RPEDP
RPEDP
RPEDP
partielles
David Manceau
2
TABLE DES MATIÈRES 3
Introduction 7
3 Problèmes hyperboliques 31
3.1 Définitions et solution explicite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
3.2 Méthode numérique : approche formelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
3.3 Consistance, stabilité et convergence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
3.4 Étude de la stabilité par analyse de Fourier . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
3.5 Exemples de schémas . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
3.5.1 Le schéma explicite centré . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
3.5.2 Les schémas explicites décentrés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
3.5.3 Le schéma de Lax . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
3.5.4 Le schéma implicite centré . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
3.5.5 Le schéma de Lax-Wendroff . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
4 Problèmes paraboliques 41
4.1 Propriétés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
4.2 Exemples de schémas . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
4.2.1 Le schéma explicite centré . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
4.2.2 Le schéma implicite centré . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43
4.2.3 Le θ-schéma et le schéma de Crank-Nicholson . . . . . . . . . . . . 44
4 TABLE DES MATIÈRES
7 Espaces de Sobolev 63
7.1 Définitions et propriétés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
7.2 L’espace H01 (Ω) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66
7.3 Traces et formules de Green . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
7.4 Théorème de compacité de Rellich et applications . . . . . . . . . . . . . . 70
7.5 Dualité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72
9 Approximation variationnelle 87
9.1 Approximation interne et système matriciel équivalent . . . . . . . . . . . . 87
9.2 Convergence de la méthode . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88
Bibliographie 131
6 TABLE DES MATIÈRES
TABLE DES MATIÈRES 7
Introduction
Au = f dans Ω, (1)
Chapitre 1
c ∂t u = f − div(q).
10 Chapitre 1 : Exemples classiques d’e.d.p.
u = ∇ϕ.
Remarque 1.1.2. L’égalité rot(∇·) = 0 a toujours lieu. Par contre, la réciproque nécessite
de se placer dans un ouvert simplement connexe.
Puisque div(u) = 0 et u = ∇ϕ, on en déduit que ϕ vérifie l’équation de Laplace
∆ϕ = 0, dans Ω,
Soit F le flux de voitures par unité de temps qui passent à l’instant t au point x, i.e.
moyenne du nombre de voitures passant en x. Par conservation de la masse, la variation
en temps de la masse totale est égale au flux rentrant moins le flux sortant, i.e.
Z 1
∂t M (t) = F (t, 0) − F (t, 1) = − ∂x F (t, y) dy.
0
R1
Puisque ∂t M (t) = 0 ∂t u(t, x) dx, on en déduit (formellement) l’équation de conserva-
tion
∂t u + ∂x F = 0 dans [0, 1].
Or Le flux F est une fonction de la densité u : F (t, x) = f (u(t, x)). En supposant que
chaque voiture roule à une vitesse moyenne constante v, on a F (t, x) = v u(x) et l’on
obtient l’équation de transport (ou d’advection) de vitesse v :
0 1
f (t, x) u(t, x)
L’équation étant de degré 2 en temps, il est nécessaire d’ajouter deux conditions initiales :
u(t = 0, x) = u0 (x) pour x ∈ [0, L],
(1.1.9)
∂t u(t = 0, x) = u1 (x) pour x ∈ [0, L].
A(u) = f. (1.2.1)
Lorsque A est une application linéaire (ce qui sera toujours le cas dans ce cours) l’e.d.p.
sera dite linéaire (et non linéaire le cas échéant).
Définition 1.2.1. Le problème (1.2.1) est dit bien posé si pour toute donnée f il existe
une solution unique u, et si cette solution dépend continûment de f .
Remarque 1.2.2. Cette définition contient trois conditions dont on donne ici l’impor-
tance pour la résolution numérique.
1. Existence d’une solution, sans quoi l’élaboration d’une méthode numérique n’aurait
pas d’intérêt.
2. L’unicité de la solution, assure que si la méthode numérique converge alors celle-ci
converge vers la “bonne” solution.
3. La continuité de la solution par rapport aux données. Cette dernière condition est
très importante numériquement puisque dans le cadre d’une méthode numérique les
données du problèmes sont elles même approchées. Ainsi, si la solution du problème
n’est pas continue par rapport aux données, le fait d’approcher ces données peut
amener à fortement perturber la solution à calculer. La continuité assure qu’une
légère perturbation des données n’entraînera qu’une faible perturbation de la solu-
tion.
Définition 1.2.3. On appelle ordre d’une équation aux dérivées partielles l’ordre de la
plus grande dérivée apparaissant dans l’équation.
On donne ci-dessous une classification des e.d.p. linéaires du second ordre portant sur
des fonctions de deux variables réelles u(x, y). Une telle équation s’écrit
a ∂x2 u + b ∂xy
2
u + c ∂y2 u + d ∂x u + e ∂y u + f u = g, (1.2.2)
Première partie
Chapitre 2
Problèmes elliptiques
Pour la méthode des différences finies, on considère un pas de maillage constant, i.e.
h = hi , ∀ i = 0, . . . , N.
20 Chapitre 2 : Problèmes elliptiques
u(xi+1 ) = u(xi + h)
h2 00
= u(xi ) + h u0 (xi ) + u (xi ) + O(h3 ),
2
et
u(xi−1 ) = u(xi − h)
h2 00
= u(xi ) − h u0 (xi ) +
u (xi ) + O(h3 ),
2
où |O(h3 )| ≤ c h3 où c est une constante indépendante de h. En additionnant les deux
égalités précédentes, on obtient l’expression suivante pour u00 (xi ) :
Remarque 2.1.2. Ce choix d’approximation n’est pas unique, il est celui qui détermine
le schéma numérique considéré. Dans notre cas le schéma sera dit centré car il fait
intervenir i − 1 et i + 1, d’où une symétrie par rapport à l’indice i.
1 −2 1 . . . 0
..
.
1 .. . . . . . ..
..
.
Ah = − 2 . .
et bh =
. . (2.1.7)
h .. ... ...
..
. 1
.
0 . . . . . . 1 −2 f (xN )
Ainsi, on a la méthode suivante pour obtenir une approximation numérique de la solution u
de (2.1.1) :
1. On choisit un pas de maillage h > 0 petit (détermine la subdivision (xi )i=0,...,N +1 ).
2. On détermine une approximation de u00 (xi ) par les développements de Taylor,
3. On en déduit un système matriciel Ah Uh = bh dont la solution Uh = (u1 , . . . , uN )T
approche le vecteur (u(x1 ), . . . , u(xN ))T .
4. On résout le système Ah Uh = bh .
Exemple 2.1.3. On donne dans la figure 2.1 les graphes obtenus pour f = 2 suivant le
nombre de points de discrétisation choisi, ainsi que le graphe de la solution exacte.
Remarque 2.1.4. Le choix du pas de maillage h détermine le nombre N + 2 de points
de discrétisation. Ainsi, si h est très petit, le nombre N + 2 de points considérés est très
grand et l’approximation Uh est une meilleure représentation de la solution u. Dans la
pratique, un pas de maillage h trop petit peut entraîner un coût de calcul prohibitif et
il est donc nécessaire de déterminer un pas de maillage suffisamment petit pour obtenir
une bonne approximation sans que le temps de calcul soit trop long.
22 Chapitre 2 : Problèmes elliptiques
Remarque 2.1.5. Les deux premiers points forment une version discrète de la notion de
problème bien posé d’Hadamard. Le premier point est logique du fait que l’on cherche à
déterminer Uh , d’où la nécessité d’existence. L’unicité est utile pour obtenir le Uh cherché
(et non une autre solution). Le deuxième point est particulièrement important car en
pratique le vecteur bh est obtenu en calculant des valeurs approchées des f (xi ), ainsi on
commet une légère erreur sur bh . La continuité de Uh par rapport à bh permet de s’assurer
que la légère erreur commise sur bh n’entraîne qu’une légère erreur sur Uh .
Uk = min Ui .
i=1,...,N
U2 − 2 U1
− ≥ 0,
h2
d’où
U2 ≤ 2 U1 .
Or U1 = min Ui ≤ U2 donc 2 U1 ≤ U2 + U1 < U2 car U1 < 0. Finalement U2 < U2 :
impossible. Pour k = N on procède de la même manière. Pour 1 < k < N , (AU )k = bk ≥ 0
entraîne
Uk+1 − 2 Uk + Uk−1
− ≥ 0,
h2
d’où
(Uk+1 − Uk ) + (Uk−1 − Uk ) ≤ 0.
Or Uk+1 − Uk ≥ 0 et Uk−1 − Uk ≥ 0 donc (Uk+1 − Uk ) + (Uk−1 − Uk ) = 0. Alors Uk =
Uk−1 = Uk+1 , en réitérant le même raisonnement sur k − 1 on aboutit au cas k = 1 vu
précédemment. L’hypothèse Uk < 0 est donc fausse, d’où Uk ≥ 0. Alors 0 ≤ Uk ≤ Ui pour
tout i = 1, . . . , N .
Remarque 2.2.3. Le principe du maximum discret est l’ingrédient clé pour la démonstra-
tion de la Proposition 2.2.2. C’est une méthode classique pour les schémas numériques des
e.d.p. elliptiques de démontrer un principe du maximum discret et d’en déduire l’existence
et unicité du problème discret.
24 Chapitre 2 : Problèmes elliptiques
Remarque 2.2.4. Une autre preuve consiste à montrer que Ah est symétrique définie po-
sitive. Cette propriété permet de plus d’utiliser la méthode de Cholesky pour la résolution
numérique du système Ah Uh = bh .
max |ri | ≤ C hp .
i=1,...,N
Lemme 2.2.7. Si la solution exacte u de (2.1.1) vérifie u ∈ C 4 (0, 1) alors le schéma (2.1.6)
est consistant d’ordre 2. Précisément, on a
h2
|ri | ≤ max |u(4) (x)|, ∀ i = 1, . . . , N. (2.2.2)
12 x∈[0,1]
h2 00 h3 000 h4 (4)
u(xi+1 ) = u(xi ) + h u0 (xi ) + u (xi ) + u (xi ) + u (ξi ),
2 6 24
h4
où ξi ∈ [0, 1]. Le dernier terme 24
u(4) (ξi ) est le reste de la formule de Taylor. De même,
on a
h2 00 h3 000 h4 (4)
u(xi−1 ) = u(xi ) − h u0 (xi ) + u (xi ) − u (xi ) + u (νi ),
2 6 24
2.2 Justification des calculs : consistance, stabilité et convergence 25
Proposition 2.2.11. Le schéma numérique (2.1.6) est stable pour la norme || · ||∞ . En
particulier, on a kA−1
h k∞ ≤ 1/8.
Il suffit donc de montrer qu’il existe une constante C indépendante de h telle que ||A−1
h ||∞ ≤ C.
T N −1 N ×N
On note e = (1, . . . , 1) ∈ R et A = (bij ) ∈ R , on a
N
−1
X
kA ek∞ = max |(Be)i | = max | bij |.
1≤i≤N 1≤i≤N
j=1
Remarque 2.2.12. le schéma (2.1.6) est dit inconditionnellement stable car il n’est
pas nécessaire de fixer une condition sur le pas h pour avoir la stabilité.
Définition 2.2.13. Pour un schéma numérique Ah Uh = bh de l’équation (2.1.1), on ap-
pelle erreur de discrétisation (ou de convergence) le vecteur e ∈ RN dont les coefficients
sont
ei := u(xi ) − ui , ∀ i = 1, . . . , N,
où u est la solution exacte de (2.1.1). De plus, on dit que le schéma numérique converge
en norme || · || si l’erreur de discrétisation tend vers 0 en norme || · || lorsque le pas h tend
vers 0.
Exemple 2.2.14. Sur la figure 2.2 on a tracé kek∞ suivant le nombre de points de
discrétisations N + 2 (ici N + 2 varie de 2 à 50) pour f (x) := π sin(πx).
Théorème 2.2.15. Soit u la solution exacte de (2.1.1) et Uh la solution du schéma
numérique (2.1.6). On suppose u ∈ C 4 (0, 1). Alors, l’erreur de discrétisation vérifie
h2 (4)
||u ||∞ .
||e||∞ ≤
96
Donc le schéma numérique (2.1.6) converge en norme || · ||∞ et est d’ordre 2.
Démonstration. On pose U := (u(x1 ), . . . , u(xN ))T . Alors, ||e||∞ = ||U − Uh ||∞ . Par
définition de l’erreur de consistance R, on a
R = Ah U − bh = Ah (U − Uh ) car Ah Uh = bh .
Donc U − Uh = A−1
h R. Alors, d’après le Lemme 2.2.7 et la Proposition 2.2.11, on obtient
h2 (4)
||e||∞ = ||A−1 −1
h R||∞ ≤ ||Ah ||∞ ||R||∞ = ||u ||∞
96
2.3 Problèmes elliptiques en dimension supérieure à 1 27
Remarque 2.2.16.
1. La stratégie employée est classique : on étudie la consistance puis la stabilité du
schéma et cela permet d’en déduire la convergence.
2. L’ordre de convergence du schéma est important pour comparer différents schémas.
Le pas h étant petit (donc inférieur à 1), la quantité hp est d’autant plus petite
que p est grand. Ainsi l’ordre de convergence d’un schéma détermine sa vitesse de
convergence.
3. La constante de stabilité permet de déterminer l’erreur commise en approchant le
second membre.
En effet, supposons que l’on ne puisse pas calculer explicitement f (xi ) mais en obtenir
une valeur approchée. Alors on obtient un second membre
(ch )i = f (xi ) + εi ,
xi := i h et yj := j h,
où 0 ≤ i, j ≤ N + 1, h := 1/(N + 1) et N ∈ N.
Remarque 2.3.1. La méthode des différences finies nécessite de considérer un domaine Ω
rectangulaire du fait du type de maillage considéré (pour des extensions à des domaines
non rectangulaires voir, par exemple, [3] page 242).
On va déterminer ui,j qui approche u(xi , yj ). Par le développement de Taylor, on a
u(xi+1 , yj ) − 2u(xi , yj ) + u(xi−1 , yj )
∂x2 u(xi , yj ) = 2
+ O(h3 ),
h
et
u(xi , yj+1 ) − 2u(xi , yj ) + u(xi , yj−1 )
∂y2 u(xi , yj ) = + O(h3 ).
h2
Un schéma numérique possible est alors de considérer l’approximation suivante de ∆u(xi , xj )
−4ui,j + ui+1,j + ui−1,j + ui,j+1 + ui,j−1
∆h ui,j = .
h2
Avec cette notation, le problème discrétisé est : trouver ui,j tels que
(
−∆h ui,j = f (xi , yj ) pour 1 ≤ i, j ≤ N,
(2.3.2)
u0,j = uN +1,j = ui,0 = ui,N +1 = 0 pour 1 ≤ i, j ≤ N,
avec
−4 1 0 ... 0
1 −4 1 . . . 0
.. . . . . . . .
. ..
B= . . . ∈ RN ×N et C = IN ∈ RN ×N .
.. .. ..
. . . 1
0 . . . . . . 1 −4
Tout les résultats de consistance, stabilité et convergence du cas de la dimension 1
s’adaptent sans modification majeur.
Exemple 2.3.2. Soit u(x, y) := −x(x − 1)y(y − 1) exp(xy) et f = −∆u, de sorte que u
est solution de (2.3.1). Sur la figure 2.3, on a tracé les isovaleurs de l’approximation de u
donnée par (2.3.2) pour un pas d’espace h = 0.02 que l’on compare à la solution exacte u.
Figure 2.3 – Comparaison entre solution approchée et solution exacte pour le problème
de Dirichlet en dimension 2
Chapitre 3
Problèmes hyperboliques
Dans la suite, pour simplifier, on suppose a constant. La solution de (3.1.1) est alors
donnée par X(t, y) = at + y.
On sait que X(t, y) = at + y. Alors, sous les conditions de la Proposition 3.1.3, si u est
solution classique de (3.0.1), on a u(t, at + y) = u0 (y). On en déduit u(t, y) = u0 (y − at).
Ainsi, on obtient le résultat suivant :
32 Chapitre 3 : Problèmes hyperboliques
Ce schéma peut encore s’écrire sous la forme (en laissant de coté la condition initiale)
∆t
un+1
j = unj + a (un − unj−1 ). (3.2.2)
2∆x j+1
Il est dit explicite en temps (le terme en n + 1 est donné en fonction de n) et centré en
espace.
Remarque 3.3.3. Par exemple, pour le schéma (3.2.1), à partir de l’expression (3.2.2)
on a (au point xj )
1 n
rjn = (ũ − (E∆ ũn−1 )j )
∆t j
u(tn , xj ) − u(tn−1 , xj ) u(tn−1 , xj+1 ) − u(tn−1 , xj−1 )
= +a .
∆t 2∆x
Autrement dit, on obtient que rjn est l’erreur commise en remplaçant unj par u(tn , xj ), ce
qui est conforme à la définition donnée dans le chapitre précédent.
Si n = 0, puisque ũ0 = u0 , on a
ũ0 − u0
r0 = = 0,
∆t
34 Chapitre 3 : Problèmes hyperboliques
alors on obtient n
n n n−k k
X
ũ − u = ∆t E∆ r .
k=1
n
n−k k n−k k
||ũn − un || ≤ ∆t
X
||E∆ r || ≤ n∆t max ||E∆ r ||
1≤k≤n
k=1
n−k k
≤ T max ||E∆ r ||.
1≤k≤n
Si le schéma est stable pour la norme || · ||, alors il existe une constante c indépendante
n 0
de n, ∆t et ∆x telle que pour toute condition initiale u0 , on a ||E∆ u || ≤ c ||u0 ||. En
particulier, on obtient
n−k k
||E∆ r || ≤ c ||rk ||.
Si le schéma est consistant d’ordre p pour la norme || · || alors on a ||rn || ≤ c |∆x|p où c
est une constante indépendante de n, ∆t et ∆x.
Finalement, on obtient que, si le schéma est consistant d’ordre p et stable pour la
norme || · ||, alors
||ũn − un || ≤ c T |∆x|p .
On a donc le résultat suivant :
On va voir dans la suite comment déterminer si un schéma du type (3.3.1) est stable
pour la norme l2 (Z).
Or F[v n (x+m∆x)](ξ) = eim∆xξ Fv n (ξ). Ainsi, par transformée de Fourier, le schéma (3.4.1)
s’écrit
k k
cm Fv n+1 (ξ)eim∆xξ = dm Fv n (ξ)eim∆xξ .
X X
m=−k m=−k
On en déduit
Fv n+1 (ξ) = g(ξ; ∆x, ∆t)Fv n (ξ),
où le coefficient d’amplification g(ξ; ∆x, ∆t) est donné par
k
dm eim∆xξ
X
m=−k
g(ξ; ∆x, ∆t) = k
.
im∆xξ
X
cm e
m=−k
d’où !n
n
||u ||l2 (Z) ≤ sup |g(ξ; ∆x, ∆t)| ||u0 ||l2 (Z) .
ξ∈R
On applique le lemme pour l’opérateur P défini par F(Pv 0 ) = Fv n = g(ξ; ∆x, ∆t)n Fv 0 .
On en déduit
||v n ||L2 (R) ||un ||l2 (Z)
sup |g(ξ; ∆x, ∆t)|n = sup = sup ≤ c.
v 0 ∈L2 (R)\{0} ||v ||L2 (R) u0 ∈l2 (Z)\{0} ||u ||l2 (Z)
0 0
ξ∈R
T
Alors, |g(ξ; ∆x, ∆t)|n ≤ c et donc, pour n = N = ∆t
, on a
∆t
|g(ξ; ∆x, ∆t)| ≤ c T ≤ 1 + M ∆t,
pour tout ξ ∈ R.
Remarque 3.4.3. Le critère de Von Neumann est une condition nécessaire et suffisante
donc celle-ci permet de montrer la stabilité d’un schéma numérique mais aussi son insta-
bilité.
Proposition 3.4.4. Le schéma à deux niveaux (3.2.2) est inconditionnellement instable
en norme l2 (Z) (et donc, à fortiori, en norme l∞ (Z)).
Démonstration. On a
∆t n
v n+1 (x) = v n (x) − a (v (x + ∆x) − v n (x − ∆x)),
2∆x
ce qui entraîne
λ
Fv n+1 (ξ) = (1 − (eiξ∆x − e−iξ∆x ))Fv n (ξ) = (1 − iλ sin(ξ∆x))Fv n (ξ).
2
∆t
où λ := a ∆x . On a donc pour coefficient d’amplification g(ξ; ∆t, ∆x) = 1 − iλ sin(ξ∆x).
On obtient
|g(ξ; ∆t, ∆x)|2 = 1 + λ2 sin2 (ξ∆x),
donc supξ∈R |g(ξ; ∆t, ∆x)| > 1 pour tout ∆x, ∆t > 0.
3.5 Exemples de schémas 37
un+1
j = unj − λ(unj+1 − unj ), pour a < 0,
un+1
j = unj − λ(unj − unj−1 ), pour a > 0.
∆t2 2 n
ũn+1
j = ũnj + ∆t ∂t ũnj + ∂ ũ + O(∆t3 ),
2 t j
et
∆x2 2 n
ũnj−1 = ũnj − ∆x ∂x ũnj + ∂x ũj + O(∆x3 ).
2
L’erreur de consistance au temps tn+1 et au point xj est donc
1 ∆t2 2 n
rjn+1 = ũnj + ∆t ∂t ũnj + ∂ ũ − ũnj + O(∆t3 )
∆t 2 t j
∆x2 2 n
+ λ(ũnj − ũnj + ∆x ∂x ũnj − ∂x ũj ) + O(∆x3 )
2
!
n ∆t 2 n 2 λ∆x n ∆x 2 n ∆x3
= ∂t ũj + ∂ ũ + O(∆t ) + (∂x ũj − ∂ ũ ) + O
2 t j ∆t 2 x j ∆t
!
∆t 2 n a∆x 2 n ∆x3
= ∂t ũnj + n
∂ ũ + a ∂x ũj − 2
∂ ũ + O ∆t +
2 t j 2 x j ∆t
!
a2 ∆t 2 n a∆x 2 n 2 ∆x3
= ∂x ũj − ∂ ũ + O ∆t + ,
2 2 x j ∆t
38 Chapitre 3 : Problèmes hyperboliques
Le coefficient d’amplification est donc g(ξ; ∆x, ∆t) = (1 − λ(1 − cos(ξ∆x)) − iλ sin(ξ∆x)).
On a
|g(ξ; ∆x, ∆t)|2 = (1 − λ(1 − cos(ξ∆x)))2 + λ2 sin(ξ∆x)2
= 1 + 2λ + 2λ2 − 2λ(λ − 1) cos(ξ∆x)
= 1 − 2λ(1 − λ)(1 − cos(ξ∆x)).
Comme 1 − cos(ξ∆x) ≥ 0, en étudiant le signe de λ(1 − λ) et le fait que λ > 0 (car a > 0),
on obtient
1 si λ ≤ 1,
max |g(ξ; ∆x, ∆t)| = q
ξ∈R 1 − 2λ(1 − λ) si λ > 1.
On en déduit que le schéma explicite décentré à gauche est stable en norme l2 (Z) sous la
condition dite C.F.L. (Courant-Friedrichs-Levy) :
∆t
λ=a ≤ 1.
∆x
pour la variable d’espace. Donc l’erreur de consistance au temps tn+1 et au point xj est
!
j 1 ∆t2 2 n ∆x2 2 n
rn+1 = ũnj + ∆t ∂t ũnj + ∂t ũj + O(∆t3 ) − ũnj − ∂ ũ + λ∆x ∂x ũnj + O(∆x3 ).
∆t 2 2 x j
!
∆t 2 n ∆x2 2 n ∆x3
= ∂t ũnj + a ∂x ũnj + ∂t ũj − ∂x ũj + O ∆t2 + .
2 2∆t ∆t
∆x
Or ∂t2 ũnj = a2 ∂x2 ũnj . Ainsi, en supposant le rapport ∆t
constant, on obtient
!
j a2 ∆t ∆x2
rn+1 = − ∂ 2 ũn + O(∆t2 + ∆x2 )
2 2∆t x j
!
a ∆x2
= a∆t − ∂ 2 ũn + O(∆t2 + ∆x2 )
2 a∆t x j
a 1
= λ− ∆x ∂x2 ũnj + O(∆t2 + ∆x2 )
2 λ
Le coefficient d’amplification est donc g(ξ; ∆x, δt) = cos(ξ∆x) − iλ sin(ξ∆x), d’où
On en déduit immédiatement que le schéma de Lax est stable en norme l2 (Z) si et seule-
ment si la condition C.F.L. λ ≤ 1 est vérifiée.
un+1
j − unj un+1 n+1
j+1 − uj−1
+a = 0.
∆t 2∆x
Celui-ci peut se réécrire
λ
unj = un+1
j + (un+1 − un+1
j−1 ),
2 j+1
soit encore un = A∆ un+1 où A∆ est un opérateur sur RZ . Ainsi, en inversant A∆ , on
retrouve bien un schéma a deux niveaux.
Consistance. On a
ũn+1 − ũnj
! !
j 1 ∆t2 2 n+1
= ũn+1 − ũ n+1
− ∆t ∂t ũn+1
+ ∂ ũ + O(∆t3 )
∆t ∆t j j j
2 t j
∆t 2 n+1
= ∂t ũn+1
j − ∂ ũ + O(∆t2 ),
2 t j
40 Chapitre 3 : Problèmes hyperboliques
et
ũn+1 n+1
j+1 − ũj−1
= ∂x ũn+1
j + O(∆x2 ).
2∆x
Donc l’erreur de consistance au temps tn+1 et au point xj est
∆t 2 n+1
rjn+1 = − ∂ ũ + O(∆x2 + ∆t2 ).
2 t j
Le schéma implicite est donc consistant d’ordre 1 en temps et 2 en espace.
Stabilité. Par transformée de Fourier, on obtient
Alors, on a
1
|g(ξ; ∆x, ∆t)|2 = ≤ 1.
1+ λ2 sin2 (ξ∆x)
Le schéma implicite centré est donc inconditionnellement stable en norme l2 (Z).
λ n λ2
un+1
j = unj − (uj+1 − unj−1 ) + (unj+1 − 2unj + unj−1 ).
2 2
Consistance. Par les mêmes calcul que précédemment, on obtient facilement que le schéma
est consistant d’ordre 2 en temps et en espace sous l’hypothèse ∆x ∆t
constant.
Stabilité. Par transformée de Fourier, on obtient le coefficient d’amplification
g(ξ; ∆x, ∆t) = 1 − iλ sin(∆xξ) + λ2 (cos(ξ∆x) − 1). On a alors
Donc (
1 + 4λ2 (λ2 − 1) si λ > 1
max |g(ξ; ∆x, ∆t)| =
ξ∈R 1 si λ ≤ 1.
D’après le critère de Von-Neumann, le schéma est donc stable en norme l2 (Z) sous la
condition C.F.L. λ ≤ 1.
41
Chapitre 4
Problèmes paraboliques
4.1 Propriétés
Dans ce chapitre, on étudie la résolution numérique par différences finies de l’équation
de la chaleur
∂t u − ∂x2 u = 0,
(t, x) ∈]0, T [×]0, 1[,
u(t = 0, x) = u0 (x), x ∈]0, 1[, (4.1.1)
u(t, 0) = u(t, 1) = 0, t ∈]0, T [,
Remarque 4.2.1. Pour tout les schémas numériques, les conditions initiales et aux limites
sont toujours les mêmes. On ne les rappellera plus pour les schémas suivants.
∆t
un+1
j = unj + λ(unj+1 − 2unj + unj−1 ), où λ := .
∆x2
Il s’agit donc d’un schéma à deux niveaux : un+1 = Aun où A ∈ RJ×J est donnée par
1 − 2λ λ 0 ... 0
λ 1 − 2λ λ . . . 0
.. .. .. .. ..
A :=
. . . . . .
.. .. ..
. . . λ
0 ... . . . λ 1 − 2λ
Contrairement au problème d’advection, A n’est plus un opérateur sur RZ mais une ma-
trice car on s’est placé dans l’intervalle borné [0, 1]. En pratique, pour résoudre numé-
riquement l’équation de la chaleur (4.1.1) il suffit de calculer pour n ∈ {1, . . . , N } les
itérées un = An u0 connaissant u0 = (u0 (xj ))1≤j≤J .
Consistance. Dans le cas des problèmes elliptiques on a montré que l’on a
1
2
(ũnj+1 − 2ũnj + ũnj−1 ) = ∂x2 ũnj + O(∆x).
∆x
L’erreur de consistance au temps tn+1 et au point xj est donc
∆t 2 n
rjn+1 = ∂t ũnj + ∂ ũ − ∂x2 ũnj + O(∆t2 + ∆x2 )
2 t j
∆t 2 n
= ∂ ũ + O(∆t2 + ∆x2 ).
2 t j
Le schéma est donc consistant d’ordre 1 en temps et 2 en espace.
Stabilité. On va étudier la stabilité l∞ du schéma. On a
un+1
j = unj + λ(unj+1 − 2unj + unj−1 ) = (1 − 2λ)unj + λunj+1 + λunj−1 .
4.2 Exemples de schémas 43
un+1
j ≤ (1 − 2λ)M (n) + λM (n) + λM (n) = M (n) .
On en déduit
max un+1
j ≤ max unj .
1≤j≤J 1≤j≤J
On obtient donc
max unj ≤ max u0j .
1≤j≤J 1≤j≤J
De même, on a
min unj ≤ min u0j ,
1≤j≤J 1≤j≤J
n 0
d’où ||u ||∞ ≤ ||u ||∞ (principe du maximum discret). Autrement dit, le schéma explicite
centré est stable l∞ sous la condition λ ≤ 21 .
unj = un+1
j − λ(un+1 n+1
j+1 − 2uj + un+1
j−1 ),
∆t
avec λ := ∆x 2 comme précédemment.
un+1
j0 = (1 + 2λ)un+1
j0 − λun+1 n+1 n+1
j0 −1 − λuj0 +1 ≥ (1 + 2λ)uj0 − λun+1
j0 − λun+1
j0 = un+1
j0 ,
un+1
j − unj un+1 − 2un+1 + un+1 unj−1 − 2unj + unj+1
− θ j−1 j j+1
− (1 − θ) =0 (4.2.3)
∆t ∆x2 ∆x2
Pour θ = 0, on obtient le schéma explicite et, pour θ = 1, on obtient le schéma implicite.
Démonstration. Partant des développements limités obtenus pour les schémas précédents,
l’erreur de consistance au temps tn+1 et au point xj est donnée par
∆t 2 n
rjn+1 = ∂t ũnj + ∂ ũ − θ∂x2 ũn+1 − (1 − θ)∂x2 ũnj + O(∆t2 + ∆x2 )
2 t j j
∆t 2 n
= ∂t ũnj − ∂x2 ũnj + ∂ ũ − θ(∂x2 ũn+1 − ∂x2 ũnj ) + O(∆t2 + ∆x2 )
2 t j j
∆t 2 n
= ∂t ũj − θ(∂x2 ũn+1
j − ∂x2 ũnj ) + O(∆t2 + ∆x2 ).
2
Or on a
∂x2 ũjn+1 = ∂x2 ũnj + ∆t ∂t ∂x2 ũnj + O(∆t2 ),
d’où
∆t 2 n
rjn+1 = ∂ ũ − θ∆t ∂t ∂x2 ũnj + O(∆t2 + ∆x2 )
2 t j
∆t n
= ∂t ∂t ũj − 2θ∂x2 ũnj + O(∆t2 + ∆x2 ).
2
Le terme ∂t ũnj −2θ∂x2 ũnj ne s’annulant (indépendamment de n et j) que si θ = 12 , on obtient
le résultat cherché.
Étant donné qu’établir un principe du maximum pour le θ-schéma peut s’avérer com-
plexe (dû à la dépendance suivant le paramètre θ), on va étudier la stabilité l2 du schéma.
On a le résultat suivant :
∆t
Proposition 4.2.3. Soit λ := ∆x2
. Le θ-schéma (4.2.3) est :
1. inconditionnellement stable en norme l2 si θ ≥ 21 ,
1
2. stable en norme l2 sous la condition λ ≤ 2(1−2θ)
si θ < 12 .
Fv n+1 (ξ) − Fv n (ξ) − 2θλ(cos(ξ∆x) − 1)Fv n+1 (ξ) − 2(1 − θ)λ(cos(ξ∆x) − 1)Fv n (ξ) = 0,
4.2 Exemples de schémas 45
d’où
En particulier,
|1 − 4(1 − θ)λ sin2 ( ξ∆x
2
)|
|g(ξ; ∆x, ∆t)| = 2 ξ∆x
.
1 + 4θλ sin ( 2 )
Si θ ≥ 12 , alors 1 − θ ≤ θ donc
et ! !
2 ξ∆x ξ∆x
4(1 − θ)λ sin − 1 ≤ 1 + 4θλ sin2 .
2 2
La première inégalité a toujours lieu, et, pour la seconde, on montre aisément que celle-ci
1
équivaut à la condition λ ≤ 2(1−2θ) .
46 Chapitre 4 : Problèmes paraboliques
47
Chapitre 5
O(∆t + ∆x2 ) si λ 6= 1
Explicite décentré aval (a < 0)
O(∆t2 + ∆x2 ) si λ = 1 stable l2 si λ ≤ 1
un+1
j = unj − λ(unj+1 − unj ) ∆t
∆x
constant
O(∆t + ∆x2 ) si λ 6= 1
Explicite décentré amont (a > 0)
O(∆t2 + ∆x2 ) si λ = 1 stable l2 si λ ≤ 1
un+1
j = unj − λ(unj − unj−1 ) ∆t
∆x
constant
Implicite centré
λ O(∆t + ∆x2 ) stable l2
unj = un+1
j + (un+1 − un+1
j−1 )
2 j+1
Lax-Wendroff
O(∆t2 + ∆x2 )
un+1
j = unj − λ2 (unj+1 − unj−1 ) ∆t stable l2 si λ ≤ 1
∆x
constant
λ2
+ 2
(unj+1 − 2unj + unj+1 )
Exercice 5.2.2. En considérant des conditions aux limites de Dirichlet, déterminer, pour
chacun des schémas du tableau 5.1, la matrice A.
Dans le cas du schéma implicite, on a U n = BU n+1 . Il faut alors vérifier que B est
inversible pour obtenir A telle que U n+1 = AU n .
un+1
j = α unj + β unj+1 + γ unj−1 ,
∂t2 u − ∂x2 u = f
dans ]0, T [×]0, 1[,
u(t, 0) = u(t, 1) = 0 pour t ∈]0, T [
u(t = 0) = u0 dans [0, 1],
∂t u(t = 0) = u1 dans [0, 1].
∂t U − A ∂x U = F, (5.2.3)
! !
0 1 f
où A = et F = . Déterminer pour l’équation (5.2.3) un schéma du type
1 0 0
Lax-Wendroff et montrer que celui-ci est d’ordre 2 en temps et en espace, et stable l2 .
5.3 Problèmes paraboliques 51
Explicite centré
O(∆t + ∆x2 ) stable l∞ si λ ≤ 1
2
un+1
j = unj + λ(unj+1 − 2unj + unj−1 )
Implicite centré
O(∆t + ∆x2 ) stable l∞
unj = un+1
j − λ(un+1 n+1
j+1 − 2uj + un+1
j−1 )
∂t u − ∂x2 u = 0,
(t, x) ∈]0, T [×]0, 1[,
u(t = 0, x) = u0 (x), x ∈]0, 1[, (5.3.1)
u(t, 0) = u(t, 1) = 0, t ∈]0, T [,
où la condition initiale u0 est donnée. Dans le tableau 5.2, on rappelle les résultats obtenus
∆t
pour les différents schémas étudiés (où on a posé λ := ∆x 2 ).
Remarque 5.3.1. Les remarques faites sur l’utilisation pratique des schémas des pro-
blèmes hyperboliques sont tout aussi valables pour le cas parabolique.
Exercice 5.3.2. Pour chacun des schémas du tableau 5.2, déterminer leur équivalent en
dimension 2 d’espace (se placer, par exemple, dans le cas x ∈ [0, 1]2 ). Dans le cas du
schéma implicite, un est donné en fonction de un+1 il faut donc inverser la matrice A telle
que un = Aun+1 . Déterminer cette matrice A en dimension 2 d’espace.
Deuxième partie
Chapitre 6
Introduction à la notion de
formulation variationnelle
Une fonction u vérifiant (6.1.2), pour toute ϕ ∈ Cc1 (R+ ∗ × R), est dite solution faible de
l’équation de transport (6.1.1).
Comme ϕ ∈ Cc1 (R+ ∗ × R), ϕ est bornée et donc pour que l’égalité (6.1.2) ait un sens il
suffit que u soit intégrable sur le support de ϕ. Ainsi, l’égalité (6.1.2) a un sens pour toute
fonction ϕ ∈ Cc1 (R+ 1 +
∗ × R) si u est intégrable sur tout compact, i.e. u ∈ Lloc (R∗ × R). La
56 Chapitre 6 : Introduction à la notion de formulation variationnelle
En général, on écrit f au lieu de Tf tant qu’il n’y a pas de confusion possible entre la
distribution et la fonction.
Définition 6.1.5.
1. Un multi-indice α est un k-uplet (α1 , . . . , αk ), avec k ≤ d, sa longueur est
|α| = α1 + · · · + αk et on note Dα l’opérateur différentiel défini par Dα = ∂xα11 ∂xα22 . . . ∂xαkk .
2. Soit Ω un ouvert de Rd et T ∈ D0 (Ω). Pour tout multi-indice α, Dα T désigne la
distribution définie par
∀ ϕ ∈ Cc∞ (Ω), < Dα T, ϕ > := (−1)|α| < T, Dα ϕ > . (6.1.4)
On dit que Dα T est la dérivée d’exposant α de T .
Exercice 6.1.6. Si f ∈ L1loc (R), la dérivée f 0 de f au sens des distributions est donnée
par
< f 0 , ϕ >= − < f, ϕ0 >, ∀ ϕ ∈ Cc∞ (R).
On a vu dans l’Exemple 6.1.1 que la formule d’intégration par parties est la base de
la définition d’une distribution sur R. Dans le cas de problèmes de dimension supérieure,
il est alors naturel de faire appel à une formule d’intégration par parties dans Rd , d > 1.
Ce qui est l’objet de la section suivante.
6.2 Les formules de Green 57
div(w) = ∇v · u + v div(u).
d−1 ∂
Z
=ρ v(ω)dσω
∂ρ ∂B1 (0)
∂ Z
= ρd−1 u(y + ρω) dσω .
∂ρ ∂B1 (0)
Par le second changement de variable ω = (x − y)/ρ, on obtient
" #
Z
∂u d−1 ∂ 1−d
Z
dσx = ρ ρ u(x) dσx .
∂Bρ (y) ∂ν ∂ρ ∂Bρ (y)
D’après (6.3.4) obtient u(y) = ωd−1 R1−d ∂BR (y) u(x) dσx , qui donne l’égalité (6.3.1). Pour
R
Démonstration. On montre maxx∈∂Ω u(x) = maxx∈Ω u(x) (l’autre égalité s’en déduit en
considérant −u).
Supposons : il existe y ∈ Ω tel que maxx∈Ω u(x) = u(y) = M . On pose
ΩM := {x ∈ Ω | u(x) = M }.
dans BR (z). On en déduit BR (z) ⊂ ΩM donc ΩM est ouvert dans Ω. Finalement, ΩM est
un ouvert fermé non vide de Ω connexe donc ΩM = Ω, d’où u = M dans Ω. En conclusion,
on en déduit soit maxx∈∂Ω u(x) = maxx∈Ω u(x) soit u est constante.
On en déduit l’unicité d’une solution régulière du problème de Dirichlet :
Théorème 6.3.4. Si Ω est connexe et u ∈ C 2 (Ω) est solution de
(
−∆u = f dans Ω,
(6.3.5)
u = g sur ∂Ω,
d’où w = 0 dans Ω.
On suppose que u ∈ C 2 (Ω) est la solution de (6.4.1). Soit ϕ ∈ Cc∞ (Ω), en multipliant
l’équation (6.4.1) par ϕ et en intégrant sur Ω, on obtient :
Z Z
− ∆u ϕ dx = f ϕ dx.
Ω Ω
Remarque 6.4.2.
1. La formulation (6.4.2) a l’avantage de ne nécessiter que de la régularité C 1 et est
équivalente à (6.4.1) si et seulement u ∈ C 2 (Ω). Ainsi la formulation (6.4.2) est
une formulation faible du problème (6.4.1) dite formulation variationnelle. Les
fonctions ϕ ∈ X en sont les fonctions tests.
2. Celle-ci a un sens en mécanique : il s’agit du principe des travaux virtuels. De ce
fait, chercher u en tant que solution de (6.4.2) plutôt que (6.4.1) a davantage de
sens du point de vue de la mécanique.
6.4 Un première formulation variationnelle du problème de Dirichlet homogène 61
Pour démontrer la Proposition 6.4.1, on fera appel au résultat suivant dont on donne
la démonstration plus loin :
Lemme 6.4.3. Soit g ∈ C(Ω). Si pour toute φ ∈ Cc (Ω), on a
Z
g φ dx = 0,
Ω
alors g = 0 dans Ω.
Démonstration de la Proposition 6.4.1. Il suffit de montrer que si u est solution de (6.4.2),
alors u est solution de (6.4.1). En intégrant par parties la formulation variationnelle (6.4.2),
on obtient Z
(∆u + f )ϕ dx = 0, ∀ ϕ ∈ X.
Ω
D’après le Lemme 6.4.3, on a ∆u + f = 0 dans Ω car ∆u + f ∈ C(Ω). De plus, u ∈ X
donc u = 0 sur ∂Ω.
Démonstration du Lemme 6.4.3. Supposons qu’il existe x0 ∈ Ω tel que g(x0 ) 6= 0, par
exemple g(x0 ) > 0. Comme g est continue dans Ω, il existe un voisinage ω ⊂ Ω de x0 tel
que g > 0 dans ω. Soit ϕ ∈ Cc (Ω) telle que supp(ϕ) ⊂ ω, ϕ 6= 0 sur ω et ϕ ≥ 0 alors
Z Z
0= g ϕ dx = g ϕ dx.
Ω ω
Chapitre 7
Espaces de Sobolev
d’où v est continue sur [0, 1]. Soit ϕ ∈ Cc∞ (0, 1). D’après le théorème de Fubini, on a
Z 1 Z 1Z x Z 1 Z 1 Z 1
v(x)ϕ0 (x) dx = u0 (s)ϕ0 (x) ds dx = u0 (s) ϕ0 (x) dx ds = − u0 (s)ϕ(s) ds.
0 0 0 0 s 0
0 0
On en déduit que la dérivée au sens des distributions v de v est u donc, d’après le
Lemme 7.1.7, il existe une constante c telle que u = v + c p.p. dans ]0, 1[, donc u admet
un représentant ũ qui est continu sur [0, 1].
7.1 Définitions et propriétés 65
Démonstration du Lemme 7.1.7. Soit u ∈ H 1 (0, 1) telle que u0 = 0 sur ]0, 1[. Alors, pour
toute ϕ ∈ Cc1 (0, 1), on a Z 1
< u0 , ϕ >= − u ϕ0 dx = 0.
0
Z 1
Soit ψ ∈ Cc (0, 1). Pour toute w ∈ Cc (0, 1), la fonction w− w ds ψ est continue,
0
à support compact dans (0, 1) et à moyenne nulle sur (0, 1) donc celle-ci admet une
primitive ϕ ∈ Cc1 (Ω). Alors, on obtient
Z 1 Z 1
0
0 =< u , ϕ >= − u(x) w(x) − w(s) ds ψ(x) dx.
0 0
Remarque 7.2.2.
1. La Définition 7.2.1 signifie que u ∈ H01 (Ω) si et seulement si il existe une suite un
de Cc∞ (Ω) telle que lim ||un − u||H 1 (Ω) = 0.
n→+∞
2. On peut montrer que l’adhérence dans H 1 (Ω) de Cc1 (Ω) et Cc∞ (Ω) coïncident, au-
trement dit H01 (Ω) est aussi l’adhérence dans H 1 (Ω) de Cc1 (Ω).
3. D’après le Théorème 7.1.10, on a H01 (Rd ) = H 1 (Rd ). Pour Ω = Rd+ ou Ω un ou-
vert borné régulier de classe C 1 , l’espace Cc1 (Ω) est un sous-espace strict de Cc1 (Ω)
donc H01 (Ω) est un sous-espace strict de H 1 (Ω).
Par définition, l’espace H01 (Ω) est un sous-espace fermé de H 1 (Ω), on en déduit donc
le résultat suivant
Proposition 7.2.3. L’espace H01 (Ω) est un espace de Hilbert pour le produit scalaire
de H 1 (Ω).
Une propriété importante de l’espace H01 (Ω) est que ses éléments vérifient l’inégalité
de Poincaré.
Démonstration. Puisque Ω est borné dans une direction, il existe k ∈ {1, . . . , d}, m ≤ M
tels que si x ∈ Ω alors m ≤ xk ≤ M . Pour simplifier et sans perdre en généralité, on peut
supposer k = d. Pour x ∈ Ω, on note x = (x0 , xd ). Soit ϕ ∈ Cc∞ (Ω), alors, puisque ϕ est
nulle au bord de Ω, on a
Z xd
∂ϕ 0
ϕ(x) = (x , t) dt.
m ∂xd
ce qui donne le résultat pour toute fonction ϕ de Cc∞ (Ω). Si v ∈ H01 (Ω), il existe une
suite ϕn de Cc∞ (Ω) telle que lim ||v − ϕn ||H 1 (Ω) = 0. Autrement dit, on a
n→+∞
Z Z
2
lim |v − ϕn | dx = lim |∇v − ∇ϕn |2 dx = 0.
n→+∞ Ω n→+∞ Ω
On obtient
kvkL2 (Ω) ≤ kv − ϕn kL2 (Ω) + kϕn kL2 (Ω)
≤ kv − ϕn kL2 (Ω) + (M − m)k∇ϕn kL2 (Ω)d
≤ kv − ϕn kL2 (Ω) + (M − m)k∇ϕn − ∇vkL2 (Ω)d + (M − m)k∇vkL2 (Ωd ) .
En passant à la limite, quand n → +∞, on déduit (7.2.1).
Remarque 7.2.5. L’inégalité de Poincaré est fausse dans H 1 (Ω). En effet, les fonctions
constantes sont dans H 1 (Ω) et si u est constante alors ∇u = 0 p.p. dans Ω. Si l’inégalité
de Poincaré avait lieu dans H 1 (Ω) on aurait alors u = 0 p.p. dans Ω. En particulier,
l’inégalité de Poincaré est vraie dans H01 (Ω) notamment car la seule fonction constante
de H01 (Ω) est la fonction identiquement nulle.
Corollaire 7.2.6. Soit Ω un ouvert de Rd connexe et borné dans une direction d’espace
(ou plus). Alors, la semi norme définie par
||v||H01 (Ω) := ||∇v||L2 (Ω) , (7.2.2)
est une norme sur H01 (Ω) équivalente à la norme induite par celle de H 1 (Ω).
Démonstration. Si ||v||H01 (Ω) = 0 alors ∇v = 0 p.p. dans Ω. Comme Ω est connexe,
on en déduit que v est constante p.p. dans Ω. La seule constante de H01 (Ω) étant la
fonction identiquement nulle, on en déduit v = 0 p.p. dans Ω. Ainsi, || · ||H01 (Ω) est bien
une norme sur H01 (Ω). Pour montrer l’équivalence, il suffit de montrer qu’il existe deux
constantes c1 > 0 et c2 > 0 telles que pour toute v ∈ H01 (Ω), on a
c1 ||v||H 1 (Ω) ≤ ||v||H01 (Ω) ≤ c2 ||v||H 1 (Ω) .
La deuxième inégalité est évidente avec c2 = 1. Pour la première, il suffit d’appliquer
l’inégalité de Poincaré, on obtient
||v||2H 1 (Ω) = ||v||2L2 (Ω) + ||∇v||2L2 (Ω) ≤ (1 + c) ||∇v||2L2 (Ω) ,
Remarque 7.3.2. L’application trace considérée est définie sur H 1 (Ω) ∩ C(Ω) car on va
chercher à étendre cette application à H 1 (Ω) tout entier. Considérer l’application trace
sur C(Ω) ne serait pas suffisant car il ne s’agit pas d’un sous-espace de H 1 (Ω).
Théorème 7.3.3. Soit Ω un ouvert borné régulier de classe C 1 ou Ω = Rd+ . Alors, l’ap-
plication γ0 se prolonge en une application linéaire continue de H 1 (Ω) dans L2 (∂Ω) notée
encore γ0 . En particulier, il existe une constante c > 0 telle que, pour toute u ∈ H 1 (Ω),
on a
||γ0 u||L2 (∂Ω) ≤ c ||u||H 1 (Ω) . (7.3.1)
On note u|∂Ω := γ0 u.
Remarque 7.3.4. Le résultat est faux si l’on se place seulement dans L2 (Ω) ou si l’ou-
vert Ω n’est pas régulier.
Démonstration. On montre le résultat pour le cas Ω = Rd+ , le cas général étant plus
technique. Pour cela, il suffit de montrer que l’inégalité (7.3.1) a lieu pour des fonctions
régulières, le résultat s’en déduit ensuite par densité. Soit v ∈ Cc∞ (Rd+ ). Alors, la restriction
de v au bord ∂Rd+ est γ0 v(x0 ) = v(x0 , 0), où x0 ∈ Rd−1 , et vérifie
Z ∞
∂
0
|v(x , 0)| 2
=− (v(x0 , xd )2 ) dxd
0 ∂xd
Z ∞
∂v 0
= −2 v(x0 , xd ) (x , xd ) dxd .
0 ∂xd
En intégrant en x0 , on obtient
2
Z Z Z ∂v
0 2 0 0 2 0
|v(x , 0)| dx ≤ v(x , xd ) dxd + (x , xd ) dxd ≤ ||v||2H 1 (Rd ) ,
Rd−1 Rd+ R+ ∂xd
d +
d’où ||γ0 v||L2 (∂Rd+ ) ≤ ||v||H 1 (Rd+ ) . Par densité de Cc1 (Rd+ ) dans H 1 (Rd+ ), on obtient le résultat
(dans Rd+ ).
7.3 Traces et formules de Green 69
Un conséquence très importante du théorème de trace est que celui-ci permet de donner
une caractérisation de H01 (Ω) qui s’avérera très utile dans le chapitre suivant. On admettra
le résultat et on renvoie à [5, 10, 12] pour plus de détails.
Corollaire 7.3.5 (Admis). Soit Ω un ouvert borné régulier de classe C 1 . Alors, H01 (Ω)
est donné par
H01 (Ω) = {v ∈ H 1 (Ω) | v|∂Ω = 0 sur ∂Ω}, (7.3.2)
où on a utilisé la notation v|∂Ω := γ0 v.
Remarque 7.3.6.
1. L’égalité (7.3.2) se justifie du fait que toute fonction de H01 (Ω) est limite d’une
suite de fonctions de Cc1 (Ω) qui sont nécessairement nulles sur ∂Ω. Néanmoins cette
rapide explication ne suffit pas à montrer l’égalité (7.3.2).
2. Cette caractérisation de H01 (Ω) peut encore s’écrire H01 (Ω) = Ker(γ0 ) où γ0 dé-
signe l’application trace définie de H 1 (Ω) dans L2 (∂Ω). On peut montrer que l’on a
1 1
Im(γ0 ) ( L2 (∂Ω). On note H 2 (∂Ω) := Im(γ0 ). On peut aussi montrer que H 2 (∂Ω)
est un sous-espace dense de L2 (∂Ω) (voir [10] pour plus de détails).
Une autre application importante du théorème de trace est la généralisation de la
formule de Green à H 1 (Ω).
Corollaire 7.3.7 (Formule de Green dans H 1 (Ω)). Soit Ω un ouvert borné régulier de
classe C 1 . Soient u ∈ H 1 (Ω)d et v ∈ H 1 (Ω), alors on a
Z Z Z
u · ∇v dx = − v div(u) dx + γ0 v γ0 u · ν dσx . (7.3.3)
Ω Ω ∂Ω
Démonstration. Le résultat a déjà été vu dans le cas de fonctions dans C 1 (Ω). La géné-
ralisation à H 1 (Ω) s’obtient par densité grâce à la continuité de l’application trace γ0 .
Comme C 1 (Ω) est dense dans H 1 (Ω), il existe deux suites (un )n de C 1 (Ω)d et (vn )n
de C 1 (Ω) qui convergent dans H 1 (Ω)d et H 1 (Ω) vers u et v. Pour tout n, d’après le
Corollaire 6.2.3, on a
Z Z Z
un · ∇vn dx = − vn div(un ) dx + vn un · ν dσx . (7.3.4)
Ω Ω ∂Ω
Comme (un )n converge vers u dans H 1 (Ω), (un )n converge vers u dans L2 (Ω)d et (div(un ))n
converge vers div(u) dans L2 (Ω). De même, (vn )n converge vers v dans L2 (Ω) et (∇vn )n
converge vers ∇v dans L2 (Ω)d . On obtient alors en passant à la limite dans (7.3.4)
Z Z Z
u · ∇v dx = − v div(u) dx + lim vn un · ν dσx .
Ω Ω n→+∞ ∂Ω
Pour passer à la limite dans la dernière intégrale, on utilise le théorème de trace. Comme
l’application γ0 est continue de H 1 (Ω) dans L2 (∂Ω), on obtient que (γ0 un )n converge
vers γ0 u dans L2 (∂Ω)d et (γ0 vn )n converge vers γ0 v dans L2 (∂Ω). La normale ν étant
continue, on en déduit
Z Z Z
vn un · ν dσx = γ0 vn γ0 un · ν dσx −→ γ0 v γ0 u · ν dσx ,
∂Ω ∂Ω n→+∞ ∂Ω
On peut donner d’autres résultats de trace pour les espace H m (Ω) avec m > 1 (par
exemple définir une dérivée sur le bord). On va donner ci-dessous un résultat dans le
cas m = 2.
Remarque 7.3.11. La démonstration est analogue à celle de la formule de Green dans H 1 (Ω).
Néanmoins, il est nécessaire ici de supposer que l’ouvert Ω est de classe C 2 pour avoir le
résultat de densité des fonctions de C 2 (Ω) dans H 2 (Ω).
Remarque 7.4.2.
1. Pour le cas de l’injection de H 1 (Ω) dans L2 (Ω), on renvoie à [5] pour une démons-
tration.
7.4 Théorème de compacité de Rellich et applications 71
Puisque la suite (vn )n est bornée dans H01 (Ω), il existe c > 0 telle que k∇vn kL2 (Ω)d ≤ c.
Par le théorème de Plancherel, obtient alors
kξ Fvn kL2 (Rd )d = kF(∇vn )kL2 (Rd )d = k∇vn kL2 (Rd )d = k∇vn kL2 (Ω)d ≤ c,
Z
d’où |ξ|2 |Fvn |2 dξ ≤ c. On en déduit
Rd
Z
1 Z
2 c
|Fvn | dξ = 2 ρ2 |Fvn |2 dξ ≤ 2 , ∀ ρ > 0. (7.4.2)
|ξ|>ρ ρ |ξ|>ρ ρ
Pour tout ρ > 0, on a
Z Z
kvn k2L2 (Ω) = kF(vn )k2L2 (Rd ) = 2
|Fvn | dξ + |Fvn |2 dξ.
|ξ|≤ρ |ξ|>ρ
Démonstration. On raisonne par l’absurde. Supposons : il existe une suite (un )n de H01 (Ω)
telle que pour tout n, on a
On en déduit que vn et ∇vn sont bornées dans L2 (Ω) donc vn est bornée dans H 1 (Ω).
D’après le théorème de Rellich, il existe une sous-suite (vnk )k qui converge dans L2 (Ω)
vers v ∈ H01 (Ω). D’après (7.4.3), on a ∇v = 0 p.p. dans Ω connexe donc v est constante p.p.
dans Ω. Puisque v ∈ H01 (Ω), on en déduit v = 0 p.p. dans Ω. Or ||v||L2 (Ω) = limk ||vnk ||L2 (Ω) = 1,
d’où une contradiction.
Proposition 7.4.4 (Inégalité de Poincaré-Wirtinger). Soit Ω un ouvert connexe et borné
1 R
régulier de classe C 1 . Pour u ∈ H 1 (Ω), on note u := |Ω| Ω u dx, où |Ω| désigne la mesure
de Lebesgue de Ω. Alors, il existe une constante c > 0 telle que
7.5 Dualité
On rappelle que pour un espace de Banach E, on note E 0 son dual, i.e. l’ensemble des
formes linéaires continues sur E. De plus, pour L ∈ E 0 et v ∈ E, on note hL, vi := Lv.
L’application h·, ·i est appelée crochet de dualité. Celle-ci permet de mettre en avant le
fait que Lv peut être vu comme un produit scalaire d’après les théorèmes de représentation
de Riesz et Riesz-Fréchet (voir [5]) que l’on rappelle ci-dessous :
Théorème 7.5.1 (Théorème de représentation de Riesz). Soient Ω un ouvert de Rd ,
0
1 < p < ∞ et L ∈ (Lp (Ω))0 . Alors, il existe un unique f ∈ Lp (Ω), où p1 + p10 = 1, tel que
Z
∀ u ∈ Lp (Ω), hL, ui = f (x) u(x) dx.
Ω
De plus, on a
||f ||Lp0 (Ω) = ||L||(Lp (Ω))0 .
7.5 Dualité 73
De plus, on a
||T ||H 0 = ||v||H .
Remarque 7.5.3.
1. Le théorème de Riesz exprime que toute forme linéaire L ∈ (Lp (Ω))0 peut être
0
représentée par une fonction f ∈ Lp . L’application L 7→ f est un opérateur linéaire
0
isométrique et surjectif qui permet d’identifier le dual de Lp (Ω) avec Lp (Ω), i.e.
(Lp (Ω))0 = Lp (Ω).
0
2. Le théorème de Riesz-Fréchet exprime que tout espace de Hilbert peut être iden-
tifié avec son dual. Autrement dit, toute forme linéaire continue sur H peut être
considérée comme un élément de H, i.e. H 0 = H.
3. Pour H = L2 (Ω), les deux résultats coïncident.
Définition 7.5.4. Le dual de l’espace de Sobolev H01 (Ω) est noté H −1 (Ω) et le crochet
de dualité correspondant est noté h·, ·iH −1 ,H 1 .
0
Puisque H01 (Ω) est fermé dans H 1 (Ω), on en déduit aisément que Im(T ) est fermé dans L2 (Ω)d+1 .
De plus, on obtient immédiatement que T est injective et continue donc est bicontinue
(i.e. d’inverse continu) de H01 (Ω) sur Im(T ). Soit L une forme linéaire continue sur H01 (Ω).
Alors LT −1 est linéaire continue sur Im(T ). Puisque Im(T ) est fermé dans L2 (Ω)d+1 ,
d’après le théorème de Hahn-Banach, LT −1 se prolonge en une forme linéaire continue
74 Chapitre 7 : Espaces de Sobolev
d
X ∂gi
Donc, au sens des distributions, on a L = g0 − .
i=1 ∂xi
Chapitre 8
2. On dit que a(·, ·) est coercive s’il existe une constante m > 0 telle que
∀ u ∈ V, a(u, u) ≥ m ||u||2V .
Théorème 8.1.2 (Lax-Milgram). Soit L ∈ V 0 et a(·, ·) une forme bilinéaire sur V conti-
nue et coercive. Alors, la formulation variationnelle (8.1.1) admet une solution unique.
problème (8.1.1) s’écrit alors : trouver u ∈ V tel que (Au, v)V = (f, v)V pour tout v ∈ V .
Soit encore : trouver u ∈ V tel que Au = f . Autrement dit, montrer l’existence et l’unicité
d’une solution de (8.1.1) est équivalent à montrer que l’opérateur A est bijectif.
Pour montrer l’injectivité, il suffit de montrer que Au = 0 entraîne u = 0. D’après la
coercivité de a(·, ·), on a (Au, u)V ≥ m ||u||2V dont on déduit immédiatement l’injectivité.
Pour montrer la surjectivité, on montre que l’image Im(A) de A est fermée et que
Im(A)⊥ = {0}. Soit (vn )n une suite de Im(A) qui converge dans V vers v.
Alors vn = Aun , où (un )n est une suite de V . On a
donc ||Aun − Aum ||V ≥ m ||un − um ||V . La suite (Aun )n étant de Cauchy, on en déduit
que la suite (un )n est de Cauchy dans V qui est complet donc (un )n converge vers u ∈ V .
Comme A est continue, on en déduit v = Au ∈ Im(A) donc Im(A) est fermée. Soit
v ∈ Im(A)⊥ = {v ∈ V | (u, v) = 0, ∀u ∈ Im(A)}. Alors on a 0 = (Av, v)V ≥ m ||v||V
donc v = 0, d’où Im(A)⊥ = {0}. On en déduit
Remarque 8.1.4. On dit que la formulation variationnelle (8.1.1) est l’équation d’Eu-
ler associée au problème de minimisation (8.1.3).
t2
j(t) = a(u, v) + t(a(u, v) − hL, vi) + J(u).
2
On en déduit que j est dérivable et, comme 0 est le minimum de j, j 0 (0) = 0. Alors
on obtient a(u, v) − hL, vi = j 0 (0) = 0 donc u est solution de la formulation variation-
nelle (8.1.1).
On suppose que Ω est régulier de classe C . Alors, H01 (Ω) = {u ∈ H 1 (Ω) | u = 0 sur ∂Ω}.
1
Soit v ∈ Cc1 (Ω) ⊂ H01 (Ω). Par application de la formule de Green, on obtient
Z Z
∂u
(∆u + f ) v dx = v dσx = 0.
Ω ∂Ω ∂ν
On pose : Z
∀ u, v ∈ H01 (Ω), a(u, v) := ∇u · ∇v dx, (8.2.3)
Ω
et Z
∀ v ∈ H01 (Ω), hL, vi := f v dx. (8.2.4)
Ω
Démonstration.
1. D’après l’inégalité de Cauchy-Schwarz et le Corollaire 7.2.6, on a
|a(u, v)| ≤ ||∇u||L2 (Ω)d ||∇v||L2 (Ω)d = ||u||H01 (Ω) ||v||H01 (Ω) , ∀ u, v ∈ H01 (Ω),
Corollaire 8.2.4. Soit Ω est un ouvert borné régulier de classe C 1 . Alors, la formulation
variationnelle (8.2.2) admet une unique solution u ∈ H01 (Ω). De plus, u réalise le minimum
dans H01 (Ω) de l’énergie J définie par
1Z Z
J(v) := ∇v · ∇v dx − f v dx. (8.2.5)
2 Ω Ω
8.2 Problème de Dirichlet 79
Remarque 8.2.5. On rappelle que le second membre f considéré est, par hypothèse,
dans L2 (Ω). Néanmoins, le Corollaire 8.2.4 est encore vrai en supposant seulement f ∈ H −1 (Ω)
puisque, par définition, f est alors une forme linéaire continue sur H01 (Ω). Par contre, dans
ce cas, la formulation variationnelle (8.2.2) s’écrit
Trouver u ∈ H01 (Ω) telle que
(8.2.6)
Z
∀ v ∈ H01 (Ω), ∇u · ∇v dx = hf, viH −1 ,H 1 .
Ω 0
Une propriété remarquable et très importante des équations elliptiques est que si les
données (terme source et terme de bord) sont suffisamment régulières alors la solution
faible gagne elle-même en régularité, c’est ce qu’on appelle la régularité elliptique.
Théorème 8.2.10 (Régularité elliptique). Soit m ∈ N∗ , Ω un ouvert borné de Rd de
classe C m+2 et f ∈ H m (Ω). Alors, l’unique solution u ∈ H01 (Ω) de (8.2.1) appartient
à H m+2 (Ω). De plus, l’application qui à f associe u est linéaire continue de H m (Ω)
dans H m+2 (Ω).
Remarque 8.2.11.
1. On admet ici ce résultat dont la démonstration dépasse de loin le cadre de ce cours.
Celle-ci se fait en trois étapes en considérant tout d’abord le cas Ω = Rd puis
le cas Ω = Rd+ et enfin le cas Ω de classe C m+2 pour lequel on applique les deux
précédentes étapes via des cartes locales. La méthode employée est due à Niremberg,
on renvoie à [1] et [5] pour plus de détails.
2. En dimension 1, le résultat est évident. En effet, le problème s’écrit alors −u00 = f
dans ]0, 1[ (par exemple), u(0) = u(1) = 0. Si f ∈ H 1 (Ω), la solution u ∈ H01 (0, 1)
vérifie u00 = −f ∈ H 1 (Ω) donc u ∈ H 3 (0, 1). En dimension supérieure, le même
raisonnement permet seulement d’obtenir ∆u ∈ L2 (Ω) ce qui n’entraîne pas à
priori u ∈ H 3 (Ω).
On rappelle que, d’après le Théorème 7.1.5, H m (Ω) est un sous-espace de C(Ω) dès
que m > d2 . En corollaire de ce résultat et de la régularité elliptique on obtient
Corollaire 8.2.12. Soient m ∈ N∗ , Ω un ouvert borné de Rd de classe C m+2 et f ∈ H m (Ω).
Si m > d2 , la solution faible u ∈ H01 (Ω) de (8.2.1) est solution forte de (8.2.1) car
u ∈ C 2 (Ω). En particulier, si Ω est de classe C ∞ et f ∈ C ∞ (Ω) alors u ∈ C ∞ (Ω).
Considérons maintenant le problème de Dirichlet non-homogène (où Ω est un ouvert
borné régulier de classe C 1 )
(
−∆u = f dans Ω,
(8.2.8)
u = g sur ∂Ω,
où f ∈ H −1 (Ω). Pour qu’il existe une solution u ∈ H 1 (Ω) au problème (8.2.8), il faut que
la donnée au bord g soit la trace sur ∂Ω d’une fonction de H 1 (Ω) d’après le théorème
1
de trace (7.3.3), i.e. g = γ0 h où h ∈ H 1 (Ω). Autrement dit g ∈ H 2 (∂Ω). On dit que
l’application h est un relèvement de la condition aux limites.
Pour obtenir une formulation variationnelle de (8.2.8) et en déduire, notamment, un
résultat d’existence et d’unicité on pose ũ := u − h. De sorte que la solution de (8.2.8)
(au sens des distributions) est donnée par u = ũ + h. On obtient alors que ũ vérifie le
problème de Dirichlet homogène
−∆ũ = f˜ dans Ω,
(
(8.2.9)
ũ = 0 sur ∂Ω,
où f˜ := f + ∆h. Or h ∈ H 1 (Ω) donc ses dérivées sont des éléments de L2 (Ω), on en déduit
que ∆h s’écrit comme une somme de dérivées (au sens des distributions) de fonctions
8.3 Équation de Laplace avec conditions aux limites de Neumann 81
Remarque 8.2.14.
1. Le relèvement h n’est pas unique. En effet, si on note h1 et h2 les solutions de (8.2.8)
pour deux termes sources différents f1 et f2 alors h1 et h2 sont tout deux des
relèvements de g.
2. L’unicité de la solution faible u ∈ H 1 (Ω) du problème (8.2.8) n’est pas immédiate
puisque le choix du relèvement h n’est pas unique. Celle-ci a tout de même bien
lieu car le choix de h conditionne le choix de ũ. Pour montrer l’unicité, il suffit de
choisir deux solutions faibles u1 et u2 de (8.2.8). On obtient alors que u1 − u2 est
solution faible de (8.2.1) avec f = 0. Or l’unique solution de ce problème est u = 0
donc u1 = u2 p.p. dans Ω.
−∆u + u = f dans Ω,
∂u (8.3.1)
= g sur ∂Ω,
∂ν
où Ω est un ouvert borné régulier de classe C 1 , f ∈ L2 (Ω) et g ∈ L2 (∂Ω).
d’où Z Z Z Z
∇u · ∇ϕ dx + u ϕ dx = f ϕ dx + g ϕ dσx .
Ω Ω Ω ∂Ω
On en déduit la formulation variationnelle suivante :
Trouver u ∈ H 1 (Ω) telle que
(8.3.2)
Z Z Z
∀ v ∈ H 1 (Ω), ∇u · ∇v + u v dx = f v dx + g v dσx .
Ω Ω ∂Ω
Remarque 8.3.2.
1. Dans l’intégrale de bord, v est la trace γ0 v sur ∂Ω (qui est bien définie car v ∈ H 1 (Ω)).
De plus, cette intégrale a bien un sens pour g ∈ L2 (∂Ω) sans nécessairement que g
soit la trace γ1 d’une fonction de H 2 (Ω).
2. La formulation variationnelle (8.3.2) ne fait pas intervenir la dérivée normale de u.
C’est ce qui justifie de chercher u seulement dans H 1 (Ω) et non dans H 2 (Ω). La
grande différence (au sens variationnel) entre condition de Dirichlet et condition de
Neumann réside dans le fait que la condition de Dirichlet est contenue dans l’espace
des fonctions test considérées alors que la condition de Neumann est contenue dans
la formulation variationnelle. On dit que la condition de Dirichlet est essentielle (ou
explicite) alors que la condition de Neumann est dite naturelle (ou implicite).
Comme dans le cas du problème de Dirichlet, il faut s’assurer qu’une solution de la
formulation variationnelle (8.3.2) définie bien une solution faible de l’équation (8.3.1).
Proposition 8.3.3. Soient Ω un ouvert borné régulier de classe C 1 de Rd , f ∈ C(Ω) et
g ∈ C(∂Ω). Si u ∈ C 2 (Ω) est solution classique de (8.3.1), alors u est solution de (8.3.2).
Réciproquement, si u est solution de (8.3.2) et u ∈ C 2 (Ω) alors u est solution classique
de (8.3.1).
Démonstration. Il suffit de montrer la réciproque. Soit u ∈ C 2 (Ω) solution de (8.3.2). On
prend v ∈ C 1 (Ω) comme fonction test. Par intégration par parties, on obtient
!
Z Z
∂u
(−∆u + u − f )v dx = g− v dσx .
Ω ∂Ω ∂ν
Z
En particulier, on a pour toute v ∈ Cc1 (Ω), (−∆u + u − f )v dx = 0. Alors, d’après
Ω
le Lemme 6.4.3, −∆u + u − f = 0 dans Ω. On en déduit
!
1
Z
∂u
∀ v ∈ C (Ω), g− v dσx = 0.
∂Ω ∂ν
∂u
De même qu’avec le Lemme 6.4.3, on en déduit g − ∂ν
= 0.
Théorème 8.3.4. Soient Ω un ouvert borné régulier de classe C 1 , f ∈ L2 (Ω) et g ∈ L2 (∂Ω).
Alors, la formulation variationnelle (8.3.2) admet une unique solution u ∈ H 1 (Ω). De
plus, u réalise le minimum dans H 1 (Ω) de l’énergie J définie par
1Z 2 2
Z Z
J(v) := |∇v| + |v| dx − f v dx − g v dσx . (8.3.3)
2 Ω Ω ∂Ω
8.3 Équation de Laplace avec conditions aux limites de Neumann 83
Alors a(u, u) = ||u||2H 1 (Ω) donc a(·, ·) est bien coercive. Par l’inégalité de Cauchy-Schwarz,
on a
|a(u, v)| ≤ ||∇u||L2 (Ω) ||∇v||L2 (Ω) + ||u||L2 (Ω) ||v||L2 (Ω) ≤ 2||u||H 1 (Ω) ||v||H 1 (Ω) ,
De plus, le problème (8.3.4) ne fait intervenir que les dérivées de u et donc la solution
est définie, si l’ouvert Ω est supposé connexe, à une constante additive près (i.e. si u est
solution alors u + c est solution pour toute constante c). Pour avoir unicité de la solution,
on peut, par exemple, fixer la moyenne de u sur Ω :
Z
u dx = 0. (8.3.6)
Ω
84 Chapitre 8 : Analyse variationnelle des problèmes elliptiques
qui est un espace de Hilbert pour le norme de H 1 (car fermé). Par les mêmes arguments
que pour le problème précédent, on aboutit à la formulation variationnelle
Trouver u ∈ V (Ω) telle que
(8.3.8)
Z Z Z
∀ v ∈ V (Ω), ∇u · ∇v dx = f v dx + g v dσx .
Ω Ω ∂Ω
−div(A∇u) = f,
Ω2
Ω1
Remarque 8.4.4.
1. En pratique, en modélisation, on obtient plutôt le problème (8.4.7). Le point im-
portant de la Proposition 8.4.3 est l’équivalence entre celui-ci et le problème (8.4.6)
qui est plus simple à traiter et dont on a montré (Théorème 8.4.1) qu’il admet une
solution faible unique.
2. On peut aussi considérer des conditions aux limites d’un autre type sur ∂Ω (Dirichlet
non-homogène, Neumann, mixte. . . etc).
3. Les résultats de régularité elliptique sont encore vrais pour les problèmes elliptiques
sous forme divergente (voir [8]) en supposant une certaine régularité de la fonction A.
Chapitre 9
Approximation variationnelle
La forme bilinéaire a(·, ·) étant encore coercive et continue sur les sous-espaces Vh , par
le théorème de Lax-Milgram, on a existence et unicité de la solution uh ∈ Vh de (9.1.2).
Soit {φ1 , . . . , φN } une base de Vh . Alors, il existe uh1 , . . . , uhN ∈ R tels que la solution
uh ∈ Vh de (9.1.2) s’écrit
N
uhj φj .
X
uh =
j=1
Pour que l’égalité a(uh , vh ) = (f, vh )V ait lieu pour tout vh ∈ Vh , il faut et il suffit qu’elle
ait lieu pour tous les vecteurs de base φ1 , . . . , φN . En utilisant la bilinéarité de a(·, ·), le
88 Chapitre 9 : Approximation variationnelle
Proposition 9.1.2. On suppose de plus que a(·, ·) est symétrique. Alors, la matrice Kh
définie par (9.1.3) est définie positive. En particulier, Kh est inversible et donc le système
Kh Uh = bh admet une solution unique Uh ∈ RN .
Démonstration. Par définition de Kh , il est clair que si a(·, ·) est symétrique alors Kh
aussi. Soit ξ ∈ RN \ {0}, ξ := (ξ1 , . . . , ξN )T . On pose ξ˜: = ξ1 φ1 + · · · + ξN φN ∈ Vh .
Puisque a(·, ·) est bilinéaire et coercive, on a
N N
˜ ξ)
˜ ≥ m ||ξ||
˜ 2 > 0,
X X
Kh ξ · ξ = a(φi , φj )ξi ξj = a(ξi φi , ξj φj ) = a(ξ, V
i,j=1 i,j=1
Chapitre 10
Notation 10.0.4. On note Pk l’espace des polynômes sur R à coefficients réels de degré
inférieur ou égal à k.
La méthode des éléments finis consiste à définir comme espace d’approximation de H 1 (0, 1) :
et
V0h := {v ∈ Vh | v(0) = v(1) = 0}. (10.1.2)
1
L’espace Vh est l’espace d’approximation de H (0, 1) par la méthode des éléments
finis P1 tandis que V0h est l’espace d’approximation de H01 (0, 1). D’après le chapitre précé-
dent, il faut montrer que ces sont des sous-espaces de, respectivement, H 1 (0, 1) et H01 (0, 1),
en déterminer une base et montrer l’existence d’un opérateur d’interpolation défini sur
un sous-espace dense de, respectivement, H 1 (0, 1) et H01 (0, 1), et à valeurs dans, respecti-
vement, Vh et V0h .
On pose (
1 − |x| si |x| ≤ 1,
φ(x) := (10.1.3)
0 sinon.
Puis on définit, pour j = 0, . . . , N + 1, les fonctions φj par
x − xj
φj (x) := φ . (10.1.4)
h
Les fonctions φj sont des fonctions “chapeau” (voir Figure 10.1), elles vérifient φj (xi ) = δij
et φj ∈ Vh .
φj
xj−1 xj xj+1
De plus, supp(φj ) =]xj−1 , xj+1 [ et on peut encore écrire φj sur son support par
x − xj−1
si x ∈ [xj−1 , xj ],
h
φj (x) =
x −x
j+1
si x ∈ [xj , xj+1 ].
h
Remarque 10.1.1. Une définition équivalente des fonctions φi est que ce sont les seules
fonctions de Vh telles que φi (xj ) = δij , pour tout i, j = 0, . . . , N .
Proposition 10.1.2. L’espace vectoriel Vh défini par (10.1.1) est un sous-espace de H 1 (0, 1)
de dimension N + 2 et la famille {φ0 , . . . , φN +1 } en est une base. En particulier, pour
toute v ∈ Vh , on a
N
X +1
∀ x ∈ [0, 1], v(x) = v(xj )φj (x). (10.1.5)
j=0
10.1 Éléments finis P1 93
De même, l’espace vectoriel V0h défini par (10.1.2) est un sous-espace de H01 (0, 1) de
dimension N et la famille {φ1 , . . . , φN } en est une base. En particulier, pour toute v ∈ V0h ,
on a
N
X
∀ x ∈ [0, 1], v(x) = v(xj )φj (x). (10.1.6)
j=1
Remarque 10.1.3. On obtient en particulier que toute fonction de Vh et V0h est définie
de façon unique par ses valeurs aux noeuds xj .
Démonstration. On montre d’abord que Vh est un sous-espace de H 1 (0, 1). Si v ∈ Vh
alors v ∈ C([0, 1]) ⊂ L2 (0, 1), il suffit donc de montrer que v 0 ∈ L2 (0, 1). Soit ϕ ∈ Cc∞ (0, 1),
on a
Z 1 N Z xj+1
0 0
v|[xj ,xj+1 ] ϕ0 dx
X
< v , ϕ >= − v ϕ dx = −
0 j=0 xj
D’autre part, on a
N
X N
X N
X
(v(xj )ϕ(xj ) − v(xj+1 )ϕ(xj+1 )) = v(xj )ϕ(xj ) − v(xj+1 )ϕ(xj+1 )
j=0 j=0 j=0
N
X N
X +1
= v(xj )ϕ(xj ) − v(xj+1 )ϕ(xj+1 )
j=0 j=1
N +1
d’où v 0 = 0
∈ L2 (0, 1).
X
v|[x χ
j ,xj+1 ] [xj ,xj+1 ]
j=0
Il reste à montrer que Vh a pour base {φ0 , . . . , φN +1 } et l’égalité (10.1.5). Soit j ∈ {0, . . . , N + 1},
alors supp(φj )∩ supp(φj+1 ) = [xj , xj+1 ]. De plus, {φj , φj+1 } est une base de P1 sur [xj , xj+1 ].
En effet, P1 est de dimension 2 et si α, β ∈ R vérifient αφj (x) + βφj+1 (x) = 0 pour
x ∈ [xj , xj+1 ], en prenant x = xj on obtient α = 0 et avec x = xj+1 on obtient β = 0.
Soit v ∈ Vh , alors pour tout j = 0, . . . , N +1, v|[xj ,xj+1 ] ∈ P1 . Donc v|[xj ,xj+1 ] = αφj (x) + β φj+1 (x).
En prenant x = xj puis x = xj+1 on obtient v|[xj ,xj+1 ] = v(xj )φj (x) + v(xj+1 ) φj+1 (x).
D’autre part, pour x ∈ [xj , xj+1 ], φi (x) = 0 si i 6= j et j + 1, donc
N
X +1
∀ x ∈ [xj , xj+1 ], v(xi )φi (x) = v(xj )φj (x) + v(xj+1 ) φj+1 (x) = v|[xj ,xj+1 ] ,
i=0
d’où le résultat.
94 Chapitre 10 : Méthode des éléments finis en dimension 1
2 −1 0 . . . 0
−1 2 −1 . . . 0
1 .. . . . . . ..
Kh =
. . . ,
h
.. ... ...
. −1
0 . . . . . . −1 2
qui est la matrice de discrétisation du Laplacien (au coefficient h−1 près) obtenue par la
méthode des différences finies du schéma à 5 points (cela est dû au choix d’un pas de
maillage uniforme).
Pour calculer le second membre bh , lorsque la fonction f est compliquée, il faut utiliser
une formule de quadrature (appelée aussi intégration numérique) dont on donne quelques
exemples :
– Formule du rectangle
Z b
ψ(x) dx ' (b − a)ψ(a) ' (b − a)ψ(b).
a
10.2 Convergence et estimation d’erreur pour la méthode P1 95
où les fonctions φj sont données par (10.1.3)-(10.1.4). En particulier, sur H01 (0, 1) l’opé-
rateur rh vérifie
N
∀ v ∈ H01 (0, 1),
X
rh v(x) = v(xj )φj (x).
j=1
Remarque 10.2.2.
1. D’après la Proposition 10.1.2, il est clair que rh v ∈ Vh et, si v ∈ Vh , alors rh v = v.
2. La définition a un sens car H 1 (0, 1) est un sous-espace de C(0, 1) et donc toute
fonction de H 1 (0, 1) est définie en tout point de ]0, 1[. En dimension supérieure,
les fonctions H 1 ne sont pas nécessairement continues et donc définies seulement
presque partout et la définition précédente n’a plus de sens. Pour définir un opérateur
d’interpolation, il sera nécessaire de considérer un sous-espace V dense dans H 1 et
constitué de fonctions régulières.
96 Chapitre 10 : Méthode des éléments finis en dimension 1
Démonstration.
1) On montre (10.2.1) pour v ∈ C 2 ([0, 1]), par densité on en déduit (10.2.1) pour v ∈ H 2 (0, 1).
Il faut estimer ||v − rh v||L2 (0,1) et ||v 0 − (rh v)0 ||L2 (0,1) en fonction de h. Soit x ∈ [xj , xj+1 ].
Comme rh v ∈ Vh , on a rh v(x) = αx + β. De plus, rh v(xj ) = v(xj ) et rh v(xj+1 ) = v(xj+1 )
donc
v(xj+1 ) − v(xj )
rh v(x) = v(xj ) + (x − xj ).
h
On obtient
v(xj+1 ) − v(xj )
v(x) − rh v(x) = v(x) − v(xj ) − (x − xj )
h
Z x
0 x − xj Z xj+1 0
= v (t) dt − v (t) dt.
xj h xj
D’après le théorème des accroissements finis, il existe y ∈ [xj , x] et z ∈ [xj , xj+1 ] tels que
Z y
v(x) − rh v(x) = (x − xj )v 0 (y) − (x − xj )v 0 (z) = (x − xj ) v 00 (t) dt.
z
Il reste à obtenir une estimation sur les dérivées. Pour x ∈ [xj , xj+1 ], on a
v(xj+1 ) − v(xj ) 1 Z xj+1 0
v 0 (x) − (rh v)0 (x) = v 0 (x) − = v 0 (x) − v (t) dt
h h xj
1 Z xj+1 0 0 1 Z xj+1 Z x 00
= v (x) − v (t) dt = v (y) dy dt.
h xj h xj t
On en déduit ||v 0 − (rh v)0 ||L2 (0,1) ≤ h ||v 00 ||L2 (0,1) , d’où
||v − rh v||2H 1 (0,1) = ||v − rh v||2L2 (0,1) + ||v 0 − (rh v)0 ||2L2 (0,1)
≤ h4 ||v 00 ||2L2 (0,1) + h2 ||v 00 ||2L2 (0,1) ≤ 2h2 ||v 00 ||2L2 (0,1) ,
pour h < 1, ce qui donne (10.2.1).
2) On montre (10.2.2) pour v ∈ C 1 ([0, 1]). Le raisonnement est le même que pour 1). On
montre tout d’abord que ||v − rh v||L2 (0,1) converge vers 0. Soit x ∈ [xj , xj+1 ], on a
Z x
0 x − xj Z xj+1 0
v(x) − rh v(x) = v (t) dt − v (t) dt,
xj h xj
donc ||(rh u)0 ||L2 (0,1) ≤ ||u0 ||L2 (0,1) . Alors, on en déduit
||(rh v)0 − (rh φ)0 ||L2 (0,1) = ||(rh (v − φ))0 ||L2 (0,1) ≤ ||v 0 − φ0 ||L2 (0,1) ≤ ε.
||v 0 − (rh v)0 ||L2 (0,1) ≤ ||v 0 − φ0 ||L2 (0,1) + ||φ0 − (rh φ)0 ||L2 (0,1) + ||(rh φ)0 − (rh v)0 ||L2 (0,1)
≤ c ε −→ 0,
ε→0
Autrement dit, la méthodes des éléments finis P1 converge. De plus, si u ∈ H 2 (0, 1) alors
il existe une constante c > 0 telle que
||u − uh ||H 1 (0,1) ≤ c inf ||u − vh ||H 1 (0,1) ≤ c ||u − rh u||H 1 (0,1)
vh ∈Vh
Ainsi, si on pose Uh := (uh (x0 ), . . . , uh (xN +1 ))T ∈ RN +2 , on obtient que Uh est solution
de Kh Uh = bh , où la matrice de rigidité Kh ∈ R(N +2)×(N +2) est définie par
Z 1
Kh := φ0i φ0j + φi φj dx .
0 0≤i,j≤N +1
et
V0h := {v ∈ Vh | v(0) = v(1) = 0}. (10.4.2)
Comme dans le cas de la méthode P1 , il faut déterminer une base de Vh et un opérateur
d’interpolation.
Dans la méthode des éléments finis P1 , toute fonction v de Vh était linéaire sur [xj , xj+1 ],
il suffisait donc de connaître les valeurs de v en xj et xj+1 pour déterminer v sur [xj , xj+1 ].
Pour la méthode des éléments finis P2 , il est nécessaire de connaître les valeurs de v en
trois points de [xj , xj+1 ]. Pour cela, on définit le point milieu :
h
xj+1/2 := xj + , ∀ j = 0, . . . , N.
2
Par analogie avec la méthode P1 , on va prendre pour fonctions de base les fonctions ψj
et ψj+1/2 appartenant à Vh telles que
Remarque 10.4.1. Ce choix de fonctions de base qui est analogue à celui fait pour la
méthode P1 n’est pas unique. On parle d’éléments de Lagrange pour le choix d’une
base telle que ψk (xl ) = δkl . D’autres choix sont possibles tels que les éléments de Hermite,
où on considère en plus les valeurs de la fonction dérivée (voir [1] page 172).
x − xj
ψj (x) = φ où 0 ≤ j ≤ N + 1,
h
(10.4.3)
x − xj+1/2
ψj+1/2 (x) = ψ où 0 ≤ j ≤ N,
h
avec
(1 + x)(1 + 2x) si − 1 ≤ x ≤ 0,
φ(x) := (1 − x)(1 − 2x) si 0 ≤ x ≤ 1, (10.4.4)
0 sinon,
et
1
(1 − 4x2 )(1 + 2x) si |x| ≤ ,
ψ(x) := 2 (10.4.5)
0 sinon.
1
ψj ψj+1/2
De même, l’espace V0h défini par (10.4.2) est un sous-espace de H01 (0, 1) de dimen-
sion 2N + 1 et pour toute vh ∈ V0h , on a
N
X N
X
vh = vh (xj )ψj + vh (xj+1/2 )ψj+1/2
j=1 j=0
2N
X +1
= vh (xj/2 )ψj/2 .
j=1
De même que pour la méthode des éléments finis P1 , on en déduit la définition suivante
d’opérateur d’interpolation :
Définition 10.4.3. L’opérateur d’interpolation P2 est l’application rh définie de H 1 (0, 1)
dans Vh par :
2N +2
∀ v ∈ H 1 (0, 1),
X
rh v := vh (xj/2 )ψj/2 .
j=0
On pose Uh := (uh (x1/2 ), uh (x1 ), . . . , uh (xN ), uh (xN +1/2 ))T ∈ R2N +1 . Alors, Uh est solution
de Kh Uh = bh , où Kh ∈ R(2N +1)×(2N +1) et bh ∈ R2N +1 sont donnés par
Z 1 Z 1
0 0
Kh := ψi/2 ψj/2 dx et bh := f ψi/2 dx .
0 1≤i,j≤2N +1 0 1≤i≤2N +1
Autrement dit, la méthode des éléments finis P2 converge. De plus, si u ∈ H 3 (0, 1) alors
il existe une constante c > 0 indépendante de h telle que
||u − uh ||H 1 (0,1) ≤ c h2 ||u000 ||L2 (0,1) . (10.4.9)
On dit que la convergence est quadratique.
Remarque 10.4.6. D’après le théorème de convergence, on voit que l’avantage de la
méthode P2 est une accélération de la convergence (quadratique au lieu de linéaire) lorsque
la solution est régulière (u ∈ H 3 (0, 1)). Le désavantage est que le système Kh Uh = bh est
plus couteux à résoudre car la matrice Kh n’est plus tridiagonale mais pentadiagonale.
En particulier, on remarque que si u ∈ / H 3 (0, 1), il n’y a aucun intérêt à employer la
méthode P2 .
103
Chapitre 11
est inversible. On appelle d-simplexe non dégénéré K de sommets (aj )1≤j≤d+1 l’enveloppe
convexe des points aj , 1 ≤ j ≤ d + 1.
Définition 11.1.2. Une triangulation admissible de Ω est une famille Th := {Ki }1≤i≤N
constituée de d-simplexes non dégénérés tels que
1. Ki ⊂ Ω et Ω = ∪N
i=1 Ki ,
Exemple 11.1.8.
1. Pour k = 1, on a
Σ1 := x ∈ K λj (x) ∈ {0, 1} , ∀ j = 1, . . . , d − 1 ,
Figure 11.2 – Treillis d’ordre 2 pour un triangle à gauche et pour un tétraèdre à droite
où αi1 ,...,id ∈ R.
Card(Σk ) = dim(Pk ).
106 Chapitre 11 : Méthode des éléments finis en dimension d ≥ 2
Lemme 11.1.11 (admis, voir [1] page 177). Soient K un d-simplexe non dégénéré de Rd
et, pour k ∈ N∗ , Σk le treillis d’ordre k de K. On désigne par (σj )1≤j≤Nk les points
de Σk . Alors, tout polynôme de Pk est déterminé de manière unique par ses valeurs aux
points (σj )1≤j≤Nk . Plus précisément, il existe une base (ψj )1≤j≤Nk de Pk telle que
ψj (σi ) = δij pour tout 1 ≤ i, j ≤ Nk . (11.1.6)
Dans la suite, ce lemme a essentiellement deux applications importantes. Tout d’abord,
celui-ci permettra de construire une base de l’espace d’approximation. Ensuite, celui-ci
permet de montrer le résultat suivant :
Lemme 11.1.12. Soient K et K 0 deux d-simplexes non dégénérés de Rd ayant une face
commune Γ := ∂K ∩ ∂K 0 . Soit un entier k ≥ 1. Alors, leurs treillis d’ordre k, Σk et Σ0k
coïncident sur cette face Γ. De plus, étant donné pK et pK 0 deux polynômes de Pk , la
fonction v définie par (
pK (x) si x ∈ K,
v(x) :=
pK 0 (x) si x ∈ K 0 ,
est continue sur K ∪ K 0 si et seulement si les valeurs de pK et pK 0 coïncident aux points
des treillis sur la face commune Γ.
Remarque 11.1.13. Soit {σ1 , . . . , σN } = Γ ∩ Σk . On note (ψjK )1≤j≤Nk la base de Pk
0
associée à K et (ψjK )1≤j≤Nk celle associée à K 0 , définies par (11.1.6). Pour j ∈ {1, . . . , N }
fixé, si on définit pK et pK 0 par
0
pK = ψjK et pK 0 = ψjK ,
alors la fonction v du Lemme 11.1.12 est continue sur K∪K 0 puisque pour tout i ∈ {1, . . . , N },
on a pK (σi ) = δij = pK 0 (σi ).
Démonstration. Si v est continue sur K ∪ K 0 alors pK = pK 0 sur Γ. Réciproquement, sup-
posons que pK et pK 0 coïncident aux points des treillis sur Γ. D’après le Lemme 11.1.11, pK
et pK 0 sont uniquement déterminés sur Γ par leurs valeurs sur Σk ∩ Γ donc, si celles-ci
coïncident, on a nécessairement pK = pK 0 sur Γ donc v est continue sur K ∪ K 0 .
3. Les degrés de liberté d’une fonction v ∈ Vh sont les la valeurs v(σi ) de v aux
points σi .
4. L’espace H01 (Ω) est approché par l’espace
Notation 11.2.2. Dans la suite, on note Nbord le nombre de nœuds de degrés de liberté
appartenant à ∂Ω et N := Ndl − Nbord . De plus, on suppose les nœuds σi , 1 ≤ i ≤ Ndl ,
rangés de sorte que les σi , pour i = 1, . . . , N , sont des points intérieurs de Ω tandis que
les σi pour i = N + 1, . . . , Ndl , sont sur ∂Ω.
De même, l’espace V0h défini par (11.2.2) est un sous-espace de H01 (Ω) de dimension
finie N = Ndl − Nbord , où Nbord est le nombre nœuds sur ∂Ω. De plus, pour toute v ∈ V0h ,
on a
N
X
v= v(σi ) φi . (11.2.5)
i=1
Remarque 11.2.4. L’égalité (11.2.5) est une conséquence directe de l’égalité (11.2.4) et
de la Notation 11.2.2.
Démonstration. Soit vh ∈ Vh . Comme vh est continue sur Ω borné, vh ∈ L2 (Ω). Ainsi, pour
montrer que vh ∈ H 1 (Ω), il suffit de montrer que, pour tout i = 1, . . . , d, ∂xi vh ∈ L2 (Ω).
Soient i ∈ {1, . . . , d} et ϕ ∈ Cc∞ (Ω). On a
Z
∂ϕ X Z ∂ϕ
h∂xi vh , ϕi = − vh dx = − vh|K dx.
Ω ∂xi K∈Th K ∂xi
On en déduit que la somme des intégrales de bord de (11.2.6) se réduit à une intégrale
sur le bord de Ω qui s’annule car ϕ ∈ Cc∞ (Ω). Finalement, on a
X Z ∂vh|K
h∂xi vh , ϕi = ϕ dx,
K∈Th K ∂xi
Le Lemme 11.1.12 et la Remarque 11.1.13 montrent que les éléments de Vh sont obtenus
localement sur chaque K ∈ Th par des polynômes qui coïncident sur les degrés de liberté
des faces. La base de Vh est obtenue en assemblant les bases (ψjK )1≤j≤Nk définies dans
le Lemme 11.1.11 de chaque K ∈ Th (voir l’exemple ci-dessous sur l’assemblage des ψjK ).
σ2
σ6
σ1
K2
σ5
σ9 σ7
K1
σ4
σ8
σ3
la façon suivante :
Si k ∈ {1, 3, 9}, on pose :
(
ψk1 dans K1 ,
φk =
ψk2 dans K2 .
11.2 Éléments finis Pk en dimension d ≥ 2 109
Si k ∈ {4, 5, 8} ⊂ J1 , on pose :
(
ψk1 dans K1 ,
φk =
0 dans K2 .
où les σj sont les nœuds de degrés de liberté intérieurs (i.e. non sur le bord ∂Ω), N est le
nombre de nœuds intérieurs et φi est donnée par (11.2.3).
En posant Uh := (uh (σ1 ), . . . , uh (σN ))T ∈ RN , la formulation variationnelle (11.2.8)
s’écrit encore Kh Uh = bh avec Kh ∈ RN ×N et bh ∈ RN donnés par
Z
Kh := ∇φi · ∇φj dx , (11.2.9)
Ω 1≤i,j≤N
et Z
bh := f φi dx . (11.2.10)
Ω 1≤i≤N
en particulier la rondeur ρ(K) désigne le diamètre du plus grand disque contenu dans K.
Soit (Th )h>0 une suite de maillages admissibles de Ω. On dit qu’il s’agit d’une suite de
maillages réguliers si :
1. la suite h := maxK∈Th diam(K) tend vers 0,
110 Chapitre 11 : Méthode des éléments finis en dimension d ≥ 2
2. il existe une constante c > 0 telle que, pour tout h > 0 et tout K ∈ Th , on a
diam(K)
≤ c. (11.2.11)
ρ(K)
Remarque 11.2.7. La condition (11.2.11) signifie que les angles des d-simplexes K de Th
ne sont pas trop aplatis.
Définition 11.2.8. On définit rh l’opérateur d’interpolation Pk de C(Ω) dans Vh par :
Ndl
X
rh v := v(σi ) φi , (11.2.12)
j=1
où Ndl est le nombre de degrés de liberté et les φi sont les fonctions de base de Vh données
par la Proposition 11.2.3.
Proposition 11.2.9 (Interpolation Pk ). Soit (Th )h une suite de maillages réguliers de Ω.
On suppose k + 1 > d2 . Alors, pour toute v ∈ H k+1 (Ω), l’interpolée rh v est bien définie et
il existe c > 0, indépendante de h et v, telle que
||v − rh v||H 1 (Ω) ≤ c hk ||v||H k+1 (Ω) . (11.2.13)
Remarque 11.2.10. Si k + 1 > d2 , alors H k+1 (Ω) ⊂ C(Ω) donc les fonctions de H k+1 (Ω)
sont bien définies en tout point de Ω et rh v est bien définie.
Démonstration. La démonstration donnée ici a essentiellement pour but de justifier la né-
cessité de considérer des maillages réguliers et, en particulier, la majoration uniforme (11.2.11).
On admettra le résultat technique donné plus bas (voir [1] et [12]) et essentiel pour la
suite. On définit tout d’abord un opérateur d’interpolation local sur chaque d-simplexe
du maillage. Soient K un d-simplexe, k ∈ N∗ et Σk le treillis d’ordre k de K. On définit
l’opérateur d’interpolation rK , pour toute fonction continue v, par
rK v := p ∈ Pk où p(x) = v(x), ∀ x ∈ Σk . (11.2.14)
Lemme 11.2.11 (admis, voir [12]). On suppose que k + 1 > d/2 et que diam(K) ≤ 1.
Alors, il existe une constante c > 0 indépendante de K telle que, pour toute v ∈ H k+1 (K),
on a
(diam(K))k+1
||v − rK v||H 1 (K) ≤ c |v|H k+1 (K) , (11.2.15)
ρ(K)
où | · |H k+1 (K) est la semi-norme sur H k+1 (K) définie par
|v|2H k+1 (K) := ||v||2H k+1 (K) − ||v||2H k (K) .
Si v ∈ H k+1 (Ω), son interpolée rh v restreinte au d-simplexe K est rK v. On en déduit
||v − rh v||2H 1 (Ω) = ||v − rK v||2H 1 (K) .
X
K∈Th
Pour h > 0 suffisamment petit, on peut supposer diam(K) ≤ 1 pour tout K ∈ Th . Alors,
d’après le Lemme 11.2.11 et la majoration (11.2.11), on obtient
||v − rh v||2H 1 (Ω) ≤ c h2k |v|2H k+1 (K) ≤ c h2k ||v||2H k+1 (Ω) ,
X
K∈Th
d’où le résultat.
11.3 Calcul du second membre et assemblage de la matrice de rigidité 111
Théorème 11.2.12. Soit (Th )h>0 une suite de maillages réguliers de Ω. Soient u ∈ H01 (Ω)
la solution de (11.2.7) et uh ∈ V0h la solution de (11.2.8). Alors, la méthode des éléments
finis Pk converge :
lim ||u − uh ||H 1 (Ω) = 0. (11.2.16)
h→0
k+1 d
De plus, si u ∈ H (Ω) et si k + 1 > 2
alors il existe c > 0 telle que
||u − uh ||H 1 (Ω) ≤ c hk ||u||H k+1 (Ω) . (11.2.17)
Démonstration. On applique le Théorème 9.2.2 avec V = Cc∞ (Ω) qui est dense dans H01 (Ω).
Comme Cc∞ (Ω) ⊂ H k+1 (Ω), l’estimation (11.2.13) entraîne que les hypothèses du Théo-
rème 9.2.2 sont vérifiées, ce qui donne (11.2.16).
L’estimation d’erreur (11.2.17) s’obtient à partir du Lemme de Céa
||u − uh ||H 1 (Ω) ≤ c inf ||u − vh ||H 1 (Ω) ≤ c ||u − rh u||H 1 (Ω) .
vh ∈V0h
où f ∈ L2 (Ω) est le terme source et les φi sont les fonctions de base de Vh . Comme dans
le cas 1d, bh se calcule par des formules de quadratures sur chaque K ∈ Th . On donne
ci-dessous l’équivalent des formules en dimension 1 du point milieu et du trapèze.
d+1
−1
X
Soit K un d-simplexe de sommets ai , i = 1, . . . , d + 1. On note a0 := (1 + d) ai
i=1
le barycentre de K. Alors, pour toute fonction ψ intégrable, on a
Z
ψ(x) dx ' |K| ψ(a0 ), (11.3.1)
K
et
Z
|K| d+1
X
ψ(x) dx ' ψ(ai ). (11.3.2)
K d + 1 i=1
Ces deux formules sont exactes pour ψ ∈ P1 . En particulier, on peut montrer alors qu’elles
sont approchées à l’ordre 2 en h pour des fonctions régulières.
Remarque 11.3.1. On peut montrer que le résultat de convergence reste vrai en rempla-
çant le second membre bh par son approximation via une formule de quadrature (voir [12]).
112 Chapitre 11 : Méthode des éléments finis en dimension d ≥ 2
Pour calculer ces coefficients, il est nécessaire de pouvoir déterminer les fonctions de
base φi . Celles-ci dépendant du maillage considéré. Ci-dessous, on étudie un cas simple.
On suppose Ω := [−1, 1]2 et Th le maillage donné dans la figure 11.4, où les numéros sont
ceux des nœuds du maillages (par exemple σ1 := (−1, 1) et σ7 := (0, −1)).
1 5 2
K1
K2 9
8 6
4 7 3
dont on déduit
(Kh )11 = (Kh )22 = (Kh )33 = (Kh )44 .
Déterminons (Kh )11 . Comme sup(φ1 ) ⊂ K1 ∪ K2 , on a
Z Z
(Kh )11 = |∇φ1 |2 dx + |∇φ1 |2 dx
K1 K2
1 0 0 0 −1/2 0 0 −1/2 0
0 1 0 0 −1/2 −1/2 0 0 0
0 0 1 0 0 −1/2 −1/2 0 0
0 0 0 1 0 0 −1/2 −1/2 0
Kh =
−1/2 −1/2 0 0 2 0 0 0 −1
.
−1/2 −1/2 −1
0 0 0 2 0 0
0 0 −1/2 −1/2 0 0 2 0 −1
−1/2 0 0 −1/2 0 0 0 2 −1
0 0 0 0 −1 −1 −1 −1 4
1 2 3
5
4 6
7 8 9
Figure 11.5 – Autre maillage de [−1, 1]2 avec numérotation des nœuds.
L’ouvert Ωh peut, par exemple, être choisi tel qu’il existe une constante c > 0 vérifiant
dist(∂Ω, ∂Ωh ) ≤ c h2 .
On obtient alors, sous de bonnes conditions (voir [12]), le même résultat de convergence
pour la méthode P1 . Pour la méthode Pk avec k ≥ 2, la convergence de la solution
approchée vers la solution exacte est d’ordre moins élevé que dans le cas d’une ouvert Ω
polyédrique.
Pour obtenir une convergence plus rapide, i.e. d’ordre plus élevé, on peut faire appel à
des éléments finis isoparamétriques. Il s’agit de mailler la partie de Ω près du bord par des
mailles à bords courbes obtenus par déformation de d-simplexes. Pour des compléments
sur ces différents points, on renvoie à [12].
où | · | désigne la norme euclidienne. Les sommets (ou nœuds) du maillage Th sont les
sommets des d-rectangles Ki .
où αi1 ,...,id ∈ R.
Avec ses définitions, on obtient les mêmes résultats que dans le cas des maillages
triangulaires.
116 Chapitre 11 : Méthode des éléments finis en dimension d ≥ 2
117
Chapitre 12
d’où
φ0 (t) ∆v(x)
= .
φ(t) v(x)
Dans l’égalité précédente, le terme de gauche ne dépend que de la variable t et celui de
droite ne dépend que de la variable x donc les deux sont constants. On en déduit
φ0 (t) ∆v(x)
= = −λ,
φ(t) v(x)
où λ ∈ R. Finalement, on obtient
φ(t) = c e−λt et − ∆v = λ v,
donc λ est une valeur propre de ∆.
12.1 Rappels
Dans cette section, on rappelle (sans démonstrations) les résultats de théorie spectrale
pour les opérateurs auto-adjoints compacts et on renvoie à [11] pour plus de détails. Dans
toute la suite, (V, (·, ·)V ) est un espace de Hilbert réel.
Définition 12.1.1. Soit T ∈ L(V ).
1. Un réel λ ∈ R est appelé valeur propre de T s’il existe u ∈ V non nul tel que
Au = λ u. On dit que u est un vecteur propre de T associé à la valeur propre λ.
2. On appelle adjoint de T l’unique T ∗ ∈ L(V ) tel que
(T x, y)V = (x, T ∗ y)V , ∀ x, y ∈ V.
De plus, on dit que T est auto-adjoint si T = T ∗ .
3. On dit que T est défini positif si
(T x, x)V > 0, ∀ x ∈ V \ {0}.
Théorème 12.1.4 (Théorème spectral des opérateurs auto-ajoints compacts). Soient (V, (·, ·)V )
un espace de Hilbert réel de dimension infinie et T ∈ K(V ) défini positif et auto-adjoint.
Alors, les valeurs propres de T forment une suite (λk )k≥1 de R∗+ qui tend vers 0 et il existe
une base hilbertienne (uk )k≥1 de V formée de vecteur propres, i.e. qui vérifient
uk ∈ V et T uk = λk uk , ∀ k ≥ 1.
Remarque 12.1.5. On rappelle qu’une base hilbertienne (en )n≥1 de V est une famille
dénombrable orthonormale de V engendrant un sous-espace vectoriel dense dans V . De
plus, si (uk )k≥1 est une base hilbertienne de V , on a alors
et ||v||2 = |(v, uk )V |2 ,
X X
v= (v, uk )V uk ∀ v ∈ V.
k≥1 k≥1
Soit a(·, ·) une forme bilinéaire symétrique, continue et coercive sur V . On considère le
problème spectral variationnel suivant :
Trouver λ ∈ R et u ∈ V \ {0} tels que
(12.2.2)
a(u, v) = λ (u, v)H , ∀ v ∈ V.
Définition 12.2.1. Si λ ∈ R et u ∈ V \ {0} vérifient (12.2.2), on dit que λ est une valeur
propre de la formulation variationnelle (12.2.2) et que u est un vecteur propre associé.
Théorème 12.2.2. Les valeurs propres de (12.2.2) forment une suite croissante (λk )k≥1
de réels positifs et il existe une base hilbertienne de H formée de vecteur propres (uk )k≥1 ,
i.e. qui vérifient
continue donc ||v||H ≤ c ||v||V pour tout v ∈ V . En prenant v = Af comme fonction test
dans (12.2.3), on obtient
m ||Af ||2V ≤ a(Af, Af ) = (f, Af )H ≤ ||f ||H ||Af ||H ≤ c ||f ||H ||Af ||V
donc T est auto-adjoint et, de plus, défini positif dans H car a(·, ·) est coercive. Le
théorème spectral appliqué à T entraîne qu’il existe une suite décroissante (µk )k≥1 de
réels positifs qui tend vers 0 et une base hilbertienne (uk )k≥1 de H formée de vecteurs
propres de T , i.e.
uk ∈ V et T uk = µk uk , ∀ k ≥ 1.
Le problème (12.2.2) s’écrit encore
Ce qui équivaut à a(u − λ Au, v) = 0 pour tout v ∈ V . Comme a(·, ·) est un produit
scalaire sur V , on en déduit u = λ Au = λ T u. Ainsi, les valeurs propres de (12.2.2) sont
les inverses des valeurs propres de T et les vecteurs propres sont les mêmes. Pour k ≥ 1,
on pose
1 uk
λk := et vk := √ .
µk λk
Il reste à vérifier que (vk )k≥1 est une base hilbertienne de V pour le produit scalaire a(·, ·).
Pour k, j ≥ 1, on a
a(uk , uj ) (uk , uj )H
a(vk , vj ) = q = λk q = δkj ,
λk λj λk λj
car (uk )k≥1 est une base hilbertienne de H. Enfin, on a le résultat en remarquant que
l’orthogonal de (vk )k≥1 dans V est contenu dans l’orthogonal de (uk )k≥1 dans H qui est
réduit à {0}.
On va appliquer le résultat précédent pour l’opérateur laplacien. La formulation faible
du problème −∆u = λ u dans Ω avec u = 0 sur ∂Ω est donnée par
Trouver u ∈ H01 (Ω) tel que
Z Z
∇u · ∇v dx = λ u v dx, ∀ v ∈ H01 (Ω).
Ω Ω
On obtient bien un problème du type (12.2.2) avec H := L2 (Ω), V := H01 (Ω) et a(·, ·) la
forme bilinéaire symétrique définie sur V par
Z
a(u, v) := ∇u · ∇v dx
Ω
12.3 Analyse numérique spectrale 121
On termine cette section par un résultat de régularité des fonctions propres du lapla-
cien.
Proposition 12.2.4. Soit Ω un ouvert borné régulier de classe C ∞ . Alors, les fonctions
propres du laplacien vérifiant (12.2.4) appartiennent à C ∞ (Ω).
Proposition 12.3.1. Les valeurs propres de (12.3.1) forment une suite croissante finie :
et il existe une base de Vh , orthonormale dans H, (uk,h )1≤k≤Ndl de vecteurs propres asso-
ciés, i.e. qui vérifient
Ndl
Ujh φj , où Ujh ∈ R, ∀ j = 1, . . . , Ndl .
X
uh =
j=1
122 Chapitre 12 : Théorie spectrale
Pour que le couple (λh , uh ) soit solution de (12.3.1), il suffit qu’il vérifie (12.3.1) pour tout
v = φi , i = 1, . . . , Ndl , et donc (12.3.1) est équivalent à
Trouver λh ∈ R et U1h , . . . , UNh dl ∈ R tels que
Ndl Ndl
Ujh a(φj , φi ) = λh Ujh (φj , φi )H ,
X X
∀ i = 1, . . . , Ndl .
j=1 j=1
Kh Uh = λh Mh Uh ,
Mh = Ph PhT et Kh = Ph DPhT ,
où D := diag(λ1 , . . . , λNdl ) et les λi sont les valeurs propres de Kh . Alors, le problème (12.3.1)
s’écrit encore
DŨh = λh Ũh , où Ũh := PhT Uh .
Autrement dit, les valeurs propres de (12.3.1) sont les valeurs propres de Kh et les vecteurs
propres associés sont les uh,k donnés par
Ndl
Ujh φj où Uh,k = (PhT )−1 Ũh,k = (PhT )−1 ek ,
X
uh,k =
j=1
(D étant diagonale, ses vecteurs propres sont les vecteurs de base ek ). On en déduit que
la famille de vecteur propres {uh,k }k=1,...,Ndl forme bien une base de Vh .
Remarque 12.3.2. En pratique, on résout le problème Kh Uh = λh Mh Uh pour calculer
l’approximation uh . Cette résolution passe par la réduction simultanée de Kh et Uh pour
laquelle des algorithmes existent (voir [2]).
Dans le cas du problème de Dirichlet, il suffit d’appliquer le résultat précédent au cas
du problème (12.2.4) en prenant pour V0h le sous-espace de H01 (Ω) défini par la méthode
des éléments finis Pk . On donne ci-dessous un exemple en dimension 1 avec la méthode P1 .
On considère le problème de Dirichlet homogène sur l’intervalle [0, 1] :
−u00k = λk uk dans ]0, 1[,
uk (0) = uk (1) = 0.
12.3 Analyse numérique spectrale 123
Soit x0 = 0 < x1 < · · · < xN < xN +1 = 1 une discrétisation uniforme de l’intervalle [0, 1]
de pas h > 0. On pose
V0h := {v ∈ C([0, 1]) | v|]xi ,xi+1 [ ∈ P1 , ∀ i = 0, . . . , N, et v(0) = v(1) = 0}.
On a vu que Kh ∈ RN ×N est donnée par
2 −1 0 . . . 0
−1 2 −1 . . . 0
1 .. . . .. .
. ..
Kh =
. . .
h
.. .. ..
. . . −1
0 . . . . . . −1 2
On se propose de calculer la matrice de masse Mh correspondante. Soient {φ1 , . . . , φN }
la base de V0h . Alors, on a
x − xi
si x ∈ [xi−1 , xi ],
h
∀ i = 1, . . . , N, φi (x) = xi+1 − x si x ∈ [x , x ],
i i+1
h
0 sinon.
La matrice de masse Mh ∈ RN ×N a pour coefficients
(Mh )ij = (φi , φj )L2 (0,1) .
D’une part, puisque supp(φ) ⊂ [xi−1 , xi+1 ], on a
(Mh )ij = 0 si |i − j| > 1.
D’autre part, on a
Z xi
(x − xi )2 Z xi+1
(xi+1 − x)2 h3 h3 2h
(Mh )ii = ||φi ||2L2 (0,1) = 2
dx + 2
dx = 2
+ 2
= ,
xi−1 h xi h 3h 3h 3
et, par changement de variable,
Z xi+1
(xi+1 − x)(x − xi ) 1 Zh h
(Mh )i(i+1) = 2
dx = 2 (h − y)y dx = = (Mh )i(i−1) .
xi h h 0 6
Finalement, la matrice de masse Mh ∈ RN ×N est donnée par
2/3 1/6 0 . . . 0
1/6 2/3 1/6 . . . 0
.. .. .. ..
Mh = h
. . . . .
.. .. ..
. . . 1/6
0 . . . . . . 1/6 2/3
On donne ci-dessous un résultat de convergence de la méthode. Il faut prendre garde
que seules les premières valeurs propres λk,h sont de bonnes approximations des valeurs
propres exactes. Pour obtenir un plus grand nombre d’approximations correctes, il est
nécessaire de raffiner le maillage considéré.
124 Chapitre 12 : Théorie spectrale
Théorème 12.3.3. Soient Ω un ouvert polyédrique de Rd et (Th )h>0 une suite de maillages
triangulaires réguliers de Ω. Soit V0h le sous-espace vectoriel de H01 (Ω) défini par la mé-
thode des éléments finis Pk , de dimension N . Soient (λi , ui ) ∈ R∗+ × H01 (Ω), i ≥ 1, les
valeurs propres et vecteurs propres (orthogonaux dans L2 (Ω)) du problème de Dirichlet
rangées par ordre croissant
0 < λ1 ≤ λ2 ≤ · · · ≤ λi ≤ · · · ≤ · · · .
et il existe une famille de vecteurs propres (ui,h )1≤i≤N de (12.3.1) dans V0h telle que
où Ci ne dépend pas de h et
Remarque 12.3.4. la constante Ci tend vers +∞ lorsque i tend vers +∞. Il n’y a donc
aucune garantie que l’approximation soit correcte pour les grandes valeurs propres.
125
Chapitre 13
Problèmes paraboliques
qui a un sens pour toute fonction test v ∈ H01 (Ω). On note u(t) := u(t, x) de sorte que u
est une fonction définie sur R+ à valeurs dans H01 (Ω). Avec cette notation, on obtient la
formulation variationnelle suivante pour (13.1.1).
Trouver u : t ∈ R+ → H01 (Ω) telle que
d
(u(t), v)L2 (Ω) + a(u(t), v) = (f (t), v)L2 (Ω) , ∀ t ∈ R∗+ , ∀ v ∈ H01 (Ω),
dt
u(t = 0) = u0 ,
(13.1.2)
où a(·, ·) est la forme bilinéaire définie sur H 1 (Ω) par
Z
a(u, v) := ∇u · ∇v dx.
Ω
On note L2 ([0, T ]; X) l’espace des fonctions v telles que l’application t 7→ kv(t)kX est de
carré intégrable sur [0, T ], i.e.
Z T !1/2
kvkL2 ([0,T ];X) := kv(t)k2X dt < ∞.
0
Muni de la norme k·kL2 ([0,T ];X) ainsi définie, l’espace L2 ([0, T ]; X) est un espace de Banach.
De plus, si (X, (·, ·)X ) est un espace de Hilbert, alors L2 ([0, T ]; X) est un espace de Hilbert
muni du produit scalaire
Z T
(u, v)L2 ([0,T ];X) := (u(t), v(t))X dt.
0
Théorème 13.1.2 (Existence et unicité). Soient (V, (·, ·)V ) et (H, (·, ·)H ) deux espaces
de Hilbert réels tels que
(
V ⊂ H avec injection compacte,
V est dense dans H.
Soit a(·, ·) une forme bilinéaire continue, coercive et symétrique sur V . Soient T > 0,
u0 ∈ H et f ∈ L2 (]0, T [; H). Alors, la formulation variationnelle (13.1.3) admet une
unique solution u ∈ L2 (]0, T [; V ) ∩ C([0, T ]; H). De plus, il existe une constante c > 0
telle que
kukL2 (]0,T [;V ) + kukC([0,T ];H) ≤ c ku0 kH + kf kL2 (]0,T [;H) .
Autrement dit, le problème (13.1.3) est bien posé au sens d’Hadamard.
Démonstration. On donne seulement une idée de la démonstration, pour une démonstra-
tion complète on renvoie à [1].
D’après le Théorème 12.2.2, il existe une base hilbertienne (uk )k≥1 de H telle que,
pour tout k ≥ 1,
uk ∈ V et a(uk , v) = λk (uk , v)H , ∀ v ∈ V. (13.1.4)
13.1 Formulation variationnelle 127
alors on a
lim ku − uh kL2 (]0,T [;H01 (Ω)) = lim ku − uh kC([0,T ];L2 (Ω)) = 0.
h→0 h→0
Il reste maintenant à discrétiser (13.2.4) pour la variable en temps par un schéma aux
différences finies. On suppose dans la suite bh ∈ C([0, T ]). Soient NT ∈ N et ∆t := T /NT .
On pose
∀ n ∈ {0, . . . , NT }, tn := n∆t.
On considère l’approximation Uhn de Uh (tn ) définie par le θ-schéma :
Uhn+1 − Uhn
Mh + Kh θUhn+1 + (1 − θ)Uhn = θb(tn+1 ) + (1 − θ)b(tn ),
∆t
ce qui donne
(Mh + θ ∆t Kh ) Uhn+1 = (Mh − (1 − θ) ∆t Kh ) Uhn + ∆t(θb(tn+1 ) + (1 − θ)b(tn )). (13.2.5)
Définition 13.2.2. Un schéma aux différences finies de (13.2.4) est dit stable s’il existe
une constante c > 0 indépendante de ∆t et h telle que
∀ n ∈ {0, . . . , NT }, Mh Uhn · Uhn ≤ c.
Lemme 13.2.3 (Stabilité du schéma). Si 1/2 ≤ θ ≤ 1, le θ-schéma (13.2.5) est incondi-
tionnellement stable. Si 0 ≤ θ < 1/2, le θ-schéma (13.2.5) est stable sous la condition CF L
2
max (λi ∆t) ≤ , (13.2.6)
1≤i≤N 1 − 2θ
où les λi , 1 ≤ i ≤ N , sont les valeurs propres de KU = λMU .
Démonstration. Voir [1].
On a alors le résultat de convergence suivant (voir [12]) :
Théorème 13.2.4. Soient Ω un ouvert polyédrique de Rd et (Th )h>0 une suite de maillages
triangulaires réguliers de Ω. Soit V0h l’espace de discrétisation de H01 (Ω) défini par la
méthode des éléments finis Pk , k ≥ 1, de dimension N . Soient T > 0, f ∈ L2 (]0, 1[; L2 (Ω)),
u0 ∈ H01 (Ω) et u l’unique solution faible de (13.1.1) supposée “suffisamment régulière”.
Soit uh la solution de (13.2.5). On suppose
lim ku0,h − u0 kL2 (Ω) = 0,
h→0
Bibliographie