Physique Des Particules - Marleau
Physique Des Particules - Marleau
Physique Des Particules - Marleau
L. Marleau
Introduction à la
physique des particules
L. Marleau
Avant-propos
Il n’existe présentement que très peu de livres — à peine cinq ou six — qui introduisent
les fondements de la physique des particules dans un langage qui reste au niveau du 1er cycle
universitaire (B.Sc.) et malheureusement, ceux-ci sont tous en anglais. Cet ouvrage répond
donc à un besoin réel, c’est-à-dire une référence, en français, de niveau du 1er cycle qui
introduit toutes les facettes de la physique des particules. Il se veut aussi un bon point de
départ pour les étudiants des 2e et 3e cycles (M.Sc. et Ph.D. respectivement) qui poursuivent
les études et recherches dans le domaine.
Cet ouvrage contient l’essentiel du matériel couvert dans le cadre du cours de Physique
des particules (PHY-10518) offert aux étudiants de dernière année du B.Sc. au Département
de physique, de génie physique et d’optique de l’Université Laval. Il requiert des notions
élémentaires de relativité restreinte et de mécanique quantique.
Les chapitres 1, 2 et 3 portent respectivement sur les notions de base, les techniques
expérimentales et la dynamique des collisions. Les chapitres 4 et 5 couvrent les symétries
et lois de conservation observées alors que dans le chapitre 6 on introduit le modèle des
quarks. Les interactions électromagnétiques, faibles et fortes sont traitées aux chapitres 7,
8 et 9. On termine par un survol des différentes tentatives d’unification ou d’extension du
Modèle Standard. Les annexes contiennent un résumé des notations, des tables de propriétés,
un aide-mémoire et une liste assez complète de références complémentaires.
De plus, dans un but essentiellement pédagogique, cet ouvrage contient :
– un bref historique,
– au-delà de 163 graphiques et illustrations,
– plus de 85 tableaux,
– 19 exemples ou exercices avec solutions,
– 49 problèmes,
– 37 références complémentaires sur support papier ou sur Internet (annexe A),
– une liste des prix Nobel de physique (annexe B),
– un résumé des notations (annexe C),
– une description des système d’unités SI et naturelles (SUN) (annexes D et E),
– un tableau des constantes de physique (annexe F)
© Tous droits réservés 1998-2006 Luc Marleau
L. Marleau.
Département de physique, de génie physique et d’optique
Université Laval, Québec, Canada
v
© Tous droits réservés 1998-2006 Luc Marleau
NOTIONS DE BASE Chapitre 1
1.1 Un bref historique ........ 1
1.2 Survol rapide ............. 3
1.3 Système d’unités naturelles ..
6
1.4 Relativité et formalisme
1.1 Un bref historique quadridimensionnel . . . . . . . . . . 8
1.5 Notions de physique quantique
11
Voici la liste des principales découvertes en physique des particules. 1.6 Forces et interactions .... 18
1.7 Le Modèle Standard ..... 23
1.8 Exercices ............... 26
Année Événement
1927 Découverte de la désintégration β.
P.A. Dirac propose son équation d’onde
1928
relativiste pour l’électron.
1930 W. Pauli suggère l’existence du neutrino.
Particules élémentaires incluent : - électron, proton, neutron
1930 (dans le noyau), neutrino dans la désintégration β, photon,
le quantum de champ électromagnétique.
Découverte du positron e+ (Anderson). Dirac réalise
1931
que le positron est aussi décrit par son équation.
1932 Découverte du neutron n (Chadwick).
Théorie de Fermi de la désintégration β (interaction faible) :
1933/4
ex. n → p + e− + ν̄ e .
Hypothèse de Yukawa sur les mésons : La force nucléaire
1935
est due à l’échange de particules massives, les mésons.
Découverte du lepton μ (muon). Interprété initialement,
1937 à tort,comme le méson de Yukawa, le muon s’avère
trop “pénétrant”.
1938 Énoncé de la loi de conservation du nombre baryonique.
Découverte du méson chargé π± , le pion (Powell). Le μ
1946/47
est produit par le processus π + → μ+ + ν μ .
Théorie quantique de l’électrodynamique (QED)
1946/50
(Feynman, Schwinger and Tomonaga).
1948 Production artificielle du π+ .
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1949 Découverte du K + .
1950 Découverte du pion neutre, π 0 → γ + γ.
Découverte d’événements en ‘V’ à Brookhaven, New York.
1951 Particules K 0 et Λ ayant une vie moyenne “étrangement”
longue et nouveau nombre quantique “l’étrangeté”.
1952 Découverte du ∆ (état excité du nucléon).
Yang et Mills proposent les théories de jauge
1954
non-abéliennes.
1
Chapitre 1 NOTIONS DE BASE
Année Événement
1955 Découverte de l’antiproton p̄ (Chamberlain et Segre).
Lee et Yang suggèrent que la force faible peut générer une
1956
violation P (parité).
Découverte de la violation de P dans les atomes de 60 Co.
1956
par Wu et Amber.
Découverte de centaines de particules “élémentaires”
1960/70
(ρ, ω, K ∗ , ∆, Ξ, ....) — une vraie jungle !
1961 Gell-Mann propose la voie octuple SU (3).
1962 Découverte de ν μ et ν e .
1964 Existence des quarks u, d, s proposée (Gell-mann and Zweig).
1964 Le quark c est suggéré.
Découverte de la violation de CP dans les systèmes K 0 − K̄ 0
1964
par Cronin, Fitch, Christianson et Turlay.
Le nombre quantique de la couleur est proposée :
1965
toutes les particules observées sont de couleur neutre.
Glashow-Salam-Weinberg proposent l’unification des forces
1967
électromagnétique et faible. Prédiction de l’existence du Higgs.
1968-69 SLAC détecte une structure ponctuelle du nucléon.
QCD : la théorie des interactions fortes entre particules
1973
colorées. Prédiction de l’existence des gluons.
1973 Liberté asymptotique postulée.
Découverte du J/ψ et du quark charmé c,
1974
à Stanford et Brookhaven, USA.
1976 Découverte d’un troisième lepton chargé, le τ − .
1976 Découverte du D0 et confirmation de l’existence du quark c.
Découverte d’un cinquième quark, le bottom b, à
1978
Fermilab, USA.
1979 Découverte d’un gluon à DESY, Hambourg.
1983 Découverte du Z 0 et du W ± au CERN.
Mesure au LEP (CERN) impliquant que le nombre de
1990
neutrinos “légers” (m < 45GeV) est limité à 3.
1995 Découverte d’un sixième quark, le top t, à Fermilab, USA.
1998 Évidence de neutrinos massifs à Super-Kamiokande, Japon.
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2
Survol rapide Chapitre 1
Matière
Nature était composée de quatre éléments : l’air, le feu, l’eau et la terre (voir figure 1.1).Ces
éléments furent ultérieurement remplacés par une notion simplificatrice, celle d’une partic-
ule indivisible de matière, l’atome. On attribue souvent l’énoncé de cette idée à Démocrite
Figure 1.1 N
(460 avant. J.-C à Abdera, Thrace en Grèce). Il faut toutefois mentionner que cette approche Les quatre éléments fondamentaux de la Nature
n’a pas toujours fait l’unanimité. En effet, un autre point de vue suggérait plutôt que les pro- (selon les Grecs).
priétés d’un objet devaient être décrites globalement et non à partir de ses constituants. Toute-
fois, dans la recherche d’une structure microscopique fondamentale à la matière comme dans
d’autres domaines, cette dernière approche se révéla être un très sérieux obstacle au pro-
grès scientifique. Nos théories modernes de la matière, quant à elles, font appel au besoin
aux deux approches : on décrit les phénomènes physiques à certaines échelles par des de-
scriptions empiriques (ex : modèle en couches en physique nucléaire) ou par des théories
plus fondamentales (ex : modèle standard en physique des particules). Les constructions em-
piriques révèlent souvent des symétries du système qui permettent d’accéder à des théories
plus fondamentales alors qu’il est aussi envisageable que les théories plus fondamentales
d’aujourd’hui seront remplacées par des approches plus fondamentales encore tout en con-
tinuant à jouer un rôle de modèle approximatif ou efficace (ex : physique newtonienne versus
physique relativiste).
Ceci dit, le dernier siècle a vu la physique, et notamment la physique des particules, faire
Échelle en m É chell e en uni tés d e
un bond phénoménal. On a vu émerger une version plus moderne de l’atome dans laquelle 10 -18 m
celui-ci est formé de constituants plus fondamentaux. Ces constituants (électrons, protons, 1 0 -1 0 m a tom e 1 00 ,0 00 ,00 0
neutrons,...) furent alors nommés particules élémentaires. Mais la nature allait nous jouer 10 -1 4
m n oyau 1 0, 00 0
un autre tour puisque certaines de ces soi-disant particules élémentaires révélèrent une sous- 1 0 -1 5 m n uclé on 1,0 0 0
structure (ex : quarks et gluons). Nous définirons donc une particule fondamentale comme < 1 0 -1 8 m é lectron
< 1
qu ark
une particule ne possédant aucune sous-structure.
Notre perception de la matière est en constante évolution mais, pour le moment, elle
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révèle une structure passablement riche dont voici une description sommaire : Commençons
par illustrer de façon simplifiée la structure interne de l’atome à la figure 1.2. On peut dès lors Figure 1.2 N
identifier certaines des particules fondamentales comme l’électron et le quark. Mais il existe Échelles des composantes subatomiques.
d’autres particules, certaines toutes aussi fondamentales, alors que d’autres sont composites.
Pour le moment, notre classification de particules fondamentales se lit comme suit :.(voir
figure 1.3).
Leptons
Les leptons (ainsi nommés parce que leurs masses étaient relativement petites) sont car-
actérisés par les propriétés suivantes :
1. Ce sont des particules qui n’interagissent pas fortement (aucune interaction forte1 ).
1
Les interactions forte, faible, électromagnétique et gravitationnelle sont décrites dans la section suivante.
3
Chapitre 1 NOTIONS DE BASE
3. Ils possèdent une charge “faible” et peuvent être regroupés en paires appelées doublets
d’interaction faible.
Fe rmions Bosons
Particules
d'échange
Leptons Quarks
Photons
Higgs
± 0
W ,Z
Anti- Anti-
leptons quarks
Gluons
Les trois familles ou générations de leptons sont formées de trois leptons chargés (électron
e, muon μ et lepton tau τ ) et de trois leptons neutres, les neutrinos (neutrinos ν e , ν μ et ν τ ) :
Leptons (spin 12 )
µ ¶ µ ¶ µ ¶
Q=0 νe νμ ντ
Q = −1 e μ τ
Quarks
Les quarks sont les particules fondamentales qui forment la matière nucléaire.
1. Ils interagissent fortement (soumis à l’interaction forte).
Quarks ! Quarks !
3. Ils possèdent une charge faible et forment des doublets d’interaction faible.
charme top 4. On leur associe aussi une charge colorée (couleur) et forment des triplets d’interaction
up
forte.
down étrange
bottom Les quarks apparaissent au moins en six saveurs (l’existence du quark le plus lourd, le
quark top, ayant été confirmé en 1995) : les quarks up, down, étrange, charmé, bottom (encore
Figure 1.4 N
appelé aussi le quark beauté pour des raisons historiques) et le quark top. Comme les leptons,
On compte six types ou saveur de quarks : le ils peuvent être regroupés en doublets qui sont des copies conformes sauf pour ce qui est de
quark up, le quark down, le quark étrange, le quark leurs masses.
charmé, le quark bottom (encore appelé aussi le
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Hadrons
Les hadrons ne sont pas des particules fondamentales. Ce sont des états liés de quarks et
anti-quarks (voir figure 1.5). Ils sont caractérisés par les propriétés suivantes :
4
Survol rapide Chapitre 1
1. Ce sont des particules qui interagissent fortement (soumises à l’interaction forte “résidu-
elle” ou nucléaire).
Dans les faits, on observe plus de deux cent hadrons. Ils peuvent eux-mêmes être classés
en deux groupes : les baryons, auxquels on associe un nombre quantique (le nombre bary-
onique) et les mésons qui sont responsables des interactions fortes entre hadrons. Voici les
hadrons les plus fréquemment observés :
Figure 1.5 JI
Classification des hadrons (états liés de quarks et
Ha drons d’antiquarks).
Fermions Bosons
qq q qq
qqq
Hadrons
p proton
n neutron
π+ , π0 , π+ pions
ρ+ , ρ0 , ρ− mésons ρ
Λ lambda
K + , K 0 , K̄ 0 , K − mésons K
Une liste plus exhaustive se trouve en annexe.
Les autres particules fondamentales connues sont directement liées aux interactions dont
voici une description sommaire.
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Toute force est causée par des interactions au niveau des particules fondamentales. Toute
désintégration de particules est aussi causée par des interactions. L’interaction entre particules
de matière se fait via l’échange de particules (ex. bosons de jauge) qui portent les quanta
d’énergie-impulsion de quatre types d’interaction.
– Interactions faibles, responsables de l’instabilité ou la désintégration de toutes les
particules sauf les particules fondamentales les moins massives appartenant à la même
classe.
– Interactions électromagnétiques, responsables de forces électriques et magnétiques.
– Interactions fortes, responsables des forces entre quarks et gluons et des liaisons nu-
cléaires.
– Interactions gravitationnelles, responsables de forces entre n’importe quelle paire d’ob-
5
Chapitre 1 NOTIONS DE BASE
Le système d’unités SI (système international) est basé sur trois unités fondamentales et
requiert donc trois étalons de mesure :
[longueur]SI = 1 m.
[temps]SI = 1s
[masse ou énergie]SI = 1 kg ou 1 Joule
Ces unités sont bien adaptées à la vie de tous les jours mais sont peu pratiques tant aux
échelles microscopiques abordées en physique subatomique qu’à des échelles macroscopiques
requises en astrophysique. Pour simplifier le langage et malgré un souci d’uniformisation des
systèmes d’unités, les physiciens se sont dotés au besoin de systèmes d’unités plus pratiques.
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En physique des particules, les systèmes étudiés mettent en jeu des particules dont les
vitesses sont relativistes et dont les propriétés quantiques ne peuvent être négligées. Par
ailleurs, la nature nous fournit deux constantes fondamentales qui sont particulièrement per-
tinentes pour de tels systèmes : la vitesse de la lumière c et le quanta de moment cinétique
~. Rappelons que dans le système SI, ces constantes sont numériquement très grande ou très
petite, ce qui complique le calcul algébrique,
6
Système d’unités naturelles Chapitre 1
[vitesse]SUN = 1 c.
[moment cinétique]SUN = 1~
[énergie]SUN = 1 eV
où dans le dernier cas, on choisit l’électron-Volt (1 eV = 1.602 × 10−19 J.) et ses dérivés
tels le MeV = 106 eV et le GeV = 109 eV comme l’étalon de mesure de l’énergie puisqu’il
est beaucoup plus près des échelles d’énergie considérées en physique des particules. Dans
le système d’unités naturelles,
~=c=1 (1.4)
et la masse de l’électron est de 0.511 MeV.
Exemple 1.1
À titre d’exemple, exprimons le mètre et la seconde en unités naturelles : par analyse dimensionnelle, il
est facile de trouver la combinaison requise de ~ et de c qui permette d’éliminer les unités indésirables.
Pour le mètre, il suffit de diviser par ~c (qui s’exprime en unités m·MeV dans le SI) :
1m 1m
=
~c 3 × 108 m · s−1 · 6.58 × 10−22 MeV · s
= 5.1 × 1012 MeV−1 .
Pour la seconde, on divise par ~ (qui s’exprime en unités MeV·s dans le SI) :
1s 1s
=
~ 6.58 × 10−22 MeV · s
= 1.52 × 1021 MeV−1 .
On remarque de ces exemples que les unités de longueur et de temps dans ce système
s’expriment toutes deux en terme de l’inverse des unités d’énergie
[longueur]SUN = [masse ou énergie]−1 (1.5)
[temps]SUN = [masse ou énergie]−1 . (1.6)
De façon générale, une quantité dans les unités SI (système international) qui possède des
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dimensions
[E p Lq T r ]SI
où E, L et T représentent les unités d’énergie (en Joules), longueur (en mètres) et temps (en
secondes) respectivement et Jp ·mq ·sr sont les unités SI. Dans le SUN, cette quantité aura des
unités d’énergie à la puissance p − q − r, soit E p−q−r .
La conversion du SI au SUN procède comme suit. Si dans le SI E, L et T représentent
les unités de masse, longueur et temps
∙ µ ¶q µ ¶r ¸ ∙ p q r¸
p q r p L T E L T
[E L T ]SUN = E =
~c ~ SI cq ~q+r SI
¡ ¢p
= [E p Lq T ]SI · 6.24 × 109 MeV J−1
¡ ¢q ¡ ¢r
· 5.1 × 1012 MeV−1 m−1 · 1.52 × 1021 MeV−1 s−1
où les quantités dans les crochets [A]SUN et [A]SI sont respectivement en unités SUN et SI.
Autrement dit, du SI au SUN, on replace simplement le joule, le mètre et la seconde par
7
Chapitre 1 NOTIONS DE BASE
Système SI SUN
Quantité p q r n
Action 1 2 −1 0
Vitesse 0 1 −1 0
Masse 1 0 0 1
Longueur 0 1 0 −1
Temps 0 0 1 −1
Impulsion 1 1 −1 1
Énergie 1 2 −2 1
Const. structure fine αem 0 0 0 0
Const. de Fermi 1 5 −2 −2
Pour les systèmes quantiques relativistes, l’utilisation des unités SUN comporte deux avan-
tages majeurs : deux des étalons sont définis exactement (~ = c = 1) et ce choix permet de
simplifier toute les équations où ces constantes apparaissent, par exemple
E 2 = p2 c2 + m2 c4 =⇒ E 2 = p2 + m2
| {z } | {z }
unités SI unités SUN
Malgré les avantages certains des unités SUN pour des systèmes quantiques relativistes, il
est souvent utile et plus intuitif d’exprimer des quantités en terme des unités SI. Par exemple,
lorsqu’on parle de la durée d’un phénomène, il est plus facile de se visualiser un intervalle
de temps de 10−21 s qu’un intervalle de 1.52 MeV−1 . En conséquence, nous adopterons le
système d’unités naturelles dans les chapitres qui suivent sans pour toutefois en faire un usage
exclusif. Le passage au système SI ne sera pas explicitement mentionné dans la plupart des
cas mais il sera souvent évident compte tenu du contexte.
La similitude entre les notions de temps et d’espace nous suggère d’adopter un formalisme
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8
Relativité et formalisme quadridimensionnel Chapitre 1
est réputé être sommé sur toutes les valeurs possibles. Le produit scalaire des vecteurs A et
B prend la forme
A · B ≡ Aμ eμ · B ν eν = Aμ B ν gμν (1.9)
où
gμν ≡ eμ · eν (1.10)
est appelé le tenseur métrique ou simplement la métrique. Il est commun, et plus simple de
choisir une base où les vecteurs sont orthogonaux, c’est-à-dire
gμν = 0 si μ 6= ν (1.11)
et donc
A · B = Aμ B μ e2μ . (1.12)
Les composantes covariantes (indice inférieur) sont des projections orthogonales de A sur
les vecteurs de base eμ . Par exemple,
eμ · A ≡ Aμ (1.16)
(notez l’indice inférieur) ou autrement dit
Aμ ≡ eμ · A = eμ · Aν eν
= gμν Aν
À noter, le tenseur métrique gμν et son inverse g μν coïncident
gμν = (gμν )−1 = g μν (1.17)
puisque
g μν gνλ = δ μλ (1.18)
d’où
Aμ = g μν Aν (1.19)
et
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g μν gμν = 4. (1.20)
9
Chapitre 1 NOTIONS DE BASE
et donc
xμ = (x0 , x)
xμ = (x0 , −x). (1.23)
i Remarque 1.1
Toute quantité qui a la forme
a · b = aμ bμ (1.24)
est un invariant de Lorentz si a et b sont des vecteurs de Lorentz, c’est-à-dire que le produit
scalaire a · b n’est pas affecté par une transformation de Lorentz et donc a la même valeur
dans tous les systèmes de référence inertiels.
i
Les notions d’énergie et d’impulsion sont aussi intimement liées (tout comme l’espace et
le temps) en relativité restreinte. On peut y définir le quadrivecteur énergie-impulsion (com-
posantes contravariantes)
pμ = (E, px , py , pz ) (1.25)
où E = γm0 est l’énergie totale et pi (i = x, y, z ou 1, 2, 3) sont les impulsions. L’énergie
cinétique s’obtient par
K = E − m0
= (γ − 1)m0 . (1.26)
(rappelons qu’on utilise le système d’unités naturelles où c = 1).
Par ailleurs, la grandeur de p est un invariant de Lorentz et s’écrit comme
p2 = gαβ pα pβ
¡ ¢2 ¡ ¢2 ¡ ¢2 ¡ ¢2
= p0 − p1 − p2 − p3
= E 2 − p2
= m20 . (1.27)
où m0 est la masse au repos de la particule soit un invariant de Lorentz. On a donc finalement
E 2 − p2 = m20 (1.28)
ou
E 2 = p2 + m20 (1.29)
Les relations de conservation d’énergie et d’impulsion peuvent maintenant être exprimées
de façon compacte. L’énergie-impulsion totale d’un système est la somme
X
Pμ = pμn . (1.30)
n
où pμn est la quadri-impulsion de la particule n. Si on pose qu’il y a conservation d’énergie et
d’impulsion, on aura
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μ μ
Pavant = Paprès . (1.31)
Il en découle que pour μ = i = 1, 2, 3
i i
Pavant = Paprès ou Pavant = Paprès (1.32)
ce qui représente la conservation de l’impulsion totale et pour μ = 0
0 0
Pavant = Paprès (1.33)
la conservation de l’énergie totale, qui s’écrit aussi comme
tot tot
Eavant = Eaprès . (1.34)
μ
On peut aussi déduire une autre relation importante. D’une part, la quantité P (l’éner-
gie-impulsion totale) est conservée, et d’autre part, la grandeur de toute énergie-impulsion
(E 2 − p2 ) est un invariant relativiste (même grandeur dans tous les repères). Par exemple,
10
Notions de physique quantique Chapitre 1
dans le repère S
µ ¶2 µ ¶2
μ μ
Pavant = Paprès . (1.35)
S S
mais puisque ces quantités sont invariantes de Lorentz, on aura dans un repère arbitraire S 0
µ ¶2 µ ¶2 µ ¶2 Ã !2
μ μ μ μ
Pavant = Paprès = Pavant = Paprès . (1.36)
S S S0 S0
Dans une réaction, la quantité
P 2 = P μ Pμ
est conservée et est la même dans tous les repères inertiels.
Par ailleurs, dans le repère d’impulsion totale nulle (RIN), c’est-à-dire le repère où le
centre de masse du système est au repos, les calculs sont particulièrement simples. Alors que
la dernière relation tient toujours
µ ¶2 µ ¶2 µ ¶2 µ ¶2
μ μ μ μ
Pavant = Paprès = Pavant = Paprès . (1.37)
S S RIN RIN
on aura dans ce repère spécial, P = 0, donc
µ ¶2 ³ ´2 ³ ´2
μ 0
Pavant = Pavant − Pavant
RIN RIN RIN
³ ´2 ³ ´2
0 tot
= Pavant = Eavant
RIN RIN
à !2
X
= En (1.38)
RIN
n
11
Chapitre 1 NOTIONS DE BASE
L’équation de Klein-Gordon
Les équations de mouvement relativistes obéissent plutôt à la relation (~ = c = 1) dans
le cas d’une particule libre
pμ pμ = E 2 − p2 = m2 (1.46)
qui correspond, après substitution des quantités par leur représentation en terme d’opérateurs,
à l’équation de Klein-Gordon
µ ¶2
∂
i~ ψ − (−i~∇)2 ψ = m2 ψ
∂t
∂2ψ
− 2 + ∇2 ψ = m2 ψ
∂t
ou encore
µ ¶
∂2 2
0 = − − 2 + ∇ ψ + m2 ψ
∂t
¡ ¢
= −∂μ ∂ μ − m2 ψ
¡ ¢
= p2 − m2 ψ
Cette équation décrit les bosons (spin entier). Elle est toutefois non linéaire en énergie E.
Incidemment, les états ne se combinent pas en général de façon triviale.
L’équation de Dirac
Dans une tentative visant à linéariser l’équation de Klein-Gordon (et à régler certains
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autres problèmes conceptuels comme des densités de probabilité négatives), Dirac introduit
un système linéaire de quatre équations couplées, l’équation de Dirac. Voici sa version la plus
compacte de l’équation d’onde pour une particule libre que nous écrivons sans beaucoup plus
d’informations ¡ ¢
iγ μ ∂ μ − mI ψ = 0. (1.47)
Le bi-spineur ψ possède quatre composantes
⎛ ⎞
ψ1
⎜ ψ2 ⎟
ψ=⎜ ⎟
⎝ ψ3 ⎠ .
ψ4
et les γ μ (μ = 0, 1, 2, 3) sont les quatre matrices 4 × 4 de Dirac et I est la matrice identité
4 × 4 . Les matrices γ μ intègrent la notion de spin puisque qu’elles correspondent à une
12
Notions de physique quantique Chapitre 1
version généralisée des matrices de spin de Pauli. Pour cette raison, l’équation de Dirac
convient à la description des fermions (spin demi-entier). En fait, des quatre degrés de liberté
du bi-spineur ψ, deux servent à représenter la particule dans les états de spin ± 12 et deux
autres, l’antiparticule dans les états de spin ± 12 . Il faut donc comprendre que l’équation de
Dirac est en fait un système de quatre équations couplées
µµ ¶ µ ¶ ¶
∂ ∂ ∂ ∂
i − ψ3 − −i ψ 4 − mψ 1 = 0
∂t ∂z ∂x ∂y
µµ ¶ µ ¶ ¶
∂ ∂ ∂ ∂
i + ψ4 − +i ψ 3 − mψ 2 = 0
∂t ∂z ∂x ∂y
µ µ ¶ µ ¶ ¶
∂ ∂ ∂ ∂
i − − ψ1 − −i ψ 2 − mψ 3 = 0
∂t ∂z ∂x ∂y
µ µ ¶ µ ¶ ¶
∂ ∂ ∂ ∂
i − + ψ2 − +i ψ 1 − mψ 4 = 0
∂t ∂z ∂x ∂y
Une description plus détaillée de l’équation de Dirac et la forme explicite des matrices de
Dirac se trouve à l’annexe I.
Bosons et fermions
Bosons :
Les bosons sont des particules de spin entier (0~, ~, 2~, 3~, ...) qui obéissent à la statis-
tique de Bose-Einstein c’est-à-dire qu’un un système de deux bosons identiques, désignés par
les indices 1 et 2, est décrit par une fonction d’onde qui est symétrique sous l’échange des
particules
1←→2
ψ 12 −→ ψ 21 .
Fermions :
¡ ¢
Les fermions sont des particules de spin demi-entier ~2 , 3~ 5~
2 , 2 , ... qui obéissent à la
statistique de Fermi-Dirac c’est-à-dire qu’un un système de deux fermions identiques, désignés
par les indices 1 et 2, est décrit par une fonction d’onde qui est antisymétrique sous l’échange
13
Chapitre 1 NOTIONS DE BASE
des particules
1←→2
ψ 12 −→ −ψ 21 . (1.48)
Particule-antiparticule
La notion d’antiparticule fut proposée par Dirac en 1928. Ce dernier interpréta certaines
solutions de l’équation qui porte son nom comme des antiparticules. Les solutions associées
aux antiparticules donnent lieu à différentes interprétations, ex. une particule qui se propage
à rebours dans le temps ou encore des trous dans une mer de particules. L’antiparticule est
caractérisée par
1. des charges opposées à celles de la particule (charges électrique, faible, et autres nombres
quantiques...)
2. une masse, un spin et une vie moyenne identiques à celles des particules.
L’existence d’antiparticules fut confirmée par Anderson en 1933 à la suite de la décou-
verte du positron (aussi appelé le positon2 ou antiélectron). Certaines particules (ex. le photon
γ et le boson faible Z0 ) sont leurs propres antiparticules, toutes leurs charges étant nulles.
Par convention, nous désignerons l’antiparticule par une barre au-dessus du symbole de
la particule.
e (électron) ↔ ē (positron)
ν (neutrino) ↔ ν̄ (antineutrino)
p (proton) ↔ p̄ (antiproton)
Σ (sigma) ↔ Σ̄ (antisigma)
Matière et antimatière
Nous appelons particules de matière les particules qui sont généralement observées comme
les protons, les neutrons et les électrons alors que leurs antiparticules sont de l’antimatière.
La terme matière est aussi étendu, selon la convention, à :
– Tout quark, (charge 23 ou − 13 ).
– Tout lepton chargé négativement.
– Tout neutrino d’hélicité gauche3
Par opposition, l’antimatière est constituée de :
– Tout antiquark, (charge − 23 ou 13 ).
– Tout antilepton chargé négativement.
– Tout antineutrino d’hélicité droite.
Une particule faite de quarks, comme un baryon, est appelée matière. De même une par-
ticule faite d’antiquarks, comme l’antibaryon, est appelée antimatière.
Pour les bosons, une telle distinction entre la matière et l’antimatière n’est pas pertinente.
Cette classification ne s’applique simplement pas. Par exemple, un pion chargé positivement
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est formé d’un quark up et d’un antiquark down alors que un pion chargé négativement est
formé d’un antiquark up et d’un quark down. Chacune de ces particules est l’antiparticule de
l’autre et la distinction entre matière et antimatière est jusqu’à un certain point arbitraire. De
la même manière, les particules d’échange, médiatrices d’une force, ne sont pas identifiées à
de la matière ou de l’antimatière.
Dans le Modèle Standard, les propriétés de la matière et l’antimatière sont presque iden-
tiques. Par ailleurs, un des grands mystères de la cosmologie (la théorie de l’évolution de l’u-
nivers) s’avère être la raison de la prédominance de la matière sur l’antimatière. Un univers
2
En français, on accepte deux terminologies pour nommer certaines particules. C’est le cas du positron ou positon
et du deutéron qui est aussi appelé deuton. Dans cet ouvrage, nous adopterons le nom qui s’apparente le plus à la
nomenclature anglaise.
3
L’hélicité est défini dans le chapitre 7.
14
Notions de physique quantique Chapitre 1
(voir figure 1.6). Chaque phénomène sera donc interprété en utilisant ce nouveau langage. q
r
1. En mécanique classique :
(a) (b )
Un champ est produit par une particule 1 et s’étend jusqu’à la position de la particule 2.
La particule 2 interagit avec la valeur du champ où elle se situe.
Figure 1.6 N
2. En théorie quantique des champs : Dans l’approche classique (a), la particule 2 est
L’interaction est interprétée comme un échange de quanta. L’échange obéit aux lois de soumise à l’effet d’un champ produit par la par-
conservation des nombres quantiques et de la quadri-impulsion. Rappelons cependant ticule 1 alors que dans l’approche de la théorie
quantique des champs (b), l’interaction est due à
que la quadri-impulsion n’obéit à l’équation d’onde que dans les limites du principe d’in- un échange de quanta.
certitude de Heisenberg, c’est-à-dire
∆E · ∆t ≥ ~ (1.49)
∆x · ∆p ≥ ~. (1.50)
Il en résulte que pendant un temps arbitrairement court, des états transitoires d’énergie
relativement élevée peuvent se produire. Ces états transitoires sont appelés états virtuels
(ex. pendant un temps très court, un photon virtuel peut avoir une quadri-impulsion telle
que p2 6= 0). Ces états sont éphémères et ne sont pas détectables directement.
portée maximale de (~ = c = 1)
1
R = c∆t = ∆t ≈ . (1.52)
m
puisque la vitesse de ce boson ne peut excéder c. On remarque alors la relation
1
R≈ . (1.53)
m
entre la portée de l’interaction et la masse de la particule échangée.
Ce résultat peut être déduit plus formellement de l’équation de Klein-Gordon. Si le bo-
son d’interaction de masse m se propage librement entre deux interactions, il est décrit par
l’équation suivante :
∂2ψ
∇2 ψ + m2 ψ − 2 = 0.
∂t
Considérons une composante de ψ statique à symétrie sphérique, c’est-à-dire
ψ(xμ ) = U (r).
15
Chapitre 1 NOTIONS DE BASE
Exemple 1.2
Interaction électromagnétique.
Le photon est le quantum d’échange dans une interaction électromagnétique mais la masse du photon
étant nulle
∇2 U(r) = 0, r > 0 (1.55)
d’où
g Q
U (r) = = . (1.56)
4πr 4πr
Si on interprète U(r) comme le potentiel électrostatique, alors Q est la charge électrique à une constante
multiplicative près.
Dans ce dernier exemple, nous voyons que g, la constante d’intégration, joue le rôle de la
charge électrique. Cette interprétation peut être transposée à d’autres interactions.
Revenons aux calculs de Yukawa dans le cadre des interactions fortes. La portée des
interactions nucléaires (interactions fortes) est de R ' 10−15 m, ce qui poussa Yukawa
1
à prédire une particule d’échange de masse m = R ' 100 MeV et sans spin pour les
interactions fortes. En 1947, le pion (spin 0, m = 140 MeV) fut découvert. Un peu avant,
on avait mis en évidence l’existence du muon (μ) ayant approximativement la même masse
mais il devint évident par la suite que celui-ci ne pouvait être la particule de Yukawa, le muon
n’ayant pas d’interactions fortes.
L’approche de Yukawa permit une nouvelle interprétation des phénomènes nucléaires,
mais elle reste toutefois trop naïve pour expliquer adéquatement les interactions fortes dans
leur ensemble.
Propagateur du boson
Poursuivons la description sommaire de la théorie quantique des champs. Il est approprié
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de décrire une collision entre deux particules en terme d’opérateurs. L’approche perturbative
de la théorie des champs suppose que les particules se propagent librement sauf en certains
points où il y a émission ou absorption de quanta. Il s’agit d’écrire la solution des équations
de mouvement couplées comme une série perturbative autour des solutions des équations de
mouvement pour des champs quantiques libres (aucun potentiel d’interaction implique des
solutions libres). La méthode utilise les fonctions de Green auxquelles R.P. Feynman a donné
son interprétation d’opérateur.
Considérons l’équation de mouvement d’un boson libre (équation de Klein-Gordon)
(p2 − m2 )ψ(p) = 0 (1.57)
où ψ(p) est une fonction d’onde scalaire. La fonction de Green G(p), dans l’espace des
impulsions, obéit à
(p2 − m2 )G(p) = δ 4 (p) (1.58)
16
Notions de physique quantique Chapitre 1
ou encore
δ 4 (p)
G(p) = . (1.59)
(p2 − m2 )
avec la fonction delta de Dirac δ 4 (p) définie comme δ 4 (p) = δ(p0 )δ(p1 )δ(p2 )δ(p3 ). Feyn-
man interprète cet opérateur comme une amplitude de probabilité associée au boson qui se
propage avec une quadri-impulsion p
i
Propagateur = 2 . (1.60)
p − m2
De la même façon, Feynman définit un opérateur de sommet décrivant l’émission d’un boson
par la particule 1 (et/ou absorption par la particule 2). Cette opérateur est proportionnel à
la force de l’interaction et dépend directement de la constante de couplage g1 (g2 ) avec la
particule 1 (particule 2)
Sommet = g1 (et g2 ). (1.61)
Ici, la forme de l’opérateur de sommet est très simple, mais il est à noter qu’elle est en général
plus complexe. Cette interprétation a permis de développer une méthode graphique simple
pour illustrer et calculer la probabilité de certains processus : Les opérateurs de propaga-
tion et de sommet définissent des recettes de calculs appelées règles de Feynman auxquelles
correspondent des diagrammes décrivant les trajectoires et interactions entre les particules,
c’est-à-dire les diagrammes de Feynman.
Exemple 1.3
L’interaction électromagnétique entre deux particules chargées via l’échange d’un boson (voir figure g1
1.7) est décrite par une amplitude de probabilité qui correspond au produit d’opérateurs (opérateurs de
sommet avec couplage g1 (et g2 ) et propagateur) :
p
i
Amplitude ∝ g1 · 2 · g2 (1.62) g2
p − m2
2
g1 g2
Probabilité ∝ . (1.63)
p2 − m2
En QED (théorie quantique de l’électrodynamique), la masse du photon est nulle et le couplage est
proportionnel à la charge e. La section efficace pour la collision de particules chargées est Figure 1.7 N
Exemple de diagramme de Feynman : deux par-
2 2 2 4
d σ e e ticules (lignes pleines) interagissent par l’échange
∝ 2 = 4, (1.64) d’un quanta (ligne ondulée).
dp2 p p
un résultat qui a aussi été obtenu par Rutherford à l’aide de méthodes plus rudimentaires.
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17
Chapitre 1 NOTIONS DE BASE
Figure 1.8 JI
forte
Les quatre type d’interactions recensées : gravi-
tationnelle, électromagnétique, faible et forte. q q
faible
n e,p,ν
gravitationnelle
électromagnétique
Chacune des interactions connues est caractérisée par un certain nombre de propriétés.
Qui plus est, la nature des particules élémentaires est souvent définie grâce à leurs interactions
ex : les leptons n’ont pas d’interactions fortes. Nous revenons donc sur les interactions plus
en détails pour identifier leurs principales propriétés.
Interactions électromagnétiques
18
Forces et interactions Chapitre 1
Figure 1.9 JI
Exemples d’interactions électromagnétiques : (a)
effet photoélectrique (γ + e → e), (b) diffusion de
γ
e- Rutherford (e + e → e + e), (c) rayonnement de
e- freinage (e + N → e + N ∗ + γ) et (d) diagrammes
e- e-
γ e- à plusieurs boucles pour la self-énergie.
-
e e- γ
-
γ e
γ
e -
+ + +
(d)
ondes radios et les micro-ondes. Tous ces phénomènes sont des ondes électromagnétiques
qui ne diffèrent que par leur longueur d’onde.
En théorie quantique des champs, toute variation de champ électromagnétique ou onde
électromagnétique peut être décrite en termes de photons. Quand un très grand nombre
de photons sont impliqués, l’effet global est donné par la théorie classique correspon-
dante, à savoir les équations de Maxwell.
Les photons produits dans des désintégrations radioactives sont aussi appelés des partic-
ules γ, originalement appelés rayons-X .
Plus généralement, les interactions électromagnétiques (voir figure 1.9) sont alors carac-
térisées par les propriétés suivantes :
– mettent en jeu des particules chargées électriquement ;
e2 1
– couplage électromagnétique relativement petit : αem = 4π = 137.0360 ;
19
Chapitre 1 NOTIONS DE BASE
Interactions faibles
3. Les réactions hadroniques pures, ex. la désintégration des Σ, peuvent passer par le mode
faible ou le mode électromagnétique, mais les caractéristiques diffèrent suivant le mode
de désintégration :
int. faibles int. e.m.
Σ− → n + π Σ0 → Λ + γ
| {z } | {z }
∆S = 1 ∆S = 0
τ ' 10−10 s τ ' 10−19 s
où ∆S est le changement du nombre quantique d’étrangeté et τ est la vie moyenne ou
durée des interactions.
Les interactions faibles (voir figure 1.10) possèdent les propriétés suivantes :
– mettent en jeu des neutrinos ou des quarks qui changent de saveur, c’est-à-dire des
particules ayant une charge faible ;
GF m2
– couplage faible (entre protons) : αFermi = 4π p ≈ 10−6 ;
– temps d’interaction et/ou vie moyenne typique de ∼ 10−8 s ;
– section efficace de ∼ 10−44 m2 ;
– échange de bosons W ± (courants chargés) et Z 0 (courant neutre) ;
– mW = 80 GeV, donc portée R = 10−18 m.
Figure 1.10 JI
Exemples d’interaction faibles : (a) désintégration d d
{du }p
νe e
du neutron (n → p + e− + ν̄ e ) et (b) capture de n u
neutrinos (p+ ν̄ e → n+e+ ). Le contenu en quark u W
du proton et du neutron, p = (uud) et n = (ddu)
q
est illustré clairement.
W e p {udu d
u
d
}n
νe
(a) (b)
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20
Forces et interactions Chapitre 1
tait à toute tentative de calculs perturbatifs qui auraient augmenté la précision des prédictions.
Cette difficulté est identifiée à la non renormalisabilité de la théorie de Fermi, c’est-à-dire à
l’impossibilité de faire des calculs perturbatifs sans rencontrer des problèmes de divergences
irréconciliables (nous décrirons ces problèmes au chapitre 10). Des divergences apparaissent
dans le modèle de Glashow-Weinberg-Salam mais il existe une procédure qui permet de les
éliminer systématiquement. On dit alors que le modèle est renormalisable.
Figure 1.11 JI
La théorie de Weinberg-Salam versus théorie de
GF Fermi : L’interaction faible selon la théorie de Wein-
W berg-Salam (a) procède par l’échange de bosons
massifs W ± ou Z 0 . Le même phénomène perçu
à des échelles d’énergies plus faibles (ou de dis-
tances plus grandes) ressemble à une interaction
ponctuelle entre quatre particules conformément
(a) (b) avec la théorie de Fermi.
Les deux modèles se distinguent par la façon dont les interactions se déroulent. Par exem-
ple, dans le modèle de Fermi, quatre particules interagissent directement (voir figure 1.11(b)).
On dit alors que l’interaction est “à quatre points” et la force de l’interaction est alors donnée
par la constante de Fermi GF ∼ = 10−5 GeV−2 . Dans le modèle de Glashow-Weinberg-Salam,
les mêmes quatre particules interagissent par l’échange d’un W ± ou Z 0 .(voir figure 1.11(a))
et l’interaction fondamentale est une interaction “à trois points” avec un couplage gW . Par
contre, dans la limite de basse énergie q 2 → 0, la théorie de Glashow-Weinberg-Salam se
devait de reproduire les succès de la théorie des interactions faibles de Fermi (1935). L’inter-
action des quatre particules est décrite par l’amplitude de probabilité suivante :
2
gW
Amplitude ∝ 2 (1.68)
q2 − MW,Z
où on peut lire qu’un facteur gW est attribuable à chacun des sommets d’interactions de la
¡ ¢−1
figure 1.11(a) et le facteur q 2 − MW,Z
2
vient du propagateur du W ± ou Z 0 . Pour q 2 → 0
2
gW
Amplitude ∝ 2 (1.69)
q2 − MW,Z
2
gW ∼ −5 GeV−2 .
−→ 2 ≡ GF = 10 (1.70)
2
q →0 MW
2 2
l’amplitude se ramène à celle donné par la théorie de Fermi si gW ≡ GF MW . Physiquement,
la limite de basse énergie est équivalente à examiner le processus de la figure 1.11(a) d’une
distance éloignée. L’échange du W ± ou Z 0 se fait alors sur une échelle trop petite pour être
perceptible et le diagramme ressemble à la figure 1.11(b).
Le modèle de Glashow-Weinberg-Salam a donc remplacé la théorie de Fermi puisqu’il a
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l’avantage sur d’être renormalisable. C’est aussi un exemple d’unification de forces (faible et
électromagnétique) dont nous verrons les détails dans le chapitre 8, consacré aux interactions
faibles.
Interactions fortes
Les interactions fortes sont fréquentes dans les collisions de hadrons à haute énergie. Elles
impliquent, au niveau fondamental, les interactions entre quarks et gluons. On les retrouve
par exemple dans la collision
K − + p → Σ0
−23
dont la durée est d’environ τ ' 10 s.
Les interactions fortes (voir figure 1.12) sont caractérisées par les propriétés suivantes :
21
Chapitre 1 NOTIONS DE BASE
– mettent en jeu des particules portant une charge colorée (quarks et/ou gluons) ;
– couplage très fort : αs ' 1;
– temps d’interaction et/ou vie moyenne typique de ∼ 10−23 s ;
– section efficace typique de ∼ 10−30 m2 ;
– échange de gluons ;
– confinement des quarks et gluons ;
– liberté asymptotique ;
– portée effective de R = 10−15 m en raison du confinement.
gluon RB Les interactions fortes résiduelles se situent à l’échelle nucléaire. Il s’agit de forces effi-
caces entre hadrons qui persistent malgré le confinement des quarks et des gluons. Elles sont
uR uB responsables de la cohésion des noyaux et se manifestent dans les collisions hadroniques à
basses énergies. La portée des interactions efficaces est finie, ce qui correspond, selon l’ap-
proche de Yukawa, à des masses non nulles pour les bosons d’échange, les mésons (voir
figure 1.13).
Figure 1.12 N
Exemple de diagramme de Feynman pour une in-
teraction forte entre quarks : Ici, on note que le
quark up bleu, uB , se transforme en quark up Interactions gravitationnelles
rouge, uR , et inversément, que le quark up rouge,
uR ,se transforme en quark up bleu, uB suite
à un échange de gluon rouge-antibleu, gRB̄ . La
couleur est conservée dans le processus. Les interactions gravitationnelles se produisent entre toute paire d’objets qui ont de l’én-
ergie, la masse étant simplement une forme possible de cette énergie. Les photons sont sans
masse, mais ils subissent des interactions gravitationnelles.
Les interactions gravitationnelles entre des particules fondamentales sont extrêmement
p n faibles, au moins trente ordres de grandeur, c’est-à-dire
1
π+
1, 000, 000, 000, 000, 000, 000, 000, 000, 000, 000
n p plus petit que l’interaction faible. Donc, à toutes fins pratiques, les effets de la gravitation peu-
vent être ignorés dans des processus de physique de particule impliquant de petits nombres
de particules.
Figure 1.13 N
Mais alors pourquoi la gravité est-elle si évidente pour nous ?
Exemple d’interactions fortes résiduelles : À basses La seule raison pour laquelle nous subissons des effets perceptibles de la gravité est qu’il
énergies, les états liés de quarks (hadrons) in- n’y a rien de telle que de l’énergie négative et, ainsi, les effets gravitationnels de tous les
teragissent entre eux globalement via les interac-
objets s’ajoutent - aucune annulation n’est possible.
tions fortes résiduelles.
La terre exerce sur nous une force gravitationnelle beaucoup plus forte que sa force élec-
trique. En fait, les charges électriques sur terre sont toutes équilibrées (autant de charges
positives de noyaux atomiques que de charges négatives des électrons), mais les masses de
tous les atomes de la terre se combinent pour donner un effet gravitationnel mesurable sur
des objets situés à la surface de la terre.
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22
Le Modèle Standard Chapitre 1
Malgré ces incertitudes, il est généralement établi qu’une théorie quantique gravitation-
nelle devrait posséder les caractéristiques suivantes :
– implique tout ce qui possède une énergie-masse et qui modifie la métrique (tenseur
énergie-impulsion) ;
– couplage extrêmement faible au niveau subatomique : le couplage typique entre deux
GN m2
protons est αG = 4π p ' 4.6 × 10−40 ;
– le graviton, boson d’interaction de spin 2 correspond à une fluctuation quantique de
la métrique :
– masse nulle du graviton, la gravitation ayant une portée infinie.
Tableau récapitulatif
Interactions
Gravité Électromagnétique Faibles Fortes
0 ±
Échange 10 gravitons photon Z ,W 8 gluons
SpinParité 2+ 1− 1− , 1+ 1−
Masse (GeV) 0 0 90, 81 0
Portée (m) ∞ ∞ 10−18 ∞, ≤ 10−15
Source masse-énergie charge élec. charge faible couleur
1
Couplage 4.6 × 10−40 137 8.1169 × 10−7 '1
−20
τ typique(s) 10 10−8 10−23
σ typique (m2 ) 10−33 10−44 10−30
par les expériences. Après de nombreuses vérifications expérimentales, si le modèle peut être
raffiné pour correctement décrire tous les résultats, alors il acquiert un statut plus élevé.
Le scientifique n’utilise le terme théorie que pour des idées qui ont été vérifiées et dévelop-
pées à un point tel que nous savons qu’il y a en effet une certaine gamme de phénomènes pour
lesquels ils donnent systématiquement des prédictions correctes. Bien sûr, une théorie ne peut
jamais être complètement prouvée. Si elle l’était nous en parlerions comme si c’était une loi -
c’est pourquoi nous avons pratiquement évacué loi de notre vocabulaire. Cependant, la théorie
doit obéïr au même ensemble de règles vérifiées dans un domaine établi d’applicabilité, tout
comme les idées anciennement appelées des lois.
Ces théories resteront toujours une partie de notre compréhension de la matière, même
si de récentes découvertes venaient à les infirmer. Par exemple, la théorie de la relativité
restreinte d’Einstein a remplacé les lois de la mécanique de Newton. Toutefois, la version
newtonienne reste une excellente approximation de la théorie d’Einstein quand les objets se
déplacent à des vitesses qui sont petites comparées à la vitesse de lumière. (En réalité, les lois
23
Chapitre 1 NOTIONS DE BASE
de Newton restent valides dans la théorie d’Einstein en autant que l’on utilise leurs formes
correctes ainsi que les définitions relativistes correctes pour l’énergie et l’impulsion.)
De la même manière, la théorie atomique n’est pas infirmée, mais plutôt étendue, par
la découverte d’une structure de protons et de neutrons. Si nous découvrons plus tard que
les particules maintenant considérées comme fondamentales dans le Modèle Standard ont
effectivement une sous-structure, ou qu’il y a d’autres types de particules d’échange plus
massives absentes du Modèle Standard, cela mènera de la même façon à des extensions du
Modèle Standard. Cependant, nous avons cumulé suffisamment de confirmations expérimen-
tales pour être convaincus qu’il y aura toujours un ensemble de phénomènes pour lesquels le
Modèle Standard fournit des prédictions adéquates.
Donc pour répondre à la question, nous avons bien ici une théorie ! Mais ce qui est un peu
particulier, c’est qu’elle porte le nom “Modèle Standard”. Historiquement, il y a eu un certain
nombre de modèles rivaux semblables, celui qui a résisté aux multiples tests expérimentaux
est devenu le Modèle Standard et finalement, la théorie des particules fondamentales et leurs
interactions. Les physiciens continuent à utiliser le terme “Modèle Standard”, mais utilisent
souvent des majuscules pour dénoter son statut plus élevé que celui de simple modèle !
La recherche en physique des particules va souvent au-delà du Modèle Standard, pour
répondre aux questions auxquelles celui-ci n’apporte pas de réponses ou pour expliquer des
quantités qui sont introduites comme des paramètres dans la description fournie par le Mod-
èle Standard. Bien sûr, on cherche aussi à vérifier les prédictions ou dans certains cas, à établir
ces prédictions ou leurs domaines d’applicabilité dans les secteurs qui restent inexplorés (no-
tamment des plus hautes énergies).
Les chapitres qui suivent décrivent l’état de la situation pour le Modèle Standard versus
les données expérimentales. Le chapitre 10 est consacré aux perspectives d’extensions de
cette théorie.
Sommaire
Particules fondamentales
Figure 1.14 JI
Classification des particules fondamentales.
Particu les
fondamen tales
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Fe rmions Bosons
Particules
d'échange
Leptons Quarks
Photons
Higgs
± 0
W ,Z
Anti- Anti-
leptons quarks
Gluons
24
Le Modèle Standard Chapitre 1
25
Chapitre 1 NOTIONS DE BASE
1.8 Exercices
1.1. Champs et particules
Laquelle de ces affirmations est la plus conforme à la théorie quantique des champs :
(a) chaque particule (comme l’électron) produit un champ (comme le champ électromagnétique)
qui remplit l’espace, transporte l’énergie et communique les interactions entre les particules ;
(b) ce sont les quanta des champs (d’interaction) qui transportent l’énergie et l’impulsion d’une
particule à une autre, celles-ci étant elles-mêmes des états quantifiés de champs (de matière).
26
Exercices Chapitre 1
Le problème précédent montre que l’équation de Klein-Gordon est relativiste mais qu’elle est aussi
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27
Chapitre 1 NOTIONS DE BASE
28
SOURCES ET DÉTECTEURS
Chapitre 2
2.1 Sources ................ 29
Avant d’aborder les modèles sur lesquels est basée notre vision de la physique des partic- 2.2 Détecteurs .............. 36
ules, il est essentiel de comprendre comment on arrive à percevoir ces particules, à mesurer
2.3 Les principales expériences en
leurs propriétés physiques et quels sont les défis techniques qu’il faut relever pour y parvenir. cours . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
Le but de ce chapitre est donc de donner un aperçu des méthodes expérimentales utilisées en 2.4 Exercices ............... 49
physique des particules. On peut les regrouper sous deux grandes fonctions : (1) les méth-
odes qui visent à fournir des sources de particules ayant des énergies de plus en plus grandes4
et (2) les détecteurs qui servent à mettre en évidence les différentes manifestations physiques
des particules et à mesurer leurs propriétés physiques.
2.1 Sources
Radioactivité
Rayons cosmiques
Les rayons cosmiques sont des particules très stables (principalement des protons, des
neutrons et des photons) qui se propagent à des distances astronomiques avant d’entrer dans
l’atmosphère terrestre. Dès lors, ils interagissent avec les particules qui s’y trouvent et peu-
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vent générer une multitude de sous-produits. Cette source a le désavantage d’être incon-
trôlable. En effet, on ne connaît a priori ni la nature, ni l’énergie, ni la trajectoire de la partic-
ule. De plus, les rayons cosmiques sont absorbés par l’atmosphère de sorte que seulement une
fraction de ceux-ci arrive jusqu’à la surface de la Terre. Par ailleurs, l’énergie des rayons cos-
miques est beaucoup plus grande que celle associée à la radioactivité. On leur identifie deux
sources principales : une source stellaire associée aux “basses énergies” et une source galac-
tique caractérisée par des énergies pouvant aller jusqu’à 103 TeV. Par ailleurs on a observé
des rayons cosmiques avec des énergies au delà de 5 × 1019 eV. Tout indique que ceux-ci
pourrait avoir été produit par des galaxies actives.
4
Selon le principe d’incertitude ∆p · ∆x ≥ ~ , plus l’impulsion des particules est grande lors d’une collision plus
il est possible de sonder profondément à l’intérieur de la matière (courte distance)
29
Chapitre 2 SOURCES ET DÉTECTEURS
Accélérateurs
Outre les sources naturelles, les physiciens des hautes énergies se sont donné des outils
pour étudier les phénomènes subatomiques : les accélérateurs de particules. Ces appareils
ont mené à un progrès phénoménal notamment en physique des particules en permettant de
sonder la matière à des distances de plus en plus petites.
On doit ce progrès en grande partie à l’accroissement constant de l’énergie des particules
projectiles. Cet accroissement répond à deux objectifs :
1. La production de nouvelles réactions ou de nouvelles particules finales souvent plus mas-
sives, ce qui n’est possible que si l’énergie initiale dans le centre de masse est suffisante.
La physique de l’accélérateur
Pour accélérer une particule à l’énergie voulue, on utilise ses propriétés électromagné-
tiques. Une particule de charge q placée dans les appareillages qui produisent des champs E
et B subira une force
F(t) = qE + qv × B (2.1)
(conséquence des équations de Maxwell). Cette relation tient pour des systèmes relativistes
si on définit :
dp d
F(t) ≡ = (γmv) (2.2)
dt dt
D’autre part, le taux de travail accompli sur une particule chargée ou le gain d’énergie par
unité de temps de la particule s’écrit
dW dp0
= = F · v = qE · v.
dt dt
Notons que le champ B n’effectue aucun travail sur la particule. Donc de façon générale, le
champ électrique est nécessaire pour accélérer les particules tandis que les champs magné-
tiques sont utilisés pour contrôler leur trajectoire. Un champ magnétique perpendiculaire à la
vitesse des particules permet de maintenir celles-ci sur une trajectoire circulaire si nécessaire.
Des aimants quadripolaires (et quelques fois sextupolaires) tiennent le faisceau de particules
chargées focalisé sinon le faisceau aurait tendance à se disperser étant formé de particules
avec des charges électriques de même signe.
Figure 2.1 JI
Accélérateur linéaire : Des électrodes avoisinantes
sont soumises à une différence de potentiel oscil- Source d’ions
lant à haute fréquence. La longueur de chaque RF
électrode est ajustée pour qu’il ait toujours ac- ~
célération des particules lors du passage entre
deux électrodes.
Dans un tube cylindrique sous vide sont alignées des électrodes cylindriques. On alterne
la parité électrique des électrodes en les connectant à une source de radiofréquences (voir
figure 2.1). Les particules chargées sont accélérées pendant leur court passage entre deux
électrodes successives puisque soumises à une différence de potentiel V . Une fois que les
particules sont dans les électrodes cylindriques et pendant la durée de leur trajet, il s’opère
une inversion de polarité des électrodes avoisinantes si bien qu’à la sortie elles sont soumises
30
Sources Chapitre 2
à la même différence de potentiel, V , et sont accélérées dans le même sens. Les électrodes
sont conçues pour que le passage des particules à l’intérieur de chacune d’elles ait une durée
correspondant à la moitié de la période de la radiofréquence.
Cette contrainte est toutefois moins importante pour une particule légère puisque dès
qu’elle atteint une énergie cinétique comparable à sa masse, sa vitesse s’approche de c et la
longueur des électrodes requise est alors pratiquement constante. Elle peut alors être ac-
célérée par une onde électromagnétique produite dans une cavité résonnante. Les partic-
ules chargées, qui sont en général accélérées en paquets, se propagent alors en phase avec
cette onde. Les accélérateurs linéaires à électrons permettent d’accélérer simultanément des
positrons en alternant les paquets d’électrons et de positrons. Les positrons sont accélérés
dans le même sens puisque soumis à une différence de potentiel, −V , à leur sortie des élec-
trodes. Il est ensuite possible de séparer les faisceaux à la sortie de l’accélérateur grâce à un
champ magnétique.
Le plus grand de ces accélérateurs à électrons est encore celui de Stanford (U.S.A.) qui
atteint une énergie de 20 GeV avec une longueur de 3 km. Pour fin de comparaison
me = 0.511 MeV
K = 20000 MeV
Puis pendant plusieurs années, il fut utilisé comme injecteur pour un projet plus ambitieux,
le SLC. On y séparait les faisceaux électron-positron pour les orienter sur des trajectoires
distinctes et, tout en continuant de les accélérer, on les guide vers une collision face-à-face
(50 GeV sur 50 GeV) (voir figure 2.2). Depuis peu, il sert à alimenter une manufacture de
mésons “beaux”, B et B̄, dans les anneaux de storage de PEP-II (projet BaBar).
Accélérateurs circulaires(Synchrotrons)
Figure 2.2 N
L’ancêtre de ces appareils est le cyclotron, une invention due à Lawrence (1930). Il est Le collisionneur SLC du SLAC (Stanford Linear
Accelerator Center) à Stanford, USA. Les premières
basé sur l’idée de contenir la particule dans une région limitée en y appliquant un champ étapes de l’accélération se produisent dans la par-
magnétique. L’accélération est obtenue au moyen d’un champ électrique. tie linéaire originale de l’accélérateur du SLAC
La source de particules est placée au centre d’une enceinte cylindrique sous vide. Les (gracieuseté de SLAC, Stanford, USA).
particules se propagent entre les deux pièces polaires d’un électro-aimant et sont donc con-
stamment soumises à un champ magnétique uniforme B. L’appareil ressemble à un sandwich
cylindrique coupé en deux le long de son diamètre (voir figure 2.3). Les électro-aimants ont
une forme de D (d’où le nom de “dee” qui les caractérise). Deux électrodes entre lesquelles
est appliquée une tension variable à haute fréquence (HF) sont disposées dans l’espace sé-
parant les deux D. Puisque le champ électrique est nul à l’intérieur d’un D, l’équation de
mouvement s’écrit
dp d
= γm v = qv × B
dt dt
la vitesse |v| étant constante.
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31
Chapitre 2 SOURCES ET DÉTECTEURS
Figure 2.5 N que dans le cas d’une collision sur cible fixe à cause de la densité des faisceaux notamment.
Aimants dans une section du tunnel au Tevatron,
Fermilab à Batavia, USA (gracieuseté de Fermi-
Cette probabilité est paramétrée par une quantité appelée luminosité, L. Le taux de réaction
lab, Batavia, USA). T pour un processus ayant une section efficace σ est alors
T = Lσ.
La luminosité dépend uniquement de la conception de l’accélérateur et non du processus :
N1 N2
L=f ·n·
A
où f est la fréquence de révolution des particules, n, le nombre de paquets dans les faisceaux,
N1 et N2 , le nombre de particules par paquet dans chaque faisceau et finalement, A est la
section efficace des faisceaux dans le cas simple où ceux-ci se recouvrent complètement. La
luminosité s’exprime en unités de pb−1 ·s−1 où pb dénote une unité de surface appelée le
32
Sources Chapitre 2
SppS (1981–1990)
pp̄, pp 315 6.91
CERN–Genève,Suisse
Tevatron (1987-2008)
1000 + 1000 6.28
Fermilab–Batavia,USA
LHC (2007)
7000 + 7000 26.66
CERN–Genève,Suisse
SSC (Annulé)
20000 + 20000 87.12
SSC–Waxahachie,USA
HERA (1992-)
ep e : 30 + p : 820 6.33
DESY–Hambourg,All.
Outre leur utilisation en physique des particules, les accélérateurs s’avèrent maintenant
essentiels dans l’étude du rayonnement synchrotron, pour des expériences en physique nu-
cléaire, en physique atomique, en physique du solide, en physique des surfaces, en métal-
33
Chapitre 2 SOURCES ET DÉTECTEURS
34
Sources Chapitre 2
Figure 2.7 JI
Vue aérienne du Tevatron de Fermilab à Batavia,
USA (gracieuseté de Fermilab, Batavia, USA)..
Figure 2.8 JI
Plan des accélérateurs (PS, SPS et LEP) et des
sites d’interactions (ALEPH, OPAL, L3 et DEL-
PHI) du CERN à Genève, Suisse (gracieuseté du
CERN, Genève, Suisse).
35
Chapitre 2 SOURCES ET DÉTECTEURS
2.2 Détecteurs
Un détecteur sert à identifier les caractéristiques des particules en jeu dans une réaction.
De manière plus générale, les détecteurs peuvent remplir de nombreuses fonctions.
I Décrire dans la mesure du possible la trajectoire de chacune des particules. À cet effet,
on utilise plusieurs méthodes soit des petits compteurs dont la position et l’alignement per-
mettent de déterminer la direction d’une particule, soit des détecteurs entrecroisés et empilés
formant une matrice pouvant identifier les directions de plusieurs particules, ou bien encore
tout simplement un détecteur à trace, qui comme son nom l’indique, trace la trajectoire des
particules qui le traversent.
Mais ce n’est pas tout de “voir” la particule, il faut aussi être en mesure de :
I Déterminer l’impulsion et la charge électrique des particules chargées. Dans bien des
cas, ces informations sont obtenues en observant la trajectoire de la particules dans un champ
magnétique appliqué sur une partie du trajet ;
I Identifier chaque particule en mesurant sa masse. Pour les particules chargées, la
mesure simultanée de leur impulsion et de leur vitesse par l’ionisation d’un milieu mène
à ce résultat ;
I Finalement, la sélection d’événements par ce qu’on appelle “triggers” ou déclencheurs
est une fonction cruciale dans les détecteurs pour éviter un cumul inutile d’événements qui
ne sont pas pertinents dans l’étude en cours. Cette sélection doit s’effectuer très rapidement.
Elle est en général effectuée par des détecteurs possédant un temps de réponse très court.
Ce ne sont pas les seules contraintes auxquelles sont confrontés les expérimentateurs. Le
détecteur parfait devrait être aussi efficace quel que soit le type de particules, devrait prendre
ses mesures sans influencer le système ou sans être affecté par le faisceau, devrait avoir
une précision illimitée, devrait offrir une couverture totale de tout l’angle solide (soit de 4π
stéradians) malgré les faisceaux de particules incidentes, etc... Dans la pratique, on fait appel
à une combinaison de détecteurs différents, chacun spécialisé à des tâches bien précises afin
d’optimiser la quantité et la qualité des mesures effectuées. Ces dernières sont alors mises en
commun et analysées.
Mais avant de décrire les principaux détecteurs, examinons quels principes physiques sont
exploités dans la construction de ces appareils.
La physique du détecteur
Pour qu’il y ait détection, il faut qu’il y ait interaction. La très grande majorité des dé-
e- tecteurs se basent sur les interactions électromagnétiques des particules avec la matière. C’est
e- pourquoi, à quelques exceptions près, seules les particules chargées sont détectées directe-
γ ment. Les photons, bien que neutres, se manifestent par leurs interactions avec ces particules
e - chargées.
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Les autres particules neutres n’ont aucune interaction électromagnétique. Elles ne peuvent
être “vues” qu’à la suite de collisions, désintégrations ou tout autre processus produisant des
particules chargées secondaires.
Ionisation
Le processus le plus courant est l’ionisation. Le champ électromagnétique d’une particule
Figure 2.9 N chargée en mouvement accélère les électrons des atomes avoisinant sa trajectoire et les ionise.
Processus d’ionisation d’un atome. La particule L’ion est alors détectable soit chimiquement, soit électriquement (voir figure 2.9).
chargée (un électron ici) transfert suffisamment
d’énergie à un électron atomique qu’il peut s’échap- Dans le processus, la particule chargée continue sa trajectoire mais une partie de son
per en produisant un ion. énergie est absorbée par le milieu. La théorie permet de très bien prédire le taux de ces pertes
qui sont principalement dues à la diffusion coulombienne par des électrons atomiques (à ne
pas confondre avec la diffusion coulombienne avec les noyaux). Les calculs de Bethe, Bloch
36
Détecteurs Chapitre 2
et autres chercheurs dans les années ’30 mènent à la formule de Bethe-Bloch qui exprime le
taux de perte en fonction de la longueur de pénétration x,
∙ µ ¶ ¸
dE DZ 2 ne 2mv 2 γ 2 2 δ
− = ln −v − (2.4)
dx v2 I 2
où m, Z et v sont respectivement la masse, la charge et la vitesse de la particule (} = c = 1).
¡ ¢− 1
γ est le facteur de Lorentz 1 − v 2 2 . La constante D est donnée par
4παem
D=
m
alors que I est le potentiel d’ionisation moyen (I = 10Z eV pour Z > 20). Le facteur δ
paramétrise l’effet d’écran diélectrique et introduit une correction due à la densité du milieu.
Finalement, ne est la densité électronique du milieu.
En principe, la formule ci-dessus s’applique seulement aux particules de spin-0, mais les
corrections pour les particules de spin- 12 sont faibles et à toutes fins pratiques négligeables. e-
À petite vitesse, le comportement de − dE dx est dominé par le facteur v
−2
dans l’expression e-
(2.4). Toutes les particules chargées passent par un minimum d’ionisation pour des valeurs γ
vγ d’environ 3 ou 4. Finalement, pour de très grandes impulsions, v est pratiquement l’unité
et l’expression augmente logarithmiquement jusqu’à ce qu’elle soit contrebalancée par l’effet
d’écran.
Une connaissance approfondie du milieu ionisé permet alors de déterminer la vitesse et
la charge de la particule chargée.
Diffusion de Coulomb
Figure 2.10 N
La particule chargée peut aussi interagir électromagnétiquement avec des noyaux lourds. Diffusion de Coulomb : La particule chargée est
C’est ce qu’on appelle la diffusion de Coulomb.(Voir figure 2.10) La réaction est en général diffusée électromagnétiquement au passage près
plus brutale pour la particule incidente à cause de la masse comparativement plus élevée du d’un noyau lourd.
noyau. Ce processus est caractérisé par :
– une cible immobile ou presque ;
– une diffusion transverse ou un angle de diffusion appréciable ;
– une collision élastique ou quasi-élastique (conservation de l’énergie).
Rayonnement de freinage
Dans ce processus, la collision particule-noyau est accompagnée de l’émission d’un pho-
ton et donc se distingue de la diffusion de Coulomb par son inélasticité (voir figure 2.11).
Des calculs détaillés mènent à un taux de perte d’énergie pour des électrons relativistes (avec
E À m 1 ) de
αem Z 3
dE E γ
− =
dx λ
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Les photons ont une forte probabilité d’être absorbés ou diffusés à de plus ou moins
grands angles suivant leur énergie par les atomes dans un matériau. La densité I de photons
Figure 2.11 N
monochromatiques d’un faisceau (ou l’intensité d’un faisceau) varie selon Rayonnement de freinage : Une collision particule-
dI I noyau est accompagnée de l’émission d’un pho-
=− ton. Il en résulte un perte d’énergie (ou un freinage)
dx λ de la particule.
37
Chapitre 2 SOURCES ET DÉTECTEURS
Figure 2.13 JI
Effet Compton : Un photon est absorbé puis réémis γ γ
par une particule chargée. L’impulsion et l’énergie γ γ
du photon est modifiée dans le processus.
e- e- e- e-
Instruments de détection
- différents. Il consiste en un tube métallique rempli d’un gaz et traversé en son axe central
e
par un fil de métal. Le fil d’anode et le cylindre sont soumis à une différence de potentiel
V > 0 (voir figure 2.15). Lorsqu’une particule chargée traverse l’enceinte, le gaz est ionisé.
Électrons et ions positifs se dirigent alors vers le fil ou la paroi du tube provoquant une
Figure 2.14 N impulsion électrique détectable aux bornes du détecteur. La tension V détermine le mode de
Un photon crée une paire particule-antiparticule. fonctionnement de la chambre et donc la hauteur du signal généré. En deçà d’un certain seuil,
On note que le processus nécessite la participa- V < Vseuil , l’ion et l’électron se recombinent avant même de pouvoir atteindre les bornes.
tion d’un deuxième photon pour que l’énergie-im-
Alors aucun signal et aucune ionisation ne sont détectables. Pour V > Vseuil , trois régimes
pulsion soit conservée.
sont possibles :
1. Le régime de la chambre d’ionisation où Vseuil < V < Vion : Les ions primaires pro-
duits par la particule chargée sont recueillis. La hauteur du signal est alors proportionnelle
à l’énergie des particules.
38
Détecteurs Chapitre 2
2. Le régime du compteur proportionnel où Vion < V < VGM : Pour un potentiel suff-
isamment grand, les ions sont accélérés à des énergies telles qu’ils ionisent eux-mêmes
les autres atomes du gaz. Il en découle une amplification du signal via la formation d’une
avalanche d’électrons/ions autour du fil d’anode. Il en résulte une hauteur du signal qui
est proportionnelle à l’énergie des particules incidentes.
Figure 2.15 JI
particule Chambre à ionisation : Le gaz dans l’enceinte est
ionisant ionisé au passage d’une particule chargée tra-
gaz
verse l’enceinte. La tension entre le tube et le fil
permet de diriger les ions et de détecter un sig-
nal.
V
fil
Figure 2.16 JI
particule Schéma d’une chambre à multifils.
ionisante
plaques
(cathodes)
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fils (anodes)
39
SOURCES ET DÉTECTEURS
40
Détecteurs Chapitre 2
de chambre à flash. Elles sont formées d’une multitude de tubes transparents et sont donc
limitées dans leur résolution spatiale par le diamètre des tubes. Ces détecteurs sont toutefois
plus simples et moins coûteux que des chambres à multifils, ce qui représente un avantage
certain dans la construction de détecteurs de grande dimension tels que les calorimètres.
Figure 2.17 JI
Schéma d’une chambre à dérive.
particule
ionisante
cathode
-3.5kV
anode électrons
1.7kV
-.5 -1 -2 -2.5 -3 kV
fils formant le champ
de dérive
Chambre à dérive
Les chambres à dérive représentent aussi un choix valable face aux chambres à multifils.
Dans ces détecteurs, les fils sont séparés d’une bonne distance. Les électrons primaires créés
par une particule chargée qui traverse le gaz met alors un certain temps avant d’être recueillie
par les électrodes (voir figure 2.17). La trajectoire est reconstituée en tenant compte du temps
de dérive des électrons primaires jusqu’au voisinage du fil (où ils déclenchent l’avalanche) qui
est typiquement de l’ordre 2μs. Ceci représente aussi une contrainte puisqu’un seul événe-
ment peut être reconstitué pendant ce temps. On dit alors que la capacité de comptage est
limitée. Avec une vitesse de dérive d’environ 40 km/s et des dérives typiques de 10 cm, on
atteint une résolution spatiale de 0.1 mm.
Détecteurs semi-conducteurs
Dans le même ordre d’idée, on a mis au point plus récemment des détecteurs semi-
conducteurs, qui sont en quelque sorte des chambres à ionisation au silicium ou au ger-
manium. Les paires électron-trou y jouent le rôle des paires électron-ion dans le détecteur
à gaz. Ces détecteurs, beaucoup plus petits, ont une résolution spatiale sans égal (5 μm) et
sont souvent utilisés pour localiser précisément la position d’un vertex d’interaction. Ils sont
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Figure 2.18 JI
Exemple d’événement dans une chambre à bulle
du SPS au CERN (à gauche) et de sa reconsti-
tution (à droite) (gracieuseté du CERN, Genève,
Suisse).
41
Chapitre 2 SOURCES ET DÉTECTEURS
Ces trois types de détecteurs sont maintenant beaucoup moins utilisés qu’il y a moins de
vingt ans et ce, principalement parce qu’ils ont un temps de réponse trop élevé et qu’ils sont
mal adaptés aux conditions qui prévalent dans les collisionneurs.
Les chambres de Wilson sont remplies de vapeurs d’alcool qui sont soudainement com-
Scintillateur primées. Dans un état “superfroid”, le gaz se condense à la moindre perturbation du milieu
guide tel que le passage d’une particule chargée.
d'ondes
Tube
La chambre à bulles (inventée par Glaser) a connu des heures de gloire dans les années
photomultiplicateur ’60. Elle consiste en un récipient où de l’hydrogène liquide est maintenue sous pression pour
être périodiquement (à toute les 0.1 s) relâchée rapidement. L’hydrogène liquide est donc
temporairement à une température “superchaude” (T > Tébullition ). Le passage d’une partic-
ule chargée déclenche la formation de bulles le long de la trajectoire. Le tout est photographié
sous deux angles de vue, ce qui permet de reconstituer la trajectoire en trois dimensions (voir
Figure 2.19 N figure 2.18).
Schéma d’un compteur à scintillation. Finalement, les émulsions photographiques sont sensibles aux radiations. Le milieu en-
registre chimiquement la trajectoires des particules. Les émulsions sont exposées pendant un
certain temps puis ensuite doivent être développées et analysées. La résolution spatiale est
excellente soit 1μm mais la résolution temporelle est presque inexistante à cause des délais
de développement.
Compteur à scintillations
L’excitation d’atomes dans certains milieux peut induire la luminescence (scintillation)
qui à son tour est détectable par des photomultiplicateurs. C’est ce principe qui est utilisé
c∆t/n dans les compteurs à scintillations.
Le scintillateur peut être soit organique, inorganique, solide ou liquide. Dans tous les
θ cas, le passage de particules chargées entraîne l’émission de lumière visible, dans le cas
d’un cristal, ou ultraviolette (UV) dans des matériaux organiques. Dans ce dernier cas, des
v∆t colorants sont incorporés aux matériaux pour convertir l’UV en lumière bleue visible par
fluorescence. La lumière ainsi produite est ensuite guidée vers un tube photomultiplicateur.
Celui-ci est formé d’une photocathode enduite d’une mince couche de métal alcalin. Les
Figure 2.20 N photons, en arrivant sur la photocathode, libèrent des électrons par effet photoélectrique. Le
Forme du front d’onde dans l’effet Tcherenkov. signal est alors amplifié en passant par une série d’électrodes pour donner une impulsion
électronique rapide (voir figure 2.19).
Le temps de réponse total est très rapide — typiquement de 10 ns — ce qui fait de ces
détecteurs des dispositifs de déclenchement idéaux (“trigger”). Un compteur à scintillation
typique a des dimensions de 1m × 10cm × 1cm et donc une faible résolution spatiale. Une
disposition judicieuse de plusieurs de ces détecteurs peut, bien sûr, améliorer sensiblement
cette résolution.
Compteur Tcherenkov
Lorsqu’une particule chargée traverse un milieu dispersif d’indice de réfraction n (c’est-
à-dire cmilieu = nc ), des atomes sont excités dans le voisinage de sa trajectoire et de la lumière
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est émise. Si la vitesse de la particule v est plus grande que celle de la lumière dans le milieu,
cmilieu = nc , alors un effet analogue au bang sonique émis par un avion supersonique se
produit, c’est-à-dire qu’un front d’onde se forme et se propage à un angle θ (voir figure 2.20),
1
cos θ = .
vn
C’est ce qu’on appelle l’effet Tcherenkov5 . Les compteurs Tcherenkov permettent donc de
déterminer la vitesse des particules. On en utilise surtout deux types :
1. Les Tcherenkov à seuil, où l’on compte les particules dont la vitesse dépasse une vitesse
seuil. Ce seuil peut être ajusté en variant l’indice n dans les Cerenkov à gaz de pression
variable.
5
Tcherenkov s’écrit parfois “Čerenkov” ou simplement “Cerenkov”.
42
Détecteurs Chapitre 2
Figure 2.21 JI
V Schéma d’un calorimètre électromagnétique.
+
γ e
-
e
gaz rare ou
scintillateurs
Plomb
avec autant de précision que par déflexion magnétique) aussi bien pour des hadrons neutres
que pour des particules chargées. Ces détecteurs présentent l’inconvénient d’être destructifs,
c’est-à-dire que l’état de la particule incidente n’est pas préservé. Par ailleurs, sur un plan
plus pratique, ils permettent de mesurer très rapidement l’énergie de la particule initiale et
de sélectionner les événements. De plus ils sont particulièrement adaptés à l’étude des jets. Il
existe deux types de détecteurs de gerbes :
1. Détecteurs de gerbes électromagnétiques : Un détecteur de gerbes électromagnétiques
consiste typiquement en une batterie de plaques absorbantes faites d’un matériau lourd
(ex. plomb) entre lesquelles on place un matériau doté de propriétés “actives” tel que
l’argon liquide. Une tension est appliquée entre les plaques et les anodes. Les électrons
provenant de l’ionisation sont alors recueillis par les anodes (voir figure 2.21).
43
Chapitre 2 SOURCES ET DÉTECTEURS
être neutres (e.g. neutrons). Ils doivent donc être sensibles aux interactions fortes. C’est
le seul type de détecteurs qui n’est pas exclusivement électromagnétique. En effet, dans le
but d’amplifier le signal hadronique, notamment dans la détection de neutrons, on utilise
souvent des plaques d’uranium dans le détecteur. Lorsqu’un neutron entre en collision
avec un noyau d’uranium, il peut y avoir fission du noyau et production de trois neutrons,
qui, à leur tour, peuvent interagir avec l’uranium et ainsi de suite. Les sections efficaces
nucléaires étant plus faibles, les calorimètres hadroniques sont en général plus grands que
les calorimètres électromagnétiques.
44
Détecteurs Chapitre 2
Figure 2.22 JI
Schéma du détecteur SLD utilisé au collisionneur
SLC, Stanford, USA (gracieuseté du SLAC, Stan-
ford, USA).
Figure 2.23 JI
Schéma du détecteur H1 utilisé au collisionneur
HERA (électron-proton de 30 GeV + 820 GeV)
de DESY à Hambourg, Allemagne (gracieuseté
DESY, Hambourg, Allemagne ).
45
Chapitre 2 SOURCES ET DÉTECTEURS
Figure 2.24 JI
Détecteur CDF au Tevatron de Fermilab, Batavia,
USA (gracieuseté de Fermilab, Batavia, USA)
Figure 2.25 JI
Détecteur D0 au Tevatron de Fermilab, Batavia,
USA (gracieuseté de Fermilab, Batavia, USA).
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46
Détecteurs Chapitre 2
Détecteur hybride
Les détecteurs qui sont décrits plus haut ont des caractéristiques différentes, chacun ayant
des forces et des faiblesses. Les grands détecteurs modernes sont en fait des hybrides for-
més d’un regroupement quelques fois assez imposant (de la hauteur d’un édifice de trois
étages) de ces différents appareils, exploitant ainsi chacune de leurs caractéristiques (voir fig-
ures 2.22, 2.23, 2.24 et 2.25). La reconstitution des événements est alors prise en charge par
l’électronique et les ordinateurs (voir par exemple figures 2.26 et 2.27). Vu la complexité de
ces appareils, on a mis au point des programmes de simulation basés sur la génération aléa-
toire de collisions (simulation Monte Carlo). Ces études permettent de déterminer l’efficacité
du détecteur hybride dans une situation réaliste.
De nombreux défis se posent durant la conception et le fonctionnement des détecteurs :
Le déclenchement : Seulement une faible portion (typiquement 1 sur 105 ) des collisions
sont intéressantes. Il faut donc prévoir des processus de veto rapide pendant les expériences à
défaut de quoi il serait nécessaire d’accumuler et d’analyser une banque de données inutile-
ment grande. Figure 2.26 N
Le bruit : Tout événement est caractérisé par ce qu’on appelle sa signature, c’est-à-dire Exemple de reconstitution d’événements dans le
une combinaison de traces ou particules. Souvent, cette signature peut être imitée par d’autres détecteur SLD : Une vue transversale de l’événe-
ment et du détecteur est illustrée (gracieuseté du
processus. Il est donc nécessaire d’analyser (par simulation ou autre méthode) quelle portion SLAC, Stanford, USA).
du signal vient de ce bruit.
Le taux de comptage : Avant même d’entreprendre l’analyse d’un processus, il faut être
en mesure d’estimer son taux de production. Le taux d’un événement par année est en
général inacceptable. Celui-ci dépend de la section efficace mais aussi de la luminosité et
du temps-machine disponible. Une bonne partie des travaux aux accélérateurs vise d’ailleurs
à rehausser le plus possible ces paramètres.
La diminution de la section efficace en fonction de l’énergie : Typiquement, la section
efficace d’un processus exclusif à haute énergie varie selon
1
σ∼ 2 .
ECM
où ECM est l’énergie dans le centre de masse de la réaction. Cela implique que plus on sonde
profondément la matière, moins les collisions sont fréquentes, c’est-à-dire le taux de comp-
tage est plus faible.
Les rumeurs et les préjugés : Finalement, la science étant une entreprise humaine, il faut
bien sûr prendre toutes les mesures possibles pour éviter que les préjugés en faveur de telle
ou telle théorie ou résultat et les rumeurs de découverte par d’autres groupes n’influencent
Figure 2.27 N
l’analyse et les conclusions Exemple de reconstitution d’événements dans le
détecteur ZEUS utilisé dans le projet HERA à DESY,
Hambourg, Allemagne. Une vue transversale de
l’événement et du détecteur est illustrée (à droite).
L’analyse des résultats permet de reconstituer com-
ment l’énergie s’est déposée dans les calorimètres
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47
Chapitre 2 SOURCES ET DÉTECTEURS
48
Exercices Chapitre 2
2.4 Exercices
2.1. Rayonnement synchrotron
Expliquer pourquoi dans un synchrotron les protons perdent plus d’énergie que les électrons bien
qu’ils aient initialement la même énergie cinétique.
2.2. Particules α
Des particules α (N = Z = 2) ayant une énergie de 30 MeV sont extraites d’un synchrotron qui
utilise un champ magnétique de 1 T. Calculer le rayon de sortie des particules.
49
Chapitre 2 SOURCES ET DÉTECTEURS
(c) Observation of a narrow charged state at 1876 GeV/c2 decaying to an exotic combination of
Kππ. Physical Review Letters 37, (1976), 569
(d) Discovery of a narrow resonance in e+ e− annihilation. Physical Review Letters 33, (1974),
1406.
(e) Observation of a dimuon resonance at 9.5 GeV in 400 GeV proton-nucleus collisions. Physical
Review Letters 39, (1977), 252.
(f) Evidence for planar events in e+ e− annihilation at high energies. Physics Letters 86B, (1979),
243.
(g) Experimental
√ observation of isolated large transverse energy electrons with associated missing
energy at s = 540 GeV. Physics Letters 122B, (1983), 103.
(h) Experimental observation of lepton pairs of invariant mass around 95 GeV/c2 at the CERN
SPS collider. Physics Letters 126B, (1983), 398.
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50
DIFFUSION ET INTERACTION ENTRE
PARTICULES
Chapitre 3
3.1 Cinématique dune réaction -
Variables de Mandelstam . . 51
3.2 Les interactions en mécanique
quantique . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51
La plupart des renseignements sur les propriétés des particules nous proviennent des ex- 3.3 La matrice de diffusion .. 55
périences de diffusion. Ce chapitre décrit les notions élémentaires qui permettent de calculer 3.4 Espace de phase ........ 58
les sections efficaces et les largeurs de désintégration. Mais, avant d’aborder ces notions, nous 3.5 Section efficace ......... 59
introduisons les principales quantités cinématiques associées à une réaction et les techniques 3.6 Largeur de désintégration et vie
qui permettent de les calculer aisément. Puis, nous décrivons tour à tour la représentation des moyenne . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60
interactions en mécanique quantique, la matrice de diffusion, S et l’espace de phase, tous des 3.7 Calcul des éléments de matrice
63
éléments essentiels aux calculs des quantités observables. Notons que pour des raisons péda-
3.8 Exercices ............... 66
gogiques, ces calculs sont présentés ici en se basant sur des notions de mécanique quantique.
La théorie quantique des champs — qui déborde le cadre de ce livre — demeure toutefois un
outil plus fondamental qui est privilégié dans ce type de calculs.
Toute réaction est soumise à la loi de conservation de l’énergie et l’impulsion totales in-
dépendamment des détails des interactions. Il est donc utile de comprendre comment décrire
la cinématique dans les réactions puisque l’état d’énergie et d’impulsion dans lequel vont se
trouver les particules finales devra obéïr à cette loi.
Par ailleurs, les propriétés combinées d’invariance par une transformation de Lorentz et
de conservation de certaines quantités cinématiques s’avèrent très utiles dans l’analyse de la
cinématique des processus de diffusion. En effet, dans un processus subatomique, les condi-
tions suivantes sont respectées :
1. On peut définir un ou des invariants de Lorentz, c’est-à-dire des quantités indépendantes
du système de référence (ex. référentiel du laboratoire (Lab), du centre de masse (CM),
...)
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Exemple 3.1
Considérons la réaction (3.1). Prouver que
p1 p3 s + t + u = 4m2 (3.5)
si les masses des quatre particules sont identiques, c’est-à-dire que la masse de la particule mi = m
pour tout i (i = 1, 2, 3, 4).
Les quantités s, t, u sont invariantes de Lorentz. Il est donc possible de choisir de travailler dans le
référentiel de notre choix sans craindre de modifier le résultat. Considérons ici la réaction telle que vue
p2 p4 dans le référentiel du centre de masse (CM) pour lequel les impulsions des particules incidentes
52
Cinématique d’une réaction – Variables de Mandelstam Chapitre 3
Revoyons plus en détails le cas où quatre particules sont impliquées, appelé système à
quatre corps, dans le repère du centre de masse (plus généralement appelé repère d’impulsion
nulle (RIN)). On peut établir un certain nombre de relations pour un tel système (voir figure p3
3.2) tel que celui de la réaction (3.1). Combinant (3.2) et
θ
2
EiCM = p2iCM + m2i pour i = 1, 2, 3, 4.
p1 p2
les quantités dynamiques s’écrivent en terme des variables de Mandelstam : p4
s + m21 − m22
E1CM = √
2 s
s + m22 − m21 Figure 3.2 N
E2CM = √
2 s Collision dans le repère du centre de masse. Les
p particules initiales 1 et 2 ont des impulsions égales
λ (s, m21 , m22 ) mais opposées. Puisqu’il y a conservation d’én-
pCM ≡ |p1CM | = |p2CM | = √ (3.11)
2 s ergie, l’impulsion totale finale est aussi nulle.
s + m23 − m24
E3CM = √
2 s
s + m24 − m23
E4CM = √
2 s
p
λ (s, m23 , m24 )
p0CM ≡ |p3CM | = |p4CM | = √
2 s
où
λ (x, y, z) = x2 + y 2 + z 2 − 2xy − 2xz − 2yz.
De la même façon, on peut écrire des relations semblables dans le repère de la cible
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fixe, qu’on identifie souvent avec le repère du laboratoire6 (voir figure 3.3). Dans ce cas, on
considère qu’une des particules, la cible, est au repos, c’est-à-dire que l’on peut assigner les
impulsions suivantes p3
p1 = (E1Lab , 0, 0, p1Lab ) (3.12) p1 θLab
p2 = (m2 , 0, 0, 0) (3.13)
p3 = (E3Lab , p3Lab ) (3.14)
p4
p4 = (E4Lab , p4Lab ) (3.15)
où |p1 | = p1Lab est l’impulsion longitudinale dont la direction coïncide avec l’axe des z par
convention.
Figure 3.3 N
Collision dans le repère du laboratoire (cible fixe).
6
Par tradition, le repère du laboratoire est identifié au référentiel où une des deux particules initiales est au repos
(la cible fixe). Ce n’est évidemment pas le cas pour les expériences se déroulant dans des collisionneurs puisque les
deux particules initiales sont en mouvement dans ce repère.
53
Chapitre 3 DIFFUSION ET INTERACTION ENTRE PARTICULES
Alors le calcul des variables de Mandelstam dans le repère de la cible fixe mène à
s = (p1 + p2 )2
= p21 + p22 + 2p1 · p2
= m21 + m22 + 2m2 E1Lab
t = (p3 − p1 )2 (3.16)
= m21 + m23 − 2E1Lab E3Lab
+2p1Lab |p3Lab | cos θLab
X4
u = m2i − s − t
i=1
et encore une fois
2
EiLab = p2iLab + m2i pour i = 1, 2, 3, 4.
Inversant ces relations en faveur des énergies et impulsions dans le repère de la cible fixe, on
obtient
s − m21 − m22
E1Lab = (3.17)
2m2
p
λ (s, m21 , m22 )
p1Lab = (3.18)
2m2
Rappelons que nous avons identifié
E21Lab = m2 et p2Lab = 0 (3.19)
L’avantage d’utiliser des invariants de Lorentz dans les calculs cinématiques est main-
tenant manifeste. Il est possible de calculer ces quantités indépendamment dans un référentiel
donné puis de trouver les énergies et impulsions des particules dans un deuxième référentiel
sans utiliser les transformations de Lorentz.. Par exemple, si on connaît les énergies et im-
pulsions dans le repère du laboratoire, il est facile de calculer s, t et u suivant (3.16). On
peut alors déduire de (3.11) toutes les énergies et impulsions des particules dans le repère du
centre de masse (CM). La procédure se résume comme suit :
Cible fixe : p1 = (E1Lab , 0, 0, p1Lab ) et p2 = (m2 , 0, 0, 0)
⇓
équations (3.16)
⇓
Calcul de s, t et u
⇓
équations (3.11)
⇓
CM : Calculs de E1CM , E1CM , E1CM E1CM ...
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La rapidité
54
Les interactions en mécanique quantique Chapitre 3
¡ ¢− 1
le référentiel S (S 0 ), γ est le facteur de Lorentz γ = 1 − V 2 2 et λ correspond au
q
(1+V ) 0 0 0 0 0
facteur (1−V ) . Pour la particule au repos dans S (p1 = 0, p2 = 0, p3 = 0, E = m) et
V = pE3 , alors il est possible de récrire λ comme suit
E + p3 E0
λ= = . (3.20)
E0 E − p3
La rapidité est alors
1 (1 + V )
η = ln λ = ln
2 (1 − V )
1 E + |p|
= ln (3.21)
2 E − |p|
puisque p3 = |p|. De plus, on a
E + |p| = meη
E − |p| = me−η
E = m cosh η (3.22)
|p| = m sinh η.
L’avantage d’utiliser la variable de rapidité devient évident lorsqu’on effectue une trans-
formation de Lorentz parallèlement à pL . Cette transformation correspond à une différence
de rapidité soit
1 Eb + pb3 1 Ea + pa3
ηb − ηa = ln − ln
2 Eb − pb3 2 Ea − pa3
1 Eb + pb3 Eb − pb3
= ln · (3.25)
2 Ea + pa3 Ea − pa3
mais cette différence est une quantité invariante de Lorentz, c’est-à-dire
1 E 0 + p0b3 Eb0 − p0b3
ηb − ηa = ln 0b · . (3.26)
2 Ea + p0a3 Ea0 − p0a3
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La rapidité est donc une quantité beaucoup plus facile à manipuler que la vitesse lorsqu’on
effectue un changement de référentiel. Sous la même transformation, bien sûr, la quantité pT
demeure également invariante.
Nous commençons maintenant notre revue des éléments de la mécanique quantique néces-
saires aux calculs de diffusion. Rappelons quelques notions élémentaires :
– les particules sont représentées par des états |ψi et,
– les observables physiques sont des valeurs moyennes d’opérateurs, Q, qui agissent sur
55
Chapitre 3 DIFFUSION ET INTERACTION ENTRE PARTICULES
|ψi
q = hQi = hψ| Q |ψi
Z
= dV ψ ∗ Qψ.
2. un état final |f i qui décrit une ou plusieurs particules dont les impulsions se situent entre
pf et pf + dpf à un moment t → ∞ (ou suffisamment longtemps après l’interaction).
56
Les interactions en mécanique quantique Chapitre 3
états sont reliées par une transformation unitaire du même type que précédemment
|ψ(t)iI = eiH0 t |ψ(t)iS
et la dépendance temporelle de l’état |ψ(t)iI s’écrit
d
i |ψ(t)iI = −H0 |ψ(t)iI + eiH0 t He−iH0 t |ψ(t)iI .
dt
en utilisant (3.28). Mais en développant H, on obtient
eiH0 t He−iH0 t = eiH0 t (H0 + V ) e−iH0 t
= eiH0 t H0 e−iH0 t + eiH0 t V e−iH0 t
= H0 + eiH0 t V e−iH0 t .
On définit, dans la description des interactions, l’opérateur VI tel que
VI (t) = eiH0 t V e−iH0 t
de sorte que
d
i |ψ(t)iI = −H0 |ψ(t)iI + eiH0 t He−iH0 t |ψ(t)iI
dt
= VI (t) |ψ(t)iI .
Donc dans cette description, l’évolution des états |ψ(t)iI est uniquement due au poten-
tiel d’interaction VI . Mentionnons par ailleurs que de façon générale, les représentations
des interactions et de Schrödinger pour les opérateurs sont reliées par la transformation
unitaire suivante
QI (t) = eiH0 t Qe−iH0 t
avec dépendance temporelle
d
i QI (t) = [QI (t), H0 ]
dt
qui ne dépend que de la partie H0 de l’hamiltonien.
3. La description de Heisenberg :
Finalement, la description de Heisenberg choisit d’exclure toute dépendance temporelle
de l’état |ψi, c’est-à-dire que celle-ci se retrouve uniquement dans l’opérateur Q,
|ψi = |ψiH indépendant de t
Q = QH (t).
On note que la valeur moyenne de l’opérateur, q, doit être la même dans toutes les
descriptions, notamment celles de Schrödinger et de Heisenberg. Si on pose que les
états |ψ(t)iS et |ψiH coïncident dans les deux représentations à l’instant t0 , c’est-à-dire
|ψ(t0 )iS = |ψiH et QS = QH (t0 ), il s’ensuit que q (t) est égal à
hψ| QH (t) |ψiH = hψ(t)| QS |ψ(t)iS
= hψ(t0 )| T −1 (t, t0 ) QS T (t, t0 ) |ψ(t0 )iS
= hψ| T −1 (t, t0 ) QH (t0 )T (t, t0 ) |ψiH .
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57
Chapitre 3 DIFFUSION ET INTERACTION ENTRE PARTICULES
Puisque, dans cette description, toute la dépendance temporelle est contenue dans l’opéra-
teur, on conclut que les quantités conservées sont associées à des opérateurs qui com-
mutent avec l’hamiltonien.
De façon plus générale, si l’opérateur Q dépend explicitement du temps dans la représen-
tation initiale, le résultat précédent se généralise comme suit
dQ ∂Q
i =i + [Q, H] .
dt ∂t
= hi| S † S |ii
P
où on a utilisé la relation de fermeture f |f i hf | = I. S est donc unitaire
S † S = I.
Il est utile de séparer la matrice de la façon suivante
Sf i = δ f i + iTf i (3.30)
4 4
= δ f i + i (2π) δ (Pf − Pi ) Mf i (3.31)
où Tf i est appelée la matrice de transition et Mf i , les éléments de matrice . Pf et Pi sont les
quadrivecteurs d’énergie-impulsion totale des états final et initial et la fonction-δ de Dirac
δ 4 (Pf − Pi ) = δ 3 (Pf − Pi ) δ (Ef − Ei ) .
58
Espace de phase Chapitre 3
assure que ces quantités sont conservées dans la diffusion. Dans l’expression (3.30), on peut
facilement identifier la composante de Sf i qui laisse l’état initial intact, c’est-à-dire le premier
terme δ f i . Par ailleurs, le second terme est responsable des transitions d’un état |ii vers des
états |f i distincts de |ii (c’est-à-dire i 6= f ). La probabilité de transition correspondante
s’écrit, pour i 6= f,
2
P = |Cf i (+∞, −∞)|
= |hf | S |ii|2
X
= (2π)8 δ 4 (Pf − Pi ) δ 4 (0) |Mf i |2 .
f
Ici nous avons utilisé δ (Pf − Pi ) δ (Pf − Pi ) = δ (Pf − Pi ) δ 4 (0) puisque la fonction
4 4 4
Ce dernier résultat requiert une somme sur les différents états finals. On sous-entend ici tous
les états d’énergie-impulsion, de spin ou autres nombres quantiques permis par les lois de
conservations. Les divers états de spin ou nombres quantiques sont généralement faciles à
dénombrer. Toutefois, si on veut tenir compte des états d’énergie-impulsion, il nous faut
considérer ce qu’on appelle l’espace de phase disponible.
Une particule est notamment décrite par sa position et son impulsion. Or, la probabilité
de trouver une particule libre dans un élément de volume de l’espace des positions et des
impulsions d6 V = d3 xd3 p est indépendante de la position et de l’impulsion (invariance de
Poincaré). Par conséquent, le nombre d’états est proportionnel à l’élément de volume, soit
d3 xd3 p
# d’états dans dV = dN = . (~ = 1)
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(2π)3
Le facteur de (2π)−3 est un facteur de normalisation. Pour le cas de solutions de la forme
d’un onde plane (puisque nous considérerons ici des particules libres)
ψ = Aeip·x ,
on peut choisir de normaliser la fonction d’onde de façon que
Z Z
d3 xψ ∗ ψ = d3 x |A|2 = 1
59
Chapitre 3 DIFFUSION ET INTERACTION ENTRE PARTICULES
Nous avons maintenant en main tous les ingrédients pour effectuer le calcul d’un observ-
able, la section efficace. La section efficace est une mesure de la probabilité d’un processus
p3 de diffusion. Par analogie avec un processus classique, elle correspond à la surface perpen-
p1
p4 diculaire au flux des projectiles qui décrit la zone d’interaction autour de la cible (voir figure
p5 3.4). Si l’interaction entre les particules est plus importante, la zone d’interaction — ou la
section efficace — augmente. Cependant, même si cette analogie est parfois utile, la section
efficace est identifiable à la probabilité de diffusion et ne doit pas être confondue avec la vraie
p2
zone d’interaction.
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pn
L’unité de section efficace couramment utilisée au niveau subatomique est le barn défini
comme suit
1 barn = 10−24 cm2 = 10−28 m2
Figure 3.5 N = 2568 GeV−2 (dans les unités naturelles).
Collision mettant en jeu deux particules initiales
et n − 2 particules finales. Les collisions à hautes énergies ont des sections efficaces de l’ordre du picobarn (pb =
10−40 m2 ) ou du femtobarn (fb = 10−43 m2 ).
Considérons la diffusion mettant en jeu deux particules initiales et n − 2 particules finales
(voir figure 3.5) :
1 + 2 → 3 + 4 + ··· + n (3.36)
Le calcul de la section efficace met en jeu le taux de transition (3.27) pondéré par le nombre
d’états disponibles dans l’espace de phase (3.35). En général, on connaît les énergies et im-
60
Section efficace Chapitre 3
Pour une densité de flux de particules initiales φ (c’est-à-dire le nombre de particules par
unité de temps et de surface qui arrive sur une cible fixe), la section efficace différentielle
s’écrit
ω̄ f i
dσ = . (3.38)
φ
Le flux est proportionnel à la vitesse relative projectile-cible, c’est-à-dire
¯ ¯
¯ p1 p2 ¯¯
|v1 − v2 | = ¯¯ − .
E1 E2 ¯
Dans le système du laboratoire (cible fixe avec v2 = 0), la vitesse relative est simplement
p
p1Lab λ (s, m21 , m22 )
|v1 − v2 | = =
E1Lab 2m2 E1
où E2Lab = m2 .
Cependant, le flux, qui s’écrit dans le système du laboratoire φ = 2E1 · 2E2 · |v1 − v2 |,
est un invariant de Lorentz qui prend la forme générale
q
φ = 2 λ (s, m21 , m22 )
q
= 2 (p1 · p2 )2 − m21 m22 .
Finalement, la section efficace totale est obtenue en intégrant (3.38) sur tout l’espace de
phase, c’est-à-dire en sommant la probabilité de transition de tous les états d’énergie-impulsion,
spin, etc... possibles
⎡ ⎤
Z Y n
1 d 4
p ¡ 2 ¢
σ(1 + 2 → 3 + 4 + · · · + n) = p ⎣ · 2πδ pf − m2f θ (pf 0 )⎦
2 λ (s, m21 , m22 ) (2π)4
f =3
4 4
· (2π) δ (Pf − Pi ) |Mf i | .
2
(3.39) p1 p3
7
Dans les cas de processus non polarisés , l’expérience mesure la probabilité totale que les
particules finales se retrouve dans n’importe quel état de spin alors qu’on se doit de faire la
moyenne probabilité sur les états de spin possibles des particules initiales ne sachant pas à
prime abord dans quels états les particules initiales vont se présenter. Pour y parvenir, il suffit
p2 p4
de substituer
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XX
|Mf i |2 −→ |Mf i |2
i f
P P
où i et f signifient respectivement la moyenne sur les états de spin possibles des partic-
ules initiales et la somme sur les états de spin des particules finales. Figure 3.6 N
Processus à quatre corps mettant en jeu deux
particules initiales et deux particules finales.
Diffusion (4 corps)
À titre d’exemple, considérons le cas d’une collision produisant deux particules finales,
par exemple 1+2 → 3+4, où la description est relativement simple. Rappelons les définitions
7
En général, les faisceaux des particules initiales ne sont pas polarisés et les détecteurs ne sont pas en mesure de
distinguer la troisième composante de spin des particules.
61
Chapitre 3 DIFFUSION ET INTERACTION ENTRE PARTICULES
= |Mf i | .
dt 64πs |p1CM |2
La section efficace totale s’obtient en intégrant sur l’angle de diffusion θ de 0 à π dans la
première expression ou sur la variable de Mandelstam t dans la deuxième. Dans ce dernier
cas, des limites cinématiques s’appliquent : dans le repère du centre de masse où t s’écrit,
t = (E1CM − E3CM )2 − (|p1CM | − |p3CM |)2
θCM
−4 |p1CM | |p3CM | sin2
2
2 θ CM
= t0 − 4 |p1CM | |p3CM | sin
2
où θCM est l’angle entre p1CM et p3CM et
t0 = (E1CM − E3CM )2 − (|p1CM | − |p3CM |)2
62
Largeur de désintégration et vie moyenne Chapitre 3
La vie moyenne d’une particule est une de ses propriétés fondamentales qui dépend de ses
interactions. Il s’agit d’une autre observable qui est calculable en utilisant ces mêmes outils
que nous venons de développer. p2
La désintégration d’une particule est similaire au cas précédent sauf que la réaction cette p3
fois-ci implique une seule particule initiale (voir figure 3.7).
p1
1 → 2 + 3 + · · · + n.
p4
Le traitement suit donc à peu près les mêmes lignes que pour une collision.
La mesure de probabilité d’une désintégration s’exprime en terme de sa largeur de désin-
pn
tégration Γ . Son interprétation physique est directement reliée à l’incertitude dans la mesure
de la masse (ou l’énergie) de la particule initiale m1 . Dans l’étude d’une désintégration, il est
possible de trouver la distribution de l’énergie totale des particules finales (voir figure 3.8). Γ
correspond à la largeur à mi-hauteur du pic centré à m1 dans le spectre d’énergie de la désin- Figure 3.7 N
tégration. On sait par ailleurs que le principe d’incertitude de Heisenberg établit un lien entre Désintégration d’une particule en n − 1 particules
∆E et ∆t, les incertitudes dans la mesure de l’énergie et du temps, soient finales.
∆E · ∆t ≥ 1
Γ · τ ≥ 1.
Puisque ∆E ≈ Γ et ∆t ≈ τ , la vie moyenne de la particule, il est naturel de retrouver la
relation
Γ = τ −1 .
Du point de vue formel, la largeur de désintégration Γ est fonction du taux de transition ce
qui implique le calcul des éléments de la matrice de transition pondéré par l’espace de phase
disponible, c’est-à-dire
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Γ = 2m1 ω̄ f i
d’où
⎡ ⎤
Z Y n
1 d4
pf ¡ ¢
τ −1 = Γ(1 → 2 + 3 + · · · + n) = ⎣ · 2πδ p2f − m2f θ (pf 0 )⎦
2m1 (2π)4
f =2
4 4 2
· (2π) δ (Pf − Pi ) |Mf i | .
2 P P 2
Pour des particules non polarisées, on substitue |Mf i | −→ i f |Mf i | dans l’équation
précédente.
La probabilité qu’une particule de masse m1 au repos survive pendant un temps ∆t ou
plus est décrit par le comportement exponentiel
∆t
P (∆t) = e−Γ∆t = e− τ
¡ ¢− 1
Par ailleurs, si la particule possède une énergie-impulsion (E1 , p1 ) , un facteur γ = 1 − v 2 2 =
63
Chapitre 3 DIFFUSION ET INTERACTION ENTRE PARTICULES
E1
m1 dû à la dilatation du temps vient contribuer pour donner la probabilité
∆t m1
P (∆t) = e−Γ γ = e− E1 Γ∆t
200
x
Désintégration en 2 corps
Dans une désintégration en deux corps, la cinématique est très simple. Dans le référentiel
p2 du centre de masse (qui correspond au référentiel où la particule 1 est au repos), nous avons
les contraintes suivantes
m21 − m23 + m22
p1 E2CM =
2m1
|p2CM | = |p3CM |
h³ ´³ ´i 12
m21 − (m2 + m3 )2 m21 − (m2 − m3 )2
p3 =
2m1
L’espace de phase disponible est réduit et la largeur de désintégration se simplifie pour donner
Figure 3.9 N 1 |p2CM |
dΓ = |Mf i |2 dΩ2CM
Cinématique d’un diffusion à deux corps. 32π2 m1
où dΩ2CM = dϕ2CM d (cos θ2CM ) est l’élément d’angle solide associé à la particule 2 dans le
référentiel du centre de masse.
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Désintégration en 3 corps
Dans une réaction impliquant trois particules finales, l’espace de phase dans (3.37) com-
biné à la fonction-δ de Dirac de la matrice de transition donne
dN̄tot = dN2 dN3 dN4 · (2π)4 δ 4 (Pi − Pf )
⎡ ⎤
4
Y d 4
p f ¡ ¢
= ⎣ · 2πδ p2f − m2f θ (pf 0 )⎦ · (2π)4 δ 4 (Pi − Pf )
(2π)4
f =2
P
où Pf = f pf = p2 + p3 + p4 et Pi = p1 .
64
Largeur de désintégration et vie moyenne Chapitre 3
où
p4 = p1 − p2 − p3 ,
q
pf 0 = Ef = p2f + m2f .
√
Dans le repère du centre de masse, p1 = 0, E1 = s = m1 où ici nous allégeons la notation
en omettant l’indice “CM”. On peut donc écrire
d3 p2 = 2π |p2 |2 d |p2 | d cos θ23 ,
2
d3 p3 = 4π |p3 | d |p3 | ,
où θ23 est l’angle entre p2 et p3 . À cause de la symétrie sphérique d’une désintégration, la
direction de la particule 3 par exemple est totalement arbitraire et l’angle azimuthal ϕ3 et
l’angle θ3 sont intégrés trivialement pour donner le facteur de 4π dans la deuxième expres-
sion. Le choix des axes reste alors arbitraire et nous choisissons de faire coïncider l’axe des
z avec la direction de p3 . La direction de p3 est alors définie par θ23 et ϕ2 . Mais la désinté-
gration est indépendante de l’angle ϕ2 et en intégrant un facteur de 2π vient contribuer à la
première expression. L’expression ci-dessus devient donc
Z
|p2 |2 |p3 |2
N̄tot = d |p2 | d |p3 | d cos θ23 · ds24 ds34 ·
4(2π)3 E2 E3 E4
¡√ ¢ ³ ´ ³ ´
·δ s − E2 − E3 − E4 δ s24 − (p2 + p4 )2 δ s34 − (p3 + p4 )2 .
Utilisant un changement de variables en faveur de E2 , E3 et E4 ,
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Le dernier résultat est significatif : l’espace de phase dans le cas d’une désintégration
en deux corps est indépendant de des variables s24 et s34 . Donc, à moins qu’il y ait une
65
Chapitre 3 DIFFUSION ET INTERACTION ENTRE PARTICULES
2
dépendance explicite en s24 et s34 de la matrice de transition |Mf i | , la distribution des
événements en fonction des invariants s24 et s34 doit être uniforme. C’est-à-dire, qu’après
analyse des événements, si on identifie par un point (s24 , s34 ) chaque désintégration, les
points seraient distribués uniformément sur le diagramme de la figure 3.11. Toutefois, dans
2
le cas d’une dépendance explicite de |Mf i | , la distribution des événements n’est plus uni-
forme. C’est ce qui se produit lorsque des résonances sont produites et peuvent être décrites
par la forme de Breit-Wigner
¯ ¯2
¯ M0 ¯
2 ¯
|Mf i | ∼ ¯ ¯ .
s24 − m + iΓm ¯
2
On observe alors une concentration des points près de la ligne verticale s24 = m2 sur la
figure 3.11.
Par ailleurs, seule une région dans l’espace des s24 et s34 est cinématiquement permise :
pour une valeur de s24 donnée, s34 est minimum ou maximum lorsque p3 et p4 sont parallèles
ou anti-parallèles dans le référentiel du CM des particules 2 et 4 :
2 2
s34 = (E30 + E40 ) − (p03 + p04 )
µq q ¶2
0 0 2 02 2 02 2
(s34 )min,max = (E3 + E4 ) − E3 − m3 ∓ E4 − m4 (3.42)
Figure 3.11 JI
Diagramme de Dalitz : Ce diagramme illustre l’es-
pace de phase disponible dans une désintégra-
tion à trois corps par l’entremise des variables (m1-m2)2
cinématique s24 et s34 .
(s34)max
s34
(s34)min
(m3+m4)2
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Il nous manque un ingrédient pour être en mesure d’effectuer des calculs de section effi-
66
Calcul des éléments de matrice Chapitre 3
cace ou de vie moyenne : le calcul explicite de la matrice de transition à partir d’une théorie.....
2. Le terme d’interaction
Lint = eψ̄(x)γ μ ψ(x)Aμ (x) (3.44)
où e est la charge électrique de l’électron et Aμ (x), le champ du photon. La force de l’in-
teraction est donc proportionnelle à e. On note aussi que l’interaction implique seulement
trois champs ψ̄(x), ψ(x) et Aμ (x).
Une méthode développée par R.P. Feynman et toujours utilisée aujourd’hui, les règles
de Feynman (voir page 17), permet de calculer les taux pour des processus impliquant des
particules dont les interactions sont décrites par une densité lagrangienne. Qui plus est, les
diagrammes de Feynman (voir page 17) qu’il a introduits fournissent une méthode graphique
commode pour visualiser et effectuer les calculs. Ils sont une utilisation de physiciens de code
pour parler l’un à l’autre de leurs calculs.
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Diagrammes de Feynman
Dans les diagrammes de Feynman, on a :
1. La direction du temps va de gauche à droite dans le diagramme, c’est-à-dire qu’un pro-
cessus commence à gauche et finit à droite.
2. Chaque ligne dans le diagramme représente une particule. Il y a trois types de particules
en (QED). Leur propagation en tant que particule libre est représenté par :
Diagramme Description Particule
Ligne droite, flèche à droite Électron
Ligne droite, flèche à gauche Positron
Ligne ondulé Photon
67
Chapitre 3 DIFFUSION ET INTERACTION ENTRE PARTICULES
3. Les directions verticales des lignes indiquent le mouvement de la particule, mais ne sont
pas représentatives des direction ou vitesse des particules.
4. Tout sommet (où trois lignes se rencontrent) représente une interaction électromagné-
tique. Ce type d’interaction est dû au terme Lint décrit plus haut et implique la présence
de trois champs du positron, électron et photon, ψ̄(x), ψ(x) et Aμ (x). On observe ces
sommets quand
⎫
⎪
⎪
⎪
⎪
⎬
Un électron émet un photon
⎪
⎪
⎪
⎪
⎭
⎫
⎪
⎪
⎪
⎪
⎬
Un électron absorbe un photon.
⎪
⎪
⎪
⎪
⎭
⎫
⎪
⎪
⎪
⎪
⎬
Un positron émet un photon.
⎪
⎪
⎪
⎪
⎭
⎫
⎪
⎪
⎪
⎬
Un positron absorbe un photon.
⎪
⎪
⎪
⎭
⎫
⎪
⎪
⎪
⎪
⎪
⎬
Un photon produit une paire électron-positron.
⎪
⎪
⎪
⎪
⎪
⎭
⎫
⎪
⎪
⎪
⎪
⎪
⎬
Un électron et un positron s’annihilent en un photon.
⎪
⎪
⎪
⎪
⎪
⎭
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(Notez que ces six processus sont le même si on ne tient pas compte des orientations)
5. Tout diagramme qui peut être construit utilisant ces parties est un processus possible à
condition :
(a) Qu’il y ait conservation d’énergie et d’impulsion à chaque sommet
? (b) Les lignes externes (entrant ou sortant du diagramme) représentent des particules
réelles et doivent obéïr à la relation E 2 = p2 + m2 .
(c) Les lignes internes (dans les boucles ou étapes intermédiaires du diagramme) représen-
tent des particules virtuelles, n’ont pas à obéïr à la relation E 2 = p2 + m2 et ne
peuvent être observées E 2 6= p2 + m2
Figure 3.12 N
Dans le processus le plus simple, la collision ou la Le processus le plus simple que nous pouvons considérer est la collision ou la diffusion de
diffusion de deux particules chargées, les partic-
ules initiales et finales restent les mêmes, seules
leurs impulsions et énergies sont modifiées.
68
Calcul des éléments de matrice Chapitre 3
deux particules chargées. Dans un tel processus, les particules initiales et finales, par exemple
un électron et un positron, restent intactes, seules leurs impulsions et énergies sont modifiées.
Dans l’approche proposée par Feynman, on commence par dessiner tous les diagrammes
possibles. La première possibilité consiste à ajouter une ligne de photon intermédiaire.
(a) (b)
Ce qui distingue ces deux diagrammes, c’est que l’échange du photon virtuel ne se fait
pas entre les même particules.
Nous pouvons aussi dessiner des diagrammes plus compliqués avec l’échange de plusieurs
(et même de n’importe quel nombre de) photons, par exemple :
Les diagrammes de Feynman sont particulièrement utiles surtout parce qu’à chaque dia-
gramme correspond une quantité complexe bien définie — appelée une amplitude de proba-
bilité — donnée par un ensemble de règles, les règles de Feynman. Une de ces règles associe
à chaque sommet (donc à chaque échange de photon) un facteur multiplicatif relativement
petit, ce qui a pour conséquence de réduire les amplitudes pour des diagrammes impliquant
beaucoup de photons par rapport à celles où il n’y en a qu’un. Cette quantité, c’est e , le
couplage électromagnétique ou la charge électrique.
Techniquement, les règles de Feynman permettent d’obtenir le taux de transition comme
un développement en série de puissances du paramètre de couplage (calculs perturbatifs). La
méthode est utile seulement quand ce paramètre est suffisamment petit pour que la conver-
gence de la série soit rapide, c’est-à-dire pour les interactions électromagnétiques ou faibles,
mais ne s’avère utile pour les interactions fortes qu’à de très hautes énergies.
Des calculs perturbatifs en QED mettant en jeu jusqu’à quatre photons échangés ont été
effectués pour certaines quantités. Les résultats coïncident avec les données expérimentales
à la douzième décimale près (voir chapitre 7) !
Leur provenance est plus évidente par l’approche des diagrammes de Feynman. Parce que
les diagrammes de Feynman représentent un calcul quantique, les échanges de particules
passent par des états transitoires, et ne peuvent être observées. Les physiciens appellent ces
particules, “particules virtuelles”. Seules les particules initiales et finales dans le diagramme
sont observables et sont par opposition appelées “particules réelles”.
Règles de Feynman
Les règles de Feynman d’une théorie sont en général très simples, mais elles génèrent
des expressions mathématiques de plus en plus compliquées pour des diagrammes de plus en
plus complexes.
Les règles de tout processus se lisent :
1. Dessiner tous les diagrammes possibles (jusqu’à un certain nombre de photons, selon
l’exactitude désirable).
69
Chapitre 3 DIFFUSION ET INTERACTION ENTRE PARTICULES
2. Établir à partir des impulsions et des énergies initiales la direction, les impulsions et
les énergies initiales de chaque ligne du diagramme. Pour chaque diagramme ayant une
boucle fermée, l’énergie et l’impulsion est arbitraire et il faut intégrer sur toute les valeurs
possibles.
5. Sommer les amplitudes de tous les diagrammes pour obtenir l’amplitude totale associé au
processus.
En résumé, nous avons comme règle de Feynman pour QED
Diagramme Description Règle de Feynman
i
Propagateur de l’électron γ μ pμ −m
igμν
Propagateur du photon q2
Le taux de transition recherché pour le processus peut alors être calculé - il est propor-
tionnel au carré du module de l’amplitude totale. Notons ici que ce résultat est différent de
la somme des valeurs absolues au carré des amplitudes individuelles de chaque diagramme.
Tout comme pour les ondes lumineuses en optique, en prenant le carré du module l’ampli-
tude totale, on fait jouer le principe de superposition des ondes qui peut être destructif ou
constructif et cela peut mettre en évidence le phénomène d’interférence.
(À venir)
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70
Exercices Chapitre 3
3.8 Exercices
3.1. Variables de Mandelstam
Soit s, t et u, les variables de Mandelstam dans une réaction a + b → c + d, prouver la relation
s + t + u = i m2i pour le cas général où les masses des particules en jeu, mi (i = a, b, c, d), sont
distinctes.
3.5. Désintégrations
Pour chacune des désintégrations suivantes, déterminez l’énergie cinétique des particules finales
sachant que la particule qui se désintègre est initialement au repos (nous sommes dans le centre de
masse) :
(a) π− → ν̄ e + e− ;
(b) Λ0 → p + π − ;
(c) K + → π0 + π+ ;
(d) Σ0 → Λ0 + γ.
(a) Production de Z 0 : e+ e− −→ Z 0 .
(b) Production de paires W + W − : e+ e− −→ W + W − .
(c) Production de paires de quarks top : pp −→ tt̄.
(d) Production de Higgs H : e+ e− −→ HHHH.
3.7. Référentiel du CM
Les expériences précédentes sont en cours dans des collisionneurs de particules (e+ e− au LEP et
pp au Fermilab) où les deux particules sont accélérées contrairement au cas précédent où la cible
était fixe. Le collisionneur est conçu de façon à ce que les particules aient des momenta égaux mais
de directions opposées, c’est-à-dire l’observateur se trouve dans le référentiel du CM. Calculer
l’énergie cinétique de seuil, Ks associée à chaque particule. Quelle conclusion peut-on tirer de ces
deux calculs ?
71
Chapitre 3 DIFFUSION ET INTERACTION ENTRE PARTICULES
quelle énergie cinétique doivent-ils être créés à une altitude de h = 30 km pour qu’on en détecte une
proportion de 10% à la surface de la mer. (Supposez que les muons arrivent perpendiculairement à
la terre).
3.9. Neutrino
Au LEP, on produit un Z 0 d’énergie E et de quantité de mouvement P = |P| qui se désintègre en
une paire de neutrinos
Z 0 → ν e ν̄ e .
On observe que le neutrino est émis à un angle θL , par rapport à la direction de vol du Z 0 qu’on
identifie à l ’axe des z. Dans quelle direction θ le neutrino est-il émis pour un observateur situé dans
le système de référence lié au Z 0 (référentiel du CM du Z 0 ) ?
72
SYMÉTRIES DE L’ESPACE-TEMPS Chapitre 4
4.1 Symétries en mécanique
quantique . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73
4.2 Invariance par une translation
75
La première étape de toute analyse scientifique est d’identifier et de classer les objets
4.3 Rotation en trois dimensions .
ou processus que l’on veut décrire. La physique des particules n’y a pas échappé et c’est 76
d’ailleurs un exercice qui continue de demander un effort expérimental soutenu soit, déter- 4.4 Parité ................... 78
miner quelles particules sont produites lors de collisions, leur propriétés puis quels processus 4.5 Inversion du temps ...... 82
— ou réactions — sont permis ou semblent interdits. Après des études exhaustives, il est
4.6 Invariance de jauge ..... 84
possible de classer les particules en leur associant des nombres quantiques (ex. masse, charge
4.7 Exercices ............... 89
électrique,...) et de déterminer des lois de conservation qui doivent ou non être respectées
durant un processus d’interaction.
Certaines lois de conservation abordées dans ce chapitre sont universelles et sont valides
dans toutes les interactions, par exemple la conservation de l’impulsion et du moment ciné-
tique. D’autres ne s’appliquent que dans certains domaines de validité, comme c’est le cas
de la conservation de la parité, qui n’est valide que dans l’approximation où l’on néglige les
interactions faibles.
Ces lois de conservation sont d’autant plus importantes qu’on peut démontrer qu’il existe
un lien entre celles-ci et la présence de symétries dans le système étudié (voir théorème
de Noether plus bas). Mais en plus de servir à la classification, l’étude des symétries d’un
système se révèle de nos jours un outil essentiel dans l’élaboration de théories en physique
des particules élémentaires. Le modèle standard lui-même est, comme nous le verrons dans
les chapitres subséquents, une construction basée sur des symétries dites de “jauge”.
Lorsqu’on effectue une transformation physique sur l’appareillage pendant une expéri-
ence sur un système (ex. rotation, translation, etc...), et que le résultat demeure inchangé, on
dit qu’il existe une symétrie et que le système étudié est invariant par rapport à cette transfor-
mation.
Le traitement de cette transformation en mécanique quantique requiert que celle-ci soit
une transformation unitaire. Cette condition est essentielle pour que l’observable, c’est-à-dire
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la valeur moyenne d’un opérateur donné, reste la même. Par exemple, si la transformation a
pour effet de modifier notre “perception” des états initial et final d’un processus, on peut
écrire
|i0 i = U |ii
|f 0 i = U |f i
où U représente la transformation unitaire sur les états. La transition de l’état initial à l’é-
tat final requiert la matrice-S et puisque dans le cas qui nous intéresse, le résultat demeure
inchangé, les éléments de matrice sont invariants par la transformation
hf | S |ii = hf 0 | S |i0 i
= hf | U † SU |ii
ce qui implique que l’opérateur de transformation U commute avec la matrice-S
[S, U ] = 0. (4.1)
73
Chapitre 4 SYMÉTRIES DE L’ESPACE-TEMPS
Comme la matrice S est reliée à l’hamiltonien, U doit aussi commuter avec ce dernier
[H, U ] = 0, (4.2)
pour que le système soit invariant. Rappelons l’expression (3.29) qui implique que, si tel est le
cas, on peut associer à la transformation U une quantité conservée. La conclusion précédente
peut être formulée sous la forme plus générale du théorème de Noether pour la mécanique
quantique :
74
Invariance par translation Chapitre 4
où
(af − ai ) = 0 si hf | S |ii 6= 0.
Autrement dit, les valeurs propres de A sont conservées durant la transition |ii → |f i.
L’opérateur A définit donc une quantité conservée ou une “constante du mouvement”.
pace sont physiquement équivalentes. Autrement dit, les propriétés d’un système fermé — -3
qui ne subit aucune force externe — ne dépendent pas de sa position dans l’espace et sont
donc invariantes par rapport à une translation.
Par exemple posons une translation infinitésimale, x → x0 = x + δx. Un hamiltonien
H(x1 , x2 , ...) dépendant des positions x1 , x2 , ... est remplacé par Figure 4.1 N
Translation d’un objet dans l’espace suivant le vecteur
H(x01 , x02 , ...) = H(x1 + δx, x2 + δx, ...). r = (−5, 5, 0).
Pour une particule libre non relativiste de masse m, l’hamiltonien est simplement
µ 2 ¶
1 1 ∂ ∂2 ∂2
H(x) = − ∇2 = − + +
2m 2m ∂x2 ∂y 2 ∂z 2
et il en découle trivialement que l’hamiltonien reste inchangé par la translation
H(x0 ) = H(x + δx) = H(x). (4.3)
En général pour un système fermé,
H(x01 , x02 , ...) = H(x1 , x2 , ...)
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75
Chapitre 4 SYMÉTRIES DE L’ESPACE-TEMPS
∂
et p, l’opérateur d’impulsion p = −i ∂x , est appelé le générateur de la translation.
Examinons l’effet de l’opérateur D sur H(x)ψ(x) soit
DH(x)ψ(x) = H(x+δx)ψ(x+δx)
= H(x)ψ(x+δx)
= H(x)Dψ(x)
où la relation (4.3) est utilisée à la seconde ligne. La dernière identité implique que D com-
mute avec l’hamiltonien
[DH(x) − H(x)D]ψ(x) = 0 ou [D, H] = [p, H] = 0
ce qui fait de l’impulsion p une quantité conservée.
Une translation finie de ∆x s’obtient par une action répétée de l’opérateur infinitésimal
de la translation, soit
µ ¶n
n ∆x ∂
Df ≡ lim D = lim 1 + ·
n→∞ n→∞ n ∂x
= exp (ip·∆x)
où ∆x = limn→∞ nδx. Il en découle que
Invariance par
translation 3D
m
[D, H] = 0 =⇒ [Df , H] = 0 =⇒ [p, H] = 0
m
p est une quantité conservée.
c’est-à-dire que si les équations de mouvement sont laissées invariantes suite à une translation
cela implique que l’impulsion est conservée.
Il est facile de généraliser ce résultat à un système invariant par une translation en quatre
dimensions, c’est-à-dire dans l’espace-temps, en substituant dans le calcul précédent x → xμ
et p → pμ . On obtient
Invariance par
translation 4D
m
[pμ , H] = 0
m
pμ est une quantité conservée.
ce qui implique que l’énergie-impulsion est conservée.
3
2 2 2 -3
-2 -2 -2
1-1 1-1 1-1
-2
0
0
-1 1 0 1 2
⇒ -3 -2
0
-1 100
1 2
⇒ -2 -1 100
0
1 2
2 -1 2 -1 3 2 -1
3
-2 -2
-2
-3
¡ ¢ ¡ ¢
Position originale. Rotation Rx − π2 . Rotation Rz − π2 .
76
Rotation en trois dimensions Chapitre 4
3 3
2 2 2
-2 -2 -2
1-1 1-1 1-1
-2
0
0
-1 1 0 1 2
⇒ -2
0
0
-1 1 0 1 2
⇒ -3 -2
0
-1 100
1 2
2 -1 2 -1 2 -1 3
-2 -2
-2
-3 -3
¡ ¢ ¡ ¢
Position originale. Rotation Rz − π2 . Rotation Rx − π2 .
Par exemple posons une rotation infinitésimale, qui modifie les vecteurs de position selon
x → x0 = x + δx. Un hamiltonien H(x1 , x2 , ...) dépendant des positions x1 , x2 , ... est alors
remplacé par H(x01 , x02 , ...) mais si le système est invariant par rotation
H(x01 , x02 , ...) = H(x1 , x2 , ...).
C’est le cas de tout système fermé et d’une particule soumise à un potentiel central (sphérique-
ment symétrique)
1 p
H(x) = − ∇2 + V (r) où r = x2 + y 2 + z 2 .
2m
L’invariance par rotation implique la conservation du moment cinétique. Comme pour la
translation, examinons d’abord le cas d’une rotation infinitésimale autour de l’axe des z pour
des particules sans spin pour en dériver la loi de conservation.8
L’effet de la rotation sur une fonction d’onde passe par un changement infinitésimal de la
variable angulaire φ → φ + δφ (en coordonnées sphériques), soit
ψ(φ) → ψ 0 (φ) = ψ(φ + δφ)
∂ψ(φ) ¡ ¢
= ψ(φ) + δφ· + O (δφ)2
∂φ
µ ¶
∂ ¡ ¢
= 1 + δφ · ψ(φ) + O (δφ)2
∂φ
≡ Rψ(φ)
où R est l’opérateur infinitésimal de la rotation
µ ¶
∂
R ≡ 1 + δφ · = (1 + iδφ · Jz )
∂φ
³ ´
∂ ∂ ∂
et Jz = −i ∂φ = −i x ∂y − y ∂x , l’opérateur de moment cinétique dans la direction des
z, est appelé le générateur de la rotation.
En utilisant le même raisonnement que pour les translations, on peut déduire l’effet de
l’opérateur R sur H(x)ψ(x) soit
RH(x)ψ(x) = H(x+δx)ψ(x+δx)
= H(x)ψ(x+δx)
= H(x)Rψ(x)
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8
La conservation du moment cinétique pour des particules avec spin est plus complexe et dépasse le cadre de cet
exposé.
77
Chapitre 4 SYMÉTRIES DE L’ESPACE-TEMPS
4.4 Parité
i Remarque 4.1
En général, la fonction d’onde d’une particule ou d’un système ψ(t, x) n’est pas une fonc-
tion propre de P et sa parité n’est pas définie.
i
78
Parité Chapitre 4
Bien que représentée par des “vecteurs”, σ, J et L ne changent pas de signe après une réflex-
ion. De telles quantités sont dites axiales ou pseudo-vecteurs. De la même façon, certaines
quantités dites pseudo-scalaires, pourtant le résultat d’un produit scalaire, changent de signe
après une réflexion (ex. p · σ, x · L,...).
Un système (ou des interactions) qui conserve la parité est décrit par un hamiltonien qui
commute avec P, soit
[P, H] = [P, S] = 0.
Comme nous le verrons dans les chapitres qui suivent, la parité est une quantité conservée
dans les interactions électromagnétique et forte. Par ailleurs, les interactions faibles ne re-
spectent pas cette symétrie par rapport à une réflexion
[P, He.m. ] = [P, Hfortes ] = 0
[P, Hfaibles ] 6= 0.
Parité orbitale
Dans le cas d’un atome, d’états liés ou de particules qui interagissent, la fonction d’onde
du système ψ peut être décrite en terme des harmoniques sphériques Ylm tel que
ψ(r, θ, φ) = R(r)Ylm (θ, φ)
où R(r) contient la dépendance radiale de ψ et
s
(−)m (2l + 1) (l − m)! m
Ylm (θ, φ) = Pl (cos θ)eimφ .
4π (l + m)!
Après une réflexion dans l’espace, x → −x ou, en coordonnées sphériques
(r, θ, φ) → (r, θ − π, φ + π)
la partie radiale de la fonction d’onde ne change pas alors que
Plm (cos θ) → Plm (cos(θ − π)) = (−)l+m Plm (cos θ)
eimφ → eim(π+φ) = (−)m eimφ
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Parité intrinsèque
Indépendamment de la parité orbitale d’un système, chaque particule qui le compose peut
posséder une parité intrinsèque si sa fonction d’onde est une fonction propre de l’opérateur de
parité (voir table des particules à l’annexe J). On classe ces particules selon la nomenclature
79
Chapitre 4 SYMÉTRIES DE L’ESPACE-TEMPS
suivante :
Spin = 0 Spin = 1
ηP = +1 scalaire axiale
ηP = −1 pseudo-scalaire vectorielle
Le photon, par exemple, dont la représentation en théorie quantique des champs coïncide
avec le concept de potentiel vecteur, A, est une particule vectorielle, c’est-à-dire de spin 1 et
de parité négative.
La parité est un nombre quantique multiplicatif. Par cela, on entend que la loi de conser-
vation de la parité s’applique au produit des parités. Pour mettre en lumière cette propriété,
il convient d’examiner tout d’abord un système de particules libres. Dans ce cas, l’état initial
du système est représenté par le produit
|ii = |ai · |bi · · · |ni
si bien que si chacune des particules a une parité intrinsèque définie, alors la parité totale, η iP ,
est le produit des parités intrinsèques
P |ii = P (|ai · |bi · · · |ni)
= η aP |ai · P (|bi · · · |ni)
= η aP ηbP · · · ηnP · |ai · |bi · · · |ni
= η aP ηbP · · · ηnP |ii
ou
ηiP = η aP η bP · · · ηnP .
De la même façon, pour un état final formé de
|f i = |pi · |qi · · · |zi
on a la parité totale
η fP = η pP η qP · · · ηzP .
La loi de conservation de la parité dans ce cas s’écrit
η iP = ηfP .
Par ailleurs, si deux particules sans spin interagissent via une interaction sphériquement
symétrique, le mouvement relatif de l’état est décrit par une fonction du type R(r)Ylm (θ, φ)
dont les propriétés de parité sont décrites plus haut. La parité totale de ce système simple est
alors
η iP = (−)l ηaP η bP .
De façon générale, la parité totale est donnée par
à !
Y
totale a
ηP = ηP · η orbitale
P .
a
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80
Parité Chapitre 4
Exemples
Exemple 4.1
Le positronium est un état formé d’une paire électron-positron. Il existe sous deux formes : le para-
positronium (lf = 0) et l’orthopositronium (lf = 1) dont les parités sont respectivement
lf +1
η para
P = (−) = −1
lf +1
η ortho
P = (−) = +1.
Exemple 4.2
Les hadrons sont des états liés de quarks. Les mésons sont formés de paires quark-antiquark tel que
qi q̄j où i, j indiquent les saveurs de quarks. Alors, la parité des mésons est donnée par
η méson
P = (−)l η qP η q̄P = (−)l+1
où l est le moment cinétique orbital entre les quarks. Les mésons les plus légers (basse énergie) (l = 0)
devraient donc avoir une parité négative ce qui est le cas pour les mésons π, K, et D.
Par ailleurs, les baryons sont des états à trois quarks tel que qi qj qk dont la parité totale est
q
η baryon
P = (−)l1,2 (−)l12,3 η qPi η Pj η qPk = (−)l1,2 +l12,3 .
Ici la parité orbitale reçoit deux contributions : la première est due au moment cinétique orbital entre les
quarks 1 et 2 , l1,2 , et la seconde vient du moment cinétique orbital entre le centre de masse du système
formé des quarks 1 et 2 et le quark 3, l12,3 . Les antibaryons q̄i q̄j q̄k ont bien sûr la parité
q̄ q̄k
η antibaryon
P = (−)l1,2 (−)l12,3 η q̄Pi η Pj η P = (−)l1,2 +l12,3 +1
= −ηbaryon
P .
Les baryons les plus légers (l1,2 = l12,3 = 0) devraient donc avoir une parité positive ce qui concorde
avec les observations pour les baryons de spin 12 tels que p, n, Λ, Λc .
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Exemple 4.3
Considérons un système de deux pions dans des états s (l = 0) et p (l = 1) : la parité totale est
l=0: η totale
P = (−)l (ηπP )2 = 1
l=1: totale
ηP = (−)l (ηπP )2 = −1.
Exemple 4.4
81
Chapitre 4 SYMÉTRIES DE L’ESPACE-TEMPS
B −B.
Malgré l’analogie entre Te et P, il est facile de démontrer que Te ne peut être un opérateur
unitaire. En effet, une relation importante de la mécanique quantique, la relation de commu-
tation
[xi , pj ] = iδ ij (4.5)
devient
[xi , pj ] = −iδ ij
après renversement du temps et n’est donc pas préservée. Te ne peut donc pas être unitaire et
par conséquent, ne possède pas de valeurs propres et on ne peut y associer des observables.
Nous voulons construire une transformation qui renverse le temps tout en préservant (4.5).
Pour y arriver, il suffit de combiner Te à la transformation dite anti-unitaire K qui transforme
82
Renversement du temps Chapitre 4
Exemple 4.5
Le spin du pion :
Supposons qu’il y ait invariance par le renversement du temps, T , combinée à l’invariance par la parité,
P. Pour un système donné, l’identité dérivée en (4.6) devient
hβ, pf , mf | T |α, pi , mi i = hα, −pi , −mi | T |β, −pf , −mf i
= hα, −pi , −mi | P −1 T P |β, −pf , −mf i
= hα, pi , −mi | T |β, pf , −mf i .
−1
où on a utilisé T = P T P. Ces conditions sont remplies pour un processus d’interaction forte par
exemple. Alors, la somme sur les états de spin initiaux et finals est donnée par
|hβ, pf , mf | T |α, pi , mi i|2 = |hα, pi , mi | T |β, pf , mf i|2
spin spin
83
Chapitre 4 SYMÉTRIES DE L’ESPACE-TEMPS
Puisque
|Mf i |2 = |Mif |2
i f i f
on trouve la relation de proportionnalité
dσ p2 (2S3 + 1) (2S4 + 1) dσ
(12 → 34) = 34 (34 → 12).
dΩ p212 (2S1 + 1) (2S2 + 1) dΩ
84
Invariance de jauge Chapitre 4
Transformation de jauge
Par analogie, si on considère la rotation des spins sur un réseau, une rotation globale
consiste à faire une rotation de tous les spins par le même angle sur chaque site alors que la
transformation locale fait tourner les spins par un angle arbitraire sur chaque site.
4
Considérons maintenant l’effet de la transformation de jauge locale sur l’hamiltonien. Les y
équations de mouvement mettent en jeu l’opérateur ∂μ = ∂x∂ μ qui agit de façon non triviale 2
Donc, les équations de mouvement ne sont pas, en général, invariantes par une transfor-
-4
mation de jauge locale. Considérons les particules chargées qui interagissent électromagné-
tiquement avec le potentiel Aμ = (φ, A). En fait, l’interaction électromagnétique peut être
introduite en mécanique grâce à la substitution de l’impulsion par l’impulsion canonique
Figure 4.3 N
pμ → pμ + eAμ . Exemple de rotation globale de spins. Tous les
En incluant le potentiel, une onde plane a la forme vecteurs sont soumis à la même rotation.
ψ (x) = ei(p·x+eA·x)
où A ≡ A (x) . La transformation de jauge a un effet sur A,
Aμ → A0μ ,
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4
si bien que la fonction d’onde en présence d’interaction sous une transformation de jauge
y
locale s’écrit 0 2
ψ (x) → ψ 0 (x) = ei(p·x+eA ·x−eα(x))
et ¡ ¢ -4 -2 0 0 2 4
∂μ ψ(x) = i (pμ + eAμ ) ψ(x) → ∂μ ψ 0 (x) = i pμ + eA0μ − e∂μ α (x) ψ 0 (x). x
A0μ = Aμ + ∂μ α (x) -4
et que les équations de mouvement de Aμ soient aussi invariantes sous cette transformation
de jauge. Alors
ψ → ψ 0 = e−ieα(x) ψ (x) Figure 4.4 N
Exemple de rotation locale des spins. Chaque vecteur
∂μ ψ = i (pμ + eAμ ) ψ → ∂μ ψ 0 = i (pμ + eAμ ) ψ 0 subit une rotation différente.
Aμ → A0μ = Aμ + ∂μ α (x)
85
Chapitre 4 SYMÉTRIES DE L’ESPACE-TEMPS
2. La charge doit être conservée (l’identité ci-dessus n’est plus valide si la charge varie en
fonction du temps).
Les photons
Jauge de Lorentz
Les équations de mouvement sont effectivement invariantes de jauge. Cependant, on peut
donc fixer la jauge sans pour autant influencer les forces électriques et magnétiques. Un choix
de jauge possible consiste à imposer la condition de Lorentz (à noter que cette condition est
invariante de Lorentz)
∂μ Aμ (x) = 0 ou kμ Aμ (k) = 0.
En imposant cette condition sur une solution de type onde plane
Aμ (k) = μ
(k)a0 eik·x
μ
où est un vecteur unitaire de polarisation et a0 , un facteur de normalisation, on obtient
kμ μ (k) = 0. (4.7)
86
Invariance de jauge Chapitre 4
En général, seulement trois des quatre degrés de liberté sont indépendants pour une par-
ticule vectorielle. Ces particules de spin 1 peuvent alors se trouver dans trois états représentés
par les trois états de spin Jz = −1, 0 ou 1. La masse du photon étant nulle, conséquence de
l’invariance de jauge, il ne peut rester que deux degrés de liberté indépendants, soient les états
de spin Jz = ±1. En fait, l’état Jz = 0 n’est pas un invariant de Lorentz puisqu’une com-
posante de spin ne reste pas perpendiculaire à l’axe des z après un changement de référentiel.
Le photon devrait être décrit de la même façon quel que soit le repère inertiel (sa vitesse est
toujours la même c = 1) donc l’état Jz = 0 est absent dans la description du photon.
Jauge de Coulomb
Les résultats physiques sont indépendants du choix de la jauge. Choisissons ici la jauge
de Coulomb (il s’agit ici d’un choix de jauge différent de la jauge de Lorentz), c’est-à-dire
∇ · A = 0.
ou
k·²=0
Cette condition est aussi appelée la condition de transversalité puisque
k⊥²
c’est-à-dire seules les composantes transverses du vecteur de polarisation sont non nulles
pour un photon.
Ce choix de jauge est particulièrement utile puisqu’il simplifie le traitement de problèmes
d’électrostatique
∂
∇·E=ρ avec E = −∇φ − A
∂t
devient
−∇2 φ = ρ.
La seconde équation de Maxwell devient alors
∂
− (−Ȧ − ∇φ) − ∇2 A = j, (4.8)
∂t
que nous pouvons écrire comme
∂2
( − ∇2 )A = jT , (4.9)
∂t2
où jT = j + ∇φ̇ . On peut montrer, en utilisant l’équation de la conservation du courant que
∇ · jT = 0. (4.10)
Dans l’espace libre, c’est-à-dire, en l’absence des charges et de courants, nous pouvons
prendre φ = 0, et l’équation pour le potentiel-vecteur devient
∂2
( − ∇2 )A = 0. (4.11)
∂t2
Il s’agit d’une des découvertes importantes du siècle dernier puisque cette équation a des
solutions d’onde plane, transportant l’énergie et l’impulsion : ondes électromagnétiques. Une
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87
Chapitre 4 SYMÉTRIES DE L’ESPACE-TEMPS
la possibilité Jz = 0.
88
Exercices Chapitre 4
4.7 Exercices
4.1. Fermions et bosons
Trouver la masse et le spin des particules suivantes et déterminer s’il s’agit de fermions ou de
bosons :
(a) D− méson,
(b) photon,
(c) τ − ,
(d) quark bottom,
(e) W + ,
(f) baryon Λ0
4.2. Parité
(a) Démontrer que l’état formé de 2 π0 est pair sous une réflexion ((η P = 1)).
(b) Expliquer pourquoi le K 0 , dont la parité est impaire (η P = −1), ne peut se désintégrer en 2
π0 .
Trouver les parité spatiale et parité de charge de η. Expliquer pourquoi la désintégration électro-
magnétique η → π0 + π0 n’est pas observée.
dant à vingt fois la vie moyenne du K1 se trouve une cible qui absorbe 10% des K 0 incidents. Si la
section efficace du K̄ 0 est trois fois plus élevée que celle du K 0 , calculer les amplitudes relatives
du K1 et du K2 dans le faisceau (a) au début, (b) juste avant d’arriver sur la cible et (c) juste après
avoir traversé la cible.
89
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SYMÉTRIES INTERNES ET HADRONS Chapitre 5
5.1 Symétries globales et règles de
sélection . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91
5.2 Isospin .................. 93
5.3 Étrangeté et hypercharge 98
5.4 Autres saveurs .......... 99
5.5 Conjugaison de la charge ....
5.1 Symétries globales et règles de sélection 5.6
101
Parité-G ............... 105
5.7 Résonances ........... 107
5.8 Tableau récapitulatif ... 109
Les observations expérimentales ont permis de mettre en évidence que certaines réactions
5.9 Exercices .............. 110
sont possibles alors que d’autres semblent strictement interdites. Pourtant, la conservation
d’énergie-impulsion n’arrive pas à elle seule à expliquer ces résultats.
Par exemple, considérons la désintégration d’un électron en un ou plusieurs photons,
e− → γ + γ + .... Le simple principe de l’augmentation de l’entropie favorise la désin-
tégration d’une particule en particules plus légères. Ici, l’entropie augmente puisqu’elle est
reliée à l’espace de phase disponible, et S = kB ln(espace de phase) est plus grande pour les
photons. Cependant, malgré qu’elle soit permise dynamiquement, cette désintégration n’est
pas observée et pour cause, une loi de conservation l’interdit, la conservation de la charge
électrique.
Il doit donc y avoir un principe théorique qui régit ces phénomènes, c’est-à-dire des règles
de sélection ou encore des lois de conservation. Dans la plupart des cas, ceci est possible en
introduisant une “charge généralisée” (un nombre quantique associé à une symétrie globale)
à chacune des particules et une loi de conservation additive correspondante. Alors, la somme
des charges généralisées demeure la même avant et après la réaction
X X
Qi = Qf .
i f
Charge électrique, Q
La charge électrique est conservée à l’échelle macroscopique. Il est donc naturel qu’elle
soit conservée aussi à l’échelle microscopique. Cependant, cette présomption doit être scrupuleuse-
ment vérifiée. En principe, l’électron pourrait se désintégrer en particules plus légères si ce
n’était de la conservation de la charge électrique. On sait que le processus de désintégration
e− 9 ν + γ
possède une vie moyenne τ ≥ 2 × 1022 années (il n’est essentiellement pas observé). La
charge électrique est donc un nombre quantique conservé additivement. Cela implique l’in-
91
Chapitre 5 SYMÉTRIES INTERNES ET HADRONS
où Q est le générateur du groupe d’une transformation unitaire (groupe U (1)). Si α est in-
dépendant de la position, on dit que la transformation de jauge est globale alors que pour
α = α(x), la transformation de jauge est locale. Une des particularités de la charge élec-
trique est qu’elle est le seul nombre quantique qui correspond à la fois au générateur de la
transformation U (1) globale et au générateur de la transformation U (1) locale.
Leptons, L = 1
µ ¶ µ ¶ µ ¶
νe νμ ντ
e− μ− τ−
Antileptons, L = −1
µ ¶ µ + ¶ µ + ¶
e+ μ τ
ν̄ e ν̄ μ ν̄ τ
La conservation du nombre leptonique implique l’invariance de l’hamiltonien par rapport
à une transformation de jauge globale définie par
Invariance
¯ ® par
|ψi → ¯ψ 0 = e−iLα |ψi
m
[L, H] = 0
où L est le générateur de la transformation.
π − → μ− + ν̄ μ (5.1)
entrent en collision avec un proton, la réaction
ν̄ μ + p → n + e+ (5.2)
n’est pas observée. Par ailleurs, la réaction est possible si les antineutrinos incidents sont de
type électronique,
ν̄ e + p → n + e+ . (5.3)
Pourtant, la seule loi de conservation du nombre leptonique total permet la capture d’antineu-
trinos de tous les types dans (5.2).
Historiquement, cette question a permis de faire la lumière sur la nature des neutrinos
en nous obligeant à en distinguer différents types et à attribuer à chaque famille de leptons
un nombre leptonique distinct. Ainsi, chaque nombre leptonique (les nombres électronique,
92
Isospin et hypercharge Chapitre 5
muonique et tauonique) est conservé séparément. On assigne les nombres leptoniques suivant
la règle
Le Lμ Lτ L
e− , ν e +1 0 0 +1
e+ , ν̄ e −1 0 0 −1
μ− , ν μ 0 +1 0 +1
μ+ , ν̄ μ 0 −1 0 −1
τ −, ν τ 0 0 +1 +1
τ + , ν̄ τ 0 0 −1 −1
,
Toute autre particule a des nombres leptoniques nuls.
En examinant à nouveau la réaction ν̄ μ + p → n + e+ , on voit aisément que les nombres
électronique et muonique ne sont pas conservés :
Le (ν̄ μ ) + Le (p) = 0 → Le (n) + Le (e+ ) = −1
Lμ (ν̄ μ ) + Lμ (p) = −1 → Lμ (n) + Lμ (e+ ) = 0
alors qu’ils le sont dans la réaction ν̄ e + p → n + e+ :
Le (ν̄ e ) + Le (p) = −1 → Le (n) + Le (e+ ) = −1
Lμ (ν̄ e ) + Lμ (p) = 0 → Lμ (n) + Lμ (e+ ) = 0.
Nombre baryonique, B
Le proton est une particule très stable avec une vie moyenne τ ≥ 1031 années. Or, à
prime abord, on pourrait s’attendre à ce que le proton puisse se désintégrer en une partic-
ule plus légère. Ce n’est pas le cas. Cette observation suggère que la stabilité doit être la
conséquence d’une loi de conservation et fut à l’origine d’un nouveau nombre quantique, le
nombre baryonique. On assigne un nombre baryonique B = +1 aux baryons et B = 0 aux
mésons et aux leptons. Les antibaryons ont bien sûr une charge opposée, soit B = −1 :
B = +1 : p, n, Λ, Σ+,−,0 , Ξ0,− , Ω− , ...
B=0: π+,−,0 , K −,+,0 , ρ, ...
Par ailleurs, les constituants des hadrons, les quarks, doivent aussi porter une charge bary-
onique
1
B (quark) =
3
1
B (antiquark) = −
3
qui est indépendante de la saveur et de la couleur.
La conservation du nombre baryonique implique l’invariance de l’hamiltonien sous une
transformation de jauge globale définie par
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¯ ®
|ψi → ¯ψ 0 = e−iBα |ψi
avec
[B, H] = 0
où B est le générateur de la transformation.
Comme une bonne partie de ces règles de sélection s’applique aux hadrons qui sont for-
més de particules plus fondamentales, les quarks, nous commençons cette section par un sur-
vol rapide des propriétés des hadrons. Malgré qu’il en existe plusieurs centaines, on peut les
classer en deux types : les baryons, de spin J = 12 , 32 , ... et les mésons, de spin J = 0, 1, ....
De plus, les hadrons peuvent être rangés en groupes définis, des multiplets qui sont identifiés
93
Chapitre 5 SYMÉTRIES INTERNES ET HADRONS
par des parités et spins identiques, J P . Les tableaux suivants illustrent le spectre des hadrons
les plus légers9 .
Multiplet J P = 0−
Mésons Mass(MeV) Nom
π+ , π0 , π− 139.6, 135.0, 139.6 pion
K+, K 0 493.7, 497.7 kaon
K̄ 0 , K − 497.7, 493.7 antikaon
η 547.5 eta
η0 957.8 eta prime
Multiplet J P = 1−
Mésons Mass(MeV) Nom
ρ+ , ρ0 , ρ− 768.5 rho
ω 781.9 oméga
K ∗+ , K ∗0 891.6, 896.1 kaon étoile
K̄ ∗0 , K ∗− 896.1, 891.6 antikaon étoile
φ 1019.4 phi
+
Multiplet J P = 12
Baryons Mass(MeV) Nom
p, n 938.3, 939.6 nucléon
Λ 1115.7 lambda
Σ+ , Σ0 , Σ− 1189.4, 1192.6, 1197.4 sigma
Ξ0 , Ξ− 1314.9, 1321.3 xi
+
Multiplet J P = 32
Baryons Mass(MeV) Nom
∆++ , ∆+ , ∆0 , ∆− ≈ 1232 delta
Σ∗+ , Σ∗0 , Σ∗− 1382.8, 1383.7, 1387.2 sigma étoile
Ξ∗0 , Ξ∗− 1530.8, 1535.0 xi étoile
Ω− 1672.5 oméga
La première remarque qui vient à l’idée en regardant les propriétés des particules formant
les multiplets J P est sans doute que la structure de multiplets ne s’arrête pas à la notion
de spin et de parité. En effet, la plupart des particules peuvent former des sous-multiplets
caractérisés par des masses presque identiques mais dont les éléments se distinguent par leur
charge électrique. Par exemple, on retrouve des singulets, doublets, triplets et quadruplets de
charges :
singulets : η, η 0 , ω,
µ ¶ φ,
−
µΛ, Ω+ ¶ µ ¶ µ ∗+ ¶ µ ¶ µ 0 ¶
p K K̄ 0 K K̄ ∗0 Ξ
doublets : , 0 , − , ∗0 , ∗− , −
n K
⎛ + ⎞ ⎛ + ⎞ ⎛ + ⎞ ⎛ ∗+ ⎞ K K K Ξ
π ρ Σ Σ
triplets : ⎝ π0 ⎠ , ⎝ ρ0 ⎠ , ⎝ Σ0 ⎠ , ⎝ Σ∗0 ⎠
− −
⎛ π ++ ⎞ ρ Σ− Σ∗−
∆
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⎜ ∆+ ⎟
quadruplets : ⎜ ⎟
⎝ ∆0 ⎠
∆−
On remarque de plus que les interactions fortes (ex. interactions nucléaires) sont approx-
imativement identiques pour les systèmes p − n, p − p et n − n. Par analogie avec le concept
de spin (où la troisième composante du spin distingue les deux manifestations d’une même
particule), il est possible d’interpréter le proton et le neutron comme les deux éléments d’un
doublet d’isospin µ ¶ µ ¶
p I = 12 , I3 = + 12
N= = .
n I = 12 , I3 = − 12
9
Il existe des états plus lourds mais sont interprétés comme des états excités.
94
Isospin et hypercharge Chapitre 5
Le proton et le neutron sont donc des particules identiques (ou la même particule) du point
de vue des interactions fortes. Leurs masses diffèrent très peu,
∆m 1.2 MeV
= ' 0.001,
m̄ 939 MeV
et cette différence peut être attribuée à des effets coulombiens qu’on estime être de l’ordre de
la constante de couplage des interactions électromagnétiques, O(αem ).
Il s’agit toutefois d’une propriété qui ne se limite pas au proton et au neutron mais qui
s’étend à toutes les interactions fortes, c’est-à-dire que celles-ci sont indépendantes de la
charge électrique. À noter que la notion d’isospin aussi appelé spin isotopique fut d’abord
introduite en physique nucléaire pour décrire cette propriétés des interactions nucléaires.
Le traitement de l’isospin ressemble en tout point à celui du moment cinétique. On intro-
duit un vecteur I = (I1 , I2 , I3 ) dans l’espace des isospins. L’opérateur d’isospin I obéit à des
règles de commutation similaires à celles qui s’appliquent au moment cinétique ou au spin,
[Ii , Ij ] = i ijk Ik i = 1, 2, 3
ce qui permet l’existence simultanée de plusieurs états propres |I, I3 i avec pour observables
I2 et I3 ,
I2 |I, I3 i = I(I + 1) |I, I3 i
I3 |I, I3 i = I3 |I, I3 i
où I3 dans le membre de gauche de la dernière équation représente l’opérateur I3 (troisième
composante d’isospin) alors que dans le membre de droite I3 désigne les valeurs propres qui
sont au nombre de (2I +1) pour une valeur de I donnée. Ces valeurs propres peuvent prendre
les valeurs
I3 = −I, −I + 1, ....., I − 1, I.
Par conséquent, un multiplet d’isospin I est formé de (2I + 1) états propres, c’est-à-dire il
s’agit d’un (2I + 1)-plet.
Par exemple, le multiplet formé du proton et du neutron possède deux états de charge d’où
on tire que I = 12 et chaque état peut être désigné par les étiquettes I et I3 .
¯ À ¯ À
¯ 1 1 ¯1 1
|pi = ¯¯I = , I3 = = ¯¯ ,
2 2 2 2
¯ À
¯1 1
|ni = ¯¯ , − ,
2 2
alors que le quadruplet du ∆ possède les états propres
¯ À
¯ ++ ® ¯3 3
¯∆ = ¯ ,¯
2 2
¯ À
¯ +® ¯3 1
¯∆ = ¯ ,¯
2 2
¯ À
¯ 0® ¯3 1
¯∆ ¯
= ¯ ,−
2 2
¯ À
¯ −® ¯3 3
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¯∆ ¯
= ¯ ,− .
2 2
Symétrie SU(2)
On peut donc décrire plusieurs états de charge d’une particule sous la forme de multiplets.
Ces états ont les mêmes interactions fortes. Dans ce sens, l’hamiltonien des interactions fortes
est invariant par rapport à une transformation qui change un état de charge en un autre faisant
partie du même multiplet, ex. transformation d’un proton en neutron. Mais comment définit-
on une telle transformation ? Encore une fois, l’analogie avec le spin est d’une grande utilité.
Posons un opérateur de transformation U tel que
¯ 0®
¯φ = U |φi .
95
Chapitre 5 SYMÉTRIES INTERNES ET HADRONS
2. Pour conserver l’hermiticité et générer des valeurs propres réelles, U doit être unitaire,
U † U = I.
4. Finalement, l’état de charge à l’intérieur d’un multiplet est déterminé par un seul nombre
quantique I3 . Ceci implique qu’il existe une seule matrice diagonalisable simultanément.
On dit alors que le rang de l’opérateur matriciel est de un.
Les matrices qui obéissent à ces conditions forment le groupe SU (2), les matrices 2 × 2
spéciales unitaires. En fait, ce formalisme est connu depuis longtemps et est utilisé pour le
spin en mécanique quantique.
Générateurs de SU(2)
Relation de Gell-Mann-Nishijima
Par analogie avec le spin, il est clair que la conservation de I3 implique l’invariance de
l’hamiltonien par rapport à une rotation autour de la troisième direction d’isospin. Par ailleurs,
la valeur propre I3 est une mesure de l’état propre de charge de la particule à l’intérieur du
multiplet. Il doit donc exister une relation directe entre la charge et la troisième composante
d’isospin de l’état. On serait tenté de confondre les deux quantités mais il faut se rappeler
que la charge Q est conservée partout et en tout temps alors que I3 ne l’est que dans les
interactions fortes. En fait, d’autres charges sont impliquées dans la relation entre Q et I3 ,
Y
Q = I3 +
2
96
Isospin et hypercharge Chapitre 5
Conservation d’isospin
Plus précisément, l’état final est une combinaison linéaire de tous ces états
¯ a a b b® ¯ ®
¯I , I3 ; I , I3 = |I a , I3a i ⊕ ¯I b , I3b
¯¯ ¯ ® ¯¯ ¯ ®
= α ¯¯I a − I b ¯ , I3a + I3b + β ¯¯I a − I b ¯ + 1, I3a + I3b
¯¯ ¯ ®
+ · · · + γ ¯¯I a + I b ¯ , I3a + I3b
97
Chapitre 5 SYMÉTRIES INTERNES ET HADRONS
où α, β et γ sont des coefficients dits de Clebsch-Gordan10 définis par les produits scalaires
¯ ¯ ¯ ®
α = ¯I a − I b ¯ , I3a + I3b ¯I a , I3a ; I b , I3b
¯ ¯ ¯ ®
β = ¯I a − I b ¯ + 1, I3a + I3b ¯I a , I3a ; I b , I3b
..
.
¯ ¯ ¯ ®
γ = ¯I a + I b ¯ , I3a + I3b ¯I a , I3a ; I b , I3b .
Les interactions électromagnétiques brisent la symétrie par rapport à une rotation dans
l’espace des isospins,
[I, He.m. ] 6= 0.
Toutefois on observe que
[I3 , He.m. ] = 0.
c’est-à-dire que l’hamiltonien électromagnétique conserve donc la troisième composante de
l’isospin I3 . Puisque
[Q, He.m. ] = 0
la relation Gell-Mann-Nishijima mène à
[Y, He.m. ] = 0.
Résumant, les règles de sélections pour les interactions électromagnétiques suivantes
∆I3 = 0
∆ |I|2 6 = 0.
Les interactions faibles, pour leur part, ne conservent ni I3 , ni I2 .
5.3 Étrangeté
Historiquement, le nombre quantique étrange fut proposé afin d’expliquer des propriétés
apparemment contradictoires (étranges) de certaines particules :
1. Elles sont produites copieusement et rapidement dans des collisions impliquant des inter-
actions fortes (∆t ' 10−23 s) mais,
2. leurs vies moyennes sont relativement longues (τ ' 10−9 s), c’est-à-dire d’une grandeur
typique aux interactions faibles.
Elles ont donc à la fois des interactions fortes et des interactions faibles mais ne se désin-
tègrent pas par la voie forte sinon leurs vies moyennes seraient beaucoup plus courtes. Une
règle de sélection doit donc s’appliquer. La solution consiste à introduire le nombre quan-
tique appelé étrangeté, S. S est conservé dans les interactions fortes grâce auxquelles les
particules sont produites en paires d’étrangeté opposée. La désintégration en particules non
étranges passe par la voie faible ce qui implique que dans les interactions faibles, S n’est pas
conservé en général.
En fait, les observations ont permis de préciser les propriétés de ces particules étranges.
Considérons, par exemple, les mésons qui forment le multiplet J P = 0− parmi lesquels ¡ + on ¢
+ 0 − 0
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peut
¡ identifier
¢ trois pions (π , π , π ), deux doublets de mésons K, c’est-à-dire K , K
et K̄ 0 , K − et les deux mésons η et η 0 . Ces éléments du même multiplet se distinguent par
leur désintégration faible et l’étrangeté doit être assignée de la manière suivante :
Multiplet J P = 0−
¡ + 0¢
K , K : S = +1
(π+ , π 0 ,¡π − ), η, η¢0 : S = 0
K̄ 0 , K − : S = −1
+
De la même façon, le multiplet J P = 12 compte le doublet (p, n), le triplet (Σ+ , Σ0 , Σ− ),
le Λ0 , et le doublet (Ξ0 , Ξ− ) et les observations expérimentales permettent d’assigner l’é-
10
Un tableau des coefficients de Clebsch-Gordan se trouve en annexe. Pour plus de détails le lecteur voudra
consulter des ouvrages en théorie des groupes (voir Références).
98
Autres saveurs Chapitre 5
trangeté.
+
Multiplet J P = 12
(p, n) : S = 0
(Σ+ , Σ0 , Σ− ), Λ0 : S = −1
(Ξ0 , Ξ− ) : S = −2
L’étrangeté est conservée additivement (règle de sélection ∆S = 0) dans les réactions
hadroniques (interactions fortes) et électromagnétiques.. Par exemple,
p + π− → Λ0 + K 0 ∆S = 0
→ n + K+ + K− ∆S = 0
9 p + K− ∆S = −1
9 K − + Σ− ∆S = −2.
Par ailleurs, les désintégrations faibles suivantes sont possibles :
Λ0 → p + π− ∆S = +1
K0 → π+ + π− ∆S = +1
Ξ0 → Λ0 + π0 ∆S = +1
avec des vies moyennes typiques de 10−10 s. À noter que malgré que l’étrangeté de Ξ0 soit
S = −2, son mode de désintégration correspond à ∆S = +1. En fait, il s’agit d’une autre
règle de sélection observée dans les interactions faibles,
|∆S| = 1.
Les nombres quantiques que sont le charme (c), le bottom (b) et le top (t) ont d’abord
et avant tout été introduits dans le contexte d’extension du modèle des quarks qui à l’origine
était formé seulement des quarks up (u), down (d) et étrange (s) (voir chapitre 6 pour une dis-
cussion détaillée du modèle des quarks). Mentionnons seulement pour le moment l’existence
de ces nouveaux nombres quantiques et des règles de sélection associées.
Charme
Malgré ses nombreux succès, le modèle des quarks original ne permettait pas d’expliquer
tous les phénomènes observés. Citons pour exemple deux réactions dans lesquelles la charge
électrique totale est conservée, mais où l’étrangeté ne l’est pas :
K+ → π+ + ν + ν̄ K+ → π0 + μ̄ + νμ
Q +1 = +1 + 0 + 0 +1 = 0 + 1 + 0
S 1 6= 0 + 0 + 0 1 6= 0 + 0 + 0
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99
Chapitre 5 SYMÉTRIES INTERNES ET HADRONS
dans le K + :
s → u → d ou s → c → d
La suppression du processus K + → π+ νν̄ s’explique alors par le fait que les amplitudes de
probabilité associées aux deux voies possibles interfèrent de façon destructive (et s’annulent
donc l’une l’autre) alors que ce n’est pas le cas pour le mode K + → π0 μ̄ν μ .
On assigne au quatrième quark (le quark charmé c) un nouveau nombre quantique appelé
le charme C (où C = 1 pour le quark c et C = −1 pour l’antiquark c̄ correspondant).
La découverte en 1974 de la particule J/ψ (un état lié cc̄ nommé charmonium) permit de
confirmer l’hypothèse de Glashow et apporta encore plus de crédibilité au modèle des quarks.
Le charme C est conservé dans les interactions fortes et électromagnétiques seulement :
[C, Hfortes ] = 0, [C, He.m. ] = 0, et [C, Hfaibles ] 6= 0.
Bottom
En 1977, une nouvelle série de résonances fut découverte à des énergies d’environ 10 GeV
lors de collisions pp (proton-proton) à Fermilab. L’interprétation est similaire à celle qu’on a
de la particule J/ψ : il s’agit d’un état lié bb̄, baptisé Υ, c’est-à-dire formé d’un quark appelé
bottom b et de son antiparticule b̄.
On assigne à ce cinquième quark le nombre quantique appelé bottom B. e On retrouve
cependant dans la littérature le terme beauty (“beauté”) pour le désigner et de “beaux”
hadrons pour mettre en évidence le contenu en quarks bottom de certains mésons ou baryons.
Il faut dire qu’historiquement, on a d’abord proposé de nommer les cinquième et sixième
quarks et les nombres quantiques associés par beauty (“beauté”) et truth (“vérité”) respec-
tivement. Ici, Be = 1 pour le quark b et B e = −1 pour l’antiquark b̄ correspondant.
Tout comme pour le charme et l’étrangeté, seules les interactions faibles ne conservent
pas le nombre quantique bottom B e:
h i h i h i
e Hfortes = 0,
B, e He.m. = 0, et
B, e Hfaibles 6= 0.
B,
Top
Plus récemment, l’existence d’un sixième quark, le quark top t — d’abord appelé truth —
a été confirmée (1995). Mais de fortes présomptions planaient déjà depuis quelques temps sur
l’existence de ce sixième quark surtout à cause d’une possibilité de symétrie entre quarks et
leptons. Ces deux classes de particules sont considérées comme élémentaires et ponctuelles.
Or, il existe au total six leptons, qui sont regroupés en trois doublets par la théorie des in-
teractions faibles : l’électron et le neutrino électronique, le muon et le neutrino muonique,
ainsi que le tauon et le neutrino tauonique. Il semblait particulièrement logique et satisfaisant
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qu’il existe, de la même façon, trois doublets de quarks : (u, d), (s, c) et (t, b). Cette symétrie
est plus qu’esthétique, puisqu’elle permet d’éviter certains problèmes reliés à la nature quan-
tique des modèles théoriques qui sont proposés pour décrire la physique des particules. Ces
problèmes seront évoqués au chapitre 10.
On assigne au quark top le nombre quantique appelé top ou truth (“vérité”) T , T = 1 pour
le quark t et T = −1 pour l’antiquark t̄. La masse du quark top est très élevée, c’est-à-dire
environ 175 GeV. Celui-ci se désintègre donc en quarks plus légers très rapidement en moins
de 10−23 s, c’est-à-dire en moins de temps qu’il n’en faut pour s’échapper de l’intérieur d’un
hadron ou pour former des hadrons (voir résonance page 107)
Seules les interactions faibles ne préservent pas le nombre quantique top T :
[T, Hfortes ] = 0, [T, He.m. ] = 0, et [T, Hfaibles ] 6= 0.
100
Conjugaison de la charge Chapitre 5
La conjugaison de charge C est une transformation qui change une particule pour son
antiparticule se trouvant dans le même état d’impulsion, de position, etc... Dans les faits,
cette opération inverse simplement le signe des charges et du moment magnétique de chaque
particule.
Il est à noter qu’en mécanique classique, les équations qui décrivent les interactions élec-
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101
Chapitre 5 SYMÉTRIES INTERNES ET HADRONS
où η C est appelé la parité de charge. Il en découle que C |ψi a les mêmes nombres quantiques
(ou charge) que |ψi. Les seuls états qui répondent à cette conditions sont les systèmes dits
vraiment neutres, c’est-à-dire les états dont toutes les charges quantiques et le moment mag-
nétique total sont nuls. C’est notamment le cas pour le photon et pour les états liés formés
d’une particule et de son antiparticule, ex.
γ, π 0 , e− e+ , η, . . .
Par ailleurs, le neutron, bien que neutre, possède un moment magnétique et un nombre bary-
onique non nuls et donc n’a pas de parité de charge définie.
La conjugaison de charge est, tout comme la parité, une opérateur unitaire discret dont les
valeurs propres sont
η C = ±1.
2. un facteur de (−)1 qui apparaît lorsque des fermions ou antifermions sont interchangés.
La conjugaison de charge agissant sur tout système fermion-antifermion donne alors
¯ ® ¯ ®
C ¯f f¯ = (−)l (−)s+1 (−)1 ¯f f¯
¯ ®
= (−)l+s ¯f f¯ .
Autrement dit la parité de charge totale est
ff ¯
ηC = (−)l+s . (5.6)
102
Conjugaison de la charge Chapitre 5
Invariance par C
L’opérateur de conjugaison de charge n’affecte pas les nombres quantiques que sont la
masse, l’impulsion, l’énergie, le spin et laisse aussi invariants l’opération de conjugaison
complexe K et les hamiltoniens des interactions fortes et électromagnétiques.
[C, p] = [C, J] = [C, K] = [C, Hfortes ] = [C, Hem ] = 0. (5.7)
Par ailleurs, il inverse le signe de charges électrique, baryonique, leptonique, de l’étrangeté,
de la troisième composante d’isospin, et du moment magnétique, c’est-à-dire
{C, Q} = {C, B} = {C, L} = {C, S} = {C, I3 } = {C, μ} = 0. (5.8)
Exemple 5.1
Considérons le proton et l’antiproton représentés respectivement par |pi et |p̄i. Le proton et l’antiproton
sont des états propres de charge
Q |pi = |pi
Q |p̄i = − |p̄i .
Par ailleurs, ce ne sont manifestement pas des états propres de parité de charge puisque la conjugaison
de charge transforme proton en antiproton et vice versa
C |pi = |p̄i
C |p̄i = |pi .
Cependant, on déduit des deux relation précédentes que l’effet conjugué de Q et de C
CQ |pi = C |pi = |p̄i
QC |pi = Q |p̄i = − |p̄i
d’où (5.8) découle naturellement
(CQ + CQ) |pi = {C, Q} |pi = 0.
Il n’existe que quelques rares particules qui sont des états propres de la conjugaison de
charge. Le π 0 , qui est un état de spin s = 0 et de moment cinétique l = 0 formé d’un mélange
de paires de quarks uū et dd, ¯ est un état vraiment neutre. Selon (5.6), on doit lui assigner la
π0 l+s
parité de charge η C = (−) = 1. Ce résultat est effectivement vérifié expérimentalement
par l’observation du processus suivant
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π 0 → γ + γ.
La conservation de la parité de charge implique dans ce cas
0 2
η πC = (η γC ) = 1,
quelque soit la parité de charge du photon.
D’autre part, la parité de charge des photons peut être facilement déduite des propriétés
classiques du champ électromagnétique. Puisque l’opération consiste à inverser la charge et le
moment magnétique, elle inverse donc les champs électrique et magnétique. Le quadrivecteur
Aμ (x) = (φ(x), A (x)) se transforme donc suivant
Cφ(x) = −φ(x)
CA (x) = −A (x)
ce qui correspond à un parité de charge négative, ηγC = −1. Mentionnons sans élaborer que
ce résultat se transpose à la description quantique des photons où Aμ (x) est promu au rang
103
Chapitre 5 SYMÉTRIES INTERNES ET HADRONS
Systèmes particule-antiparticule
Dans le cas de systèmes formés d’une particule et de son antiparticule, il est possible
d’invoquer le “principe de Pauli généralisé” selon lequel il y a symétrie ou antisymétrie
sous l’échange total de particule-antiparticule (par opposition à l’échange de particules iden-
tiques). Par échange total, on entend échange de leur charge électrique, de leur position et de
leur spin. Voici un exemple où ce principe peut être fort utile :
Le positronium procure une vérification complémentaire de la conservation de la parité
de charge dans les interactions électromagnétiques. Rappelons que le positronium est un état
lié e+ e− qui ressemble beaucoup à l’atome d’hydrogène pour peu qu’on tienne compte de la
différence de masse réduite et des effets relativistes. Les états liés peuvent être décrits par la
notation spectroscopique
2S+1
LJ ,
où S, L et J sont le spin total, le moment cinétique orbital et le moment cinétique total. La
parité et la parité de charge pour ces états liés sont données par
+ −
ηP = ηeP η eP (−)L
ηC = (−)L+S .
Le parapositronium et l’orthopositronium sont les états 1 S0 et 3 S1 (niveau n = 1, L = 0,
S = 0 et 1) respectivement et possèdent les parités de charge +1 et −1. Dans la désinté-
gration de ces états en deux photons (η2γ 3γ
C = 1) et trois photons (η C = −1), on observe
expérimentalement les modes permis et interdits suivant :
1
S0 → γ+γ
9 γ+γ+γ
3
S1 → γ+γ+γ
9 γ+γ
en accord avec la conservation de la parité de charge.
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104
Parité-G Chapitre 5
5.6 Parité-G
105
Chapitre 5 SYMÉTRIES INTERNES ET HADRONS
[G, Hfortes ] = 0
[G, He.m. ] 6= 0
[G, Hfaibles ] 6= 0.
Les interactions électromagnétique et faible ne sont pas invariantes par G.
Tous les multiplets ne sont pas nécessairement des états propres de la parité-G. G im-
plique une conjugaison de charge dont les états propres sont comme on le sait vraiment neu-
tres. Lorsqu’appliquée sur tout le multiplet, la conjugaison de charge devrait voir le multiplet
globalement comme un objet vraiment neutre sinon la charge totale du multiplet sera modi-
fiée. Donc seuls les multiplets dont les charges moyennes sont nulles peuvent être des états
propres de G.
Q̄ = 0, B̄ = 0, Ȳ = 0
C’est le cas du multiplet du pion dont la parité-G est −1 alors que le multiplet des nucléons
106
Résonances Chapitre 5
5.7 Résonances
Puisque ce chapitre porte sur les hadrons et leurs symétries, l’endroit semble approprié
pour introduire la notion d’états hadroniques appelés résonances.
Dans certains processus impliquant des interactions fortes, des états très instables (τ ≤
10−23 s) appelés résonances sont observés. Malgré leur très courte vie — elles se désintègrent
en moins de temps qu’il n’en faut pour traverser un proton — il est possible de les détecter en
analysant les produits de la réaction et leur distribution en fonctions des variables dynamiques
telles que les variables de Mandelstam. Leur présence se manifeste alors par des pics dans les
distributions.
+ π+ Figure 5.1 JI
π ρ+ Exemple de résonances : Les produits de la réac-
tions, π 0 , π + et p, peuvent être issus de la désin-
tégration de particules intermédiaires (résonances
π0 hadroniques).
p
p
π+
π+ π0
+
π
π0 π+
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p ∆+ p ∆++
p ? p
107
Chapitre 5 SYMÉTRIES INTERNES ET HADRONS
où M0 est la partie des éléments de matrice qui ne dépend pas de la résonance. Les constantes
g1 et g2 sont les couplages de la résonance avec le reste de la réaction (parties ombrées dans
la figure 5.1) et avec ses produits de désintégration respectivement. On reconnaît dans le fac-
teur qui dépend de sij une forme très similaire à celle d’un propagateur. Toutefois ce facteur,
dénommé Breit-Wigner, se distingue d’un propagateur en ce sens que l’état intermédiaire, la
résonance, est un état réel. Ici, m et Γ sont respectivement la masse et la largeur de désinté-
gration de la résonance alors que les variables de Mandelstam sij
sij = (pi + pj )2 = Mij
2
sont reliées à ce qu’on appelle les masses invariantes Mij des particules i et j. Ici pi et
pj sont les impulsions des particules finales. La forme (5.10) caractérise la distribution des
événements en fonction de sij .
Figure 5.2 JI
Diagramme de Dalitz : Une distribution uniforme
des événements en fonction des masses invari-
antes signifie qu’aucune résonance n’est observée.
Par ailleurs, si on note que la distribution des événe- 3
ments est regroupée autour de certaines valeurs
des masses invariantes s34 ou s24 (partie fon-
cée), il est possible d’en déduire la masse et la
largeur de désintégration des résonances. Par ex- s34
emple, la position et la largeur du pic dans la dis-
tribution des événements en fonction de s34 sont
recpectivement m2∆+ et Γ∆+ alors que ceux as- (GeV2)
sociés à s24 = sont m2ρ+ et Γ2ρ+ . (m∆+ = 1232
MeV, Γ∆+ = 115.0 MeV, mρ+ = 768.5 MeV et
Γρ+ = 150.7 MeV). 1
Nous avons vu que dans une collision impliquant trois particules finales comme dans
(5.9), la section efficace est donnée par l’équation (3.39) soit
⎡ ⎤
Z Y 4
1 d 4
p ¡ 2 ¢
σ(a + b → 2 + 3 + 4) = p ⎣ · 2πδ pf − m2f θ (pf 0 )⎦
2 λ (s, m2a , m2b ) (2π)4
f =2
· (2π) δ (Pf − Pi ) |M |2 .
4 4
(5.11)
Ici, nous avons affaire à trois particules finales comme dans le cas d’une désintégration à
trois corps. L’espace de phase peut donc être décrit de façon similaire et le nombre d’états est
donné par l’équation (3.40)
⎡ ⎤
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Z Y 4
d 4
p ¡ 2 ¢ 4
N̄tot = ⎣ · 2πδ pf − m2f θ (pf 0 )⎦ (2π) δ 4 (Pf − Pi )
(2π)4
f =2
Z
1
= ds34 ds24
16(2π)3 s
ou
1
dN̄tot = ds34 ds24 .
16(2π)3 s
Alors la section efficace prend la forme
1 2
σ(a + b → 2 + 3 + 4) ∝ ds34 ds24 |M | (5.12)
16(2π)3 s
On remarque que si |M |2 a une dépendance explicite en s34 et s24 comme dans l’expression
108
Tableau récapitulatif Chapitre 5
(5.10), la distribution des événements en fonction des variables s34 et s24 sera caractérisée
par des pics centrés à sij = m2 dont la largeur à demi hauteur permet de déterminer Γ. Dans
2
le cas où |M | ne dépend pas de s34 ou s24 , la distribution des événements reste uniforme.
Il est à noter que les variables s24 et s34 sont bornées cinématiquement. Les limites sont
les mêmes
√ que celles décrites dans la désintégration à trois corps à l’équation (3.42) avec
m1 = s.
Les diagrammes de Dalitz (figure 5.2) illustrent la distribution des événements en fonction
des masses invariantes ainsi que la région cinématique permise (partie ombrée). Lorsqu’elle
est marquée par des pics pour certaines valeurs de masses invariantes, cela signale qu’il y a eu
formation de résonances ; il est possible d’en déduire leur masse et leur largeur de désintégra-
tion. Par ailleurs, l’absence de pics dans la distribution signifie aussi l’absence de résonance.
Dans le cas des résonances ∆+ et ρ+ , les pics sont observés aux masses
Résumant, les lois de conservation et règles de sélection pour les interactions fortes, élec-
tromagnétiques et faibles se lisent comme suit :
Lois de conservation
Quantité conservée Int. fortes Int. e.m. Int. faibles
Énergie-impulsion X X X
Moment cinétique total X X X
Parité X X
Renversement du temps X
Q (charge électrique) X X X
Le (# électronique) X X X
Lμ (# muonique) X X X
Lτ (# tauonique) X X X
B (# baryonique) X X X
I (isospin fort) X
I3 (isospin fort) X X
S (étrangeté) X X
C (charme) X X
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B (bottom) X X
T (top) X X
Parité de charge X X
Parité-G X
CPT X X X
109
Chapitre 5 SYMÉTRIES INTERNES ET HADRONS
5.9 Exercices
5.1. Lois de conservation
Indiquer lesquelles des réactions suivantes sont interdites et les lois de conservation qui sont vio-
lées :
π0 p → Σ− K 0 π+ pp → K 0 K − π+ π0
+
eπ → pne π− n → Ξ− K 0 K 0
ep → epπ0 π0 π − p → Ξ− K +
eμ → ν e ν μ K − p → Λn
−
Ξ n→K K + 0
Σ− p → Ξ− K +
Rappel : Dans les interactions faibles, I3 et S ne sont conservés, mais k∆Sk = 0, 1. (La barre
indique l’antiparticule, ex. p = antiproton).
Utiliser l’invariance sous C (conjugaison de charge) dans les interactions électromagnétiques pour
trouver le nombre minimum de photons produit dans la désintégration de l’état fondamental de
(a) l’ortho-positronium (S = 1) et
(b) le para-positronium (S = 0).
110
Exercices Chapitre 5
111
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LE MODÈLE DES QUARKS Chapitre 6
6.1 Introduction ........... 113
6.2 Théorie des groupes .. 114
6.3 Quarks et représentations
SU (N) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 126
6.4 Couleur ............... 138
6.1 Introduction 6.5 Masses et moments
magnétiques ............. 141
6.6 Diagrammes de flot de quarks
146
6.7 Charme et SU (4) ..... 147
6.8 Exercices .............. 153
Historique
Le modèle des quarks fut à l’origine motivé par deux observations empiriques :
1. Le nombre de leptons connus est limité à six alors qu’il existe une multitude de hadrons ;
Y Figure 6.1 JI
+
Multiplet de baryons J P = 12 : La position des
n p baryons est assignée en fonction de l’hypercharge
N(939)
1 Y et la troisième composante d’isospin I3 . La colonne
de droite montre la masse moyenne (en MeV)
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- Σ+ I3
Σ Σ0 Σ(1116) des différents états de charge d’un sous-multiplet
Σ(1193) d’isospin.
1 Λ0 1
Ξ -
Ξ 0 Ξ(1318)
-1 ?
113
Chapitre 6 LE MODÈLE DES QUARKS
Figure 6.2 JI
Multiplet de mésons J P = 0− : La position des Y
mésons est assignée en fonction de l’hypercharge K0 K+
Y et la troisième composante d’isospin I3 . La colonne K(496)
de droite montre la masse moyenne (en MeV) 1
des différents états de charge d’un sous-multiplet π -
π0 π+ I3
d’isospin. On note ici que les états propres de π(138)
masse des particules η et η 0 diffèrent des états -1 η1 η8 1 η'(958) η(549)
d’hypercharge-isospin η1 (singulet) et η 8 (octet).
-
K K0 K(496)
-1
Les quarks n’ont jamais été observés directement, c’est-à-dire à l’état libre, mais leur
existence physique est supportée par des mesures indirectes, par exemple dans le bombarde-
ment de protons et de neutrons par un faisceau d’électrons fortement accélérés. Dès la fin
des années 60, des expériences menées à l’accélérateur linéaire de Stanford révélèrent que
la distribution angulaire et énergétique des électrons diffusés était en accord avec le modèle ;
les électrons semblaient entrer en collision avec des particules ponctuelles chargées à l’in-
térieur des protons et des neutrons. Plusieurs autres observations expérimentales sont venues
par la suite appuyer ce modèle sans toutefois être en mesure de prouver formellement l’exis-
tence des quarks. De nos jours, le modèle des quarks fait partie intégrante du modèle le plus
crédible en physique des particules, le modèle standard.
Puisque certains aspects du modèle des quarks sont mieux compris avec le langage de la
théorie des groupes, la première partie de ce chapitre introduit certains concepts utiles sur
les groupes. Ces concepts peuvent sembler abstraits ou même peu utiles à prime abord. C’est
pourquoi nous tentons de visualiser chacun de ces concepts dans le contexte d’un groupe bien
connu en mécanique quantique, le groupe de Lie qui décrit le spin et l’isospin, SU (2).
Nous établissons aussi le lien entre la représentation du groupe SU (N ) et le modèle des
quarks, pour ensuite construire les fonctions d’onde associées aux baryons et aux mésons.
Par la suite, nous considérons les extensions du modèle original, c’est-à-dire l’ajout de trois
nouvelles saveurs et l’introduction du concept de la couleur. Finalement, nous terminons ce
chapitre en décrivant certaines prédictions du modèle des quarks par exemple la masse et le
moment magnétique des hadrons.
d Y u
1/3
I3
-1/2 1/2 Dans les chapitres précédents, nous avons décrit certaines opérations de symétrie (ex.
translation, rotation) telles que la succession de deux de ces opérations est aussi une opération
de symétrie. Il s’agit d’une propriété qui caractérise un objet mathématique appelé un groupe.
Tout comme les symétries, les propriétés des groupes sont très utiles en physique théorique.
s
-2/ 3 Commençons par décrire brièvement les concepts les plus simples de la théorie des groupes.
Figure 6.3 N
Représentation fondamentale des quarks u, d et
s en fonction de l’hypercharge Y et la troisième
composante d’isospin I3 .
114
Théorie des groupes Chapitre 6
Un groupe G est formé d’un ensemble d’éléments (a, b, c, ...) et d’une règle de composi-
tion (notée ici par le symbole ◦). Il possède les propriétés suivantes :
1. Relation de fermeture :
Si a et b sont des éléments du groupe G, alors a ◦ b est également un élément de G
∀a, b ∈ G : a ◦ b ∈ G. (6.1)
4. Associativité :
Si a, b et c sont des éléments de G, alors la relation (a ◦ b) ◦ c = a ◦ (b ◦ c) est satisfaite,
∀a, b, c ∈ G : (a ◦ b) ◦ c = a ◦ (b ◦ c). (6.4)
Un groupe peut être abélien ou non abélien (commutatif ou non commutatif) suivant que
le produit de deux éléments est commutatif — a ◦ b = b ◦ a ou non. Un groupe est fini (ou
infini) si le nombre d’éléments est fini (ou infini). Si les éléments du groupe forment une suite
discrète en correspondance avec les entiers, ce groupe est dit discret, autrement le groupe est
continu. Les groupes de symétrie considérés ici sont des groupes continus, c’est-à-dire que
les paramètres décrivant les transformations sont des variables continues. Le groupe continu
est un groupe de Lie si localement on peut établir une correspondance entre les paramètres
et Rd , autrement dit le groupe possède la structure d’une variété différentiable. On dit alors
que d est la dimension du groupe de Lie. Un sous-groupe est un sous-ensemble d’un groupe
avec la même règle de composition. Quelques exemples de groupes utiles en physique :
– Z, l’ensemble des entiers, forme un groupe infini, discret et abélien par rapport à
l’addition.
– R, l’ensemble des réels, forme un groupe infini, continu et abélien par rapport à l’ad-
dition. R n’est toutefois pas un groupe par rapport à la multiplication.
– Sn , l’ensemble des permutations de n objets forme le groupe symétrique ou groupe
des permutations.
– L’ensemble des translations en une, deux ou trois dimensions où la règle de composi-
tion est la succession de translations forment un groupe infini, continu et abélien
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115
Chapitre 6 LE MODÈLE DES QUARKS
Représentations
Comme on le voit, il y a toute une variété de groupes qui ont des structures plus ou moins
abstraites. Toutefois, notre intérêt se portera plus précisément sur les groupes matriciels,
c’est-à-dire les groupes pour lesquels il est possible de représenter chacun des éléments par
des objets plus concrets, des matrices ou de façon équivalente, des opérateurs linéaires. Si
les matrices sont d’ordre n, on dit que celles-ci forment une représentation vectorielle de
dimension n.
Plus formellement, D(x) est appelée une représentation si pour tout élément x d’un
groupe G, il existe un opérateur matriciel D(x) tel que, si on a deux éléments du groupe
x et y alors
D(x) · D(y) = D(x · y) et D(x−1 ) = (D(x))−1 .
Un même groupe peut avoir plusieurs représentations de dimensions différentes. Cependant
deux représentations D et D0 sont équivalentes si elles sont reliées par une transformation de
similarité c’est-à-dire
D0 (x) = SD(x)S −1
où S est une matrice constante. De plus, si D est diagonalisable en bloc on dit que la représen-
tation est réductible. Il est donc possible de trouver une matrice S telle que D0 (x) est diago-
nale en bloc µ 0 ¶
0 −1 D1 (x) 0
D (x) = SD(x)S =
0 D20 (x)
0
L’espace vectoriel sur lequel agit D (x) se divise en deux sous-espaces orthogonaux sur
lesquels agissent D10 (x) et D20 (x) séparément. Dans le cas contraire où D n’est pas diagonal-
isable en bloc, la représentation est dite irréductible. Deux représentations sont particulière-
ment intéressantes :
– La représentation fondamentale : c’est la plus petite représentation irréductible (c’est-
à-dire qui ne contient pas de sous-espace invariant) et non triviale du groupe. Pour
SU (2), la représentation fondamentale de dimension 2 est simplement un vecteur à
deux composantes, un doublet
µ ¶ µ ¶ µ ¶
X1 1 0
X= = X1 + X2 .
X2 0 1
où le dernier terme représente la décomposition du vecteur dans une base orthonor-
mée. On note que le vecteur est de la “matrice” rectangulaire de dimension 2 la plus
élémentaire.
– La représentation adjointe est la représentation générée par les constantes de structure
du groupe. Nous la définissons plus loin dans le contexte des groupes de Lie.
Groupes de Lie
Nous nous intéresserons surtout aux groupes de Lie qui sont particulièrement utiles en
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physique des particules (ex. le groupe SU (2) de l’isospin). Ceux-ci sont caractérisés par
des transformations unitaires continues, c’est-à-dire que chaque transformation est définie
par un ensemble de paramètres continus et une loi de multiplication qui dépend de manière
monotone des paramètres. C’est le cas par exemple de la rotation en deux dimensions, qui
dépend d’un seul paramètre continu, l’angle de rotation θ.
Ces transformations sont équivalentes à une représentation d’opérateur unitaire11
a
U = eiα Ta
(6.5)
a
où α ∈ R avec a = 1, 2, 3, ..., N . Ta sont des opérateurs hermitiques linéairement in-
dépendants qui sont souvent identifiés aux générateurs du groupe appelés ainsi parce qu’ils
permettent de “générer” la transformation d’un élément du groupe vers un autre élément du
11
Rappelons ici que la répétition d’indice sous-entend une sommation, c’est-à-dire que αa Ta = Σa αa Ta .
116
Théorie des groupes Chapitre 6
groupe. Pour le groupe SU (2), l’élément U peut être assimilé à la notion de rotation dans
l’espace des spins ou isospins.
où nous avons fait usage de l’identité de Jacobi à la deuxième ligne. L’action ada définit une
représentation appelée la représentation adjointe puisqu’elle obéit elle-même à l’algèbre
[ada , adb ] = ifabc adc .
et correspond comme on peut le constater aux générateurs ada = Ta .
117
Chapitre 6 LE MODÈLE DES QUARKS
Puisque les générateurs d’un groupe définissent les transformations, il ne faut pas s’é-
tonner qu’un certain nombre de propriétés associées à ce groupe découlent directement de
l’analyse des générateurs.
Rang :
On peut tout d’abord diviser les générateurs d’un groupe en deux ensembles :
1. Les opérateurs hermitiques diagonaux, Hi (ex. J3 dans SU (2))
118
Théorie des groupes Chapitre 6
Poids :
Posons des états caractérisés par deux quantités, le vecteur de poids μ dont les com-
posantes sont μi et la représentation D. Sous les opérateurs hermitiques diagonalisés Hi , les
états propres |μ,Di obéïssent à
Hi |μ,Di = μi |μ,Di
où μi , les poids, sont les valeurs propres de Hi . L’ensemble des Hi forme ce qu’on appelle
la sous-algèbre de Cartan.
Puisque dans SU (2), le rang est m = 1, il existe un seul opérateur hermitique diagonal-
isable qui correspond à J3 . Dépendant de la représentation (singulet, doublet, triplet,...), le
vecteur de poids, qui ici ne possède qu’une seule composante, peut prendre les valeurs
μ = −J, −J + 1, ...., J − 1, J.
La quantité J, comme on le voit, est le poids le plus élevé de la représentation.
Racines :
Dans la représentation adjointe, chaque état correspond à un générateur du groupe. Il sont
représentés par la matrice (Ta )bc = −ifabc . En abrégeant la notation on peut écrire
Ta → |Ta i
avec un produit scalaire défini par
£ ¤
hTa |Tb i = λ−1 Tr Ta† Tb .
Comme nous l’avons indiqué plus haut, l’action d’un générateur Ta sur un deuxième
générateur Tb correspond au commutateur [Ta , Tb ] . Similairement, l’action de Ta sur un état
|Tb i est l’état
Ta |Tb i = |[Ta , Tb ]i
Il est donc possible d’identifier les vecteurs de poids nul puisque ceux-ci sont formés par les
opérateurs hermitiques Hi qui commutent entre eux soient
Hi |Hj i = |[Hi , Hj ]i
= 0.
Le reste des générateurs est décrit par les états |Eα i tels que
Hi |Eα i = |[Hi , Eα ]i = αi |Eα i
ce qui correspond au commutateur
[Hi , Eα ] = αi Eα .
Ces objets ne sont pas nécessairement hermitiques, alors on écrira
£ ¤
Hi , Eα† = −αi Eα†
puisque Eα† = E−α .
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En normalisant
£ ¤
hEα |Eβ i = λ−1 Tr Eα† Eβ = δ αβ
hHi |Hj i = λ−1 Tr [Hi Hj ] = δ ij .
Dans SU (2), E±α = J± est l’opérateur de création/destruction et Hi = J3 est l’opérateur
hermitique diagonal.
Les vecteurs de poids, μ = α, de la représentation adjointe sont appelés racines. Rap-
pelons que l’opérateur de création (destruction) élève (abaisse) la valeur propre du nouvel
état
E±α |μ,Di = N±α,μ |μ ± α,Di
En utilisant ces états, on peut prouver que le produit scalaire des vecteurs μ et α
p−q 2
α·μ=− α
2
où p et q sont des entiers. Il en découle que le produit scalaire de deux racines α et β obéit
119
Chapitre 6 LE MODÈLE DES QUARKS
Les rotations en 2D sont essentiellement décrites par des matrices 2 × 2, par exemple
µ 0 ¶ µ ¶µ ¶
Vx cos θ sin θ Vx
= (6.7)
Vy0 − sin θ cos θ Vy
ou en bref
V0 = R (θ) V.
Les matrices de rotation R (θ) ont la propriété
RT (θ) R (θ) = R (θ) RT (θ) = I
où RT (θ) est la matrice transposée de R (θ). Il en découle que RT est aussi l’inverse de
R, c’est-à-dire RT = R−1 . De telles matrices sont dites orthogonalespuisqu’elles lais-
sent orthogonal un système de coordonnées orthogonales et ne changent pas la longueur des
vecteurs. Les matrices orthogonales 2 × 2 forment le groupe appelé O (2) . Mais les rotations
en 2D ont aussi la propriété d’être unimodulaires ou spéciales, c’est-à-dire que det R = 1,
ce qui leur vaut de former un groupe distinctif appelé SO (2) .
En utilisant les combinaisons linéaires appropriées, c’est-à-dire V± = √12 (Vx ± iVy ), il
est possible de réécrire la relation (6.7) sous la forme
µ 0 ¶ µ iθ ¶µ ¶
V+ e 0 V+
=
V−0 0 e−iθ V−
θ où V± est maintenant complexe. On note que sous cette forme, la matrice de transformation
est diagonale et la relation précédente se réduit à deux transformations distinctes :
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V+0 = eiθ V+
V−0 = e−iθ V−
Figure 6.4 N
Rotation par un angle θ d’un système en deux dont la forme générale se lit
dimensions. W 0 = eiaθ W
où a est réel. De telles transformations correspondent à des changements de phase et forment
le groupe U (1) (voir page 121). On voit donc qu’il existe une correspondance 1 à 1 entre les
éléments de SO (2) (les rotations en 2D) et ceux de U (1) (les changements de phase). On dit
alors que SO (2) est isomorphe à U (1).
120
Théorie des groupes Chapitre 6
2
alors que la rotation par un angle θ = 4π laisse les états de spin intacts
µ 1 ¶ µ 1 ¶ µ 1 ¶
iJ·θ 2 i2πσ z 2 2
e =e = .
− 12 − 12 − 12
Il y a donc une correspondance 2 à 1 entre les rotations en 3D (groupe SO(3)) et les trans-
formations SU (2). On dit alors que le groupe SO(3) est homomorphe à SU (2).
Groupe U(1)
U (1) est le groupe unitaire le plus simple. Il inclut l’ensemble de tous les facteurs de
phase complexes U (H) = eiH , où H est un paramètre scalaire réel. La règle de composition
121
Chapitre 6 LE MODÈLE DES QUARKS
est la multiplication :
0
U (H)U (H 0 ) = eiH eiH
0
= ei(H+H )
= U (H + H 0 )
= U (H 0 )U (H)
Ce groupe est commutatif ou abélien puisque ces éléments commutent.
Groupes SU(N)
Les éléments du groupe SU (N ) sont représentés par des matrices N × N unitaires, dont
le déterminant est égal à 1. Le groupe SU (N ) lui-même est caractérisé par N 2 −1 paramètres
indépendants, notés αa . Les éléments du groupe sont représentés par (voir eq. (6.5)) :
Le groupe SU(2)
Regroupons maintenant les propriétés du groupe SU (2) décrites plus haut. La représen-
tation fondamentale du groupe SU (2) est un vecteur de dimension 2 (un doublet) :
µ ¶ µ ¶ µ ¶
X1 1 0
X= = X1 + X2 . (6.10)
X2 0 1
Le dernier terme illustre que tout état peut donc être construit comme une combinaison
linéaire des deux vecteurs de base orthonormée. Les générateurs sont proportionnels aux
trois matrices de Pauli (c’est-à-dire Ji = 12 σ i ) :
µ ¶ µ ¶ µ ¶
1 0 1 1 0 −i 1 1 0
J1 = , J2 = , J3 = . (6.11)
2 1 0 2 i 0 2 0 −1
122
Théorie des groupes Chapitre 6
Il est facile de démontrer que J± a pour effet d’élever ou de réduire d’une unité la valeur
propre de J3 d’un état. Posons un état |mi tel que
J3 |mi = m |mi .
Alors en utilisant la relation de commutation
[J3 , J± ] = ±J±
on obtient
J3 J± |mi = J± J3 |mi ± J± |mi
= (m ± 1) J± |mi .
On en conclut donc que l’état J± |mi a la valeur propre (m ± 1) et correspond à l’état
|m ± 1i . Sur un axe représentant les valeurs propres de J3 (ou encore les états propres),
on note l’action des opérateurs de création et de destruction sur les états propres (voir figure
6.5). Ceux-ci qui élèvent ou réduisent les valeurs propres (ex. spin, isospin,...).
Figure 6.5 JI
J- J+
Action des opérateurs de création et de destruc-
tion sur les états propres.
J3
Certains opérateurs commutent avec tous les générateurs du groupe. On les appelle les
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opérateurs de Casimir. Dans le cas de SU (2), un seul opérateur de Casimir est défini :
³ σ ´2
C = J2 = J+ J− + J− J+ + J32 = .
2
Il est facile de déterminer la valeur de cet opérateur. Posons par exemple un état de spin
|mmax i dont la troisième composante est maximale dans le multiplet de spin J. Alors
J3 |mmax i = mmax |mmax i
où mmax = J et l’opérateur de Casimir qui agit sur cet état donne
¡ ¢
C |mmax i = J+ J− + J− J+ + J32 |mmax i
= mmax (mmax + 1) |mmax i
= J (J + 1) |mmax i
.
123
Chapitre 6 LE MODÈLE DES QUARKS
Le groupe SU(3)
f123 = 1 (6.16)
√
3
f458 = f678 = (6.17)
2
1
f147 = f246 = f257 = f345 = f516 = f637 = (6.18)
2
1
d118 = d228 = d338 = −d118 = √ (6.19)
3
1
d448 = d558 = d668 = d778 = − √ (6.20)
2 3
1
d146 = d157 = −d247 = d256 = d344 = d355 = −d366 = −d377 = . (6.21)
2
On écrit souvent les générateurs du groupe SU (3) en terme des matrices de Gell-Mann
λa
Ta = .
2
où
⎛ ⎞ ⎛ ⎞ ⎛ ⎞
0 1 0 0 −i 0 1 0 0
λ1 = ⎝ 1 0 0 ⎠ , λ2 = ⎝ i 0 0 ⎠ , λ3 = ⎝ 0 −1 0 ⎠ ,
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0 0 0 0 0 0 0 0 0
⎛ ⎞ ⎛ ⎞
0 0 1 0 0 −i
λ4 = ⎝ 0 0 0 ⎠ , λ5 = ⎝ 0 0 0 ⎠ ,
1 0 0 i 0 0
⎛ ⎞ ⎛ ⎞ ⎛ ⎞
0 0 0 0 0 0 1 0 0
1
λ6 = ⎝ 0 0 1 ⎠ , λ7 = ⎝ 0 0 −i ⎠ , λ8 = √ ⎝ 0 1 0 ⎠
0 1 0 0 i 0 3 0 0 −2
Il est possible de faire ressortir le sous-groupe SU (2) de SU (3) en éliminant des matrices
3 × 3 les rangées et colonnes qui ne contiennent que des zéros. ¡ On
√ retrouve
¢ en effet les
matrices de Pauli à l’intérieur de λ1 , λ2 et λ3 , de λ4 , λ5 et 12 λ3 + 3λ8 , et de λ6 , λ7 et
1
¡ √ ¢
2 −λ3 + 3λ8 respectivement. Ces trois couples de matrices forment donc respectivement
124
Théorie des groupes Chapitre 6
des sous-groupes SU (2) qui sont appelés le sous-groupe d’isospin (ou I-spin), le sous-groupe
de V -spin et le sous-groupe de U -spin.
λ1 , λ2 , λ3 ∈ SUI (2)
1³ √ ´
λ4 , λ5 , λ3 + 3λ8 ∈ SUV (2)
2
1 ³ √ ´
λ6 , λ7 , −λ3 + 3λ8 ∈ SUU (2)
2
Comme dans le cas de SU (2), le générateurs de SU (3) peuvent être regroupés en deux
catégories :
1. Opérateurs hermitiques diagonaux :
1
I3 = λ3
2
1
Y = √ λ8 .
3
SU (3) est donc de rang 2. Un état propre |m, yi de ces opérateurs est sujet aux conditions
I3 |m, yi = m |m, yi
Y |m, yi = y |m, yi
où m et y sont les valeurs propres.
Opérateurs de création/destruction :
1
I± = (λ1 ± iλ2 )
2
1
V± = (λ4 ± iλ5 )
2
1
U± = (λ6 ± iλ7 ).
2
Afin d’illustrer l’effet de ces opérateurs, considérons un état |m, yi . Alors en utilisant la
relation de commutation
[Ta , Tb ] = ifabc Tc
on obtient
[I3 , I± ] = ±I± [Y, I± ] = 0
[I3 , V± ] = ± 12 V± [Y, V± ] = ±V±
[I3 , U± ] = ∓ 12 U± [Y, U± ] = ±U±
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On vérifie aussi que l’action des opérateurs se traduit par un changement d’état et de ces
valeurs propres. Si bien que, par exemple, d Y u
¾ 1/3
I3 I± |m, yi = (m ± 1) I± |m, yi I3
=⇒ I± |m, yi ∝ |m ± 1, yi
Y I± |m, yi = yI± |m, yi -1 / 2 1/2
125
Chapitre 6 LE MODÈLE DES QUARKS
¾
I3 I± |m, yi = (m ± 1) I± |m, yi
=⇒ I± |m, yi ∝ |m ± 1, yi
Y I± |m, yi = yI¡ ± |m,1 yi
¢ ¾
I3 V± |m, yi = m ± 2 V± |m, yi ¯ ®
=⇒ V± |m, yi ∝ ¯m ± 12 , y ± 1
Y V± |m, yi = (y¡ ± 1) V¢± |m, yi ¾
I3 U± |m, yi = m ∓ 12 U± |m, yi ¯ ®
=⇒ U± |m, yi ∝ ¯m ∓ 12 , y ± 1
Y U± |m, yi = (y ± 1) U± |m, yi
Par analogie, ces opérateurs sont souvent appelés I−spin, V −spin et U −spin
Les vecteurs de base ont les valeurs propres suivantes (I3 = 12 λ3 et Y = √13 λ8 ) :
⎛ ⎞ ⎛ ⎞ ⎛ ⎞
1 0 0
⎝ 0 ⎠ ⎝ 1 ⎠ ⎝ 0 ⎠
0 0 1
1 1
I3 2 −2 0
1 1
Y 3 3 − 23
Ici les vecteurs de base sont des états propres de d’isospin et l’hypercharge |m, yi . Les
vecteurs de base de la représentation fondamentale 3 sont souvent représentés par leur po-
sition sur un diagramme de poids dont les axes correspondent aux valeurs des opérateurs I3
et Y (voir figure 6.6) et les états sont représentés par des points dont les coordonnées sont
(m, y).. Les opérateurs de I−spin, V −spin et U −spin (création/destruction) décrits plus haut
permettent de se déplacer sur le diagramme de poids (voir figure 6.7).
Dans le cas de SU (3), l’opérateur de Casimir est défini par
1 1
C = Ta T a = (I+ I− + I− I+ ) + I32 + (U+ U− + U− U+ )
2 2
1 3
+ (V+ V− + V− V+ ) + Y 2 .
2 4
On peut déterminer la valeur de cet opérateur en considérant un état |χmax i dont la troisième
composante d’isospin (I3 ) et d’hypercharge (Y ) sont à leur valeurs maximales dans le multi-
Y plet. Alors
I-spin
I3 |χmax i = mmax |χmax i
1 Y |χmax i = Ymax |χmax i
I3 et l’opérateur de Casimir qui agit sur cet état donne
µ ¶
2 3 2
-1 1 C |χmax i = I3 + 2I3 + Y |χmax i .
4
U-spin V-spin
-1 6.3 Quarks et représentations SU(N)
Figure 6.7 N
Diagramme de poids de l’octet : Chaque point
sur le diagramme correspond à un état du mul-
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tiplet identifié par ses valeurs propres I3 et Y. On Lien entre représentation SU(N) et modèle des quarks
note l’action des différents opérateurs de créa-
tion/destruction I± , V± et U± (flèches).
Du point de vue mathématique, l’idée de base derrière le modèle des quarks est d’iden-
tifier les composantes de la représentation fondamentale d’un groupe avec les différentes
saveurs de quarks. Ainsi, pour les multiplets d’isospin seulement, il serait approprié de con-
sidérer le groupe SU (2) :
µ ¶ µ ¶
X1 u
SU (2) : X = = (6.22)
X2 d
qui nécessite seulement deux quarks.
Cependant, les hadrons les plus légers sont en général décrits par deux étiquettes : la
troisième composante d’isospin et l’hypercharge. Ceci implique donc un groupe de rang 2
126
Quarks et représentations SU (N ) Chapitre 6
(deux opérateurs hermitiques, donc deux valeurs propres réelles). Le choix du groupe pointe
tout naturellement vers une extension du groupe d’isospin, c’est-à-dire le groupe SU (3) dont
la représentation fondamentale (désignée par 3) est un triplet,
⎛ ⎞ ⎛ ⎞
X1 u
SU (3) : X = ⎝ X2 ⎠ = ⎝ d ⎠ , (6.23)
X3 s
formé de trois saveurs de quark, le quarks up, down et étrange.Les opérateurs de troisième
composante d’isospin et l’hypercharge sont alors
⎛ 1 ⎞ ⎛ 1 ⎞
0 0 0 0
1 2 1 3
I3 = λ3 = ⎝ 0 − 12 0 ⎠ Y = √ λ8 = ⎝ 0 13 0 ⎠
2 3
0 0 0 0 0 − 23
et le module du vecteurs d’isospin |I|2 , l’étrangeté et la charge électrique s’écrivent respec-
tivement
⎛ 3 ⎞
4 0 0
2
|I| = I12 + I22 + I32 = ⎝ 0 34 0 ⎠
0 0 0
⎛ ⎞
0 0 0
S = Y −B =⎝ 0 0 0 ⎠
0 0 −1
⎛ 2 ⎞
0 0
1 3
Q = I3 + Y = ⎝ 0 − 13 0 ⎠
2
0 0 − 13
Les états physiques (baryons et mésons) sont obtenus à partir des représentations de di-
mensions supérieures.
1. Baryons :
Les baryons sont des états liés de trois quarks chacun apparaissant dans une des trois
saveurs de quark u, d ou s. En tout donc 27 combinaisons sont possibles. Ces combi-
naisons sont formées par le produit de la représentation 3 avec elle-même :
3 ⊗ 3 ⊗ 3 = 27 (6.24)
Nous verrons plus loin que cette nouvelle représentation de dimension 27 est réductible
mais elle peut se décomposer en représentations irréductibles, sous la forme :
3 ⊗ 3 ⊗ 3 = 10 ⊕ 8 ⊕ 80 ⊕ 1 (6.25)
En couplant les trois triplets originaux, on forme donc un décuplet 10, 2 octets 8 et 80 et
un singulet 1.
2. Mésons :
Les mésons sont formés d’un quark et d’un antiquark. Désignant par 3̄ la représentation
des antiquarks, c’est-à-dire la représentation conjuguée à 3, celle des quarks, on obtient :
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3 ⊗ 3̄ = 8 ⊕ 1 (6.26)
Cette fois-ci, les représentations irréductibles formées sont un octet et un singulet.
Chaque multiplet formé est caractérisé par ses propriétés de symétrie : il est symétrique,
antisymétrique ou à symétrie mixte sous l’échange de deux de ses composantes. Ce sont
ces propriétés qui permettront à ces multiplets d’être identifiés aux multiplets de hadrons
décrits au chapitre précédent. Mais avant de passer à cette étape, examinons plus en détails la
décomposition de produit de représentations en représentations irréductibles.
Les résultats précédents sur les représentations irréductibles ont été cités sans plus d’ex-
plications. On est en droit de se demander d’où ils proviennent. Pourquoi 27 est-il réductible ?
127
Chapitre 6 LE MODÈLE DES QUARKS
3. Soustraire les traces de manière à ce que la contraction des indices du tenseur soit nulle
c’est-à-dire
j ···j
δ i1 j1 Xi11···ipq = 0.
j ···j
Le tenseur qui en résulte forme alors une représentation irréductible Xi11···ipq caractérisée
par les entiers (p, q). Il est facile de trouver la dimension de cette représentation en calculant
le nombre de composantes indépendantes de ce tenseur. Rappelons que chaque indice ia ou
jb ne peut prendre que trois valeurs (1, 2 ou 3) dans le groupe SU (3). Alors le nombre de
façons de combiner les indices i1 · · · ip correspond aux nombres de combinaisons de p objets
soit µ ¶
p+2 (p + 2)! (p + 2) (p + 1)
= = .
2 p!2! 2
Les indices j1 · · · jq se combinent de façon similaire si bien qu’on obtient
(p + 2) (p + 1) (q + 2) (q + 1)
N (p, q) =
4
j1 ···jq
combinaisons différentes du tenseur Xi1 ···ip en général. Mais la condition de trace nulle re-
j ···j
quiert que N (p − 1, q − 1) combinaisons différentes, c’est-à-dire δ i1 j1 Xi11···ipq , soient toutes
nulles. Le nombre de degrés de liberté ou la dimension du tenseur est donc
D(p, q) = N (p, q) − N (p − 1, q − 1)
1
= (p + 1) (q + 1) (p + q + 2) .
2
On peut donc désigner les représentations irréductibles de SU (3) par le couple d’entiers
(p, q).
Représentation Dimension
(p, q) D(p, q)
(0, 0) 1 : singulet
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(1, 0) 3 : triplet
(0, 1) 3̄ : triplet
(1, 1) 8 : octet
(3, 0) 10 : décuplet
(2, 2) 27
Il nous aurait été possible de construire des représentations de dimensions supérieures
en prenant des produits directs de la représentation fondamentale. Toutefois ces produits di-
rects ne tiennent pas compte des propriétés de réductibilité des représentations en général.
Heureusement, il existe des méthodes systématiques pour construire les représentations irré-
ductibles (comme celle que nous venons d’aborder) et en déterminer les symétries, mais la
plus simple est sans nul doute la méthode des tableaux de Young. Elle procède comme suit :
Premièrement, la représentation fondamentale N du groupe est désignée par une case et
128
Quarks et représentations SU (N ) Chapitre 6
N̄ : (6.28)
..
.
Les représentations de dimension supérieure sont construites en juxtaposant de toutes les
façons possibles ces cases ou groupes de cases, tout en respectant les règles suivantes :
1. Les colonnes de cases doivent être disposées suivant leur hauteur en ordre décroissant
vers la droite.
2. Les rangées de cases doivent être disposées suivant leur longueur en ordre décroissant
vers le bas.
Exemple 6.1
Trouver les tableaux de Young de représentations irréductibles des combinaisons suivantes 3⊗3, 3 ⊗ 3̄
et 3 ⊗ 3 ⊗ 3.
Considérons le produit des représentations 3 ⊗ 3. Dans SU (3), 3 est représentée par une case soit
alors suivant les règles énoncées plus haut on obtient
⊗ = ⊕ (6.29)
Le tableau correspond à la représentation conjuguée 3̄. Nous verrons plus loin que la représentation
⊗ = ⊕ (6.30)
⊗ ⊗ = ⊕ ⊗
⎛ ⎞
= ⎝ ⊕ ⎠⊕ ⊕
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Nous vérifierons plus loin que les tableaux de droite correspondent aux représentations irréductibles
1, 8 et 10 pour donner 3 ⊗ 3 ⊗ 3 = 1 ⊕ 8 ⊕ 80 ⊕ 10
Les tableaux de Young découlent d’une méthode graphique qui permet d’associer à cha-
cune des combinaisons de cases obtenues ci-dessus une représentation irréductible. Elle
détermine dans chaque cas leurs propriétés de symétrie et leur dimension grâce aux règles
suivantes :
Symétrie :
On pourrait assigner à chacune des cases une étiquette (ex. a, b, c....). Alors une représen-
tation (par exemple, un tenseur portant les étiquettes a, b, c....) est déterminée par les éti-
quettes du tableau de Young. De manière générale, une représentation est alors antisymétrique
129
Chapitre 6 LE MODÈLE DES QUARKS
par rapport à l’échange de deux étiquettes d’une même colonne et symétrique par rapport à
l’échange de deux étiquettes d’une même ligne.
Regardons de nouveau le premier exemple, la combinaison 3 ⊗ 3 = 3̄ ⊕ 6. Si la représen-
tation fondamentale est décrite par le vecteur φa et la représentation conjuguée par φb , alors
la combinaison de deux représentations peut s’écrire
1 1
φa φb = (φ φ − φa φb ) + (φa φb + φa φb )
2 a b 2
= Aab + Sab
où Aab et Sab sont antisymétrique et symétrique sous a ↔ b et de dimensions 3 et 6 respec-
tivement.
1
Aab = √ (φa φb − φa φb )
2
1
Sab = √ (φa φb + φa φb )
2
Les tableaux de Young nous permettent d’obtenir ces résultats sans construire explicite-
ment les représentations. En assignant cette fois-ci des étiquettes à chaque case :
a
a ⊗ b = ⊕ a b (6.31)
b
a
où la représentation est le triplet conjugué 3̄ (dimension 3) antisymétrique sous a ↔ b
b
alors que a b est le sextuplet 6 (dimension 6) symétrique sous a ↔ b.
Les tableaux de Young comportant une seule ligne sont associés à une représentation com-
plètement symétrique. Les tableaux de Young comportant une seule colonne sont associés à
une représentation complètement antisymétrique. Les autres tableaux correspondent quant à
eux à des symétries mixtes. Par exemple, si on assigne au tableau suivant les indices a, b et
c:
a b
(6.32)
c
alors la représentation correspondante sera symétrique par rapport à l’échange des indices a
et b mais, antisymétrique par rapport à l’échange des indices a et c.
2. Dénominateur : À partir de chacune des cases du tableau, on trace une équerre formée
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d’une ligne vers la droite et d’une ligne vers le bas, puis on compte le nombre total de
cases croisées en traçant l’équerre. On répète pour chacune des cases du tableau et on
obtient le dénominateur en faisant le produit de tous ces nombres.
Exemple 6.2
Dimension d’une représentation : Prenons le tableau de Young suivant :
N N +1 N +2
N −1 N (6.33)
N −2 N −1
alors le numérateur est donné par
n = N(N + 1)(N + 2)(N − 1)N(N − 2)(N − 1) (6.34)
130
Quarks et représentations SU (N ) Chapitre 6
Exemple 6.3
Pour prendre un exemple concret, considérons les représentations obtenues par le produit 3 ⊗ 3 ⊗ 3
dans SU(3) (N = 3) :
⊗ ⊗ = ⊕ ⊕ ⊕ (6.38)
(6.41)
et puisqu’il s’agit d’une colonne de cases, le multiplet est complètement antisymétrique par rapport
à l’échange de deux indices.
Finalement, nous obtenons
3 ⊗ 3 ⊗ 3 = 10S ⊕8M ⊕80M ⊕ 1A (6.42)
À noter, deux représentations irréductibles de même dimension 8 sont issues de cette combinaison.
Mais celles-ci se distinguent en ce sens que les relations de symétrie (et d’antisymétrie) s’appliquent
à des objets différents. Par exemple, le premier octet 8M pourrait être représenté par le tableau
(6.32) où il y a symétrie par rapport à l’échange des indices a et b et antisymétrie pour les indices a
et c. Le second octet 80M pourrait alors être symétrique par rapport à l’échange des indices a et c et
antisymétrie pour les indices a et b.
131
Chapitre 6 LE MODÈLE DES QUARKS
Le tableau suivant présente les représentations irréductibles les plus simples de SU (3)
(0, 0) 1 1
(1, 0) 3 Xi
(0, 1) 3̄ Xi
(2, 0) 6 Xij
(0, 2) 6̄ X ij
(1, 1) 8 = 8̄ Xij
(3, 0) 10 Xijk
(0, 3) 10 X ijk
À noter que pour SU (3), les indices des tenseurs prennent seulement trois valeurs i = 1, 2, 3
ce qui implique que les tableaux de Young ont trois rangées ou moins. De plus, les tableaux
de Young formés de trois rangées sont de dimension 1 ce qui correspond à un tenseur de
rang 0, un scalaire. Il en découle que le tableau de Young le plus général est formé de deux
rangées de longueur p + q et q respectivement. Les représentations irréductibles sont donc
complètement déterminées par un couple d’entiers (p, q) .
Baryons
Considérons maintenant plus en détail la façon dont on forme les fonctions d’onde asso-
ciées aux baryons SU (3). Un baryon est un système formé de 3 quarks (un état lié), chacun
de ces quarks ayant pour saveur u, d ou s. Dans le language de la théorie des groupes, les
quarks sont issus de la représentation fondamentale de SU (3), c’est-à-dire d’un triplet 3 de
saveur (u, d, s). Les baryons appartiennent alors à la représentation
3 ⊗ 3 ⊗ 3.
Comme dans l’exemple précédent, la méthode des tableaux de Young permet de constru-
ire les représentations irréductibles générées par ces combinaisons soit
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⊗ ⊗ = ⊕ ⊕ ⊕ (6.43)
132
Quarks et représentations SU (N ) Chapitre 6
Figure 6.8 JI
Diagramme de poids du décuplet de baryons (J P =
3+
2
) : La position des baryons est assignée en
fonction de l’hypercharge Y et la troisième com-
posante d’isospin I3 . La colonne de droite montre
la masse moyenne (en MeV) des différents états
Y de charge d’un sous-multiplet d’isospin.
∆ -
∆0 ∆+ ∆++
∆(1232)
1
I3
Σ*- Σ*0
Σ*+
Σ*(1385)
-3/2 -1/2 1/2 3/2
-
Ω -2 Ω(1672)
+
L’octet 8M correspond aux particules avec J P = 12 et chacun des états occupe une
position sur le diagramme de poids illustré à la figure 6.9.
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+
3 quarks SU (3), états mixtes (J P = 12 )
Constituants 8M
p(uud) √1 (ud − du) u
2
n(udd) √1 (ud − du) d
2
Σ+ (uus) √1 (us − su) u
2
1
Σ0 (uds) 2 (dsu + usd − s (ud + du))
Σ− (dds) √1 (ds − sd) d
2
1
Λ0 (uds) √
12
(s (du − ud) + usd − dsu − 2 (du − ud) s)
− 1
Ξ (dss) √ (ds − sd) s
2
Ξ0 (uss) √1 (us − su) s
2
L’octet 80M correspond à des baryons plus lourds.
133
Chapitre 6 LE MODÈLE DES QUARKS
Figure 6.9 JI
Diagramme de poids de l’octet de baryons (J P =
1+
). La position des baryons est assignée en
2
fonction de l’hypercharge Y et la troisième com- Y
posante d’isospin I3 . La colonne de droite montre
n p
la masse moyenne (en MeV) des différents états N(939)
de charge d’un sous-multiplet d’isospin. 1
- Σ+
I3
Σ Σ0 Σ(1116)
0 Σ(1193)
1 Λ 1
- 0 Ξ(1318)
Ξ Ξ
-1 ?
Mésons pseudo-scalaires
Les mésons sont des états liés d’un quark et d’un antiquark avec des spins anti-alignés
(J = 0) et moment orbital l = 0, et parité négative en conformité avec la condition (4.4) qui
requiert que η méson = (−)l+1 = −1. Ils sont construits par la combinaison de la représenta-
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P
tion fondamentale (quark) et à sa représentation conjuguée (antiquark) soit
3 ⊗ 3̄
pour le groupe de saveur SU (3).
Par la méthode des tableaux de Young, on obtient les représentations irréductibles suiv-
antes :
⊗ = ⊕ (6.45)
soit
3 ⊗ 3̄ = 1A ⊕ 8M (6.46)
c’est-à-dire un singulet antisymétrique dans l’échange de saveurs et un octet à symétrie mixte.
134
Quarks et représentations SU (N ) Chapitre 6
Figure 6.10 JI
Diagramme de poids de l’octet et du singulet de
mésons (J P = 0− ). La position des mésons est
assignée en fonction de l’hypercharge Y et la troisième
composante d’isospin I3 . La colonne de droite
Y
montre la masse moyenne (en MeV) des différents
0
K K+ états de charge d’un sous-multiplet d’isospin.
K(496)
1
π -
π0 π+ I3
π(138)
-1 η1
η 8
1 η'(958) η(549)
K- K0 K(496)
-1
mêmes nombres quantiques, il est possible que les état propres de masse notamment η(549)
et η 0 (958) soient des combinaisons linéaires de η 1 et η8 . Alors, en général nous pouvons
écrire ¯ 0 À ¯ À ¯ À ¯ 0 À
¯ η ¯ η1 ¯ η1 ¯
−1 ¯ η
¯ = R ¯ ou ¯ = R (6.47)
¯ η ¯ η8 ¯ η8 ¯ η
où R est une matrice de mélange ,prenant la forme d’une matrice de rotation, définie par
µ ¶
cos θP sin θP
R= .
− sin θP cos θP
¯ 0 À
¯ η
Pour les états propres de masses ¯¯ — qui sont des états propres de l’hamiltonien au
η
repos — l’hamiltonien est un opérateur diagonalisé :
¿ 0 ¯ ¯ 0 À ¿ 0 ¯µ 2 ¶¯ 0 À
η ¯¯ ¯¯ η η ¯¯ mη0 0 ¯ η
¯
¯ H ¯ = ¯ .
η η η 0 mη ¯ η
2
135
Chapitre 6 LE MODÈLE DES QUARKS
Mésons vectoriels
Les mésons vectoriels sont formés de paires quark-antiquark avec des spins alignés (J =
1) et moment orbital l = 0 et parité négative. Ils sont construits de façon analogue aux mésons
pseudo-scalaires. La figure 6.11 illustre la position de chaque méson sur le diagramme de
poids. On note encore une fois que les états φ1 et φ8 qui proviennent du singulet et de l’octet
respectivement possèdent les mêmes nombres quantiques I3 et Y et ils sont d’ailleurs formés
des mêmes quarks. Il y a donc possibilité de mélange des états φ1 et φ8 tout comme dans le
cas des mésons pseudo-scalaires. De façon analogue (π → ρ, K → K ∗ , η → φ et η0 → ω),
136
Quarks et représentations SU (N ) Chapitre 6
Figure 6.11 JI
Y
Diagramme de poids de l’octet et du singulet de
K*0 K*+ mésons (J P = 1− ): La position des mésons est
K*(982) assignée en fonction de l’hypercharge Y et la troisième
1 composante d’isospin I3 . La colonne de droite
I3 montre la masse moyenne (en MeV) des différents
-
ρ ρ0 ρ+ états de charge d’un sous-multiplet d’isospin.
ρ(770)
φ(1020) ω(783)
-1 φ 1 φ8 1
Les masses du ω et φ sont respectivement 783 MeV et 1020 MeV, m218 est toujours négatif
et m288 est prédite par la relation de Gell-Mann-Okubo pour le mésons vectoriels soit
1¡ 2 ¢
m288 = 4mK ∗ − m2ρ ' (927 MeV)2 .
3
ce qui implique cette fois-ci que tan θV > 0. Expérimentalement, on observe un mélange
θV ≈ 39◦ . Mais rappelons que
1 ¡ ¢
φ1 = √ uū + dd¯ + ss̄
3
1 ¡ ¢
φ8 = √ uū + dd¯ − 2ss̄
6
Le mélange implique donc que
ω = φ1 cos θV + φ8 sin θV
1 ¡ ¢ 1 ¡ ¢
= √ uū + dd¯ + ss̄ cos θV + √ uū + dd¯ − 2ss̄ sin θV
3 6
φ = −φ1 sin θV + φ8 cos θV
1 ¡ ¢ 1 ¡ ¢
= − √ uū + dd¯ + ss̄ sin θV + √ uū + dd¯ − 2ss̄ cos θV
3 6
Considérons le cas dit du mélange idéal : Pour sin θV = √13 ou tan θV = √12 , soit θV =
35.3◦ , le contenu de φ est purement dû au quark étrange alors que ω est constitué seulement
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137
Chapitre 6 LE MODÈLE DES QUARKS
6.4 Couleur
L’introduction du nombre quantique additionnel appelé la couleur avait pour but de ré-
soudre ce qui semblait un paradoxe. Rappelons que les quarks possèdent un spin demi-entier
et il est naturel de les considérer comme des fermions. Mais alors le principe d’exclusion
de Pauli suggère que des hadrons tels que le ∆++ et le Ω− ne devraient pas exister. Ceux-ci
sont formés respectivement de trois quarks u et de trois quarks s et possèdent un spin égal à
3
2 . Les spins des trois quarks sont donc nécessairement alignés, ce qui implique à première
vue qu’ils possèdent tous les trois les mêmes nombres quantiques, en contradiction avec le
principe d’exclusion de Pauli. Il existe plusieurs façons de contourner ce problème mais la
plus simple — qui résout ce paradoxe sans modifier profondément le modèle des quarks —
est de postuler l’existence d’une dégénérescence supplémentaire. Le nombre quantique asso-
cié à cette dégénérescence est appelé la couleur. Si les quarks qui forment les hadrons ∆++ et
Ω− sont de couleurs différentes alors le principe d’exclusion ne s’applique pas.
En supposant l’existence de trois couleurs différentes (rouge, vert et bleu), on peut poser
une règle simple qui assure qu’aucun quark isolé ne puisse être observé :
Tous les états observables doivent être des singulets de couleur — aucun multiplet de
couleur de dimension supérieure n’est permis.
Un tel singulet peut être construit de deux façons : en combinant un quark coloré avec
un antiquark possédant l’anticouleur correspondante ou encore en combinant trois quarks ou
trois antiquarks de couleurs différentes (un rouge, un vert et un bleu).
Cette règle s’inscrit dans le cadre d’une théorie de jauge basée sur la couleur : la chromo-
dynamique quantique (ou QCD). Comme toute théorie de jauge, elle est fondée sur un postu-
lat d’invariance : le monde est invariant par rapport à une transformation locale de la couleur.
Le groupe de symétrie associé à cette transformation est le groupe SUc (3), où l’indice c sert
à le distinguer du groupe SU (3) de saveur.
Contrairement à la symétrie de saveur, qui est une symétrie globale et brisée (en raison
de la différence de masse entre les quarks up, down et étrange), la symétrie SUc (3) est une
symétrie locale et exacte. Par locale, on entend que la transformation — changement de
couleur — dépend de la position dans l’espace et du temps. Les particules qui assurent la
symétrie locale de couleur sont au nombre de huit et sont nommées gluons.
Par exemple, un quark donné peut changer de couleur indépendamment des autres quarks
qui l’entourent, mais chaque transformation doit obligatoirement s’accompagner de l’émis-
sion d’un gluon (de la même façon qu’un électron changeant de phase émet un photon en
électrodynamique). Le gluon émis se propage et est réabsorbé par un autre quark dont la
couleur variera de telle façon que le changement de couleur total soit nul. On retrouve donc
ici notre règle selon laquelle tout hadron demeure incolore.
Pour citer un exemple concret, supposons qu’un quark rouge se transforme en quark bleu.
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Pour cela, il devra émettre un gluon rouge-antibleu, qui une fois absorbé par un quark bleu le
transformera en quark rouge. La couleur globale est alors conservée, puisque le nombre total
de quarks d’une couleur donnée sera le même avant et après le processus.
Les gluons agissent donc en quelque sorte comme les agents de la force forte à l’intérieur
du hadron. La force forte nucléaire qui s’exerce entre deux hadrons n’est qu’une interaction
résiduelle par rapport à cette force fondamentale, un peu comme la force de Van der Walls
l’est par rapport à la force électromagnétique entre deux charges électriques.
Nous reviendrons plus en détails sur la dynamique de la couleur dans le chapitre 9, con-
sacré aux interactions fortes.
138
Couleur Chapitre 6
Figure 6.12 JI
e f Processus de production de paires de particule-
γ antiparticule chargées dans la collision e+ e− . Le
processus élémentaire e+ e− . → f f¯ est iden-
tique pour la production de muon-antimuon μ− μ+
(f = μ) ou de quark-antiquark (f = qi ).
e f
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Les quarks n’ont jamais été vus à l’état libre ce qui rend pratiquement impossible de trou-
ver une évidence directe de la charge colorée. Il n’en reste pas moins que l’existence de la
couleur s’avère confirmée par un certain nombre d’évidences expérimentales. Par exemple,
lors d’annihilations électron-positron, on observe des paires muon-antimuon avec des sig-
natures caractéristiques et des paires quark-antiquark qui elles se transforment en 2 jets de
hadrons. La section efficace totale pour le processus e+ + e− → μ+ + μ− (production de
muons) est
πα2
σ(e+ e− → μ+ μ− ) = 2 . (6.54)
3ECM
alors que la section efficace totale associée à l’annihilation e+ e− en hadrons est souvent
139
Chapitre 6 LE MODÈLE DES QUARKS
Figure 6.13 JI
σ(e+ e− →hadrons)
Rapport R = σ(e+ e− →μ+ μ− ) : La prédiction
théorique donne d’abord R = 2 (quarks u, d et
5
s), puis R = 10 3
(quarks u, d, s et c) et R = 113
(quarks u, d, s, c et b) après le seuil de production
4
du quark charmé et du quark bottom respective-
ment. La partie ombrée correspond aux plateaux
R
successifs de R et les courbes, les prédictions 3
théoriques incluant les corrections radiatives pour
les shémas de renormalisation MS et MS.
2
1 10 15 20 25 30 35 40 45 50 55 60
2 3 4 5 6 7
Ecm(GeV)
¡ 2 ¢2 ¡ 1 ¢2 ¡ 1 ¢2
Q2u + Q2d + Q2s + −3 + −3 2
R0 = = 3 =
Q2μ 1 3
En introduisant la couleur, les quarks apparaissent sous trois couleurs et ce rapport triple pour
passer à R0 = 2.
P3 2 2 2
j=1 Quj + Qdj + Qsj
R0 = =2
Q2μ
où j = 1, 2, 3 est l’indice de couleur. Les résultats expérimentaux montrent que ce rapport est
près de R0 = 2 (quarks u, d et s), en accord avec l’hypothèse de l’existence de trois couleurs.
On observe par ailleurs des sauts dans ce rapport lorsque le seuil du quark charmé et du quark
bottom est franchi ce qui porte successivement la valeur de R0 théorique à R0 = 10 3 (quarks
u, d, s et c) et R0 = 11
3 (quarks u, d, s, c et b). La figure 6.13 illustre la situation exérimentale
140
Masses et moments magnétiques Chapitre 6
pour le rapport R qui correspond à la production totale de hadrons et d’où il est possible
d’extraire la valeur R0 .
Masses
Si la symétrie SU (3) de saveur était une symétrie exacte, les particules appartenant à une
même représentation irréductible devraient avoir des masses identiques. Mais comme nous le
révèlent les différences de masse ∆m entre les composantes des multiplets de baryons et de
mésons (voir figures 6.8, 6.9, 6.10 et 6.11), la symétrie SU (3) est brisée par les interactions
fortes. Considérons un hamiltonien séparé en deux parties
H = H1 + H2
dont la première H1 est invariante par SU (3) alors que H2 est responsable de la brisure de
symétrie et donc de la différence de masse. Puisque ce sont les générateurs qui décrivent les
transformations sous SU (3), il en découle que
[Ta , H1 ] = 0
[Ta , H2 ] 6= 0
où Ta est un générateur de SU (3). Par ailleurs, les interactions fortes préservent l’isospin et
l’hypercharge donc l’hamiltonien H2 responsable de la brisure doit tout de même être sujet
aux contraintes
[I, H2 ] = 0 et [Y, H2 ] = 0
en plus d’être sensiblement plus petit que H1 puisque la symétrie SU (3), sans être exacte,
est tout de même approximativement correcte. La forme la plus simple que H2 peut prendre
est alors
H2 ∝ λ8 .
Okubo a démontré que la particule dans une représentation irréductible (p, q) de SU (3)
dans des états de isospin-hypercharge donnés par I et Y, soit les états que nous désignerons
par |(p, q), I, Y i possède les éléments de matrice suivant
h(p, q), I, Y | H2 |(p, q), I, Y i ∝ h(p, q), I, Y | λ8 |(p, q), I, Y i
Y2
= a + bY + c[ − I(I + 1)]
4
où a, b et c sont des constantes indépendantes de I et Y mais dépendent en général de la
représentation (p, q). Par la suite, Gell-Mann et Okubo ont proposé une formule de masse
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141
Chapitre 6 LE MODÈLE DES QUARKS
c’est-à-dire (6.58) après substitution des masses mΣ , mΛ , mN , mΞ → m2π , m2η8 , m2K , m2K
respectivement. À noter ici que la masse qui apparaît dans la relation est celle de l’état faisant
partie de l’octet η 8 (m2η8 = m288 ) et non celle de l’état propre de masse η ou η 0 (voir équation
(6.48)). Cette relation permet de déterminer m288
1¡ 2 ¢
m288 = 4mK − m2π ' (568 MeV)2 (6.59)
3
et l’angle du mélange η − η0 , c’est-à-dire θP qui prend la valeur de −10.1◦ .
Le traitement de l’octet de mésons vectoriels est en tous points semblable (voir figure
6.11). La relation donne
1¡ 2 ¢ 2
m288 = 4mK ∗ − m2ρ ' (927 MeV) . (6.60)
3
On peut en déduire l’angle de mélange ω − φ mentionné plus haut dont la valeur θV ' 39◦
s’approche de l’angle de mélange idéal.
En principe, il est possible de faire une analyse plus détaillée de la masse des hadrons
pour y inclure les corrections hyperfines et électriques qui sont dues à la brisure de la symétrie
SU (2) d’isospin par les interactions électromagnétiques. On identifie trois causes qui peuvent
contribuer :
1. la différence de masse entre les quarks u et d
2. les interactions dipôle-dipôle mettant en jeu les moments magnétiques respectifs des
quarks
Par opposition, on définit aussi une masse efficace ou masse habillée obtenue à partir des
masses hadroniques et qui tient compte des interactions entre quarks (énergie de liaison). Les
mesures de masse les plus directes sont celles des quarks lourds :
1 1
ms = mss̄ = mψ = 500 MeV
2 2
1 1
mc = mcc̄ = mJ/ψ = 1500 MeV
2 2
1 1
mb = m = mΥ = 4700 MeV
2 bb̄ 2
mt ' 175 GeV
La masse des quarks up et down est plus complexe à évaluer puisqu’il est plus difficile de dis-
tinguer la contribution à leur masse qui vient de leur énergie de liaison de celle qui viendrait
142
Masses et moments magnétiques Chapitre 6
d’une masse intrinsèque. De plus, il n’existe pas d’états purs uū, dd¯ qui pourraient s’avérer
plus faciles à traiter. Alors dans une première approche, on considère les particules ρ0 et Ω
qui sont des combinaisons de ces deux états, ce qui permet de déduire une masse d’environ
380 MeV pour les deux quarks (en supposant que leurs masses sont égales). Une seconde ap-
proche consiste à analyser les moments magnétiques du proton, neutron et particule Λ (voir
la section suivante) d’où on tire mu = md = 340 MeV et ms = 510 MeV. Une approxima-
tion encore plus rudimentaire suggère que chacun des trois quarks dans le nucléon contribue
également à la masse totale ce qui mène aux valeurs mu = md = 13 mN = 310 MeV où mN
est la masse moyenne d’un nucléon. Finalement, on prend souvent une valeur intermédiaire
mu = md = 350 MeV (6.61)
qui se veut seulement un estimé rudimentaire de la masse habillée.
Mentionnons aussi que la masse des quarks (comme beaucoup d’autres quantités physiques)
a aussi la caractéristique de dépendre logarithmiquement de l’échelle à laquelle elle est
mesurée puisque selon qu’on sonde plus ou moins profondément la matière, elle nous paraîtra
plus ou moins habillée de ses interactions. Si on fixe cette échelle à une énergie correspondant
à la masse du Z 0 , MZ = 91.1884 ± 0.0022 GeV, on trouve les valeurs suivantes :
Masse des quarks
mu (MZ ) 3.4 ± 0.6 eV
md (MZ ) 6.3 ± 0.9 eV
ms (MZ ) 118.0 ± 17.0 MeV
mc (MZ ) 880.0 ± 48.0 MeV
mb (MZ ) 3.31 ± 0.11 GeV
mt (MZ ) 172.0 ± 6.0 GeV
Moments magnétiques
le modèle des quarks néglige les effets collectifs et prédit que le moment magnétique total
d’un baryon se résume à la somme vectorielle (dans le sens de combinaisons de moments
cinétiques) des moments magnétiques individuels des quarks.
Exemple 6.4
Proton (état uud) :
Le proton possède un spin de J = 12 , peut donc se présenter dans les états J3 = ± 12 . Considérons l’état
J3 = 12 que nous écrirons
1 1
|pi = ,
2 2
dans la notation |J, J3 i. Cet état doit être une combinaison de deux quarks u et un quark d qui sont
aussi des particules de spin 12 ,
1 1 1 1
|ui = ,± |di = ,± .
2 2 2 2
143
Chapitre 6 LE MODÈLE DES QUARKS
Comme nous l’avons vu un peu plus haut, la fonction d’onde du proton prend la forme √12 (ud − du) u,
c’est-à-dire qu’elle est symétrique par rapport à l’échange de deux quarks u et antisymétrique par
rapport à l’échange d’un quark u avec un quark d. Considérons tout d’abord l’état formé de deux
quarks u. On peut se convaincre que celui-ci doit s’écrire en général comme une combinaison linéaire
de trois états symétriques. En fait, combinant deux objets de spin 12 (représentation fondamentale de
SU (2)), la méthode des tableaux de Young permet d’obtenir les représentations irréductibles
⊗ = ⊕ (65)
3S
1A
2 ⊗ 2= 1A ⊕ 3S (66)
tel que le tableau correspond à un singulet 1A alors que le tableau désigne le triplet 3S (les
indices A et S indiquent des combinaisons antisymétrique et symétrique respectivement). Résumant la
dernière relation, on écrit 2 ⊗ 2 = 1A ⊕ 3S
Puisque le proton est symétrique par rapport à l’échange des deux quarks u, l’état |uui est formé d’états
issus du triplet symétrique 3S (de spin 1) et s’écrit
1 1 1 1
|uui = ,± ⊗ ,±
2 2 2 2
= a |1, −1i ⊕ b |1, 0i ⊕ c |1, 1i
où les coefficients a, b et c sont des coefficients de Clebsh-Gordan (voir à l’annexe G). Rappelons que
la combinaison |0, 0i est exclue ici puisqu’elle est issue du singulet antisymétrique sous l’échange des
deux quarks u. Le proton est formé de la combinaison
1 1
|uui ⊗ |di = (a |1, −1i ⊕ b |1, 0i ⊕ c |1, 1i) ⊗ ,± .
2 2
On note que toutes ces combinaisons ne mènent pas à un proton de spin J3 = 12 . En effet, seules
les combinaisons suivantes
1 1 1 1 1 1 1 1
1, 0; , = |1, 0i ⊗ , et 1, 1; , − = |1, 1i ⊗ , −
2 2 2 2 2 2 2 2
donnent le spin recherché. Les tables de coefficients de Clebsh-Gordan nous permettent de connaître le
mélange précis de ces deux combinaisons qui forment le proton avec un spin J3 = 12 . Il s’agit de
1 1 1 1 1 2 1 1
, =− 1, 0; , + 1, 1; , − (6.67)
2 2 3 2 2 3 2 2
Mais, on peut tirer aussi des renseignements similaires sur les états |uui
1 1 1 1 1 1 1 1 1 1
|1, 0i = ,− ; , + , ; ,−
2 2 2 2 2 2 2 2 2 2
1 1 1 1
, ; ,
|1, 1i =
2 2 2 2
Finalement, en regroupant les expressions précédentes, on obtient l’état en terme de ses composantes
de spin de chacun des quarks
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1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 2 1 1 1 1 1 1
, =− ,− ; , ; , − , ; ,− ; , + , ; , ; ,−
2 2 6 2 2 2 2 2 2 6 2 2 2 2 2 2 3 2 2 2 2 2 2
(6.68)
que nous écrirons
1 1 2
|↑i = − |↓↑↑i − |↑↓↑i + |↑↑↓i (6.69)
6 6 3
pour alléger. Il est facile de démontrer que cet état est normalisé
2 2 2
1 1 2
h↑ |↑i = − h↓↑↑ |↓↑↑i + − h↑↓↑ |↑↓↑i + h↑↑↓ |↑↑↓i
6 6 3
= 1.
Évaluons maintenant le moment magnétique du proton en terme de celui des quarks constituants
μp = h↑| μ |↑i .
144
Masses et moments magnétiques Chapitre 6
Exemple 6.5
Neutron (état udd) :
La fonction d’onde du neutron est obtenue à partir de celle du proton en permutant quarks u et quarks
d. Le moment magnétique qui en découle est simplement
μn = μp (u ↔ d)
1
= (4μd − μu ) (6.70)
3
De la même façon, il est possible d’obtenir les moments magnétique pour le Σ+ , Σ− etc...
1
μΣ+ = μp (d → s) = (4μu − μs ) (6.71)
3
1
μΣ− = μp (d → s, u → d) = (4μd − μs ) (6.72)
3
Exemple 6.6
Particule Λ (état uds)
La particule Λ possédant un isospin nul, la paire de quarks ud est nécessairement dans un état anti-
symétrique d’isospin et de spin (I = J = 0). Cela signifie que ces deux quarks ne contribuent pas au
moment magnétique total de la particule Λ et que
μΛ = μs (6.73)
e~
μN = magnéton nucléaire = = 1 nm. (6.74)
2mp
Inversant les relations obtenues dans les exemples précédents, on trouve les expressions
2 e
μu = = 1.85μN
3 2mu
1 e
μd = − = −0.97μN
3 2md
1 e
μs = − = −0.61μN .
3 2ms
desquelles on peut tirer les masses
mu = 0.36mp = 340 MeV
md = 340 MeV
ms = 510 MeV.
145
Chapitre 6 LE MODÈLE DES QUARKS
Ces valeurs sont en bon accord avec celles obtenues par d’autres méthodes dans la section
précédente.
Étant donnée la similitude entre leurs états de spin respectifs, il est facile de déduire les
moments magnétiques des baryons les plus légers :
+
Moments magnétiques des baryons J P = 12
Baryons Formule prédite Valeur prédite (μN ) Valeur observée (μN )
1
p 3 (4μu − μ d ) → 2.793
1
n 3 (4μd − μu ) −1.862 −1.913
Λ μs → −0.613 ± 0.005
1
Σ+ 3 (4μ u − μ s ) 2.687 2.42 ± 0.05
1
Σ0 3 (2μ u + 2μ d − μs ) 0.785 ∗
1
Σ− 3 (4μ d − μ s ) −1.037 −1.157 ± 0.025
1
Ξ0 3 (4μ s − μ u ) −1.438 −1.25 ± 0.014
1
Ξ− 3 (4μ s − μ d ) −0.507 −0.679 ± 0.031
Rappelons que ce modèle élémentaire ne tient aucunement compte des effets collectifs
u
d } π+ que peuvent générer les quarks en formant des états liés. Malgré tout, le modèle prédit assez
bien le moment magnétique des baryons légers.
u
∆++ {uu 6.6 Diagrammes de flot de quarks
d
u
u }p
Puisque la saveur est conservée dans les interactions fortes, il est possible de visualiser
les réactions hadroniques en tenant compte de leurs constituants, les quarks. Par exemple,
si un nouveau quark est produit dans une réaction, l’antiquark correspondant doit aussi être
Figure 6.14 N
Diagramme de flot quarks pour le désintégration créé. Les diagrammes de flot de quarks permettent d’illustrer graphiquement l’évolution du
∆++ → p + π + . contenu en quarks dans les hadrons initiaux, finals et même intermédiaires. Dans un sens,
un diagramme de flot de quarks correspond à un diagramme de Feynman d’un processus
hadronique — qui implique en général des quarks et des gluons — dans lequel on a omis
tous les échanges de gluons. Cette technique possède en plus quelques autres avantages : Il
est facile de suivre les étapes intermédiaires d’une réaction et d’identifier les hadrons qui
peuvent être produits à tout moment simplement en tenant une comptabilité de quarks. De la
même manière, la technique peut servir à énumérer tous les produits d’une réaction et même
toutes les résonances possibles.
Considérons, par exemple, la réaction hadronique
∆++ → p + π + .
Au niveau des quarks, la réaction se lit
uuu → uud + ud¯
u
π+ {d
u
d }π + (voir figure 6.14). La production de la résonance ∆++ peut passer par le processus suivant :
∆++ p + π + → ∆++ → p + π +
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Ce processus est permis comme on le voit à la figure 6.15 : puisqu’on peut suivre le flot de
d d chacun des quarks dans la réaction, il y a conservation de la saveur.Par ailleurs, la figure 6.16
p { u
u
u
u
p} illustre la possibilité de produire un état intermédiaire, la résonance, que nous appellerons
X ++ ,
p + K + → X ++ → p + K + .
Cette résonance qui serait formée de deux quarks u, un antiquark ū, un quark d et un antiquark
Figure 6.15 N s̄ n’a jamais été observée, et ce type d’état se trouve en contradiction avec le modèle des
Production et désintégration d’une résonance ∆++ . quarks qui stipule que les hadrons stables sont formés de trois quarks ou d’un paire quark-
antiquark.
La méthode de diagramme de flot permet aussi d’identifier facilement les processus auxquels
s’applique la règle de sélection due à Okubo, Zweig et Iisuka — la règle OZI. Cette règle stip-
ule que la probabilité d’un processus qui implique une discontinuité dans les lignes de flot
146
Charme et SU (4) Chapitre 6
de quarks est fortement réduite (voir exemple figure 6.17). Il n’y a pas de base solide pour la
règle OZI puisqu’en principe, les interactions fortes permettent de tels processus. Cependant
les observations expérimentales démontrent que la règle OZI semble s’appliquer.
L’introduction du quark charmé suggère que la symétrie d’isospin SU (2), d’abord éten-
due SU (3) pour décrire la spectroscopie des hadrons formés de quarks étranges, pourrait
s’élargir une fois de plus à SU (4) pour inclure le quatrième quark. Rappelons toutefois que
la symétrie SU (3) est partiellement brisée avec pour manifestation la plus directe la levée
de la dégénérescence des masses des hadrons appartenant à un même multiplet. Par con-
séquent, la masse du quark étrange est sensiblement plus élevée. Il est difficile alors de parler
de symétrie SU (4) dans le cas des quarks u, d, s et c puisque le quark charmé est plus lourd
que le proton avec une masse de 1.5 GeV, et plus lourd que les autres quarks par au moins un
ordre de grandeur.
Il reste que certains outils de la théorie des groupes peuvent être d’une grande utilité u
u
notamment pour la construction des différents états liés de quarks. K+ {s
X++ s }K +
Mésons
d
Les mésons sont construits par la combinaison de quarks et d’antiquarks (avec des spins
p
{ uu d
u
u }p
anti-alignés pour les mésons scalaires et alignés pour les mésons vectoriels) que l’on retrouve
dans la représentation fondamentale 4 de SU (4) et son conjuguée 4̄ respectivement.
Par la méthode des tableaux de Young, on obtient les représentations irréductibles suiv- Figure 6.16 N
antes : Diagramme pour la réaction p + K + → X ++ →
p + K+.
⊗ = ⊕ (6.75)
soit
4 ⊗ 4̄ = 1A ⊕ 15M (6.76)
c’est-à-dire un singulet antisymétrique (indice A) dans l’échange de saveurs et un 15-plet à
symétries mixtes (indice M ). Parmi les états formés, on retrouve les mésons de SU (3) et des
nouveaux mésons charmés et non charmés :
Mésons charmés
u
d }π +
Particule JP C Structure
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0 + +
0− cū, cs̄, cd¯
D , Ds , D
D− , Ds− , D0 0−
+1
−1 dc̄, sc̄, uc̄ { ss
φ
d
d }π 0
ηc 0− 0 cc̄
D∗0 , Ds∗+ , D∗+
D∗− , Ds∗− , D∗0
1−
1−
+1
−1
cū, cs̄, cd¯
dc̄, sc̄, uc̄
d
u }π -
J/ψ 1− 0 cc̄
Les particules correspondent alors à des positions sur les diagrammes de poids des représenta-
tions irréductibles 15M (voir figures 6.18-6.19). La position des singulets de mésons pseudo- Figure 6.17 N
scalaire et vectoriel η c sur ces figures se situe côte-à-côte avec les états π 0 et ρ0 .. Exemple de processus rare selon la règle OZI.
147
Chapitre 6 LE MODÈLE DES QUARKS
Figure 6.18 JI
Multiplet de mésons J P = 0− formé d’un 15-plet Ds+ C
de SU(4). Le singulet 1 de SU (4) est l’état ηc qui
se situe à la même position que les états π 0 , η1 Y
et η8 . La position des mésons est assignée en
fonction du charme C, de l’hypercharge Y et la
troisième composante d’isospin I3 .
D0 D+
0 +
I3
K K
π -
π0 π+
η1 η8
K- K0
-
D D0
Ds-
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148
Charme et SU (4) Chapitre 6
Figure 6.19 JI
Multiplet de mésons J P = 1− formé d’un 15-plet
de SU (4). Le singulet 1 de SU (4) est l’état J/ψ
qui se situe à la même position que les états ρ0 ,
D *0 D *+
I3
0
K* K*+
Ω +
ρ -
ρ0 cc ρ+
φ1 φ8
K*- K*0
D* - D*0
Ds*-
Baryons
⊗ ⊗ = ⊕ ⊕ ⊕ (6.77)
149
Chapitre 6 LE MODÈLE DES QUARKS
+
Baryons charmés (J P = 12 )
Particule C Structure
Σ0c , Σ+c , Σ ++
c , +1 ddc, udc, uuc
Ξ−c , Ξ 0
c +1 dsc, usc
Ω0c +1 ssc
Λ+ c +1 udc
Ξcc , Ξ++
+
cc +2 dcc, ucc
Ω+ cc +2 scc
+
et des baryons charmés de spin et parité J P = 32 identifiés ici par des symboles identiques
pour alléger la notation (la convention veut que ces états se distinguent par leur masse dans
la nomenclature) :
+
Baryons charmées (J P = 32 )
Particule C Structure
Σ0c , Σ+ ++
c , Σc , +1 ddc, udc, uuc
Ξ−c , Ξc
0
+1 dsc, usc
0
Ωc +1 ssc
Ξ+ ++
cc , Ξcc +2 dcc, ucc
Ω+ cc +2 scc
Ω++ccc +3 ccc
+ +
Les baryons J P = 12 et J P = 32 sont regroupés dans deux 20-plets différents (voir figures
6.20-6.21). On reconnaît aussi dans ces multiplets les baryons non charmés de SU (3) dans
les plans inférieurs des figures 6.20-6.21 qui correspondent à C = 0.
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150
Charme et SU (4) Chapitre 6
Figure 6.20 JI
+
Multiplet de baryons J P = 12 formé d’un 20-plet
C de SU(4). La position des mésons est assignée
en fonction du charme C, de l’hypercharge Y et
Ξcc + Ξcc++ Y la troisième composante d’isospin I3 .
Ωcc + I3
Σc0 Σc + Λc+ Σc++
Ξ c0 Ξc+
0
n Ωc
p
-
Σ Σ0 Σ+
Λ0
-
Ξ Ξ0
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151
Chapitre 6 LE MODÈLE DES QUARKS
Ξ cc+ Ξ cc++
+
Ωcc
Σ c 0 Σ c+ Σ c+ +
Ξ c0 Ξc+
0
Ωc
∆ - ∆ 0
∆+ ∆ ++
Σ* - Σ* 0 Σ* +
Ξ* - Ξ* 0
-
Ω
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152
Exercices Chapitre 6
6.8 Exercices
6.1. Moment magnétique
Calculer le moment magnétique de Σ+ , Σ0 et Σ− en terme des moments magnétiques des quarks
u, d et s.
6.3. Octet J P = 1−
Les particules K ∗± (892 MeV), K ∗0 (896 MeV) , K̄ ∗0 (896 MeV) , ρ+,−,0 (768 MeV) et ω (782 MeV)
forment le multiplet J P = 1− . Représenter ces états sur un diagramme de poids I3 − S.
6.8. Hadrons
Décrivez les réactions hadroniques suivantes en détaillant leur contenu en quarks. Vérifier la con-
servation des nombres quantiques Q, B, S, I, I3 .
(a) K − + p → π0 + Σ0
(b) p + p → K + + Σ+ + n
(c) Ξ− + p → Λ0 + Λ0
(d) K − + p → K + + K 0 + Ω−
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(e) π− + p → K 0 + K̄ 0 + n
6.10. Méson ρ et K 0
Les modes de désintégration dominants des mésons ρ et K 0 produisent une paire de π + π− . Expli-
quer pourquoi les vies moyennes des ρ et K 0 sont si différentes soient 10−23 s et 0.87 × 10−10 s
respectivement. Dessiner les diagrammes de Feynman correspondant à chaque modes de désinté-
gration.
6.11. Le J/ψ(3097)
L’état J/ψ(3097) a une largeur de désintégration de 88 keV. Expliquer pourquoi cette particule ne
153
Chapitre 6 LE MODÈLE DES QUARKS
peut pas être constituée uniquement de quarks u, d et s mais doit avoir un contenu de quarks c. Ex-
pliquer pourquoi la largeur de désintégration est si petite et dessiner le diagramme de Feynman d’un
mode de désintégration dominant.
L’état excité ψ(3770) a une largeur de désintégration de 23.6 MeV. Décrire un mode de désintégra-
tion dominant.
6.13. Méson D0
Dessiner les diagrammes de Feynman pour les modes de désintégration du méson D0 suivants.
(a) D0 → K − + π+
(b) D0 → π− + π+
(c) D0 → K + + π −
Estimer les amplitudes de désintégration relatives.
6.14. Méson ρ
Le méson ρ possède les nombres quantiques suivants S = 0, J P = 1− avec une masse de 770
MeV. Proposer un mode de production du ρ0 , et comment sa vie moyenne peut être obtenue à partir
de mesures.
(e) (u, u, d)
(f) (s, s, s)
(g) (d, s, s)
(h) (u, s, s)
(i) (u, d, s)
154
Exercices Chapitre 6
(a) {0} ;
(b) {1} ;
(c) les ensembles binaires {0, 1} et {−1, 1} ;
(d) l’ensemble tertiaire {0, ±1} ;
(e) les nombres naturels N = {0, 1, 2, 3 . . .} ;
(f) les entiers Z = {0, ±1, ±2, ±3 . . .} ;
(g) les nombres rationnels Q et Q∗ (Q∗ = Q sans le zéro) ;
(h) les nombres réels R et R∗ (R∗ = R sans le zéro) ;
(i) les nombres complexes C et C∗ (C∗ = C sans le zéro) ;
Les groupes qui sont à la fois additifs et multiplicatifs sont des corps.
155
Chapitre 6 LE MODÈLE DES QUARKS
d’un deutéron :
π0 + He3
p+d→ .
π+ + H 3
Déterminez quelle réaction est la plus abondante en calculant le ratio suivant :
σ(p + d → π+ + H 3 )
R= .
σ(p + d → π0 + He3 )
Pour ce faire, adoptez d’abord la notation suivante :
|p1 + p2 i = |p1 i ⊗ |p2 i = |I(1), I3 (1)i ⊗ |I(2), I3 (2)i = |I(1), I(2); I3 (1), I3 (2)i ,
où I est l’isospin et I3 est sa projection sur l’axe 3. En particulier, considérez
1 1 1 1 1 1
|pi = | , i, |di = |0, 0i, |H 3 i = | , − i, |He3 i = | , i .
2 2 2 2 2 2
et utilisez les coefficients de Clebsh-Gordan pour écrire l’état d’isospin de
|p + di , π0 + He3 et π+ + H 3 .
(voir Chapitre 6 et Annexe G).
Utilisez ensuite le théorème de Wigner-Eckart appliqué aux interactions fortes (invariantes sous une
transformation d’isospin SU (2)), c’est-à-dire,
hI(1), I(2); I3 (1), I3 (2)|S|I, I3 i = hI(1), I(2); I3 (1), I3 (2)|I, I3 ihI||S||Ii
où S est la matrice de diffusion, hI||S||Ii est l’élément de matrice réduit qui ne dépend pas des I3
et hI(1), I(2); I3 (1), I3 (2)|I, I3 i est un coefficient de Clebsh-Gordan.
Finalement, évaluez le rapport R qui s’écrit en terme de la matrice de diffusion
2
π 0 + He3 |S| p + d
R= 2
|hπ+ + H 3 |S| p + di|
et
I3 = I3 (1) + I3 (2) ,
où hI(1), I(2); I3 (1), I3 (2)|I, I3 i est un coefficient de Clebsh-Gordan. Utilisez aussi le théorème
de Wigner-Eckart appliqué aux interactions fortes (invariantes sous une transformation d’isospin
SU (2)), c’est-à-dire,
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156
Exercices Chapitre 6
157
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INTERACTIONS ÉLECTROMAG-
NÉTIQUES Chapitre 7
7.1 Diffusion (non-polarisée)
e−Noyau . . . . . . . . . . . . . . . . . 159
7.2 Processus avec spin ... 163
Nous abordons un aspect crucial de la physique des particules élémentaires, c’est-à-dire
7.3 Diffusion e − N ........ 164
les interactions. Il existe quatre forces fondamentales : les forces électromagnétique, faible,
7.4 Processus purement
forte et gravitationnelle. La quatrième des ces forces est encore mal comprise du point de vue leptoniques en QED . . . . . . 165
quantique et par ailleurs possède un couplage tout à fait négligeable à l’échelle des partic- 7.5 Corrections radiatives . 167
ules élémentaires ; elle ne sera abordée que sommairement dans les derniers chapitres de cet
7.6 Symétries de jauge : Une
ouvrage. approche plus formelle ... 168
Notre étude des interactions fondamentales débute avec la plus connue et la mieux do-
mestiquée d’entre-elles, la force électromagnétique. On la retrouve aussi bien à des échelles
macroscopiques que microscopiques dans lesquels elle est responsable notamment de la co-
hésion des atomes et des molécules. Par exemple, les niveaux d’énergie de systèmes simples
tels que l’atome d’hydrogène, le positronium ou le muonium sont sujets à une relation de la
forme
const.
E=− 2 ,
n
où n est un entier positif discret caractérisant le niveau d’excitation du système. La forme
de la relation précédente est directement attribuable à la forme du potentiel coulombien (qui
varie dans ce cas en 1r ), à la nature des couplages, aux masses des particules, etc...
Dans ce chapitre, nous nous intéressons plus précisément aux états non liés qui résultent
de la diffusion élastique d’un électron par un noyau tel que le proton. Cet intérêt est motivé
par les renseignements qui peuvent être tirés des expériences de diffusion sur la structure d’un
noyau. En effet, lorsqu’un électron traverse un noyau, sa trajectoire est modifiée en fonction
de la structure électromagnétique qu’il rencontre. Nous serons à même de constater que la
physique des problèmes de diffusion est encore une fois déterminée par la forme du potentiel
d’interaction, les constantes de couplage, les masses, etc...
Considérons tout d’abord le cas simple de la diffusion d’un électron sans spin par un
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noyau, appelée diffusion de Rutherford. Rappelons que pour un système quantique, la prob-
abilité de transition par unité de temps d’un état initial i vers un état final f , est
ω = 2π |hf | V |ii|2 ρf (Ef )
= 2π|Mf i |2 ρf (Ef ) ,
dN
où ρf est la densité finale d’états ( dEf
) et Mf i est l’amplitude de transition, une quantité qui
contient toute l’information à propos de la dynamique de l’interaction (constantes de cou-
plage, dépendance énergétique, distribution angulaire, ...)12 . On utilise souvent la méthode
des perturbations pour la calculer (série tronquée). Les différents termes de la série pertur-
bative sont représentés par des diagrammes de Feynman qui classifient les mécanismes et
facilitent les calculs.
Au premier ordre de la théorie des perturbations, c’est-à-dire lorsque la perturbation est
petite (V ¿ H), Mf i peut être interprétée comme une intégrale de recouvrement sur tout
12
Voir section 3 pour plus de détails.
159
Chapitre 7 INTERACTIONS ÉLECTROMAGNÉTIQUES
l’espace, Z
Mf i = ψ ∗f V (r)ψ i d3 r, (7.1)
Ef = p+ p02 + M 2
q
= p + p20 + p2 − 2pp0 cos θ + M 2
Figure 7.1 N
Dynamique de la collision e − N. d’où, avec quelques manipulations algébriques, on obtient
∂p W W p
( )θ = = (7.6)
∂Ef Ef − p0 cos θ M p0
et
p M
= . (7.7)
p0 M + p0 (1 − cos(θ))
L’expression de la section efficace différentielle devient alors
Z
dσ 1 2W p
= 2p | eiq·r V (r)d3 r|2 , (7.8)
dΩ 4π M p0
160
Diffusion (non-polarisée) e−Noyau Chapitre 7
Il est bien connu que l’énergie d’une particule dans un potentiel coulombien est infinie. Il
s’agit en fait d’un problème inhérent aux théories classiques décrivant les particules comme
étant des entités ponctuelles. Il n’est donc pas surprenant que l’expression trouvée pour Mf i
diverge et ce, à cause de la région où les impulsions transférées au noyau sont faibles. Il faut
donc trouver un moyen pour faire converger le plus naturellement possible cette expression.
Loin du noyau, il y a un effet d’écran qui se manifeste à cause des électrons atomiques.
Par conséquent, un électron diffusé loin du noyau, possédant par le fait même une faible
impulsion, ne verra pas la charge totale de ce dernier. Il est possible de décrire cet effet
d’écran en utilisant un potentiel modifié,
|r|
V (r) → e− a V (r), (7.14)
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où a est une constante dont la grandeur est typique d’un rayon atomique. Puisque a ¿ R par
|r| |s|
un facteur d’environ 104 , on peut poser que e− a = e− a . L’expression divergente prend
alors la forme
2 Z Z
( Ze2 )F (q2 ) 1
−s( a −iq)ds 1
Mf i = [ e − e−s( a +iq)ds ]
iq
Ze2 F (q2 )
= ( )
2 q2 + ( a1 )2
On obtient donc une expression qui, pour de faibles impulsions transférées, tend vers une
dσ
valeur constante. Il en est de même pour la section efficace puisque |Mf i |2 ∝ dΩ . Cependant,
−8 1
a ∼ 10 cm et a ∼ 1 keV, alors, pour le régime d’énergie (∼ 1 GeV), on néglige ce facteur
et la section efficace différentielle est
dσ 4Z 2 e2 W p 2 2
= 4 ( )2 p 4 F (q ). (7.15)
dΩ q 4π M p0
161
Chapitre 7 INTERACTIONS ÉLECTROMAGNÉTIQUES
W
Si la dynamique du centre de diffusion est non relativiste, on peut poser M = 1. En
utilisant aussi les approximations p = p0 (car p0 = q ¿ p0 ) et
1
q2 = 2p20 (1 − cos θ) = 4p20 sin2 θ. (7.16)
2
on obtient une expression simplifiée pour la section efficace différentielle :
dσ F 2 (q2 )
= Z 2 α2em 2 4 1 , (7.17)
dΩ 4p0 sin 2 θ
2
e
où α2em = 4π est la constante de structure fine. L’angle solide pour le processus de diffusion
considéré est
2πdq2
dΩ = 2πd(cos θ) = , (7.18)
2p20
ce qui permet d’exprimer la section efficace sous la forme
dσ 4πα2em Z 2 F 2 (q2 )
= . (7.19)
dq 2 q4
Lorsque l’impulsion échangée est faible, la fonction de structure tend vers l’unité,
lim F (q2 ) = 1.
|q|→0
Il est intéressant de noter qu’on retrouve alors la formule de diffusion de Rutherford pour une
particule ponctuelle.
Jusqu’à maintenant, le repère du laboratoire a été utilisé, ce dernier étant bien adapté au
problème traité. Cependant, il est pratique d’adopter la notation covariante qui permet de
rendre des expressions telles que la section efficace différentielle invariantes d’un système de
référence à l’autre (système du laboratoire, système du centre de masse, ...). Cette opération
est effectuée en redéfinissant le vecteur spatial q à trois composantes en un quadrivecteur
impulsion q μ . Les vecteurs du problème deviennent pμ0 = (E0 , p0 ), pμ = (E, p) et p0μ =
(W, p0 ). En utilisant cette notation, le quadrivecteur q μ au carré s’exprime sous la forme
q2 = q μ qμ = (p0 − p)2 (7.20)
= 2m2 − 2EE0 + 2pp0 cos θ (7.21)
et en négligeant la masse de l’électron (m2 ¿ q 2 ), on obtient
θ
q 2 = −4pp0 sin2 . (7.22)
2
Pour une diffusion, l’angle θ est réel et q 2 < 0. Il faut noter que lors de l’échange d’une par-
ticule réelle, la quantité q 2 est positive (du même signe que la composante énergie). Lorsque
q 2 < 0, l’impulsion est de genre-espace alors que pour q 2 > 0, elle est de genre-temps. Tous
les processus de diffusion se produisent dans une région où q 2 est de genre-espace.
162
Processus avec spin Chapitre 7
puisque
q 2 ' −q2
q · x = (E0 − E, p0 − p) · (R0 , R)
' (0, p0 − p) · (R0 , R) = −q · R.
L’intégrale demeure donc essentiellement la transformée de Fourier de la distribution spatiale
de la charge.
Notions de spin
Posons deux particules ayant des moments cinétiques j1 et j2 avec des composantes re-
spectives selon l’axe des z, m1 et m2 . La composante totale selon l’axe des z est
m = m1 + m2 , (7.25)
et le moment cinétique total est
j = j1 + j2 , (7.26)
dont la valeur se situe dans l’intervalle
|j1 − j2 | ≤ j ≤ |j1 + j2 |. (7.27)
Soit un état |j, mi auquel on fait subir une rotation autour de l’axe des y. L’état résultant
est une combinaison linéaire des (2j + 1) états |j, m0 i avec m0 = −j, −j + 1, ..., j − 1, j.
L’application de l’opérateur de rotation sur l’état initial donne une expression de la forme
X j
e−iθJy |j, mi = dm0 ,m (θ) |j, m0 i , (7.28)
m0
où lesdjm0 ,msont les éléments de la matrice de rotation. Il s’agit d’une représentation partic-
ulière du groupe de rotation.
Pour un état de moment cinétique j = 12 , il est possible de démontrer que
1 1 θ
d 21 , 1 (θ) = d−
2
1
,− 1
(θ) = cos
2 2 2 2 2
1 1 θ
d−2
1 1 (θ) = d 1
2
1 (θ) = sin
2,2 2 ,− 2 2
Dans un système de référence où l’électron est relativiste, le vecteur de spin σ est aligné
selon la direction de propagation, c’est-à-dire selon le vecteur p. Il faut se rappeler que les
σ a (a = 1, 2, 3) sont les matrices de Pauli. Si p représente la direction z, alors les valeurs
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moyennes du vecteur de spin selon les trois directions sont : < σ z >= ±1 et < σ x >=<
σ y >= 0. La polarisation longitudinale est une quantité appelée hélicité définie par
σ·p
H= = ±1. (7.29)
|p|
Les particules avec H = +1 sont dites d’hélicité droite et celle avec H = −1 sont d’hélicité
gauche. On les note respectivement par ψ R et ψ L .
163
Chapitre 7 INTERACTIONS ÉLECTROMAGNÉTIQUES
Figure 7.3 JI eL
L’hélicité est préservée dans la diffusion d’une par-
ticule polarisée par une autre particule chargée.
Une particule d’hélicité gauche (ou droite) ne peut
eL θ
être diffusée à un angle θ = π. (b). Pour un angle θ
θ arbitraire, la particule finale est décrite par une
superposition des deux états d’hélicité (a).
eL eL
(a) (b)
La conservation du moment
¯ ®0cinétique dans une interaction qui ne renverse pas les spins
ne permet que l’état final ¯ 12 , 12 avec la distribution angulaire (voir figure 7.3)
1 θ
|d 21 , 1 (θ)|2 = cos2 .
2 2 2 ¯ ®0
Pour une interaction qui renverse les spins, l’état final est ¯ 12 , − 12 avec la distribution
1 θ
|d 21 ,− 1 (θ)|2 = sin2 .
2 2 2
Dans le cas des interactions électromagnétiques, l’hélicité est une quantité conservée. La
partie coulombienne de l’interaction ne change pas l’orientation du spin de la particule. Par
conséquent, une diffusion à un angle de π n’est pas permise.
Un électron d’hélicité gauche diffusé à un angle θ est décrit par une fonction ψ L (θ) qui
est une superposition linéaire des amplitudes pour les états m = 12 et m = − 12 . La fraction
de l’amplitude correspondant à un électron originalement dans un état m = − 12 et émergeant
1 1
avec m = − 12 est d−
2
1
,− 1
= d 21 , 1 . Par conséquent, l’effet du spin de l’électron sur la
2 2 2 2
θ
diffusion par un noyau sans spin est l’introduction d’un facteur cos2 2 dans la section efficace.
Il en résulte la formule de Mott :
dσ Z 2 α2 cos2 θ
( )Mott = 2 4 θ em 2p0 2 2 θ . (7.30)
dΩ 4p0 sin 2 [1 + M sin 2 ]
7.3 Diffusion e − N
alors que l’interaction magnétique renverse le spin. Le champ magnétique du proton varie
en r13 alors que son champ électrique varie en r12 . Par conséquent, des collisions avec q 2
élevé (faible valeur de r) impliquent que l’interaction magnétique soit dominante. La section
efficace prend la forme
µ ¶ µ ¶ µ ¶
dσ dσ 2 θ q2 2 θ
= cos + sin , (7.31)
dΩ Dirac dΩ Rutherford 2 2M 2 2
où µ ¶
dσ α2
= ¡ 2 4 θ ¢ £em 2p0 ¤. (7.32)
dΩ Rutherford 4p0 sin 2 1 + M sin2 θ
Cette équation serait valide si les deux particules impliquées étaient ponctuelles avec des mo-
e~ e
ments magnétiques μ = 2mc = 2m (1 μN pour le proton et 0 μN pour le neutron). Cepen-
dant, il n’en est rien puisque le proton et le neutron ne sont pas des particules ponctuelles et
164
Processus purement leptoniques en QED Chapitre 7
leurs moments magnétiques sont dits anormaux en ce sens qu’ils diffèrent des valeurs cal-
culées pour des entités ponctuelles (2.79 μN pour le proton et −1.91 μN pour le neutron).
La structure du nucléon (proton et neutron) est décrite par un facteur de forme électrique
(GE (q 2 )) et un facteur de forme magnétique (GM (q 2 )). En fonction de ces nouvelles quan-
tités, la section efficace différentielle devient
µ ¶ " #
q2
dσ dσ G2E + 4M 2
2 GM q2 2 2 θ
= 2 + · 2GM tan , (7.33)
dΩ dΩ Mott 1+ q 2 4M 2 2
4M
où les fonction GE = GE (q ) et GM = GM (q 2 ) sont normalisées de sorte que GP
2 2 2 2 2
E (0) = 1,
GN P N
E (0) = 0, GM (0) = 2.79 et GM (0) = −1.91. Cette nouvelle relation est connue sous le
nom de la formule de Rosenbluth. Elle adopte la forme
¡ dσ ¢
θ
F = ¡ dσdΩ
¢ = A(q 2 ) + B(q 2 ) tan2 .
dΩ Mott
2
¡ ¢
Par conséquent, pour q 2 fixe, la courbe de F x, q 2 en fonction de x = tan2 θ2 est une droite
(voir figure 7.4).
Les facteurs de forme élastiques permettent de caractériser la distribution spatiale de la 0.04
charge électrique et du moment magnétique dans le nucléon. Une théorie complète de la F(x,q2)
structure hadronique pourrait, en principe, permettre de calculer de telles quantités. Cepen-
0.03
dant, les théories actuelles (le modèle des quarks et la chromodynamique quantique) ne per-
mettent l’extraction que de peu d’information concernant la structure des hadrons à cause de
la très grande complexité des calculs théoriques et/ou numériques impliqués. 0.02
Processus e+ e− → μ+ μ−
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En ne considérant que le diagramme associé à l’échange d’un photon (voir figure 7.5), la
section efficace de ce processus électromagnétique à l’ordre O(αem ) est
4πα2em
σ= , (7.34)
3s
La variable de Mandelstam s est le carré de l’énergie dans le centre de masse (s = 4E1CM E2CM ,
avec E1CM et E2CM les énergies de l’électron et du positron entrant en collision). Les masses
des leptons ont été négligées puisque très petites en comparaison de l’énergie totale dans le
centre de masse (s ¿ m2e , m2μ ). La distribution angulaire de ce processus a la forme
dσ
∝ (1 + cos2 θ). (7.35)
dΩ
où θ désigne l’angle d’émission des muons par rapport au faisceau incident dans le repère du
centre de masse. Dans ce type de processus impliquant des fermions relativistes, l’hélicité est
conservée.
165
Chapitre 7 INTERACTIONS ÉLECTROMAGNÉTIQUES
Figure 7.5 JI
Diagrammes de Feynman contribuant au proces- eL μL
sus e+ e− → μ+ μ− . La contribution des différentes γ eR γ μR
hélicités est illustrée.
μR μL
eR eL
Figure 7.6 JI 12
Comparaison des prédictions théoriques de QED
(en noir), QED + interactions faibles (en rouge) 10
aux valeurs expérimentales de la section efficace
totale pour le processus e+ e− → μ+ μ− en fonc- 8
tion de x = cos2 θ.
6
4
2
0 -1 -0.5 0 0.5 1
x
Diffusion de Bhabha : e+ e− → e+ e−
complexe. En effet, pour ce processus deux diagrammes contribuent (voir figure 7.7), ce
qui rend le traitement en terme de diagrammes de Feynman plus compliqué. Pour de faibles
angles, le premier diagramme domine. La section efficace différentielle est en très bon accord
avec les résultats expérimentaux.
Figure 7.7 JI e e
Diagrammes de Feynman contribuant à la diffu-
e e
sion Bhabha, c’est-à-dire e+ e− → e+ e− .
γ γ
e e e e
166
Corrections radiatives Chapitre 7
Pour les processus considérés jusqu’à présent, il existe un nombre infini de diagrammes
qui contribuent. Cependant, la majorité d’entre eux sont négligeables puisque leur expression
1
analytique est proportionnelle à des puissances élevées de αem ' 137 . C’est pour cette raison
que les prédictions basées sur l’échange d’un seul photon (approximation de Born) sont ac-
ceptables. Les corrections introduites par les diagrammes supplémentaires sont très difficiles
à mesurer expérimentalement puisque très petites.
Les contributions d’ordre supérieur peuvent être calculées dans le cadre de l’électrody-
namique quantique (QED). Ces résultats peuvent alors être vérifiés à l’aide d’expériences très
précises pouvant être divisées en deux classes : celles concernant les moments magnétiques
leptoniques et celles concernant les niveaux d’énergie d’états liés.
Pour un lepton (spin 12 ) ponctuel, le moment magnétique est égal au magnéton de Bohr,
e~
μB = , (7.36)
2mc
où m est la masse du lepton. De façon générale, on définit le moment magnétique avec la
relation
μ = gμB s, (7.37)
où g est le facteur de Landé, s le spin et gμB = μs , le rapport gyromagnétique. L’équation
de Dirac prédit que g = 2 pour une particule ponctuelle. Cependant, la valeur de g diffère de
0.2 % de la valeur attendue. Comme l’indique ce résultat, il n’est pas tout à fait correct de
considérer un lepton comme une particule ponctuelle sans structure. Le moment magnétique
e
d’une particule chargée est fonction du quotient m . (Rappelons que classiquement, pour une
structure en rotation, on trouve g = 1 alors que dans le cas d’une particule de spin 12 , g = 2).
À cause du principe d’incertitude de Heisenberg, un électron peut être considéré comme
étant composé d’un électron “nu” (particule ponctuelle) entouré d’un nuage de photons virtuels
continûment émis et réabsorbés. Qualitativement, on peut dire qu’une partie de la masse de
l’électron est attribuable à l’énergie que possède le nuage de photons et de paires particules-
e
antiparticules virtuelles. Par conséquent, m prend une valeur légèrement supérieure. En ef-
fectuant une mesure du moment magnétique par l’application d’un champ B, c’est cette
masse corrigée qui sera perçue. La correction est proportionnelle à la probabilité d’émission
d’un photon. Les corrections proportionnelles à αem , α2em , ... sont respectivement associées
à l’émission de 1, 2, ... photons virtuels au moment où le champ est appliqué.
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Figure 7.8 JI
Quelques exemples de diagrammes de Feynman
illustrant des processus avec échange de pho-
tons virtuels et boucles de fermions.
La figure 7.8 présente une liste partielle de diagrammes de processus virtuels. Le pre-
mier diagramme correspond à l’interaction d’un électron “nu”, le deuxième à l’émission d’un
167
Chapitre 7 INTERACTIONS ÉLECTROMAGNÉTIQUES
photon virtuel (O(αem )) et le troisième à l’émission de deux photons virtuels (O(α2em )). Le
dernier diagramme (O(α2em )) contient l’émission d’une paire virtuelle e+ e− . Il contribue à
ce qu’on appelle la polarisation du vide. La paire e+ e− va être polarisée ce qui va créer un
effet d’écran atténuant la charge de l’électron “nu”.
Les prédictions de l’électrodynamique quantique concernant la valeur des moments mag-
nétiques de l’électron et du muon sont :
µ ¶QED
g−2 αem αem 2 αem 3 αem 4
= 0.5 − 0.328478966( ) + 1.1765( ) − 0.8( ) + ...
2 e π π π π
= (1 159 652.307 ± 0.110) × 10−9 ,
µ ¶QED
g−2 αem αem 2 αem 3
= 0.5 + 0.76578( ) + 24.45( ) + ...
2 μ π π π
= (1 165 851.7 ± 2.3) × 10−9 .
Expérimentalement, on obtient les valeurs suivantes :
µ ¶
g−2
= (1 159 652.193 ± 0.110) × 10−9 ,
2 e
µ ¶
g−2
= (1 165 924 ± 9) × 10−9 .
2 μ
Structure hyperfine
ne sont pas dégénérés. La différence d’énergie entre ces deux niveaux correspond au “Lamb
shift”. La prédiction correcte de cette différence a été un des premiers succès de QED.
168
Symétries de jauge : Une approche plus formelle Chapitre 7
la conservation locale (et non seulement globale) de quantités physiques telles que la charge
électrique, la couleur, etc..
Formalisme lagrangien
La connexion entre les symétries et les lois de conservation est plus facile à comprendre
dans le cadre du formalisme lagrangien. Rappelons qu’en mécanique classique, les équations
de mouvement des particules peuvent être obtenues à partir des équations d’Euler-Lagrange,
µ ¶
d ∂L ∂L
− = 0, (7.38)
dt ∂ q̇i ∂qi
où qi sont les coordonnées généralisées de la particule, t la variable temporelle et q̇ = dq i
dt .
Le lagrangien du système est
L = T − V, (7.39)
où T et V sont respectivement l’énergie cinétique et l’énergie potentielle. Le formalisme dis-
cret avec les variables qi peut être étendu au cas où le système est décrit par des coordonnées
continues représentées par φ(x, t). Le lagrangien est remplacé par une densité lagrangienne
L,
L(qi , q̇i , t) → L(φ, ∂μ φ, xμ ),
∂φ
(où ∂μ φ ≡ ∂xμ ) devient fonction du champ φ et de la variable continue xμ . Le système formé
par les équations d’Euler-Lagrange prend la forme simple
µ ¶
∂L ∂L
∂μ − = 0. (7.40)
∂(∂μ φ) ∂φ
La densité lagrangienne L est définie telle que
Z
L = Ld3 x.
L’invariance d’une théorie (du lagrangien) sous une translation dans l’espace, une trans-
lation dans le temps et une rotation spatiale est associée à la conservation de l’impulsion,
de l’énergie totale et du moment cinétique. On peut dire des transformations associées à ces
quantités conservées qu’elles sont de nature spatio-temporelle. Les symétries qui nous in-
téressent sont des symétries internes. Par exemple, pour un électron décrit par le champ ψ,
LQED ∝ iψ̄γ μ ∂ μ ψ − mψ̄ψ est invariant par une transformation de phase globale,
ψ(x) → eiα ψ(x),
où α est une constante réelle. Les transformations U (α) = eiα , où l’unique paramètre α peut
prendre n’importe quelle valeur réelle, forment le groupe unitaire abélien U (1).
La symétrie de LQED sous les transformations du groupe U (1) permet de mettre en évi-
dence, à l’aide du théorème de Noether, l’existence d’un courant conservé. Considérons une
169
Chapitre 7 INTERACTIONS ÉLECTROMAGNÉTIQUES
QED est basée sur l’invariance des équations de mouvement sous des transformations de
jauge du type
ψ(x) → eiα(x) ψ(x), (7.44)
où α(x) est une fonction arbitraire de la position. On dira alors de QED qu’elle est invari-
ante par des transformations de jauge locales. Llibre dans (7.41) n’est pas invariant sous les
transformations locales du groupe U (1). Pour rendre le lagrangien de QED invariant, on doit
remplacer la dérivée partielle ∂μ par une dérivée covariante,
Dμ = ∂μ − ieAμ , (7.45)
où Aμ est un champ vectoriel qui se transforme comme
1
Aμ → Aμ + ∂μ α. (7.46)
e
On peut alors vérifier que le lagrangien modifié
LQED = iψ̄γ μ Dμ ψ − mψ̄ψ
= ψ̄(iγ μ ∂μ − m)ψ + eψ̄γ μ ψAμ (47)
est invariant par une transformation de jauge locale (éqs. (7.44) et (7.46)).
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Par conséquent, en demandant que la théorie soit invariante par U (1), il devient néces-
saire d’introduire un champ vectoriel Aμ , appelé champ de jauge, qui se couple aux partic-
ules représentées par ψ. En fait, Aμ est associé au photon physique, c’est-à-dire la particule
bosonique qui est responsable de l’interaction électromagnétique. Notez que le terme de cou-
plage dans le lagrangien peut s’écrire −j μ Aμ . En réalité, pour que Aμ puisse être associé au
photon, il est nécessaire d’introduire le terme dynamique
1
LJauge = − Fμν F μν ,
4
où Fμν = ∂μ Aν − ∂ν Aμ est le tenseur de champ du photon. Il est intéressant de noter que
l’introduction d’un terme de masse pour le photon n’est pas permise puisque 12 m2 Aμ Aμ
n’est pas invariant par les transformations de jauge locales. Le photon doit donc être sans
masse. Le fait d’imposer sur le lagrangien fermionique libre une condition d’invariance par
170
Symétries de jauge : Une approche plus formelle Chapitre 7
171
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Chapitre 8
INTERACTIONS FAIBLES
8.1 Classification des interactions
faibles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 173
8.2 Théorie de Fermi et interaction
V − A . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 174
8.3 Courants neutres ...... 175
Voici quelques exemples d’interactions faibles observées dans la Nature : 8.4 Non conservation de la parité
I La désintégration du neutron 176
n → p + e− + ν̄ e 8.5 Théorie électrofaible ... 178
8.6 Angle de Cabbibo et matrice de
qui ne peut pas se produire via les interactions électromagnétiques sous peine de violer la Kobayashi-Maskawa . . . . . . 183
conservation de la charge électrique. 8.7 Mécanismes de GIM .. 184
I La capture d’antineutrinos
8.8 Physique du K 0 et K̄ 0 185
ν̄ e + p → n + e+
8.9 Violation de CP ........ 188
qui n’est possible que via les interactions faibles (la charge électrique et la charge colorée du
8.10 Exercices ............ 191
neutrino sont nulles)
I La désintégration de hadrons uniquement en leptons ou en particules étranges
π+ → μ+ + ν μ
Λ0 → p + π−
qui doit passer par les interactions faibles puisque les interactions électromagnétiques et
fortes conservent les saveurs de quarks.
De fait, tous les quarks et les leptons sont soumis aux interactions faibles. À noter que
c’est la seule interaction à laquelle sont soumis les neutrinos. Les interactions faibles sont ν μ
caractérisées par des vies moyennes de 10−8 − 10−10 s. μ
νe
On classe les interactions faibles par la nature des particules qu’elles mettent en jeu.
Semi-leptoniques
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Le W se couple aux leptons sur un sommet et aux quarks sur l’autre sommet. Ces échanges
impliquent un changement de saveur de quarks qui peut entraîner la conservation ou l’absence
de conservation de l’étrangeté, ex. |∆S| = 0 ou |∆S| = 1 respectivement (voir les figures
8.2 et 8.3).
e Figure 8.2 JI
-
d W - μ W -
νe Réactions avec |∆S| = 0 : Désintégration semi-
leptonique du pion π − → μ− + ν̄ μ (à gauche) et
p d
n d du neutron n → p + e− + ν̄ e (à droite).
u
u νμ u
d p
u
173
Chapitre 8 INTERACTIONS FAIBLES
Figure 8.3 JI
e
Réactions avec |∆S| = 1 : Désintégration semi- s W - μ+ W -
νe
leptonique du K + via K + → μ+ +ν μ (à gauche) s
et du Λ0 via Λ0 → p + e− + ν̄ e (à droite). K +
Λ d
u
s νμ u
d p
u
Non-leptoniques (hadroniques)
Dans ce cas, le W se couple aux quarks seulement (voir la figure 8.4).
Figure 8.4 JI
Désintégration hadronique du K + via K + → π+ + d π+
u
π 0 (à gauche) et du Λ0 via Λ0 → p + π − (à u - π +
W -
W d u
droite). + s
K
d Λ d
u
s d π0 u
d p
u
Quoiqu’il en soit, toutes ces combinaisons se caractérisent par des couplages de la forme
illustrée à la figure 8.5 où l’on note, d’après ces quelques réactions, que le W se couple à des
doublets de fermions
µ ¶ µ ¶ µ ¶ µ ¶ µ ¶ µ ¶
f νe νμ u d u
= , , , , ... (8.1)
f0 e μ d u s
f f f f'
Figure 8.5 JI
Type de couplage dans les interactions faibles im- W W W
pliquant des courant chargés, c’est-à-dire des W ± .
W
f' f'
f f'
Fermi formula durant les années 1930 sa désormais célèbre théorie des interactions faibles
p
basée sur le postulat d’une interaction ponctuelle à 4-points. La force du couplage est donnée
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n
par la constante de Fermi GF .
Ainsi le processus n → p + e− + ν e est illustré par le diagramme de la figure 8.6
GF e Le modèle de Fermi est basé sur une approche appelée algèbre des courants. De façon
νe générale, l’élément de matrice de transition en QED pour une interaction à 4-points s’écrit
e2 em μ em
M∝ (J ) (J )μ
q2
Figure 8.6 N où (J em )μ est un courant
La théorie de Fermi décrit la désintégration du (J em )μ = ψ̄γ μ ψ
neutron n → p + e− + ν e par une interaction avec ψ un spineur de Dirac, ψ̄ = ψ † γ 0 le spineur conjugué et γ μ les matrices de Dirac. Cet
ponctuelle à 4-points (entre quatre particules).
élément de matrice décrit par exemple le processus de la figure 7.5.
Fermi propose de décrire l’interaction faible par une forme similaire soit
¡ faible ¢μ ¡ faible ¢ ¡ ¢¡ ¢
M = GF Jbaryon Jlepton μ = GF ψ̄ n Obaryon ψ p ψ̄ e Olepton ψ ν
174
Courants neutres Chapitre 8
où O est un opérateur. Pour être compatible avec les observations expérimentales, la forme
est fixée à
M = GF ψ̄ n γ μ (1 + λγ 5 ) ψ p ψ̄ e γ μ (1 + γ 5 ) ψ ν
avec λ = −1.25, −0.69 ...dépendant des baryons en jeu. Normalement λ = −1 pour des
réactions purement leptoniques, ce qui suggère que toute déviation de la valeur λ = −1 est
attribuable à la nature non ponctuelle des baryons.
Le modèle standard dont la partie électrofaible a été décrite par Glashow, Weinberg et
Salam prévoit plutôt que l’interaction entre ces quatre particules se produit par l’échange de p
boson de jauge lourd, le W d’une masse de 80 GeV. Puisque la masse du W est si élevée, les n g
interactions paraissent ponctuelles à basse énergie et restent compatibles avec la théorie de W
Fermi dans cette limite (voir la figure 8.7). gl e
L’interaction faible permet deux types d’échanges : (voir la figure 8.8) νe
1. L’interaction vectorielle : Le spin de la particule reste intact. Le W ne porte aucun moment
cinétique.
Figure 8.7 N
2. L’interaction axiale : Le spin de la particule change. Le W porte donc un moment ciné-
La théorie de Glashow-Weinberg-Salam explique
tique. l’interaction faible par l’échange de bosons mas-
sifs Z 0 , W − , W + .
La taux de transition étant donné par
dN
ω = 2πG2F |Mij |2
dE0
dN
où E0 est l’énergie de l’état final, dE 0
la densité d’état et Mij l’élément de matrice. Les
processus vectoriel et axial sont caractérisés par des taux de transition sensiblement différents
2
∆J(lepton) = 0 : |Mij | ' 1 Processus de Fermi
∆J(lepton) = 1 : |Mij |2 ' 3 Processus de Gamov-Teller
p p
Figure 8.8 JI
n gV n gA Les interaction vectorielle ∆J = 0 (à gauche) et
axiale ∆J = 1 (à droite).
W W
e e
gl gl
∆J=0 νe ∆J=1 νe
ggl ggl
GF = lim 2 = M2
q 2 →0 −q 2 + MW W
où g prend soit la valeur de gA ou de gV dépendant qu’on est présence d’interactions axiales
ou vectorielles respectivement. Expérimentalement, on constate
gA ' −gV
ce qui a valu à cette interaction d’être nommée “interaction V − A ”.
175
Chapitre 8 INTERACTIONS FAIBLES
X X
Les premières observations de violation de la parité furent obtenues en 1956 dans des
processus impliquant des désintégrations β. Par exemple, dans la désintégration β d’un noyau
de Cobalt 60 avec le spin aligné par un champ magnétique fort soumis à des températures
d’environ 0.01K, on mesura un taux plus élevé d’électrons émis avec un spin opposé à celui
du cobalt (voir la figure 8.10).
Figure 8.10 JI
Modes de désintégration du 60 Co.
νe e-
60
Co
Ni Ni
e- νe
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176
Non conservation de la parité
177
Chapitre 8 INTERACTIONS FAIBLES
Figure 8.11 JI
Les deux états finals sont reliés par une opération
de réflexion (parité).
νe e-
Ni
Mirroir
Ni
νe e-
On interprète maintenant ce résultat comme une interférence entre les parties vectorielle
et axiale des éléments de matrice Mij . La première partie se comporte comme les vecteurs V
(ex. r, p,..). alors que la partie axiale A se comporte comme un spin ou un moment cinétique.
Tout processus qui dépend d’un produit de la forme V · A viole la conservation de la parité.
V A
Les éléments de matrice Mij peuvent s’écrire en général Mij − Mij d’où
¯ V ¯2 ¯ A ¯2
|Mij | = ¯Mij ¯ + ¯Mij ¯ − 2Mji
2 V A
Mij
Le dernier terme change sous une réflexion et viole donc la parité.
À noter que la conjugaison de charge est aussi violée dans le processus si bien que celui-ci
reste invariant par CP.
8.12).
Figure 8.12 JI γ
Vertex d’interactions électrofaibles impliquant un Z W
photon γ ou un boson W ± ou Z 0 .
178
Théorie électrofaible Chapitre 8
2 4π 4π
MW ∼ = = 88.5 GeV.
137GF 137 × 1.16 × 10−5 GeV−2
Cette valeur diffère de la masse réelle de W , soit MW = 80.22 GeV, ce qui indique que cette
dernière conclusion est probablement un peu trop naïve.
Charge faible
i Remarque 8.1
Il ne faut pas confondre l’isospin faible avec l’isospin fort issu de l’invariance des inter-
actions fortes sur la charge électrique. Le traitement est similaire à certains égards mais
l’isospin faible est associé à une symétrie de jauge locale (interaction de jauge) alors que
l’isospin fort est une symétrie de jauge globale (conservation de nombres quantiques seule-
ment). La même distinction s’applique à l’hypercharge faible vis-à-vis l’hypercharge forte.
Résumons dans le tableau suivant, les charges électrofaibles des fermions du modèle stan-
179
Chapitre 8 INTERACTIONS FAIBLES
dard sont :
Charges électrofaibles
Q I3W Y W
1
Leptons neutres ν eL , ν μL , ν τ L 0 2 −1
ν eR , ν μR , ν τ R 0 0 0 aucune interaction
Leptons chargés eL , μL , τ L −1 − 12 −1
eR , μR , τ R −1 0 −2 aucune interaction SUL (2)
2 1 1
Quarks u, c, t uL , cL , tL 3 2 3
2 4
uR , cR , tR 3 0 3 aucune interaction SUL (2)
1 1 1
Quarks d, s, b d, sL , bL −3 −2 3
1
dR , sR , bR −3 0 − 23 aucune interaction SUL (2)
La théorie électrofaible est basée sur l’invariance de jauge SUL (2) ⊗ UY (1) alors que
QED est basée sur le groupe Uem (1). Les transformations de jauge peuvent être définies
comme suit :
Hypercharge faible : Un champ ψ se transforme suivant la symétrie de jauge UY (1),
ψ → ψ0 = V ψ où V = eiα(x)
µ ¶
ψ1
Isospin faible : Un doublet de champ se transforme suivant la symétrie de
ψ2 L
jauge SUL (2),
µ ¶ µ 0 ¶ µ ¶
ψ1 ψ1 ψ1
→ =U où U ∈ SU (2)
ψ2 L
ψ 02 L ψ2 L
alors qu’un singulet reste intact sous la même transformation
ψ R → ψ 0R = ψ R .
Pour préserver l’invariance de jauge, il est nécessaire d’introduire les champs de jauge
suivants :
Bμ = champ de jauge pour Y W (UY (1) a 1 générateur)
Akμ = 3 champs de jauge pour I W (SUL (2) a 3 générateurs, τ k , k = 1, 2, 3).
Les lagrangiens respectifs s’écrivent alors
1. Pour les fermions : les fermions interagissent avec les bosons de jauge via
µ ¶
μ 0 μ μ g0 μ g k μ k
Lψ = ψ̄ R (iγ ∂μ − m − g γ Bμ ) ψ R + ψ̄ L iγ ∂μ − m − γ Bμ + τ γ Aμ ψ L
| {z } 2 2
Y W =−2,I W =0
| {z }
3
Y W =−1,I3W 6=0
2. Pour les champs de jauge : la dynamique des bosons de jauge est décrite par
1 1
LJauge = − Bμν B μν − Akμν Akμν
4 4
où
Bμν = ∂μ Bν − ∂ν Bμ
Akμν = ∂μ Akν − ∂ν Akμ + gεijk Aiμ Ajν
Le premier terme − 14 Bμν B μν est très similaire au lagrangien décrivant les champs de
photons en QED. Il est basé sur le groupe de symétrie U (1) tout comme QED. Pour-
suivant cette analogie, rappelons qu’en QED, le photon ne peut pas interagir directement
avec lui-même puisqu’il est neutre. Le second terme du lagrangien − 14 Akμν Akμν est une
généralisation du lagrangien de QED pour le groupe SU (2). Il est à noter que le groupe
180
Théorie électrofaible Chapitre 8
SU (2) est non abélien (non-commutatif) si bien que la contribution gεijk Aiμ Ajν implique
des interactions entre les bosons de jauge de SU (2).
L’invariance de jauge requiert que les quatre bosons de jauge Bμ et Akν soient sans masse.
Ce qu’on observe plutôt, ce sont le photon et les bosons massifs W ± et Z 0 . Cela implique
que les lagrangiens devraient inclure des termes de masse de la forme
2
LMasse = MW W +ν Wν+ + MW
2
W −ν Wν− + MZ2 Z 0ν Zν0 . (8.3)
± 0
c’est-à-dire des termes quadratiques en fonction des champs W et Z . Ces termes ne sont
pas invariants par les transformations de jauge. S’ils sont présents, on dit alors que la symétrie
est brisée. Il existe plusieurs façons d’introduire ces termes de brisure : explicitement, dy-
namiquement ou dans le cas qui nous intéresse spontanément. Il reste que pour des énergies
très élevées, les masses des W ± et Z 0 sont négligeables et la symétrie de jauge est restaurée.
i Remarque 8.2
L’existence de bosons d’interactions W ± et Z 0 fut confirmée en 1983 lorsque ceux-ci furent
produits et observés directement au collisionneur pp(pp̄) SPS du CERN. Cette confirmation
expérimentale valut le prix Nobel de physique 1984 à C. Rubbia et S. van der Meer.
i
Dans le modèle standard, la brisure de symétrie est due au mécanisme de Higgs (brisure
spontanée) par lequel intervient un mélange des Bν et Akν dont le résultat est la présence des
bosons massifs Wν± qui sont des combinaisons de A1ν et A2ν et de deux autres bosons
Aμ = Bμ cos θW + A3μ sin θW
Zμ0 = −Bμ sin θW + A3μ cos θW.
Le mécanisme de Higgs est basé sur l’idée que même si les équations de mouvement
possèdent une symétrie, les solutions ne sont pas nécessairement symétriques.
i Remarque 8.3
Il existe plusieurs exemples de brisure spontanée de symétrie en physique :
(1) Une barre de métal cylindrique sur laquelle on applique une pression dans le sens de sa
longueur s’oriente en pliant selon une direction privilégiée brisant la symétrie cylindrique
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du système.
(2) Les spins dans un ferromagnétique à température élevée sont orientés aléatoirement.
En abaissant la température les spins s’alignent dans une direction privilégiée brisant la
symétrie sous rotation.
i
Mécanisme de Higgs
Plus précisément, le mécanisme proposé par Higgs pour générer la brisure de symétrie
introduit des champs scalaires couplés à l’interaction de jauge. Les scalaires apparaissent
sous forme d’un doublet électrofaible φ dont le lagrangien s’écrit
Lφ = Dμ φ† Dμ φ − V (φ) (8.4)
181
Chapitre 8 INTERACTIONS FAIBLES
Les termes de masse étant quadratiques en W ± et Z 0 , il est alors facile d’identifier les masses
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de (8.3) soient
Masse de Aμ = 0√ =⇒ photon sans masse
v g 02 +g 2
Masse de Zμ0 = 2 = MZ =⇒ Zμ0
Masse de Wμ± = vg
2 = M W =⇒ Wμ±
De plus, ayant identifié Aμ au photon, on obtient que la charge
gg 0
e= p = g sin θW = g 0 cos θW (8.5)
g 02 + g 2
détermine l’angle de mélange appelé l’angle de Weinberg
g0 MW
tan θW = et = cos θW < 1.
g MZ
182
Angle de Cabbibo et matrice de Kobayashi-Maskawa Chapitre 8
Expérimentalement, on mesure
sin2 θW ' 0.233
ce qui implique
MZ = 1.14MW
= 91.187 GeV.
Particule de Higgs
Le doublet de scalaire introduit par Higgs a la propriété inhabituelle d’avoir un minimum
non nul ou autrement dit, la valeur du champ n’est pas nulle dans son état fondamental. Énergie
Rappelons qu’en électromagnétisme, l’énergie emmagasinée dans les champs est la somme
des carrés de l’amplitude du champ électrique et de l’amplitude du champ magnétique. Le
minimum se trouve au point où les deux champs sont nuls (voir la figure 8.13)
Pour la particule de Higgs ou plus simplement le Higgs, l’état fondamental est déterminé
par le minimum du potentiel V (φ) dans (8.4). Le potentiel (renormalisable) le plus simple
qui brise la symétrie est
³ ´2
V (φ) = λ φ† φ − v 2
illustré à la figure 8.14 où V (φ) est représenté en fonction de Re φ et Im φ. Un optimum se E B
trouve en φ = 0, mais il s’agit d’un maximum relatif (état instable). Toutefois une infinité
d’état fondamentaux sont possibles (minimum absolu) pour lesquels
|φ| = v ou φ = veiθ Figure 8.13 N
Énergie du champ électromagnétique en fonction
où la phase θ correspond à la direction dans le plan Re φ − Im φ. de l’amplitude du champ électrique (axe des x) et
On note la brisure de symétrie (cylindrique en Re φ et Im φ ) à la figure 8.14 dès que l’état de l’amplitude du champ magnétique (axe des y).
fondamental (le vide) est déterminé uniquement ex. la phase θ = 0 est choisie. Donc dans le
vide lorsque l’énergie est nulle, le champ de Higgs est non nul.
Le Higgs a la particularité d’avoir les mêmes nombres quantiques que le vide (toutes les
charges sont nulles) sauf pour la masse qui est non-nulle. Dans les faits, le vide peut donc
V (φ)
être habité par des particules de Higgs virtuelles et toute particule y voyageant pourra être
soumise à des interactions avec le Higgs. Il en résulte que des particules à l’origine sans
masse se comportent comme si elles avaient une masse.
Le Higgs est la seule particule du modèle standard qui élude encore la détection. Les
contraintes expérimentales requièrent
MH 0 ≥ 77.5 GeV. R e(φ)
Im (φ)
183
Chapitre 8 INTERACTIONS FAIBLES
alors que le couplage u − s est caractérisé par |∆S| = 1 et une amplitude de probabilité
∝ GF sin θC
où θC ' 0.23. Par exemple, on aura
Désintégration Changement de saveur Taux
n → p + e− + ν̄ e d→u G2F cos2 θC
π + → π 0 + e+ + ν e u→d G2F cos2 θC
K + → π0 + e− + ν̄ e s→u G2F sin2 θC
μ+ → e+ + ν e + ν̄ μ — G2F
et le rapport entre les taux des K + → π0 e− ν̄ e (|∆S| = 1) et π+ → π0 e+ ν e (|∆S| = 0) est
G2F sin2 θC 1
= tan2 θC ' .
G2F cos2 θC 20
Le mélange de Cabibbo peut s’exprimer par le courant chargé porté par le W
µ ¶µ ¶
+ cos θC sin θC d
JW = (ū, c̄) .
− sin θC cos θC s
ou
+
JW = ūd cos θC + ūs sin θC − c̄d sin θC + c̄s cos θC .
Pour tenir compte de certaines déviations de la théorie de Cabibbo et de la présence de six
quarks, Kobayashi et Maskawa ont introduit le courant généralisé
⎛ ⎞
d
JW+
= (ū, c̄, t̄) M ⎝ s ⎠
b
où M est la matrice de Cabibbo-Kobayashi-Maskawa (CKM)
⎛ ⎞
c1 c3 s1 s1 s3
M = ⎝ −c2 s1 c1 c2 c3 − s2 s3 eiδ c1 c2 s3 + c3 s2 eiδ ⎠
iδ
s1 s2 −c1 c3 s2 − c2 s3 e −c1 s2 s3 + c2 c3 eiδ
où
ci = cos θi si = sin θi i = 1, 2, 3.
Le mélange est caractérisé par trois angles d’Euler θi et six phases dont une seule, δ, est
observable. Les valeurs de ces paramètres sont déterminées expérimentalement et mènent à
⎛ ⎞
0.97 0.22 0.004
M = ⎝ −0.22 0.97 0.04 ⎠ .
0.004 -0.04 0.99
À noter que la phase δ introduit un terme qui viole l’invariance sous la transformation CP.
Figure 8.15 JI ν νμ
Désintégration du K + par les voies neutres K + → W -
π + + ν + ν̄ et chargées K + → π 0 + e− + ν̄ e . Z0 ν μ
K us
+
K us
+
d π+ u π0
u u
Toutes les observations de courants neutres faites à ce jour respectent la règle |∆S| =
0. On dit alors qu’il n’existe pas de courant neutre changeant la saveur (FCNC : Flavor
184
Physique du K 0 et K̄ 0 Chapitre 8
changing neutral current). Par exemple, si on compare les processus |∆S| = 1 dans les
mesures des taux de désintégration du K + par les voies neutres et chargées (voir la figure
8.15), on obtient le rapport
K + → π+ + ν + ν̄
< 10−5
K + → π 0 + e− + ν̄ e
À première vue, on s’explique mal cette règle de sélection puisque dans le cas de courants
chargés des processus |∆S| = 0 et |∆S| = 1 sont tous deux observés.
Si on ne considère que les quarks u, d, s, le couplage des courants neutres a la forme (voir u d cos θc + s sin θ c
la figure 8.16)
¡ ¢ Z0 Z0
uū + dC d¯C = uū + dd¯cos2 θC + ss̄ sin2 θC + s̄d + sd¯ sin θC cos θC (8.7)
| {z } | {z }
|∆S|=0 |∆S|=1
u d cos θc + s sin θ c
où µ ¶ µ ¶
u u
= . (8.8)
dC d cos θC + s sin θC
Le deuxième terme n’est pas observé puisque le processus |∆S| = 1 est fortement supprimé. Figure 8.16 N
Interactions quarks-Z 0 pour un modèle à trois quarks.
En 1970 Glashow, Illiopoulos et Maiani, (GIM) proposent un nouveau quark, le charme,
qui forme un doublet d’interaction faible
µ ¶ µ ¶
c c
= . (8.9)
sC s cos θC − d sin θC
Le courant neutre a maintenant deux nouvelles contributions (voir la figure 8.17)
¡ ¢
cc̄ + sC s̄C = cc̄ + ss̄ cos2 θC + dd¯sin2 θC − s̄d + sd¯ sin θC cos θC . (8.10)
| {z } | {z }
|∆S|=0 |∆S|=1
En additionnant les expressions (8.7) et (8.10), il ressort que les termes |∆S| = 1 s’annulent
automatiquement : c s cos θc - d sin θ c
uū + dC d¯C + sC s̄C + cc̄ = uū + dd¯ + ss̄ + cc̄.
| {z } Z0 Z0
|∆S|=0
c s cos θc - d sin θc
i Remarque 8.4
Le quark charme fut découvert en 1974 à SLAC et à Cornell presque simultanément sous la
forme du J/ψ. Le J/ψ est un état lié cc̄ produit par annihilation e+ e− . À l’époque, cette Figure 8.17 N
Interactions additionnelles quarks-Z 0 pour un mod-
particule a fait l’objet d’une polémique à savoir lequel des deux groupes en avait fait la èle à quatre quarks (mécanisme de GIM).
découverte en premier. La communauté scientifique n’a jamais tranché la question, préférant
attribuer la paternité de la découverte aux deux groupes. Cela explique le nom (ou les deux
noms) de la particule J/ψ mais aussi que le prix Nobel de physique 1976 ait été attribué aux
directeurs des deux collaborations B. Richter et S.C.C. Ting.
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8.8 Physique du K 0 et K̄ 0
185
Chapitre 8 INTERACTIONS FAIBLES
où les K 0 et K̄ 0 peuvent être produits fortement par des processus distincts soit π − + p →
K 0 + Λ0 :
π − + p → K 0 + Λ0
S 0 0 +1 −1
et π + + p → K + + K̄ 0 + p :
π+ + p → K+ + K̄ 0 + p
S 0 0 +1 −1 0
illustrés à la figure 8.18.
Figure 8.18 JI
Diagrammes de flot de quarks pour les processus
de production de K 0 et K̄ 0 .
u u u u 0
π+
d
K+ π+ d s K
s
s K0
d
d d d s
p u u p p u u Λ
u u u u
On note par ailleurs que K 0 et K̄ 0 sont l’antiparticule l’une de l’autre et donc sous con-
jugaison de charge ¯ ® ¯ ®
C ¯K 0 = ¯K̄ 0
ce qui constitue une variation de |∆S| = 2. Il en découle que :
I puisque S est conservée dans les interactions fortes, tout couplage K 0 − K̄ 0 via les
interactions fortes est interdit.
I les interactions faibles permettent |∆S| = 1, donc un couplage K 0 − K̄ 0 est possible
mais doit passer par deux processus intermédiaires chacun ayant |∆S| = 1 (processus du 2e
ordre).
Considérons par exemple les K 0 et K̄ 0 qui peuvent tous deux se désintégrer en π + π −
(voir la figure 8.19).
Figure 8.19 JI
Modes de désintégration des K 0 et K̄ 0 .
d π+ u π -
u d
-
W+ W
K0 ds K0 s
d
u π -
u π+
d d
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Figure 8.20 JI
186
Mélange K 0 − K̄ 0 par échange de deux W.
Physique du K 0 et K̄ 0 Chapitre 8
s u d s W d
K0 W W K0 K0 u u K0
d u s d W s
i Remarque 8.5
Les K 0 et K̄ 0 se distinguent par leur interactions fortes (S = 1 et −1 respectivement) alors
que K1 et K2 se distinguent de par leurs interactions faibles (états propres de CP).
i
Modes de désintégration
où le premier facteur exponentiel correspond à une onde (∝ e−iωt ), E1 et E2 étant les éner-
gies, alors que le second facteur vient de la désintégration avec Γ1 = τ −1 −1
1 et Γ2 = τ 2 , les
largeurs de désintégration.
Pour un faisceau K 0 pur au temps t = 0, l’intensité du faisceau au temps t s’écrit
(a1 (t) + a2 (t)) (a∗1 (t) + a∗2 (t))
I(K 0 ) = √ √
2 2
1 ³ −Γ1 t −Γ2 t − 12 (Γ1 +Γ2 )t
´
= e +e + 2e cos (M2 − M1 ) t
4
alors que le faisceau est composé de K̄ 0 suivant
(a1 (t) − a2 (t)) (a∗1 (t) − a∗2 (t))
I(K̄ 0 ) = √ √
2 2
³
1 −Γ1 t ´
−Γ2 t − 12 (Γ1 +Γ2 )t
= e +e − 2e cos (M2 − M1 ) t
4
187
Chapitre 8 INTERACTIONS FAIBLES
où E1,2 = M1,2 dans les centres de masse respectifs des K1 et K2 . On remarque que les pre-
mier et second termes correspondent respectivement à des désintégrations rapide (τ 1 courte)
et lente (τ 2 grande). Par ailleurs, le troisième terme est responsable d’oscillations dans les in-
tensités. La figure 8.21 qui suit représente en unités arbitraires I(K 0 ) (en bleu) et I(K̄ 0 ) (en
rouge) pour des valeurs de M2 − M1 croissantes.
Une mesure expérimentale appropriée de la proportion K 0 −K̄ 0 en fonction de la distance
pour un faisceau initial K 0 pur permet de déduire la différence de masse ∆M = M2 − M1 .
On obtient expérimentalement une variation de
∆M = 3.52 × 10−6 eV
soit un changement relatif de
∆M
= 0.7 × 10−14 .
M̄
1 1
Figure 8.21 JI 1
L’intensité du faisceau I(K 0 ) (en bleu) et I(K̄ 0 ) 0.8 0.8
(en rouge) en fonction du temps pour des valeurs 0.8
de M2 − M1 croissantes. 0.6 K0 0.6 0
K 0.6 K0
0.4 0.4
0.4
0.2 K0 0.2
0.2
K0 K0
0 0 0
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
t t t
8.9 Violation de CP
La violation de la parité fut découverte dans les interactions faibles en 1956 mais on s’en-
π+ tendit longtemps pour dire que CP devait être conservée. En 1964 cependant, Christianson,
Cronin, Fitch et Turlay démontrèrent que l’état avec une longue vie moyenne pouvait aussi se
F a is cea u de K Zo n e d e désintégrer en 2π dans une proportion de 10−3 . Cet état appelé |KL i qui est en grande par-
d ésin té g ra t io n A im an t s et
c ha m b re s à
é tin celles
tie formé de |K2 i contient donc une partie de |K1 i . De la même façon, un autre état |KS i ,
de vie moyenne courte est aussi un mélange |K1 i − |K2 i dominé par |K1 i soit :
|KL i = aL |K2 i + bL |K1 i
π- |KS i = aS |K2 i + bS |K1 i
où aL À bL et aS ¿ bS .
L’expérience de ‘Cronin et Fitch’ consiste à observer les KL se désintégrer grâce à un
Figure 8.22 N
L’expérience de ‘Cronin et Fitch’ pour observer les spectromètre à deux bras et à des chambres à étincelles. Les π + π− sont détectés respective-
désintégrations de KL grâce à un spectromètre à ment dans chacun des bras ce qui permet un calcul de la masse invariante du système π + π − ,
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188
Violation de CP Chapitre 8
(Des effets similaires sont observés dans le processus KL0 → π0 π0 ; on peut aussi définir
η 00 ).
En général, η+− et η00 dépendent des amplitudes A0 = Ampl(I = 0) et A2 = Ampl(I =
2) associées aux états finals de pions avec I = 0 et I = 2. On peut alors écrire
¯ ¯
η+− = ε + ε0 ≡ ¯η +− ¯ eiφ+−
η00 = ε − 2ε0 ≡ |η 00 | eiφ00
où
i Im A2 i(δ2 −δ0 )
ε0 = √ e .
¯ 2 ¯ A0
Si la règle de ∆I = 1
2 tient, A2 = 0, ¯η +− ¯ = |η 00 | , φ+− = φ00 et on observe expérimen-
talement
η +− = (2.274 ± 0.027) × 10−3 φ+− = 44.6 ± 1.2◦
η00 = (2.29 ± 0.04) × 10−3 φ00 = 55 ± 6◦
ou
ε
≤ 0.02.
ε0
i Remarque 8.6
La violation CP pourrait être bientôt observée dans des systèmes de B 0 (voir référence sur
expérience BaBar au SLAC). Pour le moment, les seules évidences expérimentales viennent
des systèmes K 0 − K̄ 0 .
i
Implications cosmologiques
Nb − Nb̄ = Nγ
À mesure que l’Univers refroidit, les paires baryon-antibaryon peuvent continuer de s’anni-
hiler mais leur création s’arrête, les photons n’ayant plus suffisamment d’énergie pour les
produire. Il reste des baryons dans une proportion
Nb
= 10−18 .
Nγ
Deux problèmes se posent alors :
I L’abondance de baryons est beaucoup plus grande que prévue.
I L’Univers semble dominé par la matière (aucun rayon cosmique formé d’antimatière
donc pas d’antimatière dans notre galaxie et aucun signe de productions de rayons-X pouvant
provenir de la rencontre d’une galaxie avec une anti-galaxie).
Ce déséquilibre matière-antimatière peut toutefois s’expliquer par une violation CP puisque
celle-ci implique que la matière et l’antimatière ont des interactions différentes.
189
Chapitre 8 INTERACTIONS FAIBLES
190
Exercices Chapitre 8
8.10 Exercices
8.1. Largeur de désintégration du Z 0
On observe une largeur totale de désintégration du Z 0 de 2490 ± 7 MeV qui provient des largeurs
partielles de désintégration suivantes
paires lepton-antilepton chargés 84 MeV
hadronique totale 1741 ± 6 MeV
Par ailleurs, plusieurs modes de désintégration contribuent à cette quantité et le modèle standard
prédit des largeurs partielles
chaque paire de quark-antiquark Q = 23 296 MeV
chaque paire de quark-antiquark Q = − 13 382 MeV
chaque paire de neutrino-antineutrino 166 MeV
Vérifier que les prédictions et les observations peuvent être en accord. En supposant que les prédic-
tions du modèle standard sont correctes, que peut-on en conclure ?
191
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Chapitre 9
INTERACTIONS FORTES (QCD)
9.1 Diffusion e − N ........ 194
9.2 Invariance d’échelle .... 194
9.3 Modèle des partons .... 195
9.4 Liberté asymptotique et
confinement . . . . . . . . . . . . . . . 197
Le modèle des quarks basé sur le groupe de symétrie interne SU (3) permet une clas-
9.5 Annihilation e+ e− ...... 199
sification correcte des hadrons observés (voir chapitre 6). Les quarks ne sont alors que des
9.6 Diffusion ν − N ........ 201
abstractions mathématiques et non des particules physiques. L’existence des quarks peut être
9.7 Modèle des quarks-partons et
démontrée à l’aide d’expériences utilisant des leptons pour sonder l’intérieur du nucléon. Plus fonctions de structure . . . . . 202
la longueur d’onde du lepton est petite (plus son énergie est grande), plus il est possible de
9.8 Collisions hadron-hadron .....
voir des détails fins (structure interne du nucléon). Les réactions qui nous intéressent sont in- 204
élastiques en ce sens que les particules initiales et finales ne sont pas les mêmes. Le diamètre 9.9 Violation déchelle ...... 206
du proton est d’environ 10−15 m, ce qui veut dire que pour en connaître la structure interne, 9.10 Existence des quarks . 206
la sonde doit avoir une énergie de l’ordre du GeV.
9.11 Exercices ............. 207
Chromodynamique quantique
La structure de jauge de cette théorie est basée sur le groupe SU (3). Il y a 8 champs de jauge
— un par générateur de SU (3) — qui sont associés à la représentation adjointe de SU (3) :
on les représentera par les Aiμ (i = 1, 2, 3), les champs de gluons.
La dérivée covariante pour cette théorie est
Dμ = ∂μ + igs Aaμ T a
où gs est la constante de couplage des interactions fortes et T i sont les générateurs de SU (3)
avec a = 1, 2, 3...8.
Les seuls fermions à interagir fortement sont les quarks. Ils ont les mêmes interactions
fortes quelle que soit leur saveur.
Les quarks forment des triplets de couleur correspondant à la représentation fondamentale
de SU (3).
Le lagrangien pour cette théorie s’écrit
1 a μνa
L = iψ f (D/ − m) ψ f − Fμν F ,
4
où
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a
Fμν = ∂μ Aaν − ∂ν AWμa − gs fabc Abμ Acν
et
ψ f = champ de quark de saveur f
Le second terme du lagrangien − 14 Fμν a
F μνa est une généralisation du lagrangien de QED
pour le groupe SU (3). Il est à noter que le groupe SU (3) est non-abélien (non-commutatif),
si bien que la contribution gs fabc Abμ Acν implique des interactions entre les bosons de jauge
de SU (3) de type gluon-gluon-gluon
¡ ¢
−2gs fabc ∂μ Aaν − ∂ν AWμa Aμb Aνc
et gluon-gluon-gluon-gluon
gs2 fabc fade Abμ Acν Aμd Aνe
9.1 Diffusion e − N
193
Chapitre 9 INTERACTIONS FORTES (QCD)
Lorsqu’un électron (e− ) est diffusé par un nucléon, c’est la force électromagnétique qui
est la plus importante. Au cours de ce processus (appelé électro-production), c’est le dia-
gramme impliquant l’échange d’un seul photon virtuel (γ) qui domine (voir figure 9.1). Il
faut noter que des processus mettant en cause l’échange de plusieurs photons peuvent de-
venir importants lorsque l’énergie de la particule incidente est très grande.
En laboratoire, on peut mesurer la section efficace de tels processus. Les variables en
e
cause sont l’énergie perdue par le lepton et son angle de diffusion. La première quantité, ν,
γ est définie par
e
ν = Ei − Ef , (9.1)
où Ei est l’énergie initiale du lepton et Ef son énergie finale. L’angle de diffusion θ est relié
N à l’impulsion q 2 portée par le photon virtuel,
q 2 = 2Ei Ef (1 − cos θ). (9.2)
X L’électrodynamique quantique (QED) décrit les interactions lepton-photon dans lesquelles
le lepton est une particule ponctuelle (particule de Dirac). L’interaction photon-nucléon est
toutefois plus complexe puisque ce dernier possède une structure interne. Pour caractériser
Figure 9.1 N l’évolution de la structure du nucléon durant l’interaction, on utilise des fonctions de struc-
Diagramme impliquant l’échange d’un photon virtuel ture dont la forme doit être déterminée expérimentalement. La section efficace différentielle
(γ) dans la diffusion e − N .
pour la diffusion inélastique électron-proton est
d2 σ 4πα2em Ef Mp θ θ
= [ F2 (q 2 , ν) cos2 + 2F1 (q 2 , ν) sin2 ], (9.3)
dq 2 dν q 4 Ei Mp ν 2 2
où F1 et F2 sont les fonctions de structure, Mp la masse du proton et αem la constante de
structure fine (constante de couplage électromagnétique).
Notons tout d’abord que les fonctions de structure n’ont pas de dimension : ce sont sim-
plement des nombres. Les sections efficaces de processus sont toujours fonction de la sec-
tion efficace de Rutherford (voir équation (7.32)). Si les fonctions de structure dépendent
des quantités ν et q 2 , alors il doit exister d’autres quantités pour annuler leur dimension de
manière à ce que les fonctions de structure soient des nombres. Pour un processus de diffu-
sion à basse énergie (q 2 = 2νMN ), le photon voit le nucléon (N ) comme un objet étendu
(non-composite) et la fonction de structure décrit essentiellement la distribution spatiale de
sa charge électrique,
dσ 4πα2em q2
= F ( 2 ). (9.4)
dq 2 q4 MN
On dit alors que la masse du nucléon (MN ) fixe l’échelle de la réaction à partir de laquelle
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194
Modèle des partons Chapitre 9
L’hypothèse d’invariance d’échelle proposé par J.D. Bjorken consiste à dire que pour ν, q 2 →
∞, F1 et F2 sont fonction de x et non des quantités q 2 et ν séparément :
eN 2 eN
F1,2 (q , ν) 2−→ F1,2 (x). (9.6)
q ,ν→∞
Puisqu’à très haute énergie, la structure ne dépend d’aucune échelle de masse, d’énergie ou
de grandeur caractéristique, elle est assimilable à une structure ponctuelle.
i Remarque 9.1
Si une particule ponctuelle n’a aucune structure ou échelle de grandeur ou de masse, cela
implique qu’une sonde verra toujours cette particule de la même façon quelque soit l’énergie
ou la profondeur à laquelle on sonde
eN
F1,2 (x, q 2 ) est indépendant de q 2 .
Le modèle
C’est R.P. Feynman qui a eu l’idée de décrire le nucléon comme un objet constitué d’élé-
ments composites appelés partons. La nature de ces entités doit être déterminée en labo-
ratoire. Des expériences ont démontré que les partons sont étroitement reliés aux quarks.
Cependant, il serait faux de prétendre que seulement trois quarks peuvent décrire la compo-
sition du nucléon. Par exemple, en plus des quarks de valence composant le proton, il peut
exister une “mer” de quarks constituée de paires quark-antiquark (q q̄) dont l’existence est
permise par le principe d’incertitude de Heisenberg. Notons que cette “mer” de particules ne
peut pas avoir d’influence sur les nombres quantiques du nucléon puisque ceux-ci sont déter-
minés par les quarks de valence. On retrouve aussi dans le nucléon les particules responsables
des forces inter-quark, les gluons.
Dans le modèle original des partons, les constituants du nucléon sont des particules
pi pf
ponctuelles, sans masse et libres. Considérons donc la diffusion d’un photon de très haute én-
ergie par une charge ponctuelle ; on peut alors se référer au traitement décrit dans le chapitre q
xP
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q2 q2
x=− = avec 0 ≤ x ≤ 1
2P · q 2M ν
195
Chapitre 9 INTERACTIONS FORTES (QCD)
Figure 9.3 JI
La dépendance de la fonction de structure F2 (x, q 2 )
en fonction de la variable x à q = 2 GeV. 0.8
F (x,q 2)
0.6
0.4
0.2
Figure 9.4 JI
196
La dépendance de la fonction de structure du pro-
ton F2 (x, q 2 ) en fonction de la variable d’échelle
q2 (résultats expérimentaux de diverses sources).
Liberté asymptotique et confinement Chapitre 9
x = 0.00018
10 x = 0.00026
x = 0.00038
x = 0.00056
x = 0.00075
8
x = 0.00082
x = 0.0013
F2 (x, q ) + c( x) x = 0.0024
6
x = 0.0042
2
x = 0.0075
x = 0.013
x = 0.024
2 x = 0.042
x = 0.075
x = 0.13
0
0.1 1 10 100 1000 10000
2 2
q (G eV )
De façon générale, on peut dire que les fonctions de structure caractérisent la distribution
de charge dans le nucléon. À basse énergie (cas non relativiste), il est acceptable de considérer
la charge du proton comme étant distribuée uniformément à travers le volume de ce dernier. À
haute énergie, il faut considérer que l’impulsion du nucléon est distribuée parmi un ensemble
de partons. Disons que le iieme parton, possédant une charge Qi , a une probabilité fi (x)
de transporter une fraction x de l’impulsion totale. Alors, les fonctions de structure peuvent
s’écrire : X
F1eN (x) = fi (x)Q2i (9.11)
i=partons
X
F2eN (x) = 2x fi (x)Q2i , (9.12)
i=partons
d’où il s’ensuit que la charge totale du nucléon satisfait la relation
Z 1 X
F2 (x)
dx = Q2i . (9.13)
0 x i
Figure 9.5 JI
Les gluons peuvent être couplés à d’autres glu-
ons conférant ainsi à la QCD un caractère non
linéaire. Cette propriété est responsable de la lib-
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erté asymptotique.
La théorie qui décrit les interactions fortes dans le cadre du Modèle Standard est la chro-
modynamique quantique (QCD). Même si cette théorie n’a pas été aussi testée que QED, elle
est en accord avec plusieurs résultats expérimentaux et n’a jamais été contredite. Une des sim-
ilarités entre la QED et la QCD est l’existence, dans les deux cas, de bosons d’interaction de
spin 1 couplés avec les charges conservées de la théorie. Ces deux théories sont des théories
de jauge en ce sens qu’elles sont invariantes par un certain type de transformations : des trans-
formations de jauge locale. Pour QED, il existe un seul type de boson de jauge (le photon)
alors qu’il en existe huit pour la QCD (les gluons). Les gluons n’ont pas de charge électrique
et sont couplés à une charge de couleur au lieu de l’être à la charge électrique comme c’est le
cas pour le photon. L’interaction forte est la même pour toutes les saveurs de quarks (u, d, ...)
puisque ces derniers existent dans les mêmes trois états de couleur (R, V, B) qui possèdent
197
Chapitre 9 INTERACTIONS FORTES (QCD)
chacun la même charge de couleur. Conséquences : symétrie d’isospin (puisque les quarks u
et d ont approximativement la même masse), égalité des potentiels dans le charmonium (état
lié cc̄) et le bottonium (état lié bb̄).
Puisque les gluons n’ont pas de masse, l’interaction forte a une portée infinie. Cela n’im-
plique cependant pas que la force entre les hadrons ait une grande portée. En effet, ces
derniers ont une couleur résultante nulle. La force entre les hadrons sans couleur est le résidu
de la force entre les quarks et devient nulle lorsque la distance de séparation est grande. Une
différence très importante entre la QED et la QCD est que le photon ne possède pas de charge
électrique alors que les gluons possèdent une charge de couleur. Par conséquent, les gluons
peuvent être couplés à d’autres gluons conférant ainsi à la QCD un caractère non linéaire
(voir figure 9.5).
L’interaction gluon-gluon n’a pas d’analogue en QED et c’est ce qui explique des pro-
priétés telles le confinement et la liberté asymptotique en QCD. Le confinement est une hy-
pothèse voulant qu’on ne puisse pas observer d’états colorés dans la Nature. Les gluons et les
quarks ne peuvent pas exister seuls. La liberté asymptotique implique que l’interaction forte
devienne de plus en plus petite à courte distance (haute énergie). Par ailleurs, plus on tente
d’éloigner deux quarks, plus la force entre ces deux particules est importante. À très courte
distance, les quarks peuvent être considérés comme étant approximativement libres. Pour des
distances plus petites que 0.1 fm, ce sont les diagrammes d’ordres inférieurs qui dominent.
Figure 9.6 N Par exemple, la diffusion quark-quark peut être approchée par l’échange d’un seul gluon (voir
La diffusion quark-quark est dominée par le pro- figure 9.6). À basse énergie, les diagrammes d’ordres supérieurs deviennent importants et il
cessus d’échange d’un seul gluon.
est impossible d’obtenir des résultats à l’aide de l’approche perturbative.
Les processus au cours desquels une particule est convertie durant un bref instant en deux
ou plusieurs particules sont ce qu’on appelle des fluctuations quantiques. La figure 9.8 montre
des fluctuations quantiques possibles en QED (voir aussi figure 7.8).
Figure 9.8 JI
198
Exemples de fluctuations quantiques possibles en
QED.
Annihilation e+ e− Chapitre 9
Dans ce cas, il est possible de visualiser l’électron comme émettant et absorbant de façon
continue non seulement des photons mais aussi des paires électron-positron (e+ e− ).
Ces contributions entraînent des corrections faibles mais mesurables appelées polarisation e-
du vide. Il y a en effet création d’un milieu diélectrique (composé de paires e+ e− ) polarisé
autour de l’électron (voir figure 9.9). Ce milieu diélectrique génère un effet d’écran autour e+
e+ e-
de la charge. Plus on s’éloigne de l’électron, plus la charge perçue est petite. Le potentiel e + e+
efficace prend la forme
αeff (r) e-
φeff (r) = (9.18)
r e+ e+
1 ~ −13
où αeff = αem = 137 pour r À λc (λc = me c = 3.9 × 10 m). e- e+ e-
Il y a aussi des fluctuations quantiques en QCD qui mènent à une variation de la force -
e
d’interaction en fonction de la distance. La création de paires quark-antiquark autour d’un
quark nu mène à un effet d’écran similaire à celui qu’on retrouve en QED. S’il s’agissait
des seules fluctuations des quarks, on observerait une diminution de la constante de couplage Figure 9.9 N
avec la distance. Cependant, il existe aussi des contributions amenées par l’interaction des Polarisation du vide en QED.
gluons entre eux. La figure 9.10 illustre une partie des contributions additionnelles au cou-
plage quark-gluon. Des calculs détaillés montrent que ces contributions mènent à un effet
d’anti-écran causant une augmentation de la force d’interaction à grande distance. En fait, les
contributions des interactions gluon-gluon sont plus importantes que celles causant un effet
d’écran. L’effet total de ces deux effets serait le confinement à grande distance. Notons qu’il
n’existe pas de preuve formelle du confinement. Le confinement est un effet non perturbatif
et malgré que des méthodes numériques (ex. théorie de jauge sur réseau) nous permettent
d’approcher cette limite les résultats ne sont pas concluants pour le moment. Par ailleurs, à
courte distance, c’est-à-dire en régime perturbatif, la force de l’interaction diminue et il y a
donc “liberté asymptotique”.
Figure 9.10 JI
Le premier diagramme est la contribution origi-
nale au couplage. Le second est une des cor-
rections d’ordre O(αs ) alors que les autres dia-
grammes contribuent tous à l’ordre O(α2s ). En ad-
ditionnant toutes les corrections d’ordres supérieurs,
on est en mesure de calculer le couplage efficace
quark-gluon (voir éq.(9.16)).
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199
Chapitre 9 INTERACTIONS FORTES (QCD)
Figure 9.12 N
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200
Diffusion ν − N Chapitre 9
9.6 Diffusion ν − N
q 2 et ν n’entrent dans l’expression (9.26) que par l’intermédiaire des fonctions de structure.
Invariance d’échelle
où x est définie comme en (9.5). Les fonctions de structure peuvent être mesurées à partir
de l’expérience et leur forme est sensiblement la même que dans le cas électromagnétique.
Cependant, puisque la mesure des paramètres relatifs à un faisceau de neutrinos est moins
précise, les incertitudes expérimentales sont beaucoup plus importantes.
201
Chapitre 9 INTERACTIONS FORTES (QCD)
L’expression (9.26) ne dépendant des quantités q 2 et ν qu’à travers les fonctions de struc-
ture, il est possible (en utilisant l’hypothèse d’invariance d’échelle) d’éliminer cette dépen-
dance. La section efficace totale devient alors
Z
d2 σ G2F M Eν(ν̄)
σ ν(ν̄)N = dq 2
dν ∝ . (9.28)
dq 2 dν π
En se basant sur l’invariance d’échelle, il est donc possible de prédire que la section efficace
(9.28) est une fonction linéaire de l’énergie du neutrino ou de l’antineutrino. À cause du
signe devant F3W , la pente de cette droite sera différente pour la particule et l’antiparticule
(voir figure 9.14) par un facteur d’environ 3. Pour en comprendre la raison, rappelons que
σ ν puisque sa masse est nulle, le neutrino ne peut exister que dans un état d’hélicité gauche
(et les antineutrinos dans un état d’hélicité droite). De plus, négligeant leur masse (limite
relativiste), les partons (de spin 12 ) sont alors d’hélicité gauche. Lors d’une collision neutrino-
ν
parton, les spins s’additionnent pour donner 0. Il n’y a alors aucune restriction sur l’angle de
diffusion de la particule finale (le muon). Cependant, lorsque le parton cible est couplé avec
un antineutrino, le moment cinétique résultant est non nul, ce qui introduit une restriction sur
les angles de diffusion possibles de la particule finale. La section efficace parton-antineutrino
E est donc réduite par rapport à celle impliquant un neutrino et un parton puisque l’intégration
sur q 2 effectuée pour obtenir la section efficace totale équivaut à une intégration sur l’angle
Figure 9.14 N de diffusion (voir (9.2)). Il est important de se rappeler que dans le nucléon il y a plus de
Section efficace totale en fonction de l’énergie pour partons que d’antipartons.
la diffusion ν − N.
Comparons maintenant la structure interne du nucléon vue par les sondes électromagné-
tiques (γ) et par les sondes faibles (W ). Pour ce faire, supposons que les partons soient des
quarks.
Dans le modèle des quarks à quatre saveurs, on retrouve les degrés de liberté :
2 1 1 2
u(Q = ), d(Q = − ), s(Q = − ), c(Q = ). (9.29)
3 3 3 3
En tenant compte de la présence de quarks et d’antiquarks, on peut écrire la fonction de
structure du proton comme
0.7
X
0.6 x fu(x) F1ep (x) = fi (x)Q2i
i=partons
0.5
x f d(x) ∙
0.4 2 1
0.3
= ( )2 (fu (x) + fū (x)) + ( )2 (fd (x) + fd¯(x))
3 3
0.2
x fs(x)
¸
0.1 1 2
+ ( )2 (fs (x) + fs̄ (x)) + ( )2 (fc (x) + fc̄ (x)) . (9.30)
0.2 0.4 0.6 0.8 1
3 3
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x
La fonction de structure F2ep est alors trouvée en appliquant la relation de Callan-Gross.soit
2xF1 (x) = F2 (x). (9.31)
Figure 9.15 N
Les fonctions de structure du neutron sont pour leur part obtenues en faisant la modification
Distributions de partons (quarks u, d et s) dans fu (x) ←→ fd (x). Les distributions de partons sont illustrées à la figure 9.15
le proton en fonctions de x pour q = 2 GeV. Les La fraction d’impulsion totale transportée par une variété de quarks est obtenue par inté-
quarks u et d dominent.
gration sur sa distribution d’impulsion. Par exemple, la fraction d’impulsion totale transportée
par les quarks et antiquarks u et ū est
Z 1
Pu = x(fu (x) + fū (x)) dx. (9.32)
0
On note par ailleurs que l’impulsion totale portée par les quarks est reliée à la fonction de
structure F2eN (x).
202
Modèle des quarks-partons et fonctions de structure Chapitre 9
203
Chapitre 9 INTERACTIONS FORTES (QCD)
Expérimentalement, on trouve :
Z
4 1 1 4
F2ep (x) = ( Pu + Pd + Ps + Pc ) = 0.18 (9.33)
9 9 9 9
Z
1 4 1 4
F2en (x) = ( Pu + Pd + Ps + Pc ) = 0.18. (9.34)
9 9 9 9
Négligeant l’impulsion transportée par les quarks s, s̄ et c, c̄, on a
Pu = 0.36, Pd = 0.18. (9.35)
pour un total de
Pu + Pd = 0.54.
Notons que la fraction d’impulsion transportée par le quark u est deux fois plus grande que
celle transportée par le quark d, ce qui supporte le modèle des quarks dans lequel p = (uud).
On note aussi que les quarks ne transportent environ que la moitié de l’impulsion totale du
proton. Le reste de l’impulsion provient des gluons (sans charge électrique) qui sont invisibles
à la sonde électromagnétique qu’est le photon.
Les mesures effectuées à l’aide d’une sonde électromagnétique (le photon) permettent
de mettre en évidence l’existence de particules ponctuelles à l’intérieur du nucléon. Cepen-
dant, pour séparer la distribution des quarks et des antiquarks, il faut mesurer des sections
efficaces de diffusion impliquant des sondes faibles par l’intermédiaire de diffusions inélas-
tiques impliquant des neutrinos et des antineutrinos. Considérons une région (x > 0.3) où
la présence d’une “mer” quark-antiquark dans le nucléon peut être approximativement nég-
ligée. Les seules fonctions à considérer sont alors fu (x) et fd (x) associées aux quarks de
valence. Les fonctions de structure obtenues expérimentalement prennent la forme
F2νp = xfd (x) F2ν̄p = xfu (x). (9.36)
Les réactions
ν μ + d → μ− + u (9.37)
et
ν̄ μ + u → μ+ + d (9.38)
sont permises alors que des réactions hypothétiques telles que
ν μ + u → μ+ + d (9.39)
et
ν̄ μ + d → μ− + u (9.40)
ne le sont pas (conservation du nombre muonique). Par conséquent, les neutrinos peuvent
être diffusés par des quarks d mais pas par des quarks u. Pour leur part, les antineutrinos ne
peuvent être diffusés que par des quarks u. C’est pour cette raison que les neutrinos et les
antineutrinos sont des outils idéaux pour séparer la contribution des quarks u et d.
Les distributions en quarks du neutron versus celles du proton sont obtenues par l’échange
fu ←→ fd . Rappelons que les fonctions de structure du neutron sont
F2en = e2u xfd (x) + e2d xfu (x) (9.41)
et
F2νn (x) = xfu (x) F2ν̄n = xfd (x). (9.42)
On peut alors démontrer que
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Le modèle des partons procure une méthode intuitive pour l’analyse des collisions de
hadrons. QCD permet de calculer les sections efficaces des processus impliquant des partons
(quarks et gluons) qu’il faut ensuite pondérer par la probabilité de trouver les partons dans
204
Collisions hadron-hadron Chapitre 9
les hadrons.
Considérons le processus
a+b→c+X (9.44)
où a, b sont des hadrons, c un parton et X représente le reste des produits de la réaction.
Dans le cadre du modèle des partons, la collision intervient au niveau d’un sous-processus
impliquant des particules fondamentales (voir figure 9.16). Le parton i sort du hadron a avec
une fraction xa de l’impulsion et une probabilité définie par la distribution fia (xa ). De la
même façon, le parton j sort du hadron b avec une fraction xb de l’impulsion et une prob-
abilité définie par la distribution fjb (xb ). Les partons i et j interagissent ensuite suivant les
interactions définies par le modèle théorique.
Figure 9.16 JI
Schéma de la réaction a + b → c + X via le sous-
a processus impliquant des partons i + j → c + d.
c
i
d b
Exemple 9.1
Processus de Drell-Yan dans pp̄ : :
La production de paire de leptons chargés est dominée par l’annihilation de paires de quark-antiquark,
échange d’un photon virtuel et finalement production d’une paire de lepton-antilepton chargés
q + q̄ → l+ + l− . (9.47)
QED mène à la section efficace différentielle suivante
dσ(q q̄ → l+ l− ) 4πα2em 2 2
= Qi δ(q − m2 ) (9.48)
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dq 2 3q 4
où Qi est la charge du quark i, q est l’impulsion du photon virtuel (ou l’impulsion totale des paires
quark-antiquark et lepton-antilepton) et m est la masse invariante de la paire lepton-antilepton. Pour les
proton et antiproton ayant une impulsion Pa et Pb respectivement,
q 2 = (xa Pa + xb Pb )2
= x2a + x2b M 2 + 2xa xb Pa · Pb
= x2a + x2b M 2 + xa xb s
' xa xb s (49)
où M est la masse du proton, Pa2 = Pb2 2
= M . Dans une collision à haute énergie, la variable
de Mandelstam s = 2Pa · Pb À M 2 . Finalement dans le cadre du modèle standard où les quarks
apparaissent sous différentes saveurs et Nc couleurs,
dσ(ab → l+ l− X) 4πα2em Q2i m2
= dxa fia (xa ) dxb fjb (xb )δ(xa xb − ). (9.50)
dq 2 3q 2 i=saveurs,
Nc s
couleurs
205
Chapitre 9 INTERACTIONS FORTES (QCD)
Contrairement aux partons du modèle des partons original, les quarks et les gluons ne
sont pas des particules libres. Cependant, à hautes énergies, il est possible d’utiliser le cal-
cul perturbatif pour QCD puisque dans ce régime, la constante de couplage est relativement
petite. C’est grâce à ces corrections radiatives qu’on introduit des interactions au modèle des
partons original. Mais comme nous l’avons vu plus haut, l’amplitude de l’interaction forte est
proportionnelle au couplage efficace entre quarks et gluons, αs (q 2 ), et donc dépend de q 2 ,
c’est-à-dire de l’échelle d’énergie, autrement dit de la distance. Ainsi, on prédit des violations
de l’invariance d’échelle des fonctions de distributions.
F1,2 (x) −→ F1,2 (x, q 2 )
corrections radiatives
Cette violation est toutefois très faible car la variation des fonctions de distribution est typ-
iquement logarithmique. La prédiction théorique qui décrit cette évolution des fonctions de
distributions en fonction de q 2 se retrouve sous le nom d’équations d’Altarelli-Parisi-Lipatov-
Gribov. Elle permet d’expliquer les résultats expérimentaux tel que ceux de la figure 9.4 avec
succès.
4. Finalement, les événements à trois jets sont des évidences en faveur de l’existence des
gluons.
Ces résultats confirment que les partons chargés sont en fait des quarks. Rappelons aussi
que l’impulsion du nucléon est non seulement transportée par les trois quarks de valence mais
aussi par les gluons.
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206
Exercices Chapitre 9
9.11 Exercices
9.1. Densités de quarks
Les densités de quarks dans un proton fu (x) et fd (x), où x est la fraction de momentum portée par
les quarks, sont paramétrées comme suit fu (x) = 2fd (x) = axb (1 − x)c . Le modèle des partons
— les partons sont des constituents de masse nulle, c’est à dire ici les quarks u et d — prédit
que la section efficace proton-proton pp → CD est reliée à la section efficace du sous-processus
AB → CD par
1 1
dσ dσ
(pp → CD) = dxA dxB fA (xA )fB (xB ) (AB → CD)
dt A,B=u,d 0 0 dt
où A, B, C et D sont les partons. A(B) porte la fraction xA (xB ) du momentum du proton dont il
est issu.
(a) Écrire les variables s, t, u en fonction de s, t, u, xA et xB et démontrer que
s = xA xB s t = xA t u = xB u
dans la limite des hautes énergies. Les variables s, t, u sont définies en utilisant les substitutions
suivantes
p1 → xA p1 , p2 → xB p2 , p3 → p3 , p4 → p4
dans la définition des variables de Mandelstam s, t, u.
(b) Calculer dσ
dt
(pp → CD) en fonction de s, t, u pour le sous-processus suivant ud → ud :
dσ αs s2 + u2
(ud → ud) = .
dt 9s t2
9.2. Diagrammes de Feynman
Dessiner les diagrammes de Feynman pour les réactions suivantes en tenant compte du contenu
en quark, lepton et boson de chaque particule et identifier le type d’interaction en jeu (la force
dominante).
(a) e− + p → e− + p
(b) e+ + e− → ν e + ν̄ e
(c) e− + p → ν e + n
(d) u + d → u + d + d + d¯
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207
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UNIFICATION DES FORCES Chapitre 10
10.1 Divergences et
renormalisabilité . . . . . . . . . . 209
10.2 Au-delà du modèle standard
210
Les interactions faible, électromagnétique et forte sont toutes trois basées sur des symétries 10.3 Grande unification .... 212
de jauge locales. Cette similarité suggère qu’il existe peut-être un schéma théorique qui en- 10.4 Technicouleur ........ 218
globerait ces trois forces sous une description unique. Cette hypothèse que toutes les forces 10.5 Modèles composites . 219
de la nature ne sont que des manifestations différentes d’une seule et même force est appelée 10.6 Supersymétrie (SUSY) .....
l’unification. 220
10.7 Gravité quantique .... 223
10.1 Divergences et renormalisabilité 10.8 Supercordes ......... 224
Nous avons passé sous silence une propriété importante des théories de jauge : la renor-
malisabilité. Les corrections radiatives en QED de même que celles des interactions faibles
et fortes génèrent en général des divergences. Elles proviennent des calculs de boucles tels
que ceux de la figure 7.8. Plus précisément, une particule à l’intérieur d’une boucle dans un
diagramme de Feynman peut posséder n’importe quelle valeur d’énergie-impulsion et le cal-
cul des corrections radiatives associées à cette boucle implique une intégration sur toutes les
valeurs possibles c’est-à-dire des intégrales de la forme
Z
d4 p f (p).
Quoiqu’il en soit, suivant la forme de la fonction f (p), on obtient divers degrés de divergence
que l’on catégorise de la façon suivante :
⎧
Z Z Λ ⎪
⎪ 1 fini
⎨
ln Λ logarithmique
d4 p f (p) → lim p3 dp f (p) ∼
Λ→∞ 0 ⎪
⎪ Λ linéaire
⎩ 2
Λ quadratique
Les divergences sont toutefois contrôlables ou renormalisables en QED et pour certains
types de théories dont les théories de jauge non abéliennes. Plus précisément, les divergences
apparaissent de façon systématique à tous les ordres de perturbation (pour tout nombre de
boucles) mais elles peuvent être éliminées en ajoutant un nombre fini de contre-termes bien
définis qui ont des divergences analogues de signe opposé. Les termes divergents s’annulent
à chaque ordre (c’est-à-dire nombre de boucles) pour donner un résultat fini.
La procédure peut sembler injustifiée mais elle est appuyée par une interprétation physique
intuitive. La région d’intégration qui génère la divergence est la région dite ultraviolette
209
Chapitre 10 UNIFICATION DES FORCES
Rappelons que le particules introduites dans le modèle standard ont les propriétés suiv-
antes :
I Les fermions et anti-fermions de spin 12 :
– – 3 générations de quarks
Quarks
µ ¶ µ ¶ µ ¶
u c t
d s b
– 3 générations de leptons
Leptons
µ ¶ µ ¶ µ ¶
νe νμ ντ
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e μ τ
I Les bosons dont les bosons de jauge de spin 1 et le boson de Higgs de spin 0 :
Bosons
photon (non-massif) γ
3 bosons faibles massifs Z0, W ±
8 gluons colorés (non-massifs) g
Higgs (non-observé) H
I Les interactions (les deux premières étant unifiées par une relation entre leurs constantes
de couplage respectives) :
– électromagnétiques avec couplage αem ,
– faibles avec couplage αw (ou GF à basse énergie)
– fortes avec couplage αs .
210
Au-delà du modèle standard Chapitre 10
Bien que le modèle standard ait été testé avec grande précision et soit en accord avec les
résultats expérimentaux, certaines lacunes donnent à penser qu’il ne s’agit pas de la théorie
fondamentale de la Nature.
En fait le modèle standard ne prédit pas
– les couplages αem , αW (ou GF à basse énergie) et αs ,
– l’existence de trois générations de quarks et de leptons,
– l’absence de mélange entre les quarks et les leptons, et
– les masses des quarks et des leptons.
En tout, un minimum de 19 paramètres doivent être trouvés expérimentalement dont les
3 couplages, les masses des 6 quarks et des 3 leptons chargés, les 3 angles de mélange et
la phase de la matrice CKM, le paramètre θQCD et 2 paramètres associés au potentiel de
Higgs. Dans le cas où les neutrinos sont massifs, 26 paramètres sont requis. S’ajoutent aux
paramètres existants les masses des 3 neutrinos, 3 angles de mélange et une phase qui forment
une matrice de mélange analogue à la matrice CKM (voir page 183).
De plus, quelques questions importantes restent ouvertes et sont souvent qualifiées par :
– Le problème de jauge :
On compte trois groupes de symétrie de jauge qui décrivent les interactions avec trois
constantes de couplage indépendantes. Pourquoi ? Existe-t-il une relation entre les
interactions fortes et les interactions électrofaibles ?
– Le problème des paramètres :
Au total, le modèle standard possède 19 paramètres. On peut penser qu’une théorie
vraiment fondamentale aurait l’élégance de nécessiter moins de paramètres. Alors,
peut-on réduire le nombre de paramètres libres du modèle standard ?
– Le problème des générations :
Comment peut-on expliquer la réplique des générations de quarks et de leptons ?
D’abord, pourquoi trois générations ? Puis, pourquoi des masses si différentes en-
tre les générations de fermions ? Finalement, existe-t-il une relation entre les quarks
et les leptons ?
– Le problème de la quantification de la charge :
Comment expliquer, par exemple, que la charge du proton soit exactement l’opposée
de celle de l’électron ?
– Le problème de la gravitation :
Le modèle standard n’inclut pas la gravitation (la quatrième des forces). En effet, les
théories quantiques intègrent mal la gravitation, à l’exception possible de la théorie
des supercordes. Dans le meilleur des cas, le modèle standard n’est donc valide que
jusqu’à l’échelle de Planck (MP ' 1019 GeV), échelle à laquelle les effets gravita-
tionnels ne peuvent plus être négligés. Mais de façon générale, de sérieux problèmes
de cohérence surgissent lorsque l’on tente tout bêtement d’inclure la gravitation en
extrapolant le modèle standard jusqu’à l’échelle de Planck (voir discussion à la page
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223).
– Le problème de hiérarchie :
Les interactions fondamentales sont décrites par la symétrie de jauge SUc (3)⊗SUL (2)⊗
UY (1) du modèle standard jusqu’à l’échelle de Planck. Il n’existe alors que trois
échelles d’énergie fondamentales, soit ΛQCD ' 100 MeV, l’échelle qui détermine
le couplage fort, MW ' 100 GeV, l’échelle de brisure de symétrie spontanée du
secteur électrofaible, et finalement MP ' 1019 GeV. Pourquoi cette grande disparité
entre les échelles ?
– Le problème d’ajustement fin :
Ce problème est plus technique. Les corrections radiatives à la masse du Higgs pos-
sèdent des divergences plus sévères que celles rencontrées ailleurs dans le modèle
standard. Ces divergences sont quadratiques, c’est-à-dire qu’elles nécessitent des cor-
rections qui impliquent le carré d’une échelle de masse. Comme la seule échelle
2
disponible est la masse de Planck, la correction est très importante, ∆MH ≈ O(MP2 ) '
211
Chapitre 10 UNIFICATION DES FORCES
1019 GeV, plus importante que la masse physique du Higgs elle-même par plusieurs
ordres de grandeur.
2 2 2
MH,phys. = MH − ∆MH ¿ MP2 (10.1)
(Rappelons que malgré que la masse du Higgs soit inconnue pour le moment, elle doit
être inférieure à 1 TeV pour des raisons de cohérence de la théorie notamment si la
masse du Higgs est trop élevée, la matrice de diffusion S viole la condition d’unitar-
ité autrement dit, la probabilité d’interaction devient supérieure à 1.) Les corrections
radiatives requièrent alors un ajustement fin des paramètres du potentiel de Higgs
pour que la soustraction soit précise à 19 décimales près dans (10.1). Qui plus est, cet
ajustement doit être répété à tous les ordres en théorie des perturbations.
La physique théorique propose plusieurs solutions qui répondent en partie à ces questions,
la plupart d’entre elles reposent sur des extensions au modèle standard dans lesquelles le mod-
èle standard constituerait une limite à basse énergie d’une théorie plus complète, c’est-à-dire
qu’il correspondrait à une théorie efficace valide seulement jusqu’à une certaine échelle Λ.
Au-delà de cette échelle, il y aurait coupure et on verrait se manifester une nouvelle physique
que le modèle standard ne serait pas en mesure d’expliquer. Les solutions proposées sont
notamment :
– Grande unification (TGU : théories grandement unifiées)
– Modèles composites
– Supersymétrie
– Modèles des cordes...
– .....
Jusqu’à maintenant, ces hypothèses restent des spéculations, mais elles sont souvent basées
sur des arguments théoriques élégants et sont essentielles dans le processus de vérification du
modèle standard puisqu’elles permettent de guider l’expérimentateur dans sa quête de résul-
tats signalant de la nouvelle physique.
À haute énergie la théorie de jauge des interactions électrofaibles est unifiée sous le
groupe SUL (2) ⊗ UY (1). Cette symétrie se brise spontanément à basse énergie pour ne
conserver que la symétrie des interactions électromagnétiques
SUL (2) ⊗ UY (1) → Uem (1).
Vue la structure des théories de jauge du modèle standard, c’est-à-dire le groupe SUc (3)⊗
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SUL (2) ⊗ UY (1), il paraît naturel de se questionner sur la possibilité que cette symétrie soit
unifiée par un groupe G à de très grandes échelles d’énergie
G → SUc (3) ⊗ SUL (2) ⊗ UY (1).
La dépendance en énergie du couplage efficace fournit un argument supplémentaire en faveur
de ce scénario. Pour une théorie de jauge basée sur le groupe H (au premier ordre de pertur-
bation) µ 2¶
1 1 βn Q
= 2 + ln (10.2)
2
αn (Q ) αn (Q0 ) 2π Q20
avec la fonction β n
11n−2nf
βn = 3 si H = SU (n) avec n ≥ 2
2n
β 1 = − 3f si H = U (1)
212
Grande unification Chapitre 10
80 Figure 10.1 JI
Évolution des couplages en fonction de l’énergie
Q. Les couplages se croisent à une échelle d’en-
60 α1-1 viron MT GU = 3.2 × 1014 GeV.
40
α2 -1
20
α3-1
0
ln MW ln Q ln M TGU
Les couplages convergent à une échelle d’unification MT GU de l’ordre de 1014 GeV pour
laquelle
α1 (MT2 GU ) = α2 (MT2 GU ) = α3 (MT2 GU ).
L’idée d’unification semble donc toute naturelle. Elle propose qu’au delà de l’échelle d’unifi-
cation, il n’y ait qu’une seule interaction. On peut aussi imaginer des symétries telles que les
masses des particules soient identiques. La brisure de ces symétries aux échelles d’énergie
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213
Chapitre 10 UNIFICATION DES FORCES
Modèle SU(5)
Le groupe le plus simple qui permet d’inclure les symétries du modèle standard est le
groupe SU (5)
SU (5) ⊃ SUc (3) ⊗ SUL (2) ⊗ UY (1)
d’abord proposé par Georgi et Glashow. Le contenu du modèle SU (5) est le suivant
(a) Les bosons de jauge :
Les bosons de jauge se situent dans la représentation adjointe (celle des générateurs). Le
nombre de générateurs d’un groupe de jauge indique le nombre de bosons de jauge de la
théorie. Pour un groupe SU (N ), le nombre de générateurs est N 2 − 1 soit 24 pour SU (5)
alors
SU (5) ⊃ SUc (3) ⊗ SUL (2) ⊗ UY (1)
↓ ↓ ↓ ↓
représentation 24 > 8 + 3 + 1
↓ ↓ ↓
bosons 8 gluons W ±, Z 0 γ
La représentation adjointe 24 pourrait s’exprimer par la matrice suivante
⎛ ⎞
g11 − √2B
30
g12 g13 X̄1 Ȳ1
⎜ g21 g22 − √2B g23 X̄2 Ȳ2 ⎟
λa a ⎜ ⎜ 30
2B
⎟
⎟
A≡ √ A =⎜ g31 g32 g33 − √30 X̄3 Ȳ3 ⎟
2 ⎜ 3 3B + ⎟
⎝ X1 X2 X3 W + 30 √ W ⎠
Y1 Y2 Y3 W− −W 3 + √3B
30
où on reconnaît les champs de jauge SUc (3) ⊗ SUL (2) ⊗ UY (1). D’autre part, il est possible
de décomposer la représentation adjointe des générateurs de SU (5) ex. 24 en représentations
adjointes de SUc (3) et SUL (2). De cette manière, on retrouve
SU (5) → (SUc (3), SUL (2))
24 = (8, 1) ⊕ (1, 3) ⊕ (1, 1) ⊕ (3, 2) ⊕ (3̄, 2).
où (8, 1), par exemple, signifie que la particule se situe dans la représentation 8 du groupe de
couleur SUc (3) et dans un singulet 1 du groupe SUL (2). Les trois premières représentations
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(8, 1) ⊕ (1, 3) ⊕ (1, 1) sont les 8 gluons, les W ± , Z 0 et finalement le photon γ. Les deux
autres représentations (3, 2) ⊕ (3̄, 2) correspondent à douze bosons de jauge qui sont à la
fois colorés (triplet de couleur) et faibles (isodoublet). Leur présence permet donc, contraire-
ment à ce qui se passe dans le modèle standard de Weinberg-Salam, une interaction entre les
particules colorées (les quarks) et les particules ayant une charge électrofaible (notamment
les leptons). Trois d’entre eux ont une charge électrique de − 13 , trois autres ont une charge
de − 43 . Les six autres sont leurs antiparticules. Ces bosons de jauge très lourds sont souvent
appelés leptoquarks X et Y et peuvent transformer un quark en un lepton (voir figure 10.2).
Mais une telle transformation viole la conservation des nombres leptonique L et baryonique
B tout en conservant la quantité B − L.
(b) Les fermions :
Les fermions sont distribués dans des représentations irréductibles de SU (5). Rappelons que
214
Grande unification Chapitre 10
Figure 10.2 JI
X X Y Interactions quark-lepton-leptoquark dans le mod-
èle SU(5).
u u d e+ u d
Y Y Y
u e+ d u d νe
i Remarque 10.1
Dans SO(10), ν R doit être présent et les neutrinos doivent être massifs alors que dans des
groupes plus grands tels que E6 , E7 , E8 , ... d’autres particules “exotiques” doivent être
introduites.
i
(c) Les interactions
Aux couplages du Modèle Standard s’ajoutent ceux de la figure 10.2.
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La désintégration du proton
Ces derniers couplages impliquent directement que le proton peut se désintégrer en mé-
sons et leptons. Par exemple, les réactions suivantes sont possibles (voir la figure 10.3) :
p → e+ + π 0
p → ν̄ e + π+
Le taux de transition de tels processus est calculable dans ce modèle. On en déduit la vie
moyenne du proton
4
4πAMX
τp = 5
αmp
= 2 × 1029±1.7 années
215
Chapitre 10 UNIFICATION DES FORCES
Figure 10.3 JI u e- u e-
Diagrammes décrivant la désintégration du pro-
u d u Y d
ton p → e+ + π0 et p → ν̄ e + π + par l’échange X
de bosons Y et X. d
d d d
νe d νe
d
u d u Y d
Y
u u u u
Il est assez facile d’obtenir des estimés de la vie moyenne du proton par la simple obser-
vation que la matière qui nous entoure n’est pas toute radioactive. Par exemple, il est facile
de conclure par cette observation que la vie moyenne du proton est plus grande que l’âge de
la Terre. Toutefois la mesure qui nous intéresse implique une période de temps de l’ordre de
1036 années et ce qui, à première vue, peut sembler impossible considérant l’âge de l’Univers
et de la durée prévue d’une telle expérience. En fait, au lieu d’étaler l’observation d’un pro-
ton sur 1036 années pour voir s’il se désintègre, il est beaucoup plus pratique de regarder 1036
protons pendant une année.
L’expérience nécessite alors
22.5 m I une très grande masse (grand nombre de protons),
IMB
17 m I un détecteur de trajectoires de particules chargées : les deux principales techniques
utilisent des plaques de fer combinées à des chambres de détection de trajectoires (ex. ex-
périences NUSEX, FREJUS, SUDAN...) ou des détecteurs Cerenkov (e.g. expériences IMB
(voir la figure 10.4), Kamiokande)
18 m I des mesures de l’énergie permettant une identification des particules et finalement
I un blindage qui résiste aux rayons cosmiques pour isoler complètement le réservoir de
protons (la solution la plus pratique consiste à enfouir le détecteur à quelques kilomètres sous
la terre dans une mine)
Les mesures actuelles de la vie moyenne du proton repoussent les limites à τ p & 1036
Figure 10.4 N années, ce qui exclut le modèle SU (5).
Le détecteur IMB consiste en un énorme réser-
voir d’eau (protons), milieu où le rayonnement Tcherenkov
peut se propager. Des phototubes couvrent la sur- Monopôles magnétiques
face externe du détecteur. Le signal p → e+ + π0
0
suivi de π → γγ peut être couvert par le bruit
originant par exemple de ν̄ e + p → n + e+ + π 0 . Ajoutons qu’une autre prédiction des modèles grandement unifiés reste absente des obser-
Aucun événement sur 5 ans pour un réservoir de vations. En effet, ces modèles prédisent la présence de monopôles magnétiques, des particules
7000 tonnes d’eau permet d’estimer τ p > 5 × qui portent une charge magnétique mais aucune charge électrique.
1032 ans.
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La charge magnétique fut proposée par Dirac en 1931 sous la forme de la relation
~c ne
gDirac = n = = 68.5e
2e 2αem
où n est un entier. La masse du monopôle MM dépend linéairement de la masse du boson X
MX
MM & ∼ 1016 GeV = 0.02μg3
g3
où g3 est le couplage fort. Il s’agit d’une masse énorme et tout comme pour le boson X, il
est très peu probable que l’on réussisse à le produire dans les accélérateurs dans un avenir
rapproché. Une telle énergie aurait été disponible à environ 10−35 s après le Big Bang ce
qui laisse entrevoir la possibilité qu’une quantité de ces particules reliques existe toujours et
qu’un flux constant en frappe la Terre. Pour l’instant cependant, aucun signal de la présence
de monopôles n’a encore été détecté.
216
Grande unification Chapitre 10
Modèle SO(10)
La prédiction de la vie moyenne du proton donnée par le modèle SU (5) étant un échec,
on peut penser qu’un modèle basé sur un groupe plus grand aura plus de succès puisque
les contraintes y sont moins sévères. Il est même possible pour certains groupes de contenir
une génération complète de leptons et de quarks dans une seule représentation irréductible.
L’exemple le plus simple d’un tel groupe est le groupe orthogonal SO(10) dans lequel les
fermions sont placés dans la représentation 16 :
¡ ¢
16 = ν e , ur , ub , uv ; e− , dr , db , dv ; d¯r , d¯b , d¯v , e+ ; ūr , ūb , ūv , ν c .
e L
Le modèle SO(10) peut être brisé en plusieurs étapes et emprunter plusieurs voies pour
arriver au groupe du modèle standard :
SU (5)0 ⊗ UX (1)
Ici le groupe SU (5)0 ne correspond pas au groupe SU (5) de Georgi et Glashow décrit plus
haut.
Le proton est instable et le nombre baryonique n’est pas conservé dans le modèle SO(10).
Les bosons de jauge sont regroupés dans la représentation 45 où on trouve plusieurs lepto-
quarks pouvant permettre la transmutation d’un quark en lepton. Par ailleurs, des leptoquarks
scalaires apparaissent dans la représentation du secteur de Higgs et peuvent aussi entraîner
la violation du nombre baryonique. Toutefois, les brisures séquentielles du groupe SO(10)
vers le groupe SUc (3) ⊗ SUL (2) ⊗ UY (1) introduisent des paramètres supplémentaires et
donc plus de souplesse dans la prédiction de l’échelle d’unification et de la vie moyenne du
proton. Les paramètres du modèle SO(10) peuvent donc être ajustés pour prédire un proton
plus stable. Le modèle SO(10) demeure donc jusqu’à maintenant un choix viable de TGU.
Rappelons toutefois qu’une des motivations derrière les théories grandement unifiées était la
réduction du nombre des paramètres requis par la théorie.
Les divers modèles d’unification des forces font légion. Il suffit de trouver un groupe suff-
isamment grand pour inclure les symétries du modèle standard et de construire les représen-
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tations qui accommodent les particules connues. Le cadre de cet ouvrage se prête mal à une
étude exhaustive des différents modèles. Mentionnons toutefois quelques modèles qui se dis-
tinguent par leurs propriétés :
Modèle SU (15)
Le modèle SU (15), bien qu’il requiert encore plus de paramètres — il est donc moins
économique —, ne prédit pas la désintégration du proton. Dans ce modèle, les fermions d’une
même génération sont tous dans la représentation fondamentale 15 du groupe :
15 = (ur , ub , uv ; dr , db , dv ; ūr , ūb , ūv ; d¯r , d¯b , d¯v ; e+ ; ν e ; e− ).
Comme le nombre baryonique total du multiplet 15 est nul et que c’est aussi le cas pour la
représentation adjointe 224 qui décrit les bosons de jauge, sa conservation est donc assurée
dans toutes les interactions. Rappelons que l’échelle de la brisure de symétrie du groupe était
principalement déterminée par la contrainte sur la vie moyenne du proton. Cette contrainte
217
Chapitre 10 UNIFICATION DES FORCES
n’existe pas ici, si bien que la brisure de symétrie peut se dérouler à une échelle de l’ordre
de MX ' 107 GeV, bien en-dessous de celle qui est prédite dans les modèles TGU présentés
plus haut.
La brisure de SU (15) vers le modèle standard procède par plusieurs étapes introduisant
plusieurs séquences de symétries et plusieurs échelles intermédiaires de brisure. Outre les
particules standard, le modèle SU (15) introduit des particules exotiques telles que des di-
quarks (nombre baryonique 2), des leptoquarks (nombres baryonique et leptonique non nul)
et des bileptons (nombre leptonique 2), la plupart étant trop lourds pour être observés directe-
ment dans les collisionneurs actuels.
νe e−
où la symétrie quark-lepton est explicite.
Les bosons de jauge de la représentation adjointe 15 contiennent, outre les huit gluons
sans masse, six leptoquarks massifs de charge électrique Q = ± 23 et un nouveau boson neutre
massif. La présence de leptoquarks permet la désintégration du proton mais les processus vi-
olant le nombre baryonique sont sévèrement supprimés. Les prédictions du modèle n’entrent
donc pas en contradiction avec les limites expérimentales sur la durée de vie du proton.
Résumant, le bilan des modèles grandement unifiés se dresse comme suit :
En faveur Contre
Unification des interactions à Aucune évidence de désintégration
haute énergie. du proton.
Aucune évidence de monopôles
Réduction du nombre de paramètres.
magnétiques.
Prédictions de l’angle de Weinberg Aucune évidence d’états excités
et des masses des quarks. de quarks et leptons.
10.4 Technicouleur
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L’absence de Higgs dans le spectre des particules détectées dans les collisionneurs actuels
suggèrent qu’il y a peut-être une autre voie pour expliquer la brisure de symétrie électrofaible
que celle proposée par le modèle standard : la technicouleur. La technicouleur ne contient au-
cun scalaire fondamental. La brisure de symétrie électrofaible est dynamique — et non spon-
tanée — et se produit dans le cadre d’une théorie de jauge fortement couplée ne contenant
que des fermions.
Comme son nom l’indique, la technicouleur est une théorie fortement inspirée de QCD.
On y propose l’existence d’une interaction de jauge SUT C (N ) dont l’échelle d’énergie est
de l’ordre du TeV, c’est-à-dire environ mille fois plus grande que celle de QCD. De plus de
nouvelles particules sont introduites : les technifermions. Ils se retrouvent dans des doublets
et singulets d’interactions faibles et dans des multiplets de technicouleur. Par ailleurs, les
scalaires qui apparaissent dans cette théorie ne sont pas fondamentaux mais sont plutôt des
218
Modèles composites Chapitre 10
états liés de paires fermion-antifermion, les technimésons, par analogie aux mésons générés
en QCD. Trois de ces bosons de Goldstone correspondent aux composantes longitudinales
des bosons faibles W ± et Z 0 .
En général, toutefois, les modèles de la technicouleur doivent être étendus pour permet-
tre à la technicouleur de générer une masse aux fermions. Rappelons que le mécanisme de
Higgs donne aussi une masse aux fermions via l’introduction de couplages de Yukawa du
type fermion–fermion-Higgs. Les modèles étendus de technicouleur (ETC) suggèrent l’exis-
tence de nouvelles interactions de jauge entre les technifermions et les fermions ordinaires.
Plusieurs particules exotiques telles que les leptoquarks et de nouveaux bosons de jauge sont
alors associés à ETC. Ces modèles rencontrent cependant quelques difficultés puisqu’ils con-
tribuent aux processus de changement de saveur à courant neutre, ce qui entre en conflit avec
les résultats expérimentaux. De plus, les technimésons — les états liés les plus légers prédits
par cette théorie — devraient déjà avoir été observés dans les collisionneurs, ce qui n’est pas
le cas de toute évidence.
Il existe des moyens de contourner ces difficultés par l’entremise de théories telles que la
technicouleur rampante (walking technicolor) qui ont la particularité d’avoir des couplages
efficaces qui varient très peu en fonction de l’échelle d’énergie par opposition à la techni-
couleur (running technicolor). Mais l’introduction de ces nouvelles théories se fait au détri-
ment de la simplicité et de l’élégance des modèles originaux, ce qui explique le déclin de
popularité de l’approche de la technicouleur depuis quelques années.
Finalement, la situation de la technicouleur en tant que théorie se résume comme suit :
En faveur Contre
Évidence expérimentale attendue
Aucun Higgs.
n’est pas observée.
Contribue aux processus de
Analogue à QCD mais à une échelle
changement de saveur par courants
d’énergie 1000 fois plus grande
neutres.
L’histoire nous apprend que notre perception de ce qu’est une particule élémentaire fon-
damentale a souvent due être révisée. L’atome s’est vu décomposé en noyau et électrons, le
noyau en protons et neutrons, les baryons et mésons en quarks et antiquarks. Ne serait-il pas
possible alors qu’il existe une sous-structure aux quarks et leptons même si on les considère
présentement comme élémentaires ? C’est cette approche qui est préconisée dans les mod-
èles composites où quarks et leptons sont des combinaisons de préons, les particules plus
fondamentales.
De façon générale, des évidences de sous-structure devraient se présenter dans les mesures
de section efficace aux énergies correspondant à l’énergie de liaison des préons. Par exem-
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219
Chapitre 10 UNIFICATION DES FORCES
Le modèle d’Abbott et Farhi est un prototype du genre. Dans ce modèle, non seulement les
quarks et les leptons sont considérés comme composites mais les bosons Z 0 et W ± sont aussi
des particules composites. Les interactions faibles observées sont alors réinterprétées comme
des interactions résiduelles analogues à celles que l’on observe entre les hadrons. De plus, la
brisure de symétrie est dynamique — par opposition à la brisure spontanée dans le modèle
standard — c’est-à-dire que les interactions de jauge confinent les constituants pour former
le spectre des fermions observés à l’échelle de Fermi. La masse est générée dynamiquement
tout comme celle des nucléons est une conséquence du confinement des quarks via QCD.
Les états fondamentaux (préons) postulés par le modèle d’Abbott et Farhi sont des scalaires
dénotés φ et des fermions dénotés ψ. Les interactions SUL (2) sont par ailleurs fortement
couplées (contrairement aux interactions faibles du modèle standard). Les fermions de chi-
ralité droite sont des singulets sous SUL (2). Ils n’ont donc pas d’interaction SUL (2), ne sont
donc pas couplés fortement et sont donc fondamentaux. Par contre, les fermions de chiralité
gauche interagissent fortement sous SUL (2) (ne pas confondre ici avec les interactions fortes
de QCD) pour former des états liés à partir d’un fermion fondamental (un préon) et d’un
scalaire, par exemple fL = φ∗i ψ iL . On explique les bosons de jauge faibles par une construc-
tion basée sur deux scalaires, ex. φDμ φ où Dμ est la dérivée covariante de SU (2)L ⊗ U (1).
Finalement, le boson de Higgs est quant à lui un état formé de deux scalaires préoniques.
Outre les particules retrouvées dans le modèle standard, l’existence d’une multitude de
particules exotiques est également prédite : des quarks, des leptons et des bosons faibles ex-
cités, des bileptons, des diquarks et des leptoquarks. La masse de ces particules est générée
dynamiquement par l’interaction faible dans son régime de confinement. Ces masses de-
−1/2
vraient être de l’ordre de GF ∼ 300 GeV, c’est-à-dire l’échelle de la brisure dynamique
de l’interaction faible.
Le modèle original d’Abbott et Farhi souffre des mêmes lacunes que les autres modèles
composites. Aucune déviation attendue n’a été observée à ce jour et donc celui-ci ne semble
plus constituer un candidat sérieux pour expliquer la théorie des interactions faibles.
Résumant, le bilan des modèles composites se dresse comme suit :
En faveur Contre
Aucune explication sur le
Précédents historiques
nombre de générations.
Aucune évidence de déviations
Origine commune pour quarks et leptons.
dues à une sous-structure.
Aucune évidence d’états excités
de quarks et leptons.
La supersymétrie est une propriété qui implique un nombre égal de degrés de liberté
fermioniques et bosoniques. Une transformation supersymétrique Q change un boson en
fermion et vice et versa
Q |fermioni = |bosoni Q |bosoni = |fermioni
Une théorie supersymétrique est laissée invariante par une telle transformation. En con-
séquence, dans une théorie supersymétrique, chaque fermion normal possède un superparte-
naire qui est un boson. De la même manière, chaque boson normal possède un superpartenaire
qui est un fermion.
La supersymétrie relie entre elles des particules de spin différent. Il ne s’agit pas d’une
symétrie interne telle que les symétries de jauge. En fait, elle correspond plutôt à un élar-
gissement du groupe de Poincaré (le groupe de Poincaré inclut le groupe des transformations
de Lorentz et des translations) vers un groupe de super-Poincaré. On l’interprète comme l’ex-
220
Supersymétrie (SUSY) Chapitre 10
La supersymétrie n’est pas une symétrie exacte de la nature. Si c’était le cas, on aurait déjà
découvert depuis longtemps les superpartenaires de chacune des particules du modèle stan-
dard puisque ceux-ci auraient la même masse. À ce jour, aucune particule supersymétrique
n’a été observée. Par exemple, le sélectron (particule scalaire ayant les mêmes charges et en
principe la même masse que l’électron) serait relativement facile à produire dans les accéléra-
teurs actuels mais il manque à l’appel.
Les superpartenaires se distinguent par un nouveau nombre quantique appelé la parité
R. Les particules du modèle standard ont une parité R = +1 alors qu’on assigne une par-
ité R = −1 aux superpartenaires. Le produit des parités R est conservé tout comme dans
le cas de la parité “spatiale”. Il en découle que si on tente de produire des particules super-
symétriques à partir de particules normales, elle doivent être produites en paires. Par exemple,
considérons la collision des particules a et b qui donne deux particules supersymétriques e c et
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de accompagnées d’un nombre arbitraire de particules normales dénoté ici par .... La conser-
vation de la parité se vérifie comme suit :
a + b → e
c + de + ...
221
Chapitre 10 UNIFICATION DES FORCES
Modèles supersymétriques
Plusieurs modèles supersymétriques ont déjà été proposés. Le plus étudié est sûrement
80
le modèle standard supersymétrique minimal (MSSM) qui comme son nom l’indique est
l’extension supersymétrique minimale du modèle standard que nous connaissons bien. Le
60 α1-1 MSSM introduit un nombre minimal de nouveaux champs (un deuxième Higgs et tous les
superpartenaires) mais conserve le même groupe de jauge c’est-à-dire SUc (3) ⊗ SUL (2) ⊗
40
UY (1).
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α2 -1
20
Il existe également des versions supersymétrique des modèles unifiés et même grande-
α3-1
ment unifiés basées sur des groupes tels SU (5), SU (5) ⊗ U (1) et SO(10). La perspec-
tive d’une unification supersymétrique semble à première vue très attrayante. Le problème
0
ln MW de hiérarchie entre l’échelle de brisure électrofaible MW et l’échelle d’unification MX est
ln Q ln MTGU
naturellement écarté. De plus, l’unification des constantes de couplage à haute énergie est
réalisée plus facilement dans un modèle supersymétrique (voir figure 10.6), à condition que
Figure 10.6 N l’échelle de brisure MSUSY soit de l’ordre de 1 TeV ou inférieure. En effet dans les TGU ex-
Évolution des constantes de couplage dans un aminées plus haut l’unification des trois constantes de couplage est approximative (voir figure
modèle supersymétrique. On note le changement 10.1). Finalement, l’échelle d’unification est plus élevée, soit de l’ordre de MX = 1016 GeV
de comportement qui se situe à l’échelle de la
brisure supersymétrique soit environ à 1 TeV.
pour le modèle SU (5) supersymétrique. La prédiction pour la vie moyenne du proton est
donc modifiée en conséquence et se chiffre à 1035 ans, ce qui est en accord avec les limites
expérimentales les plus récentes.
222
Gravité quantique Chapitre 10
En faveur Contre
Calcul perturbatif donne des
comportements divergents moins
sévères
Unification des fermions et bosons. Aucune évidence expérimentale
Extension possible à la géométrie de
l’espace-temps et donc à la gravitation
(la supersymétrie relie le changement
de spin à une translation).
La supersymétrie est considérée comme une des meilleures sinon la meilleure théorie
au-delà du modèle standard.
La gravitation est la quatrième force parmi les interactions connues et c’est aussi la plus
faible par plusieurs ordres de grandeur. Elle fut la première a être reconnue comme une pro-
priété fondamentale de la matière et à être analysée systématiquement. Paradoxalement, de
nos jours, c’est la gravitation qui soulève le plus d’interrogations puisqu’elle s’accorde mal
avec la mécanique quantique.
La constante gravitationnelle (en unités S.I.)
GN = 6.7 × 10−11 m3 kg−1 s−2
détermine la force du couplage entre deux masses. Comparons la force du couplage entre A B
deux protons telle que donnée par la théorie de Newton,
GN m2p
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223
Chapitre 10 UNIFICATION DES FORCES
La supergravité
La solution au problème des divergences peut passer par la supersymétrie. Lorsqu’elle est
traitée comme une symétrie locale, la supersymétrie incorpore de façon naturelle la gravita-
tion (changement local de la métrique). On l’appelle alors la supergravité (SUGRA).
Dès son introduction, la supergravité souleva l’espoir que la supersymétrie allait perme-
ttre l’annulation pure et simple des divergences et que la théorie qui en résulte soit finie.
Cependant, malgré que le degré de divergences diminue, elles ne disparaissaient pas com-
plètement. Encore une fois, comme le couplage gravitationnel n’est pas adimensionnel, la
moindre divergence rend la théorie non-renormalisable et donc incohérente.
En conclusion, les succès et lacunes de la supergravité peuvent se lire comme suit :
En faveur Contre
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10.8 Supercordes
Les divergences dans les théories renormalisables (comme le modèle standard) ou non
renormalisables (comme la gravité quantique) ont pour origine la nature ponctuelle des par-
224
Supercordes Chapitre 10
ticules dans les théories des champs que nous utilisons. Ce n’est pas très étonnant, même
classiquement, des divergences se manifestent. Par exemple, le champ électrique tend vers
l’infini lorsqu’on s’approche d’une particule chargée ponctuelle. La justification physique
derrière la nature ponctuelle des particules repose à tort ou à raison sur l’argument suivant :
Si les particules ne sont pas ponctuelles, on peut envisager de les analyser en divisant l’es-
pace qu’elles occupent en éléments de volume infinitésimaux. Ce traitement est équivalent
à considérer une sous-structure formée d’objets ponctuels, ce qui nous retourne au point de
départ.
La théorie des cordes prend une approche différente. Les particules ne sont pas ponctuelles,
ce sont des cordes, c’est-à-dire des objets ayant une extension linéaire. Le spectre des par-
ticules est obtenu en tenant compte des différents modes de vibration de ces cordes. Deux
types de cordes sont possibles : les cordes ouvertes avec deux extrémités distinctes et les
cordes fermées (voir figure 10.9).
corde ouv erte corde fermée
Pour des raisons de cohérence mathématique, les théories des cordes doivent être for-
mulées en 26 dimensions d’espace-temps pour des champs bosoniques et en 10 dimensions
d’espace-temps pour des cordes supersymétriques aussi appelées supercordes. Cette dernière
Figure 10.9 N
est pour le moment la seule candidate viable pour un traitement unifié de toutes les interac- Exemple de cordes ouvertes (à gauche) et fer-
tions fondamentales dans une théorie quantique libre d’anomalies et de divergences ultravio- mées (à droite).
lettes.
À première vue, il est difficile de justifier que de telles théories puissent représenter un
monde à 4 dimensions d’espace-temps. Cependant il est possible de raccrocher ces théories
à une réalité à 4 dimensions en utilisant la compactification, une idée suggérée par Kaluza
et Klein dans les années 20. Kaluza et Klein proposèrent à l’origine d’ajouter une cinquième
dimension d’espace-temps aux 3+1 existant déjà. La dimension supplémentaire est ensuite
enroulée sur elle-même avec un diamètre d’enroulement très petit, si petit en fait qu’à toute
fin pratique l’enroulement n’est pas perceptible au monde physique qui nous entoure. C’est
ce qu’on appelle la compactification. Seul un “microscope”. très puissant serait en mesure de
voir cette cinquième dimension (voir figure 10.10).
Figure 10.10 JI
Enroulement et compactification des dimensions
superflues.
225
Chapitre 10 UNIFICATION DES FORCES
même façon, les interactions représentées par des diagrammes de Feynman pour des partic-
ules ponctuelles ont la forme de surfaces (voir figure 10.12).
Figure 10.11 JI
Trajectoire balayée par une particule dans l’es-
pace. z z z
x x x
y y y
trajectoire d'une trajectoire d'une trajectoire d'une
particule corde ouverte corde fermée
ponctuelle
Les cordes fermées ont aussi une orientation gauche ou droite (hélicité) selon que leurs
vibrations sont dans le sens horaire ou antihoraire et leurs interactions peuvent être traitées
indépendamment. Parmi les différentes classes de supercordes, la corde hétérotique est l’une
des plus prometteuses. Dans ce modèle, les degrés de liberté antihoraires correspondent à
ceux d’une corde bosonique, alors que les modes horaires correspondent à ceux d’une super-
corde. La corde bosonique, qui à l’origine est introduite en 26 dimensions, subit une compact-
ification de 16 de ces dimensions pour venir se juxtaposer aux supercordes en 10 dimensions.
La compactification impose des contraintes si bien qu’en 10 dimensions, la corde hétérotique
possède les symétries de jauge SO(32) ou E8 ⊗ E8 .
temps
x
y
Une des propriétés remarquables des théories de cordes est qu’elles permettent une uni-
fication des couplages de jauge, même en l’absence d’un groupe unifié. Il existe un seul
type d’interactions entre deux cordes fermées : deux cordes qui se joignent pour en for-
mer une seule (ou inversement une corde qui se divise pour en donner deux). C’est donc
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dire que toute interaction décrite par des cordes trouve son origine dans ce processus fonda-
mental. Dans une théorie fondamentale, les interactions de jauge, gravitationnelle on même
de Yukawa, sont des manifestations de la même interaction entre cordes mais à des condi-
tions différentes. À l’échelle caractéristique de la corde, les couplages sont unifiés et peuvent
s’écrire :
4π
g12 k1 = g22 k2 = g32 k3 = 0 GN = gcorde
2
α
où les coefficients ki sont des constantes associées à la normalisation des générateurs de jauge
et où l’on reconnaît la constante de Newton GN . Le paramètre α0 est la tension de la corde, le
seul paramètre indépendant en théorie des cordes. Par ailleurs, les constantes de couplage gi
correspondent à des champs dont la valeur physique est déterminée par leur valeur moyenne
dans le vide.
Que ce soient les cordes bosoniques, la corde hétérotique ou les supercordes typiquement
226
Supercordes Chapitre 10
227
Chapitre 10 UNIFICATION DES FORCES
électrofaible sont aussi prédits mais parmi les nouvelles particules, on note la présence de
leptoquarks scalaires dans le secteur de Higgs et de leptoquarks vectoriels dans le secteur de
jauge.
Le tableau suivant résume les succès et lacunes des supercordes :
En faveur Contre
Absence de divergence ultraviolette Aucune évidence expérimentale
Meilleure candidat pour la théorie Difficile de trouver quel processus
d’unification des quatre forces de compactification et brisure de
fondamentales. symétrie mène au modèle standard.
La recherche sur les supercordes est toujours très active et très prolifique. Elle a permis
de développer les théories conformes, de trouver des relations avec les groupes quantiques et
les modèles intégrables en 2D en matière condensée (ex. modèle de Ising). Plus récemment,
un lien de dualité entre les différentes théories des cordes suggère que celles-ci pourraient
être des manifestations d’une seule théorie qui les chapeauterait, la M-théorie (M faisant
allusion à des membranes). Dans une autre direction, d’autres travaux ont par ailleurs révélé
que l’échelle caractéristique des cordes pourrait être beaucoup plus près de la masse du W ±
que de la masse de Planck.
Malgré la compréhension beaucoup complète qu’on en a de nos jours et les progrès ré-
cents, la question suivante se pose toujours :
Qu’est-ce qu’une particule élémentaire ?
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228
Références
Annexe A
Il existe par ailleurs beaucoup de ressources sur internet. L’évolution fulgurante d’internet
a aussi pour conséquence son caractère temporaire si bien qu’il est impossible de garantir
que les sites suivants seront toujours présents dans quelques mois. Malgré cet inconvénient,
le lecteur est invité les consulter et à naviguer sur le web où il risque de s’ajouter encore plus
de renseignements pertinente au fil des ans.
Notes de cours :
Documents pédagogiques :
Laboratoires et organisations :
230
Annexe A
Expériences majeures :
Sur les sites internet suivants, on retrouve une description des éléments des expériences en
cours (ou projetées) notamment les détecteurs, la physique étudiée, des résultats obtenus, des
images d’événements reconstruits certains même en temps réel. Ces expériences sont mon-
tées par des grandes collaborations internationales de chercheurs.
Expériences du collisionneur e+ e− , le LEP (Large Electron Positron collider), au CERN :
ALEPH → http ://alephwww.cern.ch/Public.html
DELPHI → http ://www.cern.ch/Delphi/Welcome.html
L3 → http ://hpl3sn02.cern.ch
OPAL → http ://www.cern.ch/Opal
Expériences du collisionneur ep, HERA, à DESY :
H1 → http ://www-h1.desy.de :80/
ZEUS → http ://www-zeus.desy.de
Expériences du collisionneur pp̄, le Tevatron, au Fermilab :
CDF → http ://www-cdf.fnal.gov
D0 → http ://www-d0.fnal.gov/ .
Futures expériences du collisionneur pp̄ du LHC (Large Hadron Collider), au CERN :
ATLAS → http ://atlasinfo.cern.ch/Atlas/Welcome.html
CMS → http ://cmsinfo.cern.ch/cmsinfo/Welcome.html
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231
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Prix Nobel de physique
Annexe B
Année Nom Pays Contribution
1901 W.C. Rötgen Allemagne
1902 H.A. Lorentz Pays-Bas
P. Zeeman Pays-Bas
1903 H. Becquerel France Radioactivité
M. Curie France
P. Curie France
1904 J.W.S. Rayleigh Grande-Bretagne
1905 P. Lenard Allemagne
1906 J.J. Thomson Grande-Bretagne
1907 A.A. Michelson États-Unis
1908 G. Lippmann France
1909 G. Marconi Italie
K.F. Braun Allemagne
1910 J.D. Van der Waals Pays-Bas
1911 W. Wien Allemagne
1912 G. Dalén Suède
1913 H. Kamerlingh Onnes Pays-Bas
1914 M. von Laue Allemagne
1915 W.H. Bragg Grande-Bretagne
W.L. Bragg Grande-Bretagne
1916 non attribué
1917 C.G. Barkla Grande-Bretagne
1918 M. Planck Allemagne
1919 J. Stark Allemagnes
1920 C.E. Guillaume Suisse
1921 A. Einstein Allemagne
1922 N. Bohr Danemark Modèle atomique
1923 R.A. Millikan États-Unis
1924 K.M.G. Siegbahn Suède
1925 J. Franck Allemagne
G. Hertz Allemagne
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233
Annexe B Prix Nobel de physique
234
Annexe B
235
Annexe B Prix Nobel de physique
H. Kroemer Allemagne
H. S. Kilby États-Unis
236
Annexe B
Année Nom Pays Contribution
1980 J.W. Cronin États-Unis Violation CP
V.L. Fitch États-Unis
1981 N. Bloemberger États-Unis
A.L. Schawlow États-Unis
K.M. Siegbahn Suède
1982 K.G. Wilson États-Unis Phénomènes critiques
1983 S. Chandrasekhar États-Unis
W.A. Fowler États-Unis
1984 C. Rubbia Italie Découverte
S. Van der Meer Pays-bas des W ± et du Z 0
1985 K. von Klitzing R.F. d’Allemagne
1986 G. Binnig R.F. d’Allemagne
H. Rohrer Suisse
E. Ruska R.F. d’Allemagne
1987 J.G. Bednorz R.F. d’Allemagne
K.A. Müller Suisse
1988 L. Lederman États-Unis Découverte
M. Schwartz États-Unis du neutrino ν μ
J. Steinberger États-Unis
1989 H.G. Dehmelt États-Unis
W. Paul R.F. d’Allemagne
N.F. Ramsey États-Unis
1990 J.I. Friedman États-Unis Diffusion inélastique
H.W. Kendall États-Unis profonde et nature
R.E. Taylor Canada ponctuelle des quarks
1991 P.-G. de Gennes France
1992 G. Charpak France Chambre à multifils
1993 R.A. Hulse États-Unis
J.H. Taylor États-Unis
1994 B.N. Brockhouse Canada
C.G. Shull États-Unis
1995 M.L. Perl États-Unis Découverte du lepton τ
F. Reines États-Unis et du neutrino ν τ
1996 D.M. Lee États-Unis
D.D. Osheroff États-Unis
R.C. Richardson États-Unis
1997 S. Chu États-Unis
C. Cohen-Tannoudji France
W.D. Phillips États-Unis
1998 R. B. Laughlin États-Unis
H. L. Stormer Allemagne
D. C. Tsui Chine
1999 M. Veltman Pays-Bas Renormalisation
G. t’Hooft Pays-Bas
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237
Annexe B Prix Nobel de physique
2011
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238
Notation
Annexe C
Dans cet ouvrage, un certain nombre de conventions ont été adoptées pour faciliter la
lecture. Les vecteurs à trois dimensions sont notés par des caractères gras
x, r, v, F, ...
alors que les quadrivecteurs sont notés par
x, p, ...
ou par leur composantes contravariantes
xμ , pμ , ...
L’alphabet grec est utilisé fréquemment :
Alphabet Grec
Majuscule Minuscule Prononciation Majuscule Minuscule Prononciation
A α alpha N ν nu
B β bêta Ξ ξ xi
Γ γ gamma O o omicron
∆ δ delta Π π pi
E ,ε epsilon P ρ rho
Z ζ zeta Σ σ sigma
H η eta T τ tau
Θ θ, ϑ theta Υ υ upsilon
I ι iota Φ φ, ϕ phi
K κ kappa Ψ ψ psi
Λ λ lambda X χ chi
M μ mu Ω ω, omega
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239
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Unités SI
Annexe D
Les lettres SI désignent le Système International d’unités. Il s’agit d’un système d’unités
cohérentes approuvés internationalement qui est en usage dans plusieurs pays et utilisé de
façon systématique pour les ouvrages scientifiques et techniques. Le système SI, basé sur les
unités MKS, replace les systèmes CGS et f.p.s. (Système Impérial). On peut diviser les unités
SI en trois groupes : le unités de base, supplémentaires et dérivées. Il y a sept unités de base
qui sont dimensionnellement indépendantes.
Unités de base SI
Quantité Physique Nom Symbole
longueur mètre m
masse kilogramme kg
temps seconde s
courant électrique ampère A
température kelvin K
quantité de matiére mole mol
intensité lumineuse candela cd
Unités supplémentaires SI
Quantité Physique Nom Symbole
angle plan radian rad
angle solide stéradian sr
Unités dérivées SI
Quantité Physique Nom Symbole Unités SI
fréquence hertz Hz s−1
énergie joule J N ·m
force newton N kg · m · s−2
puissance watt W J · s−1
pression pascal Pa N · m−2
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Les unités SI sont étendues grâce à des préfixes qui désignent les multiples ou fractions
décimales des unités.
241
Annexe D Unités SI
Facteurs de conversion
242
Unités naturelles
Annexe E
Les unités naturelles (UN) sont définies de façon à ce que les constantes fondamentales
que sont la constante de Planck et la vitesse de la lumière soient
~ = 1
c = 1.
Elles sont utiles dans les systèmes physiques relativistes et/ou qui impliquent des effets quan-
tiques mesurables.
Une quantité dans les unités SI (système international) qui possède des dimensions
E p Lq T r
où x est un nombre pur devant E, L et T qui représentent les unités d’énergie (en Joules),
longueur (en mètres) et temps (en secondes) respectivement, aura des unités d’énergie à la
puissance p − q − r, soit E p−q−r dans le SUN. La conversion du SI au SUN procède comme
suit. Si dans le SI E, L et T représentent les unités de masse, longueur et temps
∙ µ ¶q µ ¶r ¸ ∙ p q r¸
L T E L T
[E p Lq T r ]SUN = Ep =
~c ~ SI cq ~q+r SI
¡ ¢p
= [E p Lq T r ]SI · 6.24 × 10−26 MeV−1 J−1
¡ ¢q ¡ ¢r
· 5.1 × 1012 MeV−1 m−1 · 1.52 × 1021 MeV−1 s−1
où les quantités dans les crochets [A]SUN et [A]SI sont respectivement en unités SUN et SI.
SI SUN
Quantité p q r n
Action 1 2 −1 0
Vitesse 0 1 −1 0
Masse 1 0 0 1
Longueur 0 1 0 −1
Temps 0 0 1 −1
Impulsion 1 1 −1 1
Énergie 1 2 −2 1
Const. structure fine αem 0 0 0 0
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Const. de Fermi 1 5 −2 −2
243
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Constantes fondamentales en physique
Annexe F
Constantes universelles
Constantes électromagnétiques
Constantes astronomiques
245
Annexe F Constantes fondamentales en physique
246
Annexe F
Constantes atomiques
Constantes physico-chimiques
= 273.15K, p = 101325Pa
bT = 273.15K, p = 101325Pa
c T = 273.15K, p = 100kPa
d p = 100kPa
0
e p = 101325Pa
0
247
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Coefficients de Clebsh-Gordan
Annexe G
La combinaison de deux ou plusieurs états d’isospin est analogue à celle de moments
cinétique et spins en mécanique quantique. Posons deux vecteurs d’états d’isospin |j1 , m1 i
et |j2 , m2 i. Ils se combinent selon les règles suivantes
1. L’isospin total J peut prendre les valeurs suivantes
|j1 − j2 | , |j1 − j2 | + 1, ......, |j1 − j2 | − 1, |j1 − j2 |
Plus précisément, l’état final est une combinaison linéaire de tous ces états
|j1 , m1 ; j2 , m2 i = |j1 , m1 i ⊕ |j2 , m2 i
= α ||j1 − j2 | , m1 + m2 i + β ||j1 − j2 | + 1, m1 + m2 i
+ · · · + γ ||j1 − j2 | , m1 + m2 i
où α, β et γ sont des coefficients dits de Clebsch-Gordan définis par les produits scalaires
α = h|j1 − j2 | , m1 + m2 |j1 , m1 ; j2 , m2 i
β = h|j1 − j2 | + 1, m1 + m2 |j1 , m1 ; j2 , m2 i
..
.
γ = h|j1 − j2 | , m1 + m2 |j1 , m1 ; j2 , m2 i .
Exemple 10.1
1 1
Considérons les deux états d’isospin |j1 , m1 i = |1, 0i et |j2 , m2 i = ,
2 2
. L’état final est une
combinaison linéaire de tous les états possibles
|j1 , m1 ; j2 , m2 i = |j1 , m1 i ⊕ |j2 , m2 i
1 1 3 1
= α , +β ,
2 2 2 2
où α, β et γ sont des coefficients dits de Clebsch-Gordan définis par les produits scalaires
1 1 1 1
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α = , 1, 0; ,
2 2 2 2
3 1 1 1
β = , 1, 0; ,
2 2 2 2
D’après le tableau de la page suivantes
2
α =
3
1
β = −
3
alors
1 1 2 1 1 1 3 1 3 1
1, 0; , = | , i− | , i| , i
2 2 3 2 2 3 2 2 2 2
249
Annexe G Coefficients de Clebsh-Gordan
250
Rappel de relativité restreinte et cinéma-
tique relativiste
Annexe H
H.1 La relativité restreinte
H.1 La relativité restreinte
H.2 Cinématique relativiste
Postulat 10.1 Le principe de relativité : les lois de la physique doivent avoir la même forme
dans tous les repères inertiels.
L’intervalle
Plus généralement, pour deux événements quelconques séparés dans l’espace de ∆x, ∆y et
∆z et dans le temps de ∆t, on appelle intervalle entre ces événements la quantité :
2 2 2 2
∆s2 = − (∆t) + (∆x) + (∆y) + (∆z) . (H.3)
En relation avec ce que l’on vient tout juste de voir, on constate que si ∆s2 est nul pour deux
événements donnés, ∆s2 est également nul. Il y a en fait une invariance de l’intervalle lors
d’un passage des coordonnées de S(t, x, y, z) aux coordonnées de S 0 (t0 , x0 , y 0 , z 0 ) :
2 2
(∆s) = (∆s0 ) . (H.4)
251
Annexe H Rappel de relativité restreinte et cinématique relativiste
Comme la quantité (∆s)2 entre deux événements est indépendante des observateurs, on
peut s’en servir pour classer les événements l’un par rapport à l’autre.
Si l’intervalle entre deux événements (E et S) est positif, on dira qu’il est du genre-
espace ; si l’intervalle est négatif (E et T ), on dira qu’il est du genre-temps alors que s’il
est nul, on le dira du genre-lumière. Par rapport à un événement donné E , l’ensemble des
événements contenus dans le cône inférieur forment le passé absolu de E ; ceux du cône
supérieur, le futur absolu de E (événements du genre-temps). Ceux qui sont à l’extérieur du
cône constituent l’ailleurs de E (événements du genre-espace) (voir figure H.1).
(∆s)2 > 0 ; genre − espace
2
(∆s) < 0 ; genre − temps
2
(∆s) = 0 ; genre − lumi ère
On voit donc que chaque événement a son passé, son futur et son ailleurs. Quant au
t
cône de lumière présent, il n’existe à toutes fins pratiques qu’en un point. Cette façon de voir est radicalement
futur différente de celle qui avait prévalu jusqu’en 1905 où le temps était quelque chose d’absolu.
T On peut aisément admettre que l’événement S de la figure H.1 ne peut être l’effet de l’é-
S
vénement E car la distance (selon Ox) est trop grande pour qu’un rayon lumineux ait pu
x connecter ces deux événements. Il en est de même pour tous les événements de l’ailleurs de
E E ; ainsi l’événement E ne peut être l’effet d’aucun événement situé dans l’ailleurs-passé.
ailleurs
Par contre, une relation de causalité est possible entre E et T qui est dans le futur absolu
de E . En effet, il est possible qu’un rayon lumineux ou qu’un signal moins rapide ait connecté
passé
ces deux événements, ce qui veut dire que E pourrait être la cause de T . De même E peut être
l’effet de tout événement faisant partie de son passé absolu.
Figure H.1 N
Relation de causalité entre les événements.
H.2 Cinématique relativiste
Transformations de Lorentz
L’invariance de la vitesse signifie notamment qu’un front d’onde émanant d’une source
lumineuse ponctuelle demeure sphérique dans tous les repères en mouvement relatif uniforme
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(voir figure H.2). Nous choisirons d’identifier l’axe des x à la direction de la direction de la
vitesse relative entre les référentiels S et S 0 .
S' Soit des repères S et S 0 en mouvement relatif uniforme. Un front d’onde émis en t = 0,
S
par une source fixe à l’origine de S, sera décrit en t > 0 par un observateur du même repère
y y' V=Vex par la sphère
x' x2 + y 2 + z 2 = t2 . (H.5)
0
z Un observateur d’un repère S , qui coïncidait avec S à t = 0 mais qui se déplace unifor-
z' x
mément par rapport à S, verra la sphère
252
Cinématique relativiste Annexe H
d’espace-temps,
t0 = γ(t − V x) t = γ(t0 + V x0 )
x0 = γ(x − V t) x = γ(x0 + V t0 )
(H.7)
y0 = y y = y0
z0 = z z = z0
les transformations de Lorentz des vitesses,
u0x +V
u0x = ux −V ux = 1+u0x V
1−ux V
uy u0y
u0y = γ(1−ux V ) uy = (H.8)
γ(1+u0x V )
uz
u0z = γ(1−ux V ) uz =
u0z
γ(1+u0x V )
et les transformation de Lorentz de l’énergie-impulsion,
E 0 = γ(E − V px ) E = γ(E 0 + V p0x )
p0x = γ(px − V E) px = γ(p0x + V E 0 )
(H.9)
p0y = py py = p0y
p0z = pz pz = p0z .
où
1
γ = (1 − V 2 )− 2 . (H.10)
253
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Équation de Dirac
Annexe I
Rappelons que l’équation de Klein-Gordon décrit les bosons (spin entier) se lit :
∂2ψ ¡ ¢
− 2 = −∇2 ψ + m2 ψ ou 0 = ∂μ ∂ μ + m2 ψ (I.1)
∂t
Dirac propose de linéariser cette équation dans les dérivées par rapport aux coordonnées de
temps et d’espace (équation différentielle du premier ordre).
Dans le cas le plus général où la masse n’est pas nulle, l’équation linéarisée prend la
forme
∂ψ ∂ψ ∂ψ ∂ψ
iγ 0 − iγ 1 − iγ 2 − iγ 3 − mψ = 0
∂t ∂x ∂y ∂z
ou de façon plus succinte ¡ ¢
iγ μ ∂ μ − m ψ = 0 (I.2)
où on introduit les constantes γ μ (μ = 0, 1, 2, 3). Élevant au carré cette dernière équation, on
obtient ¡ ¢ ¡ ¢
(iγ ν ∂ ν − m) iγ μ ∂ μ − m ψ = − γ ν γ μ ∂ ν ∂ μ − m2 ψ = 0. (I.3)
Pour coïncider avec (I.1), il est nécessaire que
γ ν γ μ + γ μ γ ν = 2gμν
Ceci n’est possible que si les γ μ sont des matrices de dimensions 4 × 4 ou plus. Dans leur
représentation la plus simple les matrices γ μ , appelées matrices de Dirac, s’écrivent
⎛ ⎞ ⎛ ⎞
0 0 1 0 0 0 0 1
⎜ 0 0 0 1 ⎟ ⎜ 0 0 1 0 ⎟
γ0 = ⎜ ⎝ −1 0 0 0 ⎠
⎟ γ1 = ⎜
⎝ 0 1 0 0 ⎠
⎟
0 −1 0 0 1 0 0 0
⎛ ⎞ ⎛ ⎞
0 0 0 −i 0 0 1 0
⎜ 0 0 i 0 ⎟ ⎜ 0 0 0 −1 ⎟
γ2 = ⎜ ⎝ 0 −i 0 0 ⎠
⎟ γ3 = ⎜⎝ 1 0 0 0 ⎠
⎟
i 0 0 0 0 −1 0 0
ou encore écrit de façon plus abrégée
µ ¶ µ ¶
0 I 0 σi
γ0 = = γi = i = 1, 2, 3
−I 0 −σ i 0
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où chaque élément ici est une matrice 2 × 2 soit 0 est la matrice nulle, I, la matrice indentité
et les σ i sont les matrices de Pauli. Par extension, on utilise aussi souvent une cinquième
matrice définie comme µ ¶
0 I
γ 5 ≡ iγ 0 γ 1 γ 2 γ 3 =
I 0
La fonction d’onde est maintenant un bi-spineur ψ qui possède quatre composantes
⎛ ⎞
ψ1
⎜ ψ2 ⎟
ψ=⎜ ⎝ ψ3 ⎠ .
⎟
ψ4
L’équation de Dirac décrit alors quatre équations linéaires couplées. Les matrices γ μ intè-
grent la notion de spin puisque qu’elles correspondent à une version généralisée des ma-
trices de spin de Pauli. Pour cette raison, l’équation de Dirac convient à la description des
fermions (spin demi-entier). En fait, des quatres degrés de liberté du bi-spineur, deux servent
255
Annexe I Équation de Dirac
à représenter la particule dans les états de spin ± 12 et deux autres, l’antiparticule dans les états
de spin ± 12 . Sous une forme plus explicite où les matrices sont développées, c’est-à-dire un
système de quatre équations couplées, nous avons
µµ ¶ µ ¶ ¶
∂ ∂ ∂ ∂
i − ψ3 − −i ψ 4 − mψ 1 = 0
∂t ∂z ∂x ∂y
µµ ¶ µ ¶ ¶
∂ ∂ ∂ ∂
i + ψ4 − +i ψ 3 − mψ 2 = 0
∂t ∂z ∂x ∂y
µ µ ¶ µ ¶ ¶
∂ ∂ ∂ ∂
i − − ψ1 − −i ψ 2 − mψ 3 = 0
∂t ∂z ∂x ∂y
µ µ ¶ µ ¶ ¶
∂ ∂ ∂ ∂
i − + ψ2 − +i ψ 1 − mψ 4 = 0
∂t ∂z ∂x ∂y
Considérons l’opérateur de parité P et son effet sur les fermions. L’équation de Dirac qui
décrit la particule et l’antiparticule
(iγ μ ∂μ − m) ψ (t, x) = 0
devient sous P
(iγ μ ∂μ − m) ψ (t, −x) = 0
¡ 0 ¢
iγ ∂0 − iγ i ∂i − m ψ (t, −x) = 0.
En multipliant cette expression par γ 0 et en utilisant la relation d’anticommutation {γ μ , γ ν } =
2g μν on obtient ¡ 0 ¢
iγ ∂0 + iγ i ∂i − m γ 0 ψ (t, −x) = 0.
Mais γ 0 est en fait l’opérateur de parité pour les fonctions d’onde de Dirac, c’est-à-dire
γ 0 ψ (t, −x) = ψ (t, x). Plus précisément, les états d’énergie positive et de spin ± 12 , et les
états d’énergie négative et de spin ± 12 sont représentés par les solutions
⎛ ⎞ ⎛ ⎞ ⎛ ⎞ ⎛ ⎞
1 0 0 0
⎜ 0 ⎟ ⎜ 1 ⎟ ⎜ 0 ⎟ ⎜ 0 ⎟
u1 = ⎜
⎝ 0 ⎠,
⎟ u2 = ⎜
⎝ 0 ⎠,
⎟ v1 = ⎜ ⎝ 1 ⎠,
⎟ v2 = ⎜
⎝ 0 ⎠
⎟
0 0 0 1
qui se transforment sous P suivant
⎛ ⎞ ⎛ ⎞ ⎛ ⎞ ⎛ ⎞
1 0 0 0
⎜ 0 ⎟ ⎜ 1 ⎟ ⎜ 0 ⎟ ⎜ 0 ⎟
γ 0 u1 = ⎜
⎝ 0 ⎠
⎟, γ 0
u = ⎜
⎝
⎟, γ 0 v1 = − ⎜ ⎟
⎝ 1 ⎠, γ 0 v2 = − ⎜ ⎟
2
0 ⎠ ⎝ 0 ⎠
0 0 0 1
d’où on tire que les fermions ont une parité positive et les antifermions, une parité négative.
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256
Particules, collisionneurs,...
Annexe J
J.1 Propriétés des particules
J.1 Propriétés des particules
J.2 Collisionneurs
Les propriétées des particules sont tirées des données compilées en 2004 par le Particle
Data Group : S. Eidelman et al., Physics Letters B592, 1 (2004) (voir aussi http ://pdg.lbl.gov/)
Particules fondamentales
Figure J.1 JI
Part icu les Classification des particules fondamentales.
fondamen tales
Fe rmions Bosons
Particules
d'échange
Leptons Q uarks
Photons
Higgs
± 0
W ,Z
Anti- Anti-
leptons quarks
Gluons
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257
Annexe J Particules, collisionneurs,...
258
Propriétés des particules Annexe J
Hadrons (mésons)
Notation :
M = Masse (MeV)
Γ = Largeur de désintégration (MeV)
τ = Vie moyenne
Q = Charge électrique
Le = Nombre électronique
Lμ = Nombre muonique
Lτ = Nombre tauonique
Mésons sans saveurs B = Nombre baryonique
Le , Lμ , Lτ , B, S, C, B, T = 0, I3 = Q S = Étrangeté
I = 1 (π, b, ρ, a) : ud,¯ √1 (uū − dd),¯ dū C = Charme
2
0 0 ¯ + c2 ss̄ h = Bottom ou Beauté
B
I = 0 (η, η , h, h , ω, φ, f, h) : c1 (uū + dd)
T = Top ou Truth
M (MeV) Γ (MeV) ou τ Q (S, C, B, T ) IG JPC Y = Hypercharge forte
π± 139.57018(35) τ = 2.60330(5) × 10−8 s ±1 (0, 0, 0, 0) 1− 0− =B+ S+C +B h+T
π0 134.9766(6) τ = 8.4(6)10−17 s 0 (0, 0, 0, 0) 1− 0−+ I G = (Isospin fort)Parité G
I3 = 3e composante de I
η 547.75(12) 0.00129(7) 0 (0, 0, 0, 0) 0+ 0−+
= Q − 12 Y
η 0 (958) 957.78(14) 0.202(16) 0 (0, 0, 0, 0) 0+ 0−+
I W = Isospin faible
ρ(770) 775.8(5) 150.3(16) ±1, 0 (0, 0, 0, 0) 1+ 1−− I3W = 3e composante de I W
φ(1020) 1019.456(20) 4.26(5) 0 (0, 0, 0, 0) 0− 1−− R, L = Hélicité gauche, droite
ω(782) 782.59(11) 8.49(8) 0 (0, 0, 0, 0) 0− 1−− J P C = SpinParité, Parité C
f0 (600) 400 − 1200 600 − 1000 0 (0, 0, 0, 0) 0+ 0++
f0 (980) 980(10) 40 − 100 0 (0, 0, 0, 0) 0+ 0++ Notation :
L’incertitude sur la masse est entre parenthèses,
a0 (980) 984.7(12) 50 − 100 ±1, 0 (0, 0, 0, 0) 1− 0++
ex : 1383.7(10) MeV = 1383.7 ± 1.0 MeV/c2
h1 (1170) 1170(20) 360(40) −1 (0, 0, 0, 0) 0− 1+−
b1 (1235) 1229.5(32) 142(9) ±1, 0 (0, 0, 0, 0) 1+ 1+−
a1 (1260) 1230(40) 250 − 600 ±1, 0 (0, 0, 0, 0) 1− 1++
(+35)
f2 (1270) 1275.4(12) 185.1(−26) 0 (0, 0, 0, 0) 0+ 2++
f1 (1285) 1281.8(6) 24.1(11) 0 (0, 0, 0, 0) 0+ 1++
η(1295) 1294(4) 55(5) 0 (0, 0, 0, 0) 0+ 0−+
π(1300) 1300(100) 200 − 600 ±1, 0 (0, 0, 0, 0) 1− 0−+
a2 (1320) 1318.3(6) 107(5) ±1, 0 (0, 0, 0, 0) 1− 2++
f0 (1370) 1200 − 1500 200 − 500 0 (0, 0, 0, 0) 0+ 0++
π1 (1400) 1376(17) 300(40) ±1, 0 (0, 0, 0, 0) 1− 1−+
η (1405) 1410.3 (26) 51 (4) 0 (0, 0, 0, 0) 0+ 0−+
f1 (1420) 1426.3 (09) 54.9 (26) ±1, 0 (0, 0, 0, 0) 0+ 1++
ω (1420) 1400 − 1450 180 − 250 ±1, 0 (0, 0, 0, 0) 0− 1−−
a0 (1450) 1474 (19) 26513 0 (0, 0, 0, 0) 1− 0++
ρ (1450) 1465 (25) 400 (60) ±1, 0 (0, 0, 0, 0) 1+ 1−−
η (1475) 1476 (4) 87 (9) 0 (0, 0, 0, 0) 0+ 0−+
f0 (1500) 1507 (5) 109 (7) 0 (0, 0, 0, 0) 0+ 0++
(+6)
f 0 2 (1525) 1525 (5) 73(−5) 0 (0, 0, 0, 0) 0+ 2++
(+25) (+64)
π1 (1600) 1596(−14) 312(−24) ±1, 0 (0, 0, 0, 0) 1− 1−+
η 2 (1645) 1617(5) 8.49(8) 0 (0, 0, 0, 0) 1+ 2−+
ω(1650) 1670 (30) 315 (35) 0 (0, 0, 0, 0) 0− 1−−
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259
Annexe J Particules, collisionneurs,...
Mésons étranges
Le , Lμ , Lτ , B, C, B, T = 0, I3 = Q − 12 S
K + = us̄, K 0 = ds̄, K̄ 0 = ds, ¯ K − = ūs
K = us̄, K = ds̄, K̄ = ds, K ∗− = ūs
∗+ ∗0 ∗0 ¯
M (MeV) Γ (MeV) ou τ Q (S, C, B, T ) IG JPC
K± 493.677(16) τ = 1.2384(24) × 10−8 s ±1 (±1, 0, 0, 0) 1
2
0−
K 0 , K̄ 0 497.648(22) 0 (±1, 0, 0, 0) 1
2 0−
KS0 τ = 0.8958(6) × 10−10 s 0 ( , 0, 0, 0) 1
2
0−
KL0 τ = 5.18(4)10−8 s 0 ( , 0, 0, 0) 1
2
0−
K ∗ (892) 891.66(26) 50.8(9) ±1, 0 (±1, 0, 0, 0) 1
2 1−
K ∗0 , K̄ ∗0 (892) 896.10(27) 50.7(6) 0 (±1, 0, 0, 0) 1
2
1−
K1 (1270) 1273(7) 90(20) 0 (±1, 0, 0, 0) 1
2
1+
K1 (1400) 1402 (7) 174(13) 0 (±1, 0, 0, 0) 1
2 1+
K ∗ (1410) 1414 (15) 232(21) 0 (±1, 0, 0, 0) 1
2
1−
K0∗ (1430) 1412 (6) 294 (6) 0 (±1, 0, 0, 0) 1
2
0+
K2∗ (1430)± 1425.6 (15) 98.5 (27) ±1 (±1, 0, 0, 0) 1
2
2+
K2∗ (1430)0 1432.4 (13) 109 (5) 0 (±1, 0, 0, 0) 1
2
2+
K ∗ (1680) 1717 (27) 322 (110) ±1, 0 (±1, 0, 0, 0) 1
2
1−
K2 (1770) 1773 (8) 186 (14) ±1, 0 (±1, 0, 0, 0) 1
2 2−
K3 (1780) 1776 (7) 159 (21) ±1, 0 (±1, 0, 0, 0) 1
2
3−
K2 (1820) 1816 (13) 276 (35) ±1, 0 (±1, 0, 0, 0) 1
2
2−
K4∗ (2045) 2045 (9) 198 (30) ±1, 0 (±1, 0, 0, 0) 1
2 4+
Notation :
M = Masse (MeV)
Γ = Largeur de désintégration (MeV)
τ = Vie moyenne Mésons étranges charmés C = ±1
Q = Charge électrique
Le = Nombre électronique Le , Lμ , Lτ , B, S, B, T = 0, I3 = Q − 12 C
Lμ = Nombre muonique ¯ D0 = cū, D̄0 = c̄u, D− = c̄d
D+ = cd,
Lτ = Nombre tauonique M (MeV) Γ (MeV) ou τ Q (S, C, B, T ) IG JPC
B = Nombre baryonique
± −15
S = Étrangeté D 1869.4(13) τ = 1040 (7) × 10 s ±1 (0, ±1, 0, 0) 1
2
0−
C = Charme D0 , D̄0 1864.8(5) τ = 410.3 (15) × 10−15 s 0 (0, ±1, 0, 0) 1
2
0−
h = Bottom ou Beauté
B D∗ (2007)0 2006.7(5) < 2.1 0 (0, ±1, 0, 0) 1
2
0−
T = Top ou Truth D∗ (2010)± 2010.0(5) 0.096 (22) ±1 (0, ±1, 0, 0) 1
2
0−
Y = Hypercharge forte D1 , D̄1 (2420)0 2422.2 (18)
(+46)
18.9(−35) 0 (0, ±1, 0, 0) 1
1+
h+T 2
=B+ S+C +B
D2 , D̄2 (2460)0 2458.9 (20) 23 (5) 0 (0, ±1, 0, 0) 1
2+
I G = (Isospin fort)Parité G 2
I3 = 3e composante de I
= Q − 12 Y
I W = Isospin faible
I3W = 3e composante de I W Mésons étranges charmés S = C = ±1
R, L = Hélicité gauche, droite Le , Lμ , Lτ , B, S, B, T, I3 = 0
J P C = SpinParité, Parité C Ds+ = cs̄, Ds− = c̄d, Ds∗+ = cs̄, Ds∗− = c̄d
Notation : M (MeV) Γ (MeV) ou τ Q (S, C, B, T ) IG JPC
L’incertitude sur la masse est entre parenthèses, Ds± 1968.3(5) τ = 490 (9) × 10−15 s ±1 (±1, ±1, 0, 0) 0 0−
ex : 1383.7(10) MeV = 1383.7 ± 1.0 MeV/c2 Ds∗± 2112.1(7) < 1.9 ±1 (±1, ±1, 0, 0) 0
∗
DsJ (2317)± 2317.4 (9) < 4.6 ±1 (±1, ±1, 0, 0) 0 0+
DsJ (2460)± 1+
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260
Propriétés des particules Annexe J
261
Annexe J Particules, collisionneurs,...
Hadrons (baryons)
Baryons (S = 0, I = 12 )
1
Le , Lμ , Lτ , S, C, B, T = 0, B = 1, I3 = Q − 2
p, N + = uud, n, N 0 = udd
M (MeV) Γ (MeV) ou τ Q (S, C, B, T ) IG JPC
1+
p 938.27203(8) τ > 1031 − 1033 ans +1 (0, 0, 0, 0) 1
2 2
1 1+
n 939.56536(8) τ = 885.7 (8) s 0 (0, 0, 0, 0) 2 2
1 1+
N(1440) P11 1430 − 1470 250 − 450 +1, 0 (0, 0, 0, 0) 2 2
1 3−
N (1520) D13 1515 − 1530 110 − 135 +1, 0 (0, 0, 0, 0) 2 2
1 1−
N(1535) S11 1520 − 1555 100 − 200 +1, 0 (0, 0, 0, 0) 2 2
1 1−
N(1650) S11 1640 − 1680 145 − 190 +1, 0 (0, 0, 0, 0) 2 2
1 5−
N (1675) D15 1670 − 1685 140 − 180 +1, 0 (0, 0, 0, 0) 2 2
1 5+
N (1680) F15 1675 − 1690 120 − 140 +1, 0 (0, 0, 0, 0) 2 2
1 3−
N (1700) D13 1650 − 1750 50 − 150 +1, 0 (0, 0, 0, 0) 2 2
1 1+
N(1710) P11 1680 − 1740 50 − 250 +1, 0 (0, 0, 0, 0) 2 2
1 3+
N(1720) P13 1650 − 1750 100 − 200 +1, 0 (0, 0, 0, 0) 2 2
1 7−
N(2190) G17 2100 − 2200 350 − 550 +1, 0 (0, 0, 0, 0) 2 2
1 9+
N(2220) H19 2180 − 2310 320 − 550 +1, 0 (0, 0, 0, 0) 2 2
1 9+
N(2250) G19 2170 − 2310 290 − 470 +1, 0 (0, 0, 0, 0) 2 2
1 11 +
N(2600) I1,11 2550 − 2750 500 − 800 +1, 0 (0, 0, 0, 0) 2 2
Notation :
M = Masse (MeV)
Γ = Largeur de désintégration (MeV)
τ = Vie moyenne
Q = Charge électrique
Le = Nombre électronique
Lμ = Nombre muonique
Lτ = Nombre tauonique Baryons ∆ S = 0, I = 32
B = Nombre baryonique Le , Lμ , Lτ , S, C, B, T = 0, B = 1, I3 = Q − 12
S = Étrangeté ∆++
= uuu, ∆+ = uud, ∆0 = udd, ∆− = ddd
C = Charme
h = Bottom ou Beauté
B M (MeV) Γ (MeV) ou τ Q (S, C, B, T ) IG JPC
T = Top ou Truth 3 3+
∆(1232) P33 1232 − 1234 115 − 125 +2, +1, 0 − 1 (0, 0, 0, 0) 2 2
Y = Hypercharge forte ∆(1600) P33 1550 − 1700 250 − 450 +2, +1, 0 − 1 (0, 0, 0, 0) 3 3+
=B+ S+C +B h+T 2
3
2
1−
∆(1620) S31 1615 − 1675 120 − 180 +2, +1, 0 − 1 (0, 0, 0, 0)
I G = (Isospin fort)Parité G 2
3
2
3−
I3 = 3e composante de I ∆(1700) D33 1670 − 1770 200 − 400 +2, +1, 0 − 1 (0, 0, 0, 0) 2 2
3 5+
= Q − 12 Y ∆(1905) F35 1870 − 1920 280 − 440 +2, +1, 0 − 1 (0, 0, 0, 0) 2 2
I W = Isospin faible ∆(1910) P31 1870 − 1920 190 − 270 +2, +1, 0 − 1 (0, 0, 0, 0) 3 1+
2 2
I3W = 3e composante de I W 3 3+
R, L = Hélicité gauche, droite
∆(1920) P33 1900 − 1970 150 − 300 +2, +1, 0 − 1 (0, 0, 0, 0) 2 2
3 5−
J P C = SpinParité, Parité C ∆(1930) D35 1920 − 1970 250 − 450 +2, +1, 0 − 1 (0, 0, 0, 0) 2 2
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3 7+
∆(1950) F37 1940 − 1960 290 − 350 +2, +1, 0 − 1 (0, 0, 0, 0) 2 2
Notation : ∆(2420) H3,11 2300 − 2500 300 − 500 +2, +1, 0 − 1 (0, 0, 0, 0) 3 11 +
L’incertitude sur la masse est entre parenthèses, 2 2
Baryons exotiques
Le , Lμ , Lτ , C, B, T, B = 1, I3 = Q − 12 (1 + S)
Θ+ = uudds̄, φ−− = ssddū, φ+ = ssuud¯
M (MeV) Γ (MeV) ou τ Q (S, C, B, T ) IG JPC
Θ (1450)+ 1539.2 (16) 0.90 (30) +1 (1, 0, 0, 0) 0
262
Propriétés des particules Annexe J
Baryons Λ (S = −1, I = 0)
Le , Lμ , Lτ , C, B, T, I3 , Q = 0, B = 1
Λ0 = uds
M (MeV) Γ (MeV) ou τ Q (S, C, B, T ) IG JPC
1+
Λ 1115.683 (6) τ = 2.632 (20) × 10−10 s 0 (−1, 0, 0, 0) 0 2
1−
Λ (1405) S01 1406 (4) 50.0 (20) 0 (−1, 0, 0, 0) 0 2
3−
Λ (1520) D01 1519.5 (10) 15.6 (10) 0 (−1, 0, 0, 0) 0 2
1+
Λ (1600) P01 1560 − 1700 50 − 250 0 (−1, 0, 0, 0) 0 2
1−
Λ (1670) S01 1660 − 1680 25 − 50 0 (−1, 0, 0, 0) 0 2
3−
Λ (1690) D03 1685 − 1695 50 − 70 0 (−1, 0, 0, 0) 0 2
1−
Λ (1800) S01 1720 − 1850 200 − 400 0 (−1, 0, 0, 0) 0 2
1+
Λ (1810) P01 1750 − 1850 50 − 250 0 (−1, 0, 0, 0) 0 2
5+
Λ (1820) F05 1815 − 1825 70 − 90 0 (−1, 0, 0, 0) 0 2
5−
Λ (1830) D05 1810 − 1830 60 − 110 0 (−1, 0, 0, 0) 0 2
3+
Λ (1890) P03 1850 − 1910 60 − 200 0 (−1, 0, 0, 0) 0 2
7−
Λ (2100) G07 2090 − 2110 100 − 250 0 (−1, 0, 0, 0) 0 2
5+
Λ (2110) F05 2090 − 2140 150 − 250 0 (−1, 0, 0, 0) 0 2
9+
Λ (2350) H09 2340 − 2370 100 − 250 0 (−1, 0, 0, 0) 0 2
Notation :
M = Masse (MeV)
Γ = Largeur de désintégration (MeV)
τ = Vie moyenne
Baryons Σ (S = −1, I = 1) Q = Charge électrique
Le , Lμ , Lτ , C, B, T = 0, B = 1, I3 = Q Le = Nombre électronique
Σ+ = uus, Σ0 = uds, Σ− = dds Lμ = Nombre muonique
Lτ = Nombre tauonique
M (MeV) Γ (MeV) ou τ Q (S, C, B, T ) IG JPC B = Nombre baryonique
1+
Σ+ 1189.37 (7) 0.8018 (26) × 10−10 s +1 (−1, 0, 0, 0) 1 2
S = Étrangeté
Σ− 1197.449 (30) 1.479 (11) × 10−10 s −1 (−1, 0, 0, 0) 1 1+ C = Charme
2 h = Bottom ou Beauté
1+ B
Σ0 1192.642 (24) 7.4 (7) × 10−20 s 0 (−1, 0, 0, 0) 1 2
3+
T = Top ou Truth
Σ(1385)+ P13 1382.8 (4) 35.8 (8) +1 (−1, 0, 0, 0) 1 2 Y = Hypercharge forte
3+
Σ(1385)0 P13 1383.7 (10) 36 (5) −1 (−1, 0, 0, 0) 1 2 =B+ S+C +B h+T
3+ I G = (Isospin fort)Parité G
Σ(1385)− P13 1387.2 (5) 39.4 (21) 0 (−1, 0, 0, 0) 1 2
1+ I3 = 3e composante de I
Σ(1660) P11 1630 − 1690 40 − 200 ±1, 0 (−1, 0, 0, 0) 1 2
3−
= Q − 12 Y
Σ(1670) D13 1665 − 1685 40 − 80 ±1, 0 (−1, 0, 0, 0) 1 2 I W = Isospin faible
1−
Σ(1750) S11 1730 − 1800 60 − 160 ±1, 0 (−1, 0, 0, 0) 1 2 I3W = 3e composante de I W
5− R, L = Hélicité gauche, droite
Σ(1775) D15 1770 − 1780 105 − 135 ±1, 0 (−1, 0, 0, 0) 1 2
5+ J P C = SpinParité, Parité C
Σ(1915) F15 1900 − 1935 80 − 160 ±1, 0 (−1, 0, 0, 0) 1 2
3−
Σ(1940) D13 1900 − 1950 150 − 300 ±1, 0 (−1, 0, 0, 0) 1 2 Notation :
7− L’incertitude sur la masse est entre parenthèses,
Σ(2030) F17 2025 − 2040 150 − 200 ±1, 0 (−1, 0, 0, 0) 1 2
Σ(2250) D13 2210 − 2280 60 − 150 ±1, 0 (−1, 0, 0, 0) 1 ex : 1383.7(10) MeV = 1383.7 ± 1.0 MeV/c2
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Baryons Ξ S = −2, I = 12
1
Le , Lμ , Lτ , C, B, T, B = 1, I3 = Q + 2
Ξ0 = uss, Ξ− = dss
M (MeV) Γ (MeV) ou τ Q (S, C, B, T ) IG JPC
0 −10 1 1+
Ξ 1314.83 (20) τ = 2.90 (9) × 10 s 0 (−2, 0, 0, 0) 2 2
1+
Ξ− 1321.31 (13) τ = 1.639 (15) × 10−10 s −1 (−2, 0, 0, 0) 1
2 2
3+
Ξ(1530)0 1531.80 (32) 9.1 (5) 0 (−2, 0, 0, 0) 1
2 2
(+17) 3+
Ξ(1530)− 1535.0 (6) 9.9(−19) −1 (−2, 0, 0, 0) 1
2 2
1
Ξ(1690) 1690 (10) < 30 −1, 0 (−2, 0, 0, 0) 2
(+15) 1 3−
Ξ(1820) D13 1823 (5) 24(−10) ±1, 0 (−2, 0, 0, 0) 2 2
1
Ξ(1950) 1950 (15) 60 (20) ±1, 0 (−2, 0, 0, 0) 2
(+15) 1 5
Ξ(2030) 2025 (5) 24(−5) ±1, 0 (−2, 0, 0, 0) 2
≥ 2
263
Annexe J Particules, collisionneurs,...
Baryons Ω (S = −3, I = 0)
Le , Lμ , Lτ , C, B, T, I3 = 0, B = 1, Q = −1
Ω− = sss
M (MeV) Γ (MeV) ou τ Q (S, C, B, T ) IG JPC
3+
Ω− 1672.45 (29) τ = 0.821 (11) × 10−10 s −1 (−3, 0, 0, 0) 0 2
Ω (2250)− 2252 (9) 55 (18) −1 (−3, 0, 0, 0) 0
Notation :
M = Masse (MeV)
Γ = Largeur de désintégration (MeV)
τ = Vie moyenne Baryons charmés (C = +1)
Q = Charge électrique Le , Lμ , Lτ , B, T = 0, B = 1, I3 = Q − 1
Le = Nombre électronique Λ+ ++
c = udc Σc = uuc , Σ+ 0
c = udc , Σc = ddc, Ξ+c = usc, Ξ0c = dsc, Ω− = ssc
Lμ = Nombre muonique
Lτ = Nombre tauonique M (MeV) Γ (MeV) ou τ Q (S, C, B, T ) IG JPC
B = Nombre baryonique Λ+ 2284.9(6) τ = 200 (6) × 10−15
s +1 (0, 1, 0, 0) 0 1+
c 2
S = Étrangeté + 1+
Λc (2593) 2593.9 (8) 308.9 (6) +1 (0, 1, 0, 0) 0
C = Charme 2
1+
h = Bottom ou Beauté
B Λc (2625)+ 2626.6 (8) 341.7 (6) +1 (0, 1, 0, 0) 0 2
1+
T = Top ou Truth Σc (2455)++ 2452.5(6) 2.23 (30) +2 (0, 1, 0, 0) 1 2
Y = Hypercharge forte 1+
Σc (2455)+ 2451.3(7) < 4.6 +1 (0, 1, 0, 0) 1 2
=B+ S+C +B h+T 1+
Σc (2455)0 2452.2(6) 2.2 (4) 0 (0, 1, 0, 0) 1 2
I G = (Isospin fort)Parité G 1+
I3 = 3e composante de I Σc (2520)++ 2519.4 (15) 18 (5) +2 (0, 1, 0, 0) 1 2
1+
= Q − 12 Y Σc (2520)+ 2515.9 (24) < 17 +1 (0, 1, 0, 0) 1 2
1+
I W = Isospin faible Σc (2520)0 2517.5 (14) 13 (5) 0 (0, 1, 0, 0) 1 2
I3W = 3e composante de I W Ξ+ 2466.3(14) τ = 442 (26) × 10−15 s +1 (0, 1, 0, 0) 1 1+
c 2 2
R, L = Hélicité gauche, droite (+13) 1+
J P C = SpinParité, Parité C Ξ0c 2471.8(14) τ = 112(−10) × 10−15 s 0 (0, 1, 0, 0) 1
2 2
1+
Ξ0+
c 2574.1 (33) +1 (0, 1, 0, 0) 1
2 2
Notation : 1+
Ξ00c 2578.8 (32) 0 (0, 1, 0, 0) 1
2 2
L’incertitude sur la masse est entre parenthèses, 3+
ex : 1383.7(10) MeV = 1383.7 ± 1.0 MeV/c2 Ξc (2645)+ 2647.4 (20) < 3.1 +1 (0, 1, 0, 0) 1
2 2
3+
Ξc (2645)0 2644.5 (18) < 5.5 0 (0, 1, 0, 0) 1
2 2
1−
Ξc (2790)+ 2790.0 (35) < 15 +1 (0, 1, 0, 0) 1
2 2
1−
Ξc (2790)0 2790(4) < 12 0 (0, 1, 0, 0) 1
2 2
3−
Ξc (2815)+ 2814.9 (18) < 3.5 +1 (0, 1, 0, 0) 1
2 2
3−
Ξc (2815)0 2819.0 (25) < 6.5 0 (0, 1, 0, 0) 1
2 2
1+
Ω0c 2697.5(26) τ = 69 (12) × 10−15 s 0 (−2, 1, 0, 0) 0 2
Baryons beaux B = −1
Le , Lμ , Lτ , S, C, T = 0, B = 1, I3 = Q
Λ+ ++
c = udc Σc = uuc , Σ+ 0
c = udc , Σc = ddc, Ξ+c = usc, Ξ0c = dsc, Ω− = ssc
M (MeV) Γ (MeV) ou τ Q (S, C, B, T ) IG JPC
1+
Λ0b 5624(9) τ = 1.229 (80) × 10−12 s 0 (0, 0, −1, 0) 0 2
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264
Collisionneurs Annexe J
J.2 Collisionneurs
Collisionneurs
Énergie Circonférence
Projet/Laboratoire
(GeV) (km)
CESR (1979)
e+ e− 6+6
Cornell–Ithaca,USA
PEP
15 + 15
SLAC–Stanford,USA
PEP-II (1999)
9 + 3.1
SLAC–Stanford,USA
PETRA (1992-)
23 + 23
DESY–Hambourg,All.
TRISTAN (1999)
30 + 30
Tsukuba–KEK,Japon
SLC (1989)
50 + 50
SLAC–Stanford,USA
LEP I et II (1990-) I : 45 + 45
26.659
CERN–Genève,Suisse II : 87 + 87
VLEPP ( ?) 500 + 500
INP–Serpukov,Russie 1000 + 1000
SppS (1981–1990)
pp̄, pp 315 6.911
CERN–Genève,Suisse
Tevatron (1987-)
900 + 900 6.28
Fermilab–Batavia,USA
LHC (~2007)
7000 + 7000 26.659
CERN–Genève,Suisse
HERA (1992-)
ep e : 30 + p : 820 6.336
DESY–Hambourg,All.
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265
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Index
Index
du pion, 103
Accélérateurs, 30 invariance, 103
circulaires, 31 parité totale, 102
linéaires, 30 Couleur
Annihilation e+ e− , 197 évidence expérimentale, 139
Antiparticule, 14 fonctions d’onde, 139
groupe SU (3), 138
Baryons, 132 nombre quantique, 138
charmés, 149 Courants neutres, 175
masse, 141 CP
moments magnétiques, 143 violation de, 188
Bosons, 13 Création de paires, 38
Bottom
nombre quantique, 100 Dalitz
quarks, 100 diagramme de, 66
diagrammes de , 109
Cabbibo Description
angle de, 183 des interactions, 56
Calorimètre, 43 de Heisenberg, 57
Chambre de Schrödinger, 56
à streamer, 39 Désintégration
à bulles, 41 du proton, 213
à dérive, 41 largeur de, 63
à flash, 39 Détecteurs, 36
à fils, 39 à rayonnement de transition, 43
d’ionisation, 38 calorimètre, 43
de Wilson, 41 chambre à bulles, 41
Champs chambre à dérive , 41
théorie quantique des, 13 chambre à fils, 39
Charge faible, 179 chambre à flash, 39
Charme chambre à streamer, 39
nombre quantique, 99 chambre d’ionisation, 38
quarks, 147 chambre de Wilson, 41
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267
Index
équation de, 12, 253 interaction V − A, 174
Dirac Interactions fortes, 21
matrices de, 12 autres saveurs, 99
Divergences, 207 QCD, 191
Drell-Yan résiduelles, 22
processus de, 203 Interactions gravitationnelles, 22
Interactions électromagnétiques, 18, 159
Effet Compton, 38 succès de QED, 167
Effet photoélectrique, 38 Invariance d’échelle, 192
Émulsion photographique, 41 Invariance de jauge, 84, 168
Espace de phase, 59, 64, 108, 109 Invariance par C, 103
Étrangeté Ionisation, 36
nombre quantique, 98 Isospin, 93
conservation, 97
Facteur de forme, 161, 165
Fermi Jets, 198
Théorie de, 174
Fermions, 13 Physique du K 0 , 185
Feynman Klein-Gordon
diagrammes de, 16, 67 équation de , 12
règles de, 16, 67 Kobayashi-Maskawa
Fonctions de structure, 201 matrice de, 183
Formalisme quadridimensionnel, 8
Leptons, 3
Gell-Mann-Nishijima, relation, 96, 101 Liberté asymptotique, 195
Modèle GIM, 184 Lois de conservation
Gravité quantique, 221 charge électrique, 91
Groupes nombre baryonique, 93
de rotation en 2D, 120 nombre életronique, 92
de rotation en 3D, 121 nombre leptonique total, 92
de Lie, 116 nombre muonique, 92
poids, 119 nombre tauonique, 92
propriétés, 115
racines, 119 Mandelstam, variables de, 51
rang, 118 Masse
représentations, 116, 126, 127, 130 baryons, 141
SU (2), 95, 122 mésons, 141
SU (3), 124 Matière, 3
SU (N), 122, 126 Matrice
tableaux de Young, 127 éléments de, 58
théorie des, 114 Matrice de diffusion, 58
U (1), 121 Matrice de transition, 58
Mécanique quantique relativiste, 11
Hadrons, 4 Mésons
Heisenberg charmés, 147
description, 57 masse, 141
Higgs moments magnétiques, 143
mécanisme de, 181 pseudo-scalaires, 134
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268
Index
Nombre muonique, 92 équation d’onde , 11
Nombre tauonique, 92 Section efficace, 60
Supercordes, 222
Parité, 78 Supersymétrie, 218
des antiparticules, 80 Symétrie SU(2), 95
conservation de la, 80 Symétries, 73
intrinsèque, 79 Synchrotrons, 31
non-conservation de la, 176 Système à 4 corps
orbitale, 79 centre de masse, 53
Parité de charge totale, 102 laboratoire, 53
Parité-G, 105 Système
Partons, 193 d’unités naturelles, 6
invariance d’échelle, 193
Photon, 86, 103 Technicouleur, 216
Pion, 103 Théorème CPT , 105
Propagateur, 16 Top
nombre quantique, 100
Quarks, 4
quarks, 100
bottom, 100
Transformation de jauge, 85
charme, 99, 147
invariance par, 85
confinement des, 195
Translation, invariance par, 75
diagrammes de, 146
étrange, 98
Unification des forces, 210
existence, 204
Unification
modèle des, 113, 126, 201
des forces, 207
top, 100
grande unification, 210
Radioactivité, 29 modèle SO(10), 215
Rapidité, 54 modèle SU (5), 212
Rayonnement de freinage, 37 modèle d’Abbott et Farhi, 218
Rayons cosmiques, 29 modèle Pati et Salam, 216
Relativité restreinte, 249 modèles composites, 217
Renormalisabilité, 207
Renversement du temps, 82 Vie moyenne, 63
opérateur T , 82 Violation d’échelle, 204
Résonances, 107 Violation de CP, 105
Rotation, invariance par, 76
Yukawa
Schrödinger approche de, 15
description, 56 potentiel de, 15
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269
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Table des matières
Avant-propos v
1 NOTIONS DE BASE 1
1.1 Un bref historique 1
1.2 Survol rapide 3
Matière 3
Les types d’interaction 5
1.3 Système d’unités naturelles 6
1.4 Relativité et formalisme quadridimensionnel 8
1.5 Notions de physique quantique 11
Mécanique quantique relativiste 11
Bosons et fermions 13
Particule-antiparticule 14
Matière et antimatière 14
Interactions versus champs 15
1.6 Forces et interactions 18
Interactions électromagnétiques 18
Interactions faibles 20
Interactions fortes 21
Interactions gravitationnelles 22
Tableau récapitulatif 23
1.7 Le Modèle Standard 23
Sommaire 24
1.8 Exercices 26
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2 SOURCES ET DÉTECTEURS 29
2.1 Sources 29
Radioactivité 29
Rayons cosmiques 29
Accélérateurs 30
2.2 Détecteurs 36
La physique du détecteur 36
Instruments de détection 38
2.3 Les principales expériences en cours 48
2.4 Exercices 49
271
Table des matières
3.1 Cinématique d’une réaction – Variables de Mandelstam 51
Repère du centre de masse (4 corps) 53
Repère de la cible fixe(4 corps) 53
La rapidité 54
3.2 Les interactions en mécanique quantique 55
3.3 La matrice de diffusion, S 58
3.4 Espace de phase 59
3.5 Section efficace 60
Diffusion (4 corps) 61
3.6 Largeur de désintégration et vie moyenne 63
Désintégration en 2 corps 64
Désintégration en 3 corps 64
3.7 Calcul des éléments de matrice 66
Modèle théorique (prototype QED) 67
Règles et diagrammes de Feynman 67
Calcul des éléments de matrice 70
3.8 Exercices 71
4 SYMÉTRIES DE L’ESPACE-TEMPS 73
4.1 Symétries en mécanique quantique 73
4.2 Invariance par translation 75
4.3 Rotation en trois dimensions 76
4.4 Parité 78
Parité orbitale 79
Parité intrinsèque 79
Conservation de la parité totale 80
Parité des antiparticules 80
Exemples 81
4.5 Renversement du temps 82
L’opérateur de renversement du temps, T 82
Application : le bilan détaillé 83
4.6 Invariance de jauge 84
Transformation de jauge 85
Les photons 86
4.7 Exercices 89
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272
Table des matières
5.3 Étrangeté 98
5.4 Autres saveurs 99
Charme 99
Bottom 100
Top 100
La relation de Gell-Mann-Nishijima généralisée 101
273
Table des matières
7.1 Diffusion (non-polarisée) e−Noyau 159
7.2 Processus avec spin 163
Notions de spin 163
Diffusion polarisée e−Noyau 163
7.3 Diffusion e − N 164
7.4 Processus purement leptoniques en QED 165
Processus e+ e− → μ+ μ− 165
Diffusion de Bhabha : e+ e− → e+ e− 166
7.5 Corrections radiatives 167
Moments magnétiques leptoniques 167
Structure hyperfine 168
7.6 Symétries de jauge : Une approche plus formelle 168
Formalisme lagrangien 169
Théorème de Noether et invariance de jauge globale 169
L’invariance de jauge locale en QED 170
274
Table des matières
9.7 Modèle des quarks-partons et fonctions de structure 202
9.8 Collisions hadron-hadron 204
9.9 Violation d’échelle 206
9.10 Existence des quarks 206
9.11 Exercices 207
A Références 229
B Prix Nobel de physique 233
C Notation 239
D Unités SI 241
Facteurs de conversion 242
275
Table des matières
J Particules, collisionneurs,... 257
J.1 Propriétés des particules 257
J.2 Collisionneurs 265
Index 267
Table des matières 271
276