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Canevas Grammaire

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Une leçon de grammaire 

: canevas pédagogiques possibles

Compte-rendu du groupe de travail académique qui s’est réuni les 27 novembre et 17


décembre 2008, proposé par C.Grare, pour les IA-IPR de Lettres

Pour les leçons de grammaire, comme pour tous les autres cours de Français ou
d’autres disciplines, la routine génératrice d’ennui guette. Il est donc important de fixer
des mécanismes dans les apprentissages tout en veillant à varier les supports et les
pratiques pédagogiques et surtout à toujours mettre en activité les élèves. Le cours
magistral, en grammaire sans doute plus qu’ailleurs, a très peu de chances d’être
efficace pour améliorer et enrichir utilement les compétences de langue, de lecture et
d’écriture des élèves.
Les élèves possèdent déjà une pratique orale et écrite de la langue, et une connaissance
informelle de quelques-uns de ses mécanismes : ils peuvent parler et écrire sans savoir
étiqueter ou analyser précisément les éléments grammaticaux qu’ils utilisent. C’est la
raison pour laquelle on peut construire des apprentissages sur leurs pratiques aussi bien
orales qu’écrites, même quand elles paraissent fragiles ou lacunaires.
Plusieurs scénarios sont possibles et de nombreux supports sont exploitables pour
élaborer des leçons de grammaire. En voici quelques-uns, auxquels pourront s’ajouter
de nombreux autres. Ils sont généralement utilisés dans les différentes leçons de
grammaire proposées par de nombreux professeurs de collège de notre académie, qui
ont été mises en ligne sur le site académique Lettres à la rubrique « collège, nouveaux
programmes ».

Canevas général possible

1. Observation d’un corpus présentant le point de grammaire à


étudier : le corpus doit être suffisamment étendu en nombre (variété des
exemples et diversité des occurrences) et en longueur pour faire l’objet d’une
exploitation efficace sur le plan grammatical. Il peut être composé à partir de
productions d’élèves ou de propositions entièrement élaborées par le professeur
ou extraites de textes existants (étudiés ou pas). Il peut, notamment pour ce qui
est des productions d’élèves, être construit à partir de supports très variés (voir
ci-dessous).

2. Manipulation du corpus pour faciliter la compréhension du


phénomène grammatical analysé : les manipulations, orales et écrites,
doivent permettre aux élèves de s’approprier concrètement le phénomène
grammatical étudié.

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3. Elaboration en commun d’une synthèse concernant le phénomène
grammatical étudié : dicter ou faire copier, simplement et sans exemple, une
règle qui n’a pas été réellement comprise, a très peu de chances d’être efficace
sur le moyen et le long terme.
Remarque : on peut attendre d’avoir fait les exercices d’application pour essayer
de formaliser les règles.

4. Exercices d’application (oraux et écrits) : ils gagnent à être progressifs


dans leur difficulté et nombreux, de façon à fixer des automatismes chez les
élèves.

5. Exercices d’écriture plus élaborés : pour faciliter l’assimilation des


apprentissages et le réemploi systématique des points étudiés, les élèves doivent
pouvoir, dans le cadre d’exercices écrits plus élaborés qui dépassent le simple
stade de la répétition mécanique, réemployer les tournures grammaticales
étudiées.

6. Evaluations : faire réciter par cœur des définitions et/ou des règles et
demander aux élèves de simples repérages ou surlignages du phénomène
grammatical étudié, ne suffisent pas pour vérifier, en fin d’apprentissage, les
acquis des élèves. Les évaluations doivent permettre de vérifier qu’ils sont
devenus capables de comprendre, dans un texte, le fonctionnement du
phénomène grammatical, d’en exploiter les possibilités et de l’employer
correctement et d’une façon autonome dans une production écrite ciblée.

7. Rédaction : une ou plusieurs des consignes qui sont élaborées dans le cadre
d’une production écrite élaborée (rédaction ou autre) peuvent porter sur les
points de grammaire étudiés.

Elaboration du corpus : quelques exemples

1. Elaboration d’un corpus à partir de propositions d’élèves :

a) point de départ : un support image

Le professeur peut proposer, comme point de départ d’une leçon de grammaire une
image. Il est plus efficace, pour susciter une participation active orale (et/ou écrite) des
élèves, de choisir une image insolite, étrange ou poétique, qui engendre des
interrogations et des interprétations variées.

- C’est le cas, par exemple, des illustrations proposées dans l’ouvrage intitulé Les
Mystères de Harris Burdick de Chris Van Allsburg, paru à l’Ecole des loisirs en
1985.
- C’est le cas, également, de tableaux de grands peintres connus comme ceux de
Gauguin, Matisse, Chagall, Picasso ou encore Dali, pour n’en citer que quelques-
uns.

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- C’est encore le cas de photographies de grands professionnels comme Doisneau,
Yann Arthus-Bertrand ou de bien d’autres, contemporains ou pas.

Ces supports images permettent aux élèves de produire, par exemple, des phrases
interrogatives ou exclamatives, des descriptions avec expansions du nom (avec
notamment des adjectifs qualificatifs), des explications plausibles ou ludiques, qui vont
servir à élaborer un corpus de départ permettant d’aborder le phénomène grammatical
choisi.

De nombreux autres types d’images sont exploitables pour faire produire aux élèves
des phrases (orales puis écrites) qui pourront servir de corpus initial, comme les
premières de couverture d’ouvrages lus, et les illustrations qu’ils peuvent contenir. On
peut également penser aux caricatures de presse, aux vignettes humoristiques, aux
affiches ou aux bandes annonces de films, aux images publicitaires (presse et clips
publicitaires) et aux planches de BD. Ces dernières permettent de travailler plus
spécifiquement sur la chronologie du récit, sur les temps des verbes et leurs emplois
(avec la distinction récit/dialogue), ou encore sur les dialogues.

b) point de départ : des productions écrites des élèves

Il est indispensable, pour éviter toute stigmatisation ou moquerie déplacées, d’une part
de corriger les erreurs qui ne concernent pas le point de grammaire à étudier, d’autre
part de choisir de très nombreuses phrases anonymées et prises dans différentes copies
(correspondant éventuellement à des classes d’années précédentes). Il ne s’agit pas de
composer un bêtisier ni de se contenter de proposer des exemples fautifs à corriger.
Mieux vaut choisir des exemples moyennement réussis, voire des phrases
grammaticalement correctes mais plates, afin de procéder à leur enrichissement.

Ce type de corpus est particulièrement intéressant pour travailler sur les reprises
nominales ou pronominales, sur l’adjectif, sur l’emploi des temps ou encore sur les
compléments circonstanciels, sans oublier sur le lexique proprement dit.

c) point de départ : des documents apportés par les élèves

Il est également facile d’élaborer un corpus à partir de documents que peuvent


apporter les élèves : il est possible, par exemple, de leur demander d’apporter des textes
courts, simples et utilitaires, comme des recettes de cuisine, des modes d’emploi ou des
règles de jeux (jeux de société ou jeux et sports collectifs, voir le professeur d’EPS).
L’observation de ces textes (l’emploi d’un rétroprojecteur facilitera le travail en classe)
permettra de travailler, entre autres, sur la chronologie des actions (à travers l’emploi
des adverbes), sur les modes infinitif ou impératif, sur les caractéristiques du texte
injonctif ou informatif, sur la phrase déclarative ou négative. Le corpus peut également
être élaboré à partir de productions orales transcrites (notamment pour les règles que
maîtrisent bien les élèves, en matière de jeux ou de sports, par exemple).

Ce travail peut également se faire à partir de manuels scolaires d’autres disciplines,


comme ceux d’histoire-géographie, de mathématiques ou de SVT.

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2. Elaboration d’un corpus à partir de propositions du professeur :

a) élaboration d’un corpus inventé :

Le professeur peut créer son propre corpus à partir de phrases ou de textes inventés
et qui présentent les occurrences du point de grammaire à étudier. Ce type de corpus
permet également de réemployer le vocabulaire et les formes orthographiques et
verbales déjà étudiées.

b) élaboration d’un corpus à partir de textes lus ou inspirés de


textes lus (contes, récits courts) :

Le professeur peut s’ inspirer des textes qui ont été lus en classe ou à la maison, mais il
sera toujours obligé d’enrichir le corpus pour veiller à ce que toutes les occurrences du
point de grammaire soient bien représentées, ce qui est très rarement le cas dans les
textes littéraires étudiés en lecture.

c) travail à partir du dictionnaire :

Le recours aux articles du dictionnaire est utile lorsqu’on souhaite travailler, par
exemple, sur les différentes constructions d’un même verbe (c’est le cas des COD, COI
et COS). Le corpus sera constitué des différentes acceptions du verbe choisi, et des
exemples proposés dans le dictionnaire (que l’on peut aussi enrichir avec les
propositions des élèves et du professeur).
On peut également travailler sur le genre des noms dans le cas d’homonymes
( « voile », par exemple).

d) travail à partir de jeux :

Plusieurs jeux sont exploitables pour construire des apprentissages grammaticaux. Le


jeu du cadavre exquis permet, par exemple, de travailler sur les classes grammaticales
essentielles, et sur la notion de grammaticalité : les phrases peuvent être correctes sur un
plan grammatical, mais pas d’un point de vue sémantique. C’est une façon amusante
également d’aborder les notions de sujet et d’objet.
On peut également s’appuyer sur des jeux de rôle pour travailler sur les personnes et
les pronoms personnels.
On peut enfin élaborer des jeux grammaticaux (type jeu de l’oie, trivial poursuite,
jeux des sept familles, quizz, etc.)

e) références à la vie quotidienne :

Des références à la vie quotidienne peuvent aider à comprendre des phénomènes de


structure : c’est le cas, par exemple, de la composition d’un train ou d’un arbre, pour
l’organisation d’une phrase simple ou complexe, de l’organisation d’un match et de sa
description à partir de différentes sources (le remplaçant, un joueur, un arbitre etc.),
pour l’emploi des déterminants ou des pronoms.

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