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Paragraphe1:La Centralisation Administrative (CA) :: Section 1: L'État Unitaire

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Sciences politiques et droit administratif /Mme Manel ABDERRAZAK/2ème L.

Gestion/2020-2021

Section 1 : L’État unitaire


C’est la forme d’Etat la plus répandue, l’État unitaire ou simple comporte un
seul ordre constitutionnel et politique : il détient et exerce en principe
l’ensemble des compétences régaliennes (diplomatie, défense, législation,
justice,monnaie…).
Un Etat unitaire est un Etat dans lequel il n’existe qu’un seul centre de
décision politique
ou plus précisément un Etat dans lequel la loi est votée par le seul
parlement national et où elle s’impose à tous les citoyens de l’Etat.
La Tunisie est depuis son indépendance, un État unitaire.
Les Etats unitaires sont organisés selon deux modalités administratives: la
centralisation et la décentralisation.

Paragraphe1 :La
centralisation administrative (CA):
A/ Définition de la CA :
C’est le premier système adopté par les Etats. L’Etat constitue la seule
personne morale de droit public compétente sur son territoire : toutes les
décisions politiques mais aussi administratives sont prises au nom de
l’État. Il s’agit donc d’accorder aux autorités centrales, c-à-d le pouvoir
exécutif concentré à la capitale, le monopole des fonctions
administratives (orientation, planification, contrôle, coordination,
décision et exécution).
Une seule volonté règne donc sur tout le territoire de l’Etat à travers une
administration unifiée et hiérarchisée : l’administration de la capitale.
Les échelons inférieurs n’ont qu’à se soumettre aux décisions de leurs
supérieurs hiérarchiques.
Cependant, ce mode d’organisation administrative nécessite le passage
par un certain nombre de mécanismes juridiques qui assouplissent et
tempèrent la rigidité de la centralisation et permettent le transfert du
pouvoir de décision à des degrés différents et sous le contrôle de
l’autorité centrale comme la délégation, la proposition, la consultation…

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Sciences politiques et droit administratif /Mme Manel ABDERRAZAK/2ème L.Gestion/2020-2021

*Evaluation :
Avantages de la centralisation :
- la consécration du principe de l’unité administrative de l’Etat qui
permet d’éviter la fragmentation et empêche l’apparition de pouvoirs
- une administration harmonieuse qui permet l’épargne du capital
humain et financier.
Inconvénients de la centralisation :
- La prise de décisions qui peuvent être en rupture et en déphasage
avec la réalité des régions parce que la centralisation administrative ne
tient pas compte de la disparité des situations et des besoins régionaux,
ce qui diminue l’efficacité de l’activité administrative et provoque la
lenteur des services administratifs.

B/ Principes de la CA :
B1/ le principe de l’unité : La pluralité des administrations et des
services ne remet pas en cause le principe de l’unité de l’Etat. Toutes les
composantes de l’Administration centralisée représentent l’Etat et
fonctionnent en son nom, pour son compte et en utilisant ses moyens.
Par conséquent, l’Etat est la seule personne morale. La personne
morale repose sur le principe d’autonomie c-à-d qu’elle possède une
capacité juridique (‫ )أهلية قانونية‬: il s’agit de la capacité de contracter et de
la capacité d’ester en justice. Elle jouit également de l’autonomie
financière (‫)ذ َمة ماليَة مستقلَة‬.
B2/ le principe de hiérarchie : Le système de CA repose sur une
échelle administrative c-à-d un classement hiérarchique du pouvoir
exécutif, sous forme de pyramide qui divise les fonctionnaires de l’Etat
en supérieurs et subordonnés, en grades où le grade inférieur est
entièrement soumis au grade qui lui est immédiatement supérieur : il
fonctionne sous son autorité et ses recommandations, exécute ses ordres
et ses interdictions. C’est ce qu’on appelle le pouvoir hiérarchique
‫ السلطة الرئاسية‬.
 Le pouvoir hiérarchique est donc l’ensemble des instruments
juridiques qui permettent au supérieur d’exercer un contrôle sur tous
les organes et les agents qui lui sont soumis. Ce pouvoir est :
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- spontané : c-à-d qu’elle s’exerce sans besoin d’un texte juridique.


- Permanent : c-à-d qu’elle s’exerce avant la prise de décision, il s’agit
là d’un contrôle a priori, mais aussi après la prise de décision, il s’agit là
d’un contrôle a posteriori.

- Global : c-à-d qu’elle exerce un contrôle sur deux éléments de la


décision : sa légalité ‫شرعية القرار‬et son opportunité ‫جدوى مالئمة القرار‬.

 Le contrôle exercé par le pouvoir hiérarchique est soit organique


soit fonctionnel :
- le contrôle organique ou sur les personnes : il contient 3
volets :
 Le pouvoir de nomination : soit directement ou par voie
de proposition. Dans le cas de concours, l’autorité compétente signe la
décision de recrutement après la proclamation des résultats du concours.
 Le pouvoir d’organisation de carrière : c-à-d
l’application des droits et obligations contenus dans les règles de
fonction publique, comme les promotions, les permutations pour les
besoins du service public, les notes administratives…
 Le pouvoir disciplinaire : c-à-d le pouvoir d’affliger des
sanctions disciplinaires avec l’obligation de traduire l’intéressé devant le
conseil de discipline et de respecter les droits de défense.

C/ Pratique de la CA :
La CA repose sur une administration centralisée et une administration
déconcentrée.
C1) L’administration centralisée ‫ اإلدارة المركزية‬:
C’est l’ensemble des organes administratifs de l’Etat qui ont la
compétence de diriger les affaires nationales. L’administration
centralisée exerce une compétence générale c-à-d qu’elle s’étend sur
tout le territoire géographique national (Président de la République et

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Chef du gouvernement), et une compétence fonctionnelle qui obéit au


principe de spécialité (les ministres).
1/ La présidence de la République :
Avant la Révolution du 14 janvier 2011, la Tunisie était sous le règne
d’un régime présidentialiste, donc le PR était le chef de toute
l’administration centralisée.
Ceci n’est plus le cas avec la nouvelle constitution post-révolutionnaire
qui a diminué le rôle administratif du PR. En effet, ce dernier n’est plus le
chef d’administration que pour les établissements qui dépendent de la
Présidence de la République (« article 78, alinéa 2).
Le PR a conservé les prérogatives relatives aux affaires étrangères, à la
sécurité nationale, à la promulgation des lois, à la ratification des traités,
aux nominations et révocations (dans les hautes fonctions militaires et
diplomatiques+ mufti de la République, gouverneur de la Banque
centrale) (article 78.
2/ La présidence du gouvernement :
Avec la nouvelle Constitution, et plus particulièrement ses articles 65, 92
et 94, la présidence du gouvernement a été considérablement consolidée
pour devenir l’organe le plus important dans la gestion des rouages
administratifs ‫التصرف في دواليب اإلدارة‬.
En effet, le CG est le chef de l’administration. « Le chef de gouvernement
gère l’administration » (article 92, alinéa 6) et a le pouvoir de décréter
des décrets gouvernementaux à caractère général et abstrait pour
organiser des questions qui ne relèvent pas du domaine de la loi. « Il
détermine la politique générale de l’Etat… et veille à son exécution »
(article 91). Il a aussi le pouvoir de :
- Nomination et révocation des emplois de la haute fonction publique.
- Création, modification et suppression des ministères,
- Révocation d’un ou plusieurs membres du gouvernement ou
l’acceptation de leur démission,
- Création, modification et suppression des établissements et entreprises
publics et des services administratifs.
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2/ Les ministères :
« Le chef de gouvernement est compétent en matière de création et
suppression des ministères et des secrétaires d’Etat, ainsi que la
fixation de leurs attributions et prérogatives, après délibération du
Conseil des ministres » (article 92), et ce par décret gouvernemental.
 Le nombre de ministères n’est pas stable et il obéit à la logique
politique et au pouvoir discrétionnaire du CG.
Le dernier gouvernement de Hichem Mechichi, après le remaniement
ministériel du 16 janvier 2021, compte 27 ministères et 2 secrétariats
d’Etat. Il compte 8 femmes sur 29 membres.
En effet, Le 16 janvier 2021, Hichem Mechichi annonce un
remaniement ministériel portant sur onze portefeuilles et :
- la récréation du ministère de la Formation professionnelle, de
l'Emploi et de l'Économie sociale et solidaire,
- la séparation des ministères de l'Industrie et de l'Énergie et des
Mines,
- la suppression du poste de ministre auprès du chef du
gouvernement chargé de la Relation avec les instances
constitutionnelles et la Société civile ainsi que du secrétariat d'État
auprès du ministre de l'Économie, des Finances et de l'Appui à
l'investissement.
Les nouveaux ministres obtiennent la confiance de l'Assemblée des
représentants du peuple le 26 janvier. Cependant, le président Kaïs Saïed
refuse de les recevoir pour la prestation de serment à cause de suspicions
de corruption concernant quelques ministres ainsi que du non respect de
la Constitution en ce qui concerne la délibération du conseil des
ministres à propos du remaniement.
 Les ministères peuvent être classés en :
- ministères horizontaux ou techniques basés sur le principe de
spécialité,
- ministères verticaux à caractère général,
- ministères de souveraineté (défense, intérieur, affaires étrangères et
justice).

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