Memoire Nathan 1 AVANT
Memoire Nathan 1 AVANT
Memoire Nathan 1 AVANT
UNIVERSITE DE KINSHASA
FACULTE DE MEDECINE
ECOLE DE SANTE PUBLIQUE
II
REMERCIEMENTS
Avant toute chose, qu’il nous soit permis de remercier sincèrement toutes les
personnes de bonne volonté qui nous ont aidés de loin ou de près à élaborer ce travail qui
est loin d’être le fruit de nos efforts personnels.
Nos remerciements s’adressent premièrement au Professeur Joël KONDE KIAMA
NUMBI, Directeur de ce présent mémoire qui, en dépit de ses multiples occasions a accepté
de nous conduire jusqu’à la fin. Ce travail est la preuve de vos qualités humaines lesquelles
ont permis de nous accompagner jusqu’à terme sans tenir compte de nos imperfections.
Vous avez fait montre d’un engagement soutenu et vos remarques pertinentes nous ont
permis d’élaborer ce travail dans des bonnes conditions.
Nous remercions également les autorités académiques de l’Ecole de Santé Publique
de l’Université de Kinshasa pour leur encadrement et les bonnes conditions d’apprentissage
qu’ils nous ont offert durant les deux années que nous avons passé dans cet établissement.
Il serait ingrat de notre part d’oublier le Docteur YASSA NJAKANI, conseiller résident
de FELTP/RDC ainsi que le Docteur Léopold LUBULA, président de l’Association
congolaise des Epidémiologistes de terrain qui nous accompagné aussi par leurs conseils
pour que nous arrivions à produire un travail de qualité.
Le Docteur Alain MAGAZANI, coordonnateur des FELTP au sein d’AFENET Congo
nous a aussi accompagnés techniquement tout le long de notre parcours académique, qu’il
trouve aussi à travers ces lignes l’expression de notre profonde gratitude.
Au chef de Division Provinciale de la Santé du Lualaba et au Médecin Chef de Zone
de Santé de Fungurume nous adressons nos remerciements pour nous avoir permis de
récolter les données dans les aires de santé qui ont été touchées par la rougeole où nous
avons travaillé aisément avec les infirmiers titulaires.
Mes remerciements s’adressent enfin au Docteur Thierry KAZEMBE, collègue de
promotion avec nous avons partagé les moments de peine et de joie. Des échanges
fructueux que nous avons eus au sujet de ce travail ont permis de produire une œuvre de
bonne qualité
III
SIGLES ET ABREVIATIONS
IV
V
LISTE DES TABLEAUX
RESUME
VI
1. Contexte
Des efforts ont été fournis, depuis 2000, au niveau mondial pour réduire l’incidence et la
mortalité liées à la rougeole. En 2018, des épidémies de rougeole ont été déclarées dans
plusieurs pays. La RDC reste confrontée à des épidémies de rougeole depuis 2011 malgré
la vaccination de routine et l’organisation des campagnes de vaccination supplémentaire.
Cette étude cas-témoin a été menée pour déterminer les facteurs de risque de la rougeole
dans la Zone de Santé de Fungurume chez les enfants de 6à 59 mois.
2. Méthode
Au cours de celle-ci, avec 84 cas ont été appariés à 168 témoins appariés sur base de l’âge.
Les cas ont été recrutés à partir des listes linéaires des formations sanitaires, les témoins
ont été recrutés dans le ménage du cas ou dans le voisinage.
3. Résultats
Le principal facteur associé à la rougeole est l’absence de vaccination OR ajusté de 11,326
avec IC à 95% [4,471 ; 28,689].Les autres facteurs sont malnutrition sévère avec OR ajusté
de 8,641 et IC à 95% [2,758 ; 27,071], la visite à l’hôpital dans les 7 à 21 jours qui précèdent
l’apparition des premiers symptômes OR ajusté 19,561 avec IC à 95% [6,524 ; 58,549].
4. Conclusion
L’administration du vaccin anti rougeoleux à tous les enfants-cibles, la promotion d’une
bonne alimentation chez les enfants de moins de 5 ans et la réduction des visites
hospitalières des enfants de moins de 5 ans pendant les épidémies vont réduire la survenue
des flambées.
VII
I.INTRODUCTION
I.1.ENONCE DU PROBLEME
La rougeole est l’une des maladies transmissibles les plus contagieuses pour
l’homme. Pendant l’ère pré vaccinale, plus de 90% des enfants contractaient la rougeole
avant leur quinzième anniversaire (1). Considérée comme une maladie bénigne dans les
pays développés, elle est redoutée dans les pays en développement car elle est à l’origine
de plusieurs décès (2).
Le contrôle de la rougeole est défini comme une réduction significative de
l’incidence et de la mortalité de la rougeole. Lorsqu’on atteint des couvertures vaccinales
élevées (par exemple une couverture vaccinale supérieure à 80%), l’incidence décroit et les
intervalles entre les épidémies s’allongent (4-8 ans) alors que ceux rapportés à l’ère pré-
vaccinale sont de 2 à 4 ans (3).
A l’échelle mondiale, durant la période allant de 2000 à 2016, l’incidence de la
rougeole a baissé de 145 à 19 cas par millions d’habitants et le nombre des cas notifiés au
cours de la période considérée a quant à lui baissé de 853.479 à 132.328 cas. Mais au
cours de l’année 2017, une augmentation de l’incidence et du nombre des cas de rougeole
a été observée comparativement à l’année 2016. L’incidence est passée à 25 cas par million
d’habitants alors que le nombre des cas est passé à 173.330 cas. Cette incidence reste
toujours supérieure par rapport à celle qui a été fixée par l’Assemblée mondiale de la santé,
soit moins de 5 cas par million d’habitants. Comme deuxième étape qui devait être franchie
dans la lutte contre la rougeole à l’horizon 2015, la mortalité quant à elle devait être réduite
de 95% par rapport aux estimations de 2000 et les couvertures vaccinales augmentées à
plus de 90% au niveau national et à plus de 80% au niveau de chaque zone de santé pour
les enfants de moins d’une année vaccinés par la première dose de Vaccin à Valence
Rougeole(MCV1) (4).
De 2000 à 2008, la mortalité a été réduite de 78% au niveau mondial (5). A partir
de 2010, même si la mortalité due à la rougeole avait été sensiblement réduite, cette maladie
continuait à causer des décès évitables dans beaucoup des pays. Pendant que des progrès
rapides ont été réalisés, on craignait un risque réel de réémergence de la rougeole comme
cause majeure de mortalité infantile suite à la transmission du virus de la rougeole au-delà
des frontières et aux faiblesses du système de vaccination (6). Le nombre total des décès
dus à la rougeole rapportés au niveau mondial en 2017 était de 109.638 ;comparativement
à ceux estimés en 2000(733.000), il apparaissait clairement que la mortalité liée à la
rougeole avait baissé de 80% au cours de la période considérée (4).
S’agissant de la couverture vaccinale, l’Initiative contre la rougeole et la rubéole
veut qu’aucun enfant ne meure de la rougeole ou ne naisse atteint d’un syndrome de rubéole
congénitale. Depuis 2001, un soutien a été apporté à 80 pays pour l’administration d’un
milliard de doses de vaccin anti rougeoleux pour porter la couverture vaccinale anti
rougeoleuse à 85% dans le monde(7).En 2012, le Plan d’Action Mondial pour les vaccins
qui a été adopté par l’Assemblée générale de l’OMS visait l’élimination de la rougeole dans
les 6 régions de l’OMS à l’horizon 2020.Depuis 2013, la couverture vaccinale par le MCV1
demeure relativement constante dans la région africaine (69-70%), celle de la région des
Amériques était de 92%, alors que les régions Européenne et du Pacifique occidental
avaient respectivement des couvertures de 93-95% et de 96-97%. Pour parler de
1
l’élimination de la rougeole, il faut un arrêt de transmission de cette maladie dans une zone
pendant au moins 12 mois. Celle-ci est considérée comme vérifiée si cette interruption se
maintient pendant au moins 36 mois. Une forte immunité de la population est nécessaire
pour interrompre la transmission de la maladie à cause de sa forte infectiosité. Le seuil de
protection collective contre la rougeole est fixé entre 89 et 94%. En 2015, 20,8 millions de
nourrissons n’avaient pas reçu la première dose de vaccin anti rougeoleux dont 53% se
trouvaient dans 6 pays dont l’Inde, le Nigeria, le Pakistan, l’Indonésie, l’Ethiopie et la
République Démocratique du Congo (8).
La région Européenne avait rapporté 41.000 cas de rougeole au cours des 6
premiers mois de l’année 2018 après avoir enregistré un record à la baisse de 5.273 cas en
2016 (9). Pour la région du Pacifique occidental, le nombre des cas signalés avait augmenté
passant de 11.118 en 2017 à 26.163 en 2018 alors qu’un nombre anormalement élevé des
cas avait été signalé premièrement dans les territoires où la rougeole avait été éliminée
(Australie, Cambodge, Japon, Hong Kong, Nouvelle Zélande) du fait des flambées liées à
des importations des virus et, secondairement dans des pays d’endémie comme les
Philippines (10). Quant à la Région Américaine, 6.541 cas confirmés de rougeole incluant
14 décès ont été rapportés dans 14 pays entre Janvier et Septembre 2019 (11).
Dans la région africaine, l’incidence de la rougeole était passée de 835 à 69 cas
par million d’habitants de 2000 à 2017 alors que le nombre des cas avait baissé jusqu’à
348.207 au cours de la période concernée. Mais, au cours de la période de 2016 à 2017, le
nombre des cas avait connu une augmentation de 100%. La couverture vaccinale y était
passée de 53% en 2000 à 70% en 2017.Cependant, depuis 2013, la couverture vaccinale
stagne entre 69 et 70% dans cette région empêchant ainsi l’élimination de la rougeole à
l’horizon 2020 alors que les décès continuent toujours à être rapportés dont 48107 en 2017
(4).
En République Démocratique du Congo, la couverture vaccinale contre la
rougeole rapportée par le rapport EDS 2013-2014 est de 72% ; cependant, pour la période
2017-2018, l’enquête MICS Paludisme avait rapporté une valeur de 57,2%.L’accès limité
des populations aux services de vaccination de routine, l’irrégularité de l’approvisionnement
en vaccin et le matériel inadéquat de la chaine de froid pour le stockage des vaccins, les
défis logistiques majeurs pour atteindre les enfants dans les aires de santé éloignées sont
à l’origine des faibles couvertures vaccinales. Ce qui entraine des flambées de rougeole
observées depuis 2011 dans plusieurs Zones de Santé. En plus, il y a un décalage entre
les couvertures administratives et les couvertures effectives après les campagnes de
vaccination Supplémentaires (12).
Le Plan Pluri Annuel du PEV de la République Démocratique du Congo(PPAC)
2015-2019 visait entre-autre à éliminer la rougeole à l’échéance de la période de sa mise
en œuvre (2019) et à entreprendre un plaidoyer en faveur de l’élimination de la rubéole et
le syndrome rubéoleux congénital. Pour y arriver les activités suivantes devaient être
menées à savoir :1) renforcer les couvertures vaccinales de routine et la recherche active
des cas ; 2)organiser les activités vaccinales supplémentaires de suivi et de riposte; 3)
organiser les enquêtes de suivi post-campagne de rougeole; 4) intégrer les activités de lutte
contre la rougeole aux activités de renforcement de la surveillance PFA (Paralysie Flasque
Aigue), etc. (13).
2
En Avril 2017, une campagne de riposte a été organisée dans la DPS Lualaba
visant les enfants de 6-59mois et plus de 95% d’enfants ont été atteints. Malgré les
couvertures vaccinales élevées au cours des campagnes de vaccination pour récupérer les
enfants n’ayant pas été atteints au cours de la vaccination de routine, de la première
semaine à la cinquante-deuxième de l’année 2018, 4731 cas de rougeole et 57 décès ont
été notifiés dans la Province du Lualaba avec confirmation de laboratoire alors qu’une
couverture de 95% permet d’interrompre la circulation du virus.
Plusieurs Zones de Santé ont été touchées parmi lesquelles celle de Fungurume
qui a connu une flambée épidémique des cas de la treizième à la quarante-deuxième
semaine de l’année 2017. Cependant aucune étude n’a été menée dans la Zone de Santé
pour mieux comprendre la réémergence de la rougeole.
QUESTION DE RECHERCHE
Etant donnée l’apparition d’un nombre élevé des cas de rougeole après les AVS
qui visent à récupérer les enfants non atteints en routine, cette étude a été conduite pour
répondre à la question suivante : quels sont les facteurs associés à l’apparition d’un nombre
élevé des cas de rougeole chez les enfants de 6 à 59 mois dans la Zone de Santé de
Fungurume ?
I.2.REVUE DE LA LITTÉRATURE
I.2.1. LA ROUGEOLE
La rougeole est une maladie grave très contagieuse pouvant causer des
complications débilitantes, voire fatales, y compris l’encéphalite, la diarrhée et la
déshydratation sévères, la pneumonie, les infections de l’oreille et une perte de vision
permanente. Le risque de décès et de complications est particulièrement élevé chez les
nourrissons et les jeunes enfants qui souffrent de malnutrition ou dont l’immunité est
affaiblie. Elle peut être prévenue par deux doses d’un vaccin efficace dont la couverture
nécessaire pour prévenir les flambées est de 95%.Cependant, certaines régions de l’OMS
dont celles de l’Afrique et de l’Asie ont une couverture de loin inférieure à celle requise
laissant ainsi nombre d’individus exposés à la maladie (14).
I.2.2. LES FACTEURS DE RISQUE DE LA ROUGEOLE
Parmi les facteurs de risque qui ont été identifiés par plusieurs auteurs au cours
des études menées dans les communautés et les formations sanitaires, on peut citer les
facteurs sociodémographiques, sanitaires et socio-économiques des parents des enfants
ainsi que des facteurs liés à l’organisation des services de vaccination.
a) Facteurs sociodémographiques
Les facteurs sociodémographiques incriminés sont le jeune âge de la mère et de l’enfant,
le sexe, la promiscuité, la disposition des logements et le faible niveau d’instruction des
parents et le déplacement du ménage de la Zone vers une autre contrée pendant la période
de vaccination de routine ou une activité vaccinale supplémentaire.
La rougeole est une maladie qui touche beaucoup plus les jeunes enfants. Selon
une étude menée en Chine par Lixin Hao et al, les enfants enrôlés comme cas avaient un
âge inférieur à 6ans (15). La tranche d’âge la plus touchée est celle des nourrissons et
enfants de moins de trois ans (46 à 47%) alors que les enfants de 4 à 6 ans représentent
9,99% des cas selon une autre étude sur les caractéristiques épidémiologiques de la
3
rougeole menée dans le même pays de 2000 à 2014 par Zhang et al. Mais elle peut aussi
toucher les grands enfants et les adolescents de 7à 15ans (17,15%) (16).
Le jeune âge de la mère peut aussi être incriminé comme facteur dans la
transmission de la rougeole de l’enfant. Selon Obafemi et al, dans une étude sur
l’investigation d’une épidémie de la rougeole dans la banlieue de Kaduna au Nigeria, la
plupart d’enfants qui ont été sélectionnés comme cas de rougeole avaient soit une mère ou
un gardien de moins de 20 ans. La jeune mère par manque de connaissance sur
l’importance de la vaccination peut négliger ainsi de compléter le calendrier vaccinal pour
un enfant qui a manqué le vaccin contre la rougeole à 9 mois (17).
Dans une étude menée au Burkina Faso, le sexe masculin est plus touché par la
rougeole que le sexe féminin. L’enfant de sexe masculin étant plus mobile peut facilement
entrer en contact avec un cas de rougeole dans le voisinage. La jeune fille restant à la
maison peut contracter secondairement la rougeole et les infections secondaires étant à
l’origine d’une infectiosité élevée en fonction du nombre d’enfants dans un ménage, les
jeunes filles sont susceptibles de développer la forme grave de la rougeole et de mourir plus
que les jeunes garçons (18).
Une étude menée en Chine a démontré la relation entre les cas de rougeole et
une histoire de migration récente à l’intérieur du pays. En 2013, soixante pourcents des cas
de rougeole enregistrés dans un village densément peuplé situé dans la banlieue de Wudu
County, venaient d’autres municipalités. Ce village n’offrant pas la vaccination de routine
aux enfants non enregistrés dans le village à cause des ressources limitées (19). La
migration en dehors de la Zone de Santé pendant les activités de vaccination
supplémentaires a aussi été identifiée comme un facteur de risque pour un enfant de
contracter la rougeole. Au Burkina Faso, parmi les enfants non vaccinés qui ont développé
la rougeole au cours de l’épidémie de 2002, certains n’étaient pas vaccinés parce qu’au
cours de la campagne de vaccination, leur famille était en déplacement vers la Cote d’Ivoire
(20).
La promiscuité joue un rôle important dans la gravité de cette maladie. La létalité
de la rougeole est deux à trois fois plus élevée dans les familles où l’épidémie touche
plusieurs enfants que celles où elle ne touche qu’un seul enfant. La contagion entre les
membres d’une même famille est dangereuse en raison de l’intensité du contact entre
l’infectant et l’infecté. Les personnes vivant et dormant dans la même maison ou la même
pièce, échangent plus intensément les virus par l’air qu’elles respirent et la dose des virus
transmise est plus forte que si elles ne vivaient pas et ne dormaient pas ensemble (2).
La disposition des logements est un risque déterminant dans la transmission de
la maladie. La mortalité est plus élevée dans les familles de grande taille qui ont l’habitude
de faire dormir ensemble les petits enfants. La polygamie et le mode de vie en famille élargie
favorisent la gravité de la rougeole par le fait que plusieurs enfants doivent dormir dans une
même chambre (2).
Cette maladie est beaucoup plus liée à un faible niveau d’instruction des parents
ou gardiens d’enfants. Cela avait été mis en évidence dans une étude menée en Chine qui
établit une association entre le bas niveau d’étude des parents/gardiens et la rougeole
(21).Ceux-ci méconnaissent la protection procurée par la vaccination contre la rougeole
pour les enfants ; ce qui rend ces derniers susceptibles à développer la rougeole.
4
Facteurs sanitaires
Dans beaucoup d’études, le non vaccination des enfants constitue un facteur
majeur de risque pour eux de contracter la rougeole. Durant ces dernières années, on
assiste à la résurgence des cas de rougeole dans plusieurs pays. La principale raison
pouvant expliquer cette situation est la non atteinte de beaucoup d’enfants par les services
de vaccination (12). Les régions qui ont éliminé la rougeole comme les pays de la région
américaine ont maintenu leur succès par l’introduction d’une seconde dose en routine. Dans
la plupart des pays où la rougeole est endémique, l’immunité de la population est maintenue
à travers la combinaison d’une dose de vaccin de routine à une dose périodique de vaccin
à travers les activités supplémentaires de vaccination. Ceci entraine une fluctuation de
l’immunité de la population dans le temps. La proportion de la population immunisée diminue
dans l’intervalle entre deux campagnes de vaccination avec l’accumulation des personnes
non immunisées susceptibles de développer la maladie (22).En Afrique, on constate que
plus de 10% d’enfants qui reçoivent la première dose du vaccin pentavalent à un mois et
demi, ne reçoivent pas le vaccin contre la rougeole à 9 mois à travers la vaccination de
routine suite à l’inaccessibilité géographique (23).
Les vaccins utilisés contre la rougeole, pour être efficaces, doivent être conservés
au réfrigérateur. Avant son utilisation, le vaccin lyophilisé doit être reconstitué avec un
diluant stérile qui ne doit pas être congelé mais refroidi avant la reconstitution. Le vaccin
reconstitué perd 50% de son efficacité une heure après à la température de 20°C et, à 37°C
quasiment la totalité de son efficacité. Il est sensible à la lumière du soleil et doit être utilisé
dans les six heures suivant sa reconstitution (24). C’est un vaccin qui requiert un personnel
expérimenté qui doit strictement respecter la voie d’administration de ce dernier, c’est-à-
dire la voie sous-cutanée ou intramusculaire (25).
L’éradication de la rougeole doit se faire au niveau de chaque pays à travers les
activités du Programme Elargi de Vaccination incluant un système robuste de vaccination
de routine, des activités vaccinales supplémentaires, la surveillance de la maladie, un
programme de suivi et un réseau intégré de laboratoire. Les pays de la région américaine
ont fournis beaucoup d’efforts pour l’élimination de la rougeole par l’organisation de la
vaccination de routine avec une deuxième dose de vaccin contre la rougeole, l’organisation
des campagnes supplémentaires, une surveillance de bonne qualité face aux cas importés
à travers l’implication des prestataires privés et associations pédiatriques pour le rapportage
des cas et la vaccination. La région africaine quant à elle, est confrontée à l’accès inadéquat
des enfants aux services de vaccination, au problème de la qualité des données (surtout les
populations-cibles), à la faible capacité de gestion des vaccins et de la chaine de froid, à
une difficulté de détection et de notification des cas (6).
Pour les enfants ayant développé la rougeole, la visite d’une structure des soins,
durant les 8 à 21 jours avant l’apparition des éruptions cutanées est aussi un facteur de
risque. Selon une étude menée à Abidjan sur la fréquence des rougeoles nosocomiales
dans un centre de protection maternelle et infantile, il a été démontré que ce facteur joue un
rôle important dans la transmission de la maladie (26).
La rougeole est une maladie infectieuse de l’enfance qui a des conséquences
sévères sur l’état nutritionnel. Les effets néfastes de la rougeole se manifestent plus chez
les enfants qui la contractent étant malnutris que ceux qui la contractent étant en bonne
5
santé. Les infections secondaires qui compliquent apparemment la maladie primaire chez
les enfants malnutris sont responsables d’une mortalité élevée et seraient dues aux causes
socioéconomiques et environnementales qui sont associées à la pauvreté et à la
malnutrition (27).
Le rôle de la déficience en micronutriments dans la mortalité liée à la rougeole
est apparemment de loin important que dans les appréciations courantes. Il s’agit de la
carence en vitamine A qui est liée à la survie de l’enfant et de la carence en Zinc qui est
important pour le maintien de l’immunité. Le manque d’accès aux services des soins et des
soins inappropriés ont été incriminés comme facteurs dans la mortalité due à la rougeole,
probablement parce que plusieurs complications de la rougeole comme la pneumonie et la
diarrhée peuvent être prises en charge pour éviter cette mortalité (28).
Dans une étude menée en Ouganda, Dennison Kizito et al ont mentionné,
l’infection à VIH est citée comme facteur pouvant influencer la réponse immunitaire de
l’enfant à la vaccination (29).
b) Facteurs socioéconomiques
La rougeole survient chez les enfants qui n’ont pas accès à la vaccination et qui
sont souvent issus de populations marginalisées et vivant dans les zones rurales ou isolées
mal desservies, des zones urbaines défavorisées, des Etats fragiles ou des régions
déchirées par des conflits. Ces enfants risquent davantage de contracter des maladies
évitables par la vaccination et ont moins accès au traitement (30).
6
MODELE CONCEPTUEL DE L’APPARITION DE LA ROUGEOLE
Jeune âge de
l’enfant
Absence de vaccination
Jeune âge de la mère Déficience des
anticorps contre la
rougeole
Mauvaise qualité du
vaccin Carence en vitamine A
Immunodépression
Bas niveau d’instruction
des parents/gardiens
Apparition
d’enfants Malnutrition
des cas de
Contact avec un rougeole
Migration du ménage
malade rougeoleux
Sexe masculin de
l’enfant
Promiscuité
Infection à VIH/SIDA
7
NARRARTIF DU MODELE CONCEPTUEL
1. Le jeune âge de l’enfant conduit à l’apparition de la rougeole chez celui-ci suite à la déficience
en anticorps anti rougeoleux en l’absence de la vaccination.
2. La mauvaise qualité des vaccins (mauvaise conservation avant et pendant les séances de
vaccination) peut conduire à la déficience des anticorps contre la rougeole.
3. Le jeune âge de la mère peut conduire à l’apparition des cas de rougeole chez l’enfant, celle-ci
ayant un niveau moins élevé d’éducation peut négliger de compléter le calendrier vaccinal de son
enfant contre la rougeole.
4. Le bas niveau d’éducation des parents ou gardiens est à l’origine de manque de connaissance
de l’importance de la protection procurée par le vaccin anti rougeoleux pour l’enfant. Ceci conduit à
ne pas faire vacciner l’enfant contre la rougeole et à un risque d’apparition de la rougeole chez ce
dernier
5. La migration peut faire manquer à l’enfant le vaccin contre la rougeole en routine ou au cours
d’Activités Vaccinales Supplémentaires l’exposant ainsi à l’apparition de la rougeole.
6. Le bas niveau socio-économique du ménage peut conduire à la carence en Vitamine A et à la
malnutrition qui augmentent la susceptibilité de l’enfant à contracter la rougeole. Il peut aussi
expliquer la promiscuité dans les ménages qui augmente les risques de contamination et la gravité
de la rougeole.
7. Le sexe masculin de l’enfant permet sa mobilité hors du ménage augmentant ainsi la possibilité
d’entrer en contact avec un rougeoleux et d’être contaminé par la rougeole. Le sexe féminin quant
à lui, est à l’origine des infections secondaires de rougeole qui augmentent le risque de mortalité
chez la jeune fille.
8. La visite d’une structure de santé, en période d’épidémie peut favoriser le contact avec un malade
rougeoleux, lequel peut conduire à l’apparition de la rougeole.
9. L’infection à VIH conduisant à l’immunodépression rend l’organisme moins résistant contre les
infections qu’il peut facilement contracter la rougeole.
8
I.3.OBJECTIFS DE LA RECHERCHE
1. BUT DE LA RECHERCHE
Le but de cette étude est de contribuer à l’amélioration de la santé de l’enfant par des
informations utiles à la planification et la mise en œuvre des interventions de prévention
contre la rougeole.
3. OBJECTIF GENERAL
L’objectif général de la recherche est de déterminer les facteurs associés à la
rougeole chez les enfants de 0 à 5 ans dans la Zone de Santé de Fungurume en vue de
proposer des mesures efficaces de lutte dans cette zone de santé.
4. OBJECTIFS SPECIFIQUES
Cette étude poursuit les objectifs spécifiques suivants :
- Décrire les caractéristiques sociodémographiques de la population enquêtée dans la Zone
de Santé de Fungurume en 2018
- Décrire les conditions environnementales et les caractéristiques de l’habitat
- Décrire l’organisation du service de vaccination
- Identifier les facteurs associés à l’apparition de la rougeole dans la Zone de Santé de
Fungurume en 2018
- Formuler des recommandations
5. HYPOTHESES
Au cours de cette étude, nous pouvons émettre les hypothèses suivantes :
- Les enfants avec rougeole sont plus exposés que les témoins à l’absence vaccination
contre cette maladie
- Les enfants avec rougeole sont plus exposés que les témoins à la promiscuité dans les
ménages
- Les enfants avec rougeole sont plus exposés que les témoins à la malnutrition sévère
-Les enfants avec rougeole sont plus exposés que les témoins à une migration du ménage
vers une autre région
II.METODOLOGIE
II.1. CADRE D’ETUDE
Cette étude a été menée dans la Zone de Santé rurale de Fungurume, située dans
le territoire de Lubudi, au Sud-Est de la Province du Lualaba et à la limite avec la Province
9
du Haut Katanga. C’est l’une des quatorze zones de santé que compte la Division
Provinciale du Lualaba. Elle est limitée au Nord par la Zone de Santé de Lubudi, au Sud par
celles de Kambove et de Kilela Balanda, à l’Est par celle de Bunkeya et à l’Ouest par celle
de Lualaba.
Carte de la Zone de Santé de Fungurume
10
II.2.TYPE D’ETUDE
Il s’agit d’une étude cas-témoin pour déterminer les facteurs de risque de la rougeole
chez les enfants de 6 à 59 mois dans la Zone de Santé de Fungurume. Elle a été conduite
du 01 au 30 Mars 2020.
II.3.ECHANTILLONNAGE
II.3.1. POPULATION D’ETUDE
La population d’étude est faite des habitants de la Zone de Santé de Fungurume. La
population cible comprend les enfants de 6 à 59 mois dont un groupe concerne les cas et
l’autre groupe, les témoins. Les cas sont des enfants qui ont développé la rougeole au
cours de l’épidémie de la 13è𝑚𝑒 à la 42è𝑚𝑒 semaine 2018 et qui ont consulté les Formations
Sanitaires. Les témoins sont des enfants qui n’ont pas développé les signes de rougeole et
habitant le même ménage que le cas ou le voisinage des cas dans la communauté.
II.3.1.1.UNITES STATISTIQUES
Les unités statistiques sont des cas de rougeole et les témoins avec un ratio
cas/témoin de 0,5.Ils ont été sélectionnés parmi les enfants ayant contracté la rougeole ou
non suivant les techniques décrites ci-dessous.
a) Les cas de rougeole
Il s’agit des enfants de 6 à 59 mois qui ont développé la rougeole qui se trouvent
sur les listes linéaires et répondant à la définition des cas de l’OMS et qui ont consulté les
formations sanitaires au cours de la période allant de la 13è𝑚𝑒 à la 42è𝑚𝑒 semaine 2018.
b) Les témoins
N’importe quel enfant de 6 à 59mois dans la communauté, résidant dans le voisinage
des ménages où se trouve le cas mais qui n’a pas développé les signes de rougeole pendant
la période d’épidémie.
c) L’appariement
Les cas et les témoins ont été appariés sur base de leur âge
II.3.2.2. CRITERES D’INCLUSION ET D’EXCLUSION
a) Critères d’inclusion
Les cas de rougeole
11
- Tout enfant de 6 à 59 mois résidant dans la Zone de Santé de Fungurume qui a développé
les signes de la rougeole ;
- Se retrouvant sur les listes linéaires pendant la période allant de la treizième à la quarante-
deuxième semaine 2018 ;
- Dont les parents ou les gardiens ont accepté de participer à l’étude
Les témoins
- Etre âgé de 6 à 59 mois,
- résider dans le ménage ou le voisinage du ménage où le cas a été notifié et
- n’avoir pas développé les signes de rougeole pendant la période considérée
- Dont les parents ou le gardien ont accepté de participer à l’étude
b) Critères d’exclusion
Pour les cas de rougeole
- Etre âgé de moins de 6mois et plus de 59mois tout en étant sur la liste linéaire
- N’avoir pas accepté de participer à l’étude même si on répond à la définition de l’OMS
- Avoir consulté le Centre de Santé avant la 13è semaine ou après la 42è semaine
Pour les témoins
- Avoir un antécédent de rougeole
- Refuser de participer à l’étude même si le témoin répond aux critères d’inclusion
II.3.3.TAILLE DE L’ECHANTILLON
La taille de l’échantillon a été calculée à partir de la formule relative au calcul de la
taille de l’échantillon dans une étude cas-témoin donnée ci- dessous.
L’absence de vaccination a été considérée comme facteur de risque principal. Dans
une étude menée au Zimbabwe par Pomerai et al, l’Odds ratio pour ce facteur était de
3,96(31). La proportion des non malades pour ce facteur étant estimée à 0.05%.
1 2
(1+ )(𝑍∝ +𝑍1−𝛽 ) 𝑥𝑝(1−𝑝)
𝑐
𝑛≥ (𝑝0 −𝑝1 )2
Avec :
-α= le risque d’erreur de type1
-c=nombre des témoins par cas, c=2
-1-β : la puissance souhaitée et β le risque correspondant
-𝑝0 =la proportion attendue des sujets exposés parmi les témoins
-𝑝1=proportion attendue des exposés chez les cas
12
𝑝 𝑥𝑂𝑅
𝑝1 = 1+𝑝 0(𝑂𝑅−1)
0
-𝑍𝛼 =la valeur de Z pour le risque de première espèce (pour α=5%,𝑍∝ = 1,96)
𝑍1−𝛽 , valeur de Z pour une puissance 1-β ; pour une puissance de 80%, 𝑍1−𝛽 = 0,84
-𝑝0 = 0,05
-c=2
0,05𝑥3,96
-𝑝1 = 1+0,05𝑥(3,96−1) =0,172
𝑝1 +𝑐𝑝0 0.221+2∗0.05
-𝑝 = = = 0,061
1+𝑐 1+2
1
(1+ )(1,96+0,84)2 𝑥0,061(1−0,061)
2
-𝑛 ≥ (0.05−0,161)2
=54
Le nombre calculé des cas à inclure dans notre étude est de 54 et tenant compte
d’une proportion de non réponse de 10%, nous avons pris un échantillon de 84 cas. Ainsi
le nombre des témoins sera aussi égal à celui des cas multiplié par 2 soit 168.
II.3.4.TECHNIQUE D’ECHANTILLONNAGE
La sélection des cas s’est faite par l’échantillonnage aléatoire simple. Un numéro
unique attribué à chaque cas dans la liste linéaire et écrit sur un bout de papier. Les bouts
de papier ont été introduits dans une boite et un tirage au sort a été effectué jusqu’à arriver
à la taille d’échantillon de 84 cas. Les témoins été choisis dans le voisinage de cas à raison
de 2 témoins pour chaque cas. Chaque cas a été apparié à ses témoins par rapport à l’âge.
Les témoins quant à eux sont sélectionnés soit dans le ménage de provenance du
cas ou dans le voisinage de celui-ci.
II.4. LISTE ET DEFINITIONS OPERATIONNELLES DES VARIABLES
II.4.1.Liste des variables
Les variables qui permettaient d’inclure les cas et les témoins sont les
suivantes :
- L’aire de santé
- La semaine épidémiologique
- L’adresse
- Le sexe
13
- L’âge
Les autres variables à prendre en compte dans cette étude sont :
- Le poids
- Le statut vaccinal
- L’âge de la mère /gardien de l’enfant
- Le niveau d’instruction des parents/gardien de l’enfant
- Le niveau socio-économique des ménages
- La taille du ménage
- Le nombre d’enfants de moins de 5ans dans le ménage
- Le nombre des pièces pour dormir
- La visite dans une formation sanitaire avant le début de la maladie
- La notion de déplacement
II.4.2.Définition opérationnelle des variables
II.4.2.1 Variable dépendante
Cas suspect de rougeole : toute personne avec la fièvre, une éruption maculo-papuleuse
généralisée, une toux ou un rhume, une conjonctivite soit chez qui un médecin a soupçonné
la rougeole
Cas de rougeole confirmé au laboratoire : c’est un cas suspect de rougeole qui a été
confirmé positif par un laboratoire compétent et pour lequel une maladie associée à la
vaccination a été écartée
Cas de rougeole épidémiologiquement lié : un cas suspect de rougeole qui n’a pas été
confirmé par un laboratoire , mais connexe sur les plans géographique et temporel, avec
des dates de début d’éruption cutanée survenant dans un délai de 7 à 23 jours après un
cas confirmé en laboratoire ou un autre cas de rougeole épidémiologiquement lié.
Cas de rougeole cliniquement compatible : Un cas suspect avec éruption cutanée
maculo papuleuse (non vésiculeuse) et fièvre et au moins une toux, rhinite ou conjonctivite,
mais sans prélèvement d’échantillon clinique adéquat et qui n’a pas été lié
épidémiologiquement à un cas confirmé au laboratoire.
Un non cas de non-rougeole rejeté : c’est un cas suspect de rougeole sur lequel on a
enquêté et qui a été rejeté en tant que non rougeole (et non-rubéole) soit que le test de
laboratoire est négatif, soit par l’inexistence d’un lien épidémiologique avec un cas confirmé
au laboratoire.
II.4.2.2.Variables indépendantes
14
1. Caractéristiques sociodémographiques
L’âge : c’est une variable quantitative continue définie comme âge révolu. Cette variable
s’exprime en mois pour les enfants de 6 à 59 mois et en années pour les mères ou les
gardiens d’enfants. Les enfants seront regroupés en deux catégories dont celle de 6 à
23mois et celle de 24 à 59mois.Quant aux mères et gardiens des enfants les catégories
sont celle de moins de 24 ans et celle de plus de 24 ans
Le sexe : variable qualitative traduisant la différence physique et constitutive des personnes
dont Il existe deux modalités à savoir le sexe masculin et le sexe féminin
Le niveau d’instruction : variable qualitative exprimant le plus haut niveau d’études atteint
par les parents ou gardiens d’enfants. Elle sera par la suite regroupée en deux modalités :
bas niveau d’instruction (sans instruction et primaire) et niveau acceptable (secondaire,
supérieur/universitaire)
L’état nutritionnel : variable quantitative exprimée en poids par âge comparé à une courbe
de référence. Un score inférieur à -3 est considéré comme une insuffisance pondérale
sévère. Les enfants seront ultérieurement regroupés en deux catégories à savoir
l’insuffisance pondérale sévère (malnutrition sévère) et absence d’insuffisance pondérale
sévère.
Statut vaccinal : variable qualitative qui détermine l’état d’un enfant vis-à-vis de
l’administration du vaccin contre la rougeole. Il est regroupé en deux modalités à savoir :
Enfant vacciné : c’est celui qui a reçu le vaccin contre la rougeole au cours de la vaccination
de routine ou au cours des activités vaccinales supplémentaires attesté par un document
(la carte de vaccination) ou par le témoignage des parents.
Enfant non vacciné : celui qui n’a reçu aucune dose de vaccin attesté par l’absence de la
carte de vaccination ou par le témoignage des parents
2. Caractéristiques socioéconomiques
L’indice du niveau socioéconomique : variable qualitative constituée à partir des
informations collectées au cours de l’enquête, sur la possession par le ménage de certains
biens matériels durables (télévision, radio, voiture, etc.) et sur certaines caractéristiques du
logement (disponibilité de l’électricité, type d’approvisionnement en eau de boisson,
matériaux de revêtement du sol, etc.). Chaque bien ou caractéristique a un poids (score)
qui est généré à partir d’une analyse en composantes principales. Les scores des biens
sont standardisés selon une distribution normale standard de moyenne 0 et d’écart-type 1.
Chaque ménage a un score pour chaque bien et leur sommation conduit au score global.
15
Les scores globaux des ménages sont divisés en cinq catégories d’effectifs égaux appelés
quintiles. Cette échelle va de 1 à 5 (du quintile le plus bas au plus élevé).Les ménages ont
été ainsi répartis en deux modalités à savoir les statuts économiques riche et pauvre.
La taille de ménage : variable quantitative qui donne le nombre des personnes vivant dans
le ménage. Celle-ci sera regroupée en deux à savoir le ménage de grande taille (≥ 5
personnes) et ménage de petite taille (<5 personnes).
La promiscuité : c’est une variable quantitative exprimant le nombre des personnes qui
partagent la même pièce ou chambre pour dormir. Elle a deux modalités à savoir la
promiscuité élevée quand la même pièce est partagée par quatre personnes ou plus et la
faible promiscuité quand moins de quatre personnes partagent la même chambre pour
dormir.
Déplacement du ménage : variable qualitative fournissant l’information sur le déplacement
du ménage de la Zone de santé de Fungurume vers un autre endroit.
3. Les facteurs liés aux structures sanitaires :
La visite à une Formation Sanitaire : Cette variable qualitative exprime la fréquentation
d’une structure sanitaire 7 à 21 jours avant l’apparition des signes de la maladie pendant la
période de l’épidémie
II.5. TECHNIQUES DE COLLECTES DES DONNEES
Les données ont été collectées pendant un mois (du 10 au 20 Février 2020). Pour
les cas, certaines informations ont été collectées à partir des registres des consultations
curatives et les listes linéaires des formations sanitaires dans lesquelles ils/elles avaient été
reçus. D’autres informations ont été recueillies à partir de l’interview des parents à l’aide
d’un questionnaire structuré et pré testé. Les informations sur les témoins ont été collectées
à partir du questionnaire l’interview des parents et l’observation.
La collecte des données était assurée par des enquêteurs ayant une formation
médicale de base qui ont été formés et supervisés sur terrain par l’investigateur principal.
Les données collectées ont validées chaque jour au cours d’une réunion prévue pour
évaluer le processus.
II.6.TRAITEMENT ET ANALYSE DES DONNEES
Les données collectées ont été saisies dans le logiciel Epi data 3.1 puis analysées
avec le logiciel SPSS version 23. Pour les données qualitatives, les proportions et leurs
intervalles de confiance ont été calculées alors que pour les données quantitatives, la
moyenne et son écart-type ont été calculés.
16
L’analyse bi variée a servi pour établir les associations entre les facteurs de risque
et l’apparition de la rougeole en utilisant le test de Khi-deux, le calcul de l’Odds Ratio et
leurs intervalles de confiance à 95%. Les variables concernées par l’analyse bi variée sont
les suivantes :
- L’âge de l’enfant et la rougeole
- Le sexe de l’enfant et la rougeole
- L’état nutritionnel et la rougeole
- Le statut vaccinal et la rougeole
- La visite d’une formation sanitaire et la rougeole
- L’âge de la mère et la rougeole
- Le niveau socioéconomique et la rougeole
- Le niveau d’instruction de la mère et la rougeole
- L’histoire de migration du ménage et la rougeole
- La taille du ménage et la rougeole
- La promiscuité et la rougeole
Seules les variables significativement associées (p<0,05) ont été retenues et
introduites par la suite un modèle de régression logistique multiple qui a été construit par la
méthode du maximum du logarithme de vraisemblance.
II.7.CONSIDERATIONS ETHIQUES
Le protocole a été soumis au Comité éthique de l’Ecole de Santé Publique de
l’Université de Kinshasa qui l’avait approuvé. Des autorisations préalables aussi été
obtenues auprès des autorités sanitaires de la Province du Lualaba et de la Zone de Santé
de Fungurume.
Les participants à l’étude ont été suffisamment informés sur l’étude quant à son
importance et son but et ont signé volontairement et librement le document de
consentement éclairé.
III.RESULTATS
Cette étude a concerné 252 enfants dont 84 ont développé la rougeole et 168 qui n’ont pas
développé la rougeole mais qui ont été appariés comme témoins à raison de deux pour un
cas. Les résultats ont été présentés premièrement par rapport à chaque variable selon sa
nature qualitative (proportion et intervalle de confiance) ou quantitative (moyennes et écarts-
types.
III.1.REPARTITION DES CAS DE ROUGEOLE PAR AIRES DE SANTE
17
Répartition des cas de rougeole par aires de santé au cours de l’épidémie de rougeole
de 2018 dans la Zone de Santé de Fungurume
100
80
59
60 48
41
40
22
15 15
20 10
0
TSHILONGO DIPETA2 LUKOTOLA KAKANDA KASOLONDO KILUSONSA NGUBA MPALA
Aires de Santé
L’Aire de Santé de Tshilongo était la plus touchée avec 107 cas alors que celle de
Kilusonsa était la moins touchée avec 10 cas sur les 317 ayant été enregistré sur les listes
linéaires dans la Zone de Santé de Fungurume en 2018.
III.2. CARACTERISTIQUES SOCIODEMOGRAPHIQUES ET SANITAIRES DES CAS DE
ROUGEOLE ET DES TEMOINS
Notre étude a concerné 252 enfants de 6à 59mois dont 84 cas de rougeole appariés
par rapport à l’âge à 168 témoins à raison de deux pour un cas. L’âge moyen est de 29,29
mois avec un écart-type de 16,030 mois pour les cas et les témoins. Les proportions des
enfants malades sont respectivement de 20,63% pour la catégorie d’âge de 24 à 59 mois
et de 12,70% pour les enfants de 6 à 23 mois. La tranche d’âge de24 à59mois est donc la
plus touchée par la rougeole. L’âge ayant été pris comme variable d’appariement que nous
nous n’avons pas considéré son lien par rapport à la rougeole même si son p=1,00 n’a pas
été significatif dans cette étude.
La proportion des filles ayant développé la rougeole est de 18,65%.Celle-ci est
légèrement supérieure à celle des garçons qui est de 14,68% contrairement à certaines
études dans lesquelles la proportion la plus touchée est celle des enfants de sexe masculin.
18
Caractéristiques Cas Témoins p
Catégories âge N % N %
24-59mois 52 20,63 104 41,27 1,000
Statut vaccinal
La rougeole touche plus les enfants non vaccinés que ceux qui sont vaccinés. La
proportion des cas non vaccinés est presque le triple pour les enfants malades (26,19%)
par rapport à celle des témoins (9,13% avec p<0,000).
Par rapport à la possession de la carte de vaccination, certains parents ont présenté
les cartes de vaccination de leurs enfants alors que pour d’autres, on a tenu compte de la
déclaration des parents quant à sa possession ou non. La proportion des enfants ne
possédant pas la carte de vaccination est plus élevée que celle des témoins (26,69% contre
19,52% avec p<0,000).
19
Caractéristiques Cas Témoins p
nombre d’enfants N % N %
atteints dans le
ménage
2 et 45 17,86 9 3,57 0,000*
plus
0-1 39 15,48 159 63,01
La proportion des ménages ayant au moins deux enfants touchés par la rougeole est
presque cinq fois plus élevée parmi les cas que parmi les témoins (17,86% contre 3.57%,
p<0,000).
La proportion des enfants qui ont visité une structure des soins 7 à 21 jours avant
l’apparition des signes est quatre fois plus élevée chez les cas que chez les témoins
(20,63% vs 5,16%, p<0,000).
La proportion des cas ayant développé la malnutrition est trois fois plus élevé chez
les cas que chez les témoins (12,35% vs 4,78%, p<0,001).
20
III.3. CARACTERISTIQUES DES PARENTS/GARDIENS DES CAS ET DES TEMOINS
Description de l’âge des mères/gardiens des enfants des cas de rougeole et des
témoins
Age de la mère N % N %
L’âge moyen des mères des enfants enrôlés dans notre étude est 31,79 ans avec un
écart-type de 7,574ans. La proportion des témoins dont les mères ont au moins 25ans est
2 fois plus élevée que les cas(59,13 % vs 26,19 % avec p<0,032) alors que les proportions
sont presqu’identiques pour les mères de mois de 25ans pour les cas et les témoins(7,14
% vs 7,54% avec p<0,032).Quant aux niveaux d’études des mères/gardiens des enfants, la
proportion des témoins avec un niveau d’études bas(sans instruction ou primaire) est
presque le double de celui des mères des enfants ayant souffert de la rougeole(52,78 % vs
28,57 % avec p<0,208).
21
NIVEAU D’ETUDES DU PÈRE SOCIO-ECONOMIQUE DU MENAGE
Niveau d’études du père et socio-économique du ménage
Cas Témoins p
Catégorie niveau N % N %
d’étude du père
La proportion des enfants avec rougeole est la moitié de celle des témoins pour le
bas niveau des pères (19,05 % vs 41,27% avec p<0,466).La proportion des témoins avec
statut socio-économique pauvre est double de celui des cas de rougeole (65,74% vs 32,66%
avec p=0,863).
22
III.3 ANALYSE BI VARIEE
Association entre l’âge, le sexe, le statut de l’enfant et la rougeole en analyse bi variée
Catégories N % N %
âge de
l’enfant
24-59mois 52 20,63 104 41,27 1,000 [0,593;1,175] 1,000
Sexe de
l’enfant
47 18,65 88 34,92
Féminin
23
Le tableau donné ci-dessus montre qu’en analyse bi variée, l’âge de l’enfant et le sexe ne
sont pas associés à la rougeole alors que le statut vaccinal est associé à la rougeole (OR
brut 23,111 ave IC95% [11,687;45,720] et p=0,000)
Selon le tableau ci-haut, l’analyse bi-variée les facteurs associés à la rougeole sont
la possession de la carte de vaccination (OR brut 9,941 avec IC95% [5,065;17,783] et
p=0,000) et le nombre d’enfants dans le ménage (OR brut 20,385 avec IC95%
[9,189;45,221] et p=0,000).
24
Association entre la visite à l’hôpital 7-21 jours avant l’apparition des signes, la
malnutrition et la rougeole
Visite à N % N % OR IC95% p
l’hôpital 7-21 brut
jours avant le
début de la
maladie
52 20,63 13 5,16 19,375 [9,458 ; 0,000
Oui 39,688]
Malnutrition N % N % OR IC95% p
sévère brut
Selon le tableau ci-dessous la visite à l’hôpital 7à 21jours avant l’apparition des signes est
un facteur associé à la rougeole (OR brut 19,375 avec IC95% [9,458 ; 39,688] et p=0,000).Il
en est de même pour la malnutrition sévère (OR brut7, 555 avec IC95% [3.620 ; 15,767] et
p=0,001).
25
Caractéristiques sociodémographiques des parents/gardiens des enfants et socio-
économiques des ménages
Catégorie Cas Témoins OR IC95% p
âge de la brut
mère
18 7,14 19 7,54
<25ans
Niveau
d’études de
la mère
Bas niveau 72 28,57 133 52,78
26
Niveau Cas Témoins OR IC95% p
socio- brut
économique
du ménage
En analyse bi variée, on constate qu’il existe une association entre l’âge de la mère
et la rougeole (OR brut 2,139 avec IC95% [1,055;4,336]) tandis que les niveaux d’études
de la mère (OR brut 1,579 avec IC95% [0,772;3,230]) ainsi que celui du père (OR brut 1,579
avec IC95% [0,772;3,230]) ne sont pas des facteurs associes a la rougeole chez les enfants
de 6 à 59mois.
ANALYSE MULTIVARIEE
Toutes les variables significativement associées à la rougeole en analyse bi variée
ont été soumises à l’analyse multivariée dans un modèle de régression logistique multiple
selon la méthode du maximum du logarithme de vraissemblance et les résultats sont
représentés dans le tableau ci-dessous.
Association entre Statut vaccinal, possession de la carte de vaccination, nombre des
enfants dans le ménage et la rougeole en analyse multivariée (régression logistique)
CARACTERISTIQU APPARITION DES CAS DE ROUGEOLE
ES ANALYSE BI VARIEE ANALYSE
MULTIVARIEE
OR IC 95% p OR IC 95% P
brut ajust
é
Statut vaccinal de
l’enfant
27
Possession de la
carte de
vaccination 0,001
Non disponible 9,941 [5,065;17,783] 0,000* 5,18 [2,031 ; *
1 1 13,235]
Disponible
Nombre d’enfants
malades dans le
ménage
2 et plus 20,385 [9,189;45,221] 0,000* 0,03 [0,009 ; 0,001
0-1 1 1 1,355] *
En analyse multi variée, lorsque les variables ont été introduites dans un modèle de
régression logistique multiple, on a remarqué que la rougeole survient 11 fois plus chez les
enfants non vaccinés que chez les non vaccinés. Par rapport à la possession de la carte de
vaccination, les enfants qui ne possèdent leur carte de vaccination, ils sont 5 fois plus
exposés à développer la rougeole que ceux qui en possèdent.
28
Association entre la visite à l’hôpital 7-21jours avant l’apparition des symptômes, la
malnutrition sévère et la rougeole en analyse multivariée (régression logistique
multiple)
Visite à
l’hôpital 7-21
jours avant le
début de la
maladie
Oui
19,375 [9,458 ; 0,000 19,5 [6,524 ; 0,001
1 39,688] 1 58,649]
Non
Malnutrition
sévère
oui
29
non
7,555 [3.620 ; 0,001 8,64 [2,758 ; 0,001
15,767] 1 27,071]
1 1
Les enfants qui ont visité l’hôpital dans les 7 à 21jours qui suivent la survenue de la
rougeole sont 20 fois plus exposés que ceux n’ayant pas visité l’hôpital. La rougeole survient
cinq fois plus chez les malnutris sévères que chez les non malnutris sévères.
IV.DISCUSSION
Malgré l’organisation des activités de vaccination de routine et d’une campagne de
vaccination de masse en Avril 2017, une épidémie a survenu dans la Zone de Santé de
Fungurume de la 13è𝑚𝑒 à la 42è𝑚𝑒 semaine de l’année 2018.Cette étude a été menée pour
déterminer les facteurs associés à la rougeole dans cette Zone de Santé. Le facteur de
risque majeur est le manque de vaccination en plus duquel nous avons le non possession
de la carte de vaccination, la visite à l’hôpital 7 à 21 jours avant l’apparition des premiers
symptômes et la malnutrition sévère.
La rougeole est une maladie qui survient dans les communautés insuffisamment
vaccinées où on rencontre plusieurs sujets susceptibles de développer la maladie. Pison a
trouvé dans une étude qui a été menée en Afrique de l’Ouest que dans les villages où les
vaccinations n’ont pas été poursuivies après 1987, que la rougeole est réapparue quelques
années plus tard mais avec un taux de mortalité quatre fois plus faible qu’avant 1987 suite
à une certaine immunité de groupe, l’épidémie se propageant moins vite et avec moins de
virulence que dans une population où il n’existe aucune protection (32). Sarah Kidds et al.
ont, dans une étude menée au Burkina Faso en 2009, pour déterminer les facteurs de risque
de la rougeole et l’estimation de l’efficacité du vaccin au cours d’une épidémie de rougeole,
trouvé que le manque de vaccination a conduit à des cohortes des sujets susceptibles et
que la vaccination contre la rougeole a contribué à la réduction du risque de contracter cette
maladie(33).Ceci est corroboré par l’investigation de l’épidémie de rougeole qui a été menée
par Obafemi et al. dans la banlieue de Kaduna dans l’état de Kaduna au Nigeria en 2015
où les couvertures vaccinales de tous les antigènes étaient faibles avec une couverture de
27% pour le vaccin anti rougeoleux entrainant ainsi un déficit de l’ immunité collective dans
la communauté (15)(34).Pomei et al. a aussi revelé dans l’investigation d’une épidémie de
30
rougeole à Zaka dans la Province de Masvingo au Zimbabwe en 2010 que 83,6% des cas
étaient non vaccinés(31)(31).
Aux Etats-Unis, P.Khade et al. ont démontré que depuis l’introduction du MCV(
Measles Containing Vaccine) et sa mise à échelle, l’incidence de la rougeole a été réduite
de 300 à 1,3 cas pour 100.000 habitants de 1963 à 1988.De 1989 à 1982, on a assisté à
une résurgence des cas de rougeole dans plusieurs pays, y compris les Etats-Unis suite à
une baisse des couvertures vaccinales chez les enfants en âge préscolaire consécutive à
l’administration d’une seule dose de vaccin en routine. Ce qui a motivé l’introduction d’une
deuxième dose en routine entrainant ainsi une baisse de l’incidence à moins d’1 cas pour
un million d’habitants entre 1997 et 1999 avec comme conséquence l’élimination de la
rougeole endémique dans ce pays à partir de l’année 2000.Depuis ce temps, il y a eu des
épidémies de rougeole aux Etats-Unis sans réémergence de la souche autochtone mais
avec des souches importées chez des individus qui ont contracté la rougeole en dehors des
Etats-Unis et qui l’ont ainsi introduit dans leurs communautés(35).Nino Ketsuriano et al. ont
aussi prouvé que l’expansion des cas de rougeole au cours de l’épidémie qui a survenu de
2013 à 2015 en Géorgie était très rapide suite au fait que 90% des cas touchés étaient non
vaccinés (36).
Dans la présente étude, la non possession de la carte de vaccination a aussi été
trouvée comme un facteur associé à la rougeole. Cette information a été obtenue par la
déclaration des parents dont certains avaient la carte de vaccination alors que d’autres n’en
possédaient pas. Dans une étude qui a été menée en Chine par Hao L et al, le statut
vaccinal des sujets qui ont été enrôlés a été aussi obtenu par la déclaration des participants
qui n’avaient pas des documents. Sur les 43 cas de rougeole 5 seulement étaient vaccinés
contre cette maladie(37).
Dans notre étude, le nombre d’enfants dans le ménage n’a pas été trouvé comme
facteur associé à la rougeole alors que des recherches menées en Afrique de l’Ouest ont
mis en évidence deux facteurs de la rougeole passés inaperçus et expliquant mieux
pourquoi la rougeole est parfois grave au point de mettre en danger et pourquoi certains
cas sont fréquents dans certaines régions à certaines époques. Ces deux facteurs sont la
promiscuité et le sexe. S’agissant de la promiscuité, la contagion peut se faire entre les
enfants d’une même famille ou entre les enfants de deux familles différentes. La contagion
entre les enfants d’une même famille est plus dangereuse que celle entre les enfants de
deux familles différentes (32).
31
La visite à l’hôpital dans les 7 à 21jours suivant l’apparition des premiers symptômes
a aussi été trouvée comme facteur associé à la rougeole. Hao et al. ont revelé dans une
étude en Chine sur les facteurs de risque de la rougeole chez les enfants de 0-7 mois en
2010 après une campagne de vaccination de masse que les cas de rougeole ont visité
l’hôpital pour une raison ou une autre 8-21 jours avant l’apparition des symptômes de
rougeole. Cela était valable pour les malades internés à l’hôpital et pour les malades en
ambulatoire(15) (38).Cela est corroboré par Hao et al. dans une autre étude menée en 2014
dans le même pays sur les facteurs de la rougeole chez les enfants de 8mois à 14ans après
une campagne de masse de vaccination où 36% des cas ont visité la clinique 8-21 jours
avant l’apparition des premiers signes de la maladie (39).Klein et al., ont dans une étude
menée dans un Centre de protection mère enfant d’Abidjan, présenté la rougeole comme
une infection nosocomiale chez 2/3 des cas traités dans la clinique dont les enfants de 9-
11mois sont les plus touchés (40).Les prestataires des soins susceptibles qui travaillent
dans les services de prise en charge des enfants sont à haut risque d’être une source de
contamination parmi les patients (41). Gao et al ont aussi démontré que les enfants non
vaccinés qui avaient visité l’hôpital de Wenzhou en Chine, de Novembre à Décembre 2010,
7 à 21 jours avant l’apparition des signes de la rougeole étaient 9 fois plus exposés que les
témoins à développer la rougeole. En effet, cet hôpital avait plusieurs cabinets de
consultations. Tous ces enfants accompagnés par des adultes ont été traités dans la même
salle après avoir partagé la salle d’attente, ont été exposés à divers pathogènes dans la
salle de traitement, celle-ci étant nettoyée et désinfectée une seule fois seulement par jour,
le matin (42).
La rougeole est une maladie aigue de l’enfance qui a des conséquences sévères sur
l’état nutritionnel. P.Bhaskaram et al. ont révélé dans ‘’rougeole et malnutrition’’ que les
effets nutritionnels adverses de la rougeole sont expérimentés et par les enfants malnutris
et ceux qui sont bien nourris. Cependant, les déficiences nutritionnelles comme le
kwashiorkor/le marasme sont précipitées seulement qui étaient déjà malnutris avant de
contracter la rougeole (43).La rougeole est aussi à l’origine de la mortalité élevée ainsi qu’au
prolongement du séjour à l’hôpital des enfants malnutris sévères (44).Par ailleurs P.Leela
Kumari et al. ont démontré , dans une étude menée en 2017 en Inde, qu’il existe une
association entre la malnutrition et l’absence de séroconversion chez les enfants de 4 à 12
ans qui ont reçu deux doses de vaccin anti rougeoleux (45).
LIMITES DE L’ETUDE
32
Cette étude a été menée dans 7 aires de santé de la Zone de Santé de Fungurume
alors que celle-ci compte 17 aires de santé. Les aires de santé qui ont été touchées ne
représentent que 30% de la population de la Zone de Santé de Fungurume et ne saurait
être représentatives de toute la population de la Zone de Santé.
Nous nous sommes contentés des informations disponibles au lieu de celles que
nous devrions collecter. Par exemple pour la possession de la carte de vaccination, nous
nous sommes limités à la déclaration des parents seulement.
Cette étude est la première à avoir été menée dans la Zone de Santé de Fungurume
alors qu’aucune n’a été menée antérieurement dans cette Zone, ses résultats sont
informatifs et elle peut servir de base pour les enquêtes à venir.
VI CONCLUSION
Depuis 2011, la Zone de Santé de Fungurume connait des flambées épidémiques à
répétition malgré la vaccination de routine et les campagnes de vaccination dont celle d’Avril
2017, la Zone a été suivie de l’apparition des cas de rougeole en 2018 de la 13è à la 42è
semaine. Les principaux facteurs associés à la rougeole dans cette Zone sont le manque
de vaccination, la malnutrition sévère, la visite à l’hôpital durant 7à 21jours précédant
l’apparition de la maladie.
A la lumière de cette étude, nous recommandons un renforcement des activités
vaccinales de routine au niveau de la zone de santé lesquelles doivent être complétées
régulièrement par les activités vaccinales de suivi. Les conditions de conservation doivent
être améliorées par la dotation des réfrigérateurs solaires aux aires de Santé qui en
manquent et les courbes de température des réfrigérateurs doivent être rigoureusement
complétées par les prestataires qui doivent être bien formés dans la gestion des vaccins et
autres intrants de vaccination.
Pour ce qui est de la malnutrition sévère, il faut une promotion des bonnes pratiques
nutritionnelles au niveau des ménages, une supplémentation régulière en vitamine A ainsi
que le développement des activités génératrices des revenus pour permettre aux ménages
d’avoir une alimentation balancée. En période des flambées épidémiques il sera nécessaire
de réduire les contacts entre les enfants non malades et ceux ayant développé la rougeole.
RECOMMANDATIONS
A la Zone de Santé
- De planifier les séances de vaccination en respectant toutes les stratégies pour
atteindre tous les enfants-cibles
33
- De vérifier régulièrement les conditions de conservation des vaccins
- De sensibiliser la communauté pour terminer le calendrier vaccinal des enfants
- D’organiser les campagnes de riposte dans les aires touchées par la rougeole
- D’assurer une bonne surveillance de toutes les maladies et de celle de la rougeole
en particulier
- D’investiguer correctement tous les cas de rougeole
A la Division provinciale
- D’organiser les audits de qualité des données de vaccination
- De superviser régulièrement les équipes cadres des Zones de Santé pour améliorer
la qualité de la vaccination
- D’accompagner les équipes cadres des Zones de l’organisation des ripostes en cas
de flambées épidémiques
Au Ministère de la santé
- De doter aux Zones de Santé le matériel adéquat de la chaine de froid
- D’organiser régulièrement les campagnes de vaccination de suivi contre la rougeole
- De mener un plaidoyer auprès des partenaires
A la communauté
- De respecter le calendrier de vaccination des enfants
- De bien conserver les différents documents relatifs à la vaccination de l’enfant
- D’amener les enfants au centre de santé pour la prise en charge à l’apparition des
signes de rougeole
III.BIBLIOGRAPHIE
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ANNEXES
Annexe 1 : Formulaire de consentement éclairé
39
resteront confidentielles.
Si vous avez des questions à me poser. Si oui=1 et non =0
Déclaration du consentement
Je reconnais avoir lu(ou avoir entendu lire) toutes les informations par rapport à cette étude,
contenues dans le présent formulaire de consentement.
En connaissance de cause, je marque volontairement mon accord pour y participer
gratuitement.
Nom de l’enquêté(e)……………………………………Fungurume, le……./……./2020
Signature
Pour tout renseignement supplémentaire, contacter le Dr Nathan KANABWINGI
KAN’FULEME au
Tél : +243810241634/+243995898423
40
I.INFORMATIONS SUR LES CARACTERISTIQUES SOCIODEMOGRAPHIQUES DE
L’ENFANT
41
III.EXPOSITION A UNE VISITE A L’HOPITAL
___________________
42
Q25 Si oui, quel est le plus haut niveau 0 = Sans niveau
d’études que vous avez atteint : d’instruction
primaire, secondaire ou supérieur 1 = Primaire
2 = Secondaire
3 =
Supérieur/Universitaire
Q26 quel est le plus haut niveau 0 = Sans niveau
d’études atteint par le papa : d’instruction
primaire, secondaire ou supérieur ? 1 = Primaire
2 = Secondaire
3 =
Supérieur/Universitaire
Q27 Votre ménage possède-t-il l’un des
éléments suivants :
L’électricité ?............................... 0 = Non 1 = Oui
Une horloge ?.............................. 0 = Non 1 = Oui
Une télévision ?.......................... 0 = Non 1 = Oui
Une radio ?................................. 0 = Non 1 = Oui
Un réfrigérateur/congélateur ?........ 0 = Non 1 = Oui
Un générateur électrique ou
groupe 0= Non 1 = Oui
électrogène ?..................................
0 = Non 1 = Oui
Une machine à laver le
0 = Non 1 = Oui
linge ?..............
0 = Non 1 = Oui
Un
0 = Non 1 = Oui
ordinateur ?...................................
0 = Non 1 = Oui
Un appareil photo
0 = Non 1= Oui
numérique ?.........
0 = Non 1 = Oui
Un
magnétoscope ?............................ 0 = Non 1 = Oui
0 = Non 1 = Oui
43
Un lecteur 0 = Non 1 = Oui
DVD/VCD ?........................ 0 = Non 1 = Oui
Une machine à 0 = Non 1 = Oui
coudre ?........................
Une machine à coudre ?................
Au moins un lit ?.............................
Une moto ?....................................
Une bicyclette ?.............................
Une voiture ou une camionnette ?
Un
bateau ?......................................
Q34 Quand
Q35 Si oui, pour combien de temps ? 1. moins d’une semaine
2. 1 semaine
3. 2 semaines
4. 3 semaines
5. 1 mois
6. Plus d’un mois
44
45