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Quels Paradigmes Sont Pertinents Pour La PDF

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Colloque international sur l’Entrepreneuriat : à la recherche de la performance

De l'auto-entreprise à la PME partenariale. Casablanca, 20 et 21 mai 2010.


http://www-tmp.univ-brest.fr/digitalAssets/2/2965_colloqueCASA2010_PROGRAMME.pdf

Quels paradigmes sont pertinents pour la recherche sur le


phénomène d’acadépreneuriat ?

Raouf JAZIRI
Chercheur APREIS: www.apreis.org
Enseignant à l’Institut Supérieur des Etudes Technologiques de Sousse
Directeur du CSFMT de Sousse, Avenue Ibn Khadoun 4003. BP 656. Sousse.
Laboratoire ICI (Information, Coordination, Incitations).
Tel : +216 98 58 28 34. Fax : +216 73 23 18 30
e-mail : raouf.jaziri@uc.rnu.tn

Robert PATUREL
Professeur des Universités Françaises
Université de Bretagne Occidentale. IAE de Brest
Laboratoire ICI (Information, Coordination, Incitations)
e-mail : robert.paturel@unvi-brest.fr

Résumé:
La présente communication veut proposer un référentiel théorique pour un concept
émergent, celui de l’«acadépreneuriat» qui n’a pas suscité beaucoup l’intérêt des
chercheurs en entrepreneuriat jusqu’ici. En fait, nous essayons de mener une réflexion en
vue de transposer une logique entrepreneuriale au sein de l’Université. L’intérêt de cette
contribution est de tenter d’avancer un ancrage épistémologique et théorique à
l’entrepreneuriat via une lecture multi-paradigmatique du phénomène.
Cette réflexion s’articule autour de deux grandes questions: celle d’une élucidation du
positionnement épistémologique des recherches sur l’entrepreneuriat et celle de
l’inscription du phénomène entrepreneurial dans les universités. La première pose un
problème épistémologique et théorique du phénomène de l’entrepreneuriat. La seconde
cherche à construire une délimitation du champ de l’entrepreneuriat académique et du
concept d’acadépreneuriat. Les aspects théoriques et conceptuels que nous songeons
aborder constituent aussi une facette du travail proposé.

Mots-clés: Entrepreneuriat, paradigmes, acadépreneuriat,

1
Colloque international sur l’Entrepreneuriat : à la recherche de la performance
De l'auto-entreprise à la PME partenariale. Casablanca, 20 et 21 mai 2010.
http://www-tmp.univ-brest.fr/digitalAssets/2/2965_colloqueCASA2010_PROGRAMME.pdf

Introduction

L’entrepreneuriat a connu ces deux dernières décennies un engouement indéniable au sein


de la communauté des chercheurs en sciences de gestion. Ce domaine n’est pas l’apanage
des gestionnaires et de multiples angles de vue ont été adoptés par des économistes, des
sociologues, des psychologues, des spécialistes en sciences de gestion ou en sciences du
comportement (Filion 1997). Cependant, des controverses ont émergé quant à l’affiliation
de l’entrepreneuriat à l’une des disciplines susmentionnée. En définitive, le phénomène
est considéré en tant que sous-discipline naissante des sciences de gestion traitant les
situations de création ou de reprise d’entreprises, le développement et le management de
projets (Lamy 2005, p 206).

Les chercheurs en entrepreneuriat s’interrogent sur les fondements théoriques et


paradigmatiques de leur discipline. En fait, plusieurs chercheurs se posent la
question quant à la rétention d’un paradigme de l’entrepreneuriat ou la nécessité de
recourir à une lecture multi-paradigmatique de ce phénomène (Bygrave, 1993; Bruyat,
1993 ; Stevenson, Jarillo, 1990 ; Verstraete 2000, 2001, 2002, 2003; Verstraete et Fayolle,
2004; Paturel 2005, 2006a, 2006b, 2007; Messeghem 2006).
De ce fait, il est tout à fait légitime et judicieux de problématiser le positionnement
épistémologique des recherches en entrepreneuriat au regard des différents paradigmes du
phénomène et d’en faire ressortir la quintessence.
«Le phénomène de l’entrepreneuriat peut changer nettement d’un contexte à l’autre. Il
s'avère souvent que la recherche d'une seule définition simple d’un entrepreneur est
futile» (traduction libre ; Alvarez, Barney, 2004). Il faut ajouter que l’entrepreneuriat
n’est pas un phénomène réductible uniquement aux entreprises, mais il touche tous les
types d’organisations répondant à un besoin de la société. En sus, l’entrepreneuriat n’est
donc pas limité à l’idée de recherche du profit; il peut aussi être lié au domaine public ou
au développement durable, à la culture, à l’art par le biais d’organisations à but non
lucratif et caritatif (Paturel, 2005 et 2006). Le critère d’indépendance juridique et
économique n’est pas non plus une exigence de l’entrepreneuriat ; comme le montre
Paturel en 2006 dans le nouveau concept de l’« acadépreneuriat1», notamment avec le
développement au sein d’une université régionale d’un nouveau laboratoire de recherche
ou d’une nouvelle structure de formation.
Au terme de ces considérations, il est désormais permis de définir avec plus de précision
ce concept récent qui peut servir à de nombreuses investigations dans le domaine de
l’entrepreneuriat. L’« acadépreneuriat» s’articule autour d’un souci permanent de
transposer, au sein des universités, une logique entrepreneuriale dans ses dimensions intra
et extrapreneuriale. Il se concrétise, selon le sens plus ou moins large qu’on lui attribue,
soit par la valorisation économique de connaissances universitaires par la création
d’activités nouvelles à l’extérieur de l’Université (spin-off universitaire par extraprise),
soit par la conduite d’un projet à l’intérieur de l’université par des intrapreneurs
(intraprise).
L’objectif de cette contribution est double, d’un coté, elle s’intéresse à mettre l’accent sur
la quête de paradigme pour l’entrepreneuriat et, de l’autre, elle insiste sur les premiers
éléments d’une lecture multi-paradigmatique de ce phénomène et de l’acadépreneuriat.

1
La première définition, relativement complète, de ce concept a été avancée en 2008 par JAZIRI et
PATUREL. Pour plus d’informations sur ce concept Cf. les travaux de Jaziri et Paturel, 2008, 2009.

2
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1. La quête de(s) paradigme(s) pour l’entrepreneuriat


L’étymologie2 du mot paradigme tient son origine du mot grec ancien paradeïgma
(παράδειγμα) qui signifie «exemple». Selon le dictionnaire étymologique de la langue
française de 1968, le terme existe depuis1561 (Rumelhard, 2005). Le concept de
paradigme s'emploie fréquemment dans le sens de perception du monde au sens de Khun.
Dans le cas des sciences sociales, la notion est employée pour décrire l'ensemble
d'expériences, de croyances et de valeurs qui influencent la façon dont un individu perçoit
la réalité et réagit à cette perception. Au début du XIXème siècle, le mot paradigme était
employé comme terme épistémologique pour désigner un modèle de pensée dans des
disciplines scientifiques.
Dans cette perspective, l'emploi le plus répandu se trouve son origine chez le philosophe
et le physicien de formation Thomas Samuel Kuhn qui l'utilisait pour désigner un
ensemble de pratiques en science. Toutefois, dans son ouvrage publié en 1962, intitulé
«The structure of scientific revolutions»3, Kuhn définit un paradigme scientifique
comme « l'ensemble de convictions partagées par le groupe scientifique considéré à un
moment donné de l'histoire ; convictions que le groupe défend contre toute menace et
toute atteinte par le rejet de tout élément théorique hétérogène».
De même il ajoutait que : «les paradigmes fournissent une loi, une théorie, une
application et un dispositif expérimental, bref un modèle qui donne naissance à des
traditions particulières et cohérentes de recherche scientifique ». Ils comprennent :
 un ensemble d'observations et de faits avérés ;
 un ensemble de questions en relation avec le sujet qui se posent et doivent être
résolues ;
 des indications méthodologiques (comment ces questions doivent être posées) ;
 comment les résultats de la recherche scientifique doivent être interprétés.
Pour Kuhn, l’adoption d’un paradigme est un phénomène sociologique qui implique la
genèse d'une communauté de chercheurs s’accordant autour d’une vision unanime du
monde. Dans le contexte de l’entrepreneuriat, les paradigmes seraient l'ensemble des
règles admises comme des «normes» par la communauté des chercheurs en
entrepreneuriat, à un moment donné, pour délimiter et problématiser les « faits » qu'elle
juge dignes d'étude. Il s’agit donc d’instruments de conception, de production et même
‘évolution de nos recherches.
Selon Kuhn (1962), un paradigme porte deux caractéristiques indispensables: d’une part,
il est constitué de découvertes suffisamment notables pour générer un groupe cohérent
d'adeptes par rapport à d'autres formes d'activités scientifiques concurrentes, et, d'autre
part, il ouvre des perspectives suffisamment vastes pour fournir à ce nouveau groupe de
chercheurs toutes sortes de problèmes à résoudre. Ces deux caractéristiques sont assez
vérifiées par l’entrepreneuriat dans la mesure où le phénomène a mobilisé, durant ces
deux dernières décennies, une large communauté des chercheurs. Ces derniers se sont
regroupés eux-mêmes en des sous groupes selon les intérêts et les thèmes de recherche qui
les occupent, tels que :
 l’entrepreneuriat par la création ex-nihilo ;
 l’extrapreneuriat par essaimage ou spin-off ;

2
Cf. à l’encyclopédie wikipédia en ligne :www.wikipedia.com.
3
«The structure of scientific revolutions». The University of Chicago Press (traduction française: « La
structure des révolutions scientifiques », Flammarion, 1972).

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 le repreneuriat d’entreprises par des personnes physiques ;
 l’intrapreneuriat par les membres des organisations ;
 etc.
Toute la communauté des chercheurs en entrepreneuriat quel que soit l’intérêt qu’ils
portent sur l’un des thèmes de recherche précédent, adopte des paradigmes qui traduisent,
notamment, leur perception du monde. En fait, ce qui fait la valeur d'un paradigme, ce
n'est pas tant la profondeur de la découverte que sa capacité à susciter des travaux de
recherche (Michel, 1979).
Selon le sociologue et philosophe Bruno Latour (1995), les paradigmes découlent des
efforts consentis par la communauté des chercheurs en vue de publier dans des revues de
grande notoriété pour déclencher des débats autour de la vision qu’ils partagent d’une
représentation du monde.
A un instant t, correspondant à un état particulier des croyances sociales porteuses d'un
point de vue sur la nature, le scientifique a une représentation théorique particulière du
monde. Celle-ci change dès que le point de vue se modifie. Ces points de vue et les
arsenaux conceptuels et méthodologiques qui les accompagnent, sont appelés par Kuhn
des "paradigmes". L'histoire de la science doit être appréhendée comme une suite de
ruptures paradigmatiques.
L’intérêt de notre analyse étant de proposer un ancrage épistémologique et théorique pour
l’entrepreneuriat, nous proposons une lecture multi-paradigmatique du domaine.

2. Vers une lecture multi-paradigmatique de l’entrepreneuriat


L’engouement sans précédent qu’ont connu les recherches en entrepreneuriat, a conduit
certains auteurs à parler de paradigme (Shane et Venkataraman, 2000; Verstraete et
Fayolle, 2004, Paturel 2005, 2006a, 2006b, 2007).
Il va sans dire que l’entrepreneuriat est un phénomène complexe qu’on ne peut pas réduire
à un seul paradigme pour en cerner ses différentes facettes (Verstraete,1999). Par
conséquent, il est nécessaire de recourir à une lecture multi-paradigmatique, tout en
montrant la complémentarité, plus que la concurrence, entre ces paradigmes qui
charpentent le champ de l’entrepreneuriat. Verstraete et Fayolle (2004) ont repris les
quatre paradigmes dominants et existants depuis plusieurs années, pour la recherche en
entrepreneuriat à savoir :
1. le paradigme de l’opportunité d’affaires ;
2. le paradigme de la création d’organisation ;
3. le paradigme de la création de valeur ;
4. le paradigme de l’innovation.
Nous nous proposons de nous centrer sur une approche plus large retenant les sept
paradigmes avancés par Paturel (2005, 2006a, 2006b, 2007) pour la recherche en
entrepreneuriat et, surtout, plus adaptée pour élucider les différentes facettes de
l’entrepreneuriat en général et de l’acadépreneuriat en particulier.
En fait, ces paradigmes se résument, pour l’essentiel, dans les propos suivants de
Paturel (2007) :
« Ne pourrait-on pas avancer que l’entrepreneuriat est, à partir d’une idée, l’exploitation
d’une opportunité dans le cadre d’une organisation impulsée, créée de toute pièce ou
reprise dans un premier temps, puis développée ensuite, par une personne physique seule

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ou en équipe qui subit un changement important dans sa vie, selon un processus qui
aboutit à la création d’une valeur nouvelle ou à l’économie de gaspillage de valeur
existante ? ».
Reprenons succinctement ces sept différentes façons, auxquelles nous pouvons ajouter
l’approche projet, de concevoir, de produire et d’évaluer nos travaux.

2.1. Le paradigme des traits individuels:


L’apport de ce paradigme en matière de recherche en entrepreneuriat est réputé limité. En
effet, l’examen des caractéristiques personnelles (démographiques, origine sociale,
carrière professionnelle, compétences, motivations, historique, famille…) de
l’entrepreneur n’a pas permis d’aboutir à vraiment distinguer les entrepreneurs des autres
individus, même si, souvent, les entrepreneurs seraient influencés par des parents eux-
mêmes dans les affaires (Gasse, D’Amours, 2000) et considérés comme des modèles à
imiter (Diochon et ali., 2001).
Le paradigme des traits tient donc aussi compte de l’influence de l’environnement
immédiat ou de proximité, quant au développement de l’action entrepreneuriale. En fait,
le milieu immédiat influence largement la création d’entreprises d’une région à l’autre par
l’inégalité des opportunités d’affaires d’un milieu à l’autre (Mezhoudi, 2000).
Selon les adeptes de ce paradigme l'émergence d'une économie entrepreneuriale est autant
un événement culturel et psychologique qu'un événement économique ou technologique
(Gasse, 2000). Ainsi, certaines sociétés, communautés ou groupes véhiculent plus
facilement les valeurs entrepreneuriales que d'autres. Plusieurs études ont montré que les
forces culturelles latentes pouvaient être mobilisées et fournir les valeurs sous-jacentes à
l'économie entrepreneuriale (Granmaison, 2000 ; Reynolds, Storey et Westhead, 1994).
Le niveau d’instruction fait partie des traits individuels retenus par les chercheurs en
entrepreneuriat. Gasse et D’Amours (2000), indiquent que le niveau d'instruction des
entrepreneurs est plus élevé que celui de l'ensemble de la population. Cela est
particulièrement vrai des créateurs d'entreprises dans le secteur des technologies de pointe
(High-tech) ou à fort potentiel de croissance. Étant donné que ces entreprises font reposer
leurs avantages concurrentiels sur les connaissances de leurs fondateurs, une solide
formation est donc nécessaire. De façon générale, les perceptions de compétences peuvent
fortement influencer la vision de la personne quant à savoir si une situation donnée est
maîtrisable. Si cette personne se perçoit comme compétente, elle aura tendance à mieux
considérer une action, comme la création d’une entreprise, comme faisable (Krueger,
2000).
Quant aux traits psychologiques, les auteurs s'entendent généralement pour reconnaître
que les entrepreneurs font preuve habituellement de beaucoup de motivation et de
persévérance dans leurs efforts. L'entrepreneur qui réussit à lancer une entreprise
démontre un haut niveau de détermination et de constance dans la solution des divers
problèmes et des difficultés rencontrés. Plusieurs études sur les entrepreneurs naissants
(Menzies et ali. 2002) viennent confirmer l’importance de la dynamique
psychosociologique dans la création des nouvelles entreprises. Ils recherchent l’autonomie
et l’indépendance, veulent devenir leur propre patron et prennent des initiatives dans ce
sens.
L’effet de l’âge et de l’expérience antérieure du créateur entrent également en jeu au
moment du démarrage.
Toutefois le paradigme des traits individuels a montré plusieurs limites. En effet, il n’a
pas été possible d’établir un « profil robot » de l’entrepreneur et les résultats des

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recherches empiriques allant dans ce sens sont entachés d’ambiguïté, voire contradictoires
et, par conséquent, peu concluants (Danjou, 2002). L’entrepreneur n’a pas a priori des
caractéristiques qui lui sont propres par rapport au reste de la population, même s’il est
vrai qu’un environnement entrepreneurial propice accroît l’ambition et le dynamisme
entrepreneurial du futur entrepreneur.
Selon Paturel (2007), ce paradigme qui cherche une réponse à la question «Qui ?», reste
d’un intérêt aujourd’hui plus que limité…« Sauf à caractériser l’entrepreneur par rapport
au changement plus ou moins intense que son entrée dans les affaires lui fait subir ou
bénéficier, avec une force de ce changement liée à une modification plus ou moins élevée
de son statut, de son métier, de sa fonction combinée à un changement final
d’organisation – celle créée ou reprise –, une mobilité géographique, etc. ».
Au sens de notre analyse, ce paradigme peut être utilisé avec d’autres pour élucider le
phénomène de l’entrepreneuriat académique qui traduit l’action entrepreneuriale des
membres de l’université en vue d’identifier les différents profils des « acadépreneurs ».

2.2. Le paradigme des faits entrepreneuriaux :


Ce paradigme est très descriptif. Il présente une réponse à la question «Quoi?» et permet
d’identifier l’entrepreneur par son comportement. Toutefois, ce paradigme «revêt un
grand danger» au sens de Paturel (2007), car il pourrait faire croire à l’universalité des
parcours de réussite rapportés, considérés comme la règle alors que les statistiques en
matière d’échecs ne sont guère encourageantes pour ceux qui veulent se lancer dans le
domaine des affaires.
Il s’agit de focaliser l’attention sur les compétences de l’individu et sa capacité
psychologique et comportementale à atteindre ses objectifs validant son identité
d’entrepreneur. Le paradigme des faits exige d’analyser la fonction d’entrepreneur et le
processus entrepreneurial lui-même, d’où sa complémentarité avec le paradigme du
processus (Bekolo, 2007). Le rôle fondamental de l’entrepreneur sera la mise en place
d’une nouvelle structure selon une démarche qui révèle ses qualités d’innovateur,
d’organisateur, de stratège, etc.
Ce paradigme met en jeu aussi bien les capacités entrepreneuriales de l’individu que son
aptitude à agir tout en mettant en exergue une réalité praxéologique qui sera influencée
par ses caractéristiques intrinsèques.
Dans le contexte de l’entrepreneuriat académique, une approche par les faits peut être
employée pour déterminer la transférabilité du phénomène entrepreneurial général dans le
contexte académique, en observant les variables suivantes des acadépreneurs :
- le besoin d’accomplissement, de pouvoir, de contrôle, d'autonomie, d’indépendance et
de reconnaissance sociale, ainsi que le degré de prise de risque ;
- leurs caractéristiques psychologiques (dynamisme, persévérance, etc.) ;
- leurs traits culturels (valeurs, attitudes, comportements, rhétorique de la réussite
sociale, pesanteurs dues à la tradition universitaire, pression communautaire,
conformisme et droit d’aînesse) ;
- les facteurs sociaux (dispositions entrepreneuriales, désir d'ascension sociale, etc.) ;
- les relations (influence des réseaux sociaux, réseaux d'alliance familiale et/ou
matrimoniale).

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2.3. Le paradigme de l’impulsion d’une organisation :


Le premier courant, initié par Gartner (1985, 1990, 1995), défend l’idée que
l’entrepreneuriat est la création d’une nouvelle organisation. En fait, Gartner est réputé
comme étant le chef de file de ce paradigme de l’émergence organisationnelle4. Dans cette
perspective, étudier l’entrepreneuriat revient à étudier la naissance de nouvelles
organisations, c’est-à-dire les activités permettant à un individu de créer une nouvelle
entité juridique indépendante.
Ce paradigme a incité certains chercheurs à considérer l’organisation à la fois comme un
moyen et comme le résultat du processus entrepreneurial. Cette dimension dialogique est
défendue par Verstraete (1999, 2003b).
Ce paradigme est largement corrélé avec le paradigme de l’opportunité par Bygrave et
Hofer (1991) qui, dans leur définition de l’entrepreneur, stipulent: « Un entrepreneur est
une personne qui perçoit une opportunité et qui crée une organisation pour la
poursuivre».
À propos de ce paradigme, Verstraete (1999, 2003b) insiste sur l’impulsion d’une
organisation5.
Cependant, quels que soient les auteurs qui se rangent dans cette mouvance, la question se
pose quant à l’originalité et l’apport réel d’une telle approche tant elle correspond à une
évidence (Paturel, 2007). Il va de soi d’impulser une organisation lorsqu’on se met à son
propre compte ! Cependant, il convient qu’il ne faut pas se limiter à l’impulsion d’une
entreprise, mais généraliser le paradigme à toutes les organisations ; même celles à but
non lucratif (Shane et Venkataraman, 2000). Entre autres, il ne s’agit pas de penser
uniquement à impulser une nouvelle organisation (création ex-nihilo), mais aussi à celle
existante et reprise (Paturel, 2007).
Sous cet angle, il nous semble que le paradigme peut être utile pour expliquer l’action
intrapreneuriale des membres de l’université dans le cadre de l’acadépreneuriat ou de
l’entrepreneuriat académique.

2.4. Le paradigme de l’opportunité d’affaires :

Ce paradigme est réputé le plus récent en entrepreneuriat. Il est ancré dans les travaux
fondateurs de Venkataraman (1997) et Shane et Venkataraman (2000). Le champ de
l’entrepreneuriat est défini comme « l’examen approfondi de comment, par qui et avec
quels résultats sont découvertes, évaluées et exploitées les opportunités de création de
futurs biens et services ».

Le paradigme de l’opportunité d’affaire tient son origine du marketing, en vue de


répondre à des besoins non encore satisfaits sur le marché (Kirzner, 1973 ; 1979 ; 1997).

Au-delà de la typologie des opportunités proposée par Drucker6 (1985), Venkataraman


(1997) a mis l’accent sur deux facteurs –l’un faible et l’autre fort- du modèle
entrepreneurial qu’il a proposé :

4
“the domain of entrepreneurship that interests me is focused on the phenomenon of organization creation”
(Gartner, 1995, p 69)
5
«Dans notre thèse, l’entrepreneuriat est vu comme un phénomène conduisant à la création d’une
organisation impulsée par un ou plusieurs individus s’étant associés pour l’occasion » (Verstraete, 2003,
p.13).

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 le premier, jugé faible, se fonde sur le fait que la plupart des marchés sont
inefficients et que ces inefficiences offrent aux individus qui les repèrent et qui les
exploitent des opportunités de profit ;
 le deuxième, réputé fort, affirme que « même si le marché approche un état
d’équilibre, la condition humaine de l’entreprise combinée à la tentation du profit
et l’avancée des connaissances et des technologies détruira l’équilibre tôt ou tard
» (Op. Cit. p. 121). Ce facteur va dans le même sens que le processus de
destruction créatrice décrit par Schumpeter.
Bygrave et Hofer (1991) concilient le paradigme de l’opportunité avec celui de la création
d’une entité, alors que Timmons l’associe au paradigme du processus lorsqu’il précise :
« Entrepreneurship is the process of creating or seizing an opportunity and pursuing it
regardless of the ressources currently controlled » (Timmons, 1994, p.7).
Shane et Venkataraman (2000) se situent parfaitement dans ce paradigme tout en intégrant
le paradigme du processus (découverte, évaluation et exploitation de l’opportunité). Dans
le même ordre d’idées, la saisie d’une opportunité constitue l’approche qui assure la plus
forte durabilité au projet (Girard, 2007). En ce sens, Paturel (2007) a fait la relation entre
l’entrepreneuriat et l’Intelligence Economique via les fonctions de veille et de la
recherche d’opportunités au sein de l’environnement.
Eckhardt et Shane (2003, p. 336), soulignent : « Ainsi, alors que les décisions non-
entrepreneuriales maximisent les ressources rares à travers une relation entre moyens et
fins précédemment développée, les décisions entrepreneuriales induisent la création ou
l’identification de nouvelles relations entre moyens et fins précédemment non détectées ou
non utilisées par les acteurs du marché ».
En général, que l’opportunité soit découverte, aperçue ou créée, le défi et l’enjeu
consistent dans son exploitation.
Le paradigme de l’opportunité nous semble digne d’intérêt dans le cadre des organisations
à but non lucratif. Si nous prenons l’exemple de l’entrepreneuriat académique ou
acadépreneuriat, nous pensons qu’un acadépreneur qui songe créer un nouveau
établissement universitaire ou un nouveau laboratoire de recherche, doit percevoir une
opportunité, l’analyser pour, par la suite, s’engager dans l’action entrepreneuriale
proprement dite.

2.5. Le paradigme du processus entrepreneurial


En tant que domaine de recherche récent, l’entrepreneuriat est perçu chez la majorité des
chercheurs comme un processus.
Selon Shane et Venkataraman (2000) : « L’entrepreneuriat est l’étude scientifique du
comment, par qui et avec quels effets, les opportunités de création de nouveaux produits
et services sont détectées, évaluées et exploitées ».

6
Selon Druker, les opportunités se cristallisent autour des trois types suivants :
1. les opportunités que l’on rencontre sur des marchés existants qui sont le fruit d’inefficience due à
une asymétrie de l’information ou aux limites de la technologie pour satisfaire des besoins non
satisfaits ;
2. les opportunités qui sont le résultat de changements exogènes qui touchent aux conditions sociales,
politiques, démographiques ou économiques ;
3. Les opportunités qui sont le fruit d’inventions et de découvertes et qui produisent ainsi de
nouvelles connaissances.

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La définition de Gartner (1993) va dans ce sens : « L’entrepreneuriat est un processus
d’organisation qui conduit à la création d’une nouvelle organisation ».
Selon Johannisson (2003), l’entrepreneuriat est considéré comme « un processus dans
lequel des ressources, indépendantes à l’origine, sont réorganisées d’une nouvelle façon
pour saisir une occasion d’affaires ».
Pour Hernandez et Marco (2006), « L’entrepreneur est l’initiateur d’un processus
complexe de détection et d’exploitation d’opportunités » (p.9).

D’après Schmitt (2008, p.4) « L’entrepreneuriat est envisagé comme un processus finalisé
de transformation de l’entreprise et, par conséquent, du marché sur lequel agit cette
transformation, comme l’explique Schumpeter ».
En somme, le paradigme du processus consiste à décrire et analyser les différentes étapes
de la création d’une nouvelle entreprise ex nihilo ou de la reprise d’une entité existante,
afin d’en élucider et cerner les problèmes pour y remédier. Souvent, ce paradigme fait
appel à la notion d’engagement entrepreneurial qui relève de l’intention entrepreneuriale,
dans le processus de création d’entreprise. Cependant, l’intention est insuffisante pour
entreprendre : c’est la décision7 qui fait foi et qui représente le maillon indispensable entre
l’intention de créer et l’acte de création (Hernandez et Marco 2006). De même, la
modélisation diachronique du processus de création d’entreprise de Bruyat (1993) a fait
de l’engagement une phase déterminante du processus entrepreneurial.
Le paradigme du processus entrepreneurial est fortement corrélé avec le paradigme de
l’opportunité d’affaire (Cf. Timmons, 1994, p.7), des faits (Toutin 2005), de l’impulsion
d’une organisation (Gartner 1993) et celui de l’innovation (Schmitt, 2008). Il a été traité
par plusieurs auteurs (Gartner, 1985 ; Schmitt et Bayad, 2007 notamment), et consiste à
donner une place capitale à l’entrepreneur entant qu’individu cognitif et social évoluant
dans un environnement, ouvert, finalisé et régulé.
Ce paradigme semble être une tendance mobilisant de plus en plus la recherche doctorale
d’après les analyses disponibles (Paturel, 2006 ; Bourion, 2007 ; Schmitt et Bayad, 2007).

2.6. Le paradigme de l’innovation:


C’est le paradigme le plus ancien qui doit son essence à l’économiste Joseph Schumpeter
ainsi qu’à l’école Autrichienne. L’entrepreneur a un rôle particulier et indispensable dans
l’évolution du système économique libéral. Il est très souvent à l’origine des innovations
de rupture, il crée des entreprises, des emplois et participe au renouvellement et à la
restructuration du tissu économique. L’entrepreneur est l’innovateur qui engendre «la
destruction créatrice». Cette « destruction créatrice » est la résultante de nouveaux
produits et business models qui sont lancés sur les marchés en remplaçant les anciens.
Ainsi, la destruction créatrice est à l’origine du dynamisme industriel et de la croissance à
long terme.
La vision schumpétérienne tend à mettre l’accent sur les connaissances ayant un caractère
scientifique. Cependant, Alter (2000) propose l’innovation ordinaire qui est portée par
l’ensemble des acteurs de l’organisation. Ces connaissances qui ont souvent un caractère
tacite peuvent contribuer à l’émergence d’innovations originales et difficilement
reproductibles (Jacobson, 1992).
Dans cette approche, l’innovation correspond aux nouveaux produits, à de nouvelles
méthodes de production ou d’organisation, aux nouveaux marchés, à de nouvelles sources

7
« L’intention ne suffit pas, il faut le passage à l’acte… Le pont entre l’intention et l’action c’est la
décision » (Hernandez, Marco, 2007, p. 9)

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d’approvisionnement et/ou de nouvelles structures du marché (Paturel, 2007, reprenant
Schumpeter). On perçoit déjà à ce niveau le lien avec l’idée de création de valeur nouvelle
provenant de l’exploitation de ces types d’innovation applicables aussi bien dans une
organisation nouvelle que reprise.
Ce paradigme peut être employé largement dans le cadre d’une organisation à but non
lucratif comme une université publique, dans le cadre de l’intrapreneuriat académique.
Par exemple, l’enseignant-chercheur qui entreprend pour créer un nouveau laboratoire de
recherche ou le directeur de l’établissement universitaire qui crée une nouvelle formation,
un nouveau diplôme ou une nouvelle coopération nationale ou internationale d’envergure,
se trouve dans une situation entrepreneuriale.

2.7. Le paradigme de l’obtention de valeur nouvelle ou existante (Paturel, 2005-2006):


Le paradigme de la création de valeur constitue une extension de paradigme de
l’innovation adaptée au champ de l’entrepreneuriat. Cette conception est celle avancée par
Christian Bruyat dans sa thèse de doctorat (1993), réputée comme une référence
épistémologique en matière de modélisation de l’action entrepreneuriale. Pour cet auteur,
« l’objet scientifique étudié dans le champ de l’entrepreneuriat est la dialogique
individu/création de valeur». Cette dialogique s’inscrit dans une dynamique de
changement. Elle est définie par Bruyat comme suit : « l’individu est une condition
nécessaire pour la création de valeur, il en détermine les modalités de production,
l’ampleur… Il en est l’acteur principal ». Au sens de Bruyat et en application du
paradigme de la création de valeur, il est possible de positionner les différentes définitions
de l’entrepreneuriat.
Toutefois, la grille de Bruyat, proposée dans son document doctoral, a été largement
discutée et enrichie par son directeur de thèse à maintes reprises (Paturel, 2005, 2006 et
2007), surtout au niveau du paradigme de la création de valeur (Figure 4).
La création de la valeur occupe une place capitale dans la vie de l’entrepreneur,
notamment sur ses buts et objectifs, son activité, son style de vie, son statut social, ses
moyens…
On retrouve, dans cette conception du phénomène, les principales dimensions mises en
évidence par de nombreux chercheurs : l’individu, l’objet créé (une organisation et/ou une
innovation), l’environnement et le processus. La seule différence est que le couple
individu-objet forme une dialogique et que celle-ci est au centre des préoccupations de
recherche. De plus, cette dialogique est influencée par l’environnement lointain ou proche
et peut interagir avec lui.
Selon Paturel (2007), les deux pratiques de l’entrepreneuriat étant la création ex nihilo et
la reprise, l’innovation peut intervenir dans le cadre de chacune de ces modalités afin de
créer de la valeur nouvelle ou bien d’économiser de la disparition ou du gaspillage de
valeur déjà présente. Ainsi, le fait de créer de la valeur nouvelle pose le problème de
l’intensité de cette nouveauté (une innovation de rupture déclenchera a priori plus de
valeur nouvelle que l’innovation mise en oeuvre au sein d’une reprise d’organisation
relativement saine ou avec des germes de difficulté (Deschamps, Paturel, 2005). Le
questionnement porte alors sur la création de quel type de valeur nouvelle (problème de sa
mesure selon quel critère?), pour qui (propriétaires, clients, salariés de l’entité, la Société,
etc.) et pour quoi (nouvelle valeur en conformité avec les valeurs de la Société, avec sa
culture ambiante, etc.). En cas de reprise d’organisation en difficulté avérée, un plan de
reprise destiné à sauvegarder les savoir-faire et tout ou partie des emplois s’impose.
L’économie de perte de valeur qui résulte de l’innovation mise en oeuvre par rapport à la
situation qui a conduit l’organisation au Tribunal de Commerce, constitue un autre effet

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de la décision de reprise. Les mêmes questions que précédemment interviennent quant à la
nature de l’économie de perte de valeur réalisée, pour qui, pour quoi, selon le respect de
quelles valeurs éthiques ?
Il semble bien, aujourd’hui, qu’il faille privilégier ce dernier paradigme. C’est, en effet,
celui qui caractérise le mieux l’entrepreneuriat et l’entrepreneur : les autres étant des
évidences ou des développements connus depuis des lustres. Les paradigmes de
l’entrepreneuriat sont a priori d’autant moins intéressants au fur et à mesure que l’on
remonte notre liste. Autrement dit, les paradigmes sont, en fin de compte, d’une
pertinence et originalité croissantes pour la recherche en entrepreneuriat au fur et à
mesure que l’on s’éloigne des premiers analysés précédemment.
Le paradigme de l’obtention de valeur nouvelle ou existante, développé par Paturel (2006,
2007), nous paraît riche d’enseignements pour qu’il soit appliqué au phénomène de
l’acadépreneuriat. En effet, l’acadépreneur obtient de la valeur nouvelle lors de la création
d’un nouvel établissement universitaire ou d’un nouveau laboratoire de recherche… Il
peut aussi obtenir de la valeur existante lors de la «reprise» d’un établissement par un
nouveau directeur.

2.8. Le paradigme du projet

Selon Paturel (2007), l’entrepreneuriat est indissociable à l’idée de projet et, donc, du
paradigme du projet. En fait, le projet est considéré comme « une figure de l’anticipation,
qui peut, certes permettre de scénariser l’avenir, mais aussi d’instruire les rationalisations
de l’action » (Bréchet, Desreumaux, Lebas, 2005).
L’ouvrage de J.-P. Boutinet (1993) peut servir de base pour élucider le paradigme du
projet. En fait, un projet est la conjonction de quatre univers, à savoir :
 l’univers architectural : il constitue l’articulation entre la conception et la
réalisation du projet ;
 l’univers politique : il explique la « vision sociétale du projet » ;
 l’univers philosophique : il traduit l’intentionnalité, suite à laquelle émerge le
projet ;
 l’univers pragmatique : il consiste en l’instrumentation du projet.

Le paradigme du projet intervient dans une démarche qui peut s’acquérir


scientifiquement. On peut rappeler ici les modèles des «3 E» et des «3 F» (récemment
primés8) élaborés par Robert Paturel (1997, 2005 ; 2006a ; 2006b ; 2007) qui sont à
appliquer à tous les projets d’une organisation et qui doivent se situer dans leur zone de
cohérence (Voir figure 1).
Dans le détail, mais de façon synthétique, pour le modèle des « 3 E » :
- E1 représente l’Entrepreneur (le porteur de projet) et ses aspirations ; il exige un
diagnostic personnel approfondi du créateur ou repreneur potentiel (seul ou en
équipe) ;
- E2 constitue les ressources et les compétences possibles à intégrer à l’Entreprise
ou, d’une façon plus générale, à l’organisation ;
- E3 résume les possibilités offertes par l’Environnement qu’il soit global,
spécifique ou local (de proximité).

8
Prix spécial du jury du Grand Prix des Universités de l’Economie PME, remis par le Secrétaire d’Etat,
Hervé NOVELLI, à Paris le 15 décembre 2009.

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E3 E1
A

E2
Figure 1: Le modèle des « 3 E » (Paturel, 1997, p. 15.)
Il découle de cette figure que seuls les projets entrant –seul ou avec une aide ou un
accompagnement- dans la zone de cohérence « A » des « 3E » ont des chances de succès.
Ce modèle est utilisé depuis plus de 10 ans, aussi bien dans le cadre de travaux théoriques
que dans la pratique des affaires (Paturel, 1997), pour assurer la cohérence de tout projet
d’entreprise destiné à être pérennisé.
Le modèle des « 3 F » peut être représenté de la même façon que le modèle des « 3 E»
(figure 2). Il s’agit d’un modèle de performance applicable à la TPE/PME et aux projets
entrepreneuriaux. Il distingue trois groupes d’indicateurs de la performance en relation
avec l’efficacité (F 1), l’efficience (F 2) et l’effectivité (F 3). Reprenons chacun d’eux
succinctement, avant de préciser son contenu et l’utilisation possible du modèle élaboré.
- F1 symbolise l’efficacité qui consiste à approcher les objectifs des réalisations sur la
base de critères en relation avec la définition des objectifs de l’entrepreneur ou du
dirigeant.
- F2 synthétise l’efficience qui s’intéresse à la manière dont les ressources et compétences
sont utilisées pour parvenir à telle ou telle production de l’entreprise, par exemple.
- F3 résume l’effectivité qui se concentre sur le niveau de satisfaction des parties
prenantes de l’entreprise, qu’elles soient internes ou externes.
Là encore, la performance globale du projet ne peut se situer que dans la zone de
cohérence « A’ ».

F1 F2
A’

F3
332
Figure 2: Le modèle des « 3 F » (Paturel 2000, p. 178)

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De ces deux modèles, se dégagent bien entendu le Business Plan et le Business Model,
eux aussi indispensables dans la concrétisation du projet qui doit donc se situer dans les
zones de cohérence « A » et « A’ ».

3. Analyse des liens possibles entre les huit paradigmes ?

Il n’est pas évident d’analyser les liens possibles entre ces paradigmes. Gartner (1990)
montre que l’entrepreneuriat est en corrélation étroite avec les paradigmes de la création
d’organisation, de l’innovation, de la création de valeur et de l’opportunité.
Nous illustrons ci-dessous les liens possibles entre les 8 paradigmes précédents en les
adoptant de Paturel (2006) dans le schéma suivant.

Paradigme de
projet

Paradigme de Paradigme de
l’opportunité l’impulsion d’une
organisation

Paradigme des Paradigme des


faits traits individuels
entrepreneuriaux

Paradigme de Paradigme de
l’innovation l’obtention de valeur

Paradigme de
Processus
entrepreneurial
Figure 3: Représentation des liens entre les huit paradigmes de l’entrepreneuriat

Les quatre paradigmes dont le fond est gris clair et les liens en violet sont ceux avancés et
élucidés par Verstraete et Fayolle (2004), alors que ceux en jaune ont été ajoutés par
Paturel (2007).
Il découle de cette représentation trois catégories, selon les liens qui unissent les divers
paradigmes.
La première catégorie met l’accent sur les paradigmes ayant des liens (6) avec tous les
autres à savoir les paradigmes de/du :
 projet ;
 l’obtention de valeur ;
 l’impulsion d’organisation.
Ceci nous parait tout à fait logique, puisque toute création ou reprise d’entreprise quelle
que soit la forme du projet notamment, engendre une impulsion d’une organisation créée
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ou reprise et, par conséquent, l’obtention de valeur nouvelle (en cas de création ex-nihilo)
ou existante (en cas de reprise) au sens de Paturel (2007).
La seconde catégorie de paradigmes regroupe ceux qui intéressent le plus de chercheurs.
Il s’agit notamment :
 du paradigme du processus ;
 du paradigme de l’opportunité d’affaires ;
 du paradigme des faits entrepreneuriaux ;
 du paradigme de l’innovation.
Cependant, le paradigme ayant le moins de liens avec les autres est celui des traits
individuels, ce qui pourrait expliquer sa désuétude.
Les liens entre les différents paradigmes paraissent évidents dans la mesure où
l’entrepreneuriat est un processus qui interpelle la majorité des paradigmes qui sont en
interrelation entre eux. Il est très délicat de choisir un paradigme et d’y rester fidèle. C’est
la raison pour laquelle on évoque de plus en plus l’expression de triangulation
paradigmatique ou d’approche muti-paradigmatique (Mbengue, 2010).

4. Vers la délimitation du concept de l’acadépreneur

L’émergence d’un néologisme n’est jamais anodine et traduit, bien souvent, un défi
social. L’apparition du concept encore flou d’acadépreneuriat n’échappe pas à ce propos
et rend compte d’un consensus sur la nécessité de valoriser certaines pratiques pour
relever les nouveaux défis de la gouvernance universitaire. Grigg (1994) invitait ainsi les
universités à devenir entrepreneuriales pour remplir leurs missions. En suivant Liu et
Dubinsky (2000), “University administrators are facing increasingly difficult time as
public funds are contracting…. With these financial exigencies, universities must seek
alternative means of generating revenues to support their mission. One such approach
involves the use of institutional entrepreneurship”.
Le concept est, cependant, mal appréhendé et nécessite une clarification à laquelle nous
entendons contribuer avant de pouvoir souligner les enjeux de l’acadépreneuriat qui, en
suivant Liu et Dubinsky, semble constituer une forme d’entrepreneuriat institutionnel
appliquée au contexte académique (Paturel 2005 ; 2006 ; 2007 ; Jaziri et Paturel, 2008a et
b, 2009). Il est à noter, toutefois, que certains retiennent une définition plus large de
l’acadépreneuriat que celle qui sous-tend les réflexions précédentes. Certains y incluent,
par exemple, la valorisation économique des connaissances scientifiques par la création
des spin-offs universitaires (Pirnay, 2001).
Plus largement, dans une acception large, si les acadépreneurs sont des membres de
l’université, ils peuvent être étudiants, chercheurs ou/et enseignants, voire administratifs.
Conformément au travail de Pirnay (op. cit.), les premiers sont des acadépreneurs
potentiels dans la mesure où ils peuvent créer ou reprendre des entreprises, après avoir
quitté l’université, sous la forme de spin-offs étudiants, en exploitant un projet de
recherche ou un mémoire de fin d’études. De même, les enseignants ou/et chercheurs
peuvent créer ou reprendre une entreprise en exploitant un brevet d’invention sous la
forme de spin-offs universitaires, mais ils peuvent aussi « intraprendre » au sein de
l’université, sans pour autant la quitter, tout en menant des projets de recherche innovants
mettant leur réputation en jeu (Paturel 2006 ; Jaziri et Paturel, 2008) ou en créant des
activités nouvelles au sein de l’université (UFR, Institut, etc.). Sur ces bases, Jaziri et
Paturel (2008) définissent l’entrepreneuriat académique ou l’acadépreneuriat comme :

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« le phénomène par lequel un membre de l’université (étudiant, employé, chercheur,


enseignant) crée ou reprend une activité nouvelle ou existante dépendante
administrativement ou financièrement de l’université sans pour autant quitter cette
dernière (acte d’intraprise), ou crée ou reprend une organisation juridiquement
indépendante de l’université tout en abandonnant (éventuellement temporairement) cette
dernière (acte d’extraprise). Pour pouvoir employer le terme d’acadépreneur, outre un
changement plus ou moins intense qui doit exister pour le porteur de projet universitaire
(seul ou en équipe) sur les plans statutaire, fonction, métier, géographique ou
organisationnel, ce dernier doit capter de la valeur nouvelle (en cas de création ex-nihilo
[essentiellement]) ou existante (en cas de reprise [plus particulièrement]) au sein de
l’entité qu’il impulse ».
Cette mise au point permet de pointer l’existence de deux formes d’acadépreneuriat: la
création de spin-offs universitaires d’une part, et l’intrapreneuriat d’autre part. Seule la
seconde intéresse notre propos dans ce texte, car c’est elle qui se rapproche du concept
d’entrepreneuriat institutionnel que Liu et Dubinsky préconisaient pour l’université.
Pour Di Maggio (1988) et Suckman (1995), l’entrepreneur institutionnel désigne l’acteur
qui créée un nouveau contexte institutionnel ou manipule un contexte existant de manière
à le redéfinir. En croisant cette perspective avec l’approche centrée sur l’émergence
organisationnelle, à la suite des travaux de Gartner, notamment développée en France par
Bruyat (1993), il est possible de distinguer, là encore, plusieurs manifestations
acadépreneuriales. Bruyat (1993) dont les travaux font autorité pour circonscrire le champ
d’application des recherches en entrepreneuriat, propose de représenter le phénomène
entrepreneurial dans les termes d’une dialogique complexe entre l’Individu (le Sujet) et la
Création de Valeur Nouvelle qui constitue l’objet du processus entrepreneurial (Bruyat,
1993, pp. 56-57). Sa réflexion lui permet de construire une grille récemment discutée et
enrichie par Paturel (2005) sur laquelle il est possible de positionner les différentes
définitions de l’acadépreneuriat (Figure 4).
En fait, l’acadépreneur répond, en général, aux deux conditions requises selon Bruyat
pour caractériser l’entrepreneuriat : un changement individuel plus ou moins important (I)
et une création de valeur plus ou moins élevée (CV), tout en respectant la définition
originelle de l’entrepreneuriat institutionnel.
Trois exemples peuvent illustrer aisément le phénomène de l’acadépreneuriat.

M. R.P, universitaire français reconnu dans son établissement d’origine, en


acceptant un poste dans une nouvelle ville, pour y développer un institut supérieur
d’enseignement et de recherche en gestion, a pris le risque d’altérer son image et a
supporté un déménagement (I) tout en apportant à son nouvel environnement local, une
offre de formation qui lui faisait défaut (CV)9.

Dans un autre contexte, M. K., formateur dans une institution de l’Est de la


France, en engageant un audit interne de sa structure, a pris le risque d’être licencié
lorsque ses résultats critiques (I) ont été publiés pour finalement, une fois la « digestion de
l’audit » réalisée, contribuer à la réorganisation de l’établissement (CV).

9
A propos de cet acadépreneur, Paturel (2006) affirmait qu’«un fonctionnaire de l’éducation nationale
créant un institut de formation inexistant jusqu’ici dans la région où se trouve son université ou fondant un
laboratoire de recherche utile pour le tissu économique local, se trouve sans ambiguïté dans une situation
entrepreneuriale ».

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M. R.G, universitaire tunisien, a repris la direction de l’institution universitaire


où il exerçait sa fonction de formateur, sans pour autant apporter à l’entité qu’il gère de
nouveauté (il a même eu du mal à sauvegarder les acquis de l’ancienne direction). Au
contraire, son prédécesseur a investi pour bâtir des coopérations nationales et
internationales et a lancé de nouvelles formations initiales et continues (CV).

Conformément au travail fondateur de Di Maggio (1988) et Suckman (1995), le premier a


contribué à créer un nouveau contexte institutionnel local tandis que le deuxième a
manipulé un contexte existant de manière à le redéfinir. Le troisième exemple montre
comment le repreneur sort du schéma et devient dirigeant d’un existant dont il a eu des
difficultés à stabiliser, contrairement à l’approche entrepreneuriale de son prédécesseur.

Conclusion

Cette lecture multi-paradigmatique nous semble digne d’intérêt, car elle est de nature à
contribuer à impulser les recherches en entrepreneuriat en adoptant certains de ces
paradigmes en vue de scruter l’action entrepreneuriale universitaire.
Toutefois, notre contribution n’est qu’un essai pour esquisser un ancrage épistémologique
et paradigmatique de l’entrepreneuriat et de l’acadépreneuriat.
Nombreuses sont les questions qui se posent encore dont les suivantes :

1. Peut-on être entrepreneur au sens de tous ses paradigmes lorsqu’on est membre
d’une organisation à but non lucratif ?

2. Quels sont les paradigmes qui expliquent le mieux le phénomène de


l’acadépreneuriat ?

3. Existe-t-il une hiérarchisation, sur ce terrain particulier, des paradigmes


disponibles ?

Légende figure 1 :

 Chaque case peut être caractérisée par un acadépreneuriat par extraprise ou


intraprise, quelle que soit le statut de l’universitaire, entrepreneur potentiel.

 Les zones « grisées » correspondent à d’autres combinaisons que celles indiquées


dans la figure, entre les deux principales variables de l’acadépreneuriat, à savoir
l’importance plus ou moins élevée de la valeur créée ou existante obtenue et
l’intensité plus ou moins forte du changement que doit gérer l’acadépreneur (seul
ou en équipe).

 La partie gauche de la figure et la 1ère colonne de la partie droite correspondent


surtout à des situations de reprise alors que la partie droite de l’axe médian de la

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figure est plus en relation avec la création ex nihilo (avec une colonne commune
aux deux pratiques de l’acadépreneuriat –la 1ère de la partie droite-).

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Définition restrictive Définition restrictive Définition restrictive de

Forte
Définition restrictive de la

Forte
de la reprise d’une de la reprise d’une la création ex-nihilo
création ex-nihilo d’une
entité ou d’une entité ou d’une d’une entité ou d’une
activité universitaire, entité ou d’une activité
activité universitaire, activité universitaire, universitaire, limitée à
limitée à
avec obtention d’une avec maintien d’une l’acadépreneuriat l’acadépreneuriat innovant et
valeur existante forte valeur existante innovant, avec obtention fortement créateur de valeur
et changement d’une moyenne et de valeur nouvelle nouvelle, avec une intensité
intensité élevée pour changement fort moyenne combinée à une élevée du changement pour
l’acadépreneur pour l’acadépreneur intensité élevée du l’acadépreneur
changement pour
l’acadépreneur

Importance du changement pour l’individu


Définition restrictive Création ex-nihilo d’une
de la reprise d’une entité ou d’une activité
entité ou d’une universitaire, limitée à

Moyenne
activité universitaire,

Moyenne
l’acadépreneuriat innovant et
avec obtention d’une fortement créateur de valeur
valeur existante forte avec une intensité moyenne
et changement d’une du changement pour
intensité moyenne l’acadépreneur
pour l’acadépreneur

Zone limite de Zone limite de


l’acadépreneuriat l’acadépreneuriat

Faible
par un
Faible

repreneuriat
académique

Forte Moyenne Faible Faible Moyenne Forte

Importance de la valeur existante obtenue Importance de la nouvelle valeur créée


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Figure 4 : L’acadépreneuriat comme dialogique changement pour l’individu/obtention de valeur au sens de Paturel
2005.
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