1880 - Croquis Algériens Par Charles Jourdan
1880 - Croquis Algériens Par Charles Jourdan
1880 - Croquis Algériens Par Charles Jourdan
Jourdan
PAR
PARIS
A. QUANTIN, IMPEIMEUR-ÉDITEUE
7, EUE SAINT-BENOIT
1880
CROQUIS ALGÉRIENS
EN ROUTE
des Mauresques. »
Ce serait avec le plus grand plaisir, mais je ne puis,
pour les besoins de la cause et par amour du coloris, les
faire venir sur le marché où elles ne s'aventurent pas.
Cependant, s'il faut à tout prix vous en servir, en voici
18 CROQUIS ALGERIENS.
d'immobiles, régulièrement espacées comme des caria-
tides. Austères, ridées, drapées dans un lambeau de co-
tonnade, présentant aux passants, de leurs mains mai-
gres, de petites bottes de plantin, seule récolte qu'elles
aient pu faire en battant sous le soleil ardent la campagne
des environs, elles semblent là figées sur place par leur
misère.
Sous leur peau jaunie, où les ronces ont laissé des
éraflures blanches, un reste de sang circule-t-il encore ?
On pourrait en douter à leur allure de spectre. Pas un
mot, pas un geste ne fait remuer leurs lèvres ou n'agite
la draperie fangeuse qui couvre leur corps momifié.
Celles-là ne ressemblent guère aux figures do cire que
les orientalistes de profession nous montrent sous leur
bandeau de sequins, fades, rosées, banales jusqu'à
l'ennui.
Si pourtant le pinceau de l'artiste cherche la vigueur
et le caractère dans le sujet qu'il traite, ces femmes
droites et muettes, image de la souffrance et de la rési-
gnation, peuvent offrir de puissants modèles.
ALGER PENDANT LE RAMADAN
Dans une des plus jolies pages que l'Algérie ait inspi-
rées à un peintre qui, suivant l'expression de Musset,
« avait un joli brin de plume à son crayon », Fromentin
parle du charme pénétrant que lui causa un jour la voix
d'une femme d'Alger contant une longue histoire à un
marchand indigène.
L'artiste ne comprenait pas un mot do la conversation,
mais son oreille était bercée par le ruissellement des
gammes argentines qui s'envolaient en notes pressées des
lèvres de la conteuse voilée. Jamais il n'avait entendu
musique si harmonieuse, parler plus doux. « Ce que
j'admirais le plus, dit Fromentin, c'était le charme de la
voix si nette, si acérée et si constamment musicale de
cette femme. Quoi qu'elle dit, elle adoucissait les guttu-
rales les plus rudes et, qu'elle le voulût ou non, ses em-
CROQUIS ALGERIENS. 69
« Comment vas-tu?
— Moi, je vais bien ; et toi-même ?
— Bien aussi; d'où viens-tu ?
— Je viens de tel endroit.
— Qu'est-ce qu'il y a et qu est-ce qu il n'y a pas? Qui
as-tu vu, que t'a-t-on dit ? »
L'interrogé commence alors le récit des choses qui
CROQUIS ALGÉRIENS. 139
« Un conscrit Israélite. »
LES ANGLAIS A ALGER
tume. Ici les femmes, dont le type est plus beau, sont
uniformément couvertes de la tète aux pieds par un grand
châle de laine grenat aux tissus rugueux, et les hommes
portent une longue blouse noire sans plis, serrée à la
ceinture. La toilette n'est pas seyante, mais le temps la
modifiera ; elle est encore calquée sur la misérable livrée
qu'aux époques de servitude les Maures et les Espagnols
imposaient à ces éternels opprimés.
11
182 CROQUIS ALGÉRIENS.
pour les Arabes. Ceux-ci savent que là, près d'eux, tout
un quartier est envahi par de vilaines maisons, mono-
tones d'aspect et laides de forme, que les Roumis et les
juifs remplissent les magasins et les cafés, mais cela leur
196 CROQUIS ALGÉRIENS.
est égal. La ruelle qu'ils habitent n'en est pas moins pai-
sible, leur demeure n'en est pas moins bien close, et,
quand ils laissent retomber sur- leurs talons la lourde
porte de leur logis, ils peuvent se croire encore à la plus
fraîche époque du fanatisme, tant le bruit de l'activité
française est incapable d'arriver jusqu'à eux.
détail
accuse une recherche infinie, dénote un sentiment
artistique si élevé?
202 CROQUIS ALGÉRIENS.
Oui, c'est bien lui, mais il ne paraît pas s'en douter. Il
contemple ces débris de splendeur sans orgueil et sans
joie, et, s'il tient à les conserver, c'est affaire d'habitude.
Il n'admire pas, mais il jouit de l'admiration des étran-
gers sans comprendre que ces témoins du passé mar-
quent le degré de son abaissement et de sa chute.
BOU-MEDDINE
12
206 CROQUIS ALGÉRIENS.
beaux chevaux.
Un mois avant l'époque fixée, les routes des environs
d'Alger étaient sillonnées par de petites caravanes dont
le cachet plaisait singulièrement aux étrangers.
Les chefs arabes ont conservé un très grand luxe, et
le moindre caïd de la tribu la plus obscure se serait cru
déshonoré s'il n'avait amené avec lui tout un monde de
serviteurs.
CROQUIS ALGERIENS. 215
13
NOTES
LÉGENDES ET ÉTUDES
LE CABLE ALGÉRIEN
d'y persister.
Ce n'était pas seulement une triste école de soldats,
c'était encore pour les officiers un lieu de démoralisation
omplète. La solitude, lorsqu'elle n'a pas pour compagnon
le travail, engendre bien des vices, et l'absinthe nous a
perdu là bon nombre déjeunes hommes dont les services
n'auraient pas été inutiles lors de notre dernière guerre.
Elle était mortelle, la vie de ces malheureux. Ils épui-
saient vite les ressources que la chasse et le cheval pou-
CROQUIS ALGÉRIENS. 233
palais du dey!
Pour arriver à un pareil but, l'émissaire en question
fut trouver le père de la jeune fille et lui fit des proposi-
tions capables de tenter le plus cupide ; celui-ci considéra
comme une injure personnelle le honteux marché qu'on
lui offrait, et, n'écoutant que sa colère, fit rouer de coups
par ses gens l'audacieux messager.
Sous le gouvernement peu paternel des Turcs, porter
la main sur un serviteur du prince était un cas pendable.
Mohammed songea donc à se soustraire à la vengeance
de l'homme qu'il avait outragé. Il emmena Beya, et s'alla
cacher chez un sien frère dont le fils venait d'atteindre sa
vingtième année. Malgré tous lés soins qu'on prit pour sé-
parer les deux jeunes gens, il va sans dire qu'ils se
virent, et, s'étant vus, qu'ils s'aimèrent. Durant deux
mois, Mohammed usa de l'hospitalité de son frère. Après
ce temps, espérant que son crime avait été oublié, il
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242 CROQUIS ALGÉRIENS.
avaient tracé, dans un conciliabule secret, la route qu'ils
devaient suivre pour atteindre leur but, furent trouvés
assassinés dans leur logis.
Les conspirateurs étaient rondement jugés et exécutés
dans ce temps-là !
17.
294 CROQUIS ALGERIENS.
Le renoncement au monde,
La retraite,
La veille,
L'abstinence,
L'oraison continue,
Et enfin, la prière en commun ou l'obligation de se
réunir à des jours déterminés pour célébrer les mérites
du fondateur de l'ordre, chanter la gloire du Prophète
et. rendre grâce à Allah.
Pages.
En route 1
Le Marche 6
Yaouleds cl Ménagères ]2
Alger pendant le Ramadan
53
10
Environs d'Alger. —Saint-Eugène 28
Les Coteaux do Mustapha 35
La Bouzaréah 43
Les Arabes chez eus. . . 47
.
Un Intérieur arabo
La Vie de famille 59
La Femme arabe 6S
Beauté et Cuisine 75
Les Bourriquotiers 83
La Fèto de Fèves 91
Les Morts
Un Cimetière arabe
.... 96
101
Mosquée et Prétoire 106
Un Bain maure 113
Le Palais do Mustapha 118
La Tento arabe 123
Los Krammès 128
Encore les Krammès 133
Les Nouvelles en pays arabo 138
Un Marché dans la montagne. 141
La Population d'Alger 148
302 TABLE DES MATIERES.
Pages.
Les Juifs 154
Lettre d'un Juif réserviste 159
Les Anglais à Alger 164
Oran et les Orannais 172
D'Oran à Tlemcen 178
Tlemcen 190
Bou-Meddine 203
Biskra 209
Les Courses 214
Le Câble algérien 221
Les Forêts 226
Les Smalas 230
Les Vignes impériales 234
Le Ravin de la Femme sauvage 239
La Mitidja 244
Les Faux Prophètes 250
En Kabylie 257
Moeurs politiques en Kabylie 264
En Kabylie. — Moeurs sociales 269