Thèse D'exercice: Thèse Pour Le Diplôme D'etat de Docteur en Pharmacie
Thèse D'exercice: Thèse Pour Le Diplôme D'etat de Docteur en Pharmacie
Thèse D'exercice: Thèse Pour Le Diplôme D'etat de Docteur en Pharmacie
Université de Limoges
Faculté de Pharmacie
Oriane ORIEUX
né(e) le 15 octobre 1989, à Limoges
Peau et allergies
Mécanismes immunologiques de sensibilisation par voie cutanée et
facteurs de sensibilisation
Examinateurs de la thèse :
Université de Limoges
Faculté de Pharmacie
Oriane ORIEUX
né(e) le<15 octobre 1989>, à <Limoges
Peau et allergies
Mécanismes immunologiques de sensibilisation par voie cutanée et
facteurs de sensibilisation
Examinateurs de la thèse :
PROFESSEURS :
MAITRES DE CONFERENCES :
4
CALLISTE Claude BIOPHYSIQUE, BIOMATHEMATIQUES ET
INFORMATIQUE
5
PROFESSEUR DE LYCEE PROFESSIONNEL :
PROFESSEURS EMERITES :
BUXERAUD Jacques
DREYFUSS Gilles
OUDART Nicole
6
Remerciements
Je tiens à remercier mes professeurs, ma directrice Mme Moreau, Mr Desmoulière, ainsi que
Mr Lepine pour me faire l’honneur de diriger, de présider et de juger ce travail de thèse.
Merci à ma famille et mes amis et à tous ceux qui ont marqué de leur présence toutes ces
années d’études.
A mes parents, merci de m’avoir donné l’opportunité de faire ces études, merci pour votre
soutien précieux à tout moment et votre amour infaillible, j’espère vous rendre fiers,
À mes grand-parents, présent et absents, j’espère que vous êtes fiers de votre petite-fille,
À celui qui partage ma vie, pour m’épauler et me (sup)porter à tous les instants,
A mes ami(e)s, pour avoir été toujours présents dans les moments faciles, plus difficiles et
dans ceux qui font mal à la tête le lendemain.
7
Droits d’auteurs
8
Table des matières
Introduction ............................................................................................................................. 17
9
Partie II : Mécanismes immunologiques de la sensibilisation
allergique par voie cutanée ....................................................................37
10
2. Voie de l’immunité adaptive ............................................................................................ 55
2.1) Polarisation des LT naïfs CD4+/CD8+ .............................................................. 55
2.2) Activation LT CD4+ - LT CD8+ et orientation de la réponse allergique ............. 56
2.2.1) Les LT CD4+ ........................................................................................ 57
2.2.2) Les LT CD8+ ........................................................................................ 58
2.2.3) Skin homing et migration des LT ............................................................ 59
2.3) Activation lymphocytaire B ................................................................................ 56
2.3.1) Activation antigénique et expression du CMH-II ..................................... 61
2.3.2) Activation non-antigénique par les T Helpers ......................................... 61
2.3.3) LB mémoires et plasmatiques ................................................................ 61
2.3.4) T helpers et réponse IgE........................................................................ 62
Conclusion.................................................................................................................................. 77
Annexes ..................................................................................................................................... 87
11
Liste des Figures
Figure 5: Activation des DCs par les allergènes de contact et le nickel : mise en place de
mécanisme inné direct et indirect (ROS, TLR et inflammasome). ................................................. 49
Figure 6: Deux voies de présentation de l’antigène pour les antigènes endogènes (en bleu)
et les antigènes exogènes (en rouge). .......................................................................................... 52
Figure 9: Effet de l’abrasion du SC sur (A) la morphologie des LCs et sur (B) l’expression
des antigènes de surface. ............................................................................................................ 67
Figure 10: Présence des LCs dans l’épiderme lésée après application de l’allergène (peanut
paint) et après application d’une solution saline (saline paint). ..................................................... 68
Figure 11: Facteurs contribuant à la réactivité immunitaire dans (A) la peau saine, (B) la
peau altérée expérimentale et (C) la peau présentant des lésions « naturelle » comme dans
la DA. ........................................................................................................................................... 69
Figure 12: Formation et rôle de la filaggrine dans la peau (A) et les conséquences
structurelles et biophysiques de sa déficience (B) ........................................................................ 70
12
Liste des tableaux
Tableau 5 : Expression des TLRs par les principales cellules cutanées. ...................................... 43
Tableau 6 : Expression des principaux CLRs à la surface des cellules du SIC. ............................ 45
13
Abréviations
AA : Acide Aminé
Ac : Anticorps
ASC : Apoptosis-associated Speck-like protein containing a Caspase recruitment domain
ATP : Adénosine Tri-Phosphate
BDCA : Blood Dendritic Cell Antigen
BLyS : B Lymphocyte Stimulator
CARD : Caspase Activation and Recruitment Domain
CCL : C-C motif Chemokine Ligand
CD : Cluster de Différenciation
CER : Ceramide
CLA : Cutaneous Lymphocyte-associated Antigen
CLDN : Claudine
CLIP : CLass II associated invariant chain Peptide
CLR : C-type Lectin Receptor
CMH : Complex Majeur d’Histocompatibilité
CPA : Cellule Présentatrice d’Antigène
CRD : Carbohydrate Recognition Domain
CXCL : C-X-C motif Chemokine Ligand
DA : Dermatite Atopique
DAC : Dermatite allergique de contact
DAMP : Danger Associated Molecular Pattern
DC : Cellule Dendritique
DCIR : Dendritic Cell Immuno-Receptor
DC-SIGNR : Dendritic Cell-Specific Intercellular adhesion molecule-3-Grabbing Non integrin
Receptor
dDC : Cellule Dendritique dermique
Der p : Dermatophagoides pteronyssinus
DMBA : diméthylbenzanthracène
FB : Fibroblaste
FFA : Free Fatty Acid
ft : flaky tail
G-CSF : Granulocyte-Colony Stimulating Factor
HLA : Human Leucocyte Antigen
14
ICAM : InterCellular Adhesion Molecule
IDEC : Inflammatory Dendritic Epidermal cell
IFN : Interferon
Ig : Immunoglobuline
IL : Interleukine
IRF-3 : Interferon Regulatory Factor-3
JDE : Jontion Dermo-Epidermique
KACL : Keratinocytes-Associated C-type Lectin
KLK : Kallikrein related peptidases
KRT : Kératinocyte
LC : Cellules de Langerhans
LEKTI : LymphoEpithélial Kazal-Type-related Inhibitor
LFA-1 : Leukocyte Function Associated antigen 1
LN : Nodule Lymphatique
LRR : Riche-Leucine Repeat
LT : Lymphocyte T
MAPK : Mitogen Activated Protein Kinase
MC : Mastocyte
mDC : Cellule Dendritique myéloïde
MEC : Matrice Extra-cellulaire
MMP : Metalloproteinase
MR : Mannose Recceptor
MyD88 : Myeloid Differentiation factor-88
NF-KB : Nuclear Factor-КB
NLR : NOD Like Receptor
NLRP : NOD-Like Receptor Protein
NMF : Natural Moisturizing Factor
NOD : Nucleotide-binding Oligomerization Domain-containing protein
OVA : Ovabulmine
PAMP : Pattern Associated Molecular Pattern
PCA : Acide Pyrrolidone carboxylique
pDC : Cellule Dendritique plasmocytoïde
PM : Poids Moléculaire
PRR : Pattern Recognition Receptor
PSGL1 : P-Selectin Glycoprotein Ligand 1
PYD : Pyrin Domain
RAG : Recombinase Activating Gene
15
RE : Réticulum Endoplasmique
RHAMM : Hyaluronan-Mediated Motility Receptor
ROS : Reactive Oxygen Species
SB : Stratum Basalis
SC : Stratum Corneum
SCF : Stem Cell Factor
SG : Stratum Granulosum
SS : Stratum Spinosum
TACI : Transmembrane activator
TAP : Transporter associated with Antigen Processing
TCR : T Cell Receptor
TEWL : Trans Epidermal Water Loss
TGF : Transforming Growth Factor
Th : T helpers
TIR : Toll-IL-1 Receptor
TJ : Tight Junction = Jontion serrée
TLR : Toll Like Receptor
TNF : Tumor Necrosis Factor
Treg : T régulateur
TRIF : Toll-IL-1R domain containing adaptator inducing interferon-β
TSLP : Thymic Stromal LymphoPoietin
UCA : Acide urocanique
VCAM : Vascular Cell Adhesion Molecule
β2-m : β-2 microglobuline
16
Introduction
« La peau constitue une structure vitale qui protège les vertébrés contre des éléments
extrêmes et environnementaux incluant l’exposition à des antigènes, des solvants, la lumière
UV, des micro-organismes, des toxines, des nanoparticules, et différents types d’agressions
physiques » (Elias and Feingold, 2006).
17
Partie I. La peau une barrière indispensable
1.1) L’épiderme
C’est dans la couche basale, dénomée encore Stratum Germinativum ou Stratum Basalis,
que les kératinocytes basaux commencent leur différenciation. Ils forment une seule assise
de cellules cylindriques au noyau et au cytoplasme allongés, avec un axe perpendiculaire à
la jonction Dermo-Epidermique.
Les cellules souches se divisent par mitose en cellules souches filles, qui resteront dans la
couche basale pour se diviser, et en cellules à amplification transitoire. Ces dernières
subiront quelques étapes de division avant d’entamer le processus de différenciation.
18
1.1.2) Stratum Spinosum (SS) et enfance du kératinocyte
La maturation des kératinocytes coïncide avec la production croissante d’un tissu dur et
fibreux de kératines. Les kératines forment un cytosquelette de filaments intermédiaires
décrivant un anneau péri-nucléaire et se terminant au niveau des desmosomes.
Les kératinocytes qui quittent la couche basale s’enrichissent donc en kératines, deviennent
polygonaux et leurs noyaux s’arrondissent.
Les desmosomes sont plus nombreux dans cette couche, donnant un aspect épineux aux
cellules.
Puis, le cytoplasme et le noyau s’aplatissent, l’axe devenant parallèle à la JDE. Des
granulations basophiles apparaissent dans le cytoplasme définissant ainsi la couche
suivante dite granuleuse.
Le SG se divise en trois couches distinctes, de l’intérieur vers la surface, SG3 SG2 et SG1.
Lorsque les cellules SG3 se différencient en cellules SG2, elles forment des jonctions
serrées (TJ) et commencent à sécréter, dans le milieu intercellulaire, le contenu des corps
lamellaires par leur pôle apical.
Ce sont les protéines transmembranaires de la famille des claudines (claudin-1 à 24) et
occludines qui constituent les TJs.
« Les TJs accroissent l’étanchéité intercellulaire et permettent une régulation des substances
qui transitent entre le compartiment extra-TJ et intra-TJ incluant le processus dendritique
des cellules présentatrices d’antigènes » (Kubo et al. 2009).
Les cellules SG1 perdent leurs jonctions sérrées et débutent leurs processus de
cornification : elles perdent leur noyau ainsi que leurs organites intracellulaires et
commencent à s’encapsuler dans une structure protéique appelée « enveloppe cornée ». On
parle alors de cornéocytes.
Dans le compartiment extra-TJ, les desmosomes qui lient les cellules SG1, incorporent de la
cornéodesmosine et se modifient pour donner les cornéodesmosomes.
19
La profilaggrine intracellulaire est rapidement déphosphorylée et clivée, par des
endoprotéases, pour générer jusqu’à douze monomères fonctionnels de filaggrine.
Ces monomères agrègent les filaments de kératine participant ainsi à augmenter
l’aplatissement des cornéocytes et la dureté de la couche cornée (Mc Aleer et al. 2013).
20
L’élimination des couches supérieures du SC est un mécanisme important, permettant le
renouvellement permanent de l’épiderme mais également évitant la multiplication d’agents
nocifs à la surface de la peau.
SB SS SG SC
Espaces
KRTs KRTs KRTs Cornéocytes intercornéo-
cytaires
Filaments intermédiaires
- En trousseaux +++ +++ +++ - -
(tonofilaments)
- En réseaux - - - +++ -
Grains
- Kératohyaline - - +++ - -
- Kératinosomes - +/- +++ - -
Lamelles lipidiques
- - - - +++ (cément)
intercellulaires
21
Les cellules de Langerhans (LC), cellules dendritiques épidermiques, représentent moins
de 8% des cellules de l’épiderme mais leur rôle dans la défense de la peau est néanmoins
très important.
Ce sont des cellules présentatrices d’antigènes capables d’activer la différenciation de
lymphocytes T (LT) naïfs. Elles prennent leur origine dans les organes hématopoÏétiques et
migrent vers l’épiderme. Elles sont surtout retrouvées dans le Stratum Granulosum, en
dessous des TJs, qu’elles ne traversent qu’en cas d’activation (Kubo et al. 2009).
Elles possèdent des marqueurs spécifiques qui les différencient des autres cellules
dendritiques : le skin homing antigen CLA (Cutaneous Lymphocyte-associated Antigen), la
E-cadherine, la langherine et le CD1a.
Elles possèdent également un appareil de Golgi très développé et des granules de Birbeck
en raquette. Ceux-ci disparaissent lorsque les LCs migrent dans le derme.
La E-cadherine est une adhésine de surface exprimée par les LCs, les cellules T
épidermiques et par les kératinocytes. Elle permet la liaison de ces cellules entre elles et sert
de support aux déplacements des leucocytes à travers l’épiderme.
Le rôle immunologique des LCs sera développé plus loin dans cet exposé.
Une petite population de lymphocytes T est retrouvée dans l’épiderme, souvent à proximité
des LCs. Ce sont majoritairement des LT mémoires CD8+ à activité cytotoxiques.
Enfin la quatrième population cellulaire de l’épiderme sont les cellules de Merkel, cellules
neuro-épithéliales à fonction de mécano-récepteurs. Elles sont présentes dans le Stratum
Basalis au contact d’une terminaison nerveuse. Leur nombre est plus important dans
l’épiderme des paumes des mains, de la pulpe du doigt et de la plante des pieds.
C’est la structure qui sépare et qui relie les kératinocytes basaux au derme papillaire. Elle
apparait donc entre les saillies de l’épiderme dans le derme ou « crêtes épidermiques », et
les saillies du derme dans l’épiderme ou « papilles dermiques ».
Les kératinocytes basaux y sont reliés par l’intermédiaire des hémidesmosomes.
Elle est constituée, du pôle épidermique au pôle dermique, par la membrane des cellules
basales (kératinocytes, mélanocytes et cellules de Merkel), la lamina lucida puis la lamina
densa.
Un réseau de fibres et de fibrilles d’ancrages traversent perpendiculairement ces structures
et plongent dans le derme sur une longueur de 340 nm en moyenne. Ces filaments se
terminent, dans le derme, au niveau de structures dermiques dites « plaques d’ancrages ».
Ces filaments et fibrilles sont constitués de collagène et de laminine.
Des anomalies génétiques ou auto-immunes des structures de la JDE sont responsables
d’un décollement de l’épiderme à partir de la jonction, formant des pathologies bulleuses.
22
1.3) Derme et hypoderme
Ces deux strates profondes de la peau sont des tissus conjonctifs, structurés par une
abondante MEC. Cette matrice est constituée d’un réseau élastique, de fibres de collagènes
et d’une substance fondamentale amorphe.
Il n’y a pas de limite franche entre ces deux tissus mais chacun dispose d’une individualité
structurelle.
1.3.1) Architecture
L’acide hyaluronique est extrêmement hydrophile par les nombreux groupements hydroxyl
et carboxyl qui forment sa structure. Il peut retenir jusqu’à mille fois son poids en eau.
Il est également présent dans toutes les couches de l’épiderme.
C’est dans le milieu extra-cellulaire des couches spineuse et granuleuse qu’il est retrouvé en
plus grande quantité et où il permet de retenir les molécules d’eau qui proviennent du derme.
L’eau y est fixée par l’acide hyaluronique et retenue par le film hydro-lipidique.
L’acide hyaluronique joue un rôle également dans l’immunité car il est impliqué dans le
processus de migration des cellules immunitaires et dans le processus de maturation des
cellules présentatrices d’antigènes (Dereure 2010).
Il existe des récepteurs à l’acide hyaluronique la surface des cellules immunitaires, les deux
plus importants étant le CD44 et le RHAMM (Hyaluronan-Mediated Motility Receptor).
23
Ce sont les fibroblastes qui sont à l’origine de la production de l’acide hyaluronique et des
autres constituants de la MEC.
24
1.4) Les annexes cutanées
Les glandes sudoripares apocrines sont situés dans des régions déterminées (creux
axillaire, pubis, scrotum…) et sont toujours annexées à un follicule pilo-sébacé. Elles sont
constituées d’une portion sécrétrice située dans l’hypoderme et d’un canal excréteur qui
débouche dans le conduit pilo-sébacé en aval de la glande sébacée.
Leur produit de sécrétion est gras et alcalin et est sécrété sur un mode apocrine (élimination
par le pôle apical de la cellule).
Les glandes sudoripares eccrines ou glandes sudorales sont réparties sur toute la surface
de la peau mais sont plus abondantes au niveau de la plante des pieds, paume des mains,
du dos et du cuir chevelu.
Elles élaborent la sueur, liquide aqueux et incolore.
Ce sont des glandes exocrines tubuleuses simples pelotonnées. Leur portion sécrétrice
prend son origine dans le derme profond voir dans l’hypoderme superficiel. Le canal
excréteur chemine dans le derme perpendiculairement à la surface cutanée puis traverse
l’épiderme pour déboucher par un pore à la surface de la peau.
25
Figure 1: Les structures principales de la peau.
26
2. Eléments essentiels de la barrière immunitaire cutanée : le Système
Immunitaire Cutanée (SIC)
En plus de leur rôle dans la protection mécanique de la peau, les kératinocytes (KRTs)
constituent une défense immunologique toute aussi importante. Ils sont, pour cela, pourvus
de tout un arsenal (cf tableau 1) de cytokines, de chimiokines et de récepteurs immuns qui
leurs permettent de moduler l’environnement chimique et cellulaire de la peau dans les
conditions homéostasiques et dans les conditions inflammatoires.
Dans les conditions normales, certaines cytokines et chimiokines sont synthétisées de façon
constitutives et en très faible quantité par les KRTs, comme IL-1α (Interleukine-1α), TNF-α
(Tumor Necrosis Factor-α), IL-6, G-CSF (Granulocyte-Colony Stimulating Factor) et TGF-β
(Transforming Growth Factor-β). Après stimulation, ils vont moduler la synthèse de ces
molécules constitutives et entamer l’expression d’autres molécules inflammatoires
représentant le point de départ des inflammations cutanées.
Dans les désordres allergiques cutanés, c’est l’activité pro-inflammatoire des KRTs qui sert à
initier et à amplifier la réponse locale immunitaire.
Parmi les cytokines produites par les KRTs, ce sont les cytokines dites primaires (IL-1α IL-
1β et TNF-α) qui sont les plus importantes pour activer les mécanismes d’engagement de la
réponse inflammatoire cutanée (activation des cellules adjacentes, activation des DCs,
libération de facteurs chimiotactiques, expression de molécules d’adhésion).
Dans la peau saine, les KRTs synthétisent du pro-IL-1α et pro-IL-1β, qu’ils stockent dans le
milieu intracellulaire mais ils ne peuvent les sécréter sous leur forme active. Après
stimulation, le pro-IL-1β sera clivé et libéré sous sa forme active IL-1β par l’intermédiaire de
l’inflammasome (Cf Partie II.B. 1.1.3)) (Watanabe et al. 2007). La régulation de la production
d’IL-1α est moins connue mais son rôle dans l’inflammation cutanée a été établit chez des
souris transgéniques, sur-exprimant l’IL-1α et qui développent des inflammations cutanées
spontanées (Groves et al. 1995).
L’induction locale de l’inflammation par l’IL-1, dépend de la balance entre les agonistes (IL-
1α et β, caspase-1, et le récepteur agoniste à l’IL-1 : IL-1RI) et les antagonistes (IL-1Ra et le
récepteur antagoniste IL-1RII). Chacune de ces molécules peut être produites par les KRTs
et les autres cellules résidentes de la peau, régulant ainsi la réponse inflammatoire cutanée.
27
De nouveaux membres de la famille des cytokines IL-1 continuent d’être découverts et
semblent jouer un rôle dans les mécanismes inflammatoires cutanés. C’est le cas de l’IL-18,
qui est présent sous sa forme inactive pro-IL-18 dans les KRTs. De la même façon que l’IL-
1β, la forme active de cette cytokine est sécrétée à la suite de l’activation de l’inflammasome
et de la caspase I (Martinon et al 2009). La synthèse par les KRTs est augmentée lors d’une
stimulation par un sensibilisant de contact comme le nickel ou le trinitrochlorobenzène.
La production de TNF-α peut être induite rapidement par les KRTs en réponse à diverses
stimulations comme les UVs ou les allergènes de contact (Köck et al. 1990).
Le Thymic Stromal Lymphopoietin (TSLP) est une cytokine synthétisée en grande quantité
par les KRTs, notamment par les KRTs des lésions de Dermatite Atopique (DA). Le TSLP
favorise la sensibilisation allergique cutanée et permettrait d’orienter la polarisation des
cellules T naïves en cellules Th2 (T helpers 2) inflammatoires (Ito et al. 2005).
Les KRTs sont une source importante de chimiokines, ce qui leur permet de moduler la
réponse immunitaire en attirant différents types cellulaires dans la peau (cf tableau 2)
En exprimant le CC-chemokine ligand 20 (CCL20), le CXC-chemokine ligand 9 (CXCL9),
CXCL10 et CXCL11, les kératinocytes peuvent attirer les cellules T dans l’épiderme durant
les processus inflammatoires.
L’expression du CCL20 permet également de réguler le trafic des précurseurs des cellules
de Langerhans (LCs) au niveau de l’épiderme (Dieu-Nosjean et al. 2000).
Le CCL20 est produit de façon constitutive par les kératinocytes et sa synthèse est
augmentée par l’induction de lésions de l’épiderme (Schmuth et al. 2002).
Le CCL5 semble être produit par les kératinocytes basaux dans la DA, et cela serait
responsable de l’accumulation des lymphocytes Th1 dans la phase chronique de la maladie.
La E-cadhérine exprimée par les KRTs, permet aux autres cellules immunitaires en
homéostasie et lors des processus inflammatoires, de se déplacer dans l’épiderme.
C’est le cas des LCs qui quittent l’épiderme lors de leur maturation, par la perte de la liaison
E-cadhérine-E-cadhérine.
28
2.1.1.3) Les kératinocytes sont des cellules présentatrices d’antigènes (CPAs) non
professionnelles
Les KRTs comme toutes les cellules cutanées peuvent exprimer le CMH-I (Complexe
Majeur d’Histocompatitbilité-I) constitutivement et, des études ont montré que, sous
l’influence de l’IFN-γ, l’expression du CMH-II pouvait être induite in vitro (Nickoloff et al.
1994).
Les KRTs sont des cellules fixes et elles ne peuvent pas migrer de l’épiderme vers les
nodules lymphatiques périphériques pour y activer les LT naïfs, cela étant une
caractéristique propre aux cellules présentatrices d’antigènes (CPAs) professionnelles.
Cependant, il a été montré qu’elles étaient capables de présenter un antigène spécifique aux
cellules CD4+ mémoires, présentes dans la peau, par l’intermédiaire du CMH-II ; et
internaliser un peptide exogène pour le présenter aux cellules CD8+ spécifiques par
l’intermédiaire du CMH-I. Elles peuvent donc induire une rapide réponse effectrice par les
cellules mémoires CD4+ et CD8+ spécifiques de l’antigène (Black et al. 1993).
29
Cytokines Nomenclature Cibles Récepteurs
Cytokines primaires
IL-1α IL-1RI, IL-1RII
IL-1β IL-1RI, IL-1RII
TNF-α TNF-RI, TNF-RII
Chimiokines de type CXC
IL-8 CXCL-8 Ne, LT, Ba, En CXCR-8
GROα CXCL-1 Ne, Mel CXCR-2
GROβ/γ CXCL-2/3 Ne CXCR-2
IP-10 CXCL-10 LT activés CXCL-10
I-TAC CXCL-11 LT activés CXCR-3
Chimiokines de type CC
MCP-1 CCL-2 Mo, Ba, LT CCR-2
mémoires, NK
MCP-4 CCL-13 Mo, Eo, LT CCR-2, CCR-3
MIP-1α CCL-3 Mo, Ba, LT, NK, CD, CCR-1, CCR-5
Ne
MIP-1β CCL-4 Mo, LT, CD CCR-1, CCR-5
RANTES CCL-5 Mo, LT mémoires, CCR-1, CCR-3,
Eo, Ba, CD, NK CCR-5
MIP-3α CCL-20 LT, CD, Mo, Ba, Eo CCR-6
Cytokines régulant l’immunité humorale
IL-12 IL-12R
IL-18 IL-18R
Cytokines activant les Th2
TSLP
Cytokines activant les lymphocytes
IL-6 IL-6R
IL-7 IL-7R
IL-15 IL-15R
Facteurs de croissance
G-CSF G-CSFR
M-CSF M-CSFR
GM-CSF GM-CSFR
PDGF PDGF-R
TGF-α TGF-αR
Cytokines immunosuppressives antagonistes
IL-1ra IL-1RI, IL-1RII
TGF-β TGF-βR
IL-10 IL-10R
Interféron
IFN-γ IFN-γR
30
2.1.2) Les cellules de Langerhans (LCs) ou cellules dendritiques
épidermiques
Les LCs sont les seules cellules dendritiques qui peuplent l’épiderme sain et non
inflammatoire. Ce seront les premières CPAs à entrer en contact avec les allergènes
présents à la surface de la peau.
Elles ont une origine hématopoïétique dépendante du TGF-β.
Les LCs forment un réseau dense de cellules sentinelles dans l’épiderme par l’intermédiaire
de longues dendrites qui leur permettent d’établir des contacts entre elles et d’entourer les
KRTs. Elles pourront ainsi détecter tous les antigènes qui traverseront la couche cornée.
La survie des LCs dans l’épiderme dépend en grande partie des KRTs. Les cytokines
primaires IL-1β et TNF-α, ainsi que le GM-CSF, produits par les KRTs sont indispensables à
la survie et à la maturation des LCs (Ifor et Kupper 1996).
Les LCs expriment des récepteurs qui permettent leur caractérisation phénotypique : les
lectine de type C Langerine (ou CD207) qui sont impliqués dans la formation cytoplasmique
des granules de Birbeck ; et les récepteurs CD1a spécifique des antigènes glycolipidiques.
Elles expriment également des molécules de surface communes à toutes les cellules
dendritiques de la peau, le CMH de classe II et le CD45 (Gros et Novak 2012).
En réponse à un antigène local ou à un traumatisme, les LCs activées vont pouvoir quitter
l’épiderme et migrer jusqu’aux ganglions drainants via la lymphe afférente. Tout au long de
ce processus, les LCs subissent une maturation qui leur permettra de passer du stade de
DC immature, spécialisée dans la capture antigénique, au stade de CPA mature, capable de
présenter l’antigène et d’activer efficacement les LT naïfs.
Il a été montré que les LCs induisent préférentiellement la différenciation des cellules Th2 et
peuvent cross-présenter les antigènes exogènes aux cellules T CD8+ (Klechevsky et al.
2008).
De ce fait, les LCs ont été pendant longtemps ciblées comme les cellules principalement
impliquées dans l’induction des réactions d’hypersensibilité de contact.
Cependant des études ont montré que les LCs ne sont pas indispensables à l’induction de
ce type de réaction et aurait, au contraire, un rôle dans la réduction de la réponse
inflammatoire et dans la mise en place d’une réponse tolérogène face à un sensibilisant de
contact (Kaplan et al. 2005 et 2008). Dans les modèles murins, ce serait une population de
cellules dendritiques dermiques exprimant la langerin/CD207, qui serait impliquée dans la
mise en place d’une sensibilisation face à un haptène (Flacher et al. 2010).
Une autre population de DC peut être présente dans l’épiderme, connu sous le nom de
IDECs (Inflammatory Dendritic Epidermal cells). Elles sont présentes dans les peaux
inflammatoires des patients atteints de Dermatite Atopique et se différencient des LCs par
l’expression du Mannose Receptor MMR/CD206 (Wollenberg et al. 2002).
31
2.2) Les cellules résidentes du derme
Une nouvelle population de dDCs, assimilés aux LCs, a été mise en évidence. Elles se
rapprochent des LCs par l’expression de la langerin/CD207 mais elles s’en différencient par
l’expression de différents niveaux de molécules d’adhésions et de co-stimulations. Il semble
que ces dDCs langerin+ jouent un rôle et contribuent à la mise en place des réactions
d’hypersensibilités de contact, remettant en question l’implication des LCs dans ce type de
réaction (Bursch et Kaplan 2007).
32
Les dDCs, sont comme les LCs, des CPAs professionnelles, qui une fois activées seront
capables de présenter l’antigène et d’orienter la maturation des LT naîfs.
Les dDCs possèdent toute une batterie de récepteurs innées, les PRRs, qui leurs
permettront de détecter des signaux de dangers provenant du derme ou des tissus sus-
jacents. Elles se situent pour cela essentiellement dans la partie supérieure du derme
proche de la JDE, prêtes à recevoir les messages d’alertes provenant de l’épiderme. Une
plus faible proportion se trouve à proximité des capillaires dermiques.
Lors d’une sensibilisation par voie cutanée, l’activation se fera soit par contact direct avec
l’allergène, ce qui dépend de l’état de la peau et de la capacité de l’allergène à traverser les
strates épidermiques ; ou par l’exposition à des DAMPs (Danger Associated Molecular
Patterns) et des cytokines pro-inflammatoires (comme les IL-1 ou le TNF-α) synthétisés par
les LCs et les KRTs.
Les macrophages dérivent des monocytes circulants, cela est surtout vrai pour les
macrophages recrutés lors des processus inflammatoires. La grande majorité des
macrophages résidents des tissus semble avoir une origine pré-natale, à partir de
progéniteurs provenant du sac vitellin embryonnaire ou plus tardivement de précurseurs
monocytaires provenant du foie fœtal. Dans la peau saine, ils seraient capables, dans
certaines conditions, de s’auto-renouveler indépendamment des monocytes circulants
(Schulz et al. 2012 ; Hashimoto et al. 2013).
Les macrophages sont les cellules phagocytaires par excellence et sont des CPAs
occasionnelles. Ils sont caractérisés par des marqueurs de surface CD14, CD68, CD45.
Ils sont équipés par une vaste panoplie de PRRS (Pattern Recogition Receptors) (cf Partie
II.B.1.1)) leurs permettant de détecter tous les signaux d’alertes présents dans leur
environnement.
Ils possèdent de nombreux récepteurs membranaires, autres que les PRRs, leurs permettant
de détecter les médiateurs solubles et d’établir des contacts directs avec les autres cellules,
c’est le cas avec les LT notamment (ICAM, CMH I et II).
Ils produisent de nombreuses molécules affectant les tissus qui l’entourent, à l’homéostasie
(facteurs de croissances) ou lors de processus pathologiques comme les allergies (IL-1,
prostaglandines, leucotriènes).
En réponse à un stimulus, ils peuvent produire une variété de cytokines pro-inflammatoires
et de chiomiokines, jouant un rôle important dans le recrutement et l’activation cellulaire lors
de processus inflammatoires.
33
Les macrophages peuvent être classés en deux classes fonctionnelles, M1 (classiquement
activé) et M2 (alternativement activé) en fonction de leur rôle et des cytokines nécessaires à
leur activation. Cette polarisation dépend de leur réponse envers l’IFN-γ, l’activation des
PRRs et les cytokines IL-4 et IL-13. Dans les allergies cutanées les deux classes de
macrophages semblent impliquées, les macrophages M1 produisant des cytokines pro-
inflammatoires comme IL-1 et les macrophages M2, stimulés par l’IL-4, orientant la réponse
allergique vers une réponse de type Th2 (Sica et Mantovani 2012).
Les MCs sont présents en très grand nombres dans le derme, autour des vaisseaux
sanguins, des vaisseaux lymphatiques et des fibres nerveuses.
Les MCs sont définis principalement par deux récepteurs de surface, elles sont KIT+/CD117
(récepteur au SCF : Stem Cell Factor) et FcεRI+ (récepteur de haute affinité pour les
immunoglobulines (Ig) E).
Les médiateurs produits par les MCs sont divisés en (1) médiateurs préformés, (2)
médiateurs lipidiques et (3) les cytokines et chimiokines (Cf Tableau 4). Certains médiateurs
appartiennent à une ou plusieurs catégories. Le TNF-α par exemple, cytokines majeures des
MCs entrent dans les catégories 1 et 3.
Lorsque la MC est activée, les granules préformés fusionnent avec la membrane plasmique
et déversent leurs contenus dans le milieu extracellulaire en seulement quelques minutes.
Les MCs sont plus connues pour leur rôle de cellules effectrices dans les réponses
immunitaires Th2, incluant les pathologies inflammatoires allergiques. Dans ce type de
réactions, elles sont activées par la liaison entre le complexe IgE/allergène et les récepteurs
FcεRI présents à leur surface, induisant la libération des médiateurs et l’inflammation des
tissus.
Elles ne sont pas seulement impliquées dans les mécanismes effecteurs mais contribuent
également, directement ou indirectement, à la sensibilisation allergique.
La sécrétion des médiateurs peut être directement activée par différents stimulus
indépendants des IgE. L’activation via les différents PRRs (Cf Partie II.B.1.1)) présents à
leurs surfaces, pourrait induire la sécrétion, par les MCs, de divers motifs cytokiniques et
chimiokiniques activants les cellules environnantes.
Certains allergènes peuvent activer directement les MCs comme cela a été montré pour le
pollen d’ambroisie. Cet allergène induit l’activation mitochondriale et la libération de ROS
(Reactive Oxygen Species) par les MCs entrainant la libération d’amines bioactives
(histamine et sérotonine) (Chodaczek et al. 2009).
Les MCs jouent un rôle important dans la phase de sensibilisation à un allergène de contact.
Des études sur des souris déficientes en MCs montrent que leur absence dans le derme est
associée à des défauts de migration des DCs vers les nodules lymphatiques (LNs) et que la
réaction de contact est très diminuée. Les MCs permettraient de favoriser la migration des
DCs ainsi que l’hypertrophie des vaisseaux lymphatiques drainants et la libération rapide
d’histamine, entre autre, induirait l’augmentation de la perméabilité et du diamètre vasculaire
(Dudeck et al. 2011).
34
Les MCs expriment le CMH-I et dans certaines conditions (présence d’IFN-γ notamment) le
CMH-II, ainsi que le CD40, CD80 et CD86. Elles pourraient donc se comporter comme des
CPAs et jouer un rôle dans la polarisation des LT (Wang et al. 1998).
Médiateurs préformés
Histamine
TNF-α
Sérotonine
Bradykinine
Tryptase α
Tryptase β
Chymase
Carboxypeptidases A
Héparine
Chondroïtine sulfate
Médiateurs lipidiques
Cytokines et chimiokines
Cytokines Chimiokines
TNF-α MIP-1α/CCL3
IL-α et IL-1β MIP-1β/CCL4
IL-3 IL-8/CXCL8
IL-4 RANTES/CCL5
IL-5
IL-6
IL-10
IL-13
IFN-γ
VPF/VEGF
GM-CSF
SCF
Tableau 4: Les principaux médiateurs produits par les mastocytes (d’après Stone et al.
2010 ; Williams et Galli 2000).
35
2.3) Les autres cellules résidentes de la peau
Les fibroblastes (FBs) dermiques ne sont pas considérés traditionnellement comme des
composants du SIC. Cependant il a été montré des échanges entre les FBs et les cellules
immunitaires résidentes permettant à la fois d’assurer l’homéostasie de la peau mais
également la mise en place des réactions inflammatoires et allergiques.
Les FBs peuvent établir une communication avec les autres cellules par les cytokines et
chimiokines qu’ils peuvent produire.
En réponse à la synthèse de cytokines primaires pro-inflammatoires, comme IL-1α, par les
KRTs, les FBs sont capables de produire des quantités importantes de cytokines
secondaires telles IL-6. Ils peuvent également être une source importante de TNF-α. Ils
jouent donc un rôle d’amplification important, en réponse aux cytokines originaires des KRTs
(Williams et Kupper 1996).
Les cellules endothéliales (ECs) sont présentes uniquement dans le derme, l’épiderme
étant totalement avascularisé.
Elles jouent le rôle important de portiers de la peau qui contrôlent les allées et venues des
leucocytes. Ces déplacements sont permis par les échanges établis entre les molécules
d’adhésion et leurs ligands exprimés par les cellules endothéliales et les leucocytes.
Les principales molécules d’adhésion exprimées par les ECs sont les E-selectin, P-selectin,
ICAM-1, ICAM-2 et VCAM-1 (Vascular Cell Adhesion Molecule-1). Certaines sont exprimées
constitutivement, comme ICAM-2, mais la plupart sont induites en réponse aux médiateurs
inflammatoires.
En dehors du rôle dans le déplacement des CPAs et des cellules effectrices, les ECs
auraient un rôle actif dans la mise en place des pathologies allergiques. En effet, elles
expriment le CMH-I et sous l’effet de l’IFN-γ, elles peuvent également exprimer les
molécules du CMH-II, leur conférant ainsi un rôle potentiel dans la présentation antigénique.
Elles peuvent exprimer différents PRRs et sécréter une variété de cytokines (IL-1a, IL-1b, IL-
6, IL-8, TNF-a…) et de chimiokines en réponse à une stimulation (Shoda et al. 2016).
36
Partie II : Mécanismes immunologiques de
la sensibilisation par voie cutanée
Pour pouvoir pénétrer la peau, un allergène ne pourra naturellement emprunter que deux
voies. Une est dite trans-épidermique. Elle se fait à travers les différentes structures qui
constituent la couche cornée ; l’autre se fait via les annexes cutanées. Elle est dite trans-
annexielle.
Dans la plupart des cas, un allergène utilise conjointement ces deux voies.
Il est nécessaire que l’allergène puisse traverser la couche cornée pour ensuite entrer en
contact avec les cellules immunitaires de l’épiderme et du derme.
Le Stratum corneum est la couche de l’épiderme la plus difficile à pénétrer pour un
allergène ; la traversée des couches plus profondes de la peau est plus rapide car elle
constitue un milieu de diffusion aqueux et moins sélectif.
La diffusion dans le SC peut se faire par un passage trans-cellulaire, avec un transfert
successif à travers les cellules et les espaces extra-cellulaires hydrophiles, ou par un
passage inter-cellulaire dans le cément hydrophobe.
Les molécules polaires transiteront par la voie trans-cellulaire ou le long des structures
protéiques (kératine).
Les molécules non polaires atteindront les couches plus profondes de l’épiderme,
solubilisées dans la matrice lipidique inter-cornéocytaire.
37
La diffusion à travers la peau est un mécanisme passif. C’est donc le gradient de
concentration de la substance combinée à son affinité pour un environnement lipophile ou
hydrophile qui régit cette diffusion (Bo Nielsen et al. 2016).
Les molécules polaires peuvent donc transiter par les régions hydrophiles de la peau et les
molécules non polaires par les zones hydrophobes.
Les follicules pilo-sébacés et les glandes sudoripares sont des zones de faible résistance
face à la pénétration des molécules. Ces annexes permettent un passage direct dans le
derme où elles prennent leurs origines.
La voie folliculaire a toujours été considérée comme une voie de transfert plus rapide des
molécules à travers la peau et surtout pour les substances qui ont des difficultés à diffuser
dans la couche cornée (Schaefer et Lademann 2001).
Le conduit des glandes sébacées est très étroit et ne permet guère le passage de
substances, qui seraient de plus repousées par la sueur. Cette voie de pénétration n’est pas
à négliger mais reste contestée
Les allergènes non protéiques de faible poids moléculaire (PM), également nommés
haptènes, ne peuvent être immunogènes qu’à la suite de l’établissement de liaison covalente
ou non avec des fonctions amino-acides de protéines épidermiques. Ils sont le plus souvent
responsables des dermatites allergiques de contact (DAC).
Les métaux ne se lient pas de manière covalente mais établissent des interactions faibles
avec les acides aminés des protéines cutanées. Par exemple, l’ion nickel Ni2+, un des
allergènes les plus communs dans le déclenchement de dermatite allergique de contact,
peut activer directement les cellules dendritiques cutanées via les TLR4 (récepteur des
lipopolysaccharides bactériens) (Cf Partie II.B.1.1.1)). Les ions Ni2+ interagissent avec trois
histidines (H431, H456, H458) identifiées sur l’ectodomaine des TLR4 humains, ce qui
déclenche la dimérisation et l’activation des TLR4 (Raghavan 2012 ; Oblak 2015).
Les haptènes étant de faible PM (le plus souvent < 10kD), leur pénétration dépend avant tout
de leur polarité et de leur capacité à interagir avec les protéines.
Certaines molécules sont présentes sous forme de pro-haptènes ou de pré-haptènes qui
doivent être métabolisés, respectivement dans la peau (transformation métabolique) et sur
la peau (transformation abiotique), pour donner des haptènes capables d’interagir avec des
protéines endogènes.
38
La nécessité de la métabolisation des pro-haptènes en haptènes est prouvée par le modèle
murin du diméthylbenzanthracène (DMBA), un hydrocarbone polyaromatique. Les DAC au
DMBA ne surviennent que chez les souris qui sont capables de le métaboliser (Anderson et
al. 1995).
Cette observation permet de mettre en évidence que le métabolisme cutané est une étape
aussi importante que la pénétration de la substance, dans le développement de la
sensibilisation allergique.
La grande majorité des haptènes sont des molécules électrophiles qui interagissent avec les
résidus nucléophiles des protéines cutanées. Si bien que les termes « haptènes » et « pro-
haptènes » pourraient être remplacés par les termes « électrophiles » et « pro-
électrophiles ». Cette nouvelle classification des molécules sensibilisantes prendrait en
compte leur mode d’action expliquant le mécanisme de la sensibilisation (Aptula et al. 2007).
Le fait qu’un haptène puisse sensibiliser un individu à développer ou non une allergie de
contact dépend de sa capacité à diffuser à travers la couche cornée, mais aussi et avant
tout, de son habilité à interagir avec les protéines endogènes et ainsi d’induire d’importantes
modifications dans sa structure physique et chimique.
Le processus de pénétration est plus compliqué pour les plus grosses molécules protéiques.
Il a été, pendant longtemps, considéré comme impossible pour une molécule protéique
(molécule de haut PM) de pénétrer à travers une peau normale.
Cependant les observations cliniques d’urticaire et d’eczéma, comme les urticaires de
contact au latex par exemple, démontrent la capacité des protéines à traverser la peau.
On montre de plus qu’un simple contact cutané peut entrainer des effets systémiques graves
(choc anaphylactique, œdème de Quincke) chez un individu sensibilisé.
39
3) Autres facteurs de pénétration à travers la peau
Les deux paramètres qui gouvernent la pénétration sont la taille de la molécule (poids
moléculaires) et sa polarité car ils sont déterminants pour le passage à travers la barrière
cornée.
La concentration de la substance à la surface de la peau et la durée de contact sont des
facteurs impliqués.
La vitesse à laquelle une substance pénètre la peau dépend de la différence entre sa
concentration à la surface et dans la peau, et de la longueur du trajet emprunté par la
molécule (trans-cellulaire ou inter-cellulaire).
Les interactions de la substance avec d’autres molécules cutanées durant son trajet peuvent
retarder également la pénétration.
L’allergène peut être lié à un véhicule ou à un agent de pénétration, favorisant le shunt de la
barrière cornée (Berard 2003).
- les variabilités anatomiques des zones de pénétration : elles peuvent être reliées à
des différences dans la structure de la couche cornée (teneur en lipides, taille des
cornéocytes, épaisseur de la couche cornée, présence et en quelles quantités des
annexes cutanées). La peau des paupières offre une plus grande perméabilité que
les zones de peau palmo-plantaires par exemple ;
- l’âge : en fonction de l’âge, la peau peut être plus ou moins hydratée, d’une épaisseur
variable, ou d’une teneur en lipides plus ou moins importantes ;
- les pathologies cutanées : une peau lésée ou altérée à la suite de dermatoses ou par
des anomalies génétiques est une voie facile d’accès pour différentes molécules
potentiellement allergéniques (cf Partie III).
40
B. Sensibilisation allergique : rencontre entre le système
immunitaire innée et l’immunité adaptative
Toutes les cellules de la barrière épithéliale et les cellules de l’immunité innée résidentes de
la peau, expriment des récepteurs de surface ou intra-cellulaires, les « Pattern Recognition
Receptors » (PRRs).
C’est par l’intermédiaire de ces récepteurs qu’elles sont capables de reconnaitre et
d’interagir avec des motifs moléculaires spécifiques de l’allergène. Les principaux motifs
antigéniques sont regroupés sous les appellations de DAMP (Danger Associated Molecular
Pattern) et PAMP (Pathogen Associated Molecular Pattern).
Les DAMPs sont des molécules du soi qui peuvent être libérées durant une nécrose
cellulaire, cela comprend par exemple des protéines, des acides nucléiques ou des
glycosaminoglycanes ; alors que les PAMPs sont des motifs antigéniques spécifiques
exprimés par les bactéries, les virus, les parasites ou les champignons.
Les allergènes miment donc une infection en déclenchant une réponse immunitaire innée
via les PRRs, et induisant ainsi une réponse inflammatoire stérile (Martin et al, 2012).
Les cellules de l’immunité innée peuvent exprimer différents type de PRRs parmis lesquels
on peut citer les Toll-Like Receptors (TLR), les C-type lectins receptors (CLRs) dont les
Mannose Receptors (MR) et les Dendritic Cell-Specific Intercellular adhesion molecule-3-
Grabbing Non integrin Receptor (DC-SIGNR) ; et les nucleotide-binding oligomerization
domain (NOD)-Like Receptors (NLRs).
Les TLRs sont les PRRs les plus étudiés à l’heure actuelle et il en a été identifié dix chez
l’homme (TLR1-10). Le TLR10 a été identifié sur les kératinocytes humains mais sa fonction
n’est pas encore connue.
Chaque TLR reconnait un PAMP distinct et leur fonction primaire est la reconnaissance de
ces molécules pathogéniques et l’activation ultérieure de la réponse immunitaire innée.
41
Ce sont des protéines transmembranaires constituées de trois domaines : un ectodomaine
riche en leucine qui reconnait les PAMPs, un domaine transmembranaire, et un domaine
cytoplasmique Toll-IL-1 receptor (TIR) impliqué dans la transduction du signal d’activation.
Certains TLRs sont localisés à la surface cellulaire (TLR1, 2 ,4 et 6) et sont internalisés dans
des phagosomes après une interaction avec leur ligand. D’autres sont situés dans des
compartiments intracellulaires comme le réticulum endoplasmique et les endosomes (TLR3,
7, 8, 9) (Cf Figure 2).
Une fois qu’un TLR est activé par son ligand, le domaine TIR interagit avec une molécule
adaptatrice. Les deux molécules les plus fréquemment impliqués sont le MyD88 (Myeloid
differentiation factor-88) et le TRIF (Toll-IL-1R domain containing adaptator inducing
interferon-β), donnant les deux voies principales de signalisation et de transduction du signal
des TLRs.
Les deux voies amènent à l’activation de facteur de transcription NF-КB (Nuclear Factor-КB),
IRF-3 (Interferon Regulatory Factor-3) et MAPKs (Mitogen Activated Protein Kinases) et ainsi
à l’induction de la production de cytokines pro-inflammatoires et d’IFN-β.
La voie dépendante du MyD88 (TLR1, 2, 6 , 4, 7, 8 et 9 ) induit la production cellulaire de
cytokines comme le TNF-а, IL-1, IL-6, et IL-12, de chimiokines comme IL-8 et MIP2,
l’augmentation de l’expression de molécules de co-stimulation telle que CD40, CD80, CD86
et l’augmentation de la production de molécules d’adhésion telle qu’ICAM-1.
La voie de signalisation dépendante de la protéine TRIF (TLR3 et 4) amène essentiellement
à la production d’IFN de type 1 (IFNα/β).
Figure 2 : Localisation des TLRs et de leurs voies de signalisation (Boehme and Compton,
2004).
42
1.1.1.2) Expression des TLRs dans le SIC
Dans la peau humaine, les TLRs peuvent être exprimés par différent types cellulaires allant
des cellules de l’épiderme aux cellules du tissu adipeux.
Chacune de ces cellules expriment des TLRs distincts et contribuent donc à la réponse
immunitaire cutanée.
Les TLRs ont été décrits sur les KRTs et les LCs dans l’épiderme, sur les macrophages, les
DCs et les mastocytes du derme, sur les cellules endothéliales et sur les fibroblastes et les
adipocytes.
Il est difficile d’établir la distribution cellulaire précise de chaque TLR car elle peut varier en
fonction de l’état d’activation et de différenciation de la cellule.
Cependant il a été montré que les KRTs expriment les TLRs 1 à 6 et les TLRs 9 et 10. Les
LCs peuvent exprimer tous les TLRs et plus particulièrement les TLRs 1, 2, 3, 5, 6 et 10.
Cellules
Kératinocytes Cellules de dendritiques Macrophages
Mastocytes (1) (3)
(1) Langerhans (2) (1)
dDC pDC
TLR-1 + + + + - +
TLR-2 + + + + - +
TLR-3 + + + - - +/-
TLR-4 + - + + - +
TLR-5 + + + + - +
TLR-6 + + + + - +/-
TLR-7 - - + - + +/-
TLR-8 - - - + - +
TLR-9 + - + - + +/-
TLR-10 + + - + - +/-
Tableau 5 : Expression des TLRs par les principales cellules cutanées ((1) Miller et Modlin,
2007 ; (2) Flacher et al 2006 ; (3) Gros et Novak 2012)
L’importance des TLRs dans la sensibilisation cutanée a été montrée in vivo par des
modèles murins déficients en certains TLRs. Ces souris sont exposées à différents
sensibilisants cutanés et la réponse d’hypersensibilité de contact est mesurée par
l’importance du gonflement de l’oreille.
Les souris déficientes en TLR2 montrent un gonflement réduit de l’oreille et l’absence
combiné des TLR2 et TLR4 a pour conséquence une absence totale de gonflement. Ceci
indique que les deux récepteurs sont requis pour l’induction complète de la sensibilisation.
43
D’autre évidence de l’importance des TLRs dans le processus de sensibilisation cutanée ont
été montré pour le nickel, un des sensibilisants les plus fréquent. Le nickel, par interaction
avec les résidus histidines, peut activer directement les TLR4 humains.
Ces données montrent que les TLR2 et TLR4 notamment, jouent un rôle important dans
l’assemblage d’une réponse immunitaire complète face à un sensibilisant cutanée.
Les CLRs jouent un rôle clé dans la capture des antigènes, essentiellement des glyco-
antigènes, et dans l’activation des DCs. Un certains nombres d’entre eux, incluant les MR,
DC-SIGN et Dectin-2 ont récemment montré une activité de récepteur pour les allergènes
(Salazar et al. 2013).
De nombreux CLRs sont exprimés abondamment à la surface des DCs et des macrophages.
La reconnaissance de l’antigène par les CLRs, a pour conséquence son internalisation, sa
dégradation et sa présentation par les molécules du CMH.
Les CLRs qui ont une fonction de PRRs, sont des récepteurs protéiques
transmembranaires Ca2+ dépendant, ayant en commun un domaine extracellulaire, dit CRD
(Carbohydrate Recognition Domain) qui reconnait essentiellement les résidus carbohydrates
antigéniques.
Ils se divisent en deux groupes : (1) les CLRs de groupe I appartenant à la famille des
récepteurs de mannose et comprenant le Mannose Receptor (MMR/CD206) et le DEC-
205/CD205 ; (2) les CLRs de groupe II ou récepteurs de la famille des asialoglycoprotéines,
famille plus nombreuse, incluant les DC-associated C-type lectin 1 et 2 (Dectin-1 et 2), le
Dendritic Cell Immuno-Receptors (DCIR), le récepteur langerin/CD207 et le DC-specific
ICAM3-grabbing non-integrin (DC-SIGN).
En plus de leur rôle dans la capture de l’allergène, les CLRs permettent la reconnaissance
des DCs en fonction de la panoplie de ces récepteurs qu’elles expriment à leur surface.
Cette expression peut varier avec l’état de maturité de la DC (Ebner et al. 2004).
44
Le DEC-205/CD205 semble être exprimé à la surface de toute les DCs myéloïdes présentes
dans la peau saine, ainsi que sur les DCs plasmocytoïdes. Pour les LCs, son expression est
faible à l’état immature et il est surexprimé durant le processus de maturation.
Les LCs expriment également la langerine/CD207. Son implication fonctionnelle n’est pas
encore entièrement connue mais c’est un composant moléculaire important des granules de
Birbeck, organites caractéristiques des LCs. Bien que les granules de Birbeck disparaissent
lors de la maturation des LCs, l’expression de la Langerine reste stable durant ce processus.
Le DCIR (Dendritic Cell Immuno-Receptor) est un CLR présent sur les CPAs y compris les
DCs. Son expression est réduite par les signaux qui déclenchent la maturation des DCs
(Bates, Fournier et al. 1999).
Les dDCs sont équipées par un set de CLRs différents en comparaison des LCs.
Elles sont définit par l’expression du DC-SIGN/CD209 et co-expriment les récepteurs de
mannose (MMR)/CD206.
Malgré le fait que les CLRs sont principalement exprimés par les DCs, les KRTs montrent
l’expression de deux CLRs : la dectin-1 et le KACL (Keratinocytes-Associated C-type Lectin)
(Kuo et al. 2009).
Tableau 6 : Expression des principaux CLRs à la surface des cellules du SIC (d’après
Geijtenbeek et al. 2009 ; Gros et Novak 2012).
*ND : Non Documenté
Les CLRs sont importants pour la reconnaissance et la capture des antigènes glycosylés
par les CPAs. Ils favorisent ainsi la présentation de ces antigènes via les CMH I et II.
De plus, des études récentes ont montré que l’activation de certains CLRs pouvait
également jouer un rôle dans la polarisation de la réponse cellulaire T.
L’activation des MMRs présents à la surface des DCs peut orienter la réponse allergique
vers le développement d’une réponse Th2 (Royer et Emara 2010).
Les résidus fucoses peuvent directement stimuler les DC-SIGN des DCs et orienter
également la réponse immunitaire vers une réaction allergique Th2 médiée (Gringhuis et
al.2014).
45
1.1.3) Activation via les NOD-Like Receptors (NLRs)
Les NOD-Like Receptors (NLRs) constituent une vaste famille de PRRs intra-cellulaires
comprenant notamment les NOD (Nucleotide-binding Oligomerization Domain-containing
protein) et les NLRPs (NOD-Like Receptor Proteins).
Ils jouent un rôle important dans la réponse immunitaire innée par la reconnaissance de
divers PAMPs et DAMPs.
Pour cela, leur organisation générale comprend 1) une région C-terminale riche en LRR
(Riche-Leucine Repeat) qui reconnait les motifs particuliers des PAMPs ou DAMPs ; 2) un
domaine central NOD ; et 3) un domaine N-terminal constitué de domaines d’interaction
protéines-protéines tel que le domaine de recrutement des caspases (CARD) impliqués dans
l’initiation de la signalisation.
Certains NLRPs forment un complexe multi-protéique nommé l’inflammasome qui contrôle
l’activité d’une enzyme la caspase-1.
L’inflammasome le plus caractérisé et le plus souvent impliqué dans les dermatoses
allergiques est l’inflammasome NLRP3. Son activation amène à la production de cytokines
pro-inflammatoires IL-1β et IL-18.
46
Figure 3 : Activation de l’inflammasome NLRP3 (d’après Tschopp et Schroder 2010). PYD :
Pyrin Domain.
Des souris déficientes en caspase-1 montrent un gonflement de l’oreille diminué par rapport
à des souris de type sauvage.
De plus la migration des LCs se trouve affaiblie chez ces même souris déficientes en
caspase-1, alors que leur maturation n’est pas altérée. La migration des LCs est restaurée
lors de l’injection intra-dermique de IL-1β, indiquant que ces souris produisent de l’IL-1β
seulement par la voie de l’inflammasome (Antonopoulos C. et al. 2001). L’IL-1β produit par la
voie de l’inflammasome joue un rôle prépondérant dans la migration des LCs vers les
nodules lymphatiques.
Des expériences récentes ont démontrées que les allergènes acariens Derp1 peuvent
activer la voie de l’inflammasome dans les kératinocytes.
Les Derp constituent des signaux de danger qui activent la caspase-1 et induisent la
libération d’IL-1 et d’IL-18 par les KRTs (Dai X. et al. 2011).
47
1.1.4) Activation par les Reactive Oxygen Species (ROS)
Les ROS « Reactive Oxygen Species » sont définis comme des molécules dérivant de
l’oxygène et considérées plus réactives que le di-oxygène (O2), ce qui inclut l’hydroxyde
d’hydrogène et les ions super-oxydes.
Certains allergènes de contact, par des processus encore très peu décrits, ont la capacité
d’induire la production de ROS par les cellules cutanées (Figure 4).
Le stress oxydatif produit dans le milieu intra-cellulaire va conduire à la production de
DAMPs tels que la production d’ATP (Adénosine Tri-Phosphate) ou la génération de
molécules d’acide hyaluroniques de PM.
Figure 4: Activation cellulaire par les haptènes et le nickel (d’après Kaplan, Igyarto et
Gaspari 2012).
48
Ce mécanisme d’activation cellulaire par le ROS a été mis en évidence dans les cellules
kératinocytaires et les cellules dendritiques dermiques et épidermiques (Byamba et al. 2010-
2011).
Dans les DCs, les ROS semblent impliqués dans l’augmentation de l’expression de
molécules de surface telle le CMH-II, de molécules de co-stimulation (CD86 et CD40), et de
la production de cytokines pro-inflammatoires (IL-1β, IL-12, TNF-α) (Byamba et al. 2010)
(Figure 5).
Pour les KRTs, l’augmentation de l’expression de molécules d’adhésion a pu être montrée
(ICAM-1) ainsi que l’augmentation de la production d’IL-1α. (Byamba et al. 2011).
Figure 5: Activation des DCs par les allergènes de contact et le nickel : mise en place de
mécanisme inné direct et indirect (ROS, TLR et inflammasome) (d’après Martin S.F. 2014).
49
1.2) Expression des molécules du CMH
Les cellules dendritiques matures sont les seules cellules capables d’activer les LT naïfs
dans les nodules lymphatiques. Ceci est en partie dû à leur capacité à capturer l’allergène, et
à le ré-exprimer à leur surface sous la forme d’un fragment antigénique spécifique associé à
des récepteurs immuns spécialisés : les molécules du CMH (ou HLA pour Human Leucocyte
Antigen).
Les molécules du CMH sont des glycoprotéines de surface qui se lient à des fragments
protéiques qui ont soit été synthétisés dans la cellule (molécules du CMH de classe I) ou qui
ont été ingérés et protéolysés (molécules du CMH de classe II).Les deux types de
glycoprotéines membranaires se comportent comme des molécules présentatrices
d’antigènes qui forment des complexes très stables avec les peptides antigéniques.
Ainsi les protéines allergéniques présentent au niveau du cytosol empruntent la voie de
présentation du CMH-I et les allergènes pénétrant à la suite de l’endocytose ou par
phagocytose utilisent la voie du CMH-II. Malgré tout ce modèle est assez restrictif.
Le CMH-I est présent à la surface de toutes les cellules nuclées et il permet l’interaction
avec les LT naïfs CD8.
Il est constitué par une chaine lourde polymorphe formée de trois domaines extra-cellulaires
α1, α2 et α3 ; et d’une chaine lourde non polymorphique β-2 microglobuline (β2-m). Les
domaines α1 et 2 forment la région de liaison au peptide antigénique et les domaines α3 et
β2-m constituent la région immunoglobuline-like qui fixe le TCR (T Cell Receptor) des LT
CD8.
Les allergènes protéiques ou les haptènes liés à une protéine endogène, vont être
dégradés en peptides par le protéasome du cytosol.
Le protéasome est un complexe protéasique multi-catalytique formé de 28 protéines
organisées en quatre anneaux. Il est doté de trois spécificités catalytiques considérées
comme similaires à la trypsine (clivage après les résidus Arg et Lys), à la chymotrypsine
(clivage après les résidus Tyr, Phe, Leu et Ile) et à la caspase (clivage après Glu et Asp).
Du fait de ces spécificités multiples, le protéasome est capable de dégrader la quasi-totalité
des protéines, en produisant des fragments peptidiques d’une longueur de 4 à 15 résidus.
La translocation des peptides antigéniques, du cytosol au réticulum endoplasmique (RE) où
se produit l’assemblage peptides-CMH-I, est prise en charge par le transporteur TAP
(transporter associated with antigen processing). Le TAP appartient à la famille des
protéines ABC, qui utilisent l’hydrolyse de l’ATP comme source d’énergie pour le transport
des molécules à travers les membranes. Le TAP humain présente une affinité pour les
peptides d’une longueur de 8 à 16 acides aminés (AA) et son expression est induite par
l’IFN-γ.
50
La formation d’un complexe peptide-CMH-I, dans le RE, implique l’action de trois protéines
chaperons différentes. Lors de sa formation, les molécules du CMH-I restent associées à ces
protéines, ce qui assure la stabilité du complexe jusqu’à sa liaison avec un peptide de haute
affinité.
Les chaines lourdes néo-formées sont d’abord associées à la calnexine puis la calnexine est
remplacée par la calréticuline lors de l’association des chaines lourdes avec la β2-m. Puis le
complexe ainsi formé se lie aux pompes TAP par l’intermédiaire de la tapasine, constituant
ainsi le « complexe de chargement » des molécules CMH-I.
Les molécules de CMH-I ainsi chargées en peptides, vont être adressées et exprimées à la
surface cellulaire.
Certains haptènes peuvent se complexer directement aux peptides endogènes présentés
par les molécules du CMH-I à la surface de la membrane plasmique.
Les antigènes exogènes internalisés peuvent également être associés aux molécules du
CMH-I par un mécanisme dit de cross-présentation. Ce processus est décrit principalement
dans les DCs.
L’expression du CMH-II est plus restreinte que le CMH de classe I. Il est exprimé en grande
majorité par les CPAs, les LB et LT activés et les macrophages. L’expression du CMH-II par
les cellules épithéliales et endothéliales, peut être induite par la présence d’IFN-γ.
Le CMH-II permet l’activation spécifique des LT naifs CD4.
Les molécules de classe II sont formées de deux chaines polymorphes α (α1 et α2) et β (β1
et β2).
Les domaines α1 et β1 forment la région de liaison au peptide antigénique lors que β2 et α2
constituent la région de fixation aux CD4.
Lors de la biosynthèse dans le RE, les dimères αβ sont liés à une chaine invariante, notée Ii,
de façon transitoire et non covalente.
Les allergènes exogènes qui sont internalisés par endocytose, transitent dans des
endosomes précoces puis tardifs où ils seront dégradés par des systèmes enzymatiques
endo-lysosomales en peptides de taille variable (12 à 35 AA).
Ces peptides seront associés aux molécules du CMH-II dans les MIIC par l’action de la
protéine HLA-DM qui permet leur échange avec le fragment CLIP. Les complexes CMH-
II/peptides qui en résultent sont adressés vers la membrane plasmique.
51
Figure 6: Deux voies de présentation de l’antigène pour les antigènes endogènes (en bleu)
et les antigènes exogènes (en rouge) (d’après Revillard 2001).
52
1.3) Maturation et migration des DCs activées
Dans la peau saine, les DCs sont présentes principalement dans un état immature,
caractérisé par l’expression faible, à leur surface, des molécules du CMH et des molécules
de co-stimulation lymphocytaire. En revanche, elles possèdent une forte capacité
d’endocytose, de macropinocytose et de phagocytose ce qui en font des cellules très
efficaces pour la capture des antigènes.
Certains types de récepteurs membranaires sont identifiés comme médiant leur activité
endocytique forte, ce sont les récepteurs au mannose ou MMR/CD206 (Macrophage
Mannose Receptor), le C-type lectin DC-SIGN/CD209 et les DEC205/CD205. Les LCs
expriment également la langerine/CD207 qui leur est spécifique.
Les antigènes internalisés sont soit stockés, soit entrent dans une ou l’autre des voies du
CMH.
Au fur et à mesure de leur maturation, les DCs perdent peu à peu leur capacité endocytique
et phagocytique, la synthèse cytoplasmique des CMH est plus faible mais leur expression
membranaire et leur demi-vie sont augmentées.
Des changements morphologiques se produisent, se traduisant par la formation de
nombreux prolongements cytoplasmiques et par la ré-organisation des réseaux de micro-
filaments. Les LCs émettent de nombreuses dendrites qu’elles peuvent étendre à travers les
TJs de la couche granuleuse. Les granules de Birbeck des LCs disparaissent.
Parallèlement, les DCs acquièrent des molécules facilitant leur migration et les interactions
avec les LT. Ce sont des molécules co-stimulatrices (CD80, CD86, CD40), des molécules
d’adhésion (ICAM-1, LFA-3/CD58), et des récepteurs de chimiokines (CCR4, 7, CXCR4).
La maturation des DCs est contrôlée par divers facteurs, notamment la production de
cytokines inflammatoires comme le TNF-α, IL-1β, IL-18 et GM-CSF, l’activation des PRRs, et
les interactions qui sont mis en place entre les différentes cellules du SIC.
Dans l’épiderme, les KRTs activées sont la principale source de TNF-α et d’IL-1 nécessaire à
l’activation, la maturation et la migration des LCs.
Dans le derme, ce serait les cellules mastocytaires qui produisent le TNF-α nécessaires à la
maturation et la migration des dDCs (Suto H. et al. 2006).
53
1.3.2) Migration des DCs
La migration des LCs doit être différenciée de celle des dDCs du fait que les premières
doivent quitter l’épiderme pour atteindre les vaisseaux lymphatiques du derme. La
mobilisation des LCs, suivant une stimulation inflammatoire, est lente et leur migration
nécessite 3-4 jours pour qu’ils atteignent les LNs.
A l’inverse les dDCs se trouvent proches des vaisseaux lymphatiques et leur migration est
donc plus rapide (≈24h) (Dubois B, Henri S, et al.2005).
L’activation des LCs est associée à la diminution de l’expression de la E-cadhérine, qui
ancre les LCs aux KRTs. Il y aura également diminution de l’expression des chémo-
récepteurs CCR1, CCR5 et 6, qui permettent de retenir les LCs dans l’épiderme. Le CCR6,
notamment, est fortement exprimé par les LCs immatures et son expression est maintenue
par l’IL-10 et diminuée par le TNF-α (Carramolino et al. 1999).
Le TNF-α et l’IL-1β induisent en parallèle la surexpression, à la surface des LCs, de
molécules d’adhésions comme ICAM-1, l’intégrine α6 et le récepteur aux hyaluronanes
CD44 qui leurs permettent d’établir des liens avec la MEC.
Les LCs matures initient la synthèse de métalloprotéinases (MMP-9 et MMP-2) qui leurs
permettent de traverser la membrane basale par clivage des protéines de la MEC. C’est la
présence du TNF-α qui induit la synthèse de ces métalloprotéinases par les LCs (Noirey et
al. 2002).
Les MMP-2 et 9 seraient également utilisées par les LCs et les dDCs pour se frayer un
chemin dans la MEC du derme, grâce à la dégradation des molécules de collagène
(Ratzinger et al. 2002).
La migration des DCs jusqu’aux et à travers les vaisseaux lymphatiques, est gouvernée par
l’expression du récepteur chimiokinique CCR7.L’importance du CCR7 dans le
développement de la réaction allergique cutanée a été démontré par l’utilisation de souris
déficientes en CCR7, qui montrent une absence de migration des tissus périphériques vers
les LNs, et donc une absence de réaction d’hypersensibilité de contact (Forster et al. 2008).
Le CCR7 a pour ligands le CCL19 /MIP-3β et le CCL21, produits par les cellules
endothéliales lymphatiques. A elles deux, ces chimiokines régulent le trafic des DCs dans les
conditions inflammatoires et à l’homéostasie (Forster et al. 2008).
En l’absence de ces ligands, les LCs peuvent migrer de l’épiderme mais sont incapables de
se déplacer dans les voies lymphatiques.
L’augmentation de l’expression du CCR7 dépend de la synthèse de TNF-α et d’autres
molécules additionnelles comme la prostaglandine PGE2.
Un autre récepteur important est le CXCR4, exprimé par les DCs matures. Son ligand
CXCL12 est produit par les vaisseaux lymphatiques cutanés à la suite de l’exposition d’un
antigène. La migration des DCs activées est altérée lors du blocage des signaux
CXCR4/CXCL12, montrant leur importance dans le déplacement des DCs vers les vaisseaux
lymphatiques drainants la peau (Kabashima et al. 2007).
54
2) VOIE DE L’IMMUNITE ADAPTATIVE
Les cellules T CD4+CD8- et CD4-CD8+ subissent ensuite une sélection négative, basée
sur leur affinité avec les peptides du soi, puis sont libérés dans la circulation générale.
Dans le sang et les organes lymphoïdes secondaires, 60-70% des cellules T sont
CD4+CD8- (CD4+) et 30-40% sont CD4-CD8+ (CD8+) (Chaplin 2010).
55
Figure 7: Différenciation et maturation des cellules T dans le thymus (d’après Chaplin D.
2010).
Dans les ganglions lymphatiques drainant la peau, les DCs vont pouvoir activer les cellules
naïves CD4+ et/ou CD8+. Deux signaux d’activations sont pour cela nécessaires. Le premier
signal indispensable est l’interaction entre le TCR et le complexe CMH/peptide antigènique :
les cellules naïves CD4+ seront activées si elles reconnaissent l’Ag présenté en association
avec le CMH II et les cellules CD8+ sont activées si elles reconnaissent l’antigène présenté
en association avec le CMH I.
Le deuxième signal implique les molécules de co-stimulation (CD80 et CD86) et/ou la
sécrétion de cytokines par les DCs.
L’activation conduit à l’expansion clonale des cellules effectrices spécifique d’Ag, qui
pourront ainsi migrer sur le site d’activation au niveau de la peau.
56
2.2.1) Les LT CD4+
Les cellules naïves T CD4+, activées par le complexe Ag/CPA, commencent à produire de
l’IL-2 et sont nommées Th0 (T helpers 0).
Sous l’influence de l’environnement cytokinique, les Th0 se polarisent en différents sous-
types de cellule T CD4+ effectrices.
Les cellules effectrices Th1 et Th2 sont les plus connues mais d’autres comme les Th17 et
Th9, de découvertes plus récentes, joueraient un rôle important dans les mécanismes
inflammatoires allergiques (Tableau 7).
Les sous-populations Th17 sont caractérisées par la production d’IL-17. Cette interleukine
est retrouvée dans les échantillons de biopsie cutanée de patients en phase aigüe de
Dermatite Atopique ainsi que chez des patients présentant une allergie de contact au nickel.
Ainsi les Th17 seraient impliqués dans le développement de différentes pathologies
allergiques généralement attribuées aux Th1 ou Th2.
57
Th1 Th2 Th17 Th9
Facteur de ROR γt
T-bet GATA-3 PU.1
transcription STAT-3
IL-4
IL-2 IL-5 IL-17
Cytokines IL-9
IFN-γ IL-10 TNF-α
produites IL-10
TNF-α IL-13 IL-22
GM-CSF
Ils ont une activité cytotoxique par un mécanisme dépendant d’un contact cellulaire, on
parle aussi de Lymphocyte T Cytolytique (CTL) de par leur capacité à détecter les antigènes
cytosoliques associés au CMH I.
Ils induisent l’apoptose de la cellule cible par la libération de facteurs solubles (granzymes et
perforines) ou par l’interaction avec des facteurs membranaires (FAS/FAS ligand).
Par analogie aux cytokines produites par les Th, différentes sous-populations de LT CD8+
cytotoxiques (Tc) peuvent être distinguées : les Tc1 qui produisent IL-2, IFN-γ et TNF-α ; les
Tc2 qui produisent IL-4, IL-9 et IL-10 ; et les Tc17 qui libèrent de l’IL-17 (Bonilla et Oettgen
2010).
58
2.2.3) « Skin-homing » et migration des LT
Après l’activation des cellules T naïves en cellules T effectrices, celles-ci vont exprimer
différentes molécules d’adhésions, leur permettant de se diriger spécifiquement vers la
peau, c’est le « skin-homing » (Tableau 8).
Ces molécules d’adhésions incluent les sélectines, les intégrines et les récepteurs
chimioattractifs CCR (C-C motif chemokine receptor).
Les sélectines appariennent à la famille des lectines de type C incluant les L-sélectines et les
PSGL1 (P-Selectin Glycoprotein Ligand 1). Elles permettent le mouvement de roulement ou
« rolling » des leucocytes le long de la paroi des cellules endothéliales.
Les intégrines sont une famille de récepteurs trans-membranaire de type I formés de deux
chaines et incluent le LFA-1 (Leukocyte Function Associated antigen 1). Elles sont
impliquées dans la ferme adhésion des leucocytes à la paroi endothéliale.
Les CCRs sont une famille de récepteurs couplés à la protéine G (GPCRs). Ils activent les
intégrines en initiant l’adhésion et dirigent la migration cellulaire vers le tissu qui présente le
gradient de leurs ligands.
Lors d’une réaction inflammatoire, le gradient en ligands de ces 3 types de récepteurs, dans
les tissus cibles et dans le lit vasculaire, est régulé de façon à donner un repère directionnel
aux cellules T.
Le profil des intégrines, sélectines et CCRs exprimé par les LT, est fonction de leur degré
d’activation, de polarisation et de différenciation ainsi que du site initial de détection de
l’antigène. Ceci donne ainsi une empreinte tissulaire spécifique pour chaque organe (Islam
et Luster 2013).
Les cellules possédant un tropisme cutané vont exprimer des récepteurs spécifiques,
comme le CLA (Cutaneous Leukocyte Antigen), qui dérive de la glycosylation de PSGL-1, et
la combinaison des récepteurs CCR4 et CCR10, et pour certaines sous-populations T,
CCR8 et CCR6 (Islam et Luster 2013).
Le CLA est retrouvé sur la majorité des cellules T présentes dans les infiltrats lymphocytaires
de toutes les pathologies cutanées, incluant le psoriasis, la Dermatite Atopique et les
dermatites allergiques de contact.
Par exemple, les LT mémoires spécifiques du nickel expriment des taux très important de
CLA.
59
Molécule d’adhésion Type cellule T Ligands
CCL17
CCR4 CD4+ Th2
CCL22
CCL5
CCR5 CD4+ Th1 CCL4
CCL3
CXCL 11
CXCR3 CD4+ Th1 CXCL10
CXCL9
La réponse humorale face à un allergène est initiée lorsque les cellules B, qui ont liés l’Ag,
vont interagir avec et être stimulées par les cellules T helpers. On parle d’activation thymo-
dépendante.
60
2.3.1) Activation antigénique et expression du CMH-II
Les lymphocytes B naïfs des ganglions lymphatiques secondaires, vont lier l’antigène par
l’intermédiaire de son récepteur antigénique de surface, le BCR (B Cell Receptor).
Le BCR correspond à deux immunoglobulines de surface associées à un module de
transduction du signal qui est un hétéro-dimère Igα/Igβ ou CD79α/CD79β.
Les LT activés CD4+ pourront reconnaitre le complexe CMH II/peptide antigénique et ainsi
délivrer des signaux d’activation aux LB. Une des conditions nécessaires pour cela est que
les LB et les T helpers soient spécifiques du même Ag (Janeway 2001).
Les signaux d’activation se font soit par un contact direct entre cellules par des liaisons
récepteur membranaire et leur ligand, soit par la synthèse de cytokines.
Un signal d’activation important est la production par la cellule T d’une molécule
membranaire, appartenant à la famille des TNF, le CD40L (ou CD154). Ce ligand va se lier à
son récepteur CD40 à la surface des LB activés par l’antigène. Cette liaison stimule la
prolifération et la différenciation lymphocytaire spécifique de l’Ag (Bonilla et Oettgen 2010).
D’autres signaux de contact peuvent être impliqués comme le CD30/CD30L ou le BLyS (B
Lymphocyte Stimulator) et son récepteur B-cellulaire TACI (Transmembrane activator).
L’environnement cytokinique créé par les cellules T jouent un rôle important dans l’activation
des cellules B. L’IL-4 est une cytokine qui en combinaison avec la liaison CD40/CD40L
permet de déclencher la prolifération des cellules B.
D’autres cytokines comme IL-5 et IL-6, les deux étant sécrétées par les T-helpers,
contribuent à l’activation des cellules B.
Certains LB activés vont migrer dans les follicules primaires du ganglion lymphatique où ils
vont continuer de proliférer et former à terme un centre germinatif (CG). Les centres
germinatifs sont des sites de prolifération et de différenciation rapide des LB.
Les cellules B vont subir d’importantes modifications dans les CGs. Celles-ci incluent une
hypermutation somatique, une maturation de l’affinité envers l’Ag et un processus de switch
isotypique. Ces modifications auront pour but de sélectionner les lymphocytes B qui ont la
plus forte affinité pour leur Ag et leurs permettront d’exercer une variété de fonction
effectrices sous la forme d’anticorps de différents isotypes.
Une partie des LB sélectionnés pourra se différencier en LB mémoires et l’autre en LB
plasmatiques (Janeway 2001).
61
2.3.4) T helpers et réponse IgE
Le switch-isotypique, qui permettra la production d’un isotype d’Ac (IgG, IgM, IgA ou IgE)
spécifique de l’Ag, est dirigé par les cytokines et notamment celles produites par les cellules
CD4+ effectrices.
Lors d’une sensibilisation allergique, la libération d’IL-4 par les cellules Th2 permet d’induire
le switch en IgE.
Les Th1 en produisant de l’IFN-γ pourront à l’inverse inhiber la synthèse des IgE.
Les CD4+ Th2 ont un rôle important dans la réponse allergique IgE médiée. Ils sont
impliqués dans toutes les étapes de développement des LB en favorisant leur maturation et
leur prolifération, et en régulant la production des IgE (Romagnani 2000) (Figure 8).
Les IgE peuvent se lier à leur récepteur de haute affinité, les FcεR, sans liaison préalable à
leur Ag. Elles sont donc majoritairement fixées dans les tissus aux cellules qui portent leurs
récepteurs.
Il existe deux types de récepteurs à la partie Fc des IgE. Les premiers sont les FcεRI,
récepteurs de forte affinité pour les IgE. Ils sont présents à la surface des mastocytes, des
basophiles et éosinophiles circulants.
Les seconds sont les FcεRII ou CD23. Ce sont des lectines de type C de faible affinité pour
les IgE. Ils sont retrouvés à la surface de beaucoup de types cellulaires différents incluant les
LB, les LT activés, les monocytes et les éosinophiles. Les CD23 servent entre autre à
réguler le taux d’anticorps IgE et seraient impliquer dans la capture, par les CPAs, des
antigènes spécifiques des IgE fixées à leur surface (Chaplin 2010).
Figure 8: L’activation lymphocytaire B par les cellules Th2 (d’après Averbeck et al. 2007).
APC : Antigen Presenting-cell.
62
La sensibilisation allergique est un processus qui conduit, via le rôle essentiel des
mécanismes immunitaires innés, à l’établissement de populations cellulaires T et B
spécifiques de l’allergène, qui seront massivement recrutées à la peau lors d’un contact
ultérieur avec ce même allergène.
Les événements immunologiques qui succèdent à la phase de sensibilisation permettent de
mettre en place la phase effectrice, ou phase symptomatique, qui sera associée à
l’apparition des lésions cliniques. Pour chaque dermatose allergique, il a pu être établi le
profil des cellules effectrices, responsables des lésions cutanées caractéristiques de ces
pathologies ; c’est le cas dans deux des dermatoses les plus fréquentes la Dermatite
Atopique et la Dermatite Allergique de Contact (cf tableau 9).
DA DAC
Caractéristiques cliniques
Histologie
63
DA DAC
Histologie (suite)
Vasodilatation Vasodilatation
Réponses immunitaire/infiltrats
Production des chimiokines Th2 (CCL17, Production des chimiokines CXCL9 et CXCL10 par
CCL18, CCL22) par les DCs inflammatoires les kératinocytes et les dDCs
Augmentation des IgE chez 80% des patients Taux d’IgE normal
64
Partie III : Relation barrière physique –
barrière immunitaire
Des altérations de la barrière cutanée peuvent être recréées dans des conditions
expérimentales ce qui permet de déterminer les conséquences immunologiques de ces
altérations suite à l’exposition d’un allergène.
Un mécanisme d’altération consiste en un décapage de l’épiderme par du ruban adhésif ou
« tape-stripping », ce qui supprime mécaniquement le Stratum Corneum. Ce décapage
permet de retirer complètement la couche cornée mais ne compromet pas l’intégrité des
couches de l’épiderme sous-jacentes.
Un deuxième mécanisme fréquemment utilisé est le frottement de l’épiderme avec de
l’acétone permettant d’extraire chimiquement les lipides du SC.
Ces expérimentations recréées de façon plus extrême ce que l’on fait subir à notre peau
dans notre mode de vie et d’hygiène quotidien (lavage, nettoyage, démaquillage, séchage,
rasage, épilation, peeling, gommage…).
Les expériences de tape-stripping ont montré que les kératinocytes sont activés dans
l’heure qui suit l’application des injures mécaniques. La réponse des KRTs induit
l’augmentation de leur prolifération accompagnée par la production de cytokines, de
molécules d’adhésion et de facteurs de croissance dans l’épiderme puis dans le derme.
Dans les 6h après « le tape-stripping », il est montré que les KRTs humains produisent des
cytokines pro-inflammatoires incluant TNF-α, IL-8, IL-5, IL-1β et des cytokines
antiprolifératives IL-10, et plus faiblement IFN-γ et TGF-β (Nickoloff et al. 1994).
Rapidement, les KRTs, et les DCs péri-vasculaires, sous l’influence du TNF-α, sur-expriment
ICAM-1. Les cellules endothéliales deviennent également activées en montrant une
surexpression de ICAM-1, VCAM-1 et de la E-selectin (Nickoloff et al. 1994).
Ces événements moléculaires surviennent avant le déplacement d’autres cellules
inflammatoires, de la circulation vers le derme ou l’épiderme et aucun de ces changements
n’est mis en évidence chez les patients présentant une peau saine.
65
Des modèles murins montrent que, après traitement par l’acétone ou tape-stripping, il y a
production de IL-1α, IL-1β, TNF-α et GM-CSF par les KRTs (Wood et al. 1992).
Après altérations de l’épiderme, les KRTs sont donc très rapidement activés et ils induisent
la production des molécules pro-inflammatoires nécessaires à l’activation des autres cellules
immunitaires de l’épiderme et du derme. Tout ceci se produit sans contact préalable avec un
allergène de contact.
L’activité des LCs va également être modifiée lors de ces altérations expérimentales de
l’épiderme.
Leur localisation dans l’épiderme va changer. Des couches supra-basales où elles se situent
dans une peau non traitées, elles vont être retrouvées également dans la couche basale et
dans les couches supérieures de l’épiderme après traitement mécanique ou chimique.
Leur densité est également modifiée dans les 24h suivant un traitement à l’acétone, et elle
peut être augmentée de plus de 85% par rapport à la densité normale. L’élévation de la
densité des LCs dans l’épiderme est en corrélation avec l’importance des lésions et de la
modification de la perméabilité cutanée. (Proksh et al. 1997).
66
Figure 9: Effet de l’abrasion du SC sur (A) la morphologie des LCs et sur (B) l’expression
des antigènes de surface (d’après Strid et al. 2004).
Microscopie confocale x100
67
Figure 10: Présence des LCs dans l’épiderme lésée après application de l’allergène (peanut
paint) et après application d’une solution saline (saline paint) (d’après Strid et al.
2004).Microscopie confocale x20.
Dans le cadre d’une barrière cutanée altérée, l’accroissement de la réactivité des LCs en
association avec la présence renforcée de cytokines dans l’épiderme, contribuent à renforcer
la réponse cellulaire T.
En effet pour les peaux de souris sensibilisées et prétraitées par abrasion à l’acétone ou par
tape-stripping, L’application d’un haptène induit une prolifération renforcée des cellules T
spécifiques de l’haptène. De ce fait, les lésions de la couche cornée par traitement à
l’acétone ou tape-stripping, augmentent la réaction de sensibilisation allergique (Nishijima et
al. 1997).
Il a été montré que chez des souris déficientes en lipides cutanés, la présentation
antigénique et l’activation des cellules T sont augmentées par les cellules épidermiques.
Cela serait expliqué par la surexpression des molécules de CMH-II par les kératinocytes.
Dans l’épiderme sain, les molécules de CMH-II sont essentiellement exprimées par les LCs
(Udey et al. 1991).
Chez des souris qui présentent des mutations spontanées du gène codant pour la filaggrine,
l’application cutanée d’un allergène induit un infiltrat inflammatoire, la synthèse d’IgE
spécifique et une réponse cytokinique de type Th2 (IL-4, IL-5, IL-13 et IL-10), Th1 (IFN-γ) et
Th17 (IL-17). Ces infiltrats cellulaires immuns ne sont pas observés chez les souris
présentant une barrière épidermique intacte (Fallon et al. 2009).
68
Figure 11: Facteurs contribuant à la réactivité immunitaire dans (A) la peau saine, (B) la
peau altérée expérimentale et (C) la peau présentant des lésions « naturelle » comme dans
la DA (d’après Glitter et al. 2013).
(A) Dans la peau saine, le Stratum Corneum intact prévient la pénétration des antigènes (Ag). La
réactivité immunitaire est faible : LCs et dDCs ne sont pas activées, et il y a un état d’équilibre
entre les mécanismes immunitaires effecteurs (TRM) et régulateurs (Treg).
(B) Dans les perturbations expérimentales de la barrière cutanée, par traitement à l’acétone ou
par tape-stripping, qui cause respectivement une extraction des lipides cutanés et la
suppression physique de la couche cornée, il y a augmentation de la pénétration des
antigènes environnementaux et une activation précoce des cellules du système immunitaire
cutanée.
Les traitements à l’acétone induisent la production des chimiokines Th1, CXCL9 et CXCL11, et
le tape stripping favorise la libération des chimiokines Th2 incluant CCL17, CCL22 et CCL5. Les
deux méthodes permettent de stimuler la synthèse de facteurs immuns innés comme le TNF-
α, IL-1α, IL-1β, IL-8 et GM-CSF.
De plus les lésions de l’épiderme sont associées à l’augmentation du nombre des LCs et dDCs
dans l’épiderme et le derme, et à une activation transitoire des cellules T.
Le potentiel de réactivité immunitaire est donc plus élevé que dans une peau non altérée.
69
(C) Dans la Dermatite Atopique, la peau est altérée par des anomalies d’origine génétique et
constitutionnelle, ce qui favorise la pénétration des antigènes.
Dans les peaux non lésionnelles, on retrouve un nombre de LCs et dDCs ainsi que de cellules
T plus élevés. De plus, dans les peaux de DA non lésionnelles, le nombre de cytokines et
chiomiokines est augmenté, comme IL-4, IL-13, CCL5, CCL11, CCL17, CCL18, CCL22 et le TSLP.
Dans ces peaux atopiques, la réponse cellulaire T est amorcée par les interactions IgE/FcεRI,
ce qui déclenche la libération de médiateurs inflammatoires (IL-5, IL-6, CCL5, CCL17, tryptase,
eotaxin….) par les cellules mastocytaires, basophiles, LCs et IDECs, favorisant les réponses
innées et adaptives.
Dans les peaux pathologiques, comme dans la DA, même lorsque les lésions ne sont pas
visibles, la réactivité du système immunitaire est très élevée, créant un déséquilibre entre les
mécanismes effecteurs prépondérants et les mécanismes régulateurs : on parle de rupture
de la tolérance immunitaire.
2.1) La filaggrine
70
Le gène codant pour la filaggrine (FLG) est localisé dans le « complexe de différenciation
épidermique » sur le chromosome 1q21. L’exon 3 du FLG, est un des exons les plus larges
du génome humain et code pour l’intégralité de la protéine profilaggrine. Les mutations qui
touchent l’exon 3 du FLG auront toutes la même conséquence biologique : des molécules de
profilaggrines tronquées de leur partie C-terminale et par conséquent une absence de
production de filaggrine (Sandilands et al. 2007).
Les mutations du FLG et les déficiences en filaggrine auront donc de nombreuses
conséquences sur l’intégrité et la perméabilité de la barrière cutanée de par les nombreuses
fonctions que cette protéine exerce au sein de cette barrière (cf figure 12 détaillée).
Les mutations de FLG ont été initialement identifiées comme la cause des ichtyoses
vulgaires (Smith et al. 2006) puis par la suite comme un facteur de prédisposition majeur
dans le développement des DA (Palmer et al. 2006).
71
Figure 12: Formation et rôle de la filaggrine dans la peau (A) et les conséquences
structurelles et biophysiques de sa déficience (B) (d’après Mc Aleer et al. 2013).
(A) La profilaggrine est constituée par une multitude de copies de filaggrines flanquée d’un
domaine de liaison au calcium type S100, des domaines A et B N-terminal et d’une séquence
unique C-terminal.
Lors de la différenciation terminale des kératinocytes granuleux en cornéocytes, la
dégradation de la profilaggrine est dépendante du calcium et de l’activation de diverses
protéases, qui vont entrainer sa déphosphorylation et son clivage en monomères
fonctionnels de filaggrine. L’inactivation de LEKTI, qui inhibe ces protéases, est nécessaire
pour que le processus puisse être initié.
Ces protéases incluent la caspase-14, la matripase, la prostatine, la kallikréine-5 et l’élastase-
2.
Après clivage, la partie N-terminale libre peut être transloquée dans le noyau du kératinocyte
où elle pourrait avoir un rôle de signalisation. La fonction du domaine C-terminal n’est pas
connue, mais son absence entrainerait la dégradation de la profilagrine.
Dans les couches les plus externes de la couche cornée, la filaggrine est désaminée et clivée
en ses métabolites amino-acides hygroscopiques.
Les peptidylarginine deiminases (PAD) 1 et 3 sont impliquées dans le processus de
désamination.
Les métabolites majeurs sont les acides organiques trans-UCA et PCA.
Les produits de dégradation de la filaggrine forment le NMF (Natural Moisturizing Factor),
qui contribuent à l’hydratation épidermique, au maintien du pH de l’épiderme et joue
probablement un rôle dans la protection face aux UVs.
72
(B) Les mutations touchant le gène codant pour la filaggrine (FLG) entrainent une perte de
fonction et une déficience en cette protéine.
Cette déficience est associée à une élévation du pH qui active certaines protéases et pourrait
contribuer à l’inflammation du SC ainsi qu’à faciliter l’adhésion et la prolifération des
Staphylocoques.
La diminution du NMF réduit l’hydratation du SC et augmente la perte d’eau trans-
épidermique (TEWL) ce qui cliniquement augmente l’état de sécheresse de la peau.
La perte de la filaggrine entraine une désorganisation des filaments de kératine amenant à
une altération dans la synthèse et l’organisation des corps lamellaires au sain du SC. Il y a
aussi une réduction de la densité des cornéodesmosomes (le pH plus basique favorise
l’activité des kallicréines 5 et 7 qui détruisent les cornéodesmosomes) et de l’expression des
jonctions serrées (TJ).
Tout ceci désorganise et fragilise le SC, rendant la fonction barrière moins efficace pour lutter
contre la pénétration des allergènes.
Plusieurs systèmes de jonction sont présents dans l’épiderme, comme les hémi-
desmosomes dans la couche basale, les desmosomes, les cornéodesmosomes de la
couche cornée et les TJs retrouvées à l’interface SG-SC.
Ces systèmes permettent d’assurer la cohésion générale de l’épiderme et constituent
également une barrière de perméabilité (TJ) (Cf partie I).
Certains défauts dans ces systèmes sont retrouvés dans des pathologies où les lésions de la
peau favorisent le phénomène de sensibilisation cutanée.
Les TJs localisées dans le SG sont reconnues comme constituant la deuxième barrière
fondamentale de la peau (après le SC). Ce sont des structures complexes qui scellent les
espaces intercellulaires et préviennent les mouvements libres de solutés de par et d’autres
des cellules épithéliales (barrière liquide-liquide).
Les claudines (CLDNs), protéines trans-membranaires constituent les composants clés des
TJs et dans les TJs du SG, on retrouve notamment la claudin-1 et la claudin-4.
Il a été montré dans des études récentes que le blocage des cldn-1 favorise l’augmentation
de la perméabilité épidermique, par réduction de l’intégrité des TJs (Nakajima et al. 2015).
Les dysfonctions des TJs dans le SG vont avoir un impact sur la structure et la formation du
SC.
En effet des souris déficientes en claudin-1, montrent une formation anormale du SC et une
fonction barrière réduite. Le SC est plus fin, plus compact et la morphologie des cornéocytes
est anormale ; la composition en lipides notamment des céramides est modifiée ; et le
processus de transformation de la profilaggrine en filaggrine est altéré (Sugawara et al.
2013).
73
Ces souris meurent rapidement et présentent une peau ridée caractéristique, une sévère
déshydratation et une perméabilité épidermique plus élevée (Furuse et al. 2002).
Une étude récente a montré que les TJs sont défectueuses chez les patients atteints de DA.
La claudin-1 est sélectivement réduite et leur épiderme montre des défauts de résistance et
dans le transport des ions.
Hypothétiquement, la réduction de l’expression de la claudin-1 dans l’épiderme des patients
atteints de DA pourrait favoriser la pénétration de nombreux antigènes environnementaux,
amenant à une plus grande sensibilisation aux allergènes ainsi qu’à une plus grande
susceptibilité aux irritants et polluants (De Benedetto et al. 2011).
Des mutations dans le gène codant la cornéodesmosine (CDSN) amènent à une absence
totale d’expression ou à l’expression résiduelle d’un fragment non fonctionnelle de cette
protéine ce qui est à l’origine du syndrome de desquamation cutané de type B. Dans cette
pathologie, les cornéodesmosomes possèdent une résistance mécanique plus faible et ils
sont facilement clivés à l’interface SG/SC. La sensibilisation transcutanée est accrue et cette
pathologie, comme dans le syndrome de Netherton, est associée à des dermatites
chroniques, de l’asthme, des rhinites allergiques et un taux d’IgE élevé (Oji et al. 2010).
74
Les anomalies des systèmes de jonction sont à l’origine de pathologies plus ou moins
sévères, qui montrent que l’intégrité de la barrière cutanée est un facteur important pour
limiter le phénomène de sensibilisation allergique initiée par la peau.
Les lipides épidermiques prennent leurs origines des corps lamellaires des KRTs du SG. Ils
y sont stockés sous forme de précurseurs, comme les glucosylcéramides, les
sphingomyélines, les phospholipides et le cholestérol. Ces précurseurs seront traités
enzymatiquement pour donner les lipides terminaux de la matrice extracellulaire du SC : les
céramides (CERs) et les acides gras libres (ou Free Fatty Acids (FFAs)). Les corps
lamellaires contiennent pour cela de nombreuses enzymes telles que les phospholipases A2,
les β-glucocérébrosidases et les sphingomyélinases, qui sont activées de façon optimale à
un pH proche de 5,5 (Feingold et Elias 2014) (cf annexe II.B).
Par exocytose des corps lamellaires, ces lipides seront libérés dans les espaces
intercellulaires à l’interface SC/SG (Elias 1983). La matrice lipidique, représentant ainsi 10%
de la masse du SC, possède une organisation lamellaire et une composition unique avec
approximativement 50% de céramides, 25% de cholestérol, 15% d’acides gras libres et très
peu de phospholipides (Feingold et Elias 2014).
Certains lipides vont former l’enveloppe lipidique des cornéocytes. Ce sont essentiellement
des lipides non polaires céramidiques, ω-hydroxycéramides et des FFAs. Ils se lient à
l’enveloppe protéique des cornéocytes, principalement aux résidus glutamate de l’involucrine
(Marekov et Steinert 1998).
Il a été démontré, dans des pathologies dans lesquelles la barrière cutanée est lésée que les
taux de lipides pouvaient être diminués, notamment le taux de céramides. Des études
montrent que des patients atteints de DA, lésionnelles ou non lésionnelles, montrent un taux
de CERs et plus particulièrement de CERs 1 et 3 plus faibles, en comparaison aux individus
sains (Nardo et al. 1998 ; Imokawa et al. 1991).
De plus, une diminution des ω-hydroxycéramides liés à la couche cornée des cornéocytes,
a été trouvée dans les peaux lésionnelles des patients atteints de DA. Dans la peau saine, il
représente 46-53% du poids des lipides liés, alors que ce taux peut être diminué à 23-28%
dans les peaux atopiques non lésionnelles et jusqu’à 10-25% dans les peaux atopiques
présentant des lésions (Kaiser et al. 2002).
75
Un modèle murin utilisant des souris connu pour leur capacité à développer des lésions de
DA, illustre l’importance des CERs dans la prévention de la sensibilisation à un allergène. En
effet, chez ces souris, le développement des lésions de DA, induites par l’exposition cutanée
aux allergènes acariens, peut être bloqué par l’application de céramides synthétiques. Il y a
diminution de la réaction inflammatoire locale, diminution de l’expression d’IL-4 et de TNF-α
et diminution de l’infiltration des leucocytes et des cellules mastocytaires.
Ce modèle suggère qu’une matrice lipidique intacte dans le SC permet de prévenir la
pénétration épidermique des allergènes et le développement des lésions allergiques (Kang
et al. 2008).
76
Conclusion
77
Références bibliographiques
Agren UM., Tammi RH., Tammi MI. Reactive oxygen species contribute to epidermal
hyaluronan catabolism in human skin organ culture. Free Radic Biol Med 1997 ; 23 : 996-
1001.
Akdis M., Akdis CA. Therapeutic manipulation of immune tolerance in allergic disease.
Nature Reviews 2009 ; 8 : 645-660.
Anderson C., Hehr A., Robbins R. et al. Metabolic requirements for induction of contact
hypersensitivity to immunotoxic polyaromatic hydrocarbons. J Immunol 1995 ; 155 : 3530-
3537.
Angelova-Fischer I., Fernadez IM., Donnadieu MH et al. Injury to the Stratum Corneum
induces in vivo expression of human thymic stromal lymphopoietin in the epidermis. J Inv
Dermatol 2010 ; 130 : 2505-2507.
Antonopoulos C., Cumberbatch M., Dearman R.J., et al. Functional caspase-1 is required
for Langerhans cell migration and optimal contact sensitization in mice. J Immunol 2001 ;
166 : 3672-3677.
Aptula A., Roberts D., Pease C. Haptens, prohaptens and pre-haptens, or electrophiles
and proelectrophiles ? Contact Dermatitis 2007 ; vol 56 : 54-56.
Averbeck M., Gebhardt C., Emmrich F., et al. Immunologic principles of allergic disease.
JDDG 2007 ; 5 : 1015-1028.
Banchereau J., Steinman R. Dendritic cells and the control of immunity. Nature Reviews
1998 ; 392 : 245-252.
Bates EE., Fournier N., Garcia E., et al. APCs express DCIR, a novel C-type lectin surface
receptor containing an immunoreceptor tyrosine-based inhibitory motif. J Immunol 1999 ;
163 : 1973-1983.
Berard F., Marty JP., Nicolas JF. Allergen penetration through the skin. Eur J Dermatol
2003 ; vol 13 : 324-330.
Black AP., Ardern-Jones MR., Kasprowicz V., et al. Human keratinocyte induction of rapid
effector function in antigen-specific memory CD4+ and CD8+ cells. Eur J Immunol 2007 ;
37 : 1485-1493.
Bo Nielsen J., Benfeldt E., Holmgaard R. Penetration through the skin barrier. Skin barrier
function, Current problems in dermatology, Karger, 2016 ; vol 49 : 103-111.
Bonilla FA., Oettgen HC. Adaptive immunity. J Allergy Clin Immunol 2010 ; 125 : S33-40.
78
Bos JD. Skin immune system : cutaneous immunology and clinical immunodermatology.
2004 ; 3rd Ed.
Bursch LS., Kaplan DH., Wang L., et al. Identification of a novel population of Langerin+
dendritic cells. J Exp Med 2007 ; 204 : 3147-3156.
Byamba D., Dong Hyun K., Wen H.U., et al. Different characteristics of reactive oxygen
species production by human keratinocyte cell line cells in response to allergens and
irritants. Exp Dermatol 2011 ; 21 : 99-103.
Byamba D., Tae Gyun K., Dong Hyun K., et al. The roles of reactive oxygen species
produced by contact allergens and irritants in Monocytes-derived dendritic cells. Annales de
Dermatologie 2010 ; 22, n°3 : 270-278.
Carramolino L., Kremer L., Goya I., et al. Down-regulation of the beta-chemokine receptor
CCR6 in dendritic cells mediated by TNF-alpha and IL-4. J Leukocyte Biol 1999 ; vol 66,
n°5 : page 837.
Cassel S.L., Joly S., Sutterwala F.S. The NLRP3 inflammasome : a sensor of immune
danger signals. Sem Immunol 2009 ; volume 21, issue 4 : 194-198.
Chaplin DD. Overview of the immune response. J Allergy Clin Immunol 2010 ; 125 : S3-S23.
Chodaczek G., Bacsi A., Hazra TK., et al. Ragweed pollen-mediated IgE-independent
release of biogenic amines from mast cells via induction of mitochondrial dysfunction. Mol
Immunol 2009 ; 46 : 2505-2514.
Dai X., Sayama K., Tohyama M., et al. Mite allergen is a danger signal for the skin via
activation of inflammasome in keratinocytes. J Allergy Clin Immunol 2011 ; volume 127,
Issue 3 : 806-814.
De Benedetto A., Rafaels NM., Ivanov AI., et al. Tight junction defects in patient with atopic
dermatitis. J Allergy Clin Immunol 2011 ; 127 : 773-786.
Deraison C., Bonnart C., Lopez F., et al. LEKTI fragments specifically inhibit KLK5, KLK7,
and KLK14 and control desquamation through a pH-dependent interaction. Mol Biol Cell
2007 ; 18 : 3607-3619.
Dieu-Nosjean MC., Massacrier C., Homey B., et al. Macrophage inflammatory protein 3α
is expressed at inflamed epithelial surfaces and is the most potent chemokine known in
attracting Langerhans cell precursors. J Exp Med 2000 ; vol 192 : 705-717.
Dubois B., Henri S., Kissenpfennig A., et al. Dynamics and function of Langerhans cells in
vivo : dermal dendritic cells colonize lymph node areas distinct from slower migrating
Langerhans cells. Immunity 2005 ; vol 22, Issue 5 : 643-654.
79
Dudeck A., Dudeck J., Scholten J. et al. Mast cells are key promoters of contact allergy
that mediate the adjuvant effects of haptens. Immunity 2011 ; 34 : 973-984.
Ebner S., Ehammer Z., Holzmann S., et al. Expression of C-type lectin receptors by
subsets of dendritic cells in human skin. International Immunology 2004 ; vol 16, n°6 : 877-
887.
Egawa G., Kawasaki H., Moniaga CS., et al. Flaky tail mouse denotes human atopic
dermatitis in the steady state and by topical application with Dermatophagoides
pteronyssinus extract. Am J Pathol 2010 ; 176 : 2385-2393.
Elias PM. Epidermal lipids, barrier function and desquamation. J Inv Dermatol 1989 ; 80 : 44-
49.
Elias PM. Lipid abnormalities and lipid-based repair strategies in atopic dermatitis. Biochim
Biophys Acta 2014 ; 1841 : 323-330.
Ermertcan A.T, Ozturk F., Gunduz K. Toll-like receptors and skin. J Eur Ac Dermatol
Venereol JEADV 2011 ; 25 : 997-1006.
Esser P., Wölfle U., Dürr C. et al. Contact sensitizers induce skin inflammation via ROS
production and hyaluronic acid degradation. PLos ONE 2012 ; volume 7, Issue 7 : 16 pages.
Fallon PG., Sasaki T., Sandilands A., et al. A homozygous frameshift mutation in the
murine filaggrin gene facilitates enhanced percutaneous allergen priming. Nat Genet 2010 ;
41 : 602-608.
Feingold KR. et Elias PM. Role of the lipids in the formation and maintenance of the
cutaneous permeability barrier. Biochim Biophys Acta 2014 ; 1841 : 280-294.
Flacher V., Bouschbacher M., Verronèse E., et al. Human Langerhans cells express a
specific TLR profile and differentially respond to viruses and gram-positive bacteria. J
Immunol 2006 ; 177 : 7959-7967.
Flacher V., Noordegraaf M., Stoitzner P., et al. Functional redundancy of Langerhans cells
and Langerin+ dermal dendritic cells in contact hypersensitivity. J Inv Dermatol 2010 ; vol
130 : 2752-2759.
Flores-Romo L. In vivo maturation and migrationof dendritic cells. Immunology 2001 ; 201 :
255-262.
Forster R., Davalos-Misslitz AN., Rot A. CCR7 and its ligands : balancing immunity and
tolerance. Nature Reviews 2008 ; 8 : 362-371.
Furuse M., Hata M., Furuse K., et al. Claudin-based tight junctions are crucial for the
mammalian epidermal barrier : a lesson from claudin-1-deficient mice. J Cell Biol 2002 ;
156 : 1099-1111.
Galli S. et Tsai M. IgE and mast cells in allergic disease. Nat Med 2013 ; 18 : 693-704.
Geijtenbeek T., Gringhuis S. Signalling through C-type lectin receptors : shaping immune
responses. Nature Reviews 2009 ; 9 : 465-479.
80
Girolomoni G., Sebastiani S., Albanasi C., et al. T-cell subpopulations in the development
of atopic and contact allergy. Curr Op Immunol 2001 ; 13 : 733-737.
Gittler JK., Krueger JG., Guttman-Yassky E. Atopic dermatitis results in intrinsic barrier
and immune abnormalities : Implications for contact dermatitis. J Allergy Clin Immunol 2013 ;
131 : 300-313.
Gopinathan K. M., Gary W. C., Majella E.L. The structure and function of the stratum
corneum. Int J Pharmaceutics 2012 ; vol 435 : 3-9.
Gringhuis S., Kaptein T., Wevers BA., et al. Fucose specific DC-SIGN signalling directs T
helper cell type –2 responses via IKKε- and CYLD dependent Bcl3 activation. Nat comm
2014 ; 5 : 3898.
Groves RW., Mizutani H., Kieffer JD., et al. Inflammatory skin disease in transgenic mice
that express high levels of interleukin 1 alpha in basal epidermis. Proc Nat Acad Sci PNAS
1995 ; vol 92 : 11874-11878.
Haftek M. Epidermal barrier disorders and corneodesmosome defects. Cell Tissue Res
2015 ; 360 : 483-490.
Hashimoto D., Chow A., Noizat C., et al. Tissue-resident macrophages self maintain locally
through-out adult life with minimal contribution from circulating monocytes. Immunity 2013 ;
38 :792-804.
Hatano Y., Man MQ., Uchida Y., et al. Maintenance of an acidic stratum corneum prevents
emergence of murine atopic dermatitis. J Inv Dermatol 2009 ; 129 : 1824-1835.
Hener P., Leyva-Castillo JM., Jiang H., et al. TSLP produced by keratinocytes promotes
allergen sensitization through skin and thereby triggers atopic march in mice. J Inv Dermatol
2013 ; 133 : 154-163.
Hennino A., Marty JP, Nicolas JF. Pénétration des allergènes protéiques par voie cutanée.
Revue française d’allergologie et d’immunologie clinique 2005 ; 45 : 50-53.
Hoffman H.M., Wanderer A.A. Inflammasome and IL-1β-mediated disorders. Curr Allergy
Asthma Rep 2010 ; 10 : 229-235.
Hwang S. Homeward bound : How do skin dendritic cells find their way into the lymph
system. J Inv Dermatol 2012 ; 132 : 1070-1073.
Imokawa G., Akihito A., Jin K., et al. Decreased level of ceramides in stratum corneum of
atopic dermatitis : an etiologic factor in atopic dry skin ? J Inv Dermatol 1991 ; 96 : 526-526.
Islam S., Luster A. T cell homing to epithelial barriers in allergic disease. Nat Med 2013 ;
18 : 10 pages.
Ito T., Wang YH., Duramad O., et al. TSLP activated dendritic cells induce an inflammatory
T helper type 2 cell response through OX40. J Exp Med 2005 ; vol 202 : 1213-1223.
J Inv Dermatol 2007, 127:1956–1963.
81
Janeway C. B-cell activation by armed T cells. Immunobiology : The immune system in
health and disease 5th edition 2001 ; Chapitre 9.
Kabashima K., Shiraishi N., Sugita K., et al. CXCL12-CXCR4 engagement is required for
the migration of cutaneous dendritic cells. Am J Pathol 2007 ; 171 : 1249-1257.
Kang JS., Yoon WK., Youm JK., et al. Inhibition of atopic dermatitis-like skin lesions by
topical application of a novel ceramide derivative, K6PC-9p, in NC/Nga mice. Exp Dermatol
2008 ; 17 : 958-964.
Kaplan DH., Jenison MC., Saeland S. Epidermal Langerhans cell-deficient mice develop
enhanced contact hypersensitivity. Immunity 2005 ; vol 23 : 611-620.
Kaplan DH., Kissenpfennig A., Clausen BE. Insights into Langerhans cell function from
Langerhans cell ablation models. Eur J Immunol 2008 ; vol 38 : 2369-2376.
Kawasaki H., Nagao K., Kubo A., et al. Altered Stratum corneum barrier enhanced
percutaneous immune responses in filaggrin-null mice. J Allergy Clin Immunol 2012 ; 129 :
1538-1546.
Kezic S., O’Regan GM., Lutter R., et al. Filaggrin loss-of-function mutations are associated
with enhanced expression of IL-1 cytokines in the Stratum corneum of patients with atopic
dermatitis andin a murine model of filaggrin deficiency. J Allergy Clin Immunol 2012 ; 129 :
1031-1039.
Köck A., Schwarz T., Kirnbauer R., et al. Human keratinocytes are a source for tumor
necrosis factor α : evidence for synthesis and release upon stimulation with endotoxin or
ultraviolet light. J Exp Med 1990 ; vol 172 : 1609-1614.
Kubo A., Nagao K., Amagai M. Epidermal barrier dysfunction and cutaneous sensitization
in atopic diseases. J Clin Inv 2012 ; 122 : 440-447.
Kuo I., Yoshida T., De Benedetto A., et al. The cutaneous innate immune response in
patients with atopic dermatitis. Clin Reviews Allergy Immunol 2013 ; 131 : 266-278.
Lee HJ. et Lee SH. Epidermal permeability barrier defects and barrier repair therapy in
atopic dermatitis. Allergy, Asthma Immunol Research 2014 ; 6 : 276-287.
Marekov LN., Steinert PM. Ceramides are bound to structural proteins of the human
foreskin epidermal cornified cell envelope. J Biol Chem 1998 ; 273 : 17763-17770.
Martin S.F. New concepts in cutaneous allergy. Contact dermatitis Review Article 2014 ; 72 :
2-10.
Martin S.F., Esser P.R., Weber F.C., et al. Mechanisms of chemical-induced innate
immunity in allergic contact dermatitis. ALLERGY Eur J Allergy Clin Immunol 2011 ; 66 :
1152-1163.
Martinon F., Mayor A., Tschopp J. The inflammasomes : guardians of the body. Annu Rev
Immunol 2009 ; vol 27 :229-265.
82
Marty JP. Comment une protéine peut pénétrer la peau. Progrès en dermato-allergologie
GERDA 2007 ; 1-6.
Metz M. et Maurer M. Innate immunity and allergy in the skin. Curr Op Immunol 2009 ; 21 :
687-693.
Miller S. L., Modlin L.R. Toll-like receptors in the skin. Semin Immunopathol 2007 ; 29 : 15-
26.
Mocsai G. et al. Severe skin inflammationand filaggrin mutation similarly alter the skin
barrier in patient with aopic dermatitis. Brit J Dermatol 2013 ; 170 : 617-624.
Nakajima M., Nagase S., Lida M., et al. Claudin-1 binder enhances epidermal permeability
in a human keratinocytes model. J Pharmacol Exp Ther 2015 ; 354 : 440-447.
Nardo AD., Wertz P., Gianetti A., et al. Ceramide and cholesterol composition of the skin of
patients with atopic dermatitis. Acta Derm Venereol 1998 ; 78 : 27-30.
Nickoloff BJ., Naidu Y. Perturbation of epidermal barrier function correlates with initiation of
cytokine cascade in human skin. J Am Acad Dermatol1994 ; 30 : 534-545.
Nishijima T., Tokura Y. Imokawa G. et al. Altered permeability and disordered cutaneous
immunoregulatory function in mice with acute barrier disruption. J Inv Dermatol 1997 ;
109 :175-182.
Noirey N., Staquet MJ., Gariazzo MJ., et al. Relationship between expression of matrix
metalloproteinases and migration of epidermal and in vitro generated Langerhans cells. Eur J
Cell Biol 2002 ; 81 : 383-389.
Oblak A., Pohar J., Jerala R. MD-2 determinants of nickel and cobalt-mediated activation of
human TLR4. PLOS ONE 2015 ; vol 10 : 15 pages.
Oji V., Eckl KM., Aufenvenne K., et al. Loss of corneodesmosin leads to severe skin barrier
defects, pruritus and atopy : unraveling the peeling skin disease. Am J Hum Genet 2010 ;
87 : 274-281.
Ono S. et Kabashima K. Novel insights into the role of immune cells in skin and inducible
skin-associated lymphoid tissue. Allergo J Int 2015 ; 24 : 170-179.
Owen J., Punt J., Stranford S. Le système du complément. Kuby Immunologie 2014 ;
Partie II, Chapitre 6 : p187.
Oyoshi MK., Murphy GF., Geha RS. Filaggrin deficient mice exhibit Th17-dominated skin
inflammation and permissiveness to epicutaneous sensitization with protein antigen. J
Allergy Clin Immunol 2009 ; 124 : 485-493.
83
Palmer CN., Irvine AD., Zhao Y., et al. Common loss-of-function variants of the epidermal
barrier protein filaggrin are a major predisposing factor for atopic dermatitis. Nat Genet
2006 ; 38 : 441-446.
Platts-Mills T., Woodfolk J.A. Allergens and their role in the allergic immune response.
Immunol Reviews 2011 ; vol 242 : 51-68.
Proksch E., Brandner JM., Jensen JM. The skin : an indispensable barrier. Exp Dermatol
2008 ; 17 :1063-1072.
Proksch E., Brasch J., Sterry W. Influence of epidermal permeability barrier disruption and
Langerhan’ cell density on allergic contact dermatitis. Acta Derm Venereol 1997 ; 77 : 102-
104.
Proksch E., Brasch J., Sterry W. Integrity of the permeability barrier regulates epidermal
Langerhans cell density. Br J Dermatol 1996 ; 134 : 630-638.
Prost-Squarcioni C., Fraitag S., Heller M., et al. Histologie fonctionnelle du derme. Ann
Dermatol Venereol 2008 ; 135 : 1S5-1S20.
Raghavan B., Martin E., Esser P., et al. Metal allergen nickel and cobalt facilitate TLR4
homodimerization independently of MD2. EMBO Rep 2012 ; vol 13 : 1109-1115.
Ratzinger G., Stoitzner P., Ebner S., et al. Matrix metalloproteinases 9 and 2 are
necessary for the migration of Langerhans cells and dermal dendritic cells from human and
murine skin. J Immunol 2002 ; 168 : 4361-4371.
Roediger B., Guan L., Smith A. Visualizing dendritic cell migration within the skin.
Histochem Cell Biol 2008 ; 130 : 1131-1146.
Romagnani S. T-cell subsets (Th1 versus Th2). Ann Allergy, Asthma, Immunol 2000 ; 85 : 9-
21.
Romagnani S. The role of lymphocytes in allergic disease. J Allergy Clin Immunol 2000 ;
105 : 399-408.
Royer PJ., Emara M., Yang C., et al. The mannose receptor mediates the uptake of diverse
native allergens by dendritic cellsand determines allergen-induced T cell polarization through
modulation of IDO activity. J Immunol 2010 ; 183 : 1522-1531.
Salazar F., Sewell HF., Shakib F., et al. The role of lectins in allergic sensitization and
allergic disease. J Allergy Clin Immunol 2013 ; 132 : 27-36.
Samson M., Aubry F. Parmentier M. Que sont les chimiokines ? Médecine/Sciences 1999 ;
15 : 966-973.
84
Sandilands A., Hull PR., O’Regan GM., et al. Comprehensive analysis of the gene
encoding filaggrin uncovers prevalent and rare mutations in ichthyosis vulgaris and atopic
eczema. Nat Genet 2007 ; 39 : 650-654.
Schaefer H., Lademann J. The role of follicular penetration. A differential view. Skin
Pharmacol Appl Skin Physiol 2001 ; Suppl 1, 14 : 23-27.
Scheurer S., Toda M., Vieths S. What makes an allergen ? Clin Exp Allergy 2015 ; 45 :
1150-1161.
Schmuth M., Neyer S., Rainer C., et al. Expression of the CC chemokine CCL20 in human
epidermis with impaired permeability barrier function. Exp Dermatol 2002 ; 11 : 135-142.
Schulz C., Gomez Perdiguero E., Chorro L. et al. A lineage of myeloid cells independent
of Myband hematopoïetic stem cells. Science 2012 ; 336 : 86-90.
Shoda T., Futamura K., Orihara K. et al. Recent advances in understanding the rolesof
vascular endothelial in allergic inflammation. Allergology International 2016 ; 65 :21-29.
Sica A., Mantovani A. Macrophage plasticity and polarization in vivo veritas. J Clin Inv
2012 ; 122 : 787-795.
Singer KH., Tuck DT., Sampson HA., et al. Epidermal keratinocytes express the adhesion
molecule intercellular adhesion molecule-1 in inflammatory dermatoses. J Invest Dermatol
1989 ; 92 : 746-750.
Smith JF., Irvine AD., Terron-Kwiatkowski A., et al. Loss-of-function mutations in the gene
encoding filaggrin cause ichthyosis vulgaris. Nat Genet 2006 ; 38 : 337-342.
Stoitzner P., Pfaller K., Stössel H., et al. A close-up view of migrating Langerhans cells in
the skin. J Inv Dermatol 2002 ; 118 : 117-125.
Stone KD., Prussin C., Metcalfe DD. IgE, mast cells, basophils, and eosinophils. J Allergy
Clin Immunol 2010 ; 125 : S73-S80.
Strid J., Hourihane JO., Kimber I., et al. Disruption of the stratum corneum allows potent
epicutaneous immunization with protein antigens resulting in a dominant systemic Th2
response. Eur J immunol 2004 ; 34 : 2100-2109.
Sugawara T., Iwamoto N., Akashi M., et al. Tight junction dysfunction in the stratum
granulosum leads to aberrant stratum corneum barrier function in claudin-1 deficient mice. J
Dermatol Sci 2013 ; 70 : 12-18.
Suto H., Nakae S., Kakurai M., et al. Mast cell-associated TNF promotes dendritic cell
migration. J Immunol 2006 ; vol 176, n°7 : 4102-4112.
Tay SS., Roediger B., Tong PL., et al. The skin resident immune network. Curr Derm Rep
2014 ; 3 : 13-22.
85
Tschopp J., Schroder K. NLRP3 inflammasome activation : the convergence of multiple
signalling pathways on ROS production ? Nature Reviews 2010 ; 10 : 210-2015.
Udey MC., Peck RD., Pentland AP., et al. Antigen-presenting cells in essential fatty acid-
deficient murine epidermis : keratinocytes bearing class II antigens may potentiate the
accessory cell function of Langerhans cells. J Inv Dermatol 1991 ; 96 : 950-958.
Valladeau J., Saeland S. Cutaneous dendritic cells. Sem Immunol 2005 ; 17 : 273-283.
Van der Veen J.W., Vandebriel R.J., Van Loveren H., et al. Keratinocytes, innate immunity
and allergic contact dermatitis – Opportunities for the development of in vitro assays to
predict the sensitizing potential of chemicals. « Contact dermatitis » 2011 ; Chapitre 3 : 39-
53.
Van Endert P. Apprêtement des antigènes présentés par les molécules de classe I du CMH.
Médecine/Sciences 2006 ; vol 22 : 727-732.
Walley AJ., Chavanas S., Moffatt MF., et al. Gene polymorphism in Netherton and
common atopic disease. Nat Genet 2001 ; 29 : 175-178.
Wang HW., Tedla N., Lloyd AR., et al. Mast cell activation and migration to lymph nodes
during induction of an immune response in mice. J Clin Inv 1998 ; 102 : 1617-1626.
Watanabe H., Gaide O., Petrilli V., et al. Activation of the IL-1[beta]-processing
inflammasome is involved in contact hypersensitivity. J Inv Dermatol 2007 ; 127 : 1956-1963.
Williams C. et Galli S.The diverse potential effector and immunoregulatory roles of mast
cells in allergic disease. J Allergy Clin Immunol 2000 ; 105 ; 847-849.
Wollenberg A. et al. Expression and function of the mannose receptor CD206 on epidermal
dendritic cells in inflammatory skin diseases. J Inv Dermatol 2002 ; vol 118 : 327-334.
Wood LC., Jackson SM., Elias PM., et al. Cutaneous barrier perturbation stimulates
cytokine production in the epidermis of mice. J Clinical Inv 1992 ; 90 : 482-487.
Yang T., Liang D., Koch PJ., et al. Epidermal detachment, desmosomal dissociation, and
destabilization of corneodesmosin in Spink5-/- mice. Genes Dev 2004 ; 18 : 2354-2358.
86
Annexes
87
Annexe I
88
Figure I : Représentation schématique des structures dans les épithéliums
simples (A) et dans l’épithélium stratifié de l’épiderme (B) ; (C) Différenciation
terminale en relation avec les TJs : i. Formation des TJs par les cellules SG2 ;
ii. Sécrétion des corps lamellaires par les cellules SG2 ; iii. Les cellules SG1
perdent leur TJs ; iv. Processus de cornification ; v. Cornéocytes matures ; vi.
Cornéodesmosomes ; vii. Processus de desquamation (d’après Kubo et al.
2012).
89
Annexe II
90
Figure II.A : Formation des lamelles lipidiques à l’interface
Stratum Granulosum/Stratum Corneum (d’après Proksch et al.
2008).
91
Figure II.B : Voies de formation des différents lipides des lamelles lipidiques
extracellulaires du Stratum Corneum, constituant la barrière de perméabilité
(d’après Feingold et Elias 2014).
92
SERMENT DE GALIEN
- d’honorer ceux qui m’ont instruit dans les préceptes de mon art et de
leur témoigner ma reconnaissance en restant fidèle à leur
enseignement ;
93
Peau et allergies