Chapitre5 Mastafi Penser Les TIC
Chapitre5 Mastafi Penser Les TIC
Chapitre5 Mastafi Penser Les TIC
Mohammed Mastafi
Cette contribution se propose de faire une revue de la littérature et de mener en parallèle une
réflexion sur les différentes définitions de chacun des termes se référant aux TIC pour, dans un
second temps, proposer une définition synthétique, réunissant les caractéristiques principales
de notre objet d’études.
Malgré l’utilisation de plus en plus fréquente de l’acronyme TIC qui désigne « technologies
de l’information et de la communication », l’unanimité n’est absolument pas faite sur la
définition à lui attribuer. En fait, il semble tout d’abord que certaines nuances accompagnent
l’utilisation de cet acronyme. Ainsi et bien que l’acronyme TIC s’impose de plus en plus dans
les milieux scientifiques, plusieurs auteurs utilisent de nombreuses appellations différentes pour
faire référence à la notion des technologies de l’information et de la communication. Parmi
lesquelles : - NTIC : afin d’attribuer le facteur de nouveauté (N) à ces technologies qui relève
d’une conception marketing, - TI (technologies de l’information) : qui, au contraire, ignore le
caractère de nouveauté et celui de communication, - NTI (nouvelles technologies de
1
l’information) : sans préciser le caractère de communication, - NT (Nouvelles technologies) :
sans préciser les domaines et les champs d’application de ces technologies, etc.
De même, de nombreux écrits proposent des définitions différentes des TIC qui ne semblent
pas faire consensus. Ce problème n’est pas nouveau, ainsi, depuis la fin des années 1970,
l’entrée de l’ordinateur à l’école a été accompagnée par l’utilisation de périphériques comme
les imprimantes, les lecteurs de disquettes, les scanners, etc. Aussi, les termes « informatique »
et « technologie de l’information » furent utilisés pour désigner les différents ordinateurs et
leurs périphériques. Puis, lorsque l’Internet, le courrier électronique et les outils de recherches
sur le Web sont devenus accessibles au grand public, est apparu le nouveau terme « TIC ».
Dieuzeide (1994, p. 11) considère que les technologies de l’information et de la communication
(TIC) désignent tous les instruments porteurs de messages immatériels (images, sons, chaînes
de caractères) ». Il subdivise les TIC en trois catégories : l’audiovisuel (son et image),
l’informatique (codage et traitement de l’information) et les télécommunications (Internet et
réseaux). Enfin, afin de résumer les fonctions de ces technologies, il explique que
« globalement, on dira : l’audiovisuel présente, l’informatique organise, les
télécommunications rapprochent » (p. 36). Pour Castells (1998), les technologies de
l’information (TI) regroupent l’ensemble des technologies de l’informatique, de la
microélectronique et des télécommunications. Anderson (2010), pour sa part, considère que le
terme « TIC » est pluriel et désigne l’ensemble des technologies qui permettent de
communiquer ou d’échanger l’information avec les autres. Actuellement, nous vivons dans un
environnement envahi par les différents signaux véhiculant de l’information. Les TIC, pour cet
auteur, font référence à toutes les technologies qui permettent le traitement de ces signaux,
l’échange et le partage de l’information. En fait, les TIC regroupent un grand nombre de
technologies. Elles désignent ainsi l’ensemble des outils électroniques permettant le recueil,
l’enregistrement, le stockage, le partage et la diffusion des informations.
Beheton (2010), lui aussi, définit le terme « TIC », dans le livre blanc publié par Educational
Technology & Research International, comme un ensemble de toutes les technologies assurant
la communication, la transmission, le stockage, la création, le partage ou l’échange des
informations. Pour lui, ces technologies constituent deux catégories : la première concerne les
technologies permettant le traitement de l’information comme les ordinateurs et les logiciels et
constitue ce qui est communément appelé « système informatique ». La seconde catégorie
concerne les technologies utilisées pour la diffusion de l’information et désigne les systèmes de
télécommunications comme la radio, la télévision, la téléphonie, les réseaux …etc. De même,
pour l’UNESCO (2004, p.13), « les TIC sont définies comme la combinaison des technologies
issues de l’informatique avec d’autres technologies apparentées, en particulier les technologies
de la communication. » Chapron (2006) considère que les contours de l’expression «
technologies de l’information et de la communication » sont « assez flous, apparus avec le
développement des réseaux de communication, désignant tout ce qui tourne autour d'Internet et
du multimédia. Elle recouvre également la notion de convivialité accrue de ces produits et
services destinés à un large public de non-spécialistes. Au confluent de l'informatique, des
2
réseaux de télécommunication et de l'audiovisuel, les TIC s'adressent au plus grand nombre »1.
Pour lui, l’apparition des TIC se réfère donc au développement des réseaux de communication
et rassemble tout ce qui est en rapport avec Internet et le multimédia.
L’institut de statistique de l’UNESCO, de son côté, considère, dans son guide de mesure pour
l’intégration des technologies de l’information et de la communication en éducation, que « les
technologies de l’information et de la communication désignent l’ensemble d’outils et de
ressources technologiques permettant de transmettre, enregistrer, créer, partager ou échanger
des informations, notamment les ordinateurs, l’Internet (sites web, blogs et messagerie
électronique), les technologies et appareils de diffusion en direct (radio, télévision et diffusion
sur l’Internet) et en différé (podcast, lecteurs audio et vidéo et supports d’enregistrement) et la
téléphonie (fixe ou mobile, satellite, visioconférence, etc.). » (UNESCO, 2010, p.130). Pour cet
institut, les TIC sont donc un ensemble d’outils et de ressources technologiques permettant la
création, la transmission, la diffusion, le partage et l’échange des informations. La commission
européenne, pour sa part, définit dans son glossaire « les technologies de l’information et de la
communication (TIC) » comme étant « tous les moyens techniques utilisés pour traiter
l’information et faciliter la communication, c’est-à-dire tous les équipements informatiques et
de réseau ainsi que leurs logiciels »2. De même, dans le grand dictionnaire terminologique de
l’office québécois de la langue française, les TIC sont définies comme un « ensemble des
technologies issues de la convergence de l'informatique et des techniques évoluées du
multimédia et des télécommunications, qui ont permis l'émergence de moyens de
communication plus efficaces, en améliorant le traitement, la mise en mémoire, la diffusion et
l'échange de l'information ». (Office québécois de la langue française, 2012)3. Quant à Basque
(2006), après avoir fait un tour d’horizon sur les différents écrits portant sur la signification de
chacun des termes qui composent l’expression « technologies de l’information et de la
communication », il a conclu que les propriétés de pluralité, de convergence, d’interactivité et
de fonctionnalité de ces technologies devront faire partie de la définition synthèse des TIC.
Ainsi, elle avance que « les technologies de l’information et de la communication renvoient à
un ensemble de technologies fondées sur l’informatique, la microélectronique, les
télécommunications (notamment les réseaux), le multimédia et l’audiovisuel, qui, lorsqu’elles
sont combinées et interconnectées, permettent de rechercher, de stocker, de traiter et de
transmettre des informations, sous forme de données de divers types (texte, son, images fixes,
images vidéo, etc.), et permettent l’interactivité entre des personnes, et entre des personnes et
des machines. » (Basque, 2006, p.34)
En nous inspirant de ces différentes définitions et en adoptant une approche utilitariste des
TIC, nous proposons la définition globale suivante :
1
Benoît Charpon (2006), consulté le 10/11/2015 sur : http://www.systemesdinformation.fr
2
Commission Européenne, Glossaire : Technologies de l’information et de la communication [En ligne].URL :
http://epp.eurostat.ec.europa.eu/statistics_explained/index.php/Glossary:Information_and_co mmunication_technology_ (ICT)/fr
3
L’office québécois de la langue française: http://gdt.oqlf.gouv.qc.ca/. consulté le 11/02/2013
3
traitement et le stockage de l’information, de la microélectronique, de télécommunication, les
réseaux en particulier, permettant l’échange, le partage et la transmission de l’information et
de techniques évoluées du multimédia et de l’audiovisuel combinés aux télécommunications
permettant la communication (notamment la téléphonie fixe et mobile et la visioconférence) et
la diffusion de l’information (notamment la radio, la télévision numérique, les sites Internet…
,etc.)
Dans le but d’améliorer et d’élargir les moyens d’apprentissage, les systèmes éducatifs ont
constamment tenté d’exploiter la technologie. En fait, l’invention de la radio au début du
vingtième siècle a permis la diffusion des émissions et des séries de conférences dans un but
d’apprentissage. Nous citons, à ce propos, le lancement d’émissions éducatives écoutées par un
très grand nombre de personnes réparties dans le monde entier par la BBC. De même, dès le
milieu des années 1940, tous les pays de l’Amérique latine ont créé des écoles radiophoniques
dans le but de rendre accessible et d’améliorer l’éducation des communautés rurales. Depuis le
milieu des années 1970, l’interaction de la radio a été utilisée en Afrique, en Asie et en
Amérique latine dans le but d’améliorer la qualité de l’enseignement et de l’apprentissage et de
les mettre à la portée des populations éloignées à moindre coût. Ainsi, l’Indonésie, en
collaboration avec l’UNESCO, a adopté, dans les années 1990, un programme de diffusion des
émissions de radio au profit des femmes dans le but de les former au commerce et à la gestion
des petites entreprises. De même, depuis les années 1950, plusieurs pays ont exploité la
télévision dans le domaine de l’apprentissage à distance. La Chine, par exemple, depuis les
années 1960, est devenue le premier pays qui a installé une éducation supérieure à distance
reposant sur la radio et la télévision. Nous citons également le projet Telesecundaria du
Mexique lancé depuis 1968 et qui visait l’utilisation du modèle télévisuel dans le but d’offrir
un enseignement à distance du premier cycle du secondaire auprès des communautés éloignées.
En 2000/2001, environ un million d’élèves suivent les cours de Telesecundaria (Guttman,
2003).
Depuis les années 1970/1980, l’entrée des ordinateurs dans les systèmes éducatifs a ouvert la
voie à une multitude de pratiques et d’usages, souvent considérés comme complémentaires à
l’enseignement traditionnel, c’est-à-dire en présentiel et à distance. Ainsi, l’introduction de
l’ordinateur en éducation a été accompagnée par la naissance de nombreuses appellations en
constante évolution, à la fois de sens mais aussi de terminologies. Parmi elles, nous citerons, entre
autres, l’expression « Applications pédagogiques de l’ordinateur » (APO), « Enseignement assisté
par ordinateur » (EAO), « Nouvelle technologies éducatives » (NTE), « Technologies éducatives »
(TE), « Nouvelles technologies de la formation » (NTF), « Nouvelles technologies de l’information
et de la communication en éducation » (NTICE) et « Technologies de l’information et de la
communication en éducation » (TICE). Si la désignation du terme TICE est loin d’être
normalisée, elle semble la plus répandue dans le monde scientifique. On l’utilise pour se référer
aux « TIC pour/en éducation », aux « TIC pour/dans l’enseignement » ou encore pour exprimer
« Technologies de l’information et de la communication éducatives ». En fait, la majorité des
définitions des TICE, dans la littérature, converge et affecte à l’acronyme TICE l’ensemble des
4
technologies de l’information et de la communication pouvant être utilisées pour ou au service
de l’enseignement/apprentissage.
Parmi les principaux sens attribués à la notion d’« usage » dans le dictionnaire Robert de
sociologie (1999), nous trouvons, en premier lieu, celui qui se réfère à la « pratique sociale que
l’ancienneté ou la fréquence rend normale dans une culture donnée », ces pratiques étant
« vécues comme naturelles ». En deuxième lieu, la notion d’usage renvoie à « l’utilisation d’un
objet, naturel ou symbolique, à des fins particulières ». Ces usages se réfèrent ici aux usages
sociaux afin de mettre en relief « les significations culturelles complexes de ces conduites de la
vie quotidienne » (Dictionnaire de sociologie, 1999, p. 556). Ce dernier sens est assurément
celui utilisé dans le contexte des usages des TIC, précise Proulx (2005).
Historiquement, depuis plus de trois décennies, la notion d’usage des TIC a mobilisé de
nombreuses recherches dans différents domaines et plus particulièrement dans celui de la
sociologie des TIC. En fait, cette notion a émergé vers les années 1980 avec les technologies
de l’information et de la communication. Pourtant, Jouët (2000) souligne que la notion d’usage
des TIC a suscité l’intérêt des chercheurs anglo -saxons depuis les années soixante. De Certeau
(1990), considéré comme un pionnier de l’approche des usages, définit dans son ouvrage,
intitulé « L’invention du quotidien » (1980), la notion d’usages comme :
5
La notion d’usage tant mobilisée par de nombreuses recherches reste floue et semble loin de
faire consensus chez les différents auteurs. Jouët, à l’inverse de de Certeau, considère que
l’usage « est plus restrictif et renvoie à la simple utilisation tandis que la pratique est une notion
plus élaborée qui recouvre non seulement l'emploi des techniques (l'usage) mais aussi les
comportements, les attitudes et les représentations des individus qui se rapportent directement
ou indirectement à l'outil ». (Jouët, 1993, p.371). Cependant, d’autres auteurs soulignent des
distinctions entre les deux notions « usage » et « utilisation ». Ainsi, on considère que
« l’utilisation » renvoie à la manipulation technique des outils, alors que « l’usage » inclut
également un sens social et culturel.
Le développement accéléré des TIC et plus particulièrement d’Internet a transformé les
conditions d’usage de ces technologies. Par conséquent, la notion d’usage est influencée par
l’apparition de nouvelles formes et nouveaux moyens de communication. Ainsi, Proulx (2001)
considère l’usage comme « un phénomène complexe qui se traduit par l’action de toute une
série de médiations enchevêtrées entre les acteurs humains et les dispositifs techniques »
(Proulx, 2001, p.58). En fait, pour Breton et Proulx (2002), la notion d’usage a fait l’objet de
nombreux écrits renvoyant à une multitude de définitions allant
de « l’adoption » à « l’appropriation » en passant par « l’utilisation ». L’adoption se résume
généralement à l’achat et la consommation et renvoie au début de l’usage. L’utilisation, quant
à elle, renvoie à l’emploi basique de la technique dans une situation en direct avec l’outil. Alors
que l’appropriation suppose un minimum de maîtrise technique de l’outil permettant
l’innovation et la créativité dans les pratiques courantes de l’usager. Pour Docq & Daele (2001),
l’usage des TIC renvoie à un ensemble de pratiques, un mode particulier d’utilisation de
quelques choses, un ensemble de règles construites à travers le temps et partagées entre les
membres d’un groupe de référence. Finalement, nous avouons que la notion d’usage des TIC
est complexe et les définitions susmentionnées rendent compte de cette complexité. En fait, la
définition de la notion d’usage des TIC dépend des champs disciplinaires auxquels le chercheur
fait référence (sociologie, sciences de l’information et de la communication, éducation… etc.).
Le présent texte ne constitue en aucun cas une lecture exhaustive mais c’est une première
ébauche qui avait pour but de tenter de clarifier cette notion.
La présence des TIC dans les établissements scolaires a supposé différents types d’usages.
En effet, depuis les années quatre-vingts, plusieurs auteurs se sont intéressés à dresser une
typologie des usages de ces technologies dans les systèmes éducatifs. Certains d’entre eux se
basent sur les convergences ou les divergences d’usages des TIC, en partant des études réelles
alors que d’autres cherchent à caractériser ces usages en éducation, en partant d’un modèle
théorique. On trouve ainsi de multiples classifications. En fait, certaines de ces classifications
sont présentées comme un ensemble fermé d’applications, alors que d’autres, au contraire, sont
présentées comme des ensembles ouverts d’usages des TIC, en prenant en considération le
développement accéléré des technologies éducatives (Mastafi, 2014). Karsenti & Ngamo
(2007), suite à une recherche transnationale4 au sein des écoles pionnières, ont regroupé les
différents usages des TIC en trois grandes catégories : la première concerne l’usage des TIC en
4
Le projet des écoles pionnières TIC en Afrique (Afrique de l’Ouest et du Centre) financé par le Centre de recherche pour le
développement international (CRDI) du Canada
6
tant qu’objet d’apprentissage, la seconde concerne l’usage des TIC pour l’enseignement des
disciplines scolaires alors que la troisième regroupe les autres types d’usages.
Basque & Lundgren-Cayrol (2002), pour leur part, après avoir effectué une analyse de vingt-
quatre typologies d’usages des TIC dans l’éducation, ont été amenés à classifier ces typologies
en trois grandes catégories, à savoir : les typologies centrées sur l’acte
d’enseignement/apprentissage dans lesquelles l’ordinateur est considéré comme un acteur dans
la relation pédagogique ; les typologies centrées sur l’apprenant basées sur les différentes
possibilités offertes par les TIC en vue de supporter les activités des apprenants et enfin les
typologies centrées sur l’école et qui répertorient l’ensemble des usages possibles au sein de
l’établissement scolaire. Toutefois, en plus de l’utilisation des TIC dans la gestion
administrative, l’ensemble des expériences de l’introduction des TIC dans les systèmes
éducatifs a été dominé par deux principales approches. La première concerne les TIC comme
étant un objet, pouvant être enseigné à différents niveaux d’enseignement en tant que matière
à part entière ou encore en tant qu’une discipline indépendante (Baron, 1989). Quant à la
seconde approche, elle concerne les TIC comme des outils pédagogiques dont les usages
renforcent l’apprentissage d’autres matières scolaires (Karsenti, 2009).
Dans un contexte d’évolution rapide et continue des TIC, un recensement exhaustif de leurs
usages, à des fins pédagogiques, est relativement difficile. En effet, il existe une multitude de
possibilités d’usages pédagogiques des TIC. Par exemple, les TIC peuvent être utilisées pour
la recherche, la mise en forme, le traitement et l’échange de l’information. Elles peuvent
également assurer un enseignement assisté par ordinateur et faire des simulations
d’expériences. Sur le site Educnet, par exemple, est proposée une typologie des usages
pédagogiques des TIC en cinq catégories, à savoir : Les TIC pour échanger, communiquer,
collaborer et coopérer, les TIC pour produire, créer et publier, les TIC pour rechercher et se
documenter, les TIC pour se former et s'auto-former, les TIC pour animer et organiser (cité par
Basque & Lundgren-Cayrol, 2002).
Pour les pays européens, par exemple, le rapport publié, en 2011, par l’Agence exécutive «
Éducation, audiovisuel et culture » (EACEA P9 Eurydice5, 2011), sur les chiffres-clés d’utilisation
des TIC dans l’éducation en Europe, montre que dans la grande majorité de ces pays, les TIC sont
utilisées comme outil général dans les différentes matières scolaires. Le même rapport souligne
également que la majorité de ces pays d’Europe encourage l’utilisation d’une gamme diversifiée
d’outils TIC pour l’enseignement. De ce fait, la réalité éducative, c’est aussi l’intégration de
nouveaux moyens technologiques en vue d’améliorer le processus d’enseignement/apprentissage,
à savoir : les tableaux interactifs (TBI), les espaces numériques de travail (ENT), le cartable
numérique, la publication des cahiers de textes numériques, etc.
En Afrique, l’usage des TIC dans l’éducation se trouve en transition mais en phase
dynamique. Cependant, l’usage pédagogique des TIC reste en général très limité et dominé par
un usage en lien avec « l’apprentissage » (Karsenti & Tchameni Ngamo, 2007 ; Farrell & Isaacs,
2007)6.
5
Réseau d'information sur l'éducation en Europe
6
Cf : dans cet ouvrage, le chapitre Coulibaly, Mastafi, Ben Abid-Zarrouk
7
4. Intégration des TIC
Il apparaît clairement de ces définitions que l’intégration des TIC dans les systèmes éducatifs
suppose l’utilisation efficace de ces technologies dans un objectif d’apprentissage. Cependant, la
condition de continuité d’utilisation citée dans la définition avancée par Dias (1999) exclut
l’introduction de ces technologies uniquement en tant qu’objet d’apprentissage et implique leur
utilisation en tant qu’outil pédagogique pour développer les compétences et favoriser les
apprentissages (Karsenti, Savoie-Zajc & Larose, 2001). De même, il apparaît important de souligner
que l’intégration des TIC suppose l’implication significative de l’élève dans les différentes activités
d’apprentissage. En fait, la présentation seule d’un cours en utilisant l’outil informatique est loin de
remplir ce sens d’intégration des TIC en éducation. Certains auteurs, comme Karsenti & Tchameni
Ngamo (2009), vont plus loin, et, pour s’assurer de l’aspect pédagogique qui doit accompagner
l’intégration des TIC, utilisent l’expression « intégration pédagogique des TIC ». De même, Lauzon,
Michaud et Forgette-Giroux (1991) (cité par Raby, 2004) différencient deux types d’intégration :
l’intégration physique et l’intégration pédagogique. Pour eux, l’intégration physique renvoie à
l’introduction des équipements technologiques dans les établissements d’enseignement et leur mise
à disposition des enseignants et des élèves pour une utilisation occasionnelle. Ce type d’intégration
est nécessaire mais devra supposer une intégration pédagogique, traduite par un usage habituel et
8
régulier de ces technologies de la part des enseignants comme des élèves (Raby, 2004).
L’intégration pédagogique des technologies de l’information et de la communication fait référence
à l’usage habituel et continu, accompagné par un changement de pratiques
d’enseignement/apprentissage, en vue d’améliorer les apprentissages des élèves (Isabelle, 2002).
Bhattacharya & Jorgensen (2007), pour leur part, considèrent que l’intégration pédagogique des
TIC doit être perçue comme une intégration d’un moyen qui, grâce à d’autres moyens interactifs,
permet à l’élève d’apprendre et de se socialiser. Depover (1996), pour sa part, considère trois
niveaux d’intégration des TIC en éducation. Le premier niveau consiste à l’introduction de
l’informatique en tant que matière à part entière pour enseigner les techniques de programmation
ou des connaissances générales relatives aux TIC. Le second niveau d’intégration des TIC en
éducation consiste à l’intégration de ces technologies dans les différentes disciplines à travers des
applications améliorant les apprentissages des apprenants. Le troisième niveau concerne toujours
l’intégration des TIC dans l’enseignement des autres disciplines « mais en utilisant cette fois les
TIC comme instrument d’innovation ». L’intégration des TIC dans un processus
d’enseignement/apprentissage nécessite des rénovations importantes aux niveaux des curriculums
et des approches pédagogiques. En fait, les enseignants ne peuvent adopter l’usage des TIC que
s’ils s’aperçoivent que cet usage aboutit aux objectifs des curriculums. Pour cela, Depover et al.
(1992) soulignent qu’il faut rassurer d’abord les enseignants sur le fait que les TIC permettront
l’atteinte des objectifs escomptés dans les curriculums. Enseigner les différentes disciplines en
faisant appel aux technologies de l’information et de la communication en tant qu’outils
d’apprentissage suppose des approches pédagogiques innovantes basées sur l’interactivité, la
créativité et limitent le rôle de l’enseignant en tant qu’unique transmetteur du savoir (Mastafi,
2014). Par conséquent, comme nous l’avons mentionné plus haut, l’installation du matériel
technologique et la connexion au réseau Internet restent insuffisantes pour réussir l’intégration
pédagogique des TIC et par conséquent favoriser et améliorer les apprentissages et les pratiques
pédagogiques. Le processus d’intégration pédagogique des TIC nécessite en premier lieu la
collaboration des enseignants entre eux pour un sérieux renouvellement pédagogique.
Conclusion
9
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