Boniface Cecile M22016
Boniface Cecile M22016
Boniface Cecile M22016
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Pendant ma première année de Master MEEF, j’ai été nommée Employée
d’Avenir Professeur dans l’école Maternelle Parmentier à Foix, 12 heures par semaine.
Au cours de cette année, j’ai pu observer et pratiquer dans une classe de toute petite
et petite section. A cette occasion j’ai pu créer et mettre en œuvre une séquence d’arts
visuels. L’art visuel est une discipline inscrite dans les programmes de l’école primaire.
De la petite section au cours moyen, les élèves doivent intégrer progressivement des
connaissances dans ce domaine. L’éducation nationale inscrit ce domaine dans
« l’agir et s’exprimer à travers des activités artistiques » pour la maternelle, elle prône
une ouverture sur les arts dès le plus jeune âge grâce à une pratique régulière, à
l’éducation du regard et à l’introduction d’une culture de la sensibilité par la rencontre
d’œuvres de référence. Les enjeux de cette matière qui sont donc nombreux me sont
apparus trop souvent négligés en classe car jugés peu accessibles. Afin de me faire
ma propre idée de cet enseignement, j’ai alors tenté de mettre en place une séquence
d’arts visuels dans la classe de petite section de l’école maternelle Parmentier.
2
de mes consignes ? De mon thème ? De la progression de ma séquence ? Ce n’est
qu’à ce moment que j’ai pris conscience des enjeux de la didactique des arts visuels :
tout comme les mathématiques ou le français, il existe des façons pour enseigner les
arts. Cette prise de conscience m’a permis d’observer avec un regard différent des
pratiques enseignantes, et de remarquer un enseignement assez dirigé des arts
visuels, souvent rattachés aux loisirs créatifs, dénué de compétences artistiques à
atteindre. Les élèves se trouvaient rarement acteur dans la séance, et avaient peu
d’occasion d’exprimer leur créativité compte tenu de situations trop dirigées par
l’enseignant. Ils répondaient à la consigne donnée mais n’exprimaient rien de
personnel, pourtant à trois ans, l’imagination ne manque pas. Le problème vient donc
des situations proposées qui ne rendent pas les élèves autonomes lors de la création.
3
I. Les théories d’apprentissages des arts visuels et théories de
développement de l’enfant
Les arts visuels sont des modes de communication auxquels l’homme a toujours eu
recours, de la préhistoire à aujourd’hui, il semble alors nécessaire d’en montrer
l’importance aux futures générations. Le statut de l’art doit donc être évoqué à l’école
afin que les élèves comprennent les enjeux de cette matière, mais au préalable, il faut
se poser la question suivante, afin de comprendre les différentes intentions des
artistes : pourquoi faire de l’art ?
4
(artistique, littéraire, poétique, etc.), à ce qui pourrait se définir comme beau par
opposition à l'utile et au fonctionnel. L’expérience esthétique vécue par le spectateur
est définie par Jean-Marie Schaeffer1 comme « une expérience attentionnelle
exploitant nos ressources cognitives et émotives communes », elle est alors
subjective.
Une œuvre d'art singulière est souvent considérée dans le contexte plus large d'un
mouvement d'art ou d'une époque artistique. Elle peut également être considérée
comme un élément au sein de l’œuvre globale de l’artiste. Des objets physiques qui
documentent des œuvres d’art sans importance ou conceptuelles, mais qui ne sont
pas conformes aux conventions artistiques, peuvent être redéfinis et considérés
comme des objets d’art après leur apparition originale. Certaines œuvres Dada et néo-
Dada conceptuelles ont obtenu le statut d'œuvre d'art plus tard. Les produits du design
d'environnement, dépendamment de l'intention et de l'exécution, peuvent être des «
œuvres d'art ». Ceci comprend : le land art, l’art in situ, l'architecture, les jardins,
l'architecture de paysages, l'art d'installation, l'art rupestre.
Marcel Duchamp, lui aussi définit les arts en mettant en avant la réflexion et l’intention
de création, il a critiqué l'idée que l'œuvre d'art doive être un produit unique du travail
d'un artiste représentatif de sa compétence technique. Les théoriciens ont soutenu
que les objets n'ont pas un sens constant, mais que leurs significations sont façonnées
par l'homme dans le contexte de leur culture, car l'homme a la capacité de donner une
signification aux choses. Ainsi dans une interview2 par Philippe Colin, Marcel Duchamp
définit le Ready-Made de la sorte :
1
SCHAEFFER Jean-Marie. L’Expérience esthétique. Gallimard. 24-02-2015
2
Juin 1967, interview de Marcel Duchamp par Philippe Collin sur la définition de Ready-Made
5
« Ca veut dire "tout fait". Comme les vêtements de confection. Je suis arrivé à une conclusion, il y a
assez longtemps. Il y a toujours quelque chose de "tout fait" dans un tableau : vous ne faites pas les
brosses, vous ne faites pas les couleurs, vous ne faites pas la toile. Alors, en allant plus loin, en enlevant
tout, même la main, n'est-ce pas, on arrive au ready-made. Il n'y a plus rien qui soit fait : tout est "tout
fait". Ce que je fais, c'est que je signe, simplement, pour que ce soit moi qui les aie faits. Simplement,
j'arrête là, c'est tout. C’est fini. Ça semble un peu drôle, mais c'est une conséquence naturelle, en allant
au bout du raisonnement. »
L’œuvre se définit alors par la réflexion que mène l’artiste à la conception de celle-ci,
elle peut s’inscrire dans différents mouvements, et peut témoigner de nombreuses
intentions. L’artiste nous fait part de sa pensée, par des techniques variées avec le
désir de communiquer, de donner des signes et de raconter un fait. Il est acteur de
sa création, il est celui qui ordonne et transmets ses idées par des moyens
plastiques. Nous allons maintenant tenter d’étendre la définition des arts visuels au
3
L'exposition « Un siècle de sculpture anglaise », présente à Paris des œuvres souvent insolites dont l'une, de
Michael Craig-Martin, faite d'un verre aux trois quarts rempli d'eau est intitulée « An Oak Tree » (un chêne).
Une explication accompagne l'« œuvre » sous forme d'un dialogue
6
système éducatif et nous intéresser aux enjeux de l’enseignement des arts visuels
à l’école primaire.
Car en définitive, les arts visuels sont un accès à notre mémoire et notre histoire, ils
aiguisent notre sens critique et nos facultés d’analyse, ils permettent de développer
notre sensibilité, ils développent notre perception des codes de représentation pour
nous rendre acteurs face aux images plutôt que de les subir (Cf. la publicité, la TV). Ils
augmentent notre curiosité et enfin ils participent du développement de l’imagination.
7
d’images, la constitution de mémoires et de collections, individuelles et collectives,
d’objets et d’images.
Ces dernières s’appuient sur le langage dans toutes ses dimensions, sur le jeu,
proposent des activités structurées et sollicitent la participation à des projets. De cette
manière, la scolarisation soutient et favorise un développement global des enfants (à
la fois affectif, social, sensoriel, moteur et cognitif) et elle les initie aux différents
moyens d’expression et à des formes culturelles variées, tout en contribuant à la
construction de valeurs partagées.
4
Publication en 2013
8
« Faire à la manière de … » : Il s’agit de repérer les étapes et les procédés
permettant de retrouver l’apparence extérieure du tableau ou de l’œuvre. Les
propositions des enfants ne sont pas des copies (il y a toujours un écart entre
les productions elles-mêmes et le modèle). Le résultat est assez séduisant pour
que les enfants, les parents et le maître soient satisfaits. Mais il n’y a pas, ou
très peu, de rencontre avec la démarche de l’artiste et pas de relation avec le
sens de l’œuvre.
Ces exemples témoignent des difficultés que rencontrent l’enseignant pour concevoir
une séquence d’arts visuels, on s’aperçoit que dans ces situations un cadre précis
n’est pas défini. Les objectifs ne sont pas déterminés, l’élève ne sait pourquoi il crée
et il n’est pas acteur dans sa production. Comment éviter alors ce genre de séances,
et comment concevoir une séquence d’apprentissage en arts visuels ?
La tâche proposée est réellement pour l’élève un problème à résoudre. Elle lui
demande de se questionner, d’élaborer des solutions plurielles, d’essayer…
5
Ph. Meirieu, L’école mode d’emploi, Paris, ESF, 1985
9
Les contraintes inscrites dans la situation présentée constituent des passages
obligés en cohérence avec les objectifs visés ;
Les élèves peuvent évaluer les solutions qu’ils donnent au problème posé.
Ainsi, une situation problème en arts plastiques peut se définir de la façon suivant :
C’est une proposition qui incite à la production (en surface, en volume, en
installation…). Elle est liée à un certain nombre d’objectifs-obstacles relatifs aux
problématiques plastiques à travailler, c’est-à-dire aux thèmes ou notions plastiques
qui seront objets d’apprentissage et directement nécessaires à la réussite des
productions. Enfin, elle offre une place à des réponses divergentes demandant
d’utiliser une variété de techniques, de matériaux, d’outils en réponse au problème
posé.
– Travaille-t-on dans la classe, dans la cour, dans le préau, en ville, au musée, dans
une forêt?
– Le plan de travail est-il horizontal, vertical, incliné?
• Les variables physiques :
10
– Des supports de quelle forme? De quelles dimensions?
Ce sont ces exigences qui vont inviter l’élève à explorer et à développer de nouvelles
attitudes. Si incitation et consigne ouvrent sur un large champ possible d’exploration,
ce dernier se voit restreint par des contraintes qui instaurent un obstacle à surmonter,
lié, le plus souvent, aux outils/matériaux imposés à la classe. La situation-problème
naît généralement d’une mise en tension entre des paramètres contradictoires. Les
questions qui en découlent réduisent la possibilité de dispersion et assurent des
apprentissages similaires au sein de la classe.
11
Par les grandes notions plastiques :
Pour le cycle 1, nous pouvons résumer les objectifs à atteindre autour de ces quatre
grandes notions :
Espace : échelle, angle de vue, point de vue, cadrage, plans, perspective, vide /plein
12
Par la mise à disposition de matériel :
d) Gérer sa séance
Enfin afin de proposer l’ensemble de ces notions à ses élèves, l’enseignant doit
anticiper la préparation de sa séquence puis l’organisation interne de chaque séance.
Daniel Lagoutte6 propose une démarche qui est celle de la « conduite créatrice »
reposant sur la mise en lien de six phases : la sollicitation des élèves, la réalisation
6
Daniel, LAGOUTTE : Pratiquer les arts visuels à l’école. Hachette Education. 20 mai
2015
13
plastique en expérimentant des procédés, la prise de connaissance de ceux utilisés
par les artistes, la documentation sur le sujet, la découverte d’œuvres d’art par un
apport culturel organisé, le travail d’approfondissement et l’évaluation.
La sollicitation
La mise au travail de l’élève dépend avant tout de ses motivations. Enseigner les arts
visuels, c’est donner envie, établir une énigme, susciter la curiosité, perturber,
provoquer, bousculer, faire rêver. Dans le premier degré, cette incitation doit s’attacher
à trois mots-clés: imaginaire, plaisir, jeu. La mobilisation du groupe sera déclenchée
par une invitation verbale, visuelle ou musicale, par un objet, une mise en scène, une
histoire, une comptine, un défi…
Bref, par tout élément attractif, ouvrant sur une potentielle nouvelle aventure, en lien
avec les préoccupations des enfants. L’incitation renseigne sur la direction vers
laquelle se diriger, tout en attisant la curiosité.
Passation de la consigne
Cette énonciation, usant d’un vocabulaire simple, adapté à l’âge du public, doit
immédiatement permettre de saisir l’action attendue: photographier, dessiner, peindre,
mettre en scène, modeler, construire, découper, coller… Se présentant comme une
instruction précise qui indique la tâche à accomplir, elle détermine, de fait, la nature
des réalisations.
14
perçoivent leurs démarches. La verbalisation renvoie à une évaluation formative parce
qu’elle amène chacun à prendre conscience de ce qui a été à l’œuvre pendant la
production; elle lui permet de comprendre les stratégies mises en place. En ce sens,
cette phase ne peut être confondue avec un simple jeu de questions/ réponses
préétabli – encore moins avec un moment d’écoute des commentaires de l’enseignant.
e) Place de l’enseignant
L’enseignant doit également travailler et anticiper sa posture. Afin que l’enfant
s’autorise à adopter un positionnement différent qui favorise l’émergence de la
divergence et donc de la créativité, il est nécessaire de l’aider à faire l'expérience et à
prendre conscience de cette différence. Pour cela plusieurs actions sont à mettre en
place par l’enseignant :
Valoriser les actions spontanées pendant la création
En valorisant les activités spontanées l’enseignant aide l’enfant à en percevoir
l’originalité et la richesse par la verbalisation des moyens mis en œuvre. Par
l’explication, l’enfant prend conscience de ses capacités à créer. Il découvre qu’il peut
imaginer, inventer différentes façons de faire. Il améliore et stabilise ses compétences
d’expression. Ce qui importe alors, ce sont les procédés mis en œuvre et non la
production finale.
15
confrontation et à la mise en évidence de leur cohérence ou non avec la situation
problème posée.
En effet, le travail de production à partir d'une situation problème appelant des
réponses différentes ne suffit pas pour favoriser le développement de la créativité.
Les temps d'évaluation formative remplissent trois fonctions :
16
Exemple de modalités de questionnements
- Qu’est-ce qu’on aurait pu s’autoriser à faire et qu’on n’a pas fait ?
- Qu’est-ce qui répond au problème posé ?
- Qu’est-ce qui pourrait être amélioré ou changé ?
- Quelles aides pourrait-on se donner ?
- Quels artistes ont essayé de résoudre ce problème et comment ?
Pour Piaget7, c’est en agissant sur son environnement que l'enfant construit ses
premiers raisonnements. Ces structures cognitives, au départ complètement
différentes de celles de l’adulte, s'intériorisent progressivement pour devenir de plus
en plus abstraites. La théorie piagétienne du développement distingue quatre stades
7
Jean PIAGET, La naissance de l’intelligence et La construction du réel chez l’enfant (1936- 1937). Delachaux et
Niestlé, 1990.
17
de développement, lesquels se subdivisent ensuite en périodes distinctes où émergent
des capacités cognitives particulières.
8
WALLON Henry. L’évolution psychologique de l’enfant. 12ème Edition. Paris, 1941
18
Dans le tableau du développement de l’enfant d’après Anne Florin, 9 disponible sur le
site internet Eduscol, (ANNEXE 2), on retrouve une liste de caractères prédominants
selon l’âge de l’élève. Ce tableau met en évidence les capacités de l’élève en fonction
de son âge et permettra à l’enseignant d’anticiper les réactions de ses élèves.
Développement moteur :
2-3 ans : Monte et descend les escaliers, saute à pieds joints. Tourne les pages d'un
livre, coupe avec des ciseaux.
3-4 ans : Court avec aisance, tape du pied dans un ballon. Fait du tricycle.
Développement cognitif
2 - 3 ans : Identifie les objets par l'usage, prend en compte le point de vue d'autrui
(oriente un objet pour qu'un adulte le voit).
3 - 4 ans : Acquisition de concepts d'espace, de temps, de quantité. Utilise les principes
du comptage.
4 - 5 ans : Est attentif à sa performance, capable de classification et de sériation.
Développement langagier
C’est donc sur ces critères qu’il faudra se baser lors de la conception d’une séquence,
que ce soit en arts visuels ou dans une autre matière. Répondre aux besoins de
l’enfant en fonction de son développement est primordial pour un enseignement
adapté. A travers les différentes théories du développement de l’enfant nous avons
appris que l’élève de trois ans commençait à interagir avec ses camarades, qu’il
9
Florin, Anne. Introduction à la psychologie du développement. Enfance et adolescence. Paris : Dunod, Les
Topos. 2003
19
acceptait les avis divergents, et qu’il détenait les capacités motrices pour s’emparer
de quelques outils. Il est donc tout à fait en mesure de pratiquer les arts visuels, il sera
capable de comparer différentes productions, et de manier des outils, et d’échanger
quelques mots autour d’une production. Il faut donc connaitre ses élèves avant de
concevoir une séquence, cependant il faut également se questionner
Elle se fonde sur la découverte active, par l’élève, des principes et des concepts à
acquérir. Selon lui, cela génère un double bienfait : d’une part, une meilleure maîtrise
des contenus qui font l’objet de l’apprentissage, d’autre part, le développement, chez
l’enfant, de certaines conduites mentales lui permettant, par la suite, d’être plus
autonome dans ses apprentissages. Toutefois, pour être efficace, ce processus doit
répondre à certaines conditions.
Tout d’abord, l’élève doit y être préparé pour développer des stratégies adaptées :
collecter et sélectionner des informations, se poser des questions, identifier les
variables pertinentes, faire des hypothèses, les expérimenter… Ensuite, il doit être
guidé, par l’enseignant ou par ses pairs, face aux difficultés à dépasser pour résoudre
le problème qui lui est posé. Bruner utilise le terme étayage pour désigner ce soutien
apporté à chacun. Ce dernier, considéré comme l’acteur principal de son propre
apprentissage, est conduit à saisir la structure des contenus à assimiler, il est amené
à mettre en évidence les idées et les concepts essentiels en établissant des liens entre
ceux-ci.
20
Pour Bruner10, ce qui importe dans l’enseignement, c’est de veiller à ce que les
contenus soient présentés en fonction du mode de représentation qui prédomine chez
le public auquel on s’adresse.
Avec le jeune enfant, on préférera des modalités intuitives basées sur des
représentations concrètes ; l’abstrait sera introduit lorsque l’élève sera plus avancé
en âge. De cela découle une approche pédagogique appelée le « curriculum en
spirale »11, basée sur le fait que les mêmes notions peuvent être présentées à l'élève
à différents moments de sa scolarité pour autant qu'on prenne soin d'utiliser des
modalités de représentation adaptées. L'enseignement est donc essentiellement un
problème de traduction c'est-à-dire d'adaptation des contenus aux modalités
cognitives disponibles chez l'individu. Ceci intéresse tout particulièrement les arts
visuels où les mêmes notions sont diversement abordées tout au long de la scolarité.
10
Jérome BRUNER Le développement de l'enfant : Savoir faire, savoir dire. Presses Universitaires de France.
1983
11
Pratique qui consiste à faire revenir sur les connaissances acquises précédemment en les enrichissant, en
ajoutant à chaque fois des informations plus détaillées. Dans ce processus, Bruner a mis l'accent sur le rôle de
l’intuition. Les idées doivent d'abord être vues intuitivement, sans véritable formalisation, avant d'être
progressivement formalisées
12
http://steiner-waldorf.org/
21
« Enseigner l’art, c’est développer une attitude artistique générale qui doit s’étendre
dans toutes les matières, c’est insuffler un « état d’esprit » où l’âme des enfants serait
stimulée, leur nature individuelle respectée, écoutée, encouragée et permettre une
ouverture qui devrait se situer au-delà du « moral », du « politique » ou du « culturel
». Ce serait former des professeurs, certes, mais pour qu’ils deviennent eux-mêmes «
artistes », créateurs de leur propre enseignement, passionnés au point que leur métier
devienne un don, un art… Le but n’étant pas, bien sûr, de former de futurs artistes
mais de leur permettre d’épanouir les potentialités créatives que tous possèdent dans
la petite enfance, dans une liberté qui ne subisse ni une doctrine « politico culturelle
étatique », ni un soi-disant pluralisme confus, sujet à toutes les décadences. » 13
Nous avons donc définit dans une première partie un cadre à la pratique des arts
visuels à l’école, en définissant les arts et les enjeux de son enseignement puis en se
référant aux programmes ainsi qu’aux théories du développement de l’enfant. Nous
avons également émis des pistes de réflexion afin de concevoir une séquence, mener
une séance, et adopter une posture correcte en classe. Nous allons maintenant
confronter cette partie théorique à une partie pratique en nous appuyant sur mon
expérience à l’école maternelle Parmentier.
13
Extrait de « Une enfance en Art », article de Françoise de Céligny, Univers des Arts,
déc. 2001
22
Cette séquence construite sur la base de 4 séances, avait pour objectif de
« représenter le château de Foix », les compétences étaient très guidées :
Consigne : « Avec une craie grasse bleue recouvrir le fond d’un papier blanc format
A3, pour faire la nuit. Puis, avec des crayons aquarellables reproduire des feux
d’artifices de toutes les couleurs en faisant une étoile à plusieurs branches »
Fin de la séance.
23
Phase 2 : mise en activité
« Une fois les formes assemblées, dessiner les créneaux des tours et des
murs, dessiner les pierres composant le château, peindre en gris le cailloux sur lequel
se repose le château puis le haut des tours »
Fin de la séance.
Consigne : « Découper le blason (imprimé par l’enseignante), puis peindre des lignes
verticales, en alternant des lignes rouges et des lignes jaunes »
Fin de la séance.
Fin de la séance.
Nous le voyons, la pratique artistique est considérée ici comme pure application
de consignes directives. Finalement, les productions des élèves se ressemblaient
toutes. Les élèves n’étaient pas capables de distinguer leur production. Philippe
Meirieu décrit ce type d’enseignement ainsi : « Tout adulte impliqué dans un travail
artistique avec des enfants (re)joue aussi sa propre relation à la création artistique, la
vigilance doit y être de mise. Le danger, en effet, existe toujours d’instrumentaliser les
participants et, en oubliant la spécificité de la relation éducative, d’en faire des outils
pour satisfaire son propre désir, voire un matériau qu’on utilise pour une création
personnelle susceptible de flatter ses penchants narcissiques ou de racheter son
24
absence de reconnaissance par ses pairs. L’œuvre collective devient alors « l’affaire
de l’animateur », quand ce n’est pas « son œuvre » : l’enfant est sollicité pour incarner
le désir de l’adulte ; on guide sa main pour lui faire faire le geste que l’on voudrait faire
soi-même, avec assez de précision pour pouvoir s’y reconnaître et assez
d’imperfections pour que le tâtonnement du débutant permette d’excuser les
approximations de l’ « animateur » qui se rêve « artiste ».». 14 Dans cette séquence,
les élèves s’expriment très peu, il n’y aucune part de création individuelle, ils n’ont pas
de décision à prendre et à expliquer. Le choix de partir d’un thème est envisageable
s’il est justifié par des objectifs d’arts visuels inscrits dans les programmes.
« Tout au long du cycle, les enfants rencontrent des graphismes décoratifs issus de
traditions culturelles et d’époques variées. Ils constituent des répertoires d’images, de
motifs divers où ils puisent pour apprendre à reproduire, assembler, organiser,
enchaîner à des fins créatives, mais aussi transformer et inventer dans des
compositions. L’activité graphique conduite par l’enseignant entraîne à l’exécution de
tracés volontaires, à une observation fine et à la discrimination des formes, développe
14
MEIRIEU, Philippe. Des « ateliers de création artistique » avec des enfants : pour quel projet ? A quelles
conditions ?
25
la coordination entre l’œil et la main ainsi qu’une habileté gestuelle diversifiée et
adaptée ? Ces acquisitions faciliteront la maîtrise des tracés de l’écriture »15.
Donc les questions que je me posais avaient un réel sens. Les programmes soulignent
la compétence « maitrise du geste » menant à l’écriture. Il m’a donc semblé nécessaire
de travailler ces deux volets pour aborder ce thème.
Lors de la conception de cette séquence, je n’avais aucune idée des capacités des
élèves en termes de création et d’autonomie dans la production (enfants âgé de 2 ans
et demi, 3 ans). Pourtant, en arts visuels, il est primordial de laisser les élèves
s’exprimer, c’est dans ce cas de figure que l’on peut parler de créativité et de
production. J’ai donc tenté de créer une séquence qui répondait aux attentes des
programmes en laissant les élèves s’exprimer au maximum. Je vais dans un premier
temps exposer le déroulement de ma séquence puis remédier aux situations que j’ai
proposées (qui après réflexion n’étaient pas satisfaisantes) en me référant à la
première partie de ce mémoire.
Déroulement de la séquence :
15
Programme de la maternelle de 2015
26
- Observer les lignes verticales dans des productions artistiques
Première séance
27
« créer un champ de lignes », tous n’avaient pas le même matériel : des bandes de
papiers et de la colle ou des feutres, la consigne donnée était : « faire le plus de lignes
possibles ». Les élèves qui rencontraient des difficultés au tracé des lignes, avaient à
disposition la photo du radiateur étudiée précédemment, afin de comprendre le geste
demandé.
Suite à cette activité, j’ai relevé plusieurs productions, les élèves devaient me les
décrire et me précisant si les lignes présentes sur la production étaient verticales ou
non, en me justifiant pourquoi. La séance se clôturait par la lecture de l’album : « la
petite fille qui marchait sur les lignes ». (ANNEXE 3)
Deuxième séance
Dans la séance précédente, les élèves ont découvert ce qu’était une ligne verticale, ils
lui ont donné une définition. Cette séquence a pour objectif principal la maitriser d’un
geste, alors dans la deuxième séance, les élèves étaient amenés à tracer des lignes
avec différents outils et d’observer les résultats. Les objectifs de cette deuxième
séance étaient :
28
- La consigne était : « Faire des lignes avec le matériel proposé ».
Les élèves n’ont pas tous essayé les mêmes matériaux, en fin de séance chacun a dû
expliquer aux autres avec quoi et comment il avait réalisé des lignes. C’est dans cette
phase que le vocabulaire à émerger : argile, peinture, rouleau, creuser, planter, ect.
Afin de faciliter la verbalisation j’avais auparavant préparé des images-étiquettes
(représentant les outils et les matériaux que les élèves avaient utilisés dans la séance),
les élèves pouvaient y avoir recours s’il leur manquait du vocabulaire.
Troisième séance :
A présent que les élèves savaient faire des lignes verticales, j’ai souhaité les faire
travailler en autonomie sur la production d’un champ de ligne. Les objectifs définis pour
cette séance étaient les suivants :
29
- Expliquer sa démarche
Afin d’ouvrir cette troisième séance, j’avais préparé une activité à réaliser ensemble
au tableau. J’avais imprimé des photos d’élèves en train de tracer des lignes dans
la séance précédente, ainsi que des images « outil », et des images « support ».
Les élèves devaient piocher une image outils ou support et venir l’aimanter sur la
bonne image. Ainsi, les élèves ont réactualisé le vocabulaire et j’ai pu me rendre
compte de l’acquisition ou non de celui-ci.
Une fois l’activité terminée, j’ai demandé aux élèves s’il était possible de faire des
lignes avec d’autres outils ? J’avais préparé des objets insolites tels que des petites
voitures, de la farine, du sable afin de susciter leur questionnement. Des hypothèses
30
31
32
Une fois les règles comprises, les élèves se sont installés, un peu hésitants au début,
mais sont vite entrés dans l’activité ensuite. Dès que j’avais une production de chacun
en photo, nous nous sommes réinstallés au coin regroupement ou quelques-uns ont
raconté leur expérience. La séance s’est terminée par la lecture de l’album.
Quatrième séance :
Dans cette dernière séance, j’ai souhaité proposer un bilan aux élèves concernant tout
ce qu’ils avaient vus pendant cette séquence. Mes objectifs étaient :
33
Pour finir, j’ai eu l’occasion de proposer une ouverture sur l’histoire de l’art en leur
affichant une œuvre d’Alfred Manessier. Le but de cet affichage était de montrer aux
élèves que la ligne verticale était utilisée par des artistes. Ils ont su me montrer les
lignes et me les décrire (taille, nombre, couleur).
34
Enfin, toutes les productions ont été affichées dans le couloir, afin de rendre le travail
visible et de garder une trace de celui-ci.
35
aucune compétence reliée à l’imaginaire et à l’expression, c’est faire un geste pour
faire un geste, la séquence s’est construite autour de cet objectif trop réduit.
- Laisser une trace en occupant l’espace : Cet objectif a été laissé de côté
pendant la séquence, aucun vocabulaire relatif à l’organisation spatiale n’a émergé.
Pourtant, les arts visuels demandent l’emploi régulier d’un vocabulaire spécifique, ou
à l’inverse, il peut être un support idéal pour faire émerger ce vocabulaire. Ici, les
élèves ont appris comment tracer une ligne verticale « on prend son feutre, on part du
haut de la feuille et on trace un trait tout droit vers le bas ». Malheureusement je ne
pouvais pas prendre appui sur ces lignes pour les exploiter et faire émerger des
connaissances puisque mon objectif principal était « la maitrise d’un geste ». Les
situations proposées ne demandaient pas aux élèves de composer avec des lignes
mais de savoir tracer des lignes. Composer avec des lignes aurait permis aux élèves
de donner des interprétations différentes sujettes à une verbalisation riche. Dans ma
situation, les élèves se trouvaient alors dans deux cas de figures : je sais faire une
ligne/ je ne sais pas faire une ligne. L’interprétation ne pouvait pas aller au-delà.
36
de problématisation de ma séquence, suite aux quatre séances, les élèves savaient
reconnaitre une ligne, mais pour quelle utilité ?
16
Programme de la maternelle 2015
37
III. Remédiations
1) Se documenter sur un sujet avant de concevoir une séquence
Dans la séquence précédente, il est clair que je ne maitrisais pas les notions
inhérentes au graphisme. Peut-être du fait de l’ambiguïté des programmes ou d’un
manque de méthodologie lors de la création de ma progression. Avant de proposer un
travail aux élèves, l’enseignant doit s’assurer de maîtriser le sujet qu’il propose, ainsi
il saura jusqu’où il veut conduire ses élèves, et sera en mesure de définir des étapes
pour atteindre cet objectif final. Cela lui permettra également d’orienter les réflexions
des élèves, de les regrouper autour d’une même problématique, et donc de permettre
aux élèves d’être acteurs de leurs apprentissages, maîtres de leurs intentions, tout en
connaissant et en respectant un cadre défini par l’enseignant. Afin de concevoir une
séquence sur le graphisme, il faut alors se demander quelles notions émanent de ce
domaine.
38
dégagent de ces œuvres, puis d’un choix de la part de l’enseignant parmi ces
propositions afin de concevoir sa séquence.
La particularité de la
grotte de Gargas est la
présence de nombreuses
traces de mains
d’hommes préhistoriques
sur ses parois. C’est au
total plus de 200
peintures de mains
négatives (d’hommes, de
femmes et d’enfants) qui ont été recensées. Ces figures ont été réalisées en
tamponnant ou en projetant des pigments noirs, rouges, ocres ou blanc autour des
mains appliquées contre la paroi. Si on ignore aujourd’hui la raison de cette pratique,
plusieurs hypothèses ont cependant été émises durant tout le XXe siècle : langage,
signature ou pratiques symboliques liées à des rituels chamaniques. Le mystère
demeure entier…
L’originalité des mains de Gargas s’exprime aussi par le fait que la plupart de ces
mains sont incomplètes, c’est à dire qu’il manque une ou plusieurs phalanges à chaque
doigt. Cette étrangeté a suscité des débats et a donné lieu à diverses interprétations
de la part de la communauté scientifique : mutilations rituelles ? Pathologies, engelures
? Doigts repliés ? Nous retiendrons cet exemple pour l’organisation spatiale des mains
qui apparaissent comme un motif par leur répétition. Ce dernier se déploie sur la paroi
de manière apparemment non organisé, comme un all over pourrions-nous dire, dans
un rythme libre.
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est même parfois possible d'interpréter librement certaines de ses œuvres comme des
«partitions».
Dans sa transposition picturale, la mélodie prend la forme de la ligne, qui déploie dans
les travaux graphiques de Klee sa propre «musicalité». Le rythme témoigne des
analogies structurelles entre la peinture et la musique au niveau du processus de
création, en particulier dans la représentation de séquences – ou de mesures – (à
deux temps, trois temps, six temps...) ou dans la superposition de certains motifs ou
de certains champs chromatiques. Cette exploration littérale du rapport entre peinture
et musique trouve son apogée dans la réalisation de procédés de composition à
«plusieurs voix, polyphoniques». Le son comme expression de la tonalité en musique
trouve son pendant en peinture dans l'expressivité et le potentiel émotionnel de la
couleur.
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but est de découvrir les expressions que prend chaque forme sous l’influence de
formes contraires. Il dégage des analogies et des oppositions pour mettre en relation
ces formes. Richter précise : « Il essaya désormais de découvrir quelles expressions
une forme prenait ou pouvait prendre sous diverses influences d’opposés : petit contre
gros, lumineux contre obscur, un contre plusieurs, le haut contre le bas, et ainsi de
suite. »
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Soulages : luminosité et rythme
« Là, c'est la lumière qui émane du noir lui-même, et qui vibre, se module sous les
yeux de celui qui regarde, qui voit naître et disparaître des formes. » (Pierre Soulage)
42
Knifer : s’égarer dans un espace pictural
La fresque abstraite de la
station Jean Jaurès du métro
de Toulouse (ligne B) a été
réalisée par Julije Knifer. Il s'agit
de rectangles formant des
vagues de couleurs noir et
blanc sur 30 mètres de long.
Notre cerveau perçoit une forme simple et anodine, apparemment banale, saisissable
au premier coup d'œil, mais en observant cette œuvre de plus près, en étant un peu
plus attentif aux segments qui se développent, la notion de série vient alors se
conjuguer à celle du temps et plonge le spectateur dans l’univers de la dissemblance
et de l’infinie variété. Car, bien entendu, les méandres se suivent mais ne se répètent
jamais : il s’agit pour le regardeur de parcourir la surface blanche perturbée par les
injonctions de la surface noire et par la même occasion, d’entrer dans une lecture
entrechoquée, coupée et séquencée de l’espace plan de l’œuvre.
Examinées dans leur succession, ces différences infimes et nuancées sont ainsi
accentuées plus clairement et de façon plus concise. La grande valeur de l’art de Knifer
réside en effet précisément dans ces différences minimales, mais importantes
picturalement, provoquées par l’emploi d’une seule et même formule. Le voisinage
d’éléments presque égaux recrée alors un nouveau contexte.
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La notion de rythme a donc traversé le temps sous différents aspects et avec de
multiples enjeux. Il apparait clairement que la peinture et la musique se retrouvent
autour de cette notion de rythme. Dans les œuvres de Klee et Richter, c’est la musique
qui invoque la peinture, les artistes tentent de retranscrire le son par l’image, en
utilisant des procédés tels que la superposition, l’opposition et la transformation, ainsi
qu’en s’appuyant sur du lexique musical (contrepoint, polyphonie, ligne mélodique).
Alors, le monde de la musique et celui des arts se rencontrent et forment des œuvres
nouvelles, riches de techniques et de sens. Soulages, fait naitre le rythme par des
traces régulières qu’il laisse dans la peinture noire, c’est alors la lumière et les ombres
qui font vivre cette œuvre. C’est donc par l’empreinte et la lumière que le rythme
s’établit. Kniffer imprime le rythme du temps qui passe au travers du motif des
méandres. A première vue, cette œuvre semble être composée d’une juxtaposition du
même motif, alors que chacun détient une particularité qui le rend différent. L’œil du
spectateur est alors égaré dans ce labyrinthe de motifs. Ici, le rythme parait évident
mais devient beaucoup plus complexe lorsqu’il est observé de plus près, l’artiste joue
alors avec les notions de réguliers/ irréguliers et symétrique/dissymétrique. A l’inverse,
les mains de la grotte de Gargas font part d’une organisation chaotique, les motifs
reproduits à des espaces irréguliers sont des signatures des hommes préhistoriques,
qui inspireront les arts décoratifs, dans la fonction d’ornementation de l’art.
b) Transposition didactique
L’enjeu de cette séquence de graphisme sera d’amener des élèves de petite
section à s’interroger sur l’organisation spatiale d’une de leur production en graphisme
à travers des apprentissages en art et en musique, grâce à la notion de rythme. Au fil
de la séquence envisagée, les élèves auront l’occasion de se questionner s et de
chercher à communiquer par le biais des arts visuels.
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Il y a plusieurs méthodes pour organiser l'espace:
L'énumération: Les éléments et les formes sont distribués dans l'espace sans
qu'aucun élément ne touche l'autre.
Pour une classe de petite section ces notions se traduiront par « au-dessus, au-
dessous, à côté, les mêmes, différents, les gros, les petits »
En maternelle, avoir un projet qui relie plusieurs champs disciplinaires donne du sens
et de la cohérence aux activités de la classe. Avoir un projet crée une motivation donc
un but, ici le projet final sera de créer une frise à afficher dans la classe.
En petite section, la notion de rythme peut paraitre floue, c’est pourquoi l’entrée par la
musique et la motricité semblent être un moyen pour définir cette notion. La plus
grande difficulté de l’enseignement en maternelle est la barrière du langage, les élèves
ne sont pas en mesure de décrire ou d’exprimer totalement leurs sentiments. La
musique ne pose pas de problème d’interprétation, elle permet de donner du sens aux
mots, par le biais d’un instrument. Ainsi, les notions de rapide/lent/doux/fort, feront plus
facilement sens.
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Afin d’atteindre l’objectif « s’exercer au graphisme décoratif » et « organiser un
espace » des compétences en motricité et en musique vont devoir alors être
développées. Les programmes de la maternelle de 2015 définissent les objectifs ci-
contre à atteindre dans ces deux domaines :
La notion de rythme peut donc être appliquée aux domaines : arts visuels, musique,
et danse. La séquence développée, propose une entrée par la motricité, puis un
premier codage du rythme en arts visuels, puis l’ancrage de ce codage en musique et
enfin une production finale en arts visuels. Cette approche transdisciplinaire permet
de donner pleinement la définition de rythme et d’en comprendre son intérêt appliqué
au graphisme (dans l’organisation picturale).
2) Présentation de la séquence
La séquence intitulée : Espace et rythme, est conçue pour une classe de cycle
1 (petite section), elle s’inscrit dans les domaines : Agir s’exprimer et comprendre à
travers des activités artistiques et se compose de 4 séances.
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ou avec des instruments, des formules rythmiques simples, réagir aux différents sons
du tambourin, interpréter une comptine.
Déroulement de la séance :
«Monsieur l’éléphant se promène tranquillement (son fort et lent), quand tout à coup il
aperçoit Dame souris, hiiiii, il s’enfuit à toute vitesse (son fort et rapide), Dame souris se
promène tranquillement (son faible et lent) quand tout à coup, elle aperçoit Monsieur chat,
hiiiiiii, elle s’enfuit à toute vitesse (son faible et rapide), Monsieur chat se promène
tranquillement (son moyen, tempo moyen) quand soudain, il aperçoit Monsieur Eléphant,
hiiiiiiiii il part à tout va (son moyen, rapide) »
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espace pictural, réaliser une composition en petit groupe, en choisissant et combinant
des matériaux en réinvestissant des techniques et des procédés.
Déroulement de la séance
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3) Puis on frappe dans les mains, vite, lentement, fort, doucement en racontant
« l’histoire des animaux » (plus d’instruments, le son est produit par les mains)
puis en s’appuyant sur une production d’élèves en arts
4) Montrer plusieurs productions et les interpréter en tapant dans les mains
5) Fin de séance : bilan de la séance, rappel sur la signification et la composition
de chaque production.
Vocabulaire investi : Rapide/lent, Rapproché/espacé, empreintes/ à coté/ au-dessus/
en dessous/ par-dessus
Matériel requis : productions élèves créées en arts visuels
Déroulement de la séance
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Vocabulaire investi : Rapide/lent, Rapproché/espacé, empreintes/ à coté/ au-dessus/
en dessous/ par-dessus/
Cette dernière séance permettra d’évaluer les acquisitions des élèves, chaque
production témoignera des compétences mises à contribution par l’élève pour
« raconter son histoire », les critères de réussite seront : l’élève associe une empreinte
à un outil, a organisé sa composition, et a su utiliser le bon vocabulaire pour décrire
sa production.
Nous le voyons alors, il est possible de faire apprendre des notions plastiques à des
élèves de maternelle. Pour cela l’enseignant doit se poser les bonnes questions à la
conception de sa séquence afin de déterminer l’objectif qu’il veut faire atteindre à ses
élèves. Ainsi l’élève agit et s’exprime librement mais dans un cadre délimité par
l’enseignant.
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Conclusion
Les arts visuels à la maternelle sont souvent confondus avec une matière à dominante
récréative pourtant il existe une didactique des arts visuels. La conception d’une
séquence dans ce domaine peut paraitre difficile à aborder pour de jeunes enfants.
Nous avons vu à travers ce mémoire de recherche, les difficultés rencontrées dans cet
enseignement et comment faire face aux problématiques éventuelles. L’exemple de la
séquence donné en partie 3, en proposant des liens interdisciplinaire entre les arts
visuels, la motricité et la musique, permet aux élèves d’approcher la notion de rythme.
A la fin de cette séquence, les élèves de petite section, sont capables d’organiser un
espace pictural en se questionnant sur les différentes traces qu’ils laissent avec une
intention de les faire se rencontrer. Ils savent également décrire et justifier leurs choix
en utilisant un vocabulaire adapté qu’ils auront intériorisés au fil des séances. Cette
séquence, permet à l’enfant de laisser libre court à sa créativité par le biais de la
peinture ainsi que du langage. Il est donc possible d’enseigner les arts à la maternelle,
comme pour toutes les autres matières, une réflexion de la part de l’enseignant est
nécessaire pendant la conception de sa séquence afin de laisser les élèves maîtres
de leurs intentions dans un cadre délimité. De nombreux outils pédagogiques sont à
disposition des enseignants afin de les guider et de les encourager à mettre en place
des situations propices aux apprentissages en arts visuels. Comme le disait si
justement Albert Einstein « La créativité est contagieuse, faites la tourner ».
51
BIBLIOGRAPHIE :
LAGOUTTE, D. Pratiquer les arts visuels à l’école. Hachette Education. 20 mai 2015
MELRIEU, P. Des « ateliers de création artistique » avec des enfants : pour quel projet
? A quelles conditions ?
52
http://www.histoiredelart.net/
/www.lesechos.fr/12/09/1996/LesEchos/17230-103-ECH_le-chene-
verre.htm#F6piUSxGlEbt3UtX.99
http://steiner-waldorf.org/
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ANNEXE 1 : Explication accompagnant l'œuvre « an Oak Trea » de Michael Craig-
Martin
Réponse. _ Oui, bien sûr. J'ai transformé un verre d'eau en grand chêne sans
modifier les caractéristiques du verre d'eau.
Q. _ Les caractéristiques ?
R. _ Bien sûr. Je n'ai pas changé son apparence. Mais ce n'est pas un verre d'eau.
C'est un chêne.
R. _ Eh bien, oui et non. Je déclare avoir conservé la forme physique du verre d'eau,
comme vous pouvez en effet le voir. Toutefois, comme on cherche normalement la
preuve d'un changement physique dans l'altération de la forme, cette preuve n'existe
pas.
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R. _ Pas du tout. Ce n'est plus un verre d'eau. J'ai modifié sa véritable substance. Il
n'est plus exact de l'appeler un verre d'eau. On pourrait l'appeler comme on veut,
mais cela ne changerait rien au fait que c'est un chêne.
R. _ Non. Pas du tout. Mais j'ai travaillé pendant des années avant de comprendre
que je pouvais le faire.
R. _ Cela contredit ce que je pense savoir sur les liens de cause à effet.
Q. _ Pensez-vous que cette transformation d'un verre d'eau en chêne constitue une
œuvre d'art ?
R. _ Oui.
Q. _ Le processus de transformation ?
Q. _ Alors le chêne ?
R. _ Oui, le chêne.
55
R. _ Non. Le vrai chêne est physiquement présent, mais sous la forme d'un verre
d'eau.
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ANNEXE 2 : Tableaux du développement de l’enfant d’après Anne Florin
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ANNEXE 3 : La petite fille qui marchait sur les lignes de Christine Beigel et Alain
Korkos
Résumé : « Il ne faut pas marcher entre les lignes. On risquerait sinon de tomber. Tout
commence ici par un jeu bien connu du monde de l’enfance : sauter sur la bordure du
trottoir, suivre une ligne sans jamais la quitter, pour ne pas atterrir dans ce trou noir,
où l’on pourrait bien croiser un monstre. Commence alors pour cette petite fille, à la
silhouette teintée d’ombre, un parcours lumineux et poétique. On la suivra dans ses
jeux, dans ses peurs. On croisera des angles raides comme des montagnes, des
boucles et des ronds, des reflets au-dessus de l’eau. On suivra les lignes des cahiers,
celles de la main ou les sillons de l’arbre… pour, au final, s’apercevoir qu’il n’y a rien
dans les vides et qu’il est beaucoup plus important de revenir au jeu. »
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Table des matières
I. Les théories d’apprentissages des arts visuels et théories de développement de
l’enfant.................................................................................................................................................. 4
1) Définition des arts visuels ............................................................................................. 4
a) Les formes d’art et leurs fonctions.......................................................................................... 4
b) Les différentes intentions des artistes .................................................................................... 4
c) Les enjeux de l’enseignement des arts visuels ........................................................................ 7
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ANNEXE 1 : Explication accompagnant l'œuvre « an Oak Trea » de Michael Craig-Martin 54
ANNEXE 2 : Tableaux du développement de l’enfant d’après Anne Florin ......................... 57
ANNEXE 3 : La petite fille qui marchait sur les lignes de Christine Beigel et Alain Korkos .. 58
60