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Exploitation: Des Données

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Exploitation

des données
textuelles

Antoine BLANC, Carole DRUCKER-~GODARDet Sylvie EHLINGER

® Comment dépouiller, classer, analyser les informations contenues dans un docu-


ment, une communication, un entretien ? Comment rendre compte de la réalité
sociale a travers le discours ?
objet de ce chapitre est de présenter les méthodes et démarches d’analyse de
contenu et d’analyse discursive qui nous semblent les plus pertinentes pour
l'étude des organisations.
i Nous présenterons successivement ces deux types d’analyse selon le point de
vue du chercheur et conclurons par une comparaison entre analyse de contenu
et analyse de discours.

eecyie) Analyse de contenu


Sec@w 2 Analyse de discours
Partie 3 Analyser

es recherches en organisation et en management s’appuient souvent sur deg Lan


matériaux constitués de communications orales (discours, entretien individug} qu’elle
ou de groupe...). Elles ont pour objet d’analyser le contenu oula structure ge moins
ces communications. Si le tournant linguistique de ces derniéres décennies a placg prenan|
le discours au cceur de la compréhension des phénomenessociaux, c’ est précisémen;
parce quela réalité que nous percevons comme mateérielle et sensible peut étre consj.
dérée commele produit d’un assemblage de discours. Quand bien mémeces der.
niers seraientpartiels, fragmentés, contradictoires,tiraillés par des rapports de force,
ils constituent un intermédiaire incontournable pour interpréter le monde et jyj
donner forme.
Si on se référe 4 l’analyse de contenu, la répétition d’unités d’analyse de discours
Les a
refléte les items importants pour l’auteur du discours. L’analyse de contenu peut
pour éf
reposersur différentes méthodes qui ne different que par le choix d’unités de codage
Vanaly|
et le type d’analyse des résultats. L’analyse discursive se positionne différemment
puisque le discours ne traduit pas de maniére parfaite le réel. Tl le distord en Ie Sous
rangeantdanscertaines catégories de sens qu’il favorise et pérennise. En ce sens, le qui, Si
discours est a la fois structuré et structurant. Dans ce chapitre, nous présenterons en fon
ailleurs J’analyse de discours non seulement comme une méthode mais aussj utilisé
comme une méthodologie.

to Présentation de analyse de contenu


Lanalyse de contenu repose surle postulat quela répétition d’unités d’ analyse de
discours (mots, expressions ou significations similaires, phrases, paragraphes) -
révéle les centres d’intérét, les préoccupations des auteurs du discours. Le texte
(document écrit ou retranscription de discours ou d’entretien) est découpé et
ordonné en fonction des unités d’analyse que le chercheur a choisi d’étudier, selon
une méthodologie trés précise de codage. Les différentes unités d’analyse sont
ensuite classées dans un nombre restreint de catégories liées aux objectifs de
recherche et sur lesqueiles porteront les analyses. Ces analyses passent le plus id Toute reproduction non autorisée est un dé

souvent par des comptages, des analyses statistiques, ou encore des analyses plus
qualitatives du contexte dans lequel les mots apparaissent.
Comme le souligne Weber (1990), il existe différentes méthodes pour mener une
analyse de contenu et le chercheur doit déterminer lui-méme quelle est la méthode
la plus appropriée 4 son probléme.
{compari

i Présentationde l’analyse de discours


Le discours ne traduisant pas de maniére parfaite le réel, il n’est pas surprenant
que de nombreux auteurs s’accordent sur importance fondamentale du discours
commeobjet d’étude. Analyserle discours, c’est reconnaitre le réle spécifique qu’il
joue dans la constitution de la réalité sociale. Tandis que l’ensemble des travaux €B
gestion, d’une maniére ou d’uneautre, exploitent du discours, c’est le réle que le
chercheur lui confére qui varie.

552
Exploitation des données textuelles = Chapitre a7

Lanalyse discursive intéresse la recherche en management notamment parce


qu’elle entend le discours comme une pratique, un ensemble d’actions plus ou
moinsintentionnelles. Il s’agit égalementd’ analyserles textes dans leur contexte, en
prenant en compte ies conditions qui ont poussé a leur production.

tion r|
ANALYSE DE CONTENU

Les analyses de contenu ont été développées dans les années vingt aux Etats-Unis
pour étudierdes articles de presse et des discours politiques. Elles ont pour objectif
Panalyse du contenu manifeste d'une communication.
Sousla classification « analyse de contenu », sont regroupéesdifférentes méthodes
qui, si elles suivent toutes les mémes étapes présentées dansla figure 17.1, different
en fonction des unités de codage choisies et des méthodes d’analyse des résultats
utilisées.

lecture du texte dans l’optique de la problématique de recherche

formulation des objectifs de l’analyse

découpage du texte —__» élaboration des régles ——_——--» classification


en unités de comptage et de codage en catégories

comptage de mots, calculs de fréquence

a
analyses statistiques
oO™~S
(comparaisonsde fréquences, analysesfactorielles, analyses qualitatives
analyses de correspondances...)

Ne
interprétation

D'aprésBardin (2013)

Figure 17.1 - Les principales étapes de l’analyse de contenu

553
Partie 3 © Analyser

donnéespouruneanalysedecontenu

Les analyses de contenu s’effectuent sur des données collectées selon des
methodes non structurées ou semi-structurées telles que les entretiens (libres on
semi-directifs) ou les méthodes documentaires. Certaines réponses 4 des Westions
insérées dans des enquétes par questionnaire peuvent étre également traitées ar
Vanalyse du contenu. Plus généralement, tout type de communication verbale oy
tout matériel écrit peut faire |’ objet d’une analyse de contenu. Cette étape est Parfois
appelée pré-analyse (Bardin, 2013).
Lobjectif des méthodes nonstructurées est de générer des données qui soient leg
plus naturelles possibles. Ces méthodes dissocient les phases de collecte de celles de
codage et d’analyse des données.

1.1 Les méthodes d’entretien


Sil souhaite établir la représentation d’un sujet concernant un domaineparticulier
ou s’il ne dispose pas de données concernantle théme qui l’intéresse, le chercheyy
va collecter des données de discours a partir d’un entretien libre ou semi-structuré,
Ces entretiens sont en général enregistrés puis retranscrits dans leur intégralité pour

a wo
étre ensuite codés (cf. ci-aprés pour plus de détails sur cette étape).
Le principal avantage de ces méthodesest la validité des données produites, Les
données ayant été générées spontanément par le répondant ou en réponse a des
questions ouvertes, elles sont plus susceptibles de refléter ce qu’il pense (Cossette,
1994). Par ailleurs, ces méthodes générent des données qui sont beaucoup plus
riches que les méthodesstructurées.
Cependant, ces méthodeslimitentla fiabilité des données produites. Enfin, en ce
qu’elles nécessitent un travail important de la part du chercheur en aval de la
collecte, elles ne sont pas envisageables 4 grande échelle. De fait, on les utilise

© Dunod ~ Toute reproduction non autorisée est un délit.


davantage pour étudier en profondeurles discours.

1.2 Les méthodes documentaires


Lorsque le chercheur dispose de retranscription de discours ou de réunions ou
encore de documents, il utilisera une méthode documentaire. Une fois collectées, les
données sont codées directement.
Le principal avantage de ces méthodes est qu’elles évitent les problémesliés 4 la
fiabilité de la collecte, le chercheur n’intervenantpas dans le processus de production
des données. Par ailleurs, ces méthodes ne nécessitent pas de travail de retranscription.
Ces méthodes sont trés utilisées pour analyser des discours « organisationnels »
ou de groupe. Ceci pose cependant des difficultés liées 4 la conceptualisation du

554
Exploitation des données textuelles = Chapitre 17

construit que les données recueillies sont censées représenter (la cognition
organisationnelle, la pensée de groupe, par exemple) : peut-on considérer un
document rédigé par un membre d’un groupe commereflétant la pensée de ce
groupe, voire de I’ organisation dans son ensemble ? Unetelleutilisation des données
documentaires peut étre ainsi sujette 4 des critiques d’anthropomorphisme et de
éification (Schneider et Angelmar, 1993). Tl est donc nécessaire de définir trés
clairementle construit que la méthode est supposée appréhenderet, plus largement,
Ja relation que le chercheur établit entre le discours analysé et la réalité 4 laquelle il
renvoie (Alvesson et Karreman, 2000). Dans une moindre mesure, les méthodes
documentaires sont aussi utilisées pour étudier la dynamique et le contenu
dinteractions (retranscription de réunions, données de courrier électronique, par
exemple). Dans ce cas, les données feront l’objet d’une analyse de contenu.
Les données de discours ou documentaires ainsi recueillies font ensuite l'objet
d'un codage.

Coderlesdonnées

Le processus de codage consiste 4 découperle contenu d’un discours ou d’un texte


en unités d’ analyse (mots, phrases, thémes...) et a les intégrer au sein de catégories
sélectionnées en fonction de l’objet de la recherche. Ce processus nécessite deux
étapes : la définition des unités d’ analyse d’unepart, et la catégorisation d’ autrepart.

2.1 L’unité d’analyse


L= Qu’est-ce qu’une unité d’analyse ?
Lunité d’analyse, encore appelée unité de codage ou unité d’ enregistrement, est
Pélément en fonction duquel le chercheur va procéder au découpage du discours ou
du texte. Le chercheur opte généralement pour l’une des six unités d’ analyse
suivantes (Weber, 1990) : .
un mot: les noms communs, les nomspropres, les verbes, les pronoms par exemple;
~le sens d’un mot ou d’un groupe de mots : certains programmes informatiques sont
capables de repérer les différentes significations d’un méme motou des expressions
entiéres ;
= une phrase entiére ;
— ou des morceaux de phrase du type « sujet/verbe/objet ». Par exemple, la phrase «la
baisse des prix permetd’attirer de nouveaux clients et de contrer la concurrence »
sera divisée en deux unités d’analyse : « la baisse des prix permet d’attirer de
nouveaux clients » d’une part, et « la baisse des prix permet de contrer la _
concurrence » d’autre part. Videntification de ce type d’unité d’analyse qui ne
correspond pas 4 une unité de texte précise (du type mot, phrase) est relativement
délicate ;

555
Partie 3 = Analyser

— un ou des paragraphes, voire un texte entier. Weber (1990) souligneles iNCOnVEnien,


d'un tel choix d’unité d’analyse en terme de fiabilité du codage. I est en e s
fee
beaucoup plus facile de s’accorder sur la catégorisation (que l’on OpErerg
ultérieurement) d’un mot que d’un ensemble de phrases.

ke Déterminerles unités d’analyse


On distingue plus particuliérement deux grands types d’analyses de conteny en
fonction des unités d’ analyse retenues (Bardin, 2013) :
~Les analyses lexicales, qui sont les plus fréquemment menées, s’intéressent 4 la
nature et a la richesse du vocabulaire utilisé dans le discours ouletexte,et S’attachent
a analyser la fréquence d’ apparition des mots. Dans cecas, c’est le mot qui Constitue
Vunité d’ analyse.
— Les analyses thématiques adoptent comme unité d’analyse une portion de phrase,
une phrase entiére, ou un groupe de phrases se rapportant 4 un méme théme. Ce
dernier type d’ analyseestle plus fréquent dansles études sur les organisations (voir
Dougherty et Bowman, 1995, ou D’ Aveni et MacMilan, 1990).

2.2 Catégoriser les unités d’analyse


Unefois les unités d’analyse repérées dans le discours oule texte, il s’agit de les
placer dans des catégories. Une catégorie est un regroupement d’unités d’ analyse.
Toutes les unités d’analyse appartenant 4 une méme catégorie sont supposéessoit
avoir des significations proches, soit avoir des caractéristiques de forme communes,
Selon l’unité de codage choisie, les catégories s’exprimentle plus fréquemment:
~ Sousla forme d’un concept qui regroupera des mots ayant des significations proches
(par exemple la catégorie « pouvoir » pourra regrouper des mots tels que « puis-
sance », « force », « pouvoir »). On peut ici avoir recours 4 des logiciels informa-
tiques d’analyse de contenu auxquels sont associés des dictionnaires généraux qui
permettent de regrouper automatiquement des mots ayant des significations simi-

© Dunod — Toute reproduction non autorisée est un délit.


laires. Cela a l’avantage de minimiser le temps passé a définir et valider des catégo-
ties, de standardiserla classification et de faciliter les comparaisons entre différents
travaux.
~ Sousla forme de thémes plus larges (« les stratégies concurrentielles » par exemple)
qui regrouperontalors des mots, des groupes de mots ou encore des phrases ou des
paragraphes(selon l’unité d’analyse définie par le chercheur). La principale diffi-
culté réside dans le choix de |’étendue des catégories sélectionnées. Par exemple,
une catégorie telle que « stratégies de l’organisation »est plus large que «stratégies
concurrentielles » ou que « facteurs de compétitivité ». L’étendue dela catégorie doit
étre lige 4 la fois aux objectifs du chercheur (des catégories étroites rendent plus
difficiles les analyses de comparaison) et aux matériauxutilisés (on pourra batir des
catégories plus étroites plus facilement A partir d’entretiens en profondeur, qu’a
partir de lettres aux actionnaires, qui sont en général plus superficielles).

556
Exploitation des données textuelles Chapitre 17

nients |. panscertainscas, les catégories peuventétre assimilées 4 un seul mot. On aura ainsi
effet © autant de catégories que de mots différents que le chercheura choisid’étudier. Dans
érera. | ce cas, les mots « concurrents » et « rivaux » constitueront deux catégories
: distinctes.
= Enfin, les catégories peuvent étre des caractéristiques de formes de discourstelles
queles silences,les intonations,les formes grammaticales ou syntaxiques.
wu en | Les catégories renvoient finalement différents niveaux d’inférence, allant de la
description a l’interprétation.
tala | La définition des catégories peut se faire a priori ou a posteriori.
chent |. _ Dans la méthodea priori, les catégories sont définies avant le codage 4 partir de
stitue. | l'expérience ou derésultats de recherches antérieures. On utilise cette méthode
notammentlorsqu’on cherche & vérifier des hypothéses issues d’ autres travaux. Le
ase,«| systemede catégorisation du comportementverbal organisationnelutilisé par Gioia
e. Ce , et Sims (1986) constitue un bon exemple de catégorisation a priori. De méme,
(voir : Boland et Pondy (1986) ont eu recours a une catégorisation a priori pour coder des
retranscriptions de réunions budgétaires: les catégories ont été définies en fonction
du modéle de décision utilisé (fiscal, clinique, politique ou stratégique) et du mode
d’analyse de la situation (instrumental ou symbolique) par les participants.
_Dans la méthode a posteriori, la définition des catégories s’effectue durant le
e les processus de codage. En général, les différentes unités repérées sont comparées, puis
lyse. | regroupées en catégories en fonction de leur similarité. Simultanément, les unités
SOILS sont classées et les catégories définies. Cette méthode s’apparente a la méthode de
ines. comparaison systématique de codage des données proposée par Glaser et Strauss
ent : (1967).
ches |
puis-
rma- | Exsee.e ~ Un codage a posteriori de réponses aux questions ouvertes
qui | d’un questionnaire
sum |= Apres collecte des données d’un questionnaire administré & plusieurs personnes dans le
eg0- 4 cadre d’une catégorisation des données a posteriori, il sera nécessaire d’effectuer un
rents 3° dépouillement commeil suit :
; &° —caractérisation des réponses: il s’agit de résumerle sens de la réponse qui peut étre for-
pie) 5 : mulée en des phrases multiples et complexes, afin de le ramener & un ou plusieurs
| des a concepts ou thémes univoques. Par exemple, si la réponse 4 Ja question « que vous a
liffi- Z apporté la formation que vous avez suiviesurle plan professionnel ? » est « une meilleure
iple, z capacité & communiquer avec mes collégues qui aura, je V’espére, une répercussion dans
gies 3 mesobligations professionnelles jusque-la pénibles, tels les réunionset les travaux de
doit Pr groupe », on peut réduire cette réponse 4 deux concepts : « capacité personnelle 4 com-
plus 3 muniquer » et « tolérance du travail en groupe 3 - .
“des & — inventaire de tous les concepts que l’on va ensuite regrouper dans différentes catégories
a. 2 en fonction des objectifs de la recherche et du degré de différenciation (ou du nombre de
qua a catégories) que I’on souhaite obtenir. L’importance de chaque catégorie pourra étre fone-
® tion du nombre de concepts qui s’y regroupent.

557
Partie 3 « Analyser

Plusles définitions des unités d’analyse et des catégories sont claires et Précises
meilleure sera la fiabilité du codage. Dans cette perspective, il est Conseil]é
d’élaborer un protocole de codageprécisantles régles et définitions de ces éléments

2.3 La fiabilité du codage


L’ambiguité du discours d’unepart, et le manque declarté des définitions deg
catégories, des unités codées ou des autres régles de codaged’ autre part, nécessitent
de s’assurer dela fiabilité du codage.
La fiabilité peut étre déclinée en trois sous-critéres plus précis (Weber, 1990)-
~ la stabilité : il s’agit de I’étendue avec laquelle les résultats du codage sont les
mémeslorsque les données sont codées par le m&me codeur 4 plusieurs reprises ;
~ la précision : cette dimension mesurela proximité entre le codage d’untexte et un
standard ou une norme. Il est possible de l’établir lorsque le codage standard dun
texte a été élaboré. Ce dernier type defiabilité est rarement évalué.Il peut cependant
Gtre utile de l’établir lorsqu’onutilise un protocole de codageréalisé par un autre
chercheur ;
~ la reproductibilité (ou fiabilité intercodeurs) : ce critére se référe A 1’étendue avec
laquelle le codage du contenu produit les mémes résultats lorsque les mémes
données sont codées par différentes personnes. La fiabilité intercodeurs est évaluée
a travers différentes étapes qui sont récapitulées dans le « Focus »ci-aprés.
A Vissue du codage des données, on dispose delistes d’unités d’ analyse classées
dans des catégories, listes 4 partir desquelles on fera des comptages pourl’analyse
de contenu, qu’il s’agira ensuite d’ analyser.

Ana
messal
Le processus d’évaluation de la fiabilité intercodeurs © Danod — Toute reproduction non autorisée est un délit.
étre at
(Weber, 1990) spécifi
Codage d’un échantillon de données estimations des taux d’accord (Guetzkow, ce, pol
Aprés. avoir défini.l’unité d’analyse et les 1950). métho}
catégories, le méme texte ou échantillon
de texte est codé:indépendamment par
Evaluation dela fiabilité intercodeurs
deux codéurs au moins. Le calcul de [a . . . wu 4
A partir des échantill ons’ ainsi: codés sont tA
fiabilité“devra impérativernent: “tre établis les taux d’accord entre les codeurs
effectué avant résolution des divergences, SUF = Les
On: conseille ‘pour fe calcul des taux’ de «d'une: part la. définition’ des unités anal
fiabilité. que. les’: échantillons \codés codées; surtout si leurs définitions sont logici
comportent 100 a 150 unités,; nombre’ a ambigués et ne se rapportent pas a un de ceg
partir’ duquel fe codage ‘d’unités supplé- élément. clairement® identifiable (du reposd
mentaires aun: impact: limité™ sur- les type mot,” phrase, ou" paragraphe). La discoy
=

558
Exploitation des données textuelles w Chapitre 17

=
fiabilité intercodeurs est alors le taux et le processus de double codage réitéré a
d’accord sur le nombre d’unités d’ana- l’étape (1). Lorsque les taux apparaissent
lyse identifiées comme codables par les relativement bons (de l’ordre de 80 %‘eri
deux codeurs dans une méme général) et stabilisés, les deux codeéurs
observation ; codentde fagon indépendante l’ensemble
dautre part la catégorisation effectuée des données.
(Robinson, 1957). Il s’agit du taux d’ac-
Evaluation globale dela fiabilité
cord entre les codeurs quanta la classi-
intercodeurs
fication des unités identifigées comme
codablespar les deux codeurs. Les taux ll s'agit enfin de ne pas postuler que
d’accord classiques proposés dans la l'ensemble des données a été codé- de
littérature sont tous plus ou moins facon fiable. La fatigue, mais aussi la
dérivés du taux d’accord K de Kruskal modification de la compréhension’ des
(Scott, 1955 ; Cohen, 1960). Ce taux est régles de codage au cours du temps,
la proportion d’accord entre les deux peuvent venir altérer la fiabilité interco-
codeurs sur le nombre total de décision deurs. Le processus d’évaluation ‘de: la
de codage aprés que l’on a enlevé fiabilité intercodeurs étant particuliére:
l'accord di au seul hasard 1 (Cohen, ment long et fastidieux, on peut envisager.
1960.) de ne |’établir que sur des échantillons, de
données (codées au début, au milieu eta
Précision des régles de codage la fin, par exemple). Unefois les taux de
Aprés établissement de ces taux d’accord fiabilité intercodeurs établis, il faut
sur un premier échantillon, les régles de résoudre les points de désaccord qui sont
codage peuventétre révisées ou précisées apparus.

2 Analyser les données

Analyser les donnéesrevient 4 faire des inférencesA partir des caractéristiques du


message qui sont apparues 4 la suite du codage des données. Les résultats peuvent
© Duinod ~ Toute reproduction non autorisée est un délit.

étre analysés de différentes fagons : le chercheur peut s’attacher 4 analyser plus


spécifiquementle contenu enutilisant des méthodes quantitatives ou qualitatives, et
ce, pour comparer, décrire, expliqueret prédire. Ces objectifs nécessitent chacun des
méthodes d’ analyses différentes.

3.4 Analyser quantitativement ou qualitativement


Les analyses quantitatives passent essentiellement par un comptage des unités
d’analyse voire par des analyses statistiques plus poussées en ayant recours 4 des
logiciels spécialisés. Les analyses qualitatives permettentd’interpréter ’agencement
de ces unités en les replagant dans un contexte plus global. Ces analyses peuvent
reposer sur des démarches qui ne sont pas spécifiques 4 l’analyse des données de
discours ou de texte comme, par exemple, le recours aux jugements d’experts. Ces

559
Partie 3 Analyser

juges, qui peuvent étre le chercheur lui-méme, des membres de l’organisation 5,


s’effectue la recherche, le sujet interrogé, ou encore des experts extériey
évalueront de fagon plus globale la ressemblance ou la dissemblance des donnée,
codées.
Ces analyses quantitatives et qualitatives sont complémentaires et peuvent ate
utilisées conjointement pour permettre une interprétation plus riche des donnée,
(voir Hodkinson, 2002 ; Daniels et Johnson, 2002, pour un débat autour de ceg
questions). du cor
relatio
bs Analyse quantitative tradui
Vanalyse de contenu est née d’une volonté de quantification en réaction 3 aussi
Vanalyse littéraire. En général donc, la premiére étape de l’analyse consiste 4
dénombrer les unités d’analyse dans chacune des catégories et @ calculer Jey;
3.2 D
fréquence. Ainsi, dans chaque document étudié, on compte le nombre d’unités _
d’analyse de chacune des catégories étudiées afin d’en déduire importance. Leg Vay
analyses menées par Boland et Pondy (1986) ont essentiellement recours a des oud
calculs de fréquence. Les calculs de fréquence se heurtent cependant a plusieurs Vanall
problémes. D’une part, lorsque les catégories correspondent 4 des mots, ceux-cj disco’
peuvent recouvrir des significations différentes selon leur place dansle texte (d’oi relati
la nécessité de coupler analyses quantitatives et qualitatives). D’autre part, l’usage de lo
de pronoms, souvent non comptabilisés, biaise l’analyse de fréquencesi celle-ci se D’ Ay
concentre uniquement sur les noms. centr
et la
Les chercheurs qui effectuent des analyses de contenu ont également a leur
disposition diverses techniques d’analysestatistique des données, parmi lesquelles Si
Vanalyse factorielle est la plus fréquemment utilisée. D’autres types d’ analyses grouy
telles que les régressions, les analyses discriminantes, les analyses de « clusters » lui fa
peuvent également étre menées. Il revient 4 chaque chercheur de déterminerles conte
analyses appropriées a ses objectifs de recherche. Ainsi, pour étudierles liens entre quali
les comportements verbaux des dirigeants et de leurs subordonnés lors d’entretien La
d’évaluation des performances, etles attributions des dirigeants relatives aux échecs
Sb
B.
ao no <
ou aux succés des subordonnés, Gioia et Sims (1986) ont mené une analyse de
© Dunod ~ Toute reproduction non autorisée es

ac &
contenu des comportements verbaux. Cette analyse s’est notamment appuyéesur un
56

ensemble d’analyses statistiques : analyse multivariée de 1a variance, test t de


a

Student, et analyse de corrélation.


RE BSSR 8
PoP Bes sz

ie Analyse qualitative
‘ond

On peut également mener une analyse plus qualitative, dont l’objectif sera alors
d’apprécier importance des themes dans le discours plutét que de la mesurer. La
différence entre analyse quantitative et qualitative réside dans la fagon dont elles
congoivent la notion d’importance d’une catégorie : « nombre de fois » pout
Vanalyse quantitative ; « valeur d’un théme » pour I’analyse qualitative. L’ analyse

560
Exploitation des donnéestextuelles = Chapitra 17

qualitative ya aussi chercherA interpréter la présence ou |’absence d’une catégorie


gonnée, en tenant compte du contexte dans lequel le discours a été produit (et qui
,eut expliquer la présence ou l’absence de telle ou telle catégorie). Plus finement,
analyse qualitative va chercher a étudier les unités d’analyse dans leur contexte
fin, de comprendre comment celles-ci sont utilisées (avec quelles autres unités
gianalyse apparaissent-elles ou sont-elles associées dansle texte ?).
[analyse qualitative permet également au chercheur de dépasser la seule analyse
gu contenu d’un discours ou d’un document. Elle permeten effet de formaliser les
jelations entre les différents themes contenus dans une communication afin d’en
traduire Ja structure. Grace a l’analyse de contenu,il est donc possible d’ étudier
gussi bien le contenu quela structure d’un discours ou d’un document.

3.2 Décrire, composer, expliquer ou prédire


[vanalyse de contenu peutétre utilisée a des fins de description, de comparaison
oud’explication. En révélant l’importance de certains themes dans les discours,
analyse de contenu suggére des explications aux comportements des auteurs des
discours analysés ou A leurs stratégies. Il est également possible de mettre a jour des
relations entre les comportements organisationnels et les préoccupations des acteurs
del’ organisation. En analysantle contenu delettres aux actionnaires, les travaux de
p’Aveni et MacMillan (1990) ont par exemple permis de révéler le lien entre les
centres d’ attention des dirigeants (focalisés sur !’ environnement interne ou externe)
et la capacité des firmesa résister & une crise de la demande.
Si P’objectif du chercheur est de comparer les discours de plusieurs individus,
groupes d’individus ou organisations, ou d’évaluer leur évolution dans le temps, il
lui faudra alors mettre en évidence les différences et les ressemblances dans leur
contenu, Le chercheur pourra mener des analyses de comparaison quantitatives ou
qualitatives, comme vu précédemment.
L’analyse de contenu présente l’avantage de pouvoirétre utilisée dans une grande
variété de cas. C’est une méthodologie qui peut étre utilisée aussi bien pour des
recherches quantitatives que qualitatives. Elle est applicable a des types de
2 documents ou de discourstrés variés et peuts’attacher a différents niveaux d’analyse
(individu, groupe, département, organisation ou secteur d’ activité).
Par ailleurs, elle peut s’appliquer directement sur des données produites par les
tnembres de organisation indépendamment du chercheur et de ses objectifs. On
peut considérer les mesures qu’elle permet d’effectuer comme étant des mesures
non intrusives. Enfin, la multiplication des logiciels d’analyse de données qui
permettent d’effectuer des analyses de contenurendcette méthodologie encore plus
attrayante. Le codageestplus fiable, le gain de temps est considérable, notamment
en ce qui concerneles procédures de codageetles analyses statistiques. Il convient
néanmoins de souligner la variété des logiciels disponibles pour ce faire. Certains

561
Partie 3 & Analyser

automatisent l’ensemble du processus mais—Contraignent fortemen; p


(catégories pré-définies, analyse quantitative uniquement, par exemple), Dauty
sont qu'une aide a la gestion des données. *s
Certains inconvénients de l’analyse de contenu ne peuvent étre EVitEy (W,
1990). Un premier type d’inconvénientsest lié 4’ étendue plus ou moins grande
catégories choisies. Certaines unités d’analyses classées dans la méme catéec
peuventnepasrefléter de la méme maniére Ja catégorie, mais avoir un mame ole
dans la comptabilisation. Un autre inconvénient est lié au fait qu’une analyse id
contenu ne capture vraiment que le contenu manifeste d’une Communication
Panalyse de contenu permetde réduire et d’ analyser une grande quantité de donnig
variées, elle ne permet pas desaisir l’entiére richesse d’un langage, ains; que se
subtilités. En ordonnant des mots dans des catégories, toutes leurs Connotation,
toutes leurs nuances ne sont pasprises en compte.
_ discig
Plus globalement, l’analyse de contenu souffre d’une trop grande attention g pour
détails et données textuelles. Cette méthode mériterait ainsi d’étre complété 1996
d’analyses prenant en compte l’implication du discours étudié (et de la recherchy pour
elle-méme, Allard-Poesi, 2005) dans un contexte de discours et de pratiques (de. Yens
pouvoir notamment) dontil tire, au moins en partie, sa/ses signification(s), et auquel_ élém
il contribue (voir, pour plus de détails, Alvesson et Karreman, 2000 ; Alvesson. et Lal
Skéldberg, 2000). ensey
L’analyse des discours s’inscrit dans cette approche qui replace beaucoup plusles pas a]
discours dans leur contexteet s’attache aux effets structurants du langage, a la fagon etal
dont les discours construisent la réalité. une
contd
relié
récey
Section
fond:
2 ANALYSE DE DISCOURS une
Dunod — Toute reproduction non autorisée est=i un deélit.
De nombreux auteurs s’accordent sur l’importance fondamentale du discours

salt
comme objet d’étude. Aprés avoir défini dans une premiére partie l’analyse de
discours, nous nous attacherons a présenter son utilité en l’introduisant non pas
seulement comme une méthode, mais plus globalement comme une méthodologie.
Nous aborderons ensuite les multiples approches d’analyse discursive en terminant
par des réflexions plus pratiquesliées 4 Ja réalisation d’une analyse de discours.
> Goad

Définir le discours
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On retrouve dansla littérature académique de multiples définitions du discours.


Cela s’explique par les différentes disciplines qui s’y intéressent, que ce soit en
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