Curriculum Et Contextualisation
Curriculum Et Contextualisation
Curriculum Et Contextualisation
Présenté par :
RAJAONARIVELO Andry
Sous la co-direction de :
Madame RANAIVO Velomihanta
Maître de conférences, HDR
Madame RAKOTOMENA Norosoa
Maître de conférences
12 Septembre 2O19
UNIVERSITÉ D’ANTANANARIVO
ÉCOLE NORMALE SUPÉRIEURE D’ANTANANARIVO
DOMAINE : SCIENCES DE L’ÉDUCATION
MENTION : ÉDUCATION, PLURALITÉ LINGUISTIQUE ET CULTURELLE
PARCOURS : ÉCOLE, PLURILINGUISME et PLURICULTURALISME :
DIDACTOLOGIE
Présenté par :
RAJAONARIVELO Andry
Sous la co-direction de :
Madame RANAIVO Velomihanta
Maître de conférences, HDR
Madame RAKOTOMENA Norosoa
Maître de conférences
12 Septembre 2O19
Membres du jury
i
Liste des abréviations
AA : Approche Actionnelle
APC : Approche Par les Compétences
APS : Approche Par les Situations
CAPEN : Certificat d’Aptitude Pédagogique de l’École Normale
CECRL : Cadre Européen Commun de Référence pour les Langues
CEG : Collège d’Enseignement Général
CISCO : Circonscription Scolaire
CLT : Communicative Language Teaching
CM : Conseil des Maîtres
CNRLT : Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales
DCI : Direction des Curricula et des Intrants
DDC : Direction de Développement des Curricula
DERP : Direction des Études et des Recherches Pédagogiques
DLC : Didactique des Langues et des Cultures
E/A : Enseignement/Apprentissage
EAD : Enseignement, Apprentissage et Didactique
EF1 : Éducation Fondamentale du Premier Cycle
EF2 : Éducation Fondamentale du Deuxième Cycle
ENS : École Normale Supérieure
EPE : Équipe Pédagogique de l’Établissement
EPP : École Primaire Publique
FEA : Formation d’Enseignants d’Anglais
FJKM : Fiangonan’i Jesoa Kristy eto Madagasikara
LMS : London Missionary Society
LVE : Langues Vivantes Étrangères
MAO : Méthodologie Audio-Orale
MAV : Méthodologie Audio-Visuelle
MD : Méthodologie Directe
ii
MENETP : Ministère de l’Éducation Nationale, de l’Enseignement
Technique et Professionnel
MGT : Méthodologie Grammaire-Traduction
PL : Politique Linguistique
PLE : Politique Linguistique Éducative
PPO : Pédagogie Par Objectifs
PSE : Plan Sectoriel de l'Éducation
SE : Sciences de l’Éducation
SHS : Sciences Humaines et Sociales
SL : Sciences du Langage
SN : Sciences de la Nature
UERP : Unité d’Étude et de Recherche Pédagogiques
UNESCO : Organisation des Nations Unies pour l'Éducation, la
Science et la Culture
ZAP : Zone Administrative et Pédagogique
ZPD : Zone Proximale de Développement
iii
Liste des schémas
Schéma 1: Les imbrications en SHS .............................................................................. 17
Schéma 2: Modélisation de la discipline « anglais » selon la matrice de Puren ............ 22
Schéma 3: Le mécanisme du renouvellement des approches ......................................... 29
Schéma 4: Le contexte comme distance et rapprochement ............................................ 50
Schéma 5: Les pratiques enseignantes dans leurs contextes .......................................... 51
Schéma 6: Les gestes de contextualisation des enseignants ........................................... 96
iv
Sommaire
Remerciements ......................................................................................................... i
Liste des abréviations.............................................................................................. ii
Liste des schémas ................................................................................................... iv
Liste des tableaux ................................................................................................... iv
Sommaire ................................................................................................................. v
Introduction générale ............................................................................................. 1
Première partie : Cadres épistémologique, théorique et contextuel................. 11
Introduction de la Première Partie ...................................................................... 12
Chapitre 1 : Cadre épistémologique ................................................................... 13
Chapitre 2 : Cadre théorique ............................................................................... 27
Chapitre 3 : La contextualisation du curriculum d’anglais à Madagascar .......... 61
Conclusion de la Première Partie ........................................................................ 76
Deuxième partie : Cadre Méthodologique .......................................................... 79
Introduction de la Deuxième Partie .................................................................... 80
Chapitre 1 : Clarification de la méthodologie de recherche ............................... 81
Chapitre 2 : L’enquête sur le terrain ................................................................... 86
Conclusion de la Deuxième Partie .................................................................... 101
Conclusion Générale ........................................................................................... 103
Références bibliographiques et sitographiques ................................................... vi
Table des Annexes ................................................................................................. xv
Table des matières ............................................................................................. xxvii
v
Introduction générale
Madagascar est une île se trouvant dans l’Océan indien, à 400 km de l’Afrique.
Sa situation géographique constitue l’un des facteurs prépondérants qui pousse la Grande
Île à entreprendre des contacts avec d’autres pays. En effet, même si Madagascar est
réputé et reconnu comme un pays doté d’importantes ressources naturelles, il ne peut pas
se suffire à lui-même ni vivre isolément en autarcie.
Pour désigner cette situation de pluralité, deux concepts doivent être clairement
différenciés : le plurilinguisme et le multilinguisme. Selon le Cadre européen commun de
référence pour les langues (CECRL, 2001, p.11), le plurilinguisme signifie « pluralité de
langues chez l’individu » ; tandis que le multilinguisme désigne la « connaissance d’un
certain nombre de langues ou la coexistence de langues différentes dans une société
donnée » (CECRL, 2001, p.11).
1
SEGHAIER, Ahmed, 2004. Mondialisation et Éducation. In : Éducation et Mondialisation : les
conséquences de la libéralisation de l'éducation prônée par l'Accord Général sur le Commerce des Services
(AGCS) ; illustration sur la base de la position canadienne et belge, disponible sur :
https://www.memoireonline.com/04/08/1030/m_education-mondialisation-consequences-liberalisation-
education-agcs1.html#toc3, consulté le 19 Mai 2019. Le document publié en ligne n’a pas de pagination.
1
effet, plusieurs siècles de contact avec des cultures étrangères ont fait du pays une société
pluriculturelle et plurilingue :
En dépit du fait que c’est un fait mondial, la pluralité linguistique malgache a ses
spécificités. Elle est caractérisée par une distribution inégalitaire des langues en présence,
tant dans le milieu éducatif que dans la société (Randriamarotsimba, 2014, p.179). Il
s’agit donc d’une pluralité linguistique problématique. En fait, le paysage
sociolinguistique malgache est dominé par une diglossie enchâssée, c’est-à-dire des
formes de diglossie qui sont imbriquées les unes dans les autres (Calvet, 1999, p.47).
Cette situation linguistique est caractéristique des pays anciennement colonisés.
À part ces trois langues et les variétés régionales du malgache, d’autres langues
internationales et /ou d’autres langues émergentes sont également à considérer dans le
paysage sociolinguistique malgache (Tiana Razafindratsimba et Ranaivo, 2014, p. 31).
Elles ont leur place dans le tourisme, le commerce et dans le champ éducatif. En effet,
des langues vivantes étrangères comme l’allemand, l’espagnol, le russe, l’italien, l’arabe,
le mandarin et le japonais coexistent à Madagascar. Certaines d’entre elles constituent
2
des matières optionnelles dans l’enseignement secondaire/supérieur2 et d’autres font
l’objet d’études dans le niveau supérieur. En particulier, le mandarin est une langue
étrangère émergente dans le domaine éducatif malgache. Selon Tiana Razafindratsimba
et Ranaivo, il s’agit d’une langue qui « occupe déjà une place importante au niveau de
l’enseignement supérieur par la présence de l’Institut Confucius au sein de la Faculté des
Lettres et Sciences Humaines de l’Université d’Antananarivo » (Tiana Razafindratsimba
et Ranaivo, 2014, p. 31).
2
Le japonais et l’arabe sont parmi le choix des deuxièmes langues vivantes (LV2) des étudiants recrutés à
la Mention Études Anglophones, du Domaine Arts, Lettres et Sciences Humaines de l’Université
d’Antananarivo.
3
PUREN, Christian, 2016. La complexité. Modèle complexe de la discipline « didactique des langues-
cultures ». In : Cours « Outils et modèles en didactique des langues-cultures ». Disponible sur :
www.christianpuren.com/cours-outils-et-modèles-en-dlc/chapitre-1-complexité-de-la-dlc/, consulté le 20
Novembre 2018.
3
- D’une part, il s’agit de « l’apprentissage des langues comme instrument
volontariste de défense des cultures et d’intercompréhension entre cultures ».
C’est justement dans ce cadre que s’insère le présent projet de thèse. Il a pour
visée d’apporter une réflexion scientifique sur l’enseignement/apprentissage des langues,
en particulier la langue de spécialité qu’est l’anglais, dans une perspective d’amélioration.
Un tel processus prend en compte les traits contextuels de l’environnement dans lequel il
s’inscrit, en incluant, en particulier, cette pluralité qui représente des enjeux importants
dans le système éducatif malgache. Plus précisément, ce projet de recherche porte sur le
champ de la contextualisation didactique, entendue comme une « prise en compte active
des contextes politiques, sociaux, économiques, culturels, linguistiques, institutionnels,
pédagogiques, interactionnels, dans le tissage concret des pratiques didactiques et des
recherches sur ces pratiques didactiques […] en insistant sur le processus (d’où les
suffixes -iser, -isation), plus que sur un contexte « donné » qui ne serait qu’un simple «
décor » (Rispail et Blanchet, 2011, p.68, 449).
4
d’enseignants d’anglais de niveau Licence à l’École Normale Supérieure (ENS),
Université d’Antananarivo, point qui sera reprécisé plus bas.
Pour clarifier cet objectif général, il convient de préciser les objectifs spécifiques, à
savoir:
5
- Mettre en exergue les incidences ou non de ces traits contextuels sur le processus
d’enseignement/apprentissage de l’anglais à Madagascar, y compris l’évaluation
formative et sommative.
- Mettre en relief les enjeux des dispositifs didactiques comme les curricula et
programmes.
Ainsi, le secondaire est visé en priorité par cette réflexion dans le souci d’avoir une
vision plus large du contexte malgache, et de pouvoir déceler l’existence de cohérence ou
non entre les curricula des différents niveaux.
6
avant le français, peu de Malgaches ont recours à cette langue dans le quotidien, hors du
cercle restreint de l’école, à travers les séquences d’apprentissage de l’anglais en classe.
Son prestige à l’international semble ne pas beaucoup jouer en sa faveur dans le paysage
sociolinguistique de Madagascar. Ainsi, l’analyse de la contextualisation dans
l’enseignement/apprentissage de l’anglais est plus que nécessaire dans la perspective
d’une amélioration des compétences communicatives des apprenants malgaches en
anglais puisque cette langue « garde le statut de matière d’enseignement et de langue
étrangère privilégiée pour tout le système éducatif» (Tiana Razafindratsimba et Ranaivo,
2014, p.30).
Ainsi, dans le cas des dispositifs de l’ENS d’Antananarivo, des stages d’observation
et des pratiques de classe sont programmés dans les établissements du secondaire ; en ce
qui me concerne, ce stage a été effectué au Lycée Moderne d’Ampefiloha en 2016. Il
comprend la rédaction d’un rapport de stage problématisé concernant
l’enseignement/apprentissage de l’anglais à Madagascar : cela constitue déjà un motif
important pour se lancer dans le présent projet de thèse. En fait, ces stages et l’élaboration
d’un rapport problématisé y afférent entrent dans le cadre de la formation en vue de
l’obtention du diplôme de Licence, Mention Enseignement, Apprentissage et Didactique
des Langues et de la Philosophie (EAD-LP), Parcours Formation d’Enseignants
d’Anglais (FEA). Ces stages ont déjà donné un aperçu des réalités sur le terrain. C’est
pourquoi, la contextualisation relative au processus enseignement/apprentissage de la
langue anglaise, à travers les programmes et curricula, se présente comme une
continuation des réflexions déjà engagées en la matière.
4
Il s’agit d’un Portail malgache des Thèses et Mémoires Électroniques. Disponible sur : http://biblio.univ-
antananarivo.mg/theses2/accueil.jsp, consulté le 17 juin 2019.
7
cas », […] reviendrait toujours à présenter Madagascar comme une exception » (Tiana
Razafindratsimba, 2014, p.14). De ce fait, contrairement à ce projet de thèse, il semble
que ces recherches n’ont pas vraiment l’ambition d’établir une modélisation didactique
qui puisse aider à repenser l’enseignement/apprentissage de la discipline « anglais » selon
l’optique de la pluralité et de la DLC qui nous intéresse.
Pour mener à bien la réflexion dans ce projet de thèse, l’approche sociodidactique est
choisie étant donné qu’elle consiste en une mise en perspective de la didactique et de la
sociolinguistique dans la recherche.
5
Cf. supra p.5.
8
biographies langagières, observation de pratiques sociales contextualisées » (Blanchet,
2011, p.463).
Les niveaux secondaires seront donc retenus pour les observations de classe et
enquêtes sur le terrain. Les témoins choisis sont des apprenants, des enseignants
d’anglais, des chefs d’établissements scolaires, et des responsables techniques du cabinet
du ministère chargé de l’éducation nationale8, de la Direction des Curricula et des Intrants
(DCI) et de la Direction des Études et des Recherches Pédagogiques (DERP).
6
Il s’agit notamment de pluridisciplinarité, d’interdisciplinarité et de transdisciplinarité afin de ne pas diluer
la DLC dans la métadisciplinarité. De ce fait, nous envisageons d’établir de véritables connexions entre les
concepts et théories de disciplines différentes, ainsi que leur mode d’interprétation pour comprendre notre
objet d’étude ; Cf. infra p.18.
7
Cf. Deuxième Partie.
8
Actuellement, Ministère de l’Éducation Nationale, de l’Enseignement Technique et Professionnel
(MENETP).
9
Quant au lieu d’enquête, il s’agit de la Circonscription Scolaire (CISCO) de
Faratsiho. Nous avons choisi le district/la CISCO de Faratsiho du fait que c’était notre
lieu de travail en tant qu’enseignant, directeur d’école, collaborateur pédagogique et chef
ZAP. De plus, l’accès aux établissements scolaires ne présentera pas de difficulté puisque
la plupart des responsables et enseignants sont des collègues de travail. Plus précisément,
le milieu d’enquête est composé par des établissements scolaires publics et privés des
niveaux collèges et lycées se trouvant dans la commune rurale de Faratsiho.
Enfin, pour bien conduire la réflexion concernant le présent projet de thèse, cette
étude sera structurée en deux parties. Tout d’abord, la première partie présentera le cadre
épistémologique, théorique et contextuel de la recherche. Ensuite, la seconde partie
donnera une clarification du cadrage méthodologique de la réflexion relative à la
contextualisation dans l’enseignement/apprentissage de l’anglais à travers les
programmes et curricula. La discussion sur ce qui a été exposé dans les différentes parties,
les perspectives, les difficultés rencontrées, ainsi que les atouts et limites de la recherche
seront mises en relief dans la Conclusion Générale.
10
Première partie : Cadres épistémologique, théorique et
contextuel
11
Introduction de la première partie
La connaissance est une faculté qui est propre à l’être humain. Sa mise en œuvre
aboutit à la production de connaissances valables, c’est-à-dire vérifiables, transposables
et reproductibles. Ces connaissances constituées, acquises par l’application de
l’intelligence et de la raison, diffèrent des connaissances aléatoires et s’organisent en
sciences. Par exemple, les connaissances constituées dans le champ éducatif s’organisent
en sciences de l’éducation. Ainsi, un chercheur est celui qui mobilise ses facultés de
manière appropriée en vue de produire des connaissances constituées. Dans cette
production de connaissances scientifiques, le chercheur digne de ce nom est tenu de situer
sa recherche dans un cadre bien défini. En d’autres termes, il doit poser clairement les
repères généraux de son projet.
Afin d’apporter un éclairage sur les fondements de ce travail, trois chapitres seront
développés ; ils portent respectivement sur :
12
Chapitre 1 : Cadre épistémologique
L'épistémologie, c'est "l'étude de la construction des connaissances valables"
(Piaget, cité par Livian, 2015, p.13). C'est donc l'étude de la manière dont les sciences
peuvent produire des connaissances constituées. Dans toute recherche, il est nécessaire
d’établir un cadre épistémologique pour déterminer l’ancrage disciplinaire. Selon
Blanchet et Chardenet, établir un cadre épistémologique revient à « s’interroger sur ce
qu’est connaitre et de choisir des réponses qui constituent autant de choix, au moins
provisoires, à partir desquels et dans le cadre desquels la recherche va être construite
davantage qu’appliquée, dans le cadre desquels les connaissances vont être élaborées et
diffusées » (Blanchet et Chardenet, 2011, p. 7).
9
REY, A. (dir.), 1994. Dictionnaire historique de la langue française. Paris : Dictionnaires Le Robert,
1895 p.
13
Au sens général, la science est l'ensemble des connaissances humaines « qui se
rapportent à des faits obéissant à des lois objectives (ou considérés comme tels) et dont
la mise au point exige systématisation et méthode »10.
Il existe deux types de sciences : les sciences de la nature, appelées « sciences dures »
(par exemple, sciences logiques et mathématiques) et les sciences humaines et sociales,
appelées aussi « sciences molles » (par exemple, sciences de l’éducation). La
dénomination « dure » et « molle » concerne le degré d’exactitude et de précision d’une
science. En effet, selon certains épistémologues et savants des sciences naturelles, « les
sciences de la nature (ou "sciences exactes") seraient les seules susceptibles de certitudes,
les SHS devant se contenter d'approximations » (Livian, 2015, p.8). D’ailleurs,
contrairement à ce qui prévaut en sciences de la nature, « en sciences humaines, il n’existe
pas de consensus théoriques et méthodologiques entre les membres de la communauté
scientifique » (Dépelteau, 2000, p.17). Cela explique la grande diversité théorique et
méthodologique des sciences humaines et sociales.
Toutefois, de nos jours, cette opposition (sciences dures vs sciences molles) tend à
être dépassée. Selon Livian (2015, p.8), « la possibilité pour les SHS de produire des
connaissances sérieuses n'est plus guère discutée, de même que la prétention à la vérité
absolue n'est plus guère défendue par les scientifiques des sciences "dures" eux-mêmes ».
En outre, il est nécessaire d’expliciter que certaines disciplines issues des sciences
naturelles comme les Sciences de la Vie et de la Terre (SVT) et les sciences physiques et
chimie (PC) sont aussi appelées sciences expérimentales, compte tenu de la méthode
expérimentale qu’elles mettent en œuvre dans la recherche scientifique. Il s’agit d’une
méthode qui consiste à « […] tester l'effet d'une variable (ou de plusieurs) sur la variable
à expliquer » (Livian, 2015, p.8). En se basant sur l’explicitation faite par le chimiste
Michel-Eugène Chevreul (1856, p.27-29), cette démarche expérimentale requiert la prise
10
http://www.cnrtl.fr/definition/sciences, consulté le jeudi 11 avril 2019.
14
en compte de trois étapes : l’observation, la formulation d’hypothèse et l’expérimentation
proprement dite. Plus précisément, il perçoit la méthode expérimentale comme suit :
« Un phénomène frappe vos sens ; vous l’observez avec l’intention d’en découvrir la
cause, et pour cela, vous en supposez une dont vous cherchez la vérification en instituant
une expérience. Le raisonnement suggéré par l'observation des phénomènes institue donc
des expériences […], et ce raisonnement constitue la méthode que j’appelle
expérimentale, parce qu’en définitive l’expérience est le contrôle, le critérium de
l’exactitude du raisonnement dans la recherche des causes ou de la vérité » (Chevreul,
1856, p.27-29).
Cette méthode expérimentale a été transposée aux SHS depuis les sciences naturelles,
et ce, à travers la méthode hypothético-déductive. Cette dernière consiste à « proposer
au départ de la recherche, à titre d’hypothèse, une réponse à une question, et à valider ou
invalider cette réponse en la confrontant par expérimentation, en situation contrôlée, à des
données sélectionnées (travail de bureau ou de laboratoire) » (Blanchet, 2000, p.29).
Voici, à titre de synthèse, un tableau qui présente les particularités des Sciences
Humaines et Sociales (SHS) et des Sciences de la Nature (SN) :
Le tableau ci-dessus montre les traits distinctifs des deux groupes de sciences.
Leur différence réside surtout dans leurs objets de recherches :
- D’une part, les sciences naturelles ont pour objet la nature, comme leur nom
l’indique. En d’autres termes, elles étudient « tout ce qui existe et se produit sans
intervention de l’homme » (Angers, 1997, p.25).
15
- D’autre part, les sciences humaines et sociales ont pour objet l’étude de l’être
humain et sa relation en société. Or, le chercheur étant lui-même un homme, il ne
peut qu’être « subjectif » et « interprétatif » étant donné qu’il est à la fois « le sujet
connaissant » et « l’objet de la connaissance ». L’homme est donc « l’objet de sa
propre démarche » (Blanchet, 2000, p.30). Ainsi, contrairement à ce qui prévaut
en sciences naturelles, le chercheur en SHS doit être « attentif à l’effet qu’il
produit sur les personnes concernées par son étude : cet effet d’interaction
inévitable doit être pris en compte dans l’interprétation des données » (Blanchet,
2000, p.31).
La recherche scientifique est donc une mise en œuvre de la connaissance en vue
de produire des connaissances constituées qui permettent de comprendre l’univers
naturel et humain.
Quant à la structuration des sciences issues des SHS, elle varie selon la civilisation
et la tradition. En Europe, on parle de « Sciences humaines (humanities, ciencias
16
humanas, geisteswissenschaften) et de sciences sociales (social sciences, ciencias
sociales, sozialwissenschaften) » (Livian, 2015, p.10).
Source : auteur
En se basant sur ce schéma 1, les sciences de l’éducation (SE), qui sont issues des
SHS, peuvent être classées, notamment, parmi les branches des sciences humaines du fait
que le domaine des sciences de l’éducation englobe les disciplines qui traitent, « dans des
perspectives différentes mais complémentaires et coordonnées, les conditions
d’existence, de fonctionnement, et d’évolution des situations et des faits d’éducation »,
entre autres, la psychologie, la sociologie, la docimologie, les sciences de la
17
communication, et les didactiques des disciplines (Mialaret, 2006, p.69-70). Ainsi, les
sciences de l’éducation représentent-elles des disciplines complexes qui sont au centre de
la collaboration disciplinaire.
11
La métadisciplinarité risquerait de la faire perdre son autonomie et ses frontières disciplinaires.
18
complexe. Ces éléments cités sont présents dans plusieurs disciplines. Complétant cette
explicitation de Blanchet concernant le terme transdisciplinarité, Cortes stipule aussi que
la transdisciplinarité est constituée par « les interrelations, les interactions, les
interférences, les complémentarités, les oppositions entre les éléments constitutifs dont
chacun est prisonnier d’une discipline particulière » (Cortes, 2008, p. 44).
Le champ dit de la « didactique des langues et des cultures » n’est pas de nature
foncièrement épistémologique13, mais il correspond à « un ensemble de domaines
d’intervention sociaux, ceux de l’enseignement des langues, sous toutes ses formes, et
des politiques linguistiques éducatives que celui-ci met en œuvre » (Beacco, 2011, p.31).
12
Edgar Morin, 1994. Sur l’interdisciplinarité. Bulletin interactif du Centre international de recherches et
études transdisciplinaires, n°2, 1994. Disponible sur :
http://ciret-transdisciplinarity.org/bulletin/b2c2.php, consulté le 14 Avril 2019. Il n’y avait pas de
pagination dans le document d’origine.
13
« N’est pas de nature foncièrement épistémologique », expression signifiant que la didactique des langues
et des cultures est une discipline complexe qui requiert une collaboration disciplinaire. Elle n’a pas de statut
épistémologique évident. « Comme les sciences de l’éducation, la didactique est un domaine carrefour dont
le monde s’accorde à reconnaître l’existence, voire le bien-fondé, mais dont le centre de gravité et les
frontières bougent » (Poteaux, 2003, p.84).
19
Ainsi, il importe de réfléchir sur ce qu’est la didactique des langues et des cultures et
sur les recherches s’y rapportant. Tout d’abord, il est nécessaire de faire une distinction
entre didactique et recherche en didactique sans pour autant les dissocier.
En effet, la didactique des langues et des cultures désigne l’« ensemble des usages
relatifs à l’enseignement et l'apprentissage des langues et des cultures ». Tandis que « la
recherche en didactique des langues et des cultures est l’observation / analyse /
interprétation des usages (ressources, pratiques, représentations) relatifs aux
enseignements et apprentissages linguistico-culturels pouvant déboucher sur des
propositions d'intervention » (Blanchet et Rispail, 2012)14.
14
BLANCHET, Philippe et RISPAIL, Marielle, 2012. La Contextualisation. Enjeux épistémologiques et
méthodologiques pour la recherche en didactique des langues et des cultures. Séminaire Recherches en
Didactique des Langues et des Culture, Benemérita Universidad Autonóma de Puebla, 26 et 27 mars 2012.
15
PUREN, Christian. Séminaire de formation en ligne « La didactique des langues-cultures comme
domaine de recherche », p.2. Disponible sur : http://www.christianpuren.com, consulté le 20 Novembre
2018.
20
concourant à l’éducation de la population. Le noyau central de ce système éducatif est
l’école en tant qu’institution. De ce fait, l’éducation est une action de la société prise en
charge par « l’institution école », à travers une situation d’enseignement/apprentissage.
En conséquence, l’introduction des disciplines dans cette institution école résulte des
besoins et du choix de la société.
21
6 La discipline « anglais »
La discipline « anglais » réfère à un savoir sui generis. En d’autres termes, c’est
une discipline qui est née de l’école elle-même selon le besoin de la société. Elle n’est
pas issue de la transposition didactique des savoirs savants. En revanche, certains aspects
de la linguistique sont réinvestis dans la didactique pour mieux enseigner. L’appréhension
du concept de disciplines scolaires et l’identification des spécificités de la discipline-
langue permettent de passer à la modélisation de cette discipline « anglais » qui constitue
le noyau de la présente recherche. En fait, le schéma suivant porte sur les finalités et les
objectifs de l’enseignement/apprentissage de l’anglais, selon la matrice disciplinaire de
Christian Puren (1988, p.32), qui est ici réinvestie et transposée au système éducatif
malgache (Puren, 1988, cité par Sachot, 2007, p.14). Les objectifs de
l’enseignement/apprentissage de l’anglais sont distribués selon trois finalités distinctes :
la cognition, la culture et l’éducation.
22
Une matrice disciplinaire est une sorte de moule qui sert à générer les aspects
relatifs à toute discipline. Il s’agit d’une « unité épistémologique » (Develay, 1993, 32)
qui détermine ce qu’une discipline est et ce qu’elle n’est pas. Elle fait surgir aussi la
problématique du contenu, c’est-à-dire les questions qu’il y a lieu de poser sur la
discipline langue, notamment, sur le plan scientifique et didactique : quel contenu pour la
discipline langue ? Christian Puren apporte une réflexion sur cette question du point de
vue des finalités et des objectifs de l’enseignement/apprentissage des langues.
Selon Develay (1992, p.46-47), « une matrice disciplinaire nous paraît constituée
par le point de vue qui, à un moment donné, est porté sur un contenu disciplinaire et en
permet la mise en cohérence. Ce point de vue est constitué par le choix d'une identité pour
la discipline considérée. Il entraîne à privilégier, de fait, certains concepts, certaines
méthodes, certaines techniques, certaines théories, certaines valeurs, et amène en dernier
ressort à valoriser certains objets d'enseignement. Le choix d'une matrice disciplinaire
renvoie, de surcroît, à un choix idéologique rarement explicité au fond ». Il s’agit de ce
fait d’un choix qui dépend le plus souvent de la vision du monde, du point de vue de la
société, de l’État ou de la nation.
Le schéma contient deux niveaux, marqués par des grands cercles et des cercles
plus petits. Ces grands cercles représentent les trois finalités de l’enseignement de
l’anglais. Si on lit le schéma supra dans le sens des aiguilles d’une montre, ces trois
finalités sont respectivement « l’éducation », la « culture » et la « cognition ». Autour de
chaque finalité gravitent trois objectifs. En outre, entre ces trois finalités, il existe une
relation à double sens qui signifie que ces finalités de l’enseignement/apprentissage de
23
l’anglais ne peuvent pas être séparées. En d’autres termes, aucune finalité ne peut être
considérée en elle-même dans la discipline langue.
Tout d’abord, le pôle éducatif est constitué de trois objectifs qui sont
respectivement l’éducation morale, intellectuelle et esthétique. Ces objectifs sont laissés
au soin des enseignants et apprenants parce que tout ce qui est bien, beau, vrai est toujours
relatif. « Le pôle éducatif, […], reste vide : La République n'étant pas une Église, elle ne
peut rien dire quant au contenu du vrai, du bien ou du beau, pour reprendre ces trois
transcendantaux platoniciens. Il est totalement laissé au jugement de l'individu-sujet »
(Sachot, 2007, p.15). La définition de ces trois objectifs éducatifs dépendra donc du
contexte dans lequel s’effectue l’enseignement/apprentissage de l’anglais.
Ensuite, le pôle culturel est aussi composé de trois objectifs. Le premier objectif
culturel porte sur la connaissance de la culture spécifique de la langue cible, l’anglais. Par
exemple, une séance de « Reading Comprehension » à travers un texte sur « Halloween »,
qui relève spécifiquement de la culture américaine. Dans le deuxième objectif culturel, il
s’agit de la mise en rapport de la culture-source avec la langue-culture cible, l’anglais
avec la culture identitaire de la langue première, le malgache. Par exemple, mettre en lien
le « Halloween » américain avec la notion de « Razana » (ancêtres). Le troisième objectif
culturel renvoie à la culture générale. Il s’agit, en quelque sorte, d’une « métaculture »,
c’est-à-dire de produire un discours sur la culture anglophone. En fait, « […] la culture
qu'envisage la discipline ne vise pas à une acculturation qui serait soumission et
démission critique. S'il y a appartenance, elle est mise à distance par une discursivité du
même type que celle qu'opère la métalinguistique au niveau du pôle cognitif. Un homme
cultivé n'est pas un homme acculturé […] » (Sachot, 2007, p.15).
24
discipline se doit de contribuer à instrumenter l'élève dans la langue dans laquelle il est
amené à penser et à vivre avec ses concitoyens » (Sachot, 2007, p.15). Le troisième
objectif cognitif concerne la « métalangue ». Il s’agit de produire un discours sur la
langue anglaise. C’est « […] une approche métalinguistique, un niveau de discursivité
qui a une double fonction : pouvoir appréhender et décrire la matière (fonction heuristique
et didactique) et, plus important encore, autoriser la distanciation critique » (Sachot,
2007, p.15).
16
Cf. Chapitre2, 3.3.La sociodidactique.
25
L’appréhension de cette spécificité de la discipline « anglais » permet d’aboutir
à sa modélisation (cf. schéma 2), à partir de la matrice disciplinaire de Christian Puren,
qui est réinvestie dans la compréhension du système éducatif malgache. La matrice
disciplinaire de Puren est choisie dans ce projet de recherche du fait qu’elle traite
particulièrement la discipline langue. Il s’agit donc d’une matrice que l’on peut adapter à
la discipline « anglais » qui nous intéresse. Elle met surtout en exergue le contenu, les
finalités et les objectifs en matière éducative. De ce fait, le réinvestissement de cette
matrice disciplinaire dans la réflexion sur le sujet de recherche, le Curriculum et
contextualisation dans l’enseignement/apprentissage de l’anglais à Madagascar, est
plus que nécessaire. De plus, l’étude de ces finalités éducatives, culturelles et cognitives,
ainsi que des différents objectifs permet de dégager des éléments de réflexion sur les
orientations, dispositifs et modalités didactiques propices à l’enseignement/apprentissage
de l’anglais à Madagascar.
26
Chapitre 2 : Cadre théorique
Le cadre épistémologique clarifié et posé, il est à présent nécessaire d’y intégrer
un cadre théorique. Ce dernier désigne « […] une sorte de « boîte à outils » : il comporte
des « cases » (les catégories par lesquelles il est organisé) et des « outils » d’analyse et de
compréhension (les notions, les concepts, donc les termes conceptuels et leurs définitions)
chacun rangé dans une ou possiblement dans plusieurs cases » (Blanchet et Chardenet,
2011, p.07). En effet, ce projet de thèse s’inscrit dans le champ scientifique précis qu’est
la didactique des langues et des cultures. Ce champ de recherche dispose déjà d’un certain
nombre de théories pour expliciter divers objets de recherche, divers phénomènes
auxquels se rapporte l’étude.
Une théorie est aussi une « clé » ou un « ensemble de clés », selon Livian (2015,
p.31) : le chercheur l’utilise pour étudier son objet de recherche. Ensuite, une fois la (les)
théorie(s) cernée(s), il est nécessaire de choisir les notions, les concepts et les approches
à mobiliser dans ce cadre théorique. Enfin, le chercheur doit être capable d'expliquer les
raisons de ces différents choix.
Par conséquent, ce chapitre a pour finalité de situer cette recherche dans un cadre
précis, en adoptant la (les) théorie (s) de référence, à la fois cohérente (s) par rapport au
cadre épistémologique et adaptée (s) au sujet, de (re-)définir quelques notions, concepts
et approches à mobiliser dans ce projet de thèse, ainsi que de présenter l’état de l’art sur
la thématique.
27
Pour bien conduire la réflexion, ce deuxième chapitre parlera tout d’abord du besoin
d’apprendre des langues étrangères. Ensuite, on traitera les apports théoriques des
sciences dites contributoires à l’enseignement/apprentissage des langues. En effet, le
besoin d’apprendre des langues étrangères a suscité les intérêts des didacticiens, des
linguistes et des chercheurs issus d’autres disciplines concernées à développer différentes
théories expliquant le processus intellectuel d’apprentissage des langues. Ces théories
sont devenues, à leur tour, le fondement des approches d’enseignement/apprentissage des
langues. Après cela, il importe d’aborder successivement les théories sous-tendant les
approches d’enseignement/apprentissage des langues étrangères et l’évolution de ces
approches. En dernier lieu, l’importance du contexte et de la contextualisation, ainsi que
l’articulation entre curriculum et contextualisation seront traitées brièvement.
À l’origine d’un tel phénomène se trouvent l’évolution des besoins des différentes
catégories d’acteurs, de leurs attentes et surtout celle de la fonction sociale assignée à
l’E/A des langues étrangères. Cette évolution suscite l’émergence de nouveaux objectifs
qui aboutissent par la suite à l’élaboration de nouvelles approches pédagogiques et
didactiques ; par un cycle récurrent, l’insuffisance et l’inadéquation des résultats obtenus
dans le cadre de telles approches conduisent à un renouvellement permanent.
28
Schéma 3: Le mécanisme du renouvellement des approches
Source : auteur
17
https://bivi.afnor.org/notice-details/quelle-est-la-difference-entre-besoins-et-attentes-dans-le-referentiel-
iso-90012015-/1297891, consulté 17 Juin 2019.
29
Ensuite, l’expression « fonction sociale assignée à l’E/A des langues » désigne en
quelque sorte le rôle que la société donne à l’E/A des langues. Ce rôle social évolue avec
le besoin et l’attente de la société. Par exemple, auparavant18, au lycée et au collège, les
langues vivantes avaient été enseignées comme les langues mortes. À ce moment-là, la
fonction sociale assignée à l’E/A des langues était d’en « faire un instrument de culture
littéraire ou de gymnastique intellectuelle ». Mais, de nos jours, il s’agit de doter les
apprenants de la « connaissance pratique » des langues vivantes (Puren, 1988, p.67). En
d’autres termes, l’E/A des langues a pour rôle de faire acquérir la « maîtrise effective de
la langue comme instrument de communication » aux apprenants (Puren, 1988, p.66).
Les objectifs et les approches de l’E/A des langues découlent donc au départ des
besoins sociaux qu’il convient de prendre en compte. Toutefois, cette dimension sociale
ne suffit pas à tout expliquer, d’où l’intégration d’autres aspects dans notre réflexion.
En ce qui concerne les sciences du langage, dont la didactique des langues est
issue, la discipline linguistique a des apports prépondérants quant à l’E/A des langues
étrangères. En effet, la linguistique appliquée à l’enseignement/apprentissage des langues
18
Entre le XVIIè et le XIXè siècle, plus précisément avant 31 mai 1902, date de l’imposition officielle de
la méthodologie directe (MD) dans l’enseignement scolaire français (Puren, 1988, p.12, 18).
19
Didactique du FLE, linguistique et disciplines contributoires. Disponible sur : https://www.verbotonale-
phonetique.com/didactique-du-fle/, consulté le 17 Juin 2019.
30
étrangères a constitué le fondement principal des différentes approches et méthodologies
utilisées dans ce domaine entre les années 1940 et 1970. Ces années ont marqué un
tournant non négligeable dans l’histoire de l’E/A des langues étrangères.
D’une part, les années 1940 marquent l’apparition aux États-Unis, lors de la
Deuxième guerre mondiale, de la Linguistique appliquée : «Applied Linguistics » (Léon,
2011, p.70-71). Selon Calliabetsou-Coraca (1995, p.73), c’est, alors, le début d’une
véritable « collaboration entre les linguistes et les enseignants de langues. Encore faut-il
mentionner que jusqu’à cette période linguistes et enseignants de langues s’étaient
complètement ignorés. C’est de cette collaboration qu’on a vu naître la Linguistique
Appliquée ». Ainsi, les apports théoriques de la linguistique ont été prépondérants dans
le cadre de l’E/A des langues étrangères, il s’agit, après tout, de « Linguistique
appliquée » :
« On assiste ainsi […] à une véritable prise de contrôle de la didactique [… des langues]
par la linguistique, supposée par beaucoup capable de fonder à elle seule une
méthodologie véritablement scientifique » dans l’enseignement des langues étrangères »
(Puren 1988, p.310).
20
Cf. infra, 4.5.L’approche communicative (CLT).
31
Selon la théorie de Piaget, « la connaissance n’est pas une simple copie du réel,
mais résulte d’une construction progressive qui s’inscrit [...] dans le prolongement des
processus biologiques et qui comme eux, a une fonction adaptative » (Galisson et Coste,
1976, p.99).
32
Matamoros-Gonzalez et al, « These theories, in turn, have become the foundation of
language teaching approaches that attempt to provide a framework for the teaching of
languages such as English, in both foreign and second language contexts” (Matamoros-
Gonzalez et al, 2017, p.965)21.
Les bases théoriques du présent projet de thèse sont constituées par le (socio-)
constructivisme et la sociodidactique. De ce fait, une brève analyse de ces termes-clés
fera l’objet des paragraphes qui suivent.
21
Traduction : « Ces théories, sont devenues le fondement des approches d’E/A des langues qui tentent de
fournir un cadre pour l’enseignement des langues telles que l’anglais, dans un contexte de langue étrangère
et seconde.
33
- un apprentissage significatif se réalise en lien avec les acquis antérieurs de
l’apprenant. La théorie constructiviste souligne ici l’importance du sens que peut
avoir pour lui cette assimilation des connaissances nouvelles.
Toutefois, l’assimilation doit être suivie d’une accommodation pour qu’il y ait
vraiment acquisition de connaissances nouvelles. En effet, lorsque l’apprenant est en
phase d’assimilation, cela peut affecter ses acquis antérieurs de différentes manières. Il
se pourrait même que les connaissances nouvelles soient déformées. C’est que la structure
cognitive de l’apprenant peut montrer une certaine résistance par rapport à la nouveauté.
La notion de conflit cognitif entre les connaissances anciennes et nouvelles renvoie à cette
situation de résistance et aux effets que cela induit.
34
processus « assimilation-accommodation » qui porte sur la transformation des schèmes
de la pensée de l’apprenant. Cette transformation vient, le plus souvent, se confronter aux
savoirs établis, d’où l’existence du conflit cognitif, c’est-à-dire déséquilibre face à
l'inconnu (aux nouveaux savoirs). Il s’agit donc d’une théorie qui met l’apprenant au
centre du processus d’E/A. C'est l’apprenant qui apprend et personne ne peut le faire à sa
place. Le rôle de l'enseignant est alors limité à la proposition et à la mise en place d’une
approche et d’une méthodologie appropriées permettant aux apprenants de construire et
d’intégrer les nouvelles connaissances.
« Vygotsky’s work, widely known and respected up to this date, contributed with one
of the fundamental aspects that brought about the CLT Approach” (Matamoros-Gonzalez
et al, 2017, p.968).
Quant à l’approche actionnelle, elle est induite par les travaux du Conseil de l’Europe
et la publication du CECRL22 2001 ; elle se situe dans le prolongement de l’approche
communicative.
En effet, avec ces approches, les apprenants des langues ont l'occasion d'interagir avec
la nouvelle langue dans des situations similaires à celles qu'ils ont connues lors de leur
premier développement dans la langue maternelle. De plus, la théorie socioculturelle23 a
également été fondamentale dans l’élaboration de ces approches à travers le concept de
zone proximale de développement (ZPD) tel que défini par Vygotsky :
22
Cadre européen commun de référence pour les langues, 2001
Théorie d’E/A des langues basée sur l’interaction et la communication (sociale et culturelle) (Matamoros-
23
35
« The ZPD24 concept indicates that an individual possesses the ability to learn.
However, to fully master a skill, said individual requires the support of a more
knowledgeable peer” (Matamoros-Gonzalez et al, 2017, p.968).
Un tel concept a une grande implication dans la conception de la manière dont une
langue devait être apprise : en effet, la structure cognitive est mise en situation au sein
d’un environnement social. Les linguistes et didacticiens ont tiré parti de cette avancée
en matière d’éducation et ont utilisé l’interaction et la communication comme fondement
de l’enseignement des langues. Ce qui peut expliquer que, selon Matamoros déjà cité plus
haut, « les travaux de Vygotsky, largement connus et respectés jusqu’à présent, aient
contribué à l’élaboration de l’approche CLT » ; et par la suite, à celle de l’approche
actionnelle25.
24
Zone of Proximal Development.
25
Cf. infra sous-chapitre 3.6. Approche actionnelle (AA) ou « action oriented approach ».
36
3.3 La sociodidactique
La sociodidactique est composée de deux termes, « socio » et « didactique ». Le
premier indique la dimension sociale et/ou sociolinguistique qui se rapporte au « discours
sur et de la société » ; tandis que le second concerne le « discours sur les
enseignements/apprentissages » (Blanchet et Rispail, 2012)26.
26
BLANCHET, Philippe et RISPAIL, Marielle, 2012. La Contextualisation. Enjeux épistémologiques et
méthodologiques pour la recherche en didactique des langues et des cultures. Séminaire Recherches en
Didactique des Langues et des Cultures, Benemérita Universidad Autonóma de Puebla, 26 et 27 mars 2012.
27
Ibid.
37
mixte de la sociodidactique que le présent projet de thèse s’inscrit. Il s’agit d’une
recherche en DLC qui prendra en compte le contexte dans lequel se déroule le processus
didactique et adoptera une démarche de recherche sociolinguistique.
28
« Plus larges et plus conventionnelle » par rapport à leur diffusion et à leur utilisation ; en bref, ce sont
les plus connues.
38
textes » (Stern cité par Germain, 1993, p.103). De ce fait, le but de l’enseignement des
langues était la maîtrise des règles grammaticales en vue de lire, de traduire des textes
littéraires et de faire des phrases grammaticalement correctes.
l’étude des déclinaisons (les changements dans la terminaison des noms et des
pronoms selon leurs fonctions)
Dans cette méthodologie, l’expression orale n’était alors pas l’objectif principal de
l’apprentissage de la langue et la pratique orale se limite au minimum. La méthode
Grammaire-Traduction a été utilisée à peu près pendant trois siècles29. En dépit de
quelques évolutions internes dans cette méthodologie, ses principes de base restaient les
mêmes. Les principaux inconvénients de cette méthodologie étaient les suivants : un
temps d’apprentissage trop long et l’incapacité des élèves à parler, et à communiquer avec
la langue cible. D’où le développement de la « méthodologie directe ».
29
C’est-à-dire entre le XVIIè et le XIXè siècle, plus précisément du XVIIè au 31 mai 1902, date de
l’imposition officielle de la méthodologie directe dans l’Enseignement scolaire français (Puren, 1988, p.12,
18).
39
4.2 La méthodologie directe (MD)
La méthodologie directe est née de la réaction contre les principes de la
méthodologie Grammaire-Traduction. En effet, les résultats obtenus avec l’application de
cette dernière ont été jugés insatisfaisants : elle n’arrivait plus à répondre aux besoins ;
la conception des langues étrangères avait évolué : la forme orale de la langue avait
commencé à prendre le dessus sur la forme écrite.
Ch. Schweitzer, qui est considéré comme l’un des initiateurs de la MD, définit cette
méthodologie comme suit :
« La méthode directe est celle qui enseigne les langues sans l’intermédiaire d’une autre
langue antérieurement acquise. Elle n’a recours à la traduction ni pour transmettre la
langue à l’élève, ni pour exercer l’élève à manier la langue à son tour. Elle supprime la
version aussi bien que le thème.
En effet, pour interpréter les mots, elle les associe à la vue des choses et des êtres ; à
l’intuition de leurs attributs et de leurs modifications ; à la perception de leurs rapports
réciproques ; enfin elle associe les mots aux actions des êtres » (Schweitzer, cité par
Puren, 1988, p.82).
De ce fait, avec la MD, les langues vivantes ne sont pas enseignées de la même
manière que les langues mortes. En effet, l’objectif principal d’une langue vivante n’est
pas de représenter les choses et les pensées, mais de communiquer. L’apprentissage des
langues doit donc répondre premièrement au besoin de communication orale.
40
- l’apprentissage des règles de grammaire de manière implicite et intuitive.
La méthodologie directe a été utilisée jusqu’au début du XXe siècle. L’une de ses plus
grandes faiblesses a été de ne pas prendre en compte la langue maternelle des élèves. En
fait, il est difficile d’empêcher les élèves de faire des traductions, du moins dans leur for
intérieur, et de comparer la langue étrangère qu’ils apprenaient avec leur propre langue.
D’où le développement d’autres méthodologies d’enseignement/apprentissage des
langues étrangères.
41
Du point de vue de la psychologie béhavioriste, Chomsky critique Skinner et
affirme que « l’acquisition d’une langue, tant maternelle que seconde ou étrangère, relève
de processus innés et universels et non pas comme le prétend Skinner, d’un
conditionnement au moyen de stimuli externes » (Germain, 1993, p.147).
42
Outre la critique de Noam Chomsky (1972)30 qui remet en question l’efficacité des
théories de référence qui sous-tendent la MAV dans le cadre
d’enseignement/apprentissage des langues étrangères, les faiblesses de cette
méthodologie recensées par Berard (1991, p.14) peuvent se résumer comme suit :
- les méthodes dans la MAV sont conçues essentiellement pour des adultes et dans
le cadre d'un enseignement intensif ne donnent pas des résultats satisfaisants dans
un cadre scolaire
La MAV a évolué suivant les critiques qui ont été faites après l’observation des
résultats de leurs applications. Toutefois, cela n’a pas suffi à satisfaire les nouveaux
besoins qui se manifestaient dans le domaine de l’enseignement/apprentissage des
langues étrangères. D’où le développement de l’approche communicative.
30
Chomsky N. (1972): «Théorie linguistique», dans FDM 88, Hachette Larousse, page 6. Traduction d'un
texte de 1966: Northeast Conference in the Teaching of Foreign Languages.
43
donnent des objets de travail spécifiques: sociolinguistique, psycholinguistique,
ethnographie de la communication, analyse de discours, pragmatique… » (Berard, 1991,
p.17).
Par conséquent, les enseignants, qui optent pour l’approche CLT, font participer
les élèves à des activités dans lesquelles ils mettent en pratique leurs connaissances
linguistiques par le biais d’une interaction avec leurs pairs. L'interaction entre pairs
contribue à encourager le soutien des pairs, un facteur important dans les cours de langue
axés sur le CLT. Les jeux de rôle, les dialogues / conversations, les jeux, les activités
pratiques, le travail en binôme et en groupe ne sont que quelques exemples possibles des
techniques utilisées dans cette approche. Les présentations orales et les exercices de
vocabulaire sont également utilisés à cette fin. Les activités de lecture et de
compréhension sont également utilisées pour motiver les discussions. Le nombre de
techniques utilisées dans cette approche est illimité. Cela dépend de la créativité et de
l'imagination de l'enseignant. Enfin, le recours à la langue première n’est plus interdit.
Celle-ci constitue un support pour l’apprentissage de la langue cible.
44
4.6 L’approche actionnelle (AA)
L’approche actionnelle est apparue « dans les années 2000 afin d’alimenter,
d’étendre l’approche communicative et d’arriver à des meilleurs résultats dans
l’enseignement/apprentissage » (Saydı, 2015, p.13). Il s’agit donc d’une extension et
d’une continuation de l’approche communicative. D’après Puren (2014, p.4), l’approche
actionnelle joue un rôle complémentaire à l’égard de l’approche communicative : « la
perspective actionnelle doit d’autant plus venir s’ajouter à l’approche communicative et
non la remplacer […] ».
L’approche actionnelle est induite surtout par les travaux du Conseil de l’Europe
et la publication du cadre européen commun de référence pour les langues (CECRL,
2001). Selon cette approche, « l’usager et l’apprenant d’une langue sont considérés avant
tout comme des acteurs sociaux qui ont à accomplir des tâches – qui ne sont pas seulement
langagières – dans des circonstances et un environnement donné […], à l’intérieur d’un
domaine d’action particulier » (Barthélémy et al, 2011, p.13). Ainsi, des compétences,
décomposées en savoir, savoir-faire, savoir-être et savoir-apprendre sont à développer
chez l’apprenant dans l’enseignement/apprentissage des langues étrangères afin qu’il
puisse les mobiliser et accomplir des tâches langagières et des tâches non langagières.
Dans cette approche, « la langue joue le rôle d’un outil et non d’un but » (Saydi,
2015, p.21). Cette approche ne se focalise pas sur la langue mais sur l’accomplissement
d’une tâche, la résolution d’un problème et l’atteinte d’un objectif. Tandis que l’approche
communicative se concentre spécifiquement à établir la communication en utilisant la
langue.
45
apprenants la compétence à communiquer en tenant compte du sens et du contexte de la
situation de la communication » (Barthélémy et al, 2011, p.45). Cela explique
l’importance de la prise en compte du contexte et de la contextualisation, objet du sous-
chapitre suivant.
Du point de vue textuel, l’idée d’extériorité33 d’un phénomène par rapport à un autre
est mobilisée par le terme de « contexte », mais aussi celle d’un outil d’analyse et de
compréhension. Castelloti (2014, p.112) parle d’un « statut d’extériorité » qui constitue
le fondement du sens du contexte jusqu’à nos jours. Selon la même auteure, le contexte
est « une sorte d’environnement, influençant le contenu de ce qu’il entoure » (idem). Il
s’agit de ce fait d’un concept qui sert d’outil d’analyse et de compréhension d’un
phénomène.
31
« On pourrait en effet penser que l’universalisme constitue une forme de négation complète de la
diversité, alors que la contextualisation en serait la forme la plus aboutie » (Huver, 2013, p.1)
32
http://www.cnrtl.fr/definition/contexte, consulté le jeudi 11 avril 2019.
33
C’est-à-dire permettant d’agir de l’extérieur sur un phénomène que l’on ne peut pas saisir de l’intérieur.
46
Le contexte se distingue ainsi d’une situation qui est une simple notion. En fait, « une
notion est une connaissance intuitive, générale […] qui synthétise les caractères essentiels
d'un objet, mais ne prétend pas à la Scientificité », tandis que « le terme de concept fait
référence à un objet construit dans le monde scientifique ou savant » (Chartrand et De
Koninck, 2009, p.154).
« La situation serait une notion primitive (« étique »), le contexte, une notion technique
(« émique ») pouvant procurer des critères et des outils d’analyse, et retenant ce qui des
situations serait jugé pertinent dans une perspective d’observation ou d’analyse. Ainsi,
dans la complexité empirique objective d’une instance d’acquisition ou d’apprentissage,
seraient retenues comme composantes du contexte, comme traits contextuels, ce qui de la
situation peut être considéré comme critères contextuels pertinents, selon le point de vue
adopté » (Porquier et Py, 2004, p.50).
34
BLANCHET, Philippe et RISPAIL, Marielle, 2012. La Contextualisation. Enjeux épistémologiques et
méthodologiques pour la recherche en didactique des langues et des cultures. Séminaire Recherches en
Didactique des Langues et des Cultures, Benemérita Universidad Autonóma de Puebla, 26 et 27 mars 2012.
47
(y compris le contexte du chercheur et de la recherche) mais qu’on fait entrer dans le
champ (le hors champ n’est pas pris en compte) ». De ce fait, le contexte n’est pas le
centre de focalisation de la recherche. Toutefois, il est inséré dans le champ de recherche
comme outil d’analyse et de compréhension du phénomène auquel se rapporte l’étude.
La notion de phénomène désigne ainsi « ce sur quoi convergent les focales (le point de
mire) » (Blanchet et Rispail, 2012)35. Il faut noter que le contexte et le phénomène étudié
sont tous déterminés à partir de la situation didactique et/ou sociolinguistique. Ces
explicitations de Blanchet et Rispail semblent englober et clarifier la notion de situation
et le concept de contexte présentés par les différents auteurs cités plus haut.
Il s’agit plutôt d’une démarche pour prendre en compte le contexte dans le champ
de recherche en DLC, ainsi que dans la pratique enseignante. Selon Pegourie-Khellef
(2016, p.48), le contexte peut être envisagé comme « outil pour l’agir du chercheur et
comme ressource pour l’agir de l’enseignant ». Ainsi, le contexte constitue un outil
d’analyse et de compréhension entre les mains du chercheur et une ressource pour
optimiser et améliorer l’enseignement/apprentissage des langues et des cultures à la
disposition des enseignants.
35
BLANCHET, Philippe et RISPAIL, Marielle, 2012. La Contextualisation. Enjeux épistémologiques et
méthodologiques pour la recherche en didactique des langues et des cultures. Séminaire Recherches en
Didactique des Langues et des Cultures, Benemérita Universidad Autonóma de Puebla, 26 et 27 mars 2012
48
[…] en réponse à la nécessité de centrer l'acte d'enseigner tant sur les publics que sur les
situations d'apprentissage de langues et cultures caractérisés par la diversité, la
complexité, la variation ». L’enseignant devrait de ce fait analyser, au préalable, les
spécificités de ses apprenants et de ses contextes d’intervention avant d’adopter les
théories, approches et les « gestes » les plus appropriées à l’E/A des langues.
49
Schéma 4: Le contexte comme distance et rapprochement
36
« Plastique », c’est-à-dire que le contexte « peut prendre ou recevoir différentes formes » (Pegourie-
Khellef, 2016, p.50).
50
un acteur social et sa démarche comme une adaptation à des contextes dans lesquels il a
des tâches à accomplir (perspective actionnelle) » (Girardet, 2011, p.1) : ainsi, cela
constitue une extension et continuation de cette approche communicative et va de pair
avec la contextualisation didactique.
La modélisation établie par Luntadi et Tupin (2012, p.104), qui suit, représente
les pratiques enseignantes dans leurs contextes (cf. schéma 5 : Les pratiques enseignantes
dans leurs contextes).
51
contextualisation didactique (pratiques d’E/A) cherche à réduire la distance entre l’élève
et l’objet de savoir (ou la compétence) à transmettre. Elle se traduit dans des gestes
enseignants qui relient et donc rapprochent l’élève d’un objet de savoir » (Pegourie-
Khellef, 2016, p.62).
Par extension, les décideurs et les concepteurs des curricula sont également des
médiateurs par rapports aux autres acteurs éducatifs (notamment les enseignants et
apprenants). Ils doivent aussi s’appuyer sur le contexte dans le processus d’élaboration
des curricula afin d’éviter toute sorte de « placage » et d’inadéquation. Il s’agit de savoir
décrire et déceler les caractéristiques du contexte dans lequel le curriculum va être mis en
œuvre afin de réduire la distance entre le « curriculum prescrit » et le « curriculum
appris ». En somme, les concepteurs et décideurs doivent travailler en collaborations avec
ces autres acteurs pour faciliter la médiation entre le curriculum (contenu), l’enseignant
et l’apprenant.
37
https://calenda.org/368297, Consulté le 28 Juin 2019.
52
• « Une dimension socioculturelle et économique » : par exemple, la rénovation
curriculaire doit tenir compte des valeurs en vigueur dans le pays et des moyens mis à la
disposition par l’institution scolaire ;
• « Une dimension méthodologique » : le modèle adopté doit tenir compte des traditions
et des pratiques méthodologiques déjà adoptées ;
• « Une dimension liée aux potentialités réelles des enseignants », c’est-à-dire à leurs
comportements et pratiques didactiques ainsi qu’à leur culture pédagogique effective.
Aussi faut-il noter que la recherche en didactique et l’E/A des langues sont liées. En
effet, la DLC est « l’ensemble des usages relatifs à l’enseignement et l'apprentissage des
langues et des cultures », tandis que la recherche en DLC est « l’observation / analyse /
interprétation des usages (ressources, pratiques, représentations) relatifs aux
enseignements et apprentissages linguistico-culturels pouvant déboucher sur des
propositions d'intervention » (Blanchet et Rispail, 2012)38. Ainsi, les enseignants et les
chercheurs en DLC devraient travailler en étroite collaboration en vue d’une perspective
d’amélioration du processus d’E/A des langues et des cultures.
38
Pas de pagination sur le document d’origine.
53
En dernier lieu, il convient de mettre au point les moyens d’investigation et bien
identifier les différents acteurs qui interviennent, sur le terrain, à tous les niveaux du
système éducatif car ils déterminent le contexte : ce sera l’objet de la Deuxième Partie.
54
Concernant les termes « programme » et « curriculum », ils sont utilisés
indifféremment étant donné qu’une partie de la tradition de culture d’enseignement de
l’Europe et d’autres pays du monde privilégie le terme « programme » ; tandis que
d’autres, notamment dans le monde anglophone, ont recours au terme « curriculum »
Cependant, une distinction est faite concernant le sens et l’usage de ces deux termes.
D’abord, le curriculum constitue un ensemble plus grand que le programme. Tandis que
le programme est une partie du curriculum. De ce fait, le curriculum est plus détaillé que
le programme. En outre, le deuxième terme est plus centré sur les disciplines à enseigner
; tandis que le premier est focalisé sur l’apprenant. Selon D’Hainaut (1977), le programme
« est, en principe, une liste de matières à enseigner accompagnée d’ « instructions
méthodologiques » qui la justifient éventuellement et donnent des indications sur la
méthode ou l’approche que ses auteurs jugent la meilleure ou la plus pertinente pour
enseigner ces matières. Un curriculum, en revanche, est un « plan d’action pédagogique
beaucoup plus large qu’un programme d’enseignement […]: il comprend en général, non
seulement des programmes dans différentes matières mais aussi une définition des
finalités de l’éducation envisagée, une spécification des activités d’enseignement et
d’apprentissage qu’implique le programme de contenus et enfin des indications précises
sur la manière dont l’enseignement ou l’élève sera évalué » (D’Hainaut, 1977 cité par
Duplessis, 2008, p.12). De ce fait, un curriculum se compose des finalités éducatives, de
contenus, de progressions et de méthodes ou de moyens à mettre en œuvre pour enseigner
et pour évaluer.
55
de manœuvre de l’enseignant dans la salle de classe (niveau micro) est influencée par le
programme scolaire. L’enseignant doit suivre et finir le programme prescrit (macro). Et
lorsqu’il élabore la fiche de préparation d’une séquence d’apprentissage, il doit consulter
le programme.
- La seconde forme est le curriculum appliqué en classe par l’enseignant selon son
interprétation. Il s’agit de ce fait du processus effectif d’enseignement/apprentissage au
niveau micro.
Il faut encore ajouter à ces trois formes, le curriculum caché. Il s’agit de ce que
l’élève apprend à l’école sans qu’on ne le lui ait jamais enseigné explicitement. Selon
Philippe Perrenoud (1996), cette quatrième forme renvoie à « tout ce que la formation
déclenche à l’insu du formateur ». Ce sont donc des expériences éducatives de l’apprenant
qui ne sont pas explicitement enseignées par l’enseignant ni prescrites par le curriculum
officiel. Par exemple, l’apprenant a appris à être solidaire avec ses camarades de classe,
à être persévérant, et à supporter les critiques des autres. Le curriculum caché ne fait
l’objet d’aucune évaluation explicite.
56
interconnectées du système éducatif (macro, méso, micro) permet de nuancer la manière
dont les curricula naissent, se développent et s’actualisent sur le terrain. En effet, « ce qui
est proposé par l’institution n’est pas forcément ce qui est enseigné par le maître, et encore
moins ce qui est réellement acquis par l’élève » (Duplessis, 2008, p.12). D’où la nécessité
de la contextualisation à chaque niveau du curriculum, c’est-à-dire la prise en compte du
contexte, dans lequel le curriculum va être inséré, dans le processus de son élaboration.
57
Enfin, les parties prenantes au processus d’élaboration du curriculum doit
répondre au questionnement suivant en vue d’avoir un curriculum de qualité selon
l’UNESCO, à travers le travail effectué par le BIE (Stabback, 2016, p.11) :
(1)Le curriculum repose-t-il sur des buts clairs? (2) Le curriculum est-il à jour? (3) Le
curriculum est-il adapté à la vie actuelle et future, aux expériences, à l’environnement et
aux aspirations des élèves? (4) Le curriculum favorise-t-il un avenir social et économique
prospère tout en respectant le passé du pays, son histoire et ses traditions culturelles? (5)
Le curriculum est-il équitable et inclusif (par exemple, prend-il en compte la diversité des
apprenants et les différents besoins de ces derniers; répond-il aux besoins des groupes
marginalisés; combat-il les préjugés)? (6) Le curriculum est-il centré sur l’élève et adapté
aux besoins de celui-ci (par exemple prend-il en compte les besoins des apprenants ;
combat-il les préjugés et la discrimination ; est-il organisé en fonction de l’âge des
apprenants ; contribue-t-il au développement personnel et à l’acquisition de compétences
essentielles ; a-t-il un sens, est-il parlant pour les apprenants ; évite-t-il de surcharger les
apprenants) ? (7) Le curriculum est-il ouvert et flexible et permet-il de prendre en compte
les nouveaux défis et les nouvelles possibilités en intégrant les aspects
nouveaux/émergents ? (8) Le curriculum est-il cohérent entre les différentes
étapes/classes/sections et les différents domaines/sujets d’études?
En somme, le besoin d’apprendre des langues étrangères a toujours été important
tout au long de l’histoire de l’humanité. Ce besoin a été renforcé par la mondialisation et
le développement de la nouvelle technologie de l’information et de la communication
(NTIC). Il se fait ressenti dans plusieurs domaines tels que le tourisme, le commerce,
l’éducation, la diplomatie. Il est à noter que ce besoin n’est pas statique. En effet, il est
dynamique et évolue selon le contexte. Pour répondre à ce besoin en langue, des
didacticiens, des linguistes et des chercheurs issus d’autres disciplines contributives ont
développé des théories d’apprentissages. Ces théories sont devenues le fondement des
approches d’E/A des langues.
En ce qui concerne la DLC, plusieurs disciplines contribuent à son
développement. Dans ce projet de thèse, on a souligné surtout la place de la linguistique
et de la psychologie cognitive dans l’E/A des langues. En effet, les sciences du langage
informent sur « la constitution et le fonctionnement du système linguistique » et la
psychologie clarifie « les processus psychologiques mis en œuvre » dans l’E/A des
58
langues étrangères (Poteaux, 2003, p.84). En l’occurrence, le socioconstructivisme de
Vygotsky (1896-1934) occupe une place importante dans l’histoire des réflexions sur
l’E/A des langues ; il constitue l’une des théories de référence qui sous-tend l’approche
communicative (CLT) et l’approche actionnelle prônée par le CECRL. Cette théorie est
basée sur la centration sur l’apprenant et la prise en compte du contexte social dans lequel
s’effectue l’E/A. Cela peut expliquer la prépondérance de l’approche sociodidactique en
DLC. Cette approche étudie en particulier l’apprentissage des langues comme une
modalité d’appropriation non dissociée des acquisitions en contexte social et des
contextes sociolinguistiques.
Quant aux approches d’E/A des langues, elles évoluent en fonction des besoins et
de la fonction sociale assignée à l’E/A des langues étrangères. L’apparition des nouveaux
besoins impliquent l’émergence de nouveaux objectifs aboutissant par la suite à
l’élaboration de nouvelles approches didactiques. Il s’agit d’un cycle récurrent étant
donné que l’insuffisance et l’inadéquation des résultats obtenus dans le cadre de telles
approches conduisent à un renouvellement permanent. Par exemple, avant 31 mai 1902,
date de l’imposition officielle de la méthodologie directe dans l’enseignement scolaire
français (Puren, 1988, p.12, 18), la fonction sociale assignée à l’E/A des langues était
d’en « faire un instrument de culture littéraire ou de gymnastique intellectuelle ». Mais,
de nos jours, l’E/A des langues a pour rôle de faire acquérir la « maîtrise effective de la
langue comme instrument de communication » aux apprenants (Puren, 1988, p.66). D’où
l’émergence de différentes approches39 d’E/A des langues. Il revient aux acteurs éducatifs
de choisir les théories et approches les mieux appropriées et pertinentes par rapport au
contexte dans lequel se déroule l’E/A des langues.
La prise en compte du contexte s’avère de ce fait important dans toute prise de
décision en matière éducative à tous les niveaux structurels (macro, méso, micro et nano).
Selon Rispail et Blanchet (2011, p.68), la contextualisation permet d’éviter toutes sortes
de « placages » des PLE, programmes, méthodes, contenus, objectifs sur des contextes
pour lesquels ils n’ont pas été conçus et s’avèrent mal adaptés. Il est de ce fait nécessaire
de comprendre chaque contexte pédagogique, institutionnel, éducatif, social, culturel,
économique, politique et bien sûr linguistique. En l’occurrence, la conception et
l’élaboration du curriculum devrait découler d’un accord politique et social prenant en
39
Cf. supra l’évolution des approches d’E/A des langues
59
compte la vision commune d’une société, y compris les attentes et les besoins locaux,
nationaux et mondiaux. Enfin, le contexte peut faciliter la médiation linguistique,
culturelle et didactique entre l’univers de la langue et culture de l’apprenant et celui de la
langue et culture cible. En d’autres termes, le contexte peut aider à réduire la distance
entre l’apprenant et la langue et culture cible (l’anglais).
Le chapitre suivant tentera de déceler l’implication et l’application de ce cadre
théorique dans le contexte malgache. Pour ce faire, une analyse des caractéristiques
contextuelles de l’environnement de l’E/A de l’anglais, depuis la venue de la LMS
jusqu’à nos jours, est menée.
60
Chapitre 3 : La contextualisation du curriculum d’anglais à
Madagascar
Quelques éléments seront développés ici afin de présenter un état des lieux
succinct sur l’enseignement/apprentissage des langues (besoins, théories, approches) et
l’élaboration du curriculum d’anglais au sein du système éducatif malgache, ils feront
l’objet d’investigations plus poussées sur le terrain, comme cela sera explicité dans la
Deuxième Partie, afin de voir s’il y a adéquation avec les notions épistémologiques et
théoriques de référence et en dégager les perspectives de recherche et d’action au niveau
de la thèse.
61
ordonnances ou lois éducatives. Il s’agit des textes régissant le système éducatif et
appliquant la politique linguistique constitutionnelle.
62
Durant la Première République, le malgache a été promu langue officielle aux côtés
du français. Toutefois, un phénomène de diglossie, c’est-à-dire de distribution inégalitaire
entre les langues en présence, s’établit s’agissant du français et du malgache. Selon
Ferguson, la « variété haute » pour la littérature écrite, l’enseignement et la « variété
basse » pour la communication quotidienne (Ferguson, 1959, p. 245). Plus précisément,
le français, comme « variété haute », est utilisé dans le cadre administratif et scolaire,
tandis que le malgache constitue la version « basse », utilisée dans le cercle familial et
amical. En bref, le français reste une langue dominante et le malgache une langue
dominée, malgré le fait que Madagascar a eu son indépendance. Depuis l’indépendance
jusqu’en 1972, l’anglais a été enseigné dans les écoles malgaches à partir de la classe de
6è.
40
En sociolinguistique, on parle de « régression linguistique ».
63
d’Antananarivo Avaradrano), l’intégration de l’anglais comme matière à enseigner au
primaire n’a pas été poursuivie par beaucoup d’établissements scolaires. Cela s’explique
par le manque de formation initiale et/ou continue des enseignants.
De ce fait, le sous- chapitre suivant a pour objet de rappeler les grandes étapes et
transformations relatives aux choix curriculaires à Madagascar.
De plus, il importe de préciser que l’on est passé de la centration sur la matière vers
la centration sur l’apprenant. En fait, selon Andriar (2016, p.28), la méthodologie
traditionnaliste, magistrocentrée a été quasiment la seule utilisée dans le domaine
éducatif malgache de l’accès à l’indépendance jusqu’en 1972. Elle est fondée sur
« l’autorité du maître et sa toute-puissance […]. Cette méthode est centrée sur l’objet
d’enseignement […]». D’ailleurs, le curriculum y a été défini « comme un ensemble de
contenus qui se présentent en termes de savoirs ou encore de disciplines ; […], cette
acception renvoie à la notion de « syllabus », comprise comme une liste de contenus à
apprendre, qui doivent être transmis aux élèves dans le cadre d’un cursus, en liaison
étroite avec un ensemble d’exercices canoniques et de tests sommatifs » (Salatin, 2011,
p.41). Mais, à partir de 1972 avec l’introduction de la PPO, de l’APC, et de l’APS, l’E/A
à Madagascar a connu un glissement vers la centration sur l’apprenant, base de
l’éducation nouvelle. Selon Isabel (2010, p.109), « le curriculum permet de ne pas
enfermer les situations de formation dans des procédures uniquement techniques ». Il doit
64
permettre « une approche plus holistique de l’apprentissage, plus dynamique et moins
centrée sur la matière que sur les acteurs et les étapes d’un processus » (Coste, 1995, p.86
cité par Alvarado, 2010, p.109).
Les paragraphes qui suivent vont aborder, en détail, ces différents choix curriculaires
dans le système éducatif malgache.
Tout d’abord, les contenus d’enseignement de la première République ont été calqués
sur les programmes français et enseignés selon la méthode traditionnelle, dont l’efficacité
a été déjà remise en cause dès la fin du XIXème siècle. Comme déjà dit plus haut, c’est
un mode d’enseignement centré sur le maître (Andriar, 2016, p.28). En conséquence, la
Loi 78-040 d’orientation du système éducatif, issue du mouvement de 1972, a introduit
une méthode nouvelle, marquée par un enseignement centré sur l’apprenant, à travers la
pédagogie par objectif (PPO). « Il s’agit d’une vision fonctionnelle du travail scolaire
dans laquelle les élèves doivent être capables de comportements identifiables et
mesurables » (Andriar, 2016, p.29). La mise en œuvre de la PPO, dans les années 1990,
a été accompagnée par l’édition des manuels « Série vola » et l’élaboration des
« Programmes 1996 ». La PPO a été mise en vigueur par les lois d’orientation successives
jusqu’en 2002, début du processus de mise en place de l’APC. En effet, la PPO a été
critiquée à cause d’une sorte de « […] saucissonnage pédagogique, puisqu’il y aurait
émiettement, fragmentation et parcellarisation de la démarche intellectuelle de
l’apprenant » (Andriar, 2016, p.29).
65
personne. La situation ou situation-problème est un ensemble contextualisé
d’informations à articuler en vue d’une tâche déterminée, autrement dit, ce sont les
possibilités pour un apprenant d’exercer sa compétence ». L’APC, à l’instar de la PPO
n’a pas duré longtemps, étant donné qu’il n’y avait pas d’élaboration de curricula y
afférents. Par la suite, elle a été supplantée par la tentative de mise en place de l’APS en
2009. D’une façon globale, selon Andriar, « la méthodologie de l’APS consiste à : -
enseigner en faisant apprendre à apprendre tout au long de la vie ; - apprendre à
entreprendre avec une démarche scientifique ; - construire des savoirs, savoir-faire et
savoir être par le biais de multiples réflexions et d’actions sur des situations réelles »
(Andriar, 2016, p.32). Malgré le processus de mise en place de l’APS, elle reste peu
connue des Malgaches et les curricula utilisés demeurent ceux de 1996. D’où le retour de
la PPO en 2015, dans le processus de mise en place du Plan Sectoriel de l’éducation
(PSE).
En bref, malgré la volonté de mettre en place une méthode nouvelle, centrée sur
l’apprenant, l’optique traditionaliste refait toujours surface dans les pratiques
enseignantes. Cela s’explique par le manque de formation continue et/ou initiale des
enseignants, l’insuffisance de contrôle et de l’inadéquation entre les finalités, le contenu,
la méthodologie, les moyens, le système d’évaluation et les sujets à éduquer. Quant au
sous-chapitre suivant, il traitera plus particulièrement des théories et approches d’E/A de
l’anglais à Madagascar.
66
écoles, les Britanniques, en particulier les missionnaires protestants de la LMS, ont joué
un rôle majeur dans la modernisation de la monarchie merina, dans la codification de la
langue merina. Par conséquent, avant la colonisation française, la langue anglaise a
occupé une grande place dans l’éducation à Madagascar.
Quant aux approches d’E/A, les missionnaires de la LMS ont été très modernes
dans leur vision (diffusion des Lumières) et dans leurs conceptions (donner les moyens
de l’autonomie et de la créativité aux enseignants et aux apprenants). En fait, ils ont été
les premiers à introduire à Madagascar un référentiel de compétences pour les disciplines
linguistiques et les disciplines non linguistiques, référentiel en langue malgache et en
langue anglaise (Tiana Razafindratsimba et Ranaivo, 2013, p.112-113). Selon Ranaivo
(2014, p.41), « une analyse succincte des référentiels de compétence bilingues au
primaire dans le dernier quart du 19ème siècle, les premiers du genre dans la grande île »
permet de conclure qu’une « entreprise de modernisation qui tente de mettre en place un
premier schéma de plurilinguisme malgache-anglais, voire de pluridisciplinarité et qui
utilise un instrument de mesure structuré, pour l’enseignement et la formation des
enseignants ». Les actions menées par la LMS en matière éducative à Madagascar avaient
donc « débouché sur des avancées remarquables au temps de la Normal School et du
College (Collège théologique) » (Ranaivo, 2014, p.42). Madagascar était donc déjà
intégré, au 19ème siècle, dans un cadre commun de l’éducation, tel que le CECRL, « un
cadre anglophone et malgachophone pour les élèves du primaire et pour la formation des
enseignants du primaire et même au-delà » (Ranaivo, 2014, p.51). Toutefois, cette
dynamique en matière éducative initiée par les Britanniques a été délaissée pendant la
colonisation française (1896-1960). D’ailleurs, la langue anglaise n’avait pas été
enseignée aux apprenants relevant de ce qui était à l’époque le « système éducatif
malgache ». Il s’agit donc d’une période où la culture et la langue française avaient régné
presque exclusivement à Madagascar.
Pendant cette période coloniale et postcoloniale (1960-1995), la méthodologie
Grammaire-traduction (MGT) avait été privilégiée dans les programmes d’enseignement
(Ramanandraibe et Randriamampionona, 1997)41. L’élaboration de ces programmes a été
inspirée en partie des théories d’apprentissage des langues anciennes comme le latin.
41
RAMANANDRAIBE, E. et RANDRIAMAMPIONONA, L. 1997. Proposals for BEPC exams format.
Antananarivo (impublished document). Il n’y a pas de pagination dans le document d’origine.
67
Dans la MGT, la langue était considérée comme « un ensemble de règles et d’exceptions
observables dans des phrases ou des textes » (Stern cité par Germain, 1993, p.103). De
ce fait, le but de l’enseignement des langues était la maîtrise des règles grammaticales en
vue de lire, de traduire des textes littéraires et de faire des phrases grammaticalement
correctes. Cependant, il est à noter qu’il n’y avait pas que cet aspect restrictif et réducteur
du latin dans l’E/A de l’anglais pendant cette période. Certaines personnes pouvaient
parler l’anglais oralement de façon remarquable dans des situations spécifiques (tourisme,
commerce, religion et autres) avec l’introduction de la méthodologie audio-orale dans
l’E/A de l’anglais, d’après Ramanandraibe et Randriamampionona (1997).
La troisième période, de 2016 à nos jours, est marquée par le processus de la mise en
place de la PSE et des nouveaux curricula qui seront en vigueur l’année scolaire 2018-
2019. Le but de l’enseignement reste le même, seulement les curricula sont plus détaillés,
avec l’ajout du guide pour l’enseignant et les jeux en annexe. En effet, le programme en
vigueur est présenté sous forme de curriculum. Il est composé :
42
En fait, d’après notre expérience éducative, le « standard English » ou « l’anglais standard » a été prôné
à Madagascar, du point de vue tant de la prononciation que de la grammaire, du lexique et de l’orthographe.
Il est souvent associé à l’accent de la « Received Pronunciation », à la grammaire et au lexique dits « United
Kingdom Standard English » (UKSE : « anglais standard du Royaume-Uni »).
68
- de techniques, stratégies et activités (techniques/strategies/activities) ;
- d’activités d’évaluation (assessment).
En outre, les nouveaux curricula ne préconisent aucune sorte d’approche. Et comme
l’adoption d’une approche est toujours en fonction des objectifs d’apprentissage, les
enseignants peuvent adopter l’approche communicative et son extension, l’approche
actionnelle, pour équiper les apprenants des compétences de base de la communication
telles que « Listening », « Reading », « Speaking », et « Writing ». Dans cette dernière
période, l’élaboration du curriculum a été faite en collaboration avec les États-Unis
d’Amérique et le Royaume Uni par le biais des « Peace Corps Volunteers » et des
British Volunteers envoyés par le « Dodwell Trust Fondation».
Les programmes scolaires ont subi différentes modifications notamment pour des
raisons politiques. En effet, le domaine de l'éducation est une partie intégrante de la
politique du régime en place. L'éducation a toujours été un moyen de renforcer la solidité
du pouvoir. Cette situation est commune dans la plupart des pays en développement.
43
« La politique scolaire était alors calquée sur celle de la métropole : programme français » (Ranaivo,
2007, p.1)
69
des points de grammaire et de vocabulaire. Toutefois, la pratique restait la même, c'est-à-
dire, l'enseignant reste le « détenteur » du savoir et l’enseignement centré sur le contenu
et lui-même. Cela s’explique par le manque, voire l’absence de mesures
d’accompagnement telles que la formation initiale et/ou continue des enseignants. Face à
cette situation, ces derniers n'a plus qu'à compter sur leur formation et expériences
antérieures pour affronter la nouveauté. Il n’est donc pas étonnant qu’ils utilisent
l'ancienne pratique pour faire face à la nouvelle. D’où la difficulté de réduire la distance
entre les apprenants et la langue et culture cible.
44
Toutefois, en milieu urbain comme à Antananarivo, les apprenants peuvent avoir accès aux chansons,
nouvelles, films en anglais grâce à l’internet et aux mass média.
70
La difficulté de la médiation linguistique, culturelle et didactique a été renforcée par
le fait que l’anglais n'est pas obligatoire, aux examens du “BEPC” et “Baccalauréat”. Ce
qui tend à réduire la motivation des enseignants et des apprenants.
En bref, les conditions dans lesquelles l'anglais est enseigné semblent ne pas être
favorables à l'apprentissage de la langue. C'est pourquoi, le contexte doit être pris en
compte dans l'E/A de l’anglais à Madagascar afin de réduire l’écart entre la langue et
culture malgache et celle de la cible.
45
Il n’a pas de statistique concernant cet échec du fait qu’il n’y pas suffisamment de recherche y afférente.
Toutefois, c’est une réalité à Madagascar, du moins, selon notre expérience éducative.
71
contextualisation de l’enseignement/apprentissage de cette langue cible. En outre, tous
les acteurs et les instances du système éducatif malgache devraient bien agencer leurs
responsabilités respectives. En d’autres termes, au niveau des dirigeants, à pouvoir de
décision, on s’attend à ce qu’il y ait respect des lois d’orientations du système éducatif et
de la politique linguistique (PL) y afférente, si celle-ci est claire et connue de tous.
72
7 La conception et l’élaboration de curricula et programmes
scolaires à Madagascar
Voici en général le processus suivi dans le développement de curriculum à
Madagascar46.
46
Les sources des données permettant de rédiger ce sous chapitre émanent de notre expérience éducative,
des sites du gouvernement, de l’Ambassade des États-Unis à Madagascar et du journal quotidien
malgache : http://www.education.gov.mg/systeme-educatif-lancement-nouveau-programme-danglais-
niveau-lycee/, consulté le 17 Juin 2017 ; http://www.education.gov.mg/reforme-curriculaire-le-
programme-danglais-pour-le-lycee-mis-a-jour/, consulté le 17 Juin 2017 ;
https://mg.usembassy.gov/fr/enseignement-de-la-langue-anglaise-pour-les-lycees/, consulté le 17 Juin
2017 ; http://www.midi-madagasikara.mg/societe/2016/02/11/enseignement-revision-du-programme-
danglais-dans-les-lycees/, consulté le 17 Juin 2017 ; http://www.education.gov.mg/reforme-curriculaire-
le-programme-danglais-pour-le-lycee-mis-a-jour/, consulté le 17 juin 2019.
73
nouveaux besoins suscités par les différents progrès de la technologie et l’évolution
engendrée par la mondialisation. D’où le projet de révision du programme
d’enseignement de la langue anglaise dans le cadre du PSE initié par le Ministère de
l’éducation nationale.
« La particularité de ce projet est la collecte sur terrain des données sur le contenu
du programme, afin d’éviter le « top down » (sic). Des ateliers, des enquêtes et des
interviews auprès des enseignants et des élèves ont été de ce fait effectués afin de déceler
leurs besoins en termes de formation. Des table-rondes ont été de surcroît organisées pour
que les enseignants du privé et du public peuvent apporter ensemble leurs suggestions »,
selon Nirina Voahirana Razafindrabe, à l’époque Directeur de la DREP47 auprès du
Ministère chargé de l’éducation.
Tout d’abord, cette réactualisation du programme d’anglais trouve son ancrage dans
la Convention Nationale de l’Éducation (CNE), effectuée en 2014.
Ensuite, en 2015, Erik Lundell, expert américain en langue anglaise, a collaboré avec
les techniciens du Ministère chargé de l’éducation, des enseignants et étudiants auprès de
l’université pour faire un état des lieux de l’E/A de l’anglais dans les différents niveaux
du secondaire à Madagascar. Ce travail a duré à peu près 10 mois et abouti à la mise à
jour du contenu, de l’approche pédagogique, et des activités de classe, lesquelles reposent
sur l’adaptation du contexte de l’enseignement de la langue de Shakespeare à la réalité
malgache.
47
Madame RAZAFINDRABE a été directeur de la DCI avant d’être nommée à la tête de la DERP.
74
Madagascar ont donc participé à ce Symposium. Ils se sont réunis pendant quatre jours à
Antananarivo pour finaliser et améliorer le nouveau programme.
75
Conclusion de la Première Partie
En guise de conclusion, cette première partie constitue le point d’ancrage de la
réflexion, dans ce projet de thèse se rapportant au Curriculum et contextualisation de
l’enseignement/apprentissage de l’anglais à Madagascar. Elle a pour objectif de situer
la présente étude dans le vaste champ de la recherche scientifique. En effet, cette partie
vise à inscrire clairement la production de connaissances dans un cadre épistémologique,
théorique, et contextuel.
En outre, l’« anglais », qui est une discipline langue, est au centre de la réflexion dans
cette recherche. Il s’agit d’une discipline sui generis qui est née de l’école elle-même,
selon le besoin de la société. Elle n’est pas issue de la transposition didactique des savoirs
savants.
Quant au cadre théorique, les théories de référence qui sous-tendent la recherche, les
approches, les notions, et les concepts mobilisés pour répondre au questionnement et pour
atteindre les objectifs fixés sont déterminés et explicités. En effet, faisant suite au
constructivisme chez Piaget, le socioconstructivisme de Vygotsky dans laquelle s’ancre
l‘approche communicative et l’approche actionnelle constitue l’une des théories de
référence de cette recherche. S’ajoutant à cela, la sociodidactique qui consiste en la prise
en compte des paramètres sociolinguistiques des situations et des contextes dans
lesquelles l’enseignement/apprentissage de l’anglais s’inscrit.
76
Pour le cas de Madagascar, l’approche communicative et sa variante, l’approche
actionnelle, sont les plus utilisées dans l’enseignement/apprentissage de l’anglais du fait
du principal objectif qui consiste à faire acquérir des compétences communicatives.
77
les approches, devrait prendre en considération le contexte dans lequel le curriculum va
être inséré. Au niveau méso, le chef d’établissement et les équipes pédagogiques
devraient être capables de mettre en perspective la prescription institutionnelle et la réalité
dans les classes. Enfin, au niveau micro, les gestes ou actes de l’enseignant devraient être
contextualisés, en tenant compte de la réalité des apprenants et du contexte de la classe,
lors de l’actualisation sur le terrain des différents niveaux du curriculum.
78
Deuxième partie : Cadre Méthodologique
79
Introduction de la Deuxième Partie
La clarification de la méthodologie de recherche est incontournable dans une
recherche de ce type, étant donné que celle-ci garantit sa scientificité. Il s’agit d’expliciter
les règles, les étapes, et les procédures auxquelles le chercheur recourt pour étudier le
phénomène sur lequel porte son travail.
Dans le présent projet de thèse, il importe donc de préciser la démarche qui va être
adoptée, et la façon dont les données vont être collectées et traitées. En effet,
l’aboutissement de la recherche requiert une méthodologie précise et adaptée à la
problématique soulevée.
Vu tout ce qui précède, c’est à partir d’une démarche de théorisation que sera
déterminée la mise en œuvre d’une méthodologie adoptée dans ce projet de thèse dont
l’objet porte sur le Curriculum et contextualisation dans l’enseignement/apprentissage
de l’anglais à Madagascar.
48
Membres de la communauté scientifique.
80
Chapitre 1 : Clarification de la méthodologie de recherche
Tout d’abord, il importe de commencer ce premier chapitre par l’explicitation de
deux termes clés, « méthode » et « méthodologie », qui sont des concepts fondamentaux
suscitant souvent une confusion. Selon Morin, les méthodes sont des « principes
adaptables d’aide pour une stratégie de recherche évolutive », tandis que les
méthodologies constituent une « programmation a priori d’une technique fixe de
recherche » (Morin, 1986, p.27 cité par Blanchet, 2011, p.15).
Ainsi, il est tout d’abord nécessaire d’expliciter ces deux options méthodologiques en
soulignant leurs différences et leurs limites respectives. Ensuite, les raisons du choix
possible entre ces deux types seront présentées.
1 La méthodologie hypothético-déductive
La méthodologie hypothético-déductive réfère à une démarche qui consiste à émettre
des hypothèses, des sortes de réponses provisoires à la problématique de la recherche, qui
vont être validées ou invalidées à partir des données recueillies sur le terrain. Blanchet
(2000, p 29) le confirme en stipulant que cette méthodologie consiste « à proposer au
départ de la recherche, à titre d’hypothèse, une réponse à une question, et à valider ou
invalider cette réponse en la confrontant par expérimentation, en situation contrôlée, à des
81
données sélectionnées ». Cette démarche méthodologique peut permettre au chercheur de
contribuer à la production des règles générales lorsque les hypothèses sont confirmées.
En d’autres termes, « l’hypothèse est alors validée comme règle à portée générale »
(Blanchet, 2000, p 29).
En outre, cette méthodologie nécessite une quantité assez large de témoins, un grand
nombre de données et un traitement statistique. Il utilise la méthode quantitative qui
cherche à mesurer et expliquer le phénomène étudié sans considération du contexte qui
peut influencer, voire fausser le résultat de la recherche. On reproche notamment à cette
méthodologie hypothético-déductive sa tendance « objectiviste » et « réductionniste », à
généraliser abusivement en négligeant la complexité des variables contextuelles, dont le
regard du sujet-chercheur, en atomisant un ensemble en parties artificiellement
dissociées » (Blanchet, 2000, p 29).
En bref, cette méthodologie n’est pas pertinente par rapport à notre recherche, portant
sur le Curriculum et contextualisation dans l’E/A de l’anglais à Madagascar, du fait
qu’elle néglige le contexte qui peut influencer le résultat de la recherche, notamment
lorsque l’objet d’étude relève du phénomène humain comme la nôtre. La méthodologie
hypothético-déductive se situe à l’opposé de la méthodologie empirico-inductive.
49
C’est-à-dire : « Il n’y a de connaissance que logico-quantitative ».
50
Il y a une « recherche d’indépendance objectivante ».
82
2 La méthodologie empirico-inductive
Contrairement à la méthodologie hypothético-déductive, cette méthodologie
empirico-inductive n’émet pas d’hypothèse. Elle pose plutôt un questionnement de départ
sur le phénomène auquel se rapporte l’étude et tentera d’apporter d’éléments de réponse
à partir du terrain. Sa démarche est axée sur des enquêtes préalables sur le terrain pour
constater les faits et les interpréter en considérant le contexte dans les résultats de la
recherche. La prise en compte du contexte est donc essentielle dans cette démarche
méthodologique. Le chercheur a pour but d'extraire le sens plutôt que l'explication et « un
phénomène pris tout seul en dehors de tout contexte (…) ne peut pas prendre un sens car
le sens est toujours confrontation, comparaison, évaluation, mise en perspective » (Paillé
et Mucchielli 2010, p. 39 cité par Livian, 2015, p.39). Cette démarche de recherche
permet donc de faire une recherche approfondie sur le phénomène étudié à partir d’un
petit nombre de témoins et de données. Elle utilise une méthode qualitative qui consiste
à décrire, analyser, interpréter et comprendre le phénomène sur lequel porte l’étude.
Blanchet (2000, p.30) confirme cela en stipulant que la méthodologie empirico-inductive
consiste « à s’interroger sur le fonctionnement et sur la signification de phénomènes
humains qui éveillent la curiosité du chercheur, à rechercher des réponses dans les
données, celles-ci incluant les interactions mutuelles entre les diverses variables
observables dans le contexte global d’apparition du phénomène, dans son environnement,
ainsi que les représentations que les sujets s’en font (enquêteur comme enquêtés,
l’observateur étant également observé). II s’agit de comprendre (c’est-à-dire de « donner
du sens à des événements spécifiques ») et non d’expliquer (c’est-à-dire d’établir des lois
universelles de causalité) » (Blanchet, 2000, p.30). Cette démarche empirico-inductive
est, toutefois, reprochée par son manque de rigueur analytique et sa subjectivité.
83
3 La complémentarité entre les démarches méthodologiques
Pour atténuer les limites réciproques des méthodologies « empirico-inductive » et
« hypothético-déductive », une combinaison des deux démarches à travers une méthode
dite « intégrée » est possible. Celle-ci permet une complémentarité entre les deux
démarches méthodologiques. Ainsi, « beaucoup de chercheurs en sciences de l’Homme,
notamment ceux du courant interprétatif, pratiquent aujourd’hui, un va-et-vient
inductif/déductif51 » (Blanchet, 2000, p.32). Mais il n'est pas toujours facile de parcourir
tout le processus, induction puis déduction. Le chercheur devra donc choisir le procédé
le plus adapté à son sujet et à l'état de développement de son domaine de recherche.
En outre, aucune hypothèse n’est formulée pour éviter toute idée préconçue.
Toutefois, un certain nombre de questions est posé pour servir, en quelque sorte, de point
de départ à la recherche. Les spécificités du terrain et la dynamique du (des) contexte (s)
détermineront donc l’issue de la recherche.
51
L'induction est un procédé permettant « de partir d'une observation qui, si elle se répète, va permettre
d'émettre une loi générale (méthode "inductive") ; la déduction au contraire part d'une théorie ou d'une règle
générale et cherche à vérifier si celle-ci s'applique dans la situation observée » (Livian, 2015, p.20).
84
En bref, dans ce premier chapitre, la distinction entre les deux
méthodologies, hypothético-déductive et empirico-inductive, les plus utilisées dans la
recherche en sciences humaines et sociales, a été faite. La méthodologie hypothético-
déductive, démarche de recherche partant de la mise en évidence d’une hypothèse qu’elle
validera ou invalidera à partir des données recueillies sur le terrain, permet d’expliquer
les faits et de produire des lois universelles. Tandis que la méthodologie empirico-
inductive qui ne cherche pas à émettre d’hypothèse, pose plutôt un questionnement, et
tente de comprendre et d’interpréter le phénomène étudié. C’est justement dans cette
méthode empirico-inductive que s’inscrit le présent projet de thèse. En effet, cette
démarche de recherche est la mieux adaptée à la problématique soulevée.
85
Chapitre 2 : L’enquête sur le terrain
Dans ce Chapitre 2, la mise en œuvre de la méthodologie adoptée, dans ce projet
de recherche portant sur le Curriculum et contextualisation de
l’enseignement/apprentissage de l’anglais à Madagascar, sera présentée. Plus
précisément, il s’agit d’expliciter le protocole d’enquête. Ce dernier est nécessaire pour
retracer les lignes directrices du choix du terrain et de la réalisation de l’enquête.
le contexte de l’enquête
l’objectif de l’enquête,
le lieu et les milieux de l’enquête,
le choix des témoins et leurs profils respectifs,
les outils d’enquête (entretien, observation de classe, analyse des curricula et des
productions des apprenants)
le matériel de collecte de données,
et le choix des langues d’enquête.
1 Le contexte de l’enquête
Ce projet de thèse entre dans le cadre de la formation en Master 2, Mention
Éducation, Pluralité Linguistique et Culturelle, Parcours École, Plurilinguisme et
Pluriculturalisme : Didactologie52. Il se rapporte au Curriculum et contextualisation dans
l’enseignement/apprentissage de l’anglais à Madagascar.
Il s’agit d’une modeste contribution qui a pour visée de réfléchir sur le contexte
dans lequel s’inscrit l’E/A de l’anglais à Madagascar dans la perspective d’amélioration.
Ce projet de thèse arrive à point nommé étant donné que Madagascar se trouve
dans la phase de la mise en œuvre du PSE en cette année 2019. En fait, des réformes
curriculaires vont de pair avec ce processus. En l’occurrence, dans le champ de la
didactique des langues et des cultures, les nouveaux programmes scolaires d’anglais pour
les classes de seconde, première et terminale sont déjà élaborés et diffusés auprès des
acteurs de l’éducation.
52
La didactique constitue un « ensemble des modalités d’enseignement-apprentissage dans un champ de
formation ». Tandis que la didactologie est une « étude des didactiques » (Blanchet, 2011, p.9).
86
2 L’objectif de l’enquête
En vue d’apporter des éléments de réponse à la problématique de la recherche, des
données sur les représentations et les pratiques des différents acteurs de l’éducation
malgache concernant l’anglais et sa contextualisation dans l’E/A seront recueillies. Plus
précisément, des données sur les modalités de contextualisation du curriculum à chaque
niveau structurel (macro, méso, micro et nano) du système éducatif seront cernées et
collectées en vue d’une compréhension fine des traits contextuels de l’environnement
dans lequel l’enseignement/apprentissage de l’anglais s’inscrit et par la suite de
comprendre la manière d’élaboration du curriculum.
Les investigations à mener ont pour visée de recueillir des données permettant de
confirmer ou d’infirmer si les curricula successifs ont permis de maîtriser l’anglais, c’est-
à-dire à même de réduire la distance entre les apprenants et la langue/culture cible.
Tout d’abord, au niveau macro qui porte sur les structures de décision concernées au
sommet, des responsables techniques du Cabinet du Ministère en charge de l’éducation
nationale, de la Direction des curricula et des intrants (DCI) et de la Direction des études
et des recherches pédagogiques (DERP) seront enquêtés. Le lieu/milieu d’enquête sera
donc à Ampefiloha, au siège du Ministère.
Le district de Faratsiho se trouve à peu près 187 km d’Antananarivo. Il est traversé par la
route nationale n° 43 reliant Soavinadriana Itasy et Ambohibary Sambaina. Il y a deux
voies pour accéder à Faratsiho, en prenant la route nationale n°7 menant à Sambaina ou
la route nationale n°1 allant à Soavinandriana. Le district de Faratsiho se trouve dans la
région de Vakinankaratra, province d’Antananarivo.
87
Dans ce projet de thèse, l’enquête se déroulera dans des établissements scolaires
se trouvant dans la Circonscription Scolaire (CISCO) de Faratsiho, dans la Zone
Administrative et Pédagogique (ZAP) de Faratsiho. Plus précisément, le milieu éducatif
de notre enquête sera constitué par :
En outre, le choix des classes se porte respectivement sur : les classes de 4è pour le
niveau Collège et Premier pour le niveau Lycée.
Nous avons choisi le district/la CISCO de Faratsiho du fait que c’était notre lieu de
travail en tant qu’enseignant, directeur d’école, collaborateur pédagogique et Chef de
ZAP. De plus, l’accès aux établissements scolaires cités précédemment ne présentera pas
de difficulté puisque la plupart des responsables et enseignants sont des collègues de
travail. De ce fait, notre présence en tant qu’enquêteur dans ces établissements s’établira
dans un climat de confiance, et ne risquerait pas de biaiser le résultat. Toutefois, quand le
chercheur est proche de l'objet (ou sujet) observé, il peut avoir des relations affectives et
des risques de subjectivité. En effet, les risques de subjectivité, d'influence prédominante
du milieu d'intervention existent toujours mais ils peuvent être limités en servant du
contexte (en jouant avec la distance et le rapprochement). Il est donc nécessaire de prendre
de recul par rapport au phénomène d’étude, notamment dans l’analyse et interprétation
des données. En fait, les sciences humaines et sociales ont pour objet l’étude de l’être
humain et sa relation en société. Or, le chercheur étant lui-même un homme, il ne peut
qu’être « subjectif » et « interprétatif » étant donné qu’il est à la fois « le sujet connaissant
» et « l’objet de la connaissance ». L’homme est donc « l’objet de sa propre démarche »
(Blanchet, 2000, p.30). Ainsi, le chercheur en SHS doit être « attentif à l’effet qu’il
produit sur les personnes concernées par son étude : cet effet d’interaction inévitable doit
être pris en compte dans l’interprétation des données » (Blanchet, 2000, p.31).
88
Outre cela, la caractéristique de Faratsiho, étant une zone rurale, représente la quasi-
totalité du contexte dans lequel tout le milieu éducatif malgache se trouve. En fait, la
majorité de la population malgache sont des ruraux, avec un pourcentage qui s’élève à
89,85%53.
Quant au choix des classes, il s’agit des niveaux intermédiaires (Classes de 4è et 1è),
non seulement pour ne pas perturber les apprenants qui se préparent à des examens
officiels mais aussi de recueillir le maximum de données sur l’E/A de l’anglais et sa
contextualisation du fait que ces classes sont considérées comme les ossatures55 des
niveaux secondaires.
53
http://donnees.banquemondiale.org/indicateur/sp.rur.totl?view=chart , consulté le 29 décembre 2018
54
D’après notre expérience sur le terrain, la population de Faratsiho utilise généralement le malgache
officiel dans la vie quotidienne. Le français et l’anglais sont quasi absent excepte dans le cadre scolaire.
55
C’est le moment où les apprenants intègrent les connaissances acquises dans les classes antérieures et
préparent désormais l’examen officiel.
89
pédagogiques (DERP) au niveau macro, des chefs d’établissement scolaire et des
enseignants d’anglais aux niveaux méso et micro, ainsi que des apprenants au niveau
nano. Ils sont choisis parce qu’ils sont directement inclus dans le processus de
contextualisation du curriculum.
(Cf. ANNEXE I : Les guides d’entretien, A-Guide d’entretien pour les responsables
techniques au niveau du Ministère chargé de l’éducation, de la DCI et de la DERP)
90
Dans ce projet de thèse, des données sur les modalités de contextualisation du
curriculum d’anglais au niveau établissement (niveau méso) seront collectées à travers
les représentations des chefs d’établissements.
Pour ce faire, quatre (04) chefs d’établissement seront témoins selon le tableau
suivant :
(Cf. ANNEXE I : Les guides d’entretien, B-Guide d’entretien pour les proviseurs, les
directeurs d’établissements scolaires)
91
(Cf. ANNEXE I : Les guides d’entretien, C-Guide d’entretien pour les enseignants
d’anglais)
Les témoins seront composés des apprenants les plus doués et des apprenants en
difficulté, d’origine sociale et de sexe différents, pour chaque classe et pour chaque type
d’établissement.
Type Apprenants
d’établissement Classes Forts Faibles Total
Établissements 1è 2 2 4
publics 4è 2 2 4
Établissement 1è 2 2 4
privé 4è 2 2 4
Total 8 8 16
Source : auteur
(Cf. ANNEXE I : Les guides d’entretien, D-Guide d’entretien pour les apprenants)
92
6 Outils d’enquête
Dans ce projet de thèse, quatre types d’outils d’enquête et de collecte de données
seront adoptés, à savoir l’enquête semi-directive avec entretien, l’observation de classe,
l’analyse des curricula et celle des productions des apprenants.
Dans le cas d’une enquête directive, les questions sont fermées : les réponses sont
déjà prédéterminées et les choix de réponses s’excluent mutuellement. Tandis que dans
une enquête semi-directive, les questions sont ouvertes, il n’y a pas de réponses
prédéterminées ni de suggestions de réponses. Les témoins répondent selon leur propre
réflexion, et l’enquêteur les suit même si le témoin va au-delà des questions préparées par
l’enquêteur pendant un certain temps. Et si l’enquête semi-directive avec entretien, il y
aura une interaction directe entre l’enquêteur et l’enquêté étant donnée qu’elle
s’effectuera en face à face.
Selon Philippe Blanchet et Thierry Bulot (2013, p.18), « ces deux types d'enquête
partagent la caractéristique fondamentale d'être organisés, présentés et réalisés auprès des
informateurs [témoins] en tant qu'enquêtes explicites. L'enquêteur travaille sur la base
d'un questionnaire pré-établi, interroge l'informateur et recueille ouvertement les
réponses, par enregistrement ou par écrit […] ».
Au regard de tout ce qui précède, quatre (04) guides d’entretien comportant quelques
questions seront établis avant l’entretien avec les témoins de tous les niveaux structurels
(macro, méso, micro et nano) du système éducatif malgache :
93
un (1) pour les responsables techniques au niveau du Ministère,
un (1) pour les chefs d’établissement
un (1) pour les enseignants.
Un (1) pour les apprenants
Dans ce projet de thèse, les enseignants des classes de 4ème et 1ère des établissements
scolaires publics et privés de la commune rurale de Faratsiho seront donc observés
pendant leurs pratiques enseignantes. C’est à partir de ces observations des gestes ou actes
des enseignants durant le cours d’anglais que les degrés et modalités de contextualisation
du curriculum au niveau micro vont être repérés.
94
Les trois catégories de gestes de contextualisation de Pegourie-Khellef (2016, p.60)
seront donc mobilisées : les gestes de macro-contextualisation, gestes de méso-
contextualisation et gestes de micro-contextualisation (cf. Schéma 6: Les gestes de
contextualisation des enseignants). Une grille d’observation de classe56 est donc établie
pour repérer ces catégories de gestes de contextualisation lors des trois étapes d’une
séance d’E/A d’anglais, à savoir le « pre-teaching », le « while-teaching » et le « post-
teaching ».
En prenant l’exemple d’une séance d’E/A d’anglais qui a comme compétence de base
le « reading », le mot « teaching » sera remplacé par « reading ».
56
Pour remplir la grille, on met un « X » dans la cellule correspondante.
57
Mise en train.
58
« Culture cible ».
59
Compréhension de texte.
60
Compréhension orale, compréhension écrite, expression orale, expression écrite.
95
Schéma 6: Les gestes de contextualisation des enseignants
« […] trois niveaux de contextualisation ont pu être repérés. Un premier niveau, qualifié
d’ontologique, regroupe les actes de contextualisation s’appuyant exclusivement sur le
vécu individuel de chaque enfant. Un second niveau, qualifié de situationnel, fait
référence aux pratiques pédagogiques s’appuyant sur le vécu en classe. Enfin, un
troisième niveau concernant la “contextualisation authentique” concerne les pratiques
s’appuyant sur le vécu extérieur à la classe » (Luntadi et Tupin, 2012, p.109).
Enfin, on prévoit d’observer deux séances d’E/A d’anglais pour chaque classe
(4ème et 1ère), l’une au début de l’année solaire et l’autre pendant le deuxième trimestre
compte tenu de la complexité de la grille d’observation et dans le souci de recueillir le
maximum de données.
96
6.3 Analyse des curricula
L’analyse curriculaire constitue un outil d’enquête central dans ce projet de thèse.
Tout d’abord, elle permet de déceler les traits contextuels qui se trouvent mobilisées dans
les curricula, ainsi que les méthodes d’E/A et l’approche qu’ils préconisent. Ensuite, elle
permet de savoir si les curricula et programmes respectent ou non les critères de
l’UNESCO en matière de curricula de qualité. Enfin, l’analyse curriculaire peut aider à
savoir si ces curricula et programmes permettent de mieux s’approprier le contexte qui
suppose une réduction de l’univers linguistique/culturel de départ par rapport à l’univers-
cible (linguistique et culturel). Il est donc important d’introduire l’analyse curriculaire
dans nos investigations, car elle donne du sens aux entretiens et aux observations de
classe.
Pour ce faire, l’analyse et le recueil des données s’articulent autour de cinq (05)
points :
97
construire, et de développement durable axé sur les approches par
compétences/actionnelles dans les activités d’E/A de l’anglais à Madagascar.
Il est à noter que le remplissage par des signes + ou – de la grille d’analyse permet de
fixer les critères que le programme a rempli. Cette grille porte 15 points à évaluer au
niveau de la structure du programme.
(Cf. ANNEXE II : Grille d’observation et Grille d’analyse, B-Grille analyse curriculaire)
98
Tableau 5: Nombre de copies des apprenants témoins
99
interprétation du phénomène sur lequel porte l’étude. Ces méthodes conviennent mieux à
notre projet de thèse étant donné que la méthodologie empirico-inductive adoptée
consiste « à s’interroger sur le fonctionnement et sur la signification de phénomènes
humains » (Blanchet, 2000, p.30). De ce fait, nous ne recherchons nullement des
récurrences statistiques dans les données.
Après cela, la méthode analytique, sert à construire une signification à partir des
données recueillies. Il s'agit de donner un sens ou des sens aux données de la description
et de la comparaison déjà effectuées.
Ces méthodes de traitement des données peuvent être adaptées dans le cadre de
chaque outil d’enquête y compris la grille d’analyse du curriculum et la grille d’analyse
des productions d’élèves à l’écrit.
100
Conclusion de la Deuxième Partie
En guise de conclusion, dans ce projet de thèse se rapportant au curriculum et
contextualisation de l’enseignement/apprentissage de l’anglais à Madagascar, la
méthodologie empirico-inductive, de type qualitatif, interprétatif et compréhensif, est
adoptée. Quatre types d’outil de recueil de données sont choisis pour accompagner cette
méthodologie : l’enquête semi-directive avec entretien et l’observation de classe,
l’analyse curriculaire et celle des productions à l’écrit des apprenants
Quant à l’analyse des curricula et programmes d’anglais, elle permet de déceler les
caractéristique du contexte mobilisées dans les curricula, ainsi que les approches d’E/A
qu’ils recommandent. C’est un outil d’enquête permettant de voir l’existence ou non de
cohérence entre les objectifs, le contenu, la méthode et les approches et l'évaluation
formative, ainsi que de savoir si les curricula et programmes respectent (ou non) les
critères de qualité préconisés par l’UNESCO. Enfin, l’analyse curriculaire permet de voir
la pertinence ou non des curricula et programmes dans la réduction de la distance entre la
langue et culture cible et l’apprenant.
En ce qui concerne l’analyse des productions des apprenants, l’expression écrite est
choisie pour déceler les erreurs fréquentes à tout le niveau (linguistique, discursif et
communicatif) et l’indice de contextualisation dans les évaluations formatives, visant à
améliorer la compétence à l’écrit des apprenants.
101
Le milieu d’investigation choisi est la commune rurale de Faratsiho. Nous allons
collecter des données auprès des acteurs éducatifs du lycée Faratsiho, du CEG Faratsiho
et du Collège privé FJKM Ambohimahatazana Faratsiho. En effet, les témoins seront
composés : des chefs d’établissement, des enseignants et des apprenants des classes de
4ème et de 1ère. .
Enfin, pour parfaire l’enquête, à part la prise de note habituelle, deux types d’appareil
seront utilisés : un dictaphone et un caméscope. Ces derniers permettent de collecter le
maximum d’informations sans être obligé d’opérer des sélections préalables, et de réunir à
la fois des données sur les comportements verbaux et non verbaux. Les enregistrements
audiovisuels permettent, au moment de l’analyse, de revenir sur une séquence autant de
fois que l’on veut.
102
Conclusion Générale
Pour conclure le présent projet de thèse, portant sur le curriculum et
contextualisation dans l’enseignement/apprentissage de l’anglais à Madagascar, un bref
rappel de ce qui a été exposé dans les différentes parties, ainsi qu’une discussion et des
perspectives seront présentés dans les paragraphes qui suivent.
Quant à l’« anglais », elle est une discipline langue, qui est au centre de la réflexion
dans cette recherche. Il s’agit d’une discipline sui generis qui est née de l’école elle-
même, selon le besoin de la société. Elle n’est pas issue de la transposition didactique des
savoirs savants.
103
cela, la sociodidactique qui est la prise en compte des paramètres sociolinguistiques des
situations et des contextes dans lesquelles l’enseignement/apprentissage de l’anglais
s’inscrit.
104
l’enseignement/apprentissage de l’anglais à Madagascar, quel que soit le niveau à
considérer. Parmi les traits contextuels, les représentations de la langue, les compétences
des enseignants, le statut de la langue, la situation socio-économique, politique,
linguistique et culturelle sont à considérer en vue de mettre en place des orientations, des
dispositifs et des modalités didactiques propices à l’enseignement/apprentissage de
l’anglais pour atteindre cette compétence communicative des apprenants. Il s’agit donc
de recourir à la contextualisation dans la construction des curricula pour éviter toutes
sortes d’inadéquation (Rispail et Blanchet ; 2011, p.68). En bref, l’élaboration du
curriculum à chaque niveau du système éducatif doit se faire de manière cohérente et
contextualisée, garantissant son ancrage dans le pays où le curriculum est implanté, afin
de réduire l’écart entre ce qui est prescrit, réalisé et atteint, et d’améliorer le processus et
le résultat d’enseignement/apprentissage.
105
de confirmer ou d’infirmer que les curricula successifs ont permis de maîtriser l’anglais,
c’est-à-dire à même de réduire la distance entre les apprenants et la langue/culture cible.
Le dernier outil d’enquête est l’analyse des productions des apprenants à l’écrit.
L’expression écrite est choisie spécialement afin de relever les erreurs fréquentes sur les
plans linguistique, discursif et communicatif et l’indice de contextualisation dans les
évaluations formatives, dans le but d’améliorer la compétence à l’écrit des apprenants.
106
l’enseignement/apprentissage de l’anglais, dans le travail d’élaboration curriculaire. De
plus, tous les acteurs et les instances du système éducatif malgache devraient bien agencer
leurs responsabilités respectives
Par ailleurs, la construction des outils d’investigation représente aussi une série de
difficultés étant donné la complexité de l’objet d’étude qui relève du phénomène humain.
Le fait que le chercheur est proche des sujets à étudier (l’enquêteur est familier avec les
enquêtés) pourrait constituer un biais scientifique, car les témoins seraient tentés de
répondre toujours de manière positive et l’on ne verrait pas apparaître les obstacles que
rencontrent les enseignants et les apprenants en classe face à un programme dont les
fondements scientifiques et idéologiques ne sont pas bien compris ou qui posent problème
dans leur for intérieur (curriculum caché). De ce fait, il est nécessaire de prendre de recul
par rapport au phénomène d’étude, notamment dans l’analyse et interprétation des
61
Cf. Partie I, chapitre 3, 1.Éducation à Madagascar et textes règlementaires successifs. La place de
l’idéologie dans la prise de décision en matière éducative à Madagascar y est explicitée.
107
données. Ainsi, le chercheur en SHS doit être « attentif à l’effet qu’il produit sur les
personnes concernées par son étude : cet effet d’interaction inévitable doit être pris en
compte dans l’interprétation des données » pour limiter la subjectivité (Blanchet, 2000,
p.31).
- entre les mains des acteurs éducatifs de tous les niveaux (macro, méso et
micro) dans la prise de décision se rapportant aux lois d’orientation, au choix
de l’approche curriculaire,
- à l’élaboration des dispositifs de formation d’enseignants,
- au choix des théories, approches et méthodologies d’E/A de l’anglais à
Madagascar
- à la conception et proposition des évaluations formatives en cohérence avec
les objectifs, le contenu, les méthodes et approches préconisées, et pour l’au-
delà de la thèse, l’évaluation sommative en E/A de l’anglais.
Quant aux limites, ce projet de thèse ne prétend en aucun cas avoir traité toutes
les facettes se rapportant au sujet. Après tout, il s’agit d’un projet de thèse dont le cadrage
doit être confronté au terrain ce qui sera l’objet de la thèse elle-même. De plus, le milieu
d’enquête et les témoins choisis sont loin d’être représentatifs du milieu éducatif global
malgache. Il s’agit de ce fait d’une recherche dont la contextualisation est à consolider.
Il existe aussi des problèmes techniques concernant la manière d’avoir les données
pour les périodes antérieures à 2019. Par exemple, le Département chargé de la
conception et de l’élaboration du curriculum, ses projets et ses responsables changent
souvent, au moins à chaque changement de régime : allant de l’UERP, jusqu’à l’actuelle
108
DCI, en passant par la DDC. Raison qui peut expliquer les lacunes au plan des données
et des informations. De ce fait, dans ce projet de thèse, la périodisation a été déterminée
rigoureusement par rapport aux acteurs à enquêter et aux documents disponibles.
109
Références bibliographiques et sitographiques
(Références bibliographiques suivant la norme ISO 690 :2010)
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IBE/2016/WP/CD/02. p.1-38.
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vii
-RANAIVO, V. 2013. Plurilinguisme, francophonie et formation des élites à Madagascar
(1795-2012). De la mixité des langues. Paris : L’Harmattan.
-VAN DEN AKKER, Jan et THIJS, Annette, 2009. Curriculum in development. SLO-
Netherlands Institute for Curriculum Development.
-VIGNER, G., 2001. Enseigner le français comme langue seconde. Paris : CLE
International.
Parties d’ouvrage
Articles de revues
-BEACCO, Jean-Claude, 2011. Contextualiser les savoirs en didactique des langues et des
cultures. In : BLANCHET, Philippe et CHARDENET, Patrick (dir.). Guide pour la
recherche en didactique des langues et des cultures : approches contextualisées. France :
Archives contemporaines-Agence universitaire de la francophonie (Montréal), p.31-40.
viii
France : Archives contemporaines-Agence universitaire de la francophonie (Montréal), p.5-
8.
ix
Colloques et conférences
-GIRARDET, Jacky, 2011. Enseigner le FLE selon une approche actionnelle : quelques
propositions méthodologiques. Actes du XIIème colloque pédagogique de l’Alliance
française de Sao Paolo. Paris: CLE International, p.1-18.
-JONNAERT, Philippe, 2015. Vers une reproblématisation des assises d'une théorie
curriculaire. Linguarum Arena, n°6, p.9-28.
x
-MASCIOTRA, Domenico, 2007. Le constructivisme en termes simples. Vie pédagogique,
n°143, Avril-Mai, p.48-52.
-MATTHEY, M., et PY, B., 1995. Introduction. In : Lüdi, G., Py, B., et al. 1995.
Changement de langage et langage du changement. Lausanne : l’Age d’Homme, p. 9-28.
xi
-RANDRIAMAROTSIMBA, Vololona, 2014. Des politiques linguistiques aux politiques
éducatives malgaches : États des lieux et perspectives. In : Enseigner et Apprendre les
langues à Madagascar : quelle(s) entrée(s) au XXIe siècle ? Les Actes du séminaire
universitaire 9-10 juillet 2014. Antananarivo : MAPEF. p. 129-162.
Sitographie
-BAVOUX, Claude et BAVOUX, Claudine, 1993. Le coût social des derniers politiques
linguistiques. In : Politique Africaine 52, p. 76-88. Disponible sur :
http://www.politiqueafricaine.com/, consulté le 10 avril 2019.
xii
langues et des cultures. Séminaire AUF Recherches en Didactique des Langues et des
Cultures. Mauritius Institute of Education. Disponible sur :
http://www.aidenlignefrancaisuniversite.auf.org/IMG/pdf_Blanchet-Rispail-
Maurice2013v1.pdf, consulté le 15 mars 2019.
-http://donnees.banquemondiale.org/indicateur/sp.rur.totl?view=chart , consulté le 29
décembre 2018.
-http://www.education.gov.mg/reforme-curriculaire-le-programme-danglais-pour-le-lycee-
mis-a-jour/, consulté le 17 Juin 2017.
-http://www.education.gov.mg/systeme-educatif-lancement-nouveau-programme--
danglais-niveau-lycee/, consulté le 17 Juin 2017.
-http://www.midi-madagasikara.mg/societe/2016/02/11/enseignement-revision-du-
programme-danglais-dans-les-lycees/, consulté le 17 Juin 2017.
-https://bivi.afnor.org/notice-details/quelle-est-la-difference-entre-besoins-et-attentes-dans-
le-referentiel-iso-90012015-/1297891, consulté 17 Juin 2019.
-https://mg.usembassy.gov/fr/enseignement-de-la-langue-anglaise-pour-les-lycees/,
consulté le 17 Juin 2017.
xiii
-MORIN, Edgar, 1994. Sur l’interdisciplinarité. Bulletin interactif du Centre international
de recherches et études transdisciplinaires, n°2, 1994. Disponible sur : http://ciret-
transdisciplinarity.org/bulletin/b2c2.php, consulté le 14 Avril 2019.
xiv
Table des Annexes
Annexe I : Les guides d’entretien
xv
Annexe I : Les guides d’entretien
A. Guide d’entretien pour les responsables techniques au niveau du Ministère
chargé de l’éducation (MENETP), de la DCI et de la DERP
1. Quand est-ce que le curriculum d’enseignement a été élaboré? Par qui ? Sur quels
critères?
Oviana no novolavolaina ny fandaharam-pianarana? Iza no namolavola azy? Inona
avy ny fepetra narahina tamin’izany?
......................................................................................................................................
............................................................................................................................
2. Quels sont les contenus et les caractéristiques de ce curriculum ? Pourquoi ce choix
?
Inona no mampiavaka ireo vontoatin’ny fandaharam-pianarana? Inona no anton’io
safidy io?
......................................................................................................................................
............................................................................................................................
3. Quelles théories et approches curriculaires et didactiques ont été privilégiées par les
décideurs et ceux qui élaborent le curriculum ?
Inona ireo teoria sy fomba fijery mahakasika ny fandaharam-pianarana sy
fampianarana narahin’ireo mpanapakevitra sy ireo namolavola ny fandaharam-
pianarana ?
......................................................................................................................................
............................................................................................................................
4. De quel courant curriculaire le curriculum d’anglais est-il inspiré ? Et quelles
représentations avez-vous de l’anglais à Madagascar?
Fandaharam-pianarana anglisy avy aiza no nalahin-tahaka? Manao ahoana ny
fiheveranao ny anglisy eto Madagasikara?
......................................................................................................................................
............................................................................................................................
5. Quelles sont les mesures d’accompagnement prises dans la mise en œuvre des
curricula d’anglais ?
Inona ny fepetra noraisina tamin’ny fampiharana ny fandaharam-pianarana anglisy?
......................................................................................................................................
............................................................................................................................
6. Dans quelle mesure le curriculum est-il adapté à la vie actuelle et future, aux
expériences, à l’environnement et aux aspirations des élèves?
Hatraiza ny fahafahan’ny fandaharam-pianarana mifandraika amin’ny zava-misy
ankehitriny sy ho avy, amin’ny traikefa, amin’ny tontolo manodidina ary amin’ny
hetahetan’ny mpianatra ?
......................................................................................................................................
............................................................................................................................
7. En quoi le curriculum favorise-t-il un avenir social et économique prospère tout en
respectant le passé du pays, son histoire et ses traditions culturelles?
xvi
Lafiny inona no mety ilazana fa mampiroborobo ny ho avy ara-tsosialy sy ara-
toekarena ny fandaharam-pianarana sady manaja ny tantara sy kolontsainan’ny
firenena ?
......................................................................................................................................
............................................................................................................................
8. De quelle manière le curriculum est-il équitable et inclusif (c’est-à-dire prenant en
compte la diversité des apprenants et les différents besoins de ces derniers; répondant
aux besoins des groupes marginalisés; combattant les préjugés)?
Hatraiza ny fahafahan’ny fandaharam-pianarana mametraka fampianaranan ho an’ny
rehetra ary tsy mitanila?
......................................................................................................................................
............................................................................................................................
9. Dans quelle mesure le curriculum est-il centré sur l’apprenant et adapté aux besoins
de celui-ci ?
Hatraiza no ilazana fa mifototra sy mifandraika amin’ny filan’ny mpianatra ny
fandaharam-pianarana ?
......................................................................................................................................
............................................................................................................................
En quoi le curriculum est-il ouvert et flexible, critères permettant la prise en compte
des nouveaux défis et des nouvelles possibilités en intégrant les aspects
nouveaux/émergents ?
Inona no ahafahana milaza fa misokatra ary tsy jadona ny fandaharam-pianarana, ka
ahafahana mampiditra zavatra vaovao?
......................................................................................................................................
............................................................................................................................
10. Comment le curriculum assure-il la cohérence et le décloisonnement entre les
différentes disciplines/étapes/classes/niveaux et les différents domaines/sujets
d’études?
Ahoana no ahafantarana fa misy firindrany ny fandaharam-pianarana sady
mampiroborobo ny fifandraisan’ny taranja, sy ny dingana, ary ny kilasy samihafa?
......................................................................................................................................
............................................................................................................................
11. Comment le curriculum est-il évalué ? A quelle période ? Par qui? /Ahoana no
hanombanana ny fandaharam-pianarana? Isaky ny fotoana inona? Iza no manao ny
tombana?
......................................................................................................................................
............................................................................................................................
xvii
B. Guide d’entretien pour les proviseurs, les directeurs d’établissements scolaires
1. Avez-vous déterminé une politique linguistique éducative pour votre établissement
? Comment ?
Mamaritra politikan’ny teny manokana ve ny sekoly iadidianao? Ahoana no
famaritana azy?
......................................................................................................................................
............................................................................................................................
2. Quelles représentations avez-vous de l’anglais pour votre établissement ?
Ahoana ny fiheveranao ny teny anglisy eto amin’ny sekoly iadidianao?
......................................................................................................................................
............................................................................................................................
3. Quelles activités péri/parascolaires existent concernant l’anglais dans votre
établissement ?
Inona ny fihetsiketsehana mahakasika na ivelan’ny fampianarana ataon’ny sekolinao
momba ny teny anglisy ?
......................................................................................................................................
............................................................................................................................
4. De quelle manière avez-vous mis en perspective le curriculum prescrit et la
spécificité du contexte de votre établissement ?
Ahoana no fomba hampifandraisanao ny fandaharam-pianarana ofisialy amin’ny
hodidina mampiavaka ny sekolinao ?
......................................................................................................................................
............................................................................................................................
5. De quels suivi et encadrement, formation continue bénéficient les enseignants
d’anglais dans votre établissement pour renforcer leurs compétences ? A quelle
période ? Par qui ?
Inona avy ireo fanaraha-maso sy fiofanana azon’ireo mpampianatra teny anglisy eto
amin’ny sekolinao mba ho fanamafisana ny traikefa ananan’izy ireo ?
......................................................................................................................................
............................................................................................................................
6. A votre avis, quel est le niveau d’anglais des apprenants dans votre établissement ?
Et quelles représentations ont-ils de l’anglais ?
Ahoana ny fijerinao ny fahaizan’ny mpianatra eto amin’ny sekolinao teny anglisy ?
Ahoana ny fiheverany ny teny anglisy?
......................................................................................................................................
............................................................................................................................
xviii
C. Guide d’entretien pour les enseignants d’anglais
1. Quelles représentations avez-vous de l’anglais ?
Ahoana ny fiheveranao ny anglisy?
......................................................................................................................................
............................................................................................................................
2. Quelles approches et méthodologies d’enseignement/apprentissage de l’anglais
avez- vous utilisées en classe ? Pourquoi ?
Inona no fomba fampianarana ny teny anglisy ampiasainao? Fa maninona ?
......................................................................................................................................
............................................................................................................................
3. De quelle manière avez-vous intégré le répertoire langagier de vos apprenants dans
le processus didactique d’anglais? Quelles sont les langues les plus sollicitées ?
Pourquoi ?
Ahoana no fomba fampiatianao ireo teny isan-karazany fampiasan’ny mpianatra an-
davanandro amin’ny fampianarana ao an-dakilasy? Inona ireo teny be mpampiasa ?
Fa maninona ?
......................................................................................................................................
............................................................................................................................
4. En particulier, quelle est la place de la langue maternelle des apprenants dans ce
processus ?
Aiza ho aiza ny lanjan’ny tenin’ny reny eo amin’ny fampianarana teny anglisy?
......................................................................................................................................
............................................................................................................................
5. Que pensez-vous des contenus, des approches et méthodologies préconisées par le
curriculum ? Les contenus et démarches prescrits par les décideurs et les
responsables de curricula se sont-ils avérés efficaces pour les apprenants ?
Ahoana ny fijerinao ny vontoatin’ny fandaharam-pianarana sy ny fomba fampitana
natolotr’ireo namolavola azy ? Mahoby ve ?
......................................................................................................................................
............................................................................................................................
6. Comment avez-vous adapté le curriculum prescrit au contexte dans lequel s’inscrit
votre pratique enseignante ?
Ahoana no fomba nataonao mba hampifandraika ny fandaharam-pianarana sy ny
hodidina misy ao an-dakilasy?
......................................................................................................................................
............................................................................................................................
7. Quel Type des supports, matériels et stratégies didactiques utilisez-vous pendant les
séquences d’apprentissage d’anglais ?
Inona ny fitaovana sy tetika amam-paika ampiasainao mandritra ny fampianarana
anglisy?
......................................................................................................................................
............................................................................................................................
xix
D. Guide d’entretien pour les apprenants
Langues et E/A de l’anglais/Teny sy fampianarana ny tany anglisy ?
1. En quelle langue parlez-vous à vos enseignants ?
Teny inona no ifampiresahanao amin’ny mpampianatra?
......................................................................................................................................
............................................................................................................................
2. En quelles langues vos enseignants enseignent-ils l’anglais?
Teny inona no hampianaran’ny mpampianatra ny teny anglisy?
......................................................................................................................................
............................................................................................................................
3. Comprenez-vous les langues utilisées par votre professeur en classe ?
Azonao ve ny tiany ambara?
......................................................................................................................................
............................................................................................................................
4. En quelle langue souhaiteriez-vous qu’on vous enseigne cette matière ? Amin’ny
teny inona no tianao hampianarana io taranja io ?
......................................................................................................................................
............................................................................................................................
5. Quelles langues maîtrisez-vous le mieux ?
Teny inona no tena voafehinao?
......................................................................................................................................
............................................................................................................................
Représentations linguistiques/Fomba fiheverana ny teny
6. Quelle langue aimeriez-vous vraiment maîtriser ?
Inona ny teny tena tianao ho hay?
......................................................................................................................................
............................................................................................................................
7. A votre avis, quelle langue permet vraiment aux élèves de réussir leurs études ?
Araka ny hevitrao, inona ny teny mahatafita amin’ny fianarana?
......................................................................................................................................
............................................................................................................................
8. A votre avis, quelle langue permet vraiment de réussir sur le plan professionnel
à Madagascar ?
Araka ny hevitrao, inona ny teny mahatafita amin’ny lafiny ara-kasa ?
......................................................................................................................................
............................................................................................................................
9. Quelles sont, à votre avis, les langues que les jeunes Malgaches devraient
maîtriser ?
Inona ireo teny tokony ho hain’ny tanora Malagasy?
......................................................................................................................................
............................................................................................................................
xx
Annexe II : Grille d’observation et Grilles d’analyse
A. Grille d’observation de classe
School:
Level:
Unit:
General Objective:
Specific Objective:
Main language skills:
Language skills:
Duration:
a. Utilisation
des habitus
sociaux
b. Liens avec
d’autres
activités
Macro sociales des
élèves mettant
en jeu leurs
expériences
personnelles.
c. Utilisation
du répertoire
langagier des
élèves
xxi
Étapes (steps) Pre- While- Post- Efficacité
teachingteaching teaching
Gestes de Existence
contextualisation Non Oui Non Oui Non Oui Peu Assez Très
a. Rappels des
acquis issus
des autres
classes, des
autres années
de
scolarisation
c. Liens avec
d’autres
disciplines en
se référant au
discours
disciplinaire
xxii
Étapes (steps) Pre- While- Post-
teaching teaching teaching Efficacité
Gestes de Existence
contextualisation Non Oui Non Oui Non Oui Peu Assez Très
a. Rappels
avec ce qui
vient juste
d’être vu dans
cette leçon,
d’être dit, déjà
écrit au
tableau
b. Utilisation
du corps
c. Utilisation
de la
Micro
dimension
méta-
langagière,
discours sur le
discours
disciplinaire
d.
Reformulation
e. Liens avec
le matériel de
la classe : le
manuel et le
tableau
f. Répétition
par un autre
élève,
utilisation de
la parole de
l’élève
xxiii
B. Grille d’analyse curriculaire
xxiv
C. Grille d’analyse des productions des apprenants à l’écrit
xxv
II- Evaluation des compétences selon la grille d’analyse du CECRL
xxvi
Table des matières
Remerciements ......................................................................................................... i
Liste des abréviations.............................................................................................. ii
Liste des schémas ................................................................................................... iv
Liste des tableaux ................................................................................................... iv
Sommaire ................................................................................................................. v
Introduction générale .............................................................................................. 1
Première partie : Cadres épistémologique, théorique et contextuel ................. 11
Introduction de la première partie ...................................................................... 12
Chapitre 1 : Cadre épistémologique .................................................................... 13
1 La recherche et les sciences ................................................................................. 13
2 La recherche en sciences humaines et sociales ................................................... 16
3 Les différentes formes de collaboration disciplinaire.......................................... 18
4 La recherche en didactique des langues et des cultures ...................................... 19
5 La discipline langue en général ........................................................................... 20
6 La discipline « anglais » ...................................................................................... 22
Chapitre 2 : Cadre théorique ............................................................................... 27
1 Le besoin d’apprendre des langues étrangères .................................................... 28
2 Les sciences et disciplines contributoires ............................................................ 30
3 Les théories d’enseignement/apprentissage des langues ..................................... 32
3.1 La théorie constructiviste ............................................................................. 33
3.2 La théorie socioconstructiviste ..................................................................... 35
3.3 La sociodidactique........................................................................................ 37
4 L’évolution des approches relatives à l’enseignement/apprentissage des langues..
............................................................................................................................. 38
4.1 La méthodologie Grammaire-Traduction (MGT) ........................................ 38
4.2 La méthodologie directe (MD) ..................................................................... 40
4.3 La méthodologie audio-orale (MAO) .......................................................... 41
4.4 La méthodologie audio-visuelle (MAV) ...................................................... 42
4.5 L’approche communicative (CLT)............................................................... 43
4.6 L’approche actionnelle (AA) ....................................................................... 45
5 L’importance du contexte et contextualisation.................................................... 46
6 L’articulation entre curriculum et contextualisation ........................................... 54
Chapitre 3 : La contextualisation du curriculum d’anglais à Madagascar ..... 61
xxvii
1 L’éducation à Madagascar et textes règlementaires successifs ........................... 61
2 Aperçu de la politique linguistique éducative et la situation de l’anglais à
Madagascar ............................................................................................................. 62
3 Rappel des grandes étapes et transformations relatives aux choix curriculaires à
Madagascar ............................................................................................................. 64
4 Les théories et approches d’enseignement/apprentissage de l’anglais à
Madagascar ............................................................................................................. 66
5 Le contexte de l'enseignement de la langue anglaise à Madagascar ................... 69
6 La nécessité de la contextualisation pour améliorer l’enseignement/apprentissage
de l’anglais à Madagascar ....................................................................................... 71
7 La conception et l’élaboration de curricula et programmes scolaires à
Madagascar.............................................................................................................. 73
Conclusion de la Première Partie ........................................................................ 76
Deuxième partie : Cadre Méthodologique .......................................................... 79
Introduction de la Deuxième Partie ..................................................................... 80
Chapitre 1 : Clarification de la méthodologie de recherche.............................. 81
1 La méthodologie hypothético-déductive ............................................................. 81
2 La méthodologie empirico-inductive................................................................... 83
3 La complémentarité entre les démarches méthodologiques ................................ 84
4 Les raisons du choix de la méthodologie adoptée dans la recherche .................. 84
Chapitre 2 : L’enquête sur le terrain .................................................................. 86
1 Le contexte de l’enquête ...................................................................................... 86
2 L’objectif de l’enquête......................................................................................... 87
3 Le lieu et les milieux de l’enquête ....................................................................... 87
4 Période et durée de l’enquête .............................................................................. 89
5 Choix des témoins et profils des témoins ............................................................ 89
5.1 Les responsables techniques au niveau macro ............................................. 90
5.2 Les chefs d’établissements au niveau méso ................................................. 90
5.3 Les enseignants d’anglais témoins au niveau micro .................................... 91
5.4 Les apprenants témoins au niveau nano ....................................................... 92
6 Outils d’enquête ................................................................................................... 93
6.1 Enquête semi-directive avec entretien.......................................................... 93
6.2 Observation de classe ................................................................................... 94
6.3 Analyse des curricula ................................................................................... 97
6.4 Analyse des productions d’élèves ................................................................ 98
xxviii
7 Matériels de collecte de données ......................................................................... 99
8 Choix des langues d’enquête ............................................................................... 99
9 Clarification des méthodes de traitement des données ........................................ 99
Conclusion de la Deuxième Partie ..................................................................... 101
Conclusion Générale ........................................................................................... 103
Références bibliographiques et sitographiques ................................................... vi
Table des Annexes ................................................................................................. xv
Table des matières ............................................................................................. xxvii
xxix
Auteur: RAJAONARIVELO Andry
Email: andry4raj@gmail.com
Contact: 033 82 436 55
Fintina
Ity asa ity dia tetikasa fikarohana izay tafiditra ao amin'ny sehatry ny
fampianarana teny sy ny kolontsaina / sosiôdidaktika. Mifandraika manokana amin'ny
fandaharam-pianarana sy ny hodidin’ny fampianarana/fianarana teny anglisy eto
Madagasikara.
Ny fanomezan-danja ny hodidina dia ilaina mba hahatakarana ny olana misy eo
amin'ny fampianarana/fianarana teny. Ny hodidina mantsy dia fitaovana fanadihadiana
sy fanakaran-kevitra ho an'ny mpikaroka ary loharanon-kevitra ho enti-manatsara ny
fampianarana any an-dakilasy. Ny tanjona ankapobeny dia ny fandalinana mazava ny
toetoetra ny tontolo iainan’ny fampianarana/fianarana teny anglisy eto Madagasikara mba
hahatakarana bebe kokoa ny antsipiriany ary hamantarana ireo fitsipika sy soatoavina
mety amin’ny famolavolana tari-dalana , fitaovana sy fomba fampianarana izay
mampivelatra io teny io eo amin'ny hodidina anjakan’ny fiteny sy kolontsaina maro
samihafa. Ho fanatanterahana izany dia ny fomba fiasa « empirico-inductive, de type
qualitatif, interprétatif et compréhensif” no nofidiana, noho ny maha be pitsony ny
fandinihana ny tranga mahakasika ny olombelona.
Ny fanadihadiana dia natao mba hanangonanan tahirin-kevitra ahafahana
manaporofo raha nanampy ny mpianatra Malagasy hahafehy ny teny anglisy ireo
fandaharam-pianarana nifandimby na tsia, izany hoe vitany ny mampihena ny elanelana
eo amin'ny ny mpianatra sy ny teny/kolotsaina iompanana. Ankoatra izany, dia fitaovam-
panadihadiana isan-karazany no hampiasaina amin'ny fanangonana antontan-kevitra, toy
fanadihadiana manasa-drafitra miaraka amin'ny fanontaniana misokatra, misy
fifanatrehanana, fijerena ifotony ny zava-misy ao an-dakilasy, famakafakana ny
fandaharam-pianarana sy ny asan’ireo mianatra. Ny vavolombelona voafidy dia ireo
tomponandraikitra sy mpamolavola fandaharam-pianarana, ireo talen-tsekoly, ireo
mpampianatra ary mpianatra. Ny vondrona hohadihadiana dia ahitana sekolim-panjakana
sy tsy miankina ambaratonga faharoa any Faratsiho.
Teny manan-danja: famaroan-teny, fampianarana ny teny sy kolontsaina,
sosiôdidaktika, hodidina, “contextualisation”, fandaharam-pianarana, fiaraha-miasan-
taranja
Résumé
Le présent travail est un projet de recherche qui s’inscrit dans le champ de la
didactique des langues et des cultures/sociodidactique. Plus précisément, ce projet de
thèse se rapporte au curriculum et contextualisation dans l’enseignement/apprentissage
de l’anglais à Madagascar.
xxx
La prise en compte du contexte, la contextualisation, est incontournable pour saisir
les problèmes touchant l’E/A des langues. En effet, le contexte constitue un outil
d’analyse et de compréhension pour le chercheur et une ressource dans la pratique
enseignante. L’objectif général est de mener une analyse précise des caractéristiques
contextuelles de l’environnement de l’enseignement/apprentissage de l’anglais à
Madagascar de manière à en mieux comprendre les spécificités et dégager les principes
et valeurs appropriées qui permettent de construire des orientations, des dispositifs et des
modalités didactiques propices au développement de cette langue en contexte plurilingue
et pluriculturel. Pour ce faire, une démarche empirico-inductive, de type qualitatif,
interprétatif et compréhensif sera adoptée, compte tenu de la complexité de l’objet d’étude
relevant du phénomène humain.
Les investigations à mener ont pour visée de recueillir des données permettant de
confirmer ou d’infirmer que les curricula, que Madagascar a connus, ont permis de
maîtriser l’anglais, c’est-à-dire à même de réduire la distance entre les apprenants et la
langue/culture cible. De plus, différents types d’outils d’enquête seront utilisés dans la
collecte des données tels que l’enquête semi-directive à questions ouvertes, avec
entretien, l’observation des classes, l’analyse curriculaire et celle des productions des
apprenants. Les témoins choisis seront des décideurs et concepteurs de curricula, des
chefs d’Etablissement, des enseignants et des apprenants. Le milieu d’enquête est
composé par des établissements scolaires publics et privés de niveaux collèges et lycées
se trouvant dans la commune rurale de Faratsiho.
Mots clés : plurilinguisme, didactique des langues et cultures, sociodidactique, contexte,
contextualisation, curricula et programmes, collaboration disciplinaire.
Abstract
The present work is a research project that falls within the field of didactics of
languages and cultures/sociodidactics. More specifically, this thesis project is related to
the curriculum and the contextualization in the English teaching/learning in Madagascar.
Taking into account the context, the contextualization, is a must to understand the
issues affecting the languages teaching/learning. In fact, the context is a tool for the
analysis and understanding for the researcher and a resource in the teaching practice. The
general objective is to carry out a precise analysis of the background characteristics of the
English teaching/learning environment in Madagascar to better understand the
specificities and to identify the principles and appropriate values that can be used to build
guidelines, devices and modalities of didactics that are conducive to the development of
this language in the context of multilingual and multicultural. To do this, an empirical-
inductive approach, with qualitative, interpretative and comprehensive types, will be
adopted in consideration of the complexity of the object of study within the human
phenomenon.
The investigations to be carried out are designed to collect data to confirm or
disprove that the curricula, that Madagascar has known, have enabled the control of the
English, that is to say, to reduce the distance between the learners and the target
xxxi
language/culture. In addition, different types of survey tools will be used in the data
collection such as survey and semi-directive open-ended questions, with interview, the
observation of classes, the curriculum and the learners written productions analysis. The
witnesses chosen will be composed of decision-makers and curriculum developers, heads
of Establishment, teachers and learners. The community of inquiry is composed of public
and private schools from junior and senior high school located in the rural district of
Faratsiho.
Key words: multilingualism, didactics of languages and cultures, sociodidactics, context,
contextualization, curriculum and programs, disciplines collaboration.
xxxii