Location via proxy:   [ UP ]  
[Report a bug]   [Manage cookies]                

Du Proche-Orient: Antique

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 12

>55

Pharmacopées du Proche-Orient Antique


Guy Mazars
Institut d'Histoire des Sciences, Université Louis Pasteur 7, rue de l'Université 67000 Strasbourg - France

Résumé

Les plus anciens documents au monde relatifs à la pharmacologie sont ceux que nous ont légués les civilisations du Proche-Orient
Antique, l'Egypte et surtout la Mésopotamie. Ces documents ne fournissent pas seulement des listes de remèdes, ils nous renseignent
également sur la préparation de ces remèdes ef sur la façon de les utiliser. Selon une opinion très répandue, ces ébauches de pharma¬
copées, comme foutes celles de l'Antiquité, se seraient constituées de façon empirique. La nécessité de se nourrir ayant poussé les
hommes à goûter aux végétaux qui les entouraient, ils ont pu constater que les crampes d'estomac cessaient lorsqu'ils mâchaient telles
plantes, qu'il y en avait d'autres qui faisaient disparaître la fatigue ou la douleur, d'autres encore qui provoquaient la mort. C'est ainsi
qu'auraient été sélectionnés, au fil des générations, la plupart des plantes médicinales et des poisons. Une telle explication laisse dans
l'ombre des processus effectifs de choix des plantes pour des usages déterminés. L'examen des textes découverts par les archéologues
montre que les plantes étaient déjà perçues en fonction de références culturelles, de systèmes de correspondances avec d'autres éléments
de la culture, qui ont peut-être orienté les choix.

Les questions relatives aux origines des pharmacopées, à leurs les pratiques médicales de ces civilisations nous sont connues par
modes d'élaboration et de transmission étaient au centre des dis¬ diverses sources, en particulier par des littératures spécialisées.
cussions du 4ème Colloque Européen d'Ethnopharmacologie.
Grâce aux travaux des spécialistes de la préhistoire, notamment Les textes médicaux égyptiens parvenus jusqu'à nous sont peu nom¬
aux études de paléopathologie, nous savons aujourd'hui de quelles breux, en raison notamment de la fragilité des supports utilisés par
maladies souffraient nos lointains ancêtres et nous connaissons les scribes. Il s'agit de textes en écriture hiératique copiés sur des
même un certain nombre des remèdes qu'ils utilisaient. Ce qui feuilles de papyrus [Cyperus papyrus L). Le hiératique est une écri¬
laisse penser que les hommes préhistoriques avaient déjà une ture hiéroglyphique simplifiée cursive, utilisée pour les textes écrits
connaissance assez précise de leur environnement. sur une matière souple ou sur des éclats de poteries (ostraca) qui
servaient de brouillons. Parmi les plus importants, il convient de
Mais ces travaux ne nous apprennent pas comment ont été sélec¬ citer le papyrus Edwin-Smith et le papyrus Ebers. Le premier, dé¬
tionnées les substances utilisées comme remèdes ni comment se sont couvert à Thèbes en 1 862 et datant de la fin de la Xlle dynastie
constituées les pharmacopées déjà relativement élaborées contem¬ (vers 1 780 avant J.-C), pourrait être la copie d'un traité composé
poraines des plus anciens documents écrits découverts par les ar¬ sous l'Ancien Empire (entre 2800 et 2400 avant J.-C). Il traite sur¬
chéologues. Des études menées par des historiens et des philolo¬ tout de chirurgie (Breasted, 1 930). Le second, acheté par l'égypto-
gues, spécialistes des civilisations du monde antique, nous montrent logue allemand Georg Ebers en 1 873, date du début de la XVIIIe
que, dès le début des temps historiques, des thérapeutes prescri¬ dynastie (vers 1580 avant J.-C). Il est lui aussi la copie de docu¬
vaient de nombreux remèdes dont les formules ont traversé les ments plus anciens. A sa découverte, il se présentait sous la forme
âges. D'après leur composition, nous savons aussi que beaucoup d'une bande de plus de 20 mètres de long sur 30 centimètres de
de ces médicaments pouvaient être efficaces en raison de l'utilisa¬ large comportant 108 pages de texte. C'est une sorte d'encyclo¬
tion, pour leur confection, de substances naturelles dont nous pédie médicale en 877 paragraphes dans lesquels sont indiqués
connaissons aujourd'hui les effets sur l'organisme. plusieurs centaines de remèdes contre toutes sortes d'affections
(Bryan, 1 930). Ces deux traités ont été édités et traduits et ils ont
déjà fait l'objet de diverses études (Bardinet, 1995 ; Breasted,
Les documents médicaux 1 930 ; Bryan, 1 930 ; Grapow, 1 954-1 962 ; Leca, 1 971 ).

du Proche-Orient Antique
Un autre texte de la XVIIIe dynastie intéressant pour l'étude de la
Les plusanciens documents au monde relatifs à la pharmacologie pharmacopée égyptienne est le papyrus Hearst, un recueil de 260
sont ceux que nous ont légués les civilisations du Proche-Orient recettes médicales. Il serait un peu postérieur au papyrus Ebers dont
Antique, l'Egypte et surtout la Mésopotamie. Les connaissances et il reproduit 96 recettes (Leca, 1 971 , 30). Le papyrus de Berlin

Des sources du savoir aux médicaments du futur From the sources of knowledge to the medicines of the future
56 Origines des pharmacopées traditionnelles

n°3038, qui remonterait à la XIXe dynastie (1320-1200 av. J.-C), régna de 1775 à 1760 av. J.-C. (Herrero, 1984, 13-15). Les
nous livre lui aussi des recettes de remèdes (Leca, 1 971 , 31 ). Parmi fouilles archéologiques effectuées en Egypte ont livré des cor¬
les autres manuscrits parvenus jusqu'à nous figure le papyrus respondances sur papyrus et osfraca, des stèles et d'autres monu¬
Chester Beatty, un document fragmentaire d'origine inconnue, qui ments avec des inscriptions qui complètent la littérature médicale.
contient quelques prescriptions (Jonckheere, 1 947). On a aussi trouvé des récipients ayant "conservé un contenu dont
l'analyse chimique a permis de déterminer quelles matières étaient
La documentation mésopotamienne est beaucoup plus importante
utilisées en cosmétologie ou en thérapeutique" (Leca, 1971,
parce que mieux conservée sur des tablettes d'argile qui ne redou¬ 38-41).
taient pas les atteintes du temps. Des centaines de tablettes sumé¬
riennes et akkadiennes découvertes par les archéologues sont par¬
ticulièrement riches en informations sur les connaissances médicales
des époques reculées. Il s'agit de textes en écriture cunéiforme com¬ Entre magie et empirisme
posés entre le troisième et le premier millénaire avant notre ère.
L'examen de ces documents démontre que dans la Mésopotamie du Nombreux sont ceux qui pensent encore, notamment dans les mi¬
troisième millénaire avant J.-C, il y avait déjà des médecins qui lieux scientifiques, que la médecine a évolué en plusieurs étapes, de
possédaient une connaissance non négligeable des vertus curatives la magie à l'empirisme, avant l'avènement de la médecine mo¬
de nombreuses plantes et substances d'origines minérale et animale derne. Pour Jean Bernard, par exemple, "Quatre périodes se suc¬
(Biggs, 1 990). Les assyriologues classent ces textes en trois catégo¬ cèdent dans l'histoire de la médecine. La première est magique. Le
ries : les listes et répertoires, les formulaires et les recueils de pres¬ destin des hommes appartient aux dieux, les maladies appartien¬
criptions thérapeutiques (Herrero, 1984, 16-22). Tous ces docu¬ nent à ce destin. La deuxième période s'ouvre avec Hippocrafe
ments ne fournissent pas seulement des listes de remèdes, ils nous (Ve siècle av. J.-C.) et l'observation des symptômes. Elle se prolonge
renseignent également sur la préparation de ces remèdes et sur la jusqu'au XIXe siècle. La médecine est inefficace. Il n'y a pas de
façon de les utiliser. Mais ils ne contiennent pas d'exposé métho¬ grande différence entre le pouvoir, ou plutôt l'absence de pouvoir,
dique de connaissances médicales. Ce sont plutôt des aide-mé¬ d'un médecin du temps d'Hippocrate, et le pouvoir, ou l'absence de
moire qui "laissent sous-entendre un enseignement et une formation pouvoir, d'un médecin du début du siècle dernier. La troisième pé¬
professionnelle fondée sur l'exemple quotidien et sur les commen¬ riode est très courte, elle concerne les six glorieuses de 1859 à
taires donnés de vive voix par le maître" (Herrero, 1984, 16). 1865, Charles Darwin, Claude Bernard, Louis Pasteur, Gregor
Beaucoup ont été édités (Kôcher, 1 963-1 980). Mendel. Ces six années ont davantage changé le sort des hommes
que toutes les guerres et batailles qui encombrent nos livres d'his¬
Un texte sumérien du 22e siècle avant J.-C. nous livre des informa¬
toire. Elles ont permis les vaccinations, la naissance de la chirurgie
tions d'un grand intérêt sur la confection de différents médicaments
et de l'obstétrique modernes. Mais, paradoxalement, elles n'ont eu
simples et composés. Pour chacun de ces médicaments sont men¬
longtemps qu'une faible influence sur la thérapeutique des mala¬
tionnés les ingrédients et le mode de préparation, avec des détails
dies... La quatrième période, thérapeutique, débute en 1 936 avec
sur les différentes opérations à effectuer (dessiccation, purification,
la découverte des sulfamides... Mais cette médecine, enfin efficace,
extraction, cuisson, filtrage, etc.). Ce recueil de recettes ne contient
reste empirique. Voici que vient de s'ouvrir, en cette fin du
malheureusement aucune indication en ce qui concerne les affec¬
XXe siècle, la cinquième période, rationnelle. La médecine du
tions visées par les diverses préparations. D'autre part, les ingré¬
XXIe siècle sera très différente de la médecine des temps passés,
dients n'ont pas tous été identifiés. Quant à ceux qui nous sont
elle sera tout entière dominée par la rigueur" (Bernard, 1 996, 7-8).
connus, ils témoignent déjà de l'intérêt des Sumériens pour les prin¬
cipes odoriférants contenus dans les plantes. On connaît aussi
quelques textes akkadiens sur les parfums, ainsi que des lexiques Il s'agit d'une vision un peu simpliste de l'histoire de la médecine.
bilingues donnant les équivalents sumériens et akkadiens de noms En réalité, historiens et philologues spécialistes des civilisations de
de plantes. Dans ces derniers, les végétaux sont classés en diffé¬ l'Antiquité savent depuis longtemps que l'empirisme et la magie ont
rentes catégories, non pas d'après leur morphologie mais en fonc¬ coexisté dès les temps les plus reculés. Ils continuent de coexister
tion de leurs usages, notamment médicaux. aujourd'hui encore. Comme l'écrit fort justement l'assyriologue
Jean Bottéro : "De nos jours, à voir, d'un côté la persistance du sen¬
Les textes médicaux ne sont pas nos seules sources. On relève des timent religieux et de la croyance en un monde surnaturel, quel qu'il
informations intéressantes sur les médecins et leurs pratiques dans soit, et de l'autre, dans un tout autre sens, le succès de méthodes
des textes littéraires et juridiques. Nous possédons aussi des lettres curatives délibérément irrationnelles, sinon saugrenues ineptes, on
de médecins mésopotamiens qui nous renseignent notamment sur la se dira peut-être que, dans le fond, les choses n'ont pas tellement
profession médicale. Les Archives Royales de Mari (sur les bords de changé depuis l'antique Babylone..." (Bottero, 1992, 224).
l'Euphrate) en ont livré un nombre important. Elles se rapportent
pour la plupart à l'époque de Zimrilim, dernier roi de Mari, qui En fait, dans la Mésopotamie ancienne, comme le soulignait déjà

Des sources du savoir aux médicaments du futur From the sources of knowledge to the medicines of the future
G. Mazars, Pharmacopées du Proche-Orient Antique 57

René Labat en 1 966, loin de dépendre uniquement de la magie, la guier [Ficus carica L), le genévrier [Juniperus phoenica L), la
guérison des maladies relevait de deux méthodes parfaitement dis¬ gomme ammoniaque [Dorema ammoniacum Don.), la grenade
tinctes : celle de l'exorciste (âsipu) et celle du médecin proprement [Punica granatum L), l'herbe de b [Helleborus sp.), le jonc de
dit (asû) (Labat, 1 966, 90). On note même que dans certains textes terre [Juncus sp.), la jusquiame [Hyoscyamus niger L.), le lotus
"l'asû a la prééminence sur l'âsipu et que le magicien n'intervient [Nymphéa lotus L.), le mélilot [Melilotus officinalis L.), le melon
jamais après un échec du médecin, alors que ce dernier peut inter¬ [Cucumis meio L.), la myrrhe [Commiphora myrrha Engl.), l'oignon
venir après un échec de son collègue" (Herrero, 1 984, 23). [Allium cepa L), la pastèque [Citrullus vulgaris Schrad.), le pin
[Pinus pinea L.), le potamogéton [Potamogeton lucens L), le ricin
Les lettres écrites par des médecins ou qui parlent de médecins ne [Ricinus communis L), le roseau [Arvndo donax L), le souchet odo¬
nous renseignent pas uniquement sur leurs déplacements ou sur leur rant [Cyperus esculentus L), le styrax [Liquidambar orientais Mill.),
vie privée. Elles constituent de précieux documents sur la façon dont le sycomore [Acer pseudoplatanus L), la térébinthe [Pistacia tere-
eux-mêmes concevaient leur science et sur la nature des soins qu'ils binthus L), la vigne (V7f/s vinifera L).
donnaient aux malades. Or la médecine y apparaît toujours
comme une science purement objective et humaine. Il y est fait al¬ Dans le chapitre du Papyrus Ebers consacré aux maladies des yeux,
lusion, d'une part, à l'examen clinique du patient, d'autre part, à par exemple, l'acacia [Acacia nilotica Del.) figure dans une recette
l'usage de pansements, de cataplasme, de lotions, d'onguents, de contre les inflammations des paupières (Ebers n°415) ainsi que
potions et de massages. On n'y relève aucune mention de pratiques dans une recette contre le trachome (Ebers n°383). L'activité théra¬
magiques, aucun recours non plus au divin (Labat, 1966, 90). peutique a été rapportée aux principes actifs contenus dans la
feuille d'acacia et qui lui confèrent des propriétés antiseptiques, as¬
: "Grâce à leur
Ces lettres, selon Labat, ont encore un autre intérêt tringentes et antihémorragiques. Dans la première recette figure
échelonnement dans le temps, elles éclairent un problème que nous également l'aloès [Aloe vera L). Le suc épaissi des feuilles renferme
saurions difficilement résoudre par le témoignage des seuls textes des dérivés anthracéniques, dont le principal est l'aloïne (Paris et
professionnels. On croit souvent, en effet, que la magie était la Moyse, 1 981 , 57), ainsi que des traces d'huiles essentielles. Les mé¬
forme la plus ancienne de la médecine et que les notions ration¬ decins de l'Egypte ancienne l'incorporaient dans des collyres contre
nelles n'y ont apparu que progressivement et à une époque plus ou les blépharites et les orgelets (Ebers n°355, 423).
moins tardive. Or les lettres les plus anciennes attestent que, dès la
plus haute époque babylonienne, la médecine naturelle existait De leur côté, les tablettes mésopotamiennes attestent l'emploi de
avec son esprit et ses méthodes propres, indépendamment de la plusieurs centaines de plantes ou substances végétales. On a re¬
magie (Labat, 1 966, 91 ). censé plus de mille noms de plantes médicinales. Mais comme
beaucoup de ces noms sont des synonymes, le nombre d'espèces
effectivement utilisées en médecine devrait avoisiner les 300 dont
Les connaissances attestées beaucoup n'ont pas encore été identifiées. Elles entrent dans des re¬
cettes plus ou moins complexes de médicaments aux formes va¬
Beaucoup de nos plantes médicinales étaient déjà connues des riées : poudres, potions, lotions, onguents, pommades, pilules, sup¬
Egyptiens et des Mésopotamiens. D'ailleurs nous devons une bonne positoires... Leur confection pouvait nécessiter de nombreuses ma¬
partie de nos connaissances aux Arabes et aux Grecs qui les te¬ nipulations et opérations que l'on peut classer en quatre catégo¬
naient eux-mêmes des peuples du Proche-Orient Antique, ainsi que ries : les opérations précédant la cuisson, les opérations de cuisson,
le confirme la phytonymie. A ce sujet, Wallis Budge rappelle la les opérations de refroidissement, les opérations communes aux
contribution de l'assyriologue Campbell Thompson qui a montré trois groupes précédents (Herrero, 1984, 61-86).
que de nombreux noms de plantes dérivaient du sumérien via l'a¬
rabe et le grec : ase fétide, coloquinte, caroube, cumin, myrrhe, Les listes du premier groupe de tablettes sont rédigées sur deux co¬
mandragore, sésame, cyprès, lupin... (Budge, 1978, 43). lonnes. Dans l'une sont indiqués les noms des plantes. Dans l'autre
sont donnés divers renseignements relatifs à ces plantes : syno¬
Parmi les espèces végétales ou parties de plantes mentionnées dans nymes, dénominations dans d'autres langues (ce qui atteste des
les papyrus figurent notamment l'acacia [Acacia nilotica Del.), l'a- contacts et des échanges), accompagnés parfois de brèves descrip¬
loes [Aloe vera L), l'ase fétide [Assa foetida Regel), la bryone tions et de leurs vertus curatives (Herrero, 1 984, 1 6).
[Bryonia dioica Jacq.), le caroubier [Ceratonia siliqua L.), le céleri
[Apium graveolens L), le chanvre [Cannabis sativa L), la colo¬ Les répertoires parvenus jusqu'à nous sont plus instructifs sur les
quinte [Citrullus colocynthis Schrad.), la coriandre [Coriandrum sa- connaissances des Mésopotamiens. Véritables aide-mémoire du
tivum L.), le cumin (Cumimum cyminum L.), le dattier [Phoenix dac¬ médecin, ils se présentent sur trois colonnes. La première colonne
tylifera L.), l'ébène [Dyospyros ebenum Koenig), l'encens ou oliban est réservée aux noms de plantes. Y sont parfois précisées la
[Boswellia carterii Birdw.), le fenouil [Anethum foeniculum L.), le fi partie et la variété de la plante à utiliser (par exemple : murru sha

Des sources du savoir aux médicaments du futur From the sources of knowledge to the medicines of the future
58 Origines des pharmacopées traditionnelles

shadi, "myrrhe de montagne"). A côté de ces précisions, on trouve plus ou moins légendaires, demi-dieux et prophètes, à l'occasion
aussi des informations concernant les modalités de la cueillette (par de rêves ou au cours d'une transe. L'interprétation des rêves, par
exemple : ashâgi sha ina nasâhika shamshu la îmuru, "racine d'as- exemple, a joué un grand rôle comme moyen d'acquisition de
hâgu que le soleil ne doit pas voir lorsque tu l'arraches"). Dans la connaissances chez les Babyloniens.
deuxième colonne sont énumérées les maladies contre lesquelles
ces plantes sont employées. La dernière colonne explique de façon Ainsi, en Egypte, ceux des textes qui évoquent les origines de la mé¬
succincte la préparation et le mode d'administration des différents decine en font un savoir révélé transmis au hommes par des dieux.
remèdes. Les indications sont données soit à l'infinitif ("piler, mé¬ Les livres médicaux auraient été donnés aux hommes par Thot, mé¬
langer, faire sécher..."), soit au futur à la deuxième personne du decin et magicien des dieux, que les Grecs assimilèrent plus tard à
singulier ("tu exprimeras son suc..."). Le texte précise parfois l'ex¬ Hermès. Au début d'un chapitre du papyrus Ebers, on lit qu'il a été
cipient (miel, lait, huile végétale..), la forme médicamenteuse (po¬ trouvé sous les pieds du dieu Anubis et rapporté à un pharaon de
tion, suppositoire), la posologie, les contre-indications... (Herrero, la 1ère dynastie.
1984, 17-18).
En Mésopotamie aussi, la médecine a été considérée comme un
Les formulaires en notre possession devaient aussi servir d'aide-mé¬
don des dieux. L'école médicale de Nippur, par exemple, se récla¬
moire au praticien. Il s'agit de listes des substances tirées des trois
mait du patronage de la déesse Gula. "Des maîtres y prétendaient
règnes de la nature avec les noms des maladies contre lesquelles
avoir reçu leur doctrine par voie orale, de sages, détenteurs de se¬
elles étaient prescrites (Herrero, 1984, 20-21).
crets antérieurs au Déluge" (Sendrail, 1 980, 22). Parmi les divinités
ayant un rôle médical figure aussi le dieu-soleil, Shamash.
Le troisième groupe de documents est le plus important à la fois par
le nombre des textes connus et par la variété et la richesse des
connaissances qu'ils attestent. Il s'agit de recueils de prescriptions Leshistoriens de la pharmacie donnent une autre explication. Selon
thérapeutiques comprenant généralement trois parties principales. une opinion très répandue, ces ébauches de pharmacopées,
Dans la première sont énumérés les symptômes présentés par le pa¬ comme toutes celles de l'Antiquité, se seraient constituées de façon
tient avec, parfois, le diagnostic correspondant à la symptomato¬ empirique. La nécessité de se nourrir ayant poussé les hommes à
logie. La seconde partie propose un traitement, indiquant les ingré¬ goûter aux végétaux qui les entouraient, ils ont pu constater que les
dients à utiliser, la manière de les préparer pour l'obtention d'un re¬ crampes d'estomac cessaient lorsqu'ils mâchaient telles plantes,
mède ainsi que le mode d'administration de ce remède. La troi¬ qu'il y en avait d'autres qui faisaient disparaître la fatigue ou la
sième partie, toujours très courte, est réservée au pronostic douleur, d'autres encore qui provoquaient la mort. C'est ainsi
(Herrero, 1984, 21-22). qu'auraient été sélectionnés, au fil des générations, la plupart des
plantes médicinales et des poisons.
L'existence de ces répertoires et de ces recueils, la richesse, la pré¬
cision et la concision des informations réunies, témoignent chez les Une telle explication laisse toutefois dans l'ombre des processus ef¬
Mésopotamiens d'un sens inné de l'observation et d'un grand souci fectifs de choix des plantes pour des usages déterminés. L'examen
de classification. des textes découverts par les archéologues montre que les plantes
étaient déjà perçues en fonction de références culturelles, de sys¬
tèmes de correspondances avec d'autres éléments de la culture, qui
Origine, élaboration et transmission des savoirs ont peut-être orienté les choix. Les Mésopotamiens raisonnaient par
analogie, accessoirement par induction et déduction. Divers indices
Les plus anciennes tablettes et la pharmacopée dont elles révèlent laissent penser que les Mésopotamiens et les Egyptiens se sont livrés
l'existence sont déjà si précises qu'elles laissent supposer une à des expériences sur des prisonniers ou des esclaves. Ils n'ont pas
longue tradition antérieure (Labat, 1966, 91). Le papyrus Ebers se été les seuls. En Inde, un texte bouddhique relate des essais théra¬
réfère lui aussi à des écrits plus anciens (Ebers n°856 a). Des tra¬ peutiques effectués sous le règne d'Ashoka (264-227 av. J.-C.)
ditions médicales pouvaient être constituées avant même l'invention (Mitra, 1974, 57-59).
de l'écriture et avoir été transmises oralement de génération en gé¬
nération avant d'être consignées par écrit. On n'avait sans doute pas manqué aussi d'observer et de relever
les comportements d'animaux malades. Divers écrits de l'Antiquité
Comment se sont constitués et transmis ces savoirs ? Les documents y font allusion. On cite souvent l'exemple du berger Melampus qui,
de l'Antiquité qui abordent la question des origines des connais¬ d'après Théophraste (327-287 avant J.-C), aurait découvert les
sances médicales apportent tous la même réponse : ces connais¬ propriétés purgatives de l'hellébore en voyant l'effet qu'elle avait
sances viennent des dieux qui les ont révélées aux humains de dif¬ sur ses chèvres. Des textes sanskrits beaucoup plus anciens men¬
férentes façons, directement ou par l'intermédiaire de personnages tionnent plusieurs animaux qui connaissent les plantes qui guérissent

Des sources du savoir aux médicaments du futur From the sources of knowledge to the medicines of the future
G. Mazars, Pharmacopées du Proche-Orient Antique 59

(Mazars, 1 994, 433). Mais les Mésopotamiens ont peut être été les ligner. Cette vaste littérature est restée malheureusement insuffisam¬
premiers à s'intéresser aux moeurs des animaux sauvages ou do¬ ment exploitée jusqu'ici pour diverses raisons.
mestiques. Nous en avons des preuves multiples. René Labat rap¬
porte que les souverains d'Assur et de Ninive "s'ingénièrent à créer D'autre part, si l'on sait depuis longtemps ce que les Arabes et les
dans les jardins de leur palais de vastes parcs zoologiques. Les de¬ Grecs doivent à la science des Egyptiens et des Mésopotamiens
vins s'attachaient à étudier avec minutie les mours des animaux (Levey, 1973, 1-10), on est moins bien renseigné sur les échanges
sauvages ou domestiques pour en tirer des présages" (Labat, 1 966, scientifiques entre le Proche-Orient Antique et les autres civilisa¬
89). Comme l'a écrit Marguerite Rutten, en 1960, ils furent in¬ tions, entre le troisième et le second millénaire avant notre ère. La
contestablement des "chercheurs" : leur "Science sacrée" contenait documentation ne manque pourtant pas, mais elle est difficile
en elle tous les germes des connaissances et en pénétrant dans le d'accès. Elle est inexistante pour les peuples sans écriture. Ainsi, il
monde grec elle allait ouvrir la voie aux découvertes des Temps mo¬ serait intéressant, par exemple, de rechercher les traces d'in¬
dernes... (Rutten, 1960, 125). fluences égyptiennes dans les pharmacopées traditionnelles afri-,
caines.
Enfin, Egyptiens et Mésopotamiens tenaient peut être une partie de
leur savoir des peuples avec lesquels ils ont été en contact. La Nous sommes encore loin de posséder une parfaite connaissance
preuve d'emprunts est apportée par la présence de plantes exo¬ du savoir accumulé par les civilisations du Proche-Orient Antique.
tiques dans les pharmacopées. En particulier, la Mésopotamie a été Un réexamen de la documentation existante, une meilleure com¬
très tôt en relation avec le sous-continent indien, à l'époque de la préhension des textes, de nouvelles études comparées devraient
civilisation dite "de l'Indus" (Kûhne, 1976, 99-103 ; Frankevogt, combler de nombreuses lacunes.
1995, 340). Les restes matériels de cette civilisation (Mackay,
1 936 ; Wheeler, 1 953 ; Piggott, 1 962) attestent l'existence en Inde

d'une civilisation d'un si haut niveau, dès le troisième millénaire


avant notre ère, qu'il est permis de penser que la médecine pouvait
déjà y être assez avancée (Mazars, 1 991 , 2). On sait que les cités
de la vallée de l'Indus entretenaient des relations commerciales
avec la Mésopotamie, comme le prouvent les découvertes à Ur,
Suse ou Kish, dans des couches du troisième millénaire avant J.-C,
de sceaux (Gadd, 1 932) et autres objets provenant manifestement
de la région de l'Indus, contrée désignée sous le nom de Meluhha
dans les tablettes mésopotamiennes (Gelb, 1 970 ; Heimpel, 1 993).
Ces relations commerciales ont peut-être favorisé l'échange, sinon
de concepts scientifiques ou de théories, au moins de connaissances
pratiques et de recettes médicales, entre les deux civilisations.

Conclusion
En résumé et pour conclure, que nous apprennent les sources écrites
relatives aux pharmacopées du Proche-Orient Antique ?

Tout d'abord, jusqu'à nous figurent parmi les


les textes parvenus
plus anciens écrits de l'humanité. Mais ils ne sont pas les premières
"pharmacopées", puisqu'ils se réfèrent explicitement à des écrits
encore plus anciens. Ils représentent donc l'aboutissement de lon¬
gues traditions qui ont pu être transmises oralement à travers plu¬
sieurs générations. Ils témoignent d'un savoir déjà bien établi, peut
être même avant l'apparition des premiers écrits. Ce savoir a pu se
constituer au cours des siècles qui ont suivi le début de la sédenta¬
risation au Proche-Orient et s'enrichir au contact d'autres peuples.

Ces textes, surtout les mésopotamiens, sont des traités "savants" re¬
marquables par leur caractère rationnel, par la rigueur scientifique
dont ils témoignent et que les spécialistes n'ont pas manqué de sou-

Des sources du savoir aux médicaments du futur From the sources of knowledge to the medicines of the future
60 Origines des pharmacopées traditionnelles

Untersuchungen, 6 vols., Berlin, Walter de Gruyter. Band I: Keilschrifttexte


Références
aus Assur 1, xxxii p. + 100 planches, 1963. Band II: Keilschrifttexte aus
Assur 2, xxviii p. + 1 00 planches, 1 963. Band III: Keilschrifttexte aus Assur
BARDINET T. (1995) Les Papyrus Médicaux de l'Egypte Pharaonique, Paris,
3, xxxiii p. + 100 planches, 1964. Band IV: Keilschrifttexte aus Assur 4,
Librairie Arthème Fayard.
Babylon, Nippur, Sippar, Uruk und unbekannter Herkunft, xxxviii p. + 1 1 6
BERNARD J. (1 996) La médecine de demain, Paris, Flammarion (Collection planches, 1971. Band V: Keilschrifttexte aus Ninive 1, xlvi p. + 123 plan¬
Dominos, 84). ches, 1980. Band VI: Keilschrifttexte aus Ninive 2, xlii + 157 planches,
1980.
BIGGS R.D. (1990) Medizin. A. In Mesopotamien, Reallexikon der-
Assyriologie, Band 7, p. 623-629. KÏIHNE H. (1976) Industalkultur, Reallexikon der Assyriologie, Band 5, p.
96-104.
BOTTERO J. (1992) Magie et médecine à Babylone, in Initiation à l'Orient
ancien, De Sumer à la Bible, Présenté par Jean Bottéro, Paris, Editions du LABAT R. (1966) La Mésopotamie, in Histoire Générale des Sciences, tome
Seuil, p. 205-226. I, Paris, Presses Universitaires de France, p. 73-136.

BREASTED J.H. (1 930) The Edwin Smith Surgical Papyrus, 2 vol., Chicago, LECA A.-P. (1971) La médecine égyptienne au temps des pharaons, Paris,
University of Chicago Press. Editions Roger Dacosta.

BRYAN CP. (1930) The papyrus Ebers, London, Geoffrey Blés. LEVEY, M. (1973) Early Arabie Pharmacology. An Introduction based on
Ancient and Médiéval Sources, Leiden, EJ. Brill.
BUDGE E.A.W. (1978) Herb-Doctors and Physicians in the Ancient World.
The Divine Origin ofthe Craft ofthe Herbalists (Nouvelle édition), Chicago, MACKAY E. (1936) La Civilisation de l'Indus. Fouilles de Mohenjo-daro et
Ares Publishers. d'Harappa, Paris, Payot.

FRANKE-VOGT U. (1995) Mohenjo-Daro, Reallexikon der Assyriologie, MAZARS G. (1991) La médecine dans l'Inde antique, in Encyclopédie des
Band 8, p. 338-344. Médecines Naturelles, Phytothérapie - Aromathérapie, Pans, Editions
Techniques, A-l , p. 1-10.
GADD CJ. (1932) Seals of Ancient Indian Style Found at Ur, Proceedings
of the British Academy, 1 8, p. 1 91 -21 0. MAZARS G. (1994) La médecine vétérinaire traditionnelle en Inde, Revue
scientifique et technique de l'Office international des Epizooties, 1 3, p. 433-
GELB IJ. (1970) Makkan and Meluhha in Early Mesopotamian Sources,
442.
Revue dAssyriologie, 64, p. 1 -8.
MITRA J. (1974) History of Indian Medicine from Pre-Mauryan to Kusâna
GPAPOW H., VON DEINES H., WESTENDORF W. (1 954-1 962) Grundriss
Period, Varanasi, Jyotirâlok Prakashan.
atk Medizin der alten Agypter, Berlin, Akademie Verlag.
PARIS R.R., MOYSE H. (1981) Précis de Matière médicale, tome II, 2° éd.
HEIMPEL W. (1 993) Meluhha, Reallexikon der Assyriologie, Band-8/1 -2, p.
révisée, Paris, Masson.
53-55.
PIGGOTT S. (1962) Prehistoric India to 1000 BC, London, Cassel.
HERRERO P. (1984) La Thérapeutique mésopotamienne, édité par Marcel
Sigrist, Préface de François Vallat, Paris, Editions Recherche sur les civilisa¬ RUTTEN M. (1960) La science des Chaldéens, Paris, Presses Universitaires
tions. de France (Collection " Que sais-je ? " n° 893).

JONCKHEERE F. (1947) Le papyrus médical Chester Beatty, Bruxelles, SENDRAIL M. (1980) Sous la main d'Ishtar, in Histoire culturelle de la ma¬
Fondation Egyptologique Reine Elisabeth. ladie, Toulouse, Privât, p. 1 9-41 .

KÔCHER F. (1 963-1 980) Die babylonisch-assyrische Medizin in Texten und WHEELER M. (1 953) The Indus civilization, Cambridge, University Press.

Des sources du savoir aux médicaments du futur From the sources of knowledge to the medicines of the future
.61

Pharmacopoeias of the Ancient Near-East


Guy Mazars
Institut d'Histoire des Sciences, Université Louis Pasteur 7, rue de l'Université 67000 Strasbourg - France

Abstract

The oldest documents in the world relating to pharmacology are those inherited from the Civilisations of the Ancient Near-East, Egypt and
especially Mesopotamia. Thèse documents not only provide lists of remédies, but also valuable information about the préparation of thèse
remédies and fhe way of using them. According to a widespread opinion, thèse pharmacopoeias in outline, like ail those of Antiquity, hâve
most probably been set up empirically. As the need to find food led men to tasting the plants they found in their environment, they realised
that stomach ache disappeared when they chewed spécifie plants, others offered relief from fatigue or pain, still others caused death.
Consequently, they came fo îdentify and transmit over générations the majority of médicinal plants and poisons. But this interprétation does
not shed any light on the sélection procédure applying to the plants in relation to spécifie purposes. The examination of the textual resources
discovered by the archaeologîsts shows that the plants were already perceived in relation to cultural références, with Systems to match them
with other items in the cultural setting influencing the décisions made.

The Fourth European Conférence on Ethnopharmacology focussed wledge and the kind of médical practices thèse civilizations had
on the questions relating to the origins of the pharmacopoeias, the from various sources, in particular specialized literature.
way they were set up transmitted. Thanks to the research carried out
by specialists in prehistory, in particular in paleopathology, we now Very few Egyptian médical texfs hâve been preserved, mostly be¬
hâve valuable information about which diseases affected our an¬ cause of the fragility of the médium used by the scribes. The texts
cestors and even about a range of the remédies they used in those were drafted in hieratic writing and copied on sheets of papyrus
times. Results suggest that prehistoric men already had rather good (Cyperus papyrus L). Hieratic is a cursive script composed of sim-
knowledge of their environment. plified hieroglyphs used for the texts written on the flexible material
or pièces of pottery (ostraca) used for drafts. Among the most si¬
However, research has not supplied yet so much information about gnificant papyri preserved, we can mention the Edwin-Smith pa¬
the way the substances used were identified as potential remédies pyrus and the Ebers papyrus. The former one was discovered in
or the conditions in which the pharmacopoeias contemporary with Thebes in 1 862; it dates back to the end of the 1 2th dynasty (about
the oldest written documents brought to light by archaeologîsts hâve 1 780 B.C.) and could be a duplicate of a treatise written at the time

been developed and set up. The studies carried out by the histo- of the Old Empire (between 2800 and 2400 B.C.). It mostly deals
rians, philologists, and specialists in Antiquity show that, from the with surgery (Breasted, 1 930). The latter document was bought by
very beginning of historical time, therapists prescribed many remé¬ the German Egyptologist Georg Ebers in 1 873; it dates back to the
dies whose formula were transmitted over âges. On the basis of beginning of the 1 8th dynasty (c. 1 580 B.C.). and is also probably
their composition, we also understand that many of thèse drugs had just a duplicate of older documents. When it was discovered, it had
indeed efficacy when used as they were manufactured with natural the form of a band of over 20 meters in length and 30 centimètres
substances whose effect on our body has been evidenced in the in width, comprising 108 written pages. It is a kind of médical en¬
mean time. cyclopaedia divided in 877 paragraphs containing several hund-
reds of remédies against ail kinds of affections (Bryan, 1930).
Thèse two treatises hâve been published and translated and sub-
mitted to extensive investigation (Bardinet, 1 995; Breasted, 1 930;
Médical documents of the Ancient Middle East Bryan, 1930;Grapow, 1954-1962; Leca, 1971).

world relating to pharmacology date


The oldest documents in the The Hearst papyrus is another text from the 1 8th dynasty interesting
back to the Ancient Near East Antique, Egypt and, in particular for the study of the Egyptian pharmacopoeia; it is a collection of
Mesopotamia. We hâve information about the amount of kno 260 médical recipes. It is probably somewhat more récent than the

Des sources du savoir aux médicaments du futur From the sources of knowledge to the medicines of the future
62 Origins of traditional pharmacopoeias

Ebers papyrus as it offers a copy of 96 of its recipes (Leca, 1 971 , Most of them date back to the time of Zimrilim, the last king of Mari
30). The Berlin papyrus no. 3038, presumably dating back to the who reigned from 1775 to 1760 B. C. (Herreo, 1984, 13-15). The
19th dynasty (1320-1200 B. C.) also offers recipes for remédies archaeological excavations carried out in Egypt hâve also brought
(Leca, 1 971 , 31 ). Among the other manuscripts that hâve been pre¬ to light correspondences on papyrus and ostraca, stèles and other
served, we can mention the Chester Beatty papyrus, a fragmentary monuments with inscriptions supplementing the médical literature.
document of unknown origin containing some prescriptions Containers still holding some content that could be submitted to che-
(Jonckheere, 1947). mical analysis help scientists to establish which material was used
for beauty care or therapeutic purposes (Leca, 1 971 , 38-41 ).
The documentation from Mesopotamia is much more extensive as it
was preserved in good condition on clay tablets offering better pro¬
tection against the damage of time. Hundreds of Sumerian and Between magie and empiricism
Akkadian tablets were discovered by archaeologisfs; they supply a
wealth of information on médical knowledge in those ancient times. Many people, in particular in scientific circles, are still convinced
The texts are written in cuneiform script; they were inscribed bet¬ that medicine developed in several stages, from magie to empiri¬
ween the third and the first millennium before Christ. The examina¬ cism, until modem medicine emerged. Jean Bernard, for example,
tion of thèse documents shows that doctors already existed in writes that "Four periods can be identified in the history of medi¬
Mesopotamia in the third millennium B. C, and they had an exten¬ cine. First there was magie. Human destiny belongs to the gods and
sive knowledge of the curative powers of many plants and sub¬ the diseases belong to destiny. The second period is inaugurafed by
stances of origins minerai and animal (Biggs, 1 990). The assyrio- Hippocrates (5th century B. C.) and introduces the observation of
logists classify this documents into three catégories: lists and réper¬ symptoms. It endures up to the 1 9th century. Medicine is ineffective.
tories, forms and collections of therapeutic régulations (Herreo, There is no great différence between the capacity, or rather the ab¬
1 984, 1 6-22). Ail thèse documents provide, not only lists of remé¬
sence of capacity, of doctors at the time of Hippocrates, and the ca¬
dies, but also valuable information about the préparation of thèse pacity, or rather the absence of capacity, of doctors of the begin¬
remédies and the way they could be used. But they do not provide ning of the 1 9th century. The third period is very short: it covers the
any systematic présentation of médical knowledge. They are rather six glorious years from 1 859 to 1 865, with Charles Darwin, Claude
a kind of memoranda which "could be used for teaching and trai¬ Bernard, Louis Pasteur, Gregor Mendel. Thèse six years hâve
ning purposes on the basis on daily practice and the comments changed the fate of man more deeply than ail the wars and battles
given orally by the Master" (Herrero, 1984, 16). Many of them cluttering history books of history ever did. They offered to mankind
hâve been published (Kôcher, 1963-1980). vaccination, the émergence of modem surgery and obstetrics.
However, paradoxically, they had for a long time but little influence
A Sumerian text dating back to the 22nd century B. C. supplies an on the ways and fashions to cure diseases. The fourth period, the
information of great interest on the process applied to manufacture therapeutic one, began in 1 936 with the discovery of sulfamides...
various simples and compounds. The ingrédients and the mode of But this kind medicine, at long last somewhat effective, was still ra¬
préparation are mentioned for each of thèse drugs, with détails on ther empirical. And now, at the end of the 20th century, the fifth
the various opérations to be carried out (desiccafion, purification, period - the rational one - has just started. 20th-century medicine
extraction, cooking, filtering, ete). However, this collection of recipes will be quite différent from the medicine of ancient times as it will
does not contain any indication concerning the affections targeted be strictly governed by rigour" (Bernard, 1 996, 7-8).
by the various préparations. In addition, ail the ingrédients hâve not
been identified. Nevertheless, those which hâve been identified tes- It is about a a little simplistic vision of the history of medicine.
tify to the great interest of Sumerians for the odoriferous principles Actually, historians and philologists specialists in civilizations of
contained in plants. We also hâve some Akkadian texts on per- Antiquity know for a long time that empiricism and the magie coe-
fumes and bilingual glossaries with the terms used in Sumerian and xisted as of the most moved back times. They continue to still coe-
Akkadian as names for thèse plants. In thèse documents, the plants xist today. Like extremely precisely the assyriologist Jean Bottéro
are sorted in various catégories, not according to their morphology, writes it: perhaps "Nowadays, to see, on a side the persistence of
but rather according to their use, in particular médical. the religious feeling and belief in a supernatural world, whatever it
is, and other, in very an other direction, the success of deliberately
irrational, if not absurd and inept methods curative, one will think
The médical texts are not the only sources available. Some interes¬ that, in the content, the things did not change so much since the
ting information is found in literary and légal texts on doctors and Babylon antique..." (Bottera, 1992, 224).
their practice. We hâve also letters written by Mesopotamian doc¬
tors giving information about the médical trade. The Royal Archives In fact, as René Labat mentioned in 1 966, the médical treatment of
in Mari (on River Euphrates) hold numerous documents of this kind. illness in ancient Mesopotamia, far from depending only on magie,

Des sources du savoir aux médicaments du futur From the sources of knowledge to the medicines of the future
G. Mazars, Pharmacopoeias ofthe Ancient Near-East m 63

relied on two perfectly distinct methods: that of the exorcist (âsipu) officinalis L.), melon (Cucumis melon L), myrrh (Commiphora
and thatof the doctor proper (asû) (Labat, 1966, 90). Some docu¬ myrrha Engl.), onion [Allium cepa L.), wafermelon [Citrullus vul¬
ments make it also clear that "the asû prevails over the âsipu and garis Schrad.), the pine tree (Pinus pinea L), potamogeton
the magician never intervenes if the doctor fails, whereas the latter (Potamogeton lucens L.), the castor-oil plant (Ricinus communis L),
can infervene if his colleague has done so" (Herrero, 1 984, 23). reed [Arundo donax L), nut grass (Cyperus esculentus L), styrax
(Liquidambar orientalis Mill.), sycomore [Acer pseudoplatanus L.),
The letters written by doctors or relating to doctors, not only pro¬ terebinth (Pistacia terebinthus L.), vine (V7f/s vinifera L).
vide information about their travels or their private life, but are also
invaluable documents on their notion of their own science and the In the chapter in the Ebers Papyrus devoted to the diseases affec-
nature of the treatment which provide to their patients. Medicine is ting the eyes, for example, acacia (Acacia nilotica Del.) appears in
always presented as a purely objective and human science. The do¬ a recipe meant to cure eyelid inflammation (Ebers no. 415) and
cuments, on the one hand, refer to a clinical examination of the pa¬ also in a recipe to cure trachoma (Ebers no. 383). The therapeutic
tient, and on the other hand, to the use of bandages, cataplasms, activity has been attributed to the active ingrédients contained in
lotions, ointmenfs, potions and massages. Nowhere is any mention acacia leaves and endowing them with disinfectant, astringent and
of the use of magie or any référence to the divine to be found anti-haemorragic properties. Aloe (Aloe vera L.) appears in the first
(Labat, 1966,90). recipe too. The thickened leaf juice contains anfhracene derivatives,
the main one being aloine (Paris and Moyse, 1 981 , 57), and traces
Thèse letters, according to Labat, are alsoof great value as "due to of essential oils. The doctors of Ancient Egypt incorporated it into
long period of time they cover, they shed light on a problem which eye lofions against blepharitis and .sties (Ebers no. 355, 423).
could hardly be elucidated on the sole basis of the professional
texts. It has been widely assumed that magie was the most ancient The Mesopotamian tablets testify to the use of several hundreds of
form of medicine and rational concepts appeared only gradually, plants or vegetable substances. Over one thousand names of médi¬
at a rather late time. Now the oldest letters show that, as early as cinal plants hâve been recorded. However, as many of thèse names
early Babylonien time, natural medicine existed with a spirit and are just synonyms, the number of species actually used in medicine
methods of its own, independently of magie" (Labat, 1 966, 91 ). is probably close to 300, of which many hâve not been identified
yet. They are used as ingrédients in more or less complex drug re¬
cipes, in various forms: powder, potion, lotion, ointment, balm, pill,
Testified knowledge suppository... Manufacturing them required much handling and se¬
veral opérations which can classified in four catégories: the opéra¬
Many of our médicinal plants were already known to Egyptians and tions prior to cooking, the cooking opérations proper, the opéra¬
Mesopotamians. Moreover, we owe a large part of our knowledge tions for cooling, the opérations common to the three preceding
to the Arabs and the Greek who had received them from the people tasks (Herrero, 1984, 61-86).

of the Ancient Middle East, as is confirmed by phytonymy. In this


respect, Wallis Budge points out the contribution of the assyriologist The lists in the first set of tablets are written in two columns. One co-
Campbell Thompson who showed that many plant names derived lumn contains the names of the plants. The other one provides va¬
from Sumerian via Arabie and Greek: asa foetida, colocynfh, rious information about thèse plants: synonyms, dénominations in
carob, cumin, myrrh, mandrake, sésame, cypress, lupine... (Budge, other languages (which proves that contacts and exchanges were
1978,43). common), and sometimes a short description and comments about
curative powers (Herrero, 1 984, 1 6).
Among the vegetable species or parts of plants mentioned in the
papyruses, we find in particular acacia (Acacia nilotica Del.), aloe The répertories that hâve corne down to us provide even more in¬
(Aloe vera L), asa foetida (Assa foetida Regel), bryony [Bryonia formation for a better knowledge of Mesopotamians. They are like
dioica Jacq.), carob tree (Ceratonia siliqua L.), celery (Celery gra- médical abridged guides with information organised in three co¬
veolens L), hemp (Cannabis sativa L), colocynfh [Citrullus colocyn- lumns. The first column is a list of the names of plants. Sometimes,
this Schrad.), coriander (Coriandrum sativum L), cumin (Cumimum there is also some information about the part of the plant and the
cyminum L.), the date palm tree [Phoenix dactylifera L), ebony species to be used (e.g. murru sha shadi, "mountain myrrh". Next
(Dyospyros ebenum Koenig), frank incense [Boswellia carterii to thèse détails, the document also offers information concerning
Birdw.), fennel (Anethum foeniculum L), the fig tree [Ficus carica L), the methods for the gathering (eg. ashâgi sha ina nasâhika
Juniper (Juniperus phoenica L), ammoniac gum (Dorema ammo- shamshu the îmur "ashâgu root that the sun should not see when
niacum Don.), pomgranafe (Punica granatum L.), hellébore you tear off"). The second column is a list of the diseases for which
(Helleborus sp.), ground rush (Juncus sp.), hyosciamus thèse plants can be used as remédies. The last column spécifies
[Hyoscyamus niger L.), lotus [Nymphéa lotus L), melilot (Melilotus briefly the form of préparation and the mode of administration cor-

Des sources du savoir aux médicaments du futur From the sources of knowledge to the medicines ofthe future
64 Origins of traditional pharmacopoeias

responding to the various remédies. Instructions are given by verbs the Greeks later equated with Hermès. At the beginning of a sec¬
either in the infinitive ("to crush, to mix, to dry...") or in the future tion in the Ebers papyrus, we can read that it was found under fhe
tense and the thou form ("thou wilt extract ifs juice..."). There is so¬ feet of god Anubis and taken to a Pharaoh of the 1 st dynasty.
metimes an indication of the excipient (honey, milk, vegetable oil),
the form for administration (potion, suppository), the dosage, the
contraindications... (Herrero, 1984, 17-18). In Mesopotamia too, medicine was regarded as a gift of the gods.
The médical school in Nippur, for example, claimed patronage of
The forms that hâve corne down to us hâve probably been used as the goddess Gula: "some masters claimed that their dogmas has
memoranda for the practitioners. They are lists of substances drawn been transmitted to them orally by wise men, the holders of secrets
from the three natural kingdoms, with the names of the diseases for more ancient than the Flood" (Sendrail, 1 980, 22). Among the di-
which they can be prescribed (Herrero, 1 984, 20-21 ). vinities having a médical rôle, the sun-god Shamash is also
prominent.
The third set of documents is most valuable, due to the number of
texts and the variety and interestof the knowledge contained. They The historiens of pharmacy hâve made another assumption.
hâve the form of collections of therapeutic prescriptions distributed According to a very common opinion, thèse draft pharmacopoeias,
in most cases in three main catégories. The first part is a list of the just like ail those in Ancient times, hâve been set up in an empirical
symptoms displayed by the patient with, in some cases, the dia- way. As men were driven by the need to find food, they tasted the
gnosis corresponding to thèse symptoms. The second part suggests plants found in their environment and they realised that stomach
a treatment, idenfifying the ingrédients to be used, the way to pré¬ ache stopped when they chewed spécifie plants while other plants
pare them to prépare a remedy and the mode of administration for offered relief from tiredness or pain and others could be lethal. This
this remedy. The third part - which is always very short - is devofed might hâve been the way a majority of médicinal plants were se¬
to the prognosis (Herrero, 1984, 21-22). lected and poisons identified and this knowledge was passed on
The existence of thèse répertories and thèse collections, the wealth across générations.
of information, its compactness and accuracy, proves that
Mesopotamians enjoyed a great sensé of observation and were However, such an explanation does not shed light on the effective
keen to classify. process for a sélection of plants for spécifie purposes. A close exa¬
mination of the texts discovered by the archaeologists shows that
the plants were already evaluated according to cultural standards
and Systems of correspondences with other cultural factors, which
Origin, development and transmission
might hâve influenced the sélection process. Mesopotamians rea-
of knowledge soned by analogy, sometimes by induction and déduction. Various
dues indicate that fhe Mesopotamians and the Egyptians carried
The oldest tablets and pharmacopoeia that they expose are so spé¬ out experiments on prisoners or slaves. Other peoples did that too.
cifie and detailed that they seem to be in the line of a long tradition In India, a Buddhist text reports on therapeutic testing carried out at
(Labat, 1 966, 91 ). The Ebers Papyrus refers indeed to former wri- the time of King Ashoka (264-227 B. C.) (Mitra, 1974, 57-59).
tings (Ebers no. 856a). Médical traditions might hâve developed a
long time before the invention of writing and be transmitted orally There is little doubt that people had corne to observe and notice the
from génération to génération before being recorded in written behaviour of sick animais. Various documents dating back to
form. Antiquity refer to that. The example of the shepherd Melampus has
been frequently cited; according to Theophrastus (327-287 B. C.)
How was knowledge built up and transmitted? Ail the documents of Melampus had discovered the purgative properties of hellébore
Antiquity addressing the issue of the origins of médical knowledge after observing the effect it had on his goafs. Much older Sanskrit
give the same answer: this knowledge is a gift of the gods who re¬ texts report about several animais that know about the plants ha¬
vealed it to mankind in various ways, directly or via more or less le- ving curative power (Mazars, 1 994, 433). But the Mesopotamians
gendary characters, demigods and prophets, in dreams or in a might hâve been first to develop an interest in the manners of wild
trance. The interprétation of dreams has indeed played a major rôle or domestic animais. We hâve extensive évidence of that. René
with Babylonians as a way to acquire knowledge. Labat says that the kings of Ashur and Nineveh "went to great
lengths to create vast zoological gardens in the gardens of their pa¬
Thus, the Egyptian texts touching upon the origin of medicine make lace. The soothsayers endeavoured to study with great care the
it clear that knowledge was revealed and then offered to men by the manners of wild and domestic animais to dérive prédictions from
gods. The médical handbooks are supposed to hâve been passed them" (Labat, 1966, 89). As Marguerite Rutten put it (1960), they
on to men by Thot, the doctor and magician of the gods, a god that were undoubtedly "researchers": Their "sacred science" held in it-

Des sources du savoir aux médicaments du futur From the sources of knowledge to the medicines of the future
G. Mazars, Pharmacopoeias ofthe Ancient NearJEast+%% 65

self ail the seeds of knowledge and, after spreading in the Greek vilizations, between the third and the second millennium before our
world, it opened the way for the discoveries of modem Times era. There is indeed extensive documentation, but it is not so easy
(Rutten, 1960,125). to hâve access to it. It is practically non-existent for fhe peoples wi¬
thout writing system. Consequently, it would be probably be very
Finally, the Egyptians and Mesopotamians might hâve received a profitable, for example, to investigate for traces of Egyptian in¬
part of their knowledge from the peoples with whom they had been fluences in the African traditional pharmacopoeias.
in contact. We hâve évidence of the borrowings with the présence
of exotic plants in the pharmacopoeias. Mesopotamia had connec¬ Our understanding of the knowledge accumulafed by the civiliza-
tions with the Indian sub-continent at the time of the so-called "Indus tions of the Ancient Middle East Antique is still far from satisfactory.
Valley" civilisation (Kuhne, 1976, 99-103; Francke-Vogt, 1995, We may hope to bridge part of the gap if we accept to re-examine
340). The vestiges of this civilization (Mackay, 1936; Wheeler, existing documentation, try to hâve a better understanding of thèse
1 953; Piggott, 1 962) testify to the existence of a civilization in India texts and engage in new comparative studies.
that had attained such a high degree of development as early as
the third millennium before our era that we hâve good reasons to
think that medicine was well advanced there too (Mazars, 1 991 , 2).
The cities in the Indus valley are known to hâve maintained com¬
mercial ties with Mesopotamia as is proven by the discoveries made
in Ur, Susah or Kish in the strata corresponding to the third millen¬
nium before Christ, with seals (Gadd, 1 932) and other objects ori¬
ginating from the Indus area, a région known under the name of
Meluhha in the Mesopotamian tablets (Gelb, 1970; Heimpel,
1993). This trade might hâve been the médium for an exchange
between the two civilisations, if not for scientific concepts or théo¬
ries, then at least for practical knowledge and médical recipes.

Conclusion

In way of conclusion, what do written sources tell us relating to the


pharmacopoeias in the Ancient Middle East?

First, the texts that hâve corne down to us are among the oldest wri-
tings produced by human beings. But they are not the first ever
"pharmacopoeias" as they explicitly refer to even older documents.
They represent the final stage of an ancient tradition that had been
transmitted orally across several générations. They testify to a kno¬
wledge that was already well established and might hâve merged
even before the first writings were created. This knowledge might
hâve been elaborated in the course of centuries after the beginning
of the settling process in the Middle East and be enriched when in
contact with other peoples.

Thèse texts, in particular those from Mesopotamia, are "scholarly"


treatises, remarkable by their rational character, the scientific rigour
that pervades them and which the specialists hâve observed.
Unfortunately, this vast literature, for various reasons, has not been
the subject of thorough investigation yet.

We hâve much information about what the Arabs and the Greeks
owe to the Egyptians and the Mesopotamians concerning science
(Levey, 1 973, 1-10), but we are much scantier knowledge about the
scientific exchanges between the Ancient Middle East and other ci-

Des sources du savoir aux médicaments du futur From the sources of knowledge to the medicines of the future
66 Origins of traditional pharmacopoeias

Untersuchungen, 6 vols., Berlin, Walter de Gruyter. Band I: Keilschrifttexte


Références
aus Assur 1, xxxii p. + 1 00 planches, 1 963. Band II: Keilschrifttexte aus

Assur 2, xxviii p. + 1 00 planches, 1 963. Band III: Keilschrifttexte aus Assur


BARDINET T. (1 995) Les Papyrus Médicaux de l'Egypte Pharaonique, Paris,
3, xxxiii p. + 1 00 planches, 1 964. Band IV: Keilschrifttexte aus Assur 4,
Librairie Arthème Fayard.
Babylon, Nippur, Sippar, Uruk und unbekannter Herkunft, xxxviii p. + 116
BERNARD J. (1 996) La médecine de demain, Paris, Flammarion (Collection planches, 1971. Band V: Keilschrifttexte aus Ninive 1, xlvi p. + 123 plan¬
Dominos, 84). ches, 1 980. Band VI: Keilschrifttexte aus Ninive 2, xlii + 1 57 planches,
1980.
BIGGS R.D. (1990) Medizin. A. In Mesopotamien, Reallexikon der-
Assyriologie, Band 7, p. 623-629. KUHNE H. (1976) Industalkultur, Reallexikon der Assyriologie, Band 5, p.
96-104.
BOTTERO J. (1992) Magie et médecine à Babylone, in Initiation à l'Orient
ancien, De Sumer à la Bible, Présenté par Jean Bottéro, Paris, Editions du LABAT R. (1966) La Mésopotamie, in Histoire Générale des Sciences, tome
Seuil, p. 205-226. I, Paris, Presses Universitaires de France, p. 73-136.

BREASTED J.H. (1 930) The Edwin Smith Surgical Papyrus, 2 vol., Chicago, LECA A.-P. (1 971) La médecine égyptienne au temps des pharaons, Pans,

University of Chicago Press. Editions Roger Dacosta.

BRYAN CP. (1930) The papyrus Ebers, London, Geoffrey Blés. LEVEY, M. (1973) Early Arabie Pharmacology. An Introduction based on
Ancient and Médiéval Sources, Leiden, E J. Brill.
BUDGE E.A.W. (1 978) Herb-Doctors and Physicians in the Ancient World.
The Divine Origin ofthe Craft ofthe Herbalists (Nouvelle édition), Chicago, MACKAY E. (1 936) La Civilisation de l'Indus. Fouilles de Mohenjo-daro et
Ares Publishers. d'Harappa, Paris, Payot.

FRANKE-VOGT U. (1995) Mohenjo-Daro, Reallexikon der Assyriologie, MAZARS G. (1991) La médecine dans l'Inde antique, in Encyclopédie des
Band 8, p. 338-344. Médecines Naturelles, Phytothérapie - Aromathérapie, Paris, Editions
Techniques, A-1, p. 1-10.
GADD CJ. (1932) Seals of Ancient Indian Style Found at Ur, Proceedings
of the British Academy, 1 8, p. 191-210. MAZARS G. (1994) La médecine vétérinaire traditionnelle en Inde, Revue
scientifique et technique de l'Office international des Epizooties, 1 3, p. 433-
GELB IJ. (1970) Makkan and Meluhha in Early Mesopotamian Sources,
442.
Revue d'Assyriologie, 64, p. 1 -8.
MITRA J. (1974) History of Indian Medicine from Pre-Mauryan to Kusâna
GRAPOW H., VON DEINES H., WESTENDORF W. (1 954-1 962) Grundriss
Period, Varanasi, Jyotirâlok Prakashan.
der Medizin der alten Agypter, Berlin, Akademie Verlag.
PARIS R.R., MOYSE H. (1981) Précis de Matière médicale, tome II, 2° éd.
HEIMPEL W. (1 993) Meluhha, Reallexikon der Assyriologie, Band-8/1 -2, p.
révisée, Paris, Masson.
53-55.
PIGGOTT S. (1962) Prehistoric India to 1000 BC, London, Cassel.
HERRERO P.(1984) La Thérapeutique mésopotamienne, édité par Marcel
Sigrist, Préface de François Vallat, Paris, Editions Recherche sur les civilisa¬ RUTTEN M. (1960) La science des Chaldéens, Paris, Presses Universitaires
tions. de France (Collection " Que sais-je ? " n° 893).

JONCKHEERE F. (1947) Le papyrus médical Chester Beatty, Bruxelles, SENDRAIL M. (1980) Sous la main d'Ishtar, in Histoire culturelle de la ma¬
Fondation Egyptologique Reine Elisabeth. ladie, Toulouse, Privât, p. 1 9-41 .

KÔCHER F. (1 963-1 980) Die babylonisch-assyrische Medizin in Texten und WHEELER M. (1953) The Indus civilization, Cambridge, University Press.

Des sources du savoir aux médicaments du futur From the sources of knowledge to the medicines of the future

Vous aimerez peut-être aussi