucun des transmetteurs de ce ḥadīṯ relatif au multazam. MUḤAMMAD B. ṬAHLĀ’ [
AL-MADANĪ], 306 — Tahḏib, IX, 235 (n° 373).
MUḤAMMAD B. ‘UBAYD [B. ‘ABD UMAYYA], 133, 182a, 306d — M. vers 204/819. IS, VI, 277.
MUḤAMMAD B. YAḤYĀ [B. MIHRĀN, ABŪ ‘ABD ALLĀH ] AL-QUṬA’Ī, 144b, 196e, 306d — ĞAZ., 3532.
MUḤAMMAD B. ZIYĀD [B. ‘UBAYD ALLĀH B. ZIYĀD B. AL-RABĪ‘ ] AL-ZIYĀDĪ [ABŪ ‘ABD ALLĀH AL-BAṢRĪ],
69, 132a, 188e, 306d — Surnommé YU’YU’ ; m. vers 250/864. Tahḏib, IX, 168 (n° 248).
298
AL-MUḪTĀR [B. ABĪ ‘UBAYD], 17, 96 — Agitateur rāfiḍite célèbre, m. 67/687. EI, III, 765 (LEVI
DELLA VIDA).
multazam, 115 — partie du mur de la Ka‘ba entre la porte et la Pierre Noire ; ḤAN., III, 431 ;
cf. EI, II, 622, s. Ka‘ba, col. 2 (WENSINCK).
MUNĀFIQ (ŪN), 48, 158a, 196a — Hypocrite (s) ; désigne couramment, en particulier dans le
Coran, les nouveaux convertis dont le zèle laisse à désirer ; EI, 111, 772 ( BUHL).
AL-MUNḎIR B. ZIYĀD , 98 — Transmetteur suspect, non identifié.
MUNKAR (WA NAKĪR), 182b, 280e — Les deux anges chargés de soumettre le mort dans sa
tombe à un interrogatoire sévère (v. ‘aḏāb al-qabr) ; EI, III, 774 (WENSINCK).
MUNQIḎ, 104 — Probablement (— B. QAYS) ; Tahḏib, X, 317 (n° 555).
MŪSĀ (= MOÏSE), 8, 90, 152, 164b, 204d, 216, 228a, 244, 246e, 260a, 263,, 296e, 297, 298b, 299
— EI, III, 788 (HELLER).
MŪSĀ B. MAS‘ŪD AL-MAHDĪ, 127, 144c — M. 220/835 ; ĞAZ., 3698 ; Ma‘drif, 228.
MUSLIM B. QUTAYBA, 70, 172c, 216c, 284, 306f — IS, VII2, 54.
mustaḥāḍa, 324 — femme atteinte d’un flux de sang accidentel, hors de la période des
menstrues.
AL-MUSTAWĠIR B. RABĪ‘A , 300b — Célèbre macrobite ; Ši’r, 344-5.
MUṮARRIF B. ‘ABD ALLĀH , 42, 140a, 194a — M. après 87/706 ; IS, VII1, 103 ; Iṣāba, 8326 ; Ma‘ārif
, 193.
mutašābih, 40b — passage obscur du Coran.
mutation, v. tafra.
AL-MUTAWAKKIL, 334a — Calife ‘abbāside revenu progressivement à une stricte orthodoxie
après le triomphe du mu‘tazilisme sous le règne de ses prédécesseurs ; 232-247 /847-861 ;
EI, 111, 839 (ZETTERSTÉEN).
MU‘TAZILITE (s), 81, 166.
N
nabīḏ, 216c — vin de palmes.
AL-NĀBIĠA AL-ḎUBYĀNĪ, 40f, 326 — Poète préislamique célèbre ; GAL, I, 22 ; S I, 45 ; cf. Ši‘r,
111.
AL-NĀBIĠA AL-ĞA‘DĪ, 134, 200 — Poète préislamique ; GAL, S I, 92 ; cf. Ši‘r, 247-255.
AL-NAĞĞĀR [AL-ḤUSAYN B. MUḤAMMAD, ABŪ ‘ABD ALLĀH ], 24 — Théologien murği’ite sous al-
Ma’mūn, adversaire des Mu‘tazilites bien qu’il en partageât certaines doctrines ; EI, III,
875 (NYBERG) ; Intiṣār, index et 160.
NAHŠAL, 94 — v. MUĞĀŠI‘.
AL-NAMIR B. TAWLAB, 308 — Compagnon, poète ; passe pour avoir vécu 200 ans ; Iṣāba, 547 ;
Ši‘r, 268-70.
300
nasḫ, nasīḫ, mansūḫ, 128, 192, 214, 216a, b, c, d, 228c — abrogation, abrogé ; v. notre Avant-
propos.
nasī’atan (bay‘), 335 — vente à terme.
naẓar, 24, 25, 30, 37, 40a, 40b, 80, 123 et chap. III, passim — Recherche scientifique de la
vérité pure ; EI, III, 950 (DE BOER) ; spéculation, réflexion, parfois nettement dialectique,
comme dans GOICHON, Lexique, 328. — V. notre Avant-propos.
naẓīr, 246 — semblable (différent de miṯl, analogue, q.v.).
AL-NAZZĀL B. SABRA, 38 — Tābi‘ī de Kūfa ; IS, VI, 56 ; Iṣāba, 8696.
AL-NAŻŻĀM [IBRĀHĪM B. SAYYĀR, ABŪ ISḤĀQ ], 24, 30 — Célèbre théologien mu‘tazilite de Baṣra,
m. vers 220/30/835-45 ; EI, III, 953 (NYBERG) ; Intiṣār, à l’index.
néant, v. ‘adam ; ibṭāl.
NEMROD (= NAMRŪḎ), 314b — EI, III, 900.
NIL, 299.
NOÉ, V. NŪḪ.
nubuwwa, sections VII, VIII, XIII, XIV, XXVI, XXXIII, XXXV, XL, XLI, LXXVI, XC I — la
Prophétie.
NŪḪ (= NOÉ), 126d, 174b, 280h, 300b — EI, III, 1013 (HELLER).
nuzūl, 206b — descente (de Jésus) ; pour certains, terme du califat qurayšite ; LAOUST, Ibn
Baṭṭa, 19, note 1.
O
obligatoire, v. wāğib.
opinion personnelle, v. ra’y.
ordre et interdiction, v. amr wa nahy.
P
parenté de lait, v. riḍā’a.
parties honteuses, v. ‘awra.
patron, v. mawlā.
péchés, v. kabā’ir.
pélerinage, v. ḥağğ.
PĒRŌZ, V. FAYRŪZ et HAYĀṬILA.
pervers, v. fisq, fāsiq.
301
Q
Qadar, 40f, 47, 111, sections I, IX, X, XV, XVI, XXI, XXVII, XXVIII, XXIX, XL, XLIX, L, LXX,
LXXI, LXXVIII (§ 280g, h, i, j, k, 1, m).), LXXIII, CI (§ 326b), CV, CVIII — destin,
prédestination, décret fatal.
QADARIYYA, 6, 109, 110, 111 — Les Qadarites, on adversaires des thèses déterministes.
Souvent synonyme de Mu’tazilite ; EI, II, 644 (MACDOLNAD).
qaḏf, 71 — imputation calomnieuse de fornication.
QĀ‘ID, 3 — Les « quiétistes » de l’Islam. S’oppose à ġāzī (combattant) ; ḤAN., V, 399.
QANBAR, 96 — Mawlā de ‘Alī. Il n’est pas interdit de penser qu’il lui servit de bourreau à
cette occasion ; IS, VI, 165.
AL-QĀSIM, 331 — Non identifié.
qāṣṣ, pl. quṣṣāṣ, 300b — conteur, sermonnaire populaire ; v. GOLDZIHER, Etudes, 195 sqq.
qaṭ‘, 280b — amputation ; cf. aussi la note 234.
QATĀDA [B. DI‘ĀMA], 17, 121, 122, 144b, 217, 257, 262c, 280d, 327, 335 — M. 117/735 ; IS, VII 2,
1.
QAYLA [AL-TAYMIYYA], 194 — Contemporaine du Prophète ; Iṣāba, nisā’, 901 ; IS, VIII, 228 (al-
Tamīmiyya).
QAYS B. AL-MULAWWAḤ, V. MAĞNŪN.
QUBBA, 24 — C’est le même que ṢĀLIH QUBBA [B. ṢUBAYḤ B. ‘AMR], qu’on classe tantôt parmi
les Ḫāriğites, tantôt parmi les Murği’ites. Intiṣār, index et 162 ; cf. aussi PELLAT, Milieu, 216.
qudra, 25, 26 — omnipotence divine.
QŪMAS, 280j — Ville et région du Ṭabaristān ; BARBIER DE MEYNARD , Dictionnaire de la Perse,
552.
qunūt, 40d, 187, 288a — formule prononcée à la prière du ṣubḥ ; BERCHER, Risāla, 61 ; cf.
BLACHÈRE, Introduction, 38.
QURAYŠ, 161, 204 — La grande confédération mekkoise d’où est issu le Prophète
Muḥammad ; EI, II, 1188 (LAMMENS).
QURAYŠ B. ANAS, 114, 154 — M. 208/823 ; Tahḏib, VIII, 374 (n° 663).
R
RABĪ‘A B. ABĪ ‘ABD AL-RAḤMĀN (dit RABĪ‘A AL-RA’Y), 69, 102 — M. 136/753-4 ; Ma‘ārif, 217.
raf‘, 66 — relever la tête après l’inclination ; BUḪ., 10, 83 sqq. = HM, I, 246 ; ḤAN., II, 44.
rağ‘a, 17 —-La doctrine messianique de l’Islam, professée surtout par les Rafiḍites
extrémistes (Ismaéliens et Fāṭimides) ; EI, III, 1250 (DE BOER).
RAĞA’ B. ḤAYWA, 288b — M. 112/730 ; IS, VII2, 161 ; Ma‘ārif, 208.
AL-RAQĀSĪ, 144h — On pense pouvoir l’identifier à AL-FAḌL B. ‘ABD AL-ṢAMAD, sur lequel, v.
PELLAT, Milieu, 169.
RAWĀFIḌ (= RĀFIḌITES), 8, 41, 54, 72, 92, 109, 110, 261 — Nom générique englobant toutes les
sectes šī’ites nourrissant des aspirations politiques.
ra’y, 31, 35, 36, 37, 40b, 59, 69, 70, 97, 304 — opinion personnelle.
RAYY, 280j — Vieille ville persane des environs de Téhéran ; EI, III, 1182 ( MINORSKY).
réflexion, v. naẓar.
religion naturelle, v. fiṭra.
reproduction d’un son, v. adā’.
restriction mentale, v. tawriya.
révélation, v. waḥy.
RIB‘Ī B. ḤIRĀŠ,204h — M. vers 100/718-9 ; IS, VI, 87 ; Iṣāba, 2721. Lire Ḥirāš, et non Ḫirāš.
Tahḏib, III, 236 (n° 458).
riḍā‘(a), 215 sq., 280b — parenté de lait, allaitement.
303
AL-RIYĀSĪ [ABŪ L-FAḌL AL-‘ABBĀS B. AL-FARAĞ ], 70, 73, 250, 300b, 306a — Un des maîtres des
études philologiques pendant la première moitié du IIIe/IXe siècle, disciple d’al-Aṣma‘ī et
maître d’Ibn Qutayba. Tué par les Zanğ à Baṣra en 257/870. GAL, I, 108 ; SI, 168 ; ZUBAYDĪ,
Ṭabaqāt, passim et notamment 103-106 ; ṢĪRĀFĪ, Naḥwiyyīn, 68-70 ; SUYŪṬĪ, Muzhir, 288 ;
ḪALL., n° 296 ; SUYŪṬĪ, Buġya, 275 ; ANBĀRĪ, Nuzha, 262-5 ; Fihrist, 86 ; DE SACY, Anthologie, 136,
n. 112.
rūḥānī, 298, 323 — spirituel (être) ; ange, démon, génie...
rukū‘, 37c, 40e, 130a, 280b — inclination.
RŪM (= LES BYZANTINS), 164f, 204 — EI, III, 1255 (BABINGER) néglige délibérément l’emploi de
ce mot en arabe.
S, Š, Ṣ
AL-ṢA‘B B. ĞUṮAMA, 289 — Compagnon, m. après le califat d’Abū Bakr ; Iṣāba, 4065.
SABA’ (REINE DE
—), 164b — Reine légendaire, quasi mythique, du vieux pays d’Arabie du
Sud, annexée par la légende islamique ; EI, IV, 3 (TKATSCH).
sabab, 40f — cause instrumentale.
SABÉENS (= SĀBI’ŪN), 196a, 260b — Dans le Coran, ce nom désigne les Mandéens, secte
judéo-chrétienne d’Irak ; EI, IV, 22 (CARRA DE VAUX). Dans notre texte, ils sont toujours
associés aux gens du Livre.
AL-ŠA‘BĪ [‘ĀMIR B. ŠURAHĪL B. ‘AMR ],
37e, 70, 187a, 294, 306e, 314c — Traditionniste célèbre,
m. 103/721 ; EI, IV, 252 (KRENKOW) ; IS, VI, 171 ; cf. Tarbī‘, 35 ; MS, II, 167, 199, 200.
ŠABĪB B. ŠAYBA, 106 — M. vers 170/786 ; Tahḏīb, IV, 308 (n° 525).
AL-ŠĀFI‘Ī,
314e — Le grand jurisconsulte et fondateur d’école m. 204/820 ; EI, IV, 261 (
HEFFENING) ; GAL, I, 178 ; S I, 303.
ṢAFIYYA BINT ŠAYBA, 202b — Classée parmi les tābi‘īn ; Iṣāba, nisā’, 653.
ṢAFWĀN B. SULAYM [AL-MADANĪ], 217 — M. 132/749-50 ; Tahḏīb, IV, 425 (n° 734).
sagesse, v. ḥikma.
šahāda, 83.
ṣaḥīfa, 104 — feuillet, cahier, recueil écrit de Coran ou de ḥadīṯ.
SAHL B. MUḤAMMAD ABŪ ḤATIM AL-SIĞISTĀNĪ , 59, 60, 116, 117, 118, 144a, 340b — Célèbre
philologue de Basra, m. vers 250/864, disciple d’al-Aṣma‘ī, Abū ‘Ubayda et Abū Zayd,
maître d’al-Mubarrad et d’Ibn Qutayba ; EI, I,94 ; GAL, I, 107 ; 51, 167.
SAHL AL-SARRĀĞ, 98 — Transmetteur suspect, non identifié.
304
SAHLA BINT SUHAYL B. ‘AMR , 311, 312 — IS, VIII, 197 ; Iṣāba, nisā’, 595.
SA‘ĪD B. ĞUBAYR, 303 — M. 94/713 ; IS, VI, 178 ; ĞAZ., 1340 ; Ma‘ārif, 197.
SA‘ĪD B. AL-MUSAYYAB, 69, 121, 262c, 271 — Oniromancien célèbre, m. 94/713 ; IS, V, 88 ;
Ma‘ārif, 193.
SA‘ĪD B. MUSLIM , 144f — IS, V, 364.
SA‘ĪD B. ZAYD B. ‘AMR B. NUFAYL , 42 — Compagnon m. vers 50/670 ; IS, III1, 275 ; Iṣāba, 3261.
SĀLIM, MAWLĀ D’ABŪ ḤUḎAYFA , 161, 162, 311, 312 — En réalité, mawlā de l’épouse d’A.Ḥ.,
appelée Buṯayna par Iṣāba, 3052 et Ṯubayta par Iṣāba, 3040 et IS, III1, 60.
SĀLIM B. ABĪ L-ĞA‘D , 104, 196e — M. vers 100/718 ; IS, VI, 203 ; Iṣāba, 3730 ; Ma‘ārif, 200.
SĀLIM [B. ABĪ UMAYYA AL-TAMĪMĪ AL-MADANĪ], ABŪ L-NAḌR, 319 — M. 129/747 ; Tahḏīb, III, 431
(n° 797).
SALMĀN [AL-FĀRISĪ], 261 — Compagnon qui s’illustra à la bataille du Fossé ; EI, IV, 120 ( LEVI
DELLA VIDA).
SALOMON, V. SULAYMĀN.
SAMURA B. ĞUNDAB, 136a, 217, 257, 335 — M. 60/680 ; IS, VI, 22 ; Iṣāba, 3475.
sarwāl, 60 — pantalon.
sawīq, 204i — bouillie, et non boisson ; GAUDEFROY-DEMOMBYNES, Mahomet, 133.
ŠAYBA B. RABĪ‘A, 181 — Nasab, 152.
scorpion, v. ‘aqrab.
sénestre, d. šu’m.
serment de continence, v. īlā’.
serpent, v. ḥayya.
ši‘ār, pl. šu‘ur, 202 — linge de corps.
si‘āya, 49 — effort accompli par un esclave mukātab pour s’affranchir.
SĪBAWAYH, 107 — L’auteur du premier grand traité de grammaire arabe, al-Kitāb ; GAL, I,
101 ; S I, 160.
ŠIBL [B. ḤĀMID/ḪĀLID/ḪALĪD ], 133 — Tahḏīb, IV, 304 (n° 521).
SUHAYL B. ABĪ ṢĀLIḥ, 102 — Probablement le même qu’ABŪ YAZĪD AL-MADANĪ (q.v.) ; Tahḏīb, IV,
263 (n° 453).
suğūd, 40e, 280b — prosternation.
SULAYMĀ, 106 — Femme inconnue.
SULAYMĀN (= SALOMON), 93, 164b, 174a, 203a, 204e, 298, 309, 314a — EI, IV, 557 ( WALKER).
SULAYMĀN [B. YASĀR, ABŪ AYYŪB], 197, 267 — Mawlā de Maymūna, épouse du Prophète ; IS,
V, 130 ; ĞAZ., 1396.
306
ŠUQRĀN [ṢĀLIḤ B. ‘ADĪ], 310d — Mawlā du Prophète ; Iṣāba, 3916 ; Ma‘ārif, 64.
ṣurad, 144d — traduit habituellemnt par « pivert » (cf. Tarbī‘, s.v.) ; désignerait plutôt une
sorte d’oiseau migrateur appelé « chasseur d’Afrique » (communication de M. H. Laoust).
ŠURAYḤ [ABŪ UMAYYA], 41, 260f, 306e — Qāḍī célèbre, m. vers 78/698 ; Iṣāba, 3880.
T, Ṯ, Ṭ
TA’ABBAṬA ŠARRAN, 342 — Poète errant d’Arabie préislamique ; GAL, I, 25 ; SI, 52.
table, v. lawḥ.
ṬAFF, 144f —. D’abord nom commun (rive, bord) ; désigne plusieurs lieudits, dont un sur la
rive de l’Euphrate, et un autre (?) près de Kūfa (Lisān, XI, 125).
ṭafra, 23 — mutation ; Tarbī‘, ١٦٥.
tağallī, 228d — apparition, manifestation éclatante.
taġlīs (bi-l-fağr), 146 — accomplissement de la Prière de l’aube lorsque l’obscurité règne
encore.
ṭahāra, 33, 63 — pureté légale.
taḥdīd, 247 — v. ḥadd.
Ṭā’if, 238 — Ville d’Arabie, à une centaine de km. au sud-est de la Mekke ; El, IV, 651 (
LAMMENS).
talion, v. qiṣāṣ.
tamā’im, 326c — amulettes.
tamattu‘, 332 — désacralisation entre la ‘umra et le pèlerinage.
ṮĀMŪD, 280h — Ancienne tribu arabe disparue. Le Coran la fait périr pour avoir offensé
Dieu en la personne du Prophète Ṣāliḥ ; EI, IV, 774 (BRÄU).
tanaqqul, v. intiqāl.
ṮANAWIYYA, 260b — Les Dualistes, les Manichéens.
tašbīh, sections XVIII, XX, XXIII-XXV, LII-LXIV, LXXVII, LXXXI, LXXXIV, LXXXVI-LXXXVII,
XC, C, CIX — anthropomorphisme.
taṭbīq, 37c — pratique consistant à tenir les mains joints entre les cuisses pendant
l’inclination ; BUḪ., 10, 100.
tawallud, 23 — interférence d’une cause instrumentale ; il y a tawlīd ou tawallud lorsque
l’action émane de l’agent par un intermédiaire, lequel diminue la responsabilité de l’agent
principal ; EI, I, 750, s. Bišr b. al-Mu‘tamir (CARRA DE VAUX).
tawarruk, 40e — Les dictionnaires proposent cinq ou six définitions assez différenrentes (
Tāğ, VII, 190 ; Lisān, XII, 406). Toutefois dans la langue du fiqh, le mot signifie : « redresser
la jambe droite et étendre le pied gauche en le faisant dépasser du côté droit ». Cette
position particulière n’est observée que dans les Prières qui comportent deux tašahhud, et
au cours du second ; LAOUST, Qudāma, 27.
TAWBA AL-‘ANBĀRĪ, 294 — M. 131/749 ; IS, VII2, 9.
TAYM [B. MURRA], 318 — Fraction de la tribu de Qurayš ; EI, IV, 653 (LEVI DELLA VIDA).
TIHĀMA, 150a, 304b — La plaine côtière du Ḥiğāz ; EI, IV, 803 ( GROHMANN).
U, ‘U
U‘AYMIŠ, des BANŪ ‘ABD AL-QAYS, 162 — paraît être le surnom D’AL-ĞĀRŪD AL-‘ABDĪ, q. v.
308
‘UBAYD ALLĀH B. ‘ABD ALLĀH B. ‘UTBA , 133, 200, 201 — M. vers 95/714 ; IS, V, 185.
‘UBAYD ALLĀH B. ‘ABD AL-MAĞĪD AL-ḤANAFĪ , 340b — M. 209/824 ; Tahḏib, VII, 34 (n° 63).
‘UBAYD ALLĀH B. AL-ḤASAN [AL-ANBĀRĪ], 24, 47 — Cadi de Baṣra m. 168/ 784-5 ; IS, VII 2, 42 ; cf.
PELLAT, Milieu, 290.
‘UBAYD ALLĀH B. MARWĀN , 280k — Il semble que Marwān b. Muḥammad, dernier calife
umayyade, n’ait pas eu de fils de ce nom. Il s’agit d’un diminutif (employé par erreur ?
dépréciatif ?) de ‘Abd Allāh qui mourut en prison à Bagdad sous al-Manṣūr ; cf. EI, s.v.
Marwān II.
‘UBAYD ALLĀH B. MŪSĀ , 273 — Traditionniste « faible », m. 213/828 ; IS, VI, 279 ; Ma‘ārif, 226.
‘UBAYD B. ŠARYA (OU ŠARIYYA) AL-ĞURHUMĪ , 300b — Macrobite ; Iṣāba, 6397 ; Tarbī‘, 21.
UBAYY B. KA‘B, 40d, 100 — M. avant 30/650 ; Iṣāba, 32 ; v. BLACHÈRE, Introduction, 37 sqq.
‘ŪG, 299 sqq. — Le ‘Og, roi génant de Basan, de Deut. III, 11, et Nomb., XXI, 33-5 ; EI, IV, 1043 (
HELLER), s. ‘Udj b. ‘Anaq ou ‘Anāq ; Lisān, III, 159 l’appelle ‘Ūğ b. ‘Ūq et exclut
catégoriquement (à tort, cf. EI, loc. cit.), la lecture ‘Anāq ; Tāğ, II, 80, d’après al-Qazzāz al-
Qayrawānī (m. 412/1021) en fait un Pharaon. — V. Tarbī‘, 4, s. ‘Anāq.
UḤUD, 239, 260a, 292a, 300b — Mont des environs de Médine, siège d’une bataille
désastreuse pour les Mekkois en l’an 3 de l’Hégire ; EI, III, 1037 (BUHL).
‘UKĀẒ, 300b — Siège de la célèbre foire annuelle où se déroulèrent tant de joutes
poétiques ; EI, III, 1040 (WENSINCK).
‘UMĀN, 204h — La côte arabe du Golfe Persique ; EI, III, 1043 (GROHMANN, qui passe sous
silence l’histoire ancienne de cette région).
‘UMAR B. ‘ABD ALLĀH , mawlā de ĠUFRA, 160a — M. 145/762 ; Tahḏīb, VII, 471 (n° 783).
‘UMAR B. ‘ABD AL-‘AZĪZ ,80, 103, 126c, 204h — Le huitième calife umayyade, célèbre pour sa
piété, m. 101/720 ; EI, III, 1044 (ZETTERSTÉEN).
‘UMAR B. ABĪ ZĀ’IDA , 70 — Tahḏīb, VII, 448 (n° 739).
‘UMAR B. ‘ALĪ [B. MUQADDAM ], 196e, 306d — M. vers 190/806 ; IS, VII2, 46, dit AL-MUQADDAMĪ.
‘UMAR B. AL-ḪAṬṬĀB, 9, 16, 34, 39, 40a, 40b, 42, 93, 115, 160b, 161, 176b, 187, 188d, 188e, 196c,
263, 2801, 280m, 292b, 294, 310e, 314d — Le second calife ; EI, III, 1050 ( LEVI DELLA VIDA).
‘UMARA [BINT QAYS AL-‘ADAWIYYA ], 313, 314e — IS, VIII, 359 ; cf. PELLAT, Milieu, 104.
‘UMAYRA B. ŠUKAYR, 204h — Non identifié ; l’éd. signale d’ailleurs une leçon ŠKYN.
UMAYYA B. ABĪ L-ṢALT , 85, 296b, 300c — Poète des Ṯaqīf, auteur de l’élégie aux martyrs de
Badr ; GAL, S I, 55.
UMM AYMAN, 310d — Mawlāt et nourrice du Prophète ; IS, VIII, 162 ; Iṣāba, nisā’, 1145.
UMM ḤABĪBA, 284a — Épouse du Prophète ; IS, VIII, 68 ; Iṣāba, nisā’, 434.
UMM SALAMA, 42, 176, 280h — Épouse du Prophète ; Iṣāba, nisā’, 1309.
unicité, v. tawḥīd.
‘UQBA B. ‘ĀMIR, 219 — Compagnon, Iṣāba, 5603 ; Ma‘ārif, 121.
‘URANIYYŪN, 192 — Membres de la tribu de ‘Urayna, fraction des Kalb, tribu arabe du sud (
Register, 362 ; Tāğ, 277) ; coupables d’exactions sur les biens du Prophète, ils furent
cruellement punis par lui.
‘URWA B. ḤIZAM , 316c, 326c — Poète ‘uḏrite, héros d’un roman dans lequel BASSET, Revue des
Trad. Pop., XX, 241 sqq. veut voir une source du roman de Floire et Blanchefleur ; GAL, S I,
81.
‘URWA B. RUWAYM [AL-LAḪMĪ], 150 — M. vers 145/672 ; IS, VII2, 165 ; Tahḏīb, VII, 179 (n° 350).
‘URWA [B. AL-ZUBAYR], 135, 310d, 331 — Fils D’AL-ZUBAYR B. AL-‘AWWĀM , q.v. sous ṮALḤA ;
Nasab, 236.
USĀMA B. ZAYD, 273 — M. 153/770 ; Tahḏīb, I, 208 (n° 391).
usufruit, v. ḫarāğ.
uṣūl, 25, 27, 69, 71 — dogmes fondamentaux ; méthodologies ; principes (s’oppose à furū‘,
q.v.).
‘UTBA B. ABĪ LAHAB , 147 — Compagnon, Iṣāba, 5415.
‘UTBA B. RABĪ‘A [B. ‘ABD ŠAMS B. ‘ABD MANĀF ], 181, 312 — Nasab, 152 ; Iṣāba, 264.
‘UṮMĀN [B. ‘AFFĀN], 16, 17, 37d, 39, 40b, 41, 42, 175, 187 — Le troisième calife ; EI, III, 1077 (
LEVI DELLA VIDA).
‘UZAYR, 314b — Prpohète mentionné dans le Coran, (IX, 30) et qu’on identifie généralement
à Esdras ; EI, IV, 1120 (HELLER).
V
VÉNUS, V. AL-ZUHARA.
W
WAĞĞ,238, 238b — Vallée proche de Ṭā’if ; certains pensent que ce mot désigne Ṭā’if elle-
même ; Lisān, III, 220.
wāğib, 218 — obligatoire.
wağs, 320 — bruit qu’on fait à l’occasion des relations sexuelles.
WAHB B. ĞARĪR, 294, 302 — Fils de ĞARĪR B. ḤĀZIM , q.v. ; IS, VII2, 51.
WAHB B. MUNABBIH , 40f, 164e, 204a, 296e, 304a, 29310, 316a — Personnage d’identité
douteuse, peut être persan, probablement d’ascendance juive, qui introduisit dans la
tradition islamique une masse considérable de variations sur les Écritures judéo-
chrétiennes ; m. vers 110/729 ; EI, IV, 1142 (HOROVITZ).
310
WAKĪ‘ B. ḤUDUS, 248 — Iṣāba, 9142 signale sous Wakī‘ b. ‘Udus qu’on parle aussi d’un W. b.
Ḥudus, sans être sûr qu’il s’agit du même ; IS, V, 380, connaît aussi un W. b. ‘Udus et
signale qu’on trouve aussi Ḥudus. Il est vrai que Tāğ, IV, 186 déclare que ‘udus et ḥudus (à
lire avec deux voyelles U) sont synonymes.
walī, 42a — ami, patron, v. mawlā.
AL-WALĪD B. AL-’AYZĀR, 244a — Tahḏīb, XI, 145 (n° 244).
WARRĀD [AL-ṮAQAFĪ, ABŪ SA‘ĪD ], 288b — Secrétaire et mawlā d’AL-MUĠĪRA (q. v.) ; Tahḏīb, XI,
112 (n° 198).
WĀSIṬ, 119 — Ville d’Iraq ; EI, IV, 1188 (STRECK).
Y
YAHŪḎĀ B. YA‘QŪB B. ISḤĀQ B. IBRĀHĪM , 310b —Juda.
YAḤYĀ [B. ZAKARIYĀ], 204a, 310, 310a, 314a, — S’identifie à Jean-Baptiste ; EI, IV, 1211 ( CARRA
DE VAUX).
YAḤYĀ B. ABĪ KAṮĪR, 210a, 216d, 287, 321 — Traditionniste très estimé, m. vers 130/748 ; IS,
V, 404.
YAḤYĀ B. KAṮĪR (sic), 204h — Non identifié ; il faut probablement lire comme le précédent.
YAḤYĀ B. AL-MUḪTĀR, 308d — Disciple d’al-Ḥasan al-Baṣrī ; Tahḏīb, XI, 278 (n° 552).
YAḤYĀ B. SA‘ĪD [AL-ANṢĀRĪ], 105, 121, 210a, — M. 143/760 ; Isāba, 9430 ; Ma‘ārif, 211.
YAMĀMA,312 — Région d’Arabie centrale, théâtre d’un épisode de la ridda ; EI, IV, 1218 (
GROHMANN).
YAMAN, 175, 187, 280j, 300b — Le Yémen ; EI, IV, 1218 (GROHMANN).
YŪNUS B. MATTĀ, 151, 300a — S’identifie avec Jonas ; EI, IV, 1240 (HELLER).
YŪNUS [B. ‘UBAYD], 98, 105, 121, 188e, 204c, 216c, 302, 324c — M. vers 140/757 ; ĞAZ., 3951 ;
Ma‘ārif, 211.
YŪSUF, 137, 138c, 238, 280i, 315 — S’identifie à Joseph, lequel s’est incorporé intimement à
la légende Islamique ; EI, IV, 1242 (HELLER).
Z, Ẓ
ZACHARIE, v. ZAKARIYĀ B. AḎAN.
ZAKARIYĀ B. AḎAN , 204a, 309, 310 — Père de Jean Baptiste, confondu en certains cas avec
Zacharie, le petit prophète (EI, IV, 1270, HELLER). Ma‘ārif, 24, l’appelle Z. B. AZN. Ce nom est
peut-être une déformation d’Addo/Iddo, ancêtre du petit prophète (Zacharie, I, 1) ou
d’Abia, ancêtre du père de Jean-Baptiste (Luc, I, 5).
zakāt, 228, 266, 280b.
ZAMZAM, 94 — Le puits sacré de la Mekke ; EI, IV, 1281 (CARRA DE VAUX).
ZAYD B. AḪZAM AL-ṬĀ’Ī [ABŪ ṬĀLIB AL-BAṢRĪ], 204h, 262c, 310d— Tué par les Zanğ en 257/870 ;
Tahḏīb, II, 393 (n° 725).
ZAYD B. ASLAM , 210, 300b, 301 — M. 136/753 ; IS, III2, 37 ; Iṣaba, 2876.
ZAYD B. ṮĀBIT,37d, 40b, 187, 304, 306e, 314 — Compagnon et secrétaire du Prophète ;
premier rédacteur du Coran ; EI, IV, 1261 (LEVI DELLA VIDA).
Zaydiyya, 72, 92 — Grande secte ši‘ite se distinguant des Duodécimains et des Ismaéliens
en ce qu’ils se réclament de Zayd b. ‘Alī, petit fils d’al-Ḥusayn ; EI, IV, 1260, s. Zayd b. ‘Alī ;
IV, 1264, s. Zaydiyya (STROTHMANN).
ẓihār, 32, 216 — Serment préislamique d’interdiction incestueuse consistant dans le
prononcer de la formule anti ‘alayya ka-ẓahr ummī (tu es pour moi aussi intouchable que le
dos de ma mère) ; Hwb, s. Ṯalāḳ, 726 ; il semble que certains auteurs aient considéré
comme équivalentes des formules où le mot baṭn (ventre) ou farğ (sexe) remplaçaient le
mot ẓahr ; cf. aussi BOUSQUET ET BERCHER, Statut personnel en droit musulman hanéfite, 132.
312
ZINDĪQ,, 100, 164a, 170, 300a — Appellation générale de tous les hétérodoxes dont les
doctrines mettent en danger la sûreté de l’Etat ; EI, IV, 1298 (MASSIGNON) ; v. surtout VAJDA,
Zindiqs.
ZIRR [B. ḤUBAYŠ], 280e — M. vers 82/701 ; IS, VI, 71 ; Iṣaba, 2971 ; Ma‘ārif, 188.
ZUHAYR B. ABĪ SULMĀ , 90, 148 — Poète préislamique célèbre ; GAL, I, 23 ; S I, 47, EI, IV, 1306 (
KRENKOW ).
AL-ZUHRĪ [MUḤAMMAD B. MUSLIM B. ‘UBAYD ALLĀH, IBN ŠIHĀB ], 70, 105, 133, 135, 137, 200, 257,
269, 271, 311, 314 — Traditionniste célèbre, m. 124/742 ; EI, IV, 1310 ( HOROVITZ).
ZURĀRA, 49 — Éponyme d’une fraction des Tamīm ; Register, 476.
ZUṬṬ, 37e, 40g — Peuple d’origine indienne, probablement apparenté aux Tziganes, ayant
donné du fil à retordre aux premiers ‘Abbāsides ; EI, IV, 1305 (FERRAND).