Semantica General
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La Sémantique: Définitions
LINGUISTIQUE
GRAMMAIRE
Morphologie
morphème
Signe Syntaxe →Signe = monème
lexème
Signifiant Signifié
Lexique ensemble des lexèmes d'une langue
phonèmes -Lexicologie
-Lexicographie
syntagmatique
Phonologie Sémantique
paradigmatique VOCABULAIRE
mouvements physiologiques
↓ articulatoire
Phonétique acoustique
2. Définitions
2.1. Sémantique est un mot d'origine grecque. Dès la deuxième moitié du XIX-e
siècle, il désigne une discipline linguistique. Le terme est consacré par M.
Bréal Essai de sémantique (1893), un ouvrage dédié à l'histoire des
significations.
2.2. La sémantique est la discipline scientifique qui étudie le plan du contenu
linguistique en synchronie d'abord, et en diachronie ensuite. La sémantique
traite donc du signifié, face interne, non perceptible du signe. Le signifié
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Signifié
triangle d’Ullmann
-------------------------
Signifiant Référent
Donc, si nous considérons le signe linguistique canapé,
- son signifiant est constitué par la séquence de phonèmes /kanape/,
- son signifié dans le concept exprimé par ce signe (‘meuble à dossier,
pourvu d’accoudoirs, où plusieurs personnes peuvent s’asseoir’),
- son référent est l’objet, ou la classe d’objets que nous appelons ‘canapé’.
sémème
signifié sème noème
sémème
signifié sème
signifiant classe de dénotés
Sémantique et philosophie
1. La philosophie grecque
La sémantique se pose des problèmes comme: qu'est-ce que le sens? D'où
vient que le langage ait un sens? Ces questions ont d'abord été posées par des
philosophes qui s'intéressaient au langage, non parce qu'ils le considéraient
comme un objet de science, mais parce que le langage est le lieu de passage
obligé de leur discours. La notion de «sens» est inséparable du signe, aussi son
examen est-il étroitement lié à celui du signe linguistique.
Les philosophes grecs se demandaient si la langue est régie par la nature
ou par la convention, s'il existe ou non un rapport nécessaire entre le sens d'un
mot et sa forme. Platon, dans le Cratyle soutenait que «les mots signifient de
façon nécessaire, par nature, c'est-à-dire reflètent soit par leur origine
expressive, soit par leur structure étymologique, la réalité qu'ils nomment.»
(Mounin Histoire de la linguistique, 96-97). D'autres, par exemple Aristote,
dans De l'expression, affirment que les mots signifient par convention, par
accord ou par agrément entre les hommes; la langue n'est que le résultat d'un
contrat social entre les membre d'une communauté, et, par là, elle est susceptible
de transformations.
Certains d'entre eux, sensibles aux exceptions de tous ordres qu'ils
découvraient dans toutes les parties de la langue, ne voulaient reconnaître dans
celle-ci qu'irrégularité et désordre, ou, selon le mot consacré, anomalie; pour
eux la langue n'obéit pas sa de vraies règles: tout n'y est qu'usage, qu'arbitraire.
D'autres, frappés par l'aspect organisé de la langue, la cohérence de ses
catégories, cherchaient une régularité, dite analogie, à l'intérieur du langage.
Pour eux la langue est fondamentalement systématique et régulière. Il est à noter
que la controverse entre «anomalistes» et «analogistes» se poursuit encore
aujourd'hui.
7 Sémantique – 2003-2004
2. La philosophie médiévale
Au Moyen Âge, la scolastique reprend le débat; s'affrontent diverses
tendances: réalisme, nominalisme, conceptualisme. «Pour les réalistes, issus
de Platon et Augustin, les mots sont des manifestations concrètes des Idées, il y
a un rapport intrinsèque entre l'idée et le mot. Pour les nominalistes, qui
procèdent d'Aristote (et de Thomas d'Aquin plus tard), les idées n'ont de réalité
que dans l'esprit des hommes, les mots ne sont pas les choses, ni les germes des
choses, mais ne sont que des noms; et les noms ne sont tels que par
convention...» (G. Mounin p.118). Les conceptualistes intercalent entre les mots
et les choses, des concepts; seuls les noms propres réfèrent à des choses
particulières; les noms communs renvoient à des concepts, obtenus par
abstraction à partir du réel.
Ces thèses ont un point commun: quelle que soit la réalité dénotée par le
langage, cette réalité est déjà totalement organisée avant le langage.
Soit le mot canard. Quel est son sens? tel animal individuel? toute la
classe des anatidés (famille d'oiseaux palmipède dont le canard est le prototype)
tous les animaux que nous qualifions de canard ont-ils quelque chose en
commun? si oui, comment identifier et décrire cette propriété? Le sens de
canard est-il constitue par le concept qui lui est associé dans l'esprit de tous les
locuteurs français, par l'image d'un canard et par une description scientifique
exhaustive de ce palmipède?
Pour les nominalistes, les animaux auxquels nous donnons le nom de
canard n'ont de commun que ce nom que nous avons appris à leur donner aux
termes de certaines conventions. Pour les réalistes, il y a une Idée de canard et
c'est par ressemblance à cette idée que nous identifions les canards qui la
matérialisent. Pour les conceptualistes, nous avons, à partir de l'observation des
animaux, constaté certaines ressemblances essentielles, par-delà les divergences
accidentelles: est canard l'animal qui possède certaines propriétés objectivement
définies.
Le Moyen Âge est aussi l'époque de nombreux traités de modis
significandi qui se consacrent à une réflexion générale sur l'acte de signifier. Le
concept de mode de signification introduit une distinction, toujours utilisée
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(sens lexicale vs. sens grammatical), entre signifié et façon dont ce signifié est
visé, par le type de rapports institué entre mots et choses. Ainsi le mot canard,
non seulement signifie un concept spécifique qui constitue son sens lexical, mais
il le fait selon un certain mode: il dénote une «substance», la chose prise en elle-
même, abstraction faite de ses priorités C'est aussi le temps du catalan Raimon
Lulle, qui propose de réduire les concepts à leurs éléments simples, en unités de
signification plus petites, Cette procédure encore utilisée sous le nom d'analyse
sémique, consiste à expliciter le signifié d'un terme en donnant son genre
prochain et sa différence spécifique: «chat = petit animal domestique / qui a les
poils très doux».
4. Le XX-e siècle
L'un des ouvrages les plus marquants du courant «formalisateur» est le
Tractatus logic-philosophicus de L. Wittgenstein, 1918. Voulant une
philosophie rigoureuse, il considère que son objet n'est pas le monde (objet de
la science), mais le langage. Selon lui, l'unique fonction du langage est de
transmettre un savoir, le problème essentiel étant de distinguer les propositions
vraies des fausses.
Le langage est conçu comme un pur miroir du monde: à tout fait
correspond un énoncé; à tout énoncé doit correspondre un fait. Les choses sont
représentes dans les propositions par des mots qui ont une référence. La
sémantique recouvre une double réalité: il faut distinguer entre sens et vérité. Est
vraie une proposition représentant une image conforme à la réalité: la
proposition «il pleut» est vraie s'il pleut effectivement quand je la prononce. Le
sens est la conformité avec le système logique: la proposition «A et B» a
toujours un sens parce qu'elle est conforme aux règles logiques. Les connecteurs
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logiques (et, ou, parce que, ...) ont un sens mais ils n'ont pas de référence; ce
sens est purement formel: «Les propositions de la logique ne disent rien».
(Wittgenstein Tractatus, 6.11)
Wittgenstein disjoint la référence (relation à la chose) et le sens (valeur
relative d'un signe par rapport aux autres). De son côté, Saussure admet aussi
une dualité: à côté du rapport signifiant-signifié, il pose la notion de valeur, que
l'on peut schématiquement définir comme «une virtualité de sens dépendant du
système». Un élément linguistique ne peut prendre sa pleine signification que
par rapport à l'ensemble de la langue; tout changement local modifie l'équilibre
du système dans son ensemble. On passe ainsi de la référence au système, et le
problème sémantique paraît émigrer du monde (des choses) vers le langage
conçu comme un système autonome dont les mécanismes ne sont nullement
transparents- ils échappent à la conscience immédiate.
Ces distinctions aboutissent à de nouvelles difficultés: en juxtaposant la
notion de système et celle de référence, on n'explique pas leur articulation; il n'y
a plus d'inter-compréhension dans la communication. «Si l'on veut rester fidèle
aux prémisses saussuriennes, deux individus parlent toujours des langues
différentes, car même les mots qui paraissent extérieurement communs [...] sont
en réalité des mots de signifiés différents, puisque insérés dans des réseaux
différents de rapports.» (Tullio de Mauro, Une introduction à la sémantique,
1969).
5. Le scepticisme sémantique
Les différentes voies pour parvenir à expliquer le «sens» dans le premier
quart du XX-e siècle paraissent bloquées. Les éléments simples dont parlait la
définition du signe (corrélation entre le mot et la chose, ou le concept, l'idée)
paraissent se dissoudre. Ni la physique, ni la psychologie ne peuvent fournir de
données simples sur ces notions: la chose n'est pas «donnée», elle est
inséparable des théories physiques (c'est-à-dire une certaine forme de discours);
le concept n'est pas immédiat, il peut se définir, au mieux, par sa genèse où le
langage a sa part.
Ainsi se continue un mouvement de pensée que l'on peut qualifier, avec
Tullio de Mauro, de scepticisme sémantique. Ce courant est double:
- d'une part, le formalisme cherche à étudier la langue sans faire référence au
sens. Des logiciens comme Rudolf Carnap et des linguistes comme Harris
tentent de construire une théorie qui permettrait d'économiser cette notion si
encombrante. Ce courant semble aboutir à une impasse: on ne peut chasser
totalement le sens ni de la description linguistique, ni de la réflexion logique;
- d'autre part, le subjectivisme affirme que si le sens existe, il est donné par le
sujet individuel, pour lui seul. Chacun interprète, avec son propre code, un
discours qui n'a pas un sens mais une pluralité de sens (Pirandello, Camus
L'Étranger ...) Ce subjectivisme débouche sur le thème de l'impossibilité de
toute communication, dont on a fait grand usage.
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La thèse classique repose sur l'idée que la référence est une relation entre
des expressions linguistiques et l'extralinguistique: les référents (appelés aussi
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Pour soutenir cette thèse, les sémanticiens 'constructivistes' ont fait recours à
divers exemples:
- soit la référence du mot eau. Selon l'hypothèse objectiviste l'eau existe
objectivement dans le monde, c'est à dire son existence et ses propriétés existent
indépendamment des hommes et des autres créatures qui la perçoivent: elle est
inodore, transparente et liquide. Les critiques de ce point de vue (non seulement
des sémanticiens et des philosophes mais aussi un certain nombre de neuro-
biologues) disent qu'une telle thèse n'est pas défendable, parce que pour une
grenouille ou pour un poisson ou pour ver l'eau a, probablement, des propriétés
différentes;
- à propos du référent du mot couleur, F. Varela (1998) se demande qui perçoit
la vraie couleur: les hommes, pigeons (qui voient en pentachronique), ou les
abeilles (qui voient dans l'ultraviolet)?
Pour les constructivistes l'homme n'a pas accès à un monde "objectif" et,
selon la Gestalttheorie nommée aussi Gestaltpsychologie soutient que ce que
nous prenons pour le monde "objectif" c'est seulement une image du monde, un
monde tel que nous le percevons; ce monde est façonné non seulement par notre
perception mais aussi par l'interaction et par la culture à laquelle chaque
personne appartient.
La Gestaltpsychologie (du mot allemand Gestalt signifiant «configuration») est une école
psychologique contemporaine selon laquelle la vie psychique et en particulier la configuration
perceptive est constituée par des procès dynamiques organisés selon des principes structuraux
autonomes, la Gestalt.
7. 4. Stabilité intersubjective
Le sentiment de l'existence de ce que nous estimons être le monde réel est
renforcé par le fait que ce monde apparaît comme objectif dans le sens qu'il n'est
pas soumis aux variations subjectives (fait dû, probablement, au fait que tous les
hommes sont doués de structures physiologiques et mentales similaires). Nous
avons le sentiment que le monde perçu et construit est le monde réel parce que
ce monde manifeste une certaine stabilité intersubjective. Il existe une différence
de stabilité selon les types des entités. Les objets concrets présentent la plus
grande stabilité intersubjective, tandis que les entités abstraites présentent des
variations au niveau du groupe et au niveau de l'individu. Si on pense, par
exemple, au sens du mot amour, nous constatons (1) une grande variation du
sens de ce mot du point de vue historique: le sens du mot a changé beaucoup de
l'Antiquité, au Moyen Âge, à l'époque moderne et contemporaine; (2) l'idée
d'amour a des acceptions très différentes du point de vue géographique, disons
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aux États Unis, en Suède ou au Japon; (3) on constate une assez grande variation
de ce concept au niveau individuel, comme chacun de nous a eu l'occasion de
constater. Le sens d'un terme n'est pas préétabli, il résulte d'une continuelle
négociation discursive. L'existence d'une stabilité intersubjective n'exclut pas la
présence de zones d'instabilité: un certain locuteur peut accepter ou refuser
l'attribution d'une certain propriété à une certaine entité.
7. 6. Référence externe
La sémantique traditionnelle se caractérise par l'idée d'une référence
externe. Le constructivisme conduit à substituer cette référence externe avec une
référence interne: les expressions référentielles renvoient, selon ce point de vue,
seulement à des entités discursives, ayant une validité et une existence
seulement par et dans le discours. Par exemple A. Berendonner 1994, chercheur
qui propose un modèle pragmatico-cognitif, (a) un discours construit ses propres
référents (b) ces référents ne sont pas des "objets" du monde réel mais des
représentations cognitives partagées par les interlocuteurs. Une telle position
considérée trop radicale, a été combattue par un nombre important de
chercheurs. G. Kléiber a exprimé deux objections contre la position de
Berendonner 1994: (i) le langage, qui constitue un système de signes, est tourné
vers le dehors, vers ce qui et, ou on croit être le réalité, le monde. Le signe
représente autre chose que lui-même; (ii) les constructivistes emploient la
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Bibliographie
Sémantique et logique
1. Logique et langage
«La linguistique a dû se constituer en grande partie, sur le plan
épistémologique [épistémologie (epistême (science) + logos (discours) la
branche de la philosophie de la science qui s'occupe des fondements, de la
nature, des limites et des conditions de la validité de la pensée scientifique. ], par
une lutte acharnée d'un siècle et demi, contre les utilisations inadéquates ou
erronées de la logique, en matière d'explication des mécanismes linguistiques
(Mounin)»
En ce qui concerne le rapport entre la sémantique et la logique, on peut
observer deux attitudes, toutes les deux extrémistes: d'une part un logicisme et
de l'autre une vraie logicophobie.
Pour les logicistes, le langage a fondamentalement une structure logique'
les éléments linguistiques (morphèmes, syntagmes, etc.) sont susceptibles d'une
définition logique simple. Mais la structure logique doit être recherchée très loin
de la structure apparente, qu'on n'aurait plus raison de l'appeler 'linguistique': la
logique est universelle, tandis que les langues naturelles se caractérisent par leur
diversité.
À l'inverse, la logicophobie croit pourvoir établir une structure
fondamentale du langage indépendamment de toute considération logique, ce
qui rend incompréhensible que le langage ait, en fait, parmi d'autres fonctions,
une fonction logique. Cette attitude enlève tout espoir d'arriver à décrire et à
codifier cette fonction.
De fait, le langage n'a pas de «structure fondamentale» ni logique, ni a-
logique, mais seulement une multitude de fonctions, souvent antagonistes. Il lui
arrive couramment de servir de support au raisonnement; il est donc possible
d'expliciter ce fonctionnement par une confrontation entre la logique et la langue
naturelle: recherche d'équivalents français aux expressions du langage logique
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- ƒ('P') = l'ensemble des entités (personnes) qui ont la propriété d'être des
peintres;
- ƒ('A') = l'ensemble des paires d'entités dont le premier élément admire le
second;
- ƒ('C') = l'ensemble des paires d'entités dont le premier élément connaît le
second.
Maintenant il est clair qu'on attribue à la formule Pr le sens «Raphaël est
peintre», à Mm «Mozart est musicien», que Amr signifie «Mozart admire
Raphaël», tandis que Cmr veut dire «Mozart connaît Raphaël», etc. La
sémantique doit attribuer des valeurs de vérités à ces formules, par exemple dans
le monde réel Pr, Mm, Amr ou Cmr sont des formules vraies, tandis que Mr, Pm,
Arm ou Crm sont des formules qui expriment le faux.
Cette méthode caractérise une grammaire comme la grammaire de
Montague, qui fournit des interprétations sémantiques de ce type aux
expressions des langues naturelles.
L'opération qui associe un signe à un référent doit obéir aux conditions
suivantes:
(a) pour associer à un signe un référent, il est nécessaire de connaître au
préalable le langage (le système linguistique) auquel appartient ce signe;
(b) le langage auquel appartient ce signe soit posséder une structure formelle
exactement déterminée;
(c) le métalangage doit être essentiellement plus riche que le langage-objet
contenant la définition de «vérité en L» (ce que signifie que la formule exprime
un état de l'univers).
Sémantique et psychologie
3. Signification et conditionnement
Le behaviorisme, théorie psychologique du comportement, a tenté de
décrire la signification en termes de situation, stimulus, réaction (ou réponse).
La genèse de la signification est alors expliquée par le conditionnement. Le
behaviorisme a établi une relation directement observable et mesurable entre des
stimuli émanant du milieu extérieur et les réactions de réponse (spontanées ou
acquises) qu'ils entraînent de la part de l'organisme. Le grand linguiste américain
Leonard Bloomfield, dans son livre Le langage 1933 est très proche des
behavioristes quand il propose le schéma:
chaque fois que l'animal appuie, même par hasard, sur un levier, un mécanisme
distribue de la nourriture, on constate que l'animal appuie de plus en plus
fréquemment sur le levier. Skinner envisage un modèle identique pour
l'apprentissage du langage. L'enfant propose des phrases; celles qui déclenchent
dans l'entourage une réponse qui satisfait son besoin seront renforcées, c'est-à-
dire apparaîtront plus fréquemment.
Soit un objet SI stimulus de l'environnement, par exemple une pomme' cet
objet provoque une réponse totale RT ayant plusieurs composantes (tourner les
yeux, tendre la main, saliver, et des associations agréables, liées au coût...). Si à
SI est associé le mot /pom/, celui-ci provoquera non la réponse totale RT mais
une réponse médiationnelle (rm) qui n'est pas directement observable mais elle
peut devenir à son tour un stimulus sm (stimulus médiationnel) qui déclenche
une réponse manifeste (R - mot) différente de RT.
SI →mot →rm →sm →RT
Cette thèse permet d'expliquer les phénomènes de généralisation
sémantique puisque plusieurs stimuli peuvent déclencher une même réponse
médiationnelle et un même stimulus peut provoquer des réponses
médiationneles différentes.
4. L'associationnisme
Il semble que le lexique se trouve organisé dans notre cerveau en classes
logico-grammaticales. Cette organisation du lexique se redistribue dans le
temps, sous l'influence de la structuration de l'intelligence. Ainsi, le lexique des
enfants et des adultes n'est pas organisé de la même façon. Si l'on demande, dans
une épreuve d'association linguistiques, de répondre à des mots inducteurs, on
constate que les enfants font plutôt des réponses syntagmatique, alors que les
adultes font plutôt des associations paradigmatiques:
Mot inducteur Réponses d'enfants Réponses d'adultes
table manger chaise
doux coussin dur
petit petit pain grand ...
Sémantique et sémiologie
1. Les signes
Utilisation plusieurs systèmes de signes: s. du langage, s. de la politesse, s.
régulateurs des mouvements des véhicules, s. extérieurs indiquant les conditions
sociales, etc. Toute culture = un réseau complexe de systèmes signifiants
permettant divers types de communication.
Le sémiologie = ces systèmes de signes. Définir la notion de signe: il
désigne un élément A qui représente un autre élément B, ou lui sert de substitut.
Le signe implique ou non une intention de communication. Ex: un indice un ciel
d'orage = un «fait immédiatement perceptible qui nous fait connaître quelque
chose à propos d'un autre fait qui ne l'est pas.» (Prieto Sémiologie, Pléiade,
1968, p. 95); un signal - un drapeau rouge sur la plage «fait qui a été produit
artificiellement pour servir d'indice» (Prieto, ibid. p. 96). L-interprétation des
indices - variable avec les récepteurs (sciences de l'observation). Le décodage
des signaux relève de la sémiologie: interprétation univoque pour tous les
récepteurs qui connaissent le code de communication.
Le lien entre A et B - une deuxième distinction. Un Z sur un panneau
routier - un tournant - entre la forme de l'élément A et l'élém. B il y un lien, le
signe est motivé. Le drapeau rouge = baignade dangereuse → il n'y a pas de lien
naturel, signe conventionnel.
[kanar]
SYMBOLE SIGNE
Science d’observation Sémiologie Linguistique
Sémiologie Sémiotique
Saussure: "étude de la vie des signes au Linguistes d'obéissance américaine:
sein de la vie sociale [...] une partie de synonyme de sémiologie (semiotics)
la psychologie sociale et par consent de
la psychologie générale."
Barthes: une branche de la linguistique; A pour domaine d'étude un code
la science des grandes unités particulier (la mode, les usages
signifiantes du discours; vestimentaires, etc.)
Mounin: étude de tous les systèmes de Étude des formes sociales qui
signes autres que les langues naturelles fonctionnent à la manière d'un langage
(système de parenté, mythes, etc.)
Étude du langage littéraire, des pratiques
signifiantes prenant pour domaine le
texte:
- Derrida: critique du signe et des
présupposés impliqués par cette notion;
Théorie générale des modes de signifier,
refusant de privilégier le langage
(Greimas, Kristeva)
La Sémantique Structurale
1. Le problème du sens
La place de la sémantique ds la description linguistique → dogmes pour
les différentes écoles.
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2. Bloomfield et la sémantique
La sémantique occupe un lieu relativement restreint dans diverses écoles
structuralistes, parce que les linguistes avaient des doutes sur la capacité de leur
science de donner une description rigoureuse du sens, comme celle donnée à la
phonologie, à la morphologie et à la syntaxe.
Bloomfield: la sémantique = le point faible de la linguistique parce que
privée encore de méthode scientifique. Conception behaviouriste de la langue:
l'activité psychique non est objectivement accessible - on étudie chez l'individu
la relation entre les stimuli et le comportement réactionnel. Si la réaction d'un
individu est linguistique, celui-ci devient locuteur et cette réaction sert de
stimulus pour un autre (auditeur), provoquant chez cet auditeur une réaction
(linguistique ou non-linguistique). Le sens d'un message linguistique = la
relation entre la totalité des situations des locuteurs et la totalité des réactions
des auditeurs.
Bloomfield examine la possibilité de Classification des situations sur la
base de leurs traits distinctifs mais:
- le même mot peut renvoyer à des situations tout à fait hétérogènes
(polysémie)'
-le sens inclut non seulement la dénotation (renvoi à des référents) mais
aussi la connotation (jugements de valeur, images associées, ...)
32 Sémantique – 2003-2004
3. Martinet et la sémantique
André Martinet fonctionnaliste - la description linguistique:
4. Glossématique et sémantique
Hjelmslev, Prolégomènes à une théorie du langage combine deux
dichotomies, contenu vs. expression, forme vs. substance. Le linguiste étudie
seulement la forme (forme du contenu et forme de l'expression).
Facteur commun aux diverses langues: le sens (fr. je ne sais pas, angl. I
do not know, finnois en tieddä) ont le même sens mais, dans chaque langue, ce
sens contracte une relation particulière avec l'énoncé linguistique. Recevant une
forme spécifique, il devient une substance du contenu (la substance est la
manifestation de la forme dans la matière).
Alors, si le sens est une substance, la sémantique (étude du sens) ne fait
pas partie de la linguistique (étude des formes). La même forme peut exprimer
des substances diverses (avoir des sens divers). La même substance (le même
sens) peut être exprimée par des formes différentes, linguistiques ou non-
linguistiques (viens ici! - langue parlée, langue écrite, langue gestuelle, dessinée,
système de signaux par pavillons, etc.). La sémantique devrait alors être une
discipline interdiciplinaire.
5. Le modèle phonologique
La phonologie pragoise a dégagé les traits pertinents (phèmes) à titre
d'unités ultimes; un phonème est constitué d'un faisceau de phèmes. On a essayé
d'appliquer cette méthode à l'analyse des signifiés et de les analyser comme un
faisceau de traits élémentaires (séme - sémème): labeur = s1 «effort» + s2
«résultat» + s3 «utilité» + s4 «pénible». Si on ajoute le sème s5 «imposé par
besoin» on obtient un nouveau lexème besogne.
==> sèmes = unités discrètes (discontinues) et les notions opératoires de
la phonologie (variante, neutralisation, commutation) sont applicables à la
sémantique. [Variantes: On peut avoir plusieurs manières de prononcer un
certain phonèmes, mais ces variation n'influence pas sa valeur de phonème.
Ex.: /r/ grasseyé e /r/ vibré - revoir => il s'agit du même phonème (la variation
est une variation libre, ayant une signification sociale, en roumain elle n'a
aucune signification => variantes libres); dans d'autre cas la prononciation des
phonèmes est influencée par le contexte de leur occurrence. Ex.: une consonne
suivie par une voyelle nasale a une prononciation nasale. (fr.: bon - beau, roum.
bomboana - boboc) => variante conditionnée. Commutation: père - mère.
Neutralisation: la suppression, dans certaines situations, d'une certaine
opposition. Par ex. en allemand on assiste au fameux phénomène de la
neutralisation des consonne sourdes à la fin d'un mot. L'allemand connaît
l'opposition /t/ /d/, /f/, /v/, etc. Mais les paroles Rat «conseil» et Rad «roue» se
prononcent toutes les deux /ra:t/; nous avons le même phénomène en russe où
les mots рот rot «bouche» et род rod «genre» sont prononcées /rot/.
L'opposition /t/ vs. /d/ existe dans les deux langues: das Ende «la fin» vs. die
Ente «la cane», та «celle-là» vs. да «oui». Il y a des langues dans lesquelles
cette opposition n'existe pas - le chinois, taôisme - daôisme, Pékin - Beijing. Il
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6. L'analyse de B. Pottier
B. Pottier Vers une sémantique moderne (TLL 1964)- l'exemple du champ
lexico-notionnel des noms de siège.
Les sèmes sont positifs (+) ou négatifs (-) ou n'entrent pas en compte (∅).
On a un sème commun à l'ensemble: s1 est le sémème de siège et on l'appelle
l'achisémème ou noyau sémique de l'ensemble. [Neutralisation: Tourbetzkoy a
observé que certaines oppositions de phonèmes, possibles dans certains
contextes, ne le sont pas dans d'autres. L'exemple de Troubetzkoy se réfère au
comportement de l'opposition de sonorité en allemand et en russe: en position
finale, les occlusives sonores s'assourdissent: les mots der Rat «conseil» et das
Rad «la roue» se prononcent tous les deux /ra:t/. En russe rot «bouche» et rod
«genre» se prononcent /rot/. On dit que dans cette position l'opposition sourd-
35 Sémantique – 2003-2004
sonore dans les deux langues se neutralise. On peut parler d'une neutralisation,
parce que dans les deux langues l'opposition fonctionne dans d'autres contextes:
das Ende «la fin» - die Ente «la cane», ta «celle-là» - da «oui». Il existe des
langues dans lesquelles les sons [t] et [d] ne représentent pas des phonèmes, par
ex. en chinois (daoisme - taoïsme, Pékin, Bejing). Dans cette langue on ne parle
pas de la neutralisation d'une opposition, mais de l'inexistence de celle-ci. La
neutralisation consiste dans la suppression dans certaines conditions d'une
opposition qui, dans d'autres conditions, conserve sa valabilité. Que représente
du point de vue phonologique les sons qui apparaissent en position de
neutralisation?
Le son de rod étant [t], il parait qu'il représente le phonème /t/. Mais on
observe que si l'occlusive ne se trouve plus en position finale, par ex. au génitif
roda, le son [t] est remplacé par [d], qui correspond au phonème /d/.
Troubetzkoy a considéré que le son final de rot et de rod représente une unité
phonologique distincte des phonèmes /t/ e /d/, ce son est du point de vue
phonologique un archiphonème. L'archiphonème , noté /T/ du point de vue
phonologique n'est ni sonore ni sourd, c'est seulement une occlusive bilabiale -
ce qui explique son incapacité d'avoir une valeur distinctive dans certaines
positions. Il existe des neutralisations dans d'autres langues - par ex. en français
l'opposition entre [e] et [ε ] est une opposition phonologique, ces deux sons
s'opposent en position finale, faisant la distinction entre les mots fait et fée,
parlait et parlé, etc. Mais il y a des contextes où l'opposition est neutralisée
parce que la substitution d'un phonème par l'autre n'introduit pas de différence
de sens. C'est le cas lorsque [e] et [ε ] se trouvent dans des syllabes ouvertes (=
non terminées par une consonne) à l'intérieur d'un mot: on obtient la même
signification «pays» que l'on prononce [pε -i] ou [pe-i]. Les deux sons sont
alors en variation libre. En fin, la neutralisation peut tenir à ce que l'un
seulement des deux éléments est possible: dans une syllabe terminée par le son
[r] on peut trouver [ε ] mais pas [e] (on a [fε r] «fer» mais pas [fer]).
Ce dernier type de neutralisation a donné naissance à la notion de
'marque': on appelle non-marqué l'élément qui apparaît là où un seul des deux
peut apparaître.]
Quand l'archisémème d'un champ est le sémème d'un signe, ce signe est
l'archilexème du champ.
lexème pour s'asseoir sur pied pour une pers. avec dossier avec bras matériau rigide
s1 s2 s3 s4 s5 s6
siège + ∅ ∅ ∅ ∅ ∅
chaise + + + + - +
fauteuil + + + + + +
tabouret + + + - - +
canapé + + - + ∅ +
36 Sémantique – 2003-2004
pouf + - + - - -
8. Critique raisonnée:
- l'analyse sémique étudie la structure du signifié isolé, laissant à d'autres types
d'analyses sémantiques l'étude de la structuration des rapports entre signifiés;
- on ne sait pas si on peut utiliser l'analyse sémique pour toutes les parties du
lexique - les analyses faites si limitent à des champs privilégiés - comme les
couleurs, , les liens de parenté, des grades militaires;
37 Sémantique – 2003-2004
- on ne dispose pas pour l'instant de critères formels pour délimiter les champs
sémantiques (Todorov): on ne sait pas si on doit délimiter les champs
sémantiques à partir de concepts (démarche onomaséologique, qui vise à faire
l'inventaire des dénominations) qui peuvent être attribués au même concept ou
signifié, on ignore le nombre des sèmes et, on se demande si chaque fois qu'on
crée un mot nouveau on doit introduire un nouveau sème' on ne sait pas si les
concepts sont universels ou s'ils dépendent de l'organisation linguistique. Un
autre démarche est celle sémasiologique qui étudie les significations en partant
des mots qui les nomment. Dans ce cas on a des regroupement morphologique
qui ne satisfont pas l'intuition des locuteur si l'objectif est de montrer aussi une
structure des signifiés (on regroupera fin, finalement et finis mais non terminer,
achever ou achèvement).
L'analyse sémique est une méthode séduisante et commode, mais difficile
à généraliser et, parce qu'elle manque de procédure de vérification, encore
subjective. Elle part de la référence des mots et non de leur sens; elle considère
chaque mot comme monosémique, ce qui ne se réalise pratiquement jamais dans
le langage. Cependant:
- elle met en lumière deux principes importants: le sens d'un mot n'est pas une
unité indivisible, mais composée, les mêmes sèmes se retrouvent tout au long du
vocabulaire (Todorov);
- elle est la seule analyse sémantique qui a reçu des applications pédagogiques.
neutralise les sèmes spécifiques pour mettre l'accent sur les sèmes génériques
qui marquent l'analogie entre les deux moyens de transport.
L'isotopie (Rastrier)
- la rime-écho, :
O toi qui dans mes fautes mêmes
m'aimes
Viens vite, si tu te souviens,
viens
T'étendre à ma droite endormie
mie
Car on a froid dans le linceul
seul (V. Hugo)
- la rime interne:
Je promène au hasard mes regards sur la plaine (Lamartine)
- la rime couronnée, un car particulier de la rime interne:
La blanche colombelle belle
Souvent je vais priant criant (Marot)
Que ce remord, Mort, mord!
A! oui, ris-t'en, tant! (H. Morier)
On peut rencontrer des combinaisons de divers types d'allitérations, rimes
concaténées, etc.:
Cerise cuve de candeur
Digitale cristal soyeux
Bergamotte berceau de miel
Pensée immense aux yeux de paon. (Eluard) [Rhétorique
générale - 1970: 57]