La Fondation de La France Du Quatrième by Albert Lecoy de La Marche
La Fondation de La France Du Quatrième by Albert Lecoy de La Marche
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10
La fondation de la France
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LA FONDATION DE LA FRANCE
du Quatrième au Sixième Siècle,
par A . LECOY DE LA MARCHE .
OUVRAGE ORNÉ DE NOMBREUSES GRAVURES,
Société de Saint-Augustin ,
DESCLÉE, DE BROUWER Et Cie,
Imprimeurs des Facultés Catholiques de Lille. – 1893.
La FONDATION de la FRANCE
du Quatrième au Sixième Siècle .
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Imprimeurs des Facultés Catholiques de Lille. – 1893.
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4 - A - 1939
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PRÉFACE .
. . . . . . . . . . . . . . . .
Chapitre Premier .
Établissement graduėl du christia
nisme en Gaule, resenininusasunen
II
La preuve que la Gaule a possédé des chrétiens et des
Églises aussitôt après la dispersion des Apôtres, il n 'est nul
besoin de la demander aux légendes. Il suffirait, à la rigueur,
d'ouvrir l'Evangile et de méditer ce commandement du
Maître à ses disciples : « Ite, docete omnes gentes. » Pouvons
nous supposer, nous, catholiques, que la parole divine n'ait
pas reçu son exécution ? Elle a dû la recevoir à la lettre,
comme toujours ; c'est-à -dire que les Apôtres ont dû, non pas
convertir toutes les nations,'mais prêcher à toutes les nations.
L'évangile de saint Marc ajoute, du reste, en termes formels :
I. Te laisse de côté ici un troisième système, imaginé tout récemment par
M . l'abbé Duchesne,membre de l'Institut, d'aprèslequel toutes les Églises de
France, sauf tout au plus celle de Lyon , auraient été fondées seulement au
IVe siècle, ou même plus tard . Cetie thèse étrange s 'appuie uniquement sur les
anciennes listes épiscopales conservées autrefois dans chacune d 'elles. Mais il
faudrait d 'abord démontrer que le commencement de ces listes n 'offre point de
lacune, ce qui est contraire à toutes les vraisemblances. Ainsi la théorie en ques
tion me paraît manquer de bases, ou plutôt de têtes de colonnes.
ÉTABLISSEMENT DU CHRISTIANISME EN GAULE. 15
III
Reste le dernier membre dema proposition, quifait la part
de la vérité contenue dans le système anti-apostolique : la
Gaule a compté des païens en grand nombre jusqu'au cin
quièmesiècle, et une bonne partie de nos diocèses n 'a été créée
qu'au fur et à mesure de leur disparition , soit au troisième,
soit au quatrième. Pour nier la persistance du paganisme, il
faudrait nier l'évidence. Il faudrait nier cette longue lutte entre
les deux religions, exposée d 'unemanière attachante, quoique
avec une partialité mal déguisée, par Beugnot, dans son
Histoire de la destruction du paganisme en Occident. Il fau
drait nier surtout les récits de Sulpice Sévère et rejeter la vie
de saint Martin tout entière. Dans tous ses voyages à travers
la Gaule, saint Martin rencontra des païens, les convertit,
détruisit leurs temples et les remplaça par des sanctuaires du
vrai DIEU . Son histoire n'aurait plus aucun sens, si l'on voulait
que tout le pays ait été chrétien avant le grand apôtre du
IVe siècle. Mais je ne crois pas que beaucoup de partisans
de l'apostolicité aillent jusque-là , et ce sont surtout leurs
adversaires qui leur prêtent cet excès, afin de leur opposer
victorieusement l'exemple de saint Martin . Comme l'a déjà
dit dom Chamard, cet exemple ne prouve absolument rien
contre l'antiquité de nos Églises, étant admis que les deux
cultes ont coexisté plusieurs siècles à côté l'un de l'autre. La
conversion tardive des provinces septentrionales,quine s'opéra
qu'après le règne de Clovis, ne prouve pas davantage, l'éta
blissement des Francs ayant fait prédominer dans le Nord la
race germanique, contrairementau reste de la Gaule, et cette
24 FONDATION DE LA FRANCE RELIGIEUSE .
IV
Je disais tout à l'heure « la grande majorité » , en parlant
des paysans idolâtres. Et, en effet, l'on ne saurait aller
plus loin ; car un passage de saint Justin nous montre
qu'il y avait aussi quelques chrétiens hors des cités, même
avant le quatrième siècle : il nous représente les fidèles
des villes et des campagnes se réunissant le dimanche
pour entendre la lecture des textes sacrés et participer à
l'offrande. Ce témoignage, il est vrai, ne s'applique pas non
plus à la Gaule en particulier. Mais, en somme, on peut tou
jours dire qu 'au IVe siècle le christianisme dominait chez les
citadins et le paganisme chez les ruraux. Eh bien ! c'est cet
état de choses que devait transformer l'apostolat de saint
Martin . De l'enquête minutieuse à laquelle je me suis livré
dans l'ouvrage consacré à son histoire, il résulte que les cam
pagnes certainement évangélisées par cet infatigable voyageur
de DIEų sont celles de la Touraine, de l'Anjou, du Maine,
du pays Chartrain , de l'Ile-de-France, de la Picardie, du pays
de Trèves, du Senonais, de la Bourgogne, de la Suisse, du
Dauphiné, de l'Auvergne, du Berry , du Poitou, de la Sain
tonge, du Bordelais. Et, si l'on veut tenir compte des proba.
bilités, il faut encore ajouter à cette longue liste l'Artois, la
Flandre, une partie de la Belgique, la Lorraine, la Cham
ÉTABLISSEMENT DU CHRISTIANISME EN GAULE. 29
tyrs (1). »
di
:
Saint Denis.
(D 'après une gravure de la Vie des Hommes illustres de Thevet.)
II
III
1. Géographic de la Gaule, p. 1.
52 FONDATION DE LA FRANCE RELIGIEUSE.
1. P . 180 et suiv .
ORGANISATION DE LA HIÉRARCIE CATHOLIQUE. 53
C 'est toujours le droit d 'ordination et de consécration, le droit
de juridiction et de discipline, et surtout ce droit d 'enseigne
ment, qu'on ne saurait trop rappeler et proclamer aujourd'hui,
ce jus magisterii, magnifique prérogative léguée aux Apôtres
et à leurs successeurs par le grand Maître de la parole, mais
attribuée maintenant à l'État et à ses fonctionnaires par le
grand maître de l'Université officielle. Inutile, par consé
quent, d 'entrer dans les détails au sujet de ces pouvoirs
épiscopaux ; ce serait doublement oiseux. Seulement ils
s'augmentaient alors d 'une magistrature civile et d'un rôle
civilisateur qu'il importe de mettre en lumière : aussi
essayerai.je un peu plus loin d'en tracer le tableau. Mais ce
rôle, mais cette magistrature, nos évêques ne les ont point
laissé tomber de leurs mains : on est venu les leur enlever ;
ils les revendiquent, il les exercent dans la pauvre mesure
qui leur est faite par la législation moderne, et, en réalité, ils
les possèdent toujours. Je n 'en veux pour preuve que cette
série d 'admirables mandements publiés depuis vingt ans par
l'Épiscopat français et qui feraient, si on voulait sé donner
la peine d'en extraire la doctrine,le meilleur de tous les codes
sociaux. Autrefois nos évêques s'avançaient au nom de JÉSUS
Christ à la rencontre des envahisseurs barbares ; aujourd'hui
ils opposent leur corps aux barbares d 'un nouveau genre
qui veulent anéantir notre société. Ils ne soutiennent plus la
lutte qu'avec la plume, c'est vrai ; mais ils y laissent bien
aussi leur vie quelquefois, car, tandis qu' Attila s'arrêtait court
devant la majesté des pontifes et retournait en arrière, la
Révolution les fusille et passe outre . Ainsi, là encore, rien de
changé, sinon que la barbarie moderne se montre plus féroce
que l'ancienne.
IV
Fondation de la France .
54 FONDATION DE LA FRANCE RELIGIEUSE.
de l'organisation , que sur un seul point : c'est dans le mode
de l'élection et du recrutement. Et là , la différence résulte de
la force des choses. Les évêques étaient pris, à l'origine, parmi
les personnages influents de la cité qu'ils avaient à gouverner :
jusqu'après Grégoire de Tours, ils se recrutèrent dans le
patriciat gallo -romain , ou bien dans les monastères fondés
pour servir de pépinière au clergé, commeMarmoutiers ; c'est
' à peine si l'on voit les Francs fournir des prélats à l'Église
avant l'époqueoù les deux races sont fusionnées et deviennent
difficiles à distingner. Il arrivait donc parfois que, ne trouvant
pas parmi les prêtres de la ville des candidats tels qu'il les
ſallait, on choisissait des moines non encore ordonnés, ou
même de simples laïques d’un rang éminent ou d'une vertu
éprouvée. On a prétendu que saint Martin lui-même avait
été promu directement du grade d 'exorciste, le plus humble
de la hiérarchie ecclésiastique, à la dignité épiscopale ; mais
le silence de son biographe sur son élévation aux grades
intermédiaires,au diaconat, à la prêtrise, ne prouve nullement
qu'il ne les ait pas franchis l'un après l'autre, car il y a bien
d'autres particularités importantes de la vie du saint dont il
n 'a pas dit un mot. La règle était cependant de prendre les
évêques parmiles prêtres ou les diacres.
Quant à l'élection, elle se faisait encore avec le concours
du peuple ou du clergé, commeaux temps apostoliques. Les
chapitres, que nous voyons, au moyen âge, en possession du
droit d 'élire le diocésain , n 'étaient pas organisés ; le pape
était trop loin . Force était d 'observer l'usage primitif enseigné
par saint Cyprien : « Que celui qui doit gouverner le diocèse
soit choisi par les évêques voisins en présence du peuple, et
qu'il soit jugé digne par les suffrages du public . » Ce vénérable
docteur voyait dans l'intervention du peuple un moyen de
recueillir des renseignements sur la conduite des candidats ;
et d 'ailleurs, à mesure que le nombre des fidèles s'était accru ,
le peuple consulté s'était peu à peu réduit aux magistrats et
aux personnages influents de la cité.
ORGANISATION DE LA HIÉRARCHIE CATHOLIQUE. 55
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Fondation de la France.
70 FONDATION DE LA FRANCE RELIGIEUSE.
II
les remparts les reliques des, saints ; il va, lui aussi, trouver
Attila dans son camp :mais, cette fois, rien ne peut désarmer
la fureur du barbare . Alors Aignan fait mettre à genoux toute
la cité, et il attend . Il envoie regarder du haut des murailles
si le secours espéré arrive enfin : rien à l'horizon. Il fait prier
avec plus de ferveur ; puis il demande de nouveau si l'on
n'aperçoit rien dans le lointain : rien , toujours rien. Une troi
sième fois, il essaie de faire violence au ciel, et enfin , après des
supplications encore plus ardentes, on distingue tout à coup
un nuage de poussière. « C 'est le secours du Seigneur, »
s'écrie -t- il. En effet, ce sont les soldats romains, renforcés des
Visigoths de Théodoric. L 'ennemi, qui pénétrait déjà dans la
· place, est culbuté ; il s'enfuit en désordre, il s'évanouit en
fumée , pour aller se faire écraser dans les plaines Catalau
niques et passer ensuite les Alpes, derrière lesquelles il
trouvera encore, pour l'arrêter, la majesté d 'un pontife. Ainsi
fut préservée cette cité orléanaise , trois fois illustre, qui, dans
une seconde invasion , devait être délivrée par une humble
fille des champs, et, dans une troisième, toute récente encore
(on me pardonnera ce souvenir douloureux qui s'impose), vit
de nouveau son évêque couvrir d 'une protection impuissante ,
hélas ! cette fois, une population malheureuse et abandonnée.
Et celui-là n 'était-il pas le type ressuscité du pasteur des
anciens jours ? N 'était-il pas, luiaussi, et dans toute la force
du terme, le defensor civitatis ?
Mais les tempsmarchent. Ce ne sont plus des hordes pas
sagères qui s'avancent dans le seulbut de piller et de ravager ;
ce sont les tribus franques qui viennent conquérir peu à peu
le sol gaulois pour y fonder un établissement durable. La
situation est changée : le rôle de l'épiscopat va changer aussi.
Du gouvernement romain il n 'y a plus de trace ; un roi des
Hérules a renversé dans la poussière les débris vermoulus du
colosse impérial. Il faut bâtir quelque chose sur ces ruines ;
il faut accepter les matériaux bruts que la Providence envoie,
dompter ces barbares, qui vont se trouver demain les seuls
LE RÔLE SOCIAL DES ÉVÊQUES. 81
maîtres, et de ce chaos faire sortir une nation nouvelle. Les
évêques vont- ils songer à conserver pour eux le gouver
nement civil? Non ; quelque ambition qu'on leur ait supposée ,
ils n 'iront pas jusque-là. Ils continueront à régner sur les
âmes et à protéger leurs cités, mais ils voudront un chef
politique, un roi chrétien , et, tout en se réservant de le diriger
moralement, de le contenir, de le civiliser, ils se débarras
seront du soin de l'administration temporelle. On leur a fait
un crime d 'avoir favorisé l'avènement de Clovis, d 'avoir appelé
quelquefois de leurs vœux, avec la grande majorité des popu
lations, l'arrivée du conquérant germain . Valait-il donc mieux
laisser la Gaule en proie à la pire des anarchies ou subir le
joug d'une autre nation barbare, des Visigoths, des Bour
guignons, qui par l'arianisme échappaient complètement à
l'influence moralisatrice de l'Église ? Valait-ilmieux créer un
gouvernement provisoire ? Ah ! que n 'eût-on pas dit, que ne
dirait-on pas encore si le haut clergé se fût constitué en
assemblée souveraine, eût nommé directement un roi ou un
empereur, eût fait un acte d 'autorité quelconque ! Au lieu de
cela , ses chefs comprirent le parti que la civilisation et le
catholicisme pouvaient tirer des Francs, race jeune et éner
gique, apportant à la Gaule un pouvoir militaire assez fort
pour maintenir la tranquillité au-dedans et repousser les
attaques des autres envahisseurs. Ce fut là , sans aucun doute,
le mobile des saint Remiet des saint Avite. Je ne comprends
donc pas très bien ici la pensée du pieux et savantGorini, qui
s'évertue à prouver contre Thierry , Ampère et consorts, que le
clergé catholique ne favorisa pas les Francs, qu'il n 'avait pas
autant de pouvoir qu'on l'a dit, et à disculper deux ou trois
prélats du centre ou du midide leurs sympathies déclarées pour
Clovis. Où allait-on, sans la rénovation amenée par le mélange
du sang germanique au vieux sang gaulois ? A la décompo
sition, au néant. L 'Eglise devait donc mettre à profit ce
renfort providentiel, et, au lieu de le repousser, se l'associer
pour fonder la France. Elle le fit et fit bien ; et, si elle eût
82 FONDATION DE LA FRANCE RELIGIEUSE.
· Fondation de la France.
86 FONDATION DE LA FRANCE RELIGIEUSE.
IV
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Noms
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plus une foi ardente qui le pousse, c'est une touchante humi
lité. Le pontife de cette ville, saint Éleuthere, reçoit un jour
92 FONDATION DE LA FRANCE RELIGIEUSE. .
croit être saint Ouen ou saint Éloi, à un jeune roi des Francs,
très probablement Clovis II, fils de Dagobert, et découverte
il n 'y a pas très longtemps par le cardinal Angelo Mar dans
les manuscrits inexplorés du Vatican . Ce beau morceau, s'il
ne date que du septième siècle, résume trop bien la haute poli
tique suivie par l'Eglise des Gaules depuis le cinquième pour
que je puisse le laisser de côté. Je n 'en prendrai que les pas.
sages essentiels : ils suffirontpour faire voir combien les figures
royales évoquées dans ce document authentique ressem
blent peu aux portraits qu'en tracent nos manuels d'histoire.
Après l'avoir engagé à étudier les Écritures et à recourir aux
lumières des hommes d 'expérience, l'évêque rappelle au prince
les exemples laissés par ses prédécesseurs.
« Clovis, l'auteur de votre race, eut trois fils (de la reine
Clotilde) : Childebert, Clotaire et Clodomir. Dans Childe
bert, la sagesse et la condescendance furent poussées à ce point,
qu'il aima d 'un amour paternel non seulement les [ jeunes ],
mais aussi les [anciens] ; et quiconque prononce son nom ,
prêtre ou laïque, lève les mains au ciel en recommandant son
âme, d'autant qu 'il fut toujours généreux et prodigue de lar
gesses pour les églises des saints et pour ses compagnons de
guerre. Clotaire l'ancien , qui eut cinq fils et de la lignée du
quel vous descendez , fut puissant en paroles : il conquit la
terre, il gouverna les fidèles. Telle était sa bénignité selon
DIEU, que non seulement il paraissait juste dans ses æuvres,
mais qu'il vivait comme un pontife dans le siècle. Il donna
des lois aux Francs et bâtit des églises. Vous donc, mon très
doux seigneur, puisque vos pères ont eu tant de sagesse et de
doctrine, conduisez-vous en toutes choses comme il convient
à un roi... Que jamais la colère ne soit maîtresse de votre
âme, et si quelque chose est arrivé qui émeuve votre cæur,
qu'il se hâte de s'ouvrir à la paix ... Sachez que vous êtes le
ministre de Dieu , établi par lui pour être l'auxiliaire de tous
ceux qui font le bien , le punisseur de tous ceux qui font le
mal... Prenez garde aux conseils des mauvais, et ne faites
LE RÔLE SOCIAL DES ÉVÊQUES. 97
VI
Si l'on voulait être complet, il faudrait, après avoir décrit
l'attitude des évêques en face des souverains, retracer leur
conduite à l'égard du peuple . Mais nous avons déjà vu com
ment ils s'occupaient des intérêts populaires dans le sein des
conciles. Pris en particulier, ils nous offrent le même spec
tacle. Ce sont toujours des affranchissements d 'esclaves, des
œuvres charitables, des droits maintenus, des injustices répa
rées qui remplissent leur vie journalière, leurs actes, leurs
testaments. Ils y ajoutent le rachat des prisonniers de guerre ,
si nombreux alors, pour lequel ils engagent jusqu'aux vases
sacrés de leurs églises : ainsi,en 510, saint Césaire d'Arles dis
tribue des vivres et des vêtements à une multitude de captiſs
gaulois et francs tombés au pouvoir des Goths, et les rachète
ensuite avec le trésor amassé par son prédécesseur. Ils y ajou
tent des arbitrages, des médiations continuelles entre particu
liers,auxquels ils fontsigner des chartes de sécurité, des pro
messes d'amitié. Ils y ajoutent le soin des écoles, le culte des
lettres:les documents de cette périodepermettentde constater
l'existence de vingt écoles épiscopales, celles de Paris, Char
tres, Troyes, Le Mans, Lisieux , Beauvais, Poitiers, Bourges,
Clermont, Arles, Gap , Vienne, Châlon -sur-Saône , Utrecht,
Maëstricht, Trèves, Yvois, Cambrai,Metz,Mouzon ; et il y en
avait sans doute beaucoup d'autres. Ils y ajoutent enfin l'ordon
nancement, la fixation de ces imposantes cérémonies reli
gieuses, qui vont devenir la principale réjouissance et l'unique
spectacle du peuple chrétien . Le théâtre du moyen -âge de
vait sortir de cette liturgie primitive, comme un développe
ment naturel et nécessaire aux yeux des fidèles. Les tropes,
qui sont l'embryon des mystères, ne sont pas encore nés ;
mais déjà l'Église s'occupe de satisfaire la passion innée de
nos aïeux pour les fêtes et les spectacles. De même que nous
la voyons sanctifier par une habile substitution la dévotion
LE RÔLE SOCIAL DES ÉVÊQUES . 99
aux pierres et aux fontaines, elle métamorphose les cérémo
nies, les usages, les anniversaires mêmede l'ancien culte ; elle
les transfigure de manière à ne pas changer trop brusque
mentles habitudes de la population , et à la faire venir tout
doucement à elle ; car, ainsi que l'a dit Ozanam , « s'il est
quelque chose à quoi les hommes tiennent plus qu'à la terre
qui les nourrit, plus qu 'aux enfants qu'ils élèvent sur leurs
genoux , ce sont les traditions qui consacrent pour eux le sol
du pays, et les fêtes quiles arrachent un moment aux durs et
monotones devoirs de la vie ( 1 ) » . Ainsi les Saturnales et les
fêtes des calendes de janvier sont remplacées par le cycle des
réjouissances de Noël ; les Lupercales, la prétendue purifica
tion païenne, par la Purification de la Sainte Vierge ; les Am
barvalia, célébrées par les paysans dans le but de préserver
leursmoissons,par les Rogations,cérémonie presqueanalogue,
instituée par saintMamert, évêque de Vienne. Une quantité
de dévotions locales se sont transformées de la sorte . C ' était là
une tactique, si l'on veut ; mais c' était la bonne, les résultats
l'ontbien prouvé.Cette tactique, d 'ailleurs, est recommandée en
propres termes par le pape saint Grégoire le Grand, qui écrit
aux apôtres de la Bretagne : « Commeles païens ont coutume,
dans les fêtes des démons, d'immoler beaucoup de beufs, il
faut aussi instituer quelque autre solennité à la place de celle
là . Par exemple, le jour de la Dédicace des églises, le peuple
pourra se faire des huttes de feuillage autour de ces temples
changés en sanctuaires du CHRIST, et célébrer la fête par un
banquet fraternel. Alors ils n 'immoleront plus les animaux
au démon ; ils les tueront seulement pour s'en nourrir en glo
rifiant DIEU... Car il est impossible de tout retrancher d 'un
seul coup à des âmes sauvages; et celui quiveut atteindre un
lieu élevé n 'y arrive que pas à pas, et non d 'un seulbond ( 2 ). »
Le même procédé est, en effet, appliqué aux temples. Saint
-
-
Grégoire engage à ne pas détruire l'édifice, mais seulement
l'idole, et, quoique beaucoup de sanctuaires de l'idolâtrie aient
-
été renversés par les évêques ou les missionnaires, nous en
voyons d'autres changés en églises ( il y a même une loi d'Ho
norius à ce sujet) ; nous voyonsaussi des autels païens consa
--
crés au vrai Dieu,ou leurs matériaux employés à la construc
tion des autels chrétiens; nous voyonsmême, chose plus singu
lière, d'anciennes statues de faux dieux continuer à être véné
rées sous des noms de saints : tel sujet équestre, qui avait
longtemps passé pour Woden traversant les airs à cheval,
devient un saint Martin soldat ; tels blocs de pierre , appelés
Neptune et Pluton , deviennent saint Nebo et saint Pluto ; etc.
Ces dernières appropriations sont l'æuvre de la crédulité po
pulaire ;mais elles ne sont que le développement du système
suivi par les chefs de l'Église , et dans ce système il faut re
connaître, non des concessions à la superstition ,mais unique
ment cette largeur d'idées qui a toujours caractérisé , en
pareille matière, la vraie religion , laquelle n'a pas à craindre
de
me
voir sa doctrine altérée par de semblables accommode
nt
mentss..
Tels sont, en résumé, les services rendus par l'épiscopat
gallo -romain et mérovingien à la royauté d'une part, à la na
tion de l'autre. On nous parlera de quelques prélats scanda
leux , comme Sagittaire et Salonius, des brigues, de la simo
nie . Ce n 'est pas le lieu de répondre aux objections qu'on a
voulu tirer de quelques cas isolés. Mais toutes les fautes indi
viduelles, mais toutes les exceptions, tous les abus ne détrui.
ront jamais ce grand fait, ce fait éclatant comme la lumière
du soleil, que l'auteur de la vie de saintQuen nous exprimait
en termes si poétiques : la France est l'æuvre de ses premiers
évêques comme la ruche est l'æuvre des abeilles, Ils ont jus.
tifié admirablement leur titre de pontifes,pris dans son accep
tion la plus littérale. Car qu 'est-ce qu'un pontifex, si l'on veut
décomposer ce mot ? Un faiseur de ponts, tout simplement.
On peut dire, sans doute, que le pontife a pour mission de
LE RÔLE SOCIAL DES ÉVÊQUES. 101
Fondation de la France.
Chapitre Quatrième.
won . L'quvre des Moines, nununun
428 , atteste que telle est aussi la tendance de tous les religieux
appelés à l'épiscopat, et cette tendance, vainement combattue
par Rome en ce qui regarde le costume, est une preuve de la
fidélité tenace avec laquelle on observait les voeux et la règle .
I. L 'amour de la pauvreté et l'humilité sont d'autant plus
remarquables chez les moines du temps, qu'ils se recrutent en
! majeure partie dans les classes élevées de la société. Demême
que les patriciens et les patriciennes de Romepeuplaient les
premiers cloîtres de l'Italie, nous voyons la noblesse des Gau
les courir à la mortification comme elle courait naguère au
plaisir. Sulpice Sévère nousdit positivement que,parmiles dis
ciples du fondateur de Marmoutiers, un grand nombre étaient
de haute origine. « Et,malgré la façon bien différente dontils
avaient été élevés, ajoute-t- il, ils se réduisaient d 'eux -mêmes
à la pratique de l'humilité et de la patience. » Il n 'était pas
rare de voir des sénateurs, des consuls, des magistrats, des
avocats quitter la toge pour la robe de bure ; saint Paulin de
Nole, consul, gouverneur de Campanie et fils d 'un préfet du
prétoire des Gaules, en fournit un exemple remarquable, qui
fut loué et admiré des docteurs de son temps autant qu'il fut
blâmé par sa famille et ses amis. Saint Ambroise, saint Augus
tin, saint Jérôme, saint Martin , Sulpice Sévère échangèrent,
à propos de son renoncement au monde, les témoignages de
leur joie. « Va dans la Campanie, écrivait l'évêque d 'Hippone
à Licentius ; apprends à connaître ce serviteur de DIEU ,
Paulin , qui, avec un cour d 'autant plus généreux qu'il est
humble, a repoussé toutes les grandeurs de ce siècle pour
porter le joug du CHRIST. » « Comment admettre, disaient
de leur côté les païens, qu'un homme de cette famille,de cette
race, de ce caractère, doué d'une aussi grande éloquence, ait
abandonné le sénat en détournant ainsi la succession d 'une
noble maison ? » C ' était là , en effet, le vrai motif de cette
belle indignation : Paulin était très riche, Paulin était géné
reux ; il avait perdu son unique enfant, et toute sa fortune, au
lieu d'être réservée à la parenté, était donnée aux pauvres. Il
110 FONDATION DE LA FRANCE RELIGIEUSE .
IV
II
III
Fondation de la France.
134 FONDATION DE LA FRANCE POLITIQUE.
III
I .
[ MAD
E 'ÉTABLISSEMENT du chef de la tribu des Saliens
dans le pays dont il allait faire la France, com
IF prend deux périodes très distinctes : l'une va de
S EWE sa première prise d'armes à son baptême ; l'autre
s' étend de son baptême à la fin de sa vie. Durant la première,
il étend sa domination jusqu'à la Loire ; durant la seconde,
il porte la guerre à l'est et au inidi, et soumet toute la région
sise en -deçà des Pyrénées. Les conditions dans lesquelles
ont été entreprises ces deux parties de la conquête sont bien
différentes. Nous allons les examiner successivement.
Childéric, nous l'avons vu, avait été pendant quelque
temps, sinon le fonctionnaire de l'Empire, comme l'ont cru
Dubos et Pétigny, du moins l'allié et l'auxiliaire bénévole des
Romains. Mais, au moment même où venait au monde son
fils unique, il s'opérait à Rome une révolution qui n'appor
tait peut-être pas, en fait, un grand changement dans l' état
de la société,mais dont les conséquences, en droit, devaient
CLOVIS AVANT LE BAPTÉ ME. 143
II
SAN
DER
GE
N
29
BRUS
RE
RA
SaintRemivient demander
d'un vase sacré pris parà Clovis la restitution
les Francs.
(D 'aprèsuneminiatured'unmanuscrit du XVesiècle,à la Biblioth.del'Arsenal.)
barbareet le prélat gallo-romain. Tout païen qu'il est, Clovis
CLOVIS AVANT LE BAPTÊME. 147
III
AL
gne, à 24 kilomètres au
sud -ouest de cette ville).
On a révoqué en doute
l'identité de ce combat et
de la célèbre bataille où
RAPTEM EADE CLOVISE
Clovis demeura vain
queur à la suite d'une
invocation au Dieu des
Clovis et ses guerriers francs chrétiens. Le fait est que
reçoivent le baptême. cette identité n'est pas
(D 'après une peinture à fresque deJ. Blanc, certaine ; Grégoire de
à l'église Sainte -Geneviève de Paris,
XIX° siècle.) Tours mentionne sépa
rément ces deux rencon
tres, sans nous indiquer par un mot qu'elles n'en font qu'une.
Toutefois il ne dit rien non plus qui permette d'affirmer le
contraire, et, en définitive, les deux peuples ennemis ne
CLOVIS AVANT LE BAPTÊME. 151
purent guère en venir aux mains plusieurs fois dans cette
courte campagne.
C 'est donc probablement à Tolbiac que Clovis, voyant son
armée plier devant les Alamans, s' écria, poussé par une
inspiration subite : « Dieu de Clotilde, si tu me donnes la
victoire, je me fais chrétien ! » Et aussitôt la bataille changea
de face, et le roi des Francs demeura vainqueur. Grégoire
de Tours nous raconte en propres termes ce trait fameux ( I) ;
ce qui n 'a pas empêché certains critiques allemands de le
traiter de légende. Mais ce n 'est pas seulement le væu de
Tolbiac et la victoire qui suivit qu 'ils prétendent rejeter dans
le domaine desmythes ; c'est aussi la scène de Reims, la céré.
monie du baptême, avec ses circonstances solennelles et son
immense portée, avec sa poésie, son parfum . De la poésie , il
n 'en faut pas dans leur histoire soi-disant scientifique. C 'est
encore du spiritualisme; et le spiritualisme, nous ne l'ad
mettons pas, disent-ils ; nous n 'admettons pas surtout qu'on
poétise des événements qui nous déplaisent. Eh bien ! DIEU
en fera malgré eux, de la poésie, et de la poésie en action,
mille fois supérieure à la poésie parlée imaginée par les
hommes. Il prendra par la main ce barbare, qui n ' était rien ,
mais qui, dans la sincérité de son âme, a jeté, à l'heure du
péril, ce cri suprême : Dieu qu 'adore Clotilde, sauve-moi,
sauve mon peuple , et nous t'adorerons aussi ! Il le ramènera
triomphant auprès d 'un pontife vénérable et d'une épouse
chérie , et tous deux, l'une par amour conjugal, l'autre par
amour de la vérité et de la patrie, s'efforceront d 'achever la
transformation commencée par ce triomphe inespéré.
IV
Chapitre Quatrième.
Clovis après le baptême.
est tout à fait inutile pour expliquer la guerre, et, de plus, c'est
une calomnie .
Donc, en l'an 500, Clovis envahit la Burgondie. Une ba
taille s'engage près de Dijon : la défection préméditée de
Godégisèle, qui passe du côté des Francs au milieu de l'ac
tion, entraîne la déroute deGondebaud, qui va se renfermer
dans les murs d 'Avignon , sur la limite méridionale de ses
domaines. Clovis l'y poursuit ; puis, soit par prudence, soit
plutôt à l'instigation d'un conseiller perfide, il se retire, se
contentant d'imposer au vaincu un tribut annuel. Après son
départ, Gondebaud relève la tête, investit son frère dans la
ville de Vienne, le tue avec ses partisans, et reprend posses
sion de son royaume. La campagne n'aboutit donc pas, cette
fois, à une extension de territoire pour les Francs ; mais on ne
saurait méconnaître qu'elle prépara efficacement l'annexion
de la Bourgogne. Clovis avait fait sentir à ce pays sa supério
rité ; il avait fait de son rival un tributaire : la conquête défi
nitive n 'était plus qu'une question de temps ; elle devait se
consommer trente ans après.
* II
III
Je me suis arrêté principalementaux causes de l'expédition ,
parce que c'est là le point essentiel et celui que la chronique
laisse le plus dans l'ombre. Quant aux faits, ils sont mieux
connus. En 507, Clovis, à la tête de forces imposantes, com
posées cette fois de guerriers francs, de troupes gallo - romai
nes, d 'auxiliaires ripuaires et même burgondes,pénètre sur le
territoire visigothique. Il passe la Loire au -dessus de Tours
et fait demander au tombeau de saint Martin un présage de
victoire, qui ne lui est pas refusé. En entrant dans le pays
ennemi, il publie une paix destinée à protéger la liberté et
les biens des gens d'église ainsi que de leurs serviteurs, ga
rantissant contre la captivité les clercs et les laïques indigè
nes ; proclamation où la piété le dispute à l'habileté politique,
et preuve nouvelle que l'oppression des églises était pour
quelque chose dans sa décision .
Alaric se trouvait depuis quelque temps à Poitiers, prépa
rant de son côté la campagne. Les deux armées se rencon
trent aux environs de cette ville , dans une plaine que les
Fondation de la France .
166 FONDATION DE LA FRANCE POLITIQUE.
IV
L 'année suivante, Clovis revient à Tours, maître désor
mais de tout le pays depuis l'Escaut jusqu'aux Pyrénées.
CLOVIS APRÈS LE BAPTÊME. 167
Alors l'empereur d 'Orient lui envoie les insignes du patriciat
ou du consulat ; l'héritier nominal du trône vermoulu des
Césars s'incline devant la puissance naissante appelée à rem
placer les Romains à la tête du monde civilisé. Ildaigne l'ho
norer de son appui, et, dans quelques siècles à peine, c'est le
successeur de Clovis que l'on verra tendre unemain secoura
ble à l'empire décrépit de Byzance.
Mais, à son pouvoir ainsi complété, le roi très chrétien veut
une autre consécration. C 'est au tombeau de saint Martin
qu'il est venu naguère demander la lumière et la force de
l'âme ; c 'est là qu'il veut prendre l'investiture de sa nouvelle
royauté. Il revêt aux pieds de l'Apôtre national la toge con
sulaire. Il traverse à cheval, en semant des pièces d 'argentsur
son passage, l'espace qui sépare la basilique de Saint-Martin
de l'église cathédrale. Désormais, c'est fait ; il est appelé
Auguste ( comme les empereurs), il est réputé le souverain
légitime, il règne à tous les titres sur la vieille Gaule. Il ne
lui reste plus qu 'à venir asseoir son trône à Paris, comme s'il
eût deviné les hautes destinées de cette cité reine (car les
meurtres de ses prétendus parents, les petits rois de Cambrai,
de Cologne et du Mans, sont à peu près reconnus aujourd'hui
pour de pures légendes germaniques), et la monarchie des
Francs est entièrement constituée (1). Les barbares sont arrê
tés au nord et refoulés au midi. Tous les Gaulois sont ralliés ;
ils sont unis moralement à leur dominateur. Ou plutôt il n 'y
a plus de Gaulois, il n 'y a plus de Francs ; s'il y en a encore
dans les formes sociales, les différences vont s'effacer rapide
ment :mais, dans l'ordre politique, il n 'y a plus que la France.
1. Sur le récit de ces meurtres, voy. l’Appendice II , à la fin de ce volume.
- - - - - --- - -- - -
Chapitre Cinquième.
Le gouvernement des premiers Mé
rovingiens. wavu v wevwavu
: W * O * P *
30 D
SE PRÈS avoir assisté à l'établissement de la monar
Techie franque, il nous reste à voir comment elle
TË s'y prit pour élever sur les ruines de la tyrannie
impériale un régimepolitique capable de rallier
tous ses sujets, ou, en d'autres termes, quel fut le mode de
gouvernement de Clovis et de ses premiers successeurs. Arrê.
tons d'abord nos yeux sur les caractères intrinsèques du
nouveau pouvoir royal.
Ce qui frappe en lui à première vue, c'est son indépen
dance vis-à-vis des derniers débris de la puissance romaine
qui pouvaient survivre en Occident ou en Orient, et vis -à-vis
de l'idée romaine, dontla grande ombre continuait à couvrir le
sol gaulois. Un système historique mêlé de vérités nouvelles
et d'exagérations sensibles prétend établir, nous l'avons vu,
que le roi fut simplement l'héritier de l'empereur ou de ses
représentants, leur successeur officiel, et que son autorité sur
les Gaules lui venait du titre de maître des milices, ou de
consul, ou de patrice. Mais la fameuse lettre de saint Remi
GOUVERNEMENT DES PREMIERS MÉROVINGIENS. 169
- - -
GOUVERNEMENT DES PREMIERS MÉROVINGIENS. 173
III
à peu , par suite d'un penchant trop naturel chez ceux qui
détiennent le pouvoir suprême. Au début, elle n 'avait rien
d 'absolu. Clovis et ses fils étaient des potentats très peu
redoutables. Leur autorité se trouvait restreinte, d'un côté,
par la part assez considérable que la législation germa
nique laissait au mallum ou à l'assemblée des guerriers dans
la direction des affaires : ainsi Clovis, avant de marcher contre
Alaric, consulta ses compagnons, et l'expédition ne fut entre
prise qu 'avec leur assentiment ; Clotaire II, dans un cas
semblable, fut arrêté par l'opposition des siens. D 'autre part,
la puissance royale était contenue par les évêques, demeurés
en possession des magistratures locales dans beaucoup de
cités, investis, en outre, d 'une immense influence morale ; et
cette influence était assez forte, à elle seule , pour empêcher
les rois de se conduire en tyrans : elle retenait les uns sur la
pente du vice, elle faisait brûler aux autres les rôles des
impôts arbitraires mis sur le pauvre peuple . Dans l'ordre
politique lui-même, les princes étaient obligés de compter
avec cette autorité salutaire, dont le contre-poids remplaçait
avec avantage celui des pouvoirs électifs, et souvent de s'in
cliner devant elle. Mais, à partir de Chilperic, la tendance à
l'absolutisme, au césarisme, à la centralisation prit quelquefois
le dessus. On vit les princes mérovingiens, au moins ceux
qui régnaientsur la Neustrie, affecter les allures,les habitudes,
et jusqu 'à l'extérieur des anciens empereurs. Ces Germains,
à peine dégrossis par le christianisme, étaient déjà trop
romanisés. Une partie de leurs sujets, les Francs surtout, s'en
offensèrent. Le bruit courut que les descendants de Clovis
voulaient ressusciter l'Empire à leur profit. De là une formi
dable opposition , née en Austrasie ; de là la formation d'une
sorte de ligue nationale entre les Francs établis dansce pays,
et finalement la substitution de la dynastie carlovingienne
à la race du conquérant primitif, abâtardie par l'excès même
du romanisme.
Une dernière particularité à noter à propos de l'organi
176 FONDATION DE LA FRANCE POLITIQUE.
IV
1. V . sur tous ces faits le chap . VIII de la remarquable Vie de saint Léger
écrite par le cardinal Pitra .
180 . FONDATION DE LA FRANCE POLITIQUE.
. V
Revenons maintenant à notre exposition du gouvernement
mérovingien .
Comment la royauté, constituée comme nous l'avons vu,
régissait-elle le pays ? Nous savons déjà que sa situation lui
interdisait, en principe, les procédés byzantins ou césariens,
et qu'une large autonomie était laissée, en particulier, aux
cités épiscopales. Sans doute, une certaine tendance à l'ab .
solutisme se fit jour peu à peu, ainsi que je l'ai dit. Sans
doute , si l'on s'attache uniquement aux récits des chro.
niqueurs , à ceux de Grégoire de Tours surtout, qui eut si sou
vent maille à partir avec les officiers royaux, on est tenté de
croire qu'en fait le peuple avait simplement changé de tyrans,
que le caprice et l'arbitraire gouvernaient, sous l'étiquette
menteuse d 'une monarchie chrétienne. La plupart des histo
riensmodernes ont pris cette idée pour base de leurs systèmes
et de leurs commentaires. Ouvrez Augustin Thierry . Il trace
un long,mais captivant tableau, des excès du comte Leudaste,
qui représentait à Tours le roi Chilperic, et de ses querelles
avec l'évêque, tableau emprunté fidèlement au livre de ce
1. Ibid ., p . 131.
- - --- - - - -
GOUVERNEMENT DES PREMIERS MÉROVINGIENS. 181
VI
VII
VIII
II
III
1 . Ibid., II,675 et s.
202 FONDATION DE LA FRANCE POLITIQUE,
IV
VI
chi, chez les Francs, soit per denarium , par un denier symbo
lique que son maître lui fait sauter de la main en présence du
roi ou d 'un très haut dignitaire, et alors il passe directement
au rang d'ingenuus ; soit par d 'autres modes moins solennels,
(per chartam , per hantradam , c'est- à -dire par l'imposition des
mains), qui l'élèvent simplement à l'état de libertus ou d'af
franchi. Mais il peut aussi, signe caractéristique des temps,
voir ses liens se briser sans l'intervention de son maître, quand
celui- ci le laisse manquer du nécessaire ou le met à la torture
sans qu'il soit coupable , ou quand c'est un esclave juif qui
embrasse l'Évangile ; ce dernier cas, à la vérité, est assez rare.
Enfin , même dans les classes asservies, il y a des privilégiés :
les esclaves del'Église et ceux du roi ont le droit de porter les
armes comme s'ils étaient libres ; ils ont un wergeld supérieur
aux autres et sont traités moins rigoureusement en mainte
circonstance ; quelques-uns même sont pourvus d 'emplois
réservés d 'ordinaire aux ingénus.
Entre les hommes libres et les asservis, se place une caté
gorie mixte dont il est difficile de déterminer d 'une manière
précise la condition, celle des lètes ou lites, qu 'il ne faut pas
prendre pour les descendants des anciens lètes ou colons de
race germanique établis en Gaule à la solde de l'Empire, car
des guerriers germains n 'auraient jamais réduit en servitude
d 'autres guerriers germains. Leur origine et celle de leur nom
lui-même sont douteuses. Un passage de la loi salique nous
montre que le lète avait un maître, et d 'autres textes nous
apprennent que la propriété ne lui était pas interdite, qu'elle
était seulement soumise pour lui à certaines charges, notam
ment à une redevance spéciale , appelée litimonium . Il pouvait
devenir ingénu au moyen de l'affranchissement par le denier.
Son wergeld était fixé à 100 sous : il valait donc la moitié
d 'un homme libre.
En regard de ces divisions de la société germanique,
plaçons celles de la société gallo -romaine vivant côte à côte
avec elle. Nous y trouvons une certaine analogie . Il y a éga
LA LÉGISLATION PRIMITIVE DE LA FRANCE. 211
VII
anneau avec joie, et, après avoir donné en échange le sien (voilà
déjà les fiançailles) et quelques sols d 'or à Aurélien , dont
elle ignorait la condition , elle lui répondit : Retournez vers
votre maître, et dites-lui qu'il me fasse demander incessam
ment en mariage au roi Gondebaud ; et, s'il se peut, que
l'affaire se termineavant qu'Aridius (le conseiller de ce prince)
soit de retour de Constantinople, où il l'a envoyé; car, si cet
Aridius revient avant que le mariage soit conclu , il ne man
quera point de le faire échouer (sans doute pour des raisons
politiques).
« Aurélien s'en revint,toujours déguisé en pauvre. Arrivé
à Soissons, il rendit compte à Clovis de ce qui s'était passé
et lui redit exactement la réponse de Clotilde. Persuadé qu'il
ne pouvait faire mieux que de suivre l'avis qu'elle lui avait
donné, ce prince envoya immédiatement des ambassadeurs
à Gondebaud pour lui demander la main de sa nièce. Celui
ci l'accorda, parce qu'il n 'osa point d 'abord la refuser, et qu 'il
crutmériter par un prompt consentement l'amitié de Clovis.
Les ambassadeurs reçurent donc la foi de la princesse en lui
donnant, suivant l'usage des Francs, un sol d 'or et un denier ,
et demandèrent ensuite à l'emmener auprès de leur maître.
On !e leur permit, et on la remit entre leurs mains à Châlon
sur-Saône, avec un trousseau somptueux. Aussitôt ils la firent
monter dans une basterne, genre de voiture usité chez les
Gaulois, et, sans perdre un moment, ils l'emmenèrent avec
plusieurs chariots remplis de ses effets. Ils étaient déjà en
route, lorsque Clotilde reçut un avis qui l'informait qu 'Aridius
était de retour de Constantinople. Elle dit alors au chef de
l'escorte : Si vous avez bien envie de me mener jusqu 'à
votre roi, il faut absolument que je monte à cheval, afin de
faire plus de diligence, car, si je continue à voyager en voiture,
je n 'arriverai pas jusque-là . Les Francs trouvèrent qu'elle
avait raison. Elle monta donc à cheval,et, gagnantdu temps,
elle parvint auprès de Clovis, qui l'attendait aux environs de
Troyes. Elle lui plut beaucoup, et, après avoir ratifié le
LA LÉGISLATION PRIMITIVE DE LA FRANCE. 215
VIII
· II
III
IV
Au -dessus de cet enseignement du premier degré, l'ensei
gnement secondaire était distribué, comme je viens de le dire,
dans les églises cathédrales et dans les couvents. A Poitiers,
à Paris, au Mans, à Bourges , à Clermont, à Vienne, à Châlon
sur-Saône, à Gap, à Arles, les écoles épiscopales étaient des
plus florissantes. Dans quelques diocèses très étendus, elles
avaient même des succursales établies en certaines églises
éloignées de la résidence du pontife, par exemple à Mouzon ,
1. Grég., Vita patrum , ch . 8 .
LA LANGUE, LES LETTRES ET LES ARTS. 231
VI
het
SOMOSTE
11
Fun
3
MU
2
liciosa
Dil
CA
CUFRE
.
he
SON
ON
nipili pullat
(D'après Saint
P. CristusÉloi., Cologne. )
ensomptueux
faire l'artqu'imérovingien
l exécuta parles excellence.
pour tombes de Les mausolées
saintMartin,de
saintGermain,desaintLucien de Beauvais,desaint Quentin,
240 FONDATION DE LA FRANCE POLITIQUE.
VII
En résumé, et pour terminer par un jugement d 'ensemble
sur cette société barbare, elle n 'était pas aussi étrangère à
la civilisation qu'on le croit généralement. Que signifiait,
d'ailleurs, l'épithète de barbare dans la bouche de ceux qui
l'avaient mise en usage ? Barbarus, chez les Romains, voulait
dire étranger : tout ce qui n 'était pas romain s'appelait donc
barbare chez les orgueilleux maîtres du monde. C 'est nous,
ce sont les modernes qui ont peu à peu détourné le sens ori
ginel de ce mot pour en faire le synonyme de sauvage ;
l'épithète et son acception ncuvelle ont ensuite influé sur
notre jugement, et tous les peuples dits barbares, les temps
dits barbares ne se sont plus présentés à notre esprit que
comme l'antipode exact et naturel des sociétés polies. Cepen
dant les Romains eux-mêmes ne semblent pas avoir été aussi
loin ; plusieurs d 'entre eux louaient hautement les meurs,
l'humanité, la chasteté des barbares. On ne saurait nier d'une
façon générale la férocité, la grossièreté de la plupart des
envahisseurs de l'Empire ; mais, en somme, il faut faire une
grande différence entre les Francs et les hordes nomades qui
parcouraient les provinces en brûlant et en ravageant tout
sur leur passage. Il faut surtout distinguer entre l'époque
antérieure à la conversion de Clovis et de ses guerriers et la
période postérieure, où un gouvernement régulier, pacifique,
progressiste même, s'était établi par l'accord des vainqueurs
et des populations conquises.
Sans doute, les Francs commirent des actes isolés de
violence et de brutalité ;mais n 'avons-nous pas vu, en pleine
civilisation moderne, au milieu de notre siècle si vanté pour
sa douceur et son humanitarisme, des armées d'envahisseurs
se livrer sur certains points à toutes les horreurs du pillage,
du massacre et de l'incendie ?Nous avons assisté à des pillages
méthodiques, à des boucheries scientifiques : ce n 'en était
LA LANGUE, LES LETTRES ET LES ARTS. 243
Fondation de la France. 16
Appendice Premier.
Sur la lettre de saint Remià Clovis(1).
11
III
dans celle que le roi franc écrivit aux évêques de Gaule après
sa conquête, et qui est annexée aux actes du concile d 'Or
léans ( 1 ). Ce dernier document, trop long pour être cité ici,
mais qu 'on peut lire dans mainte collection , parle des ordres
donnés par Clovis pour épargner les églises durant la cam
pagne, de la générosité du vainqueur envers les prisonniers
de guerre. Mais cette protection des établissements religieux,
l' évêque de Reims la demande- t- il dans sa lettre ? Sans
doute, il en fit l'objet de ses recommandations au roi (c'est là
peut-être ce que Fauriel appelle « s'assurer les fruits de la
guerre » ) ; toutefois il n 'en dit rien ici. Il veut même que
Clovis ait recours à ses conseillers francs ( seniores ) aussi bien
qu'aux prêtres; il plaide la cause du peuple autant que celle
du clergé : par conséquent, c'est à d'autres admonitions que
répond le roi, qui d'ailleurs ne s'adresse pas à saint Remi,
mais à tout le corps épiscopal. Le conseil de s'occuper, d 'une
manière générale, de la délivrance des prisonniers au moyen
des richesses paternelles, c'est- à -dire par voie de rachat, ne
saurait constituer entre les deux lettres un rapport assez
direct pour que la seconde doive être considérée , sur ce seul
indice, comme une réponse à la première. Et, lors même qu'on
admettrait cette parenté étroite des deux documents, il s'en
suivrait uniquement que l'épître de Clovis aux évêques est
postérieure à celle de saint Remi: la date de cette dernière
ne serait nullement précisée par là, ni à plus forte raison sa
connexité avec la guerre des Visigoths,
IV
Fondation de la France .
262 APPENDICES.
A
Appendice Deurième.
Surles prétendusmeurtres politiques
de Clovis (1), cocacoccavacocineru
SI THOUT
ex
186
til
wilainmanenuk
Grégoire Tours.
(D'après une gravure de la Vie desde Hommes illustres, de Thevet.)
moitié du second
chroniqueur livre audecommencem
necitepoint ent duqu'ilquatrième,
sources, parce en manquele
270 APPENDICES .
II.
III
Fondation de la France.
278 APPENDICES.
IV .
que des félicitations sur son zèle pieux et son humilité, s'ii
vient réellement d'accomplir des actes de cruauté et d 'in
justice. Ce sont ici, remarquons-le, des témoignages plus
anciens que celui de Grégoire de Tours, puisqu'ils sont con
temporains. Les évêques avaient une autorité aussi haute que
le prince franc, et, leur prêtât-on à son égard une certaine
condescendance, on ne saurait raisonnablement la faire aller
jusqu'à une telle bassesse, quand nous voyons, entre autres
exemples, saint Éleuthère le reprendre publiquement,à Tour
nai, d'une faute qu'il n 'osait avouer. Répétera-t-on encore
« que les hommages rendus à la fidélité chrétienne de Clovis
viennent à l'appui des horreurs racontées de lui ? »
Ainsi, dans les documents anciens ou même contemporains,
nous ne découvrons nulle trace d'assassinats politiques à la
charge de Clovis. Au contraire , il y a trace de calomnies
répandues sur son compte, d 'une source ou d 'une autre, dès
le temps de ses fils,calomnies qui pourraient avoir une affinité
secrète avec les légendes dont Grégoire de Tours a illustré sa
chronique. Mais , sans rien affirmer à cet égard, je me borne
à constater que le texte dont je veux parler, à savoir la
lettre écrite par Théodebert à l'empereur Justinien, en vou
lant justifier Clovis de certaines médisances arrivées jusqu 'au
prince byzantin , le loue particulièrement « d 'avoir gardé à
tous une foi inviolable , d 'avoir loyalement respecté les
alliances contractées, et, dans son ardeur pour la religion
chrétienne, d 'avoir, loin de ruiner les temples sacrés, relevé
au contraire avec plus d 'éclat ceux que les païens avaient
détruits ) . Éloges officiels si l'on veut,mais quitoutefois,par la
précision des points sur lesquels ils portent, seraient devenus
autant d'ironies si Clovis eût réellement et notoirement agi
comme le raconte l'Histoire des Francs. Nous pouvons donc
constater, non plus seulement que les faits se sont trouvés
altérés, mais encore dans quel sens ils l'ont été ; et cette
donnée doit nous servir de fil conducteur dans notre investi
gation sur ces mêmes faits.
SUR LES PRÉTENDUS MEURTRES POLITIQUES DE CLOVIS . 283 1
Pages
Pages. .
Prejace . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
PREMIÈRE PARTIE .
FONDATION DE LA FRANCE RELIGIEUSE .
Chapitre Premier.
Établissement graduel du Christianisme en Gaule.
I. Urgence de l'établissement du christianisme en Gaule ; à
quelle époque il s'opère, et comment l'école apostolique et l'école
grégorienne peuvent se concilier. - II . Naissance des plus an
ciennes chrétientés gauloises au ſer siècle ; l'organisation des
Églises se complète plus tard. — III. Persistance des restes du
paganisme jusqu'au Ve siècle. — IV . Propagation de la foi chré
tienne dans les campagnes par saint Martin de Tours. – V. Les
trois lignées d 'apôtres nationaux . . . . . . . . . . . . 9
Chapitre Deuxième.
Organisation de la hiérarchie catholique.
I. La suprématie du pape reconnue dans l'Église gallo-romaine.
– II. Les primats ; les métropolitains et leur antique préémi
nence . - - III. Les évêques et les circonscriptions diocésaines. —
IV . Le recrutement de l'épiscopat ; un suffrage universel perfec
tionné ; différents modes d 'élection. – V . Création des paroisses,
Chapitre Troisième.
Le rôle social des évêques.
1. L 'auvre des conciles ; leur action salutaire sur l'exercice du
ļ droit d'asile , sur le sort des esclaves, sur la solidité du lien con
292 TABLE DES MATIÈRES.
Chapitre Muatrième.
L' Euvre des Moines.
I. Origines de l'institutmonastique en Gaule ; les premiers mo
nastères de nos contrées. — II. Condition et recrutement des ·
moines ; leurs règlements. – III. Leur action sur les princes ;
libéralités de Clovis et de ses fils à leur égard . – IV. Leur in
Auence bienfaisante sur la société mérovingienne, sur l'agricul
ture, sur les lettres . . . . . . . . . . . . . . . . . 102
DEUXIÈME PARTIE .
FONDATION DE LA FRANCE POLITIQUE.
Chapitre premier.
Origine des races gauloise et franque.
1. Les éléments constitutifs du sang français. — II. Berceau de
la race celtique ; son établissement dans la partie occidentale de
l'Europe ; colonies romaines. – III. La race germanique et ses
divers rameaux ; ce que c'était que les Francs. – IV . La légende
de l'origine troyenne de ce peuple ; comment elle s'est formée. 121
Chapitre Deurième.
Marche des Francs avant Clovis.
1. Les deux systèmes en présence au sujet de l'établissement
des Francs dans la Gaule : conquête ou occupation pacifique ? —
II. Dedéfenseurs de l'Empire , les Francs deviennent ses agres
TABLE DES MATIÈRES. 293
seurs ; violences commises par les Ripuaires. – III. Le prétendu
roi Pharamond ; caractère fabuleux de ce personnage ; d'où
provient son invention . – IV. Les premiers pas des Francs sur
le territoire gaulois : Clodion ; Mérovée ; Childéric. . . . . . 131
Chapitre Troisième,
Clovis avant le baptême.
I. Situation de Clovis vis -à -vis de l'Empire ; il attaque Syagrius
et le bat près de Soissons. — II. Premières relations de ce prince
avec saint Remi ; sages conseils que lui donne dès lors le pontiſe .
– III. Les Francs s'étendent jusqu'à la Loire et repoussent les
Alamans ; le veu de Tolbiac traité delégende par la critique alle
mande. – IV . Les préliminaires du baptême; saint Martin con
sulté dans son tombeau. – V . Le jour de Noël 496 ; les vrais mo
tifs de la conversion de Clovis . . . . . . . . . . . . . 142
Chapitre Duatrième.
Cloyis après le baptême.
I. Guerre de Bourgogne ; ses causes diverses et ses résultats.
– II. Expédition d 'Aquitaine ; son côté religieux et son côté poli
tique. — III. Bataille de Vouillé ; soumission de la Gaule méri
dionale. – IV . Légitimation de la nouvelle royauté ; sa consécra
tion à Tours dans la basilique de Saint-Martin . . . . . . . 156 1
Chapitre Cinquième.
Le gouvernement des premiers Mérovingiens.
I. Caractère indépendant et national de la royauté franque. —
II: L'hérédité dans la famille de Clovis. — III. La loi salique ex
cluait- elle les femmes du trône ? Les reines mérovingiennes. -
IV . Histoire de sainte Bathilde. – V . Le gouvernement central.
- VI, L 'administration provinciale ; les impôts. – VII. L 'organi
sation judiciaire : le tribunal du roi ; son fonctionnement.
VIII. L'organisation militaire . . . . . . . . . . . . . 168
Fondation de la France .
294 TABLE DES MATIÈRES.
Chapitre Sirième.
La législation primitive de la France.
I. Le principe de la personnalité des lois. — II. La loi salique ;
démonstration scientifique de son origine et de sa date.
III. Modifications successives de ce code : le bardit des Francs
avant et après leur conversion ; les gloses malbergiques. -
IV . Lois des Ripuaires, des Visigoths, des Burgondes. – V . Sys :
tème pénal ; le wergeld ou la composition . – VI. Condition légale
des personnes chez les Francs et chez les Gallo -Romains : l'homme
libre ; l'esclave ; classes intermédiaires. – VII. Différences dans
l'organisation de la famille ; le mariage ; l'ordre des successions.
– VIII. Conditions des biens chez les deux peuples . . . . 193
Chapitre Septième.
La langue, les lettres et les arts aux temps barbares.
I. Déformation de la langue latine ; emprunts faits à l'idiome
celtique et à l'idiome germanique. — II. Le latin vulgaire est ap
pelé à devenir le germe du roman et du français ; symptômes de
cette évolution au Ve siècle. – III. L 'instruction et les écoles ;
l'enseignement des églises et desmonastères. – IV . L 'école pala.
tine. - V . Décadence de la littérature ; apparition de la chroni
que. – VI. Les arts maintenus par les besoins du culte ; l'orfèvre
rie mérovingienne ; les basiliques. – VII. Conclusion : la vraie
et la fausse barbarie. . . . . . . . . . . . . . . . . 220
appendice Premier.
Sur la lettre de saint Remi à Clovis . . . . . . 247
appendice Deurieme.
Sur les prétendus meurtres politiques de Clovis . 267
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