Location via proxy:   [ UP ]  
[Report a bug]   [Manage cookies]                

2002 Synthese OSS SASS

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 18

LE SYSTEME AQUIFERE DU SAHARA SEPTENTRIONAL

Une conscience de bassin

SYNTHESE DE LA PREMIERE PHASE DU PROJET « OSS/SASS »


Rédigée par Marc Bied-Charreton Professeur émérite de l'Université de >Versailles Saint-Quentin en Yvelines

(1999-2002)

Sommaire

1 Qu’est-ce que le Système aquifère du Sahara Septentrional. Problématique du programme


SASS.

2 – Les Objectifs du programme SASS.

3 – Les Résultats obtenus:

3 -1– L’hydrogéologie et la base de données SASS.

3-2– Le modèle SASS.

3-3 - Le mécanisme de concertation et la coopération entre les pays.

4 – Conclusions. La gestion durable du SASS.

Annexes : méthodologie du programme SASS, rôle de l’OSS, bilan financier.

Cartes et croquis

Draft MBC 05/12/02

1
1 – Qu’est ce que le Système aquifère du Sahara Septentrional. Problématique du
programme SASS.

Les pays de la zone Nord et Sud du Sahara ainsi que ceux de la péninsule arabe sont
situés sur des grands bassins sédimentaires qui contiennent des réserves d’eau souterraine
considérables. Ces réserves ne se reconstituent que très faiblement et on les appelle des
« aquifères ». En Afrique au Nord de l’Equateur on distingue tout particulièrement les
bassins de Nubie ( Egypte et Libye), du Tchad (Tchad et Niger), d’Iullemeden (Niger, Mali,
Algérie), de Taoudeni- Tanezrouft ( Mali, Algérie), Sénégalo- Mauritanien et celui du
Sahara Septentrional, plus communément appelé « SASS », partagé entre l’Algérie, la
Tunisie et la Libye ( source : Ressources en eau communes de la Région de l’OSS, carte
dressée par J.Margat, OSS 1995). ( se référer à la carte des bassins et à la carte Michelin)

Le SASS occupe une superficie d’un plus d’un million de km2 dans la partie occidentale
de l’Afrique du Nord : environ 700 000 km2 en Algérie, 80 000 km2 en Tunisie et 250 000
km2 en Libye. Ce sont des dépôts continentaux dans lesquels on distingue en réalité deux
aquifères que l’on va appeler, de bas en haut , le « continental intercalaire »,CI, et le
« complexe terminal », CT.

La mise en place de ces réserves d’eau s’est effectué pendant les périodes humides de l’ère
quaternaire, il y a plusieurs centaines de milliers d’années. Les couches géologiques dans
lesquelles se sont constitué ces réserves datent essentiellement de l’ère secondaire ( trias,
jurassique, crétacé) pour le continental intercalaire et sont plus récentes (sables et calcaires)
pour le complexe terminal. Un écoulement souterrain complexe se traduit par certaines
sources et exutoires naturels . Le SASS constitue un énorme réservoir d’eau accumulée dans
différentes roches, estimé à 30 000 x 10 puissance 9 m3, qui ne se renouvelle pratiquement
pas, la recharge annuelle étant estimée à un milliard de m3 par an. Toute cette eau n’est hélas
pas utilisable
Il s’agit donc la d’une ressource naturelle non –renouvelable dont l’exploitation est de
type minière.
Les exutoires naturels sont exploités depuis des temps lointains, ils ont donné naissance à
des oasis bien connus dans les trois pays concernés.
Depuis plus d’une cinquantaine d’années on a commencé à exploiter cette réserve d’eau
souterraine : les prélèvements sont passés de 600 hm3/an en 1970 à environ 2,5 milliards de
m3/an dans les années 95-2000 ; ils sont utilisés à des fins agricoles ( irrigation), domestiques
( eau potable et forages pour l’élevage) et industrielles ( exploitation du pétrole, tourisme,
divers). Le nombre de points d’eau est supérieur à 7 000 : forages et sources ( 4000 en
Algérie, 2000 en Tunisie, 1000 en Libye). On se référera aux graphiques des prélèvements et
à la localisation des forages trouver les meilleurs cartes sur ce sujet dans les volumes.
Dans les trois pays concernés des administrations responsables de l’eau sont en charge de la
gestion de cette ressource: ce sont respectivement l’ANRH (Agence Nationale des Ressources
Hydrauliques) en Algérie, la DGRE ( Direction Générale des Ressources en Eau)en Tunisie et
la GWA ( General Water Authority) en Libye. Les utilisateurs sont les agriculteurs

2
traditionnels qui cultivent intensément les oasis, ceux qui pratiquent la céréaliculture
irriguées, les éleveurs qui bénéficient de points d’eau ou forages, des maraîchers, les habitants
des villes situées dans la zone concernée par le SASS, des industries, notamment les
exploitants de pétrole, les touristes. En général l’administration fait les investissements
nécessaires à la mise à disposition de l’eau, des systèmes traditionnels ou actuels en assurent
la distribution, payante ou non.

La problématique du SASS, c’est à dire la question essentielle qui se pose


maintenant, est celle de la meilleure utilisation possible de ce réservoir d’eau dans une
optique de durabilité , sachant qu’un certain nombre de problèmes se posent de plus en
plus sérieusement :

- à force de pomper dans les deux systèmes le niveau de l’eau baisse régulièrement , donc le
coût du pompage augmente ;
- les exutoires naturels s’assèchent ( sources, puits artésien);
- on s’est aperçu que pomper en un lieu avait des répercussions importantes sur le reste de
cette réserve. En effet, des études hydro-géologiques montrent qu’il y a des échanges
internes entre CT et CI, un écoulement naturel et des connexions importantes entre
différents points du bassin chaque fois que le niveau varie quelque part.
- l’irrigation des cultures céréalières en milieu aride peut avoir des conséquences graves sur
la salinisation des sols et rendre ceux-ci improductifs ;
- d’une façon générale le risque de détérioration de la qualité de l’eau et d’accroissement de
sa salinisation est grand ;
- à tous ces risques viennent s’ajouter des problèmes locaux de drainage des eaux,
d’épuration des eaux usées et de mélanges des eaux entre nappes phréatiques oasiennes et
nappes profondes.
- La gestion de l’eau a toujours été une gestion de l’offre, basée sur un raisonnement
uniquement hydraulicien. Aujourd’hui les problèmes de gestion durable et de valorisation
économique de cette eau, à court, moyen et long terme , sont à poser de manière concertée
entre les trois pays

Les responsables des trois pays ont pris conscience de ces risques à la fin des années 60 ,
et en 1972 un grand programme algéro-tunisien, l’ERES, a permis de faire une première
modélisation de l’exploitation de cet aquifère sur la base des prélèvements dans ces deux pays
et de prévisions d’utilisation.

Vingt ans plus tard, l’Observatoire du Sahara et du Sahel organisait au Caire , en 1992,le
premier atelier de travail sur les aquifères des grands bassins, suivi d’un autre atelier en 1994,
au Caire également, consacré aux impacts économiques et environnementaux de l’exploitation
de ces aquifères.
C’est dans le cadre global du programme OSS intitulé « aquifère des grands bassins »
que le programme spécifique « SASS » est né après une série de séminaires et d’ateliers
régionaux entre 1994 et 1997, appuyés par l’Allemagne, la France, la Suisse, le FIDA et des
partenaires comme l’UNESCO, la FAO, l’OACT, l’ACSAD, le CILSS, le CEDARE.

Un document de programme a été adopté lors d’un séminaire organisé à Tunis en


septembre 1997 à l’issue duquel l’OSS a été chargé de la maîtrise d’ouvrage du programme
et de la recherche de financements.

3
En 1998 l’OSS a obtenu l’appui de la coopération suisse, du FIDA et de la FAO pour
une première phase de trois ans qui a été lancée officiellement en mai 1999 à Rome avec
un appui financier de 1 , 473 M€.

Carte Michelin, carte de localisation des bassins sédimentaires page 7 du rapport d’activité,
carte de la limite d’extension du SASS, et si possible localisation des forages et points d’eau.

2 – Les objectifs du programme SASS

Les objectifs du programme SASS ont été ainsi définis :

- apporter une valeur ajoutée aux modèles précédents, notamment l’ERES, en intégrant
la partie libyenne et en exploitant les données et études qui se sont accumulées
en trente ans ;
- faire une évaluation des volumes d’eau exploitables et mettre au point un modèle en
associant en permanence les compétences nationales des trois pays et en tenant compte
des politiques nationales ;
- réaliser une base de données commune aux trois pays destinée à valoriser l’information
et être un outil d’ échange ; cette base de données devrait préfigurer un futur
« observatoire du SASS » ;
- organiser des séminaires thématiques et de formation regroupant les techniciens des
trois pays travaillant sur un même système, pour la mise à jour des informations et les
échanges d’expériences ;
- actualiser les états de prélèvements ;
- mettre en place un mécanisme de concertation destiné à institutionnaliser le cadre de
coopération créé par le programme , rendre durable les programmes d’actualisation des
informations, d’échanges et de suivi et concrétiser la « conscience de bassin » qui a
progressivement vu le jour à la suite des ateliers entrepris par l’OSS dès les années 90.
- Susciter des réflexions quant à la durabilité de cette ressource, à l’optimisation de son
exploitation, aux liens avec la lutte contre la désertification, l’amélioration du niveau de
vie des habitants et la coopération régionale.

Ce programme a nécessité une coopération de tous les instants entre les trois
autorités responsables de l’eau dans les trois pays et la constitution d’une équipe
SASS, à Tunis, dont la base a reposé sur un trio composé de spécialistes renommés
des trois pays : Djamel Latrech, coordinateur, Ahmed Mamou et Sadek Kadri ,
appuyé par des consultants chevronnés et des spécialistes des trois pays.

Les objectifs exposés ci-dessus ont été déclinés en « activités » détaillées, portant sur trois
composantes : une composante « système d’information », dont les principaux résultats
sont exposés dans le paragraphe 3-1 « l’hydrogéologie et la base de données SASS », une
composante « modèles de gestion » et une composante « simulations exploratoires », dont
les résultats sont exposés dans le paragraphe 3-2 « le modèle SASS » et une composante
« mécanisme de concertation », exposée dans le paragraphe 3-3. Une conclusion sur cette
première phase et des recommandations sont exposés en paragraphe 4. On trouvera en
annexe les détails d’organisation, les différentes phases et les principales étapes du
déroulement du programme.

4
Mettre ici le schéma d’organisation du projet , annexe 1 du rapport d’activité
Il faudrait mettre un chronogramme général de déroulement du programme, que je n’ai
pas trouvé dans les documents

3 – Les résultats obtenus

3-1 – L’hydrogéologie et la base de données SASS

3-1-1- L’hydrogéologie

Le projet ERESS ( Etude des ressources en eau du Sahara septentrional, 1972),


actualisé en 1980, des études algériennes, tunisiennes et libyennes avaient permis d’avoir
une vision du SASS à la fin des années 80. Le programme SASS a permis d’améliorer
la connaissance géologique du bassin dans son ensemble et celle des sous-bassins du
grand Erg occidental, de l’exutoire tunisien et de la Hamada El Hamra, grâce à de
nouveaux sondages et de nouvelles études hydro- géologiques .

Une étude historique sur 50 ans ( 1950 – 2000) de la piézométrie ( c’est à dire de la
profondeur du plan d’eau mesurée dans des puits ou des forages), de la salinité de l’eau
et de son exploitation, d’analyses chimiques et isotopiques, et de la transmissivité ( c’est à
dire de l’aptitude du sol à être traversé par l’eau) ont permis cette synthèse.

On a pu ainsi définir avec une grande précision quelles étaient les formations
aquifères du SASS par une stratigraphie des couches du bassin : trias, jurassique inférieur
et moyen, crétacé inférieur et supérieur, tertiaire continental , préciser l’extension des
aquifères dans ces couches et faire la carte des affleurements des principales formations
aquifères (carte géologique du SASS, planche N°1 page 40 du volume hydrogéologie).
Des coupes Nord- Sud et Est- Ouest ont mis en évidence les corrélations entre
différents points du bassin ( planches 5 à 8 du volume hydrogéologie) .
On a pu également définir la géométrie des principaux aquifères en précisant
l’épaisseur des couches remplies d’eau dans les différentes zones , soit la différence entre
le « mur », c’est à dire la base de la couche d’eau, et la surface piézométrique, c’est à dire
le haut de la couche d’eau ; on a caractérisé les coefficients d’emmagasinement ( c’est à
dire le pourcentage des vides dans la couche) par couche.
On a finalement mis en évidence la géométrie complexe de la stratigraphie : il n’y a
pas de couches horizontales , il y a des failles, il y a donc des écoulements internes et des
corrélations entre les différents points de l’aquifère.
Un autre résultat est une meilleur connaissance des exutoires (figure 14 du volume
hydrogéologie) et des zones qui alimentent des nappes comme celle de la Djeffara, et des
écoulements souterrains.
Le résultat de cette connaissance intime de l’hydrogéologie du bassin est une
schématisation des aquifères en vue de la réalisation du modèle conceptuel. On a une
alternance de couches perméables ayant entre elles des liaisons hydrauliques et qui

5
forment des réservoirs d’eau, d’épaisseur variable, avec des couches moins perméables,
que l’on appelle « aquitards ».
Le bassin saharien est une grande entité sédimentaire multicouches. L’adoption
d’une représentation de l’ensemble des couches aquifères – aquitards en un système
multicouches va permettre de rendre compte des liaisons latérales et verticales qui
conditionnent les échanges hydrauliques et chimiques, et donc du comportement de
système à moyen et long terme.

On a la séquence suivante dans tout le SASS :

- le substratum imperméable général du système : trias ou jurassique argilo-marneux ;


- le réservoir aquifère du CI ( continental intercalaire)
- l’imperméable surmontant la nappe du CI : série argilo-marneuse du mésozoique
inférieur ;
- l’aquifère carbonaté dolomitique, présent sur l’ensemble du bassin, à épaisseur moyenne
de 50 mètres mais à salinité très variable ;
- les séries marno-gypseuses, isolant l’aquifère précédent du complexe terminal ( CT) qui
est au dessus ;
- le complexe terminal, ensemble peu homogène en Algérie et Tunisie, dans les séries
carbonatées du Sénonien et des sables ;
- la nappe des calcaires sénoniens et paléocènes, d’épaisseur et de qualité variables ;
- un semi-perméable qui surmonte la nappe précédente, marnes, argiles et calcaires de
l’éocène moyen ;
- une nappe de sables tertiaires importante dans le bas Sahara algéro-tunisien ;
- un toit imperméable constitué de séries argileuses ;
- quelques autres aquifères dans le bassin libyen, d’importance locale.

Cette séquence est schématisée par le croquis suivant :

Figure 2 du volume du volume de synthèse du modèle mathématique, ou figure 12 page


20 du volume « modèle mathématique »

Un autre problème a consisté à définir les limites nord-sud et est-ouest des différentes
couches d’aquifères afin de bien délimiter l’espace de raisonnement du modèle.
On a ensuite précisé l’hydrodynamique du SASS grâce à tous les relevés
piézométriques de 9.000 points contrôlés et effectué une carte piézométrique de
référence.
Les points d’alimentation actuels ont été précisés.
Les exutoires naturels ont été étudiés dans une optique prospectiviste compte tenu du
ralentissement constaté du débit des sources.
La carte des transmissivités de tout le bassin a été établie.

Le programme s’est ensuite attaqué à la question de l’analyse des prélèvements, par


aquifères et par pays (figure 30, prélèvements globaux CT et CI, figure 30 dans le volume
hydrogéologie), en faisant une historique des débits. On a pu constater que la multiplication
des forages a eu une influence négative sur les débits artésiens et le jaillissement des sources.
On a pu également faire une historique piézométrique dans les trois pays de chaque nappe. On
en conclut une baisse piézométrique générale sur l’ensemble du CT et du CI, baisse qui est
liée à la multiplication des forages et de plus en plus sensible ; elle est en moyenne de 25 à 50
mètres.

6
Le programme a poursuivi les études de qualité chimique des eaux entreprises dans
chaque pays, et plus particulièrement de la salinité de l’eau. On a pu constater un
accroissement différencié de celle-ci , du essentiellement aux eaux des chotts et au retour à la
nappe des eaux de drainage dans les zones où le toit de la nappe est peu épais. (figure 38 du
volume hydrogéologie)
La composition chimique en ions Ca, Mg, Na, K, SO4, Cl et HCO3 a été mise en évidence
ainsi que son évolution.
Les vitesses de circulation souterraine et les temps de transit ont été étudiés par analyse
isotopique ( O18, deutérium). On en a conclu que les eaux du SASS ont été mises en place sur
plusieurs dizaines de milliers d’années, lors d’épisodes pluviaux du quaternaire, de – 150 000
à – 20 000 ans. La zone des chotts algéro-tunisiens étaient alors composé de grandes lagunes
deux à trois fois plus étendues que les chotts actuels. Le climat est devenu plus aride et on
assisté à une vidange lente de ces lagunes et du système aquifère.
Le système aquifère connaît une décompression de plus en plus importante depuis le début
du XXè siècle . De plus, sous l’effet des pressions et des températures l’eau subit des
échanges chimiques avec les formations dans lesquelles elle est piégée, compliqués par les
échanges verticaux et horizontaux.

Que reste-t-il à faire pour compléter et actualiser cette connaissance de l’hydrogéologie du


SASS :

- améliorer les données : il y a beaucoup d’hétérogénéité dans les mesures


piézomètriques : manque de connaissance de l’altitude des prélèvements, manque de
régularité de collecte des données, adapter les pas de temps;
- préciser la connaissance sur la géométrie des réservoirs et leurs communications, en
particulier dans le Grand Erg occidental et la Jifarah libyenne , vers Biskra et sous le
Grand Erg oriental;
- l’alimentation actuelle sporadique est localisée sur les bords du bassin, venant de
l’infiltration de pluies exceptionnelles. Cependant aucune mesure fiable n’a été faite et on
ne connaît pas la sensibilité de la recharge sur le modèle ;
- harmoniser les analyses chimiques entre les trois pays et la mesure de la salinité ;
- les coûts d’exploitation de l’eau, surtout des pompages, n’ont pas fait l’objet d’études
systématiques ;
- le suivi des prélèvements est à améliorer : méthodes d’échantillonnage à définir,
mesure de consommation d’eau, mesure de superficies irriguées par images satellites .

De manière générale il convient d’acquérir de nouvelles données pour poursuivre


l’actualisation des données existantes, donc de constituer un réseau de suivi à l’échelle du
bassin.
L’ensemble de ces données est intégré dans une base de données qui est décrite dans le
paragraphe 3-1-2 ci-dessous.

3-1-2 La base de données SASS

Les objectifs du programme SASS nécessitent la réalisation d’une base de données


spécifique qui d’une part soit capable de reprendre et de reformater les données des trois
pays d’une façon homogène et d’autre part absorber une quantité très importantes de
données nouvelles.
Rappelons qu’une base de donnée, élément constitutif d’un système d’information,
est une collection structurée de données relatives à un domaine, contenue dans une

7
mémoire d’ordinateur et gérée par un ou des logiciels spécifiques qui permettent la gestion
de la base et que l’on appelle « SGBD » ( système de gestion de base de données). A
partir de ces données on va fabriquer des informations utiles. Une base de donnée est
régie par un modèle, généralement relationnel, qui est une représentation de la réalité et
des relations potentielles des données entre elles. Dans une BD il y a obligation
d’indépendance entre données et traitement, de non redondance des données, d’intégrité et
de cohérence des données.
Le SGBD est l’outil que va manier l’utilisateur afin d’établir des relations entre les
données, les combiner, les comparer afin d’obtenir les informations qu’il souhaite. On va
donc successivement définir l’entité de base sur laquelle on va entrer des données puis les
combiner: dans le cas du SASS l’entité de base la plus importante sera le « point
d’eau », en général un forage ; définir ces données par des paramètres, leurs unités de
mesure, leur origine, leur date d’acquisition , leur localisation, etc… ; puis établir un
modèle relationnel entre les données, en essayant de refléter la réalité. Rappelons enfin
que le modèle mathématique « SASS » , objet du paragraphe suivant 3-2, va fonctionner à
partir de toutes les données de la BD.

L’équipe du programme SASS a donc réalisé successivement les phases :

- de diagnostic de l’existant dans les trois pays, et des orientations de développement de la


base ;
- de conceptualisation d’un modèle ( MCD, modèle conceptuel des données) pour la base;
- de réalisation de la base de données, après avoir choisi le SGBD et ses composantes (
matériels, logiciels, périphériques,…) ;
- de mise en œuvre de la base, avec l’objectif de réaliser cette mise en œuvre
simultanément au siège du projet et dans chaque administration responsable de l’eau dans
chacun des trois pays.

On mesure la difficulté de la tache quand on connaît les problèmes d’hétérogénéité


des données, dans le temps et dans l’espace, d’habitude de manipulation de tel ou tel système
pré-existant dans chacun des trois pays, et de la difficulté d’apprivoiser un nouveau système.

(faire figurer le tableau 9 du volume « base de données et SIG »

Des choix techniques ont été faits , en tenant compte du format et de l’entrée des
données dans le modèle numérique, des tendances technologiques du moment, de l’existant au
sein des trois pays et de la simplicité de mise en œuvre et de la maîtrise par les équipes
nationales.
Compte tenu de la puissance croissante des SGBD de bureautique le choix s’est porté
sur ACCESS version 2000 qui permet de manipuler jusqu’à 2 Go, en réseau et en intranet,
une bonne sécurisation, un accès multi-utilisateur et la possibilité de migrer vers des systèmes
plus lourds comme SQL/SERVER, envisagée par la DGRE et l’ANRH.

Compte tenu de l’importance de la localisation des 9 000 entités de base ( les points
d’eau) et des traitements géographiques à effectuer, et des sorties cartographiques
nécessaires, le SI est complété par un SIG ( système d’information géographique), le choix
s’étant porté sur ARCVIEW pour sa simplicité, sa puissance, sa compatibilité avec ACCESS
et son usage déjà courant en gestion de l’eau. De plus il permet d’écrire des utilisateurs
spécifiques d’entrée dans le modèle. On a acquis aussi les extensions SPATIAL ANALYST

8
et IMAGE ANALYST pour faire des interpolations entre les points, des cartes d’isovaleurs ,
la numérisation et le traitement de cartes scannées.
Le tableau suivant donne la liste des entités constituant le SI, avec la première
d’entre elle, le point d’eau.
(faire figurer le tableau 11 page 32 du volume Base de données)

Le modèle conceptuel des données a été élaboré dans le respect du principe de


séparation de la structure des données et des traitements subies par celles-ci. On a considéré :

- qu’un point d’eau peut capter un ou plusieurs aquifères ;


- qu’un point d’eau à une date donnée fournit un certain débit ;
- qu’un point d’eau peut servir plusieurs utilisateurs ;
- qu’un usager peut être alimenté par plusieurs points d’eau ;
- qu’un point d’eau possède un numéro de maille dans un maillage donné.

Le tableau suivant décrit le modèle conceptuel global des données

- (faire figurer ici le tableau « modèle conceptuel » de la page 34 du volume base de


données, repris page 16 du rapport d’activités)

On voit que sur un point d’eau on entre de nombreux paramètres comme la


climatologie, l’appartenance à un bassin versant, la topographie, la géologie ( couches
lithologique, stratigraphie, étage, etc…) la piézométrie, les prélèvements, les utilisateurs, la
chimie, avec , bien sur , la date d’entrée des données et le lieu précis du point d’eau (
coordonnées, entité administrative), l’historique de l’exploitation.

Le SI ainsi constitué permet un certain nombre d’opérations : des requêtes


statistiques ( comme nombre de points d’eau par wilaya et par aquifère, année par année,
prélèvements, variation de la piézométrie,…), des graphiques ( comme l’évolution des
prélèvements par aquifère et par année (graphique de la page 94), des transferts de données,
l’introduction de nouvelles données , des vérifications, des tests de cohérence, des
connections BD-SIG et des cartes.

L’ensemble de ces outils a été appelé « SAGESSE », système d’aide à la gestion


des eaux du Sahara Septentrional. SAGESSE comporte tous les éléments de base pour
constituer le tableau de bord du suivi et de l’exploitation des eaux du bassin. On verra plus
loin que la liaison de SAGESS avec le modèle SASS permettra , par des simulations
appropriées, des prévisions et des prospectives de gestion durable des eaux, but ultime du
programme SASS. La structure de SAGESSE est décrite par le schéma suivant : mettre ici le
schéma « structure du système » figurant page 62 du volume base de données).

En conclusion , on dispose maintenant d’un outil de gestion de très bonne qualité


pour chacun des trois pays et fonctionnel dans chaque administration. Les matériels et les
logiciels nécessaires à son utilisation ont été acquis et installés dans chaque pays, les
personnels formés.
Il y a lieu encore de le perfectionner. En effet, beaucoup de forages sont encore sans
identifiant et sans coordonnées, la répartition spatiale et temporelle des données n’est pas
homogène, les prélèvements ne sont pas bien maîtrisés. En outre, un grand nombre de forages

9
ne sont pas répertoriés et entrés dans la base. Une liste de taches spécifiques à chaque pays a
été constitué, à charge pour chaque administration de les réaliser.

3 – 2 Le modèle SASS

La gestion prévisionnelle de l’eau suppose que l’on dispose d’un modèle


mathématique, qui permet d’entrer des hypothèses , de faire des simulations et d’obtenir en
sortie des résultats. Le modèle SASS a été élaboré en trois phases : une première phase a
permis de caractériser le système aquifère, en bénéficiant des acquis des études
hydrogéologiques décrites en paragraphe 3-1, une seconde phase a consisté en l’élaboration
du modèle mathématique, avec les étapes de sa construction et de son calage ; une troisième
phase a été dédiée à la réalisation de simulations prévisionnelles selon diverses hypothèses en
utilisant les données de la BD avec le SAGESSE.

Le modèle est une représentation simplifiée du milieu : le modèle SASS va partir


du système multicouches décrit en 3-1, puis établir une répartition spatiale des niveaux
piézométriques à une date donnée, des transmissivités, des cotes du toit et du substratum, des
zones d’apports et de drainage avec une estimation préliminaire des échanges de flux, des
échanges potentiels de flux entre couches adjacentes. Ensuite, pour chaque couche perméable
on identifie, on analyse et on met en forme les séries historiques de prélèvements , de
niveaux, de salinité ; on établit la répartition spatiale des coefficients d’emmagasinement.
Après la représentation multicouches on a défini la structure générale du SASS en trois
bassins :
- le bassin occidental, dominé par le grand erg occidental et le secteur des foggaras ;
- le bassin central, plus étendu en superficie et en profondeur, dont les couches sont
partagées par les trois pays ;
- le bassin oriental .
(mettre ici la schématisation du système aquifères-aquitards : soit la figure 21 du volume
hydrogéologie, soit la figure 2 du volume de synthèse du modèle mathématique, soit la figure
13 du volume « modèle mathématique », page 21 : choisir le plus parlante)

On tient ensuite compte de tous les paramètres décrits dans les paragraphes précédents
pour les caractérisations hydrologiques et hydrodynamiques. Après une première phase
d’ajustement , la structure du modèle dans le sud tunisien a été révisée et on a abouti à un
nouveau schéma structural du modèle décrit dans le schéma ci-dessous :
(mettre le schéma de la figure 11 du volume synthèse du modèle, page 15)

La grille du modèle décrit un maillage carré de 12,5 km x 12,5 km, soit un total de 16
523 mailles, représentant une superficie développée de près de 2 580 000 km2. Le modèle
SASS est un modèle quasi- tridimensionnel fondé sur l’hypothèse du multicouche :
écoulement parallèle aux couches dans les aquifères et perpendiculaire aux couches dans
les aquitards.

(mettre ici les grilles du CI et les grilles du CT, figures 65 et 66 du volume modèle)

Le logiciel retenu, devant être porté sur PC dans les trois pays, est PMWIN dans sa
version PM5. Un programme d’interfaçage entre la base de données et PM5 a été développé.
Les limites du CI et du CT, étant les limites du raisonnement du modèle, ont été définies.

10
On a ensuite procédé au calage du modèle, en définissant un état de référence. L’état de
référence pour le calage d’un modèle doit refléter un régime permanent du système.
L’année 1950 a été assimilée à un état permanent qui servira de référence pour le calage
en régime permanent. On a donc reconstitué les variables d’état du système ( cartes
piézométriques, valeurs ponctuelles observées, débits) ; quelques modifications ont été
effectuées et on a effectué un bilan en eau du SASS, calculé pour 1950.

Après cette phase on a effectué un calage du modèle en régime transitoire , où l’on


s’assure de la répartition spatiale des coefficients d’emmagasinement. La distribution des
différences de niveau piézométrique [calculé – observé] constitue un bon indicateur de
« fidélité régionalisée » du modèle par rapport à la réalité du terrain : 70% de la superficie
d’aquifère, aussi bien du CI que du CT présentent des écarts inférieurs à 25 m. La
superposition des courbes isopiézométriques calculées et observées permet d’avoir une idée
de la capacité du modèle à épouser les formes des courbes et donc le point de vue de
l’hydrogéologue.

Le modèle a pu sortir des cartes de rabattements 1950 – 2000 pour le CI et le CT, c’est à
dire des cartes représentant la baisse du niveau de ces deux aquifères. Il a aussi sorti un
bilan du SASS en 1950 et en 2000 ( mettre ici le tableau 20 du volume modèle page 121)
Ce bilan montre que la somme des recharges du système représente 43% des prélèvements
des forages, le prélèvement sur les réserves représentant 66% des prélèvement des forages.

(ATTENTION : LE TOTAL 66 +43 fait 109,il y a un problème quelque part ?)

On voit aussi que le débit de l’exutoire tunisien diminue d’environ 50% ; on note
également une forte diminution des sorties du CT vers les chotts et les sebkras : 2m3/sec en
2000 contre 8 en 1950 ; cette évolution est présumée très dangereuse pour la région des
chotts.

L’étape suivante a été celle des simulations prévisionnelles

On a d’abord définit des simulations exploratoires pour évaluer la capacité du modèle à


réaliser des simulations sur une base purement hydraulicienne, les données socio-
économiques étant peu pris en compte à ce stade. Pour cela, on a :

- précisé des scénarios , ou des plans de développement, par rapport à l’an 2000, en terme
de prélèvements additionnels spatialement distribués et d’échéancier de réalisation .
Chaque plan fait l’objet d’une simulation ;
- défini les conditions de calcul, l’état initial, les paramètres d’entrée, les conditions aux
limites ;
- analysé les résultats des simulations .
La durée de simulation adoptée est de cinquante ans , l’état initial du système étant celui
de l’an 2000, reconstitué par le modèle.

On simule un débit constant sur toute la durée du calcul, ce débit représentant le débit
maximum envisagé. Chaque scénarios est défini par un débit maximum. Pour chaque
scénario on sort les résultats suivants :
- carte des rabattements 2000 – 2050 ;
- courbes des rabattements pour cette période ;

11
- principaux termes du bilan 2050, notamment débit calculé aux trois principaux exutoires ;
- évaluation, en termes de rabattement, de l’impact du scénario sur chacun des pays
voisins ;
- carte des profondeurs du niveau piézométrique 2050 par rapport au sol ;
- carte des profondeurs de ce niveau sous les chotts algéro-tunisiens, définition de
l’intensité du risque de salinisation.
On a défini un scénario de référence, qui consiste en le maintien de l’actuel, ou
simulation zéro, quelque fois nommé « business as usual ». Il consiste à maintenir
constant les prélèvements effectués en 2000 et à calculer l’évolution correspondante
cinquante ans plus tard.

On a ensuite défini plusieurs scénarios :

En Algérie, deux scénarios :


- une hypothèse dite forte , représentant un prélèvement additionnel de 101 m3/s, qui
porterait les prélèvements algériens de 42 à 143 m3/s de 2000 à 2030 ;
- une hypothèse dite faible, pour un prélèvement additionnel de 62 m3/s, ce qui porterait
les prélèvements de 42 à 104 m3/s .

En Tunisie le scénario envisagé prévoit que les économies réalisées par l’amélioration de
l’efficience de l’irrigation vont compenser la demande additionnelle des nouveaux
périmètres irrigués ; cela correspond au scénario « business as usual »

En Libye les simulations exploratoires concernent deux programmes : le champ de


pompage de Ghadames-Derj, avec un débit additionnel de 90 Mm3/an, et le champ
captant de Djebel Hassaounah.

Les résultats sont les suivants :

Scénario zéro :

- pour le CI : le scénario zéro entraînera d’importants rabattements , supérieurs à 40


mètres dans le bas Sahara algérien ; en Tunisie ils seront de l’ordre de 20m, parfois 25 et
40 autour du Chott Fedjej ; en Libye les rabattements seront de l’ordre de 25m.
- pour le CT : ce scénario donne les résultats suivants : an Algérie des rabattements
dépassant 30m et 60m autour des chotts ; en Tunisie 20 à 30m, en Libye un maximum de
60m.
- On constatera aussi la disparition totale de tout artésianisme dans la région des chotts
algéro-tunisiens. On montre enfin que l’on risque une réalimentation de la nappe du CT
par les eaux des chotts, et donc de contamination par les sels.

De ce point de vue, la poursuite du rythme actuel constitue donc un danger potentiel


majeur.

Scénario « hypothèse forte » :

Au CI les rabattements seront de 300 à 400m dans le bas Sahara algérien, avec disparition
totale de l’artésianisme ; la Libye n’est pas touchée par ce scénario, pour la Tunisie on
constatera des rabattements de 200 à 300m et la disparition de l’artésianisme et des
exutoires tunisiens.

12
Au CT, pas d’incidence en Libye, d’importants rabattements en Algérie, les chotts seront
en position de réalimentation .

Scénario « hypothèse faible » :


Au CI les rabattements sont également importants ( 250m) , l’artésianisme disparaît de
tout le bas Sahara, les profondeurs de forage y sont de 100 m, l’exutoire tunisien est tari.
Au CT les rabattements sont élevés et les chotts sont en position de ré alimentation
potentielle. En Libye les rabattements sont négligeables, au CI ils sont de l’ordre de 50m.

Ces simulations exploratoires ont mis en évidence des nuisances et des risques
auxquels est exposée la ressource en eau. Pour continuer l’exploitation des nappes du
CI et du CT il va falloir minimiser et gérer ces risques, que l’on peut synthétiser en
– disparition de l’artésianisme
– hauteurs de pompage excessives et trop onéreuses
– tarissement de l’exutoire tunisien
– interférences exagérées des rabattements entre pays
– ré alimentation potentielle par les Chotts.
– Ces simulations ont montré les limites de l’approche de simulations pures dans la
perspective de recherche de plans de gestion durable du SASS.

On a donc rechercher une autre façon de procéder à la définition de solutions


acceptables pour tous, en, définissant un modèle miniature, ou micro modèle.

Son principe est le suivant : on applique dans une maille « i » un prélèvement égal à
l’unité de débit et maintenu constant pendant toute la durée de la simulation, et on calcule
le rabattement dans chacune des mailles du modèle ; on répète ce calcul pour toutes les
mailles et on aboutit à une matrice d’influence à n2 si n est le nombre total des mailles du
modèle.. On obtient une formule qui définit le rabattement provoqué en j par un pompage
en i. En fait on limite » le calcul aux mailles qui seront amenées un jour à servir à des
pompages. On s’affranchi ainsi de scénarios de développement à priori sans relations
directes avec les propriétés de l’aquifère, fondés uniquement sur des prédictions a priori
de prélèvements pour bâtir des scénarios sur une base « hydraulique » , c’est à dire
fondés sur les capacités de production de SASS en minimisant les nuisances . On a été
amené à définir tous les sites de pompage potentiel, soit 89 sites ( 55 au CI et 34 au CT).
Chaque site a fait l’objet d’une simulation unitaire calculant, sur 50 ans, la fonction de
rabattement. On a du construire un convertisseur débits- rabattements qui permet à
l’utilisateur de disposer, sur le même écran, des données et des résultats ; cela a en outre
été facilité par la décomposition de l’espace d’étude en micro- modèles par pays et par
nappes, avec des puits témoins transfrontaliers.

Le résultat des simulations réalisées sur le micro- modèle a permis de prévoir un


certain nombre de scénarios qui répondent aux objectifs de développement tout en
minimisant les risques de dégradation. Ces scénarios ont été ensuite simulés sur le modèle
numérique et donnent des résultats plus complets, qui permettent de préciser les
contraintes. Les indicateurs de sortie sont : les rabattements nets ; les interférences en
rabattements ; le débit des exutoires ; l’artésianisme pour le CI et la position des niveaux
par rapport aux chotts pour le CT ; le bilan en eau en 2050. Huit simulations ont été faites
sur le CI et cinq sur le CT, le nombre des simulations étant déterminé par des zones
géographiques : bas Sahara algérien, Tunisie, bassin de Ghadames, ensemble du CI sur le
bassin central, grand erg occidental ; ensemble du CI. Les résultats détaillés et globaux

13
donnent des informations beaucoup plus affinés que ceux des simulations exploratoires et
nettement moins pessimistes.
Les premières conclusions sont les suivantes : il existe une possibilité de porter
l’exploitation des forages du SASS, estimée à 2,2 Milliards de m3 en 2000 ( 1,33 en
Algérie, 0,55 en Tunisie, O,34 en Libye) jusqu’au niveau de 7,8 Milliards de m3 par an
à l’horizon 2030 en respectant au mieux l’ensemble des contraintes relatives au risque
de dégradation de la ressource. Par pays cela donne 6,1 Milliards de m3/an en Algérie,
0,72 en Tunisie et 0,95 en Libye. La possibilité de tripler les prélèvements actuels ferait
passer le régime d’exploitation du SASS à un niveau représentant huit fois ses ressources
renouvelables ; il faudra donc puiser sur les réserves du système plus qu’avant.

Comme on peut le voir l’ exploitation combinée des connaissances hydrogéologiques


et de l’utilisation d’un modèle permet d’apporter des conclusions réalistes et optimistes
sur les capacités du SASS à fournir des quantités d’eau appréciables en minimisant les
risques sur l’environnement. Il montre qu’il convient d’utiliser conjointement cette
ressource.
C’est dans le but de préparer cette utilisation conjointe qu’a été développé un
« mécanisme de concertation » décrit dans le paragraphe 3-3 ci-dessous.

2 – 3 – Le mécanisme de concertation

Comme on l’a vu précédemment la base de données commune a été établie par les
apports de chaque pays, puis le système SAGESSE a été installé dans chaque pays, le modèle
a fonctionné sous la responsabilité de l’équipe projet avec la participation des personnels
compétents de chaque pays. Une coopération très étroite s’est donc instaurée entre techniciens
et responsables de services.
Par ailleurs, chacun des trois pays a rédigé un rapport national qui fait état des
préoccupations et des projets en matière d’utilisation du SASS.

( faut-il insérer ici une rapide synthèse de chacun de ces trois rapports ? cela prend environ
deux pages ? )

Les simulations réalisées ont mis en évidence trois zones où les ressources partagées
étaient les plus vulnérables, dénommées « périmètres prioritaires d’observation » :
Le Bassin de Ghadames dans le CI ; le bassin artésien et celui de l’exutoire tunisien dans
le CI ; le bassin des chotts pour le CT.
Les habitudes prises de travail en commun et la mise en évidence de risques partagés
ont conduit le programme SASS à proposer d’aller encore plus loin dans la coopération et la
concertation en mettant au point un « mécanisme de concertation » avec l’appui d’un
programme technique de terrain de la FAO conduit par son service juridique. Chaque pays a
donc fait une requête à la FAO, avec l’appui de l’OSS ; un protocole d’agrément a été signé
entre FAO, pays et OSS, dont l’objectif général était de rechercher un management commun
approprié dans l’optique d’une gestion durable de la ressource en eau du SASS , et
notamment du maintien d’une agriculture traditionnelle et des oasis.
Le mécanisme de concertation que l’on cherche à mettre en place aura les missions
suivantes :
- mettre en place un réseau permanent commun d’observation, qui pourrait s’appeler
« réseau d’observation du SASS », ou ROSAS ;

14
- d’actualiser les données de la base de données mise au point en première phase par des
collecte régulières, prenant en compte les défauts observés lors de la constitution initiale
de la BD ;
- d’effectuer régulièrement des simulations avec le modèle mathématique SASS ;
- de renforcer les capacités nationales, notamment par la formation ;
- de conduire des réunions régulières de concertation entre les pays.
Pour proposer un tel mécanisme de concertation il y a eu de nombreuses missions dans
chaque pays, deux réunions de l’équipe SASS à Rome en 2002, des séminaires nationaux
dans chaque pays et un séminaire régional en décembre 2002.
Le résultat est un projet d’arrangement tripartite entre les trois pays, proposé aux
autorités politiques.

Les détails ci-dessous donnent une indication sur la nécessité de cette concertation, qui
s’est imposée au fil des années du projet, et qui peut confier à une entité de type ROSASS
les missions décrites plus haut, avec les avantages suivants :
- bénéficier d’un expertise confirmée et disponible ;
- bénéficier d’une grande capacité à absorber , adapter et transférer tous les progrès
techniques ;
- bénéficier d’une grand souplesse de fonctionnement, à faible coût ;
- pouvoir mobiliser les cadres nationaux, les encadrer, les former ;
- faire travailler en réseau les trois pays ;
- agir ensemble au plan international .

Cette entité serait ainsi à même de gérer les outils développés en phase 1 du programme
SASS, de poursuivre la mise en place des réseaux d’observation et de valider les données
acquises puis de les insérer dans la BD, de coordonner toutes acquisitions nouvelles et
d’harmoniser la mise à jour conjointe de la BD tant au siège de l’entité que dans chaque
pays.
D’autre part de nouveaux besoins sont apparus à l’issue de cette première phase et ils
pourraient faire l’objet de missions spécifiques nouvelles :
- des études techniques et scientifiques , pouvant par ailleurs bénéficier des technologies
nouvelles, sont à conduire pour en faire bénéficier les pays ;
- les matériels et les logiciels informatiques évoluent vite, de même que les outils
mathématiques ; l’entité devra donc avoir une mission de veille technologique ;
- enfin et surtout compléter la base de données et le modèle avec des données d’ordre
socio- économique : en effet, jusqu’à présent on a accentué les efforts d’observation sur le
potentiel hydraulique et le modèle mathématique est un modèle essentiellement
hydraulique. Or il apparaît qu’il convient maintenant d’identifier avec beaucoup de
précision les agents économiques et leurs logiques, les pratiques locales de distribution de
l’eau, les coûts de production, largement liés au coût de l’eau et du pompage, la
valorisation actuelle et d’autres valorisation futures de l’eau.

Divers scénarios d’utilisation de l’eau en fonction de ces paramètres socio-économiques


viendraient ainsi compléter les simulations effectuées en première phase et participer à
la définition de plans de gestion durable du SASS.

Il est encore trop tôt pour définir en terme précis la nature juridique de cette entité
« ROSAS » ; il lui faudrait une autonomie sur les plans scientifiques, techniques et financiers.
Si l’in veut éviter de constituer une nouvelle institution on pourrait imaginer de confier sous
contrat la mission de ROSAS à trois institutions scientifiques ( ou universitaires) déjà

15
existantes dans chaque pays, travaillant en réseau, liés par contrat et coordonnés par un Chef
de file. Ce réseau serait coordonné par un comité de pilotage.
La nécessité et les bases d’un mécanisme de concertation ont été reconnus à l’issue de la
phase 1 du programme, des propositions faites. Il appartient aux responsables de l’OSS et aux
autorités des trois pays de décider de sa mise en place.
Il a par ailleurs été noté que la méthodologie de concertation utilisée tout au long de cette
première phase pourrait être analysée en tant que telle et comparée aux autres mécanismes de
concertation concernant les ressources partagées, comme celles des grands fleuves, Nil et
Niger, qui connaissent des fortunes diverses.

3 – Conclusions.

La connaissance approfondie de l’hydrogéologie du SASS, la constitution d’une base de


données opérationnelles à partir de l’existant et de nouvelles données, la fabrication d’un
modèle mathématique performant et la réalisation de simulations selon des hypothèses très
diverses ont permis de montrer :

- que la simple poursuite des rythmes de prélèvements actuels constituait un danger


potentiel majeur pour l’environnement et la nappe.

- que les résultats des simulations basées sur des hypothèses fortes aboutissaient à une
aggravation de ces risques ;

- que l’utilisation de micro modèles a mis en évidence qu’il existait une possibilité de
tripler les prélèvements actuels ( passer de 2,2 Milliards de m3/s en 2000 à 7,8 Milliards
en 2030) ; cela représente huit fois les ressources renouvelables ( estimées à 1 Milliards de
m3 /an) et donc à un prélèvement important sur les réserves. D’où la nécessité de bien
prévoir les rabattements , les conséquences sur l’environnement et sur les coûts de
pompage .

La première phase du programme SASS de l’OSS s’achève fin 2002, dans le strict
respect des délais et des financements du programme. La quatrième et dernière réunion
de son comité de pilotage, qui s’est tenue à Tunis les 30 et 31 octobre 2002, a tenu à saluer
les résultats obtenus et exposés dans les paragraphes qui précèdent. Des problèmes
importants ont été soulevés et ouvrent des perspectives futures.

Il a été principalement recommandé lors de cette réunion :

- de poursuivre avec plus de détails l’analyse de trois régions : la Djefara tunisienne, les
chotts algéro-tunisien et le Grand erg occidental ;
- de poursuivre et de renforcer la base de données comme il l’a été indiqué dans le
paragraphe précédent ;
- d’ approfondir l’étude des impacts sur l’environnement d’un accroissement de l’utilisation
de l’eau du SASS, compte tenu des résultats annoncés en sortie des simulations et compte

16
tenu des risques sur l’environnement de certaines utilisations de l’eau ( irrigation, drainage
des eaux usées,…) ;
- d’améliorer les modèles locaux ( les micro modèles du modèle mathématique) et de
compléter les connaissances sur certaines zones du SASS ; notamment d’introduire dans
la BD des données de forages non contrôlés que l’on pourrait observer par utilisation des
images satellitales ;
- de mieux utiliser les isotopes par des techniques nucléaires à usage pacifique afin
d’approfondir les connaissances sur la dynamique des eaux du SASS ;
- de mettre l’accent sur les aspects socio-économiques, l’idée étant de passer d’une gestion
de l’eau par l’offre, comme c’est le cas maintenant, à une gestion par la demande. Cela
nécessite, entre autres, l’utilisation de modèles économiques.
- De poursuivre la réflexion sur le mécanisme de concertation et de continuer d’avancer
« en marchant » afin de ne pas stopper la dynamique créée et les rapports confiants qui ont
été établis, y compris au niveau des ministres responsables de l’eau des trois pays.

Différents partenaires de développement ont d’ores et déjà manifesté leur intention de


participer à une deuxième phase dont les objectifs seraient grosso modo ceux décrits plus
haut : la coopération suisse ( 400 000 €), le Fonds pour l’Environnement Mondial, GEF
(600 000 US $), le Fonds français pour l’environnement mondial (300 000 €), l’Agence
internationale pour l’énergie atomique, AIEA (700 000 US $), le GTZ ( dont 50 000 €
pour la publication des rapports SASS).

En conclusion, la première phase du SASS apporte une perspective objective et plutôt


optimiste de l’exploitation de l’eau pour peu que l’on prenne en compte de façon
concertée les observations et les résultats issus du modèle et que l’on introduise
maintenant les facteurs socio-économiques.

ANNEXES

La méthodologie du programme SASS, le rôle de l’OSS, le bilan financier.

17
18

Vous aimerez peut-être aussi