Extrait 42153210
Extrait 42153210
Extrait 42153210
III
Cet ouvrage fait par tie de
Conception et Production
(Réf. Internet ti083)
composé de :
Sur www.techniques-ingenieur.fr
• Saisissez la référence Internet pour accéder directement aux contenus en ligne
• Retrouvez la liste complète des ressources documentaires
IV
Cet ouvrage fait par tie de
Conception et Production
(Réf. Internet ti083)
Pascal BERRUET
Docteur - Ingénieur, Professeur en Génie Industriel à l'IUT de Lorient,
Chercheur au Lab-STICC
Magali BOSCH
Maître de conférences à l'Université de Technologie de Compiègne
Pierre-Henri DEJEAN
Enseignant-chercheur à l'Université de Technologie de Compiègne
Sur www.techniques-ingenieur.fr
• Saisissez la référence Internet pour accéder directement aux contenus en ligne
• Retrouvez la liste complète des ressources documentaires
V
Les auteurs ayant contribué à cet ouvrage sont :
Sur www.techniques-ingenieur.fr
• Saisissez la référence Internet pour accéder directement aux contenus en ligne
• Retrouvez la liste complète des ressources documentaires
VI
Qualité et sécurité des systèmes industriels
(Réf. Internet 42153)
SOMMAIRE
Sur www.techniques-ingenieur.fr
• Saisissez la référence Internet pour accéder directement aux contenus en ligne
• Retrouvez la liste complète des ressources documentaires
VII
Prévention des risques professionnels : législation française AG4686 87
Prévention des risques professionnels. Risques liés aux bruits et vibrations AG4700 97
Sur www.techniques-ingenieur.fr
• Saisissez la référence Internet pour accéder directement aux contenus en ligne
• Retrouvez la liste complète des ressources documentaires
Qualité et sécurité des systèmes industriels
(Réf. Internet 42153)
Q
1– Méthodes et outils de la qualité Réf. Internet page
Sur www.techniques-ingenieur.fr
• Saisissez la référence Internet pour accéder directement aux contenus en ligne
• Retrouvez la liste complète des ressources documentaires
Y
Q
QP
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
aXWUP
Qualité et qualitique
a qualité est l’objet d’une démarche socio-économique que l’on appelle sou-
L vent qualitisme, laquelle relève d’une science – au moins d’une technique –
dite qualitique.
Aujourd’hui, le développement de la notion de qualité a pris une ampleur uni-
verselle, au point de s’afficher partout, dans les journaux, sur les murs et les
écrans, dans les usines et dans les propos des uns – les économistes – comme
dans ceux des autres – les politiques .
Les raisons de ce succès, quelquefois envahissant, sont nombreuses. Pour
l’essentiel, elles se ramènent à celles-ci :
— la qualité, dans son essor, a été portée par l’envol de l’industrie japonaise
qui en a fait son maître mot, au moins dans les décennies 1970 et 1980 ;
— dans le monde socio-économique d’aujourd’hui, la qualité implique la préé-
p。イオエゥッョ@Z@ッ」エッ「イ・@QYYW
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie industriel A 8 750 - 1
QQ
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
aXWUP
— la notion de qualité est une notion valorisante et dynamique ; ceux qui l’ont
mise en application sur le terrain le savent bien : il est difficile de ne pas adhérer
au souhait de « faire mieux » et de contenter sa clientèle ;
— enfin, c’est peut-être l’élément clé, la qualité fait l’objet d’un consensus
mondial traduit par l’existence des célèbres normes ISO série 9000 :
— on dispose d’une définition universelle des vocabulaires employés en
Q
matière de qualité, d’où une facilité non moins universelle de dialogue dans le
domaine ;
— on dispose de règles universelles de gestion des organismes et des entre-
prises et, par conséquent, d’appréciation de l’observance de ces règles par ces
mêmes organismes et entreprises.
Ces traits, qui sont essentiels et dessinent le visage actuel de la qualité, ne doi-
vent pas être démesurément grossis. La qualité a ses limites. Personne ne sou-
haite forcément que l’avenir les lui rappelle, mais on n’oubliera pas :
— que la situation socio-économique actuelle révèle un excès de l’offre sur la
demande, d’où la force de cette dernière. (Il n’en fut pas toujours ainsi. Il n’y a
pas de certitude que les pénuries ne reviennent jamais, dans lesquelles la notion
de qualité a du mal à se mouvoir) ;
— que son succès rend la qualité envahissante ; après avoir absorbé les coûts
et les délais, la qualité intègre les nouvelles exigences de société (santé, environ-
nement…) pour ne parler que des dernières évolutions. C’est beaucoup ; la bar-
que se charge et la qualité ne mérite pas de finir comme la grenouille de la fable ;
— qu’enfin, le principe du client-roi relève du bon sens en même temps qu’il
est le plus souvent validé par l’expérience. Ce n’est toutefois qu’un principe ;
nous l’appellerons 1er postulat de la qualité. La qualité ne saurait être une notion
taboue. Il faut toujours raison garder.
Le présent article est divisé en cinq parties :
1) dans la première, on répond à la question : « Qu’est-ce que la qualité ? », en
examinant la qualité sous nombre de ses aspects :
— définitions normalisées ou pratiques ;
— dimensions ;
— déclinaisons, c’est-à-dire démarches associées : assurance de la qualité,
maîtrise, qualité globale, qualité totale ;
et on termine sur un rappel de l’originalité du concept, de ses perspectives mais
aussi de ses limites ;
2) on traite ensuite de la mesure de la qualité, dont la nécessité et l’importance
sont tenues pour capitales par tous les qualiticiens. On insiste sur les notions de
rendements (techniques et économiques) et de coûts ;
3) ensuite, on examine les méthodes et les outils de la qualité en distinguant,
selon la tradition, les outils classiques des nouveaux outils. On se limite à leurs
traits essentiels, leur développement relevant d’ouvrages spécialisés.
L’examen du contenu et de la signification des grandes démarches – qualité
totale, management par la qualité, etc. – clôt cette section ;
4) normes, évaluation, certification en matière de qualité sont les sujets de
cette partie consacrée :
— à l’examen des normes internationales ISO 9000 ;
— aux méthodes d’évaluation liées notamment à l’existence de concours
comme le Prix européen de la qualité ou le prix Deming ;
— à la certification telle qu’elle est pratiquée aujourd’hui en France ;
5) l’article se termine par l’exposé d’expériences vécues, dans le domaine de
l’industrie dans la mise en œuvre d’une démarche de « qualité totale ». Les pré-
cautions à prendre, l’organisation, le fonctionnement, les conclusions à tirer
sont au cœur de cet exposé.
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
A 8 750 - 2 © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie industriel
QR
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
aXWUP
Q
pes successives de l’enfance, de l’adolescence et de la maturité [1].
Shewart années 1920 Étude statistique = maîtrise de la qualité
Western Electric
1.1.1 L’enfance Feigenbaum années après 1945 Qualité en tant que moyen de gestion
General Electric TQC (total quality control)
La qualité est née avec ce que l’on convient de nommer la pre-
mière révolution industrielle, celle où l’individu a cessé de fabriquer Deming Disciple de Création du prix Deming
ses propres outils, de construire lui-même sa maison, de cuire son Shewart envoyé
pain, pour confier ces tâches au forgeron, au maçon, au boulanger. au Japon
après 1945
Nul doute qu’il attendait de ces travaux confiés qu’ils fussent exécu-
tés à sa satisfaction et donc qu’ils eussent la qualité requise. Juran Envoyé au Japon Rédaction du Quality control hand-
après 1945 book (1957)
Passons les siècles. Tout ouvrage traitant de qualité se doit de
citer l’édit du 3 août 1664 signé par Colbert : « Si nos usines, par un Ishikawa Maître japonais Primauté de la mesure
travail soigné, assurent la qualité de nos produits, il sera de l’intérêt après-guerre diagramme des causes d’Ishikawa
des étrangers de s’approvisionner chez nous et l’argent affluera Crosby [2] années 1960-80 – zéro défaut
dans le royaume. » Martin Marietta – bien faire du premier coup
Pour la première fois, l’intérêt du client est clairement exprimé (USA) – qualité = affaire de tous
comme moteur de la prospérité. ITT
On sera plus prudent quant au jugement à porter sur les corpora-
tions plus enclines à l’autosatisfaction dont elles périront lors de la l’on peut avoir en ce que la centrale nucléaire ou le long courrier
Révolution. auront la qualité requise… sans que l’on soit obligé d’attendre pour
Enfin, on citera M. de Gribeauval et le développement, à la fin du constater qu’il en fut bien ainsi. Les travaux nécessités par la prise
XVIIIe siècle, du principe de l’interchangeabilité dans le domaine de en compte de ce facteur sont considérables. Ils gravitent autour du
l’artillerie : valeurs standards en nombre limité, tolérances assi- concept de fiabilité. Ils concernent, en France, les organismes aussi
gnées et systèmes de contrôle. divers que le CEA, le CNES, EDF, les Armées, l’industrie électronu-
cléaire, tout comme l’industrie aérospatiale et la construction auto-
Certains pensent que ces techniques modernes, mais tellement mobile.
nouvelles à l’époque, expliquent davantage les victoires de la Répu-
blique et de l’Empire que le génie de nos généraux.
1.1.3 La maturité
1.1.2 L’adolescence C’est la période actuelle. Il n’y a plus (à notre connaissance) de
novation majeure. Quatre faits marquants la caractérisent.
C’est la période qui s’étend de 1920 à 1980 où s’est véritablement
forgée la doctrine, ainsi que les outils qu’elle emploie. Trois facteurs, 1) Il existe désormais une normalisation internationale. Depuis
tout à fait hétéroclites, ont été décisifs. 1987, la série des normes ISO 9000 énonce des exigences sur la ges-
tion de la qualité en entreprise qui, bien souvent, se confond avec la
■ Premier facteur : les industries électrique et électronique et gestion de l’entreprise elle-même.
l’école américaine 2) La qualité est enseignée dans les écoles, les universités, les ins-
Les difficultés des grandes entreprises comme Western Electric et tituts.
General Electric, confrontées aux problèmes techniques de qualité 3) La qualité est pratiquée quotidiennement dans les entreprises.
d’une production de millions de pièces, ont conduit à développer les Beaucoup d’entre elles sont engagées dans des programmes
nouvelles techniques de gestion des études et de la production en d’amélioration ou dans des démarches de « qualité totale ».
même temps qu’émerge une génération d’ingénieurs désormais
célèbres, et tenus pour les pères fondateurs du qualitisme 4) Bien que l’appellation de qualiticien existe, la qualité devient
(tableau 1). l’affaire de tous car il est dans sa nature d’impliquer tout le monde
et partout.
■ Deuxième facteur : la défaite japonaise de 1945
La maturité a conduit, toutefois, à constater les difficultés, voire
Il apparaît qu’instruits par leurs déboires et sous l’incitation du les excès, de la doctrine. On y reviendra.
général MacArthur et des spécialistes américains tels Deming et
Juran, les Japonais ont délibérément pris le contre-pied de leur poli-
tique industrielle d’avant-guerre et focalisé tous leurs efforts sur la
satisfaction de leurs futurs clients, voire sur l’anticipation de cette 1.2 Définitions de la qualité
satisfaction. Les résultats furent ce que l’on sait, spectaculaires, pla-
nétaires. Ils ont placé le Japon au 2e rang des puissances mondiales
et provoqué une réaction tardive, mais salutaire, des États-Unis avec
1.2.1 Première approche :
le développement des industries électronique et automobiles la relation client-fournisseur
renaissantes dans les années 1990.
Il est désormais traditionnel de dire que la qualité Q fait intervenir
■ Troisième facteur : les exigences de sécurité et de sûreté 3 acteurs :
Celles-ci sont particulièrement contraignantes dans les domaines — l’objet qui est en cause et que l’on nomme produit. Ce peut
nucléaire et aéronautique, pour ne citer que ceux-là. Elles posent la être un matériel, un logiciel, une matière première, un service ou
question de l’assurance de la qualité, c’est-à-dire la confiance que n’importe quelle combinaison des quatre ;
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie industriel A 8 750 - 3
QS
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
aXWUP
— le destinataire, celui qui reçoit le produit ; on l’appelle client. 1.2.3 Troisième approche :
Bien sûr, il peut y avoir une chaîne de clients, avant le client utilisa- le premier postulat de la qualité
teur final ;
— le fournisseur qui délivre le produit.
Il s’énonce ainsi :
Cela conduit au trinôme de la qualité suivant :
— la maille socio-économique élémentaire précédemment
décrite doit être régulée (bouclée) ;
— la régulation doit avoir lieu sur la sortie.
Q
Fournisseur Þ Produit Þ Client
En d’autres termes, le premier postulat de la qualité fonde le client
Cette approche est plus complexe qu’il n’y paraît. Dans un proces- comme référence unique dans toute activité socio-économique.
sus composé d’une succession de tâches, chacun ou chaque équipe Cette référence est relative au produit et s’exprime sous forme de
est, tour à tour, client de celui qui précède et fournisseur de celui qui besoins :
suit. La qualité Q établit des relations entre ces acteurs.
— besoins explicites lorsqu’ils sont, par exemple, formulés
contractuellement ;
1.2.2 Deuxième approche : la généralisation — besoins implicites dans tous les autres cas.
La satisfaction du client est mesurée par le rapprochement entre
Dans cette approche, l’objet n’est plus limité au produit mais ses besoins et les caractéristiques correspondantes du produit. C’est
étendu : la qualité.
— aux activités ;
— aux processus (suites d’activités) ;
— aux organismes ; 1.2.4 Définition internationale de la qualité
— aux personnes.
On l’appelle désormais « entité ». ■ « La qualité est l’ensemble des caractéristiques d’une entité qui
lui confèrent l’aptitude à satisfaire des besoins exprimés ou
On parlera ainsi de la qualité d’un produit, d’une tâche, d’une implicites », d’après la norme ISO 8402.
chaîne automobile, d’un atelier d’électronique, d’un ingénieur.
Comme dans toutes les définitions internationales qui sont des
On dira que la maille élémentaire de tout rapport socio-économi- compromis, chaque mot compte :
que peut être schématisée ainsi :
— ensemble des caractéristiques : dans la mesure où le client
attend beaucoup, cet ensemble peut être très large. On parlera des
Fournisseur Þ Entité Þ Client « dimensions de la qualité » ;
— aptitude à satisfaire : la qualité est une potentialité attachée
certes à une entité (produit, organisme…) mais elle concerne une
Cette maille est plus ou moins bien régulée (bouclée). Ainsi, dans
personne physique ou morale, le client. Elle est d’essence
une société, les hommes se livrent aux activités les plus diverses –
subjective ;
intellectuelles, physiques. Ces activités ou leurs résultats sont desti-
nés à autrui, quelquefois à eux-mêmes. ■ besoins exprimés ou implicites : la difficulté contenue dans ces
Dans le langage de la qualité, on parlera de fournisseur, d’entité et termes apparaît dans le schéma décrivant la noria des qualités
de client. (figure 1).
Le tableau 2 montre l’infinie variété des relations internes et leur Exemple : un client veut se faire bâtir une maison. Il souhaite
caractère nouveau, si, comme on le verra par la suite, on substitue à pour elle une certaine qualité, c’est-à-dire un ensemble de caractéristi-
la relation hiérarchique une relation du type contractuel comme cela ques propres à le satisfaire. Ces souhaits, plus ou moins explicites,
est précisément de règle entre fournisseurs et clients. sont traduits dans un cahier des charges (qualité exprimée), interpré-
tés d’une certaine façon par l’entrepreneur (qualité comprise), concré-
tisés par les différents corps de métiers pour aboutir à une qualité
Tableau 2 – Relations client Û fournisseur réelle (intrinsèque ?) mais, surtout, à une certaine qualité perçue par le
dans une entreprise d’électronique client à travers le filtre de sa personnalité et de son imagination. En fin
de compte, la plus ou moins grande satisfaction qu’il en retire naît de la
Fournisseur Entité Client confrontation entre qualité perçue et qualité souhaitée.
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
A 8 750 - 4 © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie industriel
QT
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
aXWUP
elk
ekl
aj
Q
vie industrielle ou, plus généralement, dans toutes les relations
e nj
k
socio-économiques où le contrat et l’entente formalisée sont de
m
a
règle. e jn
ajm
an al
e
nm
e
1.2.5 Conséquences de la définition mn
am
a) Il faut lister ou mesurer les caractéristiques relatives à la qualité
de l’entité concernée. C’est le problème des dimensions de la qua-
Les agents socio-économiques (individus ou groupes)
lité.
sont désignés par ai , aj , ak ... Ils échangent entre eux des produits e
b) Il faut ou faudrait connaître les besoins : tels eij , de ai vers aj .
— exprimés : cahier des charges, etc., Règle de fonctionnement : le produit eij émanant de ai et destiné
— implicites : respect des règles de l’art, besoins conscients non à aj est conforme aux exigences de aj.
exprimés, besoins inconscients ou latents.
c) Il faut apprécier, évaluer ou mesurer les écarts entre a) et b). On
se heurte à de nombreuses difficultés pratiques : Figure 2 – Schématisation de la qualité
— cela ne peut être exhaustif ;
— cela implique :
Une difficulté apparaît : ces trois dimensions ne sont pas indépen-
• un soin particulier dans la rédaction des cahiers des charges
dantes. Des performances élevées sont généralement coûteuses,
quand ceux-ci sont de règle ;
comme des délais très courts. Paradoxalement, de longs délais
• l’emploi de techniques de marketing pour connaître, par anti-
deviennent également coûteux à cause des frais de stockage ou
cipation, les besoins ;
d’immobilisation (frais dits intercalaires chez EDF).
• l’emploi de la publicité pour orienter ces besoins, voire pour
les susciter. L’art du qualiticien ou, tout simplement, du manager, consiste à
optimiser ces trois dimensions classiques, selon le souhait du client.
d) Au plan pratique, on constate que, telle qu’elle est définie, la
qualité ne revêt pas sa signification traditionnelle. Telle petite voi- Ainsi, pour un délai donné, on cherchera à minimaliser le rapport
ture (dite de bas de gamme) qui satisfait son conducteur a la qualité C/P. C’est le fameux rapport coût-efficacité :
requise, telle autre de haut de gamme n’apporte que des désagré-
ments et n’a donc pas la qualité nécessaire. En d’autres termes, qua- — à coût donné (coût objectif, en anglais : design to cost), on
lité ne rime plus, au sens moderne, avec performances, gammes ou cherche la performance la plus élevée ;
classes comme auparavant. Un briquet jetable peut l’emporter sur — à performance donnée, on minimise le coût.
un briquet en or et sophistiqué. Il faut s’habituer à ce point de vue a Les techniques qui permettent d’optimiser le rapport C/P et qui
priori égalitaire vis-à-vis de tous les produits. mesurent l’intérêt d’une performance à l’aune de son coût relèvent
de l’analyse de la valeur.
En résumé : On notera que le coût en cause, c’est celui que supporte le client,
La qualité mesure la satisfaction du client vis-à-vis de l’entité c’est-à-dire, presque toujours, le montant de la transaction ou prix
(produit) dont il est destinataire. d’achat. Il va de soi que le téléspectateur comme l’automobiliste ne
La qualitique, doctrine de la qualité, établit, par la primauté du s’intéressent pas au prix de revient qui est un coût pour le construc-
client, un rapport nouveau entre les agents socio-économiques. teur.
Le qualitisme consiste à développer toutes les conséquences On notera aussi que, jusque vers 1980, coût et délai étaient tenus
socio-économiques de la définition de la qualité et du premier pour des facteurs extérieurs à la qualité qui s’identifiait alors aux
postulat de la qualité (référence client). Le qualitisme, démarche performances, c’est-à-dire au niveau de la technique. Ces deux fac-
subjective, se rapporte à l’homme ; c’est donc un humanisme. teurs sont, à l’évidence, des attentes très importantes du client, d’où
La figure 2 décrit, de façon un peu abstraite, le monde de la leur intégration dans le concept de qualité.
qualité.
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie industriel A 8 750 - 5
QU
Q
QV
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
agQWTP
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité L’entreprise industrielle AG 1 740 − 1
QW
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
agQWTP
Q
Cette révision en profondeur est apparue indispensable dès le normes internationales de la série ISO 9000.
début des années 1990 pour des raisons externes et internes à
l’entreprise. Basées sur les concepts de l’assurance de la qualité
développés dans les années 1960, principalement dans certains
■ Raisons externes à l’entreprise domaines industriels de l’armement, du nucléaire, du spatial,
De nouvelles donnes du marché sont apparues depuis la publi- etc., ces normes étaient destinées à organiser, simplifier et
cation de la version 1994 des normes de la série ISO 9000 rationaliser les échanges entre des professionnels compétents,
(tableau 1). connaissant leur métier et liés par un contrat. L’objectif visé était
donc l’harmonisation de relations entre clients et fournisseurs.
● Les clients et les autres parties intéressées, dont les exigences
croissantes couvrent des domaines qui vont bien au-delà de la En 1990, l’ISO/TC 176 décidait de procéder à la révision en
qualité du produit (flexibilité et anticipation, qualité de service, deux temps des normes de la série ISO 9000.
qualité de la vie, éthique et citoyenneté, etc.), incitent les entrepri- La phase 1 de la révision avait pour objectif de faire évoluer
ses à davantage écouter le client et à s’améliorer en permanence. les textes en :
● D’autres référentiels de système de management sont appa-
— corrigeant les erreurs détectées lors des premières utilisa-
rus. On pensera en particulier au système de management envi- tions et applications des normes ISO 9000 de 1987 ;
ronnemental avec les premières normes de la série ISO 14000 — apportant les clarifications nécessaires.
publiées en 1996 par l’ISO/TC 207 (voir [A 4 130]). La normalisation Ce « toilettage » a permis de :
du management de l’hygiène et la sécurité au travail n’a pas — recentrer les textes vers le client avec, notamment,
recueilli de consensus international au niveau de l’ISO en 1996, l’extension de la revue de contrat ;
mais le sujet pourrait être reconsidéré à terme, suite au constat du — reconnaître l’utilisation des textes dans le cadre de la
développement intensif de normes nationales (Espagne, Pays-Bas, certification tierce partie ;
Irlande, Australie, Nouvelle-Zélande, Royaume-Uni avec la norme — développer l’axe préventif : planification de la qualité,
BS 8800 publiée en 1998, etc.) et l’apparition en mai 1999 d’un réfé- actions préventives.
rentiel non normatif et certifiable, OHSAS 18001, développé entre Cette révision aboutit en 1994 à la publication de la seconde
certificateurs internationaux (Lloyd’s Register Quality Assurance : version des normes de la série ISO 9000 (tableau 1).
LRQA, Bureau Veritas Quality International : BVQI, Société générale La phase 2 correspond à une révision plus approfondie et
de surveillance : SGS, British Standards Institute : BSI, etc.) (voir totalement centrée autour des besoins des utilisateurs (c’est-à-
tableau 6). D’autres réflexions ont également été engagées dans le dire essentiellement les entreprises, clients principaux de la
domaine du management du risque. norme). Sa conclusion est la publication de la version 2000 des
Nota : le management de la sécurité englobe trois domaines : la sûreté de fonctionne- normes de la série 9000.
ment (sécurité liée au produit), la sécurité industrielle (protection des installations et des
sites industriels) et l’hygiène et la sécurité au travail (protection des travailleurs).
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
AG 1 740 − 2 © Techniques de l’Ingénieur, traité L’entreprise industrielle
QX
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
agQWTP
● Le secteur des services a pris un essor important. Il représente quées dans près de 130 pays et la barre des 300 000 certificats
aujourd’hui 50 % du produit intérieur brut de l’Union européenne devrait être dépassée en l’an 2000.
et près de 70 % de ses emplois.
Néanmoins, des cas de dérives et de dérapages, non liés aux
normes elles-mêmes mais plutôt à leur application sur le terrain,
■ Raisons internes à l’entreprise
ont été vécus dans les entreprises.
Les normes actuelles (version 1994) ne prennent pas suffi-
samment en compte l’évolution rapide de modes de management
Exemple : dérives et dérapages liés à l’application des normes
dans les entreprises où le rôle du leadership, la recherche de
de la série ISO 9000
l’« excellence » et les approches par processus prennent notam-
ment une place majeure. Les normes, conçues comme des outils ● Le perfectionnisme : un système qualité parfait... sur le papier (la
volontaires d’aide à la décision, doivent naturellement évoluer et théorie).
s’améliorer pour prendre en compte la réalité des entreprises. ● La bureaucratie : une cathédrale documentaire (les archives).
Les différentes études — nationale, européenne ou internatio- ● Le taylorisme : des documents décrivant le moindre détail (la
nale — menées au cours des années 1990 permettent de dresser camisole).
des constats convergents sur les avantages apportés par les nor-
mes de la série ISO 9000 au travers de la certification par tierce ● Le nombrilisme : le client est perdu de vue (le comble).
partie. ● La surprotection : l’assurance tous risques (le parapluie).
Les retombées positives suite à l’obtention du certificat les plus ● Le monopole : la démarche supportée par les seuls représen-
souvent citées sont internes à l’entreprise : tants de la qualité (la frustration).
— stabilisation du savoir-faire et préservation de la mémoire de ● Le packaging : un système qualité livré clés en main (la désillu-
l’entreprise ; sion).
— rigueur dans les méthodes de travail ; ● Le bachotage : un seul objectif : la certification (le revers de la
— organisation de la qualité structurée ; médaille).
— projet mobilisateur autour d’un objectif commun ;
— gains de productivité et diminution des coûts de non-qualité.
Les retombées externes sont parfois moins palpables pour La révision des normes de la série ISO 9000, tournée autour
certaines entreprises des secteurs fortement concurrentiels : des besoins des utilisateurs, consiste à analyser les causes de
— gains de nouveaux clients ; ces dérives et à proposer des alternatives au niveau du contenu
— conquête de nouveaux marchés. et de la rédaction des normes ISO 9000 de l’an 2000 pour éviter
de nouveaux dérapages lors des futures applications.
Mais ces mêmes entreprises reconnaissent parallèlement que la
certification leur a permis de conserver leur clientèle existante.
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité L’entreprise industrielle AG 1 740 − 3
QY
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
agQWTP
Q
processus à caractère continu, services et logiciels).
Les exigences reposent sur trois modèles d’assurance de la qualité Fusion vers une seule norme d’exigences proposant des possibilités
dont le choix par les entreprises ne reflète pas systématiquement la d’exclusion en fonction de la nature du produit, de l’exigence
réalité de leurs activités. contractuelle ou de l’exigence réglementaire applicable au produit.
Architecture selon une check-list de vingt exigences qui n’ont pas de Architecture logique et structurée selon un modèle de processus.
lien apparemment logique.
L’approche et le langage utilisés s’adressent principalement aux Accessibilité et simplification pour les petites et moyennes entre-
moyennes et grandes entreprises. prises.
Les trois modèles abordent un nombre limité de fonctions dans Le domaine d’application sera adapté à toutes les fonctions de l’entre-
l’entreprise. prise directement concernées par la qualité du produit et la
satisfaction du client.
Les vingt exigences doivent être documentées de manière standard, La quantité et le niveau de détails de la documentation seront plus
ce qui limite les possibilités d’adaptation. adaptés aux résultats désirés.
La mesure est essentiellement liée à la conformité du système qualité. La mesure sera davantage orientée vers l’efficacité du système de
management de la qualité.
Les exigences relatives aux interfaces avec le client sont limitées Développement d’exigences en matière de management de relations
(revue de contrat et prestations associées). avec le client.
La synergie avec les autres systèmes de management est peu Recherche d’une compatibilité optimale avec les autres normes de
évidente. système de management (§ 5).
Vision cloisonnée des démarches qualité sans lien entre l’assurance Architecture alignée avec la future norme ISO 9004 pour former un
de la qualité (ISO 9001, ISO 9002 et ISO 9003), le management de la couple cohérent ISO 9001/ISO 9004 (§ 2.2).
qualité (ISO 9004) et l’excellence.
Avec le souci de se recentrer sur les normes fondamentales de 2.2 Nouvelle approche :
la qualité et de permettre à l’utilisateur d’exploiter ces outils de
management de façon globale et optimale, le comité technique le couple cohérent ISO 9001/ISO 9004
ISO/TC 176 a proposé de simplifier la famille autour de quatre
normes de base : Les structures différentes et peu compatibles des modèles
— ISO 9000 : Système de management de la qualité – Prin- ISO 9001, ISO 9002 et ISO 9003 et des lignes directrices de
cipes essentiels et vocabulaire ; l’ISO 9004-1, version 1994, ne permettent pas d’utiliser ces textes
— ISO 9004 : Système de management de la qualité – Lignes comme des outils cohérents et complémentaires : l’ISO 9001 est
directrices pour l’amélioration des performances ; présentée sous forme d’une check-list de vingt éléments, sans lien
— ISO 9001 : Système de management de la qualité – Exi- apparemment évident, tandis que l’ISO 9004-1 est basée sur le
gences ; cycle de vie d’un produit.
— ISO 19011 : Audit du système de management de la qua- La cohérence des normes ISO 9001 et ISO 9004 version 2000, est
lité et de l’environnement. obtenue :
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
AG 1 740 − 4 © Techniques de l’Ingénieur, traité L’entreprise industrielle
RP
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
reRPW
RECHERCHE
Démarche qualité
en recherche publique Q
Les auteurs sont tous membres du comité de pilotage du réseau Démarche qualité
en recherche soutenu par la Mission ressources et compétences technologiques
(UPS 2274 du CNRS)
Résumé : Si la démarche qualité est un concept qui s’est formalisé depuis le début
du XXe siècle dans le milieu industriel, son déploiement dans la recherche publique est
plus récent. Sa mise en œuvre dans le milieu de la recherche est très particulière
comme le démontrent certaines actions menées ces dernières années dans les
différents organismes. Elle répond, généralement et à la fois, à des enjeux scientifi-
ques, économiques et financiers... Les spécificités liées à la recherche peuvent
constituer un frein à son déploiement mais aussi en être le moteur.
Abstract : If the quality approach is a concept that was formalized since the begin-
ning of the twentieth century in the industry, its deployment in public research is more
recent. Its implementation in the research community is very specific as shown by dif-
ferent actions led in recent years in different organizations. It usually responds to
different challenges (scientific, economic, financial...). The specificities of the research
should stop its deployment but also promote it.
Points clés
Domaine : Démarche Qualité, Recherche Publique
Degré de diffusion de la technologie : Émergence | Croissance | Maturité
Technologies impliquées :
Domaines d’application : Recherche publique
Principaux acteurs français : AFNOR et l’ensemble des organismes publics de
recherche
Pôles de compétitivité :
Centres de compétence : Réseaux QuaRES, QeR
Industriels :
p。イオエゥッョ@Z@ェオゥャャ・エ@RPQQ
RQ
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
reRPW
RECHERCHE
RR
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
agQWUP
Système de management
de la qualité (SMQ) : mise en œuvre
Q
par Edmond LE COZ
Docteur ès sciences des matériaux
Ingénieur consultant qualité – Adequaform
Professeur des universités associé – Université Paul-Sabatier (Toulouse)
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité L’entreprise industrielle AG 1 750 − 1
RS
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
agQWUP
Pour ce faire, l’entreprise peut choisir de mettre en place une structure orga-
nisationnelle et décisionnelle au travers de l’ensemble de ses processus et pro-
cédures organisationnels dans lesquels sont imbriqués les autres systèmes de :
— prise de décision (direction...) ;
— conception (recherche et développement – R & D –, bureau d’études
– BE –, ...) ;
Q
— production (fabrication, maintenance...) ;
— gestion financière et comptable (direction administrative et financière) ;
— gestion du personnel (direction des ressources humaines – DRH) ;
— autres...
L’ensemble de cette structure est appelé système de management de la qua-
lité (SMQ) : c’est un mode de management centré sur la qualité, basé sur la
participation de tous et visant au succès à long terme, par la satisfaction du
client, et à des avantages pour tous les membres de l’entreprise.
Cet article constitue la première partie d’un ensemble consacré au système de management
de la qualité :
— [AG 1 750] - Système de management de la qualité (SMQ) : mise en œuvre ;
— [AG 1 751] - Système de management de la qualité (SMQ) : processus d’amélioration ;
— [Doc. AG 1 752] - Système de management de la qualité (SMQ). Pour en savoir plus.
Le lecteur trouvera un glossaire dans la documentation [Doc. AG 1 752].
Par ailleurs, le lecteur consultera utilement les articles :
— [AG 1 770] - Méthodes et outils de la qualité - Outils classiques ;
— [AG 1 771] - Méthodes et outils de la qualité - Nouveaux outils,
dans ce traité.
La qualité
À l’origine, qualité signifie « beauté artistique » et « travail bien du premier
Assurance qualité
fait », de type artisanal. Contrôle intégré coup
En France, on trouve la trace de l’intervention d’un service de
contrôle des productions pour l’armée de terre sous le règne de
Louis XI et celle de la création d’un service homologue pour la
Contrôle Contrôle
marine – « la Royale » – sous le règne de Louis XIV, le 15 avril a posteriori, Contrôles a priori,
1689 : correctif statiques préventif
de réception
« Si nos fabriques imposent à force de soins la qualité supé-
rieure de nos produits, les étrangers trouveront avantage à se
fournir en France et leur argent affluera dans le royaume » Contrôles
(3 Août 1664 – COLBERT ). en cours de
fabrication
Ce processus de contrôle final se développe avec le Taylorisme
(Système d’organisation du travail, de contrôle des temps d’exé- Constat
cution et de rémunération de l’ouvrier, établi par Frederick Winslow Contrôle d'échec
Taylor). Avant de présenter sa fourniture à l’acceptation du client, traditionnel en
bout de chaîne
le fournisseur la fait contrôler par des opérateurs indépendants de
la production afin de trier les « bons » produits et rejeter les
« mauvais ». Figure 1 – Du contrôle qualité au management de la qualité [1]
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
AG 1 750 − 2 © Techniques de l’Ingénieur, traité L’entreprise industrielle
RT
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
agQWUP
Q
Améliorer
Système
qualité Mesure de la satisfaction
relative des utilisateurs
Usage Installation
Vente
Figure 2 – La roue de la qualité suivant Deming : Maintenance
PDCA (Plan Do Check Act ) [2]
Distribution
Cahier des
■ L’assurance qualité (à l’Américaine) charges
Ce concept créé par G. Edwards en 1920 aux États-Unis, utilisé
dans le domaine de la défense dès 1959 et dans l’industrie
nucléaire en 1970, consiste en la satisfaction du client selon des Conception Fabrication
règles imposées par lui dans le but de lui donner confiance : (design)
Préparation de Achats
— en construisant la qualité, on agit pour produire l’objet ou le la production
service attendu par le client et en assurant la qualité, on l’informe
en lui procurant les preuves préalables de satisfaction, c’est la
maîtrise de la qualité ; Figure 3 – Spirale de construction de la qualité
— en introduisant des paramètres économiques (planification, à tous les stades de la vie d’un produit [3]
allocation de ressources, évaluations...), c’est le management de la
qualité.
● Deming [2] propose un modèle sur lequel seront basés par la
suite les systèmes de management de la qualité selon la norme Divers outils sont utilisés par les cercles de qualité pour la réso-
ISO 9000 et les systèmes environnementaux selon la norme lution des problèmes et la recherche de solutions [5] : diagrammes
ISO 14000 (figure 2). de Pareto, diagrammes causes/effets ou diagramme d’Ishikawa,
Ce modèle, appelé PDCA (plan do check act ) ou démarche per- histogramme, etc. (cf. [AG 1 770], § 2).
manente d’amélioration de la qualité est représenté par « la roue C’est la naissance de la méthodologie MOTP : méthodes, outils
de la qualité » (figure 2) qui monte sur un plan incliné et qui est et techniques de résolution de problèmes (cf. [AG 1 770], § 2).
calée sur un système de management de la qualité qui l’empêche
de redescendre. ■ Qualité à la Française
● Juran [3] a établi le modèle de l’hélice ou spirale de la qualité à La France s’engage, à son tour en 1980, avec la publication par
tous les stades de la vie du produit, depuis sa conception jusqu’à sa la Délégation générale pour l’armement (DGA) de règlements sur
destruction (figure 3). l’assurance de la qualité (RAQ « Règles pour l’assurance de la
qualité » pour l’aéronautique et EAQF « Évaluation assurance qua-
■ Qualité totale (à la Japonaise)
lité fournisseur » pour l’automobile) et EDF exige de ses 160 prin-
Ce concept suppose que l’entreprise vise non seulement la satis- cipaux fournisseurs la mise en place d’une organisation de la
faction du client mais, qu’elle prenne également en compte son qualité.
propre profit.
Les cercles de qualité « à la Japonaise » y trouvent peu de
On y trouve les notions de : succès car ils sont trop contraignants, on y préfère les groupes de
— management de la qualité totale, TQM (total quality mana- progrès, plus souples à gérer.
gement – 1951) : Système d’organisation qui permet d’intégrer Dès 1994, le nombre d’entreprises certifiées ISO 9000 augmente
ensemble les efforts de développement, de maintien et d’amélio- de façon notoire.
ration de la qualité, réalisés par des groupes différents dans
l’entreprise, afin de s’assurer que les études, la commercialisation,
la fabrication et le service client soient effectués au niveau de coût
le moins élevé tout en permettant la satisfaction entière de la 1.2 Coûts liés à la qualité
clientèle [1] ;
— recherche de l’excellence par la règle des « 5Z » pour la Le lecteur se reportera à la référence [6] de la bibliographie.
réduction des coûts : Les coûts liés à la qualité regroupent l’ensemble des dépenses
• zéro stock : pas de stock superflu, volontaires et involontaires qui concourent à l’obtention de la qua-
• zéro papier : pas d’information inutile, lité du produit ou du service.
• zéro délai : pas de prolongation de délai de livraison,
• zéro défaut : pas de mauvais produit livré, C’est une notion qui doit être étendue à toutes les fonctions de
• zéro panne : pas de pannes machines ; l’entreprise, chacune d’elles générant des coûts.
— participation de tous par la mise en place de cercles de Ces coûts se décomposent en :
qualité (Petit groupe d’individus volontaires qui se réunissent pour — coûts de non-conformité (CNQ). Ces coûts de non-conformité
réaliser des tâches de gestion de la qualité dans leur domaine pro- correspondent à la somme des coûts des défaillances internes et
fessionnel - production, outils de travail, vie de travail, ... [4]). des coûts des défaillances externes, c’est-à-dire :
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité L’entreprise industrielle AG 1 750 − 3
RU
Q
RV
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
agQWUQ
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité L’entreprise industrielle AG 1 751 − 1
RW
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
agQWUQ
Q Enfin nul ne saurait oublier les Méthodes et outils de la qualité, traités dans
les articles [AG 1 770] [AG 1 771] de ce traité ; instruments de la qualité totale,
ils favorisent la mise en commun du savoir-faire de tous et de chacun dans
l’entreprise.
Cet article constitue la seconde partie d’une série consacrée au système de management de
la qualité (SMQ) :
— [AG 1 750] - Système de management de la qualité (SMQ) : mise en œuvre ;
— [AG 1 751] - Système de management de la qualité (SMQ) : processus d’amélioration ;
— [Doc. AG 1 752] - Système de management de la qualité (SMQ). Pour en savoir plus.
Outre les références normatives et bibliographiques qui se rapportent à ces sujets, le lecteur
trouvera un glossaire dans la documentation (Pour en savoir plus [Doc. AG 1 752]).
Le lecteur pourra également consulter l’article Amélioration continue dans l’entreprise
[AG 4 100] (dans ce traité) ainsi que les références [17] [18] [19] [20] [21] [22] [23], pour plus de
détails.
1. Pourquoi l’amélioration
continue ? Baisse des anomalies Clients satisfaits
externes et plus nombreux
Pour survivre dans les marchés compétitifs d’aujourd’hui, les
entreprises doivent établir une stratégie leur permettant de générer + +
de meilleurs produits, plus vite et moins cher que leurs
concurrents (figure 1).
Baisse des anomalies Baisse des coûts
Le processus d’amélioration du système de management de la internes de fabrication
qualité (SMQ) est un ensemble d’activités structurées qui doit être
appliqué à toutes les parties de l’entreprise. Il doit être piloté, et
une bonne partie des actions d’amélioration doit provenir des = =
études faites lors de l’établissement de la stratégie et de la défi-
nition des objectifs. Qualité des Prospérité de
Ainsi, s’il convient de réaliser régulièrement un bouclage pour produits l'entreprise
évaluer les progrès réalisés et évaluer le travail restant à effectuer
dans le cadre de plan d’action qualité (PAQ), pour la mise en
œuvre, en revanche, il est important de vérifier régulièrement les
résultats de l’organisation et l’efficacité du SMQ dans le cadre du Figure 1 – Effet de l’amélioration continue sur les résultats
processus de Revue de direction. de l’entreprise
Si dans nos habitudes nous pratiquons l’amélioration de façon
ponctuelle et le plus souvent lorsque la situation nous y contraint,
dans un SMQ elle doit être permanente, omniprésente et struc-
turée afin d’améliorer de façon continue l’efficience et l’efficacité Le processus d’amélioration continue se réalise en deux temps :
des processus de l’entreprise pour la satisfaction des clients. En
conséquence le besoin en amélioration perd son caractère curatif a) améliorer les produits (services), les processus et le bouclage
pour devenir correctif dans un premier temps, puis préventif. des processus par des actions curatives, correctives et préventives
(cf. § 4.2, 4.3, 4.4), des audits et des revues de direction ;
Éviter la dérive nécessite de choisir une ligne de conduite, de
définir des objectifs précis, et bien sûr, d’élaborer et de mettre en b) établir des mesures et des buts à atteindre pour évaluer les
œuvre au quotidien des actions d’amélioration. Ainsi, lorsqu’une améliorations (en terme d’efficacité et d’efficience), comparer ces
entreprise décide de mettre en place un SMQ, quelles qu’en soient résultats à des exemples pour calibrer son propre niveau
les raisons et les motivations, elle s’engage avant tout dans une d’amélioration, mettre en place, pour tous, des opportunités, des
démarche d’amélioration continue. Dès lors, la roue de la qualité méthodes, outils et techniques pour la résolution de problèmes
(§ 3) se met à tourner, pour ne plus jamais s’arrêter (cf. [AG 1 750] (MOTP) [14] [15] et de réingeenering des processus [16] (refonte et
§ 1.1). innovation dans les processus).
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
AG 1 751 − 2 © Techniques de l’Ingénieur, traité L’entreprise industrielle
RX
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
agQWUQ
Q
étapes.
A P
■ Évaluation initiale
Avant de se lancer dans la démarche d’amélioration, il faut C D
identifier quelles sont les améliorations nécessaires. Les sources
d’information les plus fructueuses pour réaliser cette évaluation Processus mesure de Processus de réalisation
sont par exemple : satisfaction du client
— les plaintes des clients et comment elles ont été traitées ; Processus Audit interne
— les résultats de mesures sur les processus, en incluant une
évaluation du coût du gaspillage (coût de mise en conformité
COQ) ;
— l’évaluation de l’attitude des employés ;
— la comparaison avec d’autres entreprises sur quelques points Figure 2 – Le processus d’amélioration du SMQ suivant
sensibles (Benchmarking ) (cf. article Le contrôle dans l’entre- la roue de Deming
prise [AG 1 420] dans ce traité).
■ Établir l’ordre de priorité des améliorations
Cette étape consiste à identifier par l’outil Pareto (outil décrit
dans l’article [AG 1 771] qui chiffre les priorités d’amélioration en 3.1 Définir ce que l’on veut faire
pour-cent par rapport à l’ensemble des dysfonctionnements
observés) les 20 % des processus qui produisent 80 % des coûts L’élaboration, la rédaction, la diffusion et le commentaire de la
non nécessaires et des coûts de rebuts ou de retouches. Les pro- politique de l’entreprise permettent de rendre acteurs tous ses
cessus ainsi identifiés doivent prioritairement faire l’objet d’amélio- membres, alors guidés par une ligne de conduite et munis
rations. d’objectifs.
■ Développer un Plan d’amélioration de la qualité (PAMQ) Toutefois, pour être pleinement efficace, cette politique doit
Le Plan d’amélioration de la qualité (PAMQ) est la clé de voûte prendre en compte le contexte de l’organisation, tant au niveau de
sur laquelle repose la mise en place d’un SMQ. Il prévoit les son environnement externe qu’à celui de sa configuration interne
actions suivantes : et définir le devenir (son ambition, son futur voulu...).
— créer un comité de pilotage ou un groupe d’amélioration ;
Il est préférable, avant tout, d’analyser la situation afin de définir
— s’assurer lors des entretiens de formation que les employés
le niveau de départ de la démarche, en vue de mesurer plus tard
aient à la fois les connaissances générales, la connaissance des
le progrès réalisé.
méthodes et outils de la qualité et la spécialisation nécessaire pour
améliorer la performance de l’entreprise ; Mais cette analyse apporte d’autres avantages ; elle permet
— s’assurer que les processus principaux soient analysés et opti- notamment de mettre en évidence les voies de progrès qui
misés (outils d’analyse et audits des processus). permettront de choisir les orientations de la politique. Ces orien-
■ Institutionnaliser les améliorations tations deviendront ensuite les priorités de la démarche d’amélio-
ration.
Cette étape consiste à verrouiller les changements en utilisant la
documentation et les actions de formation au fur et à mesure que
les projets sont lancés et que les processus sont améliorés. On
établit ainsi des fondations sur lesquelles on pourra construire les 3.2 Planifier les actions de progrès (plan )
systèmes d’amélioration continue.
La construction d’un Plan d’action qualité (PAQ) offre à la fois la
possibilité de définir les ressources à mettre en œuvre pour
atteindre les objectifs et celle de susciter la participation des
3. Modèle de la roue de Deming acteurs de l’entreprise. En réalité, chaque acteur du plan de pro-
pour l’amélioration continue grès se voit confier la double responsabilité de définir des actions
visant à emmener l’entreprise vers ses objectifs stratégiques et de
s’assurer de leur mise en œuvre. Cette responsabilisation présente
Le processus d’amélioration du SMQ répond au principe de la plusieurs avantages, tels que :
Roue de la qualité selon Deming [2] (figure 2). Ce concept s’impose
— disposer de beaucoup d’énergie pour l’amélioration ;
au niveau d’un processus transverse dont les activités consistent à
améliorer en permanence l’efficacité du SMQ. — apporter la stimulation du travail en équipe ;
Engager une démarche d’amélioration continue, c’est avant tout — « arroser » large pour sensibiliser tous les acteurs du progrès.
apprendre à faire tourner la roue de la qualité (appelée aussi roue
de Deming ou PDCA). Il est rarement possible d’atteindre les objectifs stratégiques en
une seule fois et il faut donc procéder par étapes ; l’ampleur du
Le PDCA (Plan do check act ) se répartit en quatre étapes : PAQ mis en œuvre détermine l’échelon de progrès à réaliser sur
— planifier (plan ) ; une période définie. Son rapprochement avec la gestion des
— déployer ou réaliser (do ) ; ressources procure l’avantage de ne pas voir trop grand et de
— contrôler (check) ; limiter les actions aux possibilités dont dispose réellement
— agir ou réagir (act ). l’organisation.
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité L’entreprise industrielle AG 1 751 − 3
RY
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
agQWUQ
Q
anticiper les éventuelles dérives, mais aussi à dynamiser le
déploiement du PAQ. Simplifier le processus
et documenter le résultat
Si les responsables sont garants de l’avancement des travaux, ils
n’en sont pas forcément les acteurs, et parmi les ressources à leur
disposition, les plus importantes sont probablement les ressources Collectionner les données
humaines. Là encore, le travail en groupe de progrès, utilisant les sur le fonctionnement
Méthodes, outils et techniques de résolution de problèmes (MOTP) présent et les mesures
favorise l’efficacité de la démarche : les personnes les plus à même
de faire évoluer une situation sont évidemment celles qui la vivent
au quotidien. De ce fait, il est important de pouvoir animer ce tra- Identifier les causes Non Le processus
vail de groupe et la formation à ces outils s’impose. spéciales est-il stable ?
Oui
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
AG 1 751 − 4 © Techniques de l’Ingénieur, traité L’entreprise industrielle
SP
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
agQWWP
Q
p。イオエゥッョ@Z@ェオゥャャ・エ@RPPQ
SQ
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
agQWWP
SR
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
agQWWP
SS
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
agQWWP
ST
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
agQWWQ
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité L’entreprise industrielle AG 1 771 − 1
SU
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
agQWWQ
1. Méthodes et outils
du management CORRÉLATIONS
de la qualité
1.1 Déploiement de la fonction qualité
Q (QFD Quality Function Deployment)
Nota : le lecteur se reportera aux références bibliographiques [36] et [37].
COMMENT
Objectif
Le QFD est une méthode de conduite de projet qui permet de :
QUOI RELATIONS CONCURRENTS
— traduire les attentes du client en spécifications internes à
l’entreprise à chaque stade de la conception intégrée produit et
procédé :
• recherche et développement,
• études, méthodes fabrication,
• commercial vente et distribution ;
— réduire les délais de développement en se focalisant sur les COMBIEN
priorités :
• exigences du client,
• qualité, coûts et délais (QCD),
• performances techniques. CONCURRENTS
La méthode QFD utilise les septs nouveaux outils du management
de la qualité (§ 1.2), pour déployer la fonction qualité à tous les
niveaux de l’entreprise afin de satisfaire les exigences des clients, les Figure 1 – Construction de la maison de la qualité. Méthode QFD
traduire en objectifs de conception et en points clés qui seront
nécessaires pour assurer la qualité en phase production.
Champ d’application
On peut citer la conduite de projet et le déploiement de la fonction
qualité à tous les niveaux de l’entreprise pour construire la « maison COMMENT
de la qualité ». La méthode permet :
— la présentation cohérente du projet ;
— le traitement exhaustif du projet ;
— une cartographie du projet ; Les COMMENT
— des gains substantiels dans les délais ; de la première
— la motivation des acteurs du projet. maison...
Acteurs
Ce sont la direction de l’entreprise et les équipes de projet ayant la
connaissance technique :
QUOI
— du besoin du client ;
— des produits concurrents ;
— des paramètres de solutions.
... deviennent
Mode opératoire les QUOI de la
L’outil de base QFD est la maison de la qualité. Elle consiste à déve- maison suivante
lopper le concept entier d’un nouveau produit ou service en partant
des besoins des clients et en déterminant les caractéristiques à lui Figure 2 – Construction pas à pas de la maison de la qualité
donner et l’importance relative à chacune d’elles. Il en résulte une
grille qui permet de bien voir le processus de conception et son
résultat (figure 1). — étape 3 – établir la relation entre les caractéristiques et les
besoins des clients (le comment par rapport au quoi) :
La méthode QFD se déroule en deux phases :
• évaluer à quel degré chaque caractéristique contribue à la
— la construction de la maison de la qualité ; satisfaction des besoins (pondération),
— le déploiement de la maison de la qualité. • analyser la contribution des caractéristiques (jugement qualita-
tif),
■ Phase I : construction de la maison de la qualité (figure 2) • prioriser les caractéristiques ;
Elle se déroule en six étapes : — étape 4 – cibler le niveau de performance technique des carac-
— étape 1 – identifier les besoins des clients (le quoi) : téristiques (le combien) :
• établir les catégories de clients, • fixer une cible pour chaque caractéristique ;
• recueillir les besoins (groupes de discussions, outil KJ, § 1.2.1), — étape 5 – déterminer les relations entre les caractéristiques (le
• les structurer (outil diagramme en arbre, § 1.2.2), comment par rapport au comment) :
• les prioriser (outil diagramme matriciel, § 1.2.3) échelle de 1 • évaluer le degré d’interrelation entre les caractéristiques du
à 10 ; produit (voir si deux caractéristiques entrent en conflit ou sont
— étape 2 – définir les caractéristiques techniques du produit à redondantes),
offrir (le comment) ; • analyser les interrelations,
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
AG 1 771 − 2 © Techniques de l’Ingénieur, traité L’entreprise industrielle
SV
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
agQWWQ
Spécifications
du produit
Caractéristiques Phase 3 :
définition des processus
du client
Besoins
système
composants (Process Planning )
Q
Phase 4 :
Spécifications
organisation de la
du produit
Caractéristiques production
des processus (Production Planning )
Caractéristiques
composants
Maîtrise
système
fabrication
Phase 1 :
Caractéristiques
définition du produit
des processus
(Product Planning )
Phase 2 :
détermination des
composants
(Part Deployment )
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité L’entreprise industrielle AG 1 771 − 3
SW
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
agQWWQ
Q
Collecte des idées 1re donnée 11 2e
Recherche
Approbation 2e donnée 7 3e
des faits
Nettoyage des idées
3e donnée 15 1re
Objectif
Figure 4 – Processus de construction du diagramme des affinités
(outil KJ) C’est un outil de sélection du meilleur processus pour atteindre
un objectif et prévoir des solutions à des événements imprévus du
processus. Il permet de minimiser les pertes de temps occasionnées
par des événements imprévus.
Mode opératoire
Évaluation Diagramme C’est un diagramme (figure 7) montrant le déroulement d’un pro-
Faisabilité Efficacité Priorité Niveau Niveau Niveau Niveau cessus entre deux bornes bien définies marquant le début et la fin
F E P=FE 3 2 1 0 d’une situation ainsi que les différents aléas possibles et les contre-
mesures prévues. À chaque étape, il convient de se poser la ques-
3 2 6 tion : s’il arrive tel événement, quelles actions entreprendre ?
3 3 9
1 2 2
2 2 4
Début Point de départ
3 2 6
2 3 6
3 1 3 Action
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
AG 1 771 − 4 © Techniques de l’Ingénieur, traité L’entreprise industrielle
SX
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
agQWWQ
Q
3 titre — étape 4 – déterminer à partir des temps nécessaires les débuts
3 au plus tôt et au plus tard et visualiser le chemin critique.
2 1
Mode opératoire
Le diagramme de Gantt se présente sous la forme d’un graphique
1.2.6 Diagramme en flèche (PERT) à barres horizontales (celui de la figure 9 a été tracé sous le logiciel
Microsoft project ®). Il y a quatre étapes :
Nota : le lecteur se reportera à la référence bibliographique [31]. — étape 1 –recenser les activités à mener dans le cadre du projet
Objectif et en établir la liste ;
— étape 2 – identifier les contraintes pour la mise en œuvre du
Le diagramme de PERT (Planning Evaluation Ressources and projet ;
Time) outil d’élaboration de projet en terme de ressources, de — étape 3 – pour chaque activité, établir une liste séquentielle
temps et de délais. Il s’agit d’établir le planning d’un projet, de le sui- des actions requises en indiquant leur durée en jours ;
vre efficacement sous forme d’un réseau dit réseau de PERT et de — étape 4 – indiquer les liaisons entre les actions par des lignes
détecter rapidement les risques de retard. verticales en tiretés.
Semaines
Actions à engager Commentaires
40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 51
La partie pleine représentant la partie réalisée par rapport à ce qui était prévu
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité L’entreprise industrielle AG 1 771 − 5
SY
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
agQWWQ
Q
(fonctions techniques qui correspondent aux besoins du concepteur).
Les fonctions sont classées et listées (une fonction se décline par un
2.1 Les « 3A » de la qualité en conception : verbe + un complément).
« AF, AV et AMDEC » Étape 7 – construire le TAF (tableau d’analyse fonctionnelle).
La figure 13 présente la matrice qui constitue le TAF (tableau d’ana-
lyse fonctionnelle) qui représente la contribution des sous-systèmes
aux fonctions de service et aux fonctions techniques.
2.1.1 Analyse fonctionnelle
Étape 8 – hiérarchiser – construire le Pareto de fonctions.
La figure 14 représente le Pareto des fonctions établi à partir du TAF.
Nota : le lecteur se reportera en [T 4 050], réf [4] et à [23].
Chacune des fonctions est notée par ordre d’importance suivant un
Objectif vote pondéré. Cette note permet de construire un diagramme de
Pareto.
Il s’agit d’exprimer le besoin en terme de fonctions pour établir un
cahier des charges fonctionnel : donnée d’entrée de la conception.
Selon la norme NF X 50-150, l’analyse fonctionnelle consiste à
rechercher, ordonner, caractériser et hiérarchiser les fonctions d’un 2.1.2 Analyse de la valeur
produit.
Champ d’application Nota : le lecteur se reportera aux références bibliographiques [27], [22] et en [T 4 100],
C’est la phase préliminaire commune à l’AV § 2.1.2 et à réf [2].
l’AMDEC § 2.1.3. Elle s’applique en phase B (phase de définition) de Objectif
la conception intégrée de projet produit et procédé. Cette méthode permet de concevoir un « produit » parfaitement
Acteurs adapté aux besoins de son utilisateur et ce, à moindre coût. La
Ce sont les membres d’un groupe de travail. norme NF X 50-152 en donne la définition suivante :
Méthode d’application
« Méthode de compétitivité organisée et créative, visant à la satis-
faction du besoin de l’utilisateur par une démarche à la fois fonction-
Les données d’entrées sont le cahier des charges marketing ou nelle, économique et pluridisciplinaire. »
STB (spécification technique du besoin), expression des besoins du
Champ d’application
client. La donnée de sortie sera le CdCF (cahier des charges fonc-
tionnel). L’AV s’applique dès la conception d’un produit qui peut-être :
Les étapes de la méthode sont les suivantes : — un produit existant ou nouveau, simple ou complexe, répétitif
ou unique ;
— étape 1 – définir le système – il s’agit de considérer le système
— un processus industriel ou administratif ;
dans son environnement d’usage ;
— un service interne ou vendu par l’entreprise.
— étape 2 – définir les fonctions et les classer suivant leur nature
en : Acteurs
• fonction principale, Ce sont les membres d’un groupe de travail AV mis en place pour
• fonctions secondaires, le déroulement de la méthode.
• fonctions de contraintes ; Mode opératoire
— étape 3 – identifier les flux entrant, sortant et à travers le sys-
tème face à son environnement ; La méthode se déroule en sept étapes d’une façon systématique
— étape 4 – décomposer le système en sous-systèmes ; (il faut partir de la première étape, finir à la dernière et n’en sauter
— étape 5 – identifier les flux entre les éléments au travers d’un aucune) :
BDF (bloc diagramme fonctionnel) ;
— étape 6 — déterminer les fonctions de conception ;
— étape 7 – construire le TAF (tableau d’analyse fonctionnelle) ;
— étape 8 – hiérarchiser et construire le Pareto des fonctions …
— étape 9 – rédiger le CDCF.
Concernant le diagramme de Pareto, le lecteur se reportera en Décomposition en trois
[AG 1 770, § 2.4]. pièces :
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
AG 1 771 − 6 © Techniques de l’Ingénieur, traité L’entreprise industrielle
TP
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
agQWWU
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur AG 1 775 − 1
TQ
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
agQWWU
1. Capabilité
IT
Q
procédé d’élaboration donné ou un paramètre du procédé.
On confond souvent les termes « capabilité » et « variabilité ». Le
Figure 2 – « On est capable »
concept de variabilité recouvre l’ensemble des résultats obtenus
pour une caractéristique donnée.
La capabilité est une donnée exploitable directement par le
demandeur pour s’assurer de la « conformité d’une caractéristique
du produit ». IT
La variabilité est une donnée qui sera exploitable par le fournis-
seur, afin de savoir factuellement si l’on pourrait satisfaire une
demande en regardant ce que l’on a déjà su faire.
La capabilité et la variabilité servent pour :
— définir le risque de non-conformité du produit ;
— définir la fréquence de prélèvement ou la taille de l’échan-
tillon ; Figure 3 – « On n’est pas capable »
— définir le chiffrage produit : prévoir les risques relatifs à une
demande comportant des spécifications et donc mieux appréhender
les coûts ;
— définir la latitude du régleur ;
— permettre la remontée d’information au niveau du bureau IT
d’études ou des méthodes pour définir objectivement les tolé-
rances : il y a donc une rétroaction entre fabrication et conception
par le biais des capabilités et variabilités, etc.
Ceux-ci constituent donc un outil très fonctionnel pour le four-
nisseur et pour le client.
Exemples : on représente la variabilité par une courbe (fonction de
répartition) et les tolérances par deux droites : Ti pour la tolérance infé- Figure 4 – « On pourrait être capable moyennant un réglage »
rieure, Ts pour la tolérance supérieure.
1er cas : la population totale produite (définie par la courbe de varia-
bilité) rentre juste dans l’intervalle de tolérance IT (figure 1). Prati- Pour apprécier ces différentes configurations de capabilité, on
quement, cela signifie qu’aucun réglage n’est possible. On dira « tout utilise souvent des indicateurs de capabilité qui quantifient la per-
juste capable ». formance de production.
2e cas : la population totale produite (représentée par la courbe de
variabilité) ne rentre pas dans l’intervalle de tolérance (figure 2). Il y a
donc du rebut ou des retouches, aucun réglage ne permet d’annuler
les rebuts, le réglage au centre de la tolérance permet tout juste de
1.1 Indicateurs de capabilité
limiter les pertes. On dira que l’on ne pourra pas être capable.
Les indicateurs de capabilité (indicateurs d’aptitude du moyen
3e cas : la population totale produite (représentée par la courbe de
ou du processus) permettent de s’assurer que le moyen ou le pro-
variabilité) entre largement dans l’intervalle de tolérance (figure 3). Une
cessus, compte tenu de sa variabilité, est capable de respecter les
latitude de réglage est possible sans risque de générer des pièces
exigences en matière de qualité.
mauvaises. Une dérive du procédé est également admissible. On dira
que l’on est capable. En principe, quel que soit le type de loi statistique, la dispersion
4e cas : la population totale produite ne rentre pas dans l’intervalle de du caractère mesuré est définie pour que 99,73 % des valeurs
tolérance, mais pourrait y rentrer moyennant un recentrage (figure 4). soient à l’intérieur de cet intervalle, ce qui correspond à l’intervalle
On dira que l’on pourrait être capable moyennant un réglage, mais que m ± 3 · σ dans le cas d’une loi normale.
l’on ne l’est pas actuellement. Suivant les types d’activités, différents indicateurs sont em-
ployés.
■ L’indicateur de capabilité simple (Cp, Cm, Pp) permet de savoir si
l’on pourrait, « moyennant un réglage », être capable (figures 5a,
b, c).
IT Dans le cas de la loi normale : IT/6 · σ.
Ti Ts
L’indicateur de capabilité « simple » est obtenu en considérant la
moyenne sur la cible (réglage optimal). On est capable si
IT/dispersion > 1.
■ L’indicateur de capabilité centré (Cpk, Cmk, Ppk) permet de savoir
si l’on est capable (figures 6a, b, c).
Dans le cas de la loi normale : minimum entre (Ts – moyenne)/
Figure 1 – « On est tout juste capable » 3 · σ et (moyenne – Ti) / 3 · σ.
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
AG 1 775 − 2 © Techniques de l’Ingénieur
TR
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
agQWWU
a demande
Moyenne Q
Cible
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur AG 1 775 − 3
TS
Q
TT
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
bmUPQP
Qualité en conception
Méthodologie et mise en œuvre
Q
par Claude FERREBOEUF
Expert et conseil en qualité
Maître de conférences associé à l’université Paul Sabatier (Toulouse)
appropriés.
TU
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
bmUPQP
Q pièges de l’organisation. L’AMDEC produit, outil très prisé par les concepteurs,
est présentée comme une procédure à suivre.
Clients Des produits conformes à leurs exigences et aptes à rendre les services attendus
Des résultats économiques, à court terme en accord avec les capitaux apportés ; à moyen terme,
Actionnaires des résultats rassurant et à long terme des résultats technico-économiques démontrant un avenir
pérenne basé sur l’innovation
Des liens de partenariat dans le cadre de l’innovation et donc des apports techniques
Fournisseurs
et technologiques assurant une vision à long terme
TV
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
bmUPQP
Construction
de la qualité
C D
Évolution de la qualité
A P
Évaluation
de la qualité
Management
de la qualité Q
Construction : définir ce que l’on veut et comment le réaliser.
P « Plan » : prévoir, planifier, construire
Évaluation : quantifier les écarts qu’il y a entre ce que l’on a réalisé et D « Do » : réaliser selon ce qui avait été prévu
ce que l’on voulait. C « Check » : vérifier, évaluer
A « Act » : agir, corriger
Management : gérer, prendre les dispositions, afin que les écarts
constatés soient le plus faibles possible.
Figure 2 – Roue de Deming ou PDCA
L’intérêt principal est donc d’adopter une démarche logique de Figure 3 – Maîtrise de la qualité
qualité dans le processus global de l’entreprise, qui dans un pre-
mier temps, consistera à définir le besoin du client et plus parti-
culièrement l’utilisation du produit. Par ailleurs, aujourd’hui une minimal, en intégrant les achats de composants et matières pre-
autre dimension est prise en considération de plus en plus dans mière, la réalisation, la distribution, la mise en route, l’utilisation,
les processus de conception, il s’agit de l’écoconception le stockage et la destruction en fait tout le cycle de vie du produit.
[BM 5 009]. Elle nécessite que, sur les grandes lignes, soit retenues Les exigences règlementaires vont de plus en plus dans ce sens,
des solutions techniques qui auront un impact environnemental ainsi que les cahiers des charges des clients.
TW
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
bmUPQP
Q Fax
Tel au client
1,22
3,82
Mise à jour dossier 19,08
Diffusion 4,58
Total mini 28,70 86,11 143,51 287,02 574,05 1 435,11 2 870,23 14 351,15
Total maxi 200,92 287,02 717,56 2870,23 11 480,92 57 404,58 287 022,90
Par la suite, il s’agira de s’organiser et d’utiliser certains outils Le premier réflexe doit donc consister à bien connaître le besoin
selon une méthodologie prédéfinie (§ 3.1). Il est vrai, il faut le de l’utilisateur et donc le « service » que devra rendre le produit.
préciser, que la démarche qualité en conception peut paraître On ne doit pas créer un produit puis un service, mais un service
lourde et coûteuse ; en fait si l’on regarde à court terme c’est puis un produit.
peut-être vrai, mais en réalité un produit n’est jamais conçu intrin- Le deuxième réflexe consiste à concevoir le « juste produit
sèquement pour une durée courte. En cas d’évolution rapide du nécessaire » pas plus, en se mettant à la place de celui qui l’utili-
produit dans le temps (secteur informatique par exemple), l’expé- sera. Un produit facile d’utilisation, simple et donc probablement
rience acquise est utilisée pour les versions suivantes. Il faut abso- peu onéreux, fera certainement le bonheur de son utilisateur car il
lument considérer que cette démarche est une sorte rendra le service qu’il en attend à un prix acceptable.
d’investissement immatériel sur le produit et que c’est avec cela
que l’on satisfera les clients et mieux encore que l’on les fidélisera. Le troisième réflexe consiste à concevoir un produit dont la
« maintenabilité » est aisée et peu onéreuse. Attention à
l’après-vente coûteuse et dont les délais seront souvent longs du
fait que les techniques utilisées sur le produit sont difficiles à
maîtriser.
2. Référentiels Le quatrième réflexe consistera à concevoir un produit dit
« évolutif ». À un instant donné l’utilisateur a certaines exigences
La qualité en conception s’appuie aujourd’hui sur un certain et donc attend un certain service rendu par le produit, plus tard et
nombre de référentiels ou plus précisément de normes. Il existe parfois rapidement ces exigences évoluent. Le produit devra pou-
dans ce domaine deux types de normes que nous appellerons les voir évoluer lui aussi. Prenons l’exemple du secteur automobile ou
normes de base ou de système et les normes opérationnelles, uti- informatique : les exigences et les besoins sont en constante évo-
lisées au cours de la phase de conception du produit : lution, les produits peu ou pas évolutifs ne font qu’une brève
– les normes de base sont des référentiels organisationnels qui apparition et les investissements relatifs à ces produits s’avèrent
exigent ou recommandent un minimum de dispositions organisa- non rentables et du coup pénalisent fortement la santé économi-
tionnelles à mettre en place, afin de garantir un minimum de que de l’entreprise (constructeur).
maîtrise des processus (ex. : NF ISO 9001-11.2008 et similaires) ; Le cinquième réflexe s’appuiera sur l’écoconception du
– les normes opérationnelles sont les référentiels d’appui, préci- produit [10]. En effet, ce dernier devra rendre un service à l’utilisa-
sant des modalités à mettre en œuvre et donc à considérer comme teur, mais aussi ne devra pas compromettre la vie des générations
des outils (ex. : NF EN 16 271-02.2013 et similaires). futures et devra donc avoir un impact minimal sur l’environnement
(production/émission) et donc limiter la consommation de ressour-
Ces normes sont listées dans le « Pour en savoir plus ». ces naturelles, minimiser ses impacts sur la santé humaine et opti-
miser dans le temps le service rendu.
Enfin le sixième réflexe intègrera quelques éléments complé-
mentaires augmentant la durée de vie, la disponibilité et, plus pré-
3. Mise en œuvre cisément, la « sureté de fonctionnement » [MT 9 200]. Ce dernier
point comprend certains des réflexes déjà évoqués, cependant, il
Nota : le lecteur pourra se reporter à la référence [3] des sources bibliographiques. intègre un élément clé, la « fiabilité », qui consiste à concevoir un
produit dont l’aptitude est de fonctionner sans défaillance, dans
des conditions données, pendant un temps donné.
3.1 Méthodologie
En résumé, les six principes du concepteur sont :
La mise en œuvre de la conception nécessite l’utilisation d’un
certain nombre d’outils et d’une chronologie. Comme nous l’avons – le bon service ;
déjà vu, les erreurs de conception sont très souvent fatales à la vie – le juste produit ;
d’un produit, il est alors ce que l’on appelle « mort né ». Concevoir – la maintenabilité aisée ;
un produit découle d’une logique s’appuyant tout d’abord sur le – l’évolution ;
service que le client ou l’utilisateur attend de l’utilisation de ce – l’écoconception ;
produit. – la sureté de fonctionnement.
TX
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
agQYPP
atisfaire un client, c’est lui fournir le produit ou le service qu’il attend, dans
S les délais les plus justes, au prix le plus bas, avec une fiabilité maximale.
Mais la force d’une entreprise ne réside pas uniquement dans la satisfaction du
client, il lui faut également anticiper, avoir une politique débouchant sur une
rentabilité à court terme tout en garantissant une pérennité à moyen et long
termes. Tous ces éléments font la performance des entreprises.
Dans le déroulement du processus global de l’entreprise, à chaque phase
d’élaboration du produit, il existe potentiellement une source de dysfonction-
nement générant de la non-qualité : c’est l’imprévu dans le fonctionnement
normal de l’entreprise qui lui coûte directement ou indirectement (c’est-à-dire
avec un certain différé). Il existe un outil qui permet de maîtriser et de diminuer
ces coûts de non-qualité, c’est le coût d’obtention de la qualité (COQ).
Cet article a pour but de familiariser le lecteur avec le COQ. Il trouvera ici les
éléments lui permettant de connaître son contenu (notice descriptive ou tech-
nique), sa méthodologie de mise en place dans l’entreprise (notice de mise en
route) et enfin son emploi (notice d’utilisation).
L’utilisateur du COQ apprendra à l’usage à améliorer ses performances et à
en faire un outil de management extrêmement utile, tant sur le plan de la ren-
tabilité que sur le plan de la stratégie d’entreprise.
p。イオエゥッョ@Z@。カイゥャ@RPPP
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité L’entreprise industrielle AG 1 900 − 1
TY
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
agQYPP
Nota : le lecteur pourra se reporter utilement à l’article Qualité et qualitique [A 8 750], Salaires Travail
article général où l’on retrouve l’ensemble des notions liées à la qualité.
La qualité n’est autre qu’une logique et du bon sens faisant Capitaux Produits
appel à des outils très simples d’utilisation. Elle consiste à mettre Actionnaires ENTREPRISE Clients
en œuvre certaines dispositions visant à améliorer les produits et Dividendes
Q
Argent
la satisfaction des divers clients : c’est ce que l’on pourrait appeler
Produits Argent
la qualité de premier niveau ou assurance qualité.
Si l’on examine de près l’entreprise, il y a cinq types de
Fournisseurs
« clients » différents :
— les clients à qui sont destinés des produits de l’entreprise ;
Figure 1 – Représentation des différents clients
— les employés à qui sont destinés les salaires et avantages
dans le concept de qualité totale
sociaux en compensation du travail fourni ;
— les fournisseurs à qui est destiné de l’argent en compensation
de produits ou services qu’ils vendent ; La norme ISO 8402 donne une définition de la qualité sur
— les actionnaires à qui sont destinés les dividendes en laquelle il est nécessaire de faire quelques commentaires : la
compensation des capitaux versés ; qualité, c’est l’ensemble des caractéristiques d’une entité qui lui
— les collectivités locales, territoriales, administrations, à qui confèrent l’aptitude à satisfaire des besoins exprimés et implicites.
sont destinées certaines informations et cotisations.
■ Caractéristiques d’un produit : ce sont toutes les valeurs,
Ainsi peut être décrit le concept de « qualité totale » qui veut que grandeurs ou critères qui définissent le produit (puissance, préci-
tout client ait un besoin ou une attente de l’entreprise (figure 1). sion, capacité, couleur...). C’est avec ces caractéristiques qu’il doit
répondre aux attentes de l’utilisateur.
La qualité dans les entreprises n’est pas une notion récente, ■ Entité : produit, organisme, service ou processus, ou leur combi-
l’homme cherche depuis longtemps à vérifier la qualité de son naison (ISO 8402).
travail. Pendant la construction des pyramides en Égypte, des
contrôleurs vérifiaient la planéité des pierres avant de les ■ Besoins exprimés : ce sont les exigences du produit que le client
assembler ; c’était le « contrôle qualité ». Les siècles se sont ou l’utilisateur a consignées par écrit (cahier des charges, spécifi-
écoulés et sont apparus la normalisation, les concepts d’assu- cation...).
rance qualité produit, d’assurance qualité système, la qualité ■ Besoins implicites : ce sont les exigences du client et souvent de
totale, avec pour inventeurs Taylor, Shewart, Juran, Deming, Fei- l’utilisateur qui ne sont pas spécifiées par écrit et qu’il faut détecter.
genbaum, Ishikawa, Crosby, Taguchi et bien d’autres. L’implicite est source de mécontentement pour le client et si, un pro-
duit ne rend pas le service attendu, c’est bien souvent que l’implicite
L’homme, à l’intérieur de l’entreprise s’intéresse à la qualité, n’a pas été mis en évidence.
pour deux types de raisons essentielles : économiques et tech- La qualité consiste donc à satisfaire le client et/ou l’utilisateur.
niques. Pour y parvenir, il est indispensable qu’il exprime ses attentes ou
Les raisons économiques sont : son besoin du produit.
Nota : il est souvent beaucoup plus efficace que le client ou l’utilisateur décrive ce qu’il
— la diminution des dysfonctionnements de l’entreprise ; veut faire avec le produit plutôt qu’il décrive le produit même et ses caractéristiques, ce
— l’augmentation de la productivité et de la rentabilité de qui est plutôt l’affaire des concepteurs ou des constructeurs.
l’entreprise ; Parler de non-qualité et en définir certains éléments d’évaluation
— la maîtrise des coûts qui permet de distinguer les activités et de management constitue un point incontournable si l’on veut
rentables de celles qui le sont moins ; comprendre et mettre en œuvre les outils de management de la
— l’assurance de la pérennité de l’entreprise à moyen et surtout qualité. Une négligence humaine de quelques secondes, qui peut
à long terme ; avoir pour origine une multitude de facteurs (milieu ambiant,
— la volonté nationale d’un pays d’accroître sa puissance. C’est défaut de communication ou de formation, laxisme, incompé-
ce qui a guidé la politique du Japon et des États-Unis en matière tence...) peut avoir de graves conséquences.
de qualité immédiatement après la seconde guerre mondiale, et
celle de l’Europe par la suite, par l’intermédiaire de différents orga- Exemple 1 : un pont autoroutier sur un fleuve, après quelques
nismes (Mouvement français pour la qualité MFQ, Association années de service, a laissé apparaître certaines faiblesses. L’arche prin-
française pour le contrôle industriel de la qualité AFCIQ, Associa- cipale se déformait anormalement et, d’après les experts et après ana-
tion française des cercles de qualité AFCERQ, Japan Union of lyses des relevés, travaillait dans le domaine dit « quasi plastique » : la
scientists to and engineers JUSE) et des ministères de l’Industrie. déformation était quasi permanente, elle risquerait donc de s’amplifier
Les raisons techniques sont : à terme. Il a donc été décidé d’interrompre le trafic le temps nécessaire
— la réalisation de produits à forte technicité et très complexes à la remise en état de ce pont et de mettre en place des déviations par
(centrale nucléaire, satellite, avion, informatique...) ; différentes routes départementales et nationales, dont la plus courte
— l’assurance de la reproductibilité, c’est-à-dire être toujours était de 18 km. Cela occasionna d’importants embouteillages. Le préju-
capable de réaliser des produits avec le même niveau de qualité dice supporté par les usagers fut estimé à 72 MF. Les travaux de
(caractéristiques techniques, coûts, délais) ; remise en état durèrent 22 semaines et coûtèrent à l’entreprise exploi-
— l’assurance d’une évolution constante des produits et tech- tant l’autoroute 1,8 MF. Il faut ajouter à cela le manque à gagner dû au
nologies afin d’améliorer leurs capacités, précision, commodités, non-paiement du péage sur le tronçon situé entre les deux sorties
sécurité et voire de les banaliser. encadrant le pont, estimé à 8,2 MF.
Les processus visant à améliorer la qualité peuvent être schéma- Après enquête, il s’est avéré qu’il y avait eu une erreur dans les
tisés de plusieurs manières : dosages de béton et ce, de façon très localisée.
— boucle de la qualité (figure 2a ) ; Exemple 2 : l’explosion d’une navette de la NASA, dont la cause
— roue de Deming (figure 2b ) ; était, d’après les enquêteurs, un joint d’étanchéité en mauvais état qui
— maîtrise de la qualité (figure 2c ). n’aurait pas fait l’objet des vérifications préconisées.
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
AG 1 900 − 2 © Techniques de l’Ingénieur, traité L’entreprise industrielle
UP
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
agQYPP
Q
— l’absentéisme.
Évaluation de la Management de la
qualité qualité
Au global, la non-qualité coûte actuellement (toutes entreprises
confondues et tous secteurs d’activités confondus) 10 à 15 % du
chiffre d’affaires. Sachant qu’une entreprise qui génère 3 à 5 % de
Construction : définir ce que l'ont veut et comment le réaliser son chiffre d’affaires de bénéfice net est considérée comme écono-
Évaluation : quantifier les écarts qu'il y a entre ce que l'on a miquement saine, cela signifie que 4 à 5 fois le résultat net est
réalisé et ce que l'ont voulait « gaspillé ». Si l’entreprise met en œuvre une politique vis-à-vis de
Management : gérer, prendre les dispositions, afin que les écarts la qualité qui intègre cette notion de coût, elle deviendra à terme
constatés soient les plus faibles possible (2 à 3 ans) plus performante.
a boucle de la qualité Les entreprises qui génèrent 0,5 à 1 % de leur chiffre d’affaires en
non-qualité sont certainement plus compétitives : coûts de produc-
tion moins élevés, autofinancement (en partie au moins) des inves-
tissements, donc diminution des dettes. Par ailleurs, si ces
P D entreprises ont opté pour l’utilisation d’un outil de management de
la qualité intégrant la notion économique, elles sont à même d’uti-
liser à la fois les éléments de gestion « traditionnels » et les élé-
A C
ments relatifs aux coûts de la qualité. Un tel modèle existe : c’est
le coût d’obtention de la qualité.
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité L’entreprise industrielle AG 1 900 − 3
UQ
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
agQYPP
Une autre finalité du COQ est de fournir un outil supplémentaire lables, surtout si le coût de non-qualité est important également ;
d’aide à la décision aux équipes dirigeantes. il est alors nécessaire d’analyser de près l’utilisation de cet argent.
En effet, bien des décisions en matière d’actions correctives ou Il est aussi très intéressant de calculer quelques ratios ou indica-
préventives sont prises (qui débouchent nécessairement sur des teurs et de suivre leur évolution dans le temps (voir § 4). On retient
dépenses) sans qu’aucune analyse préalable pour déterminer les en priorité :
causes des dysfonctionnements n’ait été faite. En d’autres termes, — COQ/CA ;
décider d’un investissement d’ordre matériel afin d’augmenter la — CNQ/CA ;
Q
capacité de l’entreprise est bien, à condition que tout ce qui s’y — CNQ/VA ;
rapporte ne soit pas entaché de dysfonctionnements. — CNQ/COQ ;
— CP/COQ ;
Exemple 4 : considérons une entreprise voulant se doter d’une — CD/COQ.
machine automatique permettant de réaliser des assemblages mécani-
ques à grande cadence, dans le but d’augmenter sa productivité. Si, en Nota : on utilise le chiffre d’affaires (CA), ou valeur produite.
La valeur ajoutée (VA) est la production de l’année à laquelle on soustrait la consom-
amont de ce processus, les dispositions préventives concernant les mation de matières premières, de marchandises et les autres charges externes.
approvisionnements n’ont pas été prises, il est à peu près certain que
de temps en temps, le processus sera arrêté à cause de quelques D’autres ratios peuvent permettre une meilleure analyse, par
approvisionnements non conformes. Ces dispositions préventives exemple CNQ/nombre d’employés.
consistent par exemple à élaborer avec les fournisseurs (sous-contrac- Nota : ce ratio est à utiliser avec précaution car il est très concret aux yeux des salariés
et peut être un élément perturbateur si l’entreprise a des difficultés financières ou si le
tants au sens des normes ISO 9000) un plan de partenariat et à évaluer climat social est tendu. Il est alors préférable d’attendre une amélioration de la situation
la qualité de leur prestation afin de détecter des fluctuations ou des pour le publier.
tendances et d’anticiper une non-qualité sur les approvisionnements.
Exemple 5 : considérons une entreprise industrielle de 100 per-
sonnes réalisant un chiffre d’affaires de 60 MF, avec une valeur ajoutée
relativement importante. La masse salariale annuelle est ventilée de la
2.2 Éléments du COQ façon suivante :
— direction (2 pers.) : 625 kF ;
Il existe deux types de normes [Doc. AG 1 900] ; — cadres et/ou chefs de services (8 pers.) : 1 500 kF ;
— les normes dites générales ou de base et à caractère — agents de maîtrise et/ou techniciens (10 pers.) : 1 350 kF ;
organisationnel ; — employés de bureaux (15 pers.) : 1 450 kF ;
— les normes dites techniques définissant les bases et le — personnel ouvrier (65 pers.) : 6 500 kF ;
concept du COQ.
soit un total de 100 personnes et 11 425 kF.
Les éléments du COQ abordés ici ont pour base les normes tech-
Après évaluation, le coût de la non-qualité s’avère représenter 5 %
niques NFX 50-126 et NFX 50-180-1.
du chiffre d’affaires, soit 3 MF. Le rapport CNQ/nombre d’employés
Le COQ est composé de deux grandes parties : représente donc 3 000/100 soit 30 kF par employé. Le salaire moyen
— les coûts contrôlables (CC). Ce sont les dépenses volontaires net mensuel étant de l’ordre de 7,8 kF, il représente 3,84 mois de
générées pour maintenir un certain niveau de qualité. On salaire.
distingue :
• les coûts de prévention (CP) (tableau 1), générés afin de limi- Un autre rapport intéressant pour les entreprises à forte valeur
ter et de diminuer les dysfonctionnements, ajoutée est :
• les coûts de détection (CD) (tableau 2), générés afin de déceler Total des postes relevant de la valeur ajoutée
la non-qualité par la mise en œuvre de processus de contrôle sur dans la CNQ / Valeur ajoutée
les produits ;
— les coûts résultants (CR) ou coûts de non-qualité (CNQ). Ce soit CNQ – DI4 – DI10 – partie de DI15 / Valeur ajoutée.
sont les frais complémentaires et involontaires que doit supporter Nota : on ne considère que la partie de DI15 relevant des immobilisations affectées
l’entreprise du fait des dysfonctionnements. On distingue : aux stocks de produits achetés ou sous-traités, ou d’éléments externes à l’entreprise.
• les défaillances internes (DI) (tableau 3), dysfonctionnements Ce rapport représente la non-qualité générée par la mise en
internes à l’entreprise ou en amont du processus global de œuvre du processus global de l’entreprise.
l’entreprise se traduisant par une perte économique, donc un Bien que les approvisionnements et les sous-traitances non
coût, et ne touchant pas directement les clients à qui sont destinés conformes avec les achats non utilisables et avec éventuellement
les produits, une partie des coûts entraînés par la pollution puissent représenter
• les défaillances externes (DE) (tableau 4), dysfonctionnements des postes importants en volume, il n’en reste pas moins qu’une
externes à l’entreprise se traduisant par un coût et touchant direc- part importante du CNQ est « imputable » à la valeur ajoutée. Cela
tement les clients à qui sont destinés les produits (les dysfonc- montre que le processus global de l’entreprise influe grandement
tionnements relatifs aux achats et approvisionnements ne sont sur le coût de non-qualité pour les entreprises à forte valeur
pas inclus). ajoutée.
Les résultats obtenus en unité monétaire, ne sont pas très signi-
ficatifs par eux-mêmes. L’important est de regarder, d’une part,
l’évolution, la tendance d’une année ou d’un semestre n par rap-
port à une année ou un semestre n – 1 et, d’autre part, ce qu’ils 2.3 Le COQ, un outil de gestion
représentent en pourcentage par rapport à l’activité de l’entreprise
ou par rapport à des repères économiques de l’entreprise (valeur Le COQ peut devenir un outil de gestion dans le but d’améliorer
ajoutée, chiffre d’affaires, négoce...). Par ailleurs, il est intéressant la qualité dans l’entreprise.
d’analyser les valeurs extrêmes, soit parce que ces postes coûtent
beaucoup à l’entreprise, soit parce qu’ils sont très faibles et ne ■ Un principe simple consiste à investir de l’argent dans les coûts
contribuent pas à l’amélioration de la qualité. Par exemple, avec un contrôlables (CC) afin de faire baisser les coûts résultants (CR). La
poste du coût de non-qualité important, on a tout intérêt à définir baisse mesurée sur une période donnée peut être assimilée au
des actions à mener afin de le faire baisser. De même, on peut dou- « gain » généré par l’investissement. Autrement dit, on peut consi-
ter de l’efficacité d’un poste important concernant les coûts contrô- dérer que les CC sont les actions et les CR les effets.
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
AG 1 900 − 4 © Techniques de l’Ingénieur, traité L’entreprise industrielle
UR
Qualité et sécurité des systèmes industriels
(Réf. Internet 42153)
Prévention des risques professionnels. Risques liés aux bruits et vibrations AG4700 97
Sur www.techniques-ingenieur.fr
• Saisissez la référence Internet pour accéder directement aux contenus en ligne
• Retrouvez la liste complète des ressources documentaires
US
R
UT
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
agTVPP
Importance de la sécurité
dans les entreprises
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité L’entreprise industrielle AG 4 600 − 1
UU
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
agTVPP
R
Le « risque » est la possibilité de survenance d’un dommage Risque
résultant d’une exposition à un danger. Le risque est la compo- acceptable
sante de deux paramètres : la « gravité » et la « probabilité ».
Plus la gravité et la probabilité d’un événement sont élevées, 0 Probabilité
plus le risque est élevé.
Figure 1 – Évaluation du risque en fonction de la probabilité
et de la gravité
Prenons par exemple pour illustrer ces différents termes, celui de
l’alpiniste en montagne. La montagne représente un danger puisqu’elle
a le potentiel d’engendrer des situations pouvant conduire à des dom-
mages corporels tels que, par exemple, la chute de l’alpiniste. Cepen-
dant, tant que l’alpiniste ne s’aventure pas dans la montagne, il ne court
pas de risque. Le danger existe de manière continue, mais le risque ne
se concrétise que s’il y a « exposition », c’est-à-dire, dans notre exem-
2. Les différents domaines
ple, lorsque l’alpiniste entame son ascension. Il encourt alors le risque
de chute. C’est ici que les notions de gravité et de probabilité apparais-
de la sécurité
sent. La hauteur de chute potentielle caractérisera la gravité. La proba-
bilité de la chute sera, elle, fonction de la difficulté du tracé, de La notion de sécurité s’applique à des domaines très variés. Elle
l’expérience de l’alpiniste, de la météo… peut être relative aux actes de vandalisme, aux intrusions ou aux
agressions (sécurité dans les banlieues ou dans le métro, cambrio-
La gestion du risque va consister, dans l’industrie comme en
lages). La sécurité peut avoir aussi une connotation sociale (sécurité
course de montagne, à prendre toutes les dispositions possibles
de l’emploi, sécurité sociale). Il s’agit alors de préserver une situa-
pour minimiser le risque. Pour cela, on peut soit supprimer l’exposi-
tion professionnelle ou financière. Pour distinguer ce type de sécu-
tion au danger, soit agir sur la gravité et/ou la probabilité, compo-
rité, les Anglais utilisent un terme spécifique « security ».
santes du risque.
D’autres aspects de la sécurité sont rassemblés en anglais sous le
Notre alpiniste peut en effet renoncer à sa course. Il annule ainsi
mot « safety ». Ils peuvent concerner la fiabilité des moyens de
le risque en éliminant l’exposition. C’est, on l’aura compris, la solu-
transports (accidents de trains, de camions, d’avions). Les médias
tion la plus radicale, ce n’est pas toujours la plus aisée dans l’indus-
évoquent très souvent la sécurité alimentaire (maladie de la vache
trie. On peut cependant trouver des exemples où la substitution
folle, listériose). Les activités domestiques engendrent également
dans un procédé de matières premières dangereuses par des matiè-
un nombre très (trop) élevé d’accidents puisqu’elles sont la cause en
res premières plus aisées d’emploi permet de supprimer le danger
France de 18 000 morts chaque année. La plupart de nos activités
présenté par ces matières.
ont donc un lien avec la sécurité. C’est évidemment le cas des acti-
À défaut de pouvoir utiliser une solution aussi radicale qui sup- vités industrielles.
prime le danger, on peut agir sur les deux paramètres du risque.
■ Si l’on parle de sécurité dans l’industrie, ce sont les accidents de
Réduire la gravité, c’est effectuer une action de protection. personnes, les incendies et explosions qui viennent d’abord à
Dans le cas de notre alpiniste, lui demander de s’équiper d’un sys- l’esprit de nos concitoyens. Des catastrophes telles que celles surve-
tème d’assurance correctement fixé ou placer des filets en contre- nues à Bhopal ou Flixborough ont marqué les esprits. Les accidents
bas des passages difficiles n’empêchera pas l’alpiniste de chuter. du travail sont la cause d’environ 700 décès en France chaque
Mais ces dispositifs rendront la chute moins haute et donc réduiront année, chiffre à comparer avec les 8 000 morts sur la route ou,
sa gravité. comme nous venons de le voir, les 18 000 accidents domestiques
Réduire la probabilité, c’est faire une action de prévention. mortels. Cette mortalité plus faible dans l’industrie n’est pas surpre-
Aménager le parcours en supprimant les obstacles pouvant poser nante car la protection des hommes et des biens figure depuis plu-
problème, installer des dispositifs sur lesquels l’alpiniste pourra sieurs années parmi les premières préoccupations des industriels.
prendre appui sont des mesures qui n’auront pas spécialement Les enseignements tirés de chaque accident majeur (retour
d’impact sur la gravité de la chute mais qui vont concourir à réduire d’expérience) ont conduit l’administration à renforcer la réglemen-
sa probabilité. tation. La directive Seveso (1982), établie après l’accident dans la
La figure 1 illustre ces différentes définitions relatives au risque. localité du même nom, a rendu obligatoire, pour chaque installation
Dans tous les cas, que ce soit pour notre alpiniste ou dans le relevant de ce texte, la réalisation par l’exploitant d’une étude de
monde industriel, l’objectif est de réduire le risque à un niveau dangers devant définir les risques de l’installation et le conduisant à
acceptable. Ce niveau d’acceptabilité du risque est d’ailleurs très mettre en place les mesures apparaissant nécessaires pour attein-
variable entre, par exemple, le risque « accepté » et pourtant élevé, dre un niveau de sécurité acceptable.
lié à la conduite automobile et le risque plus faible, mais « subi » par Le risque zéro n’existant pas, la directive impose également la
les riverains, suite à l’implantation d’une unité chimique à proximité mise en place d’un Plan d’Opération Interne (POI) qui, à partir des
d’habitations. Ce niveau d’acceptabilité est aussi fonction des diffé- scénarios d’accident envisageables, définit les moyens dont
rences culturelles, la mortalité étant, par exemple, très différem- l’exploitant doit disposer pour faire face à la survenance de ces scé-
ment perçue dans certains pays par rapport au traumatisme qu’elle narios. Ces moyens sont des moyens internes tels que véhicules
engendre en Europe. incendie, pompiers professionnels (pour les sites importants) ou
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
AG 4 600 − 2 © Techniques de l’Ingénieur, traité L’entreprise industrielle
UV
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
agTVPU
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité L’entreprise industrielle AG 4 605 − 1
UW
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
agTVPU
1. Éléments de maîtrise
des risques Rassembler les connaissances
Évaluation du risque
1.1 Principes généraux et définitions
Se former un jugement
Pour une société exerçant des activités industrielles, vouloir assu-
rer la maîtrise des risques liés à ses activités signifie, au premier
chef, que les préoccupations correspondantes figurent au nombre
de ses objectifs et sont déclarées comme telles.
De façon générale, cela signifie qu’en premier lieu l’entreprise se
Prendre une décision
dote en la matière :
— d’abord, d’une politique définissant les valeurs et objectifs Gestion du risque
correspondants ;
— ensuite, d’une organisation et de moyens ; Assurer la mise en œuvre
— enfin, d’un ensemble de méthodes et procédures.
Par ailleurs, prétendre avoir la maîtrise d’un système suppose que
l’on dispose des connaissances nécessaires pour en avoir une com-
préhension convenable et que l’on a su définir et mettre en œuvre Figure 1 – Gestion du risque industriel
les dispositions techniques et organisationnelles permettant d’en
contrôler le fonctionnement et de réagir aux événements imprévus.
Ainsi de façon générale, vouloir assurer la maîtrise des risques
liés à un nouveau projet (nouveau produit, nouvelle activité) sup-
pose dans l’ordre que : Dans le présent document nous utiliserons les définitions sui-
— l’on dispose des connaissances nécessaires ; vantes (figure 2) :
— l’on se soit formé un jugement au regard de ces connais- — danger : propriété intrinsèque à une substance, à un sys-
sances, de règles (internes ou externes) établies et d’un système de tème qui peut conduire à un dommage ;
valeurs (internes ou externes) existant ; — situation de danger : situation caractérisée par la coexis-
— l’on adopte en conséquence une décision ; tence, éventuellement temporaire, d’un élément de danger en
— l’on procède ensuite à la mise en œuvre de cette décision, dans interaction potentielle avec un « élément vulnérable » suscep-
le respect des éléments qui y ont conduit. tible de subir des dommages ;
— risque accidentel : il caractérise la survenue du dommage
Les deux premières étapes constituent les éléments de ce que l’on
potentiel lié à une situation de danger. Il est habituellement
appelle l’évaluation du risque ; les deux dernières étapes consti-
défini par deux éléments : la probabilité de survenue du dom-
tuent les éléments de ce que l’on appelle la maîtrise du risque
mage et la gravité des conséquences.
(figure 1).
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
AG 4 605 − 2 © Techniques de l’Ingénieur, traité L’entreprise industrielle
UX
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
agTVPX
R
Expert en sûreté de fonctionnement à la Direction déléguée Système d’exploitation
et sécurité à la SNCF
Vice-président de l’Institut de sûreté de fonctionnement
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Conception - Production AG 4 608 − 1
UY
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
agTVPX
R
fique. C’est le retour d’expérience qui fournit ces données ! — la recherche de l’existence et du fonctionnement des boucles
de rattrapage, de la défense en profondeur. Le retour d’expérience
Une organisation s’évalue par ses performances. La mesure de
ne s’intéresse pas seulement aux événements aux conséquences
certaines performances (fiabilité, sécurité...) peut passer par un
lourdes lors desquels le système de sécurité ou de production a
retour d’expérience !
failli. Il s’intéresse aussi aux événements lors desquels un événe-
Le management de la sécurité passe généralement par la ment initial aurait pu conduire à une catastrophe mais la défense en
connaissance des risques, la motivation à les réduire de tout le per- profondeur, les « boucles de rattrapage » ont évité les conséquences
sonnel concerné. Analyser les échecs avec les acteurs, diffuser, par- sérieuses. L’intérêt pour ces réussites de la défense du système est
tager l’information sur les dysfonctionnements est une démarche qualifié de « retour d’expérience positif ». Il peut mettre en évidence
essentielle d’implication du personnel. C’est du retour d’expérience ! des fonctionnements prescrits, mais aussi des rattrapages imprévus
Innover est dans la plupart des activités économiques une néces- et rejoint alors la première acception citée du « retour d’expérience
sité... qui ne dispense pas d’exigences de qualité, de sûreté de positif ».
fonctionnement. L’innovation consiste, bien entendu, à prendre un
risque. Pour que les avantages de l’innovation ne soient pas per-
dus, compensés par les défauts de jeunesse, il faut exploiter au
plus vite l’expérience qui se constitue.
L’innovateur garde longtemps un avantage sur ses suiveurs
2. Quoi ?
grâce au retour d’expérience : alors que son innovation est déjà
copiée, il garde longtemps une expérience d’avance et, s’il
l’exploite, une maîtrise des risques très supérieure à celle de ses 2.1 Produit du retour d’expérience
concurrents.
La sûreté de fonctionnement en général, la maîtrise de la disponi-
Le retour d’expérience produit de la connaissance sur un sys-
bilité en particulier est affaire de compromis, d’équilibre. Les actions
tème, de la connaissance déduite de son passé.
qui peuvent augmenter la fiabilité (réduire la fréquence des inci-
dents) ou la maintenabilité (réduire les conséquences, en général la Il peut produire des évaluations du fonctionnement du système :
durée des incidents) ont un coût. C’est en mettant ce coût en rapport nombre et nature des écarts, des échecs, coûts, production.
avec la fréquence et la gravité vraisemblables des incidents que l’on Il peut produire la description des scénarios de fonctionnement
peut faire les choix les plus proches de l’optimum et mettre en ayant conduit à des résultats particuliers (accidents par exemple).
œuvre avec précision la politique de l’entreprise. Le retour d’expé-
rience est indispensable pour connaître le comportement des sys- Il peut produire des données de sûreté de fonctionnement (fré-
tèmes dans leurs milieux, dans les conditions réelles de leur quences, gravités d’événements redoutés, dispersions de valeurs a
utilisation. priori aléatoires comme des durées de bon fonctionnement de
composants...).
Une politique de maintenance, un dimensionnement de stock de
pièces de rechange, une politique de garantie au client... se
construisent bien à partir de la connaissance des comportements
possibles du produit ou du service fournis. 2.2 Effets du retour d’expérience
Un système complexe ne fonctionne jamais simplement comme
ses concepteurs ou ses organisateurs le décrivent. D’une part, la Le retour d’expérience en soi ne prend pas de décision ; il pro-
complexité exige des quantités de choix, d’ajustements, d’adapta- duit de la connaissance et cette connaissance est essentielle dans
tions plus fins, plus détaillés, plus variés selon les circonstances, la prise de décision.
pour mettre en œuvre concrètement la conception. Les acteurs
doivent trouver des solutions aux problèmes qui se présentent ; ils La connaissance produite par le retour d’expérience peut être le
perçoivent et exploitent des possibilités non prévues ou recon- déclencheur de décisions. C’est le cas classique de l’accident :
nues, différentes d’une situation à une autre. Quand on analyse de l’accident remet en cause le système de sécurité, l’enquête établit
près un système complexe, on constate qu’il fonctionne partielle- le scénario de l’accident, l’analyse de l’accident met en évidence
ment autrement et bien souvent qu’il atteint les objectifs fixés, qu’il les failles ou les faiblesses qui l’expliquent et des décisions rapides
réalise ses performances pour d’autres raisons que celles mises en sont attendues pour réduire ces possibilités d’accident.
avant lors de la conception. La connaissance produite par le retour d’expérience est aussi un
Toute modification du système fondée sur son fonctionnement trésor dans lequel on vient puiser au moment de faire des choix.
théorique expose à détruire des barrières de sécurité importantes En présence de choix, à la recherche de prévisions permettant
et non reconnues, à le dégrader de façon incompréhensible. d’évaluer les possibilités, le retour d’expérience est souvent solli-
Appuyer des analyses de risque sur les performances globales cité.
constatées du système et les attribuer d’office aux mesures pré- Dans les deux cas, mais surtout dans le second, le retour d’expé-
vues en conception sans rechercher les mesures que l’expérience rience ne sera à la hauteur des espérances que s’il a été conçu et
du système et de ses acteurs ont ajouté sans en faire état, c’est réalisé en prévision des attentes, des sollicitations, des interro-
aller droit à des échecs qui peuvent être très lourds de gations, et cela sur des durées de plusieurs années.
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
AG 4 608 − 2 © Techniques de l’Ingénieur, traité Conception - Production
VP
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
agTVQP
Retour d’expérience
dans les industries de procédé
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité L’entreprise industrielle AG 4 610 − 1
VQ
R
VR
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
seTVRP
VS
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
seTVRP
sécurité. Ce SGS peut être décrit (généralement est décrit) dans un document
(ou un ensemble de documents). Il s’agit donc de mesures stables, explicites
dont la réalité est, en principe, contrôlable.
Dans la logique qui prévaut aujourd’hui dans le monde de l’économie libérale,
les États (collectivement et individuellement) réglementent, fixent des objectifs
au nom des populations et contrôlent (ou le font faire). Il appartient aux exploi-
tants d’élaborer les processus et les mesures organisationnelles propres à
réaliser leur activité selon leurs critères de qualité en respectant les exigences
légales et réglementaires. Dans le domaine des activités « à risques » (énergie,
transport, chimie...), l’exploitant doit apporter a priori (avant de commencer à
exploiter) des éléments propres à convaincre les autorités de sa capacité et de sa
R volonté à exploiter dans des conditions de sécurité acceptables.
Dans ce contexte, le SGS des exploitants de systèmes « à risques » joue
désormais un rôle central. Il est exigé par nombre de réglementations natio-
nales ou supranationales ; il forme la base des relations entre exploitants et
autorités délivrant des autorisations ou organismes de contrôle, et structure la
maîtrise des risques des entreprises concernées.
La dérive la plus courante consiste à écrire un SGS pour satisfaire des exi-
gences administratives et obtenir des autorisations sans que celui-ci soit
l’expression de la réalité de l’entreprise. Une équipe, souvent externe, constitue
un dossier fondé sur sa connaissance des attentes des autorités, mais en
« perturbant » le moins possible l’entreprise. Celle-ci vit alors une double vie
quelque peu schizophrène : la vie réelle (et cachée) et la vie officielle sur le papier.
Évidemment, cet écart entre management de la sécurité réel et management
de la sécurité officiel est contre-productif. Pour être utile, pour contribuer aux
succès de l’entreprise, le SGS doit être adapté aux particularités de l’organisa-
tion, il doit lui être propre (« lui aller comme un gant », « lui coller à la peau »),
les personnels doivent s’y reconnaître, il doit exprimer du réel et non du théo-
rique. Par conséquent, il doit évoluer avec l’entreprise, suivre, accompagner,
participer à ses transformations.
Cependant, le SGS est un outil fondamental et puissant de dialogue entre
l’organisation et son environnement, en particulier les autorités représentant les
intérêts du public. Pour jouer utilement ce rôle, il doit parler un langage commun
à l’organisation et à ses interlocuteurs ; il doit faire dialoguer l’entreprise (avec
ses spécificités de langages, de culture, d’organisation interne, de métiers, etc.)
et les autorités, l’administration (avec son langage, sa culture, ses normes, etc.).
À ce titre, il est important pour le succès de la démarche SGS d’expliciter le
sens de la démarche, de formuler des recommandations, d’échanger et de
publier des principes, des lignes directrices afin de construire une
compréhension, un esprit commun du SGS tout en préservant une grande lati-
tude d’adaptation et de personnalisation à chaque organisation.
Il est tentant de normaliser le SGS car il est plus facile pour l’entreprise d’acheter
un modèle de dossier, et pour le contrôleur de compter les écarts formels au
modèle. Ce serait pourtant tuer l’intérêt et l’utilité du SGS qui doit être l’expression
d’une compréhension et d’une appropriation par les responsables de l’exploitant
comme de l’autorité des nécessités de la maîtrise des risques.
Le but de cet article est donc de faire partager les consensus existant sur la
notion de SGS.
VT
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
seTVRP
1.2 Un mot d’historique : SGS formalisé Beaucoup d’entreprises mettent ou ambitionnent de mettre en
place des « systèmes de gestion intégrés ». Les fonctions du SGS
et prévention des risques sont alors assurées par ce système de gestion intégré. Il importe
professionnels de s’assurer de leur présence et de leur pérennité dans ce système
plus vaste. Ces systèmes de gestion intégrés présentent l’avan-
Les entreprises françaises sont, en général, familiarisées avec le tage, s’ils sont bien construits, d’éliminer les conflits entre divers
« document unique » exigé par la réglementation qui enregistre systèmes de gestion (de la sécurité du personnel, de la sécurité de
par écrit les résultats d’une démarche d’identification, d’évaluation l’exploitation, des ressources humaines, des achats, etc.) qui, iné-
et de réduction à des niveaux acceptables des risques courus par vitablement, se rencontrent sur des sujets affectant la sécurité et
le personnel. peuvent la soumettre à des tiraillements préjudiciables ou à des
L’INRS et de nombreux professionnels recommandent aux jeux de pouvoir dangereux.
entreprises d’aller plus loin en adoptant un SMS (système de
R
management de la santé et de la sécurité au travail) pour faire de
la démarche de maîtrise des risques professionnels plus qu’une 1.4 Normes et référentiels de SGS
démarche de conformité réglementaire obligatoire : une démarche
de progrès [4]. De grandes entreprises ont construit leurs propres référentiels.
Les éléments constitutifs d’un système de management de la Des référentiels sectoriels ont peu à peu vu le jour, par exemple :
santé et de la sécurité au travail sont les démarches de la maîtrise – dans l’industrie chimique, le référentiel OHSAS 18000 est parti-
des risques adaptées à la problématique des risques professionnels. culièrement répandu et prisé ;
– dans l’industrie nucléaire, l’INSAG 13 est la référence interna-
Le même principe sous-tend donc la prévention des risques
tionale Management of operational safety in nuclear power plants ;
majeurs ou risques d’accidents industriels ou de transports. Le
– dans le transport, le Department of Transportation des USA,
système de gestion de la sécurité d’une entreprise qui met en
l’OACI (agence de l’ONU en charge du transport aérien), l’agence
œuvre des processus potentiellement dangereux (chimie, trans-
européenne ferroviaire (ERA) et bien d’autres publient normes et
ports, énergie...) est significativement plus complexe et plus riche
recommandations.
que le document unique d’une entreprise dont le personnel n’est
pas exposé à d’autres risques que dans la vie courante, mais le
principe de base est le même.
2. Contenu du SGS
1.3 SGS formalisé pour les PME/PMI
Le SGS est-il un outil utile à toutes les organisations, des PME aux 2.1 Quelques références
grands groupes, ou n’est-il adapté qu’aux grandes organisations ?
Cet article s’appuie en particulier sur les références suivantes :
Le principe et l’obligation légale ou réglementaire là où elle – le dossier [AG 4 650] des Techniques de l’Ingénieur « Système
existe ne fait pas de différence selon la taille de l’organisation. La de management de la sécurité. Mise en place sur site » de B.
gestion de la sécurité concerne toutes les organisations ; l’utilité Charavel ;
d’un système de gestion de la sécurité est aussi grande pour une – l’arrêté du 10 mai 2000 (ci-dessous nommé l’arrêté du 10 mai
petite que pour une grande organisation. La formalisation de la 2000) [1] ;
gestion de la sécurité est nécessaire quand la communication sur – le guide pratique de mise en œuvre des systèmes de gestion
cette gestion de la sécurité est nécessaire : en particulier, quand de la sécurité par les entreprises de transport aérien public et les
une autorité doit donner des autorisations, donc doit être organismes de maintenance » (ci-dessous nommé le guide
convaincue de la capacité de l’organisation à gérer la sécurité. pratique de la DGAC) [2] ;
En revanche, la forme que prend le SGS formalisé n’est pas uni- – la directive 2004/49/CE du parlement européen et du conseil du
forme, loin s’en faut. De façon générale, le SGS doit refléter « la 29 avril 2004 (ci-dessous nommé la directive sur la sécurité
vraie vie » de l’organisation ; il est bien évident que PME et grands ferroviaire) [3].
groupes ne fonctionnent pas de la même façon ; les SGS vont
refléter ces différences.
Pourquoi alors décrire le SGS d’une façon qui paraît adaptée 2.2 Composantes du SGS dans trois
aux grands groupes et non aux PME ? Parce que les diverses fonc- documents de référence
tions et leur articulation sont plus lisibles dans une grande organi-
sation. Les fonctions d’un SGS décrites dans cet article peuvent ne ■ Annexe 3 de l’arrêté du 10 mai 2000
pas être toutes nécessaires dans une organisation de petite taille ; Il commence par :
de plus, celles qui sont nécessaires ne se matérialisent pas cha-
cune dans une entité ou un document séparé. Plusieurs de ces « Le système de gestion de la sécurité s’inscrit dans le système
fonctions sont fondues ensemble et avec d’autres qui ne relèvent de gestion général de l’établissement ».
pas du SGS dans une entité, dans un document, dans les fonctions Il divise ensuite le SGS en sept « situations ou aspects » :
d’un poste de travail, etc. 1. Organisation, formation (fonctions des personnels, identifica-
La description faite ici d’un SGS qui juxtapose les différentes tion des personnels extérieurs à l’établissement impliqués et inter-
fonctions dont il se compose a le caractère un peu artificiel d’une faces avec ces personnels).
description pédagogique ; dans la « vraie vie », même dans une 2. Identification et évaluation des risques d’accidents majeurs.
grande organisation, ces différents éléments sont plus ou moins 3. Maîtrise des procédés, maîtrise d’exploitation (phases de mise
fondus entre eux et avec d’autres. Il appartient à l’organisation qui à l’arrêt, de démarrage, d’arrêt, opérations d’entretien et de main-
veut s’assurer qu’elle a (ou qui veut se construire) un SGS de trou- tenance comprises).
ver dans son fonctionnement sous quel nom et sous quelle forme 4. Gestion des modifications.
les fonctions et activités décrites ici de façon désincarnée sont 5. Gestion des situations d’urgence (procédures, formation,
réellement présentes dans l’organisation (ou peuvent être mises expérimentations, aménagements).
en place en cohérence avec l’existant et les objectifs) afin de les 6. Gestion du retour d’expérience.
mettre en évidence pour convaincre et d’en prendre conscience 7. Contrôle du système de gestion de la sécurité, (contrôles,
pour les préserver. audits et revues de direction).
VU
R
VV
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
agTVUP
il est un fait certain que les entreprises obtenant les meilleurs résultats de sécu-
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité L’entreprise industrielle AG 4 650 − 1
VW
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
agTVUP
rité sont celles qui ont pris conscience de la nécessité de s’occuper de sécurité à
tous les niveaux et dans tous les domaines. Elles ont pour la plupart mis en place
des systèmes de management de la sécurité (SMS) faisant partie intégrante du
management global.
Il est extrêmement rare de voir de nos jours des entreprises ou des sites indus-
triels qui ne se sentent pas concernés par les questions de sécurité, mais il est
beaucoup plus courant de voir certaines de ces entreprises ne prendre en
compte qu’une partie du problème, très souvent la « partie visible de l’iceberg »
et d’être confrontées un jour à un accident grave que personne n’avait prévu.
L’objectif de cet article est de donner le minimum d’informations nécessaires,
jugées indispensables à qui dirigeant d’entreprise, responsable de site, respon-
R sable sécurité, veut mettre en place un système de management de la sécurité
global, simple, efficace, qui conduira certainement l’entreprise à une améliora-
tion continue de ses résultats.
Alain Gayon, dans l’article AG 4 600, démontre clairement l’importance de la
sécurité dans les entreprises. Nous allons ici exposer les moyens pour y parvenir
à travers la mise en place d’un système de management intégré à la marche de
l’entreprise et/ou du site industriel.
La notion de sécurité est trop souvent associée à une situation où 1.1 Démarche volontaire et création
tout accident est totalement impossible. Le dictionnaire Larousse en
donne même la définition suivante : « sécurité : situation où l’on n’a
de valeurs
aucun danger à craindre ». Cette définition est trop restrictive car
elle ne correspond pas à ce concept de management retenu par les
principales sociétés industrielles. La notion de sécurité dans les entreprises a fortement évolué ces
dernières années. Dans les années 1960, la sécurité était perçue
De nombreux exemples montrent clairement que des accidents comme une contrainte imposée par les organismes extérieurs,
sont arrivés alors que les acteurs industriels pensaient être en totale essentiellement administratifs, chargés de mettre en œuvre des
sécurité. Citons quelques cas d’une liste extrêmement longue de réglementations et très souvent interprétées par l’industriel comme
catastrophes survenues au XXe siècle : coûteuses et sans valeur ajoutée par rapport à une assurance.
– naufrage du Titanic en 1912 ;
– Challenger en 1986 (explosion de la navette américaine au Fort heureusement, ces contraintes administratives existent tou-
décollage) ; jours pour certaines activités industrielles dites à risques et sont
incontournables. À titre d’exemple, la nouvelle directive Seveso II
– Flixborough au Royaume-Uni en 1974 (incendie causé par une (2000) impose aux sites concernés de mettre en place un système
fuite de cyclohexane) ; de management de la sécurité [AG 4 600].
– Three Miles - Island en 1979 (émissions radioactives dans une
centrale nucléaire américaine) ; Depuis les années 1980, les analyses d’accidents avec leurs con-
séquences directes et indirectes ont clairement fait apparaître que la
– Bhopal en Inde en 1984 (fuite de méthyl isocyanate) ;
plupart des accidents peuvent être évités si un minimum de moyens
– Tchernobyl en Ukraine en 1986 (explosion d’un réacteur techniques et/ou organisationnels sont mis en place. Le coût d’un
nucléaire) ; accident, pour une entreprise, est très largement supérieur à ce que
– Sandoz en Suisse en 1984 (incendie d’un magasin de stockage) ; n’importe quelle compagnie d’assurance peut garantir pour ce type
– Mexico (explosion de type BLEVE – boiling liquid expansion d’accident. On estime à 10 % environ du coût total d’un accident
vapor explosion – survenu sur un stockage de propane liquéfié) ; (coûts direct + coûts indirects) la somme remboursée par une com-
pagnie d’assurance suite à un accident grave. De plus, les consé-
– port Herriot sur le Rhône à Pierre-Bénite en 1989 (incendie puis quences d’un accident pour une entreprise sont parfois très
explosion de cuves de stockage d’hydrocarbures). sérieuses, pouvant entraîner sa disparition pure et simple.
L’article [SE 1 045] analyse certains de ces accidents, en donne les Exemple : l’accident de Bhopal en 1984 a entraîné la disparition de
causes et les conséquences. la compagnie Union-Carbide.
L’analyse de ces accidents montre qu’un minimum de manage-
ment aurait très certainement réduit leur probabilité d’occurrence. Ainsi, maîtriser les risques accidentels revient à diminuer les
Nota : le Bureau des analyses des risques de pollution industrielle (BARPI), qui dépend pertes humaines et financières, en limitant l’atteinte à l’intégrité
du ministère de l’Industrie, analyse pour la France la plupart des accidents survenus dans des personnes et en évitant un déficit d’image de marque et des
les activités industrielles, qu’il s’agisse d’industries de procédé, de transports ou d’indus-
tries manufacturières.
pertes de parts de marchés.
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
AG 4 650 − 2 © Techniques de l’Ingénieur, traité L’entreprise industrielle
VX
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
agTVUP
15
13,8
12,8 12,8
12,3
12
12 11,6
9
8
7,2 7,2
R
6
5,1 5 5
3
3 2,6
2,1
1,3
1 1
0,6
0,3 0,28
0
1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999
À partir de ces constatations, la mise en place d’un système de 1.3 SMS et réglementation locale
management de la sécurité (SMS) intègre aujourd’hui une nouvelle
notion qui est celle de la création de valeur. Il est très généralement
admis aujourd’hui qu’un SMS efficace et optimal contribue à La globalisation et la distribution mondiale des produits entraîne
l’amélioration de la rentabilité de l’entreprise. Cela est confirmé par aujourd’hui une internationalisation des sites de production. Un
une étude réalisée en 1994 par le Centre européen des fabrications SMS quel qu’il soit ne peut ignorer les réglementations locales aux-
de l’industrie chimique (CEFIC) qui montre clairement qu’il existe quelles l’industriel doit se soumettre.
une relation entre la rentabilité propre d’une entreprise et les taux Si une réglementation existe dans le pays concerné et que certai-
de fréquence des accidents (TF1, TF2, § 3.1) : les entreprises les plus nes demandes sont plus contraignantes que le système développé,
performantes économiquement sont celles qui ont les meilleurs c’est la réglementation locale qui s’applique.
résultats de sécurité. Une étude analogue aux États-Unis réalisée
par le Chemical Manufacturers of America (CMA) confirme ces Si aucune réglementation locale n’existe ou si cette réglemen-
résultats. tation est moins contraignante que le système de management
défini par l’entreprise, c’est ce dernier qui s’applique.
Il en va de même pour l’amélioration des résultats économiques
qui suivent très sensiblement l’amélioration des résultats de sécu- Les recommandations données par la suite pour l’établissement
rité (figure 1). Cette corrélation tient au fait que la mise en place d’un d’un SMS sur un site industriel doivent être considérées comme exi-
SMS est étroitement liée au management global de l’entreprise. gences minimales dans les cas où aucune réglementation locale ne
Bien manager la sécurité équivaut à bien manager l’entreprise et vient s’ajouter ou se substituer à celle-ci.
réciproquement. C’est pourquoi certaines entreprises, comme
DuPont (États-Unis) considèrent que les performances de sécurité
doivent être prises comme indicateur prioritaire. 1.4 SMS dans l’entreprise
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité L’entreprise industrielle AG 4 650 − 3
VY
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
agTVUP
Le terme de sécurité englobe en fait un ensemble communément tion sur les principes de base qu’il faut absolument suivre si l’on
appelé HSE pour hygiène, sécurité, environnement : veut obtenir un système de management efficace et bénéfique pour
— hygiène : risques pour la santé, suite à des expositions chroni- le site et pour l’entreprise.
ques pour les personnes travaillant sur le site industriel ou pour les
utilisateurs des produits commercialisés ;
— sécurité : risques accidentels, sur les personnes, les biens et
l’environnement ;
2. Aspects organisationnels
— environnement : protection de l’environnement immédiat ou
lointain vis-à-vis des émissions chroniques du site. Dans un premier temps, il est nécessaire de clarifier l’organi-
gramme du site (§ 2.1) et de nommer un responsable (§ 2.2). L’enga-
Certaines entreprises de dimension internationale ont développé gement de la hiérarchie, et de la direction en particulier, à tous les
et mis en place des SMS types qu’ils proposent sur le marché. niveaux est essentiel (§ 2.3). La mise en place du SMS suppose non
R
Exemples : seulement de définir les fonctions de chacun (§ 2.4) et de fixer les
objectifs (§ 2.5), mais aussi d’établir le système de formation qui
■ DuPont propose les produits suivants : l’accompagne (§ 2.6).
— système de management basé sur douze éléments considérés
comme fondamentaux ;
— STOP (safety training observation program), basé sur l’étude du 2.1 Organigramme du site
comportement des opérateurs ;
— BST (behaviour safety training) basé aussi sur le comportement ;
■ DNV (Der Norske Veritas) développe et commercialise des systè- Un organigramme du site montre les fonctions et services, avec le
mes intégrés de management : ISRS (International Safety Rating Sys- nom des responsables. La fonction de chaque personne et le ratta-
tem) [1], IERS (International Environment Rating System), IQRS chement à sa hiérarchie doivent apparaître dans l’organigramme.
(International Quality Rating System). Dans le cas d’un site important, l’organigramme peut être en plu-
sieurs parties : un organigramme montrant l’ensemble du site et un
D’autres entreprises ont développé leur propre système de mana- organigramme détaillé pour chaque fonction et/ou service.
gement.
Sur tout document concernant l’organigramme doivent figurer la
■ Rhône-Poulenc : SIMSERP, système intégrant le management de la date de mise à jour ainsi que la signature du responsable hiérarchi-
sécurité et de l’environnement chez Rhône-Poulenc, composé de que, chef d’établissement ou chef d’entreprise pour un organi-
vingt-quatre éléments. gramme général de site, chef de service pour un organigramme de
fonction ou de service.
■ Rhodia : 3 R HSE, règles et recommandations de Rhodia pour le
management HSE. Les différents postes sont décrits dans des notes de définition de
fonction qui doivent inclure l’aspect « sécurité ».
■ Groupe SNPE : système de management constitué autour de qua- Nota : lorsque l’administration effectue une enquête suite à un accident ou à un événe-
tre éléments. ment grave survenu sur un site, l’organigramme est très souvent le premier élément
demandé et consulté par les enquêteurs.
■ ESSO : OIMS, operations integrity management system qui repose
sur onze éléments.
■ Département GME (grande masse Europe) d’Air Liquide : sys- 2.2 Responsable ou coordinateur sécurité
tème basé sur les normes ISO 9002 et ISO 14001.
■ EPSC (European Process Safety Centre) : Safety Management Cette personne doit apparaître sur l’organigramme, de préférence
System, Sharing Experience in Process Safety, système principale- rattachée au plus haut niveau hiérarchique. Cela peut être le chef
ment développé pour la sécurité des procédés [2] [3]. d’établissement (directeur d’usine, président de la société si le site
et l’entreprise sont confondus) ou une personne qui lui est directe-
La norme anglaise BS 8750, relative aux systèmes de mana- ment rattachée.
gement de la sécurité, concerne principalement la protection Parler d’un responsable ou d’un coordinateur n’est pas innocent ;
des travailleurs dans le domaine de la prévention des accidents cela signifie que la personne en question représente l’entreprise
du travail. En 2001, cette norme n’a pas encore été reprise par auprès de l’administration et des tribunaux. La notion de responsa-
l’ISO. bilité intègre donc la notion de pouvoir de décision. Ce pouvoir
implique d’avoir à disposition des moyens financiers et humains. Si
Les entreprises qui ont développé et mis en place des systèmes ce n’est pas le cas, cette personne ne pourra qu’être qu’un coordina-
de management de la sécurité ont bien entendu pris en compte les teur sécurité. Le véritable responsable de la sécurité sera alors son
spécificités de leurs métiers. Toutefois, tous reposent sur les princi- supérieur hiérarchique, le chef d’établissement.
pes fondamentaux suivants, que nous allons développer dans la
suite de l’article : Cette notion essentielle de responsabilité doit être clairement
— connaissance exhaustive de l’ensemble des activités ; explicitée dans la définition de fonction.
— principe de l’amélioration continue ;
— recherche de performances optimales ;
— intégration du SMS au management de la qualité totale ;
2.3 Engagement de la direction
— application de la règle de la roue de Deming, PDCA (plan, do,
check, action). Il existe de nombreux exemples positifs dans le cas d’un engage-
ment, et négatifs dans les cas où les directions ne se sont pas impli-
Il n’est pas question de retranscrire et d’analyser ici l’ensemble
quées qui confirment cette nécessité. C’est un acte volontaire de la
des systèmes de management de la sécurité développés dans le
part du management.
monde, qu’ils soient associés ou non avec d’autres tels ceux qui
intègrent le management de l’environnement et/ou de la qualité, La direction du site, son directeur ou toute l’équipe de direction,
mais de donner au lecteur qui désire se lancer sur son site industriel s’engage par écrit sur un certain nombre de points concernant
dans la mise en place d’un management de la sécurité, une informa- l’amélioration des performances de sécurité (encadré 1).
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
AG 4 650 − 4 © Techniques de l’Ingénieur, traité L’entreprise industrielle
WP
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
agTVUU
Risques et assurances
R
Responsable Souscription Risques Industriels à GAN Eurocourtage
et Alain LEROY
Ingénieur de l’Ecole nationale supérieure des techniques avancées (ENSTA)
Directeur de Fractal Système
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité L’entreprise industrielle AG 4 655 − 1
WQ
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
agTVUU
ENTREPRISE
Humaines 2.1 Assurabilité d’un risque
(conception/production/ Produits
Informations transformation/stockage/ prestations Les compagnies d’assurance font la distinction entre :
et prestations vente...)
intellectuelles — le risque dit spéculatif (dit aussi « d’entreprise ») provenant
d’une décision délibérée du chef d’entreprise en vue de réaliser ses
Financières objectifs (par exemple : échec commercial d’un produit) ;
— le risque dit pur (dit aussi « assurable »), conséquence d’évé-
nements accidentels ou fortuits (par exemple : incendie, erreur de
calcul).
Risques Le risque pur étant indépendant de la volonté du décideur
(risque fortuit), lui seul peut être couvert par une police
Figure 1 – Les ressources de l’entreprise d’assurance.
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
AG 4 655 − 2 © Techniques de l’Ingénieur, traité L’entreprise industrielle
WR
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
agTVUU
(0)
R
Moyens informatiques
Casse Ingénierie sécurité physique TOUS RISQUES INFORMATIQUES
Unités de production Assurance RC
Rupture, fuite Ingénierie protection de l’environnement
et de stockage ATTEINTE À L’ENVIRONNEMENT
Assurance RC
Milieu extérieur Pollution accidentelle Ingénierie protection de l’environnement
ATTEINTE À L’ENVIRONNEMENT
Moyens de transport Accidents Formation Assurance FLOTTES AUTO
Dommages à l’utilisateur Sécurité produit Assurance RC PRODUIT
Produit Non-atteinte des Analyse de risque Non applicable
performances
(0)
(0)
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité L’entreprise industrielle AG 4 655 − 3
WS
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
agTVUU
(0)
Assurance
Destruction physique Ingénierie sécurité physique
TOUS RISQUES INFORMATIQUES
Système d’information
Assurance
Destruction logique (écrasement) Ingénierie sécurité logique
TOUS RISQUES INFORMATIQUES
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
AG 4 655 − 4 © Techniques de l’Ingénieur, traité L’entreprise industrielle
WT
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
sXRUW
WU
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
sXRUW
WV
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
sXRUW
possède
Dépositaires
souhaite minimiser
diminue
Mesures
impose de sécurité possède
Vulnérabilités
exploite
engendre
Risque
R
augmente pour
Source Biens
Menace
de menace génère pour
WW
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
sXRUW
Hellman [4], de l’université de Stanford, proposent un principe de Par rapport aux systèmes informatiques classiques, les systèmes
chiffrement entièrement nouveau : la cryptographie à clé de contrôle industriels doivent répondre à un certain nombre de
publique, ou asymétrique. Cette technique permet de distribuer contraintes spécifiques, comme l’aspect temps réel imposé par le
une clé pour chiffrer un message, mais cette clé ne permet pas de système physique ou la durée de vie.
le déchiffrer. Ce principe a été repris dans le système RSA. Pour désigner les ICS, on rencontre les termes DCS (systèmes de
contrôle distribué) ou SCADA (Supervisory Control and Data Acqui-
sition), le premier terme étant plutôt réservé aux systèmes prove-
Cryptographie asymétrique nant d’un fournisseur unique, le second aux systèmes constitués
d’appareils et de logiciels de différents fabricants et mis en place par
De façon imagée le principe est le suivant : si Alice doit rece- un intégrateur. Le terme « IACS » a été proposé par l’ISA dans les
voir un message de Bob, mais qu’elle ne fait pas confiance au années 2000 et a été repris sous une forme simplifiée, « ICS », dans
facteur qui pourrait ouvrir sa lettre, elle va d’abord envoyer à le guide NIST 800-82 en 2008. Cette nouvelle dénomination rend
Bob une boîte à code chiffré ouverte, dont elle seule possède progressivement obsolètes les termes « DCS » et « SCADA ».
WX
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
sXRUW
HMI
Historian
Supervisory
R
Control
PLC PLC
nées peuvent être stockées ; on parle d’historique des évolutions ■ Protocoles de communication
des grandeurs en fonction du temps (logiciel d’historique).
Les équipements d’un ICS communiquent entre eux en utilisant
Le schéma d’un ICS simple est présenté sur la figure 2. On y des protocoles spécifiques dont l’un des plus connus est Modbus.
trouve les éléments de base : les capteurs et actionneurs, les auto- Ces protocoles ont été développés initialement pour utiliser des
mates, le système de supervision fonctionnant sur un serveur, un liaisons de type série ou des câbles spécifiques. Les problèmes de
logiciel et serveur d’historique permettant l’archivage des séries cybersécurité n’existaient pas et ces protocoles ne sont pas du
temporelles et une interface utilisateur (HMI). tout sécurisés. Ils sont maintenant transportés par un réseau TCP/
L’interface homme-machine (HMI) est une partie essentielle des IP, dans le cadre de la convergence IT/OT, et constituent une
systèmes industriels de contrôle-commande. Elle permet de visua- source importante de vulnérabilité des ICS.
liser le fonctionnement du système physique et de réaliser les
actions nécessaires. Autrefois réalisée de façon physique, avec De façon schématique, le protocole TCP/IP transporte l’informa-
des murs entiers recouverts d’indicateurs, de cadrans et de bou- tion sous forme de paquets qui contiennent, d’une part l’informa-
tons de réglages, elle a été remplacée par des écrans graphiques tion à transporter sous forme d’octets et d’autre part, un certain
lorsque l’évolution technologique l’a permis. nombre d’éléments supplémentaires comme l’adresse IP source
et l’adresse IP de destination. Les équipements de communication
Ces éléments constituent le noyau de base d’un ICS. Les autres (passerelle, routeur…) utilisent ces informations pour acheminer
éléments sont présents en fonction des besoins. Les IED et RTU le paquet de la source à la destination. Ce protocole de communi-
peuvent être vus comme des automates simplifiés et délocalisés. cation est lui-même assez peu sécurisé.
Certains automates spécifiques jouent un rôle particulier : ce sont
les systèmes instrumentés de sécurité (SIS), en charge des actions
de sécurité (voir encadré). MODBUS
Modbus est l’un des protocoles les plus utilisés dans les ICS.
Il a été développé par Modicon en 1979 pour des liaisons série
SIS
et n’est pas du tout sécurisé. La version IP a été proposée en
2006. Le principe de fonctionnement consiste à voir l’équipe-
Un SIS (Safety Instrumented System) est défini comme un ment comme une table d’octets et de bits dans laquelle on écrit
système composé de capteurs, d’une partie de traitement en fournissant une adresse. Un message de communication,
logique et d’actionneurs conçus pour : appelé « trame », est constitué d’une suite d’octets en clair pour
– permettre automatiquement l’évolution d’un processus définir le code d’action, et si besoin une adresse et une valeur.
industriel vers un état sûr lorsque des conditions spécifiées
sont violées ;
– permettre à un processus d’évoluer de manière sûre lorsque
les conditions spécifiées le permettent (fonctions permissives).
3.2 Modèle de Purdue ou PERA
Un SIS peut par exemple arrêter un système si une tempéra-
ture est trop élevée. Il est prioritaire par rapport au système de
Le modèle de Purdue (figure 4) [1] est utilisé comme modèle de
régulation (BPCS), en principe indépendant de ce dernier et
référence par la norme IEC 62443 présentée dans la suite. Il intro-
d’un niveau de fiabilité garanti.
duit cinq niveaux :
WY
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
sXRUW
• niveau 0 (processus physique) : ce niveau correspond aux Les équipements de ce niveau sont généralement associés à
systèmes physiques utilisés pour la production. Les capteurs la zone de production ;
et les actionneurs se situent à ce niveau ;
• niveau 3 (gestion des opérations) : on y trouve les systèmes
• niveau 1 (contrôle local ou de base) : ce niveau inclut les
de gestion des lots ou les systèmes gestion de fabrication
fonctions impliquées dans la détection, l’observation et le
MES (Manufacturing Execution System), ainsi que les ges-
contrôle du processus physique. Elles sont réalisées par les
tionnaires de données d’historiques, les systèmes d’optimisa-
systèmes de traitement de l’information que sont les PLC,
tion et de gestion de qualité à l’échelle du site. Une partie du
RTU, etc. Ces derniers lisent les données provenant des cap-
système de supervision peut aussi se trouver à ce niveau ;
teurs, exécutent des algorithmes si nécessaire, et mémorisent
l’état du système physique. Le SIS se situe aussi à ce niveau ; • niveau 4 (Enterprise Business Systems) : ce niveau inclut les
• niveau 2 (contrôle de supervision) : on y trouve les interfaces fonctions impliquées dans la gestion des opérations de fabri-
homme-machine (HMI) des systèmes de contrôle et d’acquisi- cation et de transformation. L’ERP (Enterprise resource plan-
R
tion des données (SCADA) et des systèmes distribués (DCS). ning) est le principal système utilisé à ce niveau.
PROFINET La version IO peut être vue comme un port de Profibus sur Ethernet
Protocole de communication pour les systèmes distribués utilisés par les distributeurs
DNP3
d’eau et énergie en Amérique du Nord
Historian
Operations / Systems
Level 3 Management
MES
Supervisory Control
Supervision Engineering station SCADA server
Site Monitoring &
Level 2 Local Display
Level 0
TI TI
XP
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
agTVWP
La sûreté de fonctionnement :
méthodes pour maîtriser les risques
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité L’entreprise industrielle AG 4 670 − 1
XQ
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
agTVWP
R
effets des aléas, des pannes, des erreurs... ;
— des caractéristiques des systèmes (produits, services, systèmes de produc-
tion, installations, etc.), exprimant la conformité dans le temps (constance, fré-
quence de la conformité) de leurs comportements et actions avec des attentes
plus ou moins explicites (on note la proximité de ces notions avec la qualité) :
sécurité, fiabilité, disponibilité, maintenabilité, voire invulnérabilité, capabilité,
coût global de possession, survivabilité...
Par extension, on parle de la « sûreté de fonctionnement d’un système »
comme la caractéristique de ce système qui permet de placer en lui une
confiance justifiée. C’est d’une simplicité séduisante et trompeuse. La con-
fiance dépend de ce à quoi on accorde de l’importance (innocuité, productivité,
qualité... ?) et des valeurs relatives de ces caractéristiques ; elle repose sur un
ensemble de démarches et s’exprime par un ensemble de caractéristiques, en
particulier des disponibilités et de la sécurité. C’est un atout majeur du concept
de sûreté de fonctionnement de réunir des approches motivées par la fiabilité, la
disponibilité, la maintenabilité et la sécurité, mais c’est un piège de vouloir
réduire à une valeur (qui s’appellerait la sûreté de fonctionnement du système)
le résultat de ces démarches.
■ Les caractéristiques pertinentes pour exprimer les fondements de la
confiance que l’on place et que l’on veut transmettre dans son système pren-
nent des formes (des noms et des définitions) propres au système dont il s’agit,
aux cultures des acteurs concernés et à leurs vocabulaires. Fondamentalement,
il s’agit toujours de disponibilité et de sécurité fondées sur des fiabilités et des
maintenabilités élémentaires, mais le foisonnement des vocabulaires en usage
dans les différentes branches de l’industrie (et encore plus si on élargit au-delà
du monde industriel) prouve que chacun a besoin de notions propres adaptées
à son contexte.
Par contre, les démarches et méthodes, même cachées sous des noms
divers et variés, s’avèrent universelles. Plutôt que les caractéristiques, ce sont
les méthodes qui seront au cœur de ce premier article. En matière de sûreté de
fonctionnement (et pas seulement là), il nous paraît infiniment plus important de
comprendre une démarche et un raisonnement, quitte à réinventer le vocabu-
laire en l’appliquant, que d’apprendre des définitions et des règles, d’utiliser des
outils en se laissant guider par eux. Cette dernière pratique, très répandue,
conduit malheureusement assez souvent à des conclusions gravement erronées.
La sûreté de fonctionnement n’est que du bon sens organisé et systématisé.
S’en éloigner en se laissant conduire par une recette ou une méthode à l’encon-
tre du bon sens est, à coup sûr, s’exposer aux pires dangers d’erreurs graves.
■ Maîtriser les risques est une attitude naturelle que chacun pratique ; mettre en
œuvre la sûreté de fonctionnement, c’est professionnaliser cette attitude, la sys-
tématiser, l’optimiser, l’expliciter. Concrètement, cela peut se limiter à un état
d’esprit spécifique, à quelques questions que l’on se pose systématiquement ;
cela peut aussi, à l’inverse, mobiliser des équipes hautement spécialisées en
calcul de probabilités, essais, modélisations, analyses, recueil et traitement de
données... À chacun son activité, son besoin, ses enjeux, à chacun sa sûreté de
fonctionnement, mais le principe en est toujours le même.
Nota : Le lecteur pourra utilement se reporter au CD-Rom Sécurité/Prévention des risques (projet 2002) et, plus particuliè-
rement, à l’article [SE 1 020] « La sûreté de fonctionnement : démarches pour maîtriser les risques ».
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
AG 4 670 − 2 © Techniques de l’Ingénieur, traité L’entreprise industrielle
XR
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
agTVWP
Historique
Selon A. Leroy et J.P. Signoret [1], l’entre-deux-guerres voit émerger les Ces activités, dès leur prime jeunesse, ont dû maîtriser les risques d’acci-
concepts de fiabilité et de taux de défaillance dans l’aéronautique suite à la dents. Elles ont développé des approches déterministes très poussées et se
comparaison des fréquences des pannes des avions bimoteurs et quadrimo- sont essentiellement appuyées sur le surdimensionnement, la redondance et
teurs et au calcul de ratios, nombre de pannes/nombre d’heures de vol. l’analyse logique pour assurer la sécurité. L’apport des approches probabilis-
tes permet de chercher à ajuster les mesures de prévention des événements
■ À partir de la deuxième guerre mondiale, une discipline se développe sous aléatoires au lieu de rester abrité derrière des normes de dimensionnement
le nom de « théorie de la fiabilité ». Les décennies 1940 et 1950 sont caractéri- larges et coûteuses.
sées par la découverte de l’efficacité d’une approche probabiliste appliquée à ■ À partir de la décennie 1980, les efforts entrepris dans tant de directions
l’électronique dans l’aéronautique, la défense et le nucléaire. La formulation s’approfondissent, mais aussi tendent à se rejoindre pour constituer cette dis-
de ce qui nous paraît évident aujourd’hui – la probabilité de succès d’une cipline d’application très étendue qu’est aujourd’hui la sûreté de fonctionne-
chaîne de composants est le produit des probabilités de succès de chacun des ment. On note les développements suivants :
composants – fut l’origine d’un développement très rapide dans les domaines — constitution de bases de données de fiabilité ;
cités. — début de normalisation en matière de sûreté de fonctionnement ;
Cette période fut aussi celle d’un développement rapide de l’électronique — développement des méthodes d’analyse, de modélisation, de représen-
qui introduit des composants nombreux dont les défaillances individuelles tation des systèmes complexes ;
sont imprévisibles à ce stade des connaissances, mais dont les défaillances — développement de logiciels de calculs ;
collectives présentent des régularités statistiques ; sur un lot de composants — développement de logiciels de modélisation ;
homogène, on sait prédire avec une bonne confiance le nombre de — campagnes d’essais pour recueillir des données de fiabilité ;
défaillances par unité de temps qui vont se produire alors qu’on reste totale- — utilisation large ou ciblée de la sûreté de fonctionnement dans la plupart
ment incapable de prédire quel composant va tomber en panne et quand. des industries ;
— utilisation de la sûreté de fonctionnement pour maîtriser tout type de
risque industriel (et peu à peu des risques juridiques, individuels, financiers,
■ Les décennies 1960 et 1970 sont marquées par les tentatives de généraliser etc.) et non seulement la sécurité ;
cette approche probabiliste si réussie à d’autres « composants » : — apparition et développement des clauses contractuelles de sûreté de
mécaniques, hydrauliques, électriques, puis aux hommes, aux logiciels... et fonctionnement et des exigences légales et réglementaires de sûreté de
l’extension de l’approche au retour à la normale (à la fiabilité vient s’ajouter la fonctionnement ;
maintenabilité). En même temps se développent des méthodes permettant de — besoin croissant de connaissances pointues dans les domaines scienti-
maîtriser les risques de systèmes complexes (centrale nucléaire, supersoni- fiques concernés dans les systèmes complexes : systèmes programmés,
que...) et non plus simplement de chaînes de composants (même complexes). sciences humaines et sociales.
Ces démarches sont conduites par les équipes constituées autour de la Aujourd’hui, le terme « sûreté de fonctionnement » recouvre l’ensemble
« théorie de la fiabilité ». Cependant elles rejoignent la prise en compte des des moyens qui permettent de se donner et de transmettre une confiance jus-
risques qui a toujours accompagné les activités à risque comme le transport. tifiée dans le succès d’un projet, d’une activité et son innocuité.
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité L’entreprise industrielle AG 4 670 − 3
XS
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
agTVWP
Entre une position très prudente consistant à ne pas utiliser ces La sûreté de fonctionnement est souvent définie comme :
composants faute de pouvoir éviter les pannes, en les remplaçant à
temps par exemple, et une position très risquée consistant à espérer — fiabilité, disponibilité, maintenabilité et sécurité ;
ne pas subir trop de pannes aux mauvais moments, la SdF permet — science des défaillances ;
d’évaluer statistiquement le risque pris en fonction des choix — maintien de la qualité dans le temps.
d’architecture, de politique de maintenance, etc., mais elle ne le per-
met que parce qu’il y a une information utile qui est, ici, la loi de pro- Toutes ces définitions sont reconnues à divers titres par l’Institut
babilité de défaillance des composants en fonction du temps ! de Sûreté de Fonctionnement (ISDF). Chacune de ces définitions est
porteuse de beaucoup du contenu de la SdF, mais chacune est
cependant réductrice, trop étroite.
1.3 Produire de la confiance partageable ■ La définition « fiabilité, maintenabilité, disponibilité et
grâce à la sûreté de fonctionnement sécurité » fait donc référence aux définitions de ces termes (§ 2.3 à
R
§ 2.6) et met en avant la cohérence de ces approches. Par contre, si
En vertu du principe évoqué en premier dans le paragraphe 1.1, la la fiabilité (ou la maintenabilité, la disponibilité et la sécurité) est
sûreté de fonctionnement tend à « tout prévoir » (à ne pas confon- aussi une performance d’un système, la SdF ne se réduit pas facile-
dre avec « empêcher tout accident »). En vertu du deuxième prin- ment à une performance.
cipe (§ 1.2), elle tend à prendre en compte toute information
accessible. Elle offre donc les meilleures garanties possibles que ■ La définition « science des défaillances » met l’accent sur la
choix et décisions ont pu être faits et pris en toute connaissance de prise en compte des défaillances, de leurs causes, de leurs effets et
cause. souligne, en parlant de science, l’importance de la connaissance sur
les défaillances (causes, effets, mécanismes...) sans laquelle il n’y a
Il n’y a pas à proprement parler de décisions de SdF. Il y a des pas d’approche SdF. Mais elle est réductrice en ce sens que la SdF
décisions techniques, politiques, des choix de conception, d’organi- prend en compte et traite plus que des défaillances.
sation, d’exploitation, etc., toutes les décisions qui peuvent se pren-
dre dans la vie professionnelle, associative, publique, privée... La En ce qui concerne les événements finaux (les conséquences), la
SdF permet de prendre en compte de façon explicite les SdF ne prend pas en compte que les défaillances dans l’accomplis-
défaillances, les incertitudes, les aléas... dans toute la mesure, mais sement des fonctions requises (ce qui serait seulement une appro-
seulement dans la mesure, des connaissances qu’on détient à leur che fiabilité, maintenabilité, disponibilité ou « dependability »), mais
propos. Ce caractère explicite permet de justifier, de montrer, de dis- aussi des événements sans rapport avec le cahier des charges fonc-
cuter, de faire partager la représentation des conséquences (souhai- tionnel du système (approche orientée sécurité).
tées et non souhaitées, mais maîtrisées) des décisions que l’on En ce qui concerne les événements initiateurs (les causes), la SdF
prend ou que l’on veut faire prendre. ne se limite pas aux défaillances, mais peut permettre de prendre en
compte aussi bien des agressions de l’environnement, des actions
Utiliser la sûreté de fonctionnement, c’est rechercher et inattendues ou interdites des utilisateurs ou des tiers, des phénomè-
exploiter les informations relatives aux événements non nes aléatoires...
voulus : pannes, agressions, aléas..., les prendre en compte
pour des décisions plus fines, plus justes, inspirant plus ■ La définition « maintien de la qualité dans le temps » souli-
confiance. gne l’importance de la durée et l’importance de la référence à des
exigences (explicites ou non). Elle a le défaut de laisser supposer
Cela souligne aussi le fait qu’il n’y a pas de démarche sûreté de qu’une activité SdF se conduit nécessairement dans le cadre d’une
fonctionnement possible s’il n’y a pas de connaissances. La SdF est démarche qualité, ce qui est faux. C’est le choix – explicable histori-
toujours totalement dépendante de la connaissance du système étu- quement – de certains secteurs industriels où la sûreté de fonction-
dié et de l’état des sciences concernées. La recherche de ces infor- nement est très développée à l’intérieur de l’organisation Qualité,
mations, en particulier par le retour d’expérience et les essais, est mais n’est pas une nécessité ; d’autres secteurs ont une forte expé-
donc indissociable de la SdF. rience de la sûreté de fonctionnement antérieure à la Qualité au
sens moderne incarné par les normes ISO 9 000 et bien d’autres, en
particulier une expérience de la sûreté de fonctionnement orientée
vers la sécurité.
2. Notions fondamentales Nota : la recherche de termes équivalents dans d’autres langues pose de sérieux problè-
mes.
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
AG 4 670 − 4 © Techniques de l’Ingénieur, traité L’entreprise industrielle
XT
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
agTVXU
1. Généralités................................................................................................. AG 4 685 - 2
2. Accidents du travail ................................................................................ — 2
2.1 Définition de l’accident du travail............................................................... — 2
2.2 Indicateurs de gravité et de fréquence des accidents .............................. — 2
2.3 Accidents du travail dans le régime général de la Sécurité sociale ........ — 3
3. Maladies professionnelles ..................................................................... — 4
3.1 Définition et reconnaissance des maladies professionnelles .................. — 4
3.1.1 Système des tableaux de maladies professionnelles ...................... — 4
3.1.2 Système complémentaire de reconnaissance
des maladies professionnelles .......................................................... — 4
3.2 Maladies professionnelles dans le régime général
de la Sécurité sociale................................................................................... — 4
4. Autres risques et dommages ................................................................ — 5
5. Coût des risques professionnels ......................................................... — 5
5.1 Coût direct .................................................................................................... — 5
5.2 Coût indirect................................................................................................. — 6
5.3 Coût total ...................................................................................................... — 6
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. AG 4 690
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur AG 4 685 − 1
XU
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
agTVXU
R a nécessité des définitions plus limitatives de ces termes. l’objet d’une déclaration par l’employeur et ayant entraîné une
interruption de travail d’au moins un jour complet en sus du jour
au cours duquel l’accident est survenu ;
On est ainsi arrivé à considérer que le danger est une caracté- — les accidents avec IP : ce sont les accidents ayant entraîné
ristique intrinsèque d’une situation, d’un produit, d’un équipe- une incapacité permanente indemnisée par la Sécurité sociale ;
ment et que le risque est défini par la combinaison de la nature — les accidents mortels : ce sont les accidents ayant entraîné le
du dommage possible, sa probabilité et sa gravité. décès de la victime.
Les statistiques de la Caisse nationale de l’assurance maladie
Exemple : un conducteur électrique sous tension est un danger. des travailleurs salariés (CNAMTS) ne recensent que les accidents
S’il est correctement isolé et s’il n’y a pas de situation de contact pos- avec arrêt, avec IP et mortels.
sible pour l’homme, il n’y a généralement pas de risque. À l’inverse, si Au niveau de l’entreprise, l’enregistrement et le suivi de ces trois
certains éléments sous tension ne sont pas isolés et que des catégories d’accident est indispensable, mais il est généralement
personnes se trouvent à proximité de ces éléments, il y a alors risque très utile de s’intéresser aussi aux accidents sans arrêt et aux
d’électrisation ou d’électrocution. La gravité peut être évaluée en incidents sans dommage corporel.
prenant en compte les éléments tels que : les caractéristiques du
courant électrique, le nombre de personne exposée, etc. La probabilité Parmi les éléments permettant de mesurer et de comparer la fré-
peut être évaluée en prenant en compte la durée ou la fréquence quence des accidents et leur gravité figurent des indicateurs dont
d’exposition, la distance entre les personnes et les conducteurs sous le mode de calcul est défini par la législation. Les principaux indi-
tension, etc. cateurs (encadré 1) sont :
— le taux de fréquence ;
Depuis cinquante ans, les risques professionnels ont principale- — l’indice de fréquence ;
ment été constitués des risques d’accident du travail et de maladie — le taux de gravité ;
professionnelle. Cette caractérisation par les natures de domma- — l’indice de gravité.
ges, objets de prises en charge codifiées par les organismes de
l’assurance sociale, tend à être remplacée par le concept de risque
d’atteinte à l’intégrité physique ou mentale. C’est ainsi que sont Encadré 1 – Principaux indicateurs de gravité
apparus les risques communément qualifiés de psychosociaux tels et de fréquence des accidents
que le risque de stress, de harcèlement, de violence, etc.
● Taux de fréquence
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
AG 4 685 − 2 © Techniques de l’Ingénieur
XV
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
agTVXV
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur AG 4 686 − 1
XW
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
agTVXV
1. Origine et évolution La loi de 1898 conduit les chefs d’entreprise à s’assurer, dispo-
sition rendue obligatoire en 1905. Les sociétés d’assurances sont
de la législation soumises à un contrôle administratif. Certaines s’intéressent au
coût des accidents et donc à la prévention. En 1928, le Comité
général des compagnies d’assurances fonde avec l’Association des
1.1 1840 à 1892 : protection des enfants industriels de France (AIF) un bureau central de prévention des
accidents dans le but d’aider et de conseiller les employeurs coti-
sants.
L’intervention des Pouvoirs publics dans les relations entre
employeurs et salariés, conséquence de la révolution industrielle,
apparaît au XIXe siècle pour soustraire les travailleurs les plus
faibles, protéger les autres contre les risques créés par les machi- 1.3 1945 à 1980 : mise en place
nes et les produits utilisés, et réparer les conséquences des acci- des structures de prévention.
R
dents survenus.
Intégration de la sécurité
Après la publication d’une enquête du docteur Villermé dans les
filatures du Nord et de l’Est, une loi du 22 mars 1841 interdit, dans
En 1945 est mis en place un régime de Sécurité sociale, dont le
les manufactures de plus de 20 salariés, le travail des enfants de
but est de « garantir les travailleurs et leurs familles contre les
moins de 8 ans et limite la durée quotidienne de travail des enfants
risques de toute nature susceptibles de réduire ou de supprimer
de moins de 16 ans. Cette loi, qui n’a jamais été appliquée faute de
leur capacité de travail ». La réparation des accidents du travail est
contrôle et de sanctions, peut être considérée comme la première
alors intégrée dans ce système.
loi sociale.
Devant la dégradation constante des conditions de vie et de La loi du 30 octobre 1946 abroge la loi de 1898 et transfère aux
travail des ouvriers, et sous la pression conjointe des mouvements caisses de Sécurité sociale la gestion du risque accident du travail,
d’idées, des initiatives privées, des associations d’employeurs et en mettant en valeur le rôle prépondérant de la prévention. En
des revendications syndicales, une loi du 2 novembre 1892 édicte effet, le nouveau système laisse à la charge des employeurs le
diverses mesures de sécurité dans les établissements qui occupent financement de l’assurance accident du travail en instaurant un
des femmes et des enfants, et réorganise l’inspection du travail système de tarification qui fait varier le taux de cotisation selon le
afin de pouvoir contrôler l’application de cette loi. nombre et la gravité des accidents ou selon leur coût.
Depuis l’intégration de la couverture du risque accident du tra-
vail dans un système général de Sécurité sociale, le législateur a
1.2 1893 à 1939 : mise en place mis en place des procédures en vue d’inciter les employeurs à met-
d’une réglementation technique tre l’accent sur la prévention.
Ces dispositions visent uniquement les entreprises relevant du
La loi du 12 juin 1893 étend le champ de la protection à l’ensem- régime général de la Sécurité sociale (soit environ les 3/4 des sala-
ble des établissements industriels et à toutes les catégories de tra- riés en France). En effet, si l’objectif du législateur en 1945 était
vailleurs. Elle oblige les employeurs à respecter certaines d’intégrer à terme tous les régimes spéciaux, cette unification n’est
prescriptions pour l’aménagement des locaux et l’installation des pas terminée. La fonction publique, les entreprises agricoles, les
machines. La priorité est donnée aux mesures collectives de pré- entreprises relevant du régime minier, les marins, etc., sont
vention sur les mesures individuelles. rattachés à des régimes particuliers qui gèrent leur propre risque.
À partir de cette date, la législation du travail se développe. Le Parallèlement à ce développement, des instances de représenta-
Code du travail est élaboré entre 1900 et 1912. tion du personnel et des organismes de prévention sont mis en
Les instances chargées d’élaborer et de contrôler l’application de place dans les entreprises : après la création des Comités
cette législation se mettent en place : en 1900, création du minis- d’entreprises en 1945 et des délégués du personnel en 1946, un
tère du Travail et de la Commission d’hygiène industrielle. décret de 1947 crée les Comités d’hygiène et de sécurité (CHS), qui
remplacent les Comités de sécurité mis en place en 1941 d’après
Le progrès technique, l’évolution des procédés de fabrication, le
une recommandation de l’Organisation internationale du travail de
développement rapide du machinisme entraînent l’élaboration
1928.
d’une réglementation de plus en plus précise et technique
(règlement relatif aux travaux de bâtiment, à la protection contre La loi du 6 décembre 1976 sur la sécurité du travail concrétise les
les courants électriques, à l’interdiction ou la limitation d’emploi de résultats des travaux, réflexions et revendications sur la nécessité
certains produits, etc.). La législation du travail se développe dans de prendre en compte la sécurité dès la conception des locaux,
le domaine des relations de travail (limitation du temps de travail, machines, appareils et produits, ainsi que dans l’organisation du
congés payés, etc.). travail.
Parallèlement à cette évolution, la nécessité se fait sentir d’ins- Cette notion de sécurité intégrée entraîne la mise en application
taurer un régime de réparation des accidents du travail plus équi- de dispositions nouvelles sur la formation obligatoire à la sécurité
table. des salariés et sur le contrôle avant la mise sur le marché des pro-
En effet, dans ce domaine, au XIXe siècle, c’est le droit commun duits et matériels nouveaux.
qui régit les rapports entre employeurs et salariés. Cela se traduit
par l’application du principe de responsabilité prévu par le Code
civil, c’est-à-dire l’obligation pour le salarié de prouver la faute de 1.4 1981 à 1992 :
son employeur, et la liaison entre cette faute et le dommage subi modernisation des institutions.
pour obtenir réparation.
La loi du 9 avril 1898 rend l’employeur civilement responsable
Harmonisation européenne
des accidents survenus dans son entreprise. Cette responsabilité
est fondée sur la notion de risque professionnel. L’indemnisation
1.4.1 Modernisation des institutions
devient forfaitaire. Cette loi, applicable à l’industrie, est ensuite
étendue aux entreprises commerciales. En 1982, quatre lois sont votées qui modifient les relations de
Une loi de 1919 étend le système de la réparation forfaitaire à travail dans l’entreprise et développent le rôle des institutions
certaines maladies professionnelles. représentatives du personnel.
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
AG 4 686 − 2 © Techniques de l’Ingénieur
XX
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
agTVXV
La loi du 4 août 1982 introduit le droit à une expression directe objet l’établissement et le fonctionnement du marché intérieur... La
et collective des salariés sur le contenu et l’organisation du travail Commission, dans ses propositions en matière de santé, de sécu-
à l’intérieur de leur entreprise. rité, de protection de l’environnement et de protection des
La loi du 23 décembre 1982 réorganise les CHS en élargissant consommateurs, prend pour base un niveau de protection
leur compétence aux conditions de travail. Elle accorde aux élevé... ».
Comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail Les directives adoptées sur la base de l’article 95 (ex 100A) sont
(CHSCT) des droits nouveaux (formation, protection contre le licen- dites totales, car les États membres doivent les transposer dans
ciement, crédit d’heures). Cette loi donne également à tout salarié leur législation nationale sans y déroger en prévoyant un niveau de
le droit de se retirer d’une situation de travail qui présente un dan- sécurité inférieur ou, au contraire, en imposant des obligations
ger grave et imminent. supplémentaires qui constitueraient des entraves à la circulation
La médecine du travail, sans être fondamentalement transfor- des marchandises. Ces directives fixent donc des règles qui
mée, est modifiée par des décrets successifs (mars 1979, mars devront être reprises sans changement par tous les États membres,
R
1986, décembre 1988). Son rôle se développe, au bénéfice de mis- en vue d’une harmonisation de toutes les législations.
sions d’analyse des conditions de travail. Ces directives visent la conception et la mise sur le marché des
machines, matériels, produits. Elles sont élaborées sur la base des
principes suivants découlant d’une résolution du 7 mai 1985, la
1.4.2 Harmonisation européenne nouvelle approche :
— elles traitent de grandes familles de matériels ou de produits ;
La suppression progressive des frontières à l’intérieur de
— leur contenu technique est limité à la définition d’exigences
l’Europe des douze, à partir du 1er janvier 1993, s’accompagne
essentielles de sécurité ;
d’une harmonisation des législations, répondant à un double
objectif : — l’élaboration des spécifications techniques nécessaires pour
fabriquer des produits conformes aux exigences essentielles est
— un objectif économique : libre circulation des marchandises confiée aux organismes compétents en matière de normalisation ;
(machines, équipements, produits, etc.) sans entraves douanières — les normes harmonisées ainsi élaborées ou, à défaut, les
ni techniques ; normes nationales existantes n’ont aucun caractère obligatoire,
— un objectif social : la Charte communautaire des droits mais entraînent une présomption de conformité aux exigences
sociaux fondamentaux prévoit notamment que : « Tout travailleur essentielles de la directive.
doit bénéficier dans son milieu de travail de conditions satisfaisan-
tes de protection de sa santé et de sa sécurité. Des mesures adé- En application de ces principes, ont notamment été élaborées les
quates doivent être prises pour poursuivre l’harmonisation dans le directives modifiées 89/392 du 14 juin 1989, et 89/686 du 21 décem-
progrès des conditions existantes dans ce domaine ». bre 1989 qui fixent les exigences essentielles et les procédures de
certification de conformité applicables aux machines (au sens très
Cette irruption du droit communautaire dans la législation fran- large) ainsi que les exigences essentielles de conception des équi-
çaise du travail entraîne des modifications importantes du Code du pements de protection individuelle.
travail, essentiellement en matière d’hygiène et de sécurité. Il nous
paraît donc indispensable de développer ici la présentation de ces Ces dispositions ont été transposées dans le Code du travail,
dispositions. notamment par la loi no 91-1414 du 31 décembre 1991 et les
décrets 92/765, 92/766, 92/767, 92/768 du 29 juillet 1992 relatifs aux
■ Le traité de Rome équipements de travail et moyens de protection individuelle et aux
procédures de certification de conformité.
En 1957, la France, l’Italie, la Belgique, les Pays-Bas, le Luxem-
bourg et la République fédérale d’Allemagne signent à Rome un L’ensemble des directives européennes qui traitent de la mise
traité instituant la Communauté économique européenne, dont sur le marché des produits chimiques : classification, emballage,
l’un des objectifs était la réalisation d’un marché commun. Le traité étiquetage, notification, fiches de données de sécurité, etc., sont
prévoyait également l’amélioration des conditions de vie et de également élaborées sur la base dans l’esprit de l’article 95 (ex
travail. 100A), et sont transposées dans le Code du travail : loi no 91-1414
du 31 décembre 1991, décret no 92/1261 du 3 décembre 1992
Les mesures permettant l’application de ces dispositions dans notamment, ainsi que différents arrêtés d’application.
les États membres devaient être prises à l’unanimité par voie de
directives (article 100 du traité). D’autres directives, dont la transposition ne relève pas du droit
du travail mais qui intéressent la sécurité des installations indus-
■ L’Acte unique et la nouvelle approche trielles, ont été adoptées, concernant notamment les appareils à
pression, les matériels basse tension, la compatibilité électro-
En 1986, les 12 pays de la CEE signent l’Acte unique, qui modifie magnétique, etc.
le traité de Rome et se fixe pour objectif de créer un marché inté-
rieur unifié au 1er janvier 1993. ● Le volet social
Dans le domaine de la santé et de la sécurité au travail, l’Acte L’article 137 (ex 118A) introduit par l’Acte unique prévoit que :
unique a introduit deux articles nouveaux dans le traité de Rome — « Les États membres s’attachent à promouvoir l’amélioration
(les articles 100A et 118A), qui vont permettre à la Communauté de notamment du milieu de travail, pour protéger la sécurité et la
légiférer sur des bases juridiques nouvelles et, d’une façon plus santé des travailleurs, et se fixent pour objectif l’harmonisation,
efficace, en remplaçant dans ce domaine la règle de l’unanimité dans le progrès, des conditions existant dans ce domaine ;
par celle du vote à la majorité qualifiée. — pour contribuer à la réalisation de l’objectif prévu au paragra-
Depuis le 1er mai 1999, le traité d’Amsterdam ayant, entre autres phe 1, le Conseil, statuant à la majorité qualifiée sur proposition de
choses, apporté une modification de la numérotation des articles la Commission, en coopération avec le Parlement européen et
du traité de Rome, l’article 100A est devenu l’article 95 et l’article après consultation au Comité économique et social, arrête, par
118A, l’article 137. voie de directive, les prescriptions minimales applicables progres-
sivement, compte tenu des conditions et des réglementations tech-
● Le volet économique niques existant dans chacun des États membres... ;
L’article 95 (ex 100A) prévoit que « le Conseil, statuant à la majo- — les dispositions arrêtées en vertu du présent article ne font
rité qualifiée sur proposition de la Commission, arrête les mesures pas obstacle au maintien et à l’établissement, par chaque État
relatives au rapprochement des dispositions législatives, membre, de mesures de protection renforcée des conditions de
réglementaires et administratives des États membres qui ont pour travail compatibles avec le présent traité ».
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur AG 4 686 − 3
XY
R
YP
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
agTVYU
ous le thème des risques liés aux installations ont été regroupées deux
S sources de risques liées au cadre de travail : les ambiances thermiques et
les risques électriques.
En effet, les ambiances thermiques, quand elles sont extrêmes, ont des effets
tant sur la santé que pour la sécurité des opérateurs.
Même si le nombre d’accidents au travail dus à l’électricité ne cesse de
diminuer, la sévérité de ceux qui se produisent encore contraint à une pré-
vention sans cesse repensée.
p。イオエゥッョ@Z@ェオゥャャ・エ@RPPV
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur AG 4 695 − 1
YQ
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
agTVYU
R ses besoins quotidiens. Pourtant, certaines situations particulières exposition à une ambiance thermique chaude trop sévère et/ou
de travail, telles les ambiances radiantes très hétérogènes ou les trop longue et/ou induisant un travail physique trop intense.
expositions très brèves et parfois répétées à des ambiances ther- L’existence de pathologies chroniques est moins établie. Il semble
miques très sévères, se prêtent mal à la modélisation. Dans ce cas, toutefois que l’infarctus, les affections gastro-intestinales et certai-
des mesures physiologiques restent indispensables. nes maladies de la peau soient favorisés par le travail à la chaleur.
La métrologie des ambiances thermiques et la présentation des
indices les plus utiles font l’objet de ce paragraphe 1. L’étude de ces ■ Variabilité interindividuelle
deux thèmes sera précédée d’un bref rappel des effets physio- Par ailleurs, si les réactions physiologiques des hommes
logiques et pathologiques qu’exercent sur l’homme les ambiances travaillant à la chaleur ou au froid sont identiques, leur intensité
thermiques chaudes ou froides. varie selon les individus. Autrement dit, les variations inter-
individuelles sont importantes et il convient de les prendre en
compte lors de l’étude d’un environnement thermique de travail.
1.2 Effets physiologiques
et pathologiques 1.3 Recueil des données : métrologie
L’homme est un homéotherme, c’est-à-dire que sa température
centrale doit demeurer constante, quelles que soient les carac- Pour calculer un bilan thermique, il est nécessaire de mesurer les
téristiques thermiques de l’environnement. La régulation des grandeurs liées à l’environnement physique et au sujet (méta-
températures corporelles centrale et périphérique est assurée par bolisme et isolement thermique du vêtement).
des réactions physiologiques et des adaptations comportementales
et vestimentaires qui lui permettent de vivre dans des ambiances 1.3.1 Grandeurs physiques
thermiques pénibles. Cependant, les capacités d’adaptation de
l’homme sont limitées et, par conséquent, si l’ambiance thermique ■ Les grandeurs fondamentales qui caractérisent une ambiance
est trop sévère et/ou la dépense énergétique trop élevée et/ou la thermique donnée sont la température sèche de l’air (Ta), l’humidité
durée d’exposition trop longue, des risques pour sa santé absolue de l’air (p a), la vitesse de l’air (v a) et la température
(hypothermie ou hyperthermie) sont à craindre. moyenne de rayonnement ( T r ). Ces quatre variables, indépen-
À côté des effets pathologiques, il convient de noter l’accrois- dantes les unes des autres, sont utilisées pour calculer de nombreux
sement des risques d’accidents lié à l’altération des performances indices de confort ou de contrainte thermique.
mentales et physiques due à une exposition à un environnement Les températures notées T sont exprimées en kelvins (K), celles
climatique non favorable. En effet, des enquêtes menées en milieu notées t sont en degrés Celsius (oC).
industriel ont révélé un accroissement important de la fréquence
des accidents du travail par suite de températures trop élevées ou ■ Les grandeurs dérivées sont caractérisées par un ensemble de
trop faibles. facteurs de l’environnement pondérés en fonction des caractéris-
tiques des capteurs utilisés. À titre d’exemple, la température
■ Effets des ambiances thermiques froides sur l’homme humide naturelle (T nw) qui intervient dans le calcul de l’indice
L’augmentation de la production de chaleur corporelle et la vaso- WBGT (§ 1.4) est l’une des plus utilisées, ainsi que la température de
constriction (diminution du diamètre des vaisseaux sanguins) sont globe noir (T g) qui permet d’en déduire T r .
les mécanismes physiologiques essentiels dont dispose l’homme
pour lutter contre le refroidissement. L’augmentation de la pro- La norme NF EN 27726 (indice de classement X 35-202) de février
duction de chaleur a pour origine soit le frisson thermique, soit 1994 décrit les capteurs et rappelle de manière précise les tech-
l’activité physique volontaire. La vasoconstriction permet de niques de mesure. Le tableau 1 présente quelques données utiles
diminuer le débit sanguin vers les extrémités (mains et pieds) et relatives à ces deux classes de grandeurs climatiques ainsi que les
donc le flux de chaleur. Le refroidissement excessif des mains est avantages et les inconvénients liés à leurs modes d’estimation. (0)
à l’origine d’une baisse de la dextérité.
Si l’isolement vestimentaire du sujet exposé au froid est insuf- 1.3.2 Grandeurs relatives au sujet
fisant ou si la durée d’exposition est trop longue, les réactions phy-
siologiques ne permettent plus de maintenir la température centrale La production de chaleur et l’isolement thermique du vêtement
proche de 37 oC. En conséquence, le sujet va se refroidir. Les patho- sont les deux grandeurs relatives à la personne exposée, qui inter-
logies aiguës et chroniques sont les deux types de répercussion sur viennent dans le calcul du bilan thermique.
la santé. Parmi les pathologies aiguës, on distingue celle liée au
refroidissement de tout le corps (hypothermie) de celles liées au ■ Métabolisme
refroidissement local excessif (gelure, engelure). Ces dernières sont L’activité physique entraîne une production de chaleur en raison
les plus fréquentes. L’existence de pathologies chroniques liées au du faible rendement du travail musculaire. Ainsi, le rendement
travail au froid est encore discutée. On admet toutefois que le froid mécanique d’un sujet pédalant sur un bicycle ergométrique est de
est un facteur de risque favorisant certaines affections respiratoires l’ordre de 25 %, 75 % de l’énergie provenant du métabolisme se
et vasculaires. transformant en chaleur. Au poste de travail, le rendement d’un tra-
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
AG 4 695 − 2 © Techniques de l’Ingénieur
YR
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
agTVYU
Appareillages
• Thermomètre
• Sonde à résistance
• Couple thermo-
électrique
• Globe noir de dia-
mètre 0,15 m revêtu
d’une peinture noire
mate
• Sonde de mesure
omnidirectionnelle
(anémomètre à boule
chaude)
• Psychromètre
• Sonde à chlorure de
lithium
• Thermomètre
humide ventilé
naturellement
R
(émissivité = 0,95)
• Capteur plan
réponse immédiate
Protéger la sonde de Pour le globe noir, il Les sondes de mesure Mesures Veiller à l’arrivée,
mesure contre le faut : à élément chaud psychrométriques : régulière d’eau
rayonnement • attendre 20 à 30 min doivent être • vitesse de l’air sur la distillée
Précautions générales thermique avant d’effectuer une compensées en sonde humide de 4 à
d’emploi
mesure ; température 5 m · s–1
• mesurer la vitesse • sondes protégées du
de l’air autour du rayonnement,
globe noir avec • utilisation d’eau
précision distillée
Deux indices empiriques de contrainte thermique sont à considérer : avec t a (oC) température de l’air,
• le Wind Chill Index (WCI) pour les expositions froides ; v a (m · s–1) vitesse de l’air. (0)
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur AG 4 695 − 3
YS
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
agTVYU
R
2 400 1 min — difficultés de mesure ;
— variabilité des paramètres de contraintes ;
— expositions brèves, peu fréquentes ou accidentelles, etc. ;
La valeur du WCI ainsi calculée en kcal · m–2 · h–1 (mais géné- Il en est de même si le niveau de contrainte est important. Il est
ralement exprimée sans unité ) est comparée aux valeurs limites alors plus sûr d’avoir recours à une surveillance médicale qui aura
figurant dans le tableau 3. Cependant la fiabilité de cet indice est deux buts :
très relative.
— contrôler l’augmentation de la température centrale pour des
■ Le Wet Bulb Globe Temperature est donné par la formule : expositions brèves ou la déshydratation si l’exposition se prolonge
(> 2 h) pour les ambiances chaudes ;
WBGT = 0,3 t g + 0,7 t nw — contrôler le refroidissement des extrémités, plus particu-
pour les expositions à l’intérieur des bâtiments ; lièrement la température des mains pour les ambiances froides.
WBGT = 0,2 t g + 0,7 t nw + 0,1 t a En ambiance chaude, si les personnes exposées ont des boissons
pour les expositions extérieures, à disposition, les accidents de déshydratation sont très rares. Par
avec t g , t nw et t a exprimés en oC. contre, l’élévation de la température centrale peut être rapide. Son
contrôle est assez simple, il suffit de prendre la température sublin-
Les données relatives à la mesure des températures T g , T nw et gale et/ou le pouls au repos avant et au cours de l’exposition. Pour
T a sont indiquées dans le tableau 1. des niveaux de sécurité optimale, les limites de l’élévation de ces
L’utilisation et les valeurs seuil du WBGT sont présentées dans la variables sont de 0,8 oC et/ou 20 battements par minute par rapport
norme NF EN 27243 (février 1994) d’indice de classement X 35-201. aux valeurs de repos en dehors de la contrainte chaude.
La température de globe noir Tg (en K) ou tg (en oC) est la
température interne d’un globe recouvert d’un tissu noir, humide 1.4.4 Démarche pratique d’évaluation
et ventilé naturellement. d’une contrainte thermique chaude ou froide
■ L’analyse d’une contrainte thermique chaude et la surveillance
1.4.2 Indices analytiques physiologique des travailleurs en ambiance chaude peut être réa-
Deux indices analytiques sont à considérer, l’un en situation de lisée comme suit :
confort : le Predicted Mean Vote-Predicted Percent of Dissatisfied Faire un calcul de WBGT (§ 1.4.1) :
(PMV-PPD), l’autre en situation de contrainte chaude : l’indice — avec WBGT ⭐ 25, il n’existe pas, a priori, de problème pour
d’astreinte thermique prévisible. Ces indices sont présentés dans les salariés travaillant dans cette ambiance ;
les normes NF EN ISO 7730 (indice de classement X 35-203, révisée — avec WBGT > 25, il est nécessaire de calculer l’indice
en 2001) et NF EN ISO 7933 (indice de classement X 35-204, d’astreinte thermique prévisible. Le choix de la démarche dépend
modifiée en 2003) respectivement. de la sudation requise (SWreq) calculée :
Seuls les principes de base seront rappelés dans ce texte. • si SWreq ⭐ 400 g · h–1, il n’existe pas, a priori, de risque par-
■ Le PMV-PPD est fonction de l’isolement vestimentaire, du ticulier pour les salariés,
métabolisme de travail et des paramètres physiques de l’ambiance • si SWreq > 400 g · h–1, il convient de prendre la température
thermique (§ 1.3). Il calcule le vote moyen prévisible d’un échantillon sublingale et le pouls et de soustraire le salarié à l’exposition dès
de population (vote entre – 3 et + 3). Le vote 0 indique une situation que les conditions limites définies au paragraphe 1.4.3 sont attein-
idéale de confort thermique. tes.
L’intérêt du PMV, si le vote moyen n’est pas nul, est de permettre ■ Dans le cas du travail au froid, la mesure de la température
de déterminer sur quels paramètres physiques de l’ambiance ou cutanée du dos de la main s’avère être la méthode la plus simple et
ceux relatifs aux sujets, il faut agir pour amener le PMV à une la plus précise des effets sur les salariés d’une contrainte thermique
valeur nulle. Cependant, du fait des variabilités interindividuelles, froide.
même si le PMV est égal à zéro, certains sujets pourront ne pas
être en situation de confort.
Le PPD indique le pourcentage de population non satisfaite des 1.5 Principes de prévention des risques
conditions thermiques. Ce PPD est en théorie de 5 % lorsque le des expositions aux contraintes
PMV est égal à 0. Mais en pratique sa valeur se rapproche de 10 %.
Donc, même en situation de confort thermique, il y aura toujours thermiques
10 % de personnes insatisfaites de ces conditions.
Comme pour toute démarche de prévention, la suppression des
■ L’indice d’astreinte thermique prévisible calcule le débit sudoral risques liés aux contraintes thermiques doit toujours privilégier les
nécessaire au maintien de l’équilibre du bilan thermique. Lorsque actions de protection collective sur les actions individuelles. Les
cet équilibre n’est pas possible, ou si son maintien impose un débit mesures de prévention à appliquer sont généralement de trois
sudoral excessif, l’indice permet de calculer une durée limite types : techniques, organisationnelles et comportementales qui
d’exposition. peuvent être appliquées simultanément.
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
AG 4 695 − 4 © Techniques de l’Ingénieur
YT
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
agTVYU
Cependant, outre ces grands principes, les propositions de — les caractéristiques physiologiques de l’individu ;
mesure de prévention passent par une analyse préalable détaillée — etc.
des situations de travail et des facteurs de risques. Il s’agira de Sur ce sujet, l’UTE (Union Technique de l’Électricité et de la
prendre en compte le type de contrainte thermique (chaude, froide, Communication) a publié un guide pratique UTE C 15-110 : Février
inconfortable, régulière, prolongée ou intermittente, activité de 1995 – « Effets du courant sur l’homme et les animaux domes-
maintenance ou de production, rayonnement ou convection), tiques. Partie 1 : Aspects généraux ». Ce guide est une recopie de
l’activité des salariés (dépense énergétique et posture) et les la publication CEI 479-1 (1994).
protections envisagées (froid ou chaleur spécifique ou autre EPI*).
* EPI : protection externe individuelle.
La résistance aux contraintes thermiques varie de façon impor-
2.1.1 Effets du courant électrique sur les muscles
tante en fonction des individus. Ceci est lié aux caractéristiques On distingue au niveau du corps humain deux types de muscles,
individuelles ; un jeune sportif résiste mieux à la chaleur qu’un les muscles moteurs commandés par le cerveau tels que par
R
salarié sédentaire âgé. Ces résistances individuelles varient aussi exemple les muscles des membres inférieurs ou supérieurs et les
lors de maladies bénignes, en cas de fatigue ou pour des raisons muscles autoréflexes qui fonctionnent automatiquement, tel que la
techniques, par exemple perte d’habitude de protection, manque cage thoracique et le cœur.
d’acclimatation à la chaleur. Cette dernière diminue significati-
vement après une absence de 7 j et disparaît après 14 j. La vigilance ■ Muscles moteurs
s’impose donc tout particulièrement lors du retour après congés ou Les muscles moteurs assurent par leur contractibilité et leur
arrêt maladie. La constitution d’une équipe de salariés exposés à élasticité les mouvements du corps.
des contraintes thermiques est partie intégrante de la prévention.
En effet, les salariés se connaissant et connaissant bien leurs Les muscles antagonistes, par les actions opposées, permettent
conditions de travail sont les plus aptes à l’alerte. A contrario, le tra- la flexion et l’extension des membres. C’est le cas du biceps et du
vail isolé en ambiance thermique contraignante doit être supprimé. triceps du bras, par exemple. Lorsqu’un courant électrique traverse
un muscle moteur, le cerveau ne contrôle plus ce dernier, ce qui a
Les salariés doivent avoir à disposition : pour effet de provoquer de violentes contractions générant des
— vêtements adaptés et armoire chauffante pour (chauffer) et mouvements intempestifs qui se traduisent par le non-lâcher de la
surtout sécher les vêtements de ceux qui sont exposés au froid ; pièce, objet du contact ou par une répulsion, selon la nature du
— boissons et zones à air conditionné pour ceux qui sont muscle sollicité (fléchisseur ou extenseur). À ce sujet il faut
exposés au chaud. remarquer que les muscles fléchisseurs (qui serrent) sont plus
Les protections individuelles sont importantes à considérer car puissants que les extenseurs ; il y a donc serrage quand ces deux
elles peuvent modifier l’astreinte thermique mais elles peuvent types de muscles sont parcourus simultanément par le courant.
aussi perdre leurs propriétés du fait de la contrainte thermique. Le
■ Muscles de la cage thoracique
froid modifie les caractéristiques des vêtements. En particulier, les
passages du froid vers le chaud (entrepôt) peuvent provoquer des La cage thoracique fonctionne automatiquement sous le contrôle
condensations successives sur et dans le vêtement qui réduisent la du cervelet qui commande les nombreux muscles concernés par la
protection thermique. Le froid altère le fonctionnement d’EPI assis- fonction respiration.
tés ou provoque des condensations passagères (EPI respiratoires). L’asphyxie d’origine respiratoire peut donc être due à l’action du
La chaleur peut rendre des EPI inconfortables (protections res- courant électrique au niveau :
piratoires) et limiter leur port donc leur efficacité. La conjonction — des muscles thoraciques provoquant la tétanisation ;
chaleur et vêtement de protection peut aggraver l’astreinte ther- — du cervelet entraînant l’arrêt respiratoire pur et simple.
mique (combinaisons isolantes). L’attention portée aux protections
individuelles sous contrainte thermique est donc essentielle. Par exemple, on anesthésie certains animaux en abattoir en leur
Un dernier point concernant les généralités sur l’action de pré- appliquant une tension déterminée au niveau du cervelet provoquant
vention est de cerner rapidement son ampleur. La prévention doit ainsi l’arrêt respiratoire mais pas celui du cœur, ce qui permet de les
être pensée dès la conception. Dans les faits, il est important de saigner.
savoir si l’aménagement intéresse une ligne de fabrication per-
■ Muscle cardiaque
manente qui occupe de nombreux salariés ou si, à l’inverse, elle
concerne une intervention de maintenance rare, courte et réalisée Le cœur possède son propre système de commandes auto-
par un seul salarié très hautement spécialisé. Si la prévention de matiques. Au cours du cycle cardiaque, d’une durée de 0,75 s, il
conception, à l’aide de modèles prédictifs sophistiqués est indis- existe une phase critique couvrant environ 30 % du cycle. C’est
pensable dans le premier cas, un suivi physiologique du salarié est durant cette phase que le cœur est le plus vulnérable.
probablement plus indiqué dans le deuxième. L’illustration choisie Le muscle cardiaque est excitable par un courant électrique. Si
est volontairement simpliste ; le choix de la démarche n’est pas une électrisation, de durée suffisante survient en fin de systole,
toujours aussi aisé. La procédure SOBANE, proposée par Malchaire durant la phase critique repérée T sur la figure 1, il peut en résulter
et al. décrit bien la démarche de choix successifs dont découle un fonctionnement désordonné, appelé fibrillation ventriculaire,
l’ampleur d’une action de prévention. pouvant provoquer l’arrêt du cœur.
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur AG 4 695 − 5
YU
R
YV
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
agTWPP
R
des machines (IET)
Institut national de recherche et de sécurité (INRS)
Léon THIERY
Ingénierie des équipements de travail, réduction des nuisances physiques dans les locaux
(IET/RNPL), INRS
et Nicolas TROMPETTE
Ingénierie des équipements de travail, réduction du bruit des machines (IET/RBM), INRS
’exposition aux bruits et aux vibrations est une source importante de risques
L professionnels.
Depuis 1963, la surdité est reconnue comme maladie professionnelle et,
comme telle, ouvre droit à réparation. La prise en compte des niveaux sonores
d’exposition et des niveaux de pression acoustique réglementés permet de limi-
ter l’impact d’une ambiance « bruyante » sur la santé. Les effets pathologiques
des vibrations sur l’homme sont également reconnus et décrits. Réduire les
intensités et les temps d’exposition, améliorer le matériel et les conditions ergo-
nomiques sont autant d’actions potentielles dans le cadre de la prévention glo-
bale des opérateurs.
p。イオエゥッョ@Z@ェオゥャャ・エ@RPPV
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur AG 4 700 − 1
YW
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
agTWPP
1. Bruit
(0)
Pour définir le bruit, comme pour le mesurer, il est nécessaire de 1.1.3 Situation
prendre en compte deux aspects : ses effets sur l’homme, ses caracté-
ristiques physiques. Sur le plan de l’acoustique physiologique et de la
psycho-acoustique, le bruit est défini comme « toute sensation audi- Deux types d’informations très différentes sont disponibles pour
tive désagréable ou gênante ». Du point de vue physique, c’est un phé- cerner l’ampleur du risque bruit en milieu professionnel. La pre-
nomène d’origine mécanique consistant en une variation de pression mière information concerne le nombre de travailleurs exposés à un
(très faible), de vitesse vibratoire ou de densité du fluide, qui se pro- niveau de bruit de 85 dB, généralement reconnu comme seuil à par-
page en modifiant progressivement l’état de chaque élément du tir duquel le risque de pertes auditives apparaît. Selon une enquête
milieu de propagation sans déplacement de matière, donnant ainsi nationale portant sur l’exposition aux risques et aux pénibilités du
naissance à une onde acoustique (la propagation des « ronds dans travail (Sumer 2003 [1] [2]), plus de trois millions de salariés sont
l’eau » suite à un ébranlement de la surface donne une bonne repré- exposés à un bruit supérieur à 85 dB (soit 18 % des salariés), dont
sentation de ce phénomène). C’est la sensation procurée par cette un million pendant plus de 20 h par semaine.
onde qui est reçue par l’oreille, puis transmise au cerveau et déchiffrée La seconde information est relative au nombre de surdités recon-
par celui-ci. De toutes les ondes acoustiques, seules certaines peuvent nues comme maladie professionnelle. Il est possible de le déte-
être perçues par l’oreille : il s’agit des ondes dont la fréquence est rminer depuis 1963, mais selon des critères spécifiques, qui sont à la
comprise entre 20 Hz et 20 000 Hz (20 kHz). En dessous de 20 Hz, on fois d’ordre médical, professionnel et administratif. Ils sont définis
parle d’infrasons, et au-dessus de 20 kHz, on parle d’ultrasons. dans un tableau de maladie professionnelle (tableau 42) et si une
surdité est reconnue comme maladie professionnelle, cela ouvre
droit à réparation. Entre 1990 et 2002, le nombre de surdités profes-
1.1.2 Effets sur l’homme sionnelles reconnues en France (par le régime général de la Sécurité
sociale) a évolué comme indiqué dans le tableau 1.
En milieu professionnel, les effets du bruit dépendent des situations
d’exposition, caractérisées généralement par le niveau et la durée du
bruit. Quand le niveau du bruit reste modéré, il gêne l’exécution de
tâches délicates, perturbe ou rend impossible la conversation, provo- 1.2 Grandeurs caractéristiques du son
que une fatigue auditive et parfois des troubles nerveux. En revanche,
si le niveau est élevé et que l’exposition se prolonge durant les années
Nota : le lecteur est invité à consulter le dossier Rappels d’acoustique physique
de travail, le bruit produit des lésions irréversibles de l’appareil auditif [R 3 112].
entraînant, à la longue, une surdité plus ou moins profonde.
De nombreuses études ont été réalisées, au plan international,
pour déterminer le niveau de bruit et la durée d’exposition à partir 1.2.1 Pression acoustique
desquels un risque auditif pouvait apparaître parmi les travailleurs
exposés. Après compilation, leurs résultats furent regroupés dans la La pression acoustique est définie comme la variation de pression
norme NF S31-013. Elle permet l’estimation du déficit auditif induit en un point autour de la valeur moyenne de la pression atmosphéri-
par le bruit, de populations exposées. Elle décrit les pertes auditives que. Elle s’exprime en pascals. Elle est généralement de très faible
de façon statistique et compare l’audition de populations exposées amplitude vis-à-vis de la pression atmosphérique (2 Pa, par exem-
au bruit avec celle d’une population non exposée au bruit profes- ple, pour un son de 100 dB, alors que la pression atmosphérique au
sionnel et de même âge. De plus, sachant que les pertes auditives niveau de la mer est de 105 Pa). Les microphones qui mesurent la
sont progressives, cette norme fournit un indicateur précoce pression acoustique ne sont sensibles qu’à la partie fluctuante.
d’alerte : il permet de détecter les premiers déficits auditifs observa-
bles par un test audiométrique et d’alerter sur la présence du risque La pression acoustique de référence est la valeur de pression
bruit, cela avant que les pertes auditives ne soient devenues percep- acoustique minimale perçue par l’oreille.
tibles, profondes et invalidantes socialement, ce qui deviendrait le Le niveau de pression acoustique, ou intensité du son, est une
cas si l’exposition au bruit se prolongeait durant des années. mesure relative de la pression acoustique, noté Lp ou L (de l’anglais
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
AG 4 700 − 2 © Techniques de l’Ingénieur
YX
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
agTWPP
pressure level), exprimé en décibels (notés dB), qui est défini par la faible que l’oreille puisse percevoir correspond au tic-tac d’une
relation : montre placée à 1 m de l’oreille (approximativement de 2 · 10−5 Pa).
À l’opposé, un bruit d’arme à feu peut générer une pression acous-
L p = 10 lg ( p 2 ⁄ p 02 ) (1) tique de l’ordre de 20 Pa. La seconde vient de la physiologie de
l’oreille : il a été montré que la sensation auditive n’est pas linéaire
avec p (Pa) valeur efficace de la pression acoustique, mais varie comme le logarithme de l’excitation (loi de Fechner).
p0 pression de référence égale à 2 · 10−5 Pa dans l’air. Fechner a postulé que toute variation de sensation dépend d’une
La pression de référence p0 correspond sensiblement au seuil variation relative de l’intensité du son, et que la différence de sensa-
d’audition moyen de l’homme à la fréquence de 1 000 Hz. Un son à tion était proportionnelle au logarithme de la variation d’intensité
1 000 Hz devient audible à 0 dB et atteint le seuil de la douleur à acoustique :
120 dB.
I2
S 2 – S 1 = k lg ---- (5)
R
I1
1.2.2 Intensité acoustique
où Si est la sensation auditive correspondant à l’intensité Ii.
L’intensité acoustique est l’énergie transportée par l’onde sonore Plus simplement exprimé, l’oreille ne percevra pas, en cas de dou-
par unité de temps et de surface. Elle est égale au produit moyen de blement de la pression acoustique, le bruit comme deux fois plus
la pression par la vitesse de l’onde acoustique et a pour unité le watt important, ou deux machines identiques ne donneront pas l’impres-
par mètre carré (W · m−2). Elle est proportionnelle au carré de la sion de faire deux fois plus de bruit qu’une seule, et de fait, le dou-
pression acoustique mesurée au même point : blement de l’intensité du son entraîne une différence de niveau de
3 dB (voir plus haut). Une telle différence est juste perceptible.
p2
I = ------ (2)
ρc
1.2.4 Fréquence acoustique
avec p (Pa) valeur efficace de la pression acoustique,
ρ (kg · m−3) masse volumique du milieu de propagation, La fréquence est le nombre de cycles par seconde d’un son et en
c (m · s−1) célérité du son dans ce milieu. détermine la tonalité grave (basse fréquence) ou aiguë (haute fré-
À l’instar de la pression, et pour les mêmes raisons, le niveau quence). Dans la terminologie des musiciens, la fréquence corres-
d’intensité acoustique est exprimé en décibels : pond à la hauteur du son.
Un son est dit pur lorsqu’il est composé d’une seule fréquence. En
I
L I = 10 lg ---- (3) fait, la plupart des sons ont une forme complexe. Les travaux de
I Fourier au siècle dernier ont montré qu’un son complexe est com-
0
posé d’une multitude de sons purs de fréquences, d’amplitudes et
avec I (W · m−2) valeur efficace de l’intensité acoustique, de phases différentes.
I0 intensité de référence égale à 10−12 W · m−2 en Il est donc constitué d’une superposition de sinusoïdes dont la
propagation aérienne. représentation dans le domaine fréquentiel est le spectre du son.
L’intensité de référence est déduite de la pression de référence L’analyse spectrale permet de décomposer un signal temporel
dans l’air. L’intensité ne dépend donc pas uniquement de la pres- complexe – un son riche – en une suite de composantes élémen-
sion, mais aussi de la masse volumique et de la célérité du son dans taires – les fréquences qui le composent – caractérisées par leurs
son milieu de propagation. amplitudes et leurs phases relatives.
Une autre grandeur, utilisée par exemple dans les documenta- Deux sortes de spectres peuvent être calculées : les spectres en
tions sur le bruit des machines, est la puissance acoustique. Une bandes fines qui permettent une décomposition du son fréquence
source sonore est définie par sa puissance acoustique qui se mesure par fréquence et les spectres par bande d’octave (ou de tiers
en watts. L’intensité est la valeur efficace de la puissance acoustique d’octave) qui sont une mesure d’énergie par bande fréquentielle, la
(valeur quadratique moyenne) par unité de surface. De ce fait, une largeur de bande respectant :
source omnidirectionnelle posée au sol produisant une intensité I à
une distance r a une puissance de : ∆f/f = 71 % pour les bandes d’octave
∆f/f = 23 % pour les tiers d’octave
W = 4πr 2 · I (4)
Ainsi, la fréquence centrale double entre deux bandes d’octave
où le terme 4πr 2 est la surface de la demi-sphère entourant la
consécutives et la largeur fréquentielle de la bande est constante sur
source.
une échelle logarithmique. Cette représentation est intéressante
Cela a deux implications importantes (en l’absence de réverbéra- parce qu’elle correspond à la sensibilité de l’oreille. La hauteur des
tion autre que le sol) : sons est ambiguë à une octave près. Un son à 200 Hz et un son à
— lorsque la distance à la source double, l’intensité diminue de 400 Hz produisent tous les deux une sensation de hauteur assez
10lg(22) = 6 dB ; semblable. Enfin, il y a huit notes dans une octave. Le rapport
— lorsque la puissance de la source est doublée, l’intensité aug- d’octave est très largement utilisé en musique, en particulier pour
mente de 10lg(2) = 3 dB. définir des classes de hauteur. Mais cette représentation est aussi
très utilisée en acoustique industrielle car elle permet une caractéri-
Il convient de noter que la pression moyenne présente les mêmes
sation du son en amplitude et en fréquence avec un spectre repré-
écarts.
sentatif de la sensibilité de l’oreille.
1.2.3 Décibel
1.3 Niveaux sonores et indices de bruit
Les niveaux de bruit s’expriment généralement en décibels. Cette
unité de mesure est singulière, car elle découle d’une échelle loga-
rithmique. Deux raisons expliquent ce choix d’échelle. La première Le risque lié au bruit professionnel est fonction de son niveau et
est l’étendue de la gamme audible. La pression acoustique la plus de sa durée. De plus, l’oreille n’a pas la même sensibilité suivant la
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur AG 4 700 − 3
YY
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
agTWPP
répartition fréquentielle du son reçu. Il faut donc prendre en compte 1.3.3 Niveau d’exposition sonore quotidienne :
ces paramètres pour caractériser le bruit. Cette prise en compte se LEX,d
fait par l’intégration du signal mesuré sur une durée donnée afin de
s’affranchir du paramètre temps et par sa pondération dans le
domaine fréquentiel afin de le ramener à la sensibilité de l’oreille. C’est la valeur du niveau de pression acoustique pondéré A d’un
On calcule ainsi les indicateurs auxquels la législation se réfère : son continu stable, sur l’intervalle de référence de 8 h, à laquelle cor-
— le niveau de pression acoustique continu équivalent pondéré respond la même dose d’énergie acoustique reçue par le travailleur
A : LAeq,T (§ 1.3.2) ; que celle engendrée par l’exposition sonore réelle considérée, pen-
— le niveau d’exposition sonore quotidienne : LEX,d (§ 1.3.3) ; dant la totalité de la journée de travail.
— le niveau de pression acoustique de crête pondéré C : L pc
(§ 1.3.4) ; Ce niveau est donné par la relation suivante :
— le niveau de bruit sur un emplacement de travail : L Aeq ,Td
R
(§ 1.3.5).
Td
∫
2
Par ailleurs, les machines bruyantes doivent faire l’objet A ( t )
d’informations : la notice d’instruction doit indiquer le niveau de
1
L EX ,d = 10 lg ------ p - dt
------------- (7)
T0 0
p
pression acoustique pondéré A mesuré aux postes de travail et, lors- 0
que ce niveau est excessif, le niveau de puissance acoustique pon-
déré A émis par la machine : LwA (§ 1.3.6).
avec pA(t) valeur instantanée de la pression acoustique
Enfin, et lorsque des machines bruyantes y sont implantées, les pondérée A, mesurée au niveau de l’oreille du
locaux doivent être traités de façon à ce que la réverbération ne pro- travailleur sans tenir compte du port éventuel
voque pas une augmentation du niveau d’exposition sonore quoti- d’une protection individuelle de l’ouïe,
dienne égale ou supérieure à 3 dB. Pour le vérifier, on mesure la
décroissance sonore par doublement de distance : DL (§ 1.3.7). T0 durée de référence : T0 = 28 800 s = 8 h,
L’oreille humaine n’a pas la même sensibilité pour toutes les fré- Remarques :
quences audibles : ainsi, un son de 50 dB et de fréquence 1 000 Hz ■ La durée de référence T0 a été choisie égale à 8 h, conformé-
produit une sensation auditive plus forte qu’un son de 50 dB à la fré- ment aux bases utilisées dans les études épidémiologiques du
quence 100 Hz. De plus, elle perçoit les sons dans une plage de fré- risque de surdité professionnelle.
quence spécifique, comprise environ entre 20 et 20 000 Hz.
Pour tenir compte de ces caractéristiques du système auditif, plu- ■ Le niveau d’exposition sonore quotidienne, LEX,d, est lié au
sieurs pondérations fréquentielles ont été normalisées. Ces pondé- niveau de pression acoustique continu équivalent déterminé sur
rations sont des filtres définis par bande de fréquence. Les plus la durée totale effective de la journée de travail, L Aeq ,Td , par la
couramment utilisées sont les pondérations A et C : relation :
— la pondération A doit être employée pour mesurer un niveau
Td
de bruit moyen reçu par un travailleur. Elle correspond à la courbe L EX ,d = L Aeq ,Td + 10 lg ------ (8)
isosonique passant par 40 dB à 1 000 Hz (voir dossier Acoustique T
0
industrielle [R 3 120]) ;
— la pondération C donne approximativement le même poids à Si Td = T0, c’est-à-dire si la durée effective de la journée de tra-
toutes les composantes comprises entre 100 Hz et 4000 Hz et coupe vail est de 8 h, on a la relation :
les composantes spectrales que l’oreille ne perçoit pas. Elle corres- LEX,d = LAeq,8h (9)
pond à la courbe isosonique passant par 100 dB à 1 000 Hz. On
l’applique pour mesurer un bruit impulsionnel. ■ Si la journée de travail peut être divisée en n phases de
n
1.3.2 Niveau de pression acoustique continu durées Ti (i = 1, ..., n), avec ∑ T i = T d , pendant lesquelles on
i=1
équivalent pondéré A : LAeq,T
détermine les valeurs de niveau de pression acoustique continu
C’est la valeur du niveau de pression acoustique pondéré A d’un équivalent pondéré A, L Aeq ,Ti , le niveau d’exposition sonore
son continu stable qui, au cours d’une période spécifiée T, a la même quotidienne peut être calculé au moyen de la relation :
pression acoustique quadratique moyenne que le son considéré dont
n
le niveau varie au cours du temps. Il est défini par la relation suivante :
1
L EX ,d = 10 lg ------ ∑ T i 10
0 ,1 L Aeq ,T
i (10)
t2 T0
∫
2 i=1
1 p A ( t )
L Aeq,T = 10 lg --------------- - dt
------------- (6)
t2 – t1 t1 p ■ Si les niveaux d’exposition sonore quotidienne sont sensible-
0
ment variables au cours d’une semaine, on peut calculer leur
avec LAeq,T niveau de pression acoustique continu valeur moyenne hebdomadaire LEX,d par la relation :
équivalent pondéré A, déterminé pour un
N
intervalle de temps T, qui commence à t1 et se
termine à t2, L EX ,d
1
= 10 lg --- ∑ 10
0 ,1L EX ,d
i (11)
5 i=1
pA(t) valeur instantanée de la pression acoustique
pondérée A, mesurée au niveau de l’oreille du
travailleur sans tenir compte du port éventuel avec N nombre de journées de travail dans la semaine,
d’une protection individuelle de l’ouïe, L EX ,di niveau d’exposition sonore quotidienne
p0 pression acoustique de référence. correspondant à la i-ème journée de travail.
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
AG 4 700 − 4 © Techniques de l’Ingénieur
QPP
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
agTWPP
1.3.4 Niveau de pression acoustique de crête 1.3.7 Décroissance sonore par doublement
pondéré C : Lpc de distance : DL
Dans le cas où l’on est en présence de bruits à caractère impul- C’est la valeur, en décibels, de la décroissance du niveau de pres-
sionnel, le niveau de pression acoustique de crête doit être mesuré. sion acoustique lorsque la distance entre le point de mesure et la
Il s’exprime en décibels (dB) pondérés C ; sa valeur est donnée par source est doublée.
la relation : La mesure s’effectue à l’aide d’une source sonore de référence
stable et non directive et d’un ensemble de points de mesurage
L pc = 10 lg ( p c2 ⁄ p 02 ) (12) espacés de telle façon que la distance à la source augmente d’un
point à un autre. La décroissance sonore par doublement de dis-
tance est déduite de celle du niveau sonore entre les différents
avec pc (Pa) valeur maximale de la pression acoustique points et au fur et à mesure qu’on s’éloigne de la source.
R
instantanée.
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur AG 4 700 − 5
QPQ
GAGNEZ DU TEMPS ET SÉCURISEZ VOS PROJETS
EN UTILISANT UNE SOURCE ACTUALISÉE ET FIABLE
RÉDIGÉE ET VALIDÉE MISE À JOUR 100 % COMPATIBLE SERVICES INCLUS
PAR DES EXPERTS PERMANENTE SUR TOUS SUPPORTS DANS CHAQUE OFFRE
NUMÉRIQUES
www.techniques-ingenieur.fr
CONTACT : Tél. : + 33 (0)1 53 35 20 20 - Fax : +33 (0)1 53 26 79 18 - E-mail : infos.clients@teching.com
LES AVANTAGES ET SERVICES
compris dans les offres Techniques de l’Ingénieur
ACCÈS
SERVICES ET OUTILS PRATIQUES
Archives Impression à la demande Alertes actualisations
Technologies anciennes et versions Commandez les éditions papier Recevez par email toutes les nouveautés
antérieures des articles de vos ressources documentaires de vos ressources documentaires
*Questions aux experts est un service réservé aux entreprises, non proposé dans les offres écoles, universités ou pour tout autre organisme de formation.
www.techniques-ingenieur.fr
CONTACT : Tél. : + 33 (0)1 53 35 20 20 - Fax : +33 (0)1 53 26 79 18 - E-mail : infos.clients@teching.com