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La Fraude À L'assurance Au Maroc

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Royaume du Maroc

Université Abdelmalek Essaâdi

Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales de Tanger

Droit des Assurances


La fraude à l’assurance au Maroc

Réalisé par : Hous BENBAREK

1
Sommaire

Introduction

Partie 1 : La position du législateur marocain face à la fraude

Chapitre 1 : Le dispositif juridique pour combattre la fraude au Maroc

Chapitre 2 : La répression de la fraude à l’assurance

Partie 2 : La réaction des compagnies d’assurance face à la fraude

Chapitre 1 : Le dispositif mis en place par les compagnies

Chapitre 2 : L’impact de la digitalisation sur la lutte contre la fraude

Conclusion

Bibliographie

2
Introduction :

La doctrine avait l’habitude de rappeler que le contrat d’assurance est un contrat

de bonne foi, non seulement il doit avoir été conclu suivant cette disposition

d’esprit, mais cette dernière doit perdurer tout le temps de l’exécution de cet

accord de volonté.

La bonne foi s’entendait surtout de la part de l’assuré, qui est tenu de déclarer

toutes les circonstances permettant à l’assureur de se faire une opinion exacte du

risque qu’il envisage de prendre en charge. Ce dernier est considéré comme

étant en situation de supériorité par rapport à l’assuré puisqu’il dispose des

éléments d’information dont celui-ci ne bénéficie pas1. Par contre, il ne faut pas

sous-estimer la capacité d’imagination de certains assurés dont la probité est

douteuse. En d’autres termes, toute malveillance et tentative de gains frauduleux

ne saurait être exclus.

La fraude en assurance est définit comme un acte ou omission volontaire

permettant à ses auteurs de tirer un profit illégitime d’un contrat d’assurance. La

fraude touche chaque partie de la chaîne de valeur de l’assurance, dès la

souscription. La fraude peut être «interne» (lorsque les employés commettent ou

laissent faire la fraude) ou «externe» (lorsque des clients tentent de commettre

eux-mêmes un acte frauduleux).

Donc la fraude interne, est l’acte de fraude commis par le propriétaire ou un

employé de la compagnie d’assurance. La fraude externe, c’est l’acte de fraude

1
M. Fromenteau, P. Petauton. Théorie et pratique de l'assurance, Collection Dunod, page 35.

3
commis par les assurés et cherchant principalement à obtenir une indemnité

indue, une surestimation de l’indemnité d’assurance ou une réduction illégitime

de leurs primes d’assurance. Il y’a aussi la fraude externe qui est commise par

des intermédiaires. C’est un acte de fraude commis par des agents ou des

courtiers d’assurance et visant principalement à obtenir des avantages indus

(souvent la récupération d’une partie des primes d’assurance) en fournissant des

informations erronées lors de la signature d’un contrat d’assurance avec l’assuré.

La fraude mixte, est un acte de fraude qui combine des éléments de fraude

interne avec des éléments de l’un des types de fraudes externes mentionnés

précédemment.

Le type de fraude à l’assurance le plus répandu est la «fraude externe», commise

par les assurés et les bénéficiaires.

D’après des enquêtes menées par l’ACAPS2, elles indiquent que les demandes

d’indemnisation frauduleuses pourraient représenter jusqu’à 21 % des pertes du

marché de l’assurance automobile3.

Dans ce contexte, est-ce qu'il y a un dispositif juridique au Maroc pour

combattre la fraude à l’assurance?

Est-ce que les compagnies d'assurances ont imaginées un dispositif pour

combattre cette fraude?

2
L’Autorité de Contrôle des Assurances et de la Prévoyance Sociale
3
https://www.challenge.ma/les-assureurs-secoues-par-les-accidents-et-la-fraude-113893/

4
Pour répondre à ces questions, on traitera d’abord la position du législateur

marocain face à cette fraude, en suite on abordera la réaction des compagnies

d’assurance face à la fraude.

Partie 1 : La position du législateur marocain face à la fraude à l’assurance

Afin de lutter contre la fraude à l’assurance, le législateur marocain a mis en

place un dispositif juridique pour combattre ce fléau (Chapitre 1), tout en

réprimant cet acte antisocial (Chapitre 2).

Chapitre 1 : Le dispositif juridique pour combattre la fraude au Maroc

Le dispositif juridique pour combattre la fraude à l’assurance se concrétise par le

code pénal (Section2), que par le code des assurances lui-même (Section 1).

Section 1 : Le dispositif mis en place par le code des assurances

Le code des assurances a prévu des dispositions pour lutter contre la fraude aux

assurances. L’article 30 de la loi 17-99 formant code des assurances dispose que

le contrat d'assurance soit nul en cas de réticence ou de fausse déclaration

intentionnelle de la part de l'assuré quand cette réticence ou cette fausse

déclaration change l'objet du risque ou en diminue l'opinion pour l'assureur4,

alors même que le risque omis ou dénaturé par l'assuré a été sans influence sur le

4
Article 30 de la loi 17-99 portant code des assurances

5
sinistre. Les primes payées demeurent alors acquises à l'assureur qui a droit au

paiement de toutes les primes échues à titre de dommages et intérêts5.

L’article17 du code des assurances dispose que l’assureur ne répond pas

nonobstant toute convention contraire des pertes et dommages provenant d’une

faute intentionnelle de l’assuré.

Section 2 : Le dispositif mis en place par le code pénal

Sur le plan pénal, la fraude repose sur deux concepts : le faux et l’escroquerie.

En droit marocain, ces deux types de crimes sont sévèrement punis par la Loi,

soit par des amendes, soit par des poursuites pénales, y compris des peines

d’emprisonnement. La récidive est également plus sévèrement punie.

Donc la fraude à l’assurance peut être qualifiée en code pénal au délit de faux,

ou au délit d’escroquerie. Ce dernier délit est le plus important. En effet dans le

cadre de la conclusion du contrat le fraudeur à l’assurance vise à obtenir une

indemnité en ayant donné à l’assureur de fausses informations. Par contre le

faux en écritures selon l’article 351 du code pénal est l'altération frauduleuse de

la vérité, de nature à causer un préjudice et accomplie dans un écrit par un des

moyens déterminés par la loi.

5
« Les dispositions du deuxième alinéa de l’article 30 de la loi 17-99 ne sont pas applicables aux assurances sur
la vie ».

6
Chapitre 2 : la répression de la fraude à l’assurance

La répression de la fraude à l’assurance peut être en amont, pendant la

conclusion du contrat (Section 1), ou peut être au cours de l’exécution du contrat

d’assurance (Section 2).

Section 1 : La sanction de la fraude dans la conclusion du contrat

d’assurance

Le contrat d’assurance est un contrat de bonne foi, qui peut être défini comme la

loyauté dans la conclusion et l’exécution des contrats juridiques. Le code des

assurances prend acte de cette définition dans la sanction prévue en cas de

fraude d’autant plus que le législateur sanctionne pénalement cette infraction.

a) La sanction civile :

Aux termes de l’article 30 du code des assurances le contrat d’assurance est nul

en cas de réticence ou de fausse déclaration intentionnelle de la part de l’assuré

quand cette réticence ou fausse déclaration change l’objet du risque et en

diminue l’opinion pour l’assureur6.

Cela dit lorsque l’assuré a inexactement déclaré le risque lors de la conclusion

du contrat ou dissimule une circonstance de nature à influer sur l’opinion de

l’assureur la sanction prévue est la nullité, mieux encore l’article sus visé prévoit

à titre de dommages et intérêts que les primes échues payées demeurent acquises

à l’assureur. Cette sanction est sans doute lourde pour l’assuré car :

6
Article 30 de la loi 17-99 portant code des assurances

7
L’assureur conserve les primes déjà payées et aucune prestation n’est due en cas

de sinistre (la nullité étant rétroactive).

Par ailleurs, l’article 31 du code des assurances prévoit une atténuation de la

sanction dans l’hypothèse où l’assureur n’arrive pas à prouver la mauvaise foi de

l’assuré.

Cela dit si l’omission ou la déclaration inexacte est constatée avant tout sinistre

l’assureur a une option entre le maintien du contrat avec une majoration de

primes et la résiliation du contrat7.

b) La sanction pénale :

La fraude à l’assurance évoque plusieurs incriminations le délit de faux, le délit

d’escroquerie qui est évidement le plus important. En effet dans le cadre de la

conclusion du contrat le fraudeur à l’assurance vise à obtenir une indemnité en

ayant donné à l’assureur de fausses informations.

A ce niveau, on se contentera d’analyser l’application de la qualification

d’escroquerie avant de voir sa sanction dans le développement à avenir En effet,

le délit d’escroquerie comporte les éléments suivants :

- L’emploi de moyens frauduleux, manœuvres frauduleuses, mise en scène

- Le préjudice subi par l’assureur qui a dû remettre une somme d’argent

non due

- L’intention ou la conscience de réclamer une somme non due

7
Article 31 de la loi 17-99 portant code des assurances

8
Dans cette perspective, le délit d’escroquerie à l’assurance se caractérise par la

réunion de trois éléments

- Une tromperie frauduleuse aux fins de prétendre à l’exécution d’une

obligation par l’assureur

- L’emploi de manières frauduleuses rendant cette tromperie vraisemblable

- L’exécution préjudiciable pour l’assureur de ses obligations

contractuelles.

Section 2 : La sanction de la fraude dans l’exécution du contrat d’assurance

L’assuré réclamant le paiement d’une indemnité pour un sinistre imaginaire ou

provoqué par lui encourt des sanctions tant bien civiles que pénales réprimant le

délit d’escroquerie dont on a analysé la qualification du moins lorsque la preuve

d’une telle infraction est établie.

c) La sanction civile :

L’article17 du code des assurances dispose que l’assureur ne répond pas

nonobstant toute convention contraire des pertes et dommages provenant d’une

faute intentionnelle de l’assuré8.

Interprète à contrario, ce texte qui interdit à l’assureur d’assurer les fautes

intentionnelles, lui permet évidemment de refuser de payer toute indemnité

résultant d’une faute intentionnelle de la part de l’assuré.

8
Article 17 de la loi 17-99 portant code des assurances

9
Par ailleurs, il est à souligner que c’est souvent le contrat d’assurance qui règle

cette question en stipulant la déchéance du droit de l’assuré à garantie en cas de

fraude de sa part.

d) La sanction pénale :

Lorsque la qualification de l’escroquerie à l’assurance est retenue par la

juridiction compétente, certes une fois ses éléments réunis et sa preuve établie

les sanctions prévues à l’encontre des fraudeurs sont lourdes.

En effet l’article 540 du code pénal prévoit que le délit d’escroquerie est puni de

l’emprisonnement d’un à cinq ans et d’une amende de 500 à 5000 DHS.

La complicité en matière d’escroquerie est punie des mêmes peines, avec la

possibilité pour les assureurs de se constituer partie civile en guise de

réclamation des dommages et intérêts même si on peut dire que c’est rare quand

une compagnie d’assurances opte pour cette démarche.

10
Partie 2 : La réaction des compagnies d’assurance face à la fraude

La réaction des compagnies d’assurance face à ce fléau se fait essentiellement à

travers le recours à des experts (Chapitre 1), mais de plus en plus ces

compagnies s’orientent vers les nouvelles technologies et l’intelligence

artificielle (Chapitre 2).

Chapitre 1 : Le dispositif mis en place par les compagnies

La détection de la fraude fait partie intégrante des missions confiés à l’expert,

qui est le mieux habilité à déceler les premiers indices qui lui permettent d’aider

sa mandante à détecter une éventuelle tentative de fraude en matière

d’assurance.

Cette opération varie selon que la fraude est à détecter avant ou après le sinistre.

Avant le sinistre, la visite du risque à la réception d’une proposition d’assurance,

se rapportant à un risque important, l’assureur peut diligenter une visite de

risque à effectuer, pour s’assurer de la véracité de tous les éléments

d’informations consignés dans la proposition portant aussi bien sur la nature et

le contenu du risque.

L’examen médical, c’est généralement dans le cadre des assurances de

personnes qu’on trouve cette pratique qui consiste à soumettre le souscripteur à

un examen médical pour s’assurer de la véracité de ses déclarations au

questionnaire médical initial.

11
Après le sinistre, L’expert est le maillon de la détection de la fraude, son rôle

essentiel est d’apprécier le lien de causalité entre la nature du préjudice et les

circonstances du sinistre, et établir son rapport dans ce sens.

Outre sa mission individualisée (Sinistre par Sinistre), les experts élaborent et

mettent à la disposition des assureurs (Branche par branche, et Risque par

Risque) les listes d’indices lesquels seuls ou cumulés signalent une fraude

éventuelle et incitent à suivre avec une attention particulière les affaires

désignées.

Chapitre 2 : L’impact de la digitalisation sur la lutte contre la fraude

Pour mieux faciliter la tache aux assureurs et surtout aux gestionnaires du

sinistre, un recours aux nouvelles technologies pour la détection de la fraude

s’est imposé9, c’est le cas de la compagnie américaine (SAS, logiciels et

solutions analytiques)10 à travers sa solution « SAS Detection and Investigation

for Insurance », basée sur la Data Analytics et l’Intelligence Artificielle. La

solution SAS permet de détecter les cas de fraudes potentielles et de se mettre en

capacité de les contrer avec réactivité. Elle permet d’analyser automatiquement

toutes les déclarations de sinistre. Ce logiciel permet de mettre en mémoire dans

un système informatique les connaissances acquises par les experts sur les

caractéristiques récentes types des fraudes à l’assurance, ainsi que les méthodes

propres à une compagnie pour traiter de tels cas. Egalement, il examine

9
https://www.argusdelassurance.com/tech/comment-la-technologie-peut-aider-les-assureurs-pour-lutter-
contre-la-fraude-tribune.173414
10
https://www.sas.com/fr_ma/news/press-releases/2020/march/saham-assurance-fraude.html

12
automatiquement les déclarations de sinistre pendant la saisie des données afin

d’identifier toute fraude éventuelle. L’objectif primordial consiste à trier de

manière fiable les déclarations douteuses et les réclamations innocentes, ces

dernières doivent être traitées rapidement, seuls les cas identifiés comme

présentant une forte probabilité de fraude devraient être soumis aux experts en la

matière.

La compagnie d’assurance marocaine Saham Assurances a fait appel à cette

solution basée sur l’intelligence artificielle pour lutter contre la fraude à

l’assurance.

13
Conclusion :

La fraude à l’assurance n’est généralement pas consacrée en tant que telle par le

droit pénal. En effet, la fraude à l’assurance n’est juridiquement parlant qu’une

escroquerie parmi tant d’autres et ne fait donc l’objet d’une disposition

particulière.

Une des principales caractéristique de la fraude à l’assurance tient au fait qu’au-

delà des compagnies, elle atteint aussi les assurés dans leur ensembles, en effet

puisque le volume de la fraude influe directement sur le volume des prestations

alloués et que du volume de ces prestations dépond la somme des primes devant

être perçus. La fraude à l’assurance et sa prévention doivent intéresser les

compagnies aussi pour elles-mêmes que pour la clientèle dont elles dépendent.

Ainsi il convient de noter que la fraude à l’assurance est une infraction

polymorphe. Elle peut intervenir au moment de la souscription d’un contrat

d’assurance, et prend alors le plus souvent la forme de fausses déclarations

relativement aux circonstances permettant à l’assureur d’apprécier l’ampleur du

risque pour désigner ce genre d’attitude, les assureurs parlent de réticence.

L’escroquerie peut intervenir postérieurement à la conclusion du contrat et elle

est alors susceptible de prendre notamment la forme d’une déclaration de

sinistre mensongère quant aux circonstances de celui-ci.

14
Parmi les fraudeurs à l’assurance on retrouve donc des escrocs de qualité et de

dangerosité des plus diverses sous la même dénomination sont regroupés tout à

la fois, celui qui parvient à conclure une assurance vie en taisant sur son

mauvais état de santé, celui qui obtient une indemnité pour un vrai vol dont il est

victime et qu’il ne se serait produit sans négligence de sa part, celui qui réclame

des prestations pour un sinistre qui n’a pas eu lieu, celui qui grossit l’importance

d’un sinistre bien réel, et celui qui tue son épouse sur la tête de la quelle était

conclue une assurance vie dont il est le bénéficiaire.

En conclusion, la lutte contre la fraude à l’assurance est à l’évidence d’actualité.

Elle est aussi une nécessité pour garder la crédibilité de ce secteur vital pour

l’économie nationale.

15
Bibliographie :

Ouvrage :

Michel Fromenteau, Pierre Petauton. Théorie et pratique de l'assurance,

Collection Dunod, Edition 2017

Webographie :

https://www.challenge.ma/les-assureurs-secoues-par-les-accidents-et-la-fraude-

113893/

https://www.argusdelassurance.com/tech/comment-la-technologie-peut-aider-

les-assureurs-pour-lutter-contre-la-fraude-tribune.173414

https://www.optimind.com/medias/documents/295/Optimind-Winter-

Publication-Fraude-assurance-avril-2015.pdf

https://www.sas.com/fr_ma/news/press-releases/2020/march/saham-assurance-

fraude.html

16
TABLE DES MATIERES

INTRODUCTION : 3

PARTIE 1 : LA POSITION DU LEGISLATEUR MAROCAIN FACE A LA FRAUDE

A L’ASSURANCE 5

Chapitre 1 : Le dispositif juridique pour combattre la fraude au Maroc 5

Section 1 : Le dispositif mis en place par le code des assurances 5

Section 2 : Le dispositif mis en place par le code pénal 6

Chapitre 2 : la répression de la fraude à l’assurance 7

Section 1 : La sanction de la fraude dans la conclusion du contrat d’assurance 7

Section 2 : La sanction de la fraude dans l’exécution du contrat d’assurance 9

PARTIE 2 : LA REACTION DES COMPAGNIES D’ASSURANCE FACE A LA

FRAUDE 11

Chapitre 1 : Le dispositif mis en place par les compagnies 11

Chapitre 2 : L’impact de la digitalisation sur la lutte contre la fraude 12

CONCLUSION : 14

BIBLIOGRAPHIE : 16

17

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