Chap 12 Durabilité PDF
Chap 12 Durabilité PDF
Chap 12 Durabilité PDF
G. ESCADEILLAS, H. HORNAIN
Résumé
L’attaque chimique du béton résulte essentiellement des réactions de dissolution/
précipitation qui se produisent lorsque les éléments agressifs, par diffusion ioni-
que ou par perméation de la solution, viennent en contact avec les hydrates cal-
ciques du ciment : dissolution de l’hydroxyde de calcium ou lixiviation de la chaux
des C-S-H, précipitation de composés nouveaux nocifs ou non. Les paramètres
qui régissent ces phénomènes sont nombreux et complexes : chimie et minéra-
logie du béton, sa microstructure dont dépendent les propriétés de transfert (per-
méabilité, diffusivité), conditions environnementales.
Les principaux milieux agressifs ainsi que les mécanismes d’attaque qui leur sont
associés, sont passés en revue. Un développement relativement important est
consacré aux milieux les plus courants : eau pure, acides, sulfates, eau de mer
et eaux usées. Les autres milieux : nitrates, chlorures, substances organiques
sont également abordés.
613
LA DURABILITÉ DES BÉTONS
614
La durabilité des bétons vis-à-vis des environnements chimiquement agressifs
1. INTRODUCTION
Ce chapitre concerne les bétons élaborés à partir des ciments courants au sens de
la norme NF EN 197-1 : ciments dont le constituant de base est le clinker Portland
associé à d’autres constituants minéraux naturels (pouzzolanes, calcaires) ou ar-
tificiels (cendres volantes, laitier, fumée de silice).
S’ils sont bien adaptés à leur usage et à leur environnement, et s’ils sont fabriqués
et mis en œuvre suivant les règles de l’art (norme NF EN 206-1, normes de pro-
duits préfabriqués et fascicule 65), ces bétons sont résistants chimiquement et du-
rables. Leur durée de vie1 présumée est d’au moins cinquante ans.
Dans le cas des durées de vie supérieures, de l’ordre de 100 à 120 ans, exigées
pour les grands ouvrages tels que le pont sur le Tage à Lisbonne mis en service en
1998 [HOR 98] ou le viaduc de Millau en France ouvert au trafic en 2004, l’ap-
plication de prescriptions plus sévères ainsi que la mise en œuvre d’une approche
performantielle (traitée au chapitre 8), permettent de concevoir des bétons dura-
bles avec un bon degré de fiabilité.
Du point de vue chimique, le matériau béton constitue un système très complexe
formé d’un squelette granulaire plus ou moins inerte, solidarisé par des hydrates
(C-S-H, hydroxyde de calcium, aluminates…) dont la porosité est irriguée par une
phase liquide interstitielle fortement basique, de pH de l’ordre de 13. La compo-
sition et la structure microporeuse du matériau sont illustrées par la figure 12.1.
20 µm
Figure 12.1 : illustration de la microstructure d’un béton (ciment de type CEM I, granulats
siliceux, E/C = 0,50). Fractographie au microscope électronique à balayage
(photo LERM).
1. Suivant la norme NF EN 206-1, la durée de vie est la période durant laquelle le comportement
du béton dans la structure demeurera à un niveau compatible avec les exigences de performance de
la structure si celle-ci est correctement entretenue.
615
LA DURABILITÉ DES BÉTONS
1 : granulat siliceux de surface plus ou moins rugueuse ; 2 : portlandite Ca(OH)2 en cristaux massifs
précipités au contact du granulat (empilement de cristaux de structure hexagonale vus perpendiculai-
rement au plan principal) ; 3 : C-S-H microgranuleux, microporeux ; 4 : aiguilles d’ettringite non ex-
pansive dans un pore ; 5 : empreinte lisse d’un granulat déchaussé.
La porosité (nanoporosité des C-S-H et porosité capillaire (espaces intergranulaires, vides aux inter-
faces liant/granulats)) conditionne le transfert des agents agressifs dans le matériau par diffusion, per-
méation et capillarité.
Le lecteur se reportera avantageusement au chapitre 3 où sont traitées en détail les questions relati-
ves à la structure poreuse des bétons et à leurs propriétés de transfert.
Par définition, le béton est un matériau évolutif qui, tout au long de son existence,
est le siège de réactions physico-chimiques (présentées en détail dans le chapitre 2),
certes de plus en plus lentes : hydratation des composés anhydres résiduels, échan-
ges ioniques entre phases solides et liquides, phénomènes de dissolution et recris-
tallisation, migration d’ions… En conditions normales de température et
d’humidité, ces transformations n’ont aucun caractère nocif et contribuent plutôt à
la pérennité du matériau.
Toutefois, les équilibres chimiques plus ou moins établis à long terme peuvent
être perturbés sous l’influence du milieu extérieur, en particulier par l’action
d’agents agressifs externes dont il sera principalement question ici. Face à ces
agents agressifs plus acides (eaux pures, sels, acides…), le béton, matériau forte-
ment basique (pH de l’ordre de 13), se trouve en déséquilibre thermodynamique.
À leur contact, des réactions susceptibles de conduire à des dégradations plus ou
moins importantes peuvent se produire.
Dans toutes les réactions de dégradation, l’eau joue un rôle primordial. Indépen-
damment de l’eau normalement contenue dans le béton (solution interstitielle en
équilibre chimique avec les hydrates), un apport d’eau extérieur est nécessaire
(eau liquide ou humidité atmosphérique). D’une part, l’eau est le vecteur des ions
agressifs ; d’autre part, elle est à l’origine du renouvellement de la solution inters-
titielle qui permet aux phénomènes de dissolution/précipitation de se produire.
Par ailleurs, on sait que l’agressivité des gaz dépend de l’humidité relative du mi-
lieu ambiant et que celle des sols est directement en relation avec la percolation
d’eau qui permet d’en dissoudre les éléments nocifs (sols gypseux, par exemple).
Le transport des ions agressifs se fait principalement par perméation des gaz et
des liquides et par diffusion ionique à travers la veine liquide.
Le transport des ions agressifs dans les bétons se fait suivant deux processus prin-
cipaux, superposés, présentés en détail dans le chapitre 3 :
– processus de diffusion sous gradient de concentration, régi par les lois de Fick
(diffusion sans interactions entre les ions diffusant) complétées par la relation de
Nernst-Planck qui prend en compte les interactions entre ions ;
616
La durabilité des bétons vis-à-vis des environnements chimiquement agressifs
617
LA DURABILITÉ DES BÉTONS
et une partie sous forme d’ions CH3CO2– et H+ (ou plus précisément H3O+). La
dissociation sera totale pour un acide fort tel que HCl.
Pour un sel AxBy ↔ xA+(aq)+ yB–(aq) l’équilibre de solubilité (ou la constante
de dissociation) est défini par :
Ks = [A+]x . [B–]y / [AxBy] ou encore par pKs = – log Ks
où [A+] et [B–] représentent les activités1 des ions en solution (assimilables, en
première approximation, à leurs concentrations dans le cas des solutions diluées).
[A+]x . [B–]y représente le produit de solubilité du composé AxBy à l’équilibre, à
la température et à la pression considérées (les pK sont généralement donnés pour
25 °C (298 °K) dans les tables). Si le produit [A+]x . [B–]y est supérieur au produit
de solubilité, la solution est sur-saturée et il y a précipitation de AxBy ; s’il est
inférieur, la solution est sous-saturée et AxBy se dissout.
Par exemple, pour la portlandite Ca(OH)2, base forte dont la dissociation dans
l’eau est complète, la réaction à l’équilibre s’écrit (en négligeant les ions CaOH–
résultant de la complexation du calcium par les ions OH–) :
Ca(OH)2 ↔ Ca2+ + 2OH–
et pKs = – log [Ca2+] [OH–]2 = 5,25 [ADE 96]
soit Ks = 10–5,25 = 5,6.10–6
Les conditions de dissolution et de précipitation d’un composé dépendent égale-
ment des autres espèces ioniques présentes. Par exemple, en présence d’alcalins,
l’apport d’ions OH– modifie l’équilibre ci-dessus et entraîne le précipitation de
Ca(OH)2, ce qui explique la très faible concentration en ions calcium de la solu-
tion interstitielle des bétons, qui contient généralement des hydroxydes alcalins.
La dissolution d’un composé dans l’eau peut être accompagnée du phénomène
d’hydrolyse qui est une réaction particulière qui se produit lors de la dissolution
dans l’eau d’un sel d’acide fort et de base faible (chlorure d’ammonium NH4Cl
par exemple) ou d’un sel de base forte et d’acide faible (C-S-H par exemple) : cet-
te réaction conduit à la décomposition chimique du sel par l’eau et à la dissocia-
tion de l’eau elle-même. Schématiquement, dans le cas d’un sel AB de base forte
et d’acide faible on peut écrire :
AB + H2O ↔ B(OH) + AH
1. L’activité d’un ion est égale à sa concentration molaire affectée d’un coefficient d’activité qui
dépend des interactions ion/solvant.
618
La durabilité des bétons vis-à-vis des environnements chimiquement agressifs
Dans ce cas, la dissociation de l’eau (H2O ↔ H+ + OH–) n’est pas négligeable par
rapport à celle de l’acide faible AH et, lors de la dissolution du sel AB, on ne pour-
ra éviter la coexistence de AH et OH-, ces derniers primant sur l’acide faible peu
ionisé. La solution résultante aura un caractère basique.
Ainsi, en présence d’eau, les C-S-H se décomposent en Ca(OH)2, base forte, et en
acide silicique H4SiO4, avec dissociation de l’eau : la base forte est complètement
dissociée en Ca2+ et OH–, l’acide silicique est faiblement dissocié en H2SiO42– et
H+ (ou H3O+). Du fait de la dissociation de l’eau, la concentration des ions H+ est
inférieure à celle des ions OH–, ce qui confère un pH basique à la solution. On
peut schématiser le processus de la manière suivante : l’équilibre entre un C-S-H
de rapport CaO/SiO2 = 1,5 et les ions de la solution peut s’écrire par exemple
[FUJ 81] :
1,5CaO.SiO2.2,3H2O ↔ 1,5Ca2+ + H2SiO42– + OH– + 0,8H2O
L’acide silicique étant un acide faible, les ions H2SiO42– déplacent l’équilibre io-
nique de l’eau suivant la réaction :
H2SiO42– + H2O ↔ H3SiO4– + OH– la solution est basique.
En ce qui concerne le béton on parle plus généralement de lixiviation qui, dans sa
définition première, est une opération qui consiste à faire passer lentement un sol-
vant à travers un matériau en couche épaisse afin d’en extraire un ou plusieurs
constituants solubles. C’est le terme souvent employé pour décrire le phénomène
d’extraction progressive des ions calcium (dissolution de Ca(OH)2 et décalcifica-
tion des C-S-H) lors de la percolation des solutions agressives dans le béton. La
lixiviation peut être décrite comme une dissolution progressive résultant d’une
succession d’états d’équilibre entre les hydrates et la solution : au fur et à mesure
que les ions agressifs arrivent au contact des hydrates, l’équilibre entre ces hydra-
tes et la solution interstitielle est rompu ; mais il est aussitôt rétabli par une nou-
velle dissolution des hydrates et/ou par la précipitation d’un nouveau composé
selon que la solution est sous-saturée ou sursaturée par rapport à ce composé. Le
terme de « lessivage » parfois employé, a un sens analogue.
Les composés précipités peuvent être nocifs ou non vis-à-vis de la durabilité du
béton.
À titre d’exemple, la précipitation du carbonate de calcium CaCO3, due à l’action
de l’acide carbonique sur les composés calciques du béton Ca(OH)2 et C-S-H, ré-
duit la porosité de la peau du béton et peut constituer une barrière plus ou moins
protectrice vis-à-vis de la pénétration des substances agressives dans le matériau
[REG 76].
619
LA DURABILITÉ DES BÉTONS
620
La durabilité des bétons vis-à-vis des environnements chimiquement agressifs
Actions environnementales
1. Expansion du béton par formation Stade 2
de composés gonflants en relation avec :
Ɣ3pQpWUDWLRQGHO
HDX
±O
DWWDTXHSDUOHVVXOIDWHV
Ɣ3pQpWUDWLRQGHVJD]
±O
DOFDOLUpDFWLRQ
Ɣ3pQpWUDWLRQGHVLRQVDJUHVVLIV
±OHVF\FOHVGHJHOGpJHO 2–
&O–, SO4 )
– la corrosion des aciers
2. Perte de raideur et de résistance
du béton
Fissuration, fragmentation,
perte de masse
1. Holistique : du grec holos qui signifie « tout ». Approche globale proposée par P.K. Mehta
[MEH 94].
621
LA DURABILITÉ DES BÉTONS
622
La durabilité des bétons vis-à-vis des environnements chimiquement agressifs
compacité maximale est obtenue par une large étendue granulaire associée à l’uti-
lisation de fines (calcaires, laitiers, cendres volantes, fumées de silice) venant en
complément ou en substitution du ciment [BAR 99a].
2.3.2. Paramètres liés à l’environnement
Les principaux paramètres à prendre en compte sont les suivants :
• la nature physique de l’agent agressif qui peut être liquide, gazeux ou solide, le
vecteur des composés agressifs pour ces deux derniers étant toujours l’eau apportée
par le milieu extérieur, sans laquelle il n’y a pas de dégradation notable possible.
Les milieux liquides sont essentiellement les eaux pures ou plus ou moins chargées
et des solutions d’acides, de bases et de sels d’origine naturelle ou artificielle.
Les milieux gazeux sont d’origine naturelle, industrielle ou domestique. Il s’agit
par exemple de CO, CO2, SO2, NOx, H2S dans les ouvrages d’assainissement ou
encore le chlore dégagé lors d’incendies. Ces gaz s’oxydent en présence d’humi-
dité. Par condensation dans des conditions données de température et d’humidité,
des solutions agressives peuvent se former lorsqu’on descend en dessous du point
de rosée. Selon le fascicule de documentation FD P18-011, l’agressivité des gaz
est généralement faible dans les environnements d’humidité relative inférieure à
65 %. D’un autre point de vue, il faut rappeler que la diffusion des gaz est faible
dans les bétons saturés. Le cas du CO2 à l’origine de la carbonatation, faible lors-
que l’humidité relative du béton est élevée et maximale lorsque le taux d’humidité
est de l’ordre de 65 %, en est une illustration (voir le chapitre 9).
Les milieux solides sont les sols ou les remblais contenant des substances nocives.
Ici encore, c’est la présence d’eau plus ou moins en mouvement dans le sol qui
permet le passage en solution de l’agent agressif et son transfert dans le béton ;
• la nature chimique de l’agent agressif, sa concentration, son mode d’action
(dissolution/hydrolyse/lixiviation, dissolution/précipitation de composés néofor-
més expansifs ou non) ;
• les conditions climatiques naturelles ou artificielles, générales et locales :
exposition atmosphérique, immersion totale, semi-immersion, zone de marnage
ou encore enfouissement ;
• l’humidité relative du milieu, les atmosphères « sèches » (humidité relative
< 65 % suivant le fascicule de documentation FD P18-011) étant peu favorables
au développement des réactions ;
• la température qui est généralement un facteur d’accélération des réactions1 ;
1. On peut rappeler toutefois que la solubilité de la portlandite Ca (OH)2 diminue quand la tempé-
rature augmente (cf. tableau 12.2).
623
LA DURABILITÉ DES BÉTONS
624
La durabilité des bétons vis-à-vis des environnements chimiquement agressifs
À 25 °C, cette constante vaut 10–1,47, soit [CO2]aq. = 1,22 × 10–5 mol/kg, où
[CO2]aq représente le CO2 moléculaire dissous et le CO2 hydraté (molécule
H2CO3).
Les autres équilibres mis en jeu peuvent s’écrire :
H2O + CO2(aq.) ' HCO3– + H+ pKa1 = 6,345
H2O + HCO3– ' CO32– + H+ pKa2 = 10,33
Ces différentes relations permettent de calculer le pH d’une eau ultra pure en
équilibre avec l’air : pH = 5,63.
625
LA DURABILITÉ DES BÉTONS
CO2 total
CO2 agressif CO2 équilibrant CO2 des bicarbonates CO2 des carbonates
1. Le milliéquivalent est la masse d’une millimole divisée par la valence : pour CaO par exemple le
milliéquivalent est égal à 56 (masse molaire de CaO) divisé par 2 (valence du calcium) = 28. Le
milliéquivalent correspond à 5 ° hydrotimétrique français.
626
La durabilité des bétons vis-à-vis des environnements chimiquement agressifs
Eau agressive
pH 6,1 6,3 6,5
10
Courbe d'équilibre
CO2 (mmol/l)
8
de la calcite à 15 °C
Eau incrustante
6 A 6,6
4 6,9
2 7,2
B
0 10 20 30 40 50
TAC (°F)
627
LA DURABILITÉ DES BÉTONS
Portlandite 5,2
Monosulfoaluminate 29,25
Ettringite 43,9
Température (°C) 0 15 20 30 40 50 60
Solubilité (g/L) 1,31 1,29 1,23 1,13 1,04 0,96 0,86
628
La durabilité des bétons vis-à-vis des environnements chimiquement agressifs
Dans les bétons, le processus d’attaque reste globalement le même que celui décrit
par la figure 12.4. Il dépend beaucoup des propriétés de transfert du matériau mais
aussi de la mobilité du milieu agressif et de son taux de renouvellement. Les silica-
tes et les aluminates, moins solubles, sont attaqués plus tardivement lorsqu’une
grande partie de Ca(OH)2 a déjà été dissoute et que la composition de la solution
interstitielle du béton n’est plus déterminée par l’équilibre avec la portlandite, mais
par l’équilibre avec les autres composés hydratés. La dissolution sélective du cal-
cium de ces derniers provoque un accroissement de la microporosité, en même
temps que le rapport molaire CaO/SiO2 des C-S-H décroît. Les ions alcalins Na+ et
K+, particulièrement mobiles, sont également rapidement lixiviés [KON 91].
Fronts de dissolution
1 2 3 4 5
La dégradation éventuelle peut être due, soit à une érosion superficielle provo-
quée par la circulation d’eau à la surface du béton, soit à une percolation du liqui-
de sous gradient de pression hydraulique à travers le matériau (cas des tunnels,
par exemple). Elle peut conduire à des pertes de masse et d’alcalinité dues en par-
ticulier à la lixiviation du calcium des hydrates, qui induit une augmentation de la
porosité et de la perméabilité. La dégradation peut se traduire également par une
diminution des résistances mécaniques. Le lessivage des ions calcium se manifes-
te souvent visuellement, par la formation de concrétions, de stalactites, de coulu-
res ou d’efflorescences blanchâtres. Ces formations sont dues à la précipitation, à
la surface du béton, de carbonate de calcium à partir de la solution percolante ri-
che en calcium venue au contact du CO2 atmosphérique.
629
LA DURABILITÉ DES BÉTONS
12
Perte de masse (%)
0
0 3 6 14
Temps (années)
630
La durabilité des bétons vis-à-vis des environnements chimiquement agressifs
tant. Le ciment au laitier de haut-fourneau CEM III/A qui donne peu de portlandite et produit des C-S-
H abondants, denses et de rapport molaire C/S relativement faible est plus résistant que le ciment de
type CEM I qui donne beaucoup de portlandite et des C-S-H de rapport C/S plus élevé ( 1,5) plus sen-
sibles au phénomène de lixiviation.
631
LA DURABILITÉ DES BÉTONS
les pluies dites « acides », dont le pH peut descendre jusqu’à 4 et parfois moins,
sont agressives. L’occurrence de ce type de pluies est en relation principalement
avec la pollution par les oxydes de soufre SOx d’origine industrielle ou domesti-
que (combustion des charbons, fiouls, carburants) qui représentent environ un
tiers de tous les oxydes de soufre de l’atmosphère. Le résultat est la formation
d’acide sulfurique très hygroscopique qui se condense rapidement en gouttelettes
susceptibles de contenir des métaux lourds (mercure, plomb, argent, cadmium) et
des sulfates (d’ammonium, de sodium). Les oxydes d’azote NOx également pré-
sents se transforment en acide nitrique. La composition et le pH des pluies peu-
vent varier en fonction de la saison et des conditions locales. Le tableau 12.3
emprunté à Kreijger [KRE 81] donne quelques exemples de compositions d’eaux
de pluie, relevées en Europe.
Les pluies acides peuvent provoquer des dégradations superficielles suivant des
processus plus ou moins complexes faisant entrer en jeu des phénomènes de dis-
solution dus aux acides (sulfurique, nitrique, carbonique) et d’expansion dus à la
cristallisation de sels, tels que le gypse (salissures des façades) ou l’ettringite.
En ce qui concerne les acides minéraux
Les acides chlorhydrique et nitrique, acides minéraux forts qui par réaction avec
la chaux du ciment donnent naissance respectivement, au chlorure de calcium
CaCl2 et au nitrate de calcium (NO3)2Ca, sels très solubles, sont très agressifs vis-
à-vis des ciments Portland [ZIV 01, ZIV 02].
L’acide sulfurique H2SO4, formé, par exemple, lors de l’oxydation de l’hydrogè-
ne sulfuré produit dans les réseaux d’assainissement [DUG 73] ou par condensa-
tion à partir du SO2 atmosphérique, est doublement agressif par son acidité et par
l’anion SO42– qui peut conduire à la formation de sels expansifs tels que le gypse
et l’ettringite (cf. § 3.5).
L’acide phosphorique H3PO4, qui entraîne la précipitation de phosphates de cal-
cium très peu solubles, est modérément agressif, mais provoque une désintégra-
tion lente du béton.
632
La durabilité des bétons vis-à-vis des environnements chimiquement agressifs
Tableau 12.3 : compositions d’eaux de pluie en mg/L, d’après Kreijger [KRE 81].
Nombre
180 180 189 138 83
d’échantillons
Période 1955-1969 1955-1969 1956-1969 1960-1961 1956-1962
1. Les acides forts tels que HCl sont complètement dissociés en ions H+ et Cl–. Les acides faibles
tels que l’acide acétique CH3COOH sont faiblement dissociés en ions CH3COO– et H+ et leur
solution renferme le composé sous forme moléculaire.
633
LA DURABILITÉ DES BÉTONS
dans des porcheries [DEB 97] ont montré que le matériau était fortement attaqué
par l’acide lactique et l’acide acétique provenant des aliments fermentés. Selon
Bertron et al. [BER 04b, BER 05c, BER 07] le processus d’attaque est de même
nature que celui qui est observé avec les acides forts : essentiellement dissolution
des composés calciques avec production de sels de calcium solubles, l’anion
n’ayant aucun effet spécifique. Il faut ajouter qu’aux dégradations d’origine chi-
mique peuvent s’ajouter des phénomènes d’abrasion dus à la circulation des ani-
maux.
Les déjections animales (purins, fumiers) contiennent également les acides acéti-
que, propionique, butyrique, iso-butyrique, tous agressifs [BER 05a]. Bertron et
al. signalent également la présence d’acides gras volatiles très agressifs vis-à-vis
du béton dans les cuves à purins ou à lisiers [BER 04b].
Dans les tourbières et les marécages, les acides humiques sont susceptibles d’at-
teindre des concentrations élevées. Ils peuvent échanger leurs ions H+ avec des
cations de sels neutres et former des acides libres minéraux. Le pH peut s’abaisser
jusqu’à 4.
Indépendamment des moyens supplémentaires de protection qu’il peut être néces-
saire de mettre en œuvre (résines, bitumes et autres revêtements), les mesures à
prendre pour réduire les risques d’attaque par les acides, sont les suivantes :
– bien identifier les risques : nature de(s) (l’)acide(s), concentrations, mode
d’action (mobilité, renouvellement, température…), actions extérieures (piétine-
ment, abrasion…) ;
– utiliser des ciments à faible teneur en chaux, en particulier des ciments avec
ajouts minéraux consommateurs de chaux (laitiers, cendres volantes silico-alu-
mineuses, pouzzolanes réactives, fumées de silice).
Les travaux de Mehta [MEH 85] effectués sur des bétons de faible rapport E/C
contenant soit des fumées de silice soit un ajout de latex styrène-butadiène et sou-
mis à des solutions d’acides chlorhydrique (1 %), sulfurique (1 %), lactique (1 %)
et acétique (5 %), concluent à la meilleure tenue générale des bétons avec fumées
de silice. L’effet du latex se traduirait par un enrobage des hydrates qui les protè-
gerait des agressions chimiques.
Les expériences de Bertron et al. [BER 04a] sur des pâtes de ciments (deux
CEM I dont l’un à faible teneur en C3A, et un ciment au laitier de haut-fourneau)
soumises à un mélange d’acides organiques à pH 4 simulant l’agression accélérée
d’un lisier, montrent l’effet bénéfique du laitier sur les pertes de masse des échan-
tillons et confirment la nécessité de réduire la quantité de chaux et d’augmenter
celle de la silice (figure 12.6). D’autres tests ont été effectués par les mêmes
auteurs sur un ciment au laitier de haut-fourneau et trois ciments Portland ordinai-
634
La durabilité des bétons vis-à-vis des environnements chimiquement agressifs
res, le premier sans ajout, le deuxième avec ajout de fumée de silice, le troisième
avec ajout de cendres volantes : l’analyse du comportement des éléments chimi-
ques Ca, Si, Al, Fe et Mg dans chacune des pâtes de ciments, montre l’influence
favorable des éléments Si, Al et Fe sur la résistance chimique des liants vis-à-vis
des acides organiques acétique, propionique, butyrique, iso-butyrique et lactique,
ce dernier étant le plus agressif [BER 05a].
0,35
0,30
1,6
Perte relative de masse
0,25 1
Expansion (10– 3)
1,4
0,20 1,2
1,0
0,15 0,8 2
0,6
0,10 0,4
I I' 3 CEM I
0,2
0,05 CEM I PM/ES
0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 CEM
22 III/B
24
0,00 Âge (mois)
0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20
Durée d'immersion (semaines)
Des conclusions semblables ont été avancées par De Bélie et al. [DEB 96,
DEB 97], qui classent la résistance des ciments aux attaques par les acides lacti-
que et acétique dans l’ordre suivant, du plus résistant au moins résistant : ciment
au laitier de haut-fourneau, ciment aux cendres volantes, ciment Portland ordinai-
re et ciment Portland sans C3A.
Cependant, il convient de faire attention au choix des critères de durabilité utilisés
pour qualifier un matériau ou un liant (profondeur dégradée, perte relative de
635
LA DURABILITÉ DES BÉTONS
masse, taux de dissolution des éléments chimiques…) car cela peut conduire à des
classements différents en terme de performances [BER05a, BER06].
Par ailleurs, les études réalisées par Monteny et al. [MON 01] ont montré l’effet
bénéfique de l’addition d’un polymère de type ester styrène-acrylique sur la tenue
des bétons soumis à l’acide sulfurique d’origine biogénique.
La mise en œuvre de béton de haute compacité, susceptible de ralentir de manière
importante le transport des acides au sein du béton, constitue également une bon-
ne mesure de protection.
Toutefois, en cas de risque d’attaque très sévère, il peut être nécessaire d’appli-
quer une protection supplémentaire, les phénomènes de dissolution et d’érosion
superficielle ne pouvant être évités.
3.3. Milieux sulfatiques : dissolution/précipitation/risques d’expansion
3.3.1. Considérations générales
L’action des sulfates sur le béton fait intervenir un certain nombre de phénomènes
physico-chimiques complexes, dépendant de nombreux paramètres (type de sul-
fate, type de ciment, formule du béton, classe d’exposition…). Les réactions chi-
miques auxquelles elle conduit ainsi que leurs conséquences physiques
(augmentation de la porosité, expansion…), peuvent provoquer des dégradations
plus ou moins importantes. Bien que les cas réels d’ouvrages atteints soient rela-
tivement restreints [NEV 04], l’action des sulfates est généralement considérée
comme un risque sérieux. Elle a été l’objet des préoccupations de nombreux cher-
cheurs depuis Vicat, Le Chatelier [LEC 1887], Candlot [CAN 1898], Lafuma
[LAF 29], Thorvaldson [THO 68] et tous ceux qui ont suivi ces pionniers.
Si l’application stricte des normes et des recommandations en la matière (norme
NF EN 206-1, normes des produits préfabriqués et fascicule de documentation FD
P18-011) permet de maîtriser les risques dans la plupart des cas, des questions re-
latives aux différentes réactions mises en jeu, à leur couplage ainsi qu’aux méca-
nismes d’expansion induits, restent posées. Ces questions restent cruciales dans
le contexte actuel où les contraintes écologiques conduisent à utiliser des formu-
les de béton plus complexes incorporant de plus en plus d’additions minérales de
toutes natures. Par ailleurs les exigences de durée de vie de plus en plus longues
demandent une connaissance plus approfondie de tous les mécanismes physico-
chimiques mis en jeu, connaissance qui permettra de fiabiliser les modèles indis-
pensables à la prédiction du comportement des ouvrages à très long terme. Parmi
les modèles en cours de développement on peut citer à titre d’exemple le modèle
déterministe de Marchand et al. [MAR 02, MAL 04]. Par ailleurs le besoin de
connaissances est particulièrement évident dans l’élaboration des barrières ouvra-
636
La durabilité des bétons vis-à-vis des environnements chimiquement agressifs
gées destinées à empêcher le relargage des radioéléments issus des déchets ra-
dioactifs [LEB 06].
3.3.2. Origine des sulfates
Les sulfates peuvent avoir différentes origines:
• ils peuvent d’abord provenir du régulateur de prise ajouté au ciment (gypse,
hémi-hydrate, anhydrite) auquel s’ajoutent, en proportions variables, les sulfates
contenus dans le clinker lui-même : sulfates alcalins (arcanite K2SO4, aphtitalite
K3Na(SO4)2, langbeinite Ca2K2(SO4)3) et solutions solides dans les silicates de
calcium [TAY 96]. La teneur en SO3 des ciments est limitée par la norme NF EN
197-1 à 3,3 % ou 4 % selon la classe de résistance du ciment. Sauf dans le cas,
très spécifique, de formation différée d’ettringite traitée au chapitre 11, les sulfa-
tes contenus dans le ciment n’ont pas d’effet nocif ;
• ils peuvent également provenir de l’utilisation de granulats pollués par des sul-
fates d’origine naturelle ou artificielle (gypse, plâtre, anhydrite ou encore pyri-
tes). La norme NF XP P18-545 limite la teneur en soufre total et la teneur en
sulfates solubles dans l’acide des granulats naturels pour béton : les valeurs spé-
cifiées supérieures (vss), fonction de la classe de béton et des autres caractéristi-
ques des granulats. Pour les bétons d’ouvrages d’art et de bâtiment cette valeur
est de 0,4 % exprimée en soufre ou 0,8 % exprimée en SO3 ;
• ils peuvent venir du milieu extérieur où ils se trouvent sous forme solide (sols
gypseux), liquide (eaux naturelles percolant à travers les sols et solutions plus ou
moins concentrées d’origine diverses), ou gazeuse (pollution atmosphérique par
le SO2):
– dans les sols où ils constituent un élément nutritif des plantes, leur concen-
tration moyenne est comprise entre 0,01 % et 0,05 % en masse de sol sec.
Des concentrations beaucoup plus importantes (> 5 %) peuvent se rencon-
trer dans les sols contenant du gypse CaSO4.2H2O ou de l’anhydrite
CaSO4. C’est le cas du bassin parisien par exemple. La décomposition bio-
logique aérobie des matières organiques et l’utilisation d’engrais sont éga-
lement une source possible de sulfates. Le sulfate d’ammonium
SO4(NH4)2, provenant des engrais, est particulièrement agressif. Les sols
peuvent parfois contenir des sulfures de fer (pyrites) qui, par oxydation,
peuvent donner naissance à l’acide sulfurique H2SO4, puis au gypse s’ils
sont en contact de carbonate de calcium ou de chaux. Certains granulats
peuvent également renfermer des inclusions de pyrite susceptibles de con-
duire à la formation de «pustules» inesthétiques sur les parements de béton.
La fiche technique du producteur doit signaler la présence de ces pyrites ou
637
LA DURABILITÉ DES BÉTONS
638
La durabilité des bétons vis-à-vis des environnements chimiquement agressifs
1. C4AF est un terme de la série de solutions solides entre C2F et C6A2F. Les termes proches de
C6A2F qui peuvent être présents dans certains clinkers, sont plus sensibles aux solutions sulfati-
ques.
639
LA DURABILITÉ DES BÉTONS
La figure 12.7, établie à partir des travaux de Le Bescop et al. [LEB 06] réalisés
sur des pâtes de ciment au contact de solutions très faiblement concentrées en sul-
fate, schématise assez bien le processus de dégradation et confirme bien les deux
mécanismes fondamentaux de dissolution de la chaux et de précipitation de gypse
et d’ettringite.
Toutes ces réactions, qui se produisent à l’échelle microscopique, se traduisent
sur l’ouvrage par l’endommagement du béton, la formation de fissures plus ou
moins importantes et des pertes de raideur et de résistances mécaniques. L’ac-
croissement de la perméabilité dû à la fissuration du matériau peut accélérer les
dégradations.
100
Portlandite
Gypse
80
Ettringite
60
Intensité
40
20
0
0 0,3 0,5 0,8 1,1 1,3 1,5 1,7 1,9 2,5
Profondeur (mm)
Figure 12.7 : distribution de la portlandite, du gypse et de l’ettringite
en fonction de la profondeur dans une pâte de CEM I contenant 10 % de C3A,
au contact d’une solution à 10.10–3 mol/L de Na2SO4, d’après Le Bescop et al. [LEB 06].
Les courbes qui représentent l’évolution de l’intensité relative du pic principal de diffraction des rayons
X (DRX) de la portlandite, du gypse et de l’ettringite en fonction de la profondeur dans le matériau,
font apparaître trois zones successives se recouvrant plus ou moins et progressant au cours du
temps:
– une zone de dissolution totale de la portlandite limitée par un front de dissolution abrupt ;
– une zone assez large de précipitation de l’ettringite qui s’étend un peu au-delà du front de dissolution
de Ca(OH)2 ;
– une zone intermédiaire assez étroite de précipitation du gypse, limitée par le front de dissolution de
la portlandite et se superposant à la zone de précipitation de l’ettringite.
La couche superficielle entre 0 et 0,5 mm est constituée d’un gel de silice hydratée
amorphe qui se traduit par un halo en DRX.
Dans les bétons d’ouvrages qui ont été en contact avec des solutions plus concen-
trées en sulfate, les différents fronts de dégradation peuvent ne pas être aussi bien
différenciés, mais le mécanisme reste globalement le même.
640
La durabilité des bétons vis-à-vis des environnements chimiquement agressifs
641
LA DURABILITÉ DES BÉTONS
642
La durabilité des bétons vis-à-vis des environnements chimiquement agressifs
Bien que réalisés sur des systèmes chimiques s’éloignant de ceux des ciments
Portland, les travaux de Nikitina et al. [NIK 80], illustrés par les figures 12.8a et
12.8b, montrent bien l’influence de la chaux sur le caractère expansif ou non de
l’ettringite : des mélanges aluminate monocalcique + gypse avec et sans addition
de chaux, ont été testés. En présence de chaux la formation d’ettringite provoque
un gonflement important ; en l’absence de chaux et pour une même quantité d’et-
tringite formée, aucun gonflement n’est observé.
60 8
7
Gonflement (%)
50
Ettringite (%)
6
40
5
30 4
3
20
2
10 1
0 0
0 0,04 0,25 1 2 3 7 28 0 0,04 0,25 1 2 3 7 28
Temps (jours) Temps (jours)
Les essais ont été réalisés sur deux mélanges : 70 % d’un ciment alumineux + 30% de gypse, d’une
part, et 65 % de ciment alumineux + 30 % gypse + 5 % CaO, d’autre part. La mesure des déformations
linéaires des éprouvettes et des quantités d’ettringite formée, montre que pour des quantités égales
643
LA DURABILITÉ DES BÉTONS
d’ettringite formée, le gonflement du premier mélange sans addition de chaux est extrêmement faible
alors que le gonflement du second mélange est très élevé. La différence de comportement réside
dans le mode de cristallisation de l’ettringite : précipitation dans les espaces libres du liant dans le
premier cas, réaction topochimique au contact des grains d’aluminate, en milieu confiné dans le se-
cond cas. La solubilité de l’ettringite est fortement diminuée par la présence de chaux (cf. tableau
12.5) qui permet l’établissement des conditions particulières de sursaturation locales à l’origine de la
formation de l’ettringite à caractère expansif.
644
La durabilité des bétons vis-à-vis des environnements chimiquement agressifs
2
1
Figure 12.9 : ettringite primaire bien Figure 12.10 : 1 = ettringite massive dite
cristallisée ne provoquant pas d’expansion : «mal cristallisée» formée en milieu confiné;
précipitation dans les espaces vides à partir 2 = ettringite secondaire recristallisée à
de la solution (photo LERM). partir de 1 (photo LERM).
Ettringite précoce résultant de la réaction entre le Formation au contact d’un site réactif en milieu
gypse et le C3A. Précipitation en milieu normale- confiné fortement sursaturé. Pression de cristalli-
ment saturé et croissance libre dans la porosité du sation élevée, développement de contraintes loca-
béton. Pression de cristallisation faible. lisées, fissuration du matériau par « effet de coin ».
645
LA DURABILITÉ DES BÉTONS
646
La durabilité des bétons vis-à-vis des environnements chimiquement agressifs
647
LA DURABILITÉ DES BÉTONS
0,4 D 12 %
E/C = 0,80 0,5
0,4
0,3
Expansion (%)
Expansion (%)
0 3 0
1 2 4 2 4 6 8 10
Âge (mois) Âge (mois)
Figure 12.11 : relation entre le rapport E/C Figure 12.12 : relation entre la teneur
d’un mortier et l’expansion en milieu en C3A du ciment et l’expansion
sulfatique, d’après Ouyang [OUY 88]. de mortiers, d’après Ouyang [OUY 88].
Les essais sont réalisés conformément à la norme ASTM C1012 : mortiers contenant 20 % de ciment
et 80 % de sable, immergés dans une solution à 4,3 % de MgSO4 + 2,5 % de Na2SO4. Sur la
figure 12.12 les mortiers ne diffèrent que par leur rapport E/C. Sur la figure 12.13, les mortiers diffèrent
par la teneur en C3A du ciment.
Un rapport E/C élevé entraîne une porosité élevée qui facilite la lixiviation de la chaux et le transfert des
ions sulfates dans le matériau dont le degré d’attaque et le gonflement sont également plus élevés. Le
gonflement du mortier de E/C = 0,80 est environ trois fois plus élevé que celui du mortier de E/C = 0,45.
Plus la teneur en C3A du ciment est élevée plus le gonflement est important. S’agissant ici d’un milieu
très fortement agressif (classe d’exposition XA3 de la norme NF EN 206), seul le ciment à 4% de C3A
donne un gonflement faible.
Bien que le comportement de mortiers ne puisse être extrapolé à celui de bétons, ces essais montrent
bien l’influence des deux paramètres : rapport E/C, dont dépend la compacité du béton, et teneur en
C3A du ciment, dont dépend la formation d’ettringite. Dans un environnement tel que celui qui a été
utilisé ici, la norme NF EN 206-1 prescrirait un béton de rapport E/C 0,45 dosé au moins à 360 kg/m3
d’un ciment résistant aux sulfates selon la norme NF P15-319.
648
La durabilité des bétons vis-à-vis des environnements chimiquement agressifs
1. Normes NF EN 15167-1 et 15167-2 pour les laitiers de haut-fourneau ; norme NF EN 450 pour
les cendres volantes ; normes NF EN 12263-1 et 12263-2 pour les fumées de silice ; norme NF
P18-508 pour les additions calcaires ; norme NF P18-509 pour les additions siliceuses.
649
LA DURABILITÉ DES BÉTONS
Figure 12.13 : exemple de microstructure très compacte d’un liant à base de laitier.
1 = laitier anhydre ; 2 = C-S-H denses au contact du grain de laitier.
Fractographie au MEB (Photo LERM).
Au terme de plusieurs dizaines d’années, le béton à base de ciment de type CEM III possède une
compacité très élevée. La surface de rupture de l’échantillon, obtenue par choc à l’aide d’un burin, est
franche et relativement lisse. Le grain de laitier central non complètement hydraté est pseudomorpho-
sé par des C-S-H très denses. La porosité capillaire est extrêmement faible et explique les faibles
coefficients de diffusion des chlorures tels qu’illustrés par la figure 12.14.
650
La durabilité des bétons vis-à-vis des environnements chimiquement agressifs
Cette propriété est bien illustrée par la figure 12.14 due à Smolczyck [SMO 80]
qui montre que le coefficient de diffusion de l’ion Cl– diminue lorsque la teneur
en laitier augmente.
Laitier/clinker = 0/100 Laitier/clinker = 40/60 Laitier/clinker = 70/30
4
0,7 0,6
Cl– % pondéral
3 0,5
1 0,6
0,7
0,5
0
0 0,5 1 2
Temps (année)
Figure 12.14 : pénétration des chlorures dans des bétons en fonction de la teneur
en laitier du ciment et du rapport E/C, d’après Smolczyck [SMO 80].
Les essais ont été réalisés sur des prismes de béton 100 × 100 × 500 mm conservés dans une solution
de NaCl à 3 mol/L pendant deux ans. Chaque béton est gâché à trois rapports E/C, respectivement
0,70, 0,60 et 0,50. Les mesures de la concentration en ions chlore ont été effectuées dans la tranche
de béton comprise entre 20 et 30 mm. Les quantités de chlorures les plus élevées sont mesurées dans
les bétons sans laitier. Ces quantités sont d’autant plus importantes que le rapport E/C est plus élevé.
À partir de 40 % de laitier la pénétration des chlorures est très fortement réduite et l’influence du rapport
E/C devient faible. Pour 70 % de laitier la pénétration est extrêmement faible, quel que soit le rapport
E/C. Ce comportement est dû au développement d’une microstructure très compacte.
1. Le tableau NA.F.1 de la norme NF EN 206-1 autorise des additions de cendres volantes jusqu’à
30 % dans les bétons soumis aux classes d’environnement XA1 et XA2. Elle ne les autorise pas
pour les environnements de classe XA3. Toutefois la norme NF P18-319 relative aux ciments pour
travaux en milieu à haute teneur en sulfate autorise l’emploi des ciments CEM II/A et II/B pouvant
contenir respectivement jusqu’à 20 % et 35 % de cendres volantes.
651
LA DURABILITÉ DES BÉTONS
le béton. Il y a lieu de rappeler que les cendres volantes ont une cinétique d’hydra-
tation lente et que leurs effets ne se manifestent pas avant au moins 28 jours d’hy-
dratation mais qu’à long terme elles peuvent avoir des performances très élevées
tant du point de vue des propriétés de transfert que du point de vue des résistances
mécaniques. L’exemple du pont Vasco de Gama construit sur l’estuaire du Tage à
Lisbonne constitue un bon exemple : les bétons dosés à 430 kg/m3 d’un ciment
contenant 22 % de cendres silico-alumineuses peuvent atteindre des coefficients
de diffusion proches de 10–13m2.s–1 et des perméabilités à l’oxygène inférieures à
10–18m2 [LIN 05], valeurs correspondant à des bétons de durabilité élevée selon le
guide AFGC pour la mise en œuvre d’une approche performantielle sur la base
d’indicateurs de durabilité [AFG 04].
En ce qui concerne les fumées de silice, leur emploi a également un impact favo-
rable sur la tenue des bétons vis-à-vis des attaques sulfatiques. La figure 12.16,
établie à partir des travaux de Tang et al. [TAN 92], montre une diminution im-
portante du coefficient de diffusion des ions chlorure en fonction de la teneur en
fumées de silice. Comme dans le cas du laitier de haut-fourneau et des cendres vo-
lantes, l’action bénéfique de cette addition est due à la consommation rapide de la
chaux libérée par l’hydratation du ciment et à la formation concomitante de C-S-
H de rapport CaO/SiO2 plus faible, d’une part, et à l’accroissement important de
compacité du matériau, d’autre part. Cet accroissement est en relation avec l’éten-
due granulaire très large des formulations incorporant des particules aussi fines
que les fumées de silice ( 0,1 µm en moyenne), pourvu bien entendu que la teneur
en fines soit optimisée [BAR 99a].
652
La durabilité des bétons vis-à-vis des environnements chimiquement agressifs
100
25 MPa
35 MPa
50 MPa
60 MPa
70 MPa
100
10
Log D (.10–13 m2/s)
2
1 3
Fumées de silice 3
1 1 0%
2 6%
3 12 % 4
0,3
4 24 %
0,1 0,1
0 10 20 30 40 50 1 2 5 10 20 50 100 200
Teneur en cendres volantes (%) Âge (jours)
Figure 12.15 : coefficient de diffusion à Figure 12.16 : évolution du coefficient
28 jours des ions chlorure en fonction de diffusion des ions chlorure en fonction
de la teneur en cendres, de différentes du temps dans des BHP contenant des
classes de béton, dosages croissants en fumées de silice,
d’après Dhir et al. [DHI 93]. d’après Tang et al. [TAN 92].
Les coefficients de diffusion sont mesurés par un essai accéléré de migration sous champ électrique.
Quelle que soit la classe de béton, l’addition de cendres volantes réduit de façon notable le coefficient
de diffusion bien que la mesure à l’échéance de 28 jours soit peu favorable aux cendres qui ne libèrent
leur potentiel hydrauliques que tardivement ( 90 jours). La réduction est de près de deux ordres de
grandeur dans le cas du BHP (70 MPa) à 30 % de cendres. Elle est également importante pour les
bétons courants ( 35 MPa). Les fumées de silice réduisent également fortement le coefficient de dif-
fusion des ions chlorure : par exemple, dans le cas présenté, l’addition de 12 % de fumées de silice
réduit le coefficient de diffusion à 28 jours d’un ordre de grandeur ; l’addition de 24 % de fumées de
silice réduit le coefficient de diffusion à 200 jours de deux ordres de grandeur.
653
LA DURABILITÉ DES BÉTONS
654
La durabilité des bétons vis-à-vis des environnements chimiquement agressifs
655
LA DURABILITÉ DES BÉTONS
656
La durabilité des bétons vis-à-vis des environnements chimiquement agressifs
Thaumasite Ettringite
2θ Cu kα Intensité relative 2θ Cu kα Intensité relative
Bien que les cas de dégradation recensés en France jusqu’à présent soient très ra-
res, le risque « thaumasite » est à prendre en considération dans des situations bien
précises.
La formation de thaumasite a été constatée dans des maçonneries anciennes où,
lors de réparations, ont été utilisés des liants à base de chaux et de pouzzolanes ou
des ciments Portland : l’hydratation de ces liants et leur carbonatation donne lieu
à formation de C-S-H, d’aluminates hydratés et de CaCO3. En présence d’eau et
de sulfates, ces composés peuvent conduire à la formation d’ettringite et/ou de
thaumasite [COL 99].
La thaumasite a été identifiée également dans les piles de béton d’un bâtiment
scientifique construit dans l’Arctique [BIC 99] : l’environnement sulfatique et la
657
LA DURABILITÉ DES BÉTONS
1. Permagel : sol des régions froides gelé en permanence à une certaine profondeur.
658
La durabilité des bétons vis-à-vis des environnements chimiquement agressifs
659
LA DURABILITÉ DES BÉTONS
660
La durabilité des bétons vis-à-vis des environnements chimiquement agressifs
661
LA DURABILITÉ DES BÉTONS
Condensation
de l'acide
Transfert H2S sur les parois
Oxydation en H2SO4
AIR
H2S diffusant dans l'air
Biofilm
662
La durabilité des bétons vis-à-vis des environnements chimiquement agressifs
663
LA DURABILITÉ DES BÉTONS
Compte tenu des différences de pH finaux des jus obtenus, les attaques acides vis-
à-vis des matériaux cimentaires vont conduire à des résultats sensiblement diffé-
rents [BER 05b] :
– dans le cas du lisier, l’altération se traduit par la combinaison de deux phéno-
mènes : une progressive dissolution des phases initiales de la pâte de ciment avec
une décalcification partielle liée à l’exposition de la matrice à la solution de pH
6-8, et une carbonatation intense de la matrice liée à la respiration des bactéries.
La carbonatation des échantillons, rendue possible par les niveaux de pH, permet
de limiter les cinétiques de dégradation et l’intensité de la décalcification de la
matrice ;
– pour les lactosérums, ou les jus d’ensilage, pour lesquels le pH est de 4, les
mécanismes d’altération se traduisent par une décalcification quasi-totale de la
matrice (figure 12.20) et sont très similaires à ceux obtenus au cours de l’agres-
sion par les acides organiques à pH 4. La zone dégradée des échantillons est
constituée d’oxydes de silicium, aluminium et fer et sa structure est quasi amor-
phe. Ainsi, l’action des acides organiques est prépondérante et les bactéries ne
semblent pas d’avoir d’effet spécifique majeur.
Pour ces environnements, la portlandite étant le premier hydrate attaqué, il con-
vient d’en limiter la teneur en privilégiant les ciments à forte teneur en C2S et les
additions à caractère hydraulique latent (laitier) ou pouzzolanique (cendres volan-
tes, fumées de silice…). Par ailleurs, il convient de fabriquer des bétons compacts
peu perméables, de diffusivité faible, incorporant des granulats résistants aux aci-
des (voir § 3.2 « acides organiques »).
664
La durabilité des bétons vis-à-vis des environnements chimiquement agressifs
Échantillon
90 Échantillon immergé 35
témoin
Zone dégradée Zone saine
80
30
70
% Oxydes Tot, CaO, SiO2
50 20
% Tot
40 % CaO 15
% SiO2
30 % Al2O3
% Fe2O3 10
% SO3
20
5
10
0 0
0 500 1 000 1 500 2 000 2 500 3 000 3 500 4 000
Distance à la surface (micromètres)
Figure 12.20 : composition chimique en CaO, SiO2, Al2O3, Fe2O3, SO3 et oxydes totaux,
d’une pâte de CEM I immergée dans le lactosérum (pH 4) pendant 4 semaines
en fonction de la distance par rapport à la surface, et de l’échantillon témoin,
d’après [BER 05b].
Les échantillons cylindriques (φ = 25 mm, h = 75 mm) de pâtes de ciment (E/C = 0,27), ont été con-
servés dans l’eau pendant 27 jours après le démoulage. Ils ont ensuite été immergés dans du lacto-
sérum prélevé en laiterie (rapport massique solide/liquide = 1/30, T° = 20 °C). Les analyses chimiques
ont été effectuées par microsonde électronique sur une section polie. Les diagrammes ont été corri-
gés par rapport à un témoin (titane).
La limite entre les zones 2 et 3 est caractérisée par une chute brutale de la teneur en calcium et de la
somme des teneurs en oxydes. La zone dégradée est constituée quasi exclusivement d’oxydes de
silicium, d’aluminium et de fer. Les teneurs absolues en aluminium et fer sont comparables à celles
du cœur dans la partie interne de la zone dégradée puis deviennent nulles dans la partie externe.
L’échantillon est alors constitué presque exclusivement de silice dans cette zone.
665
LA DURABILITÉ DES BÉTONS
666
La durabilité des bétons vis-à-vis des environnements chimiquement agressifs
les mêmes conditions. Les mêmes bétons conservés dans des solutions de chlo-
rure de potassium demeurent intacts.
Les différences de comportement entre chlorures dépendent du coefficient de dif-
fusion des ions Cl–, lui-même en relation avec le type de cation auquel ils sont
liés. Elles dépendent également du coefficient de diffusion des cations solvatés.
Ces coefficients de diffusion D se classent de la manière suivante [CAL 80] :
– en ce qui concerne les ions Cl– : DCl (MgCl2) > DCl (CaCl2) > DCl (LiCl) > DCl
(KCl) > DCl (NaCl) ;
– en ce qui concerne les cations : D (Mg2+) < D (Ca2+) < D (Na+) < D (K+).
Les mécanismes de dégradation mis en jeu sont essentiellement les suivants :
– dans le cas des chlorures de sodium et potassium : lixiviation du calcium de la
portlandite et des C-S-H et formation de monochloroaluminate de calcium ;
– dans le cas des chlorures de calcium et de magnésium : lixiviation du calcium
de la portlandite et des C-S-H et formation d’oxychlorures expansifs [SMO 68]
accompagnés de brucite Mg(OH)2 et de monochloroaluminate de calcium dans
le cas de MgCl2.
À la dégradation d’origine chimique peut s’ajouter une dégradation d’origine
physique due à la recristallisation des sels lorsque le béton est soumis à des cycles
de séchage/humidification, ou aux pressions osmotiques engendrées par les diffé-
rences de concentrations ioniques au sein du béton. Ce dernier mécanisme, obser-
vé dans les bétons en contact avec des sels de déverglaçage [PIG 95] et
accompagnant le phénomène d’écaillage est traité dans le chapitre 10 consacré au
béton en ambiance hivernale rigoureuse.
• Les phosphates, hormis les phosphates d’ammonium, forment avec la chaux
des sels insolubles et sont peu ou pas agressifs.
• Les oxalates, qui forment également des sels insolubles, n’attaquent pas le
béton.
• Les hydroxydes alcalins. Les solutions à 10 % d’hydroxyde de potassium, de
sodium ou d’ammoniac ne sont pas agressives vis-à-vis du béton de ciment Port-
land. Toutefois, l’accumulation par évaporation de sels sur la face opposée à la
face en contact avec la solution peut provoquer des dégradations par écaillage ou
desquamation. Le risque est faible pour les bétons compacts imperméables.
• Divers. Le tableau 12.9 résume l’action de quelques milieux peu courants.
667
LA DURABILITÉ DES BÉTONS
668
La durabilité des bétons vis-à-vis des environnements chimiquement agressifs
669
LA DURABILITÉ DES BÉTONS
Dans les zones aériennes (XS1), le béton est exposé à l’air véhiculant du sel marin
mais n’est pas en contact avec l’eau de mer.
Béton
Réaction alcali-granulat
et décomposition chimique
des hydrates Marée basse
Armature
Attaques chimiques :
– attaque par le CO2 Zone immergée
– attaque par les ions Mg
– attaque par les sulfates
670
La durabilité des bétons vis-à-vis des environnements chimiquement agressifs
Les principaux sels qui composent l’eau de mer sont les suivants :
– le chlorure de sodium (NaCl) qui est prépondérant ;
– le chlorure de magnésium (MgCl2) ;
– le sulfate de magnésium (MgSO4) ;
– le sulfate de calcium (CaSO4) ;
– le chlorure de calcium (CaCl2) ;
– le carbonate acide de potassium (KHCO3).
Tableau 12.10 : salinité des différentes eaux de mer.
Origine Salinité en g/L
Mer Baltique 3à8
Mer Noire 18,3 à 22,2
Mer Blanche 26,0 à 29,7
Océan Atlantique 33,5 à 37,4
Océan Pacifique 34,5 à 36,9
Océan Indien 35,5 à 36,7
Mer Méditerranée 38,4 à 41,2
Mer Rouge 50,8 à 58,5
Lac Ontario 72
Mer Caspienne 126,7 à 185
Mer Morte 192,2 à 260
Lac Elton 265
Le tableau 12.11 indique la concentration de ces différentes espèces pour l’océan At-
lantique et la mer Méditerranée où le pH, légèrement basique, est compris entre 8 et 9.
Les observations sur le comportement des ouvrages à la mer sont extrêmement nom-
breuses : elles concernent aussi bien des éprouvettes immergées en eau de mer, dans
diverses stations expérimentales (La Rochelle [REG 75], Treat Island (USA) [MAL
87]) que des constructions en bordure de mer ou en pleine mer (plates-formes pétro-
lières). Voici les conclusions essentielles que l’on peut retenir des synthèses et des
rapports généraux établis lors de récents colloques [MEH 89, MEH 91].
Tableau 12.11 : composition des eaux de l’Atlantique, de la Méditerranée
et d’une eau de mer standard [WIL 75].
Atlantique Méditerranée Eau de mer standard
Espèce ionique
(g/L) (g/L) (g/L)
Cl– 17,8 21,4 20,06
Br– 0,2 0,07
SO42– 2,5 3,06 2,81
CO32– 0,14
Na+ 10 11,6 11,16
K+ 0,3 0,4 0,41
Ca2+ 0,4 0,47 0,42
Mg2+ 1,5 1,8 1,34
671
LA DURABILITÉ DES BÉTONS
672
La durabilité des bétons vis-à-vis des environnements chimiquement agressifs
NaCl MgCl2
673
LA DURABILITÉ DES BÉTONS
L’effet global n’est ni la somme des effets individuels, ni proportionnel à une ac-
tion isolée donnée.
Par exemple l’eau de mer est moins agressive qu’une solution de même concen-
tration en sulfate de magnésium en raison de la plus grande solubilité de l’ettrin-
gite et du gypse dans les solutions chlorurées ainsi qu’en raison de la formation
de chloroaluminates de calcium qui consomme une partie de l’alumine (du C3A
et des aluminates hydratés) et de la chaux nécessaires à la formation d’ettringite.
Les principaux mécanismes mis en jeu, fortement imbriqués, sont les suivants :
– dissolution et lixiviation du calcium des composés calciques du béton Ca(OH)2
et C-S-H ou redissolution de composés néoformés à différents niveaux du front
de dégradation (chloro-aluminates, sulfo-aluminates, gypse…). Ces réactions
provoquent un accroissement de la porosité du béton ;
– précipitation de produits pouvant être expansifs (ettringite), de composés inso-
lubles plus ou moins protecteurs (CaCO3, Mg(OH)2) ;
– échange de bases Ca++ ↔ Mg++ avec formation de brucite Mg(OH)2 insolu-
ble, et transformation des C-S-H initiaux en C-M-S-H plus ou moins riches en
magnésium.
L’action des différents sels considérés individuellement est schématisée ci-après.
Action du chlorure de sodium
Ce sel constitue 75 % à 85 % de la salinité respectivement pour l’océan Atlantique
et la mer Méditerranée. Son action est double :
– consommation des ions calcium de la portlandite et des C-S-H, par formation
de chlorure de calcium soluble complètement ionisé, schématisée par la réaction:
Ca(OH)2 + 2NaCl ↔ CaCl2 + 2NaOH
La dissolution de la chaux et la déstructuration des C-S-H provoquent un accrois-
sement de la porosité du matériau ;
– formation de monochloroaluminate de calcium C3A.CaCl2.10H2O, par réac-
tion des chlorures avec l’aluminate tricalcique C3A et les aluminates hydratés,
schématisée comme suit :
C3A + CaCl2 + 10H2O ↔ C3A.CaCl2.10H2O
La formation de monochloroaluminates, illustrée par la figure 12.23, n’est pas no-
cive en elle-même. Elle peut même jouer un double rôle atténuateur des réactions
de dégradation dans le béton : d’une part elle consomme une partie du C3A et des
aluminates hydratés qui ne sont alors plus disponibles pour la formation d’ettrin-
gite, composé pouvant être à l’origine du gonflement et de la fissuration du maté-
riau ; d’autre part, cette réaction également consommatrice de chlorures, permet
de réduire la concentration de cet ion au niveau des aciers et de diminuer ainsi les
674
La durabilité des bétons vis-à-vis des environnements chimiquement agressifs
675
LA DURABILITÉ DES BÉTONS
676
La durabilité des bétons vis-à-vis des environnements chimiquement agressifs
677
LA DURABILITÉ DES BÉTONS
Figure 12.24 : pont sur le Tage à Lisbonne. Béton à base de cendres volantes en milieu
marin. Fractographie au MEB. Liant compact : C-S-H denses, grain sphérique de cendre
(V) recouvert d’hydrates (C-S-H) et cristaux de portlandite lamellaires (P) (photo LERM).
Le pont construit sur l’estuaire du Tage à Lisbonne constitue un bon exemple d’utilisation de ciment
aux cendres volantes en environnement marin [LIN 05]. Pour cet ouvrage, dont la durée de vie prévue
est de 120 ans, un béton confectionné avec des granulats calcaires, dosé à 430 kg/m3 de ciment de
type CEM IV/A 32,5 prise mer contenant 22 % de cendres et de rapport E/C = 0,33 a été mis en œuvre
dans toutes les zones exposées (zones immergées, zones de marnage, zones d’embruns). Le suivi
de l’ouvrage depuis sa mise en service en 1998, montre que, sauf dans quelques zones d’importance
limitée par rapport à la dimension de l’ouvrage, le béton ne présente aucune dégradation chimique
significative. Les résistances mécaniques après 1 an dépassent fréquemment 60 MPa. La porosité à
l’eau est de l’ordre de 9 à 13%, la perméabilité à l’oxygène peut atteindre des valeurs aussi basses
que 10–19 m2 et le coefficient de diffusion des chlorures est de 0,5.10–12 après 36 mois.
678
La durabilité des bétons vis-à-vis des environnements chimiquement agressifs
679
LA DURABILITÉ DES BÉTONS
680
La durabilité des bétons vis-à-vis des environnements chimiquement agressifs
– le modèle STADIUM de Marchand [MAR 02] et Maltais et al. [MAL 04] qui
permet de rendre compte des attaques sulfatiques externes ;
– le modèle CHEMHYD3D [BEN 00] utilisé par Guillon [GUI 04], qui est un
modèle de transport multi-espèces qui génère les microstructures et permet
d’accéder au réseau poreux de la pâte de ciment. Il a été appliqué aux cas de
l’eau déminéralisée et minéralisée ainsi qu’à l’attaque par l’eau de mer.
L’ensemble de ces modèles permet une approche prédictive des phénomènes
d’attaque chimique et trouvent leur utilité dans la conception, le suivi et la gestion
des ouvrages à durée de vie longue.
681
LA DURABILITÉ DES BÉTONS
682
La durabilité des bétons vis-à-vis des environnements chimiquement agressifs
683
LA DURABILITÉ DES BÉTONS
684
La durabilité des bétons vis-à-vis des environnements chimiquement agressifs
685
LA DURABILITÉ DES BÉTONS
686
La durabilité des bétons vis-à-vis des environnements chimiquement agressifs
687
LA DURABILITÉ DES BÉTONS
688
La durabilité des bétons vis-à-vis des environnements chimiquement agressifs
689
LA DURABILITÉ DES BÉTONS
7. DISPOSITIONS NORMATIVES
Du point de vue normatif, les principales dispositions à prendre vis-à-vis des eaux
agressives sont édictées dans la norme béton NF EN 206-1 pour les bétons de
structure, dans les normes des produits préfabriqués et dans le fascicule de docu-
mentation FD P18-011 spécifique des environnements chimiquement agressifs1.
La norme européenne NF EN 206-1 définit des classes d’exposition en fonction
des actions dues à l’environnement et donne des règles d’utilisation des consti-
tuants dans ces environnements préalablement définis.
En ce qui concerne les environnements chimiquement agressifs, la plupart des ca-
hiers des charges pour la construction des ouvrages y compris la norme béton NF
EN 206-1 renvoient au fascicule de documentation FD P18-011.
Norme NF EN 206-1
Cette norme s’applique aux bétons de structure qu’ils soient coulés en place ou
préfabriqués. Les exigences normatives sont basées sur une durée de vie présu-
mée d’au moins 50 ans dans des conditions d’entretien anticipées. Pour des durées
de vie inférieures ou supérieures, des valeurs limites moins sévères ou plus sévè-
res peuvent être nécessaires.
Fascicule de documentation FD P 18-011
Ce fascicule a pour but :
– de compléter la définition des environnements chimiquement agressifs les plus
courants pour les bétons non armés, armés et précontraints ;
– de fournir des recommandations pour la fabrication des bétons destinés à des
structures soumises à ces environnements chimiquement agressifs, en particulier
pour le choix des ciments.
7.1. Classification des environnements agressifs
Norme NF EN 206-1
Cette norme définit 18 classes d’exposition en fonction des actions dues à l’envi-
ronnement dont certaines classes particulières correspondant à des expositions
spécifiques telles que l’eau de mer ou les milieux chimiquement agressifs. Cepen-
dant cette classification n’exclut pas la prise en compte de conditions particulières
ni l’application de mesures de protection supplémentaires (revêtements protec-
teurs par exemple).
690
La durabilité des bétons vis-à-vis des environnements chimiquement agressifs
SO42– en mg/L ≥ 200 et ≤ 600 > 600 et ≤ 3000 > 3 000 et ≤ 6 000
Sols
SO42– en mg/kg ≥ 2000 et ≤ 3000 > 3000 et ≤ 12000 > 12000 et ≤ 24000
Acidité en ml/kg > 200 Baumann Gully N’est pas rencontré dans la pratique
Il est à noter que ces valeurs sont relatives à des sols et eaux à une température
eau/sol comprise entre 5 °C et 25 °C et où la vitesse d’écoulement de l’eau est suf-
fisamment faible pour être assimilée à des conditions statiques. De même, les va-
leurs limites peuvent être différentes pour certains sols argileux et en cas de risque
d’accumulation d’ions sulfate dans le béton.
Par ailleurs, dans un certain nombre de cas, une étude spécifique est nécessaire
pour préciser l’agressivité de l’environnement du béton :
691
LA DURABILITÉ DES BÉTONS
692
La durabilité des bétons vis-à-vis des environnements chimiquement agressifs
693
LA DURABILITÉ DES BÉTONS
CEM II/B-S, CEM II/B-V, CEM II/B-P, CEM II/B-Q, CEM II/B-M (S-V), CEM III/A
conformes à la norme NF EN 197-1, CEM III/A conforme à la norme NF EN 197-4,
XA1
ciments conformes à la norme NF P15-317 (PM) ou NF P15-319 (ES), et CEM IV/A
et B conformes à la norme NF EN 197-1
CEM II/B-S, CEM II/B-V, CEM II/B-P, CEM II/B-Q, CEM II/B-M (S-V), CEM III/A
Milieux acides conformes à la norme NF EN 197-1, CEM III/A conforme à la norme NF EN 197-4
XA2
ciments conformes à la norme NF P15-319 (ES) et CEM IV/Aet B conformes à la
norme NF EN 197-1
694
La durabilité des bétons vis-à-vis des environnements chimiquement agressifs
long terme des pratiques et des matériaux, soit sur des résultats d’essais approuvés
représentatifs des conditions réelles, soit sur des méthodes basées sur des modèles
analytiques étalonnés par rapport à des résultats d’essais représentatifs des condi-
tions réelles.
Ce concept, présenté de façon générale au chapitre 8, peut être appliqué aux am-
biances agressives chimiques sévères mais la difficulté essentielle est de définir
les essais permettant de qualifier de manière univoque les bétons équivalents et
les bétons témoins vis-à-vis des différentes ambiances agressives. En effet, il con-
vient de faire attention aux impacts de certains facteurs d’accélération (concentra-
tion en agents agressifs, humidité, température) et aux erreurs possibles dans
l’interprétation des résultats obtenus. Il est évident que la modélisation numérique
de l’agression est un outil important dans la prévision du comportement des bé-
tons à long terme.
Du point de vue normatif et pour les bétons de structure, la classification des en-
vironnements agressifs (ou classes d’exposition) et les dispositions associées sont
présentées dans la norme béton européenne NF EN 206-1 (2004), et son annexe
nationale, et dans le fascicule de documentation FD P18-011 :
– la norme NF EN 206-1 permet de définir une classe d’exposition pour chaque
partie d’ouvrage et fournit principalement des recommandations générales (do-
sage minimum en liant, rapport maximum eau efficace sur liant équivalent, clas-
se de résistances pour chaque classe d’exposition) ;
– le fascicule FD P18-011 apporte des dispositions spécifiques comme le choix du
ciment.
Ces dispositions permettent d’assurer normalement une durée de vie minimale
de 50 ans1 à l’ouvrage, sous réserve que les classes d’expositions aient été bien
définies par le maître d’ouvrage. Pour des durées de vie supérieures, il convient
de retenir des approches performantielles basées sur des indicateurs de durabi-
lité généraux ou spécifiques de l’agression considérée.
1. La norme NF EN 206-1 précise que les prescriptions sont fondées sur l’hypothèse d’une durée
de vie de la structure de 50 ans (annexe F). L’Eurocode 0 indique que cette durée de vie de 50 ans
concerne les structures de bâtiment et autres structures courantes. Dans le cas des ouvrages d’art
par exemple, l’Eurocode permet de dimensionner des ouvrages avec des durées de vie de 100 ans
en association avec des bétons simplement conformes à la norme NF EN 206-1.
695
LA DURABILITÉ DES BÉTONS
696
La durabilité des bétons vis-à-vis des environnements chimiquement agressifs
Compte tenu des multiplicités des types d’agressions chimiques d’une part, et
des similitudes des dégradations constatées d’autre part, il est souvent très diffi-
cile d’établir un diagnostic simple et univoque. De plus, dans la plupart des cas,
les dégradations observées ne sont pas la conséquence d’une seule agression mais
la somme d’agressions multiples, chimiques, physiques et mécaniques.
L’approche holistique, réalisée par des spécialistes du diagnostic, représente une
méthode sûre et efficace pour analyser et comprendre la genèse des dégradations
observées, phases indispensables pour proposer ensuite des solutions réparatri-
ces durables.
9. CONCLUSION
Le béton est un système chimique fortement basique, évolutif, plus ou moins réac-
tif au contact du milieu extérieur souvent plus « acide » (atmosphère, eaux, solu-
tions salines, acides) mais qui, pour les durées de vie prévues par les normes, est
durable s’il est fabriqué conformément aux règles de l’art.
Pour les milieux chimiquement agressifs, le vecteur commun à tous les agents
agressifs est l’eau qui dissout les composés gazeux ou solides. Le transport des
substances agressives se fait essentiellement par perméation et par diffusion, in-
dicateurs majeurs de durabilité dépendant de la compacité du béton.
D’une manière générale, les attaques chimiques des bétons mettent en jeu deux
mécanismes couplés que sont la dissolution des hydrates (essentiellement la lixi-
viation des ions Ca2+ de la portlandite Ca(OH)2 et des silicates de calcium hydra-
tés C-S-H) et la précipitation de sels, nocifs ou non. Les conséquences générales
sont un accroissement de la porosité et de la fissuration, une augmentation de la
perméabilité et de la diffusivité, des pertes de raideur et de résistances mécani-
ques.
De manière synoptique, les différents paramètres de la durabilité chimique sont :
– les paramètres liés au matériau : chimie et minéralogie du ciment (type de
constituants, Ca(OH)2 potentiel, C3A, C3S…), formulation et propriétés de
transfert du béton (compacité) ;
– les paramètres liés à l’environnement : nature physique (solide, liquide, gaz) et
chimique (acide, base, sel) de l’agent agressif, conditions climatiques générales
et locales (immersion, semi-immersion, marnage, aérien, H.R., t°, cycles, mobi-
lité) ;
– les paramètres liés à la structure : contraintes de fonctionnement (charges, fati-
gue), fissuration.
Pour la plupart des agressions chimiques, l’utilisation d’additions minérales con-
sommatrices de chaux (laitier, cendres silico-alumineuses, fumées de silice,
697
LA DURABILITÉ DES BÉTONS
Bibliographie
[ADE 92] ADENOT F. – Durabilité du béton : caractérisation et modélisation des pro-
cessus physiques et chimiques de dégradation du ciment. Thèse de doctorat, université
d’Orléans, 1992, 240 p.
[ADE 96] ADENOT F., FAUCON P. – « Modélisation du comportement à long terme des
bétons utilisés dans le stockage des déchets radioactifs ». Int. RILEM Conf., Concrete:
from material to structure, Arles, 11-12 sept. 1996, p. 55-76.
[AFG 04] AFGC – Conception des bétons pour une durée de vie donnée des ouvrages.
Maîtrise de la durabilité vis-à-vis de la corrosion des armatures et de l’alcali-réac-
tion. État de l’art et guide pour la mise en œuvre d’une approche performantielle et
prédictive sur la base d’indicateurs de durabilité AFGC, juillet 2004.
[AFG 07] AFGC-RGCU – GranDuBé, Grandeurs associées à la durabilité des bétons,
sous la dir.de G. Arliguie et H. Hornain, Presses des Ponts et Chaussées, 2007, 440 p.
[AMB 94] AMBROISE J., MAXIMILIEN S., PERA J. – “Properties of metakaolin
blended cements”. Adv. Cem. Bas. Mater., vol. 1, n° 4, 1986, p. 161-168.
[ANS 23] ANSTETT F. – Rev. Mater. Constr. et Trav. Pub. Publication n° 162, 51, 1923.
[ARB 86] ARBEM – Recommandations FNTP, Prévention des agressions du béton,
1986.
[BAR 99a] BARON J., OLLIVIER J.-P. – Les bétons , Bases et données pour leur formu-
lation, Eyrolles, 1999, p. 51-52 et p. 205-207.
[BAR 99b] BARON J., OLLIVIER J.-P. – Les bétons, Bases et données pour leur formu-
lation, Eyrolles, 1999, p. 350-354.
[BCA 05] British Concrete Association, Concrete in aggressive ground – Special Digest
SD1, Third Edition, 2005.
[BEN 99] BENSTED J. – “Thaumasite background and nature in deterioration of ce-
ments, mortars and concretes”. Cement and Concrete Composites, vol. 21, 1999,
p. 117-121.
[BEN 03] BENSTED J. – “Thaumasite: direct, woodfordite and other possible formation
routes”. Cement & Concrete Composites, vol. 25, n° 8, 2003, p. 873-877.
[BEN 00] BENTZ D.P. – CHEMHYD3D: a three dimensional cement hydration and mi-
crostructure development modelling package, National Institute of Standards and
Technology, NISTIR 6485, 2000.
[BER 04a] BERTRON A. – Durabilité des matériaux cimentaires soumis aux acides or-
ganiques : cas particulier des effluents d’élevage. Thèse de doctorat, INSA de Tou-
louse, 2004, 256 p.
698
La durabilité des bétons vis-à-vis des environnements chimiquement agressifs
[BER 04b] BERTRON A., ESCADEILLAS G., DUCHESNE J. – “Cement pastes altera-
tion by liquid manure organic acids: chemical and mineralogical characterization”.
Cem. Concr. Res., vol. 34, n° 10, 2004,pp 1823-1835.
[BER 05a] BERTRON A., DUCHESNE J., ESCADEILLAS G. – “Attack of cement
pastes exposed to organic acids in manure”. Cement and Concrete Composites,
vol. 27, n° 10, 2005, p. 898-909.
[BER 05b] BERTRON A., COUTAND M., CAMELEYRE X., ESCADEILLAS G., DU-
CHESNE J.- – « Attaques chimique et biologique des effluents agricoles et agroali-
mentaires sur les matériaux cimentaires ». Matériaux et Techniques, 93 (hors série),
2005, p. 111-121.
[BER 05c] BERTRON A., DUCHESNE J., ESCADEILLAS G. – “Accelerated tests of
hardened cement pastes alteration by organic acids: Analysis of the pH effect”. Cem.
Concr. Res., 35, 1, 2005, p. 155-166.
[BER 06] BERTRON A., ESCADEILLAS G., DUCHESNE J. – “Durability of various
binders exposed to organic acids in liquid manure”. 7th CANMET/ACI International
Conference on Durability of Concrete, Montreal (Canada), V.M. Malhotra ed., ACI
SP 234, 2006.
[BER 07] BERTRON A, DUCHESNE J, ESCADEILLAS G. – “Degradation of cement
pastes by organic acids”. Materials and Structures, 40, 3, 2007, p. 341-354.
[BIC 99] BICKLEY J.A. – “The repair of Arctic structures damaged by thaumasite”. Ce-
ment and Concrete Composites, 21, 1999, p. 155-158.
[BIC 72] BICZOK I. – Concrete corrosion and concrete protection, Akadémiai Kiado,
Budapest, 1972.
[BOU 94] BOURDETTE B. – Durabilité du mortier : prise en compte des auréoles de
transition dans la caractérisation et la modélisation des processus physiques et chi-
miques d’altération. Thèse de doctorat, INSA Toulouse, 1994, 206 p.
[BRE 05] Building Research Establishment – BRE Special Digest 1: Concrete in aggres-
sive ground, Part 1 to 4, BRE Bookshop, Garston, Watford WD25 9XX, 2005.
[CAL 80] CALLEJA J. – Durabilité, 7e Congrès international de la chimie des ciments,
vol. 1, sous-thème VII-2, 1980.
[CAN 1898] CANDLOT – Ciments et chaux hydrauliques, Baudry édit., Paris, 1898.
[CAR 96] CARDE C., FRANÇOIS F., TORRENTI J.-M. – “Leaching of both calcium
hydroxide and C-S-H from cement paste: Modeling the mechanical behaviour”. Ce-
ment and Concrete Research, vol. 26, issue 8, August 1996, p. 1257-1268.
[COL 87] COLIN F., MUNK-KOEFED N. – Formation de H2S dans les réseaux d’assai-
nissement, Conséquences et remèdes. Études interagences Rhône-Méditerranée-Cor-
se, mai 1987.
[COL 99] COLLEPARDI M. – “Thaumasite formation and deterioration in historic buil-
dings”. Cement and Concrete Composite, 21, 1999, p. 147-154.
[COT 79] COTTIN B. – « Hydratation et expansion des ciments ». Ann. Chim. Fr., vol. 4,
1979, p. 139.
699
LA DURABILITÉ DES BÉTONS
[CRA 97] CRAMMOND N.J., HALLIWELL M.A. – “Assessment of the conditions re-
quired for the thaumasite for of sulphate attack”. Mechanisms of chemical degradation
of cement based systems, K. Scrivener and J.F. Young eds, E and FN Spon, 1997, p.
193-200.
[CRA 02] CRAMMOND N. – “The occurrence of thaumasite in modern constructions: A
review”. Cement and Concrete Composites, vol. 24, n° 3-4, 2002, p. 393-402.
[CRA 06] CRAMMOND N.J., SIBBICK R.G., COLETT G. – “Thaumasite field trial at
Shipston on Stour: Three year chemical and mineralogical assessment of buried con-
crete”. 7 th CANMET/ACI International Conference on Durability of Concrete, Mon-
treal (Canada), V.M. Malhotra ed., ACI SP 234, 2006, p 539-560.
[DEB 96] DE BELIE N., H.J. VERSELDER, B. DE BLAERE, D. VAN NIEUWEN-
BURG, R. VERSCHOORE – “Influence of the cement type on the resistance of con-
crete to feed acids”. Cem. Concr. Res., vol. 26, n° 11, 1996, p. 1717-1725.
[DEB 97] DE BELIE N., DEBRUYCKERE M., VAN NIEWENBURG D., DE BLAERE B.
– Journal of Agricultural Engineering Research, vol. 68, n° 2, 1997, p 101-108.
[DHI 93] DHIR R.K., BYARS E.A. – “PFA concrete: Chlorides diffusion rates”. Mag.
Concr. Res., vol. 45, n° 62, 1993, p 1-9.
[DUB 97] DUBOSC A. – Vieillissement biologique des parements en béton. Thèse de
doctorat INSA Toulouse, 1997.
[DUG 73] DUGNOLLE E. – « Corrosion biologique des bétons au contact avec les eaux
résiduaires ». Revue CSTC, n° 4, 1973, p. 26-28.
[ESC 93] ESCADEILLAS G. – « Méthodologie d’analyse de dégradation chimique accé-
lérée des bétons par utilisation du nitrate d’ammonium ». Rapport de contrat LMDC-
Grande Paroisse, 1993.
[ESC 06] ESCADEILLAS G., BERTRON A., BLANC P., DUBOSC A. – “Accelerated
testing of biological stain growth on external concrete walls. Part 1: Development of
the growth tests”. Materials and Structure, (available on line), 2006.
[EUR] EUROCODES – Normes NF EN 1990 à NF EN 1999.
[FUJ 81] FUJI K., KONDO W. – “Heterogeneous equilibrium of calcium silicate hydrate
in water at 30 °C”. J. Chem. Soc., Dalton Trans. 2, 1981, p 645-651.
[GAN 05] GANJIAN E., POUYA H.S. – “Effect of magnesium and sulfate ions on dura-
bility of silica fume blended mixes exposed to sea water tidal zone”. Cem. Concr. Res.,
vol. 35, 2005, p 1332-1343.
[GEI 00] GEISSLER J., KOLLO H., LANG E. – “The influence of blast furnace cements
on the durability of concrete structures. Iron and steel slags. Properties and utilisa-
tion”. Report from 1974-2000, FEHS, Heft 8, 2000, p 99-115.
[GER 96] GÉRARD B. – Contribution des couplages mécanique-chimie-transfert dans
la tenue des ouvrages de stockage des déchets radioactifs. Thèse de doctorat, ENS Ca-
chan, université Laval de Québec, 1996.
[GLA 87] GLASSER F.P., LACHOWSKY E.E., MACPHEE D.E. – “Compositional mo-
del for calcium silicate hydrate (C-S-H) gels: their solubilities and free energies of for-
mation”. Journal of the American Ceramic Society, vol. 70, n° 7, 1987, p. 481-485.
700
La durabilité des bétons vis-à-vis des environnements chimiquement agressifs
701
LA DURABILITÉ DES BÉTONS
702
La durabilité des bétons vis-à-vis des environnements chimiquement agressifs
[MEH 91] MEHTA P.K. – “Durability of concrete. Fifty years of progress?” Durability
of concrete, 2nd Int. Conf., Montreal, V.M. Malhotra ed., ACI, SP-126, 1, 1991, p. 1-
31.
[MEH 94] MEHTA P.K. – “Concrete technology at the crossroads. Problems and oppor-
tunity” P.K. Metha symposium on Durability of concrete, Nice, France, K.H. Khayat
et P.C. Aïtcin eds, 1994, p. A3-A37.
[MEH 06] MEHTA P.K. – “Durability of Concrete. The Zigzag Course of Progress”. 7 th
CANMET/ACI International Conference on Durability of Concrete, Montreal (Cana-
da) ,V.M. Malhotra ed., ACI SP-234, 2006, p. 1-16.
[MOH 25] MOHR – Bauing, n° 6, p. 284.
[MON 00] MONTENY J., VINCKE E., BEELDENS A., DE BELIE N., TAERWE L.,
VAN GEMERT D., VERSTRAETE W. – “Chemical, microbiological, and in situ test
methods for biogenic sulfuric acid corrosion of concrete”. Cem. Concr. Res., vol. 30,
n° 4, 2000, p. 623-634.
[MON 01] MONTENY J., DE BELIE N., VINCKE E., VERSTRAETE W., TAERWE L. –
“Chemical and microbiological tests to simulate sulfuric acid corrosion of polymer-mod-
ified concrete”. Cem. Concr. Res., vol. 31, n° 9, 2001, p. 1359-1365.
[MOR 82] MORTUREUX B., HORNAIN H., REGOURD M. – « Liaison pâte de ciment/
filler dans les ciments composés ». Coll. int. Rilem Liaisons pâtes de ciment matériaux
associés, Laboratoire de génie civil, INSA Toulouse, université Paul-Sabatier, 17-19
nov. 1982, p. A64-A72.
[NEV 04] NEVILLE A. – “The confused world of sulphate attack on concrete”. Cem.
Concr. Res., vol. 34, 2004, p. 1275-1296.
[NIK 80] NIKITINA L.V., KRASSILNIKOV K.G., LAPCHINA A.I. – « La nature phy-
sico-chimique des autocontraintes des ciments expansifs ». 7e ICCC, Paris, vol. III,
1980, p. V39-44.
Norme NF EN 206-1 – Béton. Partie 1 : Spécifications, performances, production et con-
formité, février 2004.
Norme NF EN 197-1 – Ciment. Partie 1 : Composition, spécifications et critères de con-
formité des ciments courants, février 2001.
Norme NF P15-317 – Liants hydrauliques. Ciments pour travaux à la mer, septembre
1995.
Norme NF P15-319 – Liants hydrauliques. Ciments pour travaux en eaux à haute teneur
en sulfates, septembre 1995.
Norme NF EN 12620 – Granulats pour béton, août 2003.
Norme XP P18-545 – Granulats. Éléments de définition, conformité et codification, fé-
vrier 2004.
Norme ASTM C1012-95a – Standard test method for length change of hydraulic cement
mortars exposed to sulfate solution.
Norme ASTM C452-95 – Standard method of test for potential expansion of Portland ce-
ment mortars exposed to sulphate.
703
LA DURABILITÉ DES BÉTONS
[OUY 88] OUYANG C., NANNI A., CHANG W.F. – “Internal and external sulphate
sources of sulphate ions in Portland cement mortar : two types of chemical attack”.
Cem. Concr. Res., vol. 18, n° 5, 1988, p. 699-709.
[PAI 85] PAILLÈRE A.-M., RAVERDY M., MILLET J. – « Influence du ciment sur la
dégradation du béton en milieu marin ». Bull. de liaison des lab. ponts et chaussées,
n° 135, 1985, p. 5-10.
[PCA 01] Portland Cement Association – Concrete Information. Effects of substances on
concrete and guide to protective treatments, 2001, p. 21-28.
[PER 05] PERLOT C. – Influence de la décalcification de matériaux cimentaires sur les
propriétés de transfert : application au stockage profond de déchets radioactifs. Thèse
de doctorat, université Paul-Sabatier Toulouse et faculté de Génie de l’université de
Sherbrooke, 2005, 236 p.
[PIG 95] PIGEON M., PLEAU R. – Durability of concrete in cold climates, E & FN Spon,
1995.
[REG 75] REGOURD M. – « L’action de l’eau de mer sur les ciments ». Annales de
l’ITBTP, supplément au n° 329 de juin 1975, Série « Liants hydrauliques » n° 25,
p. 86-102.
[REG 76] REGOURD M. – « Carbonatation accélérée et résistance des ciments aux eaux
agressives ». Rilem Int. Symp., Cement and Concrete Association, Vexham Springs,
1976.
[REG 77] REGOURD M. – « Le comportement des bétons à la mer ». Travaux, 1977.
[REG 78] REGOURD M., HORNAIN H., MORTUREUX B., BISSERY P., EVERS G.
– « Ettringite et thaumasite dans le mortier de la digue du large du port de
Cherbourg ». Annales ITBTP, n° 358, 1978.
[RIC 04] RICHARDSON I.G. – “Tobermorite/jennite-and tobermorite/calcium hydroxi-
de based models for the structure of β-dicalcium silicate, Portland cement, and blends
of Portland cement with blast furnace slag, metakaolin, or silica fume”. Cem. Concr.
Res., vol. 34, n° 9, 2004, p. 1733-1777.
[SAB 01] SABIR B.B., WILD S., BAI J. – “Metakaolin and calcined clays as pozzolanas
for concrete: a review”. Cem. Concr. Res., vol. 23, 2001, p. 441-454.
[SAL 87] SALOMON M. – L’eau et la résistance chimique du béton. Action des sulfates,
dans le béton et l’eau, Conseil International de langue française, 1987, p. 155-172.
[SAN 87] SAND W., BOCK E., WHITE D.C. – “Concrete resistance to sulphur. Biotest
system for rapid evaluation of concrete resistance to sulfur oxidizing bacteria”. Mater.
Perform., Nal. Ass. of Corrosion Engineers, 1987, p. 14-17
[SCH 99] SCHERER G.W. – “Crystallisation in pores”. Cem. Concr. Res., vol. 29, n° 8,
1999, p. 1347-2358.
[SCH 99] SCHNEIDER U., CHEN S.W. – “Behavior of high-performance concrete un-
der ammonium nitrate solution and sustained load”. ACI Materials Journal, 96, 1,
1999, p. 47-51.
[SIN 06] SINGH M., GARG M. – “Reactive pozzolana from Indian clays: Their use in
cement mortars”. Cem. Concr. Res., 2006.
704
La durabilité des bétons vis-à-vis des environnements chimiquement agressifs
[SMO 68] SMOLCZYK H.G. – “Chemical reactions of strong chlorides solutions with con-
crete”. 5th Int. Symp. on the Chemistry of Cement, Tokyo, 3, 1968, p. 274-280, 1968.
[SMO 80] SMOLCZYK H.G. – “Slag structure and identification of slag”. 7e ICCC, Pa-
ris, vol. 1, thème III-1, 1980, p. 3-17.
[SOU 85] SOUKATCHOFF P. – « Étude de résistance à l’eau douce de quelques ciments
». Mater. Constr. Rilem, vol. 18, n° 104, 1985, p. 115-122.
[TAN 92] TANG L., NILSSON L.O. – “Chloride diffusivity in high strength concrete at
different ages”. Nord. Concr. Res., vol. 11, n° 1, 1992, p. 162-171.
[TAY 96] TAYLOR H.F.W. – “Ettringite in cement paste and concrete”. Int. Rilem Conf.,
Concrete: from material to structure, Arles, 11-12 sept. 1996, p. 55-76.
[TAY 01] TAYLOR H.F.W., FAMY C., SCRIVENER K. – “Delayed ettringite forma-
tion”. Cem. Concr. Res., vol. 31, 2001, p. 683-693.
[TEG 99] Thaumasite Expert Group – “The thaumasite form of sulphate attack: Risks,
diagnosis, remedial work and guidance on new construction”. Department of Environ-
ment, Transport and the regions, HMSO, London, 1999.
[TEG 02] Thaumasite Expert Group – “Review after Three years experience”, Prepared
by Professor L.A. Clark and BRE (British Research Establishment), 2002.
[THO 68] THORVALDSON T. – Symposium in Honour of Thorbergur Thorvaldson,
Performance of concrete, Resistance of concrete to sulphate and other environmentall
conditions, E.G. Swenson Technical ed., Canadian Building Series, University of To-
ronto Press, 1968, 243 p.
[TIA 00] TIAN B, COHEN M.D. – “Does gypsum formation during sulfate attack on con-
crete lead to expansion?” Cem. Concr. Res., vol. 30, 2000, p. 117-123.
[TOG 98] TOGNAZZI C. – Couplages fissuration/dégradation chimique dans les matériaux
cimentaires : caractérisation et modélisation. Thèse de l’INSA, Toulouse, 1998, 220 p.
[TRÄ 03] TRÄGÄRDH, – “Investigation of the conditions for a thaumasite form of sul-
phate attack in SCC with limestone filler”. Inter. Rilem Symposium on Self-Compac-
ting Concrete, O. Wallevik and I. Nielsson eds, 2003.
[UKR 78] UKRAINCIK V., BJECOVIC D., DJUREKOVIC A. – “Concrete corrosion in
a nitrogen fertilizer plant”. Durability of building materials and components, P.J. Se-
redaand and G.G. Litvan eds., ASTM, Philadelphia, STP 691, 1978, p. 397-409, 1978.
[WIL 75] WILSON T.R. – Salinity and major elements of seawater, Riley and London
Skirrow, Academic Press ed., Chemical oceanography, vol. 1, p. 365-413.
[YAM 06] YAMADA K., ICHIKAWA M., HONMA K., HIRAO H., MORI D. – “Pos-
sibility of thaumasite formation in marine environments”. 7th CANMET/ACI Interna-
tional Conference on Durability of Concrete, Montréal, Canada, V.M. Malhotra ed.,
ACI, SP-234, 2006, p.507-520.
[ZIV 01] ZIVICA V., BAJZA A. – “Acidic attack of cement based materials - a review.
Part 1: Principle of acidic attack”. Construction and Building Materials, 15, 2001,
p. 331-340.
[ZIV 02] ZIVICA V., BAJZA A. – “Acidic attack of cement based materials - a review.
Part 2: Factors of rate of acidic attack and protective measures”. Construction and
Building Materials, 16, 2002, p. 215-222.