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Boniface Cecile M22016

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Remerciements

J'adresse mes remerciements aux personnes qui m'ont aidée


dans la réalisation de ce mémoire. En premier lieu, je remercie
Madame Ginoulhiac, professeur à l’ESPE de Foix. En tant que
Directrice de mémoire, elle m'a guidée dans mon travail et m'a
aidée à trouver des solutions pour avancer. Je tiens également
à remercier l’école Maternelle Parmentier et plus
particulièrement Cathy Lethurgie, la directrice de l’école, pour
m’avoir accueillie dans les meilleures conditions en tant
qu’employée d’avenir professeur au sein de son équipe. Enfin, je
remercie la classe de toute petite et petite section, Valérie et
Caroline, pour leur implication dans mes différents projets.

1
Pendant ma première année de Master MEEF, j’ai été nommée Employée
d’Avenir Professeur dans l’école Maternelle Parmentier à Foix, 12 heures par semaine.
Au cours de cette année, j’ai pu observer et pratiquer dans une classe de toute petite
et petite section. A cette occasion j’ai pu créer et mettre en œuvre une séquence d’arts
visuels. L’art visuel est une discipline inscrite dans les programmes de l’école primaire.
De la petite section au cours moyen, les élèves doivent intégrer progressivement des
connaissances dans ce domaine. L’éducation nationale inscrit ce domaine dans
« l’agir et s’exprimer à travers des activités artistiques » pour la maternelle, elle prône
une ouverture sur les arts dès le plus jeune âge grâce à une pratique régulière, à
l’éducation du regard et à l’introduction d’une culture de la sensibilité par la rencontre
d’œuvres de référence. Les enjeux de cette matière qui sont donc nombreux me sont
apparus trop souvent négligés en classe car jugés peu accessibles. Afin de me faire
ma propre idée de cet enseignement, j’ai alors tenté de mettre en place une séquence
d’arts visuels dans la classe de petite section de l’école maternelle Parmentier.

Une fois ma séquence de graphisme réalisée, je suis revenue sur ma pratique en me


questionnant sur les compétences acquises et le vécu des élèves. Après réflexion, j’en
suis venue à cette conclusion : les élèves avaient appris à maitriser un geste (tracer
une ligne verticale), qui leur permettraient plus tard d’entrer dans l’écrit (écriture bâton),
mais à aucun moment ils ne s’étaient questionnés sur leur pratique. Etait-ce à cause

2
de mes consignes ? De mon thème ? De la progression de ma séquence ? Ce n’est
qu’à ce moment que j’ai pris conscience des enjeux de la didactique des arts visuels :
tout comme les mathématiques ou le français, il existe des façons pour enseigner les
arts. Cette prise de conscience m’a permis d’observer avec un regard différent des
pratiques enseignantes, et de remarquer un enseignement assez dirigé des arts
visuels, souvent rattachés aux loisirs créatifs, dénué de compétences artistiques à
atteindre. Les élèves se trouvaient rarement acteur dans la séance, et avaient peu
d’occasion d’exprimer leur créativité compte tenu de situations trop dirigées par
l’enseignant. Ils répondaient à la consigne donnée mais n’exprimaient rien de
personnel, pourtant à trois ans, l’imagination ne manque pas. Le problème vient donc
des situations proposées qui ne rendent pas les élèves autonomes lors de la création.

Lors de la conception de ma séquence, j’étais dans ce modèle d’enseignement, en


substituant la créativité au profit de la gestion de classe. L’âge des élèves fut une
grande difficulté dans la mise en place de ma séquence. Etaient-ils en mesure de
comprendre les enjeux de cette matière ? Ce questionnement m’a alors conduit à cette
problématique : Comment laisser l’élève de maternelle maître de ses intentions
en arts visuels ? Dans un premier temps je porterai un regard théorique sur les arts
visuels en précisant ses enjeux et sa didactique en regard du développement de
l’enfant. Puis je mettrai en parallèle la théorie avec les observations que j’ai pu faire
sur le terrain, et enfin je proposerai des remédiations à la séquence vécue en me
reportant aux théories développées dans la première partie.

3
I. Les théories d’apprentissages des arts visuels et théories de
développement de l’enfant

1) Définition des arts visuels


a) Les formes d’art et leurs fonctions
L’art est une activité de l’humain, cette pratique a pour principale fonction de donner
l’occasion à l’homme de laisser une trace de son passage sur terre. Chaque individu
appartient à une culture, à un moment donné de l’histoire, et fait sa propre expérience
de la vie. L’artiste par des moyens plastiques figuratifs ou abstraits va témoigner de
son vécu, nous raconter une histoire, et par le biais de la représentation ou de la
présentation (durable ou éphémère) laisser une empreinte dans la mémoire collective.
Plusieurs courants artistiques ont traversé le temps, les modes de pensée ont évolué,
les arts visuels aussi. Ils comprennent alors plusieurs techniques à visée expressive :

 les arts plastiques : dessin, peinture, sculpture, architecture


 le cinéma
 la photographie
 le design
 les arts numériques.

Les arts visuels sont des modes de communication auxquels l’homme a toujours eu
recours, de la préhistoire à aujourd’hui, il semble alors nécessaire d’en montrer
l’importance aux futures générations. Le statut de l’art doit donc être évoqué à l’école
afin que les élèves comprennent les enjeux de cette matière, mais au préalable, il faut
se poser la question suivante, afin de comprendre les différentes intentions des
artistes : pourquoi faire de l’art ?

b) Les différentes intentions des artistes


Une œuvre d'art, dans les arts visuels, est un objet physique en deux ou trois
dimensions qui remplit une fonction esthétique : l'esthétique correspond au domaine
désigné jusqu'au XVIIIe siècle par « science du beau » ou « critique du goût », et
devient depuis le XIXe siècle la philosophie de l'art. Elle se rapporte, par exemple,
aux émotions provoquées par une œuvre d'art (ou certains gestes, attitudes),
aux jugements de l'œuvre, à ce qui est spécifique ou singulier à une expression

4
(artistique, littéraire, poétique, etc.), à ce qui pourrait se définir comme beau par
opposition à l'utile et au fonctionnel. L’expérience esthétique vécue par le spectateur
est définie par Jean-Marie Schaeffer1 comme « une expérience attentionnelle
exploitant nos ressources cognitives et émotives communes », elle est alors
subjective.

Une œuvre d'art singulière est souvent considérée dans le contexte plus large d'un
mouvement d'art ou d'une époque artistique. Elle peut également être considérée
comme un élément au sein de l’œuvre globale de l’artiste. Des objets physiques qui
documentent des œuvres d’art sans importance ou conceptuelles, mais qui ne sont
pas conformes aux conventions artistiques, peuvent être redéfinis et considérés
comme des objets d’art après leur apparition originale. Certaines œuvres Dada et néo-
Dada conceptuelles ont obtenu le statut d'œuvre d'art plus tard. Les produits du design
d'environnement, dépendamment de l'intention et de l'exécution, peuvent être des «
œuvres d'art ». Ceci comprend : le land art, l’art in situ, l'architecture, les jardins,
l'architecture de paysages, l'art d'installation, l'art rupestre.

Marcel Duchamp, lui aussi définit les arts en mettant en avant la réflexion et l’intention
de création, il a critiqué l'idée que l'œuvre d'art doive être un produit unique du travail
d'un artiste représentatif de sa compétence technique. Les théoriciens ont soutenu
que les objets n'ont pas un sens constant, mais que leurs significations sont façonnées
par l'homme dans le contexte de leur culture, car l'homme a la capacité de donner une
signification aux choses. Ainsi dans une interview2 par Philippe Colin, Marcel Duchamp
définit le Ready-Made de la sorte :

1
SCHAEFFER Jean-Marie. L’Expérience esthétique. Gallimard. 24-02-2015

2
Juin 1967, interview de Marcel Duchamp par Philippe Collin sur la définition de Ready-Made

5
« Ca veut dire "tout fait". Comme les vêtements de confection. Je suis arrivé à une conclusion, il y a
assez longtemps. Il y a toujours quelque chose de "tout fait" dans un tableau : vous ne faites pas les
brosses, vous ne faites pas les couleurs, vous ne faites pas la toile. Alors, en allant plus loin, en enlevant
tout, même la main, n'est-ce pas, on arrive au ready-made. Il n'y a plus rien qui soit fait : tout est "tout
fait". Ce que je fais, c'est que je signe, simplement, pour que ce soit moi qui les aie faits. Simplement,
j'arrête là, c'est tout. C’est fini. Ça semble un peu drôle, mais c'est une conséquence naturelle, en allant
au bout du raisonnement. »

D’ailleurs l’artiste Michael Craig-Martin, créateur de l’œuvre « An Oak Tree » (« un


chêne » traduit en français), a déclaré3 au sujet de son travail : « Ce n'est pas un
symbole, j'ai changé la substance physique du verre d'eau en celle d'un chêne. Je n'ai
pas changé son apparence. Le chêne en tant que tel est physiquement présent, mais
sous la forme d'un verre d'eau. » (ANNEXE 1)

Michael Craig-Martin, « An Oak Tree », 1973

L’œuvre se définit alors par la réflexion que mène l’artiste à la conception de celle-ci,
elle peut s’inscrire dans différents mouvements, et peut témoigner de nombreuses
intentions. L’artiste nous fait part de sa pensée, par des techniques variées avec le
désir de communiquer, de donner des signes et de raconter un fait. Il est acteur de
sa création, il est celui qui ordonne et transmets ses idées par des moyens
plastiques. Nous allons maintenant tenter d’étendre la définition des arts visuels au

3
L'exposition « Un siècle de sculpture anglaise », présente à Paris des œuvres souvent insolites dont l'une, de
Michael Craig-Martin, faite d'un verre aux trois quarts rempli d'eau est intitulée « An Oak Tree » (un chêne).
Une explication accompagne l'« œuvre » sous forme d'un dialogue

6
système éducatif et nous intéresser aux enjeux de l’enseignement des arts visuels
à l’école primaire.

c) Les enjeux de l’enseignement des arts visuels


Concernant l'école maternelle, l’enseignement des arts visuels joue un rôle décisif
pour l'accès de tous les enfants aux univers artistiques. Il constitue la première étape
du parcours d'éducation artistique et culturelle que chacun accomplit durant ses
scolarités primaire et secondaire et qui vise l'acquisition d'une culture artistique
personnelle, fondée sur des repères communs.

Au cycle des apprentissages fondamentaux (cycle 2), la sensibilité artistique et les


capacités d’expression des élèves sont développées par les pratiques artistiques, mais
également par des références culturelles liées à l’histoire des arts.
Puis au cycle des approfondissements (cycle 3), ces activités s’accompagnent de
l’usage d’un vocabulaire précis qui permet aux élèves d’exprimer leurs sensations,
leurs émotions, leurs préférences et leurs goûts. Un premier contact avec des œuvres
les conduit à observer, écouter, décrire et comparer.

Car en définitive, les arts visuels sont un accès à notre mémoire et notre histoire, ils
aiguisent notre sens critique et nos facultés d’analyse, ils permettent de développer
notre sensibilité, ils développent notre perception des codes de représentation pour
nous rendre acteurs face aux images plutôt que de les subir (Cf. la publicité, la TV). Ils
augmentent notre curiosité et enfin ils participent du développement de l’imagination.

2) Comment enseigner les arts visuels ?


a) Les directives des programmes
A l’école maternelle, l’institution attend de cet enseignement de permettre aux
élèves le développement de la gestualité et l’ajustement progressif de l’action. Ces
capacités seront mises au service de l’imagination et du désir de créer des jeunes
enfants. Les activités proposées sont construites selon trois axes fondamentaux :
l’installation d’une pratique régulière qui prend appui sur des apprentissages précis
visés par l’enseignant, l’éducation du regard et l’introduction d’une culture de la
sensibilité par la rencontre d’œuvres de référence. Les programmes comprennent le
dessin, les compositions plastiques en plan et en volume, l’observation et la production

7
d’images, la constitution de mémoires et de collections, individuelles et collectives,
d’objets et d’images.

La loi de Refondation de l’école4 crée un cycle unique pour l’école maternelle en


soulignant sa place fondamentale comme première étape dans la réussite de tous. Sa
mission principale est de donner envie d’apprendre aux tout-petits, de leur permettre
de grandir et de s’affirmer comme sujets singuliers. Accueillir des jeunes enfants et
leur permettre de devenir progressivement élèves demande une pédagogie adaptée à
leur âge et aux objectifs poursuivis. À travers des apprentissages appropriés, les
démarches mises en œuvre visent le développement harmonieux, elles accompagnent
et mettent en valeur, dans un cadre sécurisant et riche d’explorations. Les situations
proposées reposent sur les intérêts de ce jeune public, elles leurs permettent d’en
créer de nouveaux et lui offrent différentes entrées dans les apprentissages visés.

Ces dernières s’appuient sur le langage dans toutes ses dimensions, sur le jeu,
proposent des activités structurées et sollicitent la participation à des projets. De cette
manière, la scolarisation soutient et favorise un développement global des enfants (à
la fois affectif, social, sensoriel, moteur et cognitif) et elle les initie aux différents
moyens d’expression et à des formes culturelles variées, tout en contribuant à la
construction de valeurs partagées.

Les arts visuels, sont alors prétextes à de nombreux apprentissages, cependant on


observe encore souvent des pratiques allant dans le sens inverse, par exemple:

 Le « dessin libre » : Il est souvent donné en récompense d’un exercice achevé


avant les camarades un peu lents ; le matériel proposé est minimal (feuilles de
format A4, feutres) et peu salissant. Il n’y a ni projets, ni objectifs précis

 Les travaux manuels : Ils mettent en œuvre des exercices manipulatoires


d’effectuation, tournés vers l’éducation du geste, le développement de la
motricité fine et de l’habileté au détriment d’un travail privilégiant la recherche
en relation avec le sens. Ces exercices visent des réalisations conformes au
modèle proposé par le maître.

4
Publication en 2013

8
 « Faire à la manière de … » : Il s’agit de repérer les étapes et les procédés
permettant de retrouver l’apparence extérieure du tableau ou de l’œuvre. Les
propositions des enfants ne sont pas des copies (il y a toujours un écart entre
les productions elles-mêmes et le modèle). Le résultat est assez séduisant pour
que les enfants, les parents et le maître soient satisfaits. Mais il n’y a pas, ou
très peu, de rencontre avec la démarche de l’artiste et pas de relation avec le
sens de l’œuvre.

 Le mode « impositif » : Le maître a élaboré un projet dont toutes les étapes


sont soigneusement programmées, les réponses sont anticipées. Il n’y a pas
de débordements, pas de surprises ; tout est prévu, cadré, le résultat final est
attendu. L’enfant apprend et restitue par transfert ; l’exercice d’application
permet de vérifier « la bonne réponse ».

Ces exemples témoignent des difficultés que rencontrent l’enseignant pour concevoir
une séquence d’arts visuels, on s’aperçoit que dans ces situations un cadre précis
n’est pas défini. Les objectifs ne sont pas déterminés, l’élève ne sait pourquoi il crée
et il n’est pas acteur dans sa production. Comment éviter alors ce genre de séances,
et comment concevoir une séquence d’apprentissage en arts visuels ?

b) Concevoir une séquence autour d’une situation problème


Selon Philippe Meirieu5 mettre en place un dispositif d’apprentissage c’est organiser
les situations problèmes à proposer aux élèves. Il définit ces situations par différentes
caractéristiques que l’on peut résumer ainsi :

 Elles permettent aux apprenants de s’engager dans la tâche proposée. Elles


représentent un défi, une motivation suffisante pour susciter l’activité ;

 La tâche proposée est réellement pour l’élève un problème à résoudre. Elle lui
demande de se questionner, d’élaborer des solutions plurielles, d’essayer…

 La réalisation de l’activité, la résolution du problème, oblige à effectuer un


apprentissage, à mettre en place des connaissances, des savoir-faire nouveaux.
Ceux-ci représentent les objectifs obstacles à surmonter ;

5
Ph. Meirieu, L’école mode d’emploi, Paris, ESF, 1985

9
 Les contraintes inscrites dans la situation présentée constituent des passages
obligés en cohérence avec les objectifs visés ;

 Les élèves peuvent évaluer les solutions qu’ils donnent au problème posé.

Ainsi, une situation problème en arts plastiques peut se définir de la façon suivant :
C’est une proposition qui incite à la production (en surface, en volume, en
installation…). Elle est liée à un certain nombre d’objectifs-obstacles relatifs aux
problématiques plastiques à travailler, c’est-à-dire aux thèmes ou notions plastiques
qui seront objets d’apprentissage et directement nécessaires à la réussite des
productions. Enfin, elle offre une place à des réponses divergentes demandant
d’utiliser une variété de techniques, de matériaux, d’outils en réponse au problème
posé.

Les contraintes à mettre en place peuvent concerner divers paramètres:

• Les données temporelles :


– De combien de temps les élèves disposent-ils pour pratiquer?
– Cette durée globale est-elle liée à une unique étape?
– Est-elle rythmée par des demandes qui se succèdent, par des relances?
• Les conditions spatiales :

– Travaille-t-on dans la classe, dans la cour, dans le préau, en ville, au musée, dans
une forêt?
– Le plan de travail est-il horizontal, vertical, incliné?
• Les variables physiques :

– Reste-t-on debout, assis?


– Est-on immobile? Se déplace-t-on?
• Les modalités de travail :

– Travail individuel? En groupe? Dans quel(s) but(s)?

• Les paramètres matériels :

– Quels matériaux sont mis à disposition?


– Quels outils?

10
– Des supports de quelle forme? De quelles dimensions?
Ce sont ces exigences qui vont inviter l’élève à explorer et à développer de nouvelles
attitudes. Si incitation et consigne ouvrent sur un large champ possible d’exploration,
ce dernier se voit restreint par des contraintes qui instaurent un obstacle à surmonter,
lié, le plus souvent, aux outils/matériaux imposés à la classe. La situation-problème
naît généralement d’une mise en tension entre des paramètres contradictoires. Les
questions qui en découlent réduisent la possibilité de dispersion et assurent des
apprentissages similaires au sein de la classe.

c) Amener un sujet en classe


On peut distinguer plusieurs approches, plusieurs manières d’amener un sujet en
classe. Ces différentes ouvertures permettent de varier les séances, tout en ancrant
celles-ci dans le domaine des arts visuels :

Approche Approche Approche Approche


sensorielle informative plastique interprétative
Les Le format Par les notions Que raconte le
sensations, la nature du support, des plastiques tableau ?
les outils, Par les opérations A quel registre
impressions des matériaux, plastiques : appartient la
(détaillé ci-dessous) figuration
L’histoire du tableau (symbolisme, réaliste,
Le peintre (son nom, son …)
époque)
La date où le tableau a
été peint
Le lieu où il est conservé
Son titre
Le genre pictural

11
Par les grandes notions plastiques :

Pour le cycle 1, nous pouvons résumer les objectifs à atteindre autour de ces quatre
grandes notions :

Couleurs : valeurs, nuances, contrastes (clair-obscur, complémentaires…), palette


large ou restreinte, lumière…

Forme : géométriques, aléatoires, …

Matière : rugueux/lisse, brillant/mat, illusion des matières réelles, terne/vif…

Espace : échelle, angle de vue, point de vue, cadrage, plans, perspective, vide /plein

Par les opérations plastiques :

Associer Reproduire Isoler Transformer


Rapprocher, Copier ; Priver du contexte: Modifier,
Juxtaposer, Doubler ; Supprimer, Dissocier,
Superposer, Calquer ; Cacher, Fragmenter,
Relier, Photographier; Cadrer, Effacer/Ajouter,
Opposer ; Refaire ; Extraire ; Supprimer ;
Multiplier Répéter ; Combiner,
Assembler, Photocopier Privilégier par rapport Inverser,
Rassembler, au contexte : Alterner ;
Imbriquer. Montrer, Déformer,
Différencier Allonger,
Raccourcir,
Changer d’échelle,
Exagérer ;
Changer la technique

12
Par la mise à disposition de matériel :

Support Médium Outils Geste


Papiers de qualités Peinture : Mains Asperger
/grammages/épaisseurs gouaches liquide Pinceaux, brosses Badigeonner
différents gouaches en Rouleaux montés Couvrir
poudre sur manches de Faire couler
Différentes textures : acrylique différentes tailles Effleurer
papiers de soie/papiers à l’huile Eponges Frotter
d’emballage/papiers Gouges, spatules, Graver
journaux papiers salis, Pigments raclettes, truelles Humidifier
enduits/ papiers Encres Outils de peintres en Imprimer
humides bâtiment, Lisser
Colle : Calames, plumes Malaxer
Cartons blanche Tampons Rayer
Tissus vinylique Pastels secs et gras Chiffonner
Toiles à papier peint Craies Emietter
Textiles à bois Crayons de couleurs Lacérer
Bois Fusains Réserver
Cageots Enduit Tamponner
Murs Plâtre Triturer
Argile Vaporiser
Cires

d) Gérer sa séance
Enfin afin de proposer l’ensemble de ces notions à ses élèves, l’enseignant doit
anticiper la préparation de sa séquence puis l’organisation interne de chaque séance.
Daniel Lagoutte6 propose une démarche qui est celle de la « conduite créatrice »
reposant sur la mise en lien de six phases : la sollicitation des élèves, la réalisation

6
Daniel, LAGOUTTE : Pratiquer les arts visuels à l’école. Hachette Education. 20 mai
2015

13
plastique en expérimentant des procédés, la prise de connaissance de ceux utilisés
par les artistes, la documentation sur le sujet, la découverte d’œuvres d’art par un
apport culturel organisé, le travail d’approfondissement et l’évaluation.

 La sollicitation
La mise au travail de l’élève dépend avant tout de ses motivations. Enseigner les arts
visuels, c’est donner envie, établir une énigme, susciter la curiosité, perturber,
provoquer, bousculer, faire rêver. Dans le premier degré, cette incitation doit s’attacher
à trois mots-clés: imaginaire, plaisir, jeu. La mobilisation du groupe sera déclenchée
par une invitation verbale, visuelle ou musicale, par un objet, une mise en scène, une
histoire, une comptine, un défi…

Bref, par tout élément attractif, ouvrant sur une potentielle nouvelle aventure, en lien
avec les préoccupations des enfants. L’incitation renseigne sur la direction vers
laquelle se diriger, tout en attisant la curiosité.

 Passation de la consigne

Cette énonciation, usant d’un vocabulaire simple, adapté à l’âge du public, doit
immédiatement permettre de saisir l’action attendue: photographier, dessiner, peindre,
mettre en scène, modeler, construire, découper, coller… Se présentant comme une
instruction précise qui indique la tâche à accomplir, elle détermine, de fait, la nature
des réalisations.

 Le temps de regard : un incontournable

Le regroupement des productions, données à voir au groupe classe, constitue, par la


confrontation qu’il provoque, un mode formateur d’évaluation. Mettre sa propre
production à distance permet à l’élève de « voir » son travail et de se rendre compte
de l’écart entre ses intentions et le résultat, de s’interroger sur ce résultat. Observer
l’ensemble des réalisations introduit d’autres interrogations et renouvelle la
compréhension de sa propre démarche. Tout cela constitue pour chacun une
évaluation active. La verbalisation, temps de travail oral des élèves sur leurs
productions, constitue pour eux un mode d’évaluation dite « formative ». Il s’agit d’un
temps d’étude dans la mesure où le but de cette phase, est qu’ils énoncent ce qui,
pour eux, a fait objet de questionnement, qu’ils réfléchissent à leurs actions et

14
perçoivent leurs démarches. La verbalisation renvoie à une évaluation formative parce
qu’elle amène chacun à prendre conscience de ce qui a été à l’œuvre pendant la
production; elle lui permet de comprendre les stratégies mises en place. En ce sens,
cette phase ne peut être confondue avec un simple jeu de questions/ réponses
préétabli – encore moins avec un moment d’écoute des commentaires de l’enseignant.

L’élève apprend en interagissant. Amené à confronter ou à concilier son point de vue


avec celui des autres, il valide et régule ses représentations mentales. La nécessité
de les communiquer l’oblige à les clarifier aussi pour lui-même, à les expliquer et à les
justifier.

e) Place de l’enseignant
L’enseignant doit également travailler et anticiper sa posture. Afin que l’enfant
s’autorise à adopter un positionnement différent qui favorise l’émergence de la
divergence et donc de la créativité, il est nécessaire de l’aider à faire l'expérience et à
prendre conscience de cette différence. Pour cela plusieurs actions sont à mettre en
place par l’enseignant :
 Valoriser les actions spontanées pendant la création
En valorisant les activités spontanées l’enseignant aide l’enfant à en percevoir
l’originalité et la richesse par la verbalisation des moyens mis en œuvre. Par
l’explication, l’enfant prend conscience de ses capacités à créer. Il découvre qu’il peut
imaginer, inventer différentes façons de faire. Il améliore et stabilise ses compétences
d’expression. Ce qui importe alors, ce sont les procédés mis en œuvre et non la
production finale.

 Donner la possibilité de choisir (des matériaux, des outils, des techniques...)


Si dans les autres disciplines ceux-ci sont imposés ou si un nombre restreint permet
de répondre au problème posé, en arts visuels l’accent est mis sur le libre choix à un
moment donné en fonction d’une même contrainte, d’un même obstacle à franchir,
d’un même problème.

 Pratiquer une évaluation formative


Lorsque l’évaluation est présente en arts visuels elle se situe dans une logique
formative. Elle a alors pour but de réguler les différentes créations grâce à leur

15
confrontation et à la mise en évidence de leur cohérence ou non avec la situation
problème posée.
En effet, le travail de production à partir d'une situation problème appelant des
réponses différentes ne suffit pas pour favoriser le développement de la créativité.
Les temps d'évaluation formative remplissent trois fonctions :

1. Ils permettent la mise en valeur, la présentation et la discussion à partir des


activités réalisées. Les élèves peuvent verbaliser les liens existant entre le projet visé
(défini en fonction de la situation problème posée) et les productions obtenues. Leur
validité dépend de leur adéquation aux contraintes précisées dans la situation
problème. Aussi l’analyse portera sur cette adéquation et non sur la qualité technique
ou le "réalisme" de l’œuvre. De l’observation de la diversité des réponses naîtra la
richesse des échanges et l’enrichissement de la créativité des enfants.

Quelques exemples de questions à privilégier


- Qu’as-tu voulu faire ?
- Ce que tu as fait correspond-il à ton projet ? Pourquoi ?
- En quoi ce que tu as fait correspond-il au problème posé ?
- Comment pourrait-on améliorer la production pour répondre de façon encore
plus pertinente au problème posé ?

Quelques questions à dépasser


Celles qui appellent une description :
- Qu’est-ce que tu as fait ?
- Qu’y a-t-il sur ce tableau ? Que voit-on ?

2. Ces temps de réflexion, d’analyse et de prise de conscience ont aussi pour


but de réguler les créations en mettant en évidence leur cohérence avec la
situation problème. Il s’agit alors, par la verbalisation ou par l’explicitation,
d’amener les élèves, à travers des productions, à mesurer, sans jugement, les
écarts entre celles-ci et les contraintes posées. Dans tous les cas, les
interactions maître / élèves ou élèves / élèves s’organisent autour d’un échange
à propos de la divergence sans recherche de convergence.

16
Exemple de modalités de questionnements
- Qu’est-ce qu’on aurait pu s’autoriser à faire et qu’on n’a pas fait ?
- Qu’est-ce qui répond au problème posé ?
- Qu’est-ce qui pourrait être amélioré ou changé ?
- Quelles aides pourrait-on se donner ?
- Quels artistes ont essayé de résoudre ce problème et comment ?

3. Le temps d’évaluation vise enfin à mettre en évidence les démarches et / ou


procédures propres à chacun.

Il existe alors de nombreux moyens et manières de proposer une séquence


d’apprentissage en arts visuels. L’enseignant doit suffisamment anticiper ce temps afin
de proposer des situations ouvertes laissant les élèves faire part de leur expressivité
mais également contraignantes pour qu’ils produisent en répondant à une
problématique dans le but d’acquérir de nouvelles compétences. La question qui suit,
interroge le développement de l’enfant de maternelle, est-il capable de faire preuve
d’intention artistique ?

3) Les théories et pédagogies construites autour du développement de l’enfant


a) Les capacités de l’enfant de maternelle au regard des théories du
développement de l’enfant
La pratique des arts visuels demande alors la maitrise de certaines
compétences, que ce soit au niveau moteur ou un niveau cognitif, un enfant de
maternelle est-il en mesure de se projeter dans une séance comme décrite plus
haut ? Comment l’enseignant peut-il mettre en pratique cette manière de fonctionner
avec des enfants de moins de 5 ans ?

Pour Piaget7, c’est en agissant sur son environnement que l'enfant construit ses
premiers raisonnements. Ces structures cognitives, au départ complètement
différentes de celles de l’adulte, s'intériorisent progressivement pour devenir de plus
en plus abstraites. La théorie piagétienne du développement distingue quatre stades

7
Jean PIAGET, La naissance de l’intelligence et La construction du réel chez l’enfant (1936- 1937). Delachaux et
Niestlé, 1990.

17
de développement, lesquels se subdivisent ensuite en périodes distinctes où émergent
des capacités cognitives particulières.

Le stade de la pensée symbolique se déroule de 2 à 4 ans environ. L’accès au


langage et à la pensée autorise l’apparition de la représentation. Celle-ci permet à
l’enfant de « voir mentalement » ce qu’il évoque. Cette période est dominée par
l’égocentrisme : le monde semble constitué par des éléments particuliers en rapport
avec son expérience personnelle. Ainsi, au niveau du langage, cela se traduit-il par le
fait que le mot n’a pas valeur de concept générique, mais évoque une réalité
particulière (par exemple: le mot chat évoque le sien et non la classe générale chat).
L’enfant n’arrive pas encore à imaginer le point de vue d’autrui: il considère le sien
comme absolu. De ce fait, dans ses échanges avec les autres, il affirme et ne démontre
jamais. De 4 à 6 ans environ, la pensée intuitive s’étend. À ce stade, l’importance de
l’égocentrisme intellectuel diminue. L’enfant envisage de plus en plus les choses
comme extérieures à lui-même, leur accorde une existence indépendante de sa propre
volonté. Ses perceptions visuelles l’aident alors à comprendre la réalité sur un mode
intuitif, ce qui l’amène parfois à des conclusions erronées.

À la différence de Piaget, l’approche de Wallon8 est plus dialectique et ne décrit


pas d’étapes strictes par paliers. Il démontre que les stades se chevauchent et
s’imbriquent de façon complexe, discontinue, ponctués par des crises (d’opposition,
d’adolescence, etc.), des conflits et des mutations. De 3 à 6 ans l’enfant se situe dans
le stade du personnalisme. Ce stade restaure la primauté de la fonction affective sur
l’intelligence. Il débute par la crise de personnalité (crise de 3 ans), au cours de laquelle
l’enfant s’oppose à tout, en une « sorte d’escrime » à l’égard de l’adulte: c’est « l’âge
du non, du moi, du mien ». À ce négativisme succède, à 4 ans environ, « l’âge de la
grâce »: l’enfant s’ingénie à séduire, dans une sorte de « narcissisme moteur ». Enfin,
à 5 ans environ, il s’attache à imiter l’adulte prestigieux dans ses rôles sociaux, en une
attitude ambivalente d’admiration et de rivalité.

8
WALLON Henry. L’évolution psychologique de l’enfant. 12ème Edition. Paris, 1941

18
Dans le tableau du développement de l’enfant d’après Anne Florin, 9 disponible sur le
site internet Eduscol, (ANNEXE 2), on retrouve une liste de caractères prédominants
selon l’âge de l’élève. Ce tableau met en évidence les capacités de l’élève en fonction
de son âge et permettra à l’enseignant d’anticiper les réactions de ses élèves.

Développement moteur :

 2-3 ans : Monte et descend les escaliers, saute à pieds joints. Tourne les pages d'un
livre, coupe avec des ciseaux.
 3-4 ans : Court avec aisance, tape du pied dans un ballon. Fait du tricycle.

Développement cognitif

 2 - 3 ans : Identifie les objets par l'usage, prend en compte le point de vue d'autrui
(oriente un objet pour qu'un adulte le voit).
 3 - 4 ans : Acquisition de concepts d'espace, de temps, de quantité. Utilise les principes
du comptage.
 4 - 5 ans : Est attentif à sa performance, capable de classification et de sériation.

Développement langagier

 1 an - 2 ans : Discours télégraphique. Comprend les mots familiers. Développement


du premier lexique, de 20 mots à 200 mots.
 2-3 ans : Modifie ses demandes selon l'interlocuteur. Produit 200 à 300 mots.
Comprend les demandes directes et les demandes indirectes.
 3-4 ans : Extension du vocabulaire et phrases courtes. Peut suivre une conversation,
comprend des promesses, s'amuse des jeux de langage.
 4-5 ans : Produit des demandes indirectes et des justifications. Comprend le
comparatif, l'identité et la différence.

C’est donc sur ces critères qu’il faudra se baser lors de la conception d’une séquence,
que ce soit en arts visuels ou dans une autre matière. Répondre aux besoins de
l’enfant en fonction de son développement est primordial pour un enseignement
adapté. A travers les différentes théories du développement de l’enfant nous avons
appris que l’élève de trois ans commençait à interagir avec ses camarades, qu’il

9
Florin, Anne. Introduction à la psychologie du développement. Enfance et adolescence. Paris : Dunod, Les
Topos. 2003

19
acceptait les avis divergents, et qu’il détenait les capacités motrices pour s’emparer
de quelques outils. Il est donc tout à fait en mesure de pratiquer les arts visuels, il sera
capable de comparer différentes productions, et de manier des outils, et d’échanger
quelques mots autour d’une production. Il faut donc connaitre ses élèves avant de
concevoir une séquence, cependant il faut également se questionner

b) L’élève au cœur de ses apprentissages


Jérôme Seymour Bruner, après des recherches initiales sur les stratégies
cognitives, s’est intéressé aux applications de la psychologie cognitive en situation de
classe, en se préoccupant des approches susceptibles d’éclairer la pédagogie.
S’opposant à des pratiques trop centrées sur la communication directe d’informations,
Bruner propose une approche alternative.

Elle se fonde sur la découverte active, par l’élève, des principes et des concepts à
acquérir. Selon lui, cela génère un double bienfait : d’une part, une meilleure maîtrise
des contenus qui font l’objet de l’apprentissage, d’autre part, le développement, chez
l’enfant, de certaines conduites mentales lui permettant, par la suite, d’être plus
autonome dans ses apprentissages. Toutefois, pour être efficace, ce processus doit
répondre à certaines conditions.

Tout d’abord, l’élève doit y être préparé pour développer des stratégies adaptées :
collecter et sélectionner des informations, se poser des questions, identifier les
variables pertinentes, faire des hypothèses, les expérimenter… Ensuite, il doit être
guidé, par l’enseignant ou par ses pairs, face aux difficultés à dépasser pour résoudre
le problème qui lui est posé. Bruner utilise le terme étayage pour désigner ce soutien
apporté à chacun. Ce dernier, considéré comme l’acteur principal de son propre
apprentissage, est conduit à saisir la structure des contenus à assimiler, il est amené
à mettre en évidence les idées et les concepts essentiels en établissant des liens entre
ceux-ci.

20
Pour Bruner10, ce qui importe dans l’enseignement, c’est de veiller à ce que les
contenus soient présentés en fonction du mode de représentation qui prédomine chez
le public auquel on s’adresse.

Avec le jeune enfant, on préférera des modalités intuitives basées sur des
représentations concrètes ; l’abstrait sera introduit lorsque l’élève sera plus avancé
en âge. De cela découle une approche pédagogique appelée le « curriculum en
spirale »11, basée sur le fait que les mêmes notions peuvent être présentées à l'élève
à différents moments de sa scolarité pour autant qu'on prenne soin d'utiliser des
modalités de représentation adaptées. L'enseignement est donc essentiellement un
problème de traduction c'est-à-dire d'adaptation des contenus aux modalités
cognitives disponibles chez l'individu. Ceci intéresse tout particulièrement les arts
visuels où les mêmes notions sont diversement abordées tout au long de la scolarité.

c) L’art moteur de la créativité


La pédagogie Steiner-Waldorf, elle, a pour objectif de favoriser le
développement de facultés individuelles et collectives par l’exercice équilibré et
cohérent de l’intellect, de la sensibilité et du corps. La pratique des arts joue ici un rôle
fondateur. Puissant stimulant de l’intérêt, de la curiosité et de la concentration des
élèves, l’art et ses pratiques sont générateurs de confiance en soi, d’esprit d’initiative,
de désir de créer et d’intérêt pour la culture de l’humanité en général et de la société
moderne en particulier. L’art est alors à considérer comme un outil éducatif majeur,
puisqu’il puise ses racines dans la création individuelle et dans la relation à l’autre et
à la culture. La pratique de l’art permet à chacun de s’exprimer librement et le conduit
à reconnaître avec lucidité la richesse et la diversité des modes de pensée,
d’expression et d’action dans l’environnement sociétal. On retrouve sur le site internet
12 des écoles Steiner, un article présentant les bienfaits de la pratique des arts visuels
à l’école, voici un extrait :

10
Jérome BRUNER Le développement de l'enfant : Savoir faire, savoir dire. Presses Universitaires de France.
1983
11
Pratique qui consiste à faire revenir sur les connaissances acquises précédemment en les enrichissant, en
ajoutant à chaque fois des informations plus détaillées. Dans ce processus, Bruner a mis l'accent sur le rôle de
l’intuition. Les idées doivent d'abord être vues intuitivement, sans véritable formalisation, avant d'être
progressivement formalisées
12
http://steiner-waldorf.org/

21
« Enseigner l’art, c’est développer une attitude artistique générale qui doit s’étendre
dans toutes les matières, c’est insuffler un « état d’esprit » où l’âme des enfants serait
stimulée, leur nature individuelle respectée, écoutée, encouragée et permettre une
ouverture qui devrait se situer au-delà du « moral », du « politique » ou du « culturel
». Ce serait former des professeurs, certes, mais pour qu’ils deviennent eux-mêmes «
artistes », créateurs de leur propre enseignement, passionnés au point que leur métier
devienne un don, un art… Le but n’étant pas, bien sûr, de former de futurs artistes
mais de leur permettre d’épanouir les potentialités créatives que tous possèdent dans
la petite enfance, dans une liberté qui ne subisse ni une doctrine « politico culturelle
étatique », ni un soi-disant pluralisme confus, sujet à toutes les décadences. » 13

Nous avons donc définit dans une première partie un cadre à la pratique des arts
visuels à l’école, en définissant les arts et les enjeux de son enseignement puis en se
référant aux programmes ainsi qu’aux théories du développement de l’enfant. Nous
avons également émis des pistes de réflexion afin de concevoir une séquence, mener
une séance, et adopter une posture correcte en classe. Nous allons maintenant
confronter cette partie théorique à une partie pratique en nous appuyant sur mon
expérience à l’école maternelle Parmentier.

II. Mon expérience


1) Observation de pratiques enseignantes en arts visuels
J’ai pu observer un décalage entre les théories de l’apprentissage, prônant une
démarche d’investigation et un élève acteur dans la séance, et le cadre pratique où
l’enseignant dicte les consignes à suivre sans laisser part à la créativité et au vécu de
l’élève. Aujourd’hui l’enseignement se tourne vers une démarche socioconstructiviste,
ou le professeur n’est plus celui qui transmet mais celui qui construit avec les élèves.
Cependant, j’ai pu voir lors du montage d’une séquence en arts visuels pour des
Grandes sections sur le thème des châteaux forts, que ce n’était pas toujours le cas.

13
Extrait de « Une enfance en Art », article de Françoise de Céligny, Univers des Arts,
déc. 2001

22
Cette séquence construite sur la base de 4 séances, avait pour objectif de
« représenter le château de Foix », les compétences étaient très guidées :

- assembler des formes géométriques,


- tracer des créneaux,
- utiliser des matériaux variés (ciseaux, colle, gouache, peinture aquarelle),
- alterner un rythme de couleur verticalement afin de produire un blason aux
couleurs de la ville

Le déroulement de la séquence était celui-ci :

Séance 1 : Création d’un arrière-plan pour le château

Consigne : « Avec une craie grasse bleue recouvrir le fond d’un papier blanc format
A3, pour faire la nuit. Puis, avec des crayons aquarellables reproduire des feux
d’artifices de toutes les couleurs en faisant une étoile à plusieurs branches »

L’enseignante montre comment utiliser un crayon aquarelle (on trempe le pinceau


dans l’eau, on passe le pinceau sur la mine du crayon), puis montre comment
représenter un feu d’artifice, (étoile à 5 branches).

Fin de la séance.

Séance 2 : Reconstitution du château

Au préalable, l’enseignante a isolé des formes


géométriques d’une représentation du château de
Foix (elle obtient des carrés, des triangles des
rectangles de différentes tailles ainsi qu’un dôme
pour représenter le caillou sur lequel le château
repose).

Phase 1 : Affichage d’un dessin du château de Foix


au tableau : description de celui-ci, émergence du
vocabulaire du château : tour, créneaux, dôme,
rond, carré

23
Phase 2 : mise en activité

Consigne : « Découper puis assembler les formes composant le château de Foix,


(préalablement dessinées par l’enseignante), en s’aidant du modèle, puis coller les
formes sur l’arrière-plan de la séance précédente »

« Une fois les formes assemblées, dessiner les créneaux des tours et des
murs, dessiner les pierres composant le château, peindre en gris le cailloux sur lequel
se repose le château puis le haut des tours »

Fin de la séance.

Séance 3 : Création d’un blason aux couleurs de la ville

Consigne : « Découper le blason (imprimé par l’enseignante), puis peindre des lignes
verticales, en alternant des lignes rouges et des lignes jaunes »

Fin de la séance.

Séance 4 : Création d’une lettrine pour le blason

Consigne : « Colorier la première lettre de son prénom, imprimée à la manière d’une


enluminure. Découper la lettre.Coller la lettre sur le blason. »

Fin de la séance.

Nous le voyons, la pratique artistique est considérée ici comme pure application
de consignes directives. Finalement, les productions des élèves se ressemblaient
toutes. Les élèves n’étaient pas capables de distinguer leur production. Philippe
Meirieu décrit ce type d’enseignement ainsi : « Tout adulte impliqué dans un travail
artistique avec des enfants (re)joue aussi sa propre relation à la création artistique, la
vigilance doit y être de mise. Le danger, en effet, existe toujours d’instrumentaliser les
participants et, en oubliant la spécificité de la relation éducative, d’en faire des outils
pour satisfaire son propre désir, voire un matériau qu’on utilise pour une création
personnelle susceptible de flatter ses penchants narcissiques ou de racheter son

24
absence de reconnaissance par ses pairs. L’œuvre collective devient alors « l’affaire
de l’animateur », quand ce n’est pas « son œuvre » : l’enfant est sollicité pour incarner
le désir de l’adulte ; on guide sa main pour lui faire faire le geste que l’on voudrait faire
soi-même, avec assez de précision pour pouvoir s’y reconnaître et assez
d’imperfections pour que le tâtonnement du débutant permette d’excuser les
approximations de l’ « animateur » qui se rêve « artiste ».». 14 Dans cette séquence,
les élèves s’expriment très peu, il n’y aucune part de création individuelle, ils n’ont pas
de décision à prendre et à expliquer. Le choix de partir d’un thème est envisageable
s’il est justifié par des objectifs d’arts visuels inscrits dans les programmes.

2) Expérience de montage de séquence en arts visuels (maternelle Parmentier)


Je me suis confronté à la difficulté de la conception d’une séquence en arts
visuels. Le sujet m’a été plus ou moins imposé : « la verticalité », dans une classe de
Toute Petite Section et Petite Section. Dans un premier temps j’ai eu du mal à
distinguer dans ces termes « lignes verticales », l’aspect graphique : maitrise du geste,
du côté créatif : réaliser quelque chose de concret à partir de ces lignes, (et pas
seulement savoir les reconnaitre et les dessiner). J’ai constitué cette séquence sous
le tutorat de mon maître de stage. Ainsi la professeure des écoles m’a donné beaucoup
de piste sur la manière de manipuler la ligne verticale, mais très peu sur la raison de
manipulation de la ligne. C’est pourquoi j’ai cherché dans les nouveaux programmes
de la maternelle l’objectif qui faisait défaut à cette séance, j’ai trouvé dans le
paragraphe « Agir, s’exprimer, comprendre à travers les activités artistiques », la
section « s’exercer au graphisme décoratif ». Je cite :

« Tout au long du cycle, les enfants rencontrent des graphismes décoratifs issus de
traditions culturelles et d’époques variées. Ils constituent des répertoires d’images, de
motifs divers où ils puisent pour apprendre à reproduire, assembler, organiser,
enchaîner à des fins créatives, mais aussi transformer et inventer dans des
compositions. L’activité graphique conduite par l’enseignant entraîne à l’exécution de
tracés volontaires, à une observation fine et à la discrimination des formes, développe

14
MEIRIEU, Philippe. Des « ateliers de création artistique » avec des enfants : pour quel projet ? A quelles
conditions ?

25
la coordination entre l’œil et la main ainsi qu’une habileté gestuelle diversifiée et
adaptée ? Ces acquisitions faciliteront la maîtrise des tracés de l’écriture »15.

Donc les questions que je me posais avaient un réel sens. Les programmes soulignent
la compétence « maitrise du geste » menant à l’écriture. Il m’a donc semblé nécessaire
de travailler ces deux volets pour aborder ce thème.

Lors de la conception de cette séquence, je n’avais aucune idée des capacités des
élèves en termes de création et d’autonomie dans la production (enfants âgé de 2 ans
et demi, 3 ans). Pourtant, en arts visuels, il est primordial de laisser les élèves
s’exprimer, c’est dans ce cas de figure que l’on peut parler de créativité et de
production. J’ai donc tenté de créer une séquence qui répondait aux attentes des
programmes en laissant les élèves s’exprimer au maximum. Je vais dans un premier
temps exposer le déroulement de ma séquence puis remédier aux situations que j’ai
proposées (qui après réflexion n’étaient pas satisfaisantes) en me référant à la
première partie de ce mémoire.

Déroulement de la séquence :

La séquence intitulée « Les lignes verticales » était composée de 4 séances, Les


objectifs étaient :

- Adapter son geste aux contraintes matérielles


- Réaliser différentes productions en diversifiant ses expérimentations
- Adopter une démarche d’investigation
- Utilisation de la ligne dans toutes ses dimensions
- Percevoir la verticalité dans le quotidien

Les compétences à atteindre en fin de séquence par l’élève étaient :


- Maîtriser le geste du tracé de la ligne verticale
- Se constituer un répertoire de traces
- Limiter et orienter ses gestes
- Tenir les outils de manière adaptée
- Laisser une trace en occupant l’espace
- Respecter une consigne

15
Programme de la maternelle de 2015

26
- Observer les lignes verticales dans des productions artistiques

Première séance

Concernant la première séance les objectifs étaient les suivants :

- Description et définition de la ligne verticale


- Repérage de la ligne verticale dans un objet du quotidien
- Occuper l’espace avec des lignes verticales
- Maitriser le tracé de la ligne avec un feutre

J’ai affiché dans un premier temps, une


photo d’un des radiateurs de la classe,
les élèves ont décrit cette image
jusqu’à arriver au sujet des lignes
verticales, des élèves venaient me
montrer les lignes du radiateur en
faisant glisser leur doigt sur celles-ci,
ainsi la définition de la ligne verticale
était donnée : « c’est une ligne droite
qui part d’en haut et qui va jusqu’en bas ». Les élèves passaient ensuite à l’activité :

27
« créer un champ de lignes », tous n’avaient pas le même matériel : des bandes de
papiers et de la colle ou des feutres, la consigne donnée était : « faire le plus de lignes
possibles ». Les élèves qui rencontraient des difficultés au tracé des lignes, avaient à
disposition la photo du radiateur étudiée précédemment, afin de comprendre le geste
demandé.

Suite à cette activité, j’ai relevé plusieurs productions, les élèves devaient me les
décrire et me précisant si les lignes présentes sur la production étaient verticales ou
non, en me justifiant pourquoi. La séance se clôturait par la lecture de l’album : « la
petite fille qui marchait sur les lignes ». (ANNEXE 3)

Deuxième séance

Dans la séance précédente, les élèves ont découvert ce qu’était une ligne verticale, ils
lui ont donné une définition. Cette séquence a pour objectif principal la maitriser d’un
geste, alors dans la deuxième séance, les élèves étaient amenés à tracer des lignes
avec différents outils et d’observer les résultats. Les objectifs de cette deuxième
séance étaient :

- Tracer des lignes dans différents supports avec différents outils


- Adapter son geste aux contraintes matérielles
- Analyser les effets produits
- Enrichir son vocabulaire
Dans un premier temps, j’ai relu l’album : « la petite fille qui marchait sur les lignes »,
afin de redonner le thème de la séquence et de réactualiser la séance précédente. J’ai
aussi montré une production d’élève, afin que les élèves me reformulent la consigne
demandée la veille. J’ai ensuite posé la question suivante : « A votre avis, est-ce qu’on
peut tracer des lignes avec autre chose ? », des suggestions ont étaient faites par les
élèves et l’activité a pu démarrer. Le temps de la production était organisé sous forme
d’ateliers tournants.
Sur chaque table était disposé du matériel différent :
- Lignes avec fourchette et argile (en autonomie)
- Ligne au rouleau et peinture sur plan incliné
- Lignes avec pâte à modeler + crayon (en autonomie)
- Lignes sur métal à repousser + piques en bois

28
- La consigne était : « Faire des lignes avec le matériel proposé ».

Les élèves n’ont pas tous essayé les mêmes matériaux, en fin de séance chacun a dû
expliquer aux autres avec quoi et comment il avait réalisé des lignes. C’est dans cette
phase que le vocabulaire à émerger : argile, peinture, rouleau, creuser, planter, ect.
Afin de faciliter la verbalisation j’avais auparavant préparé des images-étiquettes
(représentant les outils et les matériaux que les élèves avaient utilisés dans la séance),
les élèves pouvaient y avoir recours s’il leur manquait du vocabulaire.

Troisième séance :

A présent que les élèves savaient faire des lignes verticales, j’ai souhaité les faire
travailler en autonomie sur la production d’un champ de ligne. Les objectifs définis pour
cette séance étaient les suivants :

- Créer un champ de ligne


- Etre autonome dans le choix du matériel
- Commencer et finir une production

29
- Expliquer sa démarche

Afin d’ouvrir cette troisième séance, j’avais préparé une activité à réaliser ensemble
au tableau. J’avais imprimé des photos d’élèves en train de tracer des lignes dans
la séance précédente, ainsi que des images « outil », et des images « support ».
Les élèves devaient piocher une image outils ou support et venir l’aimanter sur la
bonne image. Ainsi, les élèves ont réactualisé le vocabulaire et j’ai pu me rendre
compte de l’acquisition ou non de celui-ci.

Une fois l’activité terminée, j’ai demandé aux élèves s’il était possible de faire des
lignes avec d’autres outils ? J’avais préparé des objets insolites tels que des petites
voitures, de la farine, du sable afin de susciter leur questionnement. Des hypothèses

ont été prises, puis je leur ai expliqué le déroulement de la séance.


La gestion de l’autonomie n’est pas encore acquise à cet âge-là, il était alors
nécessaire de définir un cadre avec les élèves. Le matériel était disposé dans toute la
classe, et les élèves avaient le choix de se rendre à l’atelier qu’ils désiraient. Il a alors
fallu insister sur le fait qu’on pouvait s’assoir où on voulait et pas forcément à sa place
habituelle. Aussi, afin de faire tourner les élèves sur les ateliers, ils devaient m’appeler
lorsqu’ils avaient terminés, ainsi je validais leur production en prenant une photo.

30
31
32
Une fois les règles comprises, les élèves se sont installés, un peu hésitants au début,
mais sont vite entrés dans l’activité ensuite. Dès que j’avais une production de chacun
en photo, nous nous sommes réinstallés au coin regroupement ou quelques-uns ont
raconté leur expérience. La séance s’est terminée par la lecture de l’album.

Quatrième séance :

Dans cette dernière séance, j’ai souhaité proposer un bilan aux élèves concernant tout
ce qu’ils avaient vus pendant cette séquence. Mes objectifs étaient :

- Comprendre une démarche


- S’interroger sur l’effet produit
- Verbaliser les actions
- Associer l’outil à la trace

Cette fois ci, j’ai renversé le problème en


montrant une production finie, et en leur
demandant de retrouver comment j’avais
atteint ce résultat. Le matériel donné était
du papier noir à gratter ainsi qu’une pique
en bois. Les élèves ont testé ce matériel
jusqu’à comprendre que la couleur
apparaissait en grattant le papier avec la
pique.

Une fois que tous les élèves avaient trouvé,


nous sommes retournés au coin
regroupement afin de clôturer cette
séquence. J’ai proposé aux élèves de
réaliser un répertoire de trace. Comme
dans la séance précédente, ils ont dû retrouver avec quels outils et quels supports ils
avaient réalisés les productions (en photos). A chaque passage, les élèves
réinvestissaient le vocabulaire adéquat et pouvaient demander à leurs camarades en
cas de doute.

33
Pour finir, j’ai eu l’occasion de proposer une ouverture sur l’histoire de l’art en leur
affichant une œuvre d’Alfred Manessier. Le but de cet affichage était de montrer aux
élèves que la ligne verticale était utilisée par des artistes. Ils ont su me montrer les
lignes et me les décrire (taille, nombre, couleur).

Alfred Manessier, Salve Regina, 1945, huile


sur toile, Nantes

34
Enfin, toutes les productions ont été affichées dans le couloir, afin de rendre le travail
visible et de garder une trace de celui-ci.

3) Analyse de la séquence proposée


Au regard de la définition des arts visuels donnée en première partie, il semble que la
séquence sur les lignes verticales ne corresponde pas aux attentes de cette matière.
Il serait alors intéressant d’analyser cette expérience afin de répondre à la question
suivante : « Les élèves étaient-ils maître de leurs intentions dans cette séquence ? »
Cette séquence présentait de nombreux objectifs qui après réflexion n’étaient pas
forcement rattachés au domaine des arts. Nous allons dans un premier temps
comparer les objectifs avancés et les compétences acquises par les élèves.

- Maîtrise du geste de la ligne verticale / Limiter et orienter le geste, tenir les


outils de manière adaptée : La maitrise d’un geste est une compétence plutôt
rattachée au domaine du graphisme qui conduira l’élève vers l’écriture. Cet objectif
aurait pu s’intégrer dans ma séquence mais en tant que sous-objectif, la maitrise du
geste aurait alors été un moyen pour s’exprimer, afin d’atteindre une compétence plus
spécifique. De même pour l’objectif limiter et orienter le geste. Cet item ne demande

35
aucune compétence reliée à l’imaginaire et à l’expression, c’est faire un geste pour
faire un geste, la séquence s’est construite autour de cet objectif trop réduit.

- Constituer un répertoire de traces : Les élèves ont constitué un répertoire de


traces qui sera à compléter tout au long de l’année. Cependant l’intérêt de ce répertoire
n’a pas été présenté à la classe. Je ne leur ai pas expliqué l’utilité de cet outil. Dans le
cas présent ce répertoire était simplement un affichage parmi les autres dans le
couloir. L’objectif « constituer un répertoire de traces » reste tout de même intéressant,
puisque qu’il amènera les élèves à comparer des formes et des techniques, comme le
demande les programmes de la maternelle de 2015. Si un outil est mis à disposition
des élèves, il faut que ces derniers en comprennent l’intérêt, ainsi ils seront autonomes
dans son utilisation. Afin d’être acteurs de leurs apprentissages les élèves doivent
toujours savoir dans quel intérêt ils agissent, de ce fait ils seront davantage impliqués
dans leur formation.

- Laisser une trace en occupant l’espace : Cet objectif a été laissé de côté
pendant la séquence, aucun vocabulaire relatif à l’organisation spatiale n’a émergé.
Pourtant, les arts visuels demandent l’emploi régulier d’un vocabulaire spécifique, ou
à l’inverse, il peut être un support idéal pour faire émerger ce vocabulaire. Ici, les
élèves ont appris comment tracer une ligne verticale « on prend son feutre, on part du
haut de la feuille et on trace un trait tout droit vers le bas ». Malheureusement je ne
pouvais pas prendre appui sur ces lignes pour les exploiter et faire émerger des
connaissances puisque mon objectif principal était « la maitrise d’un geste ». Les
situations proposées ne demandaient pas aux élèves de composer avec des lignes
mais de savoir tracer des lignes. Composer avec des lignes aurait permis aux élèves
de donner des interprétations différentes sujettes à une verbalisation riche. Dans ma
situation, les élèves se trouvaient alors dans deux cas de figures : je sais faire une
ligne/ je ne sais pas faire une ligne. L’interprétation ne pouvait pas aller au-delà.

- Observer les lignes verticales dans des productions artistiques : Les


élèves ont pu comparer leur production avec une œuvre de Manessier. Seulement, ils
n’ont pas compris cette ouverture, la séquence n’a pas abouti à une expérience en
arts visuels, ils n’avaient aucun élément pour comprendre et analyser l’œuvre, ils ont
relevé la présence de lignes, ont relevé les couleurs, mais n’avaient pas d’éléments
pour parler de la composition de l’œuvre. Ce fut une étape révélatrice dans le manque

36
de problématisation de ma séquence, suite aux quatre séances, les élèves savaient
reconnaitre une ligne, mais pour quelle utilité ?

La séquence présentée, ne proposait aucune situation problème, les élèves n’étaient


pas mis en situation de recherche, ils agissaient pour répondre à la consigne, sans
mettre de sens derrière le travail à accomplir. « On me demande de faire des lignes,
je fais des lignes ». Cette question aurait dû se poser pendant la conception de la
séquence, il arrivait, lorsque j’énonçais les consignes devant les élèves, que je me
demande pourquoi les élèves devaient réaliser ce travail. Je pense avoir réalisé une
séquence de graphisme dans le sens graphisme-écriture, et non dans sa définition
artistique. Cette séquence avait sa place en petite section, mais pas dans une
séquence d’arts visuels. Il faut tout de même reconnaitre une certaine ambigüité de la
part des programmes, qui associent directement le graphisme à l’écriture. « L’activité
graphique conduite par l’enseignant entraîne à l’exécution de tracés volontaires, à une
observation fine et à la discrimination des formes, développe la coordination entre l’œil
et la main ainsi qu’une habileté gestuelle diversifiée et adaptée. Ces acquisitions
faciliteront la maîtrise des tracés de l'écriture. »16

Nous rencontrons ici, toute la problématique de ce mémoire. Comment concevoir une


séquence d’arts visuels, pour une classe de petite section, laissant les élèves acteurs
de leurs apprentissages ? L’enseignant ne doit pas proposer des activités trop
réductrices sous le prétexte d’un public trop jeune car, nous l’avons étudié plus haut :
les arts visuels peuvent être accessibles à tout âge. Il s’agit alors, pour l’enseignant,
de fixer des objectifs précis et d’adapter sa transposition didactique, les élèves doivent
construire des apprentissages, en comprenant pourquoi et dans quel but ils agissent.
Nous allons maintenant proposer plusieurs remédiations à cette séquence, en
s’appuyant sur la didactique des arts visuels afin de répondre à la problématique de
ce mémoire à savoir : comment laisser un élève de maternelle, maître de ses intentions
en arts visuels ?

16
Programme de la maternelle 2015

37
III. Remédiations
1) Se documenter sur un sujet avant de concevoir une séquence
Dans la séquence précédente, il est clair que je ne maitrisais pas les notions
inhérentes au graphisme. Peut-être du fait de l’ambiguïté des programmes ou d’un
manque de méthodologie lors de la création de ma progression. Avant de proposer un
travail aux élèves, l’enseignant doit s’assurer de maîtriser le sujet qu’il propose, ainsi
il saura jusqu’où il veut conduire ses élèves, et sera en mesure de définir des étapes
pour atteindre cet objectif final. Cela lui permettra également d’orienter les réflexions
des élèves, de les regrouper autour d’une même problématique, et donc de permettre
aux élèves d’être acteurs de leurs apprentissages, maîtres de leurs intentions, tout en
connaissant et en respectant un cadre défini par l’enseignant. Afin de concevoir une
séquence sur le graphisme, il faut alors se demander quelles notions émanent de ce
domaine.

a) Enseigner le graphisme à travers les notions de rythme et d’organisation d’un


espace pictural : définition
La séquence précédente portait sur l’étude du graphisme, il faut alors dans un premier
temps étudier ce concept afin de comprendre l’enjeu de son enseignement. Le
graphisme est une discipline visuelle spécifique qui consiste à créer, choisir et utiliser
des éléments graphiques (dessins, caractères typographiques, photos, couleurs, etc.)
pour élaborer un objet de communication, de culture ou simplement exprimer ses idées
à travers des images, des signes ou des mots. Dans sa dimension artistique, il
interroge l’organisation de l’espace pictural d’une œuvre. Cet espace sera défini, selon
les formes retenues par l’artiste, leurs dispositions, leurs interactions et leurs couleurs.
Le graphisme (organisation spatiale de constituants plastiques) peut être mis en
relation avec la musique (organisation temporelle de son). Des liens peuvent s’opérer
entre les paramètres du son et des composantes plastiques. Le rythme en arts visuels,
c’est la pulsation des couleurs, des formes ou de la matière, qui font surface temporelle
dans l’espace du visible. Il peut être lent, vif, irrégulier, homogène ou hétérogène. Ces
caractéristiques conduisent à une réflexion sur l’organisation spatiale par l’artiste :
Quelle forme ? A quel endroit ? Quelle répartition ? Avec quel effet ? Les exemples
qui suivront, présenteront différentes démarches artistiques de traitement de la forme
graphique, en lien avec le temps, le rythme, voire la musique. Ces différentes
démarches conduiront à une exposition des nombreuses notions plastiques qui se

38
dégagent de ces œuvres, puis d’un choix de la part de l’enseignant parmi ces
propositions afin de concevoir sa séquence.

Les mains de la grotte de Gargas

La particularité de la
grotte de Gargas est la
présence de nombreuses
traces de mains
d’hommes préhistoriques
sur ses parois. C’est au
total plus de 200
peintures de mains
négatives (d’hommes, de
femmes et d’enfants) qui ont été recensées. Ces figures ont été réalisées en
tamponnant ou en projetant des pigments noirs, rouges, ocres ou blanc autour des
mains appliquées contre la paroi. Si on ignore aujourd’hui la raison de cette pratique,
plusieurs hypothèses ont cependant été émises durant tout le XXe siècle : langage,
signature ou pratiques symboliques liées à des rituels chamaniques. Le mystère
demeure entier…

L’originalité des mains de Gargas s’exprime aussi par le fait que la plupart de ces
mains sont incomplètes, c’est à dire qu’il manque une ou plusieurs phalanges à chaque
doigt. Cette étrangeté a suscité des débats et a donné lieu à diverses interprétations
de la part de la communauté scientifique : mutilations rituelles ? Pathologies, engelures
? Doigts repliés ? Nous retiendrons cet exemple pour l’organisation spatiale des mains
qui apparaissent comme un motif par leur répétition. Ce dernier se déploie sur la paroi
de manière apparemment non organisé, comme un all over pourrions-nous dire, dans
un rythme libre.

Klee : peinture et polyphonie

Les aspects relatifs à la composition, au rythme et à la mélodie, dans bon nombre de


dessins et de peintures de Klee sont d'inspiration musicale. Les fondements théoriques
de son œuvre reposent, en partie, sur des éléments propres à la musique et au son. Il

39
est même parfois possible d'interpréter librement certaines de ses œuvres comme des
«partitions».

Dans sa transposition picturale, la mélodie prend la forme de la ligne, qui déploie dans
les travaux graphiques de Klee sa propre «musicalité». Le rythme témoigne des
analogies structurelles entre la peinture et la musique au niveau du processus de
création, en particulier dans la représentation de séquences – ou de mesures – (à
deux temps, trois temps, six temps...) ou dans la superposition de certains motifs ou
de certains champs chromatiques. Cette exploration littérale du rapport entre peinture
et musique trouve son apogée dans la réalisation de procédés de composition à
«plusieurs voix, polyphoniques». Le son comme expression de la tonalité en musique
trouve son pendant en peinture dans l'expressivité et le potentiel émotionnel de la
couleur.

Dans l’œuvre « Fugue en


rouge », Paul Klee fait coïncider
les deux composantes de la
composition musicale et
picturale : le temps et l’espace. Il
s’inspire ici de la forme musicale
de la fugue, exploitée par de
nombreux compositeurs tels que
Mozart et Beethoven. Une fugue
est une composition musicale à
plusieurs voix, écrite en Fugue en rouge, Aquarelle et crayon sur
contrepoint (superposition organisée papier, 24,4 x 31,5 cm Paul Klee 1921 de
lignes mélodiques distinctes) et
fondée sur le principe de l'imitation. Le sujet ou thème semble "fuir" continuellement
d'où le nom de fugue.

Eggeling et Richter : symphonie diagonale

Hans Richter et Viking Eggeling explorent des compositions géométriques simples,


basées sur des contrastes positif-négatif. Eggeling a développé une théorie complète
de ses systèmes, il tente de retranscrire graphiquement la notion de contrepoint. Son

40
but est de découvrir les expressions que prend chaque forme sous l’influence de
formes contraires. Il dégage des analogies et des oppositions pour mettre en relation
ces formes. Richter précise : « Il essaya désormais de découvrir quelles expressions
une forme prenait ou pouvait prendre sous diverses influences d’opposés : petit contre
gros, lumineux contre obscur, un contre plusieurs, le haut contre le bas, et ainsi de
suite. »

Richter et Eggeling tirent de


nombreux dessins formant un
large vocabulaire de formes
établies selon des règles
polyphoniques : superposition,
opposition, transformation. Ils
les appellent leurs instruments,
en référence à la musique. Ils
travaillent sur de longs rouleaux
de papier en juxtaposant les
éléments et réalisent
Symphonie diagonale, Richter et Eggeling, 1924 ‧
rapidement que le mouvement Court métrage/Cinéma expérimental

de l’œil relie les formes. Il


devient alors nécessaire de libérer l’énergie de leurs compositions en donnant un réel
mouvement à leurs instruments : le passage sur pellicule apparait comme
aboutissement logique de leurs démarches.

Leurs films silencieux illustrent parfaitement le passage du graphisme à l’audio-visuel


animé dans les recherches analogies image/son. Richter et Eggeling, analysent les
paramètres de la composition musicale, tentent d’en déterminer les équivalences
graphiques, et aboutissent naturellement sur des images animées. A travers ces
systèmes de formes en mouvement (un langage qu’ils veulent universel), ils retirent à
leurs images l’immobilité de la peinture, et articulent visuellement des sensations
propres à l’évolution temporelle qui étaient jusqu’alors réservées au son.

41
Soulages : luminosité et rythme

Aussi étonnant que cela puisse


paraître, c’est la lumière qui est en
jeu dans les tableaux noirs de
Soulages. Pour le comprendre, il
faut s’intéresser à la surface des
toiles. Les brosses, les lames ou
les pinceaux qu’il confectionne lui-
même creusent, dans l’épaisse
couche de peinture, des sillons,
des stries, des reliefs ou bien
lissent des à-plats. La rugosité
des toiles fait alors naitre des
Peinture 324x362 cm, 1986 (Polyptyque I), donation Pierre et
reflets, ordonnés par l’artiste. Le
Colette Soulages, Musée Soulages, Rodez.
mélange optique entre la
luminosité des reflets et le noir fait apparaître une palette beaucoup plus large dont la
qualité est si particulière et qu’il nomme l’outrenoir. Dès lors, chaque tableau devient
vivant, il se fait avec la lumière, se transforme et se construit devant les yeux du
spectateur qui se déplace. A partir d’une couleur, naissent et vivent des couleurs,
ordonnées par le rythme des traces dans la peinture. Il en résulte qu’une œuvre de
Soulages se vit et ne peut s’apprécier en reproduction photographique. Elle constitue
une expérience.

« Là, c'est la lumière qui émane du noir lui-même, et qui vibre, se module sous les
yeux de celui qui regarde, qui voit naître et disparaître des formes. » (Pierre Soulage)

42
Knifer : s’égarer dans un espace pictural

La fresque abstraite de la
station Jean Jaurès du métro
de Toulouse (ligne B) a été
réalisée par Julije Knifer. Il s'agit
de rectangles formant des
vagues de couleurs noir et
blanc sur 30 mètres de long.

Le motif du méandre alimente


tout le travail de Julije Kniffer :
Sans-titre, Julije Knifer - Station Jean Jaurès du métro
le premier tableau utilisant ce motif Toulousains, 2007
date de 1960. Les règles
auxquelles il s’astreint dans la conception de ses œuvres sont très strictes. Elles
impriment un rythme précis du temps qui passe. La disposition des séquences
verticales traduit, elle aussi, l’expérience d’une temporalité.

Notre cerveau perçoit une forme simple et anodine, apparemment banale, saisissable
au premier coup d'œil, mais en observant cette œuvre de plus près, en étant un peu
plus attentif aux segments qui se développent, la notion de série vient alors se
conjuguer à celle du temps et plonge le spectateur dans l’univers de la dissemblance
et de l’infinie variété. Car, bien entendu, les méandres se suivent mais ne se répètent
jamais : il s’agit pour le regardeur de parcourir la surface blanche perturbée par les
injonctions de la surface noire et par la même occasion, d’entrer dans une lecture
entrechoquée, coupée et séquencée de l’espace plan de l’œuvre.

Examinées dans leur succession, ces différences infimes et nuancées sont ainsi
accentuées plus clairement et de façon plus concise. La grande valeur de l’art de Knifer
réside en effet précisément dans ces différences minimales, mais importantes
picturalement, provoquées par l’emploi d’une seule et même formule. Le voisinage
d’éléments presque égaux recrée alors un nouveau contexte.

43
La notion de rythme a donc traversé le temps sous différents aspects et avec de
multiples enjeux. Il apparait clairement que la peinture et la musique se retrouvent
autour de cette notion de rythme. Dans les œuvres de Klee et Richter, c’est la musique
qui invoque la peinture, les artistes tentent de retranscrire le son par l’image, en
utilisant des procédés tels que la superposition, l’opposition et la transformation, ainsi
qu’en s’appuyant sur du lexique musical (contrepoint, polyphonie, ligne mélodique).
Alors, le monde de la musique et celui des arts se rencontrent et forment des œuvres
nouvelles, riches de techniques et de sens. Soulages, fait naitre le rythme par des
traces régulières qu’il laisse dans la peinture noire, c’est alors la lumière et les ombres
qui font vivre cette œuvre. C’est donc par l’empreinte et la lumière que le rythme
s’établit. Kniffer imprime le rythme du temps qui passe au travers du motif des
méandres. A première vue, cette œuvre semble être composée d’une juxtaposition du
même motif, alors que chacun détient une particularité qui le rend différent. L’œil du
spectateur est alors égaré dans ce labyrinthe de motifs. Ici, le rythme parait évident
mais devient beaucoup plus complexe lorsqu’il est observé de plus près, l’artiste joue
alors avec les notions de réguliers/ irréguliers et symétrique/dissymétrique. A l’inverse,
les mains de la grotte de Gargas font part d’une organisation chaotique, les motifs
reproduits à des espaces irréguliers sont des signatures des hommes préhistoriques,
qui inspireront les arts décoratifs, dans la fonction d’ornementation de l’art.

b) Transposition didactique
L’enjeu de cette séquence de graphisme sera d’amener des élèves de petite
section à s’interroger sur l’organisation spatiale d’une de leur production en graphisme
à travers des apprentissages en art et en musique, grâce à la notion de rythme. Au fil
de la séquence envisagée, les élèves auront l’occasion de se questionner s et de
chercher à communiquer par le biais des arts visuels.

Les notions retenues pour la séquence seront : répétition, superposition et


juxtaposition. Ces termes se rattachent directement à l’organisation de l’espace.
Organiser l'espace consiste à faire le lien entre différents éléments de composition
(formes, points, lignes, couleurs, etc.) pour former une image.

44
Il y a plusieurs méthodes pour organiser l'espace:

 L'énumération: Les éléments et les formes sont distribués dans l'espace sans
qu'aucun élément ne touche l'autre.

 La juxtaposition: Les éléments et les formes se touchent sans se chevaucher


(superposer).

 La superposition ou chevauchement: Les éléments et les formes sont les uns


sur les autres et se superposent en partie.

 Les alternances: On parle d'alternance lorsque les différents éléments d'une


composition se répètent tour à tour (cycle) avec une régularité mathématique.

Pour une classe de petite section ces notions se traduiront par « au-dessus, au-
dessous, à côté, les mêmes, différents, les gros, les petits »

c) Mise en œuvre pédagogique


Cette séquence, afin de rendre l’élève le plus autonome et expressif possible, sera
transdisciplinaire. La transdisciplinarité c’est la mise en œuvre d'un travail commun
engendrant une complexité qui dépasse les cadres disciplinaires et implique le
renforcement et/ou l'acquisition de compétences communes (transversales) aux
disciplines associées. C'est donc là l'occasion d'utiliser la spécificité de chacune de
ces disciplines pour atteindre ces objectifs communs (compétences transversales).

En maternelle, avoir un projet qui relie plusieurs champs disciplinaires donne du sens
et de la cohérence aux activités de la classe. Avoir un projet crée une motivation donc
un but, ici le projet final sera de créer une frise à afficher dans la classe.

En petite section, la notion de rythme peut paraitre floue, c’est pourquoi l’entrée par la
musique et la motricité semblent être un moyen pour définir cette notion. La plus
grande difficulté de l’enseignement en maternelle est la barrière du langage, les élèves
ne sont pas en mesure de décrire ou d’exprimer totalement leurs sentiments. La
musique ne pose pas de problème d’interprétation, elle permet de donner du sens aux
mots, par le biais d’un instrument. Ainsi, les notions de rapide/lent/doux/fort, feront plus
facilement sens.

45
Afin d’atteindre l’objectif « s’exercer au graphisme décoratif » et « organiser un
espace » des compétences en motricité et en musique vont devoir alors être
développées. Les programmes de la maternelle de 2015 définissent les objectifs ci-
contre à atteindre dans ces deux domaines :

 Jouer avec sa voix pour explorer des variantes de timbre, d'intensité, de


hauteur, de nuance.
 Repérer et reproduire, corporellement ou avec des instruments, des formules
rythmiques simples.
 Proposer des solutions dans des situations de projet, de création, de résolution
de problèmes, avec son corps, sa voix ou des objets sonores.

La notion de rythme peut donc être appliquée aux domaines : arts visuels, musique,
et danse. La séquence développée, propose une entrée par la motricité, puis un
premier codage du rythme en arts visuels, puis l’ancrage de ce codage en musique et
enfin une production finale en arts visuels. Cette approche transdisciplinaire permet
de donner pleinement la définition de rythme et d’en comprendre son intérêt appliqué
au graphisme (dans l’organisation picturale).

L’enseignement en maternelle, et plus particulièrement en moyenne section, demande


de solliciter au maximum l’imaginaire des élèves. C’est pourquoi, ici, le rythme sera
enseigné à travers différents personnages, qui, avec l’appui d’une comptine,
adopteront plusieurs attitudes. Les élèves, seront dans la recherche corporelle afin
d’imiter ce personnage en motricité, en art, et en musique.

2) Présentation de la séquence
La séquence intitulée : Espace et rythme, est conçue pour une classe de cycle
1 (petite section), elle s’inscrit dans les domaines : Agir s’exprimer et comprendre à
travers des activités artistiques et se compose de 4 séances.

a) Séance 1 : Jeu de mime en motricité


L’objectif de cette séance sera de s’approprier une comptine en l’interprétant
avec le corps afin de vivre pleinement l’histoire qui va porter cette séquence. Par le
mime, les élèves commencent à intégrer inconsciemment la notion de rythme. Les
compétences visées peuvent s’énoncer ainsi : repérer et reproduire, corporellement

46
ou avec des instruments, des formules rythmiques simples, réagir aux différents sons
du tambourin, interpréter une comptine.

Déroulement de la séance :

- Ouverture de la séance en mimant des comptines : « à les Crococo », « un


éléphant qui se promenait », « la famille tortue »
- Description d’une photo d’éléphant, d’une souris, puis d’un chat, donner les
traits caractéristiques de chaque animal, et arriver à la conclusion : l’éléphant a
peur la souris, la souris a peur du chat, le chat a peur de l’éléphant
- Mime : «Vous allez me montrer comment ces animaux se déplacent ? »

On mime la marche de l’éléphant, de la souris et du chat, en écoutant le son du


tambourin qui varie selon cette comptine :

«Monsieur l’éléphant se promène tranquillement (son fort et lent), quand tout à coup il
aperçoit Dame souris, hiiiii, il s’enfuit à toute vitesse (son fort et rapide), Dame souris se
promène tranquillement (son faible et lent) quand tout à coup, elle aperçoit Monsieur chat,
hiiiiiii, elle s’enfuit à toute vitesse (son faible et rapide), Monsieur chat se promène
tranquillement (son moyen, tempo moyen) quand soudain, il aperçoit Monsieur Eléphant,
hiiiiiiiii il part à tout va (son moyen, rapide) »

Au fil de la séance l’enseignant donnera de moins en moins de consignes orales, les


élèves seront guidés uniquement par le son du tambourin.

Cette séance sera clôturée par le réinvestissement de la comptine par la description


des gestes et du son du tambourin

Vocabulaire investi : Fort/doux Rapide/lent

Matériel requis : Poste Cd, comptines, tambourin, image d’animaux*

b) Séance 2 : Quelle empreinte, quel outil, pour quel animal ?


L’objectif ici sera de trouver des analogies entre une empreinte et un animal de
la comptine en arts visuels. En codant les traces, l’organisation de l’espace sera plus
simple à s’approprier. C’est l’imaginaire qui parlera dans cette séance. Les
compétences mises en jeu seront : savoir associer des outils à un geste, organiser un

47
espace pictural, réaliser une composition en petit groupe, en choisissant et combinant
des matériaux en réinvestissant des techniques et des procédés.

Déroulement de la séance

1) Proposer plusieurs matériaux : bouchon (plastique et liège), éponge, coton tige,


tampon, couvercles de différente taille, de la peinture et du papier. Les élèves
testent les matériaux en les trempant dans la peinture puis en les déposant sur
leur feuille et observent/décrivent les traces effectuées
2) Classement des outils selon leur trace (petits/gros), rappel des animaux
présents dans la comptine, les élèves déterminent « quel outil représente quel
animal ? ». Ils attribuent à un animal un outil/une trace, en le justifiant (par
exemple l’éponge pour éléphant, et le coton tige pour la souris).
3) Ouverture sur les arts visuels : analyser la fresque de Gargas (quelle
technique ? pourquoi faire ? laisser parler l’imaginaire et réinvestir le
vocabulaire)

c) Séance 3 : Quel son pour quelle trace ?


Cette séance permettra aux élèves de passer de l’empreinte statique, à l’empreinte en
mouvement. Ici, les élèves vont interpréter leur production d’arts visuels (de la séance
précédente) en musique. L’enjeu sera de comprendre que « quand les traces sont
rapprochées, l’animal de la comptine court, et quand elles sont plus espacées l’animal
marche lentement ». Les compétences mises en œuvre dans cette dernière séance
seront : jouer avec sa voix pour explorer des variantes de timbre, d'intensité, de
hauteur, de nuance ainsi que repérer et reproduire, corporellement ou avec des
instruments, des formules rythmiques simples.
Déroulement de la séance :

1) Réactivation de la séance précédente : on raconte l’histoire des animaux en les


productions créées en arts visuels
2) Jeu de rythme : en cercle, assis, on chante une comptine que les enfants
connaissent déjà : on la chante doucement, fort, lentement et enfin vite

48
3) Puis on frappe dans les mains, vite, lentement, fort, doucement en racontant
« l’histoire des animaux » (plus d’instruments, le son est produit par les mains)
puis en s’appuyant sur une production d’élèves en arts
4) Montrer plusieurs productions et les interpréter en tapant dans les mains
5) Fin de séance : bilan de la séance, rappel sur la signification et la composition
de chaque production.
Vocabulaire investi : Rapide/lent, Rapproché/espacé, empreintes/ à coté/ au-dessus/
en dessous/ par-dessus
Matériel requis : productions élèves créées en arts visuels

d) Séance 4 : La promenade des animaux


Cette dernière séance va demander à l’élève de réinvestir toutes les notions
qu’il a pu rencontrer précédemment, c’est aussi le moment ou les élèves vont
produire la frise à afficher dans la classe. Les compétences à mettre en œuvre
seront : réaliser une composition personnelle en reproduisant des graphismes, créer
des graphismes nouveaux et savoir décrire une image.

Déroulement de la séance

1) Réactivation de la séance précédente : « Est-ce que vous vous souvenez de


l’histoire des animaux ? » décrire les gestes,
2) Contage de la comptine en frappant dans les mains (comme dans la séance
précédente)
3) Incitation/consigne : « Maintenant vous allez créer votre propre histoire, par
groupe de 3, vous allez réaliser un morceau de frise, chacun choisira un outil
dans un des bacs, et fera se promener son animal comme il l’entend sur le
chemin, les animaux peuvent marcher à coté, être amis, se poursuivre, c’est à
vous de créer votre histoire. » Chaque élève choisit le matériel qu’il désire, crée
son chemin et son histoire.
4) Analyse des productions en essayant de trouver l’histoire de quelques frises,
réinvestissement du vocabulaire Fort/doux, Rapide/lent, Rapproché/espacé,
empreintes/ à coté/ au-dessus/ en dessous/ par-dessus/
Matériel nécessaire : Peinture, bouchon (plastique et liège), éponge, coton tige,
tampon/ de la peinture et du papier (frise)

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Vocabulaire investi : Rapide/lent, Rapproché/espacé, empreintes/ à coté/ au-dessus/
en dessous/ par-dessus/

Cette dernière séance permettra d’évaluer les acquisitions des élèves, chaque
production témoignera des compétences mises à contribution par l’élève pour
« raconter son histoire », les critères de réussite seront : l’élève associe une empreinte
à un outil, a organisé sa composition, et a su utiliser le bon vocabulaire pour décrire
sa production.

Nous le voyons alors, il est possible de faire apprendre des notions plastiques à des
élèves de maternelle. Pour cela l’enseignant doit se poser les bonnes questions à la
conception de sa séquence afin de déterminer l’objectif qu’il veut faire atteindre à ses
élèves. Ainsi l’élève agit et s’exprime librement mais dans un cadre délimité par
l’enseignant.

50
Conclusion
Les arts visuels à la maternelle sont souvent confondus avec une matière à dominante
récréative pourtant il existe une didactique des arts visuels. La conception d’une
séquence dans ce domaine peut paraitre difficile à aborder pour de jeunes enfants.
Nous avons vu à travers ce mémoire de recherche, les difficultés rencontrées dans cet
enseignement et comment faire face aux problématiques éventuelles. L’exemple de la
séquence donné en partie 3, en proposant des liens interdisciplinaire entre les arts
visuels, la motricité et la musique, permet aux élèves d’approcher la notion de rythme.
A la fin de cette séquence, les élèves de petite section, sont capables d’organiser un
espace pictural en se questionnant sur les différentes traces qu’ils laissent avec une
intention de les faire se rencontrer. Ils savent également décrire et justifier leurs choix
en utilisant un vocabulaire adapté qu’ils auront intériorisés au fil des séances. Cette
séquence, permet à l’enfant de laisser libre court à sa créativité par le biais de la
peinture ainsi que du langage. Il est donc possible d’enseigner les arts à la maternelle,
comme pour toutes les autres matières, une réflexion de la part de l’enseignant est
nécessaire pendant la conception de sa séquence afin de laisser les élèves maîtres
de leurs intentions dans un cadre délimité. De nombreux outils pédagogiques sont à
disposition des enseignants afin de les guider et de les encourager à mettre en place
des situations propices aux apprentissages en arts visuels. Comme le disait si
justement Albert Einstein « La créativité est contagieuse, faites la tourner ».

51
BIBLIOGRAPHIE :

BRUNER J. Le développement de l'enfant : Savoir faire, savoir dire. Presses


Universitaires de France. 1983

DE MEREDIEU, F. Histoire matérielle et immatérielle de l'art moderne et


contemporain. Larousse. Octobre 2008

FLORIN, A. Introduction à la psychologie du développement. Enfance et adolescence.


Paris : Dunod, Les Topos. 2003

GAILLOT, B. ARTS PLASTIQUES Eléments d’une didactique critique. Educateur (l').


6 juin 2012.

GLOTON-CLAUDE, R. Activité créatrice chez l’enfant. Casterman. 1971

KERLAN, A. De la maternelle au lycée et à l’université, l’engagement éducatif de l’art.


Avignon, 20 juillet 2012.

LAGOUTTE, D. Pratiquer les arts visuels à l’école. Hachette Education. 20 mai 2015

LAMIZET, B. La médiation culturelle. L'Harmattan. 2000

MELRIEU, P. Des « ateliers de création artistique » avec des enfants : pour quel projet
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MELRIEU, P. Arts et artistes à l’école. Théâtre du Rond-Point. Mercredi 15 décembre


2004

MEIRIEU, P. L’école mode d’emploi, Paris, ESF, 1985

PIAGET, J. La naissance de l’intelligence et La construction du réel chez l’enfant


(1936- 1937). Delachaux et Niestlé, 6e éd. 21 août 1990.

SCHAEFFER, J. L’Expérience esthétique. Gallimard. 24-02-2015

WALLON, H. L’évolution psychologique de l’enfant. 12ème Edition. Paris, 1941

52
http://www.histoiredelart.net/

/www.lesechos.fr/12/09/1996/LesEchos/17230-103-ECH_le-chene-
verre.htm#F6piUSxGlEbt3UtX.99

http://steiner-waldorf.org/

53
ANNEXE 1 : Explication accompagnant l'œuvre « an Oak Trea » de Michael Craig-
Martin

L'exposition « Un siècle de sculpture anglaise » de Paris, présente des œuvres


souvent insolites dont l'une, de Michael Craig-Martin, faite d'un verre aux trois quarts
rempli d'eau et intitulée « An Oak Tree » (un chêne). Une explication accompagne
l’œuvre sous forme d'un dialogue :

Question. _ Pour commencer, pourriez-vous décrire cette œuvre ?

Réponse. _ Oui, bien sûr. J'ai transformé un verre d'eau en grand chêne sans
modifier les caractéristiques du verre d'eau.

Q. _ Les caractéristiques ?

R. _ Oui. La couleur, le toucher, le poids, la taille.

Q. _ Vous pensez que le verre d'eau est le symbole d'un chêne ?

R. _ Non. Ce n'est pas un symbole. J'ai transformé la substance physique du verre


d'eau en celle du chêne.

Q. _ Cela ressemble à un verre d'eau.

R. _ Bien sûr. Je n'ai pas changé son apparence. Mais ce n'est pas un verre d'eau.
C'est un chêne.

Q. _ Pouvez-vous prouver ce que vous déclarez avoir fait ?

R. _ Eh bien, oui et non. Je déclare avoir conservé la forme physique du verre d'eau,
comme vous pouvez en effet le voir. Toutefois, comme on cherche normalement la
preuve d'un changement physique dans l'altération de la forme, cette preuve n'existe
pas.

Q. _ N'avez-vous pas simplement appelé ce verre d'eau un chêne ?

54
R. _ Pas du tout. Ce n'est plus un verre d'eau. J'ai modifié sa véritable substance. Il
n'est plus exact de l'appeler un verre d'eau. On pourrait l'appeler comme on veut,
mais cela ne changerait rien au fait que c'est un chêne.

Q. _ Cela a-t ’il été difficile d'effectuer ce changement ?

R. _ Non. Pas du tout. Mais j'ai travaillé pendant des années avant de comprendre
que je pouvais le faire.

Q. _ Quand, précisément, le verre d'eau est-il devenu un chêne ?

R. _ Quand j'ai mis l'eau dans le verre.

Q. _ Cela se produit chaque fois que vous remplissez un verre d'eau ?

R. _ Non, bien sûr. Seulement quand j'ai l'intention de le transformer en chêne.

Q. _ L'intention provoque le changement ?

R. _ Je dirai qu'elle précipite le changement.

Q. _ Vous ne savez pas comment vous le faites ?

R. _ Cela contredit ce que je pense savoir sur les liens de cause à effet.

Q. _ Pensez-vous que cette transformation d'un verre d'eau en chêne constitue une
œuvre d'art ?

R. _ Oui.

Q. _ Qu'est-ce qui, précisément, est une œuvre d'art ? Le verre d'eau ?

R. _ Il n'y a plus de verre d'eau.

Q. _ Le processus de transformation ?

R. _ Il n'y a pas de processus dans cette transformation.

Q. _ Alors le chêne ?

R. _ Oui, le chêne.

Q. _ Mais le chêne n'existe que dans l'esprit.

55
R. _ Non. Le vrai chêne est physiquement présent, mais sous la forme d'un verre
d'eau.

Q. _ Combien de temps continuera t’il d'être un chêne ?

R. _ Jusqu'à ce que je le transforme.

56
ANNEXE 2 : Tableaux du développement de l’enfant d’après Anne Florin

57
ANNEXE 3 : La petite fille qui marchait sur les lignes de Christine Beigel et Alain
Korkos

Résumé : « Il ne faut pas marcher entre les lignes. On risquerait sinon de tomber. Tout
commence ici par un jeu bien connu du monde de l’enfance : sauter sur la bordure du
trottoir, suivre une ligne sans jamais la quitter, pour ne pas atterrir dans ce trou noir,
où l’on pourrait bien croiser un monstre. Commence alors pour cette petite fille, à la
silhouette teintée d’ombre, un parcours lumineux et poétique. On la suivra dans ses
jeux, dans ses peurs. On croisera des angles raides comme des montagnes, des
boucles et des ronds, des reflets au-dessus de l’eau. On suivra les lignes des cahiers,
celles de la main ou les sillons de l’arbre… pour, au final, s’apercevoir qu’il n’y a rien
dans les vides et qu’il est beaucoup plus important de revenir au jeu. »

58
Table des matières
I. Les théories d’apprentissages des arts visuels et théories de développement de
l’enfant.................................................................................................................................................. 4
1) Définition des arts visuels ............................................................................................. 4
a) Les formes d’art et leurs fonctions.......................................................................................... 4
b) Les différentes intentions des artistes .................................................................................... 4
c) Les enjeux de l’enseignement des arts visuels ........................................................................ 7

2) Comment enseigner les arts visuels ? ................................................................ 7


a) Les directives des programmes ............................................................................................... 7
b) Concevoir une séquence autour d’une situation problème ................................................... 9
c) Amener un sujet en classe..................................................................................................... 11
d) Gérer sa séance ..................................................................................................................... 13
e) Place de l’enseignant ............................................................................................................. 15
3) Les théories et pédagogies construites autour du développement de l’enfant ......... 17
a) Les capacités de l’enfant de maternelle au regard des théories du développement de
l’enfant .......................................................................................................................................... 17
b) L’élève au cœur de ses apprentissages ................................................................................. 20
c) L’art moteur de la créativité .................................................................................................. 21

II. Mon expérience .................................................................................................................... 22


1) Observation de pratiques enseignantes en arts visuels..................................... 22
2) Expérience de montage de séquence en arts visuels (maternelle
Parmentier) .................................................................................................................................... 25
3) Analyse de la séquence proposée .................................................................................. 35
III. Remédiations ....................................................................................................................... 38
1) Se documenter sur un sujet avant de concevoir une séquence ..................... 38
a) Enseigner le graphisme à travers les notions de rythme et d’organisation d’un espace
pictural : définition ........................................................................................................................ 38
b) Transposition didactique ....................................................................................................... 44
c) Mise en œuvre pédagogique................................................................................................. 45

2) Présentation de la séquence ...................................................................................... 46


a) Séance 1 : Jeu de mime en motricité ..................................................................................... 46
b) Séance 2 : Quelle empreinte, quel outil, pour quel animal ? ................................................. 47
c) Séance 3 : Quel son pour quelle trace ? ................................................................................ 48
d) Séance 4 : La promenade des animaux ................................................................................. 49

59
ANNEXE 1 : Explication accompagnant l'œuvre « an Oak Trea » de Michael Craig-Martin 54
ANNEXE 2 : Tableaux du développement de l’enfant d’après Anne Florin ......................... 57
ANNEXE 3 : La petite fille qui marchait sur les lignes de Christine Beigel et Alain Korkos .. 58

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