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L'évaluation Des Politiques Publiques: Les Politiques de Transport

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L’évaluation des politiques publiques : Les politiques de

transport
Odile Heddebaut

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Odile Heddebaut. L’évaluation des politiques publiques : Les politiques de transport. Séminaire Final
EVAL-PDU Évaluation environnementale des plans de déplacements urbains, Jun 2012, France. 17p.
�hal-00986003�

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https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00986003
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abroad, or from public or private research centers. publics ou privés.
Évaluation environnementale des plans de déplacements urbains

Séminaire Final EVAL-PDU

NANTES, 26 – 28 juin 2012

Odile HEDDEBAUT
Conférence invitée
L’évaluation des politiques publiques : Les politiques de transport

Introduction
Les déplacements des personnes et des marchandises, véritable symbole du
dynamisme dont font preuve nos sociétés urbaines aujourd'hui, représentent des
enjeux économiques, sociaux et environnementaux considérables. Les politiques de
transport sont ainsi au cœur des préoccupations de développement d’hier et
d’aujourd’hui. Cependant leur mise en œuvre et leurs résultats nécessitent d’être
mesurés et éventuellement adaptés au regard des nouvelles exigences européennes
notamment environnementales.
Dans un premier temps nous montrons l’évolution de l’évaluation des politiques
publiques en France. En effet, depuis plus de vingt-cinq ans le contexte institutionnel
évolue afin de renforcer l’évaluation dans la décision et la mise en œuvre des
politiques publiques. Le décret du 22 janvier 1990 expose la nécessité de rechercher
si, et comment, les moyens juridiques administratifs ou financiers ont bien été mis en
œuvre afin d’atteindre les effets escomptés de la politique en fonction des objectifs
qu’elle s’était fixés. Cette notion s’est renforcée au fil des avancées légales et
réglementaires que nous décrivons.
Nous abordons ensuite les différents niveaux d’intervention des acteurs en charge
des politiques publiques afin d’en comprendre les actions et interactions. Les
politiques publiques pouvant se décomposer selon leur nature soit partagée où
chaque niveau d’intervention institutionnel est légitime, soit complémentaire où les
limites institutionnelles segmentent les actions et rôles particuliers dévolu dans
chaque domaine. Ceci implique la mise en présence de nombreux acteurs et niveaux
institutionnels, particulièrement pour les politiques de transport nécessitant la mise
en place d’un bon système de gouvernance.
Considérant la politique des transports urbains nous décrivons l’élaboration des
plans de déplacements urbains et leur contenu. Puis nous retraçons les méthodes
d’évaluation de leur mise en œuvre et des résultats rendue obligatoire par la loi sur
l’air et utilisation rationnelle de l’énergie (LAURE) dans un délai de cinq années
après leur signature.
1. L’évolution de l’évaluation des politiques publiques
En France, la décennie 1980 voit le plein essor du volet de l'évaluation des politiques
publiques de la Science Politique (Nioche, Poinsard, 1984, Thoenig, 1985), qui remet
en question les méthodes d'aide à la prise de décision qui sont toujours fondées sur
des approches coûts-bénéfices, particulièrement dans le domaine des transports
(Bloy et al.1977). Pour Viveret (1989), « évaluer une politique, c'est former un
jugement sur sa valeur ».

1
Le décret du 22 janvier 1990 donnait une définition reprise ci-après : « L'évaluation
d'une politique publique (...) a pour objet de rechercher si les moyens juridiques,
administratifs ou financiers mis en œuvre permettent de produire les effets attendus
de cette politique et d'atteindre les objectifs qui lui sont assignés. »
Le décret du 18 novembre 1998 stipule quant à lui, que « L'évaluation d'une politique
publique (…) a pour objet d'apprécier, dans un cadre interministériel, l'efficacité de
cette politique en comparant ses résultats aux objectifs assignés et aux moyens mis
en oeuvre. Elle se distingue du contrôle et du travail d’inspection en ce qu’elle doit
aboutir à un jugement partagé sur l’efficacité de cette politique et non à la simple
vérification du respect de normes administratives ou techniques. » La notion de
transversalité des politiques est ainsi apportée.
La circulaire du 9 décembre 2008, définit le référentiel et les principes de l’évaluation
de la façon suivante : "Le rôle de l’évaluation est d’éclairer les décisions publiques en
fournissant des éléments d’analyse permettant d’apprécier le bon usage des deniers
publics et la soutenabilité des politiques ou projets vis-à-vis de l’environnement, du
développement économique et du progrès social. C’est un élément clé dans le
processus de choix public et déterminant pour l’intégration du développement
durable dans les politiques publiques... ". La notion de développement durable est
alors introduite.
Ces formulation supposent qu’il existe une situation « avant » la mise en œuvre de la
politique publique correspondant à une insatisfaction ou à l’identification et à
l’expression de problèmes et que la politique publique élaborée et mise en œuvre
aboutira à une situation « après » plus satisfaisante correspondant à un état
supérieur. Nous pouvons reprendre le schéma de Faivre d’Arcier (1998) exposant le
triptyque objectifs, moyens, résultats qui est l’expression d’une théorie de l’action
publique.
Figure 1 : Théorie de l’action publique, composantes d’une politique publique

Source : Faivre d’Arcier (1998)

Selon Leca, président du Conseil Scientifique de l’Évaluation (CSE) en 1996, la


conception d’une politique publique se doit de couvrir quatre domaines
correspondant aux finalités de l’action publique, aux objectifs affichés, aux moyens
mis en œuvre et aux résultats attendus. Les relations entre ces différentes étapes
participent aux différentes notions suivantes : (voir le tableau 1 issu du petit guide de
l’évaluation du CSE )
La notion de cohérence entre les objectifs d’une même politique publique exprime la
cohérence interne, mais elle peut également soulever les aspects de cohérences

2
entre les objectifs de plusieurs politiques pouvant interagir l’une sur l’autre. Il s’agit
alors de cohérence externe.
La notion d’efficience qui met en regard les ressources financières utilisées avec les
objectifs de la politique. Les résultats sont-ils à la mesure des sommes dépensées ?
La notion d’efficacité qui croise les objectifs de la politique avec les résultats
constatés.
La notion de pertinence qui mesure les relations entre les objectifs de la politique et
les moyens qui lui sont alloués et cherche à démontrer si ces moyens sont bien
adaptés aux problèmes soulevés dans la définition de ces objectifs.
Tableau 1 : Les domaines de l’évaluation

Cohérence « (Dans la conception et la mise en œuvre) : les différents objectifs sont-ils cohérents
entre eux ? Les moyens juridiques, humains et financiers mis en place sont-ils
adaptés à ces objectifs ? »
Atteinte des « Dans quelle mesure les évolutions constatées de la réalité sociale sont-elles
objectifs conformes aux objectifs de la politique ? »
Efficacité « Dans quelle mesure les effets propres de la politique sont-ils conformes à ces
objectifs ? »
Efficience « Les ressources financières mobilisées par la politique ont-elles été bien utilisées ?
Les résultats de la politique sont-ils à la mesure des sommes dépensées ? »
Impact « (effectivité) : Quelles sont les conséquences globales de la politique pour la société
? Ces conséquences sont-elles bénéfiques ? »
Pertinence « Une politique se justifie très généralement par l'identification d'un "problème de
société" auquel les pouvoirs publics se sentent tenus de faire face. Une politique
sera dite pertinente si ses objectifs explicites sont adaptés à la nature du (des)
problème(s) qu'elle est censée résoudre ou prendre en charge. »
Source : CSE, 1996
Ces domaines de l’évaluation peuvent être représentés sous la forme d’un schéma
les mettant en relation comme exprimé par Faivre d’Arcier en 1998.
Figure 2 : Schéma des quatre domaines de l’évaluation

Source : Faivre d’Arcier (1998)


Il reste à rapprocher les finalités de la politique publique aux résultats afin d’en
estimer ou mesurer l’utilité.
Les raisons de l’évaluation des politiques publiques peuvent être de différents ordres.

3
Selon Vollet et Hadjab, (2008), l’évaluation peut être réalisée à des fins normatives
pour « aider les responsables de l’évaluation à porter un jugement de valeur et
proposer des arguments pour former ou modifier les jugements portés sur
l’intervention ».
La dimension cognitive de l’évaluation revient à obtenir des informations nouvelles
sur la politique menée et ses résultats. Elle permet de comprendre les processus mis
en œuvre dans la réalisation de la politique analysée. « L’évaluation peut également
mettre à la portée de ses utilisateurs des données secondaires dont ils n’avaient pas
connaissance ».
La finalité instrumentale représente l’influence sur la décision publique.
« L’évaluation doit contribuer à l’amélioration des programmes et débouche
directement sur des décisions d’amélioration, de prolongation ou d’arrêt de
l’intervention publique. »
Les temporalités de l’évaluation sont également questionnées selon le moment où
elle se déroule. L’évaluation ex ante ou a priori porte sur l’analyse du contexte à
l’origine de l’intervention publique. Elle évalue les possibilités d’évolution de la
politique en fonction de différents scénarios afin d’éclairer les décisions et les choix
des politiques. Elle peut être prospective et contribuer à l’élaboration des
programmes. Elle revient à poser un diagnostic et les référentiels de la politique
publique envisagée.
L’évaluation concomitante ou in itinere revient à évaluer la politique publique pendant
son déroulement. Elle vise à vérifier si les objectifs restent atteints ainsi que les
résultats. Elle permet des réorientations de la politique en cours de réalisation.
L’évaluation ex post suppose que la politique publique mise en œuvre est terminée.
Elle permet de tirer les enseignements sur la politique menée et ainsi d’éclairer les
choix de renouveler ou d’arrêter les politiques observées.
Cependant, Jean Leca en 1996 préfère formuler l’idée que l'on se trouve face à un
continuum de pratiques impliquant la collecte et le traitement d'informations sur
l'action publique (que s'est-il passé ?), des préoccupations normatives (a t-on bien
fait ?), et/ou des préoccupations instrumentales (comment faire mieux ?) liées au bon
fonctionnement et à l'efficacité des administrations et services publics.
L’évaluation des politiques publiques a également connu un développement au
travers des politiques contractuelles. Ainsi selon Stéphane le Bouler1 (2004), « La
pratique des politiques contractuelles a ainsi contribué à installer l'évaluation au
niveau régional. De nombreux exécutifs régionaux ou départementaux, les
responsables de villes, d'agglomérations, de communautés urbaines ont identifié une
fonction d'évaluation, voire développé des dispositifs institutionnels complets.
L'évaluation ne s'est pas développée par hasard sur des objets particuliers telles que
les politiques structurelles européennes ou les politiques contractuelles. Il faut en
effet reconnaître la disponibilité de ces politiques partenariales pour une approche
différente de l'action publique. » Les dispositions de l’évaluation des politiques
contractuelles sont reprises dans la circulaire du 25 août 2000.
En matière de politiques contractuelles citons celle des Contrats de Plan État
Région, de 1984 à 2006, puis des Contrat de Projet État Région (2007-2013) au sein
desquels le volet transport occupe une place privilégiée; ou bien celui de structures
spécifiquement dédiées, type syndicats mixtes, telles qu'elles existent en

1
Ancien responsable de l’évaluation des politiques publiques au Commissariat Général du Plan.
4
agglomération. En effet, la circulaire interministérielle du 9 décembre 1993 imposant
l'évaluation des CPER et des contrats de ville a eu un impact déterminant sur la
diffusion de la culture de l'évaluation au niveau local. De même le recours aux fonds
structurels européens dans les régions s’est assorti aux nécessités de leur
évaluation imposée par la décision du conseil européen du 20 juillet 1993 rendant
l’évaluation des programmes communautaires obligatoire.

2. La nature des politiques publiques


Nous montrons que les politiques publiques peuvent être de nature différente ayant
des conséquences sur leur évaluation. En effet, l’espace est morcelé en fonction de
découpages institutionnels et/ou administratifs, déterminant des « périmètres
d’application » (Heddebaut et al., 2002) des politiques publiques, que les lois de
décentralisation de 1982 et 1983 ont renforcés. Que ce soit pour la mise en œuvre
des politiques à compétences partagées, pour lesquelles chaque échelon possède
une légitimité propre d’intervention, ou pour la mise en œuvre de politiques à
compétences complémentaires pour lesquelles chaque échelon se voit attribuer un
rôle particulier, ces périmètres d’application des politiques clarifient les limites
d’intervention de chaque niveau institutionnel mais également introduit des sortes de
« vides » justement à la limite de chaque périmètre d’intervention.
Ainsi, l’État intervient dans les frontières de l’espace national, les Régions sur un
territoire régional regroupant l’ensemble des Départements composant l’entité
régionale, les Départements appliquent leurs politiques dans leur périmètre
institutionnel. Les Communes et/ou regroupements de communes ou Communautés
urbaines délimitent également un espace d’intervention communal et/ou
communautaire d’application de leur politiques publiques.
Ces différents échelons institutionnels n’ont pas de pouvoir hiérarchique l’un sur
l’autre. Ces limites peuvent être incluses dans des espaces territoriaux, c’est le cas
par exemple des départements dont les regroupements coïncident exactement avec
les limites régionales qu’ils composent. De même l’hexagone national est-il partagé
par les limites régionales. Les politiques publiques initiées par chaque niveau
institutionnel s’appliquent à l’intérieur des limites institutionnelles ainsi définies
2.1 L’aménagement du territoire comme politique publique à
compétences partagées
Le cas de la politique d’aménagement du territoire par exemple, dont l’application est
non réglementée et pour laquelle les compétences sont partagées à chaque échelon
institutionnel territorial est particulièrement représentatif.
Tous les échelons planifient à leur échelle des interventions sur un territoire sans une
concertation inter échelon obligatoire. Ceci peut, ou pourrait, aboutir à des
contradictions voire des oppositions dans les référentiels de l’action publique et les
objectifs sous-tendus par chaque échelon institutionnel appliquant sa politique
d’aménagement du territoire. L’évaluation d’une politique publique partagée entre
plusieurs niveaux territoriaux peut ainsi être compliquée par des référentiels établis à
chacun des échelons et avec des objectifs compatibles avec ces échelons. Ces
derniers ne tiennent pas forcément compte des arguments développés dans les
échelons territoriaux plus vastes ou plus petits.
Dans le cas des politiques à compétences partagées, des difficultés peuvent
émerger aux limites institutionnelles. À ce titre, aux limites interdépartementales, les

5
régions ont logiquement compétence à les planifier. Aux limites interrégionales, l’État
retrouve sa légitimité comme garant de la cohérence des politiques et de leur
coordination.
La région, en association avec l'État, dans le respect des compétences des
départements, et en concertation avec les communes et leurs groupements, est
chargée d’élaborer un schéma régional d'aménagement et de développement
durable du territoire (SRADDT). Au sein du SRADT, la région établit un schéma
régional des infrastructures et des transports (SRIT) qui en constitue le volet
« Infrastructures et transports ». Ce schéma assure la cohérence régionale et
interrégionale des services ferroviaires régionaux de voyageurs et des itinéraires à
grande circulation et de leurs fonctionnalités dans une approche multimodale. Il
définit les priorités d'actions à moyen et à long terme sur son territoire pour ce qui
concerne les infrastructures routières (article 34 de la loi du 7 janvier 1983 sur la
répartition des compétences modifiée en 2010).
2.2 Le transport comme politique publique à compétences
complémentaires
La politique de transport, représente une application de la complémentarité des
politiques, l’évaluation peut toutefois se trouver confrontée à des problèmes de
référentiels d’action issus des différents échelons (Union Européenne, État, Région,
Départements, Villes, Établissements Publics de Coopération Intercommunale
(EPCI)) s’appliquant ou se superposant à un même territoire qui peuvent ou non être
effectivement complémentaires.
Les politiques à compétences complémentaires supposent que les différents
territoires sont responsables de la conception et de la mise en œuvre d’un aspect de
la politique transport qui leur est propre. Cette politique publique transport est
réglementée et régie par différents textes législatifs et /ou conventions où les
compétences de chaque échelon institutionnel territorial sont complémentaires voire
compartimentées.
En matière de transport, l'État, les collectivités territoriales et leurs établissements
publics définissent et mettent en œuvre des politiques majeures, se partageant des
compétences institutionnelles, distinctes et complémentaires, à des échelles
territoriales multiples s’appliquant aux réseaux nationaux, régionaux,
départementaux et locaux. Chaque niveau élabore ainsi sa propre politique et
stratégie en fonction de moyens propres, auxquels s'ajoutent parfois des co-
financements réalisés en partenariat.
Les compétences des différents échelons territoriaux en matière de politique de
transport sont définies par la Loi d’Orientation des Transports Intérieurs (LOTI) de
décembre 1982 (article 14-1).
L’État a compétence pour autoriser les lignes internationales, ainsi que pour
organiser celles, ferroviaires ou routières, à caractère national. Il est responsable de
l’organisation du transport de marchandises.
Les compétences des régions en matière de politique de transport s’appliquent au
Transport Express Régional (TER). Depuis 1997, sept régions se sont portées
volontaires pour expérimenter la territorialisation du TER pour les voyageurs. En
effet, auparavant, les régions ne décidaient ni du niveau d’offre infrastructurelle ni du
niveau de services offerts comme les fréquences, les horaires, les capacités, etc.
Depuis le 1er janvier 2002, les régions devenues Autorités Organisatrices de

6
Transport pour le TER ont, en principe, la possibilité de définir et financer l’offre
ferroviaire, infrastructurelle et matérielle, et la qualité du service TER.
Les régions n’ont pas de compétences en matière de transport de marchandises au
niveau régional ce dernier est une activité qui est réglementée par l’État et échappe
aux autres autorités organisatrices.
Les départements sont responsables des déplacements de personnes réalisés avec
les lignes régulières des transports routiers interurbains qui organisent le réseau
départemental ainsi que des déplacements des scolaires fréquentant les collèges du
département. Les départements sont également responsables des voiries et routes
départementales qui accueillent les trafics de personnes et des marchandises.
Les communes, communautés de communes et communautés urbaines (EPCI)
peuvent délimiter un Périmètre de Transports Urbains (PTU) à l’intérieur duquel elles
représentent l’Autorité Organisatrice des Transports Urbains (AOTU) chargée de
l’ensemble des déplacements urbains. Elles sont particulièrement responsables de
l’organisation des transports collectifs de voyageurs.
En matière de planification des transports urbains nous verrons que la multiplicité
des acteurs représente un enjeu de coordination et de gouvernance à mettre en
place.

3 La politique des Plans de Déplacements Urbains


3. La prise en compte progressive des déplacements urbains par
l’Europe
L’Europe n’intervient pas dans la planification urbaine des transports. Cependant, la
politique européenne en matière de transport évolue rapidement depuis la réalisation
du marché unique en 1987 et l’abolition des frontières intérieures en 1992 avec la
mise en œuvre du traité de Maastricht. Elle repose sur le livre blanc de 1992 (CCE,
1992) et cherche à faciliter dans un premier temps la libre circulation des biens et
des personnes entre les pays en développant les grands axes européens afin de
soutenir la croissance et l’emploi. Elle s’intéresse au phénomène de la mobilité dans
les zones urbaines concentrant la population européenne et où s’accumulent les
problèmes de congestion, de nuisances environnementales et d’insécurité routière.
L’Europe cherche à contribuer au développement de politiques de transports urbains
durables.
Si le rôle de l’Europe concerne essentiellement les transports sur les axes trans-
européens et non la mobilité urbaine, en 2001, le livre blanc sur les choix des
transports à l'horizon 2010 constate la suprématie de la route mais également la
congestion croissante concentrée dans et autour des villes, créant des goulots
d’étranglement sur ces grands axes européens et provoquant des nuisances vis-à-
vis de l’environnement et de la santé des citoyens (CCE, 2001).
Puis l’Europe introduit en 2005 avec sa « stratégie thématique sur l’environnement
urbain » la nécessité d’élaborer des « plans de transports urbains soutenables » qui
tiennent compte de la sécurité, de l’accessibilité, des nuisances, de la consommation
d’énergie, de l’usage des sols tant pour les personnes que pour les marchandises et
pour tous les modes de transport. Elle reconnaît que la planification des transports
requiert du temps en particulier pour coordonner les actions avec la planification de
l’usage des sols pour chaque niveau institutionnel.

7
Un premier bilan à mi-parcours (CCE, 2006), confirme la nécessité de relier les
européens mais également de régler de façon durable la mobilité au sein des villes,
80% des Européens y habitant. L’Europe constate que « les autorités locales qui
réussissent le mieux dans leur action suivent des approches intégrées pour la
gestion de l'environnement urbain, en adoptant des plans d'action stratégique à long
terme liant différentes politiques. Les obligations imposées au niveau local, régional,
national ou européen (occupation des sols, bruit, qualité de l'air) peuvent être plus
efficacement accomplies au niveau local lorsqu'elles s'intègrent dans le cadre d'une
gestion stratégique locale. » Elle préconise donc une plus grande coordination des
politiques et des acteurs institutionnels intervenant dans l’organisation de la mobilité
urbaine.
Suite à ce bilan 2006, elle a entrepris une démarche de consultation publique afin
d’élaborer des pistes d’action en matière de planification des transports urbains,
rassemblées en 2007 dans son livre vert « vers une nouvelle culture de la mobilité
urbaine » et propose des actions où elle pourrait intervenir à un niveau local (CCE,
2007). La principale préoccupation européenne est d’apporter une valeur ajoutée à
l’action des autres niveaux d’intervention dans le domaine de la planification urbaine.
Les propositions de la Commission pour le Fonds de cohésion et les Fonds
structurels pour la période 2007-2013 comportent des possibilités importantes
d'assistance en relation avec les priorités environnementales dans les zones
urbaines afin de mettre en œuvre ces plans de transports urbains durables. L’Europe
estime qu’une « coordination entre les autorités serait utile pour relever les défis de
la mobilité urbaine. » De plus, elle préconise dans son livre vert de développer une
approche intégrée de la mobilité urbaine en regroupant des secteurs d’activité
comme la planification urbaine, les affaires économiques et sociales et le transport et
elle recommande la réalisation de « plans de mobilité englobant toute la conurbation
métropolitaine. » Elle aborde ainsi les problèmes de gouvernance à mettre en œuvre
au niveau urbain et métropolitain (Heddebaut, 2009).
3.2 L’évolution de la rédaction des plans de déplacements urbains
Les PDU ont été créés par la LOTI en 1982. Ils ont ensuite été confortés pour des
raisons environnementales. En effet, afin de respecter les principes du protocole de
Kyoto visant lutter contre les changements climatiques par la réduction des
émissions de gaz à effet de serre, la France, adopte une loi à visée
environnementale, la Loi sur l'Air et l'Utilisation Rationnelle de l'Énergie de 1996
(LAURE). Devant la nécessité d’instaurer un équilibre entre les besoins de mobilité
des habitants, la protection de leur environnement et la qualité de l’air en particulier,
et de leur santé, elle rend obligatoire dans toutes les agglomérations de plus de
100 000 habitants la réalisation de plan de déplacements urbains (PDU) avant juin
2000. De plus, son article 14 stipule qu’au « terme d'une période de cinq ans, le plan
fait l'objet d'une évaluation et est révisé le cas échéant ».
La loi solidarité et renouvellement urbain (SRU) du 13 décembre 2000 avec la
création des schémas de cohérence territoriale (SCoT) a renforcé les PDU en leur
conférant un cadre pour favoriser l’émergence d’une culture commune sur les
déplacements et la mobilité urbaine. Cette loi oblige à une cohérence et compatibilité
entre les documents d’urbanisme PLU et de transport PDU.

La loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la
citoyenneté des personnes handicapées contraint les AOTU à rendre accessible

8
l’ensemble de leur réseau de transport urbain ou à fournir des services particuliers à
l’horizon 2015.

C’est l’AOTU qui élabore le PDU, l’évalue et le cas échéant le révise. Les services de
l'Etat, de même que les régions et les départements au titre de leur qualité
d'autorités organisatrices de transport ou de gestionnaires d'un réseau routier sont le
plus souvent associés à l’élaboration du PDU.
En effet, si les communes ou regroupements de communes sont les Autorités
Organisatrices des transports à l’intérieur des Périmètres de Transport Urbains
(PTU), y pénètrent également d’autres trafics dont l’organisation est du ressort :
- des Départements (lignes régulières départementales et transport scolaire) ;
- des Régions (les lignes du TER desservant ou entrant dans les PTU) ;
- de l’État (les liaisons ferroviaires ou routières à caractère national ou international).
Se pose alors tant pour la planification, l’application ou l’évaluation des politiques
publiques de transport, la question de leur cohérence, leur coordination et leur
complémentarité.
La rédaction des PDU décrit en général la nécessité d’améliorer les transports
publics et de limiter l’expansion de l’usage de la voiture et visent à une diminution ou
stabilité de la part modale de l’automobile au niveau atteint en 2000 à l’horizon 2015.
De plus, le PDU doit proposer des modes de déplacement alternatifs au mode routier
tant pour les personnes utilisant des voitures particulières que pour les livraisons de
marchandises en ville.
Les différents points que doivent traiter les PDU sont décrit dans le code des
transports par l’ordonnance du 28 octobre 2010 :
Les plans de déplacements urbains visent ainsi à assurer :
1° L'équilibre durable entre les besoins en matière de mobilité et de facilités d'accès,
d'une part, et la protection de l'environnement et de la santé, d'autre part ;
2° Le renforcement de la cohésion sociale et urbain e, notamment l'amélioration de
l'accès aux réseaux de transports publics des personnes handicapées ou dont la
mobilité est réduite ;
3° L'amélioration de la sécurité de tous les déplac ements, en opérant, pour chacune
des catégories d'usagers, un partage de la voirie équilibré entre les différents modes
de transport et en effectuant le suivi des accidents impliquant au moins un piéton ou
un cycliste ;
4° La diminution du trafic automobile ;
5° Le développement des transports collectifs et de s moyens de déplacement les
moins consommateurs d'énergie et les moins polluants, notamment l'usage de la
bicyclette et la marche à pied ;
6° L'amélioration de l'usage du réseau principal de voirie dans l'agglomération, y
compris les infrastructures routières nationales et départementales, par une
répartition de son affectation entre les différents modes de transport et des mesures
d'information sur la circulation ;
7° L'organisation du stationnement sur la voirie et dans les parcs publics de
stationnement, notamment en définissant les zones où la durée maximale de
stationnement est réglementée, les zones de stationnement payant, les
emplacements réservés aux personnes handicapées ou dont la mobilité est réduite,

9
la politique de tarification des stationnements sur la voirie et dans les parcs publics
corrélée à la politique de l'usage de la voirie, la localisation des parcs de rabattement
à proximité des gares ou aux entrées de villes, les modalités particulières de
stationnement et d'arrêt des véhicules de transport public, des taxis et des véhicules
de livraison de marchandises, les mesures spécifiques susceptibles d'être prises
pour certaines catégories d'usagers, notamment tendant à favoriser le stationnement
des résidents et des véhicules bénéficiant du label " autopartage " tel que défini par
voie réglementaire ;
8° L'organisation des conditions d'approvisionnemen t de l'agglomération nécessaires
aux activités commerciales et artisanales, en mettant en cohérence les horaires de
livraison et les poids et dimensions des véhicules de livraison au sein du périmètre
des transports urbains, en prenant en compte les besoins en surfaces nécessaires
aux livraisons pour limiter la congestion des voies et aires de stationnement, en
améliorant l'utilisation des infrastructures logistiques existantes, notamment celles
situées sur les voies de pénétration autres que routières et en précisant la
localisation des infrastructures à venir, dans une perspective multimodale ;
9° L'amélioration du transport des personnels des e ntreprises et des collectivités
publiques en incitant ces dernières à prévoir un plan de mobilité et à encourager
l'utilisation par leur personnel des transports en commun et le recours au
covoiturage ; La loi Grenelle 1 précise que « dans les zones urbaines et
périurbaines, la politique durable des transports vise à réduire les émissions de gaz à
effet de serre, les pollutions et les nuisances. A cet effet, l'Etat encouragera, dans le
cadre des plans de déplacements urbains, la mise en place de plans de déplacement
d'entreprises, d'administrations, d'écoles ou de zones d'activité, ainsi que le
développement du covoiturage, de l'auto-partage et du télétravail, de la marche et du
vélo, notamment par l'adoption d'une charte des usages de la rue. »
10° L'organisation d'une tarification et d'une bill ettique intégrées pour l'ensemble des
déplacements, incluant sur option le stationnement en périphérie et favorisant
l'utilisation des transports collectifs par les familles et les groupes ;
11° La réalisation, la configuration et la localisa tion d'infrastructures de charge
destinées à favoriser l'usage de véhicules électriques ou hybrides rechargeables.
En plus des points visés plus hauts développés par l’AOTU, la loi du 3 août 2009 dite
Loi Grenelle de l’environnement 1 article 13 précise que « Les projets portés par les
autorités organisatrices des transports devront également s'insérer dans une
stratégie urbaine et intégrer les enjeux environnementaux tant globaux que locaux
touchant à l'air, la biodiversité, le cadre de vie et le paysage, et la limitation de
l'étalement urbain. Ils comprendront des objectifs de cohésion sociale, de gestion
coordonnée de l'espace urbain et de développement économique. » C’est une
disposition incitant les différentes AOT à collaborer à la définition des PDU.
L’étude de l’impact des transports en commun sur l’évolution des prix de l’immobilier
pourrait également être envisagée afin de dégager une éventuelle valeur ajoutée due
à la réalisation d’infrastructures de transport. En effet, le même article de la loi
Grenelle 1 prévoit que « l'Etat étudiera la possibilité que les collectivités territoriales
et les autorités organisatrices de transports urbains instituent une taxe sur la
valorisation des terrains nus et des immeubles bâtis résultant d'un projet de
réalisation d'infrastructures de transports collectifs. »

10
3.3 L’évaluation environnementale des PDU
C’est l’AOTU qui élabore le PDU, l’évalue et le révise le cas échéant dans une
période de cinq ans après sa signature. Préalablement elle doit en effectuer
l’évaluation environnementale.
En effet, la directive européenne 2001-42-CE du 27 juin 2001 relative à l’incidence
de certains plans et programmes sur l’environnement précise le cadre et les
procédures de l’évaluation environnementale « des plans et programmes
susceptibles d’avoir une incidence notable sur l’environnement ». Cette directive
traduite en droit français par l’ordonnance de juin 2004 et ses décrets d’application
en mai 2005 oblige à une évaluation environnementale des plans et programmes des
PDU dont l’élaboration ou la modification a été prescrite après le 21 juillet 2004.
La réalisation du rapport environnemental des impacts du PDU effectué pour le
compte de l’AOTU est assorti d’un avis de l’autorité administrative ou autorité
environnementale soit le préfet de département appuyé par les services
déconcentrés de l’Etat, soit la direction régionale de l’environnement, de
l’aménagement et du logement (DREAL) dans le cas du PDU. Cet avis doit être mis
à disposition lors de la consultation du public pendant l’enquête publique du PDU
avant la déclaration d’utilité publique du PDU.
Figure 3 : place du rapport environnemental du PDU

Rapport
environnement
du PDU

Autorité
AOTU environnementale
Avis

PDU

Enquête Citoyens
publique

Les citoyens peuvent ainsi remonter leurs questions concernant les impacts sur
l’environnement pendant l’enquête publique préalable à la déclaration d’utilité
publique du PDU.

Une étude du CETE de Lyon pour le CERTU en juin 2011, a examiné les rapports
d’évaluation environnementale de 14 PDU. Il y est constaté un appui pour leur
rédaction des directions régionales de l’environnement (DIREN) pour quatre d’entre
eux. L’évaluation environnementale est effectuée par l’AOTU pour 10 des 14 PDU
analysés.
Les principaux objectifs de ces rapports sont d’aider à la définition de meilleurs plans
avant leur adoption et d’améliorer la transparence du processus décisionnel.

11
Cette étude distingue deux catégories de thèmes abordés dans ces rapports. « La
première concerne ceux directement en lien avec le contenu et actions du PDU soit
les effets sur la santé, les émissions de gaz à effet de serre (GES) et consommation
d’énergie et d’espace, le bruit. Une deuxième catégorie est liée aux caractéristiques
territoriales soit le milieu naturel, l’eau, le patrimoine, le paysage et les risques. »
Dans la première catégorie de thèmes « la qualité de l’air et la santé, le bruit et les
GES sont systématiquement abordés. Les consommations d’énergie et d’espace ont
un taux de traitement à peu près équivalent à celui du milieu naturel, de l’eau et du
paysage, c’est à dire entre 50 et 70% »
Pour les 14 PDU évalués, dans la deuxième catégorie le patrimoine et les risques
sont les moins étudiés.
« Les thématiques consommations d’énergie et les gaz à effet de serre,
consommation d’espace et milieu naturel ou paysage et patrimoine sont parfois
traitées conjointement »
Pour les émissions de GES et la consommation d’énergie, les mesures ou
Diagnostic-Énergie-Environnement-Déplacements (DEED) sont effectuées sur la
base des enquêtes ménages déplacements (EMD) qui interrogent les déplacements
internes des résidents du PTU ou de l’arrondissement territorial, effectués un jour
ouvré moyen. Or dans les métropoles les déplacements réalisés sont également le
fait des résidents des autres communes et peuvent couvrir des distances
correspondant à une « région urbaine ». Par exemple dans la métropole lilloise, afin
de prendre en compte ces autres déplacements, un Diagnostic Environnement
Mobilité (DEM) considère l’ensemble des déplacements réalisés par les résidents
effectués ou non au sein de la région urbaine de résidence ainsi que l’ensemble des
déplacements d’autres personnes y séjournant ou traversant la zone urbaine.
(Dupont et al., 2006)
Les relations avec les rapports environnementaux des ScoT ont été étudiées.
Cette étude conclut

3.4 Quelle gouvernance pour la mise en œuvre et l’évaluation des PDU ?


La mise en œuvre et l’évaluation du PDU sont du ressort de l’AOTU. Un premier
problème survient en ce qui concerne la prise en compte des différents projets
infrastructurels des autres AOT qui peuvent impacter les actions du PDU, si
l’évaluation s’effectue dans les limites du PTU. Pour Offner en 2002, « il existe une
autre manière d'évaluer les Plans de Déplacements Urbains, en comprenant la
procédure non comme une fin en soi mais comme une occasion de fournir les
ingrédients de nouvelles politiques publiques locales de déplacements ». Il
s’interroge sur « leur efficacité procédurale (y a-t-il création ou développement d'un
réseau d'acteurs susceptible de conduire une politique coordonnée des
déplacements urbains ?) et sur leur efficacité substantielle (y a-t-il constitution d'un
référentiel, d'un schéma cognitif permettant d'articuler des problèmes, des solutions
et des stratégies de changement ?). » Il estime que les « suivis » des PDU
« constitueront un ultime espoir de promouvoir la coordination des multiples
décisions qui font la politique des déplacements dans une agglomération »
La question sous-jacente à l’évaluation environnementale du PDU est de mesurer
des effets réellement dus à la mise en œuvre de ce plan, de rapprocher les moyens
consacrés à ces actions aux résultats observés et de décider de la poursuite, du
renforcement ou de l’arrêt des mesures mises en œuvre.
12
Par exemple, en ce qui concerne la première catégorie de thèmes ou les incidences
sur la santé, les émissions de GES ou consommation d’énergie, si l’on observe une
diminution, peut-on l’attribuer aux actions contenues dans le PDU comme
l’augmentation de l’offre de TC, l’organisation de l’intermodalité, la diminution du
trafic automobile, etc., … ou bien peut-on l’attribuer à des variables exogènes
comme l’amélioration des technologies des véhicules.

Figure 4 : Schéma de présentation des projets de territoire, outils et périmètres dans les trois
lois à l’initiative de l’Environnement, de l’Intérieur et de l’Équipement

Source : Francis Beaucire, in Ries (2003)

En France la Cour des comptes affirme en 2003 qu’il « paraît indispensable


d’améliorer la cohérence d’ensemble du système de déplacements urbains en
élargissant les périmètres de transports urbains, en articulant les diverses autorités
organisatrices (région, département, agglomération…) et en étendant leur
compétence. (Ries, 2003) ». Un schéma de Francis Beaucire y décrit la possibilité de
créer des syndicats mixtes de transport réunissant toutes les AOT d’une région.
Dans le cas de la métropole Lilloise, selon Grezil (2008), « le travail d’évaluation
s’étendra progressivement à la nouvelle échelle de cette aire métropolitaine (incluant
notamment Lille Métropole, l’ex Bassin Minier, l’Arrageois), transfrontalière avec la
Belgique, dépassant les 3 millions d’habitants, vaste bassin de vie qui est devenu, au
delà des structures, l’échelle pertinente au regard de la plupart des grandes
problématiques de développement territorial, d’habitat, d’économie, de trame verte,
de déplacements, etc. » Ceci se traduirait par l’élaboration d’un cadre commun pour
le suivi des politiques de transports et de déplacements partagées entre l’État, la
Région, le Département, l’Aire de coopération métropolitaine et le District
transfrontalier.

13
Dans le même esprit, la loi Grenelle de l’environnement 1 du 3 août 2009 dans son
article 13 stipule que « pour favoriser une gouvernance renforcée en matière de
coopération transport à l'échelle des aires métropolitaines, et la meilleure cohérence
possible du système de transports collectifs urbains et périurbains sur les grands
bassins de vie, des expérimentations pourront être mises en place permettant aux
autorités organisatrices des transports concernées de confier à un syndicat mixte,
autorité métropolitaine de mobilité durable, des compétences élargies en termes
d'organisation et de coordination des transports collectifs sur un territoire. »
Ceci s’est trouvé réalisé en région Nord-Pas de Calais par la création en décembre
2009 du Syndicat Mixte Intermodal Régional de Transports (SMIRT) rendu possible
depuis l’autorisation de créer des syndicats regroupant d’autres syndicats de
transport.
Le SMIRT, lieu de coopération et d'échange rassemble 15 AOT soit les 13 AOTU
régionales et les deux départements du Nord et du pas de Calais sous la
coordination de la région Nord-Pas de Calais. En « véritables partenaires de
l'intermodalité, ces AOT envisagent de travailler ensemble sur divers domaines
comme la billettique, l'information mutualisée et la proposition de tarifs intermodaux
mais aussi la coordination et l'enchaînement des divers modes de transports. »
Cette loi du 3 août 2009 ou Loi Grenelle de l’environnement précise que (article 10) :
« L'Etat veillera à réduire les pollutions et les nuisances des différents modes de
transport. Il favorisera l'adoption de comportements responsables au regard des
exigences écologiques, incitera les entreprises du secteur des transports à améliorer
leur performance environnementale et encouragera le renouvellement des matériels
de transport et les projets innovants de transports favorisant la réduction des
émissions de gaz à effet de serre.
La politique de réduction des pollutions et nuisances fera, tous les cinq ans, l'objet
d'une évaluation et d'un programme d'actions sur la base d'objectifs chiffrés.»
La mise en œuvre d’une telle politique transport comme le plan de déplacement
urbain passe nécessairement par un travail d’évaluation sous l’angle du
développement durable des projets d’infrastructures et de services tous modes et
des politiques de transport passées, actuelles et projetées de manière à pouvoir
identifier les leviers et orientations nécessaires pour atteindre l’objectif d’un système
de transport plus durable. Ce travail doit en outre être complété par une approche
portant sur l’acceptabilité sociale des décisions par les citoyens, sur ce domaine
essentiel pour l’aménagement équilibré du territoire et le développement économique
du pays.
Les limites existent à cet exercice d’évaluation par exemple, aux franges des limites
des Périmètres de Transport Urbains limitrophes où les évaluations devraient être
coordonnées et inter reliées ce qui est rarement le cas.

Conclusion
Nous avons montré que la pratique de l’évaluation des politiques publiques s’est
instituée depuis les années 1980 en France et a connu une rapide évolution.
L’évaluation des politiques publiques se distingue selon la nature de la politique
examinée comme celle des transport qui possède un caractère de complémentarité
dans l’attribution des compétences entre les différentes autorités en charge
d’élaborer et de mettre en œuvre cette politique.

14
Au niveau européen, si cette politique de transport urbain n’est pas incluse dans les
compétences de l’union européenne, cette dernière s’investit de plus en plus dans la
définition de cette politique urbaine pour parvenir à une meilleure mobilité plus
soutenable dans et autour des villes. Après une analyse du contenu des plan de
déplacements urbains nous montrons les pratiques en matière de leur évaluation et
particulièrement leur évaluation environnementale. Se pose alors la question de la
gouvernance à mettre en œuvre pour en assurer leur évaluation globale.
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15
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16
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17

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