Présentation Storytelling Partie 1 Def Mode de Compatibilité
Présentation Storytelling Partie 1 Def Mode de Compatibilité
Présentation Storytelling Partie 1 Def Mode de Compatibilité
Photos: JVallée
PARTIE 1 : La portée du storytelling
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Le « storytelling » signifie « l’art de raconter (narrer) des histoires » et
correspond à la partie du discours où l'orateur
l orateur raconte
raconte, expose et
développe les faits.
Dans tous
to s les cas,
cas il s’agit de récits,
récits c’est
c’est-à-dire,
à dire aau sens le pl
plus
s comm
commun,
n
d’histoires, petites ou grandes, qui rapportent des faits réels ou fictifs.
Au sens plus restreint, une histoire (ou un récit) est relative aux faits qui ont
marqué
q l’existence d’un ppersonnageg réel ou fictif. Par exemple,
p , l’ « Avare »,, de
Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière (1622-1673), est l'histoire d’un riche
bourgeois, Harpagon, qui pratique l’usure et fait le malheur de sa fille et de son
fils p
pour son or.
Il n’existe aucun peuple sans histoires dans le monde. Depuis que le langage
existe, la narration a contribué à la constitution du lien social entre les êtres
humains Toutes les sociétés humaines ont leur récit fondateur et des histoires
humains.
partagées, sous forme de mythe, légende, conte, etc.
Les histoires,
histoires qu’elles soient pour divertirdivertir, éduquer ou transmettre des valeurs
sociales, sont omniprésentes dans la vie sociale et dans toutes les étapes de
la vie des êtres humains : des histoires que les enfants aiment à se faire
raconter
t ett celles
ll qu’ils
’il lilisentt ett di
discutent
t t plus
l ttard
d à l’é
l’école,
l aux hi
histoires
t i que
les adultes élaborent afin de décrire et expliquer les évènements, en passant
par la conception des schémas conjecturels pour réfléchir sur les retombées
é
éventuelles
t ll d des dé
décisions
i i : « sii ceci,i alors
l cela
l ».
En fait, l’être humain se rappelle mieux une information lorsqu’elle est énoncée
à travers une histoire parce qu’elle le touche directement, non seulement
intellectuellement mais aussi émotionnellement et même spirituellement
intellectuellement, spirituellement. Les
Livres des grandes religions monothéistes ne sont-ils pas composés des
paraboles et des histoires ?
j
Certes, les récits ont toujours été p
présents dans la g gestion de l’entreprise
p sous
de multiples formes telles que l’histoire publicitaire, les études de marché
utilisant l’outil narratif pour recueillir les récits des usagers sur la manière dont ils
consomment les p produits et services,, la description
p des taches,, la note de
synthèse, le compte rendu, etc. Dans l’enseignement des sciences de gestion,
les professeurs et les chercheurs ont eu par ailleurs recours à des récits tels que
les études de cas. Toutefois c’est bien à p partir du milieu des années 1990 q qu’une
littérature de narration formelle s’est développée dans différents champs du
management (Chanal, 2005).
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“Story” can be defined as, a series of events.
In a story
story, causality is involved in some way (along the lines: A leads to B
B, B
leads to C, C leads to D, etc).
The difference is that in actual storytelling, the tellers and listeners can give
i t t
instantaneous and d ongoing
i ffeedback
db k tto each h other.
th E Even th
thoughh making
ki
movies (or other recordings, or books) is not actual storytelling, we often
speak of cinematic storytellers.
To be most verbally accurate, we might say that movie makers (and novelists,
etc) are presenting a story.
- in a special time
- in a special space
- just for fun
Each culture has traditional and conventional ways of signaling that a story is
beginning and ending. In English, one way is -- “Once upon a time”, and “They
lived happily ever after”
after .
Some storytellers like to comment upon, and tell the moral of, a story. Others
like to let the story speak for itself
itself, and permit listeners to generate their own
interpretations and meanings.
- connect one to one’s (individual and group) past, and to other cultures.
Listeners are drawn in, and feel involved and engaged. They relate to the teller
and to what is being told.
told They forget themselves,
themselves and get involved in the
efforts, struggles, and behavioural styles of the characters.
They put themselves in the place of the characters; they relate to characters
characters’
situations and decisions, on the levels of feeling (emotion) and intellect
(thought).
The story is important to both teller and listeners. The style of telling is vivid
and clear -- the design (of the form and content) of the storytelling experience
is in step with the times
times.
Some expectations are built into certain cultures, through conventions and
traditions Other expectations are universal to humans.
traditions. humans
- Characters.
- Place
Place.
- Time. (Continuous? Jumps? Flashbacks?)
- Plot.
- Narrator
Narrator’s
s Point of View
View. (Who is telling the story? Is the story being told by
a character in the story? Is it clear who the intended audience might be?)
- Narrator’s Tone of Voice, Attitude, Style. (Casual, formal, other?)
- Theme (Meaning,
(Meaning moral
moral, message)
message).
- Traditional stories
- Created stories.
Created stories often involve a mix of elements from Personal Experience
stories
These categories (or genres) of story were invented, it seems, in ancient Greece,
and have been adopted by European and USA cultures. Other categories of story
exist in other cultures. It is a good idea to always see what categories of story exist
in a culture, instead of imposing categories from the outside. People might benefit
f
from inventing
i ti and/or
d/ d developing
l i ththeir
i own th
theories
i off story
t ((please
l see b
below)
l )
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Au placard les présentations PowerPoint, place au « Storytelling ».
Derrière ce mot made in USA, se cache un concept qui se résume en : une
bonne histoire vaut mieux qu’un long discours et a fortiori ceux agrémentés de
rugissants graphes, camemberts et autres subtils accessoires visuels.
Des histoires pour convaincre ses interlocuteurs ? Une recette ancestrale,
ancestrale me
direz-vous en évoquant Shéhérazade, qui, le soir venu et durant « Mille et Une
Nuits », improvisait - sans jamais l'achever - une histoire au sultan, le roi de
Perse Shâhriar
Shâhriar, afin qu'il
qu il lui accorde une journée de vie supplémentaire
supplémentaire.
Certes, mais l’innovation se situe dans la généralisation du procédé et son
accélération par les nouveaux modes de communication et dans sa
théorisation.
théorisation
Selon les experts, le premier avantage du style narratif est de plonger le
lecteur ou l'auditeur dans un processus d'identification aux protagonistes de
ll'histoire
histoire. Le message est plus facilement mémorisable
mémorisable, en parlant autant à la
raison qu'aux émotions. L’autre mérite de cette discipline est de permettre de
prendre du recul et d’envisager les situations selon de nouvelles perspectives.
Elle ne remplace pas la pensée analytique,
analytique mais c’est
c est un instrument qui
montre qu’il y a d’autres voies. Cette distance est d’autant plus importante que
le manager, une fois immergé dans un projet, a tendance à fonctionner avec
des oeillères.
oeillères
Posez une casserole d'eau froide sur le feu et plongez-y une grenouille.
Allumez le feu sous la casserole. L'eau va chauffer doucement. Quand elle
sera tiède, la grenouille continuera à nager avant de s’engourdir sous l’effet
de la chaleur. Elle finira par mourir sans avoir tenté de s’extraire de la
casserole.
Plongez maintenant la grenouille dans une casserole d’eau à 50. L’animal va
immédiatement donner un coup de patte salutaire pour s'en extraire, et ainsi
sauver sa vie.
Nous sommes tous d'accord pour affirmer que réussir à faire passer ses
idées est une clé de la réussite professionnelle. Se situant au-delà de la
simple logique de ll'argumentation,
argumentation, la capacité de persuasion permet de "
vendre " un projet à ses équipes, sa hiérarchie, aux clients et partenaires.
Pourtant dans le champ des techniques existantes pour mieux persuader,
une - la fiction - est peu utilisé alors qu
qu'elle
elle est d
d'une
une redoutable efficacité.
En analysant le récit d’un salarié, il est possible d’explorer jusqu’à quel point son
interprétation est alignée avec la communication stratégique que fait
ll’organisation
organisation de ce même évènement
évènement.
De 1994 à 1999, j’ai étudié une série d’acquisitions effectuées par une entreprise
de télécommunications danoise
danoise. Une fois par an
an, je menais des entretiens avec
les managers, ingénieurs et techniciens danois pour comprendre comment ces
acquisitions étaient vécues en interne par les différents échelons hiérarchiques,
et leurs impacts
p sur la vie q
quotidienne de chacun. J’ai fait une découverte à
laquelle je ne m’attendais guère : ces histoires étaient toutes très différentes les
unes des autres alors que chacun racontait le même évènement.
Par ailleurs, une même personne changeait le contenu de son « intrigue » d’une
année sur l’autre pour s’adapter aux changements de l’entreprise et de son
environnement et aux changements au sein de ses alliances. Ces histoires
dispensaient de précieuses informations sur le climat organisationnel et la façon
dont ces acquisitions étrangères étaient perçues, et, a fortiori, sur le soutien
interne apporté aux projets stratégiques d’acquisitions de la firme danoise.
Les entreprises qui savent bien raconter ce qu’elles font et pourquoi elles le
font sont par ailleurs mieux à même d’attirer et retenir les meilleurs
collaborateurs.
collaborateurs
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Le storytelling comme divertissement
divertissement, une sorte de projection de soi
ludique :
La narration est souvent utilisée dans l’éducation des enfants et même des
adultes.
Les instituteurs racontent des histoires pour les enfants en classe pour en tirer
des morales (les fables et les contes), mais aussi pour leur apprendre à
écouter à utiliser leur imagination,
écouter, imagination et à comprendre que la communication
entre les personnes est un art.
Ces d
C dernières
iè années
é ont vu l’l’apparition
i i d’d’un certain
i nombre
b dde systèmes
è virtuels
i l
pour la construction de récit. Ces systèmes sont plutôt ludoéducatifs et donc créer
pour les enfants.
KidP d représente
KidPad é t un environnement
i tdde storytelling
t t lli collaboratifs
ll b tif pour enfants.
f t Il
fournis une collection de boites a outils partagées qui permettent de créer les
différentes scènes de l’histoire (dessins, textes..). Ces scènes sont par la suite
reliées entre elles par les enfants pour construire ensemble leur récit
récit.
1-2
1 2 : Les inquiétudes
é é
éthiques soulevées
é par le
storytelling
PARTIE 1 : La portée du storytelling
12L
1-2 Les inquiétudes
i iét d éthi
éthiques soulevées
l é par lle storytelling
t t lli
1-21 : Hold-up sur l’imaginaire : ou comment le storytelling est utilisé pour escamoter
le réel
Ivanne Railland, Chercheur, Paris IV Sorbonne
1-22 : L’aspect éthique du Storytelling est fonction des finalités suivies et du rapport
entretenu avec la vérité.
Rémy Lorioz, Étudiant en Ecole de Commerce
1-24 : Le récit donne l’illusion que le monde humain existe encore, alors qu’il a été
dissout dans le Marché.
Michel Drac, Co-fondateur, Scriptoblog
1.25 : Pourquoi donc toujours assimiler les technologies interactives avec des
« armes de distraction massive » ?
David Bourguignon, Business Developer, Masa Group
1-21 : Hold-up sur l’imaginaire : ou comment le
storytelling est utilisé pour escamoter le réel
Ivanne Rialland, Chercheur de l'équipe "Littératures françaises du XXe siècle" à Paris IV-
Sorbonne
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« Hold-up
H ld sur l’imaginaire
l’i i i ». C’est
C’ par ces mots que s’achève
’ hè
l’introduction du livre de Christian Salmon, qui dénonce l’arrivée en
France du storytelling, cet art de raconter des histoires….
Ou, pour citer Barthes à la suite de Christian Salmon : Innombrables sont les
Ou
récits du monde. […] sous ces formes presque infinies, le récit est présent
dans tous les temps, tous les lieux, dans toutes les sociétés ; le récit
commence avec l’histoire
l histoire même de l’humanité
l humanité ; il n
n’y
y a pas
pas, il n’y
n y a jamais eu
nulle part aucun peuple sans récit ; toutes les classes, tous les groupes
humains ont leurs récits, et bien souvent ces récits sont goûtés en commun
par des hommes de culture différente voire opposée : […] [ ] international,
international
transhistorique, transculturel, le récit est là, comme la vie.
Son livre s’ouvre ainsi sur deux morceaux narratifs : l’intrigue d’un jeu de
simulation destiné à l’entraînement des militaires américains et un stage de
formation pour managers où la lecture d’Harold
d Harold et le crayon mauve est censé
faciliter l’adoption du changement.
Ainsi, l’art du récit qui, depuis les origines, raconte en l’éclairant l’expérience de
l’humanité, est-il devenu à l’enseigne du storytelling l’instrument du mensonge
d’Ét t ett du
d’État d contrôle
t ôl des
d opinions
i i :d
derrière
iè lles marques ett lles séries
é i télé
télévisées,
i é
mais aussi dans l’ombre des campagnes électorales victorieuses, de Bush à
Sarkozy, et des opérations militaires en Irak ou ailleurs, se cachent les
techniciens appliqués du storytelling
storytelling. L’empire
L empire a confisqué le récit
récit. C’est
C est cet
incroyable hold-up sur l’imaginaire que raconte ce livre. (p. 20)
Alors que les années quatre-vingt sont le règne du logo, les années quatre-
vingt-dix inaugurent celui du récit, voire du mythe. On passe en fait d’une
recherche de l’identification
l identification à une quête d’identité
d identité : si le logo permet
l’identification, du premier coup d’oeil, de la marque, son contenu
idéologique est vide et la notoriété du logo va pouvoir être un support facile
pour la critique et le détournement.
détournement
L’exemple de Nike que donne Christian Salmon est tout à fait exemplaire : la
célérité du swoosh de Nike a rendu la marque plus fragile face aux
campagnes anti-Nike.
C’estt en réalité
C’ é lité à lla cristallisation
i t lli ti d’ d’un symbole
b l à llaquelle
ll on assiste
i t : lle llogo
se révèle un signe en attente de sens.
Le consommateur
L t ne doit
d it plus
l seulement
l t ididentifier
tifi lla marque, mais
i
s’identifier avec elle. On ne vend plus un produit, ni même un style de vie,
mais un univers narratif (p. 36-37). La pomme d’Apple devient la face
concrète
èt d’un
d’ symboleb l dont
d t lel signifié
i ifié estt lla success-story
t de
d l’entreprise
l’ t i ett
de son charismatique fondateur, Steve Jobs, qui n’hésite jamais à rappeler
son histoire, exemplaire roman d’apprentissage.
Christian étudie par la suite ce qui est, avec la politique, l’un de ses applications
principales : le management. Christian Salmon propose ici une manière de
prolongation du livre de Luc Boltanski et Ève Chiapello, Le Nouvel Esprit du
capitalisme,
p p
paru en 2000.
Ce sont ainsi les propriétés de mise en ordre du récit qui sont exploitées par
le management,
management indépendamment de la question de sa référentialité
référentialité. Mais
on se rend compte assez vite que le storytelling est, plus qu’un art du récit,
un art de la fiction.
En faisant reposer les comptes sur « la valeur future hypothétique » (p. 107),
le PDG d’Enron, Jeff Skilling met en effet à la fois en œuvre un récit — la
projection dans le temps d’une
d une action — et une fiction qui se révèle un
mensonge — un monde possible donné comme monde réel.
Ce qui unit tous ces récits disparates, y compris les jeux vidéos destinés à
ll’entraînement
entraînement des soldats
soldats, l’histoire
l histoire d’Harold
d Harold et le crayon mauve ou le récit à
peine arrangé rapportant le succès d’une équipe dans son adaptation au
changement, c’est l’interposition entre le sujet et le réel d’un récit qui, sous le
prétexte de le mettre en ordre
ordre, le voile : le storytelling réalise un
dédoublement du monde et fait vivre les employés des call centers comme
les actionnaires d’Enron dans un simulacre.
Christian Salmon attire l’attention sur la prise de conscience par les hommes
politiques
liti d
des pouvoirs
i dde lla fifiction,
ti quii ffontt d
des scénaristes
é i t h hollywoodiens
ll di
des experts et des productions hollywoodiennes des récits prophétiques ou
légitimants. Les films et séries américains sont engagés dans une opération
de propagande qui vise à remplacer le réel tel qu’il est par le réel tel que le
gouvernement de Bush veut qu’il soit. Les propos tenus par un conseiller de
Bush à Ron Suskind, éditorialiste au Wall Street Journal, rapportés par
Christian Salmon, sont en cela l’acmé du livre :
Il m’a dit que les gens comme moi faisaient partie de ces types « appartenant à ce
que nous appelonsl lla communauté
té réalité
é lité » [the
[th reality-based
lit b d community]
it ] : « V
Vous
croyez que les solutions émergent de votre judicieuse analyse de la réalité observable
». J’ai acquiescé et murmuré quelque chose sur les principes des Lumières et
ll’empirisme
empirisme. Il me coupa : « Ce n’est
n est plus de cette manière que le monde marche
réellement. Nous sommes un empire maintenant, poursuivit-il, et, lorsque nous
agissons, nous créons notre propre réalité ». (p. 171-172)
Il ne faut p
pas cependant
p négliger
g g sa rationalité p propre,
p ,p pas p
plus q
qu’il ne faut
confondre fiction et mensonge. L’habileté des scénaristes à inventer des
fictions n’en fait pas des conseillers illégitimes du prince, de même que c’est
à bon droit que les romans d’anticipation
d anticipation de DeLillo sont utilisés par Christian
Salmon pour éclairer le réel.
Les jeux vidéo de simulation destinés aux soldats mettent par exemple à
profit la capacité qu’a la fiction, par la suspension d’incrédulité qu’elle
provoque, de donner accès à des expériences possibles.
Il p
parle d’une suspension
p g
générale de l’incrédulité face à un réel q
qui,, mis en
récit, paraît un scénario d’Hollywood : tout devient alors possible.
L’histoire d’Enron q
qui fermait le chapitre
p 4 apparaît
pp ainsi comme une image g
de la politique bushienne : ce qui doit être prend la place de ce qui est tandis
que disparaît le principe de réalité.
Au lieu
A li d’d’exprimer
i l’i
l’imaginaire,
i i ces nouveaux mythes th lel modèlent,
dèl t au lilieu d de
mettre en forme l’expérience du passé, ces nouveaux récits déterminent
l’avenir. C’est d’ailleurs en cela que, plutôt que de récits ou de fictions, il faut
parler de mythes : ce qui est construit par ces nouveaux griots, ce sont des
modèles narratifs de comportement
L’avenir, dans le régime mythique, est prescrit par le récit sacré qui instaure
le réel.
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L’irruption du Storytelling correspond à un besoin de préserver intact
ll’exercice
exercice du pouvoir des dirigeants de l’entreprise
l entreprise alors qu’autorité
qu autorité
et hiérarchie semblent se diluer dans un nouveau modèle
organisationnel.
Mais
M i lle propre d
des récits
é it estt d
de suspendred pour une d durée
é dét
déterminée
i é lla
rationalité du lecteur, qui s’identifie aux personnages de l’histoire, l’entraînant
alors plus loin dans la direction recherchée à l’aide de la dimension
é ti
émotionnelle.ll P
Peut-on
t dè llors, accuser lle St
dès Storytelling
t lli d de restreindre
t i d lla vision
i i
précédente, en la rendant plus subjective ?
Depuis toujours, les entreprises racontent des histoires, produisent des récits.
La nouveauté réside dans la conscientisation de ce phénomène et dans
ll’utilisation
utilisation qui en est faite
faite.
Ainsi, pris dans son acception la plus large, « l’art de raconter des
histoires »,
» le Storytelling procède autant d’une
d une redéfinition –ll’entreprise
entreprise
redéfinie à travers le prisme du récit - que d’une véritable innovation. Le
commerce équitable est un bon exemple d’un secteur que l’on peut ainsi
redéfinir Les entreprises et organisations
redéfinir. organisations, sur ce marché
marché, mettent en avant
des personnages (l’acheteur occidental, le producteur pauvre et la
multinationale), chacun étant lié à l’autre par un tissu narratif qui doit être
respectueux
t de
d lla vérité.
é ité
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Développement durable, énergies renouvelables, constructions
p
pérennes.
Tout le monde en parle, mais personne n’y croit vraiment. Ou du moins pas
ENCORE. D’abord, qu’est-ce que cela veut dire, durable ? Une rapide recherche
dans Wikipédia nous en apprend la définition officielle (Rapport de la Commission
mondiale sur l’environnement et le développement – 1987) : « Un développement
qui répond aux besoins des générations du présent sans compromettre la
capacité des générations futures à répondre aux leurs. » Donc durable, cela veut
dire qui puisse exister dans la temps. Or la temporalité est la dimension même du
récit, du conte à l’Histoire.
Par le passé
passé, les théories majeures
majeures, de droite comme de gauche
gauche, qui décrivaient
la société étaient essentiellement basées sur les critères matérialistes et
économiques : Marchés, Travail, Capital, Lutte des classes résultant d’un conflit
quant à la possession des moyens de production
production, etc
etc. Elles donnaient le Monde
pour acquis.
En l’observant
l observant, on se rend compte qu’il
qu il
s’agit essentiellement d’élargir notre mode
de pensée (professionnelle, familiale,
personnelle ) en généralisant le principe
personnelle…)
de rationalité à d’autres enjeux qui ne soient
pas uniquement le profit immédiat. Principe
simple application complexe
simple, complexe, à résumer par
un adage « Think global, Act local ».
Krugman ajoute « (Cette crise) sera peut-être moins forte que celle de 1929.
Mais elle sera beaucoup plus longue (…) C’est une crise des certitudes dans
le système.
système » Pour faire un parallèle,
parallèle la crise majeure de 1929 n’a
n a jamais fait
douter l’Occident de son modèle de développement, bien qu’elle l’ait amélioré,
avec l’avènement de la classe moyenne et de son pouvoir d’achat de masse.
Une fois la pensée « durable » énoncée, elle a été reconnue et est désormais
en voie d’intégration par l’opinion publique (c’est à dire par nous tous). Dans
un monde qui menace de s’écrouler, sentir qu’on accélère la chute est une
responsabilité bien anxiogène pour un individu. Comment se rassurer ? En
cherchant des moyens, à notre portée, d’endiguer le phénomène. D’où
l’arrivée du Bio, le retour de l’Humanisme, des marques respectueuses de
l’environnement, surveillées par Greenpeace, qui ne font pas fabriquer par des
petites enfants de la Chine, etc. etc. etc.
C’est le come-back de la Morale, sans logo g ((Naomi Klein)) mais avec un g grand
«M».
La crise l’a montré, même le Capitalisme doit se Mo-ra-li-ser ! C’est comme
pour le durable,, p
p personne n’y
y croit vraiment,, p
pourtant l’idée fait son chemin. Il
faut d’ailleurs remarquer qu’être moral, ce n’est pas être moralisateur et
prendre la tête des autres, c’est simplement savoir ce que l’on fait et le
démontrer p par l’exemple.
p
Plus de petit papa noël pour nous apporter tous ces beaux joujous que l’on
voyait en rêve. Plus de croissance infinie du produit publicitaire brut.
Aujourd’hui la réalité cogne à notre porte, elle martèle même, car il n’est pas
question que l’on la laisse dehors, défoncés que nous sommes par toutes nos
baselines et nos jeux de stratégie.
Et dans le contexte actuel, le Greenwashing est le pire des stroytellings
possibles parce veut berner les consommateurs dans ce qu’ils
possibles, qu ils identifient
comme leur espoir le plus sincère, celui d’un monde meilleur.
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Le récit donne l’illusion que le monde humain existe encore, alors
qu’il a été dissout dans le Marché.
1-24 : Le récit donne l’illusion que le monde humain existe encore, alors
qu’il a été dissout dans le Marché.
Après avoir remplacé la marchandise par la marque, l’économie
mondialisée semble sur le point de remplacer les marques par les
stories.
Le marketing viral consiste à raconter des histoires, pas à diffuser des pubs.
Le processus de dématérialisation (de la marchandise à la marque) se double
d’un
d un processus narratif (de la marque au récit de la marque).
marque)
1-24 : Le récit donne l’illusion que le monde humain existe encore, alors
qu’il a été dissout dans le Marché.
Il faut fabriquer des histoires belles, mais fausses, qui occuperont la
marque, qui lui donneront un contenu positif, un contenu qui la
remplira et fera qu’il ne restera plus de place pour l’autre contenu,
moche et vrai.
1-24 : Le récit donne l’illusion que le monde humain existe encore, alors
qu’il a été dissout dans le Marché.
Il s’agit de construire une relation entre celui qui écoute le récit (le
consommateur) et celui qui le lui raconte symboliquement
(l’entreprise derrière la marque).
1-24 : Le récit donne l’illusion que le monde humain existe encore, alors
qu’il a été dissout dans le Marché.
Ce n’est plus la société humaine qui fabrique les marques, mais les
marques qui fabriquent la société humaine.
Cette méthode marketing est si efficace, qu’elle est en train d’envahir toute la
société américaine,, et par
p contrecoup p la p
planète entière. Le storytelling
y g
devient la manière de penser de monsieur tout le monde, en Amérique mais
aussi, par contrecoup, partout dans le monde. Les marques sont en train de
se transmuer en mythes… et les mythes, c’est
c est bien connu, fabriquent les
sociétés.
1-24 : Le récit donne l’illusion que le monde humain existe encore, alors
qu’il a été dissout dans le Marché.
Le grand problème de l’économie, c’est qu’elle n’est pas drôle.
1-24 : Le récit donne l’illusion que le monde humain existe encore, alors
qu’il a été dissout dans le Marché.
Il s
s’agit
agit, dans un monde où la marchandise a remplacé l’homme
l homme
comme sujet de l’Histoire, de transformer l’homme en variable
d’ajustement du monde régi par l’économie triomphante – et bien sûr,
pour cela,
cela il faut obtenir son assentiment.
assentiment
Cet assentiment,
assentiment on l’obtient
l obtient, précisément
précisément, en amenant l’homme
l homme à s’identifier
s identifier
aux histoires que les storytellers lui racontent. Le système capitaliste, devenu
émotionnel parce qu’il faut parler à l’affectivité pour enclencher le mécanisme
d’identification
d identification, invente par la force des choses un nouveau modèle d’autorité
d autorité :
l’autorité par le récit. Le récit rend possible le changement (impératif suprême
du turbocapitalisme) qui transforme l’homme en simple reflet d’un moi
émotionnel entièrement dominé par les exigences du marché (du marché du
travail, en particulier).
1-24 : Le récit donne l’illusion que le monde humain existe encore, alors
qu’il a été dissout dans le Marché.
1.25 : Pourquoi
q donc toujours
j assimiler les
technologies interactives avec des « armes de
distraction massive » ?
David Bourguignon, Business Developer, Masa Group
(en réponse au chapitre sur le storytelling de guerre, du livre de Christian Salmon
« storytelling
t t lli »))
Photos: JVallée
Le jeu est depuis toujours au coeur des mécanismes
d'apprentissage.
Encore une fois, il est possible de critiquer l'approche, d'affirmer que rien ne
remplace le réel, etc.
« Le grand défi, me dit-il, ce n’est pas d’avoir la bonne technologie. Nous y sommes
presque. Le
L défi
défi, c’est:
’ t avons-nous la l bbonne hi
histoire?
t i ?EEst-ce
t que cela
l colle
ll avec lla réalité?
é lité?
Est-ce que nous enseignons les bonnes choses? La vraie histoire de l’art de la guerre, c’est
que votre copain est en train de mourir: que faites-vous? »
« Les mondes virtuels peuvent en effet permettre aujourd’hui de faire entrer les
participants dans un environnement virtuel en leur donnant l’illusion qu’il s’agit du
mondé réel. Car
C la crédibilité des exercices de simulation repose sur la
« perception qu’un monde existe dans lequel les participants peuvent se
transporter eux-mêmes et entreprendre des actions. »
Le rapport du NRC publié à l’issue de ces travaux « définissait les relations d’un
opérateur humain à un environnement synthétique comme expérientielles plutôt
que cognitives ».
»
1 34 : L
1.34 Le cyberespace,
b l’i
l’intelligence
t lli collective
ll ti ett lle virtuel
it l
François Filliettaz
1-3
1 3 : C’est
C’ un processus communautaire
i que lle
storytelling permet
R
Roger Nifl
Nifle, Président
P é id t dde l’i
l’institut
tit t d
de lla prospective
ti h humaine
i
Photos: JVallée
Le storytelling peut être mis au service du bien commun ou de
l' lié ti collective.
l'aliénation ll ti
Le storytelling,
storytelling pratique de conseillers politiques de haut vol
vol, est à la fois le
modèle de la manipulation des esprits et celui de l'action communautaire de
socio-performance faisant consensus.
Les récits que l'on nous conte et dont les médias se font l’écho et
l'
l'amplificateur
lifi t sontt aussii d
des ffaçons d
de servir
i une pensée
é ttoute
t prête,
êt une
vision du monde souvent manichéenne ou angélique qui facilite la
perméabilité aux injonctions publicitaires ou propagandistes.
Considérons que tout projet est une histoire que l'on construit et que l'on se
raconte pour entraîner à des réalisations communes, que l'on soit dans les
entreprises ou dans les projets publics ou les actions sociales par exemple.
Il suffit de se rappeler toutes les « histoires » vécues à tel point que l'on
l on ne
sait plus différencier la mémoire et l'histoire, ce qui nous est servi et ce que
nous vivons par nous-même. Toutes nos croyances sont ici à invoquer, ne
faisant plus
plus, bien souvent,
souvent la part de ce qui nous est propre et de ce qui nous
est raconté. L'identification expérientielle à l'histoire racontée en vient même
à coproduire l'histoire en question comme des personnages de fiction. C'est
le moteur du procédé.
procédé La profondeur des implications en fait la force
force.
La clé c'est le Sens. Si on est disposé dans un certain Sens alors l'histoire va
nous y conforter. Ainsi elle va renforcer le conSensus et contribuer à former ou
développer une communauté de Sens Sens. Ainsi la prédisposition se renforce et la
croyance dans l'histoire ou dans des histoires homologues (de même Sens)
sera d'autant plus prégnante, plus engageante.
Agir
g c'est activer un Sens p par une médiation appropriée,
pp p , rien de mieux q
qu'une
histoire racontée, vécue, « participée », qui le communique.
Tout ce qqui est « réalisé » dans une communauté tiens du conSensus q qui
s'actualise. Ainsi tout ce qui s'y produit est effet de Sens, celui-ci étant le
principe agissant. Le but de l'histoire n'est pas ce qu'elle produit dans son
scénario mais ce q qui se p
produit p
pour ceux q qui résonnent à son Sens. L'erreur
rationaliste est de confondre les deux Sens et raison.
Dès lors que l'on replace cela dans le contexte des communautés de Sens ou
d'enjeux alors c'est tout le champ de la socio-performance qui est engagé.
g
Ensuite, dans les méthodes de l'intelligence symbolique,
y vient l'imaginaire
g
comme vecteur opportun d'expression du Sens selon une histoire appelée
homologramme parce qu'elle porte le Sens voulu. Cette expression spontanée
mais disciplinée
p est à la fois disponible
p p
pour l'analyse
y et un meilleur
discernement du Sens qu'elle porte (ex: analyse figurative) et à la fois pour la
créativité qui va en être inspirée pour construire un scénario. L'histoire finale
sera le fruit d'une g
génération p progressive,
g , tant de la créativité dans les modes
d'expression et les contenus que dans l'ajustement aux contextes opératoires
(créativité générative). Techniques d'intelligence symbolique ou disciplines de
création,, elles s'accordent avec tous les modes d'expression
p pertinents.
p
3) L'expression
L expression des valeurs, celle des ambitions, la détermination des
responsables doit être ensuite étudiée de façon cohérente.
Ce n'est cependant pas la limite des espaces virtuels qui sont tout à fait réels
et incluent tout le champ de l'expérience humaine, vue d'une nouvelle façon.
Mais
M i il en a ttoujours
j été ainsi
i i llorsque lles hi
histoires
t i d
des h
humains
i se sontt
réalisées au travers des formes, scènes et pratiques que nous ont léguées
nos civilisations.
Photos: JVallée
Les récits en entreprises,
p , à la recherche du sens perdu
p
Qu'il soit question d'entreprise ou d'autre forme d'organisation, les récits ont
constitué depuis
p l'antiquité
q une mémoire collective des faits p
professionnels.
S'il s'agissait autrefois presque exclusivement de traités sur les savoir-faire,
les récits parlent aujourd'hui de tous les domaines et prennent appui sur de
nombreux supports,
pp , du p
papier
p au web en p passant ppar le téléphone
p p
portable et
bien sûr, l'audiovisuel; n'oublions pas que l'un des premiers films de l'Histoire
du cinéma est...un film d'entreprise. En tournant « La sortie de l'Usine
Lumière à Lyon
y , les frères Lumière nous donnaient à voir le premier
p récit
filmique d'entreprise. Nous faisions donc déjà du storytelling sans le savoir,
comme M. Jourdain avec sa prose ?
Une entreprise, ce sont des salariés, des dirigeants, des produits, des clients
et des prospects,
prospects des syndicats et des organisations patronales
patronales, une culture
culture,
des cultures, des connaissances, un endroit, un réseau...Bref, une entreprise
est un système complexe. Son développement repose sur les nombreuses
interactions qu'elle
qu elle entretient à ll'intérieur
intérieur du système et avec ses contextes
contextes,
qu'ils soient politique, économique, financier, social, psychologique,
sociologique...l'affaire n'est pas mince.
Les salariés d'une entreprise se racontent pour se faire embaucher, voici leur
premier
i récit.
é it L
La relation
l ti communicationnelle
i ti ll entre
t lles salariés
l ié ett l'l'entreprise
t i
constitue un des axes les plus importants.
Le journal interne raconte aussi ce qui peut faire lien entre les salariés. Très
souvent, le blog du salarié peut être le prolongement du récit professionnel, sauf
restrictions de confidentialité imposées
p p
par l'entreprise.
p
Des chercheurs comme Eddie Soulier ont mis en évidence le fait que la
cognition humaine ne relève pas du traitement de l’information mais de la
narration. C'est ce qu'il appelle la mémoire narrative.
Les récits sur les produits peuvent avoir des influences certaines sur les
individus que nous sommes. De notre enfance, nous avons tous retenu une
histoire de produit qui nous trotte dans la tête. Je repense toujours avec
bonhe r à ce magnifique
bonheur magnifiq e album
alb m illustré
ill stré que
q e m'avait
m'a ait offert la crémière et qui
q i
retraçait les histoires de La Vache qui rit.
L'histoire que l'on racontera au cœur de la tourmente doit être parfaite. Elle
demande du courage, une maîtrise certaine de la production de contenus
narratifs et une réaction immédiate
immédiate, dans l'urgence
l urgence, quand d'autres
d autres
problèmes semblent plus importants. Elle nécessite conscience et sens des
responsabilités. Mais une fois bien lancé, le récit de crise permet de restaurer
et de maintenir une confiance qui pourrait être perdue sinon
sinon.
Est-ce
E t qu'il
'il permett une authentique
th ti relation
l ti entre
t lles diffé
différents
t acteurs
t ? Est-
E t
ce que l'exploitation des récits en entreprise prend assez en compte la
dimension de la relation qui existe entre eux ou la nécessaire approche
globale
l b l que rend d iindispensable
di bl lla complexité
l ité d
de notre
t monde d ?
Il n'en reste pas moins que le travail dans les organisations, c'est aussi "faire
l'
l'expérience
éi de
d l'l'absence
b d
de cohérence
hé voire
i dde contradictions
t di ti entre
t lles
discours portés par les différents concepteurs de travail". C'est le constat fait
par Philippe Davezies. Il ajoute même que le phénomène est banal.
Comme le précise Umberto Eco l’intention du texte est "le résultat d’une
conjecture de la part du lecteur"
lecteur . Si le récit est un objet construit chemin
faisant lors de l'interprétation, il n'empêche qu'il est nécessaire de trouver
chez l'auditeur l'implication qui fait défaut en période de rupture de confiance
ou quand les éléments narrés sont erronés
erronés.
Avant tout,
tout il faut replacer l'homme
l homme au centre du récit.
récit Ce n'est
n est pas le produit
la vedette, c'est la femme ou l'homme qui l'imagine, qui le fabrique, qui le
vend, qui l'achète, ce sont les valeurs humaines qui l'accompagnent.
Certaines histoires sur les produits,
produits dans la publicité multimédia et
audiovisuelle par exemple, sont véhiculées par des valeurs humaines qui
réveillent notre émotion et nous font adhérer au produit.
Or le pouvoir d'achat
d achat est la cause du pouvoir de consommation.
consommation
Ce n'est pas travailler plus qui est nécessaire mais c'est travailler moins ou
mieux, pour penser mieux. La relation de confiance ne peut advenir que dans
une répartition plus juste des profits et un arrêt des abus en tous genres :
parachutes dorés, stock options en cadeaux, salaires faramineux...
Remettre l'humain
l humain au centre du récit
récit, remettre le respect de l'humain
l humain au
centre du récit semble impératif. Rétablir une politique de civilisation et
œuvrer pour la métamorphose sans doute la première histoire à réinventer
avant de passer à d'autres
d autres.
Photos: JVallée
Avoir une vision partagée pour "devenir ensemble »
Jusqu'à présent, nous nous sommes concentrés sur les intérêts individuels
des participants à un groupe :
les justifications données par chacun des hommes sont toutes aussi valides
les unes que les autres. Elles conduisent à produire une action similaire, mais
les motivations qui poussent à agir sont différentes.
différentes Le troisième cas est un
bon exemple de la motivation de "participer à plus grand que soi" que nous
avons vu précédemment.
* Dans ce cas, une personne donne une vision et fait en sorte qu'elle soit
suffisamment mobilisatrice pour que les membres du groupe l'adoptent. Cela
est souvent le cas au début d'un p
projet,
j , lorsque
q l'initiateur cherche à fédérer
des forces autour de son projet soit en recherchant des participants soit en
tentant de mobiliser un groupe déjà constitué.
* Mais il y a un danger
g de réduire la synthèse
y aux seuls ppoints de vue
compris par celui qui la réalise. Une personne peut passer successivement
d'un point de vue à un autre mais a tendance à avoir du mal à apercevoir un
nouveau p point en étant aveuglée
g p
par ceux qqu'elle voit déjà.
j Il est donc
impératif d'avoir un processus itératif de relecture collective de la synthèse
pour que celle-ci englobe le mieux possible toute la richesse des contributions.
* Il s'agit donc d'une méthode qui permet de construire une vision commune
très utile mais qui est consommatrice de temps individuel (pour celui qui fait la
synthèse)
y ) et de délais collectifs ((suivant la disponibilité
p de celui q
qui fait les
synthèses et du fait du processus itératif pour rendre la synthèse réellement
collective). Elle a pour avantage de permettre une production du groupe qu'il
pourra ensuite p
p présenter à l'extérieur et ainsi l'aider à construire son identité
(voir le point suivant). L'initiateur d'un projet qui dès le début demande des
commentaires sur le projet qu'il propose suit également cette deuxième
approche.
pp
* En effet, il existe une "plasticité" des groupes qui fait qu'ils ne réagissent
pas de la même façon aux mêmes événements en fonction de ce qui a été
vécut auparavant. Il ne s'agit pas seulement d'un phénomène conscient mais
surtout d'un phénomène inconscient qui peut dicter les réactions d'un groupe
d'une façon différente de ce qu'aurait donné une analyse collective
consciente. Cela rend les groupes assez imprévisibles.
Photos: JVallée
" La théorie de ll'intelligence
intelligence collective repose sur un présupposé
implicite. La connexion des intelligences par le biais des ordinateurs
suffirait à pro-duire une conscience collective " émergente ", un univers
de pensée virtuel-celui de la noosphère-,
noosphère- où il n
n'y
y aurait plus de frontière
entre les disciplines scientifiques, les sciences et la philosophie, les
arts, la religion... Belle utopie, mais qui ne permet pas de comprendre les
conditions sociales
sociales, institutionnelles,
institutionnelles épistémologiques de production et
de diffusion des savoirs ".
Il ss'agit
agit d'une
d une approche très générale de la vie en société et de son avenir
possible. L'intelligence collective est un projet global dont les dimensions
éthiques et esthétiques sont aussi importantes que les aspects technologiques
et organisationnels ".
Dans nos interactions avec les choses nous développons des compétences. Par notre
rapport aux signes et à l'information, nous acquérons des connaissances. En relation
avec les autres,, moyennant
y initiation et transmission,, nous faisons vivre le savoir.
Compétence, connaissance et savoir, (qui peuvent concerner les mêmes objets) sont
trois modes complémentaires de la transaction cognitive et passent sans cesse l'un
dans l'autre.
"C'est une intelligence partout distribuée, sans cesse valorisée, coordonnée en temps réel,
qui aboutit à une mobilisation effective des compétences. Le fondement et le but de
l'intelligence collective sont la reconnaissance et l'enrichissement mutuels des personnes".
La totalité du savoir n'appartient à personne, et chaque être humain sait quelque chose. Le
savoir n'est autre que ce que les humains savent, la somme des savoirs individuels. Il n'y a
pas de source transcendante de savoirs.savoirs LL'intelligence
intelligence est
est-elle
elle alors la simple maîtrise d'un
d un
plus grand savoir? Non, la "lumière de l'esprit" brille "même là où on essaye de faire croire
qu'il n'y a pas d'intelligence [...], s'il vous prend la faiblesse de penser que quelqu'un est
ignorant, cherchez dans quel contexte ce qu'il sait devient de l'or".
Il est difficile de critiquer cette profession de foi de Pierre Lévy, mais un objection s'impose:
dans un réseau, on met à disposition ses connaissances, pas soi-même. On ne peut offrir ce
qu'on
qu on ignore posséder
posséder, et il n'y
n y a pas moyen pour quiconque d'obtenir
d obtenir ce qu'on
qu on ne met pas à
disposition. Il faudrait une interconnexion des êtres, des psychismes, un " réseau neuronal ",
finalement une transparence et une égalité absolues qui s'apparentent aux utopies
classiques, de la République de Platon à l'Utopia de Thomas Moore et aux Phalanstères de
P d'h
Prud'hom. M
Mais
i ces systèmes
è ont peu ou prou éli
éliminé
i é lles qualités
li é iindividuelles,
di id ll à l'i
l'inverse d
de
Pierre Lévy, qui les met au premier plan, et pour qui l'égalité vient de la reconnaissance de la
différence. On examinera plus loin ce que Pierre Lévy appelle esprit.
Pour aboutir à une mobilisation effective des compétences, encore faut-il les identifier. Pour
cela il faut les reconnaître pleinement, dans toute leur diversité. Cette reconnaissance a une
dimension éthico-politique, puisqu'à l'âge de la connaissance, ne pas reconnaître l'autre dans
son intelligence
intelligence, c'est lui refuser sa véritable identité sociale
sociale, c'est nourrir son ressentiment et
son hostilité, c'est alimenter l'humiliation, la frustration d'où naît la violence. Valoriser autrui
dans ses savoirs, c'est lui permettre de s'identifier sur un mode nouveau et positif et de se
mobiliser dans des p projets
j collectifs. C'est une manière de motiver chacun.
" L'intelligence humaine? Son espace est la dispersion. Son temps, l'éclipse. Son
savoir, le fragment. L'intellect collectif réalise son remembrement. Une cogitation
anonyme, mais perpétuellement vivante, partout irriguée, métaphorique. Par
l'intermédiaire des mondes virtuels, nous pouvons non seulement échanger des
informations mais vraiment penser ensemble, mettre en commun nos mémoires et
nos projets pour produire un cerveau coopératif. [...] L'intellect collectif pense
partout, tout le temps, et relance perpétuellement la pensée de ses membres. Pour
la communauté pensante que nous appelons de nos vœux, comme pour le Dieu
d'Avicenne ou de Maïmonide, l'intellect et l'intelligible ne font qu'un. Cette union de
l'i t ll t ett de
l'intellect d l'intelligible
l'i t lli ibl d'un
d' être
êt collectif,
ll tif nous l'l'avons appelée
lé son monde
d
virtuel. Il est à la fois société de signes animés, organe de perception commun,
mémoire coopérative, espace de communication et de navigation.
Nous n'exerçons nos facultés mentales supérieures qu'en fonction d'une implication
dans des communautés vivantes avec leurs héritages, leurs conflits et leurs projets. En
arrière-fonds ou sur l'avant-scène ces communautés sont toujours j déjà
j pprésentes dans
la moindre de nos pensées, qu'elles fournissent des interlocuteurs, des instruments
intellectuels ou des objets de réflexion. Connaissances, valeurs et outils transmis par la
culture constituent le contexte nourricier, le bain intellectuel et moral à partir duquel les
pensées
é iindividuelles
di id ll se dédéveloppent,
l tissent
i lleurs petites
i variations
i i et produisent
d i
parfois des innovations majeures.
Les représentations et les idées naissent et meurent dans les groupes humains. Il ne
s'agit pas seulement des idées, représentations, messages, modes d'organisation des
connaissances, types d'argumentation ou de " logiques " en usage, styles et supports
des messages. Un collectif humain est le théâtre d'une économie ou d'une écologie
cognitive au sein desquelles évoluent des espèces de représentations.
F
Formes sociales,
i l iinstitutions
tit ti ett ttechniques
h i modèlent
dèl t l'environnement
l' i t cognitif
itif d
de ttelle
ll
sorte que certains types d'idées ou de messages ont plus de chance de se reproduire
que d'autres. Parmi tous les facteurs contraignant l'intelligence collective, les
technologies intellectuelles que sont les systèmes de communication
communication, d'écriture
d écriture,
d'enregistrement et de traitement de l'information jouent un rôle majeur. Les
infrastructures de communication et les technologies intellectuelles ont toujours noué
d'étroites relations avec les formes d'organisation
g économiques
q et p
politiques.
q
Il importe cependant de souligner que l'apparition ou l'extension de technologies
intellectuelles ne déterminent pas automatiquement tel ou tel mode de connaissance ou
d'organisation sociale. Distinguons donc soigneusement les actions de causer ou de
dét
déterminer,
i d'une
d' part,
t ett celles
ll de d conditionner
diti ou d
de rendre
d possible,
ibl d'd'autre
t part. t L Les
techniques ne déterminent pas, elles conditionnent. Elles ouvrent un large éventail de
possibilités dont un petit nombre seulement est sélectionné ou saisi par les acteurs
sociaux.
sociaux
Le psychisme est d'emblée et par définition collectif. Mais comme les monades de Leibnitz ou
les occasions actuelles de Whitehead, les personnes incarnent chacune une sélection, une
version,
i une vision
i i particulières
ti liè d
du monde
d commun ou d du psychisme
hi global.
l b l
" Certaines civilisations, certains régimes politiques ont tenté de rapprocher l'intelligence
collective humaine de celle des fourmilières, ont traité les personnes comme des membres
d'une catégorie, ont fait croire que cette réduction de l'humain à l'insecte était possible ou
souhaitable. Notre position philosophique, morale et politique est parfaitement tranchée: le
progrès humain vers la constitution de nouvelles formes d'intelligence collective s'oppose
radicalement
di l t au pôle
ôl de
d lla ffourmilière.
iliè C Ce progrèsè d doitit au contraire
t i approfondir
f di l'l'ouverture
t d
de
la conscience individuelle au fonctionnement de l'intelligence sociale et améliorer l'intégration
et la valorisation des singularités créatrices que forment les individus et les petits groupes
humains aux p processus cognitifs
g et affectifs de l'intelligence
g collective.
L'intelligence
g collective soit s'inventer,, elle n'est p
pas donnée. C'est à cette p
production
nouvelle que nous invite Pierre Lévy. Non pas seulement à la constrution d'un contexte
commun résumé à une sorte de bibliothèque universelle, qui contiendrait tous les
savoirs. Trop de contraintes en empêche l'apparition, contraintes juridiques et
é
économiques
i (d
(droits
i d'
d'auteurs, ddroits
i commerciaux).
i ) M
Mais
i est-ce vraiment
i d
de cela
l ddont
parle Pierre Lévy? Peut-on vraiment lui opposer que " même si elle était réalisée, la
bibliothèque universelle ne résoudrait pas les questions majeures de la documentation
électronique: comment s'y s y retrouver dans une information proliférante? La somme des
informations séparées ne suffit pas à faire une intelligence globale. ". Il ne ressort pas
de la lecture des textes que Pierre Lévy a consacré à l'intelligence globale qu'elle se
résume,, pour
p lui,, à cette simple
p addition,, a une simplep connexion des données.
14:L
1-4 Le storytelling
lli comme espace d
de conversation
i
PARTIE 1 : La portée du storytelling
1-4 Le storytelling
y g comme espace
p de conversation
1-43 : Le storytellling
y gppeut nous p
permettre d’engager
g g de nouvelles relations
avec d’Autres
Jean-Yves Le Moine, Créateur et Technologiste
Photos: JVallée
Les histoires envahissent les colonnes des journaux, les attendus
des jugements, les écrans d'ordinateur.
De Rome où il était exilé, Gogol implorait sans cesse ses amies restées en Russie de
lui envoyer des histoires : des histoires de paysans et de bureaucrates, de
fonctionnaires et d'usuriers, n'importe quelle anecdote de la vie quotidienne, afin de
nourrir
i son lilivre en gestation.
t ti "A
"Apportez
t au monded vos récits
é it naïfs
ïf !",
!" suppliait-il
li it il d
dans
ses lettres. La formule prête à rire. Pourtant notre époque l'a faite sienne. L'injonction
aux récits a enflé jusqu’à devenir rumeur, idéologie, puis slogan, le slogan de toute une
époque C'est
époque. C est l'instruction
l instruction des manageurs à leurs employés
employés.
Celle des grandes marques aux consommateurs. C'est le cri de ralliement des militaires
à l'entraînement. Et le conseil des spin
p doctors aux hommes p
politiques.
q
Il désigne des modes d'action et des dispositions de contrôle qui ont pour but
de répondre à une crise générale de la participation et à la nécessité d'une
mobilisation permanente des individus
individus. Ce sont des pratiques de configuration
concrète des conduites : apprentissage, adaptation, formation, guidage et
contrôle des individus, mais aussi gestion des flux émotionnels, des
investissements affectifs,
affectifs organisation du sensible
sensible.
L objectif est d
L'objectif d'engager
engager les masses
masses, de synchroniser et de mobiliser les
individus et les émotions. C'est l'œuvre des "storyspinners" des candidats et
des agences de lobbying et de narration politique dont l'actuelle convention
démocrate à Denver offre le modèle.
modèle
C est ll’équivalent
C'est équivalent de ce que Michel Foucault avait repéré et qualifié de
"pouvoir d’écriture" à la naissance des sociétés disciplinaires (apparition des
registres, des fichiers) et qui se prolongerait aujourd'hui à l'heure numérique
par un "pouvoir
pouvoir de narration
narration" capable non seulement d'enregistrer
d enregistrer les allées et
venues et les faits et gestes des individus, mais de prévoir leur comportement,
de "profiler" leur histoire.
Selon Pew Internet & American Life Project, il se crée un blog toutes les
secondes. 77 % des blogueurs n'ont d'autre motivation que de raconter leur
histoire. Le rapport, publié en juillet 2006, s'intitule : "Blogueurs : un portrait
des nouveaux conteurs d'Internet".
Serait-ce
Serait ce le vieux besoin humain de se raconter
raconter, de s'identifier
s'identifier, de donner un
sens à ses expériences à travers des récits, qui aurait trouvé, grâce à
l'explosion d'Internet, un nouvel espace et un lectorat infiniment extensibles ?
O bien s'agit
Ou s'agit-ilil seulement
se lement d'd'une
ne no
nouvelle
elle mode managériale comme il en naît
tous les dix ou quinze ans, qui aurait essaimé dans les sphères de la politique
et des médias ? Faut-il voir dans la multiplication des profilages narratifs
qu'autorise
' t i le l traçage
t généralisé
é é li é d des expériences
éi d
dans ddes b bases dde d
données
é
toujours plus intégrées l'ombre menaçante d'un nouveau Big Brother, qui
aurait bradé ses vieilles machines optiques de surveillance au profit des
t h i
techniques d
de profilage
fil ett d
de simulation
i l ti ?
Une nouvelle phase du contrôle social, qui ajouterait aux dispositifs analysés
par Michel Foucault et Gilles Deleuze un pouvoir de narration qui s'exercerait
directement sur l'imaginaire des individus.
Photos: JVallée
La homepage, un nouveau récit de soi multimédia.
Les pages personnelles peuvent être envisagées comme des récits de vie
spécifiques. Ces récits de vies sont construits dans le contexte d'énonciation
nouveau q que constitue Internet. C'est dire q
que ce q
qui semble déterminant de
ce point de vue, ce sont moins les dispositifs d'Internet, alliant images et
textes, que le fait d'abord que le créateur de page personnelle s'adresse à
un p
public ouvert,, indéterminé et multiple
p
De plus ce n'est pas tant la multiplicité des supports médiatiques que leur
articulation qui rend ces nouveaux récits de soi tout à fait spécifiques.
Il ss'agit
agit donc d'envisager
d envisager la communication de soi à travers un travail
d'ouverture à l'autre. Cette ouverture est particulièrement large dans
l'expérience de création et de visite de pages personnelles puisque le
destinataire est généralement multiple et indifférencié
indifférencié. Il est possible de
recevoir les commentaires sur nos pensées les plus profondes provenant
d'un internaute du bout du monde.
Si le
l destinataire
d ti t i estt démultiplié
dé lti lié ett iindéterminé
dét i é , l'é
l'émetteur
tt llui-même
i ê n'est
' t
plus unique ni unifié dans son énonciation. Car, malgré le fait qu'une page
personnelle semble pourtant représenter le lieu identitaire d'Internet par
excellence
ll puisque
i c'est
' t précisément
é i é t la
l raison
i d'être
d'êt d de cette
tt activité
ti ité
communicationnelle (la présentation de soi sur Internet), même là donc,
l'émetteur n'est plus unique. Il se construit dans la relation avec ses
récepteurs
é t puisqu'il
i 'il lles sollicite
lli it à lle compléter,
lét à lluii ddonner d'd'autres
t idé
idées, à
lui dire qui il est, en réinjectant parfois ces commentaires dans la homepage
de façon circulaire..
Le lieu que constitue une maison se trouve transformé en espace par ses
occupants dès l'instant où, habitée, elle devient en quelque sorte " pratiquée ".
Sortant alors de l'ordre univoque et de la configuration stable et instantanée, elle
devient effective
effective, habitée,
habitée pratiquée et ainsi variable,
variable mobile
mobile, plurivoque
plurivoque, toujours
en mouvement, en devenir. En somme, disons que l'espace est un lieu qui est
pratiqué.
C'est-à-dire dans sa mise en pratique, dans son " occupation ". Ainsi, la visite
d'une p
page
g p personnelle p
par un internaute en fait un espace,
p , un lieu " p
pratiqué
q ",, "
expérimenté ", que ce visiteur soit d'ailleurs connu ou inconnu de son auteur, ou
encore qu'il s'agisse de l'auteur lui-même. Car celui-ci se visite régulièrement
pour y rencontrer cet autre de lui-même, cette part de soi et la modifier, la réduire,
l'agrandir, la transformer, l'embellir, la supprimer, etc.
Ce qui constitue l'une des caractéristiques du phénomène étudié, c'est que le lieu
de soi porté par une homepage est en effet dénué de sens s'il n'est pas
transformé en espace de soi, c'est à dire si les savoirs informels ne sont pas
échangés, partagés, co-construits. Ce qui nous pousse à avancer qu'une page
personnellell quii ne serait
it jjamais
i visitée
i ité demeurerait
d it llettre
tt morte,
t condamnée
d é à
rester lieu, dans toute sa fixité et sa stabilité.
C'est en cela que nous pensons que les homepages s'avèrent parfois de
véritables lieux/espaces suffisamment protecteurs pour la création de nouvelles
formes identitaires.
Photos: JVallée
On nous a tous raconté des histoires,
histoires pour nous endormir le soir
quand nous étions petits et pour nous endormir debout, quand
nous sommes devenus grand.
En France notre président omnipotent Sarkozy s'agite sans cesse et court partout
(sans toujours sembler savoir pourquoi !).
!) Il excite ainsi à l'extrême
l extrême le concept de
toute puissance propre aux hommes politiques, toujours plus avides de pouvoir.
Or, cette course effrénée peine à cacher la profonde stérilité des politiques
Or politiques, tant
dans leurs actes que dans leurs paroles.
Finalement dans cette quête, illusoire par excellence, de la toute puissance, leur
impuissance, au sens littéral du mot, perce nettement.
Mais
M i lles politiques
liti ne sontt pas lles seuls
l à user ainsi,
i i mal, l d
du storytelling.
t t lli
Cette entreprise de sape est également menée en parallèle par Hollywood et
une partie de la pub. Hollywood nous donne les histoires que nous voulons,
comblant
bl t ill
illusoirement
i t nos manques ett ttuantt ttoutt désir
dé i comme lle dit
Bernard Stiegler.
Et la
l pubb nous pousse à être
êt autophage
t h ( « la
l société
iété d
de consommation
ti d de
soi », Dominique Quessada).
Le storytelling doit aider l'homme à sortir du monde sans bord dans lequel il
vit. Mais comment sortir quand il n'y a ni dedans, ni dehors?
Les marques peuvent aller encore plus loin et susciter des conversations
(l’effet
(l effet « buzz ») qui se prolongeront ensuite librement entre les
consommateurs.
Pour entrer en conversation, encore faut-il savoir écouter ce que disent les
consommateurs. Mais comment ? « Des courriels aux conversations des call centers
en passant par les blogs et autres forums, 80 % des informations ne sont pas
structurées », souligne Christine Balagué, professeur à l’Université de Lille I.
Pour synthétiser
P théti ces informations
i f ti diffuses,
diff les
l outils
til se perfectionnent
f ti t aujourd’hui,
j d’h i
avec la reconnaissance vocale et le « Text Mining » aujourd’hui capable de résumer
et indexer les kilomètres de texte recueillis, tout en analysant la teneur (positive ou
négative) des sentiments exprimés
exprimés. En attendant les outils qui permettront de
décrypter les conversations dans toute leur richesse – y compris dans leur dimension
non verbale !
D’autres moyens existent, qui proviennent plutôt des sciences humaines : Christine
Balagué signale ainsi la place de l’ethnographie et l’émergence de la « netnographie »,
qui étudie les communautés de consommateurs – en distinguant par exemple les
intervenants les plus influents sur un domaine.
Pour Christine Balagué, la réponse ne fait pas de doute : « le lien entre qualité de
l’échange et chiffre d’affaires est établi », dit-elle – notamment dans le cas des call
centers : « 51 % des clients insatisfaits d’un opérateur
p téléphonique
p q sont devenus
promoteurs de la marque lorsque leur réclamation a été bien traitée ». Un autre
opérateur (CableCom) est parvenu à faire baisser le taux de churn de 19 % à 2 %
en analysant les informations issues du call-center. « Les informations étaient
disponibles depuis toujours, mais n’avaient jamais été exploitées ! », souligne
Hervé Dhélin, de SPSS.
L’inverse est aussi vrai : « Noos est mort de n’avoir pas écouté le mécontentement
de ses clients », rappelle un participant. Et combien d’autres ont connu des
déboires après une critique négative de leurs produits sur le web… « Une opinion
négative
é ti circule
i l septt ffois
i plus
l vite
it qu’une
’ iinformation
f ti positive
iti », rappelle
ll Ch
Christine
i ti
Balagué.
Quoi qu’il en soit, les premiers résultats sont là, et le vent de l’histoire souffle
ainsi que le confesse au Cercle* Bill Gates, fraîchement retraité : « Les
innovations à venir se situeront du côté de l’interface utilisateurs et du data
mining », avec les outils de reconnaissance vocale et d’apprentissage
automatique. Message reçu !