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Fritz Berger - La Grace Surabondante de Dieu Dans Ma Vie - EBOOK

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La grâce surabondante de

Dieu dans ma vie

Fritz Berger

Éditions Assemblée évangélique des frères


Malleray-Bévilard
Suisse
Éditions E.P.I.S
Je considère la patience du Seigneur comme étant mon
salut.
Préface

Durant de nombreuses années, des frères et sœurs dans le


Seigneur m’ont prié d’écrire ma vie, mais je m’en défendais,
car j’avais réalisé qu’en lisant certaines biographies, des
enfants de Dieu perdaient aisément courage, songeant :
« Tout est nul dans ma vie, Dieu ne saurait se servir de
moi ! » Une telle conséquence était due généralement au fait
que ces livres ne mentionnent qu’un seul côté de la vie.
Finalement, je me laissai tout de même convaincre, mais je
fis la réflexion suivante - « J’écrirai à condition de
mentionner également les conceptions et interprétations
erronées que j’avais préalablement de la Parole de Dieu
(alors que je me trouvais être encore sous la loi) tout en
indiquant la façon dont ce Dieu fidèle m’en a purifié, ainsi
que des œuvres mortes. C’est avec une grande patience que
Dieu m’a enseigné le combat de la foi, et je souhaite que
beaucoup d’âmes apprennent à combattre ce bon combat
en lisant ses voies de grâce décrites ci-après. Que Dieu fasse
grâce afin que sa manière de me conduire, enseigner et
instruire, soit en bénédiction à d’autres âmes et que
plusieurs, par ce moyen, en viennent à louer son amour, sa
patience et sa grâce. « Nous vous annonçons ce que nous
avons vu et réalisé. »
Le Sauveur nous ordonne de dire aux hommes, non
seulement comment ils doivent vivre, mais il demande, bien
plus, qu’ils soient enseignés de façon à s’en tenir à tout ce
qu’il a ordonné. Voilà ce que j’ai fait selon le don de grâce
que Dieu m’a donné dans ma faiblesse. Un grand nombre
des faits relatés ont trouvé leur origine dans des notes
sténographiques provenant d’études bibliques, ce qui
explique certaines répétitions.
Ce livre doit glorifier le nom de Dieu, et je souhaite que sa
lecture soit faite dans ce sens.
Que la bénédiction divine accompagne chaque lecteur.
Juillet 1940.
L’auteur.
Notice de la deuxième
édition

La première édition de ce livre a paru, dans sa langue


originale - l’allemand - en 1940. Une première traduction
française a été publiée en 1943. Elle est épuisée depuis
quelques années. Sa réédition a été l’occasion d’en revoir la
rédaction pour en corriger les tournures encore trop
dépendantes de la langue allemande, et permettre ainsi une
lecture plus aisée, dans la simplicité du langage qui convient
à l’Évangile comme dans la simplicité d’expression qui fut
celle de l’auteur, Fritz Berger.
Ceux qui se sont appliqués à revoir cette traduction française
ont connu personnellement et intimement l’auteur. C’est
dire, qu’ensemble, et par la grâce de Dieu, ils ont été à
même de ne pas trahir sa pensée.
Rappelons que ce livre est l’autobiographie de Fritz Berger,
né le 12 mars 1868, à Dürrgraben, parti pour la patrie céleste
le 1er mars 1950, fondateur de l’Assemblée évangélique des
frères (Brüderverein) dont le siège est toujours à Wydibühl,
Brenzikofen, dans l’Emmental, canton de Berne. Cet ouvrage
a été en bénédiction à de nombreux lecteurs. Maintes fois il
fut l’instrument utilisé par Dieu pour amener une âme à la
repentance, à la conversion, au pardon et à la délivrance par
la foi en Jésus-Christ. L’utilité de sa réédition était évidente,
et Dieu le permit. Dès lors, nous avons la conviction que
cette deuxième édition française continuera l’œuvre salutaire
de la première, afin que des âmes soient aidées, amenées à
Jésus-Christ, Sauveur et Rédempteur, qui lave et qui
affranchit de tout péché.
Il ne s’agit pas ici de glorifier un homme ou une assemblée,
mais de donner gloire à Dieu qui manifeste, de diverses
manières et en divers lieux, dans le temps de sa patience,
son amour, sa grâce, sa miséricorde en Jésus-Christ.
Avec l’auteur nous disons : Que la bénédiction divine
accompagne chaque lecteur.
Signes précurseurs de la
grâce

Considérez, frères, que parmi vous qui avez été

appelés il n’y a ni beaucoup de sages selon la chair,

ni beaucoup de puissants, ni beaucoup de nobles.

Mais Dieu a choisi les choses folles du monde pour

confondre les sages ; Dieu a choisi les choses faibles

du monde pour confondre les fortes ; et Dieu a

choisi les choses viles du monde et celles qu’on

méprise, celles qui ne sont point, pour réduire à

néant celles qui sont, afin que nulle chair ne se

glorifie devant Dieu

1 Corinthiens 1.26-29

Ces paroles, d’importance capitale, se sont accomplies dans


ma vie. Tous nos jours, dès avant la fondation du monde,
ont été décrits dans le Livre de notre Dieu. Dans sa toute-
science, il connaît chacun et sait, comme Providence, quels
sont les hommes qu’il veut et peut employer à la louange de
sa gloire. Son Esprit-Saint cherche à travailler en tout
homme et il veut que tous soient sauvés et parviennent à la
connaissance de son salut.
Aussi loin que mes pensées se reportent et que j’ai
souvenance de ma vie, je reconnais en tout la main
paternelle et fidèle de Dieu. Mon cœur est rempli de
louanges et d’actions de grâces en songeant à ce que ce
Dieu bon a fait en moi et pour moi. Cependant, combien ne
doit-il pas faire preuve de grâce et de patience jusqu’à ce
qu’un homme commence enfin à connaître ses voies
d’amour ! Il m’a ouvert les yeux sur son merveilleux amour,
sa grâce et sa fidélité et je l’en remercie du tréfonds de mon
cœur. Tout ce que j’écris ici doit le glorifier et être un
témoignage de sa grâce surabondante, de sa providence et
de sa sollicitude.

Maison paternelle et jeunesse

Je naquis en 1868 à Dürrgraben, commune de Trachselwald,


endroit situé dans une petite vallée latérale très isolée de
l’Emmental. Notre maisonnette était bien solitaire, éloignée
de toute circulation, et entourée de tous côtés par la forêt et
des buissons. Huit enfants représentaient l’unique richesse
de mes parents et nous étions très pauvres et méprisés.
Mon père, paralysé par suite d’une crise cardiaque, ne
pouvait se servir que d’une main mais, dans la mesure de
ses forces, il procédait du matin au soir au défrichement de
souches d’arbres dans la forêt. Cependant, ma mère
endossait toute la responsabilité du ménage et le souci de
pourvoir à notre subsistance. Bien souvent, elle eut
grand’peine à gagner suffisamment pour nous permettre de
manger à notre faim. Bien qu’ignorant ; à ce moment-là les
bienfaits d’une communion personnelle avec Dieu, elle
arrivait cependant à joindre les deux bouts, mais sa santé
déclinait ; elle était chargée de soucis et de beaucoup de
chagrins. Dieu a pourvu, dans sa grâce, à ce que je ne sois ni
gâté, ni dorloté ; en ce qui concerne les vêtements, la mode
ne jouait aucun rôle chez nous et, si nous avions de quoi
nous vêtir et s’il nous était permis de manger en suffisance,
nous étions satisfaits.
Il existe des signes avant-coureurs de la grâce, et Dieu l’a
démontré à mon égard, même avant ma conversion. À l’âge
de cinq ans, j’assistai à l’incendie de notre maisonnette et, si
je considère la suite des faits, je dois dire que cet événement
fait partie intégrante des signes précurseurs de la grâce. En
effet, je fus alors accueilli dans la maison de mon parrain,
riche paysan demeurant à Fluelen près de Lützelflüh, et dont
la mère était croyante. Cette dernière était très pieuse et sa
conduite témoignait de sa piété, bien qu’elle n’eût pas
encore passé de la mort à la vie spirituelle. Mais elle réalisa
la paix de Dieu, la nouvelle naissance, durant les dernières
années de sa vie. - Dieu fait grâce aux humbles.
Elle avait fait un sujet de prière de ses domestiques et bon
nombre d’entre eux se convertirent après son décès. En ce
qui me concerne, je dois dire que cette femme m’a, en
quelque sorte, arraché de mon état par la prière ; toutefois
elle ne put voir la réalisation de son désir ici-bas. Comme
mon éducation chrétienne lui tenait très à cœur, elle
m’apprit à lire la Bible, et j’étais tenu (oui, j’étais obligé) de
me rendre chaque dimanche à l’église ou, si tel n’était pas le
cas, de lire un chapitre de la Bible ou une prière. Si cette
dernière alternative s’imposait, je ne manquais pas alors de
choisir un texte très court. Toutefois, en lisant la Parole de
Dieu, j’étais obligé de reconnaître que ma position n’était
pas du tout la vraie. Dans mon jeune âge, Dieu avait déjà
travaillé mon cœur, mais, dans mon entourage, ainsi qu’à
l’église, on affirmait que nous devions tous mourir comme
pécheurs. De ce fait, je continuais à faire partie de ceux qui,
selon leur opinion propre, croient en un Sauveur des
pécheurs ; je restais lié par le péché tout en espérant être
sauvé par grâce.
Mes parents déploraient mon insoumission mais, par
contre, je ne manquais pas d’obéir à mon parrain car je
savais pertinemment qu’il fallait lui obéir sans condition. À
la maison, je trouvais continuellement motif à critique et,
par esprit de contradiction, je faisais l’opposé de ce qui
m’avait été ordonné. Mais je craignais mon parrain et je lui
obéissais ; il ne me frappait jamais. Chez lui, je me pliais à la
discipline bien plus qu’à la maison, car je savais très bien
qu’il voulait que ses ordres fussent exécutés sans
discussion. Jamais il ne mentait, que ce soit dans ses
promesses ou dans ses menaces ; tous le savaient et c’est la
raison pour laquelle l’ordre régnait dans sa maison.
Un incident est inoubliable pour moi. Un jour, je partis avec
une charrette pour chercher une souche se trouvant au haut
d’un pâturage et provenant d’un défrichement. Arrivé au bas
du pâturage, je laissai là ma petite voiture, pensant qu’il me
serait possible de faire rouler la souche jusqu’à cet endroit.
Cependant, et contrairement à mes prévisions, elle roula
dans un étang rempli de boue et de fange. Garçonnet de six
ans, je n’eus plus que le désir de la sortir de là. M’enfonçant
de plus en plus dans la vase, je ne pus ni avancer, ni reculer.
En dépit des efforts que je fis pour me tirer de là, le limon
allait bientôt entrer dans ma bouche. Enfin, je me rendis
compte qu’il serait prudent de ne plus faire aucun
mouvement, ce qui me préserva de m’enliser tout à fait.
Comme je n’étais pas présent au dîner et qu’ensuite on ne
m’aperçut nulle part, on s’inquiéta. Des recherches furent
entreprises, mais elles restèrent infructueuses. Subitement
quelqu’un se rappela m’avoir vu partir avec une charrette.
Immédiatement, un domestique vint à ma recherche. La vue
du petit char lui fut un indice et il continua son chemin
jusqu’à la digue entourant l’étang. Fouillant celui-ci du
regard, il aperçut tout à coup ma tête aux cheveux blonds. Il
me retira de là ainsi que la souche et, nous ayant placés tous
deux sur la charrette, il prit le chemin du retour.
Je demeurai chez mon parrain jusqu’à ce que je fus astreint
à fréquenter l’école. C’est alors que mes parents me
rappelèrent. Par la suite, il me fut permis de passer mes
vacances chez lui, où j’étais très bien reçu.
Souvent, il me chargeait de faire des commissions ; la
situation était tout autre qu’à la maison. Lorsque maman
m’envoyait faire des achats, je devais me présenter dans les
magasins au nom de ma pauvre mère et… faire des dettes.
Fréquemment l’on ne me donnait rien, faute d’argent.
Les choses se passaient d’une manière différente lorsque
j’arrivais sur l’ordre de mon parrain ; sans hésitation on me
donnait des choses représentant de fortes sommes, même
si je n’avais point d’argent. En de pareilles circonstances, je
pouvais partir avec cheval et voiture, sans bourse, puisque
j’agissais pour mon parrain et non pour ma mère ! Comme
garçon, je n’avais nullement changé, mais les ordres dont
j’étais chargé émanaient de personnes de conditions
financières absolument différentes. Plus tard, cela me
fournit un exemple frappant lorsque je songeai à la façon
dont nous nous présentons devant le Père céleste ; combien
est grande aussi la différence, si nous y allons au nom de
Jésus ou en notre nom personnel !
Chez mes parents, le matin il arrivait que nous étions dans
l’obligation de nous rendre à l’école sans avoir mangé quoi
que ce soit. Je me souviens qu’une fois nous eûmes
l’aubaine, chemin faisant, de trouver un morceau de pain
dans une mare. Comme cette trouvaille fut un sujet de
plaisir ! Le tout fut partagé honnêtement entre nous.
Nos voisins avaient le bonheur de pouvoir manger en
suffisance, et combien de fois, en ce temps-là, n’ai-je pas
souhaité être à leur place ! J’aurais tant désiré me trouver
dans une situation analogue ! Lorsque je devais tirer une
charrette ou porter de lourds fardeaux, je pensais : « Les
garçons voisins sont tout de même à envier, puisqu’ils sont
en mesure d’utiliser le cheval et la voiture, et même de
s’asseoir sur cette dernière ! »
À cette époque, les chutes de neige étaient très fortes et le
chemin conduisant à l’école bien long ; nous devions passer
par des sentiers étroits et tortueux. Dans notre contrée, il
était de coutume de porter des guêtres par temps de neige,
mais je n’en possédais pas ! J’étais chaussé de sabots bas
et, par conséquent, j’étais à l’école tout le jour avec des
pieds mouillés ! De temps à autre, il m’était permis de
porter les guêtres de mes frères ou sœurs, ce que je faisais
avec une grande joie et avec le sentiment d’être quelqu’un !
Oui, nous avons été bien pauvres.
Souvent j’ai vu ma mère en larmes lorsqu’elle n’avait point
d’argent et que telle ou telle chose était si nécessaire ! Elle
pleura lorsque le pain renchérit de cinq centimes, craignant
que son prix n’augmente encore de quatre-vingt-quinze
centimes à un franc. Combien de fois n’a-t-elle pas supplié le
boulanger avec larmes de nous donner du pain, du maïs ou
quelque chose de similaire, sans argent ! À cette époque-là,
les gens avaient honte d’accepter l’assistance de la
commune, et chaque cadeau reçu procurait une grande joie.
Un certain voisin nous remettait un morceau de pain et du
fromage, en récompense du travail effectué chez lui ;
remplis de joie, nous courions à la maison pour partager ce
don avec tous. Bien que les parts revenant à chacun fussent
réduites, notre joie était grande. Dieu rémunérera une fois
grandement de pareilsdonateurs ! Voilà ce qu’étaient nos
conditions de vie !
À la confirmation, je reçus le texte : « Fortifie-toi et aie du
courage ! Ne crains point et ne sois point effrayé devant
eux ; car l’Éternel, ton Dieu, marchera lui-même avec toi, il
ne te délaissera point et il ne t’abandonnera point ». Puis
suivait le couplet du chant :

Intrépide et sans frayeur

Le chrétien n’a jamais peur,

Où qu’il soit, toujours il veille.

Même devant la mort

Son courage point ne sommeille ;

Il se sent encore plus fort !

Le pasteur a peut-être pensé, en me remettant un texte aussi


beau, que j’avais été un bon catéchumène ! Je plaçai ce
verset biblique à la paroi et, lors de ma conversion, il me
réjouissait lorsque je le relisais ; je l’aime encore
actuellement, car ces paroles me désaltèrent et me
consolent : « Il ne te délaissera point et il ne t’abandonnera
point ». Mais tout ceci se trouve être subordonné à la
condition : « Ne crains point et ne sois point effrayé » ;
alors, Dieu ne retire pas sa main et ne nous délaisse point.
Parfois, j’ai été assailli par la crainte et il m’est arrivé d’avoir
peur mais si, malgré la tentation, on persévère dans la foi,
Dieu dit : « Il a vaincu ! » La part des incrédules sera l’étang
ardent de feu et de soufre, et les versets bibliques sont à
l’homme, soit en bénédiction, soit en malédiction. Nous
avons un Dieuqui nous permet de réaliser de quelle façon il
porte ceux qui croient en lui, même en tremblant. Si nous
avons confiance en lui, nous sommes dans le repos.
Lorsque je songe à la maison paternelle, le fait que Dieu
m’ait retiré le premier de mon état de péché me met dans
l’étonnement ; ici encore, c’est l’œuvre de sa grâce et de son
amour insondables. Après ma conversion (mon père ne
vivait plus), le désir de voir ma mère et mes frères et sœurs
se convertir se fit intense. La première à se décider fut une
sœur, la seconde en âge. Je lui avais rendu visite deux ou
trois fois, la suppliant de se convertir ; mais après mon
départ, elle plaçait un bâton derrière la porte, résolue
fermement à en faire usage à mon égard la prochaine fois.
Elle fréquentait assidûment l’église. Un jour commentant
l’histoire de Zachée, une vérité s’échappa soudain de la
bouche du pasteur. En effet, il déclara qu’il y avait lieu de
rendre ce que l’on avait dérobé ; cela concernait plus
particulièrement ma sœur, car elle avait volé des pruneaux.
Immédiatement, elle se mit en route pour les payer puis, la
chose étant en ordre, elle vint chez moi. Nous nous mîmes à
genoux pour prier, mais elle prétendit n’être pas à même de
le faire. Je lui répondis : « Je ne me lèverai pas avant que tu
ne cèdes ! » Une demi-heure s’écoula ; enfin elle pria,
réalisant en même temps la paix de Dieu. Le dimanche
suivant et selon sa coutume, elle se rendit à l’église où, dans
son sermon, le pasteur se rétracta au sujet des paroles qu’il
avait prononcées,se rapportant à la réparation des torts. Il
était trop tard ; ma sœur avait suivi son conseil et réalisé la
paix de Dieu ; elle savait qu’elle avait agi selon la volonté de
Dieu en payant ce qu’elle avait dérobé.
Lorsque je suppliais ma mère de se convertir elle se
défendait, disant : « Vois-tu, Fritz, j’ai beaucoup souffert
dans ma vie ! » Alors je lui répondais que malgré tout, elle
devait se convertir. Elle continuait néanmoins, à baser son
salut sur les difficultés de sa vie.
Lors des ensevelissements, on entendait souvent prêcher
que les souffrances et les difficultés supportées par la
personne décédée étaient le motif de son salut et de son
acceptation auprès de Dieu. Ma mère remplie de cette
croyance, ne se laissait pas dissuader. En fin de compte je lui
dis (une déclaration pareille à son égard me coûta
beaucoup) : « Maman, tu nous as appris à voler et à mentir ;
tu es une mauvaise mère ! » - Ce n’est pas vrai ! répondit-
elle. Je lui dis alors : « Te souviens-tu de m’avoir envoyé
voler du bois, ainsi que des raves sur le champ ? » Réflexion
faite, elle se remémora le fait. - « Tu nous as appris à
mentir ! Tu nous ordonnais de dire que tu étais absente
lorsqu’un créancier venait chez nous ! » Ici également elle
dut reconnaître la véracité de la chose. Enfin, elle s’écroula
intérieurement. Se rendant ensuite chez chacun de ses
enfants (nous n’habitions plus en commun), elle demanda
pardon à tous et s’humilia devant Dieu. Ma sœur aînée qui,
pendant un certain temps, avait suivi les assemblées,
chercha à la détourner en lui faisant remarquer que tout cela
ne valait rien. Ma mère en fut grandement ébranlée, mais la
seconde sœur - qui était une enfant de Dieu - s’adressa à elle
en lui disant : « Maman, ne veux-tu pas accepter ce que Fritz
a dit ? » Peu de temps après, je rendis à nouveau visite à ma
mère qui, de loin déjà, vint à moi. Avant d’arriver auprès
d’elle, il me fut permis de constater qu’elle avait également
réalisé la paix de Dieu ; nous nous embrassâmes, puis
louâmes Dieu et elle raconta les grandes choses que le
Seigneur avait faites pour son âme.
Choix d’une profession -
Service militaire - Mariage

Au jour de ma détresse, je cherche le Seigneur

Psaume 77.3

Dieu sait de quelle façon il doit conduire les siens. Il savait


ce qui m’était salutaire car, dans ma jeunesse déjà, il avait
dirigé mon cœur. Je recherchais tous les moyens possibles
pour devenir riche, mais il ne m’a pas permis de faire
fortune. Aujourd’hui, je vois combien il fut salutaire que
Dieu ne permette pas la réalisation de mes plans.
Peu avant la fin de ma scolarité, mon parrain me fit un dépôt
de cinquante francs à la banque. Il m’offrit aussi de prendre
à sa charge les frais d’apprentissage d’un métier, à condition
que je reste une année chez lui. Il me donnerait également
quelque argent de poche, tout en s’occupant de mes
vêtements, à moins que je ne préfèrerester définitivement
chez lui. Dieu dirigea probablement les choses afin que je
saisisse absolument à rebours le sens de ses paroles. Je
crus, en effet, qu’il me garderait chez lui comme
domestique. Plus tard, j’appris qu’il avait pleuré lorsque je le
quittai ; car il avait eu l’intention de me faire don de sa
grande ferme ! Ensuite, s’étant renseigné au sujet du métier
que je choisirais, il apprit que celui de charron me plaisait. Il
me le déconseilla vivement, prétendant que tous les
charrons étaient pauvres et qu’il serait préférable
d’apprendre sellier ou fromager. Quant à moi, je préférais le
charronnage. Il est vrai qu’en ce temps-là ce travail était l’un
des plus mal rétribués. Même en étant très économe, il était
quasi impossible de joindre les deux bouts. Il y avait tant de
charrons que le travail ne s’obtenait qu’à très bas prix. Été
comme hiver, il fallait travailler de bonne heure pour
terminer bien tard dans la nuit.
Mon apprentissage ne fut pas gai, mais les privations ne me
parurent pas insupportables, car j’avais été habitué aux
privations et je n’avais pas ignoré la faim. En quittant
définitivement l’école, j’avais pensé : « Voilà, dès à présent,
tu peux faire ce que bon te semble ; il n’y aura plus aucun
obstacle à cela ! » Puis, j’avais espéré qu’à la fin de
l’apprentissage la vie serait plus clémente et je voulus arriver
à quelque chose ; mes pensées et mes aspirations étaient
remplies de cet espoir, mais Dieu me préserva à travers
toutes les tentations. Ce n’est que plus tard queje me rendis
bien à l’évidence que ma vie aurait été tout autre si Dieu ne
m’avait pas préservé. Deux fois, je fus sur le point de me
fiancer à une fille fortunée, mais Dieu en avait décidé
autrement et ce n’est que longtemps après que je m’aperçus
que Dieu avait d’autres vues à mon égard. Déjà en ce temps-
là, il voyait la fondation de l’Assemblée évangélique des
frères.
C’est pendant ce laps de temps que je fis mon premier cours
de service militaire. J’avais été renvoyé de deux ans parce
que j’étais chétif et petit. C’est ainsi que je fis l’école de
recrues à vingt-deux ans. Je l’accomplis d’ailleurs avec
enthousiasme. Un certain fait m’a laissé un souvenir vivant :
Nous devions nettoyer nos gamelles. La mienne était
complètement noire. Je frottais de toutes mes forces. Malgré
mes efforts, elle ne changeait pas d’aspect mais je
remarquai qu’elle était imprégnée de goudron, de sorte que
plus je frottais plus le goudron se répandait. Il m’était
impossible de l’enlever et nous n’avions pas d’eau chaude.
J’étais encore possédé par le malin et il me suggéra l’idée de
saisir une occasion propice pour échanger ma gamelle
contre celle bien propre d’un camarade.
Lors de ma conversion, je réalisai quelque chose de
semblable. Sans y parvenir, je voulus nettoyer mon cœur. Il
devait être changé. Alors, je vins au Sauveur qui ôta de mon
cœur tous les péchés et me fit don d’un cœur nouveau, pur,
selon cette parole : « J’ôterai de votre corps le cœur de pierre
- souillé - et je vous donnerai un cœur de chair,- un cœur
propre, pur » (Ézéchiel 36 : 26). Seul, je n’y serais jamais
arrivé ; c’est l’œuvre de Dieu. Je renonçai à mes efforts,
lorsque je vis que c’était son œuvre.
Tôt après l’école de recrues, je me mariai à une pauvre
servante placée dans le voisinage et qui, pour toute fortune,
possédait la somme de 80 francs. Moi-même je ne
possédais rien ; ainsi les complications ne furent pas bien
grandes ! Toutefois, notre bien était quelque peu plus
important que celui de Bunyan qui, lors de son mariage, ne
possédait qu’une cuiller en commun avec son épouse. Nous
en avions tout de même une pour chacun et d’autres
ustensiles ! Notre mobilier se composait alors d’un matelas
valant 60 à 70 francs, d’une table (utilisée encore à présent)
pour la « salle à manger » valant 1 fr. 30 ! Nous n’avions ni
fauteuils, ni canapé. Des bancs alignés le long de la paroi
nous suffisaient. Je confectionnai moi-même le bois du lit,
mais nous n’avions pas d’armoire. L’installation de la
cuisine ne coûta pas bien cher. Nous étions heureux autant
que peuvent l’être des personnes inconverties.
Bien que nos dépenses fussent limitées au strict nécessaire,
nous vivions dans la pauvreté et les difficultés. En qualité
d’ouvrier, je gagnais hebdomadairement la somme de quatre
francs ; plus tard en qualité de maître-charron, pour débuter
je reçus un salaire journalier de un franc. Relevons
cependant que pour arriver à ce gain, il fallait être au travail
de cinq heures du matin à sept heures du soir, sans prendre
de repos à midi. Courageusement, ma femmese mit à
gagner en faisant du travail rétribué à la journée. Un jour, je
pus m’établir à mon compte, mais l’argent nécessaire à
l’achat de l’outillage et de la réserve de bois me faisant
défaut, je dus faire des dettes. Toute notre application et
notre capacité de travail ne purent arriver à bout de la
pauvreté et des difficultés qui surgirent alors.
Souvent, j’étais accablé, et ma détresse me poussait à
tourner les regards vers Dieu. Il me semblait être un homme
des plus pieux. Sans ces angoisses constantes, je n’aurais
certes pas songé à chercher Dieu : J’assistais régulièrement
au culte à l’église. S’il m’arrivait de ne pas m’y rendre deux
dimanches de suite, j’avais l’impression d’être un impie.
J’allais à l’église non pas pour écouter la Parole mais
seulement pour tranquilliser ma conscience. Je priais
beaucoup, non pour être exaucé, mais uniquement pour
avoir prié ! Pendant le sermon, je me demandais ce que
j’allais entreprendre l’après-midi, c’est-à-dire si je jouerais
aux cartes ou aux quilles. Fatigué, par six jours de travaux
pénibles, je cédais souvent au sommeil et le mot :
« Amen », prononcé à la fin du sermon représentait chaque
fois un bienfait pour moi, car il n’était pas dans mes
habitudes de rester assis longtemps. Lorsque le jour de la
communion arrivait, je faisais un visage triste et je baissais
la tête, et c’est ainsi que je me présentais devant l’autel ;
puis je m’en retournais à la maison avec cette même
tristesse. L’après-midi, je me consolais en pensant :
« Dimanche prochain, il me sera permis de rejouer aux
cartes ! »
Je ne pouvais, en effet, me permettre cela le dimanche du
service de sainte Cène ! C’est donc à de telles manières
pieuses que j’avais recours. Beaucoup le font encore
aujourd’hui. J’étais un pécheur pieux, un pécheur d’église, et
je tenais beaucoup à elle. Si l’on mettait en pratique
l’enseignement que nous y recevions, il était aisé de couvrir
ses fautes et d’excuser ses manquements.
Ainsi, je croyais être un chrétien très pieux, et je me trouvais
être brave et intègre. Toutefois, j’aurais désiré être libéré
uniquement de cinq péchés, pensant que si je ne les avais
plus je ne saurais être confondu devant le tribunal de Christ !
C’étaient : le jeu de cartes, le jeu de quilles, les jurons, le
mensonge et la passion de fumer. Je croyais qu’en
fréquentant l’auberge je trouverais des clients. Cette
habitude fit de moi un joueur de cartes et de quilles
passionné. La passion du jeu de cartes m’attirait sans cesse
au café. Lorsque j’y étais attablé, il arrivait fréquemment
qu’un certain « mômier », revenant d’une assemblée,
s’arrêtait pour boire sa petite chope ou ses deux ou trois
décis ! Naturellement, cela m’encourageait à rester encore
plus longtemps à ma place. En rentrant chez moi, je ne
manquais pas de consoler ma femme, m’excusant et lui
disant qu’un tel y était également ! Une fois même, je fixai
une carte de jeu au dos de cet homme, qui s’en retourna
ainsi à la maison ! Quelquefois, nous jouions aux cartes
dans mon atelier jusqu’à l’aube. Ces nuits de jeu
produisaient en moi des sentiments étranges.
J’étais également un menteur stupide ; d’ailleurs, le
mensonge est toujours quelque chose de stupide ! Étant
garçonnet, je rendis une fois visite à ma tante puis, m’en
retournant à la maison, je racontai qu’on m’avait servi de la
viande. Lors de la prochaine visite de ma tante, ma mère ne
manqua pas de la remercier. Il s’avéra alors que j’avais
raconté des choses ridicules et je fus démasqué comme
menteur !
J’étais terriblement lié au tabac ! Malgré des malaises
s’accentuant jusqu’à perdre l’appétit, je ne pouvais arrêter
de fumer la pipe et, souvent, j’avais l’impression d’avoir la
langue brûlée. On entend souvent parler de la saveur d’un
bon cigare, mais je n’ai jamais été de cet avis. Désirant
ardemment ne plus être asservi par ma pipe, je la brisai
plusieurs fois, lançant les morceaux au loin ; mais toujours,
et en dépit de l’état pitoyable qui m’attendait chaque fois, je
devais recommencer. Lorsque je ne pouvais pas acheter du
tabac, je remplaçais celui-ci par de la fleur de foin ; il ne
m’était pas possible de rester plus de deux ou trois jours
sans fumer. Que c’est triste ! Si on éprouvait de tels
malaises en lisant la Bible, on ne recommencerait plus de la
lire. Oui, le péché est la ruine des hommes !
Le lundi, le mardi et même le mercredi, souvent je ressentais
encore les effets de mes excès. Je savais que c’était le
résultat de mes passions. Les regards de ma femme disaient
clairement : « Tu es le seul responsable de ta conduite de
dimanche ! » Le travail pesait alors terriblement sur mes
épaules. Combien la journée me semblait longue ! Tout en
travaillant, je me demandais s’il n’était pas bientôt midi ? »
Mais les aiguilles du cadran avançaient avec une lenteur
désespérante ! Comme toute cette situation se modifia lors
de ma conversion ! J’étais heureux et mes jours se
succédaient rapidement.
J’avais été séduit également par le vol. Je me serais bien
gardé de dérober de l’argent, il ne s’agissait pas de cela ;
d’ailleurs, les occasions auraient été minimes, mais je volais
d’autres choses telles que du bois, des cerises, des prunes,
etc. Le méfait ne me pesait pas beaucoup si j’avais passé
inaperçu. Mes péchés ne me faisaient point honte, j’en
faisais même un sujet de vantardise auprès de mes
semblables ! Cependant la grâce, par des signes
précurseurs, fait retentir son appel partout (Proverbes 1). Si
je me trouvais dans la forêt le dimanche matin en train de
braconner, avec mon fusil, et que le son des cloches de
l’église arrivait jusqu’à moi, la grâce me reprenait : « Tu n’es
pas au bon endroit ! » et elle me renvoyait à la maison.
Malgré cela, les choses en restaient là et je continuais à
servir le malin, suivant mon propre chemin. Le dimanche
matin, j’étais à l’église et, l’après-midi, je jouais aux cartes
ou aux quilles ; le diable prend grand plaisir à des gens de
cette sorte !
Une fois, des comédiens passèrent dans notre village avec
des chameaux, des singes et un ours attaché par une boucle
nasale. Le dompteur faisait claquer son fouet et lui criait :
« Hop là, hop là, hop là là ! ». Sous l’action du fouet, l’ours
dansait. Le diable agit ainsi avec les hommes aussi
longtemps qu’ils sont placés sous sa domination. Les tenant
fermement liés, il leur crie aussi : « Hop là, hop là, hop là
là ! » et, ainsi, ils doivent recommencer continuellement à
jouer aux cartes, aux quilles, et à suivre les péchés de la
chair ; même s’ils ne le veulent plus ; j’ai réalisé cela !
Je ne voulais plus fréquenter l’auberge, mais l’ordre était là :
« Hop là, hop là ! » C’est bien triste, mais c’est ainsi, et
pourtant, l’aide et la délivrance sont là pour chacun.
Cependant, je ne le voyais et ne le savais pas ; je luttais
contre la puissance du péché par mes propres forces.
Lorsque je m’en retournais à la maison en sortant de
l’auberge et que j’apercevais mes enfants vêtus d’habits
déchirés et portant des souliers troués, la voix de ma
conscience s’élevait plus fort. Oh ! comme cela rongeait
mon cœur ! Je devais bien convenir que j’aurais été à même
de parer à bien des difficultés, sans mon ivrognerie et ma
passion du tabac. Une certaine fois, je pus m’en rendre
compte de façon évidente : Nous n’avions plus de pain et,
pour tout argent, il restait vingt centimes. Si du moins nous
avions possédé dix centimes de plus ! Cela nous aurait
permis d’acheter le pain si nécessaire ! Je vis alors
clairement combien je gaspillais mon argent, le sacrifiant au
malin ! Les besoins de ma famille augmentaient et mes
passions la jetaient de plus en plus dans la pauvreté. Je
tombai malade et je craignis d’être à la charge de la
commune avec mes enfants ; j’en eus honte.
Ayant pris plusieurs résolutions, je fis solennellement la
déclaration suivante à ma femme : « J’ai été à l’auberge pour
la dernière fois ! » Des déterminations de ce genre ne
modifièrent aucunement la situation, et ma femme ne
croyait plus à de telles paroles. Il m’était difficile de
m’arrêter ; s’il m’eût été possible de le faire, je ne me serais
jamais converti ! Lorsque j’étais en possession de quelque
argent et que j’entendais mes camarades jouer aux quilles,
j’étais attiré et je ne pouvais résister.
Combien de fois me suis-je mis à genoux sous un cerisier,
lorsque je rentrais à la maison en sortant du restaurant
suppliant Dieu : « Aide-moi ! » En ce temps-là, je lisais
assidûment la Bible, mais vivre selon ce livre me paraissait
impossible ; j’avais l’impression que nul ne saurait subsister.
Maintes fois, j’oubliais mon chapeau à l’endroit où j’avais
prié et, le jour suivant, je devais m’en retourner pour le
chercher. Un jour du mois d’avril, je fis serment à Dieu, en
levant les doigts, que je ne jouerais plus, ni aux cartes, ni aux
quilles, jusqu’à Sylvestre. Cependant, je brisai cet
engagement à Noël et, depuis ce moment-là, ce dicton me
poursuivit continuellement : « Le chemin de l’enfer est pavé
de bonnes résolutions ! » Selon « le train de ce monde et
selon le prince de la puissance de l’air, de l’esprit qui agit
maintenant dans les fils de la rébellion » on est esclave du
péché, bien que sachant que c’est mal. Mais la force
rédemptrice de Dieu se révèle à celui qui désire rompre
sérieusement avec tous les péchés, non seulement avec ceux
qui lui créent le plus de soucis. Certain de la victoire, le
regard d’un tel homme se portera vers l’avenir et il
témoignera avec joie : « C’est assez, en effet, d’avoir dans le
temps passé accompli la volonté des païens, en marchant
dans la dissolution, les convoitises, l’ivrognerie, les excès du
manger et du boire, et les idolâtries criminelles. » (1 Pierre
4 : 3). Ce n’est que lorsqu’il veut rompre avec le péché, que
l’homme se rend compte de la puissance de celui-ci, et il
réalise ce qu’il est vraiment de nature. « Quiconque se livre
au péché, est esclave du péché. Si donc le Fils vous
affranchit, vous êtes réellement libres ! » (Jean 8 : 34-36).
La grâce conduisant à la
repentance

Vous me chercherez et vous me trouverez si vous

me cherchez de tout votre cœur. Je me laisserai

trouver par vous, dit l’Éternel

Jérémie 29.13

C’était dans la nuit du 11 février 1899, à 11 heures. J’étais


encore attablé à l’auberge du Bàren à Dürrgraben. Un
homme venait d’entrer. Il commanda une limonade et une
saucisse. Voyant cela, je pensai : « Voilà un homme
heureux ! » car moi, j’étais en train de jouer aux cartes et
boire du vin. À la fin du jeu, un désir ardent me saisit et je
pensai : « S’il y a possibilité qu’un homme soit sauvé sur
terre, eh bien ! dès à présent, je serai cet homme !
Maintenant, je veux croire ce qui est écrit dans la Bible, je
veux faire ce qu’elle ordonne et laisser de côté tout ce qu’elle
prescrit de laisser ! » Alors je sentis une force descendre en
moi, ainsi qu’une félicité merveilleuse ; je savais de façon
certaine que j’avais joué aux cartes pour la dernière fois.
Ensuite, j’entendis une voix disant que je devais signer un
engagement de la « Croix-Bleue ». Ne sachant pas ce que
cela signifiait, je me rendis la nuit même chez mon voisin, le
notaire, pour demander ce que signifiait le nom : « Croix-
Bleue ». Il m’expliqua qu’il s’agissait ici d’une société dont
les membres se sont engagés à s’abstenir de toute boisson
alcoolique. Il ajouta encore qu’il allait se renseigner au sujet
d’une société de ce genre et qu’il viendrait avec moi pour
signer aussi. Ce notaire était un camarade de jeu et nous
signâmes tous deux.
Me rendant à la maison, j’eus l’impression d’être enveloppé
d’un manteau de soie, et cette parole devint effective pour
moi : « Il prendra les agneaux dans ses bras, il les portera
dans son sein ; il conduira les brebis qui allaitent. » (Ésaïe
40 : 11). Je déclarai à ma femme : « C’est la dernière fois que
j’arrive ainsi à la maison ; dès à présent, j’ai rompu
définitivement avec la vie d’auberge ! » Naturellement, et vu
que je l’avais trompée fréquemment, elle n’y ajouta pas foi.
Quant à moi, j’étais certain de la victoire ! La parole suivante
prit de l’importance à mes yeux : « Vous me chercherez, et
vous me trouverez, si vous me cherchez de tout votre
cœur ! » Il n’était plus question de rompre avec cinq péchés
seulement ; je voulais commencer une vie nouvelle. Le
Seigneur Jésus dit clairement : « Ainsi donc, quiconque
d’entre vous ne renonce pas à tout ce qu’il possède ne peut
être mon disciple et celui qui aime quelque chose plus que
moi, n’est pas digne de moi. » Le fait d’user d’un parlé pieux
et d’obéir à Dieu en certaines choses n’est nullement
suffisant. Celui qui se convertit est d’accord, à l’instant
même, d’obéir en toutes choses à Dieu et à sa Parole.
Précédemment, j’avais honte d’assister aux assemblées
mais, dès cet instant, la Parole de Dieu me réjouit beaucoup.
Souvent, rentrant de l’auberge, mes camarades et moi nous
promettions de nous rendre au culte mais, lorsque le
dimanche arrivait, je ne manquais pas de leur faire dire : « Je
ne viens pas ! » J’étais persuadé que fréquenter les
assemblées et devenir un mômier était quelque chose de
bien triste, cela devait être la fin de toute joie. Mais comme
je fus agréablement « trompé » et comme je fus inondé de
joie ! Jamais je n’avais imaginé une telle félicité ! C’est à
cette époque déjà que je modifiai le couplet d’un chant
disant :

Si les gens croyaient au Sauveur, leur vrai bien,

Certes, encore aujourd’hui, tous deviendraient

chrétiens.
Tous, et non pas, comme il était dit : « plusieurs ». Tout de
suite j’eus la victoire sur beaucoup de choses. J’étais dans la
louange en témoignant comment Jésus m’avait délivré du
jeu decartes, du jeu de quilles, des mensonges, ainsi que de
l’emploi en vain du saint nom de Dieu.
Six ans avant ma conversion, j’avais rompu avec le
braconnage, car Dieu m’avait parlé de diverses manières, en
sorte que je n’eus plus le courage de continuer. Un soir, à
l’affût à l’angle d’une forêt, un lièvre passa soudain à portée
de ma main. Pour ne pas trop abîmer sa peau, je ne tirai pas
immédiatement. J’attendis qu’il fut à vingt mètres environ et
je fis feu. Une longue flamme sortit de mon fusil. Lorsque je
me relevai, la grenaille sortait seulement du canon ! Cela
m’ébranla énormément. Une autre fois, j’étais aux aguets au
coin d’une forêt ; à l’opposé, le terrain était en pente et en
zone découverte. Brusquement, quelque chose de couleur
rouge fit une courte apparition à l’orée du bois. Me
préparant à tirer, je pensai : « Si c’est un lièvre, il ne
retournera pas dans la forêt, mais il sortira ! » Je ne tirai pas.
Décidant ensuite de faire feu j’y renonçai de nouveau. En fin
de compte, je me rendis sur les lieux pour voir ce que c’était.
C’était un buisson au feuillage jaune et rouge sous lequel un
de mes collègues était à l’affût. Il avait agité le feuillage en
s’y installant. Si j’avais tiré, je serais devenu un meurtrier.
Quelques instants après, le temps s’était assombri, et me
trouvant sur le chemin du retour, j’entendis un coup de fusil
non loin de moi. Je vis la grenaille entrer en terre ! La coupe
était pleine. Ces incidents me firent abandonner le
braconnage. À cette époque, je cessai également de dérober.
On racontait qu’un homme en vue de voler, était monté sur
un prunier situé près d’une maison. Quelqu’un, ayant
surveillé ses faits et gestes, s’était rendu dans la grange,
puis, s’était muni d’un long tuyau et le portant à sa bouche,
avait crié par un trou du toit : « Tu ne déroberas point ! » Le
voleur eut l’impression que cette voix venait du ciel, et,
descendant prestement de l’arbre, il se convertit ; les choses
avaient certainement été dirigées par le Seigneur et le but fut
atteint. Lorsque j’étais tenté de m’approprier du bien
d’autrui, ces paroles me revenaient chaque fois en mémoire
« Tu ne déroberas point ! » Je ne pus oublier cette anecdote.
Dieu se sert de moyens bien divers pour nous aider !
Il était grand temps que je me convertisse. Le jour suivant
déjà, ma femme accoucha et tomba malade, ce qui nous
apporta beaucoup de tribulations. Ma position à l’égard de
Dieu était maintenant tout autre. J’étais content et
reconnaissant ! La maladie de ma femme empira, devint très
grave, et l’on ne pouvait, à vues humaines, songer à une
guérison ; tout au plus pouvait-on entrevoir comme seule
issue la paralysie. Cette maladie dura sept mois. D’abord,
ma femme eut la fièvre puerpérale, ensuite les seins
malades ; puis commença une phlébite et finalement la
goutte fit son apparition. Une jambe s’était raccourcie de 30
centimètres environ. Le dos se voûtait peu à peu. Tout ceci
se produisait dans d’atroces douleurs. Vu notre situation, il
m’était impossible de faire appel à une garde-malade. À mon
travail, s’ajoutaient les soins à donner à ma femme. Nos
enfantsétaient en bas âge et ne pouvaient prêter aide ; ainsi
je devais m’occuper du ménage également ; mais le
Seigneur m’accorda la grâce nécessaire. De temps à autre,
nous étions aidés par quelqu’un mais, en général, la charge
totale m’incombait. On admirait ma patience, mais il me
semblait être un homme impatient ; les autres ne pouvaient
voir dans mon cœur. Cependant, je ne me suis jamais plaint,
bien que je fusse tenté de le faire.
Un jour, ma femme reçut la visite de deux hommes. Ils
savaient si bien prier que j’eus souvent cette pensée : « Que
ne donnerais-je pas pour savoir prier ainsi ! » Ils prièrent
avec ma femme déclarant qu’elle était bienheureuse, sauvée.
Et pourtant, elle n’était pas convertie et encore bien moins
en possession de la paix de Dieu. Elle resta malade en dépit
de ces belles prières ! Je me rendais assidûment chez le
médecin, pensant que si les apôtres Pierre, Jacques ou Jean
étaient encore sur terre, j’irais auprès d’eux pour obtenir la
guérison de ma femme. Je me trouvais être trop pécheur
pour croire que Dieu exaucerait ma prière. Selon l’usage, je
faisais appel au médecin, ne croyant pas encore, à cette
époque au pardon des péchés tel qu’il peut être obtenu par
le sacrifice de Christ. Après sept mois de traitement,
environ, le docteur déclara qu’il ne connaissait plus de
remèdes, ajoutant que l’estomac de ma femme était malade
par leur absorption et que, d’ailleurs, il me faisait perdre
mon argent. Il termina par ces paroles : « Aide-toi, le ciel
t’aidera ! » Je fis alors la réflexion : « Tu mens, car Dieu ne le
peut aussi longtemps que je puis encore m’aider moi-
même ! » Je me rendis à la maison, ne songeant plus ni à
moi-même, ni à une belle prière, et je dis : « Cher Père
céleste, je ne sais plus que faire et je ne veux pas être un
obstacle pour toi. Maintenant, je te fais place pour aider ma
femme ! » Et il aida. La constatation que Dieu est aussi
médecin était pour moi une découverte. Aucune des
personnes ayant visité ma femme n’avait parlé de ce divin
Médecin ni ne l’avait rendue attentive au salut de son âme.
J’étais alors pauvre et misérable, mais jamais je ne souhaitai
recommencer ma vie d’autrefois ! Dieu eut compassion de
nous et fit un miracle à l’égard de ma femme ; les grandes
douleurs se calmèrent et elle reprit visiblement des forces. À
nouveau, son dos se redressa et elle put étendre les jambes,
mais l’une de celles-ci était encore environ quinze
centimètres plus courte que l’autre ; cependant elle redevint
normale au bout de quelques jours. Après un laps de temps
très court, la santé de ma femme fut rétablie à tel point qu’il
lui fut possible d’effectuer à nouveau des travaux pénibles et
même de piocher des sillons tout le jour. Les personnes qui
l’avaient approchée durant sa maladie pouvaient à peine
ajouter foi à cette guérison et bien des gens, venant de loin,
désirèrent constater ce miracle. Tous ces événements
m’encouragèrent à me confier en Dieu à l’avenir, même
dans la maladie. Jusqu’à ce moment-là, j’avais été obsédé
par l’idée que j’étais par trop mauvais et que Dieu ne
m’exaucerait que si j’étais un homme meilleur ; ainsi, je ne
pouvais concevoir un exaucement de prière qu’après une
amélioration de mon état. Toutefois, combien n’ai-je pas été
réjoui par ces paroles qui, aujourd’hui encore, me fortifient :
« Tu oses venir, tel que tu es tu seras accepté par grâce ».
Dès lors je fus encouragé à prier également pour les autres.
Deux ou trois personnes soi-disant incurables furent guéries.
Lorsque je rencontrais le médecin, il ne manquait pas de me
dire : Veux-tu me faire à nouveau concurrence ? »
Néanmoins son respect augmentait à mon égard.
J’étais tellement rempli de ces expériences que j’aurais
désiré fonder un second « Ràmismühle », mais Dieu choisit
un autre chemin pour moi.
Confession des péchés et réparation des torts

Celui qui cache ses transgressions ne prospère point,

mais celui qui les avoue et les délaisse obtient

miséricorde

Proverbes 28.13

Peu après ma conversion, je me rendis à l’évidence que mes


péchés devaient être confessés et réparés dans la mesure du
possible. Alors la honte m’envahit, et je me dis : « Lorsque je
devrai avouer avoir dérobé du bois ou des cerises, que diront
les gens lorsqu’ils m’entendront ? » J’avais volé du bois à un
voisin ; je me rendis chez lui et heurtai en tremblant à la
porte. Personne ne vint ouvrir, ce qui intensifia encore ma
crainte. Je désirais m’enfuir, mais je craignais qu’il ne me
vît ; c’est ce qui me retint. Enfin, la porte s’ouvrit. Étant
entré, je lui indiquai le pourquoi de ma visite : « Je veux vivre
pour le Seigneur et je veux être sauvé. Comme je t’ai dérobé
du bois, je viens en payer la contre-valeur ! » Il répondit :
« N’y regarde pas de si près et ne sois pas accablé
pareillement » - « Je veux me défaire de ce fardeau
pesant ! » Alors il me déclara qu’il aurait, lui aussi, bien des
choses à réparer s’il voulait agir ainsi et que, d’ailleurs, il
m’avait aussi volé. Nous possédions un peu de forêt et
certains paysans, lorsqu’une perche leur faisait défaut, ne
s’inquiétaient pas outre mesure lorsqu’ils s’étaient servis
chez le voisin. C’est ainsi que ce voisin pardonna mon délit,
et j’en fis de même à son égard.
Je fus obligé de me rendre également chez d’autres paysans
au sujet de bois dérobé. Si je ne réparais pas mes torts, je
savais très bien que ces faits seraient mis à découvert au
jour du jugement et que je serais condamné, bien que j’aie
eu soin de recouvrir les souches avec de la mousse afin que
l’on ne remarquât rien. Je tenais à avoir une conscience
purifiée et c’est le motif pour lequel je mis tout en ordre. Les
cerises et les pommes volées faisaient également partie de
ces méfaits, bien que leur poids n’atteignît ni vingt, ni même
dix kilos ! Mais je savais que tout devait être mis à découvert
chez moi, sinon je me voyais en pensée au jour du
jugement, perché sur l’arbre au pied duquel se trouvait le
propriétaire - et j’étais condamné et damné. C’est la raison
pour laquelle je me rendis partout, confessant mes fautes et
payant ce que j’avais dérobé. Si l’on agit ainsi, les gens sont
témoins d’une foi agissante. Tel a été chez moi le début et je
crois que beaucoup réalisent également les choses ainsi.
J’avais dérobé trois choses différentes chez un paysan. Je
confessai mon premier vol, puis je revins pour le deuxième,
mais le courage me fit défaut pour confesser le troisième. Ce
dernier se rapportait plus spécialement à une pièce de cuir
destinée au ressemelage et ayant une valeur d’environ
septante centimes. L’affaire était minime et je songeais que
sa réparation n’était nullement importante mais, sans cesse
ce cuir me revenait en mémoire. Je me disais : « Que va dire
cet homme, si je me rends chez lui pour la troisième fois ? »
Sa réaction sera la suivante : « Combien de fois reviendras-
tu et que m’as-tu encore dérobé ? » Tout devait être mis à
découvert et je dus me rendre encore une fois chez lui.
Un certain jour de marché, j’avais volé un petit couteau
valant vingt centimes ; lorsque je me convertis, j’eus
souvenance de ce délit. Malgré les recherches faites, je ne
trouvai pas trace du vendeur et je remis quatre-vingts
centimes à la Mission, soit donc le quadruple, selon les
Écritures. Plusieurs années s’écoulèrent et, un beau jour,
j’aperçus mon marchand de couteaux dans le train. À
Langnau, nous sortîmes ensemble ; quelques personnes me
reconnurent. Lorsque l’homme futsur la route je courus
jusqu’à lui, et comme il avait l’oreille dure, je fus contraint
de crier bien fort : « Je t’ai dérobé un couteau ! » Les larmes
commencèrent à couler sur son visage, mais je fus fort
soulagé lorsque je lui eus remis quatre-vingts centimes.
Certaines cerises volées me revenaient continuellement en
mémoire. J’entendis un jour un prédicateur déclarer que si
on oubliait le tort fait après avoir prié, nul n’était besoin de
le réparer, et qu’il n’y avait lieu de confesser que ce qui nous
accablait. Ainsi lorsque je pensais à ces cerises, je priais et je
les oubliais. Mais elles étaient à nouveau présentes à mon
esprit lorsque quelqu’un parlait de vol de cerises. Une telle
chose non réparée vous poursuit comme un chien et vous
crie : « Ce n’est pas bien, ce n’est pas bien ! » Il n’est pas
possible de croire sur une telle négligence ! En ce temps-là,
un de mes garçons tomba malade ; il respirait difficilement
et devenait bleu. Je voulais me rendre chez le médecin, mais
je savais que : « Jésus est le médecin » et je résolus de me
confier en lui.
Ouvrant la Bible, je tombai sur le texte d’Ézéchiel 33 : 15: « Si
le méchant rend le gage » s’il restitue ce qu’il a ravi, s’il suit
les préceptes qui donnent la vie, sans commettre l’iniquité, il
vivra, il ne mourra pas. Tous les péchés qu’il a commis
seront oubliés ». Je me dis qu’en ce qui me concernait,
j’avais réparé les torts que j’avais commis.
Après un moment, j’ouvris de nouveau la Bible et je lus :
« Celui qui cache ses transgressions ne prospère point. Mais
celui qui les avoue et les délaisse obtient miséricorde »
(Proverbes 28 : 13).
Une troisième fois, j’ouvris la Bible et voici ce que je lus :
« Lorsque tu as volé, tu dois le restituer en y ajoutant un
cinquième ». Finalement, les écailles tombèrent de mes yeux
et je vis qu’il n’est pas écrit : « Confesse lorsque tu es
accablé, mais : lorsque tu as « dérobé ». Il me vint alors
cette pensée : « Que diront les gens ? À l’assemblée, tu as
raconté que tes affaires avaient été mises en ordre ; tu seras
regardé comme menteur ! » Mais ma décision fut prise en
pensant : « Advienne que pourra ! Que les gens disent
n’importe quoi ! À présent je me rends chez ce paysan ! »
Lorsque j’arrivai chez lui il battait le grain dans sa grange et
toute sa famille était là. M’approchant de lui, (je ne dis pas à
voix basse : « Viens un peu de côté, j’ai quelque chose à te
dire ! ») je confessai mon vol à haute voix, en précisant
comment j’avais été enseigné par le prédicateur, et ce qui
m’avait été révélé le jour même en lisant la Bible, et je
conclus : « Donc, je suis venu pour régler les cerises ! »
Au cours de cette journée, je dus encore me rendre à sept
endroits différents et écrire à une huitième personne. Par la
suite, on pouvait parler de cerises sans que cela me touche,
j’étais tranquille ! Comme autre résultat, mon garçon se
rétablit et, le lendemain, il put se rendre à l’école. Je rendis
grâces à Dieu de m’avoir ouvert les yeux. Auparavant, je
lisais souvent sans réfléchir à ce que je venais de lire.
Beaucoup de gens font naufrage ici, préférant les tourments
de l’enfer à la confession du péché, mais celui qui veut être
sauvé n’hésite pas longtemps ! Lorsque je constatais : « La
Parole dit ainsi », je me hâtais de lui obéir, sans remettre les
choses au lendemain.
Combien nombreux sont ceux qui pensent qu’il est possible
d’avoir une affaire nette, sans confession des péchés ! Cela
ne revient pas à dire que chaque péché doit être confessé à
un homme, mais il est grandement utile de confesser
précisément ce que l’on ne voudrait pas dire. Une personne
agissant ainsi peut dire ensuite de tout cœur comment Jésus
l’a délivrée. La confession réelle des péchés consiste à
rompre totalement avec le péché et ne plus le servir dès
l’instant même ! Si quelqu’un n’est pas libéré du péché, il est
bon de prier avec lui, selon cette parole: « Confessez donc
vos péchés les uns aux autres, et priez les uns pour les
autres, afin que vous soyez guéris » (Jacques 5 : 16). L’on
dira peut-être : « J’ai dit à Dieu les choses que j’avais à
confesser ! » Cela est bien, mais souvent cela ne suffit pas.
L’homme doit en effet se montrer une fois tel qu’il est et
abandonner ainsi sa propre vie. Nous lisons dans Matthieu 3
au sujet de Jean-Baptiste : « Les habitants de Jérusalem, de
toute la Judée et de tous les pays des environs du Jourdain
se rendaient auprès de lui et, confessant leurs péchés, ils se
faisaient baptiser par lui dans le fleuve du Jourdain ».
Exhortant encore spécialement les gens pieux, il leur disait :
« Produisez donc du fruit digne de la repentance. Déjà la
cognée est mise à la racine des arbres : tout arbre qui ne
produit pas de bon fruit sera coupé et jeté au feu ! »
Ayant ainsi mis tout en ordre, je réalisai beaucoup de joie.
Lorsque le poids des péchés s’allège et qu’ils éprouvent de
la joie, beaucoup pensent que c’est la paix de Dieu décrite
dans la Bible. Depuis l’époque de ma conversion jusqu’à la
nouvelle naissance, j’eus bien des joies et les choses se
passèrent comme il est écrit : « Les ordonnances de l’Éternel
sont droites, elles réjouissent le cœur ! » (Psaume 19 : 9). À
certaines occasions, je versais même des larmes de joie
mais je n’avais pas encore réalisé la paix de Dieu. Je me
rendais assidûment à l’église, de même qu’à l’assemblée, et
je ne voyais pas de frontière entre la vie et la mort
spirituelles ; selon ma conception, partout s’annonçait la
vérité, et j’étais « béni » en tout lieu. Comme personne
pieuse, on peut contrefaire de bien des manières la véritable
piété, et il est aisé de parler de bénédiction et de joie ; mais
celui qui a un bon « odorat » sentira bien vite « la petite
odeur de vieux » que répandent de tels chrétiens (Jérémie
48 : 11). Tel aurait été le cas chez moi également, si un
homme possédant le discernement des esprits m’avait
parlé.
Tentations et épreuves

Tu as multiplié, Éternel, mon Dieu, tes merveilles et

tes desseins en notre faveur : Nul n’est comparable

à toi ; je voudrais les publier et les proclamer ! mais

leur nombre est trop grand pour que je les raconte !

Psaume 40.6

À compter du jour de ma conversion, j’eus beaucoup de


tentations et d’épreuves, mais, toujours et à nouveau, il
m’était accordé de réaliser la fidélité de Dieu d’une façon
merveilleuse selon ce texte : « Si tu t’attaches à moi, je te
répondrai ! » (Jérémie 15 : 19).
Lorsque je me rendis à la première assemblée de la Croix-
Bleue en vue de signer l’abstinence, on y chantait ce chant :
« Que la vie pour le Seigneur est belle ! Qu’elle lui soit
donnée entièrement et volontairement ! » J’en fus ému à tel
point que j’eus le sentiment de ne plus toucher terre ! Dans
notre contrée, l’habitude de boire du vin ou de l’eau-de-vie
était ancrée fortement, comme si cela devait faire partie de
la vie ; aussi, mon engagement d’abstinence donna-t-il lieu à
du scandale. L’usage du thé était inconnu. Par conséquent,
on m’offrait partout soit du vin, soit de l’eau-de-vie, en
disant : « Seulement un verre ! » Je répondais alors : « Je
veux être sauvé et je veux vivre pour le Sauveur ! Dieu m’a
ordonné de ne plus boire d’alcool ». Si l’on insistait pour
que je boive, je versais alors le contenu du verresur le sol,
que cela soit le sol d’une chambre ou d’un chantier ! Les
choses se passèrent de façon identique avec le tabac. Jamais
on ne m’offrit autant de cigares que depuis le jour où je ne
fumai plus ; même des prédicateurs ! Je répondais : « Je ne
fume plus, je suis délivré ! » Mais on rétorquait :
« Seulement un cigare cela ne fait rien ! » Alors, prenant le
cigare, je le brisais et le foulais aux pieds. Ainsi, on cessa de
m’en offrir.
À l’exception d’une seule fois, je ne me rendis plus jamais à
l’auberge. Aux assemblées de la Croix-Bleue, j’entendais
déclarer que l’on pouvait très bien s’y rendre pour boire une
limonade, montrant ainsi que l’on peut être heureux sans
boissons alcooliques. Donc, je m’y rendis une fois mais,
remarquant que l’on jouait aux cartes à mes côtés, je fus
tenté et me dis : « À vrai dire, je pourrais aussi me joindre
au jeu, que je comprendrais certainement mieux que ceux-
là ! » Me rendant compte du danger, je pensai à cette
parole : « Heureux l’homme qui ne s’assied pas en
compagnie des moqueurs ! » Commentant ce fait à
l’assemblée suivante, je déclarai : « Il n’est pas convenable
de se rendre à l’auberge ; vous avez parlé faussement ! »
Alors commença la haine à mon égard.
Je n’ignorais pas que j’avais également à exhorter les
jureurs ; je tremblais, mais je savais que Dieu exigerait leur
sang de mes mains si je ne le faisais pas (Ézéchiel 3 : 17-19).
Si au cours d’une journée je n’avais pas repris quelqu’un qui
jurait, la nuit suivante le sommeil me fuyait. Si je
connaissais cette personne, je cherchais à racheter ma faute
le jour suivant, car je savais que celui qui ne reprend pas le
jureur hait sa vie tout en étant complice du péché (Proverbes
29 : 24 et Lévitique 5 : 1). Dieu nous a placés en qualité de
gardiens et si le jureur n’accepte pas l’exhortation, il en
supportera les conséquences, mais alors, de notre côté,
nous sommes déliés d’une responsabilité.
Après ma conversion, je savais que le culte de famille
m’incombait, mais je n’avais pas encore lu dans la Bible que
le père de famille devait faire la lecture de la Parole de Dieu
le matin, à midi et le soir : qu’il devait en inculquer les
éléments aux enfants, tout en s’entretenant avec eux de ce
qui s’y trouve écrit lorsqu’ils se couchent, se lèvent, ou
encore s’ils sont en chemin ; mais je fus conduit par l’Esprit
de Dieu. J’avais pour habitude de lire dans le livre intitulé :
« L’échelle du ciel » et j’avais une grande opinion de ce livre
de prières que je croyais être bon.
Inconverti, j’ai beaucoup récité l’Oraison dominicale et,
depuis ma conversion, bien plus souvent encore. Au
commencement, je ne réfléchissais pas à ce que je lisais
dans ce livre de prières. Mais un jour je me mis à y penser.
Un matin, je lus ceci : « En me couchant, je pensais que
l’eau montait jusqu’à mon âme ! » J’avais lu ce passage
souvent mais la pensée suivante m’assaillit : « En me
couchant hier soir, j’étais heureux et je n’ai pas du tout
songé à cela, c’est un mensonge ! » Saisissant alors ce livre
de prières, je le jetaisous le fourneau, aux yeux de ma famille
qui me regarda curieusement. Je pris alors la Bible pour faire
la lecture. Ensuite, pour la première fois, je priai par cœur.
Comme je n’étais pas instruit, la chose me paraissait
pourtant impossible. Néanmoins, je balbutiai quelques mots
- je ne sais plus quoi - et la présence de mes gens me fit
transpirer !
Le jour suivant, l’aubergiste, dont j’avais été un fidèle client,
vint chez nous. C’était l’homme qui m’inspirait le plus de
crainte depuis ma conversion ! Contrairement à son
habitude, il passa le seuil de la porte, entra dans la chambre
où nous étions en train de prendre un repas, et prit place sur
le fourneau. Le dîner touchait à sa fin, mais l’aubergiste ne
faisait pas mine de partir. « Il s’en ira peut-être avant la fin
du repas, si je mange lentement ! » pensais-je. Mais il ne
bougea pas ! Le Père céleste le tenait bien à sa place ! La
peur commença à me saisir : « Comment un homme aussi
ignorant que moi pourrait-il lire et prier en présence de
l’aubergiste ? » Puis je pensai que je pourrais avoir recours à
l’oraison dominicale - il n’y avait pas d’opprobre à dire cette
prière que chacun faisait sans agir selon son enseignement -
et faire la lecture de la Bible plus tard, lorsque l’aubergiste
aurait enfin pris la décision de s’en aller ! Mais la parole
suivante m’arrêta : « Car quiconque aura honte de moi et de
mes paroles au milieu de cette génération adultère et
pécheresse, le Fils de l’homme aura aussi honte de lui,
quand il viendra dans la gloire de son Père ! » Par
conséquent, il ne me restait qu’à agir. La Bible était placée
sur un banc ; je la soulevai - Oh ! comme elle me paraissait
lourde - puis je l’ouvris et j’articulai quelques versets. Des
gouttes de sueur tombaient sur les pages. Enfin je priai
brièvement. L’aubergiste s’en alla. La « bataille » était
gagnée. J’étais content et me sentais léger d’avoir confessé
le nom du Seigneur. Le soir, son beau-fils vint également
assister au culte, mais déjà la lutte ne fut plus aussi âpre. Il
était évident qu’on voulait savoir ce qui se passait chez moi !
Il y a des instants dans la vie où le dicton : « Oiselet, mange
ou meurs ! » se réalise pleinement, et je ne sais comment
les choses auraient tourné si j’avais capitulé ; peut-être
aurais-je connu ensuite la défaite si je n’avais pas pris
nettement position ! Nous avons un Dieu merveilleux, qui
conduit à bon port ceux qui se sont vraiment livrés à lui de
tout leur cœur !
Avant ma conversion, lorsque nous rentrions du restaurant
nous prenions quelquefois la décision de nous rendre à
l’assemblée le dimanche suivant, mais je craignais
terriblement de passer devant la laiterie où quelques
hommes prenaient généralement place sur un banc ; je
faisais alors dire aux collègues, avant que le dimanche fût là,
que j’y renonçais. Il en fut autrement après ma conversion.
Passant à cet endroit, je m’approchai de ces hommes pour
leur dire que je m’étais converti à Dieu et que j’avais réalisé
le vrai bonheur, et les inviter à assister aussi à l’assemblée.
Ils rougissaient et cherchaient des excuses ; c’étaient là les
hommes qui, auparavant, m’avaient inspiré la terreur ! Le
dimanche suivant, ils disparaissèrent lorsqu’ils
m’aperçurent de loin.
Lorsqu’on est assailli par la crainte, il est bon de prendre un
fortifiant, par exemple la parole de la reine Esther : « Si je
dois périr, je périrai ! » Mais, jusqu’à ce jour, j’ai été épargné.
Déjà à cette époque, et sans ambages, je pouvais raconter
beaucoup de choses de ce Dieu bon, témoignant que c’est
auprès de lui qu’est le bien-être. L’occasion de parler de
Dieu était toujours présente : chez les paysans durant la
semaine, à l’assemblée le dimanche et lors des visites que je
faisais. J’attaquais le péché, ne ménageant personne, qu’il
s’agisse ou non d’hommes importants. C’est aux grands
qu’en général je m’adressais précisément, leur faisant sentir
le poids de leurs responsabilités. Beaucoup de gens pieux
furent saisis de crainte et se convertirent. Au début de ma
conversion, je me mettais encore souvent en colère. Oh !
cette colère ne me poussait pas à saisir un bâton, mais elle
était cachée dans mon cœur ! Je m’en rendais compte et je
savais aussi que j’irais en enfer si je m’adonnais à la colère !
Car les enfants de colère n’hériteront pas le royaume des
cieux, et cela m’inquiétait. Un jour, un frère dans le Seigneur
vint me rendre visite ; nous étions à table, mangeant, sans
viande, des pommes de terre et du légume avec appétit.
Ayant ouvert la porte, ce frère leva son bâton comme s’il
allait frapper et dit « Y a-t-il encore des démons ici ? » Je
pensai : « Si tu avais la possibilité de chasser les démons
avec un bâton, je le pourrais certes aussi ! » Il arrivait d’une
autre maison où il avait posé une question identique, et la
femme pieuse habitant là avait été grandement indignée
parce que l’évangéliste s’était permis de supposer qu’il y
avait encore des démons dans la maison.
Pour mon compte, j’avais maille à partir avec le démon de la
colère et je répondis : « Oui, le démon de la colère est ici ! »
- « Je m’en vais le chasser à l’instant ! » répondit-il,
ajoutant : « Tu es délivré, rends grâces parce que tu es
délivré de la colère ! » Je me dis : « Ce n’est pas la vérité, je
ne suis pas délivré ! » Mais ensuite, je fis la réflexion : « J’ai
lutté bien longtemps contre cela et je n’ai pas eu la victoire ;
maintenant, je vais agir selon le conseil du frère ! » Je rendis
grâces pour la délivrance et continuai à faire de même
lorsque j’étais énervé. Toutefois, cette pensée m’obsédait :
« Tu n’es pas délivré et de plus, tu mens encore ! »
En écoutant ces propos, je regardais en moi-même et non
pas à l’œuvre de Christ. Néanmoins, je suivis le conseil du
frère. Un mois s’écoula ainsi, lorsque je constatai tout à
coup que tout était transformé, trouvant ma femme aimable
et mes enfants transformés eux aussi. Et mes voisins, quelle
gentillesse ! Je me souvins alors que depuis le matin je ne
m’étais pas mis en colère.
Les jours précédents, lorsque personne ne bougeait dans la
maison, me levant très tôt, lisant la Bible et priant dans la
chambre, j’étais obsédé par cette pensée : « Décidément, ils
ne veulent pas se lever ! » Cela me fâchait. Je fermais alors la
porte de la chambre et celle de l’entrée à grand bruit et je me
rendais à l’atelier en attendant que mes gens se réveillent
enfin. Mais tout restait calme dans la maison, et l’obsession
recommençait : « Ils ne veulent pas se lever ! » Je désirais
vivement me débarrasser de pareilles pensées ; elles
m’empêchaient de prier, mais je m’armais de la hache et je
frappais sur le banc de menuisier comme si j’étais au travail
depuis longtemps, espérant que le bruit réveillerait ces
dormeurs. Mais tout demeurait silencieux dans la maison ;
Dieu avait fait en sorte que tout restât calme !
Donc, un certain matin je me rendis compte subitement que
j’avais pu faire ma prière dans le calme, sans être excité à la
colère par des pensées agaçantes ! Les jours suivants, je pus
constater de façon évidente : « Je suis délivré de la colère ! »
Je n’avais pas encore réalisé la paix de Dieu je n’étais délivré
que de la colère. Mais le laps de temps qui s’écouta ensuite
fut de courte durée, et c’est au travers de nombreux combats
que je réalisai la paix de Dieu.
Après avoir été délivré des péchés grossiers, je commençai à
me considérer comme étant très brave et intègre, meilleur
que les autres. Avec la meilleure volonté, j’en arrivai à croire
que je ne trouverais pas une personne plus brave que moi et
ainsi, je commençai à faire une ascension sur un chemin
naturellement abrupt et parsemé d’épines ! Ensuite vint la
descente et je descendis plus bas que je ne l’avais jamais été
auparavant. Lorsque je lisais la Bible et que l’Esprit de Dieu
éclairait mon cœur, je constatais que beaucoup de choses,
en mon for intérieur, ne concordaient pas avec la Parole de
Dieu ; en fin de compte, je ne vis que péchés sur péchés. Si
je lisais : « Aime ton prochain comme toi-même ! » je me
trouvais être un transgresseur. J’arrivai à cette conclusion :
« Je suis un homme chargé de soucis, un païen, et ma
confiance repose sur des choses visibles ».
Lorsque les tiroirs de la table ou le buffet de cuisine
contenaient encore quelque chose, j’étais plein d’assurance,
mais quand tout était vide, je me demandais : « Que
mangerons-nous ? Que boirons-nous ? » Les saintes
Écritures me disaient que c’étaient là les pensées des païens
et que c’était du péché. Regardant autour de moi, je
cherchais qui pourrait m’apporter de l’aide, au lieu de
tourner mes regards en haut. De même, je constatais
combien j’avais des pensées terrestres, et combien j’étais
avare lorsque je voulais agir conformément à la Parole de
Dieu : « Ne réclame pas ton bien à celui qui s’en empare !
Donne à celui qui te demande et ne te détourne pas de celui
qui veut emprunter de toi ! » Lorsque les gens racontaient
contre moi, faussement, toute sorte de mal, j’en étais blessé,
tandis que j’aurais dû me réjouir et bondir de joie ! Quand je
voulais pardonner aux hommes et oublier, selon les
Écritures, je n’étais pas non plus en mesure de le faire. En
sondant mes pensées, je constatais qu’elles étaient souvent
horribles et je devais conclure : « Le Sauveur n’a pas eu de
telles pensées ! »
Les nombreuses paroles inutiles que j’avais prononcées -
celles dont il faudra rendre compte - me revenaient en
mémoire. Souvent, je récitais l’oraison dominicale, mais je
devais constater que le malin était mon père. Une fois,
comme je rentrais chez moi, je vis mon garçonnet de quatre
ans jouer avec des cartes qu’il avait découpées. Me
remémorant ma misère d’autrefois, je songeai : « Oui, voilà
ce que mes enfants ont appris de moi ! » Quand la question
se posait : « Pourrai-je subsister lorsque Jésus apparaîtra ? »
je devais reconnaître sur-le-champ : « Je ne pourrai
subsister, je suis impur ! »
Selon la Parole de Dieu, je savais pertinemment que seules
les personnes irrépréhensibles et sans taches pourront partir
avec Jésus lors de son avènement. Alors, je voulais me
consacrer à Dieu mieux encore, mais c’était insuffisant. Et si
je cherchais de la consolation dans le fait que j’avais tout
mis en ordre dans ma vie, je découvrais que malgré cela je
n’étais pas prêt. Bien que je parusse être calme devant les
gens, il n’en était pas ainsi en moi. Tout cela me plongea
dans une angoisse immense. Je m’efforçais d’obéir à la
Parole de Dieu dans la mesure où je la comprenais et
pouvais la mettre en pratique. Je pensais avoir la vie divine
et je croyais que ce que je faisais était vraiment cette vie
divine ! Cette parole du prophète correspondait bien à mon
état : « Tu trouves encore de la vigueur dans ta main et tu ne
dis pas : J’y renonce ! »
Celui qui pense de cette manière là ne se sent pas fatigué et
ne cherche pas une autre vie. Je ne possédais ni paix avec
Dieu, ni victoire ; j’étais délivré de la passion du jeu de
cartes et du jeu de boules, qui ne présentaient plus aucun
intérêt pour moi ; cependant ma condamnation me pesait
toujours plus. « Car je ne fais pas le bien que je veux, et je
fais le mal que je ne veux pas ! » Mon âme criait aussi :
« Misérable que je suis, qui me délivrera de ce corps de
mort ? »
Souvent, je me rendais chez le prédicateur, me lamentant au
sujet de mes angoisses et de mon état, déclarant que je
n’avais pas la victoire sur le péché. Parfois, on me
répondait : « Nous sommes tous sous l’empire du péché ! Il
n’y a point de juste, pas même un seul ! » Les gens
n’ignoraient pas mon désir de consacrer ma vie à Dieu, et ils
voulaient me consoler ainsi.
À cette époque-là, on entendait partout, dans les églises et
dans les assemblées, le refrain suivant : « Nous sommes
tous de pauvres pécheurs. » Parfois on disait : Tu ne veux
tout de même pas être supérieur à l’apôtre Paul, qui s’est
écrié : « Car je ne fais pas le bien que je veux, et je fais le mal
que je ne veux pas ! » Mais tout cela ne m’aidait en aucune
façon ! Lorsque Paul écrivit ces paroles, sa vie était déjà
transformée, ce qui ressort très clairement de Romains 8 ;
mais ici encore on voulait me consoler faussement.
Beaucoup de gens pieux ont la vaine manière de vivre qu’ils
ont apprise de leurs pères ; mais en vivant ainsi ils ne
plongent point leur regard dans la loi parfaite de la liberté.
Ils cherchent à convaincre les hommes qu’on doit rester
pécheur sur cette terre. Ils s’attachent fermement à leur
opinion et cela les empêche de voir la sainteté de la Parole
de Dieu.
Je savais très bien que les paroles de ces prédicateurs ne
pouvaient me satisfaire et, d’ailleurs, ma conscience me
rendait témoignage que je ne pourrais pas comparaître
devant Dieu. Dans ma Bible, je lisais cette parole : « Quoi
donc ! Pécherions-nous parce que nous sommes non sous
la loi, mais sous la grâce ? Loin de là ! » (Romains 6 : 15) et
j’étais frappé spécialement par cette parole de Jésus : « Si
donc le Fils vous affranchit, vous serez réellement libres ! »
Je voyais nettement : « Il existe une liberté qui peut être
obtenue, que l’on doit recevoir, et que je ne possède pas ! »
J’étais assoiffé de cette liberté et voulais croire que j’étais
délivré, mais je ne remarquais rien d’une telle délivrance. Un
combat violent se livrait en moi et je puis dire qu’alors
s’élevèrent des puissances terribles… Combien souvent cette
pensée m’accablait : « Oh ! si je n’étais pas né ! Si
seulement mon père n’avait jamais vécu ! » Je m’humiliais
devant Dieu à cause de ces pensées et je m’exhortais en me
disant que Dieu avait raison et que c’était bien que mon père
ait vécu et que je sois né. Lors de ma conversion j’ai reçu
une force divine car, auparavant, il m’aurait été impossible
de subsister dans un tel combat.
Trois ans passèrent ainsi dans de grandes angoisses et alors
la parole écrite dans Romains 7 me sortit de mon état de
misère, et en même temps d’un christianisme extérieur, sans
vie réelle. M’élevant enfin plus haut que les brouillards, je
m’écriai : « Grâces soient rendues à Dieu par Jésus-Christ,
notre Seigneur ! C’est accompli ! Je suis délivré, libre ! »
La grâce procurant le salut
éternel

Car c’est par la grâce que vous êtes sauvés, par le

moyen de la foi. Et cela ne vient pas de vous, c’est

le don de Dieu. Ce n’est point par les œuvres, afin

que personne ne se glorifie.

Si quelqu’un est en Christ, il est une nouvelle

créature. Les choses anciennes sont passées ; voici,

toutes choses sont devenues nouvelles.

Éphésiens 2.8-9 & 2 Corinthiens 5.17

Une fois, j’entendis un homme déclarer : « Je ne pèche


plus ! » Je me fâchai contre cette personne, je devins même
furieux. Bien qu’à l’heure actuelle je ne puis admettre cette
façon de s’exprimer, je dois dire que ces paroles me
donnèrent le coup de grâce de manière inattendue. Ma piété
extérieure avait disparu et cela contribuait à me faire
réfléchir et rentrer en moi-même. Mais cette déclaration fit
que je rentrai furieux chez moi, pensant : « Je ne permettrai
plus à cet homme de prendre la parole dans notre
assemblée ; nous avons suffisamment de propres justes ! »
Je déployai du zèle, pensant qu’il était divin, mais, cette nuit-
là, Dieu se manifesta à moi. En vision, je vis devant moi les
vaisseaux sanguins de l’homme ; le sang qui s’y trouvait
était coagulé et je demandai : « Seigneur, que veux-tu me
dire ? » J’avais l’impression que le sang de Christ n’avait pas
coulé pour moi ! L’image de ce sang coagulé dans les artères
et les veines resta devant mes yeux pendant quatre
semaines. Je ne fis part de la chose à personne ; ma femme
même ignorait cette vision.
Un certain matin, je lisais dans Romains 5 : 1, le passage que
j’avais déjà lu maintes fois : « Étant donc justifiés par la foi,
nous avons la paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus-
Christ ».
Je ne remarquais pas encore grand’chose ; continuant ma
lecture, je vis comment le péché avait fait son entrée dans le
monde, et par le péché, la mort. Le désir vient par le
tentateur, la convoitise enfante le péché, et le péché produit
la mort : « Ainsi la mort s’est étendue sur tous les hommes,
parce que tous ont péché ! » Par conséquent, il doit y avoir
une résurrection des morts, selon Colossiens 3: « Si donc
vous êtes ressuscités avec Christ… ». Continuant ma lecture,
j’arrivai à Romains 6, et le brouillard se dissipa de plus en
plus ; à la fin, je fus entouré d’une grande clarté.
Je vis alors cette parole : « Comme par une seule offense, la
condamnation a atteint tous les hommes - sans qu’ils y
ajoutent quelque chose - de même, par un seul acte de
justice, la justification qui donne la vie s’étend à tous les
hommes ».
Réfléchissant à cela, je me dis : « Je n’ai pas cherché la
première chose, qui s’est produite sans que j’y ajoute quoi
que ce soit ; il en est de même pour la seconde ». Lorsque
j’arrivai au passage : « Ainsi vous-mêmes, regardez-vous
comme morts au péché, et comme vivants pour Dieu en
Jésus-Christ ! » la lumière se fit en moi et, lorsque je me
considérai comme tel, je réalisai la paix de Dieu. J’entendis

ensuite une voix distincte : « Tes péchés te sont


pardonnés ! » et je fus traversé de part en part par un
courant chaud, se répandant du cœur aux pieds et jusqu’aux
extrémités des doigts. Je vis : « Sauvé, sauvé ! Par grâce, par
grâce ! » (Éphésiens 2 : 8-9). Je reçus le témoignage dans
mon cœur que j’étais un enfant de Dieu selon Romains 8 :
16 et Éphésiens 2 : 8-9, et en même temps, je vis encore
ceci : « Dieu donne le Saint-Esprit à ceux qui lui
obéissent ! » selon Actes 5 : 32. Il le donne donc à ceux qui
croient selon les Écritures et non pas aux personnes qui,
selon leur entendement, faussent le sens des paroles de la
Bible en « annonçant les visions de leur cœur ». Je vis aussi
clairement que tous les hommes seraient lavés et blanchis
comme la neige de leurs souillures, s’ils s’humiliaient et
croyaient la Parole de Dieu.
C’était le 12 février 1902. Dès cette heure, j’eus cette
assurance : « Dès à présent, j’appartiens à Jésus ! » De joie,
je ne pus dormir pendant huit nuits consécutives. Le soir de
ce jour mémorable, je voulus prier selon « la vaine manière
de vivre que nous avons apprise de nos pères » :
« Pardonne-moi mes manquements de ce jour ! », mais je
savais que mes péchés étaient pardonnés. Alors une voix
forte se fit entendre en moi : « Mais ils sont pardonnés ! » Je
m’humiliai alors d’avoir négligé l’efficacité du salut, puis je
rendis grâces parce que ma dette était payée par Jésus ; je
savais que son sacrifice a une valeur éternelle ! Le pardon
était mien comme il est dit dans le Psaume 34 - 23: « Tous
ceux qui l’ont pour refuge échappent au châtiment ! » À partir

de ce moment-là, je me trouvais être placé dans l’« avoir »


spirituel. Lorsque je péchais encore, - ce qui se produisait, -
je m’humiliais immédiatement devant Dieu, sachant en
même temps : « Dieu ne m’impute rien ! » Puis, je lui
rendais grâces de tout cœur pour la juste rétribution qu’avait
également reçue cette faute. Hébreux 2 : 2-3 : « Toute
transgression et toute désobéissance ont reçu une juste
rétribution. Comment échapperons-nous en négligeant un si
grand salut ? »
Le matin où je reçus l’assurance du pardon de mes péchés,
je vis la grâce, mais j’en ignorais la grandeur ; aujourd’hui,
cette grandeur m’est encore inconnue. Cependant, combien
de fois n’ai-je pas réalisé déjà la grâce surabondante de
Dieu !
Salut perdu et retrouvé

Je dis cela afin que personne ne vous trompe par

des discours séduisants. Prenez garde que personne

ne fasse de vous sa proie par la philosophie et par

une vaine tromperie, s’appuyant sur la tradition des

hommes, sur des rudiments du monde, et non sur

Christ.

Car - chose impossible à la loi, parce que la chair la

rendait sans force - Dieu l’a fait en condamnant le

péché dans la chair.

Colossiens 2.4-8 & Romains 8.3

Lorsque je réalisai la nouvelle naissance, Dieu me montra


d’une façon très claire ce que Jésus a accompli pour nous et
comment on obtient la délivrance par lui. Malgré cela, je
tombai tôt après sous la loi, par l’enseignement basé sur la
tradition des hommes, ou l’enseignement selon
l’intelligence des hommes. La croissance intérieure s’arrêta
et je devins tout à fait malheureux.
Dans les réunions on disait toujours que nous manquions
d’amour et que nous étions avares. Un prédicateur, voulant
démontrer que nous sommes avares de nature, raconta
qu’un homme, lors de sa conversion, s’était défait de tout
son bien pour aider aux autres. Ensuite, il posa plusieurs fois
cette question : « Ne sommes-nous pas encore tous avares ?
Soyez francs ! La main sur le cœur ! » Alors je fus assailli
chaque fois par cette pensée : « Tu l’es encore ; les choses
doivent aller autrement dans ta vie ! » Après avoir assisté à
de telles réunions, je rentrais à la maison en pensant que
j’avais été « béni » et je me disais : « Je suis encore avare,
Dieu me l’a révélé ! » Pourtant, j’avais réalisé la nouvelle
naissance ; par conséquent, j’étais délivré de l’avarice. Par
les discours de la sagesse humaine, le prédicateur était
arrivé à me faire croire que j’étais encore dans ce péché-là. Il
m’avait ravi mon salut, au lieu de m’enseigner selon les
Écritures qui déclarent : « Considérez-vous comme étant
morts au péché ». Après de tels sermons, j’étais malgré tout
un avare à mes yeux et, souvent, je vidai le contenu de mon
petit porte-monnaie pour le remettre au prédicateur.
D’autres prédicateurs nous maltraitaient de la façon
suivante : « Ne sommes-nous pas tous sans amour ? Ne
devons-nous pas dire que nous n’avons pas eu
suffisamment d’amour ? » En assistant à un tel culte, on
peut croire aisément que l’on manque d’amour ! S’il en est
ainsi, on est alors séparé de Christ. « Il est amour » et
« l’amour de Dieu est répandu dans nos cœurs par le Saint-
Esprit qui nous a été donné. » Il existe plus de ravisseurs de
ce genre qu’on ne saurait le croire. C’est pourquoi veillons,
car il est d’une grande importance que nous ne perdions pas
les dons que nous avons reçus.
L’assurance du salut me fut ravie parce que je ne discernais
pas que ces affirmations venaient de la sagesse humaine. Je
croyais que les sermons de la morale et l’enseignement des
bonnes mœurs correspondaient à l’Évangile. La morale est
bonne, mais on périt si l’on y recherche la vie divine. On
entendait dire de tous côtés : « Nous manquons
journellement, nous péchons tous les jours ». Cela donne
une impression de grande humilité, mais celui qui prête
l’oreille à ces propos et qui s’y soumet, ne demeurant pas en
Jésus selon les enseignements que l’onction lui a donnés,
est dépossédé de son salut. On disait également : « Le vieil
homme vit encore aussi longtemps que l’on succombe dans
un péché ». On déclarait même que le vieil homme et
l’homme nouveau vivaient en commun dans le même
corps ! Bien que l’onction m’ait enseigné autre chose, il me
semblait alors souvent que ces prédicateurs avaient raison.
L’onction nous enseigne que le vieil homme a été crucifié et
qu’il est remplacé par un nouvel homme : « Les choses
anciennes sont passées ; voici, toutes choses sont devenues
nouvelles ! » Contrairement à la Parole de Dieu, la sagesse
humaine me disait que certaines choses vieilles avaient
passé et que certaines seulement étaient devenues
nouvelles ; ce qui revient à dire qu’une partie du vieil
homme doit encore devenir nouvelle ! Cette sagesse
prétendait en outre que tout homme avait un bon côté, et
que le mauvais côté devait être amélioré, afin qu’aussi il
devienne bon.
Cependant, la Bible dit : Si Edom dit : « Nous sommes
détruits, nous relèverons les ruines ! » Ainsi parle l’Éternel
des armées : « Qu’ils bâtissent, je renverserai, et on les
appellera pays de la méchanceté, peuple contre lequel
l’Éternel est irrité pour toujours » (Mal. 1 : 4). Je ne
saisissais pas la portée de ces paroles lorsque je prêtais foi à
l’enseignement de la sagesse humaine ; aujourd’hui je les
comprends mieux.
Les sermons entendus à cette époque m’incitèrent à
travailler avec une ardeur nouvelle, pour devenir, par ma
conduite et mes œuvres, l’homme que je devais être. Je
voyais très bien que ma position n’étais plus celle que j’avais
précédemment et que je n’étais plus heureux comme à ma
nouvelle naissance. Par mon travail, ainsi que par des visites
effectuées de jour et de nuit, je m’efforçais de conduire des
âmes au Sauveur. Je pensais que, pour avoir de nouveau ce
que j’avais perdu, il y avait lieu de prier davantage, lire la
Bible plus assidûment, exhorter mieux, donner plus
d’aumônes bien que, durant ce temps-là, ce que je donnais
ne représentait pas, pour moi, du superflu ! C’est ainsi que
je me tourmentais.
En ce temps-là, j’entendis un frère raconter qu’un socialiste
lui avait dit : « Si vraiment vous croyiez à une damnation
éternelle et que vous fassiez preuve d’amour à notre égard,
vous tomberiez à genoux devant les gens, les suppliant de
se convertir ». Je pensai que cet homme avait raison et que
ce besoin me manquait encore. Je sais, me dis-je, que notre
enseignement est véridique, mais jamais encore je n’ai
supplié les gens à genoux ! Longtemps, cette pensée me
tracassa, mais combien ce fardeau s’allégea lorsque je lus :
« Apprenez de moi ! » Il est vrai que Jésus était beaucoup à
genoux devant son Père, mais il n’a pas supplié les gens à
genoux, ni les socialistes, ni les pharisiens !
Je pensais que je serais un chrétien authentique s’il m’était
possible de vivre comme Jésus vécut, et que je serais
semblable à lui si je pouvais être comme lui en toutes
choses. De même, j’avais le sentiment que si je parvenais à
aimer et être patient comme lui, je lui ressemblerais. Par
mes propres forces, j’essayai de produire l’amour, la
patience, la compassion, la force ; mais tout restait souillé et
empreint de péché, comme il est écrit : « Toute notre justice
- non pas notre injustice - est devant Dieu comme un
vêtement souillé ! » (Ésaïe 64 : 5).
Bien que parlant encore de la grâce, je dois dire qu’à ce
point de vue j’agissais comme certains paysans possédant
un cheval âgé qui ne va plus bien vite, mais capable encore
de tirer. Lorsqu’un marchand cherche à faire l’achat d’une
telle vieille bête, on entend dire : « Non, je ne la donne pas ;
elle vit encore du pain de grâce ! » Mais ce cheval est encore
attelé tous les jours, si possible à côté d’un jeune pour
empêcher que ce dernier ne s’échappe. Si c’est le soir et que
quelque chose reste à conduire, on dit : « Il faut prendre
soin du jeune cheval ; allons avec le vieux ! » Ainsi la rosse
vivant par grâce doit porter le harnais journellement et, en
fin de compte, lorsque son souffle devient pénible et qu’elle
n’est plus à même de gagner sa subsistance, le paysan
décide de la vendre à un boucher. Comme preuve de la mort
de la bête, le paysan prend soin d’inscrire son nom au fer
rouge sur les sabots que le boucher doit rendre ensuite. Bien
que le cheval ait toujours gagné son pain, le paysan a la
conviction de l’avoir nourri du pain de grâce.
Pendant dix ans, je fus un « cheval de grâce » de ce genre-là,
à la respiration oppressée, tombant et se relevant avec
peine !
Une fois, je vis un homme tenant un morceau de fromage
d’une main et un bâton de l’autre. Il levait le bâton comme
s’il voulait frapper, tendant en même temps le fromage à un
chien qui aurait bien aimé le saisir, mais qui n’osait
approcher à cause du bâton. Je me représentais Dieu un peu
ainsi : Il devait être mécontent de moi parce que je m’étais
mal conduit, et c’est pour ce motif que je n’osais accepter la
grâce qu’il m’offrait !
Lorsque l’assurance du salut me fut ravie par les discours de
la sagesse humaine et que je voulus - sincèrement - gagner
la grâce par mes bonnes œuvres, le diable arrivait sans peine
à me chasser en plein dans les œuvres de la loi, car je
n’avais pas encore d’expérience de la parole de la justice.
Ainsi, je ne réalisais pas la victoire et j’étais tourmenté
continuellement par cette pensée : « Il n’y a plus de grâce
pour moi ; j’ai péché volontairement et il n’y a plus de
pardon possible ! » Combien je fus poursuivi par cela ! Un
jour, j’entendis quelqu’un déclarer : « Lorsqu’on a commis le
péché contre le Saint-Esprit, la crainte a disparu ! » Quant à
moi j’étais dans la frayeur et j’en déduisis que je n’avais pas
commis ce péché-là. Mais immédiatement, je fus assailli par
ceci : « Tu n’as plus peur, tu l’as donc tout de même
commis ! » Puis, j’étais saisi de nouveau par la crainte parce
que je ne sentais pas la peur ; mais ensuite, je croyais de
nouveau.
Je devins toujours plus malheureux en faisant de grands
efforts pour plaire à Dieu et il ne put m’aider qu’après bien
des années. Dans les réunions, je ne manquais pas de louer
Dieu au sujet de ce que j’avais réalisé, et je parlais de félicité,
- d’autres parlaient de difficultés. À la fin, des frères et sœurs
remarquèrent cela et dirent en toute franchise : « Il en est
qui ne parlent que du bonheur passé, qui ne « réchauffent
que les vieilles choses ! » Je me rendis compte que cela me
concernait. Tout d’abord, je me défendis en répondant : « La
bouillie réchauffée est meilleure, vu qu’elle contient de la
graisse en quantité double ». Mais cela me rendit tout de
même songeur et, finalement, je fus convaincu du juste
raisonnement des frères et sœurs, et j’admis que ma
position n’était plus ce qu’elle devait être. En vain, je me
dépensai en efforts inutiles pour recevoir à nouveau le
bonheur passé, mais mon horizon s’assombrissait de plus
en plus parce que je cherchais le bonheur en moi et dans le
travail que j’accomplissais pour le Seigneur.
En ce temps-là eut lieu l’inauguration de la tente suisse
d’évangélisation par le frère J. Vetter ; je m’y rendis, et Dieu
se servit d’un homme sage pour m’aider. Le missionnaire
Fritz Widmer, de Bienne, commentait Romains 8, et
spécialement le verset : « Car ce qui était impossible à la loi
parce que la chair la rendait sans force, - Dieu l’a fait ! » Il
déclara : « Toutes les résolutions sont encore la loi ! Lorsque
nous disons : « À présent, les choses doivent se passer
autrement, c’est selon la loi ! - Je veux prier davantage pour
devenir ainsi : c’est selon la loi ! - Maintenant, je mettrai plus
de zèle à inviter les hommes à assister aux réunions : c’est
selon la loi ! - Dès à présent, je veux donner plus
d’aumônes : c’est selon la loi » ! Énumérant toutes les
choses bonnes que je connaissais, il ajouta : « C’est selon la
loi, Dieu l’a fait ! - Soulignez cela ! »
Un crayon me faisait défaut, mais je « soulignai » dans mon
cœur. Le mardi, le mercredi, le jeudi et toute la semaine il fit
le même culte et répéta les mêmes choses. Il s’agissait en
l’occurrence d’un homme instruit, possédant et parlant sept
langues et qui, par conséquent, aurait été à même de dire
autre chose ; mais durant toute la semaine, il nous parla du
même sujet, disant : « Tout cela, c’est selon la loi et ce qui
était impossible à la loi, Dieu l’a fait. Soulignez cela ! »
Le jeudi, je commençai à être un peu plus à l’aise et je
pensai pouvoir rentrer bientôt à la maison ; j’avais
l’impression que les nuages se déchiraient. Le vendredi, il fit
encore une fois appel au même texte. Alors, je reçus de
nouveau la clarté dont il m’avait été fait don à la nouvelle
naissance ; oui, elle était encore plus intense ! À nouveau, je
pouvais me reposer dans l’œuvre de Jésus et me réjouir
dans sa victoire et son sacrifice éternel. Nettement, je voyais
que j’avais perdu la lumière en faisant les œuvres de la loi,
pensant que cela se terminerait bien. Oui,je puis déclarer
que je réalisai une deuxième fois la nouvelle naissance,
comme l’apôtre Paul écrit aux Galates : « Mes enfants, pour
qui j’éprouve de nouveau les douleurs de l’enfantement,
jusqu’à ce que Christ soit formé en vous ! » (Gal. 4 : 19.)
Que d’âmes sont séduites et corrompues aujourd’hui par
l’enseignement de la raison et de la sagesse humaines !
C’est ainsi qu’elles aboutissent dans la mort spirituelle ;
elles sont dans l’indigence et souffrent de la faim, croyant
être dans la vérité parce qu’elles ont obtenu une fois le
pardon des péchés. Depuis lors, j’ai une grande angoisse
pour les croyants, car je sais combien sont nombreuses les
personnes qui se laissent ravir le salut par le raisonnement
humain, au lieu que leur pensée soit « amenée captive à
l’obéissance du Christ. »
Lorsque, sous la tente à Ràmismühle, je fus donc à nouveau
rempli de clarté, je rentrai avec joie à la maison, résolu de
veiller pour ne pas tomber de nouveau sous la loi ! Ce
raisonnement s’avérait faux et de nouveau le « moi »
reprenait la première place. Je veillai, et la lumière se ternit à
nouveau de plus en plus - pas dans la même proportion que
précédemment - jusqu’à ce que je reconnus que je faisais
une fois de plus les œuvres de la loi. Je ne réalisais pas que
j’avais repris une résolution en agissant ainsi. Il m’est arrivé
d’illustrer l’expérience ci-dessus par l’image suivante : Jadis,
dans l’Emmental, nous utilisions des harnais très lourds ;
puis vinrent les harnais grisons, plus légers. Je disais que
j’avais quitté le harnais lourd pour le modèle grison, avec
lequel j’avais même reçu des clochettes. Pendant quelques
jours, les choses allèrent pour le mieux, mais bientôt les
clochettes tombèrent et, de nouveau, je me rendis compte
que je n’étais plus à la bonne place. Je ne pouvais rien faire,
mais le Père céleste savait de quelle manière il devait
intervenir ; un temps appréciable s’écoula.
Un évangéliste - mon meilleur ami - se rendait souvent dans
notre contrée en ce temps-là et je l’écoutais avec grand
plaisir. Cependant, après l’avoir entendu, je constatais, après
un temps assez long, que les choses n’allaient plus très bien
chaque fois que j’assistais à ses réunions. Je croyais
pourtant qu’il avait parlé d’une façon absolument véridique.
D’un côté, il annonçait la délivrance et de l’autre,
insensiblement - je le découvris ensuite - il nous poussait
dans les œuvres de la loi. Un certain après-midi, à
Konolfingen, je l’écoutais annoncer la Parole de Dieu. Sa
prédication vivait en moi et, le dimanche suivant, je choisis
le même texte pour une assemblée que j’avais à présider
dans le Jura bernois. Au cours de la réunion, une sœur, que
je savais être dans la lumière, me regardait avec réprobation.
Mais, pensai-je, ce que je dis est vrai ! L’après-midi, je
continuai dans le même texte, voulant convaincre cette sœur
et l’amener à porter un jugement favorable sur ce que je
disais. Brusquement, la lumière se fit en moi et je constatai
que je perdais pied chaque fais que j’avais écouté ce cher
frère, qui était pourtant l’instrument de la conversion de bon
nombre de personnes. Je remarquai alors qu’en l’écoutant
on était conduit à porter le joug de la loi. Ma reconnaissance
alla à Dieu et à ladite sœur. Nous avons un Dieu
miséricordieux, qui termine l’œuvre commencée lorsque
nous avons faim et soit de la justice. Jusqu’à ce jour, il a fait
preuve de patience à mon égard ; c’est pourquoi tout est
clair en moi !
Aujourd’hui, je ne voudrais pas ne pas avoir vécu le temps
durant lequel, comme enfant de Dieu, j’agissais par mes
propres forces. Nous devons, en effet, préalablement être
confondus en nous-mêmes. Celui qui n’emploie pas toutes
ses forces pour arriver à être un pratiquant de la Parole de
Dieu, ne réalisera jamais la pauvreté en lui-même. Mais celui
qui, de lui-même, veut exécuter la Parole, arrive à cette
conclusion : « Je ne fais pas le bien que je voudrais ! » Alors
il s’aperçoit que la mort est en lui et apprend à vivre par
grâce. Il m’est impossible de partir en campagne avec ma
piété, ni de présenter quelque chose provenant de moi, ni de
m’appuyer sur une œuvre propre ; je ne peux compter
qu’avec la grâce. Nous devons et pouvons nous appuyer sur
la grâce. « En lui nous avons tous reçu de sa plénitude, et
grâce pour grâce ! » De même que pour de l’argent on reçoit
du pain ou de la viande, de même l’on reçoit grâce par
grâce ; on prend de la grâce et on se réjouit. Ceux qui sont
dans la foi doivent « prendre » et « reprendre »
continuellement la grâce offerte. Les autres se basent sur de
soi-disant bonnes œuvres et sur leur foi. Je ne pourrais plus
agir ainsi et la vie me serait impossible autrement que par
grâce. Je ne puis construire que sur l’œuvre de Christ.
Dans la vie par la foi, tout devient toujours plus facile,
exactement comme dans les choses terrestres par les
techniques nouvelles. Autrefois, lorsque je parcourais de
longues distances à pied, il arrivait qu’un cycliste me
dépassât. La fatigue se faisait alors sentir d’autant plus que
je pensais : « Oh ! si seulement je possédais une
bicyclette ! » Par la suite, le Père céleste m’en offrit une.
C’est très agréable de pouvoir parcourir de longues
distances à bicyclette avec une peine minime. Mais, si le
vent est contraire, il faut pédaler et transpirer, ou s’il y a une
forte pente à gravir, il faut pousser le véhicule.
Aujourd’hui, on vous dépasse en motocyclette et l’on pense :
« Que ce serait beau de posséder une moto ! » Peut-être
qu’un jour on en possède une, ce qui par rapport à la
bicyclette, représente une bienfaisante et grande
amélioration. Mais quand vient la pluie, la motocyclette perd
de sa valeur et l’on désire une automobile. Puis vient le jour
où ce désir s’accomplit. Au début, on conduira soi-même,
puis ensuite un autre tiendra le volant et l’on se mettra à
l’arrière sans le souci de conduire. Il en est de même dans la
vie spirituelle ; on compte tout d’abord avec son activité
propre et ses efforts personnels puis il nous est donné
d’entrer dans le repos. Il n’existe rien de plus beau ; c’est la
richesse incompréhensible de la grâce. L’amour de Dieu est
illimité, mais combien souvent lui ai-je fixé des limites, soit
pour moi-même, soit pour d’autres ! Oh ! si nous savions
croire, si nous savions demeurer tranquilles ! Le Père céleste
s’occupe de l’éducation des siens. Après un certain temps, il
semble qu’il nous place pour ainsi dire dans une marmite,
sur le feu, et qu’il nous en ressort pour nous y remettre, et
ainsi de suite. Au début, on croit que c’est l’œuvre du diable
mais, à la fin, on se rend compte que ce sont les voies de
Dieu. Lorsque je passais au travers de certaines expériences,
je disais à mon Père : « Laisse-moi dans la marmite, mais
ferme bien le couvercle ! » Il le tient bien. Si la vapeur se met
à siffler, cela ne fait rien ; il sait quand c’est suffisant !
Il est dit dans Malachie 3 : 3: « Il s’assiéra, fondra et purifiera
l’argent. Il purifiera les fils de Lévi. Il les épurera comme on
épure l’or et l’argent. » Et ailleurs « Il ne permet pas que
nous soyons tentés au-delà de nos forces. » Les choses ne
se passent pas de façon identique pendant toute la vie mais,
durant ces temps d’épreuve on apprend à connaître la force
de Dieu et l’on constate qu’on est porté par une puissance
glorieuse, ce qui nous amène à reconnaître combien la vie
est importante. C’est une préparation de Dieu et l’on est
dans la joie, réalisant la gloire et la protection ! Un homme
passant par ce chemin reconnaît et loue de plus en plus la
grâce et l’amour de Dieu. « L’esprit de gloire, l’Esprit de
Dieu repose sur vous ! »
Voies de Dieu jusqu’à la
fondation de l’Assemblée
évangélique des frères

Je t’instruirai et te montrerai la voie que tu dois

suivre. Je te conseillerai, j’aurai le regard sur toi.

Psaume 32.8

Souvent et tôt après ma conversion, j’ai rendu témoignage


aux réunions de la Croix-Bleue au sujet de la délivrance et du
bonheur que l’on a auprès de Jésus. Toutefois, mes
auditeurs n’arrivaient que jusqu’à ce stade : signature de la
tempérance et vie plus décente. Ils ne réalisaient pas la
nouvelle naissance et le pardon de leurs péchés, et ne
recevaient point d’assurance quant à leur salut ; moi-même,
je ne l’avais pas encore à cette époque. Tous, nous restions
sur ce terrain : « Nous sommes de pauvres pécheurs ! » En
pensant à la mort, nous espérions recevoir une fois le
pardon par Christ, mais cette assurance nous faisait
complètement défaut ; il n’en existe précisément point dans
une telle attitude ! Dès le jour de ma nouvelle naissance,
Dieu bénit mon travail.
Je rendais témoignage selon Actes 13 : 38-39: « Sachez donc,
hommes frères, que c’est par lui que le pardon des péchés
vous est annoncé, et que quiconque croit est justifié par lui
de toutes les choses dont vous ne pouviez être justifiés par
la loi de Moïse ! Mais celui qui croit en lui est juste ! »
Dans les assemblées, nos anciens parlaient de tribulations,
de difficultés et de chagrins ; je parlais de bonheur, de paix et
de joie. Bien des personnes pieuses se rendirent compte
qu’elles ne possédaient pas ce bonheur, et une âme après
l’autre réalisa la paix de Dieu.
Je fus ensuite nommé président de la Croix-Bleue de
Dürrgraben. Le but de mon travail ne consistait pas à
amener les gens à la suffisance et à la propre justice, mais je
cherchais à leur faire réaliser le salut en Christ. D’autres
sociétés de tempérance m’appelèrent à témoigner du salut
mais, souvent, je me heurtais à une grande résistance.
J’annonçais l’Évangile aux sociétés et aux buveurs, ne parlant
pas uniquement de la misère de l’ivrognerie ou du bienfait
de l’abstinence, mais je prouvais aux gens qu’on peut être
heureux, et que la misère de l’ivrognerie ne disparaît que
lorsqu’on a le pardon des péchés et la vie divine, assurance
que l’on doit posséder.
Une fois, dans notre Société, je fis passer au vote la question
de savoir si nous entendions introduire des réunions de
prières tous les huit ou quinze jours. Cette proposition fut
rejetée. Rentrant de cette assemblée et pensant à cette
décision, je fus angoissé et rempli de crainte. Je me disais :
« La prière est ordonnée par Dieu ; tu es donc un bien triste
président d’avoir soumis cela à un vote ! » Convoquant alors
une nouvelle assemblée des membres, je m’humiliai devant
tous, reconnaissant que je n’avais pas bien agi, vu que la
prière en commun est une chose ordonnée par Dieu. Je
déclarai en outre que, dès à présent, personne n’avait le
droit de faire valoir sa voix pour des questions divines sans
avoir réalisé la nouvelle naissance, car nous ne voulions pas
agir selon le conseil des méchants. Je craignis alors que
certains membres quittent l’assemblée mais il n’en fut rien ;
dès ce jour, la Société commença à prospérer et, au bout de
quelques années, elle comptait cent quatre-vingts membres.
Parmi ceux-ci se trouvaient non seulement beaucoup
d’anciens buveurs délivrés de la boisson, mais encore
beaucoup de personnes délivrées de tout péché, louant le
salut et la grâce de Dieu ! Bon nombre de ces membres
avaient pu reprendre leurs enfants qui avaient été placés
ailleurs, et dans plusieurs familles régnait la joie au sujet de
ce que Dieu avait fait par Jésus-Christ.
Dans l’Union chrétienne de jeunes gens de la localité, un
frère et moi-même louions Jésus et son œuvre, en
condamnant le péché. Le président de cette société pensa
que nous allions provoquer le départ de membres. Bien que
leur nombre eût augmenté en peu de temps de vingt
personnes, ce président nous fit sentir que nous étions
indésirables. Peu de temps après, je fus invité à présider des
réunions chez le plus riche paysan de notre commune. Avec
un frère, nous eûmes des réunions régulières dans sa ferme.
Elles avaient lieu le même jour que la réunion de l’Union
chrétienne. Dès le début, et sans intervention de notre part,
l’Union se réduisit à un petit nombre d’adhérents. Certains
démissionnaires assistèrent dès lors à nos réunions à la
ferme, tandis que d’autres renoncèrent aux choses
religieuses.
En ce temps-là, le président d’une assemblée me pria de
travailler pour elle, mais une certaine crainte s’empara de
moi, car jamais encore, il ne m’avait entendu parler ou prier.
Comme il voulait m’engager malgré cela, j’eus le
pressentiment qu’il avait une arrière-pensée. Je ne possédais
pas de joie intérieure pour donner mon assentiment ; j’avais
l’impression que, dans ce cas particulier, il ne s’agissait pas
de la volonté de Dieu.
Dans le même temps, on me pria de collaborer avec une
autre assemblée. Cette fois, je soupçonnai qu’on voulait
m’engager uniquement pour faire grossir les rangs de cette
assemblée. En effet, les dirigeants me critiquaient beaucoup,
ainsi que le témoignage que je rendais de la Parole de Dieu.
Je ne pus donner suite à cet appel.
J’avais le sentiment d’être appelé à faire un travail au sein de
l’œuvre de la Croix-Bleue. Or il advint ensuite qu’un ancien
et un évangéliste vinrent me demander d’accepter le poste
d’agent de la Croix-Bleue du canton de Berne. C’est avec
profonde conviction que j’acceptai leur proposition, mais en
leur déclarant que je viendrais parmi eux avec la prédication
de la croix. Lors de la nomination et en dépit de beaucoup
d’hésitations et de contre-propositions, j’obtins la majorité
des voix. Cinquante candidats s’étaient annoncés pour ce
poste et, sur 96 voix, 92 s’étaient déclarées en ma faveur.
Après le vote, le président déclara : « Dieu l’a nommé ! » et
la salle fut traversée comme par un bruissement. Nous
étions en l’an 1907.
C’est avec une grande joie que je travaillai au sein de la
Croix-Bleue. Comme je l’ai déjà dit, je désirais que les
buveurs soient délivrés, non seulement de l’abus de l’alcool,
mais aussi de leurs péchés. Par la grâce de Dieu, des
membres de la Croix-Bleue et d’autres personnes se
convertirent à Dieu.
Vint alors la question du salaire. Je déclarai d’abord que je
ne désirais pas de gage. Le président répondit : « Nous
verrons ! » Un prédicateur, par son raisonnement, avait en
effet réussi à me convaincre que les hommes qui acceptent
un salaire pour l’œuvre de Dieu sont des mercenaires, et
c’est dans cette pensée que j’avais travaillé jusqu’alors. Plus
tard, j’appris que ce prédicateur s’était fait une situation très
aisée. Dans les assemblées, il relevait continuellement son
attitude à l’égard de cette question de salaire, ce qui incitait
les gens à lui glisser de l’argent dans la poche, supposant
qu’il était très pauvre. Bien des fois, moi-même j’avais vidé
mon petit porte-monnaie pour lui en rendre le contenu.
Après avoir mieux examiné la chose, je vis qu’il fallait une foi
plus grande pour se contenter d’un petit gage. J’en informai
les dirigeants de la Société. C’est ainsi que j’acceptai un
salaire annuel de 1200 francs. On exigea alors que je
contracte une assurance-vie. Un certificat médical était
nécessaire. J’étais assuré contre les accidents, mais je ne
voulais pas d’assurance sur la vie, déclarant que j’étais déjà
assuré. On me demanda le motif de mon refus, et je
renvoyai à la promesse donnée dans le Psaume 37 : 25. Mes
interlocuteurs voulurent alors savoir ce qu’il y est dit. Je ne
voulus pas donner ma Bible et ils durent en chercher une
dans le voisinage pour lire le passage en question. Des
pasteurs et des évangélistes étaient présents, mais aucun
d’eux n’était porteur d’une Bible ! Le passage cité dit ceci :
« J’ai été jeune, j’ai vieilli ; et je n’ai point vu le juste
abandonné, ni sa postérité mendiant son pain ».
Je dus quand même me rendre à Bienne pour une visite,
avec d’autres membres, pour l’admission à l’assurance.
Refusant de me rendre chez le médecin, j’attendis dans le
cabinet de travail du pasteur L. Lorsque les autres personnes
revinrent de la visite médicale, l’agent voulut m’obliger à la
subir également. Je lui demandai s’il était né de Dieu.
« Non ! répondit-il. Alors je lui dis : « Il est écrit : Heureux
l’homme qui ne marche pas selon le conseil des méchants !
Ainsi, tout est liquidé ! » et l’entretien fut clos.
Comme les autres agents touchaient un salaire beaucoup
plus élevé, le comité, et particulièrement le secrétaire, ne me
laissèrent pas de repos. Après une longue résistance,
j’acceptai enfin 1700 fr. par an, mais cette fois encore, le
comité ne fut pas satisfait, car la différence de salaire avec
mes collègues était encore trop grande. Le deuxième agent
déclara ensuite qu’il ne pouvait plus continuer ainsi, qu’il
avait besoin de jours de congé. on m’en offrit également,
mais je refusai. Alors le comité décida de donner
mensuellement huit jours de congé à cet agent, tandis que je
devais en avoir quinze. Peu de temps après, on déforma les
faits ainsi : Berger est engagé à mi-temps et touche la moitié
du salaire, soit 1700 fr. par an. Sur ces entrefaites, je
commençai de présider des réunions d’évangélisation
pendant mon temps de congé. En une année, cela fit vingt-
sept semaines. Certains jours, je me faisais accompagner
par des amis. Bien des auditeurs prirent un engagement
d’abstinence, et un bon nombre d’entre eux se convertirent à
Dieu. Les dirigeants du comité s’indignèrent et déclarèrent
qu’il fallait cesser d’évangéliser ainsi, sinon la société de la
Croix-Bleue perdrait le respect du monde en devenant une
société de mômiers. C’est ainsi que je fus à nouveau engagé
à plein temps, mais il m’était défendu d’évangéliser pendant
plus de trois jours consécutifs au même endroit. Les
personnes désirant avoir des semaines d’évangélisation
complètes firent une pétition pour exiger que l’on me
permette à nouveau de les présider. On accéda à ce désir,
mais à la condition que je ne parle plus contre l’usage du
tabac, ni de l’adultère, ni de la conversion, ni de la nouvelle
naissance.
Je reçus alors une convocation. À cette entrevue étaient
présents le pasteur H. et le président cantonal de la Croix-
Bleue. H. me demanda : « Que penses-tu de la nouvelle
naissance ? » - « Ce que tu en as dit toi-même à la
conférence ! » répondis-je. Alors, il commença à parler du
tabac et finit par dire qu’un frère qui avait cessé de fumer
tomba dans l’orgueil. Plus tard, il se remit à fumer et fut
libéré de l’orgueil. Je répondis : « Alors ce n’est pas la
prédication de la croix qui est le moyen pour être délivré de
l’orgueil, mais l’usagedu tabac ! » En même temps, je
poussai du coude un fauteuil sculpté se trouvant là,
antiquité rongée par les vers, et celui-ci se brisa. C’est sur cet
incident que l’entretien fut clos.
Lors de ma nomination, comme agent de la Croix-Bleue
j’avais déclaré de façon formelle que je l’acceptais à
condition de pouvoir librement annoncer la prédication de la
croix. Le comité unanime exigea que je renonce à cette
condition. Je déclarai alors ouvertement qu’ils étaient, en
conséquence, tous ennemis de la croix de Christ. Ils se
levèrent avec emportement - quelques fauteuils furent
renversés. Ils rédigèrent un nouveau contrat d’engagement
stipulant notamment ceci : « Exécution sans condition de
tous les mandats et ordonnances du comité ». Je ne voulus
pas le signer, m’en tenant à cette parole : « Il faut obéir à
Dieu plutôt qu’aux hommes ». Ils me répondirent qu’en
refusant de signer j’annulais moi-même mon engagement.
Je ne désirais pas cela et je dis à Dieu : « Je signe le contrat
mais je ne m’y soumets nullement ! Tu sais que je veux
t’obéir et tu dois m’ouvrir un chemin ». À l’assemblée des
délégués qui suivit, je fus congédié, obtenant tout de même
le témoignage que j’avais prouvé être un chrétien. Il me fut
reproché, par contre, de ne pas leur obéir.
Alors vingt-deux sections de la Croix-Bleue se réunirent,
voulant donner leur démission et m’engager ensuite.
Toutefois, je ne pus me déclarer d’accord avec cette manière
de faire, avis partagé d’ailleurs par l’un des membres. Ces
sections m’engagèrent tout de même par la suite, ce qui me
permit de présider des réunions chez elles. Ainsi je pus
continuer à travailler au salut des buveurs mais la Croix-
Bleue ne voulut plus me remettre des cartes d’engagement
d’abstinence. Là-dessus nous convoquâmes une assemblée
de membres à Dürrgraben. Il en résulta la résolution
suivante envoyée au comité cantonal de la Croix-Bleue
bernoise :
« Dans son assemblée du 4 juillet 1909, la section de
Dürrgraben de la Croix-Bleue a pris la résolution suivante :
Aujourd’hui, 4 juillet, notre section donne sa démission de
l’Association de la Croix-Bleue du canton de Berne et fonde
une nouvelle société sous le nom : « Société de la Croix-
Bleue libre du canton de Berne, section de Dürrgraben ».
« Cette démission et la fondation d’une nouvelle société ont
été le sujet de longues réflexions devant Dieu qui connaît
toute chose. Le motif principal de cette décision est le fait
connu de tous les membres de la Croix-Bleue du canton de
Berne que notre frère Berger, que Dieu a placé comme agent
de la Croix-Bleue et qui, dans cette fonction, a été en
bénédiction à beaucoup de personnes, n’a pas été réélu lors
de la dernière assemblée des délégués de janvier 1909. »
« Les personnes qui ont été bénies par la prédication de
frère Berger, et beaucoup d’amis de la Croix-Bleue auxquels
le salut des buveurs tient vraiment à cœur, regrettent
vivement que ce frère, sans aucun motif biblique, ait été
renvoyé comme agent de la Croix-Bleue. »
Après cette démission, nous fîmes imprimer nous-mêmes
des cartes de tempérance sous le nom officiel de : « Société
libre de la Croix-Bleue ». La Croix-Bleue ne donna aucune
suite à l’avis concernant notre nouveau nom. Quelques
années plus tard, nous fîmes bâtir une maison de réunions
et nous adoptâmes de nouveaux statuts qui furent légalisés.
C’est alors que le comité de la Croix-Bleue éleva la voix pour
s’opposer au nom de notre groupement trop semblable au
leur. Il précisait que si aucune opposition n’avait été faite à
la fondation, c’est parce que notre mouvement avait été jugé
sans importance. Devant cette contestation il fut décidé que
notre société aurait le nouveau nom suivant : « Assemblée
évangélique des frères ». C’était le 9 octobre 1914.
Tôt après mon congédiement comme agent de la Croix-
Bleue, la congrégation nommée Association évangélique en
fit de même ; sans subir aucun interrogatoire, je fus
simplement exclu. Lorsque ce fut chose faite, le pasteur
Hugendubel, un homme croyant, déclara devant les gens
pieux et le monde : « Maintenant, ils n’en ont plus aucun qui
soit capable d’enseigner le chemin de la nouvelle naissance
aux hommes ! » Ces paroles émanaient d’un homme qui
était à la tête de ce mouvement !
Lorsque je porte mes regards vers le passé, je dois constater
combien la joie était grande au début dans les
communautés au sujet de l’œuvre de Christ ; on la louait et
on en parlait aux autres. Mais, malheureusement, on ne
resta pas dans cette position. Des frères de condition
modeste annonçaient l’Évangile et témoignaient de Jésus, et
par ces témoignages, beaucoup de personnes se
convertirent au Seigneur. Toujours, les gens réclamaient ces
frères-là pour présider les semaines d’évangélisation, et l’on
écrivait même des lettres munies de nombreuses signatures
pour les obtenir. Les dirigeants de cette Association
évangélique en furent probablement troublés, pensant qu’on
les méprisait, car ils ne donnèrent pas suite aux désirs
exprimés par ces lettres, envoyant des hommes choisis par
eux-mêmes.
Dès lors, les frères de condition modeste n’osèrent plus
parler et c’est ainsi que des hommes à la tête de
l’Association contristèrent l’Esprit ! Lorsqu’ils parlaient, ils
racontaient leurs expériences, puis, ils émettaient un
« mais » épouvantable à l’encontre de certains versets
bibliques ! « Mais, l’expérience nous a appris autre chose »
disaient-ils au lieu de dire : « Il est écrit, ainsi dans la
Bible ». Ils déclaraient par exemple : « L’expérience nous a
démontré que le vieil homme vit encore ; l’expérience nous a
enseigné que nous ne pouvons pas avoir un cœur pur ».
Celui qui les écoutait et qui était dans la lumière devait en
déduire : « L’expérience doit donc démontrer que nous
n’avons pas de rédemption… » Ils parlaient bien d’un
bonheur réalisé autrefois, mais ils en parlaient comme d’un
feu de paille ! Je leur répondais parfois : « Dieu a assez de
paille ! »
Après ma nouvelle naissance, un désir ardent m’incita à
annoncer l’Évangile et je fus invité en maints endroits à
présider des réunions. Je ne voulais cependant pas m’établir
moi-même dans le ministère, pensant qu’il appartenait aux
anciens de me nommer. Mais ensuite, Dieu me montra lui-
même le chemin. Une année s’écoula, et le désir de
témoigner était toujours vivant en moi. Des frères me
contredisaient et s’opposaient à mon activité. Souvent cette
tentation m’assaillait : « Va à tel endroit, là tu pourras parler
sans être contredit ! » Je savais cependant qu’aucun homme
ne pouvait faire obstacle à la volonté de Dieu, si Dieu voulait
m’employer. Il sait très bien se servir de quiconque, il m’a
également employé, mais souvent, j’ai du attendre. À cette
époque je présidai à une série de réunions au cours
desquelles une trentaine de personnes se convertirent et
réalisèrent la paix de Dieu ; il me semblait que si j’avais pu
continuer il s’en serait suivi un grand réveil. Mais les choses
allèrent comme elles se passent toujours quand des gens se
convertissent : le diable se lève avec son « équipe de
pompiers » et cherche à éteindre le feu du réveil et à
empêcher ainsi l’extension de l’œuvre de Dieu. Des
séparations en sont le résultat.
De telles désunions sont douloureuses, mais c’est ainsi que
les choses se passent dans beaucoup de communautés.
Durant un certain temps, la vie divine est présente et les
gens sont heureux, louant et témoignant du salut ; ensuite
tout devient superficiel. La chute est rapide si l’on
commence à s’opposer à l’enseignement de la
sanctification ; la communauté existe encore, mais le
chandelier a été enlevé. Alors Dieu suscite un homme par
lequel il apporte la vie et, la plupart du temps, il se forme
une nouvelle communauté, parce que l’ancienne ne veut pas
utiliser un tel homme ! Précédemment, je croyais que le
grand nombre de communautés religieuses était plutôt
nuisible. Aujourd’hui mon opinion a changé, bien que ma
joie serait grande si toutes étaient unies. En lisant l’histoire
de l’Église, on se rend compte de quelle manière les
communautés ont vu le jour et comment, de cette façon, la
vie divine a été maintenue et entretenue. Tout cela est un
avertissement pour nous, afin que les choses ne se passent
pas ainsi avec notre communauté.
Mais le fait qu’une communauté a beaucoup de membres
n’est pas une preuve de vérité ; ce qui est de toute
importance, c’est de suivre le chemin de l’Agneau et de
rechercher les choses qui sont en haut, où Christ est assis à
la droite de Dieu. Un certain enthousiasme peut se
manifester, mais il faut voir ensuite ce qu’il en reste dans les
difficultés. Souvent j’ai dû constater à certains endroits qu’il
n’y régnaient plus la joie et l’allégresse ! Combien il est
important de ne pas tomber dans les plaintes et les
lamentations, et de ne pas parler comme certains hommes
âgés qui, durant les temps difficiles et de sécheresse,
disaient : « Si les grandes tentations et les grandes
difficultés surviennent, nous succomberons ! » Nous devons
demeurer en tout temps des hommes dans la louange et
dans la foi en Dieu, ne perdant jamais la joie en l’Éternel. La
persévérance dans le besoin a plus de valeur qu’un
enthousiasme de courte durée : « La joie en l’Éternel sera
votre force ».
Les voies de Dieu dans la vie
privée

Ne devez rien à personne.

Donnez, et il vous sera donné.

Romains 13.8 & Luc 6.38

Durant ces années-là, je réalisai la grâce de Dieu d’une façon


toute particulière dans les choses terrestres. J’étais bien
pauvre lors de ma conversion ; par la suite, je lus dans la
Bible qu’il n’y a pas lieu de se soucier du lendemain, mais
qu’il faut se décharger sur Dieu de tous nos soucis. J’étais
précisément assailli par des soucis qui me poussaient à
croire que je serais bientôt sans travail. Certains clients
déclarèrent même qu’ils ne voulaient plus rien avoir affaire
avec un mômier et qu’ils n’auraient plus recours à mes
services. Toutefois, je songeai « qu’il est préférable de
mourir de faim plutôt que de ne pas obéir à Dieu ! ».
Néanmoins je ne fus pas réduit à cela, car Dieu, selon sa
promesse, pourvut à mes besoins. Mes dettes se montaient
alors à 270 francs environ, somme qui, en ce temps-là,
représentait beaucoup pour moi. En effet, je ne gagnais que
1 franc 50 par jour en travaillant depuis le matin à cinq
heures jusqu’au soir à sept heures et demie ; ce gain devait
me permettre de subvenir aux besoins de ma grande
famille ! Sachant très bien qu’il était déshonorant pour un
enfant de Dieu de faire des dettes, mon désir était de payer
les miennes. Tous mes créanciers envoyaient des rappels,
exigeant le paiement de mon dû ; certains sous menace de
poursuites, voulaient être couverts dans les quatre
semaines. Je montrai ces lettres à mon Père céleste, puis je
me rendis chez les personnes en question pour leur déclarer
qu’il m’était absolument impossible de m’acquitter
immédiatement de ma dette, que je n’avais aucune certitude
de pouvoir le faire bientôt, mais, dès que ma situation
s’améliorerait, je ne manquerais pas alors de les payer.
Faisant preuve de patience, ces créanciers voulurent bien
surseoir à leurs menaces de poursuites.
Il arrivait que, durant un certain laps de temps, nous
manquions de pain, mais par contre les pommes de terre,
les légumes et le lait ne nous faisaient pas défaut. Dans les
réunions, je disais parfois de quelle façon Jésus pourvoyait à
mes besoins. Ces déclarations furent entendues par mon
boulanger qui assistait aux réunions. Par conséquent, je
n’osais lui demander du pain à crédit, car il aurait pu me
dire : « Tu nous as pourtant annoncé comment Dieu
pourvoyait à tes besoins ! » Alors, je pris la décision de
donner, selon ce texte : « Donnez, et l’on vous donnera ! » Il
faut agir de cette façon si l’on veut arriver à quelque chose
et, ainsi, on commence à croire selon les Écritures.
Dans l’espoir que certains frères les aideront à payer leurs
dettes, bon nombre de personnes commencent à suivre les
assemblées, faisant même semblant de se convertir ! Dans
de pareils cas, il ne faut pas aider à l’injustice ! Je visitais des
gens pauvres, ainsi que des buveurs. Lorsque je le pouvais,
je leur remettais un franc et c’est alors qu’il m’était permis
de lire la Bible et de prier avec eux. En ce temps-là, la valeur
d’un franc était estimée ! Cette méthode lorsqu’elle fut
connue, fut désapprouvée, car on prétendit que je donnais
tout mon argent et que j’avais encore des dettes. Cependant,
je ne devais de l’argent à aucune personne se trouvant dans
la gêne ! Le thème : « Ne devez rien à personne, si ce n’est
de vous aimer les uns les autres ! » fut à cette époque traité
à une conférence de l’Alliance. Le tout était dirigé
précisément contre moi et, en commentant ce texte, ce n’est
qu’à la question d’argent que l’on prêta de l’intérêt pour
arriver à la conclusion que l’on ne devait rien donner aussi
longtemps que nous avions des dettes. Parmi les personnes
présentes se trouvaient beaucoup d’hommes endettés.
Appelé à rendre témoignage à ce sujet, je déclarai : « Avant
qu’un homme se permette de donner quelque chose à un
malade, un pauvre ou un nécessiteux, vous avez posé la
condition qu’il doit d’abord avoir payé la totalité de ses
dettes. - Toutefois, la Bible dit ceci : « Tu aimeras ton
prochain comme toi-même ! »
Admettons donc qu’une pauvre famille souffrant de la faim
soit ma voisine et que, de mon côté, je possède cinq francs ;
selon votre conclusion, il ne m’est nullement permis
d’acheter un morceau de pain pour mon prochain, puisque
je dois préalablement payer toutes mes dettes. Si je veux me
conformer ainsi à la parole me disant d’aimer mon prochain
comme moi-même, je ne devrais alors rien acheter pour
moi, n’ayant, par conséquent, d’autre alternative que celle de
« crever » de faim - Il me souvient, avoir employé ce terme
en cette circonstance. - Cela ne tomba pas dans l’oreille de
sourds, mais cette conférence me fit grand bien. Quinze
jours après, l’un des prédicateurs, - genre d’adjudant, qui
aimait que les anciens aient une haute opinion de lui - vint
me rendre visite, essayant encore de me convaincre et
répétant que l’on doit payer ses dettes avant de donner quoi
que ce soit à son prochain. Quant à moi, je pensais et
voulais agir selon cette parole « Tu aimeras ton prochain
comme toi-même »
Après le départ de cet homme, je priai : « Père céleste ! Tu es
mon père, tu possèdes de grandes richesses, et je suis ton
enfant, mais un enfant ayant des dettes ! » poursuivant, en
pensée : « Un garçon pareil n’est-il pas une honte pour
toi ? » mais je n’osai certes pas déclarer cela à haute voix !
Huit ou quinze jours après, je reçus une lettre. Elle contenait
un billet de cent francs. Tombant à genoux, je rendis grâces
à Dieu en pleurant, songeant qu’il me serait possible, à
présent, de rendre cette somme à un créancier pieux.
Ouvrant complètement l’enveloppe j’y trouvai encore
d’autres billets de banque, ainsi qu’une pièce de vingt
francs ; la somme totale me permettait de payer exactement
mes dettes, exception faite de l’intérêt dû pour un lit ; mais
je reçus encore ce montant ! Je constatai ainsi que mon Père
céleste m’avait fait don de tout ce qui m’était nécessaire, j’eus

foi en lui. Au début, je me confiais en lui pour de petites


choses, mais après cet exaucement, je m’enhardis de plus
en plus à mettre ma confiance en Dieu. Aujourd’hui, je sais
que ma confiance a augmenté, mais j’en suis encore à mes
débuts.
Plus on est enfantin, plus est grande la joie du Père céleste !
Une fois, je lui dis que je désirerais posséder une bicyclette,
mais que le courage m’avait manqué pour le lui dire, car cela
me paressait être un vrai luxe. Peu de temps avant, j’avais
fait des essais avec le vélo de mon frère, mais je dus
renoncer à ce moyen de locomotion à cause de la faiblesse
de mon cœur. Je ne sais donc pourquoi j’eus ensuite ce
désir ! - Un matin, entrant à la cuisine, je vis une belle
bicyclette neuve que l’on y avait placée pendant la nuit. Nous
ne fermions jamais complètement notre maison durant la
nuit ; son aspect modeste n’engageait personne à y entrer.
Cette bicyclette portait mon adresse, elle m’était donc
destinée ; sinon je ne me serais pas permis de l’utiliser. Je
désirais monter à bicyclette sans tomber. Cela eût fait grand
plaisir aux gens. C’est alors que se produisit le miracle :
immédiatement je pus partir, et sans ressentir quoi que ce
soit au cœur. Le soir, lorsque je rentrai à la maison après
avoir présidé une réunion je remerciai et louai Dieu pour ce
beau don.
Beaucoup croient que Dieu serait à même de leur faire don
de certaines choses s’ils étaient meilleurs ; je dois dire que je
ne me trouvais nullement être bon, mais bien plutôt
polisson. Il est amour pour les polissons également ; c’est
un père remarquable ! Bien que le courage de lui adresser
une prière m’ait fait défaut en maintes occasions. Il m’a tout
de même fait don de bien des choses. Immédiatement après
ma conversion, je m’étais rendu compte que je ne devais
pas demander des secours à des gens pieux, ni à des gens
du monde. Bien que je fusse probablement le plus pauvre de
la commune, je ne demandai pas l’assistance. Je reçus tout
de même de l’aide dans deux cas. Mes enfants étaient du
groupe des enfants pauvres qui recevaient gratuitement du
lait et du pain, du Nouvel an aux examens de printemps.
Lorsque je me convertis, en février, l’un des dirigeants de la
commune se rendit chez nous pour me demander si je ne
pourrais pas payer la moitié du lait donné à l’école à mes
enfants, vu que l’argent ne suffisait pas. Il s’agissait d’une
somme de sept francs environ, mais je ne la possédais pas.
Pareille demande aurait d’ailleurs dû être adressée à mon
voisin, qui ne se trouvait pas être dans ma situation, car il
possédait deux vaches. Mais il n’en fut rien. Pensant que
j’étais bien le plus pauvre, j’étais tenté d’en déduire que
cette demande était due à la haine provoquée par ma
conversion. Mais je me défendis à outrance contre cette
pensée. Alors je pris la décision qu’à l’avenir mes enfants
rentreraient pour le dîner. Malgré l’opposition des
responsables, ils rentrèrent. C’était certes mieux que de faire
des sottises à l’école durant le repos de midi.
Nous avions tout de même à manger et à boire, pour toute
la famille, car nous avions des pommes de terre et nous
possédions des chèvres. Plus tard, je compris que les choses
avaient été dirigées par Dieu, qui ne voulait pas que son
enfant soit à la charge de gens inconvertis, c’est-à-dire des
gens du monde. C’est la raison pour laquelle il permit ce que
je crus être un acte de haine. Je me rendis compte qu’il
voulait ainsi m’éduquer, car il nous exhorte par ces paroles :
« Travaillez de vos mains en sorte que vous vous conduisiez
honnêtement envers ceux du dehors et que vous n’ayez
besoin de personne » (1 Thessaloniciens 4 : 11-12). Quand
au second cas d’assistance, j’en payai la contre-valeur. Si
tout d’abord j’accusai les gens de mal agir à mon égard, je
vis ensuite que les choses avaient été dirigées ainsi par la
bonté de Dieu, car les enfants du Très-Haut ne doivent pas
mendier auprès de ceux du monde.
Comme déjà dit, je fus aussi préservé de la mendicité auprès
des frères et sœurs dans le Seigneur. À une certaine
occasion, je participai à un cours biblique à Berne. J’émis
alors le désir d’être reçu chez le pasteur Bovet, car je savais
qu’il aidait beaucoup les pauvres. J’y fus reçu et à la
demande de M. Bovet concernant ma situation, je répondis
que tout allait « bien ». Mais ensuite je songeai que j’aurais
quand même dû dire quelque chose au sujet de mes dettes.
Le jour suivant, il renouvela sa demande et ma réponse fut
identique ; Dieu me préserva, car il voulait payer mes dettes
lui-même. Souvent, mes pensées se reportent à ce cours
durant lequel j’eus le sentiment d’être transporté dans les
lieux célestes. J’en oubliais d’où je venais et où je me
trouvais. Pour m’en rendre compte je devais réfléchir un
instant.
Souvent l’argent me faisait défaut lorsque je me rendais à
une conférence à Berne ; je le demandais alors au Père
céleste qui m’en faisait don. Une fois cependant, je priai à ce
sujet, mais sans être exaucé. Je me dis alors que je n’avais
nullement besoin d’argent de Dürrgraben à Ramsei, et je me
mis en route, certain que l’argent me serait encore remis
avant le départ du train.
Me voyant passer, les gens me demandaient : « Où vas-
tu ? » et c’est d’une voix forte que je répondis d’abord : « À
Berne ! » La seconde fois, la réponse se fit plus faible : « À
Berne, Dieu voulant ! » Jamais, en une telle circonstance, je
ne fus assailli de tant de questions et je pensai : « Que
diront-ils, si je dois m’en retourner parce que je n’ai pas reçu
l’argent nécessaire ? » et je fus tenté d’ores et déjà de
choisir, pour le retour un autre chemin. - On dira peut-être
que ce n’était vraiment pas un acte de foi. - Quoi qu’il en
soit, j’arrivai à la station, puis j’entrai dans la salle d’attente.
Au même moment un homme me remit un billet pour Berne
et retour. Combien furent grandes ma joie et ma
reconnaissance ! Je dois dire qu’il m’est arrivé aussi de ne
pas me rendre à cette conférence, pensant qu’en étant à
Berne je ne gagnais rien et que d’ailleurs je ne faisais
qu’utiliser de l’argent pour le train et d’autres choses. C’est
ainsi qu’il m’arriva de rester à la maison pour travailler. Mais
Dieu fit en sorte que je tombai malade à deux reprises,
m’empêchant ainsi de gagner quoi que ce soit pendant le
temps de la conférence.

Quelques expériences

Après ma conversion, je commençai de rendre témoignage


dans les réunions lorsque l’occasion se présentait, et plus
encore après ma nouvelle naissance, car j’éprouvais le
besoin de répandre mon cœur au sujet de ce que Dieu avait
fait pour moi. Mais à cette époque certains frères
« éprouvés » préféraient témoigner personnellement. Un
dimanche après-midi, le prédicateur devant présider
l’assemblée ne vint pas ; il fallut alors décider qui
s’occuperait de l’assemblée du soir prévue à Holz. Le
remplaçant habituel ne pouvait s’y rendre. Il désigna un
frère, mais ce dernier prétendit ne pas être en mesure de s’y
rendre seul. Il lui dit alors : « Berger sera aussi là ! » J’avais
écouté ce dialogue et, de plus j’étais mécontent parce que je
n’avais pas pu témoigner au cours de l’après-midi. Cela me
fit dire : « Je vais à Lützelflüh ! » Alors le dirigeant
m’ordonna d’aider à présider la réunion du soir, disant
qu’un ordre à ce sujet avait d’ailleurs été donné de Berne en
son temps. « Quand a-t-on écrit ? » demandai-je. - « Il y a
plus d’une année ! » - « Vous ne m’en avez jamais fait
part ! » Sur ces entrefaites, je fus d’autant plus résolu à me
rendre à Lützelflüh et non à Holz. C’est avec pareille
« marchandise » que je rentrai chez moi et que je déclarai à
ma femme : « Je n’irai pas à Holz, je vais à Lützelflüh ! » -
« N’est-ce pas du diable ? » me répondit-elle. Alors je dus
bien admettre, à voix basse : « Oui, c’est vrai ! Donc, je vais
à Holz ! Mais je pensai en moi-même : « Je ne témoignerai
pas ! » Je me mis en route. Pendant la moitié du chemin,
j’eus à combattre cette tentation : « Je ne témoignerai
pas ! » En fin de compte, j’eus honte de cette pensée devant
Dieu et je lui dis : « Seigneur, je veux agir selon ta volonté ! »
Et lorsque la pensée de ne pas témoigner m’assaillait à
nouveau, je rétorquais continuellement : « Que la volonté du
Seigneur soit faite, et non la mienne ! » C’est ainsi que je
témoignai ce soir-là, et c’est avec une grande joie que
j’assistai à la conversion d’une femme, une des plus
misérables créatures. C’était une blasphématrice. Elle ne
réalisa pas immédiatement la paix.
Le lendemain, dans son trouble et pour oublier son chagrin,
elle se rendit chez un vieux mômier qui lui offrit du fromage
très salé et du vin ; il lui adressa quelques paroles
réconfortantes ; malgré cela, l’angoisse de cette femme
augmenta. Elle vint chez moi ; et je lui montrai le chemin de
Dieu, priant avec elle ; je dus la laisser partir sans qu’elle ait
réalisé la paix de Dieu. Je manquais d’expérience. Après une
heure, elle revint et me dit le regard plein de joie : « Lorsque
je suis arrivée près du pont, j’ai vu que je suis morte avec
Christ ; Jésus est venu habiter en moi et moi en lui ! » Elle
louait Dieu, rendait grâces. Rempli d’épouvante, je pensai
qu’elle était devenue folle, et je ne fus tranquillisé que
lorsque je vis que le sens de ses paroles était conforme à la
Parole de Dieu. Cette sœur confessa ensuite le Seigneur
sans crainte et, par son moyen, beaucoup de ses semblables
se convertirent et bien des demi-chrétiens reçurent la vie
divine. Cette femme fut un instrument efficace dans la main
de Dieu. Elle eut beaucoup à souffrir, car son mari et son
beau-frère la maltraitèrent à tel point qu’elle n’avait presque
plus de dents, mais elle ne se laissa pas fermer la bouche
pour autant. En agissant ainsi, ces hommes réussirent non
seulement à lui briser les dents, mais à faire pénétrer
l’amour de Dieu chaque fois plus profondément en elle.
Une fois, je fus appelé à présider une semaine
d’évangélisation chez un paysan habitant une ferme très
isolée. Un soir, le pasteur de la commune vint également
mais il dut chercher une place au fond du corridor ; toutes
celles des chambres, de la cuisine et du corridor étaient
occupées. Ainsi, nous ne nous vîmes pas, ce qui devait sans
doute lui convenir. Il m’écrivit ensuite pour me dire que le
témoignage que je rendais de la Parole de Dieu aurait
convenu au Moyen Âge, mais que la science théologique
d’aujourd’hui nous enseignait quelque chose de mieux. Il
ajoutait que lors de cette assemblée, on avait senti la chaleur
de l’enfer autour de soi. Il m’envoya un livre à étudier, me
conseillant de commencer à la page 53, prétendant
qu’ensuite je comprendrais mieux le commencement du
livre.
Suivant son conseil, je commençai à la page 53, trouvant
beaucoup d’enseignement de morale, mais rien de plus.
Intéressé par ce qui pouvait bien se trouver au début du livre
je m’y reportai, pour découvrir aussitôt, avec tremblement et
terreur, que les puissances de l’enfer s’y manifestaient. Je
jetai immédiatement ce livre au feu. J’écrivis au pasteur que
je l’avais brûlé, et que lui-même enseignait le chemin de
l’enfer à ses auditeurs, au lieu de les amener à Christ. Qu’il
était en outre responsable, comme pasteur, de chaque âme
de sa paroisse s’en allant à la perdition vu qu’il ne leur
enseignait pas la vérité, et que Dieu lui en demanderait
compte, tout en réclamant le sang de ses mains. Tout cela fit
réfléchir ce pasteur ; il me fit venir pour des assemblées de
Croix-Bleue dans son église qui, d’habitude, était peu
fréquentée.
Comme j’étais persuadé - aujourd’hui encore - que la
destruction des gens est causée, non seulement par
l’absorption de l’alcool, mais par le péché en général, je
parlai également de la transgression de la Parole de Dieu.
Cela fit beaucoup de bruit. Nombreux furent ceux qui vinrent
écouter la Parole de Dieu, mais il vint aussi des personnes
décidées à troubler les assemblées, et même à me battre.
Pour leur inspirer de la crainte s’ils cherchaient à entrer à
l’église, la femme du pasteur se plaça près de la porte. Je
réfutai tous les arguments du pasteur au moyen de la Parole
de Dieu et, connaissant l’homme, je dus lui défendre de me
contredire durant mon allocution, faute de quoi je quitterais
immédiatement l’église. Sa femme avait été saisie par la
Parole de Dieu. Lors d’une étude biblique tenue à la cure,
des sœurs avaient prié et la femme du pasteur avait dû
constater qu’elle ne pouvait faire de même, ce qui la fit
beaucoup réfléchir. Elle se rendit compte de sa situation de
pécheresse, et elle était sur le point de s’ouvrir au Seigneur.
Alors le pasteur rentra chez lui et critiqua les prières des
enfants de Dieu, disant entre autre : « Ils disent toujours :
« Sauveur ! » Il ne pouvait supporter cela ; sa femme céda et
l’Esprit de Dieu ne travailla plus en elle. Oh ! que le réveil
sera terrible dans l’éternité pour de telles personnes ! Que
Dieu nous préserve de contrister et d’éteindre le Saint-
Esprit !
La haine atteignit son plus haut point ; le pasteur mit fin à
tout, supprimant ainsi ce travail pour Dieu. En me rendant à
la gare, je me sentais entouré de moqueurs qui me
cherchaient dans la nuit, désirant m’avoir entre leurs mains.
Lorsque nous arrivâmes au coin de la rue éclairé d’une
lanterne, je pensai qu’ils me reconnaîtraient, mais je pus
monter dans le train sans aucun mal. J’avais entendu ceux
qui étaient à ma recherche dire ce qu’ils feraient de moi,
mais le Seigneur leur avait fermé les yeux afin qu’ils ne me
reconnaissent pas. Combien est vraie cette Parole : « Il ne se
perdra pas un cheveu de votre tête sans la volonté de votre
Père ! »
Durant ces jours auxquels ce pasteur mit si brusquement
fin, l’église était bondée d’auditeurs, et les gens s’en
étonnaient, disant que cette petite église n’avait jamais été si
remplie. Par la suite, le vide se fit à nouveau, comme
auparavant, bien que le pasteur avait prétendu qu’il
enseignait comme moi ; les gens n’assistaient plus au culte.
Je lui avais répondu qu’il n’enseignait précisément pas la
même chose. J’avais supplié Dieu, désirant que ce pasteur
puisse voir de quelle manière un homme réalise la paix de
Dieu, et le Seigneur Jésus exauça mon vœu. Pendant une
étude biblique, un homme se trouvant assis entre le pasteur
et moi-même, réalisa le vrai bonheur. Il se leva, témoignant
de ce que Dieu avait fait pour son âme à l’instant même ;
mais malheureusement le pauvre pasteur en resta là. Il en
est encore aujourd’hui comme il est écrit : « Il a aveuglé
leurs yeux, et il a endurci leur cœur, de peur qu’ils ne voient
des yeux, qu’ils ne comprennent du cœur, qu’ils ne se
convertissent, et que je ne les guérisse ! » Ma prière fervente
consiste à demander à Dieu de nous donner des oreilles
pour entendre et des yeux pour voir, afin de connaître les
merveilles de sa Parole, afin que nos assemblées et leur
fréquentation, ne soient point un jour un jugement contre
nous.
Je présidais une fois une assemblée à E. Le pasteur me fit
demander et me raconta qu’un buveur de sa paroisse, très
lié par le péché, se trouvait dans une situation désespérée et
probablement en face de la mort. Il ajouta que cet homme
était si méchant que ses enfants ne pouvaient demeurer
chez lui. Le tonneau d’eau-de-vie se trouvait dans sa
chambre. De plus il était atteint de delirium tremens et il
avait chassé et menacé le pasteur de mort lors des visites
qu’il lui avait faites.
Lorsque ce buveur crut que sa dernière heure était arrivée, il
fit tout de même appel au pasteur et c’est alors que celui-ci
me fit chercher, désirant que nous nous rendions ensemble
auprès de ce malade. Je lui dis que ma visite ne ferait
certainement qu’augmenter encore sa colère, mais le
pasteur persista. Lorsque nous entrâmes dans la chambre
du pauvre moribond, le pasteur dit à haute voix, et avec
quelque air de supériorité : « Il est réservé aux hommes de
mourir une fois, après quoi vient… », mais il ne put
continuer, car l’homme hurlait de telle façon que cela faisait
mal à entendre « … le jugement ! » Ensuite, le pasteur lui
demanda s’il était un pécheur et s’il avait confessé ses
péchés ; le malade répondit affirmativement. Puis il
demanda encore s’il croyait en Jésus ? À nouveau le buveur
répondit : « Oui », mais il criait, en proie à une grande
détresse ; une vapeur chaude montait du lit ! Enfin le
pasteur ne sut plus que faire et me pria de parler au malade.
Me rendant auprès du lit, je dis au buveur : « Tu as prétendu
être un pécheur et croire en Jésus, ce n’est absolument pas
exact ! Tu n’aurais pas une frayeur pareille si tu croyais que
tu es un pécheur, et si tu croyais également en Jésus !
Confesse tes péchés ! » Remarquant qu’il désirait parler, je
l’aidai à s’asseoir ; la chaleur de son corps me faisait une
sensation de brûlure aux bras, et l’homme recommença à
crier d’une voix épouvantable disant : « Voyez là ces trois
femmes ! Les temps ne sont pas encore révolus ! » Je lui
demandai : « Qu’y a-t-il avec ces trois femmes ? » Il cria :
« Les balles, les balles, elles éclatent ! » La femme qui le
soignait vint alors me dire que je devais me taire et ne pas
encore l’exciter, vu qu’il avait le delirium tremens. « Tais-toi,
à présent, je commande ici, on m’a appelé ! » Je questionnai
encore ce pauvre homme : « Qu’y a-t-il avec ces balles ? »
Alors il confessa une chose après l’autre puis, sortant du lit,
il se mit à genoux au milieu de la chambre. Le pasteur était
debout à nos côtés ; je me mis à genoux auprès du malade
et priai avec lui. Le malin sortit de lui et le malade déclara
qu’il l’avait vu s’élancer dans l’abîme. À cet instant même,
Dieu lui pardonna tous ses péchés. Il réalisa en même
temps la paix de Dieu et devint immédiatement un enfant de
Dieu bienheureux. La joie se manifesta et il se mit à louer
Dieu ; puis il guérit tout à fait.
Oh ! comme ce vieillard était reconnaissant ! Chaque fois
que je me rendais à E. pour présider des réunions, il était
déjà là, attendant mon arrivée. Environ une année après, il
put entrer dans la gloire du Père avec la certitude : « Le
Seigneur a ôté tous mes péchés ! » Son cœur était inondé
d’une paix profonde ! Que beaucoup d’hommes liés par le
péché et se trouvant sous la servitude de Satan puissent
accepter cela ! « Si nous confessons nos péchés, il est fidèle
et juste pour nous les pardonner, et pour nous purifier de
toute iniquité ! »
Sur le chemin du retour, le pasteur s’accusait, se lamentant
parce qu’il ne pouvait aider les gens et se demandait ce qu’il
en était de lui. Il raconta qu’il lui était arrivé de faire trente
visites en un jour, mais que nul n’avait réalisé la paix de
Dieu. Je lui répondis qu’il n’avait pas le Saint-Esprit et que
c’est à cause de cela qu’il ne pouvait aider personne à
obtenir la vie divine ; qu’avec l’enseignement de la morale et
des bonnes mœurs, on empêche plutôt les gens à trouver le
chemin du ciel. Au lieu de s’humilier et d’accepter Jésus
comme son Sauveur personnel, ce pasteur continua à se
lamenter.
Jean-Baptiste invitait les scribes et les pharisiens, leur
disant : « Produisez donc des fruits dignes de la
repentance ! » Cela concerne ceux qui ne possèdent pas
encore l’assurance du salut, ceux qui ne peuvent amener des
âmes à Jésus, mais qui n’ont qu’une piété extérieure, tout en
recherchant l’honneur et la reconnaissance des hommes !
Notre Sauveur dit : « Comment pouvez-vous croire, vous qui
tirez votre gloire les uns des autres, et ne cherchez point la
gloire qui vient de Dieu seul ! »
École de la grâce

Mon école d’évangéliste

Des étrangers seront là et feront paître vos

troupeaux. Des fils de l’étranger seront vos

laboureurs et vos vignerons

Ésaïe 61.5

Le prophète Ésaïe a prononcé cette parole pour le peuple


juif, mais elle nous enseigne que Dieu permet que nous
soyons éprouvés par les hommes. Pour réaliser
l’accomplissement de cette parole, Dieu se sert quelquefois
d’étrangers ou de gens du monde qui agissent en qualité de
laboureurs, de vignerons, et comme « professeurs » pour
notre éducation, pour notre vie spirituelle. Par leur moyen, le
Seigneur laboure le champ de notre cœur.
Après ma conversion, j’avais l’impression qu’il me serait
permis d’être en communion avec Dieu s’il m’était possible
de vivre dans la solitude, comme Nicolas de Flue, mais je ne
possédais pas la foi nécessaire pour me rendre dans une
forêt ! Je pensais en effet que ni Dieu. ni les hommes ne me
nourriraient, et je crois vraiment qu’il en aurait été ainsi. Je
n’étais pas Nicolas de Flue et, pour parfaire mon éducation,
Dieu ne m’envoya pas dans une école de théologie, mais
chez des paysans impies ; c’est là que je suivis une bonne
école. Il n’était plus question d’accomplir ma volonté
propre ! On rencontre beaucoup de personnes qui, bien que
fréquentant assidûment les assemblées ont, néanmoins, des
têtes plus dures que la pierre. Celui qui n’obéit pas aux
anciens, ni à ses maîtres, ne saurait parler d’une soumission
à Dieu. Le Seigneur commença à me bénir par le moyen
suivant : Ici et là, il permit qu’on me dérobât quelque chose,
et bien des faits se passèrent à ce sujet durant ces quatre
années !
J’eus souvent l’intention de me défendre, mais je vis dans la
Parole de Dieu que ce que nous perdons pour l’amour de
Jésus nous est rendu au centuple ; ainsi, j’appris à me
laisser tromper et ravir des biens terrestres, bien que
souvent ce ne fut pas avec joie, je réalisai cependant la
bénédiction divine. Lorsque nous parvenons au but fixé par
le Seigneur, nous constatons ensuite que ces exercices
prennent fin.
Peu de temps après ma conversion, j’eus à régler un compte
avec un client, un aubergiste possédant également une
boucherie. En compensation du travail que je lui livrais nous
lui achetions de la marchandise, et j’avais soin de veiller à ce
que mes achats soient inférieurs au montant de mes
livraisons. À une certaine occasion, le compte de mon travail
se trouvant, comme d’habitude, supérieur à mes achats, au
règlement des comptes, j’achetai de la graisse. Comme je
n’avais jamais exigé de quittance de sa part avant ma
conversion, je ne voulus pas le faire ensuite, pour éviter qu’il
ne saisisse l’occasion de dire : « Voilà les agissements de
ces mômiers, ils se méfient de nous ! » Je le connaissais
suffisamment pour me rendre compte de l’opinion qu’il
avait de ces gens, et je dois ajouter qu’il avait
malheureusement été scandalisé par la conduite de
beaucoup d’entre eux. Aussi je voulais user de sagesse à son
égard, car mon but était de le gagner au Seigneur. J’estime
néanmoins qu’il est indiqué d’exiger une quittance lors du
paiement d’une dette. Une année s’écoula, puis ma femme
se rendit chez lui pour un nouveau règlement de comptes,
mais nous dûmes constater que cet homme avait ajouté à
mon dû une somme payée antérieurement ; ainsi, le solde
en ma faveur s’était réduit d’autant. Cela m’occasionna bien
des tentations et, comme c’est le cas lorsqu’il faut entretenir
une grande famille avec un petit salaire, j’avais grand besoin
de cet argent. Je savais cependant que je n’avais pas à le lui
réclamer, ni à lui rappeler la chose s’il ne s’en souvenait
plus, car je savais qu’il s’irriterait et me soupçonnerait
même de tromperie. À cause de cela, je gardai le silence,
pensant que Dieu connaissait ma situation précaire et qu’il
inclinerait le cœur de cet homme. Le Seigneur vit mes
tentations. L’aubergiste maintint ce compte erroné, mais le
Seigneur me rendit exactement ce que j’avais perdu ; cette
somme me parvint en don d’une contrée totalement
inconnue. Ce résultat me fortifia, et combien je fus heureux
d’être resté tranquille ! Aujourd’hui encore, il est de toute
importance de s’en tenir à cette parole des Écritures :
« Agissez sagement envers ceux du dehors » (Colossiens 4 :
5).
Souvent, cet homme fut dans l’étonnement à mon sujet. Un
certain jour, il « évangélisait » même un peu à la manière de
Jonas, dans son auberge où certains habitués se moquaient
de moi. Assis au coin de son fourneau, il leur disait : « Il faut
tout de même qu’il y ait une puissance supérieure ! Berger
était un tel et, à présent, c’est un nouvel homme ! Une
puissance supérieure doit donc exister ! » Ses clients
continuèrent toutefois leurs quolibets à mon sujet et, à deux
reprises cet aubergiste répéta une phrase identique.
Brusquement l’un de ces moqueurs jeta ses cartes à jouer.
Convaincu par les paroles de l’aubergiste, il vint me trouver
la nuit même et se convertit à Dieu ; quant à l’aubergiste, il
se convertit sur son lit de mort. Il n’avait prononcé que ces
paroles : « Il faut tout de même qu’il y ait une puissance
supérieure ! -
Auparavant, Berger était un tel et, à présent, il est tout
autre ! » En prononçant ces paroles, il reconnaissait
l’existence d’un Dieu tout-puissant, capable de nous aider.
Cet homme crut à la puissance de Dieu et le déclara devant
des impies. Rahab, la prostituée, déclara de même : « Nous
savons que Dieu est avec vous ».
À une autre occasion, un homme prétendant être acculé à la
faillite vint chez moi ; il désirait m’emprunter environ cent
francs, disant que cela le préserverait de la débâcle. Comme
il promettait de commencer une nouvelle vie, je ne pouvais
le renvoyer à vide mais, n’ayant point d’argent, je me
demandais comment il me serait possible de lui porter
secours. L’idée me vint alors de vendre mon porc engraissé,
en dépit du grand besoin dans lequel je me trouvais au sujet
de cet argent qui aurait dû me permettre d’acquitter une
dette. Je conduisis donc mon porc à un boucher de la
contrée, connu pour sa tromperie. Lorsqu’il me vit arriver, il
me dit d’un air méprisable : Combien ce porc peut-il bien
peser ? Environ 50 kilos ? » J’estimais qu’il devait en peser le
double et je me dis : « Cet homme a quelque chose en
vue ! » Il le tua donc, le pesa et me dit : « Oui, il pèse 103
livres ! » J’eus grande envie de vérifier le poids indiqué par la
balance, mais je ne le fis pas, pensant que cet homme dirait
que je n’avais pas confiance en lui, et qu’il ajouterait, pour
sa justification : « Je me suis trompé, il s’agit de
kilogrammes et non de livres ! » Ici, Dieu avait de nouveau
dirigé les choses et je me demandai quelles pouvaient être
les vues du Seigneur. La pensée que je ne pourrais ainsi
aider l’homme qui m’avait demandé de l’argent m’obsédait,
car je n’obtiendrais que la moitié du montant escompté. Je
me rendis donc chez moi et me retirai dans ma chambre
pour prier.
Il était alors de coutume de régler le jour même les affaires
conclues ; j’envoyai donc quelqu’un chercher l’argent qui
m’était dû, anxieux d’en connaître le montant. Le boucher
avait fait un compte « exceptionnel ». Il déclara que ce porc
était très bon, qu’il le payait 75 centimes la livre au lieu de 52
centimes, en ajoutant encore trente francs de pourboire.
C’est ainsi que je reçus la contre-valeur de 103 kilos ! Mon
boucher aura probablement songé que je n’étais pas aussi
borné que cela, et c’est pour cette raison qu’il a agi ainsi. De
ce fait, je pus prêter l’argent à l’homme qui m’avait sollicité,
mais il fit quand même faillite.
Après cette expérience, ce boucher me respecta et me fit
beaucoup de bien. Lorsque je dus quitter la contrée, il voulut
m’en empêcher, me promettant de me bâtir une maison si la
mienne ne suffisait pas. Il avait dû s’apercevoir que ma
présence était une bénédiction pour la localité, car plusieurs
buveurs s’étaient convertis, se remettant au travail ; il leur
fut même permis de reprendre leurs enfants que la
commune s’était vue obligée de placer ailleurs. Chaque
automne, cet homme remplissait ma cave de pommes. Il me
permettait de faucher sur sa propriété, où bon me semblait,
l’herbe nécessaire à la nourriture de mes deux chèvres. Il
mettait même du terrain à ma disposition pour la culture
des pommes de terre. Bien qu’il ne me promît rien quant au
foin qui me faisait défaut, il m’en donnait plus que j’en avais
besoin. Plusieurs personnes se plaignaient à son sujet pour
son manque de scrupule, mais, pour mon compte, je dois
dire qu’il m’a donné bien au delà de ce que je pouvais
attendre.
Mon solliciteur fit donc faillite et la perte de tout mon argent
me créa bien des soucis. Je m’adressai alors à mon Père
céleste, lui disant : « Tu sais combien cet argent me fait
défaut, et quel a été le mobile de cette aide ! » Je ne fus pas
confus, car cet argent me fut ensuite rendu volontairement,
en dépit de la faillite. Oh ! combien je fus heureux d’avoir
incité cet homme au bien en agissant selon la volonté de
Dieu ! Toutefois, je ne dis pas qu’il y a lieu de porter secours
à chacun, mais il est écrit : « Tu aimeras ton prochain
comme toi-même ! » Nous devons aussi examiner si ce
qu’on veut emprunter de nous est bon et utile pour celui qui
fait la demande et pour nous si nous étions à sa place, car
les personnes qui empruntent de l’argent discernent
rarement les choses à leur juste valeur. Cependant il est
écrit : « Il y a plus de joie à donner qu’à recevoir ».
J’avais loué une petite maison de deux appartements, ainsi
que les dépendances : l’étable et la grange. Mon propriétaire
était un homme pieux, président du conseil de paroisse,
mais il avait de l’antipathie pour moi, car je l’avais fâché en
lui déclarant qu’il devait se convertir pour être sauvé, et
qu’un ancien ne devait pas s’adonner à l’alcool. Il aurait bien
voulu me renvoyer, mais il craignait deux de ses filles,
enfants de Dieu fréquentant nos assemblées. Songeant sans
doute qu’il me ferait un jour entendre raison, il loua le
second appartement à un homme disputeur qui intentait
des procès à ses voisins ; mon propriétaire me connaissait
suffisamment pour savoir que je ne me laisserais jamais
aller à un procès et il pensait probablement qu’il me serait
impossible de vivre avec un homme pareil. C’est ainsi que
différentes choses se produisirent et je suis reconnaissant
envers Dieu d’avoir permis ces épreuves. Il était stipulé dans
le contrat de bail que j’avais la jouissance de l’étable entière
et que j’étais en droit de posséder quelques poules. Tel
n’était pas le cas pour l’autre locataire, mais malgré cela, le
propriétaire l’autorisa à utiliser l’étable également, tout en
lui permettant d’avoir aussi des poules. Je savais très bien
que nous n’en pouvions garder tous les deux, et je vendis les
miennes. À cette époque, le poulailler était inconnu chez
nous.
La saison des foins arriva et, un matin, je me rendis dans le
champ loué avec l’intention de le faucher ; je fus quelque
peu étonné de voir, en arrivant, que mon co-locataire était
déjà occupé à cette besogne et je lui dis : « Ai-je un
faucheur ? - As-tu loué également ce champ ? me répondit-il.
- Oui, depuis bon nombre d’années ! » Alors, mettant sa
faux avec colère sur l’épaule, il déclara : « Termine ce travail,
je m’en vais lui expliquer la chose ! - Non, termine-le toi-
même, c’est moi qui me charge de lui parler ! » Prenant
alors ma faux, je m’en retournai le cœur bien lourd et ne
sachant comment je pourrais encore garder mes chèvres,
car je n’avais pas le moyen d’acheter du foin pour l’hiver !
Mais, considérant la Parole de Dieu, je vis que je devais
rester tranquille. Ma femme et moi étions d’avis que nous
n’avions rien à dire. Pourtant c’est avec chagrin que nous
acceptâmes le ravissement de nos biens ; nous avons
murmuré, puis nous avons accepté et payé le prix de la
location du champ dont le produit fut récolté par notre
voisin ; le propriétaire prit possession de cet argent avec
satisfaction. Dieu me préserva d’élever la voix pour des
réclamations et il ne m’abandonna pas !
En effet, peu de temps après, un agriculteur m’annonça qu’il
se trouvait dans l’impossibilité de rentrer complètement sa
récolte de foin et qu’il m’offrait l’herbe d’un champ. C’est
avec plaisir que j’acceptai, en ajoutant toutefois qu’il ne
m’était pas possible de l’acheter. « Je te l’offre
gratuitement », répondit-il ; ce qui me consola grandement.
Cet homme était si bien disposé à mon égard, qu’il conduisit
lui-même ce foin dans ma grange ; la récolte obtenue était le
double de celle de mon ancien champ. En dépit de notre
non-résistance notre locataire voisin était mal intentionné à
notre égard et il semblait même que son audace augmentait
à mesure que nous cédions. Lorsque ma femme voulait laver
le linge, devant utiliser la même fontaine que la voisine, elle
lui demandait prudemment quand elle pensait procéder au
lavage de son linge. « Oh ! ce ne sera pas durant les
prochains quinze jours ! » répondait-elle. Mais dès que ma
femme avait mis son linge dans le bassin, la voisine arrivait
avec le sien, criant de façon que chacun puisse l’entendre :
« Chaque fois que je désire laver, vous m’en empêchez ;
vous saviez très bien que j’avais l’intention de commencer
maintenant ! » C’est avec étonnement que je voyais ma
femme supporter patiemment les actes hostiles de ces
gens ; sans murmurer, elle retirait le linge de la fontaine.
L’incident se renouvela quelquefois, et la voisine ne lavait
quand même pas son linge. Voyant cela, je dis un jour à ma
femme : « Elle grondera de toutes façons, fais ton travail ! »
C’est ainsi que souvent, et sans que nous ayons
connaissance du motif, cette voisine s’irritait contre nous.
J’appelais parfois son mari qui arrivait en colère, espérant
déclencher une querelle, mais, selon mes moyens, je mettais
un ou deux francs dans sa main, le suppliant d’être satisfait ;
souvent, il acceptait cet argent avec larmes ! Quant à moi, je
ne crois pas que j’aurais admis cette façon de procéder ;
j’aurais plutôt jeté cet argent à la tête de la personne qui me
l’aurait ainsi offert !
Nos voisins cherchaient également à nous faire du tort dans
le jardin et il arriva qu’ils arrachèrent tout ce que ma femme
venait de planter. Supportant aisément cette injure, elle
recommençait son travail que Dieu bénissait de telle sorte
que la récolte n’en était que meilleure. Ces gens avaient
adopté deux enfants. Poussés par leurs parents adoptifs, ils
venaient dans notre cuisine pour y dérober tantôt une
assiette, tantôt une tasse, ou un couteau, ou d’autres
ustensiles. Un jour, ma femme déclara pourtant :
« Maintenant cela suffit ! Je ne puis tolérer plus longtemps
ces actes, car nous encourageons ces enfants à dérober en
ne disant rien ! » Je l’approuvai en lui disant : « Ne dis rien,
car ils pourraient porter plainte au juge ; sans témoins tu ne
pourrais rien prouver ! Le Seigneur nous rendra toutes ces
choses au centuple ! Donne-leur plutôt quelque chose, s’ils
reviennent ». Ma femme suivit ce conseil, et ces enfants ne
dérobèrent plus rien chez nous.
Ces voisins recherchaient tous les moyens possibles de nous
tourmenter. Ils nous calomniaient à chaque occasion.
Parfois nous ne savions plus que faire et je me disais : « Cela
ne peut continuer ainsi, car comment pourrais-je encore
témoigner dans les assemblées, si les gens croient leurs
dires ! » Je ne connaissais pas encore, en ce temps-là, les
tressaillements d’allégresse selon Luc 6 : 23, mais j’acceptais
tout de même ces traitements. J’intercédais pour ces
personnes selon la Parole de Dieu, bien qu’il me semblât
que la vie en commun devenait impossible. Mais cette école
d’éducation fut très, très bonne pour nous, et ce fut un
temps de « bénédictions ». Voilà comment se firent mes
« études » d’évangéliste. Comme « professeurs » j’avais les
dits voisins qui agissaient en qualité de bons laboureurs,
pour mon plus grand bien. Leur hostilité dura environ trois
ans puis, à ma grande joie, ces gens se convertirent à Dieu.
Le miracle se produisit lors d’une réunion d’évangélisation
présidée par le frère Grünig qui parla de Jacob le trompeur.
Énumérant différentes choses qui se produisent dans la vie
journalière, il s’écria tout à coup : « Jacob, es-tu présent ? »
Ce voisin se nommait précisément Jacob. Après la réunion il
me dit, à ma grande surprise : « Jacob est ici ! » Il se
convertit véritablement et réalisa la paix de Dieu, ainsi que
sa femme. Oh ! combien nous étions heureux ensuite de
pouvoir louer le Seigneur à genoux ensemble, c’est-à-dire
avec des gens qui nous avaient traités comme ils l’avaient
fait, ce qui augmentait notre joie d’avoir supporté
patiemment des épreuves ! Il est très important que la vie
quotidienne des enfants de Dieu corresponde à la vérité et
se passe dans la crainte de Dieu, afin que le monde réalise
que nous avons en Dieu un Père miséricordieux.
Nous avons été éprouvés souvent, et de plusieurs manières.
Un jour, un paysan qui cherchait à me nuire par tous les
moyens me commanda un char. Je lui fis remarquer que la
longueur des échelles ne suffisait pas du tout lorsqu’il m’en
indiqua la mesure, mais cet homme déclara : « Voyez ce
pasteur de mômiers, il croit tout savoir à présent ! Puisque
tu es pasteur, tu dois aussi savoir ce que c’est que
l’obéissance ! » Je lui répondis : « Je veux bien obéir, mais
ces échelles trop courtes seront un désavantage pour toi ! »
Il répéta que je n’avais qu’à obéir, et je me soumis. Si ce cas
s’était produit avant ma conversion, j’aurais tout
simplement refusé ce travail.
Lorsque ce char fut terminé et que la femme de mon client
l’aperçut, elle s’écria : « Qu’as-tu donc fait-là ? Tu travaillais
bien avant d’arriver à la folie, mais tu rates tout depuis que
tu es mômier ! » Je lui expliquai que c’était son mari qui
m’avait ordonné de faire ce travail ainsi. Sur ces entrefaites,
cet homme arriva et me dit : « Tu devais prévoir cela ! car je
ne suis pas du métier moi ! - Mais, je t’avais averti ! » Il
répéta qu’il n’était pas du métier et qu’il avait, en plus de ma
nourriture et de mon salaire, les frais du bois à supporter !
Voyant son entêtement, je lui offris de faire gratuitement de
nouvelles échelles. « Non, je n’accepterai rien d’un pasteur
de ton acabit ! » Prenant ce char il le tira à travers le village
en disant aux gens : « Voilà le char que m’a livré le pasteur
des mômiers ! » Je pensai qu’il était en train de me
discréditer auprès des clients, et je fus tenté de le dénoncer.
J’avais des raisons de penser qu’à l’avenir on ne me
confierait plus de travail ; mais nous n’accomplissons plus
notre volonté propre lorsque notre vie est consacrée au
Seigneur, et nous agissons selon la volonté de Dieu.
Comprenant cela, le calme se fit en moi ! Devant plusieurs
personnes, cet homme me déclara même qu’une roue neuve
que je venais de lui livrer s’était brisée, mais, lorsque je me
rendis sur les lieux pour constater le fait, il s’avéra qu’il
s’agissait d’une roue de plus de cent ans ! Cependant, cet
homme faisait toujours appel à mes services, malgré ces
agissements à mon égard, car il savait très bien que le prix
de mon travail était inférieur à celui des autres charrons de
la contrée. Un enfant de Dieu n’a nullement à faire valoir
sesdroits ici-bas, et c’est le motif pour lequel je continuai de
travailler pour lui.
Un jour, je rencontrai un homme conduisant une chèvre
dont le poil hérissé annonçait une fin prochaine. Il me
déclara qu’il se rendait chez moi, parce qu’il avait appris par
ma femme que nous désirions faire un échange. « Oui ! lui
dis-je ; mais pas avec une bête pareille ! Et je poursuivis ma
route. Néanmoins, il conduisit sa chèvre dans mon étable. Je
l’appris à mon retour et j’examinai la bête, pensant : « Cette
chèvre va périr ! » J’envoyai ma femme chez cet homme
pour lui faire savoir qu’il devait tuer immédiatement sa bête
s’il voulait en tirer encore quelque profit. Invectivant ma
femme, il arriva chez moi en criant et jurant. Je le saisis alors
par le haut de son pantalon, dans la ferme intention de le
jeter dehors ; mais après avoir fait trois ou quatre pas avec
ce fardeau, l’esprit de Dieu me reprit et m’ordonna :
« Arrête ! » Je le déposai donc bien doucement à terre, en lui
demandant comment il entendait conclure ce marché. Il me
répondit qu’il désirait ma chèvre et qu’il y avait lieu d’y
ajouter une somme de trente francs comme prix d’échange
avec la sienne ! J’acceptai et il partit avec ma chèvre grasse,
dont le lait avait tari, puis il se rendit au prochain cabaret, se
vantant de ce marché, et se moquant de ma sottise ! Après
son départ, je pensai : « À l’avenir, tu n’auras plus rien à
faire avec cet homme » ; mais la Parole me reprit :
« Pardonne-nous nos offenses, comme nous les
pardonnons à ceux qui nous ont offensés ! » Je pris alors, s’il
devait revenir, la résolution d’agir avec lui comme par le
passé. Mais ma femme me dit : « J’espère que tu as fini avec
cet homme ! » Je lui répondis que j’avais déjà subi une
même tentation, mais que je ne le renverrais nullement s’il
avait recours à mes services ! Le jour suivant, la chèvre était
guérie, donnant du lait, et je puis déclarer que jamais nous
n’eûmes une si bonne chèvre ! Peu de temps après, cet
homme désira m’acheter une charrette. Pour éviter toute
querelle, je la lui offris à moitié prix. Toutefois il me fit savoir
que ce prix était encore trop élevé ; alors, je la lui cédai
gratuitement. Mais, plus tard, cet homme qui avait
l’habitude de voyager avec un beau cheval, tomba dans un
dénuement complet, tandis que je réalisais la bénédiction de
Dieu.
Il est dit dans la Parole de Dieu : « Qui pourra vous nuire, si
vous poursuivez le bien ? » mais combien de personnes
hésitent à agir selon les Écritures ! Mon raisonnement me

disait aussi qu’en agissant ainsi je finirais sur le pavé, mais


j’avais lu : « Si quelqu’un veut prendre ta tunique, laisse-lui
encore ton manteau ! » Et nous recevons au centuple ce que
nous perdons pour l’amour de Dieu ! J’étais encouragé par
ces paroles lorsqu’on me ravissait mon bien, mais ma
manière d’agir était critiquée par certains prédicateurs qui
disaient : « L’on ne peut comprendre les choses ainsi ! »
Toutefois, si nous manquons de foi au sujet des biens
terrestres, il est évident que nous ne pourrons jamais
comprendre les choses célestes !
Une clôture entourait notre jardin de trois côtés et il arriva, à
une certaine occasion, que la génisse de notre voisin qui
s’était enfuie, pénétra dans notre jardin par le côté ouvert.
Elle chercha ensuite à en sortir, mais elle se dirigeait
toujours du côté de la clôture. Ses propriétaires pensaient :
« Que va-t-il arriver maintenant ? » Alors ma femme leur dit
aimablement : « Ne vous tourmentez pas, ce n’est rien ! »
Cela fut bien ainsi, car nous constatâmes que les empreintes
des pas de la bête étaient toujours à côté des plantes. Il n’y
eut donc aucun dommage.
Voilà de quelle manière le Père céleste a dû parfaire mon
éducation. C’est ainsi que « des personnes étrangères furent
appelées à labourer mon champ ». En restant tranquille, j’ai
appris à perdre mes droits et, durant ma vie, j’ai réalisé
abondamment la bonté, la fidélité et la grâce de Dieu. Voilà
ce que fut mon école d’évangéliste.
Appel de Dieu à rendre
témoignage

Crie à plein gosier, ne te retiens pas. Élève ta voix

comme une trompette, et annonce à mon peuple

ses iniquités ; à la maison de Jacob ses péchés.

Ésaïe 58.1

Lorsque je commençai à rendre témoignage dans les


assemblées, j’attaquai également les péchés publics, tels
que l’abus de l’alcool, le jeu de cartes et le jeu de quilles, la
danse, l’usage du tabac, etc., mais des prédicateurs
prétendaient que telle ou telle de ces choses n’était pas du
péché. Ils me désapprouvaient continuellement à ce sujet.
J’étais en danger de céder, mais Dieu me montra l’enfer en
vision : je vis les tourments éternels et je constatai qu’il s’y
trouvait toutes sortes de gens. Certains jouaient aux cartes,
d’autres fumaient, et d’autres encore dansaient ou buvaient
de l’eau-de-vie. Le feu dévorant de l’enfer les entourait de
toute part. Cette vision était terrifiante. Les flammes
léchaient, sans les brûler, les tables, les mains et les cartes
de ceux qui devaient s’adonner au jeu ; leur visage était
empreint d’une grande frayeur. Il en était de même de ceux
qui fumaient ; le feu leur sortait de partout ; de la bouche, du
nez, des yeux et des oreilles ; le tourment était terrible ! Il en
était de même chez les buveurs ; on ne voyait pas leur
ivresse, mais ils ne pouvaient éteindre leur soif dévorante :
des jets de feu sortaient de leur gosier et brûlaient leur
langue. Les flammes entouraient les jambes de ceux qui
dansaient et s’élevaient des poitrines nues. La chose se
remarquait spécialement chez les femmes qui étaient vêtues
de robes très courtes ! Cette vision me donna une idée
terrible de ce que peut signifier une arrivée en ce lieu de
tourments, où le ver ne meurt point et où le feu ne s’éteint
pas. Dès lors, je promis à Dieu d’appeler le péché par son
nom, et de ne pas embellir ni excuser les choses, mais de
faire mon possible pour empêcher les gens de se rendre en
ce lieu de terreur. Je fus fortifié en songeant à la parole écrite
dans Ésaïe 58 : 1. Le Seigneur bénit mon témoignage et bon
nombre d’auditeurs commencèrent à vivre une autre vie, par
la grande grâce de Dieu. Oh ! que Dieu fasse que nous ne
soyons pas des chiens muets, incapables d’aboyer, mais
que, restant toujours en éveil, nous marchions soumis à
l’esprit d’amour, de force et de sagesse de Dieu.
Au commencement lorsque je témoignais dans les
assemblées, les anciens m’opposaient continuellement de la
résistance, et les gens, spécialement les jeunes, ne savaient
plus que croire. Alors certains frères et sœurs dans le
Seigneur me demandèrent de présider des études bibliques,
et de commencer personnellement et librement à tenir des
réunions. Pensant que je choisirais un chemin propre si je
n’étais pas désigné par les anciens, je refusai. Dieu permit
alors la maladie de l’un de mes enfants, une fille. Son corps
se rapetissait, tandis que le volume de sa tête augmentait.
Elle refusait de marcher et retirait ses jambes lorsqu’on
tentait de la mettre sur pieds. Cette épreuve dura presque
une année et je me demandais : « Qu’ai-je fait ou que n’ai-je
pas fait pour en arriver là ? » En lisant le livre des Rois dans
les Écritures, ma femme et moi avions la même pensée :
« Nous avons péché ». Mais nous ne savions en quoi et
comment. M’humiliant devant Dieu, il put alors me révéler
mon état : Au point de vue spirituel, j’agissais exactement
comme ma petite fille. Je refusais de marcher lorsque Dieu
me l’ordonnait. Je pris donc la décision de commencer à
présider des études bibliques, et l’enfant recommença à
marcher. Huit jours plus tard son corps était redevenu
normal. C’est ainsi que j’instituai des assemblées, sachant
dès lors très bien que j’agissais non pas selon mon désir
mais sur l’ordre de Dieu. Et je puis dire aujourd’hui qu’il m’a
soutenu ! Deux ou trois personnes se convertirent lors de
chaque assemblée, et il en était de même au cours des
réunions de prière.
Ma première série de réunions

d’évangélisation

C’est à Sch., dans l’Emmental, que se réalisa cette série de


réunions qui dura quinze jours. Au début, je me disais
souvent : « Tu répètes toujours la même chose, vraiment, tu
n’oses plus te montrer ! » Ainsi, je désirais plutôt fuir, mais
je ne savais où aller. L’argent me faisait défaut pour partir
pour l’Amérique. Je n’eus pas d’autre solution que celle de
rester et de continuer d’évangéliser, et de me réfugier dans
ces paroles : « La puissance de Dieu s’accomplit dans les
faibles ! » Jamais, durant les semaines d’évangélisation, je
n’ai expérimenté une bénédiction comme à cette occasion.
Je parlai plusieurs fois d’un moment précis pendant lequel
l’homme reçoit le témoignage qu’il est un enfant de Dieu.
Un homme, connu pour son affabilité, président d’une
société religieuse, se trouvait parmi mes auditeurs, mais il
n’avait pas vécu ce moment favorable. Il avait été saisi par la
Parole de Dieu précédemment, lors d’une assemblée que je
présidais. Je lui remis un traité, de l’évangéliste J. Vetter,
dans lequel il fait mention précisément de ce moment que
l’homme doit connaître, et posséder ainsi son salut. Cet
homme dit alors : « Ceci me fait défaut ! » Un après-midi, et
avant le début d’une étude biblique, alors que nous étions à
genoux avec quelques frères et sœurs dans le Seigneur, la
porte s’ouvrit et cet homme entra avec un visage rayonnant.
Me relevant, je l’embrassai et nous versâmes des larmes de
joie ; il avait réalisé la paix de Dieu.
Il raconta avoir vu l’intérieur de son cœur en vision, pendant
qu’il trayait une vache. Dans son cœur, il voyait une cruche
brisée au sommet et contenant une matière jaune. Ensuite il
vit de quelle façon Jésus enlevait tout son péché ; puis la
cruche disparut avec son contenu. On enseignait alors qu’il
restait un fond de péché chez chaque personne ayant réalisé
la nouvelle naissance ; mais ce frère vit par cette vision que
c’était totalement faux. À l’assemblée suivante, il commenta
le texte : « Fuyez, fuyez du pays du septentrion ! » (Zach.
2 :6). À la fin de la réunion beaucoup de personnes vinrent,
disant : « Je désire posséder aussi l’assurance de Jacob
Ramseier ! » Il en résulta que trente personnes,
premièrement des gens pieux, puis des mondains, reçurent
la paix de Dieu. Parmi mes auditeurs se trouvaient des
personnes qui, après avoir renoncé véritablement au monde,
vivaient pour Dieu aussi bien qu’elles étaient en mesure de
le faire. Lorsqu’elles participaient à des entretiens
particuliers, il me semblait alors les voir en esprit entourées
d’un brouillard jaune pâle ; je leur montrais alors le chemin
du salut et, bientôt, elles recevaient la paix de Dieu. À ces
mêmes occasions, les gens du monde qui se présentaient
étaient entourés d’un gros nuage noir et, s’ils confessaient
leurs péchés, je voyais, toujours en esprit, un petit nuage
blanc qui s’approchait et, me basant sur cette parole :
« Jésus est vainqueur », ce petit nuage venait toucher le
front de ces personnes. Elles réalisaient la nouvelle
naissance, et le nuage noir disparaissait. Alors je pensai :
« À présent, je sais comment les choses se passent ! » Mais
le Père céleste n’a pas toujours les mêmes voies et, en
d’autres occasions, je ne vis ni nuage noir, ni nuage blanc.
Toutefois, tout cela ne se passa pas sans persécutions. Le
diable était très irrité à cause des âmes qui lui échappaient.
Une fois, dans la nuit, on tira un coup de feu sur moi, mais
je ne fus pas atteint ; Dieu avait sa main sur moi pour me
garder et me soutenir. Je savais que je témoignais sur son
ordre et non sur celui des hommes ! Et c’est Dieu qui
continua mon éducation spirituelle.
Temps de réveil et de
persécutions

S’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront aussi ;

s’ils ont gardé ma parole, ils garderont aussi la

vôtre.

Jean 15.20

Jamais je ne commençais à présider des réunions sans y être


appelé par des frères et sœurs que je connaissais comme
ayant sincèrement et en vérité soif de la Parole de Dieu. De
plus, je devais posséder intérieurement la conviction divine
que j’agissais selon la volonté de Dieu. Mais auparavant,
ignorant encore tout de l’évangélisation que je serais appelé
à présider dans un lieu quelconque, j’avais de grandes
angoisses pour cette contrée.
Les choses se passèrent ainsi notamment pour la région de
F. Autrefois, comme agent de la Croix-Bleue, j’avais présidé
des réunions à cet endroit. Le Seigneur avait ouvert
l’entendement à un frère et à une sœur, qui commencèrent
aussitôt à travailler pour lui. Je fus invité par ce frère R. à
présider des assemblées ; mais, pendant deux ans, et malgré
des réunions régulières, personne ne se convertit à Dieu.
Finalement je déclarai que je ne viendrais plus en ce lieu
présider des réunions d’évangélisation si des âmes ne se
décidaient pas pour Dieu. Sur ces entrefaites, une semaine
d’évangélisation eut lieu et, un soir, pendant que je
témoignais avec zèle et un grand sérieux de l’œuvre de Dieu
et pour la vérité, trois femmes prirent la décision de vivre
pour Dieu. La vie divine prit pied et le nombre des croyants
augmenta sans cesse dans l’assemblée. D’abord nos
réunions avaient lieu dans des maisons privées ; plus tard,
un frère nous offrit une salle qu’il avait fait aménager dans
les combles de sa maison. Celle-ci pouvait contenir trois
cents personnes et fut déjà remplie lors de son inauguration.
Ce jour-là, nous nous réjouîmes de la Parole de Dieu et,
l’après-midi, un frère pria : « Donne-nous l’esprit des
premiers témoins ! » Je dis alors que si cette prière était
exaucée, les persécutions ne manqueraient pas ; il en fut
ainsi.
La semaine suivante, nous eûmes une série de réunions qui
devait durer huit jours. Le premier soir déjà, elle fut bien
revêtue. Le lundi soir, le pasteur de l’endroit arriva avec
quelques-uns de ses paroissiens dans l’intention de
protester. Après mon allocution, il exigea impérieusement la
parole, prétendant être en droit de parler, comme pasteur de
la localité. Je savais que c’était un pasteur de la nouvelle
théologie, c’est-à-dire niant l’efficacité du sang de Christ. À
cause de cela, je m’y opposai. Mais il parla néanmoins pour
faire opposition. Lorsqu’il eut terminé, je dis simplement :
« Je crois à l’efficacité du sang de Jésus ! » et toute
l’assemblée répéta d’une seule voix : « Et nous l’avons
réalisée ! » Émettant quelques mots de désapprobation,
dédaigneusement il quitta la salle. Je terminai alors cette
réunion du soir.
De tous côtés, des gens soi-disant pieux excitaient le monde
contre nos assemblées et contre moi-même (les choses se
passent ainsi en général), racontant faussement toutes
sortes de choses. Un soir, l’assemblée fut fréquentée plus
encore que de coutume, et il se trouvait dans l’assistance
des personnes qui voulaient vraiment écouter et éprouver la
prédication. Par contre d’autres étaient venues pour
s’opposer et mettre fin à tout. Pendant mon allocution je fus
presque continuellement interrompu par des déclarations
moqueuses, néanmoins certaines personnes se décidèrent
tout de même de vivre pour Dieu en dépit des contradictions
et des dérangements, car l’Esprit de Dieu était aussi présent.
Un homme, par exemple, se permit de dire d’une voix
empreinte de moquerie :
« Montre-moi ton merveilleux Sauveur à présent ! » Mais le
dimanche suivant, ce moqueur fut accidentellement
électrocuté. Le jeudi, le local se trouvait être bondé à tel
point que les habitants de la maison émettaient des craintes
au sujet de la résistance du plancher. Pendant que je parlais
de la création, une force particulière vint en moi. Durant la
réunion, environ trois cents hommes arrivèrent. Ils
cherchèrent à barricader la sortie car il n’y avait qu’une seule
porte de sortie, suivie d’un escalier. Quelques-uns
s’enhardirent à monter dans la salle, menaçant de faire
grand tapage et dans l’intention de vider les lieux. J’avais le
sentiment que je devais quitter la maison, malgré l’avis de
frères et sœurs qui me conseillaient de rester. C’est avec
grand’peine que je pus encore passer, car la sortie était
encombrée de femmes et je conseillai à quelques frères
d’aller en avant, disant aux autres de suivre. Lorsque j’arrivai
à la dernière marche de l’escalier, les deux frères en tête,
grands et forts, me prirent par-dessous les bras ; mais
estimant être ainsi en danger parce que mes ennemis me
reconnaîtraient mieux, je les priai de me lâcher. Cependant,
ils me portèrent au travers de toute la masse ennemie, et
personne ne me reconnut ; le Seigneur les avait aveuglés.
Ces gens attendirent ensuite une heure environ devant la
maison, me cherchant partout. Enfin, un homme qu’ils
avaient enivré le soir précédent pour le promener ensuite au
travers du village comme étant le « Sauveur », leur déclara
du haut d’une galerie que j’avais quitté la maison depuis une
heure. J’arrivai sain et sauf à mon logis ; le Seigneur m’avait
préservé de leurs brutalités. Ces choses se passèrent un
jeudi.
Le vendredi, je tombai malade, de sorte que je ne pus me
lever ; je dus faire appel à un frère pour continuer les
réunions à ma place. Les ennemis, dont la colère était à son
comble, désiraient mettre fin une fois pour toutes à ce
mouvement, et ils firent en sorte d’exciter non seulement les
personnes de la localité, mais de toute la contrée. Le soir de
ce même jour, malgré l’hiver rigoureux, les gens se tinrent
longtemps debout, dehors, et tous les chemins conduisant à
la maison où se trouvait notre salle étaient couverts d’une
foule compacte, particulièrement des hommes. L’assemblée
du soir avait à peine commencé que quelques hommes se
levèrent, brisant les lampes et frappant de tous côtés avec
des bâtons. Quelques frères reçurent des coups. Le frère qui
présidait alors l’assemblée fut porté dehors par les deux
hommes qui, le soir précédent, m’avaient protégé de la
même manière et on ne lui fit aucun mal, mais il avait eu
grand’peur.
Le même soir, peu après huit heures, me sentant
parfaitement rétabli, je décidai de me rendre à l’assemblée.
Mais mon hôtesse vint et me dit que les choses étaient au
pire, me suppliant de ne pas quitter la maison et me
décrivant l’émeute en tremblant. Les habitants de la maison,
parmi lesquels se trouvait un greffier du tribunal, firent appel
à la police, mais elle refusa d’intervenir, laissant l’affaire
suivre son cours. Le plancher de la salle des réunions
menaçait de céder sous le poids et le piétinement de ceux
qui s’y trouvaient. Certains frères, ainsi que le greffier,
décidèrent d’informer Berne de la conduite de la police, mais
je ne fus pas d’accord, préférant m’en remettre à cette
parole : « L’Éternel combattra pour vous, gardez le
silence ! »
Chaque soir, je constatais qu’un attelage léger était stationné
devant la maison, et je me demandais ce qu’il pouvait bien
faire là. Plus tard, on me rapporta que cette voiture avait été
tenue à disposition de ceux qui avaient espéré me saisir à un
moment propice pour me conduire ensuite dans un endroit
solitaire et m’y maltraiter. Mais l’heure n’avait pas encore
sonné, et Dieu étendit sa main pleine de grâces sur nous
tous. Cependant c’est avec joie que j’aurais donné ma vie
pour le Seigneur. Ces événements me permirent de
découvrir mieux l’amour réel des frères et des sœurs en
Jésus, et j’en fus presque confus ; je leur déclarai qu’ils
auraient voulu donner leur vie pour le berger, tandis que
c’est le berger qui donne sa vie pour ses brebis. Comme je
l’ai dit, j’aurais bien aimé être conduit sur cette voie du
sacrifice, mais je rends grâces de tout cœur à Dieu pour sa
merveilleuse bonté. Le vendredi, l’évangélisation prit fin et le
samedi je rentrai chez moi. Mais Dieu continua son œuvre :
Qu’il soit loué et adoré !
Je n’y retournai plus pendant six mois environ. À deux
reprises cependant, je m’étais proposé de m’y rendre ; la
première fois, venant de Dürrgraben, je pus aller jusqu’à
Konolfingen, la seconde fois jusqu’à Mülenen-Aeschi. Les
deux fois l’Esprit de Dieu m’empêcha de continuer mon
chemin selon mon intention.
Lorsqu’un certain temps se fut écoulé, et que le moment
propice fut venu, Dieu m’ordonna d’y retourner, me disant
qu’il se manifesterait par des signes et des miracles. J’appris
plus tard que quelqu’un parmi les adversaires avait été
désigné pour prévenir par téléphone les gens de F. de mon
arrivée. Il devait bien en être ainsi car, lorsque le train entra
en gare, je vis un attroupement d’hommes, dans une
curieuse attitude, les yeux baissés. À cet instant même, une
poutrelle de fer entreposée là tomba sur eux. On me
rapporta que trois de ces hommes furent touchés dont l’un
mortellement. C’est ainsi que Dieu commença à se
manifester par des signes et des miracles. - Dès lors, je pus
circuler paisiblement, personne ne me fit du mal. Je me
rendis chez le frère qui me recevait habituellement ; celui-ci
me procura un billet postal pour me permettre d’aller à M.
Lors d’un deuxième voyage, je voulus prendre la diligence au
même endroit, mais quand le postillon m’aperçut, il quitta la
voiture et courut dans une maison voisine. De là, je vis
ensuite un homme s’éloigner rapidement vers le village, et je
soupçonnai qu’il allait prévenir par téléphone les gens de
l’endroit où je me rendais. Je me dis que jusqu’à ce que les
intéressés soient prévenus et qu’ils aient attelé une voiture
pour venir à ma rencontre, j’avais bien le temps d’utiliser la
poste sur une partie du parcours. La diligence se mit donc
en route mais, après un certain temps, l’un des chevaux
refusa d’avancer. Je voulus quitter la voiture, mais le
postillon s’y opposa, disant que ce cheval ne s’était jamais
comporté de la sorte et qu’il allait bien se remettre au pas.
Après avoir parcouru une vingtaine de mètres, le cheval
s’arrêta de nouveau ! Là, je quittai la voiture, demandant au
postillon de m’indiquer le chemin de R., renseignement qu’il
me donna fidèlement. Je lui remis alors une bonne-main et
m’empressai de m’en aller. Craignant d’être suivi, je fis
quelques détours. Après deux heures de marche j’arrivai
enfin au but. J’appris par la suite qu’effectivement on avait
téléphoné que j’étais en route. L’homme qui avait fait cela
eut à l’instant même une infection à la main qui avait tenu le
récepteur ; il en mourut quelques jours après.
Un dimanche matin je lus le verset (Genèse 1 : 28) où Dieu
ordonne à l’homme de dominer sur tous les animaux de la
terre. Ce verset m’illumina et me remplit d’une telle certitude
que ni un lion, ni un ours ne m’auraient effrayé. Le soir du
même jour, un commerçant excita contre moi son chien
méchant. À peine libéré de sa chaîne et, de sa muselière, il
se précipita sur moi. À cet instant précis, je ne fus plus aussi
rassuré que je l’avais été le matin, mais la parole que j’avais
lue me soutint, et par la foi je m’appuyai entièrement sur
elle. Lorsque le chien, dans toute sa rage, ne fut plus qu’à un
mètre de moi, je pensai : « Je suis maître de toi ! »
Subitement, il culbuta sur le dos, mais se releva d’un bond
pour sauter sur moi. Je répétai mon affirmation, et il fut à
nouveau précipité sur le sol, puis il prit la fuite. Le
propriétaire prétendit alors que j’avais ensorcelé son chien !
C’est la puissance de Dieu qui avait agi. Cet incident me fit
mieux comprendre pourquoi les lions ne purent faire aucun
mal à Daniel, et comment David put vaincre le lion et l’ours ;
dans les deux cas, l’intervention divine est manifeste.
À G. une jeune fille me demanda de présider une série de
réunions d’évangélisation. Elle avait elle-même réalisé la paix
de Dieu et désirait que ce bonheur fut partagé par d’autres le
plus tôt possible. Ses parents donnèrent leur consentement,
et j’acceptai cet appel comme venant de Dieu. Le premier
soir, je me sentis poussé à parler très sérieusement de
l’infanticide. La maîtresse de maison en fut extrêmement
outrée, croyant que je l’accusais. La voyant si révoltée, j’eus
le sentiment que cela pouvait être un indice de culpabilité et
je lui dis : « Ne veux-tu pas confesser tes péchés ? » Bien
mal m’en prit. Elle commença à me faire d’amers reproches
et, à mon grand étonnement, sa fille prit son parti. Je me
rendis compte combien le terrain était brûlant, et cela
d’autant plus que j’eus à subir aussi la haine des fils dont la
nature querelleuse m’était connue. Je me tins tranquille
devant mon Dieu, sans me laisser intimider le moins du
monde et, le soir venu, je parlai encore très sérieusement.
Alors la jeune fille modifia son attitude à mon égard et reprit
joyeusement une part active à l’évangélisation. Les deux fils,
munis de bâtons, m’attendaient dans la cage de l’escalier,
dans l’intention de me battre. Mais après la réunion, l’un
d’eux vint, tout tremblant, avouer ses mauvaises intentions
et se donner à Dieu. Le lendemain, la mère reçut elle aussi,
la paix de Dieu dans son cœur, alors qu’elle portait une
hotte. Elle n’était réellement pas la coupable, cela devait être
quelqu’un d’autre. Dieu m’avait montré si clairement la
chose, qu’il m’avait été impossible de me taire.
Le réveil dans cette contrée fut tel que les gens se trouvaient
réunis des heures à l’avance, ce qui m’obligeait à
commencer la réunion à sept heures au lieu de huit, parce
que la maison était déjà remplie de monde. Le dimanche,
beaucoup de personnes étaient obligées de stationner dans
la neige devant la maison. Après la réunion, plusieurs
restaient là, et c’était comme au temps des apôtres : « Ils
persévéraient dans l’enseignement des apôtres, dans la
communion fraternelle, dans la fraction du pain et dans la
prière ». Nous récitions des versets bibliques, nous les
commentions, et nous étions dans la joie et dans la prière.
Les cœurs s’ouvraient à la gloire de l’Évangile.
Un jour, je partis de W. pour me rendre à A. Ayant à peine
quitté la maison, je vis à une certaine distance le gendarme
de l’endroit assis près d’un homme. Absorbé dans mes
pensées, je poursuivis mon chemin sans plus faire attention
à lui. Mais à un certain moment je me retournai et je vis
l’agent de police à quelques pas derrière moi. Je ne pouvais
comprendre comment il était arrivé si près de moi en si peu
de temps. Je ralentis alors le pas pour le laisser me dépasser,
mais lui aussi marcha plus lentement. Je m’arrêtai de temps
en temps ; il en fit de même. Je ne pouvais comprendre ce
que cela devait signifier ; je m’assurai si j’avais bien vu, mais
aucun doute n’était possible, alors je continuai mon chemin
sans plus m’occuper de lui. Arrivé tout près du village, à une
bifurcation, un homme surgit subitement de derrière une
clôture et se précipita sur moi, en brandissant un fléau. Il
avait déjà attaqué d’autres prédicateurs, croyant qu’il
s’agissait de moi. Au moment où il allait m’atteindre et
m’abattre, le gendarme se trouva à mes côtés, ce qui obligea
mon agresseur à une retraite précipitée. Je compris alors
pourquoi le gendarme avait dû me suivre ! Dieu me l’avait
envoyé - il ne vint pas plus loin. Oh ! de quelle merveilleuse
façon je réalisai cette parole du Seigneur : « Aucun cheveu
ne tombera de votre tête sans ma volonté ».
Un soir, alors que j’étais resté après la réunion pour prier
avec quelqu’un, des hommes aux visages masqués
surgirent. Leurs intentions ne faisaient aucun doute. Un
frère me désigna une chambre à l’étage supérieur, mais je lui
dis : « Ils m’y trouveront sûrement, ne serait-il pas
préférable de me cacher dans le fenil ? » Sur mes instances,
il m’en montra le chemin. Me dirigeant au moyen de ma
lampe de poche, je me glissai entre le tas de foin et le mur,
me recouvrant le visage d’un peu de foin. Ce soir-là, j’avais
loué et glorifié Dieu de tout mon cœur en commentant le
chapitre 3 de l’évangile de Jean.
Il me vint alors cette pensée : « Ce soir tu as loué Dieu de
tout ton cœur et voilà maintenant ce qui t’arrive ! » Les
ténèbres m’entouraient, mais je me souvins de Daniel et je
pensai : « Dieu peut me garder aussi bien qu’il a gardé
Daniel dans la fosse aux lions ». Et je fus complètement
calmé. La maison fut fouillée du haut en bas. J’entendais au-
dessous de moi la voix du frère 0. qui disait gentiment à nos
persécuteurs de prendre garde de ne pas culbuter dans
l’escalier. Quant à moi, je le leur aurais presque souhaité !
Mais j’étais heureux que ce frère fut si aimable avec eux ! Il
agissait selon cette parole : « Aimez vos ennemis, faites du
bien à ceux qui vous haïssent ». Ils enfoncèrent la porte de la
grange et montèrent sur le tas de foin. Longeant le mur,
enfonçant leurs fourches dans le foin ils arrivèrent ainsi
jusqu’à mes pieds puis, dépassant exactement la longueur
de mon corps, ils sondèrent à nouveau de leurs fourches le
tas de foin, commençant tout près de ma tête ; ensuite ils
s’éloignèrent. À cet instant, j’aurais désiré m’enfouir
davantage dans le foin, mais il me vint à la pensée que peut-
être quelqu’un était resté en observation et que le bruit
pourrait me trahir. À peine cette pensée m’était-elle venue
que l’un d’entre eux s’écria tout près de moi : « Mettons le
feu à la maison et il sera brûlé ! » Ils revinrent ensuite et
recommencèrent les mêmes recherches, sans succès.
Voici une autre expérience : Je présidais une évangélisation à
Sch. Le lundi soir, je parlai du chapitre 5 de 2 Corinthiens :
« Car il nous faut tous comparaître devant le tribunal de
Christ, afin que chacun reçoive selon le bien ou le mal qu’il
aura fait, étant dans son corps ». Le pasteur était dans
l’auditoire. Lorsque je parlai sur ce sujet, il me fit un petit
signe d’approbation. Cela lui plaisait et il était d’accord avec
mes commentaires. Mais, lorsque j’arrivai au verset 17: « Si
quelqu’un est en Christ, il est une nouvelle créature ; les
choses anciennes sont passées, voici toutes choses sont
devenues nouvelles », il cessa d’approuver. Il se fâcha
surtout lorsque j’appliquai ce verset au présent comme
l’Écriture le fait clairement. Quand j’eus terminé, il prit aussi
la parole et confirma ce que j’avais dit au début, savoir : qu’il
nous faut tous comparaître devant le tribunal de Christ.
Quant au verset 17, il déclara que l’on voyait clairement que
personne n’était ainsi et que l’on ne rencontre aucun
homme chez qui toutes les choses vieilles sont passées et
où toutes choses sont devenues nouvelles. Comme j’avais la
responsabilité de la réunion, je ne pus tolérer une telle
altération de la vérité. Faire preuve d’égards en cette
circonstance eût été une trahison envers Dieu et une
désobéissance grave à la Parole.
C’était à l’époque où l’on voulait attenter à ma vie et je
craignais d’être malmené si je contredisais le pasteur.
Beaucoup d’hommes se trouvaient dans l’auditoire et leur
haine paraissait grande. Cependant, je ne pouvais renoncer à
réfuter de telles déclarations contraires à la Parole de Dieu.
Je terminai par la prière, dans laquelle je répétai encore une
fois le même verset, remerciant Dieu de ce qu’il était
incapable de mentir et de ce que les choses étaient bien
comme sa Parole le déclarait. Après la prière, j’exhortai les
auditeurs en leur disant : « Nous voulons continuer de nous
réunir et de croire ce que la Bible nous enseigne. Vous avez
entendu le pasteur déclarer que personne ne peut être une
nouvelle créature, ni être justifié. Quant à nous, nous
voulons nous réjouir de la Parole de Dieu. » C’est sur ces
paroles que je congédiai l’assistance. Je me tins ensuite d’un
côté de la porte de sortie et le pasteur de l’autre. À mon
grand étonnement, les hommes que j’avais craint, vinrent
me serrer la main ; deux ou trois personnes seulement
donnèrent la main au pasteur, et les auditeurs disaient entre
eux : « Aujourd’hui, nous avons constaté que notre pasteur
ne croit pas à la Parole de Dieu ! » Un réveil s’ensuivit ; l’un
après l’autre se convertissait au grand dépit du pasteur. Dès
ce moment, il se mit à me haïr. Mais ses menaces contre
moi et contre la Parole de Dieu furent vaines, car « nos
légères afflictions du moment présent produisent pour
nous, au delà de toute mesure, un poids éternel de gloire,
parce que nous regardons, non point aux choses visibles,
mais aux invisibles ».
Il y aurait encore bien des faits à raconter, cependant j’en
laisse le soin à Dieu qui manifestera toutes choses au grand
jour. Veillons afin que nous ne soyons pas trouvés comme
faisant la guerre à Dieu en s’opposant à la vérité. Que le
Seigneur ait pitié aussi des ennemis de l’Évangile !
Je tins, en son temps, un certain nombre de réunions à D. et
dans les environs. Beaucoup de personnes s’y convertirent.
Un courant de joie traversait l’assemblée. Les actions de
grâces, la louange et l’adoration s’élevaient vers le trône de
Dieu pour la grâce qu’il nous accorde en notre Sauveur. Mais
les ennemis, eux aussi, s’élevèrent et, lorsque je traversais
une certaine localité pour me rendre au lieu de réunion, les
jeunes gens s’attroupaient. Armés de toutes sortes
d’ustensiles en tôle, tels que casseroles, couvercles, seaux,
etc., ils me suivaient à travers tout le village en faisant un
grand tintamarre. Me trouvant ainsi en tête, j’avais l’air
d’être leur commandant ! À notre passage, portes et fenêtres
s’ouvraient et j’étais exposé à la risée générale. Cette bande
bruyante m’accompagnait jusqu’à la dernière maison du
village, puis elle s’en retournait. La dernière fois, le diable
me suggéra : « Fais un détour ! » Je dis : « Non, la rue
m’appartient comme à tout le monde ! » Je fus escorté par la
même musique. Alors que le vacarme se répétait, je me
retournai vers mon escorte, dans l’intention de déclarer que
de tels actes sont punissables et déshonorants. Mais à cet
instant, cette parole me revint à la mémoire : « S’ils m’ont
persécuté, ils vous persécuteront aussi, s’ils ont observé ma
parole, ils observeront aussi la vôtre ». Je gardai alors le
silence, me réjouissant de cette parole, et je continuai mon
chemin, encouragé. Ce fut la dernière fois, ils ne revinrent
plus jamais. Par la suite, quelques-uns de ces chahuteurs et
de leurs spectateurs se convertirent au Seigneur, et j’ai
même le privilège de constater aujourd’hui que certains
d’entre eux sont restés fermement attachés à la Parole de
Dieu. Parmi d’autres, la femme d’un quincaillier s’était aussi
convertie. Un jour, son mari m’apporta une belle lampe à
pied ; je lui fis remarquer que je ne l’avais pas commandée,
mais il me dit qu’il m’en faisait don, en reconnaissance de la
conversion de sa femme. Auparavant c’était une méchante
femme dit-il, et maintenant elle est la bonté même. Je lui dis
alors : « Et toi, si tu devenais aussi un homme aimable !
Qu’en dis-tu ? » Peu de temps après, il se convertit aussi. En
ce lieu, je réalisai bien des choses !
On peut se soustraire à l’opprobre, mais c’est par la souffrance

que le Royaume de Dieu s’édifie et cela produit davantage

qu’un sermon bien étudié.

Souvent on a menacé de me battre, et j’avais peur, non pas


des coups, mais de moi-même. J’appréhendais d’être
attaqué, craignant que je ne rende les coups et ne mette en
pièces mes adversaires ; j’étais inquiet de ce qui pouvait
arriver. Aussi, un frère ne voulut plus me laisser partir seul,
et je pris un compagnon de route, auquel je recommandai
néanmoins de ne faire de mal à aucun de nos ennemis. Il
vint une première fois avec moi, et rien n’arriva. Mais, une
autre fois, ils étaient là, et c’est mon ouvrier qui
m’accompagnait. Ils le saisirent, mais il fut si prompt à
réagir qu’il envoya ses adversaires rouler sur le sol, l’un à
droite et l’autre à gauche, puis il s’enfuit à toutes jambes. Il
avait les mêmes sentiments que moi ; il avait peur de lui-
même. Ils m’empoignèrent également, mais je pus rester
calme comme une brebis ; je n’avais aucune envie de me
défendre, étonné de la puissance avec laquelle Dieu me
tenait, car, par moi-même, je me serais défendu. Je ne
ressentais ni amertume ni colère contre ceux qui me
maltraitaient. Tout au contraire, je sentais que la charité de
Dieu qui n’impute pas le mal, était en moi. À chaque coup
qu’ils me portaient, l’amour de Dieu pénétrait en moi.
Comme cela va bien quand nous nous tenons devant Dieu,
au moment opportun. Il est notre force et notre puissance,
de sorte que nous pouvons intercéder comme Étienne qui
disait : « Seigneur, ne leur impute pas ce péché ». Il n’est
dès lors plus nécessaire de s’agiter et de proférer des
menaces en disant : « Dieu te punira ! »
Lors d’une réunion à F., quelques hommes voulurent se
saisir de moi, et un frère prit ma défense en proférant des
menaces. Je m’écriai « Tais-toi donc, tais-toi donc ! » Selon 2
Timothée 4: 2, il est exact que nous avons le devoir
d’exhorter et de censurer, mais non pas dans les cas où l’on
nous persécute. - Lorsqu’une fois des adversaires avaient
cassé les vitres, brisé les volets, démoli la clôture du jardin à
K., que deux fois ils avaient tiré des coups de fusil dans la
maison et, - chose plus épouvantable encore - que par
dérision, ils s’étaient agenouillés autour de la maison,
priant, jurant, et blasphémant le nom de Dieu, je pensai :
« Dieu le leur rendra ! » Je me disais : « Si seulement Dieu
les rendait muets, afin qu’ils connaissent qu’il est vivant ! »
Plus tard, j’eus honte d’avoir hébergé de pareilles pensées.
Dieu dit : « A moi la vengeance, à moi la rétribution ». Sur la
croix, alors qu’on le crucifiait, Jésus priait : « Père, pardonne-
leur, car ils ne savent ce qu’ils font ! » Il ne désirait pas qu’ils
soient rendus muets ! Mais moi, je pensais souvent qu’on
devrait tout de même demander à ces personnes de rendre
compte une fois de leurs exploits. Il me fut profitable d’avoir
à présider des réunions, car au cours de celles-ci, cette
parole me fut rappelée : « Heureux serez-vous, lorsqu’on
vous outragera, qu’on vous persécutera, et qu’on dira
faussement de vous toute sorte de mal à cause de moi.
Réjouissez-vous, et soyez dans l’allégresse, parce que votre
récompense sera grande dans les cieux ; car c’est ainsi que
l’on a persécuté les prophètes qui étaient avant vous ». Je vis
donc clairement que je devais rester tranquille et ne rien
imputer à personne, mais plutôt pardonner et bénir, ce qui
est le reflet de la parfaite stature de Christ. Que de choses
Dieu dut-il permettre dans ma vie pour m’amener à pouvoir
dire toujours : « Père, pardonne-leur ». Quand il m’eut établi
sur ce fondement divin, les persécutions à K. diminuèrent
sensiblement. Celui qui se confie en Dieu n’a pas bâti sur le
sable. Nombreux furent ceux qui m’avouèrent ensuite avoir
voulu me tuer d’un coup de feu.
À U. un homme avait décidé d’attenter à ma vie. Me rendant
à une réunion, je pris le chemin du haut, plus sûr, me
semblait-il. À proximité d’une maison, je vis qu’un homme
en sortait, un fusil à la main. Il s’agenouilla derrière une haie
qui bordait la route que je devais suivre. Il m’était
impossible de rebrousser chemin. Je ressentis quelques
battements de cœur, mais rien de fâcheux ne m’arriva. Le
lendemain je pris le chemin du bas et cet homme, à l’affût,
tira. J’entendis la balle siffler derrière moi. Pensant qu’une
seconde balle allait suivre, j’eus d’abord l’intention de me
laisser glisser au bas du talus, où j’aurais été à l’abri ;
cependant je continuai mon chemin et plus aucun coup de
feu ne partit. Le Dieu d’amour peut donc aussi diriger les
balles.
Je fus encore l’objet d’attaques d’un autre genre. Des gens
répandirent d’épouvantables calomnies à mon sujet. Je
pensai tout d’abord dénoncer ces calomniateurs pour les
obliger à rendre compte de leur médisance. Après un certain
temps, il me vint une pensée qui aurait dû être la première :
« Dieu combattra pour moi, et moi je me tiendrai
tranquille ». Je me dis alors : « Je leur ferai voir le Maître »,
non pas celui qui fut l’objet de ma première pensée, mais
celui qui dit : « Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous
maudissent, priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous
persécutent. - Toutes choses concourent au bien de ceux qui
aiment Dieu. » J’en déduis qu’ainsi nos persécuteurs font
une bonne propagande pour la cause du Maître, et les
assemblées n’en sont que plus prospères.
L’apôtre Paul avait beaucoup de dons. Si les dons que nous
possédons ne procèdent pas de l’Esprit de Dieu, ils
n’unissent pas les hommes à Jésus-Christ afin qu’ils soient
régénérés. Alors les hommes nous vantent et nous ne
sommes pas persécutés. Tout ce qui se fait par l’Esprit de
Dieu rencontre la persécution. Dans le cas contraire
l’homme n’est pas persécuté, mais il est adulé et approuvé
du monde. On a reproché à Jésus de chasser les démons par
Béelzébul, le prince des démons, précisément parce qu’il les
chassait par l’Esprit de Dieu. Si Dieu nous accorde des dons,
nous devons les faire valoir, et si des persécutions
surviennent, il est très important de ne pas se laisser effrayer
ni intimider, et de ne pas fermer la bouche.
Dieu nous a bénis et nous a ouvert partout de nouvelles
portes, dans la vallée de Frutigen, à Bönigen, à Unterseen, à
Brienz, etc.
Trois femmes s’étaient converties à la première semaine
d’évangélisation que je tins à F. L’une d’elles avait une sœur
à R., et elle lui fit part de son bonheur, lui racontant
comment elle avait reçu la paix de Dieu dans son cœur. Son
beau-frère m’invita à venir chez lui, car il y avait longtemps
qu’il languissait après le salut. Ces réunions d’évangélisation
devaient avoir lieu dans une salle attenante à sa maison,
mais les prédicateurs de l’endroit s’y opposèrent. Dans ces
conditions, le frère décida d’ouvrir sa propre maison et, par
la prédication de la bonne nouvelle, des âmes reçurent la
paix de Dieu.
Je faisais beaucoup de visites. Un jour j’arrivai à M., où Dieu
ouvrit le cœur d’une jeune fille, comme il le fit jadis pour
Lydie. Depuis lors, cette sœur est restée un témoin fidèle de
la grâce de Dieu.
Je me rendis ensuite à G. Mon arrivée provoqua une
allégresse générale ! Immédiatement la famille qui me
recevait s’assembla autour de la table pour prier et lire la
Parole en commun ; des enfants même priaient et
participaient à cette joie. Dans cette maison régnait un
esprit tout autre que celui rencontré ailleurs. Lors de ces
visites à domicile je constatais que les gens écoutaient avec
intérêt aussi longtemps que l’on causait de choses diverses,
mais dès qu’on prenait la Bible pour y lire quelque chose, ils
rougissaient jusqu’aux oreilles. On sentait que la plupart
d’entre eux étaient mal à l’aise, craignant qu’une autre visite
les surprenne, et ils préféraient s’en aller à leur travail.
Dans le Jura bernois, les portes s’ouvrirent d’une façon toute
singulière. Une institutrice m’invita au nom d’un frère
anabaptiste, propriétaire de la maison d’école. J’avais le
sentiment, qu’invité par un homme, je pouvais y aller en
toute confiance. J’y tins donc des réunions pendant trois
jours. Mais les anciens se présentèrent et manifestèrent leur
mécontentement parce que le frère en question ne les avait
pas consultés. Je dus renoncer.
Néanmoins, l’un d’eux me pria de venir à Ch. pour bénir son
mariage. Il désirait que cette union soit bénie par un
serviteur de Dieu. Un ancien prédicateur me rendit alors
attentif au fait qu’à cet endroit on buvait beaucoup d’alcool
en de telles occasions. Cependant, je pris la décision de m’y
rendre, comptant bien rester maître de la situation. Le fiancé
vint m’attendre à la gare, et j’appris que, en effet, il avait
commandé un fût de cent litres de vin. Soixante personnes
environ étaient invitées, parmi lesquelles quelques
prédicateurs. Après la cérémonie, deux d’entre eux
exprimèrent leur désapprobation sur ce qu’ils avaient
entendu ; le frère un tel, disaient-ils, avait l’habitude de faire
les choses tout autrement, et ils énuméraient des formes
tout à fait extérieures. Je leur racontai que j’avais eu la visite
d’un homme appartenant à une autre congrégation et qui
m’avait prié de bénir son enfant en le présentant à Dieu.
Comme je ne l’avais encore jamais fait, je refusai. Une année
après il revint, me disant qu’il avait maintenant deux enfants
à bénir, me priant de venir. Je me déclarai d’accord et, en
silence, je composai une bénédiction que j’écrivis sur un
morceau de papier et que j’appris par cœur. En arrivant près
de la maison, je pris mon billet et me mis à répéter la
bénédiction ; vraiment, cela marchait parfaitement. Je bénis
donc le premier enfant, mais, de tout ce que j’avais appris, la
mémoire me fit défaut. N’osant sortir le billet de ma poche,
je fus contraint de prier ce qui me vint à l’esprit.
Pour le second enfant, le Seigneur me donna une grande
bénédiction, quelque chose d’incomparablement meilleur
que pour le premier. C’est à ce moment seulement que je
m’aperçus combien j’avais été effronté d’inventer une
bénédiction, au lieu de me laisser conduire par Dieu. Voilà
ce que je racontai à ces prédicateurs, en leur disant que je
devais prendre la bénédiction que Dieu voulait bien
m’accorder, et cela aussi bien pour les époux que pour les
enfants. À ma grande joie, j’appris ensuite que l’époux avait
réalisé la nouvelle naissance pendant la bénédiction du
mariage. Pendant cette cérémonie, j’eus la vision du Sauveur
planant au-dessus des nouveaux mariés : d’un pied il
touchait l’épaule de l’époux et de l’autre celle de l’épouse qui
réalisa la nouvelle naissance plus tard. La cérémonie du
mariage terminée, on se mit à table pour le repas de noces.
J’étais assis entre deux prédicateurs. Étant abstinent, on me
servit de la limonade. Les deux prédicateurs en burent aussi,
mais seulement un verre, ensuite ils se firent servir du vin.
Pendant le repas, je remarquai qu’une personne vidait des
verres de vin à longs traits ; je me levai pour déclarer : « Je
ne puis rester là où règne l’excès de la boisson », et je me
mis à évangéliser. C’est alors que la sœur du marié se
convertit et, à sa demande, faisant suite à cette fête de
famille, je tins des réunions d’évangélisation pendant toute
la semaine. Dieu nous bénit, et c’est ainsi que les
assemblées commencèrent dans le Jura.
De là, je me rendis à M. Ici, la réunion se tenait dans les
ateliers d’un fabricant ; trois ou quatre frères présidaient les
réunions, mais non d’une façon conforme à la Bible. Ils
votaient pour tout ce qu’ils faisaient et entreprenaient ;
c’était pour ainsi dire « un conseil de patriarches ».
Lors d’une série d’évangélisation que j’avais présidée dans
les environs, la parole divine saisit Mme Sch. qui reçut
l’assurance du salut. D’emblée, elle désira que je tienne
aussi des assemblées chez eux à M. Son mari, beaucoup
moins partisan de la chose, voulut d’abord soumettre cette
affaire à un vote des frères. Je conseillai à cette femme de
dire à son mari qu’il devait renoncer à cette votation ; s’il
savait que la chose était de Dieu, il ne s’agissait pas de voter,
mais d’obéir. À partir de ce moment, les réunions se tinrent
chez eux, et tous furent abondamment bénis.
Nulle part ailleurs la Parole de Dieu ne fut révélée d’une
façon aussi claire qu’à Malleray et à Delémont. Où faut-il en
chercher la cause ? Tout dépend évidemment de la
prédisposition des auditeurs, et ce n’est pas en vain qu’il est
dit dans Hébreux 6 : 1-3: « C’est pourquoi, laissant les
premiers principes de la doctrine du Christ, tendons à ce qui
est parfait, et c’est ce que nous ferons si Dieu le permet ».
Dans certains milieux, il n’est pas possible de faire avancer
les âmes pour qu’elles parviennent à l’état d’hommes faits ;
les chrétiens ne le comprennent malheureusement pas
toujours et ne voient pas leur profit.
Temps de réveil et de
persécutions (suite)

Que de fois j’ai fait l’expérience que « pas un cheveu ne


tombe de notre tête sans la volonté de notre Père ». Mais
j’ai réalisé aussi que le règne de Dieu est édifié par la
souffrance. Les assemblées qui prospéraient le mieux et qui
recevaient les bénédictions les plus grandes, étaient celles
qui étaient le plus persécutées. Ce n’est pas en vain qu’il est
écrit : « Réjouissez-vous de souffrir avec Christ, afin que,
lors de son avènement, vous ayez joie et félicité ». C’est ce
que disait très souvent frère Vetter : « Là où il y a de la
résistance, Dieu est présent ; persévère ! » Nous lisons dans
2 Corinthiens 4 : 8: « Nous sommes pressés de toutes
manières, mais non réduits à l’extrémité ; dans la détresse,
mais non dans le désespoir ; persécutés, mais non
abandonnés ; abattus, mais non perdus ».
Quand je commençai à présider des réunions à 0., je
rencontrai une grande opposition, des gens du monde et
des gens pieux. Quelques-uns même en voulaient à ma vie.
À cette époque, ma femme était gravement malade. Devant
un jour me rendre à cet endroit pour y tenir une réunion, je
demandai à deux frères d’y aller à ma place. Ils refusèrent !
Je ne pouvais comprendre cette attitude. Finalement, je
décidai de m’y rendre moi-même. Je consolai ma femme en
lui disant que Dieu pourrait agir plus librement et la guérir
d’autant mieux que je ne me trouverais pas en travers du
chemin. Pendant que je changeais d’habits, j’eus le
sentiment que je devais rester à la maison, que quelqu’un en
voulait à ma vie. Cependant, je comptai à nouveau avec cette
parole qui dit que pas un cheveu ne peut tomber de notre
tête sans sa volonté, et je pensai que la suggestion de cet
empêchement provenait du diable. Mais au moment de me
mettre en route, la voix du Saint-Esprit se fit entendre : « N’y
va pas, ils te tueront ! »
L’avertissement précédent émanait donc déjà de Dieu. On
apprit plus tard que le maire de R. avait chargé plusieurs
hommes de me maltraiter. Ils devaient d’abord me jeter
dans un étang très profond, puis m’en retirer et me remettre
aux gendarmes pour me conduire en prison. - J’ignorais
complètement la haine farouche qui existait à mon égard
dans cette région, mais mon Père céleste déjoua leurs
conseils et leurs plans.
Plus tard, je fus attaqué par deux hommes qui me frappèrent
violemment au moyen d’une barre de fer. Lorsque, après un
moment, je pus reprendre le souffle et me relever, ils me
fracturèrent le bras droit d’un coup de gourdin, et me
blessèrent au dos. Je m’enfuis alors dans une maison à
proximité. Le maître de cette maison, quoique m’ayant
autrefois également menacé de mort parce que ses deux
filles s’étaient converties, m’accompagna aimablement
jusqu’à la maison où la réunion devait avoir lieu, me
protégeant de toute autre attaque.
Pendant la réunion, un chevron pointu, acéré, fut lancé à
travers la fenêtre, mais, par une circonstance tout à fait
particulière, j’avais changé de place ce soir-là et personne ne
fut atteint. Malgré mon bras cassé, je pus tenir la réunion et
rentrer le lendemain matin de bonne heure. Le soir suivant,
après cette terrible journée, j’avais à présider la réunion à
Wyssachen et, malgré de vives douleurs dans les bras et au
dos, Dieu m’accorda sa grâce et sa force pour faire ce grand
trajet en chemin de fer et à pied. Je passai la nuit chez un
paysan et, le matin vers cinq heures et demie, mon bon et
divin médecin me guérit ; une douce chaleur m’envahit tout
entier. J’étais complètement guéri, si bien que le jour suivant
je pus fendre du bois. Oui, nous avons un Dieu qui secourt, un
Seigneur et Maître qui délivre de la mort.

Un réveil se produisit également plus tard à O. Le père B.


mourut laissant une veuve et douze enfants. La maman et
les enfants entouraient la tombe de ce père, de ce cher
époux. Avec des lèvres frémissantes, ils chantèrent ensemble
ce cantique : « Mon Sauveur est mon pilote, sublime de
puissance et de félicité, sans égal sur cette terre, il est mon
appui en tout temps ; ma nacelle, il l’a construite lui-même,
elle est solide et étanche ; il se joue des vents et des flots, et
jamais ne me délaisse ». Toute l’assistance en fut
profondément touchée. À partir de ce jour l’assemblée
s’accrut, et beaucoup de personnes réalisèrent la paix de
Dieu. Aujourd’hui ce sont d’heureux enfants de Dieu. Une
salle de réunions s’élève à cet endroit.
Je fus aussi invité à présider des réunions d’évangélisation
dans une caserne, à Winterthour. Par la suite, nous avons eu
régulièrement des réunions à Winterthour et à Kollbrunn ;
plus tard à Dettenried où nous possédons aujourd’hui une
salle de réunions.
À Zurich, l’assemblée prit naissance de la façon suivante :
J’étais en voyage et, dans le train, je racontai ma conversion
et ma nouvelle naissance à un homme assis à côté de moi.
Cela l’intéressa vivement, et il me questionna pour savoir à
quelle communauté j’appartenais. Je lui répondis : « À celle
des soi-disant sans péchés ». Ceci n’était d’ailleurs qu’un
surnom, mais je le lui dis, pensant qu’il serait plus
facilement renseigné quant à ma personne ; alors il
commença à nous décrier. Arrivés en gare de Zurich, nous
descendîmes du train, et il me cita encore ce verset : « Nous
sommes tous pécheurs ». Je lui fis remarquer qu’il n’est pas
écrit « nous sommes… » mais « Ils sont tous pécheurs ». Il
m’invita alors à prendre un café avec lui. Quelques temps
après il vint à une de nos conférences qui avaient lieu dans
le Jura bernois. Il me pria ensuite de présider une série de
réunions d’évangélisation dans sa ville, à R., où il était
membre d’une congrégation, faisant même partie du conseil
de cette assemblée.
Année après année, il entendait la Parole, mais jamais la
puissance de Dieu n’avait touché son cœur. Il se demandait
si tout cela n’était qu’une simple manière de parler, ou si
vraiment il y avait un sens caché dans ces paroles. Il était
neurasthénique, de même que sa femme. Souvent, couchée
à terre, elle pleurait de désespoir et, quand il essayait de la
consoler, elle lui disait : « Tais-toi, tu n’es pas en meilleur
état que moi ! » Ou alors, c’est lui qui tombait dans le
désespoir et c’est elle qui le consolait. Il lui répondait :
« Écoute, tu es dans le même état que moi ». Sa mélancolie
était telle qu’il prenait parfois le train pour Zurich et restait
assis durant plusieurs heures dans la salle d’attente de
deuxième classe. Mais lors d’une série de réunions que j’eus
chez eux, ils acceptèrent tous deux l’Évangile et reçurent le
pardon de leurs péchés et la paix de Dieu. Ils se rendirent à
l’évidence que la Parole de Dieu n’est pas un simple
verbiage, mais une puissance de salut pour tous ceux qui
croient.
Quelques frères, qui avaient assisté à ces réunions à R.,
m’invitèrent à me rendre également à Zurich. Tout d’abord,
les réunions eurent lieu dans un appartement privé. Plus
tard il nous fut possible de louer une petite salle à la
Birmensdorfstrasse. J’avais hésité à signer un bail, par
crainte des frais, mais bientôt la salle devint trop petite,
beaucoup de personnes devaient rester debout. Nous
louâmes alors une salle à la Weinbergstrasse, où nous
sommes encore aujourd’hui. Celle-ci aussi est aujourd’hui
trop exiguë, mais au moment opportun, Dieu nous en
procurera une plus vaste. De Zurich, les réunions se
propagèrent à Raat, Bülach, Schaffhouse, Kloten, Rümlang,
Birmensdorf, Brugg, Baden, Wetzikon, Bauma, Mànnedorf,
Aadorf, Burgerau, Saint-Gall et Romanshorn.
À Bâle, nos réunions débutèrent d’une façon tout à fait
singulière. J’avais assisté à une conférence à Riehen, où l’on
avait parlé sur le texte de Colossiens 2. De prime abord
l’enseignement paraissait correspondre à celui de
l’Assemblée évangélique des frères. Les orateurs parlaient
selon les directives de la Parole. Par-ci par-là toutefois, une
expression non biblique leur échappait. L’un d’eux déclara,
par exemple, que notre vieil homme est mort, ce qui me
réjouit beaucoup. Mais ensuite, il ajouta que ce vieil homme
venait lui insinuer encore toutes sortes de choses. Je l’invitai
à se rendre à l’une de nos conférences à Frutigen, pensant
qu’il s’apercevrait là-bas qu’on n’avait plus rien à faire avec
son vieil homme, puisqu’il est mort. Empêché de venir, ce
frère envoya à sa place son ami R. Celui-ci vint d’abord me
rendre visite à Kalchofen, et commença à m’exhorter. Il
supposait, apparemment, que je le prenais pour un homme-
prodige. De temps à autre, j’émettais quelques
considérations tout en lui faisant remarquer ce qui n’était
pas conforme à l’Écriture. Finalement, il se rendit compte
qu’il pourrait peut-être apprendre quelque chose chez nous,
et nous nous rendîmes ensemble à Frutigen. Le premier
jour, il était encore rempli de louanges.
Lorsque la Parole l’eut touché un peu plus profondément, il
se défendit encore avec des versets de psaumes, tels que :
« Toi, Seigneur, tu me sondes et me connais » et d’autres
encore. On lui administra alors quelques « remèdes » de la
pharmacie divine tels que : « Celui que le Fils affranchit est
véritablement libre » et « Il a fait la purification de nos
péchés par son sang », etc. Il les accepta, puis Dieu le
toucha et le guérit. Il devint un homme heureux. À son
départ, je lui donnai le verset : « O Timothée, garde le bon
dépôt qui t’est confié ». C’est dans une grande joie qu’il
rentra à Bâle. Les membres fervents de sa congrégation
étaient inquiets à son sujet, craignant de le voir revenir
contaminé et engagé sur une mauvaise voie. Ils
l’examinèrent, lui firent passer un interrogatoire, cherchant à
lui faire abandonner sa nouvelle position, mais il se tint
ferme. Néanmoins, pour le gagner, ils organisèrent une
petite fête où chacun devait prendre d’une cassette des
versets bibliques et les commenter brièvement. Il tira le
verset : « Je sais une chose, que j’étais aveugle et que
maintenant je vois ». Cela le fortifia car il pouvait bien parler
sur ce sujet. Il rendit témoignage avec joie de ce qu’il avait
réalisé. Il commença lui-même des réunions dans son
appartement. De là, nous continuâmes à l’hôtel Baslerhof,
où nous tenons, encore aujourd’hui, régulièrement des
réunions. On nous demanda aussi de commencer des
réunions à Ziefen, dans le canton de Bâle-Campagne, ainsi
qu’à Thürnen où existe maintenant une salle de réunions.
Partout, par la grâce de Dieu, ces réunions réalisent sa
bénédiction.
On nous demanda même d’avoir des réunions dans
l’Engadine, à Madulein, Ponte, Bevers, Samaden et
Pontresina.
En lisant mon traité intitulé « Quelques réflexions sur la
prière dominicale », un homme habitant Lucerne reçut la
paix de Dieu dans son cœur. C’est par le moyen de la famille
de cet employé des chemins de fer que nous pûmes
commencer nos réunions dans cette ville et, depuis
plusieurs années, elles ont lieu régulièrement à l’hôtel de la
Couronne.
Il y aurait encore bien des portes ouvertes, mais nous
manquons d’ouvriers. Il ne suffit pas de commencer des
réunions, il faut aussi suivre les âmes, en prendre soin, les
faire progresser. Il faut qu’il en résulte quelque chose pour
l’éternité et non seulement des manières pieuses. En dépit
de toutes sortes de résistances, l’œuvre a prospéré.
Aujourd’hui plusieurs frères m’aident à annoncer la bonne
nouvelle du glorieux Évangile. Nous sommes (en 1940) dix
évangélistes à la tâche et une cinquantaine de frères aident à
présider des réunions dans nos cent vingt-cinq locaux
disséminés dans toute la Suisse. Tout cela, c’est l’œuvre de
Dieu, je ne l’ai pas cherché, Dieu a tout dirigé.

Nos lieux de réunions

Nous avons bâti notre première salle à Unterseen, dans les


années 1913-1914. Notre Père céleste nous en avait donné
l’ordre, ce qui nous a dispensés d’aller mendier les fonds
nécessaires. Nous avions convenu que personne ne devait
parler de collecte à ce sujet dans nos réunions, car lorsque
Dieu nous demande de faire quelque chose il n’est pas
nécessaire de faire de dettes, et encore moins d’aller
mendier pour exécuter son ordre. J’étais persuadé que,
comme enfant du Tout-Puissant, je n’avais qu’à faire part de
mes besoins à lui seul. Au commencement de la
construction, quelqu’un s’était permis de collecter, sans en
avoir été chargé. J’avais envoyé un frère à Ried pour présider
le culte. Un petit homme se leva alors et dit :
« Prochainement nous voulons construire une chapelle à
Unterseen, je voudrais mettre au cœur des auditeurs de s’en
souvenir lors de la collecte ». Le frère que j’avais envoyé fit
remarquer à l’assemblée qu’il me connaissait, et qu’il ne
pensait pas que cet appel fût selon ma volonté. Dans cette
assemblée, la collecte se montait ordinairement à trente ou
quarante francs. Il n’y eut que deux francs septante ce soir-
là ! Cela me réjouit beaucoup, car cela me fit constater que
les gens de cette réunion étaient obéissants ; c’est
intentionnellement, qu’ils avaient donné moins que
d’habitude.
Il nous fallait ensuite acheter un terrain pour pouvoir
construire à Kalchofen mais, humainement parlant, il n’y
avait pas d’espoir qu’un de nos voisins nous en cède. Je dis
aux frères de notre assemblée que nous obtiendrions du
terrain si Dieu le voulait, et j’envoyai mon fils chez un voisin
pour lui en demander. Il répondit que bien des gens avaient
déjà voulu lui en acheter, mais qu’il avait toujours refusé
d’en vendre. J’étais un peu déçu et me demandais si je
m’étais trompé quant aux directives de Dieu ?
Le lendemain matin, le voisin en question et son fils étaient
devant ma porte, me priant de venir faire l’arpentage du
terrain. Nous n’avions que l’argent nécessaire à cet achat et
pourtant Dieu m’avait donné la certitude que nous devions
bâtir. Nous avons donc commencé et, comme il nous fallait
bâtir sur un cours d’eau, je commandai un wagon de ciment,
promettant de le payer comptant. Dieu nous donna sans
cesse l’argent qui nous fut nécessaire, jusqu’au moment où
la maison fut à moitié bâtie ; puis plus aucun don ne me
parvint. Je craignais d’être obligé d’arrêter la construction et
pensai : « Que diront les gens ? Il a commencé de construire
et n’a plus les moyens de terminer ». Je fis paraître quelques
lignes dans notre journal « Friedensbotschaft » pour
remercier ceux qui avaient envoyé des dons anonymes, mais
mon arrière-pensée était la suivante : Les membres de
l’assemblée se ressouviendront ainsi de la construction de
Kalchofen et recommenceront à nous envoyer de l’argent.
Heureusement, rien ne vint, l’insertion n’exerça aucune
influence. Enfin mes yeux s’ouvrirent ! J’avais fait de la chair
mon appui et attendu l’argent des hommes et non de Dieu.
Je m’humiliai et je pus de nouveau reconnaître que Dieu seul
est le donateur, et qu’il était toujours mon tendre Père. Les
dons recommencèrent d’affluer, ce qui nous permit de
terminer notre construction. Il survint encore maintes
épreuves. Par exemple, un jour il me manquait 700 francs
pour effectuer un paiement. Quelqu’un arriva subitement,
tout en sueur, m’apportant cette somme, de sorte que la
facture put être payée à l’échéance. Une autre fois, comme il
me manquait 500 francs, Dieu permit qu’une sœur en Christ
ne pût s’endormir avant de m’avoir envoyé cette somme.
Oui, notre Père céleste connaît tous nos besoins, la maison
fut terminée sans interruption, et l’on put l’inaugurer sans
dettes.
Je voudrais encore relater ici l’expérience suivante : Quelque
temps après, pendant la nuit, des adversaires jetèrent des
bouteilles d’encre rouge contre la façade de la maison. En
voyant cela, je me dis : « Les gens qui passent vont
maintenant se réjouir et se moquer de nous. Il faut tout de
même que la police soit prévenue et que ces fripons soient
punis. Les autorités sont là pour protéger les honnêtes
gens ». En donnant libre cours à de telles pensées, j’étais
évidemment à l’école du diable. Mon fils aîné m’avertit en
disant : « Père, l’affaire tournera mal si tu t’adresses à la
police ». Mon gendre, par contre, était d’avis que je devais
agir carrément. À cette époque, je n’étais pas encore
président de l’Assemblée évangélique des frères ; j’informai
donc celui-ci par téléphone de ce qui s’était passé. Il me
répondit : « Ne déposons pas plainte, laisse-moi faire, le
gendarme est un de mes parents, je lui en parlerai ». Ce
jour-là, j’avais à bénir un mariage et, à cette occasion, je lus
le Psaume 91. Quand j’arrivai au verset : « Aucun malheur
ne t’arrivera, aucun fléau ne s’approchera de ta tente », je
fus soulagé de mon fardeau. Je compris la pensée du
Seigneur et il modifia mes pensées à l’égard des auteurs de
ces méfaits. Je reconnus que je n’étais pas resté « à l’abri du
Très-Haut », sans quoi toute cette affaire n’aurait pas été un
fléau pour moi. Je m’humiliai et me sentis alors de nouveau
dans la retraite du Très-Haut ; la chose ne m’apparut plus
comme un malheur ; et je pus regarder comme un honneur,
la couleur répandue sur la façade de notre maison.
J’interrompis alors la cérémonie de mariage pour téléphoner
au président qu’il ne devait rien dire au gendarme, que le
coupable était pris, et ce coupable, c’était moi ! Puis je
terminai la bénédiction du mariage.
Combien j’étais heureux ! Quelque chose n’était pas en
ordre et Dieu me l’avait fait comprendre. Ces ennemis
devenaient ainsi les instruments que Dieu utilisait pour
m’éduquer. Peu après, je réalisai encore quelque chose de
plus grand. Je pensais devoir faire repeindre la maison, ce
qui aurait coûté beaucoup d’argent. Sur ces entrefaites, je
partis en voyage. De retour après trois jours d’absence, j’eus
l’intention de faire venir le peintre et, levant les yeux,
j’inspectai la maison. Toute trace de couleur avait disparu,
tout était propre ! Le Père céleste avait tout effacé,
gratuitement, cela ne m’avait rien coûté ! À cette époque,
j’avais beaucoup de tentations et j’en souffrais, car il me
semblait souvent que Dieu ne m’aimait plus, mais ce fait me
fit comprendre que Dieu m’aimait et qu’il ne m’avait pas
rejeté. Quel bienfait de se confier en lui ! Nous traversons, il
est vrai, bien des peines et des difficultés, mais nous
expérimentons par elles sa puissance. Si le Très-Haut est
notre Père, nous pouvons être assurés qu’il prendra soin de
ceux qui se confient en lui.
Lorsque nous eûmes l’intention de construire une maison
de réunion à Dettenried, nous ne possédions aucun argent.
Le comité délibéra et je proposai de bâtir dès que nous
aurions les fonds ; nous n’avions pas la certitude que Dieu
approuvait ce projet. Quelques frères de cet endroit
disaient : « Mais Dieu a de l’argent, il en donnera
sûrement ! » Je leur demandai s’ils en avaient la certitude et
si, au cas contraire, ils en supporteraient eux-mêmes les
charges ? Aucun d’eux ne se porta garant de la dépense. À la
séance du comité, nous décidâmes d’attendre et de ne pas
faire de dettes. Mais ensuite, en lisant la méditation, après le
repas, je reçus l’assurance intérieure que nous osions
construire. Je réunis de nouveau le comité, et la construction
fut décidée. Quant l’édifice fut terminé et payé, il restait
10000 fr. en caisse.
Ensuite vint le tour de Delémont. Là aussi Dieu me donna la
conviction que nous devions acheter une maison - un ancien
restaurant. D’autres frères préféraient en construire une
nouvelle. Comme j’étais certain d’accomplir le dessein de
Dieu, nousachetâmes cet ancien restaurant ; il nous
manquait cependant 8000 fr. pour payer comptant.
Circonstance curieuse, les vendeurs ignoraient à qui devait
échoir en partage une part de 8000 fr. précisément. Après
quelques semaines, comme j’avais promis de payer
comptant, je priai notre caissier d’informer les vendeurs de
notre intention de payer ce solde. On nous pria de transférer
ce montant, dans la huitaine, à une banque de Berne. C’était
un samedi. Or, à ce moment, nous ne disposions pas encore
d’un montant si élevé. À nouveau, je fus assailli par de
grandes tentations, pensant qu’on mettrait maintenant ma
certitude en doute, en disant : « Si Dieu lui avait vraiment
confié le mandat d’acheter, il lui en aurait aussi donné les
moyens ». Je reçus ce montant entre-temps, et le fis virer
immédiatement à l’adresse de notre caissier. Celui-ci put en
prendre possession à la poste le vendredi et payer le
montant dû.
Depuis longtemps déjà se faisait sentir le besoin de
posséder une salle pour nos grandes conférences. Pendant
bien des années, nous les avons tenues dans la ferme de la
famille Ramseyer à la « Zelg », près d’Aeschlen, qui mettait
toute sa propriété à notre disposition. La grange servait de
salle de réunion, mais bientôt elle s’avéra tout à fait
insuffisante. Nous fûmes dès lors contraints de tenir nos
assemblées dans une forêt toute proche, où nous eûmes le
privilège de réaliser des miracles. Il arriva en effet que deux
ou trois ans de suite, il plut tout autour de nous, pendant les
réunions, tandis que nous étions épargnés.
Je m’aperçus un jour que beaucoup de frères et sœurs en
tiraient vanité, se faisant une gloire de ce que Dieu nous
accordait cette faveur. Cela m’obligea à déclarer : « Il va
pleuvoir, maintenant ». Et réellement la pluie ne se fit pas
attendre, elle tomba même avant la fin de notre réunion.
Cela nous engagea d’autant plus à reprendre la question
d’une construction. Nous essayâmes de trouver un terrain
approprié à Aeschlen, mais telle n’était pas la volonté de
Dieu. À cette époque, j’habitais encore à K. et, à cause de la
situation centrale de cet endroit, nous pensions construire là
notre salle de conférences, mais Dieu ne le permit pas non
plus, il s’opposa à nos plans. D’abord, nous pensâmes que
les gens de cet endroit en étaient la raison, mais ensuite,
nous nous aperçûmes que c’était bien Dieu qui nous en
empêchait. Depuis, souvent nous l’avons remercié de
n’avoir pas permis que nous bâtissions là.
Alors, Dieu dirigea les choses pour que nous puissions
construire à Steffisbourg. Je réfléchissais souvent au
problème, me demandant comment il fallait construire pour
avoir en même temps une chapelle pour les réunions
ordinaires, et une salle pour les grandes conférences, mais
aucun plan convenable n’arrêtait mon attention. Je reçus le
plan de construction de Dieu, un matin, alors que je me
trouvais chez la famille B., à Adelboden. Il me montra
d’abord le réfectoire, puis je vis la salle, la galerie, le
logement et le dortoir ; tout était exactement pareil à la
maison de conférences que nous avons ensuite bâtie, telle
que vous la voyez aujourd’hui. Le frère B. faisait les croquis
exactement conformes à ce qui m’avait été montré. En ce
qui me concerne, j’aurais préféré avoir la certitude de
pouvoir construire, plutôt que de ne posséder que le plan,
car nous n’avions pas suffisamment de fonds pour son
exécution. Quand on veut entreprendre quelque chose, et
que l’on n’a pas ou trop peu d’argent, un sentiment
d’angoisse cherche à s’emparer de nous, et l’on se sent
poussé d’en parler à d’autres, de leur faire connaître nos
besoins. Mais c’est à Dieu que nous devons les apporter.
C’est ainsi que par la foi nous avons commencé de
construire, et Dieu nous fit don de l’argent nécessaire. Nous
lui avions exposé nos besoins, car j’étais arrivé à la
conclusion, puisque Dieu nous avait donné un plan, qu’il
exprimait ainsi sa volonté, et qu’il nous donnerait
certainement les moyens de l’exécuter. Nous ne fûmes pas
déçus. Aujourd’hui, nous disposons à Steffisbourg d’un
espace que nous n’aurions jamais pu obtenir à Kalchofen. À
cette époque, nous étions loin de prévoir l’extension que
prendrait le mouvement, et qu’il nous faudrait par la suite
un grand parc pour les vélos, les voitures et les cars. Mais la
famille Oester met souvent à notre disposition l’espace dont
nous avons besoin. Dans la grande salle il y a place pour
3000 personnes. Et pendant les conférences qui durent
quatre jours, environ 700 personnes peuvent passer la nuit
dans les dortoirs aménagés à l’étage supérieur. Le réfectoire
peut contenir 350 personnes et, lors des conférences, le
dimanche on y a servi jusqu’à 2700 dîners.
Oh ! que de bienfaits nous ont été dispensés par le Tout-
Puissant, par pure grâce, car nous n’avions rien mérité !
C’est à des milliers de personnes que nous pouvons
annoncer la vérité, le message glorieux de la bonne nouvelle
du sang de Jésus-Christ, qui rachète et purifie ! Nous ne
sommes pas dignes de toute la miséricorde et de la fidélité
que Dieu nous témoigne. À lui seul en soit toute la gloire.
C’est ainsi que par la grâce de Dieu, plusieurs salles de
réunions furent construites les unes après les autres.
Chacune a son histoire particulière. Au moment où j’écris
ces lignes (en 1940), nous en comptons une vingtaine.
Toutes sont des monuments de la bonté et de la grâce de
notre Père céleste ; nous avons tout reçu de ses mains
fidèles, sans contracter la moindre dette.
Activité au sein de notre œuvre

Nous organisons chaque année quatre conférences d’une


durée de plusieurs jours. La première a lieu à la Pentecôte, à
Moutier ; la seconde en juillet, dans notre grande maison, à
Steffisbourg ; la troisième le jour du « Jeûne fédéral », à
Zurich, et la quatrième vers la fin d’octobre, à Frutigen. Le
nombre croissant des participants rend témoignage de la
bénédiction répandue sur ces assemblées. Pendant l’année,
de petites conférences régionales d’un jour ont lieu chaque
mois comprenant cinq dimanches ; elles sont très
appréciées et sont suivies d’une manière réjouissante.
En divers endroits, et plusieurs fois par année, nous avons
des cours bibliques, qui sont en bénédiction aux
participants. La puissance de la Parole se révèle à beaucoup
de personnes, affermit leur foi, et leur apprend ainsi à
combattre le bon combat de la foi. Si nous nous confions en
nous-mêmes, la peur, la misère et la folie des grandeurs sont
notre lot, mais si nous sommes en Christ, la joie, la paix par
le Saint-Esprit, la reconnaissance et la louange sont notre
part.
Nous expérimentons chaque fois combien sont bénis et
instructifs tous ces cours bibliques, où chaque participant
doit traiter par écrit, un des sujets bibliques proposés.
Pendant ces cours, nous avons le privilège de réaliser la
présence de Dieu, son grand amour, la puissance de sa
grâce et de sa rédemption. Beaucoup de ceux qui, souvent,
étaient découragés, ont été ainsi affermis et sont aujourd’hui
fermes et inébranlables, parce que la Parole de Dieu est
devenue leur épée et leur bouclier ; ils se tiennent sur le
Rocher qui est Jésus, ils s’attachent fermement à la grâce
manifestée, et se maintiennent ainsi dans l’amour de Dieu.
Quand nous avons introduit ces cours, chaque participant
devait commenter un ou plusieurs versets et, s’il s’écartait
du sujet, il était invité à revenir au texte. Cela donnait de
bons résultats, mais cependant pas tous ceux qui étaient
souhaitables.Puis Dieu me suggéra l’idée de tenir les cours
de la façon indiquée plus haut.
Je fus ensuite amené à reconnaître aussi la nécessité
d’organiser des cours d’instruction religieuse pour les
enfants libérés des écoles. Lors d’un conseil des frères, je fis
passer cette question au vote et un ou deux frères d’une
autre communauté se prononcèrent contre cette
proposition. Nous avons alors remis la décision à l’année
suivante car, dans notre conseil des frères, nous avons
l’habitude de prendre toutes nos décisions à l’unanimité.
L’année suivante, d’un commun accord, nous décidions
d’introduire un cours d’instruction pour catéchumènes.
Vingt-deux enfants prirent part à ce premier cours. Ce fut un
cours béni ; la plupart des enfants réalisèrent la nouvelle
naissance. Je pouvais leur dicter des thèmes bibliques, leur
expliquer la Parole de Dieu, puis les laisser faire leurs
compositions. La lecture de la plupart d’entre elles nous
causait une grande joie. Cela se passa ainsi durant quelques
années ; mais ensuite nous remarquâmes que les enfants
avaient de moins en moins d’intérêt et de compréhension
pour la Parole de Dieu. Nous ne pouvions dès lors continuer
selon les méthodes du début. Ce n’était en effet que vers la
fin du cours que ces enfants étaient capables de faire leurs
compositions écrites d’une manière indépendante et
personnelle. Je crois que cela provient du fait que la Parole
de Dieu n’est plus enseignée dans beaucoup d’écoles, et que
l’autorité des parents et des maîtres diminue.
Par la suite, il fut nécessaire d’organiser trois et même
quatre cours d’instruction par année pour garçons et filles.
Chaque année, un grand nombre d’enfants se convertissent
à Dieu et cette parole s’accomplit : « J’aime ceux qui
m’aiment, et ceux qui me cherchent de bonne heure me
trouvent ». C’est une grâce inestimable d’instruire les
enfants, non pour la forme seulement, mais pour qu’ils
parviennent à une foi vivante, pour qu’ils réalisent la
justification et pour qu’ils puissent attendre le retour du
Seigneur.
Les jeunes recherchent la joie ! Si on leur annonce la Parole
telle qu’elle est écrite et qu’ils la reçoivent, ils trouvent une
joie bien supérieure à celle que peut leur offrir le monde. Et
la joie du Seigneur n’est pas entachée de péché et ne
conduit pas en enfer.
Un jour, un pasteur me demanda comment nous faisions
pour avoir autant de jeunes gens dans nos assemblées. Je
lui répondis : « Nous leur prêchons la repentance, la
conversion, et la nécessité de réaliser la nouvelle naissance.
Nous leur disons le bonheur qu’on possède quand on
appartient au Seigneur, et combien on est beaucoup plus
heureux avec lui que dans le monde. » Nous lisons dans
Ésaïe 58, verset 12 : « On t’appellera réparateur des brèches,
celui qui restaure les chemins, qui rend le pays habitable ».
Quand on prêche l’Évangile en le présentant comme s’il
était un fardeau, et que l’on affirme qu’il est difficile de vivre
pour Dieu, on ne prêche pas que le pays est habitable.
L’Évangile rend les gens heureux. Il n’est pas possible de
rendre quelqu’un heureux à coups de fouet. Lorsqu’on
fouette un cheval, il trotte pendant un instant, mais son pas
nonchalant habituel est vite repris. Nombre de parents pieux
disent : « Les enfants doivent aussi avoir leurs « petits
plaisirs », sous-entendant par là que l’on est privé de plaisir
quand on vit pour Dieu. Mauvais pères, mauvaises mères,
parents dénaturés, qui font preuve d’une pareille mentalité.
Le pasteur qui s’était informé de quelle manière nous nous
occupions de la jeunesse, désirait encore connaître le
nombre de nos écoles du dimanche, combien d’enfants les
fréquentaient, et qui les dirigeait. Je lui écrivis qu’il n’était
pas biblique de vouloir faire en cela un recensement et que
nous avions autre chose à faire. Nous avons en David
l’avertissement de ce qui peut arriver si nous nous tournons
vers le dénombrement. Si nous le faisons pour nous rendre
compte de notre importance et pour nous vanter, alors le
malheur sera sur nous ! Notre déclin sera rapide.
Hélas, que de choses répréhensibles se passent souvent
dans le domaine de la piété ! On crée des sociétés
chrétiennes de gymnastique, ce que la Bible défend pourtant
parce qu’elles détournent du culte. À notre époque, sous
prétexte de rassembler la jeunesse, on lui fait faire du sport.
On s’imagine faire une bonne œuvre, et pourtant c’est
mépriser Dieu que de profaner ainsi le repos dominical. Est-
ce bien là une œuvre chrétienne ? Je répondis de la façon
suivante à quelqu’un qui était fort enthousiaste en faveur
d’une action de ce genre et qui me vantait la facilité avec
laquelle on pouvait attirer la jeunesse par les sports, pour
l’éduquer ensuite pour Dieu : « C’est avec la Parole de Dieu
qu’il faut rassembler la jeunesse. Considérez nos
assemblées, nous avons plus de jeunes gens que vous et
nous ne leur apportons que l’Évangile, et ils sont heureux. Ils
se rendent très vite compte de ceci : « Ce que je trouve ici
vaut bien mieux que ce que les convoitises du monde
peuvent me donner ». On ne saurait faire un meilleur usage
de son temps, que de recevoir la Parole de Dieu en vérité.
Celui qui recherche d’autres passe-temps a une conscience
qui l’accuse ».
La grâce de Dieu dans notre
travail

Celui qui croit en moi, comme dit l’Écriture, des

fleuves d’eau vive couleront de son sein.

Il a donné les uns comme évangélistes

Jean 7.38 & Éphésiens 4.11

Celui qui croit en moi, comme dit l’Écriture, des fleuves


d’eau vive couleront de son sein - non pas des ruisseaux, ou
une fontaine, ou des gouttes, mais des fleuves, à condition
de croire comme dit l’Écriture. On ne peut concevoir la Bible
par le raisonnement, et le Seigneur Jésus ne dit pas : « Celui
qui croit selon la raison, selon la philosophie, selon les
enseignements humains, mais : « comme dit l’Écriture ».
C’est une grâce inestimable que de croire ainsi.
C’est aussi une grâce de pouvoir prouver, par l’Écriture
sainte, tout ce que nous annonçons. C’est pourquoi j’attache
une telle importance à annoncer l’Évangile de Christ tel qu’il
est écrit, et à m’en tenir strictement à l’enseignement des
apôtres, d’autant plus que l’apôtre Paul atteste
expressément : « Mais, quand nous-mêmes, quand un ange
du ciel annoncerait un autre Évangile que celui que nous
vous avons prêché, qu’il soit anathème. Nous l’avons dit
précédemment, et je le répète à cette heure : si quelqu’un
vous annonce un autre Évangile que celui que vous avez
reçu, qu’il soit anathème ! Et maintenant, est-ce la faveur
des hommes que je désire, ou celle de Dieu ? Est-ce que je
cherche à plaire aux hommes ? Si je plaisais encore aux
hommes, je ne serais pas serviteur de Christ » (Gal. 1 : 8-10).
Il est encore écrit : « Toute Écriture est inspirée de Dieu, et
utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour
instruire dans la justice, afin que l’homme de Dieu soit
accompli, et propre à toute bonne œuvre » (2 Timothée 3 :
16-17). Fondés sur ces paroles, nous éprouvons la doctrine
de quiconque. La Bible, du commencement à la fin, est pour
nous la Parole de Dieu, tant l’Ancien Testament que le
Nouveau ; les deux forment une unité indissoluble.
Celui qui boit de l’eau vive, aura faim ensuite d’une
nourriture solide, parce que les premiers éléments de
l’enseignement divin ne lui suffisent plus (Hébreux 5 : 12-14).
Car il est écrit : « Mais la nourriture solide est pour les
hommes faits, pour ceux dont le jugement est exerce par
l’usage à discerner ce qui est bien et ce qui est mal (Hébreux
5 : 14).
Quelle est donc cette nourriture solide ? Au début de la vie
chrétienne, beaucoup ne voient pas encore qu’ils sont justes
et saints. Ils ne voient pas de justes, pas de saints, pas de
parfaits, et bien d’autres choses encore leur échappent. Ils
n’ont pas encore connu le sacrifice de Jésus-Christ qui dure
éternellement ; mais, s’ils continuent de boire à la source de
la Vie, ils découvrent alors qu’ils sont rendus justes, par la
foi en Jésus (Romains 5 : 1) et non seulement cela, mais ils
réalisent qu’ils sont sanctifiés par le sacrifice du corps de
Christ, en une seule fois (Hébreux 10 : 10). C’est ce qu’ils
confessent alors avec joie ! Car Jésus nous a réconciliés et
nous a fait paraître devant Dieu, saints, irrépréhensibles et
sans reproche, selon Colossiens 1 : 22. Voilà l’aliment
« solide » que tous ne supportent pas, de même que ce qui
est écrit dans Romains 8 : 30.
Au début, quand j’exhortais les auditeurs, je condamnais le
péché d’une façon énergique et de toutes mes forces,
démontrant qu’il fallait absolument rompre avec lui. On me
faisait opposition, mais je ne cédais pas car je constatais
que des personnes se convertissaient, tandis que les
prédicateurs qui me résistaient n’étaient le moyen d’aucune
conversion. Il est aussi écrit : « Crie à plein gosier, ne te
retiens pas, élève ta voix comme une trompette, annonce à
mon peuple ses iniquités et à la maison de Jacob ses
péchés » (Ésaïe 58 : 1). Quand on ne condamne plus
l’iniquité et que l’on ne parle que de l’amour, on ne sert plus
à ceux qui écoutent que de « l’eau sucrée », et la partie est
perdue.
Si nous ne dénonçons pas les péchés qui sont énumérés
dans Galates 5 19-21, nous sommes des chiens muets (Ésaïe
56 : 10). Dieu exige que nous dénoncions les œuvres qui
produisent la mort spirituelle. La Bible nous met en garde
contre l’impudicité, l’impureté, la dissolution. Dieu voit tout
ce qui se passe, jusque dans les étables et les plus sombres
recoins. La Bible parle de la peste « qui marche dans les
ténèbres » et de « la contagion qui frappe en plein midi ».
Elle parle également des infâmes (sodomites).
Un frère évangélisait un jour et condamnait ce péché,
reprenant sévèrement ceux qui s’y adonnent. Je vins
remplacer ce frère et, tout à coup, le maire et le gendarme se
présentèrent, demandant à parler à l’évangéliste qui m’avait
précédé. Je leur demandai pour quel motif ils étaient venus
et ils répondirent : « Il a parlé d’impudicité et cela même
devant des enfants, ce qui est intolérable ». Je répliquai :
« Quand ces choses sont pratiquées vous n’intervenez pas,
mais quand un frère se permet de mettre les gens en garde
contre elles, vous venez protester ! Et vous êtes la police ? »
Ils s’éloignèrent précipitamment. De nos jours, beaucoup de
personnes, même de celles qui veulent se convertir, n’osent
plus nommer les péchés par leur nom. C’est pourquoi elles
n’obtiennent pas la grâce. Elles disent bien : « Je suis un
pécheur, un grand pécheur », mais refusent de nommer
leurs péchés par leur nom.
J’avais souvent l’impression que je devrais pouvoir prêcher
mieux et que pour cela je devrais un peu étudier. Il me
semblait que si j’avais fait des études, lu beaucoup de livres,
j’aurais pu préparer mes réunions et profiter des
connaissances acquises ! Mais, par bonheur, je ne pouvais
supporter l’étude, elle me causait des maux de tête. Ils
perdront la vie ceux qui lisent beaucoup de livres dans le but
d’augmenter leur savoir, pour devenir de grands hommes,
afin d’être considérés, sans se préoccuper des desseins de
Dieu à leur égard ! « Ce qui est élevé parmi les hommes est
une abomination devant Dieu. » (Luc 10 : 15). La meilleure
formation est celle de croire en Jésus et de marcher avec lui,
jour après jour, devant sa face. Pour mon compte, je me
sens inapte, j’ai peu de mémoire mais, plus je me sens
dénué de tout, mieux cela vaut pour moi. J’ai été souvent
dans de grandes détresses lorsque, avant une réunion, je
feuilletais ma Bible sans pouvoir trouver de texte. Je présidai
une fois une évangélisation à Rinderwald.
Je n’avais pas encore trouvé un texte quand tout à coup le
verset suivant se présenta à mon esprit : « Femmes
insouciantes, levez-vous, écoutez ma voix ! Filles indolentes,
prêtez l’oreille à ma parole ! Dans un an et quelques jours,
vous tremblerez, indolentes ! (Ésaïe 32 : 9-11) » Je pensai :
« Mais ici les femmes ne sont pas orgueilleuses ; ce sont
des femmes simples, donc ce texte ne convient pas ». Mais
ces mots continuaient à résonner en moi : « Malheur à vous,
femmes orgueilleuses ». J’indiquai un cantique, puis un
second, en attendant de recevoir un autre texte, mais je n’en
reçus point d’autre et, finalement, je parlai sur celui-là. Neuf
femmes se convertirent, dont sept qui étaient assises sur le
même banc. C’est Dieu qui m’avait ordonné de parler ainsi.
Convaincues de leur vanité, elles crurent tout simplement ce
verset : « Dans un an et quelques jours vous tremblerez,
indolentes » persuadées que leur fausse sécurité serait
changée en tremblement.
Un jour, un homme que je ne connaissais pas vint me voir à
Dürrgraben. Ensemble, nous lûmes et commentâmes
Romains 8 : 26. J’ignorais à quel point cet homme était
neurasthénique, mais quand nous arrivâmes au verset 28, sa
neurasthénie se dissipa. Il désira ensuite avoir des réunions
chez lui. Beaucoup de personnes se convertirent dans cette
contrée de R., surtout des hommes. Je commençai aussi des
réunions chez son beau-père et là, des miracles se
produisirent ; il nous arriva notamment quelque chose
d’extraordinaire. Pour m’y rendre, un voisin et un ouvrier
m’accompagnaient et la route était longue. Tout à coup,
arrivés au haut d’une colline, nous ne pûmes plus avancer,
nous étions comme cloués au sol. Nous nous mîmes à prier
et l’un de mes compagnons frappa le sol du pied en
chantant : « Jésus vit, Jésus triomphe, Alléluia, Amen ! »
Puis, nous pûmes de nouveau avancer. Je pensai en moi-
même : « Ces démons seront certainement de nouveau en
embuscade quelque part » mais je n’en soufflai mot. À cet
instant même le frère se mit derechef à frapper du pied et à
chanter : « Jésus vit, Jésus triomphe, Alléluia, Amen ! »
Nous eûmes ensuite une réunion merveilleuse ; les
auditeurs remplissaient trois grandes chambres et je me
tenais debout près d’une des portes. Après l’allocution, le
frère qui avait chanté en route pria, puis je pris de nouveau
la parole. C’est alors que le propriétaire de la maison
commença à confesser ses péchés, et après lui sa femme,
puis les membres du chœur ; ce fut une soirée
remarquablement bénie, on sentait la puissance de Dieu. Le
diable le savait, c’est pourquoi il nous avait opposé une telle
résistance sur notre chemin.
En ce même endroit, j’ai réalisé d’autres miracles. Un jour, je
voulus prier dans ma chambre après la réunion ; mais il
m’était impossible de le faire, j’étais comme emmuré.
J’ouvris alors brusquement la fenêtre et je fus libéré ; puis
j’eus la vision d’un acte entaché de sang. À la réunion
suivante, je déclarai qu’une des personnes présentes à la
réunion précédente avait un meurtre sur la conscience.
Personne ne se dénonça mais, deux jours après, je reçus une
lettre de la coupable qui n’avait pas assisté à la dernière
réunion, mais à laquelle on avait rapporté ce que j’avais dit.
Lors d’une évangélisation en Suisse orientale, j’étais logé
chez le maire de la commune, un homme pieux. Sa femme,
sa fille et son fils assistèrent à la première réunion. De
retour à la maison, la fillette dit à son père : « Papa, fumer
est un péché ! » Il répondit : « Tiens, tiens, aurais-tu écouté
pour moi ? » La petite se mit à pleurer et répondit : « J’ai
bien écouté pour moi aussi ». Le père plaida sa cause, puis
je lui dis : « Quand tu seras né de nouveau, tu ne te
disputeras plus à cause du tabac ». Alors il déclara qu’il
n’assisterait pas à ces réunions. Le jeudi il y vint tout de
même ; j’avais comme texte : « Tout genou fléchira devant
moi, toute langue jurera par moi : En l’Éternel seul, me dira-
t-on, j’ai la justice et la force. À lui viendront pour être
confondus tous ceux qui étaient irrités contre lui » (Ésaïe
45 : 23-24). J’appuyai sur la phrase : « Tout genou fléchira
devant moi ». C’est ainsi que nous devons nous soumettre à
la Parole de Dieu et ne la contredire en aucun cas. Ensuite,
nous devons confesser de notre bouche, en disant : « En
l’Éternel seul, j’ai la justice et la force ».
Autrefois, je priais toujours : « Donne-moi de la force ! »
mais à présent, je dis : « En l’Éternel, j’ai la force ». Après la
réunion, ce père demanda à sa femme : « Que répétait-il
toujours ce soir ? » Il questionna également sa fillette : « Sur
quoi a-t-il toujours insisté ? - Nous devons dire : « En
l’Éternel j’ai la justice et la force ». Il me posa les mêmes
questions. Arrivé à la maison, il se rendit à l’étable où il
écrivit ce verset sur une poutre avec de la craie. Le samedi
suivant, il rendit ce témoignage : « A présent ce verset est
écrit non seulement sur la poutre de mon étable, mais il l’est
aussi dans mon cœur : « En l’Éternel j’ai la justice et la
force ». Dieu s’était révélé à lui et il reçut la paix.
Un jour, un maître d’école se convertit ; il était directeur d’un
grand chœur d’hommes dans lequel se trouvaient des
personnes très influentes. Lorsqu’il se convertit, il ne déclara
pas aux membres : « Maintenant je ne puis plus diriger le
chœur ». Non, il continua comme de coutume et, pour
commencer, il lut quelques versets de la Bible et pria. Puis il
dit : « Dorénavant, nous ne chanterons plus tels chants, car
je me suis converti à Dieu ». Les membres de ce chœur ne
purent supporter cela car ce frère n’agissait plus comme ils
le désiraient. Quand Dieu saisit les hommes, ils n’ont plus
de crainte, et ne se laissent plus intimider par ce que les
gens pensent d’eux.
Dieu conduit au désert

Dépouillement des propres œuvres

Car personne ne peut poser un autre fondement

que celui qui a été posé, savoir Jésus-Christ. Or, si

quelqu’un bâtit sur ce fondement avec de l’or, de

l’argent, des pierres précieuses, du bois, du foin, du

chaume, l’œuvre de chacun sera manifestée ; car le

jour la fera connaître, parce qu’elle se révélera dans

le feu, et le feu éprouvera ce qu’est l’œuvre de

chacun. Si l’œuvre bâtie par quelqu’un sur le

fondement subsiste, il recevra une récompense. Si

l’œuvre de quelqu’un est consumée, il perdra sa

récompense ; pour lui il sera sauvé, mais comme au

travers du feu.

1 Corinthiens 3.11-15

Quand je réalisai la nouvelle naissance, ma joie était telle


que je pensais qu’il était impossible à l’homme de ressentir
quelque chose de plus beau. J’étais dans le bonheur,
travaillant et servant Dieu aussi bien qu’il m’était possible.
Mais ma position intérieure pouvait être comparée à ce
moment-là à la parole d’Ésaïe 57 : 10 : « Tu trouves encore
de la vigueur en ta main, aussi n’es-tu pas dans
l’abattement ! » Puis vinrent les années où Dieu me
dépouilla de mes propres œuvres ; il prit mon éducation en
mains. « Celui qui perd sa vie la trouvera. » Je souhaiterais
une période analogue à beaucoup de chrétiens.
J’évangélisais depuis longtemps et beaucoup de gens
s’étaient convertis, mais un jour Dieu me montra dans une
vision que tout mon travail serait consumé par le feu. Dans
une autre vision il me fit voir comment mon travail pourrait
subsister. Dans la vision je me trouvais dans un pré, où
j’avais fauché six andains bien droits, propres, exacts et de
même longueur. À ce moment s’éleva un vent torride qui
calcina tout ; il ne resta que des cendres. Ensuite je me vis
transporté dans un autre lieu ; la, j’assistai en spectateur à la
crucifixion de Jésus ; son bras droit était tiré sur la croix et
on lui enfonçait les clous à travers les mains ; je ne pouvais
regarder plus longtemps !
Puis, toujours en vision, je me vis transporté de nouveau au
premier endroit, et là se trouvait un seul andain, mal fauché,
sans façon ; l’herbe était en désordre complet et couverte de
rosée. J’avais le sentiment : « C’est là ton travail, et pourtant
ce n’est pas toi qui l’as fauché ! » Le même vent brûlant
souffla à nouveau, mais l’andain ne fut pas consumé, il
demeura tel qu’il était et la rosée même subsista sur l’herbe.
Je savais que Dieu voulait me dire quelque chose par cette
vision, mais je ne comprenais pas. Je croyais annoncer la
vérité conformément à la Parole de Dieu, et que je ne
pouvais faire mieux. Je m’en tenais à la Parole de Dieu aussi
loin que je l’avais comprise. Néanmoins ma prière fut : « O
Dieu, explique-moi ce que tu veux me dire par cette vision ».
Six années passèrent avant que mes yeux ne s’ouvrissent.
Cela se produisit lorsqu’un frère vint dans la contrée, disant
que lorsque la vie divine se manifeste à un endroit, les
choses doivent se passer de telle et telle manière. Je croyais
que nous possédions la vie parmi nous ; les gens se
convertissaient et étaient heureux. Lorsque ce frère parla
ainsi, je fis la réflexion suivante : « Tu veux nous faire
entendre par là qu’il n’y a point de vie divine ici pour dire
ensuite que c’est toi qui l’a apportée ». Je fus néanmoins
tourmenté et, en rentrant à la maison, je me posai la
question suivante : « Mais pourquoi cela ne te laisse-t-il pas
en repos ? Quand on est obligé de se défendre, il est clair
qu’on a tort et que l’autre a raison ! » Je m’humiliai devant
Dieu, lui demandant d’être éclairé à ce sujet. Puis cette
parole me préoccupa longtemps : « La loi a été donnée par
Moïse, mais la grâce et la vérité sont venues par Jésus-
Christ ».
Ne sachant où se trouvait la ligne de démarcation entre ces
deux ministères, je cherchai à la connaître et je priai : « Père,
montre-moi la limite entre « la loi » et « la grâce et la
vérité ! » C’est alors qu’il me fit voir que la vérité affranchit,
tandis que la loi ne le peut. Sous la loi, on arrive bien à
renoncer à telle ou telle chose, mais on n’est pas
véritablement libre. Pendant les réunions d’évangélisation,
j’affirmais souvent avec force : « Je vous ai dit la vérité, mes
mains sont pures de sang ». Mais dès le moment où je
commençai à discerner la limite entre la loi et la grâce, je ne
me hasardai plus à dire cela.
Durant cette période, Dieu me mit « dans la poussière de la
mort ». Je pourrais dire aussi qu’il me fit traverser la vallée
de l’ombre de la mort, jonchée de crânes humains, telle
qu’elle est décrite dans le « Voyage du pèlerin » de Bunyan.
Tout me condamnait, ce que je faisais, comme ce que je ne
faisais pas, qu’il s’agisse de n’importe quoi. J’avais le
sentiment d’être un fainéant. Quand je faisais des visites, il
me venait à l’esprit : « Tu vis une vie propre, tu ne fais que te
réjouir avec les gens ! » Cela me paraissait être une vie
égoïste. Tout me condamnait, même ma vie de prière.
L’accusateur m’insinuait : « Autrefois tu priais, maintenant
tu ne pries plus » ; et cependant je priais comme avant,
mais la tentation me faisait croire que tout était changé,
qu’au plus profond de moi tout était aride et sec. J’étais
dans une grande détresse, et je n’osais plus confesser le
nom de Jésus comme j’en avais l’habitude. Autrefois je
pouvais dire : « Si je dois mourir, je mourrai », et je
poursuivais mon chemin, mais maintenant il me semblait
que l’Esprit de Dieu m’avait abandonné. Auparavant, dès
mon réveil, tout chantait en moi : « Mon âme, bénis
l’Éternel ! » Mais à présent, j’avais toutes sortes de rêves
obsédants et le matin venu, les versets suivants tintaient à
mes oreilles : « Va, paresseux, vers la fourmi, considère ses
voies ».
À cette époque-là j’étais malade ; si j’avais été bien portant,
j’aurais repris un élan, mais, dans ces circonstances, j’en
étais incapable ; je souffrais des nerfs. Il me semblait que
j’étais plus mauvais qu’avant ma conversion. Malgré cela, je
me confiais sans relâche en la grâce, je la louais dans les
assemblées, j’ose l’affirmer ; j’aurais été honteux de me
plaindre. Je m’appuyais avec une confiance immuable sur
l’œuvre que Jésus a accomplie pour moi. Les versets
suivants d’Ésaïe 54: 9-10 me fortifièrent tout
particulièrement : « Comme j’avais juré que les eaux de Noé
ne se répandraient plus sur la terre, je jure de même de ne
plus m’irriter contre toi, et de ne plus te menacer. Quand les
montagnes s’éloigneraient, quand les collines
chancelleraient, ma grâce ne s’éloignera point de toi, et mon
alliance de paix ne chancellera pas, dit l’Éternel, qui a
compassion de toi ! » Et combien cette parole me restaura :
« L’Éternel qui a compassion de toi ! » Je me cramponnais à
ces versets. Alors il me vint à l’idée : « Tu t’illusionnes, car il
est aussi écrit : « Tu dois, il faut ! » Bien des fois je pensais :
« Les choses vont mal pour toi, cela devrait être tout
autrement ». Je lisais aussi cet avertissement : « Travaillez à
votre salut avec crainte et tremblement » et je voulais m’y
conformer en agissant ; ce n’est que plus tard que je
m’aperçus qu’il était dit plus loin : « Car c’est Dieu qui
produit en vous le vouloir et l’exécution selon son bon plaisir »

(Phil. 2 : 13).
Dans ces moments de lutte, je m’attachais aussi à la
promesse de Romains 4 : 5: « Mais à l’égard de celui qui ne
fait point d’œuvre, mais qui croit en celui qui justifie l’impie,
sa foi lui est imputée à justice ». Lorsque tout me
condamnait, je récitais ce verset des centaines de fois par
jour. En faisant cela, j’employais précisément l’arme la plus
efficace dans le combat de la foi. C’est ainsi que je triomphai
de l’ennemi, mais c’est plus tard seulement que je m’en
rendis compte.
Finalement, je sortis de cette situation en commentant dans
une réunion le Psaume 23: « Il me conduit dans les sentiers
de la justice, à cause de son nom ». Alors je vis clairement
que c’était Dieu qui m’avait conduit, et non le diable,
comme je l’avais supposé. Pendant ce temps d’épreuves
j’appris à croire, même là où il n’y avait plus sujet d’espérer.
Alors ma « petite fleur » tomba, c’est-à-dire la joie à ma
propre activité, à mes propres œuvres, à mes succès, mais
la Parole de Dieu demeure éternellement (1 Pierre I : 24-25).
Je compris que Dieu faisait mon éducation et, aujourd’hui, je
lui en suis très reconnaissant. Je croyais toujours qu’il
s’agissait de la mort quand je lisais cette parole : « L’herbe
sèche et la fleur tombe ». Mais c’est bien lorsque Dieu nous
dépouille de notre vie propre - celle qui découle de nos
œuvres - en la flétrissant. Cela concorde aussi avec Galates
4 : 30 : « Chasse l’esclave et son fils, car le fils de l’esclave
n’héritera pas avec le fils de la femme libre ». Le fils
représente la « belle petite fleur », l’esclave c’est la loi. Dieu
m’accorda la grâce de me fonder sur sa Parole, de me
confier en ses promesses, même s’il me semblait n’y avoir
aucun droit. Et ainsi, il me resta la Parole. Au cours de cette
réunion, à la lecture de ce verset 3 du Psaume 23, il me fut
révélé : « C’est Dieu qui m’a conduit, et cela dans des
sentiers unis ». Je fus guéri, et d’autres qui m’écoutaient le
furent aussi.
Six ans après, je lus dans une étude biblique la parole de 1
Corinthiens 3 : 11-15: « Personne ne peut poser un autre
fondement que celui qui a été posé, savoir Jésus-Christ ».
Cet après-midi-là, je compris soudain le sens de la vision
que j’avais eue au sujet des andains brûlés par le vent
torride, et de l’andain couvert de rosée qui avait résisté à
l’épreuve de la chaleur. Une construction en bois, couverte
de foin et de chaume, conserve la chaleur, il est vrai, mais ne
résiste pas au feu. Je compris que, jusque-là, j’avais
construit avec du bois, du foin et du chaume. Je pressais les
gens de se repentir et de croire en Dieu et au salut en Jésus-
Christ, ce qui est indispensable. Mais ensuite, je les
exhortais en leur disant : « Maintenant, il faut le prouver par
votre vie ! » Cela avait de la valeur, surtout aux yeux des gens
qui étaient pieux, mais en agissant ainsi, je les mettais sous
la loi et non dans la grâce.
Nous lisons que l’apôtre Paul (Actes 13) a annoncé le salut
qui est en Jésus-Christ à Antioche en Pisidie. Il prêchait
qu’en Jésus-Christ nous avons la rémission des péchés et de
toutes les choses dont nous ne pouvions pas être justifiés
par la loi de Moïse. « Mais quiconque croit en lui (Christ) est
juste. » Les gens reçurent cette parole et, quand l’assemblée
prit fin, ils suivirent Paul, « qui les exhorta à rester attachés à
la grâce de Dieu. » Ceci est très important. Il ne leur dit pas :
« Il vous faut maintenant fournir des preuves ».
Si j’essaie de prouver quelque chose, c’est que je compte
tirer les preuves de mon propre fond ; j’attends cette
contribution ou cette démonstration de moi-même ; il en est
autrement si je crois. En moi-même, je suis tellement pauvre
qu’il m’est impossible de prendre de bonnes résolutions,
elles ne servent à rien. Mais si je me réjouis de ce que Jésus
a fait, je suis porté. C’est alors que nous nous élevons
comme l’aigle que porte le vent, qui plane sans même
bouger les ailes, mais qui monte toujours plus haut.
La compréhension complète de la vision que j’avais eue ne
me fut donc accordée que six ans après ; il y avait donc
autant d’andains que d’années. L’autre andain paraissait
m’appartenir, comme si je l’avais fauché ; j’avais cependant
le sentiment que ce n’était pas le fruit de mon travail, mais
qu’il m’appartenait quand même. C’était l’image de l’œuvre
de Christ, me montrant comment elle m’est imputée.
Il y a certaines fleurs qui répandent une mauvaise odeur en
se fanant. À une conférence, nous avions une fois ce sujet :
« Être ou paraître ». Frère Vetter était des nôtres et il apporta
sur la chaire une fleur artificielle rouge, et une fleur naturelle
de même couleur, ainsi qu’une branche de sapin. Tout le
monde se demandait ce qu’il comptait nous expliquer, mais
il n’y fit point allusion. Le lendemain, la belle fleur naturelle
était laide à voir, tandis que l’artificielle n’avait pas changé
d’aspect. Il en est ainsi quand un enfant de Dieu ne reste
pas au cep. Attaché au cep, il reste beau et frais et porte des
fruits ; séparé du cep, il devient une chose laide.
Hénoc avait reçu le témoignage qu’il était agréable à Dieu, et
c’est ce témoignage que l’épouse de l’Agneau doit
également posséder. Il s’obtient par la foi, et c’est par la foi
qu’il est gardé. Il nous vient si vite la pensée « Il y a quelque
chose qui n’est plus en ordre ; je ne suis plus aussi heureux
que par le passé, je ne me réjouis plus autant de
l’avènement du Seigneur ! » Je sais par quelles épreuves on
peut passer dans ces moments-là ; j’ai parfois voulu, par
mes propres œuvres, reconquérir la certitude d’être agréable
à Dieu. Mais, comme je l’ai déjà dit, tout cela ne m’a servi à
rien, il ne me restait qu’à croire de nouveau.
Le Cantique des cantiques me fut une aide efficace ; l’époux
vante la beauté de l’épouse, et celle-ci se glorifie de son
époux. Cela me fit voir que l’attitude la plus simple consiste
à louer l’époux et à croire ce qu’il dit des siens : « Tu es toute
belle, ma bien-aimée, et il n’y a point de tache en toi »
(Cantique 4 : 7). C’est par cette parole que la lumière se fit
en moi. L’époux ne fait que répéter ce qu’est l’épouse ; il faut
que l’Église le sache : « Le Maître m’a créée ainsi » (Ézéchiel
16). Il l’a trouvée baignant dans son sang ; il l’a recherchée
et l’a acquise par son travail ; il a fait alliance avec elle et l’a
comblée de joyaux - tout ceci est à comprendre
spirituellement - de bijoux, de chaînettes, d’un diadème, de
boucles d’oreilles ; elle mangeait uniquement des gâteaux de
fleur de farine, du miel et de l’huile. Quand l’homme est en
communion avec Dieu, il cherche ce qui est en haut, il ne se
lamente plus et ne se plaint pas, mais il se glorifie en Christ.
C’est pourquoi nous devons nous exercer à la piété. Et
comment pourrions-nous nous y exercer, si nous ne
considérons pas tout ce que nous avons en Dieu, voyant
comment il prend soin de nous, et la récompense qu’il nous
accorde quand nous agissons selon sa volonté !
Quand un ami nous fait beaucoup de bien, on se réjouit de
le rencontrer et de le voir. Et c’est quand nous connaissons
tous les biens que nous avons en Dieu que nous pouvons
nous exercer à la piété. - Notre connaissance est encore
partielle, mais il s’agit d’une richesse incommensurable. -
Un enfant de Dieu ne reçoit jamais le témoignage d’être
agréable à Dieu par les œuvres de la loi, mais uniquement
par la foi, ainsi qu’il est écrit (Hébreux 11 : 6) : « Sans la foi il
est impossible de lui être agréable ». Je me souviens
combien cette parole m’aida au temps où Dieu me
dépouillait de mes propres œuvres. J’en étais réduit à croire
sans ressentir quoi que ce soit. La parole du Psaume 103 : 14
fut mon appui jusqu’au bout : « Il se souvient que nous
sommes poussière ».
En ce temps-là, tout ce que je faisais me paraissait être
entaché de péché ; la grâce était ma seule ressource.
Combien peu de personnes persévèrent dans la foi quand
Dieu les fait traverser des périodes semblables ! Oh ! si l’on
s’apercevait combien ces temps-là sont bénis ! « Je veux la
conduire au désert, et parler à son cœur. » Au désert, rien ne
pousse ; tout est sec et aride. Heureux celui qui croit :
« Dieu me parle aimablement » donc il n’est pas irrité
contre moi, il me parle aimablement. Car il a juré de ne plus
s’irriter, et de ne plus me menacer. Cette parole : « Mais à
l’égard de celui qui ne fait point d’œuvre, mais qui croit en
celui qui justifie l’impie, sa foi lui est imputée à justice » est
valable, non seulement jusqu’à la nouvelle naissance,
comme je le croyais, mais à toujours. À la fin de cette
période d’épreuves j’ai compris, comme jamais auparavant,
ce que signifie cette promesse de Dieu : « Je jure de ne plus
m’irriter contre toi, et de ne plus te menacer. » (Es. 54). Quel
homme suis-je donc si je m’imagine qu’il est mécontent ?
En admettant cela, je mépriserais sa chère Parole ! Le
chemin qui passe à travers les tentations et les afflictions se
révèle toujours plus beau.
La persévérance dans l’adversité vaut mieux qu’un
enthousiasme passager. Quand Dieu me conduisit ainsi à
travers le désert, je m’examinais souvent, me demandant si
je n’avais plus la paix avec Dieu, et pourtant tout était en
ordre ; avec persévérance je continuai à m’appuyer sur les
versets qui promettent une rédemption éternelle, et je fis
l’expérience que les « plaines du désert sont verdoyantes et
que ses collines sont ceintes d’allégresse ! » Ces collines
sont les difficultés et les tentations que nous rencontrons. À
cette école, si au début on ne compte qu’avec les difficultés,
on apprend ensuite à combattre avec ce verset : « Regardez
comme un sujet de parfaite joie les diverses épreuves
auxquelles vous êtes exposés, sachant que l’épreuve de votre
foi produit la patience ». Dieu nous tient bien plus fermement
dans sa main que nous ne le pensons. De tels temps d’épreuve

nous sont indispensables, et ceux qui persévèrent croient


contre tout sujet d’espérer. Il est dit de Jésus dans Ésaïe 42 :
4 : « Il ne se découragera point et ne se relâchera point,
jusqu’à ce qu’il ait établi la justice sur la terre ». À quel point
n’a-t-il pas été méprisé ! Mais il ne se découragea point ! Il
est important pour tous les ouvriers du royaume de Dieu de
ne pas se laisser abattre ni décourager, mais de croire, là
même où tout espoir semble vain. Il n’y a rien de meilleur
pour nous sauver de notre misère.
Il y avait un frère qui parlait, au figuré, de « ses chevaux ». Il
disait qu’il avait voulu aller au ciel dans une calèche à trois
chevaux ; le cheval de gauche s’appelait « la foi », celui de
droite « bonne volonté » et celui de tête « à tout prix ».
Toutefois, il avait dû s’apercevoir qu’au lieu d’avancer il avait
reculé, et que son équipage se dirigeait non pas vers le ciel
mais vers l’enfer. Tout d’abord je ne compris pas ce que ce
frère voulait dire, jusqu’au jour où je lus dans la Bible le
passage qui parle « des chevaux et des cavaliers qui
s’endorment, et des flèches, de l’épée, des boucliers et des
armes de guerre qui sont brisés » (Psaume 76 : 4-7).
Moi aussi j’avais des « chevaux » et un fouet pour les
exciter ; mais lorsque je voulus avancer de cette manière,
mes « chevaux » s’endormirent. Je me rendis à l’évidence
que tous nos efforts sont vains. Ce n’est que lorsque nous
comptons sur ce que Jésus a accompli que nous avançons.
En fin de compte, je me hasardai à me reposer. Quand il n’y
a plus de « chevaux » pour tirer, il faut bien s’arrêter. « C’est
dans la tranquillité et le repos que sera votre salut ; c’est
dans le calme et la confiance, que sera votre force. Mais
vous ne l’avez pas voulu ! Vous avez dit : Non ! Nous
prendrons la course à cheval ! » (Ésaïe 30 : 15). C’est ainsi
qu’on prend un nouvel élan et que nous disons : il faut que
cela aille !
Quand je partais à l’assaut d’une colline avec ma
« calèche », je prenais aussi un élan et je partais à toute
allure, sans arriver jamais à atteindre le sommet ; j’étais
alors contraint de reprendre un nouvel élan. Ma calèche finit
par perdre des rayons, des jantes ; un brancard se brisa, et
elle fut enfin démolie à tel point qu’il n’en resta plus rien.
Que celui qui lit cela comprenne ! Combien souvent ai-je
dit : « Cette fois il faut que cela change ! » Quelle différence
quand on peut rester tranquille, monter en voiture, s’asseoir
et découvrir que quelqu’un d’autre tient les rênes et conduit.
Aujourd’hui j’ose m’asseoir. Il faut en effet que nous nous
reposions sur les promesses. Quelquefois le char avance
lentement, mais toujours sûrement. Celui qui croit et se
confie en Jésus ne sera jamais confus. C’est en se reposant
dans la grâce que nous avançons en nous hâtant, c’est une
adoration de Dieu ici-bas déjà. Nous laissons le Sauveur être
notre conducteur et nous nous abandonnons à lui. C’est
alors qu’il produit en nous le vouloir et l’accomplissement selon

; nous agissons alors selon sa Parole, au jour


son bon plaisir

le jour, sans prendre de résolutions, sans faire de plans,


selon la tâche quotidienne que Dieu nous donne. Nous
n’avons plus qu’à avoir confiance comme un enfant.
Enseignez-leur à observer
tout ce que je vous ai
prescrit

Le Royaume des cieux est encore semblable à un

filet jeté dans la mer, et ramassant des poissons de

toute espèce

Matthieu 13.47

Les choses se passent également ainsi à l’Assemblée


évangélique des frères. Lors des séries de réunions
d’évangélisation, les auditeurs, touchés par la puissance de
la Parole de Dieu, entrent dans le filet ; néanmoins ils ne
sont pas tous sauvés et tous ne se soumettent pas
immédiatement à la Parole. Il est écrit : « Beaucoup
chercheront à y entrer, et ne le pourront ! » À la fin se fera le
triage, les mauvais seront rejetés, et ce qui reste sera
rassemblé dans les granges éternelles. Il en est ainsi chez
nous, de même que dans d’autres assemblées. C’est
pourquoi il est de toute importance que nous soyons
irrépréhensibles dans nos actes, et que nous soyons trouvés
fidèles, lors de l’avènement de Jésus-Christ ou quand il nous
appellera, lavés et purifiés par son sang. Beaucoup de
personnes croient être sauvées parce qu’elles font partie soit
de l’Assemblée évangélique des frères, soit d’une autre
communauté. Cette étiquette leur suffit. Mais si elles ne sont
pas délivrées de cette fausse sécurité et si elles ne
parviennent pas à la nouvelle naissance, elles se verront
rejetées comme de mauvais poissons.
Seule une connaissance plus approfondie de la rédemption
qui est en Christ nous fait progresser dans la foi, et il faut
que nous ressentions ce même besoin pour nos auditeurs.
Cette connaissance nous procure un repos toujours plus
profond ; et nous sommes purifiés des œuvres mortes, de
notre propre volonté et de nos propres œuvres. Nous
voulons atteindre ce but en organisant des réunions, des
conférences et des cours bibliques. Aucun de nos
évangélistes n’a fait des études, ce sont des hommes du
peuple. Beaucoup de prédicateurs ont été formés et
nommés par les hommes, mais combien il est préférable
qu’ils le soient par Dieu lui-même. Les apôtres ont été
cherchés et appelés par le Seigneur ; il ne les a pas trouvés
dans les universités. Il a choisi, non des professeurs, mais
des gens du peuple, des pêcheurs et des péagers, de ceux
qui étaient méprisés des pharisiens et des scribes. Ensuite il
a appelé Paul, qui était un homme instruit. Le Seigneur
cherche des hommes pour lesquels il représente ensuite
l’unique bien. Il les a trouvés près des filets de pêcheurs,
l’un sur un arbre, d’autres près des charrues ; ensuite il les a
enseignés et les a rendus aptes à le servir. C’est ainsi que les
choses se passent encore aujourd’hui.
Toujours à nouveau, je rends grâces à Dieu pour les frères
qui annoncent l’Évangile d’une façon aussi simple et selon
les Écritures, car nous n’avons pas à user d’artifices pour
annoncer la Parole de Dieu, il ne nous est pas permis de la
fausser. Combien il est vrai qu’il a plu à Dieu, de sauver les
hommes du péché par la « folie » de la prédication, de
sauver ceux qui croient. C’est pour ce motif que je voudrais
encourager chacun à persévérer dans l’annonce de l’Évangile
en toute simplicité enfantine, sans artifice, et à amener ainsi
tout raisonnement captif à l’obéissance de Christ. La
récompense sera accordée à chacun selon son œuvre :
« Qu’ils sont beaux sur les montagnes, les pieds de celui qui
apporte de bonnes nouvelles, qui publie la paix ! »
Dans les temps de la fin la charité du plus grand nombre se
refroidira. Dans le monde, qui n’a qu’une charité simulée,
elle ne saurait se refroidir. Cela ne peut se produire que chez
les personnes ayant réalisé la nouvelle naissance et dans le
cœur desquelles cette charité a été répandue. Comme il est
de toute importance de ne pas rechercher les faveurs du
monde, les faveurs des grands de ce monde, mais de
compter uniquement sur l’œuvre de Christ et sur ses
mérites ! Combien rapidement l’homme retourne sous le
joug de la loi, dans les œuvres, voulant ainsi tout mériter par
son savoir-faire et ses propres œuvres ! Alors le déclin est
rapide. Mais nous sommes responsables les uns des autres.
L’apôtre Pierre se réjouissait de pouvoir rester encore dans
l’assemblée, cherchant à éveiller la saine intelligence des
frères afin qu’ils se souviennent de ses exhortations après
son départ. En ce temps-là, il n’existait que l’Ancien
Testament, et c’est pour cette raison qu’il cherchait à éveiller
leur intelligence. Ceci doit être fait ; c’est pour ce motif que
nous organisons des conférences et des séries
d’évangélisation. Bien des frères oublieraient les vérités
premières du salut et seraient bientôt dans la mort s’ils ne
prenaient pas toujours part à ces rencontres. Le monde dit :
« Ils y courent toujours ! » Oui, il y a lieu de courir si l’on
veut faire comprendre que l’on cherche une autre patrie. On
pourrait estimer qu’un frère âgé, ayant beaucoup travaillé et
voyagé pour annoncer l’Évangile, peut se permettre de rester
chez lui et se reposer ; mais celui qui court se repose, et
celui qui possède cette vie intérieure ne peut agir autrement.
La chose n’est pas semblable chez tous, mais l’essentiel
c’est que les signes de la vie et de la nature divines se
manifestent. L’un regardera peut-être les gens de façon plus
aimable que l’autre, et pourtant les mêmes intentions sont
chez les deux ! Une chose est certaine : un membre sert
l’autre avec les dons qu’il a reçus ; c’est là qu’il y a la joie de
vivre. De nombreux frères et sœurs de nationalité allemande
viennent aux conférences de Steffisbourg et de Zurich, ne
craignant ni la distance, ni les frais en ces temps de
difficultés d’après guerre. Ils ont ainsi leur part de
bénédictions. Par la grâce de Dieu, le nombre d’assistants
aux conférences devient toujours plus grand, et beaucoup
d’entre eux sont encouragés à nouveau pour servir Dieu
avec joie. Ceci est dû à la grâce, et seulement à la grâce ;
c’est l’œuvre de Dieu !
L’école de la libéralité

Tel, qui donne libéralement, devient plus riche ; et

tel, qui épargne à l’excès, ne fait que s’appauvrir.

Proverbes 11.24

Dès ma conversion, j’ai pu expérimenter abondamment la


fidélité de mon Père céleste, et ceci a été la base du
développement de toute ma vie ultérieure. C’est dans une
pauvreté extrême que j’ai commencé à me confier en Dieu.
Un jour, au début du printemps, et après avoir planté des
pommes de terre, il ne nous restait environ que le contenu
d’un « corbillon ». Alors un homme vint chez nous pour me
demander des pommes de terre. Je me dis qu’il devrait au
moins s’adresser à un paysan. Je n’exprimai pas cette
pensée en paroles, mais j’eus tout de même l’intention de le
renvoyer à vide. Alors l’Esprit de Dieu m’exhorta : « Partage
ton pain avec celui qui a faim ! Donne à celui qui demande,
et ne te détourne pas de celui qui veut emprunter de toi ! »
J’obéis en donnant environ la moitié de ma petite provision.
À ce moment-là, les pommes de terre constituaient notre
nourriture principale et je savais que l’argent me faisait
défaut pour en acheter ! Le diable m’avait déjà suggéré des
doutes sur la possibilité de nous en passer jusqu’à
l’automne suivant. Le lendemain, une autre personne se
présenta, et ma femme lui remit encore la moitié de ce qui
restait ; et nous pensâmes : « Maintenant, il nous reste juste
de quoi faire deux repas ! » Mais il nous arriva la même
chose qu’à la veuve de Sarepta : nous pûmes toujours
prendre de nos pommes de terre jusqu’à la nouvelle récolte
et à ce moment-là nous eûmes encore une bénédiction toute
particulière. Ma femme et mon apprenti étaient dans
l’étonnement à la vue de la quantité de pommes de terre qui
apparaissait ; ma femme n’arrivait pas à suivre avec le
ramassage, et l’apprenti dut lui aider pour le remplissage
des sacs.
Cet apprenti me demanda ensuite congé. « Que veux-tu
faire ? lui demandai-je. - J’ai encore de l’argent en banque et
je veux le donner dit-il ! - Pourquoi ? - Au printemps, j’ai vu
qu’en donnant des pommes de terre, tu avais été béni ! » Je
le mis en garde, lui disant de faire attention à ses actes,
ajoutant encore que la question de vouloir simplement
« imiter » comportait des risques ! Ce n’est qu’au bout de
deux jours qu’il revint, me racontant que son père, avare, lui
avait adressé des reproches, cherchant à le dissuader de
commettre pareille folie. Il agit tout de même, car il avait
reçu un ordre clair à ce sujet de l’Esprit de Dieu. Peu de
temps après, la grande provision de céréales de son père fut
remplie de vers ; ce dernier comprit le langage de Dieu et
s’humilia et se convertit de tout son cœur à Dieu. Il confessa
ses péchés et, quoiqu’il eût beaucoup de choses à mettre en
ordre, il ne se découragea pas, mais il alla jusqu’au bout et
resta un joyeux chrétien jusqu’à la fin de ses jours. Plus tard
l’apprenti devint notre caissier. Il remplit cette fonction avec
une grande fidélité jusqu’à son départ pour la félicité
éternelle.
Un jour, je reçus la visite d’un homme très pauvre, qui me
raconta qu’à la maison il ne leur était plus possible de cuire
les repas, le bois faisant défaut ; il avait pensé qu’il
obtiendrait certainement quelque chose chez les
« mômiers », mais personne ne lui en avait donné. Je
pensai : « Je possède du bois et je pourrais lui en donner,
mais que penseront les gens, je dois l’acheter et je suis
pauvre ! » Ensuite arriva un homme qui mit son cheval dans
mon écurie et me demanda s’il lui était permis de le laisser
là jusqu’au soir. Je me renseignai pour savoir si je pourrais
l’utiliser et il répondit affirmativement. Je pris un char sur
lequel je chargeai du bois et le conduisis à cette famille ; je
vois encore les larmes de joie qui coulèrent à cette
occasion ! Le fait s’ébruita et un homme m’apporta le bois
qu’il avait refusé de donner à ce pauvre ; j’en reçus
également d’un autre endroit un traîneau plein ; ainsi, le
bûcher fut de nouveau rempli. En plus de cela, il se produisit
encore un autre miracle : nous pouvions toujours prendre
du bois et le bûcher ne désemplissait pas. Nous partîmes de
là et, durant sept années, nous habitâmes ailleurs ; puis
nous déménageâmes à Kalchofen et là, nous avions encore
de ce bois. Il ne s’agissait pas de bûches, mais de faisceaux
de branchages que nous n’utilisions que pour le chauffage.
Ce bon Père fait des miracles ! Beaucoup de gens aimeraient
en voir, mais ils ne « veulent pas donner leur bois », si l’on
peut dire ainsi ! Il est écrit : « Donnez, et il vous sera
donné ! » Combien j’ai réalisé cette promesse ! Dieu est un
Dieu fidèle ; il tient parole.
Bien des personnes veulent faire preuve d’une grande
dévotion ! Appelé à présider une série de réunions à U.,
nous eûmes des assemblées pendant toute une semaine,
mais personne ne se convertit. La semaine suivante, je
décidai de continuer et commençai à parler de mes
expériences, de la bonté de Dieu à mon égard. C’est alors
que les gens se rendirent compte de leur avarice et que
quelques-uns se convertirent. Je n’aime pas raconter de
telles expériences, mais je le fais parfois pour encourager,
pour aider quelqu’un.
Beaucoup attendent l’occasion de faire le bien, mais il est
important que nous agissions lorsque Dieu nous en donne
l’ordre, et que nous n’attendions pas en remettant l’action à
plus tard ; Dieu nous enseigne à agir. Une fois, il me donna
l’ordre de remettre septante centimes à un homme ; c’était
là tout mon avoir en argent et je pensai : « Je ne puis donner
uniquement cette petite somme, il faudrait au moins cinq
francs ! Je lui donnerai quelque chose lorsque j’aurai plus
d’argent ! » Je le rencontrai quinze jours après ; à ce
moment-là, je possédais environ cinq francs. Nous
revenions de la réunion et il faisait déjà sombre. Je lui
demandai de tendre la main et j’y vidai mon porte-monnaie.
Il eut une grande joie et raconta que depuis quinze jours, lui
et sa famille avaient dû manger des mets sans sel, faute
d’argent pour en acheter. C’est alors que je vis mon
inconséquence de ne pas avoir obéi tout de suite.
À une autre occasion, je ne donnai pas au moment où
j’aurais dû le faire. Je devais tenir une réunion et j’étais sur le
point de partir à la gare lorsqu’un homme arriva, mendiant
des chaussures, mais je n’étais pas disposé à lui en donner.
J’en avais deux paires et j’avais surnommé l’une d’elles « les
souliers du désert », parce qu’ils ne s’usaient pas quoique
souvent portés, comme les souliers du peuple d’Israël dans
le désert. À ce moment-là, j’étais précisément chaussé de
l’autre paire et le temps me faisait défaut pour les changer,
et je ne voulais pas me défaire de mes « souliers du
désert ! » Je remis alors quatre francs à cet homme, puis je
me rendis à la gare ; mais en chemin j’eus des remords
quant à mon agissement. Combien alors j’aurais souhaité
connaître cet homme ! Le jour suivant, lorsque je voulus
mettre les « souliers du désert », je constatai que le cuir de
la partie supérieure était complètement déchiré ; je ne
pouvais plus en faire usage. Dieu m’avait puni parce que je
n’avais pas voulu donner les bons souliers ; c’était de
l’avarice.
Il n’est pas nécessaire d’avoir beaucoup d’argent pour aider ;
nous pouvons prendre exemple sur la pite de la veuve. Les
apôtres choisissaient des hommes remplis du Saint-Esprit
comme diacres ; ils ne donnaient pas à n’importe qui ; c’est
l’Esprit de Dieu qui nous aide à discerner. Souvent, j’étais
dans l’embarras. Il y avait un homme qui venait souvent
chez moi ou chez un frère pour mendier le montant de son
loyer. Une fois, il déclara : « Je dois être en possession de cet
argent à la fin du mois ! » Nous répondîmes qu’il nous
semblait qu’il prenait la chose bien à la légère ; nous nous
sommes alors concertés et nous avons décidé de ne rien
donner. Néanmoins nous avons tout de même prié pour
connaître la volonté de Dieu en cette affaire. Trois mois
s’écoulèrent. Un certain matin à dix heures, Dieu me dit que
nous devions donner cette somme à cet homme. Le frère en
question revint de son travail le soir et je lui demandai :
« Où en es-tu avec ce frère ? » Et il me répondit :
« Ce matin à dix heures, j’ai eu l’impression que nous
devions lui remettre cet argent ! » ce que nous fîmes avec
joie.
Une autre fois, je reçus une lettre au moment où je partais
pour Winterthour ; un frère me demandait cent trente francs
pour payer son loyer, ajoutant que la somme de cent dix
francs suffirait aussi. Je réfléchis tout en marchant, songeant
que nous arriverions à réunir cette somme en additionnant
tout ce que nous possédions à la maison, mais je ne pouvais
m’en retourner car je devais prendre le train. Je montrai la
dite lettre à mon Père céleste. À Herzogenbuchsee, je rendis
visite à un malade et comme je le quittais, un homme qui
travaillait dans les environs m’accompagna sur un certain
parcours et me remit cent francs ; moi-même je possédais
dix francs. À Winterthour, je mis le tout à la poste et il me fut
ainsi permis de secourir ce frère.
Un autre frère apprit cela et lorsque je me rendis dans cette
contrée, il vint me trouver, déclarant qu’il devait retirer une
traite de trois à quatre cents francs, mais qu’il n’avait pas de
quoi la payer, ajoutant encore : « Dieu aide les autres gens,
mais il n’agit pas de même à mon égard ! » Il était
courroucé. La nuit suivante, je ne dormis guère ; je
possédais cet argent, mais je me demandais, vu l’attitude
obstinée et rebelle de cet homme, si c’était bien la volonté
de Dieu de le lui donner. Vers le matin, Dieu me tranquillisa
en me suggérant que ce frère devait demander la
prolongation de sa traite. Je procédai de cette façon et
constatai que la chose avait été faite huit jours auparavant ;
ainsi le menteur était démasqué.
Il n’est pas bon de donner sans discernement. Les gens
doivent être éduqués. Et Dieu nous dirige si nous faisons
preuve de fidélité et si nous marchons dans sa crainte et
sous sa discipline. J’avais un jour fait un don à un homme
en le pressant d’assister à nos réunions, sinon il ne recevrait
plus rien. Il n’obéit pas et mendia de nouveau, disant avec
larmes qu’il ne lui était pas possible d’acheter du lait pour
ses enfants. Je lui aurais très volontiers donné quelque
chose. Cependant, je lui avais dit qu’il ne recevrait plus rien
s’il n’acceptait pas la chose la plus excellente : le salut en
Christ. Peu après, un gendarme se présenta, s’informant si
cet homme avait également reçu de l’argent de ma part ; je
lui dis ce qui s’était passé. Alors il me raconta que cet
individu avait acheté un manteau et des chaussures sans les
payer, qu’il les avait revendus et qu’il s’était ensuite rendu à
l’auberge, avec une bourse bien garnie, jouant au grand
seigneur.
Dieu est fidèle ; si nous sommes attentifs à ses directives,
nous saurons discerner le chemin que nous devons choisir.
Il y a plus de joie à donner qu’à recevoir. « Donnez, et il vous
sera donné, on versera dans votre sein une bonne mesure,
serrée, secouée et qui déborde ! » Si nous semons, nous
moissonnerons aussi ; aucun cultivateur ne moissonne dans
la proportion de celui qui agit selon les Écritures ; je l’ai
expérimenté et j’ai vu des miracles. Il est écrit : « N’oubliez
pas la bienfaisance et la libéralité, car c’est à de tels
sacrifices que Dieu prend plaisir ». Ceux qui se confient en
Dieu se réjouissent de pouvoir agir selon sa Parole, même si
souvent ils doivent passer par des tribulations et des
épreuves. Celui qui ne connaît pas les épreuves ne fait pas
beaucoup d’utiles expériences.
La façon dont on administre son argent n’est également pas
sans importance. Une fois, je dis à Dieu : « J’ai l’intention de
donner la dîme, mais je ne le promets pas ! » Au début, je la
remis régulièrement, en une seule fois, mais par la suite, je
vis qu’il était bon de modifier cette méthode. Oui, il est
important de donner avec discernement. Je suis plutôt un
homme curieux ; il m’est difficile de soutenir des œuvres
missionnaires qui ont beaucoup de dettes et je donne à
celles qui n’en font pas. Le but n’est pas atteint en semant
l’argent à pleines mains, croyant ainsi faire le bien ; il faut
agir selon les indications de Dieu. Souvent, il faut savoir
attendre quelque peu ; certaines personnes s’empressent de
se défaire de leur fortune, mais ce n’est pas agir selon la
volonté de Dieu. On donne où les secours sont nécessaires ;
on aide les Missions qui se confient en Dieu et qui
n’agissent pas selon la sagesse humaine ; l’argent est ainsi
bien placé, et Dieu se manifeste. Le premier devoir des
enfants qui ont des parents dans le besoin est de prendre
soin d’eux, et non de la mission. Selon la Parole de Dieu, la
bénédiction sera dispensée là où on honore les parents, et la
malédiction sera la part de ceux qui les méprisent (Marc 7 :
11-15). La Parole dit : « Honore ton père et ta mère, afin que
tes jours se prolongent dans le pays que l’Éternel, ton Dieu,
te donne ! » C’est le premier commandement qui est suivi
d’une promesse. Cependant, cette promesse n’a de valeur
que pour la vie terrestre et ne représente pas le salut en
Christ ; c’est le salut qu’il faut posséder avant tout.
Il est important que nous nous fondions sur le salut qui est
en Christ et non sur nos œuvres, ou sur ce que nous avons
ou n’avons pas fait.
Nous n’hériterons pas le royaume des cieux par nos bonnes
œuvres, mais nous moissonnerons selon ce que nous
aurons semé. Un homme du monde pourrait accumuler des
œuvres charitables selon 1 Corinthiens 13, mais en regard de
l’éternité, cela ne lui servira de rien. Il fut un temps où je me
demandais souvent où pouvait bien se trouver la ligne de
démarcation qui sépare les bonnes œuvres reconnues par
Dieu de celles qu’il ne reconnaît pas. J’entendais parfois
déclarer à ce sujet : « … celles qui sont faites dans la foi ! »
Aujourd’hui, cette assurance est aussi la mienne : « Celles
qui sont faites dans la foi dès qu’on a réalisé la nouvelle
naissance ! » C’est alors que nos œuvres ont du prix devant
Dieu et que nous en serons récompensés ; mais il faut être
né de nouveau. Auparavant, on peut avoir recours à bien des
« manœuvres » - en donnant peut-être tout notre bien aux
pauvres - mais cela ne nous sera d’aucune utilité si l’amour
de Dieu n’est pas répandu dans nos cœurs par le Saint-
Esprit.
Notons encore que le verset suivant me concerne dès que je
suis né de nouveau : « Si je le fais de bon cœur, j’en aurai la
récompense ; mais si je le fais à regret, cette charge m’est
tout de même confiée! » Donc, la question de faire une
bonne œuvre de bon cœur a son importance. Autrefois,
j’avais le sentiment d’agir avec peu de joie et par,
contrainte ; parfois même avec regrets. Dois-je, pour agir,
attendre jusqu’au moment où je le ferai avec joie ? je
n’agirais jamais. Un jour, quelqu’un me demanda des
chaussures et je lui en donnai ; ensuite j’eus cette pensée :
« Tu les regrettes, donc tu es encore avare ! » Mais je la
repoussai lorsque je vis qu’une telle déduction vient de la
chair, car nous devons nous considérer comme morts aux
convoitises de la chair. La chair a des désirs contraires à
ceux de l’Esprit, et l’Esprit en a de contraires à ceux de la
chair.
J’ai donc agi selon la Parole de Dieu en donnant mes
souliers, faisant volontiers ce que Dieu m’ordonnait ; par
conséquent j’avais agi de bon cœur, selon les sentiments de
l’homme intérieur ; que la chair dise ce qu’elle veut !
Maintenant, je ne tiens plus aucun compte des désirs de la
chair ; dans tous les cas, je n’en ai nulle intention.
L’école de la charité

La charité est patiente, elle est pleine de bonté ; la

charité n’est point envieuse, la charité ne se vante

point, elle ne s’enfle point d’orgueil, elle ne fait rien

de malhonnête, elle ne cherche point son intérêt,

elle ne s’irrite point, elle ne soupçonne point le mal.

1 Corinthiens 13.4-5

Dieu a toujours eu des vues pleines de bonté à mon égard. Il


a placé des gens très intéressants à mes côtés. Entre autres,
un jour il m’envoya un apprenti que je fus obligé d’accepter ;
combien il fut excellent pour mon éducation ! Sa façon de se
présenter était sèche et ennuyeuse, il ne m’était nullement
sympathique. Il faisait des grimaces avec la bouche et il
excellait, pendant le travail, à se mettre sur la pointe des
pieds en se balançant de gauche à droite, ce qui m’agaçait.
Désirant tout de même l’aimer de tout mon cœur, je priai
Dieu : « Délivre-moi ! » songeant en même temps qu’un
sort terrible serait le mien si Dieu ne m’aimait pas plus que
j’aimais cet apprenti ! Je savais très bien que je ne devais pas
m’irriter. L’école était bonne ; sentant le poids de mon
incapacité, je voulais « fabriquer » la charité et la patience
nécessaires pour supporter mon apprenti. Mais cette
« fabrication » n’avait pas l’appréciation divine ; je ne savais
pas encore me revêtir de l’amour de Dieu.
Cependant, Jésus eut raison de moi et me plaça dans la
grâce. Mon attitude à l’égard d’autrui est importante, car si
je ne pardonne pas, Dieu ne me pardonnera pas non plus ;
ma piété peut être très grande, cela ne me sert de rien.
Lorsqu’on mettait un obstacle sur mon chemin, j’en étais
obsédé même pendant la nuit ; mais cela changea dès que je
connus l’amour de Dieu. Nous sommes transformés à
l’image de Christ, dans la mesure où nous le connaissons.
Nous ne pouvons nourrir du ressentiment à l’égard des
autres, car nous en subirions les conséquences. Dès que
nous nous apercevons que la chose a de l’emprise sur nous,
il y a lieu de se « réfugier dans l’amour de Christ ! » Satan
doit perdre toutes les batailles avec un enfant de Dieu ; le
Père céleste est spectateur de la lutte, regardant comment se
font les attaques du malin et de quelle façon les tentations
arrivent, et il regarde quel est le vainqueur du combat. La
victoire qui triomphe du monde, c’est notre foi.
Une servante sollicita un jour son entrée en service chez
nous ; elle me convenait, car elle était travailleuse, pleine de
zèle, et voyait elle-même la besogne à faire. Je pensais :
« Nous avons une bonne servante et ce sera une aide
excellente si nous l’emmenons dans notre maison de
vacances à La Punt ! » Après son entrée chez nous, nous
dûmes constater qu’elle était atteinte d’une maladie qui la
surprenait souvent, mais elle n’en avait rien dit. Son cas était
grave ; pendant ses crises, elle devenait bleue et se
débattait ; alors je pensai : « Je ne puis emmener une telle
personne à La Punt. Si seulement elle s’en allait ! » Je
pensais en outre qu’elle s’en irait peut-être d’elle-même si je
n’étais pas aimable avec elle, mais cette Parole me reprit :
« La charité est patiente et pleine de bonté ! » Je me rendis
compte alors que j’avais à choisir : soit aller en enfer ou agir
conformément à la Parole de Dieu. Dans de tels cas, les
choses ne se passent plus selon la chair ; combien j’en suis
heureux ! Le résultat fut plus grand que je ne l’avais espéré,
car cette servante fut guérie. Combien souvent, j’ai rendu
grâces au Père céleste d’avoir empêché son renvoi !
L’homme dont j’ai parlé précédemment et qui avait placé un
locataire plutôt désagréable dans la maison que j’habitais,
lui louant le terrain qui m’avait été remis à bail, me fit
beaucoup de mal, tout en me mettant ainsi à une école
salutaire. Je désirais aimer cet homme, mais je baissais la
tête lorsque je le rencontrais et j’étais humilié, car il me
considérait de haut et j’osais à peine lever les yeux sur lui.
Les Écritures me disaient que je devais aimer mon ennemi, -
en l’occurrence cet homme, - mais j’avais l’impression que
je n’agissais pas ainsi. Cherchant à avoir un amour
sentimental, je n’en trouvais pas trace et il m’était
impossible de le susciter. Je suppliai Dieu de me faire don de
la charité, mais ma prière était vaine et les choses en
restèrent là pendant une année puis, à une certaine
occasion, je lus ce verset : « N’aimons pas en paroles et
avec la langue, mais en actions et avec vérité. » (1 Jean 3 :
18). Je dus bien admettre que j’avais fait mon possible pour
être agréable à cet homme. Il sollicitait mon aide pour de
nombreux travaux, sans aucun droit et, parce qu’il m’était
hostile, je donnais toujours suite à ses demandes, laissant
mon propre travail en suspens. Ainsi je vis que je l’aimais en
actions, donc en vérité. Dès que je découvris la chose,
l’amour sentimental se fit sentir.
Un jour, je le rencontrai et je dus me faire violence pour ne
pas l’embrasser ; j’eus alors la liberté de le regarder en face ;
ce fut son tour de baisser la tête. N’est-ce pas une
expérience instruisante ? Il ignorait pourtant tout de mon
combat intérieur, mais j’étais libéré ! Beaucoup d’enfants de
Dieu sont abattus et se tourmentent parce qu’ils n’ont pas
une conception très exacte de la Parole de Dieu. Je
m’imaginais toujours que je devais ressentir en moi une
charité sentimentale ; mais la charité en actions est seule
valable devant Dieu et c’est la seule qu’il reconnaisse.
Il faut supporter les gens non convertis aussi bien que ceux
qui sont convertis et il faut user de patience avec eux. Le
Père céleste nous met en contact avec les gens qu’il juge
utiles pour nous. Il sait très bien ce qui est nécessaire à
notre éducation et sait de même ce qui nous est
indispensable. Souvent, il nous met en rapport avec des
gens qui nous sont hostiles, jusqu’à ce que nous
constations qu’ils ne nous font aucun tort, mais qu’ils nous
sont, au contraire, très utiles ! Beaucoup de personnes ne
perçoivent pas les dispensations de Dieu à leur égard ; et
elles sont dans les lamentations. Dieu cherche uniquement
à nous enlever nos idées déraisonnables. C’est pour cela que
l’on passe par le feu et par l’eau. Beaucoup de gens gardent
rancune aux personnes qui les ont diffamés, au lieu de se
réjouir. Même dans certaines familles, il arrive que les
membres ne se pardonnent pas réciproquement ! Si nous ne
pardonnons pas aux hommes leurs offenses, Dieu ne nous
pardonne pas non plus. Rien n’est pire que d’être
irréconciliable ; cela équivaut au meurtre !
Que faisons-nous lorsque nous sommes outragés à cause
du nom de Christ ? Est-ce que nous bénissons ou est-ce que
nous nous défendons ? Dieu m’a appris ceci : « Réjouissez-
vous lorsqu’on dira faussement de vous toute sorte de mal à
cause de moi ! » Cette parole m’a souvent remis d’aplomb.
On a fait courir des choses horribles à mon égard, et j’avais
souvent l’impression que je devais réagir, mais toujours je
fus retenu par la Parole de Dieu. Comme j’en rends grâces à
Dieu ! Si j’avais donné suite à ces impulsions, je ne pourrais
plus déclarer, avec une bonne conscience, que l’on doit
accepter la Parole de Dieu telle qu’elle est écrite ! Si je m’en
étais référé à la loi et si j’avais porté plainte en diffamation,
bien des personnes auraient eu de grandes difficultés ! Si
j’avais usé de représailles en intentant des poursuites
judiciaires, les personnes qui ont publié de grossiers
mensonges à mon égard, dans des articles et des livres,
auraient été dans l’obligation de racheter ces livres, car la
diffamation est condamnable. Mais le chemin de Dieu
consiste à bénir ceux qui nous calomnient et à intercéder
pour eux. C’est ainsi que Jésus a agi.
Quels mensonges n’a-t-on pas répandus sur mon compte à
K. ! Alors que je me trouvais à La Punt (Engadine) parut
cette nouvelle dans les journaux : A 0. un père a tué ses deux
fils, se suicidant ensuite. Lorsque j’appris cela dans
l’Engadine, je dis que certainement, j’allais encore être
accusé, bien que je ne connaissais nullement le père et les
deux fils en question. Effectivement, on fit courir le bruit que
la femme m’avait apporté tout l’argent qu’ils possédaient et
que le mari, outré, avait tué ses enfants, puis s’était suicidé ;
qu’ensuite on m’avait arrêté et mis en prison (Pourtant, on
doit être condamné préalablement en justice !) On ajoutait
même que j’avais voulu me tuer d’un coup de revolver, mais
que le coup n’avait pas bien porté et que j’avais été
transporté à l’hôpital de B. où j’étais décédé. On savait
encore que j’avais été enseveli à H.
Lorsque je revins de La Punt, je descendis du train à H. et je
constatai que certaines personnes pâlissaient et étaient
embarrassées en me voyant. Ignorant encore les nouvelles
qui avaient paru à mon sujet je me demandai ce qui se
passait. À la maison, je questionnai ma femme qui me, dit -
« C’est que tu es ressuscité d’entre les morts, car il y a
longtemps que tu as été enseveli … » et elle me raconta les
faits. Je lui répondis : « À présent, ils peuvent se rendre
compte une bonne fois de leur façon de mentir ! » Parfois, il
me semblait que notre comité devait intervenir et interpeller
ces gens, ou me congédier si tout cela était vrai ! Mais,
ensuite, je présidais de nouveau des assemblées et je voyais
l’exhortation de la Parole de Dieu : « Heureux serez-vous, et
soyez dans l’allégresse quand on dira faussement de vous
toute sorte de mal ! » Oh ! la chère Parole de Dieu !
Au début, je cherchais encore à me justifier, mais ensuite, je
ne le fis plus. Lorsque toutes sortes de bruits circulaient sur
mon compte, il m’arrivait de penser : « À présent, les gens
ne viendront plus à la réunion ; ils auront honte d’entendre
un individu tel que moi ! » Mais le nombre des assistants
allait toujours en augmentant et je me rendis enfin compte
que le règne de Dieu s’établit par les souffrances et c’est
pourquoi l’on se réjouit de souffrir avec Christ. L’apôtre Paul
dit qu’il portait en son corps ce qui manquait aux
souffrances de Christ ! Nous ne sommes qu’une fois dans ce
monde et nous avons tout motif de nous réjouir de souffrir !
On ne meurt qu’une seule fois : Il s’agit uniquement de placer
sa confiance en Dieu et de prendre ainsi la bonne attitude !

S’il y a des personnes qui s’érigent volontiers en seigneurs et


maîtres, Dieu sait parer à cela ; il en suscite d’autres ayant
aussi leur mot à dire, de sorte qu’on s’aperçoit tout à coup
que c’est Dieu qui dirige toutes choses et non les hommes !
Lorsque le roi David fuyait devant son fils Absalom, et que
Schimeï, le rencontrant, l’injuriait et lui lançait des mottes de
terre, un des hommes qui accompagnaient le roi lui dit :
« Laisse-moi, je te prie, aller lui couper la tête ! » Mais le roi
répondit : « Laisse-le, et qu’il maudisse, car l’Éternel le lui a
dit ! » (Il Sam. 16 : 5-14). David ne prenait pas seulement de
la main de Dieu ce qui vient d’en-haut, mais également ce
qui vient d’en-bas ou de côté, les pierres et les mottes de
terre.
Combien souvent ai-je été obligé d’imputer ! Certaines
personnes m’offensaient continuellement et je savais que je
n’étais pas en droit de leur imputer leurs offenses. Au début,
j’estimais qu’elles devaient s’humilier, mais ensuite je
constatai : « Dieu me met à l’épreuve pour voir si je ne
garde pas rancune et si je prends l’attitude biblique. Si je ne
pardonne pas, il ne me pardonnera pas non plus ! » Ainsi, la
question me concernait personnellement. Je ne voulais plus
y penser et cherchais à oublier ces offenses, mais même la
nuit j’étais tourmenté par elles ; me retournant dans mon lit,
j’essayais d’échapper aux insinuations du diable, mais il me
harcelait. Parfois, je croyais avoir la victoire, mais ensuite
tout était à recommencer ; je me disais : « C’est
inadmissible ! » Enfin je trouvai le chemin biblique en
pensant : « On vous mesurera avec la mesure dont vous
mesurez ». Dieu pense de moi exactement comme je pense
de cet homme. J’étais fixé et je savais que l’affaire prendrait
une mauvaise tournure pour moi car, si j’ai quelque chose
contre mon frère, Dieu aura aussi quelque chose contre moi.
Ainsi je commençai à prier pour celui qui m’offensait et je
pus oublier l’affaire. Plus tard, le chapitre 13 de 1 Corinthiens
m’aida encore davantage. À une certaine occasion, une sœur
appartenant à une autre communauté déclara devant moi :
« À présent, je sais de quelle manière on peut mettre en
pratique le chapitre 13 de 1 Corinthiens : il s’agit tout
simplement d’y substituer notre nom ! » C’est ce que je fis
de la façon suivante : « Berger est patient et plein de bonté,
Berger ne fait rien de malhonnête, il ne s’irrite pas, il
n’impute pas le mal, etc. ». Mais je constatais que Berger
n’était pas toujours ainsi, donc je n’étais pas aidé en
introduisant mon nom. Je voulais aussi porter des fruits
mais - heureusement - je n’en voyais point.
Un jour je lus : « Le fruit de l’Esprit c’est l’amour, la joie, la
paix, la patience, la bonté, la bénignité, la fidélité, la douceur,
la tempérance » (Gal. 5 : 22). Il n’est pas écrit que ce sont là
les fruits de « Berger », mais de « l’Esprit ! » Ce fut alors une
joie pour moi de savoir que l’Esprit de Dieu est répandu en
moi, et j’entrai dans le repos, l’amour est ainsi. Puis je lus
encore ceci : « Dieu est amour » donc, Dieu est comme il
est écrit dans 1 Corinthiens 13, et ceci encore : l’amour de
Dieu est répandu dans mon cœur. Dès lors je pouvais dire,
lorsque les tentations m’assaillaient : « L’amour est patient
et plein de bonté, etc. » c’est-à-dire l’amour qui est répandu
en moi. Voilà ce qui fut mon secours et celui de bien
d’autres personnes encore. Je tenais une série de réunions
d’évangélisation à Berne ; cinq minutes avant le
commencement de la réunion, ma femme arriva ; elle
m’apportait une lettre volumineuse d’un frère avec qui j’étais
très intimement lié et me raconta en même temps ce que ce
frère écrivait à mon sujet. J’en fus bouleversé et pensai : « Je
ne retournerai pas de sitôt chez lui ! » L’heure du culte était
arrivée et je lus 1 Corinthiens 13. - Je tiens beaucoup d’études
bibliques pour moi-même, car je ressens le grand besoin de
m’exhorter ! - Le culte terminé, je baisai ma Bible : j’étais
guéri et il en était de même pour ma femme, car, avant la
réunion, nous étions oppressés tous les deux par cette lettre.
Ce n’est que quinze jours plus tard que je pris
personnellement connaissance de son contenu ; il ne restait
plus la moindre trace d’amertume en moi. Lorsqu’on
n’impute plus, c’est de la félicité. Notre Sauveur, qui s’est
donné lui-même en rançon pour nous, habite en nous,
produisant le vouloir et l’exécution selon son bon plaisir. Il
accomplit l’œuvre commencée, exécutant en nous la justice
telle que l’exige la loi (Romains 8 : 4). Que nous reste-t-il
encore à faire ? Je ne vois qu’une chose, celle de me réjouir
au sujet de ce qu’il a accompli pour moi et de ce qu’il opère
en moi. Nous, qui croyons, nous entrons ainsi dans le repos.
C’est tout autre chose que de partir en campagne avec le
mot d’ordre : « Maintenant il faut se tenir sur ses gardes ! »
Lorsque j’étais enfant, je devais passer près d’une ferme où
était un chien méchant ; du moins il était très agressif à mon
égard. Pour marcher sans bruit, je quittais la route, mais ce
chien me suivait et j’avais très peur de lui quoique mon père
m’eût dit de ne rien craindre. Il arrivait que mon père
m’accompagnait et je me gardais de quitter le chemin, je
cherchais même à faire du bruit en donnant des coups de
pied aux cailloux, pensant : « Si seulement le chien venait ;
mon père est là ! » Ce dernier lui aurait certainement fait
voir qui est le plus fort, mais l’animal ne venait pas ! Il en est
ainsi dans le domaine spirituel : Nous sommes bientôt à
terre si nous avons peur du péché, mais il est de toute
évidence que le « chien » ne viendra pas, si nous savons que
le Père céleste est avec nous ! Il s’agit ici d’une attitude à
prendre pendant toute notre vie. Dieu se révèle à celui qui lui
demande d’être éclairé.
Progresser dans la foi consiste à se reposer toujours plus
complètement sur Dieu et son œuvre. C’est ainsi que je
reçus la « clé » de ce mystère au moyen du chapitre 13 de 1
Corinthiens, et par cette parole : « Car on vous mesurera
avec la mesure dont vous vous serez servis », apprenant en
même temps à ne pas garder rancune, mais à pardonner
comme Christ a pardonné. Dès ce moment-là et lorsque
l’amertume voulait m’envahir, par la grâce de Dieu cette
conviction profonde m’est restée : « Cela ne t’est pas
permis, sinon tu iras à la perdition ! » Toute notre vie est
réglée par Dieu; il veut nous transformer à son image afin
qu’il puisse habiter en nous, désirant nous avoir
complètement à son service : corps, âme et esprit.
Les siens forment son temple et dans ce temple, ne doit

absolument rien se trouver qui le déshonore.


L’école de l’humilité

Dieu résiste aux orgueilleux, mais il fait grâce aux

humbles.

1 Pierre 5.5

L’Évangile délivre de toute perversité. Je ne savais pas que


j’étais un homme fier et orgueilleux ; pauvre comme je
l’étais, je croyais n’avoir aucun motif de l’être. Mais j’en fus
convaincu par la suite. Environ une année avant ma
conversion, j’avais planté des pommes de terre en utilisant
beaucoup d’engrais, mais en automne la récolte fut bien
maigre, des nids de fourmis jaunes se trouvaient presque
sous chaque plant. Après ma conversion, j’obtins une belle
récolte, bien que j’en eusse planté une plus petite quantité ;
nous en avions même à revendre ; auparavant nous devions
toujours en acheter et nous avions à peine l’argent
nécessaire pour les payer. « Tout dépend de la bénédiction de
Dieu ! »

Ayant déménagé dans un autre endroit, nous plantâmes des


haricots dans notre nouveau jardin, mais le fumier
nécessaire nous faisait défaut et nous n’avions à notre
disposition que de l’eau de fosse très délayée. Le
propriétaire se moqua de nous, mais nos haricots furent
superbes, tandis que les siens étaient bien misérables.
L’année suivante, il se servit de notre « eau », mais notre
récolte fut de nouveau plus belle que la sienne. Puis vint la
troisième année, qui fut la plus bénie. Les pousses de nos
plants de haricots ne montèrent même pas le long des
perches et la récolte fut des plus maigres. J’avais ajouté
quelque chose à la plantation : un peu d’orgueil. Je
m’imaginais que ma piété m’avait valu les belles récoltes
faites auparavant ! Dieu nous voit ! Si nous nous attribuons
la gloire et si nous cherchons à nous élever, il sait
parfaitement nous abaisser. Il ne se préoccupe guère de nos
cris, mais il dira : « Berger, tais-toi ! Tout se terminera
bien ! » Dieu ne cède sa gloire à personne, ni même à Berger
et ses haricots !
Le Père céleste sait parfaitement comment nous administrer
une « cure » s’il doit nous guérir de la propre justice !
Lorsque j’étais encore charron, j’eus une fois la visite d’un
paysan incrédule qui me parla de toute espèce de sujets.
L’invitant à entrer dans la chambre, je pris la Bible et lui dis :
« Il est préférable que nous lisions la Bible au lieu de
discuter des choses de ce monde ! » Il me cria dans l’oreille :
« Que Dieu nous préserve de la propre justice ! » Je lui
demandai alors : « Dis-le moi, suis-je dans une propre
justice ? » Il se borna à crier encore une fois à mon oreille
« Que Dieu nous préserve de la propre justice ! » À
nouveau, je lui posai ma question et pour la troisième fois il
me cria la même chose, puis il s’en alla en courant. Me
mettant à genoux dans la chambre, je priai : « Père céleste,
si je suis imbu de propre justice, montre-le moi ! » Alors
mes yeux s’ouvrirent dans une certaine mesure et je vis que
mes pensées étaient semblables à la prière du pharisien :
« Je te rends grâces, ô Dieu, de ce que je ne dois plus boire,
jouer aux cartes, jouer aux boules et fumer comme les autres
qui y sont asservis ! » Je n’ai pas dit cela textuellement, mais
le sens est identique ; j’étais démasqué !
Autrefois j’étais d’avis que les « mômiers » étaient des
personnes remplies de propre justice ; lorsque je me
convertis, je pensai que c’était le cas pour les autres gens.
Par la grâce de Dieu, le temps vint où je vis que c’était moi
qui étais imbu de propre justice ! Pour être sauvés, il faut
que cette conviction se fasse une fois en nous ; il faut que
nous reconnaissions qu’aux yeux de Dieu, notre justice est
semblable à un vêtement souillé. Après cette expérience je
n’eus plus le même langage !
Quelquefois, nous n’avions pas de pain et l’argent nous
manquait pour en acheter. Pour le « goûter », ma femme
préparait alors des pommes de terre rôties, mais nous les
faisions vite disparaître dans le tiroir de la table s’il survenait
des visites, car nous ne voulions pas que quelqu’un constate
que le pain manquait. Là aussi le Dieu d’amour dut
« m’opérer ». Je pensai à la famine qui pourrait survenir, et
je compris que nous ne devions plus retirer de la table les
pommes de terre quand il arrivait quelqu’un. Dès lors nous
eûmes toujours du pain.
Dieu a eu fort à faire pour me guérir de mon orgueil ! Un
soir, un homme vint me voir ; j’espérais qu’il s’en irait
bientôt, mais il n’en fut pas ainsi. Nous nous mîmes à table
pour souper, mais il resta. Neuf heures sonnèrent, puis dix,
puis onze heures ! Il n’avait toujours nulle intention de faire
ses adieux ! Je devais faire une drôle de tête ! Nous habitions
une vilaine masure ; les chambres étaient noires de suie,
mais nous avions un lit propre dans l’une d’elles,
néanmoins je n’osais proposer à ce monsieur de monter à
l’étage si peu accueillant. Ailleurs, nous n’avions pas la
moindre place ! Enfin nous lui offrîmes ce lit, nous excusant
en même temps de la pauvreté du gîte. Cette nuit-là, je ne
dormis guère et je craignis que notre hôte ne se levât fort
mécontent le lendemain. Il ne s’éveilla qu’à dix heures du
matin et descendit radieux. Alors je fus obligé de me dire :
« Que tu es sot ! » Dieu ne saurait exiger de nous ce que
nous ne pouvons donner, il demande seulement ce que
nous avons ; heureusement, j’ignorais alors complètement
qu’il aurait fallu un service de toilette à disposition. Notre
toilette nous la faisions à la fontaine, avec un seul linge ;
notre hôte en fit de même. Si j’avais eu connaissance de ce
que je sais maintenant, ma gêne n’aurait été que plus
intense ; mais là, je vis clairement que mes pensées étaient
de l’orgueil !
Dans mes lettres, je faisais beaucoup de fautes
d’orthographe et je ne manquais pas d’ajouter : « Excusez-
moi pour les fautes ! » Un frère me réprimanda à ce sujet,
me disant que c’était de la fierté et de l’orgueil, et que je
devais rendre grâces à Dieu de pouvoir écrire ainsi. Cela me
fut salutaire et je fus guéri; il aurait peut-être pu me consoler
en me disant que mes lettres étaient parfaitement lisibles,
mais il n’en fit rien. C’est ainsi qu’on voudrait se faire valoir
et s’élever, mais notre Dieu d’amour nous émonde, coupant
chaque branche inutile, jusqu’à ce que nous soyons
descendus de nos hauteurs !
Je fis une fois plusieurs visites dans l’Oberland bernois et je
déclinai toute invitation à dîner, car, si le temps me le
permettait, j’avais décidé de prendre quelque nourriture
chez une veuve habitant près de la gare. Avec un visage
rayonnant et sans s’excuser de n’avoir plus rien à m’offrir,
cette veuve me servit une tasse d’eau et une petite tranche
de pain. Jamais je n’aurais osé priver cette femme de son
pain mais je savais qu’il me serait possible de lui faire
parvenir ensuite quelque chose. Quant à moi, je n’aurais
rien offert dans un cas semblable ! En admirant cette
grandeur d’âme, comme j’ai eu honte de moi-même ! Alors,
je pus me rendre compte de ma situation : J’aurais désiré
offrir quelque repas lorsque des gens riches me rendaient
visite, mais je pensais que je devrais être à même de donner
au moins du beurre et du fromage. Or, nous n’en
possédions pas toujours et c’est le motif pour lequel je ne
donnais rien. Par contre, j’offrais avec joie du pain et du café
aux gens de conditions modestes.
Combien Dieu m’a délivré de toutes ces choses
secondaires ! C’est si simple de vivre pour notre cher
Sauveur ! Que d’expériences personnelles et bénies fait-on à
son service ! J’ai pensé souvent que s’il m’était possible de
céder à d’autres le bonheur qui remplit mon cœur, pour une
minute seulement, tous se convertiraient immédiatement.
L’école de la confiance en
Dieu

Dans les biens temporels

Déchargez-vous sur lui de tous vos soucis, car lui-

même prend soin de vous.

1 Pierre 5.7

Qu’il est beau le sort réservé à celui qui se confie en Dieu et


comme il est permis de l’éprouver, lui, notre Père ! Combien
de personnes agiraient d’une autre façon, si elles songeaient
à ceci : « Nous n’avons rien apporté dans le monde et il est
évident que nous n’en pouvons rien emporter ! »
Aujourd’hui, certaines communautés mendient, gémissent
et se plaignent, au lieu de se confier en ce Dieu vivant ! Il
m’a montré qu’il pourvoyait à mes besoins ! Au début, je
disais ma détresse aux frères et sœurs qui en faisaient part à
d’autres personnes et je recevais quelque chose. Mais un
jour j’eus honte de ce procédé et je pris la résolution de ne
plus communiquer mes peines aux autres. Néanmoins en
certaines occasions, je compromis quand même ma
situation. Je me posai alors la question suivante : « Dieu me
donnera-t-il également si aucune personne n’a connaissance
de mes besoins ? » Et Dieu répondit mieux encore lorsque je
pus me taire ! Dès lors je sais que c’est Dieu qui a aidé, et
non les hommes. J’expérimentai même que Dieu peut
secourir directement ; il peut aussi se servir des corbeaux !
Quelques années après ma conversion, je tombai malade ;
j’avais trop travaillé ! Le matin, je me levais à cinq heures ;
bien souvent, les gens étaient encore couchés quand je me
présentais chez eux pour le travail. Je restais à la tâche toute
la journée, prenant rapidement quelque nourriture à midi ;
ma journée se terminait bien tard. Je devais tenir des
réunions tous les jours, excepté le samedi. Il n’était pas
question de la journée de huit heures ! Je soupais avec les
employeurs, mais, parfois, j’étais obligé de partir
précipitamment, sans manger, pour tenir ma réunion. Après
la réunion, on prenait du café ou du thé et, souvent, nous
causions ensemble plus longtemps qu’il n’eût fallu ! Ainsi,
j’arrivais chez moi à minuit ou plus tard encore. Je menai ce
train de vie pendant six ans environ. Un certain matin,
m’efforçant de me rendre au travail, je m’affaissai auprès de
mon banc de menuisier.
Durant un an environ, ma faiblesse m’empêcha de travailler
normalement. Mon gain était très réduit. Néanmoins, je
présidais encore des réunions. Je ne les interrompis que
pendant un mois. Mon état ne fit qu’empirer ; je me disais
souvent, en rentrant chez moi : « Un pas de plus, et tu seras
à terre ! » Lorsqu’il y avait de la neige, je cherchais un tronc
d’arbre pour m’asseoir et, si j’y parvenais, je constatais qu’il
était couvert de neige. En arrivant à la maison, je cherchais à
atteindre la serrure sans succès, puis je tombais ! Arrivé à
cette extrémité, le diable vint me dire : « Tu dois travailler
dur et, à présent, te voilà malade et sans gain. Les autres
évangélistes reçoivent un salaire et ne sont pas astreints à
un tel travail. Ils ne tiennent que trois réunions
hebdomadaires, tandis que tu dois en présider six, sans
rétribution. Tu es surmené ! » Voilà ce que le diable me
soufflait à l’oreille et je répétais cela pendant des journées
entières. C’est ainsi que je fus à son école et que j’y appris
des « psaumes » de ce genre. J’étais loin de ressembler à
David qui rétorquait, lorsque le diable lui disait qu’il avait
tout lieu de se plaindre : « Je bénirai l’Éternel en tout temps,
sa louange sera toujours dans ma bouche ! (Psaume 34).
David ordonnait à sa bouche de louer : « Mon âme, bénis
l’Éternel ! que tout ce qui est en moi bénisse son saint nom !
Mon âme, bénis l’Éternel et n’oublie aucun de ses
bienfaits ! » Ma situation empirait.
Dans les réunions je ne me plaignais pas, mais je glorifiais
Jésus et c’est ce qui me soutenait un peu. Je fus ainsi à
l’école du diable durant trois trimestres, m’imaginant être
dans le droit chemin. Je ne fis aucune dette pendant tout ce
temps d’épreuves ; nous avions des chèvres, des pommes
de terre et des légumes. Enfin, je constatai que je n’étais pas
dans la bonne voie et je me dis : « Autrefois, tu étais
l’homme le plus heureux de la terre et à présent il n’en est
plus ainsi ! » Je m’humiliai devant Dieu et me repentis.
Subitement, je me sentis mieux ; j’étais de nouveau le plus
heureux des hommes ; je n’avais plus de disette et
j’éprouvais la présence de Dieu dans les réunions. J’étais
dans une grande félicité, même sans argent et sans travail,
et ne songeais plus à me plaindre ; je ne manquais de rien.
La bénédiction de Dieu reposait sur notre maison et sur tout
ce que nous possédions ; c’est ainsi que durant cette année-
là, je reçus l’unique somme de dix francs, mais Dieu pourvut
à tout et me tira de la misère. Je fus nommé agent de la
Croix-Bleue et repris peu à peu des forces. En réfléchissant à
mes expériences passées, je vois que c’est aussi un don de
Dieu de ne pas se mettre en souci ! Comme c’est différent
de vivre ainsi pour Dieu, au lieu d’afficher une piété
purement extérieure et se laisser influencer par le malin. Je
me rendis compte que j’avais été longtemps à l’école de
Satan, qui nous répète les mêmes choses sans se lasser. Il
est important de prendre toutes choses de la main de Dieu !
Au cours d’une réunion, je posai la question suivante :
« Qui, parmi vous, a déjà été à l’école du diable ? » Personne
ne leva la main. Je racontai alors mon expérience et posai
encore une fois la même question : « Qui, de vous, a déjà
fréquenté l’école du diable ? » Presque tous levèrent la
main ! C’est pourquoi cette exhortation est de toute
importance : « Réjouissez-vous dans le Seigneur ! » Le sens
est d’ailleurs identique à celui du livre de Sirach 30 : 22 :
« Ne t’attriste pas toi-même, et ne te tourmente pas par tes
propres pensées ! Fais-toi du bien, console ton cœur, et
chasse de toi toute tristesse ». Si nous sommes persuadés
que toutes choses concourent à notre bien, notre cœur est
consolé même quand nous avons des sujets de gémir.
Aujourd’hui encore, cette expérience m’est plus précieuse
que l’or. Tout dans ma vie paraissait sans issue, et en un
instant j’ai pu constater que Dieu avait pourvu à tout,
comme jamais dans ma vie. Dieu nous a nourris ainsi
pendant une année. En ce temps-là, nous possédions deux
chèvres ; ma femme me dit un jour que l’une d’elles allait
périr. Sans me rendre à l’étable pour constater la chose, je
dis au Père céleste : « Père, tu sais que tu dois me remplacer
cette chèvre par une autre si tu me la prends et, comme je
n’aime pas du tout m’occuper du trafic de chèvres,
j’aimerais beaucoup que tu la guérisses ! » Le lendemain,
elle était bien portante et donnait du lait comme
auparavant ; le Père céleste savait que j’avais pris l’affaire au
sérieux. Autrefois, j’aimais faire le commerce, usant même
du mensonge ; après m’être converti, j’eus le dégoût de ce
genre de trafic. C’est pourquoi je pus parler ainsi au Père
céleste ; il a répondu !
Pendant la période de guerre 1914-1918, nous avions une fois
soixante jeunes gens à un cours d’instruction religieuse. Nos
cartes de ravitaillement étaient épuisées et il ne nous restait
plus rien à manger. Voulant éduquer les enfants qui
suivaient ce cours à se confier en Dieu, je leur tins ce
langage : « Priez, si vous voulez avoir à manger demain ; je
le ferai également ! » Le soir, un paysan envoya une livre de
petits pois et je pensai : « Qu’est-ce que cela représente
pour autant de monde ? » C’était là ma foi ! Et pourtant, il y
en avait un peu dans ce propos. Le lendemain et comme
nous n’avions rien d’autre à cuire que ces petits pois, je dis
aux personnes s’occupant de la cuisine qu’elles devaient
bien remuer, louer et rendre grâces à Dieu ! Nous eûmes
une bonne soupe aux pois, épaisse comme elle ne l’avait
jamais été en pareille occasion, et nous pûmes manger à
cœur joie. Que c’est merveilleux. L’homme intérieur est
également nourri en absorbant de pareils mets ! Cette
expérience était semblable à celle des Écritures : « Vous me
cherchez, non parce que vous avez vu des miracles, mais
parce que vous avez mangé des pains, et que vous avez été
rassasiés ! » Dans ces pains se trouvait une vertu qui les
avait unis à Dieu.
Combien d’expériences avons-nous eu le privilège de
réaliser ! Une fois, nous avions des personnes passant leurs
vacances chez nous. Pour le samedi, il ne nous restait qu’un
peu de viande, et nous étions sans argent. Nous nous
concertâmes, ma femme et moi. Je lui dis de couper la
viande en petits morceaux, ajoutant qu’il y avait lieu de
mettre une bonne quantité de légumes, de façon que tout
suffise pour deux jours. Je me rendis dans l’atelier et me mis
à genoux ; alors cette réponse me fut donnée : « Ne te
préoccupe pas du lendemain ! » J’eus honte et dis à ma
femme qu’elle devait cuire le tout ; le soir, nous recevions
par la poste un gros jambon ! Aujourd’hui encore nous
avons un Père auquel il est permis de tout dire.
Une autre fois, nous avions parmi nos hôtes, une femme qui
devait manger des œufs. Nous ne possédions ni œufs ni
argent et je n’osais le lui dire. Je suppliai Dieu : « Nous
devrions avoir des œufs et manquons d’argent ! » Au même
instant, il me vint à l’idée : « Tu as encore à recevoir quatre-
vingts francs de tel endroit, tu es un coquin de mendier de
l’argent à Dieu ! » Je dis au Père céleste : « Tu es très bon
pour les coquins ! » Quatre-vingt-dix œufs et quatre francs
nous arrivèrent par le courrier de quatre heures. Plus tard, je
questionnai à ce sujet la sœur qui avait effectué l’envoi et
elle me dit que le matin elle avait été subitement très
inquiète et pressée de m’envoyer des œufs ; qu’elle s’était
rendue rapidement à la poste pour les expédier. Le Père
céleste connaissait nos besoins. Il dit dans sa Parole :
« Avant qu’ils m’invoquent, je leur répondrai ! » Combien
l’âme qui se soumet de tout cœur à la Parole de Dieu
éprouve une joie complète ! Aujourd’hui encore on peut
réaliser des miracles !
Que de miracles n’aurais-je pas réalisés si je n’avais pas été
pauvre ! Gellert dit : « La pauvreté n’est guère bonne, car
souvent au mal on s’adonne ! ». Mais la pauvreté est
quelque chose de beau si l’on est converti à Dieu ! Lorsque
nous sommes tentés, Dieu peut nous secourir et le temps
que j’ai passé ainsi dans la pauvreté a été une des périodes
les plus bénies de ma vie. J’ai appris à me confier en la
Parole, et j’ai expérimenté combien ce que Dieu dit par elle
est véritable.
Un père prend soin de ses enfants et ses enfants s’attendent
entièrement à lui. Combien nous sommes reconnaissants
d’avoir un Père qui prend à tel point soin de nous ; c’est
pourquoi nous ne voulons pas nous inquiéter : « Que
mangerons-nous, et que boirons-nous ? De quoi serons-
nous vêtus ? Car toutes ces choses, ce sont les païens qui
les recherchent ! » Notre Sauveur nous encourage par toutes
sortes de moyens : « Considérez les passereaux et les
corbeaux ! Ils ne sèment ni ne moissonnent ; votre Père
céleste les nourrit ! » Il importe uniquement de se confier en
lui comme un enfant. Cela ne dépend nullement de nos
dispositions, mais de la Parole de Dieu et de sa merveilleuse
bénédiction. Dieu peut bénir l’argent, mais il peut aussi faire
intervenir la malédiction, alors tout le gain et l’économie ne
servent à rien. C’est avec la conversion que la bénédiction
nous est donnée ; plus nous nous confions en lui d’une
façon enfantine, plus nous faisons l’expérience de sa fidélité
et de son amour.
Il arriva une fois à La Punt, où se trouvait notre maison de
vacances, que les paysans nous refusèrent la livraison
promise du lait, nouvelle dont on me fit part à mon arrivée.
J’étais fort embarrassé et je pensai : « Les hôtes à qui je veux
raconter de quelle manière Dieu prend soin de nous vont
arriver, et je devrai leur servir du café noir et du thé : cela ne
concordera pas ! » Je me rendis dans ma chambre pour
invoquer Dieu et il me répondit : « Regardez les moineaux ! »
Sortant de la maison, j’en vis un qui, le bec plein, se percha
sur un fil téléphonique. Sa nourriture se voyait de chaque
côté du bec. Retournant dans ma chambre, je rendis grâces
à Dieu avec joie, me disant qu’il nous remplit aussi la
bouche ! Bientôt un frère de Madulein me fit lire une
annonce concernant la vente d’une vache laitière ; je
l’achetai ! Un autre paysan vint également m’offrir du lait,
mais à condition que je lui achète toute sa production
journalière ; nous avions vraiment « le bec plein ! » Nos
hôtes purent boire du lait en abondance. Voilà de quelle
façon le Père céleste exauce les siens. Nous ne devons
jamais penser qu’il ne nous exauce qu’à la condition de vivre
mieux mais, au contraire, nous rappeler sans cesse ceci :
« Par grâce ! Par grâce ! »
En 1914, à la déclaration de guerre, tout le monde pria Dieu
d’épargner notre pays, demandant que la guerre puisse se
terminer bientôt. Quand nous entendons parler de guerre et
de soulèvement, il est écrit dans ma Bible que nous devons
lever la tête parce que notre délivrance approche. Mais il est
aussi écrit que nous devons prendre garde que nos cœurs
ne s’appesantissent pas par les excès du manger et du boire.
Ces avertissements sont aussi nécessaires quand la guerre
sévit, quand la famine menace et que les vivres se font rares.
Que de tentations m’assaillirent alors ! La lutte était grande !
Les uns amassaient des vivres en masse. Mais je savais que
cela n’était pas selon la foi. Je sentis la force de ce courant et
je fus encore assailli par une excuse pieuse : « Il y a tant de
frères et de sœurs qui viennent chez nous, il faut pourtant
les recevoir ! » Mais je m’humiliai en lisant les versets par
lesquels Dieu promet de nous donner le nécessaire, et je
crus.
Cependant, les soucis se dressaient toujours devant moi et
j’avais l’impression de me trouver dans un véritable guêpier.
Autrefois, quand les soucis fondaient sur moi, je trouvais un
appui dans Matthieu 6: 25-34, mais il me semblait qu’à
présent cela ne m’était plus d’aucune utilité. Mais
subitement la lumière se fit en moi et je me dis : Quel être
égoïste es-tu ? Cela ne t’inquiète-t-il pas que les autres
meurent de faim et que toi, un chrétien, tu veuilles avoir à
manger ? Je dis alors : « Si c’est la volonté de Dieu, je veux
aussi mourir de faim ! » À partir de cette heure, les soucis
disparurent ; il ne faut pas grand chose pour mourir de faim.
C’est alors que je ressentis quelque chose de la force de la
Parole : « Ils l’ont vaincu par le sang de l’agneau et par la
parole à laquelle ils rendaient témoignage, et ils n’ont point
aimé leur vie jusqu’à la mort ». Ce sont là des vainqueurs.
Ceux qui ne mettent en pratique que les deux premières
affirmations de ce verset : c’est-à-dire qui croient au sang de
Christ et qui rendent témoignage à la Parole, mais qui
continuent à aimer leur propre vie, ne peuvent être sauvés
par Dieu. J’ai précisément eu la victoire au moment où je fus
disposé à perdre ma vie ; c’est merveilleux, le Père voit tout,
tout !
Une fois nous avons donné tout ce que nous possédions à
titre de prêt à un frère, soit deux mille francs. Probablement
par ignorance, il me remit une reconnaissance de dette sans
signature, munie de timbres postaux et, pendant plusieurs
années, il ne versa aucun intérêt ! Désirant faire imprimer
nos livres de chant, je lui écrivis que j’avais besoin de cet
argent ; il m’envoya cette brève réponse : « Ne réclame pas
ton bien à celui qui s’en empare ! »
Mais je pensai que j’avais le droit de prendre des mesures
juridiques, et je cherchai si le livre des Proverbes ou celui de
l’Ecclésiaste ne mentionnait pas un passage m’autorisant à
lui réclamer ma créance. Je le trouvai, en effet, mais je
n’étais quand même pas à mon aise et je cherchai un autre
moyen. Me rendant chez le relieur, je lui demandai si je
pouvais lui céder cette créance et il se déclara d’accord ; je
lui demandai toutefois de ne pas poursuivre cet homme.
Cette affaire me tourmenta encore plusieurs jours. Quelque
temps après, je proposai à ma femme d’abandonner cette
créance ; elle fut d’accord et il me sembla être libéré d’un
grand poids. Je m’humiliai d’avoir agi à la légère, de ne pas
m’être soumis à la Parole de Dieu dans cette affaire et de
n’avoir pas accepté l’enlèvement de mes biens avec joie,
selon l’épître aux Hébreux.
Jésus a promis que ce que nous abandonnerions pour
l’amour de son nom nous serait rendu au centuple. Parce
que je m’étais tourmenté au lieu de compter avec la parole
du Seigneur, je me qualifiai moi-même « d’âne ». Celui qui
fait son calcul selon les enseignements de la Parole de Dieu,
peut accepter l’enlèvement de ses biens avec joie. Il est vrai
que je n’ai pas reçu en retour un montant cent fois supérieur
mais, lorsque je renonçai à ma créance, je ne perdis rien.
Auparavant, je faisais l’addition de toutes nos disponibilités
et je pensais que mes enfants pourraient à la rigueur me
remettre ce qu’ils possédaient, car je ne voulais pas faire de
dettes ; mais ceux-ci ne durent faire aucun abandon et, après
le paiement de l’édition, il me resta une somme supérieure à
celle qui m’était due par cet homme ; je ne sais d’où cet
argent est venu. Il semblait qu’une multiplication s’était faite
dans la caisse. Je ne verse pas des larmes facilement, mais
bien souvent la bonté de Dieu les a fait couler. Je voyais à
nouveau l’évidence de la bénédiction divine qui prévaut sur
toute chose !
Si quelqu’un met sa confiance en Dieu, il pourra se trouver
dans une situation des plus difficiles, mais il en coûte peu à
Dieu de donner à un pauvre la richesse et la puissance, ou
de réduire un riche à la pauvreté et à la faiblesse. Mais il faut
abandonner à Dieu toutes choses et ne pas poursuivre ses

. Dieu ne se conforme pas à nos plans, et il est


propres voies

inquiétant de lire ce que dit le Psaume 81 : 12 s’il nous laisse


agir selon nos propres desseins : « Mais mon peuple n’a
point écouté ma voix, Israël ne m’a point obéi. Alors je les ai

livrés aux penchants de leur cœur, et ils ont suivi leurs propres
conseils». C’est terrible lorsque Dieu ne nous châtie plus, car
il est écrit : « … Le Seigneur châtie ceux qu’il aime ». Ces
derniers n’ont plus de repos jusqu’à ce que l’affaire soit
mise en ordre, s’ils ont agi contrairement à sa volonté. Nous
avons le droit et l’obligation de remettre tous nos soucis à
notre Père céleste, car il prend soin de nous. On est souvent
tenté de dire : « Maintenant, il n’y a plus d’issue ! »
Tous ceux qui s’en chargent sont
Les soucis sont de l’idolâtrie !

des païens, car ils attendent toutes choses des circonstances


et non de notre riche Père céleste. Un frère s’appuyant
pleinement sur la Parole qu’il avait entendue dans nos
réunions à Bâle, se déchargeait de tous ses soucis sur Jésus.
Il fut accusé par un agent d’assurances, qui m’écrivit une
lettre dans laquelle il reprochait à ce frère son manque de
prévoyance envers sa famille et ses enfants. La Bible parle de
deux genres de soucis ; premièrement : « Ne vous inquiétez
d’aucune chose, Dieu prendra soin de vous ! » Ailleurs, elle
indique les soucis qui doivent être les nôtres, mais il ne
s’agit pas de ceux-ci « Que mangerons-nous ? Que boirons-
nous ? De quoi serons-nous vêtus ? » Car toutes ces choses
sont recherchées par les païens ; notre Père connaît nos
besoins. Nous devons premièrement rechercher le royaume
de Dieu et sa justice, et toutes les autres choses nous seront
données par-dessus ; voilà ce que nous devons croire, sans
rien y ajouter. Il est vrai que la Parole dit que celui qui ne
travaille pas ne doit pas manger non plus, mais le fait de se
mettre en souci n’a rien à voir avec le travail. Il y a quelques
années, l’automne avait été très pluvieux, ne permettant pas
aux paysans d’ensemencer leurs champs. L’un d’eux avait
pourtant fait les semailles mais n’avait pu herser son
champ ; durant tout l’hiver il se tourmentait, pensant que la
moisson serait mauvaise. Cependant, la récolte fut
abondante. Cet homme s’était converti dans le courant de
l’année. Lorsque je le visitai, il réalisa le salut en Christ et me
raconta comment il s’était vainement mis en soucis. Le
poète Gellert a dit :
À quoi bon tes cuisantes alarmes ?

Pourquoi faire renaître chaque matin

Le fardeau des soupirs et des larmes,

Te lamenter sur ton destin ?

Car à ta croix et sa détresse,

Tu ajoutes encore la tristesse !

Il nous est ordonné de rechercher premièrement le royaume de

Dieu et sa justice.Que de temps ai-je mis à comprendre cela !


Depuis longtemps, je désirais posséder une maison ; celle
que j’habitais comme locataire à Dürrgraben allait être
vendue aux enchères. Un frère me conseilla de l’acheter,
m’offrant trois mille francs en seconde hypothèque. Il ajouta
encore que je devais m’adresser au frère surnommé « Pierre
des bois » ; ce dernier se déclara immédiatement d’accord
de prêter la somme totale. Cependant, Dieu avait payé
toutes mes dettes, et je savais que je ne devais plus en faire,
convaincu que le Père céleste me donnerait tout ce dont je
pourrais avoir besoin. En cette circonstance, j’eus pourtant
de la peine à accepter cette ligne de conduite ; j’avais le
sentiment que Dieu me traitait quelque peu avec sévérité ; il
ne laissait rien passer !
Peu de temps après et par un temps pluvieux, je suivais la
route qui traverse la vallée de Dürrgraben et, fait étrange,
une petite carte parfaitement sèche vint choir à mes pieds ;
je la ramassai. C’était une carte d’assiduité destinée aux
enfants de l’école du dimanche et ce verset y était imprimé :
« Cherchez premièrement le royaume et la justice de Dieu,
et toutes ces choses vous seront données par-dessus ». À
côté du texte se trouvait l’image d’une petite maison avec
ses alentours. « Cela vient de Dieu me dis-je, dorénavant je
veux m’appliquer à chercher le royaume de Dieu et sa
justice, afin de recevoir une petite maison pareille à celle-ci.
Dès à présent, je me conformerai exactement à la Parole de
Dieu. » Le « moi » avait toujours la première place ; je
veux… je veux… et c’est ainsi que je croyais chercher le
royaume de Dieu et sa justice, sans m’apercevoir que je
cherchais précisément « ma justice ». J’avais décidé que ma
ligne de conduite devait être bien droite, mais tout
dépendait toujours de « moi » ; dans la Bible, je ne voyais
que ce que je devais faire. Dix-huit ans plus tard seulement,
je compris que « chercher sa justice » consiste à compter et
à s’appuyer sur ce que Jésus a fait ou ce qu’il fait, au travers
de tout. Alors, il me fit don d’une maison également.
Durant ces années-là, un frère de Rüschlikon voulait me faire
don d’une maison avec salle de réunions qu’il entendait
construire, mais à condition d’y transférer mon domicile.
Cette construction aurait coûté soixante mille francs. C’était
avant la guerre de 1914-1918. Ce même frère retirait
annuellement une somme de deux mille sept cents francs
d’un logement qu’il louait dans sa villa ; il me l’offrit
gratuitement, avec l’ameublement complet. D’entente avec
ma femme, je n’acceptai pas cette offre. Il m’aurait peut-être
été permis de faire fortune, mais je savais pertinemment que
ma place n’était pas en Suisse orientale. On avait également
établi déjà le plan d’une construction à Unterseen, mais je
savais aussi que Dieu n’avait pas choisi cet endroit pour
moi. Si quelqu’un m’avait fait une proposition identique
pour habiter l’Emmental, j’aurais certes accepté avec
empressement, mais rien ne vint dans ce sens. C’est ainsi
que le temps s’écoula jusqu’au moment où j’appris en
« vérité » à chercher le royaume de Dieu et sa justice ; à ce
moment-là, sa promesse s’accomplit.
L’école de la confiance en
Dieu

Pour les biens spirituels

Et nous regardions comme certain notre arrêt de

mort, afin de ne pas placer notre confiance en

nous-mêmes, mais de la placer en Dieu, qui

ressuscite les morts.

2 Corinthiens 1.9

Souvent, j’eus à subir l’attaque de personnes que


j’engageais à se convertir. On me déclarait que l’on ne devait
pas agir comme je le faisais pour ne pas provoquer la colère
des hommes, et qu’avant de s’occuper des autres, il fallait
êtrequalifié soi-même et ne plus avoir de manquements. Je
me sentais indigne de parler du salut, et les gens ne
manquaient pas d’affermir encore ce sentiment. Cependant,
le Dieu d’amour me secourut ; il s’intéresse aux humbles et
à ceux qui veulent l’écouter. Il m’instruisit au moyen d’un
songe (quelquefois, les songes viennent de Dieu ; on peut
les réaliser) : je me trouvais à la guerre en qualité de chef de
huit hommes ; nous possédions chacun deux cartouches.
L’ordre nous fut donné d’avancer et je pensais, voyant que
l’on tirait en face de nous : « Notre nombre est bien petit et
nous ne possédons que deux cartouches chacun ; que
pourrions-nous faire ? » Je criai à mes compagnons :
« Sauvons-nous ! » et nous prîmes la fuite du côté de notre
demeure. Je vis encore ma mère qui nous regardait depuis la
galerie et je lui criai également : « Sauve-toi ! Sauve-toi ! Ils
viennent ! Ils viennent ! » Là je m’éveillai, sachant
parfaitement que Dieu m’avait parlé et je me rendis compte
que tout ceci était étroitement lié à la pensée que j’avais
eue : « Si j’avais plus de munitions… c’est-à-dire, si j’étais
plus instruit, si je savais parler avec plus d’éloquence, si
j’avais davantage de dons, alors tout se passerait bien ! » Je
compris que je devais utiliser premièrement mes deux
cartouches, sans prendre la fuite. Je puis dire aujourd’hui
que le Père céleste a toujours pourvu au ravitaillement des
« cartouches » au moment opportun !
Nous avons une tâche à remplir dans ce monde . Bien souvent,
les difficultés nous paraissent être insurmontables, sans
issue possible. Le diable et ses esprits qui règnent dans les
airs exercent leur influence sur nous, et leurs efforts
conjugués cherchent à nous faire regarder aux difficultés. Si
nous nous laissons influencer, nous sommes enveloppés
par l’incrédulité ; l’indolence et l’indifférence nous
paralysent ; alors nous ne comptons plus qu’avec la
puissance de Satan et non avec celle de Dieu, et nous
courons le danger de renier son nom !
Dieu m’instruisit une fois d’une manière toute spéciale ; je
présidais une série de réunions d’évangélisation à
Kandergrund et l’on cherchait à me décourager en me disant
que là-bas le terrain était aride et que tout effort serait
inutile. Je réagis cependant et pensai qu’il y aurait tout de
même un travail à accomplir ; mais dans l’assemblée se
trouvaient des auditeurs qui se moquaient de moi, me
faisant même le pied-de-nez. Tout cela me paraissait
horrible. J’avais beau représenter le ciel et l’enfer à ces
personnes, rien ne les touchait ! Le premier et le second
soirs s’écoulèrent dans cette atmosphère et je pensai :
« Non, c’est une vraie moquerie ici ! Il n’y a rien à faire dans
ce lieu ! Secoue la poussière de tes pieds ! »
Effectivement, j’en étais arrivé à ne voir que ce terrain dur
dont on m’avait averti, et je voulais prendre la fuite. Mais
poussé par l’Esprit de Dieu, j’ouvris la Bible, le soir, et je lus
dans une des sept lettres aux Églises : « Tu as gardé ma
parole, et tu n’as pas renié mon nom ! » Ces paroles me
reprirent et me relevèrent en même temps de mon
abattement, et je vis clairement que je m’imaginais être un
homme qui confesse le nom du Sauveur, mais j’avais renié
le nom de Jésus ces jours derniers en comptant avec la
puissance du diable, la considérant plus forte que celle de
Dieu ! Je m’humiliai devant Dieu et me repentis ; je ne
désirais plus m’en aller. Le lendemain, je continuai mes
réunions d’évangélisation, toutefois dans un autre esprit, car
je mettais ma confiance en celui qui est plus fort que le
malin et sa puissance. Il est vrai que cette pensée m’assaillit
encore souvent : « Ici, il n’y a rien à faire ! » Mais combien
de fois me suis-je exhorté en me disant : « Jésus est plus
grand. Jésus est plus fort ! » Là-dessus, je remportai la
victoire ; les mêmes personnes étaient présentes, mais se
tenaient tranquilles.
Finalement, le silence se fit complètement, les moqueries
cessèrent, et je pus annoncer l’Évangile sans être
interrompu. J’avais expérimenté que nous avons à faire face
aux esprits méchants qui règnent dans les lieux célestes. Et il
se produisit même ce qui est écrit dans la lettre à l’Église de
Philadelphie : « Voici, je les ferai venir se prosterner à tes
pieds, et connaître que je t’ai aimé ! » Des gens se
convertirent et quelques-uns - en petit nombre - vinrent se
prosterner, ce qui me fit de la peine ; je leur fis remarquer
que j’étais semblable à eux et qu’ils devaient se relever. Nulle
part ailleurs une chose semblable n’arriva. Parmi ces
personnes se trouvait une jeune fille qui trouva la paix de
Dieu et devint une chrétienne fidèle. C’est devant Jésus seul
que nous pouvons nous prosterner ; il nous est permis et
même ordonné de l’adorer. Lors de cette série de réunions,
je compris ce que signifie la parole : « ne pas renier son
nom ! » Jésus est vainqueur et reste vainqueur ! Il nous fraye
un chemin à travers la tempête, l’ouragan, le feu et l’eau, et
nous devons toujours compter avec lui.
Qu’il est important de ne pas faiblir dans la foi et de ne pas
s’appuyer sur les choses humaines, sur son raisonnement,
mais de compter sur Dieu seul. Les fardeaux qu’il permet
que nous portions ne sont pas trop lourds et ne dépassent
jamais la mesure de nos forces. On peut donner une petite
charge à un enfant de trois ans, une charge un peu plus
grande à un enfant de six ans ; Dieu n’a pas l’intention de
nous terrasser, mais il veut nous rendre heureux : C’est là le
but des épreuves. Elles nous apprennent à être attentifs à sa
Parole. C’est ainsi que nous sommes exercés à la foi, et que
nous entrons dans le repos et un bonheur plus grand. Et
nous croissons en nous confiant dans la grâce de Dieu, avec
des chants de louanges. Dieu sait fort bien ce qu’il doit
entreprendre lorsqu’un de ses enfants se glorifie ; il le
secourt de la bonne manière. Un frère me disait à une
certaine occasion que l’orgueil lui faisait peur et je lui
répondis : « N’aie aucune crainte ; Dieu a bien des moyens à
disposition pour te maintenir dans l’humilité. Il sait
parfaitement bien venir en aide ! » Oh ! comme Dieu prend
soin des siens !
Jésus, notre Sauveur, est près du trône de Dieu. Ce n’est pas

pour le monde qu’il intercède, mais pour nous, pour ceux qui

sont nés de nouveau, sauvés, afin qu’ils demeurent dans le

salut ! Cela me réjouit !

Un certain moniteur d’école du dimanche ne m’aimait pas et


prenait souvent parti contre moi. Une fois, il demanda aux
enfants de lui nommer des héros de la foi dont il est parlé
dans la Bible, ce qu’ils firent. « N’en connaissez-vous plus
aucun autre ? » Un petit enfant éleva la voix et dit : « Moi,
j’en connais un… Berger ! » Je fus encouragé par ce fait
lorsqu’on le porta à ma connaissance, car je n’avais jamais
pensé être un héros de la foi. Mais je savais que cela ne
devient effectif qu’en croyant la Parole de Dieu. Nous devons
avoir une opinion modeste de nous-mêmes, selon le don de
foi que Dieu a départi à chacun.
Mais on peut aussi se sous-estimer en disant par exemple :
« Ce que je possède dans mon cœur n’a pas de valeur ! » Tu
n’as pas le droit de dire que ce que tu as ne vaut rien si le
Seigneur t’a lavé de tes péchés, t’a justifié et sanctifié, tout
en te donnant sa vie car, en agissant ainsi, tu renies tout.
Plus d’une fois j’ai dit que j’étais le plus ignorant de tous.
Ou lorsque j’entendais quelqu’un témoigner joyeusement,
ou un propre juste se vanter de ses exploits, je déclarais :
« Ce que je possède n’est encore rien du tout ! » Finalement,
j’ai compris que c’est un péché d’adopter de telles pensées.
Depuis lors, de telles expressions ne sont plus sorties de ma
bouche. Je pense au contraire ceci : « Même si je n’arrive
pas à manifester une joie pareille à celle de tel ou tel, je suis
justifié comme lui. Jésus est mort pour moi, aussi bien que
pour un autre ». Si nous disions que « ce n’est encorerien »
si quelqu’un payait nos dettes tout en y ajoutant des
cadeaux, nous serions des ingrats. Bien des personnes
pensent ainsi envers Dieu, c’est pourquoi leur vie est faite de
plaintes et de misère. Tout dépend de la façon dont nous
apprécions ce que Dieu nous a donné, si nous sommes

reconnaissants, ou si nous envions telle personne pour ses dons,

. Ce
ne faisant ainsi plus aucun cas de l’œuvre de Dieu en nous

n’est pas en vain qu’il est écrit de n’oublier aucun de ses


bienfaits. Dieu nous donne volontiers davantage si nous
sommes reconnaissants.
J’aime beaucoup mieux les enfants joyeux que ceux qui sont
mécontents ; bien des chrétiens sont mécontents de Dieu,
mais nous ne voulons pas agir ainsi, car nous avons
beaucoup de motifs d’être joyeux. Nous osons croire que
Dieu fait ses délices à combler les siens de ses bienfaits, et
lorsque nous nous sentons mal disposés, il faut lutter contre
cet état. C’est si glorieux d’expérimenter comment Dieu
nous débarrasse des choses désagréables qui nous
poursuivent et nous tourmentent. Parfois, il me semblait
être dans la position des espions envoyés par Moïse dans le
pays de Canaan ; la peur les avait saisis et ils disaient :
« Nous ne pourrons vaincre ces géants, à nos yeux et aux
leurs, nous sommes comme des sauterelles ; nous ne
pouvons conquérir ces hautes et épaisses murailles qui vont
jusqu’aux nues ! » Tandis que les autres espions comptaient
avec ces difficultés, Josué et Caleb s’appuyaient entièrement
sur Dieu et sur ses promesses. Quelle grâce d’avoir de tels
exemples qui sont des avertissements pournous (Hébreux
4). « Craignons donc, tandis que la promesse d’entrer dans
son repos subsiste encore, qu’aucun de vous ne paraisse
être venu trop tard. Car cette bonne nouvelle nous a été
annoncée aussi bien qu’à eux ; mais la parole qui leur fut
annoncée ne leur servit de rien, parce qu’elle ne trouva pas
de la foi chez ceux qui l’entendirent ! »
Les Israélites ont été témoins de nombreux miracles, et
pourtant Dieu ne prit aucun plaisir à la plupart d’entre eux.
Heureux celui qui expérimente que la bienveillance de Dieu
repose sur lui, pour l’amour de Jésus, ainsi que sur toutes
ses actions. Dieu se réjouit de tout ce que font ceux qui le
craignent dans ce monde, comme un père se réjouit lorsque
ses fils l’aident dans son travail. Notre bien-aimé Père
céleste a également de la joie lorsque ses enfants se
demandent : « De quelle façon puis-je le mieux progresser
spirituellement, et comment puis-je aider les autres et les
faire progresser ? » Le Père céleste regarde ce que nous
faisons ; sa bienveillance ne saurait reposer sur nous lorsque
nous sommes paresseux ou si nous nous mettons à
nouveau au service du diable. J’ai été assailli souvent par
cette crainte : « Qu’adviendra-t-il de moi ? Arriverai-je au
but ? » Dieu m’a aidé deux fois de façon si particulière que
j’ai perçu nettement sa voix. La première fois, j’entendis
cette parole : « J’ai prié pour toi afin que ta foi ne défaille
point ! » La seconde fois, il me donna le texte suivant :
« Celui qui croit en moi a la vie éternelle ».
L’école de la prière

Seigneur, enseigne-nous à prier.

Luc 11.1

Ils sont nombreux les enfants de Dieu qui, après avoir


réalisé la nouvelle naissance, étant jeunes dans la foi, sont
zélés pour la prière et fervents d’esprit pendant un certain
temps. Ils ont de la joie et de l’anxiété, tout en même temps.
Quelques-uns manquent de sujets de prière ; mais celui qui
voit que son devoir est d’exhorter, d’aider ses semblables à
sortir du péché et de les amener au Sauveur pour qu’ils se
convertissent, cette tâche lui donnera de l’angoisse et le
poussera à la prière.
Mais l’esprit de prière diminue bien vite chez beaucoup
d’enfants de Dieu. Ils pensent encore à leur santé, à une
nourriture suffisante et à la bénédiction de leurs affaires ;
mais ils ne prient plus pour l’avancement du règne de Dieu,
ni pour le salut des âmes. Ils finissent même par penser :
« À quoi bon, cela ne sert quand même à rien ». Oui, si l’on
pouvait convaincre les hommes sans avoir recours à l’aide
de Dieu, il y en aurait peut-être beaucoup qui seraient
disposés à entreprendre ce travail, mais lorsque personne ne
se convertit, on dit simplement : « Il n’en veut pas ! » Nous
n’avons pas le droit d’abandonner quelqu’un à son sort
aussi vite, et d’une manière aussi légère. Il m’est aussi venu
à l’esprit : « Dans notre contrée, les hommes ne veulent pas
venir », mais grâce àDieu, j’ai toujours espéré. Pour cela il
faut la foi. Lorsqu’il y a une grande bataille à livrer contre les
puissances des ténèbres, une grande lassitude s’abat
souvent sur les enfants de Dieu. C’est ce qui s’est passé au
jardin de Gethsémané. Pendant que Jésus combattait, les
disciples dormaient ! Ils étaient las. Mais après la Pentecôte,
nous remarquons un état tout à fait différent chez les
apôtres ! « Ils s’assemblaient journellement pour la prière. »
J’ai bien souvent eu le sentiment que je n’étais pas du tout
un homme de prière, et pourtant je faisais l’expérience que
le Dieu d’amour m’exauçait souvent. Il est dit dans la
parole : « Nous ne savons pas ce qu’il nous convient de
demander dans nos prières ; mais l’Esprit lui-même
intercède par des soupirs inexprimables » (Romains 8 : 26).
Autrefois, je ne comprenais pas cette parole : « Priez sans
cesse », et je pensais ne jamais pouvoir la pratiquer, mais
finalement je remarquai que chaque homme priait sans
cesse, les inconvertis comme les convertis. Tant qu’il est sur
la terre, l’homme émet désir sur désir. Cependant, tout
dépend de ce qu’il désire. Ceux qui s’affectionnent aux
choses terrestres en désirent et en souhaitent ; ceux qui
vivent dans les convoitises s’affectionnent aux choses
passagères, inutiles et entachées de péché. Mais celui qui
recherche les choses d’en-haut a l’amour des âmes et
souhaite qu’un tel se convertisse pour qu’il devienne un
ouvrier utile au règne de Dieu ! De tels vœux sont exaucés.
Il est aussi écrit que nous devons prier pour les autorités et
pour tous les hommes.
Quelques-uns choisissent une certaine personne et se
mettent à prier pour elle, en vue de la faire sortir de son
état ; c’est ainsi que l’on m’avait enseigné. On racontait
qu’un homme de Dieu avait noté sur une feuille les noms de
tous ceux pour lesquels il voulait prier. Lorsqu’il priait, il
mettait cette liste devant ses yeux. Je fis de même et bientôt
j’eus une longue liste de noms. Je m’agenouillais, la liste
devant moi, et je commençais par le premier, puis le
deuxième nom, ainsi de suite, jusqu’à ce que je m’aperçus
que je demandais la même chose pour chacun. Je priai ainsi
longtemps mais finalement j’en fus fatigué. Je cessai, me
disant que je pouvais fort bien prier pour tous ensemble.
Enfin je compris que l’essentiel est que Dieu nous mette
quelqu’un sur le cœur ; et si nous prions avec foi, nous

réalisons des choses merveilleuses.


Une jeune fille juive me fut un jour mise sur le cœur d’une
façon toute spéciale. Elle était fiancée, et la première fois
que je la vis, il s’éleva instantanément en moi le cri : « À
l’aide, à l’aide ! » Il me sembla que la lumière commençait à
luire en elle mais, subitement, le besoin de prière que j’avais
ressenti disparut. Je n’arrivais plus à intercéder pour elle,
malgré tous les efforts que je faisais pour prier. C’est plus
tard seulement que je compris que son fiancé l’avait
détournée de la conversion, alors elle jeta tout par-dessus
bord.
C’est bien comme il est écrit : « Nous ne savons pas ce qu’il
convient de demander dans nos prières ». Nous ne pouvons
pas toujours faire lechoix de nos sujets de prière, sans quoi
le Seigneur aurait certainement prié pour tous les hommes,
et tous seraient sauvés. Si nous voulons être exaucés, nous
devons prier selon les ordres de Dieu, et non pas établir
nous-mêmes nos plans.
Au lieu de prier, beaucoup de personnes ordonnent à Dieu,
comme le fit le malfaiteur sur la croix, qui commanda à
Jésus : « Si tu es le Fils de Dieu, sauve-toi toi-même et nous
avec toi » ; c’était un ordre. Il en est autrement si nous nous
sommes abandonnés à Dieu, en exposant nos détresses à
Jésus. Nous nous confions en lui, sachant qu’il peut et qu’il
veut nous secourir, et nous n’attendons jamais trop de lui.
La prière doit être accompagnée de foi et de persévérance.
Nous devons être des hommes qui comptent sur Dieu pour
toutes choses, qui attendent tout de lui, mais qui, dégagés
de toute volonté propre, disent : « Comme il agira, ce sera
pour moi glorieux et salutaire ». Beaucoup n’attendent pas
d’exaucement, pourvu qu’ils aient prié ! C’est la raison pour
laquelle il y a si peu d’exaucements de prières dans
beaucoup d’endroits. Il arrive aussi souvent que les frères
qui président des réunions de prière prêchent longuement,
ou alors prient si longtemps que l’on souhaite qu’ils
finissent. Je ne fais pas grand cas des longues prières.
Certaines personnes participent aux réunions de prière en se
demandant : « Que dois-je prier ? Voilà justement que
quelqu’un vient de prier pour le sujet pour lequel je
comptais prier moi-même ! » Le mieux est donc de prier
tout de suite. D’autresrépètent des demandes pour
lesquelles on a déjà prié dans la réunion. Dans les réunions
de prière, chacun doit prendre part à l’intercession avec des
soupirs et des supplications. Nous devons dire « Amen » à
toute prière conforme à la Bible, mais non après celles qui
s’en écartent. À ce sujet, j’ai une fois suscité la colère de
toute une assemblée. Une personne avait prié d’une façon
tout à fait contraire aux prescriptions bibliques, et tout le
monde avait dit « Amen ! » Reprenant l’assemblée, je dis
alors : « Comment écoutez-vous, pour dire « Amen » à des
choses aussi peu conformes aux Écritures ? Ce mot signifie
pourtant : Ceci est véritable et certain ».
Un chrétien qui ne sait pas attendre patiemment ne donne
pas beaucoup d’espoir. Les hommes de Dieu mentionnés
dans les saintes Écritures ont dû souvent attendre fort
longtemps l’exaucement de leurs prières. Beaucoup de gens
pieux s’appuient sur les nombreuses prières qu’ils ont dites,
et s’imaginent qu’ils obtiendront par elles la félicité
éternelle ; ils en ont fait une œuvre. Si nous prions pour
obtenir la vie, le salut, la justice, la rédemption, et que cela
nous est donné, nous sommes sauvés par le don qui nous
est fait et non par nos prières. Je ne puis me confier en mes
prières, mais en celui qui exauce les prières.
J’ai bien souvent fait l’expérience que de courtes prières sont
plus vite exaucées. Point n’est besoin d’user de longues et
vaines redites dans nos requêtes.
Comme nous ne pouvions acheter nos victuaillesque livre
par livre, ma femme venait m’annoncer de temps à autre :
« Il n’y a plus de graisse, ou il n’y a plus de café, ou encore il
n’y a plus de pain », et moi, je disais à mon Père céleste :
« Tu as entendu ce que ma femme vient de me dire ! » Et il
entendait cette courte prière. L’incrédulité est souvent
cachée dans de longues prières. Nous devons veiller à prier
avec des actions de grâces ; car en priant ainsi, une
promesse ou l’autre nous vient à l’esprit et nous pouvons en
remercier Dieu. Quand j’ai obtenu la certitude de
l’exaucement, je ne continue pas de prier ; ce serait de
l’incrédulité.
Une fois on m’avait fait appeler dans une famille où régnait
une maladie contagieuse, et je priai pour ces malades. Une
jeune fille de cette famille était venue à la réunion à l’issue
de laquelle elle me serra la main et je lui dis - « Que Jésus te
guérisse ! » Elle recouvra la santé instantanément, tandis
que les autres membres de la famille avec lesquels j’avais
prié longuement ne guérirent pas.
Dieu soigne l’éducation des siens et châtie celui qu’il aime,
c’est pourquoi il est écrit : « Aie donc du zèle et te repens ! »
Quand Dieu nous corrige, il est bon et salutaire de
s’humilier, car il ne nous perd pas de vue. Un jour, ayant
dormi trop longtemps je pensai ne plus avoir le temps de
lire et de prier. À la hâte, je lus trois versets et me dis : « En
chemin j’aurai le temps de prier ». Pendant la journée, un de
mes apprentis tomba d’une échelle et j’eus alors le temps de
prier. L’apprenti me dit d’abord qu’il prenait son refuge
auprès de Jésus mais, quand les douleurs devinrent trop
vives, il appela le médecin qui déclara, après trois semaines
de soins, que le jeune homme resterait infirme sa vie durant.
Il perdit toute confiance en ce médecin. Nous priâmes de
nouveau et il fut guéri ! Parce que je n’avais pas pris le
temps d’intercéder, j’avais été la cause de cet accident.
J’avais un ouvrier qui s’était converti et avec lequel j’appris
bien des choses. Un matin, il se leva à sept heures ; à
l’ordinaire, il était plus matinal. Je lui dis de déjeuner puis de
se hâter de se rendre au travail. Il me répondit : « Non, je ne
ferai pas cela ! » Il se mit calmement en chemin ; à sa place,
je serais parti en courant. Il me déclara que le soir avant de
se coucher, il avait demandé au Père céleste de bien vouloir
le réveiller au bon moment ; comme il s’était réveillé à sept
heures, il avait pensé que c’était là le bon moment et qu’il
pouvait tranquillement se mettre en route pour le travail. De
ce cher frère émanaient des effluves célestes, qu’on
ressentait dès qu’on s’approchait de lui.
Avant de commencer une réunion, on peut par exemple prier
ainsi : « Père, donne-moi ce dont j’ai besoin afin de ne rien
dire d’autre que ce que tu veux ! » Et la réunion terminée, il
arrive qu’on se permette de dire : « Je n’ai pas bien parlé ! »
C’est ainsi que je faisais, et j’avais pourtant annoncé la
Parole de Dieu. Mais pourquoi cela ? Parce qu’on voudrait
être honoré et admiré. Il vaut mieux ne rien dire de pareil et
méditer ce qu’il nous a été donné de dire.
Il y eut un temps où, lorsque je priais, j’avaispeur de ne pas
prendre la chose assez au sérieux. Je voulais prier d’une
manière fervente, et pourtant je n’y arrivais pas. Une fois, un
frère et moi nous priâmes ensemble, et celui-ci dit : « Cher
Sauveur, tu sais comme la chose me tient à cœur ! » Il disait
cela d’une manière si sèche, que je pensai : « Prétendrais-tu
être exaucé, alors que je ne ressens aucun zèle dans ta
demande ? » Puis je me posai la question suivante : « Si j’ai
prié Dieu, ne l’ai-je pas fait de tout mon cœur, en désirant
être exaucé ? » Je fus enfin débarrassé du tourment de
m’imaginer sans cesse que je priais avec trop peu de ferveur.
Lorsqu’il se présentait des difficultés, c’est un verset biblique
qui me venait à l’esprit : « Voilà ce qui est écrit ! ». Le
verset : « Tu connais chaque parole qui est sur ma langue »
me fut souvent d’un grand secours ; donc Dieu entend
quand je prie, et s’il entend, il exauce aussi ; cela suffit.
Il ne s’agit nullement de faire de belles prières, je l’avais
remarqué après ma conversion, lorsque ma femme était
estropiée. Il y avait dans l’assemblée deux hommes qui
faisaient de très belles prières, et je me tourmentais souvent
en pensant : « J’aimerais tellement pouvoir prier comme
eux ! » Comme je l’ai déjà raconté, ils visitèrent ma femme
et prièrent pour elle ; malgré cela, elle ne fut pas guérie de sa
maladie. Mais plus tard, en réponse à ma simple prière,
toute enfantine, le Père bien-aimé lui rendit la santé. Cet
exaucement m’encouragea à intercéder aussi pour d’autres
personnes.
Frappé d’une façon toute particulière par cette parole de
l’apôtre Paul (Colossiens 1 : 3-4) : « Nous ne cessons de
prier pour vous, ayant été informés de votre foi », je me posai
la question : « Pries-tu aussi pour ceux qui se sont convertis,
même si tu ne les as jamais vus ni connus ? » Après ma
conversion, je ne priais que pour les personnes qui n’étaient
pas converties, pour les habitants de la maison, pour les
parents, etc., afin qu’ils se convertissent ; et je le faisais
encore longtemps après avoir réalisé la nouvelle naissance.
C’est très bien et cela nous est commandé. Dieu veut que
tous les hommes soient sauvés et qu’ils parviennent à la
connaissance de la vérité. J’avais l’impression qu’il n’était
pas aussi nécessaire de prier pour ceux qui sont nés de
nouveau, puisqu’ils sont sauvés. Mais aujourd’hui je suis
d’un autre avis. Le Sauveur dit dans sa prière sacerdotale :
« Je ne prie pas pour le monde, mais pour ceux que tu m’as
donnés ».
Celui qui veut avoir part à la puissance d’intercession de
Jésus doit être né de nouveau, sans quoi il n’est pas au
bénéfice de cette grâce. Paul priait davantage pour les
croyants que pour le monde, car l’Esprit de Dieu était en lui
et le conduisait, il avait une lumière particulière et voyait
plus profondément dans le mystère de la grâce que les
autres disciples. Il intercédait constamment pour les enfants
de Dieu, afin qu’ils ne se laissent pas séduire par des
doctrines humaines, par des discours qu’enseigne la raison,
et par la philosophie. Et quand nous lisons, dans
l’Apocalypse, les lettres adressées aux Églises, c’est bien là
que nous nous rendons compte de cette nécessité. Les
fautes reprochées à la plupart de ces Églises auraient passé
inaperçues sans ces lettres. Le Seigneur Jésus a quelque
chose à reprocher à cinq de ces Églises sur sept, et il les
blâme. La nécessité de prier pour les enfants de Dieu ressort
clairement de ces lettres, et le Fils de Dieu, lui-même,
intercède sans cesse pour son Église. C’est une force pour
nous de savoir qu’il est à la droite du Père et qu’il plaide
notre cause. Les enfants de Dieu sont exposés à tant de
dangers qu’ils ont besoin de son intercession et de celle des
frères.
Quel exemple l’apôtre Paul ne nous a-t-il pas laissé ! Il nous
dit dans Colossiens 2 : 1 : « Je veux que vous sachiez
combien est grand le combat que je soutiens pour vous et
pour ceux qui sont à Laodicée, et pour ceux qui n’ont pas vu
mon visage en la chair ». Ne sommes-nous pas touchés de
voir quels étaient les besoins et les angoisses de son cœur, à
l’égard de l’Église de Colossienssses ? J’ai aussi des besoins
pour les âmes, mais premièrement pour les personnes qui
se sont converties par mon moyen, et qui font partie de
notre assemblée. Mais plus d’une fois, j’ai été repris dans
ma conscience parce que je ressentais moins d’angoisse
pour des frères et des sœurs faisant partie d’autres
congrégations. Il est toutefois bien compréhensible que
nous nous souvenions tout d’abord, dans nos prières, de
ceux pour lesquels nous portons une responsabilité ; mais
où est-elle la ligne de démarcation ? Dans le passage cité
nous voyons les inquiétudes de Paul pour ceux qu’il ne
connaissait pas, qu’il n’avait jamais vus, mais de qui il avait
seulement entendu parler.
Il y a des périodes dans la vie où l’on prie pour une chose
déterminée ; un, deux, trois, quatre jours, sans exaucement ;
on persévère dans la prière et dans la foi, trois, quatre
semaines et tout reste au même point ! Alors la détresse
augmente, et j’ai souvent fait cette constatation que la prière
devenant plus ardente, Dieu se plaît à y répondre. Une fois
nous étions réunis, quelques frères et moi, pour prier pour
un certain cas, et les choses allaient en empirant ; je me
retirai dans ma chambre et je m’ouvris à Dieu, lui disant
tout ce que j’avais sur le cœur. Je n’aurais pas osé le dire
devant les autres frères, car, en lui rappelant sa Parole,
j’avais peur de tenter Dieu, et pourtant il est écrit qu’on doit
la lui rappeler. On peut le faire, il est vrai, de deux manières :
en donnant des ordres à Dieu, ou en le suppliant. Je ne
voulais rien imposer à Dieu, ni le contraindre de me
secourir, mais je m’humiliai en lui disant : « Père bien-aimé,
tu le sais, tu me comprends, je ne veux pas user de
contrainte envers toi, tu n’es pas une idole muette. J’ai
besoin que tu sois davantage pour moi que ne le sont les
idoles pour les païens ; je crois à tes promesses telles que tu
les as données ! » Dans sa grande miséricorde, il répondit à
ma demande. À cette époque, j’avais souvent l’impression
que Dieu m’avait abandonné, et qu’il ne m’entendait plus ;
mais alors je réalisai : « Dieu s’occupe encore de moi ».
Je me souviens d’un temps où je constatais que mes prières
étaient entachées de péché. Je ne pouvais dire l’oraison
dominicale d’un bout à l’autre sans qu’il me vienne quelque
autre chose à la pensée. Je désirais prier avec recueillement
sans me laisser distraire, mais j’étais obligé de
recommencer deux ou trois fois. Souvent il arrive qu’on
adresse une prière à Dieu, attendant quand même le secours
des hommes. Parfois je priais Dieu tandis que mes yeux se

tournaient vers des frères qui auraient pu me porter


secours ; à ces occasions, Dieu ne me répondait pas,
jusqu’au moment où je m’humiliais. Ce n’est pas en vain
qu’il est écrit : « Maudit soit l’homme qui se confie dans
l’homme, qui prend la chair pour son appui, et qui détourne
son cœur de l’Éternel; il est comme un misérable dans le
désert, et il ne voit point arriver le bonheur » (Jérémie 17 : 5).
Celui qui a une vie de prière, et qui recherche les choses
d’en-haut, réalise une grande bénédiction ; l’affection des
choses terrestres et charnelles ne peut faire sa demeure chez
lui et il s’épargne ainsi bien des épreuves qui sont la part de
ceux qui recherchent les choses de la terre.
L’école de la foi

Croire comme l’Écriture le dit

« Ils seront tous enseignés de Dieu ».

Ils persévéraient dans l’enseignement des apôtres.

Car celui que Dieu a envoyé dit les paroles de Dieu.

Actes 2.42 & Jean 3.34

Justification, sanctification, don d’un cœur

pur

La Bible ne fait mention que de deux catégories de


personnes : les justes et les pécheurs (injustes). Aucun homme
n’est juste de nature, pas même un seul ; c’est par la foi
qu’on devient juste et c’est également par la foi que l’on
demeure dans cette position (Romains 5 : 1) : « Étant donc
justifiés par la foi ! » (Romains 10 : 4) : « Car Christ est la fin
de la loi, celui qui croit en lui est juste » (1 Corinthiens 1 : 30)
- « Christ nous a été fait de la part de Dieu : justice… » (2
Corinthiens 5 : 21) : « Celui qui n’avait pas connu le péché, il
l’a fait devenir péché pour nous, afin que nous devenions en
lui justice de Dieu ». Une ancienne traduction dit de façon
plus positive encore : « Afin que nous soyons en lui : justice
de Dieu… » Ceci se rapporte donc au présent et non au
futur, car il est écrit : « Étant donc justifiés par la foi… »
(Romains 5 : 1) ; celui qui n’est pas devenu juste par la foi ne
peut posséder la paix de Dieu. « Justes, réjouissez-vous en
l’Éternel ! » (Psaume 33 : 1). Les justes ont, en effet, de quoi
se réjouir, car ils ont le cœur purifié d’une mauvaise
conscience, le corps lavé d’une eau pure. Ils ont été lavés de
leurs péchés et non pas dans leurs péchés, ce qui est tout
différent, car personne ne me croirait si, sortant d’une fosse
à purin, je déclarais m’y être bien lavé. Beaucoup de
personnes pieuses parlent d’une rédemption dans leurs
péchés, c’est-à-dire qu’elles ont été lavées dans leurs
péchés ! Non, il n’en est pas ainsi ! Jésus nous a lavés de
nos péchés par son sang. Qui donc ? Les justes ! Et toi,
lecteur, es-tu juste ? Comment es-tu juste devant Dieu ?
Nombreuses sont les personnes qui prétendent qu’il ne faut
pas déclarer que nous sommes justifiés et qu’il est
préférable que le monde le voie par nos œuvres. Cependant
il est écrit dans Romains 10 : 10 : « C’est en croyant du
cœur qu’on parvient à la justice, et c’est en confessant de la
bouche qu’on parvient au salut ». Cette justice se manifeste

évidemment par nos œuvres.


Je me souviens qu’un prédicateur disait, lorsqu’il entendait
des enfants de Dieu confesser ouvertement « qu’ils étaient
devenus justes par la foi » : « Nous allons bien voir ! » Et s’il
arrivait à l’un ou l’autre de commettre une petite faute, il ne
manquait pas de déclarer : « Ah ! à présent on voit s’ils sont
justes… ! » Ce langage est celui de beaucoup de personnes
qui s’appuient sur une justice fabriquée par elles-mêmes,
sachant pourtant très bien qu’elle est insuffisante devant
Dieu. Notrepropre justice est en effet comme un linge
souillé devant lui. On dit qu’est imbu d’orgueil le chrétien
qui déclare être devenu juste par la foi, mais en réalité on ne
veut pas être un injuste non plus ; pourtant une position
intermédiaire n’existe pas. On est ou juste ou injuste.
Et toi, lecteur, où en es-tu ? Crois-tu en Jésus ? Es-tu juste ?
Depuis quand ? « Celui qui croit en lui est juste! » Mais
comment est-il juste ? L’Écriture nous dit qu’il est juste
comme lui-même est juste. Certains chrétiens ont reçu le
témoignage d’être justes, mais ils n’osent pas croire qu’ils
sont justes comme lui-même est juste, selon 1 Jean 3 : 7:
« Celui qui pratique la justice est juste comme lui-même est
juste ». Une autre justice n’existe pas ; nous devons
posséder la justice de Dieu, celle que Jésus nous a acquise. Il
s’agit ici d’un don de Dieu, d’un cadeau qu’il nous a fait.
Une autre justice ne saurait être valable devant lui. Il est écrit
dans Jérémie 23 : 6 : « L’Éternel est notre justice ». Il faut
que l’homme ait fait complètement faillite dans son
« entreprise de propre justice » pour oser se permettre de
croire qu’il est « juste comme lui-même est juste », appuyé
sur l’œuvre de Christ. Luther a déclaré : « Un enfant de Dieu
doit confesser librement et ouvertement qu’il est juste et
saint, et qu’il est un enfant du Très-Haut ; mais la postérité
de Caïn répond : non ! nous ne voulons pas être
pareillement orgueilleux, nous sommes de pauvres
pécheurs, et nous voulons mourir comme tels ».
Ce langage est assurément fort étrange pour beaucoup de
personnes et il ne retient pas leur attention, quoiqu’elles
l’entendent. Ces affirmations positives de la Parole de Dieu
me paraissaient être sans importance après ma conversion,
car je m’imaginais que je ne serais juste qu’au moment où il
ne m’arriverait plus aucune faute. Mais c’est en acceptant
les promesses, en les croyant, qu’on devient juste, comme
Abraham qui crut à Dieu et dont la foi lui fut imputée à
justice (Romains 4 : 3). C’est par la foi que les anciens ont
reçu le témoignage d’être justes. Plusieurs objecteront que
c’est de l’orgueil spirituel ; cependant l’orgueil consiste au
contraire à contredire la Parole de Dieu et à contester ainsi
avec Dieu lui-même. David a dit : « L’Éternel a incliné son
oreille vers moi », il se tenait donc aux pieds de Dieu, c’est
pourquoi il était un homme heureux, un homme selon le
cœur de Dieu.
Il n’y a pas de croissance dans la justice, car si nous
sommes justes, nous possédons la justice de Jésus ; c’est
un don, c’est « la plus belle robe » et le Père céleste n’en
possède point d’autre. Celui qui croit en Jésus est
parfaitement juste. Nous pouvons et nous devons croître
dans la grâce, la charité, la paix, la foi, car dans toutes ces
choses nous ne sommes pas arrivés à la perfection. On avait
posé la question suivante à une fillette convertie depuis six
mois : « Comment peut-on devenir plus juste ? » Elle
répondit : « On ne peut pas devenir plus juste ! » Cette
connaissance est une grâce. Posséder cette justice est un
don immérité et, s’il ne peut y avoir de croissance en ce qui
concerne la justice, il existe néanmoins une croissance dans
la connaissance, car - « Nous voyons présentement
confusément et comme dans un miroir, mais alors nous
verrons face à face ; présentement je connais
imparfaitement mais, alors, je connaîtrai comme j’ai été
connu ! » Cette parole m’a souvent réconforté ; la Bible nous
enseigne que les enfants de Dieu sont « justifiés, glorifiés »
(Romains 8 : 30). Je ne vois pas cela en moi, mais je crois ce
que Dieu déclare puisqu’il me connaît ainsi. Alors je
connaîtrai comme j’ai été connu. Il a connu ses enfants et il
les a rendus irrépréhensibles dans la vérité (Colossiens 1 :
22). Nous devons toujours boire à cette source, et avoir une
provision de cette eau désaltérante afin d’être à même d’en
donner à d’autres. « Alors, je connaîtrai comme j’ai été
connu ! » Si nous sommes attentifs à ce que Dieu déclare
quant à ce qu’il a fait de nous en Jésus-Christ, nous le
croyons, et nous nous réjouissons de savoir : « C’est ainsi
que Dieu me connaît ! »
Si le mot « juste » est une parole d’épouvante pour
beaucoup de personnes, le mot « saint » l’est encore
davantage. Mais celui qui s’arrête devant le Dieu vivant en
éprouvant le tréfonds de son être et qui se demande en
même temps s’il est « un homme saint », verra les actions
de son passé et les péchés du présent s’élever contre lui en
condamnation. Et cette question subsiste : « Saint ? Un
homme tel que je suis ? C’est à désespérer ! » Et pourtant
on désire le devenir ; beaucoup de chrétiens ont ce but !
Autrefois, j’entendais proclamer à l’église que personne
n’est saint sur la terre. Plus tard, après ma conversion, la
même déclaration retentissait dans les assemblées
évangéliques, mais sur un ton plus grave encore :
« Personne n’est saint ! » Pour rien au monde je n’aurais
voulu croire, à cette époque, que j’étais saint.
Il est clair que nul n’est saint par nature, et la description de
l’homme naturel, selon Romains 3, s’applique à toutes les
personnes n’ayant pas réalisé la nouvelle naissance. Mais les
passages de Romains 3 : 24 et Romains 8 : 1, nous donnent
une image autre de l’homme qui a fait cette expérience bénie
qu’est la nouvelle naissance. Dans l’ancienne alliance, les
hommes craignant Dieu étaient sanctifiés par leur
consécration à Dieu, tandis que dans la nouvelle alliance,
nous sommes sanctifiés par l’offrande du corps de Jésus-
Christ (Hébreux 10), non pas par notre consécration ou par le

don de nous-mêmes à Dieu. Le don de notre vie à Dieu est

nécessaire, car celui qui ne renonce pas à tout ce qu’il a ne


peut être un disciple de Jésus-Christ. La conversion, c’est le
don sans réserve de sa vie à Dieu qui manifeste alors et
révèle sa pensée ; c’est ainsi qu’il me fit connaître que j’étais
sanctifié - rendu saint - par l’offrande du corps de Jésus-Christ,
une fois pour toutes (Hébreux 10 : 10). Maintenant, c’est pour

cette parole que je me laisserais couper la tête ! Aujourd’hui,


l’exhortation de l’apôtre Paul : « Recherchez la sanctification
sans laquelle nul ne verra le Seigneur » ne rend plus
vacillant le fondement sur lequel je suis posé. Autrefois,
lorsque je lisais cette parole, je n’en comprenais pas le sens ;
je voulais produire une sanctification au lieu de la
poursuivre. La tâche d’un chasseur ne consiste pas à
« fabriquer un lièvre » mais il doit le poursuivre et son but
sera de le prendre. La différence est donc bien en ceci : les
uns acceptent la sanctification que Jésus nous a acquise,
tandis que les autres veulent la produire. C’est ainsi que
longtemps, je marchai dans la mauvaise direction, voulant à
tout prix « devenir » ; néanmoins Dieu avait du plaisir à mon
zèle en me suivant, prévoyant certainement qu’un jour « je
me briserais le cou » sur un obstacle !
C’est ainsi que beaucoup de chrétiens se sont mis en
campagne ; ils s’imaginent produire la sanctification en
faisant de bonnes œuvres et en vivant pieusement. Il n’est
pas écrit qu’il faut produire la sanctification, sans quoi nous
arriverions à la conclusion que Dieu est un maître dur qui
exige de nous quelque chose d’impossible, et nous irions à
la perdition ; mais il est dit : « Recherchez la sanctification »
(une autre traduction dit : poursuivez). Nous sommes
sanctifiés, une fois pour toutes, par l’offrande du corps de
Jésus-Christ ! Nous devons nous appuyer sur cette
promesse à travers les épreuves et les tempêtes et « nous
asseoir sur le lièvre » au lieu de vouloir le « fabriquer »,
c’est-à-dire que nous devons croire que « nous sommes
sanctifiés, une fois pour toutes, par l’offrande du corps de
Jésus-Christ » (Hébreux 10 : 10). Celui qui a reçu l’assurance
du pardon de ses péchés et qui sait que sa vie est en ordre
devant Dieu, ose se servir et manger de tout son cœur ; il est
prêt pour l’avènement de Jésus ! C’est pourquoi l’Écriture
sainte nomme « justes et saints » tous ceux qui ont reçu
l’Esprit de Dieu. Paul écrit aux Corinthiens : « Ne savez-vous
pas que les injustes n’hériteront pas le royaume de Dieu ?
Ne vous y trompez pas ! Ni les adultères, ni les efféminés, ni
les voleurs, ni les cupides, ni les ivrognes, ni les outrageux,
ni les ravisseurs, n’hériteront le royaume de Dieu ». Ensuite
l’apôtre peut affirmer : « Et c’est là ce que vous étiez,
quelques-uns de vous, mais vous avez été lavés, mais vous
aviez été sanctifiés, mais vous avez été justifiés, au nom du

Seigneur Jésus-Christ, et par l’Esprit de notre Dieu » (1


Corinthiens 6).
Nous ne devons jamais abandonner cette position
fondamentale. Il arrive des moments dans la vie où il peut
nous sembler que nous péchons si nous croyons encore que
nous sommes saints. Mais c’est précisément dans ces
moments-là que nous devons encore et toujours construire
sur le « Rocher », c’est-à-dire compter avec la grâce ; car, si
nous ne plaçons pas notre espérance uniquement sur la
grâce, nous perdons notre sanctification. La sanctification
n’est pas une œuvre d’homme, c’est un acte de Dieu. Le
Sauveur a dit : « Je me sanctifie moi-même pour eux, afin
qu’eux aussi soient sanctifiés par la vérité » (Jean 17 : 19), il
n’est pas dit qu’ils « seront », mais qu’ils « soient ».
Beaucoup de gens s’imaginent que la sanctification s’opère
petit à petit et qu’il faut toute une vie pour y arriver. M.
Fabianke, l’auteur d’un commentaire de la Bible dit ceci :
« La sanctification n’est pas une évolution progressive, mais
c’est un acte de Dieu ».
D’autres encore prétendent que nous devons croître dans la
sanctification, devenant toujours plus saints ; c’est notre
raisonnement humain qui entend les choses de cette façon.
Cependant il n’y a pas de croissance, ni dans la justice, ni
dans la sanctification. C’est dans la connaissance qu’il nous
faut croître, car c’est ainsi que ceux qui craignent Dieu
véritablement voient d’une façon toujours plus claire et
distincte, qu’ils sont justifiés et sanctifiés par le sacrifice de
Christ.
On proclame aussi que Dieu seul est saint, ce qui est vrai ;
mais s’il habite en nous, nous aussi sommes saints de
même que notre corps qui est devenu le temple du Saint-
Esprit. « Ne savez-vous pas que votre corps est le temple du
Saint-Esprit qui est en vous ? » (1 Corinthiens 6 : 19). Jamais
encore je n’ai lu autant de choses concernant les saints qu’à
l’heure actuelle, et il s’agit bien des saints qui sont sur la
terre (Ps. 16 : 3), car s’il n’existait pas de saints sur la terre,
comment pourrions-nous subvenir à leurs besoins, ainsi que
cela nous est recommandé dans Romains 12 ? Il faut
pourtant qu’il s’en trouve quelque part si nous voulons
prendre soin d’eux !
De nombreuses personnes remettent à l’au-delà la
réalisation des promesses, se couvrant de cette parole : « Ce
sont des choses que l’œil n’a point vues, que l’oreille n’a
point entendues et qui ne sont point montées au cœur de
l’homme, des choses que Dieu a préparées pour ceux qui
l’aiment » (1 Corinthiens 2 : 9). Elles prétendent alors que ce
sont des choses que nous recevrons au ciel seulement ;
cependant la fin de ce verset nous dit, « Mais Dieu nous les
a révélées par l’Esprit ». Les hommes de l’ancienne alliance
n’ont donc pas vu ce que nous voyons, ni entendu ce que
nous entendons.
« Mais, puisque celui qui vous a appelés : est saint, vous aussi

soyez saints, dans toute votre conduite. » (1 Pierre 1 : 5). Cette


parole doit demeurer en nous ; elle s’interpose entre nous et
les passions, les convoitises charnelles ; elle est une arme
dans le combat, car Jésus est présent, lui qui est notre
sanctification ; il est notre vie, notre force et notre sagesse ;
il est le chemin, la vérité qui affranchit. Ce n’est pas la loi qui
affranchit, mais la vérité.
« Soyez saints dans toute votre conduite. » Il est écrit dans
l’épître à Timothée que ce que nous mangeons est sanctifié
par la Parole de Dieu et par la prière (1 Timothée 4 : 4). Cela
revient à dire que les pommes de terre, le potage et le pain
que je mange sont « saints ». Voilà un remède qui fortifie
l’estomac, lui permettant de tout supporter.
Dans une vie sanctifiée il n’y a pas de place pour l’avarice. Le
démon de l’avarice poursuit les enfants de Dieu, les fascine
pour les entraîner à se laisser dominer par les circonstances
présentes en les poussant à des économies déplacées. À
table, on coupe les morceaux de pain aussi minces que
possible ; faut-il vraiment donner au Seigneur un morceau
de pain presque transparent ? « Car ce que vous aurez fait à
l’un de ces plus petits, vous l’avez fait à moi-même ! » Je
suis à mon aise lorsque je me trouve quelque part où l’on
ose se servir hardiment, sans avoir toujours l’impression
qu’il faut manger plus lentement et penser : « Il ne reste
plus qu’un morceau dans le plat, il n’est pas poli de le
prendre ! » Notre Père céleste nous sert de gros morceaux et
il se réjouit si nous les acceptons ; chez lui, le dernier
morceau n’a encore jamais été pris.
Celui qui est saint dans toute sa conduite confesse Jésus
dans ses actions, car il est écrit : « Montre-moi ta foi sans
tes œuvres, et je te montrerai ma foi par mes œuvres.
Comme le corps sans âme est mort, de même la foi sans les
œuvres est morte » (Jacques 2 : 18-26). C’est pourquoi le
fondement de notre foi doit être la Parole de Dieu ; c’est
cette Parole qui nous transforme et produit en nous une vie
intègre, nous rendant propres à toute bonne œuvre.
Une vie sainte est imprégnée de cette parole (Colossiens 3 :
12) : « Ainsi donc, comme des élus de Dieu, saints et bien-
aimés, revêtez-vous d’entrailles de miséricorde, de bonté,
d’humilité, de douceur, de patience ». Ici nous voyons
clairement que les saints ne sont pas des personnes
parvenues à la perfection car si, « comme des élus de Dieu »
ils doivent se revêtir de ces choses, j’en conclus qu’elles leur
manquent encore. C’est précisément lorsqu’ils éprouvent le
sentiment qu’il leur manque un de ces vêtements qu’ils
s’adressent au grand magasin de Dieu, où l’on obtient tout
ce dont on a besoin, gratuitement, sans argent !
Un avertissement : Beaucoup de personnes combattent la
sanctification ! Le pasteur Coerper reprit une fois l’un de ses
confrères par ces mots : « La prospérité spirituelle, lui dit-il,
n’a jamais été la part de ceux qui ont combattu la
sanctification ! »

Mais maintenant, étant affranchis du péché, et

étant devenus esclaves de Dieu, vous avez pour fruit

la sainteté, et pour fin la vie éternelle

Romains 6.22
On nous a surnommés « les sans péchés » ; nous n’avons
jamais enseigné cela, mais ce que la Bible enseigne :
« Affranchis du péché ». Lorsqu’un étranger me demande à
quelle congrégation j’appartiens, je réponds : « Aux soi-
disant sans péchés », mais je m’empresse d’ajouter qu’il
s’agit là du nom dont on nous désigne et je lui déclare en
même temps que nous avons au milieu de nous des gens
qui ont réalisé l’affranchissement du péché. Moi aussi, j’ose
l’affirmer à présent ; j’en suis heureux ; je ne connais rien de
meilleur. Jésus est le chemin, la vérité et la vie ; la vérité nous
affranchit.
Il est écrit dans 1 Jean 3 : 9 : « Quiconque est né de Dieu ne
pratique pas le péché, parce que la semence de Dieu
demeure en lui ; et il ne peut pécher parce qu’il est né de
Dieu ». J’ai souvent lu ce verset, étant avide d’en
comprendre le sens, il est d’un intérêt vital. J’assistais un
jour à une réunion présidée par un prédicateur qui avait la
réputation d’être un homme éclairé et je me rendis ensuite
chez lui pour être enseigné à ce sujet. Je lui demandai
comment ce verset devait être compris : « Celui qui est né
de Dieu ne pratique pas le péché ». Pour toute réponse, il
me rendit attentif à la parole de Romains 7 : 16-17: « Or, si je
fais ce que je ne veux pas, je reconnais par là que la loi est
bonne. Et maintenant ce n’est plus moi qui le fais, mais c’est
le péché qui habite en moi ». Je me dis alors : « Ce n’est
donc pas moi qui pèche ! » Cependant, il n’est pas bon de
posséder une foi semblable, car c’est le diable qui trône
dans un cœur où habite le péché et non le Seigneur Jésus.
Dieu exige de nous que nous ne péchions point. Il est écrit
dans 1 Jean 2 : 1 : « Mes petits enfants, je vous écris ces
choses afin que vous ne péchiez point ». Et dans 1
Corinthiens 15 : 24: « Revenez à vous-mêmes, comme il est
convenable, et ne péchez point ». Romains 6 : 12: « Que le
péché ne règne donc point dans votre corps mortel, et
n’obéissez point à ses convoitises ». Après ma conversion,
j’eus encore bien des défaillances qui n’auraient pas dû se
produire, et je m’en plaignais à des prédicateurs. Ceux-ci me
consolaient avec cette parole de l’apôtre Paul : « Le bien que
je veux faire, je ne le fais pas », ainsi qu’avec celle de l’apôtre
Jacques : « Nous bronchons tous de plusieurs manières » ;
ils ajoutaient qu’on reste pécheurs et qu’on pèche toujours.
Il y a des milliers de gens pieux qui savent pertinemment
qu’ils ne doivent pas pécher, prétendant cependant qu’ils
restent pécheurs. C’est précisément ce que le serviteur
infidèle reproche à son maître dans la parabole : « Seigneur,
je savais que tu es un homme dur, qui moissonnes où tu
n’as pas semé, et qui amasses où tu n’as pas vanné. » (Mat.
25 : 24). Ils prétendent être humbles tandis qu’ils
considèrent ceux qui croient à l’affranchissement du péché
selon les Écritures comme des orgueilleux qui s’égarent !
Cela déchire le cœur de constater que des communautés
entières sont dans l’oppression par cet enseignement erroné
qui dit : « Nous ne devons pas pécher, mais nous restons
des pécheurs » ! Quelle doctrine perverse ! Il est manifeste
que ses adeptes ne se rendent même pas compte de cette
contradiction.
En son temps, des enfants s’étaient convertis à D.
L’instituteur de l’endroit, courroucé, voulut les persuader de
ne plus assister à nos réunions, prétendant que nous étions
des séducteurs. Il disait aussi que nous enseignons dans
l’assemblée que nous ne péchons plus, et pourtant, disait-il,
« il faut toujours pécher ». Il arrivait qu’il enseignait la
religion pendant deux heures le même jour, et cela plus
d’une fois, prétendant qu’il n’était plus nécessaire d’assister
à d’autres assemblées. Un des garçons fut accusé
injustement d’avoir commis une faute ; alors le maître dit :
« N’avons-nous pas entendu à la leçon de religion qu’il est
défendu de faire cela ? - Parfaitement, répondit l’élève, mais
vous avez également dit que nous ne pouvions faire
autrement, qu’il « fallait pécher ». Sur ces entrefaites,
l’instituteur suspendit ses leçons de religion pendant un
certain temps. Apprenant cela, je pensai que ces enfants
s’apercevaient que leur instituteur se contredisait.
Cette parole demeure : « Celui que le Fils affranchit est

véritablement libre » et cette autre parole également : « Quoi

donc, pécherions-nous, parce que nous ne sommes, non sous la

» (Romains 6 : 15). « Ses


loi, mais sous la grâce ? Loin de là !

commandements ne sont pas pénibles ! La victoire par


laquelle le monde est vaincu, c’est notre foi. » De tels
passages me montraient qu’il devait y avoir une position où
l’on réalise la victoire complète, et j’en étais encouragé. Les
hommes qui se soumettent à l’enseignement de certains
prédicateurs affirmant que nous restons des pécheurs notre
vie durant vont à leur perdition.
À cette époque, je lisais volontiers le troisième chapitre de la
première épître de Jean, et je rendais témoignage du
bonheur que possèdent les enfants de Dieu ; cependant je
ne pouvais en dire davantage que ce que je possédais moi-
même. On disait de moi que j’appartenais aux « sans
péchés » uniquement parce que je lisais le chapitre précité ;
on aurait préféré le supprimer de la Bible. Comme il en est
autrement lorsqu’on donne raison à Dieu ! Je n’aimerais pas
vivre à la place de ceux qui déclarent que « nous devons
rester des pécheurs », car les hommes qui méprisent le
Seigneur et son salut n’ont rien à attendre de bon. Par
contre, ceux qui reconnaissent qu’ils ne sont pas libérés du
péché mais qui souhaitent de tout leur cœur en être délivrés,
ne seront jamais abandonnés de Dieu, s’ils le désirent
véritablement. Dieu ouvre les yeux de celui qui, recherchant
la délivrance, constate : « Je ne possède pas le salut, mais je
crois qu’on peut le recevoir ! » C’est ce qu’il a fait pour moi.
Ils sont nombreux ceux qui prétendent se libérer petit à petit
par leurs propres efforts, mais il est impossible de réaliser
l’affranchissement de cette manière. Car on demeure ainsi
dans une position semblable à celle d’Ésaü qui nous est
décrite dans Malachie 1: « Nous sommes détruits, mais
nous relèverons nos ruines ». Ésaü a un « bon côté », et il
veut améliorer l’autre côté - relever ses ruines ! Des milliers
sont dans cette même situation et ne se considèrent pas du
tout comme étant radicalement mauvais. Ils s’efforcent de
s’affranchir de ce qui n’est pas bon en eux, mais ils réalisent
ce qui est écrit d’Ésaü (Mal. 1 : 4) : « Qu’ils bâtissent, je
renverserai et on les appellera pays de la méchanceté,
peuple contre lequel l’Éternel est irrité pour toujours ». Tous
ceux qui habitent ce « pays de la méchanceté », c’est-à-dire
ceux qui veulent s’améliorer eux-mêmes, sont sous la
malédiction, et cela malgré la bonne opinion qu’ils ont de
leur personne. Ils sont en eux-mêmes, cherchant à se
maîtriser, et pourtant ils doivent convenir qu’on ne peut rien
faire par soi-même ; ce langage pieux est séduisant !
Voulons-nous sortir de notre misère et entrer dans la
liberté ? Croyons alors ce que dit l’Écriture ! Une parole de
Jésus m’est devenue importante : « Si vous étiez aveugles,
vous n’auriez pas de péché. Mais maintenant, vous dites :
Nous voyons ; c’est pour cela que votre péché subsiste »
(Jean 9 : 41). C’est ainsi que Jésus a dû parler aux scribes et
aux pharisiens. Combien de gens pieux sont de tels
« voyants » ; ils ne croient pas la Bible aveuglément ! Car ces
mots : « Si vous étiez aveugles » signifient : « Si vous
croyiez aveuglément les Écritures ». Celui qui croit ainsi,
aveuglément, n’a plus de péché, il est enlevé ; car Jésus est
venu pour ôter le péché du monde. Mais celui qui dit : « Moi
je ne vois pas les choses ainsi, le péché est encore en moi »,
réalise alors que son péché subsiste.
C’est la raison pour laquelle une multitude de chrétiens
persistent à affirmer que le péché demeure ; ils veulent saisir
ces choses par la raison. Mais celui qui croit véritablement la
Parole, compte avec ce qui est écrit dans Romains 6: Nous
sommes morts avec Christ - morts au péché - une fois pour
toutes ; ressuscités avec Christ, rendus vivants pour Dieu et
affranchis du péché. Celui qui croit ainsi, aveuglément,
expérimente aussi ce qui est écrit dans Romains 8 : 2 : « La
loi de l’Esprit de vie qui est en Jésus-Christ, m’a affranchi de
la loi du péché et de la mort ». Cette loi du péché et de la
mort règne dans l’homme jusqu’à ce qu’il croie en Jésus et
réalise la rédemption ; c’est alors qu’il peut dire : « La loi de
l’Esprit de vie qui est en Jésus-Christ, m’a affranchi » ; il a
expérimenté ce qui est écrit dans Hébreux 10 : 16: « Je
mettrai mes lois dans leur cœur, je les écrirai dans leur
esprit, il ajoute : et je ne me souviendrai plus de leurs
péchés, ni de leurs iniquités ». Il est question ici de la loi de
Christ, de la loi de l’Esprit de vie, et non de la loi du péché et
de la mort, ni de la loi de Moïse, comme certains le
prétendent.
La loi de Moïse ne peut affranchir aucun homme, elle est
incapable de donner la vie divine. Elle ne le peut pas plus
qu’il n’est possible de nourrir un cheval avec le fouet. En
l’excitant du fouet, on arrive à le faire trotter, mais un
moment seulement. Voilà bien l’état de l’homme sous la loi :
il prend de bonnes résolutions, il s’élance ; on l’excite du
fouet, on le presse, on le pourchasse ! Mais dès que la loi de
l’Esprit de vie en prend possession, le bâton de l’oppresseur
est brisé, le joug tombe de ses épaules, et d’un coup il est
libre. Nous réalisons l’affranchissement du joug du péché en

croyant conformément aux Écritures ; cette affirmation se


répète maintes fois. Jean-Baptiste déjà déclara : « Voici
l’Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde ». Si donc
Jésus l’a ôté, j’en suis libéré ! « L’Éternel a fait retomber sur
lui l’iniquité de nous tous. » (Ésaïe 53 : 7). Si nous
demeurons dans la foi, nous savons que le péché ne repose
plus sur nous, nous en sommes libérés. « Celui qui n’a point
connu le péché, Dieu l’a fait devenir péché pour nous, afin
que nous devenions, en lui, justice de Dieu. » (2 Corinthiens
5 : 21). « Ayant été affranchis du péché… » (Romains 6 : 18,
22). Affranchi veut dire : libre !
Un jour, je rendis visite à une sœur malade qui faisait partie
de notre assemblée ; deux jeunes filles distinguées étaient
présentes. Je lus le chapitre 6 de l’épître aux Romains, et
j’eus à peine terminé, que celles-ci répliquèrent : « Il faut
toujours pécher, on ne peut pas être délivré du péché ! » Je
leur posai la question suivante en leur montrant ma Bible :
« Mais qui donc a parlé ici ? Je vous ai lu la Parole de
Dieu ! » Elles persistèrent néanmoins dans leur affirmation :
« On ne peut être affranchi du péché ». Je leur dis alors :
« Qu’entendez-vous par ce mot « libre » ? Que signifie :
« être affranchi ? » Puis je demandai à ces jeunes filles :
« Avez-vous des poux ? - Non ! - N’en avez-vous jamais
eus ? - Oui, lorsque nous étions petites. - En êtes-vous
libérées maintenant ? - Oui. - Cependant, il doit encore vous
en rester quelques-uns ? - Non, nous en sommes
complètement débarrassées, nous en sommes libérées. -
Bien ! Et alors les gens qui ont été affranchis de leurs
péchés, en ont-ils encore quelques-uns ? » C’est ainsi que je
cherchais à leur faire comprendre clairement que le mot
« affranchi » veut dire « libre », « délivré ». Il est écrit dans
Romains 6 - « Étant donc affranchis du péché… » cela
signifie que nous sommes libres, débarrassés, aussi bien
que des poux !
Libre du péché, délivré du péché, comme c’est grand,
comme c’est glorieux !
Lorsqu’il s’agit de choses terrestres, les hommes donnent
aux mots leur signification ; tandis que lorsqu’il est question
de choses divines, beaucoup s’imaginent que l’on ne peut
plus laisser aux mots leur sens véritable. Quand un
supérieur donne un ordre, les subordonnés ne doivent pas
discuter et dire entre eux : on ne le comprend pas ainsi !
Ah ! Si chacun voulait réfléchir et reconnaître : « Jusqu’à
présent j’ai été un incrédule ; je n’ai pas cru en Dieu ! » Le
diable fait sa demeure là où l’on ne croit pas. Lecteur,
accepte donc la Parole de Dieu comme vérité, et crois tout
ce que Dieu dit et comme il le dit ; la vérité affranchit, elle
rend libre. Dieu ne qualifie aucun de ses enfants du nom de
« pécheur » et cela même s’il arrivait à l’un de ceux-ci d’être
surpris par quelque faute. Point n’est besoin du sang de
Christ pour vivre dans le péché, mais il est indispensable
pour nous affranchir du péché et nous en préserver.
Ils sont nombreux aussi ceux qui affirment que personne
n’est pur, et que l’on ne peut avoir un cœur pur. Cependant,
Jésus dit à ses disciples dans Jean 15 : 3: « Vous êtes déjà
purs, à cause de la Parole que je vous ai annoncée », et dans
Matthieu 5 : 8, il est écrit : « Heureux ceux qui ont le cœur
pur, car ils verront Dieu ». Il nous : est dit dans 1 Timothée
1 : 5: « Le but du commandement, c’est la charité venant d’un
cœur pur d’une bonne conscience et d’une foi sincère ».

Dans le chapitre 3, verset 9, l’apôtre Paul parle de ceux qui


conservent le mystère de la foi, dans une conscience pure.
Dans Il Timothée 1 : 3, il atteste, en ce qui le concerne, qu’il
sert Dieu avec une conscience pure ; dans 2 Timothée 2 : 22,
il parle d’autres personnes qui invoquent le Seigneur d’un
cœur pur. D’autre part il est dit dans Tite 1 : 15-16: « Tout est
pur pour ceux qui sont purs, mais rien n’est pur pour ceux
qui sont souillés et incrédules ; leur intelligence et leur
conscience sont souillées ! Ils font profession de connaître
Dieu, mais ils le renient par leurs œuvres, étant
abominables, rebelles et incapables d’aucune bonne
œuvre. » Nous trouvons en outre les passages suivants,
dans lesquels il est question d’un cœur pur ». Éphésiens 5 :
26: « Christ a aimé l’Église et s’est livré lui-même pour elle,
afin de la sanctifier par la Parole, après l’avoir purifiée par le
baptême d’eau ». Et Hébreux 1 : 3: « Il a fait la purification
des péchés par lui-même ».
Heureux celui qui croit ce que la Parole de Dieu dit et qui ne
remplace pas les termes : « nous sommes » - « nous
avons » par : « nous serons » et « nous aurons ». Dieu est
saint envers celui qui est saint, pur envers celui qui est pur,
mais avec celui qui est pervers, Dieu agit selon sa perversité.
De nos jours, beaucoup de gens pieux prétendent que nous
nous souillons journellement disant, à l’appui de cela, que
Jésus a lavé les pieds de ses disciples. Ils trouvent dans ce
fait un argument pour dire que nous aussi nous avons
besoin de nous « laver les pieds » chaque jour. Et cependant
le Seigneur dit expressément : « Je vous ai laissé un
exemple, afin que vous fassiez comme je vous ai fait ». Il
veut donc nous montrer par là comment nous devons le
servir.
Il est écrit dans la lettre à l’ancien de l’Église de Sardes :
« Cependant tu as à Sardes quelques hommes qui n’ont pas
souillé leurs vêtements » (Apoc. 3 : 4). Que répliqueras-tu à
cette déclaration du Sauveur ? Voudras-tu opposer pour ta
défense le fait que Jésus a lavé les pieds de ses disciples :
« Celui qui est lavé n’a besoin que de laver ses pieds pour
être entièrement pur, et vous êtes purs, mais non pas tous ».
L’un n’était pas pur, mais Jésus ne voulait pas l’exposer
publiquement. « Vous êtes purs à cause de la Parole que je
vous ai annoncée. »
Ceci était-il vrai ? Certains trouveraient à objecter que
l’apôtre Pierre n’était pourtant pas pur et que les disciples
s’étaient encore disputés en chemin, pour savoir lequel
d’entre eux était le plus grand ! Mais Pierre n’a pas contredit
les paroles du Seigneur, il s’en est réjoui. « Vous êtes purs à
cause de la Parole. » Combien plus cette Parole est-elle
véritable maintenant que l’œuvre de rédemption est
accomplie ! Purs, par l’offrande du corps de Christ ! Cette
proclamation résonne agréablement, et réveille notre
adoration. Oui, c’est dans le sang de Jésus que réside la
puissance, la puissance de victoire.
Des sept Églises mentionnées dans l’Apocalypse, deux
seulement étaient sans reproches, et dans les cinq autres
Églises, bien que leurs anciens fussent réprimandés, il se
trouvait tout de même parmi eux quelques membres qui
étaient irrépréhensibles devant Dieu. C’est pourquoi, ceux
qui écoutent des prédicateurs n’annonçant pas la vérité,
seront sans excuse. Le Seigneur Jésus vient comme l’éclair ;
personne n’aura le temps de se purifier ; et rien d’impur ni
de souillé n’entrera dans le royaume des cieux. Ainsi donc, il
doit y avoir une position, un état, où Dieu peut donner à
l’homme le témoignage qu’il est irrépréhensible et sans
tache, par le Seigneur Jésus. - « Cependant, tu as à Sardes
des hommes qui n’ont pas souillé leurs vêtements. » Il ne
s’agit pas ici d’une position gardée pendant un jour ou un
mois ; ils n’ont pas souillé leurs robes ; c’est pourquoi ils
marcheront en vêtements blancs avec le Sauveur. Là seront
manifestés ceux qui, en vérité, ont osé se confier dans
l’œuvrede la rédemption et dans le sacrifice éternel accompli
par Jésus-Christ. Ces hommes qui n’avaient pas souillé leurs
robes étaient des hommes comme nous - dans leur état
naturel, maudits, impies - mais ils acceptèrent l’Évangile, se
laissèrent sauver par Jésus-Christ, et demeurèrent
fermement dans la foi et le salut. Ils ont été les imitateurs de
Paul qui se glorifiait en Jésus-Christ et ne mettait point sa
confiance en la chair, et qui regardait ce dont la chair pouvait
se glorifier - c’est-à-dire sa conduite irréprochable selon la loi
- comme de la boue et comme une perte, afin de gagner
Christ, et d’être trouvé en lui, non avec la justice qui vient de
la loi, mais avec celle qui s’obtient par la foi en Jésus-Christ
(Phil. 3).
La Parole de Dieu est véritable, et celui qui croit expérimente
cette promesse : « Il a purifié leur cœur par la foi », et il
réalise qu’il n’y a plus de condamnation en lui ; il est un
enfant bienheureux de Dieu ! Ces vérités merveilleuses ne
laissent pas les hommes dans leur état naturel. Celui qui les
accepte passe de la mort à la vie, puis sa connaissance
augmente ; il va de lumière en lumière. Tandis que celui qui
les rejette tombe toujours plus bas dans la mort et dans la
nuit. L’homme qui prend ces vérités à cœur réalise la paix du
cœur et le repos ; il sait parfaitement que Jésus a détruit à la
croix l’acte d’accusation qui subsistait contre lui. Il ne se
lamente plus sur son passé, en disant : Si seulement je
n’avais pas fait telle ou telle chose ! Non ! Lorsque les
transgressions ont été pardonnées et que Dieu affirme qu’il
ne veut plus y penser, nous nous appuyons par la foi sur sa
Parole, car Dieu ne peut mentir. C’est l’expérience la plus
belle qu’un homme puisse réaliser.
Certains prédicateurs proclament que le Seigneur ne vient
pas habiter un cœur impur et qu’il s’agit premièrement de le
purifier. Cela n’est pas possible. Dans notre état naturel
nous ne pouvons présenter un cœur pur au Seigneur. Si
nous voulions le purifier nous-mêmes, nous serions
semblables à quelqu’un qui voudrait laver un fumier ; ce
serait peine perdue. Et comment pourrions-nous purifier
nous-mêmes nos cœurs, lorsque les mêmes prédicateurs
proclament que personne ne peut avoir un cœur pur ?
Autrefois, je répétais aussi de telles contradictions et me
déclarais d’accord avec ceux qui les soutenaient, mais
aujourd’hui je ne le puis plus. C’est précisément quand le
Seigneur vient habiter dans notre cœur, que celui-ci est
purifié ; toutes les ténèbres, toutes les souillures, toutes les
impuretés disparaissent devant sa lumière, et nous sommes
rendus participants de la nature divine.
Dans une certaine communauté, en Allemagne, il était
enseigné qu’il restait toujours un point sombre dans le cœur
des hommes, malgré la régénération. Ces gens déclaraient
par ailleurs, qu’il était pénible de vivre pour Dieu. Ils
parlaient cependant beaucoup de l’Esprit de Dieu, mais non
de ce qui est écrit dans la Parole de Dieu. Nous devons
compter avec ce qui est écrit, et ainsi nous nous édifions sur
le Rocher, sur un fondement inébranlable, de telle sorte que
ni les ouragans, niles tempêtes ne peuvent nous renverser.
Si nous vivons volontairement dans un péché quelconque,
tout notre corps est ténèbres, peu importe notre piété ; voilà
ce que l’Écriture déclare.
En son temps, le conseil synodal réformé du canton de
Berne répandit un pamphlet dénonçant comme hérésie
l’enseignement qui affirme que le chrétien doit et peut être
pur. J’ignore de quelle façon ces hommes lisent la Bible,
mais ce sont tout simplement des incrédules. Dans le
sermon sur la montagne, le Seigneur Jésus dit : « Heureux
ceux qui ont le cœur pur » ; il n’est pas dit « ceux qui
auront », mais qui ont le cœur pur. Notre cœur est purifié

par la foi en l’œuvre de Jésus ; Il a fait la purification de nos


péchés par lui-même, il nous a lavés de nos péchés, c’est
donc par la foi en sa Parole que nous recevons un cœur pur.
Je ne sais ce que pensent ces messieurs qui éditent des
ouvrages s’opposant pareillement à la Parole divine et à la
vie. Il est vrai que quelques pasteurs n’étaient pas d’accord
avec cette manière de voir ; ils prévoyaient ce qui en
résulterait. Ce pamphlet fut la cause qu’un grand nombre de
personnes demandèrent leur démission de l’Église
nationale, car si l’on désire avoir part à l’enlèvement des
élus, lorsque Jésus paraîtra, l’on ne peut rester membre
d’une communauté dans laquelle la vérité est combattue.
Un pasteur qui s’opposait à notre enseignement, et qui
devait avoir appris que nous disions l’oraison dominicale
avant les repas, avait publié un article dans un journal,
disant que cette prière était tellement sainte, qu’il ne fallait
pas la dire à Dieu avant les repas, car à ce moment, nous ne
pouvions être assez recueillis ! Il serait donc préférable de
dire cette prière après les repas ! Il écrivait également que
nous restions toujours impurs, et que nous péchions sans
cesse : en paroles, en pensées et en actions. Aussi, était-il
indispensable de toujours demander pardon à Dieu. Dans le
même journal, il relatait l’accident d’un jeune homme qui
s’était exposé au danger sur une montagne et y perdit la vie.
Il dépeignait celui-ci comme ayant toujours vécu dans la
pureté, n’ayant jamais pollué ses forces juvéniles, et
pourtant il convenait qu’il ne s’était jamais converti. Voilà
comment on présente les choses d’une manière partiale, en
se contredisant. Ceci est une preuve manifeste que l’on ne
regarde pas Dieu en face, et qu’on dit les choses selon les
personnes auxquelles on s’adresse.
J’ai même connu un frère qui avait été en grande
bénédiction par son travail d’évangélisation sous la tente, et
que j’avais écouté pendant de nombreuses années mais qui,
par la suite, fit paraître une brochure dans laquelle il
combattait l’enseignement de la pureté du cœur ! Cette
brochure fut très répandue, mais elle ne contribua pas à
l’édification, n’étant pas inspirée de Dieu. Dès ce moment-
là, son ministère fut stérile, car il avait subi l’influence
d’hommes considérés mais incrédules.
Peu de temps après, il présida une série de réunions à
Thoune, et j’assistai à l’une de ses études bibliques. Il y
traita l’épître aux Éphésiens et dit de belles choses
concernant l’amour et la puissance de Dieu ; il prouvait ce
qu’il avançait par les Écritures. Il tint aussi une conférence
dans laquelle il combattait l’enseignement de la pureté du
cœur ; en ce temps-là, il y avait une grande controverse dans
le canton de Berne. Il déclarait qu’il était impossible de
posséder un cœur pur, et des prédicateurs présents dans
cette assistance l’approuvaient par des signes de tête.
Ici aussi, il voulut prouver par la Bible ce qu’il disait, mais
cette fois les paroles bibliques lui firent défaut. Alors il
prétendit que si nous avions un cœur pur, nous ne serions
pas voués à la corruption et que les enfants ne seraient plus
conçus ni ne naîtraient dans le péché. Je fis alors la réflexion
suivante : Si l’on plante un noyau de « cerise de Bâle » il
produira un cerisier sauvage ; si l’on plante des pépins d’une
pomme de l’espèce « Empereur Alexandre », il n’en croîtra
pas un pommier de cette espèce, mais bien un pommier
sauvage. J’estimais beaucoup cet homme, et je pensai : S’il a
raison, je rétracterai, dans nos assemblées, les choses que
j’ai enseignées concernant la pureté du cœur.
Mais une question cependant se posait à moi : « Que vas-tu
enseigner à l’avenir ? Ce que j’ai annoncé jusqu’à présent, à
savoir : la Parole de Dieu ! » Alors, je proclamai les mêmes
vérités qu’auparavant, et ainsi je fus délivré de mes
tentations. Si quelques-uns veulent s’obstiner à tordre les
Écritures et à rejeter l’enseignement de la pureté du cœur, en
prétendant que le péché et la souillure persistent, pour moi
je préfère croire ce que dit mon Père céleste. Il est écrit dans
le Psaume 24 : « Qui pourra monter à la montagne de
l’Éternel, qui s’élèvera jusqu’à son lieu saint ? Celui qui a les
mains innocentes et le cœur pur ». Voilà ce que possède
celui qui est devenu une nouvelle créature ; nous sommes
bienheureux lorsque nous croyons conformément aux
Écritures.
Quelle joie m’apporte cette parole : « Heureux ceux qui ont
le cœur pur », et cette autre aussi : « Tout sarment qui porte
du fruit, il l’émonde (le purifie) afin qu’il porte encore plus de
fruits » (Jean 15 : 2). Autrefois, je voulais concilier et
expliquer ces deux textes par mon raisonnement, mais
aujourd’hui je sais ceci : Je suis pur parce que le Seigneur
Jésus m’a purifié, et je crois aussi qu’il émonde (purifie) tout
sarment qui porte du fruit ; j’en ai besoin, et les deux choses
me réjouissent.
J’ai été souvent poursuivi par la pensée que ma position
spirituelle n’était pas bonne, et autrefois je me sondais : Es-
tu vraiment comme la Parole le demande ? Es-tu lavé de tes
péchés ? Es-tu libéré du péché ? As-tu un cœur pur ? Et la
conclusion de cet examen était la suivante : « Non, je ne
suis pas comme je devrais être », et je me lamentais en
disant : « Si seulement j’étais lavé de mes péchés, je ne suis
pas encore affranchi ! » Mais plus tard, je me suis rendu
compte que ces pensées étaient des tentations, et j’ai appris
à croire avec persévérance : Christ est ma vie, il a payé ma
rançon, il est ma justice, je suis affranchi du péché. Et si
nous sommes surpris par quelque faute, nous nous en
humilions et, comptant avec le sacrifice expiatoire éternel,
nous pouvons nous réjouir et nous reposer en Jésus et
glorifier ses œuvres.
Alors, la crainte de la mort disparaît. Nous nous réjouissons
d’entrer dans la maison du Père. J’ai été à trois reprises près
de la mort et, à l’une de ces occasions, une neige fraîche
venait de tomber. Je demandai que l’on me chante le
cantique : « Source de miséricorde », dans le refrain duquel
se trouvent ces paroles : « Lave-moi, blanc comme la
neige ». Ce refrain fit naître une souffrance en mon cœur ;
des personnes non régénérées peuvent bien chanter :
« Lave-moi », mais quant à moi, je savais de la façon la plus
certaine que j’avais été lavé dans le sang de l’Agneau : blanc,
plus blanc que neige. Cependant le dernier verset de ce
cantique est ainsi conçu : « Blanc comme la neige, Seigneur,
la source, c’est toi », et ceci me réconforta. Nous avons,
depuis, modifié le texte de ce cantique dans notre nouveau
recueil, et nous chantons maintenant : « Je suis lavé dans le
sang, et suis blanc comme neige ». Si nous croyons en lui
nous ne serons pas confus, même s’il nous semble être tout
noir ; peu importe nos sentiments, si nous restons dans la
foi. La foi est une ferme assurance des choses qu’on espère,
une démonstration de celles qu’on ne voit pas.
Si tu désires obtenir un cœur pur, observe ce qui suit :
Repens-toi, humilie-toi sincèrement pour n’avoir pas cru la
Parole de Dieu, et pour n’avoir pas servi le Seigneur. Puis
crois, « maintenant » que le Seigneur a lui-même porté tes
péchés en son corps sur le bois, car il nous a aimés et nous
a lavés de nos péchés par son sang. Et voici comment Dieu
manifeste sa patience envers nous : il a juré de ne plus
s’irriter contre nous, et de ne plus nous menacer. Crois-tu
cela ? Comment échapperons-nous si nous négligeons un si
grand salut ?
Doit-on constamment
demander le pardon de ses
péchés ?

Après la Pentecôte, les apôtres sont fermes comme le roc


dans leurs convictions. Ils n’enseignent pas : « Nous
sommes parfaitement sauvés, le Seigneur a porté tous nos
péchés sur la croix, cependant nous devons encore pécher ».
C’est dans ces termes qu’un prédicateur me déclarait :
« Nous annonçons aussi dans notre congrégation que nous
sommes délivrés de notre dette du péché, de la puissance
du péché et que nous sommes affranchis de toutes les
conséquences du péché ». Mais ensuite, il proclamait quand
même que l’on est obligé de pécher encore, et qu’il n’est pas
possible d’être parfaitement affranchi du péché. Comment
serait-il possible que des hommes réalisent la nouvelle
naissance par un tel enseignement ? Je préférerais rester
chez moi et ne plus annoncer l’Évangile si nous ne pouvions
rien recevoir de plus sûr de Jésus, et s’il ne s’agissait que
d’une doctrine n’apportant qu’une piété extérieure, laissant
l’homme dans son état naturel de péché.
Si la note de mon épicier est payée, je n’ai pas de dettes
envers lui, et si elle est acquittée, elle est bien payée. Lorsque
notre dette de péché est acquittée, elle est réellement payée
et Dieu nous en donne la « quittance ». Dès que nous
recevons véritablement le pardon de nos péchés, nous nous
rendons compte que le sacrifice de Jésus a une valeur
éternelle et que tous nos péchés, du passé et de l’avenir, sont
effacés ; nous pouvons dire alors : « Voici, Dieu est ma
délivrance, je serai plein de confiance, et je ne craindrai rien.
Car l’Éternel est ma force et le sujet de mes louanges, c’est
lui qui m’a sauvé » (Ésaïe 12).
Le chapitre 3 de 2 Corinthiens nous dépeint deux
ministères ; celui de la condamnation et celui de la justice.
Le ministère de la condamnation a de la clarté, mais celui de
la justice le surpasse de beaucoup en gloire ! Dans leur vie
spirituelle, beaucoup de chrétiens ne réalisent que le
premier ; aussi sentent-ils le besoin de prier sans cesse :
« Pardonne-moi, pardonne-moi ». Ainsi, ils se trouvent
continuellement au banc des accusés, sous le poids qui les
condamne. Oh ! comme il en est autrement quand une
personne réalise le ministère de la justice, ayant reçu la
justification gratuite de Dieu par la foi !
La femme d’un pasteur allemand se trouvait une fois chez
moi ; j’avais déclaré au culte que les pasteurs enseignaient
que nous sommes tous des pécheurs, qu’aucun de nous ne
fait le bien et qu’ils disent encore : « Jésus est mort pour nos
péchés, cependant nous restons des pécheurs ». Cette
personne m’affirma que son mari ne parlait pas ainsi.
De retour chez elle, elle accompagna son mari au culte qu’il
présidait et, effectivement, il ne prêcha pas ainsi ce jour-là ;
mais ce fut bien le cas le dimanche suivant ! Elle se rendit
compte de l’erreur, crut à la grâce, reçut la paix de Dieu dans
son cœur et devint une femme heureuse. Il est intéressant
de constater que les femmes de pasteurs se convertissent
plus facilement que leurs maris.
Le thème principal de beaucoup de chrétiens est que nous
devons sans cesse demander pardon à Dieu. Cependant, les
disciples, après la mort de Jésus, n’en ont jamais parlé. J’ai
offert une fois cinquante francs à qui pourrait me prouver
que les disciples ont enseigné « qu’il faut demander pardon
tous les jours pour ses péchés ». Pour appuyer cette
doctrine, on se réfère à certains hommes de Dieu. Nous
devons avoir la Parole de Dieu pour fondement et pour
guide, et non pas les déclarations de ces soi-disant
« hommes de Dieu » qui colportent les produits de leur
raisonnement.
Il est écrit dans Galates 6 : 1: « Frères, si un homme vient à
être surpris dans quelque faute, vous qui êtes spirituels,
redressez-le avec un esprit de douceur ». Cela veut dire qu’il
peut arriver à une personne régénérée, d’être surprise par
une faute ; il ne s’agit donc pas d’une chose qui doit se
produire sans cesse. On se rend bien compte ici qu’une
faute commise ne laisse pas un enfant de Dieu indifférent, et
que celui-ci a besoin de consolation, étant tenté de croire
qu’il est perdu et qu’il n’y a plus de grâce pour lui. Il est
donc important qu’on l’aide à se relever. Il est écrit dans 1
Jean 2 : 1: « Si quelqu’un a péché, nous avons un avocat
auprès du Père, Jésus-Christ, le juste. C’est lui qui est la
victime expiatoire pour nos péchés ». Il n’est pas dit qu’il
nous réconcilie toujours à nouveau (comme le prétendent
les catholiques). La Rédemption est accomplie, et Dieu a mis
en nous la Parole de la réconciliation. C’est une grâce

inestimable que de pouvoir croire que Jésus est la victime


propitiatoire pour nos péchés ! Nous nous humilions et
nous lui rendons grâces parce que chaque désobéissance et
chaque transgression ont été expiées par son sacrifice, et
c’est ainsi que nous pouvons redresser les âmes dans un
esprit de douceur. Nous n’avons pas un sentiment de
mépris pour quelqu’un qui est tombé, car notre position
serait alors plus triste que la sienne. Lorsque nous aimons
les hommes comme nous-mêmes, nous pouvons facilement
nous humilier pour eux et Dieu peut accorder des
délivrances.
Il est aussi d’une grande importance que notre
enseignement ne mette pas les enfants de Dieu sous la loi,
car alors ils retourneraient de nouveau dans les ténèbres.
Mais en entendant parler de ce que Jésus a fait pour eux, ils
apprennent à se reposer, à s’appuyer sur son œuvre, selon
que l’onction les a enseignés au moment où ils ont réalisé la
nouvelle naissance : « C’est par grâce, c’est par grâce ». Ils
se rendent compte que tout est en ordre devant Dieu, pour
autant qu’ils se soient humiliés et qu’ils aient foi en l’œuvre
de la rédemption accomplie.
Ce n’est pas notre raison qui doit nous enseigner, mais la
Parole de Dieu. Ce n’est pas parce qu’il ne m’arrive plus aucune
faute que je ne dois plus demander pardon, mais parce que ma

; voilà la raison pour laquelle


dette est payée, et que je le crois

je puis rendre grâces pour le pardon. Ce n’était pas l’opinion


de cet homme pieux qui prétendait que l’on est dispensé de
demander pardon pour ses péchés, dès le moment où l’on
est parvenu à ne plus commettre de faute ; mais celui-ci
n’avait ni connu, ni réalisé la rédemption par le sang de
Christ.
Être parfait

Il doit être proclamé clairement qu’un chrétien n’est parfait


que par l’œuvre de rédemption accomplie par Jésus. Nous
ne pouvons être parfaits par nos propres œuvres et nous ne
le deviendrons jamais par ce moyen. Être parfait,
irrépréhensible, et demeurer dans cette position, c’est
l’œuvre de Christ, mystère de la grâce. Dans l’Ancienne
Alliance, nous ne trouvons point d’hommes parfaits et les
sacrifices de cette alliance ne pouvaient pas non plus les
rendre tels, mais le sacrifice de la Nouvelle Alliance rend
parfait, selon Hébreux 10. Si nous nous trouvons dans cette
position et que Jésus vienne à l’instant, nous sommes prêts
à partir.
À l’avènement de Jésus, nous verrons parmi les « enlevés »
des hommes qui auront peut-être commis une faute
quelques instants avant sa venue, mais qui s’étant humiliés
immédiatement ont répété avec le prophète : « Ne te réjouis
pas à mon sujet, mon ennemi, car si je suis tombé, je me
relèverai ». « Celui qui vaincra héritera toutes choses. »
« En Christ habite corporellement toute la plénitude de la
divinité, et vous êtes parfaits en lui » (Vous avez tout
pleinement en lui). L’apôtre écrit cela après avoir donné
l’avertissement sérieux suivant dans l’épître aux Colossiens :
« Prenez garde que personne ne fasse de vous sa proie par
la philosophie et par une vaine tromperie, s’appuyant sur la
tradition des hommes, sur les rudiments du monde, et non
sur Christ. » Ceci concerne ceux qui sont nés de Dieu ; c’est
l’enseignement selon Christ.
Pourquoi le mot « parfait » est-il sujet à tant d’opposition ?
Combien de choses n’a-t-on pas écrites contre cette vérité, et
prétendu que c’est une hérésie de dire que nous sommes
parfaits par l’œuvre de Christ. Autrefois, je ne faisais pas
spécialement attention à cette question, jusqu’au moment
où elle suscita contre nous une grande animosité, et que les
écrits à ce sujet se multiplièrent. Cela m’engagea à sonder
attentivement la Parole de Dieu. Peut-on être parfait, oui ou
non ? Selon la Parole de Dieu, un homme régénéré est
parfait.
Ceux qui, par leurs paroles et par leurs écrits, s’opposent à
cet enseignement, que font-ils des passages suivants de
l’Écriture :
2 Timothée 3 : 16-17: « Toute Écriture est inspirée de Dieu et
utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour
instruire dans la justice, afin que l’homme de Dieu soit
parfait et propre à toute bonne œuvre ».

Colossiens 1 : 28-29: « C’est lui (Christ) que nous


annonçons, exhortant tout homme, et instruisant tout
homme en toute sagesse, afin de présenter à Dieu tout
homme, devenu parfait en Christ. C’est à quoi je travaille en

combattant avec sa force, qui agit puissamment en moi ».


Phil. 3 - 15: « Nous tous donc qui sommes parfaits, ayons
cette même pensée ».
2 Corinthiens 13 : 11 : « Au reste, frères, soyez dans la joie,
soyez parfaits ».

Et encore Colossiens 1 : 21-22 : « Et vous, qui étiez autrefois


étrangers et ennemis par vos pensées et par vos mauvaises
œuvres, il vous a maintenant réconciliés par sa mort dans le
corps de sa chair, pour vous faire paraître devant lui saints,
irrépréhensibles et sans reproche ».

J’ajoute à ce qui précède l’expérience suivante :


Autrefois, je n’osais pas m’approprier, par la foi, la promesse
précitée. Je m’étais converti et j’avais réalisé la nouvelle
naissance. Le salut toutefois m’avait été ravi par l’audition
d’enseignements selon la raison humaine. Lorsque je lisais,
dans la Parole de Dieu, que nous devions être trouvés sans
taches et irrépréhensibles, je pensais : « Tu n’es pas ainsi ! »
Je désirais pourtant être irrépréhensible, étant persuadé que
je ne pourrais partir avec Jésus lors de sa venue. Cette
pensée me poussait à prendre toujours de nouvelles
résolutions et à pratiquer davantage les œuvres de la loi.
Enfin, le bien-aimé Père céleste me sortit de mes œuvres de
justice, qui n’étaient autres que des ordures et de la boue,
selon Philippiens 3. Mes yeux furent ouverts par la façon de
se comporter de l’un de mes enfants. Aux repas, il ne voulait
pas manger et fermait la bouche ; plus on le pressait de
l’ouvrir, plus il serrait les dents. Il fallait le distraire en lui
disant : regarde ici, regarde là ! Alors, il oubliait de garder sa
bouche fermée, et sa maman profitait de cet instant pour le
nourrir, mais souvent une partie des aliments manquait son
but. Impatienté par cette mauvaise volonté, j’ordonnai qu’on
laissât cet enfant tranquille, ajoutant qu’il ouvrirait bien la
bouche dès qu’il aurait faim. Ma femme objecta qu’il était
méchant la nuit, lorsqu’il n’avait rien mangé. Je ne voulais
pas disputer. Un frère avait dit une fois que l’on pouvait
apprendre bien des choses des enfants.
Je demandai à Dieu s’il avait quelque chose à me dire par
l’attitude de cet enfant, et cette parole me vint à la pensée :
« Ouvre ta bouche et je la remplirai ! » (Psaume 81 : 11).
Certes la mienne était bien ouverte puisque je m’armais de
bonnes résolutions et prenais de grands élans ! Alors je fus
mis en présence de Colossiens 1 : 22, et Dieu me révéla que
j’agissais exactement comme cet enfant ; je n’ouvrais pas
ma bouche car je n’avais accepté que la première partie du
verset : « Il vous a maintenant réconciliés par le corps de sa
chair, par sa mort ». Mais il est écrit ensuite : « afin de vous
faire paraître devant lui, saints, irrépréhensibles et sans
reproches ». Je me hasardai « d’avaler » cela et compris
alors que ces vérités étaient miennes !
Dès cet instant, l’enfant mangea normalement, et je retirai
un grand profit de cette leçon ; car il m’était difficile de
croire que le Seigneur Jésus m’avait fait paraître saint et
irrépréhensible devant Dieu. Je me rendis compte que,
pendant toutes les années qui s’étaient écoulées depuis ma
conversion, je n’avais pas cru à la rédemption dans toute
l’acception de ce terme. Car celui qui est réconcilié est
irrépréhensible devant Dieu ; Dieu ne lui reproche rien

puisque Jésus lui-même est la propitiation pour nos péchés.


Il n’y a rien à blâmer à l’œuvre de Jésus mais bien à ce que
nous ajoutons ou retranchons, lorsque nous ne croyons pas
exactement à sa Parole.
Aujourd’hui, je peux l’accepter comme elle est écrite :
présenté irrépréhensible devant sa face, semblable à lui,
comme le dit l’apôtre Jean : « Tel il est, tels nous sommes
aussi dans ce monde » ; c’est la dernière parole qui me fut
un achoppement, jusqu’à ce que je l’aie acceptée.
Maintenant, je crois que : « ceux qu’il a justifiés, il les a
aussi glorifiés » (Romains 8 : 30). Et cette autre parole : « Tu
es toute belle, ma bien-aimée, il n’y a point de tache en toi »
(Cantique 4 : 7). Ceci est une bien grande « bouchée », mais
le Père céleste nous a donné un grand gosier pour que cette
promesse descende aisément. C’est pourquoi il est si
important que nous « mangions » et « avalions » les
promesses, c’est-à-dire rendions grâces, et comptions que
nous sommes véritablement ainsi, et cela par la foi. Dès que
je l’eus « avalé » je fus irrépréhensible. Jésus a supporté
pour nous le châtiment, et nous a fait paraître ainsi devant
Dieu ; son œuvre est parfaite. Il ne nous a pas présentés à
Dieu un peu améliorés, mais irrépréhensibles. Nous
sommes alors dans l’allégresse, car la misère a pris fin.
L’oppression a cessé, le bâton de l’exacteur est brisé, on
possède le témoignage de Dieu et l’on ne dit plus :
« Pardonne-moi, pardonne-moi », mais on rend grâces
parce qu’il a pardonné. La dette est payée ; quel bonheur est
celui de l’enfant de Dieu !
Celui qui a eu accès à cette grâce sait que c’est uniquement
par l’œuvre de Christ. Mais c’est un mystère.
Dieu révélera ce mystère à ceux qui n’ont pas encore connu
cette grâce, mais qui donnent raison à la Parole de Dieu.
L’apôtre Paul a travaillé et lutté, afin de rendre tous les
hommes parfaits en Jésus-Christ (Colossiens 1 : 28-29).
Aujourd’hui, beaucoup de prédicateurs travaillent et
combattent pour prouver aux hommes que personne ne
peut être parfait dans ce monde. Ils prétendent que c’est par
une lente évolution, et par les œuvres de la loi, qu’on peut
arriver à la lumière. L’apôtre Paul ne fut pas transformé petit
à petit ; il vit sa misère subitement. Le Seigneur Jésus lui
apparut, et Paul lui demanda ce qu’il devait faire. Il reçut
l’Esprit de Dieu trois jours après ; aussitôt il tomba de ses
yeux comme des écailles et il recouvra la vue. Il pouvait alors
confesser : « Les choses vieilles sont passées, voici, toutes
choses sont devenues nouvelles ». C’est ainsi que les
apôtres ont enseigné. La raison humaine qui n’a pas été
divinement éclairée enseigne ceci : « Une partie des choses
anciennes a disparu, et certaines choses sont devenues
nouvelles, il faut maintenant s’appliquer à ce que le reste
devienne aussi nouveau ». C’est du raccommodage ! Dans
notre vie journalière, il faut nous en tenir à l’enseignement
des apôtres ; alors la lumière commence à luire et nous
sommes fondés sur le roc, sur la Parole de Dieu, qui est
inébranlable. La nourriture solide est pour les hommes
« parfaits », pour ceux dont le jugement est exercé par
l’usage à discerner ce qui est bien et ce qui est mal (Hébreux
5 : 14). « Soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est
parfait. » (Mat. 5 : 48).
Il n’y a rien à blâmer à quelque chose de parfait. La raison
humaine ne peut admettre que l’on puisse être
irrépréhensible, et les hommes attachés à la loi ne le croient
pas non plus. Mais ici, la Parole nous révèle des choses
parfaites auxquelles il n’y a rien à blâmer. Être parfait, ne
signifie nullement être parvenu à la perfection ; un arbuste
peut être parfait, sans tare aucune, mais il doit encore
croître, grandir et porter des fruits. Un petit enfant de
conformation normale est aussi parfait ; mais sa mère ne
serait pas satisfaite s’il restait ainsi, pas plus que son père,
d’ailleurs ; il faut qu’il grandisse. Il en est de même dans les
choses spirituelles ; quand un homme est régénéré, il est
une création de Dieu, irrépréhensible et parfaite, mais il doit
croître. « Ne vous y trompez pas, mes frères bien-aimés !
Toute grâce excellente et tout don parfait descendent d’en
haut, du Père des lumières, chez lequel il n’y a ni
changement ni ombre de variation. Il nous a engendrés
selon sa volonté, par la Parole de vérité, afin que nous
soyons en quelque sorte les prémices de ses créatures. »
(Jacques 1 : 16-18). Engendrés selon sa volonté - c’est bien là
une chose parfaite ; ses dons sont parfaits.
Une ancienne traduction dit : « Il nous faut être nés d’en
haut ». Ceci est certainement une chose absolument
parfaite ; c’est ainsi qu’un homme de Dieu est créé et c’est
ainsi qu’il est présenté par le sacrifice et la résurrection de
Jésus-Christ. « Car vous êtes mort, et votre vie est cachée
avec Christ en Dieu. Quand Christ, votre vie, paraîtra, alors
vous paraîtrez aussi avec lui dans la gloire. » (Colossiens 3 :
3-4). Paul nous donne des éclaircissements sur ce mystère ;
dans 1 Corinthiens 13, il écrit : « Aujourd’hui, je connais en
partie, mais alors, je connaîtrai comme j’ai été connu ». Dieu
nous voit dans l’œuvre de Christ. Il nous déclare ce qu’il a fait

de nous, c’est pourquoi nous devons nous baser sur ce qu’il


nous dit, et compter fermement avec cela. C’est ce qui nous
rétablit et nous donne la santé spirituelle.
Comme êtres parfaits, nous pouvons grandir ; mais dans le
cas contraire, cela est impossible. Très souvent, on entend
dire que nous croissons et prospérons par les œuvres. Cet
enseignement est faux. Nous croissons par la connaissance de
son salut, de son amour, de sa bonté, de sa miséricorde. En

demeurant dans la grâce et en restant fermement attachés à

l’espérance qui nous est offerte, nous pouvons croître en toutes

choses, en celui qui est le chef, Christ, jusqu’à ce que nous

soyons tous parvenus à l’unité de la foi et de la connaissance du

Fils de Dieu, à l’état d’homme fait, à la mesure de la stature

; afin que nous ne soyonsplus des enfants,


parfaite de Christ

flottants et emportés à tout vent de doctrine, par la


tromperie des hommes, par leur ruse dans les moyens de
séduction (Éphésiens 4 : 13-14).
L’apôtre Paul écrit dans Philippiens 3 : 15: « Nous tous donc
qui sommes parfaits, ayons cette même pensée ». Il existe
donc des gens parfaits ! « Ceux qu’il a prédestinés, il les a
aussi appelés, et ceux qu’il a appelés, il les a aussi justifiés ;
et ceux qu’il a justifiés, il les a aussi glorifiés. » « Que
dirons-nous donc à l’égard de ces choses ? » (Rom 8 : 30-
31). Les gens pieux, qui n’ont pas réalisé la nouvelle
naissance, disent : « Je ne suis pas ainsi ! » Mais l’apôtre
Paul poursuit : « Si Dieu est pour nous, qui sera contre
nous ? » C’est de cette manière que Paul veut nous amener
à l’état d’homme parfait, à la mesure de la stature parfaite
de Christ; ce doit être notre but. « Mais qui a cru à notre
prédication, et à qui le bras de l’Éternel a-t-il été révélé ? »

Après la première réunion d’une semaine d’évangélisation,


je demandai à une jeune fille qui y avait assisté : « Comment
vas-tu ? - Cela m’a déjà saisie, me dit-elle, mais je suis
contente, maintenant je suis heureuse ! » Puis elle me
raconta qu’on l’avait avertie de ne pas prendre part à nos
réunions, qu’il était dangereux de nous écouter, qu’il fallait
faire bien attention pour ne pas être saisi. Elle fit tellement
attention à ce qu’elle entendait que, dès le premier soir, elle
fut convaincue et se convertit. Le diable met tout en œuvre
pour empêcher les gens d’assister aux réunions où
l’Évangile estannoncé en vérité, et où les auditeurs passent
de la mort à la vie.
Lorsque la nouvelle fut répandue que cette jeune fille avait
réalisé la paix de Dieu, elle eut la visite de deux prédicateurs
de congrégations différentes, qui essayèrent de la persuader
que, dans le monde entier, il n’y a personne qui soit juste ou
parfait. L’un d’eux lui lut le chapitre 3 aux Romains : « Il n’y
a point de juste, pas même un seul ». Comme elle faisait un
signe de tête pour montrer son assentiment, le prédicateur
se dit : « Elle n’est pas encore leur captive ! » Puis elle le pria
de continuer sa lecture, et il arriva à ce passage : « Et ils sont
justifiés gratuitement par sa grâce, par le moyen de la

rédemption qui est en Jésus-Christ ».


La jeune fille lui demanda de lire encore quelques versets
dans Romains 5, et il lui lut : « Étant donc justifiés (rendus
justes) par la foi, nous avons la paix avec Dieu, par notre
Seigneur Jésus-Christ ». Le prédicateur n’avait plus rien à
objecter.
Le deuxième prédicateur vint à son tour et lut le passage
suivant de Philippiens 3: « Ce n’est pas que j’aie déjà
remporté le prix, ou que j’aie déjà atteint le but (la
perfection) ». Elle lui fit un signe affirmatif et il pensa : « Elle
est de mon côté ». À nouveau, la jeune fille le pria de lire
encore quelques versets et il arriva au passage : « Nous tous
donc qui sommes parfaits, ayons cette même pensée ». Il eut
la bouche fermée. J’étais étonné de la sagesse de cette
enfant, lorsqu’elle me conta le résultat de ces deux visites.
Il est important que celui à qui le mystère de l’œuvre parfaite
de Christ a été révélé, ne s’en écarte pas, et qu’il compte
fermement avec cette œuvre, conformément à ce que
l’onction lui a enseigné. C’est pourquoi l’apôtre Paul
soutenait un tel combat, afin de garder les croyants sur le
terrain de la foi. Celui qui se laisse détourner de cette
position, par la philosophie, les vaines tromperies,
s’appuyant sur la tradition des hommes et sur les rudiments
du monde, et non sur l’Écriture, n’est plus irrépréhensible.
Il en est donc ainsi : Nous devons être des hommes - non le
devenir - qui faisons toutes choses sans murmures ni
hésitations ; pour cela, nous devons nous appuyer
uniquement sur la Parole de la réconciliation, savoir : que
Christ est mort et ressuscité pour nous. Si je n’accepte que
l’une des deux choses, « la rédemption », et non l’autre,
« faites toutes choses sans murmures et sans hésitations »,
ou, « réjouissez-vous dans le Seigneur dans tous les
chemins », je ne suis pas irrépréhensible. Comme il est
précieux d’avoir une telle Parole qui nous illumine et nous
juge de tous côtés.
Il faut que nous sachions que la seule sécurité se trouve
dans l’attachement à la Parole de vie, et que Dieu ne nous
trouve pas dans la désobéissance qui mène à la perdition.
Nous ne sommes néanmoins pas sauvés par notre
obéissance, mais uniquement par le sacrifice de Christ.
Nous ne devons nous appuyer sur nos œuvres en aucun
cas ; rien de notre passé ne doit nous accuser, mais nous
devons nous appuyer sur l’œuvre que Jésus a accomplie, en
nous édifiant dans la grâce.
C’est ainsi que nous pouvons être et demeurer
irrépréhensibles, sans rides et sans taches ; alors nous
avons en nous le ministère qui annonce la justice, réalisant
que le sacrifice de Jésus a une valeur éternelle. Nous
sommes heureux, et à la question : « Si Jésus venait cette
nuit, ou demain, ai-je encore quelque chose à changer ? » Il
faut pouvoir dire : « Je ne me sens coupable de rien, mais ce
n’est pas pour cela que je suis justifié ». Il y a là un repos en
Dieu, un repos dans le Sauveur, un repos dans ses actes et
dans ses œuvres.
(Éphésiens 2 : 20-22) : « Vous avez été édifiés sur le
fondement des apôtres et des prophètes, Jésus-Christ lui-
même étant la pierre angulaire ; en lui tout l’édifice, bien
coordonné, s’élève pour être un temple saint dans le
Seigneur. En lui vous êtes édifiés pour être une habitation de
Dieu en Esprit ».
Autrefois j’ai souvent entendu dire, lorsque nous lisions ce
passage, que nous étions des pierres de construction et,
qu’il en était de nous comme des pierres qu’un sculpteur
choisit et dans lesquelles il voit déjà l’image de son œuvre. Il
les taille d’abord à grands coups de ciseau, puis avec des
instruments toujours plus fins ; il les retouche jusqu’à ce
qu’il ait obtenu la ressemblance parfaite avec le modèle qu’il
s’est proposé. Ce travail est fait avec une telle exactitude,
qu’aucun coup de marteau n’est plus nécessaire, comme
lors de la construction du temple de Salomon. Ceci est une
image. Beaucoup de personnes sont d’avis que ce façonnage
dure toute une vie ; on peut répondre « oui » et « non » !
Plusieurs enseignent que si l’on sert Dieu fidèlement, on est
préparé et taillé pour être ajusté dans l’édifice. Mais dans
l’Écriture, et comme nous l’avons lu dans le passage précité,
il nous est dit que chaque enfant de Dieu est déjà entré,
placé dans l’édifice.
« En lui tout l’édifice, bien coordonné, s’élève » - bien
coordonné veut dire que chaque pierre taillée est ajustée à
sa place. - Les coups de ciseau ont été frappés à Golgotha ;
par la foi en cette œuvre, nous avons été insérés comme des
pierres vivantes dans l’édifice, et incorporés comme
membres du corps de Christ. C’est à Golgotha que nous
avons été taillés, sans défauts ; il ne nous manque plus rien ;
nous sommes entrés dans le saint temple. Une fois
incorporés dans l’édifice comme nouveau-nés, nous
pouvons croître, ou grandir, avec tout l’édifice ; avant, cela
était impossible. Dès qu’un homme est né de nouveau, il est
une habitation de Dieu, Dieu habite en lui ; il est en vérité un
enfant de Dieu.
Dieu ne l’appelle plus du nom de pécheur. Lorsque deux
personnes s’épousent, à l’instant la femme perd son nom et
en reçoit un nouveau. Il est écrit : « Car ton créateur est ton
époux, l’Éternel des armées est son nom » (Ésaïe 54 : 5.) À
l’instant où nous croyons en Jésus, nous perdons notre nom
de pécheur ; nous sommes rendus participants de la nature
divine. Dieu porte alors la responsabilité de tout ce qui nous
concerne, de même que l’homme porte la responsabilité de
sa femme et doit pourvoir à son entretien. Si elle a des
dettes, c’est à lui qu’incombe le devoir de les acquitter.
C’est merveilleux : « Celui qui t’a fait est ton époux, l’Éternel
des armées est son nom ». Oui, il a tout payé, il a fait
paraître son épouse sainte, irrépréhensible et sans défaut. Il
peut donc bien lui dire : « Tu es toute belle, ma bien-aimée,
il n’y a point en toi de défaut ! » (Cantique 4 : 7).
L’incrédulité voit des taches, mais la foi se confie en la
Parole « Il n’y a donc maintenant plus aucune
condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ ». La foi
croit, sans rien ressentir ; plus tard, on ressent aussi quelque
chose. Tout ce que le bien-aimé Père céleste dit, je le crois.
Connaissance parfaite, amour, joie, foi et

espérance

Un enfant de Dieu est persuadé qu’il dépend chaque jour de


la miséricorde de Dieu, et il ne peut vivre autrement que par
grâce. Je ne puis vivre de mes œuvres, mais je vis de sa
grâce et de sa miséricorde.
Il arrive également que des frères disent - et moi aussi je l’ai
répété autrefois - qu’ils ont une connaissance parfaite de
telle ou telle vérité ! Mais nous ne connaissons rien
parfaitement. On peut voir et expérimenter beaucoup de

choses, mais connaître parfaitement, c’est la perfection. Si


j’obtiens la lumière au sujet d’un beau verset de l’Écriture, je
ne puis néanmoins dire que j’en ai saisi parfaitement toute
la portée, je serais alors un « homme accompli ». Si notre
lumière cessait de s’intensifier, nous n’aurions pas une
gloire infiniment plus grande à attendre !
« En Christ sont cachés tous les trésors de la sagesse et de
la science. » Il habite dans les siens, et il leur est donné ;
mais c’est encore un mystère. C’est une richesse insondable,
une grandeur infinie. Et je ne pourrais plus dire qu’elle m’a
été révélée « tout entière », mais je dois dire : « un peu » ;
une grande partie reste encore cachée.
Amour parfait : Ce que Dieu fait, est parfait. Il nous est dit
dans 1 Jean 4 : 18: « La crainte n’est pas dans l’amour, et
l’amour parfait bannit la crainte » - Et il est écrit au verset 16:
« Nous avons connu l’amour que Dieu a pour nous, et nous
y avons cru. Dieu est amour ; et celui qui demeure dans
l’amour demeure en Dieu et Dieu en lui ». Autrefois, en
lisant cela, je m’efforçais de demeurer dans mon amour, et
de croire en mon amour. Mais demeurer dans l’amour de
Dieu, c’est croire sans cesse à son œuvre d’amour, c’est compter

avec ce que Dieu a fait, c’est croire que le Seigneur Jésus est

venu à nous, par amour ; qu’il a pris sur lui notre dette de

péché, par amour ; qu’il s’est chargé de notre condamnation et

. Alors, nous
nous a fait paraître irrépréhensibles devant le Père

sommes tels qu’il est écrit dans Éphésiens 1 : 4-5: « En lui,


Dieu nous a élus avant la fondation du monde, pour que
nous soyons saints et irrépréhensibles devant lui, nous ayant
prédestinés dans son amour à être ses enfants d’adoption,
par Jésus-Christ, selon le bon plaisir de sa volonté ». On
pourrait en conclure « qu’il faut aimer d’une manière
irrépréhensible ». Non, ce n’est pas là le sens du texte. Nous
ne pourrions subsister en aucun point devant Dieu s’il s’agissait

de notre amour.
« Par amour » signifie : « Par son amour ». Ce qu’il a
accompli et ce qu’il fait est amour ; nous sommes
irrépréhensibles si nous demeurons dans cet amour. Si nous

restons confinés en nous-mêmes, ou si nous sommes dans


les œuvres de la loi, nous ne sommes pas irréprochables.
Je me suis bien souvent efforcé d’aimer, mais sans y
parvenir ; dans ces moments, lorsque je priais pour obtenir
plus d’amour, ordinairement je me mettais de nouveau en
colère, et j’étais mécontent. Je n’osais presque plus prier à
ce sujet, parce que généralement le contraire se produisait,
et cela me fut salutaire. Enfin, je vis que Dieu m’avait tout de
même exaucé car, attristé parce que je m’étais mis en colère,
j’étais contraint d’avoir recours à la croix, et de croire que
Jésus avait aussi porté ce péché. Je reconnaissais que j’avais
péché, que j’étais fautif, et alors je comptais avec la parole
d’Ésaïe 54 : 9: « Il a juré qu’il ne serait plus indigné contre
moi et qu’il ne me menacerait plus ». En faisant cela, « je
prenais l’Amour ». Il nous faut prendre « de l’amour », avant
d’être à même d’en donner, et se revêtir de l’amour, pour en

avoir. Nous sommes incapables de fabriquer l’amour en


nous-mêmes.
En nous confiant en l’amour de Dieu, tel qu’il est décrit dans 1

Corinthiens 13, nous acceptons cet amour, nous le laissons

entrer en nous. Si nous nous confions en cet amour, quand

même il nous semblerait n’y avoir aucun droit, c’est alors que

nous en profitons le plus . C’est cela l’amour parfait, et cet


amour bannit la crainte. On ne craint plus que Dieu ne soit
pas satisfait, ou qu’il soit irrité à notre égard. Quand on a
reçu la rémission de ses péchés, on croit que Dieu est
amour, qu’il est patient, plein de bonté. Et si l’on est surpris
par une faute, on s’humilie, on se repent, et cela nous
pousse vers le trône de la grâce, où nous recevons ce
témoignage : « Dieu n’impute pas le mal ». C’est pourquoi
toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu.

C’est ainsi que l’on apprend à connaître l’amour de Dieu, et


en connaissant cet amour, on est rempli de toute la
plénitude de Dieu (Éphésiens 3 : 19). Dans 2 Corinthiens 3 :
17-18, nous lisons : « Or le Seigneur c’est l’Esprit ; et là où
est l’Esprit du Seigneur, là est la liberté ». Ici, c’est la gloire,
et en la contemplant, nous sommes transformés à son
image. Nous sommes transformés à l’image de Jésus dans la
mesure où nous le connaissons en le contemplant. Alors nous

sommes heureux, sachant que l’Esprit de Dieu est répandu


dans notre cœur, de même que son amour.
« L’amour parfait bannit la crainte. » Il s’agit ici de la crainte
du jugement à venir. « Celui qui craint n’est pas parfait dans
l’amour, car la crainte suppose un châtiment. » S’il n’y a rien
de condamnable en l’homme, il n’y a plus aucune crainte.
Mais cela n’est ainsi que si l’on se confie entièrement, sans
contrainte ni opposition, dans l’amour de Dieu. On peut dire
alors avec l’apôtre Paul (Romains 8 : 35-39: « Qui nous
séparera de l’amour de Dieu ? Sera-ce la tribulation, ou
l’angoisse, ou la persécution, ou la faim, ou la nudité, ou le
péril, ou l’épée ? selon qu’il est écrit : C’est à cause de toi
qu’on nous met à mort tout le jour, qu’on nous regarde
comme des brebis destinées à la boucherie. Mais dans
toutes ces choses, nous sommes plus que vainqueurs par
celui qui nous a aimés. Car j’ai l’assurance que ni la mort, ni
la vie, ni les anges, ni les dominations, ni les choses
présentes, ni les choses à venir, ni les puissances, ni la
hauteur, ni la profondeur, ni aucune autre créature, ne
pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus-
Christ ».
C’est ainsi que le Père nous a aimés, et qu’il nous aimera

jusqu’à la fin.

Joie parfaite(1 Jean 1 : 3-4) : « Notre communion est avec le


Père et avec son Fils Jésus-Christ. Et nous vous écrivons ces
choses afin que votre joie soit parfaite ».

Autrefois, je pensais que je ne pourrais obtenir la joie


parfaite que lorsque je ne ferais plus aucune faute, car tant
qu’il y a des chutes, il ne peut y avoir de joie parfaite ! Je ne
voyais, ni ne croyais avoir encore la communion avec le Père
et le Fils. Si je suis l’associé d’un boulanger, je n’ai aucun
souci quant au pain quotidien. Et cependant je m’imaginais
que la communion avec Dieu ne tolérait que des pensées
divines, et cela sans interruption. Mais je compris que si l’on
est enfant, on est en communauté de biens. Dans
l’Engadine, chaque membre de la famille a coutume de dire
« c’est ma maison », « c’est mon champ ». Par la
communion avec le Père céleste, Dieu nous dit
expressément : « Tout est à vous ». - « Mon fils, ce qui est à
moi est à toi. » Cette promesse merveilleuse procure une
joie parfaite, celle d’être en communauté avec le grand Dieu
tout-puissant : communauté de patience, communauté
d’amour, communauté de miséricorde, communauté de
biens, communauté de vie. Quelle richesse et quel repos
sont manifestés dans l’Évangile de Jean au chapitre 17
Quelle vie abondante dans cette famille ! Jean 17: 22: « Je
leur ai donné la gloire que tu m’as donnée, afin qu’ils soient
un, comme nous sommes un ». L’homme voudrait toujours
faire des efforts, mais comme tout change, quand il peut se
reposer dans l’amour de Dieu, dans sa force, dans sa
puissance ! C’est là que réside la victoire. Un homme en
communion avec le Père et avec le Fils possède l’assurance
du salut et la lumière de la vie ; sa vie journalière est une
marche dans la lumière. Celui qui ne possède pas
l’assurance du salut marche dans les ténèbres.
La joie est parfaite, si nous croyons que tout ce qui est à
Dieu nous appartient. Et la foi est parfaite quand, dans toutes
les circonstances et situations, dans toutes les angoisses et
les tentations nous comptons avec le sacrifice éternellement
valable et parfait de Jésus-Christ, par lequel il nous a fait
paraître devant le Père, saints, irrépréhensibles, et sans
reproches. C’est la foi que Dieu produit en nous.
Par l’espérance parfaite, nous comptons, au travers de tout,
qu’il a le pouvoir de nous garder sans que nous bronchions,
de nous placer irréprochables devant la gloire, et avec
abondance de joie (Jude 24, version Darby).
Le repos dans la grâce

Ainsi, mes bien-aimés, comme vous avez toujours

obéi, travaillez à votre salut, avec crainte et

tremblement, non seulement en ma présence, mais

bien plus encore maintenant que je suis absent, car

c’est Dieu qui produit en vous le vouloir et

l’exécution, selon son bon plaisir

Philippiens 2.12-13

Au début, quand je lisais cette parole, je me demandais ce


que je devais entreprendre, et je prenais toutes sortes de
résolutions. Cela dura plusieurs années, mais, par la grâce
de Dieu, je fus secouru. Pendant cette période de transition,
où je me plongeais toujours plus profondément dans le
fleuve de la grâce, je fus pénétré des versets ci-dessus. Ainsi,
je fus amené à reconnaître que nos œuvres propres sont des
plantes que Dieu doit arracher. « Toute plante que mon Père
céleste n’a point plantée, sera déracinée. » (Mat. 15 : 13). Je
commençai alors à saisir le sens de cette parole : « Tu te
fatigues par la longueur du chemin ; tu ne dis pas : c’est en
vain ! Tu trouves encore en ta main de la vigueur ; c’est
pourquoi tu ne t’abats point » (Ésaïe 57 : 10). Aussi
longtemps que l’on confond sa propre activité avec la vie
divine, on ne l’abandonne pas. Mais quand un enfant de
Dieu s’appauvrit intérieurement, il s’aperçoit qu’il ne sert à
rien de prendre des résolutions, des élans, de se lancer dans
de bonnes œuvres. « C’est dans le calme et la confiance que
sera votre force » ; « Efforcez-vous d’être en repos ! »
S’efforcer ici consiste précisément à rester tranquille, à ne
pas prendre de résolutions et à ne pas vouloir s’élancer en
avant. Marthe se donnait beaucoup de peine pour servir le
Sauveur. Marie s’était assise aux pieds de Jésus et écoutait
ses paroles, elle avait choisi la bonne part et elle était
certaine de son salut, jusqu’à la fin. La même promesse
nous est donnée, si nous sommes dans l’attitude de Marie
et non dans celle de Marthe : « Tu as choisi la bonne part,
qui ne te sera pas enlevée ».
Au début d’une vie consacrée à Dieu, nos actions propres se
mêlent à l’œuvre de Dieu et on a le sentiment d’être arrivé et
de pouvoir quelque chose. Cependant, « l’herbe sèche et la
fleur tombe, mais la Parole, de Dieu demeure
éternellement». Cette belle fleur, ce sont nos œuvres
propres ; quand Dieu la détruit, il nous semble que nous
tombons dans la mort spirituelle. Dieu veut que nous nous
attachions à sa Parole et que nous la gardions. Il nous
purifie des œuvres mortes, nous apprenant à nous confier
tranquillement en lui lorsque nous ne pouvons plus rien
faire nous-mêmes, et que pourtant nous avons des tâches à
remplir.
Quand on sait que toutes nos résolutions ne valent rien, et
que l’on reste en attente devant la Parole de Dieu, se
confiant en Dieu, on travailleainsi à son salut, avec crainte et
tremblement. Lorsque j’étais à cette école, et qu’il me
semblait que tout devrait être autrement, je me hasardai à
compter avec cette parole : « Car c’est Dieu qui produit en
vous le vouloir et l’exécution ». Mais encore ici, je pensai
que ce « vouloir et ce faire » allaient se produire en moi
comme je me l’étais représenté, et cependant ce ne fut
nullement le cas. Il me semblait plutôt que le Père céleste
m’abandonnait au bord du chemin. Cela me fit peur, et j’eus
à lutter pour me tenir tranquille. Dans mes pensées,
j’estimais que je devrais être un homme pouvant faire de
grandes choses, guérissant des malades, chassant des
démons ! Mais je vis qu’il est écrit : « Il produit en nous…
selon son bon plaisir » et non selon mon bon plaisir.

Pour un peu de temps, je fus tranquillisé ; j’avais


l’impression que Dieu agissait, et qu’il voulait apparemment
me libérer de ma propre activité. Cependant, l’inquiétude me
reprit ; les progrès étaient trop lents, et je m’efforçais de
faire ceci, et encore cela, bien que persuadé que je ne
pouvais absolument plus rien faire de bon. Ma détresse
étant revenue, je me consolai avec ce verset : « Je ne te
délaisserai point, je ne t’abandonnerai point » et « Il ne
brisera point le roseau froissé et n’éteindra pas le lumignon
qui fume encore ».
« Il annoncera la justice selon la vérité. » (Ésaïe 42 : 3). Je
me croyais être comme le lumignon qui fume encore.
Combien cette parole me réjouit : « Il fera… » C’est Dieu qui
parle ainsi et je crois sa Parole, il produit le vouloir et le faire.
Il mesemblait parfois que je ne pouvais plus « vouloir »,
mais c’est Dieu qui produit ! Je crus aussi ceci : « Il
m’annoncera la justice selon la vérité », ce qui m’apaisa de
nouveau passablement. Enfin, la lumière se fit en moi lors
d’une étude biblique, en lisant ce verset : « Il me conduit
dans les sentiers de la justice, à cause de son nom ». Je vis
clairement : « Dieu m’a conduit, j’ai combattu le bon
combat, j’ai gardé la foi ! » Qu’elle fut grande ma félicité !
J’étais véritablement entré dans le repos, et je réalisais que
Dieu avait créé quelque chose de merveilleux en moi, mais
non pas selon mes conceptions. Je n’ai jamais songé à une
telle félicité, quel repos ! Repos signifie : quiétude parfaite se
reposer, c’est être à l’abri de toute inquiétude le repos, c’est
ne plus douter ; le repos c’est l’absence de tout
découragement ; le repos c’est la fin de tout murmure.
Autrefois, on me faisait le reproche d’être trop zélé ; que
seules les eaux paisibles étaient profondes. Je me défendais
en rétorquant qu’il n’existerait pas d’eaux paisibles s’il n’y
avait pas de torrents impétueux. Au fond, c’est bien exact.
Au début, quand un homme se convertit, il entreprend
toutes sortes de choses. Qui aurait la prétention de lui dire :
ce n’est pas bien ! Qui dira : ce n’est pas bien que l’eau se
précipite ainsi dans la plaine ? Peu à peu elle coulera plus
doucement ; par-ci par-là il y aura encore une cascade, puis
elle redeviendra calme. C’est bien ainsi que les choses se
passent au spirituel. On voit ce qu’il faut faire, on rend
témoignage de Jésus, et on veut convertirtout le monde. On
agit avec ardeur, on a du feu et c’est pourtant encore du feu
étranger, pour se rendre finalement à l’évidence que malgré
nos efforts nous n’arrivons pas au but désiré. Mais Dieu
perfectionne cette bonne œuvre commencée. Il la poursuit
toujours plus profondément et l’on constate que Dieu
produit le vouloir et l’exécution, et l’on demeure dans une
quiétude parfaite.
Un jour, un frère de Guggisberg - le père Ulrich - eut un
songe. Il avait pris l’auto allant de Guggisberg à
Schwarzenburg. Il vit tout à coup deux hommes vêtus de
noir qui avaient tendu un fil de fer au travers de la route. Il
était assis sur le siège arrière, tandis qu’un chauffeur
conduisait la voiture. Il se pencha instinctivement pour
actionner le frein, mais il ne le trouva point, et l’auto franchit
l’obstacle. Il se retourna alors et entendit ces deux hommes
sinistres dire : « Ces gens-là font tous ainsi ! » Oui, ceux qui
se confient en Dieu restent tranquillement assis sur les
promesses de Dieu, même quand il leur semble que les
obstacles sont infranchissables et que jamais ils n’en
viendront à bout. Le Père céleste leur fait franchir l’obstacle ;
le Seigneur Jésus, le Bon Berger, auquel toute puissance a
été donnée au ciel et sur la terre, les conduit au but. Que
notre sort est enviable !
Aucun autre apôtre que l’apôtre Paul n’enseigne aussi
clairement comment nous pouvons être libérés de nos
propres œuvres. Beaucoup de personnes qui ont été
sauvées par grâce n’apprennent pas à vivre « de la grâce » et
travaillent pour la mériter, s’appuyant ainsi sur ce qu’elles
font.
L’apôtre Paul rejette ses mérites comme de la boue, car ils
engendrent la mort spirituelle. On pourrait rétorquer qu’il
faut pourtant travailler ! Paul a travaillé plus que tous les
apôtres, et cependant il dit : « Non pas moi, mais la grâce
de Dieu qui est avec moi ».
Dans la deuxième moitié de la période durant laquelle Dieu
me dépouilla de ma vie propre, j’eus trois fois le même
songe, à divers intervalles. Je voulais faire l’ascension d’une
haute montagne. Arrivé à la limite boisée, au lieu de pouvoir

continuer mon ascension, je glissais toujours plus bas,


jusqu’à un chemin abandonné. Plus bas, je voyais une belle
rivière miroiter au soleil ; je craignais de glisser encore et de
tomber dans cette rivière où je risquais fort de me noyer.
Usant des pieds et des mains, je me cramponnais, essayant
de ramper le long de cet ancien chemin ; tout à coup, ne
pouvant plus continuer, je m’éveillais plein d’angoisse !
Quand j’eus ce songe pour la troisième fois, je glissai
jusqu’au fond de l’abîme où je crus trouver la mort. Mais là,
le soleil resplendissait, et les canons de la victoire étaient
prêts à tirer ; je n’avais qu’à saisir le cordeau de la détente.
Ils étaient chargés avec des paroles de la Bible, par exemple
Ésaïe 54 : 9. Je savais que ce songe était de Dieu qui, par là,
voulait me montrer quelque chose, mais je ne savais pas
quoi ; plus tard, je le compris. Je voulais « grimper »
toujours plus haut par mes propres œuvres et Dieu
entendait « descendre » avec moi. Il me dépouilla de tout et
je perdis mes propres forces. Je nesavais plus que faire, et
m’imaginais aller à la mort ; au contraire, c’est ainsi que je
tombai dans la grâce.
Dans ces temps de détresse, j’ai souvent songé à quelques
propos du frère Grünig qui disait : « Quand un homme vient
de réaliser la nouvelle naissance, il ressemble à quelqu’un
qui est perché sur le faîte d’un toit, désirant monter plus
haut encore. Au lieu de s’élever, il commence à glisser,
jusqu’à la gouttière où il reste suspendu dans le vide.
Anxieux de se laisser choir, il ne lâcherait pas prise, si on ne
lui tapait pas sur les doigts. Cette comparaison me réjouit,
mais je n’en compris le sens que plus tard ; alors cette
comparaison me fut profitable.
Je ne me permettrais pas de dire à quelqu’un d’abandonner
la lutte, au contraire, qu’il fasse tout ce qu’il peut ! Il faut
premièrement avoir produit un « brave Ismaël » pour
pouvoir le perdre, il faut avoir « une fleur » si celle-ci doit
tomber. Quand l’herbe a séché et qu’il n’y a plus à attendre
l’épanouissement d’une fleur, ce passage a toute sa valeur :
« Mais la Parole de l’Éternel demeure ». Celui qui ne
s’éloigne pas des promesses dans de tels temps d’épreuves
et qui se glorifie de Jésus-Christ malgré tout, progresse ; il va
de lumière en lumière, de clarté en clarté. Cet homme a de
l’huile dans sa lampe, car « on donnera à celui qui a, pour
qu’il ait en abondance » (Marc 13 : 12).

Des visions

Je ne fais pas grand cas des visions quand celles-ci ne


concordent pas avec la Bible. J’ai eu maintes visions que je
n’ai comprises qu’au moment où la Parole de Dieu m’en
donna l’explication ; par ce moyen, je pus alors mieux saisir
le sens de l’Écriture sainte. Dieu ne m’a rien fait voir qui
n’ait été en parfaite concordance avec la Bible.
Lors d’une série de réunions d’évangélisation que je
présidais dans l’Oberland bernois, je visitai deux personnes
mélancoliques. Nous priâmes ensemble et, pendant que je
priais, j’eus une vision. Je n’osais cesser de prier, pensant
que ces deux personnes s’imagineraient être un obstacle à la
prière, et je continuai d’intercéder. Je me voyais sur une arête
rocheuse surplombant la mer, et je regardais l’eau, qui était
trouble. Tout à coup, je fus transporté dans une prairie
recouverte d’eau bouillante, d’une profondeur de trente
centimètres environ, au-dessus de laquelle je me tenais.
Dans l’eau se trouvait un tronc d’environ vingt centimètres
de hauteur en forme de pain de sucre ; des gouttes noires
s’en détachaient et fondaient dans le liquide. Ensuite,
j’aperçus un amas d’araignées d’eau agglutinées en une
masse grouillante, comme un essaim d’abeilles.
Subitement, il me fut donné de jeter un regard dans le règne
de mille ans. À une certaine distance de moi s’élevait une
montagne enveloppée de brouillard. Quand il se dissipa, je
vis des routes, des arbres fruitiers, de beaux alpages où
paissaient des vaches, etc. Jamais encore, je n’avais vu une
fertilité pareille ! La vue s’étendait toujours plus haut dans la
montagne dont une partie n’était qu’un roc nu. Il me
semblait pouvoir compter exactement le temps qui
s’écoulerait encore jusqu’au règne de mille ans.
Je vis clairement ce qui suit dans cette vision : La mer
représentait l’Église de Dieu ; elle est troublée par les
épreuves et chauffée jusqu’à ébullition. Nous sommes
maintenant dans cette période ; l’épreuve s’intensifiera
encore. À la fin des temps, les enfants de Dieu s’unissent
comme un peuple dont on ne fait aucun cas. Ce qui n’est
pas convenable dans l’Église de Dieu disparaît, comme les
gouttes noires se dissolvent en fondant dans l’eau. Le règne
de l’Antéchrist est érigé et les Juifs rentrent dans leur patrie ;
alors commencera le règne de mille ans. Cela concorde avec
les Écritures.
Une autre fois, j’eus une vision concernant la parabole du
fils prodigue ; jamais je n’aurais pu imaginer une chose
aussi merveilleuse ; il m’est difficile de l’exprimer en paroles.
C’était à l’époque où je commençais à évangéliser. Un soir,
dans une réunion, j’avais parlé du fils prodigue. M’étant
couché, je ne pus dormir et je réfléchissais à cette parabole,
à ce fils qui était revenu à la maison et qui, sur l’invitation du
père, avait pris place à table pour manger… Était-il toujours
resté à table ? Alors, en vision, je vis le père faire signe du
doigt à son fils, l’invitant à le suivre. Ce dernier se leva
promptement et le suivit dans une chambre attenante. Là se
trouvait une commode ancienne, de forme incurvée, et le
père tira un tiroir rempli « d’amour ». Ensuite, je vis des
domaines et des champs, dont le fils revenu était le
cultivateur. À son service se trouvaient des domestiques et
des servantes de toutes qualités ; des indomptables, des
paresseux, mais aussi des laborieux. Il se produisit toutes
sortes de choses ; les domestiques n’obéissaient pas
toujours ; une chose était cassée, une autre abîmée ; par
méchanceté, on renversait un chargement de foin ; les
déboires ne manquaient pas à l’écurie.
L’agriculteur, plein d’amour, sérieux, était dans un repos
parfait, sans nervosité, et conservait son autorité ; dans
toutes ces choses, il vivait sans souci. Son attitude imposa le
respect, et les malveillances cessèrent. Puis je vis le fils
comme charron, comme artisan, comme négociant ; tout
défilait devant moi comme un panorama. Partout il
rencontrait de nombreuses difficultés, mais il restait dans la
quiétude, dominant toutes les situations. Jamais je n’aurais
imaginé chose pareille ! Tout à coup, le tiroir fut refermé et le
père tira un second tiroir rempli de « patience », puis un
troisième rempli de « miséricorde ». De nouveau, il arriva
diverses épreuves : des difficultés, des angoisses, de la
pauvreté ; mais le fils était un homme débordant de repos et
de paix, revêtu de force. Je regardais tout cela, me retournant
toujours comme si j’étais dans un panorama et je me
rendais compte combien jusqu’à présent, j’avais peu goûté
aux richesses de l’Évangile. Mais voici le miracle : Il était
près de dix heures du soir quand je me couchai et, au
moment où la vision prit fin, je pensai que quelques minutes
seulement s’étaient écoulées ; mais le soleil s’était levé,
c’était le matin ! Et moi, j’étais dans mon lit… agenouillé !
Je compris qu’il y a une rédemption telle qu’elle est décrite
dans la Bible ; il existe encore une autre victoire que celle
que je m’imaginais ; il y a une vie par la foi, d’une
profondeur insoupçonnée ! Je n’avais pas encore plongé
mes regards dans la loi parfaite de la liberté. J’avais, il est
vrai, assez de connaissance pour amener les gens jusqu’à la
nouvelle naissance, mais non pas pour les conduire plus
loin. Bien souvent, en leur annonçant la Parole, je les avais
harnachés d’un « collier de cheval », leur disant qu’à l’avenir
ils devaient prouver qu’ils étaient des chrétiens. Cette vision
me fit voir quelque chose d’autre, et ce ne fut pas en vain.
Par elle, Dieu m’encouragea et me donna plus de hardiesse
pour saisir ses promesses. En ce temps-là je passai par bien
des luttes et des combats ; c’était une période agitée dans le
canton de Berne.
Cette vision fortifia ma persévérance, elle me montra que
l’on peut posséder le repos parfait par l’Évangile. Dans cette
vision, le sérieux du fils, sa douceur, sa miséricorde et son
amour ontvaincu ; l’amour est plus fort que la mort. Ce
songe m’a encore encouragé à me confier en la grâce ; il m’a
plongé plus profondément dans la rédemption. Au cours
d’un voyage, nous regardions des gens qui se baignaient et
qui, du haut d’un échafaudage, faisaient le plongeon dans le
lac, disparaissant sous l’eau. C’est ainsi qu’il nous est
permis de nous laisser choir dans la grâce. J’ai souvent
entendu dire « qu’il faut risquer le saut », alors, je risquais
ce saut… et cela se résumait par cette résolution : « Je veux
vivre pour Dieu quoi qu’il advienne » et, ainsi, je me jetais
« dans les bras de Moïse ». Aujourd’hui, je comprends la
chose autrement : se confier dans la grâce, c’est s’y plonger
hardiment, tout entier ; tout notre être doit disparaître. Si
nous nous plongeons ainsi dans le fleuve de la grâce, nous
acceptons la rédemption dans sa plénitude, la délivrance
complète, et nous concluons : il en est ainsi.
Alors que j’étais en séjour à La Punt, une chanson de pâtre
me revenait sans cesse à la pensée, celle du vacher et de ses
vaches : « Chleb et Blösch et Spiess et Stàrn, venez près de
moi, j’aime bien vous voir ; venez donc, je n’ai point de
bâton, j’ai la léchée dans ma giberne ; venez toutes,
approchez-vous, j’ai de bonnes choses tant et plus ». Je ne
voulais rien savoir de cette chanson, mais elle me
poursuivait ; j’essayais vainement de m’en débarrasser. Je
me mis alors à réfléchir et je compris que c’est bien ainsi
que Dieu nous appelle : « Vous tous qui avez soif, venez aux
eaux, même celui qui n’a pas d’argent ! Venez, achetez et
mangez, venez ; achetez du vin et du lait, sans argent et
sans payer ! Pourquoi pesez-vous de l’argent pour ce qui ne
nourrit pas ? Pourquoi travaillez-vous pour ce qui ne
rassasie point ? Écoutez-moi donc, et vous mangerez ce qui
est bon, et votre âme se délectera de mets succulents »
(Ésaïe 55 : 1-2). - « J’aime bien vous voir - je n’ai point de
bâton ! - le bâton de l’oppresseur est brisé ! J’ai de bonnes
choses pour vous en abondance. » Cela peut parfois
manquer au vacher, mais à Dieu, jamais ! Tout ceci concorde
avec la promesse : « Il nous a rendus agréables dans le bien-
aimé ».
Comment fait-on prospérer une vache laitière ? Est-ce par
des coups de bâton, ou par la nourriture, ou les deux à la
fois ? Il est vrai que les bêtes doivent être chassées parfois ;
cependant, elles prospèrent grâce aux soins et à la
nourriture qu’on leur donne. Il en est de même pour nous
au spirituel ; c’est uniquement en mangeant que nous
prospérons. Jésus a dit : « Celui qui mange ma chair et qui
boit mon sang a la vie éternelle » (Jean 6 : 54). Quand mes
yeux furent ouverts sur cette parole, la chanson du pâtre me
devint précieuse. Le couplet cité traduit dans le langage
biblique est très réconfortant ; il nous montre la grâce nous
invitant à nous y confier. La grâce n’est pas une contrainte,
mais quelque chose qui rend parfaitement heureux ; elle
n’exige pas comme la loi, mais elle donne !
Il y a bien des années, je m’étais rendu à une conférence de
Pentecôte à Mühlheim dans la Ruhr. J’ignorais tout de ce
mouvement, mais j’avais lu comment des malades avaient
été guéris et des démons chassés. En lisant le chapitre 16 de
l’Évangile de Marc, j’avais pensé : « Voilà quelque chose qui
nous fait défaut, car si nous croyions véritablement, de tels
miracles s’opéreraient aussi parmi nous ! » Il est vrai que
nous avions réalisé bien des choses ; beaucoup de malades
avaient été guéris, mais un plus grand nombre ne l’étaient
pas. La lecture de l’invitation à cette conférence fit naître en
moi la pensée : « Voilà ce qu’il nous faudrait encore ». J’étais
malade et, espérant obtenir la guérison à cette occasion, je
partis. Là, je pus observer maintes choses et je fis des
expériences.
Un des dirigeants demanda quelles étaient les personnes
désirant réaliser le baptême de l’Esprit ; le possédant déjà, je
ne levai pas la main, mais plusieurs prédicateurs firent ce
geste. Cependant, je ressentais en moi le désir d’avoir plus
de puissance pour pouvoir guérir les malades. L’assemblée
se mit à genoux et je priai, non pour le baptême de l’Esprit,
mais pour obtenir plus de puissance, plus de force. Le
pasteur Stockmayer avait dit une fois que chaque
bénédiction devait être précédée de repentance ; ces paroles
me revenaient à l’esprit. Selon les lumières que j’avais à ce
moment, je m’humiliai en disant que j’étais un être maudit ;
j’étais pourtant un enfant de Dieu. Je déclarai être un
pécheur, tout en sachant parfaitement que Dieu ne désigne
plus ses enfants comme étant des pécheurs ! Je priai tout de
même ainsi, restant bien tranquille, pensant que la
bénédiction allait venir !
Désirant me repentir sincèrement, je terminai ma prière en
disant que « j’étais péché ! » Je fus subitement rempli de
haine envers tous les enfants de Dieu qui étaient heureux ; il
me semblait que je voyais le diable en chacun d’eux. J’avais
le sentiment de ne plus vouloir vivre pour Dieu et je
ressentais l’envie de tout jeter par-dessus bord ; toutefois, je
pensai qu’une issue pareille réjouirait les ennemis.
J’aurais voulu rester encore en Allemagne mais, étant
malade et sans argent, je fus obligé de rentrer. Les ténèbres
devinrent toujours plus épaisses et je fus assailli par des
pensées de plus en plus terrifiantes ! Subitement je me
posai cette question : « Mais que s’est-il donc passé ?
Pourquoi suis-je dans un état pareil ? » Je vis alors
clairement que j’avais déclaré être un pécheur, un maudit,
disant même que « j’étais péché », tout en sachant
parfaitement que Dieu ne me considérait plus ainsi. Ce
reproche retentissait en moi : « Tu as renié Jésus ! » Alors, je
m’humiliai et j’eus une vision : Je vis Jésus ressuscité d’entre
les morts et nous avec lui. Un réseau de « nerfs de péché »
pareils à des tendons, furent extirpés de nos membres. Cette
parole me vint à l’esprit : « Si Christ n’est pas ressuscité,
vous êtes encore dans vos péchés. Mais maintenant Christ
est ressuscité ! » Ainsi nous ne sommes plus dans nos
péchés ! Ici, les ténèbres se dissipèrent. Je crois que j’aurais
été perdu si cette situation avait duré une minute de plus, et
je me rendis compte que le diable avait déployé là une
grande puissance. Le sacrifice de Jésus enlève les péchés et
nous affranchit de la puissance du péché. Jésus a détruit la
puissance de la mort ; tout ceci est conforme à l’Écriture.
Quand les nerfs d’une personne sont ruinés, son corps
entier l’est également. Personne ne pourra s’excuser au
dernier jour, car l’homme n’ira pas à la perdition à cause de
ses péchés, mais parce qu’il n’aura pas cru au sacrifice de
Christ qui dure éternellement. Dieu a mis tous nos péchés
sur lui, je crois comme c’est écrit ! J’ai dit bien souvent à des
personnes qui cherchaient le salut :
« Crois-le maintenant, comme s’il mettait maintenant tes
péchés sur Jésus ! » Combien ont trouvé la paix de Dieu
ainsi !
J’avais entendu dire que des personnes s’étaient trouvées
entourées de lumière au moment de leur départ pour
l’Éternité. En songeant à la mort, j’avais le sentiment que
moi, je mourrais tel que j’étais, avec les sentiments que je
ressentais ; et parce que je n’étais pas entouré de lumière,
j’étais tenté de croire que ma position n’était pas bonne.
Mais en m’examinant tout tranquillement, je constatai que
je croyais à la Parole de Dieu et je ne voyais rien en moi qui
dût être changé. Un jour, accablé par une grande faiblesse, je
crus que j’allais effectivement mourir ; il me fut permis de
voir dans l’au-delà, et j’aperçus le Sauveur qui se réjouissait ;
tous mes doutes s’évanouirent à cette vision. Mon petit
David et ma femme prièrent pour moi et mon état
s’améliora.
Depuis que j’ai fait cette expérience, j’ose m’appuyer avec
plus de confiance sur la Parole de Dieu ! Il n’est pas
nécessaire d’avoir des sentiments d’exaltation. « Quand la
fleur est tombée et que l’herbe est flétrie, la Parole de Dieu
demeure éternellement. » S’il ne nous reste plus rien d’autre
que la Parole de Dieu, nous ne serons pas confus! Quand
j’étais assailli par cette grande tentation : « Finalement, tu
n’arriveras pas au but ! » la parole suivante m’apportait la
consolation et me fortifiait : « Voici, je mets en Sion une
pierre angulaire, choisie, précieuse, et celui qui croit en elle
ne sera pas confus ». Donc, si je crois, je ne serai pas
confus. Les enfants de Dieu, qui sont dans la vérité, sont
souvent éprouvés, tandis que pour des indifférents, le diable
n’a pas besoin de se donner tant de peine puisqu’il les tient
déjà sous sa domination. Mais il met tout en œuvre contre
ceux qui craignent Dieu ; ses assauts ne se feront peut-être
pas continuellement, mais du moins de façon intermittente.
La grâce dans l’œuvre
pastorale

Aucun habitant ne dit : Je suis malade ! Le peuple

de Jérusalem reçoit le pardon de ses iniquités.

Ésaïe 33.24

Lorsqu’une personne vit dans l’angoisse, a perdu courage,


désespère d’être délivrée de ses passions et de ses
faiblesses, et que je constate qu’elle lutte et combat sans
obtenir de libération, je cherche à la relever et à l’encourager
à croire, malgré tout, à la délivrance par le sang de Christ.
Celui qui réalise la rédemption voit la victoire ! Si quelqu’un
se convertit et prie ensuite : « Seigneur, aide-moi à vaincre »,
je doute que la lumière se soit faite. Cela ne veut pas dire
que cette prière soit incorrecte, mais celui qui a expérimenté
la délivrance en vérité, voit aussi la victoire complète. Il est si
encourageant de savoir que la victoire par laquelle le monde
est vaincu, c’est notre foi. La victoire est dans la Parole de
Dieu, et c’est par la Parole qu’on la connaît. Ce n’est pas la foi

qui nous aide, mais la Parole nous porte et nous secourt, et


la foi nous lie à la Parole.
Il est écrit dans le Psaume 118 : 1 : « Louez l’Éternel, car il
est bon, car sa miséricorde dure éternellement ». Il est clair
que tout le monde ne peut pas dire cela, car il faut
auparavant avoir réalisé le salut en Christ, et savoir « que
nous pouvons témoigner que l’Éternel est bon et que sa
miséricorde dure éternellement. Ceci n’est-il valable qu’aussi
longtemps que nous avons la victoire et que nous ne
commettons aucune faute ? Non, éternellement ! Dans la
vallée de la Sihl, un homme s’était converti et avait reçu,
disait-il, une joie « infinie » ; cependant, après une année,
cette joie « infinie » avait passé ! C’est bien ainsi que
quelques-uns pensent de la bonté de Dieu ; souvent, le
lendemain matin déjà, ils supposent qu’elle n’est plus pour
eux ! Il est écrit au verset 4 : « Que ceux qui craignent
l’Éternel disent : sa bonté dure éternellement ». Là, il faut faire

silence, nous arrêter et nous poser la question : « Craignons-


nous Dieu ? » car sa bonté ne dure éternellement que pour
ceux qui le craignent.

Exhorte-toi toi-même

Autrefois, quand je lisais le Psaume 103, verset 1: « Mon


âme, bénis l’Éternel ! » je pensais toujours que David était
d’humeur très joyeuse en prononçant ces paroles ; mais plus
tard, je compris qu’il avait combattu le bon combat de la foi ;
il avait ordonné à son âme : « Bénis l’Éternel ! » À qui faut-il
donner des ordres ? Lorsque quelqu’un est assidu au travail,
nul n’est besoin de lui commander de travailler ; des ordres
de ce genre sont donnés à ceux qui ne travaillent pas. L’âme
de David paraissait bien plus disposée à se plaindre et à se
lamenter qu’à louer, c’est pourquoi il lui dit : « Bénis
l’Éternel ! » Ceci est important ! Nous lisons que certains
personnages mentionnés dans la Bible disaient, quand ils
étaient en détresse : « 0 Dieu, tu es saint ! » C’est pourquoi
David a dit : « Mon âme, bénis l’Éternel ! Et n’oublie aucun
de ses bienfaits ! » Dans certaines circonstances, il y a un
réconfort tout particulier à se souvenir des bienfaits que
nous avons reçus de Dieu. Le peuple d’Israël oublia trop
facilement ce que Dieu avait fait pour lui et ce danger existe
aussi pour nous. Mais les gens oublieux peuvent s’exercer à
seremémorer les bienfaits de Dieu ! Autrefois, je me
souvenais longtemps du prix payé pour une paire de
chaussures ; mais au sortir de l’église, j’avais déjà oublié le
texte sur lequel il avait été prêché. Aujourd’hui, j’oublie le
prix payé pour mes chaussures et le montant de la facture de
mon tailleur ; mais il est des choses que je n’oublie pas : La
Parole de Dieu, la bonté de Dieu et sa patience.

Croire sans voir


Il y a des personnes qui ne possèdent pas la paix de Dieu,
mais qui se préoccupent de l’obtenir. Elles se représentent
les sentiments qui devraient les animer et s’attendent à
recevoir « une ondée » qui ne vient pas. Alors elles
désespèrent, disant : « Je ne puis croire » À ces personnes je
leur dis :
« Ce n’est pas en toi-même qu’il faut chercher ce
témoignage, mais croire au témoignage que Dieu a donné
de son Fils qui s’est chargé de toute ta dette de péché, et qui
a donné sa vie pour toi. Si Dieu donne ce témoignage, crois-le !
Ceci doit être plus précieux à tes yeux que tout ce que tu
pourrais ressentir ! Dès qu’une personne croit de cette
façon, elle reçoit ce témoignage en elle-même par la foi en la
Parole de la réconciliation, en l’acceptant telle qu’elle est
écrite : « Celui qui croit au Fils de Dieu a ce témoignage en
lui-même. Celui qui ne croit pas Dieu le fait menteur,
puisqu’il ne croit pas au témoignage que Dieu a rendu de
son Fils » (1 Jean 5 : 10). Le témoignage de Dieu, c’est la
Parole de Dieu dans toute sa simplicité.

Rompre le pain spirituellement

Si nous rompons le pain spirituellement, nous disons aux


âmes qui cherchent le salut : « Jésus s’est offert comme
caution dès avant la fondation du monde ; nous étions dans
nos péchés, mais Jésus est venu et s’est chargé de toute
notre dette. Le Père en exigeait le paiement, et Jésus s’est
offert comme victime expiatoire. Il a été fait péché pour toi ;
Dieu a jeté toute ta dette de péché sur la caution, sur le
Sauveur ; dès lors, tous tes péchés sont sur lui. La caution a
acquitté parfaitement ce qui était dû, ayant porté ta
condamnation, et elle te fait paraître, maintenant,
irrépréhensible, incondamnable devant le Père ! »

Un député trouve la paix

Un jour, on me fit chercher en voiture pour visiter un malade


qui désirait être guéri ; c’était un député ! Je lui demandai s’il
était un pécheur. « Oui, dit-il nous sommes tous
pécheurs ! » Je lui répondis : « Je ne le suis plus, j’en étais
un autrefois ! » Il était bien surpris, mais comme il désirait
être guéri, il se garda bien de me contredire. J’eus un
entretien avec lui et il confessa ses péchés,se déclarant
disposé à abandonner un procès qu’il avait avec un voisin.
Pour lui faire comprendre comment le Père céleste avait jeté
ses péchés sur Jésus, je pris un tabouret et le lançai au loin.
« Que reste-t-il ici de ce tabouret ? - Absolument rien ! - Et si
tes péchés sont jetés sur Jésus, combien t’en reste-t-il
encore ? » Point de réponse ! Pour terminer, je lus les
paroles de l’épître de Jacques, chapitre 5, verset 16-17:
« Confessez donc vos péchés les uns aux autres, et priez les
uns pour les autres, afin que vous soyez guéris. La prière
fervente du juste a une grande efficacité. Elie était un
homme de la même nature que nous ; il pria avec instance
pour qu’il ne plût pas, et il ne tomba point de pluie sur la
terre pendant trois ans et six mois ». En écoutant ces
versets, cet homme reçut la paix de Dieu et vit qu’il existe
des hommes devenus justes par la foi ; il crut. De hauts
personnages lui rendirent visite ; il leur parla de Jésus ; ils
s’éloignèrent tous en pleurant, mais aucun ne se convertit. Il
vécut encore trois semaines et fut un témoin de la grâce de
Dieu.
Il m’est arrivé de m’agenouiller six fois avec certaines
personnes, jusqu’à ce qu’elles aient obtenu la paix de Dieu
et réalisé le salut. Car quiconque n’a pas fait l’expérience du
salut s’en va à la perdition éternelle !

Obstacles à l’expérience du salut

Une jeune fille accablée, pleine de tristesse, vint me trouver


un jour, me demandant de prier avec elle. Elle me confessa
ses péchés et dit entre autres qu’elle était liée par une
chaîne ; malgré son désir d’être libérée, malgré sa foi, elle
retombait toujours. Je lui dis : « Crois donc, pour le présent,
que Jésus a porté tes péchés sur la croix ; crois-le
maintenant ! » Tout à coup, elle vit que ses péchés étaient

pardonnés et réalisa la victoire ; elle devint un instrument


béni dans la main de Dieu. Par son moyen, plusieurs âmes
expérimentèrent la paix de Dieu. Étant dans un home dont le
directeur, un pasteur, ne tolérait pas que les enfants se
convertissent, elle dut quitter la maison, de même qu’une
institutrice qui enseignait là et qui avait reçu la paix de Dieu
par son moyen. Quand le feu se déclare quelque part, on
alarme les pompiers et l’on cherche à éloigner les
« incendiaires » !

Est-il encore question de ténèbres dans la

Nouvelle Alliance ?

Jadis, je fis la connaissance d’un directeur allemand qui


savait fort bien prêcher ; toutefois, nous n’étions pas dans la
même pensée, car il ne parlait que d’afflictions, de
souffrances et de ténèbres. Il n’admettait pas comme réalité
les paroles de ce petit chant qui dit : « Toujours joyeux,
toujours joyeux, le soleil brille tous les jours ! » Il connaissait
beaucoup de passages de l’Ancienne Alliance qui parlent de
ténèbres ; je lui opposais le chapitre 58 d’Ésaïe, où il est dit :
« Ta lumière se lèvera dans l’obscurité et tes ténèbres seront
comme le midi ». La lumière de midi est pourtant claire ! Je
lui citai encore cette parole : « Le sentier des justes est
comme la lumière resplendissante, dont l’éclat va croissant
jusqu’au milieu du jour ». C’est ainsi que je conversais avec
lui, mais la « bataille » restait indécise, car il avait autant de
« troupes » que moi ! Je fis chanter le cantique : « Que nos
cœurs soient toujours joyeux, et remplis de
reconnaissance », et je rentrai chez moi, réfléchissant de
quelle façon je pourrais lui fournir des preuves
supplémentaires. Je me demandai alors si, dans la Nouvelle
Alliance, il était encore question de ténèbres ? Il ne me vint
rien d’autre à la pensée que ces paroles : « Celui qui croit en
moi ne demeure pas dans les ténèbres, mais il aura la
lumière de la vie », et : « Vous êtes la lumière du monde,
vous êtes le sel de la terre ». J’avais donc de nouveaux
passages au moyen desquels je pensais convaincre mon
directeur ; il se tut, toutefois sans être entièrement
convaincu. Quelques jours plus tard, il revint et se rétracta,
me déclarant qu’il avait reconnu lui-même la vérité ; il était
aussi dans la lumière, et nous nous sommes réjouis
ensemble. Il est écrit, déjà dans l’Ancienne Alliance :
« Même les ténèbres ne sont pas obscures pour toi ». Dans
la Nouvelle Alliance, il est dit de Jésus : « Il est la lumière et
Il est la vie ».
Une sœur neurasthénique

Je visitai une fois une sœur malade, alors qu’elle séjournait à


Samaden, venant d’Allemagne. Ses parents étaient de
l’aristocratie allemande. Elle était arrivée au déclin de sa vie
et souffrait de mélancolie par intermittence. Un
missionnaire lui avait conseillé de s’adresser à moi. Je me
rendis chez elle et je lus le chapitre 8 des Romains en lui
montrant ce que Jésus a accompli ; cette sœur m’ouvrit son
cœur, me dit ses détresses et ses chutes. Une autre
personne présente à notre entretien s’interposa, et lui dit :
« Non, non, mère, ce n’est pas ton état véritable ! »
J’imposai les mains à cette sœur neurasthénique et
intercédai pour elle ; la lumière se fit à nouveau dans son
cœur par ce qui lui fut révélé dans ce huitième chapitre des
Romains. Elle s’en retourna chez elle, joyeuse et pleinement
réconfortée.

Hommes-prodiges

Le diable se propose toujours de faire de nous des hommes


admirables. Ce sont ceux qui suivent les traces de l’agneau,
étant en spectacle au monde, aux anges et aux hommes, qui
sont des hommes admirables. En lisant des prophéties de la
Bible, je pensais souvent : « Si seulement je pouvais aussi
parler des choses à venir ! » Cependant, la vraie prophétie
consiste à dévoiler le péché, afin que les auditeurs
inconvertis reconnaissent qu’ils sont pécheurs et réalisent le
salut qui est en Christ. Il arrive aussi que Dieu nous donne
un ordre à exécuter. Un jour, en passant à Thoune, je vis un
avion faire des acrobaties dans le ciel. L’Esprit de Dieu me
dit que cet aviateur ferait très prochainement une chute. Je
ne connaissais pas cet homme. N’ayant pas le temps de
l’avertir personnellement, je chargeai un frère travaillant au
montage des avions de lui faire cette communication.
L’aviateur répondit que les vols lui rapportaient beaucoup,
mais ce frère insista, en le priant de s’en abstenir ; étant
donné qu’il était un mécanicien capable, il pouvait gagner sa
vie d’une autre manière. Sa femme fut indignée contre nous.
Quinze jours après, il fit une chute et se tua. Son épouse en
devint presque folle. Dieu m’a révélé plusieurs fois des
choses à venir ; j’en ai toujours fait part aux personnes en
cause. Les desseins de Dieu s’accomplissent.

Affection des choses terrestres, ou des choses

célestes

Un jour, je visitai une maman et lui fis la lecture d’un


passage de la Bible. Pendant que je lisais, elle appelait sans
cesse : « Marie - c’était sa fille - as-tu donné à manger aux
porcs ? - Marie, as-tu fait ceci, Marie, as-tu fait cela ? » Marie
était précisément occupée à tous ces travaux. Je fermai
brusquement ma Bible et priai : « 0 Dieu, le cœur de cette
mère est rempli de vaches, de porcs et de veaux ; elle ne
peut pas écouter quand tu veux lui parler ! » et je m’en allai.
Peu après, je reçus un télégramme ; on me demandait
d’urgence près de cette femme. Que s’était-il passé ?
Voulant enleverune grande marmite du feu, la mère avait
glissé et était tombée, entraînant la marmite avec elle ; elle
dut s’aliter. Peu après, elle se convertit et reçut la paix de
Dieu ; elle vécut encore trois semaines. Pendant ce temps,
elle eut la visite de beaucoup de personnes qui lui
demandaient : « Que deviendra Marie ? » La mère
répondait : « Ne me parlez pas de cela, c’est Dieu qui y
pourvoira, Marie s’est convertie ». Elle ne voulait plus rien
savoir de ces choses terrestres.

Comment « Fritz le pieux » trouva le salut

Il nous est dit dans le Psaume 100 : « Servez l’Éternel avec


joie, venez avec allégresse en sa présence ! Sachez que
l’Éternel est Dieu, c’est lui qui nous a faits et non nous-
mêmes, nous sommes son peuple et le troupeau de son
pâturage ».
Un frère me restera inoubliable ; il était âgé d’environ
soixante ans et avait beaucoup prêché. Quand quelqu’un
était mourant, on faisait chercher Fritz. Il priait si gentiment
avec les malades, que tous étaient censés mourir
bienheureux ! Lors d’une série de réunions d’évangélisation
que je présidais, il réalisa le salut, et parla avec joie du
Psaume 100 : « C’est Dieu qui nous a faits et non nous-
mêmes, pour être son peuple et le troupeau de son
pâturage ». Il disait : « Dieu n’a pas créé la brebis avec une
tête de chien ! » C’est que ce frère avait été auparavant, « un
ange dans la rue » et « un diable à la maison ». Peu avant de
trouver le salut,un fait particulier s’était passé : J’avais
l’intention d’aller tenir une réunion, et comme il voulait
m’accompagner, je me rendis chez lui. La neige venait de
tomber. Il demanda à sa femme ses guêtres neuves. Elle se
mit à les chercher partout, ne les trouvant pas, elle lui
apporta les guêtres usées ; mais il voulait absolument les
nouvelles. Finalement, elle les découvrit sous le poêle. Elle
en avait découpé un morceau pour rapiécer les vieilles. Cette
femme n’avait pourtant pas coutume d’agir aussi sottement.
Du même coup, cela emporta le « rapiéçage » de Fritz ; il ne
pouvait cacher son dépit. Pour ma part, je pensai et dis à
son épouse : « Maintenant, ma bonne femme, tu as exposé
le Sauveur comme étant un menteur ; lui qui a dit :
« Personne ne déchire d’un habit neuf un morceau pour le
mettre à un vieil habit, autrement il déchire l’habit neuf et le
morceau qu’il en a pris n’assortit pas au vieux » (Luc 5 : 36).
Fritz était furieux. Je lui dis : « Fritz, ne te rends-tu pas
compte que, jusqu’à ce jour, tu n’as fait que de te
raccommoder ? Que ta piété n’est qu’une piété rapiécée ? »
Fritz mit ses anciennes guêtres et me suivit. En route, nous
n’avons pas dit grand-chose. Je présidai la réunion et Fritz
fut saisi par la vérité de l’Évangile et réalisa le salut. Il devint
un nouvel homme, et fut revêtu d’un vêtement tout neuf. En
lisant le Psaume 100, il vit et affirma que Dieu n’avait pas
mis « une tête de chien à sa brebis ». C’est avec joie qu’il
rendait témoignage de la victoire. Dès ce moment, les
malades ne voulaient plus rien savoir de lui, car il leur
demandait : « Es-tu né de nouveau ? As-tu restitué ce que tu
as volé ? Es-tu réconcilié ? » Sur quoi les gens lui
rétorquaient que ce n’est pas ainsi que l’on doit traiter les
malades, qu’il était un « sans-cœur ». Cependant, il put
indiquer à d’autres le chemin du salut et, par son moyen, ils
réalisèrent la paix de Dieu. Il est bon d’avoir des égards pour
les malades, mais il faut se garder de les consoler
faussement, de faire de belles prières et de leur dire que le
Sauveur les aime et qu’ils iront le rejoindre au ciel, alors qu’il
n’en sera pas du tout ainsi. Cela ne se passera jamais
autrement que selon, les Écritures : « C’est par la repentance et

par la conversion qu’on entre dans le royaume de Dieu ».

Joie véritable

Beaucoup de chrétiens sont souvent troublés et abattus,


parce qu’ils ne peuvent pas se réjouir de tout leur cœur
comme ils le voudraient ; ils aimeraient sentir leur joie. Une
sœur vint une fois me visiter et se plaignit amèrement de ne
pouvoir se réjouir comme les autres. Je lui demandai : « Cela
ne te réjouit-il pas que Jésus soit mort pour toi ? -
Certainement ! - Qu’il ait porté tes péchés sur le bois
maudit ? - Je le crois ! - Cela ne te réjouit-il pas qu’il puisse te
garder de toute chute ? - Oh oui ! - Et qu’il veut perfectionner
la bonne œuvre qu’il a commencée en toi ? - J’en suis
convaincue ! » Je lui dis alors : « Vois donc, tu es une femme
dans la joie ! »
Bien souvent aussi j’avais eu le sentiment de ne pouvoir me
réjouir de tout mon cœur, mais à partir de cet entretien, je
fus guéri moi-même. Dans les bons et les mauvais jours,
nous devons nous réjouir des œuvres accomplies par Jésus
et nous confier en lui, même quand nous avons l’impression
de ne plus lui appartenir, et que tout est perdu. Si nous
agissons ainsi, la lumière luira de nouveau !

Ne néglige pas le don

Lorsque je ne possédais pas encore la paix de Dieu, je


supposais que tous les gens qui assistaient aux réunions
étaient sauvés. Après ma nouvelle naissance, je me rendis
compte qu’une multitude d’entre eux ne l’étaient pas. Je
possédais le don de discerner si les personnes avec qui je
causais étaient nées de nouveau ou non et, lorsque je devais
le leur dire, j’étais rempli d’angoisse et j’avais de grandes
luttes intérieures. Mais alors beaucoup d’entre elles
réalisaient la nouvelle naissance. Une certaine fois, je
déclarai à un homme qu’il n’était pas né de nouveau ; celui-
ci me raconta qu’il avait assisté à une série de réunions puis,
s’étant rendu dans une forêt, il avait prié et avait ressenti
une grande joie. Je lui répondis : « Je ne crois pas que tu sois
régénéré ; mais si tu as réalisé la nouvelle naissance, tiens
fermement ! » Le lendemain matin, la femme de son maître
- il était valet de ferme - me dit queje m’étais trompé. « Si
celui-là n’est pas né de nouveau, je ne le suis pas non plus
me dit-elle ! » Je lui répondis que c’est bien ce que je
pensais ! Mais ensuite je me dis : « Et si tu avais tort ? » Je
me trouvais dans une grande anxiété, n’ayant plus le
courage de m’occuper des âmes ; alors le don s’endormit.
Après un an, j’étais arrivé au même point que beaucoup de
gens pieux ; je ne voyais plus la limite entre la vie et la mort
spirituelles. Quelqu’un avait-il une vie pieuse, était-il aimable
et gentil, je ne discernais plus la démarcation ; je ne pouvais
et n’osais plus lui dire : « Tu n’es pas né de Dieu », car
j’avais alors le sentiment d’exercer un jugement.
Pendant une année et demie, je ne pus conduire aucune
âme à Jésus pour qu’elle réalisât la paix, ce qui me fit peur. Je
priai, et cette parole me vint à la pensée : « Rappelle-toi
donc comment tu as reçu et entendu - et réveille le don qui
est en toi ! » Un an et demi plus tard, le valet de ferme
précité trouva la paix véritable dans une réunion.
J’ai réalisé maintes joies depuis ma conversion jusqu’au
moment où je passai par la nouvelle naissance - si chacune
de ces joies avait été la nouvelle naissance, j’aurais fait cette
expérience bien des fois -. Les commandements de l’Éternel
réjouissent le cœur. Mon cœur fut également inondé de joie
lorsque je restituai ce que j’avais dérobé ; mais ce n’était pas
la paix. Beaucoup de personnes déclarent aisément avoir la
paix lorsqu’une joie quelconque remplit leur cœur. La paix de
Dieu a l’Écriture pour fondement et non nos sentiments ; la
nouvelle naissance nous fait comprendre la raison de notre
bonheur !

Un nouvel estomac

Beaucoup de personnes souffrent de l’estomac pour cause


de soucis et d’accès de colère. Une fois, je rendis visite à la
femme d’un évangéliste qui avait une maladie d’estomac ne
provenant cependant pas de la colère. Elle ne m’aimait pas
beaucoup. Je lui dis qu’elle devait montrer son estomac au
Seigneur, puis lui dire, en s’humiliant, qu’elle avait fait des
excès de table, et lui demander de la guérir. Elle le fut à
l’instant même, se leva, se vêtit, et le soir elle présida la
réunion chrétienne des jeunes filles. Dieu avait mis « le
doigt sur la plaie ». Il m’avait inspiré. Il n’est pas un Dieu
qui dit : « Excusez-moi » ; il est bon et dit franchement ce
qui est ; il est facile de comprendre ce qu’il veut.

Comment prépare-t-on sa lampe ?

Les dix vierges avaient toutes de la lumière ; la lampe de


chacune brûlait, et elles étaient un sel pour le monde.
Lorsque le cri retentit : « Voici, l’Époux vient, allez à sa
rencontre », elles se demandèrent : « Pourrons-nous
subsister ? » Voilà le moment décisif. Les vierges folles
préparèrent aussi leurs lampes.
Cela me rappelle comment je préparais la mienne autrefois ;
je me consolais de la façon suivante : « Je me suis converti,
j’ai restitué tout ce que j’avais dérobé (je n’avais rien à
déclarer au fisc - beaucoup de personnes cachent leur
fortune en trompant le fisc) je vis pour Dieu aussi bien que
je le peux : je… je… je… ! » Puis je me souvins de cette parole
disant que nous devons paraître devant Dieu sans tache,
irrépréhensibles. Je savais que je n’étais pas irrépréhensible
et que je ne pouvais pas subsister devant Dieu. Je voyais
alors ma lampe s’éteindre ! Nombreux sont ceux qui
prétendent : « Nous manquons tous les jours, il faut
toujours pécher ». Si telle est ta pensée, éprouve-toi ! Peux-
tu comparaître ainsi devant Dieu ? Ma lampe s’éteignait
lorsque j’arrivais à cette parole : « Irrépréhensible dans la
paix ».
Là, je me rendais compte que je n’étais pas pur. - Les vierges
sages préparèrent leurs lampes en demeurant calmes,
louant la rédemption et rendant grâce à Jésus parce qu’il les
avait fait paraître irrépréhensibles devant le Père. L’Esprit de
Dieu leur confirmait ce qu’elles possédaient en Jésus, car
ceux qui n’ont pas l’Esprit de Christ ne lui appartiennent
pas. « Lequel des hommes, en effet, connaît les choses de
l’homme, si ce n’est l’esprit de l’homme qui est en lui ? De
même, personne ne connaît les choses de Dieu, si ce n’est
l’Esprit de Dieu ». Si nous ne possédons pas l’Esprit de
Dieu, nous ne pouvons connaître ce que nous avons en
Dieu. C’est le Saint-Esprit qui doit nous révéler Jésus et son
œuvre de rédemption. Nous savons alors que nous sommes
acceptés et qu’il nous a fait paraître irrépréhensibles devant
le Père. Ainsi, notre lampe ne s’éteint pas ; au contraire, elle
brûle d’une clarté toujours plus vive. « Et ceux que l’Éternel
a délivrés retourneront et viendront à Sion avec des chants
de triomphe » (version Darby, Ésaïe 35 : 10), mais non pas
ceux qui disent : « Je ne suis pas délivré de tel ou tel
péché ».

Conversion d’une catholique

À Moutier, une personne de religion catholique se convertit


et reçut la certitude de la rémission de ses péchés. Un an
plus tard, elle vint me dire : « Que dois-je faire, le jour de la
confession générale approche ? » Elle ne s’était plus jamais
rendue à l’église, mais l’habitude de se confesser était
tellement ancrée en elle, qu’elle pensait devoir y retourner.
Elle me demandait : « Que dois-je faire ? »… Je lui dis d’aller
se confesser ! « Oui ! Mais je n’ai plus rien à confesser ! -
C’est que tu n’es plus catholique ! » Lorsqu’elle trouva la
paix dans une réunion, elle se leva pour prier ; c’était plutôt
un témoignage d’actions de grâces à Dieu parce que,
autrefois, elle avait voulu devenir juste par ses propres
œuvres, sans toutefois y réussir, tandis qu’elle avait
maintenant réalisé la liberté par la grâce de Dieu. Lorsqu’on
a été libéré de ses péchés, on n’a en effet plus rien à
confesser. Cela m’a bien réjoui !
Cette femme eut ensuite bien des luttes. Son mari était un
misérable, buveur invétéré, un « bonà rien ». Comme on ne
pouvait se fier à lui en aucune façon, la police l’évitait,
craignant les mauvais tours. Étant braconnier, il possédait
des chiens de chasse. Quand sa femme préparait les
dernières victuailles sur la table pour ses enfants, il arrivait
que l’homme prenait le tout pour ses chiens, privant ainsi sa
famille de nourriture. Lorsque cette femme se convertit, elle
prit la résolution de ne plus faire de dettes. Une fois, elle
avait envoyé, sans argent, un de ses enfants chez le
boulanger mais, reprise dans sa conscience, elle avait prié
Dieu afin qu’il ne reçut rien. Effectivement, elle fut exaucée
et s’en réjouit. Immédiatement après, un de ses enfants
arriva, apportant un franc qu’une dame lui avait donné et le
pain put être acheté !
Lors d’une nouvelle série de réunions, cette femme me
raconta que son mari l’avait suivie en courant ; elle croyait
qu’il allait la battre, mais il lui dit qu’il aimerait
l’accompagner à la réunion ; elle ne le lui avait pas demandé
car, par esprit de contradiction, il aurait sûrement refusé ! À
cette réunion, je racontai comment j’avais été libéré de la
boisson et de tous mes péchés ; alors les yeux de cet
homme commencèrent à briller. La réunion terminée, il vint
me dire qu’il voulait signer un engagement d’abstinence. Le
samedi suivant, il réalisa la paix de Dieu. À la vue de son
bonheur, tous ceux qui l’avaient connu auparavant étaient
étonnés de la transformation que Dieu avait opérée en lui.
Arrivé à la maison, il pensa au lendemain, qui était un
dimanche; il regrettait de ne pouvoir se rendre à l’assemblée
avec ses habits de travail, car il n’en avait pas d’autres. Il
pensa demander à Mme Sch. de lui donner un habit de son
mari ; cependant, il comprit que, comme enfant du Très-
Haut, il n’était pas convenable de mendier. Le soir même il
reçut un vêtement neuf ! Quelle fut sa joie d’avoir obéi à la
voix du Saint-Esprit ! Dieu manifeste sa fidélité quand un
homme veut lui obéir ! Un tel homme distingue même la
volonté de Dieu dans les plus petites choses ! Beaucoup de
chrétiens ont la liberté de tout faire ; d’autres restent soumis
à l’Esprit de Dieu et sont fidèles dans les petites comme
dans les grandes choses. Lorsque le chrétien n’obéit pas à
l’Esprit de Dieu, il est aveuglé comme auparavant. C’est
pourquoi il y a beaucoup de gens pieux qui sont des aveugles ; ils

marchent en tâtonnant et ne sont pas heureux, parce qu’ils

n’ont point de crainte de Dieu.

Un cœur nouveau !

Je visitai une fois une vieille maman qui tenait une petite fille
de huit ans sur ses genoux. Je demandai à cette enfant si elle
possédait un nouveau cœur. Non, dit-elle. - N’en veux-tu pas
un nouveau ? - Non ! - Alors, lui dis-je, tu iras en enfer ! Je
m’en allai pour rendre visite à d’autres malades. Lorsque je
revins, l’enfant dit à sa grand-maman : « Ce gentil monsieur
revient ! » bien que je lui aie dit qu’elle irait en enfer ! Elle
assista ensuite à la réunion et s’approcha de moi quand
celle-ci fut terminée, disant devant tous : « Je veux un cœur
nouveau, mais il faut que tout le monde sorte ! » Elle
m’accompagna dans ma chambre, se mit à genoux près de
moi, et pria : « Cher Sauveur, je veux un nouveau cœur, j’ai
fait des mauvaises choses, je ne les ferai plus. Donne-moi
un cœur nouveau ! » Je lui dis quelques mots et priai ; elle
reçut la paix de Dieu, s’en retourna à la maison et dit à sa
grand-mère : « Maintenant, j’aimerais bien mourir pour aller
vers le Sauveur qui m’a pardonné tous mes péchés ». Le
dimanche, elle voulut se rendre à l’école du dimanche, mais
son oncle la blâma : « Ne va donc pas là ; que tu es sotte ! »
Elle lui répondit : « J’ai reçu le pardon de mes péchés, ce qui
n’est pas sot ! » Il voulut lui donner dix francs pour la
dissuader, mais en vain. Cet oncle était conducteur de
chemins de fer ; je le rencontrai dans le train, et lui
demandai s’il possédait la paix ; il me répondit : « Oh ! si
seulement je pouvais croire comme ma petite nièce ! » Il
vint à la réunion, se convertit, et fut un témoin vivant de
Jésus-Christ ; il n’avait point honte de confesser son nom. Il
est vrai que celui qui a honte de le faire est un triste
homme ! Le Sauveur a créé le ciel et la terre ; il est le roi des
rois, il est rempli d’amour pour tous les hommes.
Si ton œil est en bon état, tout ton corps sera

éclairé

Je pense à un frère avec lequel j’ai beaucoup travaillé dans le


royaume de Dieu. Dans les dernières années de sa vie, je
crois avoir été son meilleur ami ! Chaque fois que j’attirais
son attention sur telle chose et que je l’exhortais, il se
soumettait ; cependant, il restait intraitable sur un seul
point. Souvent il affirmait avec force : « Les hommes nous
accuseront dans l’Éternité si nous - enfants de Dieu - ne
traversons pas toutes les épreuves sans broncher ! » Je lui
répondais en lui affirmant que si nous sommes sauvés,
nous sommes sauvés, et que personne ne pourra
condamner les élus de Dieu, sinon nous irions à la
perdition. Une certaine fois, nous nous rendions à
Adelboden et, comme il était fatigué, je devais présider seul
l’étude biblique de l’après-midi, tandis que la réunion du soir
serait tenue par tous les deux. Vers le milieu de l’étude
biblique, il vint néanmoins et demanda aux personnes
présentes de lui poser des questions. Quelqu’un lui
demanda s’il était permis dans la Nouvelle Alliance de
manger du sang ? Il nous expliqua avec force paroles, qu’en
mangeant du sang (boudins - saucisses au sang) on recevait
une âme de porc ou de veau ; il en condamnait sévèrement
la consommation. Quand il eut terminé, je lui demandai
comment on devait comprendre ce verset : « Ce n’est pas ce
qui entre par la bouche qui souille l’homme » ; et encore :
« Qu’est-ce que Dieu voulait faire comprendre à Pierre en
faisant descendre devant lui le drap noué aux quatre coins et
rempli d’animaux impurs en lui disant : tue et mange ! » - en
outre : quelle est la signification de ce verset : « Heureux
celui qui ne se condamne pas lui-même dans ce qu’il
approuve ! »
Il avait une réponse à toutes mes remarques mais, pour finir,
il se fâcha ; alors je me tus. Je ne lui avais opposé que la
Parole de Dieu. Il était passablement agité et, le soir, il ne
parla que brièvement. Lorsque nous partîmes le lendemain,
accompagnés d’un autre prédicateur, il m’attaqua à nouveau
en me disant que nous avions obtenu le pardon dans la
mesure où nous avions reconnu nos péchés. Je n’en croyais
rien, car la Bible ne dit pas cela ; s’il en était ainsi, nous ne
pourrions être sauvés, puisqu’il ne nous est pas possible de
connaître parfaitement le fond de toute chose. Il se
défendait, et j’en faisais de même, lui disant : « Il n’est pas
écrit que nous sommes morts aux péchés « connus » ; il
n’est pas dit : Il nous a lavés des péchés « connus », mais
« de nos péchés ». Sur ce point, il s’obstinait à ne rien
vouloir entendre, quoique d’habitude, il acceptait tout ce que
je lui disais. Il s’adressa à l’autre prédicateur, le priant de
chercher à me convaincre, mais ce dernier resta muet. Alors
il reprit à nouveau le sujet, et je lui citai cette parole : « Si
ton œil est sain, tout ton corps sera dans la lumière, mais si
ton œil est mauvais, tout ton corps sera dans les ténèbres.
Si donc la lumière qui est en toi est ténèbres, combien
grandes seront ces ténèbres (Matthieu 6 : 22). Si donc tout
ton corps est éclairé, n’ayant aucune partie dans les
ténèbres, il sera entièrement lumière, comme la lampe
éclaire de sa lumière » (Luc 11 : 36). Nous sommes ou
lumière ou ténèbres, ou alors ce passage doit avoir une
signification différente dans une autre version de la Bible,
sans quoi tu n’as plus aucune échappatoire ! » Sur ces
entrefaites, nous arrivâmes à Frutigen et nous nous
rendîmes chez un frère. Là, il consulta plusieurs versions de
la Bible ; les refermant brusquement, il les replaçait sur
l’étagère avec des gestes toujours plus empreints de
nervosité ; puis il s’éloigna.
De mon côté, je confrontai aussi ces textes ; ils étaient
identiques dans toutes les traductions.
Ce frère réalisa une grâce plus profonde sur son lit de mort ;
au cas contraire, j’aurais eu de l’angoisse à son sujet et des
doutes quant à sa participation à la première résurrection.
Le frère Binde, l’ayant visité, lui parla de la grâce, et la
lumière l’inonda comme jamais auparavant ; c’est dans cette
lumière qu’il partit dans la Gloire. Cela me remplit de joie et
de courage. Cet homme était un croyant, il avait encore
besoin de traverser une épreuve de purification ; il dut
passer par le feu.

Une sœur déchue retrouve la grâce


Une fois, je rendis visite à une femme qui était à nouveau
devenue esclave de la colère et du mécontentement ;
auparavant, elle avait connu la joie divine. Elle s’enfuit à ma
vue, mais je la poursuivis et lui lus le passage des
lamentations de Jérémie où le prophète se croyait à jamais
banni de la paix. Je lui expliquai en même temps comment la
bonté de Dieu se renouvelle chaque matin et que Dieu ne
pense donc plus à ce qui s’est passé hier ! J’aurais pu blâmer
sévèrement cette femme et lui dire : « Misérable créature, tu
avais trouvé la paix et maintenant tu te comportes ainsi ? »
Mais j’avais réalisé maintes fois, chez les cœurs les plus
durs et les plus réfractaires aux appels de Dieu, qu’ils
pouvaient accepter la Parole quand on la leur offrait comme
un mets succulent. Cette sœur se confia de nouveau en la
grâce de Dieu, et fut remplie de louanges et d’actions de
grâces, magnifiant la bonté de Dieu.
La bonté de Dieu se renouvelle chaque matin ! Dieu ne
songe donc plus à ce qui s’est passé hier. S’il subsiste en toi
encore une parcelle de ténèbres, crois ceci : « Jésus m’a
aimé et m’a lavé de mes péchés par son sang » ; cela purifie,
je l’ai réalisé maintes fois. Dieu nous fait passer par divers
chemins, pour que nous apprenions à nous confier en lui en
tout temps. Il s’agit bien d’un combat ; le diable assaille les
hommes par toutes sortes de sentiments pour leur donner
l’impression que tout est perdu. Cependant, la Parole et les
promesses de Dieu restent immuables. C’est pourquoi
affirme en tout temps : « L’Éternel est ma justice ; l’Éternel
est ma vie ».

La repentance véritable consiste à donner

raison à la Parole de Dieu

Dans une réunion, j’avais médité sur la « Parabole des


noces » et parlé de celui qui était entré dans la salle du
festin sans avoir revêtu l’habit de noce. Le roi avait ordonné :
« Prenez-le, jetez-le dans les ténèbres du dehors, là où il y
aura des pleurs et des grincements de dents ». Lorsque la
réunion fut terminée, une jeune fille s’approcha pour me
dire qu’elle voulait se convertir. Je lui demandai si elle avait
aussi des péchés ; elle ne pouvait pas le dire. - Pendant la
réunion, j’avais dit : « Qui de vous peut raconter comment il
a réalisé la nouvelle naissance ? Le roi n’a-t-il pas demandé :
Mon ami, comment es-tu entré dans la salle sans être revêtu
de l’habit de noce ? Mais il eut la bouche fermée. Celui qui
ne peut pas raconter comment il a passé par la nouvelle
naissance aura la bouche fermée ! »
La jeune fille avait été très attentive et se vit perdue, car elle
comprit qu’elle ne pouvait pas raconter sa nouvelle
naissance. Je lui lus Romains 3, les versets 10 à 18 qui
décrivent le triste état de l’homme naturel : « Il n’y en a pas
un qui cherche Dieu, tous sont égarés, tous sont pervertis, il
n’en est aucun qui fasse le bien, pas même un seul ; leur
gosier est un sépulcre ouvert ; ils se servent de leur langue
pour tromper ; ils ont sous leurs lèvres un venin d’aspic ;
leur bouche est pleine de malédiction et d’amertume ; ils ont
les pieds légers pour répandre le sang ; ils ne connaissent
point le chemin de la paix ». Ensuite, je demandai : « Te
reconnais-tu dans cette description ? » Elle répondit : « Je ne
le vois pas, mais j’accepte cela, si Dieu le dit ! » Elle faisait
partie d’une famille où les enfants avaient beaucoup
d’amour les uns pour les autres. Je continuai ma lecture, lui
montrant la manière dont on peut être justifié sans mérite
aucun, par grâce ; je lui posai la question : « Crois-tu cela ? -
Oui, je ne le comprends pas ainsi, mais je le crois ! »
Quelques semaines plus tard, elle m’écrivit une lettre pour
me demander si la grâce était encore pour elle, car elle se
voyait maintenant comme la créature la plus mauvaise. Dès
ce moment, elle crut la Parole de Dieu et fut convaincue de
ses péchés.
Je lui répondis et lui posai sept questions :

1. Dieu était en Christ, réconciliant le monde avec lui-


même, en n’imputant point aux hommes leurs
offenses. Cela est-il aussi pour toi ?
2. Il nous a aimés et nous a lavés de nos péchés par son
sang. Es-tu parmi ceux-là ?
3. Voici l’Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde ! A-t-
il aussi ôté tes péchés ?
4. C’est lui qui a fait la purification de nos péchés par son
sang ! Cela est-il aussi valable pour tes péchés ?
5. Toute transgression et toute désobéissance a reçu une
juste rétribution. Est-ce valable pour toi ?
6. Etc., etc.

Je l’invitais à me renvoyer ce questionnaire avec les


réponses. C’est une lettre pleine de joie qui m’apporta la
nouvelle qu’elle avait lu jusqu’à la cinquième question et là,
la lumière s’était faite subitement en elle. Elle comprit que
son péché était effacé, que Jésus avait porté sa
condamnation et elle reçut la paix dans son cœur. Une de
ses amies avait lu cette lettre et trouva également la paix.
Les ténèbres se dissipent quand on vient à Jésus. Il nous
montre qui nous sommes, mais aussi qui il est.

Comment le salut peut-il nous être ravi ?

Un frère avait l’intention d’épouser une jeune fille mais, bien


qu’elle fût très pieuse, il n’était pas certain qu’elle fut
régénérée. Avant les fiançailles, il l’engagea à passer
quelques jours de vacances chez nous ; à cette occasion, elle
réalisa la paix de Dieu. Elle s’en retourna chez elle,
confessant qu’elle avait été lavée de ses péchés. Le
prédicateur de l’assemblée qu’elle fréquentait lui rendit visite
et lui exposa que tout cela était une grande erreur,
prétendant que l’on ne pouvait être libéré du péché, et que
M. Berger méprisait le sang de Jésus ! La jeune fille fut
dépouillée de ce qu’elle avait reçu et m’écrivit ce qui en était.
Je pus réfuter chaque phrase avec la Parole de Dieu, et fis
publier cette lettre dans notre journal « Friedensbotschaft » ;
quelques personnes réalisèrent encore le salut par ce
moyen ! On n’a pas besoin du sang de Christ pour demeurer
dans ses péchés, mais il est indispensable pour être libéré
du péché et pour en être préservé. Celui qui demeure dans le
péché outrage l’Esprit de la grâce. Comment pourrions-nous
encore vivre dans le péché, puisque nous sommes morts au
péché ? C’est ainsi que s’est écrié l’apôtre Paul.

Honore ton père et ta mère


Combien de pères et de mères sont morts prématurément à
cause des douleurs et des souffrances causées par les
désobéissances de leurs enfants ! La Bible parle même de
meurtriers de pères et de mères, d’enfants qui abrègent la
vie de leurs parents. Mais Dieu fait miséricorde à ceux qui se
repentent véritablement.
À B., une jeune fille pleurait en avouant qu’elle avait désobéi
à sa mère : « Maintenant, il n’y a plus de grâce pour moi, je
ne peux plus demander pardon à ma mère, elle est morte,
elle est partie ! » disait-elle. J’eus beaucoup de peine à
convaincre cette jeune fille de se confier dans la grâce. Elle
s’était humiliée à cause de ses désobéissances et, si une
personne se repent, la grâce est là, quel que soit le passé.

Le salut pour tous

Quelle ne fut pas ma joie lorsqu’une jeune fille, une impie,


se convertit. Voici de quelle façon : Cette jeune fille arriva
chez nous avec une très mauvaise réputation ; elle passa
quelques jours dans notre maison et, dès le premier jour, se
comporta très correctement. Elle trouva bientôt la paix de
Dieu et fut remplie de zèle, de louanges et d’actions de
grâces ; c’était une fille heureuse ; nous n’avions rien à lui
reprocher. Elle était venue chez nous complètement
pervertie, mais une merveilleuse transformation s’était
opérée en elle ; elle suivait sa route joyeusement et entra en
place chez un instituteur croyant. Peu de temps après eut
lieu la noce d’un de ses frères, mais elle refusa d’y assister,
en indiquant les motifs. Sa mère, qui se disait pourtant aussi
croyante, et qui avait eu bien des angoisses à son sujet,
s’irrita à tel point qu’elle l’avisa de revenir à la maison et de
retourner à l’église. La jeune fille me demanda alors ce qu’il
y avait lieu de faire. Je lui répondis : « Si ce n’est pas
absolument nécessaire, et que ta mère n’a pas vraiment
besoin de toi, reste où tu es ! » Habituellement, je ne dis
jamais à un enfant de ne pas obéir, mais quand je remarque
que le diable est dans l’affaire, les enfants n’ont pas à se
soumettre.

Qui est ton berger ?


Il y a beaucoup d’angoisse sur toute la terre. J’ai tenu une
assemblée à Berne et, à cette occasion, j’ai parlé du Psaume
23, disant que l’on pouvait croire dans toutes les
circonstances de la vie : « Je ne manquerai de rien », pourvu
qu’on ait, vis-à-vis de Dieu, l’attitude qui convient. Une
femme m’écrivit alors de lui aider à obtenir cette attitude,
car il lui manquait beaucoup de choses ; son mari était
malade depuis longtemps, elle-même avait été obligée de
reprendre un emploi, de liquider son ménage puis de mettre
son enfant en pension. Son intérieur lui manquait et elle
souffrait beaucoup de la séparation. Je lui écrivis que je
pouvais parfaitement bien comprendre sa situation, mais
qu’il y avait néanmoins un remède à son état ; je lui
expliquai quelques versets de la Bible. Un jour, elle vint me
dire avec une grande joie que plus rien ne lui manquait. Un
miracle se produisit alors, et peu de temps après tous les
trois furent de nouveau réunis.
Dieu délivre de toutes détresses et de nos diverses
épreuves ; toutes choses concourent au bien de ceux qui
aiment Dieu.
Lorsque je me suis installé à Wydibühl, j’étais souffrant, et
pas disposé à louer et à dire : « Je ne manque de rien »
puisqu’il me manquait la santé. Il était donc opportun de lire
le Psaume 23 et de le commenter. Il est dit que le laboureur
jouit le premier des fruits de son travail. Bien que la maladie
ne m’ait pas quitté, cela produisit en moi le repos et le
contentement. Ce Psaume est bienfaisant : L’Éternel est
mon berger ; car la souffrance signifie : « Gloire » pour ceux
qui se maintiennent fermement sur le terrain divin.

Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu

ce qui est à Dieu

Une femme allemande, qui habitait la Suisse, n’avait pas


déclaré sa fortune au fisc ; repentante, elle voulut me
remettre l’argent, afin que je le fasse parvenir à l’État. Je lui
déclarai : « C’est à toi de mettre cette affaire en ordre ».
Cette femme ne pouvait pas se décider et je lui répondis :
« Si tu ne veux pas obéir, va-t-en ». Elle ne partit point, mais
le jour suivant, elle était prête à mettre cette chose en ordre.
Cinq jours après, elle m’écrivit qu’elle avait été jusqu’à la
porte du bureau des impôts, mais qu’elle n’avait pas osé
entrer ; c’est seulement le quatrième jour qu’elle céda. Alors
elle réalisa la paix de Dieu. Nous devons renoncer à notre
résistance, si nous voulons que Dieu nous accorde son
salut. Nous ne devons pas avoir honte d’obéir aux
commandements de Dieu.

La lumière dissipe les ténèbres

Quand le Sauveur peut entrer dans un cœur et y manifester


sa puissance, il en est comme de cette femme qui avait une
maladie de cœur et qui, non seulement reçut la paix de Dieu
par la foi au Seigneur Jésus, mais fut guérie au même
moment. Elle déclara ensuite : « Maintenant, c’est comme si
je n’avais plus de cœur, je ne le sens plus ». Il en est de
même quand on réalise le salut et la paix. Les lourdes
pierres tombent et le fardeau disparaît. Là où règnent les
ténèbres, il y a des fardeaux, de l’oppression, mais la Parole
de Dieu est la lumière qui dissipe les ténèbres. Nous devons
être des hommes dont le cœur est comblé de choses qui
nous attirent en haut, et non en bas. La Parole de Dieu nous
montre ce que nous avons à faire, et ce que nous devons
abandonner.

La vraie foi et ses effets

Nous avons encore un vaste pays à conquérir. Dieu veuille


accorder sa grâce à beaucoup d’âmes, afin qu’elles se
décident à lire la Parole de Dieu et à s’y conformer. Une
jeune fille était au service d’une femme catholique, pieuse et
très aimable, qui avait sur elle une certaine influence ; elle lui
dit qu’elle ne possédait pas la vraie foi et ne pourrait être
sauvée si elle ne priait pas les saints. La jeune fille m’écrivit
pour me demander si cela était exact. Je lui envoyai un
Nouveau Testament, lui disant de pratiquer tout ce qu’elle y
lirait. « Agis exactement selon les Écritures ! » Huit jours
plus tard, pendant lesquels elle avait lu tout le Nouveau
Testament, cette fille m’écrivait : « Nous avons la vraie foi ;
j’ai trouvé la paix de Dieu et j’ai restitué ce que j’avais
dérobé ! »

M’est-il permis de croire, alors qu’il me

semble que je mens ?

Un jour, je présidais une assemblée à Ried. Dans l’auditoire


se trouvait une petite femme, neurasthénique, âgée de
soixante-dix ans. Mon texte était : Romains 6, verset 11:
« Ainsi, vous-mêmes regardez-vous comme morts au péché,
et comme vivants pour Dieu en Jésus-Christ. » Pendant que
je commentais ce passage, cette petite femme s’écria :
« M’est-il permis de croire cela, alors qu’il me semble que je
mens ? - Oui ! » lui répondis-je. Dès ce moment, elle fut
guérie et reçut la paix de Dieu dans son cœur.
Plus tard, je présidai une série de réunions d’évangélisation
à Frutigen. Cette petite vieille fit deux heures et demie de
marche pour y assister ; elle vint chaque soir, malgré la
neige. Ah ! quel bonheur est la part de celui qui a été délivré
de la neurasthénie ! Cette femme avait pensé que c’était
mentir que de croire ainsi ; mais non, ce n’est pas mentir,
c’est simplement croire conformément à l’Écriture qui dit :
« Car il est mort, et c’est pour le péché qu’il est mort une
fois pour toutes ; il est revenu à la vie et c’est pour Dieu qu’il
vit. Ainsi vous-mêmes, regardez-vous comme morts au
péché et comme vivants pour Dieu en Jésus-Christ. Si un
seul est mort pour tous, tous donc sont morts ».
Mon attitude à l’égard du
médecin

Peu de temps après ma conversion, un de mes garçons


tomba gravement malade, et son état empira à tel point que
je pensai qu’il allait mourir. Subitement, une pensée
m’assaillit, obsédante : « Que vont dire les gens si je
n’appelle pas le médecin ? » Ma conscience était angoissée
à ce sujet. Je restai calme toutefois et priai : « O Dieu, que
dois-je faire ? » Aussitôt, j’eus l’impression que la Bible
devait être consultée ; je le fis et tombai sur le passage
suivant : « Voici les miracles qui accompagneront ceux qui
auront cru : En mon nom ils chasseront les démons, ils
parleront de nouvelles langues, ils imposeront les mains aux
malades, et les malades seront guéris ». Alors, convaincu, je
frappai du poing sur ma Bible et m’écriai : « Je crois ! »
J’avais déjà revêtu mes habits du dimanche pour aller quérir
le médecin mais en croyant à cette parole, un apaisement
complet se fit dans mon cœur. Mon enfant était vraiment
très malade, mais je réalisai que Jésus est le médecin, le plus
grand médecin ; par conséquent, il n’y avait plus lieu de
craindre quoi que ce soit, et la pensée du « qu’en dira-t-on »
s’évanouit complètement. Vers le soir, le repos de mon cœur
devint encore plus grand et mon garçon guérit
parfaitement ; le lendemain, il put se rendre à l’école.
Toutefois, une quiétude totale régnait dans mon cœur bien
avant que l’enfant fût guéri (Hébreux 10 : 35-36).
« N’abandonnez donc pas votre assurance, à laquelle est
attachée une si grande récompense. Car vous avez besoin de
persévérance, afin qu’après avoir accompli la volonté de
Dieu, vous obteniez ce qui vous est promis. » Beaucoup de
personnes sont impatientes, ne savent pas attendre et sont
pressées de se tirer d’affaire elles-mêmes, comme Saül ;
elles abandonnent ainsi leur espérance. Combien de
chrétiens ont perdu la vie spirituelle de cette façon ! Dieu
met ses enfants à l’épreuve et souvent même, cette épreuve
est poussée jusqu’à l’extrême limite de nos forces.
Un jour, je fus appelé auprès d’une femme qui allait avoir un
enfant. Le médecin était déjà là, disant qu’une césarienne
était inévitable, et que cette intervention permettrait peut-
être de sauver la mère ou l’enfant. Nous priâmes, et la
maman fut transportée à l’hôpital. J’exhortai la belle-mère et
le mari en leur disant : « Prenez garde ! laissez la nature
suivre son cours ! » Le médecin prétendit que c’était chose
impossible et manifesta l’intention de consulter un
spécialiste. Au milieu de la nuit, et pendant que le docteur
dormait, l’enfant naquit ! L’angoisse avait été extrême, mais
la confiance n’avait pas été déçue. Nous avons un Dieu qui
peut sauver parfaitement et dont les moyens sont illimités.
Beaucoup de gens possèdent une foi analogue à celle de ce
petit garçon, fils d’un médecin, qui disait : « Quand il s’agit
d’un cas bénin le Seigneur peut aider, mais s’il s’agit d’un
cas grave, il faut l’intervention de papa ». C’est la façon de
croire de beaucoup de personnes. Je ne veux pas réprouver
les médecins ou les mépriser, et je ne veux jeter la pierre à
personne. En toutes choses, il faut une foi et une patience à
toute épreuve, car bien souvent c’est au moment où il
semble que tout est perdu que Dieu intervient.
J’ai pensé parfois : « Si le Seigneur ne veut pas aider, peu
m’importe alors le secours d’autrui ! » Il est vrai qu’il est
aisé de dire cela quand on se porte bien, et qu’il en est
autrement lorsqu’on est accablé de grandes souffrances.
Mais j’ai un médecin tout-puissant, un spécialiste pour
toutes les souffrances. Oh ! ce bien-aimé, ce cher divin
médecin, combien de fois ne m’a-t-il pas déjà secouru et
guéri ! Mais gardons-nous de vouloir obstinément
contraindre Dieu à nous aider. Non, s’il me refuse son aide,
je suis aussi d’accord.
Pendant que j’étais dans notre « Maison de repos » à La
Punt (dans l’Engadine), j’eus une maladie de la peau
(Érysipèle). Un médecin présent avait eu la même maladie,
et il déclara qu’il n’y avait pas d’autre remède que la prière.
Mlle Dr H., qui passait aussi ses vacances dans notre
« Maison de repos », vint me demander si elle pouvait
m’offrir quelque chose pour calmer mes douleurs.
- Si tu peux me donner un médicament qui me guérira je
l’accepte !
- Impossible, je ne puis t’offrir qu’un calmant !
- Alors, je préfère supporter mes douleurs !
Sur ces entrefaites, je réalisai l’intervention de Dieu. En
voyant cette guérison, la doctoresse s’écria en battant des
mains : « Dieu a aidé, Dieu a aidé ! » Si l’on est son enfant,
il faut avoir confiance en lui. Si j’avais un enfant malade et
que je sois tout-puissant, cet enfant serait bien vite guéri.
Quelqu’un a dit : « L’amour paternel exauce la prière ! »
En toutes choses, il faut nous attendre à Dieu ; toutefois,
certaines personnes pensent : « Je ne veux rien attendre des
hommes et je ne permettrai pas non plus à quelqu’un de
m’imposer les mains ! » Cependant, celui qui croit agit en
toutes choses selon la Parole de Dieu. Beaucoup de
personnes sont trop orgueilleuses pour se faire imposer les
mains, et d’autres recourent sans cesse à ce moyen,
attendant l’aide de l’imposition des mains et non de Dieu.
Le diable veut toujours nous faire dévier du bon chemin, soit
à droite, soit à gauche. Il faut avoir une foi simple comme un
enfant ; alors les artifices disparaissent. On se réjouit en
Dieu, on agit selon sa Parole, et l’on fait l’expérience de sa
puissance et de sa grâce. Même s’il devait sembler
qu’aucune aide n’a été accordée, que la guérison n’a pas eu
lieu par exemple, on expérimente quelque chose de bien
meilleur, de plus précieux encore. J’avais besoin, il y a plus
de trente ans, d’un certificat médical pour être exempté du
service du feu : le médecin à qui je m’étais adressé refusa de
me le délivrer, disant : « Tu mourras avant d’être rentré chez
toi ! » Cela me fit rire. Depuis cette époque, j’ai été malade
bien souvent ! Dieu peut nous porter et nous amener au but,
même avec nos maux. Il est donc important que nous nous
confiions en lui avec persévérance, en le servant, sachant
que le bon plaisir de Dieu repose sur nous ; non à cause de
nos œuvres, mais à cause de ce que Jésus a fait pour nous. Il
nous a rendus agréables dans le Bien-aimé.
Les maladies physiques supportées patiemment auront
certainement aussi leur récompense. Celui qui s’abandonne
complètement entre les mains de Dieu, et qui accepte la
maladie de sa main, en aura grand profit.
Une sœur en Christ, malade, avait des douleurs si terribles
qu’elles lui arrachaient des cris et elle priait : « Cher Sauveur,
garde-moi de tout murmure ! » Elle eut une fin admirable ;
peu de temps avant son départ, elle réalisa que la maladie
même produit la gloire, si nous nous soumettons
entièrement et sans murmures à la volonté divine. Deux
heures avant son décès elle eut la vision de la nouvelle
Jérusalem ; de ses créneaux d’or et de l’escalier tout en or
qui conduit à ses portes, gardées par des anges. Une voix
distincte disait : « Même si Satan pouvait arriver jusqu’au
seuil, le sang de Jésus lui en interdirait l’entrée ! »
Ils sont nombreux ceux qui murmurent et refusent de
souffrir ! Nous devons toujours nous dire : « Je n’ai que ce
que je mérite ! » de cette façon, nous ne murmurons pas. Si
nous murmurons, Dieu est mis dans l’impossibilité de venir
à notre aide. S’il nous aidait dans de telles conditions, ce
serait à notre détriment puisque, par notre entêtement, nous
n’aurions fait que notre propre volonté. Certes, il nous est
toujours permis de solliciter son secours avec insistance,
mais à condition de rester dans les limites d’une humble
soumission : « Que ta volonté soit faite » ; alors le secours
ne nous fera jamais défaut. « S’il n’aide pas à tout moment,
il aide pourtant lorsque c’est urgent ! »

Guérisons de malades

Peu de temps après ma conversion, Dieu avait guéri ma


femme estropiée, et cela m’encouragea à prier aussi pour
d’autres personnes. Par la grâce de Dieu, beaucoup d’entre
elles furent guéries par la prière. Dans la contrée de Wangen,
Niederbipp, Roggwil, Wiedlisbach, Aarwangen, presque
toutes furent guéries ; des cancéreux, des phtisiques et un
certain nombre d’autres malades incurables. Dans cette
contrée, on ne trouvait cependant pas une foi telle que je l’ai
rencontrée dans l’Oberland ou le Jura bernois où il se faisait
beaucoup moins de guérisons.
À V., la femme du concierge de l’école souffrait, à la tête,
d’une maladie incurable. En visite je m’étais entretenu
jusqu’à minuit avec le maître d’école. La nuit, je priai ainsi
mon Père céleste : « Vois, Père, cet excellent lit que mes
hôtes m’ont préparé ; récompense-les en guérissant cette
femme ! » Cette même nuit, elle fut guérie ; je partis le
lendemain matin à quatre heures sans la revoir, mais la
nouvelle de la guérison me fut communiquée par lettre.
Une autre fois, de l’hôpital de M. on m’avertit qu’il y avait là
un homme mourant, fort angoissé. Je savais que les sœurs
diaconesses de l’endroit ne m’aimaient pas beaucoup, aussi
étais-je fort surpris de leur appel. À mon arrivée, elles me
déclarèrent que les poumons de cet homme étaient en
pleine décomposition et qu’il ne survivrait pas ! J’eus alors
un entretien avec lui et il confessa ses péchés. C’était un
brigand qui avait attaqué, et volé plusieurs personnes. Il ne
confessa pas seulement ses actes de brigandage, mais
également ses autres péchés. Quand il eut terminé sa
confession, je pus lui dire : « En vérité, de même que tu as
sincèrement confessé tes péchés, de même Dieu t’a
véritablement pardonné ! » Cet homme guérit, et il put se
lever et travailler. Lorsque Dieu secourt quelqu’un, il le fait
parfaitement ; rien ne peut l’entraver.
Le pasteur de D. m’écrivit une fois, m’invitant à le visiter. En
arrivant chez lui, je le trouvai très affaibli - il avait jeûné
plusieurs jours - et ne pouvait presque plus monter un
escalier ; il se traînait de faiblesse. Il s’était rendu compte
qu’il ne possédait pas encore la paix de Dieu, et il la
cherchait. Je lui demandai pour quelle raison il m’avait fait
appeler. Il répondit que j’étais l’homme le plus calomnié qui
soit; c’est pourquoi, pensait-il étais-je à même de lui aider.
Dans sa paroisse se trouvait un homme qui était gravement
malade des poumons. Craignant qu’il ne tombe à la charge
de la commune, le pasteur avait conseillé aux autorités
communales de me l’envoyer à Dürrgraben, pensant qu’il
pourrait y trouver la guérison. Cet homme fut donc conduit
chez moi et, peu de temps après, il fut rétabli. Lorsque nous
nous rencontrâmes à nouveau, environ trois ans plus tard, il
me raconta que depuis lors il n’avait plus jamais été malade.
Plus tard, le maire de L. vint me rendre visite ; il souffrait des
reins. Il ne connaissait pas mon adresse et se gênait de la
demander ; il avait uniquement souvenance d’avoir envoyé à
la gare de Grünenmatt le malade dont je viens de citer la
guérison. S’étant rendu à cette station, il s’informa auprès
du chef de gare pour connaître le domicile de l’homme qui
guérissait les malades. On me l’envoya donc et, deux ou
trois jours après, il put s’en retourner guéri. Il était de
religion catholique et il le resta. Quel avantage un homme a-
t-il, en regard de l’éternité, s’il obtient la guérison de son
corps mais ne se convertit pas à Dieu ? Il en est aujourd’hui
comme au temps de Jésus qui disait : « Car si les miracles
qui ont été faits au milieu de vous avaient été faits dans Tyr
et dans Sidon, il y a longtemps que ces villes se seraient
repenties en prenant le sac et la cendre. » (Matthieu 11 : 21-
24).

Guérison de l’ivrognerie

La grâce de Dieu est grande ! À M., il y avait une femme,


buveuse des plus pitoyables. Le directeur de l’école
d’agriculture, un croyant, qui était son tuteur, me pria de
l’accompagner pour aller la visiter. Lorsque nous arrivâmes à
son logis, nous la trouvâmes complètement ivre, les cheveux
ébouriffés et toute en sueur ; dans ces conditions, il était
impossible de lui parler. Mon compagnon fouilla partout,
cherchant à trouver de l’eau-de-vie quelque part, mais ce fut
en vain. Alors il proposa de revenir plus tard, lorsque cette
femme serait de sang-froid. Aucun changement n’était
survenu à notre seconde visite ! Le soir, je présidai une
réunion de tempérance à W. À l’issue de celle-ci, je proposai
encore un moment de prière et d’intercession pour cette
pauvre femme ; mais on nous renvoya du local de cette
maison d’école, prétextant qu’elle devait être fermée. Je
répondis que nous irions en plein air s’il n’y avait pas de
chambre disponible, invitant les personnes présentes à se
joindre à moi. Quelqu’un offrit alors sa maison et nous
priâmes.
Le jour suivant, nous nous rendîmes chez cette femme et un
grand miracle se produisit ; elle avait des filles converties au
Seigneur qui avaient aussi intercédé pour leur mère et, tout
à coup, cette pauvre pécheresse reçut la paix de Dieu dans
son cœur. Elle vécut encore quelques heures mais elle avait
réalisé la même grâce que le malfaiteur sur la croix. Cette
pauvre femme se savait enchaînée par Satan, et ne trouvait
plus rien de bon en elle ; elle n’avait pas le sentiment d’être
brave et Dieu se révéla à son cœur.
Je me souviens encore d’un autre miracle en faveur d’un
pauvre buveur. Il était continuellement ivre, mais son fils,
qui s’était converti, se mit à intercéder pour lui. Le père
signa un engagement d’abstinence. Dès cette heure, il perdit
toute envie de boire de l’alcool. Par la grâce de Dieu, il avait
été délivré de cet épouvantable démon de l’alcoolisme. Son
envie de l’alcool s’était muée en véritable dégoût pour cette
boisson, et cela à tel point qu’il avait des nausées si on
parlait d’eau-de-vie en sa présence.
Une autre fois, on m’appela auprès d’un buveur qui inspirait
la terreur aux siens qui souvent, devaient s’enfuir. Un jour, sa
femme et son fils, terrorisés, n’osèrent plus retourner chez
eux car il voulait les tuer. Ils me firent chercher. On m’avertit
que la police même refusait d’entrer dans la maison. À mi-
chemin, il me vint cette pensée : « Que veux-tu prétendre
faire là où la police même n’ose pas intervenir ? » Il me vint
aussi à l’idée de ne m’y rendre qu’en compagnie de
gendarmes mais, rejetant ces pensées, j’y allai seul.
M’acheminant vers cette maison, je vis tous les voisins aux
aguets, curieux de voir ce qui allait se passer. L’homme ne se
trouvait pas dans le logement ; j’entrai dans l’étable et
l’aperçus tout au fond, tenant une fourche à la main. Je
m’approchai de lui, le pris dans mes bras et lui dis : « N’est-
ce pas, cela ne va pas bien du tout ? - Non ! répondit-il.
Alors, je lui parlai de Jésus, lui conseillant de signer un
engagement d’abstinence ; tout de suite il fut disposé à le
faire. Nous nous rendîmes dans la chambre de ménage et là,
il signa. Alors sa femme, qui s’était réfugiée dans la maison
voisine, s’approcha ; je lui demandai si elle ne voulait pas
prendre un engagement de tempérance en même temps que
son mari. Elle m’accabla d’injures, me demandant si je
m’imaginais qu’elle était une « chienne aussi misérable »,
pour me permettre de lui faire une proposition pareille ! Je
m’étonnai que l’homme n’ait pas bondi sur sa femme pour
la battre ; je l’aurais laissé faire un peu, cela lui aurait été
salutaire ! Mais il resta tout à fait tranquille.
Pendant neuf mois, il fut abstinent, mais sa femme
l’accablait tous les jours de reproches, ayant honte de lui
parce qu’il avait signé. Elle le tourmenta jusqu’à ce qu’il n’y
tint plus et se remit à boire, méprisant son engagement. Les
gens n’ont point honte de s’enivrer, mais ils ont honte de se
convertir à Dieu et de le servir !
Mon attitude à l’égard de
l’Église nationale

Celui qui craint Dieu s’applique à la lecture de la Bible, et ses


vérités, l’une après l’autre lui sont révélées. Dans les
premiers temps qui suivirent ma conversion, j’étais heureux
quand un pasteur venait assister à nos assemblées et y
prenait la parole. On allait aussi à l’église, sans se demander
si la vérité y était prêchée. À cette époque, je pensais que la
parole : « Examinez toutes choses et retenez ce qui est
bon » devait être mise en pratique précisément dans de
telles circonstances.
Mais les choses changèrent lorsque je trouvai le passage
suivant dans la Bible : « Tout esprit qui confesse Jésus-Christ
venu en chair est de Dieu ; mais tout esprit qui ne confesse
pas Jésus-Christ venu en chair, n’est point de Dieu ; et c’est
là l’esprit de l’Antéchrist ». De ceux-là il faut se séparer.
Lorsqu’un pasteur venait assister à une réunion
d’évangélisation que je présidais, je ne lui demandais pas s’il
était croyant, mais je lui accordais spontanément la parole.
Si je constatais qu’il était un pasteur de la nouvelle théologie
(qui ne reconnaît pas l’autorité pleine et entière de l’Écriture,
la divinité de Jésus-Christ et l’efficacité du sang de Jésus) je
lui ordonnais de cesser de parler et, s’il refusait de se taire,
j’ordonnais à l’assemblée de chanter un cantique. Car je
sentais bien qu’en agréant de telles doctrines, j’allais à la
perdition. Si nous ne protestons pas ouvertement lorsque
quelqu’un attaque l’autorité de la Parole de Dieu, nous ne
servons pas Dieu. Il ne nous est pas possible d’adorer Dieu
et les idoles en même temps, car Dieu nous veut tout
entiers, et non à moitié seulement.
Nous devons prêter notre attention à ce que Dieu dit, et non
aux dires des gens. Ces derniers disent aisément, lorsque
quelqu’un meurt : « Il est heureux, il est sauvé ! »
Lorsque je me suis converti à Dieu, on a dit de moi que
j’étais déchu de l’église ; - ainsi donc, lorsque je commençai
à régler mes voies, selon la Parole de Dieu, on prétendit que
j’étais déchu !
N’est-ce pas étrange ? J’avais pensé que le pasteur et tous
les gens pieux allaient se réjouir d’apprendre que je m’étais
converti à Dieu. J’étais allé rendre visite au pasteur pour lui
demander si nous ne pouvions pas prier ensemble avant le
sermon pour obtenir la conversion de certaines personnes.
Mais quoiqu’il fût connu comme étant très orthodoxe, il ne
voulut rien savoir. Celui qui sait ce qu’il advient de ceux qui
meurent sans s’être convertis, qu’ils vont éternellement là
où le ver ne meurt point et ou le feu ne s’éteint point, celui-
là seulement prend à cœur les paroles que l’apôtre Paul
adressait aux Corinthiens : « Connaissant donc la crainte
due au Seigneur, nous cherchons à en persuader tous les
hommes ! »
Il me fallut longtemps pour constater que nous avions un
pasteur de la nouvelle théologie ; pourtant ma mère, bien
qu’inconvertie, me l’avait déjà fait remarquer. Je remarquais
que quelque chose, dans ses sermons, était en désaccord
avec la Bible, mais je ne savais quoi. Bien qu’étant agent de
la Croix-Bleue, dans ces cas-là je ne discernais pas
clairement la route à suivre, je n’avais moi-même pas lu la
Bible assez attentivement. Le pasteur Bovet se refusait à
admettre des pasteurs de la nouvelle théologie comme
prédicateurs de la Croix-Bleue. Après son décès, la question
se posa à nouveau de savoir si ces pasteurs seraient
dorénavant admis. Je fus seul à prendre position contre cette
proposition ; tous les évangélistes et les frères étaient en
faveur de cette admission. Comme je n’avais pas encore
suffisamment de lumière, je ne pus leur opposer des
citations de la Bible, sans quoi la décision n’aurait sûrement
pas été la même. Je concevais bien que ce n’était pas juste,
mais j’étais incapable de le prouver par la Parole de Dieu.
Combien de gens fréquentent ainsi les assemblées, voire
même les dirigeants, et ne sont pas aptes à se rendre
compte de ces choses ! La Bible nous montre clairement que
ces chrétiens, étant dans une telle ignorance, ne pourront
être enlevés avec Christ lorsqu’il paraîtra. Dans Apocalypse
2, le Seigneur Jésus donne un bon témoignage personnel à
l’ancien de l’Église de Pergame ; mais parce qu’il tolère dans
son assemblée des personnes attachées à la doctrine de
Balaam, et qu’il ne les reprend pas, il n’est plus
irrépréhensible devant Dieu ; cette faute lui est imputée.
Si nous prétendons à la félicité éternelle, il faut que la Parole
tout entière règle notre conduite. Des pasteurs m’ont
déclaré personnellement qu’ils n’osaient pas prêcher toute
la vérité parce qu’ils craignaient de perdre leur place ! Ils
avaient peur d’être révoqués !
Longtemps, on m’engagea à être une lumière, un sel dans
l’Église. Mais dès que je compris l’enseignement de la Bible
à ce sujet, c’est-à-dire qu’il y a lieu de discerner qui l’on peut
écouter et qui l’on ne doit pas écouter, je compris ceci : Si je
fais ce que Dieu me commande de faire, je suis une
lumière ; toutes les autres lumières sont vouées à
l’extinction. Nous devons nous séparer de ceux qui ont
l’apparence de la piété, mais qui renient ce qui en fait la
force (2 Timothée 3. 5). Et l’apôtre Jean, nous exhorte en ces
termes : « Si quelqu’un vient à vous et n’apporte pas cette
doctrine (celle des apôtres), ne le recevez pas dans votre
maison » (2 Jean 1.10). Le peuple de Dieu a toujours été mis
à part ; jusqu’à ce jour, il est resté séparé ! Il n’est pas
nécessaire pour cela de provoquer la rupture, « de quitter la
place », il suffit d’agir conformément à la Parole de Dieu et
la séparation se fera d’elle-même. Point n’est besoin de la
chercher, mais il faut simplement obéir à la Parole de Dieu,
alors on marche de lumière en lumière.
Me trouvant une fois, dans le train, des voyageurs entrèrent
dans le wagon où je me trouvais et j’entendis l’un d’eux
jurer. Je le repris, l’exhortant à ne plus blasphémer. Outré, un
de ces hommes m’interpella, me demandant de quel droit je
me permettais de reprendre le pasteur d’O. Je répondis :
« Tiens, tiens, c’est Monsieur le pasteur ? Alors je me tais ! »
Le compartiment était rempli de monde ; le pasteur aurait
certainement préféré que son compagnon gardât le silence !
Il avait dit à ses catéchumènes qu’ils ne devaient pas être
aussi sots et croire que Dieu pouvait entendre les jurons ! Ce
sont là les éducateurs que les foules suivent et écoutent !
Dans un certain endroit de l’Engadine, le pasteur vint me
voir et m’offrit sa collaboration, si je le voulais bien. Je
répondis que j’acceptais avec joie s’il croyait à la Parole.
Pendant la réunion, j’eus comme texte Ésaïe 55, et je déclarai
notamment ceci : « Beaucoup de personnes ont la nostalgie
de quelque chose, et cherchent l’apaisement de cet ennui en
se rendant au théâtre ou à d’autres endroits pareils ! » Le
pasteur prenait des notes puis, la réunion terminée, il me
rejoignit en me disant : « Vous n’avez pas bien parlé ! - Ah !
que n’ai-je pas bien dit ? - Il répondit : « On peut aussi
trouver la paix au théâtre ! » Je me mis à genoux et priai
pour lui ; il resta assis. Comme je lui avais promis d’aller à
l’église, j’engageai nos amis à m’accompagner. Le pasteur
avait choisi un texte, mais il ne fit que contredire sa teneur.
Voici ce qu’il déclara entre autres : « Il y a des gens qui
prétendent être justes ; la vraie justice, c’est quand tout le
monde est satisfait de nous ! Personne ne peut savoir s’il a
la paix avec Dieu, personne ne peut être certain d’être sauvé,
et il n’est pas possible d’avoir l’assurance qu’on possède la
vraie foi ! » Je notais aussi tout ce qui était faux, j’écrivais
continuellement ; le pasteur s’en aperçut et ne put parler
plus d’un quart d’heure. Un maître d’école qui écoutait
également ne remarqua rien d’anormal. C’est ainsi que les
auditeurs continuent à affluer à l’église bien que le pasteur
contredise la Parole de Dieu tant et plus ; pourvu qu’il soit
aimable avec eux et leur rende visite, cela suffit pour qu’ils le
qualifient de bon, voire d’excellent pasteur !
Ce dont nous avons besoin, c’est de la Parole de Dieu. Celui
qui s’y soumet reçoit le bonheur en partage, et la Parole de
vérité nous unit les uns aux autres.
Notre enseignement, conforme aux saintes Écritures, ne
manqua pas d’attirer l’attention d’autres assemblées. Mais
le Conseil synodal du canton de Berne crut devoir s’opposer
à cet enseignement en le qualifiant d’hérésie. Dans un
pamphlet ce conseil publia que l’Assemblée évangélique des
frères était une secte pernicieuse. L’article avait pour titre :
« Veillons et soyons sobres. Un avertissement contre les
doctrines contraires à l’Évangile ». Nous répondîmes à cette
publication par l’article suivant, qui parut dans notre
« Friedensbotschaft » :
Quel est notre enseignement ? Nous nous appliquons à
prêcher l’Évangile de Jésus-Christ selon les Écritures, et nous
nous conformons exactement à l’enseignement des
apôtres ; cela d’autant plus strictement que l’apôtre déclare
expressément : « Mais quand nous-mêmes, quand un ange
du ciel, annoncerait un autre Évangile que celui que nous
avons prêché, qu’il soit anathème ! » Comme nous venons
de le dire, nous le répétons encore : « Si quelqu’un vous
annonce un autre Évangile que celui que vous avez reçu,
qu’il soit anathème ! » Et maintenant, est-ce la faveur des
hommes que je désire, ou celle de Dieu ? Est-ce que je
cherche à plaire aux hommes ? Si je plaisais encore aux
hommes, je ne serais pas un serviteur de Christ (Gal. 1 : 10).
En outre, il est écrit : « Toute Écriture est inspirée de Dieu, et
utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour
instruire dans la justice, afin que l’homme de Dieu soit
accompli, et propre à toute bonne œuvre » (2 Timothée 3:
16-17). À la lumière de ces paroles, nous éprouvons la
doctrine de quiconque. La Bible, du commencement à la fin,
l’Ancien comme le Nouveau Testament, est Parole de Dieu
pour nous ; les deux forment une unité indissoluble. Le
Seigneur Jésus a dit : « Celui qui croit en moi, comme
l’Écriture dit, des fleuves d’eau vive couleront de son sein ».
Il n’a pas dit : « Celui qui croit conformément à la raison, à
la philosophie et à la doctrine des hommes… » Nous nous
gardons soigneusement de ces égarements et nous nous
éloignons de celui qui ne confesse pas Jésus-Christ venu en
chair, selon 1 Jean 4 ; de même de ceux qui renient la
puissance de Dieu, qui auront tenu pour profane le sang de
l’alliance, et qui outragent l’Esprit de la grâce. Par contre,
celui qui reçoit la Parole de Dieu telle qu’elle est écrite, qui
assujettit sa raison à l’obéissance due au Christ,
expérimentera la force de Dieu, et le bras de l’Éternel lui sera
révélé.
Notre travail et notre but tendent à amener les gens à ce
qu’ils réalisent la nouvelle naissance, puisque le Seigneur
Jésus dit d’une façon si positive : « En vérité, en vérité, je te
le dis, si un homme ne naît de nouveau, il ne peut voir le
royaume de Dieu » (Jean 3 : 3). Nous ne nous accordons
aucun répit jusqu’à ce que nos auditeurs reçoivent l’Esprit
de Dieu, selon qu’il est écrit : « En lui, vous aussi, après
avoir entendu la parole de la vérité, l’Évangile de votre salut,
en lui, vous avez cru, et vous avez été scellés du Saint-Esprit
qui avait été promis » (Éphésiens 1 : 13). Nous savons aussi,
selon Romains 8 que : « Celui qui ne possède pas l’Esprit de
Christ ne lui appartient pas ». C’est pourquoi nous prêchons
la repentance et la conversion, sachant que celui qui ne
renonce pas à toutes choses, selon la parole de Jésus, ne
peut être son disciple. Nous annonçons en outre que le salut
n’est qu’en Christ et ne s’obtient que par grâce, et non par le
mérite des œuvres ; que chacun doit posséder le pardon des
péchés et avoir le témoignage d’être enfant de Dieu, par le
Saint-Esprit, car ce sont ceux-là seulement qui peuvent
rendre ce témoignage : « Étant donc justifiés par la foi, nous
avons la paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus-Christ »,
comme il est écrit dans Romains 5:1 et dans les Actes des
apôtres 13: 39. Ensuite, notre travail tend à engager tous
ceux qui se sont convertis à Dieu et qui ont reçu la rémission
des péchés, à croître à tous égards en celui qui est le Chef,
Christ (Éphésiens 4: 15), les enjoignant à s’appliquer à
pratiquer les bonnes œuvres.
Nous enseignons que nous ne croissons ni ne progressons
par notre propre force, mais uniquement par la
connaissance de notre Seigneur Jésus-Christ. Nous nous
efforçons d’engager nos auditeurs à l’exercice de la piété, et
la joie dans le Seigneur est notre force. Nous nous
réjouissons de ce qu’il a plu à Dieu de sauver par la folie de
la prédication tous ceux qui y croient.
À l’heure actuelle, nous donnons de sérieux avertissements
invitant chacun à se garder de toute doctrine contraire à
l’Évangile ; et ce n’est pas en vain ! Jésus et les apôtres ont
fait de même. Les pharisiens et les scribes ont aussi
dénoncé des hérétiques, mais en désignant Jésus et les
apôtres. Ils les considéraient comme des séducteurs et c’est
pour ce motif qu’ils en ont tués plusieurs. « Mais la pierre
rejetée par ceux qui bâtissent a été choisie comme pierre
angulaire ». Aujourd’hui encore, elle est une pierre
d’achoppement et un sujet de scandale. Les incrédules se
butent à la Parole et disent des vérités bibliques qu’elles
sont des utopies. En commentant les Écritures, ils
déclarent : On ne peut pas prendre ceci comme c’est
écrit ! » ou : « Il ne faut pas comprendre cela comme Dieu le
dit ! »
Ils prétendent croire à la Parole de Dieu, mais affirment
qu’elle n’émane pas réellement de Dieu et qu’elle ne
contient que des témoignages humains ! L’un d’eux a eu
l’audace d’écrire textuellement ce qui suit dans une feuille
paroissiale : « Quand oserons-nous enfin nous rallier
ouvertement aux vérités reconnues parmi nous, savoir : que
les paroles bibliques ne sont pas paroles de Dieu, mais des
témoignages humains ? » Et ce pasteur affirmait qu’il n’était
pas seul de cet avis, qu’il avait de nombreuses lettres
d’adhésion « enthousiastes » et « cordiales » à l’appui.
Cela est-il vraiment sobre et évangélique ? Bien des
personnes en mettent d’autres en garde contre l’hérésie et
ressemblent à cet homme qui avait mis un écriteau sur le
mur de sa maison, du côté de la route et disant : « Attention
aux voleurs ! » Mais, en même temps, il se mêlait aux
passants qu’il avertissait pour leur dérober ce qu’ils
possédaient.
Il y a bien des années, un jeune étudiant en théologie vint
me voir pendant ses vacances. Il me raconta avec tristesse,
voire même avec amertume, qu’on leur prouvait à
l’Université, au moyen de toutes sortes de livres, que la Bible
n’était point la Parole de Dieu, disant comment sa foi lui
avait été ravie ! Je lui demandai pourquoi il n’avait pas quitté
l’Université. Il objecta qu’il espérait que plus tard, ayant sa
chaire à lui, sa foi lui serait rendue et qu’il pourrait alors
annoncer la vérité à une foule de gens. Mais à l’heure
actuelle, la Bible n’est pas encore devenue la vérité pour cet
homme, et il se croit plus sage que Dieu ; aujourd’hui, il est
pasteur de l’Église nationale.
Selon les saintes Écritures, le corps de Christ est l’Église
chrétienne, c’est-à-dire la communauté des saints, ou la
Maison de Dieu. Les hommes en qui habite Christ par la
repentance, la conversion et la foi en l’œuvre rédemptrice de
Christ, sont membres du corps de Christ ou, ce qui revient
au même, sont des pierres vivantes, unies entre elles, pour
être édifiées en un temple saint au Seigneur. Ils sont une
habitation de Dieu en Esprit. Voyez l’épître aux Éphésiens,
chapitre 2 ; toutes les personnes décrites là sont nées de
Dieu, selon 1 Pierre 1 : 23, donc elles sont nées de nouveau,
elles ne l’espèrent pas seulement.
Par conséquent, l’Église chrétienne ne peut absolument pas
être confondue avec l’Église nationale ; qu’elle soit bernoise,
bâloise, zurichoise ou même suisse. Croire que la certitude
du salut dépend du fait d’être membre d’une Église
nationale, serait une conception païenne. Tous ceux qui ont
été baptisés et confirmés sont reconnus membres de l’Église
nationale. Toutefois, une infime minorité de ceux-ci suit les
cultes du dimanche à l’église ; la majorité se trouve dans les
auberges, aux tables de jeu, dans les cinémas, les théâtres,
et sur les places de sports.. Et tant qu’ils n’ont pas déclaré
être sortis de l’Église, ils en restent membres. L’Église
nationale voit moins de danger dans cet état de choses que
dans le fait qu’une personne se rende à l’Assemblée
évangélique des frères et s’y convertisse, qu’elle restitue les
choses dérobées, s’acquitte honnêtement de ses impôts et
devienne un témoin de la grâce de Dieu qui est en Jésus-
Christ !
Dans le pamphlet en question, il est dit encore : « Toutes ces
hérésies se réclament de la Bible et prétendent représenter
seules le christianisme authentique, déformant ainsila
Parole de Dieu par leurs théories. Ce n’est plus la Parole de
Dieu qui fait autorité, mais les « voix étrangères ». Le trait
caractéristique de toute exaltation religieuse consiste à ne
pas considérer l’homme tel qu’il est en réalité, mais à le
déformer au gré de ses désirs. Elle se fait une image de
Dieu, qui donne satisfaction à ses ambitions humaines de
considération personnelle et d’amour-propre. - Sourde à la
Parole de Dieu, elle méconnaît ce qu’est le péché, la
repentance et la grâce, devenant la proie de l’utopie de la
perfection ; elle tombe sous le joug de la loi, des arrogances
de la raison ; c’est ainsi qu’elle nous trompe et aboutit à
l’égarement et à la ruine ». Si seulement les représentants
de la Parole de Dieu par leurs théories. Ce n’est plus la
Parole de Dieu qui fait autorité, mais les «voix étrangères».
Le trait caractéristique de toute exaltation religieuse consiste
à ne pas considérer l’homme tel qu’il est en réalité, mais à le
déformer au gré de ses désirs. Elle se fait une image de
Dieu, qui donne satisfaction à ses ambitions humaines de
considération personnelle et d’amour-propre. - Sourde à la
Parole de Dieu, elle méconnaît ce qu’est le péché, la
repentance et la grâce, devenant la proie de l’utopie de la
perfection; elle tombe sous le joug de la loi, des arrogances
de la raison; c’est ainsi qu’elle nous trompe et aboutit à
l’égarement et à la ruine».
Si seulement les représentants de l’Église nationale qui
écrivent de pareilles choses pouvaient abandonner leurs
propres théories pour s’en tenir à la Bible comme Parole de
Dieu comme nous le faisons à l’Assemblée évangélique des
frères. Alors nos gens s’en iraient bientôt remplir les églises
et réveilleraient beaucoup de membres endormis (comme
ladite circulaire le mentionne).
Les pasteurs de la nouvelle théologie ne respectent pas la Parole

Et où
de Dieu; ni les libéraux, ni ceux qui prêchent l’alliance!

prêchent-ils ces derniers ? Dans les églises nationales ou


dans les assemblées ? On ne peut certes pas leur reprocher
d’être des exaltés religieux; bien souvent leurs discours
contiennent fort peu de religion! Un séminariste m’écrivait
dernièrement combien il lui était pénible d’écouter ces
pasteurs; l’un parlait de spiritisme, un autre d’humanisme,
le troisième de philosophie et de doctrines humaines! Ces
faits ne sont-ils pas précisément ceux que prétend
stigmatiser le pamphlet en question et qu’on nous reproche
?
Le Sauveur dit: « Pourquoi regardes-tu la paille dans l’œil de
ton frère, et ne vois-tu pas la poutre qui est dans ton œil?»
Cette parole nous est donnée afin que nous nous éprouvions
sérieusement. Celui qui extrait la poutre de son propre œil
est seul capable, par la grâce de Dieu, d’enlever la paille de
l’œil de son frère, et ceci ne peut se réaliser qu’en faisant
voir à son frère le salut qui est en Jésus-Christ.
Par ce qui précède, nous ne songeons nullement approuver
les anthroposophes, les apôtres des temps nouveaux, la
science chrétienne, les adventistes, les mormons, le
gnosticisme ou les étudiants de la Bible ; en aucun cas !
Pourtant, nous estimons que le nombre de gens séduits et
égarés par eux sera toujours inférieur à celui séduit par les
premiers !
Toute personne qui fréquente nos assemblées se rend
compte que nous ne prêchons pas le « perfectionnisme ».
Ce que Christ a fait des siens est parfait. Mais dans aucune
de nos assemblées on ne dit que nous sommes des gens
parvenus à la perfection. Ceci ressort aussi clairement de
notre périodique « Friedensbotschaft », que nous publions
depuis une vingtaine d’années.
Que pourront bien objecter, aux passages suivants de
l’Écriture sainte, les personnes qui, par leurs paroles et leurs
écrits, s’opposent à la doctrine selon laquelle Jésus rend
parfait et crée en nous un cœur pur ?
« Toute Écriture est inspirée de Dieu, et utile pour enseigner,
pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice,
afin que l’homme de Dieu soit accompli, et propre à toute
bonne œuvre. » (2 Timothée 3:16-17).
« C’est lui, savoir Jésus-Christ, que nous annonçons,
exhortant tout homme, et instruisant tout homme, en toute
sagesse, afin de présenter à Dieu tout homme, devenu
parfait en Jésus-Christ. C’est à quoi je travaille, en
combattant avec sa force, qui agit puissamment en moi. »
(Colossiens 1 : 28-29).
« Car en lui - Christ - habite corporellement toute la
plénitude de la divinité, et vous avez tout pleinement en lui »
(c’est-à-dire : vous êtes parfaits en lui) (Colossiens 2:9-10).
L’apôtre écrit cela après avoir donné ce sérieux
avertissement : « Prenez garde que personne ne fasse de
vous sa proie, par la philosophie et par une vaine tromperie,
s’appuyant sur la tradition des hommes, sur les rudiments
du monde, et non sur Christ ».
« Nous tous donc qui sommes parfaits, ayons cette même
pensée. » (Phil. 3:15).
« Car, par une seule offrande, il a amené à la perfection pour
toujours ceux qui sont sanctifiés. » (Hébreux 10 : 14).
« Soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est
parfait. » (Matthieu 5:48). En ce qui concerne la pureté du
cœur, Jésus dit de même dans Matthieu 5: 8: « Heureux ceux
qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu » ; et dans les Actes
des apôtres 15: 9, il est confirmé que Dieu a purifié le cœur
des païens par la foi. Dans la deuxième épître à Timothée,

chapitre 2:22, l’apôtre exhorte en disant : « Fuis les désirs de


la jeunesse et recherche la justice, la foi, la charité, la paix
avec ceux qui invoquent le Seigneur d’un cœur pur ».
De même Pierre dit aux fidèles : « Ayant donc purifié vos
âmes, en obéissant à la vérité par l’Esprit, pour avoir un
amour fraternel et sans hypocrisie, aimez-vous les uns les
autres d’un cœur pur, avec une grande affection » (1 Pierre 1 :
22).
Nous sommes rendus parfaits par l’œuvre de Christ, ainsi
qu’il est écrit quand il est parlé des enfants de Dieu : « Nous
sommes son œuvre » (Éphésiens 2 : 10), ce qui ne signifie
nullement que nous soyons parvenus à la perfection.
Le lecteur attentif de la Bible s’aperçoit que lorsqu’elle fait
mention de sobriété, Dieu entend désigner par là que nous
sommes sobres lorsque la Parole de Dieu peut demeurer en
nous ; alors, nous amenons toutes nos pensées captives en
les soumettant à l’obéissance de Christ (2 Corinthiens 10: 5).
Nous lisons dans 1 Corinthiens 15:34: « Réveillez-vous pour
vivre justement et ne péchez point ! » (La version synodale
dit : Revenez à la raison comme il convient et ne péchez
point !) Dans ce passage, nous discernons clairement ce que
Dieu désire par véritable sobriété.
Que celui qui, peut-être, a été mis dans le doute par les
arguments de ce pamphlet, veuille bien considérer où se
trouve la plus grande majorité des gens qui servent le péché
et non Dieu ; si c’est parmi ceux qui sont membres de
l’Église ou ceux qui fréquentent les assemblées ? Tout en
admettant que dans ces assemblées il y a encore bien des
choses qui laissent à désirer, la différence saute aux yeux,
malgré tout. Nous n’avons pas été surpris d’apprendre
qu’un bon nombre de personnes ayant pris connaissance de
ce pamphlet, se sont rendues à l’évidence des faits, ce qui
les a déterminées à donner leur démission de l’Église
nationale. Personne ne conteste que des égarements
puissent se produire, même parmi les membres des
assemblées ! Ceux qui refusent de s’humilier sous la
puissante main de Dieu et qui préfèrent suivre leur propre
voie, peuvent tomber dans de dangereux égarements. Dans
les adieux que Paul adresse à l’Église d’Éphèse, il prévient
les anciens que du sein même de la communauté surgiront
des gens qui essayeront, par des hérésies, de se faire des
adeptes parmi les disciples. Et le Sauveur n’avait-il pas un
voleur et un traître parmi ses disciples ? Malgré cela, aucun
homme de bon sens n’oserait incriminer son
enseignement !
Combien la phrase suivante du fascicule est-elle vraie :
« L’Église (Réd. : c’est-à-dire le corps de Christ, la
communauté de Dieu) vit uniquement chaque jour et tout à
nouveau de savoir qu’elle est élue, soutenue, consolée et
guidée par son Seigneur ». Nous sommes absolument
d’accord avec ces paroles, de même qu’avec celles-ci : « La
sainte Église chrétienne, dont l’unique chef est Jésus-Christ,
est née de la Parole de Dieu ; elle demeure en lui et ne prête
pas l’oreille à la voix d’un étranger ».
Par conséquent, le corps de Christ n’est composé que de
personnes nées de nouveau, qui ont cherché leur refuge en
Christ, par la repentance et la conversion et qui, par une foi
sincère en son sacrifice et sa résurrection, ont fait
l’expérience personnelle de leur délivrance et de leur
rédemption. Elles ont obtenu le témoignage du Saint-Esprit
d’être enfants de Dieu, comme il est écrit dans l’épître aux
Romains, chapitre 8 : 16. Elles se savent mortes au péché,
conformément au témoignage de l’apôtre Pierre : « Lequel -
Christ - a lui-même porté nos péchés en son corps sur le
bois, afin qu’étant morts au péché, nous vivions à Dieu dans
la justice, et par les meurtrissures de qui vous avez été
guéris ». C’est la force et la lumière de la résurrection de
Christ qui nous révèlent cela, car il est écrit : « Si Christ n’est
pas ressuscité, votre foi est donc vaine, et vous êtes encore
dans vos péchés… » Mais maintenant, Christ est ressuscité
des morts… » (1 Cor. 15 : 17-20). C’est pourquoi, selon
l’Écriture sainte, tous ceux qui ont reçu l’Esprit du Christ
sont déclarés justes et saints, conformément aussi à ce que
l’apôtre Paul écrit au chapitre 6 de la première épître aux
Corinthiens, versets 9-11. Il attire premièrement leur
attention sur ces paroles : « Ne savez-vous pas que les
injustes n’hériteront pas le royaume de Dieu ? Ne vous y
trompez pas : ni les impudiques, ni les idolâtres, ni les
adultères, ni les efféminés, ni les infâmes, ni les voleurs, ni
les cupides, ni les ivrognes, ni les outrageux, ni les
ravisseurs, n’hériteront le royaume des cieux ». Ensuite
l’apôtre peut affirmer : « Et c’est là ce que vous étiez quelques-
uns de vous, mais vous avez été lavés, mais vous avez été
sanctifiés, mais vous avez été justifiés au nom du Seigneur Jésus-

Christ, et par l’Esprit de notre Dieu ».


Quand nous permettons à Dieu de régner sur nous, nous ne
vivons plus dans le péché. L’insouciance et la somnolence
sont vaincues et s’il survient des tentations, elles nous
apprennent à nous instruire par la Parole, comme le dit le
prophète Ésaïe, chapitre 28 : 26. Ces gens-là se tiennent
dans l’armure de Dieu ; les tentations leur ont appris à
sonder les Écritures : « Les reins ceints de vérité, revêtus de
la cuirasse de la justice, les pieds chaussés, et prêts à porter
l’Évangile de paix ». Ils sont armés du bouclier de la foi et de
l’épée de l’Esprit qui est la Parole de Dieu, ainsi que du
casque du salut, pour combattre le bon combat. À côté de la
joie que leur procure la méditation des épîtres des apôtres,
ils éprouvent une joie toute spéciale en lisant la première
épître de Jean ; non seulement au premier chapitre, mais
également au deuxième et au troisième ! Ils ne souhaitent
pas que ces paroles soient retranchées de la Bible.
Veillons donc à ne pas recevoir la grâce de Dieu en vain, et
prenons à cœur ce que l’apôtre Paul nous écrit dans Il
Corinthiens 6: « Nous nous rendons recommandables en
toutes choses, comme des ministres de Dieu, par une
grande patience, dans les afflictions, dans les douleurs, dans
les maux extrêmes, dans les blessures, etc. » et dans 1
Corinthiens 4 : 12: « On dit du mal de nous, et nous
bénissons ; nous sommes persécutés, et nous le souffrons ;
on nous dit des injures, et nous prions ! »
Le meilleur remède contre l’hérésie consiste à vivre pour
Dieu en toute vérité, à faire de Dieu ses délices, et à ne pas
s’affectionner aux choses terrestres. Car il est dit : « Ils sont
du monde, c’est pourquoi ils parlent du monde, et le monde
les écoute. - Là où est ton trésor, là aussi est ton cœur. - La
bouche parle de l’abondance du cœur. » - Par ces paroles,
nous pouvons nous juger et déterminer notre position
spirituelle.
Dans Philippiens 3, les personnes qui s’affectionnent aux
choses terrestres sont désignées comme ennemies de la
croix de Christ, dont la fin est la perdition, et pourtant on dit
à leur ensevelissement : « … bienheureux, parti pour la
demeure céleste ».
La Parole de Dieu est l’autorité ; la sévérité et la bonté de
Dieu convient les hommes à la repentance. C’est pourquoi
nous voulons nous humilier où c’est nécessaire et nous
exhorter les uns les autres, intercéder les uns pour les autres
et nous réjouir dans tous les chemins. « Car ceux qui
habitent dans ta maison te louent incessamment. »
L’Éternel ne refuse aucun bien à ceux qui marchent dans
l’intégrité, et tout cela par grâce.
C’est également une grâce inestimable de pouvoir prouver
tout ce que nous avançons par les Écritures saintes ; de
n’avoir qu’une pensée et de ne vouloir autre chose que :
« Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié ! » Car c’est par lui
que le fardeau de nos péchés est tombé, c’est lui qui nous
donne désormais de vivre sans soucis et de jouir d’un
bonheur inexprimable. C’est ce bonheur que nous voudrions
souhaiter à tous ceux qui parlent de « sobriété » dans leurs
écrits et alors, par leur moyen, beaucoup d’âmes se
convertiraient et passeraient des ténèbres à la lumière et de
la puissance de Satan à Dieu. Ils seraient délivrés de leur
mauvaise conscience et lavés de leurs péchés (Apoc. 1 - 15),
se réjouissant en vue du grand jour du Jugement. Oh ! quel
bonheur ! Tout ceci, nous le devons à Dieu notre Père, et à
notre Sauveur. À lui soient la louange, la gloire, et nos
actions de grâces pour tous ses bienfaits !
Ici s’arrête notre réponse au pamphlet précité.
Qu’est-ce qu’une secte selon les saintes Écritures ? Ce sont
des groupements religieux qui ne laissent pas subsister la
Parole de Dieu, qui n’en acceptent que ce qui leur plaît, ceux
qui rejettent comme insensée la vérité de la rédemption
accomplie par notre Seigneur et Sauveur ; ceux qui
proclament que l’enfant de Dieu reste un « pauvre
pécheur » et refusent de reconnaître la qualité de Fils de
Dieu et Sauveur à Jésus-Christ. Les hommes agissant ainsi
refusent de croire que le Seigneur Jésus a porté nos péchés
sur la croix, qu’il a supporté le châtiment pour nous et qu’il a
effacé notre dette de péché devant Dieu. Ils refusent de
croire que par ce moyen, nous sommes sauvés et présentés
irrépréhensibles devant Dieu ! Parmi tous ceux qui ont cette
attitude, l’Église nationale ne tient-elle pas une place
prépondérante ?
Lors des délibérations au sujet de l’adhésion au Conseil
œcuménique des Églises, un grand nombre de pasteurs
n’ont-ils pas fait opposition à l’article premier des statuts de
cette organisation, qui dit « que le Conseil œcuménique des
Églises représente l’ensemble des Églises qui reconnaissent
notre Seigneur Jésus-Christ comme Dieu et Sauveur » ? On
déclarait précisément qu’une adhésion à ce Conseil
œcuménique n’était possible qu’à la condition que les
Églises suisses ne soient pas liées à cette déclaration de foi !
Que dit l’Écriture de cela ? « Tout esprit qui ne confesse pas
que Jésus-Christ est venu en chair, n’est point de Dieu, c’est
celui de l’Antéchrist ! »
Ceci a du reste été confirmé par un pasteur, qui publia
l’article suivant dans le « Berner Tagblatt » du 16 janvier
1940 :
Actuellement, une alliance mondiale de toutes les Églises est
en formation, sous le nom de « Conseil œcuménique de
toutes les Églises libérées de Rome ». Les Églises suisses
ont également été invitées à y adhérer ; à l’heure actuelle, on
se concerte entre tous les synodes suisses pour savoir quel
parti prendre. En principe, toutes les Églises voudraient
naturellement y adhérer, personne ne désirerait s’en
désintéresser ; mais il y a un obstacle : l’adhésion est liée à
une confession de foi. Le Conseil œcuménique veut être une
union des Églises qui reconnaissent notre Seigneur Jésus-
Christ comme Dieu et Sauveur. Tous sont d’accord quant au
mot « Seigneur » et peut-être aussi avec le mot « Sauveur »,
mais non pas avec la divinité de Christ. Là, les théologiens
protestent, déclarant que c’est inacceptable pour eux. Le
porte-parole du Conseil synodal a déclaré, lors de la dernière
séance du synode des Églises bernoises, en décembre 1939,
que « le Bernois » - c’est-à-dire chrétien libéral - veut
naturellement participer aussi s’il s’agit de s’unir, mais qu’il
ne se laissera rien dicter, ni par Londres, ni par
Constantinople, en ce qui concerne les questions de
conscience ! On finit alors par se mettre d’accord au sujet
d’une formule commode, par laquelle on reconnaissait
Jésus-Christ comme Seigneur de l’Église bernoise, mais rien
de plus !
Seulement, ceci soulève la question suivante : À quel titre
Jésus-Christ est-il généralement chef de l’Église ? Pour le
seul motif qu’il est Fils de Dieu ; s’il ne l’est pas, sa
domination n’est qu’éphémère, elle ne subsiste que par sa
divinité ; la Bible l’atteste dans d’innombrables passages.
Une Église qui commence à discuter si elle veut ou non
admettre cette double confession de foi : « Seigneur et
Dieu » cesse, par là-même, d’être une Église chrétienne, et
n’a plus le droit de porter ce nom. Les dirigeants ne refusent
pas seulement l’immixtion de Londres ou de
Constantinople, mais ils récusent le témoignage de la Bible
et se placent en dehors du christianisme !
Si, du côté orthodoxe, on craint qu’une lutte pourrait surgir
entre Églises en ne cédant pas (et ceci serait fatal dans les
temps présents), il faut dire que de tout temps, rien n’a été
plus fatal et plus dangereux qu’une paix boiteuse. Les
oppositions ont été manifestées, et rien ne sert de les
dissimuler ; cela ne ferait qu’affaiblir l’Église véritable et lui
ravir toute sa force !
Rien n’est plus exact. On frémit à la pensée de tous ceux qui
se laissent séduire par les conducteurs aveugles et qui, selon
la parole de Jésus, tomberont ensemble dans la fosse, c’est-
à-dire s’en vont à la perdition et à la damnation. Celui qui ne
confesse pas que Jésus-Christ est le Fils béni de Dieu et qu’il
est notre Dieu Sauveur, ne croit pas non plus que le salut est
en son nom seul, ainsi que les apôtres l’ont annoncé. Ils
rabaissent la dignité du Seigneur Jésus à celle d’un simple
prédicateur de la morale, tout en prétendant le reconnaître
comme Seigneur et Chef de l’Église. En déclarant
inacceptable le témoignage qu’il a rendu de lui-même, qu’il
est le Fils de Dieu et le Sauveur du monde, ils le font
menteur !
Celui qui prend la Parole de Dieu et le salut de son âme au
sérieux, peut-il, dans ces conditions, rester membre d’une
Église qui rejette l’enseignement même du Sauveur ?
En son temps, on fit circuler, dans la vallée de Frutigen, un
écrit dans lequel j’étais présenté comme séducteur.
Cependant, on convenait que notre mouvement prenait une
grande extension et qu’il était de Dieu ! Dieu est-il un
séducteur ?
L’écrit en question fut ensuite la base d’un livre du doyen
allemand Schuerlen, livre dans lequel il nous classe parmi
les sectes pernicieuses. Un président de tribunal de
première instance lut ce livre. Plus tard, il me demanda de
lui envoyer notre périodique : « Friedensbotschaft ». Je le lui
fis parvenir et, en lisant ses messages, il reçut la paix de
Dieu dans son cœur !
Notre attitude à l’égard de
l’alliance

À notre époque, on parle beaucoup d’alliance ! Qu’est-ce


donc ? C’est la communion d’Esprit et de Vie. Avec qui les
enfants de Dieu peuvent-ils être en communion ?
Uniquement avec les enfants de Dieu, avec les chrétiens
vivants, avec lesquels ils sont participants du même Esprit.
Si beaucoup de personnes déclarent pouvoir être en
communion avec toutes sortes de tendances religieuses,
même avec les adeptes de la nouvelle théologie et leurs
semblables de l’Église nationale qui ne croient pas du tout
au salut en Jésus-Christ, je ne le puis.
Peut-on réellement être en communion avec les personnes
qui se rendent à l’église le matin, et passent l’après-midi
dans les restaurants et les cinémas ?
Est-il possible d’être en communion d’esprit avec ceux qui
prétendent qu’il faut rester pécheur et esclave du péché ? En
croyant cela ne rejette-t-on pas la rédemption qui est
accomplie en Jésus-Christ ? : « Celui que le Fils affranchit est
véritablement libre ! » Jésus est venu pour délivrer ceux qui
sont enchaînés, pour libérer les captifs !
Peut-on être en communion d’esprit avec ceux qui
prétendent qu’on ne peut prendre la Parole de Dieu comme
elle est écrite et qui ainsi en altèrent le sens ? Peut-on être en
communion d’esprit avec tous ceux qui s’opposent à ceux
qui croient à la Parole de Dieu telle qu’elle est écrite, les
traitant de séducteurs ? Peut-on être en communion d’esprit
avec ceux qui nient la possibilité d’être parfait par l’œuvre de
Christ, cherchant ainsi à en détruire l’efficacité ?
Une communion d’esprit n’est possible que sous la Croix.
Elle n’est possible qu’avec tous les enfants de Dieu qui
croient en sa Parole, qu’ils appartiennent à n’importe quelle
dénomination. Entre ceux qui croient la Parole de Dieu il
n’existe aucune contradiction ! Si nous demeurons
tranquilles devant la Croix, les pensées propres doivent s’y
soumettre et les doctrines personnelles tomber ; il ne reste
qu’une chose : « Il est écrit, et il est encore écrit ! »
Grande était ma joie lorsque rencontrant des frères de pays
étrangers, je constatais que nous avions le même Père, le
même Sauveur, le même Esprit. M’entretenant avec eux, il se
confirmait que dans le monde entier ceux qui sont nés de la
chair persécutent ceux qui sont nés de l’Esprit. Les scribes et
les pharisiens ne furent pas persécutés, mais toujours les
vrais disciples du Sauveur. Lui fut persécuté et mis à mort,
ainsi que les apôtres. Les hommes craignant Dieu eurent
toujours à subir les persécutions. Jésus a mis ses disciples
en garde en leur disant : « Gardez-vous du levain des
pharisiens ! »
Bien des gens prêtent l’oreille et croient n’importe quels
racontars ; on écoute et on accepte n’importe quels
mensonges, oubliant que l’on ne doit pas accepter
d’accusation contre un ancien, sans avoir entendu deux ou
trois témoins. « Plusieurs chercheront à entrer dans le
royaume des cieux, et ils ne le pourront. »
Quand je rencontre des personnes d’autres communautés
qui sont nées de Dieu, j’éprouve toujours une grande joie ;
elle est presque plus intense que lorsque ce sont « des
nôtres ».
On m’informa une fois, à Ringgenberg, qu’un Américain
était dans la contrée, enseignant exactement les mêmes
vérités que nous. Désirant l’entendre, je me rendis à une
étude biblique, où il parla sur un chapitre d’Ésaïe, déclarant
que tout ce qui y était dit ne concernait que les Juifs ; rien
n’était pour nous ! Les gens m’invitèrent à la réunion du soir
et, au goûter, je rencontrai cet homme ; il me demanda si
j’étais un enfant de Dieu. Je lui racontai ma conversion ; il
avait des larmes de joie. Puis il me demanda qui j’étais, je
répondis : « Berger, de l’Emmental ! » Il s’enfuit sans
prendre une bouchée de plus et ne revint pas pour souper ;
j’en dus conclure qu’il ne désirait pas se souiller !
Les choses se passèrent autrement avec les frères Vetter,
Binde et le pasteur Stockmayer. J’invitai frère Binde à
témoigner dans une de nos réunions ; nous causâmes
ensemble et il éprouva brièvement mes opinions, puis il
m’embrassa et s’humilia parce qu’il avait mal parlé de moi.
Il en fut de même pour le frère Stockmayer, que je visitai à
Hauptweil. Là, un homme me reçut, puis le frère Stockmayer
arriva, disant qu’on l’avait prévenu de l’arrivée d’un hôte de
valeur. Il me posa quelques questions, nous causâmes
ensemble, et il pleura de joie en constatant que les faits ne
concordaient pas du tout avec les renseignements qu’on lui
avait donnés à mon sujet ! Je jouissais beaucoup des écrits
des frères Stockmayer, Steinberger et Binde, et je ne pouvais
comprendre pourquoi on ne se trouverait pas sur le bon
chemin avec le même enseignement !

Notre maison de vacances

Beaucoup de personnes, même parmi celles qui se rendent


dans notre maison de vacances, sont terriblement
indifférentes quant au salut de leur âme ! Elles ignorent si
leur nom est inscrit dans le livre de vie, et leur position vis-à-
vis de Dieu n’est pas en ordre. Dans ce cas, pourquoi ne pas
s’adresser à un frère ou une sœur en Christ pour être édifié ?
Je suis également à disposition et chacun peut me consulter,
car je suis extrêmement désireux d’aider tout le monde.
Notre maison de vacances a été construite précisément
dans le but d’apporter la bonne nouvelle à nos hôtes. Le
désir pressant de mon cœur, c’est que des âmes soient
sauvées ! Dans beaucoup de maisons de vacances, on se
préoccupe exclusivement de la bonne chère, mais le
royaume de Dieu ne consiste pas dans le manger et le boire,
mais dans la justice, la paix et la joie dans le Saint-Esprit. J’ai
à cœur que tous ceux qui viennent dans notre maison
trouvent ces biens et fassent l’expérience du salut, tout en
progressant dans la vie intérieure.
Je recevais déjà des hôtes à Kalchofen. Notre ancienne
maison de vacances à La Punt eut aussi la visite de frères de
différentes communautés, et nous formions tous une
grande famille, ce qui n’eût guère été possible dans le
monde. L’amour de Dieu unit tous ceux qui le craignent et
qui sont pour la vérité.
Quelles expériences bénies n’avons-nous pas faites là-haut !
Une femme, souffrant d’une affection grave du cœur vint un
jour ; elle aurait désiré gravir les montagnes, mais elle
s’affaissait dès qu’elle se mettait en route. Au bout d’un
certain temps, elle parvint à atteindre la lisière de la forêt,
mais elle était de nouveau à bout de forces ! La personne qui
l’accompagnait voulait la persuader de s’en retourner mais
la malade la renvoya, préférant rester seule. Après avoir pris
quelque repos, elle chercha à continuer son chemin, mais
succomba encore ; puis, malgré tout, elle reprit sa marche.
Comme cette malade n’était pas de retour à midi, ni à quatre
heures de l’après-midi, l’inquiétude me gagna. Sachant
qu’elle avait manifesté l’intention d’accompagner un paysan
au Colossiensde l’Albula. nous partîmes à sa recherche. Au
bout d’une heure, un frère et sa femme arrivèrent avec cette
malade qui portait un grand bouquet d’edelweiss et sautait
de joie. Je lui fis remarquer que nous avions été angoissés à
son sujet et elle raconta alors ce qu’il lui était arrivé. Après
s’être affaissée pour la troisième fois, elle s’était agenouillée,
implorant Dieu de la guérir. Sa prière fut exaucée et elle se
releva, guérie. Elle n’hésita pas à monter bravement au
Colossiensde l’Albula pour y cueillir des edelweiss ; Dieu
avait fait un miracle.
Comme je ne pouvais plus me rendre à La Punt pour cause
de travail et de douleurs que je ressentais au cœur, nous
dûmes renoncer à cette maison, et Dieu me conduisit à
Wydibühl. Depuis longtemps, je désirais posséder
personnellement un home ; quelques années auparavant,
Dieu m’avait fait une promesse à ce sujet. J’ai déjà raconté
comment il avait déposé à mes pieds une carte ayant d’un
côté, l’image d’une maison, de l’autre, le verset biblique
suivant : « Cherchez premièrement le royaume de Dieu et sa
justice, et toutes ces choses vous seront données par-
dessus ». C’est donc à ce moment que sa promesse
s’accomplit ; par la grâce de Dieu, nous avons déjà réalisé ici
des choses magnifiques !

Le développement de l’Assemblée

évangélique des frères

Dans les assemblées, il se produit aisément des séparations,


particulièrement là où des laïques sont prédicateurs. Le
danger est moins grand quand le même prédicateur y prend,
chaque fois seul la parole. Mais il arrive qu’il se produise
une séparation dans une assemblée où des laïques
annoncent la Parole et ont, occasionnellement peut-être, une
divergence d’opinions, et que personne ne veut perdre sa
vie. Par la grâce de Dieu, ceci n’est encore arrivé nulle part
dans l’Assemblée évangélique des frères, où tous les frères
sont des laïques. Il est dit dans les Actes (4 : 13) : « Ils
savaient qu’ils étaient des gens du peuple et sans
instruction ». Il est absolument nécessaire que nous soyons
instruits par Dieu ; c’est là le point important. Voilà
précisément ce qu’on peut dire de nos frères ; ils sont à
l’école du Père céleste. Pour mon compte, je n’ai nullement
l’impression d’être prédicateur ; je suis un homme de toute
simplicité, que Jésus a rendu heureux. Nous ne sommes
redevables qu’à la grâce de Dieu de n’avoir aucune
séparation parmi nous ; à lui va toute notre reconnaissance.
Souvent, l’avenir de l’Assemblée évangélique des frères et la
manière dont le combat de la foi serait mené, m’ont
préoccupé ! Mais je veux croire comme Moïse, lorsqu’il
s’écria : « Nul n’est semblable au Dieu d’Israël, il est porté
sur les cieux pour venir à ton aide, il est avec majesté porté
sur les nuées. Le Dieu d’éternité est un refuge, et sous ses
bras éternels est une retraite. Devant toi il a chassé l’ennemi,
et il dit : Extermine. Israël est en sécurité dans sa demeure,
la source de Jacob est à part dans un pays de blé et de moût.
Et son ciel distille la rosée ».
« Que tu es heureux, Israël ! Qui est comme toi, un peuple
sauvé par l’Éternel, le bouclier de ton secours et l’épée de ta
gloire ? Tes ennemis feront défaut devant toi, et tu fouleras
leurs lieux élevés. » (Deutéronome 33 : 25-29).
Je me décharge de ce souci sur notre fidèle Seigneur et
Sauveur, car il a donné la promesse : « Je veux moi-même
prendre soin de mon troupeau ».
À lui soient la louange et la gloire et l’adoration, d’éternité en
éternité ! Amen !

Grâces accordées à ma famille


D’abondantes grâces m’ont été accordées dans ma vie de
famille. Ma première femme était bonne ménagère et faisait
preuve d’une grande simplicité ; Dieu était avec elle ! Nous
nous comprenions et nous ne formions qu’un esprit et
qu’une foi ; l’un était en bénédiction à l’autre. C’était une
femme économe et nos ressources n’étaient employées qu’à
bon escient ; elle était toujours bien mise, quoique ses
besoins vestimentaires fussent modestes. Elle n’était point
bavarde, ce qui est important pour la femme d’un
évangéliste.
Les deux dernières années de sa vie s’écoulèrent dans la
maladie, mais elle était toujours contente. Avant de mourir,
elle dicta encore ses dernières dispositions. En s’approchant
d’elle, on respirait l’air du royaume des cieux ; les derniers
mois de sa vie l’avaient mûrie !
Après le décès de ma femme, la nécessité d’un nouveau
foyer devint évidente et mon Père céleste me donna une
fidèle compagne ; je ne m’en étais pas occupé, c’est Dieu
qui y a pourvu. On jugea que c’était trop tôt ; je sondai les
Écritures et vis que la Bible ne fixe pas un délai d’attente
plus prolongé pour l’homme qui se remarie. Quelques-uns
pensèrent même que l’Assemblée évangélique des frères
allait s’effondrer ! Mais, grâces à Dieu, rien de semblable
n’arriva ! Ma femme avait été garde-malade ; quel bienfait
inestimable pour moi ! Avec quel dévouement m’a-t-elle
prodigué ses soins pendant mes jours de maladie !
Durant le temps de nos fiançailles et désirant me faire un
cadeau, elle me demanda ce qui me ferait plaisir. Non
sérieusement, je lui répondis : « Un chauffeur avec une
auto ! » Elle apprit à conduire chez son frère et, plus tard,
j’achetai une automobile ; à cette époque, j’ignorais à quel
point une auto me serait nécessaire par la suite, mais le Père
céleste lui le savait. Déjà à ce moment-là, j’avais de la peine
à marcher. Sans automobile, j’aurais été condamné à rester
à la maison pendant plusieurs années, sans pouvoir tenir de
réunions et sans possibilité de visiter les malades. Oh ! ma
joie est grande de pouvoir encore annoncer l’Évangile ici et
là ! Jusqu’à ce jour, Dieu nous a conduits
miséricordieusement, nous préservant de tout accident ; à
lui soient notre louange et notre gratitude !
Mon Père céleste m’a accordé une grâce toute particulière :
j’ai eu le bonheur de voir mon fils revenir à Dieu. Quand un
rétrograde se repent et revient, il l’accueille, le guérit (Osée
14 : 4), et lui accorde une grâce d’autant plus excellente
(Jacques 4 : 6).
Qu’elle est vraie cette parole : « Celui qui a commencé en
vous cette bonne œuvre en poursuivra l’achèvement
jusqu’au jour de Christ ». En pensant au royaume de Dieu
en général, en songeant à l’Assemblée évangélique des
frères, à ma famille et à moi-même en particulier, j’ai
l’assurance qu’il le fera certainement ! Ce n’est pas que j’aie
déjà remporté le prix, ou que j’aie déjà atteint la perfection ;
mais je cours, pour tâcher de le saisir, puisque moi aussi j’ai
été saisi par Jésus-Christ. Frères, je ne pense pas l’avoir
saisi ; mais je fais une chose : oubliant ce qui est en arrière
et me portant vers ce qui est en avant, je cours vers le but,
pour remporter le prix de la vocation céleste de Dieu en
Jésus-Christ. » (Phil. 3 : 12-14).
Le déclin de mon corps me rappelle journellement que ma
fin approche ; jour après jour, je ne vis que de la grâce de
Dieu et non pas de mes œuvres ; je trouve ma consolation et
mon appui dans cette parole : « Le Seigneur me délivrera de
toute œuvre mauvaise, et il me sauvera pour me faire entrer
dans son royaume céleste » (2 Timothée 4 : 17). Je ne sais si
je mourrai ou si je parviendrai encore à l’enlèvement de
l’Église, mais je vis dans son attente selon Philippiens 3 : 20-
21: « Mais notre cité à nous est dans les cieux, d’où nous
attendons comme Sauveur le Seigneur Jésus-Christ, qui
transformera le corps de notre humiliation, en le rendant
semblable au corps de sa gloire, par le pouvoir qu’il a de
s’assujettir toutes choses ».
Pendant toute ma vie et jusqu’à l’heure présente, j’ai réalisé
la surabondance de la grâce dans une riche mesure ; les
pages qui précèdent sont un témoignage de son
incommensurable richesse. Cependant, je sais que :
« Maintenant je connais en partie, mais alors, je connaîtrai
comme j’ai été connu ». Lorsque Christ, qui est notre vie,
sera manifesté, nous serons aussi manifestés avec lui en
gloire ; alors s’accomplira pleinement cette parole : « … afin
de montrer dans les siècles à venir, l’infinie richesse de sa
grâce, par sa bonté envers nous, en Jésus-Christ »
(Éphésiens 2 : 7).
Quant à moi, je considère la patience de Dieu à mon égard
comme étant mon salut. À lui, au Dieu de toutes grâces,
soient la louange, l’honneur et la gloire. dès maintenant et à
jamais. Amen !

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