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L Analyse Des Textes Litteraires Une Methodologie Complete Le Paragraphe

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HÉBERT (Louis), « Le paragraphe », L’Analyse des textes littéraires.

Une méthodologie
complète, p. 173-178

DOI : 10.15122/isbn.978-2-8124-3329-0.p.0173

La diffusion ou la divulgation de ce document et de son contenu via Internet ou tout autre moyen de communication ne
sont pas autorisées hormis dans un cadre privé.

© 2014. Classiques Garnier, Paris.


Reproduction et traduction, même partielles, interdites.
Tous droits réservés pour tous les pays.
LE PARAGRAPHE

La macro-structure textuelle que nous avons présentée dans le


chapitre sur la structure générale de ­l’analyse correspond grosso
modo, ­comme on le verra, à la structure classique ­d’un paragraphe
et/ou ­d’une idée principale ou secondaire (une idée peut ­s’étendre sur
plus d­ ’un paragraphe, ­comme elle peut débuter ou finir en milieu de
paragraphe).
Remarque : développement, parties et paragraphes
Un développement ­comporte en principe au moins deux parties (ou sec-
tions). Il peut en ­comporter trois, quatre, etc. Il faut distinguer parties et
paragraphes. Pour simplifier, on enseigne souvent le principe ­d’une partie,
un paragraphe. La réalité est, heureusement, plus c­ omplexe. En fait, une
partie peut ­comporter un ou plusieurs paragraphes. L­ orsqu’elle ­comporte
plusieurs paragraphes, il faut particulièrement surveiller les transitions,
puisque le lecteur ne pourra plus se fier au changement de paragraphes
pour savoir ­qu’il a changé de partie ; autrement dit, si la transition ­n’est
pas claire, il pourrait croire être dans une autre partie alors ­qu’il est dans
un autre paragraphe de la même partie. Exemple : section 1 à deux para-
graphes et section 2 à cinq paragraphes et section 3 à deux paragraphes.
Au milieu de la section 2, on peut se demander si on ­n’est pas passé à la
section 3. Pour éviter ce piège, on peut placer des intertitres (des titres dans
le texte et pas seulement au début du texte). À vouloir de force créer une
partie avec un seul paragraphe, on peut ­commettre les erreurs suivantes :
(1) paragraphe trop long, (2) paragraphe ­contenant plus ­d’une idée. Il ne
­s’agit pas non plus de tomber dans ­l’excès opposé et produire de multiples
paragraphes courts.

Tout ­comme le mot est ­l’unité de la phrase, la phrase est celle du


paragraphe et le paragraphe, celle du texte. Un texte d­ ’une certaine
étendue se subdivise donc en paragraphes. En général, un paragraphe
­comporte au minimum deux phrases et remplit au minimum trois
lignes.

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174 ­­L’ANALYSE DES TEXTES LITTÉRAIRES

FORMES DU PARAGRAPHE

Un paragraphe ­combine des idées générales (plus larges, plus abs-


traites) et des idées particulières (plus précises, ­concrètes). En tenant
­compte de la répartition des types ­d’idées, on dira que le paragraphe
peut prendre quatre formes : entonnoir, pyramide, hexagone, sablier :
Le paragraphe entonnoir ­commence par une idée générale qui est ensuite
développée au moyen ­d’exemples, ­d’arguments, de faits, et de statistiques
qui ­constituent tous des détails particuliers. Dans le paragraphe pyramide,
­c’est le ­contraire : on fournit les détails et les explications d­ ’abord, puis on
termine par une idée générale. Dans ­l’hexagone, ­l’idée générale se trouve au
centre du paragraphe ; elle est introduite au moyen ­d’exemples ou de faits
particuliers. Cette idée générale est ensuite ­complétée par ­d’autres détails
particuliers. Enfin, le sablier c­ ommence et se termine par une idée générale,
soit que la deuxième est une reprise de la première, soit ­qu’elle sert à la fois de
mini-­conclusion et de transition à ce qui suit. Dans le monde administratif ou
scientifique, les formes préférées sont l­ ’entonnoir et le sablier, deux types de
paragraphes qui ­commencent par une idée générale (Lozier, 1994 : 106-107)

STRUCTURE DU PARAGRAPHE

Un paragraphe peut adopter la structure interne présentée dans le


tableau qui suit.

EXEMPLE LITTÉRAIRE EXEMPLE NON


PARTIE DU
(sujet : prouver que tel LITTÉRAIRE (sujet : la
PARAGRAPHE
poème est symboliste) cigarette)
La bohème est un thème
La fumée secondaire de la
1. Idée énoncée (ié) symboliste présent dans ce
cigarette est nocive.
poème.
En effet, la fumée inha-
Par bohème, on entend une lée involontairement par
2. Idée expliquée (ie) vie sans règles et sans souci ­l’entourage du fumeur peut
du lendemain. causer des graves problèmes
de santé.

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Le paragraphe 175

Ce thème se trouve notam-


ment dans la citation sui- Une étude américaine
3. Idée argumentée
vante : « Comme toutes les toute récente vient de le
(ia)
nuits, ­j’ai dormi à la belle ­confirmer.
étoile ».
Au surplus, ce thème se
retrouve également dans des
En ­conséquence, fumer ne
poèmes du même auteur
peut plus être ­considéré
4. Idée ­commentée aux titres explicites à cet
­comme un choix individuel
(ic) égard :« Pourquoi se soucier
dont on assume seul les
de demain ? », « La dolce
­conséquences.
vita », « Avec les gitans »,
etc.
La bohème est souvent liée Cela étant, s­ ’agit-il ­d’une
au voyage. Or un autre raison suffisante pour inter-
5. Idée liée à ­l’idée
thème typiquement symbo- dire de fumer ? Voyons des
suivante (il)
liste est celui du Nord et de raisons qui militent ­contre
­l’Orient. cette interdiction.

Fig. 8 – La structure du paragraphe

Voici ­comment ­L’Indispensable (document méthodologique du collège


François-Xavier-Garneau de Québec, s.d.) présente cette structure :
(1) ­L’énoncé de ­l’idée peut se faire sous forme […] ­d’assertion [affirmative ou
négative], plus rarement sous forme de question ou ­d’hypothèse. (2) En deu-
xième partie, il faut souvent donner des explications sur les mots, les idées ou
les ­concepts ­qu’on a utilisés lors de ­l’énoncé de ­l’idée : on indique alors ­qu’on
maîtrise les c­ oncepts ou idées, ­qu’on leur donne telle acception [tel sens] ­compte
tenu de [la question étudiée] ; on peut aussi présenter ­l’ensemble de ce ­qu’on
­connaît sur le ­concept ou ­l’idée. (3) Tout cela demande à être prouvé : ­c’est la
troisième partie. On procède par exemples, citations, [etc.]. (4) Après avoir
énoncé, expliqué, prouvé, on tire les c­ onséquences ou les c­ onclusions. ­L’affirmation
ou l­ ’assertion de départ est-elle toujours vraie ou fausse ? Comment peut-on
maintenant répondre à la question posée ? ­L’hypothèse est-elle infirmée ou
­confirmée ? Il s­ ’agit d­ ’indiquer dans cette quatrième partie ce q­ u’on peut tirer
des faits ou idées que l­ ’on a prouvés. (5) La dernière partie du développement
­consiste à assurer une transition en indiquant un lien (logique) entre l­’idée
que l­ ’on quitte et celle du prochain paragraphe. 

REMARQUE : AUTRES STRUCTURES DU PARAGRAPHE


­ ’autres auteurs, par exemple Frakland (1998), propose la structure suivante :
D
­l’énoncé, l­ ’explication, ­l’illustration, la mini-­conclusion. Le terme d­ ’illustration
nous semble moins clair que celui ­d’argumentation (illustrer ressemble
beaucoup à expliquer et illustrer ­n’est ­qu’une des formes ­d’argumentation

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176 L’ANALYSE
­­ DES TEXTES LITTÉRAIRES

possible). Produire une mini-­conclusion peut être interprété c­ omme produire


un résumé du paragraphe. Il n­ ’est rien de plus ennuyeux que de lire un résumé
qui non seulement ­n’ajoute aucune information nouvelle mais intervient à
la fin ­d’un paragraphe très court, ­c’est-à-dire dont le ­contenu est net à la
mémoire du lecteur.

Plusieurs remarques ­s’imposent :

–– Nous élargissons les possibilités de la partie 5 que précise


­L’indispensable. ­L’idée ­commentée (ou interprétée) touchera un
ou plusieurs des aspects suivants de l­ ’idée : cause, c­ onséquence ;
lien avec d ­ ’autres éléments du fond ou de la forme, que ce
soit du même texte, de textes différents du même auteur ou
de textes ­d’autres auteurs ; lien avec le mouvement, avec le
­contexte historique, biographique ; etc. Voir la section sur
­l’interprétation dans le chapitre sur la structure de ­l’analyse.
–– Cette structure peut être celle d ­ ’un paragraphe mais rien
­n’interdit q­ u’un même paragraphe traite de deux idées proches
et donc ­comporte deux fois cette structure. De plus cette
structure peut également correspondre à celle ­d’une partie
du développement, même si cette partie ­comporte plusieurs
paragraphes (rappelons ­qu’une partie du développement peut
­comporter un ou plusieurs paragraphes, même si dans les
textes courts partie et paragraphe correspondent souvent : le
paragraphe 1 correspondra à la partie 1 et le paragraphe 2 à
la partie 2).
–– De plus, une même idée peut nécessiter de reproduire cette
structure ou une partie de cette structure à ­l’intérieur
même d­ ’une des parties de la structure. Par exemple, l­ ’idée
­commentée pourra elle aussi être ­constituée ­d’une idée énon-
cée, ­d’une idée expliquée, etc. La même chose est possible
pour ­l’idée expliquée et ­l’idée argumentée. ­D’ailleurs, cela
se produit fréquemment pour l­ ’idée argumentée l­orsqu’elle
­consiste en une citation. Il s­ ’agit alors non pas uniquement
de citer, mais ­d’expliquer la citation (ié) puis de ­commenter
(ic). Le tableau ci-dessous illustre ce cas de dédoublement
de la structure.

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Le paragraphe 177

EXEMPLE LITTÉRAIRE
PARTIE DU
(sujet : prouver que tel poème
PARAGRAPHE
est symboliste)
La bohème est un thème symboliste présent dans
1. Idée énoncée (ié)
ce poème.
Par bohème, on entend une vie sans règles et
2. Idée expliquée (ie)
sans souci du lendemain.
Ce thème se trouve notamment dans la citation
suivante : « Comme toutes les nuits, ­j’ai dormi
3. Idée argumentée (ia)
à la belle étoile ». (ié) Dormir régulièrement à la
3.1. idée expliquée (ié de ia)
belle étoile est un mode de vie proche de celui
des Bohémiens.
Au surplus, ce thème se retrouve également dans
des poèmes du même auteur aux titres explicites
4. Idée ­commentée (ic)
à cet égard : « Pourquoi se soucier de demain ? »,
« La dolce vita », « Avec les gitans », etc.
La bohème est souvent liée au voyage. Or un
5. Idée liée à ­l’idée suivante
autre thème typiquement symboliste est celui du
(il)
Nord et de ­l’Orient.

Fig. 9 – Exemple de structure dédoublée du paragraphe


–– Les parties de la structure peuvent être fusionnées dans une
même phrase dans certains cas. Comparez : (1) (ié) La bohème
est un thème symboliste présent dans ce poème. (ie) Par « bohème »,
on entend une vie sans règles et sans souci du lendemain. ET (2) (ié
+ ie) La bohème, vie sans règles et sans souci du lendemain, est un
thème symboliste présent dans ce poème.
–– Certaines parties, dans certains cas, deviennent facultatives
sinon inutiles voire interdites (­c’est le cas par exemple de ­l’ie,
facultative lorsque ­l’ié est très claire). Le tableau ci-dessous
donne des précisions et exemples.

PARTIE DU EXEMPLE
PARAGRAPHE LITTÉRAIRE
1. Idée énoncée (ié) Obligatoire
2. Idée expliquée (ie) Obligatoire
Facultative, inutile ou (ié) Hamlet, dans la pièce
interdite (lorsque ­l’ié est de Shakespeare, est atteint
très claire) de folie.

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178 ­­L’ANALYSE DES TEXTES LITTÉRAIRES

(ié) Contrairement à ce
que l­ ’on pourrait penser,
3. Idée argumentée
Obligatoire Hamlet ­n’est pas le person-
(ia)
nage principal de la pièce
du même nom.
(ié) Hamlet est le person-
Facultative, inutile ou
nage principal de la pièce
interdite dans certains cas
Hamlet de Shakespeare. OU
rares
(ié) Le soleil se lève à ­l’est.
4. Idée ­commentée
Obligatoire
(ic)
5. Idée liée à ­l’idée
Obligatoire (sauf exception)
suivante (il)

Fig. 10 – Parties obligatoires et facultatives dans le paragraphe


–– Dernière remarque : la transition peut se faire au début du
paragraphe qui suit.

QUALITÉS DU PARAGRAPHE

Selon G. Losier (1994 : 105-119), un paragraphe répond à trois cri-


tères : (1) unité de sens, (2) cohérence et (3) relief.

1. Unité : Chaque phrase d­ ’un paragraphe se rapporte à la même idée


(ou glose). Cette idée est ce qui demeure ­lorsqu’on résume le paragraphe.

2. Cohérence : Un paragraphe peut respecter la règle d­ ’unité, mais ne


pas être cohérent si les phrases ne sont pas organisées de façon logique
(par exemple, on semble annoncer un exemple, mais il ne vient pas).

3. Relief : Un paragraphe peut avoir l­’unité et la cohérence sans


posséder le relief nécessaire pour rendre le texte intéressant et donc
facile à assimiler. Pour ­qu’il y ait relief, (1) il faut décider ce ­qu’on met
au premier plan, ce q­ u’on relègue au second et (2) prendre les moyens
pour mettre en relief. Par exemple, on placera l­ ’idée importante dans la
proposition principale (et non dans la subordonnée) ; on évitera des phrases
trop longues où se noie ­l’idée principale ; on utilisera des marqueurs de
relation entre les phrases (« or », « cependant », etc.) ; etc.

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