Facteurs Climatiques
Facteurs Climatiques
Facteurs Climatiques
H. Nifenecker
1. CHALEUR ET RAYONNEMENT
2. LE PRINCIPE DE L’EFFET DE SERRE
3. LA SERRE TERRESTRE
4. LES ECHANGES THERMIQUES DANS LE SYSTEME TERRE-
ATMOSPHERE
1. CHALEUR ET
RAYONNEMENT
Que se passe-t-il dans une serre ? La lumière solaire qui traverse la couverture en verre de la
serre est absorbée dans le sol. Le sol s’échauffe donc. Il émet du rayonnement sous forme de
photons. A la température d’équilibre la puissance rayonnée par le sol doit être égale à celle
reçue, mais comme la température du sol est très inférieure à celle du soleil l’énergie des
photons réémis par le sol est beaucoup plus faible que celle des photons solaires incidents
(inversement leur longueur d’onde est beaucoup plus longue). Le nombre de photons
infrarouges réémis par le sol est donc beaucoup plus grand que celui des photons incidents
(dans le rapport des longueurs d’onde). Les photons infrarouges sont absorbés et réémis par
le verre de la serre. Ceux qui sont réfléchis vers le sol y sont absorbés et augmentent donc
d’autant sa température. Nous négligeons dans ce traitement schématique les transferts
thermiques non radiatifs. Supposons que, en l’absence de couverture (le verre) la puissance
absorbée par le sol soit de 240 W/m2 et que la température du sol, déterminée par la loi de
Stephan soit de -18 °C.
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Ceci est rigoureux dans le cas du rayonnement d’un corps noir. Dans ce qui suit nous nous placerons dans
cette hypothèse.
2
C’est la loi de Stephan : P=T4, avec =5,67051×108 W/m²/K4
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Le soleil émet en une seconde l’équivalent de deux fois toute la consommation énergétique annuelle de
l’humanité
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C’est cette valeur qui est prise en compte dans les calculs de rendement des cellules photovoltaïques.
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En réalité il faut ajouter à la constante solaire, la valeur de la chaleur géothermique produite par la
radioactivité des roches terrestres et qui vaut 0,06 W/m2
3. LA SERRE TERRESTRE
C’est l’atmosphère terrestre qui joue le rôle de la plaque de verre décrit ci-dessus.
L’atmosphère terrestre est presque transparente aux photons solaires qui n’ont pas une
énergie suffisante pour exciter les niveaux atomiques des éléments qui la composent. Seul
l’ozone stratosphérique absorbe la partie ultra violette du spectre solaire. Les principaux gaz
composant l’atmosphère (oxygène, azote et gaz rares) sont aussi transparents aux
rayonnements infrarouges6 . Par contre des gaz comme l’eau, le gaz carbonique, le méthane,
les oxydes d’azote et d’autres composants encore plus rares dont les molécules comportent
au moins trois atomes, absorbent efficacement ce rayonnement. Le résultat de ces
absorptions variées se traduit par une déformation du spectre solaire et du spectre de
réémission infrarouge comme on peut le voir sur la Figure 1. Les concentrations volumiques
et les contributions relatives des principaux gaz à effet de serre sont données au Tableau 1.
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Cette transparence est une conséquence de la structure simple, mono ou diatomique, des molécules de ces
gaz .
Les valeurs des efficacités relatives des différents gaz à effet de serre données dans le
Tableau 1 doivent être interprétées avec prudence. Il s’agit, en effet, de valeurs moyennes
pour les concentrations actuelles. Elles ne reflètent pas simplement les propriétés
d’absorption à l’échelle moléculaire. En effet, au fur et à mesure que la concentration d’une
molécule augmente l’absorption de l’atmosphère se sature progressivement, ce qui conduit à
une décroissance de l’absorption moyenne par molécule (le photon absorbé par une
molécule ne plus l’être par une autre). On s’attend donc à ce qu’une molécule
supplémentaire de gaz carbonique ait une efficacité relative réduite par rapport à une
molécule d’ozone.
FIGURE 1
Les différences principales par rapport au cas simpliste de la serre discutée plus haut sont
l’absorption et la réémission du rayonnement infrarouge par l’atmosphère, d’une part, et le
rôle important joué par les transferts de chaleur non radiatifs d’autres part.
L’énergie solaire reçue par la très haute atmosphère vaut 342 W/m2. 105 W/m2 sont
réfléchis dans le visible sans effet sur le chauffage du système terre atmosphère. 237 W/m2
sont donc disponibles pour celui-ci. Parmi ceux-ci 68 sont utilisés pour chauffer directement
l’atmosphère par absorption et sont ré émis comme rayonnement infrarouge dans l’espace.
Le sol reçoit donc 169 W/m2 de rayonnement solaire direct. Ce dernier ré-émet 106 W/m2
sous forme de chaleur (latente pour 80 W/m2 et sensible pour 26 W/m2), 390 W/m2 sous
forme de rayonnement infrarouge, mais reçoit 327 W/m2 de l’atmosphère du fait de la
présence des gaz à effet de serre de telle manière que l’énergie nette ré-émise par le sol sous
forme de rayonnement vaut 63 W/m2.
Il faut remarquer qu’alors que le sol reçoit une énergie totale de 496 W/m2 c’est
uniquement la réémission dans l’infrarouge de 390 W/m2 qui reflète sa température.
Géologues et paléontologues ont montré depuis longtemps qu’au cours des derniers millions
d’années des ères glaciaires ont régulièrement alterné avec des périodes de réchauffement
interglaciaires. On pense généralement que ces changements climatiques sont dus à la
combinaison des variations de l’activité solaire et de la complexité du mouvement orbital de
la Terre. Le rayonnement solaire n’est pas émis de façon rigoureusement constante. Son
intensité varie de 0,1 à 0,6 %. Elle suit un cycle de 11 ans, subit des écarts quotidiens et peut
dériver sur quelques siècles.
La trajectoire de la Terre autour du Soleil est une ellipse dont l’excentricité change au cours
du temps. Bien qu’elle ne soit pas exactement cyclique, une période de 100 000 ans environ
est attribués à cette variation (Figure 3). La Terre reste plus longtemps plus loin du Soleil
lorsque l’excentricité est plus grande. Le flux d’énergie reçue est alors moindre.
L’équilibre thermique de la Terre est déterminé d’abord par la température des océans qui
couvrent 73 % de sa surface. Il faut se rappeler que l’eau a une capacité calorifique
anormalement élevée. De nos jours, lorsque la Terre passe au périhélie, c’est l’été dans
l’hémisphère sud où existe peu de terre émergée. Sous l’effet du rayonnement solaire, les
océans sont plus chauds qu’à aucune autre période et la température de la Terre atteint ses
sommets historiques. Dans le cas contraire, lorsque l’été de l’hémisphère nord, plus
continental, coïncide avec le passage au périhélie, les océans sont plus froids et la Terre
subit une glaciation.
Ces changements sont dus à la précession de l’axe des pôles à qui il faut de 19 000 à 23 000
ans pour effectuer un tour complet. L’effet est renforcé par les variations de l’obliquité de
l’axe qui oscille entre 22 et 25 ° avec une période de l’ordre de 40 000 ans. Une obliquité
plus grande entraîne un plus grand contraste saisonnier entre les latitudes moyennes et les
régions polaires.
La figure 4 montre l’évolution du climat reconstitué à partir des carottes de glace prélevées
dans la calotte de glace antarctique. La concentration en CO2 et CH4 est obtenue par
analyse chimique des gaz présents dans les bulles microscopiques incluses dans la glace. La
température est obtenue par une analyse du rapport isotopique O18/O16 de la glace. Celle-ci
est, évidemment la conséquence de chutes de neige consécutive à un phénomène
d’évaporation de l’océan. Plus léger, l’oxygène 16 est plus abondant dans la vapeur d’eau
que dans l’eau liquide et ce, d’autant plus que la température est basse. Inversement la
teneur relative en oxygène 18 croît avec la température. Ainsi l’observation du rapport
O18/O16 donne-t-elle la possibilité de reconstruire les variations de la température dans le
passé. La température montre une structure quasi-périodique qui est sans doute le résultat
d’une combinaison des phénomènes astronomiques décrits ci-dessus.
Figure 4
Evolution du climat de
la terre depuis 400000
ans mesuré dans les
carottes de glace de
l’Antarctique.
La concentration en
CO2 est donnée en
parties par million
(ppm), celle du CH4 en
parties par milliard (ppb). La température est mesurée par son écart par rapport au
présent.
Les mesures les plus récentes montrent que les variations de la concentration du gaz
carbonique suivent celles de la température avec environ 800 ans de retard, ce qui démontre
que, dans le passé, c’est l’augmentation de la température qui a causé celle de la
concentration des gaz à effet de serre (GES). Cette augmentation peut être expliquée par un
dégazage de l’océan et l’augmentation du métabolisme de la biomasse. De plus, l’effet de
serre dû à l’augmentation de la concentration des GES réagit positivement sur la
température et contribue, en fin de compte, à 40% environ de son accroissement total. Les
variations de la concentration du méthane sont généralement associées aux variations de
l’humidité de l’air qui favorise les précipitations et la fermentation de la biomasse. Les
fortes températures seraient donc associées à des précipitations accrues. Tout cela témoigne
de la relation étroite entre le climat et la vie sur la planète.
Les mesures faites sur les carottes de glace de la calotte Groenlandaise ont aussi montré
l’existence de brèves, mais importantes fluctuations de la température. Celles-ci sont
particulièrement visibles dans les périodes de réchauffement et vont à l’encontre de la
tendance générale.