Parnassa
Parnassa
Parnassa
LES CLÉS
DE LA PARNASSA
AUTEUR
Rav Aharon ZAKAY
•
TRADUCTION
Chochana CHAOUAT
•
RELECTURE
Elodie BENATAR
Philippe STEBOUN
•
COUVERTURE
Zelda LEOTARDI
•
DIRECTION
Binyamin BENHAMOU
Israël
Tél.: 077.466.03.32
contact@torah-box.com
www.torah-box.com
Imprimé en Israël
Ce livre comporte des textes saints, veuillez ne pas le jeter n'importe où,
ni le transporter d'un domaine public à un domaine privé pendant Chabbath.
Note de l'éditeur
Il est écrit : « Béni soit l’homme qui met sa confiance en D.ieu, et dont
Hachem est l’espoir ! » (Jérémie 17,7)
à la mémoire de
M. & Mme Jacques -Itshak- BENHAMOU
au Roch-Collel :
Rav Eliezer FALK
aux Rabbanim :
Rav Tséma’h ELBAZ
Rav ‘Haïm BENMOCHÉ
Rav Tsvi BREISACHER
Rav Eliahou UZAN
TABLE DES MATIÈRES
• Glossaire p.299
7
Chapitre 1
Une confiance absolue
une confiance absolue 9
Il est écrit dans les Téhilim (55,23) : « Décharge-toi sur Hachem de ton fardeau, Il
prendra soin de toi. » Par ailleurs, dans la Guémara, il est mentionné (Avoda Zara,
3b) : « La journée comprend douze heures. Durant les trois premières, le Saint
béni soit-Il étudie la Torah. Les trois suivantes, Il juge le monde entier, mais
puisqu’Il voit que le monde devrait être détruit, Il quitte le trône de Rigueur
et rejoint celui de la Miséricorde. Pendant les trois autres, Il nourrit le monde
entier, des cornes du buffle aux œufs de poux. Durant les trois dernières… »
« Il s’agit d’un avertissement, lui dit ce dernier. Je dois dès aujourd’hui aller
apporter au propriétaire du village ma redevance de fermage. Si après trois avis
de ce genre, je ne l’ai toujours pas fait, il me fera arrêter, ainsi que toute ma
famille.
10 les clés de la parnassa
- Si l’on en juge par ton calme, il semblerait que tu aies cette somme, lui fit
remarquer le Baal Chem Tov. Alors, avant que nous ne mettions à table, va la
lui remettre, ne le fais pas attendre.
-C’est que, pour l’instant, je n’ai pas un sou, lui répondit le vieil homme. Mais
Hachem va sûrement m’aider. Venez, mangeons tranquillement. Après tout, j’ai
encore trois heures devant moi. »
- As-tu tout ce qu’il faut, à présent ? lui demanda le Baal Chem Tov.
- Je n’ai toujours pas un sou, répliqua-t-il, mais il est certain que le Tout-Puissant
va m’envoyer ce dont j’ai besoin. » Puis il sortit de la maison.
Le Baal Chem Tov et ses élèves se postèrent sur le balcon, impatients de connaître
la suite des évènements. Soudain, ils aperçurent une carriole qui s’approchait
de l’homme. Quand elle fut à sa hauteur, le cocher échangea quelques mots
avec le vieil homme, qui continua sa route. Après un court instant, la carriole
s’arrêta de nouveau. Le cocher lui cria de revenir vers lui et lui tendit de l’argent.
Quand la charrette fut suffisamment proche, le Baal Chem Tov demanda au
conducteur :
- Je lui ai proposé de lui acheter à l’avance tout son stock d’eau-de-vie qu’il
produirait l’hiver prochain. Au départ, je ne fus pas d’accord avec le prix qu’il
demandait. Mais quand je vis qu’il ne négocierait pas et qu’il était prêt à passer
son chemin, je fus obligé de lui donner ce qu’il réclamait. Je sais que c’est
quelqu’un de droit, en qui je peux avoir confiance. Je voulais continuer à parler
avec lui mais il m’a dit qu’il devait se dépêcher d’aller payer sa dette à son
propriétaire.
Chapitre 2
Dans la Guémara (Kétoubot 67b), il est rapporté qu’un jour un homme alla
chez Rava demander la Tsédaka.
Pendant qu’ils conversaient, la sœur de Rava, qu’il n’avait pas vue depuis treize
ans, arriva. Elle lui apportait une poule bien grasse et du vin cuit. Devant cette
scène imprévue, Rava s’exclama : « Que se passe-t-il ? Voici que ma sœur me
rend visite alors qu’elle n’en a pas l’habitude, et que, de plus, elle m’apporte
ce précieux chargement ! » Puis s’adressant à son visiteur : « Je t’ai secoué par
mes paroles, j’ai exagéré en m’opposant ainsi à toi. Lève-toi et mange cette
nourriture à laquelle tu es habitué. »
Cet épisode édifiant nous montre l’importance d’une croyance sincère. Si nous
sommes confiants dans le fait qu’Hachem pourvoit à tous nos besoins, nous
ne saurions être déçus, bien au contraire. Car du Ciel nous recevrons tout ce
qui nous est nécessaire. L’esprit ainsi dégagé des soucis de subsistance, nous
pourrons nous adonner librement à l’étude de la Torah.
Attention à l’excès !
Souvent, nous pouvons remarquer que des tentatives personnelles répétées pour
améliorer une situation ne sont non seulement d’aucun effet, mais tendent au
contraire à l’aggraver. A ce sujet, on raconte dans la Guémara (Souccot, 53a)
l’histoire de deux scribes de Chlomo Hamélekh, Eli’horef et A’hiya. Un jour,
Chlomo Hamélekh vit que l’ange de la mort était désappointé et il lui en
14 les clés de la parnassa
demanda la raison. « Le moment est venu pour Eli’horef et A’hiya de mourir,
lui expliqua-t-il, et je ne puis accomplir ma mission car il n’a pas été décrété
qu’ils mourraient en ce lieu. » En entendant cela, Chlomo Hamélekh voulut
les sauver. Il ordonna à des Chédim d’escorter les deux hommes jusqu’à la ville
de Louz, dans laquelle l’ange de la mort n’avait pas d’emprise. Mais alors qu’ils
étaient arrivés à la porte de la ville, l’ange de la mort s’empara de leurs âmes. Le
lendemain, Chlomo Hamélekh le rencontra de nouveau, et cette fois l’envoyé
macabre affichait un visage souriant.
-Car il avait été décrété qu’ils mourraient aux portes de la ville de Louz. Je
ne pouvais pas les tuer à un autre endroit et toi, tu m’as aidé à les transporter
précisément là où je devais agir.
-Les pas de l’homme sont guidés par le Ciel, et le conduisent là où on veut qu’il
aille » s’exclama Chlomo Hamélekh.
Cette histoire est l’illustration parfaite de l’effet provoqué par des efforts
personnels exagérés. Parfois, un excès d’initiatives peut tout bonnement
conduire à l’opposé de ce que nous escomptions.
Pensant pouvoir échapper à son sort, le non-Juif prit ici une initiative qui
produisit l’inverse de ce qu’il escomptait. En voulant préserver sa fortune, il la
livra tout droit dans les mains de son voisin juif.
1. Rachi et les Tossefot rapportent l’histoire d’une jeune fille qui tomba dans un puits. Un jeune homme passa par là et
lui proposa de la sauver si elle voulait bien l’épouser. Elle accepta et ils prirent pour témoins de leur engagement mutuel
le puits et un rat. Or, après quelques années, le jeune homme épousa une autre femme, tandis que la jeune fille attendait
toujours. L’homme eut deux garçons. Le premier se fit mordre par un rat et mourut, tandis que le deuxième tomba
dans un puits et subit le même sort. L’épouse demanda au mari s’il savait pourquoi de telles choses leur arrivaient. Il lui
raconta son ancienne promesse. Alors, elle le pria de se rendre auprès de cette jeune fille et de l’épouser.
17
Chapitre 3
Un semblant de confiance
un semblant de confiance 19
Il est écrit (Yirmiya 17,7) : « Béni soit l’homme qui se confie en l’Eternel, et dont
l’Eternel est l’espoir ! » Lorsqu’un homme croit vraiment et sincèrement dans le
Tout-Puissant, il place tout son espoir en Lui et n’a plus peur de rien.
Dès lors, le plâtrier quitta son travail et se plongea dans l’étude de la Torah.
Il apprit le ’Houmach et lut des Téhilim, rempli de l’espoir de recevoir les
dix mille roubles… Plusieurs semaines s’écoulèrent et l’argent tardait à venir.
Dans la maison de l’artisan, il ne se trouva plus un sou et la faim se fit sentir.
L’homme décida de retourner auprès de Rav Israël pour lui demander pourquoi
la promesse ne s’était pas encore accomplie.
Le plâtrier accepta la proposition avec joie. C’est alors que Rav Israël lui fit ce
reproche : « Si tu es prêt à échanger dix mille roubles contre cinq mille, cela
montre que tu n’as pas véritablement confiance que tu les recevras. Si tu n’y
crois pas vraiment, ne t’attends pas à les recevoir… »
20 les clés de la parnassa
Le Rav lui répondit par une histoire vécue par son père, le Gaon Rav ’Haïm. Un
habitant de Brisk avait pour fonction de récolter de l’argent pour des œuvres
caritatives. Un jour, un escroc l’attira par ses bonnes paroles et réussit à lui
voler tout ce qu’il avait ramassé. L’émissaire courut chez le Rav de Brisk et lui
conta sa mésaventure en pleurant amèrement. Le Rav lui demanda de revenir le
lendemain, et qu’il lui donnerait ce qui lui manquait.
« S’il en est ainsi, je vais te remettre une lettre attestant que tu es quelqu’un
d’intelligent et de censé.
- Il en est de même pour toi, conclut Rav Its’hak Zéev Soloveïtchik en s’adressant
au négociant, tu entends l’explication, et même t’en émerveilles, mais subsiste
en toi la même inquiétude. "Mais, qu’en est-il de l’argent", continues-tu à te
demander. »
23
Chapitre 4
Une fois, son beau-frère vint au Beth Hamidrach, et le trouva en train de chanter
des louanges avec une grande exaltation. Il lui dit une pointe de méconten-
26 les clés de la parnassa
Une fois, l’un des importants Rabbanim de la région se présenta à son domicile.
Or Rav Eïzik n’avait pas une seule chaise à offrir à cet invité prestigieux. Les
enfants s’empressèrent d’apporter deux pierres sur lesquelles ils posèrent une
planche et proposèrent ce siège de fortune au Rav.
-Sans vouloir vous froisser, répondit Rav Its’hak Eïzik à son invité, puis-je vous
demander pourquoi vous n’avez pas avec vous votre table et vos chaises ?
-La question ne se pose pas, répondit l’invité étonné. Je ne fais que passer chez
vous, je ne suis pas chez moi !
- Moi aussi, s’exclama Rav Its’hak Eïzik avec une pointe de tristesse dans la
voix, je ne suis qu’un invité de passage là où je me trouve. Aujourd’hui, je suis
là, et demain qui sait où je me trouverai ? Pourquoi devrais-je m’inquiéter du
lendemain, alors que je n’ai pas encore résolu tous mes problèmes de ce jour ? »
des inquiétudes superflues 27
-Moi aussi, expliqua le Rav, je dois tous les mois payer les Avrékhim, et je ne
m’inquiète pas pour autant.
-Soit, conclut le Roch Yéchiva, si j’avais la même dose de Bita’hone que le Rav de
Brisk, je ne serais sûrement pas soucieux ! »
Une fois, un proche du Rav lui fit cette remarque : « Si seulement nous pouvions
trouver un donateur qui prenne en charge l’ensemble des besoins du Collel tout
au long de l’année ! » Le Rav répondit : « Même si on me donnait un million de
dollars, je ne vendrais pas la Mitsva de Bita’hone que j’accomplis toutes les fins
de mois, d’année en année. »
28 les clés de la parnassa
A domicile
Une fois, le prix du pain augmenta tant que celui-ci commença à manquer,
particulièrement chez les érudits. Après bien des efforts, on parvint à obtenir de
la farine, afin de la distribuer aux pauvres. On prévint tous les érudits de la ville
qu’ils devaient se rendre à un certain endroit pour y récupérer leur part.
Or Rav Yom Tov Yédid Halévi ne réagit pas à cet appel et ne bougea pas du Beth
Hamidrach. Nombreux lui demandèrent la raison de son indifférence. Il répon-
dit : « Personne ne sera lésé de ce qui lui a été attribué, et si Hachem désire me
donner ma part, Il me l’enverra jusqu’à l’endroit où je me trouve… »
Il en fut effectivement ainsi. Un riche se présenta à lui et lui remit deux lires
d’or, lui précisant que lorsque cet argent serait épuisé, il pourrait venir le voir
et qu’il lui en redonnerait. Cette situation se prolongea pendant deux ans, voire
peut-être même davantage.
L’Admour les bénit et leur souhaita la réussite, tout en concluant : « Il n’y a pas
lieu de vous inquiéter. Le Tout-Puissant a nourri les pauvres durant les années
des inquiétudes superflues 29
« Saint Rabbi, s’écria l’homme les yeux embués de larmes, ma maison est vide.
Je n’ai pas de quoi nourrir mon épouse et mes jeunes enfants.
- Mais je ne sais pas comment prier, poursuivit l’homme d’une voix entrecoupée
de sanglots.
-S’il en est ainsi, conclut le Rav en secouant la tête, ce souci est bien plus grand
que celui de la subsistance, que tu as mentionné en premier. »
31
Chapitre 5
Tout ceci nous enseigne que la Parnassa est déterminée par le Ciel et qu’Hachem
attribue à chacun ce qui lui revient. Ainsi, nous ne devons pas nous inquiéter
outre mesure si nos biens de subsistance sont quelque peu restreints. Au
contraire, nous devons avoir confiance dans le Roi du monde Qui nous fournira
la part qui nous a été octroyée, comme l’illustre le récit suivant.
1. L’exemple est donné de la femme Chounamit qui a mérité la résurrection de son fils pour avoir nourri le prophète
Elicha.
34 les clés de la parnassa
Ce spectacle inattendu fit réfléchir le bûcheron. « Ce qui se passe avec cet ours
tient du prodige. Alors pourquoi devrais-je continuer à abattre des arbres ?
Celui Qui nourrit cet animal nous nourrira également. » Aussitôt, il rassembla
tous ses outils et repartit chez lui.
« Tu vois ce que tu as fait ! Tu ne veux pas travailler et nous n’avons même plus
d’âne ! dit l’épouse.
- Celui Qui nourrit l’ours, nous nourrira aussi » déclara le mari, confiant.
Les gens qui avaient loué l’âne étaient des brigands. Ils avaient croisé un
homme en chemin, l’avaient dévalisé et tué. Alors qu’ils creusaient un trou
pour l’ensevelir, ils découvrirent un trésor. C’est pourquoi ils louèrent un âne
afin de transporter ce butin pour se le partager. Ils disposèrent le trésor dans
des sacs qu’ils chargèrent sur l’animal. Mais ils ne se hâtèrent pas de prendre
la route car ils avaient faim. Ils attachèrent donc l’âne à un arbre. Puis, d’un
commun accord, ils décidèrent que l’un d’entre eux irait en ville chercher de la
nourriture, tandis que le deuxième resterait surveiller le précieux chargement.
il nourrit et sustente le monde entier 35
Lorsque le premier fut de retour, son compagnon l’invita à s’asseoir sur le sac.
Comme prévu, le brigand tomba dans le trou. Puis son compère s’installa
tranquillement et se mit à manger. Il n’avait pas avalé quelques bouchées qu’il
se tordit de douleur et mourut également.
Dès qu’il le vit, le bûcheron le déchargea de son fardeau. Il ouvrit l’un des sacs et
ses yeux se mirent à briller. Il contenait de l’or et de l’argent, ainsi que des bijoux
et des pierres précieuses. Il appela aussitôt sa femme et lui dit : « Vois comme
nous sommes riches, et nous avons même récupéré notre âne. Je te l’avais bien
dit : Celui Qui nourrit l’ours, nous nourrira aussi… »
« Grâce à D.ieu, répondit l’ancien Avrekh, la mine réjouie, j’ai fait dernièrement
de très bonnes affaires, je n’ai pas à me plaindre. »
Quelques minutes plus tard, le Rav réitéra sa question. L’ancien élève répondit
de nouveau que ses affaires étaient florissantes. Quand il lui reposa pour la
troisième fois la même question, l’invité commença à expliquer en détail toutes
les affaires qu’il avait conclues durant ces dernières années.
36 les clés de la parnassa
Chapitre 6
Les gens sont inquiets et s’interrogent sur leur avenir ; que va-t-il advenir de leur
Parnassa et de celle de leur famille ? Ils s’en soucient en raison des propos tenus
par des personnes « bien informées », qui propagent que la misère va s’amplifier
et les sources de subsistance s’épuiser.
A quoi cela peut-il être comparé ? A la situation d’un empereur puissant, régnant
sur plusieurs grandes et riches contrées dont les récoltes sont abondantes et les
biens précieux. Les habitants de ces régions jouissent d’une aisance matérielle
appréciable : ils ont la possibilité d’acheter du blé et de le revendre aux pays
voisins.
- C’est que j’ai pitié pour ce pauvre et bel oiseau qui est destiné à mourir de faim
dans le palais royal. »
« Ne savez-vous pas qu’on a découvert une bande de conspirateurs qui voulaient
porter atteinte à l’empereur ? questionne leur compagnon. Dans des moments
comme celui-ci, qui se souciera des besoins en eau et en nourriture d’un petit
oiseau ? ajoute-t-il.
40 les clés de la parnassa
-Tu n’es qu’un idiot ! se moquent de lui ses collègues. Et ils ajoutent : « Parce
qu’une poignée d’insensés ont conspiré en s’imaginant pouvoir renverser un
empereur aussi influent et prospère, on ne pourrait plus trouver dans le palais
quelques graines pour nourrir un petit oiseau ? »
Que toutes les personnes rongées par l’inquiétude, celles dont le visage est
assombri par leur course effrénée pour assurer leur subsistance, prennent ces
paroles en considération. Celles d’un petit groupe de mécréants insensibles
et plongés dans l’erreur, qui essaie de faire dévier du bon chemin en arguant
qu’Hachem ne peut pas nourrir toutes Ses créatures. Est-ce que vraiment
quelques sots peuvent empêcher Hachem de nous pourvoir de la poignée de
graines nécessaire pour notre subsistance ? (Michlé Ha’Hafets ‘Haïm)
41
Chapitre 7
La Parnassa étant déterminée par le Ciel, il nous incombe donc de prélever une
partie de notre argent pour la donner à la Tsédaka et aux étudiants en Torah.
Si nous ne le faisons pas, cette somme nous sera reprise par un autre biais.
Nous serons par exemple contraints de procéder à des réparations coûteuses, à
la maison ou sur notre véhicule. Il va sans dire qu’il est préférable de dépenser
notre argent pour des Mitsvot. Par ailleurs, il se pourrait aussi qu’il ait été décrété
que nous ayons des dépenses de santé et des frais d’hospitalisation. Le fait de
donner de l’argent à la Tsédaka a le pouvoir d’annuler cette sentence, car la
somme que nous devions dépenser l’a bel et bien été. Et nous évitons de plus la
maladie et les souffrances.
On raconte dans le Midrach (Vayikra Rabba 34,12) que lors d’une nuit de Roch
Hachana, Rabbi Chimon Bar Yo’haï rêva que ses neveux allaient devoir payer
six cents dinars à l’Empire. Il les fit appeler et les désigna pour distribuer la
Tsédaka. Ils lui demandèrent :
- Prélevez-le de vos propres biens et notez toutes les sommes dans un carnet. A
la fin de l’année, s’il vous manque quelque chose, je complèterai. »
Dès qu’il apprit la nouvelle, Rabbi Chimon Bar Yo’haï alla les trouver.
« Combien d’argent avez-vous donné cet année à la Tsédaka ? » leur demanda-t-
44 les clés de la parnassa
il. Ils exhibèrent alors le carnet qu’ils avaient rempli. Au total, ils avaient donné
cinq cent quatre-vingt-quatorze dinars.
Les prisonniers lui remirent la somme et Rabbi Chimon Bar Yo’haï alla
directement voir l’envoyé, auquel il fit promettre de ne rien dévoiler à l’empereur,
en échange des six dinars. Puis l’émissaire libéra les neveux.
-Alors, pourquoi ne nous as-tu pas avertis ? Nous aurions pu donner les six
dinars supplémentaires à la Tsédaka, s’étonnèrent-ils.
-Je sais que si je vous l’avais dévoilé, vous m’auriez cru et auriez remis cet argent
aux pauvres, renchérit Rabbi Chimon. Mais j’ai choisi de vous le cacher pour
que votre geste soit accompli pour la Mitsva. Sinon vous auriez juste cherché à
échapper au gouvernement. »
45
Chapitre 8
La roue tourne
la roue tourne 47
Un jour, l’un des ’Hassidim de Rav Avraham Yéhochoua Héchil d’Apta vint
se plaindre auprès de lui de sa situation précaire. Le Tsadik lui dit : « Je vais te
remettre une lettre à l’intention d’une de mes connaissances, très fortunée, pour
qu’elle te donne deux cents roubles sur mon compte. » Ainsi fut fait et le pauvre
alla trouver le riche. Au départ, il ne lui dévoila pas la présence de la lettre et lui
dit simplement qu’il venait de la part du Rav. Le nanti le reçut avec affabilité et
l’invita à séjourner chez lui.
des riches, pour mendier du pain. Ses pas le menèrent à Apta. Il se souvint de
la lettre du Rav, ainsi que de toutes les aventures qui lui étaient arrivées depuis,
et fut pris de remords de ne pas avoir accédé à sa demande. Il comprit que son
comportement était la cause de ses malheurs. Arrivé dans la cour du Tsadik, il
se mit à crier à tue-tête qu’on le laissât entrer. Mais le Tsadik ordonna qu’on l’en
empêchât.
Chapitre 9
« Il me semble que tu te sois résigné à ton triste sort. C’est pourquoi je voudrais
t’aider.
-Au contraire, moi, j’ai encore de quoi espérer, lui répondit le pauvre, mais
vous, en revanche, vous me paraissez être complètement perdu."
- D.ieu m’en préserve, je ne maudis personne, répondit le pauvre hère. Mais c’est
vrai qu’il y a de l’espoir. David, roi d’Israël, l’a dit (Téhilim 113,7) : "Redressant le
pauvre de la poussière, relevant le malheureux des déchets". Ainsi, qui peut vraiment
abandonner toute espérance ? Tant qu’il vit, l’homme continue d’espérer. Seuls
les morts qui n’ont plus rien à attendre de ce monde. »
Ces paroles firent réfléchir le riche, qui se dit : « S’il en est ainsi, je ne donnerai
plus la Tsédaka qu’aux morts. » Il se rendit au cimetière et y enterra une grosse
somme d’argent, don éternel à ceux qui avaient réellement abandonné tout
espoir.
Les années passèrent et la roue tourna. Le riche perdit tous ses biens et devint
pauvre. Il se souvint de cet homme allongé dans la poubelle et de l’espoir qu’il
gardait toujours de se relever. Son geste insensé de l’époque lui revint également
à l’esprit. Il se rua vers le cimetière pour reprendre son « dépôt ». Mais avant
qu’il ait pu mettre la main sur l’argent, le gardien le saisit au collet et l’emmena
devant le juge. « Ce brigand a voulu piller les tombes », l’accusa le gardien.
L’homme raconta à son tour toute son histoire et demanda la permission d’aller
au cimetière pour déterrer l’argent déposé en guise de « Tsédaka pour les morts ».
52 les clés de la parnassa
L’accusé opina du chef et partit au cimetière chercher son argent. Par chance,
il le retrouva et de nouveau, la roue tourna : il redevint riche. Depuis lors,
il n’essaya plus de trouver des pauvres désespérés, mais au contraire distribua
beaucoup d’argent à la charité.
Le riche et le pauvre
Il est rapporté dans le Midrach (Vayikra Rabba 34,4): « Riche et pauvre sont sur
la même ligne : l’Eternel les a faits l’un et l’autre ( Michlé 22, 1), "riche" voulant
dire ici riche en possessions et "pauvre" pauvre en possessions. »
Hachem dit au riche : « Ne suffit-il pas que tu ne lui donnes rien ? Dois-tu aussi
envier ce que Je lui ai donné ? » Il est écrit (Kohélèt 5,13) : « (…) le fils à qui il
a donné le jour n’aura rien dans les mains ». De tout ce qu’il (l’envieux) possède,
il ne laissera rien à son fils et ne prendra rien pour lui. »
Un bienfait réciproque
Outre ce que nous avons expliqué ci-dessus, rappelons qu’un pauvre disposé
à recevoir de la Tsédaka procure un bienfait au riche qui la lui donne, lequel
bienfait est fort supérieur à celui que le riche lui octroie. Nos Maîtres (Vayikra
Rabba 34,10) ont dit : « Rabbi Yéhochoua a dit : "Le pauvre fait davantage
au maître de maison que le maître de maison fait avec le pauvre", car ainsi a
dit Ruth à Naomie (Ruth 2,19) : "L’homme chez qui j’ai travaillé (assiti imo)
aujourd’hui se nomme Boaz". Il n’est pas écrit assa imi (il a fait avec moi), mais
assiti imo (j’ai fait avec lui). Ruth a voulu dire à Naomie : j’ai beaucoup fait pour
lui et lui ai accordé aujourd’hui beaucoup de bienfaits pour qu’il me donne une
tranche de pain. »
Priorité à l’indulgence
Un jour, le directeur d’un Gma’h de Bné Brak vint poser une question au ’Hazon
Ich : avait-il le droit de vendre les bijoux et autres biens précieux que des gens
avaient déposés chez lui en gage d’un prêt s’ils ne l’avaient pas remboursé en
temps voulu ?
Peu de temps après, elle apprit que le volatile avait été acheté par l’un des
pauvres auxquels son mari distribuait la Tsédaka tous les vendredis. Elle en fut
contrariée et se confia à son époux : « Cette volaille me semblait trop chère pour
nous, alors qu’un pauvre qui vit des subsides que tu lui verses a eu les moyens
de l’acheter ! »
Rabbi ’Haïm lui répondit : « C’est vraiment ce qui s’est passé ? Ce pauvre
est donc habitué à la bonne chère, et je ne le savais pas ! Il faut vraiment que
j’augmente mon aide hebdomadaire. »
Un effet boomerang
Nous avons déjà expliqué plus haut que lorsqu’un pauvre demande la Tsédaka,
nous ne devons pas douter de sa bonne foi ni mener une enquête afin de
redressant le pauvre de la poussière 55
Une fois, il arriva que le Rav fût absent. L’homme demanda où il se trouvait et
on lui répondit qu’il était parti à Mézéritch, rendre visite à son Rav le Maguid.
« Mon Rav a également un maître ? s’étonna-t-il. Alors, quel intérêt ai-je à venir
chez Rabbi Zoussia ? Je n’ai qu’à me rendre chez le Maguid moi aussi ! »
« Avant, lorsque je donnais mon argent au Rabbi, ma Parnassa était bénie. Dès
que j’ai commencé à remettre mes dons à un certain Rabbi de Mézéritch, mes
moyens de subsistance ont commencé à se réduire. J’ai fauté, Rabbi ! Pardonnez-
moi, ayez pitié de moi ! »
Rabbi Zoussia s’adressa aux personnes qui avaient assisté à la scène : « Nos
Sages ont dit (Baba Kama, 16b) que Yirmiya a demandé à Hachem : "Maître
du monde, même au moment où ils donnent la Tsédaka, dirige-les vers des gens
qui n’en sont pas dignes". Peut-on imaginer que Yirmiya, qui chérit le peuple
d’Israël, entache sa compassion pour lui au point de demander qu’il se trompe
56 les clés de la parnassa
Chapitre 10
Ces versets nous enseignent qu’un homme ne doit pas désespérer si sa situation
financière se détériore. Au contraire, s’il est à présent parvenu au point le plus
bas, c’est que le moment est venu pour lui de remonter.
C’est alors qu’après avoir nettoyé la maison, l’une des servantes jeta les ordures
par la fenêtre, ignorant la présence du pauvre homme en dessous. Celui-ci reçut
tous les immondices sur la tête. Dépité, il quitta son poste et retourna chez lui.
En chemin, il trouva une pierre précieuse qu’il vendit mille dinars d’or. Heureux
de sa trouvaille, il déclara : « Les hommes m’ont rendu comme une poubelle
et Hachem a fait s’accomplir les termes du verset : "Relevant le malheureux des
déchets". »
sous la fenêtre. La servante ne manquera pas de jeter les ordures sur moi et
Hachem me relèvera de nouveau des détritus, en me faisant faire une trouvaille
de valeur. » Il resta donc à attendre patiemment…