Quels Paradigmes Sont Pertinents Pour La PDF
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Quels Paradigmes Sont Pertinents Pour La PDF
Raouf JAZIRI
Chercheur APREIS: www.apreis.org
Enseignant à l’Institut Supérieur des Etudes Technologiques de Sousse
Directeur du CSFMT de Sousse, Avenue Ibn Khadoun 4003. BP 656. Sousse.
Laboratoire ICI (Information, Coordination, Incitations).
Tel : +216 98 58 28 34. Fax : +216 73 23 18 30
e-mail : raouf.jaziri@uc.rnu.tn
Robert PATUREL
Professeur des Universités Françaises
Université de Bretagne Occidentale. IAE de Brest
Laboratoire ICI (Information, Coordination, Incitations)
e-mail : robert.paturel@unvi-brest.fr
Résumé:
La présente communication veut proposer un référentiel théorique pour un concept
émergent, celui de l’«acadépreneuriat» qui n’a pas suscité beaucoup l’intérêt des
chercheurs en entrepreneuriat jusqu’ici. En fait, nous essayons de mener une réflexion en
vue de transposer une logique entrepreneuriale au sein de l’Université. L’intérêt de cette
contribution est de tenter d’avancer un ancrage épistémologique et théorique à
l’entrepreneuriat via une lecture multi-paradigmatique du phénomène.
Cette réflexion s’articule autour de deux grandes questions: celle d’une élucidation du
positionnement épistémologique des recherches sur l’entrepreneuriat et celle de
l’inscription du phénomène entrepreneurial dans les universités. La première pose un
problème épistémologique et théorique du phénomène de l’entrepreneuriat. La seconde
cherche à construire une délimitation du champ de l’entrepreneuriat académique et du
concept d’acadépreneuriat. Les aspects théoriques et conceptuels que nous songeons
aborder constituent aussi une facette du travail proposé.
1
Colloque international sur l’Entrepreneuriat : à la recherche de la performance
De l'auto-entreprise à la PME partenariale. Casablanca, 20 et 21 mai 2010.
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Introduction
1
La première définition, relativement complète, de ce concept a été avancée en 2008 par JAZIRI et
PATUREL. Pour plus d’informations sur ce concept Cf. les travaux de Jaziri et Paturel, 2008, 2009.
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De l'auto-entreprise à la PME partenariale. Casablanca, 20 et 21 mai 2010.
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2
Cf. à l’encyclopédie wikipédia en ligne :www.wikipedia.com.
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«The structure of scientific revolutions». The University of Chicago Press (traduction française: « La
structure des révolutions scientifiques », Flammarion, 1972).
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De l'auto-entreprise à la PME partenariale. Casablanca, 20 et 21 mai 2010.
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le repreneuriat d’entreprises par des personnes physiques ;
l’intrapreneuriat par les membres des organisations ;
etc.
Toute la communauté des chercheurs en entrepreneuriat quel que soit l’intérêt qu’ils
portent sur l’un des thèmes de recherche précédent, adopte des paradigmes qui traduisent,
notamment, leur perception du monde. En fait, ce qui fait la valeur d'un paradigme, ce
n'est pas tant la profondeur de la découverte que sa capacité à susciter des travaux de
recherche (Michel, 1979).
Selon le sociologue et philosophe Bruno Latour (1995), les paradigmes découlent des
efforts consentis par la communauté des chercheurs en vue de publier dans des revues de
grande notoriété pour déclencher des débats autour de la vision qu’ils partagent d’une
représentation du monde.
A un instant t, correspondant à un état particulier des croyances sociales porteuses d'un
point de vue sur la nature, le scientifique a une représentation théorique particulière du
monde. Celle-ci change dès que le point de vue se modifie. Ces points de vue et les
arsenaux conceptuels et méthodologiques qui les accompagnent, sont appelés par Kuhn
des "paradigmes". L'histoire de la science doit être appréhendée comme une suite de
ruptures paradigmatiques.
L’intérêt de notre analyse étant de proposer un ancrage épistémologique et théorique pour
l’entrepreneuriat, nous proposons une lecture multi-paradigmatique du domaine.
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ou en équipe qui subit un changement important dans sa vie, selon un processus qui
aboutit à la création d’une valeur nouvelle ou à l’économie de gaspillage de valeur
existante ? ».
Reprenons succinctement ces sept différentes façons, auxquelles nous pouvons ajouter
l’approche projet, de concevoir, de produire et d’évaluer nos travaux.
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recherches empiriques allant dans ce sens sont entachés d’ambiguïté, voire contradictoires
et, par conséquent, peu concluants (Danjou, 2002). L’entrepreneur n’a pas a priori des
caractéristiques qui lui sont propres par rapport au reste de la population, même s’il est
vrai qu’un environnement entrepreneurial propice accroît l’ambition et le dynamisme
entrepreneurial du futur entrepreneur.
Selon Paturel (2007), ce paradigme qui cherche une réponse à la question «Qui ?», reste
d’un intérêt aujourd’hui plus que limité…« Sauf à caractériser l’entrepreneur par rapport
au changement plus ou moins intense que son entrée dans les affaires lui fait subir ou
bénéficier, avec une force de ce changement liée à une modification plus ou moins élevée
de son statut, de son métier, de sa fonction combinée à un changement final
d’organisation – celle créée ou reprise –, une mobilité géographique, etc. ».
Au sens de notre analyse, ce paradigme peut être utilisé avec d’autres pour élucider le
phénomène de l’entrepreneuriat académique qui traduit l’action entrepreneuriale des
membres de l’université en vue d’identifier les différents profils des « acadépreneurs ».
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Ce paradigme est réputé le plus récent en entrepreneuriat. Il est ancré dans les travaux
fondateurs de Venkataraman (1997) et Shane et Venkataraman (2000). Le champ de
l’entrepreneuriat est défini comme « l’examen approfondi de comment, par qui et avec
quels résultats sont découvertes, évaluées et exploitées les opportunités de création de
futurs biens et services ».
4
“the domain of entrepreneurship that interests me is focused on the phenomenon of organization creation”
(Gartner, 1995, p 69)
5
«Dans notre thèse, l’entrepreneuriat est vu comme un phénomène conduisant à la création d’une
organisation impulsée par un ou plusieurs individus s’étant associés pour l’occasion » (Verstraete, 2003,
p.13).
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le premier, jugé faible, se fonde sur le fait que la plupart des marchés sont
inefficients et que ces inefficiences offrent aux individus qui les repèrent et qui les
exploitent des opportunités de profit ;
le deuxième, réputé fort, affirme que « même si le marché approche un état
d’équilibre, la condition humaine de l’entreprise combinée à la tentation du profit
et l’avancée des connaissances et des technologies détruira l’équilibre tôt ou tard
» (Op. Cit. p. 121). Ce facteur va dans le même sens que le processus de
destruction créatrice décrit par Schumpeter.
Bygrave et Hofer (1991) concilient le paradigme de l’opportunité avec celui de la création
d’une entité, alors que Timmons l’associe au paradigme du processus lorsqu’il précise :
« Entrepreneurship is the process of creating or seizing an opportunity and pursuing it
regardless of the ressources currently controlled » (Timmons, 1994, p.7).
Shane et Venkataraman (2000) se situent parfaitement dans ce paradigme tout en intégrant
le paradigme du processus (découverte, évaluation et exploitation de l’opportunité). Dans
le même ordre d’idées, la saisie d’une opportunité constitue l’approche qui assure la plus
forte durabilité au projet (Girard, 2007). En ce sens, Paturel (2007) a fait la relation entre
l’entrepreneuriat et l’Intelligence Economique via les fonctions de veille et de la
recherche d’opportunités au sein de l’environnement.
Eckhardt et Shane (2003, p. 336), soulignent : « Ainsi, alors que les décisions non-
entrepreneuriales maximisent les ressources rares à travers une relation entre moyens et
fins précédemment développée, les décisions entrepreneuriales induisent la création ou
l’identification de nouvelles relations entre moyens et fins précédemment non détectées ou
non utilisées par les acteurs du marché ».
En général, que l’opportunité soit découverte, aperçue ou créée, le défi et l’enjeu
consistent dans son exploitation.
Le paradigme de l’opportunité nous semble digne d’intérêt dans le cadre des organisations
à but non lucratif. Si nous prenons l’exemple de l’entrepreneuriat académique ou
acadépreneuriat, nous pensons qu’un acadépreneur qui songe créer un nouveau
établissement universitaire ou un nouveau laboratoire de recherche, doit percevoir une
opportunité, l’analyser pour, par la suite, s’engager dans l’action entrepreneuriale
proprement dite.
6
Selon Druker, les opportunités se cristallisent autour des trois types suivants :
1. les opportunités que l’on rencontre sur des marchés existants qui sont le fruit d’inefficience due à
une asymétrie de l’information ou aux limites de la technologie pour satisfaire des besoins non
satisfaits ;
2. les opportunités qui sont le résultat de changements exogènes qui touchent aux conditions sociales,
politiques, démographiques ou économiques ;
3. Les opportunités qui sont le fruit d’inventions et de découvertes et qui produisent ainsi de
nouvelles connaissances.
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La définition de Gartner (1993) va dans ce sens : « L’entrepreneuriat est un processus
d’organisation qui conduit à la création d’une nouvelle organisation ».
Selon Johannisson (2003), l’entrepreneuriat est considéré comme « un processus dans
lequel des ressources, indépendantes à l’origine, sont réorganisées d’une nouvelle façon
pour saisir une occasion d’affaires ».
Pour Hernandez et Marco (2006), « L’entrepreneur est l’initiateur d’un processus
complexe de détection et d’exploitation d’opportunités » (p.9).
D’après Schmitt (2008, p.4) « L’entrepreneuriat est envisagé comme un processus finalisé
de transformation de l’entreprise et, par conséquent, du marché sur lequel agit cette
transformation, comme l’explique Schumpeter ».
En somme, le paradigme du processus consiste à décrire et analyser les différentes étapes
de la création d’une nouvelle entreprise ex nihilo ou de la reprise d’une entité existante,
afin d’en élucider et cerner les problèmes pour y remédier. Souvent, ce paradigme fait
appel à la notion d’engagement entrepreneurial qui relève de l’intention entrepreneuriale,
dans le processus de création d’entreprise. Cependant, l’intention est insuffisante pour
entreprendre : c’est la décision7 qui fait foi et qui représente le maillon indispensable entre
l’intention de créer et l’acte de création (Hernandez et Marco 2006). De même, la
modélisation diachronique du processus de création d’entreprise de Bruyat (1993) a fait
de l’engagement une phase déterminante du processus entrepreneurial.
Le paradigme du processus entrepreneurial est fortement corrélé avec le paradigme de
l’opportunité d’affaire (Cf. Timmons, 1994, p.7), des faits (Toutin 2005), de l’impulsion
d’une organisation (Gartner 1993) et celui de l’innovation (Schmitt, 2008). Il a été traité
par plusieurs auteurs (Gartner, 1985 ; Schmitt et Bayad, 2007 notamment), et consiste à
donner une place capitale à l’entrepreneur entant qu’individu cognitif et social évoluant
dans un environnement, ouvert, finalisé et régulé.
Ce paradigme semble être une tendance mobilisant de plus en plus la recherche doctorale
d’après les analyses disponibles (Paturel, 2006 ; Bourion, 2007 ; Schmitt et Bayad, 2007).
7
« L’intention ne suffit pas, il faut le passage à l’acte… Le pont entre l’intention et l’action c’est la
décision » (Hernandez, Marco, 2007, p. 9)
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d’approvisionnement et/ou de nouvelles structures du marché (Paturel, 2007, reprenant
Schumpeter). On perçoit déjà à ce niveau le lien avec l’idée de création de valeur nouvelle
provenant de l’exploitation de ces types d’innovation applicables aussi bien dans une
organisation nouvelle que reprise.
Ce paradigme peut être employé largement dans le cadre d’une organisation à but non
lucratif comme une université publique, dans le cadre de l’intrapreneuriat académique.
Par exemple, l’enseignant-chercheur qui entreprend pour créer un nouveau laboratoire de
recherche ou le directeur de l’établissement universitaire qui crée une nouvelle formation,
un nouveau diplôme ou une nouvelle coopération nationale ou internationale d’envergure,
se trouve dans une situation entrepreneuriale.
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de la décision de reprise. Les mêmes questions que précédemment interviennent quant à la
nature de l’économie de perte de valeur réalisée, pour qui, pour quoi, selon le respect de
quelles valeurs éthiques ?
Il semble bien, aujourd’hui, qu’il faille privilégier ce dernier paradigme. C’est, en effet,
celui qui caractérise le mieux l’entrepreneuriat et l’entrepreneur : les autres étant des
évidences ou des développements connus depuis des lustres. Les paradigmes de
l’entrepreneuriat sont a priori d’autant moins intéressants au fur et à mesure que l’on
remonte notre liste. Autrement dit, les paradigmes sont, en fin de compte, d’une
pertinence et originalité croissantes pour la recherche en entrepreneuriat au fur et à
mesure que l’on s’éloigne des premiers analysés précédemment.
Le paradigme de l’obtention de valeur nouvelle ou existante, développé par Paturel (2006,
2007), nous paraît riche d’enseignements pour qu’il soit appliqué au phénomène de
l’acadépreneuriat. En effet, l’acadépreneur obtient de la valeur nouvelle lors de la création
d’un nouvel établissement universitaire ou d’un nouveau laboratoire de recherche… Il
peut aussi obtenir de la valeur existante lors de la «reprise» d’un établissement par un
nouveau directeur.
Selon Paturel (2007), l’entrepreneuriat est indissociable à l’idée de projet et, donc, du
paradigme du projet. En fait, le projet est considéré comme « une figure de l’anticipation,
qui peut, certes permettre de scénariser l’avenir, mais aussi d’instruire les rationalisations
de l’action » (Bréchet, Desreumaux, Lebas, 2005).
L’ouvrage de J.-P. Boutinet (1993) peut servir de base pour élucider le paradigme du
projet. En fait, un projet est la conjonction de quatre univers, à savoir :
l’univers architectural : il constitue l’articulation entre la conception et la
réalisation du projet ;
l’univers politique : il explique la « vision sociétale du projet » ;
l’univers philosophique : il traduit l’intentionnalité, suite à laquelle émerge le
projet ;
l’univers pragmatique : il consiste en l’instrumentation du projet.
8
Prix spécial du jury du Grand Prix des Universités de l’Economie PME, remis par le Secrétaire d’Etat,
Hervé NOVELLI, à Paris le 15 décembre 2009.
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E3 E1
A
E2
Figure 1: Le modèle des « 3 E » (Paturel, 1997, p. 15.)
Il découle de cette figure que seuls les projets entrant –seul ou avec une aide ou un
accompagnement- dans la zone de cohérence « A » des « 3E » ont des chances de succès.
Ce modèle est utilisé depuis plus de 10 ans, aussi bien dans le cadre de travaux théoriques
que dans la pratique des affaires (Paturel, 1997), pour assurer la cohérence de tout projet
d’entreprise destiné à être pérennisé.
Le modèle des « 3 F » peut être représenté de la même façon que le modèle des « 3 E»
(figure 2). Il s’agit d’un modèle de performance applicable à la TPE/PME et aux projets
entrepreneuriaux. Il distingue trois groupes d’indicateurs de la performance en relation
avec l’efficacité (F 1), l’efficience (F 2) et l’effectivité (F 3). Reprenons chacun d’eux
succinctement, avant de préciser son contenu et l’utilisation possible du modèle élaboré.
- F1 symbolise l’efficacité qui consiste à approcher les objectifs des réalisations sur la
base de critères en relation avec la définition des objectifs de l’entrepreneur ou du
dirigeant.
- F2 synthétise l’efficience qui s’intéresse à la manière dont les ressources et compétences
sont utilisées pour parvenir à telle ou telle production de l’entreprise, par exemple.
- F3 résume l’effectivité qui se concentre sur le niveau de satisfaction des parties
prenantes de l’entreprise, qu’elles soient internes ou externes.
Là encore, la performance globale du projet ne peut se situer que dans la zone de
cohérence « A’ ».
F1 F2
A’
F3
332
Figure 2: Le modèle des « 3 F » (Paturel 2000, p. 178)
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De ces deux modèles, se dégagent bien entendu le Business Plan et le Business Model,
eux aussi indispensables dans la concrétisation du projet qui doit donc se situer dans les
zones de cohérence « A » et « A’ ».
Il n’est pas évident d’analyser les liens possibles entre ces paradigmes. Gartner (1990)
montre que l’entrepreneuriat est en corrélation étroite avec les paradigmes de la création
d’organisation, de l’innovation, de la création de valeur et de l’opportunité.
Nous illustrons ci-dessous les liens possibles entre les 8 paradigmes précédents en les
adoptant de Paturel (2006) dans le schéma suivant.
Paradigme de
projet
Paradigme de Paradigme de
l’opportunité l’impulsion d’une
organisation
Paradigme de Paradigme de
l’innovation l’obtention de valeur
Paradigme de
Processus
entrepreneurial
Figure 3: Représentation des liens entre les huit paradigmes de l’entrepreneuriat
Les quatre paradigmes dont le fond est gris clair et les liens en violet sont ceux avancés et
élucidés par Verstraete et Fayolle (2004), alors que ceux en jaune ont été ajoutés par
Paturel (2007).
Il découle de cette représentation trois catégories, selon les liens qui unissent les divers
paradigmes.
La première catégorie met l’accent sur les paradigmes ayant des liens (6) avec tous les
autres à savoir les paradigmes de/du :
projet ;
l’obtention de valeur ;
l’impulsion d’organisation.
Ceci nous parait tout à fait logique, puisque toute création ou reprise d’entreprise quelle
que soit la forme du projet notamment, engendre une impulsion d’une organisation créée
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ou reprise et, par conséquent, l’obtention de valeur nouvelle (en cas de création ex-nihilo)
ou existante (en cas de reprise) au sens de Paturel (2007).
La seconde catégorie de paradigmes regroupe ceux qui intéressent le plus de chercheurs.
Il s’agit notamment :
du paradigme du processus ;
du paradigme de l’opportunité d’affaires ;
du paradigme des faits entrepreneuriaux ;
du paradigme de l’innovation.
Cependant, le paradigme ayant le moins de liens avec les autres est celui des traits
individuels, ce qui pourrait expliquer sa désuétude.
Les liens entre les différents paradigmes paraissent évidents dans la mesure où
l’entrepreneuriat est un processus qui interpelle la majorité des paradigmes qui sont en
interrelation entre eux. Il est très délicat de choisir un paradigme et d’y rester fidèle. C’est
la raison pour laquelle on évoque de plus en plus l’expression de triangulation
paradigmatique ou d’approche muti-paradigmatique (Mbengue, 2010).
L’émergence d’un néologisme n’est jamais anodine et traduit, bien souvent, un défi
social. L’apparition du concept encore flou d’acadépreneuriat n’échappe pas à ce propos
et rend compte d’un consensus sur la nécessité de valoriser certaines pratiques pour
relever les nouveaux défis de la gouvernance universitaire. Grigg (1994) invitait ainsi les
universités à devenir entrepreneuriales pour remplir leurs missions. En suivant Liu et
Dubinsky (2000), “University administrators are facing increasingly difficult time as
public funds are contracting…. With these financial exigencies, universities must seek
alternative means of generating revenues to support their mission. One such approach
involves the use of institutional entrepreneurship”.
Le concept est, cependant, mal appréhendé et nécessite une clarification à laquelle nous
entendons contribuer avant de pouvoir souligner les enjeux de l’acadépreneuriat qui, en
suivant Liu et Dubinsky, semble constituer une forme d’entrepreneuriat institutionnel
appliquée au contexte académique (Paturel 2005 ; 2006 ; 2007 ; Jaziri et Paturel, 2008a et
b, 2009). Il est à noter, toutefois, que certains retiennent une définition plus large de
l’acadépreneuriat que celle qui sous-tend les réflexions précédentes. Certains y incluent,
par exemple, la valorisation économique des connaissances scientifiques par la création
des spin-offs universitaires (Pirnay, 2001).
Plus largement, dans une acception large, si les acadépreneurs sont des membres de
l’université, ils peuvent être étudiants, chercheurs ou/et enseignants, voire administratifs.
Conformément au travail de Pirnay (op. cit.), les premiers sont des acadépreneurs
potentiels dans la mesure où ils peuvent créer ou reprendre des entreprises, après avoir
quitté l’université, sous la forme de spin-offs étudiants, en exploitant un projet de
recherche ou un mémoire de fin d’études. De même, les enseignants ou/et chercheurs
peuvent créer ou reprendre une entreprise en exploitant un brevet d’invention sous la
forme de spin-offs universitaires, mais ils peuvent aussi « intraprendre » au sein de
l’université, sans pour autant la quitter, tout en menant des projets de recherche innovants
mettant leur réputation en jeu (Paturel 2006 ; Jaziri et Paturel, 2008) ou en créant des
activités nouvelles au sein de l’université (UFR, Institut, etc.). Sur ces bases, Jaziri et
Paturel (2008) définissent l’entrepreneuriat académique ou l’acadépreneuriat comme :
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A propos de cet acadépreneur, Paturel (2006) affirmait qu’«un fonctionnaire de l’éducation nationale
créant un institut de formation inexistant jusqu’ici dans la région où se trouve son université ou fondant un
laboratoire de recherche utile pour le tissu économique local, se trouve sans ambiguïté dans une situation
entrepreneuriale ».
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Conclusion
Cette lecture multi-paradigmatique nous semble digne d’intérêt, car elle est de nature à
contribuer à impulser les recherches en entrepreneuriat en adoptant certains de ces
paradigmes en vue de scruter l’action entrepreneuriale universitaire.
Toutefois, notre contribution n’est qu’un essai pour esquisser un ancrage épistémologique
et paradigmatique de l’entrepreneuriat et de l’acadépreneuriat.
Nombreuses sont les questions qui se posent encore dont les suivantes :
1. Peut-on être entrepreneur au sens de tous ses paradigmes lorsqu’on est membre
d’une organisation à but non lucratif ?
Légende figure 1 :
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figure est plus en relation avec la création ex nihilo (avec une colonne commune
aux deux pratiques de l’acadépreneuriat –la 1ère de la partie droite-).
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Forte
Définition restrictive de la
Forte
de la reprise d’une de la reprise d’une la création ex-nihilo
création ex-nihilo d’une
entité ou d’une entité ou d’une d’une entité ou d’une
activité universitaire, entité ou d’une activité
activité universitaire, activité universitaire, universitaire, limitée à
limitée à
avec obtention d’une avec maintien d’une l’acadépreneuriat l’acadépreneuriat innovant et
valeur existante forte valeur existante innovant, avec obtention fortement créateur de valeur
et changement d’une moyenne et de valeur nouvelle nouvelle, avec une intensité
intensité élevée pour changement fort moyenne combinée à une élevée du changement pour
l’acadépreneur pour l’acadépreneur intensité élevée du l’acadépreneur
changement pour
l’acadépreneur
Moyenne
activité universitaire,
Moyenne
l’acadépreneuriat innovant et
avec obtention d’une fortement créateur de valeur
valeur existante forte avec une intensité moyenne
et changement d’une du changement pour
intensité moyenne l’acadépreneur
pour l’acadépreneur
Faible
par un
Faible
repreneuriat
académique
Alvarez S-A, Barney J-B. (2004) : “Organizing rent generation and appropriation:
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Bréchet, J-P., Desreumaux, A., Lebas, Ph. (2005) : « Le projet en tant que figure de
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Diochon, M., et ali. (2001) : “From conception to inception: Initial findings from the
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